Pourquoi Étudier Blitz Wolf ? Il S'agit Ici De Montrer Que L'art Sous Sa Forme
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Pourquoi étudier Blitz Wolf ? Il s’agit ici de montrer que l’art sous sa forme la plus populaire, le cartoon d’animation, est utilisé comme un instrument de diabolisation de l’ennemi et d’engagement en faveur de la guerre. Le dessin animé, une arme psychologique La guerre joue un rôle décisif dans le développement du dessin animé de propagande. En 1934, Goebbels, ministre de la Propagande et de la culture populaire de l’Allemagne nazie, estime que le cinéma est « l’un des moyens de manipulation des masses les plus modernes» et il veut rivaliser avec la force de frappe des studios américains. En Allemagne, Mickey et les dessins animés Disney ont la cote. Même si la montée du nazisme et de ses principes sont parfois la cible des productions américaines, il semblerait qu’Hitler et Goebbels affectionnaient particulièrement les cartoons américains. Entre 1939 et 1945, les Etats-Unis produisent à Hollywood 125 cartoons par an. En 1943, 65% des dessins animés font référence à la guerre. L’attaque de Pearl Harbor (7 décembre 1941) marque un tournant dans l’utilisation faite par les Américains de cette arme psychologique qu’est le cinéma. Le gouvernement encourage les studios hollywoodiens à participer à l’effort de guerre et à mobiliser l’arrière. Le dessin animé fait vibrer la fibre patriotique et contribue à forger une représentation du bien et du mal dont le message politique est aisément assimilable. Tous les studios de production (MGM, Warner Bros, Walt Disney,…) sont incités à produire des films qui contribuent à l’effort de guerre. Toutes les stars du dessin animé sont mobilisées : Donal Duck avec son accent bravache symbolise la virilité et l’héroïsme du GI américain, Popeye se lance à l’assaut des nazis, Bugs bunny, … Au vu de la richesse et de la diversité de ces réalisations, la Seconde Guerre mondiale constitue un âge d’or pour le cinéma d’animation. Instrument au service du politique et du militaire, le dessin animé a eu un impact tout relatif durant ce conflit. Reste que ce programme de persuasion par l’image est exceptionnellement riche pour comprendre cette période de l’Histoire. Le dessin animé a permis de caricaturer ou ridiculiser l’ennemi tout en alertant les civils sur la nécessité de se mobiliser. Une arme psychologique dans une guerre intégrale où l’art est convié à faire sa part du travail. Résumé de l’histoire (synopsis): Les deux petits cochons, celui qui construit une maison en paille et celui qui en construit une en bois, sont insouciants car ils ont signé un traité de non- agression avec Adolf Wolf. Mais cette confiance n’est pas partagée par le troisième petit cochon, le sergent Pork, qui s’est enrôlé dans l’armée américaine et qui a entouré sa maison d’un véritable dispositif de défense. Les circonstances ne tardent pas à lui donner raison car le redoutable Adolf Wolf lance une attaque surprise sur Pigmania. -t-il dès le générique ? On informe que ce n’est pas un personnage fictif. Malgré le passage par le conte, c’est une certaine vérité qui est racontée. « Le loup de ce dessin animé n’est pas fictif. Toute ressemblance entre ce loup et ce (suite d’insultes) d’Hitler est purement intentionnelle! » . Dès la fin du générique qui débute le cartoon, le ton est ainsi donné. A quelle(s) guerre(s) le dessin-animé fait-il référence ? La Deuxième Guerre mondiale évidemment mais aussi la Première Guerre mondiale. En effet, pour représenter la guerre, Tex Avery place l’action au début du cartoon dans des tranchées. Hors les tranchées ne sont plus utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale. Ceci montre à quel point cette Première guerre a marqué durablement les esprits. L’utilisation de personnages de cartoon et la représentation sous forme animalière (caricature). -on ? Pourquoi ? C‘est un loup (Adolf Wolf). Il porte le prénom du dictateur, une moustache, un costume militaire. Il a une démarche martiale qui rappelle le pas de l’oie des troupes allemandes. Il est connoté négativement depuis le Moyen-Âge. Il symbolise dans le conte tout ce qui fait peur (être dévoré, peur de l’étranger…). Il incarne le mal. Qui sont les petits cochons ? Les pays en guerre contre les Allemands : - L’Américain : le cochon militaire ; - Les pays qui ont accepté le pacte de non-agression (accords de Munich de 1938). Ce sont les deux cochons insouciants: Russes, Français. -animé ? Traditionnellement aux enfants, mais ici aux adultes aussi aux soldats américains et au peuple américain. Divertir/amuser les enfants/Ici, la fonction est différente. Il diffuse un message politique en passant par l’humour. -t-il ? Tex Avery puise son inspiration dans un conte anonyme du folklore anglo-saxon datant du XVIIIème siècle : les Trois Petits Cochons. Ce conte a été popularisé au XXème siècle par Disney qui l’a adapté au cinéma en 1933. Ici Tex Avery change le conte en l’actualisant au contexte historique. Il en fait une parodie des Trois Petits Cochons de Disney. Mettre en avant les valeurs morales et le patriotisme américain : le courage et le sens de la responsabilité du lieutenant contre la paresse et l’insouciance des autres frères qui sont pointés comme des dangers face à la menace (ex. : ils construisent leur maison dans des matériaux vulnérables.) -animé ? - Convaincre/manipuler - Convaincre les citoyens américains d’acheter des bons du trésor nécessaires à la victoire des démocraties face au régime totalitaire nazi. Il s’agit d’argent prêté à l’État dans le but de financer la guerre. - Critiquer Hitler. - Inciter les soldats à faire la guerre contre les nazis. - Susciter l’esprit combatif. Faire accepter la guerre aux Américains. -on parler de dessin-animé de propagande politique? Il s’agit en effet d’une contribution originale à la propagande de guerre antifasciste. C’est un film dans lequel l’auteur s’engage dans un programme artistique de participation à l’effort de guerre par l’art. Il doit convaincre le public. s moyens fait-il rire? * La caricature (ridiculise Adolf Hitler). * L’utilisation de gags en créant des situations burlesque (absurde, ridicule). Par exemple : * Hitler est ridiculisé. Il est peureux, idiot, dragueur. Il n’est pas montré comme un chef guerrier terrifiant. * L’obus décapsule le tank. * Le tank explose en boite de conserve. * La bombe hurlante. * Le canon démesurément long. * La bombe incendiaire avec l’allumette. * Le pied se transforme en saucisse. * Le canon qui a besoin de vitamine. * La parole d’Hitler qui, comme dans le Dictateur de Charlie Chaplin, arrête le bruit des bombes ici pour parler au téléphone. * Le corps traversé de balles. * Le Sergent Pork qui utilise un magazine de pin-up pour distraire les obus. * Ridiculisation de l’armement nazi face à la superpuissance américaine : * L’armement américain : Les canons ultra-longs. L’avion le B-19 ½ est suréquipé (multiplication des moteurs à hélice). Bombes sophistiquées : bombe ouvre-boîte contre les chars allemands ; bombe hurlante ; bombe incendiaire. La maison forteresse du Sergent Pork avec son armement à l’échelle gigantesque. Appareil d’écoute. * L’armement allemand : Toutes les armes sont petites (chars, canons, avion). Portée de l’œuvre et conclusion Blitz Wolf apporte la preuve du rôle primordial que peut jouer l’image en mouvement dans la perception des événements historiques : • D’abord, parce qu’il (re-)présente à grands traits stéréotypés l’idéologie d’une époque. En effet, ce dessin animé daté de 1942 retrace un pan entier du conflit et de la guerre des nerfs qui opposa les démocraties aux dictatures. • Ensuite, parce qu’il révèle comment un outil de culture (le cinéma d’animation) peut être détourné de son rôle premier de divertissement destiné principalement aux plus jeunes pour devenir une arme redoutable de propagande alors destinée aux adultes dans le contexte de la deuxième guerre mondiale. • Enfin, parce qu’à postériori certaines scènes originales ont été gommées dans l’édition parue en DVD : le panneau No dogs allowed barré d’un No Japs a été flouté car politiquement incorrect aujourd’hui ; la scène où l’obus projeté par le grand canon coule le Japon a été coupée (elle pourrait faire penser à Hiroshima ou Nagasaki et donc n’est plus acceptable aujourd’hui). Ainsi, selon la Warner, leurs connotations racistes (même si elles sont à recontextualiser dans la conjoncture de l’époque) n’ont plus lieu d’être aujourd’hui !! Cela fait mauvais effet ! À tous ces niveaux, Blitz Wolf peut donc être envisagé comme un document d’Histoire au même titre qu’une affiche, qu’un discours, qu’un article de presse ... .