LE MONDE DES LIVRES

LE MONDE DES POCHES VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 PLATON La chronique LE FEUILLETON de Roger-Pol Droit page VI DE PIERRE LEPAPE Péter Nadás plonge le lecteur dans le labyrinthe de l’amour. VIOLETTE LEDUC ALEKSANDAR HEMON LE MONDE DES POCHES page II PHOTOGRAPHIE Page III page V page XI 16 pages Pajak, l’amour a orphelin Après avoir rêvé Pajak. «Pourmoi, affirme Pajak lors- Frédéric Pajak qu’on l’interroge sur sa méthode, les peintres comme les écrivains partici- « l’Immense Solitude» pent de notre biographie. On ne lit pas par hasard. Il s’agit de rendre compte turinoise de Nietzsche et de ces étapes de ma vie qui ont été marquées par des auteurs, des livres. » n ne sait jamais exac- de Pavese, l’écrivain Sans références universitaires, tement d’où naît l’émotion. Un visa- et dessinateur choisit Pajak est un lecteur du type systéma- Oge, une présence – ou bien une tique, âpre à la besogne et se for- absence –, une œuvre ou encore un geant sa propre idée des auteurs objet quelconque peuvent la provo- Apollinaire comme héros qu’il fréquente : hier Nietzsche, l’œu- quer. Parfois, c’est une certaine con- vre entière, dans l’ordre chronologi- jonction de tous ces éléments, un du « Chagrin d’amour » que, et Luther, sur lequel il publia, en agencement imprévisible et baroque 1997, en Suisse, un ouvrage analo- qui se trouvent à son origine. Alors, se solitude, c’est la guerre de 14-18 gue aux deux derniers, et qui sera on est surpris, comme submergé. qui forme le décor principal de l’his- bientôt réédité dans la même collec- Les compositions de Frédéric toire racontée. C’est dans le charnier, tion ; aujourd’hui Apollinaire ; Pajak, qui juxtaposent, sans les sous les obus et les cadavres, que le demain Joyce, dont il soulignera l’hu- mêler, l’écriture et le dessin, ont le livre s’achève. Le noir a gagné. Apolli- mour, en couleurs cette fois. Pajak a pouvoir de susciter un tel sentiment. naire, charmeur érotique au milieu donc trouvé cette parade pour sub- a Et non seulement de le susciter, mais de l’horreur, flambeur lubrique avec vertir un genre qu’il juge « complai- aussi de lui donner une ampleur, une Lou, projetant une vie qu’il ne con- sant », « égocentrique » : l’autobio- couleur singulières, à nulles autres naîtra pas avec Madeleine, va rece- graphie. Pourtant, au travers de ces comparables. L’émotion dont il est voir son éclat dans la tête, puis ce masques et de ces figures, dans les question ici est de tonalité exclusive- sera la trépanation, enfin la mort, rues de Turin ou dans la boue de la ment mélancolique. La mélancolie après une fièvre espagnole. Lui si Grande Guerre, c’est toujours de lui Les Poches est même son signe, son oriflamme, disert et gourmand, avec un tel tré- qu’il s’agit. C’est lui le conteur, sa source, unique et surtout unifian- sor de joie en lui, est envahi par l’an- mieux : le narrateur d’une histoire te. D’où le caractère envahissant de goisse, qu’il mêle étrangement à la qu’il fait sienne. Et c’est bien dans les vague, de houle, d’échos multiples et joie… Le 6 avril 1915, il écrivait à eaux profondes de sa propre mélan- PAJAK entêtants de la sensation que l’on Lou : « C’est une vie grandiose qui ne colie qu’il puise son inspiration, cher- Mondrian apprenant à danser le fox-trot éprouve à lire Pajak, à rêver longue- va pas sans une mélancolie lyrique chant à conjurer, par la plume et le ment sur ses images. D’où égale- extraordinaire. Les obus gémissent pinceau, les spectres de la solitude, éprouve même une « frustration terri- qu’apparente avec la mélancolie, ne perd son chemin, puisqu’il est son ment la difficulté à définir, à distin- d’une façon déchirante… » de l’enfance orpheline, du désa- ble » liée au dessin, qui n’est accepté dont il a peint, en deux livres, l’un propre chemin qui passe à travers les guer, au cœur de cette sensation, les Le livre est bâti exactement sur le mour… qu’enfermé dans des catégories com- des plus beaux tableaux, à la fois êtres. » motifs qu’elle orchestre. même schéma que le précé- Frédérick Pajak a dix ans, en 1965, me la bande dessinée – que Pajak dit moderne et ancien, sans âge. Quant dent – sans le faux nez lorsque son père meurt dans un acci- détester, à l’exception de Maus de à l’amour, voici ce qu’il en dit, LE CHAGRIN d’AMOUR fédérateur. Il obéit au dent de voiture, à l’âge de trente- Spiegelman. De sa « méthode », page 53 : « L’amour, s’il n’a jamais de Frédéric Pajak. Patrick Kéchichian même libre rapport cinq ans. Il est le troisième d’une Pajak parle comme d’une « libéra- toute sa tête ni tous ses mots, s’avance PUF « Perspectives critiques », entre le texte et le des- lignée de peintres : avant son père, tion »,d’une« délivrance ». dans le monde comme lumière et com- 334 p., 198 F (30,18 ¤). Il y a un an, Frédéric Pajak sin. Là aussi, les échos sont nom- son grand-père, né en Pologne et « Je fais des livres malheureux, mais me ombre, à moins qu’il ne soit le mon- publiait, avec succès, L’Immense Soli- breux, les citations abondan- émigré en France, peignait. Né près je me sens profondément heureux », de lui-même, son inspiration, sa fer- (1) « Le Monde des livres » du 15 octo- tude : le sous-titre du livre était : Avec tes – trop sans doute, tant Pajak de Paris, il a longtemps cherché quoi affirme-t-il. La contradiction n’est veur – et sa vanité aussi. Il ne trouve ni bre 1999. Friedrich Nietzsche et Cesare Pavese, veut s’effacer derrière ses sources : faire. Il a voyagé : « J’ai toujours aimé orphelins sous le ciel de Turin (1). ici, le Paris des écrivains et des pein- déménager. J’ai toujours aimé les voya- L’ouvrage, qui avait le format d’un tres, Picabia, Duchamp, Mondrian ges, en Afrique, en Chine, au Japon ou album, comprenait à chaque page surtout, ce grand mélancolique admi- ailleurs. Je tiens ça de mon père qui un dessin en noir et blanc et un tex- rablement évoqué : ainsi lorsqu’il abandonnait régulièrement une mai- te ; celui-ci entretenant avec les ima- prend avec son grand corps mala- son, un atelier ou un appartement. ges un rapport souvent aléatoire, droit, à soixante ans passés, des C’est grâce à lui que très tôt j’ai pu voir rarement directement illustratif. Il cours de danse. du pays, au point de me sentir étran- de novembre s’agissait à la fois d’une évocation La construction de l’ouvrage en ger partout », écrivait-il dans Les pois- précise, appuyée sur de nombreuses chapitres et séquences est surprenan- sons sont tragiques, publié en 1989, citations des deux auteurs jouant les te. Pajak se donne toutes les libertés, toujours en Suisse – où vit actuelle- rôles de personnages principaux, et celle de parler de lui et de ses amis, ment Pajak –, et qui sera également d’une rêverie crépusculaire sur la vil- d’entrer en scène pour en sortir aussi- réédité aux PUF. le de Turin, où, à cinquante années tôt, de peindre telle figure, de suggé- En 1974, il se met à dessiner plus de distance, les destins de l’Allemand rer tel souvenir… Mais ce qui est plus sérieusement et tente de placer ses et de l’Italien se nouèrent : le pre- étrange encore, c’est le pouvoir, la dessins dans des journaux. A cette mier y perdit la raison ; le second s’y force émotionnelle que cette compo- époque, il vit à Paris, rue Pigalle. suicida. Giorgio De Chirico était aus- sition parvient à dégager. Tous les Pajak ne garde pas un très bon sou- si convoqué, pour ses perspectives éléments disparates paraissent coïn- venir de ses rapports avec la presse. métaphysiques et spectrales. Un trait cider, s’appeler les uns les autres. Dans le texte déjà cité, il écrit : «Ven- de fantaisie reliait chaque dessin : les Trois lignes sont suivies, à la fois dre un dessin dans un journal, c’est un personnages, Nietzsche et Pavese en d’une manière autonome et formant peu vendre son âme. Il est rare d’avoir tête, étaient affublés d’un long nez. bouquet : le dessin, qui est, affirme des interlocuteurs dans les rédactions. «Un faux nez», tient à préciser Pajak, « comme de la musique, com- (…) La plupart des journalistes, com- Pajak, pour justifier cet élément d’hu- me une bande- son » ; l’histoire de me leurs chefs, se croient très supé- mour, peut-être destiné à colorer un Guillaume, « guerrier malade rieurs à leurs lecteurs. Ils les prennent peu la noire atmosphère du livre. d’amour, comme l’étaient les trouba- pour des parfaits idiots. Aussi croient- Aujourd’hui, c’est Le Chagrin dours, et conscient de sa souffrance, ils qu’il est nécessaire de parler idiot d’amour. Le personnage principal en s’adonnant volontairement à elle pour pour être compris des idiots… » En est Guillaume Apollinaire, poète mieux la décrire » ; le récit personnel, 1987, il publie un roman, toujours en amoureux et soldat dans les tran- dispersé, oblique et indirect du pro- Suisse, chez Bernard Campiche, Le Demandez nos suppléments chées. Comme Turin pour L’Immen- pre « chagrin d’amour » vécu par Bon Larron. Mais il reste insatisfait, www.lemonde.fr 56e ANNÉE – Nº 17348 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Daniel Vaillant Les preuves du réchauffement climatique en Corse b La communauté scientifique confirme l’ampleur du changement climatique en cours pour relancer b Un rapport des experts internationaux prévoit un réchauffement constant au cours e le processus du XXI siècle b Cette évolution affectera notamment la Chine, le Canada et la Sibérie DANS UN RAPPORT préliminai- précédentes estimations sur le 1988), prévoit un réchauffement Chine, la Sibérie et le Canada. Les re destiné à l’ONU et aux gouverne- changement climatique en cours. de la planète situé entre 1,5˚ et climatologues estiment aussi que ments, dont Le Monde publie des Ce texte de l’IPCC (International 6˚ C d’ici à 2100. En 1995, l’IPCC ne la concentration de CO dans l’at- de Matignon 2 extraits, la communauté scienti- Panel on Climate Change, ou grou- prévoyait qu’un réchauffement de mosphère atteindra des niveaux LA VISITE en Corse de Daniel fique internationale revoit à la pe d’experts intergouvernemental 1˚ à 3,5˚C. Cette évolution devrait records au cours du XXIe siècle. Ces Vaillant, ministre de l’intérieur, hausse, de façon pessimiste, ses sur l’évolution du climat, créé en affecter tout particulièrement la informations plus alarmistes sont EYAL WARSHAVSKY/AP jeudi 2 et vendredi 3 novembre, tra- diffusées deux semaines avant la duit la volonté du gouvernement tenue de la Conférence de La PROCHE-ORIENT de relancer le processus de Mati- Haye, qui doit tenter, à partir du gnon, qui semblait piétiner ces 13 novembre, de mettre en œuvre dernières semaines. Le Monde fait le Protocole de Kyoto, par lequel Dialogue le récit du changement de cap du les pays industrialisés se sont enga- premier ministre. Il y a un an, Lio- gés à réduire leurs émissions de nel Jospin et Daniel Vaillant, alors gaz à effet de serre. Cette conféren- et tirs ministre des relations avec le Parle- ce s’annonce difficile en raison des ment, partageaient la même idée : réticences des Etats-Unis, qui ont Au lendemain d’une journée marquée « La Corse, ce n’est pas un problème enregistré une hausse de leurs par de durs affrontements, l’ancien pre- statutaire, ce n’est pas un problème émissions depuis 1990, tandis que mier ministre israélien Shimon Pérès et institutionnel, c’est un problème de l’Europe parvenait tout juste à sta- le chef de l’Autorité palestinienne, Yas- vie concrète. » Par ailleurs, l’Etat biliser les siennes. Le document ser Arafat, ont annoncé, jeudi 2 novem- semble être passé à l’offensive des scientifiques est un message contre le grand banditisme en clair aux gouvernants qui tergi- bre à l’aube, la conclusion d’un cessez- Corse. Blanchiment au casino versent encore sur les mesures à le-feu, le cinquième en plus d’un mois. d’Ajaccio, trafic de machines à adopter. Ce débat est un enjeu de Des communiqués identiques pour- sous, malversations autour de la la campagne présidentielle améri- raient officialiser cette trêve. Jeudi distribution de café : une dizaine caine : George W. Bush ne croit matin, l’armée israélienne éloignait ses d’enquêtes ont été ouvertes. pas au changement climatique. chars des grandes villes des territoires Lire notre enquête page 16 Lire page 2 et la police palestinienne intervenait et nos informations page 10 et notre éditorial page 18 pour contenir des manifestants. p. 3 Le blues des hauts Le plaidoyer de Domenico Ievoli pour son chimiquier naufragé ROME notre famille fait ce métier depuis quatre généra- c’est toujours la RINA, la même société italien- fonctionnaires Correspondance tions », réplique M. Ievoli. ne, qui a effectué les contrôles sur les deux navi- Domenico Ievoli, l’armateur napolitain pro- C’est en 1910 que le grand-père de Domenico res. « Les navires de la compagnie sont constam- DÉMOTIVATION, déprime, priétaire du Ievoli-Sun, tient surtout à ce que fonde sa première entreprise maritime, avec ment inspectés, aussi bien par les autorités pré a spleen…, les adjectifs ne man- l’on ne dise pas que son navire était l’une de ces quelques remorqueurs. Aujourd’hui, la Marnavi posées que par nos propres experts », se contente quent pas pour décrire le malaise « charrettes de la mer », dont il faudrait interdi- dispose d’une flotte de trente navires, dont dix- de déclarer la société. En Italie, on rejette donc persistant qui affecte la fonction re la navigation. Au contraire, explique-t-il, il huit pour le transport de produits chimiques et les accusations venues de France. Le Ievoli-Sun PAUL J. RICHARDS/AFP publique. Le diagnostic n’est pas s’agissait d’un tanker chimiquier de la nouvelle douze pour les denrées alimentaires. Deux tiers était en règle, souligne la RINA, qui défend ses nouveau, mais le mal semble s’ampli- génération, construit selon les technologies les des chimiquiers ont moins de quatre ans. Dans contrôles. Le ministre de l’environnement, ÉTATS-UNIS fier : en cinq ans, le nombre de candi- plus avancées, avec une structure à double sa brochure de présentation, la compagnie affir- Willer Bordon, renchérit en affirmant au Corrie- dats au concours externe de l’ENA a coque et des citernes en acier inox. «Nous me miser « sur la qualité » et vante sa « flotte de re della Sera qu’« il ne faut pas attendre 2015, chuté de près de 30 % ; la section ser- n’achetons pas d’occasion, nous ! », lance-t-il, en navires spécialisés, à l’avant-garde, sophisti- comme disent les ministres européens des trans- Gore contre Bush : vice public de Sciences-Po a fondu, rappelant que c’est sa société, la Marnavi, qui qués ». Ayant lancé en 1999 des procédures ports, ou 2010, comme disent les Français, pour passant de mille élèves, il y a douze l’avait fait construire en 1989, dans les chantiers pour pouvoir être cotée en Bourse, la Marnavi interdire la navigation des navires n’ayant une le duel à l’arraché ans, à deux cents à la dernière ren- navals de Viareggio, en Toscane. Ce qui s’est voudrait éviter maintenant les retombées néga- structure qu’à une seule coque : les Américains A six jours de l’élection présidentielle trée. Salaires plus élevés dans le pri- passé au large de la Bretagne ne serait donc tives du premier naufrage d’un de ses navires. l’ont fait depuis 1990 ». Quant aux associations aux Etats-Unis, George W. Bush et vé, mais aussi et surtout panne dans imputable qu’à ce que cet homme de mer appel- Aussi joue-t-elle la carte de la clarté et de écologistes, elles insistent sur la tempête, assu- la réforme de l’Etat, perspectives de le un « act of God », un événement impondéra- l’ouverture. Depuis lundi, Domenico Ievoli, cin- rent qu’il était « criminel de prendre la mer avec Albert Gore sillonnent le pays pour carrière bloquées par la pyramide ble. Si le commandant du Ievoli-Sun est sorti quante-cinq ans, et ses fils Attilio et Gennaro ne des prévisions aussi désastreuses » et s’inquiè- mobiliser les abstentionnistes. Les son- des âges, quasi-absence de mobilité avec une mer de force 9, ce n’était pas pour évi- cessent de répondre à qui les interroge que le tent du dérèglement climatique qui serait en dages donnent le républicain légè- de personnel entre les différentes ter de payer une pénalité à l’armateur, insiste Ievoli-Sun était en règle, que leurs navires sont train d’empoisonner nos mers. rement en tête. Dans la communauté administrations…, le service public a Domenico Ievoli. Les conditions météo le per- en bon état et que leurs cinq cents marins enga- hispanique, traditionnellement pro- perdu de son attrait. mettaient, c’est tout, et la Marnavi a «la gés à plein temps sont de bons professionnels. Salvatore Aloise conscience tranquille ». « Nous ne sommes pas En revanche, aucun commentaire sur la com- démocrate, M. Bush effectue une Lire notre enquête page 8 des charcutiers qui se sont improvisés armateurs, paraison qui a été faite avec l’Erika, même si Lire nos autres informations page 14 remarquable percée. p. 6 Foot : la revanche Le désespérant des « petits » clubs trompe-l’œil basque DÉSESPÉRANTE. Le terme toute solution policière. Après n’est pas trop fort pour décrire la tout, même ceux qui avaient fait réalité du Pays basque. Ce glacis une « entorse » à la légalité contre politique tout en faux-semblants, le terrorisme – de Franco à la composé de demi-vérités, d’ac- vieille droite espagnole, avec son cords dénoncés, mais toujours Bataillon basque espagnol, et aux sous-jacents, et de grandes décla- socialistes, qui avaient laissé faire DAMIEN MEYER/AFP rations, réduites à de petits calculs la « sale guerre » des GAL, les partisans. Un trompe-l’œil où seu- Groupes antiterroristes de libéra- PHARMACIE les les bombes sont bien réelles : tion – n’en sont pas venus à bout. DJEZON BOUTOILLE dix-neuf morts déjà, depuis la rup- En 2000, l’ETA, sans crédit et affai- ture des quatorze mois de trêve, blie, reste dangereuse. Elle est tou- Des médicaments DEUXIÈME du championnat de en décembre. jours appuyée par près de 19 % de France de football, Lille, au budget Démantelée plusieurs fois – à l’électorat basque, regroupé dans pour les enfants quatre fois inférieur à celui du en croire le discours officiel –, la coalition indépendantiste Herri Les deux tiers des médicaments admi- PSG, est un de ces « petits » clubs l’ETA n’en continue pas moins à Batasuna- Euskal Herritarrok ; elle qui dament le pion aux plus riches. frapper : le cœur de la capitale trouve ses « fantassins » de nistrés aux enfants ont été conçus uni- Le LOSC s'appuie sur des joueurs espagnole fume encore de l’atten- rechange dans la frange radicale quement pour les adultes. Les produits attachés à leur club et solidaires, tat boucherie de lundi dernier, qui de la jeunesse indépendantiste. ne sont pas évalués sur les petits et se comme Djezon Boutoille. a fait trois morts. Pour contrer cet- Celle-là même qui anime, à coups présentent sous des doses ou des for- te violence, le gouvernement de de cocktails Molotov, la « lutte mes inadaptées à leur organisme. La Lire page 26 centre droit de José Maria Aznar, des rues », au Pays basque. France veut faire adopter une réglemen- décidé à ne rien céder au chantage Contre pareil adversaire s’impo- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, et à lutter « depuis l’Etat de droit et se aussi une riposte politique. La tation européenne contraignant les 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; laboratoires à développer des médica- Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; la légitimité démocratique », fait seule que puisse fournir une démo- Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- face. Cohérent avec lui-même, il a cratie : un front uni contre le terro- ments pour enfants. p. 20 gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; considérablement renforcé son risme. « Vaincre ou convaincre », Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; arsenal juridique, pénal et poli- résumait, l’autre jour, un éditorial. Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; International...... 2 Carnet...... 25 cier, dans une productive coopéra- Or, ce n’est ni l’un ni l’autre : Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. France...... 8 Aujourd’hui ...... 26 tion avec la France. Des coups cer- jamais la classe politique n’a été Société...... 10 Météorologie-Jeux...... 30 tains sont portés. aussi divisée. Régions ...... 14 Culture ...... 31 Mais après ? « Il faudra du Horizons ...... 16 Kiosque ...... 34 temps, de la patience et de la per- Marie-Claude Decamps Entreprises...... 20 Abonnements ...... 34 sévérance », dit encore le gouver- Tableau de bord ...... 22 Radio-Télévision ...... 35 nement, conscient des limites de Lire la suite page 18 LeMonde Job: WMQ0311--0002-0 WAS LMQ0311-2 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0417 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000

ENVIRONNEMENT La RAPPORT de l’IPCC, groupe d’experts la planète d’ici à 2100 situé entre 1,5 et 13 novembre, de mettre en œuvre le UNIS, notamment, ne parviennent pas communauté scientifique internatio- sur l’évolution du climat créé en 6 °C. Il devrait affecter tout particuliè- protocole de Kyoto. Dans ce docu- à tenir cet objectif. Pour George Bush, nale émet un avis plus pessimiste 1988 pour conseiller les gouverne- rement la Chine. b CES INFORMA- ment, les pays industrialisés se sont les informations manquent « pour qu’auparavant sur l’ampleur du chan- ments, fait l’objet de fuites. b SES AU- TIONS surviennent alors que la confé- engagés à réduire leurs émissions de prendre des décisions ». (Lire aussi gement climatique en cours. b LE TEURS prévoient un réchauffement de rence de La Haye tentera, à partir du gaz à effet de serre. b LES ÉTATS- notre éditorial page 18.) Les scientifiques prévoient un réchauffement accru du climat La communauté internationale des climatologues soumet aux décideurs un rapport plus pessimiste que précédemment sur l’élévation prévisible de la température de la planète durant le siècle à venir

EN LAISSANT filtrer publique- Des estimations de réchauffement revues à la hausse qu’il ne pensait pas que « nous dis- changement climatique n’est plus la Les experts ne s’engagent pas sur la ment leur Résumé pour les déci- posions de tous les faits nous permet- seule affaire des « riches ». La question de la multiplication des deurs, les scientifiques réunis dans tant de prendre des décisions ». Chine, entre autres, doit réellement événements météorologiques ex- HAUSSE DES TEMPÉRATURES MOYENNES l’IPCC ont envoyé un message clair EN 2100 PAR RAPPORT À 1990 prendre en compte cette question trêmes : probable dans l’hémi- aux politiques qui tergiversent en- AVANT-GOÛT dans la définition de ses politiques sphère Nord, aucune tendance core : le réchauffement climatique PRÉVISION 1995 PRÉVISION 2000 Le document de l’IPCC parle d’un économiques. La grave sécheresse n’est encore décelable dans les ré- n’est pas une lubie environnemen- 1 à 3,5 °C 1,5 à 6 °C ton assuré, parce qu’en une dizaine qui a affecté la région de Pékin une gions tropicales. Ils soulignent enfin tale, c’est un phénomène physique d’années – son premier rapport bonne partie de l’an 2000 donne que la reforestation, qui absorbe du concret qui dominera l’existence NIVEAU DE LA CONCENTRATION DE CO2 date de 1990 –, le travail scientifique aux maîtres de la Cité interdite un gaz carbonique, ne pourra jouer commune des humains pendant DANS L’ATMOSPHÈRE EN 2100 s’est considérablement développé. avant-goût du problème. qu’un rôle marginal dans la lutte tout le siècle à venir. L’IPCC ex- L’information cruciale vient du re- Les experts sont en revanche pru- contre l’effet de serre. Le message ppm= prime l’avis de la communauté in- PRÉVISION 1995 PRÉVISION 2000 parties lèvement de plusieurs prévisions, et dents sur plusieurs points : il est devra être entendu par les négocia- ternationale des climatologues. par principalement de la fourchette prévu que l’élévation du niveau des teurs de La Haye : dans les der- 500 ppm 540 à 970 ppm Sa publication intervient alors millions d’élévation de la température, qui mers soit importante – près d’un nières discussions préparatoires, les que la Conférence de La Haye, dans HAUSSE DE LA TEMPÉRATURE DU GLOBE pourrait être d’ici à 2100 de 1,5 à demi-mètre –, mais une élévation Etats-Unis ont insisté pour que la moins de deux semaines, tentera ENTRE 1860 ET 2000 6° C. Les rapporteurs soulignent rapide et beaucoup plus forte est forêt soit pleinement prise en d’empêcher l’échec du protocole de aussi avec assurance – «Il est exclue. Le débat scientifique sur le compte comme moyen de lutter Rio par lequel, en décembre 1997, ANALYSE 1995 ANALYSE 2000 presque certain » – que la moyenne rôle du soleil est précisément abor- contre le changement climatique. Si les pays industrialisés s’étaient en- 0,3 à 0,6 °C 0,4 à 0,8 °C d’élévation devrait être plus impor- dé, mais l’IPCC juge que les fac- l’on suit l’IPCC, il ne s’agit là que gagés à limiter les émissions de gaz tante sur les continents que sur les teurs naturels (soleil et éruptions d’une échappatoire : la réponse au à effet de serre. Alors aussi que ÉLÉVATION DU NIVEAU DE LA MER EN 2100 océans. Ils estiment ainsi que l’Asie volcaniques) peuvent être évalués à défi qui est posé à l’humanité est un PAR RAPPORT À 1990 George W. Bush, éventuel président du Nord – c’est-à-dire la Chine – un cinquième du réchauffement to- changement de ses modes de de la nation la plus polluante de la PRÉVISION 1995 PRÉVISION 2000 devrait se réchauffer 40 % de plus tal. Le rôle des nuages dans la nou- consommation de l’énergie. planète, a répété le 11 octobre, lors 0,15 à 0,95 m 0,14 à 0,80 m que la moyenne : si l’on suit l’avis velle donne climatique est présenté de son débat télévisé avec Al Gore, Source : IPCC des scientifiques, cela signifie que le comme une interrogation majeure. Hervé Kempf La température de la planète devrait se réchauffer de 1,5 oC à 6 oC en 2100, affirment les scientifiques de l’IPCC CE DOCUMENT a été traduit par nées 1990 ont constitué la décen- de précipitations extrêmes s’est Des mécanismes expliquant lément, incluant la variabilité so- naturels et anthropiques, en par- Le Monde à partir de l’original en nie la plus chaude du XXe siècle et produite dans les latitudes l’amplification des effets du soleil laire et les éruptions volcaniques, ticulier pour ce qui est des aéro- anglais, daté du 22 octobre. Les in- 1998 l’année la plus chaude. (...) moyennes et hautes de l’hémi- sur le climat ont été proposés, indiquent que le forçage naturel sols, et quant à la réponse du cli- tertitres en caractères gras sont de La couverture neigeuse et sphère Nord. mais ils manquent d’une base peut jouer un rôle dans le ré- mat à ces facteurs. l’IPCC. Les passages entre crochets l’extension des glaces ont Les épisodes chauds du phéno- rigoureuse théorique ou d’ob- chauffement observé pendant la La composition de l’atmo- sont du Monde. diminué mène El Nino/Southern Oscilla- servation. première partie du XX e siècle, sphère continuera à changer Le troisième rapport du La surface de la couverture nei- tion (ENSO) ont été plus fré- Les aérosols [minuscules parti- mais n’expliquent pas le réchauf- pendant le XXIe siècle Groupe 1 de l’IPCC se fonde sur geuse a diminué d’environ 10 % quents, plus durables et plus cules en suspension] stratosphé- fement de sa deuxième partie. (...) A la fin du siècle, les mo- les rapports précédents et incor- depuis la fin des années 1960 et la intenses depuis le milieu des an- riques [dans les couches hautes de L’effet des gaz anthropiques [émis dèles prévoient des concentra-

pore de nouveaux résultats de re- période de glaciation des lacs et nées 1970. (...) l’atmosphère] émis par les grandes par l’activité humaine] pendant les tions de CO2 situées entre 540 et cherche sur le climat effectués des rivières a diminué d’environ Quelques aspects importants éruptions volcaniques pro- cinquante dernières années peut 970 ppm [parties par million] (à dans les cinq dernières années. du climat ne semblent pas avoir voquent un effet radiatif négatif, comparer avec une concentration Des centaines de scientifiques ont changé qui dure quelques années. (...) avant la révolution industrielle de contribué à sa préparation et à Le rythme La variation de l’extension des On estime que l’effet radiatif Le plus notable 280 ppm, et avec une concentra- son examen. Ce résumé pour les glaces de l’Antarctique, depuis des deux facteurs naturels ma- tion actuelle d’environ 367 ppm). décideurs décrit l’état présent des d’élévation qu’on l’observe par satellite, dans jeurs (variations solaires et aéro- est le réchauffement (...) connaissances sur le système cli- les années 1970, ne montre pas de sols volcaniques) a été négatif les La séquestration du carbone matique et fournit des estimations du niveau des mers tendance significative. deux dernières décennies – et des régions au nord par le changement de l’utilisation quant à son évolution future. (...) L’intensité et la fréquence des peut-être les quatre dernières –, des terres pourrait influencer la La température moyenne de pendant le XXe siècle cyclones tropicaux et extra-tropi- en contraste avec l’effet positif de l’Amérique concentration atmosphérique de surface a augmenté depuis le caux ne montrent pas de tendance des gaz à effet de serre. CO2. Cependant, même si tout le milieu du XIXe siècle a été environ claire, mais les données sont La confiance dans la capacité du Nord et dans carbone émis jusqu’à présent par La température moyenne de souvent rares et non pertinentes. des modèles à prévoir les cli- le changement de l’utilisation des surface a augmenté de 0,6 o C dix fois plus Les émissions de gaz à effet de mats futurs a augmenté l’Asie du Nord terres pouvait être repris par la (avec une incertitude en plus ou serre et d’aérosols par les activi- (...) La compréhension des biosphère terrestre (c’est-à-dire en moins de 0,2 oC) depuis 1860, la important que tés humaines continuent à alté- processus climatiques et leur re- et du Centre, par la reforestation), la concen- première date pour laquelle on rer l’atmosphère d’une manière présentation dans les modèles cli- tration de CO2 serait réduite de dispose de données suffisantes pendant les derniers qui affecte le système clima- matiques s’est améliorée, notam- 40 % au-dessus du seulement 40 à 70 ppm. (...) pour des estimations globales. tique (...) ment en ce qui concerne la Les scénarios projettent une Cette valeur est environ 0,15 oC trois mille ans Depuis 1750, la concentration vapeur d’eau, la dynamique de la changement moyen augmentation de la tempéra- plus élevée que dans le précédent atmosphérique de gaz carbonique glace de mer et le transport de ture globale et du niveau de la

rapport [de 1995], en grande partie (CO2) s’est accrue d’un tiers. La chaleur dans l’océan. (...) mer en raison des températures relati- deux semaines dans l’hémisphère concentration actuelle n’a jamais La plus grande incertitude dans être identifié en dépit d’incerti- (...) L’accroissement moyen de vement élevées des années Nord pendant le XXe siècle. été dépassée depuis quatre cent la modélisation du climat futur tudes sur les autres forçages. (...) la température de surface est esti- 1995−2000. (...) Il y a eu un retrait général des vingt mille ans et probablement continue à résider dans l’analyse Il est probable que les concen- mé devoir être de 1,5 à 6 oC de De nouvelles analyses indiquent glaciers de montagne dans les ré- pas durant les vingt millions d’an- du rôle des nuages et de leur in- trations croissantes de gaz an- 1990 à 2100. Cette augmentation que le XXe siècle a probablement gions non-polaires pendant le nées passées. Le taux d’accroisse- teraction avec l’effet radiatif et les thropiques à effet de serre ont serait sans précédent dans les dix connu le réchauffement le plus XXe siècle. ment [de cette concentration] n’a aérosols. contribué substantiellement au mille dernières années. L’éventail important de tous les siècles de- La superficie de glace de mer jamais été atteint depuis au moins Les preuves d’une influence réchauffement observé depuis d’augmentation présenté dans le puis mille ans dans l’hémisphère pendant le printemps et l’été a di- les vingt mille dernières années. humaine sur le climat global cinquante ans. Néanmoins, deuxième rapport était de 1 à Nord. Il est probable que les an- minué de 10 à 15 % dans l’hémi- Plus des deux tiers de l’accrois- sont plus fortes maintenant l’exactitude des estimations de 3,5 oC (...). La différence est prin-

sphère Nord depuis les an- sement du CO2 atmosphérique qu’au moment du deuxième l’importance du réchauffement cipalement due à la réduction nées 1950. Une diminution de pendant les vingt dernières an- rapport [de l’IPCC en 1995] anthropique (...) continue à être prévue des émissions de dioxyde Un organisme l’épaisseur de la glace de 40 % en nées sont dus à la combustion de (...) Les simulations de la ré- limitée par les incertitudes rela- de soufre. (...) Arctique s’est probablement pro- combustibles fossiles. Le reste est ponse au forçage [accroissement tives aux estimations de variabili- Il est presque certain que intergouvernemental duite à la fin de l’été pendant les dû au changement d’utilisation de de l’effet de serre] naturel pris iso- té interne, des facteurs radiatifs toutes les surfaces terrestres se dernières décennies, ce déclin l’espace, notamment à la défores- réchaufferont plus rapidement L’IPCC (Intergovernmental étant beaucoup plus prononcé tation et, à un moindre degré, à la que la moyenne, particulièrement Panel on Climate Change), ou pendant l’hiver. production de ciment. (...) Les négociations en cours depuis Rio celles situées à haute latitude en GIEC (Groupe intergouverne- Le niveau moyen des mers Le taux d’augmentation de la saison froide. Le plus notable est

mental d’experts sur l’évolu- s’est élevé et le contenu en cha- concentration de CO2 dans l’atmo- b La fuite du rapport de l’IPCC européenne a accepté une le réchauffement des régions au tion du climat), a été créé, leur des océans s’est accru sphère a été d’environ 0,4 % par intervient à deux semaines de la réduction de 8 %, les Etats-Unis nord de l’Amérique du Nord et en 1988, par l’Organisation Les données sur les marées an pendant les deux dernières dé- conférence de La Haye, qui a lieu de 7 %, le Japon et le Canada de dans l’Asie du Nord et du centre, mondiale de la météorologie et montre que le niveau moyen des cennies. (...) du 13 au 24 novembre 2000. Les 6 %. La Russie, l’Ukraine et la 40 % au-dessus du changement le Programme des Nations mers s’est élevé de 10 cm à 20 cm La concentration de méthane délégués de tous les pays du Nouvelle-Zélande peuvent se moyen. En revanche, le réchauf- e unies pour l’environnement. pendant le XX siècle. Il est très (CH4) dans l’atmosphère a été globe se retrouveront pour contenter de stabiliser leurs fement serait inférieur à la Réseau international de plu- probable que cela est dû au moins multipliée par 2,5 depuis 1750 et discuter des moyens de lutter émissions, tandis que l’Australie moyenne en Asie du Sud et du sieurs centaines de scienti- en partie à l’expansion thermique continue de s’accroître. (...) contre le changement climatique. (+ 8 %) et la Norvège (+ 1 %) Sud-Est pendant l’été, et au sud fiques, il est chargé d’évaluer de l’eau de mer et à la perte de L’augmentation calculée d’un b La convention de Rio sur les peuvent augmenter les leurs. de l’Amérique du Sud en hiver. les connaissances relatives aux glace associée avec le réchauffe- tiers depuis 1750 de l’ozone tro- changements climatiques, signée b Depuis 1997, la négociation sur (...) risques de changement clima- ment. posphérique [dans la couche basse en juin 1992 par la communauté la mise en œuvre concrète de ces Dans l’hémisphère Nord, la tique. Le rythme d’élévation du niveau de l’atmosphère], du fait des émis- internationale, compte parmi ses objectifs n’avance guère. Europe couverture neigeuse et l’exten- Ces connaissances sont syn- des mers pendant le XXe siècle a sions de plusieurs gaz formateurs objectifs la stabilisation et Etats-Unis s’opposent quant à sion de la glace de mer devraient thétisées dans d’épais « Rap- été environ dix fois plus important d’ozone, est estimée avoir causé des émissions de gaz la place du marché dans ces continuer à diminuer. ports d’évaluation », dont deux que pendant les derniers trois un effet radiatif [de réchauffe- à effet de serres. moyens, et les Etats-Unis Les glaciers et les calottes gla- ont été publiés en 1990 et 1995. mille ans. (...) ment] significatif de 0,35 W/m2. (...) b En décembre 1997, le protocole insistent pour que les pays en ciaires (à l’exception de la ban- Son troisième rapport sera pu- Des changements ont aussi Les agents naturels ont contri- de Kyoto a renforcé cette développement prennent des quise du Groenland et de l’An- blié en 2001. Il est introduit par affecté d’autres aspects impor- bué en petites quantités à l’aug- convention en adoptant des engagements chiffrés. Le Sénat tarctique) continueront leur un « Résumé pour les déci- tants du climat mentation de l’effet radiatif engagements précis pour les des Etats-Unis refuse de ratifier le retrait généralisé pendant le deurs », dont un projet circule Les précipitations ont augmenté pendant le siècle passé nations qui ont commencé à protocole de Kyoto. XXIe siècle. (...) Une perte majeure en ce moment dans la commu- de 0,5 à 1 % par décennie pendant L’effet radiatif dû aux change- s’industrialiser depuis La conférence de La Haye ne de glace [de l’Antarctique] et une nauté scientifique et entre les le XXe siècle sur la plupart des ments de l’énergie émise par le so- cent cinquante ans, et sont donc s’annonce pas sous élévation accélérée du niveau des gouvernements, avant d’être continents de moyenne et haute leil depuis 1750 est estimé repré- responsables de l’accumulation les meilleurs auspices. mers sont maintenant jugées discuté en assemblée plénière, latitudes de l’hémisphère Nord. La senter un cinquième de celui qui de ces gaz dans l’atmosphère. b Les pays développés ne comme très peu probables au e à Shanghaï, en janvier 2001. Les pluie a diminué sur la plupart des est dû au CO2, principalement en Elles doivent réduire globalement parviennent pas à réduire leurs XXI siècle. rapports de l’IPCC sont divisés terres intertropicales pendant le raison d’une augmentation pen- de 5 % en 2008−2012 leurs émissions de gaz à effet de serre : Une élévation du niveau des en chapitres, rédigés par autant XXe siècle (-0,3 % par décennie), dant le XXe siècle. Depuis les an- émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2000, ces émissions mers de 0,14 à 0,80 m est prévue de groupes de spécialistes. Ils quoiqu’il y ait une reprise dans les nées 1970, les instruments satelli- par rapport au niveau de 1990. ont au contraire crû de 11 % aux entre 1990 et 2100, avec une va- sont corrigés par d’autres ex- dernières années. (...) taires ont enregistré de petites Ce chiffre n’est pas identique Etats-Unis, et n’ont pas diminué leur centrale de 0,47 m, ce qui est perts, avant adoption par l’as- Il est probable qu’une augmen- oscillations liées au cycle solaire pour tous les pays : l’Union dans l’Union européenne. deux à quatre fois le taux observé semblée plénière. tation moyenne des événements de onze ans. pendant le XXe siècle. (...) LeMonde Job: WMQ0311--0003-0 WAS LMQ0311-3 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0418 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 3 Nouvelle tentative pour ramener le calme dans les territoires palestiniens Sahara occidental : le Polisario La rencontre entre Yasser Arafat et Shimon Pérès, mercredi soir 1er novembre à Gaza, a débouché sur un accord. La volonté exprimée par les deux parties de réduire les tensions n’a pas empêché des violences mortelles dès jeudi matin juge insuffisantes Après plus d’un mois de troubles sanglants calme dans les territoires. Une rencontre déboucher sur une trêve. Cet accord est sur- sailles à la mort de trois soldats israéliens, qui ont déjà fait plus de cent cinquante entre le président de l’Autorité palesti- venu au terme d’une journée parmi les plus dont deux officiers. Six Palestiniens ont éga- les offres morts et des milliers de blessés, Israéliens et nienne Yasser Arafat et l’ancien premier mi- violentes depuis le début de la crise. Il a en- lement été tués, mercredi. En dépit de l’es- Palestiniens ont une nouvelle fois essayé, nistre Shimon Pérès, qui fait partie du gou- traîné l’annulation par Israël de bombarde- poir né de cet accord, un Palestinien a été mercredi soir 1er novembre, de ramener le vernement d’Ehoud Barak, devait ments d’objectifs palestiniens en repré- tué, jeudi matin, en Cisjordanie. de Rabat JÉRUSALEM fortifié comme un bunker et im- des chrétiens qu’à ceux des POUR le président de la Répu- de notre correspondant planté en plein territoire autonome musulmans. blique arabe sahraouie démocra- De toutes les journées d’affron- palestinien. De violents accro- Quoi qu’il en soit de ces spécula- tique (RASD, autoproclamée), Mo- tements de ce dernier mois, celle chages étaient également signalés à tions, l’Autorité palestinienne ne hamed Abdelaziz, rien n’a du mercredi 1er novembre, durant Jéricho, où un officier israélien est cache pas son désir de ne plus lais- véritablement changé avec l’avène- laquelle six Palestiniens sont décé- mort. L’armée israélienne affirme ser aux seuls Américains, désor- ment du nouveau roi du Maroc, dés, aura été l’une des plus coû- qu’elle a riposté à des tireurs postés mais considérés comme partiaux, Mohammed VI. « Dès son intronisa- teuses pour l’armée israélienne. Au sur le toit du casino, fréquenté l’initiative du processus de paix et tion, nous [lui] avons envoyé un mes- cours de combats qui ont duré de quotidiennement, il y a encore d’y impliquer Européens, Chinois, sage de paix (...) », explique-t-il en longues heures, en plusieurs points quelques semaines, par des milliers Russes et Nations unies. réponse à des questions qui lui ont de la Cisjordanie, trois soldats de de joueurs israéliens et dont une Dans l’entourage de Shimon Pé- été adressées par Le Monde. « Des Tsahal sont morts dans l’après-mi- partie des enjeux alimentaient la rès on affirmait, jeudi matin, que mesures [que le monarque a prises], di de mercredi, provoquant l’inter- trésorerie de l’Autorité palesti- l’accord conclu dans la nuit était notamment sur des dossiers ternissant vention vigoureuse de tanks et nienne. « des plus importants », témoignant l’image de son pays, pouvaient être d’hélicoptères et, quelques heures de la volonté des deux parties de interprétées dans le sens d’un chan- plus tard, dans un ultime sursaut LES RAIDS LIMITÉS ne pas se laisser entraîner à des ini- gement de politique. Mais force est de de sagesse, l’annonce d’un accord Alors que des combats similaires tiatives « définitives et aventu- constater que pour ce qui est du Sa- israélo-palestinien, trêve destinée à éclataient à Naplouse et à Hébron, ristes ». De fait, en dépit de ses me- hara occidental, rien n’a changé... Si faire retomber la tension avant un ainsi qu’aux points désormais cé- naces et de ses ultimatums répétés, nouveauté il y a, c’est bien le blocage incontrôlable dérapage. L’accord a lèbres de Netzarim et de Karni, le premier ministre israélien, de- de la mise en application du plan de été rendu public dans la nuit de dans la bande de Gaza, une bombe puis le début des événements, a paix. (...)Dans le territoire, le quadril- mercredi à jeudi, à l’issue d’une de faible puissance explosait à Jé- montré un parfait sang-froid. lage policier reste de rigueur, les liber- réunion de plus de deux heures te- rusalem et le quartier de Gilo, au Délibérément, les raids de repré- tés inexistantes ; là aussi, la seule dif- nue à Gaza entre Yasser Arafat et sud de la ville, était à son tour pris sailles des hélicoptères, menés férence a été le remplacement de la l’ancien premier ministre Shimon session, Shimon Pérès forgeait avec de geler les mesures de riposte ar- sous le feu de tireurs installés en après que les habitants des quar- police de Basri [l’ancien ministre de Pérès, l’une des rares personnalités Yasser Arafat un accord où les deux mée décidées quelques heures plus contrebas, dans le village palesti- tiers concernés eussent été invités l’intérieur] par l’armée. » politiques israéliennes à avoir en- parties s’engageaient à appliquer tôt, alors que les combats faisaient nien de Beit Jala. Commencés en à partir, ont été limités, et n’ont pas Fin septembre, dans le cadre core la confiance du président de celui de Charm el-Cheikh, demeuré encore rage. début d’après-midi, les tirs n’ont mis en danger la reprise éventuelle d’une rencontre à Berlin sous l’Autorité palestinienne. jusque-là lettre morte. La situation s’est, en effet, consi- cessé que dans la soirée, poussant de la discussion politique. De l’égide de l’ancien secrétaire d’Etat Mobilisé par Ehoud Barak, dérablement détériorée mercredi une partie des habitants à aller même, Ehoud Barak, malgré les ap- américain, James Baker, le Maroc a M. Pérès, disaient mercredi matin « DES MESURES CONCRÈTES » 1er novembre, en début d’après-mi- trouver refuge ailleurs. pels de l’opposition de droite, Ariel proposé de négocier directement les sources politiques israéliennes, Conclu le 17 octobre, à l’issue di, lorsque des soldats israéliens Quartier de Jérusalem construit Sharon en tête, s’est jusqu’ici abs- avec le Polisario pour « sortir de avait mission de mettre en garde d’un sommet réunissant Yasser stationnés au point de contrôle en territoire cisjordanien conquis tenu de mener la guerre écono- l’impasse » dans laquelle le dossier les Palestiniens contre toute esca- Arafat, Ehoud Barak, Bill Clinton, dressé près du village palestinien immédiatement après la guerre de mique que le contrôle israélien sur se trouve (le référendum d’autodé- lade supplémentaire. Le même Hosni Moubarak et Kofi Annan, d’Al-Khader, près de Bethléem, ont 1967, Gilo est situé à proximité de les approvisionnements palesti- termination parrainé par l’ONU est message avait été délivré la veille l’accord de Charm el-Cheikh pré- été pris sous le feu nourri de tireurs Bethléem où, comme à Beit Jala, niens en pétrole, électricité et mar- reporté depuis 1991). Mohamed Ab- par l’ancien chef d’état-major, Am- voyait, entre autres, un engage- embusqués en une dizaine de réside une importante communau- chandises de toutes sortes, pourrait delaziz accuse Rabat de duplicité. non Lipkin-Shahak, et un ancien ment « public et non équivoque » points. Un soldat israélien est mort té palestinienne chrétienne. Pour l’inciter à déclencher. « A Berlin, explique-t-il, le Maroc a chef du Shin Beth reconverti dans des deux parties à cesser les vio- sur le coup, bientôt suivi par un of- plusieurs observateurs israéliens, Les pressions, notamment mili- surtout déclaré qu’une solution dé- les affaires, Yossi Guinossar. Mais lences et à prendre « des mesures ficier qui tentait de porter secours cette particularité explique les at- taires, auxquelles Ehoud Barak fait mocratique de la question du Sahara le cours des événements, marqués concrètes » telles que le retrait des aux blessés. Deux combattants pa- taques répétées contre Gilo. Il face sont pourtant énormes, occidental ne l’intéressait pas. (...) Le par la multiplication des combats forces, l’élimination des points de lestiniens sont morts dans les af- s’agirait, affirment-ils, de provo- comme sont sans doute fortes Maroc bloque la voie référendaire. » autour de Naplouse, Jérusalem, friction, la remise en place de la frontements, où ont été engagés quer une forte réaction militaire is- celles qui s’exercent sur Yasser Ara- Quant aux « négociations directes » Bethléem et Jéricho, a changé le coopération sécuritaire israélo-pa- tanks et hélicoptères. raélienne susceptible, à son tour, fat. Mais jusqu’ici aucun d’eux n’a évoquées par Rabat, Mohamed Ab- mandat de l’ancien premier mi- lestinienne, et la fin du bouclage Bientôt des combats similaires d’entraîner l’intervention de la pris d’initiative irréversible. delaziz refuse d’y voir « quelque nistre. Alors que, dans la soirée, le des territoires. Pour aboutir, le ca- éclataient à Bethléem, autour de la communauté internationale chose de nouveau ». « Le Front Poli- cabinet de sécurité israélien tenait binet de sécurité israélien a décidé tombe de Rachel, site religieux juif réputée plus sensible aux malheurs Georges Marion sario et le Maroc, rappelle-t-il, négo- cient directement depuis 1997. » Le président de la RASD est certes d’accord pour continuer mais « sous Les Palestiniens, entre craintes, espoirs et spéculations l’égide de l’envoyé spécial personnel du secrétaire général de l’ONU, dans RAMALLAH rouge » entre proches de Yasser (96 % des territoires aux Palesti- tion l’ONU, les Européens, la Rus- rigeants palestiniens sont terrori- le cadre du plan de règlement ». et JÉRUSALEM-EST Arafat et d’Ehoud Barak a tou- niens avec un transfert de terres sie et les pays arabes. Ils espèrent sés à l’idée d’attentats suicides en de notre envoyé spécial jours fonctionné, et des ren- près de Gaza), tout en repoussant y parvenir. Ils espèrent l’envoi de Israël. Ils ont libérés des militants BATAILLE DIPLOMATIQUE Il y a les déclarations publiques contres ont lieu. Les conversations la question de Jérusalem et l’ac- troupes internationales d’interpo- du Hamas, mais aucun de ses res- En cas d’échec, les Sahraouis du en situation de crise, et ce qui se ne portent cependant que sur les ceptation palestinienne de la « fin sition afin de protéger les civils pa- ponsables militaires. « Le Hamas Front Polisario reprendront-ils les dit sans micros. Voici ce que des problèmes de sécurité, ou du conflit ». M. Barak aurait refu- lestiniens. Mais dans l’immédiat, est en veilleuse. Ses gens sont peu armes alors que depuis 1991 existe conversations avec des proches de presque. Or l’Autorité ne peut im- sé net. Après, il y a eu les morts « les Etats-Unis restent la seule su- dans la rue. Il attend son heure. Si un plan de paix et que les deux par- Yasser Arafat et des analystes pa- poser un retour au calme sous les sur l’esplanade des Mosquées. Fin perpuissance, donc décisifs », ils on reprend langue avec les Israé- ties observent un cessez-le-feu su- lestiniens permet de savoir des ré- roquettes, elle perdrait tout crédit. de l’épisode Barak. D’autant plus sont opposés à un tel envoi. Quant liens, il agira pour tout faire pervisé par l’ONU ? Mohamed Ab- flexions au sein de l’Autorité pa- L’accalmie suppose des « gestes » que son avenir politique personnel aux Européens, « ils se disent nos échouer. » delaziz est catégorique : « Nous lestinienne. Sachant qu’au-delà israéliens (négocier malgré la vio- leur semble bouché. « Soit il fait un amis en privé mais sont diplomati- b Les Palestiniens craignent- continuerons à accepter le cessez-le- des objectifs finaux (l’Etat souve- lence, se retirer loin des villes pa- gouvernement d’union nationale et quement couards ». Et de rappeler ils des mesures unilatérales is- feu », affirme-t-il, mais le Polisario rain, sa capitale à Jérusalem), la si- lestiniennes). Mais sur le fond, il est l’otage du Likoud, soit il perdra leur récent vote à l’ONU, où six raéliennes, telle la « séparation n’acceptera « en aucun cas » que la tuation se gère au jour le jour dans d’entre eux se sont abstenus de physique » ? Ils n’y croient pas. présence des casques bleus « serve la tension et la confusion. Un de condamner Israël. « Encore un projet fumeux d’Ehoud uniquement le maintien du statu quo nos interlocuteurs ajoute : «Le « Ehoud Barak fonctionne par oukases. b Vont-ils déclarer l’Etat indé- Barak. » Si la séparation préserve ou encore de paravent à une solution camp d’en face est dans le même pendant le 15 novembre ? Il les colonies, elle est impossible à qui passe outre le strict respect du état. » Avec lui, c’est toujours à prendre ou à laisser. semble que non, mais le débat est mettre en œuvre, vu leur imbrica- choix librement exprimé par le peuple b La nouvelle Intifada va-t- important autour de Yasser Ara- tion avec les villages arabes. Et sahraoui ». elle se poursuivre ? A court Il a failli avec nous. fat. Pour les partisans de l’an- « pour nous parquer dans 60 % du Le Maroc continue de tenter terme, certainement. « Nous ne te- nonce, « c’est la seule arme non territoire avec des barbelés autour, d’isoler diplomatiquement la RASD nons la rue qu’à 70 %. » Entre « la Et ce comportement échoue avec ses propres violente dons nous disposons en ce Barak devra démanteler des colo- avec l’aide d’« une puissance euro- rue » (c’est-à-dire, aussi, partis et moment ». Arguments des oppo- nies. Sans accord avec nous, il n’au- péenne (la France) », dit Mohamed militants) et la direction de l’OLP, partenaires en Israël » sants : « Israël n’attend que ça pour ra pas la légitimité populaire en Is- Abdelaziz. Mais si la RASD a perdu c’est le vide sidéral. Les institu- tout remettre en cause », « la rue y raël pour le faire. Sans parler de la reconnaissance de l’Inde, elle est tions embryonnaires de l’Etat pa- verra une gesticulation qui ne l’image de l’Etat juif dans le parvenue à accréditer un ambassa- lestinien ne fonctionnent plus. A c’est l’impasse, pour deux raisons. des élections. Pourquoi négocier change rien », « nous perdrons tous monde ». Ni de la résistance fa- deur au Nigeria et à nouer des rela- moyen terme, la mobilisation po- Premièrement, juge un analyste, avec un homme politiquement nos acquis diplomatiques ». rouche qu’opposeraient les Pales- tions diplomatiques avec la Guinée- pulaire prolongée pose un pro- « si nous avons des objectifs clairs et mort ? » b L’Autorité craint-elle les is- tiniens. Bissau. blème, celui du « chaos : un risque une perspective floue sur les moyens b Jugent-ils que le temps joue lamistes ? Officiellement, c’est pour l’Autorité ». « L’idéal, ce serait d’y parvenir, les Israéliens, eux, ont en leur faveur ? A court terme, l’union nationale En réalité, les di- Sylvain Cypel Jean-Pierre Tuquoi un mouvement pacifique continu de une tactique simple, nous faire disent-ils, l’Intifada a « redonné protestation. Mais l’évolution dé- plier, mais une politique illisible. conscience à la communauté inter- pend des Israéliens, qui ont l’essen- Imaginent-ils vraiment nous impo- nationale des points clefs de la tiel des cartes en main. » Les diri- ser une paix à leurs conditions ? question palestinienne, qui sem- geants palestiniens, malgré les Une nouvelle Intifada reprendrait blaient oubliés : le respect des fron- morts civils quotidiens, sont tôt ou tard ». Deuxièmement, tières, l’illégalité des colonies et le conscients du fait qu’Israël « se re- « Clinton est en fin de mandat. Pour droit au retour des réfugiés ». Ils frène ». « Ils tapent de plus en plus un déblocage, il faut attendre une constatent aussi un début de divi- fort, dit un ministre, entraînant nouvelle administration améri- sion dans l’état-major israélien chaque fois une contre-escalade, caine ». Dilemme : des respon- entre partisans d’une répression mais ils sont loin de leur puissance sables sont conscients qu’ils ne accrue et ceux qui la jugent impro- maximum. » Au moins jusqu’à pourront éternellement exiger ductive. Pareillement, la position mercredi, les Palestiniens ont or- l’application par les Israéliens des d’une minorité du mouvement pa- donné à leurs polices d’être le accords intérimaires signés, donc cifiste israélien La Paix Maintenant moins présentes possible dans les revenir au cadre d’Oslo, et insister de revenir à l’exigence d’un retrait affrontements (les Israéliens le pour sortir de la logique d’Oslo. israélien aux frontières du 6 juin savent). D’autant qu’Israël, maître b Qu’attendent les Palesti- 1967 est perçue comme un début de fait du budget de l’Autorité, des niens d’Ehoud Barak ? Presque de maturation en Israël. A long voies de communication, de la dis- plus rien. Autant des Israéliens terme « l’apartheid colonial est tribution d’eau et d’électricité, comme Yossi Beilin, Shlomo Ben sans avenir ». Le problème, c’est le etc., dispose de moyens de coerci- Ami (qui a pourtant perdu beau- moyen terme. « Tout peut arriver, tion. Pour le moment, l’escalade coup de crédit) et Shimon Pérès de la divine surprise type Oslo sur de de la répression « accroît la déter- restent des partenaires possibles, nouvelles bases à la tragédie to- mination des gens ». Donc le risque autant « le cas Barak est désespé- tale. » « Le déséquilibre des forces de chaos. « Les colons religieux at- ré ». « Il fonctionne par oukases. est trop grand, mais ils [les Israé- taquent de plus en plus les paysans Avec lui, c’est toujours à prendre ou liens] ne peuvent pas se débarrasser et les villageois. Nous devons abso- à laisser. Il a failli avec nous. Et ce de nous. Pendant des années nous lument éviter la balkanisation, si- comportement échoue avec ses pouvons connaître une Intifada- non ce sera le bain de sang et per- propres partenaires en Israël ». processus de paix en alternance. Ce sonne ne sait comment cela finira ». Après Camp David, M. Arafat au- sera notre way of life. » b Des négociations peuvent- rait proposé de réfléchir à nou- b Croient-ils possible de chan- elles s’engager ? A chaque phase veau sur la base de l’accord offi- ger les règles du jeu ? L’objectif de l’escalade, le « téléphone cieux Beilin-Abou Mazen de 1996 est de réintégrer dans la négocia- LeMonde Job: WMQ0311--0004-0 WAS LMQ0311-4 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:41 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0419 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 INTERNATIONAL

ESB : l’agence alimentaire La Yougoslavie fait son retour officiel britannique demande au sein de l’Organisation des Nations unies L’Assemblée générale de l’ONU a admis à l’unanimité la RFY comme nouveau membre

le dépistage sur le mouton er La RFY a réintégré, mercredi 1 novembre, l’Or- avait refusé que le pays dirigé par Slobodan Mi- goslavie. Seul l’ambassadeur américain, Richard ganisation des Nations unies, dont elle avait été losevic occupe le siège laissé vacant de l’an- Holbrooke, a rappelé le président Kostunica à Elle juge cette mesure « urgente » exclue en 1992, quand le Conseil de sécurité cienne République socialiste fédérative de You- son devoir de coopération avec le TPI. APRÈS LA VACHE, le mouton ? si certaines de ces bêtes sont en LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE la guerre en Bosnie, après l’avoir nan, a affirmé que cette admission consciencieux de la communauté in- Au commencement de la « vache réalité atteintes d’ESB », a dit Sir de Yougoslavie (RFY, composée de fait en Slovénie et en Croatie. La « était un moment historique dans ternationale » pour promouvoir la folle » était, supposent certains John. la Serbie et du Monténégro) a été Slovénie, la Croatie, puis la Bosnie- la longue et difficile transformation paix dans les Balkans. experts, le mouton et sa « trem- La question de la contamination admise, mercredi 1er novembre, Herzégovine et la Macédoine, ac- des Balkans en une région véritable- L’ambassadeur des Etats-Unis blante », maladie neurodégénéra- des moutons britanniques par comme nouvel Etat membre de cédaient successivement à l’indé- ment libre et démocratique ». auprès de l’ONU, Richard Hol- tive proche de l’encéphalopathie l’agent de l’ESB est officiellement l’Organisation des Nations unies. pendance. brooke, a dit qu’il espérait que «la spongiforme bovine (ESB). C’est soulevée depuis juin 1996 et la dé- L’Assemblée générale a adopté à Agissant avec une célérité inha- LE TPI ATTENDRA Yougoslavie comprendra qu’elle doit parce que les vaches ont consom- monstration que les ovins pou- l’unanimité une résolution en ce bituelle, moins de trois semaines Cette admission met fin au sta- coopérer avec le Tribunal pénal in- mé des farines de viande et d’os vaient aisément être infectés par sens présentée par l’Union euro- après l’arrivée au pouvoir de tut bizarre de la RFY à l’ONU, où ternational » (TPI). Après s’y être fabriquées à partir de cadavres de l’agent de l’ESB. L’évocation en péenne, et coparrainée par M. Kostunica, l’ONU a voulu ré- flottait toujours l’ancien drapeau d’abord publiquement opposé, moutons infectés par l’agent de la juin 1998, dans ces colonnes, de ré- soixante-dix pays. Cette admission compenser le peuple yougoslave de la Yougoslavie socialiste du ma- M. Kostunica n’a pas exclu de coo- « tremblante » que le prion pa- sultats expérimentaux a priori in- referme une parenthèse de huit « de s’être débarrassé de la dicta- réchal Tito. Ce drapeau a été rem- pérer un jour avec le TPI, le tribu- thologique aurait pu franchir la quiétants obtenus en Grande-Bre- ans pendant laquelle le siège de la ture » de l’ancien président Slobo- placé par celui de la RFY au cours nal de l’ONU qui a inculpé Slobo- barrière des espèces, se recycler tagne avaient fait l’objet d’une Yougoslavie, un des pays fonda- dan Milosevic, a dit à la presse d’une cérémonie en fin d’après-mi- dan Milosevic de crime de guerre chez le bovin avant d’atteindre mise au point rassurante de Jack teurs de l’Organisation en 1945, l’ambassadeur de France, Jean-Da- di devant le siège des Nations et de crime contre l’humanité pour l’homme. Et si, par un curieux re- Cunningham, alors ministre de était resté vide. vid Levitte. « Avec une fierté légi- unies. Le nombre des Etats son action au Kosovo. Il a toutefois tournement, la « tremblante » qui l’agriculture, expliquant que le gou- En septembre 1992, l’ONU avait time, le peuple yougoslave va pou- membres de l’organisation reste répété que cela ne constituait pas affecte le cheptel ovin depuis vernement britannique « continuait déclaré vacant le siège précédem- voir prendre toute la place qui lui ainsi de 189. pour lui « une priorité » et les Oc- deux siècles sans jamais avoir tou- à creuser l’hypothèse que certains ment occupé par l’ancienne Répu- revient dans le concert des na- Devant l’Assemblée, l’envoyé cidentaux ont décidé de ne pas ché l’homme masquait au- cas de tremblante du mouton se- blique socialiste fédérative de You- tions », a dit M. Levitte, qui s’expri- spécial du président Kostunica, faire pression sur lui à ce sujet. jourd’hui le développement fou- raient en fait de l’ESB ». « Nous ten- goslavie (RSFY), alors que les mait devant l’Assemblée générale Goran Slivanovic, a « donné l’assu- « Laissons-le tranquillement instal- droyant de l’encéphalopathie tons de développer des méthodes forces serbes de l’armée fédérale au nom des Européens. Le secré- rance » que « la Yougoslavie sera un ler la démocratie », a dit M. Levitte. spongiforme bovine (ESB) chez le plus rapides pour les différencier », aux mains de Milosevic menaient taire général de l’ONU, Kofi An- voisin de confiance et un membre – (AFP.) mouton ? Les symptômes étant expliquait alors M. Cunningham. très similaires, la nouvelle agence Suivant l’avis des experts du comité de sécurité alimentaire britan- Dormont, le gouvernement Juppé nique veut avoir une réponse avait pour sa part, dès le mois de Un Tribunal international qui dérange claire. juillet 1996, décidé de faire de la Au terme d’une réunion avec tremblante une maladie à déclara- IL FAUDRAIT que M. Kostunica lise le livre commis », déclare notamment M. Dumas. « Mit- bonnes manières envers les gouvernants : la Ca- les experts de l’industrie agro-ali- tion obligatoire et d’interdire la que Pierre Hazan consacre au Tribunal inter- terrand était hostile à cette dimension judiciaire nadienne Louise Arbour, qui va tancer les Oc- mentaire et les associations de consommation des viandes issues national de La Haye sur l’ex-Yougoslavie (TPI). qui compliquait la tâche des négociateurs, mais il cidentaux sans complexe ; la suite, ce sera l’in- consommateurs qui participent à des bêtes malades. Le nouveau président yougoslave y trouverait a laissé faire », dit-il encore. culpation de l’instigateur suprême des crimes sa gestion, la Food Standard En Grande-Bretagne, la FSA va de quoi nuancer l’idée qu’il se fait de ce tribu- Il faut lire ce récit des origines pour commis dans l’ex-Yougoslavie, par laquelle le Agency (FSA) a, mardi 31 octobre, d’autre part recommander aux au- nal, qu’il tient pour un comprendre la persistance de cette hostilité TPI fait acte d’indépendance mais complique la recommandé au gouvernement torités d’étendre l’interdiction du simple « jouet dans la main dans les milieux français et autres où l’on consi- tâche de la diplomatie occidentale et du futur britannique d’entreprendre « cannibalisme » à toutes les bêtes du président américain ». dère toujours aujourd’hui que la justice ne peut successeur de Milosevic. La suite, c’est enfin et – « d’urgence », a souligné Sir d’élevage destinées à la consom- L’histoire que raconte qu’être une entrave à la diplomatie et aux pro- surtout le fait que cette institution a déclenché John Krebs, directeur de la FSA – mation humaine. La législation en Pierre Hazan est précisé- cessus de paix et que les grandes puissances ont dans l’opinion occidentale un réel engouement l’examen des bêtes. Un test de dé- vigueur en Grande-Bretagne inter- ment celle d’une institution fait une grave erreur en créant des tribunaux in- pour la lutte contre l’impunité. pistage visant à déterminer si oui dit déjà les farines de viande et d’os qui, au fil des ans, est par- ternationaux... Pierre Hazan est sans complaisance. Il relève ou non le mouton est atteint de dans l’alimentation des ruminants venue à échapper dans une Une naissance peu glorieuse. Pire qu’un dé- notamment la désinvolture avec laquelle le TPI l’ESB existe déjà, mais il est telle- (bovins et ovins) et des omnivores large mesure à ceux qui faussement, ce fut, dit Pierre Hazan, «une im- a écarté les plaintes qu’il a reçues contre l’OTAN ment compliqué et d’un coût si comme le porc. La FSA propose l’ont créée (pas seulement les Américains), à posture », consistant à « utiliser la morale et le pour certains des bombardements en Serbie. prohibitif que quelques centaines d’inclure dans la liste des produits leurs arrière-pensées initiales et à leurs manipu- droit pour camoufler une politique de renonce- Mais, malgré ses imperfections, ce tribunal est de bêtes seulement ont jusqu’ici prohibés tous les dérivés du sang lations. ment ». Passons sur les différents épisodes de devenu une espèce de relais de ce qu’avait été été examinées. Sir John invite les animal, la gélatine et le suif. Cette C’est d’abord l’histoire d’un tribunal mal né, cette imposture, parmi lesquels la négociation dans les consciences celui de Nuremberg. Le ré- autorités à mettre rapidement au question devait être discutée jeudi conçu en 1992, au plus fort des massacres en de Dayton fin 1995, où Milosevic est promu au cit de « cette dialectique sans précédent qui se point un marqueur biologique avec les experts. Elle conduirait à Bosnie et au moment où le refus des gouverne- rang d’homme de paix par les Occidentaux. En nouait entre la justice et la guerre, la morale et le simple qui permettrait de tester rejeter la demande des éleveurs qui ments occidentaux d’aller y mettre un terme n’instruisant pas plus tôt le cas Milosevic, le TPI politique » est des plus éclairants, alors que de rapidement le cheptel. « Il n’y a souhaitent nourrir leurs volailles militairement devint insoutenable face à la a-t-il démontré qu’il était à la solde des grandes plus en plus – en Afrique, en Asie, au Proche- jusqu’ici aucune preuve d’une épi- avec des déchets de viande et d’os. pression des médias et à l’indignation publique. puissances, lesquelles entendaient épargner les Orient – on en appelle à une justice internatio- zootie d’ESB comme elle existe chez Les volailles ne devraient plus pou- On n’arrête pas les guerres ethniques avec un chefs avec qui elles traitaient ? nale qui n’est encore qu’en gestation, alors que le bœuf. Nous ne pouvons malheu- voir consommer non plus de dé- tribunal, mais le TPI allait servir d’alibi moral à bien des malentendus ont encore cours, et que reusement pas exclure l’éventualité chets de volailles, plumes et ma- ces gouvernements acculés. Les confidences AUCUNE COMPLAISANCE POUR SON SUJET les grandes puissances sont en train de laisser que quelques moutons sont infec- tières fécales comprises. que l’auteur a recueillies auprès de Roland Du- Non, car l’aventure de La Haye ne s’arrête pas son principal inculpé échapper au TPI. tés. Des expériences sont donc en « Il faut mettre un terme à tous les mas, ancien ministre français des affaires étran- là. La suite, c’est la révolte qui allait sourdre de cours », a déclaré mercredi un aspects du recyclage interne aux es- gères, sont à cet égard un étonnant aveu de cy- l’intérieur même du TPI, la fronde des juges ; Claire Tréan porte-parole du premier ministre. pèces », a martelé Sir John Krebs. nisme : « Puisque nous ne voulions pas intervenir c’est le franc-parler militant du premier pré- En France, les farines de viande et militairement en Bosnie, je ne voulais pas que sident du TPI, l’Italien Antonio Cassese ; c’est le ૽ La Justice face à la guerre, de Nuremberg à PLUS DE VOLAILLES CANNIBALES d’os sont toujours autorisées dans nous apparaissions comme les complices de remplacement du Sud-Africain Richard Gold- La Haye, Pierre Hazan, Stock, 285 p . , 120 F Aucun cas d’ESB n’a jusqu’ici l’alimentation des porcs, des vo- crimes qui étaient encore en train d’être stone par un procureur moins soucieux des (18,3 ¤). été officiellement enregistré à lailles et des poissons. Jacques l’état naturel dans le cheptel ovin Chirac s’est prononcé en faveur de britannique, mais plusieurs don- leur interdiction définitive et le nées scientifiques plaident en fa- gouvernement a saisi de cette Nekibe Kelmendi prône la justice plutôt que la vengeance au Kosovo veur de cette hypothèse. Le minis- question l’Agence française de la tère de l’agriculture fournira dès sécurité sanitaire des aliments (Afs- PRISTINA principale figure albanaise du bar- Bajram Kelmendi avait déjà, pendant la guerre, « blancs pour les le mois de décembre un pro- sa). Dans un entretien au Monde, de notre envoyé spécial reau de Pristina et de tout le Koso- près de dix ans auparavant, été Serbes, verts pour les Albanais. Lors- gramme d’urgence, qui n’existait Martin Hirsch, directeur général de « Je suis partagée. Heureuse de vo. Son meurtre et celui de deux menacé de mort. Belgrade, à qu’ils les leur ont remis, ils leur ont pas pour l’épizootie de « vache l’Afssa, a expliqué qu’une réponse voir que nous sommes capables de ses trois enfants avaient boule- l’époque, venait de supprimer l’au- promis de revenir les aligner contre folle ». « Dans la pire des hypo- documentée ne pourrait pas être d’assurer dignement la transition versé et effrayé les Albanais. tonomie du Kosovo et matait vio- un mur et de les tuer ». Quelques thèses, si la FSA estime que le mou- fournie avant « trois ou quatre d’un système démocratique. Cette C’était probablement le but re- lemment déjà la froide révolte des jours plus tard, les soldats de ton est impropre à la consomma- mois » (Le Monde du 31 octobre). élection est donc un bon début. Mais cherché par les forces serbes : Albanais. « La seule chose qui ait l’OTAN entraient dans la province. tion humaine, l’embargo sur la Dans l’attente, les Verts réclament anéantir un symbole de l’indépen- disparu de chez nous lorsqu’ils ont Une partie du cauchemar prenait consommation d’ovins sera to- un arrêt immédiat de l’utilisation PORTRAIT dantisme pacifiste, faire fouillé la maison [le 25 mars 1999] fin. tale », a indiqué un porte-parole. de ces farines dans l’alimentation Le mari et deux fils comprendre aux modérés de la est le dossier dans lequel j’avais réu- Malgré ce drame, Nekibe Kel- Il n’est donc pas exclu aujourd’hui animale. A Paris, une réunion des LDK que les intellectuels des villes ni des documents prouvant l’impli- mendi affiche une dignité sans que les 40 millions de moutons différents ministres concernés par de la juriste n’étaient guère plus à l’abri que les cation de services secrets de la po- faille, un sens aigu de la justice et britanniques soient détruits. On la « vache folle » devait se tenir ont été assassinés par « terroristes » de l’UCK, la guérilla lice, de l’armée et de plusieurs civils de la défense des droits de n’en est pas là. Pour l’heure, sa- jeudi. « l’occupant » serbe albanaise. dans cette tentative d’attentat », ra- l’homme qui la rapproche de Na- chant que « 4 000 moutons britan- « Les assassins sont venus de Bel- conte-t-elle. tacha Kandic, son alter ego serbe, niques succombent à la tremblante Patrice Claude (à Londres) grade. Je ne les avais jamais vus ici qui dirige à Belgrade le Centre chaque année, nous voulons savoir et Jean-Yves Nau je suis triste. » Soudain, le regard avant. Ils appartenaient aux services « JE N’EN VEUX PAS AUX SERBES » pour le droit humanitaire. « Je n’en de Nekibe Kelmendi, noir comme secrets serbes », affirme Nekibe Pendant toutes les semaines veux pas aux Serbes. Je suis contre sa tenue de deuil, se voile derrière Kelmendi, aujourd’hui corespon- qu’ont duré les bombardements, les criminels », assène-t-elle. «Le ses lunettes. Au lendemain des sable de la justice au Kosovo, avec Nekibe Kelmendi s’est cachée à problème est qu’il y en a eu beau- élections municipales organisées la juge française Sylvie Pantz, au Pristina dans une famille de Roms, coup au cours des dix dernières an- au Kosovo samedi 28 octobre, elle sein de l’administration conjointe la peur au ventre. « Je ne pensais nées. Ceux-là n’ont pas leur place fait un retour en arrière de quel- mise en place par la Mission d’ad- pas sortir vivante de cette épreuve », au Kosovo », explique-t-elle. ques mois : « Je pense à Bajram, ministration intérimaire des Na- confie-t-elle. Elle extirpe de son « Comment nous imaginer revivre mon mari, à Kastriot, mon fils aîné, tions unies au Kosovo (Minuk). Les sac à main deux feuilles vertes. «Je sous l’autorité de la Serbie ou de la tous deux auraient voté librement trois martyrs albanais ont été arra- les garde pour les montrer à ceux Yougoslavie ? C’est impossible, les pour la première fois, et à Kushtrim, chés de leur domicile par des qui n’étaient pas là, pour qu’on plaies ne sont pas refermées mais mon plus jeune enfant, qui aurait eu hommes armés en uniforme, sous n’oublie pas ce que le régime de Bel- nous devons garantir les droits de dix-huit ans dans un mois. » Assise les yeux de leur femme et mère. grade préparait », explique-t-elle. ceux qui n’ont pas participé à la dans une pièce exiguë du siège de On retrouva leur corps le lende- Ce sont les certificats de résidence guerre », ajoute cette juriste. la Ligue démocratique du Kosovo main, à l’extérieur de Pristina, exé- de sa fille et de son gendre que Elle s’est attelée à cette tâche en (LDK) d’Ibrahim Rugova, Nekibe cutés de plusieurs balles. l’administration serbe exigeait s’immergeant dans la gestion d’un Kelmendi voudrait goûter pleine- des dossiers les plus difficiles du ment cette journée particulière Kosovo d’aujourd’hui : la pour les Albanais de la province Une militante kosovare des droits de l’homme graciée construction d’un système judi- seize mois seulement après la fin ciaire digne de ce nom. Nekibe de la guerre. Il y a une certaine sa- Une militante kosovare albanaise des droits de l’homme, Flora Kelmendi s’était indignée de la fa- tisfaction mais surtout un inson- Brovina, a été libérée, mercredi 1er novembre, de la prison serbe où cile évasion, de la prison de Mitro- dable chagrin. « Il faut que j’aille elle était incarcérée, après avoir été graciée par le président yougo- vica en août, d’une dizaine de pri- déposer des fleurs sur leur tombe », slave, Vojislav Kostunica. Flora Brovina, présidente de la Ligue des sonniers serbes, certains inculpés s’excuse-t-elle. femmes albanaises, condamnée à douze ans de prison en décembre de crimes contre l’humanité. Une affichette est scotchée sur la 1999 pour « activités terroristes », était devenue le symbole des Alba- « J’avais présenté ma démission à la grille d’entrée de sa maison à Pris- nais incarcérés en Serbie. « Je suis heureuse d’être chez moi, mais je ne Minuk, glisse-t-elle. Bernard tina annonçant le décès de «ses» serai pas totalement libre tant que tous les autres prisonniers ne seront Kouchner m’a convaincue de res- trois hommes, « assassinés par l’oc- pas rentrés, a-t-elle déclaré à son arrivée au Kosovo. J’ai entendu dire ter. » Rester pour construire un cupant », est-il écrit, dans la nuit qu’ils allaient adopter une loi et que les autres allaient rentrer dans les Etat de droit au Kosovo, pour du 24 au 25 mars 1999. Le drame a dix jours. » Selon l’ONU, il reste environ 950 prisonniers albanais en « poursuivre l’engagement de mon eu lieu la première nuit des bom- Serbie. Bernard Kouchner a estimé que M. Kostunica devait être mari, pour mes deux fils... ». bardements de l’OTAN sur la You- « félicité » pour cette grâce et il a appelé à la libération de « tous les goslavie. Bajram Kelmendi était la prisonniers politiques albanais du Kosovo en Serbie ». Christophe Châtelot LeMonde Job: WMQ0311--0006-0 WAS LMQ0311-6 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0420 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 INTERNATIONAL Les prétendants à la Maison Blanche forcent Nouvel attentat à la voiture piégée de l’ETA en Espagne l’allure dans les Etats électoralement cruciaux MADRID. Une voiture piégée a explosé, dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 novembre, à Barcelone, faisant deux blessés. La voiture, une Ford Orion, chargée, d’après les enquêteurs, de 20 kilos d’explo- sifs, avait été abandonnée, en plein centre de la ville, près de l’Hôtel George W. Bush est légèrement en tête, selon les sondages Hilton et de la grande avenue qui traverse Barcelone, la Diagonal. Dans un appel au journal catalan Avui, quelqu’un se réclamant de Selon plusieurs sondages publiés mercredi gèrement son rival démocrate, le vice-président allure forcée pour essayer de mobiliser les abs- l’organisation séparatiste basque armée ETA avait signalé l’explosion 1er novembre, le candidat républicain à la Mai- Albert Arnold Gore, dans la course à la prési- tentionnistes alors que son colistier, Joe Lieber- imminente. Les deux blessés, un garde d’un centre commercial et un son Blanche, George Walker Bush, devance lé- dence américaine. M. Gore sillonne le pays à une man, laboure la Floride, un Etat crucial. policier municipal qui s’était rendu sur place à la suite du coup de té- léphone, ne sont pas en danger. C’est la deuxième voiture piégée qui NEW YORK qui vote démocrate depuis 1972. ces deux candidats « vendus au Ces efforts traditionnels des explose, en trois jours ; la précédente, à Madrid, avait causé la mort de notre correspondante Mais rien n’est comme avant et rien grand capital », « politiciens hérédi- groupes associés aux partis démo- d’un juge, de son garde du corps et de son chauffeur, blessant par ail- A six jours du scrutin, c’est pra- n’est plus prévisible, M. Gore a de taires pour électeurs héréditaires », et crate ou républicain sont toutefois leurs, trente personnes. – (Corresp.) tiquement du corps à corps : dans bonnes chances d’emporter la Flo- au monopole des deux partis poli- compliqués cette année par diffé- une rue de Flint, dans le Michigan, ride, comme M. Bush paraît bien tiques. L’un des sondages publiés rents facteurs : de nombreux syndi- l’un des Etats placé pour emporter le Minnesota, vendredi lui permettait d’espérer calistes, par exemple, en veulent au Kiev menace de repousser à nouveau clés qui dé- où, contre toute attente, Ralph Na- franchir la barre des 5 % des voix en vice-président Gore d’avoir vigou- cideront de der, le candidat des Verts, est crédi- moyenne nationale, nécessaire pour reusement défendu, aux côtés de l’élection du té de 10 % dans les sondages. obtenir un financement fédéral de Bill Clinton, les accords commer- la fermeture de Tchernobyl président des Ignoré par les médias tous ces 12 millions de dollars (14 millions ciaux de la mondialisation. S’il Etats-Unis, derniers mois, Ralph Nader est su- d’euros) pour la prochaine cam- s’avère que la victoire dépend du KIEV. La fermeture de Tchernobyl prévue pour le 15 décembre pour- mardi 7 no- bitement le trouble-fête qui met un pagne présidentielle. taux de participation, George W. rait être repoussée à avril 2001 si la communauté internationale ne vembre, les mi- peu de sel dans une histoire qui en Devant la proportion d’électeurs Bush a alors plus de chances de respecte pas ses engagements financiers, a menacé, mercredi 1er no- J-5 litants républi- manquait singulièrement, et les encore indécis à moins d’une l’emporter car la base républicaine vembre, un haut responsable ukrainien. « Nous étudions la possibilité cains ont pris position dans le bas chaînes de télévision d’informations semaine de l’élection (plus de 10 %), semble beaucoup plus mobilisée de reporter la fermeture de Tchernobyl jusqu’à la fin de la période de de la rue, les démocrates dans le par la perspective de reprendre la chauffage » obligatoire qui se termine en avril, a précisé Olexandre haut, avec le même objectif : mobi- Maison Blanche que les militants Bilitchenko, un directeur exécutif d’Energoatom, structure chargée liser l’électorat, convaincre les gens L’adoption du budget reportée après la présidentielle démocrates, visiblement un peu d’exploiter les centrales nucléaires ukrainiennes. « L’arrêt de Tcherno- d’aller voter et réveiller la base. désabusés. byl est une affaire compliquée et nous avons besoin de financement », a- Avec des sondages toujours trop Le Sénat a décidé de reporter l’adoption définitive du budget après t-il ajouté. Ces nouvelles menaces de report de fermeture sont inter- serrés pour pouvoir prédire l’issue les élections du 7 novembre, a annoncé, mercredi, le leader de la majo- « LA FLORIDE EST CRUCIALE » venues alors que le président de la Banque européenne pour la re- du duel entre Al Gore et George W. rité républicaine du Sénat, Trent Lott. La session « s’achève dans qua- Certains experts commencent à construction et le développement (BERD), Jean Lemierre, est attendu Bush, même si les derniers chiffres rante-cinq minutes pour reprendre le 14 novembre », a indiqué M. Lott. évoquer la possibilité d’un résultat jeudi à Kiev tandis que le président de la Commission européenne publiés, mercredi 1er novembre, Entre-temps, les agences fédérales auront droit à des enveloppes bud- électoral contradictoire, qui accor- Romano Prodi doit s’y rendre les 9 et 10 novembre. – (AFP.) semblaient confirmer une légère gétaires provisoires pour fonctionner. derait à George W. Bush la majorité avance du gouverneur du Texas, les Un mois après le début de l’année fiscale 2001, qui a commencé le en voix, grâce notamment à sa po- deux candidats se sont lancés dans 1er octobre, la majorité républicaine du Congrès et la Maison Blanche pularité dans le sud des Etats-Unis, Deux « oligarques » russes une vertigineuse tournée quasi non- n’ont toujours pas trouvé de compromis sur deux des treize lois de fi- mais laisserait à Al Gore la majorité stop des Etats électoralement im- nances du projet de budget. Jusqu’à mercredi, seules sept d’entre elles des 538 grands électeurs sélection- portants, d’est en ouest et du nord avaient été signées par le président. Si le Sénat s’est mis en vacances, la nés le 7 novembre. Pour être élu, un pourraient être inculpés au sud. M. Gore, par exemple, a Chambre des représentants (renouvelable dans sa totalité le 7 no- candidat doit être assuré d’obtenir passé les deux dernières nuits dans vembre) a cependant décidé de continuer à siéger, les républicains crai- l’adhésion d’au moins 270 de ces MOSCOU. Deux des plus célèbres hommes d’affaires russes, Boris son avion : arrivé à l’aube de Cali- gnant d’être accusés de quitter Washington pour se rendre dans leurs grands électeurs, réunis au sein du Berezovski et Vladimir Goussinski, ont été convoqués au parquet et fornie en Floride, mercredi, il a tenu circonscriptions sans avoir terminé leur travail. – (AFP.) collège électoral. C’est pour cette sont sous la menace d’une inculpation, a annoncé mercredi 1er no- deux meetings en deux points op- raison que M. Bush et M. Gore se vembre le vice-procureur Vassili Kolmogorov. Boris Berezovski, jadis posés de cet Etat, puis a terminé la disputent si âprement des Etats proche du Kremlin, pourrait être inculpé dans le cadre de l’enquête journée par une grande réunion à en continu se sont mises à lui accor- les états-majors cherchent, dans comme la Californie (54 voix), la sur des détournements de fonds de la compagnie aérienne russe Ae- 22 heures avec des syndicalistes der presque autant de temps d’an- l’urgence, à mobiliser la base de leur Floride (25 voix), la Pennsylvanie roflot, selon le vice-procureur. Le patron du groupe de communica- dans une ancienne forge de Scran- tenne que les deux grands candi- parti. Les démocrates comptent, (23 voix), ou le Michigan (21 voix), tion Media-Most, Vladimir Goussinski, convoqué au parquet le 13 no- ton, en Pennsylvanie, où il se trou- dats, allant jusqu’à diffuser en comme toujours, sur les Noirs et les où la course paraît encore très vembre, devrait être inculpé dans le cadre de l’affaire vait quatre jours plus tôt. direct, mercredi, son meeting à syndicats, tandis que la National ouverte. Gazprom-Media-Most, concernant le transfert d’actifs à l’étranger. Il n’était pas prévu que le candi- l’université de Madison, Wisconsin. Rifle Association (NRA, le lobby des « La Floride est cruciale et, honnê- M. Goussinski, emprisonné pendant trois jours en juin, a accusé le dat démocrate arpente à ce stade de L’ancien avocat des consomma- armes à feu) sort maintenant au tement, je ne crois pas que le gouver- Kremlin de vouloir prendre le contrôle de Media-Most, le seul groupe la campagne un Etat comme la Flo- teurs, qui était furieux d’avoir été grand jour pour convaincre les neur Bush puisse remporter l’élection de presse d’opposition à bénéficier d’une audience nationale en Rus- ride qui, théoriquement, aurait dû exclu des trois face-à-face télévisés Américains de voter Bush. La Chris- si nous gagnons la Floride », a décla- sie, avec la télévision NTV. – (AFP.) être acquis à George W. Bush, Gore-Bush en octobre, savoure in- tian Coalition a fait imprimer, pour ré mercredi le coéquiper de comme il n’était pas prévu que le tensément ce soudain accès à la sa part, 70 millions de tracts appe- M. Gore, Joe Lieberman. candidat républicain soit au même scène médiatique nationale et en lant à voter Bush qui seront distri- La plongée sur le « Koursk » aurait moment dans le Minnesota, un Etat profite pour régler leur compte à bués dans les églises dimanche. S. K. d’autres buts que remonter les corps Le candidat républicain en progression dans l’électorat hispanique SEVEROMORSK. Des plongeurs cherchent à percer un orifice pour accéder au compartiment 3 du sous-marin Koursk dans l’intention de SAN ANTONIO (Texas) Sosa, un proche de M. Bush dont vail, observait cet été, pendant la dès son élection comme gouver- récupérer des équipements ultra-secrets, notamment les codes, selon de notre envoyée spéciale l’agence de publicité à San Anto- convention démocrate à Los An- neur, en 1994 : prenant à contre- un responsable de la flotte du Nord. « Le commandement n’a qu’un Noyé au milieu des pluies de nio, Garcia LKS, crée les spots de la geles, Bob Menendez, cubano- pied la ligne nationale du Parti ré- seul souci : que les plongeurs restent en vie et que l’on récupère le maxi- chiffres fumeux, de prédictions in- campagne républicaine destinés à américain, élu du New Jersey au publicain, il adopte une attitude mum de corps », a déclaré le porte-parole officiel. Mais, selon une certaines et de calculs contradic- l’électorat hispanique. Bush s’y est Congrès. Notre influence a pénétré d’ouverture à l’égard de l’immigra- autre source militaire, « dans le compartiment 3 se trouvent le poste du toires déversés chaque jour sur une attaqué si tôt et avec tant de force la culture américaine, elle en est à tion, du bilinguisme, donne la prio- chiffre des communications secrètes, la documentation et l’appareil de population qui regarde ailleurs, un que les démocrates sont contraints présent inséparable. Le Cinco de rité à l’enseignement, entretient codage. Quant au compartiment 2, voisin, il contient le coffre-fort du sondage, un seul, a révélé ces der- de contre-attaquer. » Mayo est aujourd’hui une fête aussi des relations étroites avec le commandant de bord, avec les codes d’accès aux armes nucléaires et le niers jours une évolution claire et américaine que Saint Patrick’s Day Mexique voisin. « On sent chez lui journal de préparation au combat, où sont inscrits les détails des exer- nette au sein d’une certaine catégo- « IDENTITÉ LATINE » et la salsa est plus populaire que le un vrai respect de la culture hispa- cices d’entraînement ». A ce jour, seuls douze corps de marins du rie d’électeurs américains : dans la Siège de la bataille de l’Alamo en ketchup. » nique », relève Cesar Martinez, réa- Koursk ont été remontés, sur un équipage de 118 hommes. – (AFP.) deuxième quinzaine d’octobre, 1836, San Antonio a été une ville Longtemps, les Latinos ont été lisateur de films documentaires à George W. Bush a progressé de huit mexicaine et, bien qu’on y parle es- considérés comme automatique- San Antonio, même si le gouver- points dans l’électorat hispanique. sentiellement l’anglais, sa popula- ment démocrates, le parti des neur en écorche régulièrement la L’Allemagne a plus que doublé Passée inaperçue dans les médias tion reste à 67 % hispanique. Mais pauvres et des opprimés sous Roo- langue. Lorsqu’il se représente en nationaux, cette information n’a même dans les régions moins sevelt, des catholiques sous Kenne- 1998, George W. Bush est large- pas échappé, en revanche, à la proches de l’Amérique latine, du dy, des droits civiques sous John- ment réélu avec l’aide, affirme-t-il, ses ventes d’armes en 1999 chaîne de télévision en espagnol New Jersey au Midwest, la montée son. Pour la direction du Parti de 47 % des l’électorat hispanique : Univision qui en faisait l’un des hispanique ne peut plus être igno- républicain, le vote latino, comme du jamais vu. WIESBADEN. Les exportations d’armes de l’Allemagne ont plus que principaux titres de son journal du rée. Aujourd’hui, un enfant sur cinq le vote noir, était perdu. Mais au doublé en 1999 par rapport à 1998, a indiqué, mercredi 1er novembre, soir, mardi 31 octobre. Selon l’insti- né aux Etats-Unis est hispanique. Texas les clivages étaient plus flous, « RASSEMBLEUR » l’Office fédéral des statistiques basé à Wiesbaden. Elles ont progressé tut de recherche Hispanic Trends, Très peu organisés politiquement les tensions sur l’immigration Les démocrates texans de 112,7 % pour atteindre 1,45 milliard d’euros, au lieu de 680 millions l’avance du vice-président Al Gore et groupe hétérogène, les Latinos, moins fortes. « Cet Etat est unique, contestent ce chiffre et critiquent d’euros en 1998. Cette hausse résulte très largement de l’augmenta- dans l’électorat hispanique est en pendant longtemps, ne se sont note Lionel Sosa. Il a été mexicain, il l’indifférence du gouverneur à tion des contrats pour la construction de bateaux de guerre. Avec un effet tombée de 61 % des voix à même pas préoccupés de leurs a été indépendant. Il y a une fierté l’égard des zones frontalières, où montant de 970 millions d’euros, cette branche représente près des 59 %, tandis que le gouverneur du droits civiques ; mais tout a changé d’être Texan, que certains prennent vivent les immigrés les plus deux tiers des exportations d’armes allemandes. Les pays de l’OTAN, Texas est passé, lui, de 25 % à 33 % au milieu des années 90 lorsque, en pour de l’arrogance. Et l’identité la- pauvres. Mais cette dynamique du la Turquie au premier rang, constituent le marché le plus important des intentions de vote ; sa progres- Californie, le gouverneur républi- tine fait partie de cette spécificité. » « rassembleur » sert de tremplin à avec 820 millions d’euros. Hors OTAN, le premier client de l’Alle- sion, particulièrement nette parmi cain de l’époque, Pete Wilson, a Elevé en partie au Texas, George la campagne présidentielle de magne est Israël, avec 480 millions d’euros, suivi du Brésil (108 mil- les Hispaniques « dont la langue do- soutenu un référendum hostile à W. Bush intègre le facteur latino M. Bush, qui lance à la convention lions) et de la Corée du sud (60 millions). – (AFP, AP.) minante est l’espagnol », donc qui l’immigration. Ce texte, baptisé républicaine de Philadelphie, cet regardent la télévision en espagnol Proposition 187 et soumis au vote été, une offensive de séduction plutôt qu’en anglais, prouve l’effi- en 1994, refusait toute une gamme 32,4 millions sans précédent en direction de Le Sénat américain adopte le texte cacité de l’effort républicain lancé de services sociaux, y compris la l’électorat noir et hispanique, avec cette année par la campagne Bush, santé et l’éducation, aux familles d’Hispaniques deux armes secrètes : son neveu notamment sous forme de spots té- d’immigrés illégaux. George P. Bush, fils du gouverneur sur les subventions à l’exportation lévisés, en direction d’une commu- L’effet a été radical sur les immi- b Population : 32,4 millions de Floride, Jeb Bush, et de son nauté traditionnellement acquise grés mexicains, dominicains et d’Hispaniques, sur 275 millions épouse mexicaine, et Sonia Colin, WASHINGTON. Le Sénat américain a adopté, mercredi 1er novembre, aux démocrates. d’Amérique centrale : pour se pro- d’Américains. C’est la catégorie une ancienne journaliste des à l’unanimité, l’amendement d’un projet de loi sur le régime fiscal ap- Quelle que soit son issue, la cam- téger de la précarité de leur situa- de population qui connaît la chaînes de télévision hispaniques, pliqué aux sociétés exportatrices (FSC) visant à se conformer aux pagne présidentielle 2000 restera tion, les Latinos se sont précipités croissance la plus rapide. En 2005, qui va s’occuper de la promotion règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’OMC doit sans doute pour les Latinos des dans les bureaux de naturalisation, les Hispaniques seront plus de sa campagne dans les médias maintenant examiner ce texte, déjà adopté par la Chambre des re- Etats-Unis celle de leur émergence devenant du même coup électeurs nombreux que les Noirs. En hispaniques. Le démocrate Al Gore présentants, pour déterminer s’il est conforme ou pas aux règles mul- comme force électorale : pour la américains. Le nombre d’électeurs Californie et au Texas, les Latinos riposte avec sa fille Karenna, qui tilatérales. Initialement, l’OMC avait donné aux Etats-Unis jusqu’au première fois, les deux grands par- hispaniques a ainsi augmenté, de- constituent à peu près un tiers parle couramment l’espagnol, et 1er octobre pour se conformer à sa décision concernant ce régime fis- tis politiques ont pris conscience du puis 1996, de 17 %. Ils sont, cette de la population. son propre coordinateur hispa- cal considéré comme des subventions aux exportations. Mais l’Union poids politique d’une communauté année, 8,8 millions d’électeurs b Electeurs inscrits : 8,8 millions, nique, Dagoberto Vega. européenne et l’administration américaine étaient parvenues à un ac- de 32 millions de personnes. «Au- inscrits. dont 2,5 millions en Californie, 2,1 Selon les experts hispaniques, cord de procédure le 30 septembre permettant au Congrès de dispo- cun parti ne néglige le vote hispa- « Nous partageons les valeurs millions au Texas et un million M. Bush vise 40 % du vote latino ser d’un mois de plus pour voter un amendement de cette loi (Le nique cette fois-ci, constate Lionel américaines, la foi, la famille, le tra- dans l’Etat de New York. cette année − le double de ce qu’a Monde du 2 novembre). Cet accord pourrait permettre d’éviter Répartition par origine : 58 % obtenu le candidat républicain Bob d’éventuelles sanctions européennes pendant près d’un an, les Euro- viennent du Mexique, 11 % Dole en 1996 ; M. Gore, quant à lui, péens ayant accepté d’attendre que la procédure suive son cours de Porto Rico, 7 % de Cuba, 7 % veut l’empêcher de dépasser 30 %. avant de demander des sanctions. – (AFP.) d’Amérique centrale. Au-delà de ces chiffres, c’est une b Campagnes à la télévision : bataille pour l’avenir qui se joue DÉPÊCHE sur les 270 minutes de face-à-face cette année : à l’allure à laquelle se a COLOMBIE : tous les otages encore aux mains de la guérilla de télévisés qui ont réuni Al Gore et transforme la population améri- l’ELN (Armée de libération nationale) près de Cali, au sud-ouest de George W. Bush au cours de trois caine, ne pas investir dans l’électo- Bogota, ont été libérés, mercredi 1er novembre, en six vagues, par héli- débats en octobre, pas une seule rat hispanique serait suicidaire coptère. Vingt et un civils avaient été enlevés en deux opérations sé- n’a été consacrée pour le Parti républicain. parées, dont dix-neuf dans un kidnapping dans un centre de loisirs le à la communauté hispanique. 17 septembre. – (AFP.) Sylvie Kauffmann LeMonde Job: WMQ0311--0008-0 WAS LMQ0311-8 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0421 Lcp: 700 CMYK

8 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000

ADMINISTRATION De nom- nationale d’administration (ENA), corps » vers le secteur privé. b UNE naires des « grands corps » qui ont publique, admet que le « scepti- breux indicateurs témoignent du ma- chute spectaculaire du nombre d’étu- ENQUÊTE du Groupe des associations quitté l’administration pour passer cisme » des hauts fonctionnaires sur laise croissant qui affecte la haute diants de Sciences – Po attirés par le de la haute fonction publique fait ap- dans le secteur privé. Cette migration le service de l’Etat est très fort. Il en- fonction publique : baisse sensible service public, fuite accélérée des paraître un doublement, en seize est de plus en plus précoce. b MI- tend multiplier les réformes pour du nombre des candidats à l’Ecole plus jeunes membres des « grands ans, du nombre de hauts fonction- CHEL SAPIN, ministre de la fonction combattre cette « démotivation ». La « crise des vocations » accentue le malaise des hauts fonctionnaires Le nombre des candidats aux concours de la haute administration est en baisse. Les départs vers le privé sont de plus en plus précoces et nombreux. Le ministre de la fonction publique, Michel Sapin, entend lutter contre cette « démotivation »

DÉMOTIVATION, blues, dé- au concours externe de l’Ecole na- hauts fonctionnaires vers le privé ont un fort sentiment d’impuissance donner à l’action publique. Ils ont le le verrouillage des plus hauts postes prime, spleen... les qualificatifs ne tionale d’administration (ENA) a (lire ci-dessous). La perspective de et se sentent pris dans une mécanique sentiment qu’il n’y a pas de projet ». et la quasi-absence de mobilité du manquent pas, dans les rapports of- ainsi chuté de près de 30 %, passant salaires plus élevés dans le secteur qui n’avance pas ». Un ancien cadre du ministère de personnel entre les différentes ad- ficiels comme dans les couloirs des de 1 374 candidats en 1995 à 995 en privé n’explique certainement pas C’est également depuis une quin- l’equipement confirme : « Il faut que ministrations, rien d’étonnant à ce ministères, pour décrire le malaise 1999. A l’Institut d’études politiques tout. zaine d’années que les thèmes de la l’Etat-employeur soit très clair sur ce que le service de l’Etat ait perdu de persistant qui affecte la haute fonc- (IEP) de Paris, l’année de prépara- « Il y a quinze ans, on partait dans modernisation de l’administration qu’il attend de ses jeunes. Il ne peut son attrait. Michel Sapin en est bien tion publique depuis des années. tion à l’ENA a vu fondre ses effectifs le privé parce qu’on n’avait pas la puis de la réforme de l’Etat ont fait pas vendre aujourd’hui une image de conscient, qui a annoncé, le 12 oc- Les premiers symptômes, bien de façon spectaculaire : de fibre du service public », se souvient leur apparition dans les pro- projets et d’action s’il n’y a plus rien à tobre, une série de mesures pour connus, remontent au début des 1 000 étudiants il y a une dizaine Nicolas Tenzer, énarque, chef du grammes politiques, observe Serge faire. S’il veut recruter uniquement pallier les « déficiences fortes » de la années 80 : la décentralisation, les d’années, ils sont passés à seule- service de l’évaluation et de la mo- Vallemont, président de l’associa- pour des missions régaliennes d’ad- gestion des ressources humaines de vagues successives de privatisations ment 200 à la dernière rentrée. dernisation au Commissarait géné- tion Services publics et longtemps ministration et de contrôle, qu’il le l’Etat qui « nuisent à son efficacité et et l’intégration européenne ont ré- ral du Plan. « Ce qui a changé, pour- directeur du personnel au ministère dise!» à la motivation de ses agents ». duit les missions de l’Etat et, à ce SENTIMENT D’IMPUISSANCE suit-il, c’est qu’aujourd’hui de l’équipement. « Or, ces discours Avant la fin de l’année, un sys- titre, les perspectives d’avenir de ses « La situation est dramatique », énormément de hauts fonctionnaires ne sont aujourd’hui plus du tout cré- « DÉFICIENCES FORTES » tème de prime à la mobilité sera plus hauts serviteurs. n’hésite pas à dire Richard Des- envisagent de quitter l’administration dibles car la réforme ne progresse Alors que les jeunes hauts fonc- mis en place pour encourager les L’écart croissant des rémunéra- coings, directeur de l’IEP de Paris. alors même qu’ils ont la vocation et la pas , ajoute-t-il. Les hauts fonction- tionnaires attendent des objectifs hauts fonctionnaires à quitter leur tions avec le privé, le blocage des Car le vivier se réduit de façon in- volonté de servir l’Etat, parce qu’ils naires ne voient plus bien le sens à clairs et des marges de manœuvre administration. A plus long terme, carrières ou l’absence de mobilité quiétante : alors qu’il y a dix ans, pour assumer les reponsabilités le ministre veut faire en sorte que interne entre les administrations deux tiers des étudiants sortant qu’ils revendiquent et qui ont moti- « les jeunes trouvent à la fonction sont également fréquemment évo- d’année préparatoire choisissaient Une galaxie très hiérarchisée vé leur choix du service public, c’est publique le même attrait qu’ils qués pour expliquer le moral en la section « service public », ils l’inverse qui se produit : dans les éprouvent pour le secteur privé, en berne de l’encadrement supérieur étaient moins d’un tiers en 1999. Le b Effectifs. Parmi les quelque eux sont nommés par décret en administrations centrales, les rendant la hiérarchie moins pe- de l’Etat. « Le discours sur la démoti- phénomène est le même à la sortie 770 000 fonctionnaires de catégorie conseil des ministres : directeurs marges de manœuvre diminuent, sante et en leur offrant davantage vation des hauts fonctionnaires et puisque 80 % des diplômés de A, les hauts fonctionnaires occupant d’administration centrale, recteurs, déplorent-il. Loin d’offrir plus d’au- de responsabilités ». leur attirance pour le privé est devenu Sciences- Po choisissent aujourd’hui des emplois de direction et chefs de mission ayant rang tonomie, la déconcentration de La réforme prochaine de la pro- automatique », déplore ainsi Michel l’entreprise et seulement 13 % les d’inspection générale étaient d’ambassadeur et préfets. prérogatives, à l’échelon local, s’est cédure budgétaire, qui vise à of- Sapin, le ministre de la fonction pu- administrations publiques. Pour 4425 en 1999. Recrutés à leur sortie b Grands corps. Par les primes et à son tour heurtée au mode de ges- frir une plus grande autonomie fi- blique et de la réforme de l’Etat. M. Descoings, les étudiants voient de l’École nationale d’administration les déroulements de carrière plus tion des administrations fondé sur nancière aux gestionnaires « Le principe aujourd’hui, c’est celui « d’un côté, la capacité d’action (ENA) ou de l’Ecole polytechnique, avantageux, trois grands corps la réglementation détaillée des mis- locaux, pourrait également du scepticisme, qui s’est accumulé en maximale des entreprises et, de ces cadres supérieurs de l’Etat se attirent chaque année les meilleurs sions, le commandement hiérar- contribuer à combattre le « scepti- couches considérables », ajoute le l’autre, des grandes réformes que l’on distinguent des autres élèves de l’ENA : Conseil d’Etat chique et le contrôle exhaustif des cisme » de la haute administra- ministre. diffère, dont on amenuise la portée fonctionnaires par deux critères : (304 membres en activité en 1999), moyens des services. Bref, « les ad- tion. « Tout le sens de mon action Le diagnostic n’est pas nouveau. ou qui se terminent par un change- leur rémunération, calculée hors Cour des comptes (377 membres) et ministrations fonctionnent de plus en est d’accumuler suffisamment de Mais le mal semble s’amplifier.Plu- ment de ministre... » échelle, et leurs fonctions Inspection générale des finances plus sur des procédures, plutôt que sujet de réformes pour que les gens sieurs indices permettent de mesu- Tout aussi inquiétant, le Groupe « administrantes », ce dernier point (206 membres). Au total, l’ensemble sur des projets », déplore M. Valle- sentent enfin que ça bouge », as- rer le déclin de l’attrait de la fonc- des associations de la haute fonc- excluant les 30 000 militaires, des effectifs des grands corps de mont. sure M. Sapin. tion publique et du service de l’Etat. tion publique s’alarme des départs magistrats et professeurs agrégés. l’Etat était de 797 personnes en 1999, Avec les perspectives de carrières En cinq ans, le nombre de candidats de plus en plus précoces des jeunes b Nomination. Une partie d’entre dont 160 femmes. bloquées par la pyramide des âges, Alexandre Garcia

Moins de hauts fonctionnaires dans l'administration RÉMUNÉRATION MOYENNE D'UN INGÉNIEUR PART DES MEMBRES DE CINQ GRANDS CORPS « La gestion des carrières DU CORPS DES MINES en kF par an EN POSTE DANS L'ADMINISTRATION en pourcentage Enquête réalisée auprès de 700 ingénieurs AU 1/01/1982 AU 1/01/1998 du Corps national des mines dont 550 en activité dans l’administration, c’est le néant » 79 79 1 800 73 72 LE PREMIER est un jeune poly- plique pas tout », assure-t-il, même conseiller commercial détaché au 69 68 67 65 technicien, le second est sorti de si ses revenus ont augmenté de poste d’expansion économique de 1 600 ENTREPRISES 60 l’Ecole nationale d’administration 25 % du jour au lendemain. « Je ne Cologne, en Allemagne. « La direc- PRIVÉES 54 53 savais pas quoi faire après et je n’ob- tion avait subitement décidé d’ex- 1 400 48 (ENA) en 1980. Après avoir occupé une série de postes enviables dans tenais aucune réponse du ministère, clure tous les administrateurs civils 1 200 qui ne gère pas ses cadres de ma- qui n’étaient pas issus de l’inspection 1 000 PORTRAITS nière personnalisée. Mon employeur des finances, rapporte-t-il. Alors que actuel a été plus vif que l’Etat pour tout se passait très bien, j’ai reçu un 800 Polytechnicien me répondre sur mes perspectives de télex du chef de service qui, sans 600 et énarque, Jean-Luc carrière. » Sur la vingtaine d’ingé- même me recevoir, m’annonçait que nieurs de sa promotion, seulement je devais rentrer en France. » 400 et Claude ont choisi de quitter le service public un quart travaillent encore dans le Bref, « la gestion des carrières 200 ADMINISTRATION secteur public ou para-public, pré- dans l’administration, c’est le PONTS TOTAL néant » CONSEILD'ÉTAT cise-t-il. , déplore-t-il. A l’exception 0 ADMINIS-CIVILS COURCOMPTES DES « la super-élite » INSPECTION TRATEURS l’administration, tous deux ont ré- Sur le fond, c’est aussi la crainte de des grands 26/30 ans 31/35 36/40 41/45 46/50 51/55 56/60 61/65 DES FINANCES cemment choisi de poursuivre leur de ne plus être « opérationnel » qui corps, « il n’y a pas d’identification Source : Groupe des Associations de la Haute Fonction publique (GAHFP) carrière dans le privé, pour des rai- l’a incité à quitter le service public. des compétences pour les trois sons qui, assurent-ils, ne tiennent « Si j’étais resté, je serais devenu di- quarts des énarques qui forment le pas seulement à la différence de sa- recteur départemental de l’équipe- gros bataillon des administrateurs Les « grands corps » de plus en plus attirés par le privé laire... ment », explique-t-il. « La question civils, ajoute-t-il. Ils deviennent chef A sa sortie de l’Ecole nationale n’était pas de savoir si le titre m’in- de service après quinze ans d’an- LE DÉPART de hauts fonction- nitivement quitté l’administration blique. Un jeune ingénieur des des ponts, en 1991, Jean-Luc téressait mais si j’allais trouver en- cienneté et, après, plus rien : ils s’en- naires vers le privé n’est certes pas pour l’entreprise faisait plus que Ponts peut ainsi voir augmenter sa N’Guyen avait pourtant tout pour core des choses intéressantes à faire. nuient comme des rats à mouliner un phénomène nouveau. En 1993 doubler, passant de 6 % des effec- rémunération de 40 % le jour de être heureux au service de l’Etat : Dans l’administration, les tâches ad- des parapheurs en attendant d’être déjà, André Rossinot (UDF), alors tifs totaux de ces grands corps en son départ pour le privé, avec des affecté à la direction départemen- ministratives et réglementaires aug- nommés dans une inspection géné- ministre de la fonction publique, 1982 (634 personnes) à 15 % en perspectives de croissance ulté- tale de l’équipement (DDE) de Ca- mentent avec l’ancienneté », pour- rale. » La désillusion est alors avait commandé une mission à 1998 (1 303 personnes). Le nombre rieures beaucoup plus grandes que lais, il supervise la construction du suit le jeune dirigeant, en souvent grande chez ces hauts Jean Prada, président de chambre de hauts fonctionnaires détachés dans l’administration. A 55 ans, un réseau autoroutier menant au tun- disponibilité renouvelable de trois fonctionnaires « à qui l’on a fait à la Cour des comptes, pour remé- dans le secteur parapublic et les ingénieur des Ponts touchera nel sous la Manche. « Quand on ans. « Je ne sais pas si je reviendrai croire qu’ils étaient le nombril du dier au « malaise profond » qui collectivités locales a également 500 000 francs par an s’il est fonc- commence dans le public, les respon- dans le public, ajoute-t-il, songeur. monde » quand ils sont entrés au rongeait l’encadrement supérieur progressé, passant de 1 832 per- tionnaire, et environ 1,2 million de sabilités que l’Etat vous confie à ving- Je n’ai pas l’impression que le minis- service de l’Etat. de l’Etat, au point de conduire sonnes en 1982 (22 % des effectifs) francs s’il travaille dans le privé, cinq ans sont énormes », reconnaît- tère ait un système de retour de dis- nombre de ses serviteurs à déser- à 2 323 en 1998 (25 % des effectifs). assure M. Lainé. il. Après avoir construit « beaucoup ponibilité très rodé... » A. Ga. ter l’administration. « Les jeunes hauts fonctionnaires de routes » dans le Pas-de-Calais, le Six ans plus tard, « rien n’a été ÉCART DE RÉMUNÉRATIONS partent de plus en plus jeunes car les jeune ingénieur étanche sa soif SOUVENIR AMER fait et la situation s’aggrave », A l’échelle du corps des ingé- entreprises ont également changé d’action dans l’urbanisme, au sein Enarque, vice-président de Toyo- s’alarme Hervé Lainé, secrétaire nieurs des Ponts, réputé pour es- leur politique de recrutement, de l’établissement public de Cergy- ta France, Claude Boulle, 49 ans, général du Groupe des associa- saimer traditionnellement une ajoute M. Lainé. Elles ne recrutent Pontoise, dont il devient le direc- garde pour sa part un souvenir tions de la haute fonction pu- partie de ses membres dans le sec- plus d’énarques en milieu ou en fin teur général en 1998. A 33 ans, il su- amer de sa réintégration au minis- blique, qui rassemble les prési- teur privé, l’étude confirme, entre de carrière pour leur carnet pervise la construction de toutes tère du travail, en 1994, après dents de seize associations de 1997 et 2000, une accélération des d’adresses, comme c’était le cas il y les infrastructures de la ville nou- quatre années passées à la direc- hauts fonctionnaires issus de départs, ceux-ci étant par ailleurs a quinze ans, mais pour leur poten- velle, dirige 80 personnes et gère tion des ressources humaines de l’Ecole polytechnique et de l’Ecole de plus en plus précoces. tiel intellectuel et leur capacité à ré- un chiffre d’affaires de 150 millions Thomson. « On ne vous propose nationale d’administration : «Les Sur les 109 ingénieurs des Ponts soudre des problèmes complexes. » de francs. Il lui faudra cependant rien, on vous regarde de travers départs de hauts fonctionnaires sont recensés dans le secteur privé en L’absence de perspective d’avenir moins de quinze jours, un an plus quand vous partez et encore plus de plus en plus précoces », assure 2000, 21 ont quitté l’administration claire et le manque d’attractivité tard, pour passer au privé : depuis quand vous revenez », se souvient M. Lainé, qui en veut pour preuve avant d’avoir six ans d’ancienneté, des carrières achèvent de septembre 1999, M. N’Guyen est cet ancien conseiller social de Ro- les résultats d’une étude récem- un seuil au-delà duquel le minis- convaincre ceux pour qui l’argent directeur général adjoint de Foncier ger Fauroux au ministère de l’in- ment réalisée par son association tère leur aurait pourtant accordé n’est pas la seule motivation du Conseil, une filiale de Nexity, l’un dustrie, de 1988 à 1990. « Resté au sur l’évolution des effectifs de un statut de disponibilité sans départ. des principaux acteurs de l’immo- placard pendant plus d’un an » treize grands corps de l’Etat entre qu’ils aient l’obligation de démis- bilier en France. après son retour, il « propose des 1982 et 1998. sionner... ni de rembourser A. Ga. « La différence de salaire n’ex- choses » et finit par postuler à un Selon cette enquête, les effectifs 250 000 francs de frais de scolari- poste vacant de chef de service de hauts fonctionnaires en posi- té ; ils n’étaient que 14 en 1997. pour la formation en alternance. tion normale d’activité dans ces Plus significatif encore : alors que Fort de son expérience chez Thom- treize corps ont régulièrement et 57 % des ingénieurs des Ponts son, où il a contribué à créer la pre- massivement diminué au cours des ayant entre sept en neuf ans d’an- mière école d’ingénieurs par ap- vingt dernières années, passant de cienneté étaient fonctionnaires en prentissage, il juge que ses 72 % des effectifs totaux en 1982 1997, à peine plus d’un tiers d’entre compétences conviennent parfaite- (6 530 personnes sur 8 996 ) à 60 % eux (35 %) le sont encore en 2000. ment au poste : « Je n’ai même pas en 1998 (5 586 personnes sur un S’il ne constitue pas la seule ex- été entendu », lâche-t-il. total de 9 212). Sur la même plication à ces départs, l’écart des Claude Boulle n’a pas non plus période, le pourcentage des hauts rémunérations avec le privé est oublié la manière dont, quelques fonctionnaires en disponibilité fréquemment souligné par les as- années auparavant, il a été brutale- dans le secteur privé ou ayant défi- sociations de la haute fonction pu- ment mis fin à ses fonctions de LeMonde Job: WMQ0311--0009-0 WAS LMQ0311-9 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0422 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 9 Les courants Verts se jaugent Raymond Barre Les écoles d’officiers vont favorable diversifier leur recrutement avant le congrès de à une inversion A Saint-Cyr-Coëtquidan, Lionel Jospin Chaque « sensibilité » veut constituer le pivot d’un axe majoritaire du calendrier présente la réforme de la formation des cadres Après le vote sur les motions pour le congrès des 11 et son bénéfice, la formation d’un courant majoritaire. 12 novembre, les trois principaux courants des Verts se Les amis de Guy Hascoët et de Noël Mamère se des trois armes et de la gendarmerie sont réunis, mercredi 1er novembre. Chacun prône, à plaignent d’être devenus les « supplétifs » du PS. électoral de 2002 LIONEL JOSPIN devrait détail- exister une équivalence entre les CE SONT les voix polypho- gâcher le congrès et les munici- des suffrages, dimanche 29 octo- L’ANCIEN premier ministre ler, vendredi 3 novembre, devant diplômes délivrés par les écoles niques vertes ! Pas moins de trois pales ? » bre, ont décidé de leur côté, de Raymond Barre se prononce, les élèves-officiers de Saint-Cyr- militaires et les diplômes universi- réunions de courants ont eu lieu, M. Hascoët, secrétaire d’Etat à proposer aux autres « sensibilités » dans un entretien publié, jeudi Coëtquidan, dans le Morbihan, les taires, comme devraient être mul- mercredi 1er novembre, dans la l’économie solidaire, a prévenu ses de conclure un « contrat d’anima- 2 novembre, dans La Croix, en fa- grandes lignes du projet qui pré- tipliés les stages des officiers en perspective du congrès des Verts éventuels partenaires au sein du tion » et de bâtir une synthèse à veur d’une inversion du calen- voit de réorganiser la formation entreprise, dans l’administration qui se tient à Toulouse, les 11 et parti : « Nous avons besoin d’un partir des majorités qui se sont dé- drier électoral afin que l’élection des officiers, dans les trois armées ou à l’étranger. Dans le même 12 novembre. Trois jours après le pôle majoritaire stable, mais nous gagées sur les motions ponc- présidentielle de 2002 ait lieu et la gendarmerie, et qui a été ap- temps, des étudiants civils seront vote des militants écologistes, les ne voulons pas d’un accord poli- tuelles, notamment celles sur la avant les législatives. « A partir prouvé, mardi 31 octobre, en accueillis dans des centres de re- dirigeants du courant « Dyna- tique au rabais ». Tandis que proportionnelle, sur l’« éthique du moment où le quinquennat a conseil des ministres. Le premier cherche dépendant des écoles mi- miques », qui ont recueilli 22 % des Mme Aubert a estimé qu’au sein de verte » et sur le refus du cumul des été voté, il serait naturellement ministre sera accompagné par litaires. Selon le ministre de la dé- suffrages, ont proposé à « l’en- la majorité, les Verts sont au- mandats. souhaitable que l’élection prési- Alain Richard, ministre de la dé- fense, « cette mobilité semble des sensibilités » et, au-delà, jourd’hui « réduits au rôle de sup- « L’heure n’est pas une synthèse dentielle intervienne avant l’élec- fense. Jacques Chirac, chef consti- professionnelle permettra à de à tous les militants, de mettre en plétifs du PS », le maire de Bègles pour construire une majorité de fa- tion législative », estime le maire tutionnel des armées, a indiqué jeunes officiers ayant un haut po- place un « un axe pour la refonda- s’est même interrogé sur l’intérêt, çade », précise M. Pocrain pour qui (app. UDF) de , qui explique que cette réforme, qu’il a qualifiée tentiel de compléter leur expé- tion des Verts, autour d’un contrat pour ses amis, de se rendre au le « contrat » doit porter sur «un que « c’est la logique de la Ve Ré- de « sérieuse » et de « bien adap- rience ». majoritaire ». « sommet cosmétique » qui doit bilan du gouvernement et la rénova- publique, qui donne la primauté et tée », correspond aux objectifs Dans un texte commun, rendu réunir les représentants des cinq tion » du parti. « Nous n’avons pas la priorité à l’élection présiden- qu’il avait fixés, début 1996, quand SUIVI PERSONNALISÉ public mercredi 1er novembre, Ma- partis de la majorité, le 7 no- vocation à conforter tel clan ou tel tielle ». « Je pense que le chef de il a lancé sa directive de profes- Pour ce qui a plus spécialement rie-Hélène Aubert, Guy Hascoët, vembre. clan », a averti Mme Blandin. l’Etat et le premier ministre pour- sionnalisation des armées. trait à la gendarmerie, un corps Francine Bavay et Noël Mamère Les « voynétistes », qui se sont raient s’entendre pour expliquer Mise en application à partir de la qui relève du ministère de la dé- appellent à une « indispensable ré- concertés de leur côté, ne sont pas « UN VÉRITABLE DÉBAT » aux Français le changement de ca- rentrée 2001, cette réforme vise, en fense, l’école des officiers, située à novation des Verts ». Ils suggérent restés sans réaction face à ces Signataire d’aucune motion lendrier », poursuit-il, tout en priorité, à élargir le champ du re- Melun, en Seine-et-Marne, sera de discuter sur trois points : « une mises en cause. Pour Denis Bau- pour le congrès de Toulouse, Da- soulignant qu’il faudrait pour ce- crutement du corps des officiers « la quatrième grande école mili- vision commune de la stratégie et de pin, M. Mamère se contredit en niel Cohn-Bendit note que «la la qu’« à droite comme à gauche pour en diversifier davantage les taire », avec Saint-Cyr-Coëtqui- la nature du parti à bâtir », « un ac- demandant à la fois que les Verts seule différence entre elles, ce sont on cesse de supputer les dates les origines. C’est ainsi que les filières dan, Navale et l’école de l’Air. Pour cord politique et la stratégie de né- ne se résument pas à Mme Voynet les noms qui les soutiennent ». Pour plus à même d’assurer une victoire de recrutement seront désormais compenser la disparition du recru- gociations du prochain contrat de et en refusant le « dialogue plus ré- le chef de file des députés Verts à à son propre camp ». organisées pour mieux s’inspirer, tement en provenance des offi- législature » avec les autres partis gulier » proposé par le PS. , « la seule possibilité de outre les matières scientifiques et ciers de réserve, il sera instauré un de gauche et un accord sur les per- Le porte-parole des Verts se dit ne pas rater le congrès, c’est qu’il y DÉPÊCHE littéraires classiques, de l’apport recrutement direct, c’est-à-dire un sonnes qui formeront la direction en revanche d’accord sur la néces- ait un véritable débat politique qui a CORSE : le groupe nationaliste que peuvent fournir d’autres disci- concours spécifique ouvert à des du parti. sité de « rééquilibrer la majorité permette de surmonter les cou- corse Unita a lancé un appel pour plines, comme le droit, les sciences étudiants titulaires d’une maîtrise plurielle » au profit des partenaires rants ». Craignant une forme de une manifestation, vendredi 3 no- politiques, l’économie, les sciences obtenue en université. « SOMMET COSMÉTIQUE » du PS. Il rappelle aussi que, dès le « balkanisation générale du parti », vembre, devant la préfecture sociales, la gestion des ressources Le gouvernement ne cache pas Les signataires assortissent leur 25 juin, le courant de Mme Voynet, il estime que « le grand danger du d’Ajaccio, à l’occasion de la visite humaines ou la communication. que cette réforme sera complétée initiative d’une critique sans appelé « Ouverts », avait lancé un congrès, c’est que tout le monde du ministre de l’intérieur, Daniel « Il s’agit d’assurer l’épanouisse- par un système de « gestion prévi- concession de la stratégie et l’orga- « appel » afin de préparer un texte veuille le gagner à gauche ». Vaillant. Dans un communiqué ment professionnel des officiers », a sionnelle des carrières et des em- nisation des Verts durant ces der- « à vocation majoritaire ». Les ani- Au sujet de la proportionnelle, il publié mercredi, le groupe ex- expliqué M. Richard après le plois ». Il s’agira, à terme, de créer niers mois. Sur les méthodes de mateurs d’« Ouverts », qui pèse préconise que « tous ceux, chez les plique vouloir attirer l’attention du conseil des ministres. un suivi personnalisé des officiers travail, ils demandent « une véri- 33 % au sein du parti, ont convenu, dirigeants Verts, qui considèrent que gouvernement « sur le statut de la Les programmes de formation de façon à obtenir, au profit de table direction collective » et sou- mercredi soir, d’envoyer aux res- c’est une erreur d’en faire “un préa- langue et son enseignement obliga- initiale, puis ceux d’un perfection- ceux qui manifesteraient « un fort haitent que Daniel Cohn-Bendit ponsables des autres sensibilités lable” – MMe Voynet, MM. Hascoët, toire ; sur l’arrêt de la décorsisation nement supérieur des officiers, se- potentiel » de compétences, une participe « à l’animation collective ainsi qu’à tous les délégués au Cochet, Mamère – fassent une des emplois dans l’administration, ront « ouverts » pour garantir une meilleure adéquation entre la for- du mouvement ». A l’occasion congrès une lettre pour un appel à conférence de presse commune : si- les organismes sociaux et bancaires ; convergence des cycles d’ensei- mation acquise et les postes de d’une conférence de presse qui a une nouvelle synthèse majoritaire. non, autant dire que l’on veut faire sur l’arrêt de la spéculation immo- gnement avec ceux des grandes responsabilité auxquels ils suivi leur réunion, M. Mamère n’a Une cinquantaine de membres gagner la droite... », précise l’euro- bilière avec un code des investisse- écoles et universités appelées à peuvent accéder dans les armées. pas mâché ses mots : « Les Verts de « La Maison Verte », courant de député Vert. ments ; sur l’arrêt de la répression fournir une part essentielle du ont dilapidé les gains acquis après Marie-Christine Blandin et de Sté- avec le statut politique et le regrou- corps professoral. Ainsi, il devrait Jacques Isnard les européennes. Est-ce que l’on va phane Pocrain, qui a recueilli 15 % Alain Beuve-Méry pement des prisonniers en Corse ». 10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000

JUSTICE L’Etat semble être passé b PRÈS d’une dizaine d’enquêtes tre sur les membres de la « bande de soupçonnent une opération de blan- selon un rapport du ministère de la à l’offensive contre le grand bandi- ont été ouvertes, selon un rapport la Brise de mer », dont le trafic de chiment après un retrait suspect au justice. b LA CORSE compte 700 pro- tisme en Corse, après des années remis à Elisabeth Guigou, alors gar- machines à sous et les vols à main casino d’Ajaccio. b LE PREMIER priétaires de Porsche, selon l’admi- d’inaction récemment dénoncées de des sceaux. b LE TRAVAIL des armée semblent constituer la princi- bilan du pôle économique et finan- nistration, mais une partie de ces voi- par des rapports parlementaires. magistrats et des policiers se concen- pale activité. b LES ENQUÊTEURS cier installé à Bastia est décevant, tures roulent sur le continent. En Corse, l’Etat passe à l’offensive contre le grand banditisme Une dizaine d’enquêtes ont été lancées récemment sur des activités illicites qui dépassent souvent le cadre insulaire. Policiers et magistrats concentrent leurs investigations sur les membres de la « bande de la Brise de mer ». Le ministre de l’intérieur devait se rendre sur l’île jeudi et vendredi

L’ÉTAT aurait-il déclaré la guerre leurs homologues spécialisés sur clandestins pourraient être inves- banditisme qui n’appartiendrait au grand banditisme, notamment les questions de banditisme dans ties dans la distribution du café. pas directement, cette fois, au en Corse ? Après dix ans d’une inac- les juridictions de la Côte d’Azur. Les policiers y auraient décelé le noyau de la Brise de mer . tion dans ce domaine dénoncée, à Ces rencontres ont été mises à rôle de l’un des piliers de la Brise A la différence du trafic de dro- plusieurs reprises, dans les rapports profit pour échanger des informa- de mer. Par ailleurs, certains témoi- gue ou d’armes, qui exigent la pré- parlementaires de 1998 et 1999 sur tions et définir des stratégies com- gnages recueillis par les enquê- sence d’intermédiaires, le commer- les dérives insulaires, initiatives judi- munes. Une partie des profits issus teurs évoquent les pressions exer- ce des machines peut-être contrôlé ciaires et signes politiques n’ont du grand banditisme insulaire sem- cées sur les cafetiers de Haute-Cor- par un petit nombre de personnes jamais été aussi nombreux. L’offen- ble en effet être investie dans des se pour qu’ils s’approvisionnent sans aide extérieure. Il suffit de les sive a débuté au printemps avec la projets immobiliers dans le Var et auprès de la société Kimbo – ces acheter – souvent en Espagne ou commande, par Elisabeth Guigou, les Bouches-du-Rhône – ainsi qu’à accusations sont démenties par les au Brésil –, de les placer et de récu- d’un rapport sur la criminalité orga- l’étranger. La justice a également intéressés. pérer les profits. Une machine à nisée au procureur général de Bas- relevé la présence de fonds suspects A la fin du mois de mai, le procu- sous installée dans un débit de bois- tia (Haute-Corse). Rendu au cours lors de rachat de discothèques ou de reur de Bastia a aussi ouvert une son rapporte, selon la qualité de de l’été, ce document a été transmis bars dans le Sud-Est et à Paris. information sur le rachat de la l’emplacement, entre 10 000 et à Matignon et au ministère de l’inté- Enfin, des « hommes de paille » por- Société insulaire automobile, con- 30 000 francs par mois. rieur. Des désaccords existent, cer- teraient les intérêts financiers du cession Peugeot située en Haute- tes, entre la direction centrale de la grand banditisme corse lors de pri- Corse. Les enquêteurs tentent LA BANDE DU « VALINCO » police judiciaire (DCPJ) et le procu- ses de participations dans des entre- d’éclairer les conditions troubles de La justice s’intéresse par ailleurs reur général sur l’approche du ban- prises d’apparence légale. Les autori- la reprise de cette société, après aux intérêts de la bande du Valin- ditisme en Corse, mais une dizaine tés espèrent donc s’attaquer simulta- son dépôt de bilan. Trois porteurs co. Basée en Corse-du-Sud et diri- d’enquêtes ont été lancées – sur des nément à l’origine des fonds – vols à de parts – deux sociétés et une gée par un ancien pilier de la faits dont l’ampleur excède les limi- main armée, machines à sous, tra- jeune femme, dont le compagnon French Connection – présenté dans tes de l’île. fics d’armes ou de drogue –, à leur est fiché au grand banditisme et le rapport Glavany sur la Corse L’impulsion a été donnée au blanchiment et à leurs propriétaires appartient à la mouvance de la Bri- comme le « seul parrain » de l’île, niveau ministériel. Mme Guigou, résidant en Corse. se de mer – ont repris cette entre- mais dont aucune procédure judi- encore ministre de la justice, et unies, faiblement condamnées jus- Le parquet de Bastia a ouvert, le prise grâce à l’apport de fonds ciaire n’a pu démontrer l’implica- Daniel Vaillant, ministre de l’inté- PRÉLUDE À UNE ACTION CONCERTÉE qu’ici par rapport aux délits dont 21 avril, une information judiciaire jugés suspects. Les interrogations tion dans des affaires illicites – cet- rieur – qui devait se rendre en Cor- Si ce travail doit être le prélude à elles sont soupçonnées, spécialisées sur des faits « d’abus de biens portent en outre sur la nature des te formation criminelle est visée se jeudi 2 et vendredi 3 novem- une action concertée contre les inté- dans les attaques à main armée et sociaux, de banqueroute et de fonds injectés durant l’exploitation par une procédure judiciaire, ouver- bre – se sont rencontrés à plusieurs rêts du grand banditisme omnipré- l’exploitation des machines à sous. recel » visant l’exploitation d’une de cette société. te, au mois d’août, par le parquet reprises, en septembre et en octo- sent dans le Sud-Est, les premières Elles exercent l’essentiel de leurs acti- société distribuant le café Kimbo Une autre information judiciaire, d’Ajaccio (Corse-du-Sud) (lire bre, afin d’organiser l’offensive. mesures visent les intérêts de deux vités sur le continent ou à l’étranger sur l’île. Confiée au juge d’instruc- visant spécifiquement le placement ci-dessous). Les policiers s’interro- Leurs directeurs de cabinets respec- groupes installés en Corse. La jus- (Le Monde du 31 mars), et peuvent tion bastiais Charles Duchaine, l’en- illégal de machines à sous dans la gent sur le retrait suspect, en tifs, Christian Vigouroux et Ber- tice s’intéresse notamment à ce qu’il s’associer, à l’occasion, avec d’autres quête vise le financement de cette région de Corte (Haute-Corse), a argent liquide, de plusieurs mil- nard Boucault, ont relayé les ins- est convenu d’appeler « la bande de personnes. La Brise de mer dispose activité. Des soupçons de blanchi- été confiée à un juge du pôle finan- lions de francs extraits de la trésore- tructions des ministres et mobilisé la Brise de mer » – du nom d’un de machines en Corse, à , Mar- ment existent, en effet, depuis cier de Bastia. Les profits qui en rie du casino d’Ajaccio et tentent les services compétents. Les magis- ancien café du vieux port de Bastia seille et Paris. Les services de police qu’une autre information judiciai- seraient tirés auraient été investis d’étayer les soupçons de « blanchi- trats des sections financières de où certains de ses membres se réu- ont relevé la présence de ses mem- re, ouverte au début de l’été, sur dans plusieurs sociétés enregistrées ment » avancés au cours de l’enquê- et de Bastia ont été con- nissaient dans les années 80. Il ne bres dans plusieurs cercles de jeux l’exploitation illégale de machines en Balagne et contrôlées par des te préliminaire. viés à plusieurs réunions de travail s’agit plus, aujourd’hui, que d’une de la capitale ; ils contrôleraient à sous dans la Plaine orientale, a « intermédiaires » travaillant pour au ministère de la justice, avec petite dizaine de personnes, très entièrement deux d’entre eux. montré que des recettes des jeux le compte d’un membre du grand Jacques Follorou

700 propriétaires Le pôle financier de Bastia n’accède « qu’à la partie émergée de l’iceberg » de Porsche LUTTER contre la corruption, traquer les tion, secondés par deux greffiers, trois experts Pourtant, le fonctionnement du pôle semble parquet et assistants affectés à l’instruction s’est irrégularités dans les marchés publics, clarifier issus de services du ministère des finances, qui avoir été altéré, dans un premier temps, par la avérée impossible à mettre en œuvre à Bastia. C’est une simple statistique, la gestion des collectivités, poursuivre efficace- ont le statut d’assistants spécialisés, une assis- mutation rapide du procureur de Bastia, Les dossiers affectés à un ou plusieurs assistants mais elle illustre mieux que de lon- ment les faits de blanchiment, en d’autres tante de justice et un parquetier. Ce dernier et Bernard Farret, au mois de novembre 1999, sont suivis par ceux-ci de l’enquête initiale à la gues études les ambiguïtés insulai- termes mettre en place un véritable outil les deux juges d’instruction sont conduits, par après que ce dernier fut mis en cause dans une clôture ». Tant que le parquet de Bastia ne res. Pour une population estimée à contre la grande délinquance financière, tel ailleurs, à traiter des dossiers d’ordre général, affaire de faux en écriture publique instruite à pourra compter dans ses rangs un magistrat 260 000 personnes, la Corse comp- était le but annoncé par les autorités politiques de sorte qu’ils ne sont affectés, en pratique, Paris. « référent » auquel pourraient s’adresser «en te, selon les services de la préfectu- et judiciaires lors de la mise en place, au mois que « partiellement » au service du pôle. continu » les assistants spécialisés, le fonction- re de région, 74 propriétaires d’une de septembre 1998, du pôle économique et La nécessité de cette structure financière MANQUE DE MOYENS nement du pôle ne pourra, indique le rapport, automobile de marque Ferrari, tan- financier au tribunal de grande instance de paraît ne faire aucun doute. « Dans la société Puis, dans un deuxième temps, le manque de être « assuré dans des conditions optimales ». dis que plus de 700 personnes décla- Bastia (Haute-Corse). corse, relativement confinée, note le rapport moyens a fragilisé la structure. Les auteurs du Enfin, les chefs de juridiction, auteurs du rent posséder une Porsche. S’il est Deux ans plus tard, le ministère de la justice remis à la chancellerie, l’activité du pôle révèle rapport indiquent que, en l’absence d’un rapport, soulignent le caractère passif du pôle apparu que certains conducteurs a reçu un premier bilan. Ce document est signé le nombre restreint d’intervenants économiques parquetier détaché à plein temps auprès du économique et financier de Bastia. « Depuis sa de Ferrari résidaient, en fait, à par Bernard Legras et Michel Jeannoutot, et les relations avec l’économie occulte d’origine pôle, « il y a sérieusement lieu de craindre que création, il subit les contentieux qui lui sont sou- Paris, tout en immatriculant leur respectivement procureur général et premier criminelle. Une approche méthodique, ciblée les assistants spécialisés ne s’approprient partie mis ou plutôt qui lui ont été soumis par diverses véhicule en Corse, les policiers ont président près la cour d’appel de Bastia, Pierre avec d’autres administrations (services fiscaux, de l’exercice de l’action publique ou n’établissent administrations et inspections. Il n’a pu procéder relevé qu’une vingtaine de proprié- Gouzennes et Patrick Mandroyan, président et direction départementale de l’équipement), des relations privilégiées avec des services à aucune investigation d’initiative. (…) Or il est taires étaient fichés au grand bandi- ancien procureur adjoint du tribunal de grande permettrait de mener parallèlement l’examen de extérieurs ». Cette crainte se fonde sur le mode évident que nous n’avons eu accès, à ce jour, tisme et qu’un nombre important instance de Bastia. Selon eux, le pôle manque fond de dossiers lourds et importants et de déce- actuel d’organisation du travail au sein du qu’à la partie émergée de l’iceberg. » En guise d’entre eux étaient, en fait, des per- de moyens humains et ne semble pas avoir ler des infractions plus simples, voire formelles, pôle. « Le dossier est confié en intégralité [aux de conclusion, ils demandent à la chancellerie sonnes âgées. Les vérifications encore trouvé pleinement sa place dans le qui pourraient être poursuivies sans retard. Cette assistants] pour avis et étude et non sur un point l’affectation, au sein du pôle, d’un quatrième entreprises sur le profil des proprié- dispositif judiciaire insulaire. Il existerait méthode de travail permettrait de lutter efficace- particulier. (…) Ils élaborent des synthèses ou des assistant spécialisé, d’un comptable public et taires de Porsche ont livré des élé- même, selon eux, un risque de voir les magis- ment contre le sentiment d’impunité dont comptes rendus écrits et anonymes. » Mais, d’un officier de police judiciaire à plein temps. ments similaires. Une partie des trats supplantés par les assistants spécialisés. certains se targuent et qui est mal ressenti par précise le rapport, « la séparation préconisée voitures sont immatriculées en Cor- Le pôle se compose de deux juges d’instruc- l’immense majorité de la population. » par la circulaire entre assistants affectés au J. Fo. se, mais roulent sur le continent. La justice émet le soupçon d’un « blanchiment d’argent » autour du casino d’Ajaccio LES JUGES ont peut-être trouvé la à des retraits en espèces, pour un Dôme). Dans les deux cas, les fonds d’Ajaccio et des manipulations comp- espèces, de plusieurs millions de fonds auraient été effectués entre les faille pour s’attaquer aux intérêts montant de 12 millions de francs, soustraits auraient été prélevés de tables suspectes. Les policiers vont francs, cela est invraisemblable car deux établissements, à l’époque où financiers du grand banditisme en effectués, entre 1994 et 1997, par les façon irrégulière et reversés à des alors examiner, dans le cadre d’une impossible à effectuer », a conclu ils étaient tous deux contrôlés par la Corse. Initiative rare, une informa- gérants du casino d’Ajaccio, la personnes suspectées d’appartenir enquête préliminaire, la comptabilité M. Cuttoli. famille Cuttoli. Le produit de l’activi- tion judiciaire pour « blanchi- famille Cuttoli, et, à ce jour, injusti- au grand banditisme ou d’en servir et la gestion du casino. Ils étudient Mais des doutes subsistent sur té des machines à sous et des activi- ment d’argent » a été ouverte contre fiés. Des soupçons pèsent également les intérêts. également l’origine et la nature du l’identité du ou des destinataires de tés de jeux proposées par l’établisse- X…, le 14 août, par le procureur sur les conditions dans lesquelles plu- L’ouverture de cette information patrimoine de ses actuels dirigeants, ces fonds. Les enquêteurs semblent ment d’Ajaccio était suffisamment d’Ajaccio, Jacques Dallest, après sieurs millions de francs ont été judiciaire, qui a été confiée au doyen la famille Cuttoli, parallèlement au retenir deux hypothèses. Cette som- élevé pour qu’une partie soit injec- deux ans d’enquête préliminaire sur investis lors de l’achat, en 1994, par des juges d’instruction du tribunal travail des services fiscaux. Ces recher- me pourrait avoir été remise à un tée, notamment sous forme de prêts, la gestion du Casino d’Ajaccio. Les les dirigeants de cet établissement, d’Ajaccio, Jean-Michel Gentil, ches ne semblent pas avoir permis de associé occulte ou à un fournisseur dans la trésorerie du casino de Saint- enquêteurs s’intéressent notamment du casino de Saint-Nectaire (Puy-de- devrait permettre d’étendre les mettre en cause les personnes contrô- qui désirait, pour des raisons incon- Nectaire. recherches sur tout le territoire natio- lées, ni de mettre en évidence des pra- nues, rester dans l’ombre. Faute Il semble qu’une partie des som- nal et dans des pays étrangers. A ce tiques suspectes en matière d’évasion d’avoir obtenu, auprès des auteurs mes ait été dirigée vers d’autres struc- jour, la justice n’avait soupçonné la fiscale ou de manipulations fraudu- des retraits, des réponses claires sur tures – parfois des coquilles présence d’intérêts financiers liés au leuses au sein même du casino. les bénéficiaires, la justice paraît pri- vides – et versée à des bénéficiaires grand banditisme que dans le cadre vilégier la présence cachée d’un qui n’ont pas tous été identifiés. Ces d’une enquête sur les investisse- DES « HOMMES DE PAILLE » « protecteur » lié au grand banditis- derniers figurent en tant qu’associés ments immobiliers réalisés sur l’île En revanche, la direction du casino me, ancien membre de la French ou gérants dans ces organismes inter- de Cavallo. Les investigations distribuait non seulement de substan- Connection, considéré comme le médiaires, et pourraient, selon les avaient alors mis en évidence l’inter- tiels dividendes à ses actionnaires, seul véritable « parrain » de Corse- enquêteurs, avoir joué le rôle vention de la Mafia italienne. Dans le près de 8 millions de francs à la Ville du-Sud. d’« hommes de paille » pour le comp- présent dossier, il semble s’agir d’Ajaccio, et davantage encore à Les policiers semblent avoir égale- te de proches du grand banditisme. d’une activité de blanchiment propre l’Etat. D’importants retraits d’espè- ment mis en lumière des opérations La législation interdit en effet d’exer- à la Corse. Interrogé par Le Monde,le ces auraient en outre été opérés sur comptables peu orthodoxes entre les cer de profession dans le domaine directeur du casino d’Ajaccio, les comptes du casino. Au total, près casinos d’Ajaccio et de Saint-Nectai- des jeux si l’on ne possède pas de Edouard Cuttoli, a déclaré ne pas de 12 millions de francs auraient ain- re. Racheté en 1994 par la famille Cut- casier judiciaire vierge de toute con- avoir eu connaissance de l’existence si été extraits, entre 1994 et 1997, de toli, associée à quelques partenaires damnation. D’où le recours fré- d’une information judiciaire sur la la trésorerie de l’établissement. financiers, le casino de Saint-Nectai- quent, par des membres du milieu, à gestion de son établissement. M. Cuttoli a précisé au Monde que re, alors en désuétude, a été revendu, des personnes inconnues des servi- Au cours du mois de juin 1998, la l’ensemble des contrôles, de nature en 1996, entre 10 et 15 millions de ces de police qui acceptent, contre cellule spécialisée du ministère des fiscale ou patrimoniale, réalisés à francs, au groupe L’Européenne des rémunérations, de jouer le rôle de finances signale au parquet d’Ajaccio son encontre ou à celui de ses pro- casinos, selon la direction de cette représentant légal. l’existence de soustractions de fonds ches n’avait donné aucun résultat. société, troisième exploitant de casi- importants des caisses du casino « Quant à l’existence de retraits, en nos en France. Des transferts de J. Fo. 12 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 SOCIÉTÉ

Les agressions contre des lieux juifs font craindre Deux adolescents écroués une montée de l’antisémitisme dans les banlieues pour assassinat à Roubaix Les responsables associatifs sont partagés sur les causes réelles de ces actes Ils sont âgés de 16 et 13 ans. L’enquête porte La multiplication d’agressions contre des synago- tion. Si chacun s’accorde pour attribuer un rôle tiniens, des divisions apparaissent sur la portée du sur une bagarre dans une station gues ou des établissements juifs jette le trouble essentiel aux images télévisées des affrontements phénomène. Manifestation d’une solidarité identi- parmi les leaders associatifs issus de l’immigra- entre l’armée israëlienne et les manifestants pales- taire ou naissance d’un nouvel antisémitisme ? de métro d’un quartier difficile

PLUS DE CENT VINGT actes de actes antisémites. » Pour Malek ler les plus enclins à la délinquance. antijuives. Pour lui, tout se passe LILLE pital Prouvost de Roubaix. violence et de vandalisme contre Boutih, son président, « c’est l’ex- Ils ne faisaient que leur métier », comme si les jeunes issus de l’immi- de notre correspondante L’enquête a permis de remonter des synagogues ou des lieux sym- pression d’une violence de régression assure le sociologue. gration demeuraient les seuls à sou- La qualification d’« homicide rapidement jusqu’à la jeune fille, boliques de la communauté juive de jeunes du lumpenprolétariat des Pour de nombreux observateurs, tenir la cause palestinienne. Rabah volontaire avec préméditation » a qui avait été interpellée trois en un mois ; des insultes antisémi- banlieues qui parent leur délinquan- l’impact des images télévisées cons- Aliouat, autre militant associatif à été retenue, mercredi 1er novem- semaines auparavant pour tes entendues dans les cités où ce d’un discours de solidarité avec la titue l’explication principale des Roubaix, ne dit pas autre chose : bre, par le parquet de Lille à l’en- d’autres faits. Les policiers se sont cohabitent jeunes juifs et jeunes Palestine ». Le dirigeant de la princi- dérapages. « Pour moi, c’est une « Parmi les jeunes issus de l’immigra- contre de deux adolescents de 16 rendus à son domicile et l’ont pla- issus de l’immigration maghrébi- pale association antiraciste y voit la identification dans un monde de tion, le sentiment que la gauche plu- et 13 ans, dans le cadre de l’enquê- cée en garde à vue. Ils ont ainsi pu ne ; un prêche d’une violence rare résurgence d’un antisémitisme pro- l’image. Ces jeunes voient des affron- rielle est pro-sioniste est très large- te sur un homicide commis diman- identifier les quatre autres mem- appelant les musulmans « à tuer fond de jeunes victimes de la crise tements très violents à la télé ; ils se ment partagé. Il y a eu des dérapages che dans le métro à Roubaix bres du groupe, au nombre des- leur ennemi », à « massacrer » les mais sans conscience sociale, « qui sentent solidaires et, par amalgame, et des actes de vandalisme mais pas (Nord). Ces deux jeunes garçons, quels figurait l’auteur du coup de juifs diffusé sur les ondes de Radio- sont rentrés dans une logique de s’attaquent à des symboles juifs, à au point qu’il faille crier “au secour- domiciliés à Roubaix, ont été pla- couteau mortel et son complice. Orient, vendredi 27 octobre, au bouc émissaire ». « Ces jeunes-là défaut de cible israélienne », déclare, s”, alors que la violence fait des morts cés en détention provisoire après Parallèlement, les enquêteurs ont moment de la retransmission de la ont des valeurs hyperréactionnaires, « effaré », Mehdi Lallaoui, responsa- tous les jours en Palestine. » avoir été mis en examen par un pu retrouver l’arme du crime – un prière : les signes de tension n’ont antifemmes, antipédés. Ce sont les ble associatif et figure de la marche juge d’instruction lillois. Le plus couteau de combat « papillon » – cessé de se manifester en France mêmes qui crament les poubelles, pour l’égalité organisée en 1983. CALMER LES ESPRITS âgé des deux est poursuivi pour qui avait été dissimulé par le meur- depuis les premiers tirs israéliens saccagent une école de quartier, qui Même constat de Nacer Kettane, Deux poids, deux mesures : ce assassinat ; le second pour compli- trier. Les deux principaux suspects contre les manifestants palesti- aujourd’hui ont dérivé en criant président de Beur FM : « Les images sentiment de déséquilibre, voire cité d’assassinat. n’avaient jusqu’alors jamais été niens dans les territoires occupés. “sales juifs” à leurs voisins », sou- quotidiennes d’enfants tués par l’ar- d’injustice, domine parmi les mili- Selon les premiers éléments l’objet de procédures judiciaires ni Très vite, des appels au calme tient M. Boutih, qui prévient pour- mée israélienne ont un impact très tants les plus éloignés des états- recueillis par les enquêteurs du ser- de condamnations. Lors de leurs ont été lancés, tant par les respon- tant : « Ces jeunes n’ont rien à voir fort dans la communauté musulma- majors parisiens. Saïd Bouamama, vice d’investigations et de recher- auditions, le jeune homme soup- sables religieux juifs et musulmans avec les militants associatifs qui par- ne. Les jeunes ne comprennent pas sociologue à l’Institut de forma- ches (SIR) de Roubaix, les faits se çonné du meurtre et son complice, que par des figures associatives ticipent aux manifestations de sou- pourquoi alors qu’Israël est un Etat tion action recherche de Lille, n’est seraient enchaînés de la manière qui ont été reconnus par les des deux communautés. Ce fut tien aux Palestiniens. » reconnu, les Palestiniens n’ont pas le pas surpris par la tournure des évé- suivante. Dimanche soir à la sta- témoins de la scène, «se sont mis l’appel « Non à la haine, non au L’analyse de Smaïn Laacher, droit à leur Etat propre. Pour eux, nements : « C’est l’absence de sou- tion de métro Epeule-Montes- en cause mutuellement», a-t-on racisme », publié le 17 octobre sociologue à l’Ecole des hautes étu- c’est comme une des dernières guer- tien de la gauche au peuple palesti- quieu, quartier difficile de Rou- indiqué de source judiciaire. Les dans Libération par David Assouli- des en sciences sociales (Ehess), res coloniales », assure-t-il, mettant nien qui renforce le sentiment de baix, la victime, Franck Tavernier, trois autres adolescents du groupe ne et Mehdi Lallaoui. Puis un ras- sur le profil des jeunes qui sont pas- en garde contre la tentation de tirer révolte des gamins de quartier », un jeune homme âgé de 23 ans rési- ont été remis en liberté. semblement de personnalités près sés à l’acte n’est guère éloignée. des conclusions « trop hâtives ». assure-t-il. « Pour eux, il est insup- dant dans la commune voisine de Depuis la mort de Franck Taver- du Mur de la paix sur le Champ-de- Même s’il ne croit pas à une mani- « On aurait tort d’oublier la possible portable de voir ce silence quand le Croix avait été pris à partie par un nier, la sécurité a été renforcée Mars à Paris, organisé le 23 octo- festation d’antisémitisme, il ne implication de groupuscules d’extrê- grand rabbin appelle les citoyens de groupe de cinq jeunes gens qu’il dans la station Epeule-Montes- bre par SOS-Racisme. Sans comp- voit dans cette série d’agressions me droite quand on voit qu’un cer- confession juive à s’identifier aux sol- avait croisés dans un escalator. quieu. Des agents de médiation de ter les multiples initiatives locales « aucun fondement politique ». tain nombre d’actes sont concentrés dats israéliens. Qu’est-ce d’autre L’homme était accompagné de sa Transpole, la société exploitante prises après les attentats à Mar- dans les mêmes lieux », rappelle-t-il. qu’une démarche communautaire, fillette de 3 ans et d’une autre du métro lillois, y stationnent en seille, Toulouse et Strasbourg. « UNE IDENTIFICATION » Le poids des images est encore alors que dès que quelques jeunes parente. permanence tandis que les Aujourd’hui, chacun cherche à « Ces actes s’inscrivent dans une mis en cause par de jeunes responsa- issus de l’immigration se rassem- Les déclarations des protagonis- patrouilles de police ont été renfor- comprendre, à mettre des mots sur série d’actes de délinquance. Finale- bles associatifs, comme Ali Rahmi, blent, on dénonce une “dérive com- tes concordent pour indiquer cées aux abords du métro. Des ces actes qui font resurgir les mau- ment, dans l’esprit de ces jeunes con- animateur de Rencontres et dialo- munautaire” ? » Pour M. Bouama- qu’un simple échange de regards bouquets de fleurs sont régulière- vais souvenirs des périodes les plus nus des services de police, qu’est-ce gue, à Roubaix, qui condamne « fer- ma, il faut calmer les esprits… par entre la victime et une jeune fille ment déposés dans la station en noires d’une France raciste et anti- qui sépare le cocktail Molotov balan- mement » ces actes « impardonna- la mobilisation. Il en veut pour du groupe serait à l’origine de l’al- signe de soutien à la famille du sémite. Nouvelles formes d’antisé- cé dans une synagogue des coups de bles ». « Si on s’attaquait à une mos- preuve les manifestations réguliè- tercation. Le ton serait monté jeune homme. Les funérailles de la mitisme ou dérapages de jeunes bélier lancés contre un magasin de quée, cela me ferait aussi mal », dit- res qui ont lieu à Lille et à Roubaix entre les jeunes gens ; des insultes victime doivent être célébrées révoltés par la situation palestinien- fringues ? », se demande-t-il. A ses il. Mais M. Rahmi ne s’en tient pas où, « parce que les associations auraient été échangées. L’un des samedi matin à l’église Saint Pierre ne ? Devant cette poussée de vio- yeux, en tout cas, il ne faut pas là : pour lui, la gauche française por- issues de l’immigration ont canalisé membres du groupe a sorti un cou- de Croix, et devrait être suivie lence, que même la guerre du Golfe chercher à y déceler une réelle pri- te une responsabilité dans l’émer- l’expression de révolte », aucun déra- teau devant Franck Tavernier et d’une marche silencieuse, souhai- n’avait pas provoquée, les avis des se de conscience. « Ils ne savent pas gence de cette violence. Comme page sérieux n’a été enregistré. lui a porté un coup mortel dans la tée par la famille, en la mémoire responsables associatifs issus de ce qui se passe dans les territoires d’autres, il a très mal vécu la récep- Une façon d’éviter cette tentation région du poumon gauche. La victi- du jeune homme et pour exprimer l’immigration arabe sont partagés. occupés, ne savent même pas qui est tion par Lionel Jospin des responsa- du pire que beaucoup redoutent. me, qui a reçu un autre coup de un rejet collectif de la violence. A SOS-Racisme, la caractérisa- Arafat. C’est la force des images bles de la communauté juive au len- couteau à la main, est décédée tion est sans détour : « Ce sont des vues à la télévision qui a fait bascu- demain des premières agressions Sylvia Zappi deux à trois heures plus tard à l’hô- Nadia Lemaire Des jeunes des cités, sans motivation politique, « énervés par les reportages télévisés » Perquisition au siège ILS SONT plutôt jeunes, parfois ont visé des lieux de culte juifs et même si, selon des sources policiè- sé. A cette date, il était déjà incar- mineurs. Ils n’ont pas de passé des commerces, au cours du mois res, les auditions ont démontré céré pour un vol. Peu disert, il s’est niçois de la GLNF signalé de militants de la cause d’octobre, ont permis de dresser qu’ils étaient présents sur les lieux. contenté d’indiquer aux policiers palestinienne ni de liens avec de ce « portrait-robot » des agres- Les quartiers sensibles de Trappes qu’il avait été « énervé par les repor- UNE PERQUISITION a été conduite, mardi 31 octobre, au siège niçois quelconques organisations extré- seurs. dont ils sont issus n’avaient jus- tages télévisés » sur la crise au Pro- de la Grande Loge nationale de France (GLNF) par des policiers de mistes à caractère antisémite. Ils Il est cependant difficile d’aller qu’alors jamais manifesté d’hostili- che-Orient et qu’il avait voulu «se l’inspection générale de la police nationale (IGPN), dans le cadre d’une se revendiquent majoritairement plus loin dans la mesure où les per- té particulière à l’égard de la syna- venger ». commission rogatoire délivrée par le juge d’instruction Christian Gué- sans profession, quelquefois étu- sonnes arrêtées se sont peu expri- gogue attaquée. A Noisy-le-Sec (Seine-Saint- ry, en charge de l’enquête visant Alain Bartoli. Ce fonctionnaire de poli- diants, ou encore animateur et mées sur leurs motivations, quand Denis), trois jeunes hommes, dont ce, dignitaire local de la franc-maçonnerie, est soupçonné d’avoir utili- employé de mairie. Ils sont le plus elles n’ont pas nié les faits. Ainsi, COCKTAILS MOLOTOV un mineur, ont été interpellés en sé un fichier de police, le système de traitement des infractions consta- souvent de nationalité française, six jeunes gens ont été mis en exa- A Creil (Oise), c’est aussi le lieu flagrant délit par une patrouille de tées (STIC), au bénéfice de son obédience (Le Monde du 31 octobre). originaires des pays du Maghreb men et écroués après l’incendie de culte qui a été la cible, le police, le 14 octobre, alors qu’ils « Les policiers ont emporté des listings et documents internes pour établir ou plus rarement d’Afrique noire. qui a partiellement endommagé la 11 octobre, de deux cocktails venaient de jeter huit cocktails s’il y avait des traces des consultations des fichiers de police dans nos dos- Mais la plupart d’entre eux ont synagogue de Trappes (Yvelines), Molotov – qui ont provoqué des Molotov sur la synagogue. Les siers disciplinaires », a indiqué Bernard Merolli, grand maître provin- déjà eu affaire à la police pour des le 10 octobre. L’un d’entre eux dégâts minimes. Un jeune homme dégâts provoqués ont été faibles. cial de la GLNF. Selon nos informations, les enquêteurs s’interrogent actes de délinquance. Les principa- avait déjà été condamné pour des de dix-sept ans a été identifié, le Deux membres du groupe ont sur des indications relevées sur certains documents saisis et qui pour- les interpellations effectuées à la actes de violence. Aucun n’a recon- 26 octobre, grâce à ses empreintes reconnu avoir fabriqué les engins raient provenir d’autres fichiers que le STIC. Lors de sa garde à vue, suite des multiples attaques qui nu avoir participé à cette action, retrouvées sur un engin non explo- incendiaires, qui n’avaient pas Alain Bartoli avait reconnu avoir consulté à la demande de la GLNF, explosé. Ils avaient été bricolés entre janvier et août 2000, les fiches de candidats à l’adhésion. La avec du diesel, liquide qui se con- GLNF s’était inscrite en faux contre cette accusation, parlant d’une ini- tente de brûler sans pouvoir provo- tiative personnelle. quer d’explosion. Cet incident est mis en avant par les enquêteurs DÉPÊCHES pour montrer le peu d’expérience a BRETONS : trois détenus membres du mouvement indépendan- des auteurs et le caractère occa- tiste breton Emgann ont entamé une grève de la faim, mercredi sionnel de ces attaques. Sans 1er novembre, à Rennes (Ille-et-Vilaine) et à Fleury-Mérogis (Esson- détailler leur motivation, ils ont ne), prenant le relais des deux militants qui avaient cessé leur grève de affirmé avoir agi pour « venger le la faim le week-end dernier, a annoncé la Coordination anti-répressi- peuple palestinien ». ve de Bretagne (CARB). Les grévistes réclament que les militants bre- A la Meinau, quartier sensible tons actuellement en prison soient « considérés comme des prisonniers de Strasbourg (Bas-Rhin), un grou- politiques » et qu’ils soient détenus en Bretagne. pe scolaire a été couvert d’inscrip- a VIOLENCES : un chauffeur d’autobus parisien a été frappé à tions antisémites, le 14 octobre. coups de poing et légèrement blessé par un homme qui a pris la fuite, Une aile du bâtiment a été partiel- mardi 31 octobre en fin d’après-midi, porte de Clignancourt (18e arron- lement détruite par un incendie. dissement). Le conducteur avait refusé de laisser monter son futur La devanture d’une boulangerie agresseur entre deux arrêts. dont le propriétaire s’appelle a SOUVENIR : un mémorial dédié aux combattants d’Afrique et M. Blum a été défoncée avec une d’outre-mer morts au champ d’honneur en Alsace a été inauguré, voiture volée. Huit personnes ont mercredi 1er novembre, dans le quartier de Cronenbourg, à Stras- été placées en garde à vue. Elles bourg (Bas-Rhin). Erigé face à la nécropole militaire de Strasbourg, ce ont toutes nié leur participation à monument a été financé par les dons de 84 communes d’Alsace, d’an- ces attaques. Une seule d’entre ciens combattants et de particuliers. Le maire (PS) de Strasbourg, elles, un mineur, a été écrouée, cet- Catherine Trautmann, a rendu hommage à « ceux dont on a si peu par- te fois encore trahie par le relevé lé et auxquels on doit tout ». de ses empreintes sur une vitre de l’école. Une note des renseignements généraux transmise au ministère de l’intérieur au plus fort des inci- dents avait analysé ces actes com- me le défoulement de jeunes des cités, sans leur attribuer de carac- tère politique. Depuis une dizaine de jours, le nombre des agres- sions visant la communauté juive a sensiblement ralenti, même si des taguages à caractère antisémi- te sont encore régulièrement signalés.

Pascal Ceaux LeMonde Job: WMQ0311--0014-0 WAS LMQ0311-14 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0423 Lcp: 700 CMYK

14 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 Les bateaux de Cherbourg font « route-pêche » malgré tout Les marins craignent surtout « l’effet d’image » de la catastrophe du « Ievoli-Sun ». Les scientifiques analysent les prélèvements effectués autour de la zone où le chimiquier a coulé. La Marine nationale a accepté l’aide de l’association Greenpeace CHERBOURG né d’Omonville-la-Rogue connaît Pierre Muzard, un patron qui communiqué : « Les caractéristiques de notre envoyé spécial Le cimetière des Casquets bien ce bout de Manche touché par drague les coquilles saint-jacques et du styrène ont été longuement évo- A la criée de Cherbourg, les pê- le naufrage, « une zone pointue à les revend « en direct du bateau », quées par les scientifiques : durée de Manche E cheurs ont la pollution mauvaise, LIMITES DES OSS travailler », dont la richesse attire alors que la saison de la coquille bat vie, seuil de détection, toxicité, moda- E F Epave EAUX TERRITORIALES ND Cap de mais affichent leur sérénité. Jeudi RA aussi des bateaux anglais, belges ou son plein. Christian, marin-pêcheur, lités de résorption. Des simulations G la Hague Aurigny(GB) polonais. Pourtant, il multiplie les navigue depuis vingt-trois ans à ont été présentées. Ces informations REPORTAGE Cherbourg questions sans réponses. « Quelle partir de Cherbourg et sous les ont été de nature à rassurer les pro- Zones interdites Guernesey (GB) ampleur aura la pollution sur la ordres de différents patrons. Il s’ap- fessionnels. » Ronan Le Goff, l’un « La fosse à la navigation Jersey (GB) zone ? Quel sera l’impact réel sur la prête à embarquer sur un chalutier des responsables de l’Ifremer (Insti- des Casquets, tut de recherche pour l’exploitation m faune et la flore ? » Il redoute «la de quinze mètres. Mais il ne semble on sait que 50°00' St-Malo de la mer) en Normandie, précise c’est un dépotoir. » FRANCE 25 km que des prélèvements ont été effec- Un fort trafic de cabotage chimique tués mardi sur les côtes, sur des Epave tourteaux et des ormeaux, des "IEvioli-Sun" 2 novembre, à 7 heures, les prix du Zones d'explosifs L’Europe de l’Ouest est une zone où les échanges de produits huîtres et des moules. « Il s’agit poisson n’ont pas chuté. Pour immergés chimiques par navire est très intense, notamment entre les ports du d’établir un point zéro, avant l’arrivée l’heure, le pire est donc évité. Un Benelux et ceux de la Méditerranée occidentale, comme les termi- éventuelle des nappes polluées, pour NI -U grand chalutier de vingt-cinq mètres ME Cap de naux proches de Fos. Ces navires sont en général de taille moyenne, procéder ensuite à des comparaisons, AU OY la Hague et deux bateaux plus petits ont dé- R CE comme l’était le Ievoli-Sun. Ils doivent avoir été construits selon les dit-il. Mais il faudra attendre une se- AN maillé pendant toute la nuit. « Il y a FR FOSSE DES règles correspondant à un code international rédigé en 1994 qui ne maine ou quinze jours pour avoir les peu de tonnage ce matin, une ving- CASQUETS Aurigny(GB) comprend pas moins de 230 pages. Puis le navire chimiquier (dont premières analyses. » taine de tonnes, au lieu d’une qua- I Phare des les cuves peuvent contenir aussi des huiles végétales) doit recevoir Pour Daniel Lefevre, responsable E N C U rantaine en moyenne, admet le res- N - Casquets une autre certification, au titre de l’annexe 2 de la convention Mar- des pêches maritimes en Basse- A E R M ponsable des lieux, Marc Delahaye. F U pol de 1992, dénommé « certificat IOPP ». Ce sont des armateurs Normandie, il faut dire et répéter A Y Mais c’est à cause du mauvais temps, O scandinaves essentiellement, mais aussi italiens, hollandais ou alle- que « les produits sont sains ». R Guernesey (GB) pas de la pollution. » Les cours sont 49°30' mands, qui dominent ce marché, actuellement relativement dépri- L’homme de mer affirme que «le restés au même niveau qu’en début mé avec des taux de fret bas. La Navale française, armateur spéciali- poisson pollué sentirait le plastique, de semaine. « La seiche est à sé, attend la livraison d’un chimiquier de 6 500 tonnes construit en s’il a été au contact du styrène, ou se- 10,50 francs au kilo, au lieu de Norvège, pour un coût de 130 millions de francs. rait coloré, s’il en a avalé ». Jacques ° ° ° 10,28 francs mardi », ajoute ce res- 3 00 2 30' 2 00' Aubert, qui a aussi participé à la ponsable de la chambre locale de Source : Etat major de la marine réunion et affiche une sensibilité commerce et d’industrie. il un « effet d’image ». Lors de la tête. Paradoxalement, les pêcheurs puissance des courants, les plus forts pas s’inquiéter outre mesure : «La écologiste, se réjouit que « les auto- En temps normal, les conditions catastrophe de l’Erika, en Bretagne devraient profiter de l’absence d’af- d’Europe ». Le caseyeur se dit inca- Fosse des Casquets, près du naufrage, rités aient la volonté de ne rien ca- météo difficiles des derniers jours sud, les cours s’étaient tassés sur le fichage du lieu d’origine des pois- pable de prévoir leur influence : on sait depuis longtemps que c’est un cher, contrairement à ce qui s’était auraient fait monter les cours, marché de Cherbourg. Cette fois, la sons sur les rayons, alors qu’ils le ré- « La saloperie risque d’arriver très dépotoir à produits radioactifs. Mais passé avec les cafouillages de l’Eri- nuance le patron d’un bateau : pollution touche directement le clament de longue date pour se vite sur les côtes, en six heures, ou pas on n’y a jamais pêché de crabes à ka ». Cela n’empêchera « peut-être « Après un gros coup de vent, on sait Cotentin. démarquer des aquaculteurs. du tout. » cinq pattes ! » pas une catastrophe », tempère-t-il. que le poisson va être cher et que ce Dans la salle de criée, il n’y a plus Riche en crustacés, la zone du Le long du quai de pêche de Car- Le marin normand sera en mer, jeu- sera la super-affaire pour le premier de cris entre acheteurs et vendeurs naufrage du Ievoly-Sun est fréquen- teret, un petit port dont la vingtaine RÉUNION À HUIS CLOS di, « si la météo n’est pas trop dé- qui rentre au port. » Marc Delahaye des produits tout frais pêchés (rou- tée par les caseyeurs de Basse-Nor- de bateaux fréquentent les parages Au même moment, une quin- gueulasse ». Elle l’est, mais Jacques est plus rassurant : « Le coup de gets, calamars et seiche, principale- mandie et par leurs collègues bri- de la zone polluée, les navires sont zaine de représentants locaux de la Aubert partira quand même. A chance est d’avoir eu un jour férié, la ment), car les mareyeurs pianotent tanniques. Patron du Haot-Vouet, restés à l’amarrage depuis plusieurs pêche maritime et de la conchyli- cause d’un dicton local (« Qui trop Toussaint, en cours d’événement. Le désormais sur des ordinateurs pour Jacques Aubert tient, de mareyeurs jours, toujours à cause de la météo. culture se réunissaient dans le bâti- écoute la météo passe son temps au marché était fermé. Cela a permis de fixer les prix. Venus de la région, bretons, que « les Espagnols, très « Nous n’avons pas fait route-pêche. ment des Affaires maritimes de bistrot ») et parce que les pêcheurs faire passer l’information selon la- jusqu’à Caen, et même de Bretagne, friands d’araignées de mer, se sont Contrairement au Ievoli-Sun, nous Cherbourg, aux côtés de scienti- doivent bien vivre. quelle les poissons ne souffriront pas ils jouent les intermédiaires avec les déjà tournés vers les Marocains pour avons eu la sagesse de ne pas sortir fiques de l’Ifremer. A l’issue de cette de la pollution. » A peine redoute-t- distributeurs, grandes surfaces en leur en acheter ». Ce marin chevron- pendant la tempête », commente réunion à huis clos, ils ont rédigé un Erich Inciyan Nouvelle alerte météo Les élus de la Manche condamnent les pratiques en cours sur les mers CHERBOURG Legrand, repris en écho par le député (PS) de Le président du district de la Hague, Michel de notre correspondant Cherbourg Bernard Cazeneuve. Les deux par- Canoville, n’imaginait pas qu’un aussi grand pour la fin de la semaine « Pourquoi l’Europe n’a-t-elle pas le courage lementaires font front commun pour obtenir nombre de bateaux transportant des matières b L’équipage du Céphée, chas- b La préfecture maritime de de mettre en place, comme les Etats-Unis, un la création dans le Cotentin d’un institut in- dangereuses croisaient chaque jour à quel- seur de mine de la Marine natio- Cherbourg a accepté l’offre de droit de la mer interdisant aux bateaux qui ne ternational de droit et de la sécurité en mer. ques encablures de ses plages et de ses fa- nale, a senti une odeur de styrène service de Greenpeace afin de sur- sont pas aux normes de naviguer dans ses Acceptée par le ministre des transports, cette laises. Il s’inquiète des risques de pollution, en sillonnant la zone du naufrage veiller l’épave. Les modalités de ce eaux ? », se fâche, « indigné et inquiet », Jean- proposition a reçu l’appui de Jacques Chirac : mais refuse de céder à la panique ou au catas- mercredi 1er novembre. Trois nappes « partenariat » devaient être défi- François Legrand, président du conseil géné- « Il faut mettre à la disposition des ports fran- trophisme. Comme beaucoup de ses col- répandant la même odeur auraient nies lors d’une rencontre jeudi. Sept ral de la Manche et sénateur RPR. Droite et çais des traitements et des équipements ca- lègues, il redoute un nouvel effet pervers été repérées par le bâtiment, sur une à huit membres de l’organisation gauche manchoises condamnent les pratiques pables de traiter les pollutions. Il faut aussi les pour l’image de marque de sa région. Ici, lors zone de 300 mètres de large et 9 ki- écologiste, dont un spécialiste an- en cours sur les mers : « Il n’est pas acceptable doter de moyens d’intervention rapides pour in- des premières polémiques sur les rejets radio- lomètres de long. Mais, mercredi glais de toxicologie et des plon- que la sécurité des transports maritimes soit sa- tercepter les navires dangereux », a expliqué le actifs de l’usine de retraitement de la soir, l’avion des douanes dépêché geurs, seraient embarqués à bord crifiée au nom du libéralisme et de la recherche président. « Cherbourg doit devenir le point Cogema, le président du conseil général de sur place a constaté que ces traces d’un navire de la « Royale ». Green- à tout prix de la rentabilité », résume Jean- stratégique de cette organisation en Manche et l’époque, l’UDF Pierre Aguiton, avait menacé étaient « plus faibles que ce qu’il peace achemine actuellement vers Claude Forafo, adjoint (PCF) au maire de mer du Nord », réclame René Garrec, d’attaquer Greenpeace en justice pour préju- avait vu la première fois », selon la Cherbourg du matériel propre, no- Cherbourg. Une exaspération que dit parta- président (DL) du conseil régional de Basse- dice moral et financier. Vues de la Manche, les préfecture maritime de Cherbourg. tamment un ROV, un sous-marin de ger Jacques Chirac venu rencontrer les élus Normandie. pollutions sont toujours trop médiatisées. Les résultats des prélèvements déjà surveillance. « Nous connaissons bien normands, mercredi 1er novembre. Le pré- Par la voix de leur unique conseiller régio- effectués sur zone devaient être cette zone et ces courants puisque sident de la République a, lui aussi, fustigé les « TUNNEL DU MONT-BLANC DE LA MER » nal, les Verts n’ont pas ces pudeurs. Didier connus dans la journée de jeudi. nous y avons plongé au mois de juin libertés prises sur les océans. « Nous vivons Directeur du cabinet de Michel d’Ornano, Anger répète que le secteur où le chimiquier b Selon l’Institut national de re- dernier : nous pouvons donc être utile, dans un monde curieux où le ciel est bien ministre de l’environnement à l’époque du italien a sombré « est un véritable dépotoir de cherche en sécurité (INRS), les explique Bruno Rebelle, directeur réglementé, alors que la mer ne l’est pas. C’est naufrage de l’Amoco-Cadiz, et à l’origine de la produits chimiques, d’explosifs et de déchets 4000 tonnes de styrène devraient général de l’association. Mais nous une zone de non-droit. » Il s’est s’engagé de- mise en service des remorqueurs d’assistance nucléaires ». Il espère qu’« enfin on va prendre connaître, dans un délai indétermi- garderons notre droit de critique sur vant les élus de l’Ouest à obtenir l’application à Brest et à Cherbourg, René Garrec souhaite conscience que la mer ne peut plus être consi- né, une réaction de polymérisation ce qui est dit et ce qui est fait. » des mesures de contrôle des ports, des socié- aujourd’hui que l’Abeille-Flandre et l’Abeille- dérée comme une poubelle ». « Convaincu que (formation de polystyrène) qui oc- b Le PDG de Shell, Christian tés de classification et l’imposition des Languedoc soient remplacés « par des navires la grande muette ne dit pas tout », l’élu Vert en casionnera une dilatation du pro- Balmes, affrêteur des 4 000 tonnes doubles coques, à l’échelle des Quinze, avant encore plus puissants et capables de recueillir appelle encore une fois à la transparence. A duit, une rupture des cuves et un de styrène, s’est voulu apaisant, la fin de la présidence française de l’Union un nombre important de naufragés ». A la quelques kilomètres de la côte, la coque du échappement de bulles de ce mercredi à Cherbourg. « Nous européenne. pointe du Cotentin, où transitent près de six chimiquier laisse échapper du styrène produit. sommes prêts à assumer nos respon- Une promesse que tous, ici, ou presque, cents cargos chaque jour, le maire PS de toxique. Cette semaine, dans le Cotentin, nul b L’Institut français de re- sabilités s’il y en a, à limiter les risques veulent croire. « Les départements maritimes Cherbourg, Jean-Pierre Godefroy, a le senti- besoin de fêter Halloween pour se faire peur. cherche pour l’exploitation de la et à récupérer notre cargaison ». en ont assez d’être à la merci de gens qui ne res- ment d’être riverain d’« un tunnel du Mont- mer (Ifremer) a affrété un navire, le « Nous sommes une société respon- pectent rien », s’insurge le RPR Jean-François Blanc de la mer ». Jean-Pierre Buisson Gwen-Drez, qui devait également se sable, c’est un incident sérieux au rendre sur zone jeudi pour effectuer niveau du risque maritime », a-t-il des prélèvements d’eau de mer et précisé. vérifier la validité de ses modélisa- b Le ministre des transports, La France ne contrôle que 13 % des navires qui entrent dans ses ports tions. Ces projections sont « assez Jean-Claude Gayssot, a demandé à rassurantes », indique Bruno Bar- ses collègues européens de prendre QU’EST-CE qu’un « navire-pou- Chaque déficience est relevée et 25 % de contrôle requis par le Mé- cette note flatteuse pour le moins nouin, l’un des responsables de des mesures pour inciter les bateaux belle » ? Le jugement, facile à por- entrée en mémoire, aggravant le morandum : la France n’inspecte étonnante. Quelques jours avant l’Ifremer, qui précise que même déficients à ne pas appareiller jus- ter lorsque que le bateau achève coefficient. La base Sirenac a ainsi ainsi que 13 % des bateaux entrant son naufrage, en décembre 1999, pour les scénarios les plus noirs, qu’à la fin de la semaine : Météo de rouiller au fond de l’eau, l’est un effet cumulatif et même boule dans ses ports. Les inspecteurs le pétrolier venait d’être contrôlé comme le relargage total de la car- France annonce du mauvais temps beaucoup moins lorsqu’il s’amarre de neige : plus la note est mau- sont donc tentés d’« expédier » dans un havre russe qui avait don- gaison en une heure, les seuils de en Manche. Des vents très forts à un quai pour effectuer un char- vaise, plus le bateau sera soumis à leur visite pour « faire du chiffre », né son blanc-seing... risque biotoxicologiques ne sont ja- (force 9), étaient attendus dès jeudi gement. Les inspecteurs des ports une inspection minutieuse et donc se contentant d’examiner les do- Pour améliorer le système, la mais atteints, « sauf à proximité im- après midi en Manche centrale et ne disposent à ce jour que d’un plus il risquera d’être sanctionné. cuments de bord. France souhaite, dans le cadre du médiate de l’épave ». En revanche, le occidentale, avec un répit relatif seul moyen de se renseigner sur Les données sont consultables Mémorandum, enrichir la docu- goût des produits de la mer « pour- vendredi. Dans la presque totalité les bâtiments qui méritent leur vi- par tous les pays signataires et gé- POINTS DE ROUILLE mentation. Elle tente depuis 1998 rait être atteint sur des taches de des cas, seuls les capitaines jugent gilance : la base Sirenac. Cette rées côté français par le centre ad- Lors des six visites effectuées ces de proposer à ses partenaires un quelques kilomètres durant moins s’ils peuvent ou non appareiller. La banque de données dispense pour ministratif des affaires maritimes trois dernières années, le Ievoli- système, baptisé Equasis, qui se d’un jour ou deux », ce qui pourrait recommandation du ministre ne chaque navire un target factor, ou de Saint-Malo. L’information est Sun a été retenu à trois reprises veut une véritable carte d’identité conduire à préconiser la non- peut pas s’appliquer aux navires en « coefficient de ciblage », accessible aux autorités portuaires pour des déficiences exigeant ré- du bateau. Y seront mentionnés commercialisation pendant quel- transit dans la Manche. Mercredi, s’échelonnant de 1 à 50. Le coef- mais également aux responsables paration, chaque fois dans des les armateurs, assureurs, sociétés ques jours. 130 navires ont été recensés sur les ficient est considéré comme bon des Centres régionaux opération- ports hollandais : essentiellement de classifications et Etats du pavil- b Le navire Alcyon, spécialisé rails d’Ouessant. A la capitainerie du jusqu’à 10 et mauvais au-delà de nels de surveillance et de sauve- pour des points de rouille, des pro- lon qui se sont succédé et tous les dans la lutte contre la pollution, Havre, on explique qu’il n’est pas 35. Le Ievoli-Sun affichait 32. tage (Cross) qui contrôlent la navi- blèmes électriques et des insuffi- contrôles et réparations effectués, devait arriver jeudi matin, en prove- question d’interdire à un navire La base Sirenac est un des ac- gation. Elle peut donner à ces sances dans le matériel de sauve- ainsi que les notes des affréteurs, nance de Brest, ainsi qu’un bâtiment d’appareiller, quelles que soient ses quis du Mémorandum de Paris sur derniers une indication sur la fra- tage. Trois autres inspections les vetting. La connaissance de britannqiue pour le balisage. L’Iris, marchandises à bord. La seule res- la sécurité maritime, rédigé en gilité éventuelle d’un navire et l’ur- effectuées en Allemagne, au Por- toutes les péripéties d’un navire patrouilleur des Affaires maritimes, triction serait l’impossibilité pour les 1982 à l’initiative de la France, gence de lui porter secours. tugal et en Croatie avaient été, en depuis sa construction permet- continue ses prélèvements. Restent pilotes portuaires de quitter le na- quatre ans après l’Amoco-Cadiz, et Cette base a cependant des li- revanche, sans conséquence. tront aux inspecteurs des ports de sur zone un aviso de la Marine na- vire après l’avoir guidé jusqu’au ratifié aujourd’hui par une ving- mites. Elle dépend entièrement de Autre bizarrerie, l’Erika, dont les se faire une idée plus précise de tionale et le remorqueur de haute bout du chenal. taine de pays européens et par le la valeur des inspections menées multiples commissions d’enquête son état. Afin qu’une poubelle soit mer Abeille Languedoc. Enfin, le plan Canada. L’accord stipule que 25 % dans les port. Or la plupart des ont révélé le mauvais état, était enfin appelée une poubelle. Polmar Terre a été déclenché François Grosrichard, des navires entrant dans un port pays n’ont pas les moyens en per- noté 12 sur la base Sirenac. Les mercredi soir. Benoît Hopquin et Hervé Morin seront soumis à inspection. sonnel spécialisé d’effectuer les spécialistes s’accordent à juger B. H. 16 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 HORIZONS ENQUÊTE

Lionel Jospin, prononçant une allocution devant l’Assemblée de Corse le 6 septembre 1999.

ONGTEMPS, très long- temps, Lionel Jospin a passé ses vacances en Balagne, sur les hauteurs de L’Ile-Rous- se, à Lumio, charmant village désormais célè- bre depuis qu’une de ses ravissantes habi- tantes, Laetitia Casta, est devenue Ltop-modèle, buste de Marianne et star télévisée de La Bicyclette bleue. M. Jospin humait l’air du maquis, embarquait de temps à autre pour une virée en bateau avec Henri Emmanuelli, achetait son fromage sur le marché de Calvi. « Fonction oblige », il n’est pas retourné passer l’été chez ses amis – des Corses de Paris – depuis l’été 1996. Mais «il aime cette île. Il me parle souvent des chants polyphoniques », tente Oli- vier Schrameck, le directeur de son cabinet. Une fois, le 4 mai 1999, alors que l’incendie d’une paillote de plage illégale par des gendarmes apparais- sait de plus en plus comme une affaire d’Etat, Lionel Jospin a évo- qué ces « semaines » passées dans une île où il s’est « toujours bien sen- ti ». On a aussi raconté le premier ministre, ému aux larmes, bissant les chœurs de Jean-Paul Poletti dans l’église de Sartène. Il a dit à des convives comment il a « affolé ses gardes du corps » en décidant, sans prévenir, d’aller entendre les Muvri- ni, à Bercy, en 1998. « Dans cette his- SANCHEZ OLIVIER/SIPA toire, il n’y a pas d’affect, que du rationnel », coupe néanmoins un de ses proches. Les vrais chocs ont été politiques. Le 6 février 1998, Lionel Jospin, premier ministre, apprend que Claude Erignac a été assassiné, à Ajaccio, en se rendant au théâtre. Le 3 mai 1999, le nouveau préfet de Corse, Bernard Bonnet est placé en Les polyphonies de Lionel Jospin garde à vue. « La Corse s’est cognée àlui», inverse curieusement son conseiller pour les affaires intérieu- en Corse, le nouveau ministre de çois Hollande, joint au téléphone, le de la cassette au préfet de Corse, res, Alain Christnacht. « La Corse, ce n’est pas l’intérieur, Jean-Pierre Chevène- pense. Mais le premier ministre bref, écoute, consulte, et ne le cache « Je n’ai pas fait le travail intellec- ment, peut affirmer, sans être con- explique à son cabinet qu’il se croit pas. tuel de me replonger dans mes pro- un problème statutaire, tredit, qu’il n’existe « pas plus de capable d’obtenir des élus nationa- Brutale ou mûrie, la mise en scè- pos ou mes écrits sur la Corse », con- peuple corse que de peuple belfor- listes, dans l’hémicycle, une sorte de ne de la conversion jospinienne se fie Lionel Jospin. Il aurait, somme ce n’est pas un problème tain ». Personne au Parti socialiste déclaration de bonnes intentions. veut en tout cas spectaculaire. «On toute, assez vite fait. « L’autre jour, ne comprend quel futur est en train « Je vais y arriver, je les convain- fait la réflexion que les élus nationalis- mon épouse écoutait une émission institutionnel », disaient de s’esquisser lors d’un colloque crai », veut croire Lionel Jospin. «Il tes peuvent devenir les guides du mou- très intéressante sur France-Culture. organisé, en novembre 1998, dans pense alors que, dans le débat, sa sin- vement clandestin », explique-t-on On m’entendait parler de la Corse, il y a un an le chef les îles Aland, en Finlande. Pierre cérité va transparaître et emporter au Palais Lantivy pour justifier la dans les années 1970. Elle m’a dit que Joxe, alors premier président de la l’adhésion, que la négociation politi- levée du fameux « préalable » de la cela ressemblait beaucoup à ce que du gouvernement Cour des comptes, écoute tout seul que fera tout », confie un collabora- condamnation de la violence pour je défends aujourd’hui », ajoute, le président du conseil général de teur. Sûr de lui, dans le petit hémicy- ouvrir le dialogue. « Pour la premiè- pour seul autre indice, le premier et Daniel Vaillant. Haute-Corse, Paul Giacobbi (PRG), cle de l’Assemblée de Corse, il rap- re fois depuis le début de la clandesti- ministre. Tout est dit. Le Jospin qui le communiste Paul-Antoine Lucia- pelle dans ses réponses son « préala- nité, on se dit que les politiques sont a invité les nationalistes corses au Récit d’un changement de cap ni, le nationaliste Jean-Guy Talamo- ble ». Les élus de Corsica Nazione en mesure d’imposer leurs conditions dialogue, le 6 décembre 1999, à ni et la figure historique de la rébel- refusent la main tendue. « Il en est à tous les nationalistes », ajou- Matignon, et qui proposera aux décidé après l’incendie lion corse, Edmond Simeoni, vanter un peu meurtri », admet un diri- te-t-on. Fin novembre 1999, malgré députés, en avril 2000, d’adapter les « autonomies insulaires ».Etle geant du PS. des attentats contre deux bâtiments lois et règlements français à cette île d’une paillote premier de plaider, en anglais, pour administratifs d’Ajaccio, le premier de Méditerranée, n’aurait changé un « local government ». LOCAGE ou atermoiement ministre tranche. A l’Assemblée que de tactique, jamais d’avis. Et Après l’assassinat de Claude Eri- tactique ? « Nous avons le sen- nationale, solennellement, il annon- aurait-il varié qu’il ne s’en souvien- gnac, Lionel Jospin choisit son suc- Btiment que Jospin dit publique- ce : le dialogue est ouvert ! drait pas. cette île] », confie-t-il par exemple, justement Pascal Garbarini. «En cesseur, Bernard Bonnet, dans une ment “non” à tout pour donner plus Dans la tribune qu’il avait livrée C’est par le concept de « peuple aussi, le 4 mai 1999. « Il a désormais 1997, la Corse n’était ni dans le liste qui compte le rocardien Jean- de portée au moment où il fera [une] au Figaro, en 1996, Lionel Jospin corse » que Lionel Jospin a abordé l’idée que la République n’a pas à se champ des préoccupations de Lionel Pierre Lacroix, que Jean-Pierre Che- ouverture concoctée en secret », avait tenu à ajouter une petite tou- le problème. Le statut préparé par défendre contre la diversité culturel- Jospin ni dans celui de ses urgences », vènement n’a jamais apprécié. Il observent François Santoni et Jean- che personnelle à la plate-forme Pierre Joxe, en 1991, précisait dans le », confirme Olivier Schrameck. reconnaît François Hollande. « Com- met longtemps, très longtemps, à Michel Rossi en juin 2000. Devant politique qu’on avait rédigée pour son article premier que « le peuple Lionel Jospin réprouve, en revan- me la décentralisation », ajoute le reconnaître que celui que les Corses les élus corses, le 6 septembre, Lio- lui : « En Corse, il n’y a pas que des corse est une composante du peuple che, les discussions secrètes menées premier secrétaire du PS. Qui se sou- appellent le « proconsul » a « dis- nel Jospin reprend en effet l’analyse chants de mort, de nostalgie, ou de français ». A l’époque, le ministre par les différents occupants de la cie de ce qu’il a écrit le 28 mai 1996, joncté ». « Ce préfet défendait au qu’il avait dressée, le 25 mai, à l’As- solitude, il y a des chants de vie. » de l’éducation nationale s’était ran- place Beauvau avec les nationalis- dans une tribune iconoclaste fond l’idée très jospinienne du comité semblée nationale, alors que la droi- Le 6 septembre 1999, invité de gé, solitaire, derrière François Mit- tes. « Lionel n’a jamais eu la fascina- publiée par Le Figaro, alors qu’Alain de salut public, sourit un responsa- te a déposé une motion de censure. France 3-Corse, le premier minis- terrand et Michel Rocard pour tion de Pierre Joxe pour la première Juppé, quelques mois après le scan- ble du PS, et Jospin n’est pas loin de « Une modification statutaire ne tre s’attarde pour bavarder avec la défendre la formule. « A vrai dire, génération de nationalistes de gau- dale de Tralonca, venait habilement partager cette conception Fouché Jospin s’en foutait un peu, raconte un che », qui ont connu mai 1968 à la de proposer au Parlement un débat d’un ministre de l’intérieur. » Il ne témoin, mais Pierre Joxe a convaincu fac d’Aix ou à celle de Nice, ajoute sur la Corse ? trouve finalement pas si mauvais « L’autre jour, mon épouse écoutait tout le monde que c’est en employant un responsable de la Rue de Solfé- qu’un grand commis se méfie leurs mots qu’on affaiblira les natio- rino. Dans Pour solde de tout compte LORS premier secrétaire du autant que lui du président de l’As- une émission très intéressante nalistes. » « Il a joué la solidarité gou- (Denoël), François Santoni assure PS, il avait fait appel au jeune semblée de Corse, José Rossi (DL), vernementale », ajoute un autre. Le que, peu après l’arrivée de M. Jos- AChristian Paul – aujourd’hui et des nationalistes. Quelques heu- sur France-Culture. On m’entendait parler terme est finalement refusé par le pin Rue de Varenne, en juin 1997, il secrétaire d’Etat à l’outre-mer —, res après la mise en garde à vue du Conseil constitutionnel. D’une idée est « approché », par François un proche de Pierre Joxe, pour le préfet, M. Jospin lâche, sur TF 1, un de la Corse, dans les années 70. floue d’un « destin commun »,le Puponni – maire de Sarcelles rédiger. Sous sa plume, on appre- aveu qui, dans sa bouche, res- peuple corse devient, avec Robert depuis que Dominique Strauss- nait que Lionel Jospin était favora- semble presque à un décourage- Elle m’a dit que cela ressemblait beaucoup Badinter, une distinction subversive Kahn occupe Bercy – par l’intermé- ble à « des pouvoirs autonomes dans ment : « La Corse, décidément, c’est entre origines, races ou religions. diaire de son avocat, Pascal Garbari- la République ». « On peut débattre difficile. » à ce que je défends aujourd’hui » Lionel Jospin rappelle pourtant l’épi- ni. C’est l’inverse qui est vrai, et d’une nouvelle étape, si celle-ci est Au début de l’été 1999, la décision sode, sur TF 1, au plus fort de la cri- l’anecdote prend du coup son vrai souhaitée, expliquait-il même. Il est prise : question de responsabili- se des paillotes. « Je n’ai jamais abor- sens. Me Garbarini, qui connaît n’est pas interdit de s’inspirer de té et… d’amour-propre. « Lionel se résoudrait en rien [le problème] de rédaction de la station d’Ajaccio. dé la Corse de haut. (…) Je suis sensi- M. Puponni depuis leurs années l’exemple d’autres îles (méditerra- dit : pourquoi moi, qui suis en train la violence », lançait-il alors. «La La chaîne diffuse une polyphonie. ble à ses chants. (…) J’ai été un des d’études et de foot, poussé par ses néennes ou d’outre-mer) pour conce- de gagner la bataille du chômage, je Corse, ce n’est pas un problème statu- Lionel Jospin l’entend, l’écoute, quelques ministres, à l’époque, à être clients de la Cuncolta, François San- voir un statut original. » Un an plus ne pourrais pas réussir en Corse ? », taire, ce n’est pas un problème institu- s’émerveille, en demande les réfé- aux côtés de [Pierre Joxe] pour dire : toni, Charles Pieri et Marie-Hélène tard, dans un discours d’investiture résume un ami du premier ministre. tionnel, c’est un problème de vie con- rences. Un silence vaguement gêné “Oui, on peut faire cela.” » En sep- Mattei, demande à son ancien con- dont chaque mot est pesé, on est « Il juge qu’il n’y a pas de raison que crète », partageait son fidèle lieute- s’installe. Personne n’ose lui dire tembre 1991, juste après le débat disciple, autour d’un déjeuner, s’il bien loin de ces audaces. « En Cor- la Corse reste un impensé gouverne- nant, alors ministre des relations qu’il s’agit de l’A Paghjella di l’Impic- sur le « statut Joxe », lorsque le peut faire part en haut lieu de l’in- se – comme partout ailleurs sur le ter- mental. Accessoirement, ajoute cet avec le Parlement, Daniel Vaillant. cati, un chant noir qui raconte com- futur candidat à l’élection présiden- quiétude de ses clients pour le cli- ritoire national —, le gouvernement ami, même s’il échoue, il pourra dire De retour à Paris, le premier minis- ment, dans le Niolo, durant la con- tielle rédige son essai, L’Invention du mat de « répression » qui s’installe. veillera au respect de la loi républicai- à la droite, lorsqu’il le faudra : nous tre teste quelques contradicteurs, quête militaire de 1774, les troupes possible, la Corse n’a pourtant droit Ni François Pupponi, qui se rensei- ne. (…) Parallèlement, il fera en sorte avons essayé. » Olivier Schrameck le s’assure du soutien de quelques du général Sionville pendirent des qu’à quelques lignes… « Hormis Pier- gne pour la forme sur les pro- que la solidarité nationale s’exerce dit avec ses mots de conseiller autres, cite les arguments politique- enfants « qui n’avaient pas encore re Joxe, rares sont ceux qui, à gauche, jets – nuls – de Matignon pour la pour rattraper le retard de développe- d’Etat : « L’honneur du politique, ment corrects du directeur de la quinze ans ». Finalement, Olivier s’intéressent au sujet », excuse Fran- Corse, ni les socialistes, ni « DSK » ment dû à l’insularité. Le gouverne- c’est de tenter quelque chose. » Le revue Commentaire, le barriste Jean- Schrameck a peut-être raison : en çois Rebsamen, fan de l’ex-ministre. ne mordent à l’hameçon de M. San- ment encouragera (…) l’enseigne- 5 septembre, veille de son départ à Claude Casanova, prend à témoin la politique aussi, beaucoup de choses De cette époque, en revanche, Lio- toni. « J’ai compris à ce moment-là ment de sa langue. » Etat de droit, Ajaccio, Lionel Jospin s’entretient demande de changement de la commencent, passent et finissent, nel Jospin conserve quelques certitu- qu’en cas d’ouverture Lionel Jospin redressement économique, identité encore avec quelques proches. Peut- société civile interrogée à Ajaccio aussi, par des chansons. des. « Grâce à une pratique de l’ita- jouerait la légitimité des urnes, et pas culturelle : le programme est fixé. A il engager le débat sans demander par Michel Field dans « Prise direc- lien, je suis sensible à la culture [de celle des chefs militaires », résume l’été 1997, pour sa première visite d’engagement sur la violence ? Fran- te », sur France 3, dont il recomman- Ariane Chemin HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 17 Assurance-maladie, médecine libérale : deux chantiers à ouvrir par Claude Evin ES réformes qui ont mar- fallu à chaque fois que le gouverne- droit aux soins garantis à tous les de l’Etat à travers les ARH, et l’am- ou de prestations dans le cadre Entre le statut libéral et la Société qué l’organisation du sys- ment prenne seul les décisions de Français. Un cahier des charges est bulatoire, qui dépend aujourd’hui du colloque singulier avec leur commerciale, il y a des solutions à tème de santé au cours de maîtrise de l’évolution des dépen- défini, encadrant l’intervention des caisses. La logique de cette patient, ils deviennent de vérita- inventer, qui ne soient pas la fonc- Lces dix dernières années ses. La loi de financement de la des gestionnaires du risque (éva- évolution conduit à imaginer un bles acteurs du service public de tionnarisation de la médecine. A ont touché prioritairement l’hospi- Sécurité sociale pour 2000 a amé- luation et contrôle de leur inter- mécanisme de gestion de notre santé et ont le sentiment que sont titre d’exemple, le statut de la coo- talisation (loi du 31 juillet 1991, lioré la responsabilité des caisses, vention…). Ces gestionnaires, les système de santé qui associe à éga- remis en cause les principes fonda- pération adapté à l’activité médi- création des Agences régionales mais le vrai outil qui devrait définir actuelles caisses d’assurance-mala- lité l’Etat et les partenaires so- mentaux de la médecine libérale. cale pourrait être examiné. Dans de l’hospitalisation, ou ARH, en les relations entre les caisses et les die, disposent d’une autonomie ciaux (patronat et salariés). Cette Or il n’y a pas de lieux de débat cette même lignée se trouve 1997…) et, même s’il reste encore professions de santé, c’est la con- pour adapter leur offre de service organisation tripartite nationale et de gestion de cette évolution. posée la question du paiement du travail à faire (réforme de la vention médicale. Or le système dans les limites imparties. Elles trouverait son prolongement Le cadre conventionnel, comme direct à l’acte, de la diversification tarification), nous avons un cadre conventionnel ne marche plus. En peuvent choisir leurs prestataires dans des organisations régionales cela a été dit précédemment, ne des modes de rémunération, ou institutionnel dans ce secteur qui même temps que le gouvernement de services de soins. Les assurés identiques, véritables conseils permet pas réellement d’en trai- celle du déroulement de la carriè- fonctionne correctement. était obligé de se substituer aux sociaux ont le libre choix de d’administration de nouvelles ter. Il est donc nécessaire de re des médecins libéraux ; D’autres réformes ont touché le partenaires sociaux concernant la « leur » caisse. Le maintien du agences régionales de santé reprendre un dialogue plus pro- – la question de la coordination médicament (Comité économi- médecine de ville, on assistait, caractère public de ce mécanisme (ARS). Ces ARS auraient pour fond avec ces professions qui ne des soins et du rôle du médecin que, génériques…). En ce qui con- dans le domaine de l’hospitalisa- soit pas marqué uniquement par généraliste dans le système de cerne la médecine de ville, en tion, à un renforcement des pou- les préoccupations économiques, soins. Le débat sur les filières et revanche, son fonctionnement ins- voirs de l’Etat à travers les ARH. Nous irons de plus en plus vers une offre même si elles ne pourront pas réseaux a rendu cette question titutionnel s’inscrit toujours dans Aujourd’hui, la Sécurité sociale ne être totalement absentes, et qui confuse. Si le passage obligé par le cadre d’une loi de 1971 qui n’a gère plus que 20 % des dépenses, de soins organisée en réseaux porte davantage sur leur rôle et le généraliste n’est pas réaliste, il pas beaucoup varié depuis et dont et la question est de savoir ce que leurs missions. On peut ainsi citer doit pour autant jouer un rôle par- on peut se demander si elle est doivent être les responsabilités associant l’hospitalier (public et privé), différents sujets qui devraient fai- ticulier ; toujours bien adaptée à des con- respectives de l’Etat et des caisses re l’objet de ce travail : – l’articulation concernant les traintes professionnelles qui, dans la gestion de l’assurance- qui est aujourd’hui sous la responsabilité – la question de la permanence spécialistes entre la pratique elles, ont beaucoup changé. La maladie. des soins. Compte tenu des ambulatoire et la pratique hospi- contestation récurrente des pro- Il y a schématiquement trois de l’Etat, et l’ambulatoire, contraintes économiques, les mé- talière. fessions médicales ne traduit pas hypothèses d’évolution du systè- decins libéraux qui sont appelés à Il est bien évident que l’ensem- seulement une opposition à des me de santé : qui dépend aujourd’hui des caisses réduire leur activité le font sur cel- ble de ces questions ne trouve- décisions économiques, elle expri- – un renforcement de son étati- le qui est la plus pénible, à savoir ront pas toutes leurs solutions au me aussi un malaise plus profond sation. Le mécanisme de régula- les gardes de nuit et de week-end. cours des prochains mois, surtout des professionnels libéraux, qui tion par les caisses n’ayant pas est confirmé dans la Constitution vocation de passer contrat avec Il en résulte un transfert d’activité lorsqu’elles nécessiteront de mo- ont de plus en plus de mal à trou- fait ses preuves, c’est le gouverne- pour éviter que la concurrence l’ensemble des acteurs de soins, y sur les hôpitaux et particulière- difier la loi. Mais les questions ver leur place. ment qui reprend la main concer- soit ouverte à des assureurs pri- compris les professions libérales. ment sur les services d’urgence. concernant notre système de san- Il y a donc deux chantiers aux- nant la médecine de ville. L’Etat vés. Si cette formule peut se Si le débat institutionnel qui Tout cela conduit à un fonctionne- té, de la dérive de ses comptes quels nous sommes confrontés, et devient directement responsable concevoir concernant la médecine vient d’être évoqué n’est peut- ment inefficace et coûteux. Si on comme de l’amélioration de sa qu’il faudra traiter si on veut vrai- de la gestion du risque et du de ville, elle s’applique mal à l’hos- être perçu aujourd’hui que par les veut limiter l’accès à l’hôpital aux qualité, sont parmi les grands ment garantir l’efficacité de notre contrôle médical, les caisses n’ont pitalisation, qui doit prendre en seuls initiés, la question de la pla- seules urgences vitales, il faut con- sujets de préoccupation des Fran- système de santé et son finance- plus qu’un rôle de payeur. Cer- compte des critères de service ce des professionnels libéraux de fier aux médecins de ville l’intégra- çais. Elles seront au cœur des ment dans le cadre de la solidari- tains systèmes de santé fonction- public (urgences, répartition géo- santé est, elle, posée publique- lité de la réponse à la demande de débats des prochaines échéances té : le chantier du fonctionnement nent de cette manière en Grande- graphique…). ment. La grogne chez les profes- soins courante. Cela s’organise et électorales. Il n’y a pas lieu d’at- de l’assurance-maladie et du systè- Bretagne ou dans les pays nordi- – un mécanisme de gestion tri- sions de santé, qui s’appuie sur les cela se rémunère ; tendre pour commencer à y appor- me conventionnel, et celui de la ques. Je ne préconise pas de rete- partite. On ne peut envisager la mesures de régulation financières – la question du statut libéral. ter des réponses. redéfinition des rôles et missions nir cette hypothèse, à la fois pour question du financement de la que les caisses ont adoptées en Face à l’évolution des tâches qui des professions de santé libérales. des raisons politiques, mais aussi santé indépendamment de la juillet dernier, traduit en fait un incombent aux médecins de ville, La loi a donné aux caisses de pour des raisons de bonne ges- question de l’organisation du malaise plus profond de la médeci- il deviendra de plus en plus utile Claude Evin, ancien ministre Sécurité sociale le soin d’assurer tion et d’efficacité. système. Or nous irons de plus en ne libérale. En effet, ces profes- d’avoir divers modes d’organisa- des affaires sociales, est député l’équilibre financier des branches – les caisses d’assurance-mala- plus vers une offre de soins orga- sions ont vu leurs missions évo- tion de l’activité médicale. Le sta- (PS) de la Loire-Atlantique et rap- qu’elles gèrent. Force est de consta- die deviennent de véritables ache- nisée en réseaux associant l’hospi- luer au cours de ces quinze derniè- tut libéral ne permet pas d’appor- porteur de la loi de financement ter qu’elles n’ont jamais assumé teurs de soins. Le Parlement défi- talier (public et privé), qui est res années. Ils ne sont plus seule- ter des réponses toujours satisfai- de la Sécurité sociale (assurance- cette responsabilité et qu’il a donc nit les contours et le contenu du aujourd’hui sous la responsabilité ment des distributeurs de soins santes à ces nouvelles exigences. maladie). 18 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Les nouveaux dirigeants arabes, dans la continuité 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F LE ROI MOHAMMED VI, qui paternelle. Il se montre ainsi atten- Quant à Mohammed VI, souve- à la Palestine. De mémoire de Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 sait la force de l’image, en avait tif au maintien de relations étroites rain d’un pays qui n’a aucun con- Marocain, on n’avait jamais vu Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr sans doute pris l’initiative. Le avec les Etats-Unis, comme le mani- tentieux direct avec Israël, sa fonc- autant de monde défiler dans les dîner, selon un diplomate jorda- feste l’accord de libre-échange con- tion de président du comité panara- rues de la capitale du royaume. Isla- ÉDITORIAL nien, fut « cordial et informel », clu à la fin du mois d’octobre. Son be Al-Qods (Jérusalem) autant que mistes, « démocrates », ils étaient « entre amis, dirigeants d’une même seul apport consiste en une amélio- l’héritage laissé également par son sans doute près d’un million ce génération qui échangent leurs idées ration relative des relations avec la père en font un acteur singulier. jour-là. Un slogan, scandé devant à la veille d’un sommet qui se tient à Syrie et l’Irak. C’est d’ailleurs Hassan II fut en son temps l’un des le Parlement, a sans doute sonné Oui, le climat change un moment crucial ». A l’occasion moins de son fait que la conséquen- premiers à favoriser le dialogue désagréablement aux oreilles du de leur première participation à un ce de la disparition de son père, qui entre l’Etat juif et ses voisins ara- Palais : celui qui s’en prenait au aut-il prendre au sérieux est de la concentration dans l’at- sommet arabe au Caire, le souve- a de facto réglé de lourds conten- bes. Les juifs marocains émigrés en « sioniste » André Azoulay, le con- la question du change- mosphère des gaz à effet de serre. rain marocain, au pouvoir depuis tieux personnels hérités de l’histoi- Israël lui en furent toujours recon- seiller économique du roi Moham- ment climatique ? La Et le réchauffement prévisible en plus d’un an, son homologue jorda- re chaotique du Proche-Orient au naissants. med VI. « C’est une honte », a crié Fquestion est lancinante, 2100 est notablement plus impor- nien Abdallah II, qui a succédé à cours de ces dernières décennies. la foule. et une bonne partie des « déci- tant qu’on ne le pensait précédem- son père en février 1999, et le jeune Malgré des discours très durs MANIFESTATION MONSTRE Le souverain chérifien a pris la deurs » y répondent, au fond ment. Les scientifiques se gardent président syrien Bachar El Assad, contre Israël, Abdallah II s’est bien Son fils s’est efforcé, durant les mesure de ce vent mauvais. Lundi d’eux-mêmes, par la négative. Il d’être précis sur les conséquences élu en juillet 2000, s’étaient retrou- gardé jusqu’à présent de mettre en premiers mois, de se couler dans ce 23 octobre, peu après le sommet s’agirait d’une bizarre lubie envi- de ce phénomène. Mais il est illusoi- vés le 20 octobre en soirée à l’am- cause la paix signée il y a six ans. moule en recevant en début d’an- du Caire, le Maroc a fermé le ronnementaliste. La matière est re de penser qu’il sera négligeable. bassade du Maroc. Son parrain américain ne le tolére- née à Rabat le ministre israélien bureau de liaison israélien à Rabat obscure, les faits seraient mal éta- Le texte de l’IPCC présente une Le dîner n’a pourtant pas pro- rait sans doute pas. Ce n’est pour- des affaires étrangères, David (ouvert en 1994, dans la foulée des blis. La question climatique présen- autre affirmation : l’Asie du duit autre chose qu’une photo à tant pas sans périls. Après avoir Lévy, natif du Maroc. Au début de accords d’Oslo) et sa représenta- te toutefois un caractère très nou- Nord – en clair, la Chine – devrait l’honneur d’une « jeune garde » tout d’abord interdit les rassemble- l’été, en visite officielle aux Etats- tion diplomatique à Tel Aviv. Le veau : elle n’a pas été portée subir un réchauffement plus qui tarde à trouver ses propres mar- ments anti-israéliens, il a dû autori- Unis, le jeune souverain a rencon- geste est spectaculaire sur le plan d’abord par les écologistes, mais accentué encore que la moyenne. ques. Cela vaut tout d’abord pour ser, le 24 octobre, une manifesta- tré des représentants de la commu- diplomatique, mais sans grande bien par les scientifiques. Ce sont La conséquence de cette prévision Abdallah II, coincé entre l’accord tion qui a failli dégénérer. Comme nauté juive new-yorkaise. L’air du portée pratique. La Tunisie avait les climatologues qui ont, dans les a une portée politique : les pays en de paix signé par son père, en 1994 l’économie jordanienne, ébranlée temps était alors à un relatif opti- fait de même un peu auparavant. années 80, tiré les premiers la son- développement – et le premier avec Israël, et la pression d’une par un sévère ajustement structu- misme, que la reprise des violences Mais Mohammed VI a préféré s’ac- nette d’alarme, et c’est un scientifi- d’entre eux par le poids démogra- population composée pour partie rel, a un grand besoin de paix pour dans les territoires palestiniens a corder un répit, en attendant de que réputé, James Hansen, qui a phique – peuvent, à juste titre, de Palestiniens, à commencer par se raffermir, une Intifada durable détruit. Le roi Mohammed VI en a voir ce que va donner cette nouvel- sensibilisé l’opinion américaine, imputer la responsabilité du chan- sa propre épouse, dont la famille risque d’aggraver ses maux et le tiré les conséquences. C’est avec le le Intifada. en 1988, lors d’une audition devant gement climatique aux pays indus- est originaire de Cisjordanie. régime a tout à craindre de la con- feu vert du palais royal qu’a eu lieu Des trois jeunes dirigeants, le Congrès des Etats-Unis. trialisés. Mais ils ne peuvent plus Abdallah II a inscrit pour l’ins- jonction des frustrations politiques à Rabat, dimanche 8 octobre, une Bachar El Assad est sans doute C’est pourquoi le rapport du tenir pour négligeable le phénomè- tant son action dans la continuité et du marasme social. manifestation monstre de soutien celui dont la position est la moins groupe d’experts intergouverne- ne et tenter de rester hors du jeu inconfortable, même si son ascen- mental sur l’évolution du climat de la réduction des émissions sion fulgurante tient plus au plan (en anglais, IPCC) est important : il amorcé par le Protocole de Kyoto. mûrement préparé par son père exprime l’avis de la communauté Si l’on veut enrayer le changement Chronique américaine, par Patrick Artinian qu’à une légitimité personnelle for- scientifique internationale, élabo- climatique, ou tout du moins le gée par l’exercice des affaires ré au terme d’un long processus de ralentir, il ne suffira pas que les syriennes, et si, de ce fait, son pou- discussions et de relectures, et se pays industrialisés réduisent leurs voir reste fragile, a fortiori dans un fonde sur l’examen des recherches émissions – ce qu’ils ne font régime opaque dominé par les insti- publiées depuis 1995. Par ailleurs, d’ailleurs toujours pas. Les pays tutions militaires et les services de il s’inscrit dans une analyse dura- pauvres devront, eux aussi, trou- renseignements. En maintenant ble, et qui a su se corriger : le pre- ver un mode de développement strictement, comme il l’a fait au mier rapport, de 1990, était exagé- moins « émissif ». Caire, la « ligne » de son père dans rément sûr de lui, le rapport de Il se trouve que le principal argu- le rapport à Israël, Bachar El Assad 1995 était beaucoup plus nuancé. ment du Congrès américain pour défend l’un des rares dossiers susci- Le texte maintenant diffusé, et ne pas ratifier le Protocole de tant un consensus quasi général dont nous publions de larges Kyoto est le refus des pays en déve- dans son pays. La société civile extraits, paraît plus solide : c’est loppement – et de la Chine – de syrienne, qui commence timide- que, tout simplement, les connais- s’y engager. Le rapport de l’IPCC ment mais sûrement à se faire sances avancent. semble à même de contribuer à entendre (Le Monde daté 1er-2 octo- Le message de ce « résumé pour débloquer ces refus : aux Améri- bre) dans un pays longtemps silen- les décideurs », qui n’a pas encore cains, il dit que les faits sont suffi- cieux, partage très majoritaire- un caractère officiel, est double : sants pour justifier une action ; ment la position du régime, qui nous vivons une expérience climati- aux Chinois, il indique que leur veut échanger la paix contre la que jamais vue depuis au moins pays est un des principaux concer- rétrocession intégrale du plateau quatre cent mille ans pour ce qui nés par le problème. du Golan conquis en 1967. A poste- riori, l’effondrement du processus d’Oslo confirme d’ailleurs l’analyse 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani de Hafez El Assad, qui a toujours Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; jugé que Yasser Arafat se four- Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint voyait en s’engageant sans garan- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel ties dans cette voie. Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette L’Intifada place donc les nou- Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment veaux dirigeants arabes face à des Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; héritages plus ou moins faciles à CONTACT PRESS/IMAGES Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; assumer, et le réveil de la « rue ara- e Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Tom Sloan, candidat républicain (modéré) en tant que State Representative (député) du 45 district be » ne favorise pas l’émergence Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Lawrence (KANSAS) du Kanzas, fait du porte-à-porte dans une partie de sa circonscription, largement ancrée à gauche. de nouveaux discours, ni de nouvel- Rédacteur en chef technique : Eric Azan Il est néanmoins confiant dans sa réélection car sa concurrente, Nancy Stubbs, vient de se voir retirer l’investiture démocrate, ayant déclaré dans la presse que si elle était élue, elle soutiendrait les politiques pour la région. Médiateur : Robert Solé les thèses… du sulfureux Lyndon H. LaRouche Jr.

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Gilles Paris Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; Avec l’aide du quotidien Lawrence Journal World et Jean-Pierre Tuquoi partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président basque (PNV) – et radicaux – Her- lors, un encouragement, presque utile, dans une situation aussi à Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), ri Batasuna et Euskal Herritarrok une complicité tacite. Et, rapide- vif, de comparer Belgrade et Vito- André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Le désespérant (HB-EH). De cet accord, parrainé ment, on en vient à la situation ria ou d’assimiler l’ensemble du Le Monde est édité par la SA LE MONDE par la gauche communiste, naîtra d’aujourd’hui : celle d’un PNV à la PNV, un parti démocrate-chrétien Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, trompe-l’œil en quelque sorte le gouvernement crédibilité questionnée, échoué qui a cent ans d’existence, à Fonds commun de placement des personnels du Monde, Ibarretxe. au milieu de l’échiquier politique l’ETA ? Tout dérapage verbal n’est- Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. Un accord de dupes ? Sans et qui maintient, à bout de bras, il pas un cadeau à l’ETA, qui pros- basque doute. Mais la trêve arrangeait un gouvernement basque vidé de père dans la confrontation ? tout le monde. L’ETA, essoufflée, substance. D’autant plus que ses De même, en dépit de ses ILYA50 ANS, DANS 0123 Suite de la première page trouvait là un moyen de se refaire, alliés de HB-EH ont décidé de ne qualités, le choix du ministre de tout en essayant de faire basculer plus siéger au Parlement. l’intérieur, Jaime Mayor Oreja, Et si l’ETA triomphe, c’est bien le rapport de forces dans le camp candidat avoué du « renouveau » Washington et Porto-Rico là : non dans l’accumulation des nationaliste en faveur des radi- DÉRAPAGE VERBAL au gouvernement basque, n’a-t-il victimes, mais dans la fracture caux, qui pour la première fois Alors pourquoi ne pas avancer pas un côté provocation ? Et qui L’ATTENTAT manqué contre statut politique est cependant perverse qui oppose les partis poli- siégeaient au Parlement. Le PNV les élections autonomes ? Officiel- ne manquera pas d’être utilisé, M. Truman, président des Etats- supérieur à celui d’autres posses- tiques. faisait, lui, le calcul inverse, lement, répond M. Ibarretxe, un dans ce Pays basque où des jeunes Unis, qui intervient après la répres- sions, comme par exemple les îles Au point que, lors du rituel des croyant, par quelques gestes scrutin anticipé ne changera rien radicaux de quinze ans expliquent sion de la rébellion nationaliste Wake, Samoa, encore adminis- manifestations antiterroristes, qui symboliques et des promesses et ne fera qu’accroître le climat que rien n’a changé depuis Franco dans l’île de Porto-Rico, rappelle trées par le département de la mari- sont devenues, au fil des atten- ambiguës, désamorcer enfin la vicié. Aurait-il peur que son parti, – mort dix ans avant leur nais- d’une manière dramatique à l’opi- ne, ou les îles Vierges, contrôlées tats, la seule et pathétique action violence et récupérer dans son le PNV, ne paye un trop gros prix sance – et vivent dans un monde nion américaine que les Etats-Unis par le département de l’intérieur ; possible, il n’est pas rare que giron démocratique les brebis politique pour ses erreurs d’hier ? imaginaire menacé par des ont eux aussi leurs difficultés il est inférieur par contre à celui de chacun défile de son côté. Comme perdues de HB-EH. En somme, Ou gagne-t-il simplement du « oppresseurs étrangers ». « coloniales ». l’Alaska ou de Hawaï, appelés sans si l’ETA n’était pas l’ennemi c’était à qui, à l’avance, encaisse- temps pour essayer de trouver un Dans ce combat préélectoral, A cet égard le problème de Porto- doute prochainement à entrer commun à considérer, avant toute rait le prix de la paix. ballon d’oxygène et faire machine qui s’est surimposé à la lutte anti- Rico est certainement l’un des plus dans l’Union américaine en qualité querelle ou déplorable calcul élec- arrière ? Un entêtement, certains terroriste, les plus silencieux sont délicats qui se posent à Washing- d’Etats. toral. CONSTRUCTION NATIONALE diraient une duplicité, qui les socialistes. Et pourtant, ce sont ton depuis des années. Mais la cri- Mais le véritable drame de Porto- A Vitoria, il y a un gouver- La suite, on la connaît : après conforte chaque jour un peu plus eux, dans une large mesure, qui minelle absurdité du geste des Rico réside dans sa situation écono- nement autonome, nationaliste, une seule rencontre, en Suisse, la croisade antinationaliste prê- détiennent les clefs du futur. En agresseurs apparaît nettement mique. Les ressources de l’île sont celui du lehendakari Juan José entre émissaires du gouverne- chée par un José Maria Aznar bien effet, si ces fameuses élections quand on constate que c’est sous insuffisantes pour nourrir une popu- Ibarretxe, clairement en minorité, ment Aznar et représentants de décidé à montrer que le PNV n’est autonomes ont lieu, dans quel- la présidence de M. Truman que le lation croissante et qui vit pénible- qui s’obstine à occuper le terrain. l’ETA, l’organisation séparatiste plus « indispensable ». ques mois, il est vraisemblable peuple portoricain a fait les plus ment de la récolte de la canne à Et cela en dépit de deux motions mettait un terme à la trêve en Le PP a tracé un sillon tardif que ni le PNV ni le PP seuls ne sérieux progrès politiquement, sucre. Comme le souligne le Wash- de censure déposées par les partis décembre 1999. Non sans en ren- mais véritable au Pays basque, en pourront former un gouverne- sinon économiquement. ington Star, « Porto-Rico est loin dits « nationaux », le Parti popu- dre responsable le PNV, accusé de le payant chèrement (une dizaine ment. L’île, cédée par l’Espagne aux d’être une terre de bonheur ; en effet laire (PP) de M. Aznar et les socia- ne pas avoir tenu ses engage- de ses élus ont été assassinés par L’allié naturel sera le Parti socia- Etats-Unis en 1893, se trouve en le revenu de 90 % des Portoricains est listes. Deux motions qui n’ont pas ments envers la fumeuse voie de l’ETA). Il s’agit maintenant pour liste. Un Parti socialiste dont effet dans une situation particu- de dix fois inférieur à celui d’une techniquement gagné, à quelques la construction nationale, lui de montrer que les partis non l’engagement antiterroriste aux lière. Administrativement elle est famille américaine moyenne ». voix près, mais ont politiquement, c’est-à-dire l’indépendance selon nationalistes peuvent aussi côtés du PP n’a jamais failli, mais « territoire » américain, mais son (3 novembre 1950.) sinon moralement, rempli leur l’ETA. Quatorze mois de paix prendre l’initiative dans ce Pays qui est plus ouvert envers cet office : montrer que ce gouverne- venaient de voler en éclats. basque pratiquement coupé en ancien partenaire de gouverne- ment n’a plus lieu d’exister. Pour- Que le PNV se soit obstiné, deux sur le plan électoral. Pour- ment, au Pays basque, qu’est le 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS quoi ? Parce que sa légitimité, dans l’idée qu’une autre trêve tant, proposer pareille « alternati- PNV. Pour José Luis Rodriguez cimentée dans les urnes il y a deux était possible, à ne pas reconnaî- ve sereine et constructive », n’est- Zapatero, le nouveau secrétaire Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr ans, trouvait ses bases dans un tre qu’il avait fait fausse route, on ce pas avant tout rassembler et général du parti, encore peu con- accord aujourd’hui dénoncé, celui pouvait l’admettre au début. Mais dialoguer, et non exclure à nou- nu, la scène basque, qui en raison Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) de Lizarra-Garassi. A l’automne son long retard à démonter, res- veau une partie de l’électorat ? A des GAL avait dans une certaine ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) 1998, il s’était agi de constituer sort après ressort, tout le perni- cet égard, même si la mauvaise foi mesure sonné le glas de la prési- une piste d’atterrissage politique cieux mécanisme nationaliste d’Es- du PNV fournit des armes rêvées dence Gonzalez, risque bien d’of- Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 à une trêve de l’ETA en scellant tella n’avait plus d’excuses une contre lui, le forcing du PP pour frir une véritable entrée dans l’arè- Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 une entente politique entre natio- fois que le sang avait coulé : son l’évincer, qui contient aussi le ne politique. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 nalistes modérés – Eusko Alkarta- accord parlementaire avec le bras risque de le radicaliser davantage, suna (EA) et Parti nationaliste politique de l’ETA devenait, dès a un peu dérapé. Etait-ce bien Marie-Claude Decamps LeMonde Job: WMQ0311--0020-0 WAS LMQ0311-20 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0425 Lcp: 700 CMYK

20 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000

PHARMACIE Les enfants de 0 à des cas, ils se voient prescrire des doses ou des formes inadaptées à fiques. b LA FRANCE veut inciter, en gner efficacement les enfants. b LES 14 ans ne bénéficient pas en Europe produits destinés uniquement à leur organisme. b LES LABORA- faisant adopter une réglementation ÉTATS-UNIS ont déjà pris, en avril de médicaments dont la qualité, l’ef- l’adulte. b NON SEULEMENT les mé- TOIRES pharmaceutiques rechignent, à l’échelle européenne, l’industrie 1999, des mesures pour favoriser le ficacité et la sécurité soient pleine- dicaments ne sont pas évalués sur les pour des raisons de rentabilité, à dé- pharmaceutique à financer la re- développement d’un vrai marché du ment connues. b DANS LA MAJORITÉ petits, mais ils se présentent sous des velopper des médicaments spéci- cherche de produits qui puissent soi- médicament pédiatrique. Les deux tiers des médicaments pour enfants ont été conçus pour les adultes La France veut faire adopter une réglementation européenne pour contraindre les laboratoires pharmaceutiques à développer des produits spécifiquement élaborés pour les enfants et leurs pathologies. Les Etats-Unis ont montré l’exemple en prenant de telles mesures CHAQUE ANNÉE, en Europe, de l’emploi et de la solidarité de la de recherche spécifique. La princi- ment des deux parents. La fabrica- gies comme le sida, les produits sont ces évolutions ne sauraient être plusieurs millions de personnes Mission des médicaments « orphe- pale raison concerne la taille du tion du médicament implique en- développés de façon simultanée suffisantes. Annie Wolf, à l’origine sont traitées avec des médicaments lins » et des médicaments pédia- marché pédiatrique, beaucoup trop suite des contraintes industrielles pour l’adulte et l’enfant », explique- de l’adoption récente d’un règle- dont l’efficacité n’a pas été, pour triques. exigu. L’enfant consomme moins supplémentaires, comme la néces- t-elle. ment européen incitant les labora- elles, clairement établie. Environ Le personnel soignant ou les pa- de médicaments, à quelques excep- sité de dosages miniaturisés ou de Des progrès ont également été toires à financer des médicaments 20 % de la population européenne, rents peuvent témoigner, par tions près, comme les vaccins ou bouchons de sécurité pour le réalisés pour faciliter l’administra- « orphelins » – qui soignent les comprenant tous les enfants de exemple, de la difficulté d’adminis- les antibiotiques, que la personne conditionnement. Enfin, le marché tion des médicaments à l’enfant : la personnes atteintes de maladies moins de quinze ans, est soignée trer à l’enfant malade une portion âgée, par exemple. des médicaments pédiatriques, petite cuillère a laissé la place aux rares – (Le Monde du 20 décembre avec des médicaments développés d’un comprimé de 4 cm, qu’il faut Mise au banc des accusés, l’in- compte tenu de la diversité des pa- seringues doseuses et les vieilles 1999), a été chargée de cette nou- et évalués uniquement pour écraser et mélanger à sa nourriture. dustrie pharmaceutique explique thologies, n’est pas d’une taille suf- présentations injectables aux stylos velle croisade. « La France, qui pré- l’adulte. Ce phénomène, connu de fisante pour permettre un retour side l’Union européenne, souhaite tous les acteurs de santé, est jugé sur investissements. que les enfants d’Europe puissent bé- inacceptable à l’aube du troisième Un problème international A ces raisons techniques et Non seulement néficier de médicaments dont la millénaire. Les laboratoires phar- économiques se rajoutent des rai- qualité, l’efficacité et la sûreté sont maceutiques eux-mêmes, présu- L’absence de médicaments pédiatriques dûment référencés n’est pas sons d’ordre moral : « Est-il éthique les produits ne sont pas pleinement vérifiées. Ce thème a été més coupables de cette pénurie, un problème franco-français. Dans tous les pays du monde on observe de donner un placebo à un enfant inscrit au programme de travail de commencent à s’interroger sur ce que 75 % des produits administrés aux enfants n’ont pas été évalués comme on le pratique couramment évalués sur les petits, la présidence française. » Selon elle, qui pourrait être un enjeu majeur pour eux. Dans l’Union européenne, en janvier 2000, sur 49 médica- chez l’adulte ? », s’interroge un pé- l’industrie du médicament est de santé publique. Tel est le bilan ments innovants ou issus de biotechnologies utilisés aussi bien chez diatre d’industrie. « C’est en fait mais ils se présentent mûre pour accompagner le mou- d’un colloque organisé par le SNIP l’enfant que chez l’adulte, seuls quinze ont une indication en dessous de l’absence d’évaluation que l’on de- vement. (Syndicat national de l’industrie dix-huit ans. Faute de données, l’autorisation de mise sur le marché vrait considérer comme contraire à sous des doses Si, en Europe, il n’y a aucune pharmaceutique), le 5 octobre à (AMM) – le texte qui résume l’évaluation du rapport bénéfice-risque du l’éthique », s’insurge Mme Wolf. obligation réglementaire de déve- Paris, sur le thème : « Les enfants médicament – ne prévoit pas l’utilisation chez l’enfant. Dans deux pathologies l’indus- ou des formes lopper les médicaments en pédia- sont-ils les oubliés du médica- La nécessité faisant loi, l’utilisation de médicaments hors de l’AMM trie a fait la preuve que le dévelop- trie, les Etats-Unis viennent de se ment ? ». Pour la première fois de- est fréquente en pédiatrie. « En l’absence d’évaluation scientifique, l’usage pement des médicaments est pos- pharmaceutiques doter d’une législation pour encou- puis une décennie, des industriels, du médicament chez l’enfant relève de la recette individuelle empirique, ce sible chez l’enfant. C’est le cas de rager la recherche dans ce domaine des médecins et des associations qui n’est pas acceptable », considère Annie Wolf, responsable au minis- certains antibiotiques, destinés à inadaptées (la « Pediatric Rule », effective de- de patients ont tenté de faire avan- tère de l’emploi et de la solidarité de la Mission des médicaments « or- l’ensemble de la population enfan- puis avril 1999). Elle prévoit notam- cer la question des médicaments phelins » et des médicaments pédiatriques. tine, et des médicaments contre le à leur organisme ment une exclusivité de marché de pédiatriques. cancer. Contre cette dernière mala- six mois pour le produit adulte et Le constat est accablant. Dans la die, les essais sont rendus possibles enfant. « En huit mois, la Food and majorité des cas, les enfants se Les pharmaciens hospitaliers l’absence de développement des à la fois parce que le consentement pour les voies sous-cutanées. Le Drug Administration (FDA) a déjà voient prescrire des médicaments connaissent, quant à eux, médicaments pour l’enfant par les des parents semble plus facile à ob- groupe franco-allemand Aventis a plus de 296 dossiers en développe- destinés uniquement à l’adulte. d’énormes difficultés à s’approvi- contraintes exceptionnelles qu’il tenir et que les médecins se sont développé pour l’un de ses médica- ment », souligne Mme Wolf. Cette Non seulement les produits ne sionner en matières premières et se nécessite. Les laboratoires reculent depuis longtemps organisés. Cer- ments une forme microgranulée incitation économique est assortie sont pas évalués sur les petits, mais livrent à des acrobaties, en décou- notamment devant la complexité tains pédiatres d’industrie se qui fond dans la bouche. « La mise de contraintes réglementaires, telle ils se présentent sous des doses ou pant des doses, pour répondre aux des essais cliniques : les médica- veulent résolument optimistes, tel au point de nouvelles formes galé- l’obligation de soumettre des don- des formes pharmaceutiques ina- besoins de l’urgence pédiatrique. ments doivent être évalués et do- le Dr Catherine Lassale, de Sanofi- niques est aussi une préoccupation nées pédiatriques dès que le médi- daptées à leur organisme. « Ce sont Les associations de patients et de sés pour chaque grande tranche Synthélabo, qui considère qu’après majeure des industriels, souligne le cament apporte un bénéfice théra- des produits pour adultes que l’on familles jugent cette situation in- d’âge, du prématuré à l’adolescent « une longue période de stagna- Dr Lasalle. Il s’agit de répondre aux peutique significatif pour l’enfant bidouille, ce qui entraîne des risques acceptable. en passant par le nourrisson et tion », le développement des médi- besoins des deux âges extrêmes de la ou que le nombre d’enfants at- de toxicité ou d’échec thérapeu- Plus encore, il existe des mala- l’enfant. Pour réaliser ces essais, il caments pour l’enfant est « en train vie, qui sont les plus de quatre-vingts teints par la maladie visée est supé- tique », résume sans ambages An- dies propres aux enfants qui ne leur faut minimiser tout risque quel de prendre son essor ». « Dans cer- ans et les moins de six ans ! » rieur à 50 000. Ces données seront nie Wolf, responsable au ministère trouvent pas de traitement, faute qu’il soit et obtenir le consente- tains cancers et certaines patholo- Aux yeux des autorités de santé, exigibles aux Etats-Unis à partir de janvier 2001. « C’est une formule qui marche. J’appelle les Etats de l’Union 50 % des maladies rares TROIS QUESTIONS À... Restent des difficultés pour les plus importante que pour le dé- Quel accueil l’industrie peut- européenne et la Commission à tra- pathologies qui ne relèvent ni veloppement de médicaments 3 elle faire à un projet de régle- vailler dans ce sens », souligne chez les moins de 15 ans DANIEL VASMANT des affections courantes de ville destinés à l’adulte. Ils doivent se mentation européenne ? Annie Wolf. ni des maladies rares. Dans ces poser la question : « sommes- La perspective d’un règlement En Europe, les laboratoires pour- b Cancers. 1 % de ces maladies Vous êtes pédiatre de forma- cas nécessitant des hospitalisa- nous prêts à prendre ce européen qui serait incitatif et, raient être contraints de dévelop- se déclarent chez des enfants. 1 tion et travaillez au sein du tions, on observe des carences risque ? »... en termes de toxicité, en même temps, permettrait aux per le médicament chez l’enfant b Prescriptions. 16 % des actes laboratoire Aventis. Selon vous, d’autorisation de mise sur le mar- d’événement indésirable ou de industriels d’avoir des conseils en dès lors que 70 000 d’entre eux se- en ville concernent des enfants. les enfants sont-ils les oubliés du ché (AMM) et une inadaptation difficulté à conduire le dévelop- développement, est un point po- ront atteints de la maladie. Parmi b Maladies rares. 50 % de ces médicament ? des formes galéniques. Les clini- pement. Il faut être capable, par sitif. Nous savons très bien qu’en les compensations envisagées, les pathologies, représentant plus de Non, en ce sens où l’on ne ciens utilisent des molécules hors exemple, de correctement mesu- l’absence de données, il y a un laboratoires se sont montrés très 900 maladies différentes, frappent manque pas, en France, de médi- AMM et les pharmaciens hospita- rer le phénomène pathologique risque d’usage irrationnel ou sau- intéressés par la proposition d’une les enfants. caments pour les soins courants liers déconditionnent les médica- auquel on s’intéresse. Dans cer- vage de nos molécules. A l’in- prolongation de la durée de pro- b Soins intensifs. 90 % des de l’enfant. Sur les segments de ments existants. Cela fait environ tains cas, la douleur chez le nou- verse, il est clair qu’avoir une in- tection des médicaments. «Le sa- médicaments prescrits en soins santé publique, les médecins de dix ans que les médecins, les in- veau-né par exemple, cela fait dication en pédiatrie est positif voir-faire du médicament, c’est l’in- intensifs, 67 % à l’hôpital et 22 % ville ont même le choix entre dif- dustriels et les patients ont pris très peu d’années que l’on sait en termes d’image, puisque c’est dustrie, reconnaît Mme Wolf. Si on en pratique de ville sont dépourvus férents produits et des formes conscience de ces lacunes, sans l’évaluer. Il faut également trou- un gage d’efficacité, de tolérance ne lui donne pas d’incitations, les d’autorisation spécifique galéniques adaptées à cette qu’il y ait eu suffisamment ver le nombre suffisant de pa- et de sérieux de nos molécules. médicaments pédiatriques resteront pédiatrique. tranche d’âge. Les difficultés d’avancées concrètes. tients pour faire un essai, obtenir Cette réglementation va créer un économiquement non rentables et b Besoins. Les médicaments commencent dans le cas de mala- le consentement des deux pa- élan au sein des grandes firmes, nous n’aurons rien ! » Dès le 11 dé- pédiatriques qui font le plus défaut : dies rares, par exemple l’insuffi- Les laboratoires pharmaceu- rents et de l’enfant quand il est mais aussi des PME, pour l’élabo- cembre, les ministres européens les antiulcéreux, les sance rénale chez l’enfant. Elles 2 tiques ne répondent-ils qu’à en âge de comprendre. Souvent, ration de formes adaptées ou de chargés de la santé pourraient vo- anti-inflammatoires, les antalgiques, seront aplanies grâce à une nou- une seule logique de rentabilité ? on attend d’avoir mesuré le de- nouveaux médicaments pé- ter une résolution, c’est-à-dire ou- les antihypertenseurs, les velle réglementation européenne Plus encore que la logique de gré d’innovation d’un médica- diatriques. vrir le chantier des médicaments antirétroviraux, les anticancéreux, les qui incite les laboratoires à finan- rentabilité, les industriels sont ment chez l’adulte avant de se pédiatriques. anti-infectieux injectables puissants, cer les médicaments « or- confrontés, dès lors qu’il s’agit lancer dans des études sur Propos recueillis par les anesthésiques généraux. phelins ». d’enfants, à une prise de risque l’enfant. Véronique Lorelle V. L. Les sociétés de capital-risque misent sur les biotechnologies

CERTAINES sociétés de capital- nique – est un argument supplé- logiques et scientifiques, liés au « avec les sociétés de biotechnolo- Une propriété intellectuelle et et n’hésite pas à intervenir directe- risque misent résolument sur le dé- mentaire aux yeux des temps de développement d’un mé- gies, les pertes sèches sont rares, car des positions fortes sur les brevets, ment pour « modifier le profil des veloppement des start-up liées aux investisseurs. Toutefois, à quelques dicament. « [Ils sont] beaucoup il existe toujours la possibilité de re- des projets très ambitieux, des projets » dans lesquels elle investit. biotechnologies. Le carrefour des exceptions près, le taux de rentabi- plus palpables pour des entreprises vendre les brevets », nuance Denis coûts de technologies et de pro- biotechnologies, organisé au mois lité de l’investissement est inférieur comme les nôtres que pour les socié- Lucquin, associé de Sofinnova duits réalistes et la qualité des CAPITAL HUMAIN de septembre, à Strasbourg, par à celui des autres secteurs, évalué tés des nouvelles technologies de l’in- Partners, une société de capital- hommes sont des critères fonda- La réussite de la start-up se joue l’association Biovalley Alsace (qui en moyenne à 40 % par an. Par rap- formation », souligne Bernard Gil- risque qui consacre 45 % de ses in- mentaux pour les investisseurs. aussi sur le capital humain. Elle regroupe les sociétés du secteur), a port au secteur des nouvelles ly, directeur général de la société vestissements aux sciences de la « Les entreprises doivent nous dé- doit savoir mélanger adroitement été l’occasion pour elles d’en préci- technologies de l’information et de de biotechnologies strasbour- vie et aux entreprises de biotech- montrer que leur rentabilité sur in- la culture de l’innovation et celle ser les raisons. la communication (NTIC), les in- geoise Transgène. La durée de dé- nologie. A ses yeux, une fois vestissement va être rapide », pré- du management. « C’est un travail « Elles sont porteuses des théra- vestissements sont plus longs : au veloppement d’un nouveau médi- créées, elles sont moins fragiles cise M. Lucquin. Sofinnova d’équipe. Les orchestres constitués pies de demain », explique Raffy minimum entre cinq et sept ans cament est longue, entre sept et que les entreprises des NTIC. Leur Partners choisit des sociétés qui uniquement de solistes sont une Kazandjian, président du directoire sont nécessaires avant de voir les douze ans, et, jusqu’au jour même structure et leur financement sont présentent des produits à mettre catastrophe », remarque M. Gilly. de l’entreprise de capital-risque efforts récompensés. de son autorisation de mise sur le conçus pour s’inscrire dans la sur le marché – des médicaments Les dirigeants doivent être ca- CDC Innovation Partners. La mise Les risques majeurs sont techno- marché, l’échec est possible. Mais, durée. ou bien des prestations de service – pables de traduire une avancée au point de médicaments est une technologique en un modèle demande permanente de la société économique viable à long terme. civile, car nous ne savons toujours Les entreprises françaises cotées en Bourse dans l’optimisation des processus dans le développement, la Des profils de haut niveau, expéri- pas guérir des maladies comme le de découverte de médicaments production et la distribution de mentés, directement opération- cancer, le sida... « Les marchés as- b Genset. Créée en 1989, basée strabourgeoise, un des fleurons de en décelant et éliminant très technologies pour la détection et nels, qui ont une très forte culture pirent les médicaments, dès qu’ils en région parisienne, Genset, l’industrie des biotechnologies précocement des molécules vouées l’identification rapide de de l’industrie pharmaceutique et ont un avantage thérapeutique », la plus importante société de françaises, a choisi de cibler deux à l’échec. Elle pourrait atteindre micro-organismes dans les du développement des médica- constate Joël Besse, associé d’Atlas biotechnologies française, est axes stratégiques : le cancer et les l’équilibre en 2001. secteurs de l’industrie ments, sont recherchés. Des cadres Venture. « Malgré tous les risques, spécialisée dans la génomique. maladies génétiques comme la b Nicox. Basée à Sophia-Antipolis, pharmaceutique, cosmétique et capables de finaliser des projets de les investissements peuvent débou- En août, avec l’arrivée d’un mucoviscidose. Elle travaille Nicox est une société spécialisée agroalimentaire. chercheurs sont embauchés. cher sur une forte création de valeur nouveau patron issu des également sur les maladies dans la recherche et le b Flamel technologies. Basée « On ne parie pas sur le cheval pour les actionnaires », précise-t-il. laboratoires Abbott, André cardiaques. Elle possède quatre développement de médicaments près de Vénissieux, l’entreprise mais sur le jockey », affirme M. Ka- Pernet, elle a pris un virage vers produits en phase avancée de libérant de l’oxyde nitrique, pour développe des technologies qui zandjian. Mais « nous ne voulons MOINS FRAGILES la pharmacie et la production de développement. l’amélioration de certaines permettent de délivrer certains pas d’hommes-orchestres qui pré- L’arrivée à maturité de l’indus- médicaments. Elle possède une b Cerep. Prestataire de services maladies comme l’ostéoarthrite, médicaments comme des tendent tout savoir faire et ne veulent trie européenne des biotechnolo- molécule en phase précoce de auprès de l’industrie la thrombose, l’ostéoporose. protéines thérapeutiques, des pas céder une partie de leur pou- gies – les premiers médicaments développement. pharmaceutique, cette société de b Chemunex. Créée en 1986, la peptides ou de petites molécules voir », conclut M. Lucquin. ont été lancés en 2000 et des pro- b Transgène. La société Rueil-Malmaison est spécialisée société parisienne est spécialisée chimiques. duits sont en développement cli- Florence Bal LeMonde Job: WMQ0311--0021-0 WAS LMQ0311-21 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0426 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 21

En pactisant avec Napster, Bertelsmann Les investisseurs japonais rompt le front de l’industrie du disque restent sceptiques Les autres majors maintiennent leur plainte contre le pirate sur le redressement de Nissan Le groupe allemand a signé un accord avec le Warner et Universal) saluent cette alliance mais ternautes accepteront de payer pour avoir accès site américain d’échange de musique gratuit sur ne rejoignent pas pour autant la position de au catalogue de BMG alors que d’autres sites Internet Napster. Les autres majors (Sony, Emi, Bertelsmann. Beaucoup se demandent si les in- gratuits voient le jour. La hausse du titre est le fait des étrangers L’ACCORD entre Napster, le site pactiser avec son ennemi et a claire- Pour Time Warner, « l’annonce dial ? Depuis que Napster est TOKYO de Nissan. La reprise probable de d’échange de musique gratuit sur ment invité les autres maisons de Napster-BMG apparaît comme une confronté à des problèmes judi- de notre correspondant versement de dividendes pour l’exer- Internet, et l’un de ses principaux disques à faire de même. étape positive. Cela démontre (...) que ciaires, d’autres sites permettant de En dépit des résultats du premier cice 2000 devrait lever cette hypo- adversaires, le groupe allemand Ber- le secteur se dirige rapidement vers récupérer gratuitement des fichiers semestre 2000 qui témoignent d’un thèque et favoriser un retour sur le telsmann, maison mère de la qua- LE PARI EST RISQUÉ l’adoption d’un modèle basé sur un musicaux au format MP3 ont vu le début de redressement de Nissan, les titre de Nissan des investisseurs insti- trième « major » mondiale du Universal Music (Seagram, en système d’abonnements et (...) que les jour . C’est le cas de Open Nap, Na- investisseurs japonais ne sont pas au tutionnels japonais. disque, BMG, fera-t-il école ? Fondé cours de fusion avec Vivendi) a sa- droits des artistes et la propriété intel- pigator, Gnutella, Zeropaid.com ou rendez-vous pour acheter les actions Au niveau des investisseurs indivi- en 1999 par un jeune homme de dix- lué le geste de Napster, qui a re- lectuelle seront protégés dans le encore Freenet. Dans le même du second constructeur automobile duels, le démantèlement du réseau huit ans, Shawn Fanning, poursuivi connu la légitimité des détenteurs monde de l’Internet. (...) Les consom- temps, les lecteurs MP3 se sont gé- national. Dans sa présentation, lundi de fournisseurs privilégiés (keiretsu), pour piratage par toute l’industrie de droits d’auteurs et le besoin de mateurs veulent un accès sûr, sécurisé néralisés. Les majors devront-elles 30 octobre, des résultats positifs de qui se traduit par une rupture des musicale, Napster rentre dans le rétribuer les artistes et les produc- et facile d’emploi à la musique », multiplier les batailles judiciaires sur Nissan pour la première fois en dix participations croisées entre la mai- rang : à l’avenir le site sera payant teurs. « Le modèle actuel de Napster note le groupe américain. L’autre tous les fronts ou nouer de nou- ans (Le Monde du 31 octobre), son di- son-mère et ses sous-traitants, pour- (4,95 dollars par mois) pour que les continue néanmoins à transgresser [la grande major, EMI, a également ju- velles alliances ? recteur général, Carlos Ghosn, s’est rait avoir joué un rôle dans le recul internautes aient accès au catalogue loi] et [cette] annonce n’affecte pas le gé favorablement cet accord. Sans doute pour encourager ses déclaré surpris du scepticisme qui du titre chez les actionnaires locaux, de BMG (Le Monde du 2 novembre). procès [en cours] », a précisé Uni- Le pari de Bertelsmann est risqué. fidèles, Napster a diffusé mercredi prévaut à l’extérieur de l’entreprise estiment des experts japonais de l’au- En contrepartie, BMG abandonne versal, qui ne retire pas sa plainte. Il Pourquoi des internautes habitués à 1er novembre sur son site internet sur ses capacités de redressement. tomobile. La direction de Nissan mi- ses poursuites contre Napster. Selon en est de même pour Sony : « Cette ne rien payer devraient-ils du jour une étude de Webnoize assurant Des experts automobiles nippons nimise un tel impact. la chaîne de télévision allemande N- alliance ne modifie en rien les actes il- au lendemain acquitter un abonne- que 68 % de ses utilisateurs étaient doutent du résultat de son « plan de TV, Bertelsmann souhaiterait acqué- légaux qui ont été effectués précé- ment mensuel pour n’avoir accès prêts à payer un service à 15 dollars renaissance » et, apparemment, les rir la majorité du capital de Napster. demment. » qu’à une partie du catalogue mon- par mois... Certains analystes consi- investisseurs locaux boudent le titre. « La nécessité Mardi, le groupe allemand avait dèrent déjà que l’accord entre Ber- juste indiqué accorder un prêt à telsmann et Napster ne pourra tenir REGAIN D’INTÉRÊT de respecter la culture... » Napster et envisageait d’entrer dans Les Beatles lancent leur premier site Internet qu’à condition que les autres majors L’annonce du redressement plus son tour de table. les rejoignent. On voit mal com- rapide que prévu de l’entreprise a Participant à la conférence Conscient du fait que l’industrie Les Beatles vont lancer leur premier site Internet commun à l’oc- ment deux systèmes, l’un officiel et provoqué une flambée de l’action mondiale des managers qui phonographique risque de perdre casion de la sortie d’un album intitulé 1, le 13 novembre, qui regrou- légal donnant un accès payant au Nissan à la Bourse de Tokyo, accélé- vient de se tenir à Tokyo, le 3,1 milliards de dollars d’ici à pera leurs plus grands succès. Paul McCartney dispose d’un site In- catalogue BMG, l’autre toujours pi- rant un regain d’intérêt sensible de- président de Renault, Louis 2005 en raison du piratage de la mu- ternet individuel et il existe déjà des sites, créés par des fans. rate permettant gratuitement d’ob- puis septembre : 40 millions d’actions Schweitzer, a souligné « la né- sique en ligne, selon une étude de consacrés au célèbre groupe britannique. tenir les autres catalogues notam- Nissan, soit près de 10 % du volume cessité de respecter la culture Forrester Research, Thomas Middel- Le site www.thebeatles.com sera, lui, officiel et se déclinera sur les ment d’Universal Music, Sony total du marché, ont changé de main du pays d’implantation d’une hoff, PDG de Bertelsmann, a été le 27 chansons du nouvel album, dont chacune a été à un moment ou à Music, EMI ou Warner Music, pour- au lendemain de la conférence de entreprise étrangère » au premier à reconnaître que Napster un autre numéro un des hit-parades en Grande-Bretagne ou aux raient coexister chez Napster. Eric presse de Carlos Ghosn. Selon les risque, sinon, de courir à «un avait ouvert la voie à un nouveau Etats-Unis. Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr et la Scheirer de Forrester Research re- cambistes, ce sont essentiellement les fiasco », écrit le Nihon Keizai. mode de distribution de musique. veuve de John Lennon, Yoko Ono, ont tous participé à son élabora- doute que cette alliance ne puisse étrangers qui ont acheté le titre Nis- Dans un commentaire à l’Asa- Essayer d’endiguer le succès de ce tion, ont indiqué les maisons de disques EMI, Parlophone et Apple. voir le jour si les autres majors ne san : après Renault S. A., qui détient hi des résultats de Nissan, le site, qui rassemble plus de trente- En cliquant sur la chanson Get Back, les internautes verront le signent pas. Précisément, rien n’est 36,8 % du capital de l’entreprise de- président de Toyota, Hiroshi huit millions d’internautes, unique- concert donné sur les toits de l’immeuble de la maison de disques encore joué. puis mars 1999, près d’un quart du Okuda, qui préside également ment en luttant sur un plan judi- Apple à Londres, le 30 janvier 1969. Sur I Wanna Hold Your Hand, ils reste de celui-ci (22 %) est désormais le Nikkeiren, l’une des orga- ciaire lui a paru vain. Il a préféré feront un tour dans le studio mythique d’Abbey Road. – (AFP.) Nicole Vulser entre les mains d’étrangers. Dans une nisations patronales nip- interview à l’Agence France-Presse, le pones, a pour sa part déclaré directeur financier de Nissan, Thierry qu’ils sont dus « à une Moulonguet, exprime le souhait que compression des coûts qui au- Lycos Europe rachète Multimania les investisseurs japonais « portent un rait été difficile à réaliser par nouveau regard » sur l’entreprise. un Japonais en raison des liens PENDANT que Bertelsmann concluait son 10 euros. Lycos est aujourd’hui présent dans Tandis que sa maison mère est en cours de Les fonds de placement américains traditionnels avec les sous-trai- accord avec Napster (lire ci-dessus), sa filiale douze pays européens et sa filiale européenne fusion avec Terra Networks, la branche Inter- détiennent actuellement 18 % du ca- tants et le personnel ». Mazda Lycos Europe (dont il détient 19,3 %) négo- a réalisé un chiffre d’affaires de 71,6 millions net de l’opérateur téléphonique espagnol Te- pital de Nissan. En revanche, les Eu- a pu temporairement se re- ciait le rachat du site français de « commu- d’euros et enregistré une perte nette de lefonica, Lycos Europe, présidée par l’Alle- ropéens sont à la traîne (4 %). Quant dresser sous la direction d’un nauté » Multimania. Une offre publique 99,7 millions d’euros sur son exercice 1999- mand Christoph Mohn, a renforcé aux grands investisseurs japonais, gestionnaire étranger, a-t-il d’échange d’actions (OPE), d’un montant to- 2000, clos en juin. « Avec 470 millions de pages récemment son partenariat commercial avec derrière la compagnie d’assurance ajouté, puis l’entreprise est tal de 222 millions d’euros, devait être dépo- vues sur ses sites et 6 millions d’abonnés », Ly- son autre gros actionnaire Bertelsmann. Ly- Nippon Life et Daiichi Mutual Life, ils retombée dans la stagnation. sée jeudi 2 novembre par Lycos Europe, sur la cos revendiquera en France, après l’OPE, la cos Europe a acquis en septembre le groupe n’en possèdent plus que 25 %. « Il faut attendre pour pouvoir base d’une parité d’échange de sept titres Ly- place de deuxième portail Internet, derrière scandinave Spray Network, pour 674 millions Plusieurs facteurs peuvent expli- dire si Nissan se redresse vrai- cos Europe pour trois actions Multimania. Wanadoo. d’euros, également par échanges d’actions, quer cet apparent désengagement ment », conclut-il. Une offre qui valorise l’action Multimania à offrant ainsi aux actionnaires de Spray des Japonais. D’abord l’impact du 23,57 euros, soit une décote de 34,5 % par UNE SOCIÉTÉ TRÈS COSMOPOLITE 29,26 % des parts du nouveau groupe. Du passé : dix ans de pertes pèsent sur rapport au cours d’introduction du site fran- Michel Meyer, le PDG et cofondateur de coup, la famille suédoise Wallenberg, pré- l’image de Nissan, et le retour de la Les investisseurs japonais ont les çais sur le Nouveau Marché de Paris (36 eu- Multimania avec Olivier Heckmann, devrait sente au capital de Spray, se retrouve parmi confiance prend du temps. Le dé- yeux fixés sur les performances de ros). Les dirigeants de Multimania et de Lycos rester en place et la marque être préservée. les principaux actionnaires de Lycos Europe. nouement des participations croi- Nissan au Japon même. « Un vrai re- Europe promettent de la valeur pour leurs ac- Fondée aux Etats-Unis, Lycos est en train de Les actionnaires actuels de Multimania en dé- sées, qui ont longtemps été l’une des nouveau de Nissan dépend de sa re- tionnaires, mais, depuis son introduction à 24 devenir un leader de la Toile en Europe, en tiendront, eux, 6,4 % après l’OPE. caractéristiques des entreprises japo- prise sur le marché japonais », estime euros au Neuer Markt de Francfort en mars, même temps qu’une société très cosmopolite, naises, est un autre facteur : les inves- le quotidien des milieux d’affaires, Lycos Europe a vu son titre chuter autour de au fil de ses alliances et de ses rachats. Pascal Galinier tisseurs institutionnels nippons qui Nihon Keizai. Or une telle reprise ne avaient dû conserver le titre Nissan se fera sentir qu’en 2002 avec l’arri- alors que l’entreprise courait à la fail- vée de nouveaux modèles. Pour l’ins- lite s’en sont dessaisis à la suite de la tant, l’image de Nissan au Japon reste prise de participation de Renault. terne : sa part de marché décline La Poste acquiert une importante société britannique de colis Traditionnellement plus lents à réagir, (17,4 %) avec une chute des immatri- LA POSTE vient d’apporter une petit nombre de “superpuissances” (avec les entreprises Securicor et monter les enchères. L’une d’elles ils hésitent à se dégager mais ils sont culations. La reconquête du marché pièce supplémentaire au puzzle de la messagerie », a expliqué le DHL), qui en détient 17 %, suivie vient de se vendre à la poste bri- aussi plus longs à revenir vers un japonais (où Nissan vend moins de européen qu’elle constitue dans PDG de Mayne Nickless, Peter de la poste britannique (14 %) tannique pour un prix (plus de titre. Enfin, des réglementations em- véhicules qu’à l’étranger) est le princi- le domaine du colis et de la logis- Smedley. « Dans un tel contexte, puis de la poste néerlandaise 150 millions de deutschemarks, pêchent les fonds de pension japo- pal défi auquel est confrontée l’entre- tique. L’entreprise va acquérir les nos activités au Royaume-Uni et en (11 %). Si l’on inclut les alliés de La dit-on) qui serait le double de ce nais d’acheter des actions d’entre- prise, estime Carlos Ghosn. activités de messagerie express Irlande risquaient de ne pas avoir à Poste que sont Géodis (filiale qu’offrait La Poste. prises qui ne versent pas de que possède en Grande-Bretagne l’avenir la taille critique. » transport et logistique de la SNCF Par ailleurs, celle-ci a signé un dividendes : ce qui est encore le cas Philippe Pons et en Irlande le groupe australien Pour cette acquisition, La Poste dont La Poste acquiert 24 % du accord de coopération avec la de logistique Mayne Nickless. Les débourse 189 millions de livres, capital) et Fedex, le transporteur poste italienne et est très pré- activités cédées – Parceline et In- soit environ 2 milliards de francs américain qui a conclu en sep- sente en Espagne (à travers Chro- terlink Express – ont réalisé au français. Il s’agit de la plus impor- tembre un partenariat commer- nopost) et au Portugal. Nouvelle offre d’indemnisation cours de leur dernier exercice un tante opération réalisée par La cial avec La Poste (Le Monde du La Poste française est désor- chiffre d’affaires de 328 millions Poste à l’étranger. C’est même la 13 septembre), celle-ci détiendrait mais l’un des trois grands opéra- d’euros (1,167 milliard de francs) première fois qu’elle acquiert environ 11 % du marché britan- teurs postaux européens, avec la aux familles des victimes du Concorde et un bénéfice de 20,2 millions 100 % d’une société importante à nique. poste néerlandaise et la Deutsche d’euros (130 millions de francs). l’étranger. Qui plus est, Mayne Cet accord constitue donc une Post. Pourtant, ses moyens sont AIR FRANCE ET SES ASSUREURS VONT FAIRE, vendredi 3 novembre, Parceline, qui emploie 2 800 per- Nickless est très rentable et son pièce majeure dans la stratégie infiniment moins importants. une offre d’indemnisation aux familles de victimes de l’accident du sonnes, exploite 36 dépôts et un management s’est engagé à rester internationale de La Poste. Celle- Klaus Zumwickel, président de la Concorde, qui sera « supérieure aux normes européennes », a annoncé la centre de tri à Birmingham. Elle trois ans en fonction. ci est en effet présente en Alle- poste allemande, qui fera son en- compagnie. Lors de la précédente réunion, le 13 octobre, les participants avait été achetée par Mayne Nic- magne, où elle a acquis, pour en- trée en Bourse le 20 novembre, a s’étaient séparés sans parvenir à trouver un accord sur le montant des in- kless en 1985. Pour sa part, Inter- UNE PIÈCE MAJEURE viron 1,5 milliard de francs, 50,6 % indiqué que son groupe, qui a dé- demnités. « Nous avions discuté de la méthodologie », selon une porte-parole link, acquis en 1992, dispose de Signe de la bataille que se d’un réseau de franchisés DPD. pensé 7 milliards d’euros en parti- d’Air France. Il s’agissait de déterminer le mode de la transaction, globale ou 120 succursales et est spécialisée mènent les grandes postes euro- Ce réseau représente environ cipations dans des entreprises de- au cas par cas. dans le transport express. Mayne péennes : avec Mayne Nickless, 7 milliards de francs de chiffre puis 1998, « va continuer ses L’accident du Concorde, le 25 juillet à Gonesse près de Paris, a coûté la vie à Nickless, cotée à la Bourse de La Poste française se hisse au d’affaires, dont 4 sont réalisés par achats ». En comparaison, La 113 personnes, dont 96 passagers allemands. Les avocats de 45 familles des Melbourne, entend se concentrer quatrième rang dans le transport les entreprises détenues par l’en- Poste française – établissement victimes allemandes avaient lancé un ultimatum pour la réunion de la mi- sur ses activités de logistique au de colis d’entreprise à entreprise treprise française. La Poste aime- public sans capital – dispose octobre, menaçant Air France de porter le dossier devant un tribunal améri- Canada, en Asie et en Australie. en Grande-Bretagne. Elle détien- rait acquérir au moins 66 % de d’une capacité d’investissement cain si ses assureurs ne mettaient pas sur la table une « offre acceptable » « L’Europe est maintenant consi- drait, selon un spécialiste, 6 % des DPD, mais, évidemment, les en- de 7 milliards de francs pas an. d’indemnités. Le droit américain permet d’espérer une meilleure indemnisa- dérée comme un marché unique et parts de marché. Le leader n’est treprises qui ne sont pas encore tion qu’en France ou en Allemagne.Selon les avocats, un recours aux Etats- cela a conduit à l’émergence d’un autre que la poste allemande passées sous sa houlette font Frédéric Lemaître Unis est possible car le Concorde accidenté se rendait à New York. LeMonde Job: WMQ0311--0022-0 WAS LMQ0311-22 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 11:17 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0427 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 ¼ FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

UIIHDWT TRVHDTH TRIUDHS

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AFFAIRES b VIVENDI UNIVERSAL : Edgar TUWV La croissance ralentit sième, la Nouvelle-Zélande qua-

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Bronfman, le futur numéro deux TTTP trième et les Etats-Unis prennent

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de Vivendi Universal, ex-PDG du TSPS aux Etats-Unis la cinquième place, à égalité avec

INDUSTRIE groupe canadien Seagram, va le Luxembourg. TVRT TQQI

b SEMI-CONDUCTEURS : les garder son salaire annuel de TQVW LA CROISSANCE économique a TTRW TIQR

ventes mondiales de 1 million de dollars et recevra par TPSQ été modérée aux Etats-Unis en a JAPON : les dépenses des mé- TRSP SWQU

semi-conducteurs devraient ailleurs une prime pouvant [[[TIIU [[[ [[[septembre et au début octobre nages ont très légèrement aug-

PeF IVƒF PxF PeF IVƒF PxF augmenter de 37 %, à atteindre jusqu’à 3 millions de PeF IVƒF PxF mais le marché du travail est resté menté en septembre sur un an, 205 milliards de dollars, en 2000, dollars par an, en fonction des étroit, entraînant dans certaines progressant de 0,4 %, ce qui repré- Indices cours Var. % Var. %

et de 22 %, à 249 milliards, en 2001, performances du groupe. Il Europe 9h57 f se´lection 02/11 01/11 31/12 régions une augmentation des ten- sente leur première hausse en cinq

HDRQ RDIQ selon les prévisions annuelles de disposera également de EUROPE EURO STOXX 50 SIHUDIT sions salariales, selon le dernier mois. En août, les dépenses de

RWVHDUT HDTP SDHQ l’Association de l’industrie des stock-options portant sur 500 000 EUROPE ƒ„yˆˆ SH rapport de conjoncture, le « beige l’ensemble des foyers nippons

RPQDIW HDQQ IDTU semi-conducteurs (SIA), publiées certificats de dépôts américains EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR book », de la Réserve fédérale (Fed) avaient reculé de 4,1 %, a rappelé

er er

HDRI PDSU mercredi 1 novembre. (ADR) de Vivendi Universal, EUROPE STOXX 653 QVWDPT publié mercredi 1 novembre. La l’agence de gestion et coordina-

TRIUDHS HDIP UDUH valorisés mercredi à 7,5 millions PARIS geg RH banque centrale américaine a éga- tion.

FFFF FFFF FFFF

b PRADA : la maison de mode de dollars. PARIS wshgeg lement souligné « une modération

RQPHDSI HDHW TDTI

de luxe italienne envisage la PARIS ƒfp IPH des ventes de détail » dans plu- a FRANCE : la croissance de l’in-

FFFF FFFF FFFF

mise en Bourse de 30 % de son b AIR FRANCE : les salariés de PARIS ƒfp PSH sieurs des douze grandes régions dustrie manufacturière a brus-

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FFFF FFFF FFFF

capital et table sur une la Sodetair, filiale d’Air France PARIS ƒigyxh we‚gri américaines. Elle fait part d’une quement ralenti en octobre, accen-

TVTDIP HDPI PDIW

valorisation du groupe comprise chargée du transport des AMSTERDAM eiˆ augmentation des coûts de pro- tuant sa tendance des deux mois

± ± QIRWDIS HDHR SDUQ

entre 7 et 8 milliards d’euros, marchandises par route, en BRUXELLES fiv PH duction dans le secteur manufac- précédents, mais la flambée

UIIHDWT HDUR PDPH

selon le quotidien américain Wall grève depuis le 27 septembre, FRANCFORT heˆ QH turier, ajoutant que « l’intensité de qu’avaient connue les prix en sep-

± TRVHDTH HDQT TDRW

Street Journal du 2 novembre. ont accepté mardi le principe LONDRES p„ƒi IHH la concurrence a continué à empê- tembre s’est aussi nettement atté-

± IHRTQDWH HDWU IHDII

d’un protocole d’accord. Les MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi cher la majorité des firmes de réper- nuée, selon les indices CDAF/Reu-

±

RUWHSDHH HDRR IIDRQ

b REVLON : le fabricant salariés, qui étaient opposés aux wsf„iv QH cuter cette hausse sur le prix de ters des directeurs d’achat. L’indice

UWWR HDIH SDTH américain de produits de beauté formalités du projet de vente de ZURICH ƒ€s vente de leurs produits ». Ce rap- des acheteurs IDA/CDAF/Reuters Revlon a annoncé, mercredi, un leur entreprise au groupe suisse port vient confirmer le ralentisse- est ainsi ressorti à 55,8 le mois der- plan de restructuration avec la Kuhne et Nagel, réclamaient le AME´ RIQUES ment de l’expansion américaine. nier (son plus bas niveau depuis fermeture de trois usines et le statut Air France. Ils ont obtenu le La croissance du produit intérieur mai 1999), contre 59,8 en sep- licenciement de 1 115 personnes, soit reclassement au sein d’Air France NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR brut n’a été que de 2,7 % en ryth- tembre. L’indice, qui traduit une

près de 10 % de l’effectif mondial. d’une centaine de salariés sur 130. me annuel, de juillet à septembre, expansion de l’activité lorsqu’il dé-

IHVWWDRU QQQQDQW

HDVSU après un gain de 5,6 % les trois passe le niveau 50, avait atteint un

IIQIH RPQR b SENSEMAT : le tribunal de HDWIS mois précédents, selon une pre- plus haut de 64,8 en mai.

FINANCE IIHRQ RHHP grande instance d’Auch, faisant HDVWU mière estimation publiée vendredi

b dernier par le département du a IHUUT QUUH office de tribunal de commerce, a YASUDA FIRE AND MARINE : HDVUW ALLEMAGNE : le Fonds moné-

procédé mardi soir 31 octobre au trois assureurs dommages commerce. taire international prévoit une IHSHW QSQV

remplacement de l’administrateur japonais, Yasuda Fire and HDVTI a L’indice composite d’activité, croissance du produit intérieur

IHPRP QQHT

judiciaire de Sensemat (outillage et Marine, numéro deux nippon, HDVRQ établi par le groupement national brut allemand de 3,25 % en 2001,

WWUS QHUR

horlogerie), en redressement Nissan Fire and Marine, onzième HDVPS des directeurs d’achat des princi- soit un demi-point de plus que ce

[[[ [[[ [[[

er er

PeF IVƒF I xF PeF IVƒF I xF judiciaire depuis la fin août. Une assureur du pays, et Taisei Fire PeF IVƒF PxF paux groupes manufacturiers amé- que projette le gouvernement alle- décision rarissime. and Marine, numéro 14, ont ricains (NAPM), a baissé de 1,6 mand, affirme mercredi l’hebdo- Indices cours Var. % Var. % engagé des négociations sous la Ame´rique 9h57 f se´lection 01/11 31/10 31/12 point à 48,3 % en octobre par rap- madaire Wirtschaftswoche.

b houlette du numéro deux port à septembre, a annoncé mer- ± ± IHVWWDRU HDTS SDPH SYNGENTA : les autorités E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

national en vue d’un credi l’association professionnelle. a ± ± IRPIDPP HDSU QDPU américaines de la concurrence E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH ROYAUME-UNI : les ventes de

rapprochement. Par ailleurs, les Les analystes tablaient générale- ont cessé de croître en octo- ± ± QQQQDQW IDHV IVDHV ont donné, mercredi, leur feu E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i détail

dans Syngenta des branches assurance vie et ment sur une baisse de 0,4 point de bre, pour la première fois depuis ± WSWQDWV HDRU IRDHQ vert à la fusion TORONTO „ƒi sxhiˆ

agrochimies du suisse Novartis et dommages du conglomérat ce baromètre. janvier 1999, mais devraient s’amé- ± ± IRUWIDIW HDSI IQDRT SAO PAULO fy†iƒ€e

de l’anglo-suédois Astra-Zeneca. La japonais Sumitomo ont annoncé a liorer légèrement en novembre, se- ± QSVDRS HDQT IHDUR MEXICO fyvƒe Les dépenses de construction

± nouvelle entreprise devrait être jeudi la formation d’une alliance. ± aux Etats-Unis ont augmenté de lon la dernière enquête de la RQHDWH PDPT PIDUP BUENOS AIRES wi‚†ev

cotée, comme prévu, le ± 2,4 % en septembre, par rapport au Confédération de l’industrie bri- WRDPU IDVU QRDHV SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

TRPQDRH HDSV IVDST 13 novembre. b CGNU : l’assureur CARACAS ge€s„ev qixi‚ev mois précédent, a annoncé, mer- tannique (CBI) publiée mercredi. britannique, né de la fusion en credi, le département du mai de CGU et de Norwich commerce. Les analystes tablaient a GRÈCE : la dette publique de- SERVICES Union, se retire du marché du ASIE - PACIFIQUE généralement sur une hausse de vrait tomber l’an prochain à 98,9 % b AOL : le fournisseur d’accès à Lloyd’s de Londres. Il a annoncé 0,4 %. du produit intérieur brut, a déclaré TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN Internet continuera de proposer mercredi la vente de sa filiale mercredi le ministre des finances,

à Marlborough Underwriting a Yannos Papantoniou. Le projet de IRVQUDUV WPDVU une offre d’accès illimité ISPWIDSR HONGKONG : pour la sep-

Internet à 199 francs par mois Agency, active sur le Lloyd’s où tième année consécutive, Hong- buddget 2001, le premier que la IUIVI WWDS

(abonnement et communications elle gère cinq syndicats, à la firme IUUQR kong est l’économie la plus libre Grèce ait établi en euros, prévoit ITTQU WUDR

illimitées), après avoir supprimé américaine Berkshire Hathaway IUHUI du monde selon une étude publiée en outre que le service de la dette

ITHWR WSDQ

son offre promotionnelle à du milliardaire Warren Buffet. ITRHW mercredi par la Fondation Heritage publique se contractera l’an pro-

ISSSI WQDP 99 francs (Le Monde du ISURU et le Wall Street Journal. Les ana- chain à 7,1 % du PIB, contre 8,3 %

er

ISHHU WIDI 1 novembre). b AXA : la compagnie ISHVR lystes estiment que l’Etat de droit, cette année, grâce à la baisse des

la quasi-absence de barrières taux d’intérêt et à l’accroissement IRRTR VW d’assurances a été condamnée IRRPP

b MCI-WORLDCOM : le groupe mercredi par un tribunal [[[ [[[ [[[commerciales et le faible niveau de l’excédent budgétaire primaire, PeF IVƒF PxF PeF IVƒF PxF

de télécommunications britannique à payer les dépens PeF IVƒF PxF d’imposition placent Hongkong à a également indiqué le ministre. américain WorldCom, a annoncé, d’un procès que lui a intenté une Indices cours Var. % Var. % nouveau en tête du classement, Zone Asie 9h57 f

mercredi, la renaissance du nom association de consommateurs, se´lection 02/11 01/11 31/12 bien qu’ils émettent des inquié- a RUSSIE : le produit intérieur

± ±

IRVQUDUV HDPQ PIDTR

MCI, avec la création d’une filiale opposée au projet de l’assureur TOKYO xsuuis PPS tudes persistantes au sujet de l’in- brut a augmenté de 6,5 % sur les

± ± ISPWIDSR HDQU WDVS

pour les activités de français de redistribuer un HONGKONG rexq ƒixq tervention du gouvernement dans dix premiers mois de l’année, a dé-

± PHRHDRQ HDHP IUDUI

télécommunications aux excédent de trésorerie en priorité SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ l’économie. Singapour conserve sa claré mercredi le vice-ministre des

± TWDTV IDTT RTDRI

particuliers et les connexions à ses actionnaires plutôt qu’aux SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ deuxième place, mais son score to- finances, Alexeï Oulioukaiev, citant

QPQT HDQU PDTS

Internet, dont les activités et les détenteurs de polices. Ces dépens SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ tal est en baisse en raison de la des chiffres encore provisoires. Sur

±

IWDSU HDVP RQDTU

performances seront cotées en pourraient atteindre jusqu’à BANGKOK ƒi„ part croissante du secteur public les neuf premiers mois de l’année,

±

QVTUDUU PDHW PPDUQ

Bourse via une action spécifique 100 000 livres sterling BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ dans l’économie, précisent les ex- le PIB avait progressé de 7,3 % par

± ±

IWIQDQP HDUI IQDPW « reflet ». (64 000 euros). WELLINGTON xƒiERH perts. L’Irlande est classée troi- rapport à la même période de 1999.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 01/11

HDISPRS UDRRQR FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS UDVUTS DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

Action Allianz ´ QDQVUUR VDRURH NEW YORK LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Allianz va entrer ` QDWRPQV QRDUWQH PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

en euros à Francfort LES VALEURS TECHNOLO- QDPUIWH IDTQRI ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

ont pesé sur la tendance RDUTUHQ IDQHQV

à Wall Street GIQUES SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

440 ´ ´ VDQPVWR PDIRVR de la Bourse américaine, mercredi PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

400,5 ´ ´ PDWUTTH QQWDUIHH FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

LE GROUPE d’assurances alle- 430 le 1er nov. 1er novembre. Les mises en garde IDTPTHU IDTQRI FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR QDWRVP mand Allianz va faire son entrée de WorldCom et d’Altera sur leurs MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... sur le New York Stock Exchange 420 prévisions de bénéfices ont rendu (NYSE). Il a indiqué mercredi 410 prudents les investisseurs, alors 31 octobre avoir obtenu le feu vert que des statistiques publiées par la Cours de change croise´s 400 des autorités boursières améri- Réserve fédérale dans le « beige Cours Cours Cours Cours Cours Cours 02/11 9h57 f

caines (la Securities & Exchange 390 book » témoignent d’un ralentisse- DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. DOLLAR ...... FFFFF HDWPQQP HDVSUSS HDIQHUR IDRRVVH HDSTPPP

Commission), confirmant les infor- ment de l’économie américaine.

380 YEN ...... IHVDQHSHH FFFFF WPDVUHHH IRDISSHH ISTDWQHHH THDVUSHH

mations de la presse allemande. L’indice Nasdaq a cédé 1,08 % à EURO...... IDITTII IDHUTUU FFFFF HDISPRS IDTVWQS HDTSSSS

Après cette annonce, l’action Al- 370 3 333,39 points et l’indice Dow FRANC...... UDTRVUS UDHTQSS TDSSWSU FFFFF IIDHVRSS RDQHHHS

lianz s’est légèrement appréciée Jones a reculé de 0,65 %, à 10 899, LIVRE...... HDTWHPQ HDTQURH HDSWIWS HDHWHPS FFFFF HDQVVHS 360 FRANC SUISSE ...... IDUUVTS IDTRPTS IDSPSSH HDPQPRS PDSUUUH FFFFF mercredi, clôturant la séance à 47 points. 400,5 euros. L’assureur a toujours 350 affirmé vouloir être coté à Wall 340 Taux d’inte´reˆt(%) Matif Street, d’ici à la fin de 2001. Le TAUX M J J A S O N Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier groupe détaillera l’opération, qui de l’obligation Taux 01/11 f Cours 9h57 f

2000 LE RENDEMENT j. j. 3 mois 10 ans 30ans 02/11 prix prix

Notionnel 5,5 RDVU SDQP SDUH

pourrait intervenir prochainement, assimilable du Trésor français FRANCE ...... RDWU

Source : Bloomberg ´ VTDTR VTDUQ

DECEMBRE 2000 ITSSV SDIR SDPH SDSW

lors d’une conférence de presse qui émise à 10 ans s’établissait à ALLEMAGNE .. RDVR

TDHI SDIS RDSV SDTW Euribor 3 mois

er GDE-BRETAG.

devait se tenir jeudi 2 novembre à 5,33 %, mercredi 1 novembre, en ´ xg xg xg SDHW SDSW TDHQ ITALIE...... RDVR DECEMBRE 2000

HDQV IDVQ QDHR New York. avait racheté Pimco, pour 3,1 mil- début de matinée. Celui du bund JAPON...... HDQI

´ TDQV SDUT SDUW

Allianz rejoint le club fermé des liards d’euros, payés en numéraire. allemand de même échéance s’ins- ETATS-UNIS... TDTT

QDQS QDVQ RDPU SUISSE...... PDUS

groupes allemands cotés à Parallèlement, la Deutsche Bank, à crivait à 5,19 %. Mercredi, outre- Pe´trole SDHW SDQQ SDTU PAYS-BAS...... RDUV New York. Daimler a été le premier l’occasion de l’annonce, mercredi, Atlantique, le rendement moyen Cours Var. %

en 1993, suivi notamment par SAP d’une forte hausse de 139 % de son sur les bons du Trésor à 10 ans En dollars f 01/11 31/10

± IDST et Deutsche Telekom. Cette opéra- résultat net sur les neuf premiers s’était légèrement détendu à Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... QHDVP

± IDSH

tion va permettre au géant outre- mois de l’année, à 4,4 milliards 5,73 %. La baisse du rendement WTI (NEW YORK) ...... HDQQ

Cours Var. % C IDQS LIGHT SWEET CRUDE .... QQDIR Rhin de poursuivre son développe- d’euros, a annoncé la fin des dis- d’une obligation traduit une En dollars f 01/11 31/10

ment aux Etats-Unis, puisqu’il cussions avec Allianz au sujet de la hausse de son prix. ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

C HDHS

pourra désormais financer ses ac- vente de Deutsche Bank 24 (DB CUIVRE 3 MOIS...... IVQT Or C

HDIU

quisitions non plus seulement en 24), sa filiale de banque de détail. ALUMINIUM 3 MOIS ...... IRVQDSH ± HDUP

PLOMB 3 MOIS ...... RVHDSH

Cours Var %

± HDVH

numéraire mais en titres. Le géant « Il n’y a pas à ma connaissance de MONNAIES ETAIN 3 MOIS ...... SPHV En euros f 01/11 31/10

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de Munich souhaite se renforcer en discussions avec Allianz », a déclaré s’est hissé brièvement au- ZINC 3 MOIS...... IHWH FFFF

L’EURO OR FIN KILO BARRE ...... IHHHH

C HDHU NICKEL 3 MOIS ...... UHIS

FFFF

assurance-vie et dommages, après Clemens Boersig, un des dirigeants OR FIN LINGOT...... IHHTH

dessus des 86 cents, jeudi, lors des ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

ONCE D’OR (LO) $ ...... PTTDRH

avoir élargi son assise en gestion de la banque allemande, cité par ± HDPI

premiers échanges, soutenu par la ARGENT A TERME ...... RDUU ` FFFF PIECE FRANCE 20 F...... SUDPH

C IDIU

d’actifs. Dans ce secteur, il a tout Reuters. Deutsche Bank avait indi- PLATINE A TERME ...... ISVTSQDHH ` FFFF décision irakienne de libeller ses PIECE SUISSE 20 F...... SUDPH

´ ` FFFF

récemment annoncé le rachat de qué il y a quelques mois, au mo- exportations de brut en euros et GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 .... SUDPH

´ C

HDVV

PSU ` FFFF

Nicholas-Applegate Capital Mana- ment des négociations en vue de par les signes de ralentissement de BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PHT

FFFF PHPDPS ` FFFF MAIS (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... QWWDUS

C IDQH IUIDSH ` FFFF gement, spécialisé dans la gestion fusionner avec Dresdner Bank, son la croissance américaine. Un peu SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QTV

de fonds de valeurs technolo- intention de céder à Allianz une plus tard dans la matinée, la devise SOFTS $/TONNE

± HDPT

giques, pour un montant qui pour- partie de DB 24. européenne retombait à 0,8585 CACAO (NEW YORK)...... USQ

´ C IDVU CAFE (LONDRES) ...... UIH Cotations, graphiques et indices en temps

rait se situer à terme à 2,5 milliards C QDTH dollar et cotait 92,71 yens. Le billet SUCRE BL. (LONDRES) ... IUTDSH re´elsurlesiteWebdu«Monde». d’euros. Un an auparavant, Allianz Pascale Santi vert s’échangeait à 108 yens. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ0311--0023-0 WAS LMQ0311-23 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 11:17 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0428 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS ¼ LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 23

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

SIHUDIT

VALEURS EUROPE´ENNES QVWDPT

RHS SRUP

SITP

b b Metro QVU QVWDPT

L’action vedette de l’indice alle- Le distributeur a pour- SIHUDIT

RVSP Deutsche Telekom QUH

mand DAX, , a suivi sa chute, mercredi, après la SHVUDVU

QVSDRP QVUDWV

RSRP perdu 3,98 % à 42,49 euros, à l’is- publication la veille de son chiffre QSP QVUDUW

er RWVSDSS

SHSPDRH

sue de la séance mercredi 1 no- d’affaires sur neuf mois. Le titre a QVRDRP RPQP

vembre. Selon le magazine Tele- perdu 0,84 % à 47,10 euros. Les QQS RWTSDUQ

QWPQ

boerse à paraître jeudi, le géant analystes de la banque américaine QIU [[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt P xy†F R wes P xy†F †vwwt allemand des télécoms souhaite- Goldman Sachs ont confirmé, P xy†F R wes P xy†F

rait racheter l’allemand United In- mercredi, leur opinion négative

C PDWQ FFFF qf IHDSU HDVI ternet et nommer son patron à la sur le titre. RANK GROUP qf SERCO GROUP

ALIMENTATION ET BOISSON e COMMERCE DISTRIBUTION ± WDRR FFFF hi UHDWH HDHU

tête de sa filiale internet T-Online. b Les valeurs des télécommunica- RYANAIR HLDGS si SGL CARBON

C qf QDVR IDQR gr ITRDWQ FFFF ±

TDPR FFFF qf WDWH HDQR

b Le cours de Bourse de la tions ont figuré, mercredi, parmi SAIRGROUP N ALLIED DOMECQ qf SHANKS GROUP ALLIANCE UNICHE

e C e hu WDPT FFFF p‚ TPDRH HDRV TDTS FFFF hi QW FFFF SAS DANMARK A/S ASSOCIAT BRIT F qf SIDEL AVA ALLG HAND.G

C Deutsche Bank e C

p‚ THDQH HDSH qf PDVI IDVR ± ± IIDRW HDUQ qf WDIH RDIH a reculé, mercre- les principales baisses de la Bourse SEB BASS qf INVENSYS BOOTS CO PLC

e e C ± e e C p‚ IVQDUH HDUH hi RUDWH PDQU ± RQDPS HDSU xv PWDVS IDIW

di, de 0,29 % à 96,20 euros. La pre- de Londres à la suite de l’annonce SODEXHO ALLIANC BBAG OE BRAU-BE e„ SINGULUS TECHNO BUHRMANN NV

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C e C e iƒ RDSQ HDRR ƒi IUDHS FFFF

RIDVH HDIP p‚ VIDVS IDTV

mière banque privée allemande a par l’américain WorldCom d’une TELE PIZZA BRAU-UNION e„ SKF -B- CARREFOUR

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C e gr ISTTDVT HDPW qf IPDTH HDIQ ± ± UDRR HDPQ p‚ PQQ HDRQ THE SWATCH GRP CADBURY SCHWEPP qf SMITHS IND PLC CASTO.DUBOIS

C e QPHDHS HDPH hu PQDSI FFFF plus que doublé son bénéfice net révision en forte baisse de ses pré- gr ± SIDHS FFFF iƒ IRDWI HDIQ THE SWATCH GRP CARLSBERG -B- hu SOPHUS BEREND - CC CARREFOUR

C qf IHDWW FFFF €e SQDWH HDST ±

RWDUI FFFF gr PISDWV HDTH sur neuf mois – une hausse de visions de résultats futurs. Voda- THOMSON MULTIME CARLSBERG AS -A hu SPIRENT CHARLES VOEGELE

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C e s‚ IDRS FFFF qf TDRQ PDUH

RSDTV HDVW iƒ IWDHP FFFF

139 % à 4,368 lilliards d’euros – par fone, le poids lourd de la place, a WW/WW UK UNITS DANISCO hu T.I.GROUP PLC CONTINENTE

± C e C e gr IPUHDQU HDPI qf IHDUT FFFF ITQDSH HDTP fi PSPDIH HDVR WILSON BOWDEN p‚ TECAN GROUP N

rapport à la même période de 1999 reculé de 3,4 % à 276,75 pence, et DANONE D’IETEREN SA e C C ƒi RDIU FFFF iƒ PPDVH IDRU ± IQDRV IDSS qf QDUW IDQP

WM-DATA -B- DELTA HOLDINGS q‚ TELEFONICA DEBENHAMS

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e e C Cable and Wireless ±

C iƒ VDIH IDPS e„ PPDVU TDPQ ± IIDIV HDRT qf QDRV HDRV et se dit confiante pour le 4 a perdu 4,6 % WOLFORD AG DIAGEO qf TPI DIXONS GROUP

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± e C IUWDPH HDIV p‚ SPDQH HDQV PHDTI FFFF p‚ IWQDIH HDVR

trimestre. à 930 pence. f DJ E STOXX CYC GO P ELAIS OLEAGINOU q‚ THOMSON CSF GAL LAFAYETTE

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qf IQDRH FFFF SUDVS QDRP

RENAULT p‚ e ALLIED ZURICH RIDWV FFFF

GEVAERT fi

C

±

qf QQDVH HDIH

HDUW

GLAXO WELLCOME f DJ E STOXX F & BV P PSHDQU HAUTE TECHNOLOGIE

e C e C

xv IIIDHS HDIV p‚ SQDTS QDIU

VALEO ± ASR VERZEKERING

RDTQ IDUW

INCHCAPE qf

±

gr IUVIDSQ HDIV

NOVARTIS N e C

ITI HDTQ

AIXTRON hi

C

e C e

p‚ ISW IDIS THDSH HDSH

VOLKSWAGEN hi AXA

IPDHU FFFF

MYTILINEOS q‚ C

hu PSQDWP IDHU

NOVO NORDISK B e C

UIDVS HDPI

ALCATEL-A- p‚

± ±

gr IPHVDVS HDUH PRHDSI HDPH

f DJ E STOXX AUTO P ± BALOISE HLDG N PVQDRH HDQS

UNAXIS HLDG N gr

IHDUW FFFF

NYCOMED AMERSHA qf

±

IHDQV HDUH

ALTEC SA REG. q‚

C

ITDSQ IDPR

´ BRITANNIC qf

PIDUI FFFF

ORKLA xy e BIENS D’EQUIPEMENT

PHDTH FFFF

ORION B ps e

±

QPDHQ HDSQ

ASM LITHOGRAPHY xv

C

ITDQT HDWR

e CGNU qf

IDRQ FFFF

SONAE SGPS €„ C e C

xv RWDWH IDQV

gr IHUDIU HDUU

QIAGEN NV ABB N e C

PDRS HDRI

e BAAN COMPANY xv ±

p‚ QTDII IDSV

± CNP ASSURANCES

PDSW TDIQ

BANQUES TOMKINS qf C C

gr IPVPVDHT PDPP UWSDVT HDWI

ROCHE HOLDING ADECCO N gr ±

VDUR HDIW

e BALTIMORE TECH qf

± PHDRH IDTW

CORP MAPFRE R iƒ

f QPWDWV FFFF

DJ E STOXX CONG P C e

± qf ITDIS FFFF

gr IHVQIDVT HDQQ

VDSU HDUH

ABBEY NATIONAL ROCHE HOLDING G AEROPORTI DI RO s„ ±

QUDVW HDVV

BOOKHAM TECHNOL qf

e C ITT IDPP

e ERGO VERSICHERU hi e C ±

xv PTDUP HDRS

p‚ TIDTH FFFF TDPW HDPU

ABN AMRO HOLDIN SANOFI SYNTHELA AGGREKO qf

IVDIV FFFF

SPIRENT qf

PHDUS FFFF

ETHNIKI GEN INS q‚

C C ± e e

qf WDUT HDVT hi TRDIS PDIS

PTDPS HDIW

ALL & LEICS SCHERING AG ALSTOM p‚

TDTS FFFF

e BAE SYSTEMS qf

± SIDTH QDSS

TE´LE´COMMUNICATIONS EULER p‚ C ± e

± qf PHDPI IDIT

qf PQDWQ IDRQ p‚ PQWDWH HDIU

ALLIED IRISH BA SHIRE PHARMA GR ALTRAN TECHNO e C

SQ IDUQ

BROKAT hi

VQDRQ FFFF

CODAN hu

C ±

q‚ RRDHI HDVH

gr IIQVDIT PDPW

gr TSRDRW FFFF ± qf QDRQ HDRW

ALPHA BANK SERONO -B- ALUSUISSE GRP N e C

TDTV HDIS

ATLANTIC TELECO BULL p‚

e C

QTDQH HDPP

e FORTIS (B) fi

± €„ PT FFFF C RDWR FFFF ƒi PPDRP HDSP

e qf

s‚ QDQQ HDQH

BPINTOMAYORR SMITH & NEPHEW ASSA ABLOY-B- e C

WQDVH IDWT

EIRCOM e BUSINESS OBJECT p‚ ±

QWDRS HDVV

GENERALI ASS s„

e C

e„ TRDSH IDIV

C qf ISDQW FFFF

qf SDIV FFFF IQDRS HDTQ

BANK AUSTRIA AG qf SMITHKLINE BEEC ASSOC BR PORTS e

IWPDWH FFFF

BRITISH TELECOM CAP GEMINI p‚

e C

IUQ HDPW

GENERALI HLD VI e„

±

±

± qf IRDVV IDIP

qf IQDQT IDTP ƒi PRDSS PDSV

± ISDUH HDPP

BANK OF IRELAND qf SSL INTL ATLAS COPCO -A-

QTDUW FFFF

CABLE & WIRELES COLT TELECOM NE qf

±

PPDWQ HDQV

INTERAM HELLEN q‚

C ±

± q‚ IVDIW HDUP

gr UTIDVQ HDPT C

PQDVR PDRP e ƒi RQ IDIV

BANK OF PIRAEUS hi SULZER FRAT.SA1 ATLAS COPCO -B- e ± ITDRH HDTI

DEUTSCHE TELEKO COMPTEL ps

IPDHR FFFF

IRISH LIFE & PE qf

C

C

qf IHDWI HDIT C USSDWR FFFF q‚ WDHV IDVP

e gr

s„ ISP HDTH BK OF SCOTLAND SYNTHES-STRATEC ATTICA ENTR SA e C

VVDSH HDWI

E.BISCOM e DASSAULT SYST. p‚ ±

SDVI HDSI

e FONDIARIA ASS s„ C

± e

iƒ RIDWV HDHS

C fi RQ FFFF qf WDUR HDUH

QDQQ HDQH

BANKINTER R si UCB BAA

WQDHQ FFFF

EIRCOM DIALOG SEMICOND qf

C

PDVW HDSW

LEGAL & GENERAL qf

C

C e C

qf QQDQW HDUU

C hu SWDII IDVS fi IQP HDWW

QRDPS HDRR

BARCLAYS PLC si WILLIAM DEMANT BARCO

ITDPW FFFF

ELISA COMMUNICA ERICSSON -B- ƒi

e C

IUDSH HDPW

e MEDIOLANUM s„ C C ± e

hi TSDSH HDUT

C iƒ PIDVP PDQW qf SDWR HDPW

qf WDRU P

BAYR.HYPO-U.VER ZELTIA BBA GROUP PLC e C

TDUV PDRP

ENERGIS F-SECURE ps

e C

QUR IDQT

MUENCH RUECKVER hi

e C

C

±

s„ WDSW HDRP HDTU qf PVDTU IDII

e SSSDSR

± QVDQH HDPT BCA AG.MANTOVAN hi f DJ E STOXX HEAL BTG C

IQDVR HDQU

EQUANT NV e FILTRONIC qf ±

RR HDQR

e POHJOLA YHTYMAE ps

±

s„ IVDVH HDPI

IHDRR FFFF

BCA FIDEURAM ƒi e

SHDVS FFFF

EUROPOLITAN HLD s„ Â

A

@€u˜li™ite FINMATICA

C

ISDVQ HDTS

e PRUDENTIAL qf ±

s„ RDWS HDVH

e C

IPQDSH IDPQ BCA INTESA p‚ e C

IQDPI HDTW

FRANCE TELECOM e GETRONICS xv

±

ISDSI IDUU

e RAS s„ ±

s„ IHDTV HDVR

± PHDHV HDSV

BCA LOMBARDA q‚ PTDTH FFFF

HELLENIC TELE ( GN GREAT NORDIC hu

±

VDIP IDTR

e ROYAL SUN ALLIA qf ±

RDWT HDTH

s„ e IHPDTH FFFF

MONTE PASCHI SI ps e C

RWDWH PDPS

HELS.TELEPH E INFINEON TECHNO hi

e C

IWDQH HDRP

e SAI s„

±

s„ PHDQT HDSR

C

SDPV IDQH

BCA P.BERG.-C.V qf e ±

PSDQT HDSS

KINGSTON COM INFOGRAMES ENTE p‚

e C

RVDUH HDQI

e SAMPO -A- ps ±

UDQV HDSR

s„ e ±

xv PPDUW HDPP

BCA P.MILANO C QIDUQ HDUS

KONINKLIJKE KPN INTRACOM R q‚

±

PQQHDTS HDHV

Chaque samedi avec gr

e SWISS RE N ±

s„ IQDPI HDTV e C

ISDHS HDQQ B.P.VERONA E S. xv ±

IIDRS PDSW

LIBERTEL NV e KEWILL SYSTEMS qf ±

SQDWH HDIW

e SCOR p‚

IDPT FFFF

s„ e

hi IHSDSH FFFF

BCA ROMA C

QPDVV HDRU

MANNESMANN N e LOGICA qf

SWDHW FFFF

SEGUROS MUNDIAL €„

e C

ISDWQ IDRT

iƒ e

± hi UTDWW HDQP

BBVA R C QSHDIS HDWR

MOBILCOM LOGITECH INTL N gr

±

IVDSW QDTU

e SKANDIA INSURAN ƒi

€„ IUDWH FFFF

± q‚ WDTV HDQH

ESPIRITO SANTO C

ISDHP HDWI

PANAFON HELLENI MARCONI qf

TDHT FFFF

ST JAMES’S PLAC qf

e C

QSDRS HDSU

iƒ e

€„ IHDSH FFFF

BCO POPULAR ESP C IPDRV HDRI

PORTUGAL TELECO MISYS qf

VDIW FFFF

e STOREBRAND xy

€„ SDVW FFFF

e C ps PSDSU HDHV

BCP R e C SHDIP HDUR

SONERA NOKIA ps

±

VDIP IDTR

e ROYAL SUN ALLIA qf

±

s„ WDQW HDTQ

C

PWTDVI HDQQ

BIPOP CARIRE gr e ±

IUDSS HDVS

SWISSCOM N OCE xv

C

WPQDRW HDHU

e SWISS LIFE REG gr

±

s„ QDWP HDSI C

STDTW PDRQ

BNL hu e ±

QDSQ HDVR

TELE DANMARK -B 0123 OLIVETTI s„

PPDIU FFFF

TOPDANMARK hu

e C

IHIDUH HDQH

p‚ e €„ IPDWP FFFF

BNP PARIBAS C

UDHP IDRU

TELECEL PSION qf

SRQDPQ FFFF

ZURICH ALLIED N gr

e C

iƒ IIDUI PDSR

e C

IQDTT HDRR

BSCH R s„ ±

VDUR IDSP

TELECOM ITALIA SAGE GRP qf

DATÉ DIM./LUNDI C SUWDPQ HDRS

ZURICH FINL SVC gr

TDIR FFFF

xy e TDRR FFFF

CHRISTIANIA BK s„ e ±

PISDPH IDSI

TELECOM ITALIA SAGEM p‚

C

HDRH

f DJ E STOXX INSU P RTSDRU

e C

s„ UDHR HDIR

ƒi UDQP FFFF

COMIT e C IWU IDSS

TELIA SAP AG hi

C

q‚ SQDST HDHV

e C IHDHR HDQH

COMM.BANK OF GR s„ e C PRIDVH IDIU

T.I.M. SAP VZ hi

e C

hi QQDSH HDTH

e C s„ QTDWH HDWT

COMMERZBANK C ISDHR HDUW

TISCALI SEMA GROUP qf

e C retrouvez

RPDHV PDTQ

p‚ e MEDIAS ± PQDSH QDHW

CREDIT LYONNAIS xv C TWQDUT PDTI

VERSATEL TELECO SEZ HLDG N gr

C

hu IUQDQI HDQW

e C qf RDTW FFFF

DANSKE BANK e C s„ IQDVW HDRQ ISR IDIP VODAFONE GROUP MONDADORI SIEMENS AG N hi

xy SDHV FFFF

C C HDWT DNB HOLDING -A- VTWDQV e ± IUDUT HDWT f qf VDRH PDPI

DJ E STOXX TCOM P BSKYBGROUP MB SOFTWARE hi

e

WTDTH FFFF

hi e

DEUTSCHE BANK N ± p‚ IUQDWH HDSU IHDWW FFFF

CANAL PLUS SPIRENT qf

e C

IVI HDTU

DEXIA fi e qf TDSV FFFF ± SWDVH HDQQ

CAPITAL SHOPPIN STMICROELEC SIC p‚

e

hi RVDPH FFFF

DRESDNER BANK N C e qf WDTT IDTH ± QDWI IDHI CONSTRUCTION CARLTON COMMUNI TECNOST s„

±

QIDQT PDPS

EFG EUROBK ERGA q‚ LE MONDE TELEVISION

qf ISDWS FFFF

VDWI FFFF

e DLY MAIL & GEN TELE 1 EUROPE ƒi

±

QU HDRH

ACCIONA iƒ

e ±

RUDVQ HDQS

ERSTE BANK e„ e

xv ISDPS FFFF

RSUDRW FFFF

ELSEVIER gr e C THINK TOOLS

PSDWT HDTT

ACS iƒ

±

ƒi ITDWQ IDHQ

FOERENINGSSB A C

qf IRDPT HDVR

IDTI FFFF

EMAP PLC qf C THUS

IDIQ RDTW

AGGREGATE IND qf

±

qf WDRH HDUI

C

HALIFAX GROUP e C

qf UDWS IDSI

PRDWS HDTH

FUTURE NETWORK ps

C TIETOENATOR

UDSR HDUW

AKTOR SA q‚

C

IU HDTH

qf e ±

HSBC HLDG C

s„ IQDIS HDQV

HDTV

GRUPPO L’ESPRES WQIDVW

e C f DJ E STOXX TECH P

IWDSH QDUP

UPONOR -A- ps

e C

e C s„ QDSH HDSU

ITDPS HDTP

IKB hi CIR

IQDUW FFFF

e ´ GWR GROUP qf ±

IUDSH PDPQ

AUMAR R iƒ ENERGIE

e ± ±

qf WDIS HDQU SHDSS HDIH

fi CAPITA GRP e KBC BANCASSURAN ±

IVDVW HDSQ

HAVAS ADVERTISI p‚ e C

VDWW HDQQ

ACESA R iƒ

qf TDPV FFFF

C e

BG GROUP ± s„ IIDHQ HDTQ qf IPDHV IDPV

LLOYDS TSB CDB WEB TECH IN e C

QDUS PDRT

INDP NEWS AND M s‚ SERVICES COLLECTIFS C

UDQW IDTQ

BLUE CIRCLE IND qf

C

IHDIP HDIU

qf e

± BP AMOCO RSDUT HDQS p‚ RWDSH FFFF

NAT BANK GREECE q‚ CGIP

IPDVT FFFF

INFORMA GROUP qf

e C e C

s„ ISDUT IDTV

HDUS THDSH

BOUYGUES p‚ e ACEA

±

VDVS HDQR

e iƒ

± CEPSA p‚ WHDQH HDHT qf TTDTR FFFF

NATEXIS BQ POP. CMG e C

p‚ TWDVS IDTU

LAGARDERE SCA N e C C

s„ QDWP IDHQ

RDHQ IDUI

BPB qf AEM

e C

p‚ IQUDQH RDRI

C ± COFLEXIP

ƒi VDTI IDQS qf QDRS RDTP

NORDIC BALTIC H COOKSON GROUP P C

PIDQH HDUU

e LAMBRAKIS PRESS q‚

qf IHDPP FFFF

WDII FFFF

BRISA AUTO-ESTR €„ e ANGLIAN WATER

xv SU FFFF

± DORDTSCHE PETRO hu WDVI IDQS

IHHUTDHR FFFF

hu e

NORDIC BALTIC H DAMPSKIBS -A- ± p‚ SR HDRT

e M6 METROPOLE TV C

±

qf QDHI HDST

WDPH HDTS

BUZZI UNICEM s„ BRITISH ENERGY

e C

TDRU HDQI

e s„

± ENI s„ PP HDTV

hu IIRIWDSI FFFF

ROLO BANCA 1473 e C

IUDII HDSQ

DAMPSKIBS -B- MEDIASET s„

qf RDIV FFFF

QDIT FFFF

CARADON qf CENTRICA

C

WDRU IDHV

ENTERPRISE OIL qf qf PTDST FFFF

ISWVUDQP FFFF

hu e

ROYAL BK SCOTL ±

QVDPS IDTU

DAMSKIBS SVEND NRJ GROUP p‚ e C ±

s„ IIDIV HDUP

QHDQT PDVP

CRH PLC qf EDISON

±

q‚ IIDPQ HDUV

±

HELLENIC PETROL e C ƒi IQDVI HDRQ

hi TIDWH IDWV

S-E-BANKEN -A- C

QPDIR HDTW

e E.ON AG PEARSON qf e ±

fi PSUDTH HDIT

PTDQH FFFF

CIMPOR R €„ ELECTRABEL

PDRR FFFF

e qf

± LASMO IWDRW HDQI s„ e

±

p‚ PQDWS HDVQ

SAN PAOLO IMI e C

PPDVH HDRR

e EADS SICO. PRISA iƒ e €„ QDPH FFFF

STDUS FFFF

COLAS p‚ ELECTRIC PORTUG

C

qf PDRU HDTW

± LATTICE GROUP qf ITDVI HDPH IPDHW FFFF

STANDARD CHARTE qf e

IQI FFFF

e ELECTROCOMPONEN PROSIEBEN VZ hi e ±

±

iƒ IWDIS HDPT

IIDRR HDHW

GRUPO DRAGADOS iƒ e ENDESA

±

UWDSH HDSV

e e„

± OMV AG p‚ TSDUH HDRS

e C e VWDSH IDRU STE GENERAL-A- hi

QQDRH FFFF

EPCOS PT MULTIMEDIA R €„ e e C

s„ RDQS FFFF

PIDUH HDPQ

FCC iƒ ENEL

ITDQI FFFF

PETROLEUM GEO-S xy IVDQS FFFF

ƒi e ±

e C

IDHU IDVQ SV HANDBK -A- p‚

QWDIQ HDVS

EUROTUNNEL PUBLICIS GROUPE p‚ e e C

±

e„ PVDIU HDVI

IQWDQH PDTS

GROUPE GTM p‚ EVN

e C

IVDVT HDUS

REPSOL YPF iƒ ƒi RDIQ FFFF

C

IWDTS FFFF SWEDISH MATCH qf

UHHDQI HDST

e EXEL PUBLIGROUPE N gr e ± ±

ps QDWP HDPS

IQDUV HDIR

GRUPO FERROVIAL iƒ FORTUM

e C

xv UIDRP IDPT

C ROYAL DUTCH CO gr ITQDWS IDHI

± VDUI FFFF UBS N qf

IHDWQ HDRT

F.I. GROUP REED INTERNATIO qf e ±

±

iƒ PHDIT HDPH

TDIW IDQS

HANSON PLC qf GAS NATURAL SDG

e C

TDIV IDTR

e s„

± SAIPEM s„ TDIP HDRW

C

UNICREDITO ITAL ± hu IRQDHV HDWQ

PPDUH HDWH

GROUP 4 FALCK REUTERS GROUP qf e e C

±

iƒ PPDQP HDVH

SV IDUS

HEIDELBERGER ZE hi HIDRO CANTABRIC

C

WDTR IDRP

SHELL TRANSP qf VSDWV FFFF

UNIDANMARK -A- hu e

s„ IDQU FFFF

RDTQ FFFF

FINMECCANICA SMG qf e C ±

iƒ IRDRH HDHU

VDPR PDIW

HELL.TECHNODO.R q‚ IBERDROLA

e C

p‚ IUIDUH HDRI

C TOTAL FINA ELF QSIDUP HDRH

f DJ E STOXX BANK P e e C ps IWDVW FFFF

PWDTR PDWP

FINNLINES SOGECABLE R iƒ ±

± qf QDQV QDVS

IRDWH HDPH

HERACLES GENL R q‚ INNOGY HOLDINGS

C

HDVQ

f DJ E STOXX ENGY P QUHDHT

C C

qf QDII IDTT qf RDTP IDVU

e FKI TAYLOR NELSON S e C s„ RDVU IDPS PSDSH FFFF

HOCHTIEF ESSEN hi ITALGAS

C

±

qf PDPH R IVDSR IDRQ

FLS IND.B hu TELEWEST COMM. ± qf TDPP FFFF IPQQDUP HDRP

HOLDERBANK FINA gr KELDA

e C

e C

TSDUS IDWR PRODUITS DE BASE p‚ e„ RQ HDHP

e FLUGHAFEN WIEN TF1 C ± qf IHDPQ IDIU IIR HDSP

IMERYS p‚ NATIONAL GRID G

±

±

qf UDUH HDPP IQDSV HDPS

e qf TRINITY MIRROR C ±

e C GKN iƒ WDQR HDRQ qf RDUR HDUP WDPS HDQQ ACERALIA ITALCEMENTI s„ SERVICES FINANCIERS INTERNATIONAL P

e C

qf IRDTQ HDSV ±

PUDVS HDIR

e xv UNITED NEWS & M

± e e ± QPDSS HDUQ iƒ HAGEMEYER NV ±

e„ WRDSH HDRW VRDWH IDII

ACERINOX R LAFARGE p‚ OESTERR ELEKTR

±

PTDRR HDRS

3I qf

e C

C

xv PQ PDTV

SDST PDIT

q‚ UNITED PAN-EURO ± q‚ RQDWV HDHQ ± HALKOR qf IIDSS FFFF

SDUH IDPV

ALUMINIUM GREEC MICHANIKI REG. q‚ PENNON GROUP

e C

RRDPH HDRQ

ALMANIJ fi e

±

xv SSDVS HDTP ±

TDRT IDHR

qf VNU ±

C ± TSDIP HDSR

qf HAYS qf WDPH IDHW IDTT IDHQ

ANGLO AMERICAN PILKINGTON PLC qf POWERGEN

QWDPU FFFF

ALPHA FINANCE q‚

e C

PUDQV IDRR e xv ±

TPDIS HDPR

hi WOLTERS KLUWER ±

± PHDHT IDIT

ƒi HEIDELBERGER DR qf VDVH HDSU IHDRH FFFF

ASSIDOMAEN AB RMC GROUP PLC qf SCOTTISH POWER

C

PVDSS IDWW

AMVESCAP qf

±

qf ISDHS IDSS e C

ps PVDQH HDQS e C WPP GROUP

e C ± fi RUDVW PDSQ

IPDRS HDRI HUHTAMAEKI VAN qf

ISUDPH HDQP

BEKAERT SAINT GOBAIN p‚ e SEVERN TRENT

PRDQH FFFF

BHW HOLDING AG hi

C

RWQDTT HDPU e C

C WDIS HDSS s„ f DJ E STOXX MEDIA P e C

C qf RDSH HDQV

p‚ IVIDRH HDVQ

RSDPH HDTT

BILLITON SKANSKA -B- ƒi e IFIL SUEZ LYON EAUX

QDVQ FFFF

BPI R €„

C QDUU FFFF e qf

e„ QUDIU HDRT ± ƒi IUDUH FFFF QDHI IDII

BOEHLER-UDDEHOL TAYLOR WOODROW qf IMI PLC SYDKRAFT -A-

UDHS FFFF

BRITISH LAND CO qf

e

C PRDSH FFFF

e iƒ qf TDUU HDUT ± ƒi IUDUT FFFF IRUDQH HDVU

BUNZL PLC TECHNIP p‚ INDRA SISTEMAS SYDKRAFT -C-

WDPP FFFF

CANARY WHARF GR qf

e

iƒ PRDSH FFFF ±

qf IDHU IDST ±

qf PHDRS FFFF RPDVQ IDQT

CORUS GROUP TITAN CEMENT RE q‚ INDRA SISTEMAS BIENS DE CONSOMMATION THAMES WATER

TDSV FFFF

CAPITAL SHOPPIN qf

± PTDTI HDRR

e ƒi e ± q‚ RDPI FFFF ± iƒ PIDSV HDWT

PPDIR HDIR

ELVAL WIENERB BAUSTOF e„ IND.VAERDEN -A- e FENOSA ±

RDIV FFFF xv QQDVH HDSW

CATTLES ORD. qf AHOLD

e C

ƒi ISDUS HDQV xv RDTS FFFF ±

qf IIDVI FFFF

SDTU HDSW

ISPAT INTERNATI WILLIAMS qf INVESTOR -A- UNITED UTILITIE

e C ±

IWDUW IDQS iƒ IUDTV HDIU

CLOSE BROS GRP qf ALTADIS -A-

C

ƒi ISDUS FFFF qf IVDUR FFFF ± qf IPDTU HDIQ

HDPQ

JOHNSON MATTHEY f DJ E STOXX CNST P PPSDSU INVESTOR -B- VIRIDIAN GROUP

e e C ± IDWR HDSI iƒ WDVR PDIV

COMPART s„ AMADEUS GLOBAL

e C e ± hu UQDVW FFFF e„ RT HDSS

VSDVS HDUS

MAYR-MELNHOF KA ISS VIVENDI p‚

e C

TV FFFF q‚ IIDIW IIDUT

COBEPA fi ATHENS MEDICAL

e C e C ±

ps UDUH IDUP ps QDUR IPDRI

HDPW

METSAE-SERLA -B e JOT AUTOMATION e f DJ E STOXX PO SUP P QQWDWU ± ±

WH QDPQ e„ SQDUH HDST

CONSORS DISC-BR hi AUSTRIA TABAK A

±

± ƒi QHDST IDSP PSDTI HDWI

HOLMEN -B- CONSOMMATION CYCLIQUE KINNEVIK -B- ƒi e C

QHDSH IDTU qf QDPV FFFF

CORP FIN ALBA iƒ AVIS EUROPE

e ±

ps VDTS PDVI WIDQT FFFF

OUTOKUMPU KOEBENHAVN LUFT hu C e C e ±

RTDVU HDQV gr PITDTR HDIS hi IIV PDHV

ACCOR p‚ CS GROUP N BEIERSDORF AG

e ± e C

p‚ RPDSW PDHW UH HDIR

PECHINEY-A- e e KONE B ps e ± SQDVH HDQU hi VSDSH FFFF p‚ RIDSH FFFF

ADIDAS-SALOMON hi DEPFA-BANK BIC

e C e ps R PDST ±

IVVDPH HDTQ

RAUTARUUKKI K e e LEGRAND p‚ ± ±

PRDWH IDIW hi SIDVH HDTW qf VDIS FFFF

AGFA-GEVAERT fi DIREKT ANLAGE B BRIT AMER TOBAC

C

e C qf IVDTR HDSS

SIDSH IDIV

RIO TINTO LINDE AG hi

C e C e ±

PHDVH HDUP qf VDQU HDPH p‚ IHQDVH HDTV

AIR FRANCE p‚ MAN GROUP CASINO GP EURO

±

C RDTV HDTQ q‚ e

QIDRS PDII

SIDENOR MAN AG hi

C C e ± QDRH HDSH p‚ UHS PDRW gr QRHQDQT HDQW

qf ______

AIRTOURS PLC EURAFRANCE RICHEMONT UNITS

C QPDTU FFFF

q‚ e

IQDTS PDTQ

SILVER & BARYTE MG TECHNOLOGIES hi

C e C e e ±

P HDSH fi QTDQH HDPP p‚ VVDUH IDQW

ALITALIA s„ FORTIS (B) CLARINS

C

qf PDIU HDUW

e C

IVDWS IDQR

SMURFIT JEFFERS WARTSILA CORP A ps

C C NOUVEAU e e e ±

IIDVU HDVR xv QTDRH HDPV fi SSDPH HDSS

AUSTRIAN AIRLIN e„ FORTIS (NL) DELHAIZE

e C

ps IPDRV PDQV

e C

WDWS IDIP

STORA ENSO -A- e e METSO ps e ± ± ±

IPDWQ HDSR p‚ WWDVS IDHR fi RSDWH HDII

AUTOGRILL s„ GECINA COLRUYT

e C

IPDQI HDWV

ps ´ C

RDUP HDQT

STORA ENSO -R- MORGAN CRUCIBLE qf C C e ± SVDUI IDTQ fi SWDUS HDSH qf QDWW HDRQ

BANG & OLUFSEN hu GIMV FIRSTGROUP MARCHE

ƒi PQDWT FFFF

SSDUH FFFF

SVENSKA CELLULO NETCOM -B- ƒi C e C

PDIS HDRU qf RDPV FFFF qf PDVP IDPI

BENETTON GROUP s„ GREAT PORTLAND FREESERVE

e C

IUDIQ HDUT

THYSSENKRUPP hi PVVDVS FFFF

hu Cours % Var. C NKT HOLDING ±

SDQQ HDWT qf TDVV HDUQ qf TDUQ FFFF

BRITISH AIRWAYS qf HAMMERSON GALLAHER GRP

e 02/11 10 h 09 f ±

RIDPI IDVV

UNION MINIERE fi en euros 01/11 qf IWDTS FFFF

e e C EXEL e ± ±

IQDVS HDPP xv VPDIS HDRV fi RVDSI HDHR

BULGARI s„ ING GROEP GIB

e

ps QQDVH FFFF

UPM-KYMMENE COR C

qf WDTI VDIW e C PACE MICRO TECH ± ±

TIDPH HDQQ hu TVDSP IDWP gr PVHDUV HDPQ

CHRISTIAN DIOR p‚ REALDANMARK GIVAUDAN N

e ±

IQ HDWW

USINOR p‚ e AMSTERDAM

ps IQDPH FFFF

C e C PARTEK e ±

WPDVH IDRW qf IPDRH PDPQ hi UPDRH PDPT

CLUB MED. p‚ LAND SECURITIES HENKEL KGAA VZ

±

IRDPW PDPP

VIOHALCO q‚ ±

IVDSH FFFF qf RDUS HDUI

e C PENINS.ORIENT.S AIRSPRAY NV

PQDTS HDPI qf VDQP FFFF qf IIDRU FFFF

DT.LUFTHANSA N hi LIBERTY INTL IMPERIAL TOBACC

e C

e„ PUDTW HDQQ

VOEST-ALPINE ST e C

IDSR HDTT ps PSDRH FFFF

C e e ANTONOV ± PERLOS ISDHS HDUW hi ISSDSH HDTR €„ IIDQT FFFF

ELECTROLUX -B- ƒi MARSCHOLLEK LAU JERONIMO MARTIN

qf SDPW FFFF

J DWETHERSPOON ±

RDTH IDHV qf TDVV FFFF

e e e C C/TAC ± ± PREMIER FARNELL QPDQS PDRI s„ IQDPT HDQH ps WDWS HDWI

EM.TV & MERCHAN hi MEDIOBANCA KESKO -B-

±

HDHP

f IUUDUT

± DJ E STOXX BASI P C

IDIR RDQS qf IUDVS HDRV

C C RAILTRACK e CARDIO CONTROL VDUI HDIW qf VDWT FFFF p‚ VWDUS HDHT EMI GROUP qf MEPC PLC L’OREAL

e C

PQDWH FFFF xv IWDUH SDQS

e e e C CSS ± HDSU FFFF iƒ ISDWH HDPS xv IIDRH HDRR EURO DISNEY p‚ METROVACESA RANDSTAD HOLDIN LAURUS NV

±

SDSH HDWH PDUI FFFF

qf HITT NV ± ± IHDHI HDQR qf TWDSU PDHU qf QDIH FFFF GRANADA COMPASS qf PERPETUAL PLC RENTOKIL INITIA MORRISON SUPERM

CHIMIE C qf RDIV HDVP

C e C ITIDQH IDRS qf IRDSV FFFF qf ISDSQ HDQQ HERMES INTL p‚ PROVIDENT FIN REXAM RECKITT BENCKIS

e C p‚ VQDPS HDUQ e e e C ± ± ± IQWDPH HDHU s„ IDRQ HDTW xv RPDQH HDRU qf RDWI HDTW AIR LIQUIDE p‚ HPI RODAMCO CONT. E REXEL SAFEWAY

e e CODES PAYS ZONE EURO ± e„ PRDSH P e C e e ± ± SRDVS HDTR xv PHDWH IDTS xv RQ FFFF qf TDTQ HDUT AKZO NOBEL NV xv KLM RODAMCO NORTH A RHI AG SAINSBURY J. PL

FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

C C C QSSDQW FFFF e gr RT HDTT qf QDPT HDSP qf PPDHU FFFF qf IDIP IDSR BASF AG hi HILTON GROUP SCHRODERS RIETER HLDG N STAGECOACH HLDG

C IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C C e C e e e qf QDIQ HDSR ± SIDTH HDSV p‚ VUDVS IDRR p‚ UQDSH HDRV hi PRDPH HDVP BAYER AG hi LVMH SIMCO N ROLLS ROYCE T-ONLINE INT

LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche e ± e ƒi PSDUQ IDVH ± ± ± ITDIR HDTQ hi IPP IDRS qf TDIU FFFF iƒ PUDWT HDVS BOC GROUP PLC qf MEDION SLOUGH ESTATES SANDVIK TERRA NETWORKS

FI : Finlande - BE : Belgique. C C e e C e gr SPHDQP FFFF PH FFFF p‚ RDIU QDWW p‚ ISUDRH HDHT qf RDRU HDQV CELANESE N hi MOULINEX UNIBAIL SAURER ARBON N TESCO PLC

e C e ± e ± ± ± p‚ UT IDQT UHDHQ HDUH qf RDSH HDUS iƒ TDUH HDRS xv PSDHS HDPH

CIBA SPEC CHEM gr P & O PRINCESS VALLEHERMOSO SCHNEIDER ELECT TNT POST GROEP CODESPAYSHORSZONEEURO

e C

C C e e ± s„ QDPU HDQI

QTTDSP IDTQ qf QDWR HDRQ hi PQ FFFF p‚ IRDWW HDTH

CLARIANT N gr PERSIMMON PLC WCM BETEILIGUNG SEAT PAGINE GIA WANADOO CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

C e C e e ±

qf PDRH FFFF QPDRS HDUV xv RUDHS HDPI qf TDIW FFFF xv IRDHS HDQT

DEGUSSA-HUELS hi ROY.PHILIPS ELE WOOLWICH PLC SECURICOR WORLD ONLINE IN GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C C e C e ± QQDSH IDRV hi QVDIH FFFF QIUDWV HDPH ƒi PRDIW HDUQ RVHDSI HDHU DSM xv PREUSSAG AG f DJ E STOXX FINS P SECURITAS -B- f DJ E STOXX N CY G P LeMonde Job: WMQ0311--0024-0 WAS LMQ0311-24 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 11:18 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0429 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 ¼ FINANCES ET MARCHÉS

C C ± RUHDTS HDHU UIDUH SPDTH QRSDHQ IDTV SQDSH QWDIW PSUDHU IDHI QVDVH ALCATEL...... w UIDUS EULER...... w PUBLICIS GR...... w

± ± ± Compen- RTSDUQ IDQP FFF UHH RSWIDUH QDIV UPQDHH RIDUH PUQDSQ Q RPDWW UI w w

ALCATEL O ...... EURAFRANCE...... REMY COINTRE ..... Cours Cours % Var.

sation C C International ± f IUPDRS HDQR PTDPH HDSV QDVH IDUS HDSU SUDWS QVHDIQ QDPT SWDWH

ALSTOM ...... w PTDPW EURO DISNEY...... w RENAULT ...... w en euros en francs veille

 le™tion

ne se (1)

C ± ± ISTQDVH HDUW PRHDQH IDHV UDHV HDWP IDHW VRDRS SSQDWT PDIV VPDTS VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN..... w PQVDRH EUROTUNNEL...... w REXEL...... w

C C C C TSSDWT IDRP WVDTH RQDPW PVQDWT HDTU RQDHH ISDHP WVDSP HDIQ ISDHH UWWDSH SPRRDQV PDQU FFF ATOS CA ...... w IHH FAURECIA ...... w RHODIA...... w ADECCO ......

C C FFF FFF FFF QTDUH PRHDUR IDWR QTDHH SDTW QUDQP HDUI FFF FFF FFF FFF FFF ARBEL...... FFF FIMALAC SA C...... w ROCHETTE (LA...... AMERICAN EXP......

C C

± SRQDUW HDTI VPDRH TW RSPDTI FFF FFF IHWDTH UIVDWQ IDPT IIIDHH PUDQH IUWDHV HDQQ FFF b Le cours de Bourse de la société High- AVENTIS ...... w VPDWH F.F.P. (NY) ...... ROYAL CANIN...... w AMVESCAP EXP ......

C C ± IHRHDQS HDVW ISUDPH IQQDWH VUVDQQ HDUS FFF FFF FFF FFF FFF QQDVW PPPDQH HDQP FFF

wave Optical Technologies s’inscrivait en AXA ...... w ISVDTH FINAXA...... ROUGIER #...... ANGLOGOLD LT ....

C C ± SHUDHS IDUI UTDHH VVDQH SUWDPI HDQR FFF FFF FFF FFF FFF PSDWW IUHDRV HDHR FFF AZEO(EXG.ET ...... w UUDQH FIVES-LILLE...... RUE IMPERIAL ...... A.T.T. # ......

C hausse de 7,91 %, à 197,8 euros, jeudi 2 no- C PUQDPI HDQT RIDSH IIS USRDQS FFF FFF FFF FFF FFF FFF ISDST IHPDHU HDHT FFF BIC...... w RIDTS FONC.LYON.#...... SADE (NY) ...... BARRICK GOLD......

C C ± ± USRDQS HDUW IIRDIH IPPDWH VHTDIU HDUR IPPDHH PISDPH IRIIDTP IDSI PIVDSH TRDQS RPPDII TDHT FFF

vembre dans les premières transactions et BAIL INVESTI...... w IIS FRANCE TELEC...... w SAGEM S.A...... w COLGATE PAL......

C C

FFF FFF FFF RVT QIVUDWS IDPS FFF IQR VUVDWV PDIQ FFF FFF FFF FFF FFF

quelques minutes après la publication de BAZAR HOT. V...... FFF FROMAGERIES...... SAGEM ADP ...... CROWN CORK O ....

C C ± ± WRIDWS RDWT FFF IWQDWH IPUIDWH IDPS IWIDSH ISU IHPWDVS HDIW ISTDUH QQDHV PITDWW IDPS FFF BIS ...... IRQDTH GALERIES LAF...... w SAINT-GOBAIN...... w DE BEERS #......

C C C ± TTUDII HDQH IHIDRH SR QSRDPP IDVP FFF SWDWS QWQDPS HDWQ FFF IIDHS UPDRV HDWI FFF ses résultats. Le fabricant de composants BNPPARIBAS...... w IHIDUH GAUMONT #...... SALVEPAR (NY...... DIAGO PLC......

C ± ± IPWVDIR QDWR IWHDRH IHH TSSDWT HDVW IHHDWH TIDRS RHQDHW HDPR TIDTH FFF FFF FFF FFF

optiques pour les télécommunications a BOLLORE...... w IWUDWH GECINA...... w SANOFI SYNTH...... w DOW CHEMICAL....

C ± ± PRWDPT IDUR FFF UR RVSDRI HDQR URDPS USDTH RWSDWH IDVV UUDHS FFF FFF FFF FFF QV w w

enregistré au premier semestre de son exer- BOLLORE INV...... GEOPHYSIQUE ...... SCHNEIDER EL ...... DU PONT NEMO....

C C C ± PIQDIP IDVS FFF QIDUI PHV PDPW QIDHH SQDSH QSHDWR HDWQ SRDHH HDUS RDWP UDIR FFF BONGRAIN ...... QPDRW GFI INFORMAT ..... w SCOR ...... w ECHO BAY MIN ......

C C ± QWSDSR HDRP THDHS PPDWS ISHDSR HDPP PQDHH THDQH QWSDSR HDSH THDHH FFF FFF FFF FFF cice 2000-2001 une perte nette de 0,8 mil- BOUYGUES...... w THDQH GRANDVISION ...... w S.E.B...... w ELECTROLUX......

C

± ± ± QVHDRT HDPT SUDVS IPP VHHDPU IDPI FFF RV QIRDVT IDWV RVDWU IQH VSPDUR IDSW FFF

lion d’euros, mais le groupe s’est dit BOUYGUES OFF..... w SV GROUPE ANDRE ... SEITA...... w ELF GABON ......

C ± ± RQDVP HDIS TDTU UV SIIDTS IDIR FFF FFF FFF FFF FFF ITDPH IHTDPU HDRW ITDPV w TDTV w

confiant sur ses résultats futurs. BULL# ...... GROUPE GASCO.... SELECTIBAIL(...... ERICSSON #...... C ± TISDPW IDWT WPDHH SQDRH QSHDPV FFF FFF TIDTS RHRDRH HDUP TPDIH FFF FFF FFF FFF BUSINESS OBJ...... w WQDVH GR.ZANNIER ( ...... SIDEL...... w FORD MOTOR #..... a

C C ±

FFF FFF FFF IQWDQH WIQDUS PDTS FFF ISR IHIHDIU IDQP FFF TQDPS RIRDVW PDTP FFF b L’action Valtech était réservée en B T P (LA CI...... FFF GROUPE GTM ...... SILIC CA...... GENERAL ELEC ......

C C

RUTDSS HDPI FFF SVDSH QVQDUQ FFF FFF UQDPS RVHDRW HDIR UQDIS FFF FFF FFF FFF

hausse, jeudi en début de journée. La socié- BURELLE (LY) ...... UPDTS GROUPE PARTO.... SIMCO...... w GENERAL MOTO....

C ± ± ± IIQVDHW HDIP IUQDUH VW SVQDVH HDPP VWDPH ISDVH IHQDTR HDTR FFF QDSR PQDPP PDRV FFF CANAL + ...... w IUQDSH GUYENNE GASC.... w SKIS ROSSIGN...... GOLD FIELDS......

± ± ± té a publié un chiffre d’affaires sur neuf ± IPTRDTW HDHS IWPDWH IVDWT IPRDQU HDIT IVDWW TSDWH RQPDPV HDIS TTDHH RDTI QHDPR HDTS FFF CAP GEMINI...... w IWPDVH HAVAS ADVERT ..... w SOCIETE GENE ...... w HARMONY GOLD ..

C C ± ± QRUDWW HDVT SPDTH IIR URUDUW HDSP IIRDTH IVQDWH IPHTDQH HDSW IVSDHH IPDVH VQDWT PDQP FFF

mois de 56,311 millions d’euros, en progres- CARBONE-LORR .... w SQDHS IMERYS ...... w SODEXHO ALLI ...... w HITACHI #......

C C

SQPDWU HDWQ VHDSH FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF IU IIIDSI IDQI ITDUV

sion de 228 %. CARREFOUR...... w VIDPS IMMOBANQUE ..... SOGEPARC (FI...... HSBC HOLDING..... w

C C ± TVRDVP IDPT IHQDIH FFF FFF FFF FFF SRDWS QTHDRS HDHW SSDHH IISDSH USUDTQ IDVS IIQDRH CASINO GUICH...... w IHRDRH IMMEUBLES DE .... SOMMER ALLIB ..... w I.B.M...... w

C ± ± RRRDUR HDVW FFF PSDPR ITSDST IDHP PSDSH PVDUI IVVDQQ IDHQ PWDHI FFF FFF FFF FFF b La cotation du titre Multimania a repris CASINO GUICH...... TUDVH INFOGRAMES E..... w SOPHIA...... w I.C.I......

C ± ± ISITDSU IDPH PQRDHH FFF FFF FFF FFF VVDSH SVHDSP HDTV VUDWH SR QSRDPP IDVP FFF

jeudi matin, en hausse de 6,98 %, à 23 eu- CASTORAMA DU.... w PQIDPH IM.MARSEILLA ...... SOPRA # ...... w ITO YOKADO #......

C C ± WWTDRH HDPT FFF RQDTH PVT HDPQ RQDUH VSDHS SSUDVW HDPR VRDVS FFF FFF FFF FFF ISIDWH w w

ros, après avoir été suspendue sur un der- CEA INDUSTRI ...... INGENICO ...... SPIR COMMUNI .... I.T.T. INDUS......

C ± ± THQDRV PDSW FFF VHDIH SPSDRP FFF VHDIH QW PSSDVP HDSP QVDVH TDVS RRDWQ IDHI TDWP CEGID (LY)...... WP ISIS...... w SR TELEPERFO...... w KINGFISHER P ...... w

C ± ± ± PSWDPQ HDHV FFF IVDWV IPRDSH HDHS IVDWW IHDRI TVDPW PDWU FFF QQ PITDRU PDWR FFF nier cours de 21,50 euros en clôture mardi. CFF.RECYCLIN ...... QWDSP KAUFMAN ET B ..... w STUDIOCANAL ...... MATSUSHITA ......

C C C

QPUDWV IDHI RWDSH WV TRPDVR IDHQ WUDHH FFF FFF FFF FFF QTDQI PQVDIV HDVQ FFF

Le site Internet communautaire fait l’objet CGIP ...... w SH KLEPIERRE...... w SUCR.PITHIVI...... MC DONALD’S ......

C ± ± ± RRWDQQ IDRR FFF IPPDVH VHSDSP HDRW FFF IVIDSH IIWHDST HDVW IUWDWH IHRDSH TVSDRV HDTU FFF CHARGEURS ...... TVDSH LABINAL ...... SUEZ LYON.DE ...... w MERK AND CO ......

d’une offre amicale de Lycos Europe de C ± FFF FFF FFF VRDUS SSSDWP IDPV VSDVS FFF FFF FFF FFF WDRV TPDIV SDQQ FFF CHRISTIAN DA...... FFF LAFARGE...... w TAITTINGER ...... MITSUBISHI C......

C C ±

RHHDIQ FFF TIDHH TWDSH RSSDVW IDIT TVDUH TS RPTDQU HDUV TRDSH PRQIDSH ISWRWDSW HDQS PRRHDHH 222 millions d’euros. L’offre de Lycos, qui CHRISTIAN DI...... w TI LAGARDERE ...... w TF1...... w NESTLE SA # ...... w

C

± ± URPDSR HDQS FFF TIDTS RHRDRH PDWI TQDSH IRUDIH WTRDWI IDHI IRVDTH FFF FFF FFF FFF

débute jeudi, valorise le titre à 23,57 euros, CIC -ACTIONS ...... IIQDPH LAPEYRE ...... w TECHNIP...... w NORSK HYDRO ......

± ± QSUDSH FFF SRDSH RWDSH QPRDUH FFF FFF SPDIS QRPDHV HDTU SPDSH SHDIH QPVDTQ HDIH FFF CIMENTS FRAN ..... w SRDSH LEBON (CIE) ...... THOMSON-CSF ..... w PFIZER INC......

C ± ± ± SVQDVH IDHT VWDWS IVVDWH IPQWDIH HDPT IVWDRH SR QSRDPP HDUS SQDTH RPDHW PUTDHW HDSR FFF soit 222 millions d’euros au total (lire page CLARINS...... w VW LEGRAND ...... w THOMSON MULT.. w PHILIP MORRI ......

C ± ± THUDRP IDUH WRDPH IHU UHIDVU FFF FFF IUIDIH IIPPDQR HDHT IUIDHH VH SPRDUU HDPS FFF

21). CLUB MEDITER ..... w WPDTH LEGRAND ADP...... TOTAL FINA E ...... w PROCTER GAMB ....

± ± ± PQUDHT IDSH QTDTW QWDVH PTIDHU HDSH RHDHH SWDRH QVWDTR HDIU SWDSH FFF FFF FFF FFF w QTDIR w w

b L’action La Rochette gagnait 0,71 %, à CNP ASSURANC..... LEGRIS INDUS...... TRANSICIEL #...... RIO TINTO PL......

C ± ± ± UHIDVU HDWQ IHVDHH IRDIR WPDUS IDIW IRDQI SHDVH QQQDPQ PDQI SPDHH WQDPH TIIDQS SDRW FFF COFACE ...... w IHU LIBERTY SURF ...... w UBI SOFT ENT...... w SCHLUMBERGER...

C C ± ± VWWDWU RDQQ IQIDSH IHWDTH UIVDWQ HDPU FFF ISU IHPWDVS HDIW ISUDQH WDIV THDPP WDSS FFF 5,69 euros, jeudi matin. La cession des acti- COFLEXIP ...... w IQUDPH LOCINDUS...... UNIBAIL ...... w SEGA ENTERPR......

C

± ± FFF FFF STDUS VWDPS SVSDRR HDSH VWDUH IHPDVH TURDQP HDIH IHPDUH ISDIS WWDQV IDQH ISDQU

vités pâte du groupe français au canadien COLAS...... w FFF L’OREAL ...... w UNILOG...... w SEMA GROUP # ...... aw

± ± FFF FFF FFF TRDSH RPQDHW IDSQ FFF IQDHI VSDQR HDWI IQDIQ FFF FFF FFF FFF FFF w

Tembec « s’est concrétisée le 31 octobre », a CONTIN.ENTRE ..... LOUVRE #...... USINOR...... SHELL TRANSP ......

C C ± QVHDRT FFF FFF VUDUH SUSDPU IDPU VTDTH SQDIS QRVDTR PDPI SPDHH WVDSH TRTDIP IDQH WWDVH CPR OPA...... SV LVMH MOET HE.... w VALEO...... w SONY CORP. # ...... w

C C C

± VUDPR RDUQ FFF VUDQH SUPDTS HDVI VTDTH SR QSRDPP HDQU SQDVH IPHDIH UVUDVH HDWP FFF indiqué le groupe français dans un avis pa- CRED.FON.FRA ...... IQDQH MARINE WENDE ... w VALLOUREC ...... w T.D.K. # ......

C C

± ± PUTDPW PDUQ RIDHH TDVH RRDTI HDRR FFF QPDIH PIHDST IDIH FFF VDSW STDQS PDWR FFF

ru jeudi dans la presse. CREDIT LYONN ..... w RPDIP METALEUROP ...... VIA BANQUE ...... b TOSHITA # ......

C C ± PPRDHI QDVH FFF QRDQH PPRDWW IDIV QQDWH FFF FFF FFF FFF VIDPH SQPDTR HDPS FFF CS COM.ET SY...... QRDIS MICHELIN ...... w VICAT...... UNITED TECHO .....

C C ± SIVDPI HDIQ FFF PSDUT ITVDWU HDHR FFF SVDUS QVSDQU HDWQ SWDQH HDTQ RDIQ FFF FFF DAMART...... UW MONTUPET SA...... VINCI...... w ZAMBIA COPPE......

C C ± IHTWDVU HDQU ITPDSH RDHQ PTDRR HDSH FFF VT STRDIP HDSV VTDSH DANONE ...... w ITQDIH MOULINEX ...... VIVENDI ...... w

± ± ± IQUUDSI IDRI FFF WHDQH SWPDQQ HDHT WHDQS RQDTR PVTDPT HDVP RRDHH

´ DASSAULT-AVI ...... PIH NATEXIS BQ P...... w VIVENDI ENVI ...... w ABRE´VIATIONS

C PREMIER MARCHE C ± SVHDSP HDWI VUDUH PPDRH IRTDWQ HDVV PPDTH IRDWP WUDVU HDIQ IRDWH

DASSAULT SYS ...... w VVDSH NEOPOST ...... w WANADOO...... w

B = ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

C RSWDIU FFF UHDHH IT IHRDWS IDRT FFF IUDHP IIIDTR FFF FFF ______w UH DE DIETRICH ...... NORBERT DENT ... WORMS (EX.SO ......

C ± ± SHRDRQ HDUP FFF PT IUHDSS PDWW FFF PQPDWH ISPUDUP IDUQ PQUDHH DEVEAUX(LY)#...... UTDWH NORD-EST...... ZODIAC ...... w SYMBOLES

ti hs P xy†iwf‚i C ± WVDQW HDTU FFF QVDPS PSHDWH IDTU QVDWH FFF FFF FFF FFF

Cours a` 9h57 DEV.R.N-P.CA...... IS NRJ GROUP ...... w ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ;

±

SQDUW IDPH FFF PR ISUDRQ FFF PRDHH FFF FFF FFF FFF

DMC (DOLLFUS..... VDPH OBERTHUR CAR.... w ...... a coupon de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ;

hernier jour de ne go™i—tion des yƒ‚h X PR novem˜re

C ± IUHDWR QDIP FFF UDSS RWDSP HDVH FFF FFF FFF FFF FFF

DYNACTION...... PTDHT OLIPAR...... o = offert ; d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ;

C ±

RIVDSH HDIT TQDUH RPPDUH PUUPDUQ IDUH FFF FFF FFF FFF FFF w TQDVH

EIFFAGE...... OXYG.EXT-ORI...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service

C Compen- ± VIDQR PDWH IPDHS RPDUS PVHDRP IDUP RQDSH FFF FFF FFF FFF

Cours Cours % Var. ELIOR...... w IPDRH PECHINEY ACT...... w ......

France sation de re`glement diffe´re´. f ± FFF FFF FFF RQ PVPDHT RDHP FFF FFF FFF FFF FFF

en euros en francs veille ELEC.MADAGAS..... FFF PECHINEY B P ......

(1)

C ± ` ´ IHWUDRP IDTS FFF TV RRTDHS IDHR TUDQH FFF FFF FFF FFF ELF AQUITAIN...... ITUDQH PENAUILLE PO ...... w ...... DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :

C

± ± QHSDTV HDWT RUDHS QPDVH PISDIS SDRU FFF SR QSRDPP IDTR SRDWH FFF FFF FFF FFF ACCOR ...... w RTDTH ENTENIAL(EX ...... PERNOD-RICAR .... w ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi :

C C ±

RPUDTV IDIT TRDRS RRDPH PVWDWQ HDTU RRDSH PIV IRPWDWW HDRT PIUDHH FFF FFF FFF FFF AGF ...... w TSDPH ERAMET ...... w PEUGEOT...... w ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement

C ± ± PRUDVW HDHS FFF WH SWHDQT HDTI VWDRS PIP IQWHDTQ HDSP PIQDIH FFF FFF FFF FFF

AFFINE(EXIMM...... QUDUW ERIDANIA BEG...... w PINAULT-PRIN...... w ...... dernier coupon ; Jeudi date´vendredi:compensation ;

C C ± IQTDPR HDVT PHDWS PVQ IVSTDQT IDHU PVHDHH IIRDUH USPDQV HDIU IIRDSH FFF FFF FFF FFF

AIR FRANCE G ...... w PHDUU ESSILOR INTL ...... w PLASTIC OMN...... w ...... Vendredi date´ samedi : nominal.

C ± WIVDQR HDSH IQWDQH TU RQWDRW HDSP FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF AIR LIQUIDE ...... w IRH ESSO ...... PSB INDUSTRI......

C C ± QSHDWR IDIQ VDWS SVDUI HDII QI PHQDQS FFF IIHDSH UPRDVQ QDRW COHERIS ATIX ...... SQDSH HI MEDIA...... PROSODIE BS ...... d GENERALE LOC ....

C C C IWHDIT FFF IHQDWH TVIDSR IDQU ITDPH IHTDPU HDQU THDHS QWQDWH IDUV COIL...... PVDWW HOLOGRAM IND.. PROLOGUE SOF ... GEODIS......

C C C

NOUVEAU ± QWDQT HDIU PPDPH IRSDTP HDWI IDRH WDIV IDRI PVDRH IVTDPW IDHQ CION ET SYS...... T HUBWOO.COM ..... PROXIDIS...... SECOND GFI INDUSTRI......

C

± ± QITDIU IDTQ PSDIH ITRDTS QDRT RP PUSDSH PDRR TWDSH RSSDVW FFF

CONSODATA # ..... RVDPH IB GROUP.COM .... QUALIFLOW ...... ______GO SPORT ......

C C

WRDRT HDUU TDSH RPDTR IQDHR RDPH PUDSS FFF TQHH RIQPSDPW FFF

´ CONSORS FRAN... IRDRH IDP ...... QUANTEL ...... GRAND MARNIE... d C

ISHDVU QDVR IDHU UDHP FFF Q IWDTV FFF SHDHS QPVDQI FFF

MARCHE CROSS SYSTEM .... PQ IDP BON 98 (...... d QUANTUM APPL .. d MARCHE´ GROUPE BOURB... d

C C C ± IIVDTH PDUQ IWDVH IPWDVV UDHQ PHDRU IQRDPU PDQS IQWDSH WISDHT RDWU CRYO # ...... IVDHV IGE +XAO ...... R2I SANTE...... GROUPE CRIT ......

C C ± ± er IIVDWQ PDWR QRDWV PPWDRS UDUH QV PRWDPT RDWU ISUDRH IHQPDRV HDWH

CRYONETWORKS. IVDIQ ILOG #...... RECIF # ...... GROUPE J.C.D ......

wi‚g‚ihs I xy†iwf‚i

C C C C QIDRW QDPQ QDSH PPDWT UDQT RQDPH PVQDQU HDHP ITIDQH IHSVDHT IDRS CYBERDECK #...... RDVH IMECOM GROUP.. REPONSE #...... HERMES INTL...... w ti hs P xy†iwf‚i

± ± ± ±

PRUDWS RDHT WDQW TIDSW IDIT WDQW TIDSW HDII PUDIH IUUDUT HDSS

CYBER PRES.P ...... QUDVH INFOSOURCES...... REGINA RUBEN.... HYPARLO #(LY......

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 18 h 10

ne se le™tionF

C C ± ´ ` RPDQI HDIT QTDVH PRIDQW RDWW PSDIH ITRDTS HDQP QTDQH PQVDII FFF CYBERSEARCH ..... TDRS INFOSOURCE B..... RIBER #...... Cours relevesa9h57 I.C.C.#...... d

C C ± ± PTDPR QDQV SVDIH QVIDII HDHW IHT TWSDQI HDVR VDPH SQDUW PDSH CYRANO # ...... R INFOTEL # ...... RIGIFLEX INT...... IMS(INT.META ......

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C C ± ISHDPI HDVV RQDUW PVUDPR QDUT IT IHRDWS FFF TI RHHDIQ QDQW

DALET #...... PPDWH INFO VISTA...... SAVEURS DE F ...... INTER PARFUM ....

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C ± ISRDIS FFF WDHW SWDTQ RDVP PPDSS IRUDWP HDPP WRDPH TIUDWI FFF DATATRONIC ...... PQDSH INTEGRA NET ...... w GUILLEMOT BS .... L.D.C...... d

C ± ± ± ± WPDUS PDRV QDIH PHDQQ PR FFF FFF FFF IPDSU VPDRS IDHP QTDSH PQWDRP PDSR PWDRH IWPDVS QDPW ABEL GUILLEM..... IRDIR DESK #...... INTEGRA ACT...... SELF TRADE #...... AB GROUPE ...... LAURENT-PERR ....

C ± ± RIDWP IDTW HDIU IDIP FFF ITDHI IHSDHP FFF VIDSH SQRDTH IDWR UDIS RTDWH FFF IQDRH VUDWH IDRU AB SOFT ...... TDQW DESK BS 98 ...... d INTERCALL #...... d SILICOMP #...... ACTIELEC REG...... LECTRA SYST......

C C C ITQDWW SDWQ WQDWS TITDPU HDWU IPP VHHDPU FFF QSDVW PQSDRP IDVP IHUDRH UHRDSH FFF IQDRP VVDHQ FFF ACCESS COMME... PS DEVOTEAM #...... w IPSOS # ...... SITICOM GROU .... ALGECO #...... d LOUIS DREYFU .....

C C C ± ± ITSDQH PDHP IHDRH TVDPP HDWS V SPDRV PDPH PQDWS ISUDIH FFF SH QPUDWV IDHI UIDSH RTWDHI QDIU ADL PARTNER ...... PSDPH DMS #...... IPSOS BS00 ...... SOFT COMPUTI.... ALTEDIA...... LVL MEDICAL......

C C C C ± WIDVQ QDQP IIU UTUDRU FFF PIDSH IRIDHQ IDUV PTDVS IUTDIP HDST IRTDWH WTQDTH HDTP SRDQH QSTDIV HDHW ALGORIEL #...... IR D INTERACTIV...... IT LINK...... SOI TEC SILI...... w ALTEN (SVN)...... w M6-METR.TV A...... w

C C ± ± QQDTS S RV QIRDVT HDPI QDSH PPDWT FFF QW PSSDVP PDPT PHR IQQVDIS FFF IHTDSH TWVDSW IDRQ ALPHAMEDIA...... SDIQ DIOSOS # ...... JOLIEZ-REGOL...... d SOI TEC BS 0...... APRIL S.A.#( ...... MANITOU #......

C C ± ± RWDPT PDIV HDVV SDUU UDQU HDIU IDIP FFF W SWDHR IDPI IQHDSH VSTDHP SDPR SRDVH QSWDRT FFF ALPHA MOS # ...... UDSI DURAND ALLIZ.... JOLIEZ-REGOL...... d SQLI ...... ARKOPHARMA # .. MANUTAN INTE...

C C C ± ± WUQDRR HDQR STDQS QTWDTQ UDSR IUDUW IITDTW RDQR IHDPH TTDWI FFF TQDRS RITDPH QDIU IPR VIQDQW HDRH ALTAMIR & CI...... IRVDRH DURAN DUBOI..... KALISTO ENTE ...... STACI # ...... ASSYSTEM #...... MARIONNAUD P ..

C ± IPRDTQ FFF RDRS PWDIW FFF RDSH PWDSP PDIU HDUT RDWW IDQQ PT IUHDSS FFF IIU UTUDRU FFF ALTAMIR BS 9...... d IW DURAN BS 00 ...... d KEYRUS PROGI ..... STELAX...... AUBAY ...... PARCDESEXPOS.... d

C C C ± ± ± THDTV QPDUI IRDQH WQDVH QDQV RDRH PVDVT PDQQ PIDPW IQWDTS HDHS IPQ VHTDVQ PDSH IVDIH IIVDUQ PDWS ALDETA...... WDPS EFFIK # ...... KAZIBAO ...... SYNELEC #...... BENETEAU CA# .... PCAS #......

C C C ± ± ± ISUDHR IDTT TRR RPPRDQT HDTQ UDTV SHDQV IDSR QIDWV PHWDUV PDVH UQ RUVDVS HDTV SHDRH QQHDTH HDQH ALTI #...... PQDWR EGIDE #...... LACIE GROUP...... SYSTAR # ...... BOIRON (LY)#...... PETIT FOREST......

C C C ± ± ± IITTDPW PDUP IPDSH VIDWW QDQI ITDQH IHTDWP VDVW TDTU RQDUS PDTP PHDUH IQSDUV IDRQ TQDTH RIUDIW HDTQ A NOVO # ...... IUUDVH EMME(JCE 1/1...... LEXIBOOK #...... SYSTRAN ...... BONDUELLE...... PIERRE VACAN......

C C C ± ± IQIDVS IDHI RR PVVDTP PDQQ QIDRH PHSDWU RDTU ISDUP IHQDIP HDSI WSDHS TPQDRW FFF PSDHP ITRDIP QDHP ARTPRICE COM .... PHDIH ESI GROUP...... LINEDATASERV..... TEL.RES.SERV...... BQUE TARNEAU... d PINGUELY HAU.....

C C ± ± IIDVI PDUH IPDTH VPDTS IDVU WDPH THDQS TDWV V SPDRV FFF RV QIRDVT HDRP TWDHS RSPDWR FFF ASTRA ...... IDVH ESKER...... MEDCOST #...... TELECOM CITY..... BRICORAMA # ...... POCHET...... d

C C C C ± SHDSI PDWR QVDQR PSIDRW HDVW SW QVUDHI HDVS P IQDIP FFF IIH UPIDSS HDSR PHT IQSIDPU PDRW AUFEMININ.CO.... UDUH EUROFINS SCI...... MEDIDEP #...... TETE DS LES ...... BRIOCHE PASQ .... RADIALL #......

C C C C ± ± VVDSS HDUS IHDPI TTDWU HDIH WSDIH TPQDVP PDRT PVDVH IVVDWP HDTW IRDWP WUDVU HDVI SWDRH QVWDTR HDTV AUTOMA TECH..... IQDSH EURO.CARGO S .... METROLOGIC G ... THERMATECH I.... BUFFALO GRIL..... RALLYE (LY)...... w

C C ± ± TPDQV IDQW PQDWW ISUDQT HDHR IHDTT TWDWQ QDHW IU IIIDSI SDQQ VRDSH SSRDPV FFF QHP IWVHDWW FFF AVENIR TELEC ...... w WDSI EUROPSTAT #...... w MICROPOLE ...... TITUS INTERA ...... C.A. OISE CC ...... d RODRIGUEZ GR....

C C C RSDWP QDUH IPDWR VRDVV IDVW TDTH RQDPW FFF QPDRH PIPDSQ FFF PPR IRTWDQR FFF QVDWS PSSDSH HDQW AVENIR TELEC ...... U FIMATEX # ...... w MONDIAL PECH ... TITUS INTER...... d C.A. PARIS I...... SABATE SA #......

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CARNET LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 25

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Jean-Jacques et Séverine Mondoloni Souvenir ont l’immense douleur de faire part de la – Le 3 novembre 1999, Anniversaires de naissance disparition de – 3 novembre 1950 - 3 novembre 2000. Denise DUCAS LAZARUS Charles MONDOLONI, Catherine, nous quittait. Jacqueline Brumaire survenue le 30 octobre 2000, à l’âge de Tertre ou Griou dix-huit ans. Sa famille, Une grande et belle voix de l’art lyrique Salers rousse ou Cheval Blanc Ses amis Mia ou Truffade La cérémonie religieuse sera célébrée pensent à elle. Vallée du Cher ou de la Jordanne LA SOPRANO Jacqueline Bru- Micaëla, dans , de Georges 1952), de , de Ma- en l’église de Sartène (Corse-du-Sud), le Patria est ubicumque est bene vendredi 3 novembre, à 15 heures. maire est morte, dimanche 29 oc- Bizet, de de Jules Masse- nuel Rosenthal... Au milieu des Colloques tobre, à Nancy. Elle était âgée de net, d’Antonia, des Contes d’Hoff- années 70, Jacqueline Brumaire se Très bon anniversaire ! petite sœur. Respectez-le, et priez pour lui. soixante-dix-huit ans. mann, de Jacques Offenbach, de tourna vers l’enseignement. Elle – La revue Passages et l’Association Née le 5 novembre 1921 , à Her- Mireille, de . En enseigna au Conservatoire de Il voulait « Apprendre pour Vaincre » des amis de Passages-ADAPes orga- blay (Val-d’Oise), elle fait ses 1952, elle est de la distribution des Lyon et prépara le Chœur de – (3.11.2000) – (3.11.1945) = 55 pour la gloire de Dieu, au nom de la nisent, le 9 novembre 2000, à l’Ecole études au , Indes galantes, de Jean-Philippe l’Opéra de Nancy. Ses qualités de Vierge Marie. normale supérieure, un colloque intitulé où elle apprend le piano tout en Rameau, lors de la reprise flam- pédagogue l’amenèrent à la 55 = le B.A. – BA de la C.P.A. « Freud et le génie européen ». Intervenants : Dominique Lecourt, Fer- travaillant seule le chant. Jacque- boyante de cet opéra-ballet, au commission du chant de la direc- Bon anniversaire Guy ! nando Arrabal, Antoinette Fouque, Gene- line Brumaire est d’abord ac- Palais-Garnier, dans une version tion nationale de la musique, au – Christine, François et Isabelle Poirier, viève Fraisse, Julia Kristeva, Elisabeth compagnatrice, mais sa voix de révisée par le compositeur Henri ministère de la culture, qui élabo- ses enfants, Roudinesco, Claude Dumezh, Jean Clair, soprano « lirico spinto » la fait Busser. Première Française à se ra les règles fondamentales de Blandine Kriegel, Nicole-Maya Malet, Mariages Anne Poirier-Busson et Mathieu Poirier, Charles Melman, Hervé Le Bras, Antoine remarquer et engager, dès 1946, spécialiser dans les œuvres avec l’émission vocale, méthode distri- ses petits-enfants, Culioli, Stéphane Hessel et Emile Malet. dans la troupe de la Réunion des colorature de Giuseppe Verdi, Jac- buée dans les conservatoires. Et tous ses parents et amis Inscriptions obligatoires. théâtres lyriques nationaux. Elle queline Brumaire sera une inter- Elle fut envoyée en Chine par le Anne-Sophie ANDRÉ Tél. : 01-45-86-30-02 et ont la douleur de faire part du décès de fait ses débuts dans le rôle de la prète recherchée en France, en gouvernement français et prépara Fax : 01-44-23-98-24 Paul COLIN e.mail : [email protected] Comtesse des Noces de Figaro, de Italie (débuts au théâtre de La ainsi l’équipe chinoise de chan- Claire POIRIER-SABETAY, Mozart, à l’Opéra-Comique, et Scala en 1956) et en Espagne, des teurs qui interpréta Carmen de sont heureux d’annoncer leur mariage, née le 25 septembre 1905, dans celui de Juliette de Roméo et héroïnes des opéras de Mozart, Bizet à Pékin, dans la mise en célébré à Autun, le 3 novembre 2000, docteur en médecine, Juliette de Gounod, à l’Opéra de Pamina aussi bien que Fiordiligi, scène de René Terrasson et sous la dans l’intimité familiale. ancienne externe des Hôpitaux de Paris, Conférences Paris. Très vite, sa grande et belle Donna Anna, Suzanne. direction musicale de Jean Péris- 37, rue Hyacinthe-Corne, survenu à Paris-11e, le 30 octobre 2000. – Médias et représentations du voix, ses aigus vaillants, sa musi- Jacqueline Brumaire assura aus- son. Jacqueline Brumaire venait 59500 Douai. monde calité et son intelligence des rôles si la création d’opéras contem- de terminer son autobiographie, Au Centre Pompidou – BPI – petite salle lui font aborder des rôles aussi porains d’Emmanuel Bondeville intitulée La Baraka. L’inhumation a eu lieu au cimetière Conférences sur les médias, 20 h 30 ancien de Neuilly-sur-Seine, dans Lundi 6 novembre : François Jost, divers que ceux de Mimi, dans La (Madame Bovary, en 1951), d’Henri l’intimité. Décès La mise en scène des Français. Bohème, de Giacomo Puccini, de Tomasi (Don Juan de Manara,en Alain Lompech – Mme Françoise Basch, Lundi 13 novembre : Sylvie Lindeperg, 10, avenue des Gobelins, M. et Mme André Basch, Origine et devenir d’une archive : ses enfants, 75005 Paris. la représentation des camps nazis. Ses petits-enfants et arrière-petits- Lundi 27 novembre : J. Arquembourg, enfants, L’évolution du direct. ont la douleur de faire part du décès de – Mme Nicole Séror, Colloque sur les médias Roger Dragonetti les 30 novembre, 1er et 2 décembre. son épouse, Mme Marianne BASCH, Entrée libre. Programme détaillé Olivier, Karine, Patrick née MOUTET, au 01-44-78-44-49 Un médiéviste ouvert à la modernité et Raphaële Séror, survenu en son domicile de Juliénas ses enfants, PROFESSEUR de littérature Vie de la lettre au Moyen Age, Le Musicien, Roger Dragonetti (Rhône), le 31 octobre 2000, dans sa Monique Arnon, quatre-vingt-dix-septième année. Soutenances de thèse française du Moyen Age, Roger Gai Savoir dans la rhétorique cour- cherchait dans le rythme une ré- sa sœur, Dragonetti est mort à Genève toise, Le Mirage des sources, ac- ponse aux questions que pose la Alexander et Andrew, – Jean-Baptiste Caillau soutiendra sa mercredi 25 octobre, à l’âge de cueillis à partir de 1980 dans la littérature et c’est sous le titre Les obsèques auront lieu au cimetière de Juliénas, le 3 novembre, à 15 heures. ses neveux, thèse, intitulée « Contribution à l’étude quatre-vingt-cinq ans. collection « Connexions du mallarméen La Musique et les La famille Barkatz, du contrôle en temps minimal des Né à Gand (Belgique) en 1915, champ freudien » au Seuil et qui lettres qu’avait été réuni en 1986 Cet avis tient lieu de faire-part. transferts orbitaux » le vendredi Toute sa famille, 3 novembre 2000, à l’Enseeiht, en vue de professeur à Genève depuis 1968, signent l’originalité de ce médié- un ensemble de ses articles. Plus Ainsi que ses amis, Roger Dragonetti aura marqué de viste ouvert à la modernité. encore peut-être que par ses Françoise Basch, l’obtention du titre de docteur de l’Institut 4, rue Caron, ont la douleur de faire part du décès de national polytechnique de Toulouse, en sa stature et de sa voix la réflexion L’Orgueil de la littérature : c’est écrits, c’est par sa parole que Ro- présence de J.-F. Bonnans, directeur de générale sur la littérature, et l’en- sous ce titre qu’en 1995 un hom- ger Dragonetti aura formé et fas- 75004 Paris. recherche à l’Inria, de J.-M. Coron, pro- André Basch, M. Yves SÉROR, seignement des lettres médié- mage lui était rendu par ses élèves ciné, médusé parfois, des généra- fesseur à l’université de Paris-Sud, de Le Bourg, chirurgien-dentiste vales. Quelques grands livres et ses amis, et cet orgueil, Roger tions d’étudiants qui, des places à Saint-Maur-des-Fossés, H. Maurer, professeur à l’université de 69840 Juliénas. Münster, rapporteurs, de R. Epenoy, ingé- ponctuent sa carrière : la thèse, Dragonetti le revendiquait. De la diverses où ils se trouvent, univer- nieur au CNES, de J. Gergaud, maître de tout d’abord, La Technique poé- littérature en effet, il ne s’est me- sitaires, maîtres du secondaire, survenu dans sa soixante-troisième année, le 28 octobre 2000, à Quito (Equateur). conférences à l’INPT, de P. Legendre, tique des trouvères dans la chanson suré qu’à ses grandes œuvres gardent vive cette parole athlé- – Marseille. Paris. chef de département au CNES, de J.-P. Raymond, professeur à l’université courtoise, qui paraît en 1960 et qui – Dante, Chrétien de Troyes, tique, qui proférait et qui, pour Les obsèques auront lieu le vendredi Les familles Cohen, Saada, Paul-Sabatier, examinateurs, et de fait date, l’ouvrage sur Dante, Villon, Mallarmé... –, revenant certains, inquiétait. 3 novembre, à 11 heures, au cimetière de J. Noailles, professeur à l’INPT, directeur Dante, pèlerin de la Sainte Face, en avec une passion angoissée sur parentes et alliées, La Pie, 49, boulevard du Général-Giraud, Ainsi que son compagnon, de thèse. 1968, et la série de volumes sur La ces textes essentiels. à Saint-Maur (Val-de-Marne). Jacqueline Cerquiglini-Toulet ont l’immense douleur de faire part du décès de CARNET DU MONDE Nadine COHEN, Anniversaires de décès Fax : 01-42-17-21-36 survenu le 31 octobre 2000, à l’âge de – Pour le quinzième anniversaire du Téléphone : soixante-six ans. rappel à Dieu, le 3 novembre 1985, de 01-42-17-39-80 Pierre DUC, 01-42-17-38-42 – Marie-Antoinette, Philippe, Xavier 01-42-17-29-96 et Charles Gassot, une pieuse pensée est demandée à tous e-mail: [email protected]. ses enfants, ceux qui sont restés fidèles à son souvenir. Anne-Marie, Marc, Pierre-Adrien, Elsa, Margot, Jules, Raphaëlle, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Anna GASSOT, née Anna Violette HENDERSON,

survenu le dimanche 29 octobre 2000.

Les obsèques auront lieu le samedi 4 novembre, à 15 h 30, au cimetière Professeurs d’économie, Le vrai d’Auteuil, à Paris-16e. Une messe pour célébrer sa mémoire documentalistes... aura lieu à Vaugimois, le 11 novembre, à 16 heures. ...Faites travailler vos élèves Cet avis tient lieu de faire-part. sur le supplément ECONOMIE du Monde : prix un support de cours concret –Mme Albert Lebacqz, en prise directe sur l’actualité. née Quinet, En novembre son épouse, Mme Colette Lebacqz, Conditions exceptionnelles pour vos classes ! sa sœur, a M. et Mme Emile Quinet, Pour tout renseignement : de l’école Dossier : son beau-frère et sa belle-sœur, Mme Antoine Lotthé, [email protected] Le vrai prix de l’école sa tante, Tél. : 01.42.17.37.64 - Fax. : 01.42.17.21.70 Alain et Sophie Quinet L’argent de l’école. et leurs enfants, Sylvie et Bernard Thibaud a Entretien avec Mireille Delmas- et leurs enfants, Marie-Amélie et François Desvaux de Au sommaire Marty. Marigny et leurs enfants, du numéro a Ses neveux et nièces, Exclusif : les familles dépensent Ses petits-neveux, de novembre plus pour les études des garçons. Toute la famille, Et son fidèle et dévoué entourage, a Financement des ZEP : le ont la douleur de faire part du décès de mensonge. M. Albert LEBACQZ, officier de la Légion d’honneur, Le nouveau débat fiscal a ancien journaliste parlementaire, La vache folle oubliée des ancien président-directeur général A l’approche des échéances législatives et présidentielle, que de l’Agence républicaine d’information, programmes scolaires. reste-t-il comme ligne de fracture entre la gauche et la droite survenu le 30 octobre 2000. sur le dossier symbolique des impôts ? a Diwan : l’accord historique. La cérémonie religieuse sera célébrée a le samedi 4 novembre, à 10 h 30, en Quels journaux lisent l’église Saint-Honoré-d’Eylau, 66 bis, avenue Raymond-Poincaré, à Paris-16e, les enfants ? suivie de l’inhumation au cimetière Corse : Le temps du dialogue d’Auteuil, à Paris-16e. Vingt-cinq ans après les révoltes d’Aleria, Paris a décidé, Ni fleurs ni couronnes. fin 1999, d’engager pour la première fois avec les élus corses LE MAGAZINE DES ENSEIGNANTS QUI AVANCENT « un dialogue » au grand jour. Cet avis tient lieu de faire-part. Chez votre 59, boulevard Lannes, marchand de journaux 75116 Paris. Plus : LES CLÉS DE L’INFO CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX 5, avenue Vion-Whitcomb, 12 F - 1,83 e 75016 Paris. 4 pages pour décoder l’actualité 43, rue Raffet, 75016 Paris. LeMonde Job: WMQ0311--0026-0 WAS LMQ0311-26 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0431 Lcp: 700 CMYK

26 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000

SPORTS Le championnat de avec la présence aux avant-postes deuxième place du classement, à situation est due probablement à un si inchangé et une équipe sans ve- France de football, dont la 14e jour- des clubs possédant les budgets les deux points du Paris-Saint-Germain affaiblissement du niveau du cham- dette, le LOSC – dont le budget est née débute vendredi 3 novembre par plus faibles et aussi avec les diffi- et devant Sedan, Bastia, Guingamp pionnat de France, mais aussi à la quatre fois moindre que celui du la rencontre Monaco-Lyon, présente cultés rencontrées par les « grosses et Troyes. Seul Bordeaux parvient à stabilité dont font preuve ces clubs. PSG – incarne ce retour à une concep- actuellement un visage inhabituel, écuries ». b LILLE OCCUPE ainsi la s’immiscer parmi ces « petits ». Cette b ARRIVÉ DE D2 avec un effectif qua- tion plus simple du football. La réussite du LOSC s’appuie sur la simplicité et la solidarité Lille, Sedan, Bastia, Guingamp et Troyes, qui disposent avec Auxerre des plus petits budgets du championnat de France de football, y jouent pourtant les premiers rôles. Le club nordiste, dauphin du Paris-Saint-Germain, incarne la réussite actuelle des « petits » clubs LILLE aucune star. « Nous avons opté agrandi, voire d’un nouveau de notre envoyé spécial pour une évolution en douceur de stade, est l’assurance de recettes Alors que la Commission euro- l’effectif. Notre succès tient à cela. nouvelles, mais l’édifice ne verra péenne s’apprête à chambouler le On constate aujourd’hui que toutes pas le jour avant juin 2003. système des transferts ayant les équipes qui ont beaucoup recru- « Dès que les décrets d’applica- cours dans le football profession- té connaissent des difficultés. C’est tion de la loi sur le sport le permet- nel (Le Monde daté 31 octobre), le le cas de Strasbourg, de Saint- tront, le club se transformera en so- championnat de France de pre- Etienne, de Lens, de Marseille et de ciété anonyme sportive mière division offre un paysage de Toulouse, qui évoluait en D2 avec professionnelle (SASP), dont 25 % circonstance. Après treize jour- nous la saison passée », observe des actions seront réservées aux en- nées, cinq clubs ayant peu – voire Pierre Dréossi, le directeur géné- treprises régionales », confie Pierre très peu – recruté lors de la der- ral du LOSC. Dréossi. Les propriétaires du nière période autorisée de trans- LOSC, les investisseurs Luc Dayan ferts se retrouvent en effet parmi « EN MOUILLANT LE MAILLOT » et Francis Graille, n’ont pas l’in- les sept premiers du classement. Si elle peut sembler insolente, tention de le vendre dans un Lille, 2e derrière le leader, le Paris- la réussite lilloise n’a rien d’irra- proche avenir, mais le rapproche- Saint-Germain, Sedan (3e), Bastia tionnel. Depuis que l’effectif pro- ment avec de grands groupes lo- (4e), Guingamp (5e) et Troyes (7e) fessionnel a été repris en main par caux, du type Auchan, Décathlon évoluent cette année avec des l’entraîneur franco-bosniaque Va- ou Les Trois Suisses, est très clai- équipes qui ressemblent étrange- hid Halilhodzic, en octobre 1998, rement souhaité. ment à celles qu’ils alignaient la une dynamique de groupe que saison passée. Faut-il y voir le rien ne semble pouvoir freiner RIVALITÉ RÉGIONALE fruit d’une politique concertée ? anime le LOSC. Une avalanche de Le succès aidant, Lille n’accepte Non. Ces cinq clubs sont parmi les blessures, certaines graves, aurait plus de subir la concurrence de moins fortunés du championnat. pu, en début de saison, stopper son voisin et rival, le RC Lens. C’est d’abord parce qu’ils n’ont net l’irrésistible avancée. « Il n’en Dans une région sinistrée écono- pas les moyens d’agir autrement a rien été, note Pierre Dréossi. Les miquement, le club de l’Artois a qu’ils ont fait de la stabilité de équipes qui viennent de D2 en réussi à devenir l’un des ténors du leurs effectifs un « mal néces- savent long sur la notion de solida- championnat de France. Profitant

saire ». rité. C’est avant tout en mouillant le PHILIPPE HUGUEN/AFP de la descente du LOSC en D2, L’aventure idyllique que vit le maillot que les gars ont obtenu ces Lille n’avait pas souvent fréquenté le haut du classement depuis les années 50. Mais, cette Lens a poussé l’audace jusqu’à Lille Olympique Sporting Club résultats. » saison, la nouvelle génération des Dogues a souvent l’occasion de laisser éclater sa joie. trouver des sponsors dans l’agglo- (LOSC) a tout du cas d’école. Pour La dynamique nordiste est au- mération lilloise, et a même signé son retour en division 1, après jourd’hui incarnée par deux leur professionnel à ne pas possé- lillois est l’arrière central Pascal clubs étrangers au stade Grimon- un partenariat sportif avec le club trois années passés à l’échelon in- joueurs. Le premier est le capi- der de téléphone portable. Dje- Cygan. Lui aussi formé au club, ce prez-Jooris. S’il souhaite pouvoir de Wasquehal (D2), situé à moins férieur, le club nordiste n’est qu’à taine, Djezon Boutoille. En 1997, zon Boutoille n’est qu’à moitié solide gaillard au crâne rasé conserver son défenseur, mais de 10 kilomètres de la capitale des deux points du PSG. Un écart in- lorsque le LOSC a été rétrogradé, étonné des résultats enregistrés (1,92 m, 87 kg) est la révélation de aussi les jeunes pousses de son Flandres. « Il est temps de rattra- fime quand on sait que l’équipe de ce natif de Calais a refusé les par son équipe : « La saison der- la saison. La première place que le centre de formation, finaliste de per le temps perdu, indique Pierre la capitale a investi 454 millions offres de plusieurs équipes de D1 nière, la D1 – que nous regardions LOSC occupe au classement des la dernière Coupe Gambardella, le Dréossi. Le but n’est pas de désha- de francs dans son recrutement qui souhaitaient le récupérer. De- à la télévision – ne nous semblait meilleures défenses – avec seule- LOSC sait qu’il devra, au plus vite, biller Lens pour habiller Lille. Les (dont 218 millions pour le seul Ni- puis, les travées du stade Grimon- pas si éloignée que cela de la D2. Le ment 9 buts encaissés – doit beau- « passer un cap ». Autrement dit deux clubs sont très différents et il y colas Anelka) alors que le LOSC a prez-Jooris vouent une reconnais- fait d’avoir gardé le même groupe coup à l’association qu’il forme, augmenter son budget (120 mil- a de la place pour les deux, mais le dû se contenter de 37 millions, sance éternelle à cet attaquant au et de l’avoir étoffé de joueurs qui dans l’axe, avec Johnny Ecker. lions de francs actuellement) et LOSC est redevenu un club co- soit treize fois moins. tempérament généreux, fier de sa sont tout sauf des mercenaires nous L’ascension de Pascal Cygan n’est proposer des salaires supérieurs à hérent, qui mérite qu’on s’y inté- Fort de cette somme, le club a fidélité au Nord et de son anti- a permis de continuer sur notre pas passée inaperçue : de mé- ceux en vigueur (au maximum resse. » enrôlé six joueurs « de base », conformisme qui fait de lui l’un lancée », explique-t-il. moire de ch’timi, jamais on 200 000 francs mensuels). La pro- dont deux venaient de D2, mais des rares, sinon le seul, footbal- L’autre symbole du renouveau n’avait vu autant de recruteurs de messe d’un Grimonprez-Jooris Frédéric Potet Le coût du point en championnat de France DÉPÊCHES Clubs Classement Nombre Budget Coût du point a FOOTBALL : Sochaux, leader actuel de points (en MF) (en MF) Un accord sur les transferts de joueurs pourrait être conclu du championnat de France de D2, TROYES 7e 20 90 4,5 a été éliminé par Nancy (1-0) dès le tour préliminaire de la Coupe de GUINGAMP 5e 21 100 4,7 rapidement entre Bruxelles et les instances du football la Ligue, mercredi 1er novembre. LILLE 2e 22 120 5,4 LA COMMISSION européenne a bien reçu, mardi libre concurrence et de libre circulation des travail- Trois clubs de National ont battu SEDAN 3e 22 130 5,9 31 octobre, les propositions que la Fédération interna- leurs. des équipes de D2 : le Red Star a BASTIA 4e 21 135 6,4 tionale de football (FIFA) et l’Union européenne de Las d’attendre une réponse de la part des service de dominé Lorient (5-2), Amiens a football (UEFA) devaient lui remettre dans le cadre de Mario Monti, le successeur de Karel Van Miert, le Set- écarté Le Mans (4-2 après prolon- METZ 10e 18 140 7,7 la procédure visant à modifier le système des trans- ca a donc envoyé cette « mise en demeure » qui s’ap- gation) et Valence a éliminé Beau- e AUXERRE 14 15 130 8,6 ferts des joueurs professionnels (Le Monde du 31 octo- parente à un nouvel ultimatum pour le monde du vais (2-0). Les clubs de D1 feront BORDEAUX 6e 20 260 13 bre). Toute la question est désormais de savoir football. Si, dans les deux mois qui viennent, c’est-à- leur entrée dans la compétition à LENS 11e 17 230 13,5 combien de temps sera nécessaire aux différentes par- dire d’ici au 23 décembre, la Commission n’a pas pris l’occasion des seizièmes de finale, ties pour s’entendre sur une nouvelle réglementation. de décision sur la plainte déposée par le Setca, celui-ci les 5, 6 et 7 janvier 2001. NANTES 9e 18 250 13,8 Mais les choses pourraient aller plus vite qu’on le croit. introduira un « recours en carence » auprès de la Cour a Eric Cantona a rencontré Ro- e ST-ÉTIENNE 16 14 210 15 Le 23 octobre, un syndicat belge a en effet adressé à de justice des communautés européennes, sise à bert Louis-Dreyfus, le président RENNES 13e 15 250 16,6 la Commission européenne une « mise en demeure » Luxembourg. C’est cette juridiction qui, en décembre de l’Olympique de Marseille, lundi STRASBOURG 17e 11 200 18,1 sur la base de l’article 232 du traité de Rome. Organi- 1995, avait prononcé l’arrêt Bosman. 30 octobre, afin d’évoquer une sation de tendance socialiste, le Syndicat des employés C’est également ce même tribunal qui, le 21 no- MARSEILLE 14e 15 280 18,6 possible arrivée de l’ancien joueur techniciens et cadres (Setca), affilié à la Fédération gé- vembre, entendra Tibor Balog, un footballeur hon- à l’OM en tant que manager spor- e MONACO 8 19 375 19,7 nérale des travailleurs de Belgique (FGTB), a été le grois menant croisade contre l’irrégularité du système tif, affirmait Le Parisien dans son er PARIS SG 1 24 500 20,8 premier, dès 1997, à déposer une plainte à Bruxelles des transferts (Le Monde du 31 octobre). Plutôt que de édition du mercredi 1er novembre. LYON* 12e 16 400 25 pour dénoncer le système des transferts ayant cours voir l’avenir du football dépendre d’une ou plusieurs Yves Marchand, président délégué TOULOUSE* 18e 6 250 41,6 dans le football professionnel. D’autres affaires sont décisions de justice, la FIFA et l’UEFA n’ont donc pas du club phocéen, a estimé mercre- arrivées ensuite sur le bureau du commissaire chargé d’autre choix que de s’entendre, au plus vite, avec la di qu’il ne s’agissait que d’une * Lyon et Toulouse comptent un match de retard de la concurrence, Karel Van Miert. Le 14 décembre Commission européenne. « supposition » et qu’aucun Le rapport entre les sommes investies et le nombre de points marqués varie de 1998, celui-ci adressait une « communication des contact n’avait été noué avec Eric un (4,5 millions par point pour Troyes) à neuf (41,6 millions pour Toulouse). griefs » à la FIFA pour non-respect des principes de F. P. Cantona. Il semble cependant que des bouleversements doivent in- tervenir dans les jours prochains au sein de l’état-major du club. Les difficultés d’Agen illustrent la fragilité économique des clubs de rugby français Eric Di Meco, l’actuel manager, dont les relations avec Yves Mar- ALORS QUE LE RUGBY français ont quitté le navire après avoir in- les tribunes du stade Armandie confronté à la même crise voilà DNACG impose un plafond de chand se sont détériorées ces der- a entamé, mercredi 1er novembre à jecté 6 millions de francs dans le ca- semble avoir fait son effet. deux mois et sauvé in extremis par masse salariale : celle-ci ne doit pas nières semaines, en ferait les frais. Villeneuve-d’Ascq (Nord), sa saison pital. Pourtant, sur le terrain, Pour sortir le SUA d’une situation l’intervention de l’industriel Jean- dépasser 55 % du budget de chaque internationale par la victoire de son l’équipe d’Abdel Benazzi ne démé- qui l’expose au sort réservé l’été Claude Penauille, qui a comblé un club. Entre les 55 millions de francs équipe A contre le Japon (40-23), rite pas : invaincus en Bouclier euro- dernier au Racing Club toulonnais trou de 8 millions de francs. de Toulouse, le club le plus riche, et a LOTO : résultats des tirages l’un de ses clubs les plus prestigieux, péen (la « petite » Coupe d’Europe), (rétrogradé en division 2 pour un Cet avertissement illustre la situa- les 14 millions difficilement rassem- no 88 effectués mercredi 1er no- le Sporting-Union Agen (SUA), huit les Bleu et Blanc enthousiasment le déficit estimé à 4,5 millions de tion économique précaire dans la- blés par Auch, les sommes affichées vembre. Premier tirage : 17, 24, fois champion de France, se débat public du stade Armandie. Mais voi- francs), la mairie vient de racheter le quelle évolue le rugby professionnel par les 21 équipes de l’élite oscillent 26, 32, 47, 48 ; numéro complé- pour éviter la relégation en divi- là : en recrutant à l’intersaison des stade pour 2,8 millions de francs. français. D’autres clubs d’élite, autour de 24 millions de francs. mentaire : 37. Pas de gagnant pour sion 2. Convoqués à Paris, au siège joueurs comme Christophe Lamai- Elle a également décidé de déblo- comme Auch, Périgueux ou Nar- « Il y a trois ans, la moyenne se si- 6 numéros. Rapports pour 5 nu- de la Ligue de rugby, vendredi 3 no- son ou Aubin Hueber et en prolon- quer 1 million de francs supplémen- bonne, vivent également des exer- tuait à 10 millions de francs », affirme méros et complémentaire : vembre, les dirigeants du club de geant le contrat d’Abdelatif Benazzi, taire, destiné à l’école de rugby, à cices difficiles. Le 15 septembre, la Jean-Louis Dagorne, administrateur 568 665 F (86 692 ¤) ; 5 numéros : Lot-et-Garonne doivent présenter les dirigeants agenais ont peut-être l’achat de places et à la mise à dis- Ligue a ainsi refusé d’homologuer de la Ligue de rugby. Parallèlement, 6 795 F (1 036 ¤) ; 4 numéros et au conseil supérieur de la direction surestimé leurs moyens. Le rendez- position des joueurs pour des pro- 18 licences de joueurs jusqu’à ce que le niveau des salaires croît d’environ complémentaire : 308 F (47 ¤); nationale d’aide, de contrôle et de vous de vendredi devrait permettre jets pédagogiques. Par ailleurs, le ces trois clubs justifient des recettes 20 % chaque année. Avec un budget 4 numéros : 154 F (23,50 ¤) ; 3 nu- gestion des clubs (DNACG) leur de le déterminer. conseil général devait se prononcer supplémentaires. d’environ 33 millions de francs an- méros et complémentaire : 32 F plan de retour à l’équilibre et des ex- Agen en division 2 ? La menace a jeudi sur une aide de 2 millions de noncé pour la saison 2000-2001, (4 90 ¤) ; 3 numéros : 16 F (2,45 ¤). plications quant « aux anomalies » été prise au sérieux. Supporteurs, francs. Enfin, les joueurs ont accep- PLUS DE 800 CONTRATS Agen disposait avec Montferrand de Second tirage : 5, 10, 15, 16, 23, figurant dans les bilans comptables collectivités locales et territoriales, té de réduire leurs salaires pour arri- Avec près de 800 contrats profes- la troisième plus grosse enveloppe 30 ; numéro complémentaire : 48. de la SAOS et de l’association. tout le ban et l’arrière-ban du rugby ver à une diminution de 1 million de sionnels, le rugby est désormais de l’élite. Rapports pour 6 numéros : C’est que, depuis le 11 octobre agenais se sont mobilisés afin de francs de la masse salariale du club. contraint de porter la plus grande En ramenant celle-ci à 16 clubs, 11 962 045 F (1 823 602 ¤) ; 5 numé- 2000, rien ne va plus dans l’ancien sauver le club qui – depuis près de Ces apports sont complétés par les attention à ses comptes. Les droits comme cela doit se faire pour la sai- ros et complémentaire : 72 665 F fief d’Albert Ferrasse, ex-président 90 ans et même si son dernier titre versements de nombreux suppor- télévisés, les coupes d’Europe, les son suivante, le rugby endiguera-t-il (11 078 ¤) ; 5 numéros : 3 915 F de la Fédération française de rugby remonte à 1988 – contribue avec les teurs anonymes. abonnés, la billeterie ou les partena- la dérive qui le guette ? L’alerte age- (597 ¤) ; 4 numéros et complémen- (FFR). Un déficit de 9,7 millions de célèbres pruneaux à la renommée Tout n’est pas encore complète- riats avec France Télécom et la So- naise l’invite à faire preuve de la taire : 206 F (31,40 ¤) ; 4 numéros : francs plombe les comptes du SUA, de la ville. « Le SUA ne doit pas mou- ment bouclé, mais il semble que, ciété générale génèrent environ plus grande prudence. 103 F (15,70 ¤) ; 3 numéros et à tel point que, le 20 octobre, les in- rir ! Sauvez le club ! » : la banderole pour cette fois, le SUA ait réussi à 700 millions de francs de recettes. complémentaire : 24 F (3,65 ¤); dustriels Claude et Christian Marty déployée il y a deux semaines dans sortir du rouge, à l’instar de Brive, Afin de prévenir les dérives, la Yves Bordenave 3 numéros : 12 F (1,80 ¤). LeMonde Job: WMQ0311--0028-0 WAS LMQ0311-28 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 09:01 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0432 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 AUJOURD’HUI - SCIENCES La Russie paie difficilement La Toile tente de se parfumer sa part de la station pour doper le commerce électronique spatiale internationale France Télécom expérimente la diffusion d’odeurs via Internet Intégrant le monde des senteurs à celui de fectués en France et en Californie, visent à lieux de vente traditionnels. Mais les procédés l’image et du son, Internet pourrait solliciter étendre au monde virtuel la diffusion d’arômes, et le financement de ces technologies ne sont Le premier équipage s’y installe pour quatre mois aussi l’odorat de ses utilisateurs. Des essais, ef- qui semble favoriser la consommation dans les pas encore tout à fait au point. APRÈS 48 heures passées en or- s’efforcent d’étendre cet apport ex- ORANGE ? Mandarine ? « Pam- aux Jardineries Etienne, où l’on Télécom sont encore très stéréoty- portante et de levées de fonds pro- bite, l’Américain William Shepherd térieur. Des négociations sont en plemousse ! », s’exclame Sylvie peut acheter en ligne, après avoir pées. Les enceintes fixes proposées portionnelles, Digiscents repousse et les deux Russes Youri Guidzenko cours avec Paris pour un séjour de Courcelle-Labrousse, ingénieur à humé leurs parfums, arbres frui- par le diffuseur Olfacom, volumi- de mois en mois le lancement de et Sergueï Krikalev devaient péné- l’astronaute Claudie André-Deshays France Télécom R&D, qui aimerait tiers et plantes d’agrément. Sédui- neuses, n’offrent qu’une douzaine ses produits. Son ambition – créer trer, jeudi 2 novembre en fin de ma- à bord de l’ISS en octobre 2001. bien faire de cet agrume la future sante, la rose « heure du thé » a dé- de parfums différents, tout comme l’équivalent olfactif du pianocktail tinée, dans la station spatiale inter- Mais la commercialisation des signature olfactive de l’opérateur cidément des relents trop marqués le Sniffman de la société allemande imaginé par Boris Vian dans nationale (ISS). Ce moment services en orbite s’avère difficile. Le téléphonique. De fait, une odeur de banane Tagada. Ruetz Technologie qui – problème L’Ecume des jours, dont le clavier historique, puisque les trois candidat George W. Bush n’y a fruitée émane des curieuses en- Dans le salon de l’appartement de mise au point – émet encore à crée une infinie variété de bois- hommes forment le premier équi- peut-être pas pensé quand il a an- ceintes encadrant l’écran d’ordina- du futur, on se met ensuite autour l’arrêt un léger relent. « Mais il a la sons – est peut-être excessive. page permanent de l’ISS (Le Monde noncé – dans une intervieuw au teur où elle vient de cliquer sur une du cou une sorte de baladeur, le capacité de contenir 64 odeurs dif- Le principe consiste à disposer du 1er novembre), est un peu assom- journal Space.com – son intention page intitulée « France Télécom Sniffman, pour regarder sur écran férentes, et pourra en diffuser jus- chez l’internaute un boîtier, l’iS- bri par quelques interrogations sur de transférer la gestion de l’ISS à parfume le Web ». plat les programmes d’Olfi, la qu’à 200 d’ici un an », promet mell, branché à l’ordinateur par un l’avenir de la station. une entité non gouvernementale. Ce site, encore expérimental, est « chaîne interactive odorante ». On Bernd Gnewikow, de Ruetz Traffic port USB, et capable de diffuser Ainsi, Valeri Rioumine, respon- Pour sa part, André Lebeau, ancien consultable dans l’appartement in- peut jouer avec Fragman, qui dans Systems. jusqu’à 200 senteurs individuelles, sable de la société Energuia qui fa- président du CNES, est formel. La teractif qui sert de laboratoire son labyrinthe dévore des fraises ou une composition de certaines brique les modules russes de l’ISS et principale justification de l’ISS est d’étude des « interactions hu- parfumées, avant d’être interrom- de ces odeurs. Le tout étant mis en les vaisseaux Progress et Soyouz qui politico-économique : consolider les maines » à France Télécom sur son pu par la publicité pour la ligne de Les créateurs de site action à l’aide d’algorithmes ap- la desservent, a profité du départ relations avec la Russie et, pour les centre de recherches de Rennes. Il soins Mentha qui, comme son nom propriés, envoyés par l’intermé- des trois hommes pour rappeler ses industries concernées, « engranger invite d’abord à visiter une galerie l’indique, sent la menthe « givrée ». ou de jeux vidéo diaire de la Toile. Depuis des dé- problèmes financiers. « Si les dépu- des contrats financés par de l’argent marchande où sont vendus des vê- La météo aussi peut être lue d’une cennies, les parfumeurs rêvent de tés ne votent pas une augmentation public », rappelle-t-il dans une tri- tements d’enfants qui fleurent bon inspiration : s’il fait beau, la fleur pourraient disposer d’un tel orgue à parfum, du budget consacré au secteur spa- bune publiée par la revue La Re- l’herbe coupée ou la cannelle. C’est séchée viendra chatouiller vos na- pour improviser des fragrances sur tial, nous ne pourrons plus continuer cherche de novembre. Scientifique- ensuite un parfumeur parisien qui rines, mais si la pluie s’annonce, ce concevoir avec l’air du temps. Sans succès jus- à participer au projet dès avril pro- ment parlant, ajoute-t-il, ce décline sur des papiers de soie vir- sera l’herbe coupée. On peut aussi qu’ici. Notamment parce que les chain », a-t-il déclaré. La participa- programme représentant « environ tuels la rose, le cédrat et la violette, envoyer un courrier électronique des parfumeurs parfums sont composés de li- tion de Moscou à l’ISS exige un bud- trois cents fois le coût du synchrotron qui composent son « Air de Paris ». parfumé à la rose à sa maman pour quides, de solides, de poudres et get annuel de 4 milliards de dollars, Soleil » est « inutile pour ce qui est es- « On est un peu simplificateur », re- sa fête, ou s’annoncer à un inter- des « puces » d’huiles essentielles, dont l’al- dont 3,5 milliards sont financés par sentiel, utilisable pour ce qui est ac- connaît Sylvie Courcelle-La- locuteur en diffusant chez lui sa chimie est fort complexe. L’harmo- le revenu de projets commerciaux, cessoire ». brousse, rappelant qu’un parfum propre odeur. odorantes nie des mélanges tient avant tout à essentiellement russo-américains. peut comprendre jusqu’à 200 Les fragrances diffusées par les l’expérience des « nez », ces spé- Les responsables du spatial russe J.-P. D. et H. M. composants. La balade se poursuit deux prototypes testés par France cialistes dont le savoir ne peut être Alors qu’Olfacom utilise de petits mis en équation d’un tour de main. ventilateurs pour diffuser ses par- L’approche suivie par France Té- fums, le Sniffman, commandé par lécom R&D est plus modeste, mais radio, vaporise de microscopiques peut-être plus réaliste : les parfums gouttelettes de solution parfumée. diffusés chez l’internaute auront Le coût du Sniffman est estimé à été créés en amont, et non synthé- une centaine d’euros (700 francs), tisés chez lui. A charge pour les celui de sa recharge, une palette créateurs de site ou de jeux vidéo « microencapsulée », utilisable de s’entendre avec les parfumeurs 2 000 fois, pouvant être de 0,25 eu- pour concevoir des « puces » odo- ro (1,50 franc). Les deux dispositifs rantes spécialisées – huile et caout- sont pilotés par un algorithme qui chouc brûlé pour les courses de a fait l’objet d’une demande de voiture par exemple. On peut aussi brevet de France Télécom. imaginer que les annonceurs publi- L’intérêt pour l’opérateur est de citaires proposent, incluses dans tenter d’ajouter un sens à ceux déjà des magazines, des recharges gra- sollicités par Internet. La vue et tuites vantant les mérites de leurs l’ouïe l’étaient dès l’origine, puis produits. « Le business model n’est est arrivé le toucher, par l’intermé- pas encore totalement défini », as- diaire de souris tactiles, qui vibrent sure-t-on chez France Télécom, ou résistent lorsqu’on déplace le dont la direction de l’innovation et curseur sur des pages program- la branche entreprise planchent mées à cet effet. L’idée d’adjoindre aussi sur le sujet. l’odorat à la panoplie audiovisuelle Car il s’agit avant tout de mar- n’est pas nouvelle. En 1981, le ci- keting. En 1995, une étude a mon- néaste John Waters s’y était frotté tré que la diffusion d’une odeur en proposant aux spectateurs de dans un casino entraînait une aug- son film Polyester de gratter une mentation de 45 % des sommes mi- carte de dix odeurs au cours de la sées, assure France Télécom, qui a projection. Rose, pizza, intérieur flairé là « le must du e-commerce ». de voiture neuve et effluves plus L’opérateur cite à l’appui d’autres scatologiques étaient au pro- travaux montrant que des bou- gramme de cette œuvre aussi expé- tiques parfumées voient leur fré- rimentale que sans lendemain. quentation et le temps de séjour Deux créateurs de start-up cali- augmenter de 16 %, ce qui occa- forniens ont relancé la course à sionnerait une hausse des ventes l’odorama en créant, début 1999, la de 6 à 20 %. Des chiffres promet- société Digiscents, prétendant être teurs, mais qui restent à vérifier en mesure de diffuser via Internet dans l’univers virtuel. une infinité de senteurs. En dépit d’une couverture médiatique im- H. M.

TROIS QUESTIONS À... remment selon l’état alimentaire du consommateur. Il faut aussi ANDRÉ HOLLEY compter avec la grande variabilité des individus. Si bien qu’on ne En tant que directeur du Centre peut pas attendre des effets glo- 1 européen des sciences du goût baux, précisément reproductibles. de Dijon et spécialiste de l’odorat, que pensez-vous de l’idée de dif- Certains espèrent pourtant fuser des odeurs via Internet ? 3 pouvoir modifier le comporte- Réaliser et diffuser un mélange ment des internautes... olfactif agréable ne pose pas de Sur cette question de l’influence, problème en soi. Mais, d’une ma- on est loin d’avoir tout défriché. nière générale, on note une réti- Les études conduites par des labo- cence des individus à se voir impo- ratoires indépendants sont rares, ser un environnement olfactif. et les résultats ne sont pas forcé- Notamment si l’on prétend repro- ment publiés. Je ferai cependant le duire un arôme ou une senteur na- pari qu’il existe bien une influence turels, car le système olfactif, très discrète, inconsciente, de certaines attentif aux petites variations, odeurs. Dans mon ancien labora- pourra détecter la moindre touche toire, à Lyon, nous avions testé artificielle, et susciter un phéno- l’appréciation portée sur des vi- mène de rejet. Certains peuvent sages féminins selon qu’ils étaient être gênés par une légère modifi- accompagnés ou non d’un parfum. cation, car, dans le domaine des L’effet variait si l’on demandait de arômes et des aliments, ce qui est noter ces visages en termes d’intel- nouveau est perçu comme poten- ligence, de sociabilité ou de domi- tiellement dangereux : c’est une nance, mais il existait même si le procédure de défense contre l’in- sujet n’avait pas conscience de la toxication profondément ancrée présence d’un parfum. Un confrère chez l’être humain. hollandais a fait le même constat en demandant à des sujets d’asso- La diffusion d’odeurs pourrait cier des parfums à différentes 2 donc être contre-productive ? pièces d’un appartement qu’ils ve- L’appréciation dépend souvent naient de visiter. Ils choisissaient de de l’expérience individuelle, et une préférence les parfums qui avaient odeur pourra être associée in- été diffusés à leur insu dans les consciemment à un souvenir anté- pièces en question. Mais l’inter- rieur, positif ou non. Selon les naute, lui, sera conscient de la dif- heures de la journée, certaines fusion des odeurs. odeurs seront plus ou moins in- congrues. C’est le cas des arômes Propos recueillis par de pâtisseries, qui passeront diffé- Hervé Morin LeMonde Job: WMQ0311--0029-0 WAS LMQ0311-29 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 09:01 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 38Fap: 100 No: 0433 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI - MODES DE VIE LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 29 La maison en bois investit la cité Soucieuse d’écologie, une clientèle aisée trouve dans les qualités de ce matériau noble et chaleureux une compensation au stress du travail et du milieu urbain DE PRIME abord, la maison de Etats-Unis et au Canada, 90 % des Marc Lafagne ne se distingue en maisons individuelles ont une os- rien de celles qui l’environnent. sature bois, 95 % dans les pays Dans cette rue d’Ivry-sur-Seine scandinaves. Mais, si l’on en croit (Val-de-Marne), une proche ban- une récente étude menée auprès lieue du sud-est de Paris, des fa- des constructeurs, la demande po- çades aux crépis sans charme sont tentielle serait en France de 25 %. alignées dans une lassante mono- Un chiffre qui ne semble pas tonie. Pourtant, une fois franchi un surestimé lorsqu’un sondage Ipsos banal portail, c’est une superbe de 1997 révèle que le bois est le maison en bois que découvre le vi- matériau préféré de 57 % des siteur ébahi. Architecte, Marc La- Français, le verre recueillant 17 % fagne l’a construite en 1994 pour des suffrages, la pierre 16 % et le

son beau-père haut fonctionnaire, béton 3 %. ARCHITECTE : BRUNO FUCHS/TOTEM avant de finalement l’habiter. Cent Maison de 160 m2 à Villeparisis (Seine-et-Marne). Façade en proue de navire. Red cedar non raboté et mur en brique. vingt mètres carrés de red cedar, VERTUS NATURELLES un arbre haut de gamme qui Vivant lui-même dans le bois, « pour fabriquer une structure mé- la planche à la pierre. D’autant tance. « Notre clientèle est d’abord garder à la dépense », analyse Bru-

pousse dans le Nord-Ouest améri- Marc Lafagne ne s’en étonne pas. tallique, il faudra rejeter du CO2 plus que les bois de construction composée de gens exigeants, culti- no Fuchs. D’accord avec lui, Isabel cain, percés de larges baies vitrées Comme d’autres propriétaires qui dans l’atmosphère, alors que le bois les plus courants (sapin, épicéa, vés, qui veulent une maison singu- Jacquinot ajoute : « Des gens qui donnent sur une petite cour, au ont fait le même choix, il lui trouve prélevé peut être replanté et, lui, le etc.) subissent, comme le note lière. Une maison qui sera la leur et veulent vivre l’aventure complète

beau milieu d’un environnement des qualités supérieures à toutes CO2, il l’absorbe ». Marc Lafagne, « des traitements qui ne ressemblera à aucune avec leur architecte. Ils ne veulent sans grand intérêt esthétique. les maçonneries : « Le bois est cha- Pourtant le respect de l’environ- pas très écolos », à base de sel de autre », affirme Bruno Fuchs. pas d’une maison toute faite et ar- « C’est souvent dans les dents leureux, doux et vivant. En outre, les nement n’est pas la seule motiva- cuivre ou d’arsenic, afin d’acquérir Le bois est onéreux : par rapport rivent souvent avec une idée précise creuses du tissu urbain que nous maisons construites dans ce maté- tion des propriétaires qui préfèrent les nécessaires qualités de résis- à une maison de maçon, le surcoût de ce qu’ils souhaitent. » construisons nos maisons en bois », riau sont saines, très peu humides et est d’environ 25 %. Un dépasse- remarque Bruno Fuchs, un autre possèdent une acoustique vraiment ment que compense cependant, NON-CONFORMISME architecte qui, en huit ans, a déjà à sympathique. Le bois absorbe le Un matériau solide et sain selon les professionnels, le gain de « Une clientèle en or, des gens qui son actif une quarantaine de réali- bruit. » Incontestablement, ces surface lié aux qualités spécifiques ont une véritable culture architectu- sations en région parisienne. Le vertus naturelles constituent l’élé- Le bois est un formidable matériau de construction, naturel et renouve- du matériau (moins épaisses que la rale et qui sont documentés », opine plus souvent planqué dans les ban- ment déterminant d’un choix qui lable. Il ne contient pas de substances toxiques, il est électriquement neutre, pierre, les planches permettent Marc Lafagne. Soucieux d’autono- lieues, l’habitat en bois, en ville, n’est encore pas si courant. C’est, hygroscopique (il absorbe et rejette l’humidité), et c’est un faible conducteur une meilleure occupation du ter- mie, souhaitant un habitat adapté sort discrètement de la confiden- comme le dit Isabel Jacquinot, di- thermique. Autrement dit, contrairement au fantasme commun, il résiste rain, 10 à 15 % de surface supplé- à ses besoins, confortable mais tialité. Autrefois confiné dans le plômée de l’Ecole spéciale d’archi- parfaitement bien au feu et protège sans doute mieux que la pierre des tem- mentaire) ainsi qu’une isolation aussi raffiné et singulier, l’homme folklore montagnard du chalet où tecture du boulevard Raspail, à Pa- pératures extrêmes, chaudes ou froides. Champion toutes catégories pour le thermique qui permet, au long du bois veut rompre une bonne le luxe des villas très chic du golfe ris, dix ans de métier, familière de rapport poids/résistance, le bois supporte, mieux que la pierre, les chocs, les cours, des économies de chauf- fois pour toutes avec un néoli- de Sperone (Corse-du-Sud), le bois la structure bois depuis sept ans, déformations ou les agressions chimiques. En outre, il est facile à travailler, fage. Mais la « clientèle bois » est thique trop souvent coulé dans le semble devoir trouver sa place au- « l’aspect écologique qui est souvent quel que soit le système constructif adopté : l’ossature bois, les poteaux- généralement aisée, composée de béton. « Nos clients sont le plus trement que comme élément de mis en avant par les clients ». Ils poutres ou le bois massif, des techniques qui remontent au Moyen Age et cadres supérieurs et de membres souvent des gens hyperactifs profes- décoration. Alors qu’en 1997 il n’ont pas tort. Rédacteur en chef n’ont guère varié, malgré l’apport de matériaux modernes (les panneaux à des professions libérales. « Ce sont sionnellement. Avec le bois, ils se res- n’entrait que pour 3 % dans le mar- de Maison & Bois international, un base de bois, les clous, le lamellé-collé). De façon générale, les architectes es- des gens plutôt jeunes, entre 35 et sourcent, tant il est vrai que c’est un ché des matériaux de construction, magazine mensuel qui tire à timent qu’il faut moitié moins de temps, à surface égale, pour construire une 45 ans, qui sans être très riches ont matériau qui autorise le cocooning. sa part est désormais de 5 %. 50 000 exemplaires, Christophe « maison bois » plutôt que son homologue en maçonnerie. cependant des moyens financiers La maison en bois évoque les va- C’est encore bien peu. Aux Faure remarque justement que leur permettant de ne pas trop re- cances, la rupture avec le stress du travail », explique Bruno Fuchs. Il faut encore une certaine dose de non-conformisme pour opter en faveur du bois. Ainsi des élus municipaux, maîtres de l’occupa- tion des sols, refusent régulière- ment les audaces architecturales de concepteurs comme Bruno Fuchs ou Isabel Jacquinot. Dans un pays latin où la pierre reste un re- fuge pour l’épargne, la valeur pa- trimoniale par excellence, la rési- ARCHITECTE : ISABEL JACQUINOT dence principale en bois fait toujours un peu peur. Sur pilotis Ci-dessus : maison de 175 m2 à Orgeval (Yvelines) : ou non, elle correspond, selon bardage en red cedar, couverture zinc. L’intérieur Marc Lafagne, à « l’idée qu’on peut cultive la métaphore maritime : hublots, passerelle. pérenniser quelque chose sans A droite, le couloir menant à la chambre des enfants. complètement s’enraciner ». L’ap- pel au nomadisme, même bien Ci-contre : maison de 180m2 à Montlignon tempéré, continue toujours d’in- (Val-d’Oise). Rez-de-chaussée traditionnel, étage quiéter. en bois (red cedar non raboté). La terrasse en bois

ARCHITECTE : BRUNO FUCHS/TOTEM assure la continuité des espaces. M. Cy

TROIS QUESTIONS À... exotiques), contribue à l’appau- vrissement des forêts ? La petite mélodie des demeures scandinaves CHRISTOPHE FAURE Il est indéniable que la vogue des maisons en bois surfe sur la STOCKHOLM s’est incurvé sous une fenêtre. Dans la trionales, leur joua un mauvais tour lorsque le Rédacteur en chef de la revue vague écologique. Mais, en de notre correspondant chambre de l’un des trois enfants, à l’étage, cours du pétrole grimpa en flèche. En outre, les 1 Maison & Bois international, France du moins, les matériaux Dans certains quartiers de Bromma, calme c’est le plafond qui, avec les années, se déplace, immenses forêts nordiques constituent, pour pensez-vous que le bois comme utilisés sont rarement des bois banlieue résidentielle de Stockholm, le visiteur donnant à un pilier un petit air de tour de Pise. l’industrie du bâtiment, un réservoir de ma- matériau de construction ait un exotiques. De surcroît, les aura bien du mal à trouver un immeuble ou un Les changements de climat s’accompagnent de tière première qui n’est pas près de se tarir. avenir en France ? constructeurs adoptent de plus pavillon en brique ou en béton. Ici, comme ail- craquements dans les murs et le plancher ex- Le gros inconvénient d’une maison en bois, Si je m’en tenais aux chiffres, en plus des labels qui té- leurs en Europe du Nord, la maison en bois est prime sa propre mélodie. « On ne peut pas se sous ces latitudes, c’est son entretien. Sa fa- je ne dirais pas que le bois a le moignent du respect de l’envi- reine. Celle de Lena, une fonctionnaire en dis- cacher ici, note Lena : on se fait tout de suite re- çade extérieure doit être grattée et repeinte vent en poupe en France. Alors ronnement. Ainsi, Lapeyre a ponibilité, se dresse le long d’une ruelle tran- pérer au bruit. L’escalier est le plus sensible. » tous les dix à quinze ans, voire plus côté sud. qu’il est le matériau le plus utili- adhéré au Forest Stewardship quille et aérée. « Je préfère les maisons en Une corvée qui mobilise tous les bras de la fa- sé dans le monde, du cercle po- Council, qui milite pour une ex- brique, fait-elle remarquer avec une pointe PEINTURE DES PAUVRES mille, pendant deux ou trois semaines, l’été... si laire jusqu’aux tropiques, seule- ploitation contrôlée des forêts. d’ironie, étant donné que je suis originaire de Résider dans une bâtisse en bois est à la la météo le veut bien. « C’est un sujet de conver- ment 5 % des maisons Aux Etats-Unis et au Canada, l’extrémité sud de la Suède, où elles sont plus mode aujourd’hui en Suède, autant que cela sation entre voisins une fois le printemps venu : individuelles neuves, chez nous, d’où provient le red cedar, l’une nombreuses que dans le reste du pays, à cause de puisse l’être dans un pays qui – avec la Nor- on s’échange des conseils pratiques », raconte sont en bois. Cependant ces des essences les plus recher- l’influence du Danemark voisin et de l’absence vège et la Finlande – est le paradis des ama- Lena. Elle et son mari ont choisi d’adopter le chiffres bruts peuvent être trom- chées, les défenseurs de l’envi- de grandes forêts dans cette région. » En s’ins- teurs de ce type d’habitat. « Environ 80 % des « rouge de Falun », une teinte composée à par- peurs. D’abord, le bois, matériau ronnement se sont mobilisés, au tallant dans la capitale suédoise, cette jeune maisons individuelles qui se construisent en ce tir de pigments provenant de la mine de cuivre noble, chaleureux et écologique, point que le coût de ce bois le quadragénaire s’est toutefois adaptée au bois moment ont une façade en bois », indique An- de la commune éponyme, au centre du pays. jouit d’un regain de faveur dans rend désormais quasiment prohi- sans difficulté. « On a le sentiment, dans une ders Berg, expert à la Fédération suédoise des Peinture des pauvres il y a quelques siècles, l’aménagement intérieur. On bitif pour les Européens. maison comme ça, qu’elle respire, qu’elle est en fabricants de maisons en bois. Le choc pétro- parce que la moins chère, elle est aujourd’hui constate ainsi un redémarrage bonne santé, en harmonie avec la nature », lier des années 70 a redonné de la vigueur à ce la plus populaire du royaume. A tel point que des parquets, bien plus sains que Le prix du bois est-il le princi- constate-t-elle. secteur, après une percée, après guerre, des les petites maisons rouges figurent parmi les les moquettes, à un moment où 3 pal obstacle au développe- Après neuf ans passés sur place, Lena re- immeubles en brique ou en pierre, considérés symboles de l’identité suédoise. s’exprime la préoccupation des ment de ces constructions en ef- marque toutefois que sa demeure, construite alors comme plus modernes. La difficile isola- acariens. fet plus onéreuses que celles en en 1923, « bouge ». Un pan de mur intérieur tion de ces derniers, sous ces latitudes septen- Antoine Jacob Ensuite, de façon plus globale, pierre ? l’ossature bois comme principe Non, d’autant plus que les bois constructif (et non plus seule- chauffés ou rétifiés acquièrent ment esthétique) est en train de les mêmes qualités que le teck conquérir de nouveaux adeptes. ou d’autres bois imputrescibles Il y a une grosse attente, notam- et dont les dimensions ne varient ment sur le marché de la rési- pas. C’est plutôt dans les retards dence secondaire. La maison en accumulés par une filière qui a bois s’inscrit discrètement mais beaucoup de mal à s’industriali- sûrement dans le paysage, y ser, dont les entreprises restent compris dans le milieu urbain. artisanales et dispersées, qu’il faut chercher les causes de cet N’y a-t-il pas un paradoxe de incroyable déficit du bois dans 2 la maison en bois, écologi- notre construction immobilière. quement correcte en apparence, mais qui, du fait des matériaux Propos recueillis par utilisés (notamment des bois Marc Coutty LeMonde Job: WMQ0311--0030-0 WAS LMQ0311-30 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 38Fap: 100 No: 0434 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 AUJOURD’HUI ------(Publicité) Temps agité 03 NOVEMBRE 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. La vaste zone dé- Ils donneront des averses avec de vers 12h00 pressionnaire demeure sur le la neige sur le relief à partir de nord de l’Europe. Une perturba- 1 300 mètres. Le thermomètre in- Peu tion active traverse le pays. Elle diquera entre 9 et 13 degrés. Belfast nuageux concernera encore la Corse et les Poitou-Charentes, Aquitaine, Liverpool Dublin Alpes du Sud. Le temps sera en- Midi-Pyrénées. – Le temps sera Varsovie Kiev core très agité, avec des averses très agité avec des nuages et des Amsterdam Berlin Brèves sur l’ensemble du pays. averses. Il neigera sur le relief à éclaircies Bretagne, pays de Loire, partir de 1 300 mètres. Les tempé- Londres 5 o Bruxelles Basse-Normandie. – Le temps ratures seront comprises entre 12 0 reste agité avec des nuages, des et 14 degrés. Le vent d’ouest at- Couvert éclaircies et des averses, surtout teindra 90 km/h sur le Pays Paris Strasbourg Vienne près des côtes. Les températures basque. Budapest Brume seront comprises entre 11 et Limousin, Auvergne, Rhône- Nantes Berne brouillard 14 degrés. Le vent d’ouest sera Alpes. – Le ciel sera très chao- Bucarest modéré. tique avec des averses fréquentes Lyon Milan Nord-Picardie, Ile-de-France, sous forme de neige au-dessus de Belgrade Sofia Averses Centre, Haute-Normandie, Ar- 1 300 mètres. Les températures Toulouse Istanbul dennes. – Le ciel est partagé seront de l’ordre de 9 à 13 degrés. entre nuages et éclaircies avec des Languedoc-Roussillon, Pro- Rome Pluie averses plus nombreuses près des vence-Alpes-Côte d’Azur, Barcelone Naples côtes de la Manche. Les tempéra- Corse. – Sur la Corse et le sud des 40 o Madrid tures seront fraîches, entre 10 et Alpes, le temps sera maussade Lisbonne Athènes Orages 11 degrés. Le vent d’ouest sera avec de la pluie soutenue par mo- modéré en Manche. ments et des orages. Sur les Séville Champagne, Lorraine, Alsace, autres régions, le ciel restera nua- Tunis Neige Bourgogne, Franche-Comté. – geux avec quelques pluies. La tra- Alger Les nuages seront nombreux en- montane et le vent d’ouest sur la trecoupés de quelques éclaircies. Corse atteindront 80 à 90 km/h. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 03 NOVEMBRE 2000 PAPEETE 24/29 P KIEV 10/11 C VENISE 12/16 P LE CAIRE 16/25 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/30 P LISBONNE 11/14 S VIENNE 9/16 C NAIROBI 16/29 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 21/26 S LIVERPOOL 7/10 S AMÉRIQUES PRETORIA 16/19 P C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 6/11 S BRASILIA 18/29 S RABAT 11/19 C AMSTERDAM 7/10 P LUXEMBOURG 5/8 S BUENOS AIR. 13/25 S TUNIS 15/26 S FRANCE métropole NANCY 7/11 C ATHENES 16/22 S MADRID 4/12 S CARACAS 24/27 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 14/19 P NANTES 7/12 S BARCELONE 9/16 S MILAN 12/15 P CHICAGO 7/15 S BANGKOK 20/29 S BIARRITZ 10/13 P NICE 12/18 N BELFAST 5/9 C MOSCOU 8/9 C LIMA 14/20 S BEYROUTH 18/23 S BORDEAUX 9/12 P PARIS 7/10 S BELGRADE 6/18 S MUNICH 6/9 P LOS ANGELES 15/19 S BOMBAY 24/33 S BOURGES 6/11 S PAU 7/11 N BERLIN 8/10 C NAPLES 15/21 C MEXICO 10/22 S DJAKARTA 28/30 P BREST 6/10 N PERPIGNAN 11/15 N BERNE 6/9 P OSLO 4/9 P MONTREAL -2/12 S DUBAI 24/33 S CAEN 9/12 P RENNES 6/12 S BRUXELLES 6/9 S PALMA DE M. 12/20 P NEW YORK 9/18 S HANOI 13/26 S CHERBOURG 7/10 P ST-ETIENNE 7/14 P BUCAREST 5/19 S PRAGUE 5/11 C SAN FRANCIS. 11/17 S HONGKONG 16/25 S CLERMONT-F. 7/13 N STRASBOURG 8/12 C BUDAPEST 8/17 S ROME 16/22 S SANTIAGO/CHI 11/18 S JERUSALEM 15/24 S DIJON 7/11 N TOULOUSE 9/13 N COPENHAGUE 8/11 C SEVILLE 11/18 S TORONTO 6/16 S NEW DEHLI 16/31 S GRENOBLE 6/12 P TOURS 6/10 S DUBLIN 5/8 S SOFIA 8/16 S WASHINGTON 5/22 S PEKIN 7/17 C LILLE 7/10 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 7/9 C ST-PETERSB. 5/8 C AFRIQUE SEOUL 8/16 S LIMOGES 6/9 P CAYENNE 23/34 S GENEVE 8/12 P STOCKHOLM 5/9 C ALGER 15/24 S SINGAPOUR 26/31 P LYON 8/13 N FORT-DE-FR. 24/29 P HELSINKI 5/7 S TENERIFE 15/20 C DAKAR 24/29 S SYDNEY 17/22 P MARSEILLE 11/16 N NOUMEA 21/26 S ISTANBUL 15/19 S VARSOVIE 4/14 S KINSHASA 23/26 P TOKYO 16/19 C Situation le 2 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 4 novembre à 0 heure TU

VENTES DÉPÊCHES a Louvre des antiquaires : les Chefs-d’œuvre de l’impressionnisme en vente à New York deux cent cinquante antiquaires de ce groupement parisien ont désormais leur site Internet, où EN CRISE pendant près de dix Parmi les peintures de toutes Dans ce bouquet d’enchères, en lui prenant de nombreuses pauvre. Peint en 1880, Jeune fille l’on peut rechercher des objets à ans, le marché de l’art entre enfin époques, les plus recherchées et qui est aussi une compétition toiles, dont plusieurs de la dans un jardin révèle la maîtrise vendre par spécialité. dans une période faste. Le baro- de loin les plus chères demeurent entre les auctionners, c’est peut- période bleue qui n’avait jamais du peintre pour le style impres- Les particuliers peuvent aussi mètre des ventes aux enchères, celles de la période impression- être Christie’s qui obtiendra la intéressé personne jusqu’alors. Pi- sionniste, qui révolutionne l’his- proposer des pièces à vendre en qui joue un peu le même rôle que niste. Pour les vendre, l’endroit le palme du plus haut prix avec casso n’oubliera pas cette re- toire de l’art depuis les an- allant sur un site partenaire, la Bourse pour la finance, donne mieux placé est la ville de New Femme aux bras croisés, un magni- connaissance de son génie, et nées 1870. Dans cette www.artface.com. actuellement tous les indices fa- York, véritable vivier de milliar- fique tableau de la période bleue l’amitié qu’il porta à Gertrude ne composition lumineuse, l’arrière- Louvre des antiquaires, 2, place vorables aux transactions : abon- daires pour lesquels les grandes de Picasso acheté par l’écrivain s’est jamais démentie. Cette plan, fait de taches colorées, re- du Palais-Royal, 75001 Paris, dance de pièces de haut niveau maisons de ventes organisent la Gertrude Stein en 1905. Peint vers œuvre historique, une des rares présente un jardin presque abs- www.louvre-antiquaires.com. dans toutes les spécialités, estima- semaine prochaine une série de 1901-1902, il remonte à la jeunesse de cette importance à rester en- trait où se détache la silhouette a Thankas anciens : peintures tions le plus souvent dépassées, vacations : Philip’s le lundi 6 no- du peintre (1881-1973). Encore core en main privée, a été estimée d’une jeune femme lisant, traitée religieuses tibétaines et népa- voire pulvérisées, taux d’invendus vembre, Christie’s le mercredi 8 et dans une situation matérielle dif- entre 20 et 25 millions de dollars elle aussi en touches colorées laises, les Thankas représentent très bas. Les tableaux restent les Sotheby’s les jeudi 9 et vendredi ficile malgré ses succès critiques, il et obtiendra sans doute un prix dont l’imprécision même renforce des divinités bouddhiques aux œuvres d’art préférées des ama- 10 novembre. Elles seront consa- vit à Montmartre. Quand Ger- record. les « impressions » communi- formes les plus diverses. Un en- teurs du monde entier, devant les crées aux géants du siècle : Manet, trude Stein lui rend visite, immé- Avec un Manet annoncé entre quées par cette œuvre. semble daté du XVIe au sculptures, les meubles, les objets Monet, Cézanne, Degas, Renoir, diatement acquise à son art, elle le 20 et 30 millions de dollars, Sothe- Christie’s et Sotheby’s sont ta- XIXe siècle est exposé jusqu’au d’art et de collection. Picasso, Modigliani, Matisse, etc. sort définitivement de la misère by’s ne fait pas figure de parent lonnés depuis mai dernier par la 24 novembre à la galerie Toit du maison anglaise Philip’s, qui orga- monde. nise désormais des ventes de Toit du monde, 6, rue Visconti, Calendrier b Rennes, du 4 novembre au 5 novembre, au 5 novembre, tél. : 05-56-81-33-02. même niveau. Son ensemble im- 75006 Paris. Tél. 01-43-54-27-05. tél. : 02-43-86-66-25. b Avignon, jouets, du 4 novembre pressionniste offre, entre autres, a Art Cologne : c’est la 34e édi- ANTIQUITÉS-BROCANTE b Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie), au 5 novembre, tél. : 04-90-62-69-65. un paysage de Cézanne, La Côte tion de cette foire internationale b Montignac (Dordogne), du vendredi du 4 novembre au 5 novembre, b Lattes (Hérault), minéraux et fossiles, du galet, à Pontoise (8-10 millions d’art moderne et contemporain 3 novembre au dimanche 5 novembre, tél. : 04-74-69-79-04. du 4 novembre au 5 novembre, de dollars), réalisé vers 1879-1881. qui est une des plus importantes tél. : 05-57-43-97-93. b Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines), du tél. : 04-67-50-66-36. En jouant sur les perspectives et d’Europe. Deux cent cinquante b Tours, du 3 novembre au 5 novembre, 4 novembre au 5 novembre, tél. : 02-37-43-58-14. b Nancy, jouets anciens, du 4 novembr les oppositions de ton, appliquant exposants y proposent tous les tél. : 02-99-50-74-19. b Pierre-Buffière (Haute-Vienne), du e au 5 novembre, tél. : 03-83-86-24-80. ses couleurs au couteau à certains grands classiques du XXe siècle et b Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier), du samedi 4 novembre au 5 novembre, tél. : 05-55-05-74-52. b Pontivy (Morbihan), livres, du 4 novembre endroits, Cézanne crée une sorte de l’art contemporain, avec une 4 novembre au dimanche 5 novembre, au 5 novembre, tél. : 02-97-25-39-06. d’unité entre les parties figura- large place réservée aux jeunes tél. : 03-86-59-05-14. COLLECTIONS b Lesquin (Nord), chemin de fer, du 4 novembre tives, bien lisibles, et un fouillis artistes. b Aubigny-sur-Nère (Cher), du 4 novembre b Surgères (Charente-Maritime), minéraux au 5 novembre, tél. : 03-20-92-96-77. d’arbres et de bosquets, là encore Parc des expositions de Cologne, au 5 novembre, tél. : 02-48-26-97-34. et fossiles, du samedi 4 novembre au dimanche b Courrières (Pas-de-Calais), disques et jouets, presque abstrait. du 5 au 12 novembre, tous les b Toulouse, du samedi 4 novembre au dimanche 5 novembre, tél. : 05-46-07-06-84. du 4 novembre au 5 novembre, jours de 11 heures à 19 heures. 12 novembre, tél. : 05-61-21-93-25. b Bordeaux, disques et BD, du 4 novembre tél. : 03-21-49-67-98. Catherine Bedel Entrée : 20 DM.

Retrouvez nos grilles o MOTS CROISÉS PROBLÈME N 00 - 263 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 194 En collaboration avec

Personnel. – 8. Tous les moyens sont bons pour le faire parler. Un bon moyen pour faire silence. – 9. La plus grande Article. Faire tomber les fruits. – 10. Stabilise le vol. Préposition. – 11. Fait parler d’elle depuis son enlève- donation ment. Gardienne de la paix. – 12. Mouvements dans les clubs. du siècle ! Philippe Dupuis PLUS DE CENT œuvres d’art vont entrer, au terme de l’usufruit, dans les collections publiques fran- SOLUTION DU No 00 - 262 çaises grâce à la générosité d’un Vihelm donateur qui souhaite rester ano- Hammershoï HORIZONTALEMENT nyme. Signées Chardin, Manet, « Intérieur, I. Avant-dernier. – II. Pilori. Degas, Cézanne, Monet, Seurat, (Standgade), Halte. – III. Economies. Av. – IV. Bonnard, Vuillard, Matisse, de 30 mars 1904 ». Ses. Pentacle. – V. Alêne. Ee. Bol. Staël, Giacometti ou Tal Coat, elles Huile sur toile, – VI. Na. Asexué. Na. – VII. Trot. ont été achetées au cours des vingt 55,5 x 46 cm, Perdant. – VIII. Editeur. Osai. – IX. dernières années, et vont être ré- donation sous Ne. Rca (arc). Ego. – X. Râtelées. parties entre plusieurs musées. Ce- réserve d’usufruit. Sen. lui d’Orsay, à Paris, bénéficiera de Au musée d’Orsay vingt-sept œuvres, tandis que le jusqu’au VERTICALEMENT Musée Granet d’Aix-en-Provence 19 novembre pour 1. Apesanteur. – 2. Vicelard. – 3. en recevra soixante et onze, le l’exposition HORIZONTALEMENT fuge pour le rat. – IX. Faussent le Alose. Oint. – 4. Non. Nattée. – 5. reste allant à Colmar, Grenoble, « De Cézanne I. En forme... un peu trop. – II. sens. – X. Comme le I horizontal Tropes. – 6. Dîme. Epure. – 7. Quimper et Rennes. Parmi les à Giocometti, une Belle des champs ou belle des villes. pour les formes. Met plus haut. Inexercé. – 8. Rhéteur. As. œuvres dévolues au Musée d’Or- grande donation Demi tour. – III. Critique et bles- – 9. NASA. Edo. – 10. Il. CB. Ases. say figure ce tableau du peintre da- aux musées sant. Beau parleur. – IV. Ouvre la VERTICALEMENT – 11. Etalonnage. – 12. Révélation. nois Vihelm Hammershoï, le RMN, MICHÈLE BELLOT RMN, MICHÈLE de France ». gamme. Posé sur le chef pour aider 1. Son numéro au cirque était au transport. – V. Vous transforme unique. – 2. Retour à l’envoyeur. deuxième à entrer dans les collec- Réponse dans Le Monde du très vite en citron. A peine reçus, ils – 3. Il faudra la rendre un jour. Pos- tions de ce musée, où il rejoindra 10 novembre. sont rendus, et c’est l’escalade. – VI. sessif. Porteur d’informations. – 4. une toile entrée en 1996, qui est Réponse du jeu no 193 paru Substance dans les cosmétiques. Genre. Toujours bon à prendre. – 5. intitulée : dans Le Monde du 27 octobre. Lues à Strasbourg. L’anglaise n’est Il y a toujours quelqu’un au-dessus – Départ pour la pêche (Zuider- La grande peste noire, qui devait pas plate. – VII. Règle. Plus décora- de lui. – 6. Se lancèrent dans l’aven- zee)? ravager le quart de la population tive qu’efficace. – VIII. Protège les ture. Note renversée. – 7. Résistible – Nuit d’été à Aagaardstrand ? européenne, commença en 1348 et mises en boîtes. Interjection. Re- dans son ascension. Vient d’avoir. – Repos (huile)? dura jusqu’en 1351. 31 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000

SPECTACLES Le metteur en scè- Don’tDance/DJamesDJoyceDead. lents, qui ne refusent ni la pornogra- que, face à la violence du monde, b DANS TOUTES SES PIÈCES, dont ne flamand Jan Lauwers présente à b L’ART DE LA SCÈNE de Jan Lauwers phie ni l’obscénité. b PEU CONNU « trop grande pour le théâtre », Ça Va, Invictos ou Snake Song, il s’im- Paris et en Normandie ses pièces les ne laisse pas indifférent. Mêlant théâ- dans l’Hexagone, où ses mixages celui-ci doit changer, « surtout le pose cette règle subversive : « Tou- plus récentes, Morning Song, Need- tre, danse, musique, images, il signe audacieux et son goût de l’outrance théâtre naturaliste, tel qu’il se prati- jours exagérer, parce que la vérité company King’s Lear et DeadDogs- des spectacles contestataires, viru- heurtent l’esprit cartésien, il estime que encore beaucoup en France ». peut être ennuyeuse. » La tempête Jan Lauwers souffle sur la Normandie et Paris Peu connu en France, le metteur en scène flamand présente au festival Octobre en Normandie et au Festival d’automne à Paris ses pièces les plus récentes. Inclassable, il mixe théâtre, danse, musique et projections dans des spectacles contestataires qui ne craignent ni l’exagération ni la trivialité

A NEW YORK, à l’automne gens qui nous connaissent. Mais 1999, Jan Lauwers triomphe à la notre situation nous permet encore Brooklyn Academy of Music avec de rester en marge. Après quinze Morning Song. En mai 2000, la piè- ans, il est difficile de ne pas être ce lui vaut un « Obie », récompen- absorbé, malgré soi, par le courant se décernée au meilleur spectacle dominant des bien-pensants. Mais off Broadway. Cancer, nymphoma- le travail résiste et nous permet de nie, grosse bouffe, ascension socia- rester forts dans notre esprit de sub- le, révolution, la pièce s’attaque à version. » Depuis 1985, Jan toutes nos obsessions… En France, Lauwers a quitté Anvers. « Ma fem- qui connaît Jan Lauwers, quarante- me est à moitié asiatique ; elle souf- trois ans, dans le métier depuis frait de la xénophobie affichée. qu’il a dix-huit ans ? A l’exception Nous sommes partis pour Bruxelles. du soutien tenace du Théâtre de la Moi-même je ne supportais plus ce Ville, à Paris, le Flamand a été très climat ! » peu invité dans ce pays. Parmi le public, aficionados et détracteurs « LE THÉÂTRE DOIT CHANGER » se comptent à égalité. Au cours d’un débat organisé à Comment être indifférent ? L’art la Fnac du Havre, interrogé par de la scène de Jan Lauwers, inclas- Jean-Marc Adolphe, rédacteur en sable, totalement décentré, multi- chef de la revue Mouvements, sur plie et croise les points de vue à son rôle d’« ambassadeur culturel l’aide de textes, de danse, de musi- de la Flandre » et la montée du ques, de projections et d’images. Vlaams Blok, parti d’extrême droi- Mixages télescopiques, fragments te, il répondait : « Si on devait se enchevêtrés dessinent l’universelle présenter sous cette étiquette, cause des hommes et de leur liber- j’aurais honte. Ce qui vient de se pas- té. Le metteur en scène est aussi ser avec les dernières élections, c’est plasticien. Ces pièces pieuvres fatal. Pas seulement pour la Belgi- fichent la trouille au cartésianisme que mais aussi pour l’Europe. Je suis français. effrayé (…). Je suis le premier à dire C’est dire combien le Flamand que l’on doit s’organiser. » était aux anges de présenter sa Comment lutter ? Avec ce que Needcompany, pour une fois l’on sait faire. En étant un artiste. avant Paris, à Dieppe, à Rouen, « Le théâtre doit changer, faute de puis au Havre, dans le cadre du fes- quoi il peut être tué, dit-il. Surtout le tival Octobre en Normandie. La théâtre naturaliste, tel qu’il se prati- Needcompany a été fondée en MAARTEN VANDEN ABEELE que encore beaucoup en France. Il y 1986, après plusieurs années de « DeadDogsDon’tDance/DJamesDJoyceDead », ou quand Jan Lauwers imagine les relations de James Joyce avec sa femme. a eu le théâtre grec, le théâtre élisa- création au sein du collectif Epigo- béthain, puis Hollywood et Spiel- nen. Parti à la conquête du public pas, on a eu envie, après tant d’an- Jan Lauwers est marié depuis but du spectacle est de montrer ce livres ouverts, et je prends dedans ce berg. Le théâtre ne peut lutter avec normand avec ses trois dernières nées, de lui tendre la main, d’intro- treize ans à Grace Ellen Barkey, qu’est la création. La tragédie de Joy- dont j’ai besoin. Une phrase, quel- les effets spéciaux du cinéma améri- pièces en date – Morning Song duire pour la première fois l’humour. comédienne et chorégraphe dans ce, qui avait pour seule réalité son ques lignes suffisent à porter toute cain, ou avec la télévision. Regardez (créée en janvier 1999), Needcom- Mes acteurs savent aussi très bien sa compagnie. Jan Lauwers adore travail ; les dix-sept ans dont il a eu une création. Parfois je me plonge la guerre entre les Israéliens et les pany King’s Lear et DeadDogsDon’t comment aller chercher le specta- les familles, leurs haines, leurs tra- besoin pour écrire Finnegans Wake, dans une œuvre, comme je le fais en Palestiniens, où des enfants de dix Dance/DJamesDJoyceDead (créées teur. » Morning Song joue le burles- hisons. Parce que seuls ceux qui que personne ne comprend ! Bien ce moment avec Don DeLillo. » Prag- ans tuent et se font tuer. Cette violen- respectivement en janvier et en que. Un changement d’orientation. vous connaissent très bien savent que très ambitieux, Joyce pensait que matisme, urgence. Mais aussi esprit ce-là est trop grande pour le théâtre. mai 2000) –, Jan Lauwers, artiste vous faire vraiment mal. Parce seuls les moyens comptaient. J’ai créé de prédation que l’on retrouve chez User du naturalisme serait impossi- mais aussi pédagogue à la manière « FAN DES FEMMES » qu’elles sont des concentrés de cette pièce en intégrant à ma compa- ses personnages. « Je suis une épon- ble, à moins de se vautrer dans le paradoxale, paie de sa personne et La cuisine, la goinfrerie sont frustrations. gnie des danseurs de William Forsy- ge », dit-il, amusé. Théâtre contesta- voyeurisme des shows télévisés. » Le tient débat après chaque specta- récurrentes dans son théâtre – déjà « Je suis fan des femmes, reprend the, qui ont apporté leur profession- taire au sens fort, virulent, ne crai- sort du spectacle vivant face à la cle, sans micro. Qui m’aime m’en- un poulet cuisait pendant que se le metteur en scène, avec un souri- nalisme fantastique. » gnant ni la pornographie ni l’obscé- télévision était déjà le sujet de sa tende ! déroulait, en 1984, Couteau- re indéchiffrable. DJamesDJoyce- La réalité du travail de l’écrivain, nité. Ni la mort ni les irruptions première pièce Need To Know,en Au Havre, nous l’avons rencontré Oiseau : « J’ai deux enfants, j’essaie Dead, ma plus récente création, est Jan Lauwers l’a déjà traitée magis- dégueulasses de la vie. 1987. C’était comme si le poste de à l’Hôtel de Bordeaux, face au Théâ- d’être un bon père, explique Jan un hommage à Nora Barnacle, tralement dans Invictos, en 1991. Il Quand il monte Shakespeare, Jan télé nous explosait dans la figure. tre du Volcan où sa compagnie Lauwers. Je les conduis à l’école, les l’épouse de Joyce, une personnalité s’agissait de mettre en scène – et en Lauwers ne garde que l’ossature de joue Morning Song. « C’est l’histoire lave, et je m’aperçois que toutes les très sexuelle, vitale, à la fois chanteu- borborygmes alcoolisés – l’impuis- l’action. Dans King’s Lear, la chair, Dominique Frétard la plus triste que j’ai écrite, la plus grandes décisions se prennent dans se et danseuse. J’ai écrit cette pièce sance à écrire rencontrée par l’énergie, c’est lui qui l’insuffle, la autobiographique aussi, dit-il. la cuisine, pendant le rituel du en six semaines avec Viviane De Hemingway. Jusqu’à la trilogie Sna- sculpte, à la limite de l’abstraction, e FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS. Quand la maladie pénètre dans votre repas. C’est là qu’on prend le risque Muynck. Après le refus de l’héritier ke Song (pièce à partir de laquelle il avec le jeu des acteurs, des dan- DJamesDJoyceDead, avec des dan- sphère privée, comment l’affron- de se marier, ou de divorcer. Dans de nous céder les droits, on a fermé se lance lui-même dans l’écriture seurs, la musique du groupe pop seurs du Ballet de Francfort, du te-t-on ? On veut faire la révolution Le Parrain, de Coppola, c’est dans la les livres et on est parti dans l’écritu- de ses textes), en 1994, il imaginait The Residents. Avec cette règle : 2 au 4 novembre, 20 h 30 Need- et, pof, on meurt d’un cancer. Après cuisine qu’on décide des hommes à re en s’appuyant sur le souvenir de la son travail en s’inspirant d’œuvres « Toujours exagérer parce que la véri- company King’s Lear, du 26 au la dureté délibérée de la trilogie Sna- abattre. » Manger est aussi un exu- correspondance, souvent pornogra- littéraires (Camus, Moravia, té peut être ennuyeuse. » Subvertir 28 avril 2001. Théâtre de la Ville. 2, ke Song qui traitait du voyeurisme, toire. La scène de renvois et de phique, entre Joyce et Nora, en imagi- Bataille). « Vous citez un auteur, le réel. Oser être lourd, trivial. place du Châtelet, Paris 4e.Mo Châ- du pouvoir et du désir, que l’on vomissements de Morning Song est nant surtout le contenu de quatre let- vous êtes bombardé expert, plaisan- « On voyage beaucoup. Dans cha- telet. Tél. : 01-42-74-22-77. De 95 F jouait comme si le public n’existait redoutablement efficace. tres qui seraient à ce jour inédites. Le te-t-il. Moi j’ai toujours plusieurs que pays où nous allons il y a des (14,48 euros) à 140 F (21,34 euros).

Quatre spectacles emblématiques b INVICTOS, 1991 La pièce ruisselle de whisky et d’alcools forts. Il s’agit d’interroger le processus de toute création en mettant en scène l’écrivain Ernest Hemingway et sa difficulté progressive à écrire. Le roman Les Neiges du Kilimandjaro sert de trame au drame. La mise en scène et les mots réussissent la gageure de rendre la langue pâteuse de l’alcoolique. Le spectacle avait été coproduit par le Centre andalou du théâtre, à Séville. On pensait aux corridas, aux toréadors, à ce courage qu’aimait tant Hemingway, et que revendique Jan Lauwers dans son travail. C’est la femme, belle forcément, qui est la figure forte. On retrouve le thème de la création littéraire et de sa solitude dans la plus récente création DeadDogsDon’tDance/DJamesDJoyceDead, consacrée aux relations de Joyce avec sa femme, Nora Barnacle. « C’est l’esquisse d’une fontaine que j’ai dessinée qui m’a inspiré, explique Jan Lauwers. Des chiens morts avec des pénis en érection fonctionnant comme des fontaines. » PHILE DEPREZ b SNAKE SONG/ LE POUVOIR, 1995 On garde le souvenir dans notre corps d’un coup de massue, et en mémoire le terrible texte sur les amours de Leda et du cygne, inspiré à Jan Lauwers par un extrait des Larmes d’Eros,de

Georges Bataille. Il s’agit d’une M. VANDEN ABEELE description d’un dessin d’une b MORNING SONG, 1999 grotte de Lascaux, où l’on voit Là, en photo, c’est Lena un taureau, les entrailles sorties, Grandiflora, la nymphomane charger un homme à tête de service. La pièce reprend D.R. d’oiseau avec un pénis en les utopies des années 70. b ÇA VA, 1989 érection. C’est le procès Les personnages sont morts, C’est avec Ça va, ou la mort d’une enfant, présenté au des amours interdites, de la ils revivent pour nous un moment Théâtre de la Ville, que Jan Lauwers impose sa création transgression qui seule rend la vie de leur vie où ils étaient tous dans laquelle il déverse tout ce que la société étouffe, frémissante. On est en pleine réunis. Un film sera tiré de Morning condamne. La pièce s’appuyait sur des textes de Harold zone interdite. C’est superbe. Song. Il sera tourné en Champagne. Pinter, de D. H. Lawrence. Une phrase d’Elias Canetti Dans une deuxième partie, Jan Lauwers a repris la peinture sur la capacité humaine de « ne pas voir tout ce à quoi Jan Lauwers rejoue la scène de qu’il avait abandonnée face au on se heurte dans le voisinage, d’esquiver ce qui est l’illicite avec des petits-bourgeois « terrorisme du conceptualisme » proche parce que nous ne sommes pas de taille », anversois. C’est tout aussi quand il était aux Beaux-Arts. soutient cette mise en scène sur l’incommunicabilité, saignant. En pire. Et l’actrice « Quand j’avais dix-huit ans. J’étais dont une enfant fera les frais. Elle se suicide. Comment fétiche de Jan Lauwers, Viviane plutôt virtuose en dessin. Je repeins représenter l’insupportable sur un plateau ? De Muynck, est époustouflante. sérieusement depuis cinq ans. » MARK BISAERTS 32 / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 CULTURE

DÉPÊCHES a PRIX LITTÉRAIRES : la Société Les premiers pas du rock des gens de lettres a attribué son grand prix d’automne à Richard Jorif pour l’ensemble de son œuvre. Le Grand Prix Thyde-Monnier est dans les studios de la BBC revenu à Pascal Garnier pour Cham- bre 12 (Flammarion). Le Prix de poé- sie Louis-Montalte est allé à Jacques A l’occasion de la publication d’enregistrements exceptionnels de David Bowie, Charpentreau pour l’ensemble de son œuvre. Les bourses Poncetton le producteur Jeff Griffin se souvient de la période pionnière des années 60-70 sont attribuées à Elisabeth Bélorgey pour Autoportrait de Van Eyck LONDRES nie Andrews, Jimmy Grant, Brian retard sur les studios de l’industrie (Fayard) et à Henri Pigaillem pour de notre envoyé spécial Willey ou Bill Bebb, producteurs du disque. Pour Jeff Griffin et ses Stradivarius (Ed. Zurfluh). Les bour- Confortablement installé dans des différentes émissions ont dû équipes (dont les ingénieurs du ses Thyde-Monnier récompensent : un bar près de Westminster Bridge, batailler pour obtenir le minimum son Chris Lycett et John Etchells), Rilke sans domicile fixe, d’Olympia avec le cœur historique de Londres de considération et de moyens la période des années 60 et 70 a Alberti (Christian Pirot éditeur), pour décor, on pourrait passer des techniques nécessaires aux retrans- été un fantastique laboratoire. Roman écrit à la main, de Thierry heures en compagnie de Jeff Grif- missions. « Le rock’n’roll représen- « Quand on travaille à la BBC, on Laget (Gallimard) ; L’Apiculteur,de fin. Né le 30 septembre 1940, il est tait l’exact opposé de la décence et sait que l’on a rejoint les meilleurs. Maxence Fermine (Albin Michel) ; l’un des pionniers qui, au début des du bon goût, credos de notre mai- Les plus anciens, certains directeurs Une enfance à perpétuité, de Pierre années 60, a amené le rock à la son, se souvient Jeff Griffin. Com- de programme nous considéraient Drachline (Le Cherche-Midi) ; La BBC. Cheveux mi-longs, boots poin- me le jazz, le rock’n’roll traite du comme des sauvages, au même titre Liberté n’est à personne, de Jacques tues, jeans et gilet écossais, Jeff Grif- sexe, de la liberté. Mais lorsque les que les groupes diffusés. Petit à Givet (Ed. Empreintes) ; Paul Féval, fin au visage solide d’un Phil May dirigeants se sont aperçus que le petit, on a formé d’excellentes équi- parcours d’une œuvre, de Jean- (chanteur des Pretty Things) mâti- rock devenait très populaire en pes, créatives. Nous avions le même Pierre Galvan (Encrage) ; Toutes né de Jeff Beck ou de Keith Moon Grande-Bretagne, c’est le sens de la âge que les musiciens. Il fallait être EMI blessent, la dernière tue, de Gilles (batteur historique des Who) – des mission de la radio qui a prévalu : vraiment bon, apprendre vite, avoir L’album « Bowie at the Beeb » regroupe sur trois CD Mazuir (Ed. Bérénice) ; Les Nuits gueules. Trois, parmi les centaines distraire et instruire, autant qu’être de bonnes oreilles et s’adapter. Cha- plusieurs sessions enregistrées entre 1968 et 1972. blanches du chat botté, de Jean- de musiciens de jazz, de blues et le témoin, le reflet des évolutions de que semaine il y avait de nouvelles Christophe Duchon-Doris (Julliard). surtout de rock dont Griffin a pro- la société. » idées, de nouveaux sons, des techni- en 1967, on passe à la vitesse supé- trophes qui mériteraient de dispa- a ARCHITECTURE : le dépar- duit des séances diffusées par la ques d’enregistrement qui permet- rieure. Station entièrement dédiée raître. Les responsables des archi- tement du Rhône a lancé un radio publique britannique. UN FANTASTIQUE LABORATOIRE taient toutes les transformations. » à la musique pop et rock de la ves s’en sont parfois chargés. Si les concours international d’architec- La publication officielle des archi- En 1972, lors des enregistre- Si les formations vedettes avaient BBC, elle multiplie l’offre des pro- grands événements d’actualité, le ture pour la construction du futur ves rock de la BBC sur CD a pris de ments des dernières sessions leur propre matériel, les groupes grammes, en direct ou en différé. sport, les textes du répertoire théâ- musée des Confluences. Cet établis- l’ampleur ces dernières années. Der- Bowie aujourd’hui publiées, Grif- les moins connus arrivaient sou- Dispersés dans plusieurs studios tral, littéraire ou musical sont pré- sement de 20 000 m2, né de la refon- nière livraison en date, un coffret fin venait enfin de recevoir ses pre- vent avec leur seule bonne volon- et salles appartenant à la BBC ou cieusement conservés, nombre de te complète du vieux Muséum d’his- consacré à David Bowie, période miers équipements stéréophoni- té. loués pour l’occasion, Jeff Griffin bandes des concerts rock ont été toire naturelle, devrait être un lieu 1968-1972. Après les Beatles, Jimi ques… avec plusieurs années de Avec la création de Radio One et ses équipes ont un planning ser- effacées après diffusion. Pour pal- de diffusion de culture scientifique Hendrix, Led Zeppelin ou les Who ré de répétitions et d’enregistre- lier ces disparitions, Griffin, com- et technique. Sept équipes ont été pour les formations vedettes, Kevin ments. Le public d’abord réduit me d’autres producteurs ou des retenues dans un premier temps : Ayers, XTC, Soft Machine, The Du jeune homme timide à la star devient de plus en plus nombreux collectionneurs ont heureusement deux américaines, Peter Eisenman Damned, Generation X et autres lors de ces concerts gratuits. Des fait des copies. « La bande de la et Steven Holl ; une espagnole, groupes cultes, ce Bowie at the Comme nombre de ses collègues producteurs à la BBC, Jeff Griffin groupes les plus obscurs, à la première session avec Bowie ne Carlos Ferrater ; une autrichienne, Beeb, publié en collaboration avec se montrait attentif aux jeunes artistes. Les séances réunies dans le durée de vie éphémères, au gigan- vient pas de la BBC. Disons que quel- Coop Himmel ; et trois françaises, EMI, met lui aussi au jour des enre- coffret consacré à David Bowie montrent comment un jeune homme tesque concert Live Aid à Wem- qu’un était devant sa radio au bon Jacques Ferrier, François Seigneur gistrements jusqu’alors partielle- encore timide a pu devenir l’une des grandes stars du rock des bley en 1985, pour l’Ethiopie, Grif- moment. » associé à Sylvie de la Dure, ainsi que ment dispersés sur des bootlegs années 70 au travers de nombreuses transformations et personnages fin a connu toutes les situations de Si Griffin, qui a quitté la BBC en les lyonnais de Tectoniques Archi- (albums pirates) que les amateurs (le Major Tom, Ziggy Stardust, plus tard Aladin Sane ou le Thin White la musique live.« A la radio, ajou- 1994, mais reste souvent consulté tecture. de rock chérissent particulière- Duke). Parmi les interprétations réunies dans Bowie at the Beeb, une te-t-il, la moindre allusion sonne par les maisons de disques, sait ce a MUSÉE : le nouveau musée ment. Des titres rares ou inédits, version minimaliste d’Amsterdam, de Jacques Brel, une reprise de comme un boulet de canon. On n’a qui existe, il ne veut pas confirmer Guimet, dont la réouverture à des versions souvent bien différen- Waiting for the Man, du Velvet Undreground, la présentation en pas les images pour penser à autre les rumeurs de publications pro- été plusieurs fois différée, ouvri- tes des disques étaient alors enregis- avant-première des titres de l’album Hunky Dory, des interprétations chose. Donc on savait que les gros- chaines de séances avec Eric Clap- ra finalement le 15 janvier 2001. La trés lors d’émissions mythiques énergiques de la quasi-intégralité de Ziggy Stardust. En remercie- sièretés, les termes sexuels, les textes ton, les Kinks ou Pink Floyd. Pas rénovation complète du musée, comme « Saturday Club », « Top ment à la station qui contribua à sa renommée, Bowie donna un con- politiques feraient grincer des dents plus que les légendaires bandes entamée en 1997, a été confiée aux Gear », le « John Peel Show » ou cert, le 27 juin, au BBC Radio Theatre. Ce troisième disque figure en haut lieu. » des Rolling Stones, trésors aussi architectes Henri et Bruno Gaudin. « In Concert ». dans le premier tirage du coffret. Des centaines de séances qu’il a convoités que celles des Beatles Les surfaces utiles de l’établisse- Vue du Continent, la BBC est produites, Jeff Griffin a des souve- ou de Bowie avant parution. ment sont ainsi passées de 9 000 m2 souvent considérée comme le tem- e Bowie at the Beeb, BBC Sessions 68-72 : un coffret de 3 CD BBC-EMI nirs de purs chefs-d’œuvre, de bon- à 15 000 m2. Le coût de ces travaux ple du rock. En réalité, Griffin, Ber- 7243 5 28958 2 3. nes prestations, de quelques catas- Sylvain Siclier est de 350 millions de francs. La leçon de bonheur des Mahotella Queens Moins de visiteurs mais Les reines sud-africaines du mbaqanga, soudées depuis quarante ans, sortent un nouvel album plus d’acheteurs à la FIAC 2000 QUAND ELLES font irruption lation noire sud-africaine aux joies l’église, à l’école dans les townships. Makgona Tsothle Band de West sur scène dans leurs costumes cha- et pulsions vitales du mbaqanga, Gallo recherchait de nouveaux Nkosi, joueur de saxophone, de Le parti pris de la Foire internationale marrés, pétillantes, radieuses, une nouvelle invention musicale talents, alors on est venues passer penny whistle et également produc- jambe et jupe légères, sourire géné- d’humeur festive qui mixait musi- une audition. » A l’issue de celle-ci, teur. « Puis dans la foulée on a enre- d’art contemporain d’imposer des expositions reux, ce n’est pas un concert des ques traditionnelles (zoulou, Rupert Bopape, le premier grand gistré Paris-Soweto [paru chez Mahotella Queens, le légendaire sotho, shangaan, xhosa…), marabi producteur noir sud-africain, qui Celluloïd], et l’année suivante orga- personnelles a finalement séduit les professionnels trio vocal sud-africain, qui com- (jazz local, élastique et swingant, avait développé un catalogue jazz nisé leur première tournée euro- mence, mais une leçon de bon- né dans les années 20), rythm and important chez EMI avant de péenne. » Quand Christian Mous- LA 27e FOIRE internationale tant qu’ils aient été des acheteurs. heur. Hilda Tloubatla, Mildred blues, soul, gospel américains… rejoindre Gallo, décide de les set les a rencontrées, les Queens d’art contemporain (FIAC) a fer- La plupart des marchands étaient Mangxola et Nobesuthu Mbadu « Ce qu’on voulait, raconte Ilda, la réunir pour chanter avec Mahla- avaient décroché de la scène, pour mé ses portes, lundi 30 octobre, contents, hormis une poignée de avouent avoir entre cinquante- plus volubile des trois, c’était sim- thini. La saga des Mahotella cause d’obligations matrimo- sur un bilan que ses organisateurs galeries insatisfaites : l’Autrichien- cinq et cinquante-huit ans. Elles plement faire quelque chose de neuf Queens commence. niales. « Il fallait prouver que nous estiment prometteur. Certes, on a ne Chobot, qui présentait de bien font tout pour prouver le avec des instruments modernes en étions de vraies femmes, capables guetté en vain les grands collec- beaux Michaux ; l’Anglaise Crane contraire, gazouillent, gambadent, mélangeant tous les styles. » PREMIÈRE TOURNÉE EUROPÉENNE de bien s’occuper de leur mari », tionneurs internationaux, et parti- Kalman, venue avec des Hans pouffent de rire pour un oui, pour Comme on mélange les légumes, On est en 1964, l’année où Nel- déclare avec un grand sérieux culièrement les Américains qui Hofmann d’anthologie, mais trop un non. Elles connaissent les ver- courge, choux et tout ce que l’on a son Mandela, leader de l’ANC Ilda… avant d’ajouter dans un étaient annoncés : de ce point de chers (entre 500 000 F et 4,7 mil- tus de la légèreté, le secret fonda- sous la main pour préparer le mba- (African National Congress), est éclat de rire : « Depuis, on a divor- vue, la Foire de Bâle reste sans lions de francs) pour le petit mar- mental de la gaieté. L’Europe les a qanga, en fait le pot-au-feu du enfermé à Robben Island. Mahla- cé, on s’est libéré des hommes. » rivale. On a vu en revanche défiler ché français ; son compatriote découvertes à la fin des années 80, pauvre en Afrique du Sud. thini et les Mahotella Queens Le rire, elles l’ont chevillé au les politiques – le président de la Bernard Jacobson, qui proposait quand elles étaient choristes de La route qu’elles font ensemble connaissent leur premier succès corps, toujours prêt à jaillir, sub- République, le premier ministre, des Frank Stella kitch à des prix Mahalathini, surnommé le Lion de depuis près de quarante ans, unies avec Thoro ujola nobani, une chan- versif et contagieux. Elles sont divers ministres de la culture pas- qui ne l’étaient pas moins ; l’Alle- Soweto à cause du timbre de sa par une complicité bondissante, son d’amour. Kazet, qui les fera joyeuses. Fondamentalement sés, présent et sans doute à mande Michael Haas venue et voix, étrange et caverneux. les Mahotella Queens l’ont enta- remarquer à l’étranger, plusieurs joyeuses. Les Mahotella Queens venir – et la quasi-totalité des can- repartie avec ses Fautrier. Simon Nkabindé, dit Mahla- mée à Johannesburg dans les fois reprise, notamment en France ont subi l’apartheid mais répu- didats à la Mairie de Paris. C’est thini, est mort le 27 juillet 1999. studios Gallo, la plus importante par Lizzy Mercier Descloux (Où gnent à en parler. Elles préfèrent ainsi que le maire actuel a appré- LE NOUVEAU CONCEPT PLÉBISCITÉ C’était une des grandes figures de maison de disques du pays. Créée sont passées les gazelles ?), viendra se réjouir de la reconnaissance cié une œuvre de Ben, proposée Mais Daniel Lelong, par exem- la musique moderne sud-africaine. dans les années 20 par Eric Gallo, plus tard. Enregistrée la première unanime des professionnels lors par la galerie 1900-2000, au nom ple, a vendu plus de 50 Ernest Tout le pays lui a rendu hommage un émigré d’origine italienne, fois en 1983 par Obed Ngobeni et du dernier Womex (marché-Salon tonitruant de Vive Tiberi. Il s’est Pignon-Ernest et a dû refaire l’ac- lors de funérailles nationales en cette compagnie fut l’une des les Kurhula Sisters, sous le titre Ku de la world music) à Berlin en sans doute gardé de lire la men- crochage de tout son stand à présence du président Thabo premières à enregistrer des Hluvukilé Eka Zets, cette chanson octobre, et surtout rêver au futur, tion figurant sur le socle, qui a dû mi-foire, comme la Marlbourough Mbeki. Avec ce chanteur et les musiques traditionnelles locales, à « raconte que, par une prise de avec ce nouvel album qui sort ces ravir son challenger puisqu’il y est de Londres ou la galerie Claude musiciens du Makgona Tsothle travailler avec des artistes, des pro- conscience collective, on peut arri- jours-ci et la tournée interna- écrit : « Il va faire élire Delanoë. » Bernard de Paris, à qui la même Band, qui les accompagnaient au ducteurs noirs. « On ne se connais- ver à changer les choses », explique tionale prévue l’année prochaine. La FIAC 2000 a reçu environ bonne aventure est survenue avec début des années 60, les Maho- sait pas encore, ajoute Ilda. On Christian Mousset, directeur du 80 000 visiteurs, soit 20 000 de le peintre Armando Morales. De là tella Queens ont converti la popu- avait chacune appris à chanter à label Indigo, sur lequel sort le Patrick Labesse moins qu’en 1999. Il semble pour- à conclure que les clients de la réjouissant nouvel album de ces FIAC ont de relativement petits trois reines qui chantent toujours budgets et des goûts plutôt classi- à merveille (Sebai Bai). ques, le pas est vite franchi. C’est à Christian Mousset, inven- Cependant une quasi-unanimité teur du festival Musiques métisses semble se faire, tant parmi les mar- d’Angoulême (l’année prochaine, chands que parmi les visiteurs, du 31 mai au 4 juin), que l’on doit pour plébisciter le nouveau con- le démarrage de la carrière interna- cept de la foire qui, cette année, tionale des Mahotella Queens. En n’accueillait que des expositions 1987, il les fait programmer à Cha- personnelles. Certains, qui étaient teauvallon avec Mahlathini et le des opposants farouches du pro- jet, ont dû admettre son intérêt. D’autres, moins nombreux, râlent : c’est leur rôle. Certains, plus fins, admettent que si la lecture de la foire est plus aisée pour le visiteur, la ligne générale de leur galerie est moins perceptible lorsqu’elle n’est représentée que par un seul indivi- du. Les organisateurs se sont don- né un mois pour consulter tous les exposants et prendre une décision pour la prochaine édition qui, sans l’imposer, devrait favoriser à nou- veau le principe de l’exposition individuelle.

Harry Bellet CULTURE LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 33 L’Opera Atelier de Toronto SORTIR PARIS 11 novembre ; 15 heures, le 5. Tél. : 08-36-69-78-68. De 30 F à 260 F. Les Ecrans documentaires René Urtreger Trio recrée « Persée » de Lully Les Ecrans documentaires, festival René Urtreger avait titré l’un de ses de Gentilly et du Val-de-Marne, se disques Jazzman, l’homme du jazz, déploiera dans huit villes du pour dire à quel point la note bleue La tragédie lyrique n’avait jamais été représentée depuis sa création, en 1682 Val-de-Marne et à Paris, sur le était toute sa vie. Pianiste ancré campus de la faculté de Jussieu. dans le bop, dont il sait aussi Après Didon et Enée, de Henry « La diffusion internationale est toriques comme un matériau, un Cette 15e édition met le réel en s’éloigner à l’occasion, Urtreger a PERSÉE, de Jean-Baptiste Lully. Purcell, présenté à Versailles (Le importante pour un ensemble com- répertoire dans lequel nous puisons scène, en débat et perspectives, à joué avec tout ce que le jazz Rufus Müller (Persée), Mark Stone Monde du 23 octobre 1995), Opera me le mien, mais je considère que le pour inventer notre propre langage travers la diffusion de cent films, compte de légendes. Quand pour (Céphée), Laura Pudwell (Cassio- Atelier monte Persée, de Jean-Bap- travail de formation que j’effectue scénique. » Au prix, parfois, de courts, moyens et longs métrages. moins que ça certains se sentent pe), Nathalie Paulin (Andromède), tiste Lully, tragédie lyrique jamais individuellement dans ce cadre l’est quelques étonnantes distorsions, Des films inédits et rares, des pousser des ailes, Urtreger n’en fait Michael Chioldi (Méduse). Chœur reprise à la scène depuis sa créa- tout autant. J’ai été étonné de décou- comme pendant la « scène de la œuvres d’Alain Cavalier, Barbara pas toute une histoire. Grand de chambre et Orchestre baroque tion, en 1682. Après un travail pré- vrir une manière de faire très diffé- Méduse », chantée et jouée par Kopple, Agnès Varda, Claire Simon, monsieur, grande élégance, grand Tafelmusik, membres du Concert paratoire effectué avec Marc Min- rente de la nôtre. En Amérique du trois hommes dans un style Broad- Chris Marker, Peter Watkins, Wim artiste. Avec lui le contrebassiste spirituel, Hervé Niquet (direction). kowski sur des extraits de la pièce, Nord, le temps c’est de l’argent et il way très Cage aux folles. « Ce n’est Wenders, Samira Makhmalbaf, Yves Torchinsky et le batteur Eric Marshall Pynkoski (mise en scène). au Centre de musique baroque de faut aller vite ! Mais je crois qu’il pas voulu, rétorque Pynkoski, Johan van der Keuken… en quatre Dervieu. Jeannette Zingg (chorégraphie). Versailles, en 1994, Pynkoski et était intéressant de faire faire cette même si cette scène est conçue pour séances : une programmation Sunside, 60, rue des Lombards, Paris THE ELGIN AND WINTER GAR- Zingg ont eu l’envie de produire découverte à une distribution essen- détendre le public, qui n’est pas thématique « Féminin singulier » 1er.Mo Châtelet. Les 3 et 4, 21 heures. DEN THEATRE CENTRE, 189 Yon- sur scène l’ouvrage intégral. tiellement non francophone et à un familier avec ce langage. Mais nous (du 3 au 11 novembre) ; « Chris Tél. : 01-40-26-21-25. De 80 F à ge Street, Toronto M5B IM4, Jus- Les moyens de subsistance orchestre peu familier de la musi- avons voulu souligner l’ambiguïté Marker, point de départ » (du 100 F. qu’au 4 novembre. d’une telle troupe sont à l’américai- que de Lully. » de ces femmes chantées par des 13 au 16) ; sélections officielles (du Tél. : 00-1-416-314-2901. ne : si l’Etat canadien donne davan- hommes. » Dommage que la riches- 14 au 19) ; séances spéciales, VERDUN www.operaatelier.com/ tage que les instances publiques DICTION ET MUSICALITÉ se musicale et dramatique de cette rencontres, ateliers, création Festival Densités des Etats-Unis à ce genre de pro- La plupart des chanteurs sont en scène soit aplatie par un traite- (durant toute la manifestation). C’est la 7e édition de Densités, TORONTO jets, on ne peut qu’être surpris par effet anglophones, et beaucoup ment au premier degré. Du 3 au 19 novembre. Tél. : festival qui porte parfaitement de notre envoyé spécial le nombre d’aides privées annon- d’entre eux se trouvaient pour la En dépit de ces défauts et de la 01-41-24-27-12 et 01-47-40-03-45. son nom, où les amateurs de Depuis longtemps, les Anglo- cées dans le programme. La Fonda- première fois confrontés à un tel faiblesse de certains danseurs, le 200 F le passeport. sensations sonores trouvent de Saxons ont montré le chemin en tion Paribas (aujourd’hui BNP- répertoire pratiqué de la sorte. spectacle ne déçoit pas. Mais on William Forsythe quoi combler leurs désirs de matière de travail historique sur la Paribas) soutient Opera Atelier Mais il faut avouer qu’on compre- souhaiterait que Marshall Pynkos- Une soirée entièrement consacrée musiques fortes, engagées, posture baroque, appliquée à la depuis près de dix ans, la Deutsche nait tout, les fautes de prononcia- ki rende plus manifeste la direc- aux ballets de William Forsythe ! bouillonnantes. Parmi les gestique, à la déclamation et à la Bank est le sponsor principal de tion comprises, ce qui est en quel- tion vers laquelle il veut emmener Tel est le cadeau offert par le Ballet musiciens et formations prévus danse : professeur de dramaturgie l’événement, on note de multiples que sorte plus satisfaisant que de ses troupes, pris qu’il est entre le de l’Opéra de Paris qui présente durant trois jours : Barre Phillips, ancienne, l’Australien Dene Bar- soutiens individuels et l’on consta- ne rien comprendre du tout. Cela respect de données stylistiques et quatre pièces de l’Américain dont Martin Tetreault, Etage 34, nett est reconnu comme celui par te, médusé, que les directeurs artis- précisé, on trouvait aussi dans cet- la crainte d’ennuyer un public peu les récentes Woundwork 1 et Martine Altenburger, Otomo qui tout a commencé. Depuis tiques ont eux-mêmes donné de te distribution des éléments exem- familier avec ce genre musical, au Pas./parts, sur des musiques de Yoshihide, Jacques Di Donato, 1985, deux de ses élèves, les dan- l’argent pour que le spectacle soit plaires, la Québecoise Nathalie demeurant fourni et enthousiaste. Thom Willems et spécialement Jean Pallandre, Sachiko M…. Soit seurs Jeannette Zingg et son enregistré par la Radio canadienne Paulin (Andromède), remarquable L’ensemble d’instruments anciens conçues pour la compagnie en des artistes attachés à croiser les époux Marshall Pynkoski, appli- anglophone (CBC). de diction, de musicalité et de sty- Tafelmusik Baroque Orchestra 1999. Corps entortillés dans un pratiques et les gestes du free, du quent cet enseignement à Opera L’Association française d’action le, tout comme son collègue britan- sonne un rien chétif dans cette mouvement complexe et rock, de l’improvisation ou des Atelier, une troupe qu’ils ont créée artistique est également de la par- nique Rufus Müller, dans le rôle- grande salle à l’acoustique problé- foisonnant, chaque ballet est un manipulations électroniques. à Toronto. Leurs productions sont tie. Elle a financé les déplacements titre, tous deux très à l’aise avec la matique, mais Hervé Niquet, lyri- splendide engrenage qui rayonne Images, vidéos et performances assez nombreuses et illustrent un d’Hervé Niquet au Canada afin gestuelle à l’ancienne. que et énergique, en tire le d’une beauté plastique saisissante. également au programme. répertoire allant de Monteverdi à qu’il prépare les chanteurs. Le chef Marshall Pynkoski et Jeannette meilleur, ainsi que du remarqua- Elan, intelligence et élégance. Qui Festival Densités, salle Mozart, qu’ils donnent au Canada français, fondateur de l’ensemble Zingg, rencontrés le lendemain de ble chœur, dont on comprend dit mieux ? Jeanne-d’Arc, 60, avenue de la 42e mais aussi en tournée, comme au Le Concert spirituel, chanteur et la représentation, affirment ne pas tout ce qu’il chante. Opéra de Paris, Palais-Garnier, DB, Verdun (55). Les 3, 4 et 5. Tél. : mois de juin, que les membres de claveciniste de formation, est l’un vouloir faire de l’archéologie : place de l’Opéra, Paris 9e.Mo Opéra. 03-29-84-52-85. De 40 F à 80 F, cette structure ont passé au Japon. des mieux placés pour ce faire : « Nous considérons ces données his- Renaud Machart 19 h 30, les 2, 3, 4, 6, 8, 9 et pass festival 200 F. Ar Seiz Breur sorti de l’oubli en Bretagne GUIDE cacherait rien » de l’engagement et industriels modernes de Paris, écrivains, musiciens, composi- FESTIVALS CINÉMA ber Orchestra, avec Liza Colon-Zayas AR SEIZ BREUR. Musée de Breta- de ces fervents militants de la cau- en 1925, où ils avaient obtenu, teurs, journalistes, éditeurs. René- (la narratrice), Alex Miramontes (le Sol- dat), Omar Gomez (le Diable), Tiana gne, 20 quai Emile-Zola, Rennes se bretonne ni de leurs dérapages. non sans culot, une petite pièce Yves Creston, leur chef de file, va Rétrospective Fritz Lang Action Ecoles, 23, rue des Ecoles, Pa- Alvarez (la Princesse), Peter Sellars (35). Tél. : 02-99-28-55-84. Jusqu’au Sans doute n’est-ce pas une dans le pavillon breton. La presta- d’une part participer au réseau de e o ris-5 .M Maubert-Mutualité. A partir (mise en scène). 8 janvier 2001. Musée du château coïncidence fortuite si Ar Seiz tion ne passa pas inaperçue avec résistants du Musée de l’homme à du 1er novembre. Tél. : 01-43-29-79-89. Bobigny (93). Maison de la culture, des Ducs de Bretagne, à Nantes Breur est présenté à un moment de belles faïences de Quimper Paris, puis, une fois sorti de prison, 30 F et 40 F. 1, boulevard Lénine. 20 h 30, les 3, 4, 7, Hommage à Otto Preminger 8, 9 et 10 ; 15 h 30, les 5 et 12 ; 16 h 30 (44), du 2 février au 6 avril. où la région est en proie à des « furieusement modernes », com- se montrer prêt à bien des compro- et 20 h 30, le 11. Tél. : 01-41-60-72-72. polémiques radicales au sujet de me le voulait leur manifeste, et missions avec l’occupant pour Action Christine Odéon, 4, rue Chris- tine, Paris-6e.Mo Saint-Michel. Du De 60 F à 240 F. Comment s’imposer comme son passé récent, encore aiguisées son mobilier breton, simplifié, allé- avoir la haute main sur tout ce qui 1er novembre au 6 décembre. Tél. : « furieusement moderne » quand par l’attentat qui a causé la mort gé et coloré, comme cette éton- a trait aux arts ou à l’artisanat en 01-43-29-11-30. RÉSERVATIONS le vieux monde s’écroule alen- d’une jeune salariée d’un McDo- nante bibliothèque-horloge- Bretagne. Il fait entrer dans son Anne Sylvestre tour ? Pour n’avoir pas su répon- nald’s, en avril. Des établisse- bureau jaune vif exposée cercle des collaborateurs notoires, TROUVER SON FILM Auditorium Saint-Germain, 4, rue Fé- e dre à cette question, le groupe ments scolaires ou culturels sont aujourd’hui. membres du Parti nationaliste bre- Tous les films Paris et régions sur le libien, Paris-6 . Du 7 novembre au 9 décembre. Tél. : 01-44-07-37-43. d’artistes Ar Seiz Breur (Les Sept brusquement débaptisés : les écri- ton, et fournit des textes et des des- Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 110 F et 130 F. 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). Frères), né dans les années 20, a vains bretonnants dont ils por- UNE SORTE DE CONFRÉRIE sins au journal Breiz Atao, inspiré Juste la fin du monde (1) disparu en 1947. Certes, des taient le nom étaient trop conno- Las ! les commandes de fabrica- de L’Action française. ENTRÉES IMMÉDIATES de Jean-Luc Lagarce, mise en scène œuvres de ces peintres, décora- tés. En retour, des plaques de rue tion en série n’ont guère suivi. Dans sa revue, Kornog (Occi- Joël Jouanneau. teurs, graveurs, architectes, tous trop « jacobines » sont nuitam- Mais le groupe de touche-à-tout dent), Creston écrivait en 1930 Le Kiosque Théâtre : les places de cer- Le Cochon noir (2) de et par Roger Planchon. passionnés de la Bretagne, ornent ment arrachées… On accélère la dispose de bien plus de place à l’Ex- qu’il voulait détruire la muraille tains des spectacles vendues le jour même à moitié prix (+ 16 F de commis- (1) Du 9 novembre au 17 décembre. encore des musées ; si quelques réalisation de documentaires, on position internationale de 1937 et que constituait « Paris et son empri- (2) Du 17 novembre au 15 décembre. sion par place). e biographies leur ont été consa- annonce plusieurs colloques sensi- en profite pour accrocher des pho- se intellectuelle » pour « faire Place de la Madeleine et parvis de la Théâtre de la Colline, Paris-20 . Tél. : crées, leur mouvement, qui vou- bles. La ville de Rennes a lancé à tographies vantant les savoir-faire entrer directement les jeunes artis- gare Montparnasse. De 12 h 30 à 01-44-62-52-52. De 50 F à 130 F. Baal lait en finir avec les « bretonne- son tour la préparation d’une gran- de la région. Car il s’agit pour lui tes bretons, comme ceux d’un peu- 20 heures, du mardi au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. de Bertolt Brecht, mise en scène Arpad ries » folkloriques et stéréotypées, de rencontre internationale sur le de « féconder l’artisanat » tout en ple libre, dans le grand mouvement Entretien dans la montagne Schilling a été rayé de la mémoire collecti- thème « Identités et démocra- rappelant « à la vie l’art paysan, d’échanges d’idées international Du 10 au 19 novembre. Ateliers Ber- de Paul Celan, mise en scène de Marc e ve régionale. tie », histoire de sortir des bloca- l’art populaire, bases de tout art (…) ». En fait, après la guerre, le Soriano, avec Claire Engel, Philippe thier, Paris-17 (Théâtre de l’Odéon). Tél. : 01-44-41-36-36. En hongrois, sur- L’exposition de Rennes, qui ges franco-bretons. national ». nom d’Ar Seiz Breur a été gommé Hérisson et Christophe Laluque. Théâtre Molière - Maison de la poésie, titré. De 30 F à 180 F. retrace leur parcours collectif, est Pour la poignée de jeunes gens Lorsque survient la guerre, Ar jusque dans les écoles d’art de la e o 157, rue Saint-Martin, Paris-3 .M Ram- Un trait de l’esprit donc la première du genre. Elle a fondateurs d’Ar Seiz Breur, tout Seiz Breur est devenu une sorte de région. buteau. Du 3 novembre au 3 décem- de Margaret Edson, mise en scène donné lieu à un intense travail de avait commencé à l’Exposition confrérie au sein de laquelle se bre. Du mercredi au samedi, à 21 heu- Jeanne Moreau. res ; le dimanche, à 17 heures. Tél. : Du 10 novembre au 23 décembre. recherches, sous la direction de internationale des arts décoratifs cooptent artistes et intellectuels : Martine Valo Théâtre national de Chaillot, Paris-16e. Daniel Le Couédic – l’un des rares 01-44-54-53-00. De 45 F à 90 F. L’Ours normand, Fernand Léger Tél. : 01-53-65-30-00. De 50 F à 160 F. universitaires à s’être penché sur de Fernand Léger et Doria Vallier, mise Auprès de la mer intérieure Ar Seiz Breur dans les INSTANTANÉ trousses, ces tribus franchissent le toujours en or, parfois relevés de en scène d’Arnaud Churin, avec Marc de Edward Bond, mise en scène Stuart années 80 – et de Jean-Yves Rhin gelé, une nuit de Noël 406, grenats. Les visiteurs se penchent Bretonnière, Arnaud Churin, Gilles Seide. Du 17 novembre au 17 décembre. Gentner, Nathalie Kousnetzoff, Magali Veillard, qui a dirigé pendant très DES BARBARES EN OR pour fondre sur l’Empire romain longuement sur cette joaillerie, Théâtre de Gennevilliers (92). Tél. : Montoya et Thomas Rannou. longtemps le Musée de Bretagne. décadent, endormi derrière ses comme pour faire un choix. Les 01-41-32-26-26. 80 F et 140 F. Théâtre de la Bastille, 76, rue de la e o Bill T. Jones et Arnie Zane Dance La moitié des 350 sculptures, céra- L’or des Sarmates, l’or de Bogo- limes. Il s’ensuivit plusieurs siècles commentaires vont bon train : les Roquette, Paris-11 .MBastille. Jus- Maison des arts, Créteil (94). Du 21 au miques, affiches, maquettes, livres ta, l’or des pharaons… La mention de mêlées confuses avant que uns imaginent certaines pièces en qu’au 12 novembre. Du mardi au same- 25 novembre. Tél. : 01-45-13-19-19. De di, à 19 h 30 ; le dimanche, à 15 h 30. illustrés, meubles présentés ont du métal précieux dans le titre Charlemagne ne vienne sortir le boutons de manchette, les autres 40 F à 100 F. été prêtées par des particuliers. d’une exposition est un sésame continent des ténèbres où il en broches ou en pendentifs. Leurs Tél. : 01-43-57-42-14. 80 F et 120 F. Le Pêcher, une poule pardonnant Dieu Six musées d’art et d’histoire sont pour ses organisateurs : la certitu- croupissait. souhaits seront peut-être exaucés : d’Abel Neves et Clarice Lispector, mise DERNIERS JOURS partenaires de cette entreprise de d’attirer un large public. Le Les commissaires du Musée de la boutique du musée propose en scène de Gabriella Scheer, avec 5 novembre : (ceux de Quimper, Nantes, Ren- Musée des Antiquités nationales Saint-Germain-en-Laye épousset- quelques copies bien venues de Gabriella Scheer. Biographie : un jeu Kiron Espace, 10, rue de la Vacquerie, de Max Frisch, mise en scène de Frédé- nes, Saint-Brieuc et du Faouët). n’échappe pas à la règle. Pour sor- tent un peu la légende. Ces barba- ces joyaux barbares. e o L’ensemble doit circuler dans ces tir l’établissement de sa semi-tor- res n’étaient pas si barbares, mais Paris-11 .M Voltaire. Le 3, à 20 h 30. ric Bélier-Garcia. Tél. : 01-44-64-11-50. 30 F et 50 F. Théâtre de la Commune, 2, rue villes jusqu’en septembre 2002. peur, il présente « L’Or des princes d’honnêtes auxiliaires de l’armée Emmanuel de Roux Orchestre philharmonique Edouard-Poisson, Aubervilliers (93). « Commerçants, dans votre pro- barbares », avec la complicité du romaine qui voulaient se faire une de Radio-France Tél. : 01-48-33-93-93. De 50 F à 130 F. pre intérêt, apprenez le breton à vos Reiss-Museum de Mannheim (Alle- place au soleil. La preuve ? Les tré- e L’OR DES PRINCES BARBARES. Stravinsky : Concerto pour orchestre à La Dernière Lettre enfants. » L’affichette à la typogra- magne). Qui sont ces barbares ? sors de ces princes guerriers Musée des Antiquités nationales, cordes, Symphonie en ut majeur. d’après Vassili Grossman, mise en Haydn : Concerto pour violoncelle et scène de Frederick Wiseman, avec phie soignée côtoie des chasubles Selon la vulgate, des hordes enfouis dans des tombes, semées château de Saint-Germain-en- orchestre. Steven Isserlis (violoncelle), Catherine Samie. liturgiques ornées de motifs géo- velues vivant à l’est de l’Europe entre le Caucase et la France. Un Laye. Tél. : 01-39-10-13-00. 17 F Christopher Hogwood (direction). Comédie-Française Studio-Théâtre, métriques renouvelés – Ar Seiz – Goths, Alains, Alamans, Burgon- déluge de menue orfèvrerie est (2,59 euros) et 25 F (3,81 euros). Maison de Radio-France, 116, ave- 99, rue de Rivoli, Paris-1er. Tél. : nue du Président-Kennedy, Paris-16e. 01-44-58-95-58. De 50 F à 85 F. Breur a beaucoup travaillé le gra- des, Suèves, Vandales… – bouscu- donc aligné dans des vitrines façon Du mercredi au lundi, de 9 heures o phisme. Jean-Yves Veillard avait lées par plus barbares qu’eux : les rue de la Paix ou place Vendôme : à 17 h 15. Jusqu’au 8 janvier 2001. M Passy. Le 3, à 20 heures. Tél. : Irving Penn 01-56-40-15-16. 100 F. Maison européenne de la photogra- prévenu que l’exposition, à la mise Huns rivés à leurs montures, dévo- bracelets, colliers, bagues, fibules, Catalogue : RMN, 240 p., 280 F The Story of a Soldier phie, 5-7, rue de Fourcy, Paris-4e. Tél. : en scène des plus sobres, «ne reurs de viande crue. Attila à leurs agrafes, boucles, ferrets, presque (42,69 euros). de Stravinsky-Alvarez. Avanti ! Cham- 01-44-78-75-00. 15 F et 30 F. 34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 La « sérénité retrouvée » d’Alain Juppé La revue « Passages » publie un long entretien avec l’ancien premier ministre. Il y confie son optimisme sur la construction européenne, évoque son projet de Constitution pour l’Union, définit de nouveaux axes pour l’opposition et critique le gouvernement Jospin sur la Corse

IL N’EST « candidat à rien »,nià dans ma relation à autrui. J’avais « Pour moi, il y a en Corse depuis plu- ses sur leur attachement à «la te difficulté ? Je le pense », ajou- l’élection présidentielle ni à un peut-être sous-estimé ce fait que le sieurs mois un cafouillage regrettable nation française ». te-t-il. Il y aura, de toute façon, un retour à l’hôtel Matignon. « C’est rôle du politique est d’introduire la parce que là, précisément, le pouvoir Sur la construction européenne, « après Nice » et M. Juppé s’y inté- sans doute ce qui explique ma séréni- dimension humaine dans les choix politique est à la remorque de ce qui l’ancien ministre des affaires étran- resse en travaillant à « l’élaboration té retrouvée », confesse Alain Juppé, qu’il doit faire », dit-il, expliquant se passe sur le terrain. Quand on voit gères d’Edouard Balladur se montre d’une Constitution européenne ». dans un long entretien avec Emile qu’« on est beaucoup plus isolé à la façon dont le premier ministre lou- plutôt optimiste. « Le mot peut être contesté, mais il a Malet, directeur de la revue Passa- Matignon qu’on ne l’est à la mairie voie sur ce sujet depuis deux ou trois au moins le mérite de poser le ges (no104-105 d’octobre-novem- de Bordeaux ». ans, on se rend compte que sa fameu- UN « APRÉS-NICE » débat », estime le maire de Bor- bre). Honni par nombre de députés Abasourdi par la dissolution man- se méthode, dont on nous a tant rebat- S’il n’exclut pas un échec du pro- deaux, avant d’indiquer qu’il prépa- RPR en raison de « son » échec en quée de l’Assemblée nationale et tu les oreilles, n’est en réalité qu’op- chain sommet européen de Nice, re un prochain colloque avec la 1997, mais ovationné par les mili- suspendu à la décision de justice qui portunisme et pilotage à vue », affir- en décembre, M. Juppé veut espé- CDU allemande et qu’il entretient tants aux dernières assises du mou- suivra – il ne sait à quelle date – sa me-t-il, en accusant le gouverne- rer que « la crise aura peut-être une « des contacts » avec les Britanni- vement gaulliste, en juin, l’ancien mise en examen dans l’affaire des ment de préparer « la mise en cause fonction salutaire ». « Dans l’histoire ques, les Espagnols et les Italiens. premier ministre y confirme son emplois fictifs du RPR, Alain Juppé de ce principe fondamental : c’est le de l’Union européenne, il y a déjà eu La perspective, c’est « plus d’Euro- retour « dans la vie politique nationa- est donc en quelque sorte convales- législateur national qui fait la loi ». de tels moments de blocage. Y pe, mais une Europe qui respecte le » au lendemain des élections cent. Il ne ménage pas pour autant Sans méconnaître les difficultés ins- aura-t-il chez les grands leaders euro- l’identité française » ; « c’est un libé- municipales de mars 2001. « J’ai son successeur, Lionel Jospin, dans titutionnelles à ce propos, M. Juppé péens une volonté politique suffisante ralisme avec du cœur, pour copier beaucoup appris ici, à Bordeaux, le traitement du dossier corse. réclame une consultation des Cor- à ce moment-là pour transcender cet- M. Bush, avec une dimension humai- ne et sociale forte ». Se définissant comme « gaulliste, mais pas conser- DANS LA PRESSE compris qu’en l’occurrence l’impor- LIBÉRATION LE FIGARO discussion sur le rôle de l’Amérique vateur », M. Juppé invite enfin ses tant pour les politiques était le traite- Gérard Dupuy Yves Thréard dans le monde. Et, en l’espèce, c’est amis de l’opposition à revoir leur LCI ment médiatique de l’affaire plus a En jouant son va-tout politique a Depuis la marée noire de l’Eri- tant mieux. (…) Il ne faut voir là rien discours sur « des sujets de société Pierre-Luc Séguillon que son traitement réel. dans le dossier corse, Jospin sou- ka rien n’a changé, en dépit des pro- d’étonnant. Les conseillers électo- forts » tels que la sécurité, l’éduca- a L’accident écologique provoqué haitait tirer la leçon de vingt ans messes formulées par le gouverne- raux des candidats leur disent que tion, la famille, les mœurs. « Il nous par le naufrage de l’Ievoli-Sun fait à FRANCE INTER d’impasses à répétition et de dra- ment. Seuls deux avions et cinquan- 2 % seulement des électeurs consi- faut là-dessus préciser nos idées, ne nouveau apparaître l’immense déca- Pierre Le Marc mes inutiles. Mais, dans le te inspecteurs maritimes conti- dèrent la politique étrangère com- pas nous enfermer dans une espèce lage qui existe entre l’insécurité mari- a Le fait que l’Ievoli-Sun aurait été maquis des coups fourrés, la nuent à surveiller nos 5 500 kilomè- me étant un enjeu des élections pré- de conservatisme obtus vis-à-vis des time et les intentions régulièrement interdit de navigation si les mesures meilleure volonté du monde peut tres de côtes ! Rares sont les inter- sidentielles. (…) Dans les débats de nouvelles formes de vie familiale, de affichées par les responsables natio- en cours d’adoption par l’Union euro- vite tourner à la naïveté de novi- ceptions de cargo, alors que des la campagne et dans les interviews l’éthique, de la bioéthique. » naux ou européens d’y bientôt remé- péenne, sur proposition de la Fran- ce. L’idée de tailler à l’île un habit centaines d’opérations clandestines accordées à la presse, M. Bush est L’opposition doit se réunir dier. (…) Que constate-t-on ? Premiè- ce, avaient été mises en œuvre plus institutionnel sur mesure, aux de dégazage sont recensées chaque apparu suffisamment raisonnable autour d’« un certain nombre de rement, que les règles communautai- tôt, ne peut être honnêtement impu- dimensions de ses particularités, année. Pire : pour soutenir la com- et informé en politique étrangère convictions fortes, européennes, res déjà adoptées ne sont pas appli- té au gouvernement. Sauf à vouloir est pourtant légitime. L’habilleur pétitivité du pavillon tricolore, le pour désarmer les efforts du camp décentralisatrices, sociales » et le quées. (…) Deuxièmement, que les nier la réalité européenne, qui expli- doit non seulement tenir compte ministre des transports vient de Gore destinés à faire passer le pré- plus tôt sera le mieux. L’ancien incantations du chef de l’Etat et du que l’inertie de l’Union sur ces dos- de la diversité de l’opinion corse reporter l’interdiction des bateaux tendant républicain pour parfaite- président du RPR se dit même chef du gouvernement conduiront le siers. Cette réalité tient en deux cons- elle-même, mais aussi supposer à simple coque de 2008 à 2015. ment ignare et non qualifié. (…) En « convaincu » que « la question de Parlement européen à avancer de… tats irréfutables : la lenteur, la com- que les maniaques de la violence L’Union européenne a bon dos. l’absence d’une crise à l’étranger la constitution d’une grande forma- dix jours l’examen des mesures pro- plexité des mécanismes de décision sont capables de se désintoxi- retenant particulièrement l’atten- tion politique nouvelle de la droite posées au premier trimestre dernier. européens et la logique du laisser-fai- quer. Cela n’est pas impossible, THE WASHINGTON POST tion, une campagne présidentielle et du centre » se posera « à court Troisièmement, que le corps des ins- re qui imprègne les grandes nations comme le montre l’évolution Jim Hoagland n’est pas une bonne plate-forme terme – c’est-à-dire tout juste avant pecteurs maritimes français, en dépit maritimes de l’Union (Grande-Breta- nord-irlandaise, mais ce n’est pas a Encore une campagne présiden- pour une discussion sérieuse sur la ou tout juste après les élections de l’engagement pris jadis d’augmen- gne, Pays-Bas, Grèce) et qui freine la garanti d’avance, comme en tielle américaine qui va entrer dans manière dont le prochain président municipales ». ter les effectifs, n’a pas les moyens naissance d’une vraie politique de témoigne la barbarie renouvelée les livres d’histoire parmi celles qui américain dirigera la politique de sa politique de contrôle. On aura sécurité maritime en Europe. de l’ETA. auront pratiquement évité toute étrangère. Jean-Louis Saux 0123 SUR LA TOILE A LA TELEVISION www.nadertrader.org ET A LA RADIO ELLE Le Monde des idées a L’hebdomadaire Elle publie pour LCI Un système inédit et efficace de troc de voix entre les partisans d’Al Gore et de Ralph Nader la première fois un supplément entiè- Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 rement consacré aux meilleures Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 COMME beaucoup d’Américains sieurs sites similaires voient le jour adresses Internet dans les domaines Le lundi à 15 h 10 sympathisants de la gauche alterna- à travers les Etats- Unis, et, en une de la mode, de la beauté, de la déco ࡯ tive, Jeff Cardille voyait s’approcher semaine, des milliers d’électeurs se et des rubriques habituelles du maga- Le Grand Jury l’élection présidentielle du 7 novem- mettent d’accord. zine. Sont recensés 631 sites « pour RTL-LCI bre sans parvenir à se décider. Ce En Californie, un autre sympathi- cliquer malin et féminin », comme Le dimanche à 18 h 30 chercheur de trente-trois ans, qui sant des Verts, Jim Cody, va plus l’écrit Valérie Toranian, rédactrice ࡯ termine son doctorat à l’Institut loin : il crée un site interactif en chef, qui relève qu’en France La rumeur du monde d’études écologiques de l’université (swapvote2000.com) doté d’un logi- « 40 % des internautes et un nouvel FRANCE-CULTURE du Wisconsin se sentait proche des ciel permettant à des inconnus de internaute sur deux sont des fem- Le samedi à 12 heures idées du candidat des Verts, Ralph se rencontrer en ligne et de conclu- mes ». Elle se propose de publier un ࡯ Nader, mais la tentation était forte re des accords de troc en temps guide réactualisé tous les ans. Idéaux et débats de « voter utile », pour le démocra- réel. Mais les autorités californien- FRANCE MUSIQUES te Al Gore, seul capable de battre le nes estiment que ce « courtage en PROCES BARBIE Le dimanche à 17 heures républicain George Bush. Le problè- voix » est illégal, et exigent la ferme- a Les 37 émissions consacrées au ࡯ me est d’autant plus aigu qu’au Wis- ture immédiate du site. Jim Cody procès Barbie, diffusées par la chaî- Libertés de presse consin, les deux grands candidats retire son système interactif, mais ne câblée Histoire à partir du 29 octo- FRANCE-CULTURE sont à égalité dans les sondages. laisse son site ouvert, pour faire bre, sont intégralement disponibles Le troisième dimanche Or, si les Verts atteignent 5 % des connaître à tous sa mésaventure. sur le site www.histoire.fr, par tran- de chaque mois à 16 heures suffrages, ils bénéficieront des sub- De son côté, Jeff Cardille estime che d’une semaine, avant la diffu- ࡯ ventions fédérales lors des prochai- qu’il n’a rien à craindre : « Mon site sion télévisée. A la « une » du Monde nes élections. est un lieu d’information et de débat, RFI De son côté, l’amie d’enfance de on ne peut rien contre moi. » Il tient LINUX Du lundi au vendredi a à 12 h 45 et 1 h 10 (heures de Paris) Jeff, qui habite aujourd’hui au l’idée de proposer à son amie du pour troquer leurs voix, et leur à préciser qu’il s’est lancé seul dans IBM va équiper les 7500 magasins ࡯ Texas, a décidé de voter pour Gore, Texas un marché inédit : il s’engage demande de faire circuler son mes- cette aventure : « Personne ne m’a d’alimentation de la chaîne japonai- La « une » du Monde mais, là-bas, Bush est pratiquement à voter pour Gore au Wisconsin, où sage sur le Net. Puis il crée une aidé. Des internautes me proposent se Lawson de postes d’accès Internet sûr de gagner. Sa voix sera donc per- cela sera utile, à condition qu’elle page WEb expliquant le procédé, et de l’argent, mais je refuse. Ce serait en libre accès. L’ensemble du systè- BFM Du lundi au vendredi due, car, à l’intérieur de chaque vote pour Nader au Texas. Dans la donne la liste des Etats où il faut trop compliqué, et contraire à mes me fonctionnera grâce au système à 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Etat, le candidat obtenant la majori- foulée, il envoie des e-mails à sa impérativement voter Gore, et de convictions. » d’exploitation libre et gratuit Linux, Le samedi té des voix remporte la totalité des famille et à ses amis pour les encou- ceux où l’on peut sans risque voter grand concurrent de Windows NT 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 « grands électeurs ». Jeff a alors rager à trouver des partenaires Nader. Aussitôt, c’est la ruée. Plu- Yves Eudes de Microsoft. - (Reuters.)

Le sourire de Jean Tiberi par Dominique Dhombres TOUT LE MONDE avait pu ment des partis politiques… Paris. Il n’a jamais été rendu remarquer l’étrange petit sou- Gérard Merle, gaulliste, cor- public alors qu’il pouvait inté- rire du maire de Paris depuis rézien, ancien employé à la resser la justice. Un ancien quelques semaines. Mis en mairie, est un de ceux qui par- gendarme raconte comment il examen, lâché par ses amis, lent à visage découvert était chargé de visiter nuitam- exclu de son parti, Jean Tibe- devant la caméra. « Il n’y a ment les bureaux des ri pouvait se dire que lui, au jamais rien eu de fait sans que employés de la mairie pour moins, n’était pas cité dans la Tiberi et Chirac soient au cou- poser des micros. Les lignes cassette Méry. Ce sourire ris- rant », dit-il. Il a reçu des téléphoniques étaient écou- que de disparaître après la menaces téléphoniques, les tées et un pool de secrétaires diffusion, mardi soir, du pneus de sa voiture ont été transcrivait les bandes. magazine « 90 minutes » de lacérés. Et, pourtant, il persis- Ces transcriptions, comme Canal+. te : Tiberi et Chirac ne pou- les rapports confidentiels de Ce que l’enquête de Ber- vaient ignorer les rapports de l’inspection générale, ser- nard Nicolas et Patrice des l’inspection générale de la Vil- vaient à intimider les Mazery montre à profusion, le de Paris, qu’ils étaient les employés rétifs. La méthode a c’est que Jean Tiberi a mainte- seuls à pouvoir autoriser et été plus brutale avec Moni- nu le système mis en place qui leur étaient exclusivement que Lapère, propriétaire de par son prédécesseur : une destinés. manèges, qui avait dénoncé le administration municipale Les journalistes de Canal+ ont racket dont étaient victimes entièrement sous la coupe pu se procurer un de ces rap- les forains au bénéfice du d’un parti politique, le RPR, ports, commandé par Jean RPR. Ses véhicules ont été auquel elle fournit généreuse- Tiberi en 1996. Ce document immobilisés, son fils roué de ment des fonds et des pointe les dépenses, artificiel- coups. Avec le visage tuméfié emplois fictifs. Et cela n’a nul- lement majorées, d’un orga- de ce dernier, on est loin des lement cessé après le vote en nisme, l’Agospap, qui gère les salons dorés de l’Hôtel de 1990 de la loi sur le finance- œuvres sociales de la Ville de Ville. LeMonde Job: WMQ0311--0035-0 WAS LMQ0311-35 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 09:01 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 38Fap: 100 No: 0435 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / 35 JEUDI 2 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 23.15 Prise directe. MUSIQUE 15.35 Minuit dans le jardin ARTE Grève : droit ou privilège ? France 3 du bien et du mal aaa TÉLÉVISION Clint Eastwood (Etats-Unis, 1998, 19.00 Voyages, voyages. Le Pérou. 20.45 et 1.00 Le Club LCI. DOCUMENTAIRES 20.15 « Sonate pour viole de gambe 150 min) %. Ciné Cinémas 2 La fin du rêve start-up. LCI TF 1 19.45 Météo, Arte info. et basse continue », de Bach. 16.05 Antonia et ses filles aa 21.00 Que nous apprennent 20.15 Reportage. Folles de foot. 19.00 Voyages, voyages. Le Pérou. Arte Avec Emmanuelle Guigues ; Marleen Gorris (Pays-Bas, 1994, 17.30 Sunset Beach. les volcans ? Forum A.-C. Vinay, clavecin. Mezzo 20.45 Thema. Le Kirghizstan. 22.00 Le Retour du loup. Forum 20.15 Reportage. Folles de foot. Arte 100 min) &. Cinéstar 1 23.10 Jazz Open 1995. Muzzik 18.20 Exclusif. 20.46 Kisvilma, terre d’espérance. 20.30 Les Ailes de légende. 17.35 Woody et les robots aa 18.58 Etre heureux comme... Film. Marta Mészaros. 23.15 « Märchenbilder pour alto Woody Allen (Etats-Unis, 1973, MAGAZINES L’Apache, un hélico 19.00 Le Bigdil. 22.40 Kirghizstan, les retrouvailles. dans la tempête. Planète et piano », de Schumann. v.o., 85 min) &. Cinéfaz 23.35 Où le ciel touche la terre. Avec Agathe Blondel, alto ; 19.55 Hyper net. 18.15 et 23.45 Procès Barbie. Histoire 21.05 Soldats des mers. TV 5 18.30 Une époque formidable aa 1.00 La Vie en face. Ouvrières du monde. Irène Blondel, piano. Mezzo Gérard Jugnot (France, 1991, 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 18.30 L’Invité de PLS. 21.20 Les Colères de la Terre. 95 min) &. Ciné Cinémas 3 [3/4]. Les volcans. Planète 20.55 Les Cordier, juge et flic. Jean-Louis Debré. LCI Lames de fond. M6 22.15 Les Cendres de Pasolini. Planète TÉLÉFILMS 19.35 Deux aa 18.50 Nulle part ailleurs. Claude Zidi (France, 1988, 22.50 Made in America. Invités : Patrick Poivre d’Arvor ; 22.35 Légendes. Vanessa Williams. 100 min) &. Cinéstar 2 Danger à domicile. 18.35 Dharma & Greg &. Indira Gandhi. Téva 21.00 V’là l’cinéma ou le roman Claire Nebout ; Dave Stewart ; 20.50 Annie Hall aaa Téléfilm. Paul Lynch %. 19.00 Charmed &. Lisa Ekdahl. Canal + 22.40 Thema. Kirghizstan. de Charles Pathé. 19.50 I-minute. Jacques Rouffio. &. Histoire Woody Allen (Etats-Unis, 1977, 0.35 Histoires naturelles. Insolites 2000. 19.00 La Quotidienne. Un jour, un thème : Kirghizstan, les retrouvailles. 105 min) %. Téva 19.54 Le Six Minutes, Météo. mon corps, ma tête. Téva Où le ciel touche la terre. Arte 22.50 Danger à domicile. Paul Lynch. %. TF 1 FRANCE 2 20.05 Notre belle famille &. 19.15 Jeudi, c’est Julie. 23.45 Après la tempête. L’exil américain 20.40 Décrochages info, Passé simple. Invité : Jean-Pierre Coffe. France 2 de Béla Bartok. Mezzo COURTS MÉTRAGES 17.55 70’s Show. 20.50 X-Files. Existences &. Nicotine ?. 19.30 et 0.40 Rive droite, 23.50 Les Couples de légende 18.25 JAG. rive gauche. Paris Première 22.35 Christine a du XXe siècle. Ingrid Bergman 19.15 Jeudi, c’est Julie. Film. John Carpenter ?. 20.05 Temps présent. Spécial USA. 20.35 Présumé meurtrier. et Roberto Rossellini. TMC Didier Delaître. ?. 13ème RUE 20.00 Journal, Météo. 0.30 Chapeau melon La ruée vers l’ordre moral. 0.00 Ils ont tué Rabin. Planète Les armes pour cible. TSR 20.45 Point route. et bottes de cuir &. 20.50 Envoyé spécial. A armes égales. 0.30 Un siècle d’écrivains. SÉRIES 20.50 Envoyé spécial. A armes égales. Etats-Unis : erreurs capitales. Nazim Hikmet, Etats-Unis : erreurs capitales. RADIO camarade poésie. France 3 PS : Les ailes de l’espoir. P-s : Les ailes de l’espoir. France 2 20.50 X-Files. Existences. &. 23.00 Pensées mortelles 21.35 Le Club. Dora Doll. Ciné Classics 1.00 La Vie en face. Nicotine. ?. M6 Film. Alan Rudolph %. FRANCE-CULTURE 22.40 Zig Zag café. Ouvrières du monde. Arte 20.55 Les Cordier, juge et flic. Lames de fond. TF 1 0.45 Journal, Météo. Et si on allait au cinéma ce soir ? : 20.30 Fiction 30. SPORTS EN DIRECT 23.25 Taxi. A Woman Between Ça s’est passé près 21.00 Le Gai savoir. Invité : Daniel Lance. de chez nous!!! TSR Friends (v.o.). Série Club FRANCE 3 22.12 Multipistes. 22.55 Soirée passion. Boléro. 18.00 Basket-ball. SuproLigue 23.45 The Practice. (1re phase, 3e journée) Echec et mat (v.o.). &. Série Club 17.50 C’est pas sorcier. Les crocodiles. 22.30 Surpris par la nuit. Invitée : Isabella Rossellini. TMC Poule B : Plannja Lulea - Pau-Orthez. 0.30 Chapeau melon et bottes de cuir. 18.15 Un livre, un jour. 0.05 Du jour au lendemain. 23.05 Courts particuliers. 20.30 Poule A : L’économie a le sens 21.00 Le Faucon maltais aa Avec Claude Chabrol. Paris Première Asvel - Rytas Vilnius. Eurosport de l’histoire. &. M6 18.20 Questions pour un champion. 0.40 Chansons dans la nuit. John Huston. 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. Avec Humphrey Bogart, 20.10 Consomag. FRANCE-MUSIQUES Mary Astor (Etats-Unis, 1941, N., 20.15 Tout le sport. v.o., 100 min). Paris Première 20.25 C’est mon choix... ce soir. 20.00 Festival d’été Euroradio. 21.15 Trois vies Les Proms 2000. Par l’Orchestre 20.55 Retour vers le futur 2 symphonique de la BBC, et une seule mort aa Film. Robert Zemeckis &. dir. Jukka-Pekka Saraste : Raoul Ruiz (France, 1995, PARIS PREMIÈRE l’intrigue n’est jamais construite CINÉSTAR 1 22.45 Météo, Soir 3. Œuvres de Sibelius, 120 min) &. Cinéstar 2 23.15 Prise directe. Berio, Tchaïkovski. sur l’explication d’une énigme, 22.20 Nénette et Boni aa 22.45 Le Désordre et la Nuit aa Grève : droit ou privilège ? 22.30 Jazz, suivez le thème. 21.00 Le Faucon maltais aa Afternoon in Paris. mais sur une série d’actions vio- Au Canet, à Marseille, Boni vend Gilles Grangier (France, 1957, 0.30 Un siècle d’écrivains. Le hasard fait que, pour ouvrir un N., 90 min). 13ème Rue Nazim Hikmet, camarade poésie. 23.00 Le Conversatoire. A Paris. cycle Humphrey Bogart, Paris Pre- lentes. Son troisième roman, The des pizzas tout en vivant de petits Maltese Falcon (1930), avait eu un 22.50 Du côté d’Orouet aa mière programme le premier film trafics. Nénette, sa sœur de quinze Jacques Rozier (France, 1973, CANAL + RADIO CLASSIQUE tel succès que Hollywood s’en em- 155 min) &. Cinétoile de John Huston réalisé en 1941, ans, s’évade d’un pensionnat et ar- parait l’année suivante pour une 23.55 Les Démons de la nuit aa f En clair jusqu’à 20.40 20.40 Les Rendez-vous du soir. peu après avoir présenté le dernier, rive chez lui, enceinte. Film de re- Mario Bava (Italie, 1977, 18.20 Les Simpson &. Watteau et la musique. adaptation sous le titre original, 90 min) ?. Cinéfaz L’Embarquement pour Cythère, Gens de Dublin (1987). Or nous as- lations, de comportements, que la 18.50 Nulle part ailleurs. tournée par Roy del Ruth. Une se- 0.15 L’Enjeu aa de Poulenc, K & m Labèque, piano ; 20.40 Pleasantville a sistons ici à la naissance d’un conde version suivit, puis vint celle mise en scène montre sans les ex- Barbet Schroeder (Etats-Unis, 1997, Masques et bergamasques, de Fauré, grand réalisateur et d’un genre, le pliquer. On reconnaît le style de 100 min) %. Ciné Cinémas 2 Film. Gary Ross &. dir. YP Tortelier ; œuvres de Debussy, de John Huston, qui devint, à 0.30 La vie ne me fait pas peur aa 22.40 Rush Hour Couperin, Rameau, Vivaldi, Sanz, film noir. Dès 1929, l’écrivain Das- Claire Denis dans sa façon de sug- Film. Brett Ratner (v.o.) &. Lambert, Leclair, Marais, Campra, trente-cinq ans, metteur en scène Noémie Lvovsky (France, 1999, Chabrier / Ravel, Debussy. hiell Hammett avait substitué au de films, pour la référence parfaite gérer ce qui peut exister derrière 110 min) &. Canal + Vert 0.20 Mickro ciné. Magazine. 22.50 (suite). Par l’Orchestre du CNSM 0.45 Cinéma de quartier. roman policier traditionnel le ro- de la transposition cinématogra- des êtres, des choses banales. Scé- 0.40 Dernières heures à Denver aa de Lyon, dir. Peter Csaba et l’Orchestre Gary Fleder (Etats-Unis, 1995, La Vengeance du Masque de fer. du conseravtoire de Paris, man d’aventures criminelles, où phique du Faucon maltais. nario un peu mince. v.o., 115 min) !. Ciné Cinémas 3 Film. Francesco De Feo &. dir. Pascal Rophé.

VENDREDI 3 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

23.40 Nuit du Net. 13.50 I comme Icare aa DÉBATS La Nuit du Net teste le web. MUSIQUE Henri Verneuil (France, 1979, TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE La ruée vers le web. Net délire. M6 125 min) &. Cinétoile 18.00 Régions. Marseille : le traitement 0.05 T’as pas une idée ? 18.30 Leonard Bernstein. Songfest. 14.20 Nénette et Boni aa 14.35 La Cinquième rencontre... des déchets. Public Sénat Invité : Hervé Bourges. Canal Jimmy Avec Clamma Dale, soprano ; Rosalind Claire Denis (France, 1996, TF 1 16.00 Les Risques du métier. 21.00 Quand on est seul Elias, mezzo-soprano ; Nancy Williams, 100 min) &. Cinéstar 2 16.30 Les Ecrans du savoir. alto ; Neil Rosenshein, ténor ; John 15.45 Les Dessous de Palm Beach. face à soi-même. Forum DOCUMENTAIRES Reerdon, baryton ; Donald Gramm, 14.35 L’Enjeu aa 17.55 Le bonheur est dans le pré. Barbet Schroeder (Etats-Unis, 1997, 16.35 7 à la maison. 22.00 Vivre avec son deuil. Forum basse. Par l’Orchestre symphonique de 18.25 Météo. 18.30 Le Monde des animaux. la Radio bavaroise, v.o., 100 min) %. Ciné Cinémas 3 17.30 Sunset Beach. 18.30 Le Monde des animaux. 23.00 La culture est-elle dir. Leonard Bernstein. Mezzo La Salamandre géante 14.55 Le Jardin du diable aa 18.20 Exclusif. 19.00 Tracks. Magazine. universelle ? Forum [9/13]. La Cinquième Henry Hathaway (Etats-Unis, 1954, 19.35 Jazz 625. Avec Bill Evans, piano ; 19.00 Le Bigdil. 19.45 Météo, Arte info. 18.30 L’Actors Studio. Chuck Israels, basse ; 95 min) &. Ciné Cinémas 1 19.55 Hyper net. 20.15 Reportage. A bas le rodéo. MAGAZINES Laurence Fishburne. Paris Première Larry Bunker, batterie. Muzzik 15.45 Le Don du roi aa 20.00 Journal, Météo. 20.15 Reportage. 20.20 « Andante cantabile » du Quatuor Michael Hoffman (Etats-Unis, 1995, 20.45 Braises. Téléfilm. Mark Schlichter. 120 min) &. Cinéstar 1 20.55 Plein les yeux. Magazine. 22.15 Grand format. Super Chief. 14.10 et 0.10 LCA, A bas le rodéo. Arte o à cordes n 1, de Tchaïkovski. 23.15 Sans aucun doute. Documentaire. Nick Kurzon. Par l’Orchestre philharmonique 15.55 Cet obscur objet du désir aa la culture aussi. Best of. LCI 22.00 Les Grandes Expositions. Les enfants du divorce. 23.30 Ronde de flics à Pékin aa Au pays de la Toison d’or. Planète de New York, dir. L. Bernstein. Mezzo Luis Buñuel (France, 1977, 14.25 Boléro. 105 min) &. Cinétoile 1.00 Les Coups d’humour. Film. Ning Ying (v.o.). 22.00 Les Aventuriers de l’Egypte 21.00 Cecil Taylor au piano solo. Muzzik Invitée : Isabella Rossellini. TMC 16.15 Dernières heures à Denver aa 14.35 La Cinquième rencontre... ancienne. [1 et 2/12]. 22.30 Christoph Schweizer. Gary Fleder (Etats-Unis, 1995, FRANCE 2 M6 Famille - Ecole : La violence Dominique Vivant Denon (1747-1825). Par l’Ensemble v.o., 115 min) !. Ciné Cinémas 3 Normal Garden. Muzzik chez les adolescents. La Cinquième Jean-François Champollion 15.40 La Chance aux chansons. 15.25 Premiers secours. Question de vie (1790-1932). Histoire 16.30 Une époque formidable aa 17.00 Les Lumières du music-hall. 23.05 Earth, Wind & Fire. Gérard Jugnot (France, 1991, 16.45 Des chiffres et des lettres. ou de mort &. Alerte toxique &. Pierre Vassiliu. 22.00 Hello, Elie ! Paris Première Au Japon, en 1994. Canal Jimmy 95 min) &. Ciné Cinémas 1 17.10 et 22.40 Un livre. 16.50 et 1.40 M comme musique. Patrick Bruel. Paris Première 22.00 Carolyn Carlson. 0.40 Duke Ellington Orchestra. Muzzik 21.00 Harry dans tous ses états aa 17.15 Qui est qui ? 17.30 Kid et compagnie. 18.15 et 23.45 Procès Barbie. Histoire Une danseuse Woody Allen (Etats-Unis, 1997, 17.55 That 70’s Show. 18.35 Dharma & Greg &. à plusieurs facettes. Mezzo 18.50 Nulle part ailleurs. TÉLÉFILMS 95 min) &. Ciné Cinémas 1 18.25 JAG. 19.00 Charmed &. 22.15 Grand format. Invités : Yann Moix ; 21.05 Sous le signe du scorpion aa 19.15 Vendredi, c’est Julie. 19.50 I-minute. Tim McRae. Canal + Super Chief. Arte Paolo Taviani 19.00 Au fil de la vie. 19.50 Un gars, une fille. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 22.25 Les Nouveaux Détectives. Michael Schultz. %. Ciné Cinémas et Vittorio Taviani (Italie, 1969, 19.00 Tracks. Arte 20.05 Notre belle famille &. Dépourvus de trace. 13ème RUE 19.00 A chacun son tour. v.o., 90 min) &. Cinétoile 20.00 Journal, Météo. 19.15 Vendredi, c’est Julie. France 2 20.38 Météo du week-end. 22.30 Parole de solitaires. Planète Peter Bogdanovich. Disney Channel 20.50 Une soirée, deux polars. 19.30 et 0.50 Rive droite, P.J. Bavure &. 20.40 Politiquement rock. 22.30 A la recherche 20.45 Braises. Mark Schlichter. Arte rive gauche. Best of. Paris Première 21.45 Avocats et associés. 20.50 Graines de star. Des hommes amoureux &. du rythme parfait. Mezzo 20.45 Meurtres à Brooklyn. 22.55 Au-delà du réel. 19.55 et 23.55 TV 5 l’Invité. TV 5 Forest Whitaker. RTL 9 22.45 Bouche à oreille. 22.55 Inde, naissance d’une nation. Virtuellement vôtre %. 20.05 C’est la vie. [9/10]. Odyssée 21.10 Les Secrets du passé. 22.50 Bouillon de culture. Sois un homme mon fils ! TSR 23.40 Nuit du Net. La Nuit du Net teste le 23.25 Médecine traditionnelle Michael Lindsay-Hogg. Festival Le prix Nobel et les débutants. web. La ruée vers le web. Net délire. 20.55 Plein les yeux. 23.45 Le Tour d’écrou. Petr Weigl. Mezzo 0.10 Journal, Météo. Safari au cœur de Manhattan. en Afrique. [4/7]. Planète 0.35 Cycle court métrage au féminin. Raz-de-marée sur un port de pêche. 23.25 La Noce radieuse. Odyssée SÉRIES Les Cendres du paradis. RADIO Carnet rose. One-Shot. 23.45 Cuba entre chien Dominique Crèvecœur &. Attaque par un fauve. Baisers à hauts risques. Train d’enfer. et louve. TMC 17.55 That 70’s Show. FRANCE 3 FRANCE-CULTURE Le saut de l’ange. L’enfer 23.55 Les Ailes de légende. Un nouvel espoir. France 2 au paradis. Sauve qui peut. TF 1 L’Apache, un hélico 18.25 Les Simpson. Les vieux sont 16.10 Les Zinzins de l’espace. 20.30 Black & Blue. Joe Chambers ou 20.55 Thalassa. dans la tempête. Planète tombés sur la tête. &. Canal + 16.20 MNK vacances. de la musicalité avant toute chose. Spécial Vendée Globe : 0.20 Titanic, au-delà du naufrage. 18.35 Dharma & Greg. 21.30 Cultures d’islam. Seuls en mer. France 3 17.50 C’est pas sorcier. Les robots. Les lendemains. Odyssée Nuits de rêves ! &. M6 Une enfance saoudienne. 21.00 Lucy, Ramsès et Cie. Histoire 18.15 Un livre, un jour. 22.12 Multipistes. 0.45 Les Colères de la Terre. 19.25 Les Brigades du Tigre. 18.20 Questions pour un champion. 21.00 Recto Verso. [3/4]. Les volcans. Planète Bonnot et Cie. Festival 22.00 Les fiancées en folie aaa 22.30 Surpris par la nuit. Orphée studio : Buster Keaton. Avec Buster Keaton, 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. Avec Vanessa Paradis. Paris Première 20.45 New York District. Babel, dernière fugue. Ruth Dwyer (EU, muet, 1925, N., 20.10 Tout le sport. 0.05 Du jour au lendemain. 21.00 Top bab. SPORTS EN DIRECT Le pouvoir de l’argent. v.o., 65 min) &. Ciné Classics Benjamin Diamond. Canal Jimmy ème 20.20 C’est mon choix... ce soir. Criminelle ou victime ? 13 RUE 22.50 La Ligne rouge aa 22.10 Faut pas rêver. 14.00 Tennis. Masters Series. 20.55 Thalassa. Spécial Vendée Globe : FRANCE-MUSIQUES 20.50 P.J. Bavure. &. France 2 Terrence Malick (Etats-Unis, 1999, Seuls en mer. Cambodge : Le dernier bastion. Tournoi messieurs de Stuttgart. 164 min) %. Canal + France : Banco sur les biftons. Quarts de finale. Pathé Sport 21.45 Avocats et associés. 22.10 Faut pas rêver. 20.00 Concert franco-allemand. Niger : Le Bianou, fête touareg. Des hommes amoureux. &. France 2 23.00 Starship Troopers aa Cambodge : Le dernier bastion. Par l’Orchestre philharmonique de Invité : Titouan Lamazou. France 3 18.00 Tennis. Tournoi féminin de Leipzig. Paul Verhoeven (Etats-Unis, 1997, France : Banco sur les biftons. France, dir. Christopher Hogwood : Quarts de finale. Eurosport 22.45 La Vie à cinq. Trop proche. Téva 22.50 Bouillon de culture. v.o., 125 min) ?. Cinéfaz Niger : Le Bianou, fête touareg. Concerto pour orchestre à cordes en ré, 20.45 Football. D 1 (14e journée) Match 22.55 Au-delà du réel, l’intégrale. 23.05 Météo, Soir 3. de Stravinsky ; Concerto pour violoncelle Le prix Nobel et les débutants. Virtuellement vôtre. %. M6 o Invités : Gao Xingjian ; Christian avancé : Monaco - Lyon. Canal + 23.35 On ne peut pas plaire et orchestre n 1, de Haydn ; Symphonie Garcin ; Laurent Mauvigner. France 2 23.25 Taxi. en ut majeur, de Stravinsky. The Great Race (v.o.). Série Club à tout le monde. 22.30 Alla breve. D’un seuil à l’autre pour 23.15 Sans aucun doute. DANSE 1.05 C’est mon choix. 23.45 The Practice. chœur, de De Vienne, dir. Michel Les enfants du divorce. Tranchant (Rediff.). 21.00 « Vu d’ici, un portrait Un cri dans la forêt (v.o.). Série Club Invitée : Gabrielle Lazure. TF 1 CANAL + 22.45 Jazz-club. Au Duc des Lombard, 23.15 Paris dernière. Paris Première en cinq tableaux ». Ballet. 0.12 I Love Lucy. Ricky asks à Paris. Le trio de Jean-Michel Pilc, for a Raise (v.o.). &. Téva Chorégraphie de Carolyn Carlson. 15.35 Le Tour du monde piano, avec François Moutin, 23.35 On ne peut pas plaire Musique de Yared. 1.00 Chapeau melon et bottes de cuir. des grenouilles. contrebasse et Ari Hoenig, batterie. à tout le monde. France 3 Avec Carolyn Carlson. Mezzo La boîte à trucs. &. Série Club 16.25 Ma petite entreprise a Film. Pierre Jolivet &. RADIO CLASSIQUE 17.50 Mickro ciné. Magazine. 20.40 Concert. La pianiste Mari-Joao Pires f En clair jusqu’à 20.45 et l’Orchestre philharmonique de 18.25 Les Simpson &. Berlin, dir. Claudio Abbado. 18.50 Nulle part ailleurs. Au Royal Albert Hall, à Londres. Egmont, de Beethoven ; Concerto pour ARTE FRANCE 2 voyageur, éd. Gallimard), Laurent 20.15 Football. Championnat piano op. 54, de R. Schumann ; Œuvres de France D 1. Monaco - Lyon. de Brahms : Symphonie no 3 op. 90 ; Mauvigner (Apprendre à finir, éd. 20.45 Coup d’envoi. En direct o 20.45 Braises 22.50 Bouillon de culture 23.05 L’Impasse aux violences aa Danse hongroise n 5 en sol mineur. de Minuit). Egalement présents sur du Stade Louis II. 22.05 Les Rendez-vous du soir (suite). Tragédie classique à laquelle le Pour son « Bouillon de culture » John Gilling. Avec Peter Cushing, Donald Pleasence (Grande-Bretagne, 22.50 La Ligne rouge aa Sonate pour piano et violon K 377, le plateau, la surprise de la rentrée Film. Terrence Malick %. bassin industriel de la Ruhr sert de qui a pour thème le prix Nobel et 1959, N., v.o., 90 min) %. Ciné Classics de Mozart ; Œuvres de Schubert, littéraire, l’écrivain Jean-Jacques 1.35 Surprises. Franz, Reger. décor, ce téléfilm de Mark Schlich- ses débutants, Bernard Pivot reçoit 23.30 Ronde de flics à Pékin aa Schuhl, qui avait disparu depuis ter – qui fut acteur avant de colla- ce soir Gao Xingjian, dissident Ning Ying (Chine, 1995, v.o., Télex no 1 en 1976, revient avec In- 100 min). Arte SIGNIFICATION DES SYMBOLES borer avec Jean-Luc Godard – uti- chinois naturalisé français, roman- grid Caven (éd. Gallimard), un ro- 23.30 Les Grandes Manœuvres aa lise tous les ingrédients du genre. cier et dramaturge, qui vient d’être man pour lequel il vient de se voir René Clair (France, 1955, Les codes du CSA Les cotes des films Deux frères ennemis, fils d’un res- récompensé par le prix Nobel de attribuer le dernier prix Goncourt 115 min) &. Cinétoile & Tous publics a On peut voir ponsable syndical mythique, littérature, pour La Montagne de 0.20 Europa aa % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer du siècle, Bruno Gibert pour Lars von Trier ? aaa combattent pour la survie d’une l’âme (publié en 1995 en France) et Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Claude, paru chez Stock, qui vient (France - Danemark, 1991, ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + aciérie. L’un avec ses logiciels de ses autres ouvrages parus aux Edi- de recevoir le prix du Premier Ro- v.o., 110 min) %. Ciné Cinémas 2 ! Public adulte DD Dernière diffusion consultant, l’autre en chef syndi- tions de l’Aube. Autres invités, man, et Marion Hennebert, direc- 0.35 Nuits blanches aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Luchino Visconti (Italie, 1957, N., # cal. Réaliste mais longuet. Christian Garcin (Le Vol du pigeon trice des Editions de l’Aube. v.o., 105 min) &. Ciné Classics Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0311--0036-0 WAS LMQ0311-36 Op.: XX Rev.: 02-11-00 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:02,11, Base : LMQPAG 38Fap: 100 No: 0436 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 M. Annan appelle les grandes puissances M. Strauss-Kahn De glace par Pierre Georges a bien suivi l’avis UN PETIT arpent de banquise. d’ours à la planche, morue brai- Sous les pavés de glace, la plage ! sée, enfin toutes braves bêtes no- à ne pas abandonner la Sierra Leone Puisque aussi bien l’effet de serre toirement exemptes d’ESB. de ses services sur sort les griffes ; que la tempéra- Serait-ce si fou que cela, mon ture monte et la mer itou ; que la doux palmier au Groenland, par La force de l’ONU est de nouveau menacée du fait de leur inertie banquise fond, que les ours les nuits sans nuit ? Ah, nos en- le dossier Lagerfeld blancs, pauvres bêtes, tâtent de fants nous béniraient. Autant POUR LA DEUXIÈME FOIS en s’adresse Kofi Annan, pour leur de- même, sans entraînement évidem- L’ANCIEN ministre de l’écono- la papatte le sol de la patinoire sans doute que nous avons béni moins d’une semaine, le secrétaire mander au fond d’être plus consé- ment et dans l’incapacité de faire mie et des finances Dominique pour savoir s’il est bien raison- nos aïeux d’investir leurs écono- général de l’ONU, Kofi Annan, a quentes avec leurs belles paroles, respecter quoi que ce soit. Le secré- Strauss-Kahn n’a fait que suivre nable de s’y aventurer sans gilet croques en francs-or dans les lancé un appel au secours, mercre- du type de celles qui ont été pro- taire général de l’ONU et le dépar- l’avis de ses services dans le traite- de sauvetage ; oui puisque tout prometteurs emprunts russes ou di 1er novembre, pour sauver la noncées au sommet du millénaire tement des opérations de maintien ment du dossier fiscal de Karl La- cela menace et qu’il faut le dans les compagnies de chemin mission de l’ONU en Sierra Leone, de l’ONU il y a moins de deux mois. de la paix avaient alors fait front gerfeld, assure Le Nouvel Observa- prendre au sérieux maintenant, de fer amazoniennes. Avec le ré- la Minusil. « J’appelle les Etats La semaine dernière, M. Annan pour sauver la Minusil, lui procurer teur dans son édition du et au tragique demain, tâchons sultat que l’on sait. membres, en particulier ceux qui dis- n’avait pas caché son sentiment sur de premiers renforts mieux équi- 2 novembre. voir d’y trouver au moins quel- Bref, l’effet de serre appartient posent d’armées importantes et bien la menace de débandade qui pèse à pés, tandis que les Britanniques, L’hebdomadaire contredit for- que plaisir. aux audacieux ! Tout comme l’or- équipées, à envisager d’urgence une nouveau sur la Minusil. Si les In- par une intervention-éclair, stop- mellement la présentation du Ca- A chaque jour suffit sa catas- dinateur d’ailleurs, ce si cher et participation à la Minusil avec des diens et les Jordaniens sont sur le paient l’offensive des rebelles. Mais nard enchaîné, qui avait affirmé, trophe ! Donc, ce matin, en une désormais si vigilant ami de soldats ou de l’équipement », a dé- point de déclarer forfait, c’est, cet effort aurait dû se poursuivre : sur la foi d’une note manuscrite parfaite désinvolture, on serait l’homme. Il n’est de jour où de claré M. Annan dans un rapport au avait-il dit, parce qu’« ils espéraient en août, Kofi Annan avait demandé du ministre datée du 14 août 1990, fort tenté de lancer une formule fâcheuses nouvelles ne par- Conseil de sécurité. que davantage de soldats des pays au Conseil de sécurité de porter à que M. Strauss-Kahn avait imposé à l’emporte-terre du genre : viennent du front des salariés. L’Inde et la Jordanie, qui contri- développés se joindraient à eux sur le 20 000 hommes les effectifs de la une transaction avec le couturier, « Laisse l’effet de serre se faire ! » Comme quoi l’ordinateur serait buent à hauteur de 5 000 casques terrain pour participer à ces opéra- Minusil, ce que depuis il n’a pu ob- contre l’avis de la direction géné- Au risque de passer pour un par- un flic, un indic d’entreprise, un bleus sur les 13 000 que compte la tions de maintien de la paix ». tenir. rale des impôts (DGI) (Le Monde fait irresponsable et de recevoir fameux mouchard, tel celui ins- Minusil, ont annoncé récemment Les Britanniques ont annoncé du 25 octobre). une avalanche de papier bleu, de tallé dans la cabine du routier de leur intention de retirer leurs SAUVER LA MINUSIL qu’ils enverraient 200 soldats, sans Le Nouvel Observateur reproduit papier vert, du genre : c’est hon- bureau. L’ordinateur sait tout, contingents. « Les offres actuelles de L’expérience du printemps der- qu’ils soient intégrés à la Minusil. une note du secrétariat d’Etat au teux, traiter avec tant de légéreté voit tout, dit tout. L’ordinateur remplacement de soldats et d’équi- nier en Sierra Leone était pourtant Ce n’est « pas suffisant », a déclaré budget, datée du 6 août 1999, sur d’une chose si grave ! Si vous ne est un agent du patronat le plus pement ne sont pas suffisantes pour supposée avoir servi de leçon. Face M. Annan la semaine dernière. laquelle figure une annotation de pensez pas à vous, pensez au répressif. Il est en mesure à tout compenser le retrait des importants à l’offensive menée par les troupes « Au moins les Britanniques ont-ils la cellule fiscale de Bercy : ce do- moins aux enfants des enfants de instant de cafter le salarié qui ne contingents indien et jordanien », a rebelles du RUF dirigées par Foday fait un geste. D’autres n’en ont cument atteste qu’à cette date vos enfants qui, en l’an 2100, su- ferait pas vraiment ce qu’il doit indiqué Kofi Annan. Le Bangladesh Sankho, la Minusil s’était révélée pas fait autant, a-t-il ajouté ; ceci « l’accord de la DGI et de [M.] La- biront une hausse des tempéra- faire et ferait ce qu’il ne doit pas a proposé l’envoi de deux batail- impuissante, à la merci des pre- soulève une question sur laquelle gerfeld » était acquis sur la négo- tures de l’ordre de 1,5 à 6 O C. Du faire. Par exemple, errer en de lons d’infanterie et d’autres unités, neurs d’otages, et le misérable état nous devons tous nous pencher, ciation entreprise – au terme de moins si tout se passe mal. déplorables contrées internau- et le Ghana se dit prêt à fournir un de ces « soldats de la paix » venus à commencer par le Conseil de sé- laquelle le couturier a obtenu un Eh bien ? Z’auront moins froid tiques. bataillon, mais a besoin d’« aide de pays du tiers-monde avait alors curité. » abattement de 41 millions de l’hiver, ces braves. Et donc se Un vrai flic donc. Très res- pour l’équiper ». fait scandale : soldats sans armes francs sur les 85 qui lui étaient ré- chaufferont moins et donc pol- sources informatiques ! Mais C’est aux grandes puissances que pour la plupart, sans uniformes Claire Tréan clamés. lueront moins, et donc moins aussi un outil aux potentialités d’effet de serre. CQFD. A toute évidentes. Par exemple, cet ordi- chose effet de serre est bon. Fai- nateur diffuseur d’odeur, cet or- sons, par exemple, un peu de dinateur, demain, vaporisateur spéculation-fiction. Ne serait-il de parfums. Ils y travaillent tous pas avisé, dès maintenant, de et vivement (lire page 28). Fa- s’acheter au pôle, Sud ou Nord, meuse et alléchante idée. une petite surface de glace pas L’e-mail ILOVEYOU avec fra- chère. De déposer, avec quelques grances de rose ! Pour vous, amis corses, les statuts de la chère ! Et pourquoi pas demain Compagnie des paillotes arc- – effet de serre, plus de forêts, tiques ou antarctiques. D’at- donc plus de papier, donc plus de tendre patiemment le dégel des journaux – le journal sur écran. sols et le réchauffement des airs. Avec, en prime, une bonne vieille De préparer déjà les menus, bro- odeur d’encre et de papier jour- chettes de bébé-phoque, steack nal ! Moderne, non ? L’euro suspendu à la réunion de la BCE À QUELQUES HEURES de la réunion du conseil de la Banque centrale européenne (BCE), l’euro se négociait légèrement en dessous du seuil de 0,86 dollar, jeudi 2 novembre, au cours des premiers échanges, après être monté à l’ouverture jusqu’à 0,8619 dollar. Les analystes n’attendent pas, dans leur majorité, de modification de ses taux d’intérêt par la Banque centrale euro- péenne. La monnaie unique s’était redressée en cours de séance mercredi, profitant de nouveaux signes de ralentissement économique aux Etats-Unis. Au lendemain de la publication de statistiques, mon- trant une baisse de confiance des consommateurs, la Réserve fé- dérale américaine (Fed) a indiqué, mercredi, dans son rapport de conjoncture, que la croissance économique a été modérée aux Etats-Unis en septembre et au début du mois d’octobre. La Fed a toutefois signalé que « le marché du travail est demeuré étroit et plusieurs des douze régions ont fait part d’un accroissement des ten- sions sur les salaires ». Commémoration de la tragédie du « 5-7 », trente ans après dans l’Isère UNE QUARANTAINE de personnes se sont recueillies, mercredi 1er novembre, à Saint-Laurent-du-Pont (Isère), devant la stèle de marbre portant les noms des victimes de l’incendie du dancing le « 5-7 », qui avait tué 146 jeunes gens âgés de 14 à 22 ans, durant la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1970. Les élus de la commune et les familles se sont également rendus au cimetière, devant la tombe commune où sont ensevelis les restes de sept victimes non identifiées ; puis devant les tourni- quets en fer rouillé qui étaient disposés à l’entrée du dancing et ont été conservés sur place. Cent dix corps avaient été retrouvés massés devant ces portails destinés à éviter la resquille à l’entrée du night-club, ouvert sept mois plus tôt au bord de la nationale 520 , entre les villes de Voiron et de Chambéry.

DÉPÊCHES a ESPACE : le module Soyouz transportant les Russes Iouri Gidjenko et Sergueï Krikalyov et l’Américain William She- pherd s’est arrimé avec succès jeudi à 09 h 24 GMT à la station spatiale internationale (ISS). Les trois hommes seront les pre- miers occupants de l’ISS, qui tourne en orbite à 370 km au-des- sus de la Terre. Ils doivent rester 117 jours seuls à bord avant d’être rejoints par un deuxième équipage en février Le Soyouz avait décollé mardi du cosmodrome de Baïkonour. – (Reuters. ) a CINÉMA : la star du porno Rocco Siffredi, 36 ans, a annoncé au cours d’une conférence de presse à Paris, qu’il devenait le porte-drapeau de la ligne de vêtements masculins Olly Gan, qui se fait fort de « transformer la star du X en gentleman », tout en dévoilant ses prochains projets d’interprétation dans le circuit du cinéma de consommation courante. Il tournera donc dans quelques semaines un second film avec Catherine Breillat, qui l’a mis en scène dans Romance, ainsi qu’un « thriller » sur fond de sado-masochisme coproduit par Jean-François Lepetit (Flach Films).

Tirage du Monde daté jeudi 2 novembre 2000 : 427 701 exemplaires. 1 - 3 VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000

L’ÉTRANGETÉ DES DESTINS LA LIBERTÉ, IMPROVISATION PERMANENTE SÉLECTION Natsume Sôseki, détective nonchalant Jazz et Black Power, « free » et révolution : La liste des lancé sur sa propre piste : un manifeste esthétique et politique, « poches » parus un magnifique thriller romantique p. III par Philippe Carles et Jean-Louis Comolli p. X en octobre p. XIII à XV

SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 3 NOVEMBRE. N˚ 17348 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE act ualités bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb sommaire b Face aux piles d’Edouard Rumel à Dinan b LITTÉRATURES A l’équinoxe Un libraire généraliste dans une commune rurale propose quelque six mille titres dans ses rayons et au-delà de Natsume Sôseki n trouve le Poche-Café, un peu grand soin, certain que, dans une com- nombre, ils ont pris la peine de faire remar- (p. III) par hasard, après l’une de ces mune rurale de 12 000 habitants, il est trop quer qu’elle est au programme du bac, Madame Bovary ruelles qui conservent à Dinan hasardeux d’aborder la culture sans une cer- cette année… de Gustave Flaubert (Côtes-d’Armor) une belle allure taine exigence. On trouve, ici, Blanchot, Vel- Les enseignants des lycées de la ville (un (p. IV) médiévale.O Passées les maisons à porches et ter, Ponge, Réda ou Penna. Au rayon théâ- public, un privé, pour près de trois mille élè- Histoire à piliers, passé le beffroi du XV e siècle, la li- tre, Sophocle et Nathalie Sarraute, mais ves) jouent le jeu. Quelques professeurs du de la littérature brairie d’Edouard Rumel apparaît comme aussi Porcelaine, ces scènes dialoguées de lycée public de La-Fontaine-des-Eaux se française un défi de modernité. Ici, on s’assoit entre Robert Walser (Ed. Zoë « Mini Zoë », Ge- sont même fait les complices d’Edouard Ru- sous la direction amis, devant un café ou un jus de fruit, on nève). On trouve Récits d’amour et de cheva- mel pour animer (deux fois par mois) les dé- de Daniel Couty (p. IV) échange quelques idées en triant une pile de li- lerie (Bouquins) et Modiano, le Larousse de bats du vendredi soir. Comme lui, ils se dé- Bêtes, hommes vres ; on flâne devant les aquarelles et les goua- Poche 2001 côtoyant, en vitrine, Le Petit Na- solent de la désertion lycéenne. Est-elle due et dieux ches accrochées aux murs blancs. Certains vire de Tabucchi (Seuil, « Points »), Salon à l’ambiance trop sage de la librairie ? Ou à de Ferdynand soirs, on participe à un débat sur Giono, Gar- de beauté de Bellatin (Stock) ou Kyoko de la réputation d’élitisme qui l’accompagne, Ossendowski (p. IV) cia Marquez ou Louis Guilloux, sur Nietzsche, Murakami Ryu (Picquier Poche). Au rayon depuis son ouverture, il y a trois ans ? Li- Le Royaume sur « Le beau » ou, comme bientôt, sur Léon philosophie, on trouve Platon mais aussi braire et enseignants se consolent en des voix Bloy ou René Crevel. C’est ainsi qu’Edouard Onfray. On trouve Arendt, Nietzsche et voyant les étudiants dinannais fréquentant, d’Antonio Muñoz Molina Rumel a rêvé sa librairie, en songeant à même Guy de Pourtalès pour son Nietzsche la semaine, les facultés de Rennes ou de (p. V) des lycéens heureux de se retrouver, en- en Italie (L’Age d’homme). Quand il veut se Brest, heureux de rentrer chez eux, le week- Le cœur est un chasseur tre eux, environnés de chefs-d’œuvre, par- faire pédagogue, Edouard Rumel fait une end, et de trouver là un petit havre de solitaire et lant littérature, philosophie ou poésie, pile thématique. Quand il veut se faire plus culture qu’ils n’espéraient plus. Edouard Ru- Frankie Addams science-fiction ou littérature policière. commerçant, il cède à la tentation du fa- mel a toujours pour eux un exemplaire de de Carson McCullers (p. V) Cet autodidacte de 47 ans, voulant se gué- cing, présentant un livre pour sa couver- son livre fétiche, Les Somnambules d’Her- Architecte rir d’une jeunesse sans lecture, décou- ture. Combien d’exemplaires a-t-il, ainsi, mann Broch (L’Imaginaire). A ces jeunes des glaces vrira Diderot en lisant Kundera, se plon- vendu de La dame qui aimait les toilettes pro- clients, comme aux plus fidèles, le libraire of- de Marc Petit (p. V) gera dans Descartes puis dans Husserl, pres, de Donleavy (« Folio »), grâce à l’illus- frira volontiers un café. Pour le reste, il espère Livraisons (p. VIII) dans Kafka et, aujourd’hui, dans Hume. tration de Botero ? Ce ne sont pas les jeu- que les éditeurs ne lui mettront pas trop sou- De quoi se convaincre que la spécialisation nes lecteurs qui se sont laissé prendre, en vent le couteau sous la gorge. Cela arrive, dit-il. b ROMANS a quelque chose à voir avec l’oubli de soi. tout cas, au tag très contemporain ornant André Meury POLICIERS Une librairie généraliste, donc, où le livre la couverture du Tristan et Yseut de Béroul, Chiens sales de poche a envahi les rayons. Six mille ti- le trouvère du XIIe siècle (« Folio / Classi- (Le Poche Café, 1 bis, rue Haute-Voie, 22100 de François Barcelo tres qu’Edouard Rumel sélectionne avec que »). Si ceux-là ont acheté l’œuvre en Dinan. Tél. : 02-96-39-98-60) (p. VI) Livraisons (p. VI) b SCIENCE-FICTION « Folio SF », la nouvelle en bref collection de Gallimard Cadran bleu et autres mondes b (p. VII) Livraisons (p. VII) eux nouvelles collections pour ment présentée, avec des couvertures et b La Découverte/Poche, centième. La la jeunesse sont apparues ré- des illustrations intérieures signées Caza, Découverte/Poche fête son centième vo- b ESSAIS cemment au firmament des lit- Olivier Vatine ou Fred Blanchard. lume en publiant deux classiques de l’édi- Free Jazz/ tératures de l’imaginaire, ce « Autres mondes », chez Mango jeu- tion engagée, Ratonnades à Paris et Les Black Power Dqui nous autorise à filer la métaphore stel- nesse, dirigée par le spécialiste Denis Harkis à Paris, de Paulette Péju (première de Philippe Carles laire. La première aux éditions Degliame, Guiot, est consacrée à la seule science-fic- édition : Maspero, 1961). Deux titres qui et Jean-Louis Comolli la collection « Le cadran bleu » couvre le tion, ainsi que l’affirme hautement le ti- trouvent naturellement leur place à côté (p. X) champ entier avec des sous-séries consa- tre de l’anthologie manifeste, « Graines des Carnets de guerre, de Louis Barthas, Anthropologie crées à la science-fiction, qui propose no- de futurs », qu’a concoctée le directeur vente record de la collection (25 000 exem- du corps tamment les délirantes aventures d’Anta- de la collection pour ouvrir le bal et qui plaires), ou d’En direct du couloir de la et modernité rès, l’agent spatio-temporel, et de son réunit quelques sommités du genre : mort, de Mumia Abu Jamal, autre bonne de David Le Breton équipage, signées Christophe Lambert et Alain Grousset et Danielle Martinigol, vente. Parmi les titres annoncés pour les (p. XI) Bishop, et un Jean-Pierre Andrevon (Le Vi- Christian Grenier, Christophe Lambert, prochains mois : De la souillure, de Mary Freud siteur de l’Anti-Monde), au fantastique et Joëlle Wintrebert. Au travers d’histoires Douglas, et Les Crimes de l’armée fran- de Jacques Sédat (p. XI) à la fantasy sous l’étiquette « Légende » . mettant en scène des clones acteurs de ci- çaise, de Pierre Vidal-Naquet. Le Rose et le Noir Le parti pris de la directrice de la collec- néma, des nanorobots fantômes ou des de Frédéric Martel tion est d’avoir demandé à des auteurs bananes qui vaccinent, c’est « l’éventail b BOL, Godard et Le Diable au corps. (p. XI) spécialisés dans ces genres d’écrire pour des futurs possibles engendrés par l’accé- Pour prolonger l’opération « Livres en Enfance et Histoire les enfants (à partir de 10 ans), qu’ils lération de la connaissance scientifique » fête », le libraire en ligne bol.fr offre un de Giorgio Agamben aient, comme Gudule (La Villa qui hurle), que s’emploie à explorer ce recueil où fi- exemplaire du Diable au corps, de Radi- (p. XII) Christophe Lambert (La Malédiction gurent également les deux autres auteurs guet, en Pocket, pour les clients qui effec- Les Origines culturelles d’Halloween) ou Francis Valéry (Le Mys- de cette première volée de parutions : tuent plus de 99 francs d’achats (livres, dis- de la Révolution tère du manoir Millard), une certaine expé- Ange, un nouveau venu, dont le pseudo- ques, vidéos, etc.). La quatrième de couver- française rience dans le domaine ou qu’ils y fassent nyme asexué camoufle un couple qui a ture du volume offert vante les mérites de Roger Chartier leurs premiers pas. C’est le cas de Laurent déjà travaillé dans le jeu de rôle, le scéna- d’« un texte puissant qui a fait scandale à (p. XII) Genefort, qui dans La Citadelle des dra- rio de BD et la littérature pour adulte l’écran, quand Claude Autant-Lara ou Jean- La Politique gons, conte une nouvelle aventure (sous l’alias G. E. Ranne), et Jean-Pierre Luc Godard avaient “le diable au corps” ». de la langue d’Alaet, le petit voleur qu’on croirait droit Hubert, qui semble bien, après Le Bleu Jean-Luc Godard a peut-être eu le diable française sorti des Mille et Une Nuits et qui vient ici des mondes, revenir en force dans le au corps, mais il n’a jamais adapté le livre de Marie-Josée au secours d’une elfeline. Et aussi celui de champ de la science-fiction. Les Cendres de Radiguet, contrairement à Marco Bel- de Saint-Robert (p. XII) Pierre Grimbert, qui relate dans son cycle de Ligna est un « planète opéra » déve- locchio dans les années 80. C’est la bou- des « Aventuriers de l’irréel » les mésa- loppant une thématique écologique de fa- che de Maruschka Detmers qui a fait scan- b SÉLECTION ventures des utilisateurs de la console de çon très intelligente et avec une grâce dale dans le film italien, même si l’actrice a La liste des livres jeux Dream-station : le « rêve » peut vi- d’écriture peu commune, qui bénéficie été découverte par Godard dans Prénom de poche parus rer vite fait au cauchemar, comme c’est le de surcroît d’une superbe couverture de Carmen. Le même livre, dans la même édi- au mois d’octobre cas dans La Formule rouge. Il convient de Manchu. Bon vent et longue vie… tion, est décrit sur amazon.fr comme (p. XIII à XV) spécifier que la collection est très joli- J.Ba. « une œuvre érotique de 1803 » ! II - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 littérat ures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’étrangeté des destins

À L’ÉQUINOXE ET AU-DELÀ ordinaire. « Il avait l’impression d’avoir (Higan sugi made) voulu jouer au go et d’en être réduit à regar- de Natsume Sôseki. der les autres jouer. » Il se retrouve enfin Traduit du japonais chargé d’une étrange mission : suivre un par Hélène Morita, homme coiffé d’un feutre noir et vêtu d’un Le Serpent à plumes, « Motifs », pardessus gris moucheté, avec un visage al- 432 p., 45 F (6,86 ¤). longé et entre les sourcils un grain de (Première édition : beauté. Son investigation le plonge dans un Le Serpent à plumes, 1995.) nœud de vipères familial. Il perce le secret de son ami Sunaga, et de Chiyoko, une l est mort sans avoir souri de sa vie. Il jeune femme qu’il avait entrevue fugitive- n’en avait jamais éprouvé la moindre ment de dos et qui l’avait intrigué. Les analy- envie. Il était triste, songeur, lointain. ses tout en nuances du jeune Keitarô ren- Pourquoi aurait-il souri ? La vie ne voient à l’art dont Sôseki s’est voulu maî- luiI avait fait que des grimaces. Petit dernier tre : celui d’un détective nonchalant, lancé d’une famille nombreuse, il est mis en nour- sur sa propre piste. Car, par effet de miroir, rice dès sa naissance : sa mère s’était sentie les secrets révélés dans ce magnifique honteuse d’être enceinte à son âge. Puis un thriller romantique réfléchissent les zones couple de gens modestes l’adopte. Lorsqu’à d’ombre et tourments mêmes de l’auteur. neuf ans il est rendu à ses parents, il les Sôseki, par exemple, venait de perdre un en- prend pour ses grands-parents. Il se rend fant lorsqu’il composa ce récit. Ce drame compte que ses frères et sœurs sont est raconté longuement ici, en un épisode choyés, pas lui. poignant. Dans un roman à résonances autobiogra- Jean-Luc Douin phiques, Les Herbes du chemin (1), il raconte qu’il était pour son père « une présence dé- (1) Ed. Philippe Picquier. rangeante. Il me regardait toujours avec l’air (2) Tous aux éd. Rivages. ILLUSTRATION (COUVERTURE ET DÉTAIL INTÉRIEUR) : LORENZO MATTOTTI de se demander ce que ce monstre était venu faire chez lui et ne me traitait pour ainsi dire b jamais comme un enfant. » Il est victime Les héros de Sôseki se meurent autant d’une dépression à vingt-sept ans. Se retire Les romans d’un remords que de leurs maux d’esto- extrait dans un temple zen. Vit trois ans en Angle- mac. Souvent, c’est le drame d’un homme terre. Enseigne la littérature anglaise à l’uni- de Sôseki qui n’a pas épousé la femme de sa vie. Il semble que cette tendance ait commencé versité de Tokyo. Retombe deux ans dans la C’est le constat que les histoires d’amour à s'imposer à Keitarô alors qu'il était encore ly- neurasthénie. A quarante-trois ans, il frôle s'articulent sont « aussi éphémères que le songe d’une céen, lorsque son professeur d'anglais se ser- la mort à cause d’un ulcère à l’estomac. nuit d’été », et la certitude que, « quoi vait d'un récit de Stevenson, Les Nouvelles C’est ce mal qui l’emporte en 1916, à qua- souvent autour qu’on fasse, jamais cœur d’homme et cœur Mille et Une Nuits, comme livre de classe. Une rante-neuf ans, après des crises à répéti- de visites, de femme ne se peuvent hermétiquement fois, dans son excitation, il en oublia la distinc- tion. Il passe les dernières années de sa vie ajuster l’un sur l’autre ». Dans Le Voyageur tion entre roman et réalité et il demanda au « amaigri et chancelant », stoïque. Ironie du de confessions. (2), le héros se débat dans l’imbroglio senti- professeur, très sérieusement, si des choses sort : certains de ses amis plus jeunes et en mental où son frère et sa belle-sœur se pareilles pouvaient se passer réellement à meilleure santé disparaissent avant lui. Lors- Généralement, sont (et l’ont) plongés en voulant mettre Londres au XIXe siècle. L'enseignant tira un que, coiffé d’un haut de forme, il accourt en leur fidélité mutuelle à l’épreuve. La sensibi- mouchoir en lin de la poche intérieure de sa pousse-pousse sur le lieu de leurs obsè- il fait converger lité de Sôseki au malaise des femmes s’ex- veste noire Melton, s'essuya le nez et répon- ques, il médite sur l’étrangeté des destins, le prime admirablement dans le récit qu’il fait dit : « En fait, R. L. Stevenson était de ceux qui mystère des carcasses humaines et l’hypo- les histoires de la visite d’une admiratrice, venue lui sont capables, simplement à partir de la vue thèse que la mort soit « plus douce que la faire une confession douloureuse et lui de- d'un fiacre dans une rue, de bâtir tout un ro- vie ». Assis ou couché, il aura passé des de plusieurs mander si elle devait continuer à vivre : man ! » A partir de ce moment, chaque fois jours et des jours derrière la vitre de sa « Elle avait le cœur si profondément déchiré qu'il voyait un pousse en attente d'être loué, chambre ou de son bureau. Le spectacle qui personnages qu’elle était inguérissable. En même temps, Keitarô imaginait que la nuit précédente peut- s’offre à lui « est remarquablement mono- cette blessure, transformée en un beau souve- être, cette voiture avait emporté à grande vi- tone ». Mais Sôseki est un contemplatif. Sur par l'intermédiaire nir que les gens ordinaires ne pourraient ja- tesse un client qui tenait un couteau dans l'in- le rebord de la fenêtre, comme pour compo- mais éprouver, rendait son visage radieux. tention de commettre un crime, ou bien ser un tableau, il installe un bonsaï. Sa fa- d'un narrateur, Elle désirait garder éternellement au fond qu'elle avait abrité, dissimulée sous la capote, çon de voir le monde le transforme en d’elle-même cette beauté comme un une jolie femme : elle partait pour quelque « authentique peintre ». Nul besoin d’un pin- qui joue joyau… » (A travers la vitre). gare et là elle monterait dans un train pour ceau. « Il suffit, dit-il, de poser son regard sur une direction contraire à celle à laquelle au le monde directement. C’est là que naît la poé- les espions Ses romans s’articulent souvent autour même moment songeaient ceux qui étaient sie et c’est là que le chant s’élève. Même si de visites, de confessions. Sôseki fait conver- lancés à ses trousses. Ainsi Keitarô ne cessait l’idée n’est pas couchée par écrit, le son du et accomplit ger les histoires de plusieurs personnages de s'enchanter lui-même en se procurant les cristal résonne dans le cœur. Même si la pein- par l’intermédiaire d’un narrateur, qui joue frissons et les plaisirs de l'aventure. ture n’est pas étalée sur la toile, l’éclat des cou- sa propre les espions et forge sa propre éducation sen- A s'abandonner dans ces rêveries répétées, leurs se reflète dans le regard intérieur. » Il timentale par l’observation des autres. l'idée finit par germer naturellement en lui pose tout de même ses idées par écrit, et éducation C’est le cas dans A l’équinoxe et au-delà. que dans un monde aussi complexe, quelque pour ce faire, inverse prénom et patro- Fasciné par un aventurier qui bouffa des ser- chose devrait bien finir par lui arriver, qui pro- nyme : Sôseki Natsume signe Natsume Sô- sentimentale pents, chassa l’otarie et fabriqua des bou- curerait à ses nerfs un choc salutaire, et même seki. Ses livres parlent d’un peintre qui se re- chons pour tonneaux de saké, bercé par Ste- si cela ne correspondait pas tout à fait à ses tire dans la montagne « pour un voyage en en observant venson, rêvant de pays lointains ou de bour- suppositions, ce serait quelque chose de nou- quête d’impassibilité » (Oreiller d’herbes), lingue sur les chemins de fer de Mandchou- veau, qui le changerait de la banalité. Depuis d’un écrivain qui vagabonde dans ses souve- les autres rie, Keitarô, le jeune héros, y est en quête qu'il avait quitté l'école pourtant, sa vie se bor- nirs (A travers la vitre), d’un couple qui se dé- d’un événement qui le délivre de la bana- nait uniquement à emprunter des tramways sagrège (Clair-Obscur), de la malédiction lité. En attendant ce « quelque chose d’étin- et à faire des visites à des inconnus, muni de des hypocrisies familiales, d’histoires celant »,ce« choc salutaire », il épie les lettres d'introduction ; vraiment rien ne méri- d’hommes malades et hantés par la culpabi- gens dans les tramways et essaye de devi- tait spécialement qu'on en fît un roman. lité, le besoin d’expier (2). ner ce que chacun d’entre eux cache de non A l’équinoxe et au-delà, page 23. VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 - LE MONDE DES POCHES - III littérat ures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Difficile Evolution des genres, formes, théories... gestation Les œuvres ont leur propre vie, souvent de quelques années, par exception de plusieurs siècles

MADAME BOVARY HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE leçon aux littéraires et à montrer ce que sentiments politiques, la situation du li- de Gustave Flaubert. FRANÇAISE leur conception avait de naïf. Sur l’autre vre et de la lecture, la langue, les courants Préface, notes et dossier Sous la direction de Daniel Couty. flanc, le structuralisme, la linguistique, la philosophiques et religieux, l’évolution par Jacques Neefs. Larousse, « In Extenso », 1 540 p., théorie du texte sapaient ce qui restait de des genres et des formes, les théories es- Livre de Poche, 160 F (24,39 ¤). certitudes, réfutaient le fameux binôme thétiques, la formation des publics. Cha- « Classiques de poche », (Inédit.) l’homme et l’œuvre, s’attaquaient à la no- cune de ces facettes possède son histoire 566 p., 24 F (3,66 ¤). tion même d’auteur et aux normes du ju- particulière, partiellement autonome, qui igne des temps : il n’y a plus gement littéraire. Une discipline universi- se trouve, à un moment précis, confron- De tous les chefs-d’œu- guère d’histoire de la littérature taire s’écroulait – et avec elle le goût des tée avec toutes les autres. Les œuvres, les vre de la littérature fran- française dans les librairies. Et grandes entreprises synthétiques. livres n’échappent pas à ce destin. Ils ne çaise, Madame Bovary est moins encore si l’on exclut les ma- La crise est passée, pour l’essentiel. sont pas les « reflets » de leur époque, sans doute le seul dont la nuelsS et les vade-mecum à l’usage des étu- L’histoire littéraire en a été transformée, mais ils en sont aussi la manifestation. La genèse soit connue avec diants. Si bien que, pendant longtemps, pour son plus grand bien. La publication littérature est dans l’histoire et l’histoire autant de précision : lec- les honnêtes lecteurs qui désiraient dispo- de cette Histoire de la littérature française, dans la littérature. Ce qui n’empêche pas ture par Flaubert à ses ser d’un ouvrage de référence sur le sujet dirigée par Daniel Couty, en est une les œuvres d’avoir leur vie propre : par- amis Louis Bouilhet et se rabattaient sur les volumes scolaires preuve. fois quelques mois, souvent quelques an- Maxime Du Camp du ma- du Lagarde et Michard dont ils assurèrent Les apparences sont restées, pour notre nées, par exception plusieurs siècles. Sans nuscrit de La Tentation de la fortune. En collection bon marché, de- confort intellectuel. L’ouvrage est divisé cesser d’être facile d’approche, cette His- saint Antoine, en 1849 ; puis la disparition de l’estimable Histoire en chapitres qui perpétuent les divisions toire rend bien compte de ces jeux. leur réaction (« Il faut jeter littéraire de la France des Editions socia- traditionnelles : Moyen Âge, XVIe siècle, On ne lui demandera donc pas d’être cela au feu et n’en jamais les, il ne restait guère que les neuf volu- XVIIe, etc., jusqu’au XXe siècle qui est objective. Chaque collaborateur a im- reparler ») ; leur conseil mes de la collection Littérature française coupé en deux : de 1892 (on ne sait trop primé sa marque à la partie qui lui a été de choisir un sujet terre à de chez Arthaud (reprise chez G-F Flam- pourquoi) à 1944 et de 1945 à nos jours. dévolue. Avec ses choix, ses accentua- terre, leur suggestion de marion) dirigée par Claude Pichois qui Dans une seconde partie sont présentées tions, ses silences. Cela rend le livre plus s’inspirer de « l’histoire de s’arrêtent, pour l’époque contemporaine, par ordre alphabétique les « figures » de vivant – et finalement plus honnête que Delamare », cet officier de à 1980. notre littérature, de Guillaume Apolli- ceux qui se réclament de l’impartialité de santé dont la femme, nym- Cette timidité éditoriale est le reflet naire à Emile Zola. Une troisième partie, la science. On ne citera donc qu’à titre phomane et criblée de det- d’une crise de l’histoire littéraire elle- fort utile, offre une bibliographie géné- d’exemple les auteurs qui ont été retenus tes, s’était empoisonnée. même. Les choses ont bien changé depuis rale et des bibliographies des auteurs choi- dans la chronologie pour l’année 1999 : Puis le voyage en Orient Lanson et une conception euphorique de sis où une bonne place est faite aux édi- Angot, Bon, Bonnefoy, Echenoz, Finkelk- avec Maxime Du Camp, l’histoire conçue comme le déroulement tions de poche. Une dernière partie pré- raut, Goux, Roudaut et… Valéry. A signa- l'« Eurêka, j’ai trouvé, je continu d’un long fil liant des grands sente une chronologie où les événements ler en revanche, dans la même chronolo- l’appellerai Emma Bo- auteurs et des grandes œuvres. Une sorte de l’histoire sont mis en parallèle avec la gie, en vue d’une réédition corrigée, cette vary », et le lent, le labo- d’autoroute avec ses entrées et ses sor- publication des œuvres. étrange indication à l’année 1950 : « Mort rieux, l’exaltant, le décou- ties, ses bolides et ses tacots, menant sans Mais à l’intérieur de ce cadre classique de Pavese, né en 1859, prix Nobel de littéra- rageant travail accompli à encombre et sans état d’âme des chan- et rassurant, l’histoire des historiens ture en 1920. » Mais le Couty est parti écrire ce « livre sur rien », sons de geste à Claude Simon. Les histo- prend toute sa place. Les événements, les pour une longue carrière. de septembre 1851 à riens, les vrais, ont eu beau jeu de faire la institutions, l’économie, les idées et les Pierre Lepape avril 1856. Quatre ans et sept mois d’écriture forcenée, de re- cherches maniaques, dont, durant les dernières années de leur liaison, Récit d’un voyage bien particulier Flaubert tient au courant Louise Colet, presque au jour le jour, en une corres- De 1920 à 1921 à travers la mystérieuse Mongolie, l’itinéraire spirituel d’un homme pondance unique en son genre. Cette genèse est BÊTES, HOMMES ET DIEUX rateur sait de quoi il parle. Toutefois, si qui bientôt recouvrira l’Europe des massa- aujourd’hui connue non de Ferdynand Ossendowski. les persécutions des opposants au régime cres et des haines. seulement par le discours Phébus, « Libretto », ont leur place dans les raisons de cette Située dans le temps et l’espace, cette que Flaubert et les té- 285 p., 59 F (8,99 ¤). invraisemblable pérégrination, s’il y a une histoire étonnante pourrait être marquée moins de sa vie ont tenu dénonciation de l’autoritarisme soviéti- par sa date. La description d’une « Asie… sur elle, mais par l’étude n 1905, géologue polonais, que et de ses effets sur une partie de océan de centaines de millions d’êtres hu- minutieuse des manus- l’auteur travaille en Russie. Il l’Asie – pages de l’Histoire méconnues –, mains, un océan démonté, agité de vagues crits eux-mêmes, des scé- s’engage du côté des libéraux il s’agit de bien plus. monstrueuses », ne l’est pas. Nul besoin narios initiaux aux derniè- pour une révolution en douceur. De « La Terre des démons » à « La Vi- d’extrapoler pour y voir une image du res épreuves corrigées. Jac- EIl a vingt-sept ans. La violence de la ré- sion du Bouddha vivant », le narrateur suit monde hélas de tous les temps, du conflit ques Neefs utilise les re- pression est telle qu’il entre en résistance. deux voies. De la « Mongolie, terre des mi- entre la démesure de la destruction et cherches accomplies par Condamné à mort par la justice du tsar, racles et des mystères » au « Mystérieux Ti- l’inaltérable espoir dans une divine inter- lui-même et l’équipe qu’il sa peine commuée en travaux forcés, le bet », l’itinéraire géographique dépayse vention suscitant un peuple dont la dirige à l’ITEM/CNRS, voici en 1917 avec les Rouges. La dicta- en passant d’une civilisation à l’autre « main puissante arrachera les mauvaises pour donner, sobrement ture qu’il voit naître n’est pas son fait. Pro- comme quand, au cours d’un voyage herbes de la folie et du vice ». et efficacement, dans le fesseur à Omsk, il rejoint les partisans qui dans le temps, le narrateur s’interroge : Sans spiritualité béate, le récit d’Os- dossier qui accompagne le mènent une lutte vaine contre le pouvoir « Où suis-je ? Quelle époque suis-je en sendowski pose la question de la survie texte, une idée du gigan- de Moscou. Fuir ou être exécuté. Revenu train de vivre ? ». de l’esprit mais avec son comptant de pé- tesque travail d’écriture en Pologne entre les deux guerres, il Mais cet itinéraire est également initiati- ripéties que n’aurait pas reniées Jules qui aboutit à cette « révo- mourra en 1945, juste le temps de voir sa que, car à la route pleine de dangers physi- Verne. D’un pantalon échangé contre lution dans les lettres » sa- patrie passer du joug nazi au joug com- ques se superpose un cheminement spiri- un fusil, d’une bataille qui retarde la mar- luée par Guy de Maupas- muniste. tuel que résume le titre, l’homme entre la che vers la liberté, on arrive insensible- sant, restée toujours aussi C’est en 1920 qu’il quitte la Sibérie, et là bestialité et l’infini avec, comme un point ment à l’évocation d’un mysticisme qui fascinante depuis, et qu’il commence ce récit qui, en 1924, lors de sa de repère, comme un signe des dévoie- se présente comme une autre aventure. analyse avec finesse dans parution chez Plon, suscita de vives polé- ments dont les hommes sont capables, la Et pour le lecteur, un fort moment de lit- sa préface. miques. Toucher à l’URSS était crime. croix gammée, ce swastika qui flotte sur térature. Michel Contat Ossendowski savait ce qu’il fuyait, le nar- les lieux de paix et de prière des lamas et Pierre-Robert Leclercq IV - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 littérat ures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Secrets de famille L’Art et Un regard politique sur l’Espagne, la guerre civile et la longue dictature le Néant

LE ROYAUME DES VOIX saient pas encore, dans le monde où aucun digieuses et anarchiques » de Ramiro Retra- ARCHITECTE (El jinete polaco) d’eux n’était né. » tista qui a sa vie durant tout photographié DES GLACES d’Antonio Muñoz Molina. Lui, destiné à quitter l’école vers qua- des événements et des personnages de Ma- de Marc Petit. Seuil, « Points », 718 p. , 55 F (8,39 ¤). torze ou quinze ans et à travailler la terre, giná, « témoin et dépositaire » de ces vies Gallimard, « Folio », (Première édition, Actes Sud, 1994.) avec son père, ses oncles et ses grands- dont ensuite personne ne voulut se souve- 110 p., 20 F (2,90 ¤). pères, rebelle, mécontent, détestant sa ville nir. Ils y trouvent « ce qu’ils n’ont jamais (Première édition, anuel, fils de paysans espa- « et la seule vie qu’il connaissait », va revivre cherché, ce qui leur a toujours appartenu éd. de l’Aube/Stock, gnols, devenu traducteur si- son enfance et son adolescence, va renouer sans qu’ils le sachent ni le désirent, les raisons 1995.) multané grâce aux efforts fi- avec ce passé qu’il rejette, retrouver la mé- les plus anciennes de leur déracinement et de nanciers de son père, à son moire même de temps qu’il n’a pas con- leur complicité ». Szcezebrzeszyn (Polo- Mdon des langues et à son désir fou furieux nus : son bisaïeul Pedro Exposito Exposito, Les histoires s’emmêlent, les personna- gne), 1942. Yaakov Lé- de quitter sa ville natale, Maginá – la ville « qui a toujours refusé de connaître la famille ges apparaissent, s’éclipsent, reviennent, se vinsky, à la lueur de sa der- symbolique où Antonio Muñoz Molina si- qui l’a abandonné à la naissance » et qui a complètent, dans un style éblouissant – grâ- nière chandelle, rédige le tue presque toujours ses personnages – par- fait la guerre de Cuba, dont il a ramené ces en soient rendues au traducteur, bilan de sa vie – «sa court le monde de cabine de traduction en dit-il, un chien sans nom « presque aussi Claude Bleton, pris au jeu, lui aussi sans somme est nulle » –et cabine de traduction, refusant de posséder vieux que lui », son grand-père revenant à doute, de phrases interminables mais ma- parce qu’il sait qu’il vit sa « des objets inertes qui vous assiègent », n’al- pied du camp de concentration et qui a mar- gnifiquement rythmées, envahies d’énumé- dernière nuit, tente de re- lant quelque part que « pour en repartir le ché deux jours sans s’arrêter, l’oncle Pepe rations jamais inutiles, de descriptions trouver en retraçant sa plus vite possible ». « Une sorte de miracle » qui, plongé dans ses pensées, en pleine bouillonnantes de vie, de considérations destinée, le dessein qui l’a va bouleverser son destin, dix jours, dix guerre, se laissa distancer par sa compagnie pleines de tendresse et de compassion. Pas animé, son objectif, sa foi nuits avec une femme, Nadia, pendant la et fit demi-tour avec le mulet de l’armée jus- un mot superflu, pas une phrase qui ne même : la transparence, guerre du Golfe, dans une chambre de qu’à chez lui, sa grand-mère Léonor, sa glisse et qui ne frappe, pas une vulgarité peut-être… New York, « mieux protégée qu’un sous-ma- mère enfant, puis jeune fille, son père dur à dans les scènes d’amour, pas une facilité Ainsi commence ce rin, où, s’ils voulaient bien y réfléchir, il était la tâche, gentil et drôle. dans le regard forcément politique sur l’Es- court roman qui rappelle presque impossible qu’ils se soient rencontrés, Elle, elle écoute, intervient parfois pour pagne, la guerre civile et la longue dicta- souvent ce que l’on a le parmi tant d’hommes et de femmes, au mi- commenter une des photos sorties de la ture. mieux aimé de ses lectu- lieu de tant de visages, de noms, de cris, de malle, elle attend qu’il ait épuisé le flot de On n’oubliera pas la figure ferme du com- res de jeunesse : les voya- langues et de conversations téléphoniques ». paroles qui le submerge pour lui donner les mandant Galaz réprimant la révolte fac- ges extraordinaires et les Ce qui va les unir, au-delà de « la routine clés qui lui manquent. Un souvenir surtout, tieuse de juillet 1936 et scellant son destin, utopies de Jules Verne ou paisible et ardente de l’amour », ce sont une nuit dix-sept ans plus tôt qu’il a ni les yeux hallucinés de la jeune femme em- les descriptions magiques leurs voix, ce qu’ils vont conter et raconter, oubliée, lors d’un hiver qu’elle a passé, elle murée découverte soixante-dix ans plus des contes de Grimm ou à partir d’une malle pleine de photogra- aussi, à Maginá, le temps d’y vivre un pre- tard, ni don Mercurio, le médecin, ni la char- d’Andersen (comme ce pa- phies, d’une Bible protestante du XVIe siè- mier amour qu’elle lui racontera. Tandis rette de la Macanca, ni la grand-mère Léo- lais mirifique destiné au cle, de comptines, de légendes, d’histoires qu’il était lui obnubilé par son premier nor qui reproche doucement à son petit-fils petit prince Alexis hémo- banales ou folles, de souvenirs de famille, amour, par sa rébellion, par l’ennui et la d’avoir oublié les histoires qu’elle lui racon- phile) pour se terminer d’une gravure d’après un tableau de Rem- honte de travailler sur les marchés, par son tait sachant à peine lire, ni la passion de Ma- aux portes du château de brandt, Le Chevalier polonais. « Ils veulent se désir de fuir. nuel et Nadia. la mort, où lui et son pre- retrouver dans le temps où ils ne se connais- Ils essayent d’ordonner les « archives pro- Martine Silber mier éditeur arriveront sans doute, comme K, « tard le soir ». Comme l’indique le ti- tre, Yaakov Lévinsky est architecte de palais de gla- Un monde à part ces. Le lecteur qui tra- verse avec allégresse un demi-siècle aux basques Carson McCullers met en scène les rapports sociaux et raciaux dans le sud des Etats-Unis des années 30 de ce constructeur d’édifi- ces merveilleux et éphé- LE CŒUR EST UN CHASSEUR Carson McCullers avait vingt-trois ans on était dans les années 30) et pensant échap- mères, toujours réinven- SOLITAIRE quand elle publia, en 1940, son premier per au Sud en devenant pianiste. Frankie tés, récréés, recommen- de Carson McCullers. roman, Le cœur est un chasseur solitaire, qui Addams, l’héroïne du roman du même nom, cés, n’a pas le temps de re- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) fut immédiatement salué par la critique et le que « La Cosmopolite » remet aussi en prendre son souffle. Cha- par Frédérique Nathan, public. Le poète noir Richard Wright considé- vente, est encore une « sœur » de Carson, que projet rêvé ou réalisé, Stock, « La Cosmopolite », rait que jamais une femme blanche n’avait su coincée dans sa petite ville aux étés brûlants, tombe – c’est bien natu- 470 p., 65 F (9,91 ¤). parler ainsi des Noirs. A l’origine, Carson blancs de chaleur et qui confie son mal de vi- rel – en eau pour faire (Première édition dans cette traduction : McCullers avait pensé appeler son roman Le vre, pendant deux soirées d’une accablante se- place à un autre : « Burg Stock, 1993.) Muet, les deux héros apparaissant dès la pre- maine d’août, à Berenice, la cuisinière noire. cubofuturiste sur le som- mière page étant deux muets, Antonapoulos Pour Frankie, comme pour Mick, comme met du Falkenbstein », FRANKIE ADDAMS et Singer, qui vivent dans la même ville du pour Carson, le Sud est un monde à part, terri- « future grande pyramide de Carson McCullers. sud des Etats-Unis et ne se quittent pas. Leur ble, étouffant, violent dans les rapports so- au pôle Nord », « Straff, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) séparation – Antonapoulos doit aller dans un ciaux et raciaux, un univers auquel on veut strass et bluff »àNew par Jacques Tournier, asile – et ses conséquences sur Singer sont échapper mais vers lequel on revient tou- York, « tour de Babel » de Stock, « La Cosmopolite », l’un des enjeux du livre. Mais tout aussi boule- jours. « La ville se trouvait au cœur du Sud pro- 442 mètres en plein dé- 312 p., 55 F (8,38 ¤). versants sont les autres personnages. A com- fond, écrit Carson McCullers au début du sert du Colorado, transfor- (Première édition : Stock, 1949.) mencer par Mick, l’adolescente folle de musi- Cœur est un chasseur solitaire. Les étés duraient mer Berlin « en une Jérusa- que, mal dans son corps, mais aussi Biff Bra- longtemps et les mois de froid hivernal étaient lem céleste aux murs de ans le monde entier, les lecteurs non, le patron de café sanguin et maniaque, réduits. » Avec Carson McCullers, on aime et cristal ». Jusqu’au mo- de Carson McCullers sont Copeland, le vieux médecin noir revenu de on déteste ce Sud mais on sait qu’on ne ment où il n’y a rien plus comme une sorte de club. Pas ses ambitions ou encore Jake, le révolution- l’oubliera jamais et que comme elle, avec elle, rien à construire, même très nombreux, mais se renouve- naire dont personne ne comprend la passion. on y reviendra toujours. d’irréalisable ou de tem- lantD de génération en génération, ils se recon- Mick ressemble comme une sœur à la Josyane Savigneau poraire. L’Art sombre naissent entre eux, tous émus et comme jeune Carson de Columbus Georgie, trop dans le Néant. Seuls, peut- envoûtés par cette drôle d’adolescente grande pour son âge, s’habillant comme un e Les deux romans de Carson McCullers être, les livres prendront éternelle mettant en scène des personnages garçon (ou comme les filles d’aujourd’hui, sont également disponibles au Livre de po- la relève du Livre. qui lui ressemblent. pull, pantalon et chaussures de tennis, mais che. M. Si. VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 - LE MONDE DES POCHES - V romans polic i ers bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons b La Belle-Province à l’ombre b LIBRAIRIE DES PENTES, d’Alix Clémence C’est un polar lyonnais comme il y en a actuellement des mar- Une radiographie de la société québécoise, le folklore en moins seillais ou des bas-bretons, où le cadre tient lieu de person- nage principal. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir grandi dans CHIENS SALES elle va être servie. D’abord ce sont les les traboules de la Croix-Rousse pour en apprécier le charme. de François Barcelo. deux affreux qui débarquent chez elle C’est que Lyon comme toutes les villes porte dans son aspect Gallimard, « Série Noire », avec leur cadavre, puis un Roméo aux in- les traces de son histoire sociale. Le dromadaire n’a qu’une 276 p., 38 F (5,79 ¤). tentions pas très claires, suivi par des bosse, Lyon, comme le chameau en a deux. La première c’est (Inédit.) contrebandiers qui se déguisent en In- Fourvière, la colline qui prie. L’autre c’est la Croix-Rousse, la diens pour mieux couvrir leur trafic de colline qui travaille. Côté Fourvière, il y a les Fabre-Morini, ’est un principe dont l’effica- cigarettes. quintessence de la famille catholique bien pensante, flirtant vo- cité n’est plus à démontrer et Pour corser le tout, voilà qu’on an- lontiers avec l’extrême droite quand il s’agit de conserver ses dont on peut relever de fré- nonce aux informations que le ministre positions acquises de longue date. Côté Croix-Rousse, il y a An- quentes applications tant dans du tourisme et de la chasse, parti tirer le toine, ancien militant syndicaliste qui s’est recyclé dans la li- laC sphère privée que dans la vie politi- canard dans les environs, a mystérieuse- brairie érotique pour subvenir aux études de Richard, un ne- que : « Des cons quand ça fait une ment disparu, probablement victime veu orphelin qu’il élève comme son propre fils. Aucun dialo- connerie ça en fait tout de suite une autre d’un enlèvement. De là à imaginer que gue possible entre ces deux mondes qui ne cultivent pas exacte- plus grosse pour faire oublier la pre- le ministre et l’infortuné chasseur truffé ment les mêmes valeurs. Mais voila que Richard, grisé par ses mière. » A ce compte-là, on commence de chevrotines, bien entendu méconnais- succès de jeune romancier à la mode a épousé une Fabre-Mo- par une bavure lors d’une chasse au ca- sable, ne sont qu’une seule et même per- rini sans renoncer tout à fait à la fréquentation de son hurlu- nard sur les bords du Saint-Laurent et sonne, il n’y a qu’un pas que les affreux berlu de père adoptif. A faire le grand écart entre les soirées on se retrouve avec une guerre mon- franchissent allégrement. Ils ont déjà eu mondaines de Fourvière et les virées alcoolisées dans les bis- diale sur les bras. Cela peut paraître un maille à partir avec la justice et peuvent trots de la Croix-Rousse, Richard ne peut que se casser la fi- peu exagéré mais la logique de l’engre- difficilement avouer leur méfait. Après gure. En pleine campagne électorale, alors qu’il a accepté mol- nage est convaincante et le propos de avoir enterré le cadavre dans le jardin, lement de soutenir son beau-frère, il se retrouve accusé du viol François Barcelo n’est pas après tout de ils décident de masquer leur première d’une jeune espagnole que le libraire va prendre sous sa protec- brosser un portrait réaliste de la société connerie par une autre plus colossale : tion. Un beau portrait du personnage d’Antoine qui, ayant québécoise mais plutôt d’en faire la cari- revendiquer l’enlèvement du ministre et perdu la plupart de ses illusions, trouve encore la force, dans le cature. Chiens sales est la pire insulte réclamer une rançon à sa femme, qui a feu de l’action de reprendre goût à la vie. (Zulma, « Quatre- qu’on puisse adresser à un flic québé- la réputation d’être particulièrement ri- Bis », 214 p., 59 F [8,99 ¤]. Inédit.) cois, et ce sera presque la seule dont il che. Et chacun aussitôt de bâtir des châ- sera fait usage dans le cours du roman. teaux en Espagne dans une version iné- b CEUX DE LA VIERGE OBSCURE, de Pierre Mezinski Pour l’avoir lui-même utilisée en certai- dite de Perrette et le pot aux roses. Mais En tandem avec Corinne Bouchard sous le pseudonyme de Ma- nes occasions, l’auteur a appris qu’il va- la bêtise est la chose du monde la mieux rie et Joseph, Pierre Mezinski a publié d’étonnants polars qui lait mieux ne pas en abuser. Son hé- partagée et la police dans ce domaine ont généralement pour cadre la France très profonde. Celui-ci roïne, Carmen, une brave fille, paumée n’est pas en reste. Après une interven- commence la nuit sur une route de campagne où un couple en mais gentille, se laissera bien aller dans tion un peu musclée, elle se trouve dans voiture croit avoir écrasé un sanglier avant de s’apercevoir un moment d’égarement à lâcher trois l’obligation de supprimer les témoins gê- qu’il s’agit du gardien d’une demeure voisine qui vient d’être ou quatre jurons et ce, pour la première nants, à commencer par cette pauvre cambriolée. En se portant au secours du propriétaire, un cer- fois de sa vie, en constatant : « Je m’aper- Carmen, qui devient brutalement l’enne- tain Walder, Claire et Aguilar viennent de mettre le doigt dans çois que ça fait du bien de sacrer. J’en mie publique numéro un. Contrainte de un engrenage infernal. Mais il faut reconnaître que le ver était viens à plaindre les peuples du monde qui fuir à travers le Québec pour sauver sa déjà dans le fruit. Aguilar a un passé de baroudeur pour le ne sont pas capables de dire “Tabarnaque peau et retrouver son Roméo, elle se re- compte des services secrets qui lui a valu certaines amitiés et de menteur”, “Tes hosties de menteries, trouve lancée dans une course hale- bien des haines. Des forêts du Bourbonnais à une île des Cana- j’en ai plein mon calvaire de cul.” » Pour tante, à pied, à vélo, en ambulance et ries, les héros sont ballottés dans une sombre machination car la couleur locale, ce sera tout, et tant pis même en hélicoptère. Walder est une sorte de gourou expert en manipulations de pour les amateurs du langage si pittores- toutes sortes. Sauf qu’on ne sait jamais dans ce cas-là qui tire que de nos cousins d’Amérique. La fantasia chez les ploucs tourne au vraiment les ficelles. Ceux de la vierge obscure est le premier vo- François Barcelo, né en 1941 à Mon- drame national lorsque l’armée cana- let d’un ensemble romanesque intitulé la « Fraternité Luci- tréal, ne vit pas sur les bords du Saint- dienne, venue prêter main-forte à la Sé- fer », un cycle consacré aux sectes et qui promet. (Seuil, Laurent mais sur les rives du Richelieu, curité québécoise, refuse de se retirer et « Points Policier », 220 p., 39 F [5,95 ¤]. Inédit.) un fleuve au long duquel poussent les fa- prétend assurer désormais l’ordre dans meuses reinettes du Canada. Grand la Belle Province. Finis la souveraineté b HOLLYWOOD amateur de jogging, il est l’auteur entre et les rêves d’indépendance. Le drame Il y a des villes dont le nom seul fait rêver et d’autres qui évo- autres d’un guide pratique intitulé : Cou- devient politique et menace de prendre quent immanquablement les turpitudes dont se nourrit le ro- rir à Montréal et en banlieue et d’une une ampleur internationale. Au-delà de man policier. Ce qui est amusant ici, c’est d’avoir brassé les car- vingtaine d’ouvrages dont deux romans la farce énorme, François Barcelo tes en demandant à divers auteurs d’écrire une nouvelle poli- policiers déjà parus à la Série noire. Il donne une radiographie effrayante de cière inédite sur une ville qui n’est pas une de ces grandes mé- est donc question dans Chiens sales de la la société québécoise sans tomber dans tropoles qui ont déjà inspiré tant d’auteurs comme Paris, Lon- vie au bord d’un fleuve tranquille, de le folklore et une réflexion pas si ano- dres ou New York. L’intérêt supplémentaire est d’avoir fait ap- course à pied et de ce que l’on pourrait dine qu’elle en a l’air sur le rôle de la po- pel à des auteurs extrêmement divers. Le rêve américain vu par appeler le principe de Barcelo précédem- lice dans un pays démocratique et la ma- Annie Saumont n'a rien de commun avec les débuts promet- ment évoqué. Le premier rouage qui nipulation des médias. Mais surtout, teurs d’un gamin d’Hollywood racontés par Edward Bunker, si met en marche la machine infernale est avec Carmen, une fille bien ordinaire, ce n’est le même désespoir et la peinture au vitriol des coulisses un accident de chasse. Deux « épais », flouée par les hommes, harcelée par de l’Amérique. On trouve dans la même série Ostende, Tanger, Ti-méné et Armand, grands amateurs une mère détestable qui ne cesse de lui Hambourg, Naples et Tijuana avec chaque fois, en couverture de bière et de tir au canard, ont malen- téléphoner aux moments les moins op- une illustration de Loustal. (Eden Noir, « Fictions » , chaque vo- contreusement abattu un autre chas- portuns et qui ne rêve que de gratouiller lume 160 p., 59 F [8,99 ¤]. Inédit.) seur en pleine séance de braconnage. la guitare alors qu’elle n’a manifeste- Ne sachant comment se débarrasser de ment aucun don pour la musique, il réus- b MERCI POUR LE CHOCOLAT, de Charlotte Armstrong l’encombrant cadavre, ils échouent sit le portrait d’une héroïne particulière- L’ennui avec le chocolat c’est ce que ça tache quand on le ren- chez Carmen, « une bachelière en com- ment attachante. Embarquée bien mal- verse mais tant qu’il n’est pas empoisonné, passe encore ! Un munication qui peut jouer à la guitare les gré elle dans un destin qui la dépasse des nombreux ouvrages d’un auteur américain mort en 1969. accords de mi et de do ». Tout ce que (mais n’est-ce pas le lot commun ?) ; Une friandise gothique pour les amateurs du genre et pour tous souhaite Carmen c’est qu’on lui fiche la Carmen Paradis, c’est son nom, pourrait ceux qui voudront retrouver l’univers du dernier film de Claude paix, elle a quitté Montréal après une dé- bien, au Panthéon du roman policier, re- Chabrol. (Traduit de l’anglais par Maurice-Bernard Endrèbe. ception amoureuse pour s’installer au vendiquer le titre de reine des pommes Rivages/Mystères, 250 p., 55 F [8,38 ¤]. Première édition : Ditis, bord du Saint-Laurent dans une bico- du Canada. 1949 ; deuxième édition : Nouvelles éditions Oswald, 1983.) que héritée de son oncle. En fait de paix, Gérard Meudal VI - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 sci ence-fic tion bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons Habillages b b COLLECTION D’AUTOMNE, de Jonathan Carroll Romancier fantastique d’une grande originalité d’inspiration, Jona- « Folio SF », une nouvelle collection destinée à un public plus large than Carroll est également un nouvelliste singulier, mais tout aussi talentueux. Ce recueil de dix-sept nouvelles vaut tout autant par vec « Folio SF », cette nouvelle ques incontournables, les chefs-d’œuvre sa saisissante diversité – pas de thème récurrent traité de façon ob- collection de science-fiction au patentés. Ils ont également sélectionné sessionnelle chez Carroll, mais une volonté de surprendre, de dé- format de poche, il s’agit des ouvrages ou des auteurs de moindre re- jouer les habituelles stratégies du fantastique – que par l’élégance moins, pour Gallimard, d’une nom, mais à qui une publication en Folio de l’écriture, que par la magie entêtante du texte. Ouvrir cette col- aventureA vers un nouveau territoire édito- permettra peut-être de toucher un public lection si bien nommée – car il y a quelque chose d’automnal dans rial qu’une sorte de retour aux. sources. En plus large, d’acquérir une notoriété plus le charme un peu distant qui s’y distille, dans l’ambiance onirique effet, au début des années 50, Gallimard grande. C’est le cas pour Malakansâr du qui s’en dégage entre rêve et cauchemar –, c’est pénétrer dans l’un s’était associé avec Hachette pour lancer la trop discret Michel Grimaud, écrivain des imaginaires les plus riches et des plus chatoyants du moment ; première grande collection de SF en bicéphale qui joignait la richesse de l’imagi- c’est succomber à coup sûr au charme ensorcelant d’un fabuleux France : « Le Rayon fantastique ». Elle ré- nation à la qualité du style. C’est le cas sur- conteur qui sait évoquer la grâce indicible des balançoires au clair véla dans notre pays des auteurs comme tout de deux écrivains anglo-saxons : John de lune. A consommer sans modération… (Traduit de l’anglais A. E. Van Vogt, Isaac Asimov, Clifford Varley et Iain Banks. Du premier, « Folio – Etats-Unis – par Hélène Collon. Pocket, « Terreur », 282 p., 35 F D. Simak, Jack Williamson, Edmund Hamil- SF » réédite en un seul tome, les deux re- [5,34 ¤].) ton, Robert Heinlein, Arthur C. Clarke, cueils de nouvelles, Dans les palais des rois John Wyndham, Theodore Sturgeon et martiens et Persistance de la vision, sous ce b LA VILLE-VAMPIRE, de Paul Féval pour le domaine autochtone, Francis Car- dernier titre. Il y a là quelques-uns des plus Bien sûr, il s’agit d’un pastiche, et d’un pastiche parfois moqueur, sac, Gérard Klein, Daniel Drode et son ex- beaux textes de John Varley. Publiées en qui n’hésite pas à pointer quelques défauts des romans qui l’ont traordinaire Surface de la planète, Albert volume à la fin des années 70, ces nouvel- inspiré ni les tics d’écriture de celle qui les a écrits. Mais c’est aussi, Higon alias Michel Jeury… « Le Rayon fan- les n’ont pas pris une ride. Elles parlent indéniablement, un hommage, car ici comme nulle part ailleurs tastique », qui dura de 1951 à 1964, lança d’un futur où l’espèce humaine a dû subir Paul Féval a laissé galoper son imagination en cultivant avec une véritablement la science-fiction moderne. des transformations (pour ne pas dire, jouissance visible le frénétique et l’abracadabrant. Le moins que Elle fut relayée, dès 1954, par une autre col- mais de manière impropre, des mutations) l’on puisse dire de cette histoire de vampire traînant à sa suite la lection de grande qualité, publiée chez De- afin de coloniser les planètes du système théorie de ses victimes métamorphosées et les dédoublant à sa noël, la collection « Présence du futur » solaire et de s’adapter à des conditions de guise, c’est qu’elle est débridée ! L’auteur pastiché, c’est bien sûr dont l’arrêt a été annoncé il y a quelques vie souvent difficiles. D’un futur où l’on Mrs Ann Radcliffe, la fondatrice du roman gothique, dont Paul Fé- mois, après près d’un demi-siècle de bons peut passer, si on le désire, du sexe mascu- val semble bien connaître la biographie. Il en a fait d’ailleurs l’hé- et loyaux services. A cette occasion, le di- lin au sexe féminin et inversement; où un roïne de ce roman qui porte en sous-titre « Le malheur d’écrire des recteur des éditions Denoël déclarait que individu peut être cloné s’il est assassiné romans noirs », et ne révèle sa vraie nature qu’à la toute fin, juste la création de « Folio SF » serait le moyen (« Le fantôme du Kansas »), ou bien se re- avant d’offrir au lecteur un ultime coup de théâtre, d’ailleurs aussi- de prolonger « Présence du futur », de con- trouver prisonnier d’un univers virtuel à la tôt et sarcastiquement tronqué. (« Petite bibliothèque Ombres », tinuer à la faire vivre. suite d’une fausse manœuvre (« Trou de 184 p., 64 F [9,76 ¤].) Il y avait là pour le moins un abus de lan- mémoire »). Un futur où la solitude d’une gage, car dans la première volée de trente station spatiale peut vous pousser à la fo- b FAERIES no 2 titres qui marquent la naissance de Folio lie (« Le passage du trou noir »), où les pra- Si l’édition française a longtemps négligé Peter S. Beagle, l’un des SF, il n’y a qu’un seul titre inédit, et encore tiques artistiques sont infiniment plus com- auteurs américains de fantasy de tout premier plan, il semble bien s’agit-il d’un guide de lecture, « Passeport plexes que celles de notre siècle (« Dansez, que cette impasse soit en bonne voie d’être résorbée. Et ce no 2de pour les étoiles », de Francis Valéry, dont chantez »). Deux morceaux de bravoure, Faeries, qui propose, sous une magnifique couverture de Luis les choix critiques sont pour le moins par- deux moments de pur bonheur, dans ce re- Royos, un dossier passionnant sur cet écrivain, devrait inciter le tiaux (Quid de Connie Willis, de Greg Bear, cueil gouleyant : une fort savoureuse lecteur à fréquenter plus assidûment les œuvres de celui qui voue de James Morrow, d’Octavia Butler, d’Ho- « chronique martienne » et une utopie une évidente affection à la licorne, cet animal mythique et poéti- ward Waldrop, de Terry Bisson, de Robert très insolite (« Les yeux de la nuit »). que à la fois. Une étude d’André-François Ruaud, intitulée « Peter Reed, d’Ayerdhal, de Robert Charles Wil- Beagle, dompteur de fantasy », un essai sur « La légende de la li- son, de Michael Swanwick ? Francis Va- Depuis la parution d’ENtreFER, en 1988, corne », une nouvelle de ce conteur magistral, « Julie et sa li- léry, qui pourfend le « jeunisme », serait-il Iain Banks est devenu avec son « Cycle de corne », sont les pièces maîtresses de ce dossier qui n’épuise certes comme ces amateurs de jazz pour qui la la Culture », l’un des auteurs anglais de SF pas le sujet, mais qui constitue une belle introduction à un univers musique s’est arrêtée avec le déclin du prééminents. Mais son talent d’écrivain est romanesque pittoresque et chaleureux. On trouvera également au style New Orleans ?) Or la vie d’une collec- déjà éclatant dans ENtreFER, roman abso- sommaire un texte de Charles de Lint, le spécialiste canadien de la tion, ce sont les titres nouveaux qu’elle pro- lument hors norme qui procède tout fantasy urbaine, aussi beau que son titre, « La lune se noie quand pose à l’attention des lecteurs, les auteurs autant des littératures de l’imaginaire (et je m’endors », des notes critiques et quelques nouvelles françai- qu’elle révèle, la façon dont elle rend c’est à dessein que l’on n’utilise pas ici le ses. Avec ce second numéro, Faeries s’affirme comme une revue à compte de l’évolution du genre. Il eût été terme de science-fiction peut-être trop res- suivre… (Editions Nestiveqnen – 127, rue Amelot, 75011 Paris –, plus juste d’affirmer que c’était un moyen trictif) que de la littérature générale. D’une 160 p., 59 F [8,99 ¤].) de faire vivre le fonds « Présence du futur structure très éclatée, qu’on pourrait quali- », en le « relookant » sous des couvertures fier, puisque l’auteur nous y incite par la b LA STATION DE L’AGNELLE et DIX JOURS SANS VOIR BCBG et en lui assurant une diffusion plus dénomination de certains chapitres, de LA MER, de Jean-Claude Dunyach solide. En effet sur les trente titres de la « stratigraphiée », l’œuvre mêle des frag- Jean-Claude Dunyach est sans conteste l’un des meilleurs nouvellis- première vague, six sont des rééditions ments biographiques, des récits de rêve, la tes de la SF française actuelle, au point même d’être publié dans les d’ouvrages publiés aux éditions L’Ata- description de la vie d’un homme frappé pays anglo-saxons ; ce qui n’est pas rien ! Aussi saluera-t-on avec lante, un autre la réédition d’une nouvelle d’amnésie vivant dans un monde insolite enthousiasme l’initiative des Editions de l’Atalante, qui ont entre- traduction du Frankenstein de Mary Shel- où toute la civilisation est concentrée sur pris de réunir les nouvelles dispersées dans des revues et des antho- ley. Les vingt-trois restants proviennent un pont gigantesque dont nul ne sait d’où logies dans de petits recueils qui contiennent même, cerise sur le gâ- du fonds Denoël et font la part belle aux il vient et où il conduit, un « pont qui n’est teau, chacun un texte inédit. A lire le florilège réuni dans ces deux auteurs vedettes de la collection, anciens jamais tout à fait le même ». Cet entrelacs premiers volumes joliment présentés, on est frappé par la qualité – Fredric Brown, Lovecraft, Isaac Asimov, savant qui prend parfois des allures de ro- de l’écriture, mais aussi par l’étendue de la palette. Jean-Claude Philip K. Dick, Roger Zelazny, Richard Ma- man expérimental avec des chapitres en Dunyach sait se montrer aussi à l’aise dans les nouvelles poétiques theson, Ray Bradbury ou Jack Finney – et transcription phonétique sans jamais per- (« Les parallèles », « Dix jours sans voir la mer ») que dans les tex- modernes – Dan Simmons (avec ce thriller dre de son formidable attrait, ne dévoile sa tes franchement humoristiques (« Mémo pour action »), dans la fantastique glaçant qu’est L’Echiquier du véritable nature qu’à l’issue d’une coda qui science-fiction que dans l’étrange (« Dialogue avec les Parques »). mal), Norman Spinrad, Serge Brussolo, nous explique pourquoi certains chapitres Et chaque volume contient une perle rare : « Le jugement des Mike Resnick. portaient le titre de « Métamorphose » et oiseaux » dans le premier, « Nos traces dans la neige » dans le se- Mais ceux qui président au choix des de « Métamorphée ». « Folio SF » n’aurait- cond. Comme un bonheur même double n’arrive jamais seul, on si- ouvrages à rééditer ne se sont pas conten- elle publié que ce chef-d’œuvre que son gnalera aussi, chez J’ai lu, la réédition – revue et augmentée – d’Etoi- tés, et c’est heureux, d’aligner les titres les existence, déjà, se justifierait pleinement. les mortes, roman qui a obtenu le prix Rosny en 1992. (Editions de plus connus et les mieux vendus, les classi- Jacques Baudou l’Atalante, 124 p. et 128 p., 49 F [7,47 ¤] chacun.) VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 - LE MONDE DES POCHES - VII livrai sons bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

lement. C’est d’ailleurs étonnant ce que les gens peuvent faire quand quelque chose littératures ne se déroule pas normalement, un petit décalage par rapport à la normale et tout est b brusquement changé… le carnage commence. » Alors s’enclenche la tragédie… à moins que ce ne soit une comédie. Birgit Vanderbeke, dans ce roman à l’humour b LOS BOYS, de Junot Díaz très grinçant, explore les tensions, les rapports de domination et de soumission à Junot Dìaz, né en 1968 à Saint-Domingue, est écrivain de langue anglaise. Plus l’intérieur d’une famille venue de l’Allemagne de l’Est. (Traduit de l’allemand par qu’un paradoxe, un constat, qu’assène l’épigraphe choisie pour ce recueil de Claire de Oliveira. Stock, « La Cosmopolite », 140 p., 50 F [7,62 ¤].) Jo. S. dix nouvelles : « … je n’appartiens pas à l’anglais bien que je n’appartienne à nulle autre part. » De fait, ces récits, qui suivent le passage de l’enfance à l’âge b LA PETITE BÊTE QUI MONTE, de S. J. Perelman adulte du narrateur, se situent alternativement et presque indifféremment en Pilier du New Yorker, scénariste des Marx Brothers, Sydney Joseph Perelman se République dominicaine et aux Etats-Unis. Comme s’il ne s’agissait de rien délectait à écrire des textes drôles et absurdes. Une publicité, un sondage, une d’autre qu’un déplacement géographique sans grandes conséquences pour le personne entrevue, tout lui était matière à écrire de ces n’importe quoi qui font personnage central et pour ces populations qui quittent un barrio pour en re- rire, sourire, lever un sourcil interrogateur ou se gratter le col. Cela ne l’empêche trouver un autre, peut-être un peu moins miséreux. Où est le changement ? Ce pas d’énoncer fermement quelques vérités toujours bonnes à entendre : « Pour sont bien les mêmes copains, les mêmes salauds, les mêmes filles, les mêmes ma part, j’ai plaqué des centaines de filles sacrément belles, uniquement à cause de pétasses, les mêmes mères, les mêmes pères partis refaire leur vie avec les mê- leur famille. » Bien entendu, la suite est totalement délirante. L’édition bilingue mes putes. Alors, où est le problème ? (Traduit de l’anglais – Etats-Unis – par permet aux connaisseurs de se délecter à double titre. (Traduit de l’anglais Rémy Lambrechts. 10/18, « Domaine étranger », 172 p., 38 F [5,79 ¤].) J.-L. Ar. – Etats-Unis – par Jeanne Guyon. Editions du Rocher, 86 p., 34 F [5,18 ¤].) M. Si.

b DON DELILLO, de François Happe Dans la collection de Marc Chénetier, « Voix américaines », qui propose de brè- ves introductions, souvent excellentes, à des auteurs américains contempo- jeunesse rains, voici un Don DeLillo par François Happe – sous-titré « La fiction contre b les systèmes ». « L’œuvre, qui sollicite généreusement l’intelligence, n’est, en re- tour, pas avare de récompenses, et il convient d’insister sur le plaisir que procurent b ZÉRO, de Lynda Corazza des textes qui ont l’ironie subtile et le lyrisme discret, et qui, toujours, font la part Apprendre à compter en jouant sur les sons, c’est le pari superbement réussi de belle au jeu du langage », écrit François Happe à la fin de son introduction, très ce mini-album, où l’éclat des couleurs et la fraîcheur de l’humour garantissent justement intitulée « L’obsession de l’écriture ». Son court essai ne se contente un plaisir renouvelé. Entêtant comme une comptine. (Editions du Rouergue, pas de « résumer » DeLillo. Bien au contraire. Il donne envie d’aller retrouver, « 12×12 », 20 p., 35.F [5,34.¤].) A partir de 2 ans. Ph.-J. C. ou de découvrir, ce romancier pour lequel « la fiction se doit de contester le pou- voir ». Peut-être ne faut-il pas commencer par le dernier roman, pourtant excel- b MOI, J’AIME PAS HALLOWEEN, de Christine Féret-Fleury et Pef, lent, Underworld, mais passer d’abord par Libra ou Running Dog. A moins d’al- et TROUILLE LA CITROUILLE, de Thierry Magnier et Antonin Louchard ler directement à Mao II… Mais toute manière d’entrer dans cette œuvre trop Les Français font de la résistance ! Devant l’inflation irrésistible des mascara- méconnue en France est bonne à prendre. (Belin, « Voix américaines », 128 p., des lugubres de Halloween, ils y ont quelque mérite : pour les petits monstres, 50 F [7,62 ¤]). Inédit.) Jo. S. voici deux parades complémentaires. Christine Féret-Fleury a imaginé la folle journée d’un petit réfractaire assailli (et atterré) par l’obsessionnelle présence b LES AVENTURES DU CAPITAINE ALATRISTE, d’Arturo Pérez-Reverte de l’épouvante, qui ne s’achève que sur la terreur plus conventionnelle du loup. Il n’est pas à la portée de tout le monde, quoi qu’en pensent certains, de faire Le trait de Pef, malicieux et complice, fait le charme de ce petit volume (Folio du bon roman populaire. Arturo Pérez-Reverte est un maître du genre et Les benjamin, « Panique », 32 p., 27 F [4,12 ¤]). A partir de 6 ans. La fusion est Aventures du capitaine Alatriste en sont un excellent exemple. Les trois romans plus riche entre intention graphique et spirituelle avec Trouille la Citrouille,où regroupés en coffret ici – Le Capitaine Alatriste, Les Bûchers de Bocanegra et Le Thierry Magnier joue des allitérations en « ouille » drôlatiques pour conjurer Soleil de Breda – raviront bien entendu les admirateurs d’Alexandre Dumas, l’angoisse d’Antonin Louchard, qui partage les affres d’une malheureuse ci- dont Pérez-Reverte, on le sait, fait lui-même partie. Situés dans l’Espagne de trouille à l’approche du 31 octobre. Une pirouette astucieuse troque au final le Philippe II, fort bien documentés, ces romans de cape et d’épée cachent de l’ins- rite américain en retrouvailles traditionnelles – prince et carrosse – qui pour- tructif sous l’aventure, mais que l’on se rassure : point trop, juste ce qu’il faut. ront réconcilier tout le monde. La meilleure façon de fêter Halloween. (Albin Un peu de littérature, quelques touches de peinture, de l’histoire véridique. Et Michel, « Zéphyr », 44 p., 69 F [10,52 ¤].) A partir de 4 ans. Ph.-J. C. surtout duels, batailles, assassinats, traîtres et inquisiteurs, et la belle Angelica d’Alquézar qui plaît tant à Inigo Balboa, le page du capitaine – et qui est mal- b MAMA DÉLIRE, SORCIÈRE D’AFRIQUE, de Clair Arthur heureusement absente dans le troisième volume… (Traduit de l’espagnol par Grande prêtresse du rire, Zouzou Boubourose quitte l’Afrique pour assister à Pa- Jean-Pierre Quijano. Seuil, « Points », 266 p., 290 p. et 292 p., chaque volume ris au mariage de sa sorcière de copine Germaine Chaudeveine. Sitôt descendue 35 F [5,34 ¤], le coffret 105 F [16,01¤].) M. Si. de son balai, la voilà interpellée par des policiers zélés. Sur le grave thème des sans- papiers, une fable réjouissante qui ne fait qu’effleurer le problème, mais pour les b FACE AUX TÉNÈBRES, chronique d’une folie, de William Styron débuts du primaire, c’est déjà salutaire. (Illustrations de Jean-François Martin, Na- Ceux qui n’ont pas encore lu ce livre ont de la chance. Ils vont pouvoir décou- than, « Demi-lune », 48 p., 38 F [5,79 ¤].) A partir de 6 ans. Ph.-J. C. vrir, dans une traduction heureusement révisée et une édition bilingue, l’un des textes les plus émouvants de William Styron, Darkness visible. Cette « chro- b PAGAILLE À PARIS, d’Anthony Horowitz nique d’une folie » raconte la terrible expérience d’une dépression qui a failli Reprise de « Je bouquine », une nouvelle aventure des frères Diamant, détecti- mettre un terme à l’œuvre de l’auteur des Confessions de Nat Turner et du Choix ves en herbe confrontés ici à l’Eurostar, au trafic de drogue et aux dangers de la de Sophie. « Désormais j’étais dans la première phase – prémonitoire, pareille à la fanfaronnade. Une réjouissante série de poncifs sur la France vue d’outre- lueur vacillante d’un éclair de chaleur à peine perceptible – de la noire tempête de Atlantique en prime. (Traduit de l’anglais par Annick Le Goyat, illustré par la dépression », écrit William Styron. Face aux ténèbres est le récit magnifique de Christophe Merlin. Hachette, « Côté court », 64 p., 10 F [1,52 ¤].) A partir de cette descente aux enfers et de la remontée de Styron vers la vie. (Traduit de 9 ans. Ph.-J. C. l’anglais – Etats-Unis – par Maurice Rambaud, traduction révisée par Yann Yvi- nec. Gallimard, « Folio bilingue », 224 p., 59 F [8,99 ¤].) Jo. S. b LIBRE SUR PAROLES, de Michel Le Bourhis Les blessures de l’adolescence sont secrètes, les griffures de l’âme si sensibles b LÂCHONS LES CHIENS, de Brady Udall qu’on les dérobe même aux plus proches. Jeff a cessé d’être Guillaume pour sur- Jerry n’a qu’une envie, offrir une chèvre à son fils Tate, qui vit avec sa mère et le nou- monter l’incarcération de son père. A quinze jours de la libération de celui qu’il veau mari de celle-ci. Il l’apporte par effraction parce qu’il ne sait pas comment veut oublier, Jeff affronte enfin une réalité coupante comme le verre, fragile faire. Pris sur le fait, il envoie son poing dans la figure de son successeur, monte comme lui aussi. Avec Marco-la-Taloche, Marco-la-Déconne, double tout dans la chambre du petit, s’extasie sur son sommeil et cache la chèvre dans le coffre aussi attachant grâce à l’écriture pudique et sensible de Michel Le Bourhis, à jouets. Il essaye de s’excuser, puis part avec le chien. Onze nouvelles dans ce style, dont on attend avec intérêt, au vu de cet ambitieux propos, les prochains livres. étranges et tendres, comiques et rageuses, de ces nouvelles qui incitent à faire une (Rageot, « Cascades », 156 p., 46 F [7,01 ¤].) A partir de 11 ans. Ph.-J. C. pause dans la lecture pour rester sur le goût de la fin. (Traduit de l’anglais par Mi- chel Lederer. 10/18, « Domaine étranger », 248 p., 44 F [6,71 ¤].) M. Si. b TU NE PORTERAS PAS DE FAUX TÉMOIGNAGES, de Christophe Donner b LE DÎNER DE MOULES, de Birgit Vanderbeke Tandis que le Décalogue de Donner sort chez Stock (338 p., 105 F [16 ¤]), chaque « La Cosmopolite » reprend le premier roman plein de drôlerie et de cruauté de épisode de ce pari à la Kiewslowski sort parallèlement en poche. Le neuvième com- Birgit Vanderbeke, déjà paru en poche en 1997 dans ce qui s’appellait alors « La mandement nous entraîne sur le douloureux terrain de l’injustice sociale et politi- Bibliothèque cosmopolite ». Ce Dîner de moules, publié en Allemagne en 1990, a que dans un monde latino-américain où l’horreur ressuscite un messianisme à révélé au public le talent de cette femme qui avait alors trente-quatre ans. Au dé- peine enterré. L’histoire de Victor Zampa, entre vengeance et pardon, enseigne que part de l’histoire, en forme de fable, il y a un vrai plat de moules. « Je ne sais pas la haine est le plus grand désespoir. A méditer. (Illustrations de Marcelino Truong. comment tout se serait passé si nous avions pu manger à six heures, tout à fait norma- Hachette, « Côté court », 64 p., 10 F [1,52 ¤].) A partir de 12 ans. Ph.-J. C. VIII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 livrai sons bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

« phénomène de désinstitution » qui touche la plupart des sociétés occidentales. essais Dénonçant le « fatras qui tient lieu de pensée » sur ces questions, Legendre se b penche sur la détresse de l’individu touché par ce que l’on a pris l’habitude de nommer la « perte de repères » et met en garde les sociétés contre la fragmen- b MARGUERITE DURAS, de Laure Adler tation des savoirs, le scientisme et la psychanalyse elle-même quand elle se dé- Quand, à l’automne 1992, Laure Adler, décidée à écrire la biographie de Mar- tourne délibérément d’une problématique institutionnelle. (Flammarion, guerite Duras, demanda à l’écrivain si elle en acceptait le principe, un hausse- « Champs », 224 p., 56 F [8,54 ¤].) A. My ment d’épaules tint lieu de réponse. Laure Adler comprendra plus tard que « Duras détestait qu’on aille fouiller dans sa vie ». Craignait-elle que nombre b DE PYTHAGORE À LÉNINE. Des activismes idéologiques, d’épisodes « savamment » dissimulés viennent modifier un personnage « si pa- de Maxime Rodinson tiemment construit » ? L’écrivain renverra la biographe à la lecture de ses livres. Maxime Rodinson est bien guéri de l’idéologie. Cet autodidacte, né à Paris en Laure Adler ne s’en contentera pas, bien sûr. Elle fouillera les archives mises à 1915 dans une famille juive prolétarienne, plus anarchiste que religieuse, en- sa disposition par les proches de l’écrivain et celles déposées à l’Institut de la seignera longtemps le guèze, autrement dit l’éthiopien ancien, à l’Ecole prati- mémoire de l’édition contemporaine. Elle interrogera assez de témoins pour le- que des hautes études. Son incessante réflexion sur le monde musulman, l’in- ver un coin du voile sur la véritable relation entretenue avec l’Amant, à la fin de térêt jamais démenti de cet incroyant pour les religions quelles qu’elles l’enfance, ou sur l’attitude ambiguë de Duras pendant la guerre et à la Libéra- soient, mais aussi son adhésion (de 1937 à 1958) au Parti communiste, ont tion. Mais c’est bien en écoutant l’écrivain que Laure Adler se convaincra de nourri une pensée originale où les idéologies se caractérisent par leur appari- l’essentiel : Duras n’existait que par le désir d’écrire. Le reste, dira-t-elle, reste- tion contingente, leur incapacité à tenir compte des faits sociologiques dans rait « innommé, inentamé ». Pour cette biographie qui fit grand bruit, Laure leur complexité scientifique, leur effort incessant pour mythifier leurs héros Adler reçut le prix Femina Essai 1998. (Gallimard, « Folio », 954 p., 60 F comme leurs ennemis… Une analyse implacable du dogme qui ne manque de [9,15 ¤].) A. My compassion ni pour ses victimes ni pour ses promoteurs. (Pocket, 242 p., 42 F [6,40 ¤].) A. My b DE L’INCOMPRÉHENSIBILITÉ DE DIEU, de saint Jean Chrysostome Saint et docteur de l’Eglise, il est l’un des pères les plus célèbres de l’Eglise b PAROLES DE DÉTENUS, sous la direction de Jean-Pierre Guéno d’Orient. Archevêque de Constantinople au IVe siècle, son œuvre peut être Après Paroles de poilus (Librio, 1998) et sur le même principe de réalisation (ap- mise en regard de celle de son contemporain, saint Augustin. Les cinq homélies pel à témoins lancé aux auditeurs de Radio France), ce Paroles de détenus ras- de Jean Chrysostome (c’est-à-dire « bouche d’or »), ici présentées, traduites du semble quelque 210 textes de prisonniers de droit commun faisant partager à grec et annotées par Pierre Maréchaux, ont été composées en 385. Ces discours leurs proches l’état d’esprit qui les anime, de la première heure aux derniers répondent à l’hérésie des Anonéens qui, s’appuyant sur Aristote, professaient jours de leur détention. Témoignages faits de tourments, de révoltes, de vio- que la raison et la logique pouvaient en quelque sorte devenir la « science lence et de haine, de réflexions sur la mort, le suicide, le néant; mots d’amour, exacte » de Dieu. Saint Jean Chrysostome, lui, soutient que toute « connais- de passions, de déchirure; paroles pleines de la découverte des autres et aussi sance passera » et que l’essence de Dieu n’est pas accessible à la simple raison. de soi, d’interrogations sur l’injustice et la justice, la réparation, la rédemption. Il est donc urgent de « ne pas avoir de soi-même de hautes idées… » (Rivages Po- Il arrive que la prison « transcende », note Jean-Pierre Guéno, ceux qu’elle n’a che, « Petite bibliothèque », 154 p., 75 F [11,43 ¤].) P. K. pas détruits. Une tentative, fraternelle en quelque sorte, pour que change «le regard porté par l’homme de la rue sur l’homme emprisonné ». (Librio/Radio b HISTOIRE ET CULTURES. Une autre philosophie de l’histoire, France, 194 p., 10 F [1,52 ¤]. Inédit.) A. My de Johann Gottfried Herder Parce qu’elle n’a cessé d’apparaître comme une tentative de rupture avec les Lu- b L’ÉTAT DU MONDE 2001 mières et, notamment, avec la conception du progrès et de l’universalisme L’Annuaire économique géopolitique mondial des éditions La Découverte a chère aux hommes du XVIIIe siècle, l’œuvre de l’écrivain allemand Johann Gott- vingt ans. Conçu (par François Gèze, Alfredo Valladao et Yves Lacoste) pour fried Herder (1744-1803) provoque, aujourd’hui encore, interrogations et com- observer le monde en combinant les approches économiques, géographiques, mentaires passionnés. L’exaltation de la diversité des cultures qui s’y trouve ap- démographiques, politiques et stratégiques, il y a donc vingt ans que L’Etat du paraît aux uns comme une introduction au différentialisme culturel, aux autres monde scrute « les grandes mutations de la planète ». S’il s’agissait, en 1981, comme une préfiguration du multiculturalisme contemporain. Alain Renaut, d’observer la dislocation annoncée des « grands blocs politiques hérités de la se- qui présente l’œuvre, note que la philosophie de l’histoire construite par Her- conde guerre mondiale », il s’agit aujourd’hui de s’interroger sur « les formes der à partir de la monadologie leibnizienne rappelle que la victoire des idéaux nouvelles d’indépendance entre Etats et sur la relativisation des souverainetés na- issus des Lumières (les droits de l’homme, notamment) « s’est accomplie sur un tionales ». Plus de 4 000 auteurs se sont relayés à la tâche, dont 150 pour la pré- mode très étrange, ambigu (…) », pour le moins, abstrait. Le présent volume, re- sente édition. Les 206 Etats indépendants ou principaux territoires sous tutelle groupant Une autre philosophie de l’histoire (1774) et des extraits des Idées pour sont, ici, présentés pour eux-mêmes ou dans l’ensemble géopolitique auquel ils la philosophie de l’histoire de l’humanité (1784-1791) peut, alors, être lu comme appartiennent. Qualité des textes, des cartes, des tableaux… On dira, pour la une de ces tentatives de « modification plus chaleureuse des Lumières » qu’appe- vingtième fois, que l’outil est indispensable. (La Découverte, 690 p., 149 F lait de ses vœux Jan Patocka. ( Traduit de l’allemand par Max Rouché, GF Flam- [22,71 ¤]. Inédit.) A. My marion, 204 p., 61 F [9,30 ¤].) A. My b DICTIONNAIRE BILINGUE INTERNET ET MULTIMÉDIA, b ETHNOLOGIE DE LA CHAMBRE À COUCHER, de Pascal Dibie de James Benenson et Brigitte Juanals Nos maisons en disent long sur nous-mêmes et plus que tout autre pièce, sans Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont fait en- doute, pour l’intimité qu’elle protège, la chambre à coucher. L’ethnologue qui, trer dans le vocabulaire (presque) courant nombre de mots utilisés dans une ac- comme Pascal Dibie, s’intéresse à « l’histoire de la part endormie ou somnolente de ception nouvelle, de néologismes, d’expressions, de sigles, d’abréviations dont l’humanité », y découvre rapidement un de ces « lieux de culture » qui révèle la la compréhension est d’autant plus hasardeuse que le langage technologique vérité dernière d’une société ou d’une personnalité. Des chasseurs de Pincevent est souvent volatil. Parce que l’anglais s’est emparé du domaine, une traduc- (Seine-et-Marne) qui nous ont laissé en une demi-douzaine d’habitations bien tion en français peut se révéler utile, même si un dictionnaire n’est pas indis- conservées un témoignage exceptionnel sur le paléolithique récent tardif aux pensable pour admettre qu’une logic bomb est une « bombe logique » ; on ap- « espèces d’espaces », comme disait Perec, que nous occupons aujourd’hui, nor- préciera davantage la définition, découvrant ainsi que la bombe en question malisés dans leur largeur, leur hauteur et même la température qui doit y régner, est une « partie de code incluse dans un programme dès sa conception » pour dé- Dibie passe en revue les mille et une manières d’abriter et d’organiser son som- clencher une action néfaste. D’Abilene (projet américain de réseau dorsal de fi- meil ou… d’occuper son insomnie. Lit de Circé d’où Ulysse ne peut s’échapper, in- bre optique à très haut débit), à zooming (agrandissement), 7 000 entrées (bilin- trusion de l’Eglise dans les chambres médiévales où la courtoisie voulait qu’on gues) et 1 200 définitions pour mieux se repérer dans les réseaux informati- dormît, « nu à nue », hiérarchisation des entrées dans la chambre du roi, spécifi- ques, les supports, les composants, les langages, les formats, les logiciels cité reconnue de la chambre à coucher pour la bourgeoisie triomphante, mais comme dans les services et les usages ou les projets liés à l’Internet et aux multi- aussi dortoirs mixtes et… éducatifs réservés aux jeunes dans les villages d’Afri- médias. A la lecture du dictionnaire, l’internaute qui a pris l’habitude d’expri- que, d’Inde ou de Nouvelle-Guinée, tatamis mobiles et pliants qui sont devenus mer ses sentiments sous forme de « binettes » (smileys) se déclarera, sans aucun le symbole de la maison japonaise… Tout y passe, y compris l’usage du pot de doute, :-)) (très content). (Pocket, 546 p., 50 F [7,62 ¤]. Inédit.) A. My chambre ou la chasse aux puces… Un régal ! (Métailié, « Suites/Sciences humai- nes », 310 p., 75 F [11,43 ¤].) A. My b LES PLAISIRS DE LA CHAIR, de Maït Foulkes Pour les amateurs de viande en tous genres, voici de quoi renouveller le quoti- b LE CRIME DU CAPORAL LORTIE. Traité sur le père, de Pierre Legendre dien, avec, par exemple, une marmite de chien à l’ail et au gingembre. Qui ne Convaincu que le gouvernement du Québec avait le visage de son père, un jeune figure qu’à titre documentaire au milieu de recettes plus rassurantes qui ne met- caporal de l’armée canadienne fit irruption, le 8 mai 1984, dans les locaux de l’As- tent dans nos assiettes que cochons, bœufs, canards, poulets ou moutons. semblée nationale québécoise, avec l’intention de tuer le gouvernement. On re- Comme dans tous les livres de cette série, les recettes sont accompagnées d’in- leva trois morts et huit blessés. Pierre Legendre, historien du droit, réévaluant les formations historiques et culturelles pour que la gourmandise ne soit pas politiques juridiques à la lumière de la psychanalyse, revient sur ce cas pour éta- qu’un péché. (Picquier Poche, « Les goûts de l’Asie », 206 p., 65 F [9,91 ¤]. blir les conditions subjectives de ce « meurtre privé », et les rapprocher du Inédit.) M. Si. VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 - LE MONDE DES POCHES - IX essai s bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb La liberté, improvisation permanente

FREE JAZZ/BLACK POWER d’une contestation généralisée (affectant Au fait, que faisaient donc les guet- de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli. Le jazz. Les jazz. toutes choses), et d’une époque forte. teurs, à l’époque, toujours en alerte pour Gallimard, « Folio », 438 p., 55 F (8,38 ¤). Ceux que l’époque ne rendait pas fous, nous, merci encore ? Où étaient-ils ? (Nouvelle édition, préface et Tout le jazz, n’assommait pas, elle les faisait intelli- Dans quelle résidence très secondaire ? Si discographie inédites.) gents. Ce livre en est la somme, la résul- plus de monde avait prêté plus d’atten- tous les jazz. tante, la croisée, une mine, un énorme tion en son temps au livre de Carles et de nfin un livre tonique, neuf, impo- travail d’historien, d’érudit, écrit avec Comolli, à leurs questions, à la relecture sant, important, problématique : « Free », ou pas. netteté, la grande éloquence des révolu- générale du blues, du « jazz », aux histo- Free Jazz/Black Power, troisième Mais pas tionnaires de 1789 revue par la syntaxe de riens et poètes qu’ils poussent à lire (Fra- E édition, par Carles et Comolli. Lors Dolphy. Donc, on l’a décrété « illisible » zier, W.E.B. Du Bois, Harold Cruse, Rap de la parution, en janvier 1971, sous cou- sur-le-champ. On allait se gêner ! Indis- Brown, mais aussi Paul Oliver, Michel Fa- verture de Reiser (un Nègre hilare, tirant seulement : une pensable aujourd’hui, puisque tout a bre, Melvin Van Peebles), on n’en serait une énorme langue, le poing dressé – très changé : les couloirs de la mort peuplés de pas là. D’ailleurs, ce livre ne concerne pas critiquée en son temps), Philippe Carles vision du monde, Noirs, la forme des luttes, une pensée qui seulement le « jazz », ni l’idée qu’on s’en s’apprête à prendre la rédaction en chef de fait la sieste. fait. Ce n’est même pas une histoire de Jazz Magazine, Jean-Louis Comolli (ci- une idée de Blancs et de Noirs, de Blancs contre les néaste) assure celle des Cahiers du cinéma. « Illisible », a-t-on dit – encore que Noirs, d’Américains et d’Européens, c’est Ils se sont connus à la faculté de médecine la révolution. l’ouvrage, intimidant par sa force, sa vi- partout plus subtil, plus exact. Si on avait d’Alger. Se retrouvent dans l’escalier de la tesse, son sérieux, n’ait pas suscité sur le su établir les indispensables connexions Cinémathèque de Langlois, à Chaillot, en Manifeste moment beaucoup de critiques écrites. avec le politique, la littérature, la pein- 1963. Ne se sont jamais quittés. Dans les couloirs, dans les coulisses, dans ture, l’amour… Bref. Ensemble, avec André Clergeat, ils sont esthétique les trombones, en revanche, ça y allait… Que le « free jazz » – ni style, ni mou- responsables d’un fameux Dictionnaire du C’est vrai, d’ailleurs, que c’est « illisi- vement, ni école, mais remise en cause jazz (Laffont, « Bouquins »). Mais le livre et politique. ble » : au sens où Free Jazz/Black Power généralisée, destruction nuptiale de l’uti- qui leur colle à la peau, le livre que leur est une somme pensée, lourde d’informa- lisation du « jazz », catastrophe apprivoi- avait commandé en 1969 Gérard Guégan Trente ans après tions, de chiffres, d’analyses, marxiste sée, unique manifeste esthétique dont pour les éditions Champ libre, le livre qui quand il faut, militante de la cause, des l’acte et les œuvres sont plus convain- fait référence et que vont enfin découvrir sa première corps et des voix, sans jamais lâcher le cants que les intentions – résiste si vio- les jeunes amateurs, souvent moins obtus nerf, injuste au passage, par hasard ou lemment, si simplement, au disque, à l’en- que leurs prédécesseurs, ou d’une né- édition, discret par nécessité, péremptoire, analytique, et registrement, à la répétition, à la télévi- vrose plus gaie, plus photogénique, c’est le curieux, c’est que trente ans après, ce sion ; que le free jazz reste la seule et celui-ci : Free Jazz/Black Power. Préface en mais culte, soit là, clair, neuf, précis, chacun peut y exemplaire invention musicale dont la vers libres, dans le style d’un Césaire qui aller, on s’étonne même de la part déjà publicité, les ascenseurs et les télépho- déclarerait sa rage d’amour du jazz. Disco- rigoureux et faite par les auteurs à la récupération mar- nes portables ne peuvent rien faire : rien, graphie méticuleuse, de Bessie Smith à chande, spectaculaire : à la fois cri, témoi- ni récupération, ni recyclage ; que le free Frank Wright, on peut faire confiance à tonique, le livre gnage et état des lieux. Les données ne jazz soit si haï, si méprisé, sans qu’on en Philippe Carles. On regrettera toutefois sont plus les mêmes. La méthode reste connaisse rien, si moqué sans qu’on l’absence d’un index. de Philippe Carles intacte. A reprendre, relancer, rejouer. l’écoute, jamais là où on l’attend (Or- « Black Power », le pouvoir aux Noirs, Roulez, jeunesse ! nette Coleman est le plus grand mélo- c’est le mot d’ordre que lancent les radi- et Jean-Louis Free Jazz/Black Power, c’est l’envers de diste des quarante dernières années, caux africains-américains, en 1965, après tout ce qui se bafouille sur le jazz pour Shepp, le plus lyrique des ténors, Cecil l’assassinat de Malcolm X. « Free Jazz », Comolli est plus mieux l’éteindre. L’envers du côté comi- Taylor le plus musical des poètes qui dan- « Libérez le jazz ! » ou « Jazz libre ! », que-troupier, sentencieux, hétéro-beauf, sent, Sun Ra le plus drôle, etc.) ; qu’il soit c’est le manifeste esthétique et politique que jamais sentimentaire, étourdi. C’est l’intelligence improgrammable, hors circuit, hors des jeunes musiciens depuis 1960. Depuis à vif, le besoin de comprendre, d’avancer, chaîne, hors festival, déplacé ; qu’il reste qu’Ornette Coleman, en double quartet indispensable d’aller là où sont déjà, en 1971, LeRoi Jo- – impavide – une attitude devant la avec Dolphy et Don Cherry, publie sous nes, Jeanne Lee, Archie Shepp, Carla Bley, musique et devant le monde, cela finit pochette de Jackson Pollock une im- Sun Ra, Cecil Taylor, Anthony Braxton, par exciter l’esprit. mense improvisation collective ainsi Bill Dixon… Le besoin impérieux de pren- Le plus surprenant, c’est la ténacité nommée. La démarche sidère. Le geste. dre à bras-le-corps les harmonies et les avec laquelle ce livre salutaire, momen- La fête. L’inouï. Ce qui vaut très logique- conditions de production. C’est cela que tané, daté, résiste, lors même que tout a ment à Ornette et sa bande des insultes, l’on a décrété « illisible », comme chaque changé autour de lui. Le manifeste a des coups, comme peu en auront reçus. fois qu’on aimerait brûler un livre. Nor- commencé. L’affirmation continue. On ne peut plus se figurer l’ampleur des mal. Parfaitement lisible. Francis Marmande dégâts, mais c’est la critique fendue en deux, les certitudes effondrées, le gros du b public qui brame qu’on vient de lui casser son jouet, sa marchandise (le « jazz »), les extrait injures, Albert Ayler conspué à Pleyel comme en un radio-crochet d’avant- Qu’y a-t-il dans l’amour du jazz ? Qu’est-ce que produire du neuf en musique ? guerre, Hernani, Mai 68 là-dessus, et par- La beauté, l’émotion, la nostalgie, l’excitation, la jeu- Du nouveau dans le monde ? tout dans le monde, des émeutes, des gaie- nesse, la révolte, tout cela sans doute. De nouvelles formes, de nouvelles beautés, de nouvel- tés, un vent panique, charivari d’amour et Mais d’abord le goût des chemins nouveaux. les émotions. Toujours, déjà, déjà, toujours le monde a de haine, des morts à Mexico, les Black Le vif désir de l’inouï. été usé, aura été usé. Et toujours il se donne à nous Panthers minutieusement exterminés un Non pas nécessairement des musiques neuves, des for- comme renouveau. à un, c’est une révolte, sire, non, c’est une mes musicales inédites, L’improvisation est une croyance. Croire en la pre- révolution. mais une musique constamment nouvelle. mière fois. Qu’il y aura toujours de la première fois. La Voilà le contexte dans lequel nos cara- Qui maintienne chez nous au bout de la millième première fois n’est jamais la dernière. Dommage pour bins algérois se lancent à l’assaut. A l’as- écoute la certitude qu’elle s’avance pour la première les Evangiles. Tous les mots ont toujours-déjà tenté de saut de toute l’histoire des musiques fois. posséder le monde, et le monde, de crise en épiphanie, noires, des mouvements noirs, de l’Améri- Et qu’elle pourrait être toute différente. dépossède les mots du pouvoir de l’enfermer, et ce fai- que, de l’esclavage, de la critique, du dis- Et que si elle ne l’est pas, que si elle est comme elle sant les rend à la poésie, à cet autre pouvoir qui est celui cours critique, et des formes des jazz, doit être et comme elle sera toujours, de charmer et d’enchanter. « free » ou pas. Conjonction d’une électri- c’est aux beautés sans nom du hasard qu’elle le doit. Free Jazz/Black Power, nouvelle préface, cité militante (partout dans le monde), S’il y a un enjeu dans la vie du jazz aujourd’hui, il est là. pages 9 et 10. X - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 essai s bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb La recherche d’une unité perdue L’étape Le traitement social et culturel dont le corps est l’objet, sous un angle insolite, mais révélateur égalitaire

ANTHROPOLOGIE DU CORPS en liaison avec le monde végétal. Pour le Renouant avec les médecines traditionnel- LE ROSE ET LE NOIR ET MODERNITÉ Canaque, dont l’existence est celle d’un les et les savoirs populaires, les médecines de Frédéric Martel. de David Le Breton. foyer d’échanges au sein d’une commu- nouvelles s’efforcent de retrouver une unité Gallimard, « Folio », P.U.F., « Quadrige », 264 p., nauté, le corps n’est pas frontière, mais élé- perdue. Soupçonnées de superstition, voire 776 p., 60 F (9,15 ¤). 69 F (10,52 ¤). ment indiscernable d’un ensemble symboli- de roublardise, elles répondent à la « faille (Première édition : (Inédit.) que. Pour l’Occidental, coupé du cosmos, anthropologique » du savoir biomédical. Ve- Seuil, 1996.) des autres et de lui-même, le corps est un nus d’Orient, de Californie ou d’époques ré- haque société dessine un savoir attribut du sujet, la marque de sa clôture volues, des savoirs et des pratiques en rup- Décrié par les militants singulier sur le corps, lui donnant sur lui-même. ture avec la science officielle proposent u n homosexuels, auxquels il sens et valeur. Nos conceptions Le savoir officiel sur le corps participe de bric-à-brac à partir duquel chacun bricole sa était destiné, salué par la C actuelles du corps sont affectées cette « anthropologie résiduelle ». La mé- vision personnelle d’un corps revalorisé. Ce presse grand public, qu’il ne par la montée de l’individualisme. Le corps decine d’aujourd’hui, estime David Le Bre- faisant, les médecines nouvelles s’inscrivent pensait pas toucher, Le Rose moderne implique la coupure du sujet ton, s’intéresse à la maladie et non au ma- dans ce vaste mouvement d’exaltation du et le Noir, du sociologue Fré- avec lui-même. Avoir un corps plus qu’être lade. Elle s’inscrit dans un projet de maî- bien-être et des plaisirs corporels qui spéci- déric Martel, publié en son corps, tel est le destin du sujet occiden- trise de la nature qu’elle illustre et dont elle fie l’individualisme depuis les années 60. avril 1996, vient de sortir en tal. David Le Breton propose une sorte de révèle les faiblesses. La banalisation des dis- La « libération du corps », pour David Le éditions de poche. Cette généalogie du corps moderne, posant les sections au XVIe siècle témoigne d’une mu- Breton, n’est qu’un faux-semblant. Le nou- somme sur l’histoire des jalons les plus significatifs de la mise en tation anthropologique. D’intouchable, car vel imaginaire du corps qui a pris son essor hommes et des femmes ho- place de cette conception du corps liée à appelé à ressusciter, le corps humain il y a une trentaine d’années ne remet pas mosexuels en France depuis l’émergence d’une pensée rationnelle de la change de statut avec les anatomistes. Dis- en cause l’opposition majeure des sociétés 1968, années de « genèse du nature. socié de la présence humaine, il est étudié holistes, communautaires, où le corps est mouvement homosexuel con- Publié pour la première fois en 1990, cet comme réalité autonome. Le mécanisme pris dans un réseau symbolique dense, et temporain français », formi- ouvrage de référence vaut par l’originalité cartésien achève ce processus de dissocia- des sociétés individualistes, qui exaltent le dablement précise et docu- de sa mise en perspective anthropologi- tion du corps – qui n’est qu’une ma- repli du sujet sur lui-même et la maîtrise mentée, s’est, pour l’occa- que. Le traitement social et culturel dont le chine – et de l’âme – dont toute l’essence d’un corps objectivé. Aussi soutient-il que sion, enrichie d’une cin- corps est l’objet, les pratiques et les repré- est de penser. La médecine hérite de ce défi- l’exaltation des plaisirs et le souci du vécu quième partie intitulée « Le sentations qui le mettent en jeu sont ainsi cit symbolique du corps humain. Elle ré- corporel valent à titre de figures inédites combat des droits. appréciées sous un angle insolite, mais ré- pare cette mécanique dont la seule singula- d’une posture inchangée, celle de la maîtrise 1997-2000 », qui détaille vélateur. rité réside dans la complexité des rouages. scientifique et technique du corps. L’aspira- l’élaboration et le vote du Rien de tel qu’un détour par des sociétés Le morcellement du corps qu’elle promeut tion au bien-être obéit aux normes du pacte civil de solidarité, et traditionnelles, celle des Canaques, étudiée induit une sourde inquiétude et une multi- « bien-paraître », et l’hédonisme assure la tente judicieusement d’en par Maurice Leenhardt, ou celle des Do- plicité de questions éthiques devenues ex- vente des cosmétiques. Diagnostic sévère, évaluer les conséquences. gons, pour mesurer l’isolement du corps au plicites avec l’essor des biotechnologies. qui insiste sur les dérives du nouvel indivi- « Droits, intégration, recon- sein des sociétés occidentales. Chez les Ca- Dans ces conditions, la persistance de l’ho- dualisme et méconnaît les vertus libératri- naissance : que de chemin naques, le même mot, kara, désigne la méopathie et la floraison des médecines ces d’un imaginaire du corps qui a boule- parcouru en trois décen- peau de l’homme et l’écorce de l’arbre, et « nouvelles » (acupuncture, auriculo-méde- versé la vie des femmes et nourri le combat nies ! », souligne Frédéric les intestins sont assimilés aux entrelacs de cine, ostéopathie, etc.) valent à titre de re- contre l’homophobie. Martel. « En trente ans, la lianes qui densifient la forêt. Le corps est fus de ce dualisme. Jean-Paul Thomas question homosexuelle a été reformulée au moins quatre fois : une première fois au dé- but des années 70 lors de l’ap- parition de “fronts” révolu- tionnaires dans une perspec- La dialectique de construction tive subversive ; une deuxième fois à la fin des an- nées 1970 avec la lutte contre Jacques Sédat donne un tour plus personnel à sa démarche interprétative du freudisme les discriminations qui frap- pent l’individu homosexuel, FREUD un enseignement universitaire de bon ni- ments essentiels du devenir de l’œuvre : l’hys- dans une logique de de Jacques Sédat. veau. C’est pourquoi, tous les étudiants de térie, le rêve, la sexualité, le transfert, le nar- “droits” ; une troisième fois à Ed. Armand Colin, psychologie, de lettres et de philosophie de- cissisme et les pulsions, le masochisme, l’iden- la fin des années 1980, « Synthèse-Philosophie », vraient être concernés par cette belle réus- tification, les topiques, l’Œdipe et les différen- autour de la question du 96 p., 42 F (6,40 ¤). site ! tes formes de dénégation et de clivage. Enfin, sida, puis une nouvelle fois (Inédit.) Dès la préface, Sédat souligne qu’il ne dans le troisième chapitre, il s’interroge sur le tout récemment, à la fin des traite ni la biographie du fondateur, ni celle « sens du freudisme », en développant une années 90, autour du débat epuis 1995, les différentes célébra- de ses disciples, ni l’histoire du mouvement réflexion sur la psychanalyse profane (prati- sur le Pacs dans une problé- tions liées au centenaire de la psy- psychanalytique, ni les correspondances, ni quée par les non-médecins) et sur l’espace matique égalitaire. » chanalyse ont donné naissance les querelles historiographiques, ni les origi- « extraterritorial de l’énonciation freudienne». L’édition de poche offre à D en France à une avalanche de nes de la psychanalyse. Mais pour autant, il Dans cette dernière partie, et sans se dépar- Frédéric Martel l’occasion, « Freud-en-poche », chacun d’eux servant n’élimine pas de sa synthèse ces divers objets tir de l’objectivité nécessaire à son en une très longue postface, de support à une vision de la psychanalyse d’étude. La vie de Freud est donc présentée à « Freud-de-poche », Sédat donne un tour de revenir sur la polémique propre à une école. On en a ainsi qui sont travers une excellente chronologie, tandis plus personnel à sa démarche interprétative qui avait marqué la sortie du adaptés à chaque branche du lacanisme et que les autres aspects du freudisme sont en faisant du père fondateur, non pas un sa- livre (Le Monde du 15 avril d’autres conçus selon les diverses orienta- mentionnés dans un vaste choix bibliographi- vant du XIXe siècle (comme Jones), ou un juif 1996). Il en profite pour tions du freudisme orthodoxe ou du post- que. sans dieu (comme Peter Gay), ou encore un étayer ses positions sur freudisme libéral ou dogmatique. Quant au livre lui-même, on aura compris juif hanté par sa judéité (comme Yosef l’« attentisme »,le« déni » Parmi tous ces ouvrages, on retiendra le qu’il ne parle que de Freud, un Freud saisi Hayim Yerushalmi), mais un alter-ego de des militants homosexuels Freud de Jacques Sédat, le seul à échapper à dans la dialectique même de la construction Max Weber, initiateur d’« un désenchante- face au sida, de 1982 à 1985, cette tonalité. Et si l’auteur a su se préserver de son œuvre : une œuvre clinique, théori- ment du monde ». Par-delà cette comparai- ainsi que sur la « tentation de toute propagande en faveur d’une cha- que, scientifique, métapsychologique, litté- son, on a l’impression qu’il nous offre un communautaire » qui cul- pelle, c’est qu’il a réellement réfléchi à la ma- raire, politique. Le tout est déployé en ordre Freud déshistorisé, très éloigné à la fois de mine entre 1993 et 1996, an- nière de traiter, en moins de cent pages, un chronologique et divisé en trois chapitres et Vienne et du monde anglophone, un Freud nées du « droit à la diffé- sujet aussi vaste et aussi complexe. Il a cons- seize « dossiers ». Dans le premier, Sédat dé- français et curieusement pascalien : un Freud rence », des succès d’Act up truit un Freud capable de répondre aux nor- finit la méthode de Freud, dans le deuxième, janséniste, à l’image de son auteur. et de la Gay pride. mes érudites et pédagogiques nécessaires à de loin le plus long, il examine les onze mo- Elisabeth Roudinesco Pascale Krémer VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 - LE MONDE DES POCHES - XI essai s bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le langage La Révolution telle qu’en ses origines et la parole L’histoire des idées et celle des « sociologies politiques » en termes de complémentarité

ENFANCE ET HISTOIRE LES ORIGINES CULTURELLES nuité obligée des révolutionnaires et, à peut-on au contraire supposer des discor- de Giorgio Agamben. DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE leur suite, des historiens. dances entre pratiques et discours, voire Traduit de l’italien de Roger Chartier. Dans la logique de cette première dé- un rapport d’antécédence des premiers par Yves Hersant. Seuil, « Points-Histoire », 320 p., marche, l’auteur d’Au bord de la falaise sur les seconds ? Les réponses sont multi- Petite Bibliothèque 48 F (7,32 ¤). (Albin Michel, 1998) propose d’ouvrir la ples et toujours stimulantes. Elles passent Payot, (Première édition : Seuil, 1990.) notion des origines intellectuelles de la Ré- par l’analyse de la notion d’opinion publi- 172 p., 72 F (10,98 ¤). volution, avancée par Daniel Mornet que à travers celle des rapports comple- (Première édition : etour en poche d’un livre désor- – Les Origines intellectuelles de la Révolu- xes et fluctuants qu’entretiennent ce que Payot, 1989.) mais classique. Paru en 1990, tion française 1715-1787 (1933) –, à celle l’auteur nomme le « public », cette « répu- dans le tumulte des travaux et des origines culturelles. Là encore, sa mé- blique des lettres » constituée en une com- On sait comment Gior- R des publications du bicentenaire thode relève du renversement de perspec- munauté de l’écrit et le « peuple », mais gio Agamben tente, de- de la Révolution française, Les Origines tive. Pour commencer, les Lumières peu- aussi par l’étude des mutations des mo- puis plusieurs années, de culturelles de la Révolution française avait vent-elles se résumer aux termes d’une des de résistance à l’absolutisme monar- déchiffrer l’énigme totali- au moins deux mérites. idéologie explicite et rationnelle et ne re- chique, de la violence au recours judi- taire qui a traversé le D’abord celui de renouveler en profon- couvrent-elles pas aussi ce que l’auteur ap- ciaire, par celle des glissements de va- XXe siècle, en revisitant la deur la question du paradoxe d’une révo- pelle les « formes de sociabilité » d’Ancien leurs, du dogme de la transcendance mo- figure antique de l’homo lution pensée par ses acteurs comme un Régime : gestes, habitudes et comporte- narchique à l’émergence des vertus fami- sacer, cet homme sans commencement absolu et qui doit néan- ments du quotidien ? C’est cette agréga- liales, patriotiques et civiques. droits, sans voix, que l’on moins s’inscrire dans une histoire qui la tion des « pratiques » aux « discours » qui Dans une postface inédite, l’auteur fait pouvait tuer sans com- préfigure et la justifie. C’est du même autorise l’auteur à parler des origines le point à la lumière de l’historiographie mettre l’homicide (Homo coup réfléchir aux rapports de la Révolu- « culturelles » de la Révolution. Encore des dix dernières années. Curieusement, sacer, Seuil, 1997). On sait tion et des Lumières à travers leurs in- faut-il définir le concept de culture, après on n’y trouve pas mention des recherches comment il a montré les fluences croisées et réciproques. La thèse lequel historiens et sociologues courent poursuivies récemment sur les images pré- lacunes de tout témoi- avancée par Roger Chartier, pour être depuis bon nombre d’années. Sur ce révolutionnaires – en particulier les cari- gnage, quand l’horreur a quelque peu provocatrice, n’en est pas point, Roger Chartier procède par tou- catures –, qui constituent un bon exem- anéanti les seuls êtres qui moins neuve et éclairante. ches et nuances successives en invitant le ple du chevauchement des discours politi- auraient pu véritable- L’opération consiste à renverser les rap- lecteur à formuler lui-même sa propre dé- ques contre l’Etat : lettrés et populaires, ment témoigner (Ce qui ports des deux termes et à se demander si finition de la notion. traditionnels et modernes. Et puis pour- reste d’Auschwitz, Riva- ce n’est pas la Révolution qui a inventé Ensuite, quels rapports pratiques et dis- quoi vouloir encore penser l’histoire des ges, 1999). les Lumières en forgeant sa légitimité cours entretiennent-ils au sein des Lumiè- idées et celle des « sociologies politi- Cette difficulté à trans- dans un corpus de textes et d’auteurs fon- res ? C’est là le deuxième paradoxe ques » en termes d’opposition ? Ne se- mettre une expérience, le dateurs et cohérents, convoqués a poste- avancé par Roger Chartier à travers le ti- rait-il pas temps de les envisager dans philosophe italien, né en riori pour avoir su préparer la rupture tre de l’un de ses chapitres : « Les livres leurs complémentarités, l’une éclairant 1942, la cernait déjà dans avec l’Ancien Régime. Contre cette « illu- font-ils la Révolution ? » Autrement dit, l’autre et réciproquement ? cet essai paru en Italie en sion rétrospective » des Lumières parta- peut-on continuer à déduire systémati- Emmanuel de Waresquiel 1978, pour faire apparaî- gée par la plupart des révolutionnaires, quement les gestes et les engagements tre ce qu’elle révèle de Chartier tente au contraire de décons- des pensées, les pensées des lectures, et Roger Chartier collabore « la différence entre lan- truire puis de reconstruire cette conti- les lectures des textes eux-mêmes et ne au « Monde des livres » gue et parole » ou, autre- ment dit, « entre puis- sance et acte ». Ce qu’Agamben nom- me, ici, « l’enfance de l’homme » est un espace De l’influence législative sur la vie linguistique de silence où l’humain se distingue du linguistique. L’homme, en tant qu’il Marie-Josée de Saint-Robert clarifie et classe les différents outils à la disposition du politique n’est pas « toujours déjà parlant », commence, un LA POLITIQUE DE LA LANGUE les cinquante-quatre autres pays adhérant tionnaires ou de penseurs (Etiemble, jour, à dire « je » et se FRANÇAISE à la francophonie. Guillermou, Gobard, Rossillon, Serge constitue ainsi en sujet du de Marie-Josée de Saint-Robert. L’influence est d’ailleurs réciproque Paul, Noguez, Cassen, etc.) ; elle révèle langage. C’est sur cette PUF, « Que sais-je ? », 128 p., quand par exemple l’Académie française que de plus en plus de groupes linguisti- discontinuité que se 42 F (6,40 ¤). consacre des néologismes venus du Qué- ques à travers la planète, des lusophones fonde, note Agamben, (Inédit.) bec, du Maroc ou du Sénégal ; lorsque des aux turcophones, tendent à s’organiser l’historicité de l’être hu- textes votés au Palais-Bourbon s’inspirent « à la française » sur les plans intérieur et main et, par là, sa capa- eune linguiste des Nations unies à de législations francophones étrangères, extérieur ; elle rappelle enfin que le seul cité à concevoir et à trans- Genève et docteur en sciences politi- ainsi la « loi Toubon ». Née parmi les polé- territoire français, dès lors qu’on y inclut mettre une expérience. ques, Marie-Josée de Saint-Robert miques sur « l’épuration linguistique », les départements et territoires d’outre- Que l’enfance soit la « di- J s’est lancée à corps perdu dans le cette loi du 4 août 1994, peu ou mal appli- mer, abrite, outre la langue nationale, mension originelle de l’hu- maquis à la fois touffu et aride de La quée, vise surtout, montre l’auteur, d’une soixante-quinze autres parlers. Cette abon- main » ne relève pas, dès politique de la langue française et en est re- part à garantir à toute personne dans dance linguistique relativise la loi du 1er fé- lors, de la psychologie ou venue saine et sauve avec un « Que l’Hexagone de pouvoir y travailler et y être vrier 1994 sur les 40 % de « chansons fran- de la chronologie, mais sais-je ? » de ce titre. L’« exploratrice » servi en français ; d’autre part à associer çaises » obligatoires sur nos ondes, puis- de la nécessité de faire du précise d’emblée que sa recherche porte en France une tierce langue (espagnol, alle- que cette francité chantante englobe de langage « le lieu où l’expé- essentiellement sur l’action (ou l’inaction) mand, etc.) au français et à l’anglais dans jure les idiomes régionaux et de facto ceux rience doit devenir vé- des gouvernements de la Ve République à l’affichage public (gares, musées, etc). des autres nations francophones multilin- rité ». l’égard du français en France et non pas A côté de la loi Toubon existe une co- gues. Ce quota, finalement très modéré, a C’est une éthique que sur la francophonie, qui est un volet de la horte méconnue de mesures, règles, servi- en tout cas permis en France une remon- propose Agamben. Une diplomatie du Quai d’Orsay, sujet sur le- ces et organismes relatifs à la vie du fran- tée radiophonique des artistes francopho- éthique où l’enfance quel existe un « Que sais-je » (n˚ 2111) dû çais. La linguiste s’attache à clarifier et clas- nes et assimilés, souvent désarmés face muette de l’homme pour- à l’ancien ministre gaulliste Xavier Deniau. ser les différents rôles, utiles ou vains et se aux groupes musicaux américains géants, rait être « l’éternelle gar- Madame de Saint-Robert souligne néan- chevauchant parfois, de cet appareil légis- cette remontée, entre autres, prouvant dienne de ce qui mérite de moins le lien étroit existant entre la situa- latif et institutionnel à la disposition du po- que toutes les lois linguistiques ne sont survivre ». tion linguistique interne française et le litique ; elle ne néglige pas de signaler en pas, loin de là, inutiles ou nocives. André Meury sort de la langue de Kateb et Senghor dans ces domaines l’impact personnel de fonc- Jean-Pierre Péroncel-Hugoz XII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 eLved oh,n poche, de Livre Le L’Imitation Jacques CHESSEX ¤). (7,32 eiebbitèu,n bibliothèque, Petite Ombres, Levaillant. Marc par annotés et présentés Récits Christel Pontivy de Madame d’or, Clou Le Charles-Augustin ¤). SAINTE-BEUVE (5,18 F 34 p., 36 840, Nouvelle Rocher, du Editions d’Alger Port Le Patrick RENAUDOT ¤). (5,49 F 36 p., 352 n Folio, Gallimard, d’Ulysse Larmes Les Roger GRENIER ¤). (7,32 F 48 p., 512 n Folio, Gallimard, Quatre Chantal DELSOL ¤). (3,51 F 23 p., 192 eLved oh,n poche, de Livre Le ! Zara Hurrah Jean RASPAIL ¤). (6,10 F 40 p., 272 n bibliothèque, Petite Ombres, Cuenot. Claude de Postface indiens Contes Stéphane MALLARMÉ ¤). (4,42 F 29 p., 320 n Folio, Gallimard, prendre à Trésors Violette LEDUC ¤). (3,05 F 20 p., 128 n Motifs, plumes, à Serpent Le maître du Chair La Dany LAFERRIÈRE ¤). (4,88 F 32 p., 192 n Points, Seuil, monde du Refondation La Jean-Claude GUILLEBAUD ¤). (2,90 F 19 p., 176 n Points, Seuil, bleu Merle Le Michèle GAZIER ¤). F (4,42 29 p., 128 Points, Seuil, Anchise Maryline DESSIOLLES ¤). (7,47 F 49 p., 400 n Grasset, justes des Crime Le André CHAMSON ¤). (6,86 F 45 p., 368 n Folio, Gallimard, diable Au de ¤). Elvire (1,52 BRISSAC F 10 p., 128 lu, J’ai crabe d’un mort et Vie Vincent BOREL ¤). (6,10 F 40 p., 304 almr,Flo n Folio, Gallimard, femme seule Une Pierre HEBEY ¤). (7,32 F 48 n poche, de Livre Le Dieu Sieur Le Franz-Olivier GIESBERT ¤). (5,95 F 39 n Folio, Gallimard, Black parfait, Monsieur crime un est réel Le Jacques BELLEFROID FRANÇAISE b 9 . 4F(,6¤). (9,76 F 64 p., 192 almr,Flo n Folio, Gallimard, renard petit au Femme La Violette LEDUC almr,Flo n Folio, Gallimard, rouge Nil Gérard OBERLÉ ¤). F (12,04 79 p., 512 Libretto, Phébus, loups aux Terre La Robert MARGERIT o o 1,38p,4 64 ¤). (6,40 F 42 p., 368 113, 6 6p,5 82 ¤). (8,23 F 54 p., 96 26, LITTÉRATURE uv de suivi , o 0,15p,4 F 48 p., 165 304, rcd de précédé o o 9,46p., 496 795, p., 240 786, aPendule La o o o o o o o o 3426, 1039, 716, 3425, 3424, 3421, 3420, 3419, o o o tde et 14930, 14931, 14941, o 140, almr,Flo n Folio, Gallimard, Célébrations Michel TOURNIER ¤). (6,10 F 40 p., 416 n poche, de Livre Le Bonaparte de Sultans Les Alexandre TORQUET ¤). (5,03 F 33 p., 288 oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Peellaert. Elisabeth par l’anglais de Traduit blanche voie grande la Broadway, Nik COHN ¤). (7,32 F 48 epce n poche, de Livre Le Huet. Colette-Marie et Gleizal Françoise par intégrale traduction Nouvelle gothiques contes Sept Karen BLIXEN ¤). (5,95 ¤). (5,49 F 36 p., 432 e air ogs n rouges, Cahiers Les Grasset, Peyronnet. R. Sigrid par norvégien du Traduit contes des pays Au Knut HAMSUN ¤). (6,71 F 44 p., 240 n Folio, Gallimard, Lambrechts. Rémy par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit porcheries des Seigneur Le Tristan EGOLF ¤). (7,16 F 47 p., 256 n étranger, Domaine 10/18, Azimi. Roxane par l’anglais de Traduit cochon de Temps Andrew COWAN ¤). (8,38 F 55 p., 448 n Motifs, plumes, à Serpent Le Courtois-Fourch. Michel par l’anglais de Traduit Jérusalem Pension Paul BAILEY ÉTRANGÈRE b oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Neuhoff. Anouk par (Nouvelle-Zélande) l’anglais de Traduit toujours revient l’on où Pays Le Kirsty GUNN n poche, de Livre Le Durras. Marie par l’anglais de Traduit Mountain Cold à Retour Charles-Augustin FRAZIER n Babel, Sud, Actes Grombach. Lena et Gouvenain de Marc par suédois du Traduit Baltes des L’Extradition Olov Per ENQUIST n poche, de Livre Le Mannoni. Olivier par l’allemand de Traduit 2 Salomon de Sceau Le Peter BERLING ¤). (8,99 n Poche, Rivages Invernet. Philippe par l’allemand de traduit Allen, Jennifer de Préface bibliothèque ma déballe Je Walter BENJAMIN 4 . 8F(,4¤). (8,84 F 58 p., 242 eLved oh,n poche, de Livre Le Boîte La François SALVAING o o o o 42 0 . 6F(,9¤). (5,49 F 36 p., 608 3422, ¤). (5,34 F 35 p., 144 114, 42,52p,5 76 ¤). (7,62 F 50 p., 512 14928, ¤). (9,30 F 61 p., 528 449, LITTÉRATURE o o 42,80p,3 F 39 p., 800 14927, 2,24p,5 F 59 p., 224 320, o 00 8 p., 480 3020, o 3431, o o o o o o 14938, 14936, 3233, 3232, 3220, 301, oh,n poche, de Livre Le Pépin. Robert par l’anglais de Traduit nuit la dans conversation Dernière Davi½d MALOUF ¤). (7,93 8F(03 ¤). (10,37 F 68 n Folio, Gallimard, Nakamura. Ryöji et Ceccatty de René par japonais du Traduit siècle du Jeu Le Kenzaburô ÔÉ ¤). (6,71 F 44 p., 320 lu, J’ai Deschamps. Josiane par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit l’éternité de provenance en Message Marlo MORGAN ¤). (7,32 F 48 p., 544 lu, J’ai Mourlon. Jean-Paul par l’anglais de Traduit Spartacus de colère La Rome. de Maîtres Les Colleen McCULLOUGH ¤). (4,57 tagr,n étrangère, bibliothèque Petite Rivages, Brun. François par l’italien de Traduit juive est aussi Seta Della Madame Rosetta LOY ¤). (9,91 F 65 p., 352 Libretto, Phébus, Postif. François par complétée et revue traduction Postif, Louis et Gruyer Paul par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit étoiles des Vagabond Le Jack LONDON ¤). (7,32 F 48 iae oh,n Poche, Rivages Mengin. M.-C. et Marly P. par l’anglais de Traduit Mandelbaum Porte La Muriel SPARK ¤). (3,81 F p., 25 192 lu, J’ai Arson. Pierre par l’anglais de Traduit sorcières des Lune La Michael SCOTT ¤). (9,91 F 65 p., 480 Cosmopolite, La Stock, Dumont. Robert par l’allemand de Traduit crépuscule au Vienne Arthur SCHNITZLER ¤). (6,25 F 41 p., 160 oi,n Folio, Gallimard, Andac. Munevver par turc du Traduit nouvelle Vie La Orhan PAMUK ¤). (7,62 F 50 p., 240 Cosmopolite, La Stock, Elsen. Claude par l’anglais de Traduit personnelle affaire Une Kenzaburô ÔÉ oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Brunet. Sophie par l’anglais de Traduit tout Après Edward AUBYN SAINT ¤). (4,27 F p., 28 192 lu, J’ai Macia. Robert par l’anglais de Traduit profondes Eaux Malcolm ROSE ¤). (5,49 ei,Pit,n Points, Seuil, Wicke. Anne par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit River Suspicious A Laura KASISCHKE o 47 6 . 2F(,3¤). (7,93 F 52 p., 464 3427, o o 48 4 . 6F 36 p., 448 3428, 43,26p,3 F 30 p., 256 14937, o 1,12p,5 F 52 p., 192 318, o 8,46p., 416 789, o 1,40p., 480 319, o 3228, n Noir, Rivages Michalski. Freddy par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit City Dixie Lee James BURKE ¤). (9,45 F 62 n poche, de Livre Le Rosenthal. Jean par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit commande sur Apocalypse Ken FOLLETT ¤). (5,49 F 36 p., 352 n policier, Folio Gallimard, Richard. Nicolas par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit serpents aux Foire La Harry CREWS ¤). (7,32 F 48 p., 512 tagr n étranger, Domaine 10/18, Hinsch. Luce par norvégien du Traduit Dina de Livre Le : 1 vides Limons Les Herbjorg WASSMO ¤). (6,40 F 42 p., 256 n Points, Seuil, Chapuis. Lise par l’italien de Traduit Navire Petit Le Antonio TABUCCHI F ¤). 25 (3,81 p., 192 lu, J’ai Godoc. Maud par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit diable du Maison La R.L. STINE ¤). (4,88 F 32 p., 288 almr,Flo n Folio, Gallimard, Dauzat. Pierre-Emmanuel par l’anglais de Traduit Errata George STEINER n policiers, Points Seuil, Pépin. Robert par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit tous passeront y Ils Lawrence BLOCK POLICIERS b n Bibliothèques, 10/18, Woolf. Léonard de préface Beaumont, Germaine par l’anglais de Traduit écrivain d’un Journal Virginia WOOLF ¤). (5,79 5F(,1¤). (9,91 F 65 eLved oh,n poche, de Livre Le terre la sous Notre-Dame Arnaud DELALANDE ¤). (4,42 n Noir, Rivages Borggi Yves BUIN ¤). (6,10 eLved oh,n poche, de Livre Le Desnord. William-Olivier par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit l’amour comme Noir COLLECTIF ¤). (7,47 F 49 p., 154 Baleine, polar du Familles 7 Les COLLECTIF ¤). (5,95 F 39 p., 140 Poulpe, Le Baleine, lit au Ravies Les Emma CHRISTA n policier, Folio Gallimard, Fitzgerald. Rosine par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit abattoirs aux danse Une Lawrence BLOCK o o o 42,40p,4 68 ¤). (6,86 F 45 p., 480 14926, ¤). (10,37 F 68 p., 544 371, ¤). (6,40 F 42 p., 416 793, ROMANS EDEI3NVMR 00-L OD E OHS-XIII - POCHES DES MONDE LE - 2000 NOVEMBRE 3 VENDREDI o o o 7,22p,2 F 29 p., 272 178, F 40 p., 416 180, 21 7 . 8F 38 p., 176 3231, o o 7,36p., 336 373, 25 7 p., 576 3225, o 3430, o o 14933, 17149, o 791, éetvs n détectives, Grands 10/18, Guiramand. Founi par l’anglais de Traduit ombres des Livre Le L. C. GRACE ¤). (6,25 F 41 p., 208 éetvs n détectives, Grands 10/18, Fournier. Christian par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit novice la de Conte Le Margaret FRAZER n policier, Folio Gallimard, blanc Cheval Le Georges SIMENON ¤). (4,42 F 29 p., 96 grise, Série mûrs Baleine, biens des et Verts Des Wôo MANH et Jacky POP ¤). (8,38 F 55 9 . 0F(,7¤). (4,57 F 30 p., 192 iae or n Noir, Rivages danse qui Méchant Le Pierre PELOT ¤). (6,10 n poche, de Livre Le Defert. Dominique par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit Matarèse des Complot Le Robert LUDLUM ¤). (7,93 F 52 p., 240 n détectives, Grands 10/18, Narbonne de grau du Noyées Les Marc PAILLET ¤). (5,95 F 39 p., 224 n poche, de Livre Le Delac. Jean-Michel par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit corde la Sur Carol CLARK HIGGINS ¤). (6,71 F 44 n poche, de Livre Le Dapaur. Anne par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit vitales Fonctions Tess GERRITSEN F ¤). 28 (4,27 p., 160 lu, J’ai Tolila. Isabelle par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit série en Meurtres Ray GARTON ¤). (7,16 F 47 eax iae or n Noir, Rivages Devaux. Laeticia par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit Shooters Terril LANKFORD ¤). F (6,86 45 p., 210 Velours, Baleine, ! lent vite, Vite, Gekko HOPMAN n détectives, Grands 10/18, Clermont. Catherine par l’allemand de Traduit Chinois du l’affaire et Studer Friedrich GLAUSER n poche, de Livre Le Diacon. Eric par l’anglais de Traduit massacre de jeux Petits M. B. GILL eLved oh,n poche, de Livre Le Maigret de Scrupules Les Georges SIMENON n poche, de Livre Le Maillet. Isabelle par l’anglais de Traduit Mary de mémoire En Julie PARSONS n policiers, Points Seuil, obscure vierge la de Ceux Pierre MEZINSKI ¤). (5,95 F 39 p., 140 Poulpe, Le Baleine, l’île en Belle-mère Olivier MAU o o o o o o 74,32p,3 50 ¤). (5,03 F 33 p., 352 17148, ¤). (3,96 F 26 p., 224 14943, ¤). (5,49 F 36 p., 384 17152, 8,46p,4 74 ¤). (7,47 F 49 p., 416 182, ¤). (6,71 F 44 p., 480 3230, ¤). (8,38 F 55 p., 672 17147, o 75,46p,4 F 40 p., 416 17151, o o 10 5 p., 256 3190, p., 320 3234, o 7,26p., 256 370, o o 14230, 3240, o o 794, 372,

0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant b du mois d’octobre 2000. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. I EMNEDSPCE EDEI3NVMR 2000 NOVEMBRE 3 VENDREDI - POCHES DES MONDE LE - XIV 0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant b du mois d’octobre 2000. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. 8 . 2F(,8¤). (4,88 F 32 p., 386 n Folio, Gallimard, Fils Septième Le Scott Orson CARD ¤). (5,49 F 36 p., 464 n Folio, Gallimard, rouge Prophète Le Scott Orson CARD ¤). (6,10 F 40 p., 528 n Folio, Gallimard, L’Apprenti Scott Orson CARD ¤). (7,32 n poche, de Livre Le Deutsch. Michel et Valéry Francis Glatigny, Alain par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit Mort la et Ciel Le John CAMPBELL ¤). (3,81 F 25 p., 192 n Folio, Gallimard, Bonnefoy. Jean par l’anglais de Traduit galactique Guide Le Douglas ADAMS b n policier, Folio Gallimard, Lacroix Sœurs Les Georges SIMENON 2 . 5F(,6¤). (6,86 F 45 p., 224 n Folio, Gallimard, Robillot. Henri et Chambon Jacques par l’américain de Traduit 451 Fahrenheit Ray BRADBURY n Folio, Gallimard, Rosenthal. Jean par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit Empire et Fondation Isaac ASIMOV n Folio, Gallimard, Rosenthal. Jean par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit Fondation Isaac ASIMOV n Folio, Gallimard, Laloux. René de Avant-propos Gandahar Jean-Pierre ANDREVON n Picquier, Philippe Pékin pour mantra de Pas Albert ¤). WENG (5,34 F 35 p., 256 droite lu, la J’ai sur loin plus peu Un Fred ¤). VARGAS (4,27 F 28 p., 224 lu, J’ai part quelque Mort La Maud ¤). TABACHNIK (5,79 F 38 p., 288 lu, J’ai Travestis Dominique SYLVAIN n poche, de Livre Le Rosenthal. Jean par l’anglais de Traduit l’eau sur dansait qui L’Espion Murray SMITH n policier, Folio Gallimard, grisbi au pas Touchez Albert SIMONIN almr,Flo n Folio, Gallimard, scaphandrier du Syndrôme Le Serge BRUSSOLO n Folio, Gallimard, Dorémieux. Alain par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit ! home go Martiens Frederic BROWN o o o o o o o o o ,22p,2 44 ¤). (4,42 F 29 p., 272 2, ¤). (4,42 F 29 p., 256 1, ¤). (4,42 F 29 p., 272 13, ¤). (4,42 F 29 p., 272 21, ¤). (7,62 F 50 p., 544 17150, ¤). (5,49 F 36 p., 224 183, ¤). (4,42 F 29 p., 192 181, ,24p,2 38 ¤). (3,81 F 25 p., 224 6, ¤). (3,81 F 25 p., 224 3, SCIENCE-FICTION o 27 8 . 8F 48 p., 480 1227, o o o o o 14, 15, 16, 12, 145, n Folio, Gallimard, Chambon. Jacques par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit rétrécit qui L’Homme Richard MATHESON ¤). (4,88 F 32 n Folio, Gallimard, Lamblin. Simone et Papy Jacques par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit ciel du tombée Couleur La P. H. LOVECRAFT ¤). (4,42 F 29 p., 336 2 . 6F(,9¤). (5,49 F 36 p., 320 n Folio, Gallimard, Ganache. Gilles par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit d’Ourouk roi Gilgamesh, Robert SILVERBERG ¤). (4,42 F 29 p., 192 n Folio, Gallimard, Lebrun. Michel par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit profanateurs des L’Invasion Jack FINNEY ¤). (4,88 F 32 p., 400 oi.Gliad oi,n Folio, Gallimard, Louit. Robert par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit mort Substance K. Philip DICK n Folio, Gallimard, Brèque. Jean-Daniel par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit 2 mal du L’Echiquier Dan SIMMONS n Folio, Gallimard, Brèque. Jean-Daniel par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit 1 mal du L’Echiquier Dan SIMMONS n Folio, Gallimard, Bzjeurd Olivier SILLIG n Folio, Gallimard, Couturiau. Paul par l’anglais de Traduit moderne Prométhée le ou Frankenstein Mary SHELLEY n Folio, Gallimard, Deparis. Olivier par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit Kirinyaga Mike RESNICK n Folio, Gallimard, Couton. Patrick par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit inassouvie reine la Gloriana, Michael MOORCOCK n Folio, Gallimard, Malakansâr Michel GRIMAUD almr,Flo n Folio, Gallimard, science-fiction lecture de Guide étoiles. les pour Passeport Francis VALERY n Folio, Gallimard, Carissimo. Luc par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit 2 russe Printemps Le Norman SPINRAD n Folio, Gallimard, Carissimo. Luc par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit 1 russe Printemps Le Norman SPINRAD ¤). (6,71 F p., 44 448 lu, J’ai Prémonville. de Marie par l’anglais de Traduit 3 Junction Vampire Vanitas. S.P. SOMTOW o o o o o o o o o o ,68p,3 54 ¤). (5,49 F 36 p., 688 9, ¤). (6,10 F 40 p., 480 18, ¤). (4,42 F 29 p., 320 5, ¤). (6,10 F 40 p., 400 24, ¤). (6,86 F 45 p., 576 28, ¤). (4,42 F 29 p., 272 22, ¤). (4,42 F 29 p., 256 27, ,46p,3 54 ¤). (5,49 F 36 p., 416 8, ¤). (5,49 F 36 p., 416 7, ¤). (5,49 F 36 p., 544 10, o o o o ,36p., 336 4, 29, 30, 26, o 25, ae,n Cadet, Poche Milan, Zad. par Illustré poèmes autres et bricole pieuvre La Gérard BIALESTOWSKI ¤). (4,27 F 28 p., 40 n Folio, Gallimard, Blunden. Ronald par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit d’Avalon Fusils Les Roger ZELAZNY ¤). (3,81 F 25 p., 192 uir n Junior, Milan essentiels Les Milan, parents tes mieux Comprendre Fabienne AZEMA ¤). (6,40 F 42 p., 158 policiers, Les Magnard, rôdeur le et Léa Christine AUBRUN ¤). (5,34 F 35 p., 128 Junior, Folio Jeunesse, Gallimard fantôme Collège Le Jean-Philippe ARROU-VIGNOD ¤). (6,40 F 42 p., 160 policiers, Les Magnard, diable du Canon Le Francisco ARCIS ¤). (4,88 F 32 p., 210 Animorphs, Jeunesse, Gallimard Martingly. B. David par illustré Sirat, Sabine par l’anglais de Traduit Défaite La A. K. APPLEGATE ¤). (4,42 F 29 p., 128 Castor, Père Flammarion, gladiateurs des Seigneur Le Dan ALPAC b ia,PceCdt n Cadet, Poche Milan, Tripp. Jean-Louis par Illustré infernale Promenade La Agnès BERTRON ¤). (4,27 almr,Flo n Folio, Gallimard, série en Oms Stephan WUL n Folio, Gallimard, Blunden. Ronald par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit d’ambre Princes Neuf Les Roger ZELAZNY ense 6p,2 41 ¤). (4,12 F 27 p., 96 Jeunesse, Hachette Jacobs. Jérôme par l’anglais de traduit Durual, Christophe par Illustré terrible vraiment papa Un Ellen CONFORD ¤). (3,96 F 26 p., 96 Jeunesse, Hachette Hié. Vanessa par Illustré louve la Camille Jean-François CHABAS ¤). (4,57 F 30 p., 32 Benjamin, Folio Jeunesse, Gallimard Ross. Tony par illustré Bouchony, de Anne par l’anglais de Traduit ? Pourquoi Lindsay CAMP ¤). (6,71 F 44 p., 192 lune, Pleine Jeunesse, Nathan Lizano. Marc par Illustré rêve de cheval Un Evelyne BRISOU-PELLEN ¤). (4,57 F 30 p., 40 Jeunesse, Folio Jeunesse, Gallimard Blake. Quentin par Illustré Bouchony. de Anne par l’anglais de Traduit vert Bateau Le Quentin BLAKE ¤). (4,27 o o 9 5 . 2F(,8¤). (4,88 F 32 p., 256 19, ¤). (5,49 F 36 p., 336 20, JEUNESSE o o 7 0p,2 F 28 p., 40 37, ,3 . 8F 28 p., 32 8, o 11, o 39, ia,PceCdt n Cadet, Poche Milan, Latyk. Olivier par Illustré étoiles petites Mes Jo HOESTLAND ¤). (3,66 F 24 p., 96 Castor, Père Flammarion, Kiéfé. Laurence par (Australie) l’anglais de Traduit magique L’Araignée Nette HILTON ¤). F (6,71 44 p., 192 Castor, Père Flammarion, Zitvogel. Hervé par l’anglais de Traduit vampire du L’Ile Willis HALL ¤). (6,10 F 40 p., 128 noire, Lune Jeunesse, Nathan Matje. Martin par Illustré gentils et sales Affreux, Guillaume GUERAUD ¤). (5,34 F 35 p., 112 Castor, Père Flammarion, suis détestable je et ans 14 J’ai GUDULE ¤). (6,71 F 44 p., 160 lune, Pleine Jeunesse, Nathan Dutrait. Vincent par Illustré l’Arbre-Pont de Naufragés Les Alain GROUSSET ¤). (7,32 F 48 p., 256 noire, Lune Jeunesse, Nathan Renon. Guillaume par Illustré l’inconnu de Surfeurs Les Christian GRENIER ¤). (5,34 F 35 p., 32 filante, Etoile Jeunesse, Nathan Durbiano. Lucie par Illustré télévision la trop aime Lulu-Grenadine Laurence GILLOT ¤). (3,66 F 24 p., 182 Gallimard, Bibliothèque Gallimard, Dieuleveult. de Juliette par accompagnée Lecture simple cœur Un Gustave FLAUBERT ¤). (12,04 F 79 p., 216 Jeunesse, Hachette Theureau. Henri par l’anglais de traduit Galeron, Henri par illustrée Couverture Rencontre La W. Allan ECKERT ¤). (5,49 F 36 p., 336 Gallimard, Bibliothèque Gallimard, Defigier. Catherine par accompagnée Lecture velours de collier au Femme La Alexandre DUMAS ¤). (4,27 F 28 p., 40 9F(20 ¤). (12,04 F 79 p., 234 Jeunesse, Hachette Goyat. Le Annick par l’anglais de traduit Galeron, Henri par illustrée Couverture horreur Destination Anthony HOROWITZ ¤). (4,27 F 28 p., 40 ia,PceCdt n Cadet, Poche Milan, Chollat. Emilie par Illustré Noël de Martien Le Romain DRAC n Milan, essentiels Les Milan, Age Moyen Le Anne DOUSTALY-DUNYACH ¤). (6,40 F 42 p., 96 policiers, Les Magnard, romaine la à Meurtre Martine DELERM ¤). (4,57 F 30 p., 112 Cadet, Folio Jeunesse, Gallimard Jusforgues. Pascale par l’anglais de Traduit hantée maison la et William Richmal CROMPTON o 8,6 . 5F(,1¤). (3,81 F 25 p., 64 183, o o 41, 38, 0p,2 42 ¤). (4,27 F 28 p., 40 uir n Junior, Milan essentiels Les Milan, planète la pour Agir L’Ecologie. Isabelle MASSON ¤). (4,57 F 30 p., 154 Junior, Folio Jeunesse, Gallimard Munch. Philippe par illustré Weil, Camille par l’anglais de Traduit garçons les et Anne Marry M. Ann MARTIN ¤). (5,34 F 35 p., 32 filante, Etoile Jeunesse, Nathan Ruillier. Jérôme par Illustré ! ami mon petit, Trop Didier LÉVY ¤). (4,42 F 29 p., 128 Castor, Père Flammarion, Danison. Catherine par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit Zoé Fée La Linda LEOPOLD ¤). (5,79 F 38 p., 48 Demi-lune, Jeunesse, Nathan Daniau. Marc par Illustré part nulle de Fille La Thierry LENAIN ¤). (4,27 F 28 p., 96 Jeunesse, Hachette Allemagna. Béatrice par Illustré blagues des roi Farce, Paul Nathalie LÉGER-CRESSON ¤). (4,27 F 28 p., 192 Jeunesse, Hachette pendus des l’île sur Halloween Jackie LANDREAUX-VALABRÈGUE ¤). (4,12 F 27 p., 128 Jeunesse, Hachette Nascimbene. Yan par illustrée Couverture Delphine de Journal Le heureux. L’Age Odette JOYEUX ¤). F (5,34 35 p., 182 Junior, Folio Jeunesse, Gallimard Walters. Jean par l’anglais de traduit Hartas, Leo par Illustré l’ombre de Seigneur Le Oliver JOHNSON ¤). (3,35 F 22 p., 210 Gallimard, Bibliothèque Gallimard, Schlichting. Isabelle par accompagnée Lecture roi Ubu Alfred JARRY ia,PceCdt n Cadet, Poche Milan, Jorish. Stéphane par Illustré Noël Père du Cadeau Dernier Le A. M. et Elvire MURAIL ¤). (5,34 F 35 p., 182 Junior, Folio Jeunesse, Gallimard Floersheim. Patrick par l’anglais de traduit Hartas, Leo par Illustré vampire du Tombeau Le Dave MORRIS ¤). (3,66 F 24 p., 266 Gallimard, Bibliothèque Gallimard, Moncond’huy. Dominique par accompagnée Lecture Misanthrope Le MOLIÈRE ¤). (4,27 n Junior, Milan essentiels Les Milan, Âge Moyen au seigneurs et Serfs Madeleine MICHAUX ¤). F (4,57 30 p., 128 Cadet, Folio Jeunesse, Gallimard Rubio. Vanessa par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit dragon du Vengeance La H. K. McMULLAN ¤). (4,27 o o ,3 . 8F 28 p., 32 7, F 28 p., 32 10, o 42, uir n Junior, Milan essentiels Les Milan, racisme au face faire Savoir Emmanuel VAILLANT ¤). (2,90 F 19 p., 96 Castor, Père Flammarion, charmants princes les détestait qui Princesse La Paul THIÈS ¤). (5,95 F 39 p., 256 Castor, Père Flammarion, Aimon Fils Quatre Les François SUARD ¤). (5,34 F 35 p., 144 Castor, Père Flammarion, sangs Mauvais Cohen Sarah SCALI ¤). (5,34 F 35 p., 192 Castor, Père Flammarion, Perceval Camille SANDER ¤). (4,27 F 28 p., 40 philo, goûters Les Milan, temps son perdre et temps son Prendre Brigitte LABBÉ et Michel PUECH ¤). (4,27 F 28 p., 40 philo, goûters faux Les de Milan, pour et vrai de Pour Brigitte LABBÉ et ¤). Michel (4,27 PUECH F 28 p., 40 philo, goûters Les Milan, Dieu et Dieux Les Brigitte LABBÉ et Michel PUECH ¤). (4,27 F 28 p., 40 philo, goûters Les Milan, l’Argent et Travail Le Brigitte LABBÉ et Michel PUECH ¤). (4,27 F 28 p., 40 philo, goûters Les Milan, Mort la et Vie La Brigitte LABBÉ et Michel PUECH ¤). (4,27 F 28 p., 40 philo, goûters Les Milan, Paix la et Guerre La Brigitte LABBÉ et Michel PUECH ¤). (4,88 F 32 p., 210 Junior, Folio Jeunesse, Gallimard cathédrale la à Meurtres Martine ¤). (6,40 POUCHAIN F 42 p., 128 policiers, Les Magnard, l’anglaise à Crime Michel PERRIN ¤). (4,27 F 28 p., 40 45 ¤). F (4,57 30 p., 32 Benjamin, Folio Jeunesse, Gallimard Sheban. Chris par illustré Aubelle, Marie par (Etats-Unis) l’anglais de Traduit dinosaure un vu J’ai Jan WAHL ¤). (4,57 F 30 p., 168 Junior, Folio Jeunesse, Gallimard musique la connaît classe La Alain WAGNEUR ¤). (4,73 F 31 p., 224 Jeunesse, Hachette Hooge. Marie par néerlandais du Traduit vampires de amateurs des l’usage à guide Petit Paul LOON VAN ¤). (4,27 n Cadet, Poche Milan, Thibert. J.-C. par Illustré dormant bois au Belle La Charles PERRAULT ¤). (4,27 F 28 p., 96 Jeunesse, Hachette Millet. Denise et Claude par Illustré sauter à Corde La Christine PALLUY o ,3 . 8F 28 p., 32 9, o 40, n Découvertes, Gallimard, l’homme de frontières aux Science-Fiction La Stéphane MANFREDO ¤). (5,95 F 39 p., 160 Essais, Découverte, La management du Illusions Les Jean-Pierre GOFF LE b n Babel, Sud, Actes Popojeva. Galina et Dumais-Lvowski Christian par russe du traduit édition, Nouvelle Cahiers Vaslav NIJINSKI ¤). (6,86 F 45 Découvertes, Gallimard, Hors-série, trésor le Toutankhamon, Jean-Pierre CORTEGGIANI ¤). (6,86 F 45 Gallimard, Découvertes nationaux. Musées des Réunion la avec coédition en Hors-série, mortes natures Manet, Isabelle CAHN b n Théâtre, Folio Gallimard, Serroy. Jean de Edition comique L’Illusion CORNEILLE b 1,6¤). (12,96 F 85 p., 430 humaines, Sciences Découverte, La planétaire l’utopie de Histoire Armand MATTELART ¤). (6,86 F 45 Découvertes, Gallimard, nationaux. Musées des Réunion la avec coédition en mythe Hors-série, un Milo, de Vénus La Dimitri SALMON ¤). (6,86 F 45 Découvertes, Gallimard, Hors-série, baiser le Rodin, Hélène PINET ¤). F (5,95 39 p., 256 (bilingue), GF Flammarion, Acquien. Pascal par présentation et l’anglais de inédite Traduction constant d’être L’Importance Oscar WILDE n Théâtre, Folio Gallimard, Rykner. d’Arnaud Edition là est Elle Nathalie SARRAUTE n Théâtre, Folio Gallimard, Corvin. Michel de Préface Paravents Les Jean GENET ¤). (5,95 F 39 p., 316 GF, Flammarion, Chaouche. Sabine par Présentation comédien le sur Paradoxe DIDEROT ¤). (6,40 F 42 p., 96 policiers, Les Magnard, Manouche la à touche Pas Dominique ZAY ¤). (4,12 F 27 p., 136 Junior, Folio Jeunesse, Gallimard Broca. de Olivier par l’anglais de Traduit prochaine semaine la A Jacqueline WILSON o o o o o 4,34p,5 77 ¤). (7,77 F 51 p., 304 448, ¤). (4,42 F 29 p., 96 66, ¤). (6,86 F 45 p., 400 69, ¤). (2,90 F 19 p., 240 3416, 9,18p,8 1,0¤). (12,80 F 84 p., 128 398, SASCRITIQUES ESSAIS ARTS THÉÂTRE 5F(,4¤). (5,34 F 35 n poche, de Livre Le Kalinowski. Isabelle par l’allemand de Traduit temps son et Heidegger Rüdiger SAFRANSKI ¤). (5,34 F 35 n philosophes, grands Les Seuil, Hume Anthony QUINTON ¤). (5,34 F 35 n philosophes, grands Les Seuil, Wittgenstein R.M.S. HACKER ¤). (5,34 F 35 n poche, de Livre Le Mauge. André et Leverglois Bertrand par l’italien de Traduit antique Grèce la de Philosophes Grands Les de Luciano CRESCENZO ¤). F (7,32 48 p., 128 Philosophie, PUF, paradis du L’utopie Coménius. Olivier CAULY ¤). F (7,32 48 p., 128 Philosophie, PUF, dualisme du problème Le Kant. de Lectures Christophe BOURIAU ¤). F (7,32 48 p., 128 Philosophie, PUF, philosophie et Existence Franz ROSENZWEIG et Gérard BENUSSAN ¤). (5,34 F 35 0F(,2¤). (1,52 F p., 10 96 Musique, Librio lu, Jai Madonna Florence TREDEZ ¤). (9,15 F 60 p., 736 n philosophes, grands Les Seuil, Spinoza Roger SCRUTON ¤). (9,91 F 65 hlspe,n philosophes, grands Les Seuil, Locke Michael AYERS ¤). F (11,89 78 p., 296 Quadrige, PUF, Wittgenstein à Schopenhauer De l’éthique. de Supériorité Paul AUDI b eLved oh,n poche, de Livre Le Colette Alain BRUNET et Claude PICHOIS ¤). (1,52 F p., 10 96 Musique, Librio lu, J’ai Presley Elvis Serge LOUPIEN b hlspe,n philosophes, grands Les Seuil, Hegel Raymond PLANT ¤). (3,96 F 26 p., 192 hlspe,n philosophes, grands Les Seuil, Voltaire John GRAY eLved oh,n poche, de Livre Le Prince Le MACHIAVEL ¤) (5,34 F 35 2 . 1F(,5¤). (6,25 F 41 p., 128 Dominos, Flammarion, érotique Littérature La Jean-Jacques PAUVERT o 36 8 . 0F(,2¤). (7,62 F 50 p., 480 4306, PHILOSOPHIE BIOGRAPHIES o 37 4 p., 640 4307, o o o o o o 3,9 p., 96 437, 3,9 p., 96 435, 4,9 p., 96 440, p., 96 439, p., 96 438, p., 96 436, o o 4662, 14934, 2 . 1F(,5¤). (6,25 F 41 p., 128 Dominos, Flammarion, régionales Langues Les Jean SIBILLE ¤). (7,47 F 49 p., 128 Repères, Découverte, La travail de Conditions Les Serge VOLKOFF et Michel GOLLAC ¤). (6,40 F 42 p., 128 ¤). (6,40 p., F 42 128 ?, sais-je Que PUF, Lyonnais du et Lyon de Histoire Pierre GUTTON ¤). (7,47 F 49 p., 128 Repères, Découverte, La 5F(,6¤). (6,86 F 45 n Jacob, Odile tête la plein paradis Des Edouard ZARIFIAN ¤). (6,86 F 45 itied aIV la de Histoire Eric DUHAMEL ¤). (6,40 p., F 42 128 ?, sais-je Que PUF, France la de Géographie Paul CLAVAL ¤). (7,62 F 50 p., 320 Histoire, Points Seuil, autoritarisme nazisme, Fascisme, Philippe ¤). BURRIN (6,40 F 42 p., 128 dl ao,n Jacob, Odile vieillesse la de Naissance Claude OLIEVENSTEIN ¤). (6,40 F 42 p., 128 U,Qesi-e?n ? sais-je Que PUF, française Nationalité La Hugues FULCHIRON ¤). (7,47 F 49 p., 128 Repères, Découverte, La connaissance la de L’Economie Dominique FORAY SOCIALES b n ?, sais-je Que PUF, presse la de Histoire Pierre ALBERT GÉOGRAPHIE ET b 9 . 2F(,8¤). (4,88 F 32 p., 490 Gallimard, Bibliothèque Gallimard, Bara. Olivier par accompagnée Lecture Goriot Père Le de Honoré BALZAC ¤). (4,88 F 32 p., 128 artistiques, écoles Les – Réseau Ellipses, Parnasse Le Philippe ANDRÈS b n ?, sais-je Que PUF, l’éducation de Sciences Les Gaston MIALARET ¤). (9,76 F 64 p., 296 bibliothèque, Petite Payot, entretien premier Le l’inconscient. de seuil Au Eva-Marie GOLDER ¤). F (7,47 49 p., 112 Quadrige, PUF, rats aux L’Homme Sigmund FREUD ¤). (9,76 F 64 p., 264 bibliothèque, Petite Payot, de Lannoy. D. par l’anglais de traduit Schaffer, Herbert de Préface enfants des L’Education Alfred ADLER HUMAINES b SCIENCES HISTOIRE ENSEIGNEMENT SCIENCES EDEI3NVMR 00-L OD E OHS-XV - POCHES DES MONDE LE - 2000 NOVEMBRE 3 VENDREDI o o 2 2 p., 222 32, p., 218 31, e République o o o 3567, 368, 2779, uXVI du l’altérité de Question La Carlos et Arturo HORCAJO ¤). (4,88 F 32 p., 144 artistiques, écoles Les – Réseau Ellipses, Suisse de et Belgique de francophone Littérature Paul GORCEIX ¤). (8,38 F 55 p., 144 de…, vocabulaire Le Ellipses, philosophie la de grec Vocabulaire Le Ivan ¤). GOBRY (4,27 F 28 p., 64 en tête, bac Le – Histoire Ellipses, 1945 depuis libéral modèle du L’Evolution Frank FAVIER ¤). F (10,67 70 p., 160 Philo, Ellipses, Platon de dialogues des Structure Marie-Laurence ¤). DESCLOS (6,40 F 42 p., 128 êe 4p,2 42 ¤). (4,27 F 28 p., 64 en tête, bac Le – Histoire Ellipses, 1973 depuis monde du sociales et économiques Transformations Les Jeanne VIGOUROUX ¤). F (7,47 49 p., 176 Major, Shakespeare PUF, de » V Henri « sur littéraire Leçon Gérard VENET ¤). (3,96 F 26 p., 238 Gallimard, Bibliothèque Gallimard, Belzane. Guy par accompagnée Lecture d’Œdipe mythe Le ». roi Œdipe « SOPHOCLE ¤). (18,29 F 120 p., 256 Ellipses, Neruda Pablo de » general Canto « del Diccionario Fernando MORENO et Alain SICARD ¤). F (7,47 49 p., 128 Major, PUF, Sénèque de » Lucillius à Lettres « Pierre MARÉCHAUX ¤). F (6,10 40 p., 128 40/4, Ellipses, » Illuminations « », enfer en saison Une « Rimbaud, Martine LOMBARDE ¤). (4,27 F 28 p., 62 Philo-notions, Ellipses, Pouvoir Le Alain LAGARDE ¤). (6,86 F 45 p., 96 Droit/Eco/Gestion, Ellipses, fondamentaux économiques Principes Michel HOUDU ¤). (4,88 F 32 p., 128 thématiques, Les — Réseau Ellipses, U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, arthurienne Littérature La Thierry DELCOURT ¤). (8,08 F 53 p., 176 littéraires, Etudes PUF, médiévale française langue de traité Petit COLLECTIF ¤). F (6,40 42 p., 112 Major, PUF, leçons Premières Baudelaire. » de mal du Fleurs Les « Emmanuel COBAST ¤). (4,27 F 28 p., 64 Philo-notions, Ellipses, Religion La François CAVALIER ¤). F (12,50 82 p., 256 Major, PUF, anglaise version de Exercices Nicolas CAREL e iceànsjours nos à siècle o 3578,

0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant b du mois d’octobre 2000. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000

PLATON La chronique LE FEUILLETON de Roger-Pol Droit page VI DE PIERRE LEPAPE Péter Nadás plonge le lecteur dans le labyrinthe de l’amour. VIOLETTE LEDUC ALEKSANDAR HEMON LE MONDE DES POCHES page II PHOTOGRAPHIE Page III page V page XI 16 pages Pajak, l’amour orphelin

Pajak. « Pour moi, affirme Pajak lors- Après avoir rêvé qu’on l’interroge sur sa méthode, les peintres comme les écrivains partici- « l’Immense Solitude» pent de notre biographie. On ne lit pas par hasard. Il s’agit de rendre compte turinoise de Nietzsche et de ces étapes de ma vie qui ont été marquées par des auteurs, des livres. » n ne sait jamais exac- de Pavese, l’écrivain Sans références universitaires, tement d’où naît l’émotion. Un visa- et dessinateur choisit Pajak est un lecteur du type systéma- Oge, une présence – ou bien une tique, âpre à la besogne et se for- absence –, une œuvre ou encore un geant sa propre idée des auteurs objet quelconque peuvent la provo- Apollinaire comme héros qu’il fréquente : hier Nietzsche, l’œu- quer. Parfois, c’est une certaine con- vre entière, dans l’ordre chronologi- jonction de tous ces éléments, un du « Chagrin d’amour » que, et Luther, sur lequel il publia, en agencement imprévisible et baroque 1997, en Suisse, un ouvrage analo- qui se trouvent à son origine. Alors, se solitude, c’est la guerre de 14-18 gue aux deux derniers, et qui sera on est surpris, comme submergé. qui forme le décor principal de l’his- bientôt réédité dans la même collec- Les compositions de Frédéric toire racontée. C’est dans le charnier, tion ; aujourd’hui Apollinaire ; Pajak, qui juxtaposent, sans les sous les obus et les cadavres, que le demain Joyce, dont il soulignera l’hu- mêler, l’écriture et le dessin, ont le livre s’achève. Le noir a gagné. Apolli- mour, en couleurs cette fois. Pajak a pouvoir de susciter un tel sentiment. naire, charmeur érotique au milieu donc trouvé cette parade pour sub- Et non seulement de le susciter, mais de l’horreur, flambeur lubrique avec vertir un genre qu’il juge « complai- aussi de lui donner une ampleur, une Lou, projetant une vie qu’il ne con- sant », « égocentrique » : l’autobio- couleur singulières, à nulles autres naîtra pas avec Madeleine, va rece- graphie. Pourtant, au travers de ces comparables. L’émotion dont il est voir son éclat dans la tête, puis ce masques et de ces figures, dans les question ici est de tonalité exclusive- sera la trépanation, enfin la mort, rues de Turin ou dans la boue de la ment mélancolique. La mélancolie après une fièvre espagnole. Lui si Grande Guerre, c’est toujours de lui est même son signe, son oriflamme, disert et gourmand, avec un tel tré- qu’il s’agit. C’est lui le conteur, sa source, unique et surtout unifian- sor de joie en lui, est envahi par l’an- mieux : le narrateur d’une histoire te. D’où le caractère envahissant de goisse, qu’il mêle étrangement à la qu’il fait sienne. Et c’est bien dans les vague, de houle, d’échos multiples et joie… Le 6 avril 1915, il écrivait à eaux profondes de sa propre mélan- PAJAK entêtants de la sensation que l’on Lou : « C’est une vie grandiose qui ne colie qu’il puise son inspiration, cher- Mondrian apprenant à danser le fox-trot éprouve à lire Pajak, à rêver longue- va pas sans une mélancolie lyrique chant à conjurer, par la plume et le ment sur ses images. D’où égale- extraordinaire. Les obus gémissent pinceau, les spectres de la solitude, éprouve même une « frustration terri- qu’apparente avec la mélancolie, ne perd son chemin, puisqu’il est son ment la difficulté à définir, à distin- d’une façon déchirante… » de l’enfance orpheline, du désa- ble » liée au dessin, qui n’est accepté dont il a peint, en deux livres, l’un propre chemin qui passe à travers les guer, au cœur de cette sensation, les Le livre est bâti exactement sur le mour… qu’enfermé dans des catégories com- des plus beaux tableaux, à la fois êtres. » motifs qu’elle orchestre. même schéma que le précé- Frédérick Pajak a dix ans, en 1965, me la bande dessinée – que Pajak dit moderne et ancien, sans âge. Quant dent – sans le faux nez lorsque son père meurt dans un acci- détester, à l’exception de Maus de à l’amour, voici ce qu’il en dit, LE CHAGRIN d’AMOUR fédérateur. Il obéit au dent de voiture, à l’âge de trente- Spiegelman. De sa « méthode », page 53 : « L’amour, s’il n’a jamais de Frédéric Pajak. Patrick Kéchichian même libre rapport cinq ans. Il est le troisième d’une Pajak parle comme d’une « libéra- toute sa tête ni tous ses mots, s’avance PUF « Perspectives critiques », entre le texte et le des- lignée de peintres : avant son père, tion », d’une « délivrance ». dans le monde comme lumière et com- 334 p., 198 F (30,18 ¤). Il y a un an, Frédéric Pajak sin. Là aussi, les échos sont nom- son grand-père, né en Pologne et « Je fais des livres malheureux, mais me ombre, à moins qu’il ne soit le mon- publiait, avec succès, L’Immense Soli- breux, les citations abondan- émigré en France, peignait. Né près je me sens profondément heureux », de lui-même, son inspiration, sa fer- (1) « Le Monde des livres » du 15 octo- tude : le sous-titre du livre était : Avec tes – trop sans doute, tant Pajak de Paris, il a longtemps cherché quoi affirme-t-il. La contradiction n’est veur – et sa vanité aussi. Il ne trouve ni bre 1999. Friedrich Nietzsche et Cesare Pavese, veut s’effacer derrière ses sources : faire. Il a voyagé : « J’ai toujours aimé orphelins sous le ciel de Turin (1). ici, le Paris des écrivains et des pein- déménager. J’ai toujours aimé les voya- L’ouvrage, qui avait le format d’un tres, Picabia, Duchamp, Mondrian ges, en Afrique, en Chine, au Japon ou album, comprenait à chaque page surtout, ce grand mélancolique admi- ailleurs. Je tiens ça de mon père qui un dessin en noir et blanc et un tex- rablement évoqué : ainsi lorsqu’il abandonnait régulièrement une mai- te ; celui-ci entretenant avec les ima- prend avec son grand corps mala- son, un atelier ou un appartement. ges un rapport souvent aléatoire, droit, à soixante ans passés, des C’est grâce à lui que très tôt j’ai pu voir rarement directement illustratif. Il cours de danse. du pays, au point de me sentir étran- s’agissait à la fois d’une évocation La construction de l’ouvrage en ger partout », écrivait-il dans Les pois- précise, appuyée sur de nombreuses chapitres et séquences est surprenan- sons sont tragiques, publié en 1989, citations des deux auteurs jouant les te. Pajak se donne toutes les libertés, toujours en Suisse – où vit actuelle- rôles de personnages principaux, et celle de parler de lui et de ses amis, ment Pajak –, et qui sera également d’une rêverie crépusculaire sur la vil- d’entrer en scène pour en sortir aussi- réédité aux PUF. le de Turin, où, à cinquante années tôt, de peindre telle figure, de suggé- En 1974, il se met à dessiner plus de distance, les destins de l’Allemand rer tel souvenir… Mais ce qui est plus sérieusement et tente de placer ses et de l’Italien se nouèrent : le pre- étrange encore, c’est le pouvoir, la dessins dans des journaux. A cette mier y perdit la raison ; le second s’y force émotionnelle que cette compo- époque, il vit à Paris, rue Pigalle. suicida. Giorgio De Chirico était aus- sition parvient à dégager. Tous les Pajak ne garde pas un très bon sou- si convoqué, pour ses perspectives éléments disparates paraissent coïn- venir de ses rapports avec la presse. métaphysiques et spectrales. Un trait cider, s’appeler les uns les autres. Dans le texte déjà cité, il écrit : « Ven- de fantaisie reliait chaque dessin : les Trois lignes sont suivies, à la fois dre un dessin dans un journal, c’est un personnages, Nietzsche et Pavese en d’une manière autonome et formant peu vendre son âme. Il est rare d’avoir tête, étaient affublés d’un long nez. bouquet : le dessin, qui est, affirme des interlocuteurs dans les rédactions. « Un faux nez », tient à préciser Pajak, « comme de la musique, com- (…) La plupart des journalistes, com- Pajak, pour justifier cet élément d’hu- me une bande- son » ; l’histoire de me leurs chefs, se croient très supé- mour, peut-être destiné à colorer un Guillaume, « guerrier malade rieurs à leurs lecteurs. Ils les prennent peu la noire atmosphère du livre. d’amour, comme l’étaient les trouba- pour des parfaits idiots. Aussi croient- Aujourd’hui, c’est Le Chagrin dours, et conscient de sa souffrance, ils qu’il est nécessaire de parler idiot d’amour. Le personnage principal en s’adonnant volontairement à elle pour pour être compris des idiots… » En est Guillaume Apollinaire, poète mieux la décrire » ; le récit personnel, 1987, il publie un roman, toujours en amoureux et soldat dans les tran- dispersé, oblique et indirect du pro- Suisse, chez Bernard Campiche, Le chées. Comme Turin pour L’Immen- pre « chagrin d’amour » vécu par Bon Larron. Mais il reste insatisfait, II / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 le feuilleton de Pierre Lepape b

sa tendresse, à rompre les sortilèges de la drogue, à AMOUR apaiser les souffrances de la pensée et à retarder (Szerelem) l’échéance de la rupture. Mais cette voix « physique » de Péter Nadás. ne suffit pas à sortir du marasme de la pensée : «En Traduit du hongrois par Georges Kassai l’attirant davantage contre moi, en lui faisant l’amour, et Gilles Bellamy. Le négatif je saurais encore moins si je suis et si elle est. Plus elle est Plon, 148 p., 98 F (14,94 ¤). près de moi, plus je la perds, de même que je me perds au fur et à mesure qu’elle s’éloigne, car je suis toujours l est toujours difficile, avec les livres venus de Moi, toujours Moi, et ce Moi m’empêche de sentir à la l’étranger, de reconstituer le sens d’une œuvre. fois ce que je suis et ce qu’elle est réellement. » Exit la Prenez Péter Nadás. Il a été connu en France, en de Tristan et Iseut connaissance par le sexe ; fusion, confusion sensuelle 1987, par un livre paru quatre ans plus tôt à qui abolit la conscience. Budapest,I La Fin d’un roman de famille. Puis, après L’autre voix, la voix de l’autre, ne peut venir que de plus de dix ans de silence, publication en 1998 du chef- l’intérieur de soi, au moment où le Moi a cessé de se d’œuvre de Nadás, Le Livre des mémoires, sorti en Hon- penser comme tel. Dans Amour, c’est une voix d’abord grie en 1986. Enfin, aujourd’hui, voici Amour, dont très lointaine, comme un murmure, comme un souf- l’édition d’origine date de 1979, sept ans donc avant fle. Elle va rompre le cercle dans lequel tourne l’hom- Le Livre des mémoires, ont annoncé certaines recher- me comme un animal en cage ou comme un fou enfer- ches. Ce désordre, peut-être inévitable, fausse les pers- mé dans la prison de son cerveau, dans les boucles de pectives et l’idée même d’une trajectoire esthétique. sa pensée. Elle va mettre fin à la répétition mécanique Dans le cas de Nadás et des écrivains hongrois de des gestes, des mots, des sensations : elle va réinven- sa génération – de György Konrad à Péter ter le Temps, comme une musique, « musique qui orga- Esterhazy – cette question des dates, de l’avant et de les gestes de la séparation. C’est le philtre de Tristan nise et fait passer l’infinité du silence dans l’ordre rigou- l’après, est plus importante encore que pour d’autres. et d’Iseut à l’envers, une cigarette d’éloignement. Péter Nadás, écrivain hongrois, reux et pourtant ludique de la finitude. (…) Chaque son Question de contexte politique et de liberté d’expres- Tout se passe comme prévu pour Eva, du moins le de la musique se constitue à partir du silence, sans s’y sion. Avant 1985, les romanciers dits du « nouveau semble-t-il. La jeune femme se laisse couler paisible- précipite le lecteur abandonner, en luttant contre lui, en se continuant dans roman », Konrad, Nadás, Merszoly, quelques autres, ment dans un univers dépourvu d’angles et d’arêtes, l’élément suivant, pour éviter que je m’aperçoive sans être interdits par la censure – sensiblement plus calme, distant, passif. Après tout, ça n’est pas elle qui dans le labyrinthe de l’amour. qu’après avoir existé il est obligé désormais de subtile ici que dans les autres Etats commu- veut rompre la liaison. Pour l’homme au contraire, tra- s’éteindre. » nistes – sont tenus en lisière, isolés, marginalisés dans vaillé par la culpabilité de la rupture, l’effet des stupé- Vertige, austérité et dépouillement des publications confidentielles, au profit du sacro- fiants, loin de l’éloigner de lui-même, en éloignant les n pense à Pascal Quignard, à des pages de saint « roman social » rebaptisé en Hongrie « roman sensations du monde extérieur le ramène à l’essentiel, ponctuent ce roman métaphysique Vie secrète, à ce passage : « L’amour cher- de production ». Seul Esterhazy, peut-être parce qu’il au sentiment aigu et violent de son inexistence. C’est che des doigts dans la nuit. Ce que l’amour est plus ludique, plus insolent aussi que ses confrères, cette plongée intérieure, ce cauchemar lucide et déses- cherche avec ses doigts, dans la nuit, c’est ce échappe à ce confinement. Après 1985, avec Le Livre péré que raconte Amour. Ne percevant plus rien ou tre que je suis scindé en deux parties logiques qui se quiO interrompt le langage. C’est une maison en ruine, un des mémoires de Nadás précisément, les derniers presque du monde qui l’entoure, sauf parfois le recouvrent exactement, que ce que je sais et que je sens jour obscur, une nuit blanche. C’est M. C’est ce dont je verrous sautent et le roman hongrois sort des labora- balcon de la fenêtre donnant sur le vide, l’homme est identique à ce que je ne sais pas et que je ne sens parle. C’est l’éclipse, le soleil-lune. C’est la nuit de toires où il était enfermé pour rejoindre enfin le explore sa nuit. pas ; que derrière le savoir il y a le non-savoir, et derriè- l’orage fulgurant. Tout ce qui est court-circuit, quand un grand fleuve de la littérature européenne dont il avait re le non-savoir le savoir, jusqu’à l’infini. » Il n’y aurait homme et une femme se touchent, (…) suspendant le été si longtemps écarté. mour est un roman métaphysique et qui se que la certitude du balcon, du saut dans le vide, de la désir, témoigne de quelque chose de distinct que l’on Amour appartient encore à la période expérimen- donne comme tel. Les péripéties de la nar- mort, mais une sorte de paralysie de la volonté empê- nomme l’amour. » tale. C’est d’abord un roman d’intentions. Il s’agit de ration ne sont d’abord constituées que par che de faire les quelques pas qui mènent jusque-là. Amour est le récit d’une expérience philosophique faire la preuve qu’il existe d’autres codes romanes- les étapes qui mènent le narrateur, privé de « Il n’y a qu’une chose sûre, c’est que je suis devenu que Nadás ne cherche même pas à romancer, comme ques que ceux qui régissent le réalisme social et psy- Ases sens, à douter de sa propre existence. On pense à fou. » le faisait Sartre dans La Nausée. Ce refus des artifices chologique. L’œuvre compte peut-être moins par ce la deuxième Méditation de Descartes. C’est la même Le monologue tourne en rond, passe et repasse par romanesques pourrait être terriblement ennuyeux, qu’elle est que par ce qu’elle conteste. Les préoccupa- emprise du doute méthodique, la même méfiance les mêmes chemins, comme les rêves de fièvre. Ou les comme un récit de rêve ou comme l’exposé médical tions strictement artistiques, technique romanesque, des pouvoirs trompeurs de la sensibilité et de l’imagi- romans de Beckett ; sauf que chez Beckett il reste d’un délire, si Péter Nadás n’avait pas inventé un contraintes narratives, problèmes stylistiques, l’em- nation, le même vertige poignant que celui qui saisit encore au fond du dénuement une place pour la mode d’écriture qui sait rendre présentes et séduisan- portent sur le souci de séduire les lecteurs. Autant être le philosophe devant le vide lorsqu’il se demande si parole, pour le rire, le gémissement, le cri. Le monolo- tes les choses les plus abstraites. Il y a cette prose prévenu : Amour n’est pas un livre qui se laisse lire ; il sa propre existence n’est pas elle-même une illusion, gue de l’homme de Nadás est muet. Lorsqu’il cesse de hachée, heurtée, qui ne paraît progresser que pour réclame de l’attention et de la tension. C’est un roman une ruse du diable, une fausse évidence. Un des som- l’être, lorsqu’au fond de l’abîme surgit peu à peu une mieux se retourner sur elle-même. Il y a ce rythme pro- intime. mets dramatiques de l’écriture philosophique. Mais autre voix, le roman change de sens et justifie son fond, sourd, obsédant, palpitant, qui possède le pou- Il n’a pas de sujet, ou presque. Dans une chambre, Nadás plonge plus profond encore. Il écarte le cogito titre, Amour. voir de nous projeter dans le corps du narrateur, d’en- au sixième étage d’un immeuble d’une ville inconnue, cartésien comme une certitude factice : qu’est-ce L’amour, c’est le cogito selon Nadás, j’aime un autre tendre sa respiration, de percevoir les angoisses qui un homme et une femme. Il est sur le lit, il la regarde qu’un « je pense » lorsqu’il est séparé d’un « j’agis »? donc je suis ; et je suis tant que j’aime. L’amour est la l’étouffent, de sentir le vide qui se creuse en lui. Il y a préparer une cigarette de marijuana. Ils fument. Ils « Le temps n’existe pas. Les objets n’existent pas, les seule preuve, la seule épreuve de l’existence du mon- enfin cette absence complète d’ornement, ce refus n’échangent que quelques paroles, banales. La nuit choses que je vois ne sont pas réelles ! Elles sont imagi- de, et donc de la mienne. Dans le roman de Nadás, extravagant de toute anecdote, cet extrémisme dans commence. Lorsqu’elle s’achèvera, l’homme, le «je» naires ! Mais au moins est-ce là une certitude. Au construit comme une composition musicale close, l’austérité et le dépouillement, qui confèrent à cette qui monologue, quittera sa maîtresse pour toujours. moins, ma logique fonctionne-t-elle et est-elle saine : à obsédante, répétitive, l’amour apparaît sous la forme oraison une véritable grandeur. En fait, le lecteur comprend très vite que l’homme chaque oui, elle répond non et à chaque non, elle d’une seconde voix. C’est d’abord la voix d’Eva, exté- est venu pour rompre et que la femme, Eva, le sait aus- répond oui ; ça, c’est du réel. Seulement je n’ai pas rieure, qui cherche à rassurer son amant, à le sortir de (1) Les deux romans sont parus chez Plon, traduits par Geor- si. L’absorption d’une drogue doit faciliter les mots et assez de force pour admettre cette réalité, pour admet- son cauchemar et de ses angoisses, à l’envelopper de ges Kassai L’homme des terroirs croisés L’écran pédagogue Dans ses Mémoires, Hervé Bourges reste pudique sur sa propre vie pour mieux dessiner Michel Alberganti interroge l’école à venir, une fresque générationnelle et analyser le sens de ses propres engagements informatisée et connectée à Internet

Peut-on faire plus français qu’Her- finir, ce passage algérien comme critique. Mais c’est en Afrique noire pédagogie. Il propose au contraire DE MÉMOIRE D’ÉLÉPHANT vé Bourges ? Deux lignages de bon- haut fonctionnaire coopérant, qui qu’il aura trouvé ses véritables affi- À L’ÉCOLE DES ROBOTS ? une analyse assez pertinente des d’Hervé Bourges. ne bourgeoisie, l’un breton, l’autre ne lui laissera pas que d’excellents nités électives. Bien vite, Hervé de Michel Alberganti. déboires du plan informatique de Grasset, 506 p., 149 F (22,71 ¤). du Bourbonnais, ce centre géométri- souvenirs, à l’image de cette séance Bourges accomplit là-bas son vérita- Calmann-Lévy, 304 p., 1985 et des erreurs récentes de que de la France, qui évoque le de « torture légère » dont le récit cal- ble passage aux responsabilités 120F (18,29¤). Claude Allègre. Insistant sur le fait ouvenirs d’une carrière déjà roman d’Alain-Fournier, Le Grand me et assuré nous laisse pantois. majeures. que « la vitesse à laquelle se dévelop- bien engagée, le livre d’Her- Meaulnes. Les Bourges se déplacent Après un retour en fanfare à Lille e point d’interrogation qui pent les nouvelles technologies a pris vé Bourges est un témoigna- à Biarritz pendant la guerre, revien- À « TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN » où il dirige, en étroite association ponctue le titre du livre de de court la pensée », il souligne la S ge non pas tellement d’une nent à Rennes puis iront à Reims où Mais si Hervé Bourges ne fut pas avec Pierre Mauroy, l’école de jour- Michel Alberganti est trom- nécessité de faire précéder l’utilisa- vie, sur laquelle l’auteur reste volon- leur fils bénéficiera de la solide édu- étranger au charme de l’action, son nalisme, il est appelé par François peur : il n’y a pour lui tion des nouvelles technologies édu- L e tairement pudique, mais plutôt une cation du collège jésuite local. Puis combat aura d’abord été un combat Mitterrand au chevet de TF1, alors aucun doute, l’école du XXI siècle catives d’une réflexion pédagogi- fresque qui retrace toute l’intensité ce sera Paris, Lille et l’école de jour- intellectuel. Hervé Bourges nous la première chaîne du service sera informatisée et connectée à que. Se référant aux pédagogues d’une expérience générationnelle, nalisme, bref une sorte de tour de retrace ainsi le cheminement d’une public. Dénoncé d’emblée comme Internet, ou elle ne sera pas. A l’ap- réformateurs les plus connus (de celle de la guerre d’Algérie et de la France initiatique qui allait préparer génération catholique, qui a sans le chef d’une camaria de cathos de pui de sa démonstration, il a choisi Freinet à Meirieu), il propose d’utili- décolonisation. Au fil des pages, naît le futur directeur de TF1 à une com- doute pesé davantage sur le destin gauche pro-arabes, Hervé Bourges un mode d’exposition original et ser l’informatique et Internet pour petit à petit, comme à regret, l’auto- préhension intime de plusieurs ter- de la France, et parfois même du fera vite taire les calomnies et les attrayant. Dans la première partie constituer des équipes pédagogi- portrait d’un homme qui, tel Stend- roirs croisés. Mais ce qui fait l’origi- monde, qu’aucune autre avant elle. bassesses. En prenant le taureau de son livre, intitulée « Enseignants ques interdisciplinaires mobilisées hal, pensait devenir le témoin de son nalité et en même temps la typicité Au lendemain de 1945, de jeunes par les cornes et en s’employant à artificiels », il insère en effet des cha- autour de projets favorisant l’auto- époque plutôt que l’acteur, et qui de l’itinéraire d’Hervé Bourges, séminaristes, souvent résistants, faire de la télévision de service pitres de science-fiction, ou plutôt nomie de l’élève : « L’enseignant prê- prend peu à peu la dimension de l’ac- c’est l’anticonformisme et la révolte des intellectuels trempés par des public un moyen formidable de de « pédagogie-fiction », où il met en cheur du XIXe siècle (…) céderait ainsi tion à laquelle, de manière surpre- au sein d’un parcours par ailleurs épreuves terribles, des militants des communication de masse. La suite scène une classe de collégiens de dif- la place au professeur mentor du nante, il ne donne d’ailleurs pas la sans défaut. associations de jeunesse, conspi- de sa carrière est évidemment large- férentes nationalités qui travaillent XXIe siècle. » place principale dans ces Mémoires. Original, Hervé Bourges le sera rent ensemble à transformer de ment connue, et il la retrace dans à domicile, connectés ensemble et à Cette partie de sa démonstration continuellement, comme l’était fond en comble le visage de l’Eglise ses grandes lignes de TF1 privatisée leur professeur via Internet, et assis- présente néanmoins quelques déjà son père, volontaire de de France. Ils ont pour cela un baga- à France 2, le CSA et une série de tés dans leur apprentissage par des failles. D’abord, parce que presque juin 1940 pour rejoindre les Forces ge intellectuel et esthétique com- batailles gagnées, pas seulement logiciels personnalisés, les agents toutes les expériences auxquelles il françaises libres en Angleterre, et mun : Sangnier, Péguy, Mounier et dans le domaine de l’Audimat. pédagogiques. Ces chapitres s’articu- se réfère concernent des apprentissa- qui reviendra tout de même quel- la revue Esprit. Au cœur de ce bour- Le plus remarquable de ses souve- lent intelligemment aux chapitres ges professionnels très finalisés, des- ques mois plus tard, clandestine- geonnement intellectuel, le jeune nirs, beaucoup plus pensés et médi- plus classiques, où l’auteur fait preu- tinés à des adultes, et dont les objec- ment, en France pour prendre soin Hervé Bourges nous décrit la rédac- tés que consacrés à sa propre gloire, ve d’une solide connaissance des tifs se prêtent aisément à la formali- d’une famille dont il ne supportait tion de Témoignage chrétien de la c’est le peu d’importance qu’Hervé expériences menées dans le monde, sation informatique. Ensuite, parce pas d’être séparé. Sans doute cet fin des années 50, qui est le labora- Bourges accorde au total à ce qui, essentiellement aux Etats-Unis et au qu’il s’agit justement d’expériences : épisode a-t-il doublement marqué toire d’idées dans lequel l’Eglise de en tout état de cause, aura été l’une Canada, plus rarement en France. tous les pédagogues le savent, la le jeune Hervé Bourges. Jamais France actuelle, comme le Parti des plus grandes carrières de Expériences qui étonnent incontes- réussite des expériences pédagogi- l’ombre du pétainisme n’a traversé socialiste, a pris naissance. Hervé l’audiovisuel. Il préfère, par exem- tablement par leur avancée : s’il ques tient beaucoup à l’enthousias- sa famille directe, mais il lui a man- Bourges y aura contracté, au-delà ple, consacrer une place beaucoup n’est pas surprenant de voir les mul- me communicatif des enseignants qué cette touche d’héroïsme parfait d’amitiés ferventes, une culture, plus grande à ses rencontres et à ses tiples possibilités d’échange de volontaires, qui n’est par définition qui donne au jeune homme la soif une conception du monde, une amitiés, comme celles qu’il voue à savoirs qu’offre Internet, il est en pas reproductible. Enfin, et l’auteur de réaliser les chevauchées glorieu- ambition. C’est aussi par le biais de Adel Rifaat et à Baghat el Nadi, ces revanche plus étonnant d’appren- lui-même l’admet, aucune évalua- ses d’une Résistance rêvée. Très jus- Témoignage chrétien qu’il se retrou- intellectuels égyptiens, pionniers de dre que des chercheurs en sont déjà tion ne permet pour l’instant d’affir- tement, à cet égard, Hervé Bourges vera, très jeune, à assurer un rôle la paix au Moyen-Orient, qu’il sur- à concevoir des logiciels pédagogi- mer que l’usage de l’informatique et se compare à la génération des écri- politique tout à fait considérable. nomme, comme tous leurs amis, les ques capables de s’adapter à chaque d’Internet produit des gains nota- vains romantiques, orphelins du Sans doute sa personnalité faite « jumeaux » et dont il nous retrace personnalité de leurs utilisateurs. bles en termes d’efficacité des bonapartisme, Stendhal, toujours, de révolte et de respect bien dosés avec un don de conteur oriental les C’est d’ailleurs cette possibilité d’in- apprentissages. Plus généralement, mais aussi Hugo et Musset. est-elle pour beaucoup dans le espoirs, les craintes et les gran- dividualiser l’apprentissage qui cons- Michel Alberganti ne prend pas en Des épisodes mouvementés, il y choix d’Edmond Michelet d’en faire deurs. Hervé Bourges nous a laissé titue le fil conducteur de la seconde compte les différences sociales, en aura tout de même quelques- son intermédiaire avec les détenus un témoignage remarquable d’une partie du livre, intitulée sans ambi- pourtant déterminantes dans l’accès uns, à commencer par un service algériens de marque. Sans doute aventure intellectuelle toujours sin- guïté « Réinventer le système éduca- familial à l’outil informatique. militaire fiché en Algérie où le jeune son identité française profonde est- cère, toujours courageuse et rejoi- tif ». Il reste que cet ouvrage agréable à Hervé Bourges est contraint à servir elle encore pour beaucoup dans la gnant par-là même celle d’une géné- Comme ce sous-titre ne l’indique lire sait concilier enthousiasme et rai- dans la troupe, sous le regard pater- confiance qui lui sera témoignée ration où, pour la première fois, l’in- malheureusement pas, Michel Alber- son, ce qui n’est pas si fréquent. nel de la sécurité militaire, et puis le par les dirigeants algériens de l’épo- telligentsia catholique faisait son ganti évite le piège dans lequel sont Vincent Troger cabinet d’Edmond Michelet où il que de Ben Bella. Ni marxiste ni ten- retour en masse, au premier rang tombés tant d’enthousiastes du pro- sert d’intermédiaire avec les prison- té par l’islam, Hervé Bourges garde de la République. grès technique, celui de croire qu’un Michel Alberganti est journaliste niers de marque du FLN et pour de l’Algérie une vision nuancée et Alexandre Adler nouvel outil suffit à transformer la au Monde. littératures LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / III b Violette Leduc dans l’absolu de l’amour Gallimard publie en volume séparé la version intégrale du début d’un roman censuré il y a un demi-siècle dans la crainte que cette passion de deux collégiennes n’expose son auteur à un scandale et à un procès

mard écrivit alors vivement à son nes, perçait des trouées. Il revenait « J’ai écrit trois heures par jour Thé- THÉRÈSE ET ISABELLE, auteur : « C’était d’un commun avec ses troupeaux de cavales traver- rèse et Isabelle avec la chevelure texte intégral accord que nous avions jugé préfé- sant les arbres, fustigeant les nua- fleuve d’Isabelle, dans ma bouche, de Violette Leduc. rable de surseoir à la publication ges, avec ses furies, sifflant dans les dans ma gorge. Ce qu’Isabelle m’a Postface de Carlo Jansiti. de ce texte qui devait être joint à dormants des portes, avec ses spec- apporté, ce que je lui ai donné, je Gallimard, 140 p., 75 F, (11,43 ¤). Ravages. (…) Mais il n’a jamais été tres appelant dans les cheminées, l’ai rendu à mon cahier. J’ai sacrifié question pour moi de refuser le tex- avec sa fantasia soulevée de terre, ma tenue et mes principes, c’était n a souvent comparé te. » avec ses clapotis dans les volets, l’amour de ce que je voulais décrire. les littératures mysti- Violette devait rapporter, dans avec ses cruautés dans les chaînes, Je voulais tout dire, j’ai tout dit. que et érotique. Des le troisième volet, posthume, de avec ses gigues sur les mers. » Exem- C’est seulement en cela que je n’ai deux, laquelle est la son autobiographie, La Chasse à ple très suggestif du style de Vio- pas échoué. » métaphoreO de l’autre ? Thérèse l’amour (5), la violence de sa réac- lette Leduc. Ce lyrisme, surchargé La passion de la vérité, cette d’Avila sublimait-elle des obses- tion aux craintes de son éditeur, de métaphores, alterne avec une « sincérité intrépide » que Simone sions sexuelles en s’inventant un en 1954 :«Thérèse et Isabelle sont sécheresse pointue, précise, nette de Beauvoir sut lui reconnaître et Dieu qui cachait un maître ? La toutes neuves. Elles s’aiment dans dans la description des sensations, dont elle fit un slogan très effica- Philosophie dans le boudoir aurait- un collège pendant trois jours et des rapports humains, de l’environ- ce, nul ne le contestera à Violette elle été écrite si Sade n’était pas trois nuits. Elles ne voient pas le mal. nement matériel et social. Violette Leduc. Mais Violette est impitoya- hanté par la théologie ? Violette La censure le verrait-elle où il n’est Leduc a toujours oscillé entre ces ble envers elle-même, quand elle Leduc, on ne s’en étonnera pas, pas ? Thérèse et Isabelle sont trop deux pôles. Simone de Beauvoir a ajoute : « Mon texte est plein d’ima- lisait régulièrement les Pères de authentiques pour être vicieuses. Il parfois tempéré les élans poéti- ges. C’est dommage. Mes roses, mes l’Eglise et le divin marquis, précisé- n’y a pas de vices. Il y a des malades ques de sa protégée, qui acceptait nuages, ma pieuvre, mes feuilles de ment. Elle a écrit de nombreuses à guérir. Le sexe est leur soleil aveu- ce garde-fou. lilas, ma mouture, mon paradis du pages qui allient incontestable- glant ? Elles se caressent. C’est leur Le début de Ravages constituait, pourrissement, je ne les renie pas. Je ment des aspirations mystiques et religion. Leur enfer, c’est le temps. justement, la part la plus lyrique visais à plus de précision, j’espérais une sorte de folie sexuelle. Cette Leur temps est limité. Ce ne sont pas d’un livre qui racontait une des mots suggestifs et non des com- admiratrice de Jean Genet le rejoi- des femmes damnées. » déchéance de l’amour. De l’idéal paraisons approximatives. Il y avait gnait sur ce terrain-là. Il ne fut pas Carlo Jansiti, dans sa biogra- sensuel, de l’absolu du rapport autre chose à dire, je n’ai pas su. son seul guide, mais une chose est phie, a fourni tous les détails de la amoureux rétif à toute loi, à tout J’ai échoué, je ne doute pas de mon certaine : il lui parlait dans un lan- publication censurée de Ravages. regard extérieur, à toute limite, jus- échec. Je ne regrette pas mon gage qui lui était familier. L’auteur L’écrivain avait mis plus de six ans qu’à l’enlisement dans un mariage labeur. C’était une tentative. de Miracle de la rose reconnut du à rédiger son troisième livre, qui fait de frustrations, d’accommode- D’autres femmes continueront, elles reste immédiatement une sœur était, de fait, son premier roman : ments, de fuites. Peu importait, au réussiront. » Tout Violette Leduc en littérature lorsqu’il découvrit elle y racontait deux passions fémi- fond le sexe du partenaire. Par la est dans ce mouvement psycholo- L’Asphyxie (1). nines, son mariage, son avorte- suite, Violette Leduc devait s’attar- gique, dans ce jugement à la fois Thérèse et Isabelle, que Carlo Jan- ment, son rapport à sa mère. Les der sur de minutieuses analyses de cruel et orgueilleux sur soi : lancée siti – biographe de Violette Leduc thèmes s’entrelaçaient, étaient ses choix sexuels. Mais, en 1954, sa d’exaltation, accablement, renou- (2) – publie pour la première fois interdépendants. Il y avait, certes, priorité était ailleurs : elle tentait veau d’enthousiasme. C’est pour- en version intégrale, occupe une en 1955 où finalement le livre muti- de comprendre une passion adoles- quoi on ne cesse de la faire aimer ERGY LANDAU/RAPHO place à part dans son œuvre. Ce lé parut, bien des matières à scan- cente et les échecs qui suivirent. et lire à ceux qui auront la chance texte bref n’a pas été écrit séparé- dale. L’insistance de Simone de vrai dire, l’erreur qui a été com- apporta au moment de la correc- Elle voulait parvenir à la justesse de la découvrir enfin. ment par l’auteur de La Bâtarde Beauvoir eut raison des réticences mise il y a déjà un demi-siècle. Il tion des épreuves. Une version du mot, à la vérité. Le projet était René de Ceccatty (3), mais devait faire partie d’un de Gallimard, mais la romancière aurait fallu, plutôt, republier Rava- avait également paru en tirage à ambitieux. Il fut dénaturé par un roman, paru en 1955, Ravages (4), ne parvint pas à faire accepter le ges dans sa version d’origine. On part, hors commerce, aux frais de éditeur timoré. Pour un ensemble (1) Gallimard, « L’Imaginaire », no 193. que son éditeur préféra amputer début du livre, qui pourtant donne aurait alors rétabli le roman tel Jacques Guérin, le collectionneur de raisons complexes, où cette cen- (2) Violette Leduc, Grasset, 1999. de son début. Ce n’est qu’à la sui- son sens au reste. La passion, crû- que l’avait conçu Violette Leduc. récemment disparu dont Violette sure joua un rôle déterminant, Vio- (3) Gallimard, « L’Imaginaire », no 351. te du succès phénoménal de La Bâ- ment décrite, mais vécue dans une Le problème est que Violette, elle- avait été follement amoureuse, et lette Leduc pensa même se suici- (4) Gallimard, « Folio », no 691. tarde que Gaston Gallimard déci- forme d’idéal de pureté par les même, reprit une partie du texte des extraits dans la revue greno- der, comme elle le raconte dans La (5) Gallimard, « L’Imaginaire », no 422 da de publier, dans une collection deux adolescentes, est un écho, un qu’elle intégra à La Bâtarde,en bloise Parler, en 1958. Chasse à l’amour. Si besoin était, la (6) Gallimard, « Folio », no 483. ostensiblement érotique, cette contrepoint nécessaire à la com- 1964, et publia ce qui restait d’iné- Ravages avait été présenté à l’édi- preuve est alors donnée de la pro- centaine de feuillets que, sur les préhension des pages qui suivent. dit sous le titre de Thérèse et Isa- teur sous le titre Le Vert Paradis, fondeur de l’engagement de cet e Signalons que la version expur- conseils de Jacques Lemarchand, Violette Leduc traîna longtemps belle, deux ans plus tard. Et ce que choisi par antiphrase, et commen- écrivain dans ses entreprises litté- gée de Thérèse et Isabelle est toujours il avait naguère écartés. Violette, ce boulet : l’insatisfaction d’avoir Gallimard propose maintenant çait par une extraordinaire descrip- raires. disponible en « Folio », no 264. Dans en effet, pensait donner ces pages publié un livre inachevé. est, à peu de choses près, la réu- tion (non reprise dans Thérèse et Violette Leduc, dans la Folie en la même collection sont réédités Tré- à Pauvert, ce qui fut, comme sou- La publication « intégrale » de nion de ces deux fragments, avant Isabelle) du vent dans la nuit. «Ce tête (6) expliqua comment elle sors à prendre (no 1039) et La Femme vent, un argument de poids. Galli- Thérèse et Isabelle ne répare pas, à les modifications que l’auteur violeur d’espace dévoilait les plai- avait rédigé ces pages arrachées : au petit renard (no 716). Couleurs sépia Céline, bouc émissaire Textes sur la mode ou « Promenades » : Au-delà de la thèse défensive du génie de la littérature doublé d’un monstre antisémite, Philippe Alméras deux recueils d’articles de Louise de Vilmorin considère l’auteur de « Voyage au bout de la nuit» comme un révélateur radical de son siècle

rence surgit des circonstances », met à l’autre le « complot judéo-maçon ». laire est un monopole juif. Le jazz est obscène de muflerie fanfaronne, ARTICLES DE MODE mal ces préceptes. « Où est la mode ? », JE SUIS LE BOUC La Révolution est un bloc, l’Argent une création juive. La molle, la pois- lécheur de culs, torrent de viande à de Louise de Vilmorin. s’exclame-t- elle en découvrant dépi- Céline et l’antisémitisme aussi. On oublie toujours que le seuse, l’insidieuse suggestion, la sen- buter ». Quant aux juifs, virtuoses Illustrations tée, dans sa seconde promenade pari- de Philippe Alméras. best-seller de Drumont (114 édi- sualité débridée des glissandos sont de la publicité au tam-tam, ils sont de Christian Lacroix, sienne, que les jeunes filles n’en font Denoël, 224 p., 125 F (19,06 ¤). tions en un an chez Flammarion) a d’origine juive. » Ford imaginait, par « illusionnistes, paranoïaques vora- Le Promeneur/Gallimard, qu’à leur tête – façon « Zizi Jeanmai- été lu et propagé dans toutes les rapport à ce poison, une « solidarité ces, vampires intelligents, messiani- 110 p., 129 F (19,66 ¤). re » ou « Juliette Gréco » – en portant a cause est entendue : il y chaumières. On ne comprend rien à blanche ». Mais, dès Voyage au bout ques crépus et myopes, frénétiques de pantalon et col roulé. Seuls les hom- a eu un grand écrivain l’enfance de Céline si on fait l’écono- de la nuit, si admiré à l’époque par rédemption, réglisses, crucifiés téta- PROMENADES ET AUTRES mes, pourtant honnis quand ils se français, Céline, qui, tout mie de l’énorme masse de discours l’intelligentsia (le spectre est large : niques, jésuites du monde moderne, RENCONTRES dénudent l’été venu, trouvent grâce à à coup, est devenu l’anti- violents qui, d’un côté comme de de Bernanos à Sartre et Simone de toucans, négrites oniriques », etc. de Louise de Vilmorin. ses yeux. Disparu de la rue également Lsémite le plus virulent que le mon- l’autre, occupe tous les esprits. Il n’y Beauvoir, sans parler d’Aragon et Passion religieuse ? Mais oui, et on Le Promeneur/Gallimard, les plates-formes des bus, « club des de ait jamais connu. Un délire s’est a pas que les plaisanteries de Léo Elsa Triolet), que voit Céline, à en trouve la preuve synthétique 166 p., 125 F (19,05 ¤). quatre saisons » et « vrai balcon mou- emparé de lui, une fulguration néga- Taxil sur « la vie secrète de Pie IX ». Paris, dans la « caverne de l’Olym- dans une lettre du 17 mars 1942 à vant et émouvant de Paris » dont la tive, une révélation biologique tom- L’expulsion des Jésuites, la dissolu- pia » ? « En bas, dans la longue cave- Lucien Combelle : « L’Eglise, notre près la publication des romancière fait un éloge des plus bée du ciel, une effroyable tumeur. tion des Congrégations, la persécu- dancing louchante aux cent glaces, grande métisseuse, la maquerelle cri- Mémoires inachevés de Cha- savoureux. Si l’on sent une tendresse Ses pamphlets (toujours introuva- tion objective des catholiques (la [la paix] trépignait dans la poussière minelle en chef, l’antiraciste par excel- nel et le délicieux portrait particulière pour la capitale, la résiden- bles en librairie) sont le symptôme France prenant le relais du Kultur- et le grand désespoir en musique lence… » Cent autres exemples se- de Lola Montès (1), Patrick te de Verrières sait aussi faire partager, de cette folie soudaine. Du coup, kampf de Bismarck) déclenchent négro-judéo-saxonne. » Céline a raient à citer. L’important, au-delà AMauriès poursuit son entreprise de (re) avec humour – souvent – et nostal- mécanisme classique, il devient la une marée noire sans précédent. publié L’Eglise, dont une phrase se de la thèse défensive des « deux découverte de l’œuvre de Louise de Vil- gie – presque toujours – son goût du victime sacrificielle rêvée, le bouc Les uns voient partout des Juifs aux retrouve en exergue de La Nausée. Céline » (un bon, un méchant ; un morin à travers, cette fois, ses écrits voyage. émissaire de la monstruosité du siè- Il va être très mortifié génie écrivain, un monstre), est en journalistiques. Destinés à des magazi- Ainsi de Londres, « la capitale des cle. Céline est l’homme qui a com- des attaques dont il est définitive de considérer ce « bouc » nes féminins tels Marie-Claire, Shell hommes », dans laquelle la voyageuse mis le péché mortel. L’antisémitis- Philippe Sollers l’objet lors de la paru- comme révélateur radical. Alméras Madame, ou encore Femina, ces arti- laisse de côté les monuments et l’archi- me, c’est lui, à un moment particu- tion de Mort à crédit. conclut justement qu’il participe à cles furent rédigés entre 1945 et 1960 tecture pour discourir sur les pubs, les lièrement horrible. Passons sur l’an- commandes, les autres s’alarment Peu importe que Le Figaro ne com- chaque péripétie du siècle dont il pour ceux consacrés à la mode et taxis, le quotidien d’un jeune couple tisémitisme véniel. Le diable, c’est sans cesse du complot obscurantis- prenne rien au Voyage, et parle de partage les émois, les combats, les entre 1955 et 1960 pour les Promena- anglais et s’émerveiller dans les docks lui. te militaro-clérical. Les dénoncia- « scatologie ». Ce qui intéresse Céli- préjugés. Céline moins menteur des et autres rencontres. Différents dans ou les grands magasins. Ainsi de Mos- Bouc idéal : il a du génie, il vocifè- tions pleuvent, les insultes ne, c’est que Stavisky, l’homme de que tous les autres ? C’est probable. leur nature et leur sujet, ces deux cou, de ses hôtels lugubres sous sur- re, il rutile, personne n’ose crier sur grouillent, les journaux se déchaî- tous les scandales, soit choqué par « Bon et méchant, écrit Alméras, il recueils, pris dans la trame d’un pré- veillance, de sa place Rouge « féeri- les toits à ce point. Vous dites « anti- nent. Les vrais Français « de sou- son livre et parle de créer un prix de donne au siècle sa voix. C’est bien sent mouvant, sont reliés par un fil que » et… de ses magasins d’Etat. Ses sémite », donc « Céline ». A côté de che » se sentent expropriés, les littérature « propre ». De quoi rire pourquoi, de Voyage à Rigodon,il léger et délicat comme la prose qui les périples, en compagnie parfois de lui, il ne peut y avoir que des fièvres « juifs allemands » les dépossèdent noir, en effet. est le seul à le citer de bout en bout : gouverne. Un fil tendu par la « fièvre » M. Popaul – archétype, avec madame, passagères, des dérapages sans de leur civilisation et de leurs Dès lors, la machine est lancée. patrie, guerre, massacres, santé, des souvenirs et les regrets d’une épo- du nouveau couple petit-bour- importance, des phrases malheu- croyances, tandis que le Vatican, Le retour d’URSS de Céline (traduit race, génétique, eugénisme, musique, que disparue. geois – sont souvent prétextes à des reuses, des mouvements d’humeur. dans l’ombre, trame une restaura- là-bas par Elsa Triolet) donne lieu à danse, mort, tout y passe et tout est Une époque où Paris, unique joyau rencontres mondaines. En Suisse avec D’ailleurs, tout cela est dépassé, il tion détestée. L’obsession règne, et Mea Culpa : toute cette histoire de payé comptant. C’est bien le contem- de la mode et de la création, rimait les Chaplin ou à Monaco , lors de la s’agit d’une vieille histoire. A-t-elle on la retrouve sans mal à travers les communisme est une faribole juive. porain incontournable. » On peut le avec « innovation perpétuelle » ; où cha- remise du prix Rainier III, avec l’Agha même existé ? On peut en douter. noms de Gobineau, Léautaud, Les Américains ? « Une nation de regretter, mais c’est ainsi. que saison imposait ses règles ; où les Khan. Ils sont surtout l’occasion de se Replaçons donc, comme le fait Gide, Jules Renard, Daudet, Maur- garagistes ivres, hurleurs, et bientôt femmes portaient encore chapeau, laisser gagner par les réminiscences Philippe Alméras, Céline dans l’His- ras, en attendant Chardonne, Girau- complètement juifs. » Le Russe ne gants et voilette de dentelle, cette d’un Noël hongrois avec le comte Palfi, toire. La France est ce curieux pays doux, Drieu, Jouhandeau, Morand. vaut pas mieux : « Geôlier-né, Chi- « livrée du mystère », devenue avec le son second époux, ou de ceux passés qui s’agite beaucoup dès qu’on lui La guerre de 14-18 exaspère le mal, nois raté, tortionnaire. » Finalement, temps simple parure romantique. Et avec la tribu Vilmorin. rafraîchit la mémoire. Vous ouvrez la défaite de 40 en sera la révélation tout le monde y passe : Staline, Roo- l’un des symboles de ce jeu subtil de Ainsi, glissant de promenades en ren- des placards, et c’est aussitôt des globale. Mais enfin, le grand possé- sevelt, Clemenceau, Freud, Montai- l’apparent dévoilement dont Louise de contres, Louise de Vilmorin évoque visages fermés, des grincements de dé de cette tragédie est Céline, nul gne, Racine, Stendhal, Cézanne, Vilmorin rappelle les principes. dans de tendres portraits ou de fines voix, des silences lourds, des pois- doute. Bagatelles pour un massacre Maupassant, Picasso. La maladie « Quand on souhaite plaire et qu’on se esquisses les proches et amis tels René sons noyés à n’en plus finir. Pour- (1937) dépasse toutes les bornes vient des « latins », le salut ne peut déplaît, quand on est comme moi imbue Clair, Cocteau, Saint-Exupéry. Une tant, la question est simple. Il suffit dans le genre explosif. venir que du Nord, la France du désir de conquête, on se fait de soi manière, pour cette romantique en dia- de rappeler que la République est Céline est sans doute un voyant devrait être coupée en deux à partir une image dont il s’agit de se saisir afin ble, de renouer avec le souvenir née d’une guerre religieuse sans halluciné, mais c’est d’abord un de la Loire. Le racisme torrentiel de d’être à la fois saisissable et insaisissable. d’amours enfuies. merci, dont l’affaire Dreyfus n’est puriste. Alméras a raison de mon- Céline n’épargne personne : « Quel Saisissante. » Mais, alors que la chroni- Christine Rousseau que le moment culminant. D’un trer son admiration pour la campa- est l’animal, de nos jours, plus sot, queuse prône l’art de l’artifice et des côté : « Le cléricalisme, voilà l’enne- gne de purification menée aux Etats- plus épais qu’un Aryen ? » Ce der- sortilèges d’un parfum ou d’une cheve- (1) Mémoires de Coco et Lolette,Le mi », de l’autre : « La France juive ». Unis par Ford. Voici ce que dit la nier est « con, buté, ivrogne, jobard, lure, la femme moderne, cette « appa- Promeneur/Gallimard, 1999. D’un côté, le petit père Combes, de propagande : « La musique popu- cocu, esclave-né, ahuri dès l’école, IV / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 littératures b SCIENCE-FICTION Tribulations b par Jacques Baudou Le Clézio, « cru moyen » d’une jeunesse Jonathan Caroll virtuose Avec « Cœur brûle et autres romances », l’écrivain, sans perdre ses qualités inattendue littéraires, échoue à donner de l’épaisseur à ses courts récits LE BÛCHER DES IMMORTELS bas-fonds de la ville, dans la dro- que les majestueuses rivières sont de Jonathan Carroll. L’INGÉNIEUR DU SILENCE CŒUR BRÛLE gue. Son petit ami finira par la ven- recouvertes de plaques de ciment Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Collon, de Max Genève. et autres romances dre pour une dose. Viols et sévices gris, que les animaux ne parlent Flammarion, « Imagine », 336 p., 104 F (15,85 ¤). Zulma, 150 p., 95 F (14,48 ¤). de J.M.G. Le Clézio. s’ensuivent. Clémence se souvient plus et que les hommes eux-mêmes Gallimard, 190 p., 98 F (14,94 ¤). de sa sœur, de leur enfance mexi- ont perdu leurs signes ». Quant à lors, les vampires sont partout ? LA PRISE DE GENÈVE caine, pendant que Pervenche Alice, l’une des « Trois aventuriè- – C’est cela. Sauf qu’ils n’ont pas de grandes incisives et ne dor- de Max Genève. oici un livre déraisonna- s’enfonce de plus en plus. Elle aus- res », celle qui, dit le narrateur en ment pas dans un cercueil. » Quand on referme un roman com- Zulma, 120 p., 49 F (7,46 ¤). ble pour un écrivain de si connaîtra l’univers de la justice, conclusion, « me touche le plus », me Le Bûcher des immortels, on voudrait posséder le talent de l’importance de J.M.G. mais de l’autre côté de la barrière, « l’étincelle est en elle, comme la Ason auteur, l’aisance déliée de son style, pour pouvoir rendre compte à ’un long coma, René Le Clézio, rassemble- celui des délinquants dont elle fut source de cette lumière qui lui per- la fois de la grâce poétique qui l’habite et de la gravité de son propos. Jouve se réveille rajeu- Vment hâtif de sept textes d’inégale la victime. Pervenche et Clémence met de discerner la beauté surnatu- Pour dire qu’il y est question de vampires, mais que si ces derniers ne se ni : il « perd des années qualité, imprimés gros pour faire sont émouvantes, mais toute cette relle dans les vanités du monde, et nourrissent pas de sang, c’est qu’ils nous ressemblent comme des frè- comme d’autres des un volume atteignant presque histoire est trop policée, les victi- ne se détourne jamais de la pau- res. Pour raconter qu’on y croise sans cesse des fantasmes dès qu’un kilosD ». De quoi lui donner le sujet 200 pages. On dirait une idée mes comme les bourreaux sont vreté inguérissable de la race point du récit a été atteint et que ces fantasmes sont tout autant des d’une fiction radiophonique, de d’éditeur qui veut un succès com- sans aspérités. On dirait le sque- humaine ». revenants que des « survenants », pour utiliser l’expression forgée par quoi surtout intriguer la Faculté mercial et sait qu’aujourd’hui il lette d’un roman qui n’a pas été Kalima, la petite prostituée qui René Réouven pour désigner ceux que le sort n’a laissés qu’à l’état vir- devant ce cas de « chronomutation suffit de mettre l’étiquette Le Clé- écrit. On pense aux grandes nou- a débarqué un jour sur le port de tuel. Pour signaler qu’on y traite d’immortalité, de réincarnation, de génétique inverse » classé « secret- zio sur un cru moyen pour que vellistes, d’Eudora Welty aux Etats- Marseille, venant de Tanger, finit magie. Et que tous ces thèmes fantastiques hétéroclites se fondent de défense ». Las d’être un cobaye, il tout le monde pense boire un Châ- Unis à Annie Saumont en France, « sur le marbre froid de la mor- manière très harmonieuse dans un roman sans cesse surprenant, dérou- fuit, devient clown, danseur, jeune teau Margaux de grande année. et à leur désarroi quand leurs édi- gue ». « Ô Kalima, se demande tant, fascinant, dont les titres de chapitres sont à eux seuls de petits poè- gigolo malgré ses cinquante-cinq Du reste, à court terme, aucun pro- teurs ont exigé d’elles des romans. Le Clézio, quel chemin as-tu suivi mes : « Le joueur de base-ball qui avait une toute petite tête », « On ne ans. Quand la police va le saisir, il blème : un gros à-valoir pour « Mes romans ne sont que des nou- jusqu’à cette journée du mois de jan- caresse pas un chien qui brûle », « Hôtel Tarzan ». meurt foudroyé, tombe dans le vide l’auteur, un gros tirage pour Galli- velles étirées, dit Eudora Welty, ce vier 1986, où tu gis étendue (…) Jonathan Carroll a pris ici tous les risques. Celui de retarder le plus « les bras en croix, adoptant instincti- mard, une critique acquise, sauf n’est pas ma distance, je ne sais pas recouverte d’un drap blanc qui suit longtemps possible l’irruption du fantastique en laissant croire au lec- vement la posture dite du saut de l’an- quelques « dissidents » un peu faire. » Le Clézio, romancier, fait les volumes et les creux de ton corps teur, à quelques intersignes près, que son roman n’est que la chronique ge », ce qui annonce la suite de son sourcilleux sur la qualité de la mar- l’exact symétrique. La nouvelle (…) avec, attachée à ta cheville gau- d’une passion amoureuse. Celui de stopper net et même brutalement destin qu’il est bon de laisser décou- chandise. Mais, si l’on voit les cho- n’est pas sa distance, alors il écrit che par un bracelet de fil de fer, une cette chronique avant d’entraîner le lecteur dans un tourbillon d’événe- vrir aux amateurs de surprises. ses d’un peu plus loin, qu’est-ce comme un concentré de roman, étiquette plastifiée qui porte ton ments proprement extraordinaires – à tous les sens du terme – sans Max Genève n’est pas de ces que ce Cœur brûle et autres roman- qui laisse son lecteur sur sa faim. nom, ton âge, ton origine, et la date qu’il ressente un sentiment d’irréalité. Sans doute, parce que derrière auteurs qui puisent dans leur Moi ces, souvent banal, convenu, bien- de ta mort, ce peu de mots et de chif- cet ensemble de scènes symboliques, de collisions de destinées, de pour développer un récit qui tend pensant, vient faire dans l’œuvre ESQUISSES fres que les hommes ont su de métaphores intrigantes (comme celle de la perte des lignes de la main), au lecteur une glace plus ou moins de Le Clézio, riche déjà d’une tren- Suivent cinq nouvelles, rapides toi ? » De fait, de la vraie descente d’apparitions et de disparitions énigmatiques, par-delà une impression déformante. Il s’en donne à plume taine de livres ? Question stupide, croquis de femmes, avant que le aux enfers de Kalima, on ne saura de fatrasie et de chaos, le lecteur éprouve la certitude que ce dont il est joie dans l’invention. Certes, il y a de l’avis général, puisque plus per- livre ne se termine sur un texte pas grand-chose. De la dureté du question ici avant tout, c’est de l’humaine condition, c’est de donner un eu Faust, mais ce qui fait l’originali- sonne ne se soucie du long terme plus long, « Trésor », dont le monde de la nuit, on ne voit pres- sens à une vie, fût-elle celle d’un personnage romanesque répondant té de Jouve est qu’il n’a rien fait désormais. Dommage, un grand héros est un homme. Après la que rien : « Des hommes venaient, au beau prénom de Miranda. Il faut attendre le tout dernier chapitre, pour obtenir ce retour à la jeu- écrivain le devrait. magnifique réussite de Patrick sans parler, ils montaient derrière les tout derniers paragraphes pour mesurer la subtilité et la virtuosité nesse, cette nouvelle vie qu’il On peut aimer plus ou moins Modiano avec Des inconnues toi, ils s’enfonçaient en toi comme avec laquelle Jonathan Carroll a construit son intrigue, le savant travail n’avait pas désirée. Cette histoire l’univers de J.M.G Le Clézio, mais – trois récits où des jeunes filles dans une chair morte, puis ils repar- de mosaïque qui lui permet d’achever son livre sur une fin aussi trou- d’un destin qui finit par être « allé- sa phrase est toujours de l’impec- se racontent à la première per- taient sans rien dire, et l’argent res- blante qu’exultante. Quant à l’amateur de rock musique, il ne pourra gé » et où le personnage prend cable prose française. Pas de faute sonne (« Le Monde des livres » du tait. » Dans Cœur brûle et autres qu’apprécier la b.o. silencieuse que Jonathan Carroll s’est plu à compo- conscience, de la façon la plus de rythme, pas une erreur musi- 12 février 1999), Le Clézio a évi- romances, tout le monde souffre ser… curieuse, « de la cécité des hommes, cale. Parfois, cependant, comme demment fort à faire pour convain- comme il faut, l’injustice ne fait b LA GRANDE FAUCHEUSE, de James Morrow de leur acharnement à persévérer ici, la mélodie ne suffit pas pour cre. Contrairement à Modiano, il jamais déborder la haine, les victi- Dans ce troisième tome de la trilogie divine, Dieu est on ne peut plus dans le mal », ne manque ni de pro- qu’on s’intéresse aux destins de ne cherche pas à montrer ces par- mes meurent (Kalima) ou se rachè- mort : son crâne s’est mis en orbite géostationnaire autour de la Terre. fondeur ni d’humour. N’en manque Pervenche, Eva, Sue, Alice, Kalima cours de femmes de l’intérieur, tent (Pervenche). Le Clézio, tout Ce qui permet aux publicitaires d’utiliser sa surface frontale pour des pas non plus, La Prise de Genève,où et quelques autres, héroïnes éphé- avec leurs ambiguïtés. Il observe, en semblant parler de la violence projections, mais ce qui a aussi provoqué ce que l’auteur appelle « une Jean-Marie Geng raconte comment mères de ces histoires brèves. Per- brièvement, des jeunes femmes, du monde, l’expulse, l’amortit. pandémie de désespoir malin » dont l’issue est mortelle. Pour enrayer il est devenu Max Genève. Un récit venche et sa sœur Clémence, qui des adolescentes, comme celle de C’est peut-être ce qui plaît à ses l’hécatombe, un psychanalyste « jungien par inclination » invente une qui, plus que l’histoire d’un pseudo- suivent un chemin contraire, sont « Chercher l’aventure » qui pense lecteurs, leur permettant de se nouvelle religion afin de contrer l’épidémie nietzschéenne de « découra- nyme, est celle d’une vie, d’une car- les personnages de « Cœur brû- qu’il est « si difficile d’entrer dans détourner d’une réalité souvent gement crânien » et confie la réalisation des quatre icônes du nouveau rière, d’un amour de l’écriture dont le », le premier texte, le plus long. le monde adulte quand toutes les atroce, tout en pensant qu’ils culte au sculpteur Korty. Le remède semble, dans un premier temps, Geng-Genève est un talentueux ser- Tandis que Clémence s’accomplit, routes conduisent aux mêmes fron- lisent quelque chose sur elle. C’est d’une certaine efficacité sur ceux qui sont admis dans le sein de cette viteur que l’on a plaisir à retrouver. termine ses études, devient magis- tières, quand le ciel est si lointain, aussi ce qui peut décevoir. nouvelle Eglise aux méthodes de recrutement plutôt douteuses (et Pierre-Robert Leclercq trat, Pervenche se perd : dans les que les arbres n’ont plus d’yeux et Josyane Savigneau James Morrow, au passage, moque la Scientologie et son fondateur). Mais… James Morrow traite de façon très picaresque, en faisant preuve d’un humour plaisamment caustique, cette fable sur l’absence de Dieu et ses conséquences, illustrant malicieusement cette boutade qui court tout au long du récit : « Même mort, Dieu est de trop. » Pourtant, qu’on livraisons se au moment où il participe à la cinquième croisade, en 1219, pour ne s’y trompe pas, sous des dehors facétieux et quoi qu’il mette en scè- tenter de convertir le sultan Malek Al-Kamel. Le Pauvre d’Orient est ne des personnages extravagants, le propos est sérieux. On saura gré à b LES BEAUX BRUNS, de Patrick Gourvennec un récit passionnant sur le rapport entre christianisme et islam. James Morrow d’avoir donné à sa danse macabre ce caractère carnava- Trente-quatre ans, Patrick Gourvennec publie son deuxième roman. Alain Absire a dans de nombreux romans tenté d’éclairer des épo- lesque qui rend sa lecture irrésistible (traduit de l’anglais – Etats-Unis – Le premier, Tilt (éd. Le Bord de l’eau – 1999) avait suscité curiosité et ques capitales de l’histoire de l’humanité et des personnages qui en par Philippe Rouard, Au Diable Vauvert, 476 p., 85 F [12,96 ¤]). intérêt. D’une écriture violente, l’auteur racontait la relation trois fois ont marqué les grandes étapes. Connaissance historique approfon- b L’HEURE DES ELFES, de Jean-Louis Fejtaine marginale de deux jeunes hommes. Les Beaux Bruns est un roman die, sens du dialogue, grand art du portrait et de la mise en scène, Il faut de l’audace pour s’affronter, quand tant d’autres auteurs l’ont plus maîtrisé et plus subversif. La famille Reccia vit dans un hangar à Absire est un remarquable conteur. Le Pauvre d’Orient est un très déjà fait, au cycle arthurien. Il faut de l’imagination et du souffle pour bateaux près de Brest. Zaza, son mari et leurs cinq enfants, pauvres beau texte, un éloge du dépouillement, une éblouissante interroga- donner l’impression au lecteur de le découvrir sous un angle nouveau, mais libres, malmènent la morale et les conventions. Rocco, le petit tion sur l’absolu de la foi (Presses de la Renaissance, 340 p., 119 F dans un éclairage différent. Il faut du talent pour lui conférer à la fois albinos malingre fait sa mue, fuit et devient Yann. Amitiés, voyage, [18,14 ¤]). H. Mn universalité et modernité, pour l’adorner d’un sens supplémentaire, amour, beaux garçons bruns : l’adolescent trouve sa voie dans le déda- mythologique. Jean-Louis Fejtaine ne manque ni des uns ni des autres. le des zones interdites. L’écriture est authentique et frénétique, l’ima- b VOITURE 13, PLACE 64, de Michel Luneau On avait déjà souligné l’intérêt du premier roman de cette trilogie. On ginaire puissant, et la sincérité profonde. Tragi-comédie incantatoire, Michel Luneau a publié en 1996 Gabriel, archange (Flammarion), est heureux de pouvoir dire ici qu’elle se termine de façon remarquable. Les Beaux Bruns fait de l’abjection une option politique et rappelle les superbe lamento d’un père anéanti par la mort de son fils et qui ten- Non pas de façon triomphale, car si les forces du Mal finissent par être romans de Guyotat (éd. du Rouergue, « La Brune », 152 p., 69 F te par l’écriture d’en sauver le souvenir. Voiture 13, place 64 est écrit vaincues, le prix payé par chacune des nations – elfes, nains ou [10,52 ¤]). H. Mn dans le même souci de mémoire : le narrateur aperçoit un jeune humains – est exorbitant. Jean-Louis Fejtaine a le sens de l’épopée – sa homme, sosie du fils dont le deuil est inépuisable. Le père meurtri façon de raconter la bataille finale – et celui de l’ellipse – sa manière b LE MAUVAIS GENRE, de Laurent de Graeve n’a pas réussi à parler à l’inconnu dont la ressemblance est à la fois d’évoquer par le biais la défaite de l’armée conduite par le frère de la rei- Les deux premiers romans de Laurent de Graeve étaient très terrifiante et salvatrice. Jour et nuit, il tentera de le retrouver. Récit ne Ygraine –, un verbe coloré, chatoyant et le goût des personnages attrayants. Les Orchidées du bel Edouard et Ego, Ego réhabilitaient émouvant d’une obsession viscérale, mais aussi interrogation subti- plus grands que nature, un talent vigoureux de peintre de fresques. avec humour et élégance la complexité des sentiments et du désir et le sur l’absence et la mort, le dernier roman de Michel Luneau Avec ce cycle elfique, il vient de doter la chiche « fantasy » française les arrogances de la jeunesse dans un monde desséché mais brillant. magnifie le plus intime de l’être (éd. Verticales, 190 p., 98 F d’une œuvre maîtresse (Belfond, 272 p., 109 F [16,62 ¤]). Le Mauvais Genre appartient à la même veine, mais la verve s’épuise [14,94 ¤]). H. Mn b LE CABINET DES FÉES, contes choisis et présentés par Elisabeth en dépit du style. Le roman reprend à son compte Les Liaisons dange- Lemirre reuses, en détourne l’intrigue. Actualisation, plaisir d’esthète, ambi- b MOI, L’INTERDITE, d’Ananda Devi Les éditions Philippe Picquier avaient publié, sous le titre de la collec- tion trop grande, forme trop artificielle, ce troisième roman perd la Née dans une famille indienne de l’île Maurice, la romancière décrit, tion qui les avaient rassemblés au temps jadis, plusieurs recueils de con- séduction et l’intensité des précédents (éd. du Rocher, 184 p., 98 F dans un français au souffle poétique, un univers de bêtise et de cruau- tes de fées et de contes merveilleux. Elisabeth Lemirre les a regroupés [14,94 ¤]).H.Mn té. « Interdite », l’héroïne du roman l’est depuis sa naissance dans « en partie et avec des ajouts » pour composer une volumineuse antholo- une famille pauvre : elle a le tort de naître fille – bouche à nourrir inu- gie. Cet ensemble de 41 volumes, publiés entre 1785 et 1788 par le che- b MAMMA, LI TURCHI !, de Gabriel Matzneff tile aux yeux de ses parents – et affligée d’un bec-de-lièvre, considéré valier de Mayer, et qui avaient fait florès au XVIIe et au début du Gabriel Matzneff poursuit son œuvre originale, oublié des médias comme une malédiction. Abandonnée, elle mettra toute son énergie XVIIIe siècle, sont ressuscités « pour sauver de l’oubli ces récits de mer- mais toujours apprécié de ses fidèles lecteurs. L’écrivain donne le rebelle à survivre et à crier son histoire aux chiens et aux fous. Un veille qu’il est de plus en plus difficile à se procurer ». Si elle a délibéré- meilleur de son art dans son Journal. Mamma, li Turchi ! est un récit cinglant comme un cri (éd. Dapper, 128 p., 58 F [8,84 ¤]).C.Ba ment écarté les contes « orientaux » pour une autre publication, et roman. Ses personnages (lui-même en cinéaste libertin), brillants et ceux de Perrault, facilement accessibles, elle a complété les ensembles lucides, apprécient les joies charnelles et culturelles. Ils s’évadent b LA MORT À BOBOLI, de Daniel Walther d’auteurs comme Mme d’Aulnoy ou Mme Leprince de Beaumont par des d’un Paris décevant et se retrouvent en Italie, à Venise. Le roman est L’auteur a bien réussi sa tentative de conte fantastique, un genre textes qui ne figuraient pas dans le « Cabinet », et en particulier le texte impeccablement construit, les dialogues sont percutants, la subver- aujourd’hui trop rare. Avec un quinquagénaire sage, bien qu’écrivain, qu’elle considère comme fondateur, « L’île de la Félicité ». Elle a voulu sion élégante. On y retrouve les révoltes chères à Matzneff : « li Tur- il nous fait visiter Florence sous la canicule. Il connaît bien la ville et représenter le plus grand nombre possible d’auteurs de contes, de chi » sont les oppresseurs de tout bord qui étouffent l’individu. nous régale de références et de commentaires. A l’heure méridienne Mlle de la Force au chevalier de Mailly en passant par Mlle de Lubert ou Matzneff corrosif, impertinent, sincère, jeune éternellement – mais la où fond l’asphalte, les femmes se donnent, les guêpes bourdonnent. Jean-Jacques Rousseau. A la partie proprement anthologique qui ras- part belle du roman est l’ombre qui s’avance sur la vie d’un homme A moins que ce ne soit le contraire : on ne sait plus, il fait si chaud ! semble une soixantaine de contes, Elisabeth Lemirre a ajouté un impor- solitaire qui se voulut libre et vrai (La Table ronde, 272 p., 105 F (Phébus, 160 p., 99 F, [15,09 ¤]). J. Sn tant appareil critique : un dictionnaire des objets magiques, lieux et per- [16,01 ¤]). H. Mn sonnages des contes du volume, une présentation de chaque auteur, b IXXAUN, d’Edouard Bernadac une bibliographie et une préface très éclairante où elle décrit les proces- b LE PAUVRE D’ORIENT, d’Alain Absire Pour Sakko, fils d’un Noir américain et d’une Esquimaude, toute sus qui ont accompagné le passage du conte populaire oral au conte let- Le dernier roman d’Alain Absire est consacré à saint François d’Assi- l’étendue blanche des côtes du Groenland est sa propriété bien qu’un tré écrit : « Là où le conte populaire, avec une économie austère, traite à de ses compagnons lui dise : « Le pôle appartient à tous les Inuit. Ce l’épure le paysage de ses péripéties, le conte lettré se perd dans des entre- n’est pas à toi, qui n’es même pas de notre couleur, de décider. » Sakko lacs s’enroulant et se déroulant à l’infini. » Et elle nous donne toutes les n’avait pas « le moindre sentiment pour les êtres faibles – aimait les fai- raisons de relire « ces contes fanés, jaunis comme ces dentelles retrouvées re souffrir, les écraser – se réjouissait du mal qu’il infligeait ». Il a tué le au fond d’un tiroir du temps ». Elle signe ainsi une remarquable somme rescapé du naufrage d’un baleinier. Cependant, sur son territoire, Ser- encyclopédique dont l’intérêt ne devrait pas échapper au moderne lec- mek et son fils adoptif, Paluk, d’un autre clan, sont venus chasser. En teur de « fantasy » (éd. Philippe Picquier, 1 028 p., 185 F [28,20 ¤]). cette époque où la faim est si grande qu’on ne nourrit plus les b MUSIQUE DE L’ÉNERGIE, de Roland C. Wagner vieillards et les petites filles, l’épave est un trésor. Sakko tue Paluk. Dans cet excellent recueil de nouvelles figurent quelques belles C’est une bien curieuse et intéressante histoire que développe pépites comme « Faire part », « Fragment du livre de la mer » et sur- Edouard Bernadac. Avec les meilleures des qualités du roman d’aven- tout « H P L 1890-1991 », uchronie biographique éblouissante tures, elle nous fait découvrir un monde assez mal connu aux mœurs (éd. Nestiveqnen, 282 p., 99 F [15,09 ¤]). très particulières, avec, en premier plan, une lutte fratricide entre des b LUMIÈRE DES JOURS ENFUIS, d’Arthur C. Clarke et Stephen Baxter êtres que tout sépare et que tout devrait unir, Sermek et Sakko, Quand l’auteur de 2001, Odyssée de l’espace s’associe avec la nouvelle « l’homme-démon ». C’est là un voyage merveilleux où la cruauté star de la « hard science » britannique pour traiter du thème de la prend place dans un paysage d’une blancheur si inclémente que les « visionneuse du temps » sous la menace d’un planéto d’Absinthe… Esquimaux portent des lunettes de bois réduites à une fente, les (Ed. du Rocher, 408 p., 135 F [20,58 ¤]). ixxaun (Ramsay, 264 p., 109 F [16,61¤]). P. R. L. littératures LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / V b Les Balkans en trompe-l’œil Prada s’enlise à Venise Mêlant la nostalgie, le sarcasme et l’humour, Aleksandar Hemon offre, Malgré de belles trouvailles, l’intrigue policière dans un singulier recueil de nouvelles, une réflexion sur l’histoire et le pouvoir des images de l’écrivain espagnol ne parvient pas à convaincre

siège de Sarajevo. Il décida donc de ment de fossiles » ou encore «le DE L’ESPRIT rester où il était et d’adopter la lan- LA TEMPÊTE cheveu aussi plat et gras que s’il CHEZ LES ABRUTIS gue anglaise, tout en continuant de (La Tempestad) avait été léché par une vache ». (The Question of Bruno) se laisser pénétrer par l’histoire des de Juan Manuel de Prada. Néanmoins, on attendait mieux : d’Aleksandar Hemon. Balkans. Traduit de l’espagnol force est de reconnaître que l’on Traduit de l’anglais (Etats-Unis), L’assassinat de l’archiduc Fran- par Gabriel Iaculli, s’ennuie assez vite ; s’il y a des par Johan-Frédérik Hel Guedj, çois-Ferdinand, en 1914, ou les Seuil, 318 p., 130 F (19,82 ¤). trouvailles, il y a aussi trop de faci- Robert Laffont « Pavillons », années de plomb du communisme, lités ou de complications, de répé- 262 p., 129 F (19,67 ¤). les désastres de la deuxième guerre uan Manuel de Prada s’était titions, d’incohérences, de digres- mondiale ou encore les tensions fait remarquer pour un énor- sions. Ainsi se fait-il l’écho de ssis de trois quarts sur qui préfigurèrent les conflits de la J me roman tumultueux, tous les poncifs sur Venise, desti- une chaise trop grande, dernière décennie de ce siècle, tout bouillonnant de culture, de née à devenir un cimetière sous- un petit garçon brun fixe s’entend dans ce curieux recueil, provocation, d’érotisme, de vulga- marin, « en une lente et grandiose l’objectif d’un air fran- tout vibre et se tord sous le regard rité, d’imagination, de prétention, agonie »… (alors d’ailleurs que les Achement furieux. « C’est moi, dit sans pitié de l’auteur. Mêlant la nos- d’humour vache : Les Masques du solutions techniques – sinon poli- l’auteur en regardant la créature talgie, le sarcasme et l’humour pota- héros (« Le Monde des livres » du tiques – existent). aux joues rebondies. Aleksandar che, Hemon bâtit un livre où s’en- 17 janvier 1997 et du 26 février Hemon, de passage à Paris, se com- trechoquent les types de textes les 1999). Le même mélange se retrou- INGRÉDIENTS DU DRAME porte exactement comme s’il évo- plus divers. Il y a de fausses maxi- vait de façon atténuée dans son S’il ne veut pas s’enliser comme quait la chose la plus naturelle du mes, de faux souvenirs généalogi- recueil de nouvelles Le Silence du Venise, le lecteur a l’opportunité monde : prélever des photos dans ques et même un faux texte d’histoi- patineur. De quoi séduire les uns, de « sauter » à sa guise les passa- son album de famille pour les intro- re, où les souvenirs du narrateur mais dérouter les autres : les ges superflus. Il pourra alors sui- duire dans un texte de fiction. On enfant occupent le haut de la page, « commissaires politiques », qu’il vre les aventures d’Alejandro Bal- m’avait emmené à un mariage et à la manière d’un texte principal, cite en préface à La Tempête, l’ont lesteros, maître-assistant en his- j’étais tombé amoureux fou de la tandis que d’immenses notes de souvent accusé de fascisme toire de l’art, arrivé à Venise en mariée. Je l’ai suivie partout, jusqu’à bas de page racontent l’histoire latent. Rien de tout cela dans La pleine acqua alta, dans la brume ce qu’on m’oblige à m’asseoir, mal- d’un espion soviétique du nom de Tempête, de facture bien plus clas- et sous la neige, et qui à peine ins- heureux, en colère. Rendez-vous Sorge. sique, bien plus mesurée. Un tallé dans la chambre de sa petite compte : le même jour, je rencontre Tout est faux, en quelque sorte, roman parfaitement conçu pour pension va entendre un coup de la femme de ma vie et elle se comme les photos truquées du séduire le jury du prix Planeta et feu, se précipiter et recueillir le marie ! » temps des Soviétiques. Hemon ne le grand public. Mission accom- dernier soupir d’un mourant, Le cliché, en noir et blanc, date se prive pas, d’ailleurs, d’incruster plie intégralement. Grâce au prix ayant juste eu le temps d’aperce- du début des années 70. A l’époque, des photos sans légende à l’inté- qu’il a obtenu en 1997 (50 millions voir que, du palais situé sur la Yougoslavie se languit sous le rieur de son texte, pour mieux éga- de pesetas, la moitié après impôt, l’autre rive, on avait jeté dans les règne de Tito. Dans les écoles, on rer le lecteur. L’image, qu’elle soit ce qui lui a laissé quand même eaux du canal un objet brillant, fait croire aux enfants que le cama- fixe ou mobile, intéresse au plus quelque 900 000 francs, sans une bague probablement… Venu rade dirigeant veille à tout et que le haut point celui qui décrit plusieurs compter les 300 000 exemplaires étudier sur place le célèbre JEANNE HILARY/RAPHO POUR « LE MONDE » Père Noël s’appelle désormais scènes d’enfants regardant la télévi- vendus), Juan Manuel de Prada a tableau de Giorgione La Tempête, « Grand-papa le Givre ». Aleksan- « Il ne faut jamais prendre les images pour argent sion. « Il ne faut jamais prendre les pu travailler tranquillement à son auquel il a consacré sa thèse (sans dar Hemon, sept ans, regarde le comptant. Il s’agit de démystifier, de montrer que tout est images pour argent comptant. Il nouveau roman Las Esquinas del l’avoir jamais vu qu’en reproduc- monde – déjà revenu de ses illu- question d’interprétation et que cet acte-là nous s’agit de démystifier, de montrer que aire, qui vient d’être publié en tion), il va rencontrer une belle (et sions d’enfant sur l’amour. Un uni- appartient » tout est question d’interprétation et Espagne. forcément étonnante) restauratri- vers poisseux, truqué, tout en dou- que cet acte-là nous appartient », La Tempête est donc une sorte ce de tableaux, lui coller littérale- bles fonds et en zones d’ombre, fois nourries de l’histoire des Bal- l’Est, l’Histoire est la plus importantes affirme celui qui dit vouloir réintro- de roman policier agrémenté d’un ment « au cul » – avec une fascina- dont ses nouvelles renverront un kans et profondément rebelles, ses de toutes les histoires. Aux Etats-Unis, duire sa propre histoire dans l’his- grand souffle détonant, dû sur- tion prononcée pour ses clavicu- jour des reflets bizarres. Comme nouvelles représentent une singuliè- vous pouvez vous convaincre que toire officielle, comme pour venger tout à une écriture pleine de tics les. Bien sûr, il y a aussi un com- Viktor Pelevine (1), son contempo- re et très talentueuse réflexion sur vous êtes plus important que tout, en d’autres victimes. Et qui vous (une attirance pour une sexualité missaire de police (fort intime rain russe, Aleksandar Hemon est l’histoire et le pouvoir des images. tant qu’individu. Là-bas, non. » demande, l’air de rien, juste avant un peu grasse, le goût du verbe avec la patronne de la pension), l’héritier fantasque d’un empire cas- « L’histoire est une chose vivante, Aujourd’hui âgé de trente-six ans, de partir, s’il peut vous prendre en outrancier, le plaisir d’étaler son des vilains de tout poil liés au tra- sé, tordu, déglingué. Et sa manière explique Aleksandar Hemon. Je l’écrivain vit aux Etats-Unis depuis photo. Histoire de vous mettre érudition) et de formules à la fic et au vol d’œuvres d’art, des d’écrire, complètement en dehors viens d’une ville, Sarajevo, où la 1992, l’année où l’histoire a man- dans ses « archives ». Chandler, du meilleur ton polar : dames vénéneuses, des relents des conventions et de l’académis- culture orale est très vivante. Des his- qué lui sauter à la figure. En voyage Raphaëlle Rérolle. « Nicolussi avançait presque de incestueux, un peu de drogue et me, une formidable chambre toires sont dites, tout le temps, par outre-Atlantique, il devait alors biais pour offrir moins de résistan- d’alcool. De tout pour faire un dra- d’écho pour les absurdités qui for- tout le monde, ou plutôt, à travers prendre un avion pour revenir au (1) Entre autres, dans Un monde de cris- ce à l’air » ou « sa voix presque me. maient la voûte de ce monde. A la tout le monde. Mais, en Europe de pays, le jour même où commença le tal (Seuil, 1999). minérale comme tirée d’un gise- Martine Silber Les décadents de Kureishi Scénario d’une vie L’écrivain anglais dissèque au scalpel les blessures et fêlures A la recherche de la rue de l’Oubli de son enfance, l’héroïne du roman posthume de ses noceurs « cramponnés au malheur » de Carmen Martín Gaite se réconcilie avec son passé

tion avec Le Bouddha de banlieue prendre le pouvoir » et que l’on Amparo, elle-même fille de mère que le formidable talent de Carmen LA LUNE EN PLEIN JOUR puis Black Album (Christian Bour- retrouve « fumant le cigare et se CLAQUER LA PORTE célibataire, n’a su qu’à onze ans le Martín Gaite pour les dialogues et la (Midnight All Day) gois, 1991 et 1996). Jusque-là, il faisant conduire le vendredi après- (Irse de casa) nom de son père et ne tient de lui pas langue parlée prend toute sa saveur de Hanif Kureishi. passe pour un digne – quoique midi par leur chauffeur jusqu’à leur de Carmen Martìn Gaite. même ce nom, juste un bracelet en or (et Claude Bleton, le traducteur, s’y Traduit de l’anglais volontiers provocateur – représen- maison de campagne », pour y dis- Traduit de l’espagnol qui lui a été remis pour ses quinze ans entend à merveille pour nous en faire par Jean Rosenthal, tant de l’Angleterre littéraire multi- cuter avec des amis de « leurs chan- par Claude Bleton, et qu’elle ne quitte jamais. L’ombre part). Elle sait magnifiquement chan- éd. Christian Bourgois, 252 p., raciale, trop « paki » pour être ces d’être ou non anoblis ». Flammarion, 380 p., amère de la grand-mère plane et se ger de registre selon les personnages, 130 F (19,82 ¤). anglais et inversement, marqué à Il faut venir des marges de l’Em- 140 F (21,34 ¤). confond avec celle de l’Espagne et de leur classe sociale, leur âge. Les bavar- jamais par le racisme ordinaire pire pour aimer l’Angleterre aussi la rue de l’Oubli. La rue, presque dis- dages des vieilles dames sont un déli- ls font l’amour des après- vécu à l’école, romancier de l’exil passionnément qu’Hanif Kureishi. sa mort, en juillet, la pres- parue (et qui a changé de nom), où ce. Une scène entre Manuela et sa midi entières, se défoncent à et de l’immigration, écrivain de « Londres me manque », déclare se espagnole disait d’elle Amparo a grandi et qui donnera son femme de chambre évoque irrésisti- la cocaïne, à l’ecstasy, au nulle part cherchant inlassable- quelque part un de ses personna- qu’elle était la grande titre à ce film imaginaire qui prend blement les échanges entre les servan- LSD, ou les trois à la fois, ment à résoudre l’énigme de l’iden- ges « exilé » à Paris et qui, lorsqu’il dame des lettres espagno- corps pourtant au fur et à mesure tes et maîtresses de Marivaux, de rentrentI se réfugier dans des stu- tité. Et puis, avec son troisième n’arrive pas à dormir, s’imagine Ales, qu’elle avait été une des grandes qu’elle se laisse guider par le hasard Beaumarchais ou plutôt de Lope de dios en sous-sol, finissent par s’ar- roman, Intimité (Christian Bour- qu’il roule en taxi sur le Mall ou figures de la génération des des rencontres, des fantômes, des Vega, qu’elle cite d’ailleurs, malicieu- racher du lit, « se maquillent dans gois, 1998), la perspective change. devant les vitrines de Harvey années 50, qu’elle avait refusé plu- souvenirs, des amitiés et des amours sement. Une autre discussion entre des miroirs exigus » et « sortent sur On découvre un autre Kureishi, Nichols. Ce Londres-là – avec «le sieurs fois d’entrer à l’Académie roya- laissés libres de tout compte à son Tarsi et son employée, l’une perdue des talons hauts ». Ils vivent «de toujours sceptique et désabusé, sentiment de liberté » qu’il procu- le en disant que son travail était d’écri- départ pour l’Amérique. Jusqu’à ce dans des divagations, l’autre les pieds terrifiantes initiations », décou- mais plus intimiste, un habile re, avec « ses couleurs rouges et vio- re, pas de rédiger des articles de dic- qu’elle se rende compte que « poi- sur terre, tâchant de la ramener à la vrant que « ce que les gens ont ordonnateur des sentiments – ou lettes et sa lumière qui change tout tionnaire à l’attention des philolo- gnarder son propre passé et s’enfuir raison, est du même acabit. L’hu- envie de se faire les uns aux autres de l’absence de sentiments. le temps » – a fasciné Patrice Ché- gues, mais aussi qu’elle avait été une après l’avoir cru mort est un crime qui mour de Carmen Martín Gaite est per- est bizarre et que l’excitation tient reau, qui vient de terminer un film femme exceptionnelle, que l’on recon- ne reste pas toujours impuni », et qu’el- cutant sans sarcasmes, sans raillerie. précisément à la découverte de cet- AU BORD DU VIDE à partir d’Intimité. Dernièrement, naissait dans la rue, et qu’on saluait le décide de se réapproprier sa vie et Sa drôlerie est pleine de charme et de te étrangeté ». Ils seraient prêts à C’est dans cette veine que se une rencontre organisée par le Bri- avec la même courtoisie que celle son histoire à travers le scénario de compassion. tout pour conjurer « le banal, le situe ce dernier recueil de nouvel- tish Council réunissait les deux qu’elle manifestait. Il serait temps Jeremy. Un enterrement sous la pluie familier, l’ordinaire », c’est pour- les. Son titre, La Lune en plein jour, hommes : le romancier et le ciné- donc, en France, de lui rendre hom- auquel assiste Amparo et qu’elle ima- quoi ils préfèrent les maîtresses que l’on peut prendre dans tous aste expliquaient comment, alors mage. Nous n’avons que quelques- DÉLICIEUX BAVARDAGES gine dans le film de son fils, entre rêve mariées, les voyages à trois, les les sens de l’expression, est évoca- qu’ils ne se connaissaient pas, ils uns de ses livres à notre disposition, il Mais Amparo n’est pas seule en et réalité, l’amène à voir clair : « Avec enfants qui poussent en secret teur de ces noceurs décadents, s’étaient engagés dans un film, en reste – et on ne peut que s’en cause, Jeremy non plus, coincé, à l’oubli et la mémoire, c’est pareil, l’es- dans le ventre de leurs épouses illé- talentueux et jouisseurs, mais per- « comme deux étrangers décident réjouir – beaucoup à traduire. New York, entre sa psychiatre « à tête sentiel est de trouver la bonne combi- gitimes. Quelquefois, brièvement, pétuellement angoissés que l’on d’avoir ensemble une aventure ». Claquer la porte est son dernier de lapin », sa sœur fantasque, Maria, naison et d’avoir l’audace d’accepter ils rêvent d’une vie « sans compli- retrouve, sous divers masques, Pour avoir découvert le roman de roman. L’argument est simple, ou et sa nièce Caroline, qui dessine ce l’inattendu. » Le temps de retrouver cations », mais c’est dans le no d’un bout à l’autre du livre. Ils Kureishi grâce à la libraire de son presque : une femme, Amparo, qui a qui lui fait peur pour éloigner les cau- un ami de jeunesse, presque un pre- man’s land ombreux des vies paral- vivent des amours souvent des- quartier, et aimé d’emblée son uni- réussi sa vie professionnelle à New chemars. Le livre fourmille de rencon- mier amour, le seul qui la reconnaîtra, lèles qu’ils sont vraiment à leur tructrices, semblent « cramponnés vers cru, agressif et désenchanté, York, revient dans la ville de province tres et de personnages. Dans cette et Amparo, acceptant le passé et la aise. Oui, les personnages de au malheur » et, pour certains, Chéreau a vécu six mois à Lon- espagnole où elle a passé son adoles- petite ville espagnole, une sorte de vérité, pourra retourner auprès de ses Hanif Kureishi sont de drôles envisagent le suicide comme « une dres. Le film est prévu au début de cence. Mais la banalité s’arrête là. chœur antique, composé de vieilles enfants et changer sa vie future. d’oiseaux. entreprise délicate demandant l’année prochaine. En attendant, Tout de suite. Dès les premiers chapi- dames bavardes qui se retrouvent Martíne Silber Un peu comme l’auteur lui- réflexion ». Dans l’une des histoi- on peut faire confiance à Patrice tres, on sait qu’on ne sait pas. Qu’on presque tous les jours au bar de l’hô- même. A presque quarante-six res, une femme se remémorant le Chéreau pour avoir refondu, cha- ne sait pas ce qu’elle cherche, ni tel Excelsior, commente l’actualité ans, Kureishi, né d’une mère passé décrit ainsi l’état d’esprit de huté, réinventé, de façon très per- même pourquoi elle est partie. On potinière. Par elles, le lecteur – et le anglaise et d’un père pakistanais, ces anti-héros : « Nous étions une sonnelle, l’univers de Kureishi. sait, en revanche, que ce retour n’est barman, qui rêve d’écrire un roman – a déjà vécu mille vies. Dans l’une génération complaisante avec elle- Mais pour l’un comme pour que prétexte pour l’écrivain à faire sur- apprennent tout ce qui se passe, ou des premières, un diplôme de même. Nous n’allions pas à la l’autre, le mystère des passions gir d’autres histoires, d’autres person- tout ce qui se dit, ce qui n’est pas for- philosophie en poche, il signe des guerre mais nous avions quand charnelles reste au cœur de la quê- nages, que celle d’Amparo n’est là en cément la même chose. textes pornographiques sous un même une façon de nous massacrer te. « J’ai voulu filmer ce qui se passe fait que pour pouvoir raconter les Il y a surtout Manuela, son ex-mari pseudonyme de femme, Antonia nous-mêmes. » Ces blessures, ces entre deux corps, explique Patrice autres, et que la sienne sera transfigu- Antonio et la sœur de celui-ci, Tarsi, French. Puis il se met à écrire pour fêlures, les personnages les scru- Chéreau. J’ai essayé de compren- rée par son fils, Jeremy, qui rêve d’en qui peuvent revendiquer, comme le théâtre et le cinéma. En 1985, le tent à l’envi. Une dissection au dre. Je ne sais pas s’il y a quelque faire un film, la transformant ainsi en Amparo, le titre de personnages prin- scénario de My Beautiful Laundret- scalpel que l’auteur élargit par chose à comprendre. » Kureishi, de images mouvantes. Ce fils qui depuis cipaux, sans pour autant prétendre à te, pour Stephen Frears, le rend moments à d’autres aspects de la son côté, affirme qu’il n’y a rien l’enfance cherche à creuser le passé un rôle dans le film, car leur histoire célèbre, de même que, en 1987, société britannique, moquant d’autre que le hasard, le hasard de sa mère, poussé par sa « curiosité est bien la leur et ne fait que frôler cel- Sammy et Rosie s’envoient en l’air notamment ces jeunes gens autre- absurde. Ces deux-là étaient faits pour les vieilles histoires de famille », le d’Amparo. Comme Olimpia, vieille (Christian Bourgois, 1991). C’est fois « libérés et dissidents » que pour s’entendre. une famille où justement on ne se dame solitaire et un peu folle, mais si alors, en 1990, qu’il aborde la fic- Margaret Thatcher a « aidés à Florence Noiville raconte pas. raisonnable au fond. C’est grâce à eux VI / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 La chronique

de Roger - Pol Droit b

façon très indirecte, se heurte à LES TROIS LIVRES DE LA VIE On n’a pas cessé de trop d’obstacles, entraîne trop de de Marcile Ficin. conséquences inconciliables. L’ar- Texte revu par Thierry Gontier. le commenter de siècle gumentation détaillée est évidem- Fayard, « Corpus des œuvres Une passion nommée Platon ment impossible à résumer – tout de philosophie en langue en siècle. Et de le traduire. comme l’approche minutieuse de française », plusieurs mythes capitaux ou des 280 p., 180 F (27,44 ¤). En latin à la Renaissance, mouvements de l’âme et de la place du divin. A chaque fois, une LECTURES DE PLATON ou dans le français extrême probité de la lecture, une de Luc Brisson. attention patiente aux contextes Librairie philosophique J. Vrin, des années 2000. historiques permettent de jeter « Histoire de la philosophie » sur ces phrases très antiques une 272 p., 150 F (22,87 ¤). Parce que Platon fonde lumière vivante. Pourquoi décide-t-on, un jour, n n’échappe pas à Pla- la philosophie ? Parce de consacrer sa vie à Platon ? On ton, même quand on le l’entrevoit, dans le cas de Luc Bris- combat. Son héritage se qu’il écrit divinement ? son, en lisant les entretiens, parus O confond avec l’histoire en 1999, où il retrace l’itinéraire de la philosophie occidentale. Le Les deux. qui l’a conduit d’un village pauvre mathématicien Whitehead, qui de la campagne du Québec jusqu’à finit par se consacrer à la philoso- Ou plus simple encore... Paris et au CNRS (2). C’est avec phie, exprima ce constat par une une grande liberté de ton, et sur image bien connue des spécialis- un mode parfois caustique, que le tes : le développement de toute la chercheur évoque les mœurs de ce philosophie consiste en « une série temps où son père était boulanger de notes de bas de page à l’œuvre et où les prêtres catholiques, tout- de Platon ». On ne saurait en dire puissants et bornés, maltraitaient autant d’Aristote, qui fut pourtant un jeune garçon fort doué qui eut aussi commenté et influent que avec beaucoup de clarté et de pré- le courage d’échapper au sémi- son maître. Sa pensée constitue, cision, les plus récents acquis de la naire, de choisir l’exil en France et en un sens, la première note en recherche. Peu de personnes se de rédiger en trois ans une thèse marge du texte platonicien ! Déci- trouvent aussi informées que Luc sur le Timée de Platon, notam- dément, pas moyen d’en sortir : Brisson de ce qui s’écrit dans le ment parce que c’est le principal ceux qui attaquent – ils sont monde sur Platon : il publie tous récit non biblique de la genèse du légion ! – entrent à leur corps les cinq ans une bibliographie qui monde. défendant dans le jeu du père-fon- fait autorité (1). Ces réalisations Le principal motif qui fait deve- dateur de la philosophie. On aurait ne doivent pas faire oublier qu’au nir platonicien demeure sans dou- tort d’imaginer que la raison seule fil d’une dizaine d’ouvrages et te celui qui était à l’œuvre dans explique de tels engouements ou d’une grande quantité d’articles l’Athènes d’autrefois. Ce n’est pas refus acharnés. Luc Brisson s’est également consa- la séduction de l’écriture, le génie Platon parle au cœur : il étonne, cré à l’analyse du statut du mythe vertigineux pour mettre en scène émeut, attire ou repousse, captive chez Platon, à la réflexion sur les le mouvement même de la pensée, et attache. Il suscite des passions : cosmologies antiques et moder- ni même le goût de la sagesse. La on se voue à le servir comme on nes, à la mise en lumière des limi- cause première est plus simple et jure de le vaincre, d’une manière doit à Marcile Ficin, qui marqua de la science que l’existence doit ces rudes mises en garde, on préfé- tes de la raison dans la construc- plus puissante. Ne pouvoir suppor- qui n’est pas purement logique. profondément l’humanisme de la être prolongée. La discipline n’en rera les considérations de Ficin sur tion des valeurs. ter la vie que grâce à la pensée. S’y Aussi, à travers les siècles, ceux qui Renaissance. On retiendra seule- est pas moins sportive : « Autant la puissance des pierres et l’influen- Il convient de prolonger cette réfugier comme dans un monde lui consacrent leur vie forment-ils ment ici Les Trois Livres de la vie, que les coureurs ont de soins des ce des étoiles. Elles ont au moins liste incomplète par les thèmes meilleur. Ne plus s’en échapper. une confrérie étrange et dispersée, paru à Florence en 1489. Le « Cor- jambes, les lutteurs et jouteurs des le mérite de faire rêver. abordés dans le recueil qui vient Cela se fait encore. Mais si. acharnée à l’étude, convaincue pus des œuvres de philosophie en bras, les musiciens de la voix, il faut Luc Brisson illustre à sa manière de paraître. Ces Lectures de Platon que la pensée fait changer de mon- langue française » reproduit leur que les studieux des lettres ayent ce que peut être un platonicien de interrogent notamment le statut (1) Publiée depuis 1977 par la revue de. Ainsi Marcile Ficin. Au XVe siè- traduction en français par Guy pour le moins autant de soin et d’es- l’an 2000. Il s’est employé, lui aus- de l’autobiographie dans la « Let- Lustrum, cette bibliographie platoni- cle, à Florence, il traduit Platon en Le Fevre de la Boderie, publiée en gard à leur cerveau, leur cœur, leur si, à faire connaître le texte de Pla- tre VII », où Platon fait un récit de cienne a pris récemment la forme d’un latin et reconstitue dans sa villa de 1582. Il s’agit de traités pratiques, foye et leur estomach. » Pour main- ton, à le retraduire, à le rendre son itinéraire politique, ou la légiti- livre, Platon 1990-1995, avec la collabo- Careggi une académie platoni- médico-philosophico-magiques, tenir dans ces organes, contri- accessible aux hommes de notre mité de l’hypothèse d’un enseigne- ration de Frédéric Plin (Vrin, 1999). cienne. But avoué : un renouvelle- censés transmettre les secrets de buant tous à la claire vision des temps. On doit en effet à ce ment ésotérique du philosophe, L’ensemble des références devrait être ment, une régénération. la santé et de la prolongation de la idées, un équilibre des humeurs savant, à côté de beaucoup supposition développée par l’éco- regroupé sur un cédérom. Nouveau départ attendu pour la vie. propice à la philosophie, les d’autres travaux, une magnifique le de Tübingen et soumise ici à (2) Rendre raison au mythe. Entretiens théologie, les sciences exactes, la « Fort studieux de la gloire et doc- conseils ont de quoi inquiéter : série de traductions des dialogues une critique méthodique. L’idée avec Luc Brisson, de Louis André vie humaine. On ne saurait dire en trine platonique », Marcile Ficin ne « l’acte vénérien débilite le cer- de Platon, publiées dans la collec- d’une doctrine platonicienne Dorion. Editions Liber, « De vive quelques phrases tout ce que l’his- songe guère à vivre vieux pour le veau », trop de viande tue l’esprit, tion de poche « GF ». Ces publica- cachée, transmise seulement de voix » (diffusé par la Librairie du Qué- toire du platonisme en Europe plaisir. C’est pour l’accroissement le sommeil du matin l’embrume. A tions mettent à la portée de tous, manière orale et reconstituable de bec, 30, rue Gay-Lussac, 75005 Paris). Comment apprendre à philosopher ? De nombreux ouvrages tentent de repenser la pédagogie de la philosophie en mettant l’accent sur l’accès aux textes eux-mêmes

ph) commence cependant à porter Dirigé par Christian Delacampa- cupe pas un grand nombre de Ce sont des livres de chevet philoso- que. Avec lui, le professeur devient PHILOSOPHER 2 ses fruits. Des professeurs de philo- gne et Robert Maggiori, Philoso- pages. Toutefois l’un des sujets pro- phiques, dont l’ambition, comme discret, énigmatique. Il suggère de Christian Delacampagne sophie confrontent leurs pratiques. pher. Les interrogations contempo- posés aux candidats au baccalau- l’indique Fernando Savater dans sans illustrer, laisse les questions et Robert Maggiori. Certains contestent le modèle uni- raines, matériaux pour un enseigne- réat comporte l’examen détaillé Penser sa vie, est de servir de lectu- en suspens, incite à la rêverie et à Fayard, 540 p., 150 F (22,87 ¤). que du cours magistral, d’autres ment obtint il y a vingt ans un suc- d’un texte court, aussi faut-il en re initiale pour des élèves de termi- l’exercice. Il enseigne l’irrespect phi- cherchent à établir des liens avec cès mérité en ne retenant au con- proposer l’étude aux élèves. De là nale sans renoncer à servir losophique pour les évidences éta- PENSER SA VIE d’autres disciplines. La proliféra- traire que des textes de contempo- des formules mixtes qu’adoptent d’« introduction à la philosophie blies, bien distinct du dénigrement de Fernando Savater. tion d’ouvrages d’initiation à la phi- rains. La publication de Philosopher les manuels new-look, mêlant en pour tout profane ». Les analyses et du plaisir d’être déniaisé. Désa- Traduit de l’espagnol losophie confirme cette diversifica- 2 repose sur le même principe, don- proportions variables l’exposé des célèbres et les notions essentielles busés, Oreste Saint-Drôme et Fré- par François Maspero, tion des pratiques d’enseignement. ner à lire « des textes dans lesquels notions, des indications méthodo- s’inscrivent dans un propos suivi, déric Pagès, tournent en dérision, Seuil, 284 p., 120 F (18,29 ¤). Il y a une trentaine d’années, des philosophes contemporains trai- logiques, des exemples de disserta- original sans être hermétique. Les dans Comment choisir son philoso- deux catégories de livres domi- teraient, chacun à sa manière et tions et des explications de textes. lecteurs découvrent comment les phe, une discipline qu’ils connais- PRÉSENTATIONS naient le marché, les manuels et les selon ses options propres, les grandes La même volonté de combler les questions les plus banales de la vie sent mais à laquelle ils ne croient DE LA PHILOSOPHIE annales corrigées. Celui de Vergez questions du programme de philoso- lacunes des élèves s’affirme dans quotidienne engagent des choix plus. Comme perdus dans l’arrière- d’André Comte-Sponville et Huisman avait supplanté le phie de la classe de terminale ». Le l’organisation astucieuse du Carnet philosophiques fondamentaux. salle d’un café philo, ils narrent Albin Michel, 216 p., 98 F Cuvillier ; les Annales Vuibert four- premier volume était fort bon, de philosophie de Catherine Dori- Avant Fernando Savater, Thomas inlassablement quelques histoires (14,94 ¤). nissaient leur moisson annuelle de celui-ci, justifié par le déplacement son et Pierre Kahn (Hatier, 1995), Nagel (Qu’est-ce que cela veut dire ? drôles. Loin, très loin de ces tristes dissertations exemplaires. Le paysa- des centres d’intérêt philosophi- qui associe des repères chronologi- éd. de l’Eclat, 1993) et Yeshayahou clowneries, des professeurs insti- COMMENT CHOISIR ge éditorial s’est profondément ques depuis vingt ans, est excel- ques et l’exposé des principales Leibowitz (Science et valeurs, DDB, tuent quotidiennement ce lieu sin- SON PHILOSOPHE transformé sous l’action conjuguée lent, et sa vocation pédagogique questions philosophiques. Le 1997) se sont essayés au genre avec gulier, la classe de philosophie. Ils d’Oreste Saint-Drôme des changements de programmes, est plus affirmée. manuel mis au point par Gérard succès. Dans un esprit à peine diffé- apprennent à philosopher à leurs et Frédéric Pagès. des efforts des professeurs pour Lire les philosophes, de Gérard Chomienne et André Sénik (Hatier, rent, André Comte-Sponville élèves, sans autre concession à l’air La Découverte, 224 p., enseigner à des publics nouveaux, Chomienne (Hachette, 1998) pro- 1995) pour les élèves des séries publie les présentations, revues et du temps que l’ambition d’être 69 F (10, 52 ¤). de la nécessité pour certains élèves pose une autre approche, et c’est technologiques prévoit, pour cha- augmentées, de ses douze volumes compris de ceux auxquels ils de combler hâtivement leurs lacu- une réussite. Les 33 auteurs à que notion, une série bien étudiée de textes choisis. Le professeur s’adressent. Cela suffit à constituer ’enseignement de la philo- nes et de l’intérêt d’un large public découvrir figurent dans toutes les de travaux dirigés. adopte un ton familier, et tutoie une pédagogie sans verbiage. sophie a-t-il changé ? Le pour les questions philosophiques. histoires de la philosophie, mais le ses lecteurs comme il tutoie les con- Jean-Paul Thomas secret est bien gardé. Les Un grand mouvement de retour découpage des textes est inédit. Au AUTRE APPROCHE cepts. Il nous donne des cours parti- L élèves manquent de points aux textes s’est d’abord amorcé. lieu de retenir des extraits si brefs Ces livres sont de bons instru- culiers de qualité, laissant aux e Signalons également le manuel de comparaison et l’enseignement Les ouvrages les plus répandus qu’ils en deviennent incompréhen- ments de travail. Leur inconvé- meilleurs lecteurs-élèves le soin de que vient de publier notre chroni- public n’est pas ouvert au public. A dans les classes sont aujourd’hui sibles, l’auteur a eu l’idée de réunir nient majeur est de ne pas se prê- percevoir l’unité de cette succes- queur Roger-Pol Droit, Philosophie. l’exception des inspecteurs pédago- des recueils de textes. Le classicis- des chapitres entiers, des préfaces ter à une lecture continue. On peut sion d’analyses. L’ouvrage, qui comprend un diction- giques régionaux, personne n’accè- me domine. Les passages retenus ou le texte intégral de certaines aspirer à une découverte moins sco- Le subtil Petit cahier de philoso- naire, des fiches pratiques, l’étude de aux classes. La création récente sont extraits d’œuvres de Platon, œuvres. Le Manuel d’Epictète n’est laire de la philosophie. Fréquem- phie de Jean-Baptiste Scherrer (Gal- de « Points clés », est complété par de l’Association pour la création Descartes, Rousseau ou Kant. Mais pas long, la Lettre à Ménécée d’Epi- ment rédigés par des philosophes limard, deux volumes parus, 1999 une approche personnelle des ques- des instituts de recherche sur l’en- les ouvertures sur la philosophie cure non plus. La seconde préface de renom, des ouvrages d’un genre et 2000) repose sur une autre tions au programme. (Editions de la seignement philosophique (Acire- contemporaine sont rares. de la Critique de la raison pure n’oc- nouveau répondent à cette attente. approche de l’initiation philosophi- Cité, 575 p.). essais LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / VII b

livraisons L’inconscient coupable b LA RECHERCHE DE SOI. Dialogue sur le sujet, d’Alain Touraine et Farhad Khosrokhavar Dialoguant avec le sociologue Farhad Khosrokhavar, Alain Tou- Pendant quatre ans, Didier, meurtrier de sa voisine, a suivi une cure psychanalytique raine fait retour sur son itinéraire intellectuel et mêle éléments bio- graphiques et réflexions sur notre modernité. Avec le recul, expli- avec Gérard Bonnet qui retrace les étapes de sa prise de conscience que-t-il, toute son œuvre intellectuelle aura tendu vers l’élabora- tion d’une sociologie centrée sur le sujet, sur ce « désir d’être un sonne ne remarqua la gravité. imprévisibles ». Jugé dangereux, cette mère « répudiée » par son acteur » qui était présent, déjà, dans ses études passées sur la LE REMORDS : Leur visibilité n’était sans doute il fut alors interné dans un hôpi- fils (le propre père de Didier), à conscience ouvrière ou sur les nouveaux mouvements sociaux. PSYCHANALYSE D’UN pas assez prononcée pour que tal psychiatrique où il purgea cette grand-mère expulsée de la C’est ce même désir, cette même exigence d’affirmation de soi en MEURTRIER l’entourage du jeune garçon, une peine de dix années sans généalogie familiale par le chan- termes éthiques et culturels, qui occupe désormais une place d’hon- de Gérard Bonnet déjà habitué à ses handicaps jamais se sentir coupable de son gement de nom et par l’interdit neur dans l’espace public, du mouvement des femmes aux sans- PUF, 114 p., 98 F (14,94¤). divers, pût les prendre en compte crime. Pis encore, il se considé- de la langue italienne, que Didier papiers, en passant par les Indiens du Chiapas ou le reggae de Bob sérieusement. Un jour, il voulut rait comme une victime et non attribuait la cause de ses mal- Marley. Plus qu’une riche introduction à la « sociologie de l’ac- l est rare que des criminels séduire sa sœur, un autre jour il comme un bourreau. L’applica- heurs. Progressivement, il com- tion », cet ouvrage propose une rencontre inédite avec un homme puissent avoir accès à une tenta de violer une jeune fille tion de l’article 64 avait eu pour mença à se sentir responsable de qui se confie rarement, et qui parle pour la première fois non seule- cure psychanalytique. C’est sans que les gendarmes s’en effet d’accentuer chez lui un sen- son crime, passant d’ailleurs de ment de ses premiers terrains (Renault, les mines du Chili) et de ses I pourquoi le cas rédigé par inquiètent, et, à d’autres timent d’innocence et d’injustice l’épreuve de la culpabilité à celle dettes intellectuelles (Georges Friedman, Sartre…), mais aussi de Gérard Bonnet, avec l’accord de moments, il égorgea des ani- et de le plonger en permanence plus cruelle du remords : un senti- ses nostalgies, des femmes, de sa passion pour l’Amérique latine et son patient, est d’un grand inté- ment non refoulable, consécutif de ses moments de solitude (Fayard, 330 p., 130 F [19,82 ¤]). J. Bi. rêt. L’auteur a su en effet réunir Gérard Bonnet à un meurtre réel, selon la défini- ici tous les éléments d’une his- Psychanalyste, membre de l’Association psycha- tion donnée par Freud. b DARWIN EST-IL DANGEREUX ? toire complexe et il l’a racontée nalytique de France (APF), Gérard Bonnet a Didier fut libéré après avoir de Daniel C. Dennett avec sobriété. publié sept ouvrages. Il est le directeur de l’Eco- payé sa dette envers la société. Il Est-ce un labyrinthe ou un rébus ? Cette somme contre les enne- Issu d’une famille d’émigrés du le de propédeutique à la connaissance de l’in- retourna vivre à la campagne, mis de Darwin brasse tant de controverses anciennes ou récentes sud de l’Italie, Didier, l’adoles- conscient (EPCI), où il donne un enseignement affranchi de ses chaînes mais ron- et dénonce tant de méconnaissances et de confusions que le des- cent criminel, était le dixième ouvert à un large public. Il a longtemps pratiqué gé par un remords interminable. sein de l’auteur a tendance à disparaître. Les derniers chapitres enfant d’un père qui avait rompu la psychanalyse dans des institutions psychiatri- Dans cette affaire, le rôle joué livrent la clé du rébus : mon premier est une présentation presque toutes ses attaches avec ses origi- ques. par Gérard Bonnet fut décisif, ce anodine de la théorie de la modification des espèces par sélection nes en décidant d’épouser une qui n’est pas toujours le cas dans naturelle de petites variations aléatoires. Mon second est une lon- Française contre l’avis de sa maux qu’il aimait passionnément dans un monde imaginaire déta- ce genre d’expérience. Car le gue polémique avec Stephen Jay Gould, dont on mesure d’abord mère. Séparée très jeune de son et qu’il avait élevés. En son for ché de toute réalité. Son exis- déroulement de la cure, dont on mal l’enjeu, puisque le grand paléontologue affiche sa fidélité criti- mari, mort dans un accident de intérieur, il se persuadait tence ressemblait donc à un film trouvera tous les détails dans cet que à Darwin et souligne sans cesse que l’évolution n’est pas un chasse consécutif à cette rup- d’ailleurs que l’acte meurtrier ne d’Alfred Hitchcock où les scènes ouvrage passionnant, n’eut pas processus finalisé destiné à produire l’espèce humaine. Mon tout ture, celle-ci avait toujours mani- venait pas de lui mais de ses de meurtre sont filmées comme pour objectif de faire de Didier est une initiation à la philosophie de Daniel C. Dennett, qui pos- festé un amour immodéré à son parents. des scènes d’amour et récipro- l’instrument passif d’un destin, tule l’abandon de la distinction entre intelligence réelle et intelli- fils. Bientôt naturalisé français, A l’âge de dix-sept ans, alors quement. mais de l’amener à un statut de gence artificielle. Dennett se fonde sur une traduction de la sélec- ce fils (le père de Didier) changea qu’il se trouvait seul au domicile Sorti de la période de l’adoles- sujet coupable de son acte et tion naturelle – l’idée dangereuse de Darwin – en termes algorith- de nom puis empêcha ses pro- familial, il fut saisi d’un coup de cence et parvenu à l’âge adulte, capable d’en accepter la significa- miques, c’est-à-dire d’opérations aveugles, constructives et neu- pres enfants d’apprendre à parler folie. Il s’empara d’un couteau de Didier n’avait certes pas refoulé tion. Didier était bien, à son insu, tres par rapport au substrat. Elle autorise le recours généralisé aux la langue italienne. Il leur interdit cuisine, se précipita chez sa voisi- la scène du meurtre. Mais celle-ci l’acteur d’une tragédie œdipien- méthodes des sciences cognitives, appelées ainsi à traiter l’ensem- de rencontrer leur grand-mère, ne et la poignarda sauvagement. restait gravée dans sa mémoire à ne, mais l’Œdipe freudien n’est ble des problèmes, notamment moraux, que l’humanité peut ren- avec laquelle il n’entretint plus Il dissimula ensuite le cadavre la manière d’un rêve. Elle était pas celui de Sophocle. En consé- contrer (traduit de l’anglais par Pascal Engel, éd. Odile Jacob, aucune relation. derrière un buisson puis retour- devenue un événement irréel. quence, le sujet moderne ne peut 656 p., 240 F [36,59 ¤]). J.-P. Th. Atteint d’une poliomyélite aty- na tranquillement chez lui. Au C’est alors que, de façon imprévi- guère être réduit à un fatum. pique, Didier subit dans son milieu de la nuit, il réveilla sa sible, il demanda à rencontrer un S’il est vrai qu’aucune punition b UTOPIES SANITAIRES, enfance des hospitalisations répé- mère et lui avoua son crime : il psychanalyste pour « parler de ne permet d’effacer la douleur de ouvrage collectif sous la direction de Rony Brauman tées. Aussi resta-t-il marqué par n’avait pas supporté, dit-il, les ses problèmes » et fut confié à la ceux qui sont victimes d’un cri- Quelques membres de Médecins sans frontières interrogent les de curieux symptômes dont on hurlements du chien de la vieille charge de Gérard Bonnet. La me, il est également vrai que pratiques médico-sanitaires qu’ils mettent en œuvre dans des ne sut jamais s’ils relevaient dame. Devant l’effondrement de cure se poursuivit pendant qua- notre société post-freudienne a pays pauvres et lointains. La « médecine humanitaire » fournit d’une causalité organique ou psy- son fils mineur, le père voulut se tre ans à l’intérieur des murs de le devoir, non seulement d’abolir des aperçus sur les injustices criantes de notre monde. Elle impose chique. Plus il était angoissé et déclarer coupable à sa place. Il l’hôpital. la peine de mort, mais d’humani- aussi, au nom du progrès scientifique, les normes et les choix plus il accentuait sa tendance à appela les gendarmes qui s’em- Au fil des mois, Didier reconsti- ser le criminel en lui rendant un sociaux implicites de ses acteurs. L’inadéquation des messages une claudication, accompagnée pressèrent d’arrêter le véritable tua la signification inconsciente jour sa liberté, quelle que soit d’éducation sanitaire destinés aux populations de l’Asie du Sud- elle-même d’un rictus qui lui meurtrier. de son passage à l’acte. En assas- l’horreur de son crime. Est, par exemple, naît de la méconnaissance des modes de vie déformait le visage. Au contraire, Déclaré irresponsable de ses sinant la vieille dame, il avait mis Tel était bien le précepte de Jac- locaux et d’un manque de réflexion sur l’origine et le sens des nor- plus il se sentait apaisé et plus les actes (en vertu de l’article 64, à mort « rituellement » l’image ques Lacan quand il affirma en mes européennes de propreté et d’efficacité. Comme les médecins signes spectaculaires de son mal modifié aujourd’hui en arti- obsédante de sa grand-mère 1950 que la psychanalyse du cri- qui pratiquent en situation de pénurie partagent les schémas et les disparaissaient. cle 122), Didier fut néanmoins paternelle, qu’il n’avait pas con- minel devait permettre une « inté- méthodes de ceux qui travaillent dans un environnement plus Parvenu à l’adolescence, présenté par l’expertise psychia- nue, mais qui hantait sa destinée gration par le sujet de sa responsa- riche, cet utile examen de conscience décèle les présupposés de Didier présenta d’autres troubles trique comme un « affabulateur à la manière d’un « mauvais bilité véritable ». notre culture du corps et de la maladie (Ed. Le Pommier 292 p., psychopathologiques dont per- sadique et pervers aux réactions œil ». C’est à elle, c’est-à-dire à Elisabeth Roudinesco 99 F [15,09 ¤]). J.-P. Th. Ici et maintenant… Loin du paradis Pour Zaki Laïdi, l’homme de l’an 2000, revenu des utopies sociales, Annie Le Brun nous invite à un sabotage passionnel pour mieux résister à l’insignifiance s’installe dans un présent éternel de l’époque, cependant que Baudrillard manie l’aphorisme avec une belle férocité

rationnelle. On adopte un « point sée métisse ; le glissement des comme à une bouée de sauvetage. auquel on ne la fait plus. Les fan- LE SACRE DU PRÉSENT de vue » et l’on passe de la manière « significations communes » (par DU TROP DE RÉALITÉ « Pour s’opposer à ce bonheur tômes de Stirner, de Nietzsche, de de Zaki Laïdi. de faire à la manière d’être. Pour exemple, l’idée de patrie) vers celui Annie Le Brun. dans la soumission en train de s’im- Valéry et de Cioran l’accompa- Flammarion, 272 p., 120 F Descartes, la vision est avant tout des « risques partagés » (ententes Stock, 316 p., 120 F (18,29 ¤). poser en art de vivre, écrit Annie gnent. Ils applaudissent quand il (18,29 ¤). pensée, mais en liant la perspective sur la pollution, l’effet de serre, les Le Brun, ne restent que les rares écrit : « La lâcheté intellectuelle est à la pensée, il demande à l’homme manipulations génétiques, les conta- DE L’ÉPERDU êtres qui, d’instinct, lui échappent. » devenue la véritable discipline olym- ffronter le labyrinthe de de construire le monde. Le « pro- minations diverses) et le principe de Annie Le Brun. On les reconnaîtra à leur refus pique de notre temps. » Il enfonce l’idée du temps a toujours jet » se concrétise dans l’Histoire. précaution ; l’ère de « la citoyenneté Stock, 438 p., 135 F (20,58 ¤). farouche de prêter le moindre même le clou en se gaussant des été l’une des plus redouta- Avec Hegel, la philosophie de l’his- utilitaire » (à la question « Soyez sérieux à un monde de plus en plus intellectuels qui, tout en se réfé- A bles épreuves philosophi- toire est une philosophie de l’ac- citoyens ! », qui sous-tend une con- COOL MEMORIES IV grotesque. Leur pensée est céliba- rant à Nietzsche, Bataille, Sade ou ques. Zaki Laïdi s’y lance, mais non tion. « Elle implique que le temps ne trainte collective, la réponse devient (1995-2000) taire et la seule arme dont ils dispo- Artaud, adhèrent à une morale sans biscuit. Ne pensons pas telle- nous vient pas du passé mais de l’ave- de plus en plus : « Qu’est-ce que ça Jean Baudrillard. sent est le « sabotage passionnel ». démocratique contredisant la radi- ment à la vaste culture déployée sur nir. » Le futur tire l’homme et sa me rapportera ? »); le temps des Galilée, 146 p., 160 F (24,39 ¤). Il n’est même pas certain d’ailleurs calité de leurs analyses. Aucun de le sujet, qu’appréciera sûrement le condition présente. Marx renché- réseaux (qui remplacent le « récit », qu’elle soit encore d’une quelcon- ces grands immoralistes n’aurait lecteur. Elle ne permet pas de vain- ans un article décapant, que efficacité, cette arme. signé la moindre des pétitions qui cre l’aporie. Notre auteur a trouvé Zaki Laïdi « Et voilà pourquoi Avec Annie Le Brun, à la maniè- circulent de nos jours. On devine mieux : considérer, au cours des Sociologue, âgé de quarante-six ans, Zaki Laïdi votre film est muet », re d’un explorateur, on part à la le plaisir d’Annie Le Brun à la lec- âges, la manière dont l’homme se est chercheur au CNRS et professeur à l’Institut D Philippe Muray compa- recherche de traces de vie insou- ture de ce passage, tout comme à situait par rapport au temps, pour d’études politiques de Paris. Ses premiers ouvra- rait les jeunes metteurs en scène mise. On emporte avec soi Jarry, celui de cet aphorisme : « Présen- développer surtout l’idée qu’aujour- ges ont porté essentiellement sur l’économie français à des scouts dociles et Sade, Fourier, Roussel ou Louÿs, ter la femme comme une victime d’hui les sociétés occidentales, fati- mondiale. Il s’est ensuite intéressé aux finalités bien élevés, soucieux avant tout de dont elle parle mieux que quicon- innocente de la séduction est une guées par les idéologies aux hori- de nos sociétés avec Un monde privé de sens la défense et de l’illustration de la que. On observe aussi les contem- insulte à la féminité elle-même. » zons lointains, entendaient s’instal- (1994), Malaise dans la mondialisation (1997), Le « nouvelle hygiène sociale » qui pré- porains avec un humour assassin, Ou encore celui-ci qui est le plus ler solidement dans la niche du Temps mondial (en collaboration, 1997), Géopoli- conise (mais ils ne le savent pas ou d’autant que leurs simulacres de fort du livre : « La misère du monde présent. tique du sens (1998), La Tyrannie de l’urgence ne veulent pas le savoir) le dérègle- révolte et leur subversion assistée est tout aussi lisible dans la ligne et L’homme archaïque se définit par (1999). ment de tous les sens (1). cachent mal une collusion sans pré- le visage d’un mannequin que dans rapport au mythe ; alors, « le temps Etrange époque, observait-il cédent entre art et pouvoir. Quand le corps squelettique d’un Africain. de l’origine valide toutes les autres rit : « L’Histoire est dévoilement du si important dans la vie des hom- encore judicieusement, que celle toute trace de négativité aura été La même cruauté se lit partout si on dimensions du temps ». La pensée présent en vue d’une fin détermi- mes, selon Ricœur, parce qu’il nous qui ne nous impose que des choses effacée, le jardin d’Eden ressem- sait la voir. » grecque ouvre une brèche, avec née. » Et pour Hannah Arendt, la aide à saisir le temps, comme l’avait par principe souhaitables ou dési- blera furieusement à Disneyland Evidemment, on sent bien qu’An- Xénophane notamment, en disjoi- vie ne peut être que projet. vu aussi saint Augustin) ; les dévia- rables : la tolérance, la liberté, le et, pire encore, le langage, devenu nie Le Brun mourra les armes à la gnant le temps des hommes et celui Tout cela est remis en question tions de la transmission qui permet- souci de l’autre, une sexualité épa- l’ombre de lui-même, ne sera main – c’est sa forme à elle de futi- des dieux. Avec la Révélation du pro- aujourd’hui. C’est le « présent autar- tent, par la famille ou l’école, de fai- nouie. Bref, trop de bienfaits pour même plus porteur de l’ombre des lité désespérée – alors que Bau- phétisme juif, puis du christianisme, cique », la société de satisfaction re advenir le passé dans le présent qu’on ne se méfie pas. Prenons le choses. drillard se la joue cool, distancée, l’inspiration se tourne vers la vision immédiate, qui prévaut. Schulze pen- (l’autorité a été remplacée par risque, suggérait-il enfin, de nous Alors, que dire ? Que faire ? Prê- cynique, à la manière de Clint East- du temps futur et de la fin ultime de se que le point de départ est « l’écla- l’échange). désolidariser du jardin d’Eden, tons l’oreille au conseil paradoxal wood souvent évoqué dans ce qua- l’homme, mesurée à l’infinité de tement des limites », c’est-à-dire C’est précisément sur la société de bref, de devenir intelligents. de Baudrillard : « Il faut vivre en trième volume de Cool Memories. Dieu. Dès la Renaissance, l’avenir l’augmentation des possibilités d’op- marché, « l’économie du présent éter- A ceux qui veulent prendre ce ris- intelligence avec le système et en D’ailleurs est-elle de Dirty Harry prend progressivement un contenu tions de vie et de choix. Notre nel », que Zaki Laïdi poursuit son que, on conseillera la lecture d’An- révolte contre ses conséquences. Il ou de notre philosophe, cette répli- humain, ce que Zaki Laïdi appelle auteur écrit : « Il n’y a de sens que analyse. Le marché exige non seule- nie Le Brun. Elle n’a rien à perdre, faut vivre avec l’idée que nous avons que : « Si le destin est implacable, « le tournant perspectif ». Audacieu- dans la compression de la distance ment un Etat déclassé et un temps elle n’appartient à aucun parti, elle survécu au pire. » Certes. Sommes- c’est que vous n’avez pas su lui plai- sement, il assigne à la perspective et symbolique entre l’attente et le vécu. » resserré, mais l’extension de son n’a pas transformé l’étendard de nous plus avancés pour autant ? re » ? Mais pourquoi faudrait-il lui à la peinture (Brunelleschi et le traité Etrange ! Au moment où nous ne aire, sa pénétration dans les rap- sa révolte en mouchoir de poche, Pas vraiment. Mais avec Bau- plaire ? Il suffit que nous dispo- De Pictura d’Alberti) le point de savons plus très bien ce qu’est une ports sociaux et même dans la régu- mais elle est bien trop lucide pour drillard, comme avec l’excellent sions de ce luxe inouï qu’est la per- départ d’un affranchissement beau- société et que, par là même, nous lation des problèmes non mar- ne pas percevoir qu’une anesthé- Harry, un ami qui vous veut du bien fection du style. Ce luxe, Annie coup plus général. avons perdu toute perspective de la chands (droits à polluer, en matière sie progressive a gagné le corps (2), il y a toujours une solution : Le Brun et Baudrillard le dispen- La perspective « représente… un transformer, nous devenons la pre- d’environnement). La morale de social au point que nous sommes soyez digne de votre perversité, de sent sans compter, nous offrant système de sens qui relie clairement mière génération à être dotée d’un l’histoire ? Zaki Laïdi la résume fort en droit aujourd’hui de nous votre propension pour le mal et, par là même une dernière issue la projection dans l’espace à la pro- pouvoir de transformation généti- bien ainsi : « A force de nier le temps, demander si la prolifération de l’in- surtout, soyez à la hauteur de pour fuir les paradis de pacotille jection dans le temps ». L’œuvre ano- que de l’homme. [L’HOMME] ne cesse de subir son signifiance n’est pas plus inquié- votre tragique imbécillité, procla- qui sont notre modeste enfer nyme La Cité idéale (longtemps La condition de « l’homme-pré- déferlement. C’est pourquoi, au lieu tante que la disparition de la cou- me Harry Baudrillard. quotidien. attribuée à Piero Della Francesca) sent » se manifeste, selon Zaki Laïdi, de penser le temps sur le mode de l’es- che d’ozone. La seule invention de On ne s’ennuie jamais avec lui. Il Roland Jaccard ouvre une nouvelle éducation du par divers phénomènes bien visi- pérance, il le vit sur le mode exclusif cette fin de siècle aura été le pléo- est l’un des derniers à manier regard : celui qui contemple se dote bles : le passage d’une culture natio- de l’urgence. » nasme comme mode de pensée. l’aphorisme avec la cinglante inso- (1) Revue Le Débat, n˚ 109, Gallimard. aussi d’une perspective morale et nale unitaire à une culture globali- Pierre Drouin On s’accroche à la redondance lence du baroudeur de la pensée (2) film de Dominik Moll VIII / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Quand Eltsine réécrit l’histoire

me débarrasser de mes insomnies », écrit-il. Sur le me rappelait quelqu’un : moi-même. Sauf qu’il L’équivalent religieux MÉMOIRES choix de Poutine, Boris Eltsine s’était déjà expli- s’agissait d’une version caricaturale, comme si je de Boris Eltsine. qué. Ses Mémoires confirment en revanche m’étais regardé dans un miroir déformant ». Traduit de la version anglaise qu’au tournant des années 1995-1996 il a bel et Cette caricature affleure quelquefois sous PENSÉES LIBRES, SUR LA RELIGION, par Robert Macia, bien songé à annuler le scrutin présidentiel prévu l’homme d’Etat qui a voulu créer « une nouvelle SUR L’ÉGLISE ET SUR LE BONHEUR NATIONAL Flammarion, 562 p., 139 F (21,19 ¤). pour le mois de juin, alors que sa cote de popula- civilisation européenne incluant la Russie » avec de Bernard Mandeville. rité ne dépasse pas 3 %. Tout est prêt : l’interdic- ses amis Helmut Kohl et Jacques Chirac, quand Seconde édition, corrigée et augmentée. oris Eltsine est redevenu un homme tion du Parti communiste, la dissolution de la ces derniers pensaient seulement lui faire avaler Traduit de l’anglais, privé. Il va au théâtre, écoute de la Douma, la mise entre parenthèses de l’ordre cons- la pilule de l’OTAN élargie. Le récit qu’il fait de manuscrit Montbret 475 de la Bibliothèque municipale de Rouen, musique classique et moderne sur le titutionnel. Sa fille Tatiana Datchenko, dite son « dernier sommet », la réunion de l’OSCE à édité par Paulette Carrive et Lucien Carrive, B conseil de ses filles. Il fait de longues Tanya, et Anatoli Tchoubaïs, le père des privatisa- Istanbul, en novembre 1999, est significatif à cet introduction de Paulette Carrive, promenades dans les bois au bras de sa femme tions à la russe, le convainquent de renoncer à égard. Tous les ingrédients ayant façonné sa per- éd. Honoré Champion, 29- p., 300 F (45,73 ¤). Naïna. Après avoir été le premier président de la son projet et de se battre pour gagner les élec- sonnalité s’y retrouvent comme en concentré, un Russie élu démocratiquement, il est le seul chef tions. Tanya est venue à Paris rencontrer Claude mélange de chauvinisme russe, de superbe our comprendre l’intérêt exceptionnel de la divulgation de ce de l’Etat russe à avoir quitté spontanément le pou- Chirac pour apprendre comment une fille de pré- bureaucratique, de grossièreté soviétique avec à texte inédit, un rappel chronologique succinct est nécessaire. voir, sans y avoir été contraint par une révolution sident peut jouer le rôle de conseillère en commu- la fois la certitude que les temps ont changé et 1705, Bernard Mandeville publie à Londres un poème intitulé de palais, une révolte populaire ou un complot nication. Les oligarques, la presse, l’intelligentsia que la Russie ne doit pas manquer une nouvelle P La Ruche mécontente, ou les coquins devenus honnêtes. Le texte est des militaires. Il s’en explique très tranquillement mettent leurs moyens au service du président occasion de s’intégrer à l’Occident. Eltsine se pré- peu remarqué. Il contient pourtant une bombe intellectuelle capable de dans ce dernier tome de ses Mémoires, qui cou- pour empêcher le retour du soviétisme. Eltsine sente en vainqueur d’une réunion qui s’annonçait faire sauter l’édifice d’un savoir économique encore dans les limbes. vre son second mandat (1996-1999). Dans ce l’emporte au deuxième tour sur le communiste mal pour lui car il s’attendait à recevoir les remon- 1721, Mandeville fait paraître Pensées libres, Sur la religion, Sur l’Eglise et livre, dont le texte français a été tiré de la version Ziouganov, mais « la victoire avait un arrière-goût trances de ses pairs à propos de la Tchétchénie. Il Sur le bonheur national. L’ouvrage est très vite traduit en français à La Haye anglaise revue par ses conseillers et habituels de médicaments ». Le cœur a lâché pendant la avait préparé, corrigé de sa main, un discours dur par un certain Justus Van Effen. « nègres », Alexandre Volochine et Valentin You- campagne. Quelques semaines plus tard, Eltsine qu’il lut sans ciller, dans le plus pur style brejné- En 1723, le texte de 1705 est publié sous le titre La Fable des abeilles assor- machev, il apparaît comme un homme sincère, subit un quintuple pontage coronarien. vien. « Chirac et Schröder tiraient des têtes d’enter- ti d’un sous-titre qui est à lui seul tout un programme : Private Vices, Public qui a quelques convictions – la destruction du Entre-temps, il pense avoir réglé la question rement », écrit-il dans ses Mémoires, où il prend Benefits (Vices privés, Bénéfices publics). Argument : La ruche est prospère communisme –, pathétique quand il essaie de jus- tchétchène avec l’aide de ce qu’il appelle un quelques libertés avec les événements. En affir- tant que les abeilles sont mues par l’amour des biens matériels en général et tifier contre toute raison les guerres en Tchéché- « homme politique à épaulettes », un général qui a mant par exemple qu’il refusa la rencontre tripar- du luxe en particulier. Dès que les abeilles redeviennent sages, économes, nie, voire burlesque dans son apologie de la été son concurrent. Boris Eltsine n’a pas que des tite demandée par le président français et le chan- sobres, bref vertueuses, leur économie périclite. Ainsi l’immoralité devient- « diplomatie en bras de chemise », où il a entraîné mots aimables pour cet Alexandre Lebed qu’il celier allemand. L’entretien eut bien lieu, mais il elle cause de la prospérité des peuples. Un demi-siècle avant Adam Smith, Jacques Chirac et Helmut Kohl. Il a inauguré les décrit planté, un soir, devant la grille de la résiden- ne dura en effet que dix minutes, Eltsine prétex- Mandeville invente la notion de main invisible, sinon le terme : chacun en dîners en famille avec les chefs d’Etat étrangers ce présidentielle à « hurler contre les gardes, tant qu’il avait mieux à faire à Moscou. L’ancien poursuivant son propre intérêt, même au sens le plus égoïste du terme, con- dans un restaurant chic de Moscou, « Le désir du braillant qu’on l’empêchait de voir le président ». président russe explique aussi qu’il réussit à enle- court au bien commun. Pour faire bonne mesure, l’auteur joint à la Fable tsar ». « Bien évidemment, je réglai l’addition », Le général laissé dans cette posture grotesque ver du communiqué final d’Istanbul toute référen- un Essai sur la charité et les écoles de charité, où il dénonce avec vigueur les précise-t-il. Il se présente en bon grand-père n’est autre que le secrétaire du conseil de sécuri- ce à la Tchétchénie. Ce n’est pas tout à fait exact ; mobiles suspects qui engagent les riches à financer ces écoles destinées aux déguisé en bonhomme de Noël les soirs de té. Pas pour longtemps il est vrai. Dès qu’il a signé quelques critiques très prudentes y furent ajou- enfants pauvres. Le « paquet » est encore complété par un Essai sur la natu- réveillon et abandonne sans regret « la valise et le la paix avec les Tchétchènes, Lebed est remercié. tées. Après son départ toutefois, afin que sa répu- re de la société où l’auteur écrit notamment que « ni les qualités qui forment bouton nucléaires » à son dauphin, Vladimir Pouti- Et pourtant le président n’arrive pas à se défaire tation de matamore de la politique internationale les liaisons d’amitié, ni les affections naturelles à l’homme, ni les vertus réelles ne, le 31 décembre 1999 : « J’allais peut-être enfin d’une certaine sympathie pour cet homme « qui n’en soit pas écornée. qu’il est capable d’acquérir par la raison, ni le renoncement à soi-même, ne sont le fondement de la société. C’est ce que nous appelons Mal dans le monde, soit moral soit physique, qui est le grand principe pour nous rendre des créatu- res sociables ». Coup de tonnerre dans le ciel des bons sentiments ! POLITIQUE 1723, paraît la deuxième édition des Pensées libres. C’est ce texte que l’on nous donne aujourd’hui à lire dans la traduction anonyme du manuscrit qui b par Thomas Ferenczi Bureaucrates en accusation se trouve à la Bibliothèque municipale de Rouen et qui date lui-même du XVIIIe siècle. Pour notre plus grand bonheur. D’abord c’est une merveille d’élégance, de clarté et de fidélité. Et Paulette Carrive a raison de dire dans assure l’avenir. » Si la critique de la bureaucratie que. Ces deux mouvements sont complémentai- son Introduction que cette version est inégalable. Traduire aujourd’hui un L’ÉTAT DINOSAURE française est commune à la plupart des ouvrages res : ils conduisent, dans un premier temps, les texte du XVIIIe dans la langue de ce siècle serait une tentative trop artifi- de Claudius Brosse. qui prennent pour objet le fonctionnement de grands commis de l’Etat, lorsqu’ils passent notam- cielle pour ne pas être désespérée. Une langue vigoureuse qui se permet Albin Michel, 314 p., 120 F (18,29 ¤). l’Etat, la façon dont est conduite l’analyse, l’angle ment par des cabinets ministériels, à renoncer à encore d’employer des verbes comme roupiller ou bousiller sans la moin- d’attaque choisi, le ton employé varient avec les leur neutralité, puis, dans un second temps, à dre once de vulgarité… LA FRANCE, UNE RÉPUBLIQUE auteurs. Les trois livres dont il est ici question sont embrasser à leur tour la carrière politique. La Ensuite, pour l’histoire des idées, ce texte, éclairci par un travail d’annota- DE MANDARINS ? un bon exemple de cette diversité. Ils suivent en Ve République, estime l’auteur, a donné à ce dou- tion d’une précision remarquable, est capital. Car il est contemporain du Les hauts fonctionnaires et la politique effet trois voies différentes pour atteindre le même ble phénomène une ampleur inégalée. Soucieux de moment où Mandeville va provoquer le scandale. L’Homme-Diable com- de Jean-Patrice Lacam. objectif : le parcours biographique (Claudius Bros- tenir la balance égale entre ceux qui approuvent me on l’appelait de son temps en faisant un jeu de mots sur son patronyme Complexe, 190 p., 110 F (16,76 ¤). se), la recherche savante (Jean-Patrice Lacam) et une telle évolution et ceux qui s’en inquiètent, Jean- (Man Devil), avance ici à moitié masqué. Son allégeance au régime issu de l’essai polémique (Mathias Emmerich). Patrice Lacam met en évidence ses avantages (une la Glorieuse Révolution, son antipapisme militant, les positions qu’il prend LA RÉPUBLIQUE PRODIGUE Ancien préfet, Claudius Brosse a servi l’Etat pen- administration plus dynamique, des politiques plus sur l’obéissance due aux pouvoirs en place ne peuvent que le faire bien voir Argent public, argent irresponsable dant plus de trente ans. Les diverses étapes de sa compétents) et ses inconvénients (une administra- en cour. Sur la question de la prédestination ou du libre arbitre, il se garde de Mathias Emmerich. carrière l’ont conduit de l’Algérie au Cambodge, tion plus instable, des politiques aux formations bien de se prononcer. Le thème de la fable est lui-même repris, mais sous Plon, 178 p., 59 F (8,99 ¤). l’une de ses dernières missions, mais surtout, à tra- trop homogènes). S’il ne tranche pas, il n’en souli- une forme édulcorée, et non sans nous avertir que ce mécanisme diaboli- vers la France, de Mende à Valence, du Mans à gne pas moins le risque d’une « République de man- que pourrait bien engendrer « toutes les iniquités et les désordres qui se com- oici trois livres sur l’Etat, trois livres qui Clermont-Ferrand, de Vannes à Laon puis à Dijon. darins ». mettent ». Dans la forme comme dans le fond, Mandeville se montre pru- dénoncent les pesanteurs bureaucrati- Il raconte avec verve et talent ses tribulations de Haut fonctionnaire, Mathias Emmerich prend dent, comme en retrait par rapport à son propre génie, à sa propre violen- ques de l’administration française et l’im- préfet, puis, après l’alternance de 1981, de trésorier- pour cible la gestion de l’argent public. L’Etat, expli- ce, révélant par là même combien lui avait été utile le mode parodique de la V mobilisme d’un système qui a fait naguè- payeur général. Homme d’autorité et de caractère, que-t-il, gère mal : « La maximisation de la dépense fable pour s’exprimer librement. re la grandeur de la France. Trois livres de plus, marqué à droite, comme en témoignent, parmi demeure la règle, le souci de l’efficacité l’exception, la Il est tout de même au moins un point sur lequel l’auteur s’aventure à dira-t-on, sur un sujet qui a déjà suscité une abon- d’autres, ses diatribes contre l’« égalitarisme » ou fonction publique un tabou et les fonctionnaires un découvert. Un point essentiel à l’aube des Lumières. Et il emploie pour ce dante littérature et qui conduit tous ceux qui s’y contre l’influence excessive de Sartre, ce « gou- groupe de pression redouté. » L’auteur stigmatise faire un terme qui aura par la suite une certaine résonance économique. intéressent à réclamer une réforme de l’Etat, afin rou » qui « s’est toujours trompé », il se moque des l’incohérence des choix budgétaires, le coût exorbi- Pour en apprécier tout le sel il faut savoir que pour Mandeville la foi est la de mettre fin à des blocages devenus, selon eux, petitesses de l’administration et s’en prend plus par- tant des politiques publiques, l’insuffisance du con- chose du monde la mieux partagée. Les plus grands pécheurs sont des insupportables. ticulièrement à la « dictature imbécile » du ministè- trôle parlementaire, l’inertie du ministère des finan- croyants. Convaincus de leurs fautes, même les plus scélérats souhaite- Nos trois auteurs ne manquent pas, à leur tour, re des finances, exemples à l’appui. C’est le récit de ces, les rigidités de celui de l’éducation nationale, raient être vertueux. d’appeler au nécessaire effort de rénovation. « Il est ses expériences, exprimé dans un langage direct et les effets pervers de la décentralisation, sans parler Mais, remarque-t-il, « les difficultés qu’ils rencontrent dans la réformation aujourd’hui urgent de réformer un Etat devenu plé- souvent vif, qui fait la valeur de son témoignage et des détournements de fonds qui fleurissent sur le réelle du cœur étant presque insurmontables, ils cherchent un équivalent pour thorique », affirme Claudius Brosse. Jusqu’à quand, l’intérêt de ses propositions. terreau de la gabegie, bref l’addition de logiques dissiper leurs craintes ». Et cet équivalent, ils le trouvent dans « l’observance se demande Jean-Patrice Lacam, l’actuel « modè- Jean-Patrice Lacam, qui enseigne à l’université bureaucratiques mal maîtrisées. La solution ? Elle de quelqu’une des branches de la piété extérieure et de la dévotion apparente, le » français pourra-t-il rester « hors d’atteinte » de Bordeaux-IV et à l’Institut d’études politiques de consiste à remettre en question « l’ensemble des fon- quoique entièrement étrangères à la vertu réelle ». En s’appuyant sur lui, ils la « révolution culturelle et institutionnelle » qui cette ville, a choisi d’étudier l’interpénétration des dements et des dogmes qui structurent l’administra- apprennent à écarter « les terribles appréhensions dont la scélératesse est tou- transforme notre démocratie ? « Repenser l’admi- pouvoirs politico-administratifs en France, sous le tion française depuis plus d’un siècle ». Vaste pro- jours accompagnée ». L’équivalent religieux est efficace au point de mettre nistration de la France est un chemin exigeant, escar- double aspect de la politisation des hauts fonction- gramme, qui pourrait inspirer quelques campagnes leurs consciences « dans une parfaite ignorance sur eux-mêmes ». pé, conclut Mathias Emmerich, mais il est le seul qui naires et de la fonctionnarisation de la vie politi- à venir. Ensuite et tout logiquement, Mandeville cherche à répondre à la ques- tion : comment se fait-il que l’Eglise, qui avait vocation à être pauvre, est devenue l’une des principales puissances financières du monde ? Le remar- quable est qu’il y répond en termes économiques. L’inconcevable industrie SOCIETE du clergé, pour employer ses propres termes, du terrain le plus stérile a fait la terre la plus grasse du monde. « On ne sçauroit réfléchir sans étonnement b par Philippe Bernard Hymne à l’intégration sur les trésors inépuisables qu’ont actuellement en leur possession les succes- seurs des apostres non plus que sur la puissance illimitée dans le temporel qu’ils s’arrogent ; et cependant rien dans la nature ne pouvoit paroitre moins capa- vieux travailleurs immigrés qu’on laisse mourir vers des actes de révolte et par le manque de repré- ble de rapporter un tel produit que l’Evangile. » Comme si l’équivalent reli- LES INDÉSIRABLES seuls dans les 6 mètres carrés d’une chambre de sentants légitimes. S’ajoute la difficulté française à gieux ne pouvait finalement se traduire que dans l’équivalent général, L’intégration à la française foyer… L’ancien pourvoyeur de la manne intégra- nommer les populations concernées sans violer c’est-à-dire la monnaie. de Jean Faber. trice n’en peut plus des rengaines magnifiant les les principes républicains de l’invisibilité commu- Or, remarque Mandeville, qui reprend mot pour mot une formule de Har- Grasset, 270 p., 125 F (19 ¤). actions « de terrain » débités par des fonctionnai- nautaire. En témoigne le fait que l’on continue à rington (1), le pouvoir va toujours avec la propriété (« dominion ever follows res qui n’y habiteraient pour rien au monde ; il dénommer « immigrés » des fils et filles de la property »). Les mœurs et les coutumes peuvent changer, « mais la nature uinze ans de vaines prises de bec enrage contre l’incapacité des partis politiques à deuxième, voire troisième, génération de nationali- humaine est la mesme dans tous les siècles ». Bref, sans les richesses accumu- politiciennes sur l’immigration s’adresser à la population issue de l’immigration ; té française. Tout en dénonçant ce piège, l’ancien lées, le pouvoir clérical de l’Eglise serait réduit à néant. C’est ce que ce l’avaient fait oublier : la France ne bref, pour lui, la République doit cesser de délais- directeur du FAS utilise lui-même ce raccourci diable d’homme voulait démontrer. Q sait plus quoi faire de ses immigrés. ser ces enjeux pourtant vitaux. Il en résulte un plai- révélateur. Avec férocité enfin, il démonte le méca- De Pasqua en Debré et de Joxe en Che- doyer vigoureux et, sur l’essentiel, convaincant, en nisme pervers par lequel l’Etat délègue aux associa- (1) James Harrington, auteur anglais du XVIIe siècle, dans les premiers prélimi- vènement, le pays n’a cessé de s’étriper sur des ali- faveur de l’invention d’une politique d’intégration. tions l’essentiel de la politique d’intégration tout naires de son Oceana. néas de lois censés réglementer les flux d’entrées Pour construire une vision claire de cette « Fran- en les maintenant dans un état de soumission tota- d’étrangers, pour mieux oublier le défi primordial ce forte de ses immigrés », il faut d’abord sortir des le par le biais du chantage aux subventions. que constitue l’intégration harmonieuse des étran- faux semblants en vigueur. Le technocrate à mes- Fait rare dans un pamplet, le chapitre des solu- gers présents. Il serait temps de sortir de ce piège sage humain manie à merveille le sarcasme pour tions n’est nullement bâclé. Certes, le grand com- Passage en revue avant que ne devienne irrémédiablement infran- renvoyer dos à dos discours « souverainistes » et mis de l’Etat y reconstruit d’abord un organigram- « CAHIERS INTERNATIONAUX DE SOCIOLOGIE » chissable le fossé entre les Français qui se croient bonne conscience antiraciste, délire sur la violence me de l’administration idéale de l’intégration, coif- Qu’en est-il du projet sociologique confronté aux défis de la globalisa- « de souche » et ces « autres », nationaux ou non, génétique des étrangers et prêches sur les mer- fé d’un ministère digne de ce nom, seule manière, tion ? Sous l’interrogation « sociologies inactuelles, sociologies actuelles ? », qui ne trouvent pas leur place dans notre Républi- veilles du droit à la différence. Après des années selon lui, de sortir du n’importe quoi actuel. Il les Cahiers internationaux de sociologie proposent un véritable état des lieux que égalitaire. de tergiversations sur l’introuvable contenu de cet- constate que la remarquable machine française à d’une discipline en crise. A moins que ce diagnostic du déclin, estime Michel Ces derniers « indésirables », Thierry Tuot a te « intégration », Thierry Tuot assure simplement intégrer ne demande qu’une volonté bien trem- Wieviorka, ne soit justement inséparable d’une vision qui tend à réduire la appris à les connaître de près, durant les trois ans qu’il s’agit, « non de nier ou d’effacer l’origine mais pée, un discours clair et surtout des actes, pour globalisation aux fameux affrontements de l’universel et de la différence. qu’il a passés entre 1997 et 1999 à la direction du de faire en sorte qu’elle cesse d’être source de diffé- repartir. Mais il n’oublie pas non plus d’esquisser C’est là ne pas voir que pour la plupart des habitants de la planète le McDo- Fonds d’action sociale (FAS), l’établissement rences sociales ». Rappelant que l’intégration n’est des orientations concrètes en matière de religion, nald’s et le djihad, loin de s’opposer, correspondent aux deux faces d’une public qui distribue les subventions de l’Etat aux pas seulement l’affaire des immigrés mais aussi de d’emploi ou de logement. Mettre en place une même expérience vécue. D’où la question – centrale – de savoir comment associations œuvrant dans ce domaine. Pour crier la société d’accueil, il souligne le poids persistant politique systématique d’accueil, implanter des réoutiller la sociologie afin qu’elle soit en mesure de penser ces deux ver- plus librement ce qu’il a sur le cœur, ce haut fonc- du « fatras » post-colonial dans nos représenta- réflexes antidiscriminations dans toutes les admi- sions de notre présent. Contre les approches déterministes, la seule voie pro- tionnaire a cru bon de se retrancher derrière un tions des nouveaux venus. nistrations, clarifier les relations entre Etat et asso- metteuse serait donc de « partir du bas, de la personne singulière ». En un pseudonyme. Son propos, vif et roboratif, ne Mais sa dénonciation n’est jamais plus percutan- ciations, etc. La tâche ne manque pas. mot, du sujet. Une notion qui renvoie à la capacité de chacun à s’engager de prend pourtant toute sa valeur que lorsqu’on sait te, car très informée, que lorsqu’il analyse l’indigen- Un tel enthousiasme dans un domaine générale- manière constructive, mais aussi à se dresser simultanément contre la domi- « d’où » parle l’auteur. ce non seulement intellectuelle mais matérielle de ment méprisé par les hauts fonctionnaires ne pou- nation de la raison instrumentale et contre la subordination à la communau- Enarque, maître des requêtes au Conseil d’Etat, l’Etat en la matière. Crédits dérisoires, administra- vait qu’être encouragé : Thierry Tuot, directeur du té. L’enjeu majeur, pour la sociologie, consisterait à réfléchir à ce que pour- Thierry Tuot, alias Jean Faber, a honte. Honte des tion squelettique et éparpillée, décentralisation FAS a été remercié assez brutalement par sa minis- raient être des « politiques du sujet », que ce soit dans la pratique individuel- petites annonces d’emploi racistes, des quartiers- non assumée… le long inventaire des abandons tre de tutelle, Martine Aubry, en septembre 1999. le, les institutions, l’action collective (vol. CVIII, PUF, 213 p., 180 F [27,44 ¤]). ghettos, des écoles incapables de communiquer s’explique notamment par l’absence de poids élec- Depuis lors, il dirige la commission chargée de A. L.-L. avec les parents, surtout s’ils sont immigrés, des toral d’une population qui ne s’exprime qu’à tra- réguler le marché de l’électricité… musique LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / IX b L’amour Les folies Offenbach Bach en majesté et la vie Cet automne, le compositeur d’« Orphée aux enfers » est partout. Un musicologue et un sociologue étudient d’une femme Grâce à Jean-Claude Yon, il rafle même la mise dans l’édition. Le brigand ! la naissance en France du culte du Kantor cache une autre grandeur. Un style UNA VOCE POCO FA JACQUES OFFENBACH LA GRANDEUR DE BACH impeccable sert cette étude vivante Un chant de Maria Malibran de Jean-Claude Yon. l’amour de la musique – quoique le sens brillant de la for- de Sandrine Willems. Gallimard, 816 p., 195 F en france au XIXe siècle mule succombe parfois à sa propre Autrement, « Littératures », (29,73 ¤). de Joël-Marie Fauquet séduction. Les auteurs restent en 84 p., 59 F (8,99 ¤). et Antoine Hennion. marge de l’obsession d’un Bach rossant un de ces portraits Fayard, 246 p., 120 F (18,29 ¤). « original », toujours plus pur, ou onjurer l’oubli. Ou plutôt enlevés qui firent son suc- pire encore, d’une désacralisation empêcher le souvenir de cès médiatique, Alain n peut célébrer la grâce de mauvais goût sur fond d’anniver- recouvrir le réel, la légen- B Decaux octroya à Offen- de Mozart, le génie saire (1). L’ouvrage glisserait plutôt C de de dénaturer le vécu. bach le titre irréfutable de « roi du héroïque de Beethoven, vers un hommage vibrant dans les C’est sans doute le seul élan qui Second Empire ». C’est là le drame de O mais quelle figure autre dernières pages, au risque même pousse Maria Malibran à lancer la mémoire d’un musicien exception- que Bach mêle dans les esprits tant de diverger de l’esprit de Bach qu’il d’outre-tombe cette ultime aria à nel, si volontiers cantonné dans un d’absolu, de perfection, tant d’im- admire, en assimilant le goût pour l’enfant qu’elle portait et qui dispa- statut d’organisateur de la fête impé- pact sur tout fond et toute forme la musique au goût pour Bach. rut avec elle, victime tombée en riale qu’on en oublie que Nietzsche, musicaux ? Aucune. A tel point que plein galop comme au chant d’hon- défendant l’homme qui « représente la grandeur de Bach devient un « PERFECTION » neur. Erigée en mythe par sa tragi- une vraie délivrance par rapport à la axiome, une totalité abstraite, pour « Dans la nouvelle configuration que et précoce disparition, la figure sensiblerie des musiciens au fond ne pas dire un lieu commun. De du goût comme quête toujours relan- de la chanteuse virtuose, qui servit “dégénérés” du romantisme alle- l’imagerie populaire à la plume des cée de la perfection, Bach vient avec un art inimitable Rossini, Doni- mand », affirmait qu’il offrait mieux plus grands musiciens, le phénomè- témoigner de la possibilité même zetti, Bellini surtout, a de fait inspiré qu’un antidote : « Offenbach, musique ne est universel : aucun « Bach, qu’il y ait quelque chose au bout du poètes et dramaturges depuis Mus- française d’un esprit voltairien, libre, hélas ! » ; personne, pas même Ber- chemin : il est cet infini que nul ne set, admirateur inconsolé dont la pétulante, avec un rien de ricanement lioz, ne remet vraiment en ques- peut atteindre. Grâce à lui, l’impossi- déploration funèbre touche encore sardonique, mais claire, spirituelle jus- tion cette grandeur. ble existe, il y a une musique réelle et comme une brûlure secrète. qu’à la banalité (il ne farde point) et De dithyrambes en procès de parfaite à la fois. (…) Dans cette con- Aussi le court texte de Sandrine sans mignardise d’une sensibilité morbi- canonisation, une telle célébration figuration, et d’autant plus sereine- BNF/PARIS Willems, comédienne qui le donne- de ou blondement viennoise. » Dessin représentant Offenbach en « Une » de « La Fronde » (1874) a fait de son objet un curieux ment que lui-même ne peut être ra en scène prochainement, s’inscrit- En 1980 – centenaire oblige – sphinx familier, proie de tous les soupçonné de l’avoir visée délibéré- il dans une prestigieuse lignée qu’el- Wolf Rosenberg dénonça la vogue par une confiance inentamable en qu’on exhibe. Le vrai retour en grâce efforts d’adaptation, pour le ment, au profit de sa propre gloire le prolonge en optant pour une des « modernisations » et autres amé- son talent. sera posthume avec le triomphe des meilleur et pour le pire. Le musico- (oui, oui, Beethoven, on ne peut pas héroïsation doloriste de la jeune nagements opérés sur une œuvre On savait l’homme virtuose, admis Contes d’Hoffmann. logue Joël-Marie Fauquet et le en dire autant de tout le monde !), la femme trop tôt disparue. Dressée finalement trop mal perçue pour au Conservatoire de Paris, pourtant En historien enthousiaste, Yon a sociologue Antoine Hennion obser- grandeur éternelle de sa carrière par un père tyrannique, voire abu- qu’on la respecte : « Offenbach ne fermé aux étrangers par un Cherubini tout repris, lu et mis en perspective vent et défont pieusement les plâ- artistique future peut inlassable- sif, chanteur d’exception qui créa Le peut avoir du succès que s’il est joué lui, atrabilaire et oublieux de ses propres aussi. Grâce à un colossal travail sur tres de ce culte en France au XIXe ment, selon une figure directement Barbier de Séville, la petite Maria se et non ses adaptateurs ; et ses pièces origines. Violoncelliste émérite, il s’im- l’archive, dépouillant correspondan- siècle. Le résultat est passionnant empruntée à la vie des saints, être dépeint ingrate, peu douée, Cen- sont encore toujours plus modernes que pose patiemment comme composi- ces, programmes et revues musica- et vaste : si l’idée d’un Bach oublié opposée à la modestie de sa vie drillon soulagée de retrouver les tout ce qui a été conçu en vue d’une pré- teur mais peine à obtenir que ses piè- les, pour mieux cerner un homme puis redécouvert au XIXe est fausse, réelle. » dures tâches ménagères après le sup- tendue actualisation. » Et de consta- ces entrent au répertoire des trop singulier jusque dans son apparence une grande part de la formation de Et si après tout Bach, héros mal- plice de l’apprentissage du chant. ter : « Sans aucun doute, Offenbach rares théâtres autorisés à program- – Nadar l’estimait né du croisement notre goût musical actuel s’est bien gré lui, méritait en effet une hagio- Mais la chrysalide se déchire reste à découvrir. » mer vaudevilles et opéras comiques. « d’un coq et d’une sauterelle », avant écrite à cette époque, sous l’immen- graphie ? « Perfection » est le mot- cependant et la lente quête de per- Aujourd’hui, grâce à Jean-Claude Le succès spectaculaire des Bouffes- que les Goncourt ne le croquent en se influence du géant. clé des commentaires, mais celui fection offre bientôt la seule revan- Yon, la question n’est plus de mise. Parisiens, ouverts l’année même « squelette à pince-nez ». Cela nous Mais il ne suffit pas de crier au de Bach est « Soli Deo Gloria ». S’il che possible à l’humiliation accep- Cet historien qui consacra sa thèse à (1855) de l’Exposition universelle, vaut un portrait subtil et attachant, génie. Un mérite de cette archéolo- est conscient de sa valeur, c’est en tée et la haine amoureuse qui la lie à Scribe, homme de théâtre et fameux près du site choisi pour la manifesta- qui éclaire d’un jour presque sans gie est de faire apparaître la réalité prétendant servir et porter l’Es- son père. « Quand il chantait Don librettiste du XIXe siècle, avait naguère tion, a établi le sens aigu de la publici- ombres les épisodes les moins con- d’un homme admirable. « La gran- prit, sans illusion ni gloire. S’il tou- Juan, il disait être le châtiment des assuré le commissariat de la première té et l’intelligence de l’entrepreneur nus d’une vie trépidante. En rupture deur de Bach est celle du génie qui che à une perfection, c’est à celle femmes. Eh bien moi, je serai le châti- exposition française consacrée à de spectacles. L’éblouissante succes- avec le monde germanique, en déli- demeure “naturel” dans ses plus de servir au mieux ce qu’il estime ment des hommes. Je ferais tout pour Offenbach (Musée d’Orsay, 1996). sion de bouffonneries, chinoiseries, catesse avec ses coreligionnaires, le grandes conceptions », disait Fétis. être la Perfection. En cela, Bach les séduire, puis je me refuserais. Ils Aussi était-il le biographe idéal d’un revues et opéras bouffes qui y juif colonais veut réussir son intégra- C’est bien là un aspect essentiel : offre l’exemple magnifique qu’il m’aimeraient à la folie, et je les mépri- personnage pittoresque jusqu’à la enflamme le public lui ouvre d’autres tion. Protégé par la nièce du fonda- malgré la science étourdissante et ne sert à l’homme que de viser serais. La foi soulève les montagnes, caricature, connu et méconnu de fait. salles : Palais-Royal, Variétés, Opéra- teur du Journal des débats, le fameux la puissance inouïe de sa musique pour atteindre. dit-on. La rage aussi. » Devenue un Il livre aujourd’hui une somme Comique, jusqu’aux salons du corps Bertin dont Ingres fit l’incarnation comme métalangage, la plupart Robert van Kampen « demi-dieu au corps de femme » qui qu’on ne craindra pas de tenir pour législatif. Juste rançon du génie comi- de la monarchie de Juillet, il met en des œuvres de Bach étaient notées entre « sur scène comme sur un « définitive ». Un pavé par sa force à que, de la verve parodique, de la musique La Fontaine, le plus limpide pour être jouées le lendemain. (1) Comme l’illustre le médiocre Bach, autel, sans plus savoir si [elle] étai [t] remuer violemment les quiètes certi- science du pastiche maîtrisé qui per- et le plus vendu des poètes français, L’homme Bach ne visait pas la gloi- une vie, de Davitt Moroney (Actes animal sacrifié ou divinité vers qui tudes ; une Bible, tant l’apparat criti- met à Offenbach de « faire de l’Offen- s’appuie sur la sympathie du public re, la grandeur qu’on lui prête Sud). montait l’encens », la Malibran que (notes, sources et bibliographie, bach » même en évoquant Rossini, pour tenter de fléchir des institu- échappe à la commune humanité, annexes et double index) est aussi Weber ou Verdi. Sans compter la tions frileuses (avec des fortunes préfère la couronne de lumière d’un copieux qu’exemplaire. part, capitale, qui revient aux librettis- diverses). Le jeune musicien est un livraison opéra composé pour elle à un Pourtant, que ceux qui redoutent tes Crémieux, Halévy, puis Meilhac, lutteur infatigable autant qu’un vir- anneau nuptial, pleure son ami Belli- également la fièvre iconoclaste et la comme aux chanteurs, la diva Hor- tuose exceptionnel – une revue de b ÉTIENNE MOULINIÉ 1599-1676, de Jean-Louis H. Bonnet ni d’un chant où elle n’est « qu’eau terrifiante perspective de l’exhaustivi- tense Schneider, souveraine « gran- 1843 ne le voit-elle pas en « Liszt du et Bérengère Lalanne amère, ne demandant qu’ à se répan- té se rassurent ! Sur près de 670 de-duchesse de Gerolstein », éclip- violoncelle », le comparant, ce qui a Cinq festivals de musique ancienne en Languedoc-Roussillon ont dre et s’écouler ». Chantre des pages, Jean-Claude Yon accomplit la sant tous ses partenaires. dû le combler, à un personnage des décidé d’unir leurs efforts pour promouvoir un répertoire que le amours qui n’ont pas eu leur chan- prouesse de ne jamais lasser, sans La satire des Brigands (1869), dont Contes fantastiques d’Hoffmann ? patrimoine architectural de la région sert avec autant de bonheur ce, la diva récuse le froid du marbre quitter son sujet ni le restreindre à la morale crûment réaliste comman- Personnage de roman et musicien que de diversité. Pour prolonger cette initiative naît une collection pour le bruit des fontaines et la for- une destinée personnelle, quand c’est de de « voler selon le rang qu’on occu- d’une exceptionnelle facilité, capa- confiée à Jacques Merlet et destinée à célébrer les musiciens du ce de l’arbre, autres berceaux du toute la société du spectacle et ses pe dans la société », n’a pas exonéré le ble d’assurer sa propre promotion lieu. Premier hôte, Etienne Moulinié, attaché à la Maison d’Or- chant. effets d’images, propagande ambi- musicien de ses succès sous l’Empire. sans jamais céder à la vulgarité, léans au temps des premiers Bourbons. Si le choix apporté à la Certes cette vision de Malibran guë, que révèle le parcours du petit Tenu dans une France vaincue et vio- Offenbach mérite mieux qu’une maquette et la qualité de l’illustration séduisent, le recours aux doit moins à la Rosine d’Una voce Jacob, fils d’un chantre de la synago- lemment germanophobe pour un réputation de légèreté facile. Jean- archives locales, capital, n’aboutit pas à la synthèse espérée, faute poco fa qu’aux confessions secrètes gue de Cologne, devenu la figure Prussien trop fraîchement naturalisé Claude Yon l’a compris, impresario d’une perspective historique réellement maîtrisée. Amalgames et mises en musique par Schumann. emblématique d’un art résolument (1860), Offenbach n’est plus en inspiré de l’alchimiste qui mit au séquences mal articulés pénalisent ce premier opus, dont le sujet Un prélude heureux aux rendez- « français ». Un paradoxe parmi vogue. Aussi accepte-t-il une tournée point un élixir de bonheur dont la fra- n’a guère suscité de monographies, mais gageons que les suivants, vous lyriques. d’autres tant ce diable d’homme américaine qui lui vaut les railleries de grance persiste encore. sans doute aussi nécessaires, corrigeront ces défauts de jeunesse Ph.-J.C. déjoue toutes les conventions, porté ceux qui l’épinglent en attraction Philippe-Jean Catinchi (Presses du Languedoc 112 p., 100 F [15,30¤]). Ph.-J. C. X / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 histoire b

livraisons Magie nocturne, entre noir et blanc b LA PAROLE ET LA PRIÈRE AU MOYEN ÂGE, de Patrick Henriet A partir d’un corpus de sources hagiographiques monastiques des e e e XI -XII siècles, Patrick Henriet conduit une étude aussi savante Au XIX siècle, Paris devient la Ville Lumière. Débridée, sulfureuse, fantasmatique aussi, la nuit que passionnante de la parole médiévale – la notion de « verbe efficace » est alors essentielle – articulant histoire sociale et a séduit d’emblée le littérateur. Avec l’étude exemplaire de Simone Delattre, elle intéresse enfin l’historien réflexion sur le langage. Après l’analyse de la prière, de ses évolu- tions avec les courants réformateurs, vient celle des prédications moi : à chacun sa nuit. Largement autour du plaisir ont, au contraire gigantesques phares capables de tra- internes aux monastères au début du XIe siècle. Elles s’adressent LES DOUZE HEURES NOIRES minoritaire, cette société multiple des précédents, une image plus posi- quer les moindres recoins de cette de plus en plus aux laïcs, notamment avec les « discours d’ermi- La nuit à Paris au XIXe siècle reproduit à sa manière les deux activi- tive. Pendant longtemps, l’oisiveté géographie inquiétante. tes », paroles « horizontales » car soucieuses de communication de Simone Delattre. tés fondatrices de la cité : le travail et des noctambules s’apparentera au Certes, il est des lieux où domi- avec le monde, qui relèguent au second plan les prières. Une troi- Préface d’Alain Corbin. le loisir déclinés sur le mode obscur. rêve et à la jouissance enviés avant nent les lampions puisque s’y joue sième partie détaille les « prières et paroles de la mort », des abbés Albin Michel, « L’Evolution C’est ici l’occasion pour Simone de connaître une lente dépréciation la fête : le Palais-Royal, relayé après de Cluny comme des ermites ; dans ces textes hagiographiques, de l’humanité », 688 p., Delattre de déployer ses talents d’his- et d’incarner la figure de l’inassouvi 1830 par les boulevards (de la Made- qui participent de la construction d’idéologies monastiques, le 160 F (24,39 ¤). torienne à travers une galerie de por- et du suicidaire nervalien. leine à la Bastille), les Tuileries, les « verbe efficace » n’est pas discuté : « La force de la prière, l’utilité traits et de métiers souvent indispen- Car les rythmes de la nuit ne sont Halles enfin, où se croisent avant de la prédication ou encore l’efficience des sacrements, vont de soi » h ! qu’un historien pro- sables à la vie du Paris… diurne. Grâ- jamais fixés définitivement. Entre l’aube gens du plaisir mondain et (De Boeck Université, 480 p., 570F [86,90¤]). N. O. digieux – mais serait-il ce aux vidangeurs, aux balayeurs et l’hiver et l’été, la pleine lune et le fai- danseurs des bals-polka (ah ! le bal b LA MÊLÉE DES PACIFISTES. La grande dérive, encore historien ? – s’engage aux maraîchers, aux hommes de ble croissant se modifient la durée et Mabille !). Ces traces illuminées ne de Jean-Pierre Biondi A demain à restituer une his- patrouille et aux chiffonniers, la nuit l’épaisseur des ombres. Subsistent sauraient cependant effacer les Fils de l’un des 80 parlementaires qui votèrent, le 10 juillet 1940, toire de la nuit qui puisse nous appro- permet au matin d’être supportable. pourtant quelques solides certitu- innombrables parcours risqués. Les contre l’octroi des pleins pouvoirs à Philippe Pétain, Jean-Pierre cher de ces clairs mystères dont se Ce temps obligé pour les uns devient des. C’est toujours entre minuit et barrières de la périphérie, la Seine, Biondi s’interroge sur un des phénomènes essentiels de la période détourne une pédante histoire », écri- un temps apprivoisé pour d’autres, deux heures que les agressions sont les carrières des Buttes-Chaumont 1914-1945, le pacifisme. Son livre se veut « le constat des déchire- vait, provocateur, Roger Dadoun, il ceux qui, terrés le jour, sortent de les plus fréquentes et que le carnaval procurent aux malfaisants de bien ments nés entre les défenseurs d’une idée qui aurait dû rassembler y a une quinzaine d’années. Simone sinistres planques. Mais c’est quand ceux-ci ». Tout à la fois enquête et ouvrage d’humeur, il esquisse Delattre n’est pas la seule à avoir Extrait même la rue qui constitue toujours nombre de trajectoires, cite de larges extraits de textes utiles et relevé le défi, mais elle est probable- Vers 1840, se serait ainsi formée à Paris, autour d’un certain Dr Gourdy, le véritable théâtre de la peur, de éclairants. L’ambition de l’auteur n’est pas d’étudier exhaustive- ment la première à l’avoir fait de si « une académie savante et conteuse de noctambulisme », soucieuse d’étu- l’agression et de l’érotisme pari- ment un sujet dont il montre les multiples facettes. Il n’est pas complète, si brillante et si élégante dier la « physiologie de l’existence de nuit à Paris » (...). Il s’agit donc de res- siens, et c’est elle qu’il faut contrain- besoin de partager toutes les analyses qu’il propose pour reconnaî- manière. Sa lourde enquête sociale serrer sur lui-même le cercle des citadins aptes à vivre l’aventure nocturne. dre. tre leur intérêt. Une étude stimulante qui en appelle d’autres se lit d’abord comme l’inventaire foi- Il y va, selon Alfred Delvau, de la nature profonde des êtres : dans la hiérar- Cette perception nocturne doit (éd. Maisonneuve et Larose, 240 p., 140 F [21,30 ¤]). L. Do sonnant et éclaté d’autonomies noc- chie des êtres de la nuit, les noctambules se placent au-dessus des simples pourtant beaucoup aux feuilletons, b LES HÉROS DE L’AN MIL, de Jean-Pierre Langellier turnes revendiquées à travers des viveurs ou « fêtards », en ce que ces derniers anesthésient leur disponibili- aux journaux, à quelque sordide Le goût des commémorations a rendu une vigueur éphémère à la usages, des fractures, des combats et té sensorielle par l’excès plus qu’ils ne la cultivent ; ils ne sont que des « noc- fait divers auxquels le premier mémoire de l’an mil, fantasme terrifique de l’âge baroque, adopté des imaginaires. Avant toute autre turnes créés pour être de simples diurnes, comme les bons bourgeois leurs XIXe siècle – largement privilégié sans mesure par les Romantiques. En choisissant douze figures de s’impose l’autonomie temporelle pères » et « vivent sans avoir conscience de leur vie, sans jouissances vraies et ici – porte une attention morbide et lettrés et de puissants qui connurent ce cap rétrospectif (même puisque tout bascule avec la nuit. sans douleurs réelles, comme les éponges et les méduses. Ce sont les orties de lui attribue des caractéristiques que l’Occident ne mesurait pas alors ordinairement le temps à partir Une majeure partie de la société l’océan parisien ». la nuit ne possède pas toujours. de l’Incarnation), Jean-Pierre Langellier revisite l’état réel du mon- s’efface derrière la porte de sa Les « Noctambules », citoyens libres et sensibles (pp. 192-193). Sait-on alors que plus du tiers des de au tournant du premier millénaire chrétien. De Raoul Glaber, demeure et se réfugie dans le som- victimes d’agressions nocturnes dont les Histoires fondèrent la légende, à l’exquise Murasaki Shiki- meil tandis qu’au-dehors s’installe la nuit pour aimer, pour se divertir, bat son plein. Pour autant, le travail sont des ouvriers ? C’est d’ailleurs bu, dont Le Dit du Genji est le chef-d’œuvre littéraire du temps, présence envahissante du silence, pour voler sans que les « braves souligne très fortement les scan- un autre grand intérêt de ce livre douze étapes qui proposent avec un didactisme sûr un regard où tout cri, tout écho de pas mettent gens » à l’abri fassent toujours la dif- sions du combat séculaire que le que d’avoir su décrypter la force empathique sur une ère mal connue. Pour retrouver un des feuille- les sens en alerte. La nuit, c’est enco- férence entre racolage, errance et jour livre à la nuit. d’une littérature qui codifie vérita- tons d’été du Monde (Seuil, 192 p., 98 F [14,94 ¤]). Ph.-J. C. re le moment vécu qui semble s’abs- attaques à main armée. Mais la socié- C’est autour des années blement la sensibilité à la nuit, qui b PÉGUY CONTRE PÉTAIN. L’appel du 17 juin, de Jean Bastaire traire du passé et de l’avenir pour pri- té de l’ombre s’ouvre à d’autres com- 1840-1860 que s’opèrent les grands élabore une sorte de légende terri- Dans la nuit du 17 juin 1940, à Brive, Edmond Michelet glissait vilégier une parenthèse inédite entre posantes généreusement évoquées basculements au nom de la ratio- fiante de la vie parisienne, sulfureu- dans quelques boîtes aux lettres un tract reproduisant, sans com- deux jours répétitifs. dans Les Mystères de Paris, Les Miséra- nalité édilitaire et de la sécurité se, risquée, débridée. Ces fantas- mentaire, des citations de Péguy empruntées à L’Argent suite, dont C’est aussi la nuit qui, au XIXe siè- bles ou Les Trappeurs parisiens.La attendue. Le quadrillage policier mes si attirants l’emporteront tou- celle-ci : « Celui qui ne rend pas une place peut être tant républicain cle, valorise l’autonomie parisienne femme ne retrouve-t-elle pas sa figu- s’intensifie (un agent pour 360 habi- jours sur la normalisation progressi- qu’il voudra et tant laïque qu’il voudra. J’accorde même qu’il soit face à des cités provinciales encore re maligne et perverse dans la nuit ? tants en 1854), la répression aussi ve et réelle de ces douze heures noi- libre-penseur. Il n’en sera pas moins petit cousin de Jeanne d’Arc, et engoncées dans un autre siècle noc- Active, elle ne peut être que prosti- (2 000 arrestations en 1816, 10 000 res qui, avec la IIIe République, sem- celui qui rend une place ne sera jamais qu’un salaud, quand bien turne, elle qui construit une dimen- tuée ou compagne sauvage des mal- en 1850), on met en place des blent se plier définitivement aux exi- même il serait marguillier de sa paroisse. » Fort de cet emprunt par sion mythologique pour la Ville. A frats. Les ouvriers ne saisissent-ils patrouilles cyclistes après 1890 et, gences du jour. La nuit de Simone un résistant alors anonyme, plus tard déporté à Dachau, ministre coups de terreurs, de rumeurs inquié- pas l’occasion pour dévoiler leurs tur- vers 1914, les kiosques avertisseurs Delattre nous découvre ainsi les fils du général de Gaulle enfin en 1945, Jean Bastaire entend pourfen- tantes (comme la vague des années pitudes ? Les pauvres, un tiers de la font leur apparition. Mais (se) rassu- si bien entrecroisés de l’érudition et dre l’injuste assimilation de Péguy à Pétain. A son origine, l’opéra- 1836-1845) et de plaisirs, elle transfi- population en 1840, n’en profitent- rer, c’est avant tout faire la lumière. du questionnement, de la littéra- tion de récupération bien-pensante qui avait échoué du vivant de gure alors Paris. La nuit enfin encou- ils pas pour se fondre dans ces ban- Le bourgeois voit dans le gaz la bien- ture et de l’histoire, et juste ce qu’il Péguy et que la défaite de 1940 permit d’accomplir. Célébré à la rage ici l’autonomie sociale pour des des qui écument le Paris coupe-gor- veillante invention qui disperse des convient de frémissement et d’at- Libération, oublié à partir des années 1950, Péguy doit acteurs qui font du territoire noc- ge, des escarpes de la monarchie de ténèbres désacralisées et les uto- tente pour ne pas voir poindre aujourd’hui être « apprécié en fonction de ce qu’il est et non de ce turne un prolongement de l’espace Juillet aux apaches d’avant-guerre ? pistes pensent pouvoir dissiper à l’aube. qu’on en a fait. » Un plaidoyer chaleureux, vibrant et solidement privé et un lieu d’affirmation du Ceux qui construisent leur nuit jamais les obscurités grâce à de Alain Cabantous étayé (éd. Salvator, 198 p., 98 F [15 ¤]). L. Do Portrait d’une irrégulière D’un lire à l’autre A l’heure où les Etats-Unis choisissent leur nouveau président, retour Enquête sur un siècle de pratique où, si la suspicion n’épargne pas le lecteur, sur Eleanor Roosevelt, First Lady d’une hardiesse inégalée surveillé dans ses audaces, le texte se fait aussi machine plutôt que source d’émotion

silence : la longue errance amoureu- Lorena Hickok, qui l’aida à façonner toute autre cette absence de toute qui envisage le texte comme une LES PASSIONS se d’une femme qui accumula les sa popularité d’épouse vertueuse, et DISCOURS SUR LA LECTURE préoccupation esthétique et ludi- « machine » et non plus comme D’UNE PRÉSIDENTE « amitiés » dites suspectes comme la protection amoureuse qu’elle assu- 1880-2000 que, donc littéraire, dans la promo- une source d’émotions. Eleanor Roosevelt autant de défis à l’hypocrisie des re un peu plus tard à un jeune juif d’Anne-Marie Chartier tion de la lecture, celle de l’abbé Mais cette conscience de l’ina- de Beata de Robien. siens et d’affirmations de son autono- d’origine russe, membre d’une orga- et Jean Hébrard. Bethléem (1869-1940). daptation du système a-t-elle eu Perrin, 348 p., 139 F (21,19 ¤). mie. S’appuyant, entre autres sour- nisation communiste, Joseph Lash, Avec la collaboration En 1904, l’abbé publie Romans à une réelle influence ? C’est au ces, sur les archives du KGB et du vont alimenter autour d’elle rumeurs de Emmanuel Fraisse, lire et romans à proscrire, une moment où le discours rencontre usqu’à sa mort, en novem- FBI, cette biographie révèle dans tou- et suspicions. La vigilance d’Edgar Jean-Claude Pompougnac recension de plusieurs milliers de la réalité, avec le ministère Lang et bre 1962, Eleanor Roosevelt te son ampleur la mutation qu’une J. Hoover, le tout-puissant directeur et Martine Poulain, romans parus depuis 1800, avec le bouleversement des program- est restée la femme la plus femme consciente de sa laideur, soli- du FBI, se concentre sur la présiden- Fayard/BPI-Centre Pompidou, des appréciations critiques « stric- mes, l’entrée à l’école d’auteurs J admirée du peuple américain. taire et timide, sut opérer sur elle- te, dont ses agents ouvrent le cour- 762 p., 180 F (27,44 ¤). tement moralisantes ». C’est la autres que les « classiques » Le mythe qui s’est attaché à même pour survivre et s’imposer. rier, écoutent les conversations et première réalisation de ce qui notamment, que l’analyse s’inter- cette First Lady dépourvue d’attraits Nièce de président – Theodore mettent en fiches les moindres faits a dénonciation des « dan- pourrait être une bibliothèque de rompt. Au début des années 80, un physiques doit autant à ses engage- Roosevelt –, Eleanor épouse un et gestes. gers de lire » à la fin du la vertu, projet trop borgésien, tel rapport, Des illettrés en France, ments qu’à l’habileté avec laquelle jeune homme séduisant et plein Eleanor Roosevelt ne s’abandonne XIXe siècle et la déploration cet Essai de classification d’un commandé par Pierre Mauroy, elle édifia son image d’épouse exem- d’avenir, son cousin Franklin. La pas moins sans réserve à ces passions L contemporaine de « l’ab- point de vue moral des principaux alors premier ministre, fait sensa- plaire. Cependant aucune présidente dynastie est riche, puissante et pétrie qu’elle abrite au sein même de la Mai- sence de lire » sont deux discours romans et romanciers de 1500 à tion. La découverte de l’illettrisme ne s’est affranchie plus radicalement de convenances. Les drames s’y suc- son Blanche sous le regard tour à moins antinomiques qu’il n’y 1932 publié en 1933, pour n’être met un terme définitif aux débats du rôle qui lui était dévolu. Aucune céderont pourtant comme dans une tour incrédule et complice de son paraît. Selon Anne-Marie Chartier que religieusement correct, n’en ouverts depuis trente ans autour n’a mêlé vies privée et publique avec série de la Côte ouest. L’enfance mari. Chez Lorena Hickok, elle admi- et Jean Hébrard, ces deux discours déplaise à son principal promo- de « qu’est-ce que lire ? » pour s’in- une hardiesse aussi hasardeuse. d’Eleanor est brisée par la perte tragi- re la liberté d’être absolue, celle des traduisent une même peur, celle teur. terroger sur « comment lire ? », Le parti pris, affiché d’emblée par que de ses parents, sa vie de couple femmes qui « ne doivent qu’à elle- suscitée par une pratique culturel- des textes sur papier et/ou écran l’auteur, de traquer son héroïne jus- éprouvée par la mort d’un enfant et même d’avoir trouvé leur chemin dans le jamais suffisamment discipli- IMMOBILISME informatique, qui requièrent une que « dans sa chambre à coucher » l’attaque de poliomyélite qui laisse la vie ». C’est le subversif qui la fasci- née ; par un acteur jamais assez Ce discours sur la lecture, remar- capacité de lecture de plus en plus pouvait laisser présager le pire. Il faut son mari infirme. Mais c’est le cons- ne en Joseph Lash, qu’elle ira, bra- étroitement surveillé, le lecteur. quable par son unanimisme, l’est étendue. au contraire saluer ici une exigence tat irréparable de l’infidélité de celui- vant sarcasmes et insinuations, défen- Aux yeux de l’école, de l’Eglise, aussi par la stabilité des pratiques Evoquer la lecture en termes de trop rare chez la plupart des biogra- ci et l’échec définitif de leur union qui dre elle-même devant les commis- ou des bibliothèques publiques, le qu’il publicise. Si Anne-Marie discours n’épuise pas un sujet qui phes, celle de restituer l’histoire va faire de cette jeune femme puritai- sions d’enquête. lecteur est d’abord un suspect. Chartier et Jean Hébrard se refu- est avant tout une « pratique » : d’une destinée sans rien occulter de ne et conformiste, au moment même Fut-elle quelque peu manipulée L’intérêt pour les « mauvais sent à exagérer l’importance de la c’est la principale limite d’une son intimité. Beata de Robien met au de l’entrée de Franklin à la Maison sinon abusée par celui qui la conver- livres » manifesté par les ouailles ; coupure représentée par Mai 68 et approche qui, pour faire appel à jour, sans fracas ni fausse pudeur, ce Blanche, une irrégulière aussi avide tit au culte de Staline et pour qui elle l’inculture civique des élèves ; la son train de réformes, il n’en reste des données statistiques, à des qu’on avait jusqu’alors passé sous de changer le monde que de gouver- n’eut aucun secret ? Une telle conni- dévastation du patrimoine par pas moins que, du début du siècle sources littéraires ou picturales, ner sa propre vie. vence, en pleine guerre mondiale, l’usager, trois figures du lecteur aux années 70, rien ne bouge, ou ne parvient pas à incarner une figu- Cette quête éperdue d’indépendan- entre un cadre du mouvement com- qui se ressemblent étrangement, presque. re moderne du lecteur, de la lectri- ce et de liberté s’exprimera dans une muniste international et l’épouse et ce malgré les orientations idéo- L’exercice majeur de la « politi- ce serait plus juste. Reconnaître solidarité sans limites avec les exclus éblouie du président des Etats-Unis logiques, les présupposés politi- que de la lecture », l’explication de « l’absence de point de vue compa- et les marginaux. Première présiden- ne pouvait aller sans conséquences. ques des discours émanant d’insti- texte, introduit par Gustave Lan- ratiste » laisse entière la question te à se préoccuper des réalités socia- Au début de 1943, Roosevelt ordon- tutions aussi opposées que l’Eglise son, et définitivement validé par de la singularité nationale, des dis- les, Eleanor Roosevelt se bat contre la nera d’étouffer une « délicate » affai- et l’Ecole aux débuts de la IIIe l’institution scolaire en 1925, fait cours comme des pratiques de lec- misère, l’injustice et la discrimination. re d’espionnage avant d’envoyer le République. l’objet de critiques isolées dans les ture, qui, avec Internet et la géné- Elle milite pour l’établissement de sergent Lash se battre dans le Pacifi- Ce constat, richement documen- années 50, certes. ralisation de la lecture visuelle, relations diplomatiques avec l’Union que… où son épouse se précipitera té, est lourd de sens. En France, le Mais la voie royale de promo- paraît pour le moins remise en soviétique, dont elle idéalise long- peu après sous prétexte de visiter les discours sur la lecture publique, ici tion d’une littérature nationale for- question. temps le modèle. Avec une énergie troupes. étudié sur la longue durée, de 1880 mée par de « grands écrivains » Cette histoire de Discours sur la aussi inépuisable qu’incontrôlable, Si décriée qu’elle ait été pour ses à 2000, a toujours privilégié la poli- morts et enterrés depuis un temps lecture, publiée pour la première elle intervient sur tous les sujets, s’in- foucades et ses imprudences, Elea- tique du lecteur au détriment académiquement respectable fois en 1989 par le Centre Pom- gère dans les affaires politiques, favo- nor Roosevelt n’en conservera pas d’une politique du livre. Laïcs et n’est pas vraiment remise en ques- pidou, actualisée et offerte à un rise la promotion de quelques-uns moins, après la mort du président, religieux confondus, tous sont par- tion. Certains enseignants sont nouveau public grâce à sa reprise des plus proches conseillers du prési- qu’elle accueille « les yeux secs », un tis en quête de « saines lectures », tout à fait conscients que, pour lire en édition courante, est somme dent, tel Harry Hopkins. Mais c’est rayonnement tel qu’elle sera appelée de « bonnes lectures », – mais de le nouveau roman et les écrivains toute très optimiste : on voudrait ailleurs qu’Eleanor Roosevelt affirme par Truman puis Kennedy à siéger bons livres ? ; tous ont encouragé qui gravitent autour de la revue tellement croire que, parce qu’elle et affiche le plus sa singularité. comme déléguée aux Nations unies. la lecture de livres instructifs liant Tel Quel, pour intégrer la linguisti- ne fait plus l’objet de débats, la La liaison qu’elle entretient des Une sorte de victoire, au bout du par là indissolublement l’apprentis- que, il convient d’inventer d’autres « crise de la lecture » est dé- années durant ouvertement avec compte. sage de la langue et la morale. techniques de lecture, une « nou- passée. une journaliste de l’Associated Press, Jean-Luc Barré Une entreprise dit mieux que velle lecture » en quelque sorte Anne Simonin photographie LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 / XI b Du grand reportage à la « une » Un tireur Abbas, Chris Steele-Perkins et Alain Keler, trois regards qui tentent, tout en nous informant, de donner un peu d’harmonie à notre planète malade d’élite La couverture du livre montre une VOYAGE EN CHRÉTIENTÉS femme voilée d’un « vieux bourka ». PIERRE GASSMANN Photos et textes d’Abbas. On imagine que ce chiffon cadenassé La photographie à l’épreuve Ed. de La Martinière, comme une porte de prison est plus de Hervé Le Goff. 173 photos, 328 p., 295 F un signe d’oppression que d’ouvertu- Ed. France Delory, 188 p., (44,97 ¤). re. Mais comment situer l’objet par 126 photos, 210 F (32,02 ¤). rapport aux traditions du pays ? C’est AFGHANISTAN toute l’ambiguïté de ce livre sans repè- ’est une belle idée que de Photos de Chris Steele-Perkins, res-textes et alors même que la plu- consacrer un livre à Pierre textes d’André Velter, Sayd part des photos ne traduisent pas le Gassmann, considéré com- Bahodine Majrouh (traduits de climat épouvantable dit par Velter. C me le plus grand tireur de l’afghan par les éd. Phébus) L’exercice d’Alain Keler est encore photographies des années 30 à 80, et Chris Steele-Perkins (traduits plus difficile, qui, avec Vents d’Est,a fondateur du laboratoire Pictorial de l’anglais par Abigail S. Lang), l’ambition de raconter le destin de Service. Un hommage de Cartier- éd. Marval, 79 photos, 128 p., populations minoritaires dans l’ex- Bresson, en préambule, dit l’am- 195 F (29,73 ¤). bloc de l’Est après l’effondrement du pleur du personnage : « Un grand communisme. Tchétchènes de Rus- entomologue qui a fixé et mis en VENTS D’EST sie, Arméniens du Haut-Karabakh, valeur ce que nous, photographes, Photos d’Alain Keler. Albanais du Kosovo, Tatars de Cri- avons saisi dans nos filets à Texte de Véronique Soulé. mée, Juifs d’Ukraine, Albanais de papillons. » Marval, 150 photos, 224 p., 280 F Macédoine ou Grecs d’Albanie sont Hervé Le Goff donne la liste (42,69 ¤). classés en quatre saisons, en fonction impressionnante de ceux qui ont de « la gravité de la situation politico- confié leurs négatifs à ce « magicien oici trois livres qui perpé- sociale de ces minorités ». de la chambre noire ». Cartier-Bres- tuent la tradition du grand Véronique Soulé a prêté sa plume son, qui a beaucoup fait pour la reportage en noir et blanc pour éclairer le lecteur et les images, notoriété de Gassmann et de son V sur des sujets lourds, dans la sur lesquelles souffle un vent mau- laboratoire, ainsi que d’autres figu- lignée graphique de l’agence Mag- vais. Le va-et-vient entre ce long texte res de l’agence Magnum (Capa, Rod- ABBAS/MAGNUM num. Trois regards qui tentent de Au Cap (Afrique du Sud), un prêtre de l’église Zion bénit un nouveau baptisé et les photos, rehaussées de légendes ger, Seymour, Bischof, Haas, Erwitt, donner un peu d’harmonie à une pla- factuelles, ainsi qu’une carte, facilite Martine Franck, Koudelka, etc.) nète malade. Ces images destinées les racines d’un arbre où, « selon la brant une messe au Mali devient une l’on sache vraiment quel est le point l’exploration des lieux et du temps. mais encore, pour ne citer que de aux journaux – support utile, mais légende, fut trouvée l’icône de saint incongruité, à l’opposé de cet « allu- de vue d’Abbas sur ce qu’il montre. Alain Keler, photoreporter indépen- grands anciens, Brassaï, Man Ray, réducteur –, trouvent dans le livre le Nicolas » ; des pentecôtistes de l’Ala- mé » américain brandissant une pan- La religion est également au cœur dant et généreux, lauréat du prix Doisneau, Boubat, Ronis, Boucher, moyen de s’étendre, de rendre comp- bama se passent un serpent veni- carte laissant peu le choix (« Aime du drame afghan. André Velter, en Eugene Smith en 1997 pour ce travail, Boiffard, Gisèle Freund… te de cultures, pays et communautés meux durant le service dominical ; un Dieu, hais le péché ») et de ces huit introduction d’Afghanistan du photo- fait surgir l’émotion des regards Le Goff retrace le parcours de ce pour lesquels les informations sont Philippin est crucifié durant la proces- mille « croisés » de l’évangéliste Billy graphe britannique Chris Steele-Per- désemparés, dans leurs gestes quoti- fils de la « première femme radiolo- fragmentaires. Casse-tête commun : sion pascale ; en Afrique du Sud, une Graham, portant une inquiétante che- kins, explique comment le « jeu mon- diens comme lors d’événements qui gue en Allemagne », dont les images comment le photographe affirme-t-il église de Zion est le théâtre d’un exor- mise uniforme. dial des échanges » et « l’agression éco- ont fait la « une » des journaux. médicales fascineront celui qui fut son point de vue tout en informant le cisme alors que des fidèles de l’Eglise Il y a bien de la sagesse dans les nomique » ont transformé ce pays Mais un problème se pose : une d’abord photographe – ses images lecteur sur des terres étrangères et adventiste du septième jour asso- images d’Abbas, notamment chez les tenu par les talibans en « zone en lam- vision globale sur des gens définis par sont ici publiées – avant de sage- meurtries ? cient revolver et Bible… bénédictins de Fleury, en France. beaux, une litanie de massacres et de leur statut (« Hongroises sortant de la ment renoncer pour devenir un Membre de l’agence Magnum, On peut y perdre son latin et on Mais on sort étouffé de ce voyage ruines ». messe, Nitra, Slovaquie ») est problé- tireur d’élite. Pourquoi autant de Abbas publie Voyage en chrétientés, comprend pourquoi Abbas a ajouté dominé par l’intolérance, où le juge- Steele-Perkins, de l’agence Mag- matique quand une minorité appelle, noms sont-ils allés chez Gassmann ? après six ans d’enquêtes. Son livre est un « s » à chrétienté, religion aux mul- ment individuel semble nié par la num, montre un pays meurtri par par nature, la singularité et l’identifi- Comment définir son apport, au découpé en dix-huit reportages réali- tiples ramifications, Eglises de la plus croyance collective. Abbas rectifie le l’homme (guerres) et la nature (trem- cation. Deux cents pages sur la vie regard des photographes-tireurs du sés aux quatre coins du globe, de Jéru- ouverte à la plus extrémiste, de la tir avec son long journal, qui clôt blements de terre). Il décrit peu la d’un Kalmouk de Russie ne sont, il est passé – pas tous manchots –, et des salem à Lourdes, en passant par la plus recluse à la plus médiatique. l’ouvrage. Le photographe informe, guerre en direct – « ce n’est pas là que vrai, pas chose aisée à publier. Mais le tireurs d’aujourd’hui ? On cherche Russie, la Corée du Sud, Cuba ou le Sans oublier les coutumes locales, éclaire ce que nous voyons. Mais com- je prends de bonnes photos »–et danger, à vouloir créer une « famille les réponses dans ce livre honnête Mali, l’Ulster ou l’Egypte. L’œil est comme le rappelle un curé français me il brasse beaucoup de pays dans beaucoup ses effets sur la vie quoti- de l’homme minoritaire », est que, mais un peu mou, qui manque d’abord attiré par quelques photos au Mali : « La moitié de mon village est ce livre imposant, comme il s’aventu- dienne (soldats dans l’attente, victi- pour reprendre un argument célèbre d’une enquête fouillée, qui ne s’élè- spectaculaires : des Américains de catholique, l’autre est musulmane… Et re là où la religion est mêlée aux lut- mes, prisonniers, hôpitaux, enfants de Roland Barthes, une vision univer- ve pas du ton hagiographique, qui Jérusalem « habités par Dieu » por- tout le monde est fétichiste. » Dans cet tes nationalistes, comme en Irlande dans la rue), l’économie traditionnel- selle et cosmique, voire « biblique », se perd dans des données générales tent « sur la main des extraits du Livre ensemble où les marchands du Tem- du Nord ou chez les réfugiés serbes, le (marchés, récolte du pavot, mines surgit, qui finit par transformer ces tout en faisant l’impasse sur les saint afin de s’en inspirer à chaque ins- ple tiennent leur place, un missionnai- chaque cas s’en trouve survolé, rame- de lapis-lazuli), les femmes niées par malheureux en victimes du destin. enjeux du tirage photographique. tant » ; des Russes se faufilent sous re de l’ordre des Pères blancs célé- né à des stéréotypes formels sans que le fondamentalisme. Michel Guerrin M. G. Yan Morvan de la pratique à la théorie Cadrage juridique A l’enseignant, peu convaincant, qui propose un manuel sur le photojournalisme, André Bertrand aborde de façon minutieuse on préférera le reporter qui pendant vingt ans a suivi gangs, rockers, bikers et tribus tous les aspects du droit à l’image

et brouille les enjeux d’une profes- d’une époque où la protection PHOTOJOURNALISME sion à l’ère de la mondialisation des DROIT À LA VIE PRIVÉE des intérêts particuliers et de l’es- de Yan Morvan. images. Il prend de la distance par ET DROIT À L’IMAGE pace privé l’emporte parfois sur Ed. CFPJ, 274 p., 295 F (44,97 ¤). rapport aux photos publiées –«Le d’André Bertrand. la divulgation d’informations et photojournalisme ne triche pas, ne Préface de Xavier Linant de photographies qui concernent GANG trompe pas mais il ment » –, et à la de Bellefonds, l’intérêt collectif et l’espace privé. photos de Yan Morvan, fois il ne sort pas de la « cuisine inter- éd. Litec, 222 p., 199 F (30,34 ¤). Plus de cinq cents décisions de textes de Jean-Marc Barbieux. ne » d’un métier qu’il mythifie à tra- justice, depuis l’arrêt Rachel, en Ed. Marval, 184 p., 104 photos, vers quelques personnalités, qui ont ela fait quelques années 1858, condamnant la publication 250 F (38,11 ¤). droit à leur portrait en grand, et que les photographes de d’un portrait de la comédienne s’adresse à l’apprenti-photographe presse voient leur droit à sur son lit de mort, jusqu’à la déci- an Morvan est un photo- comme s’il voulait le modeler en pres- C l’information grande- sion Erignac, relative à la publica- graphe non dénué de brio, se-bouton docile et efficace. ment menacé par des décisions de tion d’une photo, en 1998, mon- cultivé, intelligent et un Ce collage d’entretiens et de textes justice concernant le droit à l’ima- trant le préfet de Corse gisant Y brin cynique. Révélé dans où plusieurs personnalités mention- ge. Personnalités célèbres, gens dans son sang à Ajaccio, sont les années 80 par ses reportages en nées ne sont pas qualifiées, comme anonymes, responsables d’un jar- exposées et commentées. Une tel- Irlande du Nord ou au Liban, il ajou- si elles étaient parfaitement connues, din ou d’un château, propriétaires le avalanche d’affaires est somme te à son arc une activité d’ensei- conforte l’impression générale : voilà d’un immeuble, d’un volcan ou toute logique dans un domaine gnant, notamment au Centre de for- un livre paresseux, plutôt atypique d’un bateau, architectes, artistes où la jurisprudence joue un rôle mation et de perfectionnement des dans la production du CFPJ. ayant mis en lumière un lieu prépondérant. Les grands princi- journalistes (CFPJ). Alliant « connais- On retrouve Morvan en tête d’affi- public, tout le monde brandit son pes du droit à l’image situés dans sance du terrain »et«pratique péda- che de Gang, un livre percutant dans droit à l’image, son droit d’auteur le contexte de la Convention euro- gogique », il publie, pour le compte lequel il publie ses vingt ans de pho- ou son droit de propriété pour péenne des droits de l’homme du CFPJ, Photojournalisme, un livre tos spécialisées, depuis les rockers demander réparation (financière) (qui protège le droit à l’informa- illustré qui se veut à la fois « manuel et bikers des années 70, baignant à la suite de la publication d’une tion), une typologie des photogra- technique, manuel théorique et dans la marginalité et la musique, image les concernant dans un phies concernées – jusqu’à l’ico- enquête ». jusqu’aux « tribus » plus radicales journal, un livre, sur une carte nographie animalière –, les types Levons une ambiguïté que la cou- et violentes des banlieues postale ou une affiche. de contrats, les aspects procédu- verture ne résout pas. Quasiment d’aujourd’hui. Outre la belle illustra- Les cas sont multiples, comple- raux et un comparatif avec des toutes les photos qui illustrent ce tion de la « fracture sociale » qui xes, tranchés par les juges, dans pays comme l’Allemagne, la Gran- « manuel » sont signées Morvan, ce s’est amplifiée avec la crise, Morvan un sens ou dans un autre, plus ou de-Bretagne et les Etats-Unis, YAN MORVAN qui est commode mais, au-delà de la Réfugiée kosovare, camp de Kükes (Albanie, 1999) nous en apprend bien plus sur son moins lourdement. Pour compren- donnent sa valeur à l’ouvrage, confirmation de l’ego généreux de métier qu’avec son manuel. dre et s’y retrouver dans un pro- dont les protagonistes célèbres l’auteur – ce dernier s’identifie-t-il au approximatives sur l’histoire et la phi- s’agissait de cartes perforées. Le som- Le photographe montre ses ima- blème lié autant sinon plus aux ont pour nom Pablo Picasso, Isa- photojournalisme, à moins que ce ne losophie du procédé, informations met est atteint avec la « méthodolo- ges et raconte son expérience, ses bouleversements de la société et belle Adjani, Eric Cantona, John- soit le contraire ? – est un peu réduc- distanciées et points de vue qui n’en- gie » labélisée par Morvan. Décou- histoires, alternant moments durs, des mentalités qu’à l’évolution de ny Hallyday ou Caroline de teur par rapport à l’ampleur d’un gagent que leur auteur. pant le sujet en « trois types de res- anecdotes et réflexions sur le la loi et de la jurisprudence – c’est Monaco. sujet riche en images qui auraient pu Dominent les données pratiques sources – les gens, les lieux, les métier. Il décrypte ses relations avec pour cela que le sujet est passion- M. G. accompagner la démonstration. pour préparer, construire et vendre actions », ce dernier a inventé une la presse, comment il jongle entre nant –, un livre s’avère indispensa- Il y a autant à lire qu’à voir dans un reportage, « éditer » un sujet à équation savante (au sens premier Libération, Paris-Match et le Figaro- ble. Avocat à la cour de Paris, ce livre. Plusieurs signatures ont mis partir de la planche contact, réaliser du terme) pour dégager le nombre Magazine, comment un reportage André Bertrand, avec son Droit à leur savoir au service d’un ouvrage un bon portrait, choisir un boîtier et d’images idéal d’un sujet. Aux repor- dramatisé par un journal – « Lou- la vie privée et droit à l’image,un signé du seul Morvan. Ce dernier une optique, comprendre la révolu- ters d’apprécier. bards, terreur pour le public » – lui titre qui met en opposition deux ouvre le livre avec un « portfolio » tion numérique, connaître le cadre On souhaite en tout cas que la con- apporte les pires ennuis de la part notions parfois difficiles à conci- personnel – bonne façon de prolon- juridique (statut professionnel, droit ception de l’enquête photographi- de modèles qui, par nature, ne sont lier, aborde tous les aspects de ce ger l’auto-promotion – puis définit d’auteur et droit à l’image). On se que selon Morvan ne s’apparente pas des anges. Morvan explique aus- droit à l’image. treize parties avec « l’idée d’infor- plongera dans deux passages savou- pas à celle du livre. L’investigation se si pourquoi, au début des années 80, C’est un livre qui s’apparente mer sur les transformations et séismes reux intitulés « Cadrage et composi- limite en effet à une série d’entre- il est passé de l’instantané en noir et aux manuels juridiques pour étu- virtuels qui secouent des pans entiers tion – les bases » et « Construire un tiens avec des professionnels (photo- blanc au portrait posé, à la chambre diants en droit, découpé en onze de la profession ». reportage photo ». Du Morvan tout graphes, responsables d’agences, de et en couleurs, flairant une évolu- chapitres relayés par un impres- Si l’approche est d’actualité, les tex- craché. Au-delà de nombreuses per- journaux ou d’institutions), sans dis- tion déterminante dans les magazi- sionnant appareil de notes. Mais tes sont un mélange de bric et de les du genre : « On ne coupe pas le tance, points de vue contradictoires nes. Bref Gang décrit, en textes et en tout est là, clairement exposé, broc entre théorie et pratique, expo- haut du visage (sauf parfois chez les ou analyses. D’où un paradoxe : les images, ce qu’on appelle un bon pro- avec la distance du juriste, mais sés hyper-pointus (avec formules plasticiens et les conceptuels) », convictions de Morvan sont parfois fessionnel. aussi avec la sensibilité du citoyen mathématiques) et généralités l’auteur classe les options comme s’il intéressantes mais ce dernier survole M. G. qui pointe du doigt les absurdités XII / LE MONDE / VENDREDI 3 NOVEMBRE 2000 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Les voyages d’Utopia Un Espagnol dans b Pierre Astier contre « la machi- ne à prix littéraires ». Le directeur Le Festival de science-fiction se pose à Nantes éditorial du Serpent à plumes la bibliothèque virtuelle demande dans une lettre au prési- et rend hommage à l’Espagne dent du Syndicat national de l’édi- tion, Serge Eyrolles, de nouvelles n passant du Futuroscope auteurs américains et de trouver que, devient fantastique pour bas- videmment, ce n’est déjà l’auteur ; de la documentation, y règles pour « moraliser et assainir le à la ville natale de Jules une voie qui lui soit propre. Écrire culer finalement dans la pure SF. plus une première mon- compris visuelle sur le XVIIe marché de la littérature ». Après son Verne, le festival Utopia, de la science-fiction en Espagne, Outre James Morrow, l’auteur diale, puisque l’Améri- sévillan et, enfin, un lieu de ren- point de vue publié dans Le Monde devenu le Festival interna- c’est aller contre une tradition bien voltairien de la trilogie divine de cain Stephen King, avec dez-vous « cybernétique » appelé du 27 septembre, il interpelle le pré- Etional de science-fiction, a gagné établie, qui malgré l’exception du Jéovah (chez J’ai lu et Au Diable Esa nouvelle « Ridding the Bullet », « La Taberna del Turco » (La sident du SNE : « Pourquoi des prati- une légitimité nouvelle grâce au Don Quichotte, veut que la littératu- Vauvert), Utopia accueillait deux et l’Argentin Ernesto Sabato, avec Taverne du Turc), du nom de l’en- ques d’un autre âge, qui aujourd’hui double « parrainage » de l’auteur re espagnole soit une littérature grands Américains. Frederick Pohl son essai La Resistencia, l’ont pré- droit où le capitaine Alatriste don- s’apparentent à des pratiques anticon- de De la Terre à la Lune et des fiè- réaliste. est depuis longtemps une figure cédé, de quelques mois, mais l’écri- ne ses rendez-vous secrets, où les currentielles, passibles de sanctions res éditions de l’Atalante, qui importante de la SF d’outre-Atlan- vain espagnol Arturo Pérez-Rever- lecteurs pourront dialoguer avec au regard des lois commerciales en avaient pour l’occasion avancée la NOUVELLE GÉNÉRATION tique, non pas seulement en tant te n’en est pas moins un pionnier l’auteur. vigueur en France et en Europe, per- sortie du nouveau Pierre Bordage Quelques jeunes écrivains qui se qu’auteur de romans devenus des de l’édition, en devenant le pre- durent-elles ? Pourquoi cette manne, Orchéron. Il s’est élargi au cinéma sont frottés à d’autres territoires classiques comme Planètes à gogo mier auteur européen célèbre à PÉREZ-REVERTE EN PIONNIER qu’en confiance des centaines de mil- et à la BD, mais surtout il a trouvé comme la littérature pour la jeu- ou La Grande Porte, mais aussi figurer dans la « bibliothèque vir- Cette expérience sera-t-elle liers d’acheteurs apportent chaque à la Cité des congrès de Nantes un nesse ou le polar, s’y sont cepen- comme rédacteur en chef de tuelle » d’Internet. concluante ? Ses promoteurs res- année à des éditeurs, est-elle confis- lieu à sa dimension et le soutien dant risqués. Ils s’appellent Javier revues (dont International Science- En effet, son dernier roman, El tent prudemment optimistes. quée au profit d’un petit nombre d’en- d’un public venu très nombreux Negrete, Rodolfo Martinez, auteur Fiction, qui se proposait de publier Oro del rey, qui raconte les quatriè- Après tout, les exemples précé- tre eux, avec lesquels les jurés entre- assister aux différents événements d’un roman « cyberpunk », Arman- des nouvelles du monde entier) et mes aventures de son populaire dents, rapporte la presse espagno- tiennent des relations suspectes ? » de la manifestation, qui s’est tenue do Boix ou Raphael Marini. Nous d’anthologies. Terry Bisson, qui a héros, le capitaine Alatriste, de le, sont mitigés, mais plutôt encou- b Antoine Gallimard et le numéri- du 24 au 29 octobre. aurons l’occasion de découvrir reçu le grand prix de l’imaginaire retour de Flandres, dans la Séville rageants. Ainsi Stephen King, en que. Dans un entretien au Figaro Le pôle littérature, orchestré par bientôt cette nouvelle vague avec de la nouvelle étrangère pour intriguante du XVIIe siècle, sur mars dernier, a vendu sa nouvelle Economie du 30 octobre, le PDG de Bruno Della Chiesa, est resté fidèle une traduction à paraître Au Dia- MEUCS, est un nouvelliste hors fond de spadassins et de galions « Riding the Bullet » à plus de Gallimard s’exprime pour la premiè- à la formule d’Utopia en propo- ble Vauvert du roman de Juan- pair, un ciseleur de textes étranges gorgés d’or et d’espions, comme il 400 000 exemplaires le premier re fois sur la rupture avec Bibliopolis sant une découverte de la science- Miguel Aguilera, La Locura de et vertigineux et un humoriste sub- se doit, sera accessible, dès le ven- jour. Mais, cet été, son second (Le Monde des 14 juillet et 1er septem- fiction espagnole, grâce à une Dios. til. Deux de ses romans vont être dredi 3 novembre, sur le Net. Le essai d’écriture virtuelle, avec une bre). « L’affaire s’est révélée mauvai- importante délégation d’auteurs L’auteur décrit le livre comme traduits en France chez Orion. En livre sortira, normalement, en autre nouvelle, « The Plant », n’a se, nous avons choisi de nous désenga- hispaniques représentant, selon un voyage imaginaire très influen- recevant son prix à Nantes, Terry librairie, le 1er décembre, au prix pas connu autant de succès. Quoi ger en faisant jouer une clause suspen- Julian Diez, l’éditeur de la revue cé par Jules Verne, mettant en scè- Bisson a montré que l’imaginaire normal d’environ 180 francs, mais qu’il en soit, des poids lourds de sive. » « Je n’ai pas le sentiment que Gigamesh, le « gratin » de la nou- ne un personnage historique, Ray- et la SF sont aussi en phase avec moyennant un tarif accessible l’édition américaine comme Ran- nous ayons pris du retard dans ce velle vague espagnole. Cette géné- mond Lulle, parti à la recherche du l’actualité, en exprimant sa ferme (18F [2,74¤]), la maison d’édition dom House ou Barnes and Noble domaine, explique Antoine Galli- ration essaie depuis les années 80 royaume du prêtre Jean, qui com- opposition à la peine de mort. Alfaguara, et Inicia, portail d’accès sont en train de tester les possibili- mard, nous avançons donc avec la de se dégager de l’imitation des mence comme un roman histori- Jacques Baudou à Internet propriété du groupe Pri- tés de ce nouveau marché. volonté de ne pas brûler les étapes, sa (éditeur d’El Pais), mettra le Quant au « pionnier », Arturo car investir dans le numérique nécessi- roman à la disposition des « lec- Pérez-Reverte, il a décidé de jouer te des moyens importants. En ce sens, teurs virtuels », pendant un mois le jeu, mais non sans avoir pris ses le partenariat noué entre Bayard et sur le site : www.capitanalatris- précautions, comme exiger qu’on Suez-Lyonnaise des eaux nous paraît te.alfaguara.com. ne place aucune publicité entre les particulièrement pertinent et, du fait Le calcul étant, comme l’expli- pages : « Je ne suis pas mécontent, de notre collaboration avec Bayard Vingt ans de Quai des bulles quera Juan Luis Cebrian, con- devait-il expliquer, en plaisantant, dans la jeunesse, nous y serons naturel- seiller du Groupe Prisa « de tou- de donner un petit coup de dent à lement associés. » cher les 20 millions de lecteurs, l’hégémonie de l’anglais sur Inter- b Jean-Guy Boin à la tête de Fran- uai des bulles craignait défilaient les vingt affiches de la nante collection, en partie privée, dans le monde, qui utilisent le Net, net : nous aussi, les Espagnols ce-Edition. Chef du département de un peu la concurrence manifestation créée en 1981 par d’illustrations et d’affiches mécon- en espagnol ». Une initiative que la nous pouvons montrer que nous l’économie du livre au ministère de d’Utopia 2000, organisé des auteurs de BD et par des fans nues –, la vingtième édition a conti- personnalité même de Perez- avons des choses à dire. » Le pira- la culture, Jean-Guy Boin est nom- aux mêmes dates à Nan- du cru (Alain Goutal, Jean-Claude nué de surprendre en douceur. Reverte, auteur d’une dizaine de tage ? Le risque que moins de lec- mé, à partir du 1er décembre, direc- Q tes, qui faisait la part Fournier, Jacques Plouët, etc.). A Deux jeunes femmes, Claire romans, dont certains ont été por- teurs s’offrent ensuite un livre- teur général de France-Edition, l’or- belle à la BD de science-fiction, la rétrospective de l’œuvre de Wendling (Les Lumières de l’Ama- tés à l’écran, comme Le Club papier ? Qu’importe : « J’aurais ganisme de promotion internationa- parrainée par une des stars du neu- Régis Loisel (La Quête de l’oiseau lou, Aphrodite) et Sandrine Revel Dumas , et surtout l’auteur de lan- regretté de ne pas avoir tenté l’expé- le des éditeurs français. Cet écono- vième art, Enki Bilal. Mais pour ses du temps, Peter Pan) répondaient (Un drôle d’ange gardien), ont été gue espagnole le plus vendu dans rience, le livre arrive ainsi au bout miste et sociologue de formation, vingt ans, le plus important rendez- les dessins et les toiles de Guillau- primées, aux côtés d’Etienne Davo- le monde, ne devrait pas manquer du monde, chez des gens qui peut- âgé de quarante-neuf ans, farouche vous de la bande dessinée en Fran- me Sorel (L’Ile des morts, Amnesia) deau (Le Réflexe de survie, Anticy- de faciliter. être ne l’auraient jamais lu sans défenseur du prix unique et de la ce, après Angoulême, a attiré du ou ceux du prolifique Maric, qui a clone). Bonne nouvelle, la BD se A ce propos, Alfaguara a ajouté, cela. Et après tout, ce que je veux, librairie indépendante, avait rejoint vendredi 27 au dimanche 29 octo- illustré depuis 1943 des centaines féminise ! C’est d’ailleurs Florence en plus du roman proprement dit, c’est qu’on me lise : qu’on me copie, le ministère de la culture en 1992. Il bre quelque 28 000 amoureux de d’albums allant de Bibi Fricotin à Cestac qui présidera Angoulême trois autres sections, sur le site, qu’on me pirate, mais qu’on me était auparavant directeur commer- la BD, soit 3 000 de plus qu’en Don Qui Shoote ou à La Famille 2001. offrant une biographie et des lise. » cial et financier de La Découverte. 1999. Dans l’après-midi du diman- Lakouetche née à Longwy… Sans Y.-M. L. entretiens, déjà parus avec Marie-Claude Decamps Par ailleurs, le directeur du départe- che 29, les portes du « festival de oublier les esquisses de Joub, de ment des bibliothèques publiques, la bande dessinée et de l’image Laval NG ou celles des auteurs réu- Jean-Claude Van Dam, quitte la projetée » de Saint-Malo ont dû nis autour du thème « Croquis direction du livre pour rejoindre la être bloquées et les festivaliers fil- d’Afrique ». direction régionale des affaires régio- trés, tant l’affluence était grande. Dédiée cette année à Will, nales d’Auvergne. Sur les murs d’enceinte de Saint- auteur disparu de Tif et Tondu et b Arfuyen s’ouvre au Cerf. Les édi- Malo, animés par un gigantesque d’Isabelle – dont Quai des bulles tions du Cerf entrent à hauteur de « Rempart d’images » nocturne, avait présenté, en 1999, une éton- 28 % dans le capital d’Arfuyen, pour « soutenir leur développement », selon un communiqué de l’éditeur alsacien. Il s’agit de « promouvoir ponctuellement des collaborations édi- toriales dans le strict respect de l’indé- A L’ETRANGER pendance confessionnelle d’Ar- fuyen », mais surtout de « mettre en b BRÉSIL : Paolo Coehlo prêt à se présenter à l’Académie place les synergies indispensables face L’écrivain brésilien à succès Paolo Coehlo, qui présentait son nou- aux défis des nouvelles technologies ». veau roman, El Demonio y la senorita Pym, à l’Académie brésilienne des lettres, a annoncé son intention de présenter sa candidature à cette institution d’ici quatre ans. Il a expliqué qu’enfant, il rêvait Rectificatifs d’« obtenir l’immortalité » grâce à l’écriture, que dans les années 70, b Le Roland Furieux de l’Arioste il avait essayé de se convertir en « intellectuel incompris qui mour- (Seuil) ne compte pas 2 648 vers rait pauvre et serait découvert trente ans après sa mort », mais qu’il mais plus de 38 000, qui compo- avait appris, depuis, que la « réalité de la vie est la réalité du mar- sent bien plus de 330 strophes, con- ché. » trairement à ce que nous indi- b GRANDE-BRETAGNE : La femme de Stevenson quions dans « Le Monde des Une lettre de l’épouse de Robert Louis Stevenson, qui sera vendue livres » du 20 octobre. aux enchères à Londres, chez Philips, le 17 novembre, dissipe un b Dans le compte rendu des des grands mystères de la littérature britannique : le sort du pre- Mémoires de Henry Kissinger mier manuscrit de Dr Jekyll et Mr Hyde. Fanny Stevenson y raconte (« Le Monde des livres » du que son mari a écrit un livre d’une totale stupidité et qu’elle va le 27 octobre), nous indiquions par brûler. L’écrivain écossais, qui considérait avoir là écrit son chef- erreur que Gerald Ford avait été d’œuvre, l’avait rédigé entièrement à nouveau en trois jours, dans président de 1974 à 1980, au lieu un état d’agitation extrême. de : 1974 à 1976. b PRIX LITTÉRAIRES Le prix de littérature Miguel Angel Asturias a été attribué au Gua- temala à Ana María Rodas, journaliste, poéte et féministe. Le poè- te chinois Bei Ling et le général mexicain José Francisco Gallardo Rodriguez (actuellement en prison) ont reçu le prix PEN Interna- tional Freedom to Write, pour leur soutien à la liberté d’expression.

Le Guillou (à partir de 20 h 30, AGENDA lycée Henri IV, 23, rue Clovis, b LES 4 et 5 NOVEMBRE. FRIS- 75005, rens. : 01-44-41-21-00). SONS JEUNESSE. A Bordères b LE 6 NOVEMBRE. ILLUSTRA- (Pyrénées-Atlantiques), la munici- TION. A Moulins, en prélude à palité organise les premières jour- l’exposition « Il était une fois... nées du livre fantastique jeu- 8 illustrateurs à l’affiche » (du nesse, « Frissons à Bordères », 8 novembre au 6 janvier), se tient avec rencontres d’auteurs, anima- une journée nationale sur tions (maquillage, jeux littérai- l’illustration à destination des res...), et lectures de contes fan- créateurs et professionnels tastiques du monde entier (à (à partir de 10 heures, Musée partir de 14 heures, salle des fêtes Anne de Beaujeu, place Henri-Guichot, Bordères, rens. : Laussedat, Moulins-sur-Allier, 05-59-61-44-96). rens. : 04-70-20-48-47). b LES 6, 7 et 8 NOVEMBRE. b LE 8 NOVEMBRE. NOBEL. A JULIEN GRACQ. A Paris, l’Asso- Paris, la Bibliothèque nationale ciation des anciens élèves du de France organise une conféren- lycée Henri IV propose trois soi- ce-débat sur le thème de la littéra- rées sur le thème « Julien Gracq. ture universelle, avec des mem- Les formes d’une œuvre », avec bres de l’Académie Nobel et des lectures de textes par les comé- écrivains comme Horace Engdahl, diens Yves Gasc et Denis Podaly- Katarina Frostenson ou Per Wäst- dès, respirations musicales et berg (à 18 h 30 à la BNF, quai interventions du géographe Yves François- Mauriac, 75013, rens. : Lacoste et de l’écrivain Philippe 01-53-79-59-59).