SOMMAIRE

HISTORIQUE...... 3 1) Avant l’Indépendance...... 3 2) De l’Indépendance à la guerre civile (1961-1991) ...... 3 3) La guerre entre le RUF et les gouvernements sierra léonais de 1991 à 1997 ...... 4 4) La guerre durant la période de l’AFRC et le processus de paix depuis 1997 ...... 5 FICHE PAYS ...... 8 I. Situation générale ...... 8 II. Economie...... 8 III. Population ...... 10 1) Démographie...... 10 2) Ethnies...... 10 3) Femmes ...... 11 4) Enfants ...... 12 IV. Langue ...... 12 V. Education ...... 13 1) Généralités...... 13 2) Structure...... 13 VI. Religion ...... 13 VII. Médias ...... 14 1) Publications...... 14 2) Radio et télévision...... 15 3) Agence ...... 15 VIII. Structure politique...... 15 IX. Elections ...... 15 X. Partis politiques...... 16 XI. Syndicats...... 18 XII. Associations et groupes de défense des droits de l’homme ...... 18 XIII. Justice...... 18 1) Structure...... 18 2) Peine de mort...... 19 3) Loi d’amnistie ...... 19 4) Cour spéciale pour la Sierra Leone...... 19 5) Commission vérité et réconciliation (Truth and réconciliation commission TRC)...... 20 6) Homosexualité...... 20 XIV. Service militaire...... 20 XV. Forces de sécurité...... 20 XVI. Agents de persécution...... 22 XVII. Détention et torture...... 25 XVIII. Groupes vulnérables...... 26 XIX. Réfugiés ...... 28 1) Accueil dans le pays...... 28 2) A l’extérieur du pays ...... 28 XX. Documents d’identité et déplacements ...... 28 CHRONOLOGIE ...... 29 BIBLIOGRAPHIE ...... 46 1) Sources...... 46

CRR- Centre d’information géopolitique 1 09/04/2004 2) Ouvrages ...... 46 3) Revues, articles...... 46 4) Rapports ...... 46 5) Presse ...... 47 6) Conférences, entretiens : ...... 47 7) Internet (sites essentiels) ...... 47

CRR- Centre d’information géopolitique 2 09/04/2004 Historique

1) Avant l’Indépendance

La côte de la Sierra Leone, avec Freetown, était une colonie britannique depuis 1787 et était habitée par des anciens esclaves libérés, dits Créoles, qui y avaient été installés avec le statut de citoyens britanniques. L’intérieur du pays, peuplé des différentes ethnies, a été placé sous protectorat anglais en 1896 et administré séparément. Ce n’est qu’en 1951 que l’arrière pays et la côte ont été fusionnés pour faire un pays unitaire avec une Constitution. Le pays a été dirigé par le Sierra Leone people’s party (SLPP).

L’économie du pays est fondée depuis les années 30 sur l’exploitation des minerais, et surtout du diamant. La production du pays se caractérise par une forte proportion de diamants de joaillerie de première qualité. En 1937, on extrayait par an un million de carats en Sierra Leone et en 1960, deux millions. Les droits exclusifs d’exploitation et de prospection étaient attribués à la De Beer’s Sierra Leone selection trust (SLST) pour 99 ans en 1935. Les difficultés de contrôle de l’exploitation et du commerce du diamant sont à l’origine de bien des problèmes de la Sierra Leone. En 1956, il y avait environ 75.000 mineurs illicites dans le district de Kono et, depuis les années 50, le gouvernement sierra léonais ne contrôle plus l’ordre public dans les régions diamantifères. A cette époque il s’agissait surtout de commerçants mandingues et libanais. En 1955 le monopole national du SLST est brisé par les dirigeants coloniaux qui mettent en place le Alluvial mining scheme, en vertu duquel les licences d’extraction et d’achat, dans une partie du secteur, étaient accordées à des mineurs autochtones.

2) De l’Indépendance à la guerre civile (1961-1991)

Au lendemain de l’Indépendance, le pays a connu une première phase d’instabilité politique, liée à des coups d’Etats et des tentatives de coups d’Etats militaires. Le SLPP est resté au pouvoir jusqu’en 1967. La République a été proclamée en 1971 et le Dr Siaka Stevens, chef de l’All people’s congress (APC), en était Président.

La situation économique était au moment de l’indépendance de type néo-coloniale : l’économie était surtout agraire et le pays dépendait quasi totalement de la Grande Bretagne pour ses importations et ses aides. Siaka Stevens a tenté de façon peu résolue de rendre le pays plus indépendant, notamment en nationalisant l’extraction du diamant, ce qui lui a donné un accès direct à une richesse facile à sortir en contrebande, ce qui a conduit à une rapide détérioration de la situation économique dans la seconde moitié des années 70. La National mining company (NDMC) était dirigée par le bras droit libanais de Siaka Stevens, Jamil Mohammed. A partir de 1970, les ressources officielles tirées du diamant ont fortement diminué, jusqu’à 48.000 carats en 1988. Le trafic illégal du diamant est devenu le principal secteur de l’économie et une source de richesse pour les leaders politiques, favorisant un système de patronage que les spécialistes appellent « l’Etat fantôme ». L’industrie était en ruine, la corruption généralisée et on a pu dire que la Sierra Leone a connu une quasi- disparition de l’Etat, qui s’apparentait plus à une organisation privée lucrative.

CRR- Centre d’information géopolitique 3 09/04/2004 Une nouvelle Constitution, adoptée en 1978, a institué un système de parti unique et l’APC est demeuré au pouvoir jusqu’au 29 avril 1992. Les affrontements politiques commencèrent à se multiplier, notamment dans la jeunesse. Le pays, dans les années 80, est par ailleurs, du fait de la baisse des ressources, de plus en plus dépendant de l’aide extérieure et endetté. Le FMI impose des mesures d’austérité.

Le général Joseph Saidu Momoh (APC) est élu Président en 1985. Le mécontentement et les conflits politiques se multiplient, ainsi que les scandales financiers. Le gouvernement tente de prendre des mesures contre la corruption mais ne parvient pas à y mettre un terme. Le pays est à nouveau gouverné suivant un système de gestion pour le profit personnel des gouvernants. Jamil Mohammed a encore plus de responsabilités que durant la présidence Stevens.

Cet effondrement de l’Etat et l’émergence d’une jeunesse désocialisée, nourrie d’une culture violente empruntée aux films américains et au rap, qui ont souvent été désignés comme la cause profonde du conflit sierra léonais.

3) La guerre entre le RUF et les gouvernements sierra léonais de 1991 à 1997

Alors que, à la suite d’une intense campagne en faveur de la démocratisation de la vie politique, une nouvelle Constitution est adoptée (1991), instaurant un système multipartiste, et qu’un nouveau gouvernement est mis en place, les premières attaques ont lieu dans l’est du pays et Foday Sankoh les revendique à la tête d’un nouveau mouvement, le RUF. Le troisième élément déclenchant la guerre est bien entendu le RUF et, à travers lui, l’implication de deux puissances étrangères : la Libye via son allié le Burkina Faso et le Libéria de Charles Taylor, deux « parrains » du RUF.

Le gouvernement utilise cette situation pour reporter sine die les élections prévues et semble abandonner son armée mal équipée dans le conflit. Le 29 avril 1992, un coup d’Etat militaire renverse le régime devenu totalement impopulaire du Président Momoh et suspend la Constitution, dissout le Parlement, impose l’état d’urgence, le couvre-feu et ferme temporairement les frontières. En mai, est formellement mis en place un Conseil national provisoire de gouvernement (NRPC) dirigé par le Capitaine Valentine E.M.Strasser, auteur du coup d’Etat ; il est remplacé en juillet par un Conseil suprême de l’Etat.

Le nouveau gouvernement, après un échec des négociations avec le RUF, entame une offensive militaire à partir d’août 1992. Il engage par ailleurs un processus de retour à la vie civile et met en cause les anciens gouvernants, accusés de corruption. Au cours de l’année 1994, après que le gouvernement a repris du terrain au RUF, les rebelles, auxquels se joignent de plus en plus de militaires, intensifient le combat et attaquent de plus en plus de civils. Le gouvernement fait appel à des mercenaires pour combattre le RUF. L’interdiction pesant sur les partis politiques est levée et des élections sont programmées pour février 1996.

Le renversement du capitaine Strasser par un nouveau coup d’Etat militaire ne modifie pas le calendrier des élections. Elles permettent l’arrivée au pouvoir du SLPP et du Président Ahmed Tejan Kabbah, qui restaure la Constitution de 1991. Le RUF, qui avait exigé dans les négociations en cours avec le gouvernement l’abandon du processus électoral, mène une série d’attaques dans le but de contrecarrer le processus.

CRR- Centre d’information géopolitique 4 09/04/2004 Le nouveau gouvernement signe un accord de paix avec le RUF en novembre 1996, malgré les difficultés de négociations, Foday Sankoh ne reconnaissant pas la légitimité du gouvernement élu. Ce gouvernement a par ailleurs beaucoup de difficultés à s’allier avec la classe politique du pays, mécontente de l’élection d’un homme ayant la plupart du temps vécu à New York. Il mécontente l’armée par l’impulsion qu’il donne aux milices de chasseurs mendé, les Kamajors.

4) La guerre durant la période de l’AFRC et le processus de paix depuis 1997

Le 25 mai 1997, un coup d’Etat renverse le gouvernement. Le pays est sous le contrôle du Conseil révolutionnaire des forces armées (AFRC) dirigé par Johnny Paul Koroma. Le chef des rebelles, Foday Sankoh, soutient le nouveau gouvernement, en est nommé vice-Président et déclare la fin des combats.

Les soldats nigérians de l’ECOMOG, chargés de négocier le départ de la junte, attaquent le gouvernement à Freetown et les combats opposent désormais l’ECOMOG et les Kamajors d’un côté, le RUF et l’armée de la junte de l’autre. C’est une période de répression massive contre les partisans de l’ancien régime.

L’AFRC est évincée du pouvoir par l’ECOMOG le 13 février 1998. A partir de cette date les forces de l’AFRC et le RUF mènent une campagne d’atrocités contre les civils, notamment l’opération « no living thing » (plus un être vivant). Le Président Ahmed Tejan Kabbah rentre le 10 mars et proclame l’état d’urgence. L’ECOMOG augmente progressivement son contrôle du territoire sierra léonais.

Le 7 juillet 1999 est signé l’accord de paix entre le RUF et le gouvernement d’Ahmed Tejan Kabbah qui prévoit que les rebelles rendent leurs armes en échange d’une représentation dans le gouvernement et d’une amnistie générale très contestée. Le 22 octobre 1999 était mise en place la Mission des Nations Unies (MINUSIL) destinée à superviser les accords de paix.

Les neuf premiers mois ayant suivi la conclusion de l’accord ont vu une relative réduction des abus et un très faible nombre de mutilations de la part des rebelles. En revanche, les viols sur les femmes et jeunes filles se sont poursuivis.

A partir de mai 2000, le conflit reprend. Les dernières troupes de l’ECOMOG quittent le pays le 2 mai, alors que la MINUSIL, avec seulement 9.500 hommes, subit un harcèlement constant du RUF. Lorsqu’elle annonce son déploiement vers Koidu, au cœur de la zone diamantifère contrôlée par le RUF, les attaques du mouvement reprennent. Le RUF capture près de 500 soldats de la MINUSIL. On constate une nouvelle escalade des atrocités commises contre les civils, ainsi que des exactions plus fréquentes des forces gouvernementales. Par ailleurs le RUF a attaqué des villages et camps de réfugiés près de la frontière guinéenne et l’armée guinéenne a lancé plusieurs attaques en riposte contre des positions du RUF en Sierra Leone. Le RUF marche vers Freetown, où des hommes de Sankoh, tirant dans la foule tuent 18 civils. Foday Sankoh est arrêté le 17 mai, avec une partie de sa direction. La Grande Bretagne envoie alors une force de 2000 hommes pour sécuriser la ville, arrêter l’offensive du RUF et renforcer la MINUSIL et les forces armées. La situation se régularise et, sous l’influence de la Grande Bretagne, la MINUSIL est dotée d’un mandat plus offensif et accroît ses effectifs. Enfin, les Nations Unies décident de la mise en place d’une cour de justice indépendante pour juger les criminels de guerre sierra léonais. Cette évolution internationale, ainsi que l’arrestation de Sankoh et le revirement de Charles Taylor, soumis à

CRR- Centre d’information géopolitique 5 09/04/2004 un embargo et contesté sur son territoire par une guérilla soutenue par la Guinée et les Kamajors et l’arrivée à la tête du RUF d’Issa Sesay, conduisent le mouvement à assouplir son attitude.

La situation dans le pays semble s’être apaisée depuis l’entrée en vigueur du nouvel accord de cessez-le-feu le 10 novembre 2000. Cependant, le gouvernement ne contrôle toujours pas tout le pays.

• Dans la deuxième moitié de l’année 2000, le RUF contrôlait la moitié du pays (les districts de Kambia, Bombali, Koinadugu et des parties de Tonkolili et Port Loko au nord ; le district de Kono et de Kailahun à l’est ; certaines parties du district de Kenema au sud). • Fin 2000-début 2001 le conflit s’est rapproché des régions proches de la frontière libérienne d’où il était parti. Depuis la mi-janvier 2001, la région ouest, les alentours de Port Loko et Lunsar dans la province Nord ainsi que les districts de Pujehun et Kenema passent pour des « zones sûres ». Le 16 mars 2001, les Casques bleus de la MINUSIL entrent à Lunsar, dans le district de Port Loko. • Le 2 mai 2001 le RUF, l’ONU et le gouvernement se rencontrent à Abuja (Nigeria) pour revoir le cessez-le-feu du 10 novembre 2000 et le RUF abandonne formellement sa demande de désarmement de l’armée sierra léonaise comme condition de son propre désarmement. Depuis cette date environ la moitié des combattants ont été désarmés et le cessez-le-feu a été respecté, à l’exception d’escarmouches dans le district de Kono. Ce dernier district est déclaré désarmé le 17 août 2001. L’autorité du gouvernement n’était cependant pas encore étendue à Kailahun au début 2002. La guerre a été déclarée officiellement terminée en janvier 2002 et l’état d’urgence décrété le 26 mars 1998 a été levé le 1er mars de la même année.

Il existe désormais un espoir pour la Sierra Leone. La situation intérieure s’est nettement améliorée depuis 2001. Le gouvernement a pris d’importantes mesures pour renforcer l’autorité de l’état, notamment par la décentralisation et la réinstauration des autorités locales. La réintégration des anciens combattants, grâce à des programmes de réinsertion s’est améliorée : 17.900 des 38.850 anciens combattants en auraient bénéficié fin 2002.

Un certain nombre de facteurs semblent cependant inquiétants et fragilisent les acquis. Le désarmement a été déclaré officiellement terminé mais il ne l’est pas en réalité. Le taux de chômage, des jeunes notamment, est tel que cela peut constituer une menace pour l’avenir. Un certain nombre de groupes de jeunes sont apparus récemment dans des secteurs comme Koidu et Tongo Field, et l’ancienne base du RUF de Kailahun. Certains ont engagé des travaux d’intérêt public, d’autres se contentent de regrouper les jeunes d’un secteur sous un nom unique. Ils ne sont pas pour l’instant une menace pour la sécurité mais peuvent le devenir d’autant que certains éléments sont fortement armés. Deux d’entre eux ont particulièrement mauvaise presse, le Movement of Concerned Kono Youth (MOCKY), basé à Koidu, et le Lower Bombara Youth Council (LBYC) dans le Tongo Field, deux secteurs diamantifères. Ils ont beaucoup d’influence sur ce qui se passe dans leurs villes : le MOCKY, qui a aidé dans le désarmement avant l’arrivée de la police, fait des patrouilles de nuit dans les villages, surveille l’exploitation minière et essaye de contrôler la frontière en arguant d’une insuffisance de la police. Le LBYC a menacé les groupes miniers internationaux en leur demandant de fournir des services à la population du secteur qui constituent parfois un doublon, les compagnies ayant déjà fourni l’argent nécessaire au gouvernement. La recherche d’une force capable de garantir la sécurité dans le pays est donc l’enjeu central des années à

CRR- Centre d’information géopolitique 6 09/04/2004 venir. L’un des enjeux est le contrôle effectif des secteurs diamantifères. Environ 500.000 jeunes hommes, seuls les hommes travaillant le diamant en Sierra Leone, travaillent dans la recherche de diamant et, souvent jeunes et illettrés, ils sont exploités. Enfin, le conflit est un conflit régional et son issue dépendent beaucoup de l’équilibre entre Guinée, Sierra Leone et Libéria ainsi que du blocage des capacités de nuire de Charles Taylor. Il existe entre ces trois pays une seule et même guerre, menée par des acteurs ayant des liens importants entre eux et dont le but est de prendre le pouvoir ou d’exercer des pressions diverses et non de transformation sociale et politique. Le conflit au Libéria est devenu depuis novembre 2002 un souci majeur pour le maintien de la paix en Sierra Leone. Le conflit en Côte d’Ivoire impliquant d’anciens combattants du Libéria et de Sierra Leone est inquiétant pour le futur de la région et menace les efforts de paix en Sierra Leone. En 2003, la situation a été calme à la frontière avec la Guinée mais de nombreuses tensions ont eu lieu sur la frontière avec le Libéria. Le dernier rapport de la MINUSIL souligne que, dans le secteur frontalier avec le Libéria et les zones diamantifères du sud-est, après le retrait des forces des Nations Unies, des comités de sécurités ont été mis en place avec des membres de la police, de l’armée et de la fonction publique, travaillant en relation avec des observateurs militaires des Nations Unies. Cependant, certains ex-combattants présents au Libéria ont reinfiltré la Sierra Leone ce qui a nécessité un travail d’identification des points de passage mené par les nations Unies et le gouvernement.

Le respect des droits de l’Homme s’est accru au cours de cette année et le gouvernement, lorsqu’il y a manqué, semble n’en être pas entièrement responsable, la situation sécuritaire ou le manque de moyens étant souvent en cause, et être réactif aux critiques. La corruption demeure cependant un grave problème, sur lequel le gouvernement ne souhaite pas vraiment enquêter.

CRR- Centre d’information géopolitique 7 09/04/2004 Fiche pays

I. Situation générale

Dénomination officielle : la République de Sierra Leone (Montagne du lion) Drapeau : trois bandes horizontales vert-blanc-bleu. Capitale : Freetown Superficie : 71.740 kilomètres carrés. (13% de la superficie de la France) Climat : tropical. Le sud-est a une longue saison de pluies (mai à octobre). Le nord-est, moins pluvieux, est plus sec. Situation : bordé par l’Océan atlantique à l’ouest, la Guinée au nord et le Liberia à l’Est. Divisions administratives : trois provinces : de l’Est (divisée en districts de Kono, Kenema et Kailahun, capitale Kenema) ; du Sud (divisée en districts de Moyamba, Bo, Bonthe et Pujehun, capitale Bo) et du Nord (divisée en districts de Kambia, Bombali et Port Loko, capitale Makeni) ; plus une zone appelée côte ouest ou région ouest, où se situe la capitale. Les douze districts (Bo, Bombali, Bonthe, Kailahun, Kambia, Kenema, Koinadugu, Kono, Moyamba, Port Loko, Pujehun, Sherbro Urban, Tonkolili) sont divisés en 134 arrondissements. Ils sont sous la direction des chefs politiques traditionnels (Paramount chiefs). En décembre 2002 et janvier 2003, les élections ont permis la désignation de 65 chefs traditionnels dans des secteurs de vacance du pouvoir local. Principales villes (chiffres de 1985): Freetown (capitale, 384.499 habitants) ; Koindu (82.474) ; Bo (59.768) ; Kenema (52.473) ; Makeni (49.474). Implication des Nations Unies : Mission de maintien de la paix des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL). Mise en place le 22 octobre 1999 et succédant à la MONUSIL (Mission d’observation des Nations Unies en Sierra Leone) créée en juin 1998. Le mandat initial de la MINUSIL était de surveiller l’application de l’accord de paix et d’assister le gouvernement dans son programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), lancé officiellement le 22 août 1998 au camp Lungi. Il a été étendu le 7 février 2000 au maintien de la sécurité dans les points stratégiques, les lieux publics (notamment à Freetown), les intersections et les aéroports, à la sécurisation de la circulation des gens et de l’assistance humanitaire, à l’assistance du gouvernement dans ses fonctions de maintien de l’ordre et de respect du droit et à la garde des armes et munitions récupérées. Le nombre d’hommes a été augmenté en février et mai 2000, puis en mars 2001. La MINUSIL a compté jusqu’à 17.000 hommes et c’est la plus importante mission de maintien de la paix au monde. La présence des Nations Unies doit être progressivement réduite au cours de l’année mais son mandat s’étend pour l’instant jusqu’au 30 mars 2003.

II. Economie

Monnaie : Leone (1000 Leones = 0,4 euros fin avril 2003). Dette extérieure : 1188 millions de $. Taux de chômage : NC. Inflation : -2,2% en 2002, tendance à la hausse en 2003. La Sierra Leone dispose d’énormes ressources naturelles : or, diamant (deuxième gisement mondial en terme de qualité), bauxite, titane, rutile (deuxième gisement au monde), ressources agricoles et poissonnières importantes. Ces ressources, notamment celles du diamant, si facile à extraire du fait de son caractère alluvial et à faire sortir en

CRR- Centre d’information géopolitique 8 09/04/2004 contrebande, sont une des causes des difficultés du pays. L’exploitation du diamant et son trafic parallèle est le premier secteur de l’économie et a joué un grand rôle dans le système politique, faisant se développer un système de patronage. La crise des années 70, due à la baisse des ressources tirées du diamant pour le gouvernement, a entraîné le pays dans une récession et une très grande dépendance à l’égard de l’aide extérieure. Le contrôle des diamants et l’occupation des mines a été d’emblée un élément stratégique essentiel de la guerre et une étude récente considère que les particularités du conflit sierra léonais sont dues au fait que son enjeu n’était sans doute pas la victoire mais la réalisation de profits importants via le diamant. D’après certains experts, la Sierra Leone extrait entre 300 et 400 millions de dollars par an, dont elle n’exporte, par les canaux officiels, qu’une toute petite partie. Ce système permet aux compagnies diamantaires comme la De Beers de réaliser d’importants bénéfices, du fait que les diamants de contrebande permettent d’acheter à bas prix des pierres négociées ensuite à 270 dollars par carat en moyenne. Pour combattre le RUF, le gouvernement sierra léonais a été contraint de conclure des contrats d’exploitation sur ses richesses minières avec de grandes compagnies internationales telles Branch Energy, propriété de la canadienne Diamond Works et liée organiquement à Executive Outcomes ou Sierra Rutile, alliée à Nord Ressources et propriété de Jean-Raymond Boulle.

Début juillet 2000, le Secrétaire général des Nations Unies a interdit l’exportation de diamants bruts non certifiés de Sierra Leone. L’interdiction a été levée en octobre par le gouvernement, qui dépend des recettes du diamant et compte distinguer lui-même les diamants extraits légalement. D’après le gouvernement, le pays a exporté pour 41 millions de dollars de diamants extraits légalement en 2002.

Les trois grands secteurs diamantifères du pays sont : les secteurs de Koidu-Yengema (Kono) le plus grand et le plus vieux des dépôts ; le secteur de Tongo Field, un grand gisement au sud-ouest de Kono ; le secteur de Zimmi, autour de la ville du même nom, près de la frontière libérienne. Le secteur de Kono et celui de Tongo Field ont été les premiers objectifs du RUF. Le mouvement a pris le secteur de Kono dès 1992 et l’a repris fin 1998, après en avoir été expulsé en février. Malgré le déploiement d’une force pakistanaise dans ce district en juin 2001, le RUF a exploité le diamant pendant toute l’année à grande échelle, avec l’aide de mineurs pratiquement maintenus en esclavage. La situation est désormais stable mais le secteur n’est pas encore vraiment sous contrôle suffisant de l’Etat et l’un des enjeux actuels est de renforcer les forces sierra léonaises pour pouvoir tenir les mines avant le départ des forces de la MINUSIL. Les exportations officielles de diamants ont atteint 65 millions de dollars fin octobre 2003, ce qui est un net progrès même s’il existe encore du trafic illicite.

La Sierra Leone est, malgré ces richesses, l’un des pays les plus pauvres du monde. Les deux-tiers de la population en âge de travailler sont engagés dans l’agriculture de subsistance et le reste dans le commerce informel. Le revenu par habitant est inférieur à 150$ par an et tend à baisser. L’infrastructure économique et sociale est presque entièrement détruite. Il existe une faible industrie de transformation de matières premières. Le commerce de gros et de détail souvent contrôlé par les Libanais et les Indiens, le commerce sur les marchés et le commerce intinérant par des Sierra léonais. Le pays dépend de l’aide internationale pour 60% de son budget. La Mano river Union, union économique et douanière entre la Sierra Leone, la Guinée et le Libéria conclue en 1973 ne fonctionne plus depuis que les combats se sont étendus à la Guinée et que la Sierra Leone a réclamé des sanctions contre le Libéria. La croissance économique a été de 6,6% en 2002.

CRR- Centre d’information géopolitique 9 09/04/2004 III. Population

Population globale : environ 4,5 millions d’habitants suivant les derniers chiffres disponibles (estimation Nations Unies de 1995). Densité : 64,1 hab/km².

1) Démographie

Espérance de vie à la naissance : 34,2 ans, soit la plus faible espérance de vie du monde. La Sierra Leone est le pays qui a le plus fort taux d’enfants mort-nés et le plus haut taux de mortalité infantile (177,2‰). Croissance annuelle : 3,8%.

Les cliniques et hôpitaux de tout le pays ont été pillés et détruits au cours de la guerre. Le personnel qualifié a fui vers Freetown. Le ministère de la Santé publique a fait savoir en août 2000 qu’il ne restait que 154 institutions sanitaires pour toute la zone ouest et la province nord réunies sur les 356 dénombrés en 1997. Il n’existe qu’un seul hôpital psychiatrique, le Kissy mental hospital, dirigé par un unique psychiatre assisté de personnel non qualifié. Il n’existe ni assurance maladies, ni assurance sociale.

Depuis fin 1999 de nombreuses épidémies ont ravagé le pays. Le pays semble appelé à connaître une augmentation considérable des morts dues au SIDA, notamment chez les enfants, à cause des viols. Le taux de séropositivité était estimé à 8-10% en octobre 2000.

Les personnes amputées du fait de la guerre reçoivent une aide de différentes organisations locales ou internationales, chirurgie reconstructive, prothèses, formation permettant un recyclage professionnel.

2) Ethnies

En se basant sur le nombre de langues on distingue 23 ethnies dans le pays.

Les ethnies principales sont les Mendés (30%) et les Temnés (30%). Les autres groupes sont les Limbas (8,4%), les Konos (5,2%), les Bulons (3,7%), les Peuls (3,7%), les Korankos (3,5%), les Créoles ou Crios (3%) et les Kissis ( 2%).

L’appartenance ethnique est un élément important, notamment pour les postes d’influence. Le pays a été longtemps dominé par la petite communauté de Créoles. Ce sont des descendants d’esclaves originaires de cette région d’Afrique. A la suite de la décision prise en Angleterre d’interdire l’esclavage, une premier groupe d’esclaves libérés sont installés sur cette côte, en 1787, mais ils seront décimés par la maladie et les tribus locales. Le projet est repris par la suite et en 1792 presque tous les esclaves rendus à la liberté en Angleterre avaient rejoint la Sierra Leone et fondé Freetown (la « ville libre »). Par la suite arriveront des Noirs ayant fait la guerre d’indépendance américaine dans les rangs britanniques, des fugitifs des plantations de Jamaïque et des esclaves repris aux négriers. Les Créoles ont été largement utilisés par l’administration coloniale anglaise et ont assimilé l’éducation et la culture du colonisateur. Leur influence a cependant décru régulièrement depuis l’Indépendance.

CRR- Centre d’information géopolitique 10 09/04/2004 Après l’Indépendance, Siaka Stevens a favorisé les Limbas. La vie politique a cependant toujours été structurée par l’opposition entre Mendés et Temnés. Ce conflit est aussi lié au commerce des esclaves (le royaume temné eut un rôle important).

Il existe une importante communauté de Libanais, qui tiennent souvent le commerce et étaient dominants dans le trafic de diamants. « Mondes rebelles » considère qu’ils ont largement « fait main basse sur l’économie locale ». Ils sont le plus souvent détestés et vus comme des exploiteurs sans scrupules. Communautés de Grecs, Indiens, pakistanais et exilés du Liberia.

Les discriminations ethniques sont interdites dans la Constitution de 1991, à l’exception de la limitation de la citoyenneté aux personnes de père négro-africain, ce qui, en pratique, interdit à nombre de Libanais d’acquérir la nationalité. Entre ethnies d’origine locale et issue des esclaves libérés, peu de discriminations sont relevées et les mariages inter-ethniques sont fréquents dans les zones urbaines.

Depuis le retour du Président Kabbah, en avril 1998, des étrangers, surtout libanais, ont été expulsés pour leurs liens avec l’AFRC, et des comptes bancaires gelés. Le gouvernement a interdit aux étrangers les secteurs essentiels des mines de diamants et d’or. Une opération a été menée contre l’immigration clandestine en octobre 1998.

3) Femmes

La Constitution accorde aux femmes des droits équivalents aux hommes mais il n’en est rien dans la pratique. Elles ont moins accès à l’éducation, le travail, les soins ou les libertés sociales. Elles réalisent l’essentiel de l’agriculture de subsistance en zone rurale et ont peu d’opportunités d’éducation. Leurs droits et statuts en matière matrimoniale dépendent des lois traditionnelles et varient en fonction des ethnies. Les femmes ont plus de droits en matière d’héritage chez les Temnés et les Limbas mais, chez les Mendé, les femmes peuvent devenir paramount chief, et pas chez les Temnés.

L’excision est largement pratiquée. 90% des femmes sont estimées l’avoir subie. Aucune loi ne l’interdit. Les efforts de campagne d’information contre cette pratique menée par les organismes internationaux ont été contrecarrés par une campagne des sociétés secrètes locales, notamment la société Bondo, dont l’influence est très importante, y compris au niveau de l’Etat et des dirigeants politiques actuels.

Le viol et la violence sexuelle sont extrêmement répandus, ainsi que la violence conjugale. Si le viol est tenu pour un problème de société et puni par une peine de prison pouvant aller jusqu’à 14 années, il n’en est pas de même pour la violence conjugale.

Le viol a été pratiqué par le RUF. Le viol des femmes est la persécution qui est restée constante malgré les accords de paix et ce même au début de l’année 2000. Les femmes et filles enlevées par le RUF et utilisées comme « épouses » par des combattants sont très vulnérables aujourd’hui. Le nombre de viols a eu tendance à augmenter depuis la fin de la guerre du fait de l’impunité générale et non plus des activités des rebelles. D’après Human Rights Watch, beaucoup des pires atrocités commises sur des civils au cours du conflit l’ont été contre des jeunes filles et des femmes.

CRR- Centre d’information géopolitique 11 09/04/2004 4) Enfants

Majorité légale : d’après la section 1 (3) de la loi sur la citoyenneté de 1973, une personne est majeure à l’âge de 21 ans. En revanche la section 31 de la Constitution de 1991 stipule que l’âge à partir duquel on peut voter est 18 ans. L’âge minimal du mariage civil ou chrétien est de 18 ans mais, en vertu de la loi coutumière, il n’y a pas d’âge minimal pour les filles, qui peuvent être données en mariage bien avant 16 ans.

Le gouvernement manque de moyens pour assurer le bien être des enfants. La loi sur l’âge minimum au travail n’est pas appliquée. D’après un rapport de l’UNICEF de 1999, 30% des enfants en Sierra Leone mourront avant l’âge de 5 ans de maladies que l’on pourrait éviter.

Les enfants sont ceux qui souffrent le plus de la guerre. 690.000 enfants de moins de 18 ans ont été chassés par la guerre. 145.000 étaient en âge scolaire. Le recrutement d’enfants-soldats est un problème particulièrement grave dans le pays, ainsi que leur réinsertion, si le processus de paix s’avère durable. On estime que les parties au conflit ont enlevé 10.000 enfants entre 1992 et 1996. 4000 ont été enlevés par le RUF à Freetown en janvier 1999. Au moins 6.845 enfants ont combattu pendant la guerre. Les filles représentent un tiers des effectifs. Ces enfants ont été souvent maltraités et violés. L’usage d’amphétamines et de drogues est courant. La nouvelle armée comprend des enfants, en général volontaires. Les Kamajors ont reconnu avoir recruté des enfants par force.

Depuis le traité de paix, 7000 enfants auraient été démobilisés d’après l’UNICEF mais des centaines ont été à nouveau recrutés bien que ce recrutement semble avoir nettement décru. L’effectif comprend un nombre insuffisant de filles, ce qui signifie que nombre d’entre elles sont toujours retenues par d’anciens combattants qui les exploitent comme « femmes » ou « membres de la famille ». Fin 2002, environ 5.037 enfants anciens combattants étaient inscrits dans les registres des institutions de protection de l’enfance et associés à des programmes de réinsertion. Les enfants se voyaient parfois graver sur la peau du corps ou du visage l’acronyme du groupe rebelle qui les avait enlevé. Ces cicatrices posent de graves difficultés de réinsertion et certains enfants ont tenté de les enlever avec des produits caustiques. Un programme international a été mis en place en juillet 2001 pour enlever ces cicatrices par la chirurgie. Le retour de ces enfants dans leurs familles pose cependant de graves problèmes psychologiques, les familles rejetant parfois l’enfant pour avoir participé à des atrocités ou les enfants ne pouvant se résoudre à rentrer.

Un scandale a eu lieu lorsqu’en février 2002, une enquête a révélé que des personnes travaillant dans des camps de réfugiés dans la région avaient abusé sexuellement des enfants dont ils avaient la charge.

IV. Langue

Langue officielle : anglais.

Il existe 23 langues dans le pays. Le créole (krio) : créole basé sur l’anglais, langue maternelle de 10% de la population mais comprise par 95% des Sierra léonais, agissant comme unificateur ; c’est la langue des jeunes générations ; elle est parlée à l’école, dans les villes, entre ethnies et au travail. Elle est enseignée dans le primaire et le collège.

CRR- Centre d’information géopolitique 12 09/04/2004 Les langues principales sont ensuite le mende, parlé par 1.460.000 personnes, au sud et au centre ; le temne par 1.200.000 personnes dans le nord ; le limba par 335.000 personnes, au nord de Makeni et à l’est ; le kuranko par 250.000 personnes, surtout dans le nord autour de Kabala ; le kono par 190.000 personnes dans le nord-est ; le futa jalon par plus de 170.000 personnes, surtout dans le nord du pays.

V. Education

1) Généralités

Taux d’analphabétisme : hommes 49,3% ; femmes : 77,4%.

2) Structure

L’éducation primaire commence à 6 ans et dure six années. Elle est sanctionnée par la National Primary School Examination (NPSE). L’éducation secondaire, qui commence à 12 ans, dure aussi six années, en deux cycles de trois ans chacun. Le circuit habituel est composé des six années de primaire et de trois années de secondaire.

Les établissements d’enseignement supérieur sont l’Université de la Sierra Leone, avec quatre collèges (Fourah Bay College, Njala College, Medical College et Allied Health Sciences) et trois instituts (Institute of public administration and managment, Institute of adult education and extra-mural studies, Institute of linrary studies). Le Milton margai College offre aussi une éducation supérieure.

Avant la guerre, seuls 51% des enfants d’âge scolaire étaient scolarisés dans le primaire. Depuis la guerre, la plupart des écoles ont été fermées, détruites par les rebelles ou transformées en camps et sont laissés en l’état. Il y avait 1850 écoles primaires en 1991 et 690 fin 1995. Ces écoles sont concentrées dans les villes principales : Freetown, Bo, Kenema et Makeni. Le pays manque d’enseignants. Les universités ont été fermées et ont été détruites de la même façon. Le Département de l’éducation, avec l’aide de l’UNICEF, a établi des écoles dans les camps pour les personnes déplacées. Depuis 2001, grâce aux efforts du gouvernement, le taux de scolarisation dans le primaire est passé de 42% à 59%.

VI. Religion

La liberté de religion est reconnue par la Constitution de 1991 et elle est en pratique respectée.

La Sierra Leone compte entre 40 et 60% de musulmans, suivant les sources. Le reste de la population est animiste et il y a une minorité chrétienne d’environ 3%. Les mariages entre chrétiens et musulmans sont assez fréquents.

Le poids des chrétiens dans les hautes sphères du pays est très supérieur à leur représentation numérique du fait de la domination des Créoles, tous chrétiens.

Il existe un mouvement islamiste dans le pays mais plutôt alimenté par les immigrés, Libanais et Pakistanais, du moins pour les mouvements les plus radicaux. La seule organisation notoire, en dehors des confréries traditionnelles et des associations à vocation plus ou moins

CRR- Centre d’information géopolitique 13 09/04/2004 culturelles, est celle des Frères Musulmans. Le pays sert cependant de base de repli à certains chiites, notamment de la milice libanaise Amal. La Jama’at el-Tabglith pakistanaise exerce aussi une influence.

Tradition de sociétés secrètes. La société Poro a une énorme influence dans le pays. Réservée aux hommes, elle fait l’initiation des jeunes garçons dans le bush lors de cérémonies secrètes. Il peut y avoir à cette occasion des scarifications. La révélation du contenu des cérémonies à des non-membres est interdite. Dans certains secteurs, toute la population adulte mâle est membre de la société Poro et dans nombre de situations il est indispensable d’en être membre pour participer aux affaires locales. Il a été dit que cette société exerçait des pressions en vue d’un recrutement et abusait de son pouvoir mais peu d’informations sont disponibles sur l’attitude des autorités en cas d’abus de la société Poro.

VII. Médias

La liberté d’expression est garantie dans la Constitution de 1991. La censure et l’interdiction de la presse indépendante ont été fréquentes dans le passé. La situation s’est nettement améliorée depuis 2001. Il n’a pas été rapporté en 2002 d’interdiction de journaux, fermeture de radio ou de harassement de journalistes. La plupart des journaux sont indépendant et critiquent ouvertement le gouvernement. La plupart publient des articles à sensation, non documentés, ou repris d’autres publications. Une Commission indépendante des médias a été instituée en 2001 pour réguler la profession mais certains la critiquent, l’estimant non indépendante du gouvernement. En mars 2002 elle a ordonné une suspension d’une publication et d’un journaliste qui accusait le fils du Président de se servir d’un statut diplomatique à des fins lucratives. Le journaliste ayant refusé de se soumettre a été traduit devant la Haute Cour.

En février 2001, Pious Foray, journaliste du quotidien The Democrat a été gardé à vue plusieurs heures pour avoir révélé des détails concernant la sécurité du Président Kabbah. En avril 2002, une procédure a été engagée contre le rédacteur en chef de For Di People, l’un des premiers quotidiens du pays, pour avoir publié des articles sur un juge le traitant de « voleur », « criminel », « fraudeur » et publiant sa photo avec la mention « cet homme est dangereux ». Le rédacteur en chef a été condamné le 12 novembre à 9 mois de prison et son journal fermé pour 6 mois. Il a été libéré le 11 mars 2003 après une remise de peine mais aurait l’intention de faire appel du jugement.

L’Association des journalistes de Sierra Leone a exclu en janvier 2003 un de ses membres (Desmond Contey) pour avoir fait du chantage.

1) Publications

Il existe plus de 50 journaux publiés dans la seule capitale. Leur nombre varie de semaine en semaine. Ils critiquent couramment le gouvernement et les rebelles. Ils sont très politisés. De façon générale, la presse s’intéresse aux affaires du gouvernement et de Freetown, très peu de journalistes pouvant témoigner de ce qui se passe en province.

Daily Mail : quotidien gouvernemental, 10.000 exemplaires.

CRR- Centre d’information géopolitique 14 09/04/2004 2) Radio et télévision

Du fait du faible taux d’alphabétisation et du coût des journaux et de la télévision, la radio est le moyen d’information privilégié. Il existe plusieurs chaînes de radio privées. Le gouvernement Kabbah en exil avait la radio clandestine FM98 du temps de l’AFRL. le RUF a institué une station de radio FM à Kono en février 2001.

Sierra Leone Broadcasting service, gouvernemental. Programmes majoritairement en anglais et dans les quatre langues vernaculaires principales, Créole, Mende, Limba et Temne.

3) Agence

Sierra Leone News Agency (SLENA).

VIII. Structure politique

Constitution du 1er octobre 1991. Les dispositions de cette Constitution suspendues à partir d’avril 1992 par le National provisional ruling council (NPRC), ont été remises en vigueur le 29 mars 1996. Régime présidentiel. Multipartisme.

Conseils militaires ayant temporairement exercé le pouvoir Conseil national provisoire de gouvernement (NPRC) : Mis en place le 2 mai 1992 pour gouverner le pays après le coup d’Etat du 29 avril et dirigé par le capitaine Valentine Strasser. Conseil Suprême de l’Etat (CSC) : Changement de nom officiel du NPRC le 14 juillet 1992. Gouverne le pays jusqu’en mars 1996. Il est toujours dirigé par le capitaine Strasser jusqu’à ce que celui-ci soit renversé, en janvier 1996, par Maada Bio. Conseil révolutionnaire des forces armées (AFRC) : Instance qui contrôle le pays à partir du coup d’Etat du 25 mai 1997 jusqu’en février 1998, dirigé par le commandant Johnny Paul Koroma et constituée de la fusion du RUF et des forces armées (RSLMF).

Gouvernement actuel Président et ministre de la Défense: Alhaji Ahmed Tejan Kabbah (Sierra Leone’s people party, SLPP), réélu pour un nouveau mandat de cinq ans le 14 mai 2002 avec 70,6% des voix, contre (APC), 22,35% ainsi que huit autres candidats dont Alimany Pallo Bangura, pour le RUFP, 1,73% des voix. Ahmed Tejan Kabbah est un technocrate, longtemps fonctionnaire des Nations Unies. Vice-président : . Le gouvernement ne comprend pas un seul représentant de l’opposition ou des anciens rebelles.

IX. Elections

Système électoral : suffrage universel à partir de 18 ans. Président élu au suffrage universel direct pour 5 ans et au maximum deux mandats. Parlement uni-caméral de 124 sièges (112 élus, 12 Paramount chiefs représentant les douze districts).

Les combats persistants ont entraîné le report des préparatifs des élections locales de 1999 et des parlementaires et présidentielles prévues pour mars 2001. Les élections législatives se

CRR- Centre d’information géopolitique 15 09/04/2004 sont tenues le 14 mai 2002 en même temps que les présidentielles. Beaucoup d’observateurs internationaux ont déclaré ces élections libres et justes mais des rapports crédibles font état d’un certain nombre de fraudes et pressions. Des élections ont eu lieu en décembre 2002- janvier 2003 pour remplacer les chefs traditionnels. Les élections locales visant à remplacer les conseils de district ont été reportées et devraient se tenir en 2004.

Résultats des élections :. Elections législatives tenues le 14 mai 2002 (membres élus)

Partis Voix Sièges Sierra leone’s people party (SLPP) 69,9% 83 All people’s congress (APC) 19,8% 27 Peace and liberation party (PLP) 3,6% 2 Grand Alliance party (GAP) 2,4% - Revolutionary United Front Party (RUFP) 2,2% - United national people’s party (UNPP) 1,3% - People’s democratic party (PDP) 1% - Total 112 Douze sièges sont pourvus par les Paramount Chiefs.

X. Partis politiques

On recense environ 26 partis. La liberté d’organisation est respectée en pratique et aucune des sources consultées ne signale de persécutions à l’égard des partis. Presque tous les partis sierra léonais ont un ancrage ethnique et géographique.

All people’s congress (APC) : Fondé en 1960. Seul parti autorisé entre 1978 et 1991. Considéré comme un parti de gauche. Traditionnellement soutenu par les Temne. Dirigeant : Ernest Bai Koroma. A connu une scission, le Democratic people party (DPP) qui a rejoint l’APC à nouveau en 1992. Nombre de ses dirigeants ainsi que son ancien président Joseph Momoh ont été poursuivis pour liens avec l’AFRC. Arrivé en seconde position en 2002, il a 27 sièges au Parlement élu en mai 2002. Citizens united for peace and progress (CUPP) : nouveau parti présidé par Raymond Bamidele Thompson. Celui-ci a recueilli 0,4% des voix à l’élection présidentielle. Le parti n’a pas présenté de candidats pour l’élection parlementaire. Coalition for progress party (CPP) : Dirigeant : Geredine Williams-Sarho. Democratic center party (DCP) : Dirigeant : Adu Adiah Koroma. Grand Alliance Party (GAP) : Dirigé par Raymond Kamara, ancien député de l’UNPP. Mouvement pour le progrès (MOP): Parti créé en 2002 par Zainab Bangura, ex-figure de proue de la campagne de la société civile. Sa présidente était candidate aux présidentielles et a recueilli 0,55% des voix. Le parti a présenté 31 candidats aux législatives et n’a pas de députés. National alliance democratic party (NDAP) : Dirigeant Mohamed Yahya Sillah. National democratic alliance (NDA) : Dirigeant Amadou M.B Jalloh. National People’s party (NPP) : Dirigeant . National republican party (NRP) Dirigeant Sahr Stephen Mambu. National unity Movement (NUM) : Dirigeant . National unity party (NUP) : Dirigeant John Karimu (ou John Benjamin).

CRR- Centre d’information géopolitique 16 09/04/2004 Parti de la paix et de la libération (PLP) : créé en 2002 par Johnny Paul Koroma, ancien chef de la junte au pouvoir de 97 à 98. Johnny Paul Koroma a obtenu 3% des voix à la présidentielle de mai 2002 et le parti a deux députés au Parlement, dont, jusqu’à sa fuite récente, son chef. People’s democratic party (PDP) : Parti divisé après le décès de son chef Thaimu Bangura en janvier 1999. Dirigé aujourd’hui par Osman Kamara. Il ne présentait pas de candidat à la présidentielle, soutenant la candidature de Kabbah mais a obtenu 1% des voix aux législatives, score insuffisant pour avoir un siège. People’s national convention (PNC) : Dirigeant Edward John Kargbo. People’s progressive party (PPP) : dirigé par Abass Chernor Bundu. Revolutionary united front party (RUF-P) : nom du RUF transformé en parti politique officiel annoncé fin novembre 1999. Il était dirigé par Foday Sankoh, puis Paolo Bangura. L’emblème du parti est un lion, symbole de force et en référence au nom du pays. Il fait campagne contre le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) et contre Kabbah. S’alliant avec d’autres partis en septembre 2001 il s’est opposé au prolongement de 6 mois du mandat gouvernemental et a demandé un gouvernement d’union, bloquant pendant un mois le processus de paix. Son candidat à la présidentielle a obtenu 1,73% des voix et il n’a pas de députés au Parlement. Social democratic party (SDP) : Dirigeant Andrew Victor Lungay. Sierra leone’s people democratic league : (SLPDL ou PDL) : ce parti aurait été relancé par Alimamy Bakaar Sankoh, neveu de Foday Sankoh, ancien porte-parole des relations extérieures du RUF, qui a quitté ce mouvement en janvier 1996 et est depuis en exil à Accra (Ghana), étant recherché par le NPRC puis par le gouvernement civil actuellement en place. Le PDL est considéré comme un parti en exil. Son chef déclare qu’il date de 1986 et aurait 14 membres dans sa direction. Il s’oppose autant à Foday Sankoh qu’à Kabbah, bien que sa virulence et ses critiques soient plus fortement dirigées contre Kabbah. Le parti est signataire d’un appel anti-sioniste qui a de forts relents antisémites et il s’est violemment opposé à l’intervention des Nations Unies et des Britanniques. Sierra leone’s people party (SLPP, parti populaire de la Sierra Leone) : Parti du président Ahmed Tejan Kabbah. Le plus vieux parti du pays, fondé en 1951. Il est considéré comme conservateur. Traditionnellement dominé par les Mende, mais le président est mandingue. Enraciné dans le Sud. Dans l’opposition entre 1968 et 1978. Parti considéré comme corrompu. Vainqueur des élections de mai 2002. 82 députés. United national people’s party (UNPP) : Dirigeant John Karefa-Smart. Certains de ses membres sont en prison, accusés de trahison pour avoir fourni des conseils à l’AFRC. Son dirigeant a obtenu 1,04% des voix à la présidentielle. Le parti n’a pas de députés. Young People’s Party (YPP) : nouveau parti dirigé par Sylvia Olayinka Walminah Oresola Blyden. Son candidat à l’élection présidentielle, Andrew Dramani Turay, a recueilli 0,2% des voix et le parti n’a pas recueilli assez de voix aux législatives pour être représenté à l’Assemblée.

Coalitions et regroupements :

National co-ordinating comitee for peace : fondé en 1995. Coalition d’une soixantaine d’organisations destinées à faciliter le traité de paix entre le NPRC et le RUF.

Political Alliance for development and democracy in Sierra Leone (Salone paddy): rassemblement de 7 partis fin août 2000 : APC, PDA, PNC, PDP, NDA, PPP, UNPP.

CRR- Centre d’information géopolitique 17 09/04/2004 United front of political movements (UNIFOM) : fondé en septembre 1991 et composé de six associations politiques récentes qui exigeaient un gouvernement transitoire.

Very concerned citizens (VCC) : fondé en juillet 2000. Rassemble des membres issus de l’économie, du mouvement des travailleurs et du secteur sanitaire.

XI. Syndicats

La Constitution garantit la liberté syndicale et elle est en pratique respectée. Il y a eu plusieurs grèves dans le secteur public en 2001.

XII. Associations et groupes de défense des droits de l’homme

La liberté d’association est reconnue par la Constitution et il n’a pas été rapporté de difficultés dans son application depuis le retour du Président Kabbah.

Commission nationale d’unité et de réconciliation établie en juillet 1996 pour enquêter sur les atteintes aux droits de l’homme faits par les gouvernements précédents et d’enquêter sur les accusations de corruption pesant contre d’anciens ministres. Sa mise en place a été retardée à la suite de la crise de mai 2000.

Un Bureau anti-corruption doté de larges pouvoirs d’enquête a été institué en janvier 2000.

XIII. Justice

1) Structure

Le système juridique est fondé sur la common law et les lois traditionnelles (Customary Law, qui s’applique à l’échelon local, sur une base ethnique).

L’indépendance judiciaire, prévue par la Constitution, est respectée, d’après la plupart des sources consultées. La population perçoit cependant la justice comme lente, inefficace et corrompue. Même avant la guerre, seules les personnes ayant de l’argent avaient accès au système et la guerre a détruit l’infrastructure judiciaire.

De ce fait l’accès au système judiciaire reste très limité aujourd’hui et les institutions font face à une sérieuse pénurie de personnel formé. En 2003, des Magistrates courts ont pu siéger dans les 12 districts du pays. La justice manque cependant de personnel adéquatement formé. Les procédures sont trop longues. Dans la pratique, peu de gens ont les moyens de se payer un avocat et les avocats commis d'office sont réservés aux crimes capitaux. Les systèmes de justice traditionnelle fonctionnent toujours dans les cas de lois familiales, d’héritage, de propriété de la terre, surtout dans les zones rurales. L’application de lois traditionnelles, fondées sur l’Islam, aboutit souvent à des discriminations vis à vis des femmes et de certaines ethnies et elles sont parfois en contradiction avec les lois du pays.

Cour Suprême, Cours d’appel, Haute Cour, dont les juges sont nommés par le Président et Magistrate’s courts. Les Tribunaux locaux (Local Courts) font appliquer la loi traditionnelle

CRR- Centre d’information géopolitique 18 09/04/2004 par des juges laïques et sont pour l’instant la seule justice accessible pour 70% de la population. Tribunaux spécialisés pour les affaires criminelles et civiles. Les délais de jugement étaient, avant la guerre, d’environ 5 ans.

Cours martiales pour les affaires militaires, avec appel possible à la Cour d’appel.

2) Peine de mort

Prévue par le Code pénal. Elle est restée longtemps inappliquée. Le régime de l’AFRC, de mai 1997 à février 1998, l’a appliquée largement et sans garanties légales. Des peines de mort ont été prononcées en 1998 pour des membres des rebelles ou des complices de ceux-ci. Celles qui ont été prononcées par la Cour martiale ont été exécutées. Pas d’exécutions recensées depuis 1998 mais 14 peines de mort auraient été prononcées en 2003.

3) Loi d’amnistie

L’accord de paix du 7 juillet 1999 prévoit, dans son article IX (voir annexe), une amnistie générale. Elle a été ratifiée par le Parlement et intégrée dans la législation nationale par la loi du 13 juillet 1998. Elle a été très contestée par les organisations veillant au respect des droits de l’Homme, du fait qu’elle est en contradiction avec le droit international et son champ a été limité par l’institution du Tribunal pour les crimes de guerre.

4) Cour spéciale pour la Sierra Leone

En août 2000, par la résolution 1315, le Conseil de sécurité de l’ONU demandait au Secrétaire général de négocier un accord avec le gouvernement sierra leonais pour créer un tribunal pour les crimes de guerre.

Le 16 janvier 2002 était conclu l’accord entre les Nations Unies et le gouvernement pour créer l’Independant Special Court for Sierra Leone. D’après l’article 1 de ses statuts, le Tribunal est chargé de poursuivre « les personnes qui portent la responsabilité la plus lourde des violations graves du droit humanitaire commises sur le territoire de la Sierra Leone depuis le 30 novembre 1996 ». Le texte définissant son mandat précise « notamment les dirigeants qui, en commettant de tels crimes, ont compromis l’établissement et la mise en œuvre du processus de paix en Sierra Leone. » Le tribunal n’accusera pas de mineurs de moins de 15 ans.

Les ONG, dont Amnesty International, ont exigé que le Tribunal poursuive tous les crimes commis depuis le 23 mars 1991, estimant important que les crimes commis avant 1996 puissent être jugés.

De nombreuses rumeurs ont circulé en Sierra Leone sur ce Tribunal qui permettrait de poursuivre tous les anciens combattants ou de mener une chasse au sorcières. Les textes instituant le Tribunal, les différentes prises de position et la pratique actuelle à l’égard des anciens combattants du RUF indiquent qu’il n’existe pas de risque de condamnation de simples combattants. L’IGC estime par ailleurs que la présence d’un procureur indépendant réduit à néant le risque de biais politique, Amnesty International demandant sur ce point plus de garanties. La plus importante difficulté risque d’être la traduction devant le Tribunal de responsables de violations graves des droits de l’homme en dehors du RUF.

CRR- Centre d’information géopolitique 19 09/04/2004 Les juges ont prêté serment le 2 décembre 2002. La MINUSIL a transmis à la Cour en octobre 2002 un inventaire temporaire des crimes liés à la guerre et des charniers sur lesquels a pu enquêter la mission. Fin septembre 2003, treize personnes avaient été inculpées, tant du côté du RUF que du gouvernement, neuf d’entre elles étaient en détention, une décédée (Foday Sankoh, décédé en juillet 2003 de maladie) ; les deux accusés en fuite, Sam Bockarie, du RUF et Johnny Paul Koroma (AFRC) ont été tués au Libéria. Le 4 juin 2003, la Cour avait inculpé Charles Taylor, l’ancien Président du Libéria mais le Nigeria qui lui a accordé un refuge en août 2003, refuse de le remettre à la Cour.

Bien que de nombreux enfants aient été impliqués dans les atteintes aux droits de l’homme la Cour spéciale ne poursuivra pas d’enfants au-dessous de 15 ans.

5) Commission vérité et réconciliation (Truth and réconciliation commission TRC)

Créée sur le modèle sud africain sur la base des Accords de Lomé de 1999, cette Commission a commencé à fonctionner. La phase de sensibilisation a été conclue en octobre 2002 et elle a entamé son programme d’enregistrement des dépositions le 4 décembre à Bomaru, dans le secteur de démarrage du conflit en 1991. 9000 entretiens environ étaient collectés à la fin 2003. Les audiences publiques ont démarré à Freetown le 14 avril 2003 et se sont terminées en août.

6) Homosexualité

Il semble qu’une loi d’avant l’indépendance interdise l’homosexualité entre hommes mais les informations sont rares, notamment sur la portée réelle de cette loi.

XIV. Service militaire

Aucun.

XV. Forces de sécurité

Ancienne armée régulière : Republic of Sierra Leone Military Force (RSLMF). L’armée de la Sierra Leone était extrêmement fragile du fait du mécontentement de ses membres et de la corruption. Elle avait en 1994 14.000 hommes environ, auxquels se sont joints des combattants libériens de l’Ulimo, des contingents nigérians, guinéens et ghanéens et des mercenaires d’une société britannique puis de la société sud-africaine Executive Outcomes pour lutter contre le RUF. Cette armée a en grande partie fusionné avec le mouvement rebelle en 1997. Elle a été officiellement démantelée et des milliers de combattants sont détenus dans des camps. Le Programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), lancé en août 1998, doit permettre de réintégrer les combattants dans la société.

Nouvelle armée régulière : Republic of Sierra Leone Armed Forces (RSLAF). Nom de l’armée à partir du 25 mai 1997. Elle a été réformée en septembre 1998. Elle devait comporter 20% de membres de l’ancienne armée, après examen de leur passé et compter 5000 soldats, hommes et femmes. Elle est estimée compter 14.000 soldats en 2002 et doit se voir réduire à environ 10.500 soldats, des mesures de réinsertion étant prévues pour les soldats démobilisés. Elle est entraînée depuis mai 2000 par l’Armée britannique, le 2nd Battalion Royal Gurkha

CRR- Centre d’information géopolitique 20 09/04/2004 Rigles et des soldats canadiens. Elle est devenue une armée professionnelle et déployée sur tout le territoire. Cependant ses moyens restent insuffisants pour être efficaces partout et ses limitations affectent le moral des hommes qui sont parfois obligés de vendre leur équipement.

Civil Defense Forces (CDF). Les Civil Defense Forces étaient constituées d’anciens soldats loyaux, de jeunes recrues et essentiellement de chasseurs locaux : les Kamajors (Mendes) au Sud et à l’Est, les Kapras (Temne), les Donsos (Kono), Tamaboro (Koranko) et Gbethis (Temne) au Nord et l’Organized body of hunters à l’Ouest. Pendant la guerre en effet diverses milices d’autodéfense organisées localement se sont constituées pour protéger les civils. Dès le début, elles se forment au niveau du district ou de la province. Un certain nombre d’entre elles étaient formées de chasseurs, seuls à détenir et user de fusils, réputés pour leur connaissance exceptionnelle de la forêt et des protections rituelles et médicinales contre les forces surnaturelles. Si les CDF ne semblent pas ou peu impliqués dans des massacres comme ceux commis par le RUF, un certain nombre d’entre eux se sont livrés à des exactions (cf. chapitre XVI « Civil Defense Force »-CDF-). La plupart des sources extérieures considèrent qu’ils ont grandement contribué à vaincre le RUF. L’IGC estime cependant que les Kamajors sont parfois constitués d’anciens membres du RUF ralliés en 1996 et qu’ils ont coopéré dans de nombreuses régions, notamment celle des mines de diamant de Tongo. Les liens entre le gouvernement actuel et cette milice qui n’est pas désarmée alimentent la crainte qu’elle ne soit utilisée dans le cadre de la lutte politique, ainsi qu’ont pu l’être mes sociétés de chasseurs urbanisées dans le passé. Officiellement démantelés en avril 2002, les CDF semblent incomplètement désarmés, les Kamajors restent leur seule composante à demeurer souvent armés. Leur chaîne de commandement reste à peu près en place et il est probable qu’ils se mobilisent dans le cas où leurs chefs seraient condamnés ou dans celui où la sécurité serait remise en cause. Il semble aussi y avoir eu des liens entre le LURD et les Kamajors.

Forces de l’Economic organization of west african monitoring group (ECOMOG) : force de paix mise en place en août 1990 pour intervenir dans la guerre civile au Liberia. Le Nigeria lui fournit, depuis le début, la majorité de ses hommes, de son matériel et de son financement. Freetown était leur base arrière depuis le début de l’intervention au Liberia. Son mandat a été étendu à la Sierra Leone en août 1997. Sa mission était de renforcer le blocus imposé à la junte au pouvoir pour l’amener à la démission. Néanmoins, le 5 février 1998, l’ECOMOG a envahi Freetown pour renverser la junte. Entre ce moment et le retour du Président Kabbah le 10 mars 1998, l’ECOMOG a agi comme un gouvernement par intérim. Le retrait de l’ECOMOG est prévu par l’accord de paix et ses troupes se sont retirées en avril 2000. L’ECOMOG représente 10.000 hommes, la plupart nigérians. La plupart sont restés en poste un an sans permission, et certains plus de deux ans. Le contact par téléphone ou mail est difficile. Ces soldats étaient supposés recevoir 150 dollars par mois en plus de leur paye tant qu’ils sont dans l’ECOMOG. Les délais de paiement allaient jusqu’à trois mois.

Mission des Nations Unies pour la Sierra Leone (MINUSIL) : implantée depuis le 13 juillet 1999, elle compte 17.500 hommes implantés dans presque toutes les régions du pays.

La Sierra Leone Police (SLP) : 6500 à 7000 hommes en 2003, la majorité à Freetown. La police avait perdu un huitième de ses effectifs, tués par le RUF. Peu d’officiers ont survécu. Le gouvernement souhaite retrouver un niveau d’effectif identique à celui qui a précédé la guerre, soit 9500 hommes. La tâche est difficile, notamment pour le recrutement d’officiers, du fait des lacunes éducatives de la génération affectée par la guerre et des insuffisances de la police elle-même, qui n’a qu’une seule école. La police est aidée par le Commonwealth et le

CRR- Centre d’information géopolitique 21 09/04/2004 CIVPOL, la section de police civile de la MINUSIL. La police fait encore l’objet de plaintes pour son inefficacité dans certains secteurs, la population s’adressant plutôt aux chefs coutumiers par exemple, ou pour ses checkpoints nocturnes destinés à faire payer des pots de vin. A Freetown cependant la police est efficace, bien entraînée et ses chefs semblent lutter efficacement contre la corruption.

Par ailleurs les sociétés de sécurité privées suivantes ont opéré en Sierra Leone : Executive Outcomes, société de mercenaires sud africains qui a servi le NPRC et le gouvernement Kabbah de mai 1995 à janvier 1997 ; Sandline, société de mercenaires anglais qui a servi le gouvernement Kabbah de janvier à mai 1998 ; Defense Systems Limited, société anglaise, Lifeguard et Teleservices, sociétés sierra léonaises ont servi le gouvernement Kabbah.

XVI. Agents de persécution

Le Revolutionary united front (RUF) : mouvement créé en 1991 par Foday Sankoh a été un agent de persécution majeur mais a perdu aujourd’hui sa structure et ses chaînes de commandement. Il n’est plus, en tant que tel, un agent de persécution. Ses anciens combattants peuvent cependant constituer une menace dans la mesure où ils sont disponibles pour suivre un leader charismatique. Il comportait entre 5000 et 45.000 hommes, sans alignement ethnique même s’il recrutait plutôt au nord chez les Temné, Limné et Yalunkas, principalement musulmans. Il était dirigé par un conseil de guerre de 21 membres. Il a été aidé par la Libye, le Burkina-Faso et les forces de Taylor au Liberia. Dirigé par Foday Sankoh jusqu’en mai 2000, il est depuis cette date dirigé par le général Issa Sesay, ancien chef militaire du mouvement. Ce nouveau chef est vu comme une chance pour la paix, dans la mesure où il apparaît modéré, désirant se retirer pour profiter de ce qu’il a pu gagner durant le conflit et qu’il a pris ses distances avec Charles Taylor. Cependant, il n’est pas apprécié par de nombreux membres du RUF. Il est considéré comme responsable de l’exécution de ceux qui se sont opposés à lui et seraient en faveur de la reprise de la guerre, comme Dennis « Superman » Mingo, mais a été mis en difficulté par la libération de prison de Gibril Massaquoi, ancien porte-parole du RUF, du Brigadier Mike Lamin, ancien second de Foday Sankoh, et du Colonel Eldred Collins en septembre 2001.

De fortes divergences peuvent être relevées suivant les sources quant à la présentation de Foday Sankoh, des origines du RUF et de son idéologie. Certains considèrent que le RUF a une idéologie, une autonomie et que sa création est entièrement due au contexte sierra léonais et notamment à la corruption. D’autres sources considèrent que le RUF n’a pas vraiment d’idéologie ni de programme voire que le conflit sierra léonais est importé du Liberia ou plutôt implanté depuis le Liberia par Charles Taylor, via son compagnon de route Foday Sankoh, dans le cadre de son conflit contre l’ECOMOG en 1990, afin d’ouvrir un « second front » pour inciter le contingent sierra léonais à quitter l’ECOMOG. Toutes les sources convergent pour considérer que les liens entre Charles Taylor et le RUF sont évidents, le Libéria ayant notamment fourni le RUF en armes en échange d’un débouché pour les diamants extraits en Sierra Leone, et que l’idéologie du RUF est particulièrement floue et, en tout état de cause, inexistante avant 1994. Il est par ailleurs démontré que le RUF a été formé et équipé par la Libye via le Burkina Faso.

Implanté essentiellement dans les régions frontalières avec le Libéria et la Guinée, le RUF a son QG près de la frontière libérienne, dans la région de Pendembu.

CRR- Centre d’information géopolitique 22 09/04/2004 Après 1998, le RUF s’était réorganisé en trois groupes : le premier attaquait surtout les routes principales entre Freetown et les provinces au nord, le second comprenant surtout d’anciens soldats et dirigé par l’ancien vice-président du NPRC, Solomon « Saj » Musa était déployé sur le nord-est, le troisième, dirigé par Samuel Bockarie, alias le général Mosquito, bras droit de Sankoh (replié au Libéria en décembre 1999), s’était établi dans l’est. Samuel Bockarie est jugé responsable de la campagne d’amputations dite « No living thing ».

Le RUF se caractérise par une extrême violence et une extrême cruauté à l’égard des victimes, le plus souvent civiles. Dès 1991, il pratiquait des amputations sur des civils. Amnesty International considère que, depuis février 1998, les rebelles du RUF et l’AFRC ont commis les atteintes les plus atroces au droit humanitaire. Avec l’AFRC, le RUF est coupable d’atrocités sur des civils, notamment depuis 1994 et lors de ses deux campagnes de 1998 appelées « Operation no living thing » (« Plus un être vivant », et « Operation pay yourself » (Payez-vous vous-même). Durant leur bataille pour Freetown en février 1998, leur retraite vers l’intérieur en mars et leur avance sur la capitale en décembre, les membres du RUF et de l’AFRC ont commis des meurtres, des kidnappings, des mutilations, des viols et des destructions de biens. Les jeunes combattants du RUF sont, d’après un chercheur américain, très influencés par les films vidéos américains sur les jeunes combattants, notamment First Blood (Rambo).

La mutilation est l’une des atrocités la plus pratiquée par le RUF. Ce n’est pas une nouveauté en Sierra Leone, le RUF l’ayant déjà pratiquée dans le passé, à une échelle moindre. Le sens des mutilations était, en général, de répondre au message du Président Kabbah concernant le vote, une façon pour Foday Sankoh de marquer son opposition au vote. « Pas de bras, pas de vote ». Les victimes étaient souvent priées d’aller montrer leur mutilation au Président Kabbah, comme un message, ou de lui redemander un bras. Le bras peut être coupé au niveau du poignet (« manches longues ») ou du coude (« manches courtes »). Les victimes de telles pratiques pouvant être de jeunes enfants ou des femmes âgées. Des lacérations sont pratiquées. Les rebelles ont aussi organisé des loteries dans lesquelles les civils tirent des papiers sur lesquels est indiqué leur sort : mutilation, scalp ou mort. Ils ont enlevé des missionnaires et des membres de missions sociales ou humanitaires ainsi que des villageois, utilisés comme travailleurs forcés, esclaves sexuels ou boucliers humains. Ils ont recruté de force les enfants.

La participation massive des membres du RUF aux atrocités suggère, d’après Human Rights Watch, qu’elles sont autorisées à un haut niveau de responsabilité. Il existe très peu de témoignages faisant état de combattants ou de commandants du RUF tentant d’arrêter les abus ou refusant de les perpétrer.

Les Sobel (contraction populaire de soldat et rebelle) désignaient, à partir de mars 1992, les soldats ralliés ou alliés aux rebelles du RUF. Il date des batailles dans les mines de diamants, quand les soldats ont découvert qu’il était plus lucratif de se lancer dans les attaques en freelance que de participer à la guerre anti-insurrectionelle. Le terme ne se réfère plus à une réalité actuelle.

People’s Army : alliance entre soldats de l’AFRC et rebelles du Ruf entre juin 1997 et février 1998.

Republic of Sierra Leone Military Force (RSLMF) : assez peu disciplinée, cette armée comptait de nombreux combattants recrutés de force depuis le début du conflit et elle est

CRR- Centre d’information géopolitique 23 09/04/2004 impliquée dans de très nombreuses violations des droits de l’Homme, qu’il s’agisse de massacres, d’exécutions, de pillages, commis soit par des soldats en activité soit par des déserteurs. Les liens entre cette armée et le RUF se sont renforcés jusqu’à la fusion des deux mouvements, qui se sont alliés pour renverser le gouvernement Kabbah en mai 1997. Le nom de la faction de dissidents dirigés par Koroma et alliés au RUF à partir de mai 1997 est l’Armed Forces Revolutionary council (AFRC). Il n’existe plus depuis août 2000.

Forces conjointes pour la libération du Liberia (JFLL) : organisation apparue en avril 1999 lors d’une attaque par des troupes provenant de Guinée. Ce groupe serait l’auteur des enlèvements d’occidentaux de 1999 et serait composé d’anciens soldats de l’AFRL. Il ne semble plus en activité.

Gouvernement libérien et rebelles du LURD (Liberians United for réconciliation and democracy) : Ils continuent à franchir la frontière pour piller, échapper aux combats ou enlever des gens pour leur servir de porteurs.

West Side Boys (ou West Side Jungle Boys) : Faction composée de soldats insurgés (ralliés à l’AFRC) et de criminels de droit commun utilisant le secteur des villages de Masumana, Naia et Magbeni comme base arrière afin de menacer le trafic routier Masiaka-Freetown. Ils terrorisent les civils, commettent des meurtres, des viols et des vols. Apparus fin 1999, ils compteraient 200 à 500 hommes. En mai 2000, ils se sont ralliés aux forces de l’armée sierra léonaise et aux britanniques pour combattre le RUF, mais ils ont ensuite capturé des soldats en août 2000, suscitant une intervention militaire impliquant des troupes d élites britanniques qui a mis fin à leurs activités en septembre 2000. Cependant le document de l’OSAR de mars 2001 les considère toujours en activité à cette date. En 2003, aucune mention d’activité de ce groupe n’a pu être trouvée et nombre de ses membres sont en détention et en attente de jugement.

Occra Hills Boys : Force identique aux West Side Boys.

Civil Defense force (CDF), Kamajors : sans atteindre le niveau de violence du RUF, certains éléments des CDF refusent de faire des prisonniers et, après avoir pratiqué la torture ou les mauvais traitements, les exécutent sommairement. Certains membres de l’AFRC ont été brûlés vifs avec un pneu autour du cou. Les CDF ont commis des exactions, notamment les Kamajors et les Gbethis, accusés de se livrer à des extorsions, des viols, du chantage, des vols, des exécutions en masse de rebelles suspects et des recrutements de mineurs. La baisse de discipline a été nette en 2000. Les CDF ont maintenu leur structure de commandement et sont encore bien implantés.

Armée: durant l’année 2000, l’armée a bombardé sans discrimination à Makeni, Magburaka et Kambia, causant des morts de civils. Elle est considérée par le département d’Etat américain comme ayant pratiqué dans le passé des exécutions de rebelles suspects et des passages à tabac. Des abus pratiqués par l’armée ont été signalés mais ceux-ci semblent être des incidents isolés liés à l’indiscipline et ne sont pas encouragés ou tolérés par les autorités publiques (Home Office, octobre 2003).

ECOMOG : il semble que l’ECOMOG n’ait pas pris les dispositions nécessaires pour protéger les civils de Freetown des effets du bombardement du 5 février 1998. Cependant l’AFRC et le RUF ont aussi pratiqué des bombardements sur Freetown dans cette période. Les forces de l’ECOMOG ont été accusées de livrer des détenus à la CDF, de les battre et les

CRR- Centre d’information géopolitique 24 09/04/2004 attacher, de commettre des harcèlements et des actes de violence voire des viols. Des exécutions sommaires de rebelles ou de suspects ont été faites par l’ECOMOG. Enfin, l’ECOMOG est souvent accusée d’avoir pris part à l’exploitation illégale des profits du diamant.

Population civile : Après la libération de Freetown en 1998, des actes de vengeance privée ont visé des membres et collaborateurs de l’AFRC. Le gouvernement a cependant tout fait pour mettre fin à ces actes de vengeance. Depuis, on dispose de peu d’informations sur ces actes. Relevons cependant que le gouvernement ne les encourage pas et que la population traumatisée de la Sierra Leone voit avec amertume les anciens rebelles bénéficier d’aides dont elle ne bénéficie pas.

XVII. Détention et torture

D’après la loi les détenus doivent avoir accès au conseil d’un avocat, à leur famille et à une aide médicale au bout de 24 heures mais cette disposition est assez théorique.

Les conditions de détention sont très dures. Elles se sont cependant améliorées en 2002. La prison de sécurité maximale de Pademba, en particulier, disposait de bonnes conditions d’après les observateurs internationaux alors qu’en 1998, destinée à regrouper 325 détenus, elle en contenait trois fois plus avec des conditions sanitaires et alimentaires déplorables et une détention en commun des mineurs et des adultes, des détenus en préventive et des condamnés. Neuf personnes sont mortes dans la prison de Pademba depuis 2000, dont le secrétaire général du RUF Solomon Rogers mais en 2002, aucun rapport n’a fait état de mauvais traitements infligés aux détenus du RUF par les gardiens de prison. Les prisons de Bo, Moyamba offraient aussi de bonnes conditions tandis que la prison de Kenema était surchargée. Une nouvelle prison a été ouverte en octobre dans le district de Kono. Les cellules de commissariats ont des conditions de détention bien pires. Le quartier général de la police judiciaire et le poste de police central de Freetown sont particulièrement difficiles.

Environ 200 prisonniers politiques étaient détenus en juillet 2001 sans avoir été jugés. Une centaine seraient des membres du RUF, les autres des membres de l’AFRC ou de l’ancienne armée. Les 50 enfants accusés de complicité avec le RUF et incarcérés depuis mai 2000 à Pademba road étaient tous libérés en février 2001. En mars 2002, les dispositions d’état d’urgence permettant la détention illimitée sans jugement de près de 120 membres du RUF et autres groupes armés ont été levées. Foday Sankoh et 50 autres personnes ont en conséquence été inculpés de conspiration de meurtre, meurtres et tirs avec l’intention de tuer pour l’incident de mai 2000, sans préjudice des poursuites devant la Cour spéciale. D’autres membres du RUF ainsi que des West Side Boys ont été inculpés de la même façon. Le procès a régulièrement été reporté et peu de progrès étaient faits à la fin de l’année, les droits des inculpés n’étant pas respectés de façon adéquate d’après certains observateurs. D’anciens militaires ont par ailleurs été maintenus en détention sans base légale. Les lenteurs du fonctionnement judiciaire expliquent aussi que sur les 17 personnes détenues à la suite de l’attaque de Wellington en janvier 2003, 16 soient encore en détention préventive, une seule ayant été déférée devant la Cour Spéciale.

Les CDF ont été accusés de mauvais traitements. Le RUF a pratiqué la torture quasi-systématiquement.

CRR- Centre d’information géopolitique 25 09/04/2004 XVIII. Groupes vulnérables

Depuis le déclenchement de la guerre en mars 1991, les persécutions sont nombreuses sur les civils. Les victimes ne sont pas choisies en fonction de leur appartenance ethnique ou religieuse. Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables. Les groupes vulnérables plus circonscrits doivent ensuite être définis par périodes.

• La période comprise entre le 25 mai 1997 et le 12 février 1998, le régime de l’AFRC, a été marquée par un effondrement de l’état de droit et des violations massives des droits de l’Homme, dirigées contre les personnes en relation avec le Président Kabbah, son parti, les opposants supposés à l’AFRC, les journalistes. Il y eut aussi de nombreuses persécutions arbitraires.

• Depuis l’éviction de l’AFRC du pouvoir jusqu’en juillet-août 1998, les forces alliées de l’ancienne armée et des rebelles du RUF ont commis, avec une ampleur décuplée, des atrocités contre les civils refusant de les aider ou supposés proches du gouvernement ou des Kamajors. Certains sont persécutés de façon purement arbitraire. A partir de juillet-aout, les atrocités ont diminué. En septembre les attaques ont repris dans le nord.

• En janvier 1999 à Freetown, les rebelles du RUF ont d’une part attaqué quelques groupes cibles : les Nigérians, les policiers (plus de 250 d’entre eux ont été tués avec leur famille et les équipements et infrastructure détruits, notamment les dossiers ; la prison de Pademba a été attaquée et tous les prisonniers se sont évadés), les journalistes et les religieux et d’autre part attaqué les civils de façon arbitraire, les jugeant tous soutiens du régime. Parmi ces civils les personnes les plus menacées étaient les personnes âgées et les enfants, du fait de leur moindre capacité de défense, ainsi que les femmes et filles, du fait d’une pratique généralisée de la violence sexuelle à leur égard. La plupart des personnes tuées étaient dans les quartiers densément peuplés de l’est de la capitale, banlieue de Kissy, Wellington, et Calaba Town. Ces secteurs ont été coupés des infrastructures médicales principales, localisées à l’ouest de la ville, sous contrôle de l’ECOMOG.

• Depuis les accords de paix de juillet 1999 jusqu’en mai 2000, les victimes de persécutions de la part des rebelles sont en grande majorité des civils. Tout d’abord, si les mutilations et meurtres ont diminué pendant quelques mois, les viols restaient toujours aussi nombreux. Les combattants infiltrés dans la capitale avaient aussi commis des extorsions, vols, cambriolages et autres actes illégaux peu sanctionnés par les autorités par peur de mettre à mal le processus de paix. Les secteurs impénétrables des districts de Kailahun et Kono, la ville de Makeni et la région au nord de cette ville ainsi que les districts de Tonkolili, Kambia et Koinadugu étaient contrôlés par le RUF. Ses forces de combats étaient surtout concentrées dans les districts de Kono et Koinadugu. Seuls les environs des Occra Hills (à l’ouest de Freetown) et le district de Kambia étaient encore dangereux pour les civils, d’après l’OSAR.

• A partir de mai 2000, les attaques contre les civils, faites dans le cadre de raids à la recherche de nourriture, ont conduit à une reprise des meurtres, mutilations et enlèvements. L’insécurité était étendue à tout le pays. La plupart des routes n’étaient pas sûres et même impraticables. Le travail forcé dans les mines de diamant a été courant. Le RUF a aussi engagé une campagne de recrutement d’enfants et d’adolescents et la peur de ces recrutements a provoqué nombre d’exodes. Les forces gouvernementales ont, elles

CRR- Centre d’information géopolitique 26 09/04/2004 aussi, exercé des persécutions, des bombardements indiscriminés, des meurtres de prisonniers du RUF, des viols et des extorsions.

• En juillet 2000, le RUF contrôlait presque la moitié du pays : au Nord les districts de Koinadugu, Kambia et Bombali ainsi qu’une partie du district de Tonkolili, à l’Est les districts de Kailahun et Kono. Des combattants du RUF, des CDF et des West Side Boys ont attaqué et pillé des villages dans tout le pays.

• Fin 2000-début 2001, la situation était dans l’ensemble calme sauf vers la frontière guinéenne et à la mi-janvier 2001, quatre régions sont proclamées « sûres pour la recolonisation » : Freetown, les districts de Port Loko, Kenema et Pujehun. Les combats avec le Ruf se concentrent alors dans le district de Kambia. En 2001, le RUF s’attaquant à des civils dans le nord s’en est particulièrement pris aux Susus, ethnie principalement implantée en Guinée qu’ils accusent d’espionnage. Depuis l’institution du Tribunal spécial les anciens détenus et travailleurs forcés du RUF, les anciens combattants et les participants au programme de désarmement risquent des persécutions de la part du RUF pour avoir été témoin de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.

• A partir de mai 2001, le cessez-le-feu est globalement respecté à part quelques escarmouches dans le district de Kono et le contrôle gouvernemental s’est étendu à tout le pays à l’exception de Kailahun. En septembre 2001, le président Kabbah a déclaré que le district de Kono n’était plus en guerre. Il existe encore des actes de violence isolés, habituellement non endossés par le commandement du RUF. En 2002 aucun rapport d’enlèvement de personnes pour servir dans les mines de diamants n’a été rapporté mais des informations font état du fait que d’anciens commandants du RUF utilisent encore des enfants dans les mines de diamants. Le gouvernement n’a pas encore un contrôle complet de ces mines.

Les anciens combattants du RUF démobilisés quittent parfois le pays ou réintègrent une milice ou un groupe armé, du fait que leur intégration dans la société sierra léonaise est malaisée. Malgré le budget destiné à leur fournir des formations et les aider à se réintégrer, l’économie du pays offre peu de débouchés en dehors de l’agriculture qui, le plus souvent, ne les attire pas. C’est là la préoccupation majeure de tous les intervenants dans le processus de paix. De plus les efforts importants faits pour ces anciens combattants contrastent douloureusement avec la situation des victimes de la guerre. Cependant, d’après la responsable de l’IGC en Sierra Leone, il n’y pas de persécution des anciens combattants du RUF de la part du gouvernement et les combattants « ordinaires » ne risquent pas d’être poursuivis devant le Tribunal spécial (voir chapitre spécifique). Parmi les personnes enlevées de force par le RUF, le groupe le plus vulnérable est celui des « bush wives », les filles raptées pour devenir « épouses » de membres du RUF ; souvent mères de jeunes enfants, déshonorées par le viol qu’elles ont subi, elles restent sous la dépendance de leur ancien maître. Il semble probable que d’anciens commandants du Ruf aient conservé certaines femmes et les maintiennent en esclavage sexuel.

CRR- Centre d’information géopolitique 27 09/04/2004 XIX. Réfugiés

1) Accueil dans le pays

Pas de procédure d’asile formelle. Du fait du conflit récent, il y avait fin 2002 23.000 réfugiés libériens dans des camps de Sierra Leone tandis que 8.500 Libériens réfugiés vivent dans des zones urbaines du pays et 12.000 sur la zone frontalière.

A la fin 1999, plus d’ un million de personnes (un quart de la population) avaient été déplacée. Fin 2000, on dénombrait officiellement 170.000 déplacés, dont 70% de femmes et d’enfants. En janvier 2001, l’ordre a circulé d’installer désormais les réfugiés de retour dans le pays et les personnes déplacées dans des communautés locales des régions proclamées « sûres pour la recolonisation ». En avril commençait le programme national de réinstallation des personnes déplacées. Sa phase finale a pris fin en décembre 2002, 11.000 personnes ayant à cette date été réinstallée, ce qui porte le total depuis avril 2001 à 220.000. Il reste environ 10 à 20.000 personnes déplacées non officielles dans les centres urbains. Le retour des déplacés a provoqué des tensions avec les personnes demeurées sur place et des maisons avaient été occupées.

2) A l’extérieur du pays

Fin 1999, près d’un million de personnes étaient réfugiées dans des camps en Guinée et Liberia. Les camps guinéens ne sont pas à l’abri d’attaques des rebelles sierra léonais et peuvent être soumis à des brimades des militaires guinéens. Au Liberia sont réfugiés de nombreux rebelles. Environ 135.000 réfugiés ont été rapatriés en 2002 et il en resterait 70.000 en Guinée et au Libéria.

Les demandes d’asile introduites par des Sierra léonais sont en augmentation depuis quelques années : 322 recours ont été déposés en 2002 auprès de la CRR, ce qui constitue une augmentation de +198,15% vis à vis de l’année 2001. Les Sierra léonais ne représentent cependant qu’une faible part de l’ensemble (1,23% des recours).

Le taux d’accord de l’OFPRA en première instance était de 10,9% en 2001, le taux global, incluant les annulations de la CRR, de 15,5%. Il s’agit donc ici d’une légère amplification de la tendance constatée à l’Office et non d’une divergence d’appréciation.

XX. Documents d’identité et déplacements

Certains demandeurs d’asile sierra-léonais sont en possession de documents à l’en-tête du HCR. Ces documents revêtent des formes très variées (attestations, cartes de réfugiés,…) et portent fréquemment la mention « Refugee Identification Document for Overseas Travel ». Les enquêtes menées sur ce type de document ont le plus souvent conduit à considérer qu’il s’agissait de faux documents. La carte d’identité sierra léonaise coûtait fin 2000 officiellement 4000 Leone mais, du fait de la corruption, certains exilés ont pu la payer jusqu’à 200.000 leones, soit 100 dollars. La liberté de circulation prévue par la Constitution est désormais respectée. Cependant des officiers de l’armée semblent utiliser des barrages pour extorquer de l’argent. Par ailleurs la frontière avec le Libéria a été fermée par moment en 2002 puis en février 2003 jusqu’en août de la même année.

CRR- Centre d’information géopolitique 28 09/04/2004 chronologie

1961 27 avril Indépendance. Le pays est dirigé par Milton Margai, du SLPP. 1962 Premières élections au suffrage universel depuis l’Indépendance. Le SLPP en sort vainqueur. 1967 Le parti APC, principal parti d’opposition, gagne les élections mais est empêché de gouverner par un coup d’Etat. 1968 A la suite d’une mutinerie dans l’armée, un gouvernement civil est remis en place avec, comme Premier ministre, Siaka Stevens, chef de l’APC. 1971 Mars Echec d’une tentative de coup d’Etat. Avril La Sierra Leone est proclamée République. Siaka Stevens en devient le Président. 1973 Les élections sont boycottées par le SLPP, seul parti d’opposition et le pays devient de fait un pays de parti unique. 1978 Juin Adoption par référendum d’une nouvelle Constitution instaurant de jure un régime de parti unique. De 1981 à 1985, une série de scandales politiques a lieu. Certains officiels sont impliqués dans des appropriations de fonds publics. L’état d’urgence est déclaré, des affrontements ont lieu au cours de grèves puis entre factions politiques. 1985 Octobre Le candidat officiel de l’APC, le major-général Joseph Saidu Momoh, est élu Président de la République. Novembre Le chef de l’Etat libérien accuse la Sierra Leone d’être impliquée dans une tentative de coup d’état contre lui. Il ferme la frontière entre les deux pays. 1986 Mai L’APC, seul en lice, remporte les élections législatives. Août Réouverture de la frontière avec le Liberia, suivie d’un accord de coopération. Durant la deuxième moitié des années 80, le gouvernement perd de sa popularité d’origine et une importante agitation se développe, nécessitant le recours à l’état d’urgence à plusieurs reprises. Le principal problème du Président Momoh semble avoir été son incapacité à venir à bout du système de clientélisme et de détournement de fonds publics, notamment par des concessions gratuites d’exploitation de mines de diamant aux alliés politiques, système instauré par son prédécesseur. 1989 Début de l’insurrection de Charles Taylor au Liberia.

1990 Le leader du NPFL libérien, Charles Taylor, menace de bombarder Freetown, devenue la base de l’ECOMOG dans ses opérations contre les rebelles libériens. 1991 23 Mars Un groupe de 100 combattants, comprenant des dissidents sierra léonais (surtout des étudiants d’Université), des combattants

CRR- Centre d’information géopolitique 29 09/04/2004 libériens du NPFL de Charles Taylor et quelques mercenaires du Burkina Faso attaquent la Sierra Leone à Bomaru (Kailahun district) et à Pujehun district, par le pont sur la rivière Mano reliant le Liberia et la Sierra Leone. C’est le début de la guerre. Avril Un ancien caporal de l’armée, compagnon de Charles Taylor, Foday Sankoh, affirme mener les combats à la tête du RUF, mouvement jusque là inconnu de la plupart des Sierra léonais. Ce mouvement faisait, à ses débuts, la guerre aux fermiers, villageois et mineurs des régions d’exploitation de diamants. Le Nigeria et la Guinée envoient des troupes à la Sierra Leone pour lutter contre les rebelles qui ont décapité 60 personnes dans l’est et contrôlent des villages. Septembre A la suite d’une importante campagne politique, une nouvelle Constitution est promulguée, instaurant le multipartisme.

Dès la fin de l’année 1991 il devient évident que l’armée sierra léonaise est démoralisée et inefficace dans sa guerre contre le RUF. Une scission s’amorce, une partie de ses troupes se rapprochant du RUF. Des membres de l’ULIMO libérien, anciens supporters de l’ex-Président libérien Samuel Doe, attaquent le NPFL depuis la Sierra Leone. 1992 janvier Des discussions ont lieu entre le gouvernement sierra léonais et les leaders des factions libériennes, sous les auspices de l’ECOWAS. 29 avril Coup d’Etat et instauration d’une junte militaire dirigée par le capitaine Valentine E.M. Strasser. A cette date le RUF est implanté dans un cinquième du territoire, au sud et à l’est et contrôle notamment la riche région de Koidu. 30 avril Le Président Momoh se réfugie en Guinée. 2 mai Mise en place d’un Conseil national provisoire de gouvernement (NPRC) de 23 membres. 25 juin Le chef du RUF refuse les propositions de négociations du gouvernement et pose des conditions inacceptables. 14 juillet Un Conseil suprême de l’Etat (SCS) remplace le Conseil national provisoire. Août Début d’une offensive du gouvernement contre les rebelles. Elle entraîne une série de reconquêtes de secteurs par les autorités : le secteur des mines de diamant notamment. Pendant quelques mois les rebelles sont repoussés derrière la frontière du Liberia. 8 décembre Création d’un conseil consultatif chargé d’élaborer un calendrier pour le retour des civils au pouvoir. 29 décembre Tentative de coup d’Etat. 26 personnes arrêtées et exécutées.

1993 Janvier Le gouvernement a le contrôle du secteur de Koidu. Mars Le gouvernement, aidé de l’ULIMO libérien, reprend le pont stratégiquement important de la ville de Bo mais le RUF, aidé par Charles Taylor, reprend ses activités et mène une campagne très brutale tout en exploitant le mécontentement des secteurs ruraux. Avril Le RUF ne contrôle plus que la région de Kailahun.

Mai Le gouvernement reprend la ville de Baiwala, dans la région de

CRR- Centre d’information géopolitique 30 09/04/2004 Kailahun.

1994 Janvier Le gouvernement mène une campagne de recrutement pour l’armée auprès des jeunes de milieux défavorisés. Avril La guerre s’intensifie. Les rebelles du RUF, auxquels se sont joints d’anciens militaires, mènent désormais, sans chercher à contrôler des territoires, des attaques éclair dans le sud et l’est puis le nord. Les meurtres de civils par les rebelles se multiplient. Septembre Les rebelles intensifient leurs activités et de nombreux civils sont tués par des hommes armés peu identifiés. Utilisation fréquente du vocable sobel, contraction de soldat et rebelle, indiquant l’implication croissante de membres de l’armée dans les rangs des rebelles et la difficulté d’identification des attaquants. 1995 Janvier Le RUF enlève des otages étrangers et menace de les tuer. Le mouvement contrôle par ailleurs la mine d’oxyde de titane Sierra Rutile jusqu’à la contre-offensive gouvernementale de la fin du mois.

Février La situation est désespérée. Le RUF s’approche de la capitale. Le gouvernement fait appel d’abord à des Gurkhas de l’armée britannique qui s’avèrent inefficaces puis à des mercenaires de la société Executive Outcomes, société militaire privée, dont la plupart des membres sont d’anciens militaires sud-africains. Executive Outcomes forme l’armée, repousse le RUF qui approchait de la capitale. Une mobilisation générale a été décrétée. 31 mars Nouveau gouvernement comptant plus de civils que de militaires. 21 juin L’interdiction qui frappait tous les partis politiques depuis le coup d’état de 1992 est levée par un décret de la junte. 22 juin L’ex-Président Joseph Momoh et cinquante personnalités de son régime sont officiellement interdits de toute activité politique pendant 10 ans. Juillet Importantes et victorieuses offensives de l’armée contre la rébellion. 3 octobre Tentative de coup d’Etat. Arrestation de 6 officiers. 11 octobre 15 partis politiques sont retenus pour les élections présidentielles et législatives prévues le 26 février 1996. Décembre Executive Outcomes étend ses opérations dans la région diamantifère et en reprend le contrôle. La société engage aussi une coopération avec les Kamajors.

1996 janvier Executive Outcomes reprend la mine Sierra Rutile, après qu’elle a été pillée par un contingent de l’armée dirigé par Johnny Paul Koroma. Avec les troupes nigérianes présentes, la société combat le RUF dans les Kangari Hills et Foday Sankoh, en difficulté, demande des négociations. 16 janvier le brigadier général Julius Maada-Bio « démet » le capitaine Strasser et prend le pouvoir. Strasser se réfugie en Guinée. Le général est investi chef de l’Etat le 17 janvier et annonce la constitution d’un nouveau gouvernement. Une certaine agitation a lieu car Maada-Bio est suspecté du fait que sa sœur, Agnes Deen Jalloh, était un responsable du RUF. Des élections sont prévues sur pression des Britanniques et des

CRR- Centre d’information géopolitique 31 09/04/2004 Américains. De nouvelles attaques rompent de fait le cessez-le-feu et les tentatives de négociations avec le RUF. 26-27 février Victoire du SLPP aux élections législatives. Premier tour des élections présidentielles. 15 mars , du Sierra Leone People’s Party (SLPP), est élu Président au deuxième tour des élections. 4 avril Formation du gouvernement civil démocratiquement élu. Négociations avec le RUF, qui seront suspendues le 28 mai. Le gouvernement est critiqué pour le poids grandissant qu’il donne aux Kamajors, chargé notamment de la sécurité présidentielle. Les forces armées sont les plus critiques du fait d’une réduction de leur importance. Juillet La Constitution de 1991 est remise en vigueur. Août négociations avec le RUF qui propose de reconnaître le gouvernement si Executive Outcomes se retire du pays. 9 septembre Tentative de coup d’état militaire. Des rumeurs persistantes font état du coût exorbitant payé par le gouvernement pour les services d’Executive Outcomes et des trafics auxquels se livreraient ses personnels dans les secteurs miniers. 30 novembre Signature à Abidjan d’un accord de paix entre le gouvernement de la Sierra Leone et le Front révolutionnaire uni. L’accord prévoit le départ d’Executive Outcomes pour janvier 1997, mais sa filiale Lifeguard renouvelle le contrat avec plusieurs compagnies minières dont elle assure la sécurité.

1997 Janvier Retrait formel d’Executive Outcomes. Le Nigeria maintient deux bataillons à Freetown. 1 mars Une quarantaine de rebelles ont été tués dans des accrochages dans le district de Moyamba (100 km à l’est de Freetown). 15 avril Crise interne au RUF. 25 mai Coup d’Etat militaire qui renverse le Président élu Ahmed Tejan Kabbah (qui s’est envolé pour la Guinée). Le pays est officiellement sous le contrôle du « Conseil révolutionnaire des forces armées » (AFRC) et le nouveau chef d’Etat est le commandant Johnny Paul Koroma, libéré de prison par les putschistes. Il canalise la crainte des militaires peu formés pour leur avenir dans la perspective de la réduction des forces armées et a déjà trempé dans des affaires de corruption et de pillage. Il déclare que Foday Sankoh est le chef idéologique du coup d’Etat. Les ressortissants étrangers, notamment américains, sont évacués du pays. Le pays est paralysé par la grève, les pillages. Le gouvernement suspend la Constitution de 1991. Le coup d’état inaugure une période de violations massives des droits de l’Homme par le gouvernement et de répression politique. 29 mai Fermeture des frontières et interdiction de survoler le pays, annonce le gouvernement. 30 mai La junte au pouvoir annonce la possibilité que Freetown soit envahie par des troupes étrangères, à la suite de l’implantation par le Nigeria de centaines d’hommes de l’ECOMOG dans la capitale et des appels à la restauration du Président renversé, ami personnel du chef de l’Etat

CRR- Centre d’information géopolitique 32 09/04/2004 nigérian. Le chef de la rébellion, Foday Sankoh soutient le putsch et des membres des rebelles sont nommés dans le gouvernement, leur chef étant nommé vice-Président. En conséquence, Foday Sankoh a appelé ses troupes à cesser le combat. 2 juin . Les soldats nigérians de l’ECOMOG attaquent les positions de la junte à Freetown. Les militaires et les rebelles combattent de concert les troupes nigérianes L’opération armée de l’ECOMOG tourne d’abord au désastre pour les soldats nigérians qui se heurtent à une forte résistance. Mais la junte trouve peu d’appui dans le pays et, rapidement les Kamajors (milices d’autodéfense ) se joignent à l’ECOMOG. Les combats alternent avec les phases de négociations, visant à faire quitter le pouvoir à la junte. 22 juin Combats entre les Kamajors et l’armée régulière au sud-est de Freetown. Un nouveau front est ainsi constitué autour de la ville de Bo, sous contrôle des Kamajors depuis 1996. 9 juillet. Importants combats à Freetown entre l’armée régulière alliée aux rebelles et à l’ECOMOG 30 juillet Le nouveau chef d’Etat annonce qu’il restera au pouvoir jusqu’en 2001. 2 août Charles Taylor est nommé Président de la République du Liberia. 30 août La CEDEAO se prononce pour un embargo contre la junte sierra- léonaise. 5 septembre Des bombardements nigérians sur Freetown tuent des civils. 8 octobre Résolution 1132 du Conseil de sécurité de l’ONU qui impose à la junte sierra léonaise un embargo sur les armes et le pétrole 23 octobre Un accord est conclu à Conakry entre la junte, le RUF et la CEDEAO prévoyant le retour au pouvoir du Président Kabbah en avril. La répression sur la presse est particulièrement forte. Nombreuses arrestations.

1998 14 janvier Persécutions à Kenema. La ville se trouve en fait sous le contrôle du RUF et en particulier de Sam Bockarie. Plusieurs notables ont été arrêtés à cette date, alors que les combats avec les Kamajors faisaient rage dans les environs, et ont été torturés. Le Président du Conseil municipal, B.S.Massaquoi a été retrouvé mort, mutilé. 20 janvier Affrontements entre Kamajors et armée régulière dans l’Est du pays (ville de Tongo). 13 février L’AFRC est évincée du pouvoir par l’ECOMOG, qui annonce qu’il contrôle Freetown et « la plupart du territoire de la Sierra Leone ». A partir de cette date l’AFRC et le RUF engagent une campagne de terreur appelée « plus un être vivant » (Operation no living thing). En février et mars, les massacres sont commis lors de la retraite des rebelles vers l’est, dans les villes de Bo, Kenema, Koidu (ville presque entièrement détruite) puis Makeni. 2 mars . L’ECOMOG prend le contrôle de la ville de Makeni et son prochain objectif est Kabala 6 mars Africa Confidential publie un rapport détaillant l’accord fait entre la société Sandline, société de sécurité basée à Londres et ayant des liens avec le Foreign Office, le Président Kabbah et les forces nigérianes de l’ECOMOG pour renverser la junte. 7 mars L’ONU annule les sanctions contre la Sierra Leone mais maintient l'embargo sur les armes et les munitions. 10 mars Le Président démocratiquement élu Ahmad Tejan Kabbah rentre

CRR- Centre d’information géopolitique 33 09/04/2004 triomphalement dans son pays. Promulgation de l’état d’urgence selon l’article 29 de la Constitution. Par ailleurs le gouvernement a interdit à tout personnel non autorisé de porter des armes, des munitions, des explosifs ou des uniformes de l’armée ou de la police. Les stockages d’aliments de base et de produits pétroliers sont considérés comme des crimes et passibles d’amendes et d’emprisonnement. Le gouvernement peut geler les avoirs bancaires et les propriétés acquises illégalement par la junte et ses partisans. 20 mars Formation d’un gouvernement restreint. Les troupes de l’ECOMOG ont poursuivi leur offensive contre les rebelles alliés à l’ancienne armée régulière. L’armée régulière semble devoir être considérée comme officiellement dissoute, les Kamajors pouvant être appelés à la remplacer. 26 mars Le Parlement confirme l’état d’urgence lors de sa première réunion depuis le coup d’Etat de mai 1997, au cours de laquelle 52 députés étaient présents (deux des 80 députés ont été tués pendant la guerre, certains ne sont pas de retour d’exil ; deux d’entre eux ont été accusés de collaboration avec la junte : Jengo Stevens, fils du premier Président Siaka Stevens et Victor Foh). L’état d’urgence avait été décrété par le Président peu de temps après son retour ; il autorise la détention sans inculpation pendant 30 jours des collaborateurs de la junte. Les troupes de l’ECOMOG entrent à Kono (250 km à l’est de Freetown). Les soldats de l’ex-junte ont exécuté 18 jeunes gens qui refusaient d’être enrôlés dans leurs troupes en déroute à Kayima (comté de Sandoh). 30 mars La normalisation de la situation a été engagée à Freetown : les banques et les écoles ont rouvert leurs portes alors qu’elles étaient pour la plupart fermées depuis le coup d’état du 25 mai, en signe de protestation contre le coup d’Etat. Les combats continuent, ainsi que les massacres, dans le district de Kono, notamment la ville de Koidu, dans les villages de la région, puis vers l’ouest et le nord. Les villages du district de Koinadugu ont été la cible de massacres et de destructions. 1er avril Le Président déclare que 90% du territoire a été « libéré » par l’ECOMOG. Les combats se poursuivaient dans cette période dans l’est du pays (autour de Kono notamment) où les rebelles et soldats de la junte ont pratiqué des amputations. Des soldats de l’ex-junte et des rebelles du RUF ont été brûlés vifs par des jeunes dans les villes de Kabala, Dankawalie et Dagolia. 17 avril Résolution 1162 du Conseil de sécurité autorisant le déploiement en Sierra Leone d’un groupe de liaison militaire des Nations Unies et de conseillers pour les questions de sécurité. En avril et mai le village de Tumbodu, au nord de Koidu, a subi des attaques répétées. 7 mai Le village de Boima, dans le district de Bombali, province du nord-est attaqué par les rebelles. Nombreuses atrocités dans les environs de Karina, entre Makeni et Fadugu, province du nord. 20 mai L’ECOMOG déclare contrôler toutes les capitales de district du pays. Le Président du Conseil de sécurité de l’ONU condamne les atrocités commises par le RUF et l’AFRC et juge préoccupantes les informations suivant lesquelles ces mouvements seraient soutenus par d’autres gouvernements.

CRR- Centre d’information géopolitique 34 09/04/2004 Les combats se sont poursuivis dans le secteur d’origine de la guérilla, dans l’est du pays notamment en avril. A partir du 20 mai, de nombreuses informations sur des attaques menées dans le nord du pays, permettent de se rendre compte que l’ECOMOG ne parvient pas à maintenir un contrôle suffisant sur les environs des villes importantes, les villages et secteurs ruraux. La guérilla se poursuit donc entre les rebelles du RUF et les contingents de l’ECOMOG, guérilla qui prend des formes encore plus atroces, s’il est possible ; les combats se sont déplacés vers le nord et les victimes sont des civils : les rebelles et soldats ont poursuivi leur pratique de l’amputation et ont inventé la « loterie de la vie » dans laquelle les victimes tirent au sort ce qu’il va lui être imposé : un pied coupé, une main coupée, deux mains coupées, un membre coupé, la tête scalpée ou la mort. 5 juin Résolution 1171 du Conseil de sécurité de l’ONU qui lève l’embargo sur les armes imposé au gouvernement de la Sierra Leone mais interdit la vente d’armes ou matériaux connexes aux forces non gouvernementales. 13 juillet Le Conseil de sécurité de l’ONU établit une nouvelle opération, la mission d’observation des Nations Unies en Sierra Leone (MONUSIL). (résolution 1181). 25 juillet Foday Sankoh est remis par le gouvernement nigérian aux autorités de la Sierra Leone. Déféré à la justice le 24 septembre, il a été condamné à mort en octobre. 27 juillet Attaque de Kabala par les rebelles. De nombreux civils ont été enlevés. 30 juillet Conférence spéciale des Nations Unies sur la Sierra Leone. Massacres et mutilations dans des villages de la zone de Gbinti, district de Port Loko, puis aux environs de Kabala et de Kenema. 22 août Lancement officiel du Programme de Désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) au camp Lungi. 25 août Condamnation à mort de 16 civils, pour trahison. Multiplication des attaques de rebelles dans le nord, notamment le district de Kambiah. 8 octobre Les rebelles attaquent la ville de Mange (Port Loko) et détruisent des habitations. Au moins 25 civils tués. 12 octobre Condamnation de 34 militaires par la Cour martiale. Le 19 octobre 24 des 34 soldats sont exécutés et 10 voient leur peine commuée en détention à perpétuité par le Président Kabbah. Le jour même le Président explique à la radio les motifs particuliers des condamnations et lance un appel aux rebelles de l’AFRC et du RUF, réitérant l’offre d’amnistie. 21 octobre Condamnation à mort de 11 civils pour leur implication dans le coup d’Etat de mai 1997. 23 octobre Annonce de la condamnation à mort de Foday Sankoh pour trahison. Il fait appel. Des civils du village d’Alkikalia sont massacrés et amputés en représailles. 5 novembre Condamnation à mort de 15 civils pour trahison. Joseph Momoh, ancien Président est condamné à deux fois 5 ans de détention pour trois autres délits. Décembre Les combats continuent dans le nord et le nord-est. Les rebelles sont à 30 km de Freetown. Le leader rebelle et ancien Premier ministre de la junte Solomon Musa est tué dans les combats.

1999 janvier Les rebelles occupent une partie de Freetown et y commettent des

CRR- Centre d’information géopolitique 35 09/04/2004 atrocités. Attaque par les rebelles de la prison de Freetown, Pademba Road, au cours de laquelle l’ancien Président Joseph Momoh est enlevé. 18 janvier Attaque par les rebelles de l’hôpital psychiatrique de Kissy. Exécution de 16 hommes et six femmes. Le Comité international de la Croix rouge (ICRC) quitte le pays après que le gouvernement sierra léonais l’a accusé de fournir des équipements de communication aux rebelles. L’équipe ne reviendra qu’au mois de mai. 19 janvier Attaque par les rebelles de l’Eglise Brotherhood of the Cross and Star à Wellington. 12 personnes dont 3 enfants au moins exécutées. 22 janvier Massacre du RUF à la mosquée de Rogbalan à Kissy, où s’étaient réfugiés des musulmans et des chrétiens. 66 personnes tuées. Fin janvier l’ECOMOG annonce avoir repoussé les rebelles à l’Est de Freetown. L’ECOMOG reprend la ville de Lunsar au RUF. 130 des 170 policiers de la ville avaient été exécutés par les rebelles. L’ECOMOG reprend ensuite Port Loko, Kambia et Waterloo. Février L’ECOMOG reprend au RUF la ville diamantifère de Segbweme, puis celle de Moyamba, capitale des mines de bauxite et de titanium. Des combats ont lieu autour de la ville diamantifère de Tongofield. Les civils de l’est manquent de nourriture et de médicaments, notamment autour de Bo et Kenema. Mars Le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan condamne les meurtres inhumains, les mutilations et autres crimes commis sur des civils par les rebelles durant leur occupation de Freetown. 18 avril . Foday Sankoh part au Togo, pour rencontrer d’autres dirigeants du RUF 18 mai Un accord de cessez-le-feu est conclu entre le gouvernement et les rebelles. 24 mai Entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu signé le 18 mai. L’ECOMOG reprend la ville de Songo. Avant d’évacuer la ville, les rebelles ont tué au moins cent civils, à coups de machette ou brûlés vifs. Juin Dans son rapport au Conseil de Sécurité des Nations Unies Kofi Annan détaille le nombre croissant d’atrocités commises contre les civils par les rebelles, notamment dans les villes de Masiaka et Port Loko 7 juillet Signature de l’accord de paix entre le gouvernement et le RUF à Lomé (Togo). Le document prévoit l’entrée du RUF, transformé en parti politique, au gouvernement et accorde à son chef, Foday Sankoh, qui est gracié par le Président, un poste équivalent à celui de vice-Président. Les rebelles s’engagent à déposer les armes. Le texte prévoit une amnistie générale des combattants du RUF et l’ONU a exprimé des réserves sur ce point, estimant que l’amnistie et le pardon ne devront pas s’appliquer aux crimes internationaux de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et autres sévères violations des lois humanitaires internationales. L’accord prévoit la création d’une Commission de gestion des ressources stratégiques pour permettre au gouvernement d’effectuer un contrôle réel sur l’exploitation de l’or, du diamant et d’autres gisements au profit du peuple sierra léonais. Une Commission des droits de l’homme quasi-judiciaire est créée, ainsi qu’une Commission vérité et réconciliation pour permettre de traiter des problèmes d’impunité, de casser le cycle de la violence et de fournir aux victimes et aux bourreaux un forum pour s’exprimer. Cet accord a été adopté par le Parlement.

CRR- Centre d’information géopolitique 36 09/04/2004 L’accord est suivi d’une importante polémique à propos de l’amnistie. Les ONG estiment inadmissible une amnistie pour des crimes tels que ceux qui ont été commis par les rebelles sierra léonais. Nombre de représentants témoignent que ce qu’ils ont vu au Sierra Leone, notamment les bébés délibérément amputés dépasse en horreur tout ce qu’ils ont pu voir dans leur carrière. De plus l’entrée dans Freetown de centaines d’anciens rebelles, même désarmés, provoque des mouvements de panique dans la capitale. 19 juillet Le gouvernement annonce qu’il va commencer à désarmer les rebelles, les militaires et les formations de chasseurs. Ordre est donné aux formations de chasseurs de se dissoudre. 23 juillet Le gouvernement pardonne 98 anciens ministres et fonctionnaires emprisonnés en 1998 pour leur collaboration avec la junte militaire. Ce pardon inclut l’ancien Président Joseph Momoh. Les agences internationales d’aide atteignent la ville de Makeni où la situation sanitaire et alimentaire est dramatique depuis la capture de la ville par le RUF en décembre. 1er août La Croix Rouge (ICRC) commence un recensement des amputés. 3 août Le coordinateur des affaires humanitaires pour les NU déclare que des milliers de Sierra léonais restent déplacés, que 30% de la population souffre de malnutrition, que peu de gens ont accès aux soins et que les rebelles affamés attaquent les convois alimentaires. 5 août D’anciens soldats de l’AFRL capturent 35 otages, exigeant la libération de leur chef Johnny Paul Koroma qui, d’après eux, était prisonnier d’une faction rebelle et se plaignant d’être exclus du processus de paix. Les otages faisaient partie d’une mission de l’ONU et comprennent des observateurs britanniques. 10 août Libération d’otages détenus par les ex-AFRL, ainsi que 200 femmes et enfants prisonniers. 11 août Enlèvement de six employés occidentaux d’organisations humanitaires dans une région de combats, au nord-est du pays. Les ravisseurs, faisant partie du même groupe que lors de l’enlèvement précédent, contestent l’accord de paix. Ils se réclament des Forces conjointes pour la libération du Liberia (JFLL). Fermeture de la frontière libérienne sur décision de Charles Taylor, Président du Liberia. 19 août Le couvre-feu est raccourci de deux heures. Il est désormais en place de 21 heures à 6 heures, au lieu de 20 heures à 7 heures. 20 août Le Conseil de sécurité autorise le triplement des effectifs de la mission des Nations Unies. 24 août L’ancien ministre de l’agriculture Dr Harry Will est inculpé de détournement de fonds. 25 août Des rebelles attaquent des véhicules commerciaux et des camions sur la route Port Loko-Masiaka et Freetown-Masiaka. L’organisation Comitee to protect journalists a dénoncé les attaques contre la presse à Freetown, notamment celle de l’éditeur de l’Independant Observer, Jonathan Leigh par l’ECOMOG et celle de l’éditeur de For di People, par trois commandants du RUF. L’ancien Président Joseph Momoh est capturé par le RUF. 30 août Deux commandants du RUF sont enlevés par le groupe se réclament des JFLL. Ils demandent d’être réintégrés dans l’armée et d’avoir leur participation au partage du pouvoir dans le cadre des Accords de Lomé. La police et l’ECOMOG joignent leurs forces pour combattre l’augmentation des vols à main armée dans la capitale, estimées à 10 par semaine. Les agresseurs, généralement en tenues militaires, attaquent les résidences et les bureaux, notamment dans les quartiers est.

CRR- Centre d’information géopolitique 37 09/04/2004 7 septembre Libération par les JFLL des membres du Ruf et de l’AFRC enlevés le 30 août. 14 septembre Affrontements entre Kamajors et rebelles dans le district de Kenema, après que les rebelles aient attaqué plusieurs villes. Epidémie de choléra. 17 septembre Affrontement entre Kamajors et armée libérienne à la frontière. Les rebelles de l’AFRC saisissent des munitions et des armes de l’ECOMOG.

22 septembre Manifestation d’enseignants réclamant le paiement des salaires dus depuis 7 mois ou plus. 25 septembre Selon des civils qui se sont enfuis de cette zone, les rebelles qui contrôlent Koidu, dans le district de Kono, font une vaste opération de recherche de diamants. 28 septembre Les CDF remettent 89 enfants-combattants au vice-Président. 11.000 enfants seraient intégrés dans le CDF. La situation dans la province du nord empêche l’exécution des programmes humanitaires, estiment les Nations Unies. Les rebelles détournent l’aide alimentaire, pratiquent le vol, le racket et frappent les civils. 3 octobre Foday Sankoh et Johnny Paul Koroma rentrent en Sierra Leone. 7 octobre Le porte-parole de l’ECOMOG accuse les rebelles de violer le cessez-le- feu en perpétrant des attaques et des vols contre des civils. 11 octobre Réouverture de la frontière avec le Liberia. 16 octobre Affrontements entre des rebelles du RUF et de l’AFRC à Makeni. Environ 500 soldats du RUF sont arrivés dans la ville et des affrontements ont alors commencé. Les forces de l’AFRC ont été expulsées de la ville et celle-ci est désormais tenue par le RUF. 20 octobre Le programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) est officiellement lancé au cours d’une cérémonie. Il y aurait 45.000 combattants à désarmer dans le pays. 21 octobre Remaniement ministériel en application des accords de paix. Quatre ministres du RUF et de l’AFRC sont ajoutés. 22 octobre Le Conseil de sécurité des Nations Unies vote à l’unanimité la création de l’United Nations Mission in Sierra Leone (UNAMSIL), force qui remplace l’UNOMSIL et doit superviser la démobilisation et le désarmement. 23 octobre Le caporal Foday Sankoh, leader du RUF et l’ancien chef de l’AFRC, le Lieutenant-colonel Johnny Paul Koroma sont nommés à la tête des commissions prévues pour eux dans l’accord de Lomé, la « Commission for the management of strategic resources, national reconstruction and development » (CMRRD) pour le premier, avec rang de vice-Président, et la « Commission for consolidation of the peace » pour le second. Les nominations prennent effet rétroactif au 3 octobre, date de leur retour en Sierra Leone. 27 octobre Human Rights Watch demande aux leaders du RUF et de l’AFRC de poursuivre les membres de leurs forces responsables de crimes contre les civils depuis la signature de l’accord de paix du 7 juillet. Des viols, tortures, tentatives d’amputations, enlèvements ont eu lieu dans les provinces du centre et de l’ouest. Ces atrocités ne sont pas couvertes par l’amnistie, rappelle l’ONG.

CRR- Centre d’information géopolitique 38 09/04/2004 29 octobre Les affrontements entre RUF et AFRC continuent entre Makeni et Lunsar. De nombreux civils ont dû fuir. Ils prennent fin le 1er novembre. 2 novembre Formation du cabinet incorporant des membres du RUF et de l’AFRC. 4 novembre Démarrage réel du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion 14 novembre. L’intervention des forces de l’ECOMOG et de l’armée dans une boite de nuit de Freetown pour violation de couvre-feu entraîne la mort de 5 personnes. 18 novembre L’ancien Président Joseph Momoh est ramené à Freetown après avoir été libéré par le RUF. 22 novembre Le RUF annonce qu’il va s’inscrire à la Commission électorale en tant que parti politique sous le nom de Revolutionary united front party (RUFP). La guerre a fait 50.000 morts. 5 à 10.000 personnes ont été amputées, 5 à 10.000 femmes et fillettes ont été violées, 10.000 enfants ont été enrôlés dans la guerre. 7 décembre Enlèvement de deux membres des MSF par le RUF. 8 décembre Le Secrétaire général des Nations unies exprime sa préoccupation devant la poursuite des violations des droits de l’Homme à l’encontre des civils, notamment dans la province du nord. Il estime qu’il faut accélérer le programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), puisque à cette date seuls 10% des 45.000 combattants se sont présentés dans les camps de collecte d’armes. 13 décembre L’ECOMOG renforce sa présence à Port Loko et impose un couvre feu à partir de 20 heures. De nombreux rebelles du RUF sont encore dans la ville, où ils harcèlent les civils. Mise en place du Comité de révision constitutionnelle. 15 décembre A cette date, qui devait marquer la fin du programme de désarmement, les objectifs n’ont pas été remplis. Le Comité sierra léonais pour les droits de l’Homme (SLHRC) indique que le nombre des enlèvements est encore supérieur au nombre de libérations. 16 décembre Libération des deux membres de MSF enlevés une semaine auparavant. 17 décembre D’après les derniers chiffres publiés par le Comité national pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (NCDDR), environ 10.000 anciens combattants ont été enregistrés et un tiers des armes rendues (1889 du RUF, 2900 de l’AFRC, 3804 anciens soldats loyalistes, 560 membres des Kamajors). Désormais, les forces de l’ONU doivent désarmer les combattants restants, par la force si nécessaire, à partir de janvier.

2000 janvier D’anciens combattants du RUF ont rouvert des routes dans l’est du pays. La route menant de Kenema à Koindu a notamment été officiellement ouverte. 5 janvier Un bataillon de casques bleus kenyans est arrivé à Makeni et patrouille dans le secteur. 11 janvier . Le Secrétaire général de l’ONU souligne que l’anarchie et le banditisme augmentent à Freetown et ses environs, ainsi qu’à Lungi et Port Loko. De nombreux harcèlements de civils et violations de cessez-le-feu seraient l’œuvre d’éléments de l’ancienne armée basés dans la région des Monts Occra. Par ailleurs de nombreux incidents ont lieu dans les

CRR- Centre d’information géopolitique 39 09/04/2004 camps de désarmement, démobilisation et réintégration : le 3 janvier une centaine d’anciens combattants ont tenté d’attaquer le bureau de la MINUSIL à Port Loko et le 9 janvier un officier nigérian a été attaqué à Lungi. Le paiement de la première tranche de leurs allocations de 150 dollars aurait momentanément calmé la situation 13 janvier Médecins sans frontières (MSF) publie un rapport appelant la communauté internationale à consacrer plus de ressources au traitement du traumatisme mental, particulièrement répandu, en Sierra Leone a la suite du conflit. La ville de Kambiah est toujours instable et Kailahun, ainsi que la ville diamantifère de Kono, sont toujours inaccessibles aux agences humanitaires.

Dans son rapport sur la situation de la période 5-16 janvier, l’Unité des Nations unies pour la coordination de l’aide humanitaire en Sierra Leone (UCAH) indique que d’anciens combattants du RUF et de l’ancienne armée harcèlent les habitants de Kabala, créant dans la ville un climat de grande insécurité.

19 janvier Le parlement vote une loi anti-corruption qui prévoit la création d’un Bureau anti-corruption chargé d’enquêter sur les cas qui lui seront signalés. Février Les rebelles du RUF semblent violer fréquemment le cessez-le-feu. 7 février Le Conseil de sécurité des Nations Unies décide le renforcement des effectifs de l’ONU en les portant de 6000 à 11100 hommes. 22 février . Adoption par le Parlement de la loi instaurant la Commission vérité et réconciliation prévue dans les accords de paix pour examiner les atrocités commises entre 1991 et 1999 Mars D’après Human Rights Watch, les personnes vivant dans des camps en Sierra Leone sont souvent victimes d’enlèvements, de viols et de mutilations de la part des rebelles du RUF et ce notamment dans le district de Port Loko, en principe contrôlé par le gouvernement. Des personnes fuyant la région de Koidu se plaignent de mauvais traitements et d’imposition de travaux forcés des rebelles sur les membres de l’ethnie Kono. Avril A la fin du mois plus de 8000 hommes des forces de maintien de la paix des Nations Unies (MINUSIL) ont été déployées dans le pays pour superviser l’application des accords de Lomé. Le RUF continue de contrôler le nord et l’est et seuls un tiers des combattants ont été désarmés et démobilisés. 1er mai Début d’une flambée de violence sur l’initiative du RUF, destinée semble-t-il à empêcher le déploiement de l’ONU dans les zones diamantifères. Sept soldats kenyans de la MINUSIL ont été tués par le RUF et, le 5 mai, on estime que 500 observateurs militaires de l’ONU ont été enlevés par le Ruf dans les localités de Makeni, Magburaka et Kailahun. Les soldats de l’ONU encerclent la villa de Foday Sankoh à Freetown. 8 mai Disparition de Foday Sankoh à l’issue d’une manifestation devant son domicile à Freetown. Des membres du RUF qui gardaient sa résidence ont tiré sur des manifestants, faisant plusieurs morts. L’ONU décide le déploiement de 3000 hommes supplémentaires aux 8500 déjà présents. Déploiement de soldats britanniques en principe destinés à évacuer leurs ressortissants, mais également affectés à la

CRR- Centre d’information géopolitique 40 09/04/2004 sécurité de l’aéroport de Lungi. Très rapidement, avec 800 parachutistes déployés dans la capitale au départ, l’intervention britannique va prendre beaucoup d’ampleur et jouer un rôle déterminant. Les instructeurs britanniques conseillent l’armée sierra léonaise et les forces de l’ONU, de nombreux navires de guerre britanniques stationnent au large de la Sierra Leone et les troupes d’élite des commandos SAS (Special air service) semblent avoir pénétré à l’intérieur du pays pour repérer les casques bleus encore détenus.

11 mai Arrestation d’Abdul Kutayeh, directeur du Wisdom Newspaper. Il est détenu dans le cadre des dispositions d’urgence au motif que des documents du RUF ont été trouvés à son domicile. Il sera libéré sur ordre du Président Kabbah en octobre. Les dirigeants de la CEDEAO mandatent Charles Taylor pour négocier la libération des casques bleus. Avancée des rebelles vers Freetown, après l’attaque sur Waterloo. L’armée bloque l’avance rebelle à Waterloo (35 km de la capitale). Le Conseil de sécurité de l’ONU condamne Foday Sankoh et critique l’amnistie accordée au RUF. Réouvertures d’écoles dans les villes de Kabala et Bumbuna, dans la province nord du pays sous contrôle gouvernemental et ce malgré la présence des rebelles dans la région. L’hôpital public de Kabala a été rouvert. 16 mai Des unités de rebelles attaquent des casques bleus nigérians à Port Loko et des soldats britanniques près de Lungi. La ligne de front s’est cependant stabilisée à Masiaka et les militaires britanniques semblent avoir sécurisé Freetown. 139 casques bleus sont libérés. Cependant, Human Rights Watch fait valoir que les rebelles font régner la terreur à Masiaka et dans les environs. Human Rights Watch réclame un renforcement de l’embargo sur les armes à destination du RUF, qui est violé notamment via la frontière libérienne. 17 mai Arrestation, à Freetown, de Foday Sankoh. Emprisonné à la caserne de Cockerhill, Foday Sankoh a ensuite été rapidement exfiltré de Freetown vers l’aéroport de Lungi, où il est gardé par des britanniques. 23 mai Les troupes gouvernementales repoussent une attaque rebelle à Rogberi Junction, à 90 km au nord-est de Freetown. 25 mai . Deux journalistes occidentaux sont tués dans une embuscade à 80 km à l’est de Freetown 27 mai . Tous les casques bleus auraient été libérés Le Président Charles Taylor semble agir en faveur d’un retour aux positions de juillet 1999, alors que le RUF contrôlait les zones diamantifères. 8 juin Plus de 10.000 civils fuient la zone de Kabala et l’ONU évacue du secteur la majorité de ses casques bleus. 15 juin Le contingent britannique se retire de Freetown mais 200 instructeurs britanniques vont encadrer l’armée sierra léonaise. 27 juin Des centaines de Kamajors ont quitté Freetown dans le cadre d’une décision sur la démilitarisation de la ville. L’armée bombarde un convoi du RUF et accuse le mouvement d’avoir attaqué des villages dans la région du Tonkolli. 28 juin Le RUF attaque et brûle des villages dans les zones contrôlées par le gouvernement près de Mile 91.

CRR- Centre d’information géopolitique 41 09/04/2004 Juillet Opération Kukri de la MINUSIL. Reprise de Masiaka, attaquée le 3 juillet par le RUF. 5 juillet L’ONU décide un embargo de 18 mois sur le trafic illégal des diamants en provenance de Sierra Leone. La résolution 1306 interdit le commerce des diamants extraits des zones contrôlées par le RUF. 15 juillet Prise de Kailahun par les forces gouvernementales. 19 juillet Combats entre des rebelles et leurs anciens alliés, membres des forces gouvernementales à Tongo Field. Des milliers de civils fuient la ville. 14 août Le Conseil de sécurité des Nations Unies approuve la création d’un tribunal spécial international pour juger les crimes contre l’humanité en Sierra Leone. La résolution 1315 prévoit que le secrétaire général de l’ONU négocie un accord avec le gouvernement de Sierra Leone la création de ce tribunal. 23 août Le RUF désavoue Foday Sankoh et investit à sa place le général Issa Sesay. Dans la semaine du 4 septembre Londres envoie en Sierra Leone 150 soldats d’élite. 21 septembre Le ministre de l’Information annonce que les troupes gouvernementales ont repris les villages de Masumana, Naia et Magbeni aux West Side Boys. Cette opération aurait été menée avec l’aide des instructeurs de l’armée britannique. Les West Side Boys avaient capturé des soldats de l’armée au mois août. Cinq d’entre eux ont été libérés par la négociation le 30 août et les autres, par la force, le 10 septembre. 12 octobre L’ONU a recommandé que le Tribunal spécial pour la Sierra Leone juge les enfants soldats âgés de 15 à 18 ans, coupables des crimes les plus graves ; cependant, aucun ne doit être condamné à la prison et les procès ne doivent pas mettre en cause les programmes de réhabilitation. Nombreuses incursions des rebelles en Guinée qui font plus de 600 morts en deux mois. 10 novembre Signature d’un nouvel accord de cessez-le-feu entre le RUF et le gouvernement, surveillé par les forces de l’ONU. Il prévoit le déploiement des forces de l’ONU dans les régions diamantifères. Human Rights watch produit des preuves d’atrocités perpétrées contre des civils par le RUF, aussi bien en Sierra Leone qu’en Guinée et sur des agressions de la part des groupes armés agissant pour le gouvernement. 10 décembre Publication d’un rapport des Nations Unies sur le trafic de diamants et d’armes. Il conclue, entre autres, que la grande majorité des diamants sierra léonais du RUF quitte le pays pour le Libéria, transportés par des commandants du RUF et des courriers libériens, ce qui implique une complicité au plus haut niveau de l’Etat libérien. Il relève que la Commission de gestion des ressources minières stratégiques (CMRRD), mise en place par l’accord de Lomé et dont Foday Sankoh était le vice- Président, n’a jamais fonctionné, tandis que Sankoh menait un grand train de vie sans ressources connues. En ce qui concerne les armes, le rapport conclue à l’implication majeure de Charles Taylor, le Président libérien, dans la fourniture d’armes au RUF, avec l’aide de ses hommes d’affaires proches allant s’approvisionner jusqu’en Europe orientale.

2001 6 janvier Des avions guinéens bombardent des objectifs dans l’ouest du pays en prenant pour cible des dissidents guinéens et des rebelles du RUF.

CRR- Centre d’information géopolitique 42 09/04/2004 19 janvier Les leaders du RUF annoncent leur retrait de la zone diamantifère de Tongo Field et la réouverture de plusieurs routes stratégiques.

Une bonne partie des combattants du RUF ont été transférés sur le front guinéen. Des combats ont lieu dans le district de Kambia. Le Ruf est appuyé par des combattants ghanéens entraînés par le Libéria et le Burkina Faso.

Les élections prévues en février et mars sont repoussées à cause de l’insécurité. Le mandat du Président est prolongé de 6 mois par le Parlement. 6 février Des civils sont tués dans les bombardements guinéens sur les bases rebelles dans les districts de Bombali et Koinadugu. 15 mars Début du déploiement des forces du maintien de la paix des Nations Unies dans les territoires tenus par les rebelles, en particulier à Lunsar. Les retours spontanés de réfugiés sierra léonais depuis la Guinée s’accélèrent. Des corridors de sécurité ont été aménagés, mais HRW considère qu’ils ne sont pas sûrs.

Au mois de mars, le RUF aurait tué 8 personnes dans deux attaques commises en violation du cessez-le-feu. 2 avril Le Conseil de sécurité vote l’augmentation du nombre des casques bleus (portés à 17.500) afin de pouvoir atteindre les zones tenues par le RUF Omrie Michael Golley, nouveau chef politique du RUF, a affirmé qu’il voulait s’engager dans une lutte purement politique et déclare accepter la création du Tribunal spécial à condition que les forces gouvernementales et celles de l’ECOMOG soient jugées aussi. 13 mai Le RUF a relâché un premier groupe de 80 enfants soldats. Il a libéré aussi 24 Guinéens capturés près de Gueckedou. Les trois semaines suivantes, le RUF libère plus de 800 enfants. En mai-juillet on assiste à une recrudescence des viols d’enfants. 13 août Le gouvernement a libéré 41 prisonniers rebelles. Il reste 25 détenus du RUF, dont Foday Sankoh. Depuis le mois de mai 16.027 combattants ont déposé les armes. 17 août Le district de Kono est déclaré officiellement désarmé. Septembre Le Conseil de sécurité prolonge de 6 mois le mandat des troupes de l’ONU. Le contingent pakistanais, bien armé, doit constituer le cœur d’un dispositif d’intervention rapide et est responsable de la sécurisation du secteur de Kono. La région de Kambia est déclarée sûre. De nombreux déplacés sont rentrés. Libération de haut gradés du RUF : le brigadier Mike Lamin, second de Sankoh, le Colonel Eldred Collins. Cette libération suit celle, début août, de Pallo Bangura, secrétaire général du RUF.

Décembre Affrontements dans la région de Kono entre anciens membres du RUF et jeunes de la région d’une organisation appelée Movement of concerned Kono youths (MOCKY). Les affrontements se sont conclus par la mort d’un certain nombre d’anciens du RUF. 2002 18 janvier La guerre est officiellement terminée.

1er mars L’état d’urgence, en vigueur depuis le 26 mars 1998 est levé. 4 mars Foday Sankoh est inculpé d’homicide et de délits associés, à la suite de la fusillade au cours de laquelle ses gardes du corps ont tiré sur des

CRR- Centre d’information géopolitique 43 09/04/2004 manifestants en mai 2000. Le même jour s’est ouvert le procès contre des membres de l’ancienne milice des West Side Boys, accusés d’homicide et de viol. 8 mars Le Président Ahmed Tejan Kabbah déclare qu’il sera candidat aux prochaines élections présidentielles en sa qualité de chef du Parti du Peuple de la Sierra Leone au pouvoir 15 mars . Conclusion d’un accord en vertu duquel la Guinée ouvre quatre points de passage frontalier pour le rapatriement de réfugiés sierra léonais. Environ 15.000 réfugiés se sont inscrits pour ce rapatriement d’après le HCR 9 avril Le RUPF nomme son secrétaire général Pallo Bangura candidat aux élections présidentielles. Le parti avait d’abord choisi Foday Sankoh, choix invalidé par la Commission électorale, du fait de son inculpation. 10 mai Journée d’élection spéciale pour les employés publics qui seront de service le 14 mai. 14 mai Elections législatives et présidentielles. Ahmed Tejan Kabbah est proclamé vainqueur le 19 mai et son parti remporte le scrutin législatif. Juillet Démarrage de la Cour spéciale pour la Sierra Leone. Affrontements à Freetown entre Nigérians et mouvements de jeunes locaux, dus au meurtre d’un homme d’affaire sierra léonais attribué par la rumeur publique à des nigérians. L’intervention des forces de l’ordre a rétabli la situation sans qu’il soit relevé de discrimination. 24 septembre Résolution 1436 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui demande à la MINUSIL de terminer dans les huit mois les première et deuxième parties de son plan de retrait progressif et autorise le déploiement de 170 policiers civils.

2003

10 janvier Le Conseil de sécurité de l’ONU exprime sa préoccupation devant la lenteur avec laquelle le gouvernement rétablit l’autorité de l’Etat dans les zones diamantifères. Les élections des chefs traditionnels (Paramount chiefs) se déroulent ce mois-ci. 13 janvier Une attaque contre les locaux de l’armée Wellington avertit la police de la préparation d’un coup d’Etat par Johnny Paul Koroma pour entraver l’action de la Cour spéciale. 16 janvier Beaucoup des pires atrocités commises contre des civils pendant la guerre ont visé des jeunes filles et des femmes écrit Human Rights Watch dans son rapport « We’ll kill you if you cry : sexual violence in the Sierra leone conflict. » 18 janvier Au moins 14 personnes ont été arrêtées dans la résidence de l’ancien leader de l’AFRC Johnny Paul Koroma, apparemment dans le cadre de l’enquête sur l’attaque d’un dépôt militaire à Freetown le 13 janvier. Johnny Paul Koroma est recherché. Le 21 janvier, 48 personnes sont en détention, dont 19 soldats ou anciens soldats et 29 civils pour tentative de déstabilisation de la sécurité du pays. Neuf autre personnes, dont J.P.Koroma sont toujours recherchées. Une enquête est par ailleurs lancée pour déterminer comment il a pu échapper à l’encerclement de

CRR- Centre d’information géopolitique 44 09/04/2004 son domicile. Deux policiers sont suspendus le 7 février.

29 janvier Manifestation de plusieurs centaines de personnes à Freetown à l’appel du Civil Society Movement pour exiger un bilan de la sécurité du pays après l’attaque du 13 janvier et un ultimatum d’une semaine au gouvernement pour capturer J.P.Koroma.

12 Mars La Cour spéciale inculpe sept personnes pour crimes de guerre, dont l’ancien ministre des Affaires intérieures et fondateur des CDF Sam Hinga Norman, Johnny Paul Koroma, Sam « Mosquito » Bockarie (RUF), Issa Sesay (RUF) et Morris Kallon (RUF). Foday Sankoh est inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. 15 mars Auditions devant la Cour spéciale. Foday Sankoh n’est pas en état de répondre. La situation est tendue à la frontière du Libéria, du fait du conflit dans ce pays. En mai, Sam Bockarie est tué au Libéria par des hommes de Charles Taylor. 30 juillet Foday Sankoh meurt en détention de mort naturelle. Après la mort de Sam Bockarie et celle, présumée, de Johnny Paul Koroma au Libéria, de nombreux observateurs s’interrogent sur la nécessité de poursuivre le travail de la Cour spéciale. En septembre le Conseil de sécurité de l’ONU a voté l’extension du mandat des NU en Sierra leone de 6 mois. 31 décembre Date butoir de fin du programme de désarmement, démobilisation et réintégration. Le programme va cependant se poursuivre jusqu’en mars 2004, un certain nombre d’anciens combattants n’ayant pas pu y accéder encore.

CRR- Centre d’information géopolitique 45 09/04/2004 Bibliographie

1) Sources

Accord de paix du 7 juillet 1999 et accord de cessez-le-feu, Documents d’Actualité internationale n°17, ministère des Affaires étrangères. The Truth and Reconciliation Commission Act 2000.

2) Ouvrages

Europa Publications. Mondes rebelles, Michalon, 2001.

3) Revues, articles

Christopher Clapham, « Effondrement de l’Etat et tentative de reconstruction en Sierra Leone : le jeu politique du local et du global », La Documentation française, Afrique Contemporaine, 3e trimestre 2001, pp.177 et suiv. Amadu Sesay, « Successions politiques en Sierra Leone : de Siaka Stevens à Strasser », Les figures du politique en Afrique, ss la direction de Momar-Coumba Diop et Mamadou Diouf, Karthala, 1999. African research review. Africa confidential.

4) Rapports

Amnesty international, rapport annuel et rapports spécifiques, notamment : « Sierra Leone : la population civile victime d’atrocités tout au long de l’année 1998 » ( novembre 1998) ; « Sierra Leone : recommandations au groupe de contact international sur la Sierra Leone », mai 1999 ; « Guinée, Libéria, Sierra Leone : une crise des droits humains pour les réfugiés et les personnes déplacées », juin 2001 ; « Sierra Leone : un nouvel élan doit être donné à la lutte contre l’impunité », juillet 2001 ; « Guinée et Sierra Leone : nulle part où aller », octobre 2001. Département d’Etat américain, Report on human rights practices, Washington, 2004 ; « Sierra Leone, profile of asylum claims and country conditions », juillet 1998 (addendum). Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, « Background paper on refugees and asylum seekers from Sierra Leone », novembre 1998 ; sources compilées dans le CD- ROM. Home office country assessment, Sierra Leone, octobre 2003. Human rights watch, rapport 2003 et rapports spécifiques, notamment « Getting away with murder, mutilation and rape », 1999 ; « Recent violations of the lomé Peace Accord », janvier 2000 ; « We’ll Kill You If You Cry : Sexual Violence in the Sierra Leone conflict », janvier 2003, « Overview of human rights issues in Sierra Leone », janvier 2004. International Crisis group : « Sierra Leone : managing insecurity », 24.10.2001 ; Press briefing « Sierra leone : ripe for elections ? », 19.12.2001 ; « Sierra Leone’s truth and reconciliation commission : a fresh start ? », 20.12.2002 ; « Sierra Leone : the state of security and governance », 2 septembre 2003. ONU, Conseil de sécurité : résolutions sur la Sierra Leone ; « 20th report of the Secretary- General on the United Nations Mission in Sierra Leone », 23.12.2003 ;

CRR- Centre d’information géopolitique 46 09/04/2004 OSAR : « Sierra Leone-la situation actuelle », mise à jour, mars 2001, Michael Kirschner ; «Requérants d’asile venant de Sierra Leone : position de l’OSAR », 21 mai 2001. Partenariat Afrique Canada, « Le cœur du problème : la Sierra Leone, les diamants et la sécurité humaine », 12.1.2000 ; « War and peace in Sierra Leone : Diamonds, corruption and the Lebanese connection », Lansana Gberie, novembre 2002. Reporters sans frontières, dépêches et rapport annuel. Service de documentation de l’OFPRA, Chronologie.

5) Presse

Presse française et mondiale. Dépêches. Irinnews.org. Sierra leone’s news archives (Sierra- leone.org).

6) Conférences, entretiens :

Comfort Ero, directrice du projet ICG en Sierra Leone : « la situation du processus de paix en Sierra Leone » ; 8.1.2002, CERI.

7) Internet (sites essentiels) http://www.sierra-leone.gov.sl : site officiel du gouvernement. http://www.sierra-leone.org (site de particulier, basé aux Etats-Unis, très bien fait, comprenant notamment un suivi de l’actualité, des documents de base, des liens…). http://www.awoko.com : edition en ligne depuis janvier 2003 d’un journal sierra leonais. http://www.specialcourt.org : site de la Cour spéciale.

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