Bureau du PAM au

Achat Pour le Progrès

Etudes de Cas Rapport Final Consolidé

Bamako, Décembre 2012

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Table des matières

Introduction ...... 6 Méthodologie ...... 6 1. Etudes de cas Producteurs ...... 9 1.1. Un jeune agriculteur leader et membre d’un ménage ...... 9 1.2. Une Agricultrice Membre d’un Ménage dirigé par un Homme ...... 13 1.3. Un agriculteur chef de ménage ...... 17 1.4. Un agriculteur leader et chef de ménage ...... 21 1.5. Une agricultrice membre d’un ménage dirigé par un homme ...... 24 1.6. De la production d’arachide à la production de niébé : le cas de Mariam Sara, une agricultrice leader et membre d’un ménage dirigé par un homme ...... 27 1.7. Une agricultrice chef de ménage ...... 31 1.8. Un agriculteur chef de ménage ...... 34 1.9. Une agricultrice membre d’un ménage dirigé par un homme ...... 37 2. Etudes de cas OP ...... 41 2.1. Union Locale des Producteurs de Céréales de Dioila ...... 41 2.2. Union des Sociétés Coopératives de Producteurs de Maïs de Dièdougou ...... 49 2.3. Coopérative Yeretaton de Tingoni ...... 56 2.4. Union Communale des Sociétés Coopératives de Producteurs de Céréales de Cinzana ...... 61 2.5. Union des Coopératives de Producteurs et Transformateurs de Céréales de ...... 68 2.6. Association Sabati des femmes de Zantièbougou ...... 74 2.7. Association villageoise Kamonu Domnokéné de Tagari ...... 78 2.8. Coopérative Bodjina Bara des femmes de Logo ...... 84 3. Etudes de cas commerçants ...... 89 3.1. Seydou Traoré ...... 89 3.2. Ngolo Dembélé ...... 92 3.3. Abdou Fomba ...... 93 3.4. Yaya Coulibaly ...... 95 3.5. Mamoudou Sagara ...... 97

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Résumé exécutif

Le projet Achats au service du Progrès (P4P) a démarré au Mali en 2009. Il vise principalement à améliorer le revenu des petits producteurs à travers un meilleur accès au marché. Pour identifier et documenter les changements induits par le projet, il est prévu, dans le cadre de son système de suivi et évaluation, des enquêtes auprès des ménages, des organisations paysannes et des commerçants pour collecter un ensemble de données quantitatives. Parallèlement à ces enquêtes, des études de cas seront menées pour fournir des informations qualitatives qui serviront à compléter et à mieux interpréter les données quantitatives issues des enquêtes. Ces études de cas porteront sur les mêmes cibles que les enquêtes mais avec une importante réduction de la taille de l’échantillon. Une première série d’études de cas a permis de collecter des informations de base. Cette deuxième série d’études permettra d’appréhender les changements intervenus au cours du temps. Les présentes études ont porté sur 21 cas dont 9 ménages de petits producteurs, 7 organisations paysannes et 5 commerçants. Les 4 régions d’intervention du projet au Mali ont été concernées, à savoir , , Ségou et Mopti. Un guide d’interview semi structuré a été conçu et utilisé pour chacune des 3 différentes cibles. Tous les cas ont été étudiés dans le mois de juillet 2012.

Le présent résumé présente les points saillants du document.

Pour les organisations paysannes (OP) Adhésion de nouveaux membres : après trois années de collaboration avec le projet P4P, toutes les OP ont enregistré une demande d’adhésion de nouveaux membres à cause de l’existence d’un marché garanti et d’un prix rémunérateur. Il y a à la fois des membres individuels qui viennent adhérer aux coopératives de base et des coopératives de base qui adhèrent aux unions

Offre de services aux membres : les OP ont amélioré les services offerts aux membres (accès aux engrais, aux semences améliorées, à l’équipement et à la formation) et ont commencé à mieux planifier la production et la commercialisation.

Regroupement et vente de denrées : les volumes de produits regroupés et commercialisés se sont accrus. . Le climat de confiance entre les OP et leurs membres s’est nettement amélioré. Les membres sont davantage motivés par la qualité des services offerts par les OP. Les OP les plus performantes en termes de quantités regroupées et vendues sont celles qui utilisent des stratégies

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diversifiées de collecte de denrées auprès des membres. Les principales stratégies de collecte de denrées auprès des membres sont les dépôts, les achats directs et les remboursements en nature.

Participation des femmes : toutes les OP ont commencé à mettre en place une stratégie pour une meilleure participation des femmes. Les OP ont fourni, grâce à l’appui des partenaires, des équipements aux groupements féminins pour alléger les charges ménagères des femmes afin de leur permettre de consacrer plus de temps à la production agricole et aux activités génératrices de revenu.

Accès au crédit : seules les OP à grande capacité comme l’ULPC et l’USCPMD ont nettement amélioré leur accès au crédit. L’utilisation des contrats à terme du PAM dans le dossier de demande de crédit a beaucoup facilité l’obtention des prêts. Toutefois, le principal déterminant de l’accès au crédit demeure la crédibilité de l’OP. Il faut soumettre un bon dossier de demande de crédit, posséder une expérience du crédit et avoir eu à payer correctement les anciens prêts. La présence d’un encadrement technique rémunéré a beaucoup favorisé ces 2 OP dans l’élaboration d’un dossier de demande de crédit de qualité et son suivi.

Principale contrainte : l’accès au crédit reste problématique pour la majorité des OP et principalement celles à faible capacité organisationnelle. Au Mali, par le passé, beaucoup d’OP ont contracté des prêts auprès des institutions financières qui sont restés jusque-là impayés. Cette situation a entraîné une crise de confiance entre le monde paysan et celui du crédit. C’est pourquoi la plupart des institutions financières exigent une garantie avant d’octroyer un quelconque prêt aux OP. Les contrats à terme, initiés par P4P au Mali, ont facilité à certaines OP l’accès au crédit. La plupart des OP, ne possédant pas d’encadrement technique, peinent à monter un bon dossier de demande de crédit. C’est pourquoi, l’accès au crédit est très variable selon le niveau d’organisation des OP. L’accès au crédit conditionne les services offerts par les OP aux membres comme les intrants (engrais, semences) et leur capacité de regroupement des denrées.

Capacité de stockage : les changements en termes de capacité de stockage sont timides. Toutefois, la majorité des OP envisagent d’entreprendre des démarches pour la construction de magasins dans un proche avenir. Le projet IICEM de l’USAID et P4P ont déjà commencé la construction de magasins et envisagent d’en réaliser davantage.

Pour les ménages de producteurs

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Revenu : les agriculteurs membres ont amélioré leur revenu et font actuellement mieux face aux charges familiales. L’augmentation des quantités vendues et les prix rémunérateurs pratiqués par le PAM ont contribué à augmenter le revenu tiré des ventes de denrées.

Capacité de production : l’augmentation du revenu des ménages leur a permis de mieux investir dans les facteurs de production comme la main d’œuvre, l’équipement, les engrais et les semences améliorées. En plus, les OP dont ils sont membres, leur offrent davantage de services actuellement. La plupart des OP, facilitent à leurs membres l’accès aux intrants. Les producteurs ont donc renforcé leur capacité de production grâce à un meilleur accès aux intrants (engrais, semences, équipement, etc.) et aux formations (techniques agricoles).

Satisfaction des besoins : grâce à l’amélioration du revenu suite aux achats P4P, les producteurs arrivent mieux subvenir aux besoins de santé, d’éducation et d’habillement des enfants, et paient régulièrement les impôts et taxes.

Sécurité alimentaire du ménage : l’augmentation de la productivité consécutive à l’intensification de la production a permis au ménage d’augmenter leur production et de disposer de plus de vivres. Avant P4P, la plupart des ménages, à cause des prix désavantageux pratiqués par les commerçants céréaliers, étaient obligés de vendre suffisamment de denrées pour obtenir assez d’argent susceptible de satisfaire leurs besoins. Par conséquent, ils se retrouvaient régulièrement avec un déficit alimentaire qui les mettait dans une situation d’insécurité. Avec les prix justes offerts par le PAM, ils peuvent avoir le même montant mais avec moins de denrées. Par exemple, en vendant au PAM 100 kg, un producteur peut avoir 20 000 FCFA alors que pour avoir le même montant, il était obligé de vendre 150 ou bien 200 kg aux commerçants.

Principale contrainte : les producteurs et principalement les femmes restent limités par le sous équipement, la cherté des engrais minéraux et la faible disponibilité de terres cultivables qui rend difficile les possibilités d’extension malgré leur volonté d’accroître leurs superficies.

Pour les commerçants Quant aux commerçants, dans la plupart des cas, ils n’ont pas ressenti d’impacts négatifs du projet. D’ailleurs, certains pensent avoir profité des achats P4P en complétant souvent les stocks de quelques OP pour leur permettre de respecter leurs contrats de vente au PAM.

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Introduction

L’initiative Achats au service du progrès repose sur trois piliers : achats du PAM, partenariats avec les producteurs, et apprentissage et partage des connaissances. L’apprentissage et le partage de connaissances s’articulent principalement autour de l’évaluation de l’impact, du suivi annuel et des études de cas. Pendant que l’évaluation de l’impact et le suivi annuel facilitent la compréhension des caractéristiques et le développement des groupes participants en général, les études de cas sélectionnés des petits agriculteurs, des OP et commerçants fournissent des données qualitatives et une compréhension plus approfondie de comment, pourquoi et dans quelles conditions P4P affecte ces groupes dans différents contextes. Dans le cadre de l’apprentissage et du partage, une priorité clé de P4P, les résultats des études de cas devront en outre contribuer aux efforts déployés par le PAM et ses partenaires pour réfléchir sur ce qui fonctionne, ou non, et identifier les leçons apprises. C’est ainsi que 21 cas sélectionnés (7 organisations paysannes, 9 producteurs et 5 commerçants) dans quatre régions du pays ont fait l’objet d’études. Des guides d’entretien spécifiques aux organisations paysannes, aux agriculteurs et aux commerçants ont été développés et ont servi à la collecte de données. L’équipe1 qui a conduit les études était composée du chargé du suivi et évaluation du P4P, du point focal P4P au Ministère de l’Agriculture, du représentant d’AMASSA/Afrique Verte de la région de Mopti et de l’assistante au programme au P4P. La mission de collecte des données sur le terrain s’est déroulée du 02 au 16 juillet 2012 pour les régions de Koulikoro, Sikasso et Ségou et du 24 au 26 juillet pour la région de Mopti.

Méthodologie

Les études ont été conduites dans les 4 régions d’intervention du P4P au Mali qui sont Koulikoro, Ségou, Sikasso et Mopti. Elles ont porté uniquement sur les OP et ménages participants au P4P. Des guides d’entretien spécifiques élaborés pour chacun des 3 groupes cibles ont été utilisés pour collecter les données. 7 organisations paysannes dont quatre unions (Union Locale des Producteurs de Céréales de Dioila, Union des Sociétés Coopératives des Producteurs de Maïs de Dièdougou, Union des Sociétés Coopératives de Producteurs de Céréales de Cinzana et Union des Producteurs et Transformateurs de Céréales de Koutiala) et 3 coopératives de base (Coopérative Yeretaton de Tingoni, Association Villageoise Kamone Dunakene de Tagari et Coopérative Bodjina Bara des femmes de Logo), 9 petits producteurs et 4

1 Nouhou Cissé Chargé du Suivi&Evaluation du P4P, Alou Niangado Point focal P4P au Ministère de l’Agriculture, Mpè Ballo Chef de zone AMASSA/Afrique Verte de Mopti et Aminata Touré Assistante Programme au P4P

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commerçants ont été concernés par ces études. Pour chacun des 3 groupes cibles, des critères de sélection ont été établis.

Les critères de sélection pour les Petits Producteurs sont les suivants :

- La durée de participation au P4P : des producteurs membres des OP qui ont adhéré au P4P depuis le début comme des OP qui ont adhéré plus tard font partie des cas sélectionnés. Le choix de petits producteurs en fonction de la durée de participation au P4P permettra d’avoir une vue globale des effets du projet et de prendre en compte leurs variations temporelles ;

- La quantité de denrées vendues au PAM (entre 500 et 2000 kg) : des producteurs ayant vendu différentes quantités de denrées ont été inclus dans l’échantillon. Le choix de petits producteurs ayant vendu différentes quantités de denrées aidera à appréhender les facteurs qui déterminent les différents volumes de vente et les avantages tirés ;

- La représentativité du genre : sur les 9 producteurs sélectionnés, 4 sont des femmes. La présence à la fois d’hommes et de femmes permet de tenir compte des aspects liés au genre. La représentativité du genre favorise la compréhension des atouts et des contraintes et les effets du P4P selon le sexe ;

- Le leadership : des membres des comités de gestion et de simples membres des OP figurent dans les cas sélectionnés. Cela aidera à avoir une idée des effets du projet au niveau des leaders et des simples membres ;

- La diversité des âges : des producteurs de différents âges ont été choisis pour faire partie des cas étudiés ;

- La représentativité des régions d’intervention : des producteurs ont été choisis dans les 4 régions d’intervention du P4P afin de tenir compte des variations spatiales des effets du projet.

Les critères de sélection pour les Organisations Paysannes sont les suivants :

- La représentativité des régions d’intervention ;

- La composition de l’organisation (hommes, femmes, mixtes) : des OP féminines et des OP mixtes ont été sélectionnées pour avoir les deux types d’OP qui participent au P4P;

- La structure et la capacité de l’organisation : des coopératives de base et des unions de coopératives avec des capacités différentes (faible, moyenne et élevée) ont été sélectionnées;

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- La quantité de denrées vendue au PAM : des OP de différentes capacités de commercialisation ont été sélectionnées pour avoir une vue générale.

Les critères de sélection pour les Commerçants sont les suivants :

- L’appartenance à l’échantillon enquêté lors de l’enquête de base ;

- La représentativité des régions d’intervention.

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1. Etudes de cas Producteurs 1.1. Un jeune agriculteur leader et membre d’un ménage Interview réalisée le 03/07/2012 « Actuellement, la seule vente de l’excédent suffit à couvrir les besoins en argent du ménage à cause des prix rémunérateurs et des ventes groupées effectuées au PAM à travers l’OP». Seydou Coulibaly, , Dioila, Koulikoro Agé de 41 ans, il est membre d’un ménage dirigé par son père dénommé Moriké Coulibaly. Le ménage est composé de 18 personnes dont 11 hommes et 7 femmes. Les hommes actifs participant aux travaux agricoles sont au nombre de 6. La superficie totale exploitée actuellement par le ménage est de 17,5 ha. Le sorgho, le maïs, l’arachide, le niébé, le sésame et le coton sont les différentes spéculations cultivées. Monsieur Coulibaly est secrétaire au crédit et animateur endogène de l’ULPC chargé d’organiser la collecte des denrées, la vulgarisation agricole, la répartition des engrais et l’encadrement de la production de semences auprès des 3 coopératives de base du village de Wacoro. Pour ce travail, l’ULPC lui donne une prime mensuelle. Il est membre de la coopérative primaire dénommée Kotognogontala (Wacoro 1-1) depuis sa création en 2000. La coopérative est à son tour membre de l’Union Locale des Producteurs de Céréales de Diola. Il a adhéré à la coopérative parce les commerçants achetaient toutes les céréales à des bas prix au moment des récoltes et venaient les revendre après aux producteurs à des prix élevés pendant la période de soudure. « Comme la coopérative a été mise en place pour acheter les produits des membres, les stocker et les revendre à des prix à la portée des membres, j’ai choisi d’y adhéré, a-t-il affirmé ». Il espérait également bénéficier de formations en production agricole pour mieux produire.

A travers sa participation au P4P, son ménage a pu nettement augmenter son rendement et son revenu et améliorer sa sécurité alimentaire.

Augmentation de la superficie cultivée et de la productivité Auparavant, le ménage exploitait une superficie totale de 14 ha dont 8 ha de coton, 4 ha de sorgho, 1 ha de maïs, 0,5 ha de sésame et 0,5 ha de niébé. A cause des difficultés à vendre le sorgho et des prix relativement bas, le ménage faisait plus de coton qu’il était sûr d’écouler à travers la Compagnie Malienne de Développement Agricole. Le ménage cultivait également moins de niébé parce que la denrée était achetée par les commerçants à un prix dérisoire, soit 125 FCFA le kg. Le rendement du sorgho était faible (850 kg à l’hectare). Il n’avait pas accès aux semences améliorées et aux engrais pour les céréales. Les intrants fournis par la CMDT étaient destinés uniquement au coton. En plus, il ne bénéficiait d’aucune formation sur les techniques améliorées de production de denrées de base

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comme le sorgho. En termes d’équipement agricole, le ménage ne possédait qu’une seule paire de bœufs de labour et une seule charrue. Ce sous équipement ne lui facilitait pas l’exploitation d’une superficie importante. En plus, les travaux accusaient du retard par rapport au calendrier agricole. Cela avait un impact négatif sur le rendement.

Avec le marché garanti du PAM et les prix rémunérateurs, le ménage a augmenté la superficie cultivée de 14 à 17,5 ha. Il cultive actuellement 5 ha de coton, 6 ha de sorgho, 2 ha de maïs, 1 ha de niébé, 0,5 ha de sésame et 3 ha d’arachide. Cette augmentation a plus bénéficié aux céréales car une partie de la superficie qui était réservée au coton a été affectée au sorgho et le ménage a aussi augmenté la superficie du niébé. Le coton est actuellement cultivé par le ménage uniquement à cause des engrais car la rotation avec les autres cultures permettent à ces dernières de profiter des arrières effets des engrais apportés sur le coton.

Avec P4P, le ménage a presque doublé son rendement pour le sorgho en passant de 850 kg à l’hectare avant P4P à 1,5 tonne à l’hectare actuellement. Ce progrès, en termes de rendement, a été possible grâce aux formations suivies dans le domaine des techniques améliorées de production et à un meilleur accès aux semences améliorées et aux engrais par le biais de l’ULPC. Il prend les semences améliorées et les engrais à crédit qu’il rembourse en nature après les récoltes. Le ménage a aussi introduit des innovations techniques suite aux formations reçues. « Avant, je ne pratiquais pas le démariage, mais depuis que j’ai compris que cette pratique permet d’accroître substantiellement la production, je l’ai adoptée » a-t-il affirmé. La technique de la microdose vulgarisée par Sasakawa a également favorisé un accroissement de la productivité et réduit les coûts liés aux engrais. Avec cette technique, il faut seulement 50 kg d’engrais pour un hectare contre 150 kg à l’hectare avec l’ancienne technique d’épandage. Par ailleurs, le ménage est actuellement mieux équipé pour exploiter ses champs à temps et de façon appropriée. Avec les ventes au PAM, le ménage a acheté une deuxième paire de bœufs de labour et une deuxième charrue. Le renforcement de l’équipement agricole a permis au ménage de Paire de de bœufs achetés grâce au P4P mieux travailler les superficies cultivées en respectant le calendrier agricole. Les semis sont faits dans le temps, les terres sont bien labourées et bien sarclées et tous les entretiens des cultures sont bien faits et cela dans le temps. Cela a contribué à l’accroissement du rendement et de la production. Toutefois, le ménage envisage d’acheter un nouveau semoir car celui dont il dispose vient de tomber en panne. Il projette également d’acheter un motoculteur pour mécaniser sa production.

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Augmentation des quantités vendues et du revenu Avant P4P, le ménage tirait principalement son revenu de la vente du coton. L’argent du coton arrivait beaucoup en retard. Le coton était livré à la CMDT après les récoltes et la CMDT payait les producteurs jusqu’au début de la prochaine campagne. Entre temps, les besoins (santé, éducation, impôt, etc.) ne pouvaient pas attendre et les producteurs étaient obligés de s’endetter lourdement ou de vendre une bonne partie des céréales destinées à la consommation du ménage jusqu’à tomber dans la famine. Avec le coton, le ménage n’arrivait même pas à acheter une seule chèvre parce que l’argent trouvait que les producteurs s’étaient lourdement endettés et servait juste à rembourser les prêts. Par ailleurs, les ventes de céréales étaient faites aux commerçants et échelonnées dans le temps en fonction des besoins. Par conséquent, le ménage ne connaissait pas exactement combien il a vendu et le montant obtenu. L’argent issu des ventes était utilisé pour satisfaire des besoins au jour le jour. Le ménage n’en tirait pas assez de bénéfices. Grâce au marché garanti du PAM et les prix encourageants, le ménage a vendu 1500 kg de sorgho en 2010 et 2800 kg en 2011 et 800 kg en 2012. En 2012, à cause du déficit pluviométrique, le ménage n’a pu vendre que 800 kg. Cependant, compte tenu de la flambée des prix, les recettes issues de cette vente étaient presqu’équivalentes à celles de 2010. Actuellement avec les ventes groupées au PAM, le ménage connait la quantité vendue et arrive à obtenir d’importantes sommes d’argent qui lui permettent de faire des réalisations. Avec l’argent tiré des ventes, le ménage a acheté un bœuf de labour en 2010 et un autre en 2011. En 2012, le ménage a acheté une bicyclette pour un élève et construit une maison couverte de tôle pour la première fois. Le reste de l’argent a été utilisé pour couvrir certains besoins du ménage comme les frais de condiments et les impôts. « Avant P4P, je n’arrivais même pas à payer les impôts alors que maintenant je paye mes impôts à la mairie dès janvier de chaque Première maison en tôle construite dans le année » a-t-il dit. ménage Le ménage n’a rencontré aucune difficulté dans la vente au PAM. « Autrefois, les acheteurs venaient imposer des prix qu’ils voulaient. Maintenant avec le PAM, nous sommes devenus plus forts et ils ne peuvent plus imposer les prix de leur choix » a-t-il affirmé. Il ne vend que sa propre production au PAM. Il ne vend les céréales qu’à travers l’OP à qui il vend tout son excédent après les récoltes à cause des prix rémunérateurs et de la facilité d’accéder à des services comme les intrants et les formations. Le ménage envisage de vendre plus pour construire de nouvelles maisons couvertes de tôle. Fort de cette expérience de ventes des denrées au PAM, le producteur préfère la production du sorgho destinée à la commercialisation qu’à celle du coton parce que les avantages tirés de la vente du sorgho sont supérieurs à ceux issus de la vente du coton. Non seulement les coûts de production du sorgho sont inférieurs à ceux du coton mais aussi l’argent du sorgho est perçu plus tôt que celui du coton. Comme

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perspective, le ménage préfère garder la même superficie tout en augmentant la quantité de fertilisants, en entretenant mieux les cultures, en adoptant les techniques améliorées de production et en utilisant les semences améliorées. Par contre, il envisage de réduire davantage la superficie du coton au profit du sorgho et du niébé qui sont des cultures achetées par le PAM.

Amélioration de la sécurité alimentaire Avant P4P, avec les bas prix pratiqués par les commerçants, le ménage vendait plus de récoltes pour avoir assez d’argent à tel point qu’une partie du stock réservé à la consommation était vendue. Malheureusement, à cause du paiement tardif des recettes issues de la vente du coton, il fallait souvent attendre le début de la prochaine campagne agricole pour entrer en Grenier traditionnel pour le stockage des céréales possession de son argent. Le ménage était donc obligé de vendre une bonne partie de la récolte de sorgho pour faire face à des dépenses comme les impôts, les frais scolaires des enfants, les soins de santé, les vêtements, les frais de condiments, etc. A cause des prix bas imposés par les acheteurs, les producteurs étaient obligés de vendre au-delà des excédents. Ainsi une partie du stock réservé à la consommation du ménage était aussi vendue. Cela mettait le ménage dans une situation d’insécurité alimentaire. Il était obligé de payer des denrées à crédit à des prix élevés auprès des commerçants afin de faire face à la période de soudure. Avec le P4P, puisque le ménage cultive plus de sorgho et que la production est vendue de façon groupée, il gagne suffisamment d’argent pour couvrir ses besoins. Par conséquent, il n’a plus besoin de vendre du sorgho jusqu’à toucher à une partie du stock réservé à la consommation. Le ménage dispose donc de plus de céréales pour sa consommation et sa sécurité alimentaire se trouve ainsi plus renforcée. « Actuellement, la seule vente de l’excédent suffit à couvrir les besoins en argent du ménage à cause des prix rémunérateurs et des ventes groupées effectuées au PAM à travers l’OP. Non seulement le ménage dispose de suffisamment de vivres pour couvrir ses besoins toute l’année, mais aussi il arrive à diversifier son régime alimentaire. Avec l’argent que j’obtiens nous mangeons plus de viande et nous consommons régulièrement le sucre. Je pouvais faire deux mois sans acheter de la viande pour le ménage. Actuellement, chaque semaine nous consommons de la viande. De même la volaille que j’élevais était destinée à la vente pour satisfaire des besoins. Actuellement, la plupart de la volaille est autoconsommée » a-t-il déclaré. Pour s’assurer que les récoltes de céréales permettent de couvrir les besoins de consommation du ménage, les greniers sont remplis jusqu’à un niveau bien connu. Une fois que ce niveau est atteint, le ménage est assuré que ses besoins sont bien couverts et le reste des céréales considéré comme un excédent peut être vendu.

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1.2. Une Agricultrice Membre d’un Ménage dirigé par un Homme

“Je suis devenue plus importante aux yeux de mes enfants et je suis actuellement mieux impliquée dans les prises de décision à cause de ma précieuse contribution aux dépenses du ménage“

Date de l’interview : 03/07/2012 Localisation : Village de Wacoro, Cercle de Dioila, Région de Koulikoro Prénom et Nom : Mariam Coulibaly dite Mamou Affiliation à une OP : Coopérative des femmes de Wacoro, Union Locale des Producteurs de Céréales de Dioila Age : 50 ans Membre depuis : 2000 Chef de ménage : Homme (son premier fils) Taille du ménage : 7 hommes et 7 femmes Superficie totale cultivée par le ménage : 16 hectares Spéculations cultivées : sorgho, mil, maïs, arachide, sésame, soja et niébé Champ individuel cultivé par Mamou : 2 hectares Activités de subsistance du ménage: agriculture, production de beurre de karité, élevage de moutons et de chèvres, embouche bovine et boucherie

Agée de 50 ans environ, Mamou Coulibaly est une petite productrice et la présidente de la coopérative Benkola des femmes de Wakoro, cercle de Diola, région de Koulikoro. La coopérative est membre de l’Union Locale des Producteurs de Céréales de Diola. Elle a adhéré à la coopérative depuis sa création en 2000. Son adhésion a été motivée par les avantages offerts aux membres comme l’accès aux semences et aux engrais, les formations en techniques agricoles, etc. L’adhésion à la coopérative permet selon elle de mieux produire. Mamou est une veuve ayant perdu son mari il y a plus de 20 ans alors que ses 6 garçons et ses 2 filles étaient mineurs. Elle exploitait toute seule les terres de son défunt mari pour nourrir ses enfants. Elle assurait non seulement la sécurité alimentaire de son ménage mais elle arrivait aussi à dégager un excédent commercialisable qui pouvait atteindre souvent 5 tonnes. Actuellement ses 2 deux filles et 5 cinq de ses fils sont mariés. Son premier fils Sidiki Diarra, boucher de profession, est le chef de ménage conformément à la tradition locale qui voudrait que le chef de ménage soit toujours un homme. En plus de l’agriculture, elle élève des ovins et des caprins et fait de l’embouche bovine.

Au titre de la campagne 2011/2012, 16 ha ont été exploités par l’ensemble du ménage dont 2 ha par Mamou. Les céréales produites par le ménage ne sont pas destinées à la vente et constituent le stock de sécurité alimentaire. Cependant, sa production comme celle de la plupart des femmes de la région, est

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destinée à la commercialisation. Par conséquent la présente étude de cas a porté sur elle et non pas sur son ménage. La participation au P4P lui a permis d’augmenter significativement son rendement et par conséquent d’accroître sa production et la quantité vendue. Ainsi, elle a vu son revenu augmenté et son image s’est nettement améliorée auprès des membres du ménage.

Nette amélioration de la productivité et perspective d’augmentation de la superficie cultivée Elle a toujours exploité individuellement un champ de 2 ha que lui a offert son défunt mari. Elle attribue une superficie de 0,5 ha pour chacune des 4 spéculations qu’elle cultive, à savoir le sorgho, le niébé, l’arachide et le sésame. Avant son adhésion à la coopérative elle n’avait pas accès aux intrants et aux semences améliorées ainsi qu’aux formations. C’est pourquoi, en termes de rendement, avant P4P, elle récoltait moins d’une tonne de sorgho à l’hectare. Avec la coopérative, elle bénéficie de l’accès aux semences améliorées et aux engrais ainsi que des formations sur les techniques culturales, de stockage et conservation des denrées. Ces appuis lui ont permis d’accroître sa production, de vendre plus et d’améliorer ainsi son revenu. Pendant la dernière campagne agricole, elle a produit pour la première fois 1,3 tonne de sorgho sur une superficie de 0,5 hectare grâce à l’utilisation d’une variété plus productive. En effet, dans le cadre de la collaboration de l’ULPC avec ICRISAT2, elle a reçu 5 différentes variétés à tester. A l’issue de ce test, elle a choisi la plus productive qu’elle a utilisée dans son champ. Ce rendement de 2,6 tonnes à l’hectare est exceptionnel au Mali où le rendement moyen du sorgho se situe entre 700 et 900 kg à l’hectare. A cause du marché garanti et des prix rémunérateurs offerts par P4P, elle envisage d’augmenter cette année la superficie cultivée de sorgho en mettant en valeur une partie des 8 hectares de terre qu’elle vient d’acquérir gratuitement auprès d’un propriétaire terrien du village.

Augmentation du revenu et amélioration de statut au sein du ménage Avant P4P, elle vendait en fonction des besoins et par conséquent ne savait pas combien elle a vendu et le montant total tiré des ventes. Les quantités qu’elles vendaient étaient quand même plus petites parce qu’elle récoltait moins. En plus les prix qu’offraient les commerçants n’étaient pas avantageux. Le faible revenu qu’elle tirait des ventes de denrées ne lui permettait pas de contribuer aux dépenses du ménage comme elle souhaitait. Par conséquent, elle avait moins de valeur aux yeux des membres du ménage à cause de son pouvoir économique limité.

2 International Crops Research Institute for Semi-Arid Tropics (ICRISAT) est un centre international de recherche agricole qui est représenté au Mali.

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Grâce à la coopérative et à travers P4P, elle participe aux ventes groupées. Ce qui lui permet d’écouler ses excédents à un prix rémunérateur. Actuellement elle vend tout son stock une seule fois. Cela pour lui permet à la fois d’obtenir un montant groupé et conséquent et de connaître combien elle a eu à vendre et le revenu obtenu. Elle a vendu respectivement 400 kg de sorgho en 2010, 800 kg en 2011 et 1200 kg en 2012. L’argent des ventes lui a permis de financer le mariage d’un garçon et d’une fille, la construction d’une maison couverte de tôle, l’achat d’un âne et d’une charrette. Grâce à la charrette et l’âne acquis après les ventes au PAM, elle se rend plus facilement au champ et arrive à transporter sa production au magasin de la coopérative pour la vente. « Comme mon champ est situé loin du village, je rêvais d’avoir une charrette pour faciliter mes déplacements. Le ménage a des charrettes à bœuf mais les femmes ont de la peine à contenir les bœufs lorsqu’ils se révoltent. L’âne est plus facile à gérer ». En effet, son champ, à l’image de la plupart Mamou Coulibaly assise dans sa charrette des femmes rurales au Mali, est situé loin du village à environ 6 km. Elle avait donc des difficultés à la fois à s’y rendre pendant la saison des cultures et à transporter sa production du champ au village après la récolte. En plus l’âne qu’elle a acheté permet aux bœufs du ménage de se reposer car il effectue des tâches qui leur étaient réservées auparavant. Cependant, elle est confrontée à un problème de disponibilité de charrue au moment du labour. Pour avoir accès à la charrue du ménage, les femmes sont obligées d’attendre que les hommes finissent de labourer les champs collectifs. La priorité est accordée aux champs collectifs du ménage dont la production est réservée à l’autoconsommation alors que celle des femmes est généralement destinée à la vente. Pour réduire les problèmes auxquels les femmes font face, l’ULPC a donné une paire de bœufs, deux charrues, une charrette et un semoir à la coopérative féminine dont elle est membre, mais ces équipements ne sont pas encore utilisés. En outre, la coopérative a bénéficié d’une plateforme multifonctionnelle pour alléger les tâches des femmes et leur permettre de consacrer plus de temps à la production agricole.

En termes de dépenses du ménage, grâce aux recettes tirées des ventes au PAM, elle contribue actuellement mieux aux dépenses du ménage. Le rôle qu’elle joue au sein du ménage a amélioré son statut. “Je suis devenue plus importante aux yeux de mes enfants et je suis actuellement mieux impliquée dans les prises de décision à cause de ma précieuse contribution aux dépenses du ménage“, a-t-elle déclaré. En termes de sécurité alimentaire, comme le ménage avait un revenu insuffisant, il vendait une partie de sa production de sorgho du champ collectif pour subvenir à ses besoins. Avec les ventes de la production de Mamou au PAM et l’utilisation des recettes pour subvenir à certains besoins du ménage, la production de

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sorgho du ménage a été épargnée de la vente. Actuellement, le ménage dispose de plus de sorgho pour sa consommation. Cela a contribué à l’amélioration de sa sécurité alimentaire.

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1.3. Un agriculteur chef de ménage

“Grâce aux registres mis en place par P4P, la sécurité alimentaire de mon ménage s’est nettement améliorée“ Interview réalisée le 11/7/2012

Issa Dembélé est originaire du village de Sirakélé, dans le cercle de Koutiala, région de Sikasso. Son village fait partie de la zone cotonnière. Il est membre de la coopérative Tiéssiriton depuis seulement 3 ans. La coopérative dont il est membre a adhéré au P4P en 2010. Elle est membre de l’Union des Coopératives de Producteurs et Transformateurs de Céréales de Koutiala. Issa est âgé de 57 ans et chef d’un ménage de 59 personnes dont 21 hommes et 38 femmes. Son ménage possède 34 ha de terres cultivables dont 26,5 ha sont exploités actuellement. Les spéculations cultivées par le ménage sont le mil (13 ha), le sorgho (7 ha), le maïs (2 ha), le coton (3 ha), l’arachide (1 ha) et le voandzou (0,5 ha). En plus de l’agriculture, le ménage pratique l’élevage, l’embouche de petits ruminants et la maçonnerie comme activités de subsistance. Il a adhéré à l’union d’abord pour pouvoir vendre et ensuite à cause du champ collectif exploité par la coopérative et dont les récoltes sont vendues au PAM pour ravitailler une caisse sociale. En cas de besoin (frais scolaires, santé, etc.), les producteurs prennent crédit à la caisse. Puisque la coopérative dont Issa est membre ne fournit pas de services d’accès aux intrants aux membres, il est donc limité en termes d’accès aux intrants et n’arrive pas à augmenter son rendement et sa production. Son ménage est déficitaire en céréales et par conséquent les quantités vendues sont très petites.

Superficie cultivée et rendement En termes de superficie et de rendement, il n’y a eu aucun changement attribuable à la participation du producteur au P4P. Le ménage cultive principalement des céréales (mil et sorgho) et du coton. Il a exploité respectivement 21 ha de mil et sorgho et 2 ha de coton en 2010 ; 19 ha de mil et sorgho et 3 ha de coton en 2011 ; 20 ha de mil et sorgho et 3 ha de coton en 2012. Le ménage pratique l’assolement et la rotation des cultures. Les terres cultivées sont divisées en parcelles distinctes (soles) destinées à chacune des spéculations pratiquées. D’une année à l’autre, les cultures se succèdent sur les différentes parties du champ. L’ordre de succession des cultures est déterminé par le niveau de fertilité des différentes parties du champ et les besoins nutritifs des cultures. Il pense que le petit mil par exemple enrichit le sol à travers ses nombreuses racines qui s’enfouissent dans la terre et se décomposent. Le sorgho par contre appauvrit le sol. C’est pourquoi les parties les plus riches du champ sont occupées par le sorgho et les parties pauvres par le mil. La principale contrainte à la production reste la baisse de la fertilité des sols liée au faible apport

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de fertilisants. « Autrefois, les terres cultivables étaient nombreuses et les producteurs pratiquaient la jachère. Cela permettait de renouveler la fertilité des terres laissées en repos. Actuellement, les terres laissées en jachère sont immédiatement récupérées par d’autres producteurs et exploitées ». Il envisage d’augmenter la superficie cultivée car le nombre de bouche à nourrir augmente. En 2010, il a récolté 9 tonnes de mil sur les 9 ha cultivés soit 1 tonne à l’hectare. Par contre en 2011, sur les 8 ha exploités il n’a récolté que 4 tonnes soit 0,5 tonne à l’hectare. Quant au sorgho, son rendement en 2010 était de 0,4 tonne à l’hectare contre 0,5 tonne à l’hectare en 2011. La baisse de rendement pour le mil s’explique par la baisse de la fertilité des terres cultivées, l’utilisation de semences non améliorées et tardives et le déficit pluviométrique. Pour le sorgho, le rendement a augmenté à cause de l’exploitation des soles plus fertiles dans le cadre de la rotation des cultures et l’utilisation de semences plus précoces. Toutefois, il est important de souligner que le rendement du sorgho reste largement inférieur à la moyenne nationale. Cela pourrait s’expliquer par la faible maitrise des itinéraires techniques, l’absence d’innovations techniques et l’inaccessibilité des intrants (semences améliorées et engrais).

Accès aux services En termes d’accès aux engrais et aux semences améliorées, la région de Sikasso étant la zone de production par excellence de coton au Mali, le ménage reçoit des engrais et des semences pour le coton à travers la CMDT. Les engrais sont remboursés en nature à la récolte avec du coton. Par contre, il n’a pas accès aux engrais pour le sorgho et le mil. Toutefois, il utilise une partie de l’urée destinée au coton sur le mil. Ces 3 dernières années la CMDT n’a donné des engrais que pour le coton, sinon elle en donnait à la fois pour le coton et les céréales. Il a utilisé sur le mil respectivement 4 sacs d’urée en 2010 et 2 sacs d’urée en 2011. Il n’a pas apporté des fertilisants au sorgho car il était cultivé sur les parties les plus fertiles du champ. L’urée est utilisée sur le mil pour augmenter sa résistance au Striga3 car il supporte moins le Striga que le sorgho. La quantité d’urée utilisée sur le mil dépend surtout du niveau de fertilité du sol et du degré d’infestation par le Striga. Le ménage n’a reçu aucun intrant à travers l’OP.

En termes d’équipement, tout le matériel dont dispose le ménage a été acheté avant P4P. Il s’agit notamment de 2 charrues, 2 multiculteurs, 1 semoir, 1 charrette et 1 pulvérisateur. Il a aussi 2 paires de bœufs. Il n’a pas acheté d’équipement ces 3 dernières années à cause de la baisse du revenu lié au coton. Puisque le ménage est déficitaire et n’a pas de surplus de céréales à vendre, le coton reste sa principale source de revenu agricole. Avec la baisse du revenu tiré du coton suite à la chute du prix de cession à la CMDT et des cours mondiaux du coton, le ménage n’a pas été capable d’acheter de nouveaux

3 Le Striga, de son nom scientifique Striga hermonthica, est une mauvaise herbe qui parasite des plantes comme le petit mil.

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équipements agricoles. Cependant, il envisage d’acheter une charrue à la récolte car le nombre de charrues dont il dispose est insuffisant.

Perspectives d’utilisation des semences améliorées pour augmenter le rendement Il a toujours utilisé sa propre production de mil et de sorgho comme semence. Il n’achète pas de semences améliorées par crainte des OGM (organismes génétiquement modifiés). Il y a dans le village des gens qui font passer des rumeurs selon lesquelles les semences améliorées seraient des OGM et qu’il faut donc les acheter chaque année auprès des fournisseurs. Cela créé une dépendance vis-à-vis des vendeurs de semences. Les producteurs ont donc pris peur dans le village. Mais cette année, il a reçu de la semence de mil provenant de l’ICRISAT et obtenue par le canal d’AMASSA/Afrique Verte, le partenaire d’appui de la coopérative de base et de l’union. La semence est à tester. Il voudrait être sûr que ça marche bien avant de l’utiliser à grande échelle.

Amélioration de la sécurité alimentaire grâce aux registres P4P Avant P4P, la sécurité alimentaire du ménage n’était pas assurée. La production céréalière était insuffisante et ne couvrait pas les 12 mois de consommation. Le ménage ne connaissait pas exactement ses besoins de consommation en céréales. Il attendait que le stock soit épuisé avant d’acheter des céréales sur le marché. Il utilisait le revenu tiré d’autres activités pour acheter des denrées. Il achetait les céréales pendant la période de soudure pour couvrir ses besoins pendant que les prix étaient trop élevés. Puisque les denrées sont trop chères pendant cette période, la quantité que le ménage arrivait à s’en procurer était insuffisante. Avec P4P, le ménage demeure toujours déficitaire car sa propre production est insuffisante. Cependant, au lieu de continuer à acheter les céréales pendant la période de soudure où les prix sont élevés, il achète actuellement à la récolte quand les prix sont relativement bas. Il a changé de période d’achat de céréales parce que, avec P4P, il a appris à connaître sa consommation annuelle à travers les discussions avec les chefs de ménages participants. En effet, dans le cadre du suivi et évaluation mis en place par P4P au Mali, des cahiers ont été remis aux ménages participants pour enregistrer des données comme les superficies cultivées, les productions par culture, les quantités vendues, les quantités réservées à la consommation du ménage, les quantités effectivement consommées par an, etc. Ce sont donc les données sur le suivi de la consommation du ménage qui lui ont permis de connaître le besoin réel du ménage en céréales. « Grâce aux registres mis en place par P4P, la sécurité alimentaire de mon ménage s’est nettement améliorée » a-t- il affirmé. Après la récolte, il pèse les céréales et s’il réalise que le stock ne pourra pas couvrir les besoins annuels, il en achète immédiatement. Autrefois, il ne connaissait pas exactement la quantité de céréales qu’il fallait pour couvrir les besoins du ménage, et c’est quand il était en cours de vivres, qu’il décidait d’en

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acheter. Malheureusement, cela trouvait que les céréales étaient devenues chères sur le marché. Par conséquent, l’argent dont il disposait ne lui permettait pas d’accéder à suffisamment de vivres pour le ménage.

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1.4. Un agriculteur leader et chef de ménage Interview réalisée le 09/07/2012 Yacouba est un petit producteur et le président de l’organisation paysanne de Cinzana village créée en 2008 et dénommée Benkadi. Il originaire du village de Cinzana dans le cercle de Ségou, région de Ségou. Le climat de la zone est type sahélien avec une précipitation moyenne annuelle de 700 mm. Il est âgé de 62 ans et est chef d’un ménage de 18 membres dont 8 hommes et 10 femmes. Le ménage habite dans une maison en banco. Comme activité secondaire, il achète et revend du mil. Sa motivation première était d’améliorer son revenu, à travers des ventes à des prix profitables, pour mieux faire face aux besoins de son ménage. Avant, il ne parvenait pas à tirer un grand bénéfice de la vente des denrées à cause des prix défavorables pratiqués par les acheteurs. Par conséquent, il peinait à assurer les besoins de son ménage. A travers P4P, il a actuellement mieux accès aux engrais, aux semences, à la formation, à l’équipement et il a amélioré la sécurité alimentaire de son ménage.

Augmentation de la superficie cultivée et de la productivité Avant le P4P, les producteurs privilégiaient juste l’auto consommation, or cela ne suffisait pas pour subvenir à tous les besoins du ménage. A son adhésion au P4P en 2009-2010, il exploitait une superficie de 6,75 ha. Avec P4P, en 2010-2011, il avait cultivé 7,25 ha. L’augmentation de la superficie était liée au sésame (0,5 ha en 2009-2010 et 1 ha en 2010-2011). La superficie allouée au sésame a été augmentée à cause de l’écoulement rapide du produit, donc l’accès rapide à l’argent. En 2011-2012, il avait cultivé la même superficie qu’en 2010-2011. En 2012-2013, il a cultivé 8,75 ha. Il a donc augmenté la superficie cultivée en sorgho et introduit la culture de l’arachide qui jusque-là n’était pas pratiquée. Pour augmenter sa production de sorgho, il a été obligé, en 2012-2013, de reprendre 1 ha qu’il avait prêté à un de ses beaux-frères car il n’y a plus de nouvelles terres à mettre en valeur. Cela lui permettra d’augmenter la superficie réservée au sorgho et d’accroître ainsi sa production avec l’exploitation d’un hectare supplémentaire. L’augmentation de la récolte en sorgho lui permettra de vendre plus de denrées au PAM. Avant l’OP, les producteurs achetaient avec les commerçants des semences de qualité incertaine dont l’utilisation n’assurait pas une grande productivité. Tout comme les semences améliorées, il y avait un problème pour s’approvisionner en engrais de qualité. Les engrais qui étaient disponibles sur le marché local n’étaient pas de bonne qualité. Leur utilisation sur les cultures n’apportait presque pas de valeur

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ajoutée. Les cultures avaient de la peine à se développer correctement et par conséquent, la production couvrait à peine les besoins de consommation du ménage. Avec P4P, à cause de l’existence d’un marché sûr, l’union facilite l’accès des producteurs aux semences améliorées à travers l’Union des Sociétés Coopératives Affiliées à la Boutique d’Intrants. Avec l’ouverture de la boutique d’intrants, il n’y a plus de problème d’approvisionnement en engrais de qualité et les prix sont équitables. A cause des conditions plus favorables, la quantité d’engrais qu’il utilise est passée de 100 kg en 2008-2009 à 200 kg actuellement. Mieux encore l’utilisation de la technique de microdose, vulgarisée par le partenaire d’encadrement, permet de fertiliser une superficie plus grande avec une quantité plus petite d’engrais. A travers cette technique, les engrais sont apportés directement aux cultures qui en profitent et se développent correctement. L’utilisation à la fois efficace et efficiente des engrais réduit les coûts qui y sont liés et améliore la production et la productivité. En plus des engrais, l’union a facilité l’accès aux semences améliorées grâce au partenariat avec le PRECAD. Le PRECAD a fourni des semences améliorées à tester par les producteurs afin de choisir les plus intéressantes. « L’union nous a facilité l’accès aux semences améliorées. J’en suis moi-même un producteur. Le PRECAD nous a donné des semences à tester pour choisir celle qui nous convient le mieux » a dit Yacouba. Le prix de la semence est abordable (le kg est vendu à 250 FCFA contre 750 FCFA ailleurs) et l’accès est facile pour l’ensemble de producteurs de la commune. Actuellement, il n’y a pas de problème pour s’approvisionner en semences améliorées. Les producteurs sont motivés à utiliser les semences améliorées puisqu’ils ont réalisé qu’elles favorisent l’augmentation de la productivité. Grâce à l’amélioration de l’accès aux intrants et à la formation, il a augmenté sa productivité. Ainsi, en 2009, il avait récolté 4 tonnes de mil et 700 kg de sorgho tandis qu’en 2011, sur la même superficie, il a récolté 4 tonnes de mil et 1 tonne de sorgho. En 2012, il envisage d’augmenter sa production de sorgho pour vendre davantage de denrées au PAM. « J’ai l’intention d’augmenter ma production d’une tonne supplémentaire soit 2 tonnes de sorgho cette année afin d’effectuer plus de vente à l’OP » affirme le producteur. L’avènement du P4P a encouragé les producteurs à produire plus pour dégager des surplus à drainer sur le marché. « Grâce au P4P et à travers l’OP, nos capacités ont été renforcées en matière de techniques culturales, de stockage dans les greniers. Aussi, avec PRECAD, nous avons acquis des connaissances sur les techniques de compostage et de microdosage », a-t-il dit.

Augmentation des quantités vendues et du revenu Avant P4P, il vendait selon les besoins aux commerçants locaux à des prix défavorables. « Pour faire face aux besoins de mon ménage, j’étais obligé de prendre une partie de mes récoltes dans mon grenier pour la vendre au marché à des acheteurs qui prenaient au prix qui leur convenaient et je n’avais pas le choix car j’étais dans le besoin » a-t-il déclaré. Il préfère vendre à travers l’OP parce qu’il pense qu’il pourrait à travers les ventes groupées tirer plus profit. En outre, l’OP grâce à son pouvoir de négociation, pourrait obtenir des

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prix plus rémunérateurs. Par ailleurs, en tant que président de la coopérative de base, il devait vendre à travers l’OP pour servir d’exemple aux autres producteurs afin de les inciter. En 2010, il a vendu au PAM à travers l’OP une tonne de sorgho à 200250 FCFA. Il a utilisé une partie de l’argent pour se procurer un bœuf de labour à 75000 FCFA et le restant a servi à payer les impôts, les frais de scolarisation, d’habillement et médicaux. En 2011, il a vendu une tonne également et a pu s’acheter deux charrues à 15000 FCFA chacune. En 2012, il encore vendu une tonne, et l’argent a servi à couvrir les frais de mariage de son fils et le reste a été utilisé pour couvrir des besoins du ménage. Compte tenu de la hausse particulière des prix des denrées, cette année il a tiré de la vente des denrées un montant considérable. Bœufs achetés labourant le champ de Yacouba Avec les achats du PAM, il a pu vendre à l’union une tonne de sorgho qui lui a rapporté une somme de 200000 FCFA. Cette somme lui a permis d’acheter un bœuf de labour à 75000 FCFA

Amélioration qualitative de la sécurité alimentaire L’autosuffisance alimentaire a toujours été assurée dans le ménage. Après la récolte, il dégage la quantité de mil nécessaire à la consommation annuelle du ménage à laquelle il ajoute 500 kg supplémentaires pour couvrir les dépenses imprévues. Mais avec l’OP, grâce à l’amélioration du revenu, la sécurité alimentaire du ménage s’est davantage améliorée sur le plan de la qualité avec une meilleure diversité alimentaire. Le ménage consomme plus de viande, de poisson, de riz, etc.

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1.5. Une agricultrice membre d’un ménage dirigé par un homme Interview réalisée le 14/07/2012 Kani Koné est une petite productrice vivant chez son mari à Fala, un village de la commune de dans le cercle de , région de Sikasso. Elle est âgée de 45 ans et mariée à un producteur du nom d’Aguib Touré. Elle est mère de sept enfants. Le ménage dans lequel le couple vit avec ses enfants est composé de 76 personnes dont 30 hommes et 46 femmes. Le ménage possède un champ collectif dont la production sert à couvrir ses besoins alimentaires et non alimentaires. Mais à côté du champ collectif, chaque sous unité a un champ individuel. Au-delà de la culture vivrière, chaque membre du ménage pratique une autre activité. C’est pourquoi, il y a des maçons, des vendeurs de briques, un tisserand, des acheteurs, des orpailleurs etc. Dans le ménage, il existe des sous unités formées d’un homme, de sa femme et des enfants. Avec le nombre élevé de membres dans le ménage, chacun entretient sa petite famille. Avec son mari, ils s’entraident pour couvrir les besoins de leur petite famille. Elle a adhéré à l’OP en 2006. Le but était de faciliter l’accès au crédit à travers le système de tontine améliorée.

Augmentation de la superficie cultivée Le ménage cultive 10 ha de coton, 4 ha de maïs, 2 ha de sorgho, 1 ha de petit mil, 0,5 ha de fonio et 0,50 ha de sésame. Ces productions sont uniquement réservées à l’entretien du ménage. Pour son champ individuel, avant l’OP, elle cultivait 0,50 ha d’arachide qu’elle vendait ensuite aux acheteurs à un prix dérisoire. Comme le PAM achète du sorgho et non de l’arachide, elle a cherché une parcelle d’une superficie d’un hectare pour y cultiver des céréales. Elle possède actuellement 1 ha et demi de terre et elle y cultive du sorgho, de l’arachide et du niébé soit 0,50 ha par spéculation. Elle a acquis la superficie supplémentaire gratuitement grâce à son mari qui a négocié avec un propriétaire terrien. C’est grâce aux achats du PAM qu’elle a eu l’opportunité de vendre à travers l’OP et d’augmenter son revenu. Le prix proposé par le PAM est rémunérateur, le marché est garanti et les modalités de paiement avantageuses car elle trouve l’intégralité de son argent et par conséquent fait mieux face aux besoins les plus pressants. Toutefois, comme l’arachide rapporte mieux que le sorgho, elle envisage de faire plus d’arachide que de sorgho en 2012. L’arachide sera vendue et l’argent perçu sera utilisé pour acheter du sorgho à vendre au PAM.

Faible accès aux facteurs de production Elle n’a pas accès aux engrais chimiques et par conséquent utilise la fumure organique pour toutes les cultures à l’exception du niébé. Elle ramasse les déchets ménagers pour les mettre dans son champ. Par contre, elle n’a pas accès aux engrais chimiques. Depuis 2009, les femmes membres de l’OP ont cherché à

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accéder aux engrais chimiques mais en vain. La commune de Zantièbougou, à l’image de toute la zone où intervient la CMDT, cultive principalement le coton comme culture de rente. Les producteurs de coton bénéficient d’engrais destinés principalement au coton, les autres cultures étant négligées. Comme les femmes généralement ne font pas du coton, elles ont par conséquent des difficultés à accéder aux engrais chimiques. « La priorité a toujours été donnée par la CMDT aux cotonculteurs qui sont majoritairement des hommes. Alors que ces derniers refusent de nous approvisionner pour qu’on ne puisse pas prospérer dans nos activités » a-t-elle affirmé. L’engrais étant cher et l’accès difficile, elle utilise donc la fumure organique.

N’étant pas équipée et n’ayant pas accès aux équipements du ménage, elle loue les services d’un prestataire professionnel qu’elle paie à la tâche pour labourer son champ. Son ménage possède son propre équipement, mais étant très grand, la priorité est donné au champ collectif. En outre, il y a beaucoup de femmes propriétaires de champs individuels dans le ménage et l’équipement ne peut être donné à chacune d’elles sans que la période de semis ne soit dépassée. En conséquence, chacune se démerde pour labourer son champ.

Elle n’a pas accès aux semences améliorées à travers l’OP. Elle ne peut donc pas parler de changement dans ce sens. Elle a acheté au marché un sac de sorgho pour la consommation de son petit ménage. La qualité de la denrée étant bonne, elle en a pris 6 kg qu’elle a conservés et semés par la suite. A chaque récolte, elle choisit les meilleures panicules de sorgho qu’elle garde pour la prochaine campagne agricole. Elle sollicite pour la prochaine campagne l’appui de CAEB pour leur fournir des semences améliorées afin d’augmenter leur productivité.

Augmentation de la quantité de céréales vendue grâce à la production et à la vente d’arachide Avant P4P, elle vendait principalement des arachides produites au marché. Les céréales ne sont pas des cultures de rente au Mali, les femmes généralement préfèrent cultiver des arachides. C’est avec l’arrivée du P4P, que les femmes ont été encouragées à produire et vendre des céréales comme le mil et le sorgho. Elle a vendu pour la première fois des céréales au PAM en 2011. Elle a vendu en 2011 à l’OP 500 kg de sorgho dont 300 kg provenaient de sa propre production et le reste a été acheté au marché. L’argent utilisé pour acheter les 200 kg provenait de la vente des arachides qu’elle a produites. La vente des 500 kg de sorgho au PAM par le canal de l’OP lui a permis de percevoir un montant de 75000 FCFA. Grâce à cet argent, elle a pu assurer les frais de scolarisation et d’habillement de ses 7 enfants. Elle a aussi acheté 2 chèvres à 25000 FCFA qui ont mis bas 3 cabris. En 2011, elle a vendu 100 kg de niébé à raison de 450 FCFA le kg à l’OP soit un montant total de 45000 FCFA. Elle a utilisé une partie de cet argent pour payer les frais de labour de son champ pour la campagne en cours. Le restant a servi à d’autres dépenses du

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ménage. Le prix auquel le PAM achète les denrées l’encourage à produire et à vendre plus. Elle a d’ailleurs fait bénéficier une belle sœur, non membre de l’OP, en lui vendant 2 sacs de sorgho au PAM par le canal de l’OP. Elle a seulement insisté sur la qualité exigée par le PAM ; une exigence qui a été respectée par sa belle-sœur. En 2012, avec le déficit pluviométrique elle n’a pu produire qu’un seul sac de 100 kg de sorgho qu’elle a réservé à la consommation du ménage. Quant au niébé, elle n’en a rien récolté. En conséquence, elle n’a effectué aucune vente de denrées durant la campagne 2011/2012. Comme perspective, elle compte vendre au PAM pour la campagne agricole en cours 700 kg au lieu de 500 kg des années précédentes. Les 200 kg supplémentaires seront achetés avec l’argent perçu de la vente de l’arachide provenant de son champ.

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1.6. De la production d’arachide à la production de niébé : le cas de Mariam Sara, une agricultrice leader et membre d’un ménage dirigé par un homme Interview réalisée le 11/07/2012 Mariam Sara âgée de 48 ans est secrétaire administrative de la coopérative Udauyena du village de Sirakélé et déléguée au crédit de l’Union des Producteurs et Transformateurs de Céréales de Koutiala. Elle est d’un ménage dirigé par son époux et composé de 42 membres dont 16 femmes et de 26 hommes. Le ménage vit dans une maison en banco. Son ménage cultive une superficie totale de 19 ha dont 16 ha de céréales (maïs, mil et sorgho), 2 ha de coton et 1 ha d’arachide. Productrice, elle possède un champ individuel où elle cultive du niébé, de l’arachide et du gombo. Comme activités de subsistance, elle fait de l’embouche des petits ruminants. Elle a adhéré à l’OP depuis sa création en 2004. Elle voulait tirer profit des avantages offerts par l’OP.

Superficies cultivées et productivité Avant P4P, elle ne cultivait que de l’arachide et du gombo. « Avant ma participation au P4P, je ne possédais qu’un ha que mon époux m’avait attribué et j’y cultivais de l’arachide et du gombo». Faute d’un marché garanti et des difficultés de stockage, Mariam Sara ne produisait pas de niébé avant P4P. Mariam utilisait uniquement de la fumure organique. Elle ne savait pas où et comment obtenir des engrais chimiques. Les spéculations qu’elle cultivait ne bénéficiaient pas des engrais fournis par la CMDT qui est le principal fournisseur d’engrais de la zone. La CMDT ne soutient que les producteurs de coton qui sont majoritairement des chefs de ménage et donc des hommes. Les engrais fournis par la CMDT sont destinés au coton mais souvent partiellement utilisés sur les céréales destinées à l’autoconsommation du ménage. « Les hommes ne nous approvisionnaient pas, la priorité étant accordée au champ du ménage » affirme Mariam. Avant P4P, les semences améliorées de niébé n’étaient pas disponibles. Elle possède actuellement un champ individuel de 2 ha dont 1 ha réservé au niébé qui est une denrée achetée par le PAM principalement auprès des femmes. C’est avec P4P qu’elle a commencé à produire du niébé. Pour favoriser une meilleure participation des femmes aux achats du projet, le

PAM au Mali a décidé de remplacer une partie du petit pois Champ de Niébé de Mariam Sara importé par du niébé local. C’est ainsi que des groupements

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féminins ont été encouragé à promouvoir la production du niébé. Le niébé est une culture qui à la fois rapporte assez d’argent à cause de son prix relativement élevé par rapport à celui du mil et du sorgho, et possède une grande valeur nutritive. Sa promotion permettra d’améliorer nettement le revenu des femmes et l’alimentation du ménage en général et la nutrition des enfants en particulier. La promotion de la culture du niébé lui a permis d’augmenter sa superficie cultivée. « Avec ma participation au P4P, mon mari m’a offert un hectare supplémentaire pour y cultiver du niébé ». Ne possédant pas de charrette, elle est confrontée à un problème de transport des récoltes du champ au magasin de l’OP. La productivité souhaitée n’est pas encore atteinte. Par conséquent, elle souhaite améliorer la productivité afin d’accroître la production.

Grâce à la participation à l’OP et au P4P, elle a bénéficié de certains services comme les formations, l’accès aux engrais chimiques et aux semences améliorées. A travers l’OP, elle a bénéficié de formations portant sur l’appui à la structuration d’une OP, la commercialisation des denrées, la gestion, les techniques de stockage, l’accès au crédit et l’utilisation des sacs PICS. Ces formations l’ont aidée à mieux organiser la coopérative de base de son village dont elle en est une responsable. Ainsi, la coopérative a pu renforcer sa compétence en termes de fixation de prix, de techniques de stockage et de négociation de crédit. Actuellement elle a une meilleure connaissance des taux d’intérêt, des pénalités liées au retard de paiement, des conditions d’accès au crédit, etc. La formation à l’utilisation des sacs PICS lui a permis de stocker son niébé dans de bonnes conditions et donc de vendre un produit de bonne qualité à un bon prix. Elle a commencé à utiliser les engrais chimiques seulement en 2011. Elle avait utilisé 100kg de complexe céréale achetés à l’OP. Depuis, elle n’a aucun problème à accéder aux engrais chimiques. Pour cette campagne en cours, elle prévoit d’utiliser 100 kg de complexe céréale. L’association des engrais chimiques à la fumure organique a favorisé une augmentation du rendement et de la production. Mais grâce à la promotion de la production et de la commercialisation du niébé, elle a accès facilement aux semences améliorées. Cela lui permet d’avoir une bonne productivité. ICRISAT, dans la cadre de son partenariat avec AMASSA Afrique verte, a donné des semences améliorées de niébé à essayer dans les champs et à multiplier par la suite au cas où les résultats seraient concluants. Elle devrait acheter 6 kg de semence au total pour emblaver la parcelle d’un hectare de superficie réservée au niébé.

Elle ne possède aucun équipement agricole à l’exception de la daba. Pour le moment, elle utilise la daba pour effectuer certains travaux manuels. Cependant, pour labourer son champ elle loue une charrue et deux bœufs et aussi la main d’œuvre. Le ménage possède des équipements mais ceux-ci ne sont disponibles que quand il a complètement fini avec les travaux du champ collectif. Cela trouve que la saison a beaucoup avancé. Pour ne pas accuser de retard dans l’installation des cultures, elle préfère recourir à la location

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d’équipement. Elle pense que pour faire à la fois une bonne production et respecter le délai de livraison du PAM, il est judicieux de semer à temps. Avec les bénéfices qu’elle réalisera au fil du temps, elle prévoit d’acheter des bœufs de labour. Ses frères étant des forgerons, ils lui fabriqueront des charrues.

Volume de denrées vendu et revenu Avant qu’elle n’adhère à l’OP, elle tirait moins de bénéfice des ventes de denrées à cause des prix désavantageux pratiqués par les commerçants. En plus, les ventes non groupées ne lui permettait ni d’obtenir en une seule fois un montant conséquent ni de connaître combien elle a tiré des ventes. Elle tirait son revenu principalement de la vente de l’arachide. Elle n’avait pas contribué au stock vendu par son OP au PAM en 2010 (première année) parce qu’elle ne cultivait pas les denrées achetées par le PAM qui étaient le mil et le sorgho. La deuxième année (2011), le PAM a décidé d’acheter du niébé en plus du mil et du sorgho. Etant donné que la première année le PAM a acheté les denrées de l’OP à un prix incitatif, elle a donc décidé d’augmenter sa superficie, grâce à l’appui de son mari, pour y cultiver du niébé. L’initiative d’acheter du niébé fait suite au constat que les femmes ne sont pas actives dans la production du mil et du sorgho. Pour favoriser leur participation aux achats, il fallait inclure dans le panier du PAM le niébé qui est une culture pratiquée par les femmes. Elle a alors pu vendre au PAM à travers l’OP et cela à un prix rémunérateur. « Avec cette vente, mon revenu a augmenté et j’ai pu avoir l’intégralité de mon argent dans le délai fixé par le PAM ». L’autre raison pour laquelle elle a produit le niébé est qu’en tant que responsable de la coopérative, elle devait montrer l’exemple aux autres membres de l’OP. En 2010, le niébé lui a apporté 100000 FCFA pendant qu’elle n’a tiré que 40000 FCFA de la vente de l’arachide et du gombo. Cette baisse du revenu tiré des ventes de l’arachide et du gombo s’explique par le fait que leur production a quelque peu été délaissée au profit de celle du niébé dont le rendement est meilleur. En 2011, elle n’a pas effectué de vente à cause du déficit pluviométrique. En 2012, le gombo et l’arachide lui ont apporté 75000 FCFA et le niébé 80000 FCFA. Au fil des années, elle a pu effectuer un certain nombre de ventes qui lui ont permis de faire face aux besoins du ménage. En 2010, elle a livré à l’OP 1 tonne de mil à 140000 FCFA (elle a acheté ce mil à d’autres producteurs). Cette somme lui a permis d’acheter 2 moutons qu’elle a revendus par la suite à 55000 F. Le reste de l’argent a permis d’accroître son fonds de commerce et d’assurer les frais de scolarisation et d’habillement des enfants. En 2011, elle a gagné 80000 FCFA de la vente de niébé au PAM. Elle a utilisé une partie de cet argent pour acheter un bélier et une brebis pour l’élevage. Une autre partie de l’argent a Mariam assise dans un des deux fauteuils et tenant les servi à couvrir les frais de scolarisation et d’habillement des deux moutons achetés

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enfants. Le restant lui a permis de se procurer 2 chaises pour le ménage et 2 lampes à panneau solaire pour éclairer sa maison la nuit. En 2012, avec la vente de 350 kg de niébé à 122000 FCFA, elle a pu faire face aux mêmes besoins de ses enfants et a en plus acheté un autre bélier. « J’ai tiré de ces ventes un très grand bénéfice car le prix a toujours été rémunérateur. J’ai augmenté mon fonds de commerce et j’ai pu aider mon époux à faire face aux besoins du ménage. Avec le PAM, le marché est garanti et le paiement est fait à temps » a-t-elle dit.

Sécurité alimentaire C’est le chef de ménage qui est le premier responsable de la sécurité alimentaire. Le ménage n’a pas de problème de sécurité alimentaire. Seulement avec le déficit pluviométrique de l’année dernière, le ménage a eu quelques difficultés. Actuellement, les plats sont variés et riches autrement dit la sécurité est assurée.

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1.7. Une agricultrice chef de ménage

Date de l’interview : 09/07/2012 Localisation : Région de Ségou, Cercle de Ségou, Village de Cinzana Prénom et Nom : Fatoumata Bakayoko Taille ménage : 3 hommes et 06 femmes Superficie cultivée : 6 hectares OP d’appartenance : Union des Sociétés Coopératives de Producteurs de Céréales de Cinzana Age : 50 ans Cultures : Sorgho, mil, sésame, arachide, fonio et niébé Sexe : Féminin Activités de subsistance : commerce de poissons séchés et fumés

Veuve depuis près de 15 ans, Fatoumata Bakayoko est une mère de famille ayant un garçon et plusieurs filles et petits enfants avec lesquels elle vit à Cinzana village. La famille est constituée de 9 membres dont 3 hommes (Un adulte, un mineur et un nourrisson) et 6 femmes dont 3 fillettes. Productrice et ne possédant pas de champ individuel, elle entretient avec son fils le champ du ménage et ils assurent ensemble les dépenses du ménage. Avant l’adhésion du ménage à l’OP, la productrice avait du mal à commercialiser le peu d’excédents qu’elle produisait. Au besoin, elle prenait une quantité suffisante pour vendre aux acheteurs qui prenaient au prix qu’ils proposaient. Comme la plupart des habitants du village soucieux d’améliorer leur revenu, Fatoumata a adhéré à l’OP, dans l’espoir d’avoir un meilleur rendement. Sa motivation première était d’améliorer son revenu. Elle voulait aussi bénéficier des avantages des membres de l’OP qui sont entre autres le renforcement de capacités, l’accès aux semences améliorées et aux engrais de bonne qualité car ceux que les agriculteurs achetaient auprès des commerçants étaient de mauvaise qualité. A travers l’OP et grâce au marché sûr offert par le P4P, elle a renforcé son savoir en techniques agricoles et amélioré son accès aux engrais chimiques et aux semences améliorées. Ainsi, son rendement et son revenu ont nettement progressé. Au lieu de 5 à 8 sacs de 100 kg qu’elle produisait avant, elle a eu en 2011, 11 sacs de 100 kg par ha et en 2012, entre 6 à 8 sacs de 100 kg malgré le déficit pluviométrique.

Accroissement de la productivité Avant la création de l’OP et du vivant de son défunt mari, le ménage avait 10 ha qu’il cultivait. Suite à la perte de son mari, Fatoumata a été obligée de revoir la superficie cultivable à la baisse, faute de main d’œuvre. Avant l’OP, la productrice utilisait sa propre production comme semence. Le rendement était bas

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et la production était insuffisante et couvrait à peine la consommation annuelle du ménage. L’engrais organique était utilisé dans son champ tel que les fumures qui n’étaient pas commercialisées mais qui plutôt venaient des animaux et autres ordures ménagères. Elle n’avait pas accès aux engrais chimiques qui coûtaient plus chers et n’étaient pas de bonne qualité.

En termes de formation, à travers l’OP, Fatoumata a bénéficié de formations en techniques culturales, en microdose, en compostage, etc. Ces formations qui avaient pour but d’améliorer la production lui ont été très utiles. Ainsi, sa production et son rendement ont progressé. « Avec l’OP et grâce à des partenaires comme PRECAD et Sasakawa sous le couvert du PAM, nous avons appris les techniques culturales » a dit Fatoumata. En termes d’accès aux engrais et aux semences, Sasakawa a donné gratuitement des semences et a choisi parmi les membres de l’OP des producteurs susceptibles de procéder aux essais dans leurs champs. Faisant partie de ces producteurs, elle a procédé aux essais de ces semences dans son champ et plus tard à la multiplication. C’est pourquoi elle n’avait aucun problème d’approvisionnement en semences. D’ailleurs, elle approvisionnait d’autres producteurs intéressés par ces semences. Puisque la qualité des semences sélectionnées se dégrade après 3 ans d’utilisation, il est conseillé de les renouveler une fois ce délai dépassé. Or ce délai de trois ans sera atteint à la récolte de cette année. Fatoumata est donc obligée de renouveler sa semence en s’approvisionnant pour la campagne prochaine à la boutique d’intrants de la commune de Cinzana. Comme la semence améliorée, elle achète également les engrais à la boutique d’intrants. Les engrais sont certes achetés au comptant, mais l’accès est facile et la qualité est bonne. Elle a utilisé 100 kg d’engrais en 2010 et 150 kg en 2011. Pour la campagne en cours, elle prévoit d’acheter la même quantité que la campagne dernière. L’utilisation de ces engrais lui a été d’un grand apport car la production et le rendement sont meilleurs.

Aujourd’hui, avec 6 ha partagés entre le sorgho (2 ha), le petit mil (2 ha), le fonio (0,25 ha), l’arachide (0,25 ha), le niébé (0,25 ha) et le sésame (0,25 ha), le ménage parvient à assurer son autosuffisance alimentaire jusqu’à dégager un surplus commercialisable. Toutefois, le surplus dégagé n’est pas assez important pour tirer un grand revenu des ventes faites à travers l’OP. Néanmoins, le ménage arrive à vendre deux sacs par récolte.

Augmentation du volume de denrées vendues et du revenu Avant P4P, la productrice vendait ses denrées aux acheteurs à un prix dérisoire. L’argent de cette vente permettait de subvenir aux besoins urgents du moment. Mais avec les achats du PAM, elle vend en gros à un prix rémunérateur. Cette vente lui permet d’avoir tout l’argent des ventes en une seule fois. C’est pourquoi elle a vendu respectivement 700 kg à l’OP en 2010, 800 kg en 2011 et 700 kg en 2012. N’eût été

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la sécheresse, en 2012 elle aurait vendu plus. Sur les 2200 kg vendus au total, 600 kg provenaient de sa propre production et 1600 kg étaient achetés au comptant auprès d’autres producteurs. Le ménage n’arrive pas à vendre suffisamment de denrées provenant de sa propre production à cause du faible surplus commercialisable. En effet, sur les 9 membres du ménage, seuls 2 membres sont actifs pour la production agricole. Par conséquent, le ménage a de la peine à exploiter une superficie qui puisse permettre de produire suffisamment de denrées pour couvrir les besoins de consommation du ménage et dégager un surplus pour la commercialisation. Elle utilise l’argent obtenu à travers son commerce de poisson pour acheter des denrées auprès d’autres producteurs du village et les vendre au PAM. Une partie de l’argent obtenu à travers les ventes au PAM est utilisé pour le paiement des impôts, les frais scolaires, les dépenses médicales, l’habillement, la construction ou la réhabilitation de logement et les frais de condiments. L’autre partie est investie dans les facteurs de production. Ainsi, en 2010, elle a acheté un âne à 22500 FCFA. En 2011, une charrue a été achetée à 23500 FCFA. En 2012, elle a acheté deux moutons. Elle a aussi procédé à la réhabilitation de la maison de son fils pour son mariage. Elle affiche une très grande satisfaction de la vente au PAM compte tenu de tous les avantages qu’elle en a tirés. « J’incite les producteurs qui ne sont pas encore membres de l’OP à y adhérer pour augmenter leur production et leur rendement afin de vendre plus et tirer davantage de profit de leurs récoltes »a-t-elle affirmé. Les prévisions pour la campagne en cours sont bonnes et elle a l’intention d’effectuer des ventes à l’OP encore. Toutefois, la quantité provenant du ménage ne variera pas faute de main d’œuvre et cette situation restera comme telle car n’ayant pas d’autre solution.

Amélioration de la sécurité Alimentaire Avant P4P, malgré l’effort fourni par elle et son fils, la quantité produite ne suffisait pas souvent à assurer la sécurité alimentaire du ménage. Ils étaient obligés de compléter la consommation annuelle du ménage en achetant du vivre au marché local. Avec l’arrivée du P4P, le ménage a bénéficié de formations en techniques de production agricole améliorées et a un meilleur accès aux facteurs de production (engrais, équipement et semences améliorées). Cela lui a permis d’améliorer le rendement et d’accroître la production. Le ménage produit d’abord pour son auto consommation, si cela est garanti, il vend les excédents au marché. Depuis le début du P4P, sa sécurité alimentaire du ménage avait toujours été assurée jusqu’à l’année dernière où elle a été contrainte d’acheter 3 sacs de mil pour compléter les besoins de consommation du ménage. Ce déficit a été provoqué par l’indisponibilité de son fils suite à un accident. Cette main d’œuvre a fait défaut, ce qui a entraîné une baisse de la production.

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1.8. Un agriculteur chef de ménage Interview réalisée le 24/07/2012 Andè Togo est un petit producteur agricole résident à Tagari dans la commune rurale de Dougoutènè1, cercle de Koro, région de Mopti. Il est âgé de 60 ans et chef d’un ménage de 11 membres dont 6 femmes et 5 hommes. Son ménage habite dans une maison en banco. Il est membre de l’OP et n’occupe pas de poste de responsabilité. Il exploite 15 ha de terre dont 11 ha en mil, 2 ha en arachide, 1 ha en fonio, et 1 ha en sésame. Comme activités secondaires, il vend des cordes qu’il confectionne lui-même à partir de vieux sacs en polypropylène, et fait l’embouche de petits ruminants (béliers). Il a adhéré à l’OP d’’abord pour vendre le mil à de meilleurs prix, ensuite pour avoir du crédit en nature (mil ou aliment bétail) en cas de besoin, et enfin pour avoir du crédit en espèce, avec la caution de l’OP, à la caisse d’épargne et de crédit du village.

Superficie cultivée et productivité Avant P4P, il avait 12 ha, dont 9 ha de mil, 2 ha d’arachide et 1 ha de fonio. Il utilisait toujours la semence locale provenant de sa propre production. Avec P4P, il continue à utiliser la semence locale de sa propre production parce que l’OP n’approvisionne pas ses membres en semences améliorées de mil. L’OP approvisionne les membres seulement en semences améliorées de sésame à crédit remboursable en nature. L’OP n’a pas eu accès à temps aux informations sur la disponibilité des semences améliorées. Par ailleurs, il n’a pas confiance dans les semences améliorées. Pour lui, seuls les résultats visibles d’un champ témoin semé avec des semences améliorées peuvent le persuader à les utiliser. De même, il utilisait la fumure organique car les engrais minéraux pour le mil n’étaient pas disponibles. Avant P4P, il avait un équipement insuffisant. Il possédait 1 charrue, 2 bœufs de labour, 1 charrette et 1 âne. Avec le P4P, les superficies cultivées sont passés de 11 à 15 ha. Il a augmenté les superficies car il a mieux accès à l’équipement et à la main d’œuvre grâce aux enfants qui ont grandi. Avec le P4P, l’équipement a été renforcé. Il a acheté 1 charrue et 2 bœufs supplémentaires. La charrue a été achetée avec la recette de la vente du fonio. Les 2 bœufs ont été achetés à 400 000 FCFA avec la recette de la vente de l’arachide. Le renforcement de l’équipement a permis de réaliser les travaux agricoles correctement et à temps. Cela a contribué à augmenter significativement la production. Cependant, il est sous équipé en termes de charrette. Il a 1 seule charrette à âne à la fois pour le transport de la fumure organique au champ et pour le transport de la production. En perspective, il compte acheter 1 âne, 1 chameau, 1 semoir et 1 motoculteur. Ces équipements lui permettront de réaliser à temps le labour, les semis et faire beaucoup de prestations rémunérées chez d’autres producteurs sous équipés.

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Pour passer de 12 ha à 15 ha il a récupéré 3 ha de terre qu’il avait donnée à un parent. Les changements opérés ont contribué à augmenter la production de mil et donc à vendre plus. Par conséquent son revenu s’est nettement amélioré. Il paie régulièrement les impôts, assure les besoins d’habillement et de santé de la famille. Très souvent il prête de l’argent à certains proches parents. Toutefois, il reste confronté à un problème de disponibilité de terre. En 2012/2013, il compte exploiter 16 ha dont 12 ha en mil, 2 ha en arachide, 1 ha en fonio et 1 ha en sésame. Il a l’accord de son oncle maternel résident à Yogobéré de lui donner 1 ha de terre. Cette année, AMASSA/Afrique Verte a donné les semences certifiées R1 de mil à 4 producteurs membres de l’OP de Tagari pour produire les semences certifiées R2. Si les résultats sont concluants, il pourrait utiliser les semences améliorées pendant la prochaine campagne 2013/2014. Son ménage a actuellement accès aux engrais minéraux à crédit à travers l’OP. Le remboursement se fait en nature. L’utilisation des engrais a contribué à augmenter le rendement. Toutefois, il est confronté à des difficultés pour accéder aux engrais. Il n’a pas accès à toute la quantité d’engrais demandée au niveau de l’OP car le stock disponible est insuffisant par rapport aux besoins exprimés par les producteurs. Il est obligé de payer plus cher le complément de la quantité demandée sur le marché auprès des commerçants. Les conditions d’achat des engrais au niveau de l’OP sont plus souples que celles du marché. Au marché il faut payer cash. Il a utilisé 150 kg d’engrais en 2010/2011 et 200 kg d’engrais en 2011/2012. En perspective pour la campagne agricole 2012/2013, il compte utiliser 250 kg d’engrais. En termes de rendement, il a enregistré un important progrès. Avant, il récoltait 800 kg à l’hectare. Maintenant il en récolte 1200 kg à l’hectare car les travaux d’entretien des cultures se font à temps grâce à un meilleur accès à la main d’œuvre et à l’équipement. Pendant la saison sèche, les enfants transportent la fumure organique au champ.

Augmentation du volume de denrées vendues et du revenu Avant la création de l’OP, il vendait les céréales sur les marchés et aux acheteurs du village de façon échelonnée toute la saison sèche. Il lui était difficile de savoir la recette tirée de la vente des céréales. Avec son adhésion à l’OP, il a renoncé à la vente échelonnée aux commerçants au profit de la vente groupée à travers l’OP. Il gagne une recette consistante en une seule vente. Avec le P4P, il y a eu une amélioration au niveau des quantités vendues. En 2009/2010, il a vendu 200 kg de mil à travers l’OP. Il a payé l’impôt et utilisé le reste de l’argent pour les petites dépenses. En 2010/2011, il a vendu à travers l’OP 400 kg de mil. Il a acheté 2 béliers à 70 000 FCFA et payé les frais de transport de 2 membres du ménage à 20 000FCFA pour aller à Bamako. En 2011/2012, il a vendu 800 kg de mil en plus du remboursement en nature du crédit des engrais (200 kg de mil). Avec la somme reçue, il a payé 95 000 FCFA pour les frais de fiançailles de son fils, assuré les dépenses familiales (frais médicaux, baptême, décès, frais scolaires), payé 1 bélier à

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80 000 FCFA pour embouche et il a acheté 5 sacs de tourteaux à 60000 FCFA pour le bétail. Actuellement pour l’embouche, il peut acheter 2 à 4 béliers par an. Il a utilisé le revenu tiré des ventes, pour acheter 2 vélos afin de permettre à ses enfants élèves de se rendre facilement au chef-lieu de commune pour étudier. Compte tenu de la distance (20 km) que les élèves parcouraient à pied pour se rendre à l’école, ils étaient très fatigués et démotivés. « Maintenant les élèves vont à l’école sans difficulté » a-t-il déclaré. La dernière campagne de commercialisation a été marquée par une flambée sans précédent des prix des céréales. Il a vendu 800 kg de mil au PAM, à travers l’OP, à 215 250 FCFA la tonne. Il n’a pas fait de vente de mil au marché toute la campagne après celle faite au PAM. Mais il sait qu’à la même période de vente, il a plus gagné que le producteur qui a vendu la même quantité que lui à un commerçant. « Le PAM offre un marché sûr aux producteurs avec un prix plus rémunérateur. Par contre avec les autres acheteurs c’est la spéculation qui prime et le plus souvent ce sont les commerçants qui imposent le prix d’achat » a-t-il affirmé. Donc il est plus intéressant de vendre au PAM qu’aux autres acheteurs. Les quantités vendues proviennent exclusivement de sa production. Il n’a pas rencontré de problèmes dans le regroupement de la quantité vendue. Dans le futur, pour le regroupement et la commercialisation, il envisage d’augmenter la quantité de mil à vendre. Pour ce faire, il va accroître l’utilisation des facteurs de production (utilisation semences améliorées, engrais) comme il a dit plus haut. En perspective pour la campagne 2012/2013, il compte vendre 1200 kg contre 800 kg en 2011/2012.

Amélioration de la sécurité alimentaire Avant P4P, la sécurité alimentaire du ménage n’était pas assurée. En 2008, à la suite d’une mauvaise récolte, il a emprunté 100 kg de mil auprès de l’OP pendant la période de soudure qu’il a remboursé en nature (125 kg) après la récolte.

Avec P4P, il a adopté une politique de produire plus et de vendre le surplus. Pour atteindre cet objectif, il a augmenté les superficies cultivables de 9 ha avant à 15 ha actuellement grâce à un meilleur accès à la main d’œuvre et au renforcement de l’équipement. Il a augmenté les quantités d’engrais utilisées pour la production du mil. Tous ces facteurs ont contribué à l’augmentation de la productivité agricole et par conséquent à l’amélioration de la sécurité alimentaire du ménage.

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1.9. Une agricultrice membre d’un ménage dirigé par un homme Interview réalisée le 25 juillet 2012 Mariam dite Mama Guindo est une productrice membre de la coopérative Bodjina Bara des femmes de Logo, commune rurale de Dimbal, cercle de Bankass, région de Mopti. Elle n’occupe pas un poste de responsabilité au sein de l’OP. Elle est âgée de 37 ans et mariée. Elle est membre d’un ménage de 23 personnes dont 9 hommes et 14 femmes. Le ménage est dirigé par un homme. L’activité principale du ménage est la production agricole. Il cultive 15 ha dont 12 ha de mil, 1ha de Mama Guindo travaillant du coton niébé, 0,5 ha de dah, 1 ha d’arachide, 0,5 ha de voandzou et 0,5 ha de fonio. Les activités secondaires menées au sein du ménage sont l’embouche des petits ruminants, le petit commerce, l’artisanat et la menuiserie. L’habitat du ménage est en banco. Elle exploite personnellement 0,5 ha de mil en association avec le niébé. Elle fait le petit commerce de mil comme activité secondaire. Elle a adhéré à l’OP en 2009. Mais avant son adhésion, elle était membre d’un groupement féminin dénommé « INDIELOU » qui octroyait du crédit aux membres à partir d’un fond constitué sur la base de tontine grâce à l’encadrement de Caritas Mali. A la fin du projet de Caritas, CRS a emboîté le pas et a suscité la création d’une OP féminine dénommée Bodjina Bara regroupant plusieurs groupements féminins dont INDIELOU. C’est ainsi qu’elle a adhéré à la coopérative de Logo. Elle a adhéré à la coopérative à travers son groupement pour vendre du mil, pour bénéficier de formations et d’autres services fournis par l’OP.

Augmentation de la superficie cultivée et de la productivité Avant P4P, elle exploitait 0,5 ha de mil et cultivait du niébé en association sur la même superficie. La production du mil ne dépassait pas 100 kg et était destinée à la consommation pour le couple pendant la période de soudure. Par contre, celle du niébé atteignait souvent 50 kg et était vendue sur le marché. Avant P4P, elle utilisait les semences locales provenant de sa production ou souvent de celle de la production du ménage. Elle n’avait pas d’information sur les semences améliorées. Elle n’utilisait pas d’engrais car ils n’étaient pas disponibles au village. Elle n’avait pas de moyens suffisants pour aller payer les engrais à un prix très cher. Par contre, elle utilisait des petites quantités de fumure organique.

Avec P4P, la superficie exploitée est restée à 0,5 ha et cultivée en mil. Il n’y a pas eu de changement en termes de superficie, car elle est surchargée par les travaux domestiques. Dans la semaine elle ne bénéficie que de la seule journée du vendredi pour cultiver son champ de mil et elle n’a pas accès à la main d’œuvre. Les défis à relever sont la surcharge des travaux domestiques et l’inaccessibilité à la main

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d’œuvre. Elle a utilisé les semences améliorées pendant la campagne agricole 2011/2012 grâce à l’OP. Le projet IICEM a donné à crédit les semences améliorées à l’OP remboursables en nature. C’est ainsi qu’elle a eu accès aux semences améliorées. Elle a utilisé pour la première des engrais chimiques. Elle a eu accès aux engrais à travers l’OP grâce au projet IICEM. En effet, IICEM a donné de l’engrais à l’OP à crédit remboursable en nature à la récolte. Elle constate que l’utilisation des engrais contribue à l’augmentation de la productivité agricole. La faible disponibilité des engrais est le problème auquel les membres de l’OP sont confrontés. Avec P4P il y a eu des changements en termes de quantités récoltées à l’unité de surface. En 2009/2010, elle avait récolté 100 kg de mil sur 0,5 ha alors qu’en 2011/2012, elle a récolté 300 kg de mil sur la même superficie. Par ailleurs, elle n’a pas accès à temps aux équipements du ménage. La priorité est donnée aux travaux du champ collectif du ménage. Elle cultive son champ avec la houe. Elle n’a accès à l’équipement qu’après les travaux du ménage. Son champ est labouré tardivement. Elle n’a pas les moyens pour se procurer d’une charrue et d’une paire de bœufs pour le labour. Pour elle, l’augmentation de la production dépend en grande partie de l’accès à l’équipement. Par conséquent, elle envisage d’économiser de l’argent sur les ventes pour acheter une charrue à âne mais avec l’accord de son mari. En perspective, elle compte exploiter 0,75 ha en 2012/2013 parce qu’avec l’argent issu de la vente du mil, elle pourra payer la main d’œuvre. Si elle fait une bonne récolte cette année, elle pourra exploiter 1 ha en 2013/2014. En perspective, elle compte utiliser désormais les semences améliorées pour augmenter sa production et vendre plus de céréales. En perspective, elle compte utiliser les engrais pour augmenter sa production. Pour la campagne 2012/2013 elle a demandé encore 50 kg d’engrais.

Augmentation du volume de denrées vendues et du revenu Avant P4P, la production était essentiellement destinée à l’autoconsommation, mais elle vendait souvent de petites quantités aux acheteurs. Avant P4P, l’argent issu des petites quantités de mil vendu servait à payer les condiments. C’est son mari qui assurait les autres dépenses avec difficulté.

Avec P4P, elle a bénéficié de formations sur les techniques de stockage/qualité des céréales, sur les techniques de commercialisation des céréales, l’alphabétisation sur la gestion comptabilité, sur l’utilisation des sacs PICS. Toutes ces formations ont été données par CRS. Grâce aux différentes formations, elle vend des céréales de bonne qualité, elle connaît la procédure de fixation de prix de vente, elle sait lire et faire des calculs en langue locale. Elle vend à travers l’OP des quantités plus importantes qu’auparavant. En 2009/2010, elle a vendu 100 kg de mil dont 50 kg de sa propre production et 50 kg achetés auprès des producteurs du village. En 2010/2011, elle a vendu la même quantité de mil qu’en 2009/2010. Par contre, en 2011/2012 elle a vendu plus que les années précédentes à cause de l’augmentation de sa production. Elle a donc vendu 200 kg de mil dont 100 kg de sa propre production et 100 kg achetés auprès

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des producteurs du village. Les recettes des ventes ont servi à payer les habits et des chaussures pour elle et ses enfants, des fournitures scolaires pour ses enfants. Elle a aussi acheté 1 brebis à 22000 FCFA. Le revenu tiré des ventes a augmenté grâce au prix d’achat offert par le PAM. Par exemple, en 2011/2012, elle a vendu au PAM le sac de 100 kg à 21525 FCFA pendant que sur le marché local le sac de 100 kg était vendu à 20000 FCFA. C’est pourquoi, elle a aidé son mari dans la prise en charge des dépenses (achat d’habits, de chaussures, de fournitures scolaires et paiement de cotisations scolaires). Son mari qui a assisté à l’interview a confirmé les déclarations de sa femme et a conclu qu’il y a une atmosphère d’entente entre le couple actuellement. Elle pense que c’est plus avantageux de vendre au PAM que de vendre aux autres car le prix offert par le PAM est plus rémunérateur, et le marché est garanti. « Plus on vend des quantités importantes au PAM plus on s’enrichit. Avant P4P, il y avait peu de femmes qui gagnaient 100000 FCFA dans la vente des céréales mais avec P4P, il y a beaucoup de femmes qui ont 150000 FCFA », a-t- elle affirmé. La seule contrainte à vendre au PAM est le retard accusé dans le paiement. Elle est actuellement confrontée à deux problèmes qui sont la faible production et l’insuffisance du fonds de commerce. Pour résoudre ces problèmes, elle a augmenté la superficie cultivée à 0,75 ha en 2012/2013 et elle envisage d’emprunter de l’argent au près d’un parent pour accroître son fonds de commerce. En perspective, elle compte regrouper et vendre 500 à 600 kg en 2012/2013.

Leçons apprises pour les producteurs  Les achats P4P contribuent à l’amélioration de la sécurité alimentaire par la réduction des quantités relatives vendues grâce aux prix rémunérateurs offerts par le PAM,  Pour exploiter efficacement leurs champs, les femmes doivent disposer de leurs propres équipements agricoles.  Amélioration du statut de femme de la productrice dans le ménage à cause de sa participation à la prise en charge.  La mise en place de cahier de suivi auprès du ménage lui a permis d’améliorer sa sécurité alimentaire  Les membres des OP moins performantes profitent moins des avantages offerts par P4P.  Les denrées PAM (mil, sorgho et niébé) ne sont pas dans tous les cas les cultures à promouvoir pour une participation des femmes. D’autres cultures comme l’arachide pourraient être soutenues dans une perspective d’utiliser les groupements féminins comme des commerçants de denrées. Ainsi, les femmes pourraient utiliser l’argent tiré des ventes des cultures de rente comme l’arachide pour acheter des denrées (mil, sorgho, niébé) et les revendre au PAM.

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 Les femmes pourraient exceller dans la production du niébé si elles sont suffisamment appuyées (accès à la semence améliorée, formation technique, encadrement, marché garanti et rémunérateur, équipement agricole, facilités de stockage à long terme, etc.).  Pour favoriser une meilleure contribution des femmes au stock vendu par les OP, il est important de leur permettre d’acheter des denrées et de les revendre au PAM.  Avec les tâches ménagères, les femmes sont assez surchargées pour s’adonner correctement à la production agricole. Pour favoriser une meilleure participation des femmes à la production agricole, elles devraient être mieux équipée et surtout avoir accès à la main d’œuvre.

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2. Etudes de cas OP

2.1. Union Locale des Producteurs de Céréales de Dioila

“Avec l’adhésion au P4P, l’existence d’un marché garanti a motivé les producteurs à produire plus et à dégager plus de surplus à vendre“.

Nom de l’OP Union Locale des Producteurs de Céréales de Dioila (ULPC)

Date de l’interview 05/07/2012 Statut Union regroupant 43 coopératives de producteurs de céréales Localisation Région de Koulikoro, cercle de Dioila, ville de Dioila Année de création 2001 Couverture géographique 7 communes du cercle de Dioila (, N’golobougou, Wacoro, , Banco, Niantjilla et Benkadi) Nombre membres 316 femmes et 1253 hommes % petits agriculteurs 98 Cotisation annuelle 10000 FCFA par cooperative membre Nombre et sexe leaders 17 hommes et 2 femmes Denrées regroupées sorgho, mil, maïs, sesame, niébé, arachide, soja Volume moyen regroupé 300 tonnes par an Compte bancaire Banque Nationale de Développement Agricole Partenariats ICRISAT, IFDC, Chambre Régionale d’Agriculture de Koulikoro, PAM/P4P Nombre employés payés 14 hommes Quantités vendues au PAM 168 tonnes de sorgho, mil et niébé en 2011/2012 Capacité de stockage L’Union dispose d’un magasin de 30 tonnes en moyenne au niveau de chacune des 43 coopératives et d’un magasin central en ciment d’une capacité de 160 tonnes. Il est prévu, grâce au P4P,la construction d’un magasin de 100 tonnes en 2012.

l’ULPC est composée de 43 coopératives de base membres situées dans 7 sur 23 communes du cercle de Dioila. Au niveau national, elle est affiliée à l’Association des Organisations Professionnelles Paysannes du Mali. Elle compte actuellement 1569 membres dont 316 femmes. 95% de ses adhérents sont des petits

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producteurs. Pour adhérer et rester membre de l’Union, une coopérative de base se doit de payer 25000 FCFA de frais d’adhésion, 40000 FCFA de part sociale et 10000 FCFA de cotisation annuelle.

Une étude a été conduite par la SNV en 1999 pour identifier, au-delà du coton, d’autres opportunités d’amélioration du revenu des producteurs. Les résultats de cette étude ont montré qu’il y avait des excédents céréaliers que les producteurs peinaient à écouler. C’est ainsi que la SNV a décidé d’organiser la filière céréales. Mais pour ce faire, il fallait mettre en place une organisation à même de gérer la commercialisation groupée des excédents céréaliers disponibles au niveau des ménages. C’est ainsi que des coopératives de base ont été créées en 2000 et qui se sont ensuite regroupé pour former l’ULPC en 2001. En 2009, avec l’arrivée du P4P, l’Union a procédé à une restructuration en suspendant 13 des 56 coopératives de base. Ainsi, les 43 coopératives les plus performantes ont été conservées afin de mieux répondre aux besoins du PAM. L’objectif à la création de l’Union était de favoriser l’augmentation du revenu des producteurs en facilitant l’écoulement de leurs excédents céréaliers. Dans le schéma de graduation mis en place par la SNV, il était prévu que l’Union passe par trois phases de développement. Pendant la première phase d’une durée de 3 ans (2000-2003), la SNV avait recruté des ONG nationales pour appuyer les producteurs dans la création de coopératives de base et d’une union de coopératives. La deuxième phase ou phase transitoire de 2 ans (2004-2005) a consisté à consolider les acquis et à aider l’Union à se projeter dans le temps en mettant en place un plan d’affaire. La dernière phase ou phase d’autogestion qui a débuté en 2006 et est actuellement en cours devrait permettre à l’Union de se prendre complètement en charge tout en mettant en œuvre son plan d’affaire. Avec l’autogestion de l’Union, au premier objectif d’augmentation du revenu s’est ajouté un deuxième qui vise à assurer la sécurité alimentaire dans le cercle. A partir de juillet et jusqu’en août, il y avait une forte flambée des prix des céréales causée par leur rareté sur le marché. Cette situation était préjudiciable à toute la population de la zone en général et aux producteurs Dramane keita, Directeur technique ULPC membres de l’ULPC en particulier. C’est pourquoi parallèlement aux quantités regroupées pour la vente, l’Union appuie ses coopératives de base dans la constitution de stocks de sécurité alimentaire. Dès que les prix atteignent un niveau que l’Union juge élevé, elle fait passer un communiqué à la radio informant les producteurs de la vente des céréales à un prix raisonnable. En conséquence, il y a moins de demande auprès des commerçants qui sont obligés de baisser leurs prix. L’ULPC joue ainsi un rôle de régulateur des prix sur le marché. En cas de fortes flambées des prix, les denrées sont mises sur le marché pour baisser les prix. Plus de 200 tonnes sont stockées et

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mises sur le marché par an. Toutefois, pour éviter la spéculation et permettre à la majorité des gens dans le besoin de bénéficier de cette opportunité, les coopératives de base n’acceptent pas de vendre plus de 200 kg à un seul acheteur. Ce dispositif est constitué majoritairement de maïs qui est une denrée non achetée par le PAM.

Par ailleurs, dans la logique de son développement, l’Union avait l’intention de mettre en œuvre son plan d’affaire avec un plan de production et de commercialisation mais elle était butée au manque de marché garanti. Elle avait donc peur de mobiliser des denrées et ensuite de ne pas être capable de les écouler. « Nous n’étions pas sûrs de vendre et nous hésitions à planifier la production et la commercialisation. Nous avions des marchés, mais ils n’étaient pas garantis ».

L’Union était donc confrontée à ce problème quand elle a eu des nouvelles d’un projet initié par le PAM pour acheter les excédents commercialisables des petits producteurs. L’information de l’existence du P4P a été reçue lors d’un atelier organisé par l’ICRISAT et auquel le coordinateur d’antan du projet avait été invité. Ensuite Sasakawa a rencontré l’Union pour lui donner d’amples informations surle projet P4P. C’est ainsi qu’après les explications, elle a jugé utile d’y participer. « Pour nous, la participation au P4P nous permettra d’atteindre notre objectif économique qui est de produire un grand volume de céréales et de pouvoir l’écouler. La marge bénéficiaire des céréales étant faible, seule la vente de gros volumes pourrait être profitable ».

Amélioration des services fournis aux membres

Appui à la production Avant P4P, il n’y avait pas de dispositif d’appui à la production car le manque de marché garanti n’encourageait pas l’investissement dans la production céréalière. Les membres produisaient pour l’autoconsommation et mettaient seulement sur le marché une partie de leur production pour couvrir certains besoins. Leur revenu était principalement tiré des ventes du coton. C’est à travers P4P que les producteurs ont compris qu’il est possible de produire des céréales pour le marché. Les céréales ne sont plus uniquement considérées comme des cultures destinées à l’autoconsommation, mais elles sont également vues comme des cultures de rente. Certains producteurs cultivent actuellement des parcelles dont la production n’est destinée qu’à la vente. Pour appuyer cette nouvelle dynamique, l’Union a développé des services d’approvisionnement en intrants (engrais et semences), de vulgarisation agricole (techniques du microdosage, du zéro labour, de lutte contre le striga, etc.) et d’équipement.

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Pour l’approvisionnement en engrais, l’Union est passée de 15 tonnes d’engrais distribuées en 2009/2010 à 63 tonnes en 2011/2012. Cette augmentation s’explique par un accroissement des superficies cultivées. Pour la campagne 2012/2013, l’Union a planifié de distribué 70 tonnes d’engrais mais malheureusement avec la crise que traverse le pays, suite au coup d’état, jusqu’en début juillet les engrais n’étaient pas encore disponibles. Habituellement les engrais sont obtenus en avril ou au plus tard en mai. Ce retard dans l’acquisition des engrais risque de compromettre les objectifs de production de la présente campagne agricole. Des innovations technologiques ont été introduites auprès des producteurs grâce à la collaboration avec des partenaires comme Sasakawa et ICRISAT. Ces innovations technologiques telles que la technique du microdosage manuel permettent à la fois d’accroître le rendement et de réduire les coûts liés aux engrais. Ainsi, 35 à 50 kg d’engrais suffisent pour un hectare au lieu de 150 kg utilisés auparavant. Mieux encore, l’Union a commencé à tester la technique du microdosage mécanique qui permet de fertiliser 1 ha avec seulement 5 kg d’engrais. En ce qui concerne l’approvisionnement en semences améliorées, l’Union en collaboration avec ICRISAT conduit des essais variétaux. 3 types d’essais sont effectués par les producteurs sur les parcelles dédiées à cette fin. Il s’agit respectivement des essais de 32 variétés, de 5 variétés et de 3 variétés. Les essais de 3 variétés qui demandent moins de terre et de travail sont confiés aux femmes. Ces essais constituent à choisir sur les 35 variétés de départ, les 5 variétés les plus performantes pour une première étape. Ensuite sur les 5 Boutique de semences de l’ULPC à Dioila ville variétés retenues, un second choix permettra de retenir les 3 variétés les plus performantes. Enfin, sur les 3 variétés choisies, la plus performante sera sélectionnée. Cette dernière variété est ensuite remise à des producteurs semenciers pour sa multiplication. Après certification, la semence est commercialisée par l’Union au niveau de sa boutique de semences.

Les intrants (engrais et semences) sont donnés aux membres à crédit en début de campagne et devront être remboursés en nature après les récoltes. Ce dispositif d’approvisionnement des membres en intrants à crédit a commencé en 2009/2010 et s’inscrit dans la dynamique d’augmenter les productions et les ventes dans le cadre du P4P. Sur le plan de l’équipement des membres, depuis l’arrivée du P4P, 20 coopératives classées comme les plus performantes en termes de quantités regroupées ont reçu chacune comme cadeau d’encouragement 1

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charrette. De même une charrue a été remise à chacun des 40 meilleurs producteurs en termes de production et de remboursement de crédit pour stimuler l’esprit de compétition. Avant P4P les producteurs, par manque d’équipement approprié, battaient leurs céréales (sorgho et mil) à même le sol et cela augmentait le taux d’impureté minérale avec la présence de terre, de gravier et autres matières étrangères. Ainsi, dans le cadre de l’amélioration de la qualité des denrées, l’Union a fourni des bâches à des producteurs par le canal des coopératives de base. De 2010 à ce jour, 150 bâches furent distribuées à des producteurs afin de les utiliser pour le battage. Toujours dans le cadre de l’amélioration de la qualité, 15 vanneuses ont été achetées en 2010 et mises à la disposition des sites de regroupement. Les magasins de certaines coopératives de base ainsi que le magasin central qui avaient un problème de palettes en ont été dotés. Le PAM a aussi fourni 80 palettes et deux bascules à l’Union.

Appui à la commercialisation Avant P4P, les quantités maximales que l’Union avait pu commercialiser durant une campagne étaient de 68 tonnes de sorgho et mil, 10 tonnes de maïs et 14 tonnes de sésame. Les quantités commercialisées étaient basses parce que l’Union avait un faible accès au crédit pour la commercialisation. Elle travaillait avec les institutions de microfinance mais n’avait pas de relation avec les banques. Elle était à la caisse de microfinance Kondo Jigima qui n’avait pas assez de liquidité. Le crédit auquel l’Union avait accès par an n’excédait pas 15 millions. « Avec l’adhésion au P4P, l’existence d’un marché garanti a motivé les producteurs à produire plus et à dégager plus de surplus à vendre » a affirmé Dramane Keita, Directeur Technique de l’Union. Il fallait donc avoir plus d’argent pour faire face à cette situation. Ainsi grâce au contrat à terme, au patrimoine économique dont dispose l’union et son niveau d’organisation, un partenariat a pu être établi avec la Banque Nationale de Développement Agricole. L’Union est passée de 15 millions de crédit de commercialisation en 2009/2010 à 50 millions en 2011/2012. Lors de la campagne 2010-2011, l’Union a commercialisé 400 tonnes de sorgho et mil, 150 tonnes de maïs, 300 Signature de contrat à terme entre PAM et ULPC tonnes de sésame et 20 tonnes de niébé. Le bénéfice net tiré des ventes par l’union est passé de 3 550 601 FCFA en 2008- 2009, donc avant P4P, à 8 665 000 FCFA en 2010 -2011. L’union n’a pas encore fait le bilan de la campagne 2011-2012 pour dégager le bénéfice net. Les économies tirées des ventes sont utilisées pour payer les salaires du personnel, réinvestir dans les équipements pour les producteurs (charrues et bœufs de labour) et payer la contribution exigée par certains partenaires pour bénéficier d’un

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appui. Ainsi, l’Union contribuera à hauteur de 20% à la construction d’un magasin que le PAM construira pour une de ses coopératives de base. Pour collecter suffisamment de céréales et satisfaire les demandes des clients et particulièrement celle du PAM, l’Union a mis en place une stratégie de collecte articulée autour de trois axes. Il s’agit des remboursements en nature des engrais donnés à crédit, des achats cash et des mises à disposition. Avant le début de la campagne agricole, une commande groupée d’engrais est faite sur la base des besoins des membres. Les engrais sont donnés à crédit et sont remboursés à la récolte en nature. Les quantités ainsi remboursées sont drainées dans le système de commercialisation de l’Union. En plus des quantités provenant des remboursements des engrais, l’Union utilise son fond de commercialisation pour acheter cash les excédents des membres qui ont un besoin pressant de liquidité. Enfin, il y a des producteurs, qui au-delà des remboursements en nature ou des ventes cash, acceptent de remettre une partie de leurs excédents commercialisables à la disposition de l’Union pour les vendre. Toutefois, les quantités regroupées proviennent principalement des achats cash et des remboursements en nature. Les quantités issues des mises à disposition sont relativement faibles. La majorité des producteurs privilégient les ventes cash car ils des besoins pressants qu’il leur faut satisfaire rapidement et par conséquent ils ne peuvent pas attendre longtemps. Par contre, la mise à disposition est la finalité. L’Union envisage d’augmenter la mise à disposition car elle est moins onéreuse et donc plus bénéfique à la fois pour elle et pour les producteurs. Les deux autres canaux de collecte coûtent plus chers à cause des intérêts liés au crédit alors que la mise à disposition épargne à l’Union de prendre un crédit. Il est donc important d’encourager les producteurs à aller davantage vers ce système de commercialisation en leur expliquant tous les avantages qu’ils pourraient en tirer. L’Union entrevoit également de renforcer la production de niébé qui est récolté et vendu plus tôt que les céréales et qui pourrait donc permettre aux producteurs d’avoir un peu d’argent et d’accepter aller vers une mise à disposition.

L’union possède un camion de 10 tonnes acheté en 2009 à 16 millions de FCFA grâce à une subvention de 50% du programme DERK et une contribution de 50% de l’union. La subvention est à rembourser sur 5 ans. Il sert au regroupement de l’ensemble des denrées commercialisées des villages vers les sites de collecte et des sites de collecte vers le magasin central de l’union basé à Dioila ville. Il est aussi utilisé pour les livraisons aux clients et le transport des intrants. A la fin de la campagne, il est donné en location moyennant de l’argent.

Atteinte des limites de la capacité de stockage, perspectives d’accroissement durable Avant P4P, grâce à l’appui de la SNV à l’Union, chaque coopérative de base a été dotée en magasin de stockage d’une capacité variant entre 20 et 30 tonnes. Par contre, l’Union n’avait pas de magasin central

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jusqu’en 2006. C’est à partir de cette année que la Chambre Régionale d’Agriculture de Koulikoro, par le biais du programme de développement rural de Koulikoro, a financé la construction d’un magasin central d’une capacité de 160 tonnes et d’une boutique d’intrants de 80 tonnes à Dioila ville. L’Union a contribué à hauteur de 20% au financement de toutes les infrastructures de stockage mentionnées. Cependant avec P4P, l’Union a vite réalisé que sa capacité de stockage est faible. “Nous pensions que nous avions une forte capacité de stockage, mais nous nous sommes vite rendus compte que nous sommes faibles surtout au niveau des coopératives de base qui constituent les points de collecte primaires. Nous sommes en train de voir comment augmenter nos capacités de stockage. Une demande a été soumise au P4P pour la construction d’un magasin de 100 tonnes dans le village de Wakoro qui représente le principal site de collecte des denrées“.

Pour remédier à l’insuffisance de capacité de stockage, Président de l’ULPC dans le magasin central à Dioila ville l’Union a procédé temporairement à la location de magasins au niveau des sites de collecte. Ainsi des magasins d’une capacité totale de 70 tonnes avaient été loués à Sanankoro et N’Golobougou et un hangar couvert d’une bâche de 60 tonnes avait été aménagée à Wakoro. Toutefois, dans le souci d’améliorer durablement sa capacité de stockage, l’Union projette de construire un magasin dans le village de N’Golobougou, deuxième point de collecte après Wakoro ainsi que dans les villages de Nangola et Massigui. Elle souhaiterait également agrandir le magasin central de Doila ville. A cet effet, elle compte solliciter l’appui de partenaires comme le PAM/P4P, la Chambre Régionale d’Agriculture de Koulikoro et l’ICRISAT.

Meilleur appui aux femmes Dans la zone de Dioila, les femmes sont confrontées à un important problème d’accès aux matériels agricoles (charrues, semoirs, etc.). Elles sont obligées d’attendre que les hommes finissent complètement avec ces matériels pour pouvoir y accéder. Cela entraîne un retard sur le calendrier agricole et par conséquent une baisse notoire de la productivité et de la production. En plus, les terres auxquelles elles ont accès sont généralement éloignées et elles ne possèdent pas de moyens de déplacement pour s’y rendre, d’où la nécessité de leur fournir un moyen de déplacement comme la charrette. La coopérative des femmes du village de Wakoro a bénéficié de la part de l’union, d’une charrette, d’une paire de bœufs de labour, de 2 charrues et d’un semoir. Ces équipements ont été obtenus dans le cadre du partenariat avec ICRISAT et

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financés à 95% par l’Ambassade d’Allemagne et à 5% par l’ULPC. Tous ces équipements seront loués aux membres en cas de besoin et les recettes reviendront aux coopératives de base.

L’union a mené des actions d’allégement des tâches des femmes en dotant 5 coopératives féminines de plateformes multifonctionnelles capables de faire marcher plusieurs équipements dont des moulins, des décortiqueuses, des batteuses, etc. 4 des 5 plateformes ont été obtenues grâce à l’appui de la chambre régionale d’agriculture de Koulikoro (95% du financement) avec une contribution de 5% de l’Union. La dernière a été gratuitement offerte par le projet HOPE de l’ICRISAT dans le cadre de la promotion de la production semencière. L’union envisage d’équiper graduellement toutes les coopératives féminines pour alléger les charges des femmes. La réduction de la charge de travail des femmes, leur permettra de s’occuper davantage des activités de production de semences et de niébé. Les femmes ont été également mieux organisées pour s’investir dans la production du niébé à travers des champs individuels et des champs collectifs. 6 coopératives féminines exploiteront cette année des champs collectifs de 0,5 à 1 ha de superficie par champ. Des semences ont été mises à leur disposition (500 kg) pour les champs collectifs et des mesures sont prises pour leur encadrement.

Augmentation des demandes d’adhésion Avant P4P, l’Union était composée de 56 coopératives. Elle a procédé à une restructuration en 2009 pour suspendre les coopératives non performantes. Elle a préféré la qualité au nombre. Ainsi, 13 coopératives furent écartées. Depuis, l’Union travaille avec les 43 restantes évaluées comme étant performantes. Par ailleurs, plus de 25 demandes d’adhésion de coopératives de base ont été reçues parmi lesquelles 5 sont en voie d’être approuvées. Les demandes d’adhésion sont surtout motivées par la performance de l’Union et l’appréciation des services fournis au niveau des coopératives de base.

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2.2. Union des Sociétés Coopératives de Producteurs de Maïs de Dièdougou

“En 2010, nous avons présenté notre premier contrat de vente au PAM à l’Ambassade des Pays Bas pour leur dire que nous avons désormais un marché sûr, mais nous n’avons pas assez de capacité de stockage. L’Ambassade a ainsi, à travers le DERK, financé la construction d’un magasin d’une capacité de 250 tonnes“.

Nom de l’OP Union des Sociétés Coopératives des Producteurs de Maïs de Diédougou (USCPMD)

Date de l’interview 06/07/2012 Statut Union regroupant 07 coopératives de producteurs de céréales Localisation Région de Koulikoro, cercle de Dioila, commune de Dièdougou, village de Seyla Missirila Année de création 2006 Couverture géographique 7 villages de la commune de Dièdougou Nombre membres 900 femmes et 1000 hommes % petits agriculteurs 80 Cotisation annuelle 15000 FCFA par cooperative membre Nombre et sexe leaders 17 hommes et 2 femmes Denrées regroupées sorgho, mil, maïs, sesame, niébé, arachide, soja Volume moyen regroupé 255 tonnes par an Compte bancaire Banque Nationale de Développement Agricole Partenariats Chambre Régionale d’Agriculture de Koulikoro, Fondation Syngenta, IIECEM/USAID, IER, P4P/PAM Nombre employés payés 05 Quantités vendues au PAM 227 tonnes de sorgho, mil et niébé en 2011/2012 Capacité de stockage L’Union dispose d’un magasin de 30 tonnes en moyenne au niveau de chacune des 43 coopératives et d’un magasin central en ciment d’une capacité de 160 tonnes. Il est prévu, grâce au P4P,la construction d’un magasin de 100 tonnes en 2012.

Historique de création de l’OP Autrefois, les producteurs de la commune de Dièdougou étaient, à l’image de toute la zone CMDT, dans des associations villageoises. Ces associations s’occupaient surtout de la production et de la commercialisation du coton. Les producteurs tiraient principalement leur revenu du coton. En 2000, le prix du coton avait fortement chuté pendant que celui des engrais avait beaucoup augmenté. Cela a entraîné

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une importante baisse de revenu et a amené les producteurs à explorer d’autres sources de revenu. Avec la baisse du revenu tiré du coton, les OP ne parvenaient pas à couvrir les charges liées à cette production (intrants et pesticides). Elles étaient obligées de vendre les céréales réservées à l’auto consommation pour rembourser les crédits des intrants et des pesticides. La vente des céréales engendrait l’insécurité alimentaire dans la localité. C’est ainsi que des coopératives de base avaient été mises en place en Solomane Diarra, Vice-Président de l’USCPMD 2001 pour les céréales grâce à l’appui du service d’agriculture. Les coopératives à leur création avaient une vocation agropastorale. Après la mise en place des coopératives, l’ONG ACOD Nyetaso a proposé de les accompagner dans leur développement. Pour leur assurer un meilleur fonctionnement, ACOD leur avait fourni une formation sur la vie et la gestion coopératives.

Plus tard, l’agent de l’agriculture qui avait aidé à l’établissement des coopératives les a mises en contact avec la SNV/DERK pour un éventuel appui. La SNV a demandé aux coopératives de se focaliser sur le maïs au lieu d’avoir une vocation agropastorale, avec cependant la possibilité de faire d’autres céréales. C’est ainsi que les coopératives ont choisi comme objectif de produire et de commercialiser des excédents céréaliers. La SNV a ensuite encouragé les coopératives à se regrouper en union en 2006. L’objectif à la création de l’union était l’approvisionnement en engrais et en semences, l’accès au marché, à l’équipement et à la formation des membres. Pour atteindre cet objectif, la SNV a recruté un consultant pour faire un plan d’affaire d’une valeur de 4 000 000 F et qui s’étale sur une période de 3 ans. Le premier plan d’affaire avait 4 axes : la production, la commercialisation, le renforcement de capacités et le partenariat. L’union est affiliée à l’Association des Organisations Paysannes professionnelles (AOPP). Les 7 coopératives de base membres de l’union comptabilisent actuellement 1900 membres dont 900 femmes avec plus de 80% de petits producteurs. Pour devenir et rester membre de l’union, une coopérative de base doit payer 10000 FCFA comme frais d’adhésion, 15000 FCFA pour la cotisation annuelle et 30000FCFA comme part sociale. L’union emploie cinq (05) travailleurs permanents dont un directeur technique, une gestionnaire, un conseiller, un chauffeur et un gardien planton. Les principales denrées regroupées /commercialisées sont le sorgho, le mil, le maïs, le sésame, le riz NERICA et le niébé. En moyenne, l’union regroupe par an 255 tonnes toutes céréales confondues dont 150 tonnes de sorgho, 35 tonnes de mil, 50 tonnes de maïs, 10 tonnes de sésame et 10 tonnes de niébé. L’union a des comptes à la BNDA, à la BIM, à Kondo Jigima et à Jemeni. Avant d’adhérer au P4P, l’union n’avait pas un marché garanti et les prix auxquels elle vendait étaient relativement bas. « Les acheteurs nous imposaient leurs prix alors qu’avec le PAM, nous négocions », a

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affirmé le Directeur technique. L’union a donc adhéré au P4P en 2010 pour avoir un marché garanti et un prix rémunérateur pour les céréales et le niébé.

C’est à travers le PRECAD que l’union a reçu l’information sur l’existence d’un projet du PAM qui achète des vivres auprès des organisations paysannes. C’était lors d’un atelier organisé par la fondation Syngenta. Comme l’union avait un stock à vendre et cherchait un acheteur fiable, elle a vite saisi cette opportunité en contactant rapidement P4P. Il y a eu des échanges de mails entre le directeur permanent et les responsables du P4P pour leur proposer l’offre de céréales. Le PAM a dépêché une mission pour faire une inspection de la qualité et la quantité du stock disponible. Après des négociations, les deux parties ont convenu du prix avant de signer un contrat direct. Depuis, l’union vend chaque année au PAM.

Importante amélioration de la capacité de stockage Avant P4P, la capacité totale de stockage de l’union était de 210 tonnes pour 03 magasins dont un en banco de 70 tonnes appartenant à l’union et deux magasins en location à Béléco et à Fana de 70 tonnes chacun. Cependant, l’union n’avait ni palettes ni bâches et les frais de location des magasins augmentaient les charges liées à la commercialisation des céréales. Avec P4P, la capacité de stockage à long terme de l’union est passée de 210 tonnes à 750 tonnes grâce aux appuis des partenaires. “En 2010, nous avons présenté notre premier contrat de vente au PAM à l’Ambassade des Pays Bas pour leur dire que nous avons désormais un marché sûr, mais nous n’avons pas assez de capacité de stockage. L’Ambassade a ainsi, à Magasin central de l’USCPMD à Seyla Missirila travers le DERK, financé la construction d’un magasin d’une capacité de 250 tonnes pour une valeur de 9 000 000 FCFA avec 20 %de participation de l’union dont 10 % sous forme de crédit remboursable sur 5 ans“. En 2011, un autre magasin d’une capacité de 500 tonnes a été construit grâce à la collaboration avec la fondation Syngenta à hauteur de 18 000 000 FCFA avec une contribution en espèce de 20% de l’union. En outre les deux magasins construits ont été dotés de palettes. Ces changements ont permis d’augmenter le volume des quantités de céréales commercialisées et d’améliorer les conditions de stockage. Aussi l’union ne paye plus de frais de location des magasins. Cela a contribué à favoriser une diminution des charges liées à la commercialisation et une augmentation des marges bénéficiaires. Toutefois, l’union est à la recherche d’appui pour augmenter le nombre de bâches et de palettes qui reste toujours insuffisant relativement aux besoins. Par ailleurs, pour la mise à la qualité des denrées, il faudrait avoir un espace couvert. A cet effet, le projet IICEM a promis de construire un hangar.

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En 2011, le projet IICEM a offert gratuitement 2000 sacs PICS à l’union pour le stockage à long terme du sorgho.

Amélioration des services fournis aux membres Dans le cadre des services fournis, l’union a élaboré un plan d’affaire sur cinq ans avec un financement à hauteur de 4 000 000 FCFA. Après, le premier plan d’affaire de cinq ans a été réajusté et adapté à trois(03) ans. Il est le schéma directeur des services fournis aux membres qui sont entre autres l’approvisionnement des membres en semences améliorées, en engrais, l’accès aux équipements, la vente des produits agricoles, la formation, l’appui aux femmes.

L’accès des membres aux semences améliorées Avant P4P, l’union produisait et approvisionnait ses membres seulement en semences de riz NERICA. En 2009, l’Institut d’économie rurale (IER) et la Fondation Syngenta ont fait un diagnostic au niveau de l’union afin d’identifier les contraintes liées à la production céréalière. La principale contrainte identifiée était relative à la qualité des semences locales utilisées par les producteurs. C’est ainsi que l’IER a donné des semences de base à certains producteurs qui ont fait des champs écoles pour produire des semences certifiées destinées à l’utilisation massive. Les semences certifiées produites ont été achetées par l’IER pour être gratuitement offertes à l’union. L’union a ensuite donné les semences à crédit aux producteurs et remboursables en nature au double. En 2011/2012, IICEM a donné à l’union des semences améliorées d’une valeur de 4 500 000 FCFA. Ces changements intervenus dans l’approvisionnement des producteurs en semences améliorées ont permis d’augmenter la productivité, d’améliorer leur sécurité alimentaire et leur revenu par la vente des excédents céréaliers à un prix plus rémunérateur au PAM.

Accès au crédit intrants et commercialisation L’union a demandé et obtenu son premier crédit d’un montant de 20 millions auprès de l’institution de microfinance Kondo Jigima en 2008. En 2010, grâce au fait que le contrat à terme signé avec le PAM assure un marché garanti, l’union a pu obtenir 31 millions de FCFA à la BNDA dont 13 millions pour acheter des engrais à distribuer à ses adhérents et 18 millions pour la commercialisation. En outre, à travers P4P, l’union est arrivée à établir un partenariat avec le programme IICEM de l’USAID en 2010. A travers ce partenariat, IICEM a déposé en 2011 un fond de garantie à la BNDA pour faciliter l’accès de l’union au crédit. En cas de non-paiement du prêt par l’union, IICEM s’est engagé, dans un accord signé avec la BNDA, à rembourser 50% du montant. Cette garantie et l’existence d’un marché sûr avec le contrat à terme ont permis à l’union d’obtenir en 2011 un crédit de 72,5 millions pour l’approvisionnement des membres en engrais et pour financer sa campagne de commercialisation.

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Accès aux engrais Avant P4P, l’union n’avait pas accès aux engrais pour le mil et le sorgho. Toutefois, elle avait accès aux engrais pour le riz à travers le programme Initiative riz du gouvernement. Les besoins en engrais sont exprimés par les membres en fonction de la superficie qu’ils envisagent d’exploiter. L’union recense les besoins de tous les membres avant de lancer la commande. Une fois les engrais obtenus, ils sont distribués aux membres à crédit et remboursés en nature à la récolte. En 2010/2011, grâce au contrat à terme signé avec le PAM, l’union a pu obtenir 13 millions de FCFA à la BNDA pour acheter 33,6 tonnes d’engrais à distribuer à ses adhérents. Ainsi pour la première fois, l’union a commencé à approvisionner ses membres en engrais pour le mil et le sorgho. En 2011/2012, l’union a distribué aux producteurs à crédit 110 tonnes d’engrais. Pour la campagne 2012/2013, elle envisage de distribuer à ses membres 150 tonnes d’engrais. Lors du passage de l’équipe, 75 tonnes d’engrais étaient déjà disponibles. Cette quantité est destinée au sorgho et au mil. Les 75 tonnes restantes sont subventionnées par le gouvernement et devraient être fournies par la CMDT à crédit et remboursables en espèce après la campagne de commercialisation.

Accès aux équipements En termes d’équipement, avant P4P, l’union avait une bascule achetée en 2008. En 2010, elle a acheté 8 autres bascules subventionnées à 80% par le programme DERK. Elle avait également 500 palettes qui sont présentement en mauvais état et deux motos pour le personnel. Avec P4P, en 2011, l’union a bénéficié de trois bascules dont deux fournies par Syngenta et une par P4P. Elle a acheté 12 bâches dont 10 en 2010 et 2 en 2012 afin d’améliorer la qualité des céréales vendues. Elle a aussi acheté un motoculteur en 2010. Le motoculteur est loué à 15 000 FCFA/ha aux producteurs membres et à 17 500 FCFA/ha aux producteurs non membres. Suite aux plaintes des femmes de n’avoir pas accès au motoculteur, l’union leur a payé 20 charrues et 40 bœufs, en 2011, subventionnés à 80% par le programme DERK. En outre, grâce à un financement du programme DERK, l’union a payé un camion en 2012 pour une valeur de 17 000 000 FCFA avec une contribution financière à hauteur de 50%. Le camion sert à la livraison des produits achetés par les clients, au transport des récoltes et des engrais. En 2010, P4P a donné à l’union 200 palettes. L’acquisition de ces palettes a contribué à améliorer les conditions de stockage. Toutefois, l’union a encore des problèmes de bâches, de palettes et de tamis à cause de leur nombre insuffisant. L’union a acheté 5 motos pour le personnel dont 4 motos en 2011 et 1 moto en 2012 pour faciliter son déplacement. Pour la campagne en cours, l’union a fait une commande de 7 vélos pour les animateurs endogènes chargés de l’encadrement de proximité des producteurs afin de faciliter leurs déplacements sur le terrain.

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Augmentation des quantités regroupées et vendues Avant P4P, l’union n’avait jamais pu regrouper et vendre, en une seule campagne de commercialisation, plus de 160 tonnes de denrées. Avec P4P, l’existence d’un marché garanti avec un prix rémunérateur ont amené les producteurs à produire plus et à vendre plus. Par exemple les superficies emblavées par les producteurs membres de l’union sont passées de 2934 ha avec une production estimée à 4587 tonnes en 2009-2010 à 6170 ha en 2010-2011 avec une production estimée à 10255 tonnes. Ainsi l’union a commercialisé 265 tonnes de denrées en 2009-2010 contre 380 tonnes en 2010-2011. En 2011-2012, malgré l’insuffisance des pluies, l’union a vendu au total 404 tonnes de denrées dont 157 tonnes de sorgho, de mil et de niébé au PAM par contrats à terme, 70 tonnes de sorgho au PAM par appel d’offre, 150 tonnes de sorgho et 27 tonnes de maïs à un Manutention d’un stock de denrées acheté par le PAM commerçant et enfin 33 tonnes de maïs aux ménages des producteurs membres. Les contrats à terme sont très utiles quant à la planification de la production et de la commercialisation étant donné qu’ils garantissent un débouché. Les appels d’offre adaptés, qui demandent souvent que les denrées soient transportées jusqu’aux magasins du PAM, permettent aux OP d’acquérir des compétences pour mieux s’engager sur les marchés agricoles en général et spécifiquement sur les marchés institutionnels (PAM, OPAM, etc.). « Pour la première fois nous avons commandé des emballages avec le logo du PAM et nous avons transporté les céréales jusqu’au magasin du PAM. La participation aux appels d’offre en 2011 et 2012 nous a permis de nous préparer pour mieux répondre à d’éventuels appels d’offre » a affirmé Dramane Diabaté.

Les denrées sont collectées auprès des producteurs à travers les remboursements en nature des intrants donnés à crédit en début de campagne agricole, les achats cash effectués avec de l’argent prêté à la BNDA et les mises à disposition de certains membres. Les achats en espèce représentent 70% du stock commercialisable, les remboursements en nature 15% et les mises à disposition 15%. Il n’y avait pas de mise à disposition de denrées avant P4P. Le chiffre d’affaire de l’union était de 24 905 000 FCFA en 2008-2009 (un an avant P4P), 38 716 000 FCFA en 2009-2010 (première vente au PAM) et 57 250 000 FCFA en 2010-2011 (deuxième année de vente au PAM). L’argent obtenu des ventes des denrées par l’union sert à payer le personnel, à acheter les équipements, à augmenter sa capacité d’autofinancement de la commercialisation.

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Renforcement du partenariat Avant P4P, les partenaires clés de l’union étaient le programme DERK, la fondation Syngenta et la caisse de microfinance Kondo Jigima. Le programme DERK apportait un appui technique, financier et institutionnel tandis que la fondation Syngenta appuyait l’union en termes de formation, d’accès aux semences et au marché pour le riz pluvial. La caisse Kondo Jigima facilitait l’accès au crédit. Avec P4P, de nouveaux partenariats ont été établis avec le projet IICEM/USAID, l’IER, INTSORMIL et la BNDA. Ces partenaires appuient l’union dans l’accès aux facteurs de production (engrais, semences, crédit). P4P a amélioré la visibilité de l’union à travers la participation à des rencontres comme la revue annuelle du projet qui regroupe les principaux acteurs du développement agricole au Mali.

Augmentation du membership Avant P4P, l’union comptait 975 hommes et 831 femmes. Avec P4P, elle compte actuellement 1000 hommes et 900 femmes. L’engouement des producteurs à adhérer à l’union s’explique par le fait qu’elle facilite l’accès aux facteurs de production (engrais, semences améliorées, équipement, etc.), l’accès à un marché garanti et le prix rémunérateur.

Meilleur appui aux femmes Avant P4P, il n’y avait pas d’appuis spécifiques faits aux femmes. Avec P4P, l’union a donné aux femmes, en 2011, 2 plateformes multifonctionnelles d’une valeur de 2 000 000 FCFA chacune. Elles ont été financées à 95% par le programme DERK et 5% par l’union. L’union a également donné 7 charrettes et 7 ânes aux femmes pour faciliter non seulement leur propre déplacement, mais aussi le transport des récoltes et des noix de karité. En outre, toute la mise à la qualité des céréales commercialisées par l’union est faite par les Plateforme des femmes du village de Seyla femmes pendant 15 jours, à raison de 750 FCFA par jour et par femme pour un effectif de 30 à 40 femmes.

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2.3. Coopérative Yeretaton de Tingoni

« Avant P4P nous étions obligés d’aller chercher une bascule dans d’autres villages ou d’aller peser nos denrées ailleurs. Grâce à la bascule fournie par le PAM, nous pesons devant notre magasin maintenant ». Interview réalisée le 07/07/2012 Localisation : Région de Ségou, Cercle de Barouéli, Village de Tingoni Nom : Yeretaton Statut : Coopérative Année de création : 1999 Nombre membres : 115 hommes et 15 femmes Nombre et sexe leaders : 15 hommes et 0 femmes Compte bancaire : Banque Nationale de Développement Agricole % petits agriculteurs : 90% Denrées regroupées : mil Partenariat : Sasakawa Africa Association Producteurs membres de la coopérative de Tingoni : au centre Niveau d’affiliation : membres au niveau village le président de la coopérative Frais d’adhésion : 10 000 FCFA Volume moyen regroupé depuis P4P : 45 tonnes Nombre employés : 0 personnes

La coopérative Yeretaton avait comme objectif de départ l’amélioration de l’alimentation du cheptel et sa principale activité était la vente d’aliments bétail (tourteaux). Elle voulait à la fois aider ses membres à mieux entretenir les bœufs de labour car les animaux n’avaient pas assez à manger pendant la saison sèche et, à pratiquer l’embouche comme activité génératrice de revenu. Elle comprenait 25 hommes comme membres. En 2004, un partenariat fut établi avec l’ONG Sasakawa Global 2000 qui s’était engagée à aider les membres de la coopérative dans l’augmentation de la production agricole à travers l’approvisionnement en engrais. Sasakawa proposa également de soutenir la coopérative dans le cadre de la commercialisation. Ainsi, la coopérative décida à partir de 2004 d’intégrer l’approvisionnement de ses membres en engrais dans ses activités, étant donné qu’ils étaient tous des agriculteurs. La coopérative a connu le PAM à travers son partenaire Sasakawa qui d’ailleurs l’a mise en relation avec le PAM. Sasakawa a expliqué aux membres de la coopérative qu’il y avait un projet qui aide les producteurs et qui ajoute un bonus au prix du marché. C’est pour améliorer le revenu à travers un bon prix de vente que la coopérative a choisi de participer au P4P.

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Accès aux engrais et commercialisation Avant 2004, les producteurs n’avaient pas accès aux engrais. En 2004 et 2005, SG2000 donnait des engrais à crédit en début de campagne qui étaient remboursés en espèce à la récolte. En 2006, le partenaire demanda de rembourser en nature au lieu de l’espèce. Par conséquent il cherchait des acheteurs et vendait le mil pour acheter des engrais au nom de la coopérative. Ila donné des engrais (150 tonnes d’urée et de DAP) pour 50 ha de mil à rembourser à raison de 500 kg/ha, soit 50 tonnes de mil. A la récolte les producteurs remboursèrent les 50 tonnes qui furent stockées dans un magasin construit à cet effet. Le stock fut vendu et l’argent utilisé pour acheter des engrais pour la campagne 2007. Les gens virent l’intérêt d’adhérer à l’OP. Ainsi le nombre de membres passa de 18 à 68 hommes. Le mil regroupé en 2007 fut ensuite vendu pour acheter des engrais pour 2008. En 2008, la coopérative bénéficia de nouvelles adhésions voyant ainsi son effectif passer à 100 personnes dont 7 femmes. En conséquence, elle augmenta ses besoins en engrais et en commanda pour 150 ha. Elle a pris un prêt de 8 335 000 FCFA à l’agence Kondo Jigima de Ségou pour acheter des engrais pour 150 ha. L’échéance de remboursement était un an. Après la commercialisation, le prêt fut entièrement remboursé et la coopérative fit un bénéfice de 2000000 F qui fut épargné à la caisse Kondo Jigima. Cependant, à partir de cette année SG2000 laissa le soin à la coopérative de s’occuper désormais de son approvisionnement en engrais. « Quand SG2000 nous a laissé, nous avons réduit les 150 ha de 50 ha pour garder 100 ha pour les 100 membres de la coopérative car nous n’avions pas assez de moyens ». En 2009, un prêt fut demandé à la caisse Kondo Jigima pour acheter des engrais. Elle demanda alors à la coopérative d’aller acheter s’approvisionner chez un de ses partenaires fournisseur d’engrais. Le sac de 50 kg coûtait chez ce dernier18500 FCFA pendant qu’il était à 16000 FCFA sur le marché. Comme ces conditions n’étaient pas avantageuses pour la coopérative, elle a proposé à la caisse de prendre le crédit en espèce et d’aller s’approvisionner ailleurs. La caisse a rejeté la requête et a refusé d’accorder le prêt. La coopérative a alors retiré son épargne de 2000000 FCFA qu’elle avait auprès de la caisse pour acheter des engrais. Malheureusement ce montant ne suffisait pas pour disposer des engrais pour les 100 hectares planifiés par la coopérative. Elle était ainsi obligée de distribuer à ses membres 75 kg d’engrais à l’hectare au lieu de 150 kg comme il se devait. A la récolte, chacun des 100 ha remboursa 300 kg pour les 75 kg d’engrais pris à crédit. Les 30 tonnes de mil collectées furent vendues par l’OP. Après 2009, c’est le secteur d’agriculture qui appuie la coopérative dans l’approvisionnement en engrais. En 2010 et 2011, le secteur a appuyé la coopérative pour avoir des engrais subventionnés. Ainsi, 300 sacs de 50 kg d’engrais (soit 3 sacs à l’hectare) à raison de 12500 FCFA le sac furent fournis annuellement par le secteur d’agriculture.

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En 2011, un projet conseilla la coopérative d’augmenter le nombre de femmes. Elle intégra ainsi 30 femmes supplémentaires. Chacune de ces femmes a reçu 1 ha de la part de son chef de ménage. Ce qui fit passer les superficies bénéficiant du crédit intrants de 100 à 130 ha.

Avant P4P, la coopérative vendait à une transformatrice de Bamako. Elle lui avait vendu 35 tonnes de mil en 2008/2009. Mais en 2009/2010, avec l’adhésion au P4P, la coopérative a vendu 20 tonnes au PAM et 15 tonnes à la transformatrice. En 2010/2011, elle a fourni 20 tonnes au PAM et 30 tonnes à la transformatrice dont 10 tonnes provenant des mises à disposition. En 2011/2012, elle a vendu 42,950 tonnes au PAM et 7 tonnes à la transformatrice. Un des impacts positifs de la vente au PAM est que la transformatrice achète le mil au même prix que le PAM, ce qu’elle ne faisait pas avant. Les quantités vendues évoluent peu parce que les producteurs refusent les mises à disposition. En effet, un agent d’un partenaire d’appui avait détourné par le passé, au détriment de la coopérative, plus de 6 000 000 FCFA et 2 batteuses. C’est pourquoi les producteurs se méfient des mises à disposition par crainte de voir leurs denrées détournées. La première année (2009), le PAM a acheté le kg de mil à 150 FCFA. Les producteurs ont exigé au moins ce prix pour faire des mises à disposition l’année suivante. La coopérative ne pouvait pas accepter, puis qu’elle n’était pas sûre d’obtenir ce prix. Pour augmenter les quantités regroupées, l’OP a fait une demande de prêt de 3 000 000 FCFA l’année dernière mais elle n’a pas été approuvée. Elle entrevoit encore cette année de demander un prêt. La coopérative a obtenu comme bénéfice après les ventes 4 millions FCFA en 2010, 5 millions en 2011, 4 millions en 2012 avec 1 million d’impayés auprès des membres à cause du déficit pluviométrique. Ces impayés portent sur 60 ha pour une superficie totale de 130 ha. La coopérative a prêté de l’argent à certains producteurs l’année dernière pour ne pas vendre leurs engrais afin de subvenir à certains besoins urgents. Ainsi, 412 500 FCFA avaient été distribués à des membres. C’est ce surendettement, combiné à la mauvaise récolte, qui a favorisé les impayés.

Capacité de stockage Depuis l’arrivée du P4P, la coopérative n’a pas bénéficié d’un nouveau magasin. L’ancien magasin est en banco et très sujet à des attaques de termites. Tous les 3 jours, il faut déplacer les sacs pour éviter les attaques des termites. En conséquence, la coopérative projette de construire, avec l’appui des partenaires, un nouveau magasin en ciment.

Equipement L’indisponibilité d’une bascule pour peser les denrées commercialisées par la coopérative lui donnait des cauchemars qui ont été vite oubliés grâce à l’appui du P4P. « Avant P4P nous étions obligés d’aller

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chercher une bascule dans d’autres villages ou d’aller peser nos denrées ailleurs. Grâce à la bascule fournie par le PAM, nous pesons devant notre magasin maintenant ». En outre le PAM a fourni à la coopérative plus 20 palettes, 4 bâches et 1 tamis. La bâche permet de nettoyer les denrées et d’améliorer ainsi leur qualité. La coopérative dispose de contrôleurs de la qualité des denrées. Chaque fois que les contrôleurs remarquent que les denrées sont sales, ils demandent aux gens de les nettoyer sur la bâche étalée à cet effet devant le magasin. Avant il n’y avait pas de palettes dans le magasin et à la fois les termites et les souris faisaient des dégâts sur les denrées qui y étaient stockées.

Semences C’est en 2006 que les producteurs membres de la coopérative commencèrent effectivement à utiliser les semences améliorées grâce au partenariat avec le secteur d’agriculture de Barouéli. Depuis c’est le secteur qui fournit l’OP en engrais. L’accès aux semences améliorées a favorisé à la fois une augmentation du rendement et de la production et une amélioration de la qualité des céréales (grains plus farineux). La coopérative fournit directement les producteurs en semences pour s’assurer qu’ils n’utilisent tous que des semences améliorées certifiées. Malgré une nette amélioration du rendement, les superficies cultivées n’ont pas connu une importante augmentation parce qu’il n’y a pas de terres supplémentaires à mettre en valeur.

Formation Avant P4P, SASAKAWA avait un projet qui avait donné plusieurs formations à la coopérative. Mais depuis la fin du financement de ce projet, SASAKAWA a réduit sa présence sur le terrain et conséquemment ses appuis. Toutefois, avec P4P, la coopérative a bénéficié d’une formation en 2010 sur le stockage/qualité et la commercialisation et d’une autre formation en 2011 sur la vie coopérative. Ces formations ont permis à la coopérative de mieux stocker les denrées dans son magasin, d’accorder un intérêt grandissant à la qualité des vivres et d’avoir une meilleure compréhension de la vie coopérative.

Appui aux femmes Les femmes contribuent beaucoup au nettoyage des denrées et sont payées soit en espèce soit en nature. L’OP a cherché un appui pour avoir un périmètre maraîcher pour les femmes afin de leur apporter un revenu supplémentaire, d’améliorer la qualité de la nourriture et de réduire l’exode rural des filles. Pour le moment aucun appui n’a été reçu dans ce sens.

Membership

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La coopérative regroupait 7 villages avant 2008. Mais entre 2008 et 2009 3 villages sont partis de la coopérative suite à un désaccord sur les conditions de remboursement du crédit intrants. En effet, la coopérative donne des engrais à crédit à ses membres en début de campagne qui sont remboursés en nature à la récolte. Chaque producteur bénéficiaire devrait rembourser 300 kg de mil pour un ha d’engrais. Les villages partis ont trouvé que les 300 kg à rembourser à l’hectare étaient trop élevés. Actuellement 4 villages sont membres de la coopérative. Grâce aux avantages tirés du P4P, les producteurs démissionnaires voudraient y revenir tout en se soumettant au paiement des 300 kg/ha. L’OP a refusé à cause de la perte de confiance. « De nouveaux producteurs (6 à 7 personnes) en provenance des villages démissionnaires voudraient adhérer mais on leur a dit d’attendre parce que la saison passée n’a pas été bonne et il y a eu des impayés. Il faut attendre que la situation s’améliore. Même des gens de Tingoni où réside la coopérative voudraient adhérer à l’OP, mais on a peur de les accepter. A ce jour, sur les 17 démissionnaires seuls 3 ont remboursé le crédit engrais. Cette situation ne favorise pas l’approbation de nouvelles demandes d’adhésion ».

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2.4. Union Communale des Sociétés Coopératives de Producteurs de Céréales de Cinzana

“Avec P4P, on est nombreux avec plus de 200 membres. Il y a plus de confiance entre les membres actuellement, nous arrivons à regrouper plus de denrées“.

Interview réalisée le 8/7/2012 Localisation : Région de Ségou, Cercle de Ségou, Village de Cinzana Nom : Union communale des Sociétés Coopératives de Producteurs de Céréales de Cinzana Statut : Union Année de création : 2010 Nombre membres : 115 hommes et 15 femmes Nombre et sexe leaders : 08 hommes et 01 femme Compte bancaire : Banque Nationale de Développement Agricole % petits agriculteurs : 90% Denrées regroupées : mil, sorgho et niébé Partenariat : PRECAD et Sasakawa Africa Association Niveau d’affiliation : coopératives de base au niveau village Frais d’adhésion : 10 000 FCFA Volume moyen regroupé depuis P4P : tonnes Nombre employés : 0 personnes

Historique de création Avant la création de l’union, les producteurs étaient organisés dans une association mise en place en 2006 et qui visait à développer la production du mil et du sorgho et favoriser leur commercialisation. Pour ce faire, il fallait appuyer les producteurs à accéder aux équipements pour augmenter la production et ensuite favoriser la commercialisation des excédents qui seront dégagés. L’association avait 49 adhérents dont 3 Souaibou Touré, président de l’Union de Cinzana femmes répartis dans 6 villages membres. Elle n’avait pas de ressources financières, pas assez de partenaires d’appui et les services fournis aux membres étaient limités.

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C’est en 2008, à travers l’établissement d’un partenariat avec le PRECAD que l’association a commencé a bénéficié d’un appui important. Quand le PRECAD établissait un partenariat avec l’association en 2008, cette dernière était en voie de se transformer en coopérative. Le PRECAD a ensuite aidé la coopérative à obtenir un récépissé. C’était une coopérative qui comprenait des membres dispersés dans 7 différents villages. Le fait qu’elle fût formée de membres originaires de plusieurs villages rendait sa coordination difficile et par conséquent influait négativement sur son bon fonctionnement. Pour pallier cette insuffisance, il fut demandé aux représentants de chaque village de former une coopérative de base à leur niveau. Ainsi il fut mise en place une coopérative de base dans chaque village et les coopératives de base se sont ensuite regroupées pour former l’union. L’OP en tant qu’association ne faisait pas de collecte de denrées auprès des membres. Quant à la coopérative communale, elle participait à la bourse aux céréales et avait l’habitude de vendre jusqu’à 5 tonnes de denrées. Elle avait comme partenaires, le PRECAD (formations, appui financier, participation aux bourses), SASAKAWA (formation en vie coopérative), Faso Jigi (recherche de clientèle), sous secteur d’agriculture (appui technique, conseils pour les contrats de vente obtenus aux bourses). La coopérative communale avait eu en 2009 un contrat à terme avec le PAM. Lors du regroupement, il y a eu des denrées non nettoyées qui ont infiltré le système parce qu’il n’y avait pas de coopératives de base et les producteurs dans les villages n’étaient pas bien organisés. Il était donc impérieux de mettre en place une structure mieux organisée. Ainsi l’union a vu le jour en 2010 avec comme objectif d’assurer l’autosuffisance alimentaire et d’augmenter le revenu des membres. Les producteurs étaient en position de faiblesse parce qu’ils n’étaient pas regroupés et vendaient leur production individuellement. Ils réalisèrent qu’il valait mieux être ensemble pour vendre de façon groupée. « Les bas prix des denrées pratiqués par les commerçants obligeaient les ménages à vendre plus de récoltes pour obtenir assez d’argent pour couvrir leurs besoins. Cette situation conduisait les ménages dans une insécurité alimentaire. A cause de l’insécurité alimentaire, les gens partaient se ravitailler à la banque de céréales et remboursaient à la récolte ». A ce jour, l’union a vendu plusieurs centaines de tonnes de denrées au nom des membres et leur a distribué plus de 60 millions de FCFA. Cependant, elle n’a pu obtenir comme bénéfice qu’environ 2,5 millions. Ce montant paraît faible eu égard à ses ambitions. Par conséquent, l’union envisage de diversifier ses sources de revenu en orientant une partie de ses activités vers la transformation. Elle espère ainsi gagner plus d’argent. L’OP a adhéré au P4P à travers le PRECAD qui l’avait informée de l’existence d’un projet qui achète des denrées auprès des petits producteurs. « Etant donné que P4P achète des excédents et accorde une attention particulière à la sécurité alimentaire, par conséquent il répond à nos objectifs ».

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Amélioration des services fournis aux membres L’union fournit plusieurs services comme les formations, l’accès aux intrants, la commercialisation, l’équipement, le stockage (magasin), les visites d’échanges, etc.

Formations Avant P4P, l’OP avait bénéficié d’une série de formations de la part des partenaires d’appui (PRECAD, SASAKAWA, IER, sous secteur d’agriculture). Il s’agit entre autre d’une formation sur la vie associative et la vie coopérative, la mise en relation des adhérents avec leur coopérative de base, la mise en relation des coopératives de base avec l’union, les techniques culturales. Depuis 2009 avec l’arrivée du P4P, SASAKAWA appuie en collaboration avec le PRECAD dans la formation sur les techniques culturales, le microdosage des engrais, les techniques de stockage, les coûts de production et la gestion administrative. La formation en gestion administrative a permis de bien tenir les documents au niveau des conseils d’administration (finance, caisse, PV de réunions, bilan, etc.). A travers la formation sur les coûts de production, les membres de l’union ont appris à planifier la production, à mesurer les superficies cultivées, estimer les quantités de semence à utiliser à l’hectare, etc. Avec la formation sur les techniques de stockage, l’union a appris à bien stocker les denrées dans les magasins. Par exemple avant cette formation, les denrées étaient stockées dans les magasins sans utiliser des palettes : on entassait avant les sacs sans palettes. Quant à la formation sur les techniques de négociation, elle a permis par exemple à l’union de négocier en 2010 le délai de livraison avec le PAM qui voulait que les denrées lui soient livrées en décembre. Après la négociation, ce délai a été repoussé à janvier pour permettre à l’union de mieux se préparer.

Accès aux intrants Avant P4P, les producteurs achetaient les engrais et les pesticides aux commerçants ambulants. Les pesticides n’étaient pas de qualité de même que les engrais. Certains engrais comme le DAP (Di- Ammonium Phosphate) n’étaient pas disponibles sur le marché local. Il y avait un autre type d’engrais appelé sugube-sugube qui était utilisé à la place du DAP. Ce n’était pas un engrais de qualité mais il était plus bénéfique aux commerçants. En 2009, la boutique d’intrants a été ouverte par le PRECAD. Le PRECAD a demandé aux céréaliers, aux semenciers et aux planteurs de s’organiser autour d’une boutique d’intrants. Les 5 coopératives (dont 2 semencières) ont cotisé chacune 125 000 F (100 000 F de part sociale et 25 000 F de frais d’adhésion) et le PRECAD a donné 4000000 F à crédit remboursables sans intérêt avec un certain nombre de sacs d’Apron plus pour le démarrage de la boutique. Les 5 organisations soumettent les besoins de leurs membres à la boutique et cette dernière lance la commande. Une fois que les intrants sont disponibles, l’union passe le message pour en informer. Ensuite les membres viennent

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acheter individuellement au comptant. Les prix pratiqués par la boutique sont raisonnables en plus sa proximité, la disponibilité et la qualité des produits vendus avantagent les producteurs. C’est pourquoi actuellement il y a moins de pesticides et d’engrais sur le marché local car la grande majorité des producteurs achètent à la boutique d’intrants.

Accès aux équipements Avant P4P, il n’y avait pas d’équipement post récolte. Le mil était battu à même le sol, ce qui favorisait un fort taux d’impureté. Comme P4P exige la qualité, le PRECAD a appuyé l’union dans l’acquisition de 2 batteuses qui ont été fournies à 2 coopératives de base (Bouawere et Zambougou). Chacune des 2 batteuses a coûté 2000000 F. Elles ont été cofinancées par le PRECAD (90%) et les coopératives de base, à travers l’union, avec 10% de contribution payée par chaque coopérative. Les batteuses ont été remises à ces 2 coopératives parce qu’une évaluation de toutes les coopératives membres de l’union, conduite par le PRECAD, a révélé qu’elles étaient les meilleures. Les batteuses réduisent les coûts de mise à la qualité et améliorent la qualité surtout à Zambougou qui avait fourni du mil avec un taux élevé d’impureté. Actuellement moins le mil fourni par Zambougou présente un taux d’impureté inférieur à 1%. Par ailleurs, l’OP ne possédait pas de bascule avant P4P et rencontrait d’importantes difficultés pour peser les denrées. Actuellement elle détient 2 bascules dont une offerte gratuitement par P4P en 2010 et une autre donnée par le PRECAD en 2011 avec 10% de contribution de l’union. Outre la bascule, P4P a également offert à l’union 2 tamis, 2 bâches et 125 palettes en 2010. Le service du développement social de Ségou avait conduit en 2010 une évaluation de toutes les unions de coopératives de la zone. L’union de Cinzana s’était classée comme la meilleure. Pour la récompenser, 5 charrues lui ont été offertes. Elle les a ensuite remises à5 coopératives de base. Les coopératives de base à leur tour les ontdonnées, comme prime d’encouragement, à leurs 4 meilleurs producteurs et à une femme dévouée.

Visites d’échange Avec l’appui du PRECAD, des producteurs ont bénéficié de visites d’échanges à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’union. Ces échanges ont permis aux producteurs de mieux comprendre la notion de coopérative et de s’impliquer davantage dans les activités des coopératives de base pour l’atteinte des objectifs. Les visites d’échange entre producteurs à haut rendement et producteurs à faible rendement ont favorisé l’adoption par les derniers de bonnes pratiques et par conséquent l’amélioration de leur rendement.

Capacités de stockage

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Avant P4P, l’union n’avait accès qu’à un seul grand magasin de 300 tonnes à Cinzana. Par contre, elle avait des petits magasins dans les villages d’une capacité individuelle maximale de 5 tonnes. Le PRECAD a construit des magasins dans les villages de Bouawere, Fambougou, Faléma en 2010. SASAKAWA a construit un magasin à Zambougou. La construction de ces magasins a contribué à améliorer les capacités de stockage de l’union surtout au niveau des coopératives de base. Cependant, à Cinzana qui est le niveau central de regroupement, l’accès de l’union aux infrastructures est limité parce qu’elle n’a accès qu’à un seul magasin appartenant au ministère de l’agriculture. Heureusement P4P s’est engagé à lui construire, d’ici fin 2012, un magasin d’une capacité de 500 tonnes. Le site devant abriter le magasin a été gracieusement offert par la mairie.

Commercialisation Avant P4P, l’OP avait l’habitude de vendre à l’entreprise semencière Faso Kaba, à des commerçants et à la commune IV du district de Bamako à travers la bourse aux céréales de Ségou. Les ventes ont été faites à la commune IV sur la base d’un contrat écrit et aux autres par engagement verbal. L’OP vendait du sorgho et du mil. Cependant, la quantité maximale qu’elle pouvait vendre n’excédait jamais 60 tonnes faute de marché.Les producteurs confiaient leurs denrées à l’OP pour la vente. Après la vente les frais d’emmagasinage sont déduits. 5 FCFA étaient payés par kg comme actuellement. L’OP regroupait moins de denrées à cause du manque de confiance des producteurs. « Ce n’est pas facile d’augmenter les quantités vendues car les gens pensaient que leur argent serait détourné. Les producteurs n’étaient pas confiants, ils n’avaient pas la notion de coopérative ». En plus l’absence d’un acheteur fidèle, donc d’un marché garanti et le nombre assez réduit de membres ne favoriseraient pas les regroupements. « Avec P4P, on est nombreux avec plus de 200 membres. Il y a plus de confiance entre les membres actuellement, nous arrivons à regrouper plus de denrées ». Le 4 juillet 2010, l’union avait 10 coopératives de base, et aujourd’hui elle en compte 13. En 2010, grâce au P4P, l’OP avait au départ un contrat à terme du PAM de 150 tonnes. Comme l’union avait un excédent et que le PAM était dans le besoin, donc ce dernier a acheté 153,950 tonnes. Ce qui faisait au total 303,950 tonnes de mil et de sorgho fournies au PAM. En 2011, sur un contrat à terme de 300 tonnes, l’union a fourni 279 tonnes de mil et sorgho. Il y avait 21 tonnes manquantes qui étaient disponibles dans un village auprès des producteurs mais la coopérative de base n’avait pas assez d’espace dans son magasin pour les conditionner et les stocker. L’union avait demandé au PAM de lui donner un délai supplémentaire pour procéder au conditionnement du reliquat, mais le PAM n’a pas accepté. 10 tonnes avaient aussi été vendues par contrat à terme au PAM. Après 40 tonnes de mil ont été vendues au PAM par appel d’offre.

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En 2010, des collecteurs ont profité pour glisser leurs stocks au niveau village dans les stocks des coopératives de base, c’est pourquoi une partie des denrées avaient un taux d’impureté élevée. En 2011, en plus du PAM, 66 tonnes de mil et de sorgho provenant du warrantage ont été vendues à des commerçants mais à perte. Les prix de vente ne pouvaient couvrir les prix d’achat et les charges. En 2012, sur 300 tonnes de mil contractées avec le PAM, l’union a fourni 298,950 tonnes. 14,5 tonnes de niébé ont été fournies contre 20 tonnes contractées avec le PAM. L’union a également vendu par appel d’offre 40 tonnes de mil au PAM. Par ailleurs, l’union a vendu 24,3 tonnes de mil et sorgho, regroupées à travers le système de warrantage, à un commerçant. L’union fait partie d’une plateforme regroupant des commerçants, des transformateurs, des transporteurs et des producteurs. Cette plateforme lui permet d’obtenir des acheteurs en dehors du PAM. C’est ce qui justifie ses ventes à d’autres. Elle compte ainsi chercher des débouchés avant la fin du P4P pour pérenniser son accès au marché au-delà de celui du PAM. Par ailleurs, l’union est confrontée à des problèmes dans le cadre du regroupement. Il y a actuellement des coopératives distantes de 20 à 30 km du point central de regroupement de Cinzana. Cela augmente les coûts du regroupement liés au transport des denrées. L’objectif de l’union étant de couvrir toute la commune de Cinzana, à l’avenir l’éloignement de certains villages risque d’augmenter considérablement les coûts liés au transport des denrées des points de collecte vers le magasin central. Par rapport à la mise à la qualité, les besoins de l’union sont grands étant donné que seules 2 coopératives de base sur 13 possèdent actuellement chacune une batteuse. L’union envisage de doter chacune des coopératives d’une batteuse. Le transport des denrées des coopératives de base vers le magasin central demeure un problème crucial à cause du manque de moyens de transport adéquats. La plupart des coopératives utilisent des charrettes pour transporter leurs stocks. Puisqu’une charrette ne peut pas transporter plus d’une tonne et compte tenu de l’éloignement de certains villages, le déplacement de leurs stocks vers le magasin central reste problématique. L’union prévoit d’acheter un tracteur pour résoudre ce problème et en même temps, il sera loué pour labourer les champs des producteurs intéressés. L’union a vendu en 2009/2010 et 2010/2011au total 429 tonnes de mil, 20 tonnes de sorgho et 10 tonnes de niébé en contrat à terme, en appel d’offre modifié et en warrantage. Elle a tiré de ces ventes, une marge bénéficiaire de 2 127 350 FCFA. Le bilan de la 3ème année n’étant pas encore fait, le bénéfice tiré ne peut pas être connu pour le moment. Avant P4P, l’OP n’avait rien comme épargne. Le PRECAD a promis de construire une salle de réunion pour les 5 OP membres de l’Union des Sociétés Coopératives Affiliées à la Boutique d’Intrants (USCABI). A cet effet, l’union devrait cotiser 160 000 FCFA qui seront tirés de son épargne.

Membership

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A la création de l’union en 2010, elle comptait 10 coopératives avec 237 hommes et 49 femmes. Avec l’adhésion en 2011 de 3 nouvelles coopératives, l’union compte actuellement 287 hommes et 69 femmes. Lors de la présentation du bilan, l’union invite tous les villages fournisseurs membres et non membres. Cela permet à tout le monde de voir que l’union a une gestion transparente et qu’elle favorise l’accès au marché avec des prix rémunérateurs pour ses membres. En outre, après les ventes groupées, des membres de l’union ont eu à acheter des charrettes, des ânes, des bœufs de labour, etc. Ce sont tous ces avantages tirés de la participation à l’union qui motivent d’autres producteurs à chercher à y adhérer.

Appui aux femmes Pour favoriser une plus grande participation des femmes, l’union exige aux coopératives de base de privilégier les contributions des femmes aux stocks. De même, comme il n’y a pas assez de femmes dans le bureau, un poste de clé a été dédié à une femme à savoir celui de trésorier caissier. Il a été également décidé de respecter la parité homme-femme chaque fois que l’union devrait se faire représenter à un événement extérieur (formation, réunion, atelier, etc.). Il a aussi été demandé aux coopératives de base d’enregistrer les quantités de denrées fournies par les femmes en leur nom propre et non au nom de leur mari comme elles faisaient d’habitude.

Accès au crédit L’union ne prend pas de crédit. « Nous préférons nous baser d’abord sur notre premier objectif qui est d’assurer la sécurité alimentaire. A cet effet, nous n’envisageons pas d’acheter des denrées auprès de nos membres pour ensuite les revendre. L’union ne fournira que les excédents. Pour le moment, il n’y a pas d’achat au comptant de denrées auprès de nos membres dans nos objectifs ». Par ailleurs, à travers le warrantage, certains membres arrivent à obtenir des avances d’argent à la récolte pour faire face à des besoins pressants et leur éviter ainsi de brader leurs denrées. D’autres vendent par exemples des animaux ou une partie de leurs excédents pour résoudre des problèmes urgents en attendant de percevoir l’argent des denrées mises à la disposition de l’union pour la commercialisation. Une fois l’argent versé par l’union, ils achètent à nouveaux des animaux pour remplacer ceux déjà vendus. En perspective, l’union envisage de couvrir toute la commune de Cinzana qui compte 72 villages. Cela lui donnera la possibilité de commercialiser de plus grandes quantités de denrées et d’avoir ainsi plus d’argent et acheter un tracteur et un charriot pour le regroupement des denrées. Elle pourrait également fournir des intrants à crédit à ses membres et les récupérer en nature après les récoltes.

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2.5. Union des Coopératives de Producteurs et Transformateurs de Céréales de Koutiala

Interview réalisée le 12/7/2012 Localisation : Région de Sikasso, Cercle de Koutiala, Ville de Koutiala Nom : Union des Coopératives de Producteurs et Transformateurs de Céréales (UCPTC) Statut : Union Année de création : 2005 Nombre membres : 115 hommes et 15 femmes Nombre et sexe leaders : 08 hommes et 01 femme Compte bancaire : Banque Nationale de Développement Agricole % petits agriculteurs : 90% Denrées regroupées : mil, sorgho et niébé Partenariat : PRECAD et Sasakawa Africa Association Madame Sanogo Fanta Diamouténé, Présidente de l’Union Niveau d’affiliation : coopératives de base au niveau village Frais d’adhésion : 15 000 FCFA Volume moyen regroupé depuis P4P : tonnes Nombre employés : 0 personnes

Les cercles de Koutiala et de Sikasso sont des zones à fort potentiel de production de coton et de céréales. Les producteurs se sont vite organisés en associations villageoises (AV) pour la commercialisation du coton avec l’appui de la CMDT dans le cadre de la structuration. Par contre, pour les céréales, il n’y avait pas d’organisations structurées à même de commercialiser efficacement les denrées des producteurs. Les producteurs vendaient individuellement des céréales de façon échelonnée et à des prix bas. Pour tirer des bénéfices de la vente des céréales, ils ont créé des coopératives à partir de 2002 avec l’appui de la chambre locale d’agriculture. A l’image des AV, les coopératives ont commencé à commercialiser les céréales lors des bourses aux céréales organisées par Afrique verte à partir de 2002/2003. Pour satisfaire des demandes importantes de denrées, les coopératives ont créé en 2005 l’union des coopératives des producteurs et transformateurs de céréales (UCPTC) avec l’appui technique d’AMASSA/Afrique Verte. A sa création l’union comptait 52 coopératives réparties entre les cercles de Koutiala et de Sikasso. Les frais d’adhésion sont de 15000 FCFA, la cotisation annuelle 10000 FCFA, et la part sociale 5000 FCFA. L’objectif initial de l’union est de développer la production, la commercialisation et la transformation des

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céréales. Les principales denrées commercialisées sont le mil, le sorgho, le maïs, le niébé et les produits transformés de ces céréales. En moyenne l’union commercialise 40 tonnes de mil, 60 tonnes de sorgho, 30 tonnes de maïs, 10 tonnes de niébé et 10 tonnes de produits transformés. Elle a un compte à la BNDA, et un compte à Kafo Jiginew. Elle a adhéré au P4P en 2009 grâce à AMASSA/Afrique Verte qui est un partenaire de P4P dans la région de Sikasso. Avant P4P, AMASSA/Afrique verte appuyait l’union dans la commercialisation des excédents de céréales à travers des mises en relation avec clients pendant les bourses aux céréales et en dehors des bourses. C’est dans ce cadre qu’AMASSA a identifié l’union pour adhérer au P4P qui offre une opportunité d’écouler ses excédents de céréales à un prix plus rémunérateur.

Capacité de stockage Avant P4P, la capacité de stockage de l’union était 700 tonnes dont 200 tonnes à Nampossela, 200 tonnes à Gantiesso, 150 tonnes à Koutiala, 100 tonnes à , 50 tonnes à Mièna. Excepté le magasin de Gantiesso qui a été construit sur fond propre, les autres magasins sont loués par les coopératives de base. Le magasin central de Koutiala est loué par l’union. Avec P4P, la capacité de stockage est passée de 700 tonnes à 760 tonnes. Une coopérative multifonctionnelle à Koutiala a mis à la disposition de l’union un magasin d’une capacité de 50tonnes, et la coopérative des femmes de Farakala a construit sur fond propre, issu des activités génératrices de revenus, un magasin en banco d’une capacité de 10 tonnes en 2011. L’augmentation de la capacité de stockage a offert à l’union la possibilité d’augmenter les quantités à regrouper et à commercialiser. La leçon apprise est que les frais de location des magasins augmentent les charges liées à la commercialisation. Le problème de l’union est la difficulté d’accès à une parcelle à Koutiala pour construire son propre magasin. Les frais de location augmentent les charges de commercialisation diminuant ainsi les bénéfices réalisés par les producteurs. En perspective, l’union envisage de construire 4 magasins dont 1 à Gantiesso (200 tonnes), 1 à Mièna (200 tonnes), 1 à Koutiala (100 tonnes) et 1 à Farakala (200 tonnes). Pour la construction de ces magasins, l’union envisage de solliciter l’appui financier de P4P, SASAKAWA et ICRISAT.

Services fournis aux membres L’union a fourni plusieurs types de services aux membres.

Accès aux formations Avant P4P les membres de l’union avaient reçu des formations sur l’alphabétisation, la gestion d’entreprise, les techniques de stockage des denrées, la structuration coopérative, les techniques de transformation des céréales par AMASSA/Afrique verte. Elles ont permis d’augmenter le nombre des membres alphabétisés,

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d’améliorer les conditions de stockage des denrées, d’expliquer les rôles et les attributions des membres du bureau. Avec P4P, les membres de l’union ont reçu des formations sur la bonne gouvernance, le stockage et la commercialisation commanditées par P4P et réalisées par AMASSA et l’OPAM. Les membres de l’union ont reçu une formation sur les techniques culturales donnée par ICRISAT. Les formations reçues ont permis aux bénéficiaires de respecter le calendrier cultural, d’améliorer la gouvernance au sein de l’union, et d’offrir une gamme variée de produits transformés aux consommateurs. Elles ont permis de renforcer la cohésion au sein de l’union. Actuellement les membres de l’union n’ont pas de problèmes d’accès aux formations grâce au partenariat avec les partenaires tels que P4P, ICRISAT et AMASSA.

Accès aux semences Avant P4P, les membres de l’union utilisaient les semences locales obtenues à partir de la sélection massale des meilleurs épis dans les champs pendant la récolte. En 2012 /2013 ICRISAT a donné gratuitement des semences améliorées de mil, sorgho, maïs et niébé à l’union qui, à son tour, a approvisionné les coopératives de base. L’union vend aussi les semences améliorées à tout producteur. Les semences améliorées permettent d’augmenter la productivité et de produire beaucoup pour l’autoconsommation et vendre plus. Le problème à l’accès des semences est lié au retard accusé à leur mise à disposition aux producteurs et à la faible disponibilité. En perspective, l’union compte augmenter le nombre de producteurs semenciers.

Accès aux engrais Avant P4P, les membres de l’union n’avaient accès qu’aux engrais destinés au coton. La CMDT n’avait pas confiance dans les coopératives membres de l’union. Avec P4P, l’union a acheté à crédit 25 tonnes d’engrais auprès de la CMDT qu’elle a ensuite donnés à ses membres. Le paiement est fait en espèces au niveau de la BNDA après le virement des fonds issus de la vente des céréales par P4P. En 2012/2013, l’union a acheté auprès de la CMDT 25 tonnes d’engrais à crédit. Le remboursement sera fait en nature. A la date de l’interview les conditions de remboursement des crédits d’engrais n’étaient pas définies. Avant l’utilisation des engrais par les producteurs, les rendements à l’hectare étaient faibles, environ 1 tonne de sorgho à l’hectare contre 1,7 voire 2 tonnes par ha pour le sorgho et 1,5 à 3 tonnes/ha pour le maïs. L’union a des problèmes d’accès aux engrais au niveau de la CMDT pour les céréales. Les commandes faites par l’union ne sont pas satisfaites, car la priorité est donnée au coton. Pour relever ce défi l’union envisage de faire des commandes au niveau de Togouna en sollicitant un préfinancement par la BNDA.

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Accès aux équipements. Avant P4P, l’union n’avait pas d’équipements et n’a pas favorisé l’accès des membres aux équipements. Elle était mal organisée et n’avait pas la confiance de la CMDT. Toute fois la coopérative de base avait 1bascule achetée sur fond propre issu du revenu du coton. Avec P4P, l’union a reçu 200 palettes, 2 tamis, 1 bâche en 2009 de P4P à Koutiala et 2 bâches à Farakala. En 2011, P4P a donné 1 bascule à l’union. Ces équipements ont permis à l’union de vendre des céréales de bonne qualité et de faciliter la pesée des sacs de céréales.

Utilisation de l’argent obtenu des ventes En 2009 l’union n’a pas réalisé de bénéfice après les ventes au PAM. Le prix de vente des céréales au PAM était inférieur au prix de regroupement des céréales, du coût l’union a fait des pertes. De 2011 à 2012, l’union a retenu sur les fonds issus des ventes les frais de manutention et les frais de gardiennage et a remis les fonds aux coopératives de base pour payer les producteurs. Actuellement l’union ne gagne pas d’argent après les ventes au PAM car elle n’a pas arrêté une stratégie de retenue d’argent sur les quantités commercialisées.

Partnership Avant P4P, AMASSA/Afrique verte était le seul partenaire de l’union. A travers ce partenariat, l’union avait bénéficié de formations sur la gestion comptabilité, sur les techniques de stockage des denrées, sur la structuration. Les formations reçues ont contribué à instaurer la transparence dans la gestion au niveau des coopératives de base, d’améliorer la qualité des céréales vendues, de renforcer la cohésion au niveau des membres. En plus des formations, l’union a régulièrement participé aux bourses aux céréales organisées par AMASSA à Koutiala et à Ségou. L’union a participé à des voyages d’échanges d’expériences à Bandiagara région de Mopti, à Bobo au Burkina Faso, et en Mauritanie. Avec P4P, l’union a développé le partenariat avec la BNDA, Kafo Jiginew pour l’accès au crédit, avec AMASSA pour les formations, les appuis conseils, avec la CMDT pour l’accès aux crédits engrais, En 2012 le partenariat a été développé avec ICRISAT pour l’accès aux semences améliorées, sur les techniques culturales, la production des semences à travers les champs écoles. Les coopératives membres ont bénéficié en 2012 de crédit de commercialisation à la BNDA. Les appuis des partenaires ont contribué à augmenter la productivité agricole et les excédents commercialisés.

Nombre de membres Avant P4P, l’union comptait 52 coopératives membres pour 2093 adhérents dont 983 hommes et 1060 femmes. Actuellement, l’union compte 37 OP dont 26 coopératives de producteurs, 7 unités de

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transformation de céréales et 4 minoteries pour 1557 membres dont 924 hommes et 633 femmes. L’union a procédé à une restructuration en 2012. C’est pourquoi les coopératives mal organisées et celles qui ne participent pas aux activités de l’union ont été exclues. La diminution du nombre des membres passant de 52 OP à 37 OP et la mise en place d’un nouveau bureau, permettront à l’union d’être dynamique. L’union s’est engagée à adapter les besoins des membres aux objectifs de l’union.

Quantités regroupées et vendues Avant P4P, l’union ne regroupait de céréales pour vendre car elle n’était pas organisé e. Mais elle faisait participer les coopératives de base aux bourses de céréales organisées par AMASSA/Afrique verte. Avec P4P elle a commencé à vendre les céréales. En 2009 elle a vendu 35tonnes dont 33tonnes de sorgho et 2 tonnes de mil au PAM. En 2010/2011 elle a vendu 50 tonnes de mil au PAM. En 2011/2012 elle a vendu 33 tonnes de mil au PAM. Les producteurs livrent leurs excédents au niveau des coopératives de base contre un crédit avance sur paiement par la BNDA (50000 FCFA/tonne) grâce à la caution morale de la coopérative. Les quantités ainsi regroupées sont centralisées au niveau d’un magasin loué à Koutiala par l’union et vendues au PAM. A cause de la distance 50 km souvent 75 km de Koutiala, certaines coopératives ont refusé de livrer les quantités à l’union. Après la vente la coopérative déduit le montant avancé et l’intérêt sur l’avance et remet le reste de l’argent aux producteurs membres au prorata des quantités déposées. L’union a des problèmes de regroupement des quantités vendues. Ils sont liés aux frais secondaires de transport des coopératives de base au magasin centrale de regroupement à Koutiala, à l’absence d’une stratégie incitative dans la collecte des céréales au niveau des producteurs membres. En perspective l’union envisage de construire 3 magasins de regroupement à Mièna (200 tonnes), à Gantiesso (200 tonnes) et à Farakala (200 tonnes) par la recherche de subventions auprès de P4P, ICRISAT, et des crédits d’investissement auprès de la BNDA et Kafo Jiginew. Les magasins secondaires proches des coopératives de base permettront aux producteurs de livrer les excédents facilement. L’union envisage de vendre 300 tonnes à 500 tonnes les campagnes à venir. Pour cela elle va approvisionner les membres en intrants agricoles contre des remboursements en nature, contracter des crédits de commercialisation à la BNDA pour des achats directs.

Appuis aux femmes Avant P4P, les femmes de l’union avaient reçu des formations sur la technologie de transformation des céréales. Elles ont pu mettre sur le marché des une variété de produits transformés. Avec P4P, de 2010 à 2012 les femmes ont bénéficié de formations sur les techniques de transformation, et ont bénéficié de visites d’échanges à Dioila financée par P4P, au Burkina Faso par AMASSA. Les femmes

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ont bénéficié de petits équipements (thermos soudeuses, balances, emballages) pour la transformation de la part d’AMASSA sur les financements MISEROR (projet Allemand). L’union n’a pas d’argent pour acheter des équipements pour les femmes membres. Dans 2 ans, l’union envisage de renforcer sa structuration, d’adhérer à l’Association des Organisations paysannes Professionnelles (AOPP), et à la Coordination nationale des Organisations Paysannes (CNOP). La présidente de l’union de Koutiala est aussi présidente de l’union régionale des producteurs de pois sucré de Sikasso déjà affiliée à l’AOPP et à la CNOP. L’union compte exploiter cette opportunité pour être affiliée à l’AOPP et à la CNOP. L’adhésion de l’union au P4P a permis à l’union de faire un diagnostic institutionnel et organisationnel afin de contrer les menaces et d’exploiter les opportunités.

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2.6. Association Sabati des femmes de Zantièbougou

Interview réalisée le 14/7/2012 Localisation : Région de Sikasso, Cercle de Bougouni, Village de Zantièbougou Nom : Association Sabati des femmes de

Zantièbougou Statut : Association Année de création : 2009 Nombre membres : 0 hommes et 666 femmes Nombre et sexe leaders : 08 hommes et 01 femme Compte bancaire : Banque Nationale de Développement Agricole % petits agriculteurs : 100% Femmes de Sabati en réunion dans le village de Zantièbougou Denrées regroupées : sorgho et niébé Partenariat : CAEB Niveau d’affiliation : groupes féminins au niveau village Frais d’adhésion : 15 000 FCFA Volume moyen regroupé depuis P4P : tonnes Nombre employés : 0 personnes

Sabati (qui signifie consolidation en langue locale bambara) est une association formée de 30 groupes féminins avec 666 membres et 100% de petites productrices. Pour y adhérer, un groupe doit payer la moitié du montant en caisse de l’association. Le bureau de l’association compte 13 responsables. Les principales denrées commercialisées sont le niébé, le sorgho, le mil, le maïs et le fonio. L’association est constituée de groupements féminins qui font de l’épargne et du crédit à travers le système de tontines améliorées. Avant la mise en place de l’association, les groupements étaient individuels et ne travaillaient pas ensemble. C’est après que les femmes ont réalisé que l’union fait la force, ensemble elles peuvent réaliser beaucoup de choses. Pour créer plus de solidarité et d’entraide entre les femmes de la commune à travers un regroupement des groupes villageois d’épargne et de crédit, l’association a été créée. En plus de l’épargne et du crédit, les femmes ont décidé d’être ensemble pour entreprendre des actions afin d’améliorer les conditions de vie des membres et de la communauté entière de la commune. L’association a un compte à la BNDA de Bougouni avec une épargne de 150000 FCFA actuellement. Elle a adhéré en 2010 au P4P à cause du marché garanti avec des prix justes et la possibilité de vente groupée. L’association a été informée de l’existence du P4P à travers l’ONG CAEB. Pour le moment, l’association n’a pas de magasin,

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mais elle peut accéder à une capacité de stockage de plus de 100 tonnes en location. Elle loue actuellement un magasin. La construction d’un magasin est planifiée avec l’appui du P4P. L’association a déjà un terrain et fournira de l’eau pour la construction et P4P prendra en charge les autres dépenses. Ses principaux objectifs à la création consistent à assurer aux membres l’accès à la terre, à l’équipement, au marché, à un magasin propre à l’OP, à un moyen adéquat de transport et aux services de santé. Sa vision est de pouvoir regrouper et vendre plus de 200 tonnes dans les années à venir.

Accès à la terre Pour produire et vendre des denrées, les femmes ont besoin d’accéder à la terre. Malheureusement, au Mali, les femmes rurales sont marginalisées en termes de propriété foncière. Les terres auxquelles elles ont accès sont généralement insuffisantes, peu fertiles et éloignées des habitations. Les terres leur sont habituellement offertes par le chef de ménage pour y cultiver des légumineuses qui sont destinées à la commercialisation. Cependant, les cultures vivrières comme les céréales sont la chasse gardée des hommes, car elles sont prioritairement destinées à la consommation du ménage. En tant qu’association, les femmes sont obligées, si elles veulent produire et commercialiser des céréales, d’abord de s’atteler à la résolution du problème de base qui est l’accès à des terres cultivables. C’est pourquoi le premier objectif de l’association est d’obtenir un terrain pour construire un magasin mais aussi des terres cultivables car les terres données aux femmes étaient les plus pauvres. Puisqu’il s’avère difficile que les femmes obtiennent individuellement des terres cultivables, elles ont opté pour une solution plus facile, qui est la demande auprès des autorités politiques de terres pour servir de champs collectifs. Ainsi, la mairie a donné 13 ha de terres cultivables et a vendu 2 lots de terrain dont 1 pour abriter un magasin de stockage et 1 pour un espace de travail. Les 2 lots ont coûté 225 000 FCFA et financés par une partie des bénéfices tirés des ventes des denrées et les cotisations des groupes membres de l’association.

Accès au marché Avant P4P, l’association ne vendait pas de denrées au nom des membres car leur production de céréales et de niébé était très faible. En plus, l’absence d’un marché garanti et les prix auxquels les commerçants achetaient les céréales et le niébé, juste après la récolte, n’étaient pas incitatifs. Par ailleurs, les femmes n’avaient pas des terres pour cultiver les denrées achetées par le PAM. Avec l’adhésion au P4P, l’association a élaboré une stratégie d’acquisition de terres pour la production de denrées PAM. Les membres vont produire des denrées qui seront regroupées et vendues par l’association. Avec le marché garanti et des prix incitatifs, les membres ont été motivés pour mettre leurs denrées à la disposition de l’association. Ainsi, en 2010/2011, l’association a vendu 32,6 tonnes de mil au PAM et de 500 kg de sorgho, 500 kg de maïs et 55 kg de fonio à des commerçants. En 2011/2012, elle a vendu 11,8

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tonnes de sorgho et 5 tonnes de niébé au PAM. Les quantités vendues ont baissé à cause de la mauvaise récolte suite au déficit pluviométrique. Les quantités planifiées pour la vente sont réparties entre les membres. Chaque femme cultive une parcelle pour produire la quantité planifiée, à défaut son mari lui donne la quantité à contribuer. Il y a aussi des champs collectifs conduits par des groupes de femmes et dont la production est commercialisée via l’association. L’association a planifié de vendre 40 tonnes de sorgho et 10 tonnes de niébé au PAM en 2012/2013. Les membres ont décidé de vendre du sorgho et non du petit mil parce que le sorgho est plus cultivé et plus précoce. Les variétés de mil disponibles dans la zone sont tardives et produisent peu en cas d’arrêt précoce des pluies. En plus, le sorgho résiste mieux à la sécheresse que le petit mil. Les quantités regroupées sont faibles parce qu’elles n’ont pas suffisamment accès aux équipements agricoles et les pluies sont insuffisantes. Sur les 11,8 tonnes de sorgho vendues seulement 1,450 tonnes étaient fournies par les ménages, le reste a été fourni à partir des récoltes des femmes. Les chefs de ménage refusent de donner leurs denrées à vendre aux femmes par manque de confiance ou par orgueil. Comme recette obtenue à partir des denrées commercialisées, en 2010/2011, l’association a tiré un bénéfice de 235000 FCFA de la vente au PAM. Les ventes aux commerçants ont permis à l’association de faire en 2011/2012 un bénéfice de 27700 FCFA. Une partie de du bénéfice obtenu a été utilisée pour payer les frais de location du magasin de stockage et le restant a servi à l’achat de de 2 lots de terrain à 225000 FCFA.

Accès aux équipements Même si les femmes ont accès à la terre, le manque d’équipement agricole ne leur facilite pas son exploitation judicieuse. Les hommes ne donnent les charrues que tardivement quand la saison est beaucoup avancée. Les femmes ne labourent que tardivement leurs champs et les semis tardifs réduisent significativement le rendement et la production. C’est pourquoi les femmes n’arrivent pas à regrouper assez de denrées pour la vente. Avec les économies qui seront faites sur les ventes combinées aux différentes cotisations des membres, l’association entrevoit de payer dans un premier temps un motoculteur. Le motoculteur permet de labourer les champs des femmes pour qu’elles puissent semer tôt. Il sera également utiliser pour transporter les denrées à vendre ainsi que pour le transport des personnes. Il peut être utilisé pour faire marcher une batteuse. Les femmes achètent les engrais au détail auprès des vendeurs en utilisant les revenus tirés de la vente du beurre de karité ou leur épargne auprès des caisses féminines. Cette année un agrodealer a proposé de leur donner des engrais à crédit, mais elles ont refusé par peur du crédit. Cependant, l’association compte désormais établir un partenariat avec l’agrodealer pour faciliter l’accès aux intrants des membres.

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L’association n’a jamais appuyé les membres dans l’accès aux semences améliorées. Cette année, de la semence améliorée de niébé sera achetée pour le champ collectif.

Par ailleurs, les pistes rurales étant difficilement praticables, les charretiers refusent de transporter les denrées des femmes des villages vers le magasin central à cause du mauvais état des routes. Et quand ils acceptent, c’est à des prix élevés. Par exemple pour le village de Monzondougou Koloni, situé seulement à 14 km de Zantièbougou, il faut payer 1000 FCFA comme frais de transport de 100 kg. Pour pallier cette difficulté, l’association projette d’acheter un motoculteur. Le motoculteur, une fois acquis, sera loué à demi- tarif aux membres. Un charriot sera acheté et tracté par le motoculteur pour transporter les denrées des femmes.

Accès à un magasin appartenant à l’OP Puisque l’association ne dispose pas de magasin en son nom, elle envisage d’en construire un. A cet effet, un terrain est déjà disponible. Pour réunir le fond nécessaire, 5 FCFA sont retenus sur chaque kg vendu à travers l’OP par les membres pour financer en partie le magasin. Pour compléter le fond, l’association sollicitera l’appui de partenaires comme le PAM.

Accès aux services de santé pour les femmes Les villages sont enclavés à cause du mauvais état des routes et il n’y a pas de moyens de transport adéquat pour le transport des malades et des femmes enceintes vers le centre de santé de Zantièbougou. L’accès à un moyen de transport adéquat permettra aux femmes de rejoindre très facilement le centre de santé en cas de besoin. L’association compte d’abord utiliser le motoculteur en attendant d’acheter un tricycle pour le transport des femmes.

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2.7. Association villageoise Kamonu Domnokéné de Tagari

Interview réalisée le 24/7/2012 Localisation : Région de Mopti, Cercle de Koro, Commune de Dougouténé 2, Village de Tagari Dogon Nom : Association villageoise Kamonu Domnokéné Statut : Association Année de création : 1999 Nombre membres : 259 hommes et 150 femmes Nombre et sexe leaders : 08 hommes et 01 femme Compte bancaire : Banque Malienne de Solidarité % petits agriculteurs : 100% Denrées regroupées : mil et niébé Capacité de stockage : 120 tonnes Partenariat : AMASSA Niveau d’affiliation : groupements au niveau village Frais d’adhésion : 50 000 FCFA Volume moyen regroupé depuis P4P : 100 tonnes Nombre employés : 0 personnes

Historique de création L’OP Kamonu Domnakéné est une association d’organisations de producteurs de 9 villages membres répartis entre les communes de Dougoutènè1, Dougoutènè 2 et de Koro. Elle compte 409 adhérents dont 150 femmes et 259 hommes. Elle est affiliée à la fédération des producteurs agricoles du cercle de Koro, les Guiréwaayés et à l’AOPP régionale. Elle est membre fondateur de l’association malienne pour la sécurité et la souveraineté alimentaires (AMASSA). Le siège de l’association est à Tagari, commune rurale de Dougoutènè 1. L’association a été créée en 1999, grâce à l’appui d’un projet du FENU «Projet d’appui à la gestion du terroir villageois », compte tenu du potentiel de production et de commercialisation des céréales de la zone. A la création, l’association comptait 120 adhérents dont 40 femmes et 80 hommes. Les frais d’adhésion des groupements de producteurs membres étaient de 50000 FCFA pour les groupements de producteurs des 8 autres villages membres et 100000 FCFA pour le village de Tagari. Les objectifs à la création de l’association étaient de produire beaucoup et vendre les excédents et constituer un stock de proximité pour assurer la sécurité alimentaire des populations des villages membres. A la création, le FENU a accordé une subvention de 2 000 000 FCFA remboursable sans intérêt sur 5 ans, et a construit en 1999 un magasin d’une capacité d’environ 120 tonnes de mil. Avant P4P, l’OP regroupait

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et vendait le mil, le sorgho, le niébé, l’arachide et le sésame. Avec P4P, elle regroupe et commercialise le mil, le niébé et le sésame. En moyenne par campagne, elle regroupe et vend 100 tonnes de mil et 5 à 6 tonnes de niébé. Elle a un compte bancaire au niveau de la BMS à Koro. Avant P4P, elle n’avait pas de compte bancaire. Mais elle faisait des dépôts à vue à la caisse d’épargne et de crédit du village de Tagari. Elle a adhéré au P4P en 2009 grâce à AMASSA/Afrique Verte. En effet, c’est le chef de zone AMASSA de Mopti qui a informé l’OP du démarrage des activités de P4P dans le cercle de Koro. Il a aussi expliqué les objectifs du projet P4P et les avantages que l’OP peut en tirer.

Services fournis aux membres par l’OP L’OP fournit beaucoup de services aux membres entre autres, l’accès au marché, l’accès aux intrants, aux équipements et les formations.

Formations

Avant P4P, les membres des comités de gestion ont reçu des formations sur différents thèmes. Le FENU dans le cadre du projet PAGTV a formé les membres du comité de gestion et les femmes membres en alphabétisation. Ils ont appris à lire et à écrire en langue locale « Dogosso ». Grâce à cette formation ils tiennent les documents de gestion. L’ONG AEDM a formé 2 membres du comité de gestion en IEC qui ont formé à leur tour des relais villageois dans le domaine de la santé humaine (ISTM, VIH/SIDA, Hygiène) et dans le domaine de la décentralisation. Les formations reçues ont permis d’informer les populations à une large échelle sur les dangers des maladies dans la dynamique du changement de comportement. AMASSA/Afrique verte a donné des formations sur les techniques de commercialisation, les techniques de stockage et conservation des céréales, sur la gestion comptabilité, la formation des formateurs paysans, sur la structuration. Toutes les formations dispensées ont contribué à renforcer les capacités des membres des comités de gestion et à instaurer une transparence dans la gestion des opérations céréalières.

Avec le P4P, AMASSA/Afrique verte a réalisé des formations sur la gestion comptabilité, les principes coopératifs, les techniques de stockage et conservation des céréales, sur les techniques culturales et sur les techniques poste récolte et de conservation des semences. Le PAM/P4P a financé des formations sur l’amélioration de la qualité des céréales, les techniques de stockage, l’utilisation des sacs PICS, sur la gouvernance administrative et financière. Il y a eu des changements avec le P4P surtout la formation des producteurs de semences, l’utilisation des sacs PICS qui permet de mieux conserver à moyen et long terme le niébé et la formation sur la gouvernance. Les formations ont permis d’améliorer les relations fonctionnelles entre les organes d’administration et de gestion et d’instaurer une transparence dans la

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gestion financière. De plus en plus la cohésion est renforcée au sein de l’OP. Pour le moment l’OP n’est pas confrontée à un problème de formation grâce aux partenaires (AMASSA/Afrique Verte, PAM/P4P). En termes de leçons apprises, les différentes formations réalisées par les partenaires ont permis à l’OP d’être plus performante. Sans formation il n’y a pas de progrès. Par exemple la formation à l’utilisation des sacs pics permet désormais aux producteurs de conserver le niébé et de différer la vente du niébé à un prix plus rémunérateur. En perspective, l’OP souhaite solliciter auprès d’AMASSA/Afrique Verte ou du PAM/P4P une formation en alphabétisation à l’intention de ses membres.

Accès aux semences améliorées Avant P4P, l’OP ne donnait pas de semences améliorées de mil à ses membres. Avec P4P, l’OP n’a pas approvisionné les membres en semences améliorées faute de demande exprimée. Les producteurs membres n’ont pas confiance dans les semences améliorées. Pendant la campagne agricole 2012/2013, AMASSA Afrique Verte a donné des semences certifiées TORONIOU R1 à 4producteurs membres pour produire des semences certifiées TORONIOU R2 afin de vulgariser leur utilisation. En fonction des résultats obtenus en termes de rendement, peut être les producteurs utiliseront les semences améliorées. En perspectives, l’OP compte approvisionner les producteurs en semences certifiées de mil et de niébé produites par les producteurs de semences membres de l’OP grâce à l’appui d’AMASSA/Afrique Verte.

Accès aux engrais Avant P4P, l’OP ne fournissait pas d’engrais aux membres car il n’y avait pas de disponibilité pour le mil. Avec P4P, et précisément en 2011/2012, l’OP a accédé à 2,5 tonnes d’engrais qu’elle a utilisé pour approvisionner ses membres. Elle vend en cash ou à crédit aux producteurs. Le crédit est remboursable en espèces ou en nature. En 2012/2013, l’OP a fourni4 tonnes d’engrais à ses membres. L’OP a des problèmes pour satisfaire la demande de plus en plus croissante en engrais. Elle n’a pas accès à l’engrais subventionné et elle doit acheter en cash auprès des fournisseurs agréés. Son fonds de roulement est également insuffisant. Elle envisage de collaborer avec IICEM pour pouvoir bénéficier de la ligne de crédit pour intrant au niveau de la BNDA.

Accès aux équipements et aux infrastructures de stockage En 2007, l’OP grâce à un appui des Guiréyaawé a donné à crédit (1 charrue, 2 bœufs, 2 ânes et 1 charrette) aux femmes membres pour la production du sésame. Elles ont payé le 1/3 de la valeur des équipements après la vente du sésame et le reste de la valeur des équipements est considéré comme une

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subvention. Avec P4P, l’OP n’a pas fourni d’équipements à ses membres, car elle n’a pas les moyens pour le faire. Avant P4P, l’OP a bénéficié d’1 magasin d’une capacité de 120 tonnes et d’1 bascule offerts par le FENU en 1999. Avec P4P, l’OP a reçu 1 bascule, 30 palettes, 2 bâches, 4 tamis donnés par le PAM/P4P. Toutefois, l’OP a des problèmes en termes d’équipements. Les palettes sont insuffisantes, et les bâches sont en mauvais état. En perspective, l’OP compte réparer les tamis sur fonds propre. Elle souhaite acheter 1 tracteur, 1 motoculteur, et 40 palettes. Elle va solliciter l’appui du PAM. Avec le tracteur et le motoculteur l’OP fera des prestations de service, assurera le regroupement des céréales au magasin central à Koro. Avec P4P, il n’y a pas eu de changement concernant la capacité de stockage. L’OP a besoin d’un second magasin d’une capacité de 200 tonnes. Elle envisage de construire 1 magasin de 200 tonnes à Koro, car l’accès au magasin à Tagari n’est pas facile en toute saison. Avec la route du poisson qui sera bientôt goudronnée, et passant par Koro, l’OP aura des opportunités pour diversifier les débouchés d’écoulement des céréales en toute saison. Pour y parvenir, l’OP envisage d’acheter un lot à Koro, et démarcher les partenaires comme IICEM, et le PAM. L’OP contribuera à hauteur de 15% du montant de l’enveloppe du coût de réalisation du magasin. Actuellement, l’OP a économisé 350 000 FCFA à la banque.

Quantités regroupées et vendues Avant P4P, l’OP grâce à l’appui d’AMASSA/Afrique Verte faisait 2 rotations techniques de stocks. Elle achetait le mil après la récolte et vendait le stock aux OP déficitaires lors des bourses aux céréales organisées par AMASSA/Afrique Verte. Ensuite elle reconstituait le stock et le vendait aux commerçants maliens ou Burkinabè et aux producteurs déficitaires des villages membres pendant la période de soudure. En 2008, elle a vendu40 tonnes aux commerçants. AvecP4P, l’OP a vendu en 2009/2010, 37,2 tonnes de mil au PAM et 1,5 tonne aux producteurs déficitaires. En 2010/20, 11,90 tonnes de mil au PAM, 17 tonnes de mil à 1 commerçant de Toroli et800 kg de mil aux producteurs déficitaires. Enfin, en 2011/2012, 60 tonnes de mil et 8,2 tonnes de niébé au PAM et pas de vente aux producteurs et aux commerçants. L’éventail de débouchés a été réduit car le PAM/P4P a été le seul client potentiel pendant les 3 campagnes de commercialisation passées. En effet, les quantités vendues ont augmenté car le PAM offre un marché sûr et un prix plus incitatif. Avec P4P, l’OP n’a pas réalisé de vente de mil lors des bourses organisées par AMASSA/Afrique Verte. Par ailleurs, l’insuffisance de fonds propre pour les achats au comptant auprès des producteurs et le manque de moyen de transport (camion par exemple) pour faciliter la centralisation des quantités regroupées au niveau des différents villages constituent deux contraintes majeures qui limitent les capacités de l’OP en termes de regroupement et de volume de ventes. Pour relever ces défis, l’OP compte solliciter un prêt au niveau de la BMS tout en joignant au dossier de demande de prêt une copie du contrat dûment

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signé par le PAM. Concernant le transport des céréales, l’OP compte sensibiliser les villages membres à mobiliser les charrettes pour faciliter le regroupement des quantités achetées au magasin central. En perspective, l’OP envisage de vendre cette année 120 tonnes de mil dont 80 tonnes au PAM et 40 tonnes à d’autres clients en cas de bonne production. Pour le niébé, elle compte vendre 10 tonnes au PAM et 5 tonnes à d’autres acheteurs.

Renforcement de la capacité financière Avant P4P, l’OP retenait 200 FCFA par sac de 100 kg sur les ventes réalisées pour faire face aux petites dépenses courantes de l’OP comme les frais de déplacement des délégués, les frais d’entretien du magasin. Avec P4P, l’OP retient 500 FCFA par sac de 100 kg. Le montant retenu par sac de 100 kg a augmenté car le PAM offre un prix plus intéressant et le marché est sûr. Pendant les trois années l’OP a mobilisé sur les ventes au PAM un montant total de 936 000 FCFA. L’argent a été utilisé pour payer la main d’œuvre pour le nettoyage des céréales, les frais de manutention lors de l’enlèvement des quantités achetées, les frais de réparation des tamis, les charges des différentes réunions du bureau. Grâce aux recettes engrangées par l’OP, elle est parvenue à contribuer 500000 FCFA pour appuyer la construction d’une école au village pendant l’année scolaire 2011/2012. La construction de l’école a permis de limiter la déperdition scolaire.

Partnership Avant P4P, l’OP a développé le partenariat avec les services techniques de l’état pour l’appui à la production agricole. En plus des services techniques de l’état, elle avait un partenariat avec World vision et avec AMASSA/Afrique Verte. World vision a fait un appui de 6 tonnes de mil à l’OP et a formé les membres du comité de gestion sur la gestion de l’environnement et la gestion des stocks de céréales. En plus des formations réalisées par AMASSA/Afrique Verte, l’OP a reçu 10 tonnes de mil pour renforcer le stock de proximité du village pendant la période de soudure. Avec P4P, l’OP a bénéficié des appuis d’autres partenaires tels que le PAM/P4P, IRD, AMASSA/Afrique Verte et la BMS. Le PAM/P4P a donné des équipements à l’OP (bascule, palettes, bâches et tamis). IRD a approvisionné l’OP en semences améliorées de qualité (50 kg), AMASSA/Afrique verte fait des formations, des appuis conseils, la BMS assure la sécurisation de l’argent. Tous les différents appuis des partenaires ont contribué à améliorer les activités au sein de l’OP.

Participation des femmes

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Avant P4P, les femmes membres de l’OP lui vendaient de petites quantités. Elles vendaient plus de céréales aux acheteurs ambulants à des prix relativement bas pour satisfaire les dépenses courantes. Avec P4P, les quantités de céréales fournies par les femmes à l’OP ont presque doublé. Elles livrent le mil à l’OP et attendent le payement du PAM, car d’une part le prix offert par le PAM/P4P est plus rémunérateur par rapport à celui proposé par les acheteurs ambulants, et d’autre part elles ont augmenté les superficies cultivées en mil au détriment de celles cultivées en arachide. Par contre, elles vendent le voandzou, le sésame et le niébé pour satisfaire les dépenses courantes en remplacement du mil qui est désormais intégralement vendu à travers l’OP. Avant P4P, les femmes participaient moins aux activités de commercialisation de l’OP. Avec PAM/P4P il y a eu un engouement des femmes pour les activités de commercialisation grâce au prix rémunérateur proposé par le PAM/P4P. L’argent provenant de la vente du mil permet aux femmes d’acheter les petits ruminants pour l’embouche. Les femmes se sont orientées de plus en plus vers la production du mil au détriment de celle de l’arachide. Il y a plus de femmes membres maintenant qu’au paravent grâce à l’amélioration du revenu tiré de la vente du mil.

En perspective de nouvelles adhésions sont attendues. En effet, 4 OP de 4 villages (Guilèssagou, Ombo, Droukou et Toroli) ont sollicité leur adhésion à Kamonu Domnokéné. Elles ont été motivées par les avantages tirés par Kamonu Domnokéné dans la collaboration avec PAM/P4P.

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2.8. Coopérative Bodjina Bara des femmes de Logo

Interview réalisée le 25/7/2012 Localisation : Région de Mopti, Cercle de Bankass, Commune de Dimbal, Village de Logo Nom : Bodjina Bara Statut : Coopérative Année de création : 2009 Nombre membres : 199 femmes et 1 homme Nombre et sexe leaders : 11 femmes

Compte bancaire : Banque Nationale de Développement Membres de la coopérative de Logo dans le nouveau magasin construit avec le soutien du P4P Agricole % petits agriculteurs : 100% Denrées regroupées : mil, niébé, arachide, sésame, fonio et voandzou Capacité de stockage : 200 tonnes Partenariat : CRS, IICEM/USAID Niveau d’affiliation : groupes de femmes au niveau village Frais d’adhésion : 1000 FCFA Volume moyen regroupé depuis P4P : 45 tonnes Nombre employés : 0 L’OP Bodjna Bara est une coopérative primaire créée en 2009 par 11 groupements de femmes productrices dont 7 groupements à Logo et 4 groupements à Konsagou. Son siège est à Logo commune rurale de Dimbal cercle de Bankass région de Mopti. Elle a vu le jour dans le cadre du projet P4P. En effet, avant P4P, il y avait dans la commune plusieurs groupes féminins d’épargne et de crédit mis en place et encadrés par CRS. Cependant, il n’y avait pas de relation de travail entre les groupes. Compte tenu du potentiel de production et de commercialisation de mil de la zone, CRS a jugé opportun de regrouper toutes les femmes membres des groupes d’épargne au sein d’une seule organisation. Ensuite, CRS a mis en relation la coopérative avec P4P afin de lui vendre des denrées en cas de besoin. Les objectifs à la création de la coopérative étaient de produire pour vendre au marché, augmenter le revenu des membres, contribuer au développement et à la promotion de la localité. La coopérative compte actuellement 200 adhérents dont 1 seul homme. Tous les membres sont des petits producteurs. Elle n’est pas affiliée à une faîtière ou à une fédération. Les frais d’adhésion étaient de 250 FCFA par membre et la cotisation était de 100 FCFA par mois. Actuellement les frais d’adhésion sont fixés à 1000 FCFA et la cotisation mensuelle à 200 FCFA. Ces changements ont été faits pour augmenter le capital social. La coopérative n’a pas d’employés permanents,

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mais pendant les activités de commercialisation, elle engage un gardien et des manœuvres pour la manutention. La coopérative regroupe et vend le mil, le niébé, l’arachide, le sésame, le fonio et le voandzou. En moyenne, la coopérative regroupe et vend par an 45 tonnes de mil et 1 tonne de niébé. Elle a un compte bancaire à la BNDA à Bandiagara.

Grâce à la participation au P4P, la coopérative a amélioré les services fournis à ses membres en termes d’accès aux engrais, aux semences améliorées, au marché et aux formations. En conséquence, les quantités regroupées et vendues par la coopérative ont augmenté au cours du temps.

Services fournis aux membres par l’OP L’OP a fourni beaucoup de services aux membres entre autres, l’accès au marché, aux intrants, aux équipements et aux formations.

Accès aux formations Les membres de l’OP ont bénéficié d’une formation sur les techniques de stockage et la qualité des céréales réalisée par CRS. La formation a permis aux membres de l’OP de vendre du mil de bonne qualité au PAM. Les membres de l’OP ont reçu une formation sur la gestion comptabilité réalisée par CRS ce qui a permis à l’OP de tenir des documents de gestion et d’instaurer une transparence dans la gestion financière. Ils ont été formés à l’utilisation des sacs PICS pour la conservation du niébé. Grâce à cette formation, l’OP a vendu du niébé de bonne qualité au PAM/P4P. La formation sur les techniques de stockage et conservation des céréales donnée par CRS a permis aux membres de l’OP de respecter les règles d’hygiène de stockage des denrées alimentaires. En perspective, l’OP souhaite solliciter auprès d’AMASSA/Afrique Verte ou du PAM/P4P une formation en alphabétisation au bénéfice de ses membres.

Accès aux semences améliorées Avant P4P, les femmes membres des 11 groupements, avant la création de la coopérative Bodjina Bara, n’utilisaient pas de semences améliorées de mil. Les productrices n’avaient pas d’information sur la disponibilité des semences améliorées. Avec P4P, en 2011/2012l’OP a reçu, le cadre de la collaboration IICEM, 200 kg de semences améliorées de mil variété Toroniou qui ont été distribués aux membres. L’utilisation des semences améliorées a contribué à augmenter le rendement à l’hectare. Par exemple, la production du champ collectif de la coopérative, d’une superficie d’1ha, a atteint 1500 kg dans une zone où le rendement moyen est de 700 kg. Cependant, la faible disponibilité des semences améliorées est le problème auquel l’OP est confrontée. En perspective, avec l’appui d’IICEM, l’OP envisage de former des

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productrices de semences améliorées pour augmenter durablement l’offre afin de mieux satisfaire la demande croissante.

Accès aux engrais Avant P4P, les productrices utilisaient uniquement de la fumure organique à cause de l’indisponibilité des engrais chimiques. Avec P4P, et précisément en 2011/2012, la coopérative a approvisionné les membres en engrais. En effet, grâce à l’appui du projet IICEM de l’USAID, la coopérative a obtenu 184 sacs de 50 kg d’engrais à travers une ligne de crédit intrants ouverte à la BNDA. Cette ligne de crédit offre l’opportunité aux OP d’accéder au crédit pour acheter des intrants et rembourser en nature après les récoltes. Grâce à la collaboration avec IICEM, la coopérative n’a plus de problème d’accès aux engrais. Elle envisage d’ailleurs d’acheter 400 sacs de 50 kg pour couvrir les besoins en engrais de ses membres pour la campagne 2012/2013.

Accès aux équipements Avant P4P, la coopérative ne faisait pas de ventes groupées des denrées et par conséquent elle n’avait pas besoin de magasin pour le stockage. Pendant les 2 premières années du projet (2009/2010 et 2010 /2011), l’OP louait 3 magasins d’une capacité totale de 35 tonnes qu’elle payait 15000 FCFA par mois. Pour pallier ce problème, en 2011/2012, l’OP a bénéficié d’1 magasin d’une capacité de 100 tonnes financé par le PAM/P4P avec la participation physique de l’OP pour la main d’œuvre. En 2012, le projet IICEM de l’USAID a aussi construit 1 magasin d’une capacité d’environ 100 tonnes pour l’OP. Ces changements ont permis à l’OP de récupérer les frais de location et d’augmenter sa capacité de stockage.

La première année du P4P, comme la coopérative n’avait pas de bascule, elle en avait loué. En 2010/2011, l’OP a reçu une bascule du PAM/P4P. Cela a permis à l’OP d’économiser les frais de location de la bascule et de faciliter la pesée des denrées. La bascule donnée par le PAM/P4P est d’une capacité plus grande que celle que l’OP louait. En plus, le PAM/P4P a donné 2 tamis, 2 bâches et 15 palettes à l’OP. Ces équipements ont permis à l’OP d’améliorer la qualité des céréales vendues. L’OP n’a pas de charrue et de bœufs de labour, elle n’a pas de charrette, ni de batteuse. Pour labourer le champ collectif, elle loue un attelage (charrue et bœufs de labour) En conséquence, elle envisage d’acheter une charrue et une paire de bœufs pour assurer le labour du champ collectif et éviter la location. Elle compte disposer de charrette et de batteuse pour faciliter le regroupement des céréales, alléger les tâches des femmes et faire des prestations pour avoir des entrées d’argent. Pour obtenir ces équipements, l’OP envisage de solliciter l’appui des partenaires tels qu’IICEM, PAM et autres.

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Accès au marché (quantités regroupées et vendues) Avant P4P, il n’y avait pas de ventes de céréales. Avec P4P, l’OP a regroupé et vendu 45 tonnes de mil dont 28,7 tonnes au PAM et 16,3 tonnes aux commerçants en 2009-2010. 53 tonnes de mil dont 30 tonnes au PAM en 2010-2011 et 55 tonnes de mil dont 50 tonnes au PAM et 1,8 tonne de niébé au PAM en 2011- 2012. Les quantités regroupées proviennent à 60 % de la production du champ collectif (60%), à 10% des achats en cash auprès des producteurs, et à 30% des dépôts volontaires des membres. L’OP est confrontée à deux problèmes dans le regroupement et la vente des céréales à savoir la faible production du champ collectif à cause de l’accès difficile aux équipements de production et l’insuffisance de fonds propre pour les achats au comptant auprès des producteurs. Par ailleurs, il y a une absence de consensus au sein de l’OP pour contracter un crédit de commercialisation. Pour augmenter les quantités à regrouper et à vendre, l’OP envisage d’acheter des équipements pour les travaux du champ collectif et sensibiliser les membres à augmenter les quantités déposées volontairement. Actuellement, il y a une diversification des débouchés suite au partenariat avec IICEM. En effet, les remboursements en nature du crédit engrais sont vendus à IICEM. Donc il y a le PAM/P4P, IICEM et autres clients. En perspective, en 2012/2013, l’OP compte regrouper et vendre 75 tonnes de mil dont 60 tonnes au PAM et 15 tonnes à d’autres clients et 5 tonnes de niébé au PAM.

Utilisation des recettes issues des ventes Avec P4P, l’OP a adopté une stratégie de mobilisation des ressources autre que les frais d’adhésion et les cotisations. Elle consiste à faire des retenues sur les ventes réalisées à travers l’OP. Pendant les trois années l’OP a mobilisé un montant global de 952 500 FCFA. L’argent a été utilisé pour payer les frais de location des magasins, de la bascule, de manutention, de gardiennage du magasin, de labour du champ collectif et de repas des différentes réunions. Le reste de l’argent est déposé à la BNDA en attendant le démarrage des achats pour 2012/2013.

Partnership Les partenaires de l’OP sont CRS, PAM/P4P, IICEM, le secteur de l’agriculture et la BNDA. Les appuis de CRS sont les formations, les appuis conseils. Le PAM/P4P a doté l’OP en équipements, il a financé des formations et un magasin et fait des achats de mil et niébé auprès de l’OP. La BNDA assure la sécurisation des fonds de l’OP. Tous les différents appuis des partenaires ont contribué à la promotion des activités de l’OP et à l’augmentation du revenu des membres.

Nombre de membres

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En 2009, l’OP comptait 275 membres à la création. Actuellement, elle compte 200 membres. Le départ de certains de l’OP est lié au retard accusé dans le paiement par le PAM. Actuellement, il n’y a plus de problème d’adhésion au niveau de l’OP. La porte reste toujours ouverte à des adhésions. En perspective 15 nouveaux membres ont manifesté leur désir d’adhérer à l’OP.

Leçons apprises pour les OP  La combinaison de plusieurs stratégies de collecte (mises à disposition, achats directs, remboursements crédit intrants) auprès des membres permet de regrouper plus de denrées. Toutefois, la mise à disposition reste la meilleure stratégie à cause car engendre moins de coûts. Les autres stratégies exigent la disponibilité d’argent souvent conditionnée à l’obtention d’un prêt. Par ailleurs, la mise à disposition ne peut bien marcher que si les besoins urgents d’argent des producteurs sont satisfaits intégralement ou partiellement en attendant qu’ils entrent en possession de leur dû. A cet effet, il est important de promouvoir d’autres sources de revenu comme la production et la vente de cultures de rente récoltées et vendues avant les céréales (le niébé par exemple).  Le contrat à terme facilite l’accès au crédit, mais à condition d’avoir un bon dossier de demande de prêt et une crédibilité auprès des institutions financières.

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3. Etudes de cas commerçants 3.1. Seydou Traoré Interview réalisée le 10/7/2012 25 ans d’activité, 46 ans, propriétaire de l’entreprise, à la fois commerçant et producteur, Seydou est membre de la coopérative de base de Cinzana village et président de la chambre communale d’agriculture. Il commercialise le mil (70%), le sorgho (20%), le niébé (4%), l’arachide (2%), le maïs (2%), le sésame (2%). Il achète auprès des producteurs (80%) et des petits collecteurs (20%). Il connaît le PAM depuis plus de 20 ans. Le PAM avait acheté des céréales dans son village quand le FIDA travaillait chez eux. Le kg de mil avait été acheté à 150 F par le PAM pendant qu’il valait 75 F sur le marché. Il sait également que le PAM achète pour distribuer aux nécessiteux au nord du pays et dans les écoles. Il a affirmé que P4P a donné des palettes, une bascule et des bâches à leur union. Il achète chaque année par contrat. Après avoir effectué l’inspection des denrées, il procède à leur enlèvement. En tant que commerçant originaire de la commune de Cinzana, il achète à l’intérieur de sa commune à la fois dans des villages P4P et non P4P. Il achète également dans 3 communes voisines.

Désavantages et avantages liés aux achats du PAM Les quantités qu’il achetait dans les villages membres de l’union ont baissé à cause des prix plus élevés pratiqués par les coopératives de base. C’est pourquoi, il cherche de l’argent pour acheter tôt avant le PAM afin de réduire l’impact. Même les producteurs des villages non membres profitent de ceux qui sont membres de l’union pour écouler leurs denrées par leur canal à cause des conditions incitatives du PAM (achats groupés et prix rémunérateur à cause du bonus qualité). Beaucoup de villages environnants sont concernés et sont en train de mettre en place des coopératives de base en vue d’adhérer à l’union et profiter des avantages des ventes au PAM. Il a donc constaté une baisse du revenu qu’il tire du commerce des céréales, étant donné que les producteurs vendent directement au PAM sans passer par les commerçants. Ce sont seulement les ventes d’urgence qui passent par eux. Il affirme que quel que soit l’amélioration des conditions de vie liée au PAM, il y aura toujours des producteurs qui seront dans un besoin pressant d’argent et qui seront obligés de leur vendre une partie de leurs denrées. Comme l’union ne donne pas des intrants à crédit à ses membres, ceux qui n’ont pas les moyens de s’en procurer sont obligés de passer par les commerçants pour s’en approvisionner et rembourser en nature à la récolte.

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Il y a également une baisse de la quantité commercialisée de niébé à cause des ventes des producteurs au PAM. Cette année le kg de semence de niébé est vendue à 1000 F à cause de la forte demande. A cause des prix offerts par le PAM, les producteurs ont vendu tous leurs stocks jusqu’à vendre leurs semences. La production de niébé a été affaiblie dans la zone à cause de la mévente. Les quantités commercialisées sont peu importantes parce qu’étant plus précoce que les céréales, il est récolté plus tôt et consommé par les producteurs en attendant que les céréales arrivent à maturité. Par ailleurs, l’ICRISAT avait donné en 1983 des semences de niébé précoce et productif aux producteurs. Ils en ont suffisamment produit mais malheureusement ils n’ont pas pu écouler le niébé sur le marché. En outre, le niébé exige beaucoup plus d’entretien pour obtenir des gousses, c’est pourquoi la plupart des producteurs le cultivent pour les fanes. La divagation des animaux constitue également un obstacle à la promotion de la culture du niébé dans la zone. La production du niébé est plus importante en culture pure, mais comme il faut le garder le champ contre les attaques du bétail, les gens préfèrent l’associer aux céréales. Ce sont tous ces facteurs qui ont découragé les producteurs et les ont amenés à abandonner sa production dans un but commercial.

S’il est vrai que les quantités de mil et de sorgho commercialisées ont baissé, par contre il y a une augmentation des quantités de sésame et d’arachide commercialisées car le mil ne peut pas couvrir tous les besoins. Beaucoup de besoins sont couverts par d’autres cultures (sésame et arachide) à cause de leurs prix plus élevés. Par exemple le kg de sésame coûte entre 400 et 500 F à la récolte contre 100 F pour le mil.

A cause des achats du PAM, il y a également une hausse des prix des denrées liée à leur rareté sur le marché provoquée par la réduction des stocks commercialisables.

En tant que producteur membre de l’union, il a pu vendre cette année 2 tonnes de mil et de sorgho provenant de sa propre production au PAM. Il souhaiterait une extension du projet P4P car cela permettra d’augmenter les ventes et le revenu des producteurs et ainsi améliorer la sécurité alimentaire. Avec l’augmentation de la production, les besoins du PAM seront satisfaits et les commerçants auront beaucoup de denrées à acheter et à revendre. Il conseille d’ailleurs au PAM, d’aider davantage les producteurs dans le cadre de la commercialisation. Equiper les producteurs en charrue, en bœufs de labour, en engrais et leur donner même de l’argent si c’est possible. Fournir des motoculteurs ou des tracteurs aux OP. Par ailleurs, les coopératives pourraient même recruter des jeunes diplômés pour leur encadrement et réduire ainsi le chômage. D’autres emplois pourraient également être créés.

Relations avec les producteurs

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Malgré l’engouement pour les ventes au PAM, les producteurs qui n’ont pas les moyens d’acheter des engrais ou de louer un attelage pour labourer leur champ sont toujours obligés de venir prendre crédit auprès de lui et ils remboursent en nature à la récolte. Il y en a également qui prennent à crédit des vivres ou de l’argent pour acheter des vivres pour nourrir leur ménage et remboursent en nature à la récolte. C’est surtout du maïs qu’ils prennent à crédit pendant la période de soudure car à cette période, le mil qui est la denrée de base locale devient très rare sur le marché et par conséquent plus cher. Un sac de maïs qui coûte actuellement 23000 F sera remboursé contre 200 kg de mil à la récolte. Toutefois, il a remarqué une réduction du nombre de producteurs qui viennent solliciter de l’aide. Ils étaient plus nombreux avant. Pour que les producteurs gagnent le bénéfice qu’ils tirent de la vente par exemple de 100 kg au PAM, il leur faut vendre le double, c’est-à-dire 200 kg aux commerçants. Comme ils vendent moins de denrées actuellement, ils sont moins en cours de vivres et la sécurité alimentaire de leurs ménages est plus assurée.

Qualité des denrées achetées A côté des désavantages cités ci-dessus, il a pu tirer des avantages de la présence du PAM. La qualité des denrées s’est améliorée à cause de l’utilisation plus importante de batteuses. Autrefois, les producteurs battaient les céréales par terre en utilisant des camions qu’ils faisaient passer sur les récoltes entassées. En conséquence, les denrées présentaient un fort taux d’impureté.

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3.2. Ngolo Dembélé Interview réalisée le 04/07/2012 Ngolo Dembélé, est un commerçant résident dans un hameau de Tonga situé dans le cercle de Dioila (Région de Koulikoro). Il est âgé de 43 ans et est père de famille. Ngolo Dembélé pratique la commercialisation de céréales sèches depuis près de 20 ans et participe à la foire hebdomadaire de Fana pour ces ventes. Le sorgho, l’arachide, niébé et le petit mil sont les spéculations vendues par le commerçant. Tonga, Diéro, Djifinna, Diegné et Wacoro sont les zones dans lesquelles il s’approvisionne. La qualité est exigée par le commerçant car il achète toujours les denrées propres qui selon lui est les mieux vendue et apportent la confiance des clients. Il s’approvisionne auprès des grands commerçants et des petits acheteurs qui à leur tour achète auprès des petits producteurs. 30 à 35 tonnes de mil, 10 tonnes de maïs, 5 tonnes d’arachide et 2 tonnes de niébé sont vendues par an. Les marchés fréquentés par Ngolo sont la foire hebdomadaire de Fana et le marché de Bamako.

Connaissance du PAM et du P4P Ngolo Dembélé s’approvisionne chez les grands commerçant et auprès de petits acheteurs qui ne sont membres d’aucunes coopératives affiliée à une union d’où la méconnaissance du PAM et du P4P. Il n’a été briefé par aucuns commerçants ou clients des activités du P4P à travers le PAM. « L’OPAM achète des céréales sèches auprès des producteurs et les revend à des prix bas pendant les périodes de soudure » a affirmé le commerçant. Cette structure est la seule connue par le commerçant. « Je n’ai fait aucune remarque concernant le changement lié au P4P car je n’ai aucune connaissance du projet P4P. Autrement dit les changements que j’ai remarqués au niveau de mon travail ne sont pas imputables à la présence de ce projet» dixit Ngolo Dembélé. Dans le cadre de son travail, Ngolo gagne plus en ce moment qu’avant. Le volume de son travail a augmenté mais cela n’a aucun rapport avec le PAM. « Dans la mesure où je ne connais pas les activités liées au P4P, je n’ai bénéficié de rien grâce à ce projet » selon Ngolo Dembélé. La difficulté majeure rencontrée par le commerçant est un problème de fonds roulement. Le volume de travail ayant augmenté, il souhaiterait avoir un moyen d’accès au crédit qui lui permettra de faire face à la masse de travail. Les caisses d’épargne et de crédit lui ont été conseillées.

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3.3. Abdou Fomba Interview réalisée le 04/07/2012 Commerçant âgé de 41 ans, Abdou Fomba est installé dans le cercle de Dioila plus précisément à Dioïla ville. Il est dans la commercialisation des céréales sèches depuis près de 20 ans et vend des denrées comme le sorgho, le petit mil, le maïs et le niébé. Le sorgho selon lui est la spéculation la mieux vendue c’est pourquoi dans l’année, il peut aller jusqu’à 700 tonnes de sorgho soit le 50% de sa vente annuelle. Abdou Fomba debout dans sa boutique de denrées à Dioila ville

Connaissance du PAM&P4P Abdou Fomba a connu le PAM à travers l’Union Locale des Producteurs de Céréales (ULPC). Cette union a, dans le cadre des achats PAM, l’habitude de compléter leurs céréales et de s’approvisionner dans son magasin. Aussi, il a connu le PAM à travers les producteurs auprès desquels il s’approvisionne. Autrement dit les coopératives de base ou les producteurs directement.

Avantages et désavantages liés aux achats P4P L’ULPC a acheté environ 20 tonnes de sorgho en 2010 au commerçant et sur trois ans ils ont achetés entre 10 à 30 tonnes de sorgho. Ceci, représentent un avantage pour lui car il profite de ces achats globales pour vendre et augmenter ces revenus.

Il n’y a pas eu de changement majeur dans sa commercialisation de denrées alimentaires car les activités du P4P ne dérangent en rien le commerce de Abdou Fomba au contraire, ils se complètent et seul le mode d’opération à changer car il achète et\ou vend à l’ULPC. Les petits producteurs vendent directement à leurs coopératives de base, il loue donc les services des acheteurs à qui il remet une somme importante pour lui trouver des céréales sèches et propres. Où il achète directement avec les producteurs qui ont des quantités supplémentaires destinées à la commercialisation. Les lieux d’approvisionnement du commerçant sont Dioila ville, Wacoro et Fana. Avec les achats à Wacoro par exemple, le problème de transport est réduit car c’est une commune du cercle de Dioila. Il a bien sur bénéficié de manière indirecte aux activités P4P car en cas d’achats de complément de stock, l’ULPC fais recourt à ses denrées ce qui lui est profitable car les quantités achetées sont assez considérable. L’extension d’un tel projet ne peut qu’être bénéfique pour les producteurs, non seulement leurs capacités ont été renforcés en termes de production des spéculations de qualités mais aussi leurs revenus sont devenus meilleurs. « Les défis sont nombreux mais ma difficulté

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majeure en ce moment est le problème de fonds de roulement. Je souhaiterais donc savoir quelles sont les perspectives du PAM à l’endroit des commerçants dans ce sens », a-t-il dit. Le PAM n’œuvrant pas dans ce sens, un autre moyen d’accès au crédit a été proposé afin de pallier cette insuffisance. Il s’agit du crédit obtenu dans les caisses d’épargne et de crédit. Cependant, ce type de crédit n’est pas du goût du commerçant car selon lui la somme octroyée est insuffisante et les taux d’intérêt très élevés. Les banques comme la BNDA aussi procédant dans ce sens, il serait donc judicieux de les approcher et d’octroyer un prêt auprès de cette institution bancaire.

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3.4. Yaya Coulibaly Interview réalisée le 06/07/2012 Yaya Coulibaly est un acheteur et propriétaire d’un magasin à Bonkoro, un village de la commune de Diedougou. Yaya Coulibaly est un vieil acheteur âgé de 62 ans et aussi propriétaire d’une bascule qu’il loue aux petits producteurs pour les pesées. Il pratique la commercialisation des céréales sèches depuis plus de 25 ans. Il commercialise le sorgho, le maïs, le niébé, le sésame et l’arachide soit environ 250 tonnes de denrées par an. Il donne de l’argent aux petits acheteurs pour collecter des denrées auprès des petits producteurs. D’autres acheteurs viennent lui vendre directement dans son magasin à Bonkoro. Le prix ne varie pas selon les acheteurs. A son tour, il vend dans sa commune à Diedougou à des clients dont l’USCPMD, à Bamako et à Koutiala.

Connaissance du PAM\P4P Il a connu l’agence à travers ces sacs PICS à Koutiala. L’information qu’il a reçue avec un autre commerçant sur place est que les sacs étaient fournis par un projet dénommé PAM dont l’objectif est de faire la promotion des petits producteurs en améliorant leur revenu. Etant membre de l’union de Béléco, il lui vend pendant les achats PAM.

Impact du projet sur ses activités Pendant la période de collecte des denrées par l’union, les acheteurs qui lui vendent d’habitude préfèrent vendre leurs denrées à l’union car les prix proposés sont plus rémunérateurs. Pour lui, cette période est synonyme de perte car il y a un manque à gagner suite à un faible niveau d’approvisionnement. D’autre part, il vend aussi à l’union et cette vente lui permet de faire un gain. Le prix de vente à l’union est rémunérateur. La quantité vendue à l’union fait partie du stock déjà disponible or si les acheteurs lui vendent directement, il augmenterait ces revenus car il n’aura pas de problème pour s’approvisionner. « Je me mets à la disposition de l’union pendant cette période, car je contribue à la prospérité de l’union qui est une affaire de communauté » affirme le commerçant.

Ces commentaires du commerçant montrent que les achats du PAM dans sa localité ne lui sont pas favorables. Puisque ces achats permettent à d’autre de faire une augmentation de revenus, il ne voit pas beaucoup d’inconvénient à faire un break pendant cette courte période que durent ces achats. Mais aussi, avec l’écoulement de son stock à l’union, il y a une réduction du coût de transport sur Bamako et Koutiala et le frais liés aux déchargements dans ces deux localités. Ceci réduit ces charges fixes et constitue une marge bénéficiaire pour lui.

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Les difficultés rencontrées et défis à relever Le problème majeur du commerçant est lié au fonds de roulement. La charge de travail est beaucoup plus élevée que le fonds disponible. Cette indisponibilité de fonds est un frein au bon déroulement du travail. Il préconise donc d’octroyer un crédit auprès d’une institution de micro finance pour pallier à cette insuffisance. Chaque année pour faire face à ces charges fixes et augmenter le volume de son travail, il fait une demande de prêt à Kafo Jiginew qu’il rembourse avant d’en octroyer de nouveau. Avec leur taux d’intérêt élevé, la somme octroyée est limitée. Mon dernier crédit octroyé est de 550 000 F CFA que j’ai fini de rembourser.

L’extension du P4P sur 5 ans L’extension du P4P serait une bonne chose dans la mesure où il permet aux producteurs de faire une meilleure production qui permet d’avoir des denrées de qualité et aussi d’accéder à un marché sûr avec leurs excédents alimentaires et d’augmenter leurs revenus. Avec les acquis du PAM, la production s’améliorera plus d’avantages.

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3.5. Mamoudou Sagara Interview réalisée le 25 juillet 2012 Mamoudou Sagara est un commerçant de produits agricoles au marché hebdomadaire de Koporonah commune rurale du même nom cercle de Koro région de Mopti. Il âgé de 44ans et est propriétaire de son entreprise. Il achète et vend principalement le mil, le niébé, l’arachide, le dah, le fonio le sésame et le voandzou. Il achète majoritairement auprès de producteurs, puis auprès des petits collecteurs, et des OP souvent. Il vend les céréales aux OP, aux commerçants grossistes, aux producteurs déficitaires et aux fonctionnaires. Il vend par an en moyenne 100t de mil, 20t de niébé, 1t de fonio, 40t d’arachide, 50t graine d’oseille de guinée et 1t de voandzou. Il a connu le PAM lors d’une réunion d’échanges d’informations à Koro organisée par le PAM à laquelle il a participé. Il a été invité par le secteur de l’agriculture de Koro. Mais il ne se rappelle plus de la date. Il connait les activités du P4P. En effet, ce sont les responsables de l’OP de Baliri qui lui ont parlé des activités du PAM. Le PAM fait des achats de mil, finance la construction de magasins, donne aux OP des bascules, des bâches. Il vend du mil aux OP. En 2011 il a vendu 5t de mil à l’OP de Baliri et en 2012 il a vendu 10t de mil à l’OP de Baliri. Les ventes aux OP sont rentables par rapport à celles effectuées à Bandiagara ou à Mopti. S’il vend aux OP il ne paye pas de frais de transport par contre lors des ventes à Bandiagara ou Mopti il paye des frais de transport et de manutention. Les achats de mil et de niébé par le PAM, n’ont pas d’incidences négatives sur ses activités. Chacun a sa chance dans la vie. Il n’a pas changé ni de lieux d’achat ni de période d’achat. Il n’a jamais vendu de céréales au PAM car il n’a jamais participé à un appel d’offre d’achat du PAM. Le PAM travaille avec les commerçants qui ont les gros moyens. Il souhaite que les activités de P4P soient prolongées pour une deuxième phase de 5 ans pour diverses raisons entre autres l’épanouissement de beaucoup de producteurs à la suite des ventes de mil, l’engouement suscité au niveau des producteurs à l’utilisation des intrants pour améliorer la productivité agricole.

Leçons apprises pour les commerçants  Les commerçants profitent du P4P à travers les ventes aux OP pour leur permettre souvent de compléter les quantités à vendre au PAM.  Pour donner une bonne image du projet aux commerçants, éviter des conflits d’intérêt et favoriser une meilleure collaboration, P4P aurait dû réunir les commerçants de chaque zone pour leur donner suffisamment d’informations et cela en présence des membres des OP concernées.

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