Peuple De Saints Et Pelerinages Dans Les Dioceses D’Autun Et De Nevers
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UNIVERSITE DE BOURGOGNE PEUPLE DE SAINTS ET PELERINAGES DANS LES DIOCESES D’AUTUN ET DE NEVERS -DU TEMPS DES MARTYRS AU TEMPS DES REFORMES IVe-XVIIIe SIECLES- volume 2 : inventaire Thèse de troisième cycle présentée pour l’obtention du doctorat d’histoire par Diane CARRON et soutenue publiquement le 1 décembre 2006 devant un jury constitué de : Madame Pierrette Paravy Professeur émérite à l’Université de Grenoble II, rapporteur, Madame Catherine Vincent Professeur d’histoire à l’Université Paris X-Nanterre Monsieur Dominique Julia Directeur de recherches au CNRS/CRH-EHESS Paris, rapporteur Monsieur Christian Sapin Directeur de recherches au CNRS/CEM Auxerre Monsieur Vincent Tabbagh Professeur d’histoire à l’Université de Bourgogne, directeur de thèse Ce travail est protégé juridiquement au titre des droits d’auteur moraux et patrimoniaux. Toute reproduction, même partielle (à l'exception de la courte citation), de quelque nature qu'elle soit, doit être autorisée par son auteur (article L 122-3 du code de propriété intellectuelle). 2 INVENTAIRE ANALYTIQUE DES LIEUX DE PÈLERINAGES I. Méthodologie Pour parvenir à une recension critique des lieux de pèlerinages dans les archidiaconés d’Autun et de Nevers, deux voies ont été suivies. La première a porté sur un dépouillement des sources de première main, la seconde sur l’analyse critique des listes de pèlerinages dressées depuis un peu plus d’un siècle. A. Les sources manuscrites Pour l’Ancien Régime, les indices de la pratique pérégrine ne sont pas compilés dans une série particulière mais sont à rechercher dans l’ensemble de la documentation disponible. Nous présentons brièvement chaque type de document consulté et ses potentialités sur la question des pèlerinages. Les principales proviennent des fonds ecclésiastiques séculiers et réguliers consultables pour la grande majorité d’entre elles aux archives départementales de Côte-d’Or, Nièvre, Saône-et-Loire et Yonne. Les fonds municipaux de Dijon, Decize, Nevers, Avallon et Beaune, les archives des évêchés de Dijon et Nevers et les archives déposées à la Bibliothèque Nationale et aux Archives Nationales ont complété l’ensemble. Elles sont sujettes à une conservation différentielle selon établissements. D’une part, la documentation préservée des atteintes du temps est inégale d’un établissement à l’autre – celle de l’abbaye de Vézelay par exemple est très indigente en raison de nombreuses destructions à l’époque moderne. D’autre part, les Archives Départementales de la Nièvre ont subi diverses dégradations depuis la Révolution, notamment un archivage dans de mauvaises conditions en 1793 puis 1829 et 1840, qui a beaucoup endommagé les séries de l’Ancien Régime. Elles se résument, pour les séries ecclésiastiques, à quelques liasses provenant de dossiers paroissiaux et à de rares documents issus de communautés régulières (Notre-Dame, Saint-Martin ou Saint-Etienne de Nevers) concernant davantage le temporel. Les martyrologes et calendriers liturgiques permettent de dresser le tableau du sanctoral honoré à l’échelle du diocèse comme de la stricte communauté monastique. Parmi l’ensemble de ces documents, neuf calendriers ont été retenus pour le diocèse d’Autun pour une période comprise entre le IXe et le XVe siècle ; six calendriers proviennent du diocèse de Nevers entre le Xe et le XVIe siècle. L’ajout au fil des siècles de telle ou telle figure dans le propre diocésain permet de rendre compte du succès d’une dévotion, notamment dans le cas des saints locaux. La recherche de correspondances entre les calendriers des deux diocèses permet également d’apprécier la perméabilité des cultes d’une région à l’autre1. Les sources narratives de type hagiographique (vita, miracula et passio) ont fait l’objet de publications et d’analyses dans les Acta Santorum puis dans les Analecta Bollandiana sont un peu plus nombreuses pour le diocèse d’Autun que pour celui de Nevers mais elles concernent surtout les premiers évêques (Amateur, Cassien, Léger) et leur culte dans la cité épiscopale qui n’entrait pas dans l’aire de cette étude. La composition des textes relatifs à plusieurs saints (sainte Reine, saint Révérien par exemple), date de l’époque carolingienne et sont des compilations de textes antérieurs dont la véridicité doit être amplement discutée. Les recueils de miracles sont très rares pour l’espace défini et se bornent le plus souvent à quelques faits mentionnés dans les actes des saints ou à une liste de faits miraculeux insérés dans une liasse. On retiendra quatre miracles recensés à Flavigny peu après la translation des reliques de sainte Reine2. Il y eut encore six miracles opérés par sainte Marie-Madeleine, dont trois se sont déroulés à Vézelay ou dans ses environs3. À la collégiale d’Avallon, des démêlées avec l’évêque au sujet de l’authenticité de reliques ont conduit les chanoines des deux communautés à compiler les miracles survenus grâce à leurs reliques respectives ; une huitaine de cas est signalée à Avallon dans le dernier tiers du XVe siècle4. D’autres miracles isolés ont parfois été consignés dans la documentation. Enfin, on a pu tirer partie de la lecture des listes de miracles connues pour des sanctuaires proches de la zone d’étude, notamment Beaune5 et Nuits-Saint-Georges6. 1 La transcription de ce lot de calendriers constitue l’annexe E du volume I. 2 BHL 7097. 3 BHL 5459-5487. 4 Archives de la Société Éduenne : Ms 28 : procès sur le chef de saint Lazare, 180 fol. 5 Bibliothèque municipale de Beaune, Ms. 8 lectionnaire, XIIIe siècle. 6 ADCO G 2974 : miracles de saint Denis. 3 Les lettres d’indulgences octroyées par le souverain pontife ou l’un des prélats mettent en lumière de nombreux lieux de dévotion dont la visite pouvait concourir au rachat des péchés. Quelques églises ou chapelles ont été dotées de journées d’indulgences, toutefois, le dépouillement systématique de séries d’indulgences apporte de maigres résultats. Lors d’un sondage réalisé aux Archives Vaticanes parmi les suppliques adressées au pape entre 1438-1472 concernant le diocèse de Nevers, Nicole Gotteri a recensé 352 suppliques7. Huit indulgences seulement font référence à la nécessité de restaurer certains édifices ruinés où les fidèles ne pouvaient plus se rendre, le reste ayant trait à des nominations et dispenses concernant le clergé. Or, une seule indulgence fait référence à un lieu de pèlerinage vers chapelle où une multitude de personnes affluent en raison d’une dévotion particulière à un saint. La masse de travail à accomplir dans ces archives non indexées ne peut se faire que pour une période bien limitée. Les lettres de rémission nombreuses à la fin du Moyen Âge peuvent être le moyen de découvrir le passage des pèlerins, souvent mêlés à quelque rixe ; elles sont surtout le moyen de connaître les sanctuaires vivaces au moment où un fautif est condamné à exécuter un pèlerinage en rémission de ses péchés. Le dépouillement de cette série conservée aux Archives Nationales serait là encore par trop fastidieux, un échantillon a été constitué grâce à la publication d’une partie du fonds du trésor des chartes concernant la Nièvre par le chartiste R. de Lespinasse au XIXe siècle8. Les délibérations capitulaires des communautés religieuses conservées pour l’abbaye de Flavigny9, les collégiales d’Avallon10, de Saulieu11 et de Châtel-Censoir12 mentionnent à quelques reprises le passage de pèlerins ou encore les dispositions particulières pour la visibilité des reliques. Elles ne sont cependant pas antérieures au XIVe siècle dans l’espace retenu ici, voire uniquement postérieures à l’arrivée des mauristes à Flavigny. Les registres de comptes permettent de connaître les revenus attachés à la vénération des reliques, c’est le cas pour les comptes du trésor de la collégiale d’Avallon conservés entre 1474 et 1746, avec cependant des lacunes pour quelques dizaines d’années. De très précieuses mais tardives visites pastorales du diocèse d’Autun ont offert un tableau de la pratique religieuse à partir de la seconde moitié du XVIe siècle et plus spécialement dans les années 1660-70 sous l’épiscopat de Gabriel de Roquette13. Les procès-verbaux des visites dressent précisément les caractéristiques de chaque paroisse. Ainsi, l’attention est portée sur le nombre de foyers catholiques et protestants, l’entretien de l’église et des autels, l’inventaire des reliques, des statues, l’état des mœurs, la pratique pascale, l’existence de processions particulières ou de pratiques pérégrines etc. Cette documentation quoique riche et révélant des facettes intéressantes de l’histoire diocésaine des pèlerinages, ne doit pas être surestimée. En effet, les résultats obtenus pour la seconde moitié du XVIIe siècle s’ils paraissent disproportionnés en regard des siècles précédents, résultent en partie d’un effet de source dû à la précision des enquêtes. Le diocèse de Nevers n’a, quant à lui, pas conservé ce type de documentation. À ces archives sérielles se sont ajoutés d’autres types de documents. Parmi les archives départementales de la Nièvre, les archives notariales conservées pour la ville de Decize depuis 1452 se sont avérées décevantes, le nombre et la qualité des testaments n’autorisant pas d’analyse fine de la dévotion. Il en est de même pour les séries comptables de la ville conservées par intermittence depuis 1403. En revanche, les archives communales de Nevers sont beaucoup mieux conservées que les archives départementales, on retiendra notamment les séries comptables de Nevers conservées depuis 1396 qui permettent de connaître non seulement le développement des processions collectives mais aussi la vitalité de quelques lieux de pèlerinages14. 7 GOTTERI N., 1970, Le clergé du diocèse de Nevers au XVe siècle d’après les suppliques en Cour de Rome (1438-1471), mémoire dactylographié déposé aux Archives Départementales de Nevers, 388 p. 8 LESPINASSES R. de, 1895, “Lettres de rémission concernant des paysans nivernais à la fin du XVe siècle”, BSN., VI, p.