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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Samedi 25 septembre | Samedi 25 septembre Brussels Philharmonic | Michel Tabachnik | Torsten Kerl Torsten Kerl | Dans le cadre du cycle Prophéties, messianisme Du 22 septembre au 5 octobre Michel Tabachnik | Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Brussels Philharmonic NPC 25-09 BRUSSELS PHILHARMONIC.indd 1 17/09/10 16:56 Cycle Prophéties, messianisme Des survivances de l’antique sibylle au Messie de Haendel, de la légende islandaise de l’Edda au Parsifal de Wagner, la musique accompagne les prophéties en tout genre. Jordi Savall et ses musiciens réinterprètent le Chant de la Sibylle, prophétesse de la Grèce antique, qui, à l’aube du christianisme, fut revisité par les Pères de l’Église, notamment saint Augustin. L’une des branches de cette antique tradition tant de fois ressuscitée passa par la péninsule Ibérique : le Chant de la Sibylle fit partie du cérémonial des cathédrales espagnoles aux XVe et XVIe siècles. Haendel composa en 1741 son oratorio le plus célèbre, le monumental Messie. Cette vaste fresque qui retrace la vie du Christ est une véritable peinture sonore, où l’orchestre tremble littéralement lorsque Dieu ébranle le monde, où la Nativité est une pastorale à la Corelli, tandis que la majesté de la fugue traduit l’idée d’éternité dans l’Hallelujah. Benjamin Bagby et les musiciens de Sequentia, quant à eux, ressuscitent la légende islandaise de l’Edda consignée dans un manuscrit du XIIIe siècle, le Codex Regius. L’Edda a fasciné les romantiques allemands : les frères Grimm l’ont traduite et publiée, Richard Wagner en a tiré sa Tétralogie. La reconstitution proposée par l’ensemble Sequentia s’ouvre sur les « prophéties de la voyante », relatant dans un long poème ses visions de l’histoire et du destin du monde, jusqu’à l’apocalypse finale. Ce sont également des idées messianiques qui ont présidé à la conception du Poème de l’extase (1907) de Scriabine, qui suit un programme rédigé par le compositeur lui-même : « Je vous appelle à la vie, forces mystérieuses, noyées dans les profondeurs obscures de l’esprit créateur… » Une prophétie, dans l’opéra Parsifal (1882) de Wagner, prédit que seul « un innocent au cœur pur » pourra reconquérir la sainte Lance, perdue par Amfortas lorsqu’il succomba au charme d’une femme. Et cet innocent, ce sera Parsifal lui-même, le héros éponyme. Dirigée par Berlioz lui-même, L’Enfance du Christ fut donnée pour la première fois à Paris en décembre 1854. Cette « trilogie sacrée » remporta un grand succès, avec son archaïsme délibéré, ses modes anciens et ses pages instrumentales transparentes. La partition est pleine de pressentiments et de prémonitions. L’Ensemble intercontemporain interprète Mappe, création du jeune compositeur allemand Johannes Boris Borowski. Le titre de cette œuvre renvoie à un récit de l’écrivain autrichien Adalbert Stifter (1805-1868), admiré notamment par Nietzsche et Thomas Mann : il s’agit de Die Mappe meines Urgrossvaters, « le carton de mon arrière-grand-père ». Lorsque ledit carton est ouvert, le journal qu’il contient sera lu longtemps après sa rédaction. L’après-coup, le retard dans l’avènement de ce qui était pourtant écrit, c’est au fond le temps même de la prophétie. Et ce concert de l’Ensemble intercontemporain, avec une autre création de Michael Jarrell, vient en quelque sorte rappeler que l’avenir est à lire dans ce qui est déjà là. 2 NPC 25-09 BRUSSELS PHILHARMONIC.indd 2 17/09/10 16:56 DU 22 SEPTEMBRE AU 5 OCTOBRE MERCREDI 22 SEPTEMBRE – 20H SAMEDI 25 SEPTEMBRE – 20H MARDI 5 OCTOBRE – 20H Le Chant de la Sibylle Richard Wagner Johannes Boris Borowski Majorque – Valence (1400-1560) Lohengrin (extraits) Mappe (commande de l’Ensemble La Walkyrie (extraits) intercontemporain, création) Hespèrion XXI Le Crépuscule des dieux (extraits) Hanspeter Kyburz La Capella Reial de Catalunya Parsifal (extraits) Concerto pour piano et ensemble Jordi Savall, direction Alexandre Scriabine Michael Jarrell Montserrat Figueras, soprano Poème de l’extase Œuvre nouvelle (commande de l’Ensemble intercontemporain et Brussels Philharmonic du Lucerne Festival, avec le soutien JEUDI 23 SEPTEMBRE – 20H Michel Tabachnik, direction de la Fondation Artephila, création Torsten Kerl, ténor française) Georg Friedrich Haendel Le Messie Ensemble intercontemporain MARDI 28 SEPTEMBRE – 20H Susanna Mälkki, direction The Sixteen SALLE PLEYEL Hidéki Nagano, piano Orchestra of The Sixteen Harry Christophers, direction Hector Berlioz Rosemary Joshua, soprano L’Enfance du Christ Catherine Wyn-Rogers, mezzo-soprano Ensemble Orchestral de Paris James Gilchrist, ténor Accentus David Wilson-Johnson, basse Maîtrise de Paris* Laurence Equilbey, direction Vasselina Kasarova, mezzo-soprano VENDREDI 24 SEPTEMBRE – 20H Paul Groves, ténor Matthew Brook, baryton L’Edda, la malédiction de l’or du Rhin Laurent Naouri, baryton-basse Patrick Marco, chef de chœur* Sequentia Benjamin Bagby, chant, harpe et direction Agnethe Christensen, chant, percussions Lena Susanne Norin, chant Elizabeth Gaver, vièle Norbert Rodenkirchen, flûte, harpe 3 NPC 25-09 BRUSSELS PHILHARMONIC.indd 3 17/09/10 16:56 SAMEDI 25 SEPTEMBRE – 20H Salle des concerts Richard Wagner Parsifal : Prélude de l’acte I Lohengrin : « In fernem Land » (acte III) Lohengrin : Prélude de l’acte III Parsifal : « Amfortas! Die Wunde! » (acte II) Parsifal : « Nur eine Waffe taugt » (acte III) Le Crépuscule des Dieux : Voyage de Siegfried sur le Rhin (acte I) La Walkyrie : « Winterstürme » (acte I) entracte Alexandre Scriabine Poème de l’extase Brussels Philharmonic Michel Tabachnik, direction Torsten Kerl, ténor Coproduction Cité de la musique, Brussels Philharmonic. Fin du concert vers 21h35. 4 NPC 25-09 BRUSSELS PHILHARMONIC.indd 4 17/09/10 16:56 Wagner et Scriabine partageaient le même désir d’un art dédaignant les vils soucis du divertissement et de la séduction : quelle horreur que cette « jolie musique » nourrie d’une « bonhomie flasque et lâche qui détourne égoïstement ses regards de la vue des souffrances humaines environnantes, pour se louer un ciel privé dans l’azur du Grand Tout » (Wagner, L’Œuvre d’art de l’avenir) ! Visant au contraire à toucher au cœur de l’humain et du divin, à transformer profondément leur public, les deux hommes n’eurent de cesse de construire un Tout musico- mystique qui, chez l’un, trouva son parachèvement avec Parsifal et, chez l’autre, devait aboutir au Mystère, ce projet grandiose que la mort empêcha Scriabine de mener à bien. Richard Wagner (1813-1883) Parsifal Composition : 1877 (livret), 1877-1882 (musique). Création : Bayreuth, le 26 juillet 1882, sous la direction de Hermann Levi. Lohengrin Composition : 1845 (livret), 1846-1848 (musique). Création : Théâtre Grand-Ducal de Weimar, le 28 août 1850, sous la direction de Franz Liszt. Le Crépuscule des dieux Composition : dès 1849 (livret), 1869-1874 (musique). Création : Bayreuth, le 17 août 1876, sous la direction de Hans Richter. La Walkyrie Composition : 1851-1853 (livret), 1854-1856 (musique). Création : Munich, le 26 juin 1870, sous la direction de Franz Wüllner. En une sorte de miroir jouant des ressources de la mise en abîme, l’œuvre wagnérienne, qui se présente elle-même comme prophétie, regorge de figures d’envoyés plus ou moins mystérieux ; ainsi Lohengrin ou Parsifal, par qui la salvation (définitive ou malheureusement seulement provisoire…) arrive. Dans cet univers où le mythe, qu’il soit païen ou chrétien, tient la première place, plusieurs objets se trouvent investis d’un rôle de symbole. Trois d’entre eux forment ainsi le fil conducteur du voyage que proposent les musiciens du Brussels Philharmonic et leur chef dans le monde wagnérien. Parmi ces objets, le Graal tient une place particulière ; emblème de la chrétienté médiévale, but par excellence des quêtes chevaleresques, il est l’incarnation du mystère du christianisme. Chez 5 NPC 25-09 BRUSSELS PHILHARMONIC.indd 5 17/09/10 16:56 Wagner, il réunit malgré un fossé temporel de plus de trente ans Lohengrin, le dernier de ses opéras romantiques (créé en 1850), et Parsifal, le « festival scénique sacré » donné pour la première fois en 1882. Et pour cause : les deux héros sont apparentés, Lohengrin étant le fils de Parsifal, « le roi du Graal ». Ainsi, le récit où Lohengrin, qui avait fait promettre à Elsa de Brabant de ne jamais l’interroger sur son nom ni sur ses origines, est forcé de se révéler à sa femme, au roi Henri et aux Brabançons, est traditionnellement surnommé le « récit du Graal », ou « Gralserzählung ». Point nodal de l’opéra entier, cette histoire des origines, d’abord contée d’une voix caressante, puis plus majestueuse, retrouve l’atmosphère du prélude du premier acte, avec ses harmonies ensorcelantes et son scintillement d’« éther vaporeux qui s’étend » (Liszt). C’est évidemment le même thème qui irrigue les deux pages, celui du Graal, avec sa quarte ascendante, sur fond de violons divisés à l’extrême dans l’aigu et de vents (piccolos, flûtes, hautbois) enveloppants. Le contraste est fort avec la page brillante qui ouvrait ce même troisième acte, fermement ancrée dans le monde humain et ses réjouissances nuptiales (le mariage d’Elsa et de Lohengrin vient d’avoir lieu), à grand renforts de violons énergiques et de cuivres conquérants. Au contraire, le prélude de Parsifal retrouvera les mêmes accents recueillis, si ce n’est hypnotiques, arrachant à Nietzsche des paroles d’intense admiration : « Prélude de Parsifal, le plus grand bienfait qu’il m’ait été accordé depuis longtemps. La puissance et la rigueur du sentiment, indescriptible. Je ne connais rien qui saisisse le christianisme à une telle profondeur et qui porte si âprement à la compassion. Totalement sublime et ému – aucun peintre n’a su rendre comme Wagner une vision aussi indescriptiblement mélancolique et tendre. » (1887) Trois motifs, centraux dans l’œuvre, s’y suivent : celui de la Cène, irisé et très tendre, celui du Graal, irrésistiblement ascendant, et celui de la Foi, aux couleurs conquérantes de cuivres.