Dossier De Presse
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TAMASA présente L’AUDIENCE un film de Marco Ferreri Version restaurée par la Cineteca di Bologna Italie/France - Durée 1h51 Sortie le 23 septembre 2015 Presse Frédérique Giezendanner [email protected] T. 06 10 37 16 00 Distribution TAMASA [email protected] T. 01 43 59 01 01 Visuels téléchargeables sur www.tamasadiffusion.com SYNOPSIS Amedeo, jeune officier de réserve milanais timide mais obstiné, se rend à Rome pour obtenir une audience privée avec le Pape. Mais son insistance et son refus de révéler les motifs de sa requête suscitent la méfiance des autorités du Vatican qui vont tout faire pour l’empêcher d’arriver à ses fins. Amedeo passera dans les mains d’un policier, d’un politicien d’extrême droite, d’un prêtre aux idées modernes, pour se heurter systématiquement à un mur... DANS LA PRESSE Le premier plan découvre l’unique horizon du film : le Vatican. Avec Marco Ferreri à la réalisation, on se dit que c’est le loup dans la bergerie. Pas tout à fait. Le cinéaste n’était pas alors dans la veine furibarde et paillarde de La Grande Bouffe, qu’il signera deux ans plus tard. Ici, sa férocité se cache sous la rigueur et la tempérance d’un univers qui étouffe tout, les cris de révolte, les méchantes rumeurs et parfois aussi les hommes : le Vatican... Amedeo veut y entrer pour confier au pape une chose qu’il ne saurait dire à per- sonne d’autre. On lui conseille de commencer par ne pas se faire remarquer. Et le voilà parti dans une ronde de rendez-vous avec toutes sortes d’éminences souvent grises, avec des entremetteurs qui sont parfois des entremetteuses, comme Aïche, jolie pécheresse en odeur de sainteté. Avec une distribution de grande comédie italienne, Marco Ferreri laisse pourtant la métaphore l’emporter sur la farce. Inspiré du Château, de Franz Kafka, son film montre la fossilisation de la religion sous l’effet d’une bureaucratie sourcilleuse jusqu’à l’absurde. Plus que la foi, c’est le pouvoir qui est combattu ici, dans la lignée des grandes remises en question de l’après-Mai 68. Mais on est dans un cinéma des idées, de la réflexion, ouvert paradoxalement à une certaine forme de spiritualité. Frédéric Strauss - Télérama C’est dans le détail que Ferreri déploie ses talents acides, ou baigne son héros dans une ombre orangée et maternelle, en l’occurrence le lit d’une putain au service de l’Eglise. Etrange film, qui est une satire sans en prendre le ton et dont la douceur et l’ouate sont redoutables. On parlera beaucoup et immanquablement d’héritage kafkaïen à propos de « l’Audience ». Le château est, cette fois, la théocratie vati- cane, bastion aveugle au pied duquel la foi s’épuise. Le Nouvel Obs Un film rare de l’iconoclaste italien. Anticléricaux de tous pays, réjouissez-vous ! Ferreri nous conte les aventures d’un jeune catholique qui essaie par tous les moyens d’obtenir une audience auprès du Pape. Mais la bureaucratie du Vatican l’empêche d’accéder à Sa Sainteté ; il se perd ainsi dans un décor labyrinthique alors qu’il clame être porteur d’une nouvelle terrifiante. Marco Ferreri au Vatican c’est le re- nard lâché dans le poulailler ! Le réalisateur se pourlèche les babines et nous livre une satire au vitriol des mœurs vaticanes. La distribution est éblouissante : Claudia Cardinale, Vittorio Gassman, Michel Piccoli, Alain Cuny et Ugo Tognazzi, rien que ça ! Ronny Chester - TV Classik MARCO FERRERI PAR MICHEL MAHEO Perché pagare per essere felici !, non diffusé, a le même statut d’invisibilité que les deux films « impossibles » (projets non aboutis) que sontLe joueur de flûte de Hamelin et Che Guevara (Le film de Londres). Ces trois « films » nous feront des clins d’œil en 1984. Dans Le futur est femme, en effet, il y a : un concert pop, un joueur de flûte (le personnage campé par Maurizio Donadoni), et Che Guevara sur le tee-shirt de Niels Arestrup. Mais en 1971, c’est un autre film « impossible » de Ferreri. « Le château » d’après Kafka, qui se rappelle à nous dans L’Udienza. La forteresse vaticane En 1971, l’année succédant à l’entracte américain, Marco Ferreri semble moins ti- raillé par la mauvaise conscience et le doute, même si ceux-ci subsistent. D’avoir tourné un documentaire loin de l’Italie lui aura été bénéfique. Intéressé par un sujet de Rafael Azcona, le cinéaste se décide à renouer avec la fiction, abandonnée depuis déjà deux ans. Il tourne L’Udienza (L’audience). L’histoire est celle d’un jeune catholique, Amedeo (Enzo Janacci), qui veut absolument parler au Pape. Malheureu- sement, toutes ses tentatives pour approcher Paul VI échouent. Le cœur du château, pardon, le cœur du Vatican lui reste fermé, le Pouvoir et ses hiérarchies, le Pouvoir et ses structures sont les plus forts. Cet échec conduira Amedeo à la mort. Cette histoire rappelle au cinéaste l’adaptation kafkaïenne écrite par lui-même et Azcona plusieurs années auparavant. La cité vaticane remplace ici le château. Dans L’audience, cependant, il n’y a pas de métaphysique, et c’est surtout la situation (son inexorabilité) qui fait penser à Kafka, même si, ailleurs, dans le propos par exemple, des coïncidences se font jour. Si le film nous fait connaître la population du Vatican, des gardes suisses aux cardi- naux, des commissaires aux princes, c’est-à-dire un univers essentiellement masculin, il ne reste pas moins qu’une figure féminine se voit attribuer un rôle primordial. Amedeo, en effet, aura une liaison avec la belle Aïche. Cette dernière, « madone un peu putain », dit d’elle Ferreri pour situer son personnage (prostituée au service de l’État papal), essaie de détourner le jeune catholique de son projet. Amedeo tombe très vite amoureux d’Aïche (magnifiquement interprétée par Claudia Cardi- nale), lui fait un enfant, mais il ne peut renoncer à vouloir parler au Pape. Amedeo a peur, semble être au courant d’un fait important ou d’une menace (planétaire ?) imminente, il veut confier son secret au Saint-Père. C’est une nécessité, un devoir. Plus que cela, même. Malheureusement, nous l’avons dit, Amedeo ne rencontrera jamais celui qu’il veut voir. Quelques années plus tard, le personnage de La Veritàaaa, film réalisé et interprété par Cesare Zavattini pour la RAI, aura bien plus de chance. Il lui suffira de se rendre dans le jardin papal, puis de crier au Pape de lui jeter la clé pour qu’on obtempère. Lui aussi aura des révélations à faire. Si le spectateur de L’audience ne saura jamais quelle est la nature exacte du secret d’Amedeo (et ce « blanc » dramaturgique a peut-être la même fonction que l’indé- termination spatiotemporelle du Harem), il sait, en revanche, que la belle Aïche a été poussée dans les bras du jeune homme par le Pouvoir. Aïche est un élément de la machine étatique. Le film, qui témoigne des dangers de la trop grande soumission de l’homme à l’idéo- logie, n’a rien d’intemporel. Comme le dit bien Christian Depuyper, dans l’article de « Cinéma 74 » auquel nous nous référons souvent, « on y retrouve, hormis les per- sonnages pontificaux de Jean XXIII et Paul VI, les divers courants qui agitent l’Église (de Camillo Torres au Cardinal Ottaviani, en passant par les tendances sexualistes, modernistes française et hollandaise), la « piste rouge » que le gouvernement italien suit complaisamment depuis les bombes du 12 décembre 1969 (avec en particulier l’épisode de l’anarchiste Pinelli défenestré par la police), la « stratégie de la ten- sion » recherchée par la droite et mise en œuvre par l’extrême droite qui s’entraîne dans des camps militaires ou complote en coulisses ». Que L’audience puisse refléter des situations conflictuelles existantes n’est pas, certes, l’essentiel. Chez Marco Fer- reri, le fantasme et la mécanique obsessionnelle dament le pion à l’Histoire, celle-ci fut-elle dite au présent, même si, paradoxalement, la lutte des classes dynamise souterrainement les œuvres du Milanais. Il n’en demeure pas moins qu’il convient de ne pas taire que le film comporte allusions et références à une actualité assez convulsive. Le Vatican ne s’y trompa pas, qui essaya de causer à L’audience mille et un ennuis. L’ « Osservatore Romano » eût vu d’un très bon œil sa non-distribution. Froid et cruel, le film n’évacue pas totalement la douceur. Les scènes réunissant Enzo Janacci et Claudia Cardinale sont, à cet égard, très significatives. Il y a, dans ces moments-là, du pastel et de la sérénité. Lors de la sortie du film, quelques critiques n’ont pas manqué de souligner, le côté « retour à la mère » des passages sentimen- taux. A juste titre. Cet aspect de la relation amoureuse sera d’ailleurs repris par le cinéaste, deux ans plus tard, et dans sa variante « retour à la nourrice », dans La grande bouffe avec le personnage campé par Philippe Noiret. Le plan typique où apparaît Aiche est celui, très « matriciel », nimbé d’une lumière rose. S’il y a du réalisme dans L’audience, décelable par exemple dans l’exactitude de la hiérarchie vaticane, la bande-son participe à la destruction de ce réalisme. C’est ainsi qu’un concert d’aboiements accompagne la scène où le prince romain se fait laver les pieds. Le film n’eut pas grand succès. La distribution, pourtant, était assez brillante. Outre Claudia Cardinale, on y trouvait Ugo Tognazzi, Michel Piccoli, Vit- torio Gassman, Alain Cuny. Il serait bon, aujourd’hui, près de quinze ans après sa réalisation, de redécouvrir L’audience.