Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques Archives

18-19 | 1997 Inventaire des archives de Robert Mandrou

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/ccrh/2544 DOI : 10.4000/ccrh.2544 ISSN : 1760-7906

Éditeur Centre de recherches historiques - EHESS

Édition imprimée Date de publication : 10 octobre 1997 ISSN : 0990-9141

Référence électronique Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997, « Inventaire des archives de Robert Mandrou » [En ligne], mis en ligne le 19 février 2009, consulté le 25 janvier 2021. URL : http:// journals.openedition.org/ccrh/2544 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ccrh.2544

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SOMMAIRE

Avertissement Nicole Fouché

Avant-propos. L'âge de raison Lucette Valensi

Introduction. Les archives de Robert Mandrou. « Une totalité vivante par la multiplicité ordonnée des plans et des abords » Brigitte Mazon

Inventaire sommaire Brigitte Mazon et Marie-Annick Morisson

Annexes Marie-Annick Morisson

Bibliographie Marie-Annick Morisson

Témoignages

Le 27 juin 1995 Christiane Mandrou

Un inspirateur Philippe Joutard

Il y a tout juste trente ans… Henriette Asséo

Une expérience intellectuelle Arlette Farge

À Nanterre-paris X Jean Lecuir

Propositions et analyses

La sorcellerie ou les vertus de la discorde en histoire. Réception et influence de Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle Sophie Houdard

Jurisprudence et sorciers Jean-François Chassaing

Préface à la traduction allemande des Fugger. Version française Étienne François

République des lettres, intellectuels laïcs et mécénat princier

À la redécouverte de la bibliothèque bleue de Troyes Catherine Velay-Vallantin

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Avertissement

Nicole Fouché

1 En cette fin d'année 1997, les Cahiers du Centre de recherches historiques sont heureux de pouvoir enfin mettre à la disposition des lecteurs, des chercheurs et des étudiants le magnifique inventaire des archives personnelles de Robert Mandrou réalisé par Brigitte Mazon et Marie-Annick Morisson. Il est accompagné de témoignages et d'articles scientifiques. Cet ensemble paraît sous la forme d'un numéro double des Cahiers du CRH : no 18-19, avril-octobre 1997.

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Avant-propos. L'âge de raison

Lucette Valensi

1 Le Centre de recherches historiques atteint l'âge de raison. Cinquante ans de projets collectifs, de recherches coordonnées, de travaux orchestrés ; autant d'enquêtes individuelles. Cinquante ans de réflexion sur le métier d'historien et son renouvellement. Cinquante ans de confrontations avec les historiens des autres institutions, français ou étrangers. Les résultats sont connus : ils ont fait l'objet d'enseignements divers, ils ont surtout été publiés. Mais le travail livré au public est dépouillé de ses échafaudages. Le long labeur de l'artisan ne laisse que peu de traces. Les ressources mises en œuvre, intellectuelles autant que sociales, apparaissent en partie dans les notes ou dans les paratextes, mais en partie seulement. Et qu'en est-il des projets non aboutis, des expériences avortées ? Beaucoup nous échappe de la pratique du métier.

2 Prenant la direction du CRH en 1992, j'ai voulu en évaluer le patrimoine. M'ont alors frappée la netteté d'un style, d'une exigence, d'un effort partagés, mais aussi la progressive érosion de nos rapports avec les fondateurs. D'où venaient-ils et qu'avaient-ils voulu faire ensemble ? Qu'est-ce qui les avait unis ou séparés ? Les protagonistes n'étaient plus parmi nous pour le dire. Les archives du centre n'avaient pas été réunies. On lança donc un appel parmi les anciens et leurs proches, et les premières réponses vinrent pleinement satisfaire notre attente : aux archives de Robert Mandrou, dont on peut aujourd'hui mesurer l'immense richesse, devait bientôt s'ajouter le fonds Philippe Ariès, en cours de constitution. Correspondances, rapports divers, brouillons, notes de cours et de lecture permettent de restituer l'activité, les méthodes, les attentes propre à chacun d'eux, mais aussi le milieu où ils se sont insérés. Ces fonds rendront possible, un jour, une histoire de nos pratiques, de nos alliances et de nos conflits.

3 Ceux qu'a connus Robert Mandrou à la VIe section de l'EPHE seront évoqués dans ce recueil. La génération suivante, la mienne, n'a pas à épouser les querelles des anciens. Pour ce qui me concerne, spécialiste d'histoire sociale, mais là-bas, en terre d'Islam, je sais ce que je dois à Robert Mandrou, pourtant historien de la France et de l'Europe moderne : un immense élargissement du domaine de l'historien ; l'invention de nouvelles archives ; l'investigation d'objets de recherche nouveaux, qu'il eut l'audace

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de poser comme légitimes. S'il fallait n'en retenir que deux, j'évoquerais le choc salutaire produit, en 1964, par la lecture du livre intitulé De la culture populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles. La Bibliothèque bleue de Troyes et, quatre ans plus tard, celle de Magistrats et sorciers au XVIIe siècle. Robert Mandrou aura marqué notre discipline d'une empreinte durable. Il suffit d'entrer dans une librairie universitaire pour y trouver exposés ses livres désormais classiques ; de fréquenter les grandes bibliothèques étrangères pour y voir au grand complet, en français ou en traduction, en version originale ou en réédition, une œuvre qui se déploie sur près de trente ans, de 1958 à 1985. Œuvre d'un précurseur qui a su inspirer à son tour les recherches fécondes d'historiens ultérieurs : il était nécessaire de se donner les moyens d'en mieux comprendre la genèse, et de rendre à Robert Mandrou la place qui lui revient parmi les pionniers de notre École.

4 Christiane Mandrou, contactée par Catherine Velay-Vallantin, encouragée par Étienne François, consentit à nous confier les archives de l'historien, qui fut aussi éditeur, administrateur, et témoin engagé de son temps. Exprimons-lui ici notre très profonde gratitude. Elle va aussi à Jean-François Mandrou, fils aîné de Robert, qui proposait bientôt de nous remettre des papiers plus anciens. De Berlin, Étienne François, de Haïfa, Myriam Yardeni, envoyèrent d'un même mouvement la correspondance qu'ils avaient échangée avec le maître. Celui-ci, surtout, prenait note de toutes ses activités et en conservait la trace. Nous voici donc en possession d'un ensemble d'une diversité et d'une richesse exceptionnelles, qui pose les fondations d'un travail encore à faire…

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Introduction. Les archives de Robert Mandrou. « Une totalité vivante par la multiplicité ordonnée des plans et des abords »

Brigitte Mazon

« Ce qui dans votre livre m'a paru admirable, c'est la façon dont il fait pressentir une totalité vivante – par la multiplicité ordonnée des plans et des « abords ». D'où le sentiment qu'éprouve le lecteur, de cohérence organique, mais aussi de richesse et d'ouverture. » Lettre du 21 avril 1961 de Jean Starobinski à Robert Mandrou à propos de la publication de l'Introduction à la France moderne (1500-1640), essai de psychologie historique, Paris, Albin Michel, 1961.

1 Les papiers de Robert Mandrou présentent, après leur regroupement géographique et l'organisation matérielle du fonds, un ordonnancement naturel qui, à l'échelle de l'individu, évoque à son tour cette « totalité vivante » décrite par Jean Starobinski à propos de l'Introduction à la France moderne. Nous le verrons, Robert Mandrou appliquait à la gestion de ses propres papiers la même rigueur ordonnée qu'il utilisait dans sa démarche d'historien et dans son engagement de pédagogue. Héritier1 d'un penseur de l'histoire qui a bouleversé les études historiques, Robert Mandrou ne fut pas, comme son maître , un chef d'école, mais il a appliqué et illustré magistralement les voies ouvertes par le fondateur des Annales. Dans une période qui annonçait un bouleversement des méthodes historiques, par l'organisation de vastes enquêtes collectives et l'introduction de l'usage de l'ordinateur, Robert Mandrou se présentait comme un « historien artisanal »2. De son métier d'historien ainsi conçu, il a laissé intact l'ensemble de ses outils. Il a tout conservé : ses fichiers, ses manuscrits, ses notes de cours, ses plans divers, ses agendas, son courrier. Ce fonds d'archives est, dans son

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intégralité, un témoignage exceptionnel d'un homme de science à la charnière des traditions.

Éléments de biographie et de carrière

2 L'essentiel de la biographie de Robert Mandrou a déjà été donné par Philippe Joutard et Jean Lecuir dans leur introduction aux Mélanges Robert Mandrou3. Nous y renvoyons les lecteurs des Cahiers du CRH, qui y trouveront en outre des analyses qui dépassent le cadre de cette présentation. Nous n'en rappellerons ici que les principaux faits en y ajoutant toutefois quelques précisions fournies par les documents d'archives, avant d'exposer et de commenter l'architecture même du fonds.

3 Né à Paris le 31 janvier 1921, Robert Mandrou y est décédé le 25 mars 1984. Fils d'un cheminot parisien, boursier de l'enseignement public, il fit ses études secondaires à Saint-Étienne. Ses proches évoquent sa fierté de ses origines et sa fidélité morale aux engagements sociaux de son père, dont témoigne la conservation scrupuleuse qu'il a faite de ses cartes de syndicaliste ou de membre de multiples associations. De ses études secondaires, Robert Mandrou a gardé des listes d'inscription au « tableau d'honneur » et des coupures de presse concernant le palmarès du Concours général, dont il est deux fois lauréat (accessit de géographie). En 1939, Robert Mandrou obtient son baccalauréat de philosophie, dont il a conservé les sujets des épreuves. La guerre interrompt sa préparation au concours de l'École normale supérieure, effectuée à Lyon. En novembre 1942, il est contraint de participer aux Chantiers de la jeunesse, puis à la suite de la loi de Vichy du 16 février 1943 concernant les jeunes gens nés entre 1920 et 1922, il est envoyé en Allemagne par le service du travail obligatoire, en août 1943. Il y restera jusqu'en mai 1945. De cette période, il n'a conservé dans ses papiers que les diverses attestations officielles et ses cartes de déporté du travail. Ses nombreuses lettres à ses parents, conservées par son fils Jean-François Mandrou, donneraient certainement des précisions sur cette expérience sur laquelle il ne s'est exprimé que dans l'intimité familiale. Il en est resté, en tout état de cause, une excellente connaissance de l'allemand et une familiarité avec cette forêt du Harz, où il travailla comme bûcheron, et où il a pu s'imprégner des évocations du sabbat des célèbres sorcières du Brocken mis en scène par Goethe. De retour en France en mai 1945, il reprend ses études d'histoire à Lyon tout en occupant les fonctions de maître d'internat, de répétiteur, puis de professeur adjoint. Il se présente cinq fois au concours de l'agrégation (il note avec précision la progression de ses résultats d'année en année) ; il est reçu premier à l'écrit et troisième à l'oral, lors du concours de 1950, où il est remarqué par et Maurice Crouzet. Son destin d'historien se joue alors. Il est présenté à Lucien Febvre, avec lequel il échange de 1953 à 1956 une correspondance qui témoigne de l'intérêt du maître pour le jeune historien, auquel il songe très vite pour une collaboration à un livre sur le XVIIe siècle4. À la rentrée de 1954, Robert Mandrou quitte Clermont-Ferrand, où il enseignait comme professeur agrégé, pour prendre ses fonctions au lycée Voltaire à Paris. Il est alors à même d'exercer les fonctions de secrétaire de rédaction des Annales que vient de lui confier Lucien Febvre et qu'il remplira jusqu'en juin 1962. De 1954 à septembre 1956, il gère directement, avec Lucien Febvre, le calendrier de la revue, la relecture des articles, la répartition et la relance des comptes rendus. Fernand Braudel lui transmet de courtes notes d'organisation. Paul Leuilliot, secrétaire du comité de direction, ne partage guère la

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tâche, même s'il lui envoie quelques lettres amicales que Robert Mandrou classe avec sa correspondance générale.

4 Le décès de Lucien Febvre, le 27 septembre 1956, l'affecte profondément alors qu'il est affaibli par une tuberculose pulmonaire qui, de juillet 1956 à la rentrée 1957, l'éloigne de l'enseignement secondaire, mais guère des Annales. Alors qu'il est à peine guéri, Fernand Braudel lui propose un poste à la sixième section de l'EPHE. Robert Mandrou, qui a consigné ses réflexions sur une fiche de notes personnelles5, hésite à accepter une direction d'études. L'offre de Fernand Braudel lui semble prématurée : elle contrarie son propre plan de carrière, qu'il veut fonder sur les solides publications qu'il a en cours, tels que, l'ouvrage rédigé en collaboration avec , Histoire de la civilisation française6, des projets d'articles importants, comme « Mentalités et structures sociales », ainsi qu'un article d'érudition économique. Il n'a que trente-six ans, sa thèse est à peine entamée. Il craint à la fois l'effet de « passe-droit » et les besognes que l'on attend de lui au Centre de recherches historiques, où il semblerait devoir reprendre les tâches de Marc Bouloiseau, affecté à la rédaction de multiples comptes rendus et à la gestion des publications du centre, en pleine expansion. Il note aussi que, renoncer à l'enseignement serait pour lui un « crève-cœur »7. Il ne montre donc aucun empressement à accepter l'offre du nouveau président de la sixième section. Mais le poste de directeur d'études est créé en 1957, à la suite d'une proposition de nomination dans laquelle Fernand Braudel précise la « spécificité de la chaire confiée à M. Mandrou » : « Monsieur Mandrou succède à Lucien Febvre dans la chaire d'histoire générale et d'histoire sociale du XVIIe siècle, sans que la mention XVIIe siècle enferme M. Mandrou dans des limites chronologiques trop nettes »8. Le décret officiel de nomination ne reprendra cependant pas les termes choisis par la proposition : en effet, comme au Collège de France et contrairement à l'Université, une direction d'études n'était pas liée à une chaire. Celle-ci pouvait d'autant moins être laissée vacante par Lucien Febvre qu'il était lui-même à la retraite depuis 1949, tout en exerçant la présidence de la sixième section. Le fait mérite seulement d'être souligné comme marque immédiate de la reconnaissance par Fernand Braudel des liens qui avaient attaché Lucien Febvre à Robert Mandrou.

5 À la rentrée universitaire de 1957, Robert Mandrou commence ainsi son enseignement en séminaire de recherche à la sixième section de l'EPHE. Dès la seconde année, il le consacre à des « recherches sur les mentalités du premier XVIIe siècle ». À la suite de Lucien Febvre il va ainsi reformuler, avec Georges Duby, la notion d'histoire des mentalités9. Il s'investit de près dans la vie de la section, ainsi qu'en témoigne la lecture de ses agendas, participant aux réunions, rédigeant de nombreux comptes rendus tout en continuant à exercer ses responsabilités au secrétariat de rédaction des Annales.

6 C'est en 1962 que Robert Mandrou est brusquement écarté des Annales par Fernand Braudel. Le prétexte en est la publication d'un article, intitulé « Mathématiques et histoire », dans la revue italienne Critica storica10. Robert Mandrou conserve de cette rupture un dossier intitulé « La crise – FB ». Depuis l'annonce, en 1960, de la publication de l'Introduction à la France moderne, les relations avec Fernand Braudel s'étaient en effet tendues11. Robert Mandrou a conservé dans ce dossier les lettres de Fernand Braudel, les lettres de Suzanne Febvre, ainsi que les lettres d'amis et de proches qui le soutiennent et l'encouragent dans cette épreuve, dont il gardera toute sa vie un souvenir douloureux. La rupture avec Fernand Braudel et les Annales fut vécue comme un drame personnel. De 1953 à 1962, Robert Mandrou avait donné presque

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exclusivement12 aux Annales ses premiers travaux d'historien : il rédigea 37 comptes rendus et 15 articles, tout en exerçant son rôle de secrétaire de la revue. Après 1962, il n'y publia plus rien, et ses ouvrages n'y ont que très exceptionnellement bénéficié de comptes rendus13. Robert Mandrou ne parla plus ensuite que des Annales « première manière »14 qu'il jugeait plus fidèles à l'esprit de Lucien Febvre. À partir de 1962, libéré de la charge du secrétariat des Annales, Robert Mandrou se consacre d'une part à son enseignement et d'autre part à la rédaction de ses thèses et de ses autres travaux.

7 Son séminaire de la sixième section de l'EPHE est fréquenté par un petit nombre de « fidèles » qui y reçoivent une véritable formation à la recherche15. Robert Mandrou se fait du séminaire une idée très proche du rôle des laboratoires de l'École pratique des hautes études, tel qu'il avait été défini par Victor Duruy, lors de la création de l'institution : on devait y proposer la « pratique » – dans le sens explicite du mot – du savoir par la transmission directe de l'érudition du maître à un petit effectif de jeunes chercheurs, tout en lui permettant de tester ses hypothèses de travail. Ce séminaire, du latin semen (« semence ») et de seminarium (« pépinière ») est effectivement pour Robert Mandrou un véritable terreau de fermentation16. Si l'on observe et si l'on compare la chronologie des enseignements de Robert Mandrou à l'EPHE-VIe et celle de ses publications et communications scientifiques, on constate la fécondité directe de la pratique du séminaire : chaque cycle de cours semble être le point de départ ou l'accompagnement de la gestation d'un ouvrage. Ainsi pendant les deux années universitaires (1958-1960) où il traite des « recherches sur les mentalités françaises du premier XVIIe siècle », Robert Mandrou alimente le grand fichier qu'il consacre depuis quelques années à la France et publie, en 1961, l'Introduction à la France moderne. Le cycle suivant (1960-1963) est la matrice de son livre De la culture populaire en France aux XVIIe et XVIIIe siècles17, dont subsiste tout le fichier de travail. Il est aisé de le constater18 : le mouvement fécond qui commence avec la constitution des fichiers de travail à partir des dépouillements d'archives, passe par l'expérimentation et la maturation de son sujet dans les séminaires et conférences et aboutit régulièrement à la publication d'un ouvrage19 ou d'un article.

8 La période qui va de 1962 à 1968 est aussi celle de la rédaction de ses thèses de doctorat qu'il soutient en Sorbonne en novembre 196820. L'idée de sa thèse sur les procès de sorcellerie, Robert Mandrou la conçoit probablement en lisant Lucien Febvre21, mais il la précise au cours de l'été 1953, en travaillant au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Son hypothèse naît en effet au contact direct de ces dossiers manuscrits et il la soumet à Lucien Febvre22. Ce dernier semble penser qu'il perd son temps avec la sorcellerie23. Lucien Febvre, qui venait de confier à Robert Mandrou, dans la collection d'Henri Berr, « Évolution de l'humanité », un volume sur la vie économique et les transformations sociales au XVIIe siècle, semble réticent à voir son jeune collègue et futur associé des Annales s'attacher pour de longues années à la rédaction d'une thèse. Il lui écrit à ce propos, sans intervenir sur le fond du sujet : « Je vous en prie, ne vous classez pas dans la catégorie des historiens à retardement. Une thèse qui s'étale sur dix ans est une médiocre thèse – pour la raison que, commencée disons en 1950 sur des idées de 1950, par un homme qui dispose d'un bagage de 1950, elle est démodée en 1960. Même quand elle reste juste dans les faits. Car le climat a changé. C'était déjà vrai pour nous autres. Mais le rythme des changements était beaucoup plus lent. Maintenant, les sautes de vent sont annuelles. Alors s'éterniser, c'est se créer à soi-même des tas de difficultés de réajustements – et se préparer de

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grands maux de tête, puisqu'il s'agira de concilier un homme de 1950 et un homme de 1960, souvent inconciliables. Conclusion : Thèse : un sujet bien circonscrit. Creusé. Mais qui ne suppose pas toute une vie. C'est périmé. On ne peut plus, on ne doit plus. L'exemple de tous ces gens qui s'épuisent pour faire un chef-d'œuvre artisanal et qui, l'ayant fait, restent écrasés pour des années, est affreux, songez-y »24. Robert Mandrou n'hésite cependant pas à faire part de son obstination à son maître, quant au sujet : « Je m'entête à croire valable l'étude de la répression et de la disparition des procès de sorcellerie au XVIIe siècle, en tant que processus du développement d'une mentalité rationaliste nouvelle », écrit-il en octobre 195425. C'est à partir de 1958 que Robert Mandrou commence à s'investir dans les recherches préparatoires à ses thèses : en témoignent la correspondance avec les archivistes départementaux ainsi que les premières missions et séjours d'été en Allemagne. Mais ce n'est qu'à partir de 1962 qu'il a pu se consacrer plus intensément à ses thèses et, dès 1968, l'ensemble était achevé. Il intitula sa thèse principale Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle : une analyse de psychologie historique. La thèse complémentaire portait sur Les Fugger, propriétaires fonciers en Souabe, 1560-161826. De 1950 à 1977, le travail en archives occupait tout son temps libre. Il passait des vacances studieuses dans les archives allemandes et françaises, où il travaillait assisté de Christiane Mandrou.

9 Pendant la période de la thèse, Robert Mandrou, toujours rattaché au Centre de recherches historiques de l'EPHE-VIe, participe à l'une de ces enquêtes collectives qui firent du CRH un lieu d'expérimentation de nouvelles méthodes historiques : l'enquête pluridisciplinaire de Plozévet. Il dirige aux côtés d' l'équipe des historiens et en introduit le sujet dans son séminaire de 1965-1966 sous le titre « Histoire socioculturelle d'un village breton aux XIXe et XXe siècles ». En 1970, il rédige un article de synthèse destiné à la Revue historique, mais non publié27, où il rend compte du travail d'équipe des jeunes historiens.

10 Sa thèse avait ouvert à Robert Mandrou la voie de l'Université, où il est élu maître de conférences à Paris X-Nanterre, en 1969. Il ne quitte pas pour autant son séminaire de la sixième section, à laquelle il reste attaché comme directeur d'études cumulant. Son élection à Nanterre, d'où était parti le mouvement contestataire du printemps 1968, était due à un choix délibéré. Il avait activement participé aux réflexions des commissions de la sixième section de l'EPHE et était présent dans les principaux lieux d'expression du mouvement étudiant (Nanterre, la Sorbonne). Nommé professeur titulaire en histoire moderne en octobre 1970, il n'envisage pas, à cette époque, de carrière universitaire plus « prestigieuse », même s'il semble avoir été pressenti par des représentants de l'ancienne Sorbonne. À Nanterre il assure un enseignement universitaire d'un tout autre type que celui qu'il donne à la sixième section de l'EPHE. Il innove en inaugurant, dès 1970, un enseignement de « méthodologie historique ». Il s'engage dans les instances de l'université (conseil scientifique, commission du budget) et n'hésite pas à assumer de lourdes responsabilités lorsque, en 1976, l'unité d'enseignement et de recherche (UER) de sciences juridiques est menacée de disparition. Nommé administrateur provisoire, il se bat avec succès pour préserver la pluridisciplinarité de l'université.

11 Son activité d'enseignement, Robert Mandrou l'avait, dès 1960, placée aussi sur un plan international. Tous les deux ans, avec une parfaite régularité jusqu'en 1975, entre la période de l'été, consacrée aux recherches en archives, et la rentrée universitaire du mois de novembre, il partait pour de longues semaines au Canada où il proposait

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conférences et séminaires. Il y exposait ses recherches en cours, débattait de la situation universitaire française, informait des courants de l'historiographie en France, parlait du métier d'historien, de Lucien Febvre et des Annales. Il a laissé, chez les universitaires du Québec, une marque profonde, dont témoigne l'abondante correspondance qu'il en reçut durant toute sa vie.

12 L'Europe de l'Est retenait aussi toute son attention. Homme de gauche, mais non marxiste, il fit traduire et éditer le livre de l'historien soviétique Boris Porchnev28, qu'il accompagna d'un avant-propos de critique historique. Il fit des conférences en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie et en URSS. Mais c'est surtout à Prague et en Bohême occidentale qu'il rencontrait, avec Christiane Mandrou, un de leurs grands amis, l'historien tchèque Joseph Macek, contraint, après l'échec du « printemps de Prague », à une inactivité douloureuse ; Christiane Mandrou suggéra alors de lui confier la rédaction d'une Histoire de la Bohême29. Robert Mandrou fut passionné par le « printemps de Prague » et bouleversé par l'entrée des troupes soviétiques. En 1969, il fit publier en français et préfaça Les Sept Jours de Prague, 21-27 août 1968. Première documentation historique complète, de l'entrée des troupes aux accords de Moscou30.

13 Son dernier engagement pour l'histoire, Robert Mandrou le consacra à l'Allemagne. Pendant vingt ans, il avait passé quatre à six semaines de l'été dans les archives et bibliothèques allemandes. Il connaissait bien la difficulté des rencontres entre chercheurs français et chercheurs allemands. A partir de 1974, il réfléchit à la création d'un centre français de recherche historique en Allemagne. On lui doit l'implantation de la Mission historique française à Göttingen, (liens structurels avec l'Institut Max- Planck). Mais la maladie, qui le minait déjà depuis quelques années, l'obligea à quitter Göttingen en 1979.

14 En 1980, Robert Mandrou interrompait son séminaire à l'EHESS, laissant à peine ébauché un projet ancien, celui de faire l'histoire d'une autre mutation mentale : « Port-Royal : la logique ou l'art de penser ». En juin 1981, il fit prématurément ses adieux à l'Université, dans une séance d'une grande intensité. Il s'éteignit deux ans et demi plus tard.

15 Pour impressionnantes et fécondes que furent ses activités d'enseignant et de chercheur31, il ne faut pas oublier que la carrière scientifique de Robert Mandrou a été assez brève : elle ne s'étend que sur un quart de siècle, si on la fait débuter en 1950, avec l'obtention de l'agrégation et ses premières participations à des colloques, les premières atteintes graves de la maladie, en 1976, l'obligeant à diminuer considérablement ses activités. Le fonds d'archives, reflet de l'importance de ses activités, est donc tout à fait considérable et on ne saurait trop souligner la nécessité d'y recourir, car il témoigne de l'étonnante cohérence et continuité entre l'homme et l'œuvre.

Le fonds d'archives

16 La décision de Christiane Mandrou de faire don des papiers de Robert Mandrou aux Archives nationales, par l'intermédiaire du Centre de recherches historiques de l'École des hautes études en sciences sociales, à l'instigation de Lucette Valensi, n'a pas été prise sans hésitations32. Jean-François Mandrou, fils aîné de l'historien, qui conservait à

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son domicile un certain nombre de documents a également décidé de déposer les dossiers en sa possession.

17 Les papiers constituant le fonds proviennent de trois lieux différents : la grande masse se trouvait au domicile parisien de Robert et Christiane Mandrou, rue Méchain. Il y avait la quasi-totalité de ses papiers personnels, ses cours et conférences, ses notes de lecture, ses fichiers de travail, le dossier intitulé « La crise – FB » et la correspondance reçue postérieurement à 1972. Ces documents ont été classés par Marie-Annick Morisson pendant près de deux ans au domicile de Madame Mandrou, bénéficiant ainsi de ses conseils et de ses souvenirs. Jean-François Mandrou avait pour sa part soigneusement conservé, malgré deux déménagements, les documents laissés par son père à son domicile de Montgeron ou apportés par lui, par manque de place, vers 1972 : il s'agit de manuscrits d'ouvrages, des carnets et agendas, de la correspondance générale de 1954 à 1972, de la correspondance avec les éditeurs, de la correspondance du secrétariat de rédaction des Annales ainsi que des lettres reçues de Lucien Febvre. Ces documents ont été pris en charge par Brigitte Mazon qui a bénéficié de l'aide de Laurence Lesieur pour le travail de classement de la correspondance. Un troisième ensemble, d'un volume moindre, a été remis par Jean Lecuir : il comporte les dossiers laissés par Robert Mandrou dans son bureau de Nanterre ; des notes de cours collectées auprès d'anciens étudiants de l'université y ont été jointes.

18 Avant notre prise en charge du fonds, il existait, nous l'avons signalé, un ensemble de dossiers de Lucien Febvre, confiés par Suzanne Febvre à Robert Mandrou. Ces dossiers ont été remis par Jean-François Mandrou à Lucile Febvre-Richard et ont rejoint le fonds des papiers de Lucien Febvre. Quelques fiches de travail de Lucien Febvre33 que Robert Mandrou avait placées dans ses propres fichiers ont été restituées par Christiane Mandrou à Henri Febvre. L'exploration de la totalité des archives laissées par Robert Mandrou montre, s'il en était encore besoin, que Robert Mandrou, avec le scrupule et la minutie qui le caractérisaient, n'a conservé par-devers lui aucun manuscrit ou inédit de Lucien Febvre, les rumeurs qui ont pu circuler à ce sujet apparaissent donc aujourd'hui comme infondées.

19 L'ensemble du fonds des papiers de Robert Mandrou, réorganisé dans son unité intrinsèque, révèle, à côté d'une impressionnante capacité de travail, une méthode ordonnée d'organisation des dossiers. Si nous avons articulé le fonds en huit grandes catégories (documents personnels, activités institutionnelles, activités d'enseignement et de recherche, communications scientifiques, publications, correspondance générale, témoignages), chacun des dossiers regroupés sous ces différentes rubriques, à l'exception évidente de la dernière, préexistait dans une unité organique.

20 Nous ne commentons, dans le cadre de cette introduction, que quelques aspects des différentes rubriques du fonds d'archives.

1. Documents personnels

21 Dans ses agendas, Robert Mandrou notait non seulement ses rendez-vous et différentes tâches à effectuer, mais aussi, exceptionnellement, une argumentation avant ou après une entrevue qui nécessitait une mise en ordre de ses idées. Cette mise en ordre, on la rencontre fréquemment sous forme de nombreux plans rigoureux, précédant un texte et parfois une lettre qui semblent ensuite écrits d'un seul jet. Dans ses papiers personnels, rien d'important ne semble faire défaut depuis 194234.

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2. Documents relatifs à des activités institutionnelles

22 De ses fonctions de secrétaire des Annales, Robert Mandrou a conservé sa correspondance de novembre 1957 à juillet 1959. Il est à noter que quelques lettres antérieures à cette période et relatives aux Annales, figurent dans le fonds de correspondance générale (lettres de Paul Leuilliot, Georges Friedmann, Fernand Braudel). Pour la période 1954-1956, le seul dossier consacré spécifiquement aux Annales35 comprend la correspondance de Robert Mandrou avec Lucien Febvre. Robert Mandrou y a joint par la suite un certain nombre de lettres de Fernand Braudel et un projet de « réforme des Annales pour 1961 ». À partir de 1957, installé chez Armand Colin pour y exercer ses fonctions de secrétaire, il conserve la correspondance de la revue dans un dossier spécifique comportant les lettres reçues et les pelures dactylographiées de ses réponses, ainsi que quelques brèves notes de Fernand Braudel. Si le dossier s'interrompt en juillet 1959, c'est à la suite de l'installation du secrétariat de la revue, avec la présidence de la sixième section, au 20, rue de La Baume36. Robert Mandrou a dû emporter à son domicile de Montgeron ce dossier de correspondance au cours de l'été 1959, période de transition et de déménagement. Il y est resté, sans doute parce que le besoin ne s'est pas fait sentir de le rapporter à la rentrée de 1959. On trouve dans ce dossier quelques lettres relatives à des missions spécifiques dont le charge alors Fernand Braudel.

23 Aussi bien pour ses activités et responsabilités exercées à la sixième section de l'EPHE, que celles poursuivies à l'université de Paris X-Nanterre, ou à l'Unesco, Robert Mandrou a conservé ses notes diverses prises en cours de réunion, les dossiers de ses étudiants. Ces nombreux documents sont largement annotés. Pour toutes ces activités institutionnelles, l'inventaire donne une idée du soin que Robert Mandrou mettait à classer méthodiquement tous ses papiers. Signalons que les circulaires administratives, comptes rendus de réunions ou commissions, n'ont été conservés que lorsqu'ils portaient des annotations de la main de Robert Mandrou.

3. Documents relatifs aux activités d'enseignement et de recherche

24 Les notes de cours de Robert Mandrou constituent un ensemble particulièrement remarquable. Ces notes préparatoires se présentent, matériellement et intellectuellement, de façon très différente suivant qu'il s'agit des séminaires de l'EPHE ou des cours professés à l'université. Les séminaires sont préparés sur des feuillets in-4o, repliés, contenant souvent des fiches bibliographiques. Le contenu de chaque séance était précisément développé sur quatre pages. Le plan du cours est très rigoureux, dans ses parties et sous-parties. À titre d'exemple, le cours sur la formation des mythes nationaux en France, XVIe-XVIIIe siècle, qui s'étend sur cinq années universitaires (commencé en mars 1968, il s'achève en juin 1973), est réparti en quatre grandes parties et 86 leçons, ce qui représente pas moins de 369 pages manuscrites, auxquelles s'ajoutent les fiches qui complètent chaque leçon. En vingt ans d'enseignement à la sixième section de l'EPHE (1957-1977), Robert Mandrou a animé une douzaine de grandes séries de séminaires de recherche, ce qui se traduit par quelque 1 300 feuillets manuscrits.

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25 De ses cours à Paris X-Nanterre, il reste près de 900 feuillets de notes aussi précisément articulées que celles de l'EPHE. Mais les cours de l'université s'adressaient à un public différent des séminaires de l'EPHE : ils sont préparés en général sur un seul feuillet de format 21 x 27, utilisé recto-verso, et organisés en leçons de type universitaire. Les leçons de licence sont réparties en enseignement général (les cours de méthodologie présentent un ensemble assez remarquable) et en enseignement spécialisé. Ce dernier s'organise en général autour de publications récentes qui ont marqué Robert Mandrou (« d'après » Boris Porchnev, Lucien Goldmann, Max Weber ou Charles Carrière). Les cours d'agrégation, qui lui laissent moins de liberté, sont l'occasion de cours magistraux qui lui valent de nombreuses lettres de remerciement, qu'il conserve toutes. Les séminaires, cours et conférences tenus au Canada reprennent parfois, en les adaptant, les recherches déjà exposées dans les séminaires de l'EPHE. Mandrou y intègre à l'occasion une ou deux leçons déjà préparées, mais il renouvelle en général l'articulation de son exposé.

26 Historien de formation classique, Robert Mandrou a alimenté ses fichiers de travail tout au long de sa vie active. Il semble en avoir commencé la constitution dès le début des années cinquante, au plus tard lors du choix de son sujet de thèse (en 1953). Ces fichiers, au nombre d'une quinzaine, représentent cinq mètres linéaires de fiches manuscrites de dépouillement d'archives ainsi que de références bibliographiques de sources imprimées. Cet ensemble de fiches37 est organisé en entrées thématiques.

27 Robert Mandrou a laissé en outre la trace de ses lectures méthodiques dans les livres eux-mêmes : on a retrouvé dans sa bibliothèque plus de 200 ouvrages contenant des notes rédigées ou semi-rédigées, simples fiches de lecture, ou comptes rendus en projet ou dactylographiés38.

4. La communication scientifique : congrès et colloques

28 Les premières missions d'étude de Robert Mandrou le conduisent vers l'Allemagne. Mais, très rapidement, il est invité dans le monde entier. À la suite de chaque mission, il rédige un rapport circonstancié qu'il joint aux notes de ses conférences.

5. Publications

a) Manuscrits

29 Le fonds comporte quatre manuscrits autographes de Robert Mandrou. Ceux-ci semblent avoir été rédigés d'un seul trait après l'élaboration rigoureuse du plan. Selon ses proches, Robert Mandrou ne faisait que de manière exceptionnelle un brouillon, tant pour ses lettres que pour ses livres. En tout état de cause, la rédaction d'un seul jet de toutes ses notes de cours témoigne d'une écriture fluide et aisée, qui s'épanouit dans une langue au classicisme simple et limpide. La présence de nombreux plans, aussi bien pour des rapports que pour des articles, évoque toujours l'élaboration rigoureuse de la démonstration avant la rédaction elle-même. On est en outre frappé par la régularité d'un graphisme dont l'élégance et la perfection calligraphique ont séduit tous ceux qui eurent le privilège de recevoir ses lettres.

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b) Relations avec les éditeurs et lecteurs

30 Outre les contrats et comptes rendus de presse que comprennent les dossiers d'édition d'ouvrages, l'intérêt de cette rubrique réside aussi dans les nombreuses lettres (près de 700) de remerciements pour l'envoi des livres.

6. Correspondance

31 Robert Mandrou a conservé, semble-t-il, la quasi-totalité des lettres qu'il a reçues. Lorsque ces lettres ne rejoignaient pas des dossiers spécifiques (concernant l'édition, les étudiants, les Annales, Lucien Febvre ou Fernand Braudel pour la période 1960-1964), Robert Mandrou les conservait dans des chemises classées dans l'ordre chronologique. Très souvent, il y portait la lettre « R » indiquant qu'il avait répondu, et il semble être rarement retourné à cette correspondance dont l'ordre chronologique n'a guère été dérangé. Ce fonds de correspondance générale représente environ 2 300 lettres. Celles- ci, pour une meilleure exploitation, ont été reclassées par ordre alphabétique des correspondants, au nombre approximatif de 750. À l'exception de quelques lettres de ses enfants, remises à sa famille, il s'agit d'une correspondance exclusivement scientifique, dont le ton est amical, mais reste en général professionnel.

7. Témoignages, notices nécrologiques, correspondance

32 Nous avons placé dans cette rubrique tous les documents concernant Robert Mandrou après sa disparition : témoignages et allocutions, lettres de condoléances, notices nécrologiques.

8. Lettres de Robert Mandrou

33 Certains correspondants ont remis au fonds d'archives les lettres reçues de Robert Mandrou. La collecte entreprise n'est pas encore achevée.

Conclusion

34 L'inventaire sommaire des archives de Robert Mandrou que nous présentons aux lecteurs des Cahiers du CRH a pour but de donner, dans un nombre de pages limité, un aperçu des traces matérielles qui accompagnent l'œuvre de l'historien. L'inventaire détaillé des papiers de Robert Mandrou – d'un volume trop important pour être publié ici dans son intégralité – accompagnera le dépôt du fonds aux Archives nationales, il comportera en outre les cotes d'archives et sera l'outil de référence pour la consultation du fonds. Il nous a paru néanmoins intéressant de publier ici les annexes à l'inventaire, établies par Marie-Annick Morisson, et qui reconstituent en détail l'itinéraire de chercheur et d'enseignant de Robert Mandrou. Les informations présentes dans le fonds d'archives ont été à cette fin complétées par de nombreuses sources extérieures (Annuaires de l'EPHE-VIe, dépouillement de revues et d'ouvrages, archives administratives de la sixième section de l'EPHE-EHESS). Le fonds des papiers de Robert Mandrou sera déposé en 1998 aux Archives nationales par l'intermédiaire du Centre de recherches historiques de l'EHESS, qui en a confié le classement au service

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des archives de l'établissement. Il sera communiqué aux chercheurs, selon les dispositions fixées dans le contrat signé avec les Archives nationales.

35 Nous remercions Christiane Mandrou pour son aide constante et la générosité de son accueil, Jean-François Mandrou pour sa recherche des papiers de son père et son attention soutenue à l'entreprise d'archivage, Jean Lecuir pour toutes ses suggestions et son apport d'informations, Henri Febvre pour la communication libérale des dossiers de son père et enfin Thérèse Charmasson pour ses conseils, toujours utiles.

NOTES

1. Dans le sens spirituel et matériel du terme, puisqu'il fut choisi par Lucien Febvre pour collaborer à l'un de ses derniers projets et qu'il fut, à notre connaissance, le destinataire de ses dernières lettres, dont celle où Lucien Febvre expose le projet d'une vaste synthèse historique sur : « la Pensée d'Occident » (18 juillet 1956). Par la suite, Suzanne Febvre a effectué elle-même auprès de Robert Mandrou le dépôt d'un grand nombre de dossiers et de fichiers de son époux. 2. Robert Mandrou, Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle, une analyse de psychologie historique, Paris, Plon, 1968, p. 9. 3. Philippe Joutard et Jean Lecuir, « Robert Mandrou, l'itinéraire d'un historien européen du XXe siècle », dans Histoire sociale, sensibilités collectives et mentalités, mélanges Robert Mandrou, Paris, 1985, p. 9-20. 4. Lettre de Lucien Febvre du 9 mai 1953. 5. Ce feuillet, retrouvé à sa place chronologique dans sa correspondance générale de 1957, a été replacé dans son dossier de carrière. Un brouillon de lettre à Fernand Braudel, du 8 octobre 1956, faisait déjà état de ses inquiétudes devant un tel projet de nomination : « Je n'ai encore rien publié », écrivait-il alors, en exprimant ses craintes devant l'effet d'une proposition que « d'aucuns pourraient trouver abusive ». 6. Paris, Armand Colin, 1958, 2 vol. 7. Il pense à ce moment à son enseignement dans le cycle secondaire, auquel il prouvera toujours son attachement par ses multiples activités et réflexions sur l'enseignement de l'histoire, dont nous trouvons de nombreuses traces dans les archives : voir en particulier sa participation, dès 1950, à des colloques sur l'enseignement de l'histoire, ses prises de position sur les réformes successives (Fontanet, Haby) et son soutien au groupe « enseignement 70 ». 8. Lettre de Louis Velay, pour le président de la VI e section EPHE, au ministre de l'Éducation nationale, du 23 octobre 1957. 9. Georges Duby, « La rencontre avec Robert Mandrou et l'élaboration de la notion d'histoire des mentalités », Mélanges Robert Mandrou, op. cit., p. 33-35. 10. Robert Mandrou, « Mathématiques et histoire », Critica storica, année 1, fasc. 1, 31 janvier 1962, p. 39-48. 11. Les conditions de la genèse et de la publication de l'ouvrage sont examinées par Philippe Joutard et Jean Lecuir dans la réédition de l'ouvrage, prévue en 1998 aux éditions Albin Michel. 12. Exception faite de deux comptes rendus dans la Revue historique et d'une nécrologie de Lucien Febvre dans la Revue universitaire.

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13. Sur douze ouvrages publiés par Robert Mandrou, quatre ont été recensés : La Civilisation française par R. Barthes, De la culture populaire par C. Beutler, Magistrats et sorciers par P. Chaunu, Les Sept Jours de Prague, par M. Bernard. 14. Magistrats et sorciers, op. cit., p. 11. 15. Robert Mandrou a conservé tous ses cahiers de présence. Sur la couverture des dossiers de préparation de ses séminaires, Robert Mandrou a consigné l'ordre du jour de chaque séance. 16. Les sessions de bilan de fin d'année, organisées par Robert Mandrou entre 1963 et 1977, à Royaumont, à Cerisy-la-Salle, Azay-le-Ferron ou Troyes, étaient particulièrement fructueuses et marquées en outre, selon le souvenir de Jean Lecuir, « par la convivialité, la proximité et la détente ». 17. Paris, Stock, 1964, 222 p. 18. Les annexes à l'inventaire permettent de reconstituer ce parcours. 19. Une exception est à mentionner pour l'important cycle de cours de 1968 à 1973, qui compte 86 leçons et porte sur « la formation des mythes nationaux en France », en projet dès 1959 (cf. Annuaire de l'EPHE-VI – 1969-1970, p. 170). L'ensemble de la réflexion, pour la première fois, n'a pas abouti dans un livre. 20. La soutenance a dû être reportée du mois de mai à novembre 1968, en raison des événements. La situation était exceptionnelle et lui occasionna quelques difficultés administratives, puisque le livre avait été imprimé et diffusé avant même la soutenance. 21. Lucien Febvre, « Sorcellerie, sottise ou révolution mentale ? », AESC, t. 3, no 1, 1948, p. 9-15. 22. Lettres de Robert Mandrou à Lucien Febvre du 31 août 1953 et du 18 octobre 1953. 23. Lettre de Robert Mandrou à Lucien Febvre du 30 janvier 1954 : « Thèse : je suis fort bien votre argumentation, et comprends votre préférence pour le sujet circonscrit et rapidement traité. Je n'ai pas d'arguments à vous opposer, si ce n'est qu'il me faut changer mes batteries. Vous avez dit à M. Braudel que je perdais mon temps avec la sorcellerie. Vais-je me replier sur les relations diplomatiques du Grand Électeur et du Grand Turc ? » 24. Lettre de Lucien Febvre du 12 janvier 1954. 25. Lettre du 24 octobre 1954. 26. Paris, Plon, 1968, 253 p. 27. Le fonds d'archives conserve les placards, annotés, de cet article. 28. Les Soulèvements populaires en France de 1623 à 1648, Paris, SEVPEN, 1963, 679 p. 29. Paris, Fayard, 1984, 370 p. 30. Paris, Anthropos, 1969, 416 p. 31. Voir en annexe de l'inventaire la liste de ses cours, conférences, communications et la bibliographie de ses travaux. 32. C'est Étienne François, successeur de Robert Mandrou à la tête de la MHFA, qui a encouragé Christiane Mandrou à vaincre ses réticences 33. Ces fiches concernent l'élaboration de l'Introduction à la France moderne, voir note 12. 34. Le dossier médical a été conservé par Madame Christiane Mandrou. 35. Intitulé « Annales – L.F. ». 36. Dans l'immeuble cédé par la Fondation Rockefeller à la Caisse des dépôts et consignations avec le souhait des Américains d'y voir hébergée la VIe section jusqu'à la construction de la Maison des sciences de l'homme. Voir Brigitte Mazon, Aux origines de la VIe section de l'EPHE, Paris, 1988. 37. Les fichiers sont constitués, chacun, de 1 300 à 1 500 fiches numérotées lors de l'inventaire. 38. Voir dans l'annexe à l'inventaire les titres de ces ouvrages.

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Inventaire sommaire

Brigitte Mazon et Marie-Annick Morisson

Papiers personnels (1932-1986)

1 Ces dossiers rassemblent les pièces officielles et administratives personnelles de Robert Mandrou. Il est à noter qu'un ensemble de documents familiaux, qui sera versé avec le fonds aux Archives nationales, ne figure pas dans l'inventaire ici présenté.

Éléments biographiques

Curriculums vitae établis à différents moments de la carrière.

Pièces d'état civil (1942-1982)

Cartes d'identité, passeports, différentes cartes d'associations. Documents militaires (essentiellement le STO, 1942-1943), documents concernant l'association des déportés du travail (attribution du titre de « personne contrainte au travail en pays ennemi »), 1943-1962.

Carnets d'adresses et agendas (1954-1976)

Diplômes (originaux) (1940-1983)

Diplôme de bachelier de l'enseignement secondaire, 20 mai 1940. Diplôme d'Officier dans l'Ordre des Palmes académiques, 24 août 1976. Diplôme de Commandeur dans l'Ordre des Palmes académiques, 9 octobre 1981. Diplôme de Chevalier de l'Ordre des arts et des lettres, 20 janvier 1983.

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Études et carrière (1932-1984)

Études (1932-1943)

Lycée de Saint-Etienne, 1932-1939 : inscriptions au tableau d'honneur, sujets des épreuves du baccalauréat, coupures de presse relatives au baccalauréat et au concours général. Lycée du Parc, Lyon, 1939-1945 : bulletins de notes, certificats d'immatriculation en vue de la licence d'histoire et de géographie.

Carrière (1945-1981)

Certificats et attestations de nomination dans les différents établissements scolaires : Lyon, Lycée du Parc, maître d'internat, 1945-1946. Paris, Lycée Charlemagne, professeur-adjoint d'enseignement, 1946-1950. Clermont-Ferrand, Lycée Blaise Pascal, professeur agrégé, 1950-1954. Paris, Lycée Voltaire, 1954-1957. Paris, EPHE-VIe section / EHESS, 1957-1981 : certificats de nomination de directeur d'études non cumulant, puis cumulant. Paris, Université de Paris X-Nanterre, 1969-1977 : correspondance relative à sa candidature à l'université Paris X-Nanterre ; certificats de nomination ; notifications d'avancement. Göttingen, Mission historique française en Allemagne, 1977-1979 : arrêté de détachement ; rapport et mémoire sur la création de la Mission historique française en Allemagne. Certificats d'exercice, rapports d'activité, listes de publications. Missions à l'étranger, 1960-1982 : correspondance, invitations, rapports de missions.

Prix et distinctions

Annonce de la remise du prix de la fondation Thorlet de l'Académie des sciences morales et politiques, Institut de France, 27 septembre 1965. Correspondance relative à la remise du Prix Gobert de l'Académie française, 1978 : palmarès des prix littéraires, correspondance (14 lettres et cartes, 2 télégrammes). Remise de la Médaille d'argent du CNRS, 1983 : lettres, notes et discours, photographies.

Activités institutionnelles (1957-1980)

2 Cette rubrique rassemble les documents administratifs liés à l'enseignement et aux différents organismes auxquels appartenait Robert Mandrou.

Secrétariat de rédaction des annales (1954-1962)

3 Robert Mandrou a été nommé secrétaire de rédaction des Annales à partir de la préparation du no 3 de 1954. Le fonds comprend un dossier de correspondance spécifique aux Annales de novembre 1957 à juillet 1959. On y trouve environ 800 pelures de lettres dactylographiées signées par Robert Mandrou et approximativement autant de lettres de correspondants. Nous avons, pour cet inventaire sommaire, indiqué le nom des principaux correspondants.

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4 A cette correspondance générale relative aux Annales, s'ajoutent deux dossiers spécifiques, intitulés pour le premier : « Annales – C. R. / L. F. » qui contient un échange de lettres de Lucien Febvre et de Robert Mandrou de 1953 à 1956, dossier dans lequel R. Mandrou a ajouté par la suite un projet de réforme des Annales pour 1961. Le second dossier s'intitule « la crise – F. B. » et comprend des lettres de F. Braudel de 1960 à 1964, ainsi qu'un certain nombre de lettres adressées à R. Mandrou en 1962, à la suite de son éviction des Annales. Annales : correspondance, novembre 1957-juillet 1959.

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Extrait de cours sur « La Formation des mythes nationaux ». Leçon 37 du 17 mars 1971.

École pratique des hautes études, VIe section / École des hautes études en sciences sociales (1957-1980)

Enseignement (1957-1980)

Cahiers de présence, 1957-1980. Dossiers de chercheurs, 1968-1976. (*) lettres accompagnant le dossier

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Inscriptions, 1965-1977. Rapports de soutenance de diplômes, 1960-1978. Correspondance ; rapports d'activités annuels de l'EPHE, 1967-1973.

Administration et rencontres institutionnelles (1958-1977)

Comptes rendus de réunions ; circulaires ; projets d'organigramme EPHE, projets de statuts. Rencontre interdisciplinaire, Royaumont, 1973 : convocations, notes.

Mai 1968, EPHE

Comptes rendus de réunions EPHE ; organigramme ; rapports de commissions et notes.

Mai 1968, documentation imprimée

Tracts ; revues ; réformes en cours.

Direction des collections « histoire des mentalités » (aux éd. Plon) et « 10/18 » (1962-1967)

5 R. Mandrou a dirigé aux éditions Plon à partir de 1962, dès sa création, la nouvelle collection « Histoire des mentalités ». Il est aussi conseiller pour la collection « 10/18 ». Le fonds comprend un dossier de correspondance de 1962 à 1967. Nous donnons un inventaire des noms des correspondants comme pour les Annales.

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Nanterre, université de paris X (1969-1977)

Enseignement (1969-1977)

Fiches d'étudiants, 1971-1975. Notes manuscrites d'étudiants pour le cours sur « La Révolution française », 1969-1970.

Administration (1972-1977)

Circulaires administratives, rapports scientifiques, brochures sur les thèmes de recherches. Fonctionnement de l'UER de sciences juridiques : circulaires, rapports, correspondance.

Göttingen, mission historique française en Allemagne (1974-1980)

Détachement et nomination à Göttingen ; création de la Mission historique française en Allemagne (mémoire et projet) ; correspondance à propos des activités de la Mission, 1977-1980.

Centre national de la recherche scientifique (1960-1973)

Circulaires, instructions et élections.

Relations franco-québécoises (1967-1973)

Enseignement au Québec (1967-1971)

Listes d'étudiants et d'enseignants ; correspondance.

Centre franco-québécois (1972-1973)

Préparation d'un colloque, 1972 ; projet d'Institut de civilisations comparées ; projet de création d'un centre franco-québécois.

Le Conseil des arts du Canada (1968-1975)

Dossiers de demandes de subventions à la recherche (en tant que lecteur).

Laval en grève ! (1976)

Projet de convention collective entre administration et enseignants.

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Unesco (1972-1976)

Commission française pour l'Unesco, « Education » : convocations, listes des participants, projets de programme, rapports, correspondance. Conférence de Bucarest, 21 décembre 1973 : lettre de Daniel Monteux ; copie de l'intervention faite au nom de la Fédération internationale syndicale de l'enseignement par Daniel Monteux.

Institut national de l'audiovisuel

Listes des productions audiovisuelles de R. Mandrou à Radio-France, 1959-1964 (données en annexe) ; correspondance de l'INA avec Christiane Mandrou, 1984-1986.

Institut national de recherche et de documentation pédagogiques (1972-1973)

Réunion sur les recherches pédagogiques en cycle primaire : « Thèmes de discussion concernant l'histoire et son enseignement à l'école élémentaire ». Écoles normales – INRDP, 1972 : projet d'un plan de travail sur l'enseignement de l'histoire à l'école élémentaire.

Institut historique allemand à paris (1972)

Notes de Robert Mandrou prises pendant un séminaire de K. F. Werner à l'Institut historique allemand ; texte de K. F. Werner, s.d.

Société française d'histoire des hôpitaux (1967-1974)

Rapports sur les mémoires reçus par la Société française d'histoire des hôpitaux pour le concours de la Société ; correspondance.

Société d'histoire ecclésiastique de la France (1969)

Projet d'enquête sur les visites pastorales : lettre-circulaire de Dominique Julia et Marc Vénard, 17.10.1969 ; mode d'emploi, fiche de tournée, grille codée, notice explicative, 32 f. ronéot. ; Travaux et enquêtes pour un répertoire des visites pastorales, Revue d'histoire de l'Eglise de France, tiré à part, s.d.

Réformes de l'enseignement (1974-1975)

Réforme Fontanet [1974]

Article de Robert Mandrou pour Le Monde et correspondance.

Réforme Haby (1975-1977)

Projet d'article pour Le Monde (texte refusé) ; articles sur la réforme ; correspondance.

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Activités d'enseignement et de recherche

6 Cette rubrique rassemble les manuscrits et les documents préparatoires des deux thèses, les notes des cours et des conférences, les notes de lecture et les fichiers de travail.

Thèses d'état (1958-1968)

Thèse principale : Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle : une analyse de psychologie historique. Exemplaire manuscrit, 611 f. ; documents préparatoires pour la thèse. Thèse complémentaire : Les Fugger, propriétaires fonciers en Souabe (1560-1618) : étude de comportements socio-économiques à la fin du XVIe siècle. Exemplaire manuscrit, 171 f. ; exemplaire dactylographié, 299 f. Notices d'information ; circulaire ; inscriptions, 1959 ; convocation pour la soutenance, 1968 ; notes de travail.

Cours (1948-1977)

Nous avons respecté les titres de R. Mandrou pour les notations typographiques des siècles (XVIe ou 16e).

Leçons de l'enseignement secondaire

EPHE-VIe section / EHESS (1957-1977)

1957-1958 : « Expansion française-XVIIe », notes de cours, 49 f. ms. 1960-1961, 1961-1962, 1962-1963 : « Recherches sur la littérature populaire des XVIIe et XVIIIe siècles », notes de cours, 18 leçons, 274 p. ms. 1963-1964, 1964-1965, 1965-1966 : « Economies et mentalités rurales : l'exemple de la Souabe bavaroise à la fin du XVIe siècle », notes de cours, 34 leçons, 169 p. ms. 1965-1966 : plan du cours sur l'endettement paysan et programme général de l'année. 1966-1967 : « Recherche sur les comportements séditieux dans la France du XVIIe siècle », notes de cours, 15 leçons, 62 p. ms. 1967-1968 : « La sorcière de village », notes de cours, 21 leçons, 82 p. ms. 1968-1969, 1969-1970, 1970-1971, 1971-1972, 1972-1973 : « Recherches sur la formation des mythes nationaux en France, XVIe-XVIIe siècle », cours en quatre parties, notes de cours, 86 leçons, 369 p. ms. 1973-1974, 1974-1975, 1975-1976 : « Recherches sur les échanges intellectuels entre France et Allemagne au XVIIe siècle : le cas du duc August à Wolfenbüttel (1635-1666) », notes de cours, 43 leçons, 172 p. ms. 1976-1977 : « Débats et combats. Textes inédits : possessions et sorcellerie au XVIIe siècle », notes de cours, 19 leçons, 70 p. ms.

Sessions de fin d'année : séminaires bilans (1968-1977)

11-14 septembre 1968, Cerisy-la-Salle « Mai-juin 1968 », liste des participants ; plan, 1 f. ms. ; programme sur trois jours, 1 f. ms. ; notes de travail, 3 f. ms. ; notes, 6 f. ms. ; correspondance. 5-8 juillet 1969, Cerisy-la-Salle

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« Echanges de vue sur les méthodes en histoire », notes, 9 p. ms. 25-27 juin 1974, Azay-le-Ferron « Discussion et réflexion sur la culture contemporaine », notes, 23 f. ms. 24-26 juin 1975, Azay-le-Ferron « Les méthodes de l'histoire des mentalités à travers la production récente », notes, 14 f. ms. 22-24 juin 1976, Troyes Notes, 14 f. ms. 19-22 juin 1977, Troyes Circulaire.

Paris X-Nanterre (1969-1976)

1968-1969 : « Nouveaux intellectuels dans la société occidentale européenne : des humanistes aux libertins érudits » [sur la couverture de la chemise : Place des intellectuels XVIe-XVIIe], notes de cours, 22 leçons, 44 p. ms. 1968-1969 : « Les révoltes populaires au XVIIe siècle », notes de cours, 14 f. ms. 1968-1969 : Cours d'agrégation. « La société française de 1680 à 1789 : structures sociales, culture, modes de vie » [sur la couverture de la chemise : Cultures], notes de cours, 10 leçons, 40 p. ms. 1969-1970 : « L'Ancien Régime et la Révolution française », notes de cours, 28 leçons, 56 p. ms. 1969-1970 : « Jansénisme(s) en France aux 17e-18e siècles », notes de cours, 12 f. ms. pour la première partie ; 21 p. ms. pour la seconde partie. 1970-1971 : « Méthodologie », notes de cours, 24 leçons, 48 p. ms. 1970-1971 : « Livre et société en France au XVIIe siècle », notes de cours, 30 f. ms. 1970-1971 : Cours d'agrégation. « Les Iles britanniques (1630-1714) », notes de cours, 19 leçons, 46 p. ms. 1971-1972 : « Pays-Bas et Provinces unies », notes de cours, 14 leçons, 54 p. ms. 1971-1972 : « Ethiques religieuses et esprit du capitalisme », notes de cours, 36 f. ms. 1971-1972 : Cours d'agrégation. « Les Iles britanniques (1630-1714) » (suite), notes de cours, 6 leçons, 19 p. ms. 1972-1973 : « Genève », notes de cours, 21 leçons, 42 p. ms. 1972-1973 : « Vénalité des charges et recrutement du personnel monarchique en France au XVIIe siècle », notes de cours, 31 f. ms. 1972-1973 : Cours d'agrégation. « Charles Quint : monarchie universelle et nationalisme », notes de cours, 18 leçons, 44 p. ms. 1973-1974 : « Rationalité politique et société en Europe au 18e siècle (1715-1760) » [sur la chemise « Raison d'État et sociétés en Europe (1715-1780) »], notes de cours, 21 leçons, 40 f. ms. 1973-1974 : « La vie urbaine au XVIIIe siècle : Lyon », notes de cours, 28 f. ms. 1973-1974 : Cours d'agrégation. « La vie urbaine en Allemagne au temps de Charles Quint (1516-1555) » [sur la chemise « Charles Quint : la vie urbaine dans le SERG 1re moitié du XVIe »], notes de cours, 16 leçons, 40 p. ms. 1974-1975 : « Méthodologie I », notes de cours, 25 leçons, 54 p. ms. ; bibliographie, 3 f. ms. 1974-1975 : « Négociants et fermiers généraux au XVIIIe siècle », notes de cours, 17 f. ms.

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1974-1975 : Cours d'agrégation. « La famille, l'enfant et l'éducation en France et en Grande-Bretagne du XVIe au XVIIIe siècle », notes de cours, 21 leçons, 44 p. ms. 1975-1976 : « Réformes et réformés en France du XVIe siècle jusqu'aux guerres de religion », notes de cours, 14 leçons (manque la leçon 12), 25 p. ms. (cours incomplet se terminant le 4 mars 1976). 1975-1976 : Cours de licence (enseignement spécialisé). « Vie rurale aux XVIe et XVIIe siècles », notes de cours, 14 leçons, 25 f. ms. (cours incomplet se terminant le 4 mars 1976). 1975-1976 : « Méthodologie II », notes des leçons faites par R. Mandrou (1, 2, 3, 8, 9, 10, 13), 14 f. ms. 1976-1977 : « L'Autriche et le monde danubien (1683-1780) », notes de cours, 26 leçons, 53 p. ms. 1976-1977 : Cours de licence (enseignement spécialisé). « [Les révoltes populaires au XVIIe siècle] », d'après Y. M. Bercé, notes de cours, 23 f. ms. 1976-1977 : Cours d'agrégation. « La Nouvelle-France » [sur la couverture de la chemise], notes de cours, 21 leçons, 42 p. ms.

Séminaires, Canada (1963-1975)

1963, Québec, Université Laval : « Le 1er jansénisme français : 1640-1668 », plan en 15 leçons, 1 f. ms. ; 10 questions pour exposés d'étudiants, 2 f. ms. ; notes de cours, 15 leçons, 60 p. ms. ; 17 fiches ms. 1965, Québec, Université Laval : « Mentalités des milieux coloniaux au XVIIe siècle », notes de cours reprises d'une conférence pour l'Ecole normale supérieure, « L'expansion française hors d'Europe au XVIIe siècle », s.d., 6 f. ms. ; notes de cours reprises du cours de l'EPHE (1957-1958), « Recherche sur l'expansion des français hors d'Europe au XVIIe siècle », 6 f. ms. ; notes de travail, 16 f. ms. 1967, Québec, Université Laval : • « Attitudes séditieuses dans la société française du XVIIe siècle », plan en 25 leçons (sur la chemise) ; notes de cours, 25 leçons, 26 f. ms. ; plan de « Vingt ans après ou bilan, direction de recherches, 1948-1968 », 1 f. ms. • « Europe moderne », notes de cours, 16 leçons, 16 f. ms. • Conférences : « Culture populaire en France aux XVIIe-XVIIIe siècles : regard ethnologique sur une culture oubliée », « Le Pèlerin perdu, film ethno-historique », « Sensibilité religieuse et religion vécue en France au XVIIe siècle : le sentiment de la peur » (conférences faites à Ottawa), notes de travail, 7 f. ms. 1969, Québec, Université Laval : • « Etudes de documents inédits sur les procès de sorcellerie au XVIIe siècle », programme, 2 f. ms. ; 7 textes documentaires, 7 f. ronéot. avec annotations ms. • Conférences : « Mentalités en France et Nouvelle-France au XVIIe siècle : programme de recherches », notes de conférence, 2 p. ms. ; lettre de Yves de Zoltvany, Mc Gill University, Montréal, 29.9.1969, lettre de Laurier L. Lapierre, 10.10.1969. « Mentalité religieuse et moralité (1630-1660) », notes de conférence, 3 p. ms. ; circulaire de l'université d'Ottawa pour le 14 et 21.10.[1969].

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« Métier d'historien aujourd'hui », notes de conférence, 2 p. ms. ; lettre de Maurice Carrier, Université du Québec, Trois Rivières, 25.9.1969. « Problèmes universitaires français : rentrée 1969 », notes de conférence, Université du Québec, Trois Rivières, 2 p. ms. « La Révolution française et l'histoire du Québec », notes de conférence, 2 p. ms. « Politique et historiographie », notes de conférence, 1 f. ms. « Sorcellerie et possession en France au XVIIe : problème de mentalité religieuse », notes de conférence, 1 f. ms. « Mentalités religieuses dans la France de l'ouest dans la seconde moitié du XVIIe siècle », notes de conférence, 2 p. ms. « Libertinage érudit, vie intellectuelle/scientifique et nouvelle définition de la morale (sociale) », notes de conférence, 1 f. ms. Brouillon manuscrit d'une lettre de recommandation pour Fernand Ouellet. 1971, Canada, Université d'Ottawa : • « Intellectuels et vie intellectuelle en France au XVIe siècle », plan en 12 leçons, 1 f. ms. ; plan de J. H. Plumb adapté, 1 f. ms. ; notes de cours, 12 leçons, 12 f. ms. • « Médecine et possessions diaboliques en France au XVIIe siècle », plan en 24 leçons, 1 f. ms. ; programme, 1 f. ms. ; notes de cours, 24 leçons, 23 f. ms. ; textes documentaires, 11 f. ms. • « Métier d'historien / d'enseignant d'histoire », plan en 12 leçons, 1 f. ms. ; notes de cours, 12 f. ms. ; calendrier pour les séminaires d'Ottawa, 1971, 3 f. ms. • Conférences extérieures : Notes pour 6 conférences, 6 f. ms. : « Mouvement dans l'histoire économique actuelle en France » ; « Les Annales et l'historiographie française, 1929-1956-1971 » ; « Courants actuels de l'historiographie française » ; « Le Grand siècle, une révision » ; « Idée de monarchie en France de l'Ancien Régime / XVIIe siècle » ; « La sorcellerie en France sous l'Ancien Régime » ; notes de travail, 6 f. ms. 1973, Québec, Université Laval : • « Les révoltes populaires en France dans la première moitié du XVIIe siècle », présentation, plan et bibliographie, 2 p. ms., 1 f. ronéot. ; notes de cours, 16 p. ms. ; 13 f. de textes documentaires à reproduire, annotations ms. • Cours II : [« Formation du sentiment national, XVIe-XVIIe siècle »], plan du séminaire, liste des étudiants, 2 p. ms. ; notes de cours, 9 leçons, 17 p. ms., 7 f. ms. de textes documentaires, 10 fiches ms. 1975, Canada, Université d'Ottawa : • « Louis XIV », plan en 25 leçons, 2 f. ms. ; notes de cours, 23 leçons, 46 p. ms., textes documentaires, 9 f. ronéot., bibliographie, 1 f. dactyl. ; textes documentaires, 12 f. impr. • « Histoire sociale et histoire des mentalités », plan en 7 leçons, 1 f. ms. ; notes de cours, 5 f. ms. [« L'enseignement dans la France des XVIIe-XVIIIe siècles »], notes de travail, 7 f. ms. • Conférences : « Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle » (conférence), notes de travail, 3 f. ms. « Les mentalités populaires aux XVIIe et XVIIIe siècles », « Mentalités collectives et histoire sociale », « Economie et société française – XVIe-XVIIIe siècle : tendances de recherche », « La France moderne XVIe-XVIIIe siècle : les cultures françaises », « Vie intellectuelle en Europe XVIe-XVIIe siècle », « Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle », plans de travail, 10 p. ms.

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« Recherches en cours », « Histoire et historien », « Louis XIV en son temps », « Recherche sur la vie culturelle en France et en Angleterre (1660-1700) », plans de travail, 6 p. ms. « Littérature et histoire : France des XVIIe et XVIIIe siècles », « La place de l'histoire de la civilisation dans l'enseignement en France », « La vie intellectuelle en France au XVIIe », « Louis XIV en son temps : une révision historiographique », « Introduction à l'histoire de la civilisation française », plans de travail, 5 f. ms. « Culture citadine en France aux XVIIe et XVIIIe siècles », « La vie intellectuelle en France et en Europe au début du XVIIe siècle », plans de travail, 2 f. ms. ; « Cultures populaires et savantes : rapports et contacts » (communication), notes de travail, 10 f. ms.

Séminaires, Paris, Université de Paris VII, UER de géographie et sciences de la société (1970-1972)

1970-1971 : « L'histoire au XXe siècle », programme, 1 f. ronéot., notes de cours, 3 séances, 3 f. ms. ; programme des séances de travaux pratiques, 2 f. ronéot. 1970-1971 : « Historiographie », notes de travail, 16 p. ms., 6 f. ronéot. 1971-1972 : « Historiographie », 2 lettres-circulaire, 9.11.1971, 22.11.1971 ; programme, 1 f. ms. (à l'intérieur de la chemise et cachant le programme de 1970-1971, 1 f. ms.) ; notes de travail, 20 p. ms.

Séminaires, Paris, Université de Paris X-Nanterre, UER de lettres anciennes et modernes et de linguistique, DEA (1975-1978)

1976-1977 : « Littérature et mentalités, 17e et 18e siècles » ; « Libertins érudits : le cas de N. Peiresc », 2 p. ms. ; « Nicolas Peiresc (1580-1637) », 2 p. ms. ; « Peiresc, le savant », 2 p. ms. Chemise « DEA Zuber » avec le plan de cinq séminaires, [1975-1976 ?]. Lettre de M. Zuber pour le séminaire 1978-1979, 25.4.1978.

Enquête sur Plozévet (finistère) (1961-1971)

Préparation et déroulement de l'enquête pluridisciplinaire « Plozévet (Finistère) » : rapports annuels d'activité ; notes manuscrites de R. Mandrou pour un article ; résumés dactylographiés de l'article sur l'enquête de Plozévet ; placards d'un article pour la Revue historique ; correspondance. Rapports de fin d'enquête pour la Délégation générale à la recherche scientifique (DGRST) ; pré-rapport de synthèse par André Burguière, 171 p.

Notes de lecture et fichiers

Notes de lecture

7 Ces notes manuscrites ou dactylographiées en vue d'un compte rendu de lecture étaient placées dans les ouvrages de la bibliothèque de R. Mandrou. Elles sont au nombre de 320 feuillets. Elles ont été répertoriées par ordre alphabétique des auteurs ; la liste des ouvrages est en annexe.

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Fichiers

8 Ces fichiers de travail, constitués par R. Mandrou, se présentaient dans une dizaine de boîtes identiques, fabriquées par lui-même. Selon leur contenu, nous avons donné un intitulé général (France, Bibliothèque bleue, etc.). Pour la France, les rubriques numérotées par R. Mandrou correspondent au plan, placé en tête du fichier, et aux onglets. Cet ensemble de fiches est organisé en entrées thématiques. France 1 – Tempérament ; 2 – Vie affective : 1 fichier 3 – Vie morale ; 7 – Vie économique ; 8 – Vie politique : 1 fichier 4 – Vie intellectuelle : 2 fichiers 5 – Religion : 2 fichiers 6 – Vie sociale : 1 fichier Bibliothèque bleue : 1 fichier Sorcellerie : 2 fichiers Fugger : 4 fichiers Mythes nationaux : 1 fichier Wicquefort : 1 fichier

Communications scientifiques (1958-1977)

9 Cet ensemble de documents, constitué par des textes de communications et des notes prises lors de colloques et conférences, est présenté par ordre chronologique et semble être à peu près exhaustif, sauf pour la période 1972-1973 pour laquelle il manque, en particulier, les textes des conférences faites à l'étranger (Japon et Israël).

Missions d'études, colloques et conférences (1958-1977)

Allemagne de l'Ouest, 1958-1962, missions d'études : rapports de missions, 1958, « Recherches sur l'histoire intellectuelle et économique allemande du XVIIe siècle », 9 f. copie dactyl. ; 1959, « Recherches sur les comportements et mentalités des familles marchandes d'Augsbourg (1570-1630) », 8 f. copie dactyl. ; 1960, « Recherches sur les comportements et mentalités des familles marchandes d'Augsbourg (1570-1630) », 6 f. copie dactyl. ; 1961, « Recherches sur les comportements et mentalités des familles marchandes d'Augsbourg (1570-1620) », 5 f. copie dactyl. ; 1962, « Recherches sur les comportements et mentalités des familles marchandes d'Augsbourg (1570-1620) », 5 f. copie dactyl. ; notes de conclusion, 10 f. ms. Aix-en-Provence, 18-19 juin 1959, conférences : « Introduction à la recherche sur les mentalités », notes de conférence, 6 f. ms. ; notes, 3 p. ms. ; graphique, 1 f. ronéot. ; « Expansion coloniale française et hollandaise au XVIIe siècle », notes de conférence, 5 f. ms. Lyon, 14 décembre 1961, conférence, [Union rationaliste] : « Aux origines du renouveau catholique français du XXe siècle », notes de conférence, 5 f. ms. Aix-en-Provence, 29 août-4 septembre 1962, Second International Economic History Conference : « Le Concept de classe », notes de conférence, 6 f. ms. Pise, 4-7 mai 1962, conférences, Faculté des lettres et de philosophie : « Sociologie historique de la pratique religieuse (catholique) en France au XVIIe siècle », notes de conférence, 7 f. ms. ; « Progrès de la pratique religieuse au cours du XVIIe siècle », notes

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de conférence, 5 f. ms. ; « Pratique et vitalité religieuse (catholique) au XVIIe siècle », notes de conférence, 7 f. ms. ; « La pratique religieuse catholique en France au XVIIe siècle : bilan de recherches et positions de problèmes », article reprenant l'essentiel des trois conférences de Pise, 1963, 22 f. dactyl. ; « La pratique religieuse catholique en France au XVIIe siècle », article résumant une conférence faite à l'université de Lublin le 2 mai 1963, 7 f. copie dactyl. ; notes de travail sur « Les jésuites au XVIIe siècle », 4 f. ms. Saint-Etienne, 19 janvier 1963, conférence : « Métier d'historien aujourd'hui », notes de conférence, 6 f. ms. Pologne (Wroclaw, Cracovie, Varsovie, Lodz, Lublin), 20 avril-8 mai 1963, conférences : programme de la mission, 2 f. dactyl. ; 2 rapports de mission, 5 f. copie dactyl. (1 pelure, 4 f. dactyl.) ; textes des conférences : « Culture populaire et culture savante dans la France d'Ancien Régime », notes, 2 p. ms. ; « Culture savante et culture populaire dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles : la littérature de colportage », 15 f. copie dactyl. ; « Les recherches actuelles sur la civilisation française du XVIIe siècle », notes, 4 f. ms. ; « Recherches actuelles sur la civilisation française du XVIIe siècle », 6 f. copie dactyl. ; « [Nouvelles] perspectives sur la civilisation française du 17e siècle », 2 f. ms. ; « Sociologie religieuse historique régressive : un exemple de collaboration, ou de contact », notes, 3 f. ms. ; « La pratique religieuse catholique en France au XVIIe siècle », 7 f. copie dactyl. ; « Objectifs et méthode d'une histoire des civilisations », notes, 5 f. ms. ; « Objet et méthodes d'une histoire des mentalités », notes, 6 f. ms. Pays-Bas (Utrecht, Groningue), 16-22 mars 1964, conférences : « Situation de Lucien Febvre dans l'historiographie française », « Pensée de Lucien Febvre », notes, 6 f. ms. Monaco, 21-26 mai 1965, colloque « Sciences humaines quantitatives et culture », Centre international d'étude des problèmes humains : « Du quantitatif en histoire », notes pour l'exposé, 4 f. ms. Munich et Vienne, 23 août-3 septembre 1965, colloques : programme du troisième Congrès international d'histoire économique (Munich), 23-27 août 1965, 2 p. impr. ; texte non rédigé « Ravitaillement de l'Assistance publique, 1820-1870 : la ration de restauration à Paris au XIXe siècle », 8 f. ms. ; résumé de la communication, 1 f. copie dactyl. ; communication « Ravitaillement de l'Assistance publique à Paris au XIXe siècle », 6 f. copie dactyl. ; 1 autre exemplaire avec bibliographie, 15 f. copie dactyl. ; 1 exemplaire pour publication pour Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik, 1res épreuves impr. ; texte d'une communication « Un exemple de définition : un concept de classe », 11 f. dactyl. ; 1 copie dactyl. Etats-Unis, Ann Arbor, 1er avril 1966, conférence, Society for French Historical Studies : Program for the Twelfth Annual Conference of the Society for French Historical Studies, 1 f. ronéot. ; « L'historiographie française des XVIe-XVIIIe [siècles] : bilans et perspectives », 8 f. ms., exemplaire ronéot., 5 f. Genève, 5-6 mai 1967, deuxième colloque franco-suisse d'histoire économique : programme. Tours, 4-9 avril 1968, 93e congrès national des sociétés savantes : notes pour sa communication « Un problème de diététique à l'Hôtel Dieu de Paris à la veille de la Révolution », 8 f. ms., 53 fiches ms. ; résumé de la communication de Munich, 1 f. copie dactyl. ; « Le Ravitaillement d'une ville dans la ville : la ration alimentaire de restauration à l'Assistance publique à Paris (1820-1870) », extrait de L'Hôpital et l'aide sociale à Paris, no 43, janv.-févr. 1967, p. 2-11. Budapest, 15-21 mai 1968, conférences, Université Lorand Eötvös : correspondance.

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Strasbourg, 1969 : préparation du colloque « Strasbourg, au cœur religieux du XVIe siècle : mentalités et sociétés », [initialement prévu pour avril 1969], notes, 3 f. ms. Reims, avril 1970, 95e congrès national des Sociétés savantes, section d'histoire moderne et contemporaine : programme régional. Pologne (Varsovie, Lublin, Torun, Cracovie), 11-20 octobre 1970, conférences : « Sorcellerie rurale et chasse aux sorcières dans la France du XVIIe siècle », notes de conférence, 1 f. ms. ; « Les soulèvements populaires », notes de conférence, 2 p. ms. ; « Réflexions historiennes sur mai 1968 », notes de conférence, 1 f. ms. ; « Sorcellerie et histoire sociale », notes de conférence, 1 f. ms. Paris, avril 1971, conférence, École des Chartes : notes sur « Histoire culturelle et histoire des mentalités », 2 p. ms. Budapest, 16-22 mars 1972, colloque « Paysannerie française, paysannerie hongroise » : notes prises lors du colloque, 16 f. ms. ; programme du colloque de septembre « Mouvements paysans en Europe », 1 f. ms. Aix-en-Provence, 22-24 septembre 1972, colloque « Historiographie de la Réforme » : notes pour sa communication « Lucien Febvre et la réforme », 7 f. ms. ; notes pour le « Rapport sur le renouvellement historiographique », 4 f. ms. ; photocopies de textes dactylographiés pour le colloque : R. Mandrou… [et al.] ; notes prises lors des communications, 3 f. ms. Ratisbonne, 2-5 octobre 1972, congrès des historiens allemands : plan du rapport de R. Mandrou, 2 f. ms. ; notes pour le rapport, 9 f. ms. ; rapport, 14 f. ms. Paris X-Nanterre, 15 juin 1973, colloque sur la place de l'histoire dans les filières nouvelles : compte rendu du colloque, 5 p. ronéot. ; rapport du département d'histoire de la faculté de Paris X-Nanterre, 4 p. ronéot. ; notes de la réunion de la commission de la faculté de Paris X-Nanterre du 16.1.[1973], 1 f. ms. ; notes de réunion, 1 f. ms. ; notes prises lors du colloque, 7 f. ms. ; notes sur l'enseignement en maîtrise, 6 f. ms. Besançon, 25-29 mars 1974, 99e congrès national des sociétés savantes, section d'histoire moderne et contemporaine : programme régional. Villetaneuse, 17 mai 1974, journée de formation permanente, « Réflexion sur les contenus de l'enseignement de l'histoire », Université de Paris-Nord, UER de lettres et sciences humaines : plan de l'exposé, 1 f. ms. ; notes pour l'exposé, 3 f. ms. Wolfenbüttel, 27 septembre-1er octobre 1974, 12e colloque historique franco-allemand de l'[Institut historique allemand] Paris : notes prises lors des communications, 15 p. ms. ; notes, 3 f. ms. ; communication de R. Mandrou, « La méthode historique de Voltaire : une lecture du siècle de Louis XIV » : texte de l'article, 12 f. ms., exemplaire copie dactyl., 15 f. ; notes de la communication, 7 f. ms., 12 fiches ms. ; 17 fiches ms. Paris, 4 mars 1975, conférence, Ecole nationale supérieure des Mines : notes pour l'exposé « Histoire quantitative élémentaire des comportements », 3 f. ms. Stanford, 20-25 avril 1975, symposium on « Popular Culture and Learned Culture in France : the Seventeenth to the Twentieth Centuries », University : « Cultures populaire et savante : rapports et contacts », 24 f. ms. ; 1 exemplaire, 35 f. dactyl. ; plan de « Culture populaire et culture savante dans la France d'Ancien Régime », 1 f. ms. ; plan de « Culture populaire et culture savante : rapports, contacts et originalités », 1 f. ms. Göttingen, 20-24 mai 1975, colloque international « Probleme des Übergangs vom Ancien Régime zur Révolution in Frankreich », Max-Planck-Institut für Geschichte : communication « Culture populaire et mouvements populaires dans la transition de l'Ancien Régime à la Révolution », 19 f. ms., 1 exemplaire ronéot., 15 f., 2 cartes.

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Strasbourg, 25-29 mai 1975, colloque international « Strasbourg au cœur religieux du XVIe siècle », hommage à Lucien Febvre, Université : programme, 8 p. impr. ; notes en allemand, 6 f. ms. ; notes prises lors du colloque, 3 f. ms. ; notes sur « Courants actuels de l'historiographie française », 1 f. ms. Mulhouse, 5 décembre 1975, conférence : notes pour la conférence « Les faux sorciers début XVIIIe siècle », 5 f. ms. Colmar, 6 décembre 1975, conférence : notes pour la conférence « Les révoltes paysannes en France au XVIIe siècle », 2 f. ms. Londres, 8-9 mars 1976 [ou 24-25 mai ?], conférences : notes pour ses conférences, « Les hommes de science dans la seconde moitié du XVIIe », « De la culture populaire en France », 5 f. ms. Louvain-la-Neuve, 31 mai-3 juin 1976, séminaire professionnel, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Centre pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement : programme sur la gestion des établissements d'enseignement supérieur : la gestion de la recherche universitaire. Paris, 8-11 juin 1976, IIe réunion du groupe de consultants sur « Les finalités et les théories de l'éducation », Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), organisée conjointement par la division de la philosophie et le bureau international d'éducation : notes manuscrites de R. Mandrou, 7 f. Troyes, 11-13 octobre 1976, colloque franco-hongrois sur François II Rákóczi : notes prises lors du colloque, 9 f. ms. ; notes pour son exposé « Les écrits mystiques de Rákóczi », 3 f. ms. ; notes et correspondance pour son article sur les « Mémoires et confessions du prince François II Rákóczi, textes choisis par Béla Kópeczi », 11 f. ms., 4 lettres dactyl. Privas, mai 1977, colloque « Histoire et clandestinité du Moyen Age à la Première guerre mondiale » : souscription, 3 p. impr. Marseille, 28-30 juillet 1977, septième colloque de Marseille sur le XVIIe siècle « La Qualité de la vie au XVIIe siècle », Centre méridional de rencontres sur le XVIIe siècle : notes manuscrites de R. Mandrou. Francfort-sur-le-Main, 18-19 mai 1979, 6. Römerberggespräche « Die Angst des Prometheus. Fortschritt ohne Sinn ? » : notes de R. Mandrou, 1 f. ms.

Notes et textes de conférences

10 Nous avons regroupé ici les textes des conférences dont la date ou le lieu n'ont pas été identifiés. « Place d'une histoire des mentalités dans l'enseignement secondaire » : notes de conférence, s.d., 2 f. ms. « Structures et conjonctures dans l'économie française d'Ancien Régime » : notes de conférence, s.d., 6 f. ms. « La méthode historique aujourd'hui » : séminaires, Centre d'études sociologiques (J. Dumazedier), 21.12.[1962]-11.1.[1963], notes des conférences, 12 f. ms. ; bibliographie, 2 f. ronéot. « Problèmes et méthode de l'historiographie française d'aujourd'hui » : conférence, [Canada], notes de conférence, s.d., 1 f. « Le vocabulaire social et culturel » : texte ronéot., s.d., 10 p. « La communauté rurale : problème d'équilibre de la micro-société d'Ancien Régime : l'exemple de Sennely-en-Sologne » : notes de conférence, s.d, 1 f. ms. « Modèles culturels de la France moderne/urbaine » : notes de conférence, s.d., 1 f. ms.

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Entretien

« L'âge classique selon Robert Mandrou : une Europe des princes et de la raison d'État » : un entretien entre Robert Mandrou et Claude Mazauric, 7.5.1977, 5 f. dactyl. ; 1 lettre de Claude Mazauric, 27.5.1977.

Publications

Manuscrits des ouvrages

11 Sur l'ensemble des ouvrages publiés par Robert Mandrou (une douzaine), seuls six textes manuscrits ont été retrouvés. « Histoire de la civilisation française » (Paris, A. Colin, 1958) : chapitre XVIII : Civilisation française, civilisation européenne, civilisation mondiale : texte manuscrit refondu et réécrit en 1976, 75 f. ; copie dactylographiée, 58 f. « La France aux XVIIe et XVIIIe siècles » (Paris, Presses universitaires de France, 1967) : texte dactylographié avec corrections manuscrites, [1966], 342 p. (texte d'édition). « Des humanistes aux hommes de science » (Paris, Ed. du Seuil, 1973) : texte manuscrit avec corrections manuscrites, 229 f. « Louis XIV en son temps, 1661-1715 » (Paris, Presses universitaires de France, 1973) : texte manuscrit avec corrections manuscrites, 547 f., plans de chaque chapitre, 12 f. ms. « Raison et raison d'État (1649-1775) » = » Vernunft und Staatsräson » (Berlin, Propyläen Verlag, 1976) : texte français manuscrit, 323 f., schémas de chaque chapitre, 51 f. ms. ; copie dactylographiée avec corrections manuscrites, 378 f., ajouts manuscrits, 6 f., ajouts dactylographiés, 7 f. ; texte allemand dactylographié, 451 f. « Abraham de Wicquefort : chronique discontinue de la Fronde (1648-1652), choix de textes, introduction et présentation, annotation » (Paris, Fayard, 1978) : texte manuscrit, 35 f. + 36 f. (manque le 1er texte), 13 fiches ms. ; copie dactylographiée, 253 f. (les 47 premières pages manquent, soit l'introduction). « Possession et sorcellerie au XVIIe siècle : textes inédits » (Paris, Fayard, 1979) : copie dactylographiée des textes, 274 f. ; exemplaire photocopié avec corrections manuscrites, 80 f. Réédition de « Classes et luttes de classes en France au début du XVIIe siècle » : réédition effectuée par l'université de Nanterre en 1969 après la destruction de l'original à Florence, ronéot. p. 1 à 88 et 117 à 125. [« Les 7 jours de Prague : 21-27 août 1968 » (Paris, Anthropos, 1969) : plan et présentation, 7 f. ms. ; photographies de l'exemplaire original publié en Tchécoslovaquie, 48 p. impr., correspondance]. Josef Macek, « Histoire de la Bohême », (Paris, Fayard, 1984) : texte dactylographié avec corrections manuscrites de R. et Chr. Mandrou, 407 f., chronologie des princes et bibliographie, 6 f. (exemplaire de pages dactylographiées) ; exemplaire dactylographié avec corrections manuscrites, 270 f. Josef Macek, « [La Renaissance à travers le miroir des siècles] » : texte dactylographié avec corrections manuscrites, 258 f. Découpage du Pèlerin perdu, film réalisé par Guy Jorré, produit par Les éditions de l'Eolienne, Paris, conseil historique : Robert Mandrou : 66 f. dactyl.

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Articles publiés

12 Les textes manuscrits ou dactylographiés des articles conservés par Robert Mandrou sont loin de représenter l'ensemble de ses contributions aux différentes revues scientifiques (la bibliographie, présentée en annexe, recense 128 articles et 172 comptes rendus). Textes manuscrits (39 p.) et dactylographiés de comptes rendus pour Annales ESC, 1957, Revue historique, 1970, L'Année sociologique, 1975, 1977, Historische Zeitschrift, 1978, 119 f. ; notes bibliographiques et comptes rendus, s.d., 11 f. copie dactylographiée. « Un grand débat : les mouvements populaires et la société française du XVIIe siècle » : texte, copie dactylographiée, avec corrections manuscrites, 1959, 12 f. « La pratique religieuse catholique en France au XVIIe siècle : bilan de recherches et positions de problèmes » : texte, copie dactylographiée, 1963, 22 f. « Stimulants et freins au développement du capitalisme en France (XVIe-XVIIe siècle) » : texte de la communication du colloque de Bloomington, copie dactyl., 1968, 9 f. ; « Stimulants et freins au développement du capitalisme en France jusqu'à la fin du XVIIe siècle », note, copie dactylographiée, 3 f. « L'histoire : objet et méthodes » : texte, copie dactylographiée, 1970, 21 f., corrections manuscrites. « Histoire des mentalités » : texte, copie dactylographiée, 1970, 14 f. ; tiré à part Encyclopaedia universalis, Paris, 1970, t. 8, p. 424-429, 436-438. « Les fondations pieuses dans la ville d'Augsbourg à la fin du XVIe siècle » : texte, copie dactylographiée, 1973, 38 f. (+ 1 photocopie). « Clergé tridentin et piété populaire : thèses et hypothèses » : texte manuscrit, 1976, 12 f. ; texte dactylographié, 15 f. (+ 1 copie dactylographiée). « La poule de Carnaval : rencontres entre historiens et ethnologues » : correspondance avec Lucienne Roubin ; plan, 1 f. ms. ; notes de travail, 6 f. ms. ; texte manuscrit, 1976, 14 f. ; texte, copie dactylographiée, 11 f. « La Réforme française avant Calvin » : communication, Leipzig, 1977, texte manuscrit, 7 f. ; texte dactylographié, 5 f. « Abraham de Wicquefort et le duc August (1646-1653) : sur les relations intellectuelles entre France et Allemagne, un siècle avant les Lumières » : texte manuscrit, 1978, 36 p. ; texte, copie dactylographiée, 82 p. « France » (présentation historique) : texte, copie dactylographiée, 73 f. « Hérétiques méconnus du XVIe siècle européen » : texte manuscrit, [1978], 6 f. ; copie dactylographiée, 6 f. « De la modernité » : texte manuscrit, [1978], 3 f. ; copie dactylographiée, 3 f. « L'historiographie des minorités en France : bilans et positions de problèmes » : épreuve imprimée, 1980, 18 p.

Articles non publiés

13 Articles rédigés, prêts pour la publication, dont les références ne nous sont pas connues. (sans titre) : texte présenté au colloque de Monaco, 1965, texte, copie dactylographiée, 9 f. « France : histoire politique de 1500 à 1789 » : texte, pour les éditions [Garzanti], copie dactylographiée, 17 f. « France : histoire culturelle de 1500 à 1789 » : texte, copie dactylographiée, 20 f.

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« Cardinal de Richelieu (1585-1642) » : [Enciclopedia europea, Garzanti ?], texte manuscrit, 4 f. ; texte dactylographié, 4 f. « Histoire des mentalités, dimension nécessaire de l'histoire politique » : texte pour [Schmidt], copie dactylographiée, 13 f. « Mythologie et politique : l'exemple de Louis XIV » : texte manuscrit, s.d., 6 f. « Culture orale et culture écrite en France aux XVIIe et XVIIIe siècles » : texte manuscrit, s.d., 9 f. ; texte dactylographié, 8 f. « Louis Dermigny, historien des mentalités : la mythologie américaine, hier et aujourd'hui » : plan ; texte manuscrit, s.d., 12 f. ; texte dactylographié, 13 f. (+ 1 copie dactylographiée) ; correspondance. « Les conditionnements de la vie littéraire : aspects sociaux et institutionnels de la vie littéraire » : texte manuscrit, pour les éditions Garzanti, 1967, 90 f., 10 f. de notes bibliographiques. « De Jeanne d'Arc à Louis XIV », « De la Régence aux Trois Révolutions » : préfaces à la réédition de l'Histoire du peuple français, 1978, textes manuscrit, 69 f. 1 exemplaire, copie dactylographiée, 70 f. ; lettre de L. H. Parias, 31.3.1978. « Culture savante et culture populaire en France au XVIIe siècle » : texte pour L'Histoire, 1979, 4 f. ms., exemplaire dactylographié, 4 f. ; lettres de Michel Winock, 21.11.1978, 8.3.1979.

Projets de publication

« Atlas culturel et spirituel : XVIe-XVIIIe » : lettre de F. de Dainville, 8.11.1961 ; cartes, notes manuscrites ; projets de plans, 12 f. ms., 8 f. ronéot. « Le premier Port Royal » : introduction, 3 f. ms. ; plan en 13 chapitres, 1 f. ms. ; plan de chacun des chapitres, 13 f. ms. ; bibliographie pour chacun des chapitres, 13 f. ms.

Édition

14 Ces dossiers concernent les contrats d'édition, les relevés des droits d'auteurs, les services de presse et les lettres de remerciements pour l'envoi des livres. Robert Mandrou a noté sur la couverture de chaque dossier une liste de tous les destinataires de ses envois, sur laquelle il a coché les réponses orales ou écrites.

Correspondance générale (1954-1983)

15 Le classement initial de cette partie du fonds était entièrement chronologique. Nous avons opéré un reclassement alphabétique des correspondants. L'inventaire déposé aux Archives nationales comportera le nombre de lettres, leurs dates ainsi que, lorsque nous disposons des informations nécessaires, l'institution à laquelle le correspondant est rattaché. L'astérisque (*) indique que le dossier comprend plus de dix lettres ; le double astérisque (**), qu'il contient plus de 100 lettres.

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Témoignages, notices nécrologiques, correspondance (1984-1997)

Réception en hommage à R. Mandrou par l'ambassadeur du Canada, 1986 : invitation, télégramme, copie du discours de lors de la réception, 2 f. dactyl., correspondance ; copie d'une ébauche de la préface aux Mélanges de Philippe Joutard et Jean Lecuir, 13 f. dactyl. Allocutions et témoignages : textes dactylographiés rassemblés à l'issue de la « journée Robert mandrou » organisée à l'occasion du don de ses archives (juin 1995) : Jacques Chevallier, Christiane Mandrou, Lucienne Roubin, Arlette Farge, Philippe Joutard, Jean Lecuir, « Robert Mandrou à Nanterre-Paris X » ; Etienne François, « Robert Mandrou : une figure exemplaire » ; Henriette Asséo, « Hommage à Robert Mandrou ».

Lettres de Robert Mandrou remises par ses correspondants

16 Cette partie du fonds est en cours de constitution.

17 Myriam Yardeni, professeur, département d'histoire générale, université de Haïfa, 16 lettres et cartes, janvier 1963-juillet 1968. Jean Lecuir, 6 lettres et carte, octobre 1967-

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juin 1982. Etienne François (photocopies), 14 lettres, septembre 1974-août 1980. Les lettres de Robert Mandrou à Lucien Febvre, qui lui ont été restituées par Suzanne Febvre, sont restées dans le dossier Annales. 50 lettres de Robert Mandrou à ses parents lors de son séjour dans l'établissement médical de la rue Boileau à Paris, 11 juillet 1956-26 août 1957.

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Annexes

Marie-Annick Morisson

Enseignement

Cours EPHE/EHESS

Séminaires d'enseignement

1 Histoire générale et histoire sociale

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Cours Nanterre

III – Missions d'enseignement-conférences-colloques

2 1950 28 août-3 septembre, Paris, Comité international des sciences historiques, IXe Congrès international des sciences historiques, participation.

3 1952

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22-23 décembre, Sèvres, Centre international d'études pédagogiques, Journées pédagogiques de coordination entre l'enseignement de la philosophie et celui de l'histoire, participation.

4 1958-1962 Août-septembre, Allemagne, missions d'étude. « Recherches sur les comportements et mentalités des familles marchandes d'Augsbourg (1570-1630) »

5 1959 18-19 juin, Aix-en-Provence, Faculté de droit et de sciences économiques, Centre d'études des relations sociales, conférences. « Introduction à la recherche sur les mentalités » « Expansion coloniale française et hollandaise du XVIIe siècle »

6 1960 29 mars-2 avril, Pisa, Università, Istituto di storia medievale e moderna, cinq conférences. « Classes et luttes de classes en France au début du XVIIe siècle »

7 1961 Paris, Ecole normale supérieure de jeunes filles, conférences Paris, Ecole normale supérieure / Ulm, conférences. [« Expansion française hors d'Europe au XVIIe siècle »] 17-18 avril, Sarrbrücken, Kommission zur Erforschung der Geschichte der deutsch- französischen Beziehungen, Deutsch-Französisches Historikerkollo-quium = Colloque historique franco-allemand, « Wege der Forschung in der deutschen und französischen Geschichtswissenschaft », « Histoire économique et sociale », participation. 14 décembre, Lyon, [Union rationaliste], conférence. « Aux origines du renouveau catholique français du XVIIe siècle »

8 1962 4-7 mai, Pisa, Facoltà di lettere i filosofia, cours. « Sociologie historique de la pratique religieuse (catholique) en France au XVIIe siècle » « Progrès de la pratique religieuse au cours du XVIIe siècle » « Pratique et vitalité religieuse (catholique) au XVIIe siècle » 27-30 mai, Royaumont, École pratique des hautes études – VIe section, colloque international, « Hérésies et sociétés dans l'Europe pré-industrielle, XIe-XVIIIe siècle » « La transmission de l'hérésie à l'époque moderne » 28 août-3 septembre, Aix-en-Provence, 2e Conférence internationale d'histoire économique. « Un exemple de définition : le concept de classe » 31 octobre-1er novembre, Saint-Cloud, Colloque franco-allemand. « Groupes sociaux inférieurs en France et en Allemagne au Moyen Age et à l'Époque moderne »

9 1963 19 janvier, Saint-Etienne, Union rationaliste, conférence sur le métier d'historien. 20 avril-8 mai, Wroclaw, Uniwersytet, Katedra historii powszechnej i Polski XVII-XVIII w., conférences ; Warszawa, Krakow, Lublin, Lodz, conférences. « Bilan des recherches actuelles sur la civilisation française du XVIIe siècle »

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« Pratique religieuse en France au XVIIe siècle : bilan de recherches et positions de problèmes » « Culture savante et culture populaire dans la France des XVIIe-XVIIIe siècles : la littérature de colportage » « Objets et méthodes d'une histoire des mentalités » 11-12 mai, Royaumont, Centre d'études des communications de masse, Colloque sur « Les intellectuels et la culture de masse », intervention Juin-juillet, Köln, Bonn, Heidelberg, München, Universität, conférences. 2 juillet, München, Universität, séminaire d'histoire économique. « Probleme und Methoden der heutigen französischen Geschichtsforschung » 15 septembre-15 novembre, Québec, Université Laval, Institut d'histoire, cours. « Littérature de colportage française des XVIIe-XVIIIe siècles » « Premier jansénisme français de 1634 à 1668 » 15 septembre-15 novembre, Montréal, Université Mc Gill, Institut de recherches historiques, conférences. 11-13 octobre, Québec, Colloque franco-canadien d'histoire. « Littérature de colportage et mentalités paysannes » 17-20 novembre, Michigan, Université d'Ann Arbor, Institut d'études romanes, conférences.

10 1964 16-22 mars, Pays-Bas, Mission culturelle française (Amsterdam, La Haye, Groningue, Leyde et Utrecht), conférences. « Situation de Lucien Febvre dans l'historiographie française » « La pensée de Lucien Febvre » « Culture populaire et culture savante aux XVIIe-XVIIIe siècles en France » 22 mai, Genève, Faculté des sciences sociales, conférence. 23 mai, Lausanne, Société d'histoire suisse, conférence. « Problèmes de mentalités : juges, accusés, témoins dans les procès de sorcellerie au début du XVIIe siècle » 12 juin, Auxerre, Cercle Romain Rolland, conférence. « La réforme de l'enseignement » 24 juillet-2 août, Cerisy-la-Salle, Centre culturel international, Entretiens sur l'homme et le diable. « Le diable dans les procès de sorcellerie en France au XVIIe siècle »

11 1965 31 mars, Paris, Université, Centre de recherches sur la civilisation de l'Europe moderne, conférence. « Les Fugger » 22-28 avril, Praha, Ceskoslovenská akademie ved, Historický ústav = Institut d'histoire auprès de l'Académie tchécoslovaque des sciences, conférences. 21-26 mai, Monaco, Centre international d'étude des problèmes humains, Entretiens en sciences humaines, « Sciences humaines quantitatives et culture ». « Du quantitatif en histoire » 23-27 août, München, 3e Conférence internationale d'histoire économique, section 10, « Ravitaillement des grandes villes de la fin du Moyen Age à l'époque moderne ». « Le ravitaillement d'une ville dans la ville : la ration alimentaire de restauration à l'Assistance publique de Paris (1820-1870) »

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29 août-5 septembre, Wien, Comité international des sciences historiques, XIIe Congrès international des sciences historiques, participation. 11 septembre-15 novembre, Québec, Université Laval, cours ; Ottawa, conférences. « Mentalités des milieux coloniaux au XVIIe siècle » « L'expansion française hors d'Europe au XVIIe siècle » « Recherche sur l'expansion des français hors d'Europe au XVIIe siècle » [28 septembre], Montréal, 33e Congrès de l'ACFAS, « Problèmes de l'émigration française au Canada au XVIIe siècle », participation.

12 1965-1970 Paris, Centre interentreprise de formation / Etudes supérieures industrielles, conférences.

13 1966 28 mars-13 avril, Etats-Unis, University of Michigan/Ann Arbor, Society for French Historical Studies ; Colombus, Washington, Chicago et New-York, conférences. 1er avril, Ann Arbor, Society for French Historical Studies, conférence. « L'historiographie française des XVIe-XVIIe siècles : bilans et perspectives » 16-21 mai, Praha, Ceskoslovenská akademie ved, Historický ústav = Institut d'histoire auprès de l'Académie tchécoslovaque des sciences, conférences.

14 1967 Paris, Association des amis de l'Assistance publique, conférences. 21 avril, Paris, Société française d'archéocivilisation et de folklore, conférence. 5-6 mai, Genève, deuxième Colloque franco-suisse d'histoire économique, participation. 7-9 septembre, Melun, Rencontre « Enseignement 70 », session des historiens et géographes. « L'enseignement de l'histoire : perspectives, contenu, méthodes » 18 septembre-15 novembre, Québec, Université de Laval ; Ottawa, Université bilingue, cours et conférences. « Place des livres dans la culture française à l'époque moderne » « Attitudes séditieuses dans la France du XVIIe siècle » « Europe moderne » « Culture populaire en France aux XVIIe-XVIIIe siècles : regard ethnologique sur une culture oubliée » « Le Pèlerin perdu, film ethno-historique » « Sensibilité religieuse et religion vécue en France au XVIIe siècle : le sentiment de la peur »

15 1968 10 février, Colmar, Académie d'Alsace, conférence. « Une anomalie judiciaire : l'exécution de la sorcière Ursula Semerler en 1683 » 4-9 avril, Tours, 93e Congrès national des sociétés savantes, section d'histoire moderne et contemporaine, « Histoire de l'alimentation du XVIIe siècle à nos jours ». « Une polémique de diététique à l'Hôtel-Dieu de Paris à la veille de la Révolution » 20-21-22 avril, Roma, Istituto Gramsci, Colloque sur le développement économique dans les sociétés d'Ancien Régime, participation. 15-21 mai, Budapest, Université Lorand Eotvös ; Institut d'histoire de l'Académie des sciences, conférences. « Les problèmes de culture populaire et d'histoire des mentalités »

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Fin juillet, Cerisy-la-Salle, Entretiens franco-canadiens, « Le Canada au seuil du siècle de l'abondance ». « Une société pluraliste » 10-14 septembre, Bloomington, 4e Conférence internationale d'histoire économique. « Stimulants et freins au développement du capitalisme en France jusqu'à la fin du XVIIIe siècle » 24-29 octobre, Praha, Ceskoslovenská akademie ved, Historický ústav = Institut d'histoire auprès de l'Académie tchécoslovaque des sciences, conférences. 10-14 décembre, Sèvres, Journées d'études sur « le rôle et le contenu de l'enseignement de l'histoire, de la géographie et de l'instruction civique dans le second degré ». Préparation et réalisation. « Finalités de l'enseignement de l'histoire, de la géographie et de l'instruction civique dans l'enseignement secondaire ».

16 1969 13, 27 janvier, Fontenay-aux-Roses, Ecole normale supérieure, 4 conférences. 24 février-1er mars, Grande-Bretagne, Irlande, Instituts culturels français (London, Oxford, Edimbourg, Manchester, Dublin), conférences. « Magistrature et régression de la sorcellerie au XVIIe siècle » « Procès de sorcellerie au XVIIe siècle » « La culture populaire dans la France d'Ancien régime » Septembre, Melun, Rencontre « Enseignement 70 » sur « Quelle culture ». « Cultures et sociétés : le point de vue d'un historien » « Les rapports entre culture(s) et société dans la France d'aujourd'hui » 1er-20 octobre, Québec, Université Laval, Institut d'histoire ; Ottawa, Toronto, Montréal, cours et conférences. « Etudes de documents inédits sur les procès de sorcellerie au XVIIe siècle » « Mentalités en France et Nouvelle-France au XVIIe siècle » « Mentalités religieuses et moralité (1630-1660) » « Métier d'historien aujourd'hui » « Problèmes universitaires français : rentrée 1969 » « La Révolution française et l'histoire du Québec » « Politique et historiographie » « Sorcellerie et possession en France au XVIIe : problème de mentalité religieuse » « Mentalités religieuses dans la France de l'ouest dans la seconde moitié du XVIIe siècle » « Libertinage érudit, vie intellectuelle/scientifique et nouvelle définition de la morale (sociale) »

17 1970 23-27 mars, Reims, 95e Congrès national des sociétés savantes, section d'histoire moderne et contemporaine, « Histoire de l'enseignement de 1610 à nos jours », participation. 12-15 avril, Barcelone, Madrid, Instituts français, conférences. 23-27 avril, Berlin, Institut für Wirtschafts-und-Sozialgeschichte, conférences. juillet, Beauvais, Rencontre « Enseignement 70 » sur « l'ouverture des disciplines ». « Les rapports entre les disciplines enseignées et la société d'une époque » 16-23 août, Moscou, XIIIe Congrès international des sciences historiques, participation. 7-15 septembre, Praha, Conférence internationale de Prague / Congrès Coménius. « Influence de Coménius en France au milieu du XVIIe siècle »

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11-20 octobre, Pologne (Warszawa, Lublin, Torun, Krakow), conférences. « Sorcellerie rurale et chasse aux sorcières dans la France du XVIIe siècle » « Les soulèvements populaires » « Sorcellerie et histoire sociale » « Réflexions historiennes sur mai 1968 » « Mouvements populaires en France avant et pendant la Révolution » Octobre, Bruxelles, conférence.

18 1971 20 avril, Paris, Ecole nationale des chartes, conférence. « Histoire culturelle, histoire des mentalités » 15 septembre-25 octobre, Canada, Université d'Ottawa, cours ; Chicoutimi, Moncton, conférences. « Intellectuels et vie intellectuelle en France au XVIe siècle » « Médecine et possessions diaboliques en France au XVIIe siècle » « Métier d'historien / d'enseignant d'histoire » « Mouvement dans l'histoire économique actuelle en France » « Les Annales et l'historiographie française, 1929-1956-1971 » « Courants actuels de l'historiographie française » « Le Grand siècle, une révision » « Idée de monarchie en France de l'Ancien Régime / XVIIe siècle » « La sorcellerie en France sous l'Ancien Régime »

19 1972 16-22 mars, Budapest, Colloque franco-hongrois d'histoire rurale « Paysannerie française, paysannerie hongroise, XVIe s.-XXe s. ». « Culture populaire et communautés paysannes d'Ancien Régime » 26 avril-1er mai, Aix-en-Provence, conférences. 12-15 septembre, Budapest, Kolloquium « Ostmitteleuropaïsche Bauernbewegungen ». « Volksideologien und Volksaufstände in Frankreich im 17. Jahrhundert » 22-24 septembre, Aix-en-Provence, Marseille, Centre de la pensée politique contemporaine, Colloque « Historiographie de la Réforme ». « Le renouveau de l'historiographie de la Réforme. Lucien Febvre et la Réforme » 3-8 octobre, Regensburg, 29. Versammlung deutscher Historiker. « Rapport » « Adelskultur und Volkskultur in Frankreich im 17. und 18. Jahrhundert » 11-31 octobre, Japon (Tokyo, Kyoto, Osaka, Fukuoka), conférences. 24-25 novembre, Liège, conférences.

20 1973 10 janvier, Paris, Association France-Québec, Colloque sur « les possibilités de créer à Paris un institut français du Québec », participation. 18-20 janvier, Roma, conférences. 30-31 janvier, Rennes, conférences. 16-26 février, Israël, conférences. 11-12 mars, 25-26 mars, Aix-en-Provence, conférences. 19 mars, Paris, Institut national de recherche et de documentation pédagogiques, Réunion sur « les recherches pédagogiques liées au cycle élémentaire sur l'histoire ».

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15 juin, Nanterre, Université de Paris X, Colloque sur « la place de l'histoire dans les filières nouvelles ». « Rapport introductif » 8 septembre-octobre, Québec, Université Laval ; UQAC (Chicoutimi), cours ; Université d'Ottawa, conférence. « Sentiments et sensibilités dans l'Europe des XVIe et XVIIe siècles : bilans et directions de recherche » « Les Révoltes populaires en France dans la première moitié du XVIIe siècle » « [Formation du sentiment national, XVIe-XVIIe siècle] » 22-24 novembre, Lublin, Katolicki uniwersytet Lubelskiego, Komitet edukacji narodwej, Kolokwium poswiçcone dwusetnej rocznicy powstania KEN, Colloque sur « l'enseignement en Europe au XVIIIe siècle ». « L'enseignement en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles : perspectives générales »

21 1974 10-14 février, Basel, Freiburg, Zürich, conférences. 25-29 mars, Besançon, 99e Congrès national des sociétés savantes, section d'histoire moderne et contemporaine, « La piété populaire ». « Clergé tridentin et piété populaire : thèses et hypothèses » 7-10 mai, Oxford, Colloque à la Maison française, « Louis XIV et son temps », participation. 17 mai, Villetaneuse, Université de Paris-Nord, UER de lettres et sciences humaines, Journée de formation permanente « Réflexion sur les contenus de l'enseignement de l'histoire ». « Histoire, recherche, idéologies » 28-29 juin, Château de Vasseuil, Société des études romantiques, Table ronde sur « Michelet », participation. 27 septembre-1er octobre, Wolfenbüttel, 12. Deutsch Französisches Historiker- kolloquium des deutschen historischen Instituts Paris, « Historische Forschung im XVIII. Jahrhundert : Organisation, Zielsetzung, Ergebnisse ». « La méthode historique de Voltaire, une lecture du siècle de Louis XIV » 16 novembre, Aix-en-Provence, conférences.

22 1975 29-31 janvier, Marseille, Colloque « Les provinciaux sous Louis XIV ». « La vie intellectuelle en province. Rapport introductif » 9-15 février, Torino, Bologna, Firenze, Roma, conférences. 4 mars, Paris, Ecole nationale supérieure des mines, conférence. « Histoire quantitative élémentaire des comportements » 17-19 mars, Haïfa, Université, Institut d'histoire et de civilisation françaises, 1er Colloque international « Les juifs dans l'histoire de France ». « L'historiographie des minorités en France : bilans et positions de problèmes » 22 mars-2 avril, Athènes, Thessalonique, conférences. « Culture citadine aux XVIIe et XVIIIe siècles : orientations actuelles de l'historiographie française » 9-27 avril, Chicago, Seattle, Los Angeles, Stanford, conférences ; Madison, French Historical Association, conférence.

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20-25 avril, Stanford, University, Department of French and Italian, Symposium on « Popular Culture and Learned Culture in France : the Seventeenth to the Twentieth Centuries ». « Cultures populaire et savante : rapports et contacts » 6 mai, Genève, Université, Faculté des sciences économiques et sociales, conférence. « Les révoltes populaires en France d'Ancien Régime » 20-24 mai, Göttingen, Max-Planck-Institut für Geschichte, International Kolloquium « Probleme des Übergangs vom Ancien Régime zur Revolution in Frankreich ». « Culture populaire et mouvements populaires dans la transition de l'Ancien Régime à la Révolution » 25-29 mai, Strasbourg, Université des sciences humaines, Colloque international « Strasbourg au cœur religieux du XVIe siècle, hommage à Lucien Febvre », participation. 9-10 juin, Genève, conférences. 6 septembre-26 octobre, Ottawa, Université, cours et conférences. « Louis XIV » « Histoire sociale et histoire des mentalités » [« L'enseignement dans la France des XVIIe-XVIIIe siècles »] « Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle » « Les mentalités populaires aux XVIIe et XVIIIe siècles » « Mentalités collectives et histoire sociale » « Economie et société française XVIe-XVIIIe siècle : tendances de recherche » « La France moderne XVIe-XVIIIe siècle : les cultures françaises » « Vie intellectuelle en Europe XVIe-XVIIe siècle » « Magistrats et sorciers en France au XVIIe » « Recherches en cours » « Histoire et historien » « Louis XIV en son temps » « Recherche sur la vie culturelle en France et en Angleterre (1660-1700) » « Littérature et histoire : France des XVIIe et XVIIIe siècles » « La place de l'histoire de la civilisation dans l'enseignement en France » « La vie intellectuelle en France au XVIIe siècle » « Louis XIV en son temps : une révision historiographique » « Introduction à l'histoire de la civilisation française » « Culture citadine en France aux XVIIe et XVIIIe siècles » « La vie intellectuelle en France et en Europe au début du XVIIe siècle » 25-26 septembre, Ottawa, Université, Colloque organisé par le département d'histoire, « L'histoire socio-culturelle : un colloque exploratoire ». « L'histoire socio-culturelle : rétrospective européenne » 6-7 novembre, Göttingen, Max-Planck-Institut für Geschichte / Hannover, Stiftung Wolkswagenwerk, Kolloquium « Geschichtsforschung und Geschichts-darstellung im europäischen Zusammenhang und Vergleich », participation. 5 décembre, Mulhouse, Faculté des lettres, conférence. « Les faux sorciers du XVIIIe siècle » 6 décembre, Colmar, Association des amis des archives du Haut-Rhin, conférence. « Les fureurs paysannes au XVIIe siècle »

23 1976

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 50

8-9 mars, London, University, The London School of Economies and Political Science, conférences. « Les hommes de science dans la seconde moitié du XVIIe siècle » « De la culture populaire en France » 31 mai-3 juin, Louvain-la-Neuve, Séminaire OCDE, « La gestion de la recherche universitaire », participation. 8-11 juin, Paris, Unesco, IIe Réunion sur « les finalités et les théories de l'éducation », organisée par la Division de la philosophie et le Bureau international d'éducation, participation. 2-12 juillet, Israël, conférences. 11-13 octobre, Troyes, Colloque franco-hongrois à l'occasion du 300e anniversaire de la naissance de François II Rákóczi. « Les écrits mystiques de François II Rákóczi »

24 1977 28-30 janvier 1977, Marseille, 7e Colloque de Marseille, « La qualité de la vie au XVIIe siècle ». « La qualité de la vie d'après les livres de raison et Mémoires : rapport » [21] mai 1, Privas, Colloque « Histoire et clandestinité du Moyen Âge à la Première Guerre mondiale ». « L'information clandestine : le colportage et la presse : rapport » juin, Berlin, conférences. 10-11 octobre, Leipzig, Karl-Marx-Universität, Wissenschaftliche Konferenz, « Reform, Reformation, Revolution » ; « La Réforme française avant Calvin »

25 1978 [1-3 mars, Symposium Lessing Akademie] 20-28 mai, Haïfa, Université, Institut d'histoire et de civilisation françaises, 2e Colloque international, « Modernité et non-conformisme en France à travers les âges » ; « Hérétiques méconnus du XVIe siècle européen » 1977-1978, Colloques allemands.

26 1979 18-19 mai, Frankfurt am Main, 6. Römerberggespräche « Die Angst des Prometheus Fortschritt ohne Sinn ? », participation. 29 mai-12 juin, Antananarivo, Université, département d'histoire, cours. 5, 11, 19, 26 juillet, Wolfenbüttel, Bibliothek, Herzog Augusts 400. Geburtstag, conférences publiques.

Notes de lecture

27 La liste suivante présente les titres des ouvrages de la bibliothèque de R. Mandrou dans lesquels ont été retrouvés des notes de lecture ou des comptes rendus rédigés, manuscrits ou dactylographiés. Ces notes et comptes rendus ont été regroupés, chacun, dans une enveloppe spécifique portant la mention de l'ouvrage.

28 A ABEL, Wilhelm, Crises agraires en Europe (XIIIe-XXe siècle), trad. de la 2 e ed. allemande, revue et augm., Paris, Flammarion, 1973, 460 p. (Comptes rendus ms. et dactyl.) [L'Année sociologique, vol. 26, 1975, p. 229-231]

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 51

L'Abolition de la féodalité dans le monde occidental : [actes du colloque], Toulouse, 12-16 nov. 1968. Tome II, Paris, Ed. du Centre national de la recherche scientifique, 1971, 946 p. (Colloques internationaux du CNRS – Sciences humaines) (Comptes rendus ms. et dactyl.) [L'Année sociologique, vol. 26, 1975, p. 226-227] ADAM, Antoine, Du mysticisme à la révolte : les jansénistes du XVIIe siècle, Paris, Fayard, 1968, 349 p. (L'histoire sans frontières) AGULHON, Maurice, Pénitents et maçons de l'ancienne Provence, Paris, Fayard, 1968, 452 p. (+ compte rendu de Lucienne Roubin de la 1re éd., Arts et traditions populaires, oct., 1967, p. 326-327) AGULHON, Maurice, La République au village, Paris, Plon, 1970, 543 p. (Civilisations et mentalités) ALASSEUR, Claude, La Comédie française au XVIIIe siècle : étude économique, Paris, La Haye, Mouton, 1967, 207 p. (Civilisations et sociétés, 3 / Ecole pratique des hautes études (EPHE)-VIe section. Centre de recherches historiques) L'Alimentation et ses problèmes : actes du quatre-vingt-treizième congrès national des sociétés savantes, Tours, 1968, section d'histoire moderne et contemporaine. Tome 1, Paris, Bibliothèque nationale, 1971, 472 p. (Comité des travaux historiques et scientifiques) L'Amiral de Coligny et son temps : actes du colloque, Paris, 24-28 oct. 1972, Paris, Société historique du protestantisme français, 1974, 796 p. (Comptes rendus ms. et dactyl.) [Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. XXV, avril-juin, 1978, p. 340-341] ANTOINE, Michel, Le Conseil du Roi sous le règne de Louis XV, Paris, Genève, Droz, 1970, 666 p. (Mémoires et documents, XIX) ARNAUD, André-Jean, Les Juristes face à la société du XIXe siècle à nos jours, Paris, Presses universitaires de France, 1975, 228 p. (Sup. Le juriste, 7) ARON, Jean-Paul, Essai sur la sensibilité alimentaire à Paris au XIXe siècle, Paris, A. Colin, 1967, 166 p. (Cahiers des Annales, 25) ARON, Jean-Paul, Qu'est-ce que la culture française ?, essais réunis par Jean-Paul Aron, Paris, Denoël / Gonthier, 1975, 273 p. (Médiations, 2) (Comptes rendus ms. et dactyl.) [L'Année sociologique, vol. 26, 1975, p. 231-232] Au siècle des Lumières, Paris, Moscou, SEVPEN, 1970, 309 p. (Bibliothèque générale / EPHE-VIe section)

29 B BARBIER, Pierre et VERNILLAT, France, Histoire de France par les chansons, Paris, Gallimard, 1956-1961, 8 t. [La chanson politique en France, Annales ESC, XVII, 1962, p. 809-811, les 8 t.] BARDET, J. P., CHAUNU, P., DESERT, G., GOUHIER, P., NEVEUX, H., Le Bâtiment : enquête d'histoire économique XIVe-XIXe siècles. Tome 1, Maisons rurales et urbaines dans la France traditionnelle, Paris, La Haye, Mouton, 1971, 544 p. (Industrie et artisanat, VI. Contribution du Centre de recherches d'histoire quantitative de l'Université de Caen) [L'Année sociologique, vol. 24, 1973, p. 247-248) BAROJA, Julio Caro, Les Sorcières et leur monde, Paris, Gallimard, 1972, 304 p. (Bibliothèque des histoires) (+ compte rendu d'E. Le Roy Ladurie, Le Monde, 7.4.1972, p. 13) [L'Année sociologique, vol. 24, 1973, p. 251-252] BARTHES, Roland, Mythologies, Paris, Ed. du Seuil, 1957, 270 p. (Pierres vives) (Compte rendu ms.) BARTHES, Roland, S/Z : essai, Paris, Ed. du Seuil, 1970, 278 p. (Tel quel) BARTHES, Roland, Système de la mode, Paris, Ed. du Seuil, 1967, 327 p.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 52

BAVOUX, Francis, Hantises et diableries dans la terre abbatiale de Luxeuil, préf. de Lucien Febvre, Monaco, Ed. du Rocher, 1956, 200 p. (Compte rendu dactyl.) [Revue historique, t. CCXVIII, 1957, p. 147-148] BEAUJOUAN, Guy, POULLE-DRIEUX, Yvonne, DUREAU-LAPEYSSONNIE, Jeanne-Marie, Médecine humaine et vétérinaire à la fin du Moyen Age, Genève, Paris, Droz, 1966, 473 p. (Centre de recherches d'histoire et de philologie, IVe section – Ecole pratique des hautes études, V. Hautes études médiévales et modernes, 2) (Compte rendu dactyl.) [Revue historique, t. CCXLIV, 1970, p. 463-464] BELMONT, Nicole, Les Signes de la naissance, Paris, Plon, 1971, 224 p. (Recherches en sciences humaines, 29) BESANÇON, Alain, Le Tsarévitch immolé : la symbolique de la loi dans la culture russe, Paris, Plon, 1967, 282 p. (Recherches en sciences humaines, 23) BINZ, Louis, Vie religieuse et réforme ecclésiastique dans le diocèse de Genève pendant le grand schisme et la crise conciliaire (1378-1450). Tome 1, Genève, Librairie A. Jullien, 1973, 549 p. BOLTANSKI, Luc, Prime éducation et morale de classe, Paris, Mouton, 1969, 144 p. (Cahiers / Centre de sociologie européenne, V) BORST, Arno, Lebensformen im Mittelalter : Propyläen, Frankfurt am Main, Berlin, Verlag Ullstein GmbH, 1973, 783 S. BOUDON, Raymond, L'Analyse mathématique des faits sociaux, Paris, Plon, 1967, 464 p. (Recherches en sciences humaines, 21) BOURDIEU, Pierre, Esquisse d'une théorie de la pratique précédé de trois études d'ethnologie kabyle, Paris, Genève, Droz, 1972, 269 p. (Travaux de droit, d'économie, de sociologie et de sciences politiques, 22) BOURDIEU, Pierre, CHAMBOREDON, Jean-Paul, PASSERON, Jean-Claude, Le Métier de sociologue : préalables épistémologiques, 2e ed., Paris, La Haye, Mouton, 1973, 357 p. (Textes de sciences sociales, I / EPHE-VIe section) BOURQUIN, Marie-Hélène, HEPP, Emmanuel, Aspects de la contrebande au XVIIIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 1969, 96 p. (Travaux et recherches / Faculté de droit et des sciences économiques de Paris. Série Sciences historiques, 14) BRAUDEL, Fernand, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, Paris, A. Colin, 1949, 1160 p. BROCHON, Pierre, Le Livre de colportage en France depuis le XVIe siècle : sa littérature, ses lecteurs, préf. de G. H. Rivière, Paris, Librairie Gründ, 1954, 152 p. [Annales ESC, X, 1955, p. 583] BÜCKING, Jürgen, Kultur und Gesellschaft in Tirol um 1600, Lübeck, Hamburg, Matthiesen Verlag, 1968, 196 S. (Historische Studien, Heft 401) BURGUIÈRE, André, Bretons de Plozévet, Paris, Flammarion, 1975, 383 p. (Bibliothèque d'ethnologie historique)

30 C

CABOURDIN, Guy, Terre et hommes en Lorraine du milieu du XVIe siècle à la guerre de Trente Ans : Toulois et Comté de Vaudémont, Lille, Service de reproduction de thèse de l'Université de Lille III, 1975, 1251 p. CAPITAN-PETER, Colette, Charles Maurras et l'idéologie d'Action française : étude sociologique d'une pensée de droite, Paris, Ed. du Seuil, 1972, 223 p. CARRIERE, Charles, Négociants marseillais au XVIIIe siècle : contribution à l'étude des économies maritimes, Marseille, Institut historique de Provence, 1973, 1111 p.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 53

CARRIERE, Charles, COURDURIÉ, Marcel, REBUFFAT, Ferréol, Marseille, ville morte : la peste de 1720, Marseille, M. Garçon, 1968, 353 p. Centre d'études sociologiques (CNRS/EPHE-VIe section), Le Groupe de sociologie des religions, Archives de sociologie des religions, 28, 1969, p. 3-92 CERTEAU, Michel de, JULIA, Dominique, REVEL, Jacques, Une politique de la langue : la Révolution française et les patois, Paris, Gallimard, 1975, 319 p. CHABOT, Richard, Le Curé de campagne et la contestation locale au Québec de 1791 aux troubles de 1837-1838, Montréal, Hurtubise, 1975, 242 p. (Histoire et documents d'histoire. Les cahiers de Québec) CHAUNU, Pierre, Les Philippines et le Pacifique des Ibériques (XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles) : introduction méthodologique et indices d'activité, Paris, SEVPEN, 1960, 301 p. (Ports-routes- trafics, XI / EPHE-VIe section. Centre de recherches historiques) CHAUNU, Pierre et Huguette, Séville et l'Atlantique (1504-1650). 1re partie : Partie statistique. Tome 1, Introduction méthodologique, préf. de Lucien Febvre, Paris, A. Colin, 1955, 332 p. (Ports-routes-trafics, VI.1 / EPHE-VI e section. Centre de recherches historiques) (+ compte rendu de P. Chaunu pour "L'Information historique") CHAUSSINAND-NOGARET, Guy, Les Financiers du Languedoc au XVIIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1970, 369 p. (Affaires et gens d'affaires, XXXV / EPHE-VIe section. Centre de recherches historiques) CHEVALIER, Louis, Les Parisiens, Paris, Hachette, 1967, 393 p. CLARK, Alice, Working Life of Women in the Seventeenth Century, Haarlem, Frank Cass, 1968, 328 p. CLOUSCARD, Michel, L'Etre et le code : le procès de production d'un ensemble pré-capitaliste, Paris, La Haye, Mouton, 1972, 623 p. [L'Année sociologique, vol. 24, 1973, p. 242-244] 13e Congrès international des sciences historiques : rapports du Congrès de Moscou , 16-23 août 1970, Moscou, s.n., 1973-1974 (en plusieurs fasc.) COBB, Richard, La Protestation populaire en France (1789-1820), Paris, Calmann-Lévy, 1975, 322 p. COX, Harvey, La Fête des fous : essai théologique sur les notions de fête et fantaisie, trad. de l'américain par Luce Giard, Paris, Ed. du Seuil, 1971, 236 p. CRESWELL, Robert, GODELIER, Maurice, Outils d'enquête et d'analyse anthropologiques, Paris, F. Maspero, 1976, 290 p. Crimes et criminalité en France sous l'ancien Régime XVIIe-XVIIIe siècles, contributions d'A. ABBIATECI, F. BILLACOIS, Y. BOUGERT… [et al.], Paris, A. Colin, 1971, 268 p. (Cahiers des Annales, 33) [Histoire sociale-Social history (Ottawa), [1972], p. 213-214] CROIX, Alain, Nantes et le Pays nantais au XVIe siècle : étude démographique, Paris, SEVPEN, 1974, 356 p. (Démographie et sociétés, XV / EPHE-VIe section. Centre de recherches historiques) CUVILLIER, Armand, Un journal d'ouvriers : « L'Atelier » (1840-1850), réd., Paris, Ed. ouvrières, 1954, 221 p. (Compte rendu ms.) [Annales ESC, XII, no 2, avreil-juin, 1957, p. 336]

31 D DARMON, Jean-Jacques, Le Colportage de librairie, Paris, Plon, 1972, 316 p. (Civilisations et mentalités) DEBIEN, Gabriel, Les Esclaves aux Antilles françaises (XVIIe-XVIIIe siècles), Basse-Terre, Société d'histoire de la Guadeloupe ; Fort-de-France, Société d'histoire de la Martinique, 1974, 529 p.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 54

DELUMEAU, Jean, Leçon inaugurale faite le jeudi 13 février 1975 au Collège de France, chaire d'histoire des mentalités religieuses dans l'Occident moderne, Nogent-le-Rotrou, Impr. Daupeley-Gouverneur, [1975], 37 p. DERMIGNY, Louis, La Chine et l'Occident : le commerce à Canton au XVIIIe siècle (1719-1833). Tome I, Paris, SEVPEN, 1964, 440 p. (Ports-routes-trafics, 18 / EPHE-VI e section. Centre de recherches historiques) [Mercure de France, n o 1221-1222, VII-VIII, juil.-août, 1965, p. 572-574] DESAIVE, J.-P., GOUBERT, J.-P., LE ROY LADURIE, E., MEYER, J., MULLER, O. et PETER, J.- P., Médecins, climat et épidémies à la fin du XVIIIe siècle, Paris, La Haye, Mouton, 1972, 254 p. (Civilisations et sociétés, 29 / EPHE-VIe section. Centre de recherches historiques) DESROCHE, Henri, Dieux d'hommes : dictionnaire des messianismes et millénarismes de l'Ere chrétienne, Paris, La Haye, Mouton, 1969, 281 p. [ Revue historique, t. CCXLVI, 1971, p. 242-243] Deuxième conférence internationale d'histoire économique, Aix-en-Provence, 1962. Vol. II, Paris, La Haye, Mouton, 1965, 863 p. (Congrès et colloque, VIII / EPHE-VIe section : sciences économiques et sociales), (Compte rendu dactyl.) (note bibliographique) DEVYVER, André, Le Sang épuré : les préjugés de race chez les gentilhommes français de l'Ancien régime (1560-1720), Bruxelles, Ed. de l'Université de Bruxelles, 1973, 608 p. (Comptes rendus ms. et dactyl.) [Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. XXII, 1975, p. 658-659] DEYON, Pierre, Amiens, capitale provinciale : étude sur la société urbaine au XVIIe siècle, Paris, La Haye, Mouton, 1967, 606 p. (Civilisations et sociétés, II / EPHE-VIe section. Centre de recherches historiques) (+ lettre de J. Morel, Société d'étude du XVIIe siècle) DHOQUOIS, Guy, Pour l'histoire, Paris, Anthropos, 1971, 334 p. (Sociologie historique) [Histoire sociale-Social history (Ottawa), [1972], p. 214-215] DONTENVILLE, Henri, Histoire et géographie mythiques de la France, Paris, Maisonneuve et Larose, 1973, 379 p. (Comptes rendus ms. et dactyl.) [L'Année sociologique, vol. 26, 1975, p. 228-229] DORNIC, François, Louis Berryer, agent de Mazarin et de Colbert, Caen, Association des publications de la faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Caen, 1968, 219 p. DREYFUS, François G., Sociétés et mentalités à Mayence dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Paris, A. Colin, 1968, 517 p. (+ compte rendu de B. et Ch. Vogler, Revue d'histoire moderne et contemporaine, p. 1019-1022 + note) DUBY, Georges, Hommes et structures du Moyen Age : recueils d'articles, Paris, La Haye, Mouton, 1973, 424 p. (Le savoir historique, 1 / EPHE-VIe section : sciences économiques et sociales) DUMONT, Fernand, La Dialectique de l'objet économique, préf. de Lucien Goldmann, Paris, Anthropos, 1970, 385 p. DURAND, Yves, Les Fermiers généraux au XVIIIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 1971, 664 p. (Publications de la Faculté des lettres et sciences humaines de Paris-la Sorbonne. Série Recherches, t. 70 : Travaux du Centre de recherches sur la civilisation de l'Europe moderne, fasc. 11) (+ notes) [L'Année sociologique, vol. 22, 1971, p. 245-249] DUTU, Alexandre, Les Livres de sagesse dans la culture roumaine : introduction à l'histoire des mentalités sud-est européennes, Bucarest, s.n., 1971, 191 p. (Etudes et documents concernant le Sud-Est européen / Association internationale d'études du Sud-Est européen, 3)

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 55

32 E ELIAS, Norbert, La Société de cour, Paris, Calmann-Lévy, 1974, 325 p. Etudes sur le XVIIIe siècle. I, éditées par les soins de Roland Mortier et Hervé Hasquin, Bruxelles, Ed. de l'Université, 1974, 217 p. (Groupe d'étude du XVIIIe siècle)

33 F FAURE, Edgar, La Banqueroute de Law : 17 juillet 1720, Paris, Gallimard, 1977, 742 p. (Comptes rendus ms. et dactyl.) FERTÉ, Jeanne, La Vie religieuse dans les campagnes parisiennes (1622-1695), Paris, J. Vrin, 1962, 453 p. [Mercure de France, no 1215, I, janv. 1965, p. 157-158] FLANDRIN, Jean-Louis, L'Eglise et le contrôle des naissances, Paris, Flammarion, 1970, 138 p. (Questions d'histoire, 23) FOUCAULT, Michel, L'Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969, 275 p. (Bibliothèque des sciences humaines) FOUCAULT, Michel, Folie et déraison : histoire de la folie à l'âge classique, Paris, Plon, 1961, 673 p. (+ coupures de journaux + notes) FOUCAULT, Michel, Moi, Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère : un cas de parricide au XIXe siècle, présenté par Michel Foucault, Paris, Gallimard / Julliard, 1973, 350 p. FRANZ, Günther, Der dreißigjährige Krieg und das deutsche Volk, Stuttgart, Gustav Fischer Verlag, 1961, 115 S. (Compte rendu imp. Etudes rurales, II, 1963, p. 110-111) Friedrich Thöne Wolfenbüttel : Geist und Glanz einer alten Residenz, mit 235 Abbildungen und neun Farbtafeln, München, F. Bruckmann, 1968, 308 S. FURET, François, Livre et société en France au XVIIIe siècle. Vol. 2, Paris, La Haye, Mouton, 1970, 228 p.

34 G GAIGNEBET, Claude, FLORENTIN, Marie-Claude, Le Carnaval, essai de mythologie populaire, Paris, Payot, 1974, 175 p. (Le regard de l'histoire) GARDEN, Maurice, Lyon et les lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, Société d'éd. les Belles lettres, 1970, 772 p. (Bibliothèque de la Faculté des lettres de Lyon, XVIII) (+ notes) [L'Année sociologique, vol. 22, 1971, p. 249-252] GARIN, Eugenio, L'Education de l'homme moderne : la pédagogie de la Renaissance (1400-1600), trad. de l'italien par Jacqueline Humbert, Paris, Fayard, 1968, 264 p. GASCON, Richard, Grand commerce et vie urbaine au XVIe siècle : Lyon et ses marchands, Paris, La Haye, Mouton, 1971, 450 p. (Civilisations et sociétés, 22 / EPHE-VIe section. Centre de recherches historiques) [L'Année sociologique, vol. 24, 1973, p. 246-247] GERBEAU, Hubert, Les Esclaves noirs : pour une histoire du silence, Paris, A. Balland, 1970, 216 p. GINZBURG, Carlo, I Benandanti : ricerche sulla stregoneria e sui culti agrari tra cinquecento e seicento, Torino, Giulio Einandi, 1966, 197 p. GODELIER, Maurice, Horizon, trajets marxistes en anthropologie, Paris, F. Maspero, 1973, 395 p. (Bibliothèque d'anthropologie) GODIN, André, Spiritualité franciscaine en Flandre au XVIe siècle : l'homélie de Jean Vitrier : texte, étude thématique et sémantique, Genève, Droz, 1971, 247 p. (Travaux d'humanisme et renaissance, CXVI) (+ notes) GOLDMANN, Lucien, Recherches dialectiques, Paris, Gallimard, 1959, 356 p. (Bibliothèque des idées)

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 56

GOLDMANN, Lucien, Structures mentales et création culturelle, Paris, Anthropos, 1970, 493 p. (Sociologie et connaissance) GOUBERT, Jean-Pierre, Maladies et médecins en Bretagne (1770-1790), Paris, Klincksieck, 1974, 508 p. (Université de Haute-Bretagne-Institut armoricain de recherches historiques, Rennes) (Comptes rendus ms. et dactyl.) GOUBERT, Pierre, L'Ancien Régime. 2, Les pouvoirs, Paris, A. Colin, 1973, 262 p. (Collection U) GOY, Joseph et LE ROY LADURIE, Emmanuel, Les Fluctuations du produit de la dîme : conjoncture décimale et domaniale de la fin du Moyen Age au XVIIIe siècle, communications et travaux rassemblés et présentés par Joseph Goy et Emmanuel Le Roy Ladurie, Paris, La Haye, Mouton, 1972, 397 p. (Cahiers des Etudes rurales, III / EPHE-VIe section) GUILLAUMIN, Colette, L'Idéologie raciste : génèse et langage actuel, Paris, La Haye, Mouton, 1972, 247 p. GUITTON, Georges, S. J., Le Père de la Chaise, confesseur de Louis XIV, Paris, Beauchesne et ses fils, 1959, 2 vol., 278 p. (Figures communes) GUTTON, Jean-Pierre, La Société et les pauvres : l'exemple de la généralité de Lyon (1534-1789), Paris, Société d'éd. les Belles lettres, 1971, 504 p. (Bibliothèque de la Faculté des lettres et sciences humaines de Lyon, XXVI / Centre lyonnais d'historique économique et sociale) (+ notes) [Histoire sociale-Social history (Ottawa), [1972], p. 215-217]

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36 I

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43 P

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 60

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44 Q

QUENIART, Jean, L'Imprimerie et la librairie à Rouen au XVIIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1969, 286 p. (Institut armoricain de recherches historiques de Rennes) QUESNAY, François, Tableau économique des physiocrates, préf. de Michel Lutfalla, Paris, Calmann-Levy, 1969, 271 p. (Perspectives économiques. Les fondateurs de l'économie)

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46 S

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48 V

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50 Z

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Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 63

Archives audiovisuelles

51 Ces documents sont conservés à l'Institut national de communication audiovisuelle, département des archives audiovisuelles. Cette recension n'est pas exhaustive.

Émissions de radiodiffusion

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 64

Émissions de télévision

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 65

Bibliographie

Marie-Annick Morisson

NOTE DE L'AUTEUR

Cette bibliographie, revue et augmentée, a été établie à partir de celle publiée par Françoise Parent-Lardeur dans Histoire sociale, sensibilités collectives et mentalités, mélanges Robert Mandrou, Paris, Presses universitaires de France, 1985, p. 21-31.

I – Ouvrages

1958

Histoire de la civilisation française, Paris, A. Colin, 1958, 2 vol. (Economies-sociétés- civilisations) (Orientations bibliogr. p. 349-351, 369-373. Glossaire) (avec Georges DUBY). 1, Moyen Age-XVIe siècle, 360 p., XVI pl., 19 cartes. 2, XVIIe-XXe siècle, 383 p., XX pl., 23 cartes. Rééditions : 2e éd., Paris, A. Colin, 1962, 360, 382 p. (Economies-sociétés-civilisations) (Orientations bibliogr. Glossaire) ; 3e ed., révision du texte et mise à jour bibliogr., Paris, A. Colin, 1968, 2 t., 351, 380 p. (Collection U) (Orientations bibliogr. Glossaire) (texte utilisé pour les traductions) ; Paris, A. Colin, 1972, 2 t., 350, 378 p. (Collection U) (Orientations bibliogr. Glossaire) ; 4e ed., dernier chapitre refondu et réécrit au cours de l'été 1976, Paris, A. Colin, 1977, 2 t., 350, 400 p. (Collection U) (Orientations bibliogr. Glossaire) ; 5e ed., Paris, A. Colin, 1980, 2 t., 350, 399 p. (Collection U) (Orientations bibliogr. Glossaire) (avec la participation de Jean-François Sirinelli) ; 7e ed., revue et complétée, Paris, A. Colin, 1984, 2 t., 351, 416 p. (Collection U) (Orientations bibliogr. Glossaire) (avec la participation de Jean-François Sirinelli) ; Paris, Librairie générale française, 1993, 2 t., 446, 545 p. (Livre de poche. Références, 408-409) (Orientations bibliogr. Glossaire) (avec la participation de Jean-François Sirinelli). Traductions :

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 66

A History of French Civilization, transl. by James Blakely Atkinson, New York, Random House, 1964, 626 p. (Bibliogr. p. 604-614. Index). A History of French Civilization, transl. by James Blakely Atkinson, Toronto, Random House of Canada Ltd, 1964, 626 p. (Bibliogr. p. 604-614. Index). A History of French Civilization, transl. by James Blakely Atkinson, London, Weidenfeld and Nicolson, 1965, 626 p. (Bibliogr. p. 604-614. Index). Historia kultury francuskiej, przelozyla Hanna Szumanska-Grossowa, Warsazwa, Panstwowe Wydawnictwo Naukowe, 1965, 1967, 677 p., ill., cartes (Bibliogr. p. 627-632. Index). Historia de la civilización francesa, trad. de Francisco González Aramburo, México, Buenos Aires, Fondo de cultura económica, 1966, 578 p., ill., cartes (Sección de grandes obras de historia) (Bibliogr. p. 565-571. Index). Storia della civiltà francese, trad. di Anna Grispo e Annamaria Nacci, Milano, Arnoldo Mondadori editore, 1968, 685 p., cartes (« La Cultura », biblioteca di storia, 21) (Bibliogr. p. 673-683). Huransu bunkasi, trad. en japonais par Maekawa Teiziro, Naruiwa Syu zo et Simada Syo iti, Kyoto, Jinbunshoin, 1969-1971, 3 t., 272, 284, 277 p., ill., cartes (Jinbunsensho). A francia civilizáció ezer éve, trad. Ádám Péter et Pataki Pál, Budapest, Gondolat kiadó, 1975, 575 p., cartes (Bibliogr. p. 533-537. Index de Ádám Péter et Szamosi Ivánné). Séoul, Kachi Publishing Compagny, 1995, 2 t., 890 p., cartes (Orientations bibliogr. Index).

1961

Introduction à la France moderne (1500-1640) : essai de psychologie historique, Paris, A. Michel, 1961, 400 p., 12 pl. h.-t., 10 cartes (L'évolution de l'humanité : Bibliothèque de synthèse historique, LII) (Bibliogr., p. 369-385. Index). Rééditions : Éd. revue et corrigée, Paris, A. Michel, 1973, 412 p., cartes (L'évolution de l'humanité en format de poche, 36) (Bibliogr. p. 375-394. Index). Éd. préfacée par Pierre Goubert, Paris, A. Michel, 1989, X-408 p., cartes (L'évolution de l'humanité en format de poche, 36) (Bibliogr. p. 375-394. Index). Traductions : Introduction to Modern France (1500-1640) : an Essay in Historical Psychology, transl. by R. E. Hallmark, London, E. Arnold, 1975, 285 p., ill., cartes (Bibliogr. p. 255-276. Index). Introduction to Modern France (1500-1640) : an Essay in Historical Psychology, transl. by R. E. Hallmark, New York, Holmes et Meier, 1976, 285 p., ill., cartes (Bibliogr. p. 255-276. Index). Introduccion a la Francia moderna (1500-1640) : ensayo de psicologia historica, trad. por Leonor de Paiz, México, UTEHA (Union tipografica editorial hispano americana), 1962, 295 p., ill., cartes (Bibliogr. p. 271-288. Index).

1963

Edition de la traduction française de Boris Porchnev, Les Soulèvements populaires en France de 1623 à 1648, trad. du russe par Mme Ranieta, révisé par R. Mandrou à partir de l'édition allemande (Leipzig, 1954), Paris, SEVPEN, 1963, 679 p., cartes h.-t. (Œuvres étrangères, IV / EPHE-VIe section. Centre de Recherches historiques) (av.-prop. p 7-11).

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 67

1964

De la culture populaire en France aux XVIIe et XVIIIe siècles : la Bibliothèque bleue de Troyes, Paris, Stock, 1964, 222 p. (Eléments de bibliogr. p. 221-222) (Ouvrage couronné par l'Académie des sciences morales). Rééditions : 2e ed., revue, augm. et mise à jour, Paris, Stock, 1975, 263 p. (Le monde ouvert) (Bibliogr. p. 259-262). 3e éd., préf. de Philippe Joutard, Paris, Imago, 1985, 264 p. (Eléments de bibliogr. p. 259-262). Traduction : Minsyu bon no sekai : jûshichi-jûhachi seiki turansu no minsyu bunka, trad. en japonais par Ninomiya Hiroyuki et Hasegawa Teruo, Kyoto, Jinbunshoin, 1988, 270-XIII p., ill. (Bibliogr. p. I-XIII. Index).

1965

Classes et luttes de classes en France au début du XVIIe siècle, Messina, Firenze, Casa editrice G. D'Anna, 1965, 128 p. (Publicazioni dell'Istituto di storia della facoltà di lettere, Università degli studi di Pisa, 1) (Orientation bibliogr. p. 124-125).

1967

La France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Presses universitaires de France, 1967, 335 p., cartes, graph. (Nouvelle Clio : L'histoire et ses problèmes, 33) (Bibliogr. p. 14-30. Index). Rééditions : 2e éd. revue et corrigée, post-scriptum p. 7, Paris, Presses universitaires de France, 1970, 344 p., cartes, graph. (Nouvelle Clio : L'histoire et ses problèmes, 33) (Bibliogr. p. 18-38. Index). 3e éd. revue et augm., Paris, Presses universitaires de France, 1974, 358 p., ill. (Nouvelle Clio : L'histoire et ses problèmes, 33) (Bibliogr. p. 18-41. Index). 4e éd., augm. par Monique Cottret, Paris, Presses universitaires de France, 1988, 470 p., cartes, graph. (Nouvelle Clio : L'histoire et ses problèmes, 33) (Bibliogr. p. 18-41, p. 431-461. Index). 5e éd., augm. par Monique Cottret, Paris, Presses universitaires de France, 1993, 470 p. cartes, graph. (Nouvelle Clio : L'histoire et ses problèmes, 33) (Bibliogr. p. 18-41, p. 431-461. Index). 6e éd., augm. par Monique Cottret, Paris, Presses universitaires de France, 1997, 470 p. cartes, graph. (Nouvelle Clio : L'histoire et ses problèmes, 33) (Bibliogr. p. 18-41, p. I- XXXVI. Index).

1968

Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle : une analyse de psychologie historique, Paris, Plon, 1968, 531 p. (thèse pour le doctorat ès lettres présentée à la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Paris) (Index). Rééditions : Paris, Plon, 1968, 583 p. (Civilisations et mentalités) (Index). 3e éd., Paris, Ed. du Seuil, 1980, 576 p. (L'univers historique) (Bibliogr. p. 18-70. Index).

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 68

4e éd., Paris, Ed. du Seuil, 1989, 576 p. (L'univers historique) (Bibliogr. p. 18-70. Index). Traductions : Magistrati e streghe nella Francia del seicento : un'analisi di psicologia storica, trad. di Giovanni Ferrara, Bari, Laterza, 1971, 663 p. (Collezione storica) (Index). 2e éd., Bari, Roma, Laterza, 1979, 3 vol., 663 p. (Universale Laterza, 526-527-528) (Index). Magistrados e feiticeiros na França do século XVII : una análise de psicologia histórica, trad. Nicolau Sevcenko e J. Guinsburg, Sao Paulo, Ed. Perspectiva, 1979, 458 p. (Debates). Jacques-Jean-Robert, Un plan pour l'université : du primaire au supérieur, Paris, Plon, 1968, 170 p. (Tribune libre).

1969

Les Fugger, propriétaires fonciers en Souabe (1560-1618) : étude de comportements socio- économiques à la fin du XVIe siècle, Paris, Plon, 1969, 253 p., cartes, graph. h.-t. (Civilisations et mentalités). Traduction : Die Fugger als Grundbesitger in Schwaben (1560-1618) : eine Fallstudie sozioökonomischen Verhaltens am Ende des 16. Jahrhunderts, ubers. von Eckart Birnstiel, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1997, 200 p., 13 Karten, 8 Graphiken, 23 Tabellen, Leinen (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte, Band 136). Les Sept Jours de Prague, 21-27 août 1968. Première documentation historique complète de l'entrée des troupes aux accords de Moscou, préf. de R. Mandrou, Paris, Anthropos, 1969, 416 p. (présentation par R. Mandrou) (préf. p. VII-XVI).

1973

Des humanistes aux hommes de science (XVIe et XVIIe siècles), Paris, Ed du Seuil, 1973, 254 p., cartes h.-t. (Histoire de la pensée européenne, t. 3.) (Points Histoire, 18) (Orientations bibliogr. p. 236-238. Index). Traductions : Dagli umanisti agli scienziati secoli XVI e XVII, trad. di Maria Garin, Bari, Laterza, 1975, 296 p. (Orientations bibliogr. p. 279-282. Index). From humanism to science 1480-1700, transl. by Brian Pearce, Harmondsworth, Penguin Books Ltd, 1978, 301 p. From humanism to science 1480-1700, transl. by Brian Pearce, Hassoks, The Harvester Press, 1979, 329 p., cartes h.-t. (Orientations bibliogr. p. 303-306. Index). Louis XIV en son temps, 1661-1715, Paris, Presses universitaires de France, 1973, 579 p. (Peuples et civilisations, X) (Note bibliogr. générale p. 9. Index). Réédition : 2e éd. revue et corrigée, Paris, Presses universitaires de France, 1978, 579 p. (Peuples et civilisations, X) (Note bibliogr. p. 9. Index). Traduction : Luigi XIV e il suo tempo, presentazione di Ernesto Sestan, trad. di Domenico Devoti, Torino, Societa editrice internazionale, 1976, 573 p. (Conoscenza storica) (Noto bibliografica generale p. 5-6).

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 69

1976

Staatsräson und Vernunft, 1649-1775, trad. allemande de Michael Erbe, Frankfurt am Main / Berlin / Wien, Propyläen Verlag, 1976, 472 p., ill., cartes h.-t. (Propyläen Geschichte Europas, Band 3) (Bibliogr. p. 427-440. Index). Rééditions : 2e éd., Frankfurt am Main / Berlin / Wien, Propyläen Verlag/Verlag Ullstein GmbH, 1981, 472 p., ill., cartes h.-t. (Propyläen Geschichte Europas, Band 3) (Bibliogr. p. 427-440. Index). [poche] Frankfurt am Main / Berlin / Wien, Propyläen Verlag/Verlag Ullstein GmbH, 1982, 472 p., ill., cartes h.-t. (Propyläen Geschichte Europas, Band 3) (Ullstein Buch, 4773) (Bibliogr. p. 427-440. Index). Version française : L'Europe « absolutiste ». Raison et raison d'Etat, 1649-1775, Paris, Fayard, 1977, 402 p., cartes, graph. h.-t. (Bibliogr. p. 345-367) (Grand prix Gobert de l'Académie française, 1978). Rééditions françaises : La Raison du Prince : l'Europe absolutiste (1649-1775), Verviers, Nouvelles éditions Marabout, 1980, 375 p. (Marabout Université, 325, poche) (Bibliogr. p. 345-367). Paris, Fayard, 1995, 384 p. (Bibliogr. p. 345-367). Traduction : Ragione e ragion di stato 1649-1775, trad. di Maria Attardo Magrini, Milano, Arnoldo Mondadori, 1978, 477 p., ill., cartes h.-t. (I Propilei. Storia d'Europa Mondadori, 3) (Bibliogr. p. 445-458. Index).

1978

Abraham de Wicquefort : chronique discontinue de la Fronde (1648-1652), choix de textes, introd. et présentation, annotation, Paris, Fayard, 1978, 222 p. (Intr. p. 7-36) (Index).

1979

Possession et sorcellerie au XVIIe siècle : textes inédits, Paris, Fayard, 1979, 348 p. (Postface p. 329-332) (Index). Rééditions : 2e éd., Paris, Fayard, 1994, 346 p. (Postf. p. 329-332) (Index). 3e éd. (de poche), Paris, Hachette, 1997, 346 p. (Pluriel, 8815) (Postface p. 329-332) (Index). Traduction : Opsednutost davolom i vradzbine u XVII veku : neobjavljeni tekstovi, prevela Ivanka Pavlovic, predgovor Vojislava Pavlovica, Novi Sad, Knjczevna zajednica Novog Sada, 1988, 247 p. (Biblioteka « Anthropos », 25) (Postface p. 243-245).

1988

A la mémoire de Robert Mandrou : Mentalités, histoire des cultures et des sociétés, revue dirigée par Robert Muchembled, Paris, Imago, no 1, « Affaire de sang », présenté par Arlette Farge, 1988, 156 p.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 70

II. – Articles

1952

« Jacques Droz, Les tendances actuelles de la recherche en histoire moderne : discussion », [Actes] des Journées pédagogiques de coordination entre l'enseignement de la philosophie et celui de l'histoire, Sèvres, 22-23 décembre 1952, Revue de l'enseignement philosophique, 3e année, no 5-6, juil.-sept., 1953, p. 26.

1955

Mise au point de : Richard Ehrenberg, Le siècle des Fugger, av.-pr. de Lucien Febvre, trad. par L. Hirch, J.-M. Salmi, Ms. Angel et Lindenberg, revu par G. Noiville, Paris, SEVPEN, 433 p. (Œuvres étrangères, II / EPHE – VIe section. Centre de recherches historiques).

1957

Géographie humaine et histoire sociale, [Débats et combats], Annales ESC, XII, no 4, oct.- déc., 1957, p. 619-627. Lucien Febvre (1878-1956), Revue universitaire, no 1, 1957, p. 3-7. Tragique XVIIe siècle, à propos de travaux récents de Lucien Goldmann, Le Dieu caché : étude sur la vision tragique dans « Les Pensées » de Pascal et dans le théâtre de Racine, Paris, Gallimard, 1955, 454 p. et Correspondance de Martin de Barcos, abbé de St Cyran, avec les abbesses de Port Royal et les principaux personnages du groupe janséniste, Paris, Presses universitaires de France, 1956, 629 p. [Notes critiques], Annales ESC, XII, n o 2, avr.-juin, 1957, p. 305-313.

1958

Aspects méconnus d'un renouveau religieux en France entre 1590 et 1620 (d'après des notes posthumes de Lucien Febvre et sous la signature de ce dernier), [Etudes], Annales ESC, XIII, no 4, oct.-déc., 1958, p. 639-650. Histoire et cinéma [à propos du livre d'Edgar Morin, Le Cinéma ou l'homme imaginaire : essai d'anthropologie sociologique, Paris, Ed. de Minuit, 1956, 250 p. (L'homme et la machine)], [Notes critiques], Annales ESC, XIII, no 1, janv.-mars, 1958, p. 140-149.

1959

Les Français hors de France aux XVIe et XVIIe siècles [à propos du livre de Paul F. Geisendorf, Livre des habitants de Genève. T. I, 1549-1560, Genève, Droz, 1957, 276 p.], [Etudes], Annales ESC, XIV, no 4, oct.-déc., 1959, p. 662-675. Pour une histoire de la sensibilité, [Courrier critique], Annales ESC, XIV, no 3, juil.-sept., 1959, p. 581-588. Les soulèvements populaires et la société française au XVIIe siècle [à propos du livre de Boris Porchnev, Die Volksaufstände in Frankreich vor der Fronde (1623-1648), Leipzig, VEB Bibliographisches Institut, 1954, 483 S.], [Notes critiques], Annales ESC, XIV, n o 4, oct.- déc., 1959, p. 756-765.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 71

1960

Le baroque européen : mentalité pathétique et révolution sociale, [Etudes], Annales ESC, XV, no 5, sept.-oct. 1960, p. 898-914. Pour une économie historique : le revenu national français de 1726 à nos jours, [Travaux en cours], Annales ESC, XV, no 4, juil.-août, 1960, p. 752-758.

1961

Les consommations des villes françaises (viandes et boissons) au milieu du XIXe siècle, [Enquêtes ouvertes : Histoire de la vie matérielle : bulletin 2], Annales ESC, XVI, n o 4, juil.-août, 1961, p. 740-747. La France de Charles Estienne : deux mots de géographie historique (d'après la « Guide des Chemins de France » de Charles Estienne), [Histoire et cartographie], Annales ESC, XVI, no 6, nov.-déc., 1961, p. 1124-1130. Spiritualité et pratique catholique au XVIIe siècle, [Notes critiques], Annales ESC, XVI, no 1, janv.-févr., 1961, p. 136-146. Stockholm 1960. A côté du Congrès : une mise en accusation du matérialisme historique, [à propos de Saeculum, Jahrbuch für Universalgeschichte, t. II, cahier 1-2, 1960], [La vie scientifique], Annales ESC, XVI, no 3, mai-juin, 1961, p. 518-520. Théorie ou hypothèse de travail ?, [Enquêtes ouvertes : Vie matérielle et comportements biologiques : bulletin 3], Annales ESC, XVI, n o 5, sept.-oct., 1961, p. 965-971.

1962

Mathématiques et histoire, Critica storica, anno 1, fasc. 1, 31 gennaio, 1962, p. 39-48. Une monade : Beauvais et le Beauvaisis au XVIIe siècle, à propos du livre de Pierre Goubert, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730 : contributions à l'histoire sociale de la France du XVIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1960, 2 vol., 653, 119 p. (Démographie et sociétés, III / EPHE-VIe section. Centre de recherches historiques), Revue historique, fasc. 464, oct.- déc., 1962, p. 351-358. Trois clefs pour comprendre la folie à l'époque classique, à propos du livre de Michel Foucault, Folie et déraison : histoire de la folie à l'âge classique, Paris, Plon, 1961, 674 p. (Civilisations d'hier et d'aujourd'hui), [Notes critiques], Annales ESC, XVII, n o 4, juil.- août, 1962, p. 761-771. Contribution à : Wirtschaftsgeschichte, (II) Epochen : (4) Neuzeit, (A) Allgemeine Entwicklung, Handwörterbuch der Sozial-Wissenschaften, Stuttgart, Gustav Fischer, Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1962, S. 164-177 (44. Lieferung). Avant-propos à : Lénine, La Maladie infantile du communisme : le gauchisme, Paris, Union générale d'éditions, 1962, p. 5-6 (10/18, no 61). Introduction à : Mao Tsé-toung, La Guerre révolutionnaire, Paris, Union générale d'éditions, 1962, p. 5-9 (10/18, no 44) ; rééd. 1965. Introduction à : Karl Marx, Manifeste du Parti communiste, suivi de La Lutte des classes, Paris, Union générale d'éditions, 1962, p. 5-8 (10/18, no 5) ; rééd. 1966.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 72

1963

La pratica religiosa cattolica nella Francia del secolo XVII : bilancio di ricerche e impostazione di problemi, Critica storica, anno 2, fasc. 1, 31 gennaio, 1963, p. 32-43. Robert Schnerb (1900-1962), Revue historique, no 467, fasc. 1, 1963, p. 261-262. Avant-propos à : Caulaincourt, De Moscou à Paris avec l'Empereur (décembre 1812), Paris, Union générale d'éditions, 1963, p. 5-7 (10/18, no 121). Présentation et édition établies par R. Mandrou : Saint Just, L'Esprit de la Révolution, suivi de Fragments sur les institutions républicaines, Paris, Union générale d'éditions, 1963, p. 7-9 (10/18, no 140) ; rééd. en 1988.

1964

Littérature de colportage et mentalités paysannes, XVII-XVIIIe siècles, Etudes rurales, t. 15, oct.-déc., 1964, p. 72-85. Pour une histoire plus large et plus humaine, Robert Schnerb, par Madeleine Schnerb, Clermont-Ferrand, Ed. Volcans, 1964, p. 49-52. Probleme und Methoden der heutigen französischen Geschichtsforschung, Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik, Bd. 176, Heft 4, 1964, S. 359-370. Présentation de : Jules Michelet, La Sorcière, Paris, Julliard, 1964, p. 7-18 (Julliard Littérature, 17).

1965

Le diable dans les procès de sorcellerie en France au XVIIe siècle, Entretiens sur l'Homme et le Diable, Cerisy-la-Salle, 24 juillet-3 août 1964, [organisés par le] Centre culturel international, sous la dir. de Max Milner, Paris, La Haye, Mouton, 1965, p. 169-176 ; discussion, p. 176-187. Les livres de poche : notre horizon culturel, Les Temps modernes, avr., 1965, p. 1765-1770. Un exemple de définition : le concept de classe, [Actes de la] deuxième Conférence internationale d'histoire économique, Aix-en-Provence, [29 août-3 septembre] 1962. Vol. II, Moyen Age et temps modernes. Chap. IV, Méthodologie et terminologie de l'histoire économique et sociale, Paris, La Haye, Mouton, 1965, p. 829-835 (Congrès et colloques, VIII / EPHE-VIe section : sciences économiques et sociales). Intervention au Colloque sur « Les intellectuels et la culture de masse », [Royaumont, 11-12 mai 1963, organisé par le Centre d'études des communications de masse], Communications, no 5, « Culture supérieure et culture de masse », 1965, p. 13-16. « Le réseau « aristocratique » d'Antraigues, de 1791 à 1793 : collusions ou autointoxication ? », avant-propos à : Jacqueline Chaumié, Le Réseau d'Antraigues et la contre-révolution (1791-1793), Paris, Plon, 1965, p. 9-14 (Histoire des mentalités).

1966

Capitalisme et protestantisme, la science et le mythe, Revue historique, n o 477, 1966, p. 101-106. L'économie genevoise d'Ancien Régime, à propos d'un ouvrage récent d'Anne-Marie Piuz, Affaires et politique : recherches sur le commerce de Genève au XVIIe siècle, Genève, A. Jullien, 1964, 456 p., [Mélanges], Revue suisse d'histoire, t. 16, fasc. 4, 1966, p. 535-543.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 73

La fille aînée de l'Eglise, La France au temps de Louis XIV, Paris, Hachette, 1966, p. 164-199 (Ages d'or et réalités). Littérature de colportage et mentalités paysannes (XVIIe et XVIIIe siècles), France et Canada français du XVIe au XXe siècle, Colloque, Québec, 10-12 octobre 1963, éd. par Claude Galarneau et Elzéar Lavoie, Québec, Presses de l'université Laval, 1966, p. 208-222 (Les cahiers de l'Institut d'histoire). Les protestants français réfugiés à Genève après la Saint Barthélémy, à propos du livre de Paul F. Geisendorf, Livre des habitants de Genève. II, 1572-1574 et 1585-1587, Genève, Droz, 1963, 220 p., [Mélanges], Revue suisse d'histoire, t. 16, fasc. 2, 1966, p. 243-249. Le ravitaillement d'une ville dans la ville : la ration alimentaire de restauration à l'Assistance publique de Paris (1820-1870), [Actes de la] troisième Conférence internationale d'histoire économique, Munich, [23-27 août] 1965, t. 1, Paris, La Haye, Mouton, 1968, p. 79-82 (Congrès et colloques, X / EPHE-VIe section : sciences économiques et sociales) ; repris en détail + graphiques, Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik, Bd. 179, Heft 3, 1966, S. 189-199 ; paru dans L'Hôpital et Aide sociale à Paris, n o 43, janv.-févr., 1967, p. 83-91. Préface à : Fernand Ouellet, Histoire économique et sociale du Québec (1760-1850) : structures et conjoncture, Montréal, Ottawa, Paris, Fides, 1966, p. VII-IX (Histoire économique et sociale du Canada français) ; trad. anglaise : Economic and Social History of Quebec, 1760-1850 : Structures and Conjoncture, Ottawa, Gage Publi. : Institute of Canadian Studies, Carleton University, 1980, XXIV-696 p. (Carleton University Library, 120)

1967

Discussions, [Actes du] XIIe Congrès international des sciences historiques, Vienne, 29 août-5 septembre 1965, organisé par le Comité international des sciences historiques. T. V. Section IV, Méthodologie et histoire contemporaine, chap. 4 : histoire moderne et contemporaine, Horn, Wien, Verlag Ferdinand Berger und Söhne, [1967], [les bases économiques et sociales de l'absolutisme], p. 678 ; [mouvements paysans du centre et du sud-est de l'Europe du XVe au XXe siècle], p. 775-776. Un documento eccezionale : il mémoire al Cardinale de Richelieu del cavaliere di Razilly, Critica storica, no 2, 31 marzo, 1967, p. 225-247. L'historiographie française des XVIe et XVIIe siècles : bilans et perspectives, French Historical Studies, vol. 5, nr. 1, spring, 1967, p. 57-66. Lucien Febvre. Ein Schicksal-Martin Luther, 450 Jahre Reformation, hrsg. von Leo Stern und Max Steinmetz, Berlin, VEB Deutscher Verlag der Wissenschaften, 1967, S. 217-220. La séparation des pouvoirs : mythe et réalité, Après demain, journal mensuel de documentation politique, no 90, janv., 1967, p. 3-4.

1968

L'agriculture hors du développement capitaliste. Le cas des Fugger, Studi storici, no 3-4, 1968, p. 784-793. [L'agricoltura al di fuori dello sviluppo capitalistico : il caso dei Fugger, Agricoltura e sviluppo del capitalismo, s.l., Editori Riuniti-Istituto Gramsci, s.d., p. 383-391]. Bibliographie pour les agrégations et CAPES 1969 : « La société française de 1680 à 1789 : structures sociales, culture et modes de vie », Historiens et Géographes, n o 214, 1968, p. 225-229.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 74

Les droits de l'homme au XVIIIe siècle, Après demain, journal mensuel de documentation politique, no 102, mars, 1968, p. 5-6. L'enseignement de l'histoire : perspectives, contenu, méthodes, Enseignement 70, n o 27, no spécial, janv., 1968, p. 7-10. Primat de l'histoire sociale : propos sans paradoxes, Histoire sociale-Social History (Ottawa), no 1, avr., 1968, p. 7-15. La transmission de l'hérésie à l'époque moderne, Hérésies et sociétés dans l'Europe pré- industrielle 11e-18e siècles, communications et débats du Colloque, Royaumont, 27-30 mai 1962, présentés par , Paris, La Haye, Mouton, 1968, p. 281-289 (Civilisations et sociétés, 10 / EPHE-VIe section. Centre de recherches historiques). Postface à : Lucien Febvre, Un destin : Martin Luther, 4e éd., Paris, Presses universitaires de France, 1968, p. 205-206 (Collection Hier). Introduction à : Karl Marx, La Question juive, suivi de Bruno Bauer, La Question juive, Paris, Union générale d'éditions, 1968, p. 7-10 (10/18, no 412).

1969

Bibliographie : « La société française de 1770 à 1800 », Historiens et Géographes, n o 221, 1969, p. 248-250. « L'Eglise dans la vie politique française », Les Catholiques français en 1969, Après- demain, journal mensuel de documentation politique, no 111, févr., 1969, p. 5-6. Les femmes dans l'histoire, [Mélanges], Revue historique, t. CCXLII, n o 492, fasc. 2, oct.- déc., 1969, p. 339-346. « Les finalités de l'enseignement de l'histoire, de la géographie et de l'instruction civique dans l'enseignement secondaire », [actes des] Journées d'études de Sèvres sur le rôle et le contenu de l'enseignement de l'histoire, de la géographie et de l'instruction civique dans le second degré, 10-14 décembre 1968, Historiens et Géographes, n o 218, no spécial, mai, 1969, p. 788-793. Vingt ans après, ou une direction de recherches féconde : les révoltes populaires en France au XVIIe siècle, [Mélanges], Revue historique, t. CCXLII, n o 491, fasc. 1, juil.-sept., 1969, p. 29-40. Avant-propos et propos de bienvenue (avec Louis GAGNON) : Le Canada au seuil du siècle de l'abondance, entretiens de Cerisy-la-Salle, [juillet] 1968, Montréal, HMH, 1969, p. 11-15 Une société pluraliste, Le Canada au seuil du siècle de l'abondance, entretiens de Cerisy-la- Salle, juillet 1968, Montréal, HMH, 1969, p. 219-224 ; discussion, p. 224-230. Avant-propos à : L'Histoire aujourd'hui, numéro spécial, Revue de l'enseignement supérieur, no 44-45, 1969, p. 6-7.

1970

Cultures et sociétés : le point de vue d'un historien ; Les rapports entre culture(s) et société dans la France d'aujourd'hui, Enseignement 70, n o 38, 1970, p. 8-18 et p. 19-27. Repris par la revue belge Clio, 1971, p. 49-58. Une dimension fondamentale de l'histoire socio-culturelle : le livre, Revue suisse d'histoire, 20, 1970, p. 92-95. Histoire : 1. Statut scientifique de l'histoire ; 5. L'histoire des mentalités, Encyclopaedia Universalis, t. 8, Paris, Encyclopaedia Universalis, 1970, p. 424-429 et p. 436-438. Histoire littéraire et histoire culturelle, Revue d'histoire littéraire de la France, 70e année, no 5-6, sept.-déc., 1970, p. 861-869.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 75

L'historiographie canadienne francaise : bilan et perspectives, The Canadian Historical Review, vol. 51, nr. 1, march, 1970, p. 5-20. Le « scandale » de Nanterre, [Libres opinions], Le Monde, 27 nov. 1970, p. 14.

1971

L'histoire métallique du règne de Louis XIV, à propos d'un livre récent de Josèphe Jacquiot, Médailles et jetons de Louis XIV d'après le manuscrit de Londres Add. 31.908, Paris, Impr. nationale / Klincksieck, 1968, 4 vol., CLX-1004 p. (Académie des inscriptions et belles lettres), [Mélanges], Revue historique, t. CCXLVI, no 500, oct.-déc., 1971, p. 335-340. Le livre, ce ferment, Revue française d'histoire du livre, n.s., 1re année, no 1-2, 1971, p. 1-8. Un problème de diététique à l'Hôtel-Dieu de Paris à la veille de la Révolution, Actes du quatre-vingt-treizième Congrès national des sociétés savantes, Tours, [4-9 avril] 1968, section d'histoire moderne et contemporaine, t. 1, L'alimentation et ses problèmes, Paris, Bibliothèque nationale, 1971, p. 125-137 (Comité des travaux historiques et scientifiques). Les rapports entre les disciplines enseignées et la société d'une époque, Enseignement 70, no 42, janv., 1971, p. 3-8, p. 15-22 (compte rendu de l'exposé de R. Mandrou et discussion rédigés par Christiane Rouchit).

1972

Cultures ou niveaux culturels dans les sociétés d'Ancien Régime, Revue des études sud-est européennes, t. 10, no 3, 1972, p. 415-422. Les Français hors de France ; Les étrangers en France, La France et les Français, sous la dir. de Michel François, Paris, Gallimard/NRF, 1972, p. 1520-1545 ; p. 1546-1564 (Encyclopédie de la Pléiade). Histoire sociale et histoire des mentalités, La Nouvelle Critique, n.s., no 49 (no 230), janv., 1972, p. 40-44 (entretien recueilli par Antoine Casanova et François Hincker). Kultura ludowa a cywilizacja ancien regime'u, Literatura ludowa (Wroclaw), zeszyt 6 (XVI), 1972, p. 35-44. « Sur l'influence de Coménius en France au XVIIe siècle », [actes de la] Conférence internationale de Prague, [7-15 septembre] 1970, Acta Comeniana, revue internationale des études coméniologiques, vol. 3, 1972, p. 235-238, 245-246.

1973

Adelskultur und Volkskultur in Frankreich im 17. und 18. Jahrhundert, Historische Zeitschrift, Nr. 217, 1973, S. 36-53 ; Bericht über die wissenchaftlichen Verhandlungen, 29. Versammlung deutscher Historiker, Regensburg, 3-8 Oktober 1972, Stuttgart, Ernst Klett, 1973, S. 15-18 (Beiheft zur Zeitschrift Geschichte in Wissenschaft und Unterricht) Culture populaire et communautés paysannes d'Ancien Régime, Paysannerie française, paysannerie hongroise, XVIe-XXe siècles, [actes du Colloque, Budapest, 18 mars 1972], sous la dir. de Béla Köpeczi et Éva Balázs, Budapest, Akadémiai Kiadó, 1973, p. 211-223. Les fondations pieuses dans la ville d'Augsbourg à la fin du XVIe siècle, Etudes européennes, mélanges offerts à Victor Lucien Tapié, Paris, Publications de la Sorbonne, 1973, p. 213-232 (série Etudes, t. 6). Pourquoi relire « Le Peuple » ?, L'Arc, no 52, no spécial « Michelet », 1973, p. 50-53. Stimulants et freins au développement du capitalisme en France jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, [Actes de la] quatrième Conférence internationale d'histoire économique,

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 76

Bloomington, [10-14 septembre] 1968, éd. par Frederic C. Lane, Paris, La Haye, Mouton, 1973, p. 105-106 (Congrès et colloques, no 14 / EPHE-VIe section : sciences économiques et sociales). Volksideologien und Volksaufstände in Frankreich im 17. Jahrhundert, [Berichte des kolloquiums] Ostmitteleuropäische Bauernbewegungen, Budapest, 12-15 September 1972, Budapest, Akadémiai Kiadó, s.d., p. 217-225.

1974

Bibliographie commentée : « La famille, l'enfant et l'éducation en France et en Grande- Bretagne du XVIe au XVIIIe siècle », Historiens et Géographes, no 249, 1974, p. 92-95. Histoire sociale et histoire des mentalités : la France moderne : entretien avec R. Mandrou (janvier 1972), Aujourd'hui, l'Histoire, Paris, Ed. sociales, 1974, p. 225-235 [paru dans La Nouvelle critique, no 230, 1972]. La leçon du concours, [Tribune libre], Historiens et Géographes, n o 248, avr.-juin, 1974, p. 765-766. Le sens d'une réforme, [Libres opinions], Le Monde, 20 mars, 1974. Présentation de : Problèmes socio-culturels en France au XVIIe siècle : Henriette Asséo, Marginalité et exclusion : le traitement administratif des Bohémiens, suivi de Jean-Pierre Vittu, Public et folies dramatiques : la Comédie française (1680-1716), Paris, Klincksieck, 1974, p. 7-8.

1975

Una nuova presa di coscienza sul problema della stregoneria, La Stregoneria in Europa, 1450-1650, s.l., s.n., 1975, p. 309-321. « La vie intellectuelle en province : rapport introductif », Les Provinciaux sous Louis XIV, [actes du] 5e Colloque de Marseille, 25 janvier 1975, Marseille, n o 101, 1975, p. 97-99. Avant-propos à : « Michelet, cent ans après », numéro spécial, Romantisme, no 10, 1975, p. 7. Résurrection de Michelet, p. 13-16 [participation à la Table ronde].

1976

D'Alembert, Enciclopedia europea, sous la dir. de Livio Garzanti, vol. I, Milano, Garzanti, 1976, p. 247-248. Ancien Régime, vol. I, p. 425. Clergé tridentin et piété populaire : thèses et hypothèses, Actes du 99e Congrès national des sociétés savantes, Besançon, [25-29 mars] 1974, section d'histoire moderne et contemporaine, t. 1, La piété populaire, Paris, Bibliothèque nationale, 1976, p. 107-117 (Comité des travaux historiques et scientifiques). Histoire et géographie : les rapports entre les deux disciplines, [Réflexions sollicitées avant le colloque], L'avenir de l'histoire et de la géographie, colloque de Bromont, 22, 23, 24 octobre 1974, sous la dir. de Ludger Bauregard, Québec, Comité international d'historiens et de géographes de langue française, 1976, p. 91-93. « L'histoire socio-culturelle : rétrospective européenne », [Actes du] Colloque d'Ottawa, 25-26 septembre 1975, Histoire sociale-Social History (Ottawa), vol. 9, no 17, 1976, p. 10-17.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 77

La méthode historique de Voltaire, une lecture du siècle de Louis XIV, Historische Forschung im 18. Jahrhundert : Organisation, Zielsetzung, Ergebnisse, [Berichte des] 12. Deutsch-Französisches Historikerkolloquium des Deutschen Historischen Instituts Paris, Wolfenbüttel, 27 September-1 Oktober 1974, hrsg. von Karl Hammer und Jürgen Voss, Bonn, Ludwig Röhrscheid, 1976, S. 364-373 (Pariser Historische Studien, 13). La poule de Carnaval : rencontres entre historiens et sociologues, L'Autre et l'ailleurs, hommages à Roger Bastide, présentés par Jean Poirier et François Raveau, Paris, Berger- Levrault, 1976, p. 75-80. Les sorcières au bûcher, les hantises du peuple chrétien : entretien avec Robert Mandrou, 2000 ans de christianisme, t. VI, Paris, s.n., 1976, p. 22-26. Postface à : L. Febvre, Martin Luther : Religion als Schicksal, übers. von Barbara Peymann, Frankfurt am Main / Berlin / Wien, Ullstein, 1976, S. 243-244 (Ullstein Buch, 3550).

1977

Cultures populaire et savante : rapports et contacts, The Wolf and the Lamb : Popular Culture in France from the Old Regime to the Twentieth Century, ed. by Jacques Beauroy, Marc Bertrand and Edward T. Gargan, Saratoga, Anma Libri et co, 1977 (cop. 1976), p. 17-38 (Stanford french and italian studies, 3). « Les écrits mystiques de François II Rákóczi », Relations franco-hongroises : le passé, [actes du] colloque franco-hongrois à l'occasion du 300e anniversaire de la naissance de François II Rákóczi, Troyes, 11-13 octobre 1976, Nouvelles études hongroise, vol. 12, 1977 (Budapest, 1978), p. 239-241. « L'enseignement en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles : perspectives générales », Materialy z kolokwium poswieconego 200 rocznicy powstania KEN, Lublin, 22-24- XI-1973 r., Roczniki humanistyczne : historia, t. XXV, zeszyt 2, 1977, p. 9-21 ; Quelques mots en guise de conclusion, p. 337-338. Der europäische Barock : pathetische Mentalität und soziale Umwälzung, M. Bloch, F. Braudel, L. Febvre u. a., Schrift und Materie der Geschichte, Vorschläge zur systematischen Aneignung historischer Prozesse, hrsg. von Claudia Honegger, Frankfurt am Main, Suhrkamp Verlag, 1977, S. 368-392. Francia : storia, Enciclopedia europea, sous la dir. de Livio Garzanti, vol. V, Milano, Garzanti, 1977, p. 37-56. Legenden und Wahrheiten über das Grand siècle, Lendemains, Zeitschrift für Frankreichforschung + Französischstudium (Berlin), 2 Jahrg., Nr. 6, Januar, 1977, S. 5-12. Pourquoi se réformer ?, Histoire des protestants en France, sous la dir. de Philippe Wolff, Toulouse, Privat, 1977, p. 7-44. « La qualité de la vie d'après livres de raison et Mémoires : [rapport] », La Qualité de la vie au XVIIe siècle, actes du 7e Colloque de Marseille, 28-30 janvier 1977, Marseille, no 109, 2e trim., 1977, p. 135-136 ; discussion, p. 159-164. Le renouvellement de l'historiographie de la Réforme : Lucien Febvre et la Réforme, Historiographie de la Réforme, [actes du Colloque d'historiographie, Aix-Marseille, 22-24 septembre 1972, organisé par le] Centre de la pensée politique contemporaine, sous la dir. de Philippe Joutard, Paris, Neuchatel, Montréal, Delachaux et Niestlé, 1977, p. 339-351 ; rapport et discussion, p. 366-380. Préface à : Les Raisins sont bien beaux, correspondance de guerre d'un rural, 1914-1917, recueillie et annotée par Paul Raybaut, Paris, Fayard, 1977, p. 1-9.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 78

1978

Abraham de Wicquefort et le duc August (1646-1653) : sur les relations intellectuelles entre France et Allemagne, un siècle avant les Lumières, Wolfenbütteler Beiträge. Aus den Schätzen der Herzog August Bibliotek, hrsg. von Paul Raabe, Bd. 3, Frankfurt am Main, Vittorio Klostermann, 1978, S. 191-234. La Bulgarie du XVe au XXe siècle : une histoire dramatique, Visages de la Bulgarie, sous la dir. de Georges Albert Astre, Paris, Seghers, 1968 ; 2e ed., 1978, p. 63-79. Culture populaire et mouvements populaires dans la transition de l'Ancien Régime à la Révolution, Vom Ancien Regime zur französischen Revolution : Forschungen und Perspektiven = De l'Ancien Régime à la Révolution française : recherches et perspectives, [Berichte des internationalen Kolloquiums] « Probleme des Übergangs vom Ancien Regime zur Revolution in Frankreich », Göttingen, 20-24 Mai 1975, hrsg. von Ernst Hinrichs, Eberhart Schmitt, Rudolf Vierhaus, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1978, S. 479-495 (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für Geschichte, 55). Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Enciclopedia europea, sous la dir. de Livio Garzanti, vol. VI, Milano, Garzanti, 1978, p. 1064-1068. Sentiments et sensibilités dans l'Europe des XVIe et XVIIe siècles : bilans et directions de recherche, Rencontres de l'historiographie française avec l'histoire sociale : XVIe siècle-1830, publiées par Hubert Watelet et Jean-Claude Dubé, Ottawa, Ed. de l'Université d'Ottawa, 1978, p. 30-36 (Cahiers d'histoire de l'Université d'Ottawa, no 8) [extrait de : Histoire sociale-Social History (Ottawa), vol. X, no 20, nov. 1977].

1979

Culture savante et culture populaire en France au XVIIe siècle, Cultura/letteratura populare/dotta nel seicento francese, pref. di M. Soriano, Bari, Adriatica, Paris, Nizet, 1979, p. 187-191 (Quaderni del seicento francese, 3). Les échanges entre culture populaire et culture savante, Akten des Romanistentages in Gieben 1977. Bildung und Ausbildung in der Romania, München, s.n., 1979, p. 446-447. L'information clandestine : le colportage et la presse : rapport, Histoire et clandestinité du Moyen Age à la Première guerre mondiale, Colloque de Privas, 21 mai 1977, actes recueillis par Michèle Tilloy, Gabriel Audisio et Jacques Chiffoleau, Albi, Revue du Vivarais, 1979, p. 251-256.

1980

L'historiographie des minorités en France : bilans et positions de problèmes, Les Juifs dans l'histoire de France, [actes du] premier Colloque international de Haïfa, 17-19 mars 1975, sous la dir. de Myriam Yardeni, Leiden, E. J. Brill, 1980, p. 1-10 (Institut d'histoire et de civilisation françaises de l'Université de Haïfa). La Réforme française avant Calvin, Reform, Reformation, Revolution, ausgewählte Beiträge einer wissenschaftlichen Konferenz, Leipzig, 10-11 Oktober 1977, hrsg. von Siegfried Hoyer, Leipzig, Karl-Marx-Universität, 1980, S. 92-94.

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 | 1997 79

1981

Préface à : Françoise PARENT-LARDEUR, Lire à Paris au temps de Balzac : les cabinets de lecture à Paris, 1815-1830, Paris, Ed. de l'Ecole de hautes études en sciences sociales, 1981, p. 5 (Recherches d'histoire et de sciences sociales, 2) ; rééd. Françoise Parent-Lardeur, Les Cabinets de lecture : la lecture publique à Paris sous la Restauration, Paris, Payot, 1982, p. 7-8.

1982

Cultura popolare e movimenti popolari, La Società francese dall'Ancien Regime alla Rivoluzione, a cura di Carlo Capra, Bologna, Società editrice II Mulino, 1982, p. 139-157 (Problemi e prospettive : serie di storia) (trad. partielle de la 1re éd. en allemand, Göttingen, 1978).

1983

Hérétiques méconnus du XVIe siècle européen, Modernité et non-conformisme en France à travers les âges : actes, [2 e Colloque international de Haïfa, mai 1978], organisé par l'Institut d'histoire et de civilisation françaises, éd. par Myriam Yardeni, Leiden, E. J. Brill, 1983, p. 31-34 (Studies in the History of Christian Thought, vol. XXVIII). De la modernité, id., p. 174-175.

1984

Préface à : Josef Macek, Histoire de la Bohême des origines à 1918, Paris, Fayard, 1984, p. I-V.

S.d.

Catalogue

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Témoignages

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Le 27 juin 1995

Christiane Mandrou

1 Je m'étais rendue, sans grand enthousiasme, je l'avoue, à la discrète cérémonie du 27 juin 1995 qui devait marquer la cession des papiers personnels de mon mari, le professeur Robert Mandrou, aux Archives nationales, par l'intermédiaire du Centre de recherches historiques de l'École des hautes études en sciences sociales, manifestation tout à fait représentative, par sa modestie et son atmosphère chaleureuse, des rapports qu'entretenait l'École avec Robert Mandrou. Et un doute persistant, quant au bien- fondé de ma décision, subsistait en moi, en dépit des nombreux échanges téléphoniques et épistolaires que j'avais eus avec Lucette Valensi et Brigitte Mazon.

2 Puisque l'œuvre de Robert Mandrou était dans une large mesure plus appréciée et reconnue à l'étranger que dans son propre pays – c'est à l'ambassade du Canada à Paris qu'a eu lieu, le 28 janvier 1986, l'unique cérémonie officielle à sa mémoire –, il m'avait paru évident que le seul endroit pour accueillir ces admirables notes de cours et de conférences, cette correspondance riche de plusieurs milliers de lettres qui tissait à travers les continents, des liens entre des chercheurs déjà prestigieux ou dont la reconnaissance était encore à venir, l'endroit où mon mari aurait été heureux de voir ses archives accueillies était la Mission historique française en Allemagne, à Göttingen. Pendant de nombreuses années, soutenu par Carlo Schmid et les historiens allemands, notamment le professeur Rudolf Vierhaus, directeur du Max-Planck Institut pour l'histoire à Göttingen, qui voyaient en lui le grand historien français indépendant qu'il était, il avait mobilisé tout son prestige, tout le jeu de ses relations amicales – je pense en particulier à Michel Debré, dont l'intervention a été déterminante pour faire sortir le projet des cartons du Quai d'Orsay où il sommeillait depuis fort longtemps – et ses forces déclinantes, face au mal qui le rongeait, pour mettre sur pied cet institut de recherches historiques franco-allemand dont il rêvait. Mais il n'a pu aller au-delà de la fondation et c'est à Étienne François, qu'il avait souhaité voir lui succéder à la tête de la Mission historique française en Allemagne, qu'en échurent l'organisation et la mise en route concrètes. C'est ce même Étienne François, sur la fidèle amitié duquel je savais pouvoir compter, qui, après mûre réflexion, m'a conseillé d'opter finalement pour la proposition du Centre de recherches historique de l'École des hautes études en sciences

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sociales, assurant la conservation et la consultation des papiers de Robert Mandrou, par la pérennité institutionnelle des Archives nationales.

3 Cette longue incidente pour réaffirmer que c'est à Étienne François que le Centre de recherches historique doit finalement ma décision ; et pour faire comprendre aussi que l'agacement qu'ont fait naître en moi certaines publications mal informées ou outrageusement subjectives aurait pu me conduire à l'annuler. Mais les compétences, l'intelligence et le tact des archivistes de l'École des hautes études en sciences sociales, Brigitte Mazon et Marie-Annick Morisson, m'ont alors rassurée sur mon choix. Depuis un an et demi que nous travaillons ensemble à rassembler et classer toutes les traces écrites de l'activité de Robert Mandrou, je me félicite d'un engagement qui m'a permis de mettre de l'ordre dans mes souvenirs autant que dans les dossiers, pour magistralement classés qu'ils fussent déjà, de mon mari ; dossiers qui, au terme d'un inventaire – ici publié sous forme sommaire –, permettent de réaliser combien lumineux et rigoureux était son esprit.

4 Cette plongée quasi quotidienne dans les archives personnelles de Robert Mandrou m'a fait revivre nos vacances studieuses consacrées aux archives françaises lors de nos petits congés scolaires, ou aux archives allemandes pendant les mois d'été. De Rennes à Besançon, de Bordeaux à Carpentras, d'Auch à Troyes, par exemple, quelle diversité entre les dépôts et leurs responsables… Mais pour nous, les horaires étaient toujours les mêmes – 9 heures-12 heures – 14 heures-18 heures. Robert dépouillait et je rédigeais les fiches lorsque le texte à conserver avait une certaine longueur. Ces fiches sont toujours là, nettes et précises jusque dans leur classement. Pourtant les scrupules de Robert Mandrou, son honnêteté intellectuelle – un modèle dans un milieu où l'on devrait pourtant être à l'abri des généralisations hâtives – le conduisaient parfois à ne pas se fier uniquement à ses notes : j'ai gardé dans ma mémoire, en partie à cause de son inconfort, ce long été pluvieux et froid, dans le grenier des archives des Fugger à Dilligen-an-der-Donau – amicalement prêté par Maria Gräfin von Preysing, l'archiviste – et consacré à la rédaction de la petite thèse… Ainsi était-il à même de retourner aux sources en cas d'hésitation. Pour nous, vacances et archives étaient confondues ; mais c'est le travail de l'historien, sa raison d'être, et la visite des musées s'inscrivait seulement dans la partie récréative de nos séjours, quel que fût le rôle qu'ils jouaient dans l'enrichissement de nos connaissances. Les vacances de remise en forme ne se sont que tardivement imposées à nous : elles consistaient en longues promenades tout terrain, motivées par la cueillette des champignons, que j'ai appris aussi à identifier grâce à lui, qui tenait sa science de son séjour forcé du service du travail obligatoire (STO), effectué dans le Harz ; de mon côté, je l'initiais aux joies des découvertes minéralogiques.

5 Le STO a joué un rôle déterminant dans les relations de Robert Mandrou avec l'Allemagne et l'Europe centrale et orientale, et mes propres origines familiales maternelles ont renforcé cet attachement à une culture, à des paysages qui nous ont apporté beaucoup de joies et d'amitiés dont je garde précieusement le souvenir. Je me souviens des difficultés à l'accepter d'une de nos amies les plus chères, Etty Wodowski- Menahem, dont nous avions fait la connaissance à Tel-Aviv où elle enseignait le français à l'université ; notre relation privilégiée avec l'Allemagne la heurtait, elle dont les parents avaient tragiquement disparu pendant ces sombres années où l'Europe baignait dans l'horreur nazie. Elle nous aimait trop, cependant, pour ne pas l'accepter, mais son incompréhension est restée totale jusqu'à sa mort.

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6 C'était cette faculté rare, possédée par Robert Mandrou, de susciter sympathie et attachement chez la plupart de ceux qu'il rencontrait, de quelque catégorie sociale qu'ils fussent, qui me paraît le trait le plus admirable, le plus caractéristique de sa personnalité. Il le devait à sa simplicité, à son intérêt sincère pour les hommes qui le mettait naturellement à l'écoute de tous ; et ceux qui le côtoyaient le ressentaient immédiatement, de ses compagnons d'atelier à la Hermann-Goering-Stahlwerke de Wattenstedt aux étudiants de Paris X (il n'aimait guère que d'autres que lui disent Nanterre), en passant par les Américains qui lui confièrent, à leur arrivée, la responsabilité des travailleurs étrangers à Seesen… Il vivait pleinement ce que a affirmé dans son Apologie pour l'histoire : « […] ce sont les hommes que l'histoire veut saisir. Qui n'y parvient pas ne sera jamais, au mieux, qu'un manœuvre de l'érudition ».

7 Car cet homme si intimidant au milieu de ses pairs, était pour tous les autres d'un abord étonnamment facile. Une anecdote illustrera parfaitement ce que je viens de dire. Lors de l'unique visite que nous fîmes à un quelconque Salon de l'automobile, où nous devions retrouver des amis, nous nous vîmes offrir, dans le métro, par un inconnu, dont le fils était exposant, des billets d'entrée, simplement parce qu'il nous avait écoutés deviser et qu'il avait jugé que nous étions un « couple rare »… Le charme de Robert avait opéré, tout comme il a opéré sur l'infirmière qui m'a secondée pendant les derniers mois, et qui a senti pourtant ce qu'avait d'exceptionnel sa personnalité, et l'horreur d'une telle maladie pour un homme tel que lui. Tous les 25 mars depuis treize ans, elle dépose discrètement, sur l'appui de ma fenêtre, les tulipes rouges qu'il lui avait dit préférer à toute autre fleur… Mais c'est ce même Robert Mandrou qui répondit, brièvement, du haut de son podium, à un ambassadeur en poste, qui s'excusait de devoir partir avant la fin de son exposé : « tant pis pour vous, monsieur l'Ambassadeur ».

8 Je ne doute pas que ce soit ce chaleureux intérêt porté aux autres qui a rassemblé, en ce mois de juin 1995, autant d'amis de Robert Mandrou, collègues ou administratifs de l'École, dont la présence et les interventions m'ont si profondément émue, et que j'ai le sentiment d'avoir si mal remerciés de leur fidélité à sa mémoire et à son amitié. Je tiens à ce qu'ils sachent combien j'ai eu de bonheur à les entendre, même s'ils évoquaient des souvenirs qui restent, et resteront, toujours aussi douloureux pour moi. Si j'ai avoué avoir détesté l'École ou plutôt le séminaire animé par Robert, c'est parce que j'étais jalouse de ceux qui profitaient sans moi de son intelligence aiguë. Il n'aurait tenu qu'à moi, pourtant, de ne pas enseigner le samedi matin et de l'accompagner. Mais je préférais le laisser libre d'éprouver ses idées, ses hypothèses, au contact de cerveaux brillants, dont certains sont devenus des amis, évoqués toujours avec tendresse – une tendresse retenue, certes, mais très perceptible – dans nos conversations : Jean-Paul Aron, lui aussi tragiquement disparu ; Gérard Bouchard, qui, pendant un certain temps, passait le prendre à l'appartement avant de rejoindre la « rue de Varenne » ; Françoise Parent, la seule à l'appeler « patron » ; Jean-Pierre Peter… Cohorte de fidèles à laquelle se sont joints, en d'autres lieux et en d'autres temps, Jean Lecuir, Monique et , Philippe Joutard, Étienne François enfin, qui œuvrent toujours à la sauvegarde de sa mémoire. Le temps des déjeuners à La Petite Chaise, qui suivaient le séminaire, des stages en province qui clôturaient l'année, est passé. Nous sommes maintenant dans celui de la conservation du souvenir, des souvenirs devrais-je dire, pour que d'autres que nous, qui l'avons tant aimé et admiré, soient fascinés par la lumineuse simplicité de son intelligence, et se posent avec moi la question qui me hante : pourquoi ce gâchis ?

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Pourquoi cette carrière si tôt brisée, alors qu'il avait encore tant à nous apporter, qu'il allait enfin pouvoir, libéré de la lourde charge de son enseignement à Paris X, se consacrer aux projets qui lui tenaient à cœur, qui auraient ouvert la voie de nouvelles recherches à la communauté des historiens et nous aurait donné, entre autres choses, cette étude sur Port-Royal et ce récit consacré à notre histoire, qu'il rêvait d'écrire ? Hasard ou nécessité ?

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Un inspirateur

Philippe Joutard

À une étude historiographique j'ai préféré apporter mon témoignage, et la lettre que j'avais envoyée lors de la remise des manuscrits de Robert Mandrou par son épouse m'a semblé le mieux exprimer ce que j'avais envie de dire, même dans le cadre différent d'une revue. Car derrière l'historien rigoureux, derrière ces archives classées avec tant de soin, il y avait un homme qui a beaucoup souffert de la rupture avec les Annales et cette remise d'archives revêt une signification particulière qu'on ne peut pas ignorer.

1 « Chère Madame Mandrou, Chers Amis, C'est avec un immense regret que je ne suis pas avec vous aujourd'hui et ma pensée sera proche de vous lors de votre amicale cérémonie. Robert Mandrou a tant compté pour moi, tant dans mon métier d'historien que tout simplement comme ami. J'ai ressenti sa mort prématurée, sa triste maladie, mais aussi sa rupture avec les Annales, comme une série d'injustices accumulées, et je ne dois pas être le seul parmi ses amis à avoir ce sentiment. Aussi suis-je infiniment reconnaissant à Lucette Valensi et à tous ceux qui ont voulu et organisé cette rencontre à propos de la remise des archives de notre ami. Je remercie aussi très profondément Madame Mandrou d'avoir fait ce geste d'apaisement et, osons-le dire, de réconciliation, au-delà d'un passé douloureux et qui le reste. Je mesure tout ce qu'il a fallu de réflexions et d'interrogations inquiètes pour accomplir cet acte. Et pourtant, c'était l'acte nécessaire et juste, tant l'histoire des Annales, de l'École des hautes études en sciences sociales et de l'historiographie française doit beaucoup à Robert Mandrou, directement, mais aussi indirectement par toutes les vocations qu'il a suscitées, bien au-delà de nos frontières, et je songe ici particulièrement au Québec et à l'Europe de l'Est.

2 « Puis-je modestement, sur ce point, apporter mon témoignage ? J'ai fait la connaissance de notre ami il y a trente-sept ans. Je préparais alors l'agrégation

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d'histoire et il y avait une question sur « Les Européens hors d'Europe aux XVIe.et XVIIe siècles ». J'ai alors découvert qu'un professeur de la sixième section de l'École des hautes études traitait des « Français hors d'Europe » dans le cadre des son séminaire. J'ai donc pris l'initiative, un jour, d'aller voir ce qu'il en était. Il devait alors y avoir six ou sept auditeurs, et le professeur, Robert Mandrou – c'était lui –, me demanda si je ne me trompais pas de salle. J'étais tellement passionné – le mot n'est pas trop fort – que je suivis jusqu'au concours ce séminaire et que j'y entraînai, dès la séance suivante, mon ami Jean-Pierre Peter, qui faisait partie du même groupe de travail. Celui-ci, je parle sous son contrôle, y resta toujours fidèle et en fut l'un des piliers avec Jean-Paul Aron, trop tôt disparu, et Jean Lecuir, entre autres. Quant à moi, ayant très vite quitté Paris, chaque fois que j'ai pu assister à ce séminaire, je l'ai fait et j'y ai toujours retrouvé le même sentiment de plénitude intellectuelle que j'avais ressenti à la première séance. Mais au-delà de l'intérêt historique, je voudrais souligner la qualité de l'accueil humain. Robert Mandrou nous donna, à Jean-Pierre Peter et à moi-même, les premiers textes qu'il avait expliqués, prodigua conseils et compléments d'information, sans ménager ni son temps ni sa peine, à de jeunes agrégatifs inconnus qui ne lui étaient d'aucune utilité.

3 « Ensuite cette généreuse amitié ne s'est jamais démentie, qu'il s'agisse de me conseiller sur le choix d'un sujet de thèse ou sur les méthodes, alors qu'il ne pouvait pas diriger ma thèse. Il comprit, en particulier, immédiatement l'intérêt d'une enquête orale sur la mémoire historique, dans un temps où la méfiance des Français historiens était totale vis-à-vis de ce type de sources et d'approche, à la fin des années 1960. Je ne peux pas oublier non plus que, responsable de la partie historique de la collection « 10/18 », il m'offrit, comme à beaucoup d'autres jeunes historiens, la possibilité de première publication de textes commentés ; c'est ainsi que je pus présenter mes Journaux camisards et mieux comprendre ainsi la richesse de ce thème.

4 « Tous ceux qui sont présents à cette cérémonie et bien d'autres pourraient certainement apporter des témoignages identiques sur cette générosité et sur cette attention désintéressée pour des historiens plus jeunes qui n'étaient pas forcément ses étudiants. Et nous sommes nombreux à nous souvenir de ces prolongations conviviales de séminaire chez Perraudin, par exemple, où nous comprenions mieux comment la richesse d'une problématique historique se nourrissait de la richesse d'une personnalité rayonnante qui ne se limitait pas à son métier.

5 « En revanche, je ne voudrais pas jouer à l'ancêtre, mais je suis de ceux, plus rares, qui, avec Jean-Pierre Peter, peuvent témoigner combien la rupture avec Fernand Braudel et les Annales fut pour Robert Mandrou un drame, et pas seulement intellectuel. Pour lui, en effet, disciple fervent de Lucien Febvre, les Annales étaient sa famille et il eut le sentiment d'en être injustement rejeté. Il ne comprit pas et ne s'en est jamais complètement remis. Une partie de son comportement vis-à-vis de certains de ses collègues trouve ici sa source, comme son extrême sensibilité aux réserves qui pouvaient être formulées à l'égard de telle ou telle partie de son travail.

6 « Dans cette épreuve, le mot n'est pas trop fort, il trouva un grand appui chez un autre marginal, Philippe Ariès. L'amitié entre ces deux hommes, si différents par leur origine et surtout par leur sensibilité idéologique, m'a toujours paru exemplaire. Ensemble, ils animèrent cette collection « Civilisations et mentalités », qui joua un rôle important dans le renouvellement des problématiques, il y a un quart de siècle. À ce propos, on ne dira jamais assez le mérite de notre ami dans sa volonté de diffuser très vite auprès

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d'un large public, en particulier enseignants du second degré et étudiants, les résultats des travaux les plus savants, sachant que l'histoire ne peut pas être réservée au cercle étroit des spécialistes. Ma femme, un peu plus jeune que moi, étudiante à Aix, se souvient avec éblouissement de sa découverte du « Duby-Mandrou », Histoire de la civilisation française. Il fut aussi très tôt sensible à la nécessité pour les historiens d'être présent dans le monde audiovisuel.

7 « Arlette Farge et Henriette Asséo vont rappeler de vive voix tout ce que nous a apporté l'historiographie de Robert Mandrou. J'en suis très heureux. Elles représentent deux autres « générations » de disciples, mais comme tous ceux qui ont écouté notre ami, je me sens très proche d'elles, dans leur volonté permanente de donner la parole « aux gens privés d'histoire » et à l'inexprimé à partir de méthodes et de sources différentes. Cette inspiration, nous la devons tous à Robert Mandrou. Cette thématique peut aujourd'hui paraître évidente, pour ne pas dire banale. Mais quand notre maître – je n'hésite pas un instant à utiliser ce terme – nous y incitait, il y a trente ou trente-cinq ans, c'était une grande nouveauté et il fallait toute sa rigueur scientifique alliée à un humanisme généreux pour se lancer dans l'aventure. ».

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Il y a tout juste trente ans…

Henriette Asséo

1 Chaque jeudi matin, Robert Mandrou gagnait d'un pas ferme le grand amphithéâtre situé dans le hall central de la faculté de Nanterre pour y prodiguer un cours de licence. Tout dans le style de notre professeur contrastait avec l'atmosphère nerveuse de cette rentrée d'octobre 1968 : une stature assez mandarinale, des dossiers couverts d'une écriture élégante ; une tenue élégante en accord avec la couleur de ses yeux d'un bleu très clair. La faune étudiante arpentait les mêmes couloirs. On a conféré ultérieurement à cette génération une réputation bien surfaite d'excentricité. Les documents de l'époque montrent des jeune gens imberbes et des jeunes filles aux jupes tout juste un peu courtes. Tout changeait pourtant quand on écoutait ce qui se clamait quotidiennement dans le hall central fort mal éclairé. Aussi pâteux que l'épaisse couche de fumée collée en permanence au plafond, un verbe surréel flottait, amplifié par des mégaphones mal réglés, diffusant tour à tour, ou simultanément, la bonne parole trotskiste, maoïste, chrétienne ou anarchiste. L'atmosphère était à la mobilisation permanente et des militants dotés d'un esprit de vigilance éminemment « prolétarienne », traquaient des ennemis (les fascistes et les CRS) aussi abhorrés qu'invisibles. Ils n'accordaient qu'un regard de mépris aux étudiants accomplissant l'acte d'assister à un cours magistral (quel qu'en fût le contenu intellectuel). S'ils nous traitaient de collaborateurs et de traîtres, nous les considérions volontiers comme des fascistes et des hystériques. Nous n'aurions pour rien au monde avoué qu'il existait entre eux et nous une complicité tacite : le cynisme partagé par les enfants sages d'après-guerre.

2 Car la génération dite de « Mai 68 » était entrée en faculté avec des dispositions d'esprit semblables, par-delà la variété des conditions sociales et familiales. L'enseignement y avait été inauguré en 1964 par une propédeutique à peine plus encombrée d'étudiants que les classes de lycée. Dans un premier temps, l'ordinaire des espérances de la jeunesse d'alors fut grandement amélioré par une mixité toute neuve. Approcher l'autre sexe justifiait la fréquentation de la bibliothèque, faute de café à la périphérie. On se mit bientôt à l'heure du couscous sans trop s'affliger du spectacle des baraquements du bidonville tout proche.

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3 Puis, très vite, le vide aspira à nouveau les étudiants. Ils ne surent énoncer leurs désarrois et les pensèrent de la couleur du temps. Ainsi va le monde, croyaient-ils : une insertion sociale moyenne, des métiers sans mystère, mariages et divorces, enfants bien reçus et mal élevés remplaceraient le destin dramatique des parents. C'est alors que certains d'entre eux décidèrent de prendre pied en terre étrangère. Ils ne savaient rien de l'Arabe et de sa langue, du Vietnamien et du napalm, rien de l'Indien ni du cuivre. Cette génération militante était dotée, par un reste d'imagination enfantine, d'une double culpabilité : celle d'être née après la guerre, celle de n'être d'aucun combat. Elle se mit à adorer un Arabe méconnu, à aduler un Africain à peine côtoyé, à chanter un Latino-Américain écartelé mais infréquentable. Elle se jugea importante et fut seulement importune. Petites misères, petites cellules, un marxisme de bazar, les hasards de la dialectique. Être ou ne pas être au Parti ? Le défi d'Hamlet avait été posé en reprise de carte.

4 Puis, elle prit goût pour la théorie. Elle justifia à toutes les sauces sa volonté de certitudes, prit les loups pour les chiens et le dénigrement pour la praxis. Les militants n'étaient jamais pris au dépourvu dans le débat public (10 personnes au maximum), dans le dialogue avec les masses (20 tout au plus), dans l'abattage à la Roneo du tract provocant et bien mal rédigé. Ils se groupaient en formations serrées, se croisaient dans la salle de l'UNEF sans se parler. Ils engageaient des flirts théoriques passionnés, bientôt suivis de mariages politiques raisonnables, puis de querelles intestines et d'anathèmes fulgurants. Vingt, puis dix, puis cinq… selon une arithmétique singulière, chaque éclatement leur paraissait triomphant. Peu nombreux sans doute, mais plus près des masses. D'ailleurs, ils cherchaient moins à être convaincus, qu'à convaincre. Guère généreux, ils vouaient aux gémonies toute marque de compassion et brisaient leurs tendresses désertées dans des pudeurs glacées. Ils parlaient souvent d'eux- mêmes, jamais des leurs. Ils se rencontraient en terrain neutre, la Cité universitaire, matrice froide aux couloirs d'hôpital.

5 Je ne comprends toujours pas comment un psychodrame à usage interne a pu se muer en psychodrame national. J'ai longtemps eu le sentiment d'appartenir à un monde de plagiaires, de pâles copies en perpétuel devenir de nos parents aimés. Génération de l'impossible révolution, nous avons bien vite eu honte de notre savoir-faire. Élèves modèles, nous avons tout fait pour rater nos examens et conquérir ainsi le droit à la vie. Ceux qui rêvaient de vivre dangereusement, militent pour le K 12 de la Sécurité sociale, selon une expression qui était chère à Robert Mandrou ; certains ont troqué le verbe pour le portefeuille. Déjà il y avait eu, chez tant de bons jeunes gens (et jeunes filles) de cette génération, un systématique détournement de la réalité qui tenait du prodige.

6 Pourtant c'était hier, semble-t-il, que nous accompagnions notre professeur avec nos classeurs sous le bras. Mais on n'entre pas dans la vie à reculons et le témoignage rêvé ne suffira pas à assurer notre rédemption.

7 Pour quelles raisons Robert Mandrou éprouva-t-il, pendant ces années de professeur à Nanterre une véritable jubilation à se confronter presque quotidiennement à cette ambiance péremptoire et ouvertement anti-intellectuelle ? S'agissait-il d'un combat pour l'histoire qui redonnait sens à l'acte d'enseigner ? Je crois qu'il y avait autre chose qui est de l'ordre impalpable des conjonctures mentales. En d'autres termes, un alliage instable, sans cause véritable et sans objet défini, entre les générations, l'espace d'une saison… ainsi, en d'autres temps, Jules Michelet, Victor Cousin.

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8 Robert Mandrou n'a pas prodigué un enseignement de combat pas plus qu'un enseignement dit « critique », selon la formule consacrée à l'époque. Par son exigence de rigueur et la limpidité de son style, il nous fit simplement comprendre la nécessité de « la lutte qui fait reculer la délation et l'hallucination », ainsi qu'il l'écrivit à propos de Michelet en 1964, dans la préface à se réédition de La Sorcière. Exigence à mener d'abord pour soi-même.

9 Je crois pouvoir dire que nous sommes un certain nombre, parmi ses étudiants, à être définitivement marqués par la formation qu'il nous a donnée. Et comment en serait-il autrement puisqu'il nous a réconciliés avec notre pays en authentifiant un sentiment national longtemps désavoué ! Et comment en serait-il autrement puisqu'il nous conduisit vers une Allemagne qui n'avait plus rien à voir avec la maison mortuaire de certains cauchemars d'enfance ! Et comment en serait-il autrement puisqu'il nous fit connaître l'autre foyer des Humanistes aux hommes de science ! La culture profonde de l'Europe centrale – de la Pologne, de la Hongrie ou de la Bohème – était encore largement, à l'époque, tenue en mésestime. Comme le constatait Czeslaw Milosz, dès 1959 dans Une autre Europe, elle ne passait guère le mur de l'indifférence d'intellectuels soucieux d'oppressions plus lointaines.

10 Robert Mandrou eût aimé voir l'Europe d'aujourd'hui, telle qu'elle est, à nouveau au cœur de l'Histoire, pour le meilleur et pour le pire.

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Une expérience intellectuelle

Arlette Farge

1 Robert Mandrou, en séminaire, explorait, devant son public de vastes chantiers d'histoire qui jusqu'alors n'avaient jamais été exploités ni même répertoriés. Participer à son enseignement du samedi matin, rue de Varenne, demandait d'entrer de façon exigeante dans une démarche neuve, aux problématiques en train de s'élaborer. Le métier, c'est-à-dire l'ensemble de ses questions, de ses procédures et surtout de ses enjeux, prenait corps de façon concrète alors même qu'il était constamment sous-tendu de théorisations et de grilles d'interprétation savantes. La démarche était dynamique, le rythme toujours ; quant à la parole de Robert Mandrou, elle était aiguë et ironique, rigoureuse et patiente.

2 Plusieurs publics étaient présents : aux étudiants en thèse se mêlaient de jeunes chercheurs ainsi que des historiens ou historiennes déjà en poste. Les plus jeunes, les moins informés, recevaient là une formation qui respectait toutes les étapes du métier d'historien et englobait l'histoire des champs historiographiques. Dans la façon d'enseigner de Robert Mandrou se logeaient avec précision les raisons de ses questionnements, celles de ses conflits avec d'autres intellectuels, les méandres de ses recherches, l'analyse des documents, les moyens d'aller aux sources (notamment la découverte des archives judiciaires), les avancées de son travail. En filigrane se transmettaient les leçons apprises de ses maîtres et, par l'intermédiaire de ses choix personnels et éthiques qui furent aussi des refus, une leçon civique, éthique clairement affirmée.

3 La première heure était, la plupart du temps, consacrée à la critique d'un livre récent. En général, ce livre s'accordait aux thèmes discutés cette année-là en séminaire – Mandrou représentant à cette époque l'histoire des mentalités en train de se mettre en place, les ouvrages, les thèses ne manquaient pas d'être présents. Une vraie profusion intellectuelle semblait garnir cette première heure du séminaire ; on pouvait avoir l'impression que l'époque était alors très féconde, généreuse, imaginative et libre aussi. Ce moment était pour le public le chemin de bien des découvertes ; et Robert Mandrou les accompagnait d'un discours critique extrêmement fin, appuyé, pour certains acerbe, pour d'autres librement salutaire. Le savoir offert ici était ancré dans une vaste érudition, sans être présenté comme quelque chose de définitif ou de donné pour

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toujours. À travers les ouvrages présentés, Robert Mandrou disait quelque chose de ses choix, de ses convictions ; il décortiquait avec aisance les résultats acquis pour mettre certains en doute, pour préparer de nouvelles pistes de recherche aux étudiants et aux chercheurs, pour tracer une voie personnelle dans l'ensemble des grands sujets dont il était l'initiateur (soulèvements populaires, médecine, sorcellerie, criminalité, etc.), pour rendre grâce aussi aux chemins déjà parcourus. Cette première heure de séminaire ressemblait en quelque sorte à un marathon : le professeur, en développant « la course » des auteurs qu'il présentait, offrait une autre course, d'autres chemins, d'autres questions à ceux qui l'entendaient. Un livre choisi et critiqué était une étape, un moyen d'aller plus loin, à moins – et cela arrivait – qu'il ne soit clairement critiqué et mis en pièces. Cette fois-là, toutes les raisons intellectuelles de la critique étaient mises au jour les unes après les autres : au public alors de réfléchir et de prendre ses voies personnelles. Les champs historiographiques de l'époque étaient si nouveaux qu'il semblait bien, à cette heure-là, qu'il n'y avait rien de fermé. Et le « critiquable » devenait le moyen d'aller ailleurs, un ailleurs dans lequel chacun se trouvait guidé, s'il le désirait.

4 Cette particularité de tirer parti de tout ouvrage, de tout chantier historique pour ouvrir des pistes se retrouvait ailleurs, dans les publications de Robert Mandrou et dans ses grandes synthèses. À la fin de ses ouvrages (Histoire de la civilisation française, 1958, rédigée avec Georges Duby ; Introduction à la France moderne, essai de psychologie historique, 1961, contemporaine de l'Histoire de la folie de Michel Foucault ; La France aux XVIIe et XVIIIe siècles), un dernier chapitre énumérait ce qui restait ouvert, ce sur quoi il était urgent de travailler et pourquoi. On peut encore les relire : tout n'a pas été fait.

5 La deuxième heure du séminaire portait sur les travaux personnels de Robert Mandrou. Aidé de notes détaillées, de feuillets manuscrits rédigés d'une plume fine, il exposait ses résultats, développait sa démarche personnelle en expliquant vers où elle allait et aussi contre quoi et contre qui. Aucune grande querelle historique (Porchnev, Mounier ; histoire quantitative, histoire dite qualitative…) n'était mise de côté : le travail de Robert Mandrou s'en nourrissait pour avancer, exposer ses méthodes, tenter des résultats, répondre aux critiques (culture populaire, culture savante ; sorcellerie), encourager les chercheurs à ouvrir de nouveaux chantiers eux aussi. Écouter cet enseignement, c'était en quelque sorte être déplacé par rapport à l'ordre habituel du savoir historique, comprendre que le débat est une forme essentielle de la vie intellectuelle, n'être jamais en état de réception passive mais poussé par plusieurs types d'élan critique. Il y avait là un enseignement, c'est-à-dire un savoir, mais aussi les moyens de critiquer ce savoir, de s'approprier une intelligence prospective pour soi, et au-delà de l'enseignement donné se profilait une personnalité délibérément républicaine qui marquait son travail et ses exigences éthiques. De grandes figures traversaient son discours : Lucien Febvre, Philippe Ariès, Georges Duby ; de grandes amitiés l'entouraient tandis qu'il était à fois discret mais visiblement profondément affecté et transformé par le conflit qu'il jugeait intolérable avec la personne de Braudel. L'enseignement donné ne transmettait jamais la gravité de cette querelle, pour ne délivrer que le goût de l'analyse et de la prospective.

6 Les travaux portaient sur des thèmes amples qui ont fait date : sorcellerie, corps, histoire culturelle, Bibliothèque bleue, criminalité). Ces thèmes relevaient d'une vision du monde spécifique. Quoi qu'il en ait été des critiques, et bien qu'on ait été obligé de se séparer de certaines interprétations données à l'époque, il n'a pu échapper à personne

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que toutes avaient été choisies à l'intérieur de questionnements sur les déplacements, les ruptures, les sensibilités et les marges. Ce n'était pas vraiment le monde à l'envers, mais il s'agissait bien d'une focalisation spécifique sur des univers inconnus révélant des sociétés marginalisées, populaires, réprimées. Cela paraît à présent banal. C'était simplement l'aube d'enquêtes nouvelles où déjà se recherchaient, au-delà de l'étude des grands systèmes, les voix et les individus qui avaient été blessés par ces systèmes ou qui s'étaient révoltés. Une histoire de l'accident, de la rupture, des chemins interrompus s'amorçait en même temps que celle d'un « univers mental » aux imaginaires et aux croyances, utiles à décoder et à comprendre.

7 C'est dans ce cadre que la direction d'études menée par Robert Mandrou prenait sens et se rattachait aux exigences de son séminaire. L'attention aux sources sur lesquelles travaillaient les chercheurs prenait une place prééminente : qu'il s'agisse de l'étude des textes imprimés dits non savants, ou de la grande investigation décidée à travers les archives judiciaires (en même temps que l'équipe de à Caen), le soin accordé à la lecture particulière de « récits d'histoire » singuliers était particulièrement important. Lire des archives avec Robert Mandrou, c'était apprendre à construire immédiatement des grilles de lecture et à approcher qualitativement et scientifiquement un monde peu connu des historiens. Rusé, Robert Mandrou ne guidait guère vers les tentations trop évidentes de sensibilités exacerbées ou de lectures trop faciles d'une réalité, qui en fait échappait toujours, puisqu'elle n'était pas – tant s'en faut – déployée dans l'archive. Réservé, pudique, Robert Mandrou organisait son séminaire et ses directions de travaux dans un espace fort, d'éthique, de réflexion et d'esprit critique. De cette trame solide s'échappaient humour, fidélité, et de piquants traits d'ironie.

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À Nanterre-paris X

Jean Lecuir

1 À l'occasion de la remise des papiers de Robert Mandrou aux Archives nationales par l'intermédiaire de l'EHESS, d'autres que moi ont exprimé – et fort bien – et leur émotion et leurs souvenirs sur l'enseignant, le chercheur, l'homme, l'ami. Qu'on me permette de développer un aspect généralement peu évoqué de la vie de Robert Mandrou, celui de l'universitaire qui s'est donné, sans compter sa peine, à une nouvelle université de la périphérie parisienne : Paris X-Nanterre. Parce qu'il eût été regrettable de voir dispersée une bibliothèque de spécialiste et que rien ne pouvait mieux témoigner de son attachement à Paris X, Christiane Mandrou lui avait suggéré d'en faire don à cette université… idée qu'il avait immédiatement faite sienne et qui sera concrétisée le moment venu : la fidélité de Christiane Mandrou y veille.

2 Robert Mandrou venait de suivre – et avec quelle attention ! – les événements de mai- juin 1968 : ceux-ci avaient bousculé sa soutenance de thèse, repoussée en novembre 1968, au moment même où il était élu maître de conférences à Paris X, avant d'être nommé professeur titulaire en histoire moderne en octobre 1970. Nanterre n'était pas pour lui un exil ou une sanction. Il n'était pas de ces universitaires qui ne rêvaient que d'une université intra-muros. Aller à Paris X relevait d'un choix assumé pour son intérêt social, parce qu'il fallait « aller au feu », au devant de vastes auditoires, de ces foules étudiantes passionnées et passionnantes : pour lui, qui avait été secoué par les interpellations étudiantes de l'époque, y compris au sein de son propre séminaire, il s'agissait, en ce lieu universitaire d'où était parti le « mouvement de Mai », de gérer à la fois la haute idée qu'il avait de la fonction de professeur d'université, l'écoute des autres personnels et des étudiants, les attentes positives comme les révoltes et les déceptions post-soixante-huitardes. Il était décidé à apporter pleinement sa pierre à la mutation de l'Université française, et d'abord en se plongeant dans celle de Paris X-Nanterre.

3 Or les années 1968-1976 furent souvent difficiles, sur un fond d'agitation permanente, scandée par des moments de crise sociale, cours et travaux dirigés interrompus, assemblées générales, manifestations, interventions des forces de l'ordre. Au moindre incident, les heurts violents devenaient réalité. Robert Mandrou était toujours rapidement sur les lieux pour s'interposer et essayer de ramener à la raison. Il était de

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ceux et de celles qui montraient à la fois un grand courage physique et une capacité toujours renouvelée de dialogue avec des étudiants, parfois passablement insupportables. Il défendit ainsi avec constance le devoir de présence des enseignants dans ces moments difficiles, pour aider les autorités universitaires à conserver dignité et autorité à Nanterre et préserver le dialogue avec ces jeunes. Il n'avait pas la mémoire courte en la matière : certains de ses collègues en ont fait parfois la cruelle expérience. Il avait ainsi acquis rapidement une autorité morale sur les étudiants – et pas seulement ceux d'histoire – et sur de nombreux assistants et maîtres assistants du collège B.

4 Son action, cependant, visait toujours à ramener chacun dans le cadre institutionnel : Robert Mandrou était profondément un citoyen agissant, un démocrate, vigilant quant au respect de l'état de droit. C'est pourquoi, membre du collège A, il était un assidu des conseils de son UER, veillant à déléguer son pouvoir quand il ne pouvait faire autrement, y compris à un membre du collège B, et des commissions « pédagogie et recherche ». Il possédait le rare talent de clarifier les problèmes, de forcer chacun à endosser ses responsabilités et de situer les enjeux par la formulation de motions nettes et précises. Toujours concret, il tenait compte des contraintes matérielles et n'hésitait pas à se rallier à un point de vue étudiant ou du collège B, ou à rappeler les difficultés rencontrées par la secrétaire de l'UER, Mme Bois. Qui voudra bien se pencher sur les comptes rendus officiels de réunion en trouvera de multiples preuves. J'en donnerai trois illustrations. D'abord son intervention le 27 février 1970 : « L'avenir de Nanterre se joue au niveau de l'enseignement et à celui de la recherche. Sinon, Nanterre sera une faculté de seconde zone, c'est-à-dire que les deux premiers cycles y seraient seuls présents. Les meilleurs seraient alors dirigés sur Paris. Ce serait la sélection. Une université qui ne fait pas de recherche fait de basses besognes.

5 Quelques mois plus tard, le 29 octobre, il demande un bilan public des résultats au contrôle continu et aux examens, par niveau et par sous-section, pour couper court à d'autres rumeurs concernant notre « laxisme » ou notre rigorisme. Le procès-verbal du 5 décembre 1975 cite une lettre qu'il rédigea sur l'indispensable rôle de l'Université en matière de formation scientifique des maîtres1 et la meilleure façon de le défendre face au ministère, suggérant d'utiliser la presse pour rendre le débat public.

6 Pleinement engagé dans les instances de son université, membre de son conseil scientifique dès 1971, il y a assumé, à partir de cette date, la responsabilité de la commission du budget, qui répartissait chaque année la dotation de recherche de Paris X entre les quarante-trois centres qui se la disputaient : tâche délicate et pleinement interdisciplinaire. Depuis février-mars 1976, devenu vice-président chargé de la gestion de la recherche, il avait étendu ses responsabilités, auprès du président Verdier, à toutes les rubriques de la vie universitaire où la compétence du conseil scientifique était reconnue. Prenant sa part de la gestion générale de l'université – il était l'un des trois vice-présidents mandatés pour prendre les décisions de maintien de l'ordre en cas de crise –, il évoque2 ainsi son rôle : S'y sont ajoutées, au gré des circonstances et des besoins de l'université, quelques tâches supplémentaires non négligeables ; je me contenterai de citer la gestion provisoire de l'UER de sciences juridiques de la mi-septembre jusqu'à la fin de novembre 1976.

7 Face à la cabale politique et à la sécession concertée d'enseignants de cette UER, emmenant leurs postes vers l'université de Paris V, avec la tolérance de la secrétaire

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d'État aux Universités, il avait accepté de Jean-Maurice Verdier la mission d'administrateur provisoire pour essayer de sauver à la fois la dimension pluridisciplinaire de Paris X-Nanterre et l'UER de sciences juridiques : il s'agissait de remobiliser les juristes restés fidèles, de gérer les retombées, en matière d'examen, de la grève printanière de 1976, de faire redémarrer les enseignements et la gestion de l'UER.

8 Dans une atmosphère conflictuelle, malmené par la presse, notamment d'extrême droite, il ne manqua jamais de faire les mises au point utiles et parvint à rétablir la situation et à préserver la pluridisciplinarité de l'université. Au cours de cette « expérience partie amère, partie vivifiante », selon ses propres termes, il trouva réconfort dans la pétition des enseignants de Paris X « Quelques vérités sur Nanterre » et dans la mise au point de Jean Imbert, directeur des enseignements supérieurs, à Rivarol. Ce dernier lui écrivit d'ailleurs, le 22 décembre 1976, une lettre manuscrite qui mérite d'être citée en entier : « Cher Monsieur, je vous remercie très vivement de votre lettre du 13 décembre 1976 et du rapport qui y était joint. Ils m'ont confirmé ce que je savais déjà : à savoir que vous avez rempli la tâche qui vous avait été confiée – tâche ô combien délicate ! – avec le sang-froid, la conscience, et le sens des relations publiques que vous avez toujours manifestés. Permettez au directeur des enseignements supérieurs de vous dire sa reconnaissance profonde et de vous féliciter pour l'œuvre d'apaisement que vous avez accomplie. Permettez par ailleurs au collègue – historien du droit – de vous redire qu'il avait confiance dans votre talent, alimenté par une profonde connaissance de l'histoire sociale »3.

9 À l'occasion de l'élection de Gérard Couchez comme directeur de l'UER des sciences juridiques, il fut remercié publiquement de son efficacité par le président Verdier qui n'ignorait rien de « la surcharge de travail causée par la gestion de cette monstrueuse UER », ni des « tracas » liés à un engagement total.

10 J'évoquais l'animateur de la recherche et le gestionnaire. Ces fonctions étaient, pour lui, indissociables de l'idée qu'il se faisait de l'Université et de son enseignement. Grâce à ce dépôt d'archives, où l'on trouvera la quasi-totalité de ses cours, il sera possible de montrer l'ampleur des sujets abordés et l'effort de préparation que lui demandait des intitulés toujours ambitieux, qu'ils soient liés à l'agrégation, à la licence – « question générale renouvelée d'année en année » –, passant de l'Allemagne à l'Angleterre, en n'oubliant ni Genève, ni l'Autriche et le monde danubien, ni bien sûr ce qui allait devenir deux livres, les intellectuels des XVIe et XVIIe siècles en Europe ou la raison d'État en Europe. Robert Mandrou était mû par la volonté de donner aux étudiants des repères – clairs et toujours au mieux informés – sur une culture européenne, dont il déplorait les défaillances dans l'Université française. Le Français était en lui indissociable de l'Européen largement ouvert vers l'est du continent, faisant réfléchir ses étudiants sur le rôle des intellectuels dans une société.

11 Mais il innovait aussi dans le cadre du DEUG où, dans la foulée des demandes étudiantes et des réflexions pédagogiques qui suivirent 1968, il inaugura, dès 1970, un enseignement de « méthodologie historique » intégrant, semaine après semaine, des séances de travaux pratiques portant sur des études de textes significatifs. Nous en avions longuement parlé et j'ai eu le plaisir de l'accompagner dans cette démarche novatrice, où l'assistant disposait de la photocopie des notes du cours prononcé et avait pu choisir avec lui des documents adaptés, l'ensemble se voulant au service de la formation méthodologique des étudiants. Vingt-six séances se déroulaient ainsi autour

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de quatre grands thèmes : histoire et historiographie ; la place de l'histoire dans la culture française ; l'histoire, science humaine, toute histoire est sociale ; histoire, science des hommes agissant, sentant, parlant… Son ambition était de donner ainsi de solides repères sur la démarche scientifique, sur le bon usage du vocabulaire courant, sur les champs de la recherche historique contemporaine. Restait à faire prendre en charge cette innovation, en rotation, par l'ensemble des enseignants, ce qui était une autre histoire.

12 Et la France, me direz-vous ? Robert Mandrou estimait que les étudiants avaient de bons ouvrages de synthèse à leur disposition – il y plaçait à juste raison les siens ; les questions traitées en travaux pratiques permettaient de défricher le vaste chantier français et d'acquérir les bases. Il reprenait en séminaire de maîtrise l'information sur les publications récentes et il décortiquait quelque thèse neuve, abordée par toutes sortes d'entrées, obligeant ainsi les étudiants à la découvrir dans le détail. Toujours soucieux de méthode et de précision dans l'expression, agacé par le marxisme de pacotille qui circulait alors, c'est dans ce cadre qu'il avait largement recours à son Classes et luttes de classes au XVIIe siècle.

13 Amoureux de la représentation cartographique et du cinéma, Robert Mandrou soutint aussi l'élargissement des « sciences auxiliaires de l'histoire » au traitement graphique de l'information historique avec S. Bonin, à l'étude de la presse avec M. Martin et aux techniques de l'audiovisuel avec H. Duccini.

14 Comment ne pas évoquer enfin la manière dont il associait ses collègues assistants et maîtres assistants du collège B à son enseignement spécialisé de troisième année ou à la soutenance des maîtrises étudiantes, toujours à l'écoute de leurs problèmes, s'efforçant de tenir compte des contraintes que chacun avait, d'apporter aide et assistance, dans la discrétion, avec fermeté et bienveillance.

15 Il en allait de même avec les étudiants, pour lesquels il trouvait toujours le temps d'un rendez-vous, pratiquant le tutorat avant l'heure. Sa vaste culture et sa longue et intime fréquentation des archives lui donnaient une abondante réserve de sujets de recherche, permettant de tenir compte des préférences individuelles. Pourtant, toujours soucieux de son université, il voulait que sa recherche s'ancrât dans son environnement ; c'est pourquoi il participa à la constitution de la Société d'histoire de Nanterre, en février 1970, prit contact avec les archives départementales et les municipalités pour connaître les fonds disponibles et susciter, le cas échéant, des travaux.

16 À l'égard des étudiants de maîtrise, il était à la fois exigeant et indulgent, n'oubliant jamais leurs problèmes financiers4. Il savait d'expérience qu'il pouvait être difficile de conduire un projet d'études supérieures. Quelques lettres conservées témoignent de ces relations à la fois respectueuses et amicales ; ainsi une étudiante, reçue à l'agrégation, le remercie de l'avoir encouragée à persévérer et s'excuse de ne pas être encore parvenue, malgré son conseil, à suivre le précepte de Lucien Febvre : « Le bon historien aime le vin et le fromage » ! À une autre, qui lui faisait part du goût de l'histoire que ses cours avaient accru et de sa volonté d'engager une thèse, il disait : « Prenez votre temps, lisez Michelet, Bloch, Febvre, etc. Jetez un coup d'œil sur des archives départementales en province à l'occasion de vos vacances. »

17 Robert Mandrou était aussi profondément respectueux du travail de ses étudiants, ne manquant jamais de citer leurs travaux (ses livres en témoignent) ou veillant à la diffusion des meilleures maîtrises au travers des microéditions universitaires de la

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Maison des sciences de l'homme et de l'Association universitaire pour la diffusion internationale de la recherche, chez Hachette5.

18 Reconnu à Paris X-Nanterre pour ses qualités d'enseignant, de chercheur et d'administrateur, Robert Mandrou aurait pu être candidat à la présidence de cette université, s'il l'avait voulu, en février 1976. Mais, comme il l'a écrit dans une lettre destinée à tout le personnel de l'université le 11 février 1976, il a refusé toute sollicitation en ce sens parce que, dans la conjoncture, il ne s'estimait pas le mieux placé, et pour des « raisons d'abord de santé ». Il se savait, en effet, depuis plusieurs années atteint d'une grave maladie évolutive, sur laquelle il était d'une totale discrétion. L'utilisation de son nom contre Jean-Maurice Verdier, qu'il soutenait – la suite l'a montré –, l'avait contraint à sortir de sa réserve et à faire allusion dans une mise au point publique à des problèmes aussi personnels.

19 L'année 1977 sera celle des premières conséquences sérieuses du mal. Au point qu'il démissionna en mai 1977 du conseil scientifique et concentra ses forces à l'aboutissement de la Mission historique française auprès de l'Institut Max-Planck de Göttingen, projet auquel il tenait tant. De retour au bout de deux ans, il se mit en congé et prit sa retraite précoce en octobre 1981.

20 Nous étions nombreux autour de lui et de Christiane Mandrou à l'UER d'histoire pour saluer ce départ inévitable, tous un peu angoissés, connaissant les sautes d'humeur créées par la maladie et le mutisme dans lequel elle l'enfermait. Quand vint, après les discours d'usage, le moment de la réponse de Robert Mandrou, nous vécûmes alors un grand moment, extrêmement émouvant et impressionnant : pendant quelques minutes, il fut à nouveau celui de toujours, disant précisément et gentiment ce que lui avaient apporté cette université, les enseignants qui étaient là, les étudiants, exprimant aussi toute la peine qui était la sienne de partir, la difficulté que représentait ce qu'il devait assumer et l'espoir que ce qu'il avait bâti serait poursuivi. En ce soir de juin 1981, un grand enseignant venait de faire ses adieux à son université.

NOTES

1. Lors des projets de réforme des programmes d'histoire dans le secondaire, il avait fait voter à l'unanimité une demande de consultation des universitaires. Il avait suscité avec René Rémond, en juin 1973, un colloque sur la place de l'histoire dans les filières nouvelles où quatorze universités étaient représentées ; il était chargé du rapport introductif. 2. Dans un récapitulatif qu'on trouvera dans ses papiers. 3. Le dossier personnel, qu'il avait alors constitué, fut récupéré par mes soins dans un tiroir de son bureau, remis à Christiane Mandrou, et aujourd'hui dans ses archives. 4. Recherches de bourses, par exemple. Il n'acceptait jamais qu'un étudiant paie au restaurant ou au café et adaptait la participation de chacun lors des séminaires provinciaux où il invitait des Nanterrois, utilisant la formule « C'est la part du patron ». 5. Vingt diplômes de maîtrise des années 1970-1973 y trouvèrent place dans la rubrique « histoire des mentalités » dirigée par lui. Il aura suscité de 110 à 120 recherches de maîtrise entre 1969 et 1980, 13 thèses de troisième cycle, 7 thèses d'État.

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Propositions et analyses

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La sorcellerie ou les vertus de la discorde en histoire. Réception et influence de Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle

Sophie Houdard

« Prétendre isoler une histoire psychologique est une entreprise sans grand espoir : l'histoire des mentalités est, à tout instant, partie inséparable d'une histoire totale, conçue non pas comme le rêve idéal et romantique d'un Michelet, mais comme une exigence méthodologique présente à chaque moment de la recherche. » Robert Mandrou, Introduction à la France moderne, 1500-1640.

1 1968 : Robert Mandrou fait paraître chez Plon1 Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle, analyse de psychologie historique, sous le patronage de Lucien Febvre ou plutôt le legs, puisque, comme l'indique l'introduction, il s'agit de poursuivre la réflexion du fondateur de l'école des Annales, interrompue « au soir de sa vie »2, mais résumée dans un article devenu célèbre3 dont le gros ouvrage de R. Mandrou se dit être « tout entier sorti » (p. 13). Exécuteur testamentaire parmi bien d'autres, il revient cependant à R. Mandrou d'avoir arrondi avec son livre ce « territoire de l'historien », alors dans la pleine expansion des conquêtes de la « nouvelle histoire », débarrassé de « l'horizon borné de l'histoire positiviste épuisée »4. La sorcellerie, la possession, les procès, le sabbat, comme avec d'autres la peur, la folie, la fête ou encore la femme, entraient ainsi de plein droit dans une histoire conquérante, mais résolument hostile à tout impérialisme, à l'écoute des oubliés du discours historique et de ses marges.

2 Robert Mandrou ouvrait aussi un nouveau chantier à ces « conjonctures mentales » qu'il avait déjà abordées, cherchant à « cadrer » le climat mental et ses crises dont la Renaissance et l'Âge classique lui offraient de quoi tester la complexe « dialectique qui

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s'insinue entre les structures à évolution lente et les climats conjoncturels » propices à l'explosion des crises5. Il s'agit cette fois, comme il l'expose dans son introduction, de comprendre comment et pourquoi « les juges, qui, pendant des siècles acceptèrent la sorcellerie, condamnèrent des milliers de malheureux au bûcher, décidèrent [-ils] au XVIIe siècle de renoncer et cessèrent de poursuivre ceux qui passaient pour s'être vendus au Diable [?] » (p. 13).

3 La question n'est pas sans rappeler celle que s'était posée quelques années avant lui H. R. Trevor-Roper à propos de la witch-craze, l'épidémie de sorcellerie des années 1560-1650, devenue dès ce moment l'une des notions clés des études sur la démonologie6 : l'historien anglais se demandait en effet, dans la lignée encore de Lucien Febvre, comment l'époque de Bacon, de Montaigne et de Descartes avait pu édifier la doctrine démonologique, comment les ténèbres avaient pu obscurcir le ciel de la Renaissance au point de rendre caduque l'idée héritée du XIXe siècle d'une lente émergence du progrès et de la raison. Trevor-Roper fournit deux explications : l'une de type géo-social, l'autre de type politique. La première consista à repérer les zones montagneuses où s'étaient réfugiées, à la fin du Moyen Âge, les hérésies, pour devenir de véritables foyers de dissidence ; la deuxième expliqua comment l'Église catholique, par l'intermédiaire des dominicains, entreprit leur diabolisation. La witch-craze serait due à un « système » doctrinal et répressif, fruit d'une élaboration consciente, politique – d'ailleurs comparée à la fabrication du Protocole des Sages de Sion à la fin du XIXe siècle – entée sur des croyances magiques archaïques et forgée, à partir de l'aristotélisme scolastique dominant, pour servir les besoins de la croisade catholique et sa politique d'Église hégémonique. Instrument de propagande et de répression, la sorcellerie aurait été un « modèle universel », un « datum de la vie européenne »7.

4 Robert Mandrou s'intéressa moins à cette épidémie de sorcellerie8 et à son élaboration doctrinale que, sur son autre versant, à l'abandon des poursuites, c'est-à-dire encore à « la dislocation d'une structure mentale » (p. 14) partagée au départ par les juges et les accusés, structure consensuelle (p. 75), traditionnelle (p. 76), véritable vulgate manichéiste qui offrait de la vie terrestre l'image d'un combat sans répit entre le Diable et Dieu. Du terreau commun de cette croyance généralisée, l'historien observe, en explorant « la conscience judiciaire au XVIIe siècle » (p. 16), la lente et chaotique émergence d'une mutation qui a pour agents les représentants de la haute magistrature. Le sous-titre de l'ouvrage annonce clairement son objet, quant à lui difficile à cerner, la psychologie collective des juges peu à peu « convertis » (p. 539), d'abord au parlement de Paris, puis en province, à « une vision plus raisonnée de l'existence » (p. 540), sans Dieu ni Diable, inspiratrice de cette élite intellectuelle, devenue prudente, raisonnable, assumant peu à peu dans sa pratique les exigences d'un corps social « homogène » (p. 540) : « Lenteurs, incertitudes, hésitations et résistances témoignent non pas tant sur les préjugés et les ignorances de la haute magistrature, écrit R. Mandrou, que sur ses exigences intellectuelles : établir deux parts dans leur existence et continuer à juger sorciers et sorcières selon les arrêts antérieurs, sans discussion, les parlementaires n'ont pu le faire : les Parisiens en premier lieu ; les provinciaux plus tard » (p. 550). Eclairant minutieusement les grandes affaires de possession (d'abord celle de Marthe Brossier en 1599, puis celles d'Aix, de Loudun et de Louviers), Robert Mandrou montre comment les juges parisiens, premiers moteurs et mobilisateurs d'une nouvelle conscience rationnelle, sont bientôt relayés par les médecins. Soutenus par une opinion urbaine déniaisée, leurs efforts conjoints ou

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parallèles auraient réparti autrement le naturel et le surnaturel, de manière à rendre aux hommes et à la nature leur autonomie, puisqu'ils les délivraient « des structures mentales invétérées, constitutives des visions du monde héritées d'un lointain passé et reconnues par certains groupes, voire par la société tout entière » (p. 560).

5 Avec cette élite, la raison laïque et monarchique l'emportait selon lui sur l'argument métaphysique ; la « générosité » sur la peur, la « sérénité » des milieux éclairés chassant lentement, mais sans plus trembler, les frayeurs diaboliques (p. 562).

6 Ce premier voyage dans l'immense littérature diabolique fournit une très riche bibliographie d'imprimés, mais aussi de libelles et traités anonymes (345 titres indiqués, sans compter les sources manuscrites), véritable gisement qui saura éveiller la curiosité des chercheurs dans ce domaine. Deux éditions récentes témoignent de leur exploitation : l'ouvrage de Jean de Nynauld, De la Lycanthropie, transformation et extase de sorciers, 16159, cité dans la bibliographie et évoqué par Robert Mandrou parmi les premières contestations du milieu médical, permet de mieux saisir la complexité et l'acuité du débat philosophique, théologique et médical qui entoure, au début du XVIIe siècle, la question de la transformation en loup, c'est-à-dire la possible séparation de l'âme et du corps. Eclairé dans son contexte (établissement des sources, savoirs théologique, médical et démonologique), le livre de Nynauld offre l'occasion de mesurer les emprunts d'un jeune médecin, qui sont autant de témoignages précis des sollicitations d'un esprit de son temps, que des moyens d'observer le fonctionnement des arguments d'une autorité qui reprend à son compte les instruments contestés dans un patchwork fort utile pour comprendre quelque chose à la rhétorique de la controverse10. La teneur de ces informations livresques et judiciaires éclaire enfin avec plus de précision la place du discours médical à l'intérieur de ce type de débat où Jean Bodin, Jean Wier et Claudius Cœlestinus sont sans cesse évoqués, voire mis au pillage.

7 Plus récemment encore, le même groupe de recherches a publié la totalité du texte manuscrit du procès des sorciers du carroi de Marlou conservé au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France11. Mentionné par Robert Mandrou, ce procès avait été plusieurs fois lu et annoté sans jamais avoir donné lieu à une édition complète, assortie du plumitif du parlement de Paris, et étoffée de l'ensemble des renseignements susceptibles d'éclaircir une affaire où sont liées possession et sorcellerie. Loin d'abonder d'ailleurs dans le sens de la thèse de Mandrou sur la mansuétude des juges parisiens (qui, dans le cas présent, confirmèrent la sentence de mort rendue par les juges subalternes contre les deux des accusés qui avaient appelé), ce procès constitue un document fort utile puisqu'il permet de lire la totalité des dépositions, de suivre les stratégies suivies par ceux qui interrogent et ceux qui dénoncent ou doivent répondre d'accusations de sorcellerie. La reconstitution de l'entourage familial et communautaire offre enfin un terrain tout à fait exceptionnel aux analyses suggérées par les historiens des sciences sociales. Ces deux éditions confirment l'apport de la bibliographie de Robert Mandrou ; elles font surtout voir qu'à partir des sources qu'il a indiquées devait s'ouvrir une série de chantiers que les seules réponses de celui qui les avait dénichées ne suffisait pas entièrement à expliquer.

8 Sorciers et magistrats en France au XVIIe siècle a ouvert ainsi très vite un espace de recherche polémique où devait se dessiner la configuration des études portant sur la sorcellerie pendant les vingt années suivantes. Le travail de Robert Mandrou est toujours un ouvrage de référence, comme le montrent ces travaux très récents, mais ce qui paraît le plus remarquable aujourd'hui c'est sans doute qu'il a été l'occasion de

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débats extrêmement vigoureux entre les historiens, dont les sciences humaines profiteront. En ce sens, Magistrats et sorciers est un ouvrage fondamental qui marque les « vingt glorieuses » de la sorcellerie et des sciences humaines : sa première édition en 1968, sa réédition en 1980, suscitent à chaque fois des affrontements qui obligent les chercheurs à débattre de leurs méthodes, à définir leurs objets, à éviter cette prudence académique que la « crise » contemporaine de l'histoire ne cesse de fustiger sans parvenir, semble-t-il, à la briser.

9 La réception de l'essai de Robert Mandrou, l'immense production d'ouvrages sur la sorcellerie dans les années qui suivirent, attestent la vitalité passée de l'historiographie. Ils attestent surtout la vigueur présente de leur objet, la sorcellerie, qui, malgré la torpeur des débats en cours, malgré la guerre de tranchées ou de gangs que se livrent aujourd'hui les « paradigmes » et les « tournants »12, se profile encore, selon la belle expression de Carlo Ginzburg à propos du sabbat des sorciers, comme « un objet limite, qui force les historiens à repenser d'une façon radicale soit les contraintes, soit les richesses potentielles de leur métier »13. Avec R. Mandrou apparaît un objet problématique, conflictuel, dérangeant pour les disciplines, leurs méthodes, leurs habitudes et leurs artisans sommés de s'expliquer, dans le double sens de cette expression. Grâce à la sorcellerie – et sans doute grâce à Mandrou – s'offrit ainsi l'occasion de penser et de contester. C'est cet hommage, qui n'est pas mince, qu'il faut lui rendre.

10 Le premier à s'installer dans le champ salutaire de la controverse fut Michel de Certeau dans un article paru en 1969 et retravaillé en 1973 dans son ouvrage, L'Absent de l'histoire14. La critique ouverte par Michel de Certeau se fait sur plusieurs fronts que l'on doit rapidement évoquer parce qu'elle engage le champ des réflexions à venir sur la sorcellerie et sans doute, plus largement, sur l'histoire religieuse de l'Époque moderne et de l'Âge classique : en choisissant de se placer du côté de la lumière de la justice (et non du côté nocturne des faits de sorcellerie), R. Mandrou a pris le risque de répéter l'enfermement réel ou symbolique dont les accusés ont été les victimes et dont l'archive est le témoignage. Aucune « différence externe », que l'étude des dépositions aurait permis d'entendre, ne vient corroborer ou infirmer le point de vue unique des magistrats15. Vue du côté des clercs, la sorcellerie telle que l'analyse R. Mandrou participe d'une erreur de focale que la nouvelle histoire s'efforce au contraire de réparer. C'est cette même attitude élitiste que lui reproche également Jeanne Favret- Saada dans un article au titre éloquent, « Sorcières et Lumières », où elle évoque le double échec de Michelet – qui prête au peuple son propre discours et tombe dans le piège de la mythographie inspirée – et de Mandrou, en sociologue empiriste, empêtré dans le document d'archives, trop soucieux de vérifications, finalement historien d'une collectivité de « savants » et de « puissants »16.

11 Cette première critique nous ramène à ces nouveaux objets que l'historiographie des années 1960 et 1970 devait chercher dans les formes les plus diverses de l'altérité et dont les « absents » de l'histoire (sorciers, mystiques ou fous) seraient les témoins ; à ces nouvelles pratiques de l'histoire appelée à débusquer des « traces », enquêter sur ses « régions frontières », confrontant ses opérations au manque, au silence, rendue sensible désormais aux coupures que l'autre introduit dans le « même », productrices d'événements d'un autre type que celui offert jusqu'alors par les rationalisations acquises. Évocations désormais presque légendaires du grand « tricorne sorcier » de Michel Serres, « voies triviales »17 alors, où se croisaient Marx, Freud et Lévi-Strauss.

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12 Michel de Certeau note ensuite que l'analyse de psychologie historique de R. Mandrou comporte des erreurs de méthode funestes. En effet, il s'agirait moins de concevoir, au nom d'un psychologisme global et finalement trop sommaire, voire « scientiste »18, la remise en cause de toute une mentalité, que d'envisager un effet de mutation tel que les magistrats « entérinent ce que d'abord ils combattaient, à savoir un malaise religieux et culturel, mais en lui fournissant une rationalisation acceptable et désormais non religieuse »19. Il s'agirait donc moins d'opposer massivement l'élite au populaire (ou à l'ignorant), que d'étudier comment une inquiétude, dite dans le vocabulaire diabolique, cesse d'être acceptable, cesse d'être pensable. C'est d'ailleurs cette dernière notion que reprendra M. de Certeau dans son livre L'Écriture de l'histoire quand il envisagera une archéologie de l'histoire religieuse au XVIIe siècle20. L'étude de psychologie mentale conduite par R. Mandrou élabore le tableau d'un groupe professionnel, sur une vaste surface et sur la longue durée, elle induit de l'étude d'un secteur l'extension à une globalité, et le risque est grand, comme le note de Certeau, de généraliser pour toute l'élite, voire d'étendre l'analyse à d'autres configurations (économiques, sociales). Le risque est grand aussi de bâtir des oppositions sommaires et finalement invalides entre les élites et le peuple. Aussi, selon M. de Certeau, serait-il plus pertinent de voir comment une organisation de type religieux passe à un autre type de configuration (éthique politique, par exemple), comment les mutations touchent aux structures et finalement au « croyable », travail que lui-même a déjà conduit en éditant la Correspondance de Jean-Joseph Surin et qu'il poursuivra dans son étude de la possession de Loudun. Il s'agirait enfin, pour ce qui concerne le groupe même des magistrats, non de saisir à partir des arrêts juridiques « l'expression collective de leurs convictions », comme l'annonce R. Mandrou, mais de problématiser cette globalité et l'utilisation du procès comme instrument de différenciation, de manière à envisager des clivages à l'intérieur non seulement de la profession, mais des individus eux-mêmes. Le XVIIe siècle offrant le tableau de ruptures, bien sûr, mais surtout de connexions différentes entre le public et le privé, entre un cadre privé (religieux) de croyances et un nouvel ordre public (politique, étatique) des pratiques sociales. Ce type d'analyse permettrait également de concevoir autrement le « retard » de la province sur Paris et les connivences ou les différences entres les corps professionnels, perceptibles dans les débats et révélateurs des conflits de pouvoir qui sont en jeu.

13 Michel de Certeau ne cessera de poursuivre cette voie, sensible au fait que l'historien ne doit jamais renoncer à la faille qu'introduit l'événement, à la particularité qui échappe à l'historien, grand maître des séries et des régularités : la sorcellerie – et, d'une manière voisine, le discours mystique – témoigne d'une inquiétude, d'une menace sans langage propre, au sens où elle parle, à rebours, le langage de ce qu'elle conteste. « Limite du pensable » chez de Certeau, « objet limite » plus tard chez Ginzburg, la sorcellerie appelait une histoire des différences et une histoire différente.

14 C'est avec l'école anglo-saxonne d'anthropologie sociale que commencèrent réellement de nouvelles enquêtes dans le domaine de la sorcellerie européenne. Le mot même d'enquête pour désigner les travaux des historiens des sciences sociales rend compte d'une attitude critique qui s'installe délibérément à rebours de celle choisie par Robert Mandrou, puisqu'il s'agit alors de dépouiller les sources judiciaires pour mettre au jour le quotidien des dénonciations et des procès en replaçant les affaires dans leur environnement social. Les recherches menées par A. Macfarlane sur l'Angleterre, H. C. E. Midelfort sur l'Allemagne du Sud, de K. Thomas et de N. Cohn21 ont mis en évidence

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le dossier anthropologique de la sorcellerie, soulignant le passage de la plainte, de la rumeur de sorcellerie, c'est-à-dire d'une crise privée, à un récit public et institutionnel.

15 Il revient à A. Macfarlane et à K. Thomas d'avoir parcouru les premiers le trajet d'une violence souvent fort ancienne qui émerge de la mémoire individuelle après de longues années (parfois une génération) dans une expression non plus singulière, mais durcie dans le discours juridique et relayée par l'appareil judiciaire. Ces travaux n'envisagent donc pas l'affaire de sorcellerie comme l'effet d'une psychose ou l'obsession de « fantasmes sataniques »22, mais davantage comme le symptôme d'une insatisfaction profonde des communautés villageoises ou d'une partie d'entre elles devant d'autres formes de transactions légales (comme la mise au ban ou des formes de mise à l'amende) directement gérées jusque-là par la communauté. À la maîtrise privée des conflits se substitue une violence publique différée et, par l'effet des dénonciations multiples, beaucoup plus coûteuse (symboliquement et réellement) pour la communauté, c'est-à-dire encore difficile à comprendre et à expliquer. Le procès de sorcellerie pourrait donc être une forme lourde de gestion des problèmes et des épisodes de violence qu'une communauté déjà largement fissurée ne peut plus régler de manière sinon harmonieuse, du moins à moindres frais. Ainsi, la plupart des accusés relevés dans ces ouvrages font voir qu'ils ont très souvent été « victimes » d'un refus ou d'une exclusion par le village avant d'avoir été désignés comme sorciers. Or, ne pas donner à manger, ne pas faire l'aumône, refuser d'inviter à une noce constituent autant d'infractions à l'harmonie sociale dans une société qui repose, au XVIIe siècle encore, sur une éthique du bon voisinage et de la solidarité communautaire. Perçus par ceux qui en sont les auteurs comme une faute grave, ces refus entraînent nécessairement une réponse qui s'exprime le plus souvent sous la forme traditionnelle de la malédiction : du soupçon préalable au rejet et à la malédiction s'enclenchent les étapes de la dénonciation et du procès. C'est seulement par la lecture précise des sources judiciaires et l'attention au détail des interrogatoires, aux ragots et aux griefs anciens que peut apparaître la motivation non érudite de la sorcellerie. L'édition du procès du carroi de Marlou déjà citée confirme d'ailleurs l'intérêt des enquêtes anthropologiques et l'apport de leurs résultats en ce domaine. L'ouvrage très récent de J.-Cl. Diedler sur les formes de violence (officialisée et conjoncturelle ou spontanée) dans la région de Saint- Didier permet, là encore, d'envisager les cas selon l'éloignement du groupe d'origine, depuis le couple ou la famille, producteurs d'une violence endogène, aux groupes distants de quelques kilomètres exprimant une violence écogène qui s'exerce au sein de la communauté, jusqu'au cadre des juridictions, au-delà d'une vingtaine de kilomètres, à l'horizon des marchés et des foires. À ce niveau supérieur, les contraintes exercées par les instances étatiques ou ecclésiastiques seront dites exogènes. Ces trois cercles analysés en fonction des déplacements des individus et des transformations politiques ou économiques (changement des itinéraires de déplacement, ruptures communautaires avec l'émergence de familles ou de groupes sociaux riches, etc.) confortent certaines hypothèses et permettent de relativiser l'influence univoque d'une justice venue d'en haut.

16 Dans la lignée des travaux cités plus haut, J.-Cl. Diedler repère, en effet, comment la réputation de sorcellerie se met en place à la suite d'une accumulation de « déboires relationnels », comme cette femme peu à peu marginalisée par la communauté villageoise dont elle ne respecte plus ni les rythmes quotidiens, ni les tâches, ni même les habitudes exigées dans les moments difficiles, comme l'accouchement d'une voisine par exemple23. Si le savoir populaire ancestral sert d'instrument à l'accusation,

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l'ouvrage montre aussi comment la dénonciation écogène répond, à partir de 1580, à une volonté d'élimination systématique de la part de clans rivaux, les archives montrant comment les témoins à charge se portent toujours acquéreurs des biens des condamnés, et agissent à des fins économiques personnelles, calculées. Loin de plaider pour la dislocation d'une structure mentale dans le groupe éclairé des juges, le livre de J.-Cl. Diedler se révèle particulièrement intéressant à propos du juge Nicolas Rémy, célèbre chasseur de sorciers en Lorraine : si le juge nancéen édulcore souvent les sentences locales, c'est que le pouvoir central a de plus en plus un rôle de régulation pour éviter que la délation ne se répande hors de tout contrôle et ne frappe, comme elle le fait de plus en plus souvent pour des motifs économiques, « ces bons laboureurs et pères de famille » que le duc et ses partisans entendent bien préserver de toute entreprise d'élimination systématique24.

17 Ce type d'études s'est multiplié depuis les années 1970 : les Cahiers lausannois d'histoire médiévale25 permettent d'affiner les données de la sorcellerie en évitant, grâce au détail des procès, certaines globalisations hâtives. En Italie, l'éditeur Longo à Ravenne a ouvert une collection « Mondo popolare » qui donne, pour la culture romagnole, des précisions locales qui ne peuvent qu'enrichir le dossier complexe des relations entre culture savante et culture populaire dans le domaine de la magie et de la démonologie26

18 1980 : deuxième édition de Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle. Le temps était venu pour les sorciers de faire l'objet de travaux autres : la presse de l'époque accueille avec enthousiasme cette réédition d'un « Mandrou toujours actuel »27, mais applaudit déjà Les Batailles nocturnes et Le Fromage et les vers28 d'un historien italien que la France découvre à peine, Carlo Ginzburg. L'arrivée de C. Ginzburg produisit un choc dans le monde des chercheurs de diables : l'historien italien affirmait, procès en main, que « le sabbat n'est pas une projection inventée par les Inquisiteurs ! »29, mais qu'il est un phénomène culturel, une « formation de compromis », à la fois réel et projeté. Le cas des benandanti comme celui du meunier frioulan Domenico Scandella dit Menocchio lui permettent de reconstruire un fragment de ce qu'on appelle, pas toujours heureusement, la culture populaire : « Les confessions de Menocchio, le meunier frioulan qui est le protagoniste de ce livre, constituent par certains côtés un cas analogue à celui des benandanti. Ici encore, le caractère irréductible à des schémas connus de certains discours de Menocchio fait entrevoir une couche encore insondée de croyances populaires et d'obscures mythologies paysannes »30. C. Ginzburg désenclavait l'archive, entendant pour la première fois un reste, quelque chose d'une ritualité populaire, avant son assimilation au sabbat par les autorités juridiques. Héritière de l'anthropologie culturelle, la discussion était à nouveau ouverte sur le rapport entre la culture des classes dominantes et celle des classes subalternes et avec cette discussion, celle des sources : la sorcellerie disait quelque chose et pas seulement le lourd travail d'acculturation produit par les dominants, ni les survivances d'une mentalité remplacée par l'éveil des élites au règne de la raison.

19 Si la sorcellerie fait son entrée officielle dans l'historiographie contemporaine française grâce à R. Mandrou, elle n'est plus la même après C. Ginzburg. Certes l'anthropologie s'est, depuis les années 1970, largement emparée de la sorcellerie et Ginzburg reconnaît le mérite de ces enquêtes. Personne, cependant, n'avait sans doute dépassé le fonctionnalisme anthropologique ou le psychologisme sommaire pour se saisir, à l'intérieur du feuilleté des témoignages juridiques, d'une couche profonde de mythes paysans. Carlo Ginzburg reviendra plusieurs fois sur ces questions, à la fois dans l'un

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des essais programmant et concernant sa méthode et dans l'introduction de sa Storia notturna, une decifrazione del sabba (au titre français moins heureux : Le Sabbat des sorcières)31, publié à la fin des années 1980.

20 L'historien italien procède à ce qu'il faut bien appeler une relecture originale de la sorcellerie, qu'il conçoit comme une formation culturelle organisée autour d'une croyance dans un complot (qui touchera les lépreux d'abord, puis les juifs, et enfin les sorciers vers 1321) dont il retrouve la trace de la répression aux alentours de 1375 dans les Alpes occidentales. Cette localisation a une grande importance puisque, si les Alpes occidentales furent le berceau de la sorcellerie diabolique, elles conservèrent également de vieilles croyances chamaniques. Le sabbat n'est plus le précipité de thèmes attestés dans la propagande anti-hérétique (N. Cohn), ni seulement la création érudite des juges, mais une mesure de compromis entre la culture des clercs et la culture folklorique, le témoignage de croyances chamaniques persistantes dans l'Europe médiévale, d'origine extrêmement vaste, que les clercs ne purent ou ne voulurent comprendre et camouflèrent sous le schéma réducteur du sabbat. Carlo Ginzburg entraîne ses lecteurs dans un parcours vertigineux dans le temps, dans les steppes du nord de la mer Noire et les sources écrites ou archéologiques ; il bouleverse les méthodes d'investigation des historiens32, transforme le chercheur en détective, établissant des passerelles entre l'investigation judiciaire et l'histoire, comme il le fera dans un ouvrage lié au procès pour activité terroriste d'A. Sofri33.

21 Le colloque de 1992 sur le sabbat, organisé par une équipe de l'ENS Fontenay – Saint- Cloud34 a montré la vitalité des recherches interdisciplinaires sur la sorcellerie, l'enjeu des questions qu'elle pose encore aux chercheurs des sciences humaines. C. Ginzburg y a plaidé pour une histoire qui sache lire entre les lignes des comptes rendus de procès, contre les tendances du Linguistic turn à privilégier (contre les historiens sociaux) l'analyse du discours, l'étude des textes « en tant que monde clos, enfermés en eux- mêmes »35. Sans prétendre intervenir ici dans un débat encore en cours avec les chercheurs américains36 sur le Linguistic turn, sans même postuler une filiation légitime, on peut noter que, lors de ce colloque, des études ont montré que l'analyse textuelle, comme celle des représentations, pouvait également enrichir la recherche dans le domaine de la sorcellerie. L'analyse des textes (et pas seulement des juges) des procès37 ne nie pas nécessairement toute valeur référentielle, comme le craint C. Ginzburg, mais envisage les textes comme des réservoirs d'énoncés qui permettent de poser l'existence d'une grammaire (diabolique, religieuse, etc.) contextualisée, sans nier le référent, mais sans non plus postuler trop hâtivement des causalités mentales. L'étude des textes peut ainsi permettre d'accéder à des énoncés collectifs (dans la lignée de ce que l'Archéologie du savoir de Michel Foucault avait mis en place), sans préjuger des causes explicatives (là où R. Mandrou avait sans doute péché par globalisation et psychologisme causal hâtifs). Les textes comme les images permettent d'accéder aux mentalités, au sens où ils parlent, font accéder aux sujets individuels, mais aussi à ce qui les traverse, sans qu'ils y disparaissent.

22 Tout est, après tout, question d'« échelle », ce qu'indiquait déjà Robert Mandrou dans les quelques lignes placées ici en épigraphe : globalité, histoire totale, contre le reste, l'individuel, le cas particulier ; tout est affaire de proportions et donc d'analogies. La sorcellerie est-elle du côté de la psychologie, de la sensibilité (nécessairement collective) ou du singulier, du populaire, du folklorique (du côté du reste, de la trace),

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des idées (de tous ou de certains ?) ? déchet d'une culture en entonnoir, rebut d'une acculturation massive ou fragment de vastes croyances ?

23 La micro storia italienne de Giovanni Levi s'est, depuis une quinzaine d'années, proposé de rendre leur place aux individus, contre le destin collectif auquel l'histoire sociale subsumait l'histoire du particulier, par une méthode qui accepte l'accidentel, reconnaît de l'« exceptionnel normal »38 et suscite le changement d'échelle. Loin des grandes architectures des pères fondateurs des sciences sociales, le travail de Giovanni Levi sur un exorciste piémontais du XVIIe siècle éclaire des stratégies normales à l'intérieur de systèmes normatifs seulement interstitiels, rarement homogènes et jamais cohérents. Ce travail vise à mettre au jour les réactions psychologiques d'un village, dans « un lieu banal », une histoire sans qualités en somme, d'un prêtre exorciste « plutôt fruste », mais justement susceptible de nous faire voir « l'imbrication des règles et des comportements »39, et d'apprécier, comme un photographe qui jouerait de la focale, la connexion du quotidien et des lois générales.

24 Pour mener à bien son analyse de psychologie historique, Robert Mandrou avait dû « laisser de côté survie et mutations des croyances populaires » (p. 15), il avait dénié l'existence de tout clivage (entre le verdict et la conviction) chez les magistrats qu'il avait étudiés (p. 550) et postulé l'existence d'une démarche collective — véritable « révolution spirituelle » (p. 564) : loin de fermer les pistes, ces refus ou ces scrupules ouvraient la voie à l'archéologie des sciences religieuses, à l'étude des discours (des juges comme des accusés), à celle des croyances, du pensable, de la raison d'État quand elle se confronte à la croyance privée, des archives criminelles40. La sorcellerie, objet bizarre, illégitime, dédaigné jusque dans les années 1960, a permis des liens entre des disciplines proches, mais aussi parfois lointaines. Elle offre toujours la possibilité de ces « alliances nouvelles » que Lucien Febvre appelait de ses vœux dans son discours inaugural au Collège de France en 1933. Symbole du décloisonnement de l'histoire, elle fut au cœur de ce pari intellectuel qu'engagèrent en leur temps les Annales dans leur ambition de créer une science unitaire du fait social total. Les études les plus récentes montrent encore qu'elle permet des méthodes moins sûres de cette globalisation, moins confiantes, mais toujours au plus près de nouvelles configurations.

25 « Oportet haereses esse », disait Lucien Febvre, en appelant au régime vivifiant de la « discorde » dans le champ intellectuel : Robert. Mandrou permit cette longue « bagarre » de chercheurs ; la sorcellerie en fut la pomme, souhaitons qu'elle le reste.

NOTES

1. C'est également Plon qui avait fait paraître en 1961 la thèse de doctorat de Michel Foucault, Folie et déraison. Histoire de la folie à l'Âge classique 2. Magistrats et sorciers au XVIIe siècle, Paris, Le Seuil, coll. « L'univers historique », 1980, introduction, p. 13. Toutes les citations concernant cet ouvrage renvoient à cette édition.

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3. « Sorcellerie, sottise ou révolution mentale ? », Annales ESC, 1948. Cet article a été réédité dans le recueil publié par la Bibliothèque générale de l'École des hautes études en sciences sociales, Au cœur religieux du XVIe siècle, Paris, 1957 (2e éd., Le Livre de poche, 1983). 4. Expression employée par Fernand Braudel dans sa leçon inaugurale au Collège de France, en 1950. Citée par Gérard Noiriel, Sur la « crise » de l'histoire, Paris, Belin, 1996, p. 115. Robert Mandrou fait partie des historiens qui, dans les années 1960, redéfinissent leur méthode et leurs objets, face aux sciences sociales : voir à ce propos le numéro de la Revue de l'enseignement supérieur, no 44-45, 1969, préparé par ses soins. 5. Introduction à la France moderne, 1500-1640, Paris, Albin Michel, 1961 (2e éd. 1974, p. 343) et, Les Fugger, propriétaires fonciers en Souabe, 1500-1618, étude de comportements socio-économiques, Paris, Plon, 1969. 6. H. R. Trevor-Roper, De la Réforme aux Lumières, Paris, Gallimard (tr. fr.), 1972. Ce recueil est composé d'une série d'articles publiés dans des revues anglaises entre 1953 et 1967. 7. H. R. Trevor-Roper, op. cit., p. 235. 8. Sauf erreur, il ne me semble pas que Robert Mandrou fasse mention du travail de Trevor- Roper, que peut-être il ne connaît pas au moment où il écrit son livre. Il partagerait, je pense, avec lui la même conception concernant les « restes » de « croyances sataniques éparses » (Trevor-Roper, op. cit., p. 134), dont ni l'un ni l'autre n'ont décidé de faire leur objet et que d'autres historiens sauront éclairer d'un meilleur jour grâce aux enquêtes de l'anthropologie sociale. 9. Jean de Nynauld, De la lycanthropie, transformation et extase des sorciers, 1615, édition critique augmentée d'études, par l'équipe « Histoire critique de la sorcellerie », dir. N. Jacques-Chaquin, M. Préaud, Paris, Frénésie éditions, coll. « Diaboliques, les Introuvables », 1990. 10. Voir l'article de Jean Céard. 11. Les Sorciers du carroi de Marlou. Un procès de sorcellerie en Berry (1582-1583), équipe « Histoire critique de la sorcellerie », Grenoble, Jérôme Millon, 1996. 12. Je renvoie sur ce point au chapitre volontairement comique de Gérard Noiriel, op. cit., ch. 4. 13. Carlo Ginzburg, « Les origines du sabbat », dans Le Sabbat des sorciers, XVe-XVIIIe siècle, Actes du colloque international, ENS Fontenay – Saint-Cloud (4-7 nov. 1992), dir. Nicole Jacques-Chaquin, Maxime Préaud, Jérôme Millon, 1993, p. 17. 14. Michel de Certeau, « Une mutation culturelle et religieuse : les magistrats devant les sorciers au XVIIe siècle », dans Revue d'histoire de l'Église de France, t. IV, juillet 1969, p. 306-319 ; L'Absent de l'histoire, Paris, Repères-Mame, 1973, p. 14-39. 15. L'Absent de l'histoire, op. cit., p. 14-15. 16. Jeanne Favret-Saada, « Sorcières et Lumières », Critique, avril 1971, p. 351-369. Voir son très beau travail d'enquête ethnologique, Les Mots, la Mort, les Sorts. La sorcellerie dans le Bocage, Paris, Gallimard, 1977. 17. Michel Serres, « Le tricorne et l'amour sorcier », Critique no 248, 1968, p. 69. 18. Michel de Certeau, op. cit., p. 31. 19. Ibid., p. 14. 20. Michel de Certeau, L'Écriture de l'histoire, Paris, Gallimard, 1975, ch. 3 « L'inversion du pensable, l'histoire religieuse du XVIIe siècle ». 21. Allan Macfarlane, Witchcraft in Tudor and Stuart England, London, 1970 ; Keith Thomas, Religion and the Decline of Magic, London, 1971 ; H. C. Erik Midelfort, Witch-Hunting in Southwestern Germany, 1562-1584, Stanford (Cal.), 1972 ; Norman Cohn, Europe's Inner Demons, London, 1975 (tr. fr. Démonolâtrie et sorcellerie au Moyen Âge. fantasmes et réalités, Paris, Payot, 1982). 22. Voir le chapitre premier de l'ouvrage de R. Mandrou, p. 97. Si Mandrou met bien l'accent sur les séries de dénonciations et de la rancune comme motif de celle-ci, il manque un travail sur les conditions socio-économiques qui les favorisent et permettent d'expliquer la publicité des griefs ainsi que l'adéquation entre le substrat « folklorique » et la rationalité juridique.

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23. Jean-Claude Diedler, Démons et sorcières en Lorraine. Le bien et le mal dans les communautés rurales de 1550 à 1660, Paris, éditions Messene, 1996., p. 45. 24. Jean-Claude Diedler, op. cit., p. 158. 25. Voir, par exemple, Martine Ostorero, « Folâtrer avec les démons. Sabbat et chasse aux sorciers à Vevy (1448) », Cahiers lausannois d'histoire médiévale, 15, Lausanne, 1995. 26. Par exemple, Giuliana Zanelli, Streghe e società nell'Emilia-Romagna del Cinque-Seicento, Ravenna, Longo Editore, 1992. 27. Titre d'une manchette du journal La Croix daté du 1er nov. 1980. 28. Carlo Ginzburg, Les Batailles nocturnes, Sorcellerie et rituels agraires aux XVIe et XVIIIe siècles, Verdier, 1980 (Champs Flammarion, 1984) ; Le Fromage et les vers, L'Univers d'un meunier du XVIe siècle, Paris, Flammarion, 1980 (Paris, Aubier, « Histoires », 1993). 29. Voir l'entretien de Catherine Clément et Carlo Ginzburg dans le journal Le Matin du 12 nov. 1980. 30. C. Ginzburg, Le Fromage et les vers, op. cit., (1993) p. 15. 31. Carlo Ginzburg, Storia notturna. Una decifrazione del sabba, Milano, Einaudi, 1989 (tr. fr. Paris, Gallimard, 1992). 32. Voir le compte rendu de cet ouvrage par J.-M. Sallmann, lecteur-chercheur pourtant expert en croyances chamaniques, mais à moitié convaincu par Ginzburg dans Annales HSS, janvier- février 1995, no 1. 33. Carlo Ginzburg, Il Giudice e lo Storico. Considerazioni in margine al processo Sofri, Milano, Einaudi, 1991. 34. Voir infra, note 7. 35. Carlo Ginzburg, « Les origines du sabbat », art. cit., p. 19. 36. Voir l'ouvrage de G. Noiriel déjà cité, ainsi que le numéro de la revue Autrement (série « Mutations »), « Passés recomposés, champs et chantiers de l'histoire », no 150-151, janvier 1995. 37. Je fais référence ici aux travaux du groupe de recherche de l'ENS Fontenay – Saint-cloud (dir. Nicole Jacques-Chaquin et Maxime Préaud) et à ses récentes publications : outre les Actes du colloque, Jean de Nynauld, De la lycanthropie, transformation et extase des sorciers, 1615, Frénésie ed., 1990 ; Les Sorciers du carroi de Marlou. Un procès de sorcellerie dans le Berry, Jérôme Millon, 1996. Je renvoie également à mon ouvrage : Sophie Houdard, Les Sciences du diable. Quatre discours sur la sorcellerie, Paris, Le Cerf, 1992. 38. Notion avancée par Edoardo Grendi. 39. Giovanni Levi, Le Pouvoir au village. Histoire d'un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, Paris, Gallimard, tr. fr. 1989. 40. Voir les travaux d'Alfred Soman qui s'inscrivent eux aussi dans le débat concernant le rapport entre les archives judiciaires et la criminalité globale. Son étude de la décriminalisation de la sorcellerie conteste l'idée de la révolution mentale suggérée par Mandrou au profit d'un nouvel ordre juridique, au sortir des guerres de Religion, corollaire de l'établissement de l'État pacificateur et de son « intérêt » aux dépens de l'adhésion confessionnelle. Alfred Soman, « La décriminalisation de la sorcellerie en France », Annales ESC, 4, 1985, p. 179-203.

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Jurisprudence et sorciers

Jean-François Chassaing

1 Juridiquement la sorcellerie est une infraction pénale jusqu'au terme de l'Ancien Régime. À la fin du XVIIIe siècle, et nous trouvons ici le résultat de la « révolution mentale » mise en lumière par Robert Mandrou, les juristes n'y croient guère, y voyant, non sans une certaine hypocrisie, le résultat de croyances populaires d'un autre âge1. Les magistrats préfèrent analyser les activités de sorcellerie en empoisonnement2 ou blasphème qualifications plus assorties à l'esprit rationnel du temps et conformes à l'esprit de l'édit de 16823.

2 Cette évolution est dans un sens jurisprudentiel. Elle est aussi clairement encouragée par le pouvoir royal, qui ne peut cependant ouvertement décider que la sorcellerie n'existe pas, ce qui impliquerait un parti pris théologique lourd de conséquences. Dès le XVIe siècle, en matière de nullité du mariage4, les légistes royaux ont su chuchoter aux magistrats la manière dont les exigences du droit canon pouvaient être tournées, c'est- à-dire violées.

3 Juridiquement, si le traitement du crime de sorcellerie sous l'Ancien Régime présente, certes, des particularités remarquables, il n'en demeure pas moins que certaines leçons tirées de son étude peuvent être utiles pour comprendre le destin d'autres incriminations et l'évolution d'autres règles de procédure pénale.

4 Cela tient sans doute à une particularité importante du droit criminel. La norme pénale n'existe qu'appliquée par un juge, ce qui n'est nullement le cas du droit civil qui n'implique pas, pour se réaliser, l'intervention d'une quelconque juridiction. Le droit pénal, lui, est la sanction appliquée, ou susceptible d'être appliquée, par le juge à des faits donnés. La réalité de la répression pénale repose donc sur le droit mais plus encore sur ce que les juges vont en retenir.

Le Droit

5 La sorcellerie n'est pas, loin de là, la seule infraction à paraître ballottée entre les diverses sources du droit.

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6 L'Ancien Régime nous offre certainement le système le plus complexe de sources du droit qu'ait connu l'Occident. L'Antiquité romaine a bien évidement connue la coexistence entre un droit législatif et un droit prétorien qui fut organisée rationnellement. La confusion est, par contre, grande dans la France moderne où coexistent les règles de droit canon, les centaines de coutumes maintenant rédigées, les ordonnances royales qui, normalement, ne doivent pas contredire les sources précédentes, mais le font de plus en plus souvent au temps de la monarchie absolue.

7 Le droit romain, lui, n'est nullement applicable dans la moitié nord du royaume, ce qui ne signifie pas qu'il soit sans influence, les juristes étant formés principalement à partir de lui. Pour l'adultère (de la femme) – qui, comme la sorcellerie, constitue avant tout une grave atteinte aux lois divines –, la départition entre justices ecclésiastique, royale et seigneuriale est confuse et variable géographiquement avant le plein XVIe siècle. La peine encourue allait de l'amende à la mort jusqu'à ce que les criminalistes parviennent à imposer, à toutes les juridictions royales du royaume, la solution romaine de l'Authentique Sed hodie après le premier tiers du XVIe siècle5. Ajoutons que la motivation des décisions de justice n'est pas requise avant la Révolution, ce qui permet au juge de se dispenser d'indiquer précisément les dispositions sur lesquelles il s'appuie. En fait souvent, et surtout en notre matière, le juge s'autorise de sa propre jurisprudence ou de celle des cours supérieures6.

8 Dans ce sens, le droit apparaît comme grand absent des procès en sorcellerie. Pourtant, les textes ecclésiastiques sont innombrables, les dispositions coutumières générales – et en la matière la doctrine du XVIe siècle utilisera le droit romain par le biais des dispositions sur l'empoisonnement7 L'édit de juillet 1682 est le premier et le seul texte de mise en ordre de la question bien que paradoxalement, comme l'a démontré Robert Mandrou8, il l'élude. Les pénalistes ont en tout cas gardé de cet édit le crime d'empoisonnement9, infraction jugée si fondamentale qu'elle sera retenue par le Code pénal de 1810 mais aussi par celui de 1994, alors que son utilité pratique apparaît assez contestable à côté de la généralité des crimes d'assassinat et de meurtre10.

9 En matière de procédure, du strict point de vue juridique, la sorcellerie ne pose aucun problème. Le droit appliqué est celui qui correspond aux théories maintenant unanimement reçues par la doctrine. La procédure accusatoire est abandonnée en France depuis le triomphe des droits savants à la fin du Moyen Âge. La conduite de l'affaire dépend uniquement du juge. Telle sera la tradition française, à quelques nuances près, jusqu'à nos jours.

10 Le système des preuves dites légales s'applique également sans problème à notre matière. Le juge n'est nullement maître de sa sentence, il ne peut s'appuyer pour condamner à la peine maximale que sur certaines preuves dites parfaites (aveu, écrit). Cette théorie est généralement opposée à celle dite des preuves irrationnelles (duel, ordalie unilatérale)11. Nous inclinons plutôt à penser que, les deux systèmes excluant la réflexion judiciaire, la preuve légale résulte d'une rationalisation de la pratique antérieure sous l'influence des droits savants au XIIe siècle. Toujours est-il que les procès de sorcellerie doivent, aux Temps modernes, normalement être instruits en en bannissant tout recours aux preuves irrationnelles. Il n'est évidemment pas étonnant que ce soit en notre matière que les juges inférieurs se crurent autorisés à perpétuer les pratiques archaïques, comme la baignade, provoquant tardivement les réactions de plus en plus sévères du parlement de Paris, décrites par Robert Mandrou12. La recherche des marques sataniques13, qui implique l'intervention d'un maître

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chirurgien, a pu se concilier beaucoup plus facilement avec un système voulu rationnel en raison de son objectivité apparente et de la caution « scientifique » qu'apportait l'homme de l'art, ancêtre de nos experts judiciaires contemporains.

11 Le triomphe de l'inquisitoire et le recours au système des preuves légales entraînent une conséquence qui peut sembler inattendue à nos esprits : l'affirmation du principe de la présomption d'innocence, qui ne sera conceptualisé qu'à la Révolution. L'accusatoire a toujours impliqué, au moins dans une certaine mesure, la nécessité d'une justification de l'accusé, absente de la définition même de l'inquisitoire, où la charge de la preuve incombe nécessairement au juge. Si les révolutionnaires eurent l'impression d'innover c'est que l'hommage à la présomption d'innocence que constituait la torture était trop ambigu et occultait complètement l'existence d'un principe qui devait être considéré comme fondement du droit pénal contemporain. En matière de sorcellerie, l'application discrète de cette règle n'est pas étrangère à l'évolution de la répression. Elle permet aussi au juge de légitimer le grand doute, mis en lumière par Robert Mandrou, qui le saisit de plus en plus devant la réalité de ces pratiques

Le juge

12 Les officiers, qui rendent la justice déléguée, jouissent d'une liberté très grande par rapport à la règle de droit qui contraste avec leur très faible autonomie face au système des preuves. Les officiers supérieurs que sont les conseillers au parlement peuvent, sans trop d'excès, se rêver préteurs romains. Soumis certes aux coutumes, mais aussi aux ordonnances royales, quand ils ont bien voulu les enregistrer, leur liberté d'interprétation est absolue, sauf intervention directe de la justice retenue, c'est-à-dire du roi. Ils jouissent d'ailleurs, grâce aux arrêts de règlement, des moyens pour imposer leur vue aux juridictions inférieures. En matière pénale, leur pouvoir est encore accru par la théorie de l'arbitraire des peines. Le juge n'est pas lié par les peines fixées par la loi (coutumes, ordonnances, éventuellement droit romain), la sanction dépend du libre arbitre du juge. Ajoutons que, dans la matière pénale, le juge ne s'interdit pas le raisonnement par analogie, qui est toutefois assez exceptionnel. Toutes ces libertés seront jugées avec horreur par les révolutionnaires, imprégnés de la pensée de Beccaria, et donneront en réaction naissance au principe de la légalité criminelle14.

13 La situation est donc idéale, aux Temps modernes, pour permettre, pour le meilleur ou pour le pire, une prise de distance du juge par rapport au droit. Les parlementaires dans leur activité quotidienne peuvent utiliser leur lecture, leur culture, leur esprit cartésien sans aller jusqu'à expliciter leur scepticisme grandissant dans leur décision15. Plus d'ailleurs qu'au moment du jugement, cette nouvelle mentalité a dû se manifester, sans guère laisser de trace, au temps de l'ouverture des poursuites où la prise de conscience nouvelle a dû jouer. Là encore très certainement, on assiste à la naissance d'un principe qui sera théorisé plus tard, celui de l'opportunité des poursuites. Le juge maître de la procédure peut renoncer à poursuivre malgré l'existence de témoignages solides, s'il est sceptique sur la réalité du phénomène. Cette évolution aurait sans doute été beaucoup plus difficile dans le cadre d'une procédure purement accusatoire dans laquelle le juge ne peut que très difficilement arrêter l'instance déclenchée par un accusateur.

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14 L'évolution de la répression de la sorcellerie offre toutefois un exemple assez rare d'infléchissement jurisprudentiel du droit pénal vers une répression plus douce, et même quasiment inexistante, sous l'influence de l'évolution des mentalités. Les exemples contraires, du XVIe siècle à nos jours sont par contre innombrables. La révolution des mentalités chez les parlementaires n'a nullement empêché, par exemple, les condamnations dénoncées par Voltaire comme celle du chevalier de La Barre. Dans l'histoire du droit contemporain, le seul cas jurisprudentiel qui nous rapproche de la répression de la sorcellerie nous paraît être celui de l'avortement. Sévèrement puni par le Code pénal jusqu'à la loi Veil, l'interruption volontaire de grossesse ne faisait, depuis la dernière guerre mondiale, pratiquement plus l'objet de poursuites et n'entraînait en tout cas que des condamnations symboliques. La grande majorité des magistrats, bientôt rejointe par le législateur, ne croyait plus à la nécessité de la répression en la matière.

15 Il est intéressant de constater que les résistances décrites par Robert Mandrou16 émanent des juges subalternes présumés moins instruits, plus éloignés des nouveaux courants de pensée, et aussi plus sensibles à ce que l'on appellera bien plus tard l'opinion publique. Il est assez clair que les parlementaires privilégient en la matière leur vision rationnelle de la sorcellerie et s'éloignent provisoirement du droit. Cet état de fait est rare sous l'Ancien Régime, d'autant plus qu'il sera exceptionnellement soutenu, sauf en quelques affaires à nature politique, par la justice retenue, généralement plus tentée de rappeler les parlements à l'ordre.

16 Dans un sens, le contentieux de la sorcellerie nous offre une vision sur la préhistoire du fameux principe de l'intime conviction que le législateur révolutionnaire imposa, pour le meilleur et pour le pire, pour mettre fin au système des preuves légales devenu synonyme de torture.

17 La justice est à juste titre considérée comme l'une des institutions les plus inadaptées et les plus sclérosées de l'Ancien Régime. Paradoxalement, le contentieux de la sorcellerie nous fait entrevoir ce qu'aurait pu être une évolution saine de l'institution. Les cours souveraines, par une réflexion sur l'infraction, parviennent à imposer une jurisprudence plus raisonnable. Le roi et sa justice retenue contribuent à unifier ce nouveau droit. Malheureusement pour la monarchie, cette démarche restera exceptionnelle.

NOTES

1. Denisart ironise, dans son traité de jurisprudence, sur « le peuple [qui s'] imagine que les sorciers ne peuvent se noyer et surnagent toujours », oubliant que cette croyance fut partagée par bien des magistrats. Cela ne l'empêche évidemment pas d'indiquer : « Nous avons des lois précises pour fixer les peines que méritent les sorciers & les magiciens. » À remarquer que Denisart ne traite de l'édit de 1682 qu'à l'article « Devins » : Denisart, Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence actuelle, 3 vol., 1768, article « Sorciers ». 2. Sens de l'édit de 1682 (cf. Mandrou, Magistrats et sorciers, p. 478).

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3. Jean-Marie Carbasse, Introduction historique au droit pénal, Paris, PUF, 1990, p. 261. 4. Ourliac et de Malafosse, Histoire du droit privé, Paris, PUF, 1968, t. III, p. 207. 5. Carbasse, op. cit., p. 263 ; André Laingui, Arlette Lebigre, Histoire du droit pénal. Paris, Cujas, s.d. ; t. I, p. 166. 6. André Laingui, Arlette Lebigre, op. cit., p. 17. 7. Ibidem, p. 157. 8. Mandrou, op. cit., p. 479. 9. André Laingui, Arlette Lebigre, op. cit., p. 158. 10. Par exemple : Danièle Mayer, « La notion de substance mortelle en matière d'empoisonnement », Recueil Dalloz, 1994, chronique p. 325. 11. André Laingui, Arlette Lebigre, op. cit., p. 110. 12. Mandrou, op. cit., p. 354. 13. Ibidem, p. 102 14. Jean-Frangois Chassaing, « Les trois codes français et l'évolution des principes fondateurs du droit pénal contemporain », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, Paris, Sirey, 1993, no 3. 15. « Les registres secrets que tenaient la plupart des cours sont pour ainsi dire muets sur ces discussions intérieures qui ont sanctionné l'adoption de nouvelles règles de droit », Mandrou, op. cit., p. 102. 16. Mandrou, op. cit., p. 543.

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Préface à la traduction allemande des Fugger. Version française

Étienne François

NOTE DE L'AUTEUR

Le présent texte représente la version française, légèrement remaniée et mise à jour bibliographiquement, de la préface allemande à la traduction des Fugger : Robert Mandrou, Die Fugger, Adeliger Grundbesitz in Schwaben 1560-1618 (aus dem Französischen übersetzt von Eckart Bimstiel), Göttingen, 1997 (« Veröffentlichungen des Max-Planck Instituts für Geschichte », 136).

1 Six ans après la parution en France des Fugger, l'historien allemand Pankraz Fried, premier titulaire de la chaire d'histoire régionale de l'université récemment créée d'Augsbourg, constatait avec regret dans sa leçon inaugurale, le 9 décembre 1975 : « Ce livre, malheureusement, n'a toujours pas fait l'objet de la traduction allemande qui s'impose, si bien qu'il n'a même pas encore trouvé l'accès aux bibliographies spécialisées de manuels scientifiques »1.

2 Cette lacune est enfin comblée, grâce aux efforts conjoints de la Société de recherches sur l'histoire de la Souabe (Schwäbische Forschungsgemeinschaft), de l'Institut Max- Planck d'histoire de Göttingen et de la Mission historique française en Allemagne, grâce aussi à la traduction claire et précise d'Eckart Birnstiel. Mais il aura fallu attendre plus de vingt ans pour que le vœu de Pankraz Fried soit enfin exaucé. Ce délai exceptionnellement long – puisqu'il s'est écoulé près de trente ans entre la parution française et la traduction allemande d'une étude pourtant consacrée à un thème essentiel de l'histoire allemande et saluée dès sa parution comme un travail de première importance – jette un jour particulièrement cru sur la profondeur et la persistance des cloisonnements entre les recherches historiques de nos deux pays. Il incite à relativiser l'impact réel de l'internationalisation croissante de la recherche et la multiplication – à laquelle Robert Mandrou a contribué de manière décisive – des contacts et des échanges entre historiens français et allemands. Mais il invite aussi à

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s'interroger sur les raisons de la méconnaissance persistante d'un grand livre d'histoire, à rappeler la richesse des apports de Robert Mandrou à la recherche historique et l'importance de son rôle de médiateur, à souligner, enfin, l'extraordinaire qualité d'une œuvre dont le temps passé n'a fait que rendre plus évidentes l'originalité et la nouveauté.

3 La non-réception des Fugger en Allemagne me paraît tenir à trois raisons, elles-mêmes très directement liées à ce qui fait leur originalité. La première tient au fait qu'à l'époque de sa parution ce livre correspondait à un type d'enquête, à un mode d'écriture et à des préoccupations qui étaient largement étrangers à ce qui se pratiquait alors en Allemagne. Située dans le prolongement d'une tradition déjà longue d'histoire sociale du monde des campagnes, nourrie de la lecture et de la confrontation avec les grandes thèses de Gaston Roupnel, de Pierre de Saint-Jacob ou de Pierre Goubert2, mais aussi de Boris Porchnev – que Robert Mandrou avait précisément fait connaître et découvrir en France3. –, l'enquête sur les Fugger est en effet l'exemple même de ce que François Furet allait appeler quelques années plus tard l'« histoire-problème », c'est-à- dire ce type d'enquête qui donne la priorité absolue à un problème à résoudre, qui commence d'abord par se constituer son objet et qui ensuite – mais ensuite seulement – se met en quête du site et des sources qui seront les mieux à même d'aider à y répondre, tout en multipliant les comparaisons permettant d'échapper au danger du repli monographique4. En d'autres termes, si Robert Mandrou choisit de travailler sur les acquisitions foncières et les achats de seigneuries des Fugger, ce n'est pas d'abord pour éclairer un aspect mal connu de l'histoire sociale de l'Allemagne moderne, mais bien plutôt parce que l'exemple des Fugger, l'abondance et la richesse de leurs archives, lui paraissent se prêter mieux que tout à l'examen d'une question qui était alors au centre des débats des historiens français, celle d'une éventuelle « féodalisation » de la bourgeoisie marchande dans l'Europe moderne.

4 La deuxième raison tient au fait que l'enquête de Robert Mandrou est une illustration parfaite du type d'histoire promu par les historiens réunis alors autour de la revue Annales et se réclamant d'elle – ce qui, au reste, ne saurait tout à fait surprendre si l'on se rappelle qu'il fut, comme l'écrivait Pierre Goubert, « le dernier disciple de Lucien Febvre – donc l'un des plus chers »5, qui lui succéda à la sixième section de l'École des hautes études sur la chaire d'histoire sociale des mentalités modernes, et qui fut pendant huit ans, de 1954 à 1962, secrétaire de la revue. Cette enquête, en effet, répond en tous points aux traits caractéristiques retenus par l'historien américain Georg Iggers pour définir la production historique des Annales à cette époque, et dont on chercherait vainement l'équivalent dans la production historique allemande d'alors6. Elle se caractérise d'abord par le fait qu'elle « porte sur l'époque moderne », c'est-à-dire précisément sur l'époque de prédilection des historiens des Annales, par le fait, ensuite, qu'elle se définit comme une histoire des mentalités – entendues comme des « pratiques et représentations plus diffuses que les idées et qui, à la différence de ces dernières qui sont le produit de la pensée d'individualités, sont, elles, la propriété d'un groupe collectif »7 –, par son « étroite combinaison de l'histoire avec la géographie, l'économie et l'anthropologie », mais aussi par sa « fascination des chiffres » (pas moins de treize cartes, huit graphiques et vingt-trois tableaux statistiques), par la manière, enfin, dont elle « fait aller de pair histoire sérielle et histoire des mentalités ».

5 La dernière raison tient, enfin, au fait que l'enquête de Robert Mandrou représente la première véritable tentative d'application à un cas allemand de problématiques et de

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méthodes d'investigation forgées pour l'essentiel par des historiens français et jusque- là appliquées presque exclusivement à des cas français. Or cette tentative – dont la traduction enfin offerte au public allemand montre d'évidence à quel point elle fut une réussite – a été opérée à l'époque précisément où les réserves des historiens allemands à l'égard des Annales étaient particulièrement fortes et où les plus novateurs d'entre eux – l'article de Dieter Groh paru deux ans seulement plus tard en est un bon témoignage8 – se disaient convaincus de l'impossibilité d'appliquer à l'histoire allemande des méthodes et des problématiques trop spécifiquement françaises. Si bien qu'on en est conduit à se demander si la non-réception des Fugger en Allemagne n'est pas due tout simplement au fait que ce livre apportait un démenti flagrant à l'opinion, communément admise par les historiens allemands de l'époque, de l'inadaptation intrinsèque des paradigmes des Annales aux spécificités de l'histoire allemande.

6 La traduction en allemand de ce livre aussi singulier qu'exemplaire s'imposait d'autant plus qu'il opère la synthèse des deux préoccupations majeures de Robert Mandrou : d'un côté, son intérêt pour l'histoire des mentalités, et, de l'autre, les dimensions européennes de ses curiosités et de ses engagements. « Étude de comportements socioéconomiques » guidée par la conviction que « les actes sont plus significatifs que les déclarations d'intention » – pour reprendre les termes mêmes du titre du livre et de son introduction –, l'enquête sur les Fugger est d'abord et avant tout un exemple particulièrement convaincant de cette histoire des mentalités dont Robert Mandrou a plus que tout autre contribué à définir la notion et les méthodes. De ce point de vue, elle s'inscrit dans la continuité de ses autres livres sur l'histoire de la civilisation française du XVIIe au XXe siècle, sur les mentalités des différents groupes sociaux de la France moderne et leur évolution, sur la Bibliothèque bleue de Troyes et les problèmes de la lecture et de la culture populaire en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, sur les classes et les luttes de classes en France au début du XVIIe siècle, sur l'attitude des magistrats français à l'égard de la sorcellerie au XVIIe siècle, ou encore sur l'histoire des rapports complexes qui lient aux XVIe et XVIIe siècles les intellectuels aux différents milieux sociaux9 – livres qui, tous situés à la rencontre entre l'histoire sociale et l'histoire culturelle, s'attachent à reconstituer la sensibilité et les comportements des différents groupes et milieux sociaux, et montrent en même temps que ces groupes, loin d'être enfermés dans leur vision du monde, s'influençaient au contraire mutuellement et ne peuvent être de ce fait compris que dans leurs interactions, leurs échanges et leurs conflits.

7 Étude d'histoire allemande, l'enquête sur les Fugger témoigne par ailleurs de l'ouverture européenne de Robert Mandrou et de l'intérêt constant qu'il porta à l'Allemagne et son histoire – à la différence de la majorité des autres historiens français, soit exclusivement préoccupés par la France, soit tournés de préférence vers le monde méditerranéen. Cette découverte de l'Allemagne fut chez lui précoce et s'opéra dans les pires conditions : en 1943, en effet, alors qu'il était étudiant à Lyon, il fut envoyé de force en Allemagne dans le cadre du « service du travail obligatoire ». Employé d'abord dans une usine de Brunswick, il en fut retiré pour « mauvais esprit », ayant une influence néfaste sur ses camarades, et envoyé en punition comme bûcheron dans la forêt du Harz. Cette expérience d'épreuve eut une influence déterminante et d'autant plus forte qu'avec le refus du sectarisme, l'indépendance de jugement et l'exigence de lucidité qui le caractérisaient il se refusa de confondre le nazisme et la culture allemande. L'intérêt qu'il en retira pour la civilisation et l'histoire du monde

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germanique et de l'Europe centrale marqua, en effet, toute son activité. En témoignent – outre l'enquête sur les Fugger – ses nombreux comptes rendus de livres allemands (en particulier à l'époque où il était secrétaire des Annales), les thèmes abordés dans le cadre de son séminaire10, les treize articles qu'il publia en allemand ou dans une revue allemande, ses interventions en Allemagne même pour mieux faire connaître les nouvelles directions de la recherche historique française11, son dernier grand livre Staatsräson und Vernunft, 1649-1775, paru d'abord en allemand (dans l'élégante traduction de Michael Erbe) en 1976 dans la prestigieuse collection de la « Propyläen Geschichte Europas », avant d'être publié en France et en français12, et, enfin, son dernier projet, la création en 1977, à force de ténacité et alors même qu'il était déjà atteint par la maladie, de la « Mission historique française en Allemagne » implantée à Göttingen, auprès de l'Institut Max-Planck d'histoire et en symbiose avec lui, et dont il voulait faire un lieu de rencontre et de recherche, dans un climat de confrontation critique et d'ouverture européenne. Car l'intérêt prioritaire porté par Robert Mandrou à l'espace germanique ne prenait lui-même tout son sens que dans une dimension européenne : il suffit pour s'en rendre compte de regarder, dans le volume de Mélanges qui lui a été consacré, la carte de ses missions, congrès, colloques et conférences à l'étranger entre 1960 et 197813, de constater l'ampleur et l'ouverture des lectures qui ont accompagné son enquête sur les Fugger14, ou, encore, d'évoquer son engagement pour la Tchécoslovaquie, victime de la répression et de la normalisation15.

8 Pour regrettable qu'elle soit, la date tardive de la traduction en allemand des Fugger n'en a pas moins un mérite : celui de mieux mettre en lumière le caractère foncièrement novateur et exemplaire d'une œuvre qui reste toujours aussi singulière – l'extrême rareté des recherches menées en Allemagne sur les rapports entre villes et campagnes – à l'exception de la remarquable étude de Rolf Kiessling qui porte, elle aussi (et ce n'est pas un hasard) sur la Souabe du XIVe au XVIe siècle – en est la meilleure preuve16. Son exemplarité et son extraordinaire résistance à l'usure du temps, elle les doit, d'abord, au soin extrême de son écriture : tout entière centrée sur la démonstration, servie par une langue classique et épurée, dense et claire, qui pèse les moindres nuances, elle constitue, de ce point de vue, « un modèle d'écriture historique » (Ph. Joutard17). Elle les doit, ensuite, à la multiplicité des perspectives qu'elle ouvre, depuis celles que Robert Mandrou évoque lui-même et qu'il aurait aimé reprendre – telles l'exploitation de séries longues de comptes des intendants des Fugger après 165018, l'analyse micro-historique de l'endettement paysan19, ou encore la reconstitution de la « condition paysanne sur les seigneuries des Fugger »20 –, jusqu'à celles que suggère la lecture de son livre, telle l'analyse des éléments d'innovation subreptices introduits par la gestion des Fugger (défrichements, endiguements, introduction de nouvelles races bovines)21 ou, encore, l'analyse des rapports féodaux des Fugger avec les autres détenteurs de seigneuries de la région. Elle les doit, enfin, au fait qu'elle paraît anticiper à vingt-cinq ans de distance certaines des tendances majeures du renouvellement contemporain de la recherche historique – qu'il s'agisse de l'approche des comportements socio-économiques dans une perspective d'anthropologie sociale et culturelle, du recours à l'analyse micro-historique ou de l'usage du comparatisme en tant que confrontation critique, en vue d'une confrontation réciproque, des approches et des méthodes, des traditions historiographiques et des styles d'écriture (parmi les projets non réalisés de Robert Mandrou figure aussi celui d'une étude comparée de la condition paysanne en Souabe et en Bohême à la veille de la guerre de Trente Ans).

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9 Pour un livre d'histoire comme pour tout autre livre, les deux épreuves les plus redoutables sont celles du temps et de la traduction. L'exceptionnelle aisance avec laquelle les Fugger les ont surmontées prouve d'évidence la fécondité persistante et l'exemplarité d'un historien trop tôt disparu qui a joué un rôle essentiel, bien que souvent méconnu, dans le renouvellement des approches historiographiques, qui fut un remarquable médiateur entre la France et l'Allemagne, et dont la vie comme l'œuvre attestent que la vitalité de la recherche historique passe aussi bien par l'ouverture intellectuelle et l'exigence d'écriture, que par le dépassement des cloisonnements disciplinaires et des frontières nationales.

NOTES

1. Pankraz Fried, Die Fugger in der Herrschaftsgeschichte Schwabens, Munich, 1982, note 4, p. 6 (« Schriften der Philosophischen Fachbereiche der Universität Augsburg », no 9). 2. Outre le modèle ancien, mais combien important pour Robert Mandrou, représenté par la thèse de Lucien Febvre, Philippe II et la Franche-Comté, étude d'histoire politique, religieuse et sociale, Paris, 1911, ont compté particulièrement pour lui les thèses de Gaston Roupnel, La Ville et la campagne au XVIIe siècle, étude sur la population du pays dijonnais, Paris, 1955 ; Pierre de Saint-Jacob, Les Paysans de la Bourgogne du Nord au dernier siècle de l'Ancien Régime, Paris 1960 ; et Pierre Goubert, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730. Contribution à l'histoire sociale de la France au XVIIe siècle, Paris, 1960. 3. Après avoir rendu compte du livre de B. Porchnev qu'il avait lu dans sa version allemande – » Les soulèvements populaires et la société française au XVIIe siècle », Annales ESC, XIV, 1959, p. 756-765 – Robert Mandrou se chargea d'en faire éditer une traduction française, parue quatre ans seulement plus tard sous le titre : Boris Porchnev, Les Soulèvements populaires en France de 1623 à 1648, collection « Œuvres étrangères » du Centre de recherches historiques, Paris, 1963. 4. François Furet, « De l'histoire-récit à l'histoire-problème », Diogène, 89, 1975. 5. Cette expression figure dans la chronique nécrologique que Pierre Goubert fit paraître sous le titre « La séduction et l'intelligence » dans le journal Le Monde du 1er-2 avril 1984. Cette chronique est reproduite en hors-texte dans l'émouvant volume publié par les soins de Philippe Joutard et Jean Lecuir, Histoire sociale, sensibilités collectives et mentalités, Mélanges Robert Mandrou, Paris, 1985. 6. Citations tirées (en traduction française) du livre de Georg G. Iggers, Geschichtswissenschaft im 20. Jahrhundert, Ein kritischer Überblick im internationalen Vergleich, Göttingen, 1993, p. 49, 48, 43, 47 et 48. Voir également l'étude très détaillée de Lutz Raphael, Die Erben von Bloch und Febvre Annales – Geschichtsschreibung und nouvelle histoire in Frankreich, 1945-1980, Stuttgart, 1994, qui rappelle, elle aussi, que Robert Mandrou était devenu « le collaborateur le plus étroit et le disciple le plus proche » de Lucien Febvre (p. 217), qui rend justice au rôle essentiel joué par Robert Mandrou dans la « constellation » des Annales et de la VIe section – son nom est cité aussi souvent que celui de G. Duby, F. Furet ou J. Le Goff, et plus, par exemple, que celui de P. Chaunu, J. Delumeau, M. Ferro ou P. Goubert – et souligne l'importance et la nouveauté des directions et des impulsions données à la revue pendant les années où il en fut l'âme (histoire des mentalités, ouverture européenne). 7. Voir deux phrases de l'introduction où Robert Mandrou parle de son essai « d'appréhender à l'aide des comptes tenus par les Fugger, pour leurs biens fonciers en Souabe, la réalité de leurs

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comportements en ce domaine » (p. 15), car « les actes sont plus significatifs que les déclarations d'intention » (p. 13). 8. Dieter Groh, « Strukturgeschichte als totale Geschichte », Vierteljahrsschrift für Sozial – und Wirtschaftsgeschichte, 58, 1971, p. 289-322. Sur les différences entre l'historiographie française et l'historiographie allemande des années soixante, voir, outre l'article de Hartmut Kaelble, « L'histoire sociale en France et en Allemagne fédérale : de l'ignorance cordiale aux promesses d'un nouveau dialogue », Bulletin d'information de la Mission historique française en Allemagne, 12, 1986, p. 9-28, et l'essai critique et stimulant sur les blocages persistants de l'historiographie allemande à l'égard des Annales et leurs (possibles et probables) raisons, de Peter Schöttler, « Zur Geschichte der Annales – Rezeption in Deutschland (West) », Matthias Middell et Steffen Sammler (Dir.), Alles Gewordene hat Geschichte. Die Schule des Annales in ihren Texten, 1929-1992, Leipzig, 1994, p. 40-60, ainsi que les pages 485-497 de l'ouvrage précédemment évoqué de Lutz Raphael. 9. Robert Mandrou, Histoire de la civilisation française (avec Georges Duby), t. I, Moyen Âge – XVIe siècle, t. II, XVIIe-XXe siècle, Paris, 1958 ; Introduction à la France moderne (1500-1640). Essai de psychologie historique, Paris, 1961 ; De la culture populaire en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. La Bibliothèque bleue de Troyes, Paris, 1964 ; Classes et luttes de classes en France au début du XVIIe siècle, Florence, 1965 ; Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle. Une analyse de psychologie historique, Paris 1968 ; Des humanistes aux hommes de science (XVIe et XVIIe siècles), Paris, 1973. 10. De 1963 à 1966, son séminaire porta sur « mentalités et économie rurales en Souabe à la fin du XVIe siècle » ; en 1973-1974, il fut consacré aux « échanges intellectuels entre France et Allemagne au XVIIe siècle : le duc August de Brunswick-Wolfenbüttel ». L. Raphael, op. cit., p. 605 (annexe C), programme du séminaire d'histoire des mentalités modernes animé par Robert Mandrou de 1959 à 1975. 11. À titre d'illustration, on évoquera son article « Probleme und Methoden der heutigen französischen Geschichtsforschung », Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik, 176, 1974, p. 359-370, ainsi que son intervention sur « culture nobiliaire et culture populaire en France » dans le cadre du congrès des historiens allemands « Historikertag » de Ratisbonne en 1972, publiée deux ans plus tard dans la principale revue historique allemande : « Adelskultur und Volkskultur in Frankreich », Historische Zeitschrift, 217, 1974, p. 36-53. 12. Staatsräson und Vernunft, 1649-1775, Francfort-Berlin-Vienne, 1976 (« Propyläen Geschichte Europas », t. III) ; L'Europe absolutiste. Raison et raison d'Etat, 1649-1775, Paris, 1977. Le traducteur en allemand de ce livre, alors enseignant d'histoire à l'université libre de Berlin, est également l'auteur d'une des meilleures présentations en allemand des Annales et du groupe d'historiens s'en réclamant : Michael Erbe, Zur neueren französischen Sozialgeschichtsforschung. Die Gruppe um die Annales, Darmstadt, 1979. Lors de la parution en Allemagne de Staatsräson und Vernunft, l'historien Golo Mann (un des fils de Thomas Mann, auteur, entre autres choses, d'une extraordinaire biographie de Wallenstein) consacra à ce livre une pleine page d'éloges dithyrambiques dans l'hebdomadaire Die Zeit (17 septembre 1976, no 39, p. 25-26). 13. Histoire sociale, sensibilités collectives et mentalités, op. cit., p. 17. 14. À côté des références en provenance de France ou d'Europe occidentale, on relève dans sa bibliographie des ouvrages d'historiens est-allemands, hongrois, polonais, autrichiens, russes et slovaques. 15. À la suite de l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie, Robert Mandrou assura la publication en France de Les Sept jours de Prague, 21-27 août 1968. Première documentation historique complète de l'entrée des troupes aux accords de Moscou, Paris, 1969. Il persuada par ailleurs son ami Josef Macek d'écrire à l'intention du public français une histoire de Bohême qui parut, avec une préface de lui, peu après sa mort : Josef Macek, Histoire de la Bohême des origines à 1918, Paris, 1984.

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16. Rolf Kiessling, Die Stadt und ihr Land. Umlandpolitik, Bürgerbesit und Wirtschaftsgefüge in Ostschwaben vom 14. bis zum 16. Jahrhundert, Cologne-Vienne, 1989 (« Städteforschung », Reihe A : Darstellungen, vol. 29). 17. Philippe Joutard, « L'itinéraire d'un historien européen au XXe siècle », Histoire sociale, sensibilités collectives et mentalités, op. cit., p. 19. 18. Dans la note 13 de la page 19, Robert Mandrou évoque son souhait d'une exploitation des séries longues de comptes des intendants, mentionnant en particulier les séries de Kirchberg (1650-1804), Kirchheim (1598-1804) ou Nordendorf (1581-1804). 19. Cf. note 10, p. 208. 20. Cf. note 8, p. 95. 21. Cf. la remarque de la note 77, p. 134.

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République des lettres, intellectuels laïcs et mécénat princier

Roger Chartier

1 Robert Mandrou a inventé plusieurs des grands sujets qui ont mobilisé le travail des historiens depuis trente ans. Aujourd'hui encore, tous les travaux menés sur la sorcellerie ou la culture populaire ne peuvent que partir, même si c'est pour s'en séparer, des constats et des hypothèses proposés par Magistrats et sorciers ou De la culture populaire. Mais, à côté de ces œuvres pionnières et, pour cela même, risquées, il en a publié d'autres, plus nombreuses au demeurant, dont la facture classique ne doit pas faire sous-estimer l'originalité.

2 Tout au long de son parcours d'historien, Robert Mandrou a, en effet, rédigé des synthèses de grande ambition, destinées aux étudiants et à ses collègues professeurs, mais aussi à un public plus large de lecteurs d'histoire. Cinq livres jalonnent cette trajectoire : en 1958, chez Armand Colin, l'Histoire de la civilisation française, rédigée en collaboration avec Georges Duby ; en 1961, dans la collection « L'Évolution de l'humanité » d'Albin Michel, l'Introduction à la France moderne, essai de psychologie historique (qui sera rééditée à l'automne de cette année dans la « Bibliothèque de l'Évolution de l'humanité » avec une préface de Jean Lecuir et Philippe Joutard qui situera l'ouvrage dans le contexte difficile de sa publication) ; en 1967, le volume 33 de la collection « Nouvelle Clio » La France aux XVIIe et XVIIIe siècles ; et, en 1973, Louis XIV en son temps, dans la vénérable collection des PUF « Peuples et civilisations » fondée par Halphen et Sagnac, et Des humanistes aux hommes de science (XVIe et XVIIe siècles), tome troisième d'une Histoire de la pensée européenne publiée en édition de poche par Le Seuil.

3 Le sort de telles synthèses n'est pas sans injustice. Leur statut de références obligées, souvent citées dans les bibliographies, a parfois effacé la nouveauté qui était la leur au moment de leur publication. Les relire aujourd'hui est mesurer, à la fois, les déplacements du travail des historiens en ces trente dernières années et l'acuité avec laquelle Robert Mandrou désignait et dessinait les directions de recherche aptes à renouveler ce qu'il nommait, avec des termes qui pour lui étaient presque équivalents, « histoire des mentalités », « histoire des psychologies collectives » ou « histoire culturelle ». Contre les présupposés anachroniques d'une « caractérologie moralisante

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et éclectique » dotant les hommes et les femmes du passé des sentiments, des intentions et des émotions de ceux d'aujourd'hui, contre les interprétations anhistoriques des idées et des œuvres, Robert Mandrou plaidait pour l'historicité, donc la discontinuité des horizons mentaux et des visions du monde. Fidèle aux leçons de Lucien Febvre, il assignait à l'histoire culturelle la tâche de reconstituer les pensées, les croyances et les rêves propres à chaque groupe social (noblesse de robe, bourgeoisie marchande, milieux populaires), à chaque milieu professionnel (officiers, diplomates, hommes de loi, artisans, artistes, etc.) ou à chaque communauté intellectuelle (par exemple les humanistes, les libertins érudits, les savants, etc.).

République des lettres et révolution scientifique

4 Dans La France aux XVIIe et XVIIIe siècles, parue il y a trente ans, Robert Mandrou marquait les renouvellements majeurs qui avaient, selon lui, transformé la connaissance de l'« Ancien Régime socioculturel ». Il les rangeait sous trois catégories : les enquêtes de la sociologie religieuse rétrospective, l'étude des différents milieux socioculturels, l'exploration thématique et sérielle de la production imprimée. Les monographies inspirées par l'œuvre de Gabriel Le Bras, à commencer par celle de Louis Perouas sur le diocèse de La Rochelle, le livre de René Pintard sur les libertins érudits, les thèses d'histoire littéraire sur les idées de bonheur (celle Robert Mauzi) et de nature (celles de Jean Ehrard et de Jacques Roger), ou encore l'enquête Livre et société dans la France du XVIIIe siècle, donnaient support à ce diagnostic. Les analyses qu'il fondait ont conservé toute leur pertinence – sauf, sans doute, celle qui caractérise trop uniment comme « bourgeoises » les pensées et les sociabilités nouvelles des Lumières et celle qui identifie trop hâtivement la culture et la sensibilité populaires à partir des textes qui composent le répertoire de la littérature de colportage.

5 Tourné vers ce qui restait à faire dans le domaine de l'histoire culturelle, Mandrou privilégiait cinq thèmes de recherche : le respect – ou le refus – des valeurs sociales dominantes, les pratiques et les sentiments du vécu chrétien, les modèles éducatifs et les méthodes d'enseignement, les supports et motifs de l'information, les publics artistiques (de la peinture, du théâtre, de l'opéra). Très largement, le travail des historiens a ratifié ses choix et pour chacun des thèmes qu'il indiquait les travaux se sont multipliés, répondant au programme tracé à partir de la lecture d'ouvrages pionniers (ceux de Foucault et d'Ariès), de l'avancement des enquêtes collectives dirigées par Alphonse Dupront ou des premiers travaux exploitant les archives judiciaires.

6 En un temps où commençait l'engouement pour l'histoire sérielle de la culture, Robert Mandrou en marquait, comme préventivement, l'apport et les limites. Soit l'exemple de la circulation de l'imprimé. Il soulignait l'importance des études attachées « surtout à la production, aux tirages et rééditions, quand les documents en fournissent les données, et à la ventilation des genres », mais, dans le même temps, il en suggérait le possible et nécessaire dépassement : « Mémoires, livres de raison, critiques viennent au secours du chercheur qui veut se représenter celui qui lit, voire pourquoi il lit – et non seulement celui qui écrit et se fait imprimer. » Était ainsi indiqué en filigrane le déplacement qui, plus tard, a conduit de l'histoire de la production et de la circulation du livre à celle des pratiques de lecture.

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7 « Assemblées, correspondances et voyages constituent les trois supports de l'information savante » : cette formule, extraite du livre Des humanistes aux hommes de science, illustre le souci constant chez Mandrou de rapporter le travail de la pensée à ses conditions de possibilité. Relu à la lumière des travaux les plus récents, l'ouvrage, publié en 1973, frappe par l'accent (alors très neuf) mis sur les pratiques sociales et intellectuelles constitutives de la république des lettres en ses diverses modalités. Les sodalitates literarum du temps de l'humanisme, les compagnies érudites du premier XVIIe siècle, les académies londonienne et parisienne fondées dans la décennie 1660 sont trois figures majeures – et différentes en leur assise et leur fonctionnement – des solidarités qui autorisent l'émancipation des « nouveaux intellectuels » vis-à-vis des institutions religieuses et universitaires traditionnelles. Anticipant sur les caractérisations les plus récentes de la république des savants, Robert Mandrou soulignait avec force le rôle joué par une éthique de l'entraide, de l'hospitalité et de la réciprocité dans la constitution d'un monde intellectuel engagé dans un processus d'autonomisation. Les échanges multiples (de lettres, de livres, de manuscrits, prêtés ou copiés, d'informations) permis par les correspondances, les voyages et les visites incarnent, dans les pratiques ordinaires, l'idéal d'un univers soustrait aux contraintes et aux dominations exercées par les autorités anciennes.

8 Mais Robert Mandrou marquait également les limites durables de cette indépendance difficilement affirmée : « Ce qui manque le plus encore à la fin du XVIIe siècle, c'est l'appui d'un public, qui assurerait économiquement la place de ces nouveaux clercs dans la société. » De là, les choix obligés qui s'imposent à eux : soit entrer dans des emplois leur permettant de subsister – ainsi au XVIe siècle ceux de correcteur ou de pédagogue, et au XVIIe siècle ceux proposés par le service du prince ou de l'administration de l'État –, ou bien prendre place dans la clientèle d'un roi ou d'un grand et vivre des gratifications du mécénat. Le prix à payer, dans ce cas, n'est pas mince, impliquant le recours aux formes multiples de l'écriture de célébration, de la dédicace à l'éloge.

9 La conclusion du livre, voué à repérer les premières figures de l'intellectuel « moderne », insiste sur la précarité et l'incertitude du statut qui est le sien entre XVIe et XVIIe siècle : « Les transformations du monde pendant ces deux cents ans ont consacré l'éclatement du cadre ecclésial, mais n'ont pu, d'elles-mêmes, susciter un nouveau cadre aussi bien délimité que l'ancien. » De là, l'ambiguïté de la position des premiers « intellectuels laïcs », libérés des nécessaires disciplines de l'Église, mais soumis aux contraintes du mécénat et de la protection princière. Une telle analyse, qui porte la construction même du livre, permet de penser comment la dépendance acceptée à l'égard du roi, de la cour ou de l'État est la condition même pour que puisse prendre réalité (au moins partiellement) l'émancipation par rapport à l'Université (dans le cas des hommes de science) ou par rapport aux communautés de métier (dans le cas des artistes). Il est frappant de constater que les recherches les plus récentes sur les lieux et les conditions mêmes de la pratique scientifique (avec Galilée), littéraire (avec Shakespeare, Lope de Vega ou Corneille) ou picturale (avec les Carrache ou Rubens) se sont attachées, avant tout, à comprendre les effets de ce jeu complexe qui inscrit dans les obligations réciproques du patronage, les libertés conquises aux dépens des autorités et des corps anciens.

10 Robert Mandrou avait discerné avec lucidité les effets intellectuels d'une telle ambiguïté. Certes, il affirmait en conclusion de son livre : « Sans nul doute, les

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affrontements qui ont rythmé le devenir de la pensée européenne pendant ces deux siècles mettent bien en présence des camps antagonistes, les défenseurs vigilants d'orthodoxies contestées et les cohortes des novateurs » – et il ne fait pas de doute que ses sympathies allaient vers tous ceux qui avaient mis à mal, parfois au prix de leur vie, les pensées et les croyances héritées. Mais il ajoutait aussitôt que la ligne de partage entre les gardiens de la tradition et les esprits critiques n'était pas aussi simplement dessinée qu'on l'avait longtemps cru. Elle traversait chaque institution – à commencer par l'Église catholique –, chaque milieu, chaque individu. D'où le diagnostic final : « La polarisation tentante qui situerait tous les penseurs du temps sur l'un ou l'autre axe, la défense de l'ordre établi, suivant un principe de régulation sociale nécessaire d'un côté, l'attaque de cet ordre et la définition d'un autre ordre à venir, à créer de l'autre côté, n'est donc pas tout à fait satisfaisante. »

11 C'est à partir de cette insatisfaction devant des oppositions trop brutales que Robert Mandrou a construit la description, parfois rapide mais toujours subtile et informée, des courants dominants ou marginaux de la vie intellectuelle européenne entre 1480 et 1700. Plusieurs traits seraient aujourd'hui accusés différemment. Retenons-en trois, non pas comme des critiques d'un livre qui ne pouvait qu'utiliser les travaux alors disponibles, mais comme exemples des déplacements du savoir historique. Et tout d'abord les pages consacrées à « l'apparition du livre » identifiée à l'invention et à la diffusion de l'imprimerie, qui assure « le passage de la parole et de l'image gravée ou peinte à l'écrit imprimé, reproduit par centaines d'exemplaires mettant à la disposition d'un public large un texte ne varietur, nettoyé des fautes de lassitude commises par les copistes, et conservés pendant des années ». Réécrite aujourd'hui, une telle description, qui reprend les thèmes et jusqu'au titre (malheureux) du livre de Febvre et Martin publié en 1958, insisterait bien plus sur les limites de la « révolution de l'imprimé ». D'une part, le livre n'apparaît pas avec Gutenberg et sa structure fondamentale, celle du codex, inventé aux premiers siècles de l'ère chrétienne, demeure la même après comme avant l'invention de l'imprimerie. D'autre part, loin d'assurer la parfaite stabilité du texte, le processus même de production et de fabrication du livre imprimé multiplie les variantes, non seulement entre les éditions d'une même œuvre en un temps où les tirages demeurent limités, mais aussi, du fait des corrections en cours de tirage, entre les exemplaires d'une même édition. Enfin, le recours à la publication manuscrite reste essentiel entre XVe et XVIIIe siècle. C'est elle qui fonde les pratiques de la république des lettres, dont les membres échangent lettres, mémoires et copies manuscrits, s'efforçant ainsi d'éviter la corruption des textes qu'introduisent les erreurs de compositeurs maladroits, la cupidité des libraires-éditeurs ou les interprétations incontrôlées de lecteurs ignorants. Loin de porter l'éthique propre à la république des lettres, l'imprimerie en est, au contraire, l'adversaire redouté.

12 Dans les pages qu'il consacre aux démarches intellectuelles des érudits et savants du premier XVIIe siècle, Robert Mandrou porte l'accent sur « la lenteur démonstrative par accumulation de références » : « Chacun décrit, rappelle et cite des sources anciennes bien connues ; chacun expérimente ou observe, avec finesse souvent ; parfois avec autant de crédulité qu'il en est refusé deux pages auparavant. Mais autant de citations, de constats ne s'additionnent pas ; parfois même se contredisent, sous la même plume, à quelques années d'intervalle. » Le jugement est tout à fait perspicace. Il serait maintenant formulé d'une autre manière, considérant que ces manières d'écrire et de raisonner définissent une technique intellectuelle spécifique, celle des loci communes.

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Plusieurs travaux récemment publiés ont montré la cohérence et la prégnance de rapport particulier à la culture écrite qui nourrit la nécessaire copia des textes rédigés ou prononcés à partir des citations, des exemples et des modèles que l'auteur extrait des cahiers et des livres de « lieux communs » où se trouvent redistribués thématiquement, par topiques et rubriques, des fragments des ouvrages consultés et compilés. Il y a là le fondement d'une manière de lire, de dire et d'écrire qui met l'accumulation de références et de citations au service tant de l'amplification rhétorique que de l'argumentation démonstrative.

13 De façon parallèle, les différences notées par Robert Mandrou entre le modèle logico- mathématique de la connaissance (tel que le porte le cartésianisme) et le primat donné à l'expérience et aux applications pratiques (tel qu'on le rencontre à la Royal Society) pourraient, à la lumière des travaux récents en histoire des sciences, être formulées de manière plus fortement contrastée comme deux définitions de la « révolution scientifique ». La première, galiléo-cartésienne, identifie le nouveau savoir au déchiffrement de la nature écrite en langage géométrique. La seconde, dont l'épicentre se situe en Angleterre, appuie sa description du monde sur la philosophie naturelle expérimentale. Plus peut-être que ne le pensait Mandrou, qui réunit les deux démarches dans un même « esprit scientifique », chaque conception implique un modèle épistémologique, des pratiques savantes et des institutions de savoir très différents.

14 Ces quelques remarques ont pour but de montrer qu'un livre est toujours inscrit en son temps. Robert Mandrou a pressenti avec un discernement rare quelques-unes des révisions historiographiques les plus importantes de ces trente dernières années. Faute de travaux pouvant appuyer alors ses intuitions, les formulations qui sont les siennes peuvent apparaître comme inachevées ou trop prudentes. Elles n'en indiquent pas moins des thèmes et des directions de recherche qui ont, après lui, largement renouvelé l'histoire culturelle.

Mécénat princier et liberté savante

15 Ce sont ces mêmes thèmes et ces mêmes orientations qui font l'originalité des développements consacrés aux formes de la vie intellectuelle et aux pratiques culturelles dans Louis XIV en son temps. Dans chacune des deux grandes parties qui composent le livre et que sépare la césure de 1685, le sixième chapitre leur est consacré. Cette symétrie n'est pas aléatoire puisqu'elle oppose terme à terme, comme dans un diptyque, « la direction des lettres et des arts », qui contraint, par la censure, la surveillance et le mécénat, la production intellectuelle et artistique dans la France des années 1661-1685, et « la vie culturelle en Angleterre à la fin du XVIIe siècle » que caractérise le choix des libertés et des sciences.

16 Mandrou insiste, du côté français, sur l'importance de la commande royale et des représentations à la cour, anticipant ainsi sur les réévaluations qui ont replacé dans leur cadre premier des œuvres trop hâtivement considérées comme adressées au public citadin. Il en va ainsi des pièces de Molière, dont Mandrou rappelle qu'à partir de 1663 elles ont été offertes « d'abord aux applaudissements des courtisans » avant d'être reprises sur la scène du théâtre du Palais-Royal. Désirant prendre mesure des traductions financières du mécénat louis-quatorzien, il utilise les listes des pensions et gratifications accordées aux gens de lettres telles qu'elles figurent dans les Comptes des

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bâtiments du roi (et telles qu'elles ont été publiées par Pierre Clément en 1868 puis par Jules Guiffrey en 1881).

17 Les conclusions sont nettes – et n'ont sans doute pas été suffisamment exploitées et prolongées. Elles tiennent en quatre constats essentiels : 1. La munificence royale décroît fortement à partir de 1674 du fait des dépensées liées à la guerre de Hollande : alors qu'entre 1664 et 1673 la moyenne des sommes distribuées s'élève à 95 000 livres, elle tombe 57 000 livres dans les dix années suivantes et plus aucune gratification n'est adressée à l'étranger ; 2. La part des pensions et gratifications ne représente qu'un pourcentage infime du budget de la monarchie (de 0,1 % à 0,05 %) mais il est vrai qu'elle ne peut être tenue pour la totalité des paiements faits en faveur des écrivains, des artistes et des savants ; 3. Le nombre des bénéficiaires est toujours demeuré restreint et a été réduit après 1674 (une cinquantaine plus une douzaine d'étrangers avant cette date, entre trente et quarante après), ce qui fait que la moyenne des gratifications reste stable durant toute la période (autour de 1 600 livres entre 1667 et 1676) et que, pour ceux qui se retrouvent sur les listes d'année en année, « la gratification royale est devenue une sorte de rente, payée à peu près régulièrement, et assez confortable » ; 4. La protection royale concerne majoritairement des hommes de lettres (historiens, prédicateurs, théologiens, dramaturges, poètes), même si la présence des savants se fait plus forte aux débuts de la décennie 1670 avant de retomber ensuite. Les données ainsi rassemblées invitent à reconsidérer de manière neuve la question classique de l'enrôlement des écrivains et des savants au service de la gloire du roi. Elle conduit à repérer dans les œuvres elles-mêmes les effets des contraintes qui ont, tout ensemble, borné et demandé leur production. Dans ces pages de son Louis XIV, Mandrou a pressenti avec intelligence les nouvelles voies que devait suivre une histoire des genres et des textes soucieuse de ne pas séparer la compréhension de leurs significations et l'analyse de leur esthétique de l'étude des exigences et des urgences qui les gouvernent.

18 Au contrôle exercé par le monarque français sur la vie littéraire et scientifique, Mandrou oppose la liberté anglaise. Le contraste ne doit pas être forcé dans la mesure où la direction des lettres et des arts n'a jamais complètement étouffé, et moins encore dans les vingt-cinq dernières années du règne, le mécénat des particuliers, les formes privées du débat intellectuel ou la sociabilité amicale et choisie des salons parisiens. Mais ce qui reste comme une différence essentielle est l'autonomie accordée en Angleterre à l'institution académique elle-même, en l'occurrence la Royal Society. « Aucune autre assemblée scientifique n'a cumulé à l'époque autant de privilèges que la Société Royale : liberté de recrutement, engouement constant, aisance matérielle, liberté dans le choix des travaux comme dans l'établissement des relations avec l'étranger. »

19 Cette « liberté », permise à la Royal Society mais non pas aux académies royales françaises, était pour Robert Mandrou la condition même du travail intellectuel – au XXe siècle comme au XVIIe. Celui-ci suppose l'échange, la collaboration, l'entraide, noués par-delà les frontières et en dépit, ou plutôt à cause des différences. Dans les sociétés d'Ancien Régime, la correspondance a été durablement l'instrument privilégié de la réciprocité entre les lettrés. Ce n'est donc pas par hasard que, dans deux des ouvrages que nous avons commentés ici, trois cartes donnent à voir l'espace européen ouvert et tolérant, ignorant les divisions entre les religions et les conflits entre les États, qui a été celui de trois grands épistoliers de l'Âge moderne : Erasme, Peiresc, Leibniz. Chacun à

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sa façon, chacun en son temps, illustre magnifiquement les valeurs propres de la république des lettres – cette république dont Robert Mandrou se pensait et voulait citoyen.

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À la redécouverte de la bibliothèque bleue de Troyes

Catherine Velay-Vallantin

1 En octobre 1963, lors d'un colloque tenu à l'Institut d'histoire à Québec, Robert Mandrou présente les premières conclusions de ses recherches sur la Bibliothèque bleue de Troyes : « Littérature de colportage et mentalités paysannes (XVIIe et XVIIIe siècles) ». Cette communication anticipe la publication de l'ouvrage De la culture populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles, paru dans une première édition à Paris chez Stock en 1964, avec pour sous-titre La Bibliothèque bleue de Troyes, puis réédité chez le même éditeur en 1975, reformulé, augmenté d'une nouvelle bibliographie et de nombreux textes en annexe. Cet ouvrage, considéré maintenant comme un classique des études sur le colportage, provoque en 1964 une vive émergence d'intérêts pour ces livrets oubliés depuis quelques décennies par les historiens. Parallèlement et parfois conjointement avec Robert Mandrou, des chercheurs étudient ces éditions bleues selon des angles disciplinaires ou thématiques différents. La « Préface à la nouvelle édition » rend compte de cet engouement : cet ouvrage « n'a pas peu contribué à attirer l'attention des historiens sur les problèmes que pose le devenir des cultures populaires » et « le sujet a suscité plusieurs travaux importants depuis dix ans ». C'est que, longtemps ignorée, la culture populaire a provoqué un regain d'intérêt, en particulier chez les tenants de disciplines connexes à l'histoire, telles que la sociologie et surtout l'histoire de la littérature. La Bibliothèque bleue, en tant que littérature populaire, ou du moins considérée comme telle, n'échappe pas à ce phénomène. Les historiens, de leur côté, y voient un objet culturel digne d'intérêt et donc d'études, essentiellement pour les problèmes d'assignation culturelle que ces éditions soulèvent, mais aussi pour la place originale qu'elles peuvent occuper dans l'histoire du livre. Comment Robert Mandrou a-t-il pu susciter ainsi une telle floraison de travaux ? Pourquoi ce « petit livre », selon ses propres termes, a-t-il généré des recherches aujourd'hui aussi novatrices que nombreuses ?

2 D'emblée, Robert Mandrou qualifie la Bibliothèque bleue de « populaire ». Il pose ainsi le problème du public de ces livrets et se trouve à l'origine, parmi d'autres auteurs comme Mikhaïl Bakhtine ou encore Marc Soriano, de la distinction, de la séparation

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entre « culture des élites », « culture savante » ou encore « culture officielle », et « culture populaire ». C'est avant tout en ce sens que l'on a utilisé l'appellation de « populaire » pour qualifier, ou plutôt disqualifier, la Bibliothèque bleue. Dans cette optique, il s'agirait d'une marginalisation et d'une opposition à un ensemble de valeurs admises par l'élite et plus ou moins imposées, à la totalité de la population, par diverses contraintes religieuses, politiques et sociales. Le qualificatif de « populaire » est dès lors attribué à toute forme sociale et culturelle, qualifiée de « marginale » par les tenants de la culture officielle, qui réapparaîtrait dans une occasion particulière et se distinguerait par sa résistance et sa persistance. La sorcellerie, étudiée par Robert Mandrou, serait un des exemples les plus frappants de ces persistances d'anciennes croyances dans le monde rural, malgré les efforts des pouvoirs civils et religieux pour les combattre. En ce sens donc, son étude pourrait fournir des renseignements sur les mentalités, les habitudes, les réactions d'une société en évolution, sous l'influence de diverses contraintes extérieures.

3 La Bibliothèque bleue offre une autre approche pour obtenir des renseignements comparables. D'un côté, l'investigation de Robert Mandrou est plus redevable à l'histoire sociale qu'à l'« histoire des mentalités » : elle recherche sur le terrain documentaire des informations historiques tangibles, et non pas le socle de représentations idéologiques, souvent fictives, mis en œuvre par les différents groupes concurrents qui exploitent les données culturelles véhiculées par les éditeurs et les colporteurs. Elle trouve son fondement dans les premiers intérêts manifestés par Lucien Febvre à l'égard du colportage, lorsqu'il publie en 1924, dans la Revue de synthèse historique, un compte rendu des travaux de C. Robert-Muller et A. Allix, édités dans la Revue de géographie alpine, sur « Un type d'émigration alpine, les colporteurs de l'Oisans ». Lucien Febvre intègre alors ses réflexions parmi d'autres sur « quelques ouvrages récents de géographie », ce qui a pour effet de légitimer l'analyse sociale du colportage par l'école géographique d'Albert Demangeon. Pourtant, d'une certaine manière, la recherche de Robert Mandrou est à la fois dépendante de cet héritage et novatrice : son intérêt pour la Bibliothèque bleue se veut plus directement ancrée dans l'« histoire totale », une histoire dialectique, « une histoire assumant et reconstituant les interactions qui lient étroitement et inlassablement l'économique, le politique et le culturel, dans le devenir de chaque groupe, de chaque société globale ». C'est alors qu'il intègre à son approche historique une notion nouvelle, celle de représentation culturelle et idéologique, que l'historien se doit de débusquer chez les groupes sociaux et culturels producteurs et récepteurs de livrets bleus. Ainsi l'exprime-t-il en janvier 1972, lorsque, dans un entretien avec Antoine Casanova et François Hincker de La Nouvelle Critique, il revient sur son livre sur la Bibliothèque bleue : « Tout groupe, quel qu'il soit, paysans, grands seigneurs, magistrats, financiers, dans la mesure même où il constitue un groupe cohérent, présentant une certaine homogénéité, se façonne, accepte, assume toute une série de représentations du monde naturel et humain, du Ciel et de la Terre, des rapports sociaux comme des forces surnaturelles. Ces représentations présentent un égal intérêt aux yeux de l'historien. Un des problèmes les plus délicats qu'il doit résoudre est de retrouver les articulations entre les visions du monde, entendues en ce sens, des différents groupes sociaux dans une société à une époque donnée. Il est évident qu'il dispose de moyens plus grands pour reconstituer la vision du monde des magistrats, des financiers ; ou pour étudier la vision du monde qui est proposée aux milieux populaires par les couches supérieures ; j'en ai donné un exemple à propos de la Bibliothèque bleue, bibliothèque de colportage, aux XVIIe et

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XVIIIe siècles. » Cette notion de représentation, explicitée dans ce texte, n'a rien à voir, bien sûr, avec celle mise en avant par Louis Marin. Mais, c'est en essayant de « reconstituer » la vision du monde des diverses communautés en jeu que Robert Mandrou a ouvert la voie à une archéologie des objets et à une histoire des pratiques, dont l'association dynamique a constitué une des bases méthodologiques de l'histoire culturelle. En cernant les livrets de colportage dans leur forme, leur fréquence, leur dispositif, leur structure, puis en tâchant de comprendre les variations historiques de leurs usages, Robert Mandrou utilise bien là les réflexions de Lucien Febvre sur la problématique de l'« outillage mental ». Parallèlement, dans les années cinquante, à partir des représentations mises en scène dans les textes, Norbert Elias dégage tous les dispositifs psychologiques, les modes d'organisation psychique des individus dans leur système de contrôle des affects, identifiés comme autant de constructions historiques. Même si, de nos jours, l'histoire culturelle ne peut pas plus se réduire à une histoire des superstructures dans une perspective marxiste, qu'à une histoire « des » cultures, populaires ou savantes, il reste que Robert Mandrou, participant de ce type de réflexion, et s'opposant à la traditionnelle partition de l'« histoire philosophique » et de l'« histoire antiquaire », a ouvert la voie à l'histoire critique, scientifique et technique de l'étude du document. En revalorisant le travail interprétatif, il n'a pas souscrit pour autant à l'ancienne histoire philosophique et à sa vision générale du développement, mais a légitimé au contraire une ambition historique, celle de circonscrire son objet.

4 C'est en historien, mais aussi en héritier lettré, que Robert Mandrou se situe dans la longue lignée savante des érudits qui se sont penchés sur les livrets bleus dès les premières réunions des cabinets de curiosité du XIXe siècle. L'analyse systématique du contenu de la Bibliothèque bleue est pourtant une opération récente. Encore faut-il nuancer cette affirmation, car si le XIXe siècle s'est intéressé de près à cette littérature, au point d'en rééditer un grand nombre d'ouvrages sous des formes diverses, ce sont surtout les romans de chevalerie qui bénéficient de ces éditions savantes. Il n'est qu'à lire l'introduction de Charles Nodier à l'une de ces rééditions pour comprendre dans quelle direction se porte son intérêt : « Tous les hommes […] ont besoin d'histoires plus ou moins exagérées, qui relèvent la grandeur de leur origine par quelques fables épiques. La Bibliothèque qui se compose de ces merveilleuses traditions écrites est la véritable bibliothèque du peuple. »

5 Au XIXe siècle, une « redécouverte » des romans populaires de la Bibliothèque bleue est donc dans l'air. L'ensemble du contenu de la Bibliothèque bleue ne bénéficie pas cependant du phénomène. Seuls quelques ouvrages, mi-historiques, mi-anthologiques, tentent une analyse plus ou moins systématique du contenu des œuvres. Le premier grand ouvrage consacré à l'examen de cette littérature est celui de Charles Nisard en 1854, l'Histoire des livres populaires ou de la littérature de colportage. Le succès de l'œuvre nécessitera une seconde édition quelques années plus tard. Ainsi en témoigne Nisard dans la préface de cette réédition : « Aujourd'hui que l'étude des livres populaires, étude dont on a bien voulu dire que j'en avais donné le signal et révélé tout l'intérêt, est cultivée avec une sorte d'entraînement, qu'on publie chaque jour des écrits sur cette matière, à Paris, dans les provinces et même à l'étranger, il m'a paru qu'il était opportun de reprendre mon œuvre primitive. » Puis, en 1885, Nisard renouvelle l'opération en publiant son Essai sur le colportage de librairie.

6 Même si Nisard exagère le volume des publications effectuées sur le sujet, il est certain que la littérature populaire est devenue un thème d'étude, essentiellement pour les

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bibliophiles et les historiens locaux : Émile Socard et Louis Morin à Troyes, et plus tard, en 1928, René Hélot à Rouen, collectionneurs attentifs qui s'attachent à revaloriser un corpus que le parti pris disqualifiant de Nisard a condamné. L'habituelle tension entre populisme et misérabilisme qui s'attache à un grand nombre d'études sur les créations populaires se fait ici clairement sentir. Il faut donc attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que l'on comprenne tout l'intérêt que l'historien peut tirer de l'étude de ces livrets. Ce sont les ouvrages de Pierre Brochon et de Jean-Pierre Seguin qui donnent une impulsion nouvelle aux études sur le sujet. Ainsi, une bibliographie exhaustive recense pour la période 1970-1981, soit pour onze ans, un total de 84 ouvrages ou articles, alors que la décennie précédente n'en dénombre que 23.

7 L'analyse du contenu de la Bibliothèque bleue est malaisée. Robert Mandrou en est conscient dès ses premières recherches. Trois raisons expliquent cette difficulté. La durée du phénomène tout d'abord : les publications s'étendent sur plus de deux siècles, et l'on est amené à constater, sur une telle période, une certaine évolution du corpus, évolution dont une analyse globale ne peut pas rendre compte. Ensuite, le manque de datation ou des dates fantaisistes rendent difficile la perception de cette évolution. La diffusion par Baudot, au début du XIXe siècle, d'ouvrages portant une permission accordée à Pierre Garnier, datant du XVIIIe siècle, est un exemple illustrant bien ces problèmes. Le dernier point, et non le moindre, est qu'il faut travailler sur une fraction plus ou moins importante d'un fonds qui semble avoir été beaucoup plus volumineux. C'est ainsi que certains titres, même si leur nombre est limité, ne nous sont jamais parvenus, comme en témoignent les catalogues de livres ou les listes à la fin et sur les couvertures de certains livrets.

8 En ces années soixante, les questionnements que Robert Mandrou fait émerger sont inédits. Que représentent les ouvrages que nous possédons ? Sont-ce les meilleures ventes, publiées en grand nombre d'exemplaires et que, par les lois élémentaires de la probabilité, nous avions quelque chance de voir parvenir jusqu'à nous ? Mais l'interprétation inverse est, elle aussi, possible ! Les ouvrages à succès sont vendus, lus et relus, et s'abîment donc rapidement, vu leur fragilité naturelle. Ils n'ont donc que bien peu de chances d'être conservés lors de déménagements ou d'héritages. Au contraire, les ouvrages de peu de succès dorment chez l'éditeur et peuvent donc nous parvenir, pourvu qu'un événement extérieur ne disperse pas le stock. Un certain nombre d'ouvrages de la Bibliothèque nationale, pour le XIXe siècle surtout, porte l'estampille « Dépôt légal », ce qui a permis leur conservation, certes, mais ce qui ne nous renseigne pas sur leur succès. Dès son introduction à son livre, Robert Mandrou montre bien qu'il est hasardeux de s'appuyer sur la conservation de quelques exemplaires pour tirer des conclusions sur la popularité de l'ouvrage. Un renseignement plus intéressant semble être la stabilité d'un titre, tout au long de la période retenue, surtout s'il est l'objet de multiples éditions simultanées dans diverses villes. De plus, Robert Mandrou souligne le rôle joué par les livrets à bon marché sortis en énorme quantité durant ces deux siècles de quelques presses champenoises pour être vendus par des colporteurs et il montre comment les éditions parvenues jusqu'à nous constituent, en dépit de la diversité d'origine des textes, un « corpus » révélateur de mentalités et de sensibilités fort différentes des propositions de la littérature savante contemporaine.

9 Dans un premier temps fort de sa recherche, Robert Mandrou s'interroge sur les raisons d'une telle formule éditoriale. La tradition historiographique attribue à Nicolas

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Oudot l'« invention » de la Bibliothèque bleue au tout début du XVIIe siècle. Son imprimerie, à l'enseigne du Chapon d'Or était située à Troyes dans la rue Notre-Dame. Cette opinion sur son origine prévaut au XIXe siècle et est rapportée tant par les érudits ayant abordé le sujet, Antoine Le Roux de Lincy ou Charles Nisard, que par les historiens locaux comme Alexandre Assier, A. Socard, Corrard de Bréban, et Louis Morin. Les ouvrages de Robert Mandrou, de Geneviève Bollème et d'Henri-Jean Martin n'innovent pas sur ce point. Cependant, ils posent des problèmes de chronologie, toujours difficiles à vérifier. Et ils démontrent que l'invention éditoriale ne fut pas instantanée. Il n'est, pour s'en convaincre, que de considérer les premiers ouvrages appartenant à ce fonds, en se reportant au catalogue établi par Alfred Morin. Ils ne se singularisent en fait, par rapport aux autres publications de l'époque, que par leur format réduit. En effet ni le papier, ni le nombre de pages, ni même la typographie et l'illustration ne sentent vraiment la recherche du « bon marché » à tout prix. C'est insensiblement que les ouvrages prendront ces caractéristiques. L'intervention menée par Nicolas Oudot consiste donc à rééditer des ouvrages plus anciens, susceptibles de vivre une « seconde jeunesse », pour peu que les conditions économiques de leur conception et de leur distribution soient modifiées, éventuellement après une correction, le plus souvent une réduction du texte. Une telle opération n'est pas le fait du seul Troyen Nicolas Oudot, mais elle a pu avoir lieu à Lyon quelques années auparavant. Pour quelques-uns des titres publiés à Troyes par Nicolas Oudot, il est possible de retrouver une édition antérieure chez certains éditeurs lyonnais, tels Claude Nourry, Pierre de Sainte-Lucie et, surtout, Benoît Rigaud qui, de 1555 à 1597, imprime et « développe à Lyon le commerce des livres à bon marché ». On voit donc que l'attribution de la paternité des bases éditoriales constitutives de la Bibliothèque bleue est délicate. Il est de toute façon certain que parallèlement, ou même antérieurement aux éditions troyennes du début du XVIIe siècle, des ouvrages de même style ont été publiés.

10 Robert Mandrou analyse le succès qui semble avoir rapidement couronné l'initiative de l'éditeur troyen et de ses successeurs. À cet essor il y a plusieurs explications. Les conditions géographiques tout d'abord : Troyes est située au centre d'une zone, le nord- est de la France, limitée par la ligne Saint-Malo – Genève, zone où les taux d'alphabétisation sont les plus élevés, et cela dès le XVIIe siècle. Les conditions économiques ensuite : l'existence des foires de Champagne, pourtant en sévère déclin à cette époque, n'est pas étrangère au fait que Troyes devienne le centre de la diffusion de cette littérature. Plus vraisemblablement, toutefois, on peut penser qu'une tradition commerciale s'était instituée, puis avait périclité, et que la ville a tenté de la rétablir en recherchant de nouveaux créneaux, en particulier celui de l'édition. De plus, une telle activité a peut-être rencontré à Troyes des conditions favorables à son développement : la crise de l'industrie papetière a pu entraîner la recherche de nouveaux débouchés. La littérature à bon marché en serait donc un. Force est de constater pourtant que le développement de l'imprimerie troyenne n'a pas réussi à rendre à nouveau florissantes les fabriques de papier puisque, à la fin du XVIIe siècle, beaucoup disparaissent et que Jacques Oudot est même obligé d'acheter du papier à l'extérieur de la ville.

11 Quoi qu'il en soit, la prospérité des éditeurs semble être un fait acquis. Robert Mandrou cite deux faits qui appuient cette affirmation. Tout d'abord, le rapide développement de l'impression des livrets bleus. À Troyes même, à la famille des Oudot viennent s'ajouter d'autres imprimeurs concurrents : les Garnier principalement, mais aussi une dizaine

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d'imprimeurs qui voient là le moyen d'échapper aux difficultés rencontrées dans la profession à cette époque. Et la recette semble bonne, car le même livret peut connaître, en un intervalle de temps restreint, deux éditions concurrentes, sans que le débouché ne se ferme. De nouvelles éditions sont même nécessaires quelques années plus tard. Pour illustrer ce fait, l'exemple de l'histoire de Gallien Restauré dont, outre l'édition primitive de Nicolas Oudot datée de 1606, on connaît une édition de 1660 chez Nicolas Oudot, son fils, une de 1679 chez Jean Oudot, une de 1709 chez Jacques Oudot, une chez Jean Garnier sans date, une chez Pierre Garnier avec permission de 1728, une du XIXe siècle sans imprimeur ni date. On voit donc, au travers de ces exemples, l'importance d'un marché potentiel qui autorise de telles pratiques sans que la faillite de ses protagonistes ne s'ensuive pour autant.

12 Le second indice de la prospérité des éditeurs est l'importance des biens qu'ils semblent avoir pu acquérir rapidement. Les inventaires, effectués après le décès de certains éditeurs, et dont nous avons connaissance, sont assez éloquents. Robert Mandrou reproduit celui qui suivit la mort de Jacques Oudot en 1772, et qui fait apparaître une fortune de près de 50 000 livres. En outre, cet inventaire révèle des stocks qui semblent importants : 3 000 douzaines de livrets complets, 3 000 rames à plat de brochures déjà imprimées… C'est donc bien d'une véritable industrie qu'il s'agit, du moins au début du XVIIIe siècle, et à côté des deux grandes familles, les Oudot et les Garnier, on trouve un grand nombre d'autres éditeurs, au succès parfois moins évident, tels les Adenet, Briden, Febvre, Girardon, dont les noms apparaissent plus ou moins fréquemment au bas des couvertures bleues. Il est vraisemblable que seuls quelques-uns sont spécialisés dans la littérature de colportage, et que cette spécialisation n'intervient d'ailleurs que vers la fin du XVIIe siècle, quand le succès de la formule est manifeste. En effet, la plupart des imprimeurs-éditeurs conservent d'autres activités, tel C. Briden, qui possède certes, à son actif, quelques ouvrages de colportage, mais surtout qui édite, seul ou en collaboration avec J. Oudot, un grand nombre de catéchismes à l'usage du diocèse de Troyes au tout début du XVIIIe siècle. Ce double débouché pour les imprimeurs de l'époque est d'ailleurs un fait significatif : la littérature « populaire » à bon marché, d'une part ; la littérature « officielle » de l'Église, de l'autre. Déjà en 1672, selon Robert Mandrou, Nicolas II Oudot était imprimeur de l'évêque de Troyes. Vers 1700, c'est également le cas, comme nous l'avons vu, de C. Briden. Plus tard, au cours du XIXe siècle, de 1820 à 1860 au moins, c'est aussi vrai pour la veuve André. D'abord seule, puis en collaboration avec son gendre André Anner, elle publie de multiples éditions du catéchisme du diocèse de Troyes, ainsi que de nombreux ouvrages édifiants « approuvés par Monseigneur l'Évêque de Troyes », parallèlement à d'autres ouvrages habituellement contestés par l'Église, comme le classique Miroir d'astrologie naturelle. Ce dualisme, constamment présent, est interprété par Robert Mandrou par la partition étanche des publics, populaire et savant. La circulation possible des éditions, d'un public à l'autre, d'un usage à l'autre, d'une fonction à l'autre, n'est guère envisagée par Robert Mandrou, tant il est convaincu que « les petits livres à couverture bleue, almanachs, contes, cantiques, récits mythiques, ont constitué, dans la réalité, un frein, un obstacle à la prise de conscience des conditions sociales et politiques auxquelles étaient soumis ces milieux populaires ». « Littérature populaire, certes, ajoute-t-il, elle véhicule bien, dans le cas présent, une forme d'aliénation. » Mais, confronté à ce qu'il appelle « la juxtaposition de tendances inconciliables », la prédication morale d'inspiration chrétienne et l'exaltation des passions, Robert Mandrou ouvre par ses interrogations la voie à l'exploitation par les historiens des notions de pratique, de

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champ, d'habitus, définies par Pierre Bourdieu. Car l'histoire culturelle s'interroge maintenant sur les ruses de l'utilisation, les adaptations, les compromis de la pratique. Elle porte son attention sur le rapport entre les stratégies d'imposition et, comme l'a écrit Michel de Certeau, les « tactiques d'appropriation ». Roger Chartier, Dominique Julia, Jacques Revel, entre autres, restituent la liberté à l'intérieur des contraintes subies, ils mettent en évidence le jeu des « tactiques d'appropriation ». Ils montrent que les individus ne sont jamais complètement façonnés par les modèles qu'on leur impose et combien il est fondamental que l'histoire en tienne compte, au lieu de raisonner en fonction de modèles dominants, la Réforme, la Contre-Réforme, ou encore l'absolutisme. Or, en 1975, dans la nouvelle édition de son livre, Robert Mandrou ajoute un paragraphe à sa conclusion, où il fait part de ses doutes et de ses questionnements : « Cette juxtaposition pose un problème que nous sommes mal armés pour résoudre, attachés que nous sommes par une longue tradition scolaire et ratiocinante à rechercher et identifier les cohérences de comportements et de discours. Sans doute faut-il admettre que ces exigences n'apparaissaient point nécessaires aux rédacteurs des almanachs et autres livrets de colportage. Ou encore que cette juxtaposition relève d'une philosophie des hommes et de la vie plus compréhensive, capable d'admettre en un même individu la cohabitation des contraires. La question doit être laissée ouverte. »

13 Si Robert Mandrou s'attache en particulier aux éditions du XVIIIe siècle, c'est que c'est une époque faste pour le développement de la littérature de colportage, si l'on en juge par le nombre d'exemplaires conservés et par celui des centres d'édition qui apparaissent en France. Or, paradoxalement, l'édition troyenne semble se stabiliser entre les deux grandes familles des Oudot et des Garnier, ce qui représente une quasi- permanence de quatre éditeurs troyens au minimum. Les autres noms deviennent plus rares sur les couvertures après 1710. Cette situation dure jusqu'en 1769, date à laquelle le nom des Oudot disparaît. En effet, la fille de Jean IV Oudot, devenue propriétaire du fonds après sa mère Jeanne Royer, le vend à Jean-Antoine Garnier. Pour quelques années, les éditions de colportage se trouvent donc entre les mains de la dynastie des Garnier. Cependant, à la veille de la Révolution, de nouveaux éditeurs apparaissent, tels Jacques Sainton, A.P.F. André. La tourmente révolutionnaire ne semble pas avoir apporté une gêne considérable à l'édition des livrets bleus. Lorque Jean-Antoine Garnier, dernier descendant direct des Garnier, devient fou, sa femme, Gabrielle-Anne Boucherat, prend sa succession. Elle divorce d'ailleurs en 1805 mais continue de publier des ouvrages du fonds Garnier de 1790 à 1830, changeant simplement les couvertures qui portent successivement le nom de « Citoyenne Garnier », puis de « Femme Garnier », et enfin de « Mme Garnier ».

14 Une classification des thèmes du corpus était difficile. Robert Mandrou en a réalisé une, sur le seul fonds troyen, soit 450 titres, c'est-à-dire un sondage au dixième. On constate tout d'abord la prédominance des thèmes religieux. Cette prépondérance n'est que le reflet des statistiques concernant les sujets édités à l'époque : les ouvrages religieux étaient généralement prédominants, quel que soit le type de littérature. Encore faudrait-il s'interroger sur l'attribution de certains titres à la Bibliothèque bleue du XVIIe siècle : « Ouvrages quasi savants, publiés souvent avec dédicace et approbation ecclésiastique, ils sont fortement inspirés de traités abscons de théologie », selon Robert Mandrou. Une grande partie des ouvrages religieux est cependant constituée de Vies de Saints, de recueils de prières et surtout de Noëls, dont le succès ne se dément pas. La Grande Bible des Noëls est encore éditée par la Veuve André et Anner au milieu du

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XIXe siècle. L'importance relative de la rubrique « information et instruction » vient toutefois contrebalancer la prédominance des thèmes religieux, surtout si l'on y adjoint les almanachs. À tout moment de leur édition, ces almanachs semblent avoir été très demandés aux colporteurs. À l'appui de ces remarques, Robert Mandrou cite le fait que le catalogue de Nicolas Oudot comporte treize titres différents dès l'année 1672-1673. Il faut cependant noter que, sous l'apparente diversité des titres, on pouvait trouver un fonds commun appréciable. Ainsi au XIXe siècle, Baudot « habille » de couvertures différentes des almanachs identiques, ce qui lui vaut des ennuis avec la commission de censure : « Dans certains pays on ne vend pas un National mais rien que des Babillards, pas un Bavard mais rien que des Radoteurs. Pour ne pas ennuyer la commission, je ne mets, depuis l'estampille, qu'un titre pour les moyens et un titre pour les gros. Une fois ces deux titres et leurs cahiers lus et reçus, j'habille selon les habitudes et idées de chaque pays. »

15 À côté de ces almanachs on trouve quelques ouvrages scientifiques, traités de médecine, d'arithmétique, et d'autres plus techniques, jardinage, cuisine, soins aux chevaux, mais on rencontre surtout des ouvrages ayant trait aux sciences occultes. Cette rubrique renferme enfin des ouvrages traitant des us et coutumes de certains métiers, boulangers, domestiques, de jeux et divertissements, d'éducation, alphabets pour la première étape, secrétaires fournissant des modèles de lettres, souvent pour déclarer son amour, de conseils, Catéchisme à l'usage des grandes filles pour être mariées. Pour Robert Mandrou, c'est là une mine de renseignements sur les usages des catégories sociales concernées, source qui pourrait être intéressante si elle n'était d'un conformisme déroutant. Comme il le remarque, la littérature de colportage n'est pas « engagée ». Elle n'est de plus guère novatrice dans la description des rapports sociaux.

16 La rubrique « fiction » se compose de contes de fées, romans de chevalerie, romans, nouvelles, facéties, burlesque et poissard, théâtre, chansons. La mythologie féerique, pour la nommer comme Robert Mandrou, est une des expressions populaires que les siècles suivants ont retenue. Les contes de fées comme Till l'espiègle ou Fortunatus, débordent largement le cadre de cette Bibliothèque bleue et se retrouvent en d'autres lieux et en d'autres temps. Enfin, la catégorie « romans de chevalerie » est mise en avant par Robert Mandrou car c'est surtout à travers elle qu'a été connue la Bibliothèque bleue. Même si son importance dans le fonds troyen est toute relative (10 % environ), ces ouvrages ont bénéficié de nombreuses rééditions sous des formes variées. Selon Robert Mandrou, « ce fonds de légendaire historique et épique à la fois constitue un document mythologique d'une exceptionnelle importance, pour saisir ce premier stade de l'histoire vécue comme un récit merveilleux ». Les témoignages allant dans ce sens ne manquent pas. Robert Mandrou cite Lenglet-Dufresnoy, entre autres critiques du XVIIIe siècle. Tous s'accordent à voir ici ce qui constitue, dans la Bibliothèque bleue, le « genre » par excellence, la « conscience historique populaire ». Mais « il serait évidemment sans intérêt de soumettre ces légendes à un examen de critique traditionnelle », nous dit Robert Mandrou. Pourtant, « ce cycle carolingien mérite d'autant plus l'attention qu'il s'est constitué au moment même où l'histoire se renouvelle de façon décisive, abandonnant le style et les limites des vieilles chroniques médiévales : de ce travail, qui a commencé avec les contemporains d'Étienne Pasquier dans la seconde moitié du XVIe siècle (avec Fauchet, La Popelinière, du Tillet et bien d'autres) et qui se continue avec les Pithou, de Thou, Jean de Serres, Dupleix, jusqu'à Mézeray, rien n'a été retenu par les libraires troyens. Ignorant ces travaux qui

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s'appliquaient à réfuter « les fables belles et frivoles » dont l'histoire des chroniques était encombrée, le cycle épique du légendaire carolingien s'est imposé comme la seule évocation acceptée du passé français magnifié avec générosité ». Et l'explication de cette discrimination se trouve, nous dit Robert Mandrou, « dans l'intervention constante du merveilleux », inhérente à ces récits épiques : « Une bonne part du succès de ces romans a tenu assurément aux prodiges de ces féeries historiques. » Il est ici certain que Robert Mandrou manque de peu une analyse sur les discontinuités du discours historique, telle que les historiens ont pu s'y livrer après les apports de Michel Foucault. En étudiant les récits de la Bibliothèque bleue dans leur enchevêtrement avec les textes « historiques », il aurait pu les resituer dans le style qui leur était propre, et démontrer par là combien les fictions des éditeurs s'articulaient à celles des historiens du moment, combien les raisons de la normalité des uns pouvaient croiser celles des autres, combien la structuration rhétorique d'un récit légendaire pouvait se faire l'écho de celle d'un manuel historique, combien enfin les systèmes de représentation de chacun étaient convergents, puisque aussi bien aucun de ces textes n'avait véritablement de valeur documentaire, pas plus Les Quatre Fils Aymon de la Bibliothèque bleue que La Sorcière de Michelet. Et, d'une certaine façon, Robert Mandrou le sait bien lorsque dans son livre Introduction à la France moderne, publié en 1961 et réédité en 1974, il écrit : « Michelet domine de toute sa puissance de rayonnement, allant de cime en cime, de génie en génie, Vésale, Rabelais, Shakespeare, Montaigne, Cervantès, tous réunis autour de ce foyer qu'il a créé de toutes pièces : la Renaissance. » Et il ajoute que s'il s'agit bien d'« une création de toutes pièces », c'est que Michelet envisage l'histoire « comme un rêve idéal et romantique ». Dès lors, les historiens de la culture seront en mesure de concevoir l'histoire comme la « Figurazion » de Norbert Elias, cette manière spécifique d'interdépendance des hommes les uns par rapport aux autres, mais aussi comme une écriture du changement, de la rupture et de la crise, et encore comme une lecture de notre adéquation psychique propre à chaque opération culturelle et sociale. D'édition en édition, la Bibliothèque bleue rend compte de l'inventivité et de l'aventure scripturaires révélées par les Almanachs, les Catéchismes poissards, les Jardins d'amour, les Explications sur les prophéties, la Nouvelle Science des gens de la campagne, le Devoir des savetiers, ou encore les Fables d'Ésope mises en français avec le sens moral et des figures à chaque fable. Mais aucun de ces textes n'aurait pu s'écrire si les historiens des XVIIIe et XIXe siècles n'avaient convaincu leurs auteurs et leurs lecteurs que, comme nous le dit George Steiner, « il n'est pour ainsi dire pas de civilisation, pas de conscience individuelle qui ne résonne encore de l'écho d'une lointaine catastrophe » et, puisque « un mauvais tournant a été pris dans « le bois sombre et sacré », l'homme s'est vu obligé de travailler l'existence contre le fil, de peiner socialement et psychologiquement ».

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