ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 1 20/05/2011 08:23:41 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Général Hubert Trégou

REDACTEUR EN CHEF COL Brusseaux PREPARATION OPERATIONNELLE 4 COMITE DE RELECTURE LCL Malard OPERATIONS INTERIEURES 8 LCL de Bergevin CEN (R) Bertram

12 CONCEPTION, GRAPHISME DOSSIER Maud Chacornac PHOTOGRAPHIES régiments d’artillerie L’ARTILLERIE EN PROJECTION SIRPA TERRE bureau COM / EMD musée de l’artillerie

DOCTRINE ET OPERATIONS 28 FLASHAGE, IMPRESSION, DIFFUSION DU COTE DE NOS PARTENAIRES 44 EDIACAT St Etienne 02 0865 N°ISSN : 1639-9870 VIE DE L’ARME 46 Tirage : 2300 exemplaires

SITE INTRATERRE BREVES 52 www.emd.terre.defense.gouv.fr

HISTOIRE 56 Bureau communication des écoles militaires de Draguignan Quartier Bonaparte BP400 83007 Draguignan cedex 04 83 08 14 01 ou 04 83 08 17 17

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 2 20/05/2011 08:24:03

Lieutenant Karim Moumen Officier Communication et Information 35e régiment d’artillerie parachutiste Sous le ciel de Canjuers, l’acier du 35

Précédée par le ronfle- pointent vers le ciel. mis aux unités déployées de tirer avec leurs mortiers de 120mm, ment perçant de son mo- Bientôt, le bruit sourd du pre- leurs canons de 155 TRF1 et teur, la P4 déboule à vive mier coup retentit. La charge leurs CAESAR. Un mois durant, allure dans la clairière est maximale ; portée : 8 km. les artilleurs parachutistes du Les tirs s’enchainent, déchirant enneigée. A son bord, le « 35 » se sont donc entraînés, le ciel brumeux. La boue mêlée chef de section. Alors que de jour comme de nuit, dans des de neige gicle de toute part et son conducteur, dans un conditions climatiques souvent les détonations résonnent dans rudes. mouvement plein de maî- la poitrine des artilleurs para. trise, stoppe le véhicule, Deux batteries se sont prépa- lui scrute le terrain. Le Après trois salves, le compte rées plus spécifiquement à l’en- rendu tombe : gagement opérationnel en vue temps lui est compté. En « Objectif traité. » de leur projection au printemps une poignée de secondes, prochain : la 3e Batterie, en par- il a fait le point. Une fois encore, cette section tance pour l’ au mois d’appui feux de la 2e batterie e « Parfait. On se déploie ici. » de mai et la 2 batterie qui s’en- accomplit ce qu’elle sait faire volera pour le Tchad À la radio, Les ordres fusent. de mieux : l’artillerie d’urgence. au mois de juin. Aussitôt, quatre autres véhicules Nous sommes en décembre et, Après cinq ser- surgissent. Chacun d’eux tracte à l’instar des autres unités du vices en campagne un mortier de 120. En un éclair, 35e RAP, la B2 manoeuvre inlas- successifs et en- les hommes débarquent et inves- sablement depuis trois semaines viron 2700 coups tissent la clairière. Leurs mouve- sur le plateau de Canjuers, battu tirés, les deux mo- ments sont précis et rapides. En par un vent glacial. dules concernés moins de 5 minutes les mortiers Au cœur de sa préparation opé- ont été contrôlés rationnelle, le 35e régiment d’ar- par la CNCIA (Com- tillerie parachutiste a en effet mission Nationale organisé son traditionnel camp des Contrôles Inte- régimentaire à Canjuers. Cet rarmes). Cette com- exercice d’ampleur, rassemblant mission est chargée plus de 450 personnes, a per- d’évaluer les unités

4 . Les pieds dans la neige, les artilleurs para tarbais s’exercent au mortier de 120 mm

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 4 20/05/2011 08:24:18 Lieutenant Karim Moumen Officier Communication et Information 35e régiment d’artillerie parachutiste Les artilleurs du 402e RA en projection

La batterie des opéra- pour détruire et/ou saisir les ma- tions du 402e régiment tériels et installations illicites, ou d’artillerie a été déployée encore extraire les clandestins de leur lieu de travail. Ces longues en Guyane, en renfort de progressions sous la canopée ont pendant leur phase de préparation l’opération HARPIE, du rapidement porté leurs fruits et afin de s’assurer de leur capacité à 10 juin au 26 octobre ainsi, plusieurs sites illégaux ont remplir les missions qui leur seront 2010. pu être démantelés de même que confiées en opération extérieure. d’importantes quantités d’or et Axé sur la conduite de la manœuvre, Articulée au format PROTERRE de matériel illicite ont été saisies la précision des coups et leur célé- à deux sections pour armer la ou détruites. A titre d’exemple, rité, ce contrôle s’est achevé sur 4e compagnie du 9e RIMa, sa la compagnie aura saisi plus de une bonne appréciation de la com- mission était de lutter avec les 12 Kg de mercure, produit qui mission qui a donné son aval aux gendarmes mobiles contre l’or- est vendu sur place au prix de batteries jugées « opérationnelles ». paillage illégal, aux conséquences l’or, soit 30€ le gramme envi- désastreuses pour ce dépar- Au final, les artilleurs parachutistes ron. Parallèlement, le point de tement français d’outre-mer. A tarbais ont pu, dans des conditions contrôle fluvial de PROVIDENCE cet effet, la compagnie s’est vu difficiles, réviser leurs gammes et permettait d’interdire un axe flu- confier la responsabilité de la se préparer au mieux à leur enga- vial majeur pour le ravitaillement zone d’action CENTRE du régi- gement futur, loin de nos frontières. de certains sites illégaux. Les ment. Le commandant d’unité sections ont dû, à plusieurs re- commandait sa compagnie à par- prises, s’opposer à des passages tir de la base opérationnelle avan- en force, faire face à des tenta- cée de GRAND SANTI, bourgade tives de sabotage du barrage où située en bordure du fleuve Ma- se lancer à la poursuite de piro- roni, à la frontière avec le Suri- gues contrevenantes. Véritable name. Tandis qu’une section était mission opérationnelle dans un déployée à GRAND SANTI, la se- milieu naturel aussi somptueux conde tenait le point de contrôle qu’exigeant, face à un adversaire fluvial de PROVIDENCE, à l’em- résolu, réactif et parfois dange- bouchure entre le Maroni et la reux, l’opération HARPIE, de par crique Beïman. A partir de ces l’autonomie qu’elle confère, per- deux postes, de très nombreuses met aux soldats comme à leurs patrouilles, ont été menées dans chefs de s’épanouir pleinement la profondeur. Le chef de pa- dans leur métier de soldat et trouille devait déceler les activi- aura été pour la B.O du 402e RA tés illégales dans un secteur bien une expérience particulièrement défini, fouiller méticuleusement la enrichissante. zone puis assister les gendarmes

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 5 20/05/2011 08:24:23 Capitaine Frédéric Chastel Commandant la 2e compagnie d’appui régiment d’infanterie de marine du Pacifique Nouvelle-Calédonie

Commandant d’unité de la batterie Maurienne La compagnie d’appui Batterie de commandement et de logistique du RIMaP NC 93e régiment d’artillerie de montagne

La compagnie d’appui du - Les entrainements tactiques ment sanctionnés par un contrôle RIMaP NC, dont le com- (ENTAC) du commandant d’unités, qui en mandement a été confié Plages blanches d’une semaine fait ensuite un compte rendu dé- aux artilleurs du 93e RAM, laissées à la main du comman- taillé au chef du BOI. dant d’unités, ces périodes per- est constituée de 3 sec- - Les tournées en provinces mettent l’entraînement et la mise tions principales : 1 section (TEP) en application des savoir-faire Etape incontournable et grande- génie, 1 peloton d’éclairage des sections. Les moyens dédiés ment appréciée à chaque man- et d’investigation (PEI) et à l’organisation de ces exercices dats, pendant laquelle le chef de une section d’appui mortier sont conséquents. Grâce à un section est en autonomie com- (SAM). Sous les ordres du dialogue avec le commandement, plète. Au programme: prise de capitaine Chastel, elle est le commandant d’unité, véritable contact avec une tribu, travaux force de proposition, a la possi- présente sur le sol calédo- en commun, chasse et pêche, bilité d’organiser des exercices nien pour une mission de participation à la vie courante, extrêmement intéressants et va- courte durée de 4 mois. dans le but de recueillir des ren- riés. L’entraînement qu’elle suit seignements sur le climat géné- Durant ces ENTAC, la section gé- en Nouvelle Calédonie est ral de la région. nie est employée sur des chan- adapté aux missions qu’elle La section génie et la section tiers de réfection des champs de commandement se déplaceront peut être amenée à remplir tir, vite délabrés en raison des vers la côte Est de l’ile, alors que au profit du régiment. Ces conditions météo très particu- la SAM effectuera sa tournée sur missions ne sont pas exclu- lières. Le PEI travaille soit dans l’ile d’Ouvea. sivement axées sur l’emploi son emploi premier (patrouilles, Durant cette période, le PEI rem- du système d’arme des manœuvres amphibies), soit sur plira une mission d’instruction sections. l’instruction des MICAT. La SAM d’une durée de 2 semaines au effectue des manœuvres artille- profit du VANUATU. rie (raid mortier, tir éclairant) ou La compagnie a un rythme Ces missions sont également des MICAT. Ces créneaux sont de travail très dense, dans le- contrôlées par le commandant également consacrés aux tirs ALI quel la section est l’élément de d’unité, qui adresse par la suite et aux activités d’aguerrissement manœuvre principal. Les activités un compte rendu formel au BOI. majeures de ces sections sont (marches, bivouacs, brancar- les suivantes : dage). - L’exercice régimentaire Kaori Ces ENTAC sont systématique- 2011

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 6 20/05/2011 08:24:28 Lieutenant Villard Capitaine Frédéric Chastel Chef de section à la 3e batterie Commandant la 2e compagnie d’appui 54e régiment d’artillerie régiment d’infanterie de marine L’envol du du Pacifique Nouvelle-Calédonie Cet exercice, d’une durée de 3 semaines, est organisé sous Commandant d’unité de la batterie Maurienne forme d’ateliers niveau section. cobra Batterie de commandement et de logistique Les équipes suivront des instruc- 93e régiment d’artillerie de montagne tions et seront contrôlées dans En guise d’apéritif au stage à distance de l’itinéraire à défendre! les domaines du secourisme au au Groupement d’Aguer- Les missions du lendemain, au combat, du tir, d’un exercice am- rissement en Montagne nombre de trois, ont dû avoir lieu phibie, d’un parcours d’aguerris- de Modane, la troisième dans une autre zone que celle de sement et d’un parcours IED. section de la troisième bat- la veille, préalablement repérée par Au cours de cet exercice, le DL terie réalisait, des 28 au les GAZELLE, du fait des nuisances ART donnera une instruction au sonores des hélicoptères. Elles ont 30 septembre derniers, un permis de faire profiter tous les in- CDS interarmes, sur la demande exercice héliporté avec plas- et le réglage de tirs mortier. Une tervenants des moyens engagés. La tron aérien dans la région section d’infanterie a pu entretenir application sera effectuée avec la du plateau d’Albion. SAM. les qualifications de ses personnels Le commandant d’unité sera af- en CCA (Close Combat Attack, gui- Participaient à la manœuvre, un dé- dage des hélicoptères d’attaque fecté au CO, où il tiendra la fonc- tachement de trois hélicoptères de tion de DL ART et participera à au profit des troupes au sol) en manœuvre PUMA et deux GAZELLE guidant la GAZELLE canon sur des l’élaboration des ordres du GTIA. (VIVIANE et CANON) du 1er régiment Une partie de l’exercice du CO se pièces aux positions préalablement d’hélicoptères de combat de Phals- désignées (afin que la section ne fera en anglais. bourg, une section de fantassins e s’épuise pas en vaines recherches). - Le stage au centre d’instruc- du 2 régiment étranger d’infante- Ainsi chacune des pièces a pu tion nautique commando (CINC) rie de Nîmes, et une section de la e faire l’expérience, heureusement Ce stage brevetant, d’une du- troisième batterie du 54 régiment factice, d’une passe canon sur sa rée de 3 semaines, permettra à d’artillerie. position, et les GAZELLE ont pu ré- la SAM de montrer ses qualités Hormis les conducteurs de la rame péter cet exercice. Sur le chemin dans un domaine autre que le do- roues, le détachement a eu le plai- du retour, les équipes de pièce ont maine artillerie. Elle y effectuera sir d’effectuer le déplacement, de pu expérimenter les sensations du du tir, du combat, des activités la place d’armes du régiment aux vol tactique et perdre quelque peu nautiques, de l’aguerrissement. positions de la première mission en en pesanteur... avec, cerise sur le hélicoptère. Ainsi le déploiement sur - Le service gâteau, le survol du Mont Ventoux la zone n’a pris qu’une quarantaine d’où il était possible de contempler Incontournable dans toute MCD, de minutes au lieu de cinq heures le service est conséquent. Il se le massif des Ecrins. Au cours de la de route! journée, les alliances se sont inver- prend sur 3 sites différents (Plum, Le bilan de la première journée est Nouméa, Nandaï). sées. Certaines pièces ont alors pu largement positif pour la section goûter aux joies de la dépose, rapide En raison de ce fort taux d’acti- sol-air. En défense d’itinéraire, elle et sans efforts, sur un piton rocheux vité, les sections ne sont que très a dû affronter à la fois la section avec à la clé des vues et un secteur rarement présentes au camp d’infanterie, elle aussi héliportée, de tir remarquables, permettant de Broche, à Plum, lieu dans lequel en recherche dans la zone de dé- renseigner la section d’infanterie la compagnie tient ses quartiers. ploiement de la section et les deux sur un convoi en approche et son Cela constitue un véritable chal- gazelles tentant de renseigner sur escorte aérienne, détruite dès le lenge pour le commandant d’uni- l’itinéraire. Les postes de tir se sont déclenchement de l’embuscade par té. La cohésion générale, indis- révélés particulièrement discrets. les troupes au sol. La nuit a été l’oc- pensable au bon déroulement de Autant pour le plastron terrestre casion de rejouer l’exercice du ma- la mission, est difficile à obtenir, qu’aérien, rechercher « une aiguille tin et de travailler avec les caméras en raison du croisement inces- dans une botte de foin ». Invisibles thermiques MALIS. sant des personnels de l’unité. pour le plastron aérien, la seule Enfin, le dernier jour a été consa- Les moments de détente sont pièce interceptée par la section cré au retour sur la garnison, avec extrêmement rares et sont plutôt d’infanterie l’a été lors de son exfil- pour conclusion la présentation mis à profit pour se reposer. tration, alors que la section, ayant d’une mise en batterie du système Dans l’ensemble des activités abandonné ses recherches, balisait d’armes MISTRAL au sortir de l’héli- du régiment, la compagnie dis- sa zone de poser de récupération! coptère au Colonel Argentin Salazar, pose d’une grande autonomie. Surprise, même le PC section, pour- en visite au 54e régiment d’artillerie. La chaine commandement appré- tant bien plus volumineux et bruyant, L’exercice s’est révélé particulière- cie énormément les initiatives et n’a pas été repéré, soigneusement ment fructueux à tous les niveaux les propositions du commandant camouflé, à l’abri d’un mouvement pour la section sol-air, du chef de d’unité, dans le domaine opéra- de terrain qui, certes, lui masquait section au pointeur-tireur, de la pré- tionnel comme dans la vie cou- une partie de la détection mais qui paration de la mission à l’intensité rante. également le dissimulait à la détec- du rythme de la manœuvre, dans la La compagnie remplit ses mis- tion de la GAZELLE VIVIANE! En re- connaissance du travail interarmes sions tout en ayant à l’esprit le vanche, les comptes-rendus de des- comme dans celle de l’ennemi aé- souci de son intégration au sein truction adressés aux GAZELLE par rien. du RIMaP NC. la section sol-air les ont maintenus 7

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 7 20/05/2011 08:24:32 Adjudant chef Dupont BML 54e régiment d’artillerie HEPHAÏSTOS

21 JUIN 2010, une réunion a lieu à la Dès les premiers instants, je m’aperçois BCL. Une section de marche du 54e RA, que le personnel est intéressé et pressé composée de personnels de la BCL, de de mettre en application les instructions la BCT7 et de la BAS, reçoit sa mission. données par notre formateur. Nous pas- Elle doit préparer, pendant la MICAM, serons trois jours à faire et à défaire des son départ pour l’Ile de Beauté où elle établissements. devra rejoindre l’UIISC5 dans le cadre de La fin de l’instruction est sanctionnée la mission HEPHAISTOS. d’une manœuvre avec le personnel de Lundi 28 juin 2010, alors que le régi- la sécurité civile. Là le Lieutenant Bias- ment commence le contrôle de la MI- ci, « chef de chantier » qualifié FDF3, CAM, la section se déplace vers l’UIISC7 que nous aurons plus tard comme de Brignoles, lieu de rassemblement des conseiller, nous donne notre mission : différentes SMI1. Cette soirée nous per- « VULCAIN SIERRA 2, vous devez traiter met d’avoir une première approche de le flanc gauche ». Avec notre conseiller ce que sera notre mission. Quelques technique, nous étudions les moyens récits nous sensibilisent, mais le plus im- nécessaires et je donne les missions à pressionnant sont ces photos de feux de mes chefs de groupe. Ils savent tous ce forêts qui ornent les murs du bâtiment qu’ils ont à faire mais ont-ils assimilé en dans lequel nous logeons. si peu de temps toutes les subtilités de Mardi 29 juin 2010, nous faisons mou- ce métier : dans un instant, le moment vement sur Nice afin d’embarquer sur le de vérité. Les sous-officiers donnent CORSICA FERRIES à destination de Bas- leurs ordres et en quelques secondes, tia. Toujours sous la tutelle du person- je vois la SMI mettre ses EPI, récupérer nel de Brignoles, nous empruntons les le matériel dans les camions pour armer routes de l’île de beauté et nous nous diri- l’établissement. Tout y est : les connais- geons vers Corte, lieu de cantonnement sances, la vitesse, la justesse du geste, pour les 5 semaines qui vont suivre. Là, les oublis des uns sont comblés par les des cadres de l’UIISC5 nous attendent, souvenirs des autres. Nous progressons leur accueil est chaleureux et franc, le dans le maquis et atteignons la ligne de courant passe tout de suite et les cadres crête tout en respectant les consignes de la SMI le savent : nous serons bien ici. de sécurité. Lors du débriefing, la sanc- Mercredi 30 juin 2010 nous effectuons tion tombe : nous sommes opération- les circuits habituels : habillement, ad- nels. Les choses sont perfectibles, mais ministratif, logistique. Pendant que les les bases de ce nouveau métier sont groupes perçoivent, je me présente au connues et appliquées. Désormais, nous CDU de la première compagnie et je re- pouvons intervenir sur les feux de forêts. çois l’appellation de la section : « VUL- Des sentiments contradictoires nous ha- CAIN SIERRA 2 » (deuxième section du bitent : le désir d’aller au feu et de mon- dieu du feu mais aussi du « feu de dieu » trer que nous sommes capables de lut- du moins je l’espère). ter contre les incendies, en même temps Ça y est, nous y sommes. Vêtus de treillis nous qui sommes en deuxième ligne nous ignifugés à bandes fluorescentes, nous ne pouvons le souhaiter car les unités de ressemblons désormais un peu plus à la sécurité civile, aux vues de l’appellation ceux qui nous entourent. Un petit mot de des bâtiments que nous occupons, ont l’OSA pour nous donner quelques préci- déjà payé lourdement les combats qu’ils sions sur le comportement, l’attitude à mènent depuis plusieurs années. avoir en dehors de l’enceinte, les risques Le sport, les manœuvres de la garde et que comporte cette mission. notre présence sur le terrain occupent Le SCH Charles se présente à nous : il nos journées et nous permettent d’ac- sera notre instructeur. croître et de parfaire nos capacités d’in- Nous qui connaissons les armes, nous tervention. voilà confrontés à des appellations bar- Tout cet entraînement sera mis en exer- bares telles que : claie de 45 ou de 22, gue lors d’un feu dirigé2 qui aura lieu dans FP 250, WAJAX, vanne pied d’échelle, la région d’Aleria. aspiraux de 70 ou 45, divisions de tous En effet, le 13 juillet la section part faire genres. Non seulement nous devrons un volley sur le terrain dans le quartier. connaitre les appellations mais surtout Une réunion CDS est provoquée. Un feu savoir les mettre en œuvre dans le but dirigé a été accordé par la préfecture et 8 ARTI N°16 - juillet 2011 de faire des établissements de lignes la présence des personnels de l’UIISC 5 d’eau corrects. est requise. L’ADJ Salvadori, un ancien

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 8 20/05/2011 08:24:39 sol-air du 68, part avec ses VUL- avec le ravitaillement, mais égale- sions. CAIN. Je suis interpellé par l’ADU ment pour relever le personnel déjà Le 17 juillet, l’emploi du temps est de la compagnie : « les VULCAIN sur place. Leurs premiers regards chamboulé Météo France annonce SIERRA 2, vous partez au plus vont vers cet ennemi que nous des vents chauds et violents tôt en observation sur le site du devons contenir puis, très vite, ils dans la région de Novela. Nous brûlage ». 1h15 plus tard, nous s’arment avec le matériel que don- sommes donc envoyés au nord- sommes à 40 km du régiment en nent les prédécesseurs et repren- ouest de Corte. La prévention et observation sur les lieux du brû- nent le combat. Après 1h30 de la dissuasion sont deux missions lage. présence au feu, nous retournons essentielles dans la lutte contre Le chef de corps de l’UIISC5 vient aux camions pour nous recondi- les feux de forêt. Le « roulage » voir comment se déroule la mis- tionner. La journée n’est pas finie, que nous effectuons tous les après sion et la fait évoluer. Désormais, il va falloir terminer d’éteindre les midi nous donne la possibilité de nous devrons traiter la totalité des fumeroles. Nous faisons le tour du remplir ces deux actes élémen- lisières et éteindre toutes les fu- chantier, toujours équipés, nous taires. Si les feux de forêts sont meroles afin d’éviter d’éventuelles neutralisons les quelques fumées moins fréquents nous le devons reprises de feux. Nous allons présentes et faisons même in- en grande partie à la présence de faire notre baptême du feu, notre tervenir un CCF3 pour arrêter une toutes les forces déployées sur le conseiller technique nous rappelle reprise à une vingtaine de mètre terrain, nous y compris. les règles de sécurité pendant que d’une propriété. Pour faire le tra- Les semaines qui suivent, nous nous préparons le matériel. vail correctement il nous faudra nous entrainerons afin de garder Le feu dirigé, est un feu sur lequel encore 2h30. Les organismes l’excellent niveau que nous avons les moyens sont déployés afin d’évi- sont fatigués. Je recommande la obtenu. L’UIISC5 nous propose de ter tous problèmes. Mais le risque prudence pour effectuer le dépla- participer à l’instruction de nos zéro n’existe pas, il suffit d’un coup cement vers le quartier, où un re- successeurs (1er REC) la semaine de vent ou d’une brindille chaude pas sera pris a notre arrivée vers qui précède notre retour. pour qu’il y ait une saute de feu et 20h00. Les cuisiniers attendront Le 1er aout 2010, la journée est qu’une partie de la Corse brûle. que le dernier de la compagnie consacrée à l’entretien du matériel Nous sommes donc positionnés soit passé. Dans la salle de restau- perçu aux services techniques de autour de la zone afin d’intervenir ration, chacun raconte ce qu’il a l’UIISC 5, puis nous nous occupons rapidement. Les autorités régio- vécu et comment il l’a vécu, dans du bâtiment « sapeur CAMEAU », nales allument partiellement celle- certains regards on peut encore y pour finir par l’entretien de nos vé- ci, les flammes apparaissent, puis, voir les flammes de ce feu de 12 hicules. se nourrissant de la végétation, le hectares. Demain nous quitterons cette ré- feu grandit. La couleur bleue du Pourtant ce n’était qu’un feu dit gion magnifique et les personnels ciel disparaît pour laisser place « dirigé », nous en déduisons que de l’UIISC5, qui de parfaits incon- à un nuage grisâtre ou noirâtre ce doit être monstrueux quand nus sont devenus nos camarades en fonction de ce que mange cet il ne l’est pas. Avec mon adjoint de campagne. Nous terminons ogre. Nous sommes près du feu, nous décidons de demander des cette mission les organismes fa- nous sentons la chaleur malgré manœuvres de la garde plus dif- tigués : les dénivelés, la chaleur nos équipements. Nous devons ficiles afin d’être prêt, le cas et le poids de nos matériels nous défendre le chemin sur lequel échéant, car, comme le dit le vieil ont usés, mais aussi, avec le senti- nous nous trouvons, armés de nos adage, « qui peut le plus, peut le ment du travail accompli. sceaux pompes et de nos râteaux- plus». riches. Nous nous battons et ga- Le jour de la fête nationale, nous Arrêtons de brûler la Corse gnons cette première bataille. Par défilons derrière le fanion de U FOCU BASTA, moment, nous levons la tête et l’UIISC5 dans les rues de Corte, BASTA A BRUGHIA A CORSA regardons ce mariage de couleurs la totalité des FORMISC sont ap- sang et or danser avec les arbres plaudis lors de leur passage. Nous 1 section militaire intégrée pour ne laisser, en fin de compte, serons reçus dans les jardins de 2 feu contrôlé permettant de nettoyer une zone que noirceur et cendre derrière la mairie, où des cadres de Corte reconnue son passage. L’eau potable se fait recevront un diplôme suite à leur 3 camion citerne feux rare, une de nos équipes arrive courage lors des différentes mis-

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 9 20/05/2011 08:24:48 Capitaine Xavier Tarot Commandant la compagnie d’appui 3e régiment étranger d’infanterie Commandant d’unité de la Batterie Belledonne, Batterie sol-air / 93e RAM LES ARTILLEURS SOL-AIR DU 93e RAM EN PREMIERE LIGNE POUR LE 200e LANCEMENT D’ARIANE

Moins de 7 mois après être ren- l’officier adjoint ; 2 PCS de type trés de leur mission à Djibouti NC1-30 portant chacun un sen- au sein des FFDJ (Forces Fran- seur radar ; 5 pièces Mistral et çaises de Djibouti), les artilleurs 4 pièces 53T2), sont les pre- sol-air du 93e RAM sont à nou- miers à prendre pied sur la zone, veau sur le pied de guerre, cette précédant de quelques heures fois-ci en Guyane au sein des FAG une compagnie d’infanterie mo- (Forces Armées en Guyane). torisée (sections sur BV-206 et TRM2000), la section de recon- Arrivée en Guyane le 4 février naissance régimentaire (sur P4 2011 l’unité, devenue compa- et quads) et les renforts de la gnie d’appui du 3e REI (1 sec- compagnie de commandement tion commandement, 1 section et de soutien. Le timing de mise SATCP MISTRAL, 1 section d’au- en place est connu de tous : tout todéfense antiaérienne et 1 sec- doit être vérifié et opérationnel tion génie – cette dernière étant pour le lendemain 6 heures lo- armée par le 13e RG) est enga- cales. gée sur sa mission principale, Selon une mécanique bien rôdée, « Titan » (protection externe du les rames des 2 sections sol- CSG), moins de 10 jours plus air de la compagnie se dirigent tard. Point particulier : il s’agit d’abord du régiment vers le plot cette fois du 200e lancement munitions armé pour l’occasion d’une fusée Ariane et du second par la section commandement et lancement d’un véhicule cargo où chacune des 9 pièces sol-air automatisé européen ATV vers déployées reçoit sa dotation en la station spatiale internationale munitions « bonnes de guerre » : ISS. Arianespace a donc mis les 2 missiles par pièce Mistral ; 120 petits plats dans les grands pour obus de 20 mm par pièce 53T2. ce lancement doublement his- Soit un total non négligeable de torique et de nombreuses per- 10 missiles Mistral et 480 obus sonnalités ont été invitées dont, « en soute » pour la compagnie, entre autres, Madame Valérie total qui permet de « voir venir ». Pécresse, ministre de l’ensei- Cette étape incontournable ac- gnement supérieur et de la re- complie, direction les positions cherche. d’observation et de tir conformé- Dimanche 13 février. ment aux ordres reçus. Tout le 4 jours après avoir terminé ses monde se met en batterie ; les formalités d’arrivée au 3e REI, éléments de commandement la nouvelle compagnie d’appui (DL ASA, PC compagnie) pren- du 3e REI se déploie. Comme à nent position, les radars et les l’accoutumée pour les déploie- pièces se déploient. Ultimes vé- ments antiaériens sur le CSG, rifications notamment en termes la compagnie d’appui et ses de liaison transmissions, et, dès moyens sol-air (un détachement le dimanche soir, nous sommes de liaison ASA contrôle direct prêts à remplir la mission. placé auprès de la haute autorité Lundi 14 février. de défense aérienne et emmené A 6 heures locales les affaires par le commandant d’unité ; un sérieuses commencent. Déjà 10 ARTI N°16 - juillet 2011 PC compagnie aux ordres de opérationnels depuis une demi-

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 10 20/05/2011 08:24:52 heure, nous passons officiellement sol-air subordonnées en poursuite sommes toujours opérationnels et à sous TACON de l’armée de l’air et (visuelle). De la sorte, si jamais les poste. plus précisément sous TACON de la Fennec échouent dans leur mission, Deux heures avant le lancement, haute autorité de défense aérienne les artilleurs sol-air sont instanta- bis repetita. Nous répétons la (HADA) qui a délégation partielle nément prêts à prendre le relais manœuvre de la veille. Pas de souci pour déclencher l’ouverture du feu et à engager pour de bon dès que encore une fois. de nos moyens déployés (via le DL l’ordre leur est donné (par la HADA, Etant donné la météo, tout le ASA et les PCS NC1-30). Le dispo- via le DL ASA). monde s’est préparé à devoir durer sitif particulier de sûreté aérienne encore plus longtemps si néces- Mardi 15 février. (DPSA) au-dessus du CSG et les saire. Toutefois, la pluie et le vent Cette journée, comme la précé- volumes de gestion de l’espace cor- retombent juste à l’heure prévue dente, est principalement vouée respondants sont activés. Pour la du lancement ; cette fois le dé- à l’identification des hélicoptères batterie c’est parti pour au moins compte final ne s’interrompt pas autorisés à se poser sur le CSG 36 heures ininterrompues de mis- et à 18 heures 50 minutes et 55 ainsi qu’aux exercices MASA avec sion sol-air (le lancement V200 est secondes locales, Ariane 5 s’élève les Fennec ; exercices au cours alors prévu à 19h13 le 15 février). dans les airs. D’abord une lueur in- desquels tous les scénarios sont 3 hélicoptères de la BA367 (Ca- candescente au loin, puis le bruit et joués ; de l’intrus de type « aéronef yenne – Rochambeau) rejoignent le sol qui tremble sous nos pieds. en détresse » à celui de type « aé- dès 7 heures le dispositif et se po- Un spectacle unique et particulière- ronef hostile » avec neutralisation/ sent après un survol de ce dernier. ment impressionnant… destruction simulée par Fennec ou Il s’agit de 2 hélicoptères légers Le lancement de l’ATV - constituant par moyen sol-air. Fennec équipés pour les mesures un lancement particulier (différent Deux heures avant le lancement actives de sûreté aérienne (MASA) des habituels lancements de satel- nous entamons la traditionnelle et d’un hélicoptère de manœuvre lites commerciaux) - est maintenu phase de redéploiement qui voit Puma configuré corde lisse – ce sur ordre un dispositif réduit antia- une partie des moyens militaires dernier agissant plus particulière- érien de protection jusqu’à 22h35 , terrestres redéployés en dehors de ment en soutien de la SRR. heure à laquelle le relevé de batterie la zone de danger. Pour la compa- Tout au long de la mission, ces trois définitif est ordonné. gnie cette phase ne concerne que hélicoptères constituent pour la quelques pièces qui doivent sur Bilan. compagnie les aéronefs amis. Agis- ordre, dans un délai imparti, re- Première mission accomplie. Une sant en complément de nos moyens joindre d’autres positions d’observa- fois de plus, les forces armées qui présentent l’avantage inégalé de tion et de tir à l’extérieur de cette dans leur ensemble ont garanti la constituer un rideau permanent de zone. Comme depuis le début de la sécurité d’un lancement Ariane qui défense antiaérienne des installa- mission, tout se déroule de façon se voulait symbolique. Désormais, tions du CSG, les Fennec en alerte nominale et la compagnie est à nou- seule unité tournante constituée MASA au sol sont « scramblés » veau à « CAPTIR 100% » plus d’une du 3e REI, la compagnie d’appui dès qu’un intrus aérien est détecté demi-heure avant le lancement. armée par les artilleurs sol-air du pour essayer de dérouler dans son Ce dernier n’a cependant pas lieu le 93e RAM a totalement rempli sa intégralité ladite procédure MASA 15 février. Le décompte final s’ar- mission en contribuant de façon (prise de contact radio, prise de rête en effet ce jour là 4 minutes tout à fait essentielle à la couver- contact visuel, communication avant la mise à feu prévue. Ceci est ture antiaérienne du « port spatial d’ordres par panneaux, tir de som- synonyme, comme nous le savons de l’Europe ». Ayant fait montre mation et de façon ultime tir de neu- depuis le début, d’un report de 24 d’une excellente faculté d’adaptation tralisation/destruction). Dans cette heures au moins. Nous remettons en devenant opérationnelle sur le chronologie idéale qui suppose de donc à leur place initiale les quelques théâtre particulier que constitue la disposer de délais suffisants pour pièces qui s’étaient redéployées et Guyane en un délai très court, ani- à la fois détecter (de façon suffi- poursuivons notre mission. mée par des personnels rustiques, samment précoce), décoller, faire rigoureux et motivés, elle a réaf- la liaison physique avec l’intrus à in- Mercredi 16 février. firmé la pertinence du déploiement tercepter et dérouler la procédure Si les jours précédents ont été mi- sol-air armée de terre sur cette MASA, la compagnie agit en redon- tigés avec du gris et des averses, mission. Une mission stratégique dance avec ses moyens et se tient cette journée est caractérisée par appelée à se renforcer encore dans prête « au cas où » – sa capacité à des conditions climatiques exé- un proche futur avec la montée en engager avec ses propres moyens crables (vent, forte pluie continue) puissance prévue du CSG : en effet, sous très faible préavis constituant qui font craindre un nouveau report les premiers lancements depuis ce sa force. Ainsi, dès que détectés à de lancement. Du fait même de site des lanceurs Soyouz et Vega, leur propre niveau, les PCS sous la cette météo, les exercices MASA sont prévus dès cette année. supervision du DL ASA mettent au prévus sont annulés et les Fennec restent au sol. De notre côté nous moins une partie de leurs pièces 11

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 11 20/05/2011 08:24:55 Les Sentinelles du Désert1 : le 40e RA au sein des Eléments Français au Tchad

De retour de DAMAN XI au LIBAN en artillerie pour armer 2 groupes d’appui mortier (GAM) AUF1 TA, la 1re batterie du 40e régi- armés par 2 binômes de pièces mortier. La mission prio- ment d’artillerie s’est réarticulée ritaire de la SAM consiste alors à projeter sur N’Djame- en AUG 10 pour armer le module na un GAM avec une équipe d’observation aux ordres du section appui mortier PROTERRE dé- commandant d’unité placé comme DL auprès du Groupe- ment TERRE. Sa mission est d’appuyer le RESEVAC et de ployé à Abeche. La mise en condition protéger la zone de l’aéroport de N’Jamena, en liaison opérationnelle a été dense, variée, avec la compagnie d’infanterie motorisée sur VAB et l’es- exigeante. Durant 5 mois en métro- cadron blindé sur Sagaie. Le second GAM reste engagé pole, les fondamentaux PROTERRE ont sur Abeche pour assurer la protection du détachement été approfondis, les savoir-faire Mo avec l’équipe TACP. 120mm développés, l’aguerrissement Cette mission duale implique une réversibilité totale, une mental et physique intensifié pour égale maitrise du combat débarqué et des appuis, chal- cette opération exigeante. L’évalua- lenge auquel les hommes de la 1re batterie répondent tion artillerie du module par la CNCIA quotidiennement avec le calme et l’assurance qui sied s’est déroulée mi décembre 2010. La aux professionnels aguerris. 1re batterie a enfin rejoint le Tchad La vie : par VAM le 27 janvier 2011, prête à s’entraîner au milieu du Sahara remplir sa mission. Le détachement est déployé à 900 km de sa base de Les missions : soutien. Les rotations Transall rythment le temps ; sec- exigence opérationnelle maximum H24 tion de renfort issue de la compagnie d’infanterie ou de l’escadron, fret urgent ou courrier. La SAM PROTERRE La compagnie PROTERRE est articulée autour d’un est en effet taillée au plus juste pour assurer la garde du groupe commandement et de 2 sections de marche ré- camp, avec 2 sections qui se relèvent un jour sur deux. versibles en format artillerie. En format PROTERRE, la La section de renfort de N’Djamena allège le rythme de 2 mission consiste à assurer la protection du camp CROCI l’astreinte et dégage une journée tous les trois jours pour et de la piste d’aviation d’Abeche pour être en mesure s’entraîner, toujours et encore : tirs ALI de tous calibres, d’extraire les ressortissants étrangers. A cette mission Raids ART, SLING ou Posers d’Assauts sont ainsi per- principale viennent se greffer plusieurs autres missions fectionnés. La présence des hélicoptères et Transall est qui en sont des variantes. Ainsi, en cas d’affrontements exploitée pour monter nombre d’exercices que la SAM massifs autour d’Abeche, les EFT soutiennent les Forces a moins l’occasion de réaliser en métropole. Ainsi, lors Armées de Défense et de Sécurité (FADS) tchadiennes du premier mois de présence, la compagnie suit une sé- en accueillant leurs blessés et en les évacuant par VAM rie d’instructions spécifiques au théâtre relative aux pro- sur N’Djamena. Enfin, en cas de crash d’un avion EFT sur cédures aéroportées : livraison par air, poser d’assaut, la piste, le détachement a pour mission de secourir les embarquement dans un hélicoptère, EVASAN, balisage victimes et de sécuriser le site de l’accident en attendant de pistes sommaires, rudiments de l’officier marqueur l’arrivée de la commission d’enquête. baliseur. Simultanément, l’équipe TACP s’entraîne égale- La compagnie peut, au besoin, se réarticuler en format ment au Close Air Support3 (CAS) et à l’Emergency CAS

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 12 20/05/2011 08:25:00 Capitaine Michel Botella 40e régiment d’artillerie commandant la SAM - PROTERRE ABECHE Groupement TERRE / Eléments Français au Tchad

(ECAS) avec les patrouilles de Mirages 2000. encore le tir à proximité des troupes amies pour faire sortir des stéréotypes. Le chef interarmes trop marqué De même, sans recourir aux moyens aériens, la SAM par sa seule culture d’arme peut être tenté de ne voir PROTERRE effectue d’autres activités « de fond de sac » dans la SAM PROTERRE qu’un réservoir de forces dans qui développent les fondamentaux. Une marche section lequel il pourrait puiser une section supplémentaire en mensuelle dans l’immensité du désert Saharien permet vue de sécuriser le camp KOSSEÏ6 et l’aéroport. Hors d’entretenir l’aguerrissement. Des exercices avec thème SAM, il y a peu, voire pas, d’artilleur au sein de l’EMIA, tactique et mission simple à remplir agrémentent les pour conseiller sur l’emploi de l’artillerie au Tchad, assu- séances de tir ALI à Tchoukoutoum4. rément un déficit à combler. En parallèle de ses activités opérationnelles dense, la Le déploiement du GAM sur N’Djamena s’apparente au SAM PROTERRE participe aux activités des Actions Civilo- détachement classique d’une batterie en structure DL Militaires (ACM). Ainsi, la PROTERRE escorte le médecin de commandement au profit d’un GTIA. Le commandant lors des Aides Médicales à la Population (AMP) autour d’unité se retrouve alors en position de conseiller feux d’Abeche. Ce sont des occasions uniques, pour les plus du COMTACTERRE. Le COMANFOR reste cependant la jeunes artilleurs du 40 de découvrir l’Afrique profonde, seule autorité habilitée à ordonner l’ouverture du feu des pour les anciens, de l’aimer plus encore. mortiers. D’un point de vue matériel il s’agit d’une opé- La Tournée de Province (TP) constitue le point d’orgue ration de coordination. 4 mortiers sont disponibles sur d’un séjour au Tchad, que la 1re batterie attend avec im- Abeche. 2 autres à N’Djamena sont réservés à la mise patience. Un créneau d’une dizaine de jours permet à la en œuvre du RESEVAC. La SAM travaille en collabora- compagnie de parcourir une partie du Tchad. Arrivée à tion avec la compagnie d’infanterie. D’un côté le GAM se mi parcours, la première section est relevée par dépose prépare à embarquer dans le Transall à Abeche, avec aérienne par la seconde pour terminer la TP. C’est l’oc- son matériel spécifique pour les observateurs et l’équipe casion de découvrir les paysages contrastés du Tchad du reconnaissance. De l’autre, la compagnie d’infanterie Nord au Sud et d’aller à la rencontre des Tchadiens. Du- prête les véhicules nécessaires au GAM et perçoit les rant ces quelques jours, les soldats professionnels vivent munitions de 120 à N’Djamena en attendant le Transall. des moments inoubliables de vie en campagne au milieu Cette réactivité à 2h est permanente. Les EFT condui- du Sahara, à servir nos trois couleurs. sent régulièrement des exercices de montée en puis- sance pour tester toutes ces procédures. Les soldats Le Mo 120mm en opérations : pros de la 1 répondent toujours présent. l’atout-maître des EFT Soldat et artilleur du 40 : heureux de faire son métier La SAM PROTERRE est l’unique élément artillerie de la au TCHAD mission EPERVIER. La SAM s’inscrit dans un contexte particulier. EPERVIER est une OPEX à dominante air, L’opération EPERVIER est l’occasion de vivre sa vie de donc commandée par un COMANFOR colonel de l’ar- soldat pleinement. Le Tchad permet une densité et une mée de l’air. A ses ordres, un état-major inter armées variété d’activités opérationnelles interarmées excep- (EMIA) regroupe toutes les composantes, rassemblées tionnelles. EPERVIER constitue une opportunité unique en groupements air, terre et soutien. Le groupement de maintien et d’approfondissement des savoir-faire terre compte 3 unités : la compagnie d’infanterie, l’es- spécifiques à une batterie de tir. Le positionnement sur cadron et la SAM armée par la 1re batterie du 40e RA. Abeche en isolé offre en sus la possibilité de s’épanouir Le groupement est aux ordres du COMTACTERRE5, l’un dans le commandement des hommes, notamment dans des chefs de corps de la brigade projetée, assisté dans le cadre de missions de niveau section. La participation son commandement par un état-major tactique réduit : à la mission EPERVIER constitue le cœur de notre métier un chef Ops, un officier conduite et un officier renseigne- en opération : conseiller l’interarmes et lui faire appré- ments. cier l’atout majeur que représente l’appui feu : « Pas un pas sans appuis ». C’est une mission exaltante. La particularité de la SAM au sein d’EPERVIER est d’être la seule unité isolée à Abeche. En effet, depuis janvier 1 2011, le détachement hélicoptère a quitté définitive- Surnom donné au détachement par le COMFT ment le camp CROCI et n’y revient que pour de courts 2 Nom de baptême du camp français à ABECHE : Michel CROCI, pilote de séjours. Cette position unique fait courir le risque d’être Jaguar abattu le 25 janvier 1984. Alors en détachement à N’DJAMENA dans oublié par la force dans l’affectation des moyens air ou le cadre de l’opération «MANTA 2», il s’envole à la tête d’une patrouille mixte les activités programmées par la Force, en fait, c’est Jaguar / Mirage F1 pour effectuer une mission de reconnaissance armée au-dessus d’éléments hostiles dans la région de TORODUM. Il trouve la mort surtout un gage d’autonomie et de plénitude du com- lorsque son avion, probablement touché par un projectile, explose. mandement vécue par le commandant d’unité de la SAM 3 qui se retrouve à la tête de l’élément majoritaire du site. CAS : Appui Aérien des troupes au sol guidé par le chef TACP. ECAS : Appui Aérien d’urgence pour les troupes au sol, procédure d’urgence employable L’un des rôles de la SAM est de faire valoir la capaci- par tous, ne nécessitant pas de formation particulière. té d’appui de l’artillerie au profit de la force, sans être 4 Le champ de tir ALI de TCHOUKOUTOUM à 40 km au Nord d’ABECHE est co localisée à N’Djamena. L’environnement urbanisé et l’un des 3 champs de tir des EFT avec celui de MASSAGUET, dans la banlieue le contexte d’emploi (RESEVAC) sont souvent prétexte, de N’DJAMENA, et celui de MOUSSORO à 200 km au Nord Est de N’DJA- dans l’esprit du chef interarmes, à réduire l’emploi du MENA où à lieu l’exercice majeur des différents mandats : le Tir Inter Armes Mo 120mm au tir éclairant. Le capitaine commandant auquel la SAM ne participe pas faute de régime de champ de tir adapté. la SAM doit sans relâche faire œuvre de pédagogie et 5 COMTACTERRE : COMmandant TACtique TERRE faire comprendre les notions de tirs de semonce à l’éclai- 6 Nom de baptême du camp français à N’DJAMENA rant en plein jour, au fumigène sur un objectif vide ou 13

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 13 20/05/2011 08:25:03 Colonel Jean-François Schoonmann Chef de corps du 1e RAMa Tchad : mission de reconnaissance

Du 16 août au 12 ette mission s’inscrivait dans le contexte du retrait progressif de la MINUR- CAT à l’Est du pays et du processus de transfert de ses missions aux forces septembre 2010, C de sécurité tchadiennes. plus de 220 Bigors, Turcos et Spahis Deux exercices d’appui aérien « close air support » ont été réalisés par des Mirage 2000 guidés par les chefs de section ou de peloton, ainsi que par les du groupement contrôleurs aériens avancés de la compagnie PROTERRE et du détachement de Terre des éléments protection de l’armée de l’Air. français au Tchad (EFT) ont conduit Les sections ou pelotons ont dû prouver leur aptitude à maîtriser un environ- nement extrêmement difficile, traversant des secteurs rocailleux et accidentés, une mission de re- de vastes étendues de sable et de dunes sous une chaleur écrasante, dans un connaissance (MR) contexte sécuritaire incertain et parfois au travers de champs de mines… de plus de 2 000 L’aspect humain de cette aventure a marqué durablement les esprits. Les km en zone sahélo- contacts avec les autorités locales et la population se sont révélés très amicaux, désertique, d’Abé- plusieurs aides médicales à la population ont été réalisées. ché à Faya. Nous avons eu le souvenir de nos grands anciens Bigors et Turcos de la 1re DFL qui en 1942, après être partis de Brazzaville, passèrent de Fort Lamy (N’Dja- mena) à Abéché pour aller libérer la France. D’une certaine manière, ce sont leurs traces que nous avons suivies.

Bigors et Turcos réunis pour Bazeilles dans le Djourab livraison par air

14 ARTI N°16 - juillet 2011 Bivouac Aide médicale à la population

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 14 20/05/2011 08:25:11 Capitaine Droesch Adjoint 2e batterie 61e régiment d’artillerie « Afghanistan : 3 ans déjà pour le 61e RA »

Présent depuis octobre 2008 en Afghanistan, et pos- rations terrestres. sédant à son actif plus Impliquée dès la préparation de la mission par l’unité de de 530 missions réalisées combat , la batterie peut proposer des dossiers à base souvent dans des condi- d’images pour aider l’unité engagée à s’approprier au tions confinant aux limites mieux la zone d’action. Pendant la mission des troupes du système, le 61e régi- au sol, le SDTI fournit du renseignement tactique dans ment d’artillerie contribue des délais très courts facilitant ainsi la manoeuvre. Pro- avec ses drones à la sur- longeant l’action du SDTI, les équipes RVT1 (Remote Video veillance aérienne et au ren- Terminal), permettent la diffusion du renseignement aux seignement dans la zone de chefs sur le terrain. Parallèlement, le SDTi peut contri- responsabilité française. buer aux réglages des tirs d’artillerie et identifier la pré- Ayant déjà projeté près sence de civils ou d’alerter la force face à des personnes de 300 « diables noirs » et au comportement suspect. Enfin, le drone permet d’éva- contribuant désormais à la luer les résultats des frappes d’artillerie. mise en oeuvre du système Déployé sur le théâtre d’opération le plus exigeant actuel- américain de ballons captifs lement, le module SDTI est un outil polyvalent et souple. Le nombre de missions, en constante augmentation, met en équipés de caméras haute relief le besoin avéré des GTIA (Groupement Tactique In- résolution, le 61e Régiment terarmes) en matière de renseignement d’origine image. d’Artillerie appuie la force Grâce à la vidéo en temps réel et leur proximité avec les terrestre par le renseigne- unités combattantes, les drones tactiques répondent par- ment d’origine image. faitement aux exigences du combat moderne, caractérisé par la compression des cycles de décision. Pionnier en e sager de la 3 dimension au même titre que l’ALAT matière de drones, la France les met en œuvre depuis Uet l’armée de l’air, le drone évolue dans un cadre plus de 45 ans grace à l’artillerie, arme savante par ex- complexe, requérant de la part du personnel servant le cellence. Depuis maintenant 12 ans, le 61e régiment d’ar- SDTI (Système de Drone Tactique Intérimaire) des com- tillerie représente l’essentiel de la composante drones de pétences en aéronautique, en imagerie, mais aussi une l’armée de terre. Après avoir servi sur canon de 75 pen- connaissance fine des besoins des armes de contact. Pla- dant la Grande guerre, canon de 105, canon antiaérien cée en alerte permanente, la batterie SDTi doit pouvoir de 90 mm, puis sur AUF1, le régiment des « envoyer ses drones survoler la zone d’opération française diables noirs » met en œuvre son matériel avec la même dans l’heure suivant le déclenchement de la mission. maîtrise des savoir-faire que ses anciens, dans la pure Capable de reconnaissance d’axe, de couverture d’un dis- traditions des artilleurs. positif, d’appui à la planification d’opérations terrestres, c’est une aide essentielle à la prise de décision du chef 1 équipe RVT : Equipes de deux personnels recevant, par l’intermédiaire d’une interarmes. Le SDTI , de mieux en mieux connu, apporte dalle tactile, les images du drone en temps réel et déployées au plus près une plus value certaine dans le bon déroulement des opé- des unités au sol

FOB TORA en surobi, lancement et vol de 2 heures du drone SDTI au profit de la TASK FORCE Hermes

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 15 20/05/2011 08:25:18 La 1ère batterie du BATTLE GROUP RICHELIEU au cœur de l’action « Je ne crois pas aux combinaisons Le 28 décembre, des insurgés sont décelés. La de- du destin. Chacun force le sien à sa mande de tir est transmise au BG RICHELIEU. guise, s’il en a la volonté, s’il en sai- La section CAESAR de la 1re batterie, commandée par sit l’occasion, s’il en trouve le pen- l’adjudant Savio, alors en position sur le COP HUTNIK, chant, ou n’importe quoi d’autre entre se voit attribuer le tir. L’objectif se situe à plus de 17 km de la zone d’implantation. A la diffusion de l’alerte, les le rêve et la réalité : le champ est CAESAR et le VAB PC se déploient à l’extérieur du COP. vaste. » La section est prête, et les canons de 155mm de la 1re Antoine de TOUNENS batterie vont tirer en contexte opérationnel... dernier epuis début décembre 2010, la 1re batterie du épisode similaire pour eux : 1991, l’opération DAGUET. D11e régiment d’artillerie de marine est engagée au Après la mise en place, l’efficacité ! Celle-ci est renouve- sein du BG RICHELIEU. Déployée avec ses mortiers de lée, au total 3 tirs explosifs. Les insurgés sont neutra- 120 mm et ses CAESAR dans les différentes emprises lisés. du GTIA SUD, elle a appuyé de ses feux l’ensemble des Quelques minutes plus tard, le COP est pris à partie opérations. A la moitié du mandat, le bilan est éloquent, depuis ses abords par des tirs de 82SR. Les obus de plus de 50 tirs effectués (70 obus de 155 en phase cette arme redoutable frappent sur la position occupée opérationnelle et 150 obus de 120). la veille par les CAESAR au cours d’un tir d’entraîne- Cette mission est pour nous, l’occasion de réaliser ce ment. La vallée d’Alah Say doit cependant toujours être que nous avons tous profondément désiré, l’engage- appuyée. Le chef de section annonce : « Tonnerre, ici ment constant et concret auprès d’un GTIA, l’appuyant Tonnerre 13, je reste sur ma position en mesure de par un feu nourri et précis, de nos canons et de nos maintenir la permanence du feu! ». mortiers, des avions ou des hélicoptères, et par le ren- La section de tir mortier, à quelques dizaines de mètres, seignement. est mise en alerte, prête à riposter... les sections atten- Faisons le récit de quelques heures, durant lesquelles la dent... l’adversaire fuit. batterie d’appui au contact, les observateurs/JTAC et Quelques minutes plus tard, c’est le COP ROCCO, en les sections de tir se sont illustrés, forçant le destin par vallée d’Uzbeen qui est à son tour pris à partie. La sec- l’investissement de tous. tion de tir renseigne les éléments OMLT, depuis le poste d’observation qui lui est dévolu, sur les insurgés repé- OPERATION BLACKSMITH HAMMER rés, et se met en batterie. Quelques minutes plus tard En décembre, le bataillon ALLOBROGES engagé en Kapi- les avions américains arrivent faisant immédiatement sa, exécute l’opération BLACKSMITH HAMMER. Celle-ci rompre le contact aux adversaires. vise à neutraliser les insurgés dans la vallée d’Alah Say. En conclusion, en moins de deux heures, toutes les sec- Le BG RICHELIEU est chargé, par le biais de sa section tions de tir de la 1re batterie ont répondu présentes, CAESAR, d’appuyer le dispositif avancé des forces sur par le feu, par le renseignement ou simplement en se les fonds de vallée à partir desquels les terroristes cir- montrant prêtes à riposter et rendre les coups à ces culent. adversaires.

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 16 20/05/2011 08:25:22 Capitaine de la Tousche commandant la 1re batterie du 11e régiment d’artillerie de marine / SGTIA RICHELIEU

La complémentarité des moyens L’appui feu au profit des détachements isolés Les acteurs gravitant autour de la chaîne artillerie sont Si ces opérations font le quotidien des marsouins et des nombreux. En premier lieu l’ensemble des appuis aé- bigors, il y a aussi l’appui feu des emprises isolées, occu- riens de la force agit grâce aux guideurs aériens répar- pées par l’armée afghane et les OMLT qui ne disposent tis au sein des GTIA, principalement dans les équipes pas de section mortiers, qui permet à la batterie de d’observation. Ils sont en mesure de guider, avec leur laisser s’exprimer ses canons. JTAC1 les avions pour les phases de close air support, Dans la nuit du 22 au 23 janvier, un poste ANA est sous comme les hélicoptères pour les phases de close com- le feu ennemi. Le JTAC OMLT (93e RAM) du COP ROCCO bat attack. Ils sont également en mesure de guider les demande l’appui des 155. Les canons ouvrent le feu drônes tels que le PREDATOR. Ces équipes ne sont pas avec des obus éclairants au maximum de leur capacité, exclusivement composées d’artilleurs mais sont sous la depuis la FOB de TORA. A la première salve les insurgés coupe d’un JTAC et contrôleur aérien de l’armée de sont repérés... à la deuxième salve, ceux-ci, se sentant l’air, et complétées pour un des SGTIA par une équipe acculés, s’enfuient... la 3e salve rassurera les Afghans. de JTAC d’un commando de l’air. La menace a cessé grâce au 155. Parallèlement, le couple SDTI / ARTILLERIE permet l’ac- Puis, quelques jours plus tard, le poste de ROCCO est quisition de cibles dans la profondeur. Les essais effec- de nouveau l’objet de prise à partie, successivement les tués le 21 janvier sous les ordres de la TF LAFAYETTE journées du 28 janvier, du 1er et du 2 février. Le JTAC sont particulièrement concluants et là encore la complé- de ROCCO fait de nouveau appel aux 155. La sanction mentarité des systèmes d’armes est redoutable. des canons est nette et sans appel, en moins de 10 Un redéploiement nécessaire minutes et à plus de 14 km, depuis le COP HUTNIK, les points d’appuis insurgés sont sous le feu nourri et pré- Le BG RICHELIEU fait face à de nouveaux défis et a du cis du BG RICHELIEU. A chaque fois, il n’y a eu que très réadapter son dispositif, en vue d’effectuer sa mission peu voire aucun réglage de requis, et l’efficacité avec 8 au plus proche de la population et au sein même de la obus explosifs a pu suivre très rapidement l’arrivée des zone hostile, loin des COP et FOB. 2 premiers coups, faisant taire la menace d’autant et Pour l’artillerie se dévoile la nécessité de sa propre com- mettant en fuite les insurgés blessés. plémentarité, notamment la mise en commun des effets Ces actions sont un succès de la chaîne artillerie au sein de ses canons entre les deux GTIA français, pour être de la force, mais c’est aussi un succès dans la coopéra- plus brutal sur cet ennemi si véloce et presque habitué tion avec les forces de l’ANA. aux frappes d’artillerie. Ces quelques pages ont été écrites grâce à l’investis- Une section de tir mortier est donc dévolue à l’appui des sement de tous et nous ont permis de réaliser le mé- SGTIA infanterie à partir de déploiements de circons- tier pour lequel nous nous sommes engagés. La sueur tance, au plus près de la frange des contacts, en vue de mêlée aux sourires de nos bigors, met en valeur leur gagner en efficacité et en permanence du feu. rusticité et leur détermination, forçant le destin et la La section CAESAR est amenée à occuper des positions vraie cohésion. différentes, afin de procurer des feux précis et brutaux Elles mettent aussi en valeur l’expérience forte et déjà sur le terrain. Ces propres capacités d’appui ne permet- riche que les bigors vivent en appui et au sein du BG tant cependant pas l’auto protection, elle se déplace de RICHELIEU et de ses marsouins. COP en COP. Toutefois, ses positions de tir ne se situent Toujours plus fort! pas dans les emprises mais sur les abords immédiats, 1 joint tactical air controller, guideur aérien certifié afin de lui donner davantage de champ. Le dialogue interarmes n’en devient que plus intéressant pour les commandants de SGTIA qui disposent donc d’une capacité d’appui considérable et mobile. 17

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 17 20/05/2011 08:25:26 DETMuc SUROBI : LES YEUX ET OREILLES DU SGTIA

Voilà cinq mois que le DETMuc (détachement multi capteurs) du 68e régiment d’artillerie d’Afrique opère sur le territoire afghan, en Surobi. Dans un pre- mier temps, pendant deux mois et demi, à partir du COP ROCO Décollage en Uzbeen (Combat Out Post) dans la vallée d’Uz- been, et depuis fin dé- cembre sur COP HUT- NICK, au sud de la Kapisa.

e COP HUTNICK revêt une grande im- Cportance pour la TF LAFAYETTE (Brigade française) et est particulièrement exposé aux tirs indirects ennemis (il en a souvent fait l’ex- périence). Il porte le nom d’un 1re classe de légion étrangère mort pendant l’opération « Hope for reaction » qui a permit d’installer ce COP. Les DRAC en veillent Le détachement multi capteurs comprend du matériel de type RASIT (radar de surveillance au sol) et de type DRAC (petit drone). Issu de la BRB3, ce détachement s’est entrainé pendant des mois en France, avant d’être finalement déployé à l’automne dernier. Pour une bonne entrée en matière, le déta- chement a connu l’arme la plus lâche utilisée par les insurgés, lors du transfert entre Ka- boul et le COP ROCCO : le convoi a en effet subi une attaque par IED (Impovised Explo- sive Device). Une fois arrivés, nous avons été accueillis en octobre par la compagnie du GTIA BISON et immédiatement intégrés.

Rasit sur COP

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 18 16/06/2011 15:04:33 Adjudant chef Henry Chef du DETMuc SUROBI 68e régiment d’artillerie d’Afrique

A partir du COP, nous participions aux différentes patrouilles du SGTIA et aux opérations du GTIA, de jour comme de nuit. Chaque jour le DRAC ef- fectue quatre missions voire plus, en fonction des opérations ; le RASIT quant à lui, couplé avec la camera MARGOT 5000, fonctionne tous les soirs pour une surveillance de douze heures. Ce DRAC nous permet d’appuyer les unités qui sortent du COP en leur fournissant des « rensei- gnements image » sur le « carrefour d’après », ou « derrière le mur ». Ces renseignements sont particulièrement importants, puisqu’ils permet- tent d’anticiper les embuscades adverses et de minimiser leur impact en privant les insurgés de leur arme majeure : l’effet de surprise. S’il peut être utilisé de la même façon, le RASIT trouve sa Green zone et compounds sud Kapisa raison d’être dans la surveillance des abords du COP et des points de départs habituels des désor- mais célèbres « CHICOM » qui rythment les nuits de tout le district de la KAPISA A partir du 25 décembre sur notre nouveau COP, et en peu de temps, nous avons dû nous fami- liariser avec le terrain. Changement radical avec l’Uzbeen qui a très peu de GREEN ZONE (zone de végétation très dense des fonds de vallée), et où les villages sont séparés par plusieurs kilomètres. Au sud de la Kapisa, près du COP HUTNICK, c’est une vallée, avec la GREEN ZONE et ses WADIS, ses compounds et la rivière Tagab. Ce terrain particulièrement compartimenté et quasiment imperméable aux vues nous complique singulièrement la tâche et pousse notre matériel aux limites de ses capacités. Cependant la mis- Vallée sud Kapisa sion continue et il faut faire avec. Conscients de l’efficacité et de l’importance d’un tel détachement dans une manœuvre interarmes, nous poursuivons notre mission pleins d’allant. Premier mandat pendant lequel le DETMuC des BRB est utilisé, nous sommes fiers d’avoir effec- tué plus de 225 missions DRAC et plus de 1000 heures de surveillance RASIT en 5 mois. Le moral reste bon car la mission est intéres- sante, mais nous avons malgré tout bien hâte de retrouver nos familles et SURTOUT notre BON VIEUX régiment.

Green zone et compounds sud Kapisa

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 19 20/05/2011 08:25:36 L’importance de la réactivité des artilleurs dans la réussite des appuis en Afghanistan Sollicité pour écrire un article dans notre revue engendrée que par l’imagination, l’adaptation et le ARTI, je ne désirais pas re- professionnalisme. Ces trois éléments sont indisso- tracer notre mandat ac- ciables. tuel et détailler notre L’artillerie s’y distingue clairement et apporte des so- travail au quotidien. lutions innovantes. Après trois années d’en- Le GTIA veut obtenir un effet ; l’artillerie doit lui pro- gagement de GTIA en Kapi- poser l’appui le plus approprié. La part d’imagination sa, de nombreux RETEX et et d’adaptation doit être couplée à une connaissance témoignages ont été réa- et une maitrise parfaite du système ; c’est le profes- lisés détaillant tous ces sionnalisme. Sans cette capacité, l’innovation risque d’être farfelue et dangereuse. Plus les effets de l’artil- points. Non, je souhaitais lerie seront connus et maîtrisés, plus nous pourrons évoquer ce qui constitue proposer des solutions osées et efficaces. l’essence et la réussite de Ainsi, lors d’un tir, tous les paramètres doivent être notre appui sur ce terri- étudiés en même temps : choix des munitions et toire : la réactivité. quantité, proximité des compounds et de la popula- tion, position des troupes amies, pertinence de l’ap- a situation, au cours de ces trois années d’enga- pui. Lgement de la France en Kapisa et en Surobi a Trois personnels armés ont un jour été observés au continuellement évolué. Français et insurgés adap- sud du pont de Tagab. Deux compounds étaient situés tent leurs actions en fonction de l’autre et cherchent à cent mètres d’eux et dans l’axe de la trajectoire de la faille qui leur apportera la victoire. C’est une sorte tir mortier. Le tir ne pouvait s’effectuer qu’en mor- de jeu de miroir, qui exige un grand professionna- tier dont l’effet, plus faible que le Caesar, était plus lisme, une remise en question permanente et donc adapté à la proximité d’habitations. Le mode percu- une réactivité de chaque instant. tant a été choisi pour minimiser le rayon d’efficacité. Les opportunités doivent être exploitées, mais avec Le fusant a un rayon d’efficacité plus important dans prudence pour ne pas offrir de faiblesses aux insur- un terrain cloisonné de murs. La fourchette étant de gés. La réactivité de chacun permettra de répondre soixante mètres, nous avons donc décidé et réalisé à toutes ces attentes. ce tir. Deux coups ont été tirés, et sont tombés à cinq Mais cette réactivité face à une situation ne sera mètres du groupe, mais de l’autre côté du mur. Les

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 20 16/06/2011 15:05:17 Capitaine Richard de Suremain Coordonateur appui feux du GTIA ALLOBROGES Commandant la batterie des Cerces 93e régiment d’artillerie de montagne

dans cette zone ? Ces hommes en déplacement, sans armes mais au pas rapide et se dirigeant vers une zone où les français ont déjà été pris à parti sont ils suspects ? Toutes ces réflexions et appréciations constitueront une aide précieuse pour le SGTIA et donc le GTIA. Les observations et comptes-rendus des EOC doivent être rapides et précis. Le GTIA dispose depuis quelques mois d’un ballon d’observation, déployé six cent mètres au dessus de la FOB de Tagab, et aux capacités impressionnantes : détection jusqu’à dix kilomètres et identifications jusqu’à cinq kilomètres. Ainsi lors de l’identification d’insurgés en déplace- ment, le choix et les éléments du tir doivent être dé- cidés en moins de deux minutes. Le CAF donne aux sections un objectif du catalogue pour orienter les sections de tir avant d’envoyer les éléments de tir insurgés n’ont pas été touchés et se sont rapidement complets. exfiltrés. Les sections de tirs se sont adaptées à cette situa- Cette séquence traduit bien la réactivité de chacun et tion un peu particulière en préparant, dés le début toute la réflexion nécessaire à l’obtention du meilleur de la séquence, sur ces objectifs, différents tirs, fu- effet. migènes ou explosifs, percutants ou fusants. Cette Chaque mission est débriefée afin d’améliorer les pro- réactivité et cette adaptation ont permis des tirs ra- cédures. Cela fait aussi parti de la réactivité. Nous pides et efficaces de nombreuses fois. devons nous détacher des schémas types, tout en L’équipe DL met aussi en œuvre régulièrement de conservant les bases fondamentales de notre métier. nouvelles procédures de tir avec ce ballon. Nous pou- Les sections de tir, les EOC et l’équipe DL ont toutes vons ainsi être amenés à tirer à deux pièces, et, alors des tâches bien distinctes. Chacun a donc un devoir que les premières salves arrivent sur le terrain et que de réflexion et de proposition. La chaîne artillerie ne l’ennemi se protège, régler la troisième pièce et lui peut être réactive que si chacun l’est. Cet effort doit faire poursuivre l’efficacité. commencer et progresser dés la MCP. Les exemples sont encore nombreux où l’artillerie fait La réactivité de l’EOC s’illustre dans la préparation preuve d’adaptation et de réactivité. Je ne crois pas et l’accomplissement de ses missions. L’EOC, dans que nous ayons encore besoin de faire nos preuves, son articulation et son positionnement, jouera un rôle chaque nouveau GTIA connait désormais la nécessité clé dans l’appréciation de situation et la collecte de de l’artillerie : « pas un pas sans appuis ». renseignement. Son expertise, sa connaissance du Mais nous devons entretenir notre réactivité et cette terrain, des insurgés et de la population lui donnent pertinence qui apporteront au chef une solution juste la capacité de conseiller efficacement son comman- et adaptée. L’artillerie n’est pas un système ancien dant d’unité. Il est ses yeux mais aussi un élément et poussif. Au contraire, elle est maintenant au cœur d’analyse. des combats et innove en permanence, pour contrer Le personnel armé observé debout sur un toit est-il l’ennemi, dont les modes d’actions évoluent aussi en un chasseur (l’arme ressemble à un fusil de chasse) permanence. ou un insurgé ? D’autres chasseurs sont-ils présents dans la zone ? Est-ce l’époque ? Est-ce une habitude

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 21 20/05/2011 08:25:40 Sergent Anselme 1ère batterie / 3e RAMa Témoignage d’un chef de pièce de la 1ère battErie engagé sur le théâtre Afghan

Ma section, mise en place à Tagab, avait déjà effec- tué plus d’une centaine de tirs opérationnels sur le casque en kevlar n’est pas commun… ! Un autre aspect de notre mission consiste à effectuer théâtre afghan à l’issue du des tirs de contre batterie sur les positions de tirs premier mois de son man- CHICOM, ou mortier de 82mm, auxquels la FOB est su- dat. jette régulièrement. Entre ces tirs en pleine nuit et les tirs d’appui des opérations du GTIA, la rapidité prime car nos camarades sous le feu attendent beaucoup de ’expérience vécue lors de ce premier mois fut ca- nous, soit pour appuyer l’évacuation d’un blessé, soit pitale. Chacun, à tous les niveaux de la pièce, a pu L pour se désengager, soit pour neutraliser un groupe prendre conscience de l’importance de son poste et de d’insurgés. Pour moi, chef de pièce de la SAM de TA- la difficulté de la mission. Ainsi, chaque personnel de GAB, et mes bigors, un seul but : tirer vite et bien. la section de tir voit la finalité de son entraînement, la conclusion des longues années d’entraînement et de Ainsi, au terme de notre mission sur le théâtre afghan, formation, en étant confronté à une réalité opération- la section aura tiré plus de 900 obus en mortier ou nelle difficile. Bien loin des camps de manœuvre et des CAESAR et parfois à moins de 100 mètres des unités missions outre-mer effectuées précédemment, jamais amies. Le travail sur pièce a dû être rigoureux à tous le contexte opérationnel n’aura procuré un tel senti- les niveaux et surtout à tout moment, aucune erreur ment d’exaltation et surtout une telle envie de montrer ne peut être envisageable. La rigueur des bigors est notre valeur. le facteur clé pour réussir cette mission exigeante et Au profit de la TASK FORCE HERMES et de tous nos difficile. Elle nous a permis d’acquérir une solide ex- camarades marsouins, sapeurs et cavaliers engagés périence, extrêmement enrichissante à la fois dans le dans ce conflit, l’appui feu de l’artillerie trouve toute son domaine militaire et dans le domaine humain. Ce man- importance. Notre mission : être en mesure de four- dat de 6 mois, très intense, est passé très vite. L’en- nir des feux, des effets d’éclairement et d’aveuglement gagement de l’artillerie sur ce théâtre exigeant est la à tout moment en moins de 5 minutes pendant l’en- meilleure des façons de montrer aux armes de mêlée semble du mandat. Ceci implique une disponibilité sans la nécessité de l’artillerie et la valeur du personnel qui faille, avec du personnel en permanence sur position sert cette arme. de tir, en alerte radio, et bien sûr une réelle polyvalence Fort de cette expérience, il ne me reste maintenant au sein des équipes de pièce. Cette disponibilité nous a plus qu’à mettre à profit ces acquis au sein e du3 d’ailleurs valu quelques épisodes originaux, par exemple RAMa, en vue des prochaines projections. voir un pointeur faire son travail en tenue de sport avec

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 22 20/05/2011 08:25:45 1er RAMa OMLT et bigors en Afghanistan

Engagés depuis le mois d’octobre, trois bigors du 1er RAMa témoignent, de façon synthétique, du déroulement de leurs différentes missions. C’est à Bagram que le JTAC (join tactical air controler – contrôleur aérien tactique) est pas- sé entre les mains du Senior JTAC américain afin d’obtenir sa certification théâtre qui habilite un JTAC à guider et délivrer des feux air-sol.

e 21 Novembre, l’équipe embarquait à bord d’un Caracal qui la Ldéposait sur la FOB (forward outpost base – base avancée) Tagab. Le soir même, 2 COP (combat outpost – position de combat avancée) étaient attaquées et le capitaine D. sollicité pour obtenir des tirs artil- lerie éclairants ! Le ton était lancé… Après un mois passé en vallée de Tagab, l’équipe JTAC aura guidé du F-16, du Tigre, fait tirer une vingtaine d’obus éclairants et éclairants in- frarouge ! Les 2 Bigors du 1er RAMa rentrent alors sur Pol-E-Charki où ils se remettent en condition avant de passer les fêtes de fin d’année avec leur OMLT. Mais leur pause fut de courte durée car ils furent ensuite désignés pour renforcer une OMLT dans la province de Surobi, déployés pour ap- puyer les unités chargées de la sécurité de la Highway 7, axe logistique important qui relie Kaboul à Jalalabad puis au Pakistan. De son côté pour l’adjudant-chef D., l’intégration s’est remarquable- ment bien passée au sein du dispositif. Si une fois présent sur la FOB de Tora, la prise en compte du matériel auprès du 68e RAA s’est faite assez rapidement, la première mission se présente à peine 72 heures après, en vallée de Tagab. Pour l’artillerie, l’avant se compose d’équipes sur VAB OBS avec JTAC, bien intégrées au sein des compagnies (sur VBCI). Pour l’arrière, les équipements comprennent du mortier de 120 mm et du CAESAR. L’Ajudant-chef D. a mené trois missions en vallée de Tagab, qui leur a permis notamment de trouver des caches d’armes. L’un des buts étant de maintenir en permanence une présence sur le terrain, dans la val- lée, par des relèves continues entre sous - GTIA.

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 23 20/05/2011 08:25:51 La section SATCP de DAMAN XIV : Préparation ambitieuse à l’engagement, début de mission gagnant

La section MISTRAL de DAMAN XIV enforcée par une pièce est actuellement armée par la sec- Rdu 402e régiment d’ar- tion « force avancée » de la 2e b- atte tillerie, cette section est rie de commandement tactique du commandée par le lieute- 54e régiment d’artillerie. Sa mise en nant LASVACAS. Elle est composée de deux senseurs condition avant la projection s’est (radars) et six pièces de tir déroulée sur cinq mois selon un ca- en double dotation MISTRAL lendrier maintenant bien rôdé pour MANPADS – VAB Canon. ce type de module. Deux semaines Arrivée sur le territoire le au CNEF LATTA de Biscarosse ont 27 janvier 2011, la section permis de valider les savoir-faire SATCP a immédiatement des équipes sur le VAB T20-13. La pris place au sein de la quick préparation générique en IST-C, en reaction force (QRF) aux secourisme de combat et en aguer- ordres du lieutenant-colonel rissement a, quant à elle, été as- DARTENCET. Les consignes surée au camp des Garrigues et au préalables et les disposi- CEITO. L’entraînement à la manœuvre tions matérielles ont été lar- MISTRAL dans un contexte inte- gement facilitées puisque le e rarmes a été réalisé avec la brigade 54 RA a effectué pour ce leader sur le module (3e BM) au CEN- mandat, comme pour le pré- cédent, une auto-relève. Un TAC. Enfin, des évaluations « métier » délai d’une semaine a donc et PROTERRE sanctionnées respec- été suffisant pour s’appro- tivement par la CNCIA et la cellule prier l’ensemble des facettes aguerrissement/PROTERRE du BOI du de la mission et la section régiment ont clôturé cette a débuté ses tâches tradi- période dense de prépa- tionnelles de permanences ration à l’engage- opérationnelles, maintien en ment. condition des matériels, pa- trouilles et entraînements au déploiement.

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 24 20/05/2011 08:25:55 Chef d’escadron Maxime Porcher Chef de la cellule Budget/Programmation/Pilotage 54e régiment d’artillerie

Dès le 1er mars, une modification de structure des suasion du site de Dayr Kifa. Leur prochaine mission forces a été engagée. En effet, la QRF a été rempla- majeure sera la couverture sol-air de la campagne de cée par la Force Commander Reserve (FCR), forma- tir « Neptune Thunder » les 13 et 14 mars 2011 à tion plus volumineuse et commandée par le chef de Naqoura. Durant cette campagne, ils déploieront un corps du groupement tactique interarmes, le colonel dispositif de défense sol-air dissuasif sur le camp et Haberey. Sa mission est d’intervenir en tout lieu de participeront aux tirs canon de 20 mm. l’aire d’opération (AO). L’intégration au sein de cette nouvelle structure a été rapide et a permis notam- ment de remettre à jour une grande partie des procédures et d’améliorer les installations d’infrastructure en place. La protection du sommet tripartite du 7 mars a autorisé le lieutenant Lasvacas à diriger son premier « vrai » déploie- ment SATCP. Ce sommet qui rassemble les représentants des trois parties au conflit, forces libanaises, forces israé- liennes et FINUL possède en effet une importance capitale qui nécessite la mise en place d’un important dispositif de protection terrestre et sol-air. Bien préparés, pleinement investis et convaincus de la nécessité de leur mis- sion, les artilleurs sol-air du 54e RA ont à cœur de contribuer pleinement à la dé- tection des violations de l’article 1701 de l’ONU et d’assurer le plus efficace- ment possible la protection et la dis-

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 25 20/05/2011 08:26:03 Capitaine Glen Terrom (NFO-FR UN POS 2.45) 40e RA : Polyvalence des feux en OPEX

- Régiment puissant, articulé autour de DEC 2010 : La 3e batterie « IGMAN », en avance quatre batteries de tir, une BRB et une de phase embarque les CAESAR repeints aux BCL, le 40e RA dispose d’une taille critique couleurs ONU à TOULON sur l’ « INDIEN ». qui en fait le régiment de l’urgence opé- JAN 2011 : La 3e batterie « IGMAN » relève rationnelle. au LIBAN la 2e batterie du 40e RA commandée - Détenteur de l’expertise blindée pour par le Capitaine Stanislas RICHEBE, mandat DA- l’armée de Terre, son contrat opération- MAN XIII (SEP 2010 – JAN 2011). Les AUF1 TA nel consiste à appuyer les 2e BB et 7e BB quittent le LIBAN, le CAESAR est déployé pour la avec ses deux bataillons à 16 AUF 1 TA première fois au Levant. chacun. - Equipé d’AUF1 TA, de CAESAR et de Mo JAN à JUIN 2011 : La 3e batterie de tir « IG- 120mm, il sert avec un égal profession- MAN » assure le premier mandat CAESAR au nalisme ses trois canons, ce qu’illus- LIBAN…avant d’être relevée en JUN 11 par la 4e trent les missions opérationnelles de la batterie, elle-même relevée par la 2e batterie en 3e baTTERIE de tir commandée par le Capi- SEP 11, elle-même… taine Thomas DSSERT, entre JUiLlet 2009 - La polyvalence du 40e RA sur les AUF1 TA, CAE- et JUiN 2011. SAR et Mo 120 mm de dotation, voire TRF1 est un atout. JUL à NOV 2009 : La 3e batterie « IGMAN » e - C’est aussi une exigence. La polyvalence s’entre- commandée est déployée en TRF1 au sein du 5 tient dans la durée, comme l’illustre sur 24 mois RIAOM à DJIBOUTI. le cycle opérationnel de la batterie « IGMAN ». MAR 2010 : La 3e batterie « IGMAN » est dé- - Toute occasion est saisie pour entretenir le pro- ployée en AUF1 TA à CANJUERS dans la cadre fessionnalisme acquis par les équipes. d’un GA du 40e RA et de partenariats au profit - L’implantation au cœur du pôle CHAMPAGNE, la de l’EA. structure à 4 batteries de tir sont des atouts ex- ceptionnels, permettant des MCP inopinées pour JUIN 2010 : La 3e batterie « IGMAN » est dé- des projections en urgence. ployée en Mo 120 mm à MAILLY et SUIPPES - De retour de DAMAN XIV, la batterie « IGMAN » dans le cadre du CIADA. entame un nouveau cycle, débouchant Q2/2012 OCT 2010 : La 3e batterie « IGMAN » entame la sur une OPEX au LIBAN en CAESAR? ou en MCP DAMAN XIV en AUF1 TA à SUIPPES. AFGHANISTAN en CAESAR/Mo 120 mm? ou aux FAZSOI en Mo 120 mm ? L’avenir le dira, le NOV 2010 : La 3e batterie « IGMAN » termine 40e RA projette de nouveau 3 batteries de tir sur sa MCP DAMAN XIV en CAESAR à CANJUERS, 4 au Q2/2012…et la BRB en AFGHANISTAN… après s’être réarticulée en moins de dix jours sur la polyvalence est assurée dans la durée ! un nouveau TUEM et un canon différent.

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 26 20/05/2011 08:26:08 Capitaine Ronan Le Clec’h Commandant la 7e batterie Cobra : système 1er régiment d’artillerie d’armes d’artillerie et capteur spécialisé

« Apte à la réversibilité, le module Cobra • elle décèle les « traces du crime », répondant aux peut voir ses capacités utilisées tant dans questions suivantes : quels sont les projectiles em- la phase d’intervention que dans la phase de ployés, quand, combien, de quelle zone et à destina- stabilisation ou de normalisation en partici- tion de quelle autre ? Ces éléments sont les pièces à pant à la sauvegarde des forces ou en ren- conviction indispensables à tout début d’interprétation seignant sur l’activité artillerie des forces de l’événement et à toute « mise en accusation3» . Et en présences ». c’est essentiellement sur ce le Cobra les fournit toutes en temps réel. volet de sa doctrine d’emploi (art 433) que • elle est une réponse à toute tentative d’intoxication cobra est exploité depuis le déploiement en médiatique ou de désinformation de la force en as- septembre 2006 sur le théâtre libannais. Si seyant la crédibilité de cette dernière et en lui donnant les capacités de sauvegarde induites par la confiance en elle-même. contrebatterie, que permettent les localisa- Capteur spécialisé, le radar l’est aussi par la perma- tions radar ne doivent pas être occultées, nence de sa surveillance, l’analyse, le recoupement les informations fournies par les radars de- et l’archivage des informations recueillies depuis 5 puis les débuts de l’opération DAMAN ont été ans. Ce processus a permis de déterminer, côté li- l’un des facteurs de stabilisation du théâtre. banais, les aires de lancement avérées et potentielles Comme vient de le rappeler le général espa- (essentiellement roquettes de 107 et 122 mm) et gnol Asarta Cuevas1. d’obtenir une vision précise du « disart4» israélien. Les campagnes d’artillerie menées sur le Golan, en nitialement développé pour être couplé au LRM dans plus d’entretenir le savoir faire des équipages Cobra, Iune perspective de conquête de supériorité des feux représentent un bon indicateur de la fréquence et du (contrebatterie), le Cobra est arrivé en 2005 aux 1er niveau d’entraînement de l’artillerie israélienne. Il en et 12e régiments d’artillerie. Comme pour tout nou- va de même des répliques déclenchées par les batte- veau matériel, et face à une donne géostratégique ries réparties le long de la « blue line ». laissant percevoir à court terme des engagements de moindre intensité et de nature essentiellement dissy- L’information produite pourrait être incluse de façon métrique ou asymétrique, nombreux sont ceux qui se plus formelle et efficace au processus d’exploitation sont engagés dans une réflexion de fond quant à l’em- de la chaîne renseignement du théâtre avec laquelle ploi de ce système de très haute technologie. Cette le SGTA Cobra n’entretient que des liens ponctuels réflexion conduit pour une bonne part à son très ra- et a posteriori, procédant parfois même d’une dé- pide déploiement au Liban. marche conjoncturellement utilitariste. Un dialogue Radar de trajectographie des projectiles sol-sol, le ra- plus spontané devrait exister entre le CMO (disposant dar Cobra surveille « le champ de bataille » dans une également des comptes-rendus du NC1 40 pour la profondeur supérieure à 40 km sous un angle de 90°. partie radar) et la cellule ISR5 dont les productions Ces capacités ont été pleinement exploitées depuis sont souvent complémentaires et non concurrentes. l’engagement du radar au sud-Liban. Utilisé comme Par exemple, le recoupement imagerie/détections a un moyen privilégié de renseignement et d’investiga- souvent permis de confirmer ou infirmer certaines tion, il a permis de lever à de nombreuses reprises le analyses et de lever une partie du « brouillard de la flou qui aurait pu exister sur les véritables responsa- guerre ». bilités des Etats en présence, ou du moins des forces 1 s’y trouvant. Les aires de lancement des projectiles Actuel FORCECOMMANDER de la FINUL 2 Le 3 août 2010, la prise de contact du deputy force commander avec les qui, régulièrement, violent la « blue line » instituée par responsables militaires libanais et israéliens a permis de calmer une situa- la résolution onusienne 1701, ont été précisément tion qui a fait 4 victimes (un officier supérieur israélien, deux soldats et un localisées. Cette détermination instantanée est pré- journaliste libanais) en quelques minutes, suite à des tirs d’armes lourdes de part et d’autre de la frontière. Tous les tirs d’artillerie avaient fait l’objet cieuse à plusieurs titres : d’un compte-rendu Cobra instantanée. • elle permet à la FINUL de ne pas subir l’actualité, 3 Le 11 septembre 2009, les détections Cobra ont permis d’immédiate- d’anticiper les réactions de la « victime » du moment, ment orienter l’investigation team vers la position exacte de deux roquettes de 107 mm tirées sur le nord d’Israël et donc de limiter ou éviter l’escalade par une prise 4 dispositif artillerie de contact immédiate de la FINUL avec les protago- 5 Intelligence, Surveillance, Research nistes2,

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 27 20/05/2011 08:26:12 Lieutenant-colonel Patrick Dereims DEP / école d’artillerie

Artillerie 2010 Evolution ou Révolution ?

A l’exception des armes nobles que sont l’infanterie et la cavalerie, l’artillerie a été la génératrice des autres armes dont l’aviation et plus récemment des drones utilisés par le nal à la guerre de “Cent Ans”. La renseignement. L’artillerie est bien légitime pour écrire une bombarde demeure cependant part de l’histoire militaire. A chaque époque, elle développe fixe, lourde, entre 2 et 3 tonnes, et agrège de nouvelles technologies et remet en cause la et d’un usage périlleux. tactique militaire. Au sens étymologique du terme, l’artillerie décrit l’expres- Au XVIe siècle, la métallurgie sion d’un art de la guerre qui consiste à délivrer des effets et de nouvelles techniques de vulnérants en projetant sur l’adversaire des masses par la construction de canons permet- maîtrise du feu. Les rois ont symbolisé cette puissance par tent des progrès majeurs, qui un animal mythique, « la salamandre » (classé comme dra- rendent l’emploi de l’artillerie sur gon dans le bestiaire médiéval). Notons au passage le clin le champ de bataille beaucoup d’oeil de l’histoire, qui voit l’artillerie contemporaine trouver moins « folklorique ». La pre- son berceau à Draguignan, la ville du dragon. mière de ces innovations est la généralisation de l’affût à roue, auquel s’associent bientôt les La première utilisation d’armes cassante ou au fer trop dur et tourillons directement coulés à feu au combat remonte à la difficile à usiner. S’agissant des avec le tube, qui permettent à bataille de Crécy en 1346 où boulets, le fer l’emporte rapide- la pièce de reposer directement elles n’ont strictement aucun ef- ment sur la pierre qui se casse. sur l’affût, tout en restant orien- fet hormis le bruit étourdissant Après 1400, les frères Bureau table en site. Le canon prend une qu’elles produisent. généralisent l’usage des boulets architecture qu’il va garder pen- La première révolution concerne métalliques, organisent et struc- dant plusieurs siècles et gagne la technique de construction turent l’artillerie française. L’effi- en mobilité. des bombardes avec le bronze, cacité de cette dernière permet Les Provinces Unies (Hollande) qui offre des qualités d’élasti- la victoire française à la bataille sont les premières à standar- cité bien supérieure à la fonte de CASTILLON et met un point fi- diser l’ensemble de la fabrica- tion, y compris celle des affûts.

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canon Gribeauval

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 28 20/05/2011 08:26:18 L’artillerie est ainsi passée de noire. Toutes ces innovations et le trera qu’il était dépassé dans la l’ère artisanale à celle de la pro- principe du long recul appliqué au guerre de mouvement (les déci- duction de masse et les grandes canon apparaissent sur le canon deurs de l’artillerie avaient tardé à puissances de l’époque que sont de 75 « modèle 1897 ». le rendre apte à la traction auto- Suède, Angleterre et France vont Le canon de 75 mm, pièce d’ar- mobile). en adopter les principes. tillerie de campagne de l’armée La seconde guerre mondiale est En France, il faut attendre le 7 française, est devenu l’un des ca- marquée par le canon automo- octobre 1732 pour qu’une or- nons les plus célèbres de tous les teur, les projectiles autopropulsés, donnance royale uniformise les temps. L’utilisation de la poudre l’amélioration des liaisons radio et canons en service dans l’armée sans fumée, de la munition encar- la généralisation des calibres de du roi, sous l’influence du lieute- touchée, de l’obus fusant et d’un 105 et 155 mm. L’obus de 155 nant général de Vallière. Aidé de frein de recul hydropneumatique a mm marque un palier de masse qui M. de Gribeauval, il publiera les rendu enfin possible un vieux rêve limite la capacité de chargement tables de constructions des prin- des artilleurs, le tir rapide. L’ap- par un seul homme sans aide mé- cipaux attirails de l’artillerie. Ce parition des appareils de pointage canique et donne ainsi le meilleur système d’artillerie Gribeauval don- optiques apporte aux canons la compromis entre puissance de feu nera à l’artillerie française une su- capacité du tir indirect. Avant de et manutention de la munition. périorité manifeste aux armées de pouvoir orienter les pièces pour La fin des années 70 voit l’appa- la révolution (l’an II) sur celle des aligner les canons dans une direc- rition des premiers calculateurs autres armées européennes. Les tion de tir correspondant à une analogiques (ATILA) et des pre- idées de Napoléon sur l’emploi en référence cartographique, il était mières transmissions de données. masse des pièces et sur leur mo- nécessaire d’acquérir les objectifs Elles automatisent les fonctions de bilité tactique vont marquer ses par un repère visuel. C’est ainsi tir dont les calculs balistiques res- campagnes, notamment lors de que le capitaine quitte la position taient fastidieux pour l’opérateur la bataille de WAGRAM en 1809, de batterie pour aller vers l’avant, ne disposant que de tables de tir jusqu’à son abdication. il s’avance vers l’ennemi, s’inter- et de tables logarithmes. Dix ans Le XIXe siècle est marqué par pose entre ses pièces et l’objectif, plus tard, ATILA laisse le champ une vraie révolution de l’artillerie guide par signes les pointeurs et la à des calculateurs binaires et des avec l’apparition du canon rayé plupart du temps fait viser le cul de serveurs de données (ATLAS) qui en 1858, le chargement par la son cheval. prennent en charge, en plus de culasse en 1870 et la décou- Bien que le canon de 75 mm ait la partie balistique, le comman- verte de la mélinite en 1885 qui connu ses heures de gloire pen- dement de la manoeuvre et de la permet de réaliser des obus explo- dant la première guerre mondiale, chaîne de tir. sifs d’une puissance supérieure à la suite de l’histoire, notamment la Le système d’armes AUF1, déve- celle des obus chargés en poudre seconde guerre mondiale, mon- loppé dans le monde ATLAS, ap- porte l’innovation d’un chargement entièrement robotisé, qui reste avec sa douille combustible une ré- férence dans le monde de l’artille- rie. Engagé en BOSNIE en 1995, il a aplati en quelques salves toutes velléités serbes à vouloir pour- suivre les bombardements sur SA- RAJEVO. L’émergence de nouvelles tech- nologies des années 2000 sur le positionnement géographique par satellites (GPS) et les centrales inertielles permet d’intégrer la topographie et l’orientation direc-

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 29 20/05/2011 08:26:23 tement dans les calculateurs qué. Le challenge des artilleurs priation du système d’armes par de pièces. Dans le domaine était d’apporter, au plus vite, ap- les régiments. En juillet 2009, 8 des poudres, les mo- puis et sécurité aux fantassins CAESAR ont pu être embarqués dernes ont choisi les charges sur le théâtre. Pendant une an- par bateau avec ses munitions modulaires dans le but d’écono- née toutes les énergies ont été puis transpostés par avion HER- mies (aucun déchet de tir et de mobilisées (EMAT, DGA, STAT, EA CULES C130 sur Kaboul. surplus de poudre). et le fabriquant NEXTER) sur cet Au final, le challenge a été rem- Conçu autour d’un canon long de objectif. La mise en service opé- porté. 52 fois le diamètre de son ca- rationnelle d’un canon consiste à Aujourd’hui, engagé au Liban libre, le système d’armes CAE- tester et qualifier toutes les mu- le CASEAR est bien dans son SAR propulse des obus de 40 nitions possibles, à obtenir les époque et marque de son em- kg jusqu’à atteindre 26 000 fois accréditations administratives preinte l’artillerie française et leurs poids et 3 fois la vitesse (IPE), à rédiger les tables de tir, d’autres artilleries étrangères d’une balle de fusil sur une por- la documentation technique et qui s’y intéressent de plus en tée de 40 KM. La réussite de la doctrine, à former les cadres plus. Son clone chinois est en ce système innovant réside dans et les équipages, à assurer la quelque sorte la reconnaissance l’intégration de sa masse d’artil- compatibilité technique avec AT- de ce savoir-faire national. lerie sur un véhicule routier tous LAS et, enfin, à réaliser l’appro- Le CAESAR n’est pas le seul chal- chemins de 18 tonnes. Il pointe automatiquement selon les ordres reçus par l’électronique sans action particulière de l’équipe de pièce. Son chargement semi-assisté pourrait ap- paraître comme une fai- blesse dans sa concep- tion. Au contraire, l’ajout d’un système de barillet, outre le fait de rajouter de la complexité techno- logique, inhiberait le tir si la munition préparée ne correspondait pas à celle demandée. L’option ma- nuelle de chargement per- met de tirer tous types de munitions sans ordre pré- établi et d’obtenir un réel avantage tactique. Sorti des chaînes de fabri- cation dès juillet 2008, le CAESAR a été immédiate- ment engagé en Afghanis- tan. Le drame du 18 août 2008 a montré que les ap- puis aériens ne suffisaient pas pour desserrer l’étau d’une section prise sous le feu dans un combat imbri-

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 30 20/05/2011 08:26:28 Capitaine Charles-Louis Tardy-Joubert EA/DFA/Cours Canon lenge de l’artillerie de cette Formateur acquisition dernière décennie car il en existe bien d’autres, notam- ment dans la technique de L’intégration des appuis : la coordination des appuis feux. Cependant, il restera la synergie des compétences le marquant de la renais- « - Deux A10 dans la zone dans sance de l’artillerie dans 10 mn, playtime 2 heures ! – le monde de l’interarmes Reçu, pour moi flèche max pour grâce à une évolution de la tir sur insurgés localisés 14 500 doctrine. pieds ! – Suivi, je maintiens les A10 à 17 000 pieds. – Pour les gazelles vous maintenez au Sud du parallèle 41 ! ». Ce dialogue entre le conseiller appui feux (CAF), le JTAC et le contrôleur tactique air (CTA) en opération illustre le nouveau concept d’intégration des appuis ché auprès du commandant d’unité. (sol-sol et air-sol) réalisé quoti- Enfin, la réciprocité ainsi élaborée diennement en opération par les permet une réelle souplesse d’emploi terriens et les aviateurs. exigée par la situation (par exemple mixage d’une équipe Terre et Air dans La doctrine du DLOC appliquée en un élément héliporté). opération montre toute sa perti- nence. En effet, elle optimise, grâce à L’interaction des différents interve- la synergie des compétences de ses nants de la chaîne des appuis est acteurs, l’emploi et la mise en œuvre source de confiance mutuelle, gage des moyens d’appui feux et renseigne- de succès dans la conduite des opé- ment au profit des unités de combat rations. En premier lieu, le réseau ra- tout en s’inscrivant dans un contexte dio unique garantit une réelle capacité de contre-insurrection délicat. d’anticipation pour ajuster en conduite D’une part l’acculturation réciproque les moyens à mettre en œuvre suivant sur le terrain assure une réelle prise l’évolution tactique ou de l’apparition en compte de toutes les dimensions de nouvelles contraintes (météo,…). de l’appui lors de la planification des De plus, le contact direct permet de opérations. D’autre part l’intégration simplifier les procédures et assure des procédures est gage d’efficacité une rapidité d’exécution face aux opérationnelle face au large spectre différentes situations, notamment de menaces. lorsqu’il s’agira d’employer la force face à une base de feux éloignée ou L’action conjuguée réalisée en plani- en appui direct des unités au contact. fication notamment par le CTA et le Enfin, l’intégration des appuis feux et CAF assure au chef interarmes la co- renseignement répond au contexte hérence de son opération. Procédant de la contre-insurrection, qui impose d’abord d’une volonté de tout mettre d’évoluer au sein des populations et en œuvre afin d’assurer l’appui le plus souvent dans un espace lacunaire. efficient au profit de l’unité appuyée, cette complémentarité permet de ré- L’efficacité des appuis aux côtés de pondre aux attentes tactiques tout en leurs frères d’armes passe donc par étudiant les paramètres techniques une mutualisation des compétences des différents moyens disponibles. telle qu’elle est effectuée en opéra- En outre, cette coopération opéra- tion. Les pistes suivies sur la com- tionnelle se décline efficacement au plémentarité de la formation et de niveau des SGTIA, où parfois l’officier l’entraînement méritent donc d’être coordination des feux est étroitement approfondies. associé au JTAC Terre ou Air, déta- 31

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 31 20/05/2011 08:26:35 Général de division (2S) Jacques Grenier Ancien commandant de l’Ecole d’Artillerie La redoutable efficacité de l’artillerie en contre-insurrection La révolution de CAESAR® en Afghanistan L’action de l’artillerie et des forces aériennes sont La portée parfaitement complémentaires en contre-insurrection L’avion peut voler partout au dessus de tant sur le plan tactique qu’opératif. Curieusement, les l’Afghanistan, et il serait illusoire de mettre théâtres d’opérations en Asie centrale ont toujours sus- chaque parcelle de ce pays à la portée de cité l’illusion auprès d’un certain public que les forces canons d’artillerie. Les avions sont donc indis- aériennes pouvaient constituer à elles seules une ré- pensables pour l’appui des troupes au sol quel ponse suffisante face à une insurrection. Présenté en- que soit le lieu. La zone française en Afgha- core récemment, ce « concept » n’est pourtant pas nistan est cependant entièrement couverte nouveau. L’entrée en scène de l’aviation en Afghanistan par l’artillerie grâce à la portée du CAESAR®. lors du conflit de 1919 en est d’ailleurs un excellent Ce canon de 155 mm de 52 calibres a une exemple. L’Afghanistan avait envahi la province du Wazi- portée proche de 40 kilomètres. Les canons ristan faisant partie des Indes britanniques. Au cours du sont regroupés par binômes de pièces sur mois de mai 1919, après quelques premières sorties plusieurs bases, ce qui permet de battre sur Kaboul et Jalalabad, un raid aérien sur Kaboul1 , toute la zone sans qu’il soit nécessaire aux mené par un seul biplan a suffi à faire vaciller les vel- canons de sortir des bases. En contre insur- léités belliqueuses de l’Emir Amanullah qui consentit à rection la portée d’un canon est un facteur des pourparlers. Oubliant les succès des troupes ter- 2 restres, Trenchard, chef de la Royal Air Force déclara de protection du fait de la menace EEI et des que le pilote, Halley, avait gagné la guerre à lui tout embuscades lors des déplacements éven- seul ! Aujourd’hui les mêmes conclusions pourraient tuels. Enfin, la contre-insurrection, contraire- être tirées, mais malheureusement la présence des ment au combat linéaire, impose aux canons aéronefs modernes ne suffit pas à elle seule à affaiblir de pouvoir tirer tous azimuts, par rapport à suffisamment la volonté des insurgés. un canon de 39 calibres (28 km de portée), C’est pourquoi il convient de rappeler en quoi l’artillerie le CAESAR® offre une allonge supplémentaire en général, et le 155 mm longue portée (52 calibres) d’environ 45%, soit 2500 km2 de surface en particulier, sont parfaitement adaptés aux conditions battue supplémentaire ! d’engagement particulières de la contre-insurrection. La rapidité des tirs Il faut cent-dix secondes à un obus pour par- courir 40 kilomètres. Le canon et le système de commandement ATLAS permettent de traiter un tir en moins de trois minutes, de sa demande à son exécution. L’ensemble de la zone française peut donc en moins de trois minutes bénéficier d’un appui artillerie. Cepen- dant, en Afghanistan, des avions survolent le territoire de manière quasi permanente ; avant d’accorder un tir d’artillerie il est donc nécessaire de faire quitter la zone aux avions ou simplement de vérifier que l’espace aérien est libre, cela prend de l’ordre de dix minutes. Lorsqu’il a été décidé de demander, d’emblée, un appui air-sol, les délais d’arrivée des avions sont en moyenne de vingt minutes, et dans des cas plus rares de l’ordre de dix minutes. Pour pouvoir réagir à une embuscade contre les patrouilles ou convois il est préférable de confier la réaction d’urgence à l’artillerie car les premières minutes sont vitales pour les troupes au sol. Souvent l’embuscade s’arrête 32 ARTI N°16 - juillet 2011

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 32 20/05/2011 08:26:39 avec l’arrivée des premiers obus. pilote d’aéronef peut toujours refu- tielle lorsque les tirs sont effectués L’appui air-sol interviendrait en- ser d’engager une cible s’il estime par seulement deux canons. La fia- La redoutable efficacité suite si nécessaire, provenant de que les risques de dommages bilité du CAESAR® a été confirmée l’extérieur de la zone. Ce n’est que collatéraux sont trop importants, en Afghanistan. Comme aucun des de l’artillerie en contre-insurrection depuis décembre 2010, et unique- et ce même si le contrôleur aé- six canons implantés sur les bases ment dans la zone française, grâce rien avancé estime que toutes les avancées n’a connu de problème La révolution de CAESAR® en Afghanistan à l’allonge des CAESAR®, que ce conditions sont remplies. Lorsque technique , les deux CAESAR® ini- système a pu être mis en place. les observateurs d’artillerie de- tialement « en maintenance cen- La rapidité du tir artillerie est due à mandent un tir, et qu’il est accordé tralisée » ont fini par être déployés la numérisation des procédures de par le chef interarmes aucun chef sur une base avancée. tir basées sur le système ATLAS, de pièce ne peut refuser de tirer ! après vérification des coordonnées Enfin, les aéronefs sont limités par Effets et précision du tir, et si l’espace aérien est libre, leur capacité d’emport, il arrive des munitions le tir se déroule extrêmement rapi- que lorsqu’un avion vient d’effec- Dans le domaine fondamental des dement. Les procédures d’appui tuer une mission, il ne peut tirer munitions, l’artillerie et l’appui aé- air-sol en revanche ne sont pas nu- que ce qui lui reste. A l’inverse le rien rapproché délivrent des effets mérisées et nécessitent toujours CAESAR® qui ne dispose pas de complémentaires. On a souvent un dialogue préalable entre le pi- mode de chargement par barillet décrit à juste titre le A-10 amé- lote et le contrôleur aérien avan- (ce qui demanderait un temps de ricain, comme l’avion d’appui feu cé3. Ce dialogue se fait en anglais, rechargement de plus de 10 mi- idéal car sa panoplie d’armements même si les pilotes sont français, nutes) peut tirer sans aucune in- permet de moduler considérable- ce qui demande quelques minutes terruption tant qu’il y a des muni- ment les effets au besoin et au supplémentaires. tions. contexte. L’appui air-sol ne peut La météo est un facteur supplé- se comprendre qu’à l’une des mu- La garantie des feux mentaire qui influe sur la garan- nitions que l’aéronef peut délivrer. La présence de moyens d’appui tie des feux. L’artillerie peut tirer Les munitions aériennes sont très air-sol n’est jamais totalement ga- quelle que soit la météo, or il est puissantes et précises, elles sont er rantie. Le 1 août 2006 un capi- arrivé en Afghanistan que la cou- les seules par exemple à avoir des taine du 7 Parachute Royal Horse verture nuageuse ne permette effets contre les grottes. et deux autres combat- pas l’emploi des armes guidées Le canon CAESAR® est lui aussi tants britanniques ont été tués laser et que les avions sur place très précis, un tir de combat a ré- 4 lors d’une embuscade . C’était soient obligés de retourner pour cemment montré une convergence au retour d’une opération, dans changer de munitions et prendre de 20 m entre deux coups à 26 une zone hors de portée des ca- des munitions guidées GPS. Le km ; lors d’un autre tir à 14 km, un 5 nons de 105 mm Light Gun . La CAESAR®, grâce à sa centrale observateur voulait par précaution compagnie britannique bénéficiait de positionnement et de navigation effectuer un tir de réglage, mais 6 de patrouilles CAS pour appuyer gyrolaser trois axes peut effec- les deux obus sont arrivés à dix son extraction, mais malheureuse- tuer ses opérations d’orientation mètres de l’objectif, le détruisant ment au bout de quelques heures par le brouillard le plus épais, et du premier coup ! Cette précision de présence, les aéronefs ont les conditions climatiques n’ont au- est due en partie au repointage au- été dirigés sur d’autres secteurs cune influence sur ses munitions. tomatique entre deux coups, et à de l’Afghanistan où des incidents La garan- tie des feux c’est aussi l’ancrage de la pièce qui apporte venaient de se déclencher. C’est l a fiabilité du maté- une grande stabilité. Cette arme après le départ des aéronefs que riel, qui est permet d’obtenir la surprise tac- les Britanniques ont subi des essen- tique car à moyenne por- pertes. t é e D’autre part, un

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 33 20/05/2011 08:26:42 d’un point de vue tactique, l’artille- rie est l’assurance vie des troupes au sol

les obus arrivent sur l’ennemi 100 kg d’explosif pour un poids L’empreinte sur le avant que celui-ci n’ait entendu total de 250 kg. Aucun sys- théâtre le départ des coups, la vitesse tème n’est totalement à l’abri En contre insurrection, l’em- des obus étant largement supé- d’une erreur, mais la puissance preinte que produit chaque sys- rieure à la vitesse du son. Il n’a des munitions aériennes est en tème d’armes a également une donc pas le temps de se mettre grande partie la raison pour la- importance majeure. Il s’agit de à l’abri ! Les tirs artillerie sont quelle les dommages collatéraux l’impression d’hostilité véhiculée particulièrement efficaces en par les frappes aériennes ont auprès des populations et de la montagne. En décembre 2010, des conséquences de grande rentabilité en termes de coûts les insurgés avaient installé ampleur7. de telle ou telle fonction. En un observatoire sur une ligne Afghanistan, le contexte straté- de crête. Cet observatoire n’a De plus l’artillerie possède une gique est dans la phase sortie pas été pris à partie avec une gamme de munitions qui lui de crise, même si son corollaire bombe aérienne guidée GPS car permet d’ajuster les effets aux est l’affaiblissement maximum bien que précise à 10 mètres besoins et aux risques. En plus de l’insurrection. En matière de près, elle aurait pu basculer de des obus explosifs, elle dispose coûts, l’artillerie est une arme l’autre côté de la crête et ainsi d’obus éclairants8 qui peuvent avantageuse. Sans évoquer le donner l’alerte aux insurgés. Un avoir un rôle dissuasif, d’obus fu- prix des vecteurs ni celui des tir d’artillerie CAESAR® a été migènes qui sont employés pour munitions, prenons l’exemple appliqué et les quelques obus ti- masquer nos troupes aux vues des opérations d’un bataillon rés ont frappé un carré de vingt des éléments hostiles, et - de- français entre le 1er août et le mètres de côté, ne laissant puis peu - d’obus de semonce9 24 novembre 2010. Les FAC aucune chance aux insurgés. dont l’artillerie française est la de ce bataillon ont disposé de Apte à faire des tirs de surface, seule à être dotée. 183 heures de guidage CAS, l’artillerie est le meilleur moyen Il ne faut cependant pas qui ont abouti à deux passes ca- pour repousser les attaques de considérer un système indé- non et au tir de deux bombes masse déclenchées parfois par pendamment de l’autre. En GBU 38. Si l’on estime que le les insurgés contre les bases Afghanistan la synergie dévelop- coût de l’heure de vol des avi- avancées. L’artillerie britannique pée entre les moyens aériens ons d’armes modernes est de en 2006 a brisé des attaques et l’artillerie lors d’opérations dix-mille , ce sont environ de plus de deux cents insurgés offensives permet d’obtenir des deux millions d’euros qui ont été contre des postes avancés en effets qu’il serait impossible dépensés pour deux bombes, Helmand. Les aéronefs eux, ne d’atteindre autrement. Parfois sans compter le prix des heures peuvent pas entretenir des tirs les tirs d’artillerie contribuent à de vol des ravitailleurs en vol de surface, tout au moins dans fixer des éléments hostiles dans nécessaires pour assurer une un conflit au milieu des popula- une position fortement protégée certaine autonomie des aéro- tions. qui sera détruite par une frappe nefs. Le CAESAR® et son envi- air-sol, parfois ce sont des obus ronnement offrent une solution En contre-insurrection la létalité qui vont marquer un objectif très économique. Seules cinq des munitions est une donnée pour les aéronefs. En décembre personnes sont nécessaires fondamentale. Les obus de 120 2010, un pilote a guidé des tirs pour l’armer, contrairement à mm contiennent 4 kg d’explosif, d’artillerie qui étaient trop éloi- beaucoup d’autres canons, et les obus de 155 mm 8 kg, alors gnés, donc hors de vue des ob- le personnel nécessaire à sa que les munitions aériennes les servateurs. maintenance est sans com- plus répandues comprennent mune mesure à celui néces-

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 34 20/05/2011 08:26:46 saire aux avions d’arme. La facilité d’établir et d’entretenir une force se montrent très intéressés, c’est d’emploi du système permet aux aérienne, alors qu’elle peut davan- notamment le cas de la Task Force mêmes équipes d’armer à la fois tage se permettre de bâtir une ar- Red Bull actuellement en Afghanis- le CAESAR® et le mortier de 120 tillerie. La présence actuellement tan. mm. De plus la portée permet de en Afghanistan d’unités d’artillerie ne pas sortir pour tirer et évite de la coalition permet à la fois d’ap- 1 “Crisis on the frontier. The third afghan war ainsi de nombreux mouvements puyer les troupes et d’aider l’artille- and the campaign in Waziristan 1919-20”. de logistiques, et l’on sait que la lo- rie afghane à développer ses com- Brian Robson. Editions Spellmount, 2004-2007 gistique munitions artillerie repré- pétences. p 126-128. sente habituellement la majorité 2 Engins Explosifs Improvisés. des mouvements. Mais s’il était Ainsi, d’un point de vue tactique, 3 FAC : Forward Air Controller nécessaire de sortir, le Caesar l’artillerie est l’assurance vie des 4 Il y a malheureusement des exemples plus ré- léger (17,7 tonnes ) et à roues, troupes au sol. Dans les opéra- cents réduit les effets négatifs potentiels tions offensives, elle joue aussi 5 La portée du Light Gun est de 17 km. sur la population. En 2007 les ca- pleinement son rôle ; en décembre 6 CAS : Close Air Support : Appui Air-Sol nons PZ 2000 hollandais en Uru- 2010 les appuis feux ont été res- 7 Le rapport de la MANUA (Mission d’assistance zgan, également de 52 calibres ponsables de 92% des pertes ad- des Nations Unies en Afghanistan ) de janvier mais montés sur chenilles, ont dé- verses. Celles-ci étaient dues pour 2010 a établi que pour l’année 2009, 359 ci- clenché l’hostilité de la population moitié à l’artillerie et l’autre moitié vils ont été tués en Afghanistan par les forces après quelques sorties car ils dé- aux hélicoptères d’appui . aériennes, soit 61% des victimes imputables truisaient les pistes et les routes. D’un point de vue stratégique l’ar- aux forces de sécurité et à la coalition.. Selon C’est également pour ne pas pro- tillerie est un moyen parfaitement le même rapport deux erreurs ont provoqué, à voquer de réactions hostiles, pour adapté à la réalisation des objec- elles seules, 138 morts soit 40% des victimes les mêmes raisons, que la France tifs en particulier en phase de nor- dues aux forces aériennes. L’artillerie ne fait pas vient de remplacer au Liban ses malisation. AUF1 par des CAESAR®. Si les avi- l’objet d’une rubrique particulière dans ce rap- Même si l’artillerie doit acquérir à port. ons n’endommagent pas les routes terme d’autres capacités, comme 8 Les avions d’appui air-sol américains A-10 et en les survolant, ils entretiennent la précision métrique de ses obus AC 130 Gunship ont également la faculté de tirer auprès de la population l’impres- et de ses roquettes, l’efficacité du des cartouches éclairantes sion de permanence du conflit, ce CAESAR® démontre la pertinence 9 Les tirs de semonce consistent à prendre à qui va à l’encontre de la nécessité des choix stratégiques effectués partie l’adversaire avec des obus partiellement de donner des preuves d’un retour par l’armée de terre qui a investi à la normale, c’est pour cela que le dans la fonction feux depuis de lestés de poudre noire qui permettent de lui faire Président Karsai a demandé, à de nombreuses années. Le canon comprendre que s’il n’arrête pas son action ces nombreuses reprises, de diminuer CAESAR® et sa gamme de mu- tirs de semonce seront suivis par des tirs avec les survols de l’Afghanistan par les nitions, associés au système de obus explosifs. forces aériennes de la coalition. commandement ATLAS, classent 10 Soit le prix de plusieurs centaines de coups Enfin, en préalable à la sortie de l’artillerie française dans le peloton complets de 155 mm (obus, fusées, charges) crise face à une insurrection, de tête des artilleries modernes. représentant des dizaines d’intervention !. la présence de l’artillerie sur le Seuls quelques pays au monde 11 Un record pour ce type de matériel. théâtre permet aux forces gouver- possèdent des canons de 52 ca- 12 Les opérations s’étant déroulées en milieu nementales de mieux assumer la libres. Les Etats-Unis qui ne pos- habité, le rôle du CAS a été essentiel dans le transition. En effet, un état qui se sèdent pas encore un tel canon domaine du renseignement. reconstruit a rarement les moyens

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 35 20/05/2011 08:26:49 Lieutenant-colonel Olivier Fort DEP / école d’artillerie Prospective artillerie : entre l’expérience afghane et les avancées technologiques

La convergence entre l’entrée en service de nouveaux ma- tériels, et l’expérience opérationnelle actuelle de l’artillerie en Afghanistan est un ferment exceptionnellement riche pour la réflexion doctrinale et la prospective. Le bénéfice imprévu Cet article se propose, par quelques exemples, de faire le de certains retex point sur les implications sur l’emploi de notre arme qui ont été générées par cette situation nouvelle. Certains retex permettent de développer des leçons de portée bien plus générale, on « tire le Dans ce travail deux écueils prin- pendant eu à envisager qu’un pe- spaghetti ». cipaux doivent être évités. Tout tit nombre de compartiments de Par exemple, de nombreux d’abord lorsque de nouveaux ma- la bataille et il doit se garder de comptes-rendus d’Afghanistan tériels entrent en service il s’agit vouloir tirer des conclusions gé- nous ont rappelé l’importance d’éviter les analogies avec les nérales d’une expérience person- du tir fumigène pour appuyer le matériels précédents afin d’opti- nelle forcément limitée (…) c’est décrochage d’unités d’infanterie. miser toutes les qualités propres cependant des résultats de l’ex- Il est nécessaire de mettre en au nouveau matériel, et d’at- périence de tous que résultera la place, de porter le rideau fumi- ténuer ses limites éventuelles. doctrine de l’avenir1.» gène à la densité acceptable puis Quant au retex, il faut tenter de On peut imaginer l’expérience d’entretenir jusqu’au moment fa- dégager les leçons qui s’appli- des artilleurs français au lende- vorable estimé par le fantassin. quent aux cas généraux en lais- main de la première guerre mon- Certains tirs consomment un sant de côté celles qui ne s’ap- diale ! pliqueraient non seulement qu’à l’Afghanistan, mais aussi à un contexte interarmes particulier à un moment donné. Dit comme cela, tout le monde est d’accord, mais le label « Afghanistan » donne une égale légitimité à des constats parfois contradictoires.

Le fait n’est pas nouveau comme en témoigne cette citation d’un article de la revue d’artillerie de 1923 : « On ne doit pas oublier que, quelles que soient l’impor- tance et la variété des opéra- tions de guerre auxquelles un exécutant a pris part, il n’a ce- Sur l’Archer, le chargement des obus se fait à l’aide d’une grue, uniquement par la droite, et les charges sont insérées à gauche par un système de gouttière. 36 ARTI N°16 - juillet 2011

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 36 20/05/2011 08:26:53 nombre important d’obus, une fois après chaque mission ! Le système le Caesar, un camion peut alimen- ce furent dix-huit coups. Dix-huit de la logistique artillerie de l’avant ter deux canons, y compris sur la coups c’est le chargement d’un doit donc changer. C’est là que le position de tir, et y compris grâce Caesar. Cet exemple nous montre canon Caesar dévoile une de ses à un plot munitions. Enfin, les obus que la logistique munitions des ca- multiples qualités : le chargement spéciaux comme l’Excalibur doivent nons montés sur camion est spé- manuel. être programmés individuellement cifique. En effet, la possibilité de charger par un système mis en œuvre Le canon suédois Archer contient continuellement la pièce en obus à la main. Tous les systèmes de vingt et un coups, la plupart des ca- en fonction du contexte tactique chargement automatiques ne le nons de cette famille de matériels est un atout considérable car il per- permettent pas, l’obus avec sa fu- transportent entre seize et vingt met la permanence des feux. Les sée sont d’ailleurs trop longs pour cinq coups. Or, aujourd’hui une canons disposant d’un système de certaines tourelles comme le PZH gamme très variée de munitions chargement automatique, comme 2000 allemand. Le chargement entre en service dans le monde. La l’Archer doivent interrompre les manuel est un avantage par rap- constitution d’un chargement type tirs pour pouvoir alimenter leur ba- port au chargement automatique est devenue plus complexe. Pour rillet. Le rechargement complet de car ce dernier est plus complexe vingt coups, prenons par exemple l’Archer prend dix minutes2. et nécessite un très grand nombre six fumigènes, six obus explosifs, de composants électroniques. Compte tenu de la configuration de deux Bonus, deux Excalibur, et pour Lorsque les températures sont la tourelle, les obus sont chargés la nuit deux coups éclairants clas- très élevées les tourelles ne fonc- par le côté droit par une alvéole siques et deux coups éclairants tionnent pas toujours. Cela a été située en hauteur. Il est donc né- infrarouge. Pour une intervention constaté sur certains systèmes cessaire de les charger depuis un type de vingt-quatre obus explosifs en Afghanistan récemment, et camion et pour que la permanence avec quatre canons, il faudra que lorsque les équipes de pièces sont des feux ne soit pas trop affectée3, les canons se réapprovisionnent réduites à trois ou quatre person- il faut un camion par canon. Pour nels, le chargement manuel des obus dans un système qui n’a pas été conçu pour, et par 50°C, ne peut pas du- rer bien longtemps. Jusqu’à présent dans la doctrine française, la per- manence des feux était glo- bale et assurée par la mo- bilité. Lorsqu’une batterie se réapprovisionnait, une autre était prête au tir…du moins en théorie. La mobilité était presque devenue une fin en soi4. Or aujourd’hui le nombre de tubes dans les régiments d’artillerie a été réduit, il est

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 37 20/05/2011 08:27:00 donc nécessaire d’adopter ou Si l’artillerie est par définition avantages pour les appuis feux6 : au moins être capables de pra- une arme d’appui, les opéra- - le premier était la durée de tiquer une autre méthode, avec tions en Afghanistan soulignent l’opération, quatre jours au lieu un approvisionnement au plus que la manoeuvre dans son d’une journée. Les insurgés ont près et si nécessaire pendant les ensemble gagne à ce que l’in- dû, pour durer, être renforcés missions de tir. L’artillerie blindée terarmes nous mette en condi- depuis les autres vallées, dans israélienne5 par exemple dispose tions - quand cela est possible- des terrains éloignés de toute ha- d’un blindé transport de muni- de mieux les appuyer. Depuis bitation, l’idéal pour des frappes. tions par canon. La pièce effec- toujours nous avons appris à 90% des pertes chez les insur- tue les missions feux en prenant juste titre que la manœuvre des gés ont été sur ces axes de ren- initialement les obus situés sur feux doit s’ajuster au mieux de forcement, et 96% des pertes le blindé ravitailleur. Une fois vide la manœuvre interarmes, mais étaient dues aux appuis feux (ar- celui-ci part se réapprovision- l’augmentation de l’expérience tillerie et hélicoptères d’attaque). ner et le canon ne compte plus du combat des forces françaises - enfin, les opérations hivernales pendant le temps nécessaire à actuellement montre aussi que ont permis une observation op- l’opération logistique que sur sa l’interarmes bénéficiera d’ap- timum, les années précédentes dotation – de trente-six coups. Il puis d’autant plus efficaces qu’il les insurgés préféraient com- faut être mobile lorsque c’est né- intègrera leurs conditions d’em- battre l’été, puis ils se sont mis cessaire et savoir être statique ploi et toutes leurs possibilités. à combattre plus fréquemment lorsque la mobilité n’est pas utile. Cela commence par une exper- l’hiver, et désormais le choix de Ces enseignements vont être in- tise de notre domaine et par une l’hiver est fait par la coalition. clus dans le manuel d’emploi de unité de langage d’un régiment à - la durée de l’opération a permis la batterie Caesar, actuellement l’autre. de mettre à profit l’avantage en en cours de rédaction. Lors de l’opération Blacksmith combat de nuit des moyens de Une remise en Hammer en décembre 2010, la combat occidentaux. perspective de faits conception de la manœuvre de En 2009, le 27e bataillon de oubliés la 9e BLBIMA a présenté trois chasseurs alpins lors de l’opé- ration Dinner Out avait ex- ploité à son avantage le fait que les in- surgés avaient eu vent de l’opération en encourageant la population à quitter la val- lée. De nom- breux civils ont suivi les consignes ce qui diminuait les risques 38 ARTI N°16 - juillet 2011

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 38 20/05/2011 08:27:03 éventuels de dommages collaté- ne faudrait-il pas que les OA soient existent, mais il s’agit de ne pas raux, et peut-être renforçait l’in- à l’avant avec les sections pour dis- écarter trop vite ce que certains fluence de la force. poser de vues ? De plus la contre- appellent « un cas particulier », insurrection permet l’occupation faute de quoi de nouveau ces le- Ces exemples mettent en pers- d’observatoires par un volume de çons devront être redécouvertes pective le rôle du conseiller feux et personnels important, mais face plus tard et souvent au prix du celui de l’état-major interarmes, ils à une artillerie conventionnelle, ce sang. Il est surprenant de voir que comptent parmi les retex les plus ne serait pas possible d’occuper très peu a été écrit sur l’artillerie en importants et seront intégrés à les observatoires les plus évidents Algérie. Les artilleurs d’aujourd’hui l’ART 405 sur l’emploi de l’artille- sans risquer d’être immédiatement ne sauraient trop être encouragés rie, actuellement en cours de re- détruit. D’autre part, en contre à réfléchir sur l’emploi de l’artillerie fonte à la DEPA7. insurrection la partie conseil de en Afghanistan et à rédiger toute Des retex trop l’OCF a largement lieu en amont forme d’article ou de retex. rapides d’une opération, celles-ci-étant pla- 1 Article du chef d’escadron Apffel « Note sur Quelques enseignements trop ra- nifiée dans le détail le plus souvent la lutte d’artillerie », revue d’artillerie juillet-dé- pides ont aussi été identifiés, bien avec un mois de préparation. Dans cembre 1923 qu’ils ne soient jamais inutiles, le un conflit conventionnel il n’est pas 2 Le canon automoteur G6 qui contient une qua- retour en métropole y apporte par- possible de disposer d’un tel pré- rantaine d’obus met 20 minutes fois le recul nécessaire, voici un avis, la situation évolue constam- 3 Avec un camion logistique pour deux canons, exemple. ment tant du côté ennemi qu’ami, le conseil doit avoir lieu en temps le rechargement d’une section Archer prendrait Régulièrement des comptes-ren- réel et en permanence. Il reste vrai 20 minutes dus ont estimé que la nouvelle 4 que les contraintes d’effectifs du A tel point que quelques ingénieurs de Nexter structure du DLOC8 était inadap- théâtre afghan ne permettent pas nous ont dit en 2009 que le Caesar n’était pas tée, en incriminant en particulier de disposer de deux OA par OCF, employé en Afghanistan pour la manœuvre mo- le rôle et la place de l’OCF9. Dans et le rôle de ce dernier lorsqu’il bile pour laquelle il a été conçu ! la doctrine l’OCF est auprès du 5 ne dispose que d’un seul OA en Les forums internationaux sont une autre commandant d’unité interarmes termes de coordination n’apparait source pour la prospective et les OA10 au sein des sections. 6 pas aussi utile ! Pourtant la coor- La conception de la manoeuvre des feux a été Or, en Afghanistan les OCF sont e dination a lieu également avec le élaborée par le 11 RAMa souvent avec l’OA et le FAC11 sur 7 FAC. Les dispositifs adoptés par DEP artillerie un piton et coordonnent les deux. 8 les unités en Afghanistan sont DLOC : Détachement d’Observation de Liaison Le commandant d’unité n’aurait adaptés à la situation du théâtre, et de Coordination pas besoin du conseil permanent 9 il n’y a aucune « hérésie » doctri- OCF : Officier Conseiller Feux du l’OCF... Ces comptes-rendus ne 10 nale, au contraire, cela permet de OA : Observateur d’Artillerie prennent pas assez de recul par 11 mesurer la souplesse de l’organi- FAC : Forward Air Controller rapport à la situation particulière sation adoptée qui rend possible de l’Afghanistan. Tout d’abord, la l’adaptation à des contextes très zone française est en zone mon- différents. tagneuse et lors des opérations offensives les OA peuvent en ef- Nous mesurons par ces quelques fet disposer d’observatoires. Mais exemples la richesse qu’apporte le qu’en serait-il pour un combat retex du théâtre afghan à la doc- dans une zone non montagneuse, trine de notre arme. Les écueils

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 39 20/05/2011 08:27:07 Lieutenant-colonel Olivier Fort DEP / école d’artillerie

L’artillerie de montagne aujourd’hui

L’importance des appuis feux indirects en milieu montagneux est connue depuis longtemps, mais elle est confirmée par les Italiens et les Autrichiens où les opérations en Afghanistan où la brigade française opère 18 000 hommes ont perdu la vie en zone montagneuse. Ces opérations, ainsi que celles de à cause de ce procédé. Le milieu nos alliés en Afghanistan nous donnent l’opportunité de cloisonné enfin donne plus de réévaluer le caractère particulier des appuis feux en milieu force aux effets psychologiques montagneux à l’aune de l’arrivée de nouveaux matériels. de l’artillerie grâce à l’écho qui amplifie la détonation des obus. Pendant la campagne d’Italie conditions aérologiques et par Importance en 1943 « l’écho des barrages l’altitude. Lors de l’opération Din- des appuis feux d’artillerie amplifié dans les val- ner Out menée par le 27e BCA indirects en milieu lées de la région avaient un puis- en 2009, une section occupait montagneux sant effet psychologique sur les un piton rocheux et a été atta- Les appuis feux indirects ne troupes, même sur les vétérans quée par les insurgés, seuls les doivent pas uniquement être les plus aguerris3». Le général moyens d’appui indirects (CAS, considérés en fonction de la Von Senger commandant le XIVe artillerie) ont pu renforcer l’unité contrainte que le milieu mon- corps allemand a écrit « Dans au contact. tagneux exerce sur eux, mais les montagnes, le soldat se sen- également en relation avec la Les objectifs potentiels de l’ar- tait seul, et la proximité de la contrainte que le milieu exerce tillerie aussi sont plus lents mort était plus réelle sous un feu sur tous leurs objectifs poten- qu’ailleurs ce qui facilite son tra- intense. L’effet démoralisant des tiels. La nature compartimentée vail, reprenons cette citation de bombardements intenses était du terrain qui contribue à cana- Martin Windrow dans son livre multiplié par dix par les échos liser les mouvements dans les consacré à Dien Bien Phu : des vallées. » vallées, les fortes pentes qui ra- « a travels faster than the Les frappes aériennes sont com- lentissent considérablement les most agile paratrooper2» et il plémentaires de l’artillerie. Les déplacements des fantassins en- frappes aériennes, comme la nemis font que la montagne est Aujourd’hui le 52 roquette unitaire dans une cer- le milieu où l’importance relative calibres, mais surtout taine mesure, peuvent frapper des appuis feux indirects est la le Caesar permettent les contre-pentes qui ne seraient plus marquée. de tirer à deux vallées pas battues par les canons. A d’écart depuis des po- l’inverse la capacité de l’artil- Dans aucun autre milieu la pos- sitions non prévisibles lerie à effectuer des tirs surfa- sibilité de concentrer des feux ciques est précieuse en mon- indirects instantanément dans en est naturellement de même tagne. Nombre de munitions la profondeur ou sur toute la lar- pour les fantassins des troupes aériennes4, sont guidées par geur de la zone d’action n’ont au- de montagne, malgré leur en- GPS, dont la précision est d’une tant d’importance relative qu’en traînement, ou de n’importe dizaine de mètres. Or, en mon- montagne. Les unités de mêlée quel insurgé afghan malgré la tagne, il est particulièrement moins encore qu’ailleurs ne peu- légèreté de son équipement. Le crucial de déterminer avec une vent dans des délais rapides être milieu compartimenté permet à très grande précision l’altitude engagés d’un secteur1 à l’autre l’artillerie de cloisonner, pendant de l’objectif faute de quoi l’im- de la zone d’engagement. Les de nombreux conflits elle s’est précision peut être importante, seuls autres moyens le permet- également servi de la possibilité particulièrement lorsque l’objec- tant sont les forces aériennes de déclencher des avalanches, tif est en ligne de crête. Lors de ou aéromobiles, ces dernières comme ce fut le cas lors de la l’opération Blacksmith Hammer, peuvent être contraintes par les première guerre mondiale entre 40 ARTI N°16 - juillet 2011 en décembre 2010, opération

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 40 20/05/2011 08:27:11 menée par la brigade française tionnel. cès face à l’armée pakistanaise au en Afghanistan5, trois insurgés se Les appuis feux en général et l’ar- canal d’Ichlogil et à Usal Uttar en trouvaient dans d’un observatoire tillerie en particulier ont un rôle 19657. partiellement bétonné en ligne de considérable en montagne. - Les attendus de l’autonomie du crête. L’objectif n’a pas été pris à Le canon de 52 calibres Caesar Caesar. partie par une bombe GPS6 car donne une nouvelle dimension à Le Caesar dispose d’une centrale elle aurait pu basculer d’un côté ou l’artillerie de montagne française. inertielle trois axes gyrostabilisée, de l’autre de la ligne de crête. Un ce qui confère une autonomie to- tir Caesar a été appliqué, tir sur- Le bond capacitaire tale dans l’orientation de la pièce. facique mais très précis, selon le du Caesar Le canon peut occuper une posi- principe que si quelques obus bas- - Les bénéfices du surcroît de por- tion par temps de brouillard et culaient de l’autre côté de la crête, tée. être prêt au tir, ce qui ne se ferait certains tomberaient du bon côté Le surcroit de portée d’un canon pas sans délais dans le cas d’une ou sur l’objectif sans que les in- de 52 calibres par rapport à un orientation classique. surgés puissent réagir. L’objectif canon de 39 calibres, est de 45% L’encombrement du Caesar est a été détruit confirmant les avan- ou 2000 km2 supplémentaires. réduit, ce qui lui permet de se dé- tages particuliers de l’artillerie en En conflit linéaire, donc face à une placer plus facilement dans les iti- montagne. Le milieu montagneux ligne de front, la zone supplémen- néraires tortueux et parfois étroits est par ailleurs sujet aux intempé- taire battue par les feux reste tout du milieu montagneux. Dans ce ries ce qui peut rendre l’emploi de de même de 1000 km2. Ce sur- milieu il ne suffit pas d’avoir une munitions guidées laser aériennes croît de portée est un atout consi- grande allonge, encore faut-il pou- ponctuellement impossible. En oc- dérable en particulier en mon- voir atteindre la zone des combats. tobre 2009 en Afghanistan une tagne car il permet de concentrer Sur une position de tir, l’encombre- base avancée américaine - COP les trajectoires, dans un milieu où ment d’un canon tracté (tracteur, Keating - hors de portée de l’ar- les positions de batterie sont beau- usage des bêches) lui interdit des tillerie a été l’objet d’une attaque coup moins nombreuses que dans positions accessibles au Caesar. de masse, une patrouille CAS a les autres environnements. Face à L’équipe de pièce peut se mettre à été dépêchée sur place mais n’a l’abri du froid sans que le tracteur pu utiliser ses bombes guidées la- Les frappes aériennes de pièce soit à distance du canon. ser, les avions ont dû retourner et sont complémentaires Tous ces éléments associés à la changer de munitions, laissant la de l’artillerie portée donnent plus de liberté base sans appuis. Les munitions dans le choix des positions d’artil- de l’artillerie ne sont pas influen- une artillerie dont les canons doi- lerie ce qui permet de se déployer cées par le brouillard, l’observation vent être regroupés, ne serait-ce sur des positions de tir moins pré- peut l’être mais pas lorsqu’une po- que pour être orientés, une unité visibles. sition est l’objet d’une attaque di- Caesar peut être déployée en Enfin, la possibilité d’utiliser de recte. De plus l’observation au sol pièces individuelles relativement multiples positions de tir permet peut disposer de radars tactiques isolées ou par binômes de pièces. un meilleur recouvrement des qui sont appropriés aux tirs d’artil- Dès lors, un espace très réduit de- charges et donc une meilleure lerie, mais pas au tir de munitions vient une position de batterie. L’im- souplesse balistique pour prendre laser. portance de pouvoir concentrer à partie l’ennemi déployé sur des Les moyens aériens modernes les trajectoires en montagne est contre-pentes. peuvent toutefois favoriser l’ac- montrée par l’exemple du conflit En dernier lieu, l’autonomie du tion de l’artillerie, comme ce fut entre l’Inde et la Chine entre sep- Caesar c’est aussi son empreinte le cas dans la zone française en tembre et octobre 1962. L’artille- réduite. Le poids de ce canon préalable à l’opération Blacksmith rie chinoise plus mobile a pu davan- est de 17,7 tonnes, or ses prin- Hammer où des avions américains tage concentrer ses trajectoires cipaux concurrents sur le marché sont venus « scanner » la zone ce qui a contribué à leur victoire. international pèsent entre 33 et d’opération pour préciser l’altitude Tirant les leçons de ce conflit, l’ar- 48 tonnes ! Cela permet un em- des coordonnées topographiques tillerie indienne s’est adaptée, et ploi sur les classes d’itinéraires à 15 cm près, ce qui est excep- cette adaptation a permis les suc- 41

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 41 20/05/2011 08:27:14 Les routes en lacets présentent des zones d’appli- cation de tirs Bonus particulièrement favorables (ici la route de l’Alpe d’Huez). les plus communes et n’impose pas de contraintes spéciales au génie. La logistique carburants est considérablement réduite par rapport à ces systèmes, ce qui réduit également l’encombre- ment d’itinéraires déjà réduits en nombre. - Tir direct. Enfin, le Caesar peut effectuer du tir direct, ce qui est un atout en montagne. Les Indiens ont effectué des tirs directs massifs lors des opérations en 1999 dans la région de Kargil, tirs grâce auxquels l’infanterie a pu reconquérir un sommet où toute opposition avait été anéantie. la vitesse de l’objectif, il est pré- notre artillerie de protéger nos Le 52 calibres est le calibre idéal férable de chercher à frapper itinéraires afin que l’adversaire pour l’artillerie de montagne des véhicules arrêtés ou lents. ne puisse pas nous faire subir le grâce aux qualités décrites dans La logique est similaire à celle même sort. ce chapitre. Bien sûr, ce calibre des poseurs d’IED9, plus le véhi- n’efface pas la nécessité de pou- L’allonge du canon et de la ro- cule est lent, plus grandes sont voir disposer de mortiers de 120 quette unitaire rendent néces- les chances de l’atteindre. Les mm dont la trajectoire verticale, saire que l’on dispose de moyens pentes souvent abruptes des et surtout la possibilité de tirer d’acquisition d’objectifs dans routes de montagne, ainsi que au plus près des troupes amies8 la profondeur fiables dans les les routes en lacets sont des en- sont un outil indispensable dans conditions de combat particu- droits privilégiés pour cela. la panoplie de l’artilleur. Il n’en lières du milieu montagneux. demeure pas moins qu’en mon- De plus il est particulièrement L’acquisition tagne plus que nulle part ailleurs, utile d’atteindre l’infanterie ad- d’objectifs il vaut mieux être du côté d’une verse dans les véhicules, avant artillerie qui dispose de canons qu’elle n’ait débarqué, car la Le domaine dans lequel le milieu de 52 calibres. consommation en obus bo- montagneux présente le plus de nus sera bien moindre que la contraintes pour l’artillerie en L’apport de l’obus consommation nécessaire à at- montagne est l’acquisition d’ob- Bonus teindre des troupes dissimulées jectifs. Pour les drones l’altitude L’obus Bonus apporte une plus- dans des massifs rocailleux, est un obstacle, le DRAC par value notable en montagne. Cet dans l’absolu cela oblige l’infante- exemple ne peut pas – en théo- obus existe en deux versions, rie adverse à débarquer de ses rie 10 - être lancé au dessus de une anti-blindées, l’autre anti- véhicules bien en aval. Bonus ap- 1500 m d’altitude, il ne peut véhicules. Chaque obus contient porte la capacité de barrer des opérer par une température in- deux charges militaires qui scan- itinéraires ce qui est particuliè- férieure à moins cinq degrés. nent un cercle de 200 m pour rement précieux dans un terrain Les conditions aérologiques sont trouver leur objectif. La surface compartimenté comme la mon- difficiles pour le vol, et les opé- de recherche est importante, tagne et ce pour une consom- rateurs de drones ne disposent mais en tenant compte de la mation en obus très réduite. pas de qualifications montagne trajectoire balistique de l’obus, L’obus Bonus, associé à l’allonge contrairement aux pilotes d’héli- et donc de la dispersion, ainsi du Caesar, est un atout dans la coptères. Le brouillard empêche que de la durée de trajet et de contre-batterie, cela permet à la vision des drones et le prin- 42 ARTI N°16 - juillet 2011

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 42 20/05/2011 08:27:21 cipal obstacle est probablement nique, peuvent aussi servir d’aler- et particulièrement de l’artillerie la perte de communication de teurs, économisant ainsi l’énergie de montagne. D’autres systèmes nombreux systèmes de drones qui de capteurs plus puissants. L’ar- comme l’obus Bonus et la roquette doivent absolument rester à vue mée de terre est en phase de re- unitaire renforcent l’importance de directe de la station de réception nouvellement de ses radars tac- l’artillerie face à un adversaire qui des images. tiques et aujourd’hui il existe bel et ne disposerait pas de ces maté- Les moyens de trajectographie bien un trou capacitaire dans ce riels. Connaissant l’importance des sont également contraints par le domaine. Le besoin des troupes de appuis feux dans le milieu monta- milieu montagneux, rares sont les montagne doit être pris en compte, gneux, l’artillerie y est plus que ja- systèmes qui peuvent déterminer alors même qu’aujourd’hui la dif- mais un atout majeur dans la main avec précision la position de tir ficulté est plutôt représentée par du chef interarmes. Toutefois, si d’une batterie derrière un masque le projet de mutualiser les radars les canons et munitions sont par- important. tactiques entre l’artillerie et le ren- faitement adaptés au milieu mon- Les radars tactiques semblent seignement. tagneux, il est à regretter que la être le moyen idéal pour le com- Enfin, l’acquisition d’objectif repose réflexion sur l’acquisition d’objectifs bat en montagne, car le brouillard sur un réseau dense d’observa- ne tienne pas davantage compte n’a aucune influence sur eux, mais teurs d’artillerie, car le variente- du milieu montagneux. Le déve- peu de radars de ce type sont dé- ment d’un versant à l’autre prend loppement de radars tactiques, barquables, et les contraintes prin- du temps et exige des troupes drones ou capteurs abandonnés cipales de matériels débarquables spécialisées. Lors de l’opération plus adaptés aux contraintes cli- Diner Out en 2009, une section matiques, de poids et d’autono- Les appuis feux en du 27e BCA a mené une exfiltration mie de fonctionnement constitue général et l’artillerie en de nuit à pieds avec des charges probablement la prochaine étape particulier ont un rôle très lourdes, il n’aurait pas été des développements de l’expertise considérable en possible de le faire si les person- française dans l’artillerie de mon- montagne nels n’avaient pas été spécialisés, tagne. y compris les observateurs. 1 D’une vallée à l’autre en l’occurrence 2 “The last Valley”. Martin Windrow éditions Cas- sont l’autonomie des piles. La Au début des années 90, l’artille- sell p 469 3 “The last Ridge”, Mc Kay Jenkins (histoire de présence de tels radars sur des rie de montagne a échangé le ca- la division de montagne américaine pendant la libre de 105 mm contre le calibre deuxième guerre mondiale) p 101 cols peut toutefois permettre la 4 Tout comme la roquette unitaire mise en veille d’autres systèmes de 155 mm de 39 calibres, ce 5 9e BlBima qui permettait aux canons de tirer 6 La précision étant d’une dizaine de mètres sur d’observation qui ne seraient dé- terrain plat, mais parfois davantage en mon- clenchés que sur alerte. Les ra- d’une vallée à l’autre sans qu’il soit tagne à cause de la détermination de l’altitude de l’objectif dars tactiques débarquables (pour nécessaire de monter les pièces 7 “ and firepower”. Maj Gen J.B.A. peu que le poids soit réduit) sont et la logistique munitions sur les Bailey, p 386 8 Dans les opérations actuelles en Afghanistan, un moyen d’observation indispen- pentes. Malgré cela, l’absence de dans des cas exceptionnels et à proximité de sable au combat en montagne car centrale inertielle et une portée de murs de protection, le mortier de 120 mm a tiré à 20 m des troupes amies, une série de tirs très ils s’affranchissent d’une grande 28 km rendait les déploiements précis ayant eu lieu dans l’heure précédente. Les prévisibles et la concentration des tirs au voisinage des troupes amies les plus près partie des contraintes météo qui avec du 155 mm Caesar ont eu lieu à 150 m de contraignent davantage les autres trajectoires délicate. Aujourd’hui le distance 52 calibres, mais surtout le Cae- 9 Improvised Explosive Device systèmes d’acquisition. D’autres 10 Actuellement en Afghanistan la zone fran- systèmes tels les capteurs aban- sar permettent de tirer à deux val- çaise est à 1600 m d’altitude et le lancement du DRAC ne pose pas de problème, le matériel donnés, sysmiques ou visuels, lées d’écart depuis des positions s’améliore et la pratique également qui existent dans l’artillerie britan- non prévisibles. Il s’agit bien d’une véritable révolution de l’artillerie,

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 43 20/05/2011 08:27:37 Une arme à longue portée L’obusier automoteur offre de nouvelles possibilités d’action aux mi- litaires opérant dans le nord de l’Afghanistan

Kunduz. Un jour d’octobre ils sont à nouveau pris sous un se mettre à couvert. « Les tirs en 2010 ; il est 9 h 30. La feu nourri, des balles arrivent de sont bien placés ! Il y a probable- 2e compagnie du bataillon de tous côtés et sifflent au-dessus ment plusieurs pertes parmi les rebelles », tel est le contenu du formation et de protection de leurs têtes. C’est maintenant au JFST d’in- message radio. de Kunduz est en patrouille à tervenir. Il utilise des fumigènes La compagnie profite de l’accal- douze kilomètres à l’ouest de pour aveugler l’adversaire. La mie pour rompre le contact et Kunduz. Sa mission : recueillir visibilité est ôtée aux forces re- passer à l’action défensive. Les des renseignements de type belles – il s’agit désormais d’enle- forces adverses ouvrent alors conversationnel dans la ré- ver le plus vite possible le blessé de nouveau le feu. Entre-temps, gion de Khalazay. La patrouille de la zone dangereuse. Lorsque une position de mortier est dé- la fumée se dissipe, la patrouille tectée par voie aérienne. Pour comprend un Joint Fire Sup- est encore une fois prise sous le protéger ce mortier, les rebelles port Team1 (JFST) de six mili- feu. Une grêle de balles venant utilisent des femmes et des en- taires qui accompagne l’unité de trois côtés s’abat sur les sol- fants comme bouclier vivant. de combat et est capable de dats – ils n’ont aucune chance Cela n’est pas une cible pour coordonner les systèmes d’ar- de s’esquiver. En l’espace de l’artillerie. Khalazay, 11 h 30. La tillerie (aktuell 40/2010). quelques secondes, l’ordre de tir patrouille n’est plus soumise au est donné aux obusiers, les obus feu. Le soldat blessé se trouve L’intervention de la patrouille s’ef- sont chargés, les charges déjà au camp de Kunduz où des fectue à pied, le commandant propulsives sont mises en place, soins médicaux lui sont dispen- d’unité parle avec les chefs de la culasse est fermée : les obu- sés – il n’a pas de blessures met- village. La sécurité est assurée siers sont prêts au tir ! L’action tant sa vie en danger. Pendant ce dans toutes les directions. Tout de l’artillerie est coordonnée temps, la patrouille poursuit sa à coup, la patrouille subit des tirs avec l’hélicoptère de sauvetage mission, le commandant d’unité en provenance du nord-ouest. Un qui est en train de charger le cherche à nouveau le dialogue soldat allemand tombe à terre et blessé. Les fusées sont déclen- avec les chefs de village. reste allongé sur le sol sous les chées, les éclats d’obus vo- Le sujet : les combats des deux tirs ennemis. Dès que les soldats lent dans les airs, labourent la dernières heures. allemands tentent d’aller vers lui, terre et obligent les rebelles à Une journée dans le nord de l’Afghanistan comme il en existe souvent : une journée de combat pour l’unité de mêlée à Kunduz, une journée de combat pour l’ar- tillerie allemande. Néanmoins, un travail préalable important était nécessaire pour assurer une coopération efficace des forces. Rétrospective Le commencement. « Le général commandant les forces opéra- tionnelles de l’armée de terre a décidé que le premier contingent d’artillerie déployé en Afghanis- tan sera fourni par le 345e ré- giment », tel était le message communiqué par téléphone le 15 avril 2010 tard dans la soi- rée au lieutenant-colonel Thomas 44 ARTI N°16 - juillet 2011 Lowin commandant le 345e ré-

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 44 20/05/2011 08:27:40 giment de l’artillerie sol-sol à Ku- sel. Le lendemain, les premières informations étaient transmises au personnel clé, les premiers ordres donnés et les premières études ini- tiées. À 7 h 45, un entretien télé- phonique avec le Commandement des forces opérationnelles de l’ar- mée de terre puis vers 15 h 30, l’arrivée au régiment du premier projet d’ordre. Le 19 avril, l’ordre « réel » suivait. Deux semaines plus tard, le déta- chement de reconnaissance était déployé en Afghanistan, cinq jours plus tard le premier obusier Pan- zerhaubitze 2000 et les premiers soldats du régiment. L’élément pré- position de tir spécialement attri- feu. Les rebelles attaquent de ma- curseur est arrivé le 26 mai et peu buée et aménagée sont des signes nière coordonnée et de plusieurs après, le contingent principal. Les visibles de ce soutien. À compter côtés. Un certain nombre de véhi- trois obusiers ont été transportés du mois d’août dernier, les forces cules amis est mis hors d’état de à Mazar-e-Sharif à l’aide d’un gros- d’artillerie ont été placées sous fonctionnement par des pièges, ils porteur de type Antonov 124 (AN l’autorité du bataillon de formation ne sont pas en mesure de se re- 124). Des poids lourds ont ensuite et de protection de Kunduz. plier de façon autonome et sont ex- pris le relais jusqu’à Kunduz. « Six On allait bientôt réaliser l’impor- posés aux tirs ennemis. L’obusier semaines après la décision du mi- tance que l’engagement de l’artil- Panzerhaubitze fournit au dispositif nistre en date du 14 avril 2010, le lerie peut revêtir. En septembre, ami un appui feu efficace, permet contingent d’artillerie du 345e ré- la force de réaction rapide (Quick de récupérer les véhicules endom- giment de l’artillerie sol-sol n’avait Reaction Force, QRF) est interve- magés et détruit en outre plu- pas seulement suivi la formation nue, de concert avec des éléments sieurs positions des rebelles. Vers de préparation opérationnelle et d’un bataillon d’infanterie améri- le soir, les combats faiblissent. acheminé le matériel sur le théâtre cain et des éléments des forces Pendant la nuit, l’artillerie éclaire d’opérations, mais se trouvait déjà de sécurité afghanes (Afghan le terrain pour surveiller le glacis avec tous les éléments en Afgha- National Security Forces, ANSF), et limiter les mouvements des nistan et était opérationnel », se dans des combats intenses avec rebelles. Dans l’ensemble, la nuit souvient le lieutenant-colonel âgé des rebelles dans la région de Pol- reste calme, mais le matin du 1er de 42 ans. « Mise en place termi- e- Khomri. Au cours de la journée, novembre, les unités amies sont née ! » un appui aérien rapproché (Close attaquées par des tirs de mortiers Durant la première phase jusqu’à Air Support, CAS) a été fourni à venant de l’est et du sud. Grâce à fin juin 2010, l’équipe d’artillerie plusieurs reprises. Les mortiers l’action conjointe des unités au sol, était subordonnée à l’équipe de de la QRF ont été utilisés et ont de l’appui aérien rapproché et de reconstruction provinciale (Provin- éclairé le terrain la nuit pour gêner l’artillerie, ces attaques peuvent à cial Reconstruction Team, PRT) les mouvements des rebelles. Du- nouveau être repoussées. de Kunduz. La PRT a apporté tout rant les combats, on pouvait néan- Bilan son soutien lors de la mise sur moins aussi nettement remarquer pied d’un élément de coordination que les mortiers arrivaient à leurs « Envoyer des messages radio, pour l’action de l’artillerie, à savoir limites : plusieurs cibles identi- conduire des véhicules et tirer !, un Joint Fire Support Coordination fiées ne pouvaient pas être atta- voilà ce dont nous devons être ca- Team2 (JFSCT). quées, cellesci se trouvant hors pables », explique le commandant Tout le monde savait ce dont il de leur portée. En raison de cette du régiment. Les expériences et s’agissait : « Ni plus ni moins que constatation, le commandant du les exigences par rapport au sys- de fournir une capacité d’appui Commandement régional Nord a tème d’artillerie dans le cadre des feu à son unité, 24 heures sur décidé début octobre 2010 d’en- opérations peuvent être réduites à 24, sept jours sur sept, au moyen voyer dans la zone d’engagement ce triptyque. À l’issue des premiers d’armes létales et non létales du Commandement régional près mois, un bilan positif doit être éta- disposant d’un rayon d’action de de Baghlan un obusier Panzerhau- bli. Avec l’action de l’artillerie, les presque trente kilomètres », ex- bitze 2000 ; sa mise en oeuvre ne unités disposent d’un moyen sup- plique Lowin. Une capacité unique devait alors pas tarder. plémentaire capable d’assurer à en son genre au sein du Comman- Le 3 novembre 2010, Quatliam, tout moment un appui feu efficace dement régional Nord. un petit village situé à sept kilo- indépendamment des conditions mètres à l’ouest de Kunduz. De- météorologiques. Durant les opé- De l’aide était proposée sponta- puis le 31 octobre, des forces rations, l’artillerie est désormais nément et « tirer dans le même amies prennent part à des com- présente dans tous les domaines : sens » n’était pas une expression bats dans la région de Kunduz. commandement, renseignement vide de sens. « La place de l’artille- Déjà au moment de l’approche, les rie allemande » dans le camp et la et combat. forces amies sont prises sous le 45

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 45 20/05/2011 08:27:43 Chef de bataillon J-F Huteau Commandant le Groupement d’Application Ecoles militaires de Draguignan / Ecole d’Artillerie Le nouveau cursus de formation des lieutenants de l’artillerie au sein des écoles militaires de Draguignan

La mise en place des batteries sol-air très courte portée dans les régiments quisition et de détection des objectifs ainsi que la d’artillerie et le transfert de la compo- conduite et la combinaison des feux d’appui; sante sol-air moyenne portée à l’armée - DSA : consacrée à l’emploi du système MARTHA de l’air a profondément modifié les et de la composante SATCP. structures de l’artillerie. Il apparaît in- Le contenu de la formation est en cours de refonte. dispensable d’adapter la formation des Il s’agit de donner des qualifications nouvelles aux lieutenants du groupement d’application lieutenants dans des délais contraints. L’acquisi- à l’évolution de leur arme. En effet, tion des connaissances se concentrera sur l’em- si la partie « premier emploi » reste ploi des moyens artillerie, les interactions avec les sanctuarisée, les lieutenants doivent unités de mêlée, la coordination des I3D. Ainsi, la première phase s’articulera autour des fonda- recevoir la formation nécessaire pour mentaux de l’artillerie avec un lieutenant capable aborder une seconde partie de carrière de tenir indifféremment les fonctions de chef de avec une maîtrise de toutes les pro- section Mo120 ou MISTRAL. La seconde phase blématiques de l’artillerie. Ils pourront débutera en février, après le choix du régiment et ainsi être employés à tous les postes de la filière. Les stagiaires se spécialiseront dans dans les bureaux opérations instruction leur premier emploi. (BOI) et plus tard dans des postes de L’objectif de formation est inchangé : « livrer » au régiment des lieutenants aptes à tenir un emploi haut niveau. de chef de section de tir ou de commander une équipe de spécialistes en milieu opérationnel. Mais Ainsi, les domaines de spécialité feux dans la dorénavant, ils devront acquérir dès le début de profondeur (FDP) et défense sol-air (DSA) seront leur scolarité les fondamentaux sur l’emploi de l’ar- regroupés en un seul dénommé « ART ». Celui-ci tillerie sol-sol et sol-air en appui et couverture d’un sera composé de 3 filières : SGTIA - agression : regroupant la mise en œuvre des lan- Ce nouveau cursus de formation devrait prendre ceurs de l’artillerie sol-sol; forme avec l’arrivée de la 66e promotion du grou- - CAF : tournée vers l’utilisation des moyens d’ac- pement d’application en août 2011.

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 46 20/05/2011 08:27:48 Maréchal des logis Havret et maréchal des logis Ghesquière Stagiaires FS1 La B3 mise en sommeil à Herbsheim Synthèse

Mortier - Caesar La cérémonie de mise en sommeil de la 3ème bat- du 16 au 22 mars terie a eu lieu ce jeudi 16 décembre 2010, à 16h00, devant le Monu- Baptême du FEU ment aux morts de la ville de Herbsheim. La B3 en- Le mardi 16 mars commençe la syn- tretient des rapports très proches avec cette petite thèse mortier-CAESAR en partenariat ville d’Alsace, avec laquelle avec les « Bigors » du 3e RAMa en fa- elle est jumelée. veur des jeunes sous-officiers de l’ar- La prise d’armes était tillerie canon passant leur CT1 chef placée sous le comman- de pièce. Nous avons commencé la dement du colonel Jean- François SCHOONMANN, synthèse sous une pluie battante par chef de corps du 1er régi- 2 services en campagne sur mortier ment d’artillerie de marine, avec un tir à vue au mortier de 120mm en présence de Madame Esther SITTLER sénateur dirigé directement par le chef de pièce. maire de Herbsheim. La mise en place du tir s’est bien dé- Par un froid particulière- roulée, mais heureusement que le LCL ment rigoureux, le capi- ARMANGAU était derrière nous pour taine Aurélien BRASSEUR commandant d’unité de cette grande première… la batterie, a présenté les Puis nous avons poursuivi notre ap- troupes au colonel SCHOONMANN. Le lieutenant ILNICKA a ensuite lu le récit prentissage en passant sur le CAESAR des combats de Herbsheim. avec, entre autres, un tir direct, très Après le dépôt de gerbes devant le impressionnant, effectué le dimanche. monument aux morts de la ville et une minute de silence, le chef de corps a Nous aurons tiré en tout 200 obus lu l’ordre du jour : il n’a pas manqué de de mortier et 300 coups de CAESAR. souligner le remarquable commande- L’expérience apportée par l’ensemble ment de la batterie, saluant le niveau opérationnel que la B3 a atteint sous e du personnel du 3 RAMa a renforcé l’impulsion de son capitaine. les acquis de notre formation a l’école Le capitaine a restitué le fanion de la d’artillerie. Nous avons pu nous aper- batterie au colonel SCHOONMANN, cevoir que le moindre détail est très im- qui a confié ensuite le symbole du commandement de la B3 à la mairie portant ; pour citer Winston Churchill, de Herbsheim en la personne de Madame SITTLER. « le diable se cache dans les détails ». La 3ème batterie est officiellement jumelée avec la petite ville d’Al- Nous avons beaucoup appris lors de sace : c’est à Herbsheim que la B3 se rend à chaque événement marquant de son histoire. L’année dernière, un CAESAR avait été cette synthèse et nous sommes ainsi baptisé du nom de la ville. prêt à occuper notre rôle de chef de La batterie n’est mise que momentanément en sommeil : elle pièce, et savons bien que nous avons retrouvera un nouveau commandement lorsque le régiment aura encore beaucoup a apprendre pour pleinement intégré sa nouvelle structure suite à son prochain embasement. devenir de vrais experts des appuis, maîtres des feux et des trajectoires. Après la cérémonie, les bigors de la B3 et tous leurs invités se sont retrouvés au gymnase de la municipalité où un vin d’honneur suivi d’un repas typiquement alsacien ont été partagés. La jour- née s’est ainsi achevée avec une grande chaleur humaine due aux liens très forts et aux rapports, toujours si sincères et 47 si forts, qui unissent les bigors de la B3 et les habitants de Herbsheim.

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 47 20/05/2011 08:28:05 Le 16e GA est devenu GSBdD de RENNES

Si sa mission de soutien l’expérience de ces deux dernières et du SGA, réparties en 17 organismes demeure, son histoire est années confirme que, lorsque l’ordre de plus de 50 civils et militaires et plus de bataille vole en éclats, que les mis- d’une vingtaine de taille moindre. le fédérateur des éner- sions changent, que les méthodes de La réponse est que, l’entretien discret gies au profit de la ré- travail sont à réinventer, tandis que les et mesuré des traditions du régiment forme engagée. troupes se réarticulent sans cesse, et de l’artillerie permet au personnel de c’est grâce aux fondamentaux que les continuer à avoir des repères dans un Il n’aura échappé à per- hommes et les femmes, civils et mi- e environnement en constante transfor- sonne que le 16 groupe litaires se mobilisent pour obtenir le mation depuis deux ans. Les célébra- succès de l’opération. Si chacun a fait d’artillerie, corps support tions de Sainte Barbe et de la bataille sien le concept de base de défense, de la RT N-O, est de- d’Inkermann (première inscription sur c’est bien le ciment 16e GA qui a per- venu, depuis le 1er janvier l’étendard) sont prétextes à tous de mis de construire l’édifice, pierre après nous rassembler de manière convi- 2009, le groupement pierre. de soutien de la base viale, l’étendard du régiment symboli- On peut se demander sur quoi repo- sant notre unité et notre attachement de défense (GSBdD) de sent la cohésion et l’esprit de corps aux valeurs de la France. La présence Rennes. Qu’est-ce que tout comme l’adhésion à la réforme ? grandissante du personnel civil aux cela change ? Presque En effet, le GSBDD-16e GA travaille sur couleurs du vendredi, leur participation tout. 3 sites principaux et tient des postes conséquente aux activités de cohésion avancés sur 5 autres, tout en assu- sont autant de signes tangibles de la Sauf qu’à ce jour, nos traditions d’ar- rant le soutien indirect de 4 autres. volonté de se raccrocher à des choses tilleurs sont sauves, notre prestigieux Ses effectifs sont passés de 300 à immuables : la tradition et l’histoire, et étendard est fièrement arboré lors de 658 personnes aujourd’hui, mais en aussi une certaine recherche de stabi- nos prises d’armes, et notre appella- e obtenant par la mutualisation des ef- lité. tion de GSBdD de Rennes - 16 GA, fectifs un gain de 120 postes, soit une Mais pas seulement. Avec une inter- affichée. De plus, le personnel inte- économie de 16%. Sa structure s’est prétation libre, la doctrine aussi peut rarmes s’est approprié localement ces profondément « civilianisée » à hau- nous venir en aide… « L’artillerie par- traditions, preuve que l’esprit de corps teur de 54%. Le GSBDD-16e GA est ticipe essentiellement à l’appui des est un besoin intrinsèque du personnel. maintenant subordonné à une nouvelle unités au contact et au recueil de l’in- chaîne de commandement (COMIAS), La réforme du soutien des forces ar- formation » ; eh bien, nous ne faillirons qui ne soutient plus un état-major ré- mées répond à une logique bien com- pas à la mission ! prise de rationalisation et d’économie gional de l’armée de terre mais 6000 des moyens. Il n’est pas question, à personnes des trois armées, de la DGA Démonstration par les effets tac- Rennes, de créer la diffé- tiques : rence et la confusion pendant - préparer, soutenir l’action inte- la phase de déploiement du rarmes : c’est là notre rôle principal. dispositif, encore moins de Sans discrimination aucune, nous sou- revendiquer des spécificités tenons quotidiennement nos cama- communautaristes. Mais

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 48 20/05/2011 08:28:10 Capitaine Jean-Pierre Seguy officier supérieur adjoint CEPC CEPC - Mailly le camp rades de l’école des transmissions, les ingénieurs du centre de recherche e DGA-Maîtrise de l’information, les étendard du 3 RA combattants du 2e régiment du maté- riel et du 11e régiment d’artillerie de Le CEPC, situé dans la de commandement multi capteurs des marine, l’état-major de la région Terre garnison de Mailly le forces terrestres (en particulier brigade Nord-Ouest… soit une quarantaine camp, est le seul centre de renseignement et brigades inte- rarmes) d’organismes ! Nous sommes là pour de préparation opéra- les nourrir, les habiller, les transpor- Avec un effectif d’une centaine de mili- ter, les solder (bientôt), administrer tionnelle spécialisé dans l’entraînement des postes taire (dont 40% d’officiers) le CEPC est leurs carrières. gardien des traditions de l’étendard du de commandement. Au 3e régiment d’artillerie. - participer à la couverture de l’action 1 interarmes en libérant des moyens sein du CCPF , le CEPC Filiations qui peuvent être consacrés à d’autres a pour mission d’appuyer 3e Bataillon de Royal Artillerie (1720) / actions : c’est l’essence même de la la préparation opération- Brigade de Royal Artillerie (1759) / Ré- réforme. Le GSBDD regroupe et mu- nelle des postes de com- tualise les fonctions de soutien pour giment d’artillerie de Besançon (1765) mandement de l’armée de e e laisser chacun se concentrer sur son / 3 Régiment d’artillerie (1791) / 3 cœur de métier, et donc concourir à terre en fournissant aux Régiment d’artillerie à pied (1794) / leur capacité opérationnelle et de pro- forces des prestations 3e Régiment d’artillerie divisionnaire jection. permettant l’instruction (1915) / 1er Groupe du 3e RA (1956) / 620e Groupe d’Armes Spéciales / 303e - participer à l’exploitation de l’action collective, l’entraînement, Groupe d’Artillerie de Marine (G.A.Ma) / interarmes : en fournissant un soutien le contrôle des PC de 3e Régiment d’artillerie (1970) dissout « opérationnel », car les militaires du niveau 2, 3 et 4, dans un GSBDD sont projetables. Aujourd’hui, en 1993 à Mailly le camp à la fin de la environnement moderne 4 la répartition des postes OPINT, OPEX mission PLUTON . correspondant aux besoins et MCD entre tous les groupements En 2002 le groupement de camp de de soutien est assurée et conduite par actuels. Mailly devient dépositaire des traditions le CPCS. Ainsi, les postes relatifs à Le rôle du CEPC est de concevoir, pré- du 3e régiment d’artillerie et gardien de l’administration générale et au soutien parer, conduire et contribuer au contrôle son étendard. commun (AGSC) des unités soutenues d’exercices de tous types permettant sont d’ores et déjà honorés par le Le 29 mai 2006 la garde du patrimoine d’une part l’entraînement foncier des corps. Actuellement 28 militaires du du 3e régiment d’artillerie est confiée états-majors dans un contexte numé- groupement (sur 300) sont projetés au centre d’entraînement des postes de risé, d’autre part la préparation spé- et 5 se préparent à partir. commandement. cifique des postes de commandement - renseigner : un invariant de la avant leur déploiement en opération. Inscriptions : manœuvre… Nous sommes devenus VALMY 1792, AUSTERLITZ 1805, SA- des experts toutes catégories de Il met en œuvre, des moyens de si- RAGOSSE 1809, SEBASTOPOL 1854- l’expérimentation. Arc@de, Alliance, mulation permettant de proposer des 1855, SOLFERINO 1859, YPRES 1914, Sillage, Chorus, STCIA, FD en ligne… exercices réalistes et adaptés, tout en VERDUN 1916-1917, LA SERRE 1918 autant de projets que nous expérimen- s’affranchissant d’un lourd et coûteux tons ou mettons en place « dans une déploiement de moyens sur le terrain. Décorations : logique de laboratoire » et au sujet Utilisant depuis sa création en 1994 le croix de guerre 1914-1918 desquels nous renseignons le chef in- logiciel de simulation BBS-FR (brigade/ Citations collectives : terarmées. battalion battle simulation), il recourt 2 citations à l’ordre de l’armée, 2 cita- 2 La réforme en cours est totalement depuis 2006 au simulateur SCIPIO , ou- tions à l’ordre du corps d’armée comprise et est devenue le quotidien til particulièrement innovant, modélisant Fourragère : de l’ensemble du personnel du GSBDD- précisément la doctrine française, mais 1 aux couleurs de la croix de guerre 14-18 16e GA. Chaque jour, et conformément permettant également d’intégrer les contraintes liées au combat en zone ur- aux souhaits du CPCS, nous appli- 1 commandement des centres de préparation quons les substantifs suivants, réso- baine, et aux opérations de stabilisation des forces lution, imagination, pragmatisme et (terrorisme, gestion des populations, 2 cohésion, qui ne sont pas étrangers à etc…). simulateur de combat interarmes pour la pré- l’artillerie. Nos traditions conservées paration interactive des opérations Le CEPC accueille également le nouveau à Rennes ne sont donc pas un frein, 3 centre de préparation opérationnelle multi- CPOMuC3, chargé de délivrer un entraî- mais plutôt un excellent catalyseur capteurs nement spécialisé dans le cadre enga- pour faire asseoir la réforme, et sur- 4 système d’arme nucléaire pré-stratégique tout la conduire à bout. gement interarmes au profit des postes 49

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 49 20/05/2011 08:28:15 Lieutenant-colonel Thierry Michel Commandant en second 28e GG

28eGG : L’INSTALLATION

Le 1er août dernier, l’éti- à Bitche, au CFIM de la brigade salle de cours installée provisoi- quette « 28e groupe géo- de renseignement. rement dans l’ancien foyer est démontée. Fin juin le régiment graphique » bougeait sur Mais selon la formule connue, la devrait prendre place dans ses les cartes des implanta- vente continue : les relèves des locaux définitifs. Qui a dit que la détachements géographiques en tions militaires de Joigny patience était une vertu orien- place partout dans le monde se à Oberhoffen. Mais, et les tale ? géographes le savent, la poursuivent sans interruption. Certains qui étaient partis en Les cartographes eux ne perdent réalité est plus complexe opex de Joigny rentrent directe- pas de temps. La réalisation des que la carte. ment à Haguenau, en espérant cartes de la série U811 au 1:25 Renouvelé à près de 50% de ses cependant que les camarades 000 de la Kapisa se poursuit effectifs, installé pour moitié en aient pris soin de leurs affaires... sans relâche et plus de la moi- tié des coupures est en cours de Algeco, et avec des difficultés Le moral est toujours au beau validation. d’ordre pratique importantes, le fixe, et début décembre le 28e GG 28 a cependant reçu début sep- rappelle de manière sonore aux Fin janvier, un raid IMF qui laisse- tembre le soutien du nouveau habitants de Haguenau ce qu’est ra des traces dans les mémoires commandant la RTNE, le GCA une Sainte-Barbe. Rassemblant des participants nous fait longer Péran, artilleur d’origine, qui lui la totalité des anciens artilleurs le canal de la marne au Rhin de consacré sa première visite de du camp, dont l’association des la Lorraine à l’Alsace, sur le che- commandement. anciens des 12e et 212e RA, et min de halage. Ceux qui, grâce L’importante baisse des effectifs après des cérémonies aux mo- à un moral de vainqueur et des due au transfert est comblée par numents de l’adjudant Genetel pieds inoxydables, auront été e deux incorporations successives et du 32 RA, notre sainte pa- jusqu’au bout auront parcouru en septembre puis décembre. tronne est fêtée à l’ombre d’un 100km. Pour la B1, qui va com- Les S11 et S12 se suivent donc canon de 155 dont les cavaliers mencer la préparation de son du camp, qui séjour Proterre en Polynésie, ce l’avaient hérité n’est déjà plus qu’un souvenir ! du 12e RA, nous Le clin d’œil : grâce à ont volontiers fait l’action de notre PEVAT, don…. dans la zone commer- Et mi janvier, en- ciale jouxtant le quartier fin, l’impensable Estienne… arrive : le début des travaux ! La

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 50 20/05/2011 08:28:25 Major Philippe CHAILLET (ER)

La 44e promotion ESOA s’est retrouvée…

Cette idée de rassemblement, à l’initiative Moments forts du week-end : le repas du samedi soir du LCL Robert Bailly (en activité au 1er RG avec un instant de recueillement en mémoire des d’Illkirsch) et du CDT Dominique Taesch camarades prématurément disparus et la projection d’un diaporama nous ramenant 35 ans en arrière. Un (Directeur du cercle mixte de garnison grand merci au Major Gérard MAUPETIT (ER) pour de Strasbourg, en retraite depuis fin juin cette réalisation, le DVD remis à tous, la création et 2010), a germé au cours de l’automne l’animation du «facebook». 2009 et la recherche des camarades a Les témoignages reçus à l’issue sont largement si- duré tout l’hiver. Sur les quinze cadres et gnificatifs : les soixante huit « cloportes » incorporés « Merci pour ces journées de retrouvailles magni- le 1er octobre 1974, treize camarades et fiques : ambiance, organisation, accueil !!! Tout était parfait et il n’y a pas de superlatif suprême pour ex- un cadre n’ont malheureusement pas pu primer notre plus chaleureuse joie ressentie au cours être localisés. de ces journées », « Je n’ai qu’un regret, c’est d’avoir e La 44 promotion ESOA (1974/1975) de l’école passé si peu de temps avec vous tous. Je me suis d’application de l’artillerie basée à Châlons-sur-Marne promis d’être présent pour la totalité des activités la (maintenant Châlons-en-Champagne) s’est donc ras- prochaine fois car je ne doute pas que nous remet- semblée les 15 et 16 mai 2010 au cercle mixte de tions le couvert ! » ou encore « Merci de nous avoir garnison de Strasbourg, honorée par la présence ou réunis, rajeunis de 35 ans, et de nous avoir fait pas- les messages de son encadrement de l’époque. ser deux jours formidables » etc. Orchestrées de main de maître par Dominique TAESCH que nous remercions chaleureusement, les Si, hasard ou chance, un ancien de la 44 non re- retrouvailles, seuls ou en famille, se sont effectuées trouvé découvrait cet article et voulait reprendre dans une ambiance particulièrement amicale et pleine contact avec la promotion ou un camarade, je se- d’émotion. Repas raffinés, chambres confortables, vi- rais heureux, ayant œuvré avec patience et opiniâ- sites de la ville à pied ou balade en bateau sur l’Ill et treté aux recherches, de fournir l’information (Tél. les canaux de la Petite France, ouverture spéciale 03.84.68.98.26 ou [email protected]) des caves des Hospices de Strasbourg ont contribué Grâce à ce week-end, après plus de trois décennies à ces journées d’exception. de séparation, souvent sans aucun contact, les ami- Calvitie naissante ou petite bedaine (ne vexons per- tiés se sont renouées et, j’en suis certain, perdure- sonne…), le passage du temps en a peu épargné et ront dans la retraite et au-delà des kilomètres. le physique n’est plus guère ressemblant mais une fois le nom remémoré, les « tu te rappelles ? » et les Et pourquoi pas, comme certains l’ont suggéré : souvenirs s’enchaînent, les anecdotes fusent et la 44 rendez-vous en 2018 pour les 44 ans de la 44e pro- est reconstituée : la photo souvenir en est une preuve motion ! éloquente.

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 51 20/05/2011 08:28:35 Le 40e RA vice-champion de France militaire de Cross-country à Saint - Maixent l’Ecole (79)

L’équipe régimentaire du 40e ré- giment d’artillerie a participé aux championnats de France interarmées de cross- country à Saint Maixent le 16 février, rendez-vous de nombreux athlètes. Plus de six cents participants des trois armées (Terre, Air, Mer) se sont alignés aux quatre épreuves de cross. Comme chaque année, cette compétition a permis aux artilleurs du 40 et à ses sportifs de haut niveau de la Défense (SHND) de se surpasser. Les sportifs de haut niveau du 40 sont en pleine préparation : cham- Equipe du 40eRA et GBR Renaud pionnat d’Europe militaire fin février, marathon commissaire aux sports militaires de Paris en avril, jeux mondiaux militaires ou championnat du Monde d’athlétisme en Corée gadier-chef BREGER 30e et l’adjudant RIBOTON du sud cet été. 72e, classements honorables puisque ce sont Malgré un circuit difficile, le brigadier HIRT s’em- des athlètes non-SHND (sportifs de haut niveau pare du titre de vice-champion de France, le 1re de la Défense). e classe DURAND de la 4 place, le brigadier-chef Nos artilleurs ont permis à l’armée de Terre e MUNYUTU de la 7 place et le brigadier-chef de gagner le trophée Défense du championnat. e TAMBWE de la 12 place. Ils deviennent ainsi La saison commence donc bien au 40e RA. vice champion de France par équipe (derrière Prochaine étape pour le caporal chef TAMBWE er l’équipe du 1 RE). Petit rappel : le brigadier- et le 1re classe DURAND : les championnats chef MUNYUTU n’est autre que le représen- d’Europe militaire de cross country qui se dé- tant français aux JO de Pékin en 2008 et aussi rouleront à Warendorf (Allemagne) du 24 au er le 1 français aux championnats du Monde de 27 février 2011. Berlin en Une fois de plus les artilleurs du 40, coachés 2009… par l’adjudant-chef Migneaux, se sont illustrés Sur le cross faisant preuve de combativité et de ténacité, long, le ma- donnant le maximum pour se hisser sur le po- réchal des dium. l o g i s - c h e f Capitaine Audrey GÉNOT L E C O M T E officier communication du 40e régiment d’ar- se classe tillerie 28e, le bri-

Brigadier Hirt Hassan

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 52 20/05/2011 08:28:40 Les duathlètes du 35e régiment d’artillerie pa- rachutiste de Tarbes se sont particulièrement il- lustrés lors des derniers championnats de France militaires de Duathlon qui se sont déroulés le 27 mars à Hennebont dans le Mor- bihan. Trustant les places d’honneur de- puis sa création en 1999, le club de duathlon du « 35 » a en effet retrouvé la Bigorre auréolé d’or et Ces brillants résultats en terre bretonne d’argent. viennent récompenser la ténacité et la dé- Nicolas CAPOFFERI est devenu champion de termination des membres du club tarbais, à France FCSAD (fédération des clubs sportifs l’image des adjudants-chefs ARNAL et MIRTI, et artistiques de la défense) de duathlon et défendant les couleurs du régiment depuis l’équipe du « 35 », (M. CAPOFFERI, ADJ ROL- les débuts de l’association et qui participaient LAND et ADJ MARQUE), termine quant à elle cette année à leurs derniers championnats. à la deuxième place du classement collectif.

Des militaires Géorgiens formés par le 8e RA Le 8e régiment d’artillerie basé ce cadre que les militaires géorgiens sont ac- à Commercy a reçu pour man- cueillis et instruits en France par les artilleurs dat de former une quarantaine du 8e régiment d’artillerie. de militaires Géorgiens dans Deux groupes ont donc été formés, chacun l’optique de leur déploiement en Afghanistan avec un objectif précis. au second semestre 2011. En effet, du 31 Le premier groupe devra prochainement as- janvier au 12 février 2011, le camp national surer la sécurité des installations militaires du de Suippes a accueilli ces soldats de la garde camp de Warhouse à Kaboul. Les militaires nationale Géorgienne pour une formation dis- utiliseront du matériel mis à disposition par pensée par les artilleurs d’Austerlitz. l’armée française. Pour y être familiarisés, ils Ainsi, et depuis le redéploiement du contin- se sont entraînés à la conduite de véhicules gent français dans l’Est de l’Afghanistan en de l’avant blindé (VAB), à l’instruction au tir ou novembre 2009, la sécurité des installations encore aux procédures françaises de trans- militaires sur Kaboul incombe désormais à la mission. Leur mission est de contrôler et de Géorgie qui utilise pour cela du matériel mis filtrer toutes les entrées et sorties de person- à disposition par la France. C’est donc dans nel et de véhicules dans le camp. Ils remplis- sent également une mission de QRF. Equipés de VAB mis à disposition par les armées fran- çaises, les Géorgiens effectuent quotidienne- ment des patrouilles aux abords du camp. Le second groupe formera un détachement franco-géorgien afin d’instruire les Afghans. Ces militaires géorgiens se sont notamment préparés au tir ANF1 et à la conduite de pe- tit véhicule protégé (PVP). Ils ont également reçu une formation au secourisme au com- bat.

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 53 20/05/2011 08:28:53 La garde présidentielle du Cameroun en formation au CFC

Le Centre de Formation Cynotechnique a ac- offrir l’utilisation des chiens au sein de la cueilli du 4 octobre au 22 décembre 2010 Garde Présidentielle, le CAMEROUN a, pour huit stagiaires militaires du rang en prove- la première fois de son histoire, décidé de nance du CAMEROUN. créer une infrastructure canine permettant Cette formation s’inscrit dans le cadre de la le logement, l’entrainement et l’administra- coopération entre nos deux pays et permet tion d’une unité cynotechnique. Aujourd’hui ainsi d’apporter nos compétences et notre composée de huit équipes elle devrait, dans expérience dans le domaine de la cynotech- l’avenir, voir ses effectifs augmenter. nie militaire. Il n’est donc pas improbable que le Centre de Durant onze semaines, ces personnels ont Formation Cynotechnique soit amené à for- appris à conduire un jeune chien, acquis les mer de nouvelles équipes CAMEROUNAISES connaissances théoriques indispensables dans les années à venir. mais également les techniques de mordant nécessaires pour entrainer et maintenir à niveau des équipes cynotechniques. Cette instruction se poursuit au CAME- ROUN avec leur instructeur : l’Adjudant chef CHANCEREUL présent pour une durée de quatre mois, afin de permettre un accompa- gnement des équipes sur place avec la mise en œuvre des entrainements nécessaires à la réalisation des missions confiées aux équipes cynotechniques de la Garde Prési- dentielle. En parallèle, une délégation CAMEROU- NAISE composée de quatre officiers s’est également rendue au 17° Groupe d’Artillerie du 04 au 11 octobre afin d’élaborer, les dif- férents besoins indispensables pour assurer l’entrainement, le soutien et le suivi sanitaire des équipes cynotechniques. En effet, convaincu de la plus value que peut

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 54 20/05/2011 08:28:58 MCD en Martinique pour l’officier juriste

Affecté au poste de ju- rentes forces armées, ainsi les différents régi- riste du 1er régiment ments et bases soutenus doivent s’habituer à d’artillerie de marine de- faire une demande spécifique pour pouvoir bé- puis le 17 août 2009, le néficier de prestations. Ce n’est pas si simple, lieutenant Arnould s’est après une longue période d’autonomie... « Cela envolé le 2 février der- dit, ce brassage est intéressant s’il est envisagé nier pour les Antilles, en à long terme : il permettra de profiter des sa- mission de courte durée. Accusant un décalage voir-faire de chaque arme », estime le lieute- horaire de 5 heures et une différence de tempé- nant. rature de 30°C, l’adaptation s’est relativement « Mais cette mission est différente de celle qui bien faite, au bout d’une semaine jalonnée de m’est attribuée au 1er RAMa : elle me permettra courtes nuits. d’anticiper dès mon retour en métropole, grâce « Prise en compte dés mon arrivée, j’ai pu dé- à la connaissance que j’ai acquise du mode de couvrir les différentes entités avec lesquelles fonctionnement et des attentes d’un GSBdB ». je travaille à ce jour (33e RIMa, GSBdD, EMIA) Mais pour le moment, le jeune officier s’attache et percevoir mon paquetage outre-mer » té- à travailler au succès de la mise en place du moigne l’officier. Auparavant cellule information GSBdD, car beaucoup – et c’est bien normal juridique, administrative et sociale (CIJAS) du – reste à faire. Philosophe et déterminé, le lieu- 33e RIMa, son poste est passé au GSBdD des tenant Arnould conclue même par l’adage « la- forces armées antillaises (FAA) depuis le 1er jan- bor omnia vincit improbus », un travail opiniâtre vier 2011. vient à bout de tout. Par conséquent, ça se pas- « Mes missions se sont donc « interarmisées », sera bien ! conseillant dorénavant l’ensemble des FAA (l’ar- mée de terre, mer, air ainsi que la gendarme- rie). Dirigé par le commissariat des armées, le lieutenant Arnould est immédiatement rattaché au directeur du GSBdD. Le fonctionnement ré- cent de cette unité prend encore ses marques. Le GSBdD a pour mission le soutien des diffé-

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 55 20/05/2011 08:29:09 Capitaine Axel Rappolt Musée de l’artillerie

LE CANON DE KOUFRA

L’origine de la 2e division blindée re- Lybie et l’Ethiopie Italienne. Leclerc est conscient monte à la colonne Leclerc qui, après de l’impact stratégique mais aussi de la dimension son ralliement précoce au général de psychologique de la prise du symbole de la puis- Gaulle, prend l’oasis de Koufra le 1er sance africaine de l’Italie. Les Italiens occupent mars 1941. en effet l’oasis avec près de quatre cents com- battants dont la compagnie motorisée «sahariana La colonne Leclerc se distingue par la suite en 1942 et en 1943 dans les combats pour le Fezzan. En 1943, elle fait sa jonction avec la 8e armée bri- tannique et s’illustre notamment à Ksar-Rhilane. Elle devient la 2e division française libre, le 15 mai 1943, alors qu’elle se trouve en Lybie, puis devient la 2e division blindée lors de la fusion des FFL avec les troupes françaises d’Afrique du Nord. Rattachée à la IIIème armée améri- caine du général Patton, elle débarque en Normandie le 1er août 1944. Elle devient ensuite la première unité alliée à en- trer dans Paris les 24 et 25 août 1944 et à libérer Strasbourg le 23 novembre 1944 confor- mément au serment de Kou- fra

Les forces en présence Depuis le 18 juin 1940, la bataille de Koufra est la première remportée par des troupes fran- çaises sous commande- ment français. Koufra est un groupe d’oasis libyen isolé en plein Sahara à plus de quatre cents kilomètres de toute région habitée. Défendu par le Fort d’El Tag, il permet aux Italiens de contrôler le Sud-est de la Lybie.et représente un relais aérien entre la

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 56 20/05/2011 08:29:15 di Cufra» équipée pour le combat dans le désert. En quotidiennement, de jour comme de nuit, pour main- plus des troupes au sol, les Italiens disposent en per- tenir une forte pression sur les troupes italiennes. manence de six avions. La compagnie saharienne et Tirant à environ 3,500 mètres de l’objectif, il est sou- la garnison du fort possèdent une forte puissance vent déplacé et change constamment d’objectif pour de feu grâce à leurs mitrailleuses lourdes de 20 mm donner une impression de volume aux troupes ita- et de 12,7 mm. Les troupes françaises, pourtant en liennes. La place de Koufra est très bien installée. nombre équivalent, ne disposent pas d’aussi nom- Des ouvrages extérieurs, reliés par des communica- breux matériels. tions enterrées, assurent une protection immédiate Les combattants de Leclerc sont organisés autour et nul ne peut se déplacer à 1.500 mètres à la ronde, d’une compagnie portée, un groupe nomade, deux sans être justiciable du feu des mitrailleuses sous sections d’infanterie et une section d’artillerie. On abri. Sur l’un des pylônes de la radio, est niché un y trouve ¾ d’indigènes et ¼ d’européens. Leclerc poste d’observation à partir duquel un guetteur re- dispose aussi d’un appui aérien composé d’une di- père dans un rayon de dix kilomètres tous les véhi- zaine de bombardiers légers. Les moyens d’appui cules sortant du djebel et cherchant à pénétrer dans feu indirect sont très réduits. La section d’artillerie la cuvette Le canon français, enregistre quelques dirigée par le lieutenant Ceccaldi est composée d’une coups au but particulièrement heureux : plusieurs vingtaine d’hommes et possède un unique canon de tirs atteignent directement la salle à manger des offi- 75 mm de montagne. De plus, un mortier de 81 mm ciers, le poste de radio. Le 25 février, le pavillon ita- équipe une des sections d’infanterie. lien est abattu d’un coup de canon. Il ne sera jamais relevé, le moral de la garnison commençant à fléchir. Les étapes de L’attaque de Koufra : A partir du 26 janvier 1941, des reconnaissances de Le dénouement l’oasis et de ses environs dans un rayon de plusieurs Après la fin des premiers pourparlers, Ceccaldi re- centaines de kilomètres sont menées. Les 18 et 19 double ses tirs. Le 1er mars à l’aube, il grimpe sur février, la compagnie saharienne italienne située à son observatoire pour repérer à la jumelle les cibles plusieurs kilomètres du fort d’El Tag est neutrali- de la journée, lorsqu’il réalise qu’un drapeau blanc sée. Malgré l’appui aérien dont elle bénéficie le 19, flotte au-dessus du fortin. Les actions de l’artillerie, la « sahariana di Cufra » décroche et est poursuivie associées aux tirs du mortier installé à 1500 m au sur cent cinquante kilomètres par les troupes portées nord ouest du fort ainsi qu’aux patrouilles et coups françaises, sans résultat. Le siège du fort d’El Tag de main quotidiens sont venues à bout des Italiens, débute. à partir de cette date L’ouvrage, carré de forts surpris lors de leur reddition de constater les cent cinquante mètres de coté aux murs de quatre maigres effectifs et la faible puissance de feu des mètres de haut, est trop bien défendu pour que Le- Français. A 8 heures, le 2 mars 1941, le drapeau clerc l’investisse. La surveillance du fort est organi- français flotte au dessus du fort d’El Tag. Leclerc, sée. Sa tactique consiste alors à harceler l’ennemi et au cours d’une cérémonie affirme : « Nous ne nous à empêcher toute arrivée de renforts Italiens. arrêterons que quand le drapeau français flottera L’unique canon de 75mm, acheminé sur le plateau aussi sur Metz et Strasbourg ». Ces simples mots arrière d’un camion Chevrolet, tire vingt à trente obus deviendront dans l’imaginaire français le « serment 57

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 57 20/05/2011 08:29:18 de Koufra » symbolisant par la même la vo- lonté de quelques irréductibles à reconqué- rir le territoire national… LE CANON L’artillerie à Koufra DE KOUFRA De la colonne mobile conquérant Kou- La mise en ser- fra avec un seul canon de 75 jusqu’à la 2e vice du canon de DB libérant Strasbourg, l’artillerie joue en 75 mm modèle permanence un rôle décisif, tantôt par son 1897 de cam- utilisation tactique portant un impact psy- pagne incite les chologique sur l’adversaire, tantôt par son établissements utilisation technique infligeant des pertes militaires à étu- importantes à l’occupant. Le rôle du canon dier à la veille de de Koufra illustre bien la manière dont est la Grande guerre, utilisée l’artillerie des troupes de Leclerc un matériel de pendant la première partie de la guerre. montagne des- Dans les opérations suivantes en Lybie et tiné à remplacer en Tunisie, l’artillerie française, essentielle- le canon de 80 ment composée de canons de 75 mm, sera mm de Bange. principalement utilisée comme un moyen Le commandant de faire tomber les positions fortifiées ita- Bacquet puis le liennes grâce aux tirs de harcèlement. capitaine Duc- rest mettent au point un obusier de 65 mm adapté à l’artillerie en 1906. A la fin de la première Guerre mondiale, des études sont reprises et aboutissent en 1919 au canon de 75mm de montagne qui fut amélioré en 1928 et en dotation dans les régiments de montagne jusqu’en 1945. Le canon de 75 mm de montagne du modèle 1919-1928 à tir rapide et à grand champs de tir vertical est un excellent matériel. : le tube est en acier et se charge par la culasse avec une culasse à vis et volet Schneider. L’affût ri- gide est en fer. Ce matériel transportable sur bât à dos de mulet est prévu pour les opérations en montagne et en régions dé- pourvues de routes. Il se démonte en sept fardeaux sur bât, mais il peut aussi être tracté par deux ou trois mulets avec limo- nière. La mise en batterie est rapide : en quinze minutes à partir des fardeaux ou en quelques minutes s’il est tracté puis utilisé à l’échelon de l’artillerie portée pour les 58 ARTI N°16 - juillet 2011

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 58 20/05/2011 08:29:25 Les hommes de Koufra

Roger CECCALDI, l’artilleur de Koufra Né le 14 janvier 1913, il entre à l’école militaire préparatoire de Billom en 1926. A dix-huit ans, il s’engage dans l’artillerie coloniale et, après Saint- Maixent, prépare à Damas le concours d’entrée à l’école militaire d’artille- rie de Poitiers où il entre en 1936. Nommé sous-lieutenant en 1938, il est affecté au régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) à Faya- Largeau, poste isolé à l’est du Tchad, qu’il gagne après un voyage épique en pirogue, à pied et à dos de cha- meau. Il y commande une section d’artillerie. Le 26 août 1940, le Tchad, sous l’impulsion du gouverneur Eboué et du colonel Marchand, se rallie au général de Gaulle. Le lieutenant Roger Ceccaldi signe son engagement dans les forces françaises libres le jour même et reste affecté au RTST. Son action lui vaut le surnom d’ « ar- tilleur de Koufra » mais son engagement ne s’arrête pas à cette bataille. Après s’être formé auprès du 4th Horse Royal Artillery, il participe à la bataille de Bir-Hakeim en 1942 au sein du 1er RA comme observateur d’abord puis comme commandant de deux canons « 25 livres » opérations de la prise de Koufra. La puis- récupérés sur une brigade hindoue détruite. Ses canons sance de ces obus est comparable à celle du sont cités seize fois dans le journal de marche du 1er RA canon de 75mm modèle 1897. Le musée de à Bir-Hakeim. Blessé il y est fait prisonnier. Trois mois l’artillerie dispose d’un canon de ce type. plus tard, il s’évade et réussit à rejoindre les troupes al- Caractéristiques liées après quatre-vingt trois jours de «cavale». Soigné, Poids de l’obus : 3,8 à 4,45 Kg il rejoint les forces françaises, pour combattre en Italie vitesse initiale : 330m/s (6 charges) au sein de la 1re DFL (notamment à la bataille de Gari- portée : 8800m gliano), puis en Provence et en Alsace, où il se distingue cadence de tir : 20 coups/3 min, 120 coups lors des combats pour Belfort et Strasbourg. Il termine la par heure guerre sur le front des Alpes. Après la guerre, Il sert au secteur de tir vertical : -10° à + 40 ° sein de l’armée française qu’il quitte en 1962 au grade de secteur de tir horizontal : 180 millièmes- colonel. Il a servi quatre chefs prestigieux, maréchaux de longueur totale : 200cm. France : Leclerc au Tchad, Koenig en Libye, Juin en Italie, de Lattre en France. Son nom figure dans l’historique de Particularités quatre régiments décorés de la Croix de la Libération ainsi Tube rayé que sur un canon de 155 au 3e RAMa. Roger Ceccaldi est culasse à vis et volet Schneider décédé le 20 juin 2007 à Tours. Le colonel Roger Ceccaldi munitions en cartouches non assemblées était grand croix de la légion d’Honneur, compagnon de la appareil de pointage à correction de devers- Libération, titulaire de 7 citations. affût à deux positions (basse de – 10° à + 20 °, haute de +20° à + 40°) Albert GRAND, chef de pièce du Canon de Koufra

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ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 59 20/05/2011 08:29:32 Major Richard Maisonnave Adjoint du Conservateur du Musée de l’Artillerie

FRANC COMTOIS, RENDS TOI ! NENI MA FOI… Biographie d’un chef de pièce : Albert GRAND

C’est en Haute-Saône à LEF- change fréquemment de position de tir FOND, au cœur de la Franche- et trompe ainsi l’ennemi sur le faible ef- Comté que nait Albert Grand le fectif offensif et évite la contre batterie. 5 octobre 1914. Promu adjudant, chef de pièce de 105 , il reçoit une citation lors de la Vraisemblablement influencé campagne du Fezzan, puis une seconde par un père restaurateur, il le 28 décembre 1942 au cours de la choisit la pâtisserie comme même campagne. premier métier, mais, bien Lors des opérations de Tripolitaine et vite, s’engage en juin 1934 de Tunisie, Albert Grand se distingue le Insigne n° 2 au titre du RACL (régiment 10 mars 1943 à El Oued en détruisant, symbolique : 1er d’artillerie coloniale du Le- grâce à la précision de ses tirs, deux au- type (1937-1940) tomitrailleuses allemandes. ancre et canon de vant) insigne n°1. Sa car- l’artillerie coloniale rière le conduit d’abord en En portant secours à un officier télépho- avec une lionne niste dans l’observatoire du Djebel Garci réputée pour son Insigne n° 1 sym- août 1937, à Beyrouth, courage et sa téna- bolique : ancre et puis à compter d’août en Tunisie, il est blessé par des éclats cité. grenade de l’ancienne artillerie coloniale 1939 au RTST (régiment d’obus, le 28 avril 1943. Hospitalisé à avec un croisé Franc de tirailleurs sénégalais Kairouan, il est promu adjudant-chef à à cheval évoquant l’époque des croisades du Tchad) en tant que ma- titre exceptionnel, le 9 mai 1943. au Moyen Orient. réchal-des-logis. Après réorganisation de l’artillerie de la Lors de l’appel du général 2e DB, Albert Grand fait la campagne de de Gaulle en 1940, il est à Largeau au France avec le 3e RAC (régiment d’artil- Tchad et décide de rallier les FFL (forces lerie coloniale) insigne n°2 et 2 bis en françaises libres). tant qu’officier de liaison auprès du GTD Sous les ordres du lieutenant Roger Cec- (groupement tactique Dio). Volontaire caldi au sein du RTST, il est le chef de pour des patrouilles de « nettoyage » l’unique pièce d’artillerie de 75 mm de dans la région de Carrouges en Nor- Insigne n° 2 bis symbolique : montagne Schneider, modèle 19 qui est mandie, en août 1944, il fait de nom- ancre et canon installé sur un camion Chevrolet, équipé breux prisonniers. de l’artillerie coloniale avec la des systèmes de chargement et de fixa- Infatigable, il est de la prise de Stras- carte d’Afrique tion des Laffly arrivés à bout de souffle. bourg en novembre 1944, prend de indiquant les multiples risques pendant la traversée origines ethniques Il fait partie de la colonne Leclerc lors de du groupe, croix la victoire de Koufra en Libye en mars des Vosges les 21 et 23 novembre. de Lorraine des Il est promu sous-lieutenant en janvier F.F.L. roues den- 1941. Avec un autre sous-officier (An- tées (barbotin) dréani) ainsi que 16 hommes de troupe, 1945, à Berchtesgaden, au cœur du des formations e il tire 20 à 30 coups par jour sur le fort Reich déchu, puis termine la guerre en blindés, le 3 RAC étant équipé n d’El Tag, ce qui terrorise les Italiens. Il Allemagne. 1943 d’automo- Il est lieutenant instructeur au 7e RAC teurs HM7. 60 ARTI N°16 - juillet 2011

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 60 20/05/2011 08:29:41 Insigne n° 5 symbo- lique : en pointe le dra- peau du corps royal de Insigne n° 4 l’artillerie des colonies symbolique : surmontée d’une tourelle ancre et canon d’artillerie de côte. Le croisés avec la vaisseau de la méduse grenade dorée de évoque le transport des l’ancienne artil- artilleurs vers le Sénégal lerie coloniale. A ainsi que son naufrage Insigne n° 3 symbo- travers une porte en1816 au large de la lique : petite patte de mauresque appa- Mauritanie. L’ancre de collet des artilleurs raît la koutoubla la coloniale dont le jas coloniaux avec crocodile de Marrakech, porte le sigle AOF sym- de Diego Suarez gar- garnison maro- bolise le lieu de station- nison de 1904 à 1921 caine du RACM nement du régiment. du Groupe d’Artillerie sur un fond Colonial. d’atlas.

(régiment d’artillerie coloniale) insigne n°3 de Ca- - Médaille Commémorative Indochine sablanca avant de commander une compagnie de - Médaille Commémorative des opérations de transport au Cameroun. Promu Capitaine en 1950, il maintien de l’ordre et de sécurité en AFN gagne le Tonkin avec sa batterie du RACM (régiment - Présidential Unit Citation (USA) d’artillerie coloniale du Maroc) insigne n° 4 de 1952 - Officier de l’Etoile Noire du Bénin. à 1954 où il obtient 3 citations avant de rejoindre à nouveau le 7e RAC, puis de servir au 6e RAMa in- La photo d’Albert Grand est à récupéré sur le site signe n° 5 de Dakar de 1954 à 1960. internet des Compagnons de la Libération. En 1961, il est chef d’escadron et commandant ad- Il existe 2 insignes de promotion « serment joint du RACM au Sahara avant de devenir chef des de Koufra » : services administratifs de l’armée Camerounaise. De retour en France, il occupe comme lieutenant co- - promotion EMIA de Coëtquidan lonel à partir de 1969 les fonctions de chef du poste 1962-1963 représentant la cathédrale de la sécurité militaire au sein de la 8ème division de de Strasbourg, bordée d’un ensemble Compiègne. de 10 larges rayons. Le colonel Le- Il prend sa retraite en 1972, et se retire à St Etienne, clerc a fait jurer à ses troupes « Nous où il se reconverti comme directeur de clinique, fonc- ne nous arrêterons que quand le dra- tion qu’il exerce jusqu’en 1975. peau Français flottera sur Metz et Albert Grand s’éteint le 26 mai 1998 à Vichy. Ce Strasbourg. », insigne dessinée par Franc comtois est inhumé dans son village natal de l’EOA DANES. Leffond. - promotion EOR, date inconnue, Il est titulaire des décorations suivantes : représentant au travers d’une porte mauresque la façade de la cathé- - Commandeur de la Légion d’Honneur drale de Strasbourg avec en chef - Compagnon de la Libération – décret du 17 novembre les 7 étoiles du Maréchal de France 1945 Leclerc de Hautecloques. - Grand Officier de l’Ordre National du Mérite - Croix de Guerre 39/45 (4 citations)

- Croix des TOE (3 citations) Bibliographie - Croix de la Valeur Militaire (1 citation) RHA n° 2 /2001 RHA n° spécial « les TDM » - Croix du Combattant 39/45 Les carnets de la Sabretache n° 113, 3ème trimestre 1992 Les insignes de l’Artillerie Coloniale par J.J. Marquet et R. Ville- - Médaille Coloniale avec agrafes «Koufra», «Fezzan», miney «Tripolitaine», «Tunisie», «E-O» Le site internet des Compagnons de la Libération. - Médaille des Services Volontaires dans la France Libre

- Médaille Commémorative 39/45 61

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 61 20/05/2011 08:29:58 Le colonel Jean-Claude Laurent-Champrosay (1908-1944) : l’épopée du 1er RAFFL

Jean-Claude Laurent-Champrosay et tient sa position toute la est né en 1908 au Havre. En 1927 nuit jusqu’à l’arrivée des à 19 ans, il est admis à Saint-Cyr, renforts. dans la promotion Galliéni, puis Transporté à l’hôpital où on devient sous-lieutenant dans le juge perdu, le lieutenant survit malgré tout et l’artillerie coloniale. Il choisit reçoit la Légion d’honneur pour sa conduite hé- de servir au Maroc en 1933. roïque. Il n’a alors que 25 ans.

La colonne dont il commande l’ar- Il effectue son deuxième séjour en tant que ca- tillerie est prise sous le feu des pitaine au 4e régiment d’artillerie coloniale (4e Chleuhs rebelles de l’Atlas. RAC), en Indochine, de 1935 à 1938. Après son Dès le début de l’engage- passage en Indochine, le capitaine Laurent-Cham- ment, le lieutenant Lau- prosay rejoint pour un court séjour la métropole rent-Champrosay est avant d’être affecté en Afrique noire. En janvier blessé d’un balle qui 1940, le capitaine Laurent-Champrosay rejoint le touche à l’aine : Bobo-Dioulasso, en Haute Volta, pour comman- il continue de com- der une batterie du 6e RAC. mander ses troupes sous Répondant à l’appel du général de Gaulle en juin le feu malgré cette blessure 1940, il rejoint la Gold Coast avec ses hommes,

62 ARTI N°16 - juillet 2011 On enterre les canons à Bir Hakeim

ARTI N°16_juillet 2011_BAT.indd 62 20/05/2011 08:30:09 et rallie la France Libre. Le capitaine demande alors (1942), Takrouna (1942). Au mois d’avril 1944, la au général de Gaulle de pouvoir combattre avec ses 1re DFL rejoint le corps expéditionnaire français sous hommes sous les couleurs françaises en tant qu’uni- le commandement du général Juin. La campagne té française constituée, détachée provisoirement d’Italie a démarré. dans l’armée britannique. Il se voit alors confier le Elle commence avec la résistance allemande que les commandement des artilleurs venus d’Angleterre au forces alliées rencontrent sur la ligne Gustav le long sein de la brigade française occidentale (BFO). du Garigliano. L’offensive à laquelle participe le 1er A la tête du 1er régiment d’artillerie de Forces Fran- RAFFL continue mais restera marquée par la bataille çaises libres (1er RAFFL) de la 1ère brigade française de Radicofani. C’est devant cette petite ville d’Italie libre (1re BFL), le régiment reprend les traditions du que le colonel Laurent-Champrosay sera tué par l’ex- 1er RAC, dissout en 1940, et se distingue en Eryth- plosion d’une mine, le18 juin 1944. rée, en Syrie puis en Libye. Laurent-Champrosay est Commandeur de la Légion d’honneur, Compagnon alors Chef d’escadron. de la Libération, croix de guerre 1939-1945 et croix La 1re division légère française libre (1re DFL) dont de guerre des TOE, Distinguished Service Order bri- fait partie le 1er RAFFL atteint Bir Hakeim le 14 fé- tannique, le colonel Laurent-Champrosay reste dans vrier 1942. Il s’agissait de fixer les forces de l’Axe l’histoire du 1er RAMa celui qui fit renaître et qui sur le verrou de Bir Hakeim suffisamment longtemps porta haut les valeurs, la devise et le prestige du ré- pour permettre à la position alliée de Tobrouk de se giment au sein des Forces Françaises libres, pendant renforcer, avant la tentative de saisie par les troupes la seconde guerre mondiale. de Rommel. Après avoir pris la position aux Italiens re (près de 5000 seront faits prisonniers) la 1 BFL Reconstitution pour la cérémonie de Bir Hakeim établit ses quartiers.

Le 27 mai, les troupes italiennes et celles de Rommel attaquent la position. La bataille dure 15 jours et re- présente un haut fait d’armes du régiment : jusqu’au bout la position résiste aux assauts de l’Afrika-Korps de Rommel qui l’encercle. La mission est remplie.

Au mois de septembre 1942, le lieutenant-colonel Laurent-Champrosay est fait Compagnon de la Libé- ration par le général de Gaulle. Il continue à guider son régiment vers de nouvelles batailles : El-Alamein

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