Les Racines Historiques Du Separatisme Anjouanais (1997)
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
UNIVERSITE DE TOAMASINA -------------------------------- FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES ----------------- U. E. R. D’HISTOIRE LES RACINES HISTORIQUES DU SEPARATISME ANJOUANAIS (1997) Travail d’études et de recherches présenté par : ABDOUROIHAMANE Mahamoud Bacar Sous la direction de Monsieur RAKOTONDRABE Daniela Tovonirina Maître de conférences à l’Université de Toamasina Année Universitaire 2005-2006 DEDICACE A notre chère famille, surtout NASTAYDA Intibane et SAENDA Youssouf 1 REMERCIEMENTS La réalisation de ce mémoire a bénéficié du concours de diverses personnes. Pour témoigner notre gratitude, nous adressons plus particulièrement nos loyaux remerciements à : Monsieur RAKOTONDRABE Daniela Tovonirina, notre Directeur de recherches qui, par ses remarques et ses suggestions pertinentes, a su orienter rationnellement nos réflexions pour l’enrichissement de ce mémoire. Tous les professeurs de l’Université de Toamasina, plus précisément ceux du département d’histoire qui, par le concours de leurs connaissances biens fondées, nous ont initié l’esprit de l’ expérience scientifique. Tous ceux qui, à différents moments de nos recherches, ont bien voulu répondre à nos interrogations. Nous adressons également nos vifs remerciements à : Nos membres de la famille, en particulier notre mère et père, Monsieur et Madame INTIBANE, MAHAMOUD Natacha, ABACAR Mahamoud (Djoni), ALI Mahamoud, NARDA Mahamoud, AYATOULLAH Mahamoud, pour leurs efforts financiers, leur patience et surtout leur encouragement pendant les moments pénibles. Notre chère bien aimée, SITTI Mohamed qui, par sa patience et son soutien, a impulsivement contribué à ce travail. Nos enseignants, surtout SOIFAOUIDINE Sidi, MOUSSIAMBOU Halidi, KAISSI Abdallah, MOHAMED Oussene etc. Tous les étudiants comoriens de Barikadimy, surtout ceux de l’Union Fraternelle des Etudiants et Stagiaires Ouaniens à Madagascar (UFESOM). Tous les amis, entre autres YOUSSOUFOU Moussa, CHEKIDINE Saïd, DHAHALEB Ali, ABTOIHI Houmadi Bacar Papa, YAHAYA Mohamed, ABDALLAH Omar(Sergio) etc. ABDOUROIHAMANE Mahamoud Bacar 2 INTRODUCTION 3 À la fin du XIX e siècle bien avant la colonisation des Comores, les îles de l’archipel étaient gouvernées pendant plusieurs siècles par des sultans rivaux connus sous le nom des « batailleurs ». Sous la période coloniale, l’administration française avait dirigé presque un siècle et demi (1886-1975) les quatre îles des Comores dans l’ensemble. Mais, avec l’accession du pays à l’indépendance, l’unité de façade pendant la domination française est davantage menacée. En effet, la décolonisation des Comores avait été revendiquée le 23 décembre 1972 par la Chambre des députés de Moroni. L’Assemblée comorienne vote alors à une forte majorité une résolution demandant « l’accession des Comores à l’indépendance dans l’amitié et la coopération avec la France »1. Le 15 juin 1973, est signée par M. Bernard Stasi (alors Ministre des Départements et des Territoires d’Outre-Mer) et par Ahmed Abdallah (président du conseil de gouvernement), une « déclaration commune » prévoyant l’organisation d’une consultation populaire aux Comoriens, dans un délai de cinq ans, pour décider de leur sort. Le processus de la décolonisation des Comores est effectivement mis en œuvre en 1974. Le 22 décembre1974, les îles de l’archipel des Comores votent pour la souveraineté. Globalement, l’indépendance est voulue par 94,56% des voix. Les décomptes, île par île, relèvent qu’à Anjouan, à la Grande Comore et à Mohéli, l’acceptation de l’indépendance avoisine les 100%. Mais, l’île de Mayotte se prononce contre l’indépendance à la majorité de deux tiers (63,82%). À la suite de ce scrutin, le projet de loi qui reconnaît l’indivisibilité des Comores est modifié en raison d’une ferme opposition des sénateurs français qui estiment qu’un statut particulier doit être attribué à l’île de Mayotte 2. Par conséquent, les membres de la Chambre des députés des trois îles des Comores, pour contester une procédure qui remet en cause la décolonisation globale de l’archipel, proclament à l’unanimité l’indépendance unilatérale le 6 juillet 1975. Le lendemain, ils désignent Ahmed Abdallah, chef de l’état. Cette décision fracassante provoque la division au sein de la classe politique comorienne ainsi que la sécession de Mayotte. Ainsi, l’année 1975 est un tournant majeur dans l’histoire des « îles de la lune », car le pays a acquis son indépendance, mais cette dernière n’a pas eu un effet de regroupement pour que le pays choisisse en commun son destin. Dès lors, Mayotte est restée dans la République Française jusqu’à l’heure actuelle. 1 La résolution demandant l’indépendance est votée par 34 voix contre 5. Les cinq députés de Mayotte votent contre cette résolution. Pour plus de détails, voir Oraison (A) , Les différends Franco-comoriens sur l’île de Mayotte , RDSDP, 1996, pp. 19-21. 2 MOHAMED Ibrahim, Les Comores : la marche vers l’indépendance (1972-1975), CNDRS, 2000. p : 29. 4 Plus de deux décennies après cette décolonisation inachevée, les régimes en place utilisent le fédéralisme de désagrégation [fédéralisme de désintégration, un fédéralisme qui perd son intégrité, sa cohésion nationale et qui renforce les forces centrifuges]. En effet, en dépit de la constitution fédérale, les élites politiques des Comores se contentent d’un système d’administration cloisonnée et hypercentralisée. La prise de conscience de particularismes insulaires est oubliée et le fédéralisme est resté théorique. Au demeurant, certaines des îles se sont senties lésées et ont pensé se retirer du pouvoir central. C’est le cas de l’île d’Anjouan qui, en 1997, tombe dans une atmosphère bouillonnante. Cette île est fortement tentée par l’idée de se séparer de la collectivité nationale. Ironie du destin, les habitants de cette île réclament ouvertement la sécession vis-à- vis de la République Fédérale Islamique des Comores (RFIC) et leur attachement à l’ancienne puissance coloniale. L’émergence de ce mouvement sécessionniste brusquement survenu dans l’île, la plus proche de Mayotte (70 km), avait occupé entièrement les esprits de presque tous les Comoriens. Les Comores se sont trouvées, pendant plus de quatre ans, confrontées à une crise insulaire sans précédent. Les îles se sont engagées dans un vertige qui lamine peu à peu sa géographie, son histoire commune, provoquant ainsi son démantèlement. Quelles sont donc les racines historiques du séparatisme anjouanais et de quoi se nourrit-il ? L’histoire du séparatisme anjouanais qui nous inspire est dictée par deux motivations principales. D’abord, le séparatisme anjouanais de 1997 est un domaine d’étude, jusqu’à nos jours mal défini et mal connu dans le cadre des investigations historiques. En effet, nous n’avons quasiment pas d’ouvrages traitant des racines de la sécession anjouanaise. Ce qui veut dire que la plupart des historiens n’ont pas encore fait jusqu'alors une étude approfondie sur ce thème. Ensuite, nous voudrions savoir la place qu’occupe le séparatisme anjouanais dans l’histoire mouvementée des Comores. Car, nous constatons que la sécession est devenue une tentative récurrente voire une fièvre obsidionale dans les îles de l’archipel des Comores. Pour ce qui est des collectes de données, nous pouvons dire que nous n’avons pas été épargnés par des difficultés de tout bord ; et qu’il existe aux Comores, un seul Centre National de Documentation et de Recherche Scientifique (CNDRS). Le siège de ce centre est à la Grande Comore. À Anjouan, on aperçoit une annexe qui n’a presque rien, même les journaux complets d’Al-Watwan. Les représentants de cette annexe affirment que la 5 bibliothèque d’Anjouan est carrément négligée par les responsables du CNDRS de Moroni 3. Ce qui fait que le CNDRS est centralisé à la Grande Comore. Toutefois, les représentants d’Anjouan ne font pas des efforts en ce qui concerne la conservation des sources, du point que même les tracts du mouvement séparatiste de 1997 n’existent mêmes pas dans leurs répertoires. Nous constatons une négligence de la part des représentants. Pour avoir une documentation, nous étions obligés d’aller le plus vite possible à la Grande Comore, le siège principal. À notre arrivée, nous avons demandé aux documentalistes de nous orienter vers les ouvrages, les articles et les sources relatifs au séparatisme. À cet égard, ils nous ont donné un répertoire sur lequel figurent les sources et les ouvrages traitant sur les Comores. Nous nous sommes aperçus que, peu de sources et d’ouvrages nous ont fourni des informations relatives à notre sujet. Mais, force est de dire que même les ouvrages susceptibles de nous fournir des informations, ne sont pas disponibles. Ce qui est d’ailleurs alarmant pour les futurs chercheurs. Cependant, au moment de recherche des documents écrits, la plus grande contribution était apportée par Soifaouidine Sidi et Kaïssi Abdallah. Ces derniers nous ont donné et indiqué un certain nombre des documents écrits. Nous pouvons également ajouter la part d’Ibrahim Abdallah (fils du chef séparatiste). Celui-ci nous a donné beaucoup de documents écrits entre autres des discours écrits de son père, des lettres et des journaux. Nous avons enfin complété ce travail de documentation écrite dans les bibliothèques malgaches, en particulier celle de l’Université d’Antananarivo et celle de Tsimbazaza (Fonds-Grandidier). Dans ces centres, nous avons eu quelques informations concernant l’histoire générale des Comores. Sans omettre aussi la grande part du centre Webliographique de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) à Antananarivo dont nous avons tiré un nombre important de documents sur l’Internet. Il est à noter que la plupart des documents écrits que nous avons trouvés sont des journaux. Nous avons constaté que ces journaux véhiculent des informations contrastées : VIA , revue conçue dans l’île de la Réunion, sympathise avec les séparatistes. Cette revue se sert surtout de l’arme de la légère différence culturelle afin de fonder la légitimité historique et politique de la séparation anjouanaise. Elle véhicule également des propos insultants et haineux envers les autres îles de l’archipel.