Le et le massif du Pilat: une grande histoire d’amour. par Jean BADOL

Bon nombre d’amateurs de la petite reine et de cyclotouristes ont participé à la soi- rée consacrée au Tour de France cycliste et au Pilat. Des moments de bonheur et de sou- venirs, grâce aux Amis de Bourg...

Présentée et animée par Jean-Paul BOURGIER et rehaussée par la présence de Jean- Claude GARDE et Francis SIGUENZA, ex-coureurs cyclistes professionnels, la soirée orga- nisée par notre association, a rassemblé, à la salle André JAMET, un public nombreux et in- téressé.

En préambule, Jean-Paul BOURGIER évoquait les débuts de cette grande course cy- cliste née, pour une part, de la rivalité de 2 journaux sportifs: « Le Vélo » imprimé sur pa- pier vert, créé en 1892 par Pierre GIFFARD, soutenu par de grands industriels tels que Mi- chelin et De Dion Bouton, et « l’Auto Vélo », créé en 1990 par Henri DESGRANGES, avec en toile de fond une France coupée en deux par l’affaire Dreyfus. Imprimé sur papier jaune, d’où la création, quelques années plus tard du célèbre maillot jaune, ce journal qui deviendra « l’Auto » est soutenu par le financier Victor GODDET, père de qui, en 1946, créera « l’Équipe » avec le soutien d’Émilien AMAURY.

Les premiers tours de France:

Bourg-Argental et le massif du Pilat sont intimement liés avec le Tour de France, ne serait-ce que par ses deux premières éditions, qui empruntaient les routes du sud du départe- ment de la Loire.

En 1903, cette course cycliste, dont le tracé évoque plutôt le tour du Massif Central, fait volontairement un crochet , par Saint Etienne, ville prestigieuse alors par sa fabrication de cycles et le col de République première difficulté s’élevant à plus de 1000 mètres, avant de rejoindre la vallée du Rhône et Marseille après avoir notre localité et Annonay.

1904: « les apaches dans la nuit du grand bois »… Par ce titre, volontairement provo- cateur, un journal d’envergure nationale décrit le coup de main, aux environs de la Digon- nière, des supporters d’Alfred FAURE, coureur stéphanois, passé en tête à St Etienne, envers les principaux favoris. Débordé, Henri DESGRANGES s’affolera, tirera des coups de revol- vers pour disséminer les assaillants et, au comble de la fureur, écrira: « jamais plus le Tour de France ne passera dans la Loire ». S’en suivra alors, une longue éclipse qui durera qua- rante six ans…. Après quoi, chaque pas- sage sera mémorable!

1986: , LEMOND et J.François BERNARD dans le col de l’Oeil- De 1950 à … 1999! De qui se fait rejoindre à la croix de l’Aye au triomphe de Jan ULRICH dans le contre la montre...

Henri DESGRANGES révisant sa position, cette grande épreuve cycliste empruntera à plusieurs reprises les routes du Pilat, dans la seconde moitié du vingtième siècle.(Vingt trois fois dont douze dans le sens Pilat/St Etienne) Celles-ci joueront souvent un rôle capi- tal. Citons pour confirmation:

- 1950: Ce jeudi 3 août, 214 km séparent Briançon, la citadelle des hautes Alpes de St Etienne, la capital du cycle. A trente kilomètres de l’arrivée, à Bourg-Argental, Louison BOBET, seul en tête, possède une minute d’avance sur son principal rival Ferdi KUBLER Victime d’une terrible défaillance dans la montée du col, BOBET est rejoint à la croix de l’Aye. A hauteur du village de la Versanne, son co-équipier Raphaël GEMINIANI jette alors toutes ses forces dans la bataille, passe en tête au col de la République avant de rem- porter l’étape de St Etienne. Louison BOBET terminera à la onzième place à six minutes du vainqueur et à plus de cinq minutes de Ferdi KUBLER, second de l’étape. Le tour est perdu pour lui…

- 1956: Rien de saillant en ce début d’étape /St Etienne. On a du retard sur l’horaire quand, à Pélussin, Roger WALKOWIAK, maillot jaune, au cour d’une chute col- lective, perd trente seconde. Profitant de cet incident Gilbert BAUVIN, son principal rival, attaque suivi de BAHAMONTES, GAUL, OCKERS… Ils sont en tête alors de la course dans les premiers lacets du col de l’Oeillon. « WALKO » chasse et après une poursuite acharnée rejoint BAUVIN, à proximité de St Julien M.M. Ils termineront dans le même temps à St Etienne. « WALKO » qui a la couse gagnée ramènera le maillot jaune à Paris, tandis que Stan OCKERS qui passera détaché à Bourg-Argental, terminera en vainqueur dans sa capital du Forez.

Francis SIGUENZA, présent dans la salle et acteur de cette journée mémorable appor- tera aux spectateurs de nombreuses anecdotes sur cette quarante troisième édition du tour de France, ainsi que sur les trois autres auxquelles il a participé. (61 ème en 1954, 44 ème en 1955 et 1956, 51 ème en 1957). 1966: Ferdinand BRACKE, après cent cinquante kilomètres d’échappée sous une pluie battante, gagne détaché à St Etienne. Au cours de cette même étape St Gervais/St Etienne, , malade, victime d’un début de congestion mettra pied à terre et la mort dans l’âme renoncera. « Appuyé sur le cadre de sa machine, les traits tirés, les joues creuses, conscient d’être allé à la limite de sa mesure, il regarda venir à lui cette foule qui depuis longtemps guettait l’événement: son abandon. Dans un dernier geste de tenue, ils sortit son peigne de sa poche et ordonna ses cheveux ». Ainsi s’exprimait Raymond POINTU dans « Miroir Sprint », pour relater le retrait de Jacques ANQUETIL de la route du tour. On ne reverra plus jamais « Maître Jacques » comme coureur, sur la Grande Boucle. Ensuite suivra toute une série d’année où le massif du Pilat sera au cœur de la bataille.

11 juillet 1966

Malade, fiévreux, Anquetil s’est arrêté au bas de la côte de Serrières.

Il arrivera à St Etienne dans l’ambulance.

1977: qui verra Joachim AGOSTINO passer en tête à Chaubouret et gagner à St Etienne.

1985: Où, pour sa première participation, Dominique GARDE (équipe ) pas- sera en tête à Pélussin avant de laisser le grimpeur Lucho HERRERA prendre le large, passer détaché à Chaubouret et remporter l’étape devant PEETERS et LEMOND.

1986: Avec la longue échappée de l’espagnol Julian GOROSPE et la folle des- cente sur St Etienne de Phil ANDERSSON et de Dominique GARDE, qui terminera à la troisième place sur le cours FAURIEL.

Ce 73 ème Tour de France et cette étape en particulier furent longuement détaillés par Jean-Claude GARDE, présent dans la salle. Celui-ci terminera à Paris à la 57 ème place, tandis que son frère Dominique se classait 45 ème et son cousin Gilles MAS 47 ème.

Ensuite, dans la dernière décennie de ce XX ème siècle, le massif du Pilat sera traversé à cinq reprises:

- 1990: Un soleil de plomb et le tour perdu pour CHIAPPUCCI;

- 1992: La pluie et l’envolée de Franco CHIOCCIOLI;

- 1995: La chaleur et la victoire à St Etienne de Maximilian SCIANDRI;

- 1997: Le contre la montre et le triomphe de Jan ULRICH et le dernier passage dans la région en 1999.