35th year Revue bimestrielle - 1983 35e année

This publication, produced by the UAI, appears with Cette publication, éditée par l'UAI, se présente à ses six issues per year. lecteurs sous la forme d'une revue de période bimes- trielle. The purpose of the studies, surveys and information included in this periodical concerning the interna- Son objet associatif d'études, d'enquêtes, d'infor- tional and transnational networks of nongovern- mations, au service des réseaux internationaux et mental organizations is to promote understanding transnationaux d'organisations non gouvernemen- of the associative phenomenon in a human society tales, s'attache aux idées et aux faits d'un phéno- which continues to grow and evolve heedless of the mène de société humaine en expansion continue et implications. en évolution hâtée.

The programme of the review, in accordance with Son programme, conforme aux principes et aux mé- the principles of the UAI, is intended to clarify gene- thodes de l'UAI, vise, en général, à éclairer les ral awareness concerning the associative pheno- connaissances du grand public sur la vie associa- menon within the framework of international relations tive dans la perspective des relations internationa- and, in particular, to inform associations about les et, en particulier, à informer les associations aspects of the problems which they tend to share or des divers aspects de leurs problèmes propres et which are of common interest to them. d'intérêt commun.

The columns of this review are open both to officers Les colonnes de la revue sont ouvertes à la fois aux of associations, researchers and specialists of responsables d'associations, chercheurs, spécia- associative questions. (The articles do not of course listes des matières associatives, dont les articles necessarily reflect the point of view of the pu- n'expriment pas nécessairement le point de vue de blisher. l'éditeur.

The review also contains supplements to the Year- La revue publie également les suppléments à book of International Organizations and to the Inter- l'Annuaire des Organisations Internationales et au national Congress Calendar,both of which are pu- Calendrier annuel des réunions internationales, blished by the UAI. deux autres publications de l'UAI.

UNION OF INTERNATIONAL ASSOCIATIONS Membres : Members : UNION DES ASSOCATIONS EXECUTIVE COUNCIL COMITE DE DIRECTION F.W.G BAKER (U.K.) INTERNATIONALES Président Président : Executive Secretary. International Council Of F.A. CASADIO. Directeur. Société ltaliana per la Scientific Unions. REPRESENTATIONS PERMANENTES DE L'UAI Organizzazione internationale (Italie). Luis 6. de SEVILLA (Mexique) Vice-Présidents : Vice-Présidents : Président Doyen de l'Académie mexicaine de Droit UAI REPRESENTATIVES Mohamed Ah RIFAAT (A.R.E.) Johan GALTUNG (Norvège) Organisations des Nations-Unies - : Professor of Peace Research Former Secretary-General of the Afro- Asian Orga- Andrew RICE. University of Oslo S.K. SAXENA (India) Nikola A KOVALSKY (URSS) Directeur adjoint de l'Institut du Mouvement Ouv- Alliance. rier International de l'Académie des Sciences de Trésorier Général : Treasurer General : l'URSS. Paul E. HIERNAUX et administrateur (Belgique) Marcel MERLE (France) UNESCO; Vladimir HERCIK Président honoraire de la Conférence Permanente Professeur a l'Université de Paris I Jef RENS (Belgique) des Chambres de Commerce et d'Industrie de la Président hre du Conseil National Ou Travail. Communauté Economique Européenne. Andrew E. RICE (U.S.A.) Secretaire Général : Secretary-General : Former Executive Secretary of the Society (or In- Robert FENAUX (Belgique) ternational Development. Ambassadeur honoraire Charles André SCHUSSELE (Suisse)(1) Pans Maryvonne STEPHAN Albert TEVOEDJRE (Benin) Directeur. Institut In- ternational d'Etudes Sociales. Secretaire general de l'association mondiale de Prospective Sociale

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 165 1983 - N° 4 Revue Bimestrielle SOMMAlRE CONTENTS

Redaction/Editorial Robert FENAUX Editorial Georges Patrick SPEECKAERT De l'action associative en Afrique Geneviève DEVILLE à un ordre de solidarité humaine Anthony J.N. JUDGE Ghislaine de CONINCK par R. Fenaux 168

Published by /Publié par: UAI Bruxelles 1984 Union of International Associations - UAI Colloque de réflexion sur l'identité associative (founded 1910) et la participation des OING en Afrique (Projet) 170 lssn-0020-6059 Colloquium Editorial and Administration : Reflections of the identity of associations Rue Washington 40. 1050 Brussels (Bel- and the participation of INGO s in Africa (Draft) Tel (02) 640 1808- 64041 09 171 Networking alternation by A.J.N. Judge 172 La coopération entre le Haut-Commissariat Editeur responsable : R. Fénaux, Rue Washington 40. 1050 Bruxelles (Belgi- aux Réfugiés et les ONG 182 que) La FAO et les ONG Tel. (02) 640 18 08 - 640 41 09 - La participation populaire au développement rural Publicité/ Advertising : Union of Internatio- par J.H. Aremo 186 nal Associations, Rue Washington 40. 1050 - Le développement n'est pas une démarche politiquement neutre Brussels, Belgium. Tel. (02)6401808 - -par H. Sethi 190 64041 09. - Pour accorder l'aide à bon excient, OU/OR quelques conseils aux ONG du Sud France : Roger Ranson, délégué-Directeur de publicité. 18avenuedu 19 janvier. par Francisco Vio Grossi 193 92380 Garches. Tel. 741 81 80. - Les partenaires du Nord U.K. : Maureen Wingham Média Représen- par M. Bottazzi 195 tations Ltd. 317-319 Kentish Town Road. - Les besoins de qui ressentis par qui London N.W.S. Tel. 267 9447/0. par K. Kok Peng 197 Subscription rate: BF 1.100. or equivalent per year (6 issues) + postage BF 150. - Interview de G. Mc Robie 200 Abonnement: FB 1.100 ou équivalent, par L'Association Mondiale de Prospective Sociale an (6 numéros) + Frais de port FB 150. par A. Tévoedjré 204 Method of payment: AMPS in action 205 Mode de paiement à utiliser : Le dossier des collectivités locales Bruxelles : Compte-chèque postal n° 000- - Le droit de l'homme et des Cités à la fonction transnationale 0034699-70 ou Compte n° 210-0451 651-71 a la Société Générale de Banque. 48 rue de par J.M. Bressand 206 Namur, 1000 Bruxelles. - La création en France du poste de délégué London: Account n° 04552334. National à l'action extérieure des collectivités locales 207 Westminster Bank Ltd., 1 Princes street. - L'action des collectivités publiques en faveur du développement 208 par H. Vivien 211 Genève : Compte courant n° 472.043.30 Q à Echos – News 215 l'Union des Banques Suisses. IAPCO News Paris : par virement compte n° 545150-42 au Crédit du Nord. Boulevard Haussmann, 6-8, Copyright©, 1983 by Union of International Associations. All rights reserved. No part of this work may be reproduced or copied in any form or by any means - graphic, electro- nic, or mechanical, including photocopying. recording, taping, or information and retrie- val systems - witnout written permission of the Secretary General. Union of International Associations

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 167 DE L'ACTION ASSO A UN ORDRE DE S

Le fait associatif vu comme un facteur de solidarité au service du Développement, dans l'espace mondial des pays les plus déshérités : voilà un sujet de vive actua- lité, à peine exploré encore, surtout en régions africaines.

Notre Forum de 1980 avait recommandé Un moment émouvant du Forum fut le cette exploration et son compte-rendu témoignage de Mme Aissata Kane, ancien enregistré et transcrit est là pour rappeler ministre de Mauritanie, représentante l'intérêt suscité à ce propos. (1) musulmane de l'AMPS. Situant la condi- tion de la femme dans son environnement africain, Mme Kane mit l'accent sur le Voix africaines besoin présent de dialogue et de commu- nication: «Une meilleure connaissance Ecoutons, au seuil des débats, M.Tèvoèd- des cultures des autres, c'est un rôle pour jré, Directeur de l'Institut international nos associations». La prise de cons- d'Etudes sociales (BIT) et Secrétaire cience «d'autres valeurs qu'il nous faut général fondateur de l'Association mon- respecter». Ainsi «peut-être arrivera-t- diale de perspective sociale (AMPS) (2), on à éliminer cette mentalité que nous faire une déclaration de solidarité: avons tous qu'il y a des cultures-modè- « En tant qu'Africain, je voudrais rappeler les ». Au vrai « chacun a ses valeurs... que le fait associatif a d'abord une valeur L'autre, tout en gardant ses modèles, doit culturelle... et souligner l'importance que aussi reconnaître ces valeurs». L'infor- nous accordons d'abord à l'association mation ou la communication comme on dit première de l'homme qui est la famille... Le maintenant, fait problême, par exemple fait associatif, c'est la définition même de quand elle opère au sommet seulement, l'homme ». Face au problême des misères entre les gouvernements, sans intéresser humaines, la solidarité s'impose, mais elle nécessairement la base de l'ensemble ne peut pas être un simple concept de des peuples (à la différence de la Cité l'esprit, une idée abstraite, - une notion associative). de principe ». Il lui faut un « instrument » opérationnel : « Un contrat possible entre Nombre de participants au Forum souli- partenaires ». Le fait associatif exige ce gnèrent l'attention toujours accrue Que contrat « entre les gouvernements et leurs organisations portent à l'Afrique. Le entre les peuples ». Et de citer, de Karl président Gherhart M. Riegner conclut Marx, une réflexion prémonitoire : « A la alors le débat en demandant à l'UAI place de la vieille société, de ses classes, « d'apporter son concours de façon nova- de ses antagonismes, devrait naître une trice, aux problèmes de l'Afrique qui en a société dans laquelle le libre développe- véritablement besoin, comme tout le ment de chacun est la condition du libre monde l'a constaté». développement de tous ». Ainsi sollicitée, l'UAI a branche ses dos- siers du Tiers monde sur l'Afrique.

L'Unesco aidant, une étude spécifique sur « le pluralisme culturel des ONG » a été

(1) World Forum mondial Bruxelles 1980 « De l'interna- tional au transnational». Compte-rendu, procee- dings. Un vol. 500 p. UAI Bruxelles (2) On trouvera en p. .la situation de cette association d'inspiration africaine.

168 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 Projet de Colloque UAI 1984

SOCIATIVE EN AFRIOUE E SOLIDARITE HUMAINE

confiée à M. Hercik, un des rapporteurs transnationales. La connaissance du M. Vivier, parlant de science propre, autorisés du Forum, « terrain » le montre bien. On en jugera comme rapporteur à la coopération à plus loin par le remarquable recueil d'avis l'Assemblée nationale française, constate Et voici, de la même veine, l'annonce d'un autorisés que la Revue CERES de la FAO l'échec des deux Décennies du Dévelop- projet de colloque sur « l'identité associa- a collectés à propos des activités des pement et le fossé qui se creuse entre les tive et la participation des OING en Afri- ONG dans le Tiers monde en général et pauvres et les riches. Il voit des issues à que ». On trouvera plus loin un avant- particulièrement en Afrique. Le titre du cette impasse dans une coopération schéma de ce projet, proposé à toutes les recueil est signifiant: «la participation intercommunale de jumelage repondant à institutions et personnes, officielles ou populaire au développement rural ». C'est une demande venant surtout de l'Afrique. privées, qu'il concerne. la Cité des peuples qui s'affirme en face Mais plus généralement encore, dans une du Prince souverain. Les auteurs James stratégie ouverte aux diverses collectivi- Il s'agit concrètement, au fil d'une A. Aremo, Harsh Sethi. F.V. Grossi, tés avec toutes ses implications, tel un accord général sur le désarmement et le enquête préparatoire et d'une réflexion Menotti Bottazzi, Khor Kok Peng parlent respect réel des Droits de l'Homme. C'est suivie par une équipe de collaborateurs de leur science vécue et de leur travail là, à vrai dire, le point de vue assez par- de savoir et d'expérience, d'étudier le fait quotidien. tagé des ONG. associatif ONG au service de la coopéra- tion au développement, largement com- prise pour le bien général des popula- Les ONG cadres et tions. Et cela suivant un processus d'iden- agents de la démocratie tité, de participation et de communica- tion : le sujet étant saisi d'un côté dans C'est aussi sur le terrain que le Haut Mais pour le grand dessein de la Paix, ses racines régionales et locales, de Commissariat pour les réfugiés opère en devenu l'affaire de tous et, partant, des corps associatifs intermédiaires, la fin l'autre dans son apport extérieur, sous Afrique avec la collaboration de l'OUA et appelle les moyens. A commencer par une l'impulsion d'un sentiment de solidarité le concours de plus de 200 ONG, comme certaine liberté de communication dans maintenant motivé par l'idée cheminante on le lira. une société plus ouverte. Paraphasant le d'interdépendance des êtres et des cho- mot plaisant de Clemenceau, on serait ses, propice à la rencontre des cultures. tenté de dire que la guerre est devenue L'action des une affaire beaucoup trop grave pour être collectivités locales laissée à l'humeur et à la seule décision Des inégalités humaines Dans le cadre de l'action associative en du prince souverain dans ses frontières Nous ferons ici délibérément l'économie faveur du développement en Afrique, nous fermées, quel qu'il soit. Les manifesta- de considérations générales sur les versons au dossier l'apport important des tions de forces d'opinion, encadrées par temps nouveaux de la coopération qui collectivités locales et régionales. On les associations et les diverses collectivi- récusent les « modèles » de cultures trouvera infra des textes de M. Bressan, tés non gouvernementales, trouvent ici «avancées» et revendiquent le traite- Président-délégué de la Fédération mon- leur légitimité démocratique. ment de partenaires. En préférant à cette diale des Villes Jumelées et de M. Alain tribune, pour la cause même du Dévelop- Vivier, Président de l'Association fran- Mais où la démocratie opère-t-elle vrai- pement, insister sur le fait que la disparité çaise pour les Cités-Unies. ment, selon la volonté des peuples ? Il des rapports humains n'est pas seule- serait bon, au cours de l'enquête du projet ment dans l'inégalité des Etals entre eux, M. Bressan a proposé à la conférence des de Colloque 1984 que les Africains se mais dans l'inégalité à l'intérieur des capitales nationales et régionales et des situent eux-mêmes dans leurs diversités, Etats. Avec tout ce que cela représente villes de l'Europe, l'adjonction à la Décla- en aidant à faire le point de leurs aspira- d'obstacles à l'efficacité de l'aide des ration des Droits de l'Homme du « Droit de tions et de leurs entraves. ONG. Ceci est un problème de société l'homme et des cités à la fonction trans- Robert FENAUX plutôt que de relations internationales ou nationale ».

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1963 169 Liberté - solidarité

Régionalité - universalité

COLLOQUE DE RÉFLEXION SUR L'IDENTITE ASSOCIATIVE ET LA PARTICIPATION DES OING EN AFRIQUE PROJET

« Le projet est le brouillon de l'avenir». Jules Renard Suivant la ligne de ses tâches de recher- Et voici, tout-à-fait à propos, un colloque ORGANISATION DU COLLOQUE che et d'études sur les problèmes asso- qui se veut d'approche et d'ébauche d'un 1. Site ciatifs perçus à l'échelle mondiale, l'UAI dessein important à un ordre mondial de Bruxelles propose un colloque sur la situation solidarité dans ses relations intergouver- Maison des Associations Internationa- actuelle et les perspectives d'avenir des nementales et extragouvemementales sous la devise accouplée » Liberté - soli- les ONG sises en Afrique et dans le complexe Rue Washington. 40 - 1050 Bruxelles. afro-arabe. darité » « Régionalité - universalité ». 2. Volume Un colloque de réflexion entre divers par- Ce colloque, de sujet régional, fait suite ± 200 participants. aux conclusions du Forum mondial de ticipants spécifiquement concernés et motivés, dont l'approche serait a double Bruxelles 1980 organisé par l'UAI en com- 3. Dates, temps et méthode de travail mémoration de son 70ème anniversaire sens : d'une part, l'identification de la tra- automne 1984. sur le thème « de l'international au trans- dition associative africaine, à même ses sources culturelles: d'autre part, la parti- national ». Une des résolutions de l'évé- Deux jours, quatre séances de travail cou- nement, appuyée par un consensus cipation des OING d'origine internatio- d'ensemble des réseaux OIG et OING par- nale, impliquant leur adaptation a la pées de pauses-cafés. ticipants, suggéra, entre autres études, région africaine au service de la coopéra- Tous les débats en plénière. Des Comités celle du problème régional de l'Afrique, tion au développement et du progrés notamment sous les aspects des procé- humain. de travail préparatoires (dés 1983). Une dures et des méthodes de consultation enquête par écrit. avec l'Organisation de l'Unité Africaine et Le colloque, réuni au nouveau siège de la Ligue des Etats Arabes. l'UAI, couvrira deux jours (quatre séan- ces) les 22 et 23 octobre 1984. L'Assem- blée Générale de l'UAI se tiendra en Cette recommandation a déterminé l'UAI marge de ces travaux. INSTITUTIONS PRESSENTIES à proposer à l'UNESCO qu'un de ses membres, Rapporteur, M. Vladimir HER- POUR LE COLLOQUE CIK, ancien Haut Fonctionnaire de cette - l'Organisation de l'unité africaine Organisation, expert éprouvé en la PROJET DE PROGRAMME (OUA) matière, soit charge d'une étude sur « le pluralisme culturel au sein des ONG ». M. Thème: L'identité associative et la parti- - la Commission économique des Hercik a défini son travail en partant du cipation des OING en Afrique. Nations-Unies pour l'Afrique (CEA) fait associatif considère comme une Sous-thèmes : forme originale de la Communication 1. Le fait associatif africain d'origine - la Ligue des Etats arabes inter-culturelle et du besoin d'approprier locale ou régionale (pays noirs et ara- - ACP-CEE (Convention de Lomé) désormais le modèle occidental et « euro- bes). centrique » d'hier aux exigences de la - l'Agence de coopération culturelle et 2. La participation associative d'origine société contemporaine, en prenant en technique (ACCT) compte la spécificité des cultures diffé- internationale (ONG et OIG), rentes. 3. Les ONG agents de communication - le Fonds du Commonwealth pour la interculturelle transnationale. coopération technique (CFTC) Dans cette orientation nouvelle, l'UAI a 4. Conclusion : l'action associative en - les organisations intergouvemementa- ouvert des dossiers régionaux et singuliè- Afrique dans la perspective universelle rement un dossier africain les concernées d'un ordre global. - les réseaux associatifs OING concer- nés

170 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 UAI Brussels 1984 Liberty-Solidarity

Regionality-Universality

COLLOQIUM REFLECTIONS ON THE IDENTITY OF ASSOCIATIONS AND THE PARTICIPATION OF INGO'S IN AFRICA

PROJET

« Le projet est le brouillon de l'avertir » (The draft is the blueprint for (he Mure) Jules Renard Following the guidelines developed solidarity in intergovernmental and extra- ARRANGEMENTS FOR through its research and study into the governmental relations, under the double THE COLLOQUIUM problems of associations, viewed on a heading « Liberty-Solidarity Regionality- world scale, the UAI is proposing a Colloq- Universality ». 1. Location uium on the present situation and the pro- Brussels spects for the future of NGO's based in This Colloquium will be designed to en- International Association Centre Africa and the Afro-Arab regions. able participants with a variety of specific Rue Washington. 40 - 1050 Bruxelles concerns and motives to reflect on two Tel.: (02) 640.41.09-640.18.08 Telex: 65080 INAC B. This Colloquium, with its regional focus, approaches : on the one hand, identifying the traditional African association and its follows the conclusions reached at a 2. Size World Forum organized in Brussels in common cultural heritage; and on the Appropriately 200 participants. 1980 by the UAI to celebrate its 70th an- other, the participation of INGO's with in- ternational origins and their implied adap- niversary, on the theme « From the Inter- 3. Dates, times and method of working : tion to the African region in the interests of national to the Transnational ». One of the Autumn 1984 cooperating in development and in human resolutions at this event, drawn from a Two days, four working sessions div- progess. consensus of the participating IGO and in- ided by coffee breaks. Ail discussions ternational NGO networks, was that, in plenary. Preparatory Working Com- among other subjects, a study should be The Colloquium, which will take place a! mittee (from 1983). A written evalua- made of problems associated with the Af- the new headquarters of the UAI, will be tion. rican region, notably of procedural and for two days (four sessions), in October consultative aspects related to the Or- 1984. The General Assembly of the UAI ganization of African Unity and the League will be held during this event. of Arab States. INSTITUTIONS TO BE CONTACTED This recommendation led to a decision by FOR THE COLLOQUIUM the UAI to propose to UNESCO that one of DRAFT PROGRAMME its members, the rapporteur Mr. Vladimir Theme: The Identity of Associations and - Organization of African Unity (OAU) HERCIK, previously a senior officiât in that the Participation of INGO's in - United Nations Economic Commission organization and a recognized expert on Africa. the subject, should be asked to make a for Africa (ECA) study of « Cultural Pluralism within Subsidiary themes : - League of Arab States (LAS) NGO's », Mr. Hercik took as his starting 1. African associations of local or region- point the association considered as a ba- al origin (black and Arab countries). - Lome Convention ACP-EEC sic form of inter-cultural communication, and the urgent need to adapt yesterday's - Agency for Cultural and Technical Coo- 2. Participation in internationally based western - Euro-centric » model to the re- peration (ACCT) quirements of present day society, taking associations (NGO's and IGO's). into account the unique features of differ- - Commonwealth Fund for Technical ent cultures. 3. NGO's as agents for inter-cultural Cooperation (CFTC) transnational communication. - The intergovernmental organizations It is thus very relevant that there should be a Colloquium which aims to tackle the de- 4. Conclusion : the growth of associa- concerned sign of an overall scheme for worldwide tions in Africa in an overall, worldwide perspective. - The networks of concerned NGO.

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS. 4/1983 171 Network dossier

NETWORKING ALTERNATION

- an alternation network of 384 pathways of organizational transformation interpreted for networks in the light of the Chinese Book of Changes Part I by A J N Judge

Introduction ing collective learning for the develop- ability to improve its « effectiveness ». This exercise is concerned with change ment of the network. Even if this is not the case, it is possible and with the development of better ways The question is then whether there are that new insights can be derived from of responding to its possibilities in various any clues to ways of « tensing » networks non-Western approaches, as is indicated forms of socially organized activity. The to correct such tendencies (4). What can by the current Western concern with the exercise has only been applied to ne- be done to prevent the energy from drain- art of Japanese management. These tworks but, as will be seen, it could just as ing out of networks? One approach has would have the merit of breaking out of the well be applied to groups, organizations, been discussed under the heading of currently criticized constraints of « euro- meetings or intentional communities, in « tensegrity organization » as a hybrid centric » modes of thought (9, 10, 11 ) that each of which very similar challenges are « marriage » between networks and hier- have been largely responsible for ne- faced. archies (5). tworking as it is presently known. A related approach is to assume that ne- For example, the above challenge can be 1. Networks Networks and networking tworks fail to contain problems because usefully clarified by an exercise in adapt- have become extremely fashionable over they are effectively out-manoevered by ing the insights of The Book of Changes, the past decade, even within the intergov- the dynamics of such problems. As in the otherwise known as the / Ching (12). This ernmental community, as a means of cir- martial arts, a network must swiftly re-or- has been a major influence on Chinese cumventing weaknesses perceived in der its conceptual and organizational re- thinking for 3,000 years, providing a com- conventional styles of organization. But in sources to keep up with shape-shifting mon source for both Confucian and Taoist practice networks themselves have failed and hydra-like transformations of the philosphy. As noted by R G H Siu : « For to live up to the hopes placed in them, de- problematique. The network may need to centuries, the / Ching has served as a spite their positive image and the appear- alternate between several modes of ac- principal guide in China on how to govern ance of enthusiastic publications in sup- tion and conception in order to respond a country, organize an enterprise, deal port of that image (1,2). effectively (6, 7). If this is the case how with people, conduct oneself under diffi- An example of such unbridled optimism is can we come to recognize the pattern of cult conditions, and contemplate the fu- the following : « Just as bureaucracy is transformation pathways of which the ture. It has been studied carefully by phi- less than the sum of its parts, a network is network needs to be aware ? losophers like Confucius and men of the many times greater than the sum of its 2. Groups and organizations: Clearly world like Mao Tse-tung » (13). For this parts. This is a source of power never be- groups and organizations also need to be reason the popularity of its (ab)use as an fore tapped in history : multiple self-suffi- aware of the transformational pathways oracle should not be confused with the cient social movements linked for a whole they may have to use to be able to contain philosophy and insight embodied in its array of goals whose accomplishment problems effectively. Like networks, which structure. would transform every aspect of contem- are anyway a more loosely ordered form of With the benediction of C G Jung (12), it porary life... most people don't see them - organization, they may need to alternate has achieved wide popularity in the West or think they are conspiracies ». (2, p. 236) between several modes of action or con- over the past decades, inspiring many The kinds of criticism that can be made ception. who have attempted to develop the prac- are that : tice of networking. Part of the merit of the (a) in some cases « network » is merely 3. Meetings : Conferences have been book, as its title indicates, is that it pur- used as a substitute for what previously usefully perceived as temporary organiza- ports to indicate complete patterns of functioned with limited effectiveness un- tions. In many ways they also resemble changes, one of which has 384 pathways der the name of « club » or « group »; networks. They too tend to fail to live up to between 64 conditions that are recogniz- (b) networking tends to function by filter- the expectations placed in them, espe- able both in an individual and in society. ing out conflict and opposition and thus is cially with respect to response to the These insights have hitherto been inter- ill-equipped to interrelate a diversity of world problématique. As with networks, preted in terms of the needs of the individ- perspectives, many of which may involve the significance tends to leak out of them, ual (of whatever degree of influence in so- fundamental disagreements (sometimes leaving the problems unaffected. There is ciety). Although basically they are ad- manageable by hierarchies in an « objec- little collective awareness of the transfor- dressed to the condition of any social en- tionable » manner); national and organizational dynamics of tity, they have not been applied to organ- (c) the informal strengths of networks the problématique (8). izations as such. Thus even though have been transformed into weakneses R G H Siu, cited above as one of the com- 4. Intentional communities : The past de- through rejection of any form of compen- mentators on the / Ching, has managerial cades have seen many attempts to esta- satory sell-discipline; networks tend to interests in addition to his research role blish intentional communities. Many have become « flabby » and subject to a variety as a biochemist at the Massachusetts In- broken up because of inability to order of « networking diseases ». (3) stitute of Technology (MIT), his commen- their dynamics satisfactorily. Such « alt- (d) networks tend to function as tempor- tary is addressed to the individual. ernative » communities combine many of ary vehicles for enthusiasm and are fre- It is interesting to note that not only did the features of networks, groups, organi- quently abandoned as soon as unpleas- MIT publish his commentary, it also pu- zations and meetings. As such they are ant realities have to be faced; blished a study by Siu on the nature of faced with many of the same difficulties. (e) the networking philosophy is often «Ch'i » (14). This is the psychic energy geared to that of « positive thinking « Chinese insights that an individual can accumulate accord- which negates the possibility of criticism ing to neo-taoist philosophy. It may also be It is debateable whether Western-style and especially self-criticism, thus hinder- useful to conceive of it as the kind of « en- organization has reached the limits of its

172 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 ergy » which leaks out of networks or « might » do. The original texts place the sis of one of the classic commentaries on meetings when they fail to enter appropri- burden of choosing between such inter- the sequence (12). Read separately, the ately into the dynamics of change and de- pretations on the reader. Italic text constitutes an interesting velopment. It is important to recognize that the origi- a causal cycle, with many links of immedi- nal text permits a complex of interpreta- ately comprehensible relevance to cur- Interpretative exercise tions, encouraged by the nature of the rent world conditions (e.g. progress-de- The structure of the I Ching is based on 64 Chinese language. For each condition the cline-community (35 to 37), adversity-ba- conditions (dynamic situations, perspec- central meaning is underdefined, although sic need-revolution (47 to 49), or libera- tives, challenges, phases, or modes of ac- clearly delimited by a complex of connota- tion-deficiency-aid (40 to 42). tion or conception) with which an entity tions based on terms that « alternate » If in a particular condition the network en- may be faced. The underlying scheme is subtly in meaning between emphasis on : gages in lower probability multiple trans- based on sets of 2 or 8 more fundamental abstract or concrete; operator or operand; formations the result is not apparent here, conditions. The series could be expanded noun or verb; action or actor; problem or although The Book of Changes does em- geometrically to 128, 256, 512 or more opportunity. Any word can often be bene- ploy a binary coding system from which conditions. But as Siu notes : « The origin- ficially replaced by a synonym or an alt- this can be determined without ambigui- ators of the / Ching judiciously stopped at ernative grammatical form. Quite distinct ty (*). the practical limit of sixty-four. This num- conditions may acquire apparent similari- The range of possible transformation ber constitutes a classification sufficiently ty as a result of the specificity of the words pathways encoded in this way is of great fine so as to provide useful types of situ- finally chosen - a choice that amounts to value in the light of contemporary efforts ations, against which specific cases can a « frozen » distortion of the connotation to grasp the nature of change in relation to be matched. Yet the subdivisions are not dynamics by which the underlying mean- human and social development. so numerous as to be too cumbersome for ing is embodied (see insert on <• Reson- a single scheme » (13, p. 3). For each of ance hybrids »). The (undeterministic) the 64 conditions there are six possible significance in fact emerges through al- Contrasting exercises sub-conditions (behavioural responses) ternation of attention between the possi- on which statements are also provided. ble (deterministic) interpretations - in As a work of political philosophy, it is use- The text of The Book of Changes is often sympathy with the theme of this paper ful to contrast interpretations of the / written in a notoriously subtle and poetic (see also ref. 7 ). Ching with an early Western equivalent, style. This in no way precludes an inter- An exercise of this kind is therefore rather namely Machiavelli's The Prince (16). pretation of its significance for organiza- like attempting to « tune » a « semantic Both provide recommendations to rulers, tions or, more specifically, for networks. piano » in order to distinguish meanings but the / Ching also adapts its recommen- Such an interpretation has therefore been effectively, even though no one tuning dations to the initiatives of the ruled. The undertaken as an exercise in the following system can satisfactorily bring out all the Prince has been severely criticized (often pages (*). By making the interpretation possible relationships between the con- inappropriately, given the instabilities of specific to networks, there is clearly a loss notations ("). Longer interpretations may its historical context), because of the dis- of generality, but this is compensated by a offer greater clarity, as in those of Wilhelm tinctly undemocratic values of the princes reduction in ambiguity. Subsequent eval- (12) or Siu (13). Needless to say, as an for whom it was designed, in contrast, uation will show whether this constitutes exercise by one person, the results given built into the / Ching is the progressive an unfortunate degree of distortion of the here for networks call for further « tuning » discovery of « superior values », however original insights. and should therefore be viewed with res- these are to be understood by the user. The interpretation given is as faithful to ervation. Furthermore, it should be noted As with Machiavelli's ad vice, the network- the texts of the Richard Wilhelm transla- that the presentation given here does not ing precepts from the / Ching could prove tion (12) as seemed feasible. Some of the do justice to the more sophisticated rela- as valuable to the « ill-intentioned » as to condition names have been adapted from tionships embedded in the structure of the the « well-intentioned ». It would be inter- those suggested by Siu (13). Hopefully / Ching. esting to compare the precepts given here this exercise will encourage others to pro- with those in the network operations man- duce a more helpful interpretation. Transformation pathways uals of intelligence services and revolutio- No extraneous insights have been intro- nary groups, given their respective under- It is the network of 384 transformation duced. In elaborating each statement the standing of « superior values ». It is worth pathways between the 64 conditions into basic constraint was that it should be noting that another set of 394 Chinese which an entity can supposedly get briefly formulated with respect to a « ne- precepts, in Sun Tzu's classic The Art of « trapped » that is perhaps the most inter- twork » and that any terms used should be War, has received considerable attention esting feature of this exercise. credible in a networking context. It is de- in modern military academies (17). It is bateable whether the texts should instead In the following pages each of the 64 based on the principle that it is the su- havebeenfocussedona « group » or « or- numbered conditions is briefly described, preme art of war to subdue the enemy ganization ». or even a « conference »; al- accompanied in each case by descrip- without fighting. Contemporary students though this might have made them of more tions of 6 possible transformation path- of organizational life have also benefited general interest. A somewhat similar ways from that condition. These may also from an adaptation of Machiavelli's in- procedure has been used in an exercise in be understood as the possible « levels » sights by Antony Jay to the management generating a « Universal Declaration of of skill with which that condition can be of corporations (18). Rights of Human Organization » from the faced. The number following each trans- Organization sociologists do not appear articles of the « Universal Declaration of formation possibility indicates the new to have had the ambition (or the presump- Human Rights » (15). condition with which the network is then tion) to attempt such a transformation The formulation of the statements here purportedly faced. It should be empha- map. Although in 1958 March and Simon can be criticized because the orientation sized however that these are merely the published a study, now a classic, tracing parts of what might have become such a is not always consistent. In some cases high probability transformation pathways. map (19). This does not appear to have they are formulated as injunctions as to Another set of pathways given here is that been followed up. Literature reviews have what the network « should » do. In other of the actual sequence of the numbered since resulted in the production of « in- cases they are formulated in terms of ex- conditions. The « a causal » reason for ventories » of concepts for organization planations as to the probable conse- each such transformation is given in ital- effectiveness, as in that of J. L. Price (20) quences of the network acting in a certain ics at the end of each condition on the ba- manner. Or else they are expressed in terms of what the network - could » or (*) Leibniz is reported to have been influenced in the 17th century by the binary code of the I Ching, which could therefore be said to have influenced the de- (*) Part II, containing Conditions 35 to 64, will appear in (*) Valuable insights into the nature of this semantic sign of modem computers. The strinking relationship the next issue. problem, given the possibilities of alternative tuning to the genetic coding system has also been ex- systems, can be found in the works of E. G. McClain plored (34). (31, 32). An earlier experiment focussed on « tun-

ing » interrelated cross-cultural concept sets having from 2 to 20 statements each (33).

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 173 with 31 propositions, or more recently in sion (25); a Korean (169 condi- with a surfer, a wind sailor, or a sailor on that of OH and BL Smith with approxi- tions) and a Hindu equivalent (72 condi- a rocking boat, if it fails to change its mately 400 concrete suggestions, espe- tions), supposedly the prototype of stance it will be destabilized, according to cially for voluntary associations (21). West- the I Ching, by one of 64 changing condi- Of special interest is the exercise of Ed- ern « snakes and ladders » (26). It has tions through which it is forced to move in ward de Bono who has produced an Atlas been argued that the similarity between a turbulent environment. of Management Thinking (see insert). such provides « the most perfect The developmental goal can then be con- This identifies 200 functions or « complex existing evidence of the underlying foun- ceived as somehow lying « through » the situations » which bear a striking resem- dation of mythic concepts upon which so exit of this labyrinth of traps for the un- blance to those derived from the I Ching. much of the fabric of our culture is wary. More satisfactorily, it is perhaps The Western managerial sciences have built» (27). « in » the art of moving through these con- given rise to many treatises on problem Directly relevant to networking itself is ditions as progressively clarifying the lo- solving in organizations. One of the origin- the cus of a common point of reference undef- ators of systems science. Russel Ackoff, effort of Network Research (Denver) to ined by any of them (cf. the Sanskrit has condensed his understanding of the produce a basic set of 5 rules of The Ne- phrase « Neti Neti », roughly translated as art of problem solving into 34 tworking Game (28). These reflect the « not this, not that »). It is this art which is « fables» (22). Semi-humorous insights practical recommendations which have extolled in describing the use of the / have also emerged in the form of numer- emerged from Western insights into the Ching or of Eastern board games (13, 26). ous « laws » (Parson, Peter, etc), culmi- art of at least one form of networking. A similar notion has recently emerged nating in their synthesis in John Gall's 32 Academic work on social networks tends from theoretical physics through the work « axioms » in Systemantics (23). Another to be concerned with descriptive of David Bohm (30). He stresses the na- semi-humorous approach, inspired by the analysis ture of an underlying « holomovement » holds and positions in the martial arts, is rather than with any attempt to empower from which particularities are successive- that of Thierry Gaudin who has identified such networks to act more effectively. ly « unfolded » by our attention, only to be 21 institutional « katas » (24). It is ap- In- « re-enfolded « once again. The signifi- propriate to note that the control of tergovernmental bodies, such as the cance is more readily apparent in the case » ch'i ». mentioned earlier, is basic to the Unit- of « resonance hybrids » (see insert). Eastern martial arts. ed Nations University, with a declared The problem for a network, an organiza- Western efforts to provide (world) sys- commitment to a network mode of tion, an intentional community, a meeting, tems models of the interrelationships be- action, or even an individual, is then how to « ne- tween socio-political conditions to socie- have not yet elaborated any such set of twork the alternation pathways togeth- ties (as opposed to socio-economic con- guidelines. er » and how to « alternate through a ditions) have been modest and of limited transformational network ». Hence the success (*), compared to the preferences ambiguous title of this paper: « network- for lengthy textual discourses of which Alternation ing alternation ». Given that understand- Machiavelli's is an early form. It is there- The vital point that emerges from this Chi- ing of alternation seems only to be well- developed at the instinctual or sub-con- fore surprising to note that in the East a nese perspective is that it is not scious level (e.g. walking, breathing, sex, number of societies have produced reli- sufficient dancing), the nature of alternation pro- giously-inspired board games with to conceive of organizational conditions cesses is explored in a separate paper on squares denoting value-based psycho- in social conditions, linked by a variety of « alternation metaphors » (forthcoming). isolation, as is the prevalent tendency transformation pathways, in a manner si- Extending the earlier metaphor of the among Western networkers. The pro- milar to systems flow charts. Precepts cesses of change in which a network is (possibly embodied in chants) are asso- embedded, or to which it responds, re- ciated with the definition of each condition The situation is somewhat analogous to many team quire that the network consider itself in ball games where il a player tries to retain the ball it and the developmental challenge it con- will be taken from him by the opposing side, or else stitutes. Examples are : a Tibetan game a the team is penalized. Furthermore networks oppos- state of transience within a set of poten- ing the « team » of world problems find themselves (72 conditions) with a Bhutanese version like novices having to deal with an opponent which (64 + 13 conditions) and a Nepalese ver- tial conditions. It courts disaster if it at- handles the ball with a dynamism such as that of the tempts to « stick » to one condition such Haarlem Globetrotters or a shell-game con-artist, The focus shifts continually and is often where it is (*) For a recent general review, see J M Richardson as « peace ». If the dynamics of problem least to be expected in order to take advantage of jr (35). reporting in a special issue on « Models » networks are not being contained by weaknesses. tools for shaping reality, as well as reference 36. pres- ent strategies, as would appear to be the case, then organizational self- satisfaction is a recipe for the disaster-prone or the in- Edward de Bono, founder of the Centre for tunities, conceiving ventures, and organizing the Study of Thinking and director of the effectual, it creates a false sense of projects. » It is the more successful organi- world's largest curriculum programme for di- sec- zations that sense the need to develop furth- rect teaching of thinking in schools, is re- urity. Any condition may be right er thinking skills because they attribute their nowned for his promotion of « lateral think- tempor- success to their thinking. The less success- ing », especially in management situations. arily, none is right permanently (*). ful ones see no need because they blame He has recently produced an atlas « written their failure on circumstances ». A network must continually « alternate specifically for the right side of the brain - the The I Ching may also be considered as an at- intuitive side ». For him an « atlas is a visual » las of right-brain perceptions of complex si- reference system, and although thinking is its stance within the network of tuations for which an appropriate notation an abstract subject I believe we can create transfor- has been developed. Although it has the perceptual maps for ils use ». mation pathways in order to « keep on Special merit of using a right-brain context to The problem is that we do not have adequate order the relationships between such situa- right-brain images for complex management the tions. Like de Bono's atlas it also makes de- situations. Hence the tendency to try to treat ball » and «keep its act together». As liberate use of combinations of memorable them through fragmented verbal descrip- tions lodged in the left brain. What de Bono « images » to « create a visual meta-lan- does is to provide 200 images, each describ- guage for situations ». The resemblances call for further study. Atlas of Management Thinking (29)

ing one such situation (e.g. confrontation, self-created problems, tolerance, etc). Each image is accompanied by a verbal commen- tary. He suggests that the atlas references pro- vide a shorthand notation for such complex situations, enabling people to be much more direct in labelling perceived opportunities and traps. « The clarity with which we see a situation is the basts for any subsequent de- cision or action ». Such thinking is very dif- ferent from much of that of the academic or scientific world. De Bono has coined the term « operacy » (to be contrasted with numeracy and literacy) as the much neglected skill of getting things done, solving problems, discovering oppor-

174 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 « semantic piano » however, the chal- ments. Such an approach could perhaps lenge for networks is then not simply to try such matters in the West to scientific el- provide the « requisite variety » by which ites. The Eastern board games mentioned to activate people by monotonous playing the world problematique may be tamed, above are deliberately used for educa- of single notes (e.g. « peace », « libera- without breaking the spirit it embodies. tional purposes, whereas very few in the tion », « development »). as presently A related challenge is then how to repres- West have access to the Computer simu- tends to be the case. It is rather to acquire ent or map these transformation path- lation exercises with an equivalent orien- a perspective enabling them to collabo- ways in a memorable manner so that the tation. rate in improvising exciting, rippling tunes range of possibilities becomes clear. In In the final part of this paper some possib- with such notes (each of which is an / the Book of Changes a mnemonic system ilities for producing an adequate general Ching condition) in order to bring out all for the 64 conditions is given on the basis map of the transformation pathways are the musical possibilities of alternation as of 8 natural features of which people have discussed. explored in harmony, counterpoint, dis- both an instinctive and a poetic under- cord and rhythm (37). standing ("). This contributes significantly (*) The features include : mountain, lake, wind, thunder, In this sense the true potential of ne- to dissemination of understanding about light, ravine, earth and sky. Note the arguments in tworking lies in the transformational pos- relationships between such conditions in favour of some such topographically based mnem- sibilities of « playing » On such instru- onic system given in an earlier paper : « The territory contrast to the restriction of interest in construed as a map » (38).

Resonance hybrids: an illustration of alternation

Some chemical molecules cannot be satis- the basic components of many larger mole- fragile coalitions. It may be the key to the factorily described by a single configuration cules essential to life. Its cyclic form only be- « marriage >• between networks and hier- of bonded atoms. The theory of resonance is came credible when Kekule showed that it archies in tensegrity organizations (5). It oscillated between structures A and B. Linus could also be used to interrelate alternative molecules by a dynamic combination of Pauling later showed that it in fact alternates definitions (or theories, paradigms, policies, several alternative structures, rather than between all five forms below (and as such etc.), where none of them is completely sa- by any one of them alone. The molecule is requires less energy than for any one of tisfactory taken in static isolation. The « un- then conceived as « resonating ». among the them). definable » significance then emerges several conceivable/describable structures through the alternation process. The condi- and is said to be a « resonance hybrid » of tions of the Book of Changes can be con- them. The classic example is the benzene This concept could be used in designing/de- ceived as constituting a resonance hybrid, molecule with 6 carbon atoms. This is one of scribing/operating organizations, especially whether collectively or individually.

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TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS. 4/1983 175 NETWORKS CONDITIONS AND TRANSFORMATIONS IN THE LIGHT OF THE CHINESE BOOK OF CHANGES

1.0 Condition : Creativity. Creative ener- 3.2 The network should avoid the obli- 5.2 As the crisis takes form, disagree- gy and inspiration may engender new gations entailed by early acceptance of ments may emerge and escalate dang- patterns as a result of unrestrained action assistance from unexpected sources in erously if the network is unable to main- by a network. times of difficulties. (- 6O) tain its tranquility. (- 63) 3.3 The network should renounce im- 5.3 Premature response to the crisis 1.1 Patient caution by the network may mediate objectives that have proved leaves the network waiting in an ex- be required to avoid premature action. unfruitful due to premature action with- posed and vulnerable position which (-44) out adequate guidance. (- 63) calls for serious reassessment. (— 60) 1.2 Exertion of a recognized positive in- 3.4 Necessary network action may be 5.4 In the midst of danger any action fluence by the network may be required rendered successful, despite inade- may aggravate the situation; the com- prior to action. ( — 13) quate resources, by obtaining appropri- posure or the network is the only guar- 1.3 Attraction of mass support by the ate assistance. (-17) antee of survival as events take their network can lead to the temptations of 3.5 Its position in society may cause di- course. (- 43) over-ambition. (- 10) rect action by the network to be distort- 5.5 Despite the crisis there are mo- 1.4 The network may be faced with the ed, necessitating cautious indirect ac- ments of calm which the network should choice between internal development tion to overcome the obstacles arising use to fortify itself for renewed struggle. and external social action. (- 9) from such misinterpretations. (— 24) (- 11) 1.5 Widespread recognition of the ef- 3.6 The network may cease its struggle 5.6 When the crisis strikes, the network fects of the action of the network on so- due to an acceptance of the initial diffi- must yield to the inevitable whilst being ciety may result in long-term positive culties as overwhelming. (— 42) ready to respond to the potential of un- consequences. (- 14) foreseen developments. (- 9) 1.6 Catastrophe may result when the network indulges in aspirations ex- When first launched, initiatives tend to be ceeding its capacity. ( — 43) handicapped by inexperience Initiatives awaiting support engender con- flict over the allocation of available re- In order to bear fruit, creativity eventually re- 4.0 Condition : Inexperience. Aided by sources quires the existence of a receptive environ- enthusiasm, network action may succeed ment despite inexperience, provided appropri- 6.0 Condition : Conflict. When a network ate guidance is sought with the right atti- encounters opposition in pursuing a 2.0 Condition : Receptivity. A network tude. course of action it considers appropriate, may respond to the actions and opportu- 4.1 Discipline is a necessary counter- conflict arises which can only be usefully nities of its environment through which it weight to dissipative carelessness in resolved by coming to terms with the op- may then bring about change. network action, although excessive dis- ponent. 2.1 The network may take heed of the cipline has itself a crippling effect on the 6.1 In its incipient stage, especially first signs of deterioration in its environ- development of network potential. when the opposition is strong, it may be ment. (-24) (- 41) best for the network to drop an issue ra- 2.2 The network may respond naturally 4.2 Tolerance of shortcomings is a ther than risk open conflict. (- 10) to its environment (-7) prerequisite for assumption of social re- 6.2 If the opposition is of superior 2.3 Care should be taken to avoid prem- sponsibility by the network. (- 23) strength, timely withdrawal by the ne- ature public attention to the maturing 4.3 The inexperienced network does twork may prevent undesirable conse- work of the network. ( — not develop by applying itself to simple quences for the community as a whole. 15) problems which readily offer them- (-12) 2.4 The strictest reticence is required selves for solution. (— 18) 6.3 If the network subordinates itself to by the network to avoid both the enmity 4.4 The network entangled in action a strong ally, conflict can be avoided by of antagonists and the dangers of mis- fantasies of imagined significance can not acting to acquire prestige. (-44) placed acclaim. (—16) often only free itself by experiencing the 6.4 If the opposition is of weaker 2.5 The network may express its quali- humiliation which finally results. strength, the network will have difficulty ties indirectly and discreetly as its ac- (- 64) in justifying the success of any conflict tions emerge into promincence. (-8) 4.5 The inexperienced network that and can best achieve its ends by rede- 2.6 The network may make an inap- seeks guidance in an unassuming man- fining its goals. (— 59) propriate attempt to take the leading 6.5 If it is in the right, the network can role, thus causing a struggle destructive ner may develop successfully. (— 59) derive great benefit if the conflict takes to all concerned. (-23) 4.6 Constraints should be applied to the network that persists in careless place under the auspices of a powerful action, but only to prevent unjustified and just arbiter. (- 64) excesses. (- 7) 6.6 If the network carries the conflict Initiatives emerging in a receptive environ- successfully to the bitter end, it will find ment first experience difficulties its success short lived and constantly exposed to further attack. (— 47) 3.0 Condition : Initial difficulty. Due to After overcoming problems of inexperience, the profusion of changes being brought initiatives await further support about, confusing obstacles to the growth of network action occur, calling for a coo- When there is conflict a controlled threat perative response to bring order out of 5.0 Condition : Waiting. A network can eventually emerges to regulate it chaos. only derive the strength to confront crises 3.1 The network may proceed cau- by being able to wait, however long is ne- 7.0 Condition : Controlled threat. For a cessary for opportunities to emerge, ra- tiously in pursuit of its goal by attracting network to struggle successfully, disci- ther than being panicked into action by suitable assistance. (- 8) pline must be instilled in the community by immediate dangers. arousing enthusiasm, sustaining the peo- Part II, containing Conations 35 to 64, will appear in the next issue. An introduction to « networking alternation » 5.1 Before the sensed crisis takes ple and eliciting confidence in the value of is given on the preceding pages. Suggestions for a pos- form, the network should continue as its actions. sible revised version should be sent to A J N Judge, long as possible to engage in the long- Union of International Associations, 40 rue Washington, 7.1 For an entreprise to be successful B-1050 Brussels, Belgium. term processes by which its strength is when it is initiated, order must prevail renewed. (_ 43) within the network. (-19)

1/6 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 7.2 The network should remain in close 9.2 The network benefits by retreating the seemingly insignificant into ac- touch with the community, sharing its with others of similar orientation when count, and avoiding factionalism, condition and receiving recognition on obstructions are too great. (- 37) its behalf, in order to be able to meet the 9.3 Forceful action by the network is (- 36) 11.3 The network can avoid succum- demands made on it. (- 2) bound to fail when circumstances com- bing to the illusion that the period of 7.3 If the community takes the initiative bine to enhance the powers of seeming- harmony will never end by recognizing from the network, misfortune will ensue. ly minor hindrances. (- 61) (- 46) how its inner strengths are independent 9.4 Disinterested restraining action by of external circumstances. (- 19) 7.4 If the network is faced with superior the network to ensure that the right pre- opposition, orderly withdrawal avoids 11.4 In times of mutual confidence, the vails will eventually succeed, despite network can spontaneously establish the risk of disintegration. (- 40) the real dangers with which such action close contact with the alienated, by em- 7.5 Energetic struggle by the network is threatened. (-1) phasizing an inner bond rather than ex- is required to counteract any attacks, 9.5 Relationships based on loyalty and ternal inequality. (- 34) but a disorderly response may become trust reinforce the effectiveness of the 11.5 The network may successfully counterproductive. (- 29) network and of the complementary achieve its ends by uniting with others 7.6 Following successful action by the roles of those involved. (- 26) who have fewer advantages. (- 5) network, it is important that power 9.6 When the network has achieved li- 11.6 When the period of peace comes should not be given to those who would mited success from a position of weak- to an end the only recourse is to accept abuse it. (— 4) ness, it is dangerous to pursue the ad- the transition and attempt to maintain a vantage any further until circumstances measure of harmony within the network are more favourable. (- 5) itself. (- 26) The emergence of a controlled threat even- tually promotes solidarity Subtle restraints give rise to careful conduct If peaceful relationships continue to prevail, stagnation eventually results 8.0 Condition : Solidarity. Complemen- tarity of action by the different parts of a 10.0 Condition: Careful conduct. A ne- network requires that they should be held twork can best relate to those who are 12.0 Condition : Stagnation. Disharmony together by a central symbol whose sign- strong and intractable by conducting itself prevailing in a network and in its relation- ificance reinforces each in his under- with due respect, reinforcing recognition ships with society ensures an uncreative standing of his role within the action of the of inner worth whenever it is reflected in period of confusion and disorder. As the whole. external rank. exertion of effective influence is impossi- 8.1 Only a fundamental sincerity pro- 10.1 The network can make progress ble, a network can best remain faithful to vides the basic cohesive power through when in an inferior position through sim- its principles by withdrawing into seclu- sion rather than by accepting the tempta- which appropriate network relation- ple unassuming actions, since it is not tion of public action. ships can be formed. {— 3) yet bound by social obligations. (- 6) 8.2 To avoid losing the dignity and in- 10.2 The network may act successfully 12.1 Under such unfavourable circum- trinsic clarity of its relationships, the ne- in isolation, free of conventional en- stances, the network may best protect twork should persevere in the appropri- tanglements and the enticements of its values by retiring into seclusion with ate response to any summons to action. conventional goals. (- 25) others of similar preoccupation. (- 25) 12.2 The network should not interact (- 29) 10.3 When handicapped, reckless ac- with those of inferior values, even 8.3 The network should avoid engen- tion beyond its capabilities invites dis- aster, which is only justified when the though they might welcome such action dering relationships based on false inti- as a way of reducing their disorder; any network is struggling for a higher cause. macy-formed when differences of habit consequent suffering to the network is a (- 1) are underestimated - which subse- guarantee of its ultimate success. quently prevents the formation of more 10.4 The network may succed in a (- 6) genuine and appropriate bonds. dangerous entreprise if it acts with cau- 12.3 Those of inferior values, who have (- 39) tion, conscious of its inner resources. illegitimately acquired power within the 8.4 When the network relationships (- 61) network or in society, eventually recog- with the central rallying point are well 10.5 For a resolute action to succeed, nize their lack of ability. (- 33) established, they should be acknow- the network should be aware of the 12.4 Those seeking to restore order ledged openly, (- 45) dangers of resoluteness. (- 38) within the network or in society should 8-5 The cultivated quality of the central 10.6 The success of the network can feel capable of responding to the chal- symbol recognized within the network only be assessed in terms of effects of lenge in collaboration with others rather should be such as to engender the vo- its actions; these then determine the than risk acting in the light of their own luntary dependence of those who hold consequences for the network. (- 58) limited perceptions. (- 20) to it, leaving others free to go their own 12.5 Once the network has emerged way. (- 2) into a position from which order can be 8.6 Coherence within a network calls Careful conduct ensures that peaceful rela- restored, success is only assured through the greatest attention to the for right timing which if miscalculated tionships prevail through hesitancy may be a cause for possibilities of failure. (- 35) regret. (- 20) 12.6 The network must act deliberately 11.0 Condition: Peace. When harmony and creatively to end the condition of prevails in a network and in its relation- stagnation and disintegration. (- 45) Solidarity ensures a subtle restraint ship with society a period of fruitful action is assured. To benefit from this condition processes must be ordered and adjusted Stagnation cannot persist indefinitely and 9.0 Condition : Subtle restraint. When to increase their natural yield. the influence of a network is as yet unable therefore fellowship finally emerges to produce great or lasting effects, it is 11.1 Under such favourable circum- best that it should act in a restraining or stances the network attracts together subduing manner in anticipation of ulti- those with similar preoccupations and 13.0 Condition: Fellowship. True fello- mate success. is encouraged to extend its activities. wship can be brought about within and by (- 46) the network through the emergence of 9.1 Avoidance of forceful action by the 11.2 The network can overcome the clear, convincing, and inspiring aims. network leaves it free to advance or re- danger of becoming slack in times of These should be based upon a concern treat when obstructions are en- harmony by working with the imperfect, that is universal and be accompanied by countered. (- 57) risking dangerous undertakings, taking

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1963 177 the strength to carry them out. To ensure of its position by cultivating an unas- the opportunity will be lost or else it will the appropriate functional relationships suming attitude and honouring values become unnecessarily dependent on amongst diverse elements, an organic which transcend the mundane affairs of an external leader capable of engen- mode of organization is required. society. (- 34) dering enthusiasm, (- 62) 13.1 The network should ensure that 16.4 The network can arouse enthu- the fundamental principles upon which siasm and cooperation through its own any union is based are equally accessi- To retain valuable possessions, the amount self-confidence and the sincere support ble to all those involved. (- 33 ) should be modest and the attitude unpreten- it gives to those who collaborate with it. 13.2 The emergence of exclusive fac- tious (- 2) tions based upon self-interest and the 16.5 The network can be obstructed in rejection of others is a danger to the ne- 15.0 Condition: Unpretentiousness. A its ability to engender enthusiasm, but twork and to the achievement of its aims. network prospers best by acting in an un- this may usefully prolong its existence (- 1) assuming manner, whether in a position of by preventing it from depleting its ener- 13.3 Mistrust and reservation within influence or not. This principle also fa- gies. (- 45) the network undermine fellowship, vours its efforts to establish order by red- 16.6 Being misled by false enthusiasm leading to strategies based on guile ucing those extremes and inequalities may constitute a valuable learning ex- which engender further alienation. which are the source of social discontent. perience for the network, provided it is subsequently capable of further devel- (- 25) 15.1 The network may successfully un- opment. (- 35) 13.4 Confrontation may reach a point dertake dangerous enterprises if the si- at which the opposing parties are no tuation is not confused by unnecessary longer able to act against each other, claims and by the resistance of others Where enthusiasm persists, a following and in this way the situation of the ne- resulting from such claims. (- 36) twork is usefully clarified. (- 37) 15.2 When an unassuming manner is emerges 13.5 Its position in society may cause natural to the network's mode of action, the network to be able to relate effec- the possibilities of exerting a lasting in- 17.0 Condition : Following. In order to be tively to others who share its fundamen- fluence emerge of their own accord. capable of inducing people voluntarily to tal preoccupations only after a long (- 46) follow its lead without resistance, the ne- struggle to overcome the obstacles un- 15.3 If the network responds immod- twork must first adapt itself to their cir- fortunately separating them. (- 30) estly to widespread recognition of its cumstances to be able to serve them. 13.6 The network may be able to en- achievements, criticism develops, pre- gage with others only in a limited alli- venting the work from being carried 17.1 In order for the network to identify ance based upon mutual interest rather, through to its final fruition. (- 2) how it should adapt to its environment, than on a shared approach to universal 15.4 The network should guard against it must open itself to contact with a wide concerns. (- 49) the danger that an unassuming manner range of different views. (— 45) of action may become an effective 17.2 In developing its pattern of con- disguise for irresponsibility and inac- tacts, the network should take care to Through fellowship values emerge, leading tion. (- 62) avoid those holding inferior values or to acquisition of wealth 15.5 Circumstances may call for ener- risk losing those holding superior va- getic corrective action by the network, lues by which its action can be benefit- which should not interpret the merit of ted. (- 49) an unassuming mode as an excuse for 17.3 The development of its contacts 14.0 Condition : Wealth. A network may letting events take an inappropriate with those holding superior values will acquire a position of power in relation to course. (- 39) lead the network to obtain what it needs the strong by acting disinterestedly with a 15.6 The network should act vigorously for its own development, despite the low profile. In this way wealth is appropri- to defend itself and order its environ- loss of stimulating distractions with ately administered in a graceful and con- ment especially when the root of the those holding inferior values. (- 58) trolled manner. problem lies in weaknesses of its own. 17.4 Once it is successful in its influ- (- 52) 14.1 The network can avoid the temp- ence, the network should develop the tation of wealth only by developing an ability to distinguish insincere suppor- awareness of the many difficulties to be ters, attracted for their own advantage, overcome and of the possibilities of Valued possessions and unpretentiousness who must be kept at a distance if suc- mistakes in its use. (- 50) together engender enthusiasm cess is not to be jeopardized. (- 3) 14.2 The network should delegate re- 17.5 The network must itself follow sponsibility in order to ensure that the something which guides, legitimates resources at its disposal are used most 16.0 Condition: Enthusiasm. A network and empowers its initiatives. (- 51) effectively in new undertakings. (- 30) can arouse enthusiasm by acting in har- 17.6 Having developed its activities to 14.3 The network is most successful mony with the needs of the time and the point of detachment from mundane when it seeks to place itself and the coopting assistance for the completion of affairs, the network may be confronted wealth it has acquired at the service of an undertaking. Such enthusiasm re- with a persistent following which once a higher cause, or of society as a whole, leases people from the grip of mundane more draws it back into a guiding role. rather than vainly attemption to main- tensions and allows them to express the ( - 2 5 ) tain a hold on it for itself. (- 38) hidden potentials of their society. 14.4 The network should carefully dis- tinguish its own position from that of the 16.1 When in a position of weakness, the network invites misfortune if it strong with whom it is in contact, in or- Following others leads to undertakings and makes enthusiastic claims about its der to avoid the dangers of vying with remedial action them and thus jeopardizing the very ba- own connection with those in positions sis of its power. (- 26) of power. (- 51) 14.5 Even when the benevolent action 16.2 The network should not allow it- of the network succeeds in attracting self to be misled by illusory manifesta- 18.0 Condition : Remedial action. Inertia, Support based solely on unaffected sin- tions of enthusiasm, but should be sen- indifference and the abuse of human free- cerity, the tendency for insolence to sitive to the emerging tendencies of the dom lead to deterioration of the network or emerge must be kept in check through time, acting self-reliantly in response to society and call for decisive, energetic ac- the strength of dignity. (- 1) those in positions of strength or weak- tion, if regeneration is to occur, ness. (- 40) 14.6 When at the height of its power, 18.1 Deterioration due simply to rigid the network can best enhance the value 16.3 The network must choose the adherence to conventional patterns of right moment to act, for otherwise either action may easily be remedied, prov- ided that the network is conscious of

178 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 the dangers associated with any such reform. (- 26) gative feelings will be engendered The results of initiative call for recognition against it, placing it in a somewhat hu- 18.2 The deterioration may be the re- miliating position. (-, 30) sult of inherent weakness, in which 20.0 Condition : Recognition. Through 21.4 If those infringing norms are pow- case the network should avoid drastic the effort it devotes to comprehending the erful, the network can only succeed in action so as not to further aggravate the significance underlying external events, a censuring them by acting with great situation, (- 52) network acquires the power to apply that clarity and force. (- 27) 18.3 If the network proceeds some- 21.5 In order to respond impartially, the what too energetically in rectifying the power can be recognized by others, who network should be constantly aware of mistakes of the past, difficulties will may in turn be influenced by it to take the the dangers associated with the re- arise, but this is preferable to the results actions of the network as a model for their sponsibility it has assumed in censuring of insufficiently vigorous action. (- 4) own. infringement of norms. (- 25) 21.6 If those infringing norms fail to re- 18.4 Misfortune will result if the ne- 20.1 Whilst it is to be expected that spond to censorship by the network, twork is itself too weak to take action some can only be superficially affected misfortune inevitably results. (- 51) against progressive deterioration re- by a profound understanding of events, sulting from past mistakes. (- 50) it is to be regretted when the network of 18.5 Even though it is inadequate to superior values contents itself with a Rather than acting crudely, decisive Integra- shallow, disconnected view of the for- the challenge of past neglect and cor- five action calls for a graceful style ruption, the network may achieve partial ces prevailing in society as a whole. success with the assistance of others. (- 42) (-57) 20.2 Whilst for some it is sufficient to view the world from a subjectively limit- 22.0 Condition : Style. A network may 18.6 The development of the network ed standpoint, this narrowness is harm- succeed in matters of lesser importance may be such that it is unnecessary for it ful in the case of the network which by gracefully respecting the sensitivities to engage in any remedial action, prov- must take an active part in the affairs of of those concerned. Fundamental or con- ided that, in its withdrawal from mun- the world. (- 59) troversial issues cannot however be re- dane affairs, it engenders new values solved by cultivating an appropriate image 20.3 When it focuses on recognition of in this way. for the future. (- 46) its own nature and the effects it creates, 22.1 When the network is in a subord- this may be a basis for the network to inate role, the gracefulness of self-rel- determine whether or not it is develop- iance leads to greater success than the ing. (- 53) surreptious acceptance of assistance. Where there is scope for remedial action, 20.4 The network should facilitate in- (- 52) there is growth through initiative dependent action by those who under- 22.2 The network risks deluding itself if stand how it can be made to flourish. it attaches greater importance to the (- 12) form of its actions than to their sub- 20.5 Self-evaluation by the network of 19.0 Condition : Initiative. When condi- stance. (- 26) tions are appropriate for a network to in- superior values will only bring satisfac- itiate action on mundane affairs, this tion when its effects are beneficial and 22.3 The gracious style of the network should be done with determination and free of mistakes. (- 23) may prove so enchanting to all con- perseverance, bearing in mind the need to cerned that the vigilance necessary for 20.6 The network detached from mun- the success of its action is lost. prepare for unfavourable conditions which dane affairs will most benefit society in their turn will later prevail. (- 27) when exploration of psycho-social pro- 22.4 The network may find that more 19.1 When superior values find a re- cesses brings recognition of how it may significant relationships are possible by sponse in influential circles, the ne- avoid being responsible for generating acting simply than by depending on the twork could well associate itself with negative effects. (- 8) trappings associated with a gracious this trend, provided this does not dis- mode of response. (- 30) tract it from its own line of action. 22.5 Once the network has chosen to (- 7) abandon dependence on a gracious Recognition of the relationship between re- 19.2 When the initiative originates in mode of action, it will at first be embar- sults engenders decisive integrative action the light of superior values, the network rassed when attempting to relate to should not hesitate to apply its own re- those of superior values who only at- sources to the task, for such action tach significance to the substantive must necessarily contribute to ultimate 21.0 Condition: Decisive action. When contributions it has to make. (- 37) success. (- 24) faced with deliberate hindrance to integ- 22.6 In the final stage of the network's 19.3 When the network is succeeding rative development, a network must take a development, the form of its action no in its initiative, there is a danger that just measure of decisive action against longer disguises the substance but ra- lack of vigilance may lead to careless those responsible. Such hindrances in- ther expresses its value to the full. mistakes, which may however be rem- crease when norms are unclear and there (- 36) edied by responsible action. (- 15) is negligence in ensuring that they are re- spected. 19.4 The action is benefitted when the network is open-minded in its approach 21.2 If the network responds mildly to Excessive emphasis on style leads to dete- to those of ability who are attracted by any initial departure from norms this rioration its initiative. (- 54) should constitute sufficient warning against repetition of the infringement. 19.5 The network should act with self- (- 35) 23.0 Condition : Deterioration. Under restraint in order to attract those of qu- 21.2 If the response of the network to certain conditions of society inferior va- ality capable of undertaking all that is frequent infringement of norms is ex- required by the initiative without inter- cessive, this should not be regretted lues may predominate. A network of supe- ference. (- 60) since the results are merited. (- 38) rior values is wise to accept this phase of events calmly rather than vainly attempt- 19.6 A network which has withdrawn 21.3 Although no other course is possi- from mundane affairs may under certain ble, if the network lacks the power and ing to counteract it. circumstances initiate new action for authority to back up its censure when 23 1 Those of inferior values may in- the benefit of those it attracts. (- 41) norms have been infringed, strong ne- itiate schemes to undermine the posi-

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS. 4/1983 179 tion of the network by intriguing against programme. However, the guidance of those of others able to contribute to the its supporters. (- 27) such instinctive certainty leads to misfor- development of society. tune unless it is correctly rooted in supe- 23.2 The network, isolated by the initia- 27.1 Misfortune results when the ne- rior values. tives of those of inferior values, may be twork's self-reliance is undermined in destroyed unless it can rapidly adjust 25.1 The network can be confident of aspiring to the apparent advantages of its position. (-4) success when it acts on impulses in- others. (- 23) volving no expectation of gain. (-12) 23.3 Provided it is able to enhance the 27.2 Misfortune results when the ne- 25.2 The network's activity can twork fails to become self-reliant and expression of its superior values, the succeed if each phase is carried out for network may disassociate itself from persists in depending on others. its own sake and irrespective of any (- 41) those of inferior values, who will then possible result. (- 10) 27.3 The network cannot be successful oppose it actively. (- 52) 25.3 Even though the network acts it it seeks advantages for their own sake without expectation of gain, it should be 23.4 Events can deteriorate to the point and thus becomes dependent upon prepared to adjust to the possibility of at which the network is unable to avoid them. (- 22) misfortune. (- 35) misfortunes arising from external events. (- 13) 27.4 When the network is in a position 23-5 Those of inferior values may be of influence, it should seek out others of attracted by the superior values of the 25.4 No catastrophe can deprive the network of its inherent qualities, prov- the right quality to assist in achieving network and voluntarily accept its guid- advances for society as a whole. ance. (- 20) ided it continues to uphold them. (- 42) (- 21) 23.6 As support for the network in- 25.5 In the event of catastrophe arising 27.5 If deficiencies in its mode of action creases, the strategies of those of infe- from external causes, the network prevent it from contributing effectively rior values become progressively more should take time to heal itself rather to the development of society, the ne- self-destructive. (- 2) than call on external assistance. twork should seek the advice of those of (- 21) superior values. (- 42) 25.6 When the time is not appropriate, 27.6 When the network becomes a Deterioration cannot continue indefinitely, any spontaneous response by the ne- source of influence in sustaining socie- thus recovery finally commences twork is likely to be counterproductive. ty, it can best continue in this role by be- (- 17) ing aware of the dangers of such re- sponsibility. (- 24) 24.0 Condition : Recovery. A network may recover spontaneously from adverse The excesses of spontaneity are contained conditions, with the old patterns being through conservation measures transformed naturally into the new. This Continual build-up of support leads to process of renewal should not be dis- importance turbed by acting prematurely. 26.0 Condition : Conservation. A ne- 24.1 Occasionally the network will not twork may be called upon to bind together, be able to avoid adopting inferior va- restrain, and care for valued features of 28.0 Condition : Importance. Circum- lues, at least to some degree: such er- society. Such an intimate relationship stances may be such that a network of su- rors should not be regretted if they are with the products of past initiatives is in it- perior values experiences a period of rectified promptly. ( — self valuable to a network's development. great potential influence. This condition is 2) necessarily unstable and the possible 26.1 Vigorous action by the network transition to other conditions should be 24.2 Renewal calls for a positive deci- may be so obstructed that, to avoid mis- carefully explored, whatever sacrifices sion by the network to confirm the sta- these may then demand. bility of the new order; this is best done fortune, further efforts are best rest- rained. (— 18) in a supportive environment. (- 19) 28.1 In undertaking any new initiative 26.2 The forces restraining network 24.3 Renewal is not impossible, even if under favourable conditions, the ne- action may be so superior that energy is the network is so unstable as to be rep- twork should take extreme care in its best conserved in anticipation of a later eatedly attracted to inferior values, only preparations. (- 43) to renounce them after each such devi- opportunity. (— 22) 28.2 Under favourable conditions, the ation. (- 36) 26.3 When there is an opportunity for establishing of a relationship with those action, the network should move for- 24.4 Although in an environment dom- of inferior values may offer the possibil- ward with others sharing its intent, inated by inferior values, the network ity of renewal to the network. (-31) may renew itself in isolation by re- meanwhile preparing its defences 28.3 If the network is reckless in its in- sponding to superior values. ( — 51) against unforeseen problems. (- 41) itiatives and ignores advice, favourable 26.4 Prompt action by the network is 24.5 If the time is appropriate for rene- conditions are destabilized and catas- necessary to forestall initiatives which wal, the network should publicly recog- trophe may result. (- 47) nize any errors in its old pattern of ac- are not self-restraining. (- 14) 28.4 The situation may be stabilized tions, rather than reinforcing them with 26.5 The network may best counteract trivial arguments. (— 3) with the assistance of those of inferior unruly action by changing its nature or values, but the result will be unfortunate 24.6 If the network does not take ad- diverting it into appropriate channels. if the network achieves this out of self- vantage of an appropriate occasion for (- 9) interest. (- 48) renewal, it is condemned, by its own at- 26.6 The network may achieve a posi- 28.5 If the network abandons its con- titude, to an extended period of unfortu- tion in which its influence prevails be- tacts with those of inferior values, the nate conflictual relationships with its cause its action is no longer inhibited by environment. (— 27) cultivation of its contacts with those of opposing forces. (-11) superior values will further destabilize the situation rather than leading to its Recovery lifts the weight of the past leading renewal. (- 32) Conservation measures ensure that support to innocent spontaneity is provided where necessary 28.6 Under exceptional conditions the task faced can be so dangerous that the network may have to accept that it may 25.0 Condition : Spontaneity. A network accomplish its aim only by sacrificing its is most successful when it acts spontane- 27.0 Condition : Support. A network very existence for the values in ques- ously in response to emerging events ra- should be attentive to the manner in which tion. (- 44) ther than on the basis of some pre-defined it supports both its own activities and

180 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES. 4/1983 Excessive importance is underminded by Normative constraints operate through mut- Endurance cannot continue indefinitely, persistence ual influence therefore withdrawal takes place

29.4 Condition : Persistence. A network 31.0 Condition: Influence. Success re- 33.0 Condition : Withdrawal. A network may succeed through persisting in its sults from mutual attraction. This may be may usefully withdraw when faced with course of action, responding appropriate- induced by a network of superior values opposing forces favoured by the current ly to difficulties as they emerge. In this whose openness to counsel is a fruitful in- circumstances of society. For the retreat way the difficulties may subsequently be fluence on such relationships. to be constructive it should be carried out used as a form of protection. with acts of resistance which prepare the 31.1 Until the intention of the network way for later counter-movement. 29.1 The network should avoid adapt- has a visible effect it has no positive or ing permanently to dangers for this may negative influence on society. (- 49) 33.1 The retreating network should not prevent it from functioning appropriately 31.2 The network runs the risk of mis- take any initiative if it is in immediate in a normal environment. (— 60) fortune if it acts before being impelled to contact with the opposing forces. 29.2 When faced with danger, the ne- do so by a genuine influence. (- 28) (- 13) twork should assess the situation and 31.3 To avoid humiliation, the network 33.2 Those of inferior values may main- act with caution. (- 8) should cultivate restraint in selecting tain such close contact with the ne- 29.3 In certain dangerous circum- the influences to which it responds and twork that they are successful in stances, inaction is preferable to action should exercise control on the re- achieving superior goals. (- 44) which may aggravate the situation for sponse itself. (- 45) 33.3 The network may only achieve the the network. (- 48) 31.4 The influence of the network is freedom to retreat by taking responsib- 29.4 In times of danger, the network most successful and widespread when ility for those who would otherwise pre- can usefully base its relatioships on it results from an appreciation of its in- vent it, but this course carries its own risks. (- 12) simplicity of substance rather than on tentions rather than from a deliberate 33.4 The network of superior values complex forms of protocol. (- 47) effort to manipulate some target group. adapts easily and harmoniously to the 29.5 Danger will be increased if the ne- (- 39) 31.5 If the network's influence is pri- process of retreat from those of inferior twork has ambitions beyond its capac- marily focussed on its own actions, values who degenerate when deprived ities and the opportunities of the mo- such closure to outside influence in turn of such guidance. (- 53) ment. (- 7) limits its influence upon society. 33.5 The network must judge the time 29.6 If the network becomes confused (- 62) for retreat correctly, and act firmly, or in its strategy in a highly dangerous si- 31.6 Any attempt by the network to in- else run the risk of unpleasant discus- tuation, it is unlikely that this can be im- fluence society through words alone is sion of irrelevant matters. (- 50) mediately remedied. (- 59) necessarily insignificant and without 33.6 Once the network has ceased to consequence. (- 33) identify with the prevailing conditions it acquires the ability to act fully in follow- Persistence is only effective if there are ing the most appropriate line of retreat. normative constraints Influence can only be effective if it endures (- 31)

30.0 Condition : Normative constraint. 32.0 Condition : Endurance. A network Withdrawal cannot continue indefinitely, By its nature a network is conditioned and may be characterized by a self-renewing hence power becomes evident unable to act freely. It may best achieve movement acting alternately on itself and success by recognizing the beneficial li- on society. For a network of superior va- mitations on which it can usefully depend. lues this ensures a flexibility in response 34.0 Condition : Power. A network of su- Through such voluntary compliance, a ne- to the environment which is grounded on perior values may acquire great strength twork develops the clarity of perception an inner directive that governs all its ac- and run the risk of depending upon that required for effective action. tions. strength alone. True power is only exhib- ited when that strength is used in the ser- 30.1 The network should maintain its 32.1 The network can only ensure end- vice of a higher cause. composure in the midst of the confusion uring effects through careful action over of society, so it may concentrate atten- a long period that precludes any form of 34.1 If the network attempts to use its tion on the initial phases of any new ac- precipitate action. (- 34) strength from an inferior position it tion. (- 56) 32.3 If the strength of the network is courts disaster. (- 32) 30.2 The network acts with greatest 34.2 As resistance breaks down, the skill when striking a fruitful balance be- greater than its material resources, network may easily become self-confi- tween extreme strategies. (- 14) successful control may avoid an inap- 30.3 Recognition of the network's propriate response. (- 62) dent and lose the advantage of ba- transitory nature should induce com- 32.3 Inconsistency on the part of the lanced use of its force. (- 55) prehension of how it is fulfilled by play- network, in response to external events, 34.3 The network should avoid dis- ing its role in historical processes, ra- leads to unexpected forms of humilia- plays of power for their own sake, espe- ther than encouraging despair or efforts tion. (- 40) cially because of the complications to to avoid despair. ( - 2 1 ) 32.4 For the network to achieve suc- which they lead. (- 56) 30.4 If the network is overactive it may cess through persistence, it is neces- 34.4 When all resistance disappears, rapidly deplete its internal resources, sary that the action should be appropri- the network is free to use all its powers, without achieving any lasting effect. ate. (- 46) although the less this is apparent the (- 22) 32.5 If the network undertakes an ac- greater its effectiveness. (-11) 30.5 At the peak of its activity the ne- tive role, it should remain flexible in 34.5 When all resistance has disap- twork may derive long-term benefit by adapting to circumstances in the light of peared, it is no longer desirable for the recognizing the transitory nature of its its enduring values; whereas in a pas- network to act forcefully and decisively. preoccupations. (- 13) sive role, it should be consistent in con- (- 43) 30.6 In inducing discipline within itself forming to external guidelines (- 28) 34.6 The network should discontinue or society, the network should eradicate 32.6 If the network is permanently agi- its initiative if, having proceeded too far the promoters of inferior values, whilst tated, any attempt to produce enduring in its actions, it encounters complica- tolerating the weakness of those pers- tions which hinder any further action, uaded to follow them. (- 55) effects is undermined. (- 50) ( - 14)

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 181 LA COOPERATION ENTRE LE HAUT COMMISSARIAT AUX REFUGEES ET LES ONG

Nos lecteurs se souviendront de la participation du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés à notre Forum mondial de Bruxelles 1980. Le compte-rendu de l'événement porte trace de la communication remarquée de M. Gilbert JAE- GER. ancien haut-fonctionnaire représentant de cette organisation, sur la participation des ONG à l'action du HCR, et de ses interventions judicieuses dans le débat (1). Mais le temps progresse et le chef du Bureau de liaison avec les ONG d'affectation récente M, Guy PRIM veut bien nous transmettre la note d'information ci-après, qui montre le développement d'une coopération maintenant étendue à plus de 200 ONG (agences bénévoles). (2) Un rapport est actuellement en préparation sur l'ensemble des activités d'assistance du HCR. Nos dossiers sur les régions en voie de développement y feront place, dés la publication des documents aux fins des œuvres de l'UAI consécutives au Forum.

ROLE DU BUREAU DE LIAlSON Le Bureau de liaison avec les organisa- 2. Information 3. Promotion tions non gouvernementales (ONG) a été De par leurs nombreux contacts locaux et créé en 1976. au sein de la Division des Les ONG participent à presque tous les leur domaine de compétence les ONG affaires extérieures du HCR. en raison de types d'activité du HCR. Cette participa- peuvent largement contribuer à informer la forte augmentation du nombre d'ONG tion revêt diverses formes, selon les coopérant avec le Haut Commissariat et besoins des réfugiés dans chaque situa- l'opinion publique des problèmes des de la fréquence croissante des contacts tion et selon les moyens dont elles dispo- réfugiés et à mobiliser un appui financier ONG/HCR. Ce Bureau, qui sert de point sent. Le Bureau de liaison cherche a public et prive pour les programmes en de liaison entre le HCR et les ONG. a encourager un échange continu de ren- leur faveur. Le Bureau de liaison s'efforce maintenant des liens avec plus de 200 seignements et d'idées entre le Haut de tenir les ONG au courant des activités organisations dans le monde. Commissariat et les ONG avec lesquelles de promotion et de financement des pro- il collabore afin de tirer le meilleur parti du grammes du HCR et de leur fournir les précieux concours apporté par ces orga- documents d'information du HCR qui peu- 1. Liaison nisations aux programmes d'assistance vent les aider à sensibiliser leurs auditoi- en faveur des réfugiés. res sur le sort des réfugiés. Nombreuses sont les ONG qui s'occupent des réfugiés et dont l'expérience et Afin que des relations de travail s'instau- 4. Création de nouveaux liens l'appui ont contribué à enrichir et renfor- rent entre les différentes ONG et le HCR. cer les programmes du Haut Commissa- il faut: 1) que les services régionaux ou avec les ONG riat. Cependant, les organisations qui organiques du HCR disposent des don- De nombreuses ONG, et en particulier cel- souhaitent aider les réfugiés en collabo- nées nécessaires pour évaluer les res- les qui sont établies en Europe et en Amé- ration avec le HCR ont parfois du mal à se sources et les moyens des ONG ainsi que rique du Nord, entretiennent des relations mettre en relation avec ses services com- leur aptitude à pourvoir aux besoins de de longue date avec le HCR. mais un pétents. Il convient aussi de rassembler programmes particuliers, et 2) que les grand nombre d'autres ONG se créent des renseignements et d'établir des ONG, de leur côté, soient parfaitement dans les pays en voie de développement, contacts avec les différentes ONG afin de informées de l'assistance requise et des et n'ont pas encore noué de liens avec le pouvoir trouver des partenaires appro- besoins existants. Le Bureau de liaison Haut Commissariat. Le Bureau de liaison priés pour des projets spécifiques. En s'emploie à promouvoir cette compréhen- s'efforce de promouvoir la coopération outre, il est nécessaire de coordonner les sion mutuelle. avec ces organisations et les encourage à suggestions et les propositions faites par Lorsque des relations de travail ont été inclure dans leurs programmes des activi- les ONG dans le cadre du programme établies entre le HCR et une ONG, tés visant a améliorer le sort des réfugies. général d'assistance du haut Commissa- d'autres services du Haut Commissariat Par ailleurs, le Bureau est en rapport avec riat. comme la Section de financement des des ONG qui ont été créées pour remédier Parmi ses principales fonctions, le Bureau programmes et les bureaux du siège char- à des situations particulières de réfugies. de liaison avec les ONG a donc pour tâche gés des différents pays (Desks) surveil- Ces organisations conçues a cet effet ont de centraliser les demandes et les propo- lent l'utilisation des fonds et la mise en souvent besoin d'aide pour orienter leurs sitions des ONG et de coordonner l'acti- œuvre du programme. Le Bureau de liai- efforts vers les domaines où ils seront les vité du Haut Commissariat en ce qui son a alors pour tâche d'entrer en relation concerne les ONG. Il peut également jouer avec cette ONG, de rassembler des ren- (1| VOIR Proceedings - Compte-rendu World Forum un rôle dans l'évaluation de la participa- seignements sur ses moyens et sa com- mondial 1980 - De l'international au transnatio- tion des ONG aux projets d'assistance du pétence d'ouvrir !a voie à la coopération et (2) Ce document ne donne pas une liste exhaustive HCR. de rester en contact avec elle en vue des ONG avec lesquelles le HCR coopère les d'autres projets. ONG citées ne te sont qu'a titre d'exemple

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5. Participation aux réunions vants : American Council of Voluntary 7. Documentation par l'intermé- d'ONG et contacts avec les Agencies (ACVA), Australians Care for diaire du Centre international organes de coordination des Refugees (AUSTCARE), British Refuge d'échanges d'informations ONG Council (BRC). Committee for Co-ordina- tion of Services to Displaced Persons in sur l'intégration des réfugiés Le HCR collabore etroitement avec la Thailand (CCSDPT), Comité permanent (IRIRC) Croix-Rouge internationale, à savoir le des organismes canadiens au service Le Centre international d'échanges Comité international de la Croix-Rouge des réfugiés. European Conseultation on d'informations sur l'intégration des réfu- (ClCR). la Ligue des Sociétés de la Croix- Refugees and Exiles, et divers organis- giés a été créé sur la recommandation du Rouge et les Sociétés nationales de la mes des pays Scandinaves comme le Séminaire d'étude sur l'intégration des Croix-Rouge, le Bureau de liaison repré- Conseil danois pour les réfugiés et le réfugiés d'origine indochinoise dans les sente le Haut Commissariat aux réunions Conseil norvégien pour les réfugiés. Il a pays de réinstallation, organisé par le périodiques organisées par la Ligue sur également des liens étroits avec le HCR en 1980, en collaboration avec le les catastrophes et les situations Conseil œcuménique des églises (COE) Comité intergouvernemental pour les d'urgence et qui offrent aux ONG et aux qui agit à l'échelle internationale et coor- migrations (CIM) et le Conseil internatio- organismes des Nations Unies intéressés donne les efforts d'un réseau d'organisa- nal des agences bénévoles (ICVA). l'occasion d'évoquer ouvertement leurs tions ecclésiastiques dans 65 pays. expériences et d'échanger des rensei- Le Centre a pour fonction de traiter les gnements. renseignements sur tous les aspects de l'accueil, de la réinstallation et de l'inté- gration des réfugiés. A cet effet, il a noué Le Bureau de liaison se réunit périodique- des liens avec les principales organisa- ment avec le Conseil international des 6. Consultations ONG/HCR tions gouvernementales, intergouveme- mentales et non gouvernementales agences bénévoles (ICVA), organisation Afin d'examiner ouvertement la coopéra- s'occupant de la réinstallation des réfu- qui aide à coordonner les activités de plus tion entre le HCR et les ONG tant du point giés. Les renseignements provenant de de soixante ONG dans le monde entier, de vue du HCR que de celui des ONG. le ces trois sources sont rassemblés et depuis son bureau de Genève. Le Bureau Bureau de liaison a organisé en mai 1981 stockes au Centre de documentation de des Consultations auxquelles ont parti- de liaison participe aussi, en qualité l'IRIRC à Genève. Ces données sont cipé 123 organisations non gouverne- d'observateur, aux travaux du Groupe de ensuite compilées et publiées. travail sur les réfugies et les migrations de mentales. C'était la première fois qu'un l'ICVA, qui rassemble les représentants nombre aussi important d'organisations 8. Annuaire des ONG se réunissait avec le HCR pour poser des des principales ONG œuvrant en faveur Le Bureau de liaison avec les ONG a des réfugiés. questions et examiner des problèmes liés à tous les domaines de la coopération récemment établi un annuaire des ONG HCR/ONG. A la suite de ces consultations dans divers pays s'occupant de l'assis- Le HCR entretient des relations avec un il a été décidé de tenir d'autres reunions tance aux réfugiés. La première édition a certain nombre d'autres organismes avec les ONG pour étudier, à l'échelle été publiée en juillet 1982. L'annuaire regroupant des ONG selon leur pays d'ori- régionale, certains secteurs de coopéra- sera révisé et mis à jour afin d'inclure les nouvelles organisations et de tenir gine ou le pays où elles exercent leurs tion, comme l'information et le finance- compte des changements concernant les activités. Ces organismes sont les sui- ment des programmes. ONG qui coopèrent avec le HCR.

LES PREOCCUPATIONS COMMUNES HCR-ONG le HCR et les ONG avec lesquelles il col- craindre la persécution. Le HCR doit aussi La mesure dans laquelle le HUN et les labore ont un objectif commun : encourager l'octroi de l'asile et veiller à ce ONG peuvent coopérer dans le domaine assurer la protection des réfugiés ainsi de !a protection internationale dépend à la que leur bien-être social et matériel. Les fois des pays dans lesquels les ONG exer- nombreux domaines dans lesquels ils que les réfugiés soient traités de on cent leurs activités et du mandat qui leur coopèrent déjà témoignent de cette décente et humaine dans les pays d'asile. est assigné. Amnesty International et la volonté commune. C'est grâce à l'asso- Nombre des normes relatives a la manière Commission internationale de juristes ciation avec les ONG que les activités du de traiter les réfugiés sont énoncées dans jouent un rôle utile en définissant les pro- HCR en faveur des réfugiés peuvent être les instruments internationaux de base blèmes critiques et en appelant l'attention menées a bien, en faisant appel aux com- " concernant les réfugiés - la Convention du HCR sur certains cas de refoulement ou de détention arbitraire. Dans un certain pétences et à l'assistance de personnes des Nations Unies de 1951 et le Protocole nombre de pays, les ONG sont extrême- concernées dans le monde entier. de 1967 relatifs au statut des réfugiés. Jusqu'à présent, 93 Etats ont adopté l'un ment actives du point de vue de la réunion ou l'autre de ces instruments, ou les deux. des familles de réfugies séparées, Le En outre, bien des dispositions en faveur Comité international de la Croix-Rouge, 1. Protection des réfugiés ont été complétées et, dans par exemple, a participe directement au certains cas. élargies au niveau régional. programme de recherche des parents de Le HCR est le seul organe que la commu- Ainsi, la Convention de 1969 de l'OUA mineurs kampucheens non accompagnes nauté internatonale, par l'intermédiaire de régissant les aspects propres aux problè- se trouvant en Thaïlande. Les ONG contri- l'Assemblée générale, ait chargé expres- mes des réfugiés en Afrique, contient une buent aux activités du HCR, afin de pro- sément d'assurer la protection internatio- définition élargie du terme « réfugié », ce mouvoir la protection internationale, en nale aux réfugies. Pour s'acquitter de qui a donné au HCR une plus grande encourageant les gouvernements à accé- cette tâche fondamentale, le Haut Com- liberté d'action sur le continent africain. der aux instruments de base relatifs aux missariat entreprend diverses activités, D'autres instruments ont également été réfugiés et en informant l'opinion publique dont la principale est d'assurer la protec- adoptés à l'échelon régional, renforçant de la situation particulière et des condi- tion des réfugies contre le refoulement, ainsi les dispositions initiales des instru- tions précaires dans lesquelles se trou- c'est-a-dire contre le retour forcé dans un ments internationaux. vent les réfugies. pays ou ils ont de bonnes raisons de

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2. Assistance Nombre des ONG en Thaïlande fournis- pation d'ONG à ce programme, sous la direction générale de la Ligue. Phase d'urgence : sent une assistance médicale: le HCR Lorsque l'installation sur place est consi- Lorsque le gouvernement d'un pays conclut avec elles des contrats de sous- traitance pour la fourniture de services de dérée comme la solution durable adé- d'accueil demande l'assistance du HCR quate, l'expérience des ONG est souvent pour (aire face à une situation d'urgence santé aux réfugiés et établit des normes et des directives afin de guider leurs tra- capitale pour mettre en place une infras- concernant les réfugiés, le Haut Commis- tructure qui permette aux réfugiés de sub- sariat doit élaborer un programme visant à vaux. L'International Rescue Committee, par exemple, depuis 1976 met en œuvre venir à leurs propres besoins et de former fournir aux réfugiés un abri, des vivres et une communauté viable. En Tanzanie, par de l'eau, des vêtements, des soins de un programme médical en Thaïlande qui met l'accent sur l'auto-assistance des exemple, la Fédération luthérienne mon- santé et autres services de base. La mise diale a été chargée, en 1971, d'exécuter en œuvre incombe soit au gouvernaient réfugiés. Les autres organisations qui ont fourni une aide médicale en Thaïlande un programme en faveur de la zone d'ins- intéressé, soit à un partenaire opération- tallation de réfugiés d'Ulyankulu. Une fois nel choisi en coopération avec le pays sont l'American Refuge Committee, Catholic Relief Services, International parvenue à l'autosuffisance cette zone a hôte. Ce partenaire est souvent une ONG été placée sous la responsabilité du Gou- choisie en raison de son expérience et de Médical Teams, Médecins sans frontiè- res, et Tear Fund. vernement tanzanien en 1980, Cette ses compétences particufières. Si une même année, les 36.000 réfugiés rwan- ONG est déjà sur place lors de l'afflux de Des ONG comme CONCERN, Ecoles sans frontières et Redd Bama ont participé dais d'Ulyankulu sont devenus citoyens réfugiés, elle peut souvent participer au tanzaniens lors d'une cérémonie collec- programme d'assistance dès le début. Par activement à l'éducation, l'orientation et la formation professionnelle des réfugiés. tive de naturalisation. l'entremise de ses sections locales et de Nombre des ONG qui collaborent avec le ses services organiques, elle peut fournir D'autres ont pris part a des activités diver- ses, comme la distribution de vivres, HCR participent à la tâche difficile qui une aide rapide et efficace pour faire face consiste à aider les réfugiés à s'adapter à à la situation d'urgence. l'approvisionnement en eau, l'assainisse- ment et la construction. leur nouvel environnement et prennent Ainsi, au début de l'afflux de réfugiés en part activement à une ou plusieurs pha- 1976. le Gouvernement somalien a ses du processus de réinstallation. d'abord décidé d'exécuter lui-même le Solutions durables : Entre autres activités de réinstallation, les programme d'assistance du HCR. Le Après la phase d'urgence, on commence ONG cherchent à faire « parrainer » les nombre d'arrivées augmentant, il a fallu à chercher des solutions durables aux réfugiés, ce qui est indispensable pour toutefois chercher de nouveaux partenai- problèmes des réfugiés. Selon le statut du qu'ils puissent être admis à titre perma- res opérationnels. Aujourd'hui, trente- HCR, les solutions durables sont le rapa- nent dans des pays comme les Etals-Unis deux ONG avec un personnel expatrié de triement librement consenti, l'installation et le Canada. Dans le pays de premier asile, elles contribuent à préparer les •plus de 400 person nés œuvrent en Soma- sur place et la réinstallation. Pour plani- réfugiés à la rèinstallation en leur donnant lie. CARE est responsable du transport et fier l'assistance à long terme en vue de des cours de langue intensifs et des cours de la logistique, y compris la réception, la trouver une solution durable, il faut étudier surveillance et la distribution des vivres; d'orientation culturelle. Dans le pays de la situation de façon approfondie et tenir Médecins sans frontières a envoyé six réinstallation, elles les aident à trouver un des consultations avec le gouvernement équipes médicales dans les camps, et logement, un emploi et des services OXFAM exécute un programme d'appro- intéressé, d'autres organismes des d'enseignement. Les ONG contribuent visionnement en eau et fournit du matériel Nations Unies, des sociétés privées de souvent efficacement à préparer les col- et du personnel spécialisé pour le forage consultants et des ONG œuvrant dans ce lectivités d'accueil à l'arrivée des réfugiés de puits. domaine. L'objectif final vise à permettre et à créer un climat social favorable aux aux réfugiés d'avoir un niveau de vie com- nouveaux venus. Au Honduras, lorsque les réfugiés de pays parable à celui de la population locale. Les La création des Joint Voluntary Agencies voisins ont commencé à arriver en masse ONG fournissent une assistance pré- en 1980, un certain nombre d'ONG ont (JVA) a joué un rôle clé dans la réinstalla- cieuse en créant et mettant en œuvre des tion des réfugiés d'origine indochinoise réagi rapidement. Un organisme de coor- services d'éducation et de formation; elles dination, le Comité Evangélico de Desar- aux Etats-Unis. Grâce aux efforts peuvent également contribuer à l'élabora- rollo y Emergencia Nacional (CEDEN). a déployés par I'American Council of tion de projets générateurs de revenus qui surveillé l'exécution du programme Voluntary Agencies (ACVA|, un certain aident les réfugiés à recouvrer leur équi- d'assistance jusqu'à ce que le HCR se nombre d'organisations américaines ont charge de la coordination. Caritas a fourni libre psychologique et financier ainsi que été chargées, dans le cadre de ce pro- des vivres et du personnel, Direct Relief la dignité requise pour faire face à leur gramme spécial de réinstallation, de Foundation (Etats-Unis d'AMérique) a nouvelle situation. sélectionner les candidats pour le compte envoyé des fournitures médicales et le Lorsque le Zimbabwe est devenu indé- de tous les autres organismes des Etats- Mennonite Central Committee a aidé à pendant, en 1981, la Fédération luthé- Unis coopérant à cette entreprise. En construire des logements provisoires rienne mondiale a été chargée des opéra- rationalisant le processus de sélection, pour les réfugiés. Beaucoup d'autres tions de rapatriement à partir du Bots- en rassemblant des renseignements organisations ont participé aux opéra- wana et a fourni des moyens de transport, généraux sur les réfugiés et en choisis- tions a titre bilatéral, notamment Catholic des vivres et des couvertures jusqu'à la sant leurs « parrains ». les JVA ont permis Relief Services qui a pris part à la distribu- frontière. Une fois au Zimbabwe, les réfu- l'exécution systématique et ordonnée de tion de vivres. giés ont été logés dans des centres cet important programme de réinstalla- d'accueil dirigés par le Gouvernement. Depuis le début de l'afflux de réfugiés en tion. 1975. tes ONG œuvrent en Thaïlande, Par la suite, ils ont été pris en charge par Dans le cadre d'un autre programme de sous I égide du Committee for Coordina- une organisation ecclésiastique locale, rèinstallation au Royaume-Uni. Ockenden tion of Services to Displaced Persons in Christian Care, qui a mis en œuvre un pro- Venture a aidé des « réfugiés de la mer » Thailand (CCSDPT) (Comité de coordina- gramme de réadaptation. vietnamiens dans leur pays de premier tion des services aux personnes dépla- A l'heure actuelle, le HCR exécute un pro- asile et lors de chaque étape du proces- cées en Thaïlande), Leur nombre a aug- gramme d'assistance en faveur des rapa- sus de réinstallation. menté avec celui des réfugiés: après triés en Ethiopie. En juin 1982, !a Ligue La Commission internationale catholique l'arrivée massive de Khmers en 1979, le des Sociétés de la Croix-Rouge a signé pour les migrations (CICM), qui a des nombre d'organisations s'occupant acti- un accord tripartite avec le Gouvernement ramifications dans 48 pays, finance les vement des réfugiés a double et dépassé éthiopien et le HCR. aux termes duquel frais de voyage pour l'emigration à l'étran- la cinquantaine. elle est devenue le « chef de file » des ger et fournit une assistance technique et organisations chargées de l'exécution de sociale avant que les réfugiés ne quittent ce programme. L'accord prévoit la partici-

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le pays de premier asile et après leur arri- 3. Affaires extérieures beaucoup pour sensibiliser l'opinion vée dans leurs nouveaux foyers. publique aux problèmes et aux besoins Ces dernières années, un effort spécial a a) Financement des programmes des réfugiés. également été consenti pour réinstaller La contribution financière des ONG au Le HCR informe en permanence toutes les des groupes vulnérables comme les budget du HCR est relativement faible par ONG avec lesquelles il collabore. La Sec- mineurs non accompagnes, les handica- rapport à celle des pays donateurs (5,2 % tion de l'information leur fournit, sur pés et les personnes âgées. Dans le du budget total en 1980 et 3,3% en demande, des renseignements d'ordre cadre d'un récent programme de recher- 1981 ), mais l'apport des ONG en espèces général, des films, des photographies et che, des travailleurs sociaux détachés par et en nature ne constitue qu'un aspect de autres documents pour des expositions les ONG auprès du HCR ou employés leur appui. Les différentes activités de sur tous les problèmes de réfugiés. directement par ce dernier ont interviewé coopération décrites plus haut montrent «Réfugiés», publication mensuelle du des mineurs non accompagnés dans des que les ONG contribuent considérable- HCR, comprend une section intitulée camps de réfugiés d'Asie du Sud-Est en ment aux programmes du HCR en fournis- « Forum ONG », destinée à favoriser vue de trouver la meilleure solution dans sant divers services dans le cadre du pro- l'échange d'idées et de données d'expé- chaque cas. Dans cet esprit, le HCR a gramme général d'assistance. rience entre les ONG et le HCR, Des films coopère êtroitement avec le Conseil inter- Par ailleurs, les campagnes de promotion ont été réalisés en co-production avec les national des agences bénévoles (ICVA), communes lancées par le HCR et des ONG comme le Conseil danois pour les Rädda Barnen. l'Union internationale de ONG ont parfois produit des résultats réfugiés et AUSTCARE, et des produc- protection de l'enfance (UIPE), le Comité remarquables. En 1978, le Haut Commis- tions tripartites ont également été organi- international de la Croix-Rouge (CICR) et sariat et des organisations norvégiennes sées entre des ONG, des chaines natio- le Service social international (SSI). ont rassemblé plus de 15 millions de dol- nales de télévision et le HCR. lars des Etats-Unis en une seule soirée. Pendant la campagne nationale organi- Services sociaux sée au Danemark au début de 1981, envi- Beaucoup d'ONG sont particulièrement ron 7 millions de dollars E.-U. ont été La coopération avec les organisations bien équipées pour fournir des services recueillis. Des résultats analogues ont été non gouvernementales est une compo- sociaux aux réfugiés dont la situation déjà obtenus en Suède. Aux Pays-Bas, les sante fondamentale dans tous les domai- angoissante est souvent aggravée par efforts de Stichting Vluchteling ont per- nes d'activité du HCR, qui en mesure plei- des différences culturelles et linguisti- mis de rassembler plus de 4,6 millions de nement l'importance. Le Haut Commissa- ques et l'ignorance de la législation étran- dollars pour les programmes du HCR en riat ne ménage aucun effort pour étendre 1981. gère et de la structure de la protection et consolider ses relations avec les ONG, Outre leur contribution financière directe sociale. Les conseillers des ONG en afin de mieux répondre aux besoins des au programme du HCR, les ONG font une matière d'orientation sociale, qui connais- réfugiés. Il accueille favorablement les ini- large place à l'assistance aux réfugiés tiatives prises par toute ONG souhaitant sent bien les mesures sociales et juridi- dans leurs propres budgets et program- ques en vigueur dans les pays d'asile collaborer dans le domaine de l'assis- mes. Cette participation directe des ONG tance aux réfugiés. ainsi que les conditions sociales et psy- à l'aide aux réfugiés complète utilement chologiques des réfugiés, peuvent être Pour de plus amples renseignements, les efforts du HCR. prière de s'adresser au : d'un immense secours pour aider les réfu- Bureau de liaison avec les organisations giés à s'adapter à leur nouveau milieu. b) Information non gouvernementales HCR Les réfugiés ont souvent besoin d'être En coopérant dans le domaine de l'infor- 154, rue de Lausanne orientés aussi bien dans le pays de pre- mation, le HCR et lès ONG peuvent faire 1202 Genève (Suisse) mier asile que dans le pays de réinstalla- tion. La Conférence des églises de toute l'Afri- que (CETA) fournit de nombreux services d'orientation sociale aux réfugiés dans certains pays d'Afrique. Les églises appartenant à cette organisation emploient des travailleurs sociaux ayant la formation requise et qui peuvent donner des conseils professionnels et person- nels aux réfugiés. Le Service social international (SSI). organisme mondial de consultation qui collabore êtroitement avec le HCR, s'occupe depuis plus de cinquante ans des problèmes sociaux posés par les migrations aussi bien forcées que volon- taires. Il aide les réfugiés à surmonter leurs problèmes de travail et d'intégration et à prendre contact avec les membres de leur famille qui sont à l'étranger. Dans le domaine de l'enseignement. l'Entraide universitaire mondiale (WUS) s'emploie tout particulièrement a assister les réfugiés d'Afrique australe et d'Améri- que latine en leur octroyant des bourses d'études supérieures. Cette organisation fournit également des conseils en matière d'études ainsi que des conseils juridiques aux étudiants réfugiés dans de nombreux pays, et a contribué a fournir du matériel d'enseignement aux écoles des camps de réfugiés.

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 185 LA FAO ET LES ONG

l LA PARTICIPATION POPULAIRE AU DEVELOPPEMENT AURAL

CE QUI VEUT DIRE AUSSI PARTICIPER A LA DEFINITION DES PRIORITES par James A. Aremo*

La FAO est un bon exempte d'institution intergouvemementale spécialisée qui, dans le système mondial des Nations-Unies, a pris un solide point d'appui sur les organisations non gouverne- mentales. L'ample notice de l'Annuaire de l'UAI - introduite par un index de plus de trois pages consa- crées a des centaines d'antennes diverses de la FAO, - définit ces relations sous les deux formes de statuts consultatifs accordés aux associations et de comités nationaux qui sont autant d'agents de relation avec les gouvernements et les populations. L'UAl s'honore de relations continues avec la FAO, dans l'exercice de sa fonction associative d'études et d'information, qui ont été marquées par une suite de conférences réunies conjoin- tement et par la participation active de la FAO au Forum mondial de Bruxelles 1980. Aussi bien, en ouvrant ici les dossiers destinés au Colloque de réflexion de 1984 sur « l'identité associative et la participation des OING en Afrique », avons-nous immédiatement songé à y insé- rer de récents articles de la revue « Gérés » qui ont valeur de documents consacrés aux ONG et particulièrement à « la participation populaire au développement rural » dans le tiers-monde en général mais notamment en Afrique et en région afro-arabe.

En juillet 1979, la Conférence mondiale - la relation entre la pauvreté et le rapport sort des populations. La participation sur la réforme agraire et le développement terre/population n'est pas évidente, car minime des femmes a été dénoncée rural (WCAPRD) fut convoquée à Rome la pauvreté s'aggrave tout aussi rapide- comme une lacune faisant le plus grand sous les auspices de la FAO dans le but ment dans les pays ayant des terres en tort aux efforts de développement puis- de reunir les institutions internationales et abondance que dans ceux ayant moins de que les femmes sont les principales pro- la communauté mondiale en général, en terre arable disponible par habitant. ductrices de denrées alimentaires dans vue de discuter des stratégies de promo- Il est apparu qu'en général les tendances les pays en développement. A cet égard, tion du développement rural et de lutte de la croissance dans la plupart des pays le rôle positif que les organisations non contre la faim et la malnutrition. en développement, au cours des années gouvernementales (ONG) ont déjà joué et Lors d'un examen préalable de la situa- 60 et 70, ont plutôt favorisé les gros devront jouer a particulièrement retenu tion internationale, l'opinion prévalante l'attention. était que les plans de développement des exploitants et les grands propriétaires, ainsi que les agglomérations urbaines au pays du Tiers monde étaient beaucoup Règles et principes. Le programme plus des pétitions de principe que des détriment des pauvres et des sans-terre d'action de la WCARRD a formulé les programmes d'action concrets suscepti- des régions rurales. règles et principes suivants relatifs à la bles d'alléger la pauvreté des ruraux et de les tirer de l'arriération pour leur apporter Si la Conférence mondiale de l'alimenta- participation populaire au développement la prospérité et les faire accéder à de tion de 1974 s'est essentiellement pen- rural et à la réforme agraire, à savoir que : chée sur les problèmes relatifs au fléchis- meilleures conditions de vie. La crois- • Les politiques et programmes touchant sement de la production alimentaire et à sance, objectif qui domine les plans, les systèmes agraires et ruraux devraient déclare-t-on, a bien peu à voir en réalité la situation déprimée de la sécurité ali- mentaire mondiale, la WCARRD s'est être exécutés avec la pleine compréhen- avec les objectifs de redistribution. Les sion et participation de la population conclusions auxquelles on aboutit furent intéressée surtout aux déséquilibres, connus depuis longtemps, qu'ont fait naî- rurale, jeunes compris, et de leurs organi- les suivantes : sations de tous niveaux; les actions de - la pauvreté rurale s'aggrave; tre les petites enclaves du secteur moderne au sein de la masse énorme des développement devraient correspondre - les taux de croissance ne sont pas pro- aux besoins des diverses catégories de portionnels a la diminution de la pauvreté démunis du monde rural. Des inquiétudes ont été exprimées à propos du manque de ruraux pauvres; rurale, c'est-à-dire que la pauvreté • James Aggrey Aremo. Secrétaire géneral adjoint (Pro- s'accroît aussi rapidement dans les pays participation populaire aux niveaux de la prise de décision, de la conception et de lets) du Conseil de la campagne mondiale contre la 3 taux de croissance élevé que dans ceux des plus importantes ONG de ce pays L'auteur où les taux sont faibles; l'exécution de projets et programmes s'exprime ici à litre strictement personnel. ostensiblement destinés a améliorer le

186 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1963 La FAO et les ONG

• II est au préalable indispensable a la ONG provenant des organisations com- Les ONG d'origine confessionnelle. Avec réussite du développement rural de faire munautaires et des groupes d'entraide. la colonisation de l'Afrique, les Eglises prendre conscience aux ruraux des pro- En Afrique, l'organisation sociale tradi- d'Europe et d'Amérique créèrent des blèmes et possibilités de développement tionnelle se fonde essentiellement sur la organisations et des sociétés, non seule- du secteur rural et d'améliorer les rap- parenté et les liens tribaux. La plupart des ment à des fins d'évangélisation, mais ports entre les agents de développement Africains vivent encore dans des villages aussi afin d'améliorer la vie matérielle de et les masses, grâce à un système de où la parenté est le lien le plus fort qui leurs fidèles. Aujourd'hui en Afrique, la communication efficace; puisse unir des individus; ce sont les rela- grande majorité des ONG dépendent • Les femmes doivent contribuer à parité tions de parenté qui déterminent au plus d'Eglises de différentes confessions. Cer- avec les hommes aux processus socio- haut degré le rôle que chacun doit tenir taines d'entre elles sont autochtones et économiques et politiques du développe- dans les activités économiques et cultu- plus ou moins indépendant vis-á-vis des ment et profiter pleinement de l'améliora- relles de la communauté. Naguère la terre, Eglises métropolitaines, mais un bon tion des conditions de vie en zone rurale. facteur de production fondamental, était nombre d'organisations ont leur siège à La FAO a été chargée de l'exécution du la propriété de la collectivité, et, le plus l'étranger. De même que les associations Plan d'action en collaboration avec les souvent, l'accès à la terre dépendait de la d'entraide elles sont généralement tout à gouvernements et la communauté inter- décision des anciens du village. Quand il fait indépendantes du gouvernement, nationale. s'agissait des « équipements collectifs », bien que dans certains cas celui-ci four- c'était l'action collective qui intervenait. nisse un appui important en personnel et Depuis la conférence, les gouvernements, En voie de disparition. Ce type d'organi- en argent, sation sociale s'érode peu à peu sous et en particulier la FAO, ont déployé de l'action de la modernisation, mais c'est de grands efforts pour que ce plan d'action Les ONG en liaison avec des organisa- lui que sont issues la plupart des organi- soit effectivement mis en œuvre. En Afri- tions bénévoles étrangères laïques. Cer- sations et associations d'entraide africai- taines ONG ont démarré en Afrique sous que, l'expérience s'est révélée plutôt nes. Avec l'émergence des aspirations à pathétique. On a découvert qu'il est plus forme d'organisations bénévoles interna- la vie moderne, certaines de ces associa- tionales, par exemple les Comités natio- facile de parler de mobilisation des mas- tions d'entraide sont devenues peu à peu ses que de la susciter concrètement. Par- naux de la campagne mondiale contre la des ONG dont le statut a été officiellement faim/Action pour le développement, qui tout, les efforts des pouvoirs publics en confirmé. Ces groupes se sont organisés existent dans plusieurs pays d'Afrique, ou vue d'organiser ta participation populaire pour cultiver des terres en commun, cons- la Croix-Rouge. à des projets de développement se sont truire des écoles, des dispensaires, des heurtés à de nombreuses contraintes, systèmes d'adduction d'eau, de routes, Les ONG d'Etat. Même si les ONG de entre autres le manque de personnel et de etc. Notons, car cela est important, que la cette catégorie ne sont pas vraiment ressources financières et même d'enga- contribution des femmes à ces activités a « non gouvernementales », elles mènent gement politique sérieux. On sait par toujours été beaucoup plus massive que leurs affaires comme bon leur semble. expérience que la participation populaire celles des hommes. En Tanzanie, ces Mais elles sont plus ou moins financées au développement rural ne peut être obte- associations ont été officiellement réor- par le gouvernement en vue de répondre nue que grâce à un cadre institutionnel ganisées afin qu'elles constituent la base aux besoins de groupes spécifiques et créé par les intéressés eux-mêmes, qu'il des villages Ujamaa. Les véritables insti- tendent à avoir une orientation nationale. s'agisse de coopératives, d'associations tutions populaires appartiennent à cette d'entraide, ou de projets où les ONG ont catégorie d'ONG, avec laquelle l'Etat En Tanzanie, elles ont complètement été un plus grand rôle à jouer. En ce qui interfère peu. absorbées par l'Etat. concerne le Kenya, par exemple, le suc- cès remporté par le mouvement « Haram- bee » est imputable à l'élan que lui ont donné des ONG locales. Et il faut recon- naître que dans ce pays les ONG sont des agents importants de promotion du déve- loppement rural; elles ont reçu, en consé- quence, tous les encouragements et l'appui que l'on a été en mesure de leur accorder. Même si dans de nobreux pays africains le rôle des ONG a été reconnu et qu'on les tient pour d'excellents collaborateurs, les relations de ces dernières avec les orga- nisations de l'Etat ne sont pas toujours très cordiales. Les difficultés qui se sont élevées entre les ONG et les pouvoirs publics sont dues en partie aux origines de ces dernières, aux aides financières et politiques dont elles bénéficient et, dans certains cas, à des objectifs conflictuels. Ceci nous amène à poser quelques ques- tions fondamentales: qu'est-ce qu'une ONG, quel est le rôle des ONG dans le cadre de leur mandat et des objectifs généraux qu'elles se sont fixés par rapo- port aux objectifs et stratégies formulés par le gouvernement des pays où elles déploient leurs activités ? L'histoire de l'implantation du développe- ment et de la croissance des ONG en Afri- que est multiforme et quelquefois difficile a saisir.

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 187 La FAO et les ONG

les ONG étrangères, on s'aperçoit que ces dernières ont fourni, en raison de la richesse de leurs pays, de fortes sommes pour financer le développement au niveau du village. En général, les ressources de ces ONG ont comblé des vides que les gouvernements nationaux, dont les res- sources sont limitées, auraient laissé béants.

Contraintes et conflits. Les activités des ONG ne sont pas toujours couronnées de succès. La raison est inhérente à la nature même des projets qu'elles appuient et qui exigent presque toujours la participation populaire.

Insuffisance d'engagement et de volonté politique de la part des gouvernements. Pour s'attaquer efficacement à la pau- vreté en zone rurale, il faudrait, outre la collaboration de la population, que la nation change radicalement de politique et réoriente son organisation économique et sociale. Pauvreté, pour les populations rurales, signifie n'avoir accès ni à la terre, ni à la nourriture, ni a l'habillement, ni au logement, ni à l'éducation, ni aux soins médicaux. A female traines learns tractor driving at the Botswana Agricultural College at Gaberones. Trainees are benefiting from WFP supplies. WFP/FAO photo by T. Fincher. Malgré de nombreux projets de produc- tion vivrière mis sur pied par les ONG et les pouvoirs publics, les sans-terre ne Quelques réussites. Comme nous l'avons d'accroissement de la production alimen- peuvent en tirer de grans avantages s'ils déjà dit. les ONG d'Afrique ont une his- taire. Même s'il est exact que l'effet à long continuent à mener une vie d'ouvriers toire très variée, ce qui se reflète dans terme de ces programmes d'intervention agricoles à la merci des grands propriétai- leurs activités et le rôle qu'elles ont dans ne peut être complètement connu, on peut res. La lutte des ONG contre la pauvreté le développement socio-économique des affirmer sans crainte de se tromper que continuera à être tenue en échec tant que sociétés où elles se sont insérées. Toutes les résultats ont été positifs et ont eu un les gouvernements concernés n'effectue- n'ont pas été des instruments du dévelop- impact sur la procédure de conception ront pas une redistribution équitable de la pement rural et de mise en œuvre du Plan des projets dans les pays africains; et cela d'action de la WCARRD. Toutes n'ont pas terre. me semble particulièrement vrai du réussi et, en fait, certaines d'entre elles Kenya. On sait par expérience que, lorsque le ont rencontré de sérieuses difficultés. régime foncier est inéquitable, il ne suffit Une évaluation de l'intervention des ONG L'éveil des communautés. L'une des pas de promulguer des lois de réforme dans le développement montre qu'elles fonctions les plus importantes des ONG appuient surtout les projets destinés a pour obtenir un changement. La plupart améliorer les conditions de vie de la popu- en Afrique est d'être l'un des circuits par des pays ont promulgué des lois de ce lation, et en particulier des ruraux pau- l'intermédiaire desquels la population a la genre, mais trop souvent ce ne sont que vres. possibilité de prendre conscience de ses des opérations de maquillage, car l'appa- besoins et de la nécessité de faire quel- reil d'Etat recule devant le front que lui Succès remportés par les ONG africai- que chose pour s'en sortir. Les ONG ont opposent les grands intérêts locaux ou nes. Celles-ci se proposent en général de très souvent réussi à mobiliser la popula- internationaux et n'a garde d'imposer soulager la pauvreté, la faim et la détesse tion en vue d'accroître la production l'application des réformes. des populations. Certaines ONG n'ont locale de denrées alimentaires. Elles ont De l'avis général, les ONG et les gouver- que des activités d'urgence en cas de fourni dans de nombreuses régions d'Afri- nements ne sauraient à eux seuls faire du calamités naturelles et autres; d'autres que conseils techniques et intrants agri- développement rural, ils ne peuvent que le ont cherché à prendre en main les problè- coles à des conditions raisonnables (et faciliter. Il faut donc agir par l'intermé- mes de développement des communau- bien souvent sous forme de dons), ou diaire des associations d'entre-aide et tés les plus pauvres et les plus démunies. sous forme de « vivres contre du travail ». des coopératives, car le développement Mobilisation des ressources de dévelop- rural n'est autre que le développement Les ONG ont réussi dans les domaines pement. La plupart des ONG sont des cir- des personnes, de leur vie et de leur envi- suivants : cuits commodes pour mobiliser des res- ronnement. sources internes et externes en vue de Autorité supérieure. Malheureusement, Intervention là où le besoin s'en fait le financer des projets communautaires. Au dans presque tous les pays d'Afrique, la plus sentir. Au Kenya et ailleurs en Afri- Kenya, par exemple, le mouvement législation des coopératives, et même les que, les ONG ont tendance à sélectionner « Harambee » commence par organiser associations d'entraide, visent à limiter la les projets qui cernent au plus prés les les ressources populaires à la base avant prise de décision populaire relative aux besoins de la population et ce, au moment que le gouvernement ne fournisse sa pro- projets qui concernent le peuple. Les le plus opportun: du fait même qu'elles ne pre contribution. Cela est également vrai ministères et les hauts fonctionnaires de disposent pas de moyens comparables à de la Tanzanie où la doctrine Ujamaa la compétence desquels dépendent ces ceux des gouvernements, la plupart de encourage l'autosuffisance. institutions disposent d'un pouvoir bien leurs projets sont de dimension modeste, supérieur. Les fonctionnaires ont. en effet, faciles a gérer et à exécuter, particulière- Si on compare les ressources mobilisées le pouvoir discrétionnaire de créer, dis- ment en ce qui concerne les projets au cours de la dernière décennie par les ONG locales avec celles mobilisées par soudre et convoquer des commissions de contrôle et d'approuver les budgets et La FAO et les ONG

projets de développement des organisa- tions. La loi qui appremment est là pour protéger les intérêts des adhérents usurpe en fait leurs pouvoirs. Dans de nombreux projets d'entraide ou coopéra- tifs soi-disant réussis, la population concernée, en fait de participation, se borne a fournir le travail mais se voit exclue de la planification et de l'exercice du choix des priorités. Les pouvoirs 'publics se substituent, la plupart du temps, à la population comme si celle-c. était complètement dépourvue d'idées, ce qui est archifaux. A chaque étape du développement les gens savent parfaite- ment bien quels sont leurs besoins. Et de même qu'ils produisent leur propre nour- riture s'ils ont de la terre à cultiver, de même, s'ils sont libres de le faire, on peut être sûr qu'ils sauront déterminer leurs priorités de développement et agir en conséquence. La plupart des ONG étant des organisations sans buts lucratifs, elles disposent de ressources insuffisan- tes pour recruter un personnel qualifié en matière de planification et de gestion de projet. Très souvent, les projets sont mal préparés et les gestionnaires illettrés ou insuffisamment formés. En raison de cette A young mother with her child in the Cubucare Sector. Southern zone, Guinea (Bissau), listening to adress being made situation, les ONG africaines dépendent largement de l'aide que leur accorde l'Etat les ONG au niveau de leurs activités quo- pour formuler et diriger le projet. Le gou- tidiennes si on ignore l'histoire et les vernement en profite donc pour intervenir jets réussis servent souvent de véhicules objectifs que s'est fixés telle ou telle ONG. dans les activités, sans ménagement pour aux ambitions des politiciens locaux. Les Il a été généralement admis, lors de la l'autonomie et l'indépendance des ONG. ONG d'origine étrangère ont quelquefois Consultation internationale de la Le fait politique. L'examen de la situation éveillé les soupçons. Dans certains cercle CMCF/AD en décembre 1980. que les africaine révèle que la politique interfère on les a accusées d'introduire des ONG ont potentiellement un rôle beau- toujours avec les activités des ONG. En influences et des idéologies d'ailleurs. coup plus important à jouer que les gou- premier lieu, les dimensions du projet, le Cette hostilité latente a toujours empêché vernements en ce qui concerne l'exécu- choix de la zone, les allocations de fonds les ONG de réaliser pleinement leurs tion du Plan d'action de la WCARRD. sont presque toujours décidés en fonction objectifs. de considérations politiques - et les pro- On ne peut comprendre les rapports qui En Afrique, les efforts déployés pour orga- s'établissent entre les pouvoirs publics et niser les activités de suivi du Plan d'action se sont avérés infructueux au niveau régional, et, au niveau national, les gou- vernements n'ont fait que poursuivre la réalisation des programmes et projets inscrits au Plan sans pour autant réorien- ter leurs politiques de façon à intensifier les activités recommandées par le Plan d'action. Si. comme au Kenya, les gouvernements s'engagent à accorder toute l'aide néces- saire aux ONG, celles-ci pourront déployer pleinement leurs efforts en faveur du développement rural et de la lutte contre la faim. Mais l'amélioration des conditions de vie des nécessiteux dans les pays qui refusent d'admettre ces principes n'est pas pour demain.

References : James A. Aremo. The Hole of the African Non-Govern- mental Organization in the Fight against Hunger. Mem. Les comités CMCF/AD et tas projets de developpe- ment rural dans trois pays africains : Gambre Kenya et Tanzanie (DDA : CMCF/AD/80-7) Julius K Nyerer. Le developpement (WCARRD/LIM/5/14 juillet/1989). Reunon CMCF/AD de planification régionale sur la for- mation a la formulation de projet. Plan quinquennal 1979-83. Kenya

Photo. ILO

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS. 4/1983 189 La FAO et les ONG

II LE DEVELOPPEMENT N'EST PAS UNE DEMARCHE POLITIQUEMENT NEUTRE C'EST POURQUOI LES ONG EVEILLENT SOUVENT LES SOUPÇONS DES GOUVERNEMENTS par Harsh Sethi*

L'expression « organisation non gouver- stratégies et d'organisations. Il y a, en d'autres organisations. Etant de petite nementale - (ONG) désigne un univers somme, assez de travail pour tous. taille, elles ont rarement les problèmes de varié et plutôt confus. Il s'agit normale- Le sixième Plan quinquennal réitère les hiérarchie et de bureaucratie qui freinent ment d'organisations qui se distinguent priorités nationales du développement les organisations plus importantes de leur de l'appareil d'Etat; organisées sur une rural et des services ruraux. On y recon- pays - les institutions officielles de déve- base bénévole, elles s'efforcent d'attein- nait explicitement la nécessité de la par- loppement. Elles peuvent agir rapidement dre des buts divers. Ce sont des universi- ticipation populaire et de l'organisation et efficacement en fonction de la tés, des centres de recherche, des partis des pauvres des campagnes afin que les demande locale. Elles connaissent les politiques, des institutions religieuses, problèmes du lieu puisqu'elles sont des syndicats ou bien des organismes pri- bienfaits du développement les attei- implantées dans une réalité locale. vés qui exécutent sur le terrain des pro- gnent. Le plan admet également que N'ayant pas de fonctions « désagréa- jets de développement et des program- l'administration et les organisations bles » à exercer (perception des impôts, mes. Dans cet article je ne m'occuperai d'Etat n'ont qu'une marge de manœuvre maintien de l'ordre) la plupart des ONG que d'un seul type d'ONG : les organisa- limitée, prisonnières qu'elles sont de leurs tions bénévoles privées à buts non lucra- principes et règlements. On pourrait ont la faculté de tisser des liens étroits tifs qui se consacrent à la formulation, croire qu'un tel environnement s'avère avec les groupes au service desquels l'étude et l'exécution de projets de déve- idéal pour les activités des ONG, eh bien elles se sont mises. Mais, et c'est là le loppement « au ras-du-sol ». Ces organi- que l'on se détrompe ! L'administration paradoxe, ces avantages mêmes - de sations mettent l'accent sur des projets n'a jamais déclaré noir sur blanc que les taille et d'implantation -deviennent sou- orientés vers l'action auxquels elles adjoi- ONG n'ont pas de place dans le dévelop- vent des chaines. Leur petite taille écarte gnent souvent des activités de recherche. pement, mais, en pratique, l'idée que ces d'elles un grand nombre d'activités de En Inde elles sont juridiquement recon- dernières puissent être mobilisées pour plus grande envergure. Leur engagement nues par la Societies Registration Act de des objectifs de développement est dans les affaires locales les implique dans 1861; elles disposent de leurs propres considérée d'un très mauvais œil, et peut- la politique locale et, en se soumettant fonds, mais peuvent aussi recevoir des être non sans quelque raison. aux volontés de la population du lieu, elles fonds de sources extérieures ou du gou- Des motifs de conflit. La méfiance que perdent souvent de vue les intérêts régio- vernement. Les groupes auxquels elles suscitent les ONG est partiellement impu- naux ou nationaux. Après tout, les problè- s'intéressent sont les secteurs marginaux table à l'hétérogénéité de ces organisa- mes ne sont pas toujours d'origine locale de la population - ceux dont les besoins tions. Elles diffèrent entre elles de bien et ne demandent pas toujours une solu- fondamentaux et les droits sont souvent des façons; par exemple, du point de vue tion à ce niveau. Faute d'une vision plus dédaignés (1). idéologique, mais aussi par leurs objec- large et en raison d'une efficacité à court Cet article se propose d'explorer les rap- tifs, leur style de travail, leur composition rayon, la plupart des ONG deviennent des ports qu'entretiennent ces organisations sociale, leurs assises financières et sour- groupes de pression locaux. avec les pouvoirs publics et les raisons ces de financement, leur taille. Il est pour lesquelles ces rapports sont souvent malaisé d'avoir une attitude bien définie La classe moyenne. Tout le monde sait tendus et empreints d'une méfiance devant une telle variété d'organisations et que les cadres des ONG proviennent mutuelle; il examinera également les pos- d'activités. Généralement, l'opposition généralement des milieux motivés et radi- sibilités de coopération pour une action des pouvoirs publics aux ONG nait de commune. La plupart de mes analyses se l'idée que ces derniers se font de ces calises de la classe moyenne. Ces cadres référeront à l'expérience indienne, de ces organisations. On présume que toutes les sont souvent plus qualifiés que ceux de dix dernières années notamment. ONG sont constituées d'humbles travail- l'administration locale. Leur compétence Paupérisation croissante. La pauvreté, le leurs, sincères et dévoués à la cause. professionnelle et leur idéalisme leur per- chômage, l'inégalité et les disparités C'est assez surprenant parce qu'on ne mettent de travailler dans des régions régionales en Inde ont déjà fait l'objet de s'attend a rien de tel de la part des milieux reculées avec les sections les moins pri- nombreuses analyses (2). Il convient politiques et administratifs. Aussi quand vilégiées de la population et d'être plus cependant d'attirer l'attention sur deux les ONG ne se conforment pas à cette compétitifs et rentables que l'organisme aspects particuliers de la situation. Le image idéalisée - et la plupart du temps officiel de développement. Là encore premier est la paupérisation et la margi- on voit en elles des véhicules pour des cette force même peut être source d'ins- nalisation croissantes de la population politiciens qui ne sont plus tout à fait en tabilité et de faiblesse. des secteurs non organisés, et ce, malgré selle ou des activistes ambitieux, ou Les cadres issus de la classe moyenne se une pléthore de projets publics et privés. encore des écrans derrière lesquels sont montres notoirement instables. Ils se Le second concerne l'acuité, elle aussi s'agitent des partis politiques - la ten- lancent dans ce genre d'activités avec croissante, des conflits - a la ville comme dance est de s'en désintéresser et de les beaucoup d'idéalisme et de dévouement, a la campagne - a mesure que la lutte mettre toutes dans le même panier, certes. Mais ces valeurs ont besoin d'un pour la vie s'intensifie. L'énormitè même La plupart des ONG sont de petites orga- soutien et demandent un milieu de travail de la tâche exige une approche fraîche et nisations qui opèrent localement, traits ouverte et le concours d'une multitude de qui leur donnent un gros avantage sur

(*) Marsh Sethi est directeur adjoint de I'Indian Council of Social Science Research. New-Delhi

190 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 La FAO et les ONG

(par exemple le Mouvement national pour nature des rapports que les ONG ont avec ressources financières et d'avantages l'indépendance) ou bien une direction de les organismes de financement, qu'ils crée l'impression fallacieuse que toutes nature extrêmement charismatique. Mais soient du pays ou étrangers. Il faut s'habi- les ONG vivent dans le luxe, idée peu pro- ce cas, comme nous le savons tous trop tuer à l'idée que les groupes cibles avec pre à susciter la sympathie. bien, se présente assez rarement. Une lesquels la plupart des ONG travaillent - Mais le problème le polus sérieux nait du fois passés les premiers moments les pauvres, les opprimés et les margi- changement du type d'activités des ONG. d'euphorie, les tensions normales d'une naux - luttent quotidiennement pour sur- Tant qu'elles n'avaient que des activités nouvelle installation, de devoir assumer vivre. Us ont rarement assez pour eux et charitables ou de secours d'urgence ou des responsabilités familiales, etc., com- encore moins pour les militants. Les villa- qu'elles ne s'occupaient que d'aspects mencent à être ressenties intensément. geois ont très peu de temps à consacrer techniques du développement, elles pou- Les cadres se mettent à penser que leurs aux activités sociales organisées par les vaient s'insérer dans les plans et pro- capacités professionnelles ne sont pas ONG, même si ces activités concernent grammes nationaux de développement. pleinement exploitées et qu'ils feraient directement des aspects cruciaux de leur Elles fournissaient un personnel et des mieux de travailler dans une ambiance existence (santé, éducation, nutrition, ressources dont on avait grand besoin mieux organisée. L'isolement, le manque protection infantile). dans les moments de crises ou de desas- de contacts sociaux et de stimulants Les organismes de financement ont leurs tres naturels : inondations, famines, trem- intellectuels, les privations physiques propres exigences et, le plus souvent, blements de terre. Elles participaient à même que les agents du développement imposent leurs vues aux ONG, ce qui n'est des programmes de vulgarisation du doivent subir, tout contribue à un niveau pas toujours au mieux des intérêts des développement comunautaire, diffusaient élevé de mobilité. collectivités locales auxquelles s'adres- de nouvelles technologies agricoles, etc.; Comme les ONG dépendent pour leur via- sent les ONG. En somme, le désaccord elles n'inquiétaient pas. Mais le dévelop- bilité de ces cadres, il est rare qu'elles entre les exigences de l'organisme de pement n'est pas une tâche politiquement puissent supporter teur perte et. de ce fait, financement et les besoins locaux est neutre. Lentement, à mesure que les ONG plient bagage. Les organisations se sont souvent résolu en faveur de l'organisme comprirent que les zones rurales et les vil- souvent efforcées de former des cadres de financement, ce qui désamorce du lages ne sont pas des milieux homogènes locaux, mais avec bien peu de succès. Ce même coup maints programmes ONG. et qu'aider les pauvres signifie se heurter n'est pas parce que les capacités man- sérieusement aux élites et aux intérêts quent, ou que les ruraux ne sont pas a la Les financements étranges posent des locaux, nombre d'entre elles commencè- hauteur, c'est plutôt que des gens qui problèmes encore plus sérieux. Et premier rent à s'intéresser aux stratégies d'orga- n'ont jamais quitté leur village n'ont pas lieu, ils créent l'impression que l'orga- nisation communautaire. Ce qui ne pou- eu l'occasion d'élargir leurs points de vue nisme est à ta solde d'une puissance vait manquer d'aggraver la tension ni de perfectionner leurs talents. Bien sûr, étrangère - accusation qu'on ne peut sociale sur les sites de projet. ils connaîtront le milieu local mieux que prendre à la légère. Mais le plus grand Les intérêts locaux. Etant donné la petite quiconque, mais, à la différence de leurs problème est sans doute le manque de taille et la faiblesse de la base sociale de amis venus de l'extérieur, ils seront victi- compréhension de la plupart des organis- leurs activités, les ONG deviennent sou- mes de pressions plus fortes encore qui mes de financement envers les pays qui vent la proie des intérêts sectoriels locaux les inciteront à se conformer aux désirs de bénéficient de leurs fonds, et cette incom- - qui renforcent les factions des partis l'élite locale. préhension s'étend jusqu'aux ONG elles- politiques. Cela ne sert pas toujours très Les organismes de financement Une mêmes. Le fait que les ONG qu'elles pro- bien les intérêts des communautés au autre contrainte sérieuse provient de la tègent bénéficient de la plupart de leurs service desquelles les ONG se sont mises. Une mobilisation active est néces- saire, mais il faut savoir la tempérer d'une compréhension des relations patron- client qui font partie de la stratégie de sur- vie des pauvres. Vouloir à tout prix forcer la situation peut souvent entraîner des conflits fratricides qui retardent le chan- gement et défont le travail déjà accompli. Nous ne plaidons pas en faveur des stra- tégies de consensus, nous voulons seule- ment faire observer que le travail d'orga- nisation doit rester peu ou prou en contact avec l'environnement social. Dès que les ONG s'engagent dans la mobilisation et l'organisation de groupes sociaux, il est impératif qu'elles fassent front à toutes les pressions qui s'abattent sur ces groupes. Leur faiblesse, leurs relations avec l'étranger peuvent être habilement exploitées contre elles et leur ont, en fait, souvent causé des dommages irréparables. H est peu probable que tes gouvernements regardent avec sympa- thie des efforts tendant à grignoter la légi- timité sociale de leurs programmes. Ces tensions sont, d'une certaine facon, inévitables et intrinsèques à l'existence des ONG. Quelle est donc leur situation vis-à-vis des gouvernements ? Cela dépend avant tout de la nature des gou- vernements en question et de celle de la fraction dominante des ONG. Les rapports entre gouvernements, administrations et

The wives of agriculturel trainees of the Gagnoa Horticultural Centre in Ivory Coast, often bring mld-day meal to their nusbands working in the fields. Photo : United Nattons.

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 191 La FAO et les ONG

ONG sont complexes, à plusieurs niveaux été conçu en collaboration avec les orga- Aucun de ces programmes n'a eu la vie et varient dans le temps et l'espace. Ils nisations les plus importantes, gouverne- facile d'ailleurs, le « Lok Jumbish » a été sont complexes parce que les ONG colla- mentales ou non; les dirigeants de certai- considéré comme une tentative d'usurper borent et s'opposent, établissent des nes organisations ont été nommés à la le pouvoir des autorités locales. Les poli- liens et émettent des critiques, complé- Direction nationale. Le programme était ticiens n'ont pas beaucoup apprécié que mentent et se substituent à des services, extrêmement souple et ses activités leurs activités fassent l'objet de critiques. des circuits, des idéologies et des normes allaient de l'enseignement élémentaire à Ce qui importe, toutefois, c'est que les officielles. Les gouvernements et les fonc- l'alphabétisation fonctionnelle, jusqu'à ONG aient bénéficié dans les deux pro- tionnaires, à leur tour, estiment que les l'organisation des pauvres des campa- grammes d'un statut et d'un rôle qui leur ONG sont à la fois utiles et nuisibles; ils gnes. Le gouvernement central finançait ont rarement été reconnus jusqu'ici. les voient implantées localement mais complètement le programme, et de nom- Ces efforts sont encore trop peu nom- avec des liens solides avec l'étranger, breuses ONG, y compris certaines assez breux et trop ponctuels pour que nous capables dans des secteurs techniques portées à critiquer le gouvernement, reçu- nous permettions d'être optimistes sur et économiques mais également enga- rent une aide. Si le programme réussit, ce l'accueil que les autorités entendent gées dans la politique. Les relations sont fut précisément à cause de cette ouver- réserver à la promotion de la participation souvent excellentes à l'échelon national ture d'esprit et de l'attitude libérale adop- populaire au développement et de la prise mais tendues et conflictuelles sur le ter- tée envers les ONG (5). de décision à ce niveau, sans laquelle rain, En fait, si bien souvent les fonction- cependant la misère qui sévit dans notre naires locaux n'aiment pas les ONG, c'est pays ne pourra être battue en brèche. précisément parce que les contacts Néanmoins ces efforts sont des signes qu'elles ont au niveau national les empê- Des rencontres. Encore plus audacieuse que quelque chose bouge et ils augurent chent, dans une large mesure, d'interfé- est la tentative récente de l'Etat du Rajas- bien de l'avenir. rer. Enfin, les rapports varient selon le tour than, dans le cadre du « Lok Jumbish » que prennent la nature et les politiques du (Eveil populaire), qui a organisé des ren- gouvernement national et des gouverne- contres mensuelles entre représentants (1) Mario Padron. NGOs and Grassroots Development: ments des Etats (4). de l'ONG et les fonctionnaires afin qu'on y Limits and Possibilities (ISS. La Haye. 1982). passe en revue les progrès accomplis par Tout ceci signifie-t-il que les rapports India's Political Economy (Princeton, NJ. 1978). entre ONG et gouvernements doivent tou- toute une série de programmes de déve- (3) Sanjit Roy « NGOs - Changing Role -. Seminar, No. jours être à l'enseigne de la tension et du loppement social. On demande aux ONG 273 (New Delhi, mai 1982). de faire des critiques constructives et (4) Padron. op. cit. conflit ? Non, pas nécessairement. S'il est (5) Anil Bordia. Planning and Administration of National impossible de formuler une politique elles exercent, en fait, plus ou moins un suprême capable de déterminer et réguler droit de veto relatif à ces programmes tional Institute for Educational Planning, Unesco. Paris. ces rapports, les ONG et les gouverne- dans leurs zones d'opération. ments devront apprendre à se rendre compte de la complexité du domaine de chacun. Ce n'est qu'à ce prix qu'ils pour- ront travailler ensemble. Quelques expériences. Nous aimerions maintenant présenter rapidement quel- ques expériences qui pourraient contri- buer à faire saisir ce rapport. Il existe dans le pays de nombreux exemlples de coopé- ration réussie dont on peut tirer un ensei- gnement. Le Développement communau- taire des années 50 était fondé sur l'expé- rience d'Etawah et sur le travail de pion- nier d'Anna Saheb Sahastrabudhe effec- tué dans le district de Koraput, dans l'Orissa. Le Comprehensive Area Develop- ment Programme de l'Etat du Bengale occidental s'est développé sous les aus- pices de la Tagore Relief Society. La nou- velle approche en matière de réhabilita- tion des handicapes physiques a été for- tement influencée par les activités de la Mahavir Relief Society à l'hôpital de Jaipur, au Rajasthan. le Comprehensive Rural Health Care Project, à Jamkhed, a laissé sa marque sur le Projet national de services de santé ruraux. De l'autre côté de la fron- tière, au Bangladesh, le Gonashyata Ken- dra, a frayé le voie à la dernière en date des politiques concernant les produits pharmaceutiques qui a freiné radicale- ment les opérations des grandes multina- tionales de la pharmacie. On pourrait citer encore bien d'autres exemples. Particulièrement intéressantes sont deux actions, l'une à l'échelon national et l'autre à celui d'un Etat, qui dépendent essentiellement des ONG. La première concerne le Programme national d'éduca- tion pour les adultes, lancé par le gouver- nement indien en 1978. Ce programme a Plus de la moitié de la population mondiale est insuffisamment nourrie. Il faut donc de toute urgence augmenter la pro- ductivité de sol. Cost pourquoi de nombreux gouvernements recherchent l'assistance d'équipes internationales d'experts en agriculture, en élevage, en irrigation et en agromèteorologie. Photo : limited Nations 192 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 La FAO et les ONG

III POUR ACCORDER L'AlDÉ A BON ESCIENT, QUELQUES CONSEILS AUX ONG DU SUD

« Ne m'aide pas, compère ». dit le paysan par Francisco Vio Grossi* de mon pays à l'ami qui lui propose un remède pire que le mal qu'on veut guérir. Brésil. Plus de six cents ont adhéré à la sions : d'une part avec la communauté Cet article voudrait fournir quelques élé- Campagne mondiale contre la pour que le projet soit réussi, d'autre part ments permettant de déterminer quand faim/Action pour le développement. La avec l'organisme de financement pour l'aide reçue de l'extérieur contribue effec- que le projet lui apparaisse effectivement plupart n'existeraient pas sans une aide tivement au développement des groupes réussi. Aussi est-il conçu et structuré internationale : C'est ce qui explique locaux, et quand elle représente au pour satisfaire les besoins bureaucrati- pourquoi elles dépendent à ce point des contraire un obstacle, ou une «contre- ques de ces organismes, lesquels chan- organismes de financement. Par ailleurs, aide » comme on l'a qualifiée au cours gent en fonction des « thèmes » a la leur situation d'« interprètes » des aspira- d'un intéressant séminaire tenu à Rio de mode. A leur tour, les fonctionnaires des tions locales leur permet très souvent Janeiro sur ce thème (1 ). organismes d'aide évoluent entre deux d'élaborer des projets qu'elles seules tensions similaires, mais à un autre Le système en vigueur engendre souvent peuvent mener à bien; elles constituent niveau, à savoir entre les demandes des la dépendance des ONG vis-à-vis des alors un foyer, mais un foyer dont les pay- ONG et les exigences de leurs supérieurs organismes de financement, celle des sans sont dépendants (2). et des donateurs des pays riches, qui veu- D'un autre côté, Jan Pronk. ancien minis- paysans vis-à-vis des ONG, et celle des lent plus d'altruisme et moins de prise de tre néerlandais de la coopération pour le paysans non bénéficiaires vis-à-vis des conscience. bénéficiaires. Il contribue en outre a isoler développement, a fait observer que l'aide les groupes qui la reçoivent en les diffé- n'est pas neutre, ni exempte de pres- renciant de ceux qui ne la reçoivent pas. sions, que ce soit pour l'octroyer ou pour Quand on essaie de surmonter la dépen- Ainsi rend-il plus difficile la formation de la restreindre (3). D'autres travaux plus dance, de transformer les paysans en véritables sujets des actions de dévelop- mouvements sociaux de plus grande récents visent à démystifier l'altruisme pement, on s'efforce souvent d'y parvenir ampleur. Nous nous efforcerons dans cet que l'on suppose présent derrière ce pro- par des « interprétations ». des « dècodi- article de proposer quelques orientations cessus; ils s'efforcent de mettre à jour les fications » des projets à différents niveaux qui permettraient aux ONG de contrecar- nouvelles formes de domination qu'il cache, tout en montrant que la moderni- de la chaine d'assistance; les ONG ten- rer ces influences négatives, d'augmenter sation a pour effet d'appauvrir davantage tent de les aménager pour les mettre au leur degré d'autonomie et d'élever les les pauvres, ceux de la ville comme ceux service de leurs objectifs réels, tandis que niveaux d'intégration aussi bien entre de la campagne (4). les paysans retiennent les aspects de elles qu'au sein des groupes locaux. l'aide qu'ils considèrent utiles pour leurs Qui sont les bénéficiaires de l'aide ? La Au Chili par exemple, la politique de « lais- vies, et repoussent de diverses manières réponse qui vient spontanément à l'esprit sez faire » inspirée des principes de ceux qui ne les intéressent pas. est sans aucun doute: les pauvres du l'Ecole de Chicago a appauvri les pay- Waldo César a effectué une étude compa- Tiers monde. L'aide va leur permettre sans, en les expulsant des terres margi- rative entre deux projets brésiliens, l'un d'améliorer leurs conditions de vie et de nales pour les expulsant des terres margi- bénéficiant d'une aide (Gurupi), l'autre devenir les bâtisseurs de leur propre des- nales pour les convertir en une main- d'œuvre saisonnière à bon marché au ser- sans presque aucun soutien (Damasio). Il tin. Pourtant la plupart des projets n'abou- vice de l'agriculture d'exportation (5). a observé qu'à Gurupi, non seulement les tissent pas à ce résultats. Pire encore, ils Les ONG. grâce a leurs contacts quoti- objectifs fixés n'avaient pas été atteints, accentuent la dépendance des paysans dients avec la réalité paysanne, ont entre- mais l'excès d'aide avait engendre de et des ONG tout ensemble, en les isolant pris de remettre en cause les modèles nouvelles formes de domination à l'inté- des autres forces sociales qui seraient conventionnels de développement. Celui- rieur de la communauté, isolant celle-ci capables de susciter le changement dans ci est de plus en plus perçu comme un des autres paysans de la région. A Dama- le pays. processus qui prend corps à l'intérieur sio par contre, qui est une localité très Historiquement, l'aide a prétendu trans- même des groupes populaires, et qui vise proche de Gurupi. le projet a trouvé son mettre aux groupes pauvres des valeurs, l'épanouissement des potentialités natu- origine dans une pétition de la commu- des régies de conduite, de la technologie, relles de l'homme et de la communauté. nauté elle-même, utilisant au départ les des formes d'organisation sociale, etc. L'accent est mis sur les concepts de par- ressources matérielles et humaines de venues de l'extérieur. Ainsi espérait-on ticipation, de self-reliance de justice l'endroit. Il en est résulte une meilleure venir a bout des obstacles qui, au sein de sociale, et sur l'impulsion à donner à un intégration de la communauté et une ces groupes, s'opposaient à leur intégra- processus auto-entretenu sous la direc- amélioration des conditions de vie (6). tion dans la société moderne, les églises tion de ce même groupe local. La lutte Il semble que pour transformer effective- tout d'abord, puis les organisations d'aide contre la dépendance sous toutes ses for- ment les paysans en sujets des actions de étrangères, se sont efforcées de promou- mes (économiques, sociales, culturelles développement assistées il soit néces- voir le changement directement au sein et politiques) commence par la prise de saire de changer la structure bureaucrati- des communautés. Mais les difficultés de conscience des causes réelles de la pau- que de la plupart des organismes de communication ont été telles qu'il a fallu vreté, qui font partie de la structure même financement. Comme cela paraît, à pre- forger des mécanismes internes capables de domination. Les projets de développe- mière vue, plutôt difficile (bien qu'urgent), d'enclencher le processus de modernisa- ment doivent promouvoir des actions, nous proposerons dés à présent quelques tion. peut-être moins spectaculaires, mais plus efficaces du fait que l'on cherche à les Interprètes d'aspirations. C'est ce qui a enraciner dans les perceptions et les (*) FrancisoVioGrossi est secretaire general du Conseil donné naissance a un nombre apprécia- aspirations des paysans. latino-américain pour l'education des adultes et mem- ble d'ONG. On les estime à plus d'une Bre du Groupe de recherches agraines de l'Academia centaine au Chili, et bien plus encore au Deux tensions. Cette option place fré- de humanisme cristiano du Chili Les unions opinion quemment les ONG au cœur de deux ten- expri- mess ici n 'engagent pas les institutions auxquelles appartient l'auteur.

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idées tirées de l'expérience de certaines D'autre part, l'allocation des fonds dan s la faim/Action pour le développement à ONG d'Amérique latine, Idées qui pour- chaine de l'aide doit se rapprocher le plus Santiago, en avril dernier. raient contribuer à réduire la dépendance possible de la base locale. Au sein des Succès ou échec. De l'évaluation dépend et l'isolement qu'engendrent un certain organismes de financement, il faut écou- la continuation du projet. Elle peut par type d'aide. Elles ont trait à des problèmes ter d'abord ceux qui, dans le pays, conséquent devenir un instrument de liés à l'origine des projets, à leurs res- connaissent le projet : dans les ONG ceux dépendance ou d'autonomie. L'élément sources, a l'évaluation qui en est faite, qui travaillent sur le terrain et, dans la clé de toute évaluation est la définition ainsi qu'à toutes autres formes de promo- base locale, les paysans. En ce sens, ce même de ce que l'on entend par succès tion de l'autonomie et de l'intégration au que font certains organismes est intéres- ou échec. Dans une perspective de déve- niveau local, sant quand ils créent des fonds de roule- loppement endogène, l'évaluation doit ment pour des petits projets gérés permettre de définir l'aide conformément Des projets spontanés. L'idéal, comme conjointement par les ONG et par les pay- l'on sait, serait que les projets provien- aux objectifs fixés périodiquement par les sans. Ainsi peut-on évaluer le bienfondé groupes qui travaillent au niveau local, et nent de la base, sur le plan local (projets des allocations de ressources et assurer spontanés), ce qui ne se produit pas sou- aux critères déterminés d'un commun la dècentralisation de l'aide. L'organisme accord pour juger le prrojet. Il faut cesser vent étant donné l'absence de relations externe se contente d'effectuer les directes entre les groupes de base et les d'accorder, comme on l'a fait jusqu'à pré- contrôles comptables et de participer à sent, une importance excessive aux organismes de financement. Mais avant l'évaluation de l'expérience. tout, il faut que les ONG résistent à la ten- aspects purement quantitatifs, parce qu'il tation de concevoir des projets qui repo- Un principe primordial. Pour promouvoir ne s'agit pas de produire uniquement des biens matériels mais de déclencher des sent sur un simple transfert continu de l'autonomie et diminuer la dépendance, il processus d'autonomie collective. Cela ressources aux groupes bénéficiaires. existe un principe primordial : dans toute exige d'incorporer à l'évaluation les Elles doivent s'efforcer de les concevoir à la mesure du possible, le travail des pay- partir des besoins locaux, pour y appli- points de vue subjectifs des paysans eux- sans et des intermédiaires ne doit pas mêmes. quer leurs solutions et les enraciner dans dépendre du projet, mais c'est au les formes communautaires qui ont cours contraire le développement du projet qui Une coutume de plus en plus répandue en sur le plan local. Le formalisme et l'impa- doit dépendre du travail des paysans et Amérique latine consiste à organiser des tience peuvent limiter, voire détruire pour des intermédiaires. La viabilité du projet, journées rassemblant des paysans, des toujours la créativité comme la sponta- c'est-à-dire son avenir, doit reposer sur intermédiaires et des représentants des niêité des groupes locaux. les efforts accomplis au niveau local avant organismes de financement pour analyser de compter sur les ressources externes. les résultats de ce qui s'est fait. Cette Les projets doivent être définis dés le Il faut éviter la présence excessive analyse ne doit pas rester circonscrite au départ comme des projets-processus, d'étrangers, aussi bien à cause des niveau local, mais s'insérer dans le c'est-à-dire qu'ils sont insérés dans une contexte global qá l'intérieur duquel évo- réalité sociale en transformation perma- dérangements et des pertes de temps qu'occasionné le «tourisme» de l'aide, luent les projets. Très souvent des activi- nente. La communauté existait préalable- tés menées dans de petites localités ment au projet, et elle continuera sans que parce que les discussions et com- exercent une influence au niveau du pays aucun doute à exister lorsque celui-ci mentaires qui surgissent entre eux ten- et inversement. En d'autres occasions aura pris fin. C'est pourquoi il faut le dent à provoquer dans la base locale leur importance réside dans l'expérimen- considérer, non comme un substitut, mais incertitude et insécurité. On ne doit comme le complément des efforts quoti- cependant pas éviter totalement ces tation de propositions innovatrices: par diens en vue d'une amélioration locale. Il contacts puisqu'ils servent aussi bien à exemple dans celles que l'on appelle les est nécessaire d'éviter dans toute la « éduquer » l'organisme sur les problè- « projets-précurseurs », et qui doivent mesure du possible l'instauration de mes du projet qu'à faire connaître aux être évalués comme tels. conditions trop rigides pré-établies. Pour paysans, de plus prés, les mécanismes de Ces orientations peuvent contribuer à évi- organiser cette rencontre entre l'aide et l'aide. Enfin, il convient de réduire la ter, dans une certaine mesure, que le sys- les besoins locaux, il faut ménager un dépendance en diversifiant les sources tème d'aide en vigueur ne se traduise par temps d'observation et prendre des de financement. une contre-aide, et à faire en sorte que ce contacts sur place. Dans ce but, il système, loin d'engendrer la dépendance conviendra de trouver des ressources Pour combattre l'isolement qu'engendré et l'isolement, encourage l'autonomie et pour financer des projets pilotes ou le fait de dépendre des sources de finan- l'intégration des groupes locaux, des d'expérimentation. La période de démar- cement, il faut stimuler l'intégration à tous ONG et des organismes d'aide. rage est vitale pour le développement les niveaux. Chez les paysans, on peut futur du projet. organiser des journées d'échanges d'expériences ou des visites réciproques. En matière de ressources, le contrôle est Dans le Projet de technologie paysanne et aussi capital que le montant. Il ne faut pas l'Organisation du Groupe de recherches croire que « plus il y a de ressources. agraires (GIA) au Chili, ce genre d'activi- (1) Séminaire sur l'aide. Ajuda externa e desenvolvi- mieux c'est ». Les projets riches destinés tés a suscité de nouvelles impulsions au aux familles pauvres entravent le déve- niveau local et régional dans le promotion PLA/CEDEC. Rio de Janeiro, 1977 (ronéoté). loppement des capacités propres aux de formes audacieuses d'organisation (29 C.A. de Medina, Ajuda externa e -pedidos de ajuda - isolaodos, CERIS. Rio de Janeiro 1971. groupes populaires. L'abondance sociale. Quant aux ONG, l'intégration peut d'argent conduit au besoin de le dépen- se faire à travers des rencontres périodi- ser, inhibant la créativité, la solidarité et la (3) The Oecumenical Review, vol. XXVII No. 1, janvier ques et par la formation d'organisations 1975. p. 18-19. coopération au sein de la communauté. Le nationales et régionales plus stables. financement doit par ailleurs prendre en L'Association latinoaméricaine des orga- compte les ressources propres à satis- nisations de promotion (ALOP) repré- (4) Notamment Robert Carry et Virginia Smith, Perpe- faire les petites initiatives spontanées tuating poverty - The Political Economy of Canadian sente un effort sérieux pour élever le Foreign Aid. Toronto, Between the Lines. 1981: Jorgen engendrées par la dynamique du projet. Il niveau d'échanges d'expériences et amé- Lissner, The Politics of Altruism - A Study of the Political faut examiner les ressources institution- liorer la capacité de négociation vis-à-vis Behaviour of Voluntary Development Agencies - Federa- nelles de l'ONG pour alléger les pres- des organismes d'aide. Ces derniers doi- tion luthérienne mondiale. Genève. 1977. sions, l'incertitude, l'insécurité et la vent s'intégrer au moyen, par exemple, de dépendance qu'engendré la quête per- (5) Crispi J. Bengoa J.. Cruz M.E et Leiva C. Capita- leur participation à des réunions telles lismo y campesionado en Chile, GIA, Chili, 1980 manente, et souvent désespérée, de que la Consultation latino-américaine sur fonds pour survivre. les stratégies de développement, organi- sée par la Campagne mondiale contre la (6) Hacia una nueva politics de ayuda - Un estudio de casa CEMPLA, Rio de Janeiro. 1974 (roneoté).

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IV LES PARTENAIRES DU NORD LEUR ROLE ESSENTIEL EST CELUI DE MEDIATEUR par Menotti Bottazzi*

Les organisations non gouvernementales usuriers qui achètent la récolte a un prix apportée et de l'inscrire dans le plan de (ONG) de développement et de solidarité dérisoire et revendent les céréales fort développement de chaque pays- la où un internationale ont acquis depuis une ving- cher en période de disette. tel plan existe - les ONG ne se bornent taine d'années droit de cité dans le monde Au Brésil, de gros propriétaires, parfois pas à exercer leur solidarité en appuyant de la coopération. Efficaces sur le front du étrangers, pratiquent l'élevage extensif de « bons projets ». Leur démarche va développement dans les pays du Sud, les sur d'immenses domaines d'où ils chas- plus loin : elle vise, par le biais des projets, militants et animateurs de ces associa- à faire prendre conscience aux peuples tions mènent en profondeur un travail de sent, souvent par la force, les petits pay- sans qui n'ont aucun titre de propriété si du Tiers monde que leur avenir est entre transformation des mentalités dans les leurs mains. Croire aux possibilités des ce n'est celui que la coutume leur recon- sociétés du Nord. Ces idées pénétrent les gens pour que le développement s'enra- naît. La Conférence épiscopale brési- partis politiques, syndicats et associa- cine, voilà l'essentiel. Car le développe- lienne a mis sur pied en 1975, avec une tions dont ils sont membres, puis se ment ne vient pas de l'extérieur; il n'est répandent dans leurs milieux profession- modeste aide extérieure, une Commis- autre que la mobilisation des ressources nels. Mais les ONG ne souhaitent pas sion pastorale de la terre, pour « soutenir naturelles et humaines de chaque pays. s'arrêter là; tout en reconnaissant la les luttes paysannes, défendre les droits Les améliorations matérielles sont indis- modestie de leurs moyens, elles souhai- des paysans et trouver la solution de leurs pensables, mais elles ne sont rien si elles tent aussi jouer un rôle de stimulant et problèmes, cela avec la participation des ne sont pas décidées et mise en œuvre parfois de précurseur auprès des gouver- paysans eux-mêmes », par tous pour le bénéfice de tout le monde. nements et des systèmes intergouveme- Face au ratissage des fonds sous-marins mentaux en ce qui concerne les problè- pratiqué par les chalutiers japonais, ce qui Prenez un puits au Sahel : il est important pour l'eau potable, les besoins du bétail et mes de développement. amenuisait chaque jour leurs prises, les l'irrigation. Mais il faudra des milliers de petits pécheurs de l'île de Samar. aux Phi- Les ONG veulent faire entendre la voix puits (et autres équipements) avant que lippines, ont créé, avec l'appui de l'Eglise des peuples à côté de celle de leurs gou- la vie ne s'améliore. Mais creuser un puits, vernements. Cette volonté s'est encore locale et d'ONG européennes, une asso- c'est aussi discuter en commun de son affirmée avec éclat à la conférence sur les ciation regroupant plusieurs milliers de utilité, de sa construction, de son entre- pays les moins avancés (PMA) (Paris, familles pour défendre et former les tien, de son financement. Toute une septembre 1981). Avec leurs partenaires pêcheurs: cette association les aide à réflexion s'engage; la décision de cons- du Sud, de nombreuses ONG du Nord ont devenir propriétaires de leur matériel et à truire un puits peut être le déclic qui don- participé à la conférence et y ont organisé commercialiser leurs prises. On pourrait nera un nouvel élan au village. Car la faim elles-mêmes débats, rencontres, confé- citer des centaines d'autres exemples montrant l'action des ONG sur tous les rences de presse, expositions, etc. pour (*) Menotti Bottazii est Secrétaire General du Comité que les véritables problèmes des peuples continents dans les domaines de l'auto- pauvres soient mieux pris en compte. suffisance alimentaire, des soins de santé Représentant français et Président du Comité de Liai- Mais la conférence de Paris a également primaires et de la formation des hommes. montré, à la mesure même de ces efforts Soucieuses de ne pas disperser l'aide et de cette présence massive, les difficul- tés qu'ont les ONG à être reconnues pour ce qu'elles sont; en effet, le nouveau pro- gramme substantiel d'action (NPSA) mis en place par la conférence les mentionne à peine et comme pour mémoire; car, en travaillant à la base, avec les forces popu- laires, les ONG, qu'elles soient du Nord ou du Sud, inspirent nécessairement de l'inquiétude à des gouvernements avant tout soucieux de maintenir leur autorité. Enraciner le développement dans le peu- ple. Les ONG ont trois grands secteurs d'intervention dans le Tiers monde : la vie rurale (agriculture, notamment vivriére, et alimentation), l'éducation (enfants et adultes) et la santé (prévention, éduca- tion, soins). C'est ainsi qu'en Haute-Volta. dans la région du Sahel, la sécheresse de 1972-1973 a incité des paysans, aidés par une association voltaïque de dévelop- pement, a constituer une réserve de mil pour l'autoconsommation et l'ensemen- cement. Ceux-ci ont construit dans leurs villages, avec le soutien financier d'une ONG française, de petits hangars fermés, appelés banques de céréales, ils y stoc- kent leurs réserves et se libèrent ainsi des Pendant que la mere travaille la terre d'un champ de manioc à Kinglese. son bébé dort sur son dos. Comma dans la plupart des pays africains, les mères travaillent en ayant toujours leur jeune bébé sur leur dos (0 & 3 ans environ).

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et la pauvreté seront vaincues par les rôle d'incitation, modeste mais efficace, à inciter les pays du Nord à consacrer effec- gens eux-mêmes, là où ils vivent. Cette jouer auprès des organisations internatio- tivement 0,7 pour cent de leur PNB au responsabilité qui incombe à chaque nales comme des gouvernements. Malgré développement, et, de ces 0.7 pour cent, citoyen ne libère pas bien entendu l'Etat la crise économique, il est urgent de 0,15 pour cent aux PMA. Cet objectif de la sienne ; c'est l'Etat qui a la charge de résoudre le problème des termes de serait évidemment moins difficile à attein- créer les écoles et les équipements de l'échange, pour une juste rémunération dre si les dépenses militaires n'attei- santé, de construire les routes et les des matières premières, ceci au travers gnaient pas des montants aussi énor- ponts, et toutes les infrastructures indis- de mécanismes compliqués (fonds com- mes : 550 milliards de dollars pour l'arme- pensables à la vie de la collectivité. C'est mun, fonds de stabilisation) mais indis- ment, alors que les sommes engagées a lorsque le peuple, les masses rurales pensables. De plus, il faut cesser de privi- titre de l'aide et de la solidarité ne repré- pauvres, les marginalisés des bidonvilles légier les cultures de rente et payer aux sentent qu'un peu plus de 30 milliards de urbains prennent conscience de leur paysans les produits vivriers a un juste dollars. Si les ONG du Sud on un rôle dif- situation et luttent pour le développement prix : ceci les incitera à rester à la campa- ficile à jouer auprès de leurs gouverne- que celui-ci apprait. gne pour nourrir leur famille et, avec le ments, nous avons une tâche essentielle surplus, les habitants des villes. Ces à remplir pour tenter de faire évoluer les Faire exister les corps intermédiaires. réformes sont étroitement liées à celles mentalités et favoriser ainsi les change- Dans ce contexte, les ONG jouent un rôle du système monétaire et des organismes ments structurels qui s'imposent dans irremplaçable : celles du Sud. car que financiers, tels la Banque mondiale et le nos sociétés. Dans ce domaine aussi, vaudrait un développement qui ne naîtrait Fonds Monétaire International (FMI). nous et nos partenaires, les ONG du Tiers pas des forces vives du peuple, des mou- monde, sommes étroitement interdépen- vements issus de lui-même et qui le font Un rôle d'aiguillon. Néanmoins, long- dants, face aux blocages de toutes sortes aller de l'avant ? Mais les ONG du Nord temps encore, les pays en développement dont est jalonnée la route de la solidarité, viennent en renfort. Ainsi ONG des pays auront besoin d'une aide financière. Les la conscience claire de cette interdépen- industrialisés et du Tiers monde se choi- ONG ont un rôle d'aiguillon à jouer pour dance est une graine d'enthousiasme. sissent-elles mutuellement comme parte- naires. Cette collaboration permet de concevoir et d'appliquer une aide au développement qui dynamise les commu- nautés du Tiers monde sans leur imposer un modèle extérieur. Le soutien financier nécessaire n'est qu'un des axes de la solidarité. En Amérique latine, par exem- ple, l'appui des ONG étrangères encou- rage l'émergence et la vitalité des mouve- ments populaires, rares espaces «d'expression et facteurs de dynamisme culturel. Le travail des ONG vise aussi un développement intégré, c'est-à-dire qu'il cherche à atteindre l'ensemble des sec- teurs essentiels de la vie d'une commu- nauté, sans qu'aucun ne soit privilégié ou, au contraire, laissé dans l'ombre. Quelle peut être la portée d'une amélioration technique dans le domaine agricole si l'école reste le privilège de quelques-uns et dispense un enseignement totalement coupé de la vie réelle ? De même, dans les pays socialistes du Tiers monde, les ONG soutiennent des groupes populaires qui souhaitent devenir plus responsables encore de leur existence et de leur avenir sans dépendre autant de l'Etat ou du Parti pour la vie économique, sociale, culturelle ou religieuse. Pour se prendre en main, les groupes humains doivent avoir la pos- sibilité de s'organiser, c'est-à-dire de constituer tous les « corps intermédiai- res -, - syndicats, partis politiques, asso- ciations diverses - nécessaires pour ani- mer et dynamiser la vie d'un peuple. C'est aussi le rôle des ONG du Nord de soutenir les regroupements de paysans, d'intellec- tuels, de cadres. Un des drames de bien des pays d'Afrique, c'est que l'Etat et les citoyens se retrouvent face à face en l'absence de tout corps intermédiaire. Grâce aux ONG la voix des peuples reten- tit jusque dans les conférences interna- tionales. Une politique globale de déve- loppement ne se mettra pas en place sans transformation profonde des relations internationales et des structures de pro- duction et de consommation des pays du Nord. Sur ce terrain aussi, les ONG ont un WHO. Photo by P. Almasy

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V LES BESOINS DE QUI RESSENTIS PAR QUI ? L'EXPERIENCE D'UNC ONG MALAISE L'UN DES POINTS D'IMPACT DES ONG : IDENTIFIER ET DISCUTER LES PROBLEMES AVEC LA COMMUNAUTE * par Khor Kok Peng*

Maints sociologues et économistes se ordures ménagères, les services de santé ration; bureau du district, de la propriété demandent sérieusement si le modèle de de l'éducation. Mais surtout et avant tout, foncière; ministères de la santé, des eaux, développement actuel est vraiment profi- elles ne devraient pas être dépossédées de l'environnement). table aux pauvres. Trop souvent, les gou- et appauvries encore par les projets de - Encourager la communauté à élire un vernements optent pour des projets de développement. .. comité d'action » qui prendra le pro- développement symboles de la vie ultra- C'est là que les organisations non gou- blème en main et la mobilisera. Les mem- moderne (super-autoroutes, tours de 60 vernementales ont un rôle à jouer pour la bres de ce comité devront être choisis étages, barrages coûtant des milliards) sauvegarde et la défense des intérêts de parmi ses membres actifs et dynamiques, qui ont bien peu d'utilité pour les pauvres ces communautés. N'étant pas soumises ayant à cœur de trouver une solution aux du secteur rural. Plus préoccupant encore aux réglementations bureaucratiques problèmes. Il n'est pas nécessaire que ce est le fait que des milliers d'agriculteurs, comme le sont les agences gouverne- comité soit dirigé par les élites tradition- producteurs de denrées alimentaires, mentales, les ONG peuvent grandement nelles de la communauté, mais il doit y sont écartés, marginalisés et dépossèdes aider les plus défavorisés à exprimer leurs avoir entente entre le « comité d'action » de leurs terres dans l'intérêt du dévelop- besoins et leurs opinions et les mobiliser et les chefs traditionnels. L'ONG travail- pement. Dans la jungle amazonienne du pour faire connaître ces besoins au lera en étroite relation avec ce comité, Brésil, des centaines de milliers d'indiens niveau de l'action politique et des déci- sans pour autant faire le travail directe- sont peu à peu expulsés de leurs terres sions économiques. ment elle-même. ancestrales par l'exploitation des forêts. - Aider le comité d'action à rédiger lettres De centaines de villages de pêcheurs en Les ONG peuvent : et pétitions qui seront ensuite adoptées et Asie du Sud et du Sud-Est voient leurs - Aider la communauté à identifier et signées par tous les membres de la com- revenus s'amenuiser de plus en plus à débattre ses problèmes. Chez tes plus munauté, puis envoyées aux autorités ou mesure que les chalutiers puissamment démunis, le premier obstacle à l'action est parties concernées avec copie à la motorisés s'approprient la meilleure par- très souvent l'impossibilité dans laquelle presse. tie des pèches. Les terres de pâturages et ils se trouvent de considérer leurs problè- - Organiser une visite de la presse et des de cultures alimentaires sont détruites en mes comme objets légitimes de revendi- personnes intéressées (avocats, étu- grand nombre pour faire place aux routes, cations. diants, universitaires) à la communauté aux barrages, aux zones industrielles et - Donner à la communauté l'assurance de manière que le problème soit porté à la aux cités de banlieue de style occidental. que ces problèmes peuvent être résolus connaissance du public. L'ironie du sort veut que les pauvres si ses membres sont prêts à s'organiser et - Demander éventuellement à des hom- soient donc souvent plutôt victimes que décidés à agrir. mes de métier sympathisants d'apporter bénéficiaires du développement. Le tort - Servir de lien entre la communauté et leur aide (par exemple à des avocats de qui leur est fait se double d'un affront les autorités gouvernementales compé- donner des conseils juridiques ou d'avoir quand on leur fait valoir que l'accès au tentes, entre la communauté et les hom- recours aux voies légales; à des médecins développement comporte des coûts iné- mes de métier (avocats, spécialistes, uni- d'effectuer les examens et de prêter luctables et que « tout le monde doit faire versitaires), les mass médias, les autres l'assistance médicale nécessaire; à des des sacrifices ». Inutile de dire qu'il n'est groupes et communautés. Les gens ins- spécialistes de procéder aux analyses de pas du tout inéluctable que le « prix » du truits et de métier peuvent apporter une pollution; à des économistes d'évaluer les développement retombe sur les plus défa- aide efficace, les médias porter les pro- pertes et manques à gagner). vorisés et qu'il est scandaleux que l'on blèmes à la connaissance du public et - Se préparer, en ce qui concerne le doive sacrifier les moyens d'existence ou donc pousser les autorités à agir. comité d'action, à rencontrer les fonction- le gîte des plus pauvres à un développe- Dans le même temps, il est possible de naires du gouvernement et autres person- ment profitant avant tout à une petite élite. procéder à un certain nombre d'autres nes en cause (par exemple les directeurs Mais les communautés pauvres man- activités, par exemple : des sociétés à l'origine de la pollution des quent en général de l'organisation et de - Dresser le bilan des ressources et eaux) et à leur exposer clairement les l'assurance nécessaires pour exposer besoins de la communauté : dispose-t- requêtes. leur situation et leurs problèmes aux elle de l'eau, des sanitaires, des déchar- - Tenir toutes les families de la commu- autorités compétentes et se contentent ges d'ordure, de l'éclairage et des trans- nauté au courant des actions en cours et trop souvent de les subir en silence. ports publics nécessaires ? Discuter avec de leurs résultats et les faire participer les familles et déterminer quelles sont les activement aux prises de décision grâce à Participation et besoins élémentaires. principales difficultés à surmonter pour la L'idéal serait que les communautés pau- satisfaction de leurs besoins fondamen- vres puissent participer aux programmes taux. de développement susceptibles d'accroî- - Si la communauté est menacée de per- tre leurs ressources et de créer des dre ses moyens de subsistance, procéder emplois. Elles devraient pouvoir disposer à une étude approfondie des motifs et (*) Khor Kok Peng est depuis 1978 directeur de racher- d'un certain nombre de commodités élé- aspects juridiques. Déterminer à quelles e/w auprès de l'Association DEs consommateurs de mentaires comme le logement, les sani- autorités gouvernementales il convient de Penang. 27 Kelawei Road. Malaisie. If a auprevent enseigne les sciences du developpement a taires, l'eau potable, l'enlèvement des recourir (au niveau de l'Etat ou de la fédé- l'Université Sains Malaysia.

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des réunions organisées régulièrement qu'elfe fasse ainsi son éducation en a cette requête après plusieurs lettres de par le comité (l'action. revendiquant ses droits. rappel et plusieurs mois d'attente. Le catalyseur. Au cours de ces diverses Pour une meilleure hygiène. Tout récem- activités. l'ONG fera fonction de cataly- ment de nombreuses communautés rura- Le gagne-pain. Les problèmes d'environ- seur, déclenchant un processus qui per- les des Etats septentrionaux de ta pénin- nement et de sauvegarde des moyens de mettra à la communauté de choisir des sule malaise avisèrent le CAP qu'on avait subsistance d'une communauté sont responsables en qui elle a confiance, de omis pendant plusieurs jours d'enlever les encore plus graves que les précédents. Le se mobiliser et de faire connaître ses pro- matières de vidange dans leurs villages. personnel du CAP s'en est rendu compte blèmes aux autorités et au public. Ce pro- Alors qu'on était en pleine saison des au cours de ses visites dans les villages et cessus doit demeurer, à chacun de ses pluies, les collecteurs avaient débordé et par les lettres de plus en plus nombreuses stades, l'œuvre même de la communauté. pollué les lieux d'habitation, mettant en qui lui sont adressées par les communau- Il faut, pour qu'il réussisse, que l'ONG tra- péril la santé de millies de personnes, le tés en grande partie villages de pêcheurs vaille avec la communauté et non pas problème était particulièrement aigu dans ou de cultivateurs de denrées alimentai- qu'elle se substitue à elle. les villages où est encore en usage le sys- res En Malaisie en effet, comme en tème du « seau de toilette », c'est-à-dire d'autres pays du sud-est asiatique, des L'Association des consommateurs de où les matières de vidange se trouvent centaines de communautés traditionnel- Penang (CAP) est une ONG malaise qui collectées dans des seaux placés sous les de pêcheurs sont mises en danger par étudie les problèmes du développement les toilettes. Les autorités municipales la pollution de la mer et l'invasion de leurs dans la perspective des consommateurs. engagent des services de vidange pour eaux territoriales par les chalutiers. Dans Non seulement elle protège les consom- vider ces collecteurs, mais lesdits servi- le seul Etat de Penang, selon les données mateurs contre les fraudes commerciales, ces sont souvent insuffisants et irrégu- du Ministère de l'agriculture, les prises mais elle se préoccupe également des liers et n'interviennent au mieux qu'une commercialisables ont baissé de 60 pour problèmes que posent la satisfaction des fois par semaine ou tous les dix jours. cent entre 1966 et 1980. Dans le même besoins fondamentaux. l'utilisation Dans quatre villages représentant une temps, des exploitations cultivées en rationnelle des ressources, la pollution de population de 3.000 habitants, on dénom- fruits et légumes ont été réquisitionnées l'environnement, la culture et les niveaux bra 64 jeunes enfants atteints de jaunisse pour faire place aux projets de développe- de vie. Elle a des activités de recherche et par suite du débordement des sanitaires. ment du gouvernement ou aux activités de publication: elle élabore des program- Le personnel du CAP se rendit à plusieurs du secteur privé (construction de loge- mes d'éducation, publie un journal et reprises sur les lieux pour évaluer les ments par exemple). Dans l'Etat de mène enfin une action directe auprès des dimensions du problème et aider les habi- Penang, la superficie cultivée en légumes communautés les plus démunies pour les tants à s'organiser. Des lettres de pétition a diminué de 8 pour cent entre 1977 et aider à faire connaître leurs problêmes. signées par des centaines de résidents 1981. et la superficie occupée par les 11 Dans son action avec les communautés, furent remises aux autorités municipales. variétés de fruits les plus demandées le CAP s'intéresse avant tout à deux Des journalistes se rendirent eux aussi s'est réduite de 9 pour cent entre 1976 et types particuliers de problèmes, ceux qui sur les lieux et publièrent des articles 1980. concernent les besoins fondamentaux et dans la presse. Finalement, les autorités Dans un premier temps, le personnel du commodités élémentaires et ceux qui municipales améliorèrent les services, CAP effectue une évaluation de la situa- concernent l'environnement et la sauve- sans pourtant donner entière satisfaction tion avec les habitants. Il recueille et ana- garde des moyens de subsistance de la aux habitants. Ce qui est important lyse les données concernant les aspects communauté. cependant, c'est que ces communautés sociaux, économiques et écologiques du pauvres ont acquis l'assurance et l'expé- problème. Des discussions ont lieu avec rience nécessaires pour défendre leurs les habitants du village, généralement Besoins fondamentaux et commodités droits. Si les services d'enlèvement des avec ceux qui ont pris l'initiative de sou- élémentaires. En ce domaine le personnel ordures venaient encore à se détériorer mettre le cas au CAP. Ces discussions du CAP poursuit un programme de forma- ou si d'autes problèmes de ce genre se font émerger les véritables leaders de la tion à l'économie familiale dans les villa- posaient, elles seraient prétes mainte- communauté, parfois distincts des chefs ges et plantations visant à inculquer les nant à entreprendre une action immédiate traditionnels du village. Les jeunes mon- principes fondamentaux de la nutrition, de pour rectifier la situation et ne se conten- trent généralement plus d'empressement l'hygiène, du budget, du crédit et autres teraient plus de se lamenter et de se rési- a se saisir du problème et à entreprendre en discutant ces thèmes avec les familles, gner doucement à leur sort. une action. Ils forment parfois un comité habituellement représentées par la ména- d'action chargé de mobiliser la commu- gère. A ces réunions, les habitants des vil- nauté. En d'autres cas, ces leaders infor- lages font état également des problêmes Le téléphone. Une autre commodité mels agissent à travers les structures les plus pressants à résoudre. Il s'agit le importante, considérée souvent comme déjà en place dans le village. En d'autres plus souvent de problèmes «Simples», allant de soi par les habitants des villes, encore, les chefs traditionnels se voient comme l'irrégularité du service d'autocars c'est le téléphone. Dans les zones rurales, contraints d'entrer dans le jeu, ne fût-ce desservant le village ou le prix excessif où les moyens de transport sont rares, qu'en donnant leur approbation, pour par- des articles de son unique boutique. Ces une cabine téléphonique publique repré- venir à une unité d'action. Les ONG doi- griefs donnent lieu à un débat avec les sente un moyen de communication indis- vent être très attentives à cette interac- habitants du village, après quoi le person- pensable, en cas d'urgence en particulier, tion des relations entre les habitants d'un nel du CAP aide la communauté à entre- lorsqu'on a besoin des pompiers, de la village. prendre une action, par exemple en écri- police ou de l'ambulance. Le personnel du Suit une période d'intense discussion au vant à la compagnie concernée (avec CAP s'est rendu compte que, dans beau- sein de la communauté pendant taquelles copie aux autorités municipales, au Minis- coup de villages, les cabines de téléphone les décisions sont prises d'adresser let- tère des transports et à la presse) ou en publiques constituaient l'un des besoins tres et pétitions aux ministères et servi- discutant directement avec le propriétaire les plus pressants des habitants. Dans ces gouvernementaux concernés, aux de la boutique. Ce type d'action peut avoir beaucoup de régions pourtant, cet équi- sociétés privées intéressées (lorsqu'elles de bons résultats, mais requiert génèrale- pement élémentaire fait encore défaut, le sont elles-mêmes mises en cause), à la ment de la part des membres de la com- CAP a donc aidé plusieurs communautés presse et autres groupes susceptibles munauté une longue période de pression à rédiger des lettres et pétitions au minis- d'intervenir utilement. On attend alors les continuelle. Le plus important cependant, tère des télécommunications demandant réponses. Les journaux publient éventuel- c'est que la communauté prenne cons- l'installation d'une cabine téléphonique lement une déclaration de la communauté cience de ses problèmes, qu'elle entre- dans leur village. Pour une moitié des vil- ou envoient des journalistes. Il est possi- prenne une action pour les résoudre et lages, les autorités accédèrent finalement ble que des fonctionnaires se rendent sur

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les lieux et mènent leur propre enquête ou socio-économique de l'autoroute. Cette organisent une réunion avec les habitants étude a servi ensuite de base pour la du village. Les leaders de la communauté rédaction d'une pétition qui fut signée par exposent alors leurs requêtes ou récla- 3.000 résidents. Le gouvernement a mations (mettre fin à la pollution, modifier annoncé récemment que le projet en le tracé de la route projetée, augmenter question a été ajourné, sans doute par les montants d'indemnisation) et des manque d'argent du fait de la récession pourparlers s'engagent. Ce processus est économique actuelle, dans l'éventualité habituellement long et se prolonge sou- d'une reprise économique, le projet pour- vent pendant des mois, voire des années. rait être relancé. Il est rare que la communauté obtienne entière satisfaction. La plupart du temps, elle n'obtiendra qu'un succès partiel. Par- Le domaine de Thean Teik, d'une superfi- fois, elle verra ses espérances totalement cie de 140 hectares, est une zone impor- trustées. Mais, malgré tout, elle se forge la tante de culture de primeurs de l'Etat de capacité de défendre ses intérêts auprès Penang. Les propriétaires, une associa- du gouvernement et de l'opinion publique. tion clanique. louaient les terres depuis On voit des villages languissants se plusieurs décennies. En 1981, on reprendre à vivre et retrouver l'optimisme demanda aux 520 ménages de cultiva- en même temps qu'ils s'activent pour teurs (12.000 personnes) d'évacuer les résoudre leurs problèmes. Et la voix des terres pour faire place à un projet de cons- plus pauvres, ces « victimes du dévelop- truction de logements. En 1982. les bull- pement », parvient finalement jusqu'aux A three-handed problem is solued by this girl while dozers arrivèrent pour raser une partie bureaux de l'aménagement du territoire. des cultures et de violents combats school. FAO photo by Peanoun/Caraccolo. s'engagèrent au cours desquels une Quelques résultats. A titre d'exemple, femme résidente fut tuée et d'autres bles- voici quelques cas de communautés contact avec le CAP et adressèrent une sées. L'association des résidents colla- menacées dans leurs moyens d'existence pétition aux diverses autorités gouverne- bora avec le CAP pour rédiger des lettres et avec lesquelles le CAP a travaillé ces mentales et même à la police. Des journa- de recours. Les cultivateurs demandent derniers temps : listes visitèrent le site et exposèrent la qu'une partie des terres agricoles soit situation désastreuse des agriculteurs Le village de pécheurs de Kuala Juru a sauvegardée ou que, du moins, le montant dans les journaux. Une réunion fut organi- vue ses moyens de subsistance presque des indemnités offertes par le construc- sée avec les représentants des agricul- totalement détruits lorsque les usines de teur soit relevé. Le ministre de l'Etat de teurs, le directeur des travaux publics de la zone commerciale voisine se mirent à Penang s'est proposé maintenant comme l'Etat et le directeur gênerai de ta société médiateur entre les cultivateurs, les pro- déverser leurs effluents toxiques dans le privée de travaux routiers. Le déverse- priétaires et les constructeurs. fleuve, y faisant disparaître toute vie ment des rocs fut alors suspendu et la marine. Le CAP vint en aide aux pécheurs société indemnisa les agriculteurs. Ces pour mobiliser l'opinion publique et porter derniers cependant n'eurent qu'en partie le problème devant les autorités. Les jeu- gain de cause, car les indemnités étaient nes du village recueillirent des échantil- tout à fait insuffisantes et ne pouvaient La voix de la communauté. L'expérience lons de l'eau du fleuve pollué, qui furent aucunement compenser la perte des ter- du CAP prouve que les ONG ont et peu- analysés par des spécialistes de l'univer- res et les manques-à-gagner de l'avenir. vent jouer un rôle important et constructif sité ayant offert spontanément leurs ser- en aidant les communautés de base à vices. Les analyses attestèrent en effet un La rivière bloquée. Bagan Lallang. village exprimer leurs besoins, leurs griefs et leurs problèmes et à les porter à la niveau de pollution élevé. Les pêcheurs se consacrant à la culture des primeurs et connaissance des autorités gouverne- constituèrent alors un comité d'action qui à l'aviculture, se trouva recouvert de 60 mentales compétentes et du grand public. fut reçu par le ministre de l'Etat et par plu- cm d'eau pendant deux mois, parce qu'un De cette manière, la communauté peut sieurs ministres du gouvernement fédérai. constructeur avait bloqué la rivière. L'inondation détruisit les élevages et faire entendre sa voix et entreprendre la Les effluents furent alors détournés du défense de ses intérêts dans le cadre du fleuve et déversés directement à la mer, cultures et endommagea les habitations. Le pesonnel du CAP aida les habitants à développement et de la planification éco- mais ils demeurent toujours une menace nomique nationale, le succès de son potentielle pour les fermes marines d'éle- rédiger lettres et pétitions et plusieurs réunions eurent lieu avec les leaders du action varie avec chaque cas et dépend vage de coques récemment aménagées de dives facteurs comme la qualité de ses sur les bas-fonds par une coopérative village, les autorités municipales et l'entrepreneur fautif. Des étudiants du leaders, le degré de cohésion de ses créée par les pécheurs et qui s'avèrent club de consommateurs du lycée voisin membres, la plus ou moins grande sympa- économiquement très profitables. Le suc- firent du porte à porte pour dresser le bilan thie de l'opinion publique et les réactions cès de cette action est dû en grande par- des dommages causés par l'inondation. des autorités publiques ou des socitès tie aux leaders qualifiés et dynamiques du Finalement le constructeur accepta de privées intéressées. Comme on l'a déjà comité d'action du village, ceux mêmes creuser un canal de drainage à travers le souligné, le rôle des ONG dans ce proces- qui sont à l'origine du projet coques. Le village et d'indemniser les habitants sur la sus est celui d'un catalyseur, d'un média- rôle du CAP a été essentiellement celui de base de l'enquête des étudiants. teur et d'un auxiliaire et non pas d'un conseiller et de catalyseur. La zone côtière à l'est de Penang est agent direct, lequel ne peut être que la Renommé pour ses fruits et èpices, le vil- habitée par plusieurs milliers de communauté elle-même, une ONG dis- lage de Balik Pulau se trouva en état de pêcheurs, de petits commerçants et pose de certaines compétences, telles choc lorsque l'on se mit a construire une d'ouvriers des chantiers navals, dont la que la capacité d'effectuer des enquêtes, route traversant les collines voisines. Les subsistance dépend entièrement de la des analyses et des recherches, de rédi- roches explosèes furent déversées sans mer Or leurs moyens d'existence se sont ger des lettres et déclarations et d'établir le lien entre les problèmes de dimension la moindre précaution sur les versants de trouvés menaces par un projet d'auto- locale et ceux d'envergure nationale. Pour la colline, détruisant des hectares route littoral qui fera disparaitre plusieurs ce faire. l'ONG a besoin de dévouement, d'arbres fruitiers de première qualité et petits chantiers navals et bloquera de détermination et de méthodes rigou- d'hévéas. Parce que les arbres étaient l'accès des pêcheurs à la mer. Les rési- dents se sont adressés au CAP. qui les a reuses. L'expérience et l'efficacité sui- déracines, les terres et cours d'eau vront. s'engorgèrent. Quelques-uns des agricul- aides à effectuer une étude sur l'impact teurs, les plus jeunes, prirent alors

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VI « NOUS NE SOMMES PAS EN TRAIN DE PARLER REVOLUTION MAIS DE CHANGER LES REGLES » Interview de George Mc Robie L'Intermediate Technology Development écologiques, essayant de travailler avec technologie appropriée à l'administration, Group (ITDG) de Londres est l'une des la nature et non contre elle aux affaires et aux activités de la collecti- ONG les mieux inspirées et l'une de celles vité en général. qui a remporté les plus grands succès Q. Où en est l'idée de technologie appro- dans le domaine du développement. Lors priée ? Q. Y a-t-il des pays qui aient atteint le de sa fondation, en 1965, par E.F. Schu- R. : Au début, pendant les années 60, quatrième stade ? macher, l'auteur de Small is Beautiful, la nous étions assez mal vus en Occident où R. : C'est probablement Sri Lanka qui est technologie appropriée n'était encore on nous prenait pour des dingues, car, en allé le plus loin en matière de participation qu'une idée, aujourd'hui c'est une idée sommes, nous allions à rencontre des populaire grâce au mouvement Sarvo- reçue. Non seulement 1 ITDG a encou- idées reçues de l'Establishment du déve- daya d'autosuffisance villageoise. Ail- ragé la mise au point de technologies et loppement. Et nous n'étions pas aimés leurs, il n'y a encore que des poches. En de projets destinés aux zones rurales et dans les pays en développement qui Inde, les gouvernements de l'Uttar Pra- intéressant les domaines les plus variés, déclaraient : on nous propose une tech- desh et du Gujarat sont très intéressés, de la construction aux transports, de nologie de second choix et nous n'en vou- de même que quelques Etats africains. l'approvisionnement en eau à la produc- lons pas. Premier stade, rejet. Puis il y a Mais le Zimbabwe est un des rares pays tion, au traitement et au stockage de den- eu le deuxième stade, dans les années qui ait déclaré que son développement rées alimentaires, mais il a également 70, avec un nombre croissant d'expérien- rural se fondera dans une large mesure servi de guide au mouvement de la tech- ces réussies, des économistes toujours sur la technologie appropriée. nologie appropriée qui compte actuelle- plus nombreux qui s'y intéressaient et une ment plus de mille groupes et unités - acceptation générale de l'idée. Nous en Q.: Et les ONG? dont environ 300 dans les pays en déve- sommes aujourd'hui au troisème stade : R. : II est certain que c'est là où l'idée a loppement - qui sont, pour la plupart, des de nombreux groupes TA ont prouvé dans le mieux pénétré. Elles nous ont large- organisations non gouvernementales. le monde entier que des réalisations ment soutenus au départ. Sans la Chris- George McRobie, cofondateur de l'ITDG, a modestes et bon marché sont rentables, tian Aid, et les Quakers, nous n'existe- succédé à Schumacher à la présidence qu'il faut créer de petites industries dans rions pas aujourd'hui. La grande majorité du groupe et est l'auteur de Small is Pos- les zones rurales pour les tirer de la des organisations volontaires opèrent misère et que le problème du chômage ne sible. Interviewé par Paul Harrison, écri- avec la technologie appropriée ou en sont pourra être résolu qu'avec une approche vain britannique spécialiste du dévelop- plus proches que les organisations gou- technologique entièrement nouvelle. Pour pement, il parle ici de la technologie vernementales et intergouvernementales. l'instant, cependant, les applications pra- appropriée, de ses perspectives et du rôle Dans les pays en développement, la plu- que les ONG ont à jouer dans sa diffusion. tiques ne sont guère nombreuses. Le qua- trième stade devrait consister en une part des centres de TA. réellement actifs Harrison : peut-être pourrions-nous com- application massive des connaissances ont été créés par des ONG ou étaient au mencer par définir les termes. Y-a-t-il une acquises qui intégrerait normalement la départ des ONG dont certaines ont été différence entre technologie intermédiaire reprises ensuite par le gouvernement, je et l'expression plus communément employée de technologie appropriée ? McRobie : « intermédiaire » était le terme utilisé à l'origine: il s'appliquait à une technologie intermédiaire relativement au coût de la création d'un emploi et qui se situait quelque part entre !e coût dérisoire de l'outil traditionnel et le coût élevé de la technologie occidentale; à quelle dis- tance de l'un et l'autre se situe le coût intermédiaire dépend des conditions locates et, dans une certaine mesure, du revenu moyen par habitant. Technologie intermédiaire est un terme plus précis que appropriée, car ce dernier suscite une question: qu'est-ce qui est approprié? Certaines choses doivent être faites en grand. Cependant, pour la plupart des habitants de la majorité des pays en déve- loppement, la technologie appropriée devrait être relativement petite, simple, à forte intensité de travail plutôt que de capital. Elle serait non violente a l'égard des travailleurs - en ce sens qu'elle leur permettrait de faire un travail créatif au lieu de faire d'eux de simples auxiliaires des machines, et non violente a l'égard e la nature - elle respecterait les principes

Lesson on vegetable cookery

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pense à des organisations comme veillance et de l'entretien après le départ un changement qui réduirait leur privilè- I Appropriate Technology Development des experts ? Naturellement, en ges ? Association à Lucknow, le Technology l'absence d'une tradition locale de coopé- R. : Nous connaissons des cas où la Consultancy Center au Ghana Dian Desa ration et de contrôle collectifs, il sera bien grande industrie a essayé de s'opposer à en Indonésie ou CEMAT au Guatemala. difficile de réaliser un projet. la TA, mais sans conviction. Nous ne nous Les ONG ne peuvent prospérer n'importe sommes pas heurtés à une forte opposi- où - les ONG indigènes sont rares en Afri- Q. : Vous écrivez dans votre livre, Small is tion. Peut-être cela tient-il au fait que le que. Elles naissent, semble-t-il, dans des Possible, que les organisations d'Etat sont mouvement est encore très modeste. sociétés où la classe moyenne tient une rarement de bonnes unités de technolo- Nous avons constaté que certains gou- place importante et dont la culture reli- gie appropriée. vernements ont lait un travail fantastique gieuse enseigne que l'homme est respon- R. : Cela est généralement vrai. Les admi- sans provoquer de grands bouleverse- sable de son prochain. nistrations sont fortement influencées par ments. Prenez l'exemple de l'Inde. Elle a le passé, car ceux qui les dirigent sont réservé la production d'une série de pro- O. : Les ONG ont-elles quelque chose que souvent prisonniers de leur propre forma- duits au secteur de la petite industrie et les gouvernements n'ont pas ? tion, exclusivement occidentale, comme facilité leur accès au crédit, sans soulever R. : Les ONG ont un avantage important c'est le cas dans la plupart des pays en d'objections d'ordre politique. Les Indiens sur les gouvernements parce qu'elles développement. Les centres de recherche ont démontré qu'on peut commencer à peuvent sélectionner et s'installer là où gouvernementaux ont les mêmes problè- changer les règles du jeu à l'intérieur de la elles obtiennent une réaction favorable. mes, parce que leurs directeurs, formés structure existante. C'est une première Elfes peu vent aussi agir rapidement. C'est en Occident il y a vingt ou trente ans, sont étape vers mon idéal, vers l'idéal de cha- important, car. dans les pays en dévelop- insérés dans le système dominant, celui cun, de révolutions non violentes. Dans pement, beaucoup de gens en ont absolu- du transfert de technologie inappropriée. certains cas, comme en Ethiopie et en ment par-dessus la tête des promesses C'est seulement avec la nouvelle généra- Iran, où la structure elle-même était vio- qui n'ont pas été respectées. Les petites tion de scientifiques qu'un certain chan- lente à l'égard de la population, le chan- ONG. opérant aux niveaux local et com- gement pourra avoir lieu. La plupart des gement non violent est impossible. Mais si munautaire, sont très bien placées pour élites ne démordent pas de l'idée que la vous avez une structure politique relative- diffuser la TA. Les organisations spéciali- technologie appropriée n'est qu'une tech- ment ouverte, bien des choses peuvent sées, comme la nôtre, peuvent mettre au nologie de second ordre. Rien n'est plus être faites au sein même de cette dernière point une technologie, mais elles ont faux. Mous concevons des structures pour aider les pauvres à se tirer d'affaire. besoin des petites organisations comme d'une résistance et d'un niveau de perfec- les associations paysannes et féminines tion ignorés jusqu'ici. En Occident on Q. : Ne serait-ce pas plus facile avec un pour la répandre dans la population, pour demande qu'une excellente voiture roule gouvernement socialiste ' savoir si elle fonction ne bien et, au besoin, de 2.000 a 4.000 heures: nous, nous met- R. : Ce n'est pas indispensable. Si un gou- y apporter des modifications. Prenons tons au point actuellement des moulins à vernement s'efforce de légiférer dans ce l'exemple des groupes de petits agricul- vent qui fonctionnent pendant plus de sens, il crée un terrain favorable; quand le teurs du projet Puebla, au Mexique. Si 100.000 heures sans poser de gros pro- gouvernement britannique a mis des vous leur présentez une nouvelle techno- blèmes. fonds à la disposition des coopératives, logie, ils vont l'essayer, la démonter, la les petites entreprises en copropriété et remonter, se réunir pour la discuter et Q. : Mais les ONG ne peuvent sûrement les petites entreprises tout court se sont ensuite ils sauront vous dire exactement pas aller très loin toutes seules ? La T.A. multipliées. La technologie appropriée ce qui ne va pas et quelles sont les amé- n'a-t-elle pas progressé davantage dans peut trouver sa place dans n'importe quel liorations à apporter. les pays où le gouvernement lui accorde type de structure économique et politique son appui, comme en Asie du Sud et en - à moins que les riches ne soient si rapa- Q. : Comment les petites ONG et les ONG Afrique de l'Est? ces qu'ils ne laissent absolument rien aux locales de ce genre devraient-elles s'y ruraux pauvres. prendre pour choisir la technologie réelle- R. : Certes, les ONG ne peuvent aller très ment appropriée à l'usage que veulent en loin sans l'appui du gouvernement. Elles Q. : Etes-vous satisfait de la diffusion des faire leurs membres ? sont bien obligées de respecter les régies techniques appropriées au niveau des uti- R. : La première étape consiste à identifier du jeu. qui sont établies par les gouverne- lisateurs ? Ont-elles atteint les masses besoins et priorités - mettons que ce soit ments. La grande industrie bénéficie ou n'intèressent-elles que quelque pro- l'eau potable. Il faut décider ensuite com- généralement de toutes lex exonérations ment en assurer la fourniture, qui finan- jets pilotes dans quelques pays ? fisscales, des licences d'importation et R. : Aucun de nous n'est satisfait, je crois. cera l'opération et qui l'organisera. Veu- d'une infrastructure conçue pour elle. Les lent-elles, par exemple, une adduction Le mouvement a démontré qu'il existe des règles favorisent généralement les gros d'eau collective, ou l'eau sera-t-elle ame- technologies d'une grande utilité. Les aux dépens des petits, le centre plutôt née dans chaque foyer? Elles auront ONG ont eu pour principal mérite de met- que la périphérie, les riches plutôt que les peut-être besoin ensuite de s'adresser à tre au point la technologie et elles ont une organisation de technologie appro- pauvres. Les gouvernements doivent démontré ce que l'on pourrait faire sur une priée, de préférence dans leur pays, ou a commencer à changer les règles qui plus vaste échelle, mais la diffusion mas- une organisation comme l'ITDG ou n'avantagent que les gros au détriment sive de cette technologie est une opéra- l'Appropriate Technology International à des petits. Il faut absolument donner des tion qui dépasse leurs possibilités. Un Washington. Dans le cas d'adduction chances égales aux petites entreprises, nouvel assaut est nécessaire pour diffu- d'eau et de construction en particulier, il ou, mieux encore, faire pencher la balance ser plus largement les techniques éprou- existe une série de techniques efficaces en leur faveur en réduisant les possibilités vées. et il y en aura forcément une, ou plusieurs, d'investir d'énormes capitaux dans qui correspondra exactement aux l'industrie. Nous ne sommes pas en train Q. : II me semble que la TA se répand fort besoins locaux, pour ce qui est du coût, de parler révolution mais de changer les bien dans le cas des services d'intérêt des matériaux et des compétences règles du jeu. public, comme l'adduction d'eau ou les nécessaires. Ensuite, ces ONG doivent se soins médicaux. Mais elle ne parait pas poser un certain nombre de questions : Q. : Mais peut-on changer les règles dans avoir été bien loin en ce qui concerne les peuvent-elles se charger du travail ? Y a- les pays capitalistes où la grande indus- produits de consommation et les ustensi- t-il sur place des artisans capables de le trie et les multinationales peuvent être les de ménage achetés par les familles, ou faire ? Et encore : qui s'occupera du fonc- étroitement liées à la grande administra- le petit équipement et les machines des- tionnement ? Qui se chargera de la sur- tion et aux politiciens? Les grands inté- tinées aux petites exploitations et aux rêts ne s'opposeront-ils pas violemment à petites manufactures. N'y a-t-il pas un

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problème réel de diffusion de la TA dans le Q. : En ce qui concerne la participation, ne proviennent des petites entreprises. Dans secteur privé ? retrouve-t-on pas un peu de l'esprit mis- certaines zones, comme l'Inde du nord, la sionnaire dans le domaine de la technolo- TA se développe spontanément. Per- R.: Oui. en effet, il est extrêmement diffi- gie appropriée - des étrangers décidant sonne ne comprend exactement pour- cile de faire adopter une nouvelle techno- quelle technologie est la meilleure et per- quoi. C'est une zone agricole très pros- logie. Nous avons besoin de mieux com- suadant les gens de l'adopter ? Ne peut- père, et l'innovation est dans l'air. La prendre pourquoi les gens adoptent cer- on penser que. si les gouvernements éta- culture intervient également: les Indiens taines innovations et en refusent d'autres, blissaient un cadre juridique sur le plan du nord ont derrière eux 3.000 ans d'habi- les gens ont généralement de bonnes rai- économique et un vaste système de for- leté technique. Dans d'autres pays ou sons d'accepter ou de refuser une nou- mation et d'enseignement professionnel, même dans d'autres parties de l'Inde, il velle technologie. Je vais vous donner un la plupart des gens inventeraient et adop- faudrait encourager davantage la TA. exemple : nous participions à l'installation teraient d'eux-mêmes la technologie de réservoirs à eau en plastique dans un appropriée ? village du Swaziland, mais, nous nous R. : Les organisations extérieures de sommes rendu compte que les habitants technologie appropriée ont pour tâche de Q. : II arrive, exceptionnellement, que les n'en voulaient pas et qu'ils désiraient des mettre à la disposition des populations un technologies appropriées se diffusent réservoirs individuels; pourquoi ? Parce choix de technologies et de les aider à rapidement sur une vaste échelle. C'est le qu'il n'existait pas dans cette commu- adopter celles qui leur conviennent le cas des petites raffineries de sucre qui nauté d'institution à même d'exercer un mieux. Je suis convaincu que l'Etat pour- produisent actuellement le cinquième du contrôle sur un réservoir collectif. Nous rait établir des règles qui rendraient vir- sucre de l'Inde. Comment expliquer un tel n'avons pas affaire à des produits stan- tuellement impossible l'utilisation d'une succès ? Et quelle leçon en tirer ? dard, fabriqués en série. Il faut chaque fois technologie non appropriée, et ce serait mettre sur pied un ensemble de techni- R. : Les petites raffineries ont marché l'idéal. Cela n'étant pas le cas, le mouve- ques appropriées aux conditions locales. parce que les innovations qui les ont ren- ment a justement pour but de proposer un Nous devons trouver les moyens de péné- dues possibles ne sont pas un produit de choix : les gens doivent être libres de trer dans les villages et de gagner la laboratoire, elles ont tout de suite été choisir, et de choisir ce qui leur convient le confiance des populations. mises à la disposition des usagers, les mieux. Certaines technologies ont propriétaires des raffineries. On leur a dit : démarré d'elles-mêmes, parce qu'elles « Essayez ceci. Si ça ne marche pas, nous Q. ; Ne croyez-vous pas que. jusqu'ici, on conviennent si bien aux gens qu'ils peu- vous paierons. Si tout va bien, vous gar- a attaché trop d'importance à l'invention vent les utiliser sans l'aide de personne - derez les bénéfices ». Ensuite, on a fait en de nouvelles techniques et pas assez à la la bicyclette par exemple. Mais, dans cer- sorte qu'il y ait une industrie de biens diffusion de la TA ? N'avons-nous pas tains cas, l'aide est indispensable. Il n'y a d'équipement, épaulée constamment par actuellement suffisamment d'inventions ? rien dans la nature du marché qui incite à une recherche capable de trouver les La nouvelle priorité ne devrait-elle pas la diffusion de la technologie appropriée. petites améliorations qui permettent à la être de les diffuser massivement ? Des Le marché n'est pas neutre, il ne fonc- technologie de rester compétitive. Un institutions spécialisées ne pourraient- tionne pas selon les principes d'Adam autre facteur important de réussite a été elles pas se charger de l'application et de Smith. Dans la plupart des pays, le mar- que la politique du gouvernement indien la diffusion de !a technologie appropriée ? ché est fortement hostile aux technolo- favorisait le développement des petites R. : C'est bien mon avis. Mais encore faut- gies et aux produits locaux et à ceux qui unités. il avoir quelque chose à diffuser. Vous devez avoir les technologies avant de les propager. Nous disposons maintenant de pas mal de matériel testé. Mais la diffu- sion est une autre affaire. Sans doute aurions-nous besoin d'organisations qui se consacreraient exclusivement à cette tâche. Mais je ne sais au juste comment elles devraient être structurées. D'une part, il faudrait examiner avec les gouver- nements les moyens de favoriser l'intro- duction de la technologie appropriée; d'autre part, les ONG locales ont un rôle important à jouer.

0. : Que pensez-vous d'une approche de marketing social, qui utiliserait la publi- cité, des images de marque, des ven- deurs, pour promouvoir la vente des pro- duits TA, mais sans but lucratif ? R. : H est certain que le marché a un rôle important à jouer dans la diffusion de la technologie appropriée. Mais comment les produits de la TA pourraient-ils être commercialisés autrement que par leurs fabricants ? Nous en revenons au pro- blème du changement des règles et de l'appui que l'Etat peut accorder aux peti- tes entreprises. Je suis convaincu que des organismes comme l'ITDG ne devraient pas essayer d'intégrer le mar- keting a leur tâche essentielle qui consiste a fournir une information impar- tiale, une évaluation et des conseils. A women with a baby on her back wielde a pick-axe as she digs a hole prior to planting a tree. The woman receive WFP rations In return for their work In the National Tree Planting scheme. WFP/FAO photo by T. Fincher.

202 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES. 4/1983 La FAO et les ONG

Ou bien la technologie inappropriée pren- dra-t-elle une telle avance qu'elle ne pourra être rattrrapée ? Selon vous, la récession économique a-t-elle modifié les positions à l'égard de la TA ?

R. : Je n'aurais jamais participé a la créa- tion de l'Intermediate Technology Develop- ment Group si je n'étais pas un optimiste. Aujourd'hui, cependant, il ne s'agit plus seulement d'optimisme. C'est une ques- tion de fait. La crise actuelle n'est pas seulement un phénomène aberrant consécutif au boom des années 60. Je Crois que nous avons dépassé l'ère de la croissance illimitée. Il s'est avéré que l'énergie et les produits alimentaires bon marché n'étaient que des phénomènes de courte durée. Les pays occidentaux vont devoir changer leurs économies, recher- cher une plus grande décentralisation, une plus grande autonomie locale si nous ne voulons pas voir se désintégrer nos sociétés. En ce qui concerne les pays en développement, il est maintenant clair que l'aide conventionnelle basée sur des technologies conventionnelles a été un échec, les pays en développement sont Q. : Venons-en maintenant à l'agriculture. l'unique fonction de l'agriculture est de grèves de dettes qu'ils ne peuvent rem- Etes-vous satisfait des progrès de !a produire des vivres bon marché. Or elle a bourser. Le chômage augmente, les technologie appropriée dans ce secteur ? un grand nombre de fonctions secondai- zones rurales déclinent ou sont dans le R. : Non. Le matériel dont disposent les res : conserver le sol en bon état, préser- marasme. C'est la conséquence de l'aide petites exploitations est insuffisant. Il ver la pureté de l'eau potable, maintenir la traditionnelle. Comment peut-on soutenir reste beaucoup a faire en ce qui concerne variété génétique, assurer la qualité des qu'il en faut encore davantage ? C'est la l'identification des besoins et des priori- produits alimentaires. En Occident, nous qualité de l'aide que nous devons chan- tés des agriculteurs et la mise au point de avons pensé en termes de lutte contre la ger, et cela pourrait être moins onéreux l'outillage qui peut être fabriqué sur place. nature, mais, comme disait Schumacher, que par le passé. La technologie appro- nous serons perdants si nous gagnons priée doit être au centre du développe- Q. : Schumacher s'intéressait beaucoup cette bataille. ment et non constituer un simple complé- ment, comme c'est le cas actuellement. à l'agriculture organique, mais l'ITDG ne Si nous encastrons les agriculteurs des C'est la seule lueur d'espoir qui reste aux semble pas faire grand chose dans ce pays en développement dans une agricul- ruraux pauvres. Tout le reste est littéra- domaine. ture de style occidental, ils sont fichus, car ture. R. : Nous avons eu tendance à laisser elle n'est pas viable indéfiniment et elle cela à des organisations plus spéciali- dégrade l'environnement. Ce qu'il faut sées. Cela vient sans doute de ce que absolument faire, c'est élaborer une Adresses Intermédiare Technologye Development nous nous concentrons sur le matériel, et approche agricole qui minimise l'apport Group. 9. King St . London. WC 2. R.U. qu'il n'exite pas encore d'équipements d'intrants extérieurs et développer réelle- Appropriate Technology International 1724. Massa- spécialisés pour l'agriculture organique. ment la biologie agricole, au lieu de se chussetts Av.. NW, Washington, DC. 20036. E.-U. Néanmoins, nous sommes très intéressés contenter de jeter des produits chimiques par les méthodes d'agriculture biologique dans le sol sans comprendre au juste et nous sommes en tram de créer un comment ils affectent la structure du sol. sous-comité qui s'en occupera- L'époque actuelle, où les pays occiden- Il y a longtemps, Schumacher et moi taux disposent d'excédents agricoles, est avons étudié ce qui arriverait si toute la idéale pour expérimenter des techniques production agricole et le traitement des agricoles qui. même si elles sont moins produits alimentaires du globe se productives au départ, ont le mérite d'être basaient sur les taux d'utilisation d'éner- durables. Elles permettront de réduire les gie européens Ou américains. Il apparut coûts - les praticiens de l'agriculture que toutes les réserves de pétrole organique que je connais dépensent envi- connues seraient épuisées en l'espace ron 25 dollars d'engrais à l'hectare au lieu de trente ans. Jusqu'ici, l'Occident s'est des 250 dollars de l'agriculture classique. efforcé de remplacer le travail humain par Actuellement, les agriculteurs occiden- l'énergie et les produits chimiques, bien taux traversent une mauvaise passe, par que ce soient les petites exploitations suite de la hausse croissante des coûts et employant une abondante main-d'œuvre de la baisse des prix due a la surproduc- qui enregistrent la productivité à l'hectare tion. Au lieu de penser à accroitre la pro- la plus élevée. L'Occident pratique une duction, il serait plus logique, du point de forme d'agriculture qui ne pourra pas être vue économique, de chercher les moyens poursuivie, car elle exige l'emploi d'une de réduire les coûts. quantité toujours croissante d'engrais à seule fin de maintenir les taux actuels de Q. : Pensez-vous que la technologie production On a tendance a penser que appropriée fera de nouveaux progrès ?

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 203 ASSOCIATION MONDIALE DE PROSPECTIVE SOCIALE WORLD SOCIAL PROSPECTS ASSOCIATION

VOICI L'AMPS... par Albert Tévoedjré*

Le passé nous a montré ce que nous vou- ment qui éclaire aujourd'hui notre projet lons pour aujourd'hui. Les angoisses mais et notre destin : aussi les espérances du futur nous « Le sang versé pour la liberté des hom- apprennent ce que nous devons refuser dans le présent. mes est bien trop abondant et il est bien trop précieux. Fleuve sacré qui nous L'Association Mondiale de Prospective porte, il nous interdit la somnolence des Sociale réunit des hommes et des fem- fainéants et des naïfs. Joignons-nous mes qui se sentent appelés par le devoir donc à tous ceux, de par le monde, qui se de vigilance pour faire échec aux forces proclament « conspirateurs pour l'an qui, sur le plan national ou international, 2000». Avec eux nous voulons donner veulent exploiter l'homme dans ses fai- sens et valeur à notre devoir de résis- blesses et le déshonorer dans ses diffé- tance. Nous voulons avec Simon Bolivar rences. <> jeter les bases du Contrat Social qui doit former de tout ce monde une nation de Les grands problèmes qui défient notre Républiques ». planète, ce sont ces maladies sociales (villes incontrôlables, chômage, torture, Je souhaite que ces lignes ne vous lais- toxicomanie, sous-développement, pros- sent pas indifférents. titution d'adolescents, etc.) qui traduisent En mobilisant autour de vous des agences la misère de l'homme abusé, négligé dans gouvernementales et non gouvernemen- ses aspirations et ses besoins fondamen- tales, des universités, des centres de taux. Ce sont les maladies internationales recherche, des organismes de dévelop- qui germent d'un ordre où l'on ne s'étonne L'une des conquêtes fondamentales de pement technologique, des laboratoires plus de la domination consacrée, de notre époque est l'éclatement du mono- d'innovation sociale et d'autres centres l'injustice organisée, de préjugés institu- pole du savoir, de la technologie, de la supérieurs de promotion humaine pour tionnalisés. culture que l'on a voulu abusivement res- qu'ils apportent leur appui à ce nouveau Pour aider à maîtriser ces problèmes, il treindre à quelques-uns, souvent par vio- carrefour international que constitue déjà faut des femmes et des hommes, pas seu- lence et arrogance, au mépris du reste du l'Association Mondiale de Prospective lement pour leur force de travail ou leur monde. Les réalités de notre univers ont Sociale, vous contribuez directement a ce intelligence, mais surtout pour leur cons- changé, ses vérités aussi. Aujourd'hui il changement que vous voulez pour vous- cience et leur résistance, capables de sai- faut compter avec ceux qui ne comptaient même, vos enfants, votre pays. sir et de comprendre les pulsations de pas, il faut penser avec ceux à qui on refu- En adhérant vous-même à l'AMPS. en notre univers, capables de faire agir posi- sait le pouvoir de la pensée. Il y a de nous indiquant les sujets qui devraient tivement les architectes du développe- Genève à Dimbokro, de New York à Jac- préoccuper les semaines internationales ment et tous ceux qui partagent le gouver- mel, des hommes et des femmes qui cher- de prospective sociale que nous organi- nement du monde. Voilà l'origine et le fon- chent à mieux vivre avec des méthodes et serons à Genève chaque année à partir dement de l'Association Mondiale de des outils divers, mais tous valables, de 1984. et poussant a l'établissement Prospective Sociale. qu'ils ont intérêt à développer ensemble. rapide d'une Académie internationale L'Association Mondiale de Prospective Pour que nos idées résonnent dans l'opi- pour penser le futur de nos sociétés, vous Sociale, par tous les instruments qu'elle aurez immédiatement réalisé un acte de nion, pour qu'elles pénètrent les centres construit avec ténacité, vise à renforcer de pouvoir et de décision, notre Associa- salut public, le XXIe siècle est à nos por- notre volonté commune de mieux penser tion tient à se prolonger à travers une ins- tes. Rassemblons nos énergies pour fon- et de mieux opérer les transformations tance permanente qui lui confère une der les certitudes de l'espérance. sociales nécessaires à notre survie col- autorité morale universelle. Tel est le but de l'Académie internationale de prospec- lective dans le respect des valeurs essen- tive sociale qui a pour vocation de pro- tielles de solidarité qui fondent la condi- mouvoir l'application de la méthode pros- tion humaine ensemble vécue et ensem- pective dans la gestion des affaires du ble partagée. (*) Secrétaire géneral de l'Association mondiale de Prospective sociale Directeur de l'Institut internatio- monde. C'est bien cela que nous avons réaffirmé nal d'Etudes sociales (BIT.). au Congrès de Caracas dans un engage-

204 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES, 4/1983 LES PROJECTS DE L'AMPS

La Déclaration de Caracas a donné man- sur le futur, de favoriser la confrontation, les et à l'organisation d'activités interna- dat au Secrétaire général de l'AMPS de l'application et l'exploitation des résultats tionales décidées par le Conseil exécutif renforcer les activités de l'Association : de ces études, enfin de décerner chaque de l'AMPS. année un prix de prospective sociale », « a) par la création dans tous les pays et Parmi ces activités figure en bonne place zones géographiques d'associations L'accomplissement de ce mandat est déjà l'appui au projet de création à Yamous- nationales, sous-régionales et régionales soukro (Côte d'Ivoire) d'un Institut Inter- de prospective sociale; en cours. L'année 1983-1984 est consacrée à national de Hautes Etudes pour le Déve- » b) par l'organisation, chaque année, l'organisation d'un Secrétariat perma- loppement placé sous le patronage du d'une semaine internationale de prospec- nent, avec l'appui du Gouvernement du Président Félix Houphouét-Boigny et dont tive sociale; Québec. le but sera de former des stratèges du développement et des négociateurs inter- » c) par la création d'une Académie inter- Ce Secrétariat veillera à la promotion de nationaux toujours plus compétents et nationale de prospective sociale, chargée l'Association, au recrutement des mem- toujours plus ouverts aux priorités du tiers d'encourager dans le monde les études bres, à la création d'associations régiona- monde. AMPS IN ACTION

In spite of its limited financial resources the slowing down of growth rates and Congress was given an account of the life AMPS held its First Congress in Dakar in continuing incrases in productivity in the of Simon Bolivar the « Liberator » and his 1980 at the invitation of President Leo- countries of the North, Its research into fight against inequality and injustice, and pold Sedar Senghor and the Government social futures discussed such matters as for his people's advance towards basic of Senegal. multiplication of productive jobs in activi- freedoms and political and social organi- ties oriented towards the satisfaction of sation. The Congress found Simon Boli- His excellency President Abdou Diouf basic needs in developing countries, and var's ideas on social progress surprisingly made the opening speech in which he as regards industrialised countries crea- modern and topical; praised Gaston Berger's outstanding tion of activities in the « third non-market contribution to the development of social sector » and better distribution of working - the world of work and the development of prospects. time; intelligence. The Congress discussed the The congress was attended by resear- systematic development of intelligence, - contracts of solidarity. Discussion by the chers, prominent politicians, and men and imagination and creativity from the point Congress of future « co-operation » took women of action from many countries. of view of raising the status of work for all, Its agenda included - as its starting point critical analysis of pre- especially the disadvantaged (such as sent practices in political, economic, migrants, women, the handicapped, and - the ability of society to meet its basic social and cultural co-operation. Solida- unskilled young people). The functions of needs : The Congress discussed why rity contracts as a possible alternative universities, workers' organisations, and these needs were not being met, putting form of co-operation were studied with industry were discussed from this point of key questions like : What is the impact of reference to their partners, objectives, view; social and political institutions on the sys- means and types of obligations characte- tem of production (orientation in the direc- rising these agreements, with a view to - the social consequences of rapid urbani- tion of heteronomous production with the extending specific experiences to the sation. The cities are becoming more and more gigantic every year. What will accent on market value, or orientation establishment of a new international become of their inhabitants ? The rural towards autonomous production with order. population is migrating to the towns, emphasis on utility) ? They also examined A working party specially supported by whose population grows quickly and too action strategy for social mastery of the Agence de Coopération Culturelle et often chaotically, and the new towndwel- needs; Technique studied these maters from the lers have to live in a strange environment point of view of young people and women. in all the unhamppiness of profound men- - rural development The Congress dis- This important First Congress led to the tal disarray. How should we cope with cussed the causes of the deterioration of publication of « What kind of world tomor- rapid urbanisation, humanise towns, the food situation, and prospective for a row », a book still in great demand. make living in the country as attractive as different rural development (such as In 1983 AMPS reached full maturity at its it used to be, maintain an acceptable qua- reform of the agrarian system, reorganisa- Second Congress, held in Caracas with the lity of life, provide housing fit for human tion of the system of distribution, diversi- valued support of the Government of habitation, and so on ? What should be fication of production, participative arran- Venezuela. The inaugural speech was done to prevent the growth of slums and gements permitting the rural populations made by His Excellency Dr. Luis Herrera concrete jungles ? to take their destiny into their own hands, Campins, President of the Republic. and area development); The Congress discussed the following subjects ; - employment policies. The Congress dis- (*) Secretaire general de l'Association mondiale de cussed these policies with reference to - The contribution of Simon Bolivar to two the structural causes of unemployment, hundred years of social progress. The

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 205 Le dossier des Collectivités locales

CONFERENCE DES CAPITALES NATIONALES ET REGIONALES ET DES VILLES DE L'EUROPE

« LA VILLE ET LA PAIX »

Nous faisons volontiers écho aux récents travaux de la Fédération mondiale des Villes Jumelées - Citées-Unies, qui se sont tenus à Madrid lors de la conférence des capitales nationales et régio- nales sur le thème « La ville et la Paix ». On trouvera ci-après un discours du président-fondateur du Mouvement, M. Jean-Marie Bres- sand, introduisant une proposition d'inscription, parmi les Droits de l'Homme, du « Droit de l'Homme et des Cités a la fonction transnationale ». Aussi une note sur une initiative des autorités françaises à propos de la création du poste de délégué à l'action extérieure des collectivités locales suivie des commentaires officiels. Tout en croyant devoir se féliciter formellement de cette initiative, la FMVJ ne cache pas sa crainte d'une certaine mise en tutelle des collectivités plutôt qu'une décentralisation. Cette crainte nous semble assez fondée sur un principe de sou- veraineté dépassant les frontières de la France pour que nous y fassions écho. Le dossier est complété par un article du député Alain Vivier, Président de l'Association française pour les Cités-Unies, sur l'action des collectionités publiques en faveur du développement.

I LE DROIT DE L'HOMME ET DES CITES A LA FONCTION TRANSNATIONALE Si l'Etat est au service de l'homme - et d'une Résolution de l'Assemblée Géné- pation des peuples rassemblés dans non pas obligatoirement l'inverse - celui- rale des Nations Unies. leurs collectivités de base et engagés ci se doit non seulement de ne pas priver dans la coopération internationale. Les plus hautes autorités morales et reli- l'homme de ses prérogatives, mais encore Les Organisations Internationales Non gieuses ont mis l'accent sur l'obligation de l'aider à les exercer, soit individuelle- Gouvernementales (OING), même celles incombant aux Nations Unies de faciliter, ment, sort au sein des collectivités de qui présentent un indéniable caractère non seulement aux gouvernements natio- base dont il fait partie. Et ce qui vaut pour d'intérêt général, sont écartées des ins- naux, mais aux corps intermédiaires (col- l'Etat-nation est encore plus vrai pour les tances de décision et d'exécution, malgré lectivités locales et régionales, vie asso- autorités internationales. un système (dérisoire) de consultation. ciative, etc.) et aux individus, « l'accom- Il s'agit là d'un principe fondamental gou- Cette attitude tutélaire pouvait passer plissement de leurs fonctions, l'observa- vernant les relations humaines, dit prin- pour légitime tant que l'homme de la base, tion de leurs devoirs comme l'usage de cipe de subsidiarité. Le concept plus dans sa communauté locale dépourvue leurs droits, dans des conditions de plus moderne de participation est venu renfor- de moyens de communication internatio- grande sécurité ». cer ce principe. nale, n'était pas en mesure d'assumer par Depuis la fin de la Seconde Guerre Mon- Or, c'est un fait que les administrations lui-même la moindre fonction transnatio- diale, et plus particulièrement durant les des Grandes Organisations Intergouver- nale. Mais la tutelle, qu'elle soit nationale deux dernières décennies qui ont connu nementales, se comportent comme le ou internationale, en principe protectrice, un mouvement sans précédent de libéra- font, traditionnellement, les Pouvoirs cen- devient oppressive quand, hostile à la tion et d'émancipation, des hommes poli- traux des Etats. nouvelle dimension et aux nouvelles tiques de toute tendance, dans tous les Comme ceux-ci, elles se montrent jalou- capacités que l'homme tire de la fulgu- continents, ont reconnu, du moins de ses de leur autorité. Courant le risque de rante révolution de l'information et des façon théorique, le rôle pacifique transna- se priver du concours de l'opinion publi- transports, ainsi que de l'essor des tional que peuvent remplir les collectivités que pour la réussite de leur propre politi- connaissances intellectuelles et techno- locales et régionales engagées dans des que visant à internationaliser les problè- logiques, elle entend lui refuser tout actions de coopération, notamment les mes et leurs solutions, ces administra- jumelages réalisés sous l'égide de la tions, paralysées par leur démesure, par Federation Mondiale des Villes Jumelées- • Président-délégué de la Federations mondiale des leurs procédures et leur boulimie adminis- Villes jumelées. Fondateur Ou Mouvement Confé- Cités Unies (FMVJ). qui ont fait l'objet trative, ne se soucient guère de la partici- rence lenue á Madrid du 15 au 16 juin 1983.

206 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES. 4/1963 Le dossier des Collectivités locates

affranchissement, toute émancipation. dans des associations de fait ou de droit, tale d'intérêt général, a vocation à la fonc- toute adaptation, pour le tenir en perpé- loin de s'opposer aux Etats ou aux inter- tion transnationale dans un domaine sans tuelle situation de mineur, au lieu de Etats, entendront soutenir à leur échelon cesse élargi, civique et social, aussi bien l'associer au gouvernement de ses actes les efforts que ceux-ci déploient pour har- qu'économique et culturel, et peut préten- individuels ou collectivement consentis. moniser les rapports mondiaux et les arti- dre, dans l'exercice de cette vocation, non Infidèle à sa mission, le tuteur entend culer avec des relations de coopération seulement à la neutralité bienveillante, alors imposer ses propres vues et inté- intercommunale et régionale. Encore faut- mais encore à l'aide matérielle et morale rêts, satisfaire ses appétits de domination il que la possibilité pour l'homme d'agir de ceux qui sont ses mandataires natio- exclusive ou ses conceptions idéologi- au-delà des frontières ne soit pas consi- naux et internationaux : les Etats, les ques, au mépris de l'épanouissement de dérée comme une faveur, une simple tolé- Nations Unies et Institutions spéciali- l'homme et de plans de développement rance toujours révocable selon le bon sées ». mieux concertés et mieux adaptés aux plaisir du prince, mais comme un attribut Ce droit solennellement affirmé confére- réalités locales. de l'homme, émanant de lui-même, qui a rait une autorité accrue aux Organisa- Contre cet abus, entre tant d'autres, le droit et même le devoir d'en user et d'en tions Non Gouvernementales engagées contre ce centralisme excessif, les défen- faire respecter l'usage. dans la coopération internationale et ren- seurs des droits de l'homme doivent s'éle- C'est pourquoi la Conférence des capita- forcerait leurs activités au service de la ver pour proclamer que les individus, les nationales et régionales de l'Europe communauté internationale. Il donnerait seuls ou groupés dans leurs communau- propose à la prochaine Assemblée Géné- une puissante impulsion à la paix interna- tés de base, ont vocation a la « fonction rale des Nations Unies, l'adjonction sui- tionale et introduirait un facteur d'effica- transnationale » dans un domaine sans vante à la Déclaration Universelle des cité supplémentaire dans la nouvelle stra- cesse élargi, civique et social, aussi bien Droits de l'Homme : tégie du développement économique et qu'économique, culturel ou spirituel, et social qui s'élabore après trois décennies qu'ils peuvent prétendre dans l'exercice d'insuccès. de cette vocation, non pas à une neutra- Proposition d'inscription parmi Les cités sont par excellence les protago- lité bienveillante, mais a l'aide matérielle les droits de l'homme : et morale de ceux qui sont leurs manda- nistes de la Paix, les réalisateurs du taires nationaux et internationaux. « Droit de l'homme Développement et l'espace privilégié du Les uns et les autres y trouvent indubita- et des cités à respect des Droits de l'Homme. Elles sont blement leur compte, quand les hommes, la fonction transnationale » les plus aptes a écarter les menaces de conscients de leur faiblesse et de l'utopie guerre par la coopération qu'elles instau- « Toute personne ou toute collectivité de la plupart des gestes solitaires en rent entre elles et par leur compréhension matière internationale, librement groupés publique territoriale, locale et régionale, réciproque des problèmes humains. ou toute organisation non gouvernemen-

NOTE SUR LA CREATION DU POSTE DE DELEGUE A l'ACTION EXTERIEURE DES COLLECTIVITES LOCALES

La création du poste de délégué pour les de la FMVJ (le « Monde bilingue », à l'épo- mission de veiller à ce que la politique relations extérieures des collectivités que) avait permis que soit votée par le extérieure engagée par les collectivités locales, auprès du ministère français des Parlement une résolution abrogeant ce locales (jumelage ou. surtout, accords de Relations extérieures, met l'accent sur » droit de tutelle ». Toutes les parlemen- coopération économique...) ne soit pas l'importance des relations internationales taires-maires pratiquant les jumelages ne incompatible, tant en raison du choix du des villes et régions, considérées comme vont-ils pas réagir, au minimum dans un moment que du rythme, avec la politique une composante de la politique interna- premier temps, par des questions au gou- extérieure franàaise. Cette harmonisa- tionale française. A ce titre, tous ceux qui vernement demandant des précisions sur tion a été jugée d'autant plus nécessaire œuvrent pour ces relations et. en premier par le Quai d'Orsay que. dans le cadre de le rôle exact du Délégué aux relations lieu, !a Fédération mondiale des villes leurs nouvelles compétences, les collecti- extérieures des collectivités locales : sou- jumelées - Cités unies (FMVJ). ne peu- vités locales - et surtout les plus impor- tien ou tutelle de ces relations ? vent que s'en féliciter. tantes d'entre elles, c'est-à-dire les Les commentaires qui ont accompagné, régions - seront sans doute progressive- dans le Bulletin quotidien du 16 mais ment amenées à développer leur action annonçant la nomination à ce poste de M. COMMENTAIRES DU extérieure. Il faut d'ailleurs rappeler que la Yves Delahaye, ministre plénipotentiaire, BULLETIN QUOTIDIEN loi du 2 mais 1982 relative aux droits et chargé de « veiller à ce que la politique OFFICIEL FRANÇAIS libertés des communes, départements et étrangère des collectivités locales (jume- régions, évoque déjà ce problème dans lages ou, surtout, accords de coopération (16 mai 1983) son article 65 qui dispose : «Deux ou plu- économique...) ne soit pas incompatible, sieurs régions peuvent, pour l'exercice de tant en raison du choix du moment que du Le délégué pour l'action extérieure des leurs compétences, conclure entre elles rythme, avec la politique extérieure fran- collectivités locales sera chargé de veil- des conventions ou créer des institutions çaise », laissent craindre cependant une ler à la compatibilité de la politique exté- certaine mise en tutelle des collectivités rieure des collectivités locales avec la plutôt qu'une décentralisation réelle. politique étrangère française. Par le passé, en 1956. un décret avait pré- (1) Commentaire de François Grosnchard « Le Monde tendu réglementer les jumelages. L'action Le délégué, qui sera rattaché au minis- dec 20-7-1983 » tère des Relations extérieures, aura pour

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS. 4/1983 207 Le dossier des Collectivités locales

d'utilite commune. Le conseil régional champ de liberté qui s'ouvre a elles, les - Apporter un concours aux commissai- peut décider, avec l'autorisation du gou- nouveaux « champions » de la décentrali- res de la République pour tout ce qui tou- vernement, d'organiser, a des fins de sation, et notamment les régions dans le che à l'action extérieure des collectivités concertation, et dans le cadre de la coo- cadre de la coopération transfrontalière, locales; pération transfrontalière, des contacts risquent de conduire une politique étran- - Etre, en liaison avec les commissaires réguliers avec des collectivités décentra- gère différente -voire contraire ou simple- de la République, le conseiller des collec- lisée étrangères ayant une frontière com- ment inopportune - de celle de l'Etat. Un tivités locales pour leurs relations avec mune avec la région », coordonnâtes s'imposait donc au nom de l'extérieur; la cohérence et de l'unité nationales, l'esprit de la décentralisation dût-il en - Assurer une action générale de coordi- souffrir quelque peu. nation entre les différents ministres et leurs services à Paris. Placé auprès du secrétaire général du L'ŒIL DU QUAI D'ORSAY ministère des relations extérieures. M. Les régions, les départements et les villes Delahaye porte le titre de délégué pour « Je dois me garder d'un double risque, dit- ont désormais « leur » ambassadeur. Non l'action extérieure des collectivités loca- il. D'abord ne pas me laisser submerger de pour les représenter à l'étranger ou pour les. Par son intermédiaire, le gouverne- demandes d'informations. Comptez le nom- faciliter leurs contacts commerciaux ou ment sera informé « de manière systémati- bre de maires, de conseillers généraux, de politiques avec les pays lointains d'Amé- que et régulière » de l'action des collectivi- conseillers régionaux, de commissaires de rique ou d'Extrême-Orient. Pour cette tés, il pourra les conseiller, et il veillera à la République et de chefs de postes diploma- tâche, et avant même [es lois de décentra- ce que « tes initiatives des communes, tiques à l'étranger. Mais en même temps je lisation, les collectivités locales avaient départements et régions respectent les ne veux décourager personne et remplir créé ici un bureau, là mis sur pied une mis- règles fixées par la Constitution et par la loi complètement ma mission d'information. Et sion de prospection, signé ailleurs un pro- et n'interfèrent pas défavorablement avec la puis, je suis, dans ma fonction, situé entre tocole de coopération, développé les politique étrangère de la France ». les défenseurs du jacobinisme - et il en jumelages, facilité l'échange d'étudiants, reste! - et les décentralisateurs d'avant- de chefs d'entreprise, d'ingénieurs, de Les quatre missions de M. Delahaye sont : garde, c'est délicat... » capitaux. - Recueillir les informations concernant Le rôle de M. Yves Delahaye, ministre plé- les relations entretenues par des collecti- nipotentiaire, obéit à un autre objectif qui vités locales françaises avec des collecti- M. Delahaye compte d'abord, pour réussir, a été clairement indiqué dans la circulaire vités locales étrangères, en faire l'ana- sur une approche pragmatique. Mais, de M. Lauroy, en date du 26 mai 1983, lyse, et appeler l'attention du gouverne- avec seulement une secrétaire, I' relative à l'action extérieure des collecti- ment sur les problèmes qui peuvent se « ambassadeur des régions » a de quoi vités locales. Encouragés par l'immense poser à cet égard; faire pour l'été. (1).

L'ACTION DES COLLECTIVITES PUBLIQUES EN FAVEUR DU DEVELOPPEMENT

Deux décennies du développement, pendant du système mondial des rela- Et pourtant, à condition de changer de déroulées sous l'égide de l'Organisation tions économiques. stratégie, ce chaos n'est pas inévitable. des Nations Unies et de ses Institutions Une somme à peu prés égale au total de spécialisées, se sont soldées globale- Prenons le seul exemple des intérêts à cette dette, soit plus de 600 milliards de ment par un échec, selon le constat des payer de la dette globale des pays en dollars, soit un million de dollars par observateurs et de l'aveu même de leurs développement. D'après les chiffres cités minute, est dépensée chaque année sur promoteurs. Le fossé a continué de se lors de la dernière session du Fonds la planète en armements. creuser entre les pays pauvres et les pays monétaire international et de la Banque Il suffirait d'un modeste pourcentage de riches, et, à l'intérieur d'un même pays, des règlements internationaux, cette réduction sur un tel budget(1) pour que la entre les riches et les pauvres. dette s'élève à 640 milliards de dollars. dette et les intérêts fussent épongés en La crise économique et sociale s'est Un tel poids interdit toute avancée écono- moins de vingt ans et les budgets de coo- aggravée dans le monde entier. C'est une mique, tout progrès du niveau de vie. Le pération considérablement accrus. sorte de « violence structurelle » qui remboursement de la dette lui-même, Ce simple exemple illustre le lien qui s'instaure à demeure. Les causes et la d'aléatoire qu'il était déjà, devient impos- subordonne une stratégie nouvelle du description en sont aujourd'hui bien sible : 450 milliards de dollars sont déjà développement à un accord général sur le connues. Plutôt que de s'attarder à les considérés comme non-recouvrables, soit désarmement et. en conséquence, à la rappeler une fois de plus, les experts et quatre fois plus que le budget annuel de paix du monde. Les conditions se trouve- les responsables, se fondant sur des ana- l'Etat français, plus que la capitalisation raient alors réunies pour que Je discours, lyses concordantes, s'efforcent totale des banques occidentales. aujourd'hui d'élaborer une nouvelle stra- facilement unanime, sur les droits de tégie de la coopération; au lieu de s'inspi- rer des modèles industriels, elle s'ouvri- Des réactions en chaîne se préparent, mettant en péril tout le système économi- (*) Rapporteur du budget de la coopération a l'Assam- rait davantage aux diversités locales, à blée nationale française. Président de l'Association leurs aspirations, à leurs besoins, à leurs que et social, péniblement établi par deux française pour les Cités-Unes. propres responsabilités, et tiendrait siècles d'efforts industriels et commer- (1) A plusieurs reprises, des hommes politiques, comme le Président Edgar Faure et le President mieux compte des répercussions de leur ciaux, sans que l'on puisse prévoir ce qui sortirait d'un tel chaos, si ce n'est un sur- Leopold Sedar Senghor, ont propose des réductions développement sur l'ensemble interdé- sur les budgets des armements au profit de la lutte croît de misère et de violence. contre le sous-développement.

208 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES. 4/1983 Le dossier des Collectivités locales

l'Homme, exprime enfin, non plus des forcement de formes non étatiques de On ne peut qu'applaudir à cette pétition vœux, mais une réalité vécue. coopération pour mobiliser davantage de du Rapport précité du Commissariat Le développement est conditionné par le moyens, et propose de faire transiter et Général au Plan, en espérant qu'elle ne désarmement et conditionne le respect gérer par les organisations non gouverne- restera pas un vœu pieux. mentales (ONG) une partie importante des droits de l'Homme. De très nombreuses demandes de jume- des budgets de coopération. Réciproquement, la défense des droits de lages-coopération, venant surtout d'Afri- Même préoccupation au niveau du Prési- l'Homme implique un développement que, demeurent en attente car leur man- dent de la République lui-même, François que le déclic initial, l'investissement de général, rendu possible par un désarme- MITTERRAND, lorsqu'il écrivait, le 1er juin départ, qui leur permettrait de mettre en ment lui aussi général- 1982, aux dirigeants de la FMVJ-Cités marche leur dispositif d'action. Si l'expé- Ces trois objectifs se conjuguent dans la Unies : plus rigoureuse des corrélations : Désar- rience décevante de deux décennies mement, Développement, Droits de « Je note que les programmes de coopé- appelle des innovations, la FMVJ propose ration avec les pays en développement solennellement d'introduire sa méthode l'Homme, constituent les trois composan- ont souvent recours aux ONG qui sont de coopération dans l'ensemble des pré- tes de la Paix, les trois conditions simul- très proches des populations locales. visions de programme et de budgets de tanées pour que tous les hommes, sur C'est pourquoi il est bon que dans le bud- l'ONU et des Institutions spécialisées, toute la terre, connaissent enfin une vie get de l'ONU, et dans le budget de l'Etat ainsi que dans les budgets de coopéra- plus humaine. français, une certaine proportion des cré- tion des gouvernements, comme l'une des C'est dans cette perspective tridimen- dits soit réservée au cofinancement de innovations déjà éprouvées qu'exigé sionnelle que, bien avant la fin de la pre- tels projets de développement ». d'urgence la situation actuelle des rela- mière décennie des Nations Unies, la Depuis quelques années, la pratique du tions internationales. On demande par- Fédération Mondiale des Villes Jumelées- jumelage-coopération s'est élargie en tout un changement de stratégie : la par- Cités Unies (FMVJ) a voulu contribuer à jumelages triangulaires. Ces derniers ont ticipation des collectivités locales et renouveler la stratégie du développe- pour caractéristique de rassembler dans régionales, et par conséquent des popu- ment. Elle a propose et mis en œuvre, une même coopération trois villes de pays lations, à des actions concertées et sui- dans la mesure de ses seules ressources, différents: une de pays en développe- vies de développement, est à la base d'un une modalité inédite de coopération inter- ment, deux de pays industrialisés. En renouveau de la coopération et de la vie nationale : les jumelages-coopération Europe, c'est l'occasion pour les jeunes, internationale. intercommunaux (2). notamment, de travailler ensemble à la construction européenne et à un grand On assiste aujourd'hui à des jumelages dessein mobilisateur : la lutte contre le de régions, où le facteur économique sous-développement éducatif et écono- EXEMPLE prend évidemment une place prépondé- mique des peuples du Tiers Monde. DE REALISATION D'UN Ainsi, le développement avancerait, lente- rante. Mais aussi, quels progrés invisibles JUMELAGE-COOPERATION : ne pourrait-on signaler dans les relations ment peut-être, mais sûrement, à la base interpersonnelles qui naissent des même de la vie sociale, !a commune, et à - A partir d'une subvention de échanges directs entre les citoyens de la base même de la paix. 45.000 F.F. allouée par le Gouvernement communes et régions différentes ! Comparée aux immenses mouvements de français au Comité de Jumelage de LOU- Ces investissements multiformes produi- capitaux qui sont au pouvoir de la coopé- DUN, commune d'environ 10.000 habi- sent, en outre, des résultats adaptés, ration intergouvernementale et qui abou- tants, un budget de 244.735 F.F. a pu être durables et répétés. Ils sont l'un des fac- tissent à une situation déplorée par le dégagé par ce Comité en faveur de la ville teurs les plus sûrs d'un développement monde entier, la coopération intercommu- jumelle de Haute-Votta, OUAGADOU- endogène, A cet égard, nous ne pouvons nale peut paraitre dérisoire, une goutte GOU. que souscrire aux observations de Pierre d'eau dans un océan de misère. Du moins, - La contribution de la municipalité et des DROUIN ( 2 ) : là où ses moyens limités lui permettent de citoyens de LOUDUN a donc été de s'exercer, elle obtient des résultats posi- 199.753 F.F. A ces sommes s'ajoutent, « II est capital que l'aide ne s'éparpille tifs, sans causer de déséquilibre, et en plus mais aille d'abord vers les popula- formant un total à peu près équivalent, les suscitant une libre participation des engagements propres de la ville en déve- tions rurales qui constituent 70% des populations qui s'engagent dans des pro- loppement elle-même, et de ses citoyens. habitants des pays en développement. Il jets élaborés en commun. Un franc de Ainsi, la part des habitants des deux villes ne s'agit plus de songer à d'énormes fonds d'Etat, pour amorcer un mouvement plans d'irrigation, d'où les arriérés-pen- de jumelage-coopération, déterminera un jumelées a été plus de dix fois supérieure sées politiques ne sont pas absentes, engagement dix fois supérieur de la part à la part gouvernementale transmise à mais à des travaux à ras de terre, à la mul- des citoyens des collectivités locales. LOUDUN par la FMVJ. Quels sont les cré- tiplication des puits et des pompes qui dits des budgets intergouvernementaux Que n'obtiendrait-on pas, par cette ont, eux, une plus forte incidence sur la qui peuvent se prévaloir d'un productivité méthode directe, aux projets modestes réduction de la pauvreté. Démarche qui comparable ? mais immédiatement adaptés, aux inci- est de mieux en mieux comprise, heureu- dences pacifiques sur les les relations Il en est de même, avec quelques varian- sement, à la Banque mondiale ». personnelles établies, si les pouvoirs gou- tes, pour ANGERS, jumelée avec Puisse la Banque passer rapidement de vernementaux et intergouvernementaux, BAMAKO (Mali), CHAUVIGNY avec BAN- celte heureuse compréhension à ses à titre expérimental, affectaient seule- FORA (Haute-Volta), SAINTES avec conclusions pratiques ! ment un centième, un millième, un dix-mil- TOMBOUCTOU (Mali), VIRE avec FRAN- De même, nous approuvons entièrement lième de leurs crédits de coopération CEVILLE (Gabon), etc. les recommandations du groupe Nord- internationale à cette part d'une stratégie Sud de préparation du IXème Plan, en nouvelle que représente la technique des date du 20 juin 1983, qui suggère le ren- jumelages-coopération ! «Tout Etat ne devrait avoir pour seule ambition que d'aider cette innovation diversifiée pour la relier, l'enrichir, la coor- donner au lieu de chercher toujours à la doubler, à voir ses propres structures, (1) Voir en annexe un exemple de realisation d'un (2) Voir en annexe un exemple de realisation d'un jume- jumelage du type - coopération » lags du type « coopération » pour finir par la méconnaître ». er (3) Le Monde 1 octobre 1982 (2) -Le Monde-, 1er octobre 1982.

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 209 YEARBOOK OF INTERNATONAL ORGANIZATIONS Volume 2

International Organization Participation Country directory of secretariats and membership 1st edition 1983/84, ca. 1,100 pages. Bound. DM 428.00 ISBN 3-598-21857-5 Secretariat countries Membership countries This part lists by country the international organi- This part lists, for each country, the international zations which maintain headquarters or other organizations which have members in that country. offices in that country. Address details are given For each such organization listed, the interna- in each case. tionalheadquarters address is given, in whatever Number of entries: ca. 15,000 country that is located. Example: Over 780 bodies are listed for Switzer- Number of entries: ca. 110,000 land, over 300 for Denmark, over 1,700 for France. Example: Over 1,500 international bodies are listed for Japan, over 500 for Kenya, over 2,900 for France.

In both parts the organizations are grouped by Yearbook section within the countries, with an indication as to whether they are intergovernmental or not. The entry number of the description of the organization in Volume 1 is given, so that Volume 2 may also be used as an index. Names of organizations are usually given in English, if that is a working language of the body (users inter- ested in French or other language versions, by country or on microfiche, should contact the editors). Address details include telephone and telex. Also included are detailed statistical tables summarizing the information in various ways.

This computer-generated directory constitutes a unique guide to the involvement of any given country in the international community of organizations. Such infor- mation is normally not available to development agencies, governments, scholars, or to those offering services to international bodies associated with a particular country.

Edited by: Union of International Associations, Brussels Published by: K G Saur Verlag München - New York • London • Paris ECHOS DE LA VIE ASSOCIATIVE NEWS ON ASSOCIATIVE AFFAIRS

Les grands programmes de l'Unesco Le bureau du Comité permanent des ONG Unesco, à l'appel de sa présidente Mme Lafitte, sollicite des membres de sa Conférence les informations nécessaires à une réflexion sur le grand programme I de l'Unesco ayant trait aux « problèmes mondiaux » et aux « études prospecti- ves », qui portent notamment sur les moyens d'associer les ONG au « réseau international d'analyses et de recher- ches ». Les suggestions des ONG Unesco sont également requises pour les autres grands programmes et essentiellement tout ce qui concerne l'éducation.

I'OMI a fêté son vingt-cinquième anniver- saire le 17 mars. C'est le 17 mars 1958, en effet, que l'Egypte et le Japon ont ratifié la Convention portant création de l'OMI, remplissant ainsi les conditions nécessai- res à son entrée en vigueur. l'Assemblée s'est réunie pour la première fois en janvier 1959, La création de l'OMI a coïncidé avec l'avè- nement d'une ère nouvelle pour l'industrie mondiale des transports maritimes. Jamais auparavant la flotte mondiale n'avait connu une expansion aussi spec- taculaire, non seulement du point de vue du tonnage - celui-ci était prés de 4 fois plus élevé en 1982 qu'il ne !'avait été en 1958-mais à d'autres points de vue éga- lement. Les navires ont vu augmenter leur taille - navires-citernes et transporteurs de vrac surtout - et leur vitesse. Un nombre crois- sant de navires de types nouveaux ont fait Le nouveau Siège de l'OMI sur la rive sud de la Tamise leur apparition. l'OMI- qui était connue jusqu'en mai 1982 sous le nom d'Organisation intergouver- nementale consultation de la navigation maritime (OMCI) - a répondu à ce défi en élaboratn et en adoptant une large gamme de conventions, de recueils de règles et de recommandations concer- nant la sécurité maritime, la prévention de la pollution et d'autres questions. Entre 1960 et 1979. l'Organisation a adopté à elle seule 18 conventions.

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 211 diants et Caritas International, se réu- et, s'agissant notamment de l'Afrique, le nira le lundi 10 octobre à l'issue du Comité fait que cette région compte les deux tiers permanent NGO Unesco pour prendre, en de ces pays déshérités (20). accord avec la Division de la Jeunesse de l'Unesco et le Centre des Nations-Unies à Vienne, maître d'œuvre de l'événement, les dispositions préparatoires du Collo- UFI que ONG-Unesco-AIJ 1985 qui aura lieu During its meeting in Marseilles, the UFI vraisemblablement pendant la septième STEERING COMMITTEE unanimously ap- réunion du Comité permanent (19-23 pointed mars 1984). Thème général du Colloque : l'éducation des Jeunes à la Paix, impli- quant la participation des jeunes à la créativité et à leur éducation en relation avec leur futur emploi. Un document de Condition de la Femme propositions concrètes pourrait ensuite Le groupe de réflexion des ONG (Unesco) être élaboré en vue d'une Conférence sur la condition de la femme vise à faire mondiale de l'Unesco pour l'Année inter- mieux connaitre la Convention de Copen- nationale de la Jeunesse (en projet). hague (1980) sur l'élimination de toutes les formes de discrimination. A cette fin il sollicite des ONG une information des Village d'enfants SOS réalisations opérées dans ce domaine et les PMA depuis 1982 (par exemple, ateliers de tra- Mfrs Gerda MARQUARDT vail, séminaires, assemblées générales, On sait l'admirable action d'assistance publications, formation d'animateurs, des « Villages d'enfants SOS » dont la to be the Secretary General of our UNION, etc...) dernière édition de l'Annuaire des Organi- from April 1st. 1983. La question se pose d'une diffusion adop- sations Internationales apprend qu'après tée aux différentes régions aux fins de 20 ans, depuis sa fondation en 1964. Mrs MARQUARDT came to UFI (Union des surmonter les événements mondiaux qui cette organisation compte 104 membres Foires Internationales) April 1 st, 1962 and font obstacle à l'application de la Conven- répartis dans 71 pays. worked from 1962 to 1974 with Mr. Blan- tion. Le dernier bulletin de Village d'enfants chot, UFI Secretary General and thereaf- SOS Belgique rappelle opportunément la ter as assistant to Mr. Weber, the outgo- ing UFI Secretary General. Année internationale situation des pays les moins avancés PMA, les positions exprimées par la In 1977, she was appointed Head of the de la Jeunesse 1985 conférence de ces pays en 1981, les rai- Secretariat General and, in 1981 Deputy Le groupe des ONG de la Jeunesse, sons de s'intéresser au rôle des ONG Secretary General. animé par l'Union internationale des Etu- dans les PMA (282,6 millions d'habitants)

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 213 THE PROFESSIONAL CONFERENCE ORGANISER : A CLIENT'S VIEW

This article has been adapted from a lecture given by Hans Hillebrand to the 7th IAPCO Seminar held at the Wolfsberg Management Center in January 1981. Mr. Hillebrand is a Dutchman and a graduate in international law from the Univesity of Leiden. In the late 1960s he was appointed the first managing director of the permanent secretariat of the International Federation of Consulting Engineers (FIDIC). which now has some thirty-five member associations throughout the world. In this post he was involved in the organisation of a large number of meetings of all kinds. In 1981 Mr. Hillebrand left FlCIC and joined the Netherlands Development Finance Company (FMO) as company secretary, he lives in the Hague.

There are three essential characteristics ence, and knowledge of all aspects of viser and even to a large degree the con- of the successful Professional Confer- congress organisation. fidant of the client. The PCO must be in a ence Organiser (PCO) - integrity, adapta- position of trust, and to attain that position bility, capability - and the greatest of The client will often but not always - there must make every effort to establish a good these is integrity. This was the basic view are notable exceptions - be totally unin- working relationship with the client. With- strongly advanced by Hans Hillebrand to formed and thus entirely dependent on out such a relationship there will be the an IAPCO audience in Switzerland last the professional organiser he chooses but serious risk of a poorly organised confer- year. Me elaborated his theme on the fol- because of his lack of experience will ence, and of damage to the PCO's own lowing lines. have reservations about the additional professional reputation. expense involved in engaging the ser- vices of an expert. He will not realise the A client wishing to entrust to a profession- To end his lecture Hans Hillebrand em- complexity of the organisation of confer- al the organisation of an important, and phasised once again the need for the PCO ences, and may welt be inclined to believe nearly always expensive, meeting will to maintain the highest professional that de could do the job equally well him- look for an organiser, standards, and to make perfectly clear in self - and at a much lower cost. the agreement with the client that he or (a) who is able to understand the objec- In the light of this situation, Mr. Hillebrand she acts fully independently in the sole in- tives of the meeting he or she is re- saw the necessity for a PCO to carry out terest of the client. Therefore the organis- quested to organise; a « fairly substantial » public relations er should be remunerated exclusively by programme, and to explain to potential the fee paid by the client. Should the orga- niser be in a position to obtain certain (b) who is able to translate these objec- clients in some detail the comprehensive services which he or she is able to offer. commissions which couId benefit the con- tives into practical conference ar- ference, such commissions - provided rangements and who is diplomatic Such a programme could best be under- taken by a professional association on that they are declared in advance and ap- and tactful in doing so; behalf of all concerned. proved by the client - could be part of the overall fee to be received by the organiser. (c) who is in a position to offer independ- Given the above «job description », Mr. Only thus will the mutual confidence be- ent and unbiassed advice; Hillebrand had no doubt that a PCO is tween client and organiser be esta- clearly a professional. In addition to the ef- blished, reinforced by the demonstration of the PCO's integrity, adaptability and (d) who is highly qualified in his or her ficient performance of administrative rou- clear understanding of the client's needs. profession, with adequate experi- tine, he or she becomes the personal ad-

TRANSNATIONAL ASSOCIATIONS, 4/1983 215 VIDEOTRANSMISSION Ses usages La vidéotransmission évite des déplace- International ments et permet ainsi un gain de temps La vidéotransmission, nouveau moyen de appréciable. communication de groupe, consiste à trans- Elle est utilisée par des entreprises, des orga- mettre à distance et à projeter sur grand nismes nationaux, régionaux, administra- écran, des images filmées en direct par des tions, associations... pour l'information ou la caméras situées au point d'émission. formation d'un certain public. Elle allie de puissants moyens de transmis- Elle permet aussi de présenter des program- sion (faisceaux hertziens ou satellites) à des mes culturels, artistiques, sportifs. vidéoprojecteurs performants et permet ainsi de démultiplier, en France et dans le Son organisation monde entier, les réunions ou manifesta- Vidéotransmission International (1), groupe- tions organisées pour distraire, former ou ment d'intérêt économique constitué par la informer des publics particuliers. De plus, Direction générale des télécommunications, des liaisons téléphoniques (ou même audio- TDF et SFP, est chargé de réaliser, promou- visuelles) rendent possible un dialogue direct voir, commercialiser les opérations de vidéo- du public avec les acteurs, animateurs et transmission. conférenciers. Son équipe est à la disposition des utilisa- teurs intéressés pour étudier tout problème Vécu collectivement avec la même intensité de vidéotransmission en France et dans le qu'au lieu d'émission, un même événement monde. peut ainsi être reproduit en plusieurs points (1) VIDEOTRANSMISSION International de réception, avec une qualité indépendante 30. rue du Commandant René Mouchotte de la distance. 7567 5 Paris cedex 14 - Tél. : (1) 327.47.05

CHATEAU DE MONTVILLARGENNE

Château de Montvillargenne 60270 Gouvieux-Chantilly Téléphone 16 (4) 457.05.14 - Télex: 150212

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A 15 minutes de l'Aéroport Paris/Charles de Gaulle au cœur de la Forêt de Chantilly

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216 ASSOCIATIONS TRANSNATIONALES. 4/1983