Olivier Messiaen Fête Des Belles Eaux
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OLIVIER MESSIAEN FÊTE DES BELLES EAUX Ensemble d’Ondes de Montréal Maurice Martenot ACD2 2621 Classique ATM A OLIVIER MESSIAEN 1908-1992 FÊTE DES BELLES EAUX [ 35:22 ] pour sextuor d’ondes Martenot 1 Premières fusées [ 2:50 ] 2 L'eau [ 3:01 ] 3 Les fusées [ 1:16 ] 4 L'eau [ 10:01 ] 5 Les fusées [ 1:40 ] 6 L'eau [ 9:27 ] 7 Superposition de l'eau et des fusées [ 1:48 ] 8 Feu d'artifice final [ 5:19 ] FEUILLETS INÉDITS [ 11:19 ] quatre pièces pour ondes Martenot et piano Louise Bessette PIANO • Estelle Lemire ONDES MARTENOT 9 Presque lent et berceur [ 1:59 ] 10 Lent [ 2:31 ] 11 Bien modéré [ 3:55 ] 12 Lent [ 2:54 ] MAURICE RAVEL 1875-1937 QUATUOR À CORDES EN FA MAJEUR 13 1er mouvemen t : Allegro moderato [ 8:30 ] transcriptio n : Ensemble d’Ondes de Montréal ENSEMBLE D’ONDES DE MONTRÉAL Marie Bernard • Suzanne Binet-Audet Geneviève Grenier • Estelle Lemire ONDISTES INVITÉS Louise Larose • Jean Laurendea u LES ONDES MARTENOT e jour où, pendant la guerre de 1914-1918, les passant par Harmonium, Beau Dommage et Arthur H, Lpostes de radio à lampes triodes arrivèrent sur les l’a souvent intégrée à ses trames instrumentales. lieux des combats, avec les sons très purs qu’ils émet - Cet instrument électronique exige la présence taient, Maurice Martenot, fort peu présent à l’esprit continue d’un interprète, à qui il offr e : un clavier de la guerre, rêva plutôt d’en faire un instrument de monodique avec vibrato contrôlé, de façon aussi per - musique pouvant exprimer la sensibilité humaine. En sonnelle que celui d’un violo n ; un jeu à la bague qui effet, bien qu’il fût à l’époque radiotélégraphiste pour donne aux effets de glissandi une âme véritabl e ; une les besoins de l’armée, il était d’abord et surtout un touche d’expression permettant les nuances les plus musicien ayant, selon ses propres termes, le « virus de variées, toutes les articulations et tous les modes l’inventio n ». d’attaque désirables. Ces divers aspects expliquent le La guerre finie, il se mit au travail. En 1928, il donna témoignage de ceux qui en jouent, selon lequel cet un premier concert à l’Opéra de Paris avec ses ondes instrument constitue un véritable prolongement tactile musicales . Ce fut immédiatement un triomphe, et le et sonore du système nerveux. début d’une belle carrière pour le nouvel instrument. Il offre également un jeu de timbres comportant une Plus soucieux d’améliorer son invention que de la grande richesse de coloris. Le timbre électronique faire connaître, Maurice Martenot n’a jamais empêché, « pu r », émanant d’une membrane de diffuseur, cons- néanmoins, les compositeurs d’écrire pour elle ni les titue le son de base de l’instrument. Trois autres instrumentistes d’en jouer – bien au contrair e ! Depuis timbres fondamentaux conçus par l’inventeur peuvent le Poème symphonique de Dimitri Levidis, premier com - être utilisés, qui résultent de la mise en résonance positeu r 1 à avoir écrit directement pour les ondes, un d’éléments non électroniques au départ. Ce sont les grand nombre d’œuvres incluant cet instrument ou cordes tendues de la Palme , le gong , les ressorts , tous l’utilisant comme soliste, ont vu le jour. Les plus hautes trois mis en vibration par des moteurs de diffuseurs. personnalités musicales – tels Ravel, en Occident, ou Chacun peut être affecté par un dosage d’harmoniques Tagore, en Orient – se sont accordées pour reconnaître – progressif ou subit – rendant possible la grande va- aux ondes musicales un pouvoir d’expression tout à fait riété de timbres. Plus récemment, certains ondistes ont exceptionnel. Du reste, même si Martenot était d’abord choisi d’ajouter des résonances électroniques au moyen et avant tout un musicien classique, on s’est intéressé d’une unité de réverbération numérique prolongeant, à son invention bien au-delà de cette sphère musicale. avec une fiabilité accrue, celles que Martenot avait Le cinéma s’en est servi abondamment ( Laurence réalisées à partir d’éléments acoustiques. Enfin, d’Arabie, Le destin fabuleux d’Amélie Poulin , etc.), et la certains ondistes préfèrent utiliser les haut-parleurs musique dite populaire, de Jacques Brel à Radiohead, en standards que l’on trouve sur le marché. 4 • • 5 C’est un instrument monodique , au même titre que FÊTE DES BELLES EAUX la voix humaine ou la flûte. Sa tessiture de sept octaves lui permet d’aller, sans interruption, du regis- était en 1937. En plus de la magnifique exposition qui attirait à Paris les curieux tre de la contrebasse à celui du piccolo. C’ du monde entier, la Ville de Paris avait organisé des Fêtes du son, de l’eau et de On l’enseigne en France, en Suisse, et au Japon. Au la lumière, qui se déroulaient sur le fleuve Seine, la nuit tombée, de vastes spectacles Canada, le Conservatoire de Montréal en a offert audio-visuels, où des fusées tombaient du ciel et des jaillissements de jets d’eau se l’enseignement pendant près de trente ans. mêlaient aux harmonies de partitions symphoniques. Pour l’ornementation musicale de J’ajoute que l’on célèbre, en cette année 2008, le ces soirées, la Ville de Paris fit commande de vingt partitions à vingt compositeurs. 80 e anniversaire de l’invention de cet instrument. Je fus l’un des vingt. Mes confrères choisirent qui l’orchestre, qui les chœurs, qui les Pour des informations plus détaillées, se reporter à formations de chambre. J’eus l’idée du sextuor d’Ondes Martenot. Les sons devant être mon livre Maurice Martenot, luthier de l’électronique , amplifiés par des haut-parleurs sur tous les édifices environnant le fleuve Seine, les publié chez Louise Courteau Éditrice, 1990. ondes se prêtaient à merveille à cette musique de plein air. Des architectes spécialisés m’apportèrent d’immenses dessins soigneusement minutés, et représentant les dif - JEAN LAURENDEAU férents moments de la fête qui m’étaient attribués. La forme et la musique de l’œuvre sont donc absolument dépendantes de ces divisions et de ces minutages imposés. La nuit y est mystérieuse, l’eau profonde a un aspect funèbre, les fusées sont gaies, 1 Parmi les compositeurs classiques ayant écrit par la suite badines, désinvoltes, le feu d’artifice revêt le même caractère enjoué. Par contre, les pour cet instrument, citons, entre autres, pour la Franc e: jaillissements de l’eau sont furieux et terribles, ou rêveurs et contemplatifs. C’est ce Pierre Vellones, Darius Milhaud, Arthur Honegger, André dernier sentiment qui prédomine, et dans les instants les plus valables de la « FÊTE DES Jolivet, Edgard Varèse, Marcel Landowski, Jacques Charpentier, BELLES EAU X », c’est-à-dire lorsque l’eau atteint par deux fois une grande hauteur, on Jacques Bondon, Manfred Kelkel, Alain Louvier, Tristan Murail, entend une longue phrase lente – presque une prière – qui fait de l’eau le symbole de et, non des moindres, celui qui fait l’objet principal de cet la Grâce et de l’Éternité, selon cette parole de « l’Évangile selon Saint Jea n» : « L’eau album, Olivier Messiaen... Pour le Canada, Claude Champagne, Gilles Tremblay, André Prévost, Bruce Mather, Micheline que je donnerai deviendra une source d’eau jaillissant jusqu’à la vie éternell e ». Coulombe Saint-Marcoux, Gilles Gobeil, Serge Provost, Jean Lesage, José Evangelista, Jacques Hétu, Michel Gonneville, OLIVIER MESSIAEN John Rea, Estelle Lemire... 6 • • 7 FEUILLETS INÉDITS Exposition internationale des Arts et des techniques est inaugurée le 4 mai 1937 par Albert livier Messiaen a écrit à plusieurs reprises pour ondes Martenot. Après la Fête des L’ Lebrun, président de la République, et s’est terminée le 25 novembre de la même année. OBelles Eaux (1937), il confiera aux ondes des parties importantes dans ses Trois Elle rassemblait 52 pays exposants et couvrait une superficie totale de 100 hectares. Installée petites liturgies de la présence divine (1944) puis dans sa Turangalîla - symphonie dans le centre de Paris, elle s’étendait du Champ-de-Mars et du Trocadéro jusqu’aux Invalides le (1946-48). Plus tardivement il inclura trois ondes Martenot dans son opéra Saint long de la Seine. Le palais du Trocadéro, vestige de l’Exposition universelle de 1867, avait fait François d’Assise (1983). l’objet d’un concours d’architecture pour le remplacer, puis, faute de temps, pour le « camoufler », le concept de l’ensemble architectural du palais de Chaillot est élaboré (architectes Jacques Carlu, Les Feuillets inédits ont été publiés après la mort du compositeur. Retranscrits par la Louis Boileau et Jean-Pierre Azéma). Le bâtiment des pianiste Yvonne Loriod, épouse d’Olivier Messiaen et sœur de la réputée ondiste Jeanne musées d’Art moderne de la Ville de Paris et de l’État Loriod, ces Feuillets suggèrent l’esquisse d’une œuvre plus importante incluant des (palais de Tokyo, architectes Aubert, Dondel, Viard et chants d’oiseaux. La partition indique un merle noir noté le 29 avril 1987 (1 er feuillet ), Dastugue) est également édifié à cette occasion. une fauvette des jardins et une fauvette à tête noire, notées à ‘La Sauline’ (Sologne) L’Exposition se caractérisait par un usage abondant de en juillet 1988 (2 e feuillet ). Messiaen y donne des directives précises sur le jeu, les dispositifs « son et lumièr e » qui mettaient en scène les timbres et l’utilisation des différents diffuseurs des ondes. pavillons et les 200 fontaines de la Seine. Elle compre - nait également un parc d’attractions, le parc colonial, et un train électrique qui desservait ses divers sites. Les pavillons des différents pays et les pavillons thé - RAVEL ET LES ONDES matiques ont été construits le long de la Seine, entre le pont d’Iéna et le pont Alexandre-III, dans le jardin du a sœur de Maurice Martenot, Ginette, qui avait fait des transcriptions de toutes Trocadéro et sur le Champ-de-Mars, jusqu’au pied de la Lsortes, pour ondes musicales, avait fini par s’atteler à la musique de Maurice Ravel.