Les Espèces Marines Animales Et Végétales Introduites Dans Le Bassin Artois-Picardie
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Les espèces marines animales et végétales introduites dans le bassin Artois-Picardie Jean-Marie Dewarumez (*, 1), François Gevaert (1), Cécile Massé (1), Aurélie Foveau (1), Nicolas Desroy (2) et Daphné Grulois (1) (*) Correspondant pour la fourniture des copies (1) Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences. CNRS, UMR 8187 LOG, 28 avenue Foch, BP 80, 62930 Wimereux, France (2) IFREMER, Laboratoire Environnement Littoral & Ressources Aquacoles Finistère – Bretagne Nord, Station de Dinard, 38 rue du Port Blanc, 35801 Dinard, France Citation bibliographique : Dewarumez J.-M., Gevaert F., Massé C., Foveau A., Grulois D., 2011. Les espèces marines animales et végétales introduites dans le bassin Artois-Picardie. UMR CNRS 8187 LOG et Agence de l’Eau Artois-Picardie. 132140 p. 3 SOMMAIRE b Introduction ....................................................................... 7 b Généralités ....................................................................... 7 b Liste des espèces .............................................................. 10 b Phytoplancton .................................................................. 13 b Macroalgues ................................................................... 17 b Végétaux supérieurs ......................................................... 29 b Cnidaires ........................................................................ 33 b Cténophores ................................................................... 41 b Nématodes ..................................................................... 43 b Annélides Polychètes ........................................................ 45 b Crustacés Cirripèdes ........................................................ 55 b Crustacés Copépodes ...................................................... 65 b Crustacés Mysidacées ...................................................... 71 b Crustacés Amphipodes ..................................................... 73 b Crustacés Décapodes ....................................................... 81 b Insectes ........................................................................... 89 b Bryozoaires ...................................................................... 91 b Mollusques Gastéropodes ..............................................101 b Mollusques Bivalves .......................................................107 b Chordés ........................................................................119 b Références bibliographiques ...........................................127 b Glossaire ......................................................................135 b Rédaction ......................................................................138 b Relecture .......................................................................138 b Crédits photographiques ................................................138 5 INTRODUCTION GÉNÉRALITÉS L’homme ne cesse de modifier son environnement. Même des Une espèce introduite est une espèce qui apparaît dans une interventions qui pourraient paraître anodines peuvent avoir des région où elle n’était pas présente auparavant. En comparaison avec conséquences désastreuses pour l’écosystème. Ainsi, l’introduction une extension naturelle des populations, cette installation est d’espèces étrangères dans un biotope peut engendrer des toujours due à une action anthropique (volontaire ou non). déséquilibres écologiques parfois irrémédiables. En milieu terrestre Boudouresque (1993) a établi des critères afin de reconnaître si une et dans les eaux continentales, les exemples sont nombreux et, en espèce est introduite ou non. général, bien connus. Dans le domaine marin, si les introductions Ces critères sont les suivants : sont moins connues, elles ne sont pas moins fréquentes, et leurs • L’espèce est-elle nouvelle pour l’aire considérée ? conséquences peuvent être tout aussi graves du fait de la difficulté • Existe-t-il une discontinuité géographique entre son aire d’intervention. L’exemple le plus connu est celui de la caulerpe connue et son aire nouvelle ? (Caulerpa taxifolia) en Méditerranée. • La nouvelle station est-elle ponctuelle ?, des biotopes similaires Lorsque ces organismes viennent à se développer hors de leur à celui qui est colonisé, situés au voisinage de cette station aire naturelle, on parle alors d’introduction biologique. Si ces espèces sont-ils (déjà) colonisés ? parviennent à s’installer et à développer des populations pérennes A partir d’une station initiale ponctuelle, la cinétique dans leur nouveau milieu, on les qualifie alors de « naturalisées ». Ces • d’extension de l’aire est-elle cohérente ? C’est le cas de l’algue processus d’introduction et de naturalisation peuvent avoir lieu Sargassum muticum et de l’annélide Marenzelleria viridis qui spontanément mais l’homme y participe souvent, volontairement ou semblent avoir été introduites de façon indépendante dans non. Parmi ces espèces naturalisées, certaines peuvent alors révéler deux sites distincts, comme l'indiquent les figures 1 et 2. un caractère invasif : en proliférant dans le milieu, elles perturbent le fonctionnement des écosystèmes et entraînent la disparition d’autres espèces. Le phénomène d’introduction d’espèces s’est accentué depuis 1950 par les améliorations techniques des bateaux, un des principaux vecteurs d’introduction d'espèces (Gollasch & Leppäkoski, 1999). De plus, la France est un carrefour continental, fluvial et maritime. C’est le seul pays d’Europe à avoir une façade à la fois sur la Mer du Nord, la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée pour un total de 55OO km de côtes. Plusieurs ports d’importance internationale sont situés sur ces côtes notamment Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Brest, Cherbourg, Le Havre, Boulogne, Calais, Dunkerque, etc (Noël, 2002). Cette situation géographique est propice à l’introduction d’espèces. Le but de cet ouvrage est de présenter la liste la plus exhaustive possible des espèces marines introduites sur la Côte d’Opale en Région Nord - Pas-de-Calais. Ce document présente la biologie, l’habitat, la date d’introduction parfois estimée, ou la date de première signalisation, la répartition de l’espèce dans les mers avoisinantes ainsi que les problèmes environnementaux qu’elle pose Figure 1 : Chronologie de l’expansion de l’algue Sargassum muticum éventuellement. le long des côtes atlantiques d’Europe. À partir d’une station et d’une date d’introduction (hypothétique), les courbes correspondent successivement aux années 1960,1970, 1980 et 1990 (Ribera & Boudouresque, 1995). Figure 2 : Distribution de l’annélide Marenzelleria viridis, d’après Gollasch & Leppäkoski, 1999. Pour chaque localité, l’année de la première observation est indiquée. Les flèches indiquent les routes possibles de la progression de l’espèce On dit qu’une espèce est naturalisée lorsqu’elle a trouvé des conditions favorables à son développement, qu'elle se reproduit normalement et s’intègre à l’écosystème comme une espèce indigène. 1 7 Le terme « invasive » est utilisé dans le cas où une espèce indigènes des eaux allemandes de la mer du Nord et de la mer • Des espèces se fixent sur des objets flottants d’origine Économiques introduite prolifère dans le milieu, perturbe le fonctionnement des Baltique. anthropique et dérivent : le cirripède Megabalanus Les effets des espèces du « fouling » sur les constructions marines écosystèmes, entraîne la disparition d’autres espèces et présente en La quantité d’organismes marins transportée dans les eaux de tintinnabulum (cf. p 52) a été observé à plusieurs reprises sur (ports, ponts, bateaux, quais, digues) sont nombreux. Les procédures général un impact économique sérieux. Ces espèces invasives sont ballast semble augmenter. La multiplication des blooms des bouées le long de la côte belge. de nettoyage et l’application de mesures préventives (peinture caractérisées par une grande amplitude écologique, une large aire de phytoplanctoniques dans le monde entier pourrait en être la • Le transport de sables et de graviers (matériaux de « antifouling ») sont onéreuses. répartition géographique, une grande tolérance vis-à-vis des facteurs conséquence directe. L’arrivée massive de coquilles vides et/ou la présence d’odeurs environnementaux limitant pour les espèces indigènes, un taux de construction) peut aussi disséminer de nombreuses espèces. Les sédiments dans les réservoirs des ballasts peuvent causer des désagréments au tourisme. Une croissance rapide reproduction élevé et une efficacité de l’exploitation des ressources Les sédiments prélevés avec l’eau de ballast constituent une Les facteurs favorisant la naturalisation d’une espèce dans un milieu de la végétation dans des baies de faible profondeur peut mettre des trophiques. Par exemple la crépidule, Crepidula fornicata, doit le source d’introduction d’espèces. La quantité de sédiment transportée Les zones susceptibles d’être envahies par une espèce introduite baigneurs en difficulté (eg Sargassum muticum). succès de son implantation au manque de prédateurs et à son cycle de par les navires peut être très importante et suffisante pour permettre sont caractérisées par : Sur les côtes israéliennes, la méduse Rhopilema nomadica vie original. Cette espèce est hermaphrodite protandre : les individus la survie des espèces de l’endofaune, des formes enkystées d’espèces • la présence d’une niche écologique disponible empêche les bains de mer. Les symptômes ressentis par les baigneurs naissent mâles et changent de sexe en vieillissant. Son mode de vie en pélagiques et des spores de macroalgues