Tribunal administratif N° 39665 du rôle du Grand-Duché de Luxembourg Inscrit le 1er juin 2017 2e chambre

Audience publique du 11 juin 2018

Recours formé par Monsieur ....., ……, contre deux décisions du ministre de l’Immigration et de l’Asile en matière de protection internationale (art. 35 (1), L.18.12.2015) ______

JUGEMENT

Vu la requête inscrite sous le numéro 39665 du rôle et déposée au greffe du tribunal administratif en date du 1er juin 2017 par Maître Ardavan Fatholahzadeh, avocat à la Cour, inscrit au tableau de l’Ordre des avocats à Luxembourg, au nom de Monsieur ....., né le …. à …. (Irak), de nationalité irakienne, demeurant actuellement à L-….., tendant à la réformation de la décision du ministre de l’Immigration et de l’Asile du 12 mai 2017 portant refus de faire droit à sa demande en obtention d’une protection internationale et de la décision du même ministre du même jour portant ordre de quitter le territoire contenu dans le même acte ;

Vu le mémoire en réponse du délégué du gouvernement déposé au greffe du tribunal administratif en date du 9 août 2017 ;

Vu les pièces versées en cause et notamment les décisions critiquées ;

Le juge rapporteur entendu en son rapport, ainsi que Maître Shirley Freyermuth, en remplacement de Maître Ardavan Fatholahzadeh et Madame le délégué du gouvernement Stéphanie Linster en leurs plaidoiries respectives à l’audience publique du 26 février 2018.

Le 14 octobre 2015, Monsieur ..... introduisit auprès du service compétent du ministère des Affaires étrangères et européennes, direction de l’Immigration, ci-après désigné par « le ministère », une demande de protection internationale au sens de la loi modifiée du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes complémentaires de protection, entretemps abrogée par la loi du 18 décembre 2015 relative à la protection internationale et à la protection temporaire, ci-après désignée par « la loi du 18 décembre 2015 ».

Le même jour, Monsieur ..... fut entendu par un agent de la police grand-ducale, section police des étrangers et des jeux, sur son identité et l’itinéraire suivi pour venir au Luxembourg.

Le 9 novembre 2015, Monsieur .... fut entendu par un agent du ministère en vue de déterminer l’Etat responsable de l’examen de sa demande de protection internationale en vertu du règlement (UE) 604/2013 du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 établissant les critères et mécanismes de détermination de l’Etat membre responsable de l’examen d’une demande de protection internationale introduite dans l’un des Etats membres par un ressortissant de pays tiers ou un apatride, dit « règlement Dublin III ».

1

Le 2 octobre 2016, Monsieur ..... fut encore entendu par un agent du ministère sur sa situation et sur les motifs se trouvant à la base de sa demande de protection internationale.

Par décision du 12 mai 2017, le ministre de l’Immigration et de l’Asile, dénommé ci- après « le ministre », informa Monsieur ..... qu’il avait rejeté sa demande de protection internationale comme étant non fondée, tout en lui ordonnant de quitter le territoire dans un délai de trente jours. Ladite décision est libellée de la façon suivante :

« (…) J'ai l'honneur de me référer à votre demande en obtention d'une protection internationale que vous avez déposée auprès du service compétent du Ministère des Affaires étrangères et européennes en date du 14 octobre 2015.

I . Quant à vos déclarations auprès du Service de Police Judiciaire

En mains le rapport du Service de Police Judiciaire du 14 octobre 2015.

Il ressort dudit rapport que vous êtes entré de façon illégale dans l’Union européenne.

Vous vous seriez rendu d’Arbil à Istanbul en avion. Sur place, vous auriez trouvé un passeur et vous lui auriez payer une somme de 2400 dollars. Ensuite vous auriez été amené à Izmir et de là, vous auriez été conduit sur une plage. Vous auriez navigué sur l’île de Kos à bord d'un bateau pneumatique. Arrivé en Grèce, vous auriez continué votre périple en passant par la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Hongrie, l'Autriche et l'Allemagne. Par la suite, vous vous seriez rendu au Luxembourg à bord d'un train.

Vous énoncez en outre que vous auriez quitté votre pays d'origine, parce que vous auriez été enlevé par des milices et que la police vous aurait libéré. La raison de l’enlèvement serait que vous et votre père détiendriez une société et que vous auriez travaillé pour les Américains. Par conséquent, vous vous sentiriez menacé.

Vous présentez une carte d'identité irakienne.

II. Quant à vos déclarations auprès du Service des Réfugiés

En mains le rapport d'entretien Dublin III du 9 novembre 2015 et le rapport d'entretien de l'agent du Ministère des Affaires étrangères et européennes du 2 octobre 2016 sur les motifs sous-tendant votre demande de protection internationale, ainsi les documents versés à l’appui de votre demande de protection internationale.

Monsieur, il résulte de vos déclarations que vous auriez quitté votre pays d’origine pour des raisons bien précises, à savoir :

Des prétendues menaces par une soi-disant milice :

Vous énoncez que vous seriez de profession entrepreneur et que vous auriez travaillé au sein de deux entreprises « .....». Vous précisez que ces sociétés auraient été créées par votre père et votre oncle, mais que le capital serait au nom de votre père (p.4&5/12 du rapport d'entretien du 2 octobre 2016).

2

Vous poursuivez en invoquant que vous auriez travaillé pour le compte des Américains « Du jour où l'Etat a été déchu, jusqu'à fin 2012 » (p.5/12). Vous expliquez qu'après le départ des troupes américaines, vous auriez commencé à travailler pour le compte de l'Etat irakien. Vous auriez accepté plusieurs projets, mais après un certain temps l'Etat n'aurait plus été en mesure de financer ces derniers. Suite à l'arrêt des projets, vous n'auriez pas pu récupérer vos investissements et de plus, l’Etat aurait « commencé à nous réclamer des sommes d'argents » (p.4/12).

Vous mettez en avant qu’« ils » auraient commencé à proférer des « menaces de mort et d'enlèvement » à votre encontre (p.4/12). Par la suite vous précisez qu'il s'agirait de l'armée du Mahdi, qui vous aurait « visé personnellement » (p.5/12).

Vous mentionnez que votre père aurait pronostiqué les soucis futurs et vous aurait incité à quitter votre pays. Vous avancez que votre frère se serait marié afin de pouvoir partir aux Etats-Unis. Peu après, vous vous seriez rendu en Egypte pour « essayer la vie là-bas, voir s'il y avait moyen de travailler ». Vous y seriez allé en date du 2 août 2015 et vous ne seriez resté que jusqu'au 11 août 2015 (p.4/12).

Après votre retour en Irak, en date du 25 août 2015, une voiture vous aurait coupé le chemin entre ..... et ...... Vous auriez refusé de vous arrêter et les individus dans la voiture en question auraient commencé à tirer sur la vôtre. Vous auriez pris la fuite en conduisant auprès de vos proches qui habiteraient « ..... ». Vous affirmez qu'il s'agirait d'une tribu et que par conséquent vos assaillants n'auraient pas pu vous suivre dans cette région (p.4/12).

Suite à cet incident vous auriez décidé de quitter votre pays d'origine et vous vous seriez rendu en avion de à Istanbul en date du 19 septembre 2015 (p.4/12).

Pour étayer vos dires, vous avez déposé les documents suivants : - 39 photos diverses - une copie du passeport de votre père - 5 copies contenant des bilans comptables - une copie du certificat de nationalité de votre père - des copies de l'acte de mariage de votre frère ..... - une copie de la carte d'identité de votre frère ..... - une copie d'un certificat d'appréciation pour la société « .....» - une copie d'un certificat d'appréciation pour la société « …. » - une copie d'un certificat de présence « Contracting With The U.S. Government »

Enfin, il ressort du rapport d'entretien du 2 octobre 2016 qu'il n'y a plus d'autres faits à invoquer au sujet de votre demande de protection internationale et aux déclarations faites dans ce contexte.

III. Analyse ministérielle en matière de Protection internationale

En application de la loi précitée du 18 décembre 2015, votre demande de protection internationale est évaluée par rapport aux conditions d'obtention du statut de réfugié et de celles d'obtention du statut conféré par la protection subsidiaire.

Soulignons dans ce contexte que l'examen et l’évaluation de votre situation personnelle ne se limitent pas à la pertinence des faits allégués, mais qu'il s'agit également d'apprécier la valeur des éléments de preuve et la crédibilité de vos déclarations. 3

1. Quant à la Convention de Genève

Il y a d'abord lieu de relever que la reconnaissance du statut de réfugié n'est pas uniquement conditionnée par la situation générale du pays d'origine, mais aussi et surtout par la situation particulière du demandeur qui doit établir, concrètement, que sa situation individuelle est telle qu'elle laisse supposer une crainte fondée de persécution au sens de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des Réfugiés.

Rappelons à cet égard que l'octroi du statut de réfugié est soumis à la triple condition que les actes invoqués soient motivés par un des critères de fond définis à l'article 2 a) de la loi 18 décembre 2015, que ces actes soient d'une gravité suffisante au sens de l'article 42(1) de la prédite loi, et qu'ils émanent de personnes qualifiées comme acteurs aux termes de l'article 39 de la loi susmentionnée.

Selon l'article 1A paragraphe 2 de ladite Convention, le terme de réfugié s'applique à toute personne qui craint avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels évènements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner.

*

En l'espèce, il ressort à suffisance de votre dossier administratif que les raisons qui vous ont amené à quitter votre pays d'origine n'ont pas été motivées par l'un des critères de fond défini par lesdites Convention et loi.

Monsieur, vous prétendez que vous seriez dans le collimateur de l’armée du Mahdi et vous avancez : « Nous sommes des entrepreneurs pour les Américains, dans la construction. Nous sommes considérés comme des traitres dans le pays, parce que nous collaborons avec les Américains. Comme vous savez, il y a des milices qui appartiennent à l'Etat irakien et qui demandent à mon père régulièrement de l'argent. Ils prétextent que les projets prévus seraient inconcevables et irréalisables, donc ils refusent leur recevabilité » (p.4/12).

Rappelons dans un premier lieu que la détermination de l’éligibilité à la protection internationale est menée en appliquant une approche en deux étapes. La première étape consiste à collecter les informations pertinentes, identifier les facteurs pertinents de la demande, et déterminer, le cas échéant, quelles déclarations du demandeur et quels autres éléments peuvent être acceptés. L'évaluation de la crédibilité fait donc partie intégrante de cette première étape. Les faits pertinents acceptés viennent appuyer l'examen qui sera effectué à la deuxième étape, qui consiste à déterminer le caractère fondé de la crainte de persécution de la part du demandeur, ou du risque de subir des atteintes graves.

L'évaluation de la crédibilité consiste donc à déterminer quels faits pertinents peuvent être acceptés, en prenant dûment en compte les indices de crédibilité au regard des circonstances individuelles et contextuelles du demandeur, ainsi que les facteurs pouvant affecter son interprétation des informations au cours de l'évaluation de la crédibilité de chaque fait pertinent. Ces faits acceptés seront alors pris en compte dans l'analyse du caractère fondé de la crainte de persécution et du risque réel d'atteintes graves.

4

A cet égard, il y a d'abord lieu de souligner que même s'il est vrai que beaucoup d'Irakiens de confession musulmane sunnite ont été poursuivis par le passé par l'armée de Mahdi, notamment en 2003 et 2008, force est de constater que la situation a changé depuis longtemps et que la milice « Jaish al Mahdi », l'armée du Mahdi, sous sa forme initiale a été dissoute et réorganisée.

En effet : « After the creation of the Mumahidoon in 2008, the Mahdi Army moved away from armed resistance and instead focused on social service provision. The Mumahidoon provided local Shiite populations with Koranic lessons, organized recreational soccer teams, neighborhood reconstruction, and trash collection. At the same time, Sadr also ran the Promised Day Brigades, which was a more highly trained and better-equipped military force than the regular Mandi Army had been.

« In the months before the March 2010 elections, al-Sadr became a positive force, urging Iraqis to participate at the polls in order to end the foreign occupation. It is perhaps not surprising, therefore, that in April 2010, in response to continued Sunni attacks on Shia targets, al-Sadr announced the restoration of JAM specifically "to support Iraqi security forces" and help protect Shia religious events. This was not the JAM of old, and it appeared that al-Sadr had successfully engineered the transformation of his movement and militia into the political mainstream. Indeed, from 2011, al-Sadr took notable steps to establish himself as a leader with broad appeal, speaking in favor of social justice and the rule of law, and against sectarianism ».

Au vu de ce qui précède, il y a lieu de constater que l'armée du Mahdi a changé son nom en Saraya al-Salam (brigades de la paix) en 2014 et que son leadeur prône la justice sociale, la suprématie de la loi et condamne le communautarisme. Son objectif étant désormais de protéger les lieux saints des Shiites, ainsi que les résidents irakiens contre « l'Etat Islamique » (Daech). Ces « brigades de la paix » sont actuellement sous contrôle gouvernemental et leurs actions sont alignées sur celle de l'armée officielle de l'Irak.

Ceci est confirmé par un rapport du Service de l'immigration de la Finlande: « An armed group led by imam Muqtada al-Sadr, which used to be called the Mahdi Army (MA), is currently known as the Peace Brigades (Saraya al-Salam). The group adopted its new name in 2014, which is why people still tend to refer to it as the Mahdi Army. Similarly, news reports still commonly refer to the group as the Mahdi Army.

(...) In 2014, the Peace Brigades (Saraya al-Salam) organised parades in the Shia district of Sadr City as a show of power. It is estimated that as many as 30,000-50,000 Mahdi Army members took part in these parades, most of them in uniform and bearing weapons. These troops are again active, but their official duty is to protect Shia mosques and residential areas from ISIS. According to troop leaders, they worked under government control and in line with orders. (...) »

Il se dégage de ces constatations qu'un lien de causalité ne peut plus être établi entre les incidents invoqués de votre part et la situation actuelle, contrairement à ce que vous avez prétendu, même si nous ne tenons pas compte de la composante temporelle.

Ajoutons que vous admettez que vous n'auriez d'ailleurs jamais eu un contact avec la prétendue milice : « Il n'y a pas eu de contact réel, mais ils venaient régulièrement voir le travail car ce sont les responsables des travaux dans la ville. Quand ils veulent faire échouer ou faire arrêter un projet, ils le font. » et « Personnellement, ni moi, ni mon père. C'est juste que ce sont les responsables dans la ville. » (p.6/12). 5

Accessoirement, soulevons encore que vous avez déclaré en date du 14 octobre 2015 au Service de Police Judiciaire que vous auriez été enlevé par une milice et ensuite libéré par la police. Or, lors de votre entretien du 2 octobre 2016 vous avez uniquement fait état d'une menace d'enlèvement et pour finir vous avez même énoncé : « C'est à mon père, mais pas à moi-même. Il ne s'agit pas de menaces sur documents. Ils viennent et se présentent comme représentants officiels de la ville. On est arrivé à un moment où on avait même plus de poste de police pour déposer une plainte. » (p.6/12).

Par conséquent, les informations en mains et les contradictions majeurs de vos dires entachent la crédibilité de vos déclarations et ne nous permettent pas d'établir de façon probante que vous êtes victime ou en proie d'être victime de persécutions au sens de la Convention et des lois précitées dans votre pays d'origine.

Force est donc de constater qu'il n'est pas du tout plausible que vous auriez été menacé, voire même que vous auriez subi une tentative d'agression armée en août 2015 de la part dudit groupement. Il ressort clairement de vos dires, à savoir : « c'est à mon père, mais pas à moi », que la principale personne dans le collimateur des prétendus assaillants se résume à la seule présence de votre père.

En ce qui concerne votre présumée crainte d'être considéré comme un « traitre » par la société irakienne pour la simple raison que les entreprises de votre père auraient réalisé des projets de construction pour les Américains jusqu'en 2012. Il échet de préciser que des recherches menées par Landinfo révèlent que la situation des personnes ayant travaillé pour le compte des autorités américaines, voire des sociétés civiles américaines en Irak, était préoccupante jusqu'en 2011, surtout entre 2005 et 2008 et qu'il y aurait eu quelques agressions isolées en 2012, mais que la situation actuelle de ces personnes est différente.

Ainsi : « Das norwegische Herkunftsländerinformationszentrum Landinfo, ein unabhängiges Organ der norwegischen Migrationsbehörden, das verschiedenen Akteurinnen innerhalb der Migrationsbehörden Herkunftsländerinformationen zur Verfügung stellt, schreibt in einer Anfragebeantwortung vom April 2016 zur Lage von Personen, die für ausländische Organisationen gearbeitet haben, dass man zur Zeit nicht generell sagen könne, dass sich die schiitischen Milizen für Drohungen oder Gewalt gegen Personen, die mit ausländischen Firmen zu tun gehabt oder weiterhin zu tun hätten, einsetzen würden. Dies sei ein relevantes Problem zu der Zeit gewesen, bevor die Amerikaner im Dezember 2011 ihre Truppen aus dem Irak abgezogen hätten, davon insbesondere während des besonders gewaltsamen Zeitraums von 2005 bis 2008. Laut Angaben von UNHCR [UN High Commissioner for Refugees] aus dem Jahr 2012 habe es 2012 einige Angriffe auf Personen gegeben, die für ausländische Truppen oder Organisationen gearbeitet hätten. Bevor die US- Truppen den Irak verlassen hätten, seien Personen, die für die von den USA angeführte Koalition gearbeitet hätten, Opfer von Misshandlungen durch Milizen, darunter auch schiitische Milizen, geworden, die den Irak von den Besatzungstruppen hätten befreien wollen. Dies habe nicht nur Personen betroffen, die die Truppen direkt unterstützt hätten, sondern auch Personen, die im Zivilbereich zum Beispiel in der Ölindustrie gearbeitet hätten. Gegenwärtig sei die Lage allerdings eine andere. Die schiitischen Milizen seien gerade, trotz interner Auseinandersetzungen und Machtkämpfe, besonders darauf konzentriert, den Islamischen Staat (IS) zu bekämpfen. Eine Rückkehr ausländischer Truppen in den Irak könne möglicherweise diese schiitischen Milizen wieder dazu veranlassen, ausländische Kräfte und ihre örtlichen Partner zu bedrohen. (...) Laut Landinfo hätten schiitische Milizen das Ziel gehabt, ausländische Truppen aus dem Irak herauszubekommen. Dieses Ziel sei Ende Dezember 2011 erreicht worden. Es sei jedoch schwer vorauszusagen, was passieren könne, wenn sich die Präsenz der US-Truppen im Irak wieder verstärke, wie es von den US- 6

Behörden angedeutet worden sei. Jedoch gebe es noch keine Anzeichen, dass man in dieselbe Situation wie im Zeitraum von 2005-2008 geraten würde. Sowohl schiitische Milizen als auch die irakischen Behörden und das US-Militär hätten ein gemeinsames Ziel in der Bekämpfung des IS und die Beteiligung der USA sei speziell daran geknüpft. Irakische Soldaten, die eng mit ausländischen Truppen zusammengearbeitet hätten, seien derzeit unter den am meisten gefährdeten Personengruppen. Die Gefahr von Angriffen auf sie ginge aber vom IS, nicht von schiitischen Milizen aus. »

Quoi qu'il en soit, même à le supposer établi, le prétendu incident que vous auriez subi en date du 25 août 2015 ne saurait, à lui seul, fonder une crainte fondée de persécution. Ce prétendu acte est certes regrettable, or un tel fait ne revête tout de même pas un degré de gravité tel qu'il puisse être assimilé à un acte de persécution au sens des prédits textes.

Il en va de même pour les soi-disant menaces de mort et d'enlèvement que vous auriez subies. En effet, elles sont exemptes d'une gravité particulière et suffisante au point de valoir comme actes de persécutions.

Dans ce contexte, il échet de relever qu'il ressort clairement de votre rapport d'entretien qu'il s'agit en fait d'une affaire purement commerciale à but lucratif. Vous affirmez que la base de vos présumés soucis serait liée à un manque de liquidité de l'Etat irakien qui aurait été incapable de financer les projets dans lesquels les entreprises de votre père auraient été impliquées. Par conséquent, vous auriez été dans l'incapacité de payer vos frais et vos dettes, alors que beaucoup de gens auraient réclamés de payements de votre part.

Vous admettez ceci par vos propres déclarations : « (...) Ce sont les milices qui dirigent le pays. Ceux qui m'ont visé personnellement sont l'Armée du Mahdi et leur leadeur est Sadr. Par contre, c'est un peu tout le monde qui nous demandait de l’argent, surtout au niveau local. » et « La municipalité, par exemple l'ingénieur qui est chargé du projet. Chaque fois, il délègue le travail à 6 ingénieurs différents en fonction de leur spécialité et se sont eux, qui signent à chaque fois pour les travaux. » (p.5/12).

Vous faites également état des difficultés de votre père de financer ses projets de construction et de payer ses collaborateurs. Ainsi vous expliquez : « Depuis que l'Etat irakien a arrêté de payer tous les entrepreneurs. Nous avions plusieurs projets entamés avec l'Etat irakien. Quand on travaille avec l'Etat irakien, on avance 20% de l'investissement de notre propre poche. Nous avons avancé l'argent pour éviter l'arrêt des travaux, mais quand ils ont arrêté de payer il n'y avait plus de réserves financières et tous les projets en cours se sont arrêtés. A la fin nous nous sommes même alliés à d'autres entreprises afin qu'ils investissent pour qu'on puisse avancer. Nous avons même dû payer des indemnités de retard pour chaque jour dépassant les délais. On payait ces indemnités malgré le fait que l'Etat ne nous payait plus. » et vous ajoutez : « (...) On avait des chèques préétablis. Il suffisait qu'on aille à la banque pour les encaisser, mais il n'y avait plus de réserves d'argent dans les banques. Un article dans le contrat prévoit que nous ne pouvons pas réclamer l'argent si les réserves de l'Etat sont épuisées. » (p.6/12).

En tenant compte de ce qui précède, force est donc de constater dans votre cas bien précis vous n'avez rien à craindre de la part de l'armée du Mahdi, mais plutôt des dénommés ....., .....et ....., qui seraient les prétendus auteurs du soi-disant indicent du 25 août 2015 (p.7/12), en l'occurrence des personnes privées agissant dans un contexte commercial et financier. De ce fait, il appert que ces présumés incidents sont des infractions de droit commun relevant de la législation irakienne.

7

S'agissant d'actes émanant d'une ou de plusieurs personnes privées ayant agi dans un intérêt privé, une persécution commise par des tiers peut être considérée comme fondant une crainte légitime au sens de la Convention de Genève uniquement en cas de défaut de protection de la part des autorités politiques pour l'un des motifs énoncés par ladite Convention et dont l'existence doit être mise suffisamment en évidence par le demandeur de protection internationale.

Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler que la notion de protection de la part du pays d'origine n'implique pas une sécurité physique absolue des habitants contre la commission d'actes de violence, mais suppose des démarches de la part des autorités en place en vue de la poursuite et de la répression des actes de violence commis, d'une efficacité suffisante pour maintenir un certain degré de dissuasion. Une persécution ne saurait être admise dès la commission matérielle d'un acte criminel, mais seulement dans l'hypothèse où les agressions commises par un groupe de population seraient encouragées par les autorités en place, voire ou celles-ci seraient incapables d'offrir une protection appropriée. Or, tel n’est pas le cas en l'espèce.

A cet égard, force est de constater qu'il ressort clairement de votre rapport d'entretien que vous n'auriez pas porté plainte, voire demandé une protection auprès d'une autorité de votre pays d'origine (p.9/12). Par conséquent, vous restez en défaut de démontrer concrètement que l'Etat ou d'autres organisations étatiques présentes sur le territoire de votre pays ne peuvent ou ne veulent pas vous accorder une protection.

Notons que le système sécuritaire et judiciaire en Irak fonctionne, et ceci même contre des individus, affiliés à des milices, qui commettent des infractions de droit commun. En effet : « (...) 's central criminal court said on Wednesday it had sentenced 47 affiliates with the mostly-Shia militias fighting Islamic State with the Iraqi government to death and prison over charges of murder and arms possession.

The sentences levied upon Al-Hashd al-Shaabi (Popular Mobilization Units) affiliates ranged from 15 years, life in prison and death after they were convicted of murder, kidnapping and the illegal possession of arms, said court president, Maher al-Aaraji, in a press conference.

Al-Hashd al-Shaabi had occasionally vowed to hold accountable "infiltrators" who give a bad image of the militias. ».

*

Relevons qu'en vertu de l'article 41 (1) de la loi du 18 décembre 2015 relative à la protection internationale et à la protection temporaire, le ministre peut estimer qu'un demandeur n'a pas besoin de protection internationale lorsque, dans une partie du pays d'origine, il n'y a aucune raison de craindre d'être persécuté ni aucun risque réel de subir des atteintes graves et qu'il est raisonnable d'estimer que le demandeur peut rester dans cette partie du pays.

Ainsi, la conséquence d'une fuite interne présume que le demandeur puisse mener, dans une autre partie de son pays d'origine, une existence conforme à la dignité humaine. Selon les lignes directrices de l'UNHCR, l'alternative de la fuite interne s'applique lorsque la zone de réinstallation est accessible sur le plan pratique, sur le plan juridique, ainsi qu'en termes de sécurité.

8

Il résulte des considérations développées ci-avant que vous n'êtes pas victime ou en proie d'être victime de persécutions au sens de la Convention et des lois précitées dans votre pays d'origine. De plus, il n'est pas établi en l'espèce que vous n'auriez pas pu recourir vous- même à une réinstallation dans une autre région de votre pays d'origine.

Il vous est parfaitement possible en tant que musulman sunnite de résider à Bagdad, la capitale de l'Irak qui compte plus de 7 millions d'habitants et qui est divisée en plusieurs quartiers dans lesquels vivent de manière séparée chiites et sunnites ainsi que d'autres quartiers qui connaissent des populations issues de tous horizons. Vous auriez pu recourir à une réinstallation notamment dans un des quartiers situés non loin des districts comme Al- et Al-Mansour ou plus précisément dans des endroits majoritairement peuplés par des musulmans sunnites comme les quartiers Al-Khadhra, Al-Jamia, Al-A'amiriya, Al- Adel, Al-Kindi, ainsi que du sud, Saidiya et Rasheed.

A toutes fins utiles, il convient également de noter que si vous estimez ne plus pouvoir ou vouloir vivre à ..... (Wasit), il vous aurait été parfaitement possible de vous installer dans une des provinces méridionales de , Al-, Babil, Najaf ou une autre des 9 provinces du sud de l'Irak. Ces régions ne sont pas seulement accessibles par la voie terrestre, mais des nombreuses compagnies aériennes proposent des vols, même internationaux dans ces régions.

Quant à vos allégations : « Ce sont des régions où il y a plus de sécurité en effet, mais pas pour moi car je ne fais pas partie de leur ethnie. » (p.9/12). Monsieur, vous n'avancez aucun élément concret permettant d'établir la véracité de vos dires de sorte qu'on ne saurait conclure dans votre chef une impossibilité de recourir à une réinstallation, surtout que vous êtes originaire de Wasit.

Ceci confirme la possibilité d'une fuite interne dans votre pays d'origine.

Compte tenu des constatations qui précèdent concernant les conditions générales dans cette partie du pays et votre situation personnelle, force est de retenir que les critères du paragraphe 2 de l'article 41 de la loi du 18 décembre 2015 relative à la protection internationale et à la protection temporaire sont clairement remplis.

*

En conclusion, les faits que vous alléguez ne peuvent, à eux seuls, établir dans votre chef une crainte fondée d'être persécuté dans votre pays d'origine du fait de votre race, de votre religion, de votre nationalité, de votre appartenance à un groupe social ou de vos convictions politiques ainsi que le prévoit l'article 1er, section 1, § 2 de la Convention de Genève ainsi que les articles 42 et 43 de la loi précitée du 18 décembre 2015.

Les conditions permettant l'octroi du statut de réfugié ne sont par conséquent pas remplies.

2. Quant à la protection subsidiaire

L'octroi de la protection subsidiaire est soumis à la double condition que les actes invoqués par le demandeur, de par leur nature, entrent dans le champ d'application de l'article 48 de la loi précitée du 18 décembre 2015, à savoir qu'ils répondent aux hypothèses envisagées aux points a), b) et c) de l'article 48 de ladite loi, et que les auteurs de ces actes puissent être qualifiés comme acteurs au sens de l'article 39 de cette même loi, étant relevé 9 que les conditions de la qualification d'acteur sont communes au statut de réfugié et à celui conféré par la protection subsidiaire.

En l'espèce, il ressort de votre dossier administratif que vous basez votre demande de protection subsidiaire sur les mêmes motifs que ceux exposés à la base de votre demande de reconnaissance du statut du réfugié, à savoir des prétendues menaces que vous auriez subies par une présumée milice.

Il convient de remarquer dans ce contexte que les provinces de Wasit (dont votre lieu de résidence Souayra/.....), Qadisiyya, Maysan, Thi-Qar et al-Muthanna sont en grande partie épargnées par le conflit ethno-confessionnel qui ravage l'Irak. Les attentats terroristes, essentiellement de faible amplitude, sporadiquement perpétrés dans ces provinces, se produisent le plus souvent dans les villes de (Wasit) et Nasseriyah (Thi-Qar). Le nombre de victimes civiles y est resté limité. L'offensive lancée par l'EI à l’été 2014 n'a pas atteint les provinces précitées.

Au vu de ce qui précède, il convient de conclure que votre récit ne contient pas de motifs sérieux et avérés permettant de croire que vous courez un risque réel de subir les atteintes graves définies à l’article 48 de la loi du 18 décembre 2015 relative à la protection internationale et à la protection temporaire. En effet, les faits invoqués à l'appui de votre demande ne nous permettent pas d'établir que a) vous craignez de vous voir infliger la peine de mort ou de vous faire exécuter, b) vous risquez de subir des actes de torture ou des traitements ou sanctions inhumains ou dégradants, c) vous êtes susceptible de faire l'objet de menaces graves et individuelles contre votre vie en raison d'une violence aveugle en cas de conflit armé interne ou international.

De tout ce qui précède, les conditions permettant la reconnaissance du statut conféré par la protection subsidiaire ne sont pas remplies.

*

Votre demande de protection internationale est dès lors refusée comme non fondée au sens des articles 26 et 34 de la loi du 18 décembre 2015 relative à la protection internationale et à la protection temporaire.

Votre séjour étant illégal, vous êtes dans l'obligation de quitter le territoire endéans un délai de 30 jours à compter du jour où la présente décision sera devenue définitive, à destination de l’Irak, ou de tout autre pays dans lequel vous êtes autorisé à séjourner. (…) ».

Par requête déposée au greffe du tribunal administratif le 1er juin 2017, Monsieur ..... a fait introduire un recours tendant à la réformation de la décision précitée du ministre du 12 mai 2017 portant rejet de sa demande de protection internationale et de l’ordre de quitter le territoire contenu dans le même acte.

1) Quant au recours tendant à la réformation de la décision ministérielle du 12 mai 2017 portant refus d’une protection internationale

Etant donné que l’article 35 (1) de la loi du 18 décembre 2015 prévoit un recours en réformation contre les décisions de refus d’une demande de protection internationale, le tribunal est compétent pour connaître du recours en réformation dirigé contre la décision du ministre du 12 mai 2017, telle que déférée.

10

Ledit recours est encore à déclarer recevable pour avoir été introduit dans les formes et délai de la loi.

A l’appui de son recours, le demandeur explique être de confession sunnite et avoir vécu à ....., ville qui serait majoritairement composée de chiites. Il aurait travaillé au sein de deux entreprises créées par son père et son oncle, mais dont le capital appartiendrait à son père. Ces deux sociétés de construction auraient été sollicitées par les Américains, lorsqu’ils se seraient trouvés sur le territoire irakien, et ce jusqu’à la fin de l’année 2012. Par la suite, elles auraient été approchées par l’Etat irakien, qui leur aurait fourni plusieurs projets en contrepartie de paiements de pots-de-vin. Monsieur ..... et sa famille auraient également été obligés de payer des sommes d’argent à différentes milices. Lorsque les finances publiques irakiennes n’auraient plus été suffisantes pour régler les travaux des prédites sociétés, le demandeur et sa famille se seraient retrouvés sans ressources. N’étant plus dans la capacité de faire face aux extorsions, Monsieur ..... aurait alors décidé, à l’instar de son frère qui aurait immigré aux Etats-Unis, de quitter l’Irak et se serait rendu en Egypte, où il ne serait resté qu’une semaine, faute de moyens financiers. Quelques jours après le retour dans sa ville d’origine, il aurait fait l’objet d’une attaque : des personnes armées dans un véhicule auraient réclamé son arrêt et auraient tiré sur sa voiture lorsque celui-ci n’aurait pas obtempéré. Il aurait pris la fuite et se serait réfugié chez sa famille dans un village non loin de la ville. Il y serait resté caché jusqu’à son départ de l’Irak.

Aux termes de l’article 2 h) de la loi du 18 décembre 2015, la notion de « protection internationale » se définit comme correspondant au statut de réfugié (a) et au statut conféré par la protection subsidiaire (b).

a) Quant au statut de réfugié

Monsieur ..... estime que la décision litigieuse serait à réformer en raison de la violation par le ministre des articles 26 et 34 de la loi du 18 décembre 2015, ainsi que de l’article 1er, A, 2 de la Convention de Genève. Il reproche encore au ministre d’avoir violé ses droits définis dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, reprise dans le Pacte relatifs aux droits civils et politiques, notamment en raison de la crainte fondée dont il aurait fait état, crainte découlant du manquement de son pays d’origine à remplir son obligation de protection à l’égard de ses citoyens.

En outre, le ministre aurait fait une interprétation erronée des faits relatés, en ce qu’ils justifieraient l’existence d’une crainte fondée de persécution dans son chef en raison de son appartenance religieuse et/ou à un groupe social vulnérable, à savoir le fait d’être sunnite, ainsi qu’en raison de ses opinions politiques dans la mesure où il serait considéré par la milice chiite dénommée « l’Armée du Mahdi » comme un traître par le simple fait d’être de confession sunnite, mais également pour avoir travaillé au sein de l’entreprise de son père qui aurait réalisé des contrats avec les Américains et l’Etat irakien. Il précise que cette milice n’aurait pas cessé d’exister en 2008, mais serait actuellement dénommée « Saraya al-Salam » ou « Brigade de la paix » et que son belliqueux leader, Moqtada Al-Sadr, disposerait d’une influence qui aurait « ébranlé » l’Etat irakien le 30 avril 2016 en lançant une manifestation contre le gouvernement irakien, évènement qui serait décrit dans un article du journal « Le Monde » du 2 mai 2016, titré « Moqtada Al-Sadr ébranle l’Etat irakien ».

11

Le demandeur ajoute que le ministre aurait conclu à tort qu’il aurait été question d’une affaire purement commerciale à but lucratif entre les miliciens et lui-même. Ceux-ci lui auraient réclamé de nombreuses rançons, et lorsque les entreprises de son père n’auraient plus été à même de les payer, ils auraient fait en sorte que celles-ci ne puissent plus réaliser les chantiers qui lui auraient été confiés. Il cite à cet effet un passage de son audition devant le ministère dans lequel il aurait expliqué que plusieurs sommes étaient réglées aux miliciens pour qu’ils ne s’opposent pas à la réalisation des contrats, et que d’autres étaient versées aux ingénieurs d’Etat pour que les entreprises puissent continuer ses travaux.

Il réfute ensuite la conclusion du ministre selon laquelle les faits subis seraient à qualifier d’infractions de droit commun émanant de personnes privées, en arguant que l’Armée du Mahdi serait un organe de l’Etat irakien. Il précise par ailleurs que même à admettre qu’il s’agisse d’infractions de droit commun, il ne pourrait pas prétendre à une protection de la part des autorités irakiennes eu égard à l’importance de la milice en question, laquelle agirait en toute impunité et en collaboration avec les autorités irakiennes. Il indique à cet égard, en versant un certificat de décès de son frère, que ce dernier aurait lui aussi été victime des miliciens.

A l’appui de ses affirmations, le demandeur cite plusieurs documents : un article de presse du journal « Le Monde » du 2 mai 2016, titré « Moqtada Al-Sadr ébranle l’Etat irakien », un autre du journal « Libération » du 16 mars 2015, ayant pour titre « Irak : ces milices chiites, fers de lance contre l’EI », une fiche thématique de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) du 15 avril 2016, intitulée « Irak : les milices chiites », un rapport d’Amnesty International du 24 février 2016 pour les années 2015/2016, un autre rapport du même organisme pour les années 2016/2017. Il cite également des articles de presse pour souligner la légalisation des milices par le gouvernement irakien.

Monsieur ..... conteste encore l’efficacité du système judiciaire irakien et se base à cet effet sur la fiche thématique de l’OFPRA prémentionnée, puis cite encore un extrait d’un rapport du Service d’immigration finlandais, intitulé « Security situation in – the Shia militias » du 29 avril 2015, qui expliquerait les raisons pour lesquelles les sunnites ne pourraient pas s’adresser à la police irakienne, à savoir que les policiers seraient corrompus, qu’ils seraient en lien avec les miliciens et qu’ils ne pourraient ou ne voudraient pas les aider.

Il sollicite à cet égard, au dispositif de sa requête introductive d’instance, l’institution d’« (…) une mesure d’instruction complémentaire consistant à vérifier par un groupe indépendant, la possibilité pour un citoyen Irakien, sunnite et ayant travaillé avec les Américains, victime de menaces émanant de groupe armé, respectivement la milice dirigée par Moqtada Al-Sadr, partant le requérant est-il suffisamment protégé par l’Etat irakien, alors qu’il est victime du prédit groupe armé, lequel, vient d’être légalisée par ledit Etat.».

Le demandeur se base ensuite sur l’article 42 (1) a) et b) de la loi du 18 décembre 2015, en insistant sur le fait qu’il serait de confession sunnite, qu’il aurait fait l’objet de menaces de mort et aurait manqué de se faire kidnapper par l’Armée du Mahdi, pour conclure que ces faits constitueraient une accumulation de diverses mesures suffisamment graves pour l’affecter d’une manière comparable à une violation grave des droits fondamentaux de l’Homme, et ajoute que ces faits seraient à considérer comme actes de persécutions au sens de l’article 42 (2) de la prédite loi.

12

Il en conclut que ce serait à tort que le ministre lui aurait refusé le statut de réfugié et il requiert la réformation de la décision attaquée.

Le délégué du gouvernement conclut au rejet du recours en reprenant en substance la décision ministérielle. Il insiste sur le fait que le demandeur ne connaîtrait pas l’identité des individus qui auraient réclamé de l’argent aux sociétés de son père. Il ajoute que les menaces, si elles étaient avérées, auraient été proférées après que les sociétés aient cessé de payer, ce qui démontrerait les motivations économiques des prédits individus. En outre, la crainte du demandeur d’être considéré comme un traître par la société irakienne dans son ensemble serait purement hypothétique, étant donné qu’il ne ferait état d’aucun incident concret à cet égard.

Enfin, il est d’avis que le ministre aurait refusé à bon droit l’octroi du statut de réfugié à Monsieur ......

A titre liminaire, étant donné que tant le ministre que le délégué du gouvernement remettent en cause la crédibilité du récit de Monsieur ....., il appartient au tribunal de toiser ce point avant l’analyse au fond.

Le ministre estime que la crédibilité générale du demandeur serait remise en cause en raison des divergences entre les motifs inscrits dans sa fiche de dépôt de demande de protection internationale et de ceux invoqués devant la police.

S’il est vrai qu’une contradiction semble exister, étant donné que lors de l’audition devant la police le 14 octobre 2015, Monsieur ..... a indiqué qu’il aurait été enlevé par une milice et délivré par la police irakienne, alors que lors de son entretien devant un agent du ministère, il a simplement fait état d’une menace d’enlèvement, et qu’il a corrigé le fait que seul son père aurait reçu des menaces directes alors qu’il avait indiqué avoir été personnellement menacé pendant ledit entretien, il n’en reste pas moins que ces éléments ne remettent pas en cause la crédibilité générale du récit du demandeur, lequel est globalement cohérent et plausible.

Celle-ci n’est dès lors pas ébranlée par le ministre, et ce dernier n’ayant pas, en outre, débouté Monsieur ..... de sa demande de protection internationale en invoquant un défaut de crédibilité de son récit, mais ayant, au contraire, analysé le bien-fondé de sa demande de protection internationale, le tribunal conclut que le récit du demandeur est réputé avéré.

Quant au bien-fondé de la décision déférée, il convient d’abord de préciser que la notion de « réfugié » est définie par l’article 2 f) de ladite loi comme étant « tout ressortissant d’un pays tiers ou apatride qui, parce qu’il craint avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de ses opinions politiques ou de son appartenance à un certain groupe social, se trouve hors du pays dont il a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ou tout apatride qui, se trouvant pour les raisons susmentionnées hors du pays dans lequel il avait sa résidence habituelle, ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut y retourner (…) ».

Par ailleurs, aux termes de l’article 42 (1) de la loi du 18 décembre 2015 : « Les actes considérés comme une persécution au sens de l’article 1A de la Convention de Genève doivent :

13

a) être suffisamment graves du fait de leur nature ou de leur caractère répété pour constituer une violation grave des droits fondamentaux de l’homme, en particulier des droits auxquels aucune dérogation n’est possible en vertu de l’article 15, paragraphe 2, de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ; ou

b) être une accumulation de diverses mesures, y compris des violations des droits de l’homme, qui soit suffisamment grave pour affecter un individu d’une manière comparable à ce qui est indiqué au point a). (…) ».

Finalement, aux termes de l’article 39 de la loi du 18 décembre 2015 : « Les acteurs des persécutions ou atteintes graves peuvent être :

a) l’Etat ;

b) des partis ou organisations qui contrôlent l’Etat ou une partie importante du territoire de celui-ci ;

c) des acteurs non étatiques, s’il peut être démontré que les acteurs visés aux points a) et b), y compris les organisations internationales, ne peuvent ou ne veulent pas accorder une protection contre les persécutions ou atteintes graves. »,

et l’article 40 de la même loi dispose que : « (1) La protection contre les persécutions ou les atteintes graves ne peut être accordée que par :

a) l’Etat, ou

b) des partis ou organisations y compris des organisations internationales, qui contrôlent l’Etat ou une partie importante du territoire de celui-ci, pour autant qu’ils soient disposés à offrir une protection au sens du paragraphe (2) et en mesure de le faire.

(2) La protection contre les persécutions ou les atteintes graves doit être effective et non temporaire. Une telle protection est généralement accordée lorsque les acteurs visés au paragraphe (1) points a) et b) prennent des mesures raisonnables pour empêcher la persécution ou des atteintes graves, entre autres lorsqu’ils disposent d’un système judiciaire effectif permettant de déceler, de poursuivre et de sanctionner les actes constituant une persécution ou une atteinte grave, et lorsque le demandeur a accès à cette protection.

(3) Lorsqu’il détermine si une organisation internationale contrôle un Etat ou une partie importante de son territoire et si elle fournit une protection au sens du paragraphe (2), le ministre tient compte des orientations éventuellement données par les actes du Conseil de l’Union européenne en la matière. ».

Il se dégage des articles précités de la loi du 18 décembre 2015 que l’octroi du statut de réfugié est notamment soumis aux conditions que les actes invoqués sont motivés par un des critères de fond définis à l’article 2 f) de la loi du 18 décembre 2015, à savoir la race, la religion, la nationalité, les opinions politiques ou l’appartenance à un certain groupe social, que ces actes sont d’une gravité suffisante au sens de l’article 42 (1) de la loi du 18 décembre 2015, et qu’ils émanent de personnes qualifiées comme acteurs aux termes des articles 39 et 40 de la loi du 18 décembre 2015, étant entendu qu’au cas où les auteurs des actes sont des

14 personnes privées, elles sont à qualifier comme acteurs seulement dans le cas où les acteurs visés aux points a) et b) de l’article 39 de la loi du 18 décembre 2015 ne peuvent ou ne veulent pas accorder une protection contre les persécutions et, enfin, que le demandeur ne peut ou ne veut pas se réclamer de la protection de son pays d’origine.

Dans la mesure où les conditions sus-énoncées doivent être réunies cumulativement, le fait que l’une d’elles ne soit pas valablement remplie est suffisant pour conclure que le demandeur ne saurait bénéficier du statut de réfugié.

Force est encore de relever que la définition du réfugié contenue à l’article 2 f) de la loi du 18 décembre 2015 retient qu’est un réfugié une personne qui « craint avec raison d’être persécutée », de sorte à viser une persécution future sans qu’il n’y ait nécessairement besoin que le demandeur ait été persécuté avant son départ de son pays d’origine. Par contre, s’il s’avérait que tel avait été le cas, l’article 37 (4) de la loi du 18 décembre 2015 établit une présomption simple que de telles persécutions se poursuivront en cas de retour dans le pays d’origine, étant relevé que cette présomption pourra être renversée par le ministre par la justification de l’existence de bonnes raisons de penser que ces persécutions ne se reproduiront pas. L’analyse du tribunal devra par conséquent en définitive porter sur l’évaluation, au regard des faits que le demandeur avance, du risque d’être persécuté qu’il encourt en cas de retour dans son pays d’origine.

En l’espèce, le demandeur fonde sa crainte d’être persécuté d’une part, sur le fait d’être de confession sunnite, d’autre part, sur le fait d’avoir travaillé pour des sociétés américaines jusqu’en 2012.

En ce qui concerne les motifs religieux et communautaristes, si Monsieur ..... soutient que sa confession sunnite et son appartenance au groupe social des sunnites auraient motivé les dénommés ....., .....et ..... à tirer des coups de feu sur son véhicule lorsqu’il a refusé de s’arrêter, il n’établit toutefois pas à suffisance de droit le lien entre les faits subis et la motivation prétendument religieuse et communautariste gisant à la base des agissements de ces individus. Il n’établit pas non plus que le fait qu’il soit sunnite les ait motivés à le racketter. Cette même conclusion s’impose en ce qui concerne les allégations similaires à l’encontre des autorités étatiques.

En effet, s’il ressort certes des déclarations de Monsieur ..... que les milices chiites ont attaqué dans le passé certains individus de confession sunnite, force est de relever que le demandeur a indiqué avoir vécu paisiblement à ....., dans le quartier ....., à majorité chiite, sans avoir le moindre souci avec ladite milice, sinon une autre milice chiite, ou même d’autres membres de la communauté chiite, ainsi qu’avec les autorités irakiennes jusqu’à ce que les sociétés de son père dans lesquelles il travaillait n’ont plus été en mesure de verser les pots- de-vin réclamés de part et d’autre, versements qui étaient, selon les dires du demandeur, également bénéfiques aux affaires desdites sociétés. Les motivations des prédits individus sont dès lors purement financières et indépendantes de la croyance religieuse du demandeur et de l’appartenance de ce dernier à la communauté sunnite. Cette analyse est confirmée par les propos de Monsieur ..... selon lesquels il a fui l’Irak une première fois pour se rendre en Egypte alors qu’aucun évènement particulier ne l’y avait contraint, hormis le fait que sa famille et lui-même n’avaient « simplement plus d’argent et on savait ce qui allait arriver par

15 la suite. »1, le demandeur n’ayant aucunement invoqué des motifs religieux ou communautaristes qui auraient pu se trouver à la base de cette première fuite.

En ce qui concerne les motifs politiques tirés du fait qu’en tant que sunnite, il serait ipso facto considéré comme opposant politique, il échet d’abord de préciser que l’article 43 (1) e) dispose que « (…) la notion d’opinions politiques recouvre, en particulier, les opinions, les idées ou les croyances dans un domaine lié aux acteurs de la persécution potentiels, ainsi qu’à leurs politiques et à leurs méthodes, que ces opinions, idées ou croyances se soient ou non traduites par des actes de la part du demandeur. »

Or, le demandeur reste également en défaut d’étayer le lien entre la volonté des miliciens de le racketter et ses opinions politiques, le fait d’affirmer qu’en tant que sunnite il serait automatiquement considéré par les miliciens et l’Etat irakien comme opposant du régime en place n’étant, en effet, ni suffisant ni concluant, d’autant plus qu’en l’espèce, il y a lieu de rappeler que Monsieur ....., ayant habité dans un quartier majoritairement chiite, ne fait état d’aucun incident avant la cessation des paiements de pots-de-vin par les sociétés de son père dans lesquelles il travaillait.

En ce qui concerne encore les motifs politiques tirés du fait qu’il aurait accompli des tâches pour les autorités américaines, le faisant, selon lui, paraître comme un traître aux yeux des Irakiens, le demandeur reste également en défaut d’étayer un quelconque lien entre ses prédites activités et les persécutions qu’il craindrait, étant donné qu’il ne fait état d’aucun incident concret sur une période de trois années se déroulant de la fin de ses activités en 2012 jusqu’au jour où il a été poursuivi par les trois prédits individus le 25 août 2015.

Dès lors, les craintes de persécution du demandeur ne rentrent pas dans le champ d'application de la Convention de Genève, en ce que les agissements des prédits individus ne sont pas fondés sur l’un des motifs de persécutions prévues à l'article 2 f) de la loi du 18 décembre 2015, à savoir la race, la religion, la nationalité, les opinions politiques ou encore l'appartenance du demandeur à un certain groupe social.

Dans ces conditions, le recours pour autant qu'il est dirigé contre le refus du ministre d’accorder au demandeur le statut de réfugié est à déclarer comme étant non fondé.

b) Quant au statut conféré par la protection subsidiaire

Quant au volet de la décision litigieuse portant refus d’accorder à Monsieur ..... le bénéfice du statut conféré par la protection subsidiaire, le demandeur estime qu’au vu de son dossier administratif, la preuve du risque de subir des atteintes graves au sens de l’article 48 de la loi du 18 décembre 2015 en cas de retour en Irak serait rapportée. Le fait de vivre dans la crainte constante qu’elles se réalisent constituerait de véritables traitements inhumains, sinon des traitements dégradants au sens de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ci-après désignée par « la CEDH ».

Il ajoute, quant à la fuite interne, que selon les lignes directrices de l’UNHCR, cette alternative pourrait être envisageable lorsque la zone de réinstallation serait accessible sur le plan pratique, juridique ainsi que sécuritaire. Il estime qu’en raison des tensions

1 Page 7 du rapport d’audition. 16 interethniques exacerbées en Irak et de la présence de la milice de Moqtada Al-Sadr dans tout le pays, il ne pourrait pas se réinstaller ailleurs en toute dignité et dans la paix.

Le demandeur donne encore à considérer qu’en vertu de l’article 37 (4) de la loi du 18 décembre 2015, il n’existerait aucune bonne raison de penser que les atteintes graves subies en Irak ne se reproduiraient pas, d’autant plus que, selon lui, il ne pourrait pas y bénéficier d’une protection efficace. Ainsi, il devrait bénéficier de la protection subsidiaire.

Le délégué du gouvernement fait valoir que la situation existant actuellement en Irak ne saurait être qualifiée de conflit armé interne présentant des menaces graves et individuelles contre la vie ou la personne d’un civil en raison d’une violence aveugle. Il cite, à ce propos, plusieurs décisions de juridictions européennes, notamment un jugement du « Bundesverwaltungsgerichts » autrichien du 2 juin 2017 et un arrêt du Conseil du contentieux des étrangers belge du 27 avril 2017, pour conclure que le fait d’être originaire d’Irak ne justifierait pas automatiquement l’octroi du statut conféré par la protection subsidiaire.

Il précise, plus particulièrement quant à la situation sécuritaire de ....., ville d’origine du demandeur, qu’il n’y aurait pas de violences aveugles et qu’une vie civile y serait tout à fait possible. Ainsi, la province dont ce dernier est originaire, à savoir Wasit, serait en grande partie épargnée par le conflit ethno-confessionnel. Les attentats y seraient essentiellement de faible amplitude et sporadiques. Le nombre de victimes seraient de ce fait limité. Le délégué du gouvernement ajoute encore qu’à ....., différents bars, des magasins, des centres commerciaux et supermarchés, des mosquées, des hôpitaux et des écoles seraient toujours ouverts et actifs, et qu’il y aurait « même une école privée pour filles ». Il explique que la situation ne serait pas telle que dépeinte par le demandeur, étant donné que pendant plusieurs années celui-ci y aurait vécu tout en développant un commerce florissant et que les membres de sa famille y résideraient toujours malgré les menaces, ce qui démontrerait que la situation sécuritaire serait stable. Il en conclut que le ministre aurait à bon droit refusé la protection subsidiaire à Monsieur ......

Il y a lieu de relever qu’aux termes de l’article 2 g) de la loi du 18 décembre 2015, est une « personne pouvant bénéficier de la protection subsidiaire », « tout ressortissant d’un pays tiers ou tout apatride qui ne peut être considéré comme un réfugié, mais pour lequel il y a des motifs sérieux et avérés de croire que la personne concernée, si elle était renvoyée dans son pays d’origine ou, dans le cas d’un apatride, dans le pays dans lequel il avait sa résidence habituelle, courrait un risque réel de subir des atteintes graves et que cette personne ne pouvant pas ou, compte tenu de ce risque, n’étant pas disposée à se prévaloir de la protection de ce pays ».

L’article 48 de la même loi dispose que les atteintes graves doivent être définies comme suit : « a) la peine de mort ou l’exécution ;

b) la torture ou des traitements ou sanctions inhumains ou dégradants infligés à un demandeur dans son pays d’origine ;

c) des menaces graves et individuelles contre la vie ou la personne d’un civil en raison d’une violence aveugle en cas de conflit armé interne ou international ».

17

Il s’ensuit que l’octroi de la protection subsidiaire est notamment soumis aux conditions que les actes invoqués par le demandeur, de par leur nature, entrent dans le champ d’application de l’article 48 précité de la loi du 18 décembre 2015 et que les auteurs de ces actes puissent être qualifiés comme acteurs au sens de l’article 39 de cette même loi, étant relevé que les conditions de la qualification d’acteur sont communes au statut de réfugié et à celui conféré par la protection subsidiaire.

Par ailleurs, l’article 2 g), précité, définissant la personne pouvant bénéficier de la protection subsidiaire comme étant celle qui avance « des motifs sérieux et avérés de croire que », si elle est renvoyée dans son pays d’origine « courrait un risque réel de subir les atteintes graves définies à l’article 48 », cette définition vise partant une personne risquant d’encourir des atteintes graves futures, sans qu’il n’y ait nécessairement besoin que le demandeur ait subi des atteintes graves avant son départ de son pays d’origine. Par contre, s’il s’avérait que tel avait été le cas, l’article 37 (4) de la loi du 18 décembre 2015 établit une présomption simple que les atteintes graves antérieures d’ores et déjà subies se reproduiront en cas de retour dans le pays d’origine, étant relevé que cette présomption pourra être renversée par le ministre par la justification de l’existence de bonnes raisons de penser que ces atteintes graves ne se reproduiront pas. L’analyse du tribunal devra par conséquent en définitive porter sur l’évaluation, au regard des faits que le demandeur avance, du risque réel de subir des atteintes graves qu’il encourt en cas de retour dans son pays d’origine.

Le tribunal constate qu’à l’appui de sa demande de protection subsidiaire, le demandeur invoque en substance les mêmes motifs que ceux qui sont à la base de sa demande de reconnaissance du statut de réfugié.

i. Quant au risque de subir les atteintes graves définies à l’article 48 a) et b) de la loi du 18 décembre 2015 en cas de retour en Irak

Monsieur ..... estime, en invoquant la mort de son frère ..... en 2017 et en versant, à cet égard, un certificat de décès et une traduction incomplète, qu’il pourrait subir le même sort que lui, à savoir d’être exécuté par des miliciens.

Force est au tribunal de relever, en ce qui concerne le décès du frère du demandeur, que des faits non personnels mais vécus par un autre individu ne sont susceptibles de fonder une crainte de persécution au sens de la Convention de Genève que si le demandeur établit dans son chef un risque réel d’être victime d’actes similaires en raison de circonstances particulières. Or, dans la mesure où le demandeur ne fournit aucune précision quant aux circonstances du décès de son frère, ni quant aux motivations des auteurs de ces actes - ce dernier expliquant seulement vaguement qu’il craindrait pour la vie de son père et celle de sa famille en raison de la mort de son frère ..... qu’il attribue à des miliciens -, Monsieur ..... reste en défaut de démontrer que ces actes ont un quelconque lien avec sa situation personnelle, notamment avec les individus qui ont tiré sur son véhicule et qui appartiendraient à l’Armée du Mahdi. Il omet également d’expliquer les raisons pour lesquelles ceux-ci en auraient eu après son frère ....., alors qu’il a déclaré que ces individus « [le] ciblaient pour [lui] faire peur, parce que c’est [lui] qui gérais les finances. »2 et que les menaces étaient proférées à l’encontre de son père3.

2 Page 8 du rapport d’audition. 3 Page 6 du rapport d’audition. 18

Le demandeur estime encore que les trois individus précités voulaient « soit [le] tuer, soit [l’] enlever pour pouvoir demander de l’argent. »4 lorsqu’ils l’ont poursuivi en voiture et lui ont sommé de s’arrêter.

En ce qui concerne les menaces de mort, force est au tribunal de constater que le demandeur reste en défaut d’expliquer les griefs de ces personnes à son encontre et les raisons pour lesquelles elles souhaiteraient sa mort. Il ressort au contraire de ses déclarations qu’elles étaient persuadées qu’il disposait de liquidités5 et qu’il était dans leur intérêt de le capturer vivant pour réclamer une rançon. Néanmoins, compte tenu du fait qu’elles ont tiré des coups de feu dans sa direction et que les balles ont touché l’avant, le côté et le châssis de son véhicule, le tribunal en arrive à la conclusion qu’il ne s’agissait pas d’une simple sommation pour qu’il s’arrête, mais que ces individus cherchaient véritablement à l’abattre, de sorte que les prédits faits entrent dans le champ d’application de l’article 48 a) et b) de la loi du 18 décembre 2015.

En ce qui concerne, ensuite, l’auteur des atteintes graves invoquées, à savoir l’Armée du Mahdi, le tribunal ne saurait suivre la partie étatique sur le fait que celle-ci aurait été dissoute et réorganisée, de sorte que le demandeur ne craindrait plus de subir des atteintes graves, étant donné qu’il ressort des documents versés, que si elle a été effectivement dissoute en 2008, une grande partie des membres de celle-ci ont formé la Brigade de la paix, qui, elle, est toujours active de nos jours et compterait 15.000 hommes6 et qu’il ressort, en outre, du rapport du « Finnish immigration service, Country information service » du 29 avril 2015 intitulé « Security situation in Baghdad – the Shia militias » que les membres de la coalition paramilitaire de milices majoritairement chiites appelé « Al-Hashd al-Shaabi » (Popular Mobilization Units), dont la Brigade de la paix fait partie, sont accusés d’avoir commis de nombreuses exactions à l’encontre des civils.

En ce qui concerne encore la qualification des auteurs, la partie étatique émet des doutes sur le fait qu’ils auraient réellement été des membres d’une milice, sans toutefois expliquer plus amplement les raisons pour lesquelles elle estime que les propos du demandeur sur l’identification de ces auteurs ne seraient pas crédibles. Dans la mesure où le tribunal a ci- avant retenu la crédibilité générale du récit du demandeur, les simples doutes du ministre ne permettent pas d’exclure que des membres de la milice l’Armée du Mahdi soient les auteurs véritables des atteintes graves commises et qui sont craintes par le demandeur, d’autant plus qu’il a précisé lors de son audition qu’il les connaissait personnellement7 et était au courant de ce fait de leur affiliation à la prédite organisation.

Etant donné que la Brigade de la paix, anciennement dénommée l’Armée du Mahdi, est légitimement reconnue et soutenue par le gouvernement irakien actuel, il y a lieu de retenir que ladite milice est à considérer comme étant une organisation qui participe au contrôle de l’Etat irakien ou une partie importante du territoire de celui-ci, au sens de l’article 39 b) de la loi du 18 décembre 2015, précité.

Concernant, enfin, la protection disponible dans le pays d’origine du demandeur face à cette milice, il y a lieu de rappeler qu’en application de l’article 40 de la loi du 18 décembre

4 Page 7 du rapport d’audition. 5 Page 10 du rapport d’audition. 6 Fiche thématique de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, « Irak : les milices chiites », 15 Avril 2016, page 8. 7 Page 7 de son rapport d’audition. 19

2015, la protection contre les atteintes graves ne peut être accordée que par l’Etat ou des partis ou organisations y compris des organisations internationales, qui contrôlent l’Etat ou une partie importante du territoire de celui-ci, pour autant qu’ils soient disposés à offrir une protection et qu’ils soient en mesure de le faire.

Or, au vu des accointances entre l’Etat irakien et la prédite milice, et du fait que les atteintes graves relatées par le demandeur émanent d’un acteur paraétatique, le tribunal est amené à retenir qu’à défaut de tout élément contraire, il n’est pas raisonnable d’attendre de Monsieur ..... qu’il réclame une protection des autorités irakiennes contre les agissements des miliciens, surtout dans le contexte actuel où les autorités nationales semblent se concentrer sur la lutte contre « l’Etat islamique ».

Cette conclusion n’est pas autrement remise en cause par les considérations de la partie étatique selon lesquelles certains membres des milices chiites ne resteraient pas impunis face aux infractions de droit commun qu’ils commettraient, affirmation basée sur un article de presse du site « Iraqinews » du 11 janvier 2017 intitulé « Court sentences 47 PMU militiamen to death, prison over murder, kidnapping »8.

En effet, cet article concerne la coalition paramilitaire de milices Al-Hashd al-Shaabi. Or, il ressort du rapport du « Finnish immigration service, Country information service » du 29 avril 2015 intitulé « Security situation in Baghdad – the Shia militias » versé par Monsieur ....., que le prédit groupement est composé de 100.000 à 120.000 hommes9. Si certains membres ont certes été condamnés pour des crimes graves tels que meurtres et enlèvements, il n’en reste pas moins que leur nombre est dérisoire en comparaison à la totalité des hommes formant ce groupement, dont les écarts de conduite ne sauraient être valablement considérés comme exceptionnels.

Par ailleurs, il est indiqué à plusieurs reprises dans le prédit rapport que les milices chiites sont soutenues, et contrôlent même certains organes du gouvernement irakien. S’il ne peut être reproché de manière généralisée à tous ces membres d’enfreindre la loi et les droits de l’Homme, il y a lieu de rappeler qu’il est indiqué, toujours dans le même rapport, que les milices sont activement impliquées dans la commission de nombreuses exactions à l’égard des civils irakiens.

Aucun élément ne permet, non plus, de penser qu’il ne s’agirait pas, si l’hypothèse de la condamnation de ces 47 miliciens était avérée, d’un évènement isolé, ce qui semble d’autant plus être le cas sachant que le groupement Al-Hashd al-Shaabi a été constitué en 2014, et qu’à l’exception du seul article décrivant de manière très imprécise l’arrestation et la condamnation en janvier 2017 de 47 membres de ce groupement, dont les exactions sont légion, il n’est pas établi que l’Etat irakien serait actuellement en mesure de contrôler ses actions et de sanctionner effectivement toute violation des droits de l’Homme que ledit groupement serait amené à commettre dans le cadre de la lutte contre l’« Etat islamique ».

Il y a dès lors lieu de considérer que l’information vague sur l’arrestation et la condamnation de 47 membres du groupement Al-Hashd al-Shaabi n’est pas suffisante pour permettre de retenir que le système sécuritaire et judiciaire en Irak fonctionne correctement à l’égard des membres des milices, contrairement à ce que la partie étatique affirme, et ce

8 https://www.iraqinews.com/features/court-sentences-47-pmu-militiamen-death-prison-murder-kidnapping/ 9 Rapport du « Finnish immigration service, Country information service », « Security situation in Baghdad – the Shia militias », 29 avril 2015, page 5. 20 d’autant plus qu’il est relevé, toujours dans le même rapport finlandais, que « Militias have threatened judges and lawyers. It is very difficult for them to try cases related to organised crime, corruption or the actions of militias. »10, ce qui renforce cette analyse.

Partant, au regard de la situation particulière de Monsieur ....., il y a lieu de retenir que le ministre a, à tort, retenu que ce dernier pourrait bénéficier d’une protection étatique effective dans son pays d’origine contre les atteintes graves de la part des dénommés ....., .....et ....., membres de la Brigade de la paix.

Etant donné qu’il a déjà fait l’objet d’une violente attaque et qu’en vertu de l’article 37 (4) de la loi du 18 décembre 2015, le demandeur bénéficie de la présomption que les atteintes graves antérieures d’ores et déjà subies se reproduiront en cas de retour dans le pays d’origine, présomption qui n’a pas été renversée par le ministre par la preuve de l’existence de bonnes raisons de penser que celles-ci ne se reproduiront pas, il y a dès lors lieu de retenir que Monsieur .... établit dans son chef un risque réel d’être victime d’une exécution, sinon de traitements inhumains ou dégradants, en cas de retour en Irak.

Finalement, en ce qui concerne la possibilité d’une fuite interne, il est constant en cause que le demandeur est originaire de la ville de ......

Aux termes de l’article 41 de la loi du 18 décembre 2015 « (1) Dans le cadre de l’évaluation de la demande de protection internationale, le ministre peut estimer qu’un demandeur n’a pas besoin de protection internationale lorsque, dans une partie du pays d’origine, a) il n’a pas une crainte fondée d’être persécuté ou ne risque pas réellement de subir des atteintes graves ; ou b) il a accès à une protection contre les persécutions ou les atteintes graves au sens de l’article 40 et qu’il peut, en toute sécurité et en toute légalité, effectuer le voyage vers cette partie du pays et obtenir l’autorisation d’y pénétrer et que l’on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’il s’y établisse. (…) ».

Il s’ensuit que la zone envisagée par le ministre pour la fuite interne doit remplir trois conditions cumulatives : (i) le demandeur n’y court pas le risque d’être persécuté ou de subir des atteintes graves, ou, le cas échéant, peut y bénéficier d’une protection de la part des autorités, (ii) la zone doit être accessible tant sur un plan pratique que juridique, et (iii) il doit être « raisonnable » d’attendre du demandeur qu’il s’y installe.

Les principes directeurs du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés prévoient, en outre, que le caractère « raisonnable » de la fuite interne proposée par la partie étatique doit être apprécié au regard « de la situation personnelle du demandeur, de l’existence de persécutions antérieures, des conditions de sûreté et de sécurité, de respect des droits de l’homme et des conditions économiques de subsistance. »11.

Le ministre affirme que Monsieur ..... aurait pu bénéficier d’une fuite interne dans un quartier de …, tels que … du sud, …, ou encore dans le sud de l’Irak, à savoir dans la province de … ou une autre des neuf provinces du sud.

10 Op.cit. 6, page 18. 11 UNHCR, « principes directeurs sur la protection internationale : « la possibilité de fuite ou de réinstallation interne » dans le cadre de l’application de l’Article 1A(2) de la Convention de 1951 et/ou du Protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés. », 23 juillet 2003. 21

Le demandeur fait valoir, à cet égard, qu’il ne pourrait pas s’installer dans une autre région de son pays en raison de la répartition ethnique qui est défavorable aux sunnites, et que certaines d’entre elles seraient touchées par la guerre et l’Etat islamique.

Dans la mesure où le tribunal a retenu que le demandeur risquait, en cas de retour, d’être victime d’atteintes graves dans sa ville d’origine, à savoir ...., et qu’il ne pourrait y bénéficier d’une protection de la part des autorités étatiques, une réinstallation dans la prédite ville n’est pas concevable.

En outre, le tribunal a été amené à constater dans un jugement du 7 mai 2018, portant le numéro 39495 du rôle, que les habitants du Nord et du centre de l’Irak, et surtout ceux de ..… continuent inlassablement d’être victimes, et ce, de manière régulière, de violences aveugles. Il a ensuite conclu que la situation prévalant dans ces zones a pour conséquence de générer des menaces graves et individuelles contre la vie ou la personne des civils qui y vivent, en raison de violences aveugles commises dans le cadre d’un conflit armé interne, au sens de l’article 48 c) de la loi du 18 décembre 201512, de sorte qu’aucune réinstallation à …. ne saurait être envisageable.

En ce qui concerne la possibilité de réinstallation dans le Sud de l’Irak, le ministre relève dans la décision déférée que la province d’origine du demandeur, ..…, ainsi que celles de .… et .… seraient « en grande partie épargnées par le conflit ethno-confessionnel qui ravage l’Irak », sans préciser autrement quelles régions seraient ravagées par ce conflit. Il concède dès lors que le conflit entre sunnites et chiites s’étend sur une vaste partie du territoire irakien, majoritairement peuplé de chiites, de sorte que le tribunal n’est pas en mesure de conclure que Monsieur ....., faisant partie de la minorité sunnite, puisse raisonnablement bénéficier d’une fuite interne dans les régions citées par le ministre sur lequel repose la charge de la preuve et qui reste en défaut de rapporter l’existence, dans le chef du demandeur, d’un lieu où il pourrait se réinstaller en toute sécurité, et où il serait protégé par les autorités irakiennes des menaces de la Brigade de la paix, dont la présence a été vérifiée notamment dans le Sud du pays et à .…, selon la fiche thématique de l’OFPRA, précitée13.

Il s’ensuit qu’il y a lieu de conclure que le demandeur est confronté à un risque réel de subir des atteintes graves au sens de l’article 48 a) et b) de la loi du 18 décembre 2015 en cas de retour dans son pays d’origine.

Au vu des développements qui précèdent, il y a lieu d’octroyer au demandeur le bénéfice de la protection subsidiaire et de réformer la décision déférée du ministre en ce sens.

2) Quant au recours tendant à la réformation de la décision ministérielle du 12 mai 2017 portant ordre de quitter le territoire

Etant donné que l’article 35 (1) de la loi du 18 décembre 2015 prévoit un recours en réformation contre l’ordre de quitter le territoire, un recours sollicitant la réformation de pareil ordre contenu dans la décision déférée a valablement pu être dirigé contre la décision ministérielle litigieuse. Le recours en réformation, ayant par ailleurs été introduit dans les formes et délai prévus par la loi, est recevable.

12 Trib. adm., 7 mai 2018, n° 39495 du rôle, disponible sur www.jurad.etat.lu 13 Op. cit. 6, page 7. 22

Le demandeur invoque l’article 129 de la loi du 29 août 2008, qui dispose que « L'étranger ne peut être éloigné ou expulsé à destination d'un pays s'il établit que sa vie ou sa liberté y sont gravement menacées ou s'il y est exposé à des traitements contraires à l'article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950 ou à des traitements au sens des articles 1er et 3 de la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. », ainsi que l’article 3 de la CEDH.

Le délégué du gouvernement conclut au rejet du recours contre l’ordre de quitter le territoire qui découlerait du rejet de la demande de protection internationale sous examen en faisant valoir que le demandeur serait resté en défaut d’établir qu’un retour en Irak entraînerait pour lui le risque de faire l’objet de traitements contraires à la CEDH, respectivement violerait le principe de non refoulement.

Aux termes de l’article 34 (2) de la loi du 18 décembre 2015, « une décision du ministre vaut décision de retour. (…) ». En vertu de l’article 2 q) de la loi du 18 décembre 2015, la notion de « décision de retour » se définit comme « la décision négative du ministre déclarant illégal le séjour et imposant l’ordre de quitter le territoire ». Si le législateur n’a pas expressément précisé que la décision du ministre visée à l’article 34 (2), précité, de la loi du 18 décembre 2015 est une décision négative, il y a lieu d’admettre, sous peine de vider la disposition légale afférente de tout sens, que sont visées les décisions négatives du ministre. Il suit dès lors des dispositions qui précèdent que l’ordre de quitter le territoire est la conséquence automatique du refus de protection internationale.

Dans la mesure où le tribunal vient de retenir que le demandeur est fondé à se prévaloir du statut conféré par la protection subsidiaire et que la décision de refus de la protection internationale est à réformer en ce sens, il y a lieu, en conséquence, de réformer la décision portant ordre de quitter le territoire et de dire que Monsieur ..... ne doit pas quitter le territoire.

Par ces motifs,

le tribunal administratif, deuxième chambre, statuant à l’égard de toutes les parties ;

reçoit en la forme le recours en réformation introduit contre la décision ministérielle du 12 mai 2017 rejetant la demande de protection internationale de Monsieur ..... ;

au fond, le déclare partiellement justifié ;

partant, par réformation de la décision ministérielle déférée du 12 mai 2017, accorde au demandeur le statut conféré par la protection subsidiaire au sens de la loi du 18 décembre 2015 relative à la protection internationale et à la protection temporaire et renvoie l’affaire devant le ministre de l’Immigration et de l’Asile pour exécution ;

pour le surplus, déboute le demandeur de son recours en réformation introduit à l’encontre de la décision ministérielle du 12 mai 2017 portant refus d’une protection internationale ;

23

reçoit en la forme le recours en réformation introduit contre la décision ministérielle du 12 mai 2017 portant ordre de quitter le territoire ;

au fond, le déclare justifié ;

partant, par réformation, dit que Monsieur ..... ne doit pas quitter le territoire dans un délai de trente jours ;

condamne l’Etat aux frais.

Ainsi jugé par :

Françoise Eberhard, vice-président, Daniel Weber, juge, Michèle Stoffel, juge,

et lu à l’audience publique du 11 juin 2018 par le vice-président, en présence du greffier assumé Lejila Adrovic.

s. Lejila Adrovic s. Françoise Eberhard

Reproduction certifiée conforme à l’original Luxembourg, le 13 juin 18 Le Greffier du Tribunal administratif

24