CP Retour Sur La Carrière De Patrice Goueslard
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2012 sera synonyme d’anniversaire pour Patrice GOUESLARD. En effet, le pilote normand entamera dans quelques semaines sa 30 ème saison de compétition automobile (première course en 1982, en karting). Une interview un peu décalée de Patrice s’imposait…! Pourquoi ne pas avoir poursuivi votre carrière en monoplace ? Tout simplement parce que je n’avais pas le budget pour faire une saison complète de Formule Renault. C’était en 1991,la guerre du Golfe avait éclaté et les sponsors ne se bousculaient pas. Comme j’aimais bien les GT, et plus particulièrement les Porsche, que mon budget me le permettait, j’ai donc opté pour une saison entière en Porsche Carrera Cup au sein de l’équipe de Michel Nourry. Comme je gagnais souvent en amateur et que je me classais parmi les meilleurs pros, il m’a proposé de faire les 24 Heures du Mans 1994 via une structure Suisse « Haberthur ». Malheureusement, nous avons dû abandonner vers minuit. Mais le charme du Mans avait opéré sur moi… Vous avez disputé les 24 Heures de Spa, du Mans et de Daytona. Quelle course vous attire le plus et pourquoi ne jamais avoir disputé les 24 Heures du Nurburgring ? J’ai toujours aimé la façon décontractée des américains d’organiser leur 24 heures. En ce qui concerne le Nurburgring, c’est d’abord à cause d’un problème de timing. C’était toujours entre les essais tests du Mans et la course elle-même. Ensuite, c’est aussi par manque de budget et d’opportunités. À l’époque, c’était les établissements Chereau qui me finançaient Le Mans, les 12 Heures de Sebring et les 24 Heures de Daytona ; mais ils n’ont jamais voulu faire le Nurburgring, leur priorité étant Le Mans ! Le Mans, qu’est ce que cela représente pour vous ? C’est juste la plus belle course du monde ! En plus, étant normand et habitant à 1h30 du circuit, je joue un peu à domicile. J’aime cette course, je l’ai faite 16 fois. Je voudrais la faire une 17 ème fois mais pas dans n’importe quelle condition. Quelle édition vous a le plus marqué et celle que vous ne garderez pas en mémoire ? Mes meilleurs souvenirs au Mans sont 1997 avec la Porsche 911 GT1 (5 ème au général) et 2006, l’année du podium en GT1 avec mes amis Luc Alphand et Jérôme Policand (Corvette C6-R). J’ai deux mauvais souvenirs. 2000 : une voiture est partie en tête à queue devant moi, a tapé le rail et est revenu sur la piste au moment où je passais avec ma Porsche. J’ai mis un coup de volant pour ne pas prendre la portière et j’ai finalement pris le moteur de l’arrière de l’autre Porsche. Le second est 2009 lorsque je me suis fait pousser dans le mur par Darren Turner alors que nous avions une voiture, un équipage, une préparation optimum de la part de l’équipe de Philippe Poincloux ! Le fait de n’avoir fait que du GT dans votre carrière est-il un choix ? J’avais du mal à faire une saison complète en Formule Renault. Je n’avais donc pas non plus le budget pour faire du prototype ! J’ai donc fait de la Porsche Carrera Cup et si j’ai fait du GT ensuite, c’est sous l’impulsion de l’équipe Larbre Compétition dans laquelle j’ai longtemps couru après mes début chez Nourry. Cette équipe là a récupéré le soutien de Chéreau et c’est donc grâce à Chereau et Larbre Compétition que j’ai pu faire de l’Endurance. On m’a souvent dit qu’un prototype était plus facile à piloter qu’une GT mais si c’est pour faire du prototype pour dire « j’en fais », cela ne m’intéresse pas ! Viser la victoire en LMP2 pourquoi pas, me battre pour le titre honorifique de meilleure LMP1 essence, NON ! À 45 ans, je préfère faire un championnat où l’on peut avoir des chances de résultat final, j’ai besoin d’un challenge… Justement vous venez de parler de deux teams qui ont beaucoup compté pour vous : Larbre Compétition et le team Luc Alphand Aventures. Que représentent-ils pour vous ? Ce sont deux familles qui m’ont aidé à avoir le palmarès que j’ai actuellement. Je suis un pilote assez facile à gérer et quand on est réglo avec moi je reste fidèle et vais au bout de tous mes contrats. Chez Larbre Compétition, grâce à Jean- Luc Chéreau et à Jack Leconte (qui va lui aussi toujours au bout de ses contrats), j’ai passé de très bons moments. Avec le team Luc Alphand, j’ai passé mes quatre plus belles années en GT1. J’avais la même vision du sport auto que mes coéquipiers et s’entendre avec Lucho, ce n’est pas très difficile. Avez-vous des regrets dans votre carrière ? Je ne suis pas quelqu’un qui a des regrets. Quand ma décision est prise, je m’y tiens et je l’assume. Si c’était à refaire, je pense que j’ai plus évolué au niveau caractère. J’étais influençable quand j’étais plus jeune et j’ai donc un peu suivi ce que l’on me proposait. Si cela était à refaire aujourd’hui, je dirais non à certaines choses comme ne pas me laisser « bouffer » par certains pilotes coéquipier ou ne pas courir plutôt que de courir dans une mauvaise équipe. Un seul regret toutefois : le fait de ne pas être assez opportuniste, car dans ce milieu, il faut y être pour réussir à être dans la bonne auto au bon moment ! Vous avez disputé un nouveau championnat en 2011, le Blancpain Endurance Séries. Qu’en pensez-vous ? Ce sont des courses de pseudo endurance car, sur trois heures, nous ne faisons qu’une heure chacun soit trente-cinq tours chrono environ. Moi, ça me booste d’être comparé et jauger par rapport à des coéquipiers comme Olivier Pla, Julien Jousse ou Guillaume Moreau. Ce qui est bien également, c’est que les trois pilotes doivent participer aux qualifications, ce n’est pas un seul pilote concerné et l’on ne le regarde pas tourner des stands ! Par contre, je n’ai pas aimé qu’aux 24 Heures de Spa, des équipes non-inscrites à l’année marquent des points comme nous. Je pense qu’il vaudrait mieux organiser sept courses de trois heures et pour ceux qui le veulent faire les 24 Heures de Spa qui serait une course à part ! Que représentent les couleurs de votre casque ? Ce sont les couleurs de Nigel Mansell. J’aimais bien le caractère un peu fougueux du champion du monde F1 1992. Il a marqué son époque par son agressivité et son audace. Certes, ce n’était pas un Alain Prost au niveau stratégie et technique. En plus, les couleurs sont bleu, blanc, rouge et étant un peu chauvin, j’ai cherché des couleurs du drapeau français. Donc mon casque aujourd’hui est un mélange de celui de Mansell et de mon inspiration. Pour mes enfants, j’ai fait une petite déco sympa où ils sont représentés tous les deux. Ma fille s’appelle Penelope, donc c’est Pénélope dans « les fous du volant ». Mon fils s’appelle Victor, c’est donc « Victor le pirate ». À travers votre parcours, quel pilote est celui avec lequel vous vous êtes le mieux entendu ? Luc Alphand, Jérôme Policand, Olivier Beretta ou encore Vincent Vosse. Ce sont des mecs simples, qui n’ont pas la grosse tête, qui vont vite et avec qui il peut y avoir un dialogue sans arrière penser. Car vos coéquipiers sont souvent vos premiers concurrents directs, pilotant tous ensemble sur la même voiture ! Quel est votre circuit préféré ? Sans hésiter, Suzuka. Je n’y suis allé qu’une fois à l’occasion du BPR mais je suis prêt à y retourner. C’est un circuit ultra-rapide qui nécessite de prendre sur soi pour enchaîner les courbes fond de 4e ou fond de 5e… Quel est votre pilote favori, toute discipline confondue ? Ayrton Senna ! Quel est le titre qui vous a le plus marqué dans votre carrière ? En Le Mans Séries, je dirais le premier chez Luc Alphand car ce sacre était un aboutissement pour l’équipe et l’on courait après depuis 2006. Et puis la concurrence a été sévère cette année-là. Nous avons battu Oreca, Larbre Compétition et le Team Modena. Vous avez conduit presque tout ce qui existe en GT1. Quelle est celle qui vous a le plus marqué et celle que vous auriez aimé piloter ? Ce fut la Porsche 911 GT1 de 1997 avec laquelle j’ai fini 5 ème au général aux 24 Heures du Mans. C’était une voiture fabuleuse, c’était aussi la première fois que je pilotais quelque chose d’aussi puissant. Cette année, en 2011, la pole au Mans était d’un peu plus de 3’27. Pedro Lamy, mon coéquipier à l’époque, avait réalisé 3’40 ! Ça allait très vite… Je regrette de ne pas avoir eu l’occasion de rouler dans la Maserati MC12 surtout que j’ai eu la possibilité de faire les 24 Heures du Mans 2010 avec, mais au dernier moment, l’équipe Vitaphone a retiré son engagement. En tout cas, les GT1 sont les plus belles voitures GT de ces 10 dernières années. Quels sont vos projets pour 2012 ? Malgré le manque de fiabilité de la voiture en 2011, je repars avec le même team et la même voiture : la Ferrari 458 ! Je dis manque de fiabilité, mais ça n’a été le cas que sur notre Ferrari n°10 ! Sur la 2ème voiture du team ASP Prom otion de Jérôme Policand, la Ferrari n°20, les gars ont gagné les 24 Heures de Spa dans leur catégorie Pro Am et ont terminé second au championnat Blancpain Endurance Series ! Je pense que l’expérience de cette saison 2011 va nous permettre de jouer les premiers rôles en 2012 et que nous avons mangé notre pain noir.