Portrait Des Fagnes De La Baraque Michel Par Un Groupe De Naturalistes En 1871 (1 Ère Partie)
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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/304498190 Portrait des Fagnes de la Baraque Michel par un groupe de naturalistes en 1871 (1 ère partie) Article · January 2013 CITATION READS 1 100 3 authors, including: Jean Fagot Nekrassoff Serge University of Liège University of Liège 30 PUBLICATIONS 30 CITATIONS 9 PUBLICATIONS 29 CITATIONS SEE PROFILE SEE PROFILE Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Catalogue et Atlas Chrysomelidae View project Historical data to trace animal species evolution View project All content following this page was uploaded by Jean Fagot on 27 June 2016. The user has requested enhancement of the downloaded file. « Document de la Station scientifique des Hautes-Fagnes » - 41 (Hautes Fagnes - n° 4-2013) Portrait des Fagnes de la Baraque Michel par un groupe de naturalistes en 1871 (1ère partie) Jean Fagot, Philippe Frankard, Serge Nekrassoff. Durant l’été 1871, un groupe d’entomologistes et de bota- nistes entreprend une visite de plusieurs jours, sur le haut pla- teau fagnard, afin principale- ment d’y recueillir des informa- tions pour améliorer la connais- sance des populations d’insectes indigènes. Le compte-rendu de cette excursion, rédigé par Ed- mond de Sélys-Longchamps, fut publié dans les Annales de la So- ciété entomologique de Belgique (1870-1871). Nous vous le livrons in ex- tenso dans ce numéro. Dans notre prochaine édition, nous vous proposerons les commen- taires de trois spécialistes du milieu fagnard (un botaniste, un entomologiste et un historien). Ils y mettent en évidence les enseignements que ce type de documents peut apporter à la recherche aujourd’hui. Compte-rendu de l’excursion faite à la Ba- raque-Michel, du 8 au 11 juillet 1871, rédigé au nom des membres de la Société Entomologique qui y ont pris part, par M. DE SÉLYS-LONG- CHAMPS, rapporteur1. Le samedi 8 juillet, à midi, nous étions réunis à Verviers, chez M. le Dr Chapuis, qui avait bien voulu se charger d’assurer les moyens de transport pour l’excur- sion décidée et fixée par la société. Etaient présents MM. le Dr Cha- puis Chapuis, Weyers, comte Léon Portrait du Baron Michel Edmond de Sélys-Longchamps, Bruxelles, Palais de la Nation. de Borchgrave et de Sélys-Long- champs, membres de la Société entomologique, et MM. le Dr Lam- route se bifurque ensuite en entrant que M. Walthère de Sélys vint nous botte et le professeur Laboulle, de en Prusse, conduisant d’une part à rejoindre et prit le seul Polyomna- Verviers, membres de la Société de Malmedy et d’autre part vers Sour- tus Chryseis observé pendant l’ex- botanique. brodt et l’Eifel. A mi-chemin de Goé cursion. M. de Borchgrave aperçut Nous partîmes en voiture de à la Baraque, nous nous arrêtâmes un Colias qu’il considéra comme Verviers pour Dolhain et Goé où à la maison de garde de Hestreux, le palæno. On prit plusieurs Erebia dont l’altitude indiquée est de 442 commence la grande forêt d’Her- medusa en mauvais état, dont une togenwald, vers le confluent de la mètres au dessus du niveau de dépourvue de points noirs ocellés Gileppe avec la Vesdre. A ce point la mer. Entre Goé et la Baraque, nous quittâmes la route de Goé à on ne rencontre dans la forêt que aux ailes supérieures. M. de Sélys Eupen, pour suivre celle qui, à tra- cette habitation et, un peu plus père trouva dans la forêt un exem- vers la forêt, monte continuellement loin, celle de Drossart. Nous explo- plaire unique de la rare Chrysopa jusqu’à la Baraque-Michel, située râmes Hestreux pendant plusieurs fulviceps, et prit une Procris dont il tout à fait à la frontière belge ; cette heures de l’après-midi. C’est là sera parlé plus loin. Hautes Fagnes, 2013-4 18 Plusieurs d’entre nous allèrent jusqu’à la vallée remarquable de la Saüer, affluent de la Helle et qui mériterait d’être explorée. MM. Chapuis et Weyers y recueillirent un assez grand nombre de colé- optères. MM. Chapuis et Lambotte durent à notre grand regret nous quitter et retourner à Verviers. Nous arrivâmes le soir à la Ba- raque Michel, autrement dite : Mai- son Fischbach. La forêt cesse deux kilomètres auparavant au point où la route traverse le ruisseau Dros- sart, affluent de la Gileppe. Le haut plateau tourbeux et marécageux est nommé Hautes- Fanges en français, Hautes- Fagnes en wallon, et Hohe Vehn en allemand. Quant au nom wallon que L’ancien puits de la Baraque Michel, aujourd’hui comblé. (Photo J.-M. Groulard, 1980). nous adopterons, nous devons prévenir qu’on n’est pas bien d’ac- exploitations qui ne paraissent pas les neiges et dans les tourbières cord sur son étymologie. M. le pré- être faites bien systématiquement marécageuses, des personnes sident Grandgagnage, l’auteur des et consistent en excavations plus bienfaisantes de Stavelot, la famille Wallonades, le fait dériver de Fagus ou moins profondes creusées çà Fischbach, chargèrent les habi- (hêtre) d’où Silva Faganea (Forêt et là et abandonnées ensuite pour tants de la cabane, reconstruite des hêtres) à cause des troncs en ouvrir d’autres un peu plus loin. plus solidement, de sonner de nombreux de cet arbre que l’on Ces excavations abandonnées se temps en temps une cloche pen- rencontre enfouis dans la tourbe. remplissent d’eau, qui se recouvre dant les nuits d’hiver et d’allumer M. Ch. Grandgagnage, auteur de couches décevantes de Sphag- un petit fanal au-dessus de l’habi- du Dictionnaire étymologique de la num plus ou moins épaisses, mais tation, afin de fournir une direction langue wallonne, croit au contraire d’un beau vert, qu’il faut éviter avec aux voyageurs égarés. On nous a que le nom de Fagne provient de beaucoup de soin pour ne pas s’y conté que la corde de cette cloche Fania, latinisation du gothique Fani embourber d’une façon parfois se trouvait placée contre le lit du (datif singulier, nominatif et accusa- dangereuse. ménage. tif pluriel Fanja) qui signifie : boue, Quelques parties élevées du Depuis ce temps, on a bâti une fange. plateau présentent un terrain as- belle chapelle à une cinquantaine J’ajoute que le mot Hohe sez solide, couvert de bruyères ; de pas de la maison, et la cloche y Vehn, aujourd’hui employé, signifie mais dans la plupart des cas ce a été placée après la construction aussi hautes tourbières maréca- n’est qu’une masse spongieuse de la route d’Eupen à Malmedy qui geuses, d’où le mot fagne pourrait imprégnée d’eau qui s’y trouve passa à la Baraque ; maintenant la également provenir par le change- retenue par le sous-sol composé cloche n’est donc plus sonnée et le ment de prononciation du V en F. d’une argile compacte tout-à-fait fanal ne s’allume plus. imperméable. Différentes lignes de Dans la commune de La Reid, près Nous ne croyons pas que ce rigoles ont été établies et drainent de Spa, un lieu analogue s’appelle changement soit favorable, car on certaines parties du plateau afin de aujourd’hui encore Haut Marais. nous a raconté que pendant le der- permettre les plantations d’Epicea. nier hiver de 1870-1871, deux ou Le plateau est composé de M. Laboulle pense que ce drainage trois personnes avaient encore péri tourbes atteignant parfois une jette la perturbation dans le régime dans les environs. grande épaisseur, et parsemé çà des cours d’eau qui débordent et là de gros blocs erratiques de à la fonte des neiges et après les Nous avions donc à la Baraque quartzite appartenant au système orages, et qui sont presque à sec Michel un établissement hospitalier Revinien de Dumont. Ces tourbes pendant le reste du temps. qui représentait en dimensions mi- sont formées par l’accumulation croscopiques l’hospice du Grand Il paraît que le nom de la Ba- lente et successive de diverses es- Saint-Bernard, comme notre som- raque-Michel2 vient de ce qu’un pèces de Sphagnum constamment pauvre diable de ce nom éleva met des Ardennes rappelait dans arrosées par les pluies qui sont très une chaumière au commencement des proportions tout aussi réduites fréquentes et très abondantes sur de ce siècle, dans ce lieu solitaire celui de la célèbre montagne des le plateau. Elles forment avec les et désert, alors privé de tout che- Alpes suisses. neiges le grand réservoir naturel min praticable. Comme il arrivait La Baraque Michel est le point de plusieurs cours d’eau dont nous chaque année que des voyageurs le plus élevé de la Belgique ; sont parlerons plus loin. isolés d’Eupen, de Jalhay, de altitude est de 672 à 674 mètres, La tourbe servant de com- Malmedy, de Spa ou de Stave- selon diverses estimations, mais bustible dans le pays, on conçoit lot s’égaraient dans ces solitudes le sommet réel de l’Ardenne est qu’elle fait l’objet de nombreuses pendant l’hiver et périssaient dans situé à 2 kilomètres plus loin, sur le 19 Hautes Fagnes, 2013-4 Détail de la planche Baraque Michel (feuille L, planchettes 2-3), Institut Géographique Militaire, levés 1872, révision sur le terrain 1886, imprimé en 1893. territoire prussien, près de la route au moment où M. Weinmann nous hectares de fagnes et de forêts. de Soorbrodt. Il consiste en une arrivait de Bruxelles. A l’ouest et au sud-ouest du borne et est désigné sous le nom L’excursion du 9 et du 10 juil- plateau sont situées les sources de Signal de Botrange ; son alti- let fut favorisée par un temps ma- de la Hoegne et de ses affluents, tude est de 689 mètres, mais des gnifique comme celle du 8.