Texte Intégral (PDF)
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Document généré le 29 sept. 2021 10:17 Séquences La revue de cinéma Zoom out Numéro 152, juin 1991 URI : https://id.erudit.org/iderudit/50314ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (imprimé) 1923-5100 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu (1991). Compte rendu de [Zoom out]. Séquences, (152), 56–78. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1991 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ ZOOM OUT TOMM TUMULTES — Réalisation: La mer encourage des notes nostalgiques quand la brise lui siffle Au début, on apprend la mort de Patrick à l'âge de vingt ans. Bertrand Van Effenterre une chanson. Et quand cette brise épouse les accents funèbres d'un — Scénario: Claire Requiem en ut mineur de Luigi Cherubini, la mer chuchote des mots À l'occasion de ce drame, les trois autres enfants réintègrent en Alexandrakis et Bertrand Van Effenterre — vagues qu'elle déplisse avec une souveraine lenteur sur la grève du Bretagne la maison familiale. Anne, la sage, en qualité d'aînée, Production: Bertrand Van temps. Un temps qui semble s'être arrêté à cause du sable humide continue de jouer à la grande protectrice en soignant Madeleine, sa Effenterre — Images: qui bloquerait le sablier des émotions. Tumultes se situe à la fine mère, qui a succombé à une vésanie profonde. Isabelle, la rebelle, Yves Angelo — Montage: pointe de la psychologie des profondeurs. La caméra se faufile à c'est celle qui ne fait rien comme les autres et qui rate tout ce qu'elle Joèle Van Effenterre — travers les méandres des relations d'une famille éprouvée comme Musique: Cherubini entreprend. Claude, c'est «la jumelle de trois minutes après l'arrivée «Requiem en ut mineur» pour mieux surprendre le fil invisible qui lie ces personnages de Patrick.» Adrien, le père, cache une douleur muette en s'adonnant — Son: Pierre Garnet — confrontés à un drame des plus douloureux. Dans ce contexte, le fébrilement à son travail. Décors: Frédéric Duru — moindre battement de cil peut trahir un drame intérieur en pleine Costumes: Charlotte gestation. Je viens de vous confier l'état d'âme qui m'habitait après le Madeleine qui semble malade jusque dans sa moelle maternelle David — Interprétation: Laure Marsac (Claude), premier visionnement de Tumultes de Bertrand Van Effenterre. Je s'amuse-t-elle à jouer la folie? C'est elle-même qui dit : «Je ne suis Clotilde de Bayser suis retourné voir le film avec un regain d'intérêt. Tumultes m'a pas folle. J'ai arrêté le temps. J'invente la vie éternelle.» Voilà qui (Isabelle), Julie Jézéquel révélé la maîtrise d'un réalisateur sur une ténébreuse affaire donnerait l'aval à toute la démarche de Tumultes qui voudrait arrêter (Anne) Bruno Cremer (Ie débouchant sur un poème radieux. le temps comme pour apprivoiser la frange d'une vie éternelle. C'est père), Nelly Borgeaud (la mère), Jean-Paul Comart ce qui expliquerait la prédilection pour ce bleu paisible qui effacerait (Yves), Christian Cloarec Une mer plutôt timide. Des couleurs douces. Des pas feutrés. toute couleur rouge par trop agressive. (Pierre), Jean-Michel Des odeurs familiales. Une musique religieuse. Tout baigne dans un Portal (Bruno), Jean- calme apparent, une retenue de circonstance et des souvenirs Toute cette attitude va de pair avec la pudeur de la caméra. Dès Pierre Moulin (le curé), Guy Abgrall (Robin), remués. Cette tumultueuse histoire se déroule à la manière d'un voile qu'une séquence veut donner dans le mélodrame, le fondu se pointe Jean-Christophe Bleton qui cacherait les visages comme pour les rendre aussi énigmatiques en douceur comme pour essuyer une larme discrète sur la joue de (le danseur) — Origine: qu'attachant. Pour filmer ce drame, la caméra chausse ses l'écran large qui tourne au bleu. Au début, la caméra se fait France — 1990 — 89 pantoufles comme pour empêcher les nuages de craquer sous ses fouineuse tout en demeurant très polie. Elle love les personnages minutes — Distribution: pas discrets. Tumultes ne risque pas de mobiliser les foules sans les heurter comme mieux respecter leur comportement Malofilm. assoiffées de spectacles sanglants. Mais ce film plaira aux cinéphiles mystérieux. Ensuite, elle se découvre plus statique quand elle saisit que la profondeur attire et qu'un lever de lune frileuse sait émouvoir. la gravité de la situation. À la fin, la caméra se montre plus légère et C'est donc dire que ce film pourrait faire les beaux soirs des salles de souriante quand la réconciliation se fait jour après une épreuve répertoire. lénifiante. Merveilleuse démarche qui nous laisse entrevoir un pan d'éternité! SEQUENCES No 152 ZOOM OUT Vers la fin, c'est avec l'arrivée d'Yves, le mari d'Anne que nous Anne lui dit qu'il va venir. Et la mère de répliquer : «Menteuse! Sale Séquences a déjà apprenons que Patrick s'est suicidé. La douleur se fait plus intense. menteuse! Tu sais bien qu'il ne peut pas venir!» On notera au parlé de... Ce qui provoque une séquence très émouvante où Claude pleure sa passage la justesse d'observation dans ces petits mensonges joyeux ADIEU AU FAUX PARADIS douleur : «Patrick, pourquoi tu ne m'as pas appelée?» Un film trop qu'on se doit de dire comme pour endormir la douleur d'une no 143, austère? L'austérité n'est pas nécessairement synonyme d'ennui. A personne aimée. novembre 1989, p.38. preuve ces petits fous rires qui masquent une profonde nervosité L AIR DE RIEN no 144, nouée par un désarroi qui n'ose pas crier son nom. Il y a aussi ces Le cinémascope, dans ce film, privilégie les visages cependant janvier 1990, p.17. petits sourires complices face à une mère qui s'installe dans un que sa largeur de vue nous convie à communier avec CARTE VERTE passé figé. On sent la présence de Patrick partout jusque dans la l'environnement qui accompagne ces regards travaillés par une no 151, buée d'un miroir. Jamais absence n'aura été aussi présente. blessure intérieure atroce. La démarche feutrée de Bertrand Van mars 1991, p.65. Effenterre nous prépare à la réconciliation finale. En somme, GRELOTS ROUGES ET SANGLOTS BLEUS Des dialogues un peu trop littéraires? Peut-être. Madeleine dit à Tumultes n'est pas un film mortuaire. Il se veut surtout un hymne à la no 132, Adrien : «On n'oublie jamais le parfum du premier homme de sa vie.» vie. janvier 1988, p,63. Cette phrase peut paraître sentencieuse. Par contre, d'autres J'AI ENGAGÉ UN TUEUR no 150, dialogues s'affirment très réalistes. Quand la mère réclame son fils, Janick Beaulieu Janvier 1991, p,55. LIEU DE RENCONTRE no 153, novembre 1990, p.29. The Field TOMBÉS DU CIEL no 149, novembre 1990, p.79. D'où vient l'attachement de l'Homme pour la terre? est-ce parce masculin qu'il a reçue cette année pour ce rôle. URANUS que sa survivance en dépend depuis des millénaires? ou est-ce pour no 151, des raisons plus spirituelles? «Homme, tu n'es que poussière et tu Mais, il n'y a pas que lui. Il faut absolument mentionner la mars 1991, p.86. retourneras en poussière...». présence de John Hurt qui donne vie avec brio à Bird O'Donnell, le VINCENT & THEO fou du village. Sous des abords de rigolard et d'amuseur public, cet no 149, novembre 1990. p.9. Cette question peut se poser à la lumière de The Field, le homme est dangereux: il n'a pas les yeux dans sa poche. Pas plus deuxième long métrage de Jim Sheridan (réalisateur de My Left que la langue d'ailleurs, puisqu'il donne souvent dans la délation. On LA VOCE DELLA LUNA no 149, Foot, un film qui s'est valu bien des honneurs, dont un Oscar en en vient parfois à se demander si ce personnage ne joue pas à novembre 1990, p.82. 1990). En effet, le champ dont il est question dans ce titre suscite l'imbécile et que si, derrière son horrible rictus édenté — Hurt a bien des convoitises et, tout particulièrement, celle de Bull McCabe, même été jusqu'à se faire enlever ses couronnes pour s'enlaidir un pauvre fermier irlandais qui n'a qu'une obsession, le posséder. On davantage! — ne brille pas une intelligence certaine. ne saurait l'en blâmer puisque, le louant depuis dix ans à une veuve, il l'a cultivé, soigné et il a transformé à la sueur de son front ce qui Puis, il y a un fils, mort dix-huit ans plus tôt et dont le corps a été THE FIELD — Réalisation: était autrefois un espace rocailleux en un magnifique pâturage à enterré en dehors de limites du cimetière qui jouxte l'église. Sa Jim Sheridan — Scénario: l'herbe bien tendre et fournie, où broutent maintenant ses quelques mémoire ne cesse de hanter son père et sa présence est sentie tout Jim Sheridan, d'après la vaches et brebis. Une occasion de l'acquérir se présente, mais au long du film. pièce de John B. Keane aussitôt se dressent des obstacles inattendus.