DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GÉOGRAPHIE PARCOURS MILIEUX NATURELS ET SCIENCES DE LA TERRE

LA DÉGRADATION DE LA FORÊT D’ANKAFOTRA ET SES IMPACTS DANS LE SOUS-ESPACE D’ — AMBOHIMIARIVO REGION

Mémoire pour l’obtention du diplôme de Master en Géographie Présenté par Anja Tiananahary ANDRIAMBOLOLONA Sous la direction de Mr. James RAVALISON, Professeur Janvier 2018

UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GÉOGRAPHIE PARCOURS MILIEUX NATURELS ET SCIENCES DE LA TERRE

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LA DÉGRADATION DE LA FORÊT D’ANKAFOTRA ET SES IMPACTS DANS LE SOUS-ESPACE D’AMBOHIDRANANDRIANA — AMBOHIMIARIVO

REGION VAKINANKARATRA

Mémoire pour l’obtention du diplôme de Master en Géographie

Présenté par Anja Tiananahary ANDRIAMBOLOLONA

Sous la direction de Mr. James RAVALISON, Professeur

MEMBRES DU JURY

Président : Madame Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur Émérite Juge : Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, Maître de Conférences Rapporteur : Monsieur James RAVALISON, Professeur

Soutenu publiquement le 30 janvier 2018

REMERCIEMENTS

Ce présent mémoire n’aurait pas pu être réalisé sans la collaboration, l’aide de plusieurs personnes que je ne saurais omettre d’offrir mes remerciements les plus sincères et remplis de gratitude. Toutefois, mes remerciements s’expriment en particulier aux membres du jury :  Madame Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur Émérite, qui malgré ses multiples occupations, a bien voulu accepté d’être le président du jury de ce mémoire. Je le remercie vivement.  Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, Maître de Conférences, qui a bien voulu juger ce travail. Qu’il trouve ici mes vifs et sincères remerciements.  Monsieur James RAVALISON, Professeur, mon directeur de recherche qui n’a pas cessé de soutenir et d’encourager malgré ses responsabilités et ses autres occupations. Par ailleurs, son aide précieuse m’a beaucoup aidé et permis de finaliser ce présent travail. Qu’il veuille bien trouver ici l’expression de ma profonde gratitude. Je voudrais aussi remercier à tous les enseignants chercheurs de la Mention Géographie ainsi que mes collègues de leur amicale collaboration et de leur sympathique soutien. À toute la famille, mes parents qui m’a soutenu moralement et financièrement durant toutes ces années d’études et en particulier lors de la confection de ce présent mémoire. J’adresse mes plus sincères remerciements.

Enfin, je tiens aussi à exprimer mes reconnaissances et mes profondes gratitudes à toutes les personnes qui m’ont aidé de près ou de loin dans la réalisation de ce mémoire de Master. Qu’elles reçoivent, ici, mes sentiments les meilleurs.

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RÉSUME

La couverture forestière d’Ankafotra est un patrimoine privé de la commune urbaine d’. C’est un paysage résultant des actions de reboisement mené par l’État et la population depuis l’époque coloniale. L’observation directe du phénomène sur terrain avec l’analyse diachronique de plusieurs séries des images satellitaires de haute et moyenne résolution a été fondamentale pour comprendre la dynamique régressive du paysage dans un intervalle de quatorze (14) ans. La dégradation de la ressource forestière est liée à la hausse de la demande en bois et de l’extension de surface cultivable. Pour suivre l’évolution spatio- temporelle de la forêt, la technique de traitement d’images de télédétection et le Système d’Information Géographique sont utilisés.

La superposition de différentes cartes thématiques et l’acquisition des données de terrain ont permis de cartographier la nature des différentes formes d’érosion des sols à l’échelle de la zone de recherche. La répartition spatiale de l’érosion dépend particulièrement des conditions physiques des secteurs affectés, suivies par les activités anthropiques locales. La forte activité érosive a causé de nombreuses conséquences négatives sur le milieu naturel et les activités agricoles de la population environnante. Des surfaces considérables de champ de culture en aval de l’espace sont affectées par le phénomène de sédimentation. L’aménagement de l’espace forestier est nécessaire pour favoriser le fonctionnement écologique du paysage forestier.

Mots-clés : Ankafotra, forêt, reboisement, dégradation, érosion, paysage, écologie, télédétection, SIG.

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ABSTRACT

The forest cover of Ankafotra is a private heritage of the urban district of Antsirabe. It is a landscape resulting from the actions of reforestation carried out by the State and the population since the colonial era. Direct observation of the phenomenon on the field with the diachronic analysis of several sets of high and medium resolution satellite imagery has been fundamental to understand the regressive dynamics of the landscape in an interval of fourteen (14) years. The degradation of the forest resources is related to the increasing demand for fuelwood and the extension of cultivable lands. To follow the spatial and temporal evolution of the forest, the technique of image processing in remote sensing and the Geographic Information System are used.

The superimposition of various thematic maps and the acquisition of field data allowed to map the nature of various forms of soil erosion in the scale of the area of research. The spatial distribution of erosion depends particularly on the physical conditions of the affected areas, followed by local anthropogenic activities. The high erosive activity has caused numerous negative impacts on the natural environment and agricultural activities of the surrounding population. Considerable areas of culture field downstream of the space are affected by phenomenon sedimentation. The management of the forest area is necessary to promote the ecological functioning of the forest landscape.

Key words: Ankafotra, forest, reforestation, degradation, erosion, landscape, ecology, remote sensing, GIS.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE ...... 1

PREMIERE PARTIE : CADRE GÉNÉRAL DE LA RECHERCHE ...... 4

CHAPITRE 1. CHOIX DU THÈME ET OBJECTIF DE LA RECHERCHE ...... 5

CHAPITRE 2. LA DÉMARCHE ET LES TECHNIQUES DE RECHERCHE UTILISÉES ...... 12

DEUXIEME PARTIE :LA DYNAMIQUE DE L’ESPACE FORESTIER ...... 31

CHAPITRE 3. UN MILIEU NATUREL PRÉDISPOSÉ À L’ACTION DE L’ÉROSION ...... 32

CHAPITRE 4. LA DYNAMIQUE DE LA POPULATION ET SES ACTIVITÉS ...... 45

CHAPITRE 5. LA FORÊT D’ANKAFOTRA EN FORTE DÉGRADATION ...... 51

CHAPITRE 6. LA DYNAMIQUE RÉGRESSIVE DU PAYSAGE FORESTIER ...... 60

TROISIEME PARTIE : IMPACTS ET PERSPECTIVES ...... 70

CHAPITRE 7. UN MILIEU NATUREL PERTURBE PAR LA DÉGRADATION DE LA FORET . 71

CHAPITRE 8. IMPACTS DE L’EXPLOITATION DE LA FORÊT...... 83

CHAPITRE 9. PERSPECTIVES POUR RESTAURER ET PROTEGER L’ESPACE FORESTIER . 95

CONCLUSION GÉNÉRALE ...... 105

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES CROQUIS

Croquis 1 : Localisation de la zone de recherche ...... 3

Croquis 2 : Les unités topographiques du sous-espace d’Ambohidranandriana-Ambohimiarivo ...... 33

Croquis 3 : Carte des pentes de la zone de recherche ...... 34

Croquis 4 : Les domaines et sous-domaines géologiques du Précambrien malgache ...... 36

Croquis 5 : Les substrats géologiques du sous-espace d’Ambohidranandriana - Ambohimiarivo ...... 39

Croquis 6 : La couverture forestière d’Ankafotra en 2017 ...... 54

Croquis 7 : Masque de forêts 2003 (a), 2010 (b) et 2017 (c) ...... 60

Croquis 8 : Occupation du sol à Ankafotra en mai 2003 ...... 62

Croquis 9 : Occupation du sol à Ankafotra en mai 2017 ...... 63

Croquis 10 : Changement de la couverture forestière entre 2003 et 2010 ; 2010 et 2017 ...... 66

Croquis 11 : La répartition des différentes formes d’érosion ...... 78

Croquis 12 : La nature de l’érosion dans la zone de recherche ...... 81

Croquis 13 : Proposition du plan d’Aménagement simplifié ...... 103

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Processus de la classification supervisée ...... 26

Figure 2 : Synthèse de la démarche de recherche ...... 28

Figure 3 : Diagramme ombro-thermique de Gaussen de la zone de recherche ...... 42

Figure 4 : Évolution du nombre de la population de 2009 à 2016 de la commune rurale Ambohidranandriana et Ambohimiarivo ...... 46

Figure 5 : Consommation en bois du COTONA 2004 – 2008 ...... 57

Figure 6 : Synthèse de la relation de cause à effet de la dégradation de la forêt d’Ankafotra . 59

Figure 7 : Les différents types d’occupation du sol ...... 65

Figure 8 : Répartition de l’occupation du sol en 2017 ...... 67

Figure 9 : Acteurs impliqués au projet d’aménagement de l’espace forestier d’Ankafotra ..... 99

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LISTES DES PHOTOGRAPHIES

Photo 1 : Un petit four de charbon en pleine préparation ...... 48

Photo 2 : Les types des espèces dominantes dans le paysage forestier d’Ankafotra ...... 52

Photos 3 : Bois de chauffage à l’usage domestique ...... 58

Photo 4 : Conversion de la zone forestière en terrain de culture ...... 68

Photos 5 : Ruissellement diffus sur le versant à Bemasoandro ...... 72

Photo 7 : Des Rigoles sur une parcelle de culture ...... 73

Photo 6 : Début des griffures parallèles sur le versant ...... 73

Photo 8 : Formes de ravinement ...... 74

Photo 9 : Formations de lavaka sur le versant ...... 76

Photo 10 : Éboulement sur le talus à Malakialina ...... 77

Photo 11 : Charbon de bois à exporter vers la ville d’Antsirabe ...... 84

Photo 12 : Les feux de brousse dans la forêt d’Ankafotra ...... 86

Photo 13 : Affleurement de roche-mère en surface ...... 88

Photo 14 : Sol décapé sous couverture végétale dégradée ...... 88

Photo 15 : Dégradation du sol sur le versant ...... 89

Photo 16 : Ensablement des bas-fonds ...... 91

Photo 17 : Parcelle de culture abandonnée après une forte teneur en sable ...... 92

Photo 18 : Mode de culture adopté pour minimiser l’effet de l’érosion ...... 93

Photo 19 : Technique de déviation du sens de l’écoulement des sédiments ...... 94

LISTES DES TABLEAUX

Tableau 1 : Couverture forestière naturelle en hectares dans quelques régions des Hautes Terres centrales de ...... 6

Tableau 2 : Caractéristiques des images Landsat utilisées ...... 22

Tableau 3 : Moyenne mensuelle des températures et des précipitations (1970 – 2000) du sous- espace d’Ambohidranandriana – Ambohimiarivo ...... 40

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Tableau 4 : Le nombre et la taille moyenne de ménages enquêtés ...... 49

Tableau 5 : Nombre de populations dans les quatre fokontany concernées par la couverture forestière en 2009 et 2016...... 49

Tableau 6 : Les bois exploités dans la forêt d’Ankafotra en 2011 – 2012...... 56

Tableau 7 : Statistique de changement de la surface occupée ...... 61

Tableau 8 : Surfaces occupées par chaque catégorie d’occupation dans la zone de recherche ...... 64

Tableau 9 : Classification de la nature de l’érosion ...... 80

Tableau 10 : Effectif de ménages participé aux activités de charbonnage et à la production de bois de chauffage entre 2008 - 2014...... 83

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1. Images satellitaires suivant l’emprise de la zone de recherche ...... 112

Annexe 2 : Fond de carte utilisé pour la réalisation de la carte géologique ...... 113

Annexe 3 : Arrêté 266/11/CU/ABE ...... 114

Annexe 4 : Les fiches questionnaires ...... 115

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LISTES DES ACRONYMES

BD : Base de données BNGRC : Bureau National de Gestion des Risques et Catastrophes CE : Commission Européenne CI : Conservation Intarnational CIREF : Circonscription Régionale de l’Environnement et des Forêts COTONA : Cotonnière d’Antsirabe CREAM : Centre des Recherches, d’Études et d’appui à l’Analyse Économique à Madagascar DEM : Digital Elevation Map DREEF : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Écologie et des Forêts ENVI : Environment for Visualizing Image ESPA : École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo ESSA : École Supérieure des Sciences Agronomiques ETM+: Enhanced Thematic Mapper Plus FAO: Food and Agriculture Organization of the United Nations FMI : Fonds Monétaire International FTM : Foiben-Taosaritanin’i Madagasikara GPS : Global Positionning System INSTAT : Institut National de la Statistique MEEF : Ministère de l’Environnement, de l’Écologie et des Forêts MEEFT : Ministère de l’Environnement des Eaux et Forêts et du Tourisme ONE : Office National pour l’Environnement OSM : OpenStreetMap PGRM : Projet de Gouvernance des Ressources Minérales RIP : Route d’Intérêt Provincial

SAR : Synthetic Aperture Radar SIG: Système d’Information Géographique USAID: United States Agency for International Development WWF: World Wide Fund for Nature

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GLOSSAIRE

Déforestation : Conversion de la forêt à d’autres utilisations des terres ou réduction à long terme du couvert arboré au-dessous d’un seuil minimal de 10 pour cent. Dégradation : Les changements au sein des catégories forestières, qui affectent négativement le peuplement ou le site en abaissant, en particulier, la capacité de production, sont appelés dégradation forestière. Érosion : C’est l’ensemble des phénomènes externes qui, à la surface du sol ou à faible profondeur, enlèvent tout ou partie des terrains existants et modifient ainsi le relief.

Forêt : Terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectare avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à cinq mètres et un couvert arboré de plus de 10 pour cent, ou avec des arbres capables d’atteindre ces seuils in situ. Lavaka : Ce sont de grandes excavations, en forme de cirque plus ou moins digité, qui décapent profondément le sol et les matériaux d’altération des roches métamorphiques facilement décomposables.

Paysage : Le paysage définit une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations. Le mot paysage s’applique suivant les auteurs. Reboisement : Régénération naturelle ou rétablissement de la forêt par plantation ou semis délibéré sur des terres déjà utilisées comme forêts. Sapement : Creusement, surtout par les eaux à la base d’un versant escarpé, avec formation éventuelle de surplomb, d’encorbellement qui préparent des glissements de terrain ou des éboulements. SIG : Le Système d’Information Géographique est un système informatique de matériel, de logiciels et de processus conçu pour permettre la collecte, la gestion, la manipulation, l’analyse, la modélisation et l’affichage de données à référence spatiale afin de résoudre des problèmes complexes d’aménagement et de gestion. Télédétection : C’est une technique qui, par l’acquisition d’images, permet d’obtenir des informations sur la surface de la Terre sans contact direct avec celle-ci. La télédétection englobe tout le processus qui consiste à capter et enregistrer l’énergie d’un rayonnement électromagnétique émis ou réfléchi, à traiter et analyser l’information qu’il représente, pour ensuite mettre en application cette information.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

La région Vakinankaratra est caractérisée par un faible taux de couverture forestière. À partir des données recueillies auprès des districts en 2009, la ressource forestière existante est de 54 506 ha (CREAM 2013) qui représente une proportion d’un peu moins de 4 % par rapport à la superficie de la région. La majorité des paysages boisés actuellement dans la région est le résultat de l’action de reboisement faite par les populations locales et l’État depuis les années 60. Les essences les plus visibles sur le paysage sont des espèces introduites comme le Pinus, l’Eucalyptus, l’Acacia…

La ressource forestière a subi le phénomène de dégradation et de déforestation considérable d’une année à une autre ; il ne reste plus que quelques lambeaux de forêt dans la région. Les causes de la destruction de la forêt sont multiples. Elles sont liées à la pauvreté, à l’extension des terrains agricoles, à l’approvisionnement en énergie combustible des habitants locaux et au ravitaillement des centres urbains.

La couverture forestière d’Ankafotra dans le sous-espace d’Ambohidranandriana- Ambohimiarivo est un site de reboisement appartenant à la commune urbaine d’Antsirabe. Le paysage forestier a une superficie d’environ 598 ha (Landsat7 ETM+, 2003) avec la prédominance des espèces introduites. Malheureusement, la forêt a subi la pression humaine et a souffert d’une évolution catastrophique par l’exploitation abusive entre 2008 – 2013 qui a entrainé actuellement la dégradation de la ressource.

Compte tenu de ces contextes sur l’étude du dynamisme de paysage, le présent mémoire s’intitule : « LA DÉGRADATION DE LA FORÊT D’ANKAFOTRA ET SES IMPACTS DANS LE SOUS — ESPACE D’AMBOHIDRANANDRIANA — AMBOHIMIARIVO, RÉGION VAKINANKARATRA ». La question fondamentale qui constitue la problématique de la recherche est la suivante : La dynamique du paysage forestier correspond-elle à la dégradation du milieu ?

Quelques questions secondaires vont préciser cette problématique principale :  Comment le processus de dégradation de la ressource forestière d’Ankafotra s’effectue- t-il ?  En quoi cette dégradation de la forêt influence-t-elle le milieu naturel et la vie socio- économique de la population ?  Quelles sont les mesures nécessaires pour sauver l’espace forestier ?

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Ainsi, pour bien mener les recherches en répondant à la problématique posée : le cadre général de la recherche est présenté dans la première partie, puis la deuxième partie est consacrée à l’étude de la dynamique de l’espace forestier et enfin, les impacts et perspectives constituent la troisième partie. Le sous-espace d’Ambohidranandriana – Ambohimiarivo est situé entre les latitudes 19° 46’ 12’’ S et 19° 59’ 24’’ S et les longitudes 47° 05’ 24’’ E et 47° 12’ 36’’ E. Du point de vue morphologique, les deux communes sont marquées par le passage du grand escarpement de Betampona. Selon le cadrage administratif, elles font partie du district d’Antsirabe II dans la région Vakinankaratra. Le paysage forestier d’Ankafotra est localisé géographiquement entre les latitudes 19° 52’ 12’’ S et 19° 54’ 32’’S et les longitudes 47° 09’36’’ E et 47° 11’ 24’’ E. Il est inclus à la limite administrative du sous-espace cité ci-dessus. La zone est traversée par la route d’intérêt provincial (RIP 122T) reliant la commune rurale de et la ville d’Antsirabe.

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Croquis 1 : Localisation de la zone de recherche

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PREMIÈRE PARTIE : CADRE GÉNÉRAL DE LA RECHERCHE

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CHAPITRE 1. CHOIX DU THÈME ET OBJECTIF DE LA RECHERCHE

1.1. Le contexte du sujet Entre les années 2000 et 2010, le taux brut moyen de la déforestation a été de 13 millions d’hectares par an pour une surface forestière mondiale d’environ 4 milliards d’hectares (FAO, 2011). Plus spécifiquement, les forêts tropicales ont continué à être soumises à d’intenses pressions engendrant un rythme de déforestation alarmante, durant ces vingt dernières années. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé une cadence de la déforestation nette à 7 millions d’hectares par an dans les pays tropicaux entre 2000 et 20101. La déforestation, à laquelle il faut ajouter le phénomène de dégradation qui est également important, entraine une érosion majeure des biens et services environnementaux. En Afrique par exemple, le taux annuel de dégradation des forêts avoisine les 50 % du taux annuel de déforestation (Lambin et al. 2003). Depuis les trois dernières décennies, la situation forestière de Madagascar est devenue menaçante vis-à-vis de la dégradation et de la déforestation sans précédent de la ressource. Les taux annuels de déforestation couplés avec le phénomène de dégradation sont estimés à 0,5 % pour les régions de subsistance basées sur l’agriculture sur brûlis et 2,0 % pour celles accessibles par bonne route (Brand, 2001). Pendant la période d’évaluation des ressources forestières mondiales en 2015, la couverture forestière de Madagascar a été estimée de 12,4 millions d’hectares, soit 21,2 % du territoire national2. Ce chiffre est à titre indicatif, car il n’y a pas de confirmation des informations provenant de l’étude de l’équipe ONE, FTM et MEEF. La couverture forestière recule sous la pression conjuguée de différentes pratiques des populations comme les défrichements pour affecter la terre à d’autres utilisations telles que les cultures itinérantes ; la surexploitation des bois d’œuvre et le prélèvement des combustibles ligneux. Les exploitations successives de la ressource forestière sont habituellement une cause directe de la dégradation. Cependant, dans certaines régions de Madagascar, il y a une interdépendance entre l’activité d’exploitation forestière et l’extension de terrains de cultures ; les exploitations sont souvent liées à la production de charbon de bois ou de bois de chauffage et de bois d’œuvre.

1 FAO 2016, Situation des forêts du monde : forêt et agriculture : défi et possibilité concernant l’utilisation des terres, 119 pages. 2 FAO 2014, Évaluation des ressources forestières mondiales 2015 : Rapport national Madagascar, 95 pages.

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Pour augmenter la quantité de production sous la pression démographique, les paysans sont obligés d’étendre les surfaces cultivables. Ces extensions se font presque toujours dans les terres forestières à travers de nouveaux défrichements, car la fertilité du sol dans cette nouvelle terre est importante. Les régions dans les Hautes Terres centrales de Madagascar n’échappent pas à ce phénomène de dégradation en se présentant par la diminution et le recul de la surface forestière. L’exploitation forestière vise d’une part à satisfaire les demandes en bois des ménages locaux et urbains (construction, énergie, meubles…) et d’autre part à l’extension des terrains agricoles.

Tableau 1 : Couverture forestière naturelle en hectares dans quelques régions des Hautes Terres centrales de Madagascar

Superficie de Couverture forestière (ha) Région la région (ha) 1990 2000 2005 Analamanga 1 736 130 62 405 53 043 50 540 Itasy 649 364 629 69 47 Vakinankaratra 1 805 139 37 389 26 793 23 818 Amoron’i Mania 1 655 218 61 762 44 699 41 651 Source : extrait de données MEFT, USAID et CI, 2009. Ces données du tableau 1 montrent que la couverture forestière par région recule d’une année à l’autre. Prenons le cas du Vakinankaratra en 1990, seulement 2 % de la région sont recouvertes de forêt. Puis, en 2000, elle diminue de 1,5 % et enfin en 2005, il ne reste plus que 1,3 % de la totalité de la superficie de la région. En 2005, la couverture forestière de l’ensemble des régions sélectionnées représente 116 056 hectares qui couvrent seulement 1,9 % de la surface totale.

Même si les chiffres sont différents dans les littératures la plupart du temps, les sources s’accordent pour conclure que les ressources forestières de la région Vakinankaratra sont très faibles. Il ne reste que quelques lambeaux de forêt à la suite de l’exploitation abusive de la ressource. Cette faiblesse questionne l’augmentation de la demande des bois utilisés comme source d’énergie domestique de la région, mais aussi la forte demande en bois pour approvisionner l’énergie utilisée par les industries dans la ville d’Antsirabe. La consommation de bois comme source d’énergie industrielle est un problème grave pour la région parce que cette dernière ne possède pas de forêt ni de plantation suffisante pour satisfaire ses besoins3.

3 Tableau de Bord environnemental Région Vakinankaratra, 2005, 193 pages.

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La forêt d’Ankafotra dans le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo est le résultat des actions de reboisement réalisé pendant la période coloniale et continué à l’époque de la première république, c’est-à-dire vers les années 60. Ce paysage forestier est l’un des sites de reboisement constitué surtout par les essences introduites à savoir le Pinus patula, le Pinus khesiya, l’Eucalyptus et l’Acacia dealbata (mimosa) avec un taux de couverture plus ou moins dense. Depuis l’année 2008, l’espace forestier d’Ankafotra a subi un phénomène de dégradation alarmante liée, d’une part, aux diverses pressions pour le besoin d’énergie et les activités de la population locale. D’autre part, pour s’approvisionner en bois de construction et celle d’énergie de la zone environnante devant l’accroissement de la demande. Par exemple, la forte demande des bois de combustibles venant de la ville d’Antsirabe.

1.2. Le choix du thème et du sujet Choisir un thème de recherche sur la dynamique du paysage forestier préoccupe actuellement de nombreux chercheurs, car c’est un sujet d’actualité. Le thème de recherche a été choisi en tant qu’originaire de la commune rurale de Soanindrariny qui est une commune avoisinant le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo. En traversant la route d’intérêt provincial n° 122T (reliant la ville d’Antsirabe et la commune rurale de Soanindrariny) ; qui passe à l’intérieur du paysage forestier d’Ankafotra, il a été constaté à partir de l’année 2009 que la forêt a connu une évolution rapide. La couverture forestière a diminué d’année en année par l’exploitation abusive de la ressource.

Après l’indépendance de Madagascar, Ankafotra est devenue l’un du site de reboisement bien protégé dans la partie moyenne Est de la région Vakinankaratra et sous contrôle de gestion de la commune urbaine d’Antsirabe. Depuis 2005, il y a eu un changement de la politique énergétique appliqué par la société cotonnière d’Antsirabe. La commune a vendu la forêt pour combler les bois-énergies nécessaires au fonctionnement de l’industrie. L’exploitation de la forêt a commencé en 2008 et ne s’est arrêtée qu’en 2013, c’est pourquoi la forêt est entièrement dégradée.

Les ressources forestières étaient dégradées, la population riveraine cherche toujours de nouvelles terres pour pratiquer son activité. Il n’est pas étonnant cependant que la population riveraine a profité d’entrer et de cultiver l’espace déboisé soit par défrichement, soit par le labour. Cette pratique paysanne est plutôt dévastatrice parce qu’elle empêche à la germination de nouvelles jeunes poussées d’arbres et emporte aussi à la destruction de la couverture végétale existante.

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La zone de recherche se trouve dans une altitude élevée comprise environ entre 1500 m à 1850 m (SAR-1 DEM 12,5 m), la topographie est accidentée et les versants sont instables. Actuellement, l’agressivité de l’érosion est remarquable dans certains versants non protégés par la formation végétale. D’où la dénudation du sol active le phénomène d’érosion. En effet, l’érosion est un grand danger menaçant les activités paysannes, plus particulièrement la zone environnante de l’espace forestier. L’action des eaux est notamment renforcée par l’intervention de l’homme. Ainsi, le manque d’une bonne couverture végétale sur les versants à forte pente fait que l’action des eaux est particulièrement violente.

La couverture végétale et le phénomène d’érosion sont deux paramètres contradictoires. De ce fait, il est évident que l’exploitation irréversible de la forêt favorise l’action de l’érosion dans le paysage. L’érosion apparaît ainsi comme l’ensemble des dynamiques externes qui contribuent d’une part à creuser les vallées, ciseler les versants pour progressivement araser les buttes et les collines ; d’autre part à combler les bassins et les rizières sous des accumulations sédimentaires. Par conséquent, les terrains de cultures sur les bas-fonds sont remblayés par des sédiments pendant la saison de fortes pluies.

Les activités agricoles de la population sur le bas-fond et le bas de versant sont affectés par l’action de l’érosion ; les paysans n’arrivent plus à satisfaire le besoin alimentaire par leurs propres produits rizicoles. Cet état de choses est l’une des raisons les plus importantes de l’extension de terrain des cultures, surtout dans les zones les plus propices qui sont les zones forestières. À partir de 2009, pour favoriser leur besoin socio-économique, un effectif considérable, plus de 6 %, des ménages habitant aux environs de la zone forestière ont commencé de se préoccuper à la production de charbon de bois et de bois de chauffage4.

L’exploitation massive de la ressource forestière et la situation socio-économique de la population sont en plusieurs aspects et problématiques dans la zone de recherche. La population a lutté au jour le jour pour leur subsistance avec comme seule ressource la terre et encore faut- il la chercher dans la zone forestière. Les paysans cultivent les bas-fonds et les versants, à son tour, l’érosion sculpte le relief.

La présentation de ces phénomènes en évoquant quelques perspectives est l’objectif principal du présent mémoire qui s’intitule : « LA DÉGRADATION DE LA FORÊT D’ANKAFOTRA

4 Enquête socio-économique effectuée au sein des habitants locaux, septembre 2017.

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ET SES IMPACTS DANS LE SOUS — ESPACE D’AMBOHIDRANANDRIANA — AMBOHIMIARIVO, RÉGION VAKINANKARATRA ».

1.3. La problématique du sujet Le monde perd près de 14,6 millions d’hectares de forêts par an (WWF, 2003). À cela s’ajoute la dégradation abrupte d’un grand nombre de forêts. Les dernières forêts ne sont plus capables de remplir leur rôle dans la mosaïque plus large des paysages. Les forêts jouent plusieurs rôles dont la protection des sols, la contribution aux systèmes hydrographiques locaux, l’apport d’une grande variété de biens et services forestiers (produits alimentaires, matières premières) et constituent un habitat pour les espèces forestières. Les forêts ont également une valeur esthétique et culturelle.

Les forêts dégradées ne remplissent plus une grande partie de ces rôles et peuvent donc perturber l’équilibre fragile des paysages entrainant une accélération de l’érosion du sol et la diminution de la surface cultivable causée par l’ensablement. Les forêts sont dégradées par un grand nombre de facteurs expliqués par l’augmentation de besoin en énergie, l’exploitation forestière négligée et la conversion en terrain agricole.

Les pressions exercées sur la forêt sont surtout constituées par l’intensification du système agricole et d’autres activités socio-économiques destructrices pratiquées par la population locale. En effet, les pressions anthropiques ont complètement transformé le paysage. Chaque problème s’accompagne cependant d’un certain nombre de contraintes, d’ordre économique, écologique et paysager.

Actuellement, les travaux de recherche sur la dégradation forestière et la déforestation sont quasiment nécessaires pour approfondir ces fonctionnements et ces rôles dans la dynamique du paysage. Cependant, la couverture forestière joue encore des fonctions écologiques importantes. À cet égard, la considération de ces parties de forêts dégradées est également utile pour sauver l’espace forestier et les activités socio-économiques de la population locale. La recherche d’une ou des solutions est encore nécessaire dans le but de restaurer et de protéger la ressource forestière d’Ankafotra dans le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo. Face à une telle situation, la problématique se pose : La dynamique du paysage forestier correspond-elle à la dégradation du milieu ?

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1.4. Les objectifs de la recherche À court terme, les objectifs du présent mémoire sont : De connaître les diverses menaces et les pressions exercées sur la forêt.

De montrer l’évolution du paysage, dans l’espace et dans le temps, jusqu’à son état actuel et de prévoir les situations futures.

De localiser et de cartographier les zones où la pression sur la forêt est très inquiétante.

De localiser et de cartographier les zones les plus vulnérables par l’action de l’érosion dans l’ensemble du paysage forestier.

De distinguer les différentes formes d’érosion susceptible d’être examinée avec précision qui défavorise le milieu naturel et les activités de la population.

De montrer les effets de la dégradation forestière d’Ankafotra sur le milieu et sur la vie socio- économique de la population riveraine.

De construire un document de base pour les communes concernées afin d’aider les environnementalistes, les décideurs locaux et les villageois à mieux gérer l’espace.

De dégager quelques perspectives d’avenir pour la mesure de protection, de préservation ainsi que la gestion rationnelle de la forêt.

À long terme, la recherche a pour objectif :

De montrer la nécessité de l’utilisation du Système d’Information Géographique et les données provenant du traitement numérique d’images satellitaires en télédétection lors d’une recherche en géographie.

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1.5. Limites de la recherche Les deux communes du sous-espace étudié et de même pour les fokontany concernés par la ressource forestière d’Ankafotra n’ont pas des données actualisées concernant le nombre de la population, faute de l’absence de recensement. Devant une telle situation et pour avancer la recherche, des données issues soit d’une projection en démographie, soit d’une estimation ont été utilisées. Par conséquent, il se peut que les chiffres présentés dans cet ouvrage soient un peu divergents par rapport à ceux d’autres chercheurs qui vont réaliser dans le futur.

L’étude de la dynamique d’une couverture forestière fait partie de la biogéographie dont son objet est la biosphère et la dimension géographique. En géographie, la première étape de l’étude est l’observation suivie d’une description des faits significatifs. C’est pourquoi le présent mémoire est basé sur l’observation directe du paysage. Les résultats de la recherche ne tentent pas de faire une étude biogéographique complète étant donné que l’espace forestier d’Ankafotra est un site du reboisement et les essences qui forment l’ensemble sont homogènes avec la prédominance de Pinus. La recherche est limitée à l’étude de la dynamique du paysage forestier, sans entrer dans les détails botaniques.

L’analyse multidate des images satellites par l’utilisation de techniques de télédétection a permis de présenter la dynamique spatio-temporelle du paysage forestier. Cela peut donner des informations concernant l’évolution de la surface de la forêt. Par exemple, la présentation des divers objets occupant le sol est primordiale. La limite de cette technique est le problème de la résolution spatiale des images utilisées (30 m). Il est possible qu’il y ait une confusion entre les objets de taille inférieure à cette résolution lors de la phase de télédétection. L’objectif principal de ce mémoire est de mettre en place les éléments fondamentaux pour comprendre la dégradation de la forêt et de présenter la liaison avec la dynamique du paysage naturel. Concernant le phénomène d’érosion, l’analyse est limitée seulement sur l’étude qualitative. Dans le cas présent, il n’y a pas de possibilité de donner avec précision la quantité des sédiments érodés annuellement dans la zone de recherche.

À propos des effets de l’érosion sur les activités paysannes, les données recueillies sur la diminution de la production agricole lors de l’enquête sont des valeurs approximatives. Il est possible que les enquêtés mentent sans que les enquêteurs en soient conscients.

Pour les prochaines recherches, il est conseillé d’insister davantage sur ces points pour compléter l’étude ayant un rapport avec l’économie locale.

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CHAPITRE 2. LA DÉMARCHE ET LES TECHNIQUES DE RECHERCHE UTILISÉES

2.1. Démarche adoptée

Dans la réalisation de cette étude, le cadre théorique n’est pas présupposé : la réalité sur terrain qui est un facteur dominant à choisir pour traiter le sujet de recherche et les éléments signifiants devaient en émerger. Ce concept de base a permis de choisir la démarche inductive pour confectionner le travail de recherche. L’induction est définie comme un type de raisonnement qui consiste à passer du spécifique vers le général ; cela signifie qu’à partir des faits observés ou rapportés, le chercheur aboutit à une idée par généralisation et non pas par vérification à partir d’un cadre théorique préétabli (Lecoq, 2005). Le choix de la démarche consiste à rendre compte des expériences vécues dans leur complexité et leur dynamique. C’est un concept qui découle inductivement de l’étude du phénomène présent. C’est-à-dire, la recherche a été commencée par la découverte, un développement des idées et une vérification de façon provisoire à travers une collecte systématique de données et une analyse des données relatives à ce phénomène. Dans un premier temps, l’identification des problèmes qui affectent le paysage est indispensable. Ensuite, il est incontestable de procéder à observer des faits qui doivent être significatifs. Une fois ce travail effectué, il est essentiel de chercher les relations entre ces faits. À partir de cela, des hypothèses expliquant les relations constatées sont proposées avant de les confronter avec la situation réelle. Si les hypothèses sont non contradictoires, il est possible d’énoncer une règle générale permettant de résoudre le problème posé. Cette étape se termine par la formulation de la problématique du sujet de recherche.

2.2. Les collectes et traitements de données

Cette étape se divise en deux parties distinctes. La première concerne à recueillir des données relatives à la zone de recherche. La deuxième est consacrée à l’analyse des données et l’élaboration des croquis qui se rapportent au thème de recherche. 2.2.1. Techniques de collecte des données

2.2.1.1. Observation directe L’observation directe du paysage était l’étape primordiale non seulement pour se placer dans le vrai fond du thème choisi, mais aussi pour commencer l’analyse. La participation à une

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situation, en lui-même, implique une compréhension. La séance d’observation était renforcée par la suite aux diverses informations obtenues lors des documentations et les enquêtes effectuées auprès des différents responsables cibles et la population locale. Ce qui a permis d’observer : • Les détails de la dégradation, de percevoir les zones les plus affectées par l’exploitation de la forêt ; • L’aspect du paysage forestier après le passage d’exploitation c’est-à-dire l’occupation des sols après la destruction de la ressource forestière ; • Les conséquences sur le milieu naturel et les activités de la population environnante d’aujourd’hui.

2.2.1.2. Documentation La documentation était de première nécessité puisqu’elle a permis d’une part la consultation des documents bibliographiques, webographies ; ensuite, de les sélectionner, les recueillir, les classer aussi que les utiliser. Et d’autre part, la synthèse des études déjà faites sur le thème traité conduit la recherche ainsi que la canalisation de la recherche sur les questions concrètes et pertinentes. Pour ce faire, les documents à consulter concerneront surtout les facteurs de dégradation des forêts et ses impacts environnementaux. La recherche bibliographique est la principale étape qu’un chercheur ne peut négliger pour bien fonder son étude. Elle forme la base même de la recherche et constitue une balise pour bien cerner le cadre du travail (Rabenilalana, 2005). Ces travaux bibliographiques ont été commencés par la collecte des informations relatives au thème en général et à la zone de recherche et sont aussi effectués tout au long de la recherche. Pour ce faire, plusieurs centres de documentations ont été fréquentés, à savoir :

➢ la Bibliothèque de la Mention Géographie. ➢ la Bibliothèque et Archives Universitaires. ➢ le centre d’information et de documentation de l’École Supérieure des Sciences Agronomiques. ➢ la Bibliothèque de la Direction Générale des Forêts à Nanisana. ➢ le Centre d’Information et de Documentation Scientifique et Technique à Tsimbazaza (CIDST). ➢ le centre de documentation de l’Office Nationale pour l’Environnement (ONE) à Antaninarenina. ➢ le centre de documentation de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).

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➢ le centre de documentation de la géologie et des services des mines à Ampandrianomby. ➢ le centre de documentation du service météorologique à Ampandrianomby. ➢ le service de documentation de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Écologie et des Forêts du Vakinankaratra à Antsirabe. ➢ les recherches sur internet n’ont pas été oubliées pendant cette phase de documentation, car plusieurs documents sont disponibles et téléchargeables sur internet actuellement à partir de moteur de recherche comme Google, Google Scholar…

Un aperçu de quelques ouvrages qui ont parlé du sujet autour de la dégradation des forêts et ses impacts sont présentés successivement ; la liste de tous les ouvrages lus se trouvant dans la page relative à la bibliographie.

PETIT (M) (1990) « Géographie Physique Tropicale : Approches Aux Études Des Milieux » Karthala, 351 pages.

« La majorité des milieux tropicaux forestiers portent les traces d’une exploitation par l’homme. Si la charge anthropique a été temporaire, les plaies se cicatriseront rapidement ; ainsi les pistes forestières pour le débardage se referment en quelques années au point que l’exploitant lui- même en perd son chemin. Nous envisagerons deux aspects : - Stade de reconstitution ou série progressive - Stade de l’évolution régressive Après exploitation et même défrichement pour culture, la forêt se régénère progressivement si la parcelle est abandonnée ; quel que soit le contexte, elle passera par différents stades qui amèneront à une forêt secondaire. La formation végétale est liée étroitement à la capacité d’érosion. La végétation constitue un des grands facteurs de stabilisation du milieu naturel. Avec l’introduction de l’homme dans les écosystèmes naturels, le problème de la charge anthropique persiste sur les milieux ; seule une étude systémique permettra d’apprécier le sens de l’évolution du milieu. Celle-ci peut être : - Soit restauratrice - Soit dégradante ; elle sera réversible ou irréversible lorsque l’évolution aura franchi un certain seuil qu’il faudra déterminer ».

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Jean Claude Bengonzini ; Jean Paul Lanly (2000) : « Les forêts tropicales », Karthala, 164 pages. « Le déboisement dans les pays tropicaux s’accompagne d’une fragmentation des anciens massifs et d’une dégradation des peuplements restants sous l’effet de différentes formes de surexploitation : pour le bois d’œuvre en zone humide, pour le bois de feu, par le surpâturage et les feux répétés en zone sèche. Pour la décennie de 1981 à 1990, et dans l’ensemble de la zone tropicale, la FAO a estimé le taux annuel de déforestation à environ 0,8 % de la couverture forestière, soit, en moyenne, 14,5 millions d’hectares. La pression démographique est un facteur de déforestation immédiatement perceptible qui reste important à la périphérie des espaces forestiers. L’expansion des superficies consacrées aux différentes formes de l’agriculture et en particulier aux cultures vivrières constitue le principal facteur de la déforestation. Ce qui traduit les difficultés, dans un système faiblement intensifié, de nourrir une population qui augmente au rythme de plus de 2 % par an. Cependant, durant les cinquante dernières années, l’accroissement démographique s’est traduit non seulement par le déboisement à des fins agricoles, mais aussi par une surexploitation des formations forestières pour satisfaire aux besoins énergétiques ».

Jean Roger Mercier (1991) : « La déforestation en Afrique : Situation et Perspective », Edisud, 178 pages. « Sur la longue période, les surfaces forestières dans le monde ont globalement régressé. Les derniers grands massifs forestiers tropicaux, en Amérique latine, en Asie et en Afrique sont à leur tour en disparition rapide. En Afrique, cette absence de contrôle sur les ressources naturelles va de pair avec une absence de maîtrise de l’économie et de la vie sociale en général. La forêt tropicale est la plus agressée et menacée actuellement. Le plus victime de la dégradation de la forêt est le paysan situé à l’aval des parcelles en cours d’érosion, les aménageurs et les sociétés productrices d’hydro- électricité, qui tous dépensent des sommes importantes et des quantités de travail supplémentaire à cause de la dégradation de leurs aménagements et équipements. L’explosion démographique, en particulier, se retrouve la cause essentielle de la plupart des extensions de territoire menaçant la forêt, ainsi que d’une demande insatiable de combustibles ligneux, également responsables localement de déforestation. L’impact de la déforestation que nous allons décrire plus en détail est l’érosion, très largement accélérée par la disparition des arbres qui auparavant “terraient” la terre. Cette érosion est

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particulièrement perfide, car elle touche les zones proches de la zone déforestée, mais peut également avoir des conséquences loin en aval de cette zone. On distingue classiquement quatre catégories des conséquences de l’érosion : - perte locale de fertilité des terres agricoles, - ensablement de terres, - ensablement de barrages, destruction des ouvrages d’art, ensablement portuaire, - accroissement de la fréquence des crues en aval. On a pu voir que la déforestation se manifeste directement par une série de phénomènes négatifs ayant des implications directes sur l’écologie et défavorise les biens et la sécurité des habitants des zones concernés ».

Bart Minten ; Chris Moser (2003) : « Forêts : usages et menaces sur une ressource : Agricultures, pauvreté rurale et politique économique à Madagascar ». pp 86 – 89. « La Conservation Internationale estime que le taux de déforestation à Madagascar a été entre 150 000 et 200 000 hectares par an. L’exceptionnelle biodiversité de Madagascar est concentrée sur une superficie inférieure à 20 % où la forêt existe encore. D’après les statistiques du Ministère des Finances et du Fonds Monétaire International (FMI), le secteur forestier représente 5 % du Produit National Brut (PNB) et 17 % du secteur primaire en 2000 (Banque Mondiale, 2003). Au niveau des communes, la proportion moyenne de la population qui vit des revenus de la forêt est estimée à 2 % seulement. Ce pourcentage est le plus élevé dans la province d’Antananarivo (4 %), probablement par le biais de la production de charbon de bois. L’exploitation de la forêt à Madagascar est essentiellement destinée à couvrir les usages domestiques. La Banque Mondiale (2003) a estimé que les forêts fournissent la totalité des besoins en énergie domestique dans les zones rurales et plus de 70 % du total de la consommation en énergie du pays. Les causes de la déforestation sont multiples et ont été liées à la littérature sur la pauvreté, conversion de la forêt en pâturage, utilisation du bois par la fabrication du charbon de bois, pour être exporté, pour servir de combustible aux ménages et problème foncier et pression démographique ».

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RAZAFINDRALAMBO (D) (1985) : « Consommation et approvisionnement en bois de feu de la ville d’Antsirabe ». Mémoire de fin d’études, 63 pages. « Presque toutes les populations rurales utilisent le bois comme combustible sous forme de bois de chauffage et de charbon de bois. Ce bois de feu est la principale source d’énergie d’une grande partie de la population mondiale (cuisine, chauffage et toutes sortes d’industries locales). Chaque année si l’approvisionnement en combustible bois n’a pas été bien planifiée, le fonctionnement de ces industries est souvent la cause de déboisement considérable. Pour connaître les superficies des reboisements dans la région du Vakinankaratra, nous étions allés nous documenter auprès de la circonscription Forestière d’Antsirabe et auprès du Service Provincial des Eaux et Forêts d’Antananarivo. Les reboisements effectués à partir de l’année 1963 jusqu’à 1983/84 ont une superficie totale de 12 873 ha, dont une superficie 12 489 ha de pinus et 348 ha d’eucalyptus. La production de bois n’est pas destinée seulement au bois de feu de la ville d’Antsirabe. Elle doit garantir aussi celui des campagnes. En plus, une partie est utilisée pour d’autres usages : bois de construction, bois d’ébénisterie, et une autre partie est exportée dans la capitale et ses environs pour les approvisionner en bois d’œuvre, bois de pâte et même en bois de feu. Nous signalons que les reboisements effectués avant l’année 1963 n’y sont pas compris parce que le rapport annuel des reboisements a été commencé à partir de cette date. La production de bois dans la région d’Antsirabe tend vers la compensation suffisante de la consommation en bois de feu. Néanmoins, cet équilibre est rompu par les autres usages et l’exportation cités ci-dessus. Donc, un rythme de reboisement accéléré est très utile pour satisfaire le besoin ». Toutefois, les informations recueillies n’étaient pas toutes actualisées et quelquefois ne convenaient pas à la recherche. De plus, il a été difficile de trouver des documents relatifs à la zone de recherche. Pour faire suite à ces complications, un recours à d’autres techniques de collecte a été jugé plus rationnel et a amené au procédé d’enquête.

2.2.1.3. Élaboration des questionnaires Avant de faire l’enquête sur terrain, des questionnaires ont été conçus sur papier pour collecter les informations utiles à l’interprétation du travail de recherche. Les techniques d’enquêtes du type qualitatif, entretien directif et individuel ont été utilisées. Il était essentiel d’élaborer les questionnaires pour le procédé suivant :

- Catégorisation des questionnaires : environnemental, social et économique.

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- Contenu : élaboration des questionnaires bruts en tenant compte les objectifs de l’enquête. - Modification, rajout et formulation correcte des questions à poser pour que l’interrogé et l’interrogateur soient à l’aise.  Élaboration des guides de questionnaires ; fixation de la durée des enquêtes et détermination de taux d’échantillonnage ou l’effectif des ménages à enquêter.

2.2.1.4. Entretien et Enquête L’entretien et l’enquête sur terrain sont des outils irremplaçables pour la réalisation de ce mémoire. Ces procédés consistent à prélever des données et des informations à propos du sujet de recherche. Les outils utilisés sont : Entretien : L’entretien était important, d’abord, pour retracer un portrait et recueillir des informations sur le thème de recherche auprès de personnes concernées ; ensuite, à actualiser, compléter les données obtenues lors de la documentation et enfin pour vérifier les diverses informations déjà procurées auparavant. Le choix des personnes consultées reposait sur le thème de recherche ; les interviewés ont été ceux qui ont des informations sur le domaine traité puisqu’ils sont considérés les plus concernés et qualifiés d’avoir les réponses nécessaires et fiables vu le temps très limité. L’entretien s’est passé dans les lieux de travail ou dans son habitation. Durant l’entretien, une petite présentation de l’objectif de la recherche auprès de différents responsables a été faite pour acquérir des données disponibles comme, le schéma d’aménagement communal et les informations concernant le site d’étude et aussi pour avoir leur opinion ainsi que leur position vis-à-vis de ce problème de dégradation de la forêt. L’entretien a été fait au sein de :  La Direction Régionale de l’Environnement, de l’Écologie et des Forêts du Vakinankaratra en tant que premières responsables de l’environnement et des forêts dans la région.  La commune urbaine d’Antsirabe qui est la propriétaire de la forêt d’Ankafotra. Elle peut donner tous les détails concernant la ressource forestière.  La commune rurale Ambohidranandriana et Ambohimiarivo pour savoir les mesures prises pour lutter contre la destruction massive de la forêt ou si ce n’est que de freiner le phénomène.

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 Chefs fokontany concernés pour relater les problèmes et connaître leur responsabilité relativement à ce phénomène.  Anciens du village (Raiamandreny), car ils ont des informations pures pour retracer l’historique de l’espace forestier et de donner son avis face à ce problème.

Enquête : Une enquête de type sociologique a été effectuée auprès de la population riveraine. Les techniques vivantes d’enquêtes sont basées essentiellement sur une « enquête semi-directive », qui est une technique de collecte de données pour avoir le maximum d’informations possibles. Elle consiste à diriger et orienter l’enquête. Des paysans sont aussi enquêtés pour mieux cerner la vie paysanne face à la destruction de la ressource forestière qui déclenche par la suite le phénomène d’érosion ; la difficulté à laquelle ils font face et les solutions qu’ils proposent pour la reforestation et la protection de la forêt. Cette phase comprend les enquêtes au niveau des ménages. L’enquête a été réalisée sur cent trente-neuf (139) ménages choisis de façon aléatoire et concernant les fokontany Soanierana, Antanambao, Anosibe et Miarinarivo. Le but est de visiter le maximum de ménage pour avoir beaucoup plus d’informations. En dépit de ces lacunes d’informations, ce nombre de ménages enquêtés est fiable en matière de représentativité. Vu que le niveau d’alphabétisation de ces gens est fortement variable, les questionnaires seront de type « d’administration indirecte ». En d’autres termes, c’est l’enquêteur qui note les réponses que lui fournit le sujet. Les questions sont posées de façon semi-ouverte c’est-à-dire les principales réponses possibles sont prévues, comme dans une question fermée, mais il est fort possible d’ajouter des réponses libres en dehors de l’éventail proposé.

2.2.1.5. Consultation cartographique La consultation cartographique permet une visualisation globale de l’organisation spatiale et l’occupation du sol. Celle-ci constitue aussi un aperçu de l’envergure de la zone d’intervention. C’est pourquoi elle est une étape vitale dans un travail de recherche scientifique. Par conséquent, l’étude cartographique est un outil d’aide à la prise de décision dans un aménagement forestier. L’utilisation des images satellitaires à très haute et moyenne résolution (image Google Earth, images Landsat7 ETM+ 2003 et 2010 et Landsat8 2017) à différentes échelles a contribué à la compréhension des activités à mener en considérant l’évolution spatio- temporelle. Ces images sont aussi utilisées pour localiser, délimiter et analyser la zone de recherche.

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L’utilisation de la carte géologique coupure n° O-49 à l’échelle de 1/100 000e élaborée par l’équipe de H. Besairie en 1974 auprès du centre de documentation de la géologie et des services des mines à Ampandrianomby a été indispensable pour connaître la formation géologique du site. Toujours dans l’optique de bien connaître la zone de recherche, le plan des villages environnants a été observé afin de déterminer la distance entre les ressources et les infrastructures. Le but est alors d’identifier les pressions par rapport à la ressource et l’observation des mesures d’aménagements possibles pour la reforestation et la protection de l’espace forestier.

2.2.1.6. Relevé par GPS Le relevé des données par GPS (Global Positionning System) est une étape de la cartographie qui sert à la localisation, à la justification et à la précision sur les phénomènes ou actes observés sur le terrain. Il a été effectué sur des points jugés importants comme les différentes formes d’érosion du sol, les divers zonages comme la limite de l’espace forestier afin de procéder à son aménagement. En fait, l’utilisation de GPS pendant les travaux de terrain facilite la spatialisation des phénomènes significatifs dans la zone de recherche.

2.2.1.7. Téléchargement de base des données L’innovation technologique récemment permet aux chercheurs d’avoir beaucoup plus de données sur un site étudié. Pour la réalisation de ce présent mémoire, il a été incontournable de télécharger de données dans de différents sites.

Il était de préférence pour télécharger gratuitement sur internet les bases de données suivantes :

- Les images satellitaires, Landsat7 ETM+, Landsat8 et l’image Google Earth multidates pour observer l’état de la forêt et pour analyser l’occupation du sol de 2003 jusqu’à la situation présente. - La délimitation administrative de Madagascar publiée par le BNGRC en 2011 et de même pour les bases de données libres et participatives de l’OpenStreetMap (OSM) Madagascar mis à jour en 2017. - Le Modèle Numérique de Terrain (MNT) SAR-1 DEM à 12,5 m de pixel, pour l’analyse de terrain c’est-à-dire d’observer les différentes formes du relief suivant le découpage méridien et longitudinal S20 et E47.

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- La donnée raster de worldclim5 pour étudier la séquence climatique à une date bien définie (1970 à 2000) de la zone de recherche telle que la température et les précipitations. 2.2.2. Traitement et analyse des données

2.2.2.1. Les logiciels utilisés La réalisation d’un travail de recherche scientifique demande toujours des outils qui sont des supports fondamentaux au traitement numérique des données.

❖ Pour le traitement d’images de télédétection, les logiciels ENVI 5.1 et Semi-Automatic Classification Plugin (QGIS) sont utilisés. Ce sont des logiciels idéals pour la visualisation, l’analyse et la présentation de tous types d’images en télédétection. ❖ Le logiciel SAGA (System for Automated Geoscientific Analyses) est utilisé pour traiter les images raster téléchargées sur le site http://worldclim.org. Il s’agit d’un type de données sous forme d’image, qui comporte des valeurs nécessaires à la réalisation de graphique sur l’évolution des températures et des précipitations. ❖ Dans la partie cartographie, les logiciels de traitement d’informations géographiques Quantum GIS 2.18.10 et ArcMap 10.4.1 d’ESRI sont utilisés. Ces logiciels sont destinés au traitement des données et à la mise en page de la carte issue de la classification. ❖ Le logiciel Libre Office 5.3 et Microsoft Office 2016 sont utilisés dans la présentation graphique de données et dans la rédaction du mémoire. Les données acquises ont été rapportées sur le tableur Excel ou Libre Office Calc, suivi d’un traitement pour avoir de graphique comme le profil topographique, le diagramme Ombro-thermique…

2.2.2.2. Les bases de données utilisées La réalisation de cette étude a recouru des divers types de données. Ces données se distinguent en deux catégories : les données images et les données vecteurs issues du système d’information géographique. Données images : Pour déterminer l’évolution de la couverture forestière dans la zone de recherche, trois images de différentes dates ont été prises à partir du satellite Landsat. Ces images couvrent la même région et la même scène. La première image a été prise en mai 2003, le deuxième en mai 2010 et la troisième en mai 2017, par le capteur Enhanced Thematic Mapper Plus (ETM+) de

5 www.worldclim.com/www.Divagis.com

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Landsat7 et OLI de Landsat8. L’image est caractérisée par ses bandes multi spectrales (TM1, TM2, TM3, TM4, TM5, TM7) ayant une même résolution spatiale de 30 m. Les bandes TM6 et TM8 sont différentes de celles des autres bandes sur la résolution. Elles n’apportent pas d’informations significatives sur la végétation, donc ces bandes ne sont pas utilisées. Tableau 2 : Caractéristiques des images Landsat utilisées Images Date d’acquisition Résolution Source Année 1 Mai 2003 30 m earthexplorer.usgs.gov Année 2 Mai 2010 30 m earthexplorer.usgs.gov Année 3 Mai 2017 30 m earthexplorer.usgs.gov Source : earthexplorer.usgs.gov, avec arrangement de l’auteur, août 2017.

Les données images utilisées sont des images satellitaires provenant du capteur ETM+ du satellite Landsat recouvrant une superficie de 185 km par 185 km. Il est donc nécessaire de couper une sous-image recouvrant la zone de recherche. Le traitement de ces images consiste à regrouper les niveaux de gris de chaque image en quelques classes prédéterminées. Ces images serviront de base pour l’établissement des cartes d’occupation du sol, ainsi que les cartes de changement de la couverture forestière. Le choix d’images doit tenir compte aux divers paramètres qui influent à l’interprétation de l’image pendant le traitement et à la qualité de la carte finale. Un critère considéré au moment du téléchargement de l’image était le taux de couverture nuageuse inférieur à 10 %. Dans la pratique, l’existence d’une forte couverture nuageuse a pour risque de fausser l’interprétation surtout pendant la détection du changement de l’état de la forêt. Les images dans le même mois de mai ont été choisies pour les trois années, car c’est le mois où la perturbation atmosphérique est moindre sur les Hautes Terres centrales de Madagascar. Des archives d’images satellites multidates à très haute résolution de Google Earth, de 2009 à 2016, sont téléchargées. De plus, l’acquisition de ces images à très haute résolution est aussi importante pour simplifier la classification et l’interprétation des images pendant la phase de télédétection. Par la suite, l’utilisation de Modèle Numérique de Terrain téléchargé sur le site https://www.asf.alaska.edu/sar-data/ a apporté de précision pour l’analyse du terrain. Ce type de donnée est utilisé pour la présentation du relief c’est-à-dire la réalisation de la carte topographique, la carte des pentes de la zone de recherche.

Le fond de carte, feuille O-49 à l’échelle de 1/100 000e, du service géologique à Ampandrianomby est numérisé et a servi aussi comme illustration en ce qui concerne les explications sur la structure géologique de la zone de recherche y compris les points côtés.

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Données vecteurs : Les données vecteurs sont des fichiers vecteurs sous format « shapefile » ou fichier de forme de ESRI (Environmental Systems Research Institute). Ces fichiers en version numérique sont extraits par la numérisation des images existantes ou téléchargés sur internet. Les données vecteurs utilisées sous forme de couches éditables sur le logiciel SIG sont les suivantes : ❖ La BD du BNGRC : ensemble de données vecteurs couvrant les localités de Madagascar. C’est une base de données récente qui présente la division administrative de Madagascar. Elle sert pour la localisation de la zone de recherche. ❖ La BD de l’OSM : ensemble de données vecteurs couvrant la majeure partie de Madagascar. Ce type de base de données est utilisé pour présenter l’occupation du sol comme les routes, les réseaux hydrographiques, les formations végétales...

2.2.2.3. Création de bases de données Cette étape consiste à saisir et convertir les données obtenues lors des travaux de terrain notamment des relevés GPS pour pouvoir stocker, analyser et traiter sur le logiciel du Système d’Information Géographique. L’objectif est d’uniformiser les données afin de faciliter leur extraction lors de l’utilisation des logiciels ou des représentations graphiques. De ce fait, les informations jugées irréelles ou manquantes sont : soit effacées, soit remplacées par des valeurs qui représentent la moyenne.

2.2.2.4. Télédétection et traitement cartographique 2.2.2.4.1. Télédétection « La télédétection est l’ensemble des techniques qui permettent, par l’acquisition d’images, d’obtenir de l’information sur la surface de la Terre, sans contact direct avec celle- ci. La télédétection englobe tout le processus qui consiste à capter et enregistrer l’énergie d’un rayonnement électromagnétique émis ou réfléchi, à traiter et analyser l’information qu’il représente, pour ensuite mettre en application cette information ».6 Avec l’acquisition d’un ensemble d’images satellites multibandes, plusieurs informations peuvent en sortir en post-traitement. Ces informations faciliteront le surcroit du travail sur le terrain.

6 http://www.ccrs.nrcan.qc.ca

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Le traitement numérique d’images désigne une discipline de l’informatique et des mathématiques appliquées ayant pour objectif le traitement des images numériques et leurs transformations, dans le but d’améliorer leur qualité ou d’en extraire de l’information (Caloz et Collet, 2001). L’analyse et le traitement numérique d’images en télédétection s’effectuent en quatre différentes étapes : prétraitement, amélioration, classification et post-classification. Prétraitement :

Il désigne la correction des divers effets sur les images satellites qui peuvent être les problèmes de couvertures géographiques et la superposition des images. Le prétraitement est composé de corrections radiométriques d’une part et de corrections géométriques d’autre part. Transformation radiométrique.

Elle comprend la correction des données à cause des irrégularités des capteurs ou à partir des bruits dus à l’atmosphère. Le but des transformations radiométriques est de restituer, dans la mesure du possible, les propriétés spectrales spécifiques à un type d’occupation du sol de manière à favoriser sa détermination par des moyens tant visuels que numériques et le cas échéant, d’observer son évolution (Caloz et Collet, 2001).

Transformation géométrique.

Les corrections géométriques comprennent la correction pour les distorsions géométriques dues aux variations de la géométrie Terre-capteur, et la transformation des données en vraies coordonnées (par exemple en latitude et longitude) sur la surface de la Terre (Centre Canadien de Télédétection, 2011).

Amélioration et création des compositions colorées :

L’amélioration a pour but de corriger avec rehaussement la qualité visuelle de l’image afin de faciliter son interprétation. Cette opération consiste à éliminer les bruits indésirables dans l’image, les réglages des contrastes et la luminosité. Il est intéressant aussi de pouvoir combiner l’information qu’apportent les trois canaux. La composition colorée permet d’afficher chacun des trois canaux en nuances de chacune des trois couleurs primaires (Rouge, Vert et Bleu). Classification :

La classification désigne une action consistant à la répartition par classe ou par catégorie l’ensemble des éléments d’une scène. Elle peut être utilisée pour la production de cartes

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thématiques ou dans une analyse plus détaillée de l’image. Le traitement numérique d’image se fait en deux étapes : la classification supervisée et la classification non supervisée. En vue de procéder à la cartographie de l’occupation du sol dans la zone de recherche, l’approche de classification engagée est une « classification non supervisée ». Elle consiste à regrouper les pixels ayant des valeurs radiométriques similaires. Celle-ci a pour principe de constituer automatiquement des classes par le regroupement des points en ces diverses classes. Il n’y a pas d’intervention de l’opérateur dans cette opération sauf dans la définition de la correspondance entre les classes ainsi produites. L’avantage de ce procédé est la segmentation des images en grands thèmes d’occupation du sol. Cette dernière pourra être utilisée pour la réalisation d’un masquage des thèmes non concernés par l’étude. Dans ce cas-là, la signification thématique est parfois difficile à identifier. Après la reconnaissance des objets, il a fallu faire une « classification supervisée » en utilisant la méthode de « Maximum Vraisemblance ». Elle consiste à affecter des objets inconnus des classes prédéterminées, la classification dirigée est basée sur une connaissance à priori de la position et de la nature d’un thème quelconque de l’image. Le procédé de celle-ci prévoit une attribution des classes qui ont une signification précise ou des types déjà bien spatialisés. Post-classification : La post-classification consiste à améliorer les résultats obtenus après la classification. Elle consiste généralement au lissage des classes pour rendre la visualisation agréable. L’exportation des données rasters venant de la classification en données vecteurs et la confrontation des résultats avec la vérité terrain font aussi partie de la post-classification.

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Figure 1 : Processus de la classification supervisée

Combinaison des bandes et Classes thématiques selon compositions colorées les données terrain

Choix des sites d’entrainement

et de validation

Analyse des signatures spectrales des classes

Modification des sites

Choix de bandes et de l’algorithme de classification

Modification de Classification l’algorithme

Validation

Post-classification

Carte thématique

Conception : A. ANDRIAMBOLOLONA, septembre 2017.

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2.2.2.4.2. Traitement cartographique Pour apporter plus de clartés et de précision à ce travail de recherche, le procédé de traitement cartographique est une étape qui facilite la visualisation de l’organisation de l’espace. Le déroulement de l’élaboration des croquis qui représentent les faits dans la zone de recherche est la suivante : Dans l’étude géographique, la présentation et la délimitation de la zone de recherche sont primordiales c’est-à-dire de faire une localisation géographique de l’espace. L’étude portera sur la dynamique de la couverture forestière, il est évident de faire une classification de l’occupation du sol à multidate et de détecter le changement de la couverture forestière. L’intérêt de cette technique est de sortir des cartes qui représentent l’évolution spatio- temporelle de la couverture forestière. La numérisation d’une carte géologique (O-49) dessinée par H. Besairie en 1974 est déterminante pour reconstituer la formation géologique de la zone de recherche. Pour ce faire, la première étape de la numérisation est le scan suivi de géoréférencement et la vectorisation ou digitalisation. Pour présenter les différentes formes du relief, le traitement des images raster (Modèle Numérique de Terrain) est important. Ce type de donnée est utilisé pour ressortir l’aspect morphologique de la zone de recherche. Le traitement des données prélevées lors des travaux de terrains conduit à élaborer des tableaux ou des figures par l’intermédiaire des logiciels appropriés tels que le tableur Excel et le traiter ensuite par le logiciel cartographique. Toutes les cartes produites sont projetées en système de coordonnées Laborde Madagascar qui est le système de projection officiel et utilisé à Madagascar. Cette projection sera le principal système de référence spatiale durant ce mémoire.

2.3. Vérification sur le terrain

Une partie des travaux sur terrain consiste à la vérification des croquis thématiques élaborés durant les phases préliminaires. C’est une phase fondamentale à la télédétection, il s’agit de confronter les résultats des traitements d’images avec la vérité terrain (post classification).

La vérification sur terrain est consacrée à la correction de la confusion des informations durant la classification d’une part. D’autre part, c’est un levé sur terrain de différentes classes d’occupation du sol. D’autres classes comme l’habitation ne sont pas prises en compte pendant

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la classification, car elle n’est pas visible sur l’image à cause de la taille du pixel (Résolution 30m).

Figure 2 : Synthèse de la démarche de recherche

Observation directe du paysage

Choix du sujet Détermination de la problématique

Proposition des D hypothèses O C Élaboration du plan de la U recherche M E N Formulation des Récolte des données questionnaires T A T Données Enquête Entretien Prélèvement par I images et GPS vectorielles O N

Traitement des données

Vérification sur terrain Analyses et résultats

Rédaction du mémoire

Source : A. ANDRIAMBOLOLONA, septembre 2017.

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2.4. Les problèmes rencontrés lors de la recherche

Le premier problème rencontré lors de la réalisation du présent mémoire est le manque de données surtout d’ouvrages ou des documents administratifs qui ont traité la zone forestière d’Ankafotra comme le schéma ou le plan d’aménagement. Les centres de documentation visités au sein de la DREEF Vakinankaratra et de la commune urbaine d’Antsirabe ne possèdent pas des données relatives à leurs activités dans la forêt ni des rapports techniques sur leurs interventions dans la forêt. Seules les données obtenues lors de l’entretien auprès des responsables et les enquêtes au sein des ménages locaux ont été utilisées. Ceux-ci représentent à la fois un manque de précision au niveau des quantifications et des durées. Il est difficile durant les travaux de terrain de délimiter la zone forestière, car il n’y a pas de plan montrant la limite exacte de la zone forestière. La limite utilisée est basée sur le traitement numérique d’image satellitaire Landsat7 (2003) avec la rectification d’un ancien garde forestier.

Lors des travaux des enquêtes sur terrain, il est difficile d’obtenir des réponses honnêtes pour certains ménages surtout les charbonniers, car la plupart d’entre eux mentent en disant de ne pas effectuer cette activité à l’époque. Certains ménages ont refusé d’être questionnés par peur de révéler la vérité.

Depuis le mois de novembre 2011, le responsable de la commune urbaine d’Antsirabe a publié un arrêté portant sur l’interdiction de la mise en cultures des terres à l’intérieur du patrimoine communal surtout le bassin versant. Jusqu’à nos jours, des cultures sont observées sur les versants. Cet arrêté n’est pas bien respecté par certains nombres de la population même si les gardes forestiers ont fait des efforts pour le réaliser. D’où la disposition des champs cultivables actuelle est en situation illégale, c’est la raison pour laquelle certains paysans ont refusé de donner de réponse pendant la discussion avec eux.

L’utilisation du logiciel de télédétection ENVI 5.1 (Environment for Visualizing Image) dans l’étude de l’occupation du sol est un outil pouvant apporter un niveau supplémentaire d’information. Pourtant, le problème rencontré lors du traitement des images est la confusion de la réponse spectrale entre les divers thèmes comme le sol nu et les champs de cultures labourés dans les images satellites, aussi les objets de taille inférieure à 30 m ne sont pas détectés pour les images Landsat.

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CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE Madagascar a subi une pression alarmante sur la dégradation de la ressource forestière et la déforestation depuis les trois dernières décennies. La destruction des paysages forestiers est souvent liée à la forte demande en bois (combustible, construction) et l’extension des terrains agricoles. La situation dépend aussi à la tradition et variant d’une région à une autre.

Le sous-espace d’Ambohidranandriana-Ambohimiarivo dans la région Vakinankaratra n’échappe pas à ce phénomène de la dynamique des ressources forestières. L’évolution rapide de la ressource forestière d’Ankafotra est une raison primordiale pour traiter le sujet de recherche. Les principaux objectifs du présent mémoire sont de présenter la dégradation de la ressource forestière et ses impacts environnementaux ; en dégageant quelques pistes de réflexion sur la perspective d’avenir.

Le travail de recherche est réalisé en adoptant la démarche inductive qui découle par l’observation directe des phénomènes sur terrain. C’est à partir de la constatation que les hypothèses ont été dégagées. Ainsi, cette phase s’est terminée par la formulation de la problématique du sujet. Tout au long de la recherche, l’étude bibliographique autour du sujet traité a été effectuée dans les divers centres documentaires et appuyée par la recherche sur internet.

Les techniques d’enquête et d’entretien libre ou semi-directif sont utilisées pour affiner les informations. Des données spatiales à différentes échelles (Images satellites, cartes…) ont été collectées pour la réalisation des croquis thématiques. Ces types de données sont analysés, traités et gérés par l’utilisation de logiciel de télédétection et de logiciel de traitement en Système d’Information Géographique. D’autres logiciels d’analyses et de présentation des données (MS Office et Libre Office) sont utilisés.

Les travaux de recherche sont limités à l’étude de la dynamique du paysage forestier et ses impacts sur l’environnement. L’une de difficulté majeure pendant les travaux sur terrain est l’absence des documents administratifs ou techniques concernant l’espace forestier d’Ankafotra.

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DEUXIÈME PARTIE : LA DYNAMIQUE DE L’ESPACE FORESTIER

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CHAPITRE 3. UN MILIEU NATUREL PRÉDISPOSÉ À L’ACTION DE L’ÉROSION

3.1. Une topographie contrastée La forme du relief terrestre est l’un des éléments visibles constituant le paysage. Dans le sous-espace étudié, l’évolution morphogénétique du paysage, sous l’action des agents exogènes, a abouti à une répartition altitudinale bien distincte avec une forme de relief plus ou moins complexe. Il présente un contraste est-ouest ; l’altitude moyenne de l’ensemble varie entre 1500 m et 1900 m, soit une dénivellation topographique supérieure à 350 m. Du point de vue morphologique, en général, le relief se divise en deux aspects :

- La partie occidentale est formée par de basses collines qui ont une altitude moyenne de 1600 m où l’ensemble est formé par de vastes pénéplaines et d’une plaine rizicole. - La partie orientale est caractérisée par de hautes collines avec une altitude moyenne de 1850 m. Elle présente un versant abrupt de l’est vers l’ouest et marqué aussi par une forte inclinaison de la pente (cf. croquis 3). C’est le domaine où le site de reboisement d’Ankafotra se localise.

La rivière prend sa source dans les contreforts méridionaux du massif de l’Ankaratra du côté du village de Sambaina, à 2367 m d’altitude (Razanadraibe, 1994). Elle coule dans une direction nord-sud en traversant la partie basse occidentale du sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo et reçoit son affluent formé par la Fitamafy. Dans son passage, la rivière traverse une plaine. En effet, la morphologie du réseau hydrographique dessine des méandres.

Un élément qui marque le paysage topographique dans la zone de recherche est le passage du grand escarpement de Betampona qui s’étend sur une longueur d’environ 40 km du nord au sud avec une dénivellation de 400 m (Mottet, 1974). Ce dernier traverse une grande partie du sous-espace et est relayé par un accident N45° qui va rejoindre le sillon de la Manandona de direction N5° au sud de la route Antsirabe-Soanindrariny (Razafimahefa, 2010). La station forestière d’Ankafotra se localise dans la limite sud de l’escarpement de Betampona. Le passage de ce dernier présente un accident topographique marqué par des versants abrupts.

Le profil topographique A — B, montre la variation altitudinale dans le sous-espace d’Ambohidranandriana – Ambohimiarivo et met en évidence l’escarpement de Betampona à l’Est (cf. croquis 2).

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Croquis 2 : Les unités topographiques du sous-espace d’Ambohidranandriana- Ambohimiarivo

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Les principales unités de relief Croquis 3 : Carte des pentes de la zone de recherche

Le rôle de la pente est très important dans la dynamique morphologique du paysage. Il est par ailleurs utile d’avoir un point de référence lorsque les valeurs sont présentes. À partir de la carte des pentes de la zone de recherche, l’unité formant le relief de la zone de recherche peut se diviser en trois types : une première catégorie est formée par les reliefs en hauteur dont la

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valeur des pentes est supérieure à 18-24 %, qui forment en général des sommets et témoignent le passage de l’escarpement de Betampona à l’ouest de l’espace forestier d’Ankafotra. La deuxième catégorie est constituée par les reliefs moins pentus où la valeur de la pente est comprise entre 6 et 12 %, formant de moyennes et basses collines. Enfin, les reliefs plans, avec une valeur de la pente inférieure à 6 %, représentent des zones basses sous forme des vallées ou des vallons. 3.2. Une formation géologique tendre Le présent mémoire est focalisé sur l’étude de la dynamique du paysage forestier, de comprendre la dévastation du milieu naturel et ses conséquences. Pour cela, il est nécessaire de connaître le substrat géologique auquel appartient la zone de recherche. C’est une raison qui incite à faire un petit rappel sur la géologie de Madagascar et celle de la région Vakinankaratra. C’est évident de se focaliser plus sur le socle cristallin et se concentrer surtout sur le domaine d’Antananarivo, car la zone de recherche est entièrement incluse dans ce bloc.

3.2.1. Rappel sur la géologie de Madagascar Dans une vision globale, la carte géologique de Madagascar est facile à décrire. Elle est constituée par trois formations distinctes :  le « socle cristallin précambrien » qui occupe les 2/3 de la grande île ; forme les Hautes Terres centrales et presque toute la partie orientale. Cette formation est d’âge supérieur à 550 millions d’années d’où son appellation ;  la « couverture sédimentaire » qui occupe le 1/3 de Madagascar, elle repose en discordance sur le socle cristallin et est très développée sur la zone côtière occidentale ;  les « formations volcaniques » qui sont répandues dans divers endroits de l’île.

3.2.2. Le socle cristallin précambrien de Madagascar Les principales phases de la mise en place de l’ensemble du socle précambrien de Madagascar sont étudiées par plusieurs chercheurs celle de Besairie (1964 et 1973), Hottin et Vachette (1976), Windley et al. (1994), Collins (2006) et PGRM (2010 et 2012). Dans ce présent travail de recherche, il est de préférence de retenir les derniers concepts du PGRM7 qui établissent que le socle précambrien, composé d’une grande variété de lithologies d’âge Archéen à fini Protérozoïque (3,2 Ga à 530 Ma) est divisé en six domaines à savoir : Antongil- Masora, Antananarivo, Ikalamavony, Androyen-Anosyen, Bemarivo et Vohibory (cf. croquis 4).

7Bureau du Projet de Gouvernance des Ressources Minérales de Madagascar. 35

Trois suites magmatiques singulières recoupent ces domaines. Il s’agit des suites de Dabolava (~1 Ga), Imorona-Itsindro (820 - 760Ma) et Ambalavao-Kiangara-Maevarano (570 - 520Ma). Croquis 4 : Les domaines et sous-domaines géologiques du Précambrien malgache

2012.

: PGRM :

Source

3.2.3. Le domaine d’Antananarivo

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Le domaine d’Antananarivo est une vaste étendue composée d’orthogneiss et de paragneiss d’âge Néoarchéen en faciès schiste vert à granulitique. Les gneiss du Néoarchéen sont divisés en unités supracrustales, le Groupe de Vondrozo au Sud et le Groupe de Sofia au Nord et en orthogneiss regroupés au sein de la Suite de Betsiboka qui présente une composition variée allant de granite-monzonite au tonalite-granodiorite. De plus, le domaine comprend trois grandes ceintures synformes de schistes et de gneiss basiques d’âge Néoarchéen à Paléoprotérozoïque (2,70 - 2,48 Ga) regroupé au sein du Complexe de Tsaratanana. Elles sont représentées, d’ouest en est, par les ceintures de Bekodoka - Maevatanana, d’Andriamena et de Beforona. Le domaine d’Antananarivo est aussi le substratum de deux séquences de roches métasédimentaires majeures, d’âge de dépôt Néoprotérozoïque, qui affleure dans d’étroites ceintures orientées nord-sud : le Groupe d’ et le Groupe de Manampotsy. Les roches métasédimentaires du Protérozoïque et leur socle Néoarchéen sont recoupés par deux générations de roches plutoniques : la suite d’Imorona — Itsindro (820 - 740 Ma) qui consiste un assemblage bimodal de gabbros et de syéno — granites ; et la suite d’Ambalavao — Kiangara — Maevarano (540 - 520 Ma) qui comprend des granitoïdes syn - à tardi — tectoniques (gabbro - diorites puis syénogranites) de type « stratoïdes ».

3.2.4. Géologie de la région Vakinankaratra La région Vakinankaratra, à laquelle appartient le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo a été connue par sa géologie très spécifique qui est liée avec l’histoire géologique de Madagascar. Elle fait partie géologiquement du domaine d’Antananarivo. Sa géologie est constituée par trois ensembles : le socle précambrien, les formations volcaniques et les sédiments lacustres.

Les formations volcaniques La région est célèbre pour son volcanisme donnant le massif de l’Ankaratra. Ce volcanisme intense a commencé il y a 7 millions d’années (Raunet, 1974). Des réajustements tectoniques ont eu lieu à la fin du Pliocène et se sont poursuivis pendant le Quaternaire (Petit, 1998) qui se traduit par des effondrements le long de lignes de fractures antérieures donnant la faille du Betampona et celle du Mandray. Les sédiments lacustres Des bassins sédimentaires de type lacustre, d’origine volcanique et tectonique sont également caractéristiques de la géologie de Vakinankaratra à savoir :

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▪ le bassin de l’Onive rempli par des alluvions récentes et des formations lacustres ;

▪ le bassin d’, avec un remplissage des sédiments néogènes dont des argiles, des schistes bitumineux et des lits de diatomites, intercalés par des produits basaltiques ;

▪ le bassin de Sambaina, formé par une grande plaine d’alluvions récentes et des sédiments analogues à ceux d’Antanifotsy ;

▪ le bassin d’Antsirabe, formé par des sédiments néogènes au quaternaire avec des conglomérats à galets trachytiques, des argiles et des cinérites. La sédimentation de la région Vakinankaratra est d’âge Pléistocène, elle a commencé par le dépôt des produits d’érosion du socle ancien, suivi du dépôt des produits d’altération et d’érosion des roches volcaniques. Cadre tectonique Deux failles marquent le côté structural de la région Vakinankaratra : ▪ l’escarpement de faille de Betampona, qui traverse la grande partie du sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo. C’est une falaise gneissique, de direction presque nord-sud ;

▪ l’escarpement de faille de Mandray appartient à un linéament de direction moyenne nord-sud. Tous les deux sont dus à un soulèvement lié aux différentes phases d’épanchement volcanique qui ont débuté à la fin du Pliocène. 3.2.5. Géologie de la zone de recherche proprement dite Le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo est cartographié sur la dernière version de la carte géologique existante, feuille Antanifotsy O-49, élaboré par H. Besairie en 1974. Malheureusement, cette feuille n’a pas été mise à jour à travers les travaux récents du PGRM. Celle-ci montre que les formations géologiques dans ce sous-espace sont dominées par des migmatites du système du graphite. Dans la partie centrale et nord de la zone de recherche s’édifient quelques cônes de basaltes à appareils très érodés. Cette formation se trouve généralement dans une altitude moyenne de 1800 m (cf. croquis 5). Des basaltes s’observent également à l’est et au sud-est, qui sont situés dans une altitude supérieure à 1900 m. Sur le compartiment affaissé du nord-ouest et de l’ouest se sont déposés des sédiments lacustres tandis que le compartiment soulevé de l’Est est constitué par des migmatites. Quelques couches d’alluvions recouvrent les formations de la partie orientale et centrale. Des pitons volcaniques sont recensés dans l’ouest de la zone de recherche.

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Croquis 5 : Les substrats géologiques du sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo

3.3. Un climat tropical d’altitude La température et les précipitations sont deux facteurs importants déterminant le climat d’une zone. Il n’y a pas de station météorologique dans la localité de la zone de recherche. Les

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moyennes mensuelles des températures et des précipitations du sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo ont été obtenues avec les données grilles version2 de Wordlclim8. Les données du tableau 1 présentent les variations moyennes des températures et des précipitations sur trente (30) ans dans le sous-espace. Tableau 3 : Moyenne mensuelle des températures et des précipitations (1970 – 2000) du sous-espace d’Ambohidranandriana – Ambohimiarivo

Mois J F M A M J J A S O N D Température 18,3 18,3 17,9 16,7 14,5 12,2 11,5 11,8 13,7 16,1 17,5 17,9 (°C) Précipitation 295,7 254,3 196,1 81,0 32,4 18,0 16,5 13,5 26,6 70,4 162,1 260,4 (mm) Source : Données extraites des grilles Worldclim, arrangement de l’auteur, septembre 2017. La moyenne mensuelle thermique dans le sous-espace est de 15,7 °C. Pour les mois les plus chauds, le maxima moyen est supérieur à 18,3 °C. Le maximum de température est enregistré au mois de janvier et février. Pour le minima, elle s’observe durant la saison sèche et fraîche, de mai à septembre. La température la plus faible s’observe au mois de juillet avec 11,5 °C. Donc, il y a une variation mensuelle assez forte de la température. Il est bien remarqué par ailleurs que durant la saison fraîche, la température nocturne et de petit matin pouvant descendre facilement au voisinage de 0 °C. Par contre, elle peut dépasser le 20 °C le midi ; ceux-ci expriment une grande importance de l’amplitude diurne à cette saison. Par conséquent, il est évident de voir de la gelée blanche le matin. Les brusques changements de températures en saison fraîche caractérisent le climat du bassin d’Antsirabe et ses bordures (Razafimahefa, 2010). L’existence d’une variation diurne assez forte est le responsable de la désagrégation mécanique des roches nues sur les versants et favorisant le processus de l’érosion. Concernant les précipitations, la variation est assez régulière. Entre les mois de mai et de septembre, les précipitations sont faibles. Au mois d’août, il ne tombe que 13,5 mm, c’est le mois le plus sec. Pendant cette période, la marche apparente du soleil se trouve dans l’hémisphère Nord ; alors l’hémisphère sud est au cœur de la saison fraîche et sèche. De ce fait, la température est encore faible. La formation des pluies définit par l’effet de l’ascendance thermique et dynamique des masses d’air ni la formation des nuages ne sont pas possibles, car

8 www. worldclim.org-Données sur les régimes actuels des températures et des précipitations.

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les centres d’action dépressionnaires migrent dans l’hémisphère Nord. C’est seulement le vent d’Alizé venant de l’anticyclone permanent de l’océan Indien qui domine presque partout à Madagascar. Le maximum mensuel des précipitations atteint 295,7 mm au mois de janvier. Ceci correspond au mois le plus chaud. La période pluvieuse se concentre entre le mois de novembre à mars avec 1168,6 mm des précipitations. Ce qui représente plus des trois quarts (82 %) de la précipitation totale. C’est la saison chaude et humide à Madagascar. Cela veut dire que la réserve en eau au niveau des nappes souterraines devient progressivement excédentaire durant cette période. Le ruissellement est favorisé au détriment de l’infiltration surtout au niveau des terrains dénudés. Du point de vue thermique, il y a la formation des précipitations par l’ascendance de l‘air qui est liée à la condition des températures. Du point de vue dynamique, en suivant la marche apparente du soleil, les centres d’action non permanents migrent vers l’hémisphère Sud. Ainsi, l’ascendance dynamique des masses d’air due à la rencontre des vents d’Alizé et de Mousson donne naissance à des précipitations. Le total de la pluviométrie est égal à 1427 mm par an, qui se traduit par une inégale répartition des précipitations mensuelles.

Afin de mieux comprendre, la représentation du diagramme ombro-thermique selon la formule de Gaussen (cf. figure 3) illustre la relation entre précipitations et températures.

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Figure 3 : Diagramme ombro-thermique de Gaussen de la zone de recherche

Source : Worldclim Version2. Conception : A. ANDRIAMBOLOLONA, septembre 2017.

La formule de GAUSSEN P=2T est utilisée dans le commentaire de la figure 3. P désigne la précipitation et T la température.

▪ Si P = 2T, la saison est fonction de la réserve en eau du sol ;

▪ Si P > 2T, la réserve en eau du sol est excédentaire, cela correspond au mois humide ;

▪ Si P < 2T, alors la réserve en eau du sol est déficitaire ; cela correspond au mois sec.

À partir de cette formule, il est possible de déduire le type de saison qui domine dans la zone de recherche.

❖ Entre le mois de juin et de septembre, P ≤ 2T correspond à la saison sèche et fraîche pendant quatre (4) mois. ❖ Tandis que P > 2T où la saison chaude et humide se trouve entre le mois d’octobre et le mois de mai, qui dure huit (8) mois.

D’après tout ce paramètre, il y a une division de l’année en deux (2) saisons distinctes : une saison « sèche » allant de juin à septembre et une saison « pluvieuse » du mois d’octobre au

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mois de mai. D’où, le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo est influencé par un climat tropical d’altitude. 3.4. Relief et sous-sol fragiles La morphologie des paysages terrestres a subi deux facteurs influant beaucoup sur son évolution. Ce sont les facteurs endogènes dus au phénomène naturel et les facteurs exogènes amplifiés par les différentes actions anthropiques.

La fragilité du paysage est déterminée en fonction des facteurs naturels tels que la topographie, la nature pédologique, le substrat géologique et l’agressivité du climat.

La topographique de la zone de recherche présente un relief complexe avec une forte inégalité. La dénivellation topographique de l’ensemble est exprimée par un contraste altitudinal entre la partie est — ouest. Les versants sont abrupts, la valeur moyenne de la pente est supérieure à 19 % ; ceux-ci vont augmenter la vitesse de l’écoulement des eaux sur le versant et l’avancement de processus du ravinement. Il se peut que ce dernier processus puisse être amorcé et finisse par la formation de lavaka. Pendant la saison pluvieuse où l’intensité des précipitations est importante, des formes et des processus morphodynamiques marquent le paysage, car la formation végétale a été dégradée.

La nature pédologique locale s’organise suivant les formes du relief en général : sur le sommet de « tanety », des sols rouges ou jaunes ferralitiques. Les versants présentent des sols ferralitiques peu évolués de profil A/C. Le bas de pente et le bas-fond sont parfois dominés par des colluvions plus ou moins sableuses ou par des sols hydromorphes riches en azote. Ce sont des dépôts alluvionnaires couvrant les bas-fonds, qui sont les résultats de l’action de l’érosion de la partie en amont. Pendant la saison humide, la couche superficielle devient de plus en plus instable lors de la présence d’une nappe phréatique favorisant le mouvement de masse.

La situation n’est pas aussi simple que cela, l’ensemble de la zone de recherche se taille dans un substrat géologique tendre avec de migmatite, qui est alors plus altérable et moins résistant aux attaques de l’érosion différentielle (cf. croquis 5). Cette propriété de la roche-mère va accélérer la transformation morphologique du paysage.

La concentration des précipitations avec une forte intensité durant la saison pluvieuse (novembre à mars) est un facteur favorisant le ruissellement en surface et/ou en nappe et qui se traduit à son tour par le décapage de la partie superficielle du sol.

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En bref, le dynamisme de la morphologie du paysage est lié fortement à la structure géologique et la nature pédologique. L’inégalité topographique, le substrat géologique formé par des roches tendres et l’agressivité du facteur climatique durant la saison pluvieuse expliquent la fragilité du relief et du sous-sol de la zone de recherche.

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CHAPITRE 4. LA DYNAMIQUE DE LA POPULATION ET SES ACTIVITÉS

L’accroissement de la population s’est accompagné d’une extension de la superficie occupée, et accroît aussi en même temps les besoins socio-économiques. D’un côté, l’augmentation du nombre de la population a accentué les pressions qui engendrent la dégradation de la ressource forestière. D’autre côté, la dévastation du paysage forestier a des effets néfastes aux activités agricoles effectuées par les communautés locales.

4.1. Population dépendante de l’agriculture La couverture forestière d’Ankafotra est incluse à la limite administrative de la commune rurale Ambohidranandriana et de la commune rurale Ambohimiarivo. Jusqu’à présent, en milieu rural, la terre constitue la première ressource de vie. Les deux communes rassemblent des habitants à vocation agricole. La majorité de la population, soit 97 % des habitants dans le sous-espace sont des agriculteurs, alors que les 3 % restants tirent leur substance de l’élevage ou autres.

La population dans le sous-espace est constituée en majeure partie du groupe ethnique « Merina » et exerce une forte emprise sur la vie communale. Toutes les personnes enquêtées ont occupé leurs villages au moins dix (10) ans. Chacun avait son propre terrain et travaillait aussi comme cultivateur.

4.1.1. Effectif et croissance démographique La population dans le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo, en pleine croissance, est estimée à environ 32 027 habitants en 2016. C’est une population relativement jeune puisqu’environ 51 % des habitants sont moins de 18 ans. La population est aussi active, car le nombre des individus d’âge entre 10 et 60 ans atteint plus de 54 %. L’effectif des femmes est légèrement supérieur à celui des hommes et cette population féminine représente les 51,3 % de la population totale9.

D’après les travaux d’enquête sur terrain avec quelques projections démographiques, la figure 4 représente le nombre de la population et son évolution dans le temps.

9 Enquête personnelle effectuée auprès de la commune, septembre 2017.

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Figure 4 : Évolution du nombre de la population de 2009 à 2016 de la commune rurale Ambohidranandriana et Ambohimiarivo

Sources : INSTAT (2009) et enquête personnelle auprès des communes, septembre 2017.

Le taux d’accroissement naturel de la population dans le sous-espace varie entre 2,5 à 2,9 % en 2016. Par conséquent, la population a un rythme d’accroissement rapide par rapport à la moyenne régionale qui est à l’ordre de 2,5 % en 200510 ; celle du taux d’accroissement naturel au niveau national qui est de 2, 7 % en 2015 (FMI). La situation varie d’un fokontany à un autre selon le nombre des habitants et leur niveau de vie.

4.1.2. Caractéristique des ménages La taille moyenne de chaque ménage dans les deux communes est environ composée d’un peu plus de 5,5 à 7 personnes11. Cette taille peut varier en fonction du niveau de scolarisation des couples et du niveau de vie de chaque ménage. Toutefois, les couples ayant accès au niveau d’étude secondaire ont au maximum quatre enfants espacés d’au moins deux ans. Les couples qui ont juste terminé le niveau primaire ne savent limiter leurs naissances qu’à partir du troisième enfant. Le nombre d’enfants varie de quatre à huit dont l’espace entre deux naissances est au maximum deux ans. En effet, plus les ménages sont pauvres, plus ils ont beaucoup d’enfants. Suivant la répartition par sexe, le pourcentage de chefs de ménages masculins est plus important que celui des femmes-chefs de ménages ; 88 % pour les hommes contre 12 % pour les femmes.

10 Tableau de Bord environnemental de la région Vakinankaratra, 2005. 11 Enquête personnelle effectuée au niveau de la commune, septembre 2017.

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4.2. La principale activité de la population 4.2.1. Agriculture et élevage L’agriculture constitue l’activité principale de la population dans le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo. Les conditions climatiques et agroécologiques sont propices à la production de diverses cultures qui peuvent être obtenues aussi bien sous climat tropical chaud comme le riz, le maïs, le manioc, le soja, le haricot… et sous climat tempéré ; celle de la pomme de terre, l’avoine, le blé, les pommiers, les pêchers…

L’agriculture et l’élevage sont deux activités complémentaires dans la vie de la population rurale. L’élevage tient une place importante dans la vie socio-économique des paysans dans le sous-espace. Le gros élevage est principalement caractérisé par l’élevage de bovins et le petit élevage pour celui des porcins, des ovins et des volailles. Le cheptel bovin est élevé de manière semi-extensive avec une intégration du système agropastoral. À cet effet, l’élevage procure l’énergie utilisée pour les travaux agricoles (piétinage, hersage, transport) et la fumure nécessaire à la fertilisation de la terre pour avoir un bon rendement de la production agricole. En retour, l’agriculture fournit les résidus de récolte et des cultures destinées à l’alimentation du bétail. 4.2.2. La production de charbon de bois et de bois de chauffage La production du charbon de bois et du bois de chauffage est une activité secondaire pratiquée par la population dans quelques fokontany du sous-espace comme à Anosibe, à Antanambao et à Miarinarivo. Ce sont des fokontany qui se situent aux environs de la forêt d’Ankafotra. C’est un métier saisonnier, pratiqué durant la période de soudure. Les charbonniers ont affirmé que ce métier est une source d’argent rapide par rapport aux activités agricoles et élevages. En général, dans 7 à 10 jours les pratiquants auront les produits. Ils construisent souvent de très petits fours d’un sur deux mètres seulement. Le bois brûle vite avec beaucoup de fumées et ils peuvent avoir de charbon le lendemain. Alors, c’est une raison qu’ils choisissent volontairement ce travail, même si la préparation exige une force physique12 (cf. photo 1). Les charbonniers sont composés, en général, par des ménages appartenant au groupe qui ne profite qu’une faible superficie de terrain de cultures. Elles représentent environ 6,5 % des ménages des fokontany concernés par la forêt d’Ankafotra. En d’autres termes, les ménages

12 Enquête personnelle auprès des charbonniers, septembre 2017.

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ayant un niveau de vie bas s’intéressent souvent à ce métier qui est une activité rentable à la satisfaction de leur besoin quotidien.

Photo 1 : Un petit four de charbon en pleine préparation

Cliché de l’auteur, septembre 2017.

4.3. Caractéristiques des fokontany concernés par la forêt d’Ankafotra Quatre fokontany dans le sous-espace sont concernés par la forêt d’Ankafotra. Le fokontany Anosibe et Miarinarivo pour la commune Ambohidranandriana ; le fokontany Antanambao et Soanierana pour la commune Ambohimiarivo. Il a été de préférence de consacrer beaucoup de temps dans ces quatre fokontany pendant les travaux sur terrain, car ils sont les plus menacés par la dégradation actuelle de la forêt.

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Tableau 4 : Le nombre et la taille moyenne de ménages enquêtés Fokontany Nombre Ménages enquêtés Nombre de la Taille moyenne de total de population ménage enquêté ménages Miarinarivo 319 42 13 % 1764 5,5 Anosibe 185 33 17 % 1242 6,7 Antanambao 260 39 15 % 1822 7 Soanierna 203 25 12 % 1387 6,8 Total 967 139 14 % 6215 6,4 Source : Enquête personnelle auprès des fokontany et des ménages, septembre 2017.

Au total, 146 ménages ont été choisis au hasard pendant la réalisation des enquêtes au sein des fokontany Miarinarivo, Anosibe, Antanambao et Soanierana. Cependant, 7 parmi eux ont refusé de répondre aux questions et les 139 autres ont voulu de bien répondre.

Le nombre de la population interrogée est faible et scientifiquement peu significatif, avec un taux d’échantillonnage de 12 à 13 %. Ce chiffre peut aller jusqu’à 17 % si le nombre total de ménages est faible (tableau 5). Cet échantillon est représentatif pour bien mener les travaux de recherche.

Tableau 5 : Nombre de populations dans les quatre fokontany concernés par la couverture forestière en 2009 et 2016.

Miarinarivo Anosibe Antanambao Soanierana Total Années 2009 1528 1115 1557 1153 5353

2016 1764 1242 1822 1387 6215

Sources : INSTAT (2009) et enquête personnelle auprès des chefs fokontany, septembre 2017. L’effectif total de la population dans les quatre fokontany touchés par la forêt d’Ankafotra en 2016 est estimé à environ 6215 habitants. Ce qui représente 19,4 % de la population totale du sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo.

D’après le tableau 5, le fokontany Antanambao s’avère le plus peuplé avec environ 1822 habitants parmi ces quatre fokontany en 2016. Celui d’Anosibe est le moins peuplé avec seulement 1242 habitants. Pour comparer à l’effectif total de la population en 2009, le nombre de la population a augmenté d’environ 13,8 %. En fait, la population dans les quatre fokontany

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connaît une évolution rapide ; les rizicultures sur le bas-fond n’arrivent plus à nourrir la population. Ainsi, l’augmentation de l’effectif de la population est parallèle à la croissance de ses besoins les plus élémentaires ; d’où le recours à l’extension de terrains de cultures au détriment de la forêt. Les habitants défrichent donc une partie proche ou à l’intérieur même de la forêt pour augmenter les superficies cultivables. Par conséquent, les paysans pratiquent soit des cultures de contre saison ou des cultures pluviales, soit ils s’orientent vers d’autres activités plus rémunératrices. À partir de l’année 2009, les cultures sur les « Tanety » deviennent une préoccupation majeure pendant la période pluviale. Des cultures comme le riz pluvial, le maïs, le haricot, le soja commencent à se dessiner dans le paysage. Il est à noter que le bas de versant (le paysan le nomme « Voditanety ») est destiné à la pratique de cultures de légumes. La pression démographique a ses conséquences sur la dégradation de la forêt dans la zone de recherche. Afin de combler les manques dans le revenu agricole et l’élevage, les habitants détruisent la forêt pour les raisons suivantes : premièrement, la production du charbon et du bois de chauffage ; deuxièmement, le défrichement ou la pratique du « Tavy », qui est un autre mode de cultures pratiquées par la population riveraine. Ainsi, dans ce contexte, il y aura une augmentation des pressions sur la ressource pour le besoin socio-économique. Il s’agit d’une raison qui explique la dynamique régressive de la forêt.

Sous l’angle économique, l’exiguïté des bas-fonds et l’ensablement d’une superficie importante de terrain de cultures (versant ; rizières) suite aux phénomènes d’érosion nécessitent un grand aménagement du terrain pour récupérer ces surfaces. La superficie restante ne permet plus de subvenir aux besoins des ménages. Cette situation favorise l’extension des surfaces agricoles vers l’intérieur de la zone forestière. En somme, la dynamique de la population dans la zone de recherche présente un rythme rapide. Les habitants sont fort dépendants de l’agriculture et l’élevage. Depuis quelques années, l’augmentation de besoin socio-économique (terrain de cultures, bois d’énergies et de construction) des habitants locaux et environnants est une pression pour la couverture forestière.

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CHAPITRE 5. LA FORÊT D’ANKAFOTRA EN FORTE DÉGRADATION

5.1. Une forêt de reboisement La région Vakinankaratra est caractérisée par une faible superficie de couverture forestière. La superficie totale de la forêt de la région est approximativement 76 000 ha en 2004, soit 3,9 % de la superficie de la région est couverte par des forêts13. Il existe deux types de formation forestière dans la région : d’une part les forêts naturelles qui se trouvent dans la partie est et nord — est (Antenina, Ambatolampy), classées parmi les forêts denses humides sempervirentes de moyenne altitude (ANDRIAMPARANONY, 2012) ; la forêt sèche dégradée de l’ouest (, ) et la forêt claire sclérophylle de tapis dans la partie sud-ouest (Manandona). D’autre part, les forêts de plantations ou de reboisement réparti dans les districts formant la région. Nombreux sont les sites de reboisement réalisés par les efforts de plantation menés par l’État, la population locale et les autres opérateurs socio-économiques depuis plusieurs années.

À partir des années 50, il y avait des colons français qui s’installent dans la partie Est du Vakinankaratra, plus précisément dans la zone forestière d’Ankafotra du sous-espace étudié. Ces colons ont créé de concession dans cette zone. Selon les anciens du village : « les gens ayant plus de 15 ans sont obligés de faire un reboisement de 15 jours par an à cette époque »14. L’Eucalyptus robusta est l’espèce la plus utilisée durant cette période. Ensuite, dès que Madagascar a obtenu son indépendance, c’est-à-dire dans les années 60, les colons ont quitté la zone forestière et qui devient une propriété privée de l’ancien Fivondronana Antsirabe I. Des efforts de reboisement ont également été effectués à l’époque de la première république pour continuer les actions de reboisement réalisées par les colons. D’autres espèces ont été utilisées pour la suite du reboisement, les espèces sont constituées surtout de Pinus patula, de Pinus kesiya, et d’Acacia dealbata (mimosa). Les reboiseurs ont choisi le Pinus, une espèce plus adaptée au type de sol et du climat de la région (Randrianarivelo, 1996). De même pour l’Acacia, une espèce très connue et qui permet d’embroussailler les terrains plus fertiles des Hautes Terres centrales de Madagascar (Sutter, 1990). Ainsi, il s’agit d’une formation artificielle couvrant une superficie considérable dans la région Vakinankaratra.

L’action de reboisement la plus connue de la région d’Antsirabe et ses environs a eu lieu depuis les années 1963 jusqu’à 1983. Une superficie de 12 873 ha a été reboisée dont

13 Entretien avec le responsable du Service des Ressources forestières du DREEF Vakinankaratra, septembre 2017. 14 Enquête effectuée auprès des anciens du village (Raiamandreny), septembre 2017.

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12 489 ha de Pinus et 384 ha d’Eucalyptus15. Entre 1963 et 1969, par exemple, l’action de reboisement dans la région tend à augmenter progressivement (Razafindralambo, 1989). En effet, la plantation atteint en moyenne 1000 ha de Pinus par an avec la participation des services des Eaux et des Forêts, des communes et des institutions privées. Après 1969, d’autres participants comme les collectivités, les divers organismes non gouvernementaux et les particuliers ont joint au reboisement.

Selon le rapport de la Circonscription Forestière d’Antsirabe dans son rapport d’activité de 1986 – 1996, le Pinus est l’essence la plus utilisée pour le reboisement. Ce dernier atteint 57 % du nombre total des arbres plantés, l’Eucalyptus constitue 28, 7 % et les autres essences comme Cupressus lusitanica (Cyprès) et Podocarpus (Hetatra) occupent 14, 3 %.

Photo 2 : Les types des espèces dominantes dans le paysage forestier d’Ankafotra 2a : Pinus Kesiya 2 b : Pinus Patula

2c : Eucalyptus robusta 2d : Acacia dealbata

Cliché de septembrel’auteur, 2017.

15 RANDRIANARIVELO Jean Odon (1996) : « Contribution à l’analyse de la problématique du reboisement dans la région d’Antsirabe ». Mémoire de fin d’étude, Département des eaux et forêts, 71 pages.

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Il existe trois catégories de reboisement dans la région d’Antsirabe et ses environs (Randrianarivelo, 1996) :

 Les reboisements de l’État sous la responsabilité du service des Eaux et des Forêts et de la commune urbaine d’Antsirabe,  Les reboisements réalisés par les sociétés privées ou les particuliers,  Et les reboisements communautaires ou les reboisements villageois.

Les reboisements de l’État sont rencontrés dans le domaine forestier effectué par les services des Eaux et des Forêts : à Ivohitra, à Andraikiba, au Parc de l’Est et à Ankafotra pour les reboisements communaux. Les reboisements privés se trouvent dans les autres districts comme à Antanifotsy, , Betafo…

En suivant ce contexte, la forêt d’Ankafotra dans le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo est le résultat de l’action du reboisement effectué par les administrations coloniales et l’ancien Fivondronana Antsirabe I. Il est à préciser que la population aux environs du site a participé abondamment aux actions de reboisement sous la direction du responsable administratif.

En se référant au statut juridique de la couverture forestière, la forêt d’Ankafotra est classée parmi les « Forêts de Collectivités 16».

Le domaine forestier d’Ankafotra occupe une surface de 598 ha (Landsat7 ETM+, 2003) (cf. croquis 6) ; les espèces sont prédominées par le Pinus patula, le Pinus kesiya, l’Accacia dealbata et par d’autres espèces avec un taux de couverture faible comme l’Eucalyptus robusta, le Cupressus lusitanica (Cyprès) et le Podocarpus (Hetatra). Dans la zone de recherche, le mimosa a été considéré comme un « sous-bois » (espèce accompagnatrice de l’espèce principale de reboisement) à cause de sa performance à coloniser rapidement le milieu et de sa faculté à capter l’azote atmosphérique. Pour le Pinus, il était vulgarisé dans l’ancien Fivondronana Antsirabe I pendant la première république. En général, cette espèce est adaptée sur un climat un peu plus doux et moins humide (Sutter, 1990). Sa croissance est meilleure sur le type de sol ferrallitique rajeuni qui se trouve souvent sur le terrain en pente à l’exemple de la zone de recherche. Le Pinus est une essence qui a une durée de production courte par rapport aux autres espèces, c’est-à-dire il

16 Forêt de collectivité : une ressource forestière naturelle ou reboisement géré en tant qu’une propriété privée de la commune.

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peut atteindre de diamètre exploitable dans une courte durée. Par contre, il est facile à éliminer parce qu’il ne rajeunit pas comme l’Eucalyptus.

Croquis 6 : La couverture forestière d’Ankafotra en 2017

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Les objectifs du reboisement de la forêt d’Ankafotra ont été les suivants : d’une part, c’est une participation à la reforestation pour occuper le sol et de régulariser l’environnement contre l’érosion. D’autre part, l’espace forestier est utilisé pour développer l’activité touristique comme celle à Andraikiba et à Ivohitra. Le domaine forestier d’Ankafotra se situe environ à 17 km à l’est de la ville d’Antsirabe ; ce site attire des touristes (locaux et étrangers) auparavant. Malgré cela, la zone forestière a subi une exploitation massive qui a transformé le paysage et devient ainsi une formation forestière dégradée.

5.2. Les principales causes de la dégradation de la forêt À l’échelle de la zone de recherche, les principales causes de la dégradation de la forêt sont : la persistance des aléas climatiques, l’exploitation massive à la production de bois d’œuvre et de bois d’énergie et la croissance démographique dessinée par l’extension des champs de cultures.

5.2.1. La fréquence des aléas climatiques En dehors de facteurs anthropiques, des éléments naturels tels que les aléas climatiques sont des facteurs de la destruction du paysage forestier d’Ankafotra puisqu’il se situe dans un site avec une topographie accidentée.

La saison cyclonique à Madagascar s’étend entre le mois de novembre et avril. Environ, trois à six cyclones frappent la grande île chaque année (Service météorologique de Madagascar). La plupart des cyclones qui ont ravagé la partie centrale des Hautes Terres frappent aussi la zone de recherche. Par exemple, lors du passage des cyclones « Gafilo » en mars 2004 et de « Giovanna » en février 2012, la zone forestière a subi beaucoup de dégâts. De nombreux pieds d’arbres ont été dévastés (arbres déracinés, branches coupées…). Les cultures sur le bas du versant ont été écrasées par les grands arbres. Parmi les cyclones qui ont traversé sur cette zone, ceux de mars 2004 et de février 2012 ont laissé de trace ou bien répertorié par les habitants17.

5.2.2. L’exploitation de bois d’œuvre et de bois d’énergie La couverture forestière d’Ankafotra dans le sous-espace étudié a subi une dégradation alarmante qui a commencé en 2008 et s’est arrêtée en 2013. À cette époque, la propriétaire de

17 Information fournie par les paysans pendant les travaux de terrain.

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l’espace forestier qui est la commune urbaine d’Antsirabe a vendu la forêt à un particulier. Ce dernier a exploité la ressource pour la production des bois d’œuvre et des bois-énergies18.

Au cours de ces cinq (5) ans d’exploitation, les gros arbres sont destinés à la fabrication de bois d’œuvre ou de construction (bois carré, madrier, bois rond…). La majorité des produits sont exportés dans la ville d’Antsirabe. Cependant une autre partie de la production est exportée vers la capitale pour ravitailler le besoin en bois.

Le tableau 6 indique le nombre et le volume de bois exploité dans la forêt d’Ankafotra selon le rapport des activités d’exploitation19.

Tableau 6 : Les bois exploités dans la forêt d’Ankafotra en 2011 – 2012. Bois carré et madrier (Nombre) Bois de chauffage (m3) 49 940 19 550 Source : Rapport d’activité fait par l’exploitant, 2012.

Les bois qui n’arrivent pas à atteindre la dimension et la qualité exigées à la production de bois d’œuvre sont exploités à la fabrication de bois de chauffage. L’exploitant a travaillé ensemble avec la société cotonnière d’Antsirabe pour accomplir une partie de leur besoin en bois-énergie. C’est la période où la COTONA a été en plein changement du type d’énergie utilisée. Il est important de signaler qu’avant l’année 2004, la grande partie d’énergie qui assure le fonctionnement des machines de production de la société cotonnière d’Antsirabe provient des énergies thermiques. À partir de l’année 2005, une nouvelle politique énergétique a été appliquée dans la société « tourner vers l’énergie ligneuse ». L’utilisation de fuel fut progressivement remplacée par le bois-énergie.

En 2004 et 2005, la société a changé sa stratégie sur l’approvisionnement en énergie en réduisant la quantité de vapeur issue de fuel de 52 %, 38 % contre 48 %, 68 % (bois-énergie). Quatre (4) ans après, c’est-à-dire en 2009, Randrianatoandro M. (2009) a perçu que les 97 % des énergies utilisées par la société COTONA sont issues de bois-énergie et seules les 3 % pour le fuel.

18 Le bois-énergie : ce sont de produit forestier constitué par les cimes, les houppiers, les branches, les racines... pouvant être utilisées comme source d’énergie, issue des forêts artificielles. 19 La seule donnée disponible dans la commune urbaine d’Antsirabe sur le volume des produits exploités dans l’espace forestier d’Ankafotra.

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La figure 5 soutiendra l’appréciation de l’évolution de l’utilisation des bois par la société cotonnière d’Antsirabe. Allant de 35 000 stères en 2004, elle touche les 55 157 en 2005. Les deux années étaient encore une période d’essai d’où cet accroissement brusque.

L’emploi du combustible ligneux devient stable depuis 2007 avec une consommation d’environ 66 75020 stères de bois par an puisque l’usine marche 350 sur les 365 jours. D’après le calcul effectué à partir de ces données sur la consommation en bois de la société, le volume moyen journalier utilisé en termes de bois est de 190, 7 stères.

Figure 5 : Consommation en bois du COTONA 2004 – 2008

Volume enVolume stère

Consommation en bois

Source : RANDRIANATOANDRO M., juin 2009.

En conséquence, depuis l’année 2008, la société COTONA a besoin d’une forte quantité de bois-énergie dans la région Vakinankaratra. Elle a cherché des fournisseurs de bois dans les communes périphériques comme Soanindrariny, Tsarahonenana Sahanivotry, Antanambao pour assurer une partie du bois-énergie. Le bois de chauffage exploité dans la forêt d’Ankafotra (2008-2013) jouait une place importante pour les produits venant de ces zones citées ci-dessus. Pourtant, les bois fournis par ces communes ne sont pas suffisants pour bien fonctionner les machines de l’industrie.

Actuellement, les ressources forestières dans la région Vakinankaratra sont quasiment dégradées. Il n’y a que quelques fournisseurs de bois de la région pour l’industrie cotonnière d’Antsirabe. De ce fait, elle est obligée de coopérer avec d’autres exploitants de bois provenant de la région Amoron’i Mania21.

20 66 750 = 190,7 stères/jour * 350 jours ; 1 stère = 0,6 m3 21 Entretien avec le responsable de la DREEF Vakinankaratra.

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5.2.3. Les habitants dépendants de la ressource forestière Il existe quelques endroits de reboisement familial dans le fokontany Anosibe et Antanambao et Miarinarivo. Certes, la plus grande partie des bois utilisés surtout pour l’usage domestique de la population aux environs sont assurés par la forêt d’Ankafotra. Les habitants aux alentours de la forêt abattent les arbres pour obtenir des bois de chauffage qui fournissent la totalité des besoins en énergie domestique dans les zones rurales (Banque mondiale, 2003). Durant les travaux de terrains, presque la totalité (98 %) des ménages enquêtés ont confirmé l’utilisation des bois pour la cuisson, car c’est la seule source d’énergie domestique disponible. En fait, la population environnante a une habitude de collecter le bois de chauffage utile dans la zone forestière.

La forêt d’Ankafotra est entièrement dégradée, le nombre de la population ne cesse de s’accroître qui est en parallèle au besoin de bois. À partir de 2016, la commune urbaine d’Antsirabe a interdit de couper les arbres pour revaloriser la ressource. Par contre, un ménage a besoin 5 à 6 « entana » ou paquet de bois de chauffage par semaine pour la cuisson. En conséquence, la demande croissante de la population en bois de chauffage surtout la coupe de tronc d’arbre devient une pression sur la forêt.

Photos 3 : Bois de chauffage à l’usage domestique

Cliché de septembrel’auteur, 2017.

Les membres de la famille des habitants locaux ont fait le ramassage de bois de chauffage dans la zone forestière le week-end pour leur besoin domestique. Ils n’habitent pas à l’intérieur de l’espace forestier, c’est pour cela qu’ils sont obligés de prendre les bois nécessaires hebdomadairement.

Avant et pendant l’exploitation de la ressource forestière, les habitants locaux n’ont pas de problème pour le besoin en énergie domestique. Pourtant, dès que la ressource forestière est dégradée, les habitants ont de difficultés pour le ramassage de bois de chauffage. Dans le cas

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présent, les habitants ne peuvent ramasser que des bois morts ou des rameaux parce que les arbres sont de régénération très jeune. Le seul moyen qu’ils peuvent faire est de prendre des racines de bois déjà exploité.

Figure 6 : Synthèse de la relation de cause à effet de la dégradation de la forêt d’Ankafotra

Auteur : A. ANDRIAMBOLOLONA

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CHAPITRE 6. LA DYNAMIQUE RÉGRESSIVE DU PAYSAGE FORESTIER

La couverture forestière d’Ankafotra est caractérisée par une dynamique spatio- temporelle à différentes échelles.

6.1. L’évolution spatio-temporelle de la couverture forestière 6.1.1. Le changement de la couverture forestière

Pour pouvoir bien distinguer la forêt et leur changement, il est de préférence de créer des masques de forêts.

Croquis 7 : Masque de forêts 2003 (a), 2010 (b) et 2017 (c)

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Tableau 7 : Statistique de changement de la surface occupée

2003 2010 2017 Classe Forêt 377 63,04 % 279,62 46,75 % 173 28,92 %

Non-forêt 221 36,95 % 318,38 53,24 % 425 71,07 %

Source : Classification des images Landsat7 2003 et 2010, Landsat8 2017. Réalisation : A. ANDRIAMBOLOLONA, septembre 2017.

Le processus de classification d’images pour détecter les changements de la couverture forestière dans cette étude permet d’obtenir simplement l’évolution des classes « forêt » et « non-forêt ». Le croquis 7 et le tableau 7 montrent la statistique de changement de la forêt d’Ankafotra dans le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo. Pour suivre ce changement, des images satellitaires multidates ont été traitées. Avant l’année 2003, le paysage forestier prédomine dans l’ensemble de l’étendue avec une surface totale d’environ 598 ha (Landsat7 ETM+, 2003). Les formations végétales sont prédominées par les essences de reboisement comme le Pinus, l’Accacia et l’Eucalyptus. La couverture forestière occupe 377 ha de la zone forestière contre 221 ha pour la surface non- forêt. De ce fait, plus de la moitié de l’espace forestier est couvert par des forêts (63,04 % pour les forêts et 36,95 % pour les non-forêts). C’est difficile à cette époque de trouver les formations herbacées et les sous-bois à l’intérieur de la forêt par la technique de télédétection en utilisant les images satellitaires de moyenne résolution (30 x 30 m) provenant du capteur Landsat. En 2010, la zone forestière a perdu une superficie considérable ; elle diminue à 279,28 ha soit une disparition de 16,28 % de l’étendue de 2003. Cependant, l’espace non-forêt a gagné plus de surface prépondérante. La couverture forestière ne cesse de se dégrader d’une année à l’autre, elle ne présente que 173 ha éparpillés dans l’ensemble de la zone de recherche en 2017. La zone forestière devient une formation fragmentée, elle ne couvre que 28,92 % de la superficie totale du paysage forestier. Par conséquent, la forêt d’Ankafotra a subi une immense perturbation régressive et qui finit à disparaître totalement dans certains endroits. Le changement de l’état de la classe forêt amène l’apparition et l’augmentation des autres classes pour occuper le sol.

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6.1.2. L’évolution de l’occupation du sol entre 2003 et 2017 Croquis 8 : Occupation du sol à Ankafotra en mai 2003

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Croquis 9 : Occupation du sol à Ankafotra en mai 2017

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Tableau 8 : Surfaces occupées par chaque catégorie d’occupation dans la zone de recherche Année

Occupation du sol 2003 2010 2017 Forêt (ha) 377 279 173 Savane herbeuse ou 142 55 175,2 arborée (ha)

Mosaïque de culture 34 215 196,6 (ha)

Rizière (ha) 44 47 52 Plan d’eau (ha) 0,7 0,7 0,7

Sources : Landsat7 2003 et 2010, Landsat8 2017. Réalisation : A. ANDRIAMBOLOLONA, septembre 2017.

L’évolution des formations végétales est liée aux conditions écologiques, le plus souvent, à l’action anthropique qui est la plus remarquable à l’échelle de la zone de recherche. Cette dernière est un facteur déterminant dans l’évolution spatio – temporelle de la forêt. Des images satellitaires dans un intervalle de 14 ans sont utilisées pour pouvoir dégager l’évolution de l’occupation du sol à l’intérieur de l’espace forestier. L’objectif principal de la présente analyse diachronique est de caractériser l’état actuel de la forêt et de l’occupation du sol à partir de l’interprétation des images récentes (Landsat8, mai 2017). Ensuite, il est nécessaire de faire une comparaison avec l’image d’archive (Landsat7 ETM+, mai 2003) afin de spatialiser et de quantifier l’évolution de la forêt.

De 2003 à 2017, sur la même étendue de 598 ha, la couverture forestière présente une proportion : entre 63,04 % et 28,92 % de la zone de recherche. En outre, le recul de la surface forestière est plus de 204 ha en 14 ans, soit près de 35,12 % de la surface initiale. Le rythme moyen annuel de la dégradation est de 14,57 ha par an. Ce recul n’est apparemment pas constant : accéléré entre 2008 et 2013 avec un taux largement supérieur à ce taux moyen annuel. Durant cette période, une exploitation excessive a affecté la ressource forestière d’Ankafotra pour la production de bois d’œuvre et de bois de chauffage afin d’approvisionner l’industrie cotonnière d’Antsirabe. Ainsi, la forêt a été complètement dégradée, le rythme s’était freiné depuis l’année 2014. La recherche sur la dynamique du paysage forestier se repose sur l’étude de sa structure et de son dynamisme horizontal. Il est difficile de distinguer les étages dans ce mémoire, car les

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formations qui couvrent l’ensemble sont presque homogènes. L’ensemble de l’espace forestier est couvert par des formations arborescentes à savoir le Pinus, l’Eucalyptus et l’Acacia. Les formations de savane sont caractérisées par la présence de diverses espèces : l’espèce d’Aristida multicaulis appelée « Bozaka » par les autochtones, de Pteridium aquilinum « Fougère » et l’Helicrysum gymnocephalum « Rambiazina », variant en fonction de la superficie des champs de cultures (cf. figure 7). À titre d’exemple, l’espace occupé par les formations de la savane et de la forêt change s’il y avait une augmentation ou une réduction de la surface des mosaïques de cultures. En 2003, 142 ha de savane se dessinent dans la zone forestière, elle diminue de 55,38 ha en 2010, car c’est la période où la forêt a été vivement exploitée et que la population locale a commencé la mise en valeur de l’espace pour l’usage agricole. Cependant, de 2010 à 2017, une augmentation progressive de la surface occupée par la savane (175,2 ha) et une diminution de la surface occupée par la mosaïque de cultures ont été observées. Celle-ci se traduit par la prise de décision du responsable de la commune urbaine d’Antsirabe pour atténuer les activités agricoles de la population dans la zone forestière.

Il est à noter que la classe occupée par la mosaïque de culture en 2017 n’est pas du tout précise à cause de la confusion de réponse spectrale au niveau des images pendant la phase de télédétection. Les champs de cultures déjà abandonnés sont classés semblablement à la mosaïque de cultures, car ils ont la même réponse spectrale. Pour les rizières qui sont localisées sur le bas-fond ; il n’y a pas vraiment une augmentation importante de la surface occupée. Entre 2003 et 2017, il n’y a qu’une extension de 8,2 ha (1,34 %), car presque l’ensemble des bas-fonds sont déjà aménagés. D’autres classes qui n’occupent plus de surface importante comme le plan d’eau avec une superficie de 0,7 ha. Il s’agit d’un endroit destiné à l’activité de pisciculture depuis la colonisation. Figure 7 : Les différents types d’occupation du sol

Auteur : A. ANDRIAMBOLOLONA, septembre 2017. 65

Croquis 10 : Changement de la couverture forestière entre 2003 et 2010 ; 2010 et 2017

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6.2. Du paysage forestier au paysage agricole À la suite de l’exploitation de la ressource forestière (2008 à 2013) et l’accroissement démographique qui se traduit par l’insuffisance des terrains de cultures, une évolution progressive de la surface de cultures des habitants locaux à l’intérieur de l’espace forestier et ses environs est constatée. Par conséquent, la ressource forestière a subi une double pression favorisant la destruction à une situation alarmante. Les paysans font les cultures dans la terre forestière par deux raisons : d’une part, pour avoir une nouvelle surface de terre cultivable destinée à leur subsistance. D’autre part, pour augmenter la production agricole face à l’accroissement de besoin naturel de chaque ménage22. Au fil du temps, la formation végétale dans la zone de recherche passe de la forêt de plantation avec un taux de recouvrement quasiment dense pour finir en formation forestière dégradée avec la prédominance de la savane herbeuse ou arborée. Elle est remplacée par des champs de cultures occupant plus de 33 % de la totalité de la superficie en 2017. Figure 8 : Répartition de l’occupation du sol en 2017

Auteur : A. ANDRIAMBOLOLONA, septembre 2017.

La pratique de cultures sur brûlis auparavant est un facteur pour la dégradation de la forêt et qui rend difficile la régénération naturelle des arbres surtout sur le versant. Seule la poussée des herbes est favorisée notamment pendant la saison pluvieuse. Avant l’année 2008, le bas-fond et le bas de versant ont été colonisés par les activités agricoles de la population riveraine. De 2009 à 2015, la présence de champs de cultures sur les versants commence à marquer le paysage forestier de la zone de recherche. Les habitants environnants de l’espace forestier ont exploité la terre pour augmenter la surface de cultures en favorisant leurs besoins socio-économiques. En 2015, il y a eu une remise en question et application de l’arrêté n° 266/11/CU/ABE portant l’interdiction de la mise en culture des terres appartenant

22 Enquête effectuée après des ménages, septembre 2017.

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au patrimoine de la commune urbaine d’Antsirabe. La commune a arrêté les activités agricoles surtout sur le versant pour favoriser la régénération naturelle de la forêt. Cette politique est critiquée, car l’arrêté n’a pas été bien appliqué, il y avait quand même des champs de cultures sur les versants. De plus, pour la régénération naturelle de la forêt, les arbres porteurs de graines sont absents dans certains endroits comme à Malakialina (photo 4). En outre, la dégradation de la couverture forestière est réelle ; une grande partie de la formation forestière est remplacée par l’espace agricole. Il correspond surtout à l’extension des champs de cultures sur les flancs des collines et sur les versants. Une partie significative de la forêt défrichée chaque année est incorporée sous une forme de plantations familiales paysannes. Photo 4 : Conversion de la zone forestière en terrain de culture

Cliché de l’auteur, septembre 2017.

La couverture forestière d’Ankafotra a connu une évolution régressive depuis l’année 2008. Par ailleurs, des formations de savanes et des champs de cultures prennent la majorité de la superficie en 2017 suivant la croissance démographique et les besoins de subsistances des habitants locaux.

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CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE

La morphologie des paysages du sous-espace d’Ambohidranandriana-Ambohimiarivo est marquée par une forte inégalité topographique due au passage du grand escarpement de Betampona. L’ensemble est prédominé par une formation géologique tendre, formée par des roches migmatites. L’utilisation de la formule de Gaussen peut qualifier que le sous-espace appartient au type de climat tropical d’altitude avec deux saisons contrastées. La population dans la zone de recherche a un taux d’accroissement naturel rapide (2,9 % en 2016). Leur source de revenus principale est l’agriculture et l’élevage. Pour favoriser la situation économique, d’autres activités telles que la production de charbon de bois et de bois de chauffage ont été pratiquées par quelques ménages. Cette activité a accentué la pression sur la ressource forestière de l’espace considéré. La couverture forestière d’Ankafotra dans le sous-espace d’Ambohidranandriana- Ambohimiarivo est un site de reboisement appartenant à la commune urbaine d’Antsirabe. Elle est la seule source d’énergie ligneuse pour les habitants riverains. L’espace a subi une forte exploitation depuis 2008. Le dynamisme de la couverture forestière est lié fortement à l’exploitation abusive de la ressource pour la production de bois de construction et pour l’approvisionnement de bois-énergie de l’industrie cotonnière d’Antsirabe entre 2008 et 2013. L’exploitation est stoppée, car la ressource est entièrement dégradée ; une grande surface de l’espace déboisé a été convertie par les habitants en terrains agricoles. La destruction de la couverture forestière entraine une perturbation sur le paysage naturel et affecte aussi les activités agricoles de la population riveraine. Les impacts de la dégradation du paysage forestier seront plus détaillés dans les chapitres 7 et 8.

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TROISIÈME PARTIE : IMPACTS ET PERSPECTIVES

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CHAPITRE 7. UN MILIEU NATUREL PERTURBE PAR LA DÉGRADATION DE LA FORET

L’instabilité morphologique du paysage dans la zone de recherche est surtout due à la structure pédomorphologique. Le substrat géologique de l’ensemble est constitué par des roches métamorphiques notamment des migmatites qui sont plus vulnérables aux attaques de l’érosion. Les activités entreprises par les communautés locales avec l’exploitation abusive de la ressource forestière sont aussi des facteurs déclencheurs de cette instabilité.

Par définition, l’érosion concerne l’ensemble des processus externes qui, à la surface du sol ou à faible profondeur, enlèvent tout ou en partie des matériaux terrestres et modifient ainsi le relief.

D’une manière générale, l’érosion résulte de nombreux processus qui joue au niveau de trois phases : le détachement des particules, le transport solide et la sédimentation dans les plaines ou les bas-fonds. Quelle que soit l’échelle d’étude, ces trois phases de l’érosion sont toujours présentes, mais avec des intensités différentes, d’où la diversité des acteurs de l’érosion en fonction des phases dominantes. Du fait que l’érosion est un phénomène naturel provoqué dans la plupart des cas par une agressivité climatique, il n’est pas possible d’arrêter toute forme d’érosion, seulement de l’affaiblir à un niveau tolérable. 7.1. Les différentes formes d’érosion Les paramètres d’érosion sont des informations essentielles qui peuvent caractériser les facteurs telle la position de la parcelle au niveau de la topographie, le type de sol, le climat et la couverture végétale. À l’échelle de la zone de recherche, trois formes d’érosion se dessinent à plusieurs reprises à savoir le ruissellement diffus, le ruissellement concentré et le mouvement de masse. 7.1.1. Le ruissellement diffus Le ruissellement diffus est un phénomène très répandu dans l’ensemble de la zone de recherche et qui est toujours associé à d’autres processus d’érosion. L’apparition du ruissellement dépend d’une part de l’intensité des pluies et de la vitesse d’infiltration et d’autre part des caractères texturaux et structuraux du sol (Horton, 1945). À cela s’ajoute l’inclinaison du terrain qui empêche la stagnation des eaux de pluie.

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Le ruissellement diffus est fréquent sur le versant à couverture graminéenne dans la zone de recherche. Au début de la saison pluvieuse, l’eau s’infiltre rapidement dans le sol, par le fait que la capacité d’absorption est élevée à cette période. L’absence d’une couverture végétale favorise le détachement mécanique des particules. Cependant, au fur et à mesure que le sol est saturé c’est-à-dire, il a cessé d’absorber la totalité du volume d’eau qui tombe ; les flaques d’eau s’étalent pour arracher les particules du sol et qui vont déclencher par la suite le phénomène de ruissellement diffus. Photos 5 : Ruissellement diffus sur le versant à Bemasoandro

Cliché de l’auteur, septembre 2017.

7.1.2. Le ruissellement concentré Une formation superficielle peu cohérente, une pente assez prononcée et une couverture végétale dégradée ou clairsemée contribuent à la mise en place des formes d’érosion dues au ruissellement concentré. Selon les caractéristiques du versant, le ruissellement concentré crée des formes d’érosion allant des rigoles aux ravins profonds. 7.1.2.1. Les rigoles Le ruissellement diffus généralisé est associé au changement de la valeur de la pente. Ceux-ci deviennent un obstacle provoquant une concentration des eaux de ruissellement. L’eau coule en filet et suit la pente du terrain en creusant des incisions parallèles, peu profondes. Il est qualifié des griffures lorsque les petits canaux ont quelques centimètres de profondeur, des rigoles lorsqu’ils se présentent comme des chenaux avec une largeur et une profondeur décimétrique (cf. photo 6 et 7). Les rigoles sont de forme d’érosion engendrée par l’augmentation du ruissellement et la concentration des filets d’eau. Sur les versants cultivés, la violence des premiers orages du début de la saison humide ainsi que l’ameublissement du sol par la mise en culture sont des facteurs favorisant l’incision des rigoles caractérisées par des griffures qui peuvent disparaître

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d’un orage à un autre s’ils sont incisés sur des champs de culture, car elles sont effacées par les pratiques culturales (Andriamiharisoa, 1985). Par ailleurs, les rigoles sont des formes périodiques qui disparaissent après le travail du sol. De plus, les passages fréquents des bovins à l’intérieur de l’espace forestier font apparaître des rigoles (pieds de vache) qui dégénèrent vite en ravines. Dans les formations cohérentes, ces incisions peuvent devenir pérennes et donnent lieu à des formes beaucoup plus larges et profondes que sont les ravins.

Photo 6 : Début des griffures parallèles Photo 7 : Des Rigoles sur une parcelle sur le versant de culture

Cliché de l’auteur, mars 2016.

7.1.2.2. Les ravinements Les ravinements sont des formes de ruissellement concentré très répandu sur les versants du socle cristallin (Razanadraibe 1994). Ils peuvent avoir des origines assez variées, mais les seuls points communs sont : d’abord une importante concentration de l’eau ; ensuite, une alimentation forte pendant une durée assez longue et enfin une organisation du sol qui ne présente pas d’horizon de blocage. L’érosion sous forme des ravins ou des ravines se localise sur le versant à forte pente dans la partie sud-ouest et centrale de la zone de recherche (cf. croquis 11). La population a une responsabilité dans le déclenchement de cette forme d’érosion par ses activités, particulièrement : le déboisement et le surpâturage. De plus, les actions mécaniques des ruissellements violents sont aussi responsables de l’érosion en ravine.

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L’érosion en ravine se manifeste sous forme de creux qui peut atteindre plusieurs dizaines de centimètres (environ 20 à 60 cm) sur quelques endroits à l’intérieur de la zone forestière. Pourtant, à l’intérieur des ravines, il est possible de trouver une petite ravine dont le lit est encore encombré de végétation herbacée et surtout arbustive. Ces ravineux s’agrandissent aussi bien en profondeur qu’en largeur, sous l’action du ruissellement concentré. Ils fonctionnent aussi comme d’importants fournisseurs d’alluvions pour les bas-fonds et les rizières. Tout au long des travaux de terrains, l’analyse des diversités des formes et la genèse du phénomène érosif permettent de distinguer deux formes de ravines : les ravines continues et les ravines discontinues. Les ravines continues sont plus grandes, mais plus récentes que les ravines discontinues. De nombreux types d’érosion en ravines se trouvent sur les versants, toutefois avec une dimension moindre par rapport aux lavaka. Le processus de ravinement dans la zone de recherche se déroule durant la saison humide c’est-à-dire il commence vers la fin du mois d’octobre et se stabilise au mois d’avril. Photo 8 : Formes de ravinement

A — Ravinement continu B —Ravinement discontinu

Cliché de l’auteur, septembre 2017. 7.1.2.3. Le lavaka Le lavaka est une forme de ravinement le plus connu à Madagascar. Il est considéré comme le stade ultime de l’action de l’érosion. Il se développe sur les versants convexes ou

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concaves dans des formations altérées très épaisses issues des roches migmatitiques et gneissiques. La forme et la dimension du lavaka varient en fonction de la régularité de la pente, de son âge, de la nature lithologique et morphologique du versant où il se forme. La profondeur varie de quelques mètres à une cinquantaine de mètres et la largeur comprise entre 10 m et 100 m (Razanadraibe, 1994). Selon Riquier J. (1958), « L’ablation de la couche dure supérieure du sol fait apparaître progressivement celle qui est sous-jacente, plus sensible à l’érosion et favorise ainsi la formation de niches qui évolue rapidement jusqu’à l’installation du ravin profond ». L’évolution de ces formes de ravinement passe par trois phases : tout d’abord, la phase de naissance qui correspond au début du ravinement. Ensuite, la phase de maturité qui est marquée par l’approfondissement et l’élargissement du lavaka. Enfin, la phase de stabilisation est atteinte quand l’action de l’érosion s’atténue et la végétation commence de nouveau à recoloniser le fond et les parois du lavaka. L’eau souterraine tient un rôle considérable dans le processus de formation de lavaka. Elle participe au déblaiement des matériaux accumulés au fond de la cavité et ainsi à l’origine de tassements et glissements internes, fragilisant puis fracturant la couche dure en surface. Il est à noter qu’un lavaka déjà stabilisé peut soumettre à de nouvelles reprises de l’érosion après la destruction de la végétation graminéenne qui le protège aux impacts des gouttes de pluie. L’érosion en lavaka dans l’espace forestier d’Ankafotra s’est déjà manifestée depuis quelques années (vers l’année 2000) d’après les informations auprès des villageois. Effectivement, ce phénomène s’est accéléré depuis 2010 suites au défrichement et l’exploitation massive de la ressource forestière. Cette situation a entrainé un fort alluvionnement sur les bas- fonds. Le même constat a été observé dans la partie sud-ouest et nord-ouest de la zone forestière avec une amplification des phénomènes d’ensablement (cf. croquis 11). La plupart des lavaka identifiés lors des travaux sur terrains sont localisés dans le fokontany Miarinarivo, plus précisément dans le secteur aux environs de la route d’intérêt provincial reliant la commune rurale de Soanindrariny et la ville d’Antsirabe. L’intensification de ce phénomène est due à la position topographique élevée de cette zone. Ce sont des lavaka actifs ou en pleine évolution puisque ceux-ci subissent encore le processus d’érosion active. L’eau a toujours une tendance à creuser vu que la formation végétale qui protège le versant à forte pente est absente ou faible ; ceux-ci vont accélérer le phénomène de lavakisation.

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Photo 9 : Formations de lavaka sur le versant

Une formation de lavaka

instable sur le bas de

versant à une altitude de

1657 m. L’évolution de

cette formation est rapide,

car la nature du sous-sol est

moins résistante au

phénomène d’érosion.

Une autre formation de

lavaka localisée dans une

position élevée, à 1730 m

d’altitude. C’est une forme

de ravinement plus ou

moins ancienne et en cours

de stabilisation par

l’existence d’une poussée

des végétations.

Cliché de l’auteur, septembre 2017.

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7.1.2.4. Le mouvement de masse De mouvement de masse considérable causé par les actions de ruissellement s’est déclenché sur le versant à forte pente au bord de la route d’intérêt provincial n° 122T qui traverse la zone forestière. « La cause du phénomène étant le déséquilibre entre la masse de la couverture pédologique, de l’eau qui s’y trouve stockée (teneur en eau du sol), des végétaux qui la couvrent et les forces de frottement des matériaux (en plus de la cohésion) sur le socle de roche altérée en pente sur lequel ils se reposent (Roose, 1970) ». Par ailleurs, la mise en mouvement d’une masse de terre s’effectue pendant la saison à forte précipitation suivant un processus mécanique de la force de gravité. Plus le sol est saturé à la suite d’une forte infiltration, plus la cohésion des matériaux diminue. Le bloc considéré devient friable, entrainant ainsi son éboulement gravitaire. D’après les observations sur terrain, une première circonstance dans laquelle se réalise un mouvement de masse est liée par un sapement23. La partie supérieure du versant est mise en déséquilibre et s’éboule. Le sapement résulte plus souvent d’une attaque du terrain par l’eau de ruissellement. Mais, il peut être en d’autres cas moins fréquents d’origine interne, c’est-à-dire il se forme à l’intérieur du sol à un chenal ou une cavité dont le toit s’effondre par le phénomène de soutirage. Par conséquent, une masse éboulée se fait glisser de l’amont, au niveau de la corniche et s’accumule vers l’aval plus précisément au pied de la corniche. Photo 10 : Éboulement sur le talus à Malakialina

Cliché de l’auteur, mars 2016.

23 Sapement : mouvement de l’eau qui érode successivement la base du profil du sol.

77

Croquis 11 : La répartition des différentes formes d’érosion

78

Le croquis 11 montre la répartition spatiale des zones affectées par l’érosion à l’intérieur de la zone forestière d’Ankafotra actuellement. Il est essentiel de noter que l’ensemble de ces dispositifs expliqués précédemment est toujours considéré pendant la réalisation de ce croquis tels la topographie, les pentes, le substrat géologique et la couverture végétale. L’érosion hydrique est fréquente à cause de l’agressivité du climat durant la saison humide et la destruction de la formation végétale pour protéger le versant. La pente peut influencer le ravinement et l’éboulement ; à son tour l’éboulement aggrave les pentes. Un de facteur amplifiant l’intensité du phénomène d’érosion dans la partie sud-ouest de l’espace étudié est le passage de l’escarpement de Betampona qui s’allonge dans une direction nord-sud. Il se situe à une altitude moyenne de 1850 m ; les versants sont abrupts. Dans ces conditions, le phénomène des ravinements et des éboulements est très fréquent. Ces érosions s’installent sur les zones formées par des roches migmatites où les altérites sont épaisses de plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur. Dès que les actions de l’érosion se déclenchent, les matériaux charriés sur le versant et en amont rejoignent toujours l’endroit le plus bas ou les bas-fonds. Ces matériaux se déposent sur une superficie considérable de terrains de cultures notamment des rizières qui ont diminué à son tour la production agricole. Des dépôts alluvionnaires se sont localisés sur le bas-fond et la partie extérieure en aval de l’espace forestier.

7.2. Localisation des zones sensibles à l’érosion

Dans le paysage étudié, les zones sensibles à l’action de l’érosion sont les parties où la valeur de la pente est supérieure à 19 %. Il s’agit de la partie sud-ouest, centrale, nord avec une forte inclinaison du versant et quelques endroits dans la partie orientale (cf. croquis 12). Tricard J (1960) a défini dans une note de polycopie que « les pentes supérieures à 20 % où dans toutes les conditions, le ruissellement est très intense ». Cela exprime en fait dans ce stade que la formation des différentes formes d’érosions est possible. Pourtant, la pente seule n’arrive pas à expliquer le dynamisme de la répartition géographique de l’érosion. La couverture végétale et la nature du sous-sol ont des effets notoires sur son développement. Par exemple, dans la partie centre-nord de la zone de recherche, il y a des endroits localisés à une altitude élevée (1800 m) et la valeur de la pente est forte, mais l’action de l’érosion est faible et quasiment nulle grâce à la présence d’une couverture végétale (cf. croquis 12).

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L’élaboration de la carte de la nature de l’érosion est basée sur la superposition des différentes cartes thématiques à savoir la topographie, les pentes, l’occupation du sol et l’utilisation des données de relevées GPS lors des travaux de terrains. Pour cela, il est de préférence de prendre une règle de décision en divisant la nature en trois classes : faible, moyenne et forte. Par l’utilisation de cette technique, certes très simple, il est possible quand même de déterminer et localiser le potentiel et le risque d’érosion. Tableau 9 : Classification de la nature de l’érosion Nature de Faible Moyenne Forte Total l’érosion Surface (ha) 225 232 141 598 Pourcentage (%) 36,7 38,8 23,6 100 Source : A. ANDRIAMBOLOLONA, décembre 2017. Une surface considérable de 141 ha (23,6 %) à l’intérieur de l’espace forestier d’Ankafotra est soumise à une forte action de l’érosion. Ces différentes zones sont localisées dans la partie sud-ouest, quelques endroits au centre et au nord. Elles présentent la plupart de cas d’une grande inclinaison du versant et la couverture végétale couvrant les sols est faible voir même dénudée. Les zones qui présentent une fréquence moyenne de l’action de l’érosion occupent une surface de 232 ha, soit 38,8 % de l’ensemble. En effet, dans les zones à fréquence moyenne, l’existence des formations végétales protégeant le sol est très importante. Même si les pentes sont fortes dans certains endroits, l’action de l’érosion est moins remarquable. Seulement, 36,7 % de l’espace forestier présente une faible action de l’érosion ou aucun signe très remarquable identifié pendant les travaux de terrain. Cette situation est expliquée par une faible inclinaison de la pente et la présence d’une couverture végétale à densité moyenne. (cf. croquis 12)

80

Croquis 12 : La nature de l’érosion dans la zone de recherche

81

7.3. Tarissement des sources Pendant les travaux de recherche sur terrain, il est constaté que l’ampleur considérable des activités érosives dans la zone forestière d’Ankafotra a des répercussions négatives sur les ressources en eau. En prenant par exemple l’importance du phénomène de ravinement intense ou de lavakisation qui peut causer un dysfonctionnement et une dégradation de la nappe aquifère. Ankafotra est un espace où la population environnante prend la ressource en eau potable et l’eau nécessaire pour arroser les cultures maraîchères en période sèche. C’est une zone qui assure l’approvisionnement en eau potable du fokontany Miarinarivo. Les habitants dans ce fokontany ont affirmé au cours de l’enquête qu’il y avait une tendance de diminution progressive de la quantité de la ressource en eau surtout durant la saison sèche. Ils ont constaté qu’après la destruction de la couverture forestière, ce phénomène s’apparut d’une année à l’autre24. Par conséquent, il existe une relation étroite entre la dégradation du paysage forestier et la perturbation de la ressource en eau. Toutefois, les forêts contribuent à l’infiltration, à la purification et à l’alimentation des nappes phréatiques en eau de qualité minérale et organique. Mais, ce n’est pas le cas pour les fokontany aux environnants de la zone forestière d’Ankafotra puisque la dévastation du paysage peut entrainer des événements érosifs considérables en saison des pluies ; des tarissements des sources pendant la saison sèche qui se traduisent par la difficulté des paysans en matière d’irrigation pour arroser les champs de cultures maraîchères. En outre, la destruction du paysage forestier de la zone de recherche conduit à des modifications de l’ensemble du bilan hydrologique. Parfois, elle peut entrainer des conséquences au niveau de la quantité de l’eau potable et accentue aussi le problème d’irrigation pour les activités agricoles des paysans.

24 Enquête personnelle au sein des habitants locaux du fokontany Miarinarivo.

82

CHAPITRE 8. IMPACTS DE L’EXPLOITATION DE LA FORÊT

8.1. La production de charbon et de bois de chauffage À part l’exploitation citée dans les chapitres précédents, une proportion non négligeable de ménages locaux, 6 à 8 %, dans les fokontany aux environs de la forêt d’Ankafotra ont effectué pendant quelques années l’activité de charbonnage et la production de bois de chauffage. Cette activité a commencé à l’époque de l’exploitation de la ressource forestière (2008) et ne s’achève que si la ressource a été exhaustivement épuisée. En fait, le taux de participation de ménage pour la fabrication de bois de chauffage est un peu plus faible que celui du charbonnier.

Tableau 10 : Effectif de ménages participé aux activités de charbonnage et à la production de bois de chauffage entre 2008 - 2014. Fokontany Nombre total de Ménages pratiquant ces activités ménages Anosibe 185 12 6,4 % Antanambao 260 21 8,0 % Miarinarivo 319 17 5,3 % Total 764 50 6,5 % Source : enquête personnelle auprès des ménages, septembre 2017.

Il est à noter qu’une telle réponse pourrait aussi être obtenue par peur de révéler la vérité. De même, il y a des cas où certains charbonniers n’ont pas fourni de données fiables durant l’enquête, soit ils mentent en disant de ne pas effectuer cette activité, soit ils mentent à propos du lieu de prélèvement de bois alors que des preuves qui montrent le contraire sont observées lors des enquêtes et des discussions avec eux. Le tableau 10 montre l’effectif des ménages dans les fokontany aux environs de l’espace forestier comme à Miarinarivo, à Antanambao et à Anosibe qui ont effectué l’activité de charbonnage et la production de bois de chauffage25. Selon les pratiquants, cette activité était une source de revenus rapides et plus rentables pour leurs subsistances économiques. De plus, ils n’ont pas acheté les bois et n’ont pas payé de ristourne à l’époque. Ils ont réutilisé le reste des bois laissés par l’exploitant. Un charbonnier peut produire en moyenne 5 à 7 sacs de charbon par semaine26. C’est lui-même qui transporte les produits par la brouette pour approvisionner la ville d’Antsirabe en bois combustible. À chaque vente ou voyage, il peut gagner 15 000 à 20 000 Ar contre 7 000 à 9 000 Ar pour le producteur de bois de chauffage. Ceux-ci expliquent

25 Les chiffres illustrent l’effectif de ménages qui ont effectué ces activités dans cette période. Seulement, ce qui accepte d’exercer ces métiers. 26 Enquête au niveau de producteur de charbon et de bois de chauffage entre 2008 et 2014.

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le faible taux de ménages participants à la production de bois de chauffage. Même s’il y a un écart au niveau de l’argent, les deux ont affirmé qu’ils peuvent faire trois voyages au maximum dans une semaine. Pendant la discussion avec les charbonniers, un ménage peut gagner environ 40 000 à 50 000 Ar par mois.

Photo 11 : Charbon de bois à exporter vers la ville d’Antsirabe

Cliché de septembrel’auteur, 2014.

Les pratiquants de charbonnage prélèvent dans la zone forestière la plupart des ressources en bois qu’ils utilisent. Ce sont les charbonniers habitant dans les villages des fokontany proches n’ayant pas de ressources exploitables en bois à l’extérieur qui pénètrent dans la forêt pour s’en approvisionner.

La totalité des charbonniers considère ce métier comme une activité secondaire ou de complément de l’activité primaire notamment l’agriculture. Le charbonnage est une activité saisonnière parce que durant la saison pluvieuse et la période de récolte, les pratiquants ne font pas cette activité. De plus, les familles n’ayant pas assez de superficies cultivables choisissent ce métier pour survivre parce que la production agricole ne suffit pour combler les besoins vitaux durant toute l’année, tels que : nourriture, vêtement, soins médicaux... Les gardes forestiers d’Ankafotra actuels ont expliqué que l’activité de charbonnage et la production de bois de chauffage à exporter dans la ville d’Antsirabe ont été considérées comme d’autres facteurs non négligeables à la dégradation de la ressource forestière. Les producteurs ont profité à l’époque de couper les bois dans la zone forestière de façon illicite et les font sortir pour les carboniser à l’extérieur. Cette affirmation est appuyée par la discussion avec les habitants. L’épuisement de la matière première pour la production de charbon de bois et de bois de chauffage à l’intérieur de l’espace forestier a été stoppé depuis 2014 puisque la ressource a été épuisée.

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8.2. Extension des terrains de cultures Étant donné que le nombre de la population a augmenté, le bas-fond n’arrive plus à nourrir les habitants locaux avec les cultures de riz et des légumes. De ce fait, une extension de l’agriculture vers d’autres espaces plus propices a été cherchée. L’espace déboisé à l’intérieur du paysage forestier d’Ankafotra a attiré de nombreux agriculteurs à l’époque, car le type de sol a été favorable. Effectivement, la zone forestière a constitué une réserve de terre et de nouveaux champs de cultures pour les paysans.

Depuis l’année 2009, un autre mode d’exploitation du paysage se dessine dans le paysage. Les paysans interviennent sous deux modes d’exploitation du terrain : d’un côté, ils ont préparé immédiatement les surfaces déjà déboisées à la pratique agricole. D’autre côté, ils exercent le défrichement sur les zones boisées par les cultures sur brûlis27.

Pour obtenir une parcelle de culture, une surface de forêt est défrichée : couper la végétation, laisser sécher et enfin brûler. L’agriculture sur brûlis offre des avantages pratiques pour les paysans : l’agriculteur ne requiert pas des terres particulièrement irriguées ou planes. Même si le relief est accidenté, ils peuvent le cultiver. Pendant la première année de culture, le sol résiste relativement bien à l’activité de l’érosion. Il n’y a pas assez de labours lors de la plantation. De plus, le brûlis empêche une partie des rongeurs de nuire à la culture. Ce système est maîtrisé et ne demande pas des intrants, mais une quantité de travail importante en jours et en intensité de force lors des travaux de défrichement et de sarclage. Les types de cultures plantées par la population sont des cultures de subsistance comme le riz, le maïs, le soja, le manioc… et des légumes sur le bas de versant. Les informations récoltées auprès des paysans ont approuvé que les activités agricoles à l’intérieur de la zone forestière soient plus avantageuses. Par exemple, un ménage habité dans le fokontany Anosibe a affirmé qu’il pouvait gagner auparavant 3 à 5 charrettes de maïs, 3 sacs des haricots ou de soja chaque saison. Une nouvelle politique appliquée par le propriétaire est un facteur qui a accentué l’extension de terrains de cultures dans la zone forestière. Depuis 2009, la commune a fait un contrat de fermage avec les paysans locaux ; ces derniers payent une somme de 50 Ar/m2 par an. Les paysans ont été regroupés par hameaux ou villages et un représentant a versé la somme d’argent à Antsirabe à la fin de la saison de production28. Par conséquent, le nombre des ménages faisant l’agriculture sur le versant a augmenté rapidement, pour la raison que la terre

27 Discussion avec les paysans pendant les travaux sur terrain. 28 Information au sein de la commune urbaine d’Antsirabe lors des travaux de documentation.

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est productive. Cette mode d’occupation du sol est plus soucieuse pour l’espace forestier : les paysans ont défriché la terre pour son activité. Pourtant, cette mode d’exploitation empêche la régénération des jeunes pousses d’arbres puisque les paysans ont brûlé ou labouré les parcelles. Dans cette circonstance, une grande partie de terrains de cultures se dessine à l’intérieur de l’espace forestier. Ce dernier tend à devenir comme un paysage agricole. Le nouveau dirigeant et ses différents responsables de la commune urbaine d’Antsirabe ont constaté en 2011 que les activités agricoles faites par la population ont accéléré la dégradation et ont empêché même la régénération naturelle de la forêt. Ainsi, ils ont publié un arrêté pour stopper toutes les activités agricoles sur la zone forestière et surtout sur le bassin versant (cf. Annexe 3). Cet arrêté n’a pas pu s’appliquer correctement qu’en 2015 dus à l’instabilité politique à Madagascar durant cette période. Actuellement, les habitants ne peuvent pas pratiquer des activités agricoles sur le versant « tanety » ; seuls le bas-fond et le bas de versants aux environs des rizières peuvent être exploités. L’exploitation abusive de la forêt et la mise en cultures du versant sont plus soucieuses pour la régénération naturelle de la forêt. Depuis deux ans, la forêt a subi l’action de feux de brousse répétés chaque année. Les gardes forestiers ont constaté que la cause de ce phénomène est la mécontente des gens environnants face à la politique de protection appliquée actuelle. Photo 12 : Les feux de brousse dans la forêt d’Ankafotra

Cliché de septembrel’auteur, 2017.

La gestion de la ressource forestière d’Ankafotra devient de plus en plus difficile. En réalité, la dévastation du paysage a des conséquences non négligeables sur les milieux naturels et les activités paysannes surtout dans les bas-fonds environnants.

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8.3. Destruction de l’horizon du sol Le sol est la partie superficielle où la structure de la roche-mère a disparu et a été remplacée par une structure résultant de l’évolution pédologique (Bourgeat F. 1972).

La partie superficielle du sol est formée par un horizon humifère meuble non protégé. Elle a subi constamment l’action de l’érosion, étant donné que les activités humaines ne veillent pas à sa conservation. À la suite de la dégradation du couvert forestier qui protège les versants aux phénomènes d’érosion, les animaux fouisseurs susceptibles de fixer les particules des sols sont absents. En plus, les formations graminéennes et arbustives ont du mal à protéger les sols sur les versants à forte pente. L’eau pénètre à travers l’horizon A jusqu’à l’horizon B et enlève la partie supérieure par l’érosion diffuse généralisée.

8.3.1. Sols décapés L’érosion accélérée se traduit plutôt par le décapage de l’horizon de surface dans le site d’ablation non couvert de la forêt. Alors, une croûte dure qui apparaît en surface ne permet qu’une pénétration lente de l’humidité, mais favorise le ruissellement de surface. C’est le cas des « tanety » et des versants qui présentent une forte inclinaison de la pente.

Le décapage se traduit la plupart du temps par une diminution de la couche superficielle du sol en épaisseur voire une disparition très sensible. Par la suite de ce phénomène, les éléments fertiles sont transportés par les eaux de ruissellement dues au passage des pluies violentes sur un sol non protégé par des formations végétales. Ceux-ci se manifestent dans l’ensemble des versants avec un taux de couverture végétale faible ou dénudé de la zone forestière d’Ankafotra.

Le ruissellement décape l’horizon de surface compacte des sols et permet à l’eau d’accéder à l’horizon meuble sous-jacent ; le départ des matériaux sans cohésion devient alors très rapide. Par conséquent, il y a une tendance vers un rajeunissement du profil du sol. Dans ce cas, les couches profondes moins fertiles apparaissent et parfois même la roche-mère affleure.

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Photo 13 : Affleurement de roche-mère en surface

Cliché de l’auteur, septembre 2017. En fait, les sols dénudés en l’absence d’une formation végétale protectrice subissent un changement de la nature. L’horizon de surface se dégrade à la suite du phénomène d’une agressivité de l’érosion. Cela s’exprime par une infertilité considérable du sol en diminuant la production agricole des paysans locaux.

Photo 14 : Sol décapé sous couverture végétale dégradée

Cliché de l’auteur, septembre 2017. La surface du sol est envahie par une mince couche de formation végétale, notamment les pseudo-steppes. Celle-ci n’offre pas une bonne protection du sol, ce qui le laisse vulnérable aux ruissellements qui entrainent une destruction de l’horizon superficiel du sol.

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8.3.2. Des sols appauvris Les différentes formes d’érosion du sol surtout le ruissellement contribuent largement à la dégradation de l’horizon superficiel. Cependant, l’infiltration de l’eau se ralentit et qui provoque une augmentation considérable des pertes en eau au profit des ruissellements. Les paysans ont affirmé pendant la discussion sur le terrain que la dégradation des sols se traduit par une diminution de leur capacité ou de leur potentiel de production quantitative et qualitative durant la mise en valeur du terrain de cultures.

L’appauvrissement des sols se produit par un départ des éléments fertiles surtout les éléments alluvion-colluvionnaires, c’est-à-dire il a perdu une énorme qualité de sa fertilité et est devenu ingrat. Il a été constaté dans la zone de recherche que le sol a réduit sa fertilité au fur et à mesure que le phénomène de lessivage se développe.

En outre, la réduction de la quantité en matière organique et l’appauvrissement en éléments fins du sol superficiel dû à l’érosion peuvent impulser à la diminution de la capacité de rétention d’eau du sol. Ce sol après avoir été arraché de ses éléments fertiles par le ruissellement n’est plus favorable à la pratique agricole.

Photo 15 : Dégradation du sol sur le versant

Cliché de l’auteur, septembre 2017.

Des sols décapés et appauvris sous couverture végétale dégradée, une bonne couche du sol est arrachée par les eaux de ruissellement. Par conséquent, ce sol ne peut être utile pour la pratique agricole à cause d’une perte de fertilité.

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8.4. Diminution de la production agricole de la zone environnante L’instabilité morphologique du paysage a des répercussions négatives sur la production agricole des paysans aux environs, particulièrement ce qui se trouve en aval de l’espace forestier d’Ankafotra. Les paysans ont constaté une diminution considérable de la récolte puisque les versants et les bas-fonds sont recouverts par des sédiments ainsi par l’ensablement lors de la saison de forte pluie.

8.4.1. Des bas-fonds ensablés Les dégâts causés par le phénomène d’érosion en ravinement et en lavaka se traduisent par l’ensablement des versants et surtout des bas-fonds qui affectent par la suite les activités agricoles des habitants locaux.

Des sédiments considérables dominés par des matériaux sableux grossiers ou fins se sont déposés sur les bas-fonds ou les vallées pendant le passage des pluies orageuses, car les formations végétales qui protègent les versants sont quasiment dégradées. Ce sont des sables arrachés sur les collines ou les versants provenant de la décomposition de la roche-mère.

L’observation des faits sur terrain après une précipitation violente la fin du mois de décembre 2017 a montré que l’instabilité du versant causée par la destruction de la couverture végétale constitue la source principale de l’ensablement des bas-fonds. En effet, une grande masse des alluvions décapées par l’érosion de versant est déposée sur les bas-fonds où elle va affaiblir la fertilité des sols. Par conséquent, une diminution de la productivité agricole est constatée par les paysans et parfois le phénomène d’ensablement a obligé le paysan à abandonner un certain nombre de terrains de cultures.

La photo 16 présente l’exemple du phénomène d’ensablement des rizières et des bas-fonds après le passage d’une forte précipitation.

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Photo 16 : Ensablement des bas-fonds Des sédiments considérables sont apportés par les eaux de ruissellement et qui sont déposées sur le fond des vallées ou dans les champs de cultures.

Il existe des terrains de cultures déjà abandonnés par les paysans sur le bas-fond, par le fait que l’ensablement est devenu comme une contrainte à la réalisation de l’activité paysanne de la zone concernée.

Cliché de l’auteur, mars 2016.

Cliché de l’auteur, mars 2016.

Les rizières sur le bas de versant sont fréquemment victimes du phénomène d’ensablement provenant de l’arrachement des matériaux sur les versants.

Cliché de l’auteur, décembre 2017.

L’agriculture constitue l’activité économique principale de la population locale environnante de l’espace forestier d’Ankafotra. 98 % des ménages enquêtés n’exercent que l’activité agricole pour se procurer de leurs besoins quotidiens en vendant les produits. Les cultures vivrières sont prédominantes : le riz, la pomme de terre, le manioc, le maïs, le taro... En outre, la culture maraîchère se pratique dans les bas de versants et les bas-fonds. Pendant la discussion avec le paysan, il est conscient de la baisse de la capacité productive des sols causée par la violence du phénomène de l’érosion.

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En réalité, les rendements par hectare diminuent ; les agriculteurs n’arrivent plus à bien quantifier le manque, car cela varie en fonction du degré de l’ensablement et la taille de la surface cultivée. Il a essayé quand même de donner un chiffre approximatif de 50 à 200 kg (environ, 0,2 tonne à l’hectare) de déficit en paddy chez un ménage par an.

8.5. Stratégie paysanne face à l’érosion Les activités humaines se concentrent toujours soit dans les bas de pente soient dans les bas-fonds. Ceux-ci ne sont pas respectés par la population environnante de la couverture forestière de la zone étudiée, car les bas-fonds sont affectés par la sédimentation. Elle fait une extension de la pratique agricole sur les versants et parfois en altitude. Force est donc de constater que la croissance démographique et la perturbation des activités agricoles sur les bas- fonds, depuis une décennie, incitent les habitants à faire les cultures de contre-saison et la riziculture pluviale sur « tanety » pour pallier le déficit de la production agricole.

Il est difficile de mettre en valeur les terrains de cultures sur les zones attaquées par les eaux de ruissellement à cause de la nécessité d’utilisation des engrais pour relever la fertilité des sols. De plus, par manque de moyen financier, la plupart des paysans n’utilisent pas d’engrais chimiques pour la fertilisation des sols, pour la seule raison que leur coût est très élevé29. Tout cela conduit forcément à la chute de la production agricole et parfois même à l’abandon total des terres. Il existe des parcelles qui sont déjà abandonnées par les paysans parce que la présence d’un fort alluvionnement est impropre à la plantation.

Photo 17 : Parcelle de culture abandonnée après une forte teneur en sable La parcelle est abandonnée vu que la présence des sédiments notamment des sables défavorise la fertilité du sol.

Cliché de l’auteur, mars 2016.

29 D’après l’enquête au sein des paysans locaux.

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Sous l’effet d’une pression démographique, les habitants locaux subsistent encore à mettre en valeur les versants pour subvenir à leurs besoins vitaux. Un nouveau mode d’exploitation des parcelles a été adopté sur les zones sensibles à un fort ruissellement. Le paysan pratique la culture qu’il l’appelle localement « Voly rakotra ». C’est un mode de culture sur le bas de pente et le versant pour préserver la culture contre l’érosion. Il s’agit d’une part de technique pour protéger les cultures aux attaques de différentes formes d’érosion pendant la saison agricole. D’autre part, de renforcer la qualité de productivité du sol, car les paysans font une sorte de remblaiement de la parcelle par les terres enlevées durant la réalisation des canaux aux alentours.

Photo 18 : Mode de culture adopté pour minimiser l’effet de l’érosion

C’est un nouveau mode de culture

adopté par les paysans dans la zone de recherche.

Plantation de Taro dans le bas de versant à Ambovona.

Cliché de l’auteur, septembre 2017.

Ce sont des parcelles préparées avant la saison pluvieuse pour la plantation des maïs et des haricots dans le bas de versant à l’intérieur de la zone forestière.

Cette stratégie est la plus remarquable sur les « tanety » sensibles au ruissellement intense.

Cliché de l’auteur, septembre 2017.

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La plupart des habitants à Miarinarivo et à Antanambao ont déclaré que le dégât causé par l’ensablement a dispersé le long de la surface rizicole vers la partie aval du bassin versant. Pour sauver les rizières au phénomène d’ensablement, la seule mesure que les paysans locaux peuvent faire jusqu’à ce jour est la création des canaux sur la tête du bas-fond pour dévier le sens de l’écoulement des sédiments durant la saison de fortes précipitations. Cette stratégie va diminuer voire même atténuer les risques de sédimentation dans les rizières.

Photo 19 : Technique de déviation du sens de l’écoulement des sédiments

Cliché de l’auteur, septembre 2017.

En somme, la destruction de la partie superficielle meuble du sol dans la zone de recherche a engendré son infertilité. L’agressivité du phénomène d’érosion déclenché par la dévastation du paysage forestier défavorise les activités agricoles environnantes. Pour faire face à cette situation, les paysans vont essayer d’adopter un autre mode de culture sur le versant et la mise en place des canaux pour protéger les rizières sous l’effet d’un fort ensablement.

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CHAPITRE 9. PERSPECTIVES POUR RESTAURER ET PROTÉGER L’ESPACE FORESTIER

9.1. La gestion de la forêt d’Ankafotra Le mode de gestion d’un espace forestier est l’ensemble des processus mis en exergue pour assurer la bonne gestion de la ressource et la création des lois qui régulent l’accès à la forêt accordé toutefois par la communauté locale.

9.1.1. Gestion passée et actuelle Elle permet d’avoir une connaissance sur l’évolution de l’état de la forêt, les anciens gestionnaires et les politiques de gestion appliquée antérieurement. La forêt d’Ankafotra a été anciennement utilisée en tant que site de reboisement et protégée sous le contrôle des personnels administratifs au service du patrimoine et de l’environnement de la commune urbaine d’Antsirabe. C’est un élément du patrimoine privé communal et une composante du patrimoine forestier régional, répondant aux enjeux d’intérêt général. Depuis les années 60, la gestion du patrimoine forestier d’Ankafotra est assurée par la propriétaire même. La gestion passée et actuelle de la forêt est caractérisée par l’absence d’un schéma d’aménagement à appliquer malgré les diverses actions déjà réalisées visant à la protection de l’espace et à l’amélioration de la vie de la population riveraine30. Cette situation rend difficile le mode de gestion de la ressource, car il n’y a pas vraiment de zonage où l’accès des habitants est bien contrôlé. Pendant l’entretien avec les différents responsables administratifs locaux (maires, chefs fokontany), ils ont tous affirmé que les communautés locales de base n’interviennent pas à la gestion de la ressource forestière d’Ankafotra. Cela veut dire qu’il n’y a pas de coopération entre les communautés locales et la propriétaire. Cette situation entraine souvent un certain problème conflictuel à propos de la gestion de la forêt, car la population riveraine pense que l’espace forestier doit appartenir aux deux communes concernées. Par exemple, chaque année, la forêt a subi l’action de feux de brousse répétés causée par la mécontente des gens par les mesures de protection réalisées par la commune urbaine d’Antsirabe31.

La mesure de protection de la ressource forestière est assurée par le système de gardiennage, c’est-à-dire il y avait des gens originaires du sous-espace concerné qui travaillent au sein de la commune urbaine d’Antsirabe en protégeant la forêt face aux diverses pressions

30 Entretien avec le responsable du service de patrimoine et de l’environnement de la commune urbaine d’Antsirabe. 31 Discussion avec les gardes forestiers.

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menaçantes. Actuellement, deux gardes forestiers assurent la protection du paysage forestier. Selon eux, la protection de la ressource devient de plus en plus compliquée pour les raisons suivantes : tout d’abord, le nombre de la population riveraine de l’espace a une croissance rapide ; la forêt a subi les effets de cette augmentation du besoin en matière socio-économique. La zone forestière est la seule qui assure l’approvisionnement en ressource ligneuse de la communauté locale et ses environs. Ensuite, les paysans ont utilisé les bas-fonds et les bas de versants comme terrains de cultures de la génération successive. Depuis quelques années, il y a une forte extension des terrains de cultures sur les versants, car la production sur les bas-fonds n’arrive plus à satisfaire aux besoins vitaux de la population. Enfin, la forêt a servi également une zone de pâturage des habitants locaux. Entre les années 2008 et 2013, un contrat d’exploitation est signé par la commune urbaine d’Antsirabe avec un exploitant particulier. Ce contrat doit accompagner des mesures de compensation faites par l’exploitant. Des activités de reboisement sont réalisées par ce dernier dans quelques endroits après l’exploitation comme à Anosikely, Tsaravatomainty, Anketana… Il est constaté durant les travaux de terrain qu’une certaine surface dans l’espace devient dénudée, soit l’activité de reboisement est absente, soit les arbres plantés sont morts par le manque d’entretien ou par l’agressivité du climat. Ceux-ci ont exprimé la dégradation de la ressource forestière et entrainent par la suite une répercussion environnementale dans l’espace et leurs environs. La morphologie du paysage est transformée par les différentes formes d’érosion sous l’effet de la dégradation du paysage forestier. Tout cela demande un grand aménagement de l’espace forestier pour sauver l’environnement. 9.1.2. Suggestion d’amélioration de la gestion L’amélioration de la gestion de la ressource forestière demande des collaborations aux diverses entités techniques et financières qui veulent la valorisation de cet espace dans l’élimination des pressions en question, mais aussi dans la protection globale du site. Il est nécessaire de procéder à un système de gestion participative pour que la ressource soit bien gérée. De ce fait, la commune peut travailler ensemble avec les différents acteurs comme les deux communes formant le sous-espace d’Ambohidranandriana-Ambohimiarivo, les fokontany concernés par la couverture forestière d’Ankafotra, des associations villageoises et des organismes privés travaillant sur le domaine de la protection de l’environnement.

Les principaux objectifs de la gestion participative sont la reforestation du paysage forestier et la protection des activités des habitants locaux face à la destruction du milieu naturel.

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La présente suggestion est basée plutôt sur les lignes d’action pour la reforestation du paysage en diminuant le phénomène qui défavorise les activités paysannes. C’est donc la valorisation de la zone forestière liée aux activités participatives de la communauté locale de base. Ce n’est pas encore un transfert de gestion, mais une responsabilité pour la mise en valeur de la forêt et du contrôle d’utilisation de la ressource forestière par la population. C’est un début du transfert de gestion, mais pas le transfert de gestion proprement dit, car la ressource est en cours de rétablir petit à petit.

Pour la réalisation de ce projet, les acteurs concernés organisent des campagnes de sensibilisation au cours desquelles les représentants des communes et les paysans intéressés sont informés sur les potentiels économiques, les services d’appui prévus, le déroulement du reboisement, les exigences sur les droits et obligations de chacun. Ils reviennent ensuite aux paysans intéressés d’un village de prendre l’initiative de s’organiser à un ou plusieurs groupes et de présenter une demande simplifiée auprès des représentants du projet.

9.1.2.1. Les acteurs concernés et son rôle Les différents acteurs impliqués pour la réalisation du projet d’aménagement de l’espace forestier d’Ankafotra doivent travailler ensemble pour atteindre les objectifs posés.

9.1.2.1.1. La commune urbaine d’Antsirabe La commune joue un rôle primordial pour la meilleure gestion et la revalorisation, car elle est la propriétaire de l’espace. Elle doit présenter l’ensemble de la ligne d’action ou les objectifs à entreprendre tout au long de ce projet. La discussion entre la commune et les différents acteurs sont fondamentaux pour évoquer les idées essentielles pendant la réalisation de ses actions. C’est-à-dire, après le forum de discussions, tous les acteurs sont conscients et chacun prend sa responsabilité. La commune urbaine d’Antsirabe et le partenariat ont appris aux populations locales et aux associations villageoises par des techniciens, en sus des formations sur la technique de reboisement.

Toujours en s’orientant à la réalisation de ces objectifs, la commune urbaine d’Antsirabe doit désigner des techniciens forestiers collaborant avec le personnel des deux communes concernées et des fokontany concernés. Ces derniers assurent le contrôle de façon plus intensive et guident les activités de protection dans leur observation sur terrain.

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9.1.2.1.2. Les communautés administratives locales Elles sont formées par les responsables de deux communes formant le sous-espace d’Ambohidranandriana — Ambohimiarivo et les fokontany concernés par la ressource forestière d’Ankafotra. Elles agissent largement aux activités de sensibilisation de la population riveraine à la mise en valeur de l’espace et l’importance de celui-ci. De même pour la protection, car elles sont victimes des impacts de la dégradation de la forêt actuellement.

Les administrations de bases contribuent directement à la sensibilisation de la population et de même à la mise en place des associations villageoises ou par chaque hameau. Ils présentent aussi leurs motivations à la participation aux actions de reforestation et de la protection de l’espace liée aux avantages de la population locale.

9.1.2.1.3. Création des associations villageoises La mise en place des structures villageoises est très importante pour atteindre les objectifs posés au départ. L’association est formée par les habitants ou les paysans aux environs de l’espace forestier. L’association participe beaucoup aux activités de reforestation des parcelles dégradées et travaille ensemble pour la protection de l’espace par la mise en place du système de contrôle ou la mise en place de pare-feu.

Sur le plan organisationnel, pour rendre faciles la mise en valeur et la protection, la zone forestière doit se subdiviser en parcelles. Chacune de ces parcelles est aménagée par une ou deux associations. Au fur et à mesure que la forêt revient en bon état, c’est possible que chaque association villageoise continue à gérer chaque parcelle, mais la seule condition pour maintenir la forêt est l’existence d’un plan d’aménagement. Pour que le projet d’aménagement soit intéressant pour les populations concernées. L’aménageur avec ces partenariats peut intervenir à la promotion des activités améliorant la conservation et la condition de vie de la population comme la proposition d’autre activité génératrice de revenus et de financement si possible à la réalisation de ces activités. Dans ce cas-là, d’une part, les membres de l’association ont eu leurs avantages comme la création d’une nouvelle activité rémunératrice et la diminution des risques provoqués par la dégradation de la ressource forestière. D’autre part, la commune urbaine d’Antsirabe et ses partenaires aussi atteignent leurs objectifs ; la reforestation et la protection de l’environnement.

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9.1.2.1.4. Les partenariats ou les organismes privés Les organismes ont pour mission la promotion des recherches sur l’amélioration de l’aménagement et la gestion de la ressource forestière pour avoir un environnement régulier. Ils peuvent fournir de jeunes plants ou financer à la création des pépinières. Ensuite, ils peuvent favoriser les conditions de vie de la population riveraine. Cela veut dire que les organismes peuvent contribuer aussi à la promotion d’amélioration des activités génératrices de revenus de la population. Par exemple, il mérite de collaborer avec l’industrie cotonnière d’Antsirabe, car elle peut fournir de jeunes plants gratuits pour le reboisement (Randrianatoandro 2009). D’autres organismes peuvent donner de formation aux associations villageoises pour la remise de la fertilité du sol et l’amélioration de techniques agricoles. Ils peuvent contribuer également dans l’éducation environnementale, la formation et l’amélioration de la capacité en matière de reboisement et de suivi écologique. Toutes les activités sont accompagnées par un suivi-évaluation élargi qui inclut également les impacts au niveau des groupes locaux considérés. Figure 9 : Acteurs impliqués au projet d’aménagement de l’espace forestier d’Ankafotra

Commune urbaine d’Antsirabe

Communautés administratives de base : Ressource forestière Associations d’Ankafotra villageoises - Commune - Fokontany

Réalisation de l’aménagement Organismes privés Suivi et contrôle

Appui technique et financier

Auteur : A. ANDRIAMBOLOLONA, octobre 2017.

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En bref, l’aménagement et la gestion suggérée à réaliser dans l’espace forestier d’Ankafotra visent à protéger l’environnement, à améliorer les fonctions écologiques et à favoriser les activités socio-économiques de la population riveraine. La collaboration, effectuée par la commune urbaine d’Antsirabe, les communautés locales et les organismes privés, permet une efficacité de la future gouvernance.

9.2. Accentuer l’action de reboisement L’objectif de la présente suggestion est de sauver la couverture forestière d’Ankafotra face à la dégradation alarmante de la ressource actuelle, des actions de reboisement ou de reforestation sont nécessaires. Le paysage forestier d’Ankafotra est entièrement dégradé, le renforcement de l’action de reboisement est la seule voie pour sauver le paysage face au phénomène de la dégradation. Cela demande beaucoup des efforts, de coopération entre les différents acteurs cités ci-dessus. Pour atteindre les objectifs en favorisant l’équilibre écologique du milieu, il s’avère nécessaire de bien choisir les essences utilisées pendant la plantation. L’utilisation des espèces existantes (pinus, eucalyptus ou d’autres espèces qui ont un développement rapide pour protéger le milieu naturel face au phénomène d’érosion) au moment du reboisement est suggérée, car ce sont des espèces favorables au type de sol dans la zone de recherche. De plus, ces espèces ont un développement rapide par rapport aux autres espèces. L’objectif à court terme de la reforestation est de sauver le paysage aux actions de l’érosion ; il est prioritaire de commencer la plantation sur les zones à risques et non protégées par des formations végétales. Ce sont les zones à nature d’érosion forte (cf. croquis 11).

9.3. Favoriser les actions générant des retombés économiques de la population riveraine Pour favoriser l’activité socio-économique et pour encourager les habitants environnants surtout les femmes à protéger l’espace forestier d’Ankafotra, les responsables de la commune urbaine d’Antsirabe, en partenariat avec le gouvernement norvégien ont mis en place un projet d’Activité Génératrice de Revenus (AGR) en 2011. Cette activité a été effectuée dans le but de créer d’autres moyens de subsistance pour que les femmes diminuent la pression qu’elles exercent dans la forêt, c’est-à-dire la contribution des femmes à la protection de la nature et l’environnement.

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Une trentaine des femmes de l’association « Miharitra » habitant aux environs de l’espace forestier ont bénéficié de formation sur la création d’emplois à partir des matières premières existantes. Les participantes ont pu acquérir du savoir-faire sur la pisciculture, l’apiculture, le compost biologique et le reboisement32.

Par la suite, les femmes ont été financées par le promoteur en réalisant quelques activités comme la pisciculture et l’apiculture. Les activités se sont bien déroulées à l’époque, mais le financement a été stoppé en 2013 à cause de la crise politique de 2009 et le changement de dirigeant dans la commune urbaine d’Antsirabe. Cela entraine aussi une perturbation sur les activités de l’association des femmes. À présent, seule l’activité de pisciculture persiste encore et le nombre des femmes membres a diminué. Cette association travaille pour l’intérêt du groupe en respectant toujours l’objectif au départ c’est-à-dire de protéger la nature et l’environnement. Selon le membre de l’association, ils ont toujours participé aux actions de protection et à la reforestation de l’espace. Par exemple, les femmes membres de l’association contribuent à éteindre le feu pendant l’existence d’un feu de brousse. De même pour la réalisation des actions de reboisement à l’intérieur de l’espace forestier.

Par contre, pendant la discussion avec les paysans, la population bénéficiant l’activité génératrice de revenus aux environs de l’espace forestier est minime ; il n’y a que quelques femmes dans la localité de Bemasoandro et Anosibe.

Pour favoriser la mesure de protection de la ressource, un renforcement de la capacité de production de la population en matière économique est nécessaire. Il est souhaitable de lancer un renforcement de la capacité de chaque association villageoise. Pour la réalisation, les acteurs concernés aux actions de reforestation et de protection de l’espace apprendront aux associations villageoises les techniques agricoles améliorées comme la culture des bas-fonds et de bas de versant, la mise en place du système antiérosif, les techniques de maintenance de la fertilisation du sol par l’utilisation de compost.

32 Extrais l’Express de Madagascar — mercredi 30 mai 2012.

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9.4. Proposition d’un schéma d’Aménagement La proposition de la mise en place d’un schéma d’aménagement simplifié permettra à court terme de procéder à la reforestation et à la protection afin d’assurer la viabilité écologique. Elle permet à long terme la continuité écologique et d’améliorer la vie socio-économique et environnementale de la population riveraine.

Lors de la mise en valeur et l’aménagement de l’espace forestier d’Ankafotra, il s’avère nécessaire de procéder sur deux stratégies à la fois la reforestation et la protection. Il s’agit d’une suggestion d’amélioration de la politique de gestion de la ressource en considérant le bien-être des communautés locales de base.

Pour atteindre les objectifs assignés, l’espace forestier pourrait se subdiviser en cinq (5) parcelles pour une meilleure gestion. Les paysans membres de la communauté locale réalisant ce projet peuvent cultiver le bas-fond et le bas de versant. Le zonage consiste à réaliser les actions relatives aux objectifs spécifiques comme le reboisement, l’élegage, le nettoyage… Chaque parcelle est aménagée par les paysans qui exploitent le bas-fond à l’intérieur du zonage.

Les parcelles ont été délimitées et déterminées grâce à la connaissance des faits sur terrains appuyée par les idées de protection proposées par un ancien garde forestier.

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Croquis 13 : Proposition d’un schéma d’aménagement simplifié

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CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE La production de charbon de bois et de bois de chauffage est une activité économique remarquable pratiquée par quelques ménages aux environs de l’espace forestière d’Ankafotra. Les pratiquants ont affirmé pendant l’enquête l’importance de cette activité à l’époque pour renforcer leurs besoins de subsistance économique. Cette activité s’est stoppée depuis 2014, car la ressource a été dégradée.

Des effectifs considérables de la population riveraine ont développé une activité agricole à l’intérieur de l’espace forestier même s’il y avait une somme de location de la terre versée par les paysans chaque année. Depuis l’année 2011, les nouveaux dirigeants de la commune urbaine d’Antsirabe ont constaté que la pratique agricole spécifiquement sur le versant a accentué la dégradation de la forêt et a empêché la régénération naturelle de la ressource. Un arrêté a été publié pour stopper les activités agricoles dans l’ensemble de l’espace forestier. Cet article n’a pas pu être appliqué correctement qu’en 2015 vu l’instabilité politique à Madagascar.

La destruction de la couverture forestière entraine des perturbations sur la morphologie du paysage qui se présente par l’intensification de différentes formes d’érosion. Celles-ci modifient par la suite le bilan hydrologique aux environs du paysage depuis quelques années.

Les activités paysannes à l’intérieur et en aval de l’espace forestier sont victimes de la dynamique des milieux naturels. La partie superficielle du sol est décapée et appauvrie par une forte action de ruissellement intensifié par l’inclinaison du relief. En retour, les bas-fonds en aval ont subi le phénomène d’alluvionnements considérables. Même si l’action de l’érosion est importante, les paysans ont adopté quelques techniques d’amélioration agricole pour leurs besoins économiques.

Le mode de gestion de l’espace forestier d’Ankafotra devient de plus en plus complexe. Pour favoriser la mise en valeur de la ressource forestière, la présente suggestion est focalisée sur la mise en place d’une gestion participative entre les différents acteurs concernés.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

Dans le but de pouvoir continuer la recherche, la dynamique du paysage forestier d’Ankafotra a été choisie comme sujet de mémoire. Le paysage étudié est caractérisé par la présence des forêts de reboisement qui a subi une évolution régressive dans l’espace et dans le temps. À cette dynamique de la couverture forestière s’ajoute le travail de l’érosion.

La couverture forestière a connu une double pression, d’une part la demande croissante des ressources ligneuses et l’expression d’une extension des surfaces agricoles des habitants locaux. La zone de recherche a évolué d’un paysage forestier au paysage agricole. D’autre part, il y a eu une exploitation abusive de la ressource entre les années 2008 – 2013 pour accomplir le besoin de bois-énergie de la société cotonnière d’Antsirabe.

Tout au long de la recherche, il a été constaté que la disparition de la couverture forestière est un facteur déclencheur des différentes formes d’érosion du sol. Le support physique est prédisposé au phénomène d’érosion du fait que le relief et le sous-sol sont moins résistants. Tous ces paramètres sont amplifiés par l’irrégularité topographique due au passage de l’escarpement de Betampona. En conséquence de tout cela, la qualité productive du sol s’est dégradée. Une grande partie des terrains agricoles en aval est victime d’un alluvionnement important arraché sur le versant dénudé. Cela se traduit par la suite à la diminution de la production agricole des paysans.

Le présent mémoire a quelques limites qui constituent un frein pour l’accomplissement de résultats très objectifs. L’étude est limitée sur le point de vue qualitatif causé par le manque de moyen à la disposition. Ce manque se fait sentir sur l’acquisition des données. Parmi ceux- ci, il faut citer :

 C’est difficile en ce moment de quantifier les sédiments arrachés par l’eau de ruissellement sur le versant et transportés sur le bas-fond.  L’acquisition des informations sur la diminution de la production agricole est discutable, car les paysans peuvent exagérer les faits.  La réalisation d’un inventaire floristique avec une étude sur la régénération naturelle de la forêt sera souhaitable pour la modélisation du fonctionnement écologique du paysage.

La gestion de la ressource forestière d’Ankafotra est effective dans la mesure où le principe de la mise en valeur et de la protection est accordé par la population. Les gestionnaires

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dans ses actions écologiques de protection doivent tenir compte le développement économique et social des habitants locaux. La mise en place d’une gestion participative est une nouvelle piste de recherche suggérée pour régulariser les impacts de la dégradation de la ressource forestière.

106

BIBLIOGRAPHIE

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110

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111

ANNEXES

Annexe 1. Images satellitaires suivant l’emprise de la zone de recherche a) Composition fausse couleur des images Landsat

Landsat 7 2003 : Bande 4-3-2 Lanssat82017 : Bande 5-4-3 b) Image Google Earth 2016.

112

Annexe 2 : Fond de carte utilisé pour la réalisation de la carte géologique Carte géologique O-49 au 1/100 000e dessiné par H. BESAIRIE en 1974.

2016.

: BRGM :

Source

113

Annexe 3 : Arrêté 266/11/CU/ABE Arrêté portant l’interdiction de la pratique agricole à l’intérieur du patrimoine de la commune urbaine d’Antsirabe.

114

Annexe 4 : Les fiches questionnaires QUESTIONNAIRE 1 : COMMUNE URBAINE ANTSIRABE I Personne enquêtée : Date d’enquête : I. La couverture forestière d’Ankafotra  La forêt d’Ankafotra est-elle un périmètre de reboisement ? • Quand est la période de reboisement ?  Quelle est la superficie de la couverture forestière ?  Quelles sont les espèces utilisées durant le reboisement ?  Pourquoi avez-vous de terrain de reboisement dans le sous-espace d’Ambohidranandriana – Ambohimiarivo ?  Quels sont les objectifs ou politiques du reboisement à Ankafotra ?  Est-ce qu’il y a de plan d’aménagement pour la couverture forestière ?  Y a-t-il de cogestion de la ressource entre la commune urbaine d’Antsirabe et les communes concernées ? II. L’exploitation de la forêt  Quels sont les facteurs de la dégradation de la forêt d’Ankafotra ?  Quand a commencé et s’est arrêtée l’exploitation ?  Qui est l’exploitant ? • Particulier/Entreprise  Quel est le nombre/volume des bois prélevés pendant l’exploitation ?  Où est le lieu d’exportation des bois exploités ?  Y a-t-il des mesures de compensation pour les habitants locaux et ses environs ?  Est-ce qu’il y a des mesures compensatoires sur le paysage ?

Nature de compensation Quantité Localisation Restauration des parcelles Reboisement Compensation financière Autres

III. Politiques et perspectives  Quelles sont les politiques entreprises par la commune pour la situation de la forêt actuelle ? • Mode de gestion de la forêt ?  Quelle perspective d’avenir ?

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• Protection ? • Transfert de gestion ?

QUESTIONNAIRE 2 : COMMUNE RURALE AMBOHIDRANANDRIANA ET AMBOHIMIARIVO Commune : Date d’enquête :

Personne enquêtée :

 Quel est le nombre de la population dans la commune actuelle ?  Votre point de vue sur la ressource forestière d’Ankafotra ?  Quel est l’intérêt ou l’opportunité de la commune à l’existence de cette ressource ?  Est-ce qu’il y a de système de partenariat avec la commune urbaine d’Antsirabe pour la gestion de la forêt ? • Si oui, comment se fait ?  Quels sont le rôle et la responsabilité de la commune dans la gestion de la forêt ?  D’après vous, quels sont les facteurs de la dégradation de la forêt ?  La forêt est exploitée entre 2008 – 2013, êtes-vous au courant de cette exploitation ? • Est-ce qu’il y a de taxe ou ristourne pour la commune durant cette période ?

Pressions et menaces

 Qu’en pensez-vous sur les impacts de l’exploitation de la ressource forestière ? • Sur le milieu naturel • Sur les activités de la population  Y a-t-il des pressions qui persistent jusqu’à présent ?  Est-ce qu’il y a des mesures prises vis-à-vis de ces menaces ?

Perspective

 Qu’en pensez-vous pour la perspective de la couverture forestière ? • Cogestion entre les 3 communes concernées pour sauvegarder l’espace et la population riveraine ? • Autres

116

QUESTIONNAIRE 3 : CHEF FOKONTANY CONCERNE PAR LA COUVERTURE FORESTIER Fokontany: Date d’enquête :

 Quel est le nombre de la population dans votre Fokontany actuellement ?  Quelles sont les principales sources de revenus de la population dans le Fokontany ?  Qu’est-ce que vous saviez sur la couverture forestière d’Ankafotra ?  Quels sont les facteurs de la dégradation de cette ressource ?  Quels sont les impacts de la dégradation sur la vie et les activités de la population ?  Quels sont les types d’énergie utilisée par les habitants ? Où avez-vous pris ?  Est-ce qu’il y a de gens qui pratiquent le charbonnage dans le Fokontany ? • Où ont-ils pris le bois pour la production ? Ont-ils besoin de permis pour fabriquer ce charbon ? • Est-ce qu’il fait son travail légalement ?  Quelles sont les solutions que vous les proposez pour la meilleure gestion et la protection de la forêt ?

QUESTIONNAIRE 4 : MÉNAGES AUX ENVIRONS DE LA COUVERTURE FORESTIÈRE

Fokontany: Date d’enquête :

Village :

 Êtes-vous originaire de cette commune ? • Si non, d’où venez-vous ? Qu’est-ce que vous a attiré ?  Que saviez-vous sur la forêt d’Ankafotra ?  Combien de personnes y a-t-il dans votre ménage ?  Quelle est votre source de revenus familiaux ?  Nombre de personnes contribué pour le revenu du ménage ?  Quelles sont vos activités complémentaires ?  Quels sont vos revenus et dépenses hebdomadaires ?  Quel type d’énergie utilisez-vous ? • Bois de chauffe • Charbon de bois  Vous achetez ou vous-même qui fait le ramassage de bois ?

117

• Si bois de chauffage : combien de « Entana » utilisez-vous par semaine pour la cuisson ? • Si charbon de bois : combien de sacs par semaine ?  Pratiquez-vous la vente de bois de chauffage ? • Si oui, combien de brouettes vendez-vous hebdomadairement ?  Pratiquez-vous l’activité charbonnière ? • Si oui, combien de sacs de charbon produisez-vous à chaque carbonisation ? • Comment se fait le transport ? • Où s’écoulent les produits ? • Ça fait combien de temps que vous pratiquiez cette activité ?  Quels sont les impacts de la dégradation de la zone forestière ? • Sur l’environnement • Sur les activités et la vie quotidienne • Sur la ressource en eau (eau potable, irrigation…)  Quelles sont vos opinions sur l’avenir cette forêt ?

QUESTIONNAIRE 5 : POUR LE CHARBONNIER

Fokontany: Date d’enquête :

 Est-ce que vous avez déjà pratiqué l’activité de charbonnage ?  Si oui, vous avez fait ce métier depuis quand et s’est arrêté quand ?  Pourquoi choisissez-vous ce métier durant cette période ?  Est-ce que c’est un métier temporaire ou permanent pour vous ? (Saisonnier ou pendant toute l’année ?)  Comment procédez-vous pour l’acquisition des bois pour faire la carbonisation ?  Combien de sacs par semaine produisez-vous ?  Combien avez-vous gagné à chaque vente de produit ?  Où vendez-vous les produits ? C’est vous-même qui avez vendu les charbons ou il y a de collecteur ?  Est-ce que cette activité est plus rentable que l’agriculture ?  Est-ce que vous avez payé de taxe ou ristourne à l’époque ?  Pourquoi arrêtez-vous ce métier ?

118

 Pour vous, est-ce que la fabrication de charbon est un facteur de la destruction de la forêt ?  Quelles sont vos suggestions pour restaurer et protéger la forêt ?

QUESTIONNAIRE 6 : LES PAYSANS À L’INTÉRIEUR ET AUX ENVIRONS DE L’ESPACE FORESTIER Village : Date d’enquête :

Fokontany:

 Avez-vous des surfaces cultivées à l’intérieur ou aux environs de la forêt ?  Quels types des cultures pratiquez-vous ?  Est-ce que vous êtes locataires ou propriétaires ou autres ?  Comment avez-vous obtenu ce terrain ?  Quelle est la durée d’acquisition de ce terrain ?  Quel type de parcelle avez-vous ? Rizière — Culture pérenne — Tavy ou autres  Avez-vous abandonné des parcelles ? • Si oui, quelle est la raison d’abandon ?  Quelle est la distance entre votre habitat et la forêt ?  Comment trouvez-vous la dégradation de la forêt ? • lent — rapide  Est-ce que votre activité touche la forêt ?  Est-ce que vous pratiquez le tavy pour épandre vos terrains de cultures ? • Si oui, depuis quand avez-vous pratiqué ? • Combien d’ares par an ? • Autre activité qui touche la forêt ?  Quels sont les impacts de la dégradation de la couverture forestière à votre activité ?  Êtes-vous partisans de la protection de la forêt ? Pourquoi ?  Quelles sont vos idées pour conserver cet espace forestier ?  Est-ce que vous faites du reboisement ?

119

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ...... i

RÉSUME ...... ii

ABSTRACT ...... iii

SOMMAIRE ...... iv

TABLE DES ILLUSTRATIONS ...... v

LISTE DES CROQUIS ...... v

LISTE DES FIGURES ...... v

LISTES DES PHOTOGRAPHIES ...... vi

LISTES DES TABLEAUX ...... vi

LISTE DES ANNEXES ...... vii

LISTES DES ACRONYMES ...... viii

GLOSSAIRE ...... ix

INTRODUCTION GÉNÉRALE ...... 1

PREMIERE PARTIE : CADRE GÉNÉRAL DE LA RECHERCHE ...... 4

CHAPITRE 1. CHOIX DU THÈME ET OBJECTIF DE LA RECHERCHE ...... 5

1.1. Le contexte du sujet ...... 5

1.2. Le choix du thème et du sujet ...... 7

1.3. La problématique du sujet ...... 9

1.4. Les objectifs de la recherche ...... 10

1.5. Limites de la recherche ...... 11

CHAPITRE 2. LA DÉMARCHE ET LES TECHNIQUES DE RECHERCHE UTILISÉES . 12

2.1. Démarche adoptée ...... 12

2.2. Les collectes et traitements de données ...... 12

2.2.1. Techniques de collecte des données ...... 12

2.2.1.1. Observation directe ...... 12

2.2.1.2. Documentation ...... 13

120

2.2.1.3. Élaboration des questionnaires ...... 17

2.2.1.4. Entretien et Enquête ...... 18

2.2.1.5. Consultation cartographique ...... 19

2.2.1.6. Relevé par GPS ...... 20

2.2.1.7. Téléchargement de base des données...... 20

2.2.2. Traitement et analyse des données ...... 21

2.2.2.1. Les logiciels utilisés ...... 21

2.2.2.2. Les bases de données utilisées ...... 21

2.2.2.3. Création de bases de données ...... 23

2.2.2.4. Télédétection et traitement cartographique ...... 23

2.2.2.4.1. Télédétection ...... 23 2.2.2.4.2. Traitement cartographique ...... 27 2.3. Vérification sur le terrain ...... 27

2.4. Les problèmes rencontrés lors de la recherche ...... 29

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE ...... 30

DEUXIEME PARTIE :LA DYNAMIQUE DE L’ESPACE FORESTIER ...... 31

CHAPITRE 3. UN MILIEU NATUREL PRÉDISPOSÉ À L’ACTION DE L’ÉROSION .... 32

3.1. Une topographie contrastée ...... 32 3.2. Une formation géologique tendre ...... 35 3.2.1. Rappel sur la géologie de Madagascar ...... 35

3.2.2. Le socle cristallin précambrien de Madagascar ...... 35

3.2.3. Le domaine d’Antananarivo ...... 36

3.2.4. Géologie de la région Vakinankaratra ...... 37

3.2.5. Géologie de la zone de recherche proprement dite ...... 38

3.3. Un climat tropical d’altitude ...... 39 3.4. Relief et sous-sol fragiles ...... 43 CHAPITRE 4. LA DYNAMIQUE DE LA POPULATION ET SES ACTIVITÉS ...... 45

4.1. Population dépendante de l’agriculture ...... 45

4.1.1. Effectif et croissance démographique ...... 45

121

4.1.2. Caractéristique des ménages ...... 46

4.2. La principale activité de la population ...... 47

4.2.1. Agriculture et élevage ...... 47

4.2.2. La production de charbon de bois et de bois de chauffage ...... 47

4.3. Caractéristiques des fokontany concernés par la forêt d’Ankafotra...... 48

CHAPITRE 5. LA FORÊT D’ANKAFOTRA EN FORTE DÉGRADATION ...... 51

5.1. Une forêt de reboisement ...... 51

5.2. Les principales causes de la dégradation de la forêt ...... 55

5.2.1. La fréquence des aléas climatiques ...... 55

5.2.2. L’exploitation de bois d’œuvre et de bois d’énergie ...... 55

5.2.3. Les habitants dépendants de la ressource forestière ...... 58

CHAPITRE 6. LA DYNAMIQUE RÉGRESSIVE DU PAYSAGE FORESTIER ...... 60

6.1. L’évolution spatio-temporelle de la couverture forestière ...... 60

6.1.1. Le changement de la couverture forestière ...... 60

6.1.2. L’évolution de l’occupation du sol entre 2003 et 2017 ...... 62

6.2. Du paysage forestier au paysage agricole ...... 67

CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE ...... 69

TROISIEME PARTIE : IMPACTS ET PERSPECTIVES ...... 70

CHAPITRE 7. UN MILIEU NATUREL PERTURBE PAR LA DEGRADATION DE LA FORET ...... 71

7.1. Les différentes formes d’érosion ...... 71

7.1.1. Le ruissellement diffus ...... 71

7.1.2. Le ruissellement concentré ...... 72

7.1.2.1. Les rigoles ...... 72

7.1.2.2. Les ravinements ...... 73

7.1.2.3. Le lavaka ...... 74

7.1.2.4. Le mouvement de masse ...... 77

122

7.2. Localisation des zones sensibles à l’érosion ...... 79

7.3. Tarissement des sources ...... 82

CHAPITRE 8. IMPACTS DE L’EXPLOITATION DE LA FORÊT ...... 83

8.1. La production de charbon et de bois de chauffage ...... 83

8.2. Extension des terrains de cultures ...... 85

8.3. Destruction de l’horizon du sol ...... 87

8.3.1. Sols décapés ...... 87

8.3.2. Des sols appauvris ...... 89

8.4. Diminution de la production agricole de la zone environnante ...... 90

8.4.1. Des bas-fonds ensablés ...... 90

8.5. Stratégie paysanne face à l’érosion ...... 92

CHAPITRE 9. PERSPECTIVES POUR RESTAURER ET PROTEGER L’ESPACE FORESTIER ...... 95

9.1. La gestion de la forêt d’Ankafotra ...... 95

9.1.1. Gestion passée et actuelle ...... 95 9.1.2. Suggestion d’amélioration de la gestion ...... 96 9.2. Accentuer l’action de reboisement ...... 100

9.3. Favoriser les actions générant des retombés économiques de la population riveraine 100

9.4. Proposition d’un schéma d’Aménagement...... 102

CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE ...... 104

CONCLUSION GÉNÉRALE ...... 105

BIBLIOGRAPHIE ...... 107

WEBOGRAPHIE ...... 111

ANNEXES ...... 112

TABLE DES MATIERES ...... 120

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