FONDEMENTS ET PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHÂTEL

NEUCHNEUCHATEL «Le Canton de Neuchâtel est une république démocratique, laïque, sociale, et garante des droits fondamentaux.» FONDEMENTS ET PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHÂTEL BIENVENUE

BIENVENUE WILLKOMMEN BENVENUTI VOUS VOUS INSTALLEZ DANS LE CANTON DE NEUCHÂTEL, EN PROVENANCE WELCOME DE L’ÉTRANGER OU D’UN AUTRE CANTON. VOUS Y VIVEZ DÉJÀ ET ACCUEILLEZ BEM-VINDO DES NOUVEAUX VENUS. QUELS SONT LES FONDEMENTS DE L’ÉTAT OÙ VOUS BIENVENIDA AVEZ CHOISI DE VIVRE? QU’EST-CE QU’UNE «RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE, MIRË SE VJEN LAÏQUE, SOCIALE ET GARANTE DES DROITS FONDAMENTAUX», AINSI QUE LA DÉFINIT L’ARTICLE PREMIER DE LA CONSTITUTION NEUCHÂTELOISE DU DOBRODOŠLI 24 SEPTEMBRE 2000? HO GELD N Z KU SOO DHOWOW BUN VENIT SZERENCSÉSEN ERKESZTEK VÍTEJTE

INTRODUCTION

La Suisse et le canton de Neuchâtel comme les POURQUOI UNE TELLE NEUCHÂTEL autres cantons suisses sont des États fondés DÉMARCHE? 1 sur un certain nombre de principes juridiques Les fondements et principes d’un BEVAIX - - BROT-DESSOUS - BROT-PLAMBOZ - CORCELLES-CORMONDRÈCHE - - - CRESSIER - qui expriment certaines valeurs et trouvent FRESENS - GORGIER - HAUTERIVE - LA BRÉVINE - LA CHAUX-DE-FONDS - LA CHAUX-DU-MILIEU - LA CÔTE-AUX-FÉES - - LA TÈNE leur origine dans l’histoire de ce pays, et plus État sont généralement transcrits dans les lois, qui sont des règles LE CERNEUX-PEQUIGNOT - - - LES BRENETS - - LES PONTS-DE-MARTEL - LES VERRIÈRES largement dans l’histoire des États modernes LIGNIÈRES - - MONTALCHEZ - NEUCHÂTEL - PESEUX - ROCHEFORT - SAINT-AUBIN-SAUGES - SAINT-BLAISE - VALANGIN juridiques concrètes, que chacun, VAL-DE-RUZ - VAL-DE-TRAVERS - VAUMARCUS et de l’humanité. Ces valeurs sont résumées Suisse comme étranger, est tenu à l’article premier de la Constitution neuchâ- de respecter. teloise du 24 septembre 2000 dont l’alinéa 1 Même s’il n’y a aucune obligation énonce: juridique d’adhérer aux principes eux-mêmes, il faut quand même, pour qu’un État comme Neuchâtel «Le Canton de Neuchâtel est une république puisse fonctionner, qu’une majorité de la population les démocratique, laïque, sociale, connaisse, les respecte et et garante des droits fondamentaux.» s’engage à les défendre.

En d’autres termes, cela signifie que le canton pays qui séjournent en Suisse sont soumis au COMMENT SE DÉFINIT de Neuchâtel est même ordre juridique que les citoyens suis- LA RÉPUBLIQUE un État qui garantit à ses habitants des ses. Ils n’ont cependant aucune obligation ET CANTON DE NEUCHÂTEL? libertés et des droits fondamentaux (État juridique, lorsqu’ils proviennent d’autres cultu- libéral), res, d’adapter leur façon de vivre à celle des C’est un État libéral, démocratique, social et laïc. Suisses». un État dans lequel le peuple participe à la Cela signifie qu’il garantit à ses formation de la volonté et à l’exercice du habitants des libertés et des pouvoir (État démocratique), Même s’il n’y a pas d’obligation juridique d’ad- droits fondamentaux, qu’il fait un État qui accorde à ses concitoyens une hérer à ces valeurs, pour qu’un tel État et participer le peuple à l’exercice certaine protection sociale (État social) une telle société fonctionnent, il faut qu’une du pouvoir, qu’il accorde à ses un État dans lequel il n’y a pas de religion majorité de la population les connaisse et les concitoyens une protection d’État (État laïc), mais où règne, au contraire, respecte. L’engagement à les défendre est de sociale, qu’il n’a pas de religion la liberté religieuse. la libre responsabilité de chacun. d’État et qu’il garantit la liberté Il n’y a pas d’obligation d’adhérer à ces prin- Cette brochure a précisément pour but d’expli- religieuse. cipes et valeurs, ni pour les Suisses ni pour quer et d’illustrer les principes fondamentaux les étrangers mais chacun, étranger comme de l’État libéral, social, démocratique et laïc Suisse, est bien sûr tenu de respecter les que ce pays entend être. Elle veut ainsi présen- lois et règles juridiques concrètes de la ter ces valeurs fondatrices à celles et ceux qui Suisse. Comme le Tribunal fédéral l’a claire- s’installent dans le Canton, mais aussi à celles ment souligné: «les ressortissants d’autres et ceux qui y résident déjà et les accueillent. FONDEMENTS ET PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHÂTEL BIENVENUE

«Un État de droit libéral garantit des libertés fondamentales»

UN ÉTAT LIBÉRAL DÉFINITION

Est libéral un État dans lequel la personne des individus ne peut être une valeur abso- QU’EST-CE QU’UN ÉTAT humaine est au centre du système d’organi- lue (les exigences de santé publique peuvent DE DROIT LIBÉRAL? sation sociale et se voit reconnaître, par l’État, par exemple justifier des vaccinations ou des une sphère d’indépendance, de liberté, qui se contrôles médicaux obligatoires à l’école). C’est un État qui garantit les matérialise par ce qu’on appelle les «droits Il existe donc un mécanisme qui permet droits fondamentaux de la personne humaine, dont le fondamentaux». de limiter ces libertés, de leur apporter ce 3 premier, la dignité humaine, est qu’on appelle des «restrictions». Ces «res- le droit de ne pas être traité de Au cœur de ces «droits fondamentaux» se trictions» sont toutefois soumises à des manière inhumaine et dégradante; trouve un droit qui est à la fois le fondement conditions strictes. Toute restriction doit il protège contre la torture et tout et le premier de tous les droits de la per- notamment être fondée sur une base légale, autre traitement cruel. sonne humaine, la dignité humaine. être justifiée par un intérêt public ou par le souci de protéger un autre droit fondamen- La dignité humaine, c’est le droit de ne pas être tal, et être proportionnée au but à atteindre. traité de manière inhumaine et dégradante, le droit d’être traité comme un être humain et non comme une chose. Elle représente le noyau intangible de la liberté personnelle et LES LIBERTÉS protège par exemple contre la torture et tout autre traitement cruel ou inhumain. Les libertés de la sphère personnelle com- LES LIBERTÉS SONT-ELLES prennent par exemple le droit à la vie et à la DES DROITS FONDAMENTAUX? liberté personnelle, le droit au mariage, la Autour de la dignité humaine, tous les autres liberté de la langue et la liberté de religion. Oui. Il s’agit des libertés de la «droits fondamentaux» peuvent être divisés sphère personnelle, comme le droit à la vie et à la liberté en différentes catégories: libertés (libertés Le droit au mariage, par exemple, garantit à personnelle, le droit au mariage, de la sphère personnelle, libertés de commu- toute personne majeure le droit de se marier la liberté de la langue et la nication et libertés économiques), garanties ainsi que de décider elle-même avec qui elle liberté de religion; les libertés de de l’État de droit et droits sociaux. veut se marier (les mariages forcés sont ainsi communication, qui regroupent la interdits). Ce droit protège donc également le liberté d’opinion et d’expression, Avant de décrire succinctement ces diverses droit de ne pas se marier. Indirectement, il pro- le droit à l’information, la liberté catégories de «droits fondamentaux», il faut tège le droit de vivre en concubinage. d’association, de réunion et préciser que ces derniers, et spécialement La Constitution ne protège toutefois que le seul de manifestation; enfin, les les libertés, ne sont pas absolus. L’État mariage monogame. La bigamie et la polygamie libertés économiques, comme la garantie de la propriété, la peut – et parfois même doit – les restrein- sont interdites, car contraires aux us et coutu- liberté économique et la liberté dre. Ceci s’explique déjà par le fait que les mes suisses. syndicale. différentes libertés des individus peuvent De plus, n’est protégée par le droit au mariage entrer en conflit entre elles (la liberté d’ex- que l’union entre un homme et une femme. Les pression des uns, par exemple, peut heurter couples de même sexe ont cependant la possi- la liberté de croyance des autres). Il peut en bilité de faire enregistrer leur vie en commun de outre y avoir contradiction entre la liberté de manière officielle dans un «partenariat». l’individu et l’intérêt de la collectivité: pour que la vie en société soit possible, la liberté FONDEMENTS ET PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHÂTEL BIENVENUE

UN ÉTAT LIBÉRAL LES LIBERTÉS (SUITE) LES GARANTIES DE L’ÉTAT DE DROIT LES DROITS SOCIAUX

PEUT-ON RESTREINDRE La liberté de la langue, pour prendre un autre Les libertés de communication incluent pour A côté de ces diverses libertés, les garanties Les droits sociaux, enfin, garantissent aux QUELS AUTRES DROITS LES LIBERTÉS? exemple, garantit à toute personne le droit d’uti- leur part, notamment, la liberté d’opinion et de l’État de droit, qui découlent elles aussi de individus certaines prestations de la part de SONT AUSSI GARANTIS? liser sa propre langue ou la langue de son choix d’expression, le droit à l’information, la liberté la dignité humaine, sont des règles qui exigent l’État (voir plus bas, sous l’État social). L’État peut le faire, parce que dans ses relations avec autrui, ses relations d’association, de réunion et de manifestation. de l’État un certain comportement à l’égard Le principe d’égalité de certaines libertés sont en conflit professionnelles et privées notamment, que ce des personnes. A titre d’exemples, on peut L’ensemble même de tous ces droits et traitement, l’interdiction des entre elles. discriminations, ainsi que les soit oralement ou par écrit (ou par la langue des Par exemple, la liberté d’association protège le notamment mentionner l’égalité de traitement libertés – qui fonde le libéralisme – suppose Par exemple, la liberté droits sociaux, qui garantissent d’expression de certains individus signes). Dans ces relations entre particuliers, droit de créer (ou de dissoudre) librement une et l’interdiction des discriminations. le pluralisme, c’est-à-dire la reconnaissance certaines prestations de l’État, peut, dans certains cas, heurter la l’État n’a ainsi, en principe, pas à intervenir dans association, à savoir un groupement organisé et et l’acceptation d’une multiplicité et d’une indispensables au respect de la liberté de croyance des autres. le choix de la langue utilisée. Dans les rapports volontaire de personnes poursuivant un but idéal Le principe de l’égalité de traitement et celui variété d’opinions politiques, culturelles ou dignité humaine. Il peut aussi les restreindre parce entre les particuliers et l’État, en revanche, commun. Cette liberté comprend également le de l’interdiction des discriminations exigent religieuses et de comportements sociaux. qu’il y a contradiction entre la celui-ci peut définir une ou des langues officiel- droit de toute personne d’adhérer ou d’apparte- que l’État traite de manière identique ce qui est 4 liberté de l’individu et l’intérêt de les, dans lesquelles il communique avec les nir à une association, mais aussi le droit de ne semblable et de manière différente ce qui est A son tour, ce pluralisme influence le sys- 5 la collectivité. Toute restriction particuliers et ceux-ci avec lui. La liberté de la pas y adhérer ou de la quitter. dissemblable et lui interdisent de faire des dis- tème politique et constitue la base de la doit toutefois être fondée sur une langue ne confère donc pas un droit général de La liberté d’association ne protège toutefois tinctions qui ne reposent sur aucun fondement démocratie libérale. base légale et justifiée par un s’adresser aux autorités dans n’importe quelle que les associations qui n’ont pas un carac- objectif. Une différence de traitement viole ce intérêt public. langue, la réglementation des langues officielles tère illicite, c’est-à-dire dont les buts (ou les principe ou est discriminatoire lorsqu’elle ne l’emporte en principe sur la liberté de la langue. moyens utilisés) ne sont pas contraires à l’or- repose sur aucune justification raisonnable ou sur En Suisse, les langues officielles de la Confé- dre juridique (cas des associations qui prônent aucun motif pertinent. En particulier, la femme et dération sont l’allemand, le français et l’italien, ou utilisent la violence ou qui représentent une l’homme sont égaux, ils bénéficient des mêmes ainsi que le romanche, dans les rapports avec menace pour l’État, par exemple). La liberté droits et doivent ainsi être traités de manière les personnes de cette langue. Dans le canton d’association peut en outre être restreinte, aux égale. Seuls des motifs comme la maternité per- de Neuchâtel, la langue officielle est le français. conditions habituelles évoquées ci-dessus, par mettent, voire commandent une différence de La loi fédérale sur les étrangers apporte une exemple dans le cas d’une association dont l’ac- traitement. restriction à la liberté de la langue en prévoyant, tivité heurterait la santé ou la moralité publique dans un but d’intégration, que les étrangers «se (par exemple une secte qui mettrait en danger la familiarisent avec la société et le mode de vie en santé de ses adeptes). Suisse et, en particulier, qu’ils apprennent une langue nationale». Dans ce cadre, la Confédé- ration, les cantons et les communes sont tenus Les libertés économiques, enfin, englobent la d’encourager l’apprentissage de la langue. En garantie de la propriété, la liberté économique, outre, l’octroi d’une autorisation de séjour ou ainsi que la liberté syndicale. Tous les étran- d’une autorisation de courte durée peut être lié gers ne sont pas titulaires de la garantie de la à la participation à un cours de langue ou à un propriété et de la liberté économique. Ils ne cours d’intégration. Ce principe s’applique éga- peuvent l’être qu’à certaines conditions, liées lement à l’octroi d’une autorisation dans le cadre notamment à leur titre de séjour en Suisse. du regroupement familial et les autorités compé- tentes tiendront compte du degré d’intégration et de connaissance d’une langue nationale lors de l’octroi d’une autorisation d’établissement ou dans l’exercice de leur pouvoir d’appréciation, notamment en cas de renvoi, d’expulsion ou d’interdiction d’entrer en Suisse. FONDEMENTS ET PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHÂTEL BIENVENUE

«Dans un État démocratique, 6 le pouvoir appartient au peuple» 7

UN ÉTAT DÉMOCRATIQUE HISTOIRE DU DROIT DE VOTE DROIT DE VOTE ET D’ÉLIGIBILITÉ DÉFINITION ET D’ÉLIGIBILITÉ À NEUCHÂTEL À NEUCHÂTEL AUJOURD’HUI

QU’EST-CE QU’UN ÉTAT Est démocratique un État dans lequel le peu- tent à la fois un droit fondamental (le droit Le droit de vote pour les étrangers existe Pour faire partie du corps électoral cantonal QUELS ÉTRANGERS DÉMOCRATIQUE? ple, plus précisément les citoyennes et les des citoyennes et citoyens de participer aux depuis déjà longtemps en matière communale. neuchâtelois (donc pour avoir les droits politi- PEUVENT VOTER? citoyens, participent activement à la forma- décisions politiques au sein de la collectivité Il avait été introduit une première fois en 1849, ques en matière cantonale), il faut remplir les C’est un État où le pouvoir tion de la volonté étatique et à l’exercice du à laquelle ils appartiennent) et une fonction dès l’avènement de la République, puis sup- trois conditions suivantes: Dans le canton de Neuchâtel, appartient au peuple. Il faut les personnes étrangères de 18 pouvoir. ou un devoir (de participer au corps électo- primé en 1861 pour être réintroduit en 1875. être âgé de 18 ans révolus, distinguer les régimes de ans révolus au bénéfice d’une ral comme organe de l’État). L’élargissement du droit de vote au niveau can- ne pas être interdit pour cause de maladie démocratie représentative, où autorisation d’établissement le peuple élit ses représentants, Selon l’intensité de cette participation, on tonal a été tenté une première fois sans succès mentale ou faiblesse d’esprit, (permis C) peuvent: dans un Parlement, voire dans distingue la démocratie représentative de L’acteur principal de la démocratie est donc en 1970, mais a abouti avec la révision totale être suisse et domicilié dans le canton ou, pour Voter sur le plan cantonal après un gouvernement, et ceux la démocratie directe. le peuple. Politiquement et juridiquement, de la Constitution en septembre 2000. C’est les étrangers, être au bénéfice d’une autorisa- au moins cinq ans de domicile de démocratie directe, où le cette notion ne comprend cependant pas donc dès l’entrée en vigueur de la Constitu- tion d’établissement en vertu du droit fédéral et dans le canton. peuple peut, en plus, intervenir Dans un régime de démocratie représentative, tous les habitants, mais seulement les tion, le 1er janvier 2002, que les étrangères être domicilié dans le canton depuis au moins Voter et être élues sur le plan directement par l’initiative et le peuple élit ses représentants, qui agissent citoyennes et les citoyens. Dans plusieurs et les étrangers ont obtenu le droit de vote en 5 ans. communal après au moins un an le référendum. C’est le cas en en son nom; le pouvoir est donc concentré pays, la citoyenneté est réservée aux seuls matière cantonale. En d’autres termes, aujourd’hui, les personnes de domicile dans le canton. Suisse et à Neuchâtel. dans des autorités élues: Parlement et éven- nationaux, et les étrangers en sont exclus. L’éligibilité des personnes étrangères avait étrangères de 18 ans révolus et au bénéfice été introduite à Neuchâtel en 1875, en même QUI DISPOSE DES DROITS tuellement Gouvernement. d’une autorisation d’établissement (permis C) POLITIQUES? Dans un régime de démocratie directe, comme Ainsi, en Suisse, au niveau fédéral, seuls temps que la réintroduction du droit de vote, peuvent: en Suisse et à Neuchâtel, s’ajoute la faculté les Suisses et les Suissesses âgés de 18 mais ce droit avait à nouveau disparu treize ans voter sur le plan cantonal après au moins 5 Ces droits sont conférés aux pour le peuple de participer plus directe- ans révolus sont titulaires des droits politi- plus tard, et ce jusqu’en 2007. Entre-temps, ans de domicile dans le canton; citoyennes et citoyens. Dans la ment à la prise de certaines décisions. Ce qui ques. Les étrangers n’ont donc pas le droit une initiative et un projet de loi (1980 et 1988) voter et être élues sur le plan communal après plupart des pays, les étrangers signifie qu’en plus des élections, les citoyens de vote en matière fédérale. avaient en vain tenté de remettre la question à au moins 1 an de domicile dans le canton. sont exclus de la citoyenneté. En peuvent intervenir, sur des questions concrè- l’ordre du jour. En 2003, une nouvelle initiative Suisse, au niveau fédéral, seuls tes, par l’initiative et le référendum. Le canton de Neuchâtel, en revanche, a proposait que les étrangers soient éligibles les Suisses de 18 ans révolus traditionnellement élargi la définition du tant sur le plan communal que cantonal; un disposent de ce droit. Mais le corps électoral et accordé le droit de vote contre-projet élaboré par les autorités ne pro- canton de Neuchâtel a élargi posait l’éligibilité qu’au plan communal. En juin ce droit à certaines catégories La participation des citoyennes et des et, même, d’éligibilité, à certaines caté- d’étrangers dans sa Constitution citoyens se manifeste au travers de ce qu’on gories d’étrangers, en particulier dans sa 2007, l’initiative a été rejetée mais le contre- de 2000. appelle des droits politiques, qui représen- nouvelle Constitution de 2000. projet accepté, de sorte que, depuis 2007, les personnes étrangères domiciliées dans le can- ton sont éligibles sur le plan communal. FONDEMENTS ET PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHÂTEL BIENVENUE

«Un État social assure une justice sociale et distributive»

UN ÉTAT SOCIAL DÉFINITION

QU’EST-CE QU’UN ÉTAT SOCIAL? Est social un État dans lequel les pouvoirs pu- contenus dans les Constitutions fédérale et D’autres droits sont directement justiciables blics mettent en place une série de mesures cantonale sont assez réduits; ils se limitent et font également partie des droits fondamen- Un État social assure une justice sociales. à des droits qui sont tout à fait essentiels taux. Ce sont par exemple le droit de l’enfant sociale et distributive. Il met pour permettre l’épanouissement de la per- à une formation gratuite ou le droit d’être pro- en place des mesures sociales, Peuvent être qualifiées de mesures sociales, sonne et pour l’exercice des (autres) droits tégé et assisté. pour que chacun puisse avoir une entre autres, celles qui permettent à toute fondamentaux. Les prestations garanties formation, un travail, un logement 8 convenable, une protection personne de bénéficier d’une formation, par ces droits sont, en quelque sorte, celles L’enseignement de base suffisant est une 9 sociale (chômage, vieillesse, d’avoir un travail pour subvenir à ses besoins, qui sont indispensables au respect de la di- condition essentielle pour l’égalité des maladie, accident). d’être protégée contre les conséquences du gnité humaine. chances entre toutes les personnes. Le droit Il garantit les droits sociaux, chômage, de trouver un logement convena- à un enseignement de base suffisant et indispensables au respect de ble, de bénéficier d’une protection sociale, Le droit à des conditions minimales gratuit est donc élémentaire pour une société la dignité humaine, à savoir le en particulier dans les cas de vieillesse, de d’existence par exemple, est un droit démocratique. Tous les enfants domiciliés en droit à des conditions minimales maladie ou d’accident. directement justiciable. Il offre une garantie Suisse, indépendamment de leur nationalité et d’existence et le droit à un minimale, limitée aux personnes qui se du statut de résidence de leurs parents, sont enseignement de base suffisant Il faut toutefois distinguer, parmi toutes ces trouvent dans le besoin. Ainsi, quiconque se titulaires de ce droit. et gratuit. mesures, celles qui relèvent de véritables trouve dans une telle situation a droit à un droits sociaux de celles qui ne représentent logis, aux soins médicaux nécessaires et aux que de simples buts sociaux. moyens indispensables au maintien de sa En dehors de ces droits sociaux, les autres dignité. mesures de politique sociale mises en place Les droits sociaux, tout comme les autres Ce droit peut toutefois être limité s’il y a abus par l’État ne sont pas directement justiciables, droits fondamentaux, sont justiciables, en ce de droit ou si la personne refuse un travail mais supposent une intervention du législa- sens qu’ils peuvent être directement invo- convenable par exemple. Ainsi, en vertu du teur, qui doit les concrétiser. Ces mesures so- qués devant les tribunaux et qu’un juge peut principe de subsidiarité, le Tribunal fédéral ciales ont en outre, en général, un caractère les mettre en œuvre sans avoir besoin d’une a jugé que l’État n’est pas tenu d’octroyer subsidiaire et elles sont limitées. En effet, l’en- concrétisation par le législateur. Ils tendent une aide matérielle à la personne concernée gagement des pouvoirs publics se fait dans – contrairement aux droits fondamentaux si celle-ci est, objectivement, en mesure le cadre des moyens (notamment financiers) plus «classiques» – non pas à une absten- de se procurer des ressources suffisantes, disponibles et il intervient le plus souvent, tion de l’État (respect de la sphère protégée en acceptant un travail convenable ou en comme le dit la Constitution, «en complément du particulier), mais à une prestation posi- participant à des mesures d’occupation ou de l’initiative et de la responsabilité des autres tive de l’État. De ce fait, et compte tenu des d’intégration, mais s’y refuse. collectivités et des particuliers». moyens limités de l’État, les droits sociaux FONDEMENTS ET PRINCIPES DE LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE NEUCHÂTEL BIENVENUE

«Un État laïc ne connaît pas de religion d’État mais garantit la liberté de religion»

UN ÉTAT LAÏC DÉFINITION LA LAÏCITÉ

COMMENT SE DÉFINIT Est laïc un État dans lequel l’État et les insti- Comme tout droit fondamental, la liberté reli- Le principe de la liberté religieuse implique UN ÉTAT LAÏC? tutions publiques sont séparés des Eglises et gieuse peut cependant être restreinte, aux en effet pour l’État un devoir de neutralité des autres communautés religieuses. Il n’y a conditions habituelles, c’est-à-dire si la limita- confessionnelle, c’est-à-dire une obligation C’est un État où les institutions donc pas de religion d’État, mais un régime qui tion se fonde sur une base légale, si elle est d’ouverture des pouvoirs publics à l’égard publiques sont séparées reconnaît la liberté religieuse. justifiée par un intérêt public prépondérant et de toutes les convictions religieuses et des Eglises. Il n’y a pas de si elle respecte le principe de la proportion- philosophiques. religion d’État, mais un régime 10 reconnaissant la liberté nalité. Seule toutefois l’expression extérieure Cela n’oblige cependant pas l’État à adopter 11 religieuse. Cette liberté englobe peut être limitée, l’aspect intérieur – le droit une attitude dénuée de tout aspect religieux; il la liberté de conscience et de LA LIBERTÉ RELIGIEUSE de se forger une conviction – étant considéré peut ainsi privilégier certaines communautés croyance, ainsi que la liberté des comme l’essence même du droit fondamental, religieuses, en leur accordant une reconnais- cultes. En vertu de cette liberté, La liberté religieuse – qui comprend la liberté auquel il ne peut en aucun cas être touché. sance particulière, sans pour autant porter une commune neuchâteloise de conscience et de croyance ainsi que la atteinte à la liberté religieuse. C’est ce qu’a ne peut interdire à une élève liberté des cultes – est le droit de toute per- Ainsi, par exemple, dans le canton de Neuchâ- fait le canton de Neuchâtel, en reconnaissant musulmane de porter le foulard sonne d’avoir et de pratiquer, sans ingérence tel, les autorités ont jugé que les communes ne à trois Eglises chrétiennes le statut d’institu- en classe. Mais il n’en va pas de de l’État, une certaine croyance ou une cer- pouvaient interdire à une élève musulmane de tions d’intérêt public. Si l’État ne semble ainsi même pour une enseignante, car taine conception du monde et des rapports de porter le foulard en classe. pas totalement laïc, il est toutefois séparé cela est contraire au principe de la neutralité confessionnelle des l’humain avec la divinité. Elle inclut la liberté Le Tribunal fédéral a jugé qu’il n’en va par contre de toutes les communautés religieuses, qui écoles publiques. de croire ou de ne pas croire, de croire en plu- pas de même pour ce qui est du port du foulard sont donc indépendantes. Cette différence L’État a l’obligation d’être ouvert à sieurs dieux ou en un seul (celui de son choix), islamique par une enseignante de l’école pri- de traitement, inhérente à tout statut pri- toutes les convictions religieuses d’affirmer sa foi ou son incrédulité, ainsi que maire publique: l’interdiction du foulard n’est en vilégié, s’explique à la fois par le poids de la et philosophiques. Mais cela ne de manifester sa religion ou sa conviction, en l’occurrence pas contraire à la liberté religieuse, démographie et par l’histoire (la majorité de la l’empêche pas de reconnaître à privé comme en public, notamment en créant aux motifs que le principe de la neutralité confes- population du canton est chrétienne comme trois Eglises chrétiennes le statut des associations religieuses et en participant sionnelle des écoles publiques et de l’État – que l’est la culture traditionnelle du canton). Mais d’institutions d’intérêt public. aux actes de culte correspondants, mais aussi l’enseignante représente de par sa fonction – la Constitution cantonale prévoit la possibi- par la parole, l’écriture, l’image, la musique ou l’emporte sur sa propre liberté de croyance. lité d’étendre cette reconnaissance d’intérêt encore le port de vêtements ou d’accessoires public à d’autres communautés religieuses religieux. qui le demandent.

CONCLUSION

ET LA TOLÉRANCE? En tant qu’État libéral, social, démocratique et laïc, la Suisse, et le canton de Neuchâtel en Tolérance et ouverture d’esprit: La tolérance Un État libéral, social, particulier, cherche à offrir à ses habitants un définit la capacité d’un individu à accepter une démocratique et laïc suppose que certain nombre de droits: droits fondamentaux chose avec laquelle il n’est pas en accord ou BIENVENUE les individus qui le composent et libertés individuelles, droits politiques et de qui diffère de ses propres valeurs. Ainsi, si les acceptent et tolèrent la WILLKOMMEN participation à l’exercice du pouvoir, et droits peuples se caractérisent naturellement par leur diversité des opinions. Seules la BENVENUTI diversité, c’est la tolérance, l’ouverture d’esprit, tolérance et l’ouverture d’esprit sociaux. WELCOME peuvent assurer l’équilibre des le respect et l’appréciation de la richesse et de collectivités mixtes. Même s’il n’y a pas d’obligation juridique d’ad- la diversité des cultures qui peuvent assurer BEM-VINDO hérer à ces principes et valeurs d’un État l’équilibre au sein des collectivités mixtes. BIENVENIDA libéral, social, démocratique et laïc, un tel État MIRË SE VJEN ne peut fonctionner que si une majorité de sa DOBRODOŠLI population connaît, reconnaît et respecte ces principes et valeurs. Chacun a la libre respon- HO GELD N Z sabilité de s’engager à les défendre. En tous KU SOO DHOWOW les cas, un tel État suppose que les individus BUN VENIT qui composent la société acceptent et tolèrent SZERENCSÉSEN ERKESZTEK la diversité et le pluralisme des opinions et VÍTEJTE des conceptions. Ainsi, par exemple, si toute personne jouit de la liberté religieuse, elle doit aussi tolérer et respecter la liberté religieuse d’autrui. BIENVENUE 12

BEVAIX - BOUDRY - BROT-DESSOUS - BROT-PLAMBOZ - CORCELLES-CORMONDRÈCHE - CORNAUX - CORTAILLOD - CRESSIER - ENGES FRESENS - GORGIER - HAUTERIVE - LA BRÉVINE - LA CHAUX-DE-FONDS - LA CHAUX-DU-MILIEU - LA CÔTE-AUX-FÉES - LA SAGNE - LA TÈNE LE CERNEUX-PEQUIGNOT - LE LANDERON - LE LOCLE - LES BRENETS - LES PLANCHETTES - LES PONTS-DE-MARTEL - LES VERRIÈRES LIGNIÈRES - MILVIGNES - MONTALCHEZ - NEUCHÂTEL - PESEUX - ROCHEFORT - SAINT-AUBIN-SAUGES - SAINT-BLAISE - VALANGIN VAL-DE-RUZ - VAL-DE-TRAVERS - VAUMARCUS

Auteurs Pascal Mahon, professeur de droit constitutionnel Fanny Matthey, assistante de droit constitutionnel Chaire de droit constitutionnel - Faculté de droit / Université de Neuchâtel

En collaboration avec Service de la cohésion multiculturelle (COSM) Communauté pour l’intégration et la cohésion multiculturelle (CICM)

Avec l’appui de Etienne Piguet, professeur – Institut de géographie Gianni d’Amato, professeur – Institut SFM Faculté des lettres et sciences humaines / Université de Neuchâtel

Mémento Stéphane Devaux, journaliste

Graphisme Inox Communication SA, Neuchâtel

Photos Guillaume Perret / Stefano Iori, Ville de Neuchâtel / Bernard Vaucher, Ville du Locle

Édition 2015 NEUCH

DÉPARTEMENT DE L’ÉCONOMIE ET DE L’ACTION SOCIALE SERVICE DE LA COHÉSION MULTICULTURELLE AVENUE LÉOPOLD-ROBERT 90 2300 LA CHAUX-DE-FONDS T +41 (0)32 889 74 42 F +41 (0)32 889 62 49

Consultez le texte de la Constitution neuchâteloise à l’adresse www.ne.ch ou www.ne.ch/constitutionNE