Histoire De NEVERS
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Histoire de NEVERS Jean-Bernard Charrier Madeleine Chabrolin, Jean-Pierre Harris, Bernard Stainmesse Histoire de NEVERS 1 ere PARTIE DES ORIGINES A U DEBUT DU XIXe SIECLE par Jean-Bernard Charrier, Madeleine Chabrolin, Bernard Stainmesse * Collection : Histoire des Villes de France EDITIONS HORVATH ROANNE/LE COTEAU 1984 Directeur de publication : Gérard TISSERAND Directrice littéraire : Corinne POIRIEUX Copyright Editions HORVATH 27, bd Charles de Gaulle — Z.I. 42120 LE COTEAU I.S.B.N. 2-7171 -0318-X INTRODUCTION Quelques considérations générales ont présidé à l'élaboration de cette "Histoire de Nevers". D'abord, le souci de maintenir un certain équilibre entre l'his- toire dite "événementielle', celle des grands faits politiques ou militaires, et l'histoire économique, démographique, sociale, des faits de civilisation ; une attention particulière a été portée à l'his- toire de l'urbanisme. Ensuite, nous avons voulu replacer Nevers dans son cadre géo- graphique ; il nous est apparu impossible de ne pas dire un mot des petites villes environnantes ; pour autant, nous n'avons pas eu la prétention d'écrire une histoire d'Imphy, de Guérigny, de Pou- gues ou de Fourchambault. Il nous a semblé utile également d'accorder d'assez longs déve- loppements à la période contemporaine (le XXe s.), peut-être, paradoxalement, la moins bien connue jusqu'ici. Enfin, nous avons donné un certain nombre de références, non par pédantisme, mais pour rappeler que l'histoire s'écrit à partir de documents bruts (d'archives) ou de l'utilisation de travaux antérieurs, dont certains, bien que remarquables, n'ont pas tou- jours été publiés pour autant. Ajoutons que ce livre est un travail d'équipe. Si Jean-Bernard Charrier a coordonné l'ensemble, il va de soi que chaque auteur est resté libre de son approche et de sa méthode. La dette des auteurs est importante. Ils remercient particulière- ment, parmi ceux qui les ont aidés et conseillés, MM. R. Baron, M. Valtat, E. Rondepierre ; parmi ceux qui les ont autorisés à reproduire des cartes ou des plans inédits, les architectes D. Froi- deveaux ou M. Paillot. Gilles Panné a mis au net nos croquis ; par la richesse de sa contribution, il est en fait un des co-auteurs du livre. Yves Pautrat a élaboré, spécialement pour nous, de fort beaux dessins. L'illustration de ce volume doit beaucoup à la documentation des Archives Départementales, sélectionnée par Madeleine Chabrolin, mais aussi à la Fédération des Oeuvres Laï- ques, au Journal du Centre, etc. Des photographes professionnels comme Aliette Gonin n'ont pas hésité à se mettre spontanément et gratuitement, au service de notre livre. Nous devons à l'amitié de Robert Pouillot d'avoir eu accès aux belles photographies du "Photo-Club" de la Nièvre. Terminons en précisant que cette "Histoire de Nevers" com- porte nécessairement beaucoup de lacunes. Nous souhaitons être rapidement "dépassés". Si par chance, nous avions contribué à faire naître de nouvelles vocations de chercheurs, notre but serait pleinement atteint. Les Auteurs. CHAPITRE 1 LE SITE ET LA POSITION Jean-Bernard Charrier Avec 60 000 habitants environ en 1975, l'agglomération de Nevers (1) vient au 87e rang des agglomérations françaises. Plus étendu, le "groupement d'urbanisme", qui englobe notamment Imphy et Fourchambault, en compte autour de 84 000. Plus du tiers de la population de la Nièvre est donc concentré dans la région de Nevers. L'ancienneté de Nevers même, qui existait déjà au moins comme bourgade à l'arrivée de César en Gaule, s'oppose au caractère "récent" (milieu du XVIIIe siècle, début du XIXe, voire XXe) des petites villes industrielles de la périphérie : Guérigny, Imphy, Fourchambault, Vauzelles. Sans être très peuplée, l'agglomération de Nevers n'en jouit pas moins d'une nette prépondérance dans le département, puisque les autres agglomérations importantes, celles de Cosne, Decize et Fourchambault, ne comptent guère respectivement que 13 500, 9 600, 9 500 hab. (en 1982). Entre autres facteurs, la position de la ville peut expliquer cette prépondérance. LA POSITION Trois caractères principaux méritent d'être retenus. — Chef-lieu de département, Nevers est très excentrée par rap- port à ce dernier. La ville l'était déjà par rapport à l'ancienne pro- vince de Nivernais, mais dans une moindre mesure, puisque celle- ci s'étendait quelque peu sur la rive gauche de la Loire. Du fait de cette position excentrée (Saint-Amand en Puisaye est à 72 km, (1) Communes de Nevers, Varennes-Vauzelles, Coulanges, Challuy et Sermoise. La popu- lation a légèrement baissé en 1982 : 59.274 hab. contre 59.424 en 1975. Luzy à 77 km, Montsauche à 92 km, Alligny-en-Morvan à 101 km), Nevers, ville moyenne, pourtant assez bien équipée (pour sa taille) en commerces et en services, ne parvient pas à rayonner sur tout son département ; il est vrai qu'en contre-partie l'aggloméra- tion attire des clients depuis les cantons limitrophes du Cher, jus- que vers La Guerche et même Sancoins. — Nevers se situe au centre de la France, ce qui peut constituer un avantage, notamment pour les décentralisations industrielles. En fait, la France du Centre, à l'écart des grands courants de cir- culation (à l'exception des vallées de la Loire et de l'Allier) semble n'avoir jamais été très peuplée ni très active (2). C'est vrai même de la Champagne berrichonne calcaire ; à plus forte raison du Nivernais proprement dit (arrondissement de Nevers et cantons voisins), argileux ou sableux, aux sols soit peu fertiles, soit lourds et humides, difficiles à travailler, qui, comme le Bourbonnais voi- sin, a été peuplé tardivement et incomplètement : pays de forêts donc, ou de grands domaines qui apparaissent fort mal cultivés à la fin de l'Ancien Régime. Nevers est donc cernée de zones rurales peu denses, ce qui constitue un handicap. Il est vrai que le Nivernais occidental était riche en minerai de fer comme en bois, d'où l'essor de l'ancienne métallurgie, mais ces ressources se sont épuisées, ou apparaissent aujourd'hui beau- coup moins intéressantes qu'autrefois. Le "Centre" se place en marge de la France industrielle et urbaine ; on n'y trouve que des villes au mieux moyennes, dont la croissance a été généralement assez lente. Aussi les grandes villes sont-elles éloignées : Clermont-Ferrand est à 150 km, Orléans à 157, Dijon - la capitale de région - à 188 km, Paris - la capitale régionale de fait - à 240 km. — Nevers enfin, se situe à un carrefour de voies de communica- tion. Les voies les plus importantes sont les voies Nord-Sud, entre Paris d'une part, et d'autre part Lyon par le seuil de Tarare ou Clermont par la Limagne, mais leur rôle a varié au cours de l'his- toire. La Loire et l'Allier ont été navigués de l'époque préromaine jusque vers la fin du Second Empire ; ils sont aujourd'hui déser- tés par la navigation ; le canal latéral à la Loire est peu fréquenté. Pour les relations terrestres entre Paris et Lyon, il y a toujours eu deux itinéraires plus ou moins concurrents, l'un par le seuil de Bourgogne et les plaines de la Saône, l'autre par la vallée de la Loire nivernaise. Ce dernier a lui-même varié entre Nevers et (2) Stendhal, de passage à la Charité, remarque : "Ce Centre de la France est encore bien attardé ; il valait mieux sans doute il y a mille ans, je veux dire il n'était pas tellement infé- rieur au reste du pays" (Mémoires d'un touriste, 13 avril 1837) Nevers, vue générale. La Loire et les ponts. (Dessin d'Y. Pautrat). Roanne puisqu'à la route antique, longeant le fleuve par Decize et Digoin, s'est substituée, à la fin du Moyen-Âge, la route actuelle par Moulins. Le fait essentiel est toutefois que la "Route Bleue", par Nevers et Moulins, ait perdu, relativement, de son importance au XXe s., et surtout après la dernière guerre, au profit des axes bourguignons, RN 6 et autoroute A 6 par Auxerre et Chalon. Devenue plutôt itinéraire de rechange pour les relations entre Paris, Lyon et le Midi, la RN 7, prolongée par la RN 9 au sud de Moulins, est aujourd'hui menacée même pour les relations Paris- Auvergne, dont elle perdra le monopole et peut-être même l'essentiel du trafic, si l'autoroute Paris-Bourges est prolongée jusqu'à Clermont (3). L'évolution est assez semblable pour le réseau ferré. La ligne du Bourbonnais, par Nevers et Moulins, autrefois importante pour les relations avec Lyon et la vallée du Rhône (4), mais handicapée par la traversée du seuil de Tarare, a cédé la quasi totalité de son (3) Il est vrai qu'en contre-partie la RN 7 devrait être traitée en voie rapide, à quatre voies séparées. (4) Le P.L.M. avait spécialisé la ligne de Dijon dans les trains nobles de voyageurs, rapides et express, la ligne du Bourbonnais (et celle de l'Azergues, Moulins-Lyon par Digoin) dans le trafic marchandises et notamment messageries. trafic à la "ligne impériale" par Dijon, quand celle-ci a été électri- fiée (en 1952). Elle conserve par contre les trains rapides Paris- Clermont, à traction diesel. Son électrification est prévue pour 1990. Il faut souhaiter que celle-ci ne se limite pas au tronçon Clermont-Nevers, car les trains directs risqueraient fort d'être alors détournés par Saincaize et Vierzon (l'électrification de la transversale Lyon-Nantes par Saint-Germain des Fossés et Sain- caize étant elle aussi prévue). Les relations vers l'Est sont pour leur part handicapées par l'orientation Nord-Sud des reliefs du Nivernais, et surtout par la présence du Morvan.