Institut des Sciences Humaines (ISH) Laboratoire Citoyennetés (LC) Organisation Néerlandaise de Développement (SNV)

PROGRAMME DE RECHERCHE ET D’ACTION SUR ETAT ET CONTEXTE DE LA FOURNITURE DES SERVICES PUBLICS

COMMUNE RURALE DE -

Mars 2009 Yaouaga Félix KONE Kadari Traoré

1 TABLE DES MATIERES

Liste des abréviations…………………………………………………………………4 Introduction……………………………………………………………………………5

I - CONTEXTE DE LA CREATION DE LA COMMUNE RURALE DE KIBAN ...7 I.1. Processus de constitution de la commune …………………………………7 I.2 – Pouvoirs traditionnels et décentralisation ……………………… . 8 I.3 - Kiban : la mégapole de la commune……… ……………….. 9 I.3.1 - L’origine et l’arrivée des grandes familles……………… 9 I.3.2 - ordre précolonial et de marquage patronymique de l’espace villageois………………………………………………………. 10 I.3.3 - Ordre colonial et logique comptable… …………………11

II. LE PAYSAGE POLITIQUE ……………………………………………………..12 II.1 – Révisions et repositionnements………………………………………. 12 II.2 – le vestibule et la régulation du jeu politique ………………………. 13 II.3 - Une construction communale hypothéquée par les acteurs politique….. 13

III. L’ADMINISTRATION COMMUNALE …………………………………… 16 III.1. Le conseil communal……………………………………………………..16 III.2. Le bureau communal ..…….……………………………………………..16 III.3. Le maire : un homme piégé par son lignage…...…………………………16 III.4. Les commissions de travail …………………………… … 17 III.5. Le personnel de l’administration communale …….……… 18

IV. LES PARTENAIRES TECHNIQUES ET FINANCIERS ……...... ………….. 19 IV.1. Les ONG : le Plan Mali …………… ……………………………...19 IV.2. Les associations ……………… ………………………………… 19 IV.3. Les grands programmes de développement……………… 19

V. LES SERVICES PUBLICS DANS LA COMMUNE DE KIBAN …..………… 21

V.1. Les services relevant de la compétence de la commune…… … 21 V.1.1. L’état civil : les actes…………………………………………… 21 V.1.1.1 . Les actes de mariage ………………………… 22 V.1.1.2. Les actes de naissance ………………………… 22 V.1.1.3. Les certificats de décès ……………………………… 22 V.1.2. L’éducation………………………… …………………………….23 V.1.2.1. Les principaux acteurs et leurs missions respectives .….. 23 V.1.2.2. Les compétences transférées ………………………… 25 V.1.2.3. Le système éducatif dans la commune de Kiban …….…26 V.1.2.3.1. Les écoles publiques … ……………………….. 26 V.1.2.3.2. Les écoles communautaires ………………….. 27 V.1.2.3.3. Les médersas …………….……………………… 28 V. 1.2.3.4.Les centre d’éducation pour le développement… 29

2 V.1.3. La santé……………………………………………………………... 29 V. 1.3.1. Le centre de santé communautaire de Kiban………………. 30 V.1.3.1.1. Le personnel ………………………… V.1.3.2. Les accoucheuses traditionnelles ……………………………31 V.1.3.3 la production du service de la santé dans la commune 31 V.1.4. L’hydraulique…………………………… ……… ………………33 V.1.4.1. L’hydraulique à Kiban : un réseau d’adduction d’eau……….34 V.1.4.3. L’hydraulique dans les autres villages ....36

V. 1.5. La mobilisation des ressources financières… …………… ………...37 V.1.5.1. Le recouvrement de la TDRL : malaise général …………37 V.1.5.2. Le marché : une gestion refusée à la commune …………40

V.2. Les services déconcentrés de l’Etat …… ……………………………...... 42 V.2.1. L’agriculture………………………………………………………… 42 V.2.1.1. Des réformes perturbantes ………………………………….. 42 V.2.1.2. Un encadrement distant ………………………………………43 V.2.1.3 Une production agricole déficitaire …..…………………… 43 V. 2.2. L’élevage…………………………………………………………… 43 V.2.2.1. Le service vétérinaire ………………………………… 43 V.2.2.2. L’unité agricole de production et de l’industrie animale ……44 V.2.3. La conservation de la nature………….…………………………….. 44 V. 2.2.1. Le personnel ……………………………………………… 44 V.2.3.2. L’équipement . …………………………………………… 44 V.2.3.3 Les services fournis …………… ………………………… 45 V.2.4.Le service social… ………………………………………………… 46 V.2.4.1. Les missions … …………………………………………….. 46 V.2.4.2. Les conditions d’accès aux services … ……………………. 46 V.2.5. Service de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances …. 47

Conclusion………………………………………………………………………………48

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LISTE DES SIGLES ET ABRVIATIONS

ADEMA – PASJ : Alliance pour la Démocratie au Mali – Parti Africain pour la Solidarité et la Justice AEPA Adduction en Eau Potable et Assainissement APE Association des parents d’élèves ASACO Association de Santé Communautaire ATR Accoucheuse traditionnelle CA Centres d’Alphabétisation CED Centre d’Education pour le Développement CFEPCEF Certificat de Fin d’Etudes de Premier Cycle de l’Enseignement Fondamental CGS Comité de Gestion Scolaire CLO Comité Local d’Orientation CPN Consultation Prénatale CSCOM Centre de Santé Communautaire DEF Diplôme d’Etudes Fondamentales DV Dépôt de Vente ECOM Ecole Communautaire FODESA Fonds de Développement en Zones Sahéliennes IEC Information Education et Communication IFM Institut de Formation des Maîtres ONG Organisation Non Gouvernementale PARENA : Parti pour la Renaissance Nationale PASAOP Programme d’Appui aux Secteurs Agricoles et Organisations Paysannes PC Pédagogie Convergente PEM Point d’Eau Moderne PF Planning Familial PNVA Programme National de Vulgarisation Agricole PPCB Péripneumonie Contagieuse des Bovins PRODEC Programme Décennal de Développement de l’Education PTF Partenaire technique et Financier PTT Poste Téléphone Télégramme PUDP Parti pour l’Unité la Démocratie et le Progrès RACE Recensement Administratif à Caractère Electoral SLACAER Service Local d’Appui et d’Equipement du monde Rural TDRL Taxe de Développement Régional Local UAPIA Unité Agricole de Production de l’Industrie Animale

4 INTRODUCTION

Désormais, le principe de la libre administration est bel et bien consacré comme mode de gestion des affaires et du développement au niveau local. Il a été instauré avec la réorganisation territoriale et administrative que constitue la formation des communes (703 communes) et consolidé par les élections communales qui ont permis aux citoyens de choisir les personnes qui sont investies de cette mission de développement national et local.

La mise en œuvre du processus de décentralisation conduit, tout naturellement, à une mutation sur le plan institutionnel. Cette mutation est incontestablement une reforme profonde de l’Etat. En effet, l’Etat a procédé à un transfert de certaines de ses compétences à des entités territoriales et administratives dotées de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Ainsi, les nouvelles communes rurales sont désormais investies de missions auparavant exercées par l’administration classique d’Etat dans les domaines bien définis. Parmi ces missions figure la fourniture, directe et/ou indirecte, de services publics aux citoyens de la commune.

En 2006 et 2007, nos investigations sur l’état et les conditions de fourniture des services publics se sont déroulées dans la commune rurale de . Dans cette commune, nous avons analysé, entre autres, le type de services publics offerts et demandés, les prestataires de services, les logiques qui sous-tendent l’offre de service, les logiques qui sous-tendent les demandes de services. Ces analyses ont permis de constater des points de convergence aussi bien que des malentendus entre prestataires et usagers de services publics et les diverses stratégies « sélectives » développées par chaque partenaire.

Les constats établis et les conclusions faites sont-ils la résultante de la spécificité de la commune de Sirakorola ou sont-ils des caractéristiques générales du processus de décentralisation au Mali ? Les investigations réalisées dans la commune de Sirakorola ne peuvent permettre une réponse satisfaisante. Aussi, a-t-il été décidé d’étendre les investigations à une autre commune qui diffère, par certains traits à déterminer, de la commune de Sirakorola.

Animés par le souci de rester dans la région de , pour ce faire nous avons porté notre choix sur une commune du cercle de , dont le chef lieu est distant de 90 km de la ville de Koulikoro. Si ce choix a été effectué par les chercheurs et le point focal de la SNV, celui de la commune a été fait avec la participation active du Comité Local d’Orientation (CLO). Les chercheurs et le point focal SNV avaient auparavant produit un certain nombre de critères qui devaient marquer des différences notables avec Sirakorola. Ces critères se résument aux aspects suivants, entre autres : - la taille de la commune – la commune à choisir devrait avoir moins de villages que Sirakorola qui en a 55 ; - la non implantation de services déconcentrés ; - la population – Sirakorola est composée de Bambara en majorité, la prochaine commune doit avoir un autre groupe ethnique majoritaire ;

5 - le taux de recouvrement – la commune à choisir devrait avoir un taux de recouvrement très inférieur à celui de Sirakorola

A l’issue des débats, la commune de Kiban a été retenue. La commune rurale de Kiban, à l’instar des autres communes rurales du Mali, doit désormais assumer des compétences qui lui sont transférées en vue de faire face au développement local. A ce titre nous pouvons retenir notamment, les Décrets fixant les détails des compétences transférées de l’Etat aux collectivités territoriales en matière d’éducation, de santé et d’hydraulique rurale et urbaine.

Regroupant un total de six (6) villages et une population de 11 090 habitants, la commune doit assurer la gestion et la promotion de l’Education, de la santé, de l’hydraulique rurale, de l’état civil, du recouvrement des impôts et taxes, de l’environnement, de la sécurité, du développement rural et social. Elle doit le faire en étroite collaboration avec d’autres services notamment les services techniques déconcentrés de l’État sous la tutelle du représentant de l’Etat.

6 I. CONTEXTE DE CREATION DE LA COMMUNE RURALE DE KIBAN :

I.1 - Processus de constitution de la commune : On est tenté de se demander, au regard de sa petite taille et de la proximité (10km) de Banamba (chef lieu de cercle, chef lieu de commune, ancien chef lieu d’arrondissement central et siège de concentration de tous les services déconcentrés de l’Etat), pourquoi Kiban n’est pas simplement allé avec Banamba dans le cadre de la communalisation. Les réponses sont d’ordre historique et politique.

Kiban : capitale d’un ensemble fédéral précolonial En guise de réponse à cette interrogation, on soutient que Kiban est la première capitale d’un collectif de sept (7) villages solidaires pour lutter contre les attaques et les guerres qui remontent à la période pré coloniale. C’est une zone qui a connu l’exercice des pouvoirs féodaux avec la pratique de l’esclavage agricole. Plus tard la capitale fut transférée à Touba. Fort de ce passé dominateur, Kiban se considère par conséquent, sur le même pied d’égalité que Banamba. En définitive, il n’a pas manqué cette occasion offerte par la décentralisation pour s’ériger en commune, au même titre que Banamba.

Kiban sous tutelle Pendant la colonisation, Kiban ne sera qu’un simple village rattaché à Touba devenu chef lieu de canton. Le village de Kiban, selon les notables, a beaucoup souffert des agissements des chefs de canton de Touba, notamment lors du recouvrement des impôts. Kiban n’oubliera jamais cette période sombre de son histoire. Avec l’avènement de l’indépendance, Touba sera érigé en chef lieu d’arrondissement et gardera toujours Kiban sous sa tutelle.

A force de lutter pour s’émanciper de Touba, Kiban finira par obtenir son rattachement à l’arrondissement central de Banamba. Ce rattachement, bien qu’étant toujours une tutelle, est de loin préférable à celui de Touba situé à 12 km, alors que Banamba n’est qu’à 10 km.

L’émancipation de Kiban avec la communalisation La commune de Kiban a été formée selon un mode de constitution particulier. En effet, dès les premières heures de l’annonce de la décentralisation, le village de Kiban a affiché sa ferme intention de s’ériger en commune, seul ou avec d’autres villages.

Fort de cet acquis, le village de Kiban n’a pas eu assez de difficultés à convaincre ses voisins pour se regrouper et former la commune. Les autres villages qui constituent donc, avec Kiban, la commune rurale de Kiban sont venus d’eux-mêmes, pour des intérêts et calculs divers (Cf. infra).

Une adhésion libre et volontaire Les autres villages de la commune estiment que certains de leurs problèmes se règlent plus facilement à Kiban qu’à . A titre d’illustration, la motivation profonde de M’Piabougou tient aux facilités d’accès aux services de santé. En effet, ce village est

7 situé à 20 km de Toukoroba (son ancien chef lieu d’arrondissement) et à 20 km de Kiban. En matière de services d’offre de santé, Toukoroba est moins équipé que Kiban et fait en plus régulièrement face des problèmes de prise en charge et de disponibilité des médicaments. Les usagers qui vont à Toukoroba, s’ils n’ont pas obtenu satisfaction (ce qui est assez courant), sont obligés de parcourir 40 km pour rallier Kiban (dont le centre serait mieux équipé selon nos sources). Ainsi, pour une demande de services de santé non satisfaite, l’usager aura fait le triple du trajet (60 km) au lieu de 20 km. En plus, en cas de complication, s’il faut aller à Banamba (en référence au Centre de Santé de Référence), vaut mieux que cela se passe à Kiban qui n’est qu’à 10 km qu’à Toukoroba. On comprend aisément donc les raisons du rattachement du village de M’Piabougou à la commune de Kiban.

Les villages de Dialakoro Bambara et Dialakoro Peulh, sont situés à 30 km de Toukoroba (leur ancien chef lieu d’arrondissement) et à 16 km de Kiban. D’un commun accord, ces villages ont librement choisi de regagner la commune de Kiban. Ils ont pris cette décision à cause, disent-ils: « de la distance (30km) entre Dialakoro et Toukoroba, nous sommes allés à Kiban. Nos enfants y vont à l’école et nos problèmes de santé sont réglés là bas. En outre Kiban était initialement installé ici avant de se déplacer sur le site actuel. Certaines familles de Kiban viennent à présent cultiver leurs champs ici car leurs ancêtres étaient là. » a déclaré un des notables du village. En plus des intérêts évoqués, on se rend compte qu’il existe des liens d’ordres historiques et économiques (maîtrise foncière) entre ces deux villages. Les autres villages (Thiérola et Bako) ont le même type d’argumentaire pour expliquer leur attachement à la commune.

La commune de Kiban, qui regroupe 6 villages et 13 hameaux de culture, est limitée au Nord et à l’Ouest par la commune rurale de Banamba, au Sud par celle de Dougouwolowula, à l’Est par la commune rurale de Toukoroba. Les villages de la commune sont : Kiban, Dialakoro bambara, Dialakoro Peulh, Baco, Thiérola, et M’Piabougou. La commune rurale compte une population de 11 090 habitants repartie entre Soninké (majoritaires), bambara et peulh.

I.2 – Pouvoirs traditionnels et décentralisation: Si d’une façon générale, il est connu et reconnu que les chefs traditionnels ont été instrumentalisés depuis la période coloniale jusqu’à l’avènement de la démocratie sous la 3e République, force est de reconnaître que cette tendance est Inversée à Kiban où les chefs traditionnels apparaissent comme des acteurs incontournables dans les prises de décisions, dans la promotion des partis politiques ou dans l’élection des Maires.

Selon certains chefs traditionnels à Kiban, Dialakoro Peul et Dialakoro Bambara, la troisième République fut une période de réhabilitation des chefs traditionnels en ce qu’ils sont associés à toutes les prises de décision, ils sont présents à toutes les étapes du processus de décentralisation depuis le regroupement inter villageois jusqu’à la création des communes. La décentralisation ayant été interprétée comme un retour du pouvoir à la maison, il ne pouvait en être autrement, dans un premier temps.

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En plus de leur implication dans la mobilisation des ressources, les chefs traditionnels participent à l’élaboration du programme de développement économique social et culturel (PDSEC).

Par ailleurs, ils sont les premiers interlocuteurs des partis politiques qui souhaitent s’implanter dans un village. L’attachement d’un village à un parti politique est fonction des promesses électorales et de leur relative réalisation, aux fins de fidélisation d’un l’électorat incertain. Les promesses électorales étant rarement tenues, la plupart des responsables villageois ont opté pour : « le bolo bila nyen » (la main devant), une façon de dire aux responsables politiques candidats à des postes électifs : des actes d’abord, après les voix vous seront accordées. Cette attitude traduit l’état de la confiance qui règne entre les hommes politiques et les électeurs au niveau local.

I. 3 - Kiban : la mégapole de la commune Créé vers 1780, le village de Kiban, initialement appelé Dandougou était la capitale de quatre villages gouvernés par Mari Coulibaly au compte du roi de Ségou.

L’histoire des peuplements est émaillée de déplacements massifs de populations d’un point vers un autre. Les raisons de ces mouvements migratoires sont multiples et variées. Mais, on retiendra que de façon générale, les mouvements migratoires sont pour la plupart liés aux conflits, aux épidémies, aux catastrophes naturelles et enfin, au souci de quête d’une terre propice.

Le cas proprement dit de Kiban n’échappe pas à certains de ces différents cas de figure. A propos de l’histoire de Kiban, nous avons enregistré deux versions dominantes récurrentes. Dans une première version (officielle), celle qu’on présente au passant, à l’étranger, il ressort que le déplacement des premières populations ayant occupé l’actuel site est motivé par la quête d’une terre propice. En effet, à l’époque de leur implantation la nature était clémente et généreuse « les ressources naturelles permettaient à l’homme de vivre sans cultiver » (M.D., notable de Kiban).

Selon une deuxième version, la guerre serait à l’origine de la migration des populations d’alors. Cette deuxième version renvoie à une époque située après la fin de l’empire du Mali caractérisée par des troubles et des Razzias. Quoi qu’il en soit, cette zone a connu la domination du royaume bambara de Ségou. A l’époque, pour survivre, les communautés étaient obligées de constituer des groupes de défense, à l’image du regroupement des sept villages auquel Kiban faisait partie : « Dukuwolonwila ».

1.3.1 - L’origine et l’arrivée des grandes familles : Kiban est constitué de 4 grandes familles qui sont: les Doucouré, les Diaby, les Dramé et les Diakité. D’après certaines sources historiques, ces familles habitaient toutes dans un village du nom de Soni. Ce village a été détruit par des Touaregs. Pour chercher un en

9 droit pour s’installer, trois premières familles (Doucouré, Diaby, Dramé) ont envoyé leurs émissaires pour demander l’hospitalité auprès du chef du village de Kiban. A l’époque, Kiban était un village bambara dirigé par Mary Coulibaly. Les émissaires n’eurent pas de problèmes à s’entendre avec le chef bambara qui leur accorda l’hospitalité. Pour sceller cette nouvelle alliance, leur porte parole, Djigui Doucouré épousa une fille (Nènè) de Mary Coulibaly. Il ne retourna plus à Soni, mais demanda à ses compagnons de rentrer et apporter la bonne nouvelle. C’est ainsi que les lignages Doucouré, Diaby et Dramé arrivèrent à Kiban. Ainsi, lorsqu’on veut savoir qui sont les premiers arrivants à Kiban, certains sont prompts à répondre : « An bè nana gnôkon fè » pour exprimer que : « Nous sommes tous venus ensemble ».

A ces trois familles arrivées ensemble, est venue s’ajouter plus tard celle des Diakité. C’étaient des marabouts qui ont été appelés pour des besoins de prosélytisme religieux et assurer l’éducation coranique des enfants.

Ces lignages sont donc arrivés déjà islamisés, ce qui va poser des problèmes quant à la cohabitation avec des Bambara, très attachés à leurs objets de culte traditionnel. Plus tard, ces bambara quitteront le village pour s’installer à Boumboundo (un village à environ 25 km au nord de Kiban). Ont-ils quitté de plein gré ou ont-ils été chassés par les nouveaux arrivants, l’histoire reste muette sur ce sujet. Toujours est-il que lorsque les Bambara ont quitté, la direction du village est revenue au lignage Doucouré. Depuis cette époque, la chefferie coutumière est exercée par les Doucouré et se transmet de génération en génération à l’intérieur de ce lignage.

Bien que ces deux témoignages divergent en ce qui concerne les véritables mobiles de la migration, ils sont tous unanimes à reconnaître que le peuplement soninké s’est opéré en deux phases et par vagues de lignages. Une première vague constituée de trois lignages différents correspondant aux patronymes suivants: Doucouré, Dramé, et Diaby. Une deuxième phase concerne un lignage maraboutique Diakité. A cette époque, nous assistons à une répartition des rôles sociopolitiques entre les différents lignages. Si les Doucouré, du fait de leur mariage avec une fille du chef bambara, accédèrent à la chefferie du village, les Diaby acquirent des pouvoirs non seulement politiques, mais guerrier et économique. Enfin, les Diakité, furent mandatés par les autres lignages pour propager l’islam.

I.3.2 – L’ordre précolonial : le marquage patronymique de l’espace villageois: Le patronyme appelé en malinké « jamu » est particulièrement répandu dans les aires culturelles malinké reparties entre le Mali, la Guinée, une partie de la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Jamu signifie en langue malinké la louange. Chaque jamu ou patronyme est le reflet des hauts faits d’un ancêtre éponyme générateur du Jamu. En effet, dans la tradition, le jamu est un énoncé, c'est-à-dire des paroles prononcées dans un contexte précis. Aujourd’hui, il se retrouve surtout dans les propos dithyrambiques tenus par un griot à l’endroit d’une personne, suite à une action d’éclat. Aussi, jamu serait-il aussi la forme contractée de « k’a majamu » qui signifie « faire ses louages, le flatter ». Dans la culture mandingue, chaque jamu ou patronyme est un énoncé ayant une signification

10 particulière, avec un ancrage sociohistorique très profond. Aujourd’hui, le décryptage du sens de ces patronymes donne lieu à de nombreuses spéculations et controverses.

Aux temps anciens, lorsque cela était possible, les migrants choisissaient comme familles d’accueil celles avec lesquelles elles partageaient les mêmes noms de famille c'est-à-dire les mêmes jamu. Des individus peuvent certes avoir le même patronyme sans partager le même lignage, mais ce qui importe pour eux, c’est le sentiment de partager un ancêtre commun, même mythique. Ainsi nous retrouvons, autour du patronyme Dramé que certains appartiennent au lignage Sama et d’autres au lignage Kanji et Goumbo kôtôné. Il existe également des Diaby appartenant respectivement aux lignages Djouladian et Maro.

A propos du marquage territorial de l’espace villageois, avant la colonisation, Kiban était divisé entre les quatre lignages soninké. Chaque lignage a donné son nom à l’espace résidentiel qu’il occupe dans le village. Ainsi, l’espace occupé par les Diaby était appelé Diabyla , celui des Dramé Dramékunda, celui des Diakité Kabakunda et en fin celui des Doucouré Doucouréla .

« Kunda » et « la » sont des morphèmes ou suffixes à valeur locative ayant le sens de chez. Ainsi Dramékunda signifie chez les Dramé et Diabyla renvoie à l’espace résidentiel des Diaby. Ces différents toponymes ont une importante valeur. Ils renvoient à la fois à un contexte sociopolitique et à un espace résidentiel spécifique.

I.3.3 - Ordre colonial et logique comptable : Au lendemain de son installation à Kiban, le pouvoir colonial a systématiquement entrepris de modifier tous les toponymes traditionnels porteurs d’identités sociales spécifiques. Il les a remplacés par des toponymes à valeur numérale: ainsi Doucouréla est devenu le Secteur 1, Diakité Kabakunda est devenu le secteur 2, DraméKunda est devenu le secteur 3 et enfin Diabyla correspond au secteur 4. A travers ces nouveaux toponymes créés par l’administration coloniale, apparaît cette volonté d’opposer à l’ordre ancien fondé sur des repères d’ordre lignager, un nouvel ordre purement comptable. Dès lors, le nouveau pouvoir, à travers cette entreprise de brouillage des repères locaux, affichait clairement l’avènement d’un nouvel ordre dont lui seul est le maître producteur incontesté des nouvelles règles de gestion des hommes et des choses.

La commune de Kiban s’est construite autour des valeurs historiques, économiques et du contexte structurel du village de Kiban. Par conséquent, il était tout désigné pour en être le chef-lieu. En outre, il écrase par son poids démographique (84,96% de la population), les autres villages de la commune

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II - LE PAYSAGE POLITIQUE :

II.1 – Révisions et repositionnements Le paysage politique de la commune de Kiban est particulièrement mouvant. Entre les premières élections communales de 1999 et celles de 2004, la commune de Kiban a connu de nombreuses modifications, du point de vue politique.

Le conseil communal du premier mandat comptait dix sept (17) conseillers. Celui du second mandat (2004-2009) compte 11 conseillers. Cette différence, nous dit-on, s’explique par le fait que les premières élections municipales ont été faites sur la base des listes du recensement général de la population. Ce recensement prend en compte les résidents aussi bien que les non résidents. Les premières élections communales ont été faites sur cette base. A l’occasion des deuxièmes élections municipales en 2004, les listes électorales ont été établies sur la base d’un Recensement Administratif à Caractère Electoral (RACE). Celui-ci ne prend en compte que la population résidente dans la circonscription électorale depuis au moins six mois. La population de Kiban étant par excellence, une population migrante, le RACE n’a alors naturellement pas pris en compte les électeurs qui résident ailleurs. Ce faisant, la commune comptait moins de population. Le nombre de conseillers d’une commune étant fonction de la taille démographique de celle-ci du coup, il passait de 17 à 11 Conseillers.

Lors de cette première mandature (1999-2004), la configuration politique était tout autre. Parmi les 17 conseillers : - Neuf (9) étaient du Parti pour l’Union la Démocratie et le Progrès (PUDP) ; - Sept (7) de l’Alliance pour la Démocratie Malienne (ADEMA) ; - Un (1) indépendant.

Sur l’ensemble des 17 conseillers, il y avait seulement un (1) est ressortissant de M’Piabougou et tous les autres étaient de Kiban. Il importe de signaler que le PUDP a pour fondateur Mamadou Diaby, qui est originaire de Kiban. Du coup, pour les autochtones, le PUDP était leur parti politique. Le premier conseil municipal était ainsi relativement multicolore avec deux partis politiques et un indépendant.

Au cours des deuxièmes élections municipales, les choses se sont déroulées autrement. En effet, plusieurs évènements sont venus modifier la donne politique. Premièrement la réduction du nombre de conseillers communaux (cf. supra). Deuxièmement, la rupture des hommes politiques de Kiban avec le fondateur du PUDP. En effet, avant les élections plusieurs conseillers PUDP étaient en brouille avec le parti et l’avaient déjà quitté pour le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA). Coïncidence ou non, le président du PARENA est également soninké, tout comme la majorité de la population de Kiban.

12 Sans être natif de Kiban, Tièblen Dramé a fait la promotion du PARENA dans cette localité. Toutefois, il doit son succès à un ressortissant de Kiban qu’il avait nommé, lorsqu’il était ministre des maliens de l’extérieur, comme consul dans un pays d’Afrique centrale qui est l’une des destinations de rêve des Soninké. La version dominante retient que ce natif de Kiban et militant du parti de Tièblen Dramé, a donc fait la promotion du PARENA en s’appuyant sur ses compatriotes Soninké. Cela a donné lieu au transfert de tous les membres du bureau local du PUDP vers le PARENA. A l’occasion des élections communales de 2004, trois listes de candidatures ont manifesté leur intention de prendre part aux compétitions. Toutefois, deux listes ont été invalidées, sur décision du tribunal au motif que sur chaque liste figurait un conseiller démissionnaire pendant le mandat et selon les textes, un conseiller démissionnaire ne peut plus présenter sa candidature pour le mandat suivant. Il ne restait qu’une seule liste pour laquelle on pouvait voter ou pas. Aujourd’hui, l’équipe qui dirige la commune de Kiban est à cent pour cent constituée de militants du PARENA.

Les démarches, pour l’implantation du parti, ont étés entamées dans le vestibule du chef de village. Avec la bénédiction des notables et du chef de village, le parti s’est implanté et a remporté les élections. Dans le village de Kiban, les règles du jeu politique sont fortement marquées par l’empreinte du pouvoir traditionnel local.

II.2 - Le vestibule et la régulation du jeu politique : Les pouvoirs traditionnels exercent, à présent, un grand rôle dans le contrôle et la « conquête » du pouvoir politique démocratique, à Kiban. On assiste à une sorte d’électorat canalisé et conformiste qui s’accommode au gré des tendances des chefs traditionnels locaux qui impriment une forte autorité sur la gestion des affaires publiques.

Actuellement, l’effectivité du pouvoir communal est incontestablement détenue par un lignage (Diaby) de Kiban et ses alliés sociopolitiques. L’administration communale reste sans équivoque monocolore, avec le règne sans partage du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA). Les autres formations politiques sont simplement ignorées. Le PARENA local semble hostile à la participation des autres sensibilités politiques à la gestion des affaires publiques. Quelques leaders de partis politiques sont souvent conviés aux réunions non du fait de leur statut de responsables politiques, mais parce qu’ils sont conseillers du village.

II.2 - Une construction communale hypothéquée par les acteurs du jeu politique La réalité socio politique se décline à travers une multiplicité institutionnelle qui est l’expression des contradictions sociopolitiques et d’un malaise social entretenu par les adversités politiques.

Bien avant la colonisation, il n’y avait qu’une seule organisation qui s’occupait de l’essentiel des affaires du village. La colonisation est venue et à étouffer cette dynamique dans le souci de pouvoir contrôler les éventuelles tentatives d’organisation de résistance au niveau social. Mise en veilleuse pendant toute la période coloniale, elle a repris vie à la veille des indépendances.

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Avant la mise en œuvre de la décentralisation, toutes les actions de développement, dans le village de Kiban étaient placées sous la responsabilité de l’association Soumpou. Elle assurait la mobilisation communautaire, gérait toutes les ressources locales, la fourrière à bétail, l’éducation, la santé, l’hydraulique. Comme on peut aisément le constater, Soumpou représentait un véritable pouvoir local.

L’avènement de la décentralisation mettra à rudes épreuves ce système de gestion des affaires publiques. En effet, au regard des compétences qui lui revenaient de droit, le conseil communal, une fois installé, fera savoir à Soumpou que désormais, ces pouvoirs doivent changer de main et qu’ils relèvent plus que jamais du ressort de la commune. Cette volonté de l’autorité communale, quoique légale (car elle trouve son fondement dans le régime des compétences des communes), provoque des conflits au niveau socio politique local. Ces conflits seront exacerbés par une divergence entre Soumpou et conseil communal, à propos de l’identification d’un site pour la construction d’une nouvelle école. La territorialité des investissements locaux devient un enjeu. Chaque partie croit exister par la réalisation d’ouvrages collectifs.

Cette opposition aboutira à la création d’une association du nom de Sonikara, avec à sa tête certains anciens responsables de Soumpou. D’une simple association sportive au départ, Sonikara deviendra, par la suite, un véritable instrument politique. L’une des conséquences majeures de l’émergence de Sonikara sera la bipolarisation du paysage sociopolitique local. « Chaque association est d’un bord politique et jamais les deux ne se sont retrouvées dans le même bord » dira un de nos interlocuteurs. Ce clivage va se traduire par une lutte entre factions dans laquelle il n’y aurait aucun compromis possible. Progressivement, il va s’instaurer une adversité ayant comme mode d’expression « soit tu es avec moi, soit tu es contre moi ». Les uns opposent une fin de non recevoir à toute initiative des autres. La construction communale s’en trouve par voie de conséquence grippée. Les différentes élections viendront exacerber ce malaise général car les « vainqueurs » adopteront des attitudes triomphalistes et les « vaincus » auront des pratiques extrémistes. Les mécontents du système ou les mauvais perdants : vaincus et exclus ou auto exclus expriment leur réprobation à travers une série sans fin de refus : refus de participation à la gestion des affaires communales, refus de payer les taxes, refus de célébration de la chose publique.

La légitimité politique du pouvoir en place est mise à l’épreuve des turbulences politiques. La capacité de mobilisation des communautés, le développement communal est alors perçu comme une affaire des autres (les tenants du pouvoir).

Face à toutes ces contradictions un nouvel organe a été créé. Sur l’initiative des ressortissants de Kiban, un comité est mis en place afin de rapprocher les deux tendances dans le cadre de la réalisation des travaux d’intérêt public. Chacune des deux organisations est représentée dans ce comité. Mais ce comité, de par son statut et sa composition, suscite des interrogations :

14 - Jusqu’où pourra-t-il aller dans le cadre de la réalisation d’une participation communautaire ? - Quel statut véritable prendra-t-il ? - Pour les échéances électorales prochaines, quel rôle jouera-t-il ? - A qui devra-t-il rendre compte ? - Dans le contexte politique actuel, existe-t-il une troisième voie ?

15 III - L’ADMINISTRATION COMMUNALE

III.1 - Le conseil communal : - Le conseil communal est composé de onze (11) conseillers dont une femme. Tous les conseillers sont issus du même parti politique, le PARENA.

Tableau n°1 : Liste nominative des membres du conseil communal Nom & Prénoms Age Profession Village d’origine Madala Diaby 1951 Cultivateur Kiban Dramane Diakité 1951 Cultivateur Kiban Djégui Diaby N°1 1954 Cultivateur Kiban Djégui Diaby N° 2 1958 Cultivateur Kiban Mme Diakité Massitan Diaby - Ménagère Kiban Abdoulaye Diakité - Commerçant Kiban (réside à Bamako) (Feu) Monzon Kané - - M’Piabougou Moussa Diaby - Cultivateur Kiban Bréhima Sissoko - Cultivateur Kiban Samba Ballo - Forgeron Dialakoro

La répartition des conseillers entre les villages de la commune se présente ainsi que suit : - Neuf (9) conseillers sont ressortissants de Kiban ; - Un (1) de Dialakoro Bambara ; Un (1) de M’Piabougou (décédé).

III.2 - Le bureau communal

Tableau n° 2 : Liste nominative des membres du bureau communal POSTES Nom & Prénoms Age Profession Village d’origine

Maire Madala Diaby 1951 Cultivateur Kiban 1er Adjoint Dramane Diakité 1951 Cultivateur Kiban 2ème Adjoint Djégui Diaby N°1 1954 Cultivateur Kiban 3ème Adjoint Djégui Diaby N° 2 1958 Cultivateur Kiban

Ce bureau présente deux particularités : Premièrement : tous les membres sont cultivateurs. Deuxièmement : tous les membres sont originaires de Kiban. Ce déséquilibre, en termes de représentativité, n’est-il pas susceptible de jouer négativement sur le fonctionnement de la commune ?

III.3 - Le maire : un homme piégé par son lignage Le personnage du maire et son « itinéraire politique » sont révélateurs de l’implication du pouvoir traditionnel dans la gestion des affaires publiques au niveau de la commune.

16 Le maire actuel de la commune de Kiban, monsieur Diaby a pris très tôt le goût à la migration. N’ayant pas eu la chance de poursuivre les études, Madala Diaby s’est rapidement consacré à la migration de travail. Ainsi, pendant près de 20 ans (entre 1970 et 1990), il est resté hors du Mali et a travaillé dans différents pays africains dont : la Côte d’Ivoire, la Lybie, le Ghana, le bénin, le Togo, le Niger, le Congo, la République Démocratique du Congo.

A la veille des élections municipales en 1999, sur décision du conseil de famille, son nom est placé à la tête de la liste du parti PUDP des candidats conseillers communaux. Ne pouvant pas s’opposer à une décision du conseil de famille, il accepte. Sa famille prendra en charge tous les frais de constitution du dossier de candidature.

A l’issue des élections, le PUDP obtient la majorité. Monsieur Diaby est alors conseiller communal et sera élu, plus tard, maire par ses pairs.

A la fin du premier mandat (au bout des cinq premières années), il exprime son désir de se retirer de la scène politique, mais se voit opposer une fin de non recevoir de la part de la famille. Il est à nouveau candidat et réélu conseiller, puis maire une deuxième fois, mais au compte du parti PARENA.

Le lignage Diaby exerce une influence considérable sur la vie socio politique et administrative de Kiban. Sur 6 six conseillers de village de Kiban IV, il y a 3 Diaby. Par ailleurs, il constitue à lui seul les ¾ de la population du village.

III.4 - Les commissions de travail :

Le conseil communal réunit en session ordinaire à la mairie de Kiban au cours de sa séance du 25 Août 2005 après en avoir délibéré, a décidé de créer trois commissions de travail qui sont : - Commission : état civil – recensement et cadre de vie ; - Commission : Développement économique et financier et développement social et culturel ; - Commission : Santé – Education, environnement, sport, art et culture.

Tableau n°3 : les membres des commissions de travail et leur statut. COMMISSION PRENOMS & NOM STATUT 1. Commission : état civil – Dramane Diakité Président recensement et cadre de vie Birama Sissoko Rapporteur Djégui Diaby N°1 Samba Ballo Membres Monzon Kané 2. Commission : Djégui Diaby N°1 Président Développement économique Samba Ballo et financier et développement Monzon Kané social – culturel Madassa Dramé Membres Moussa Diaby

17 Djégui Diaby N°2 Président Dramane Diakité Rapporteur Mme Diakité Massitan Diaby 3. Commission: Santé – Abdoulaye Diakité Education Samba Ballo Monzon Kané Membres Djégui Diaby N°1 Moussa Diaby Birama Sissoko

La liste des membres de commission révèle que les mêmes personnes figurent, à quelques exceptions près, dans les différentes commissions de travail, en changeant simplement de poste d’une commission à l’autre. La composition de ces commissions pose la question de la participation de certains membres aux réflexions sur le destin communal. Dans tous les cas, notre constat a été que ces commissions ne sont pas fonctionnelles. Leurs membres ne maîtrisent pas les fonctions qui leur sont assignées. Ces propos recueillis auprès d’un des responsables de commission viennent conforter ce constat : «mon souhait est que les commissions là, on arrive à les former. Il faut que les membres sachent pourquoi ces commissions ont été créées. Actuellement nous ignorons tous nos rôles et responsabilités » (D.D. Kiban). Ces déclarations traduisent un souci d’efficacité des commissions, face à une réalité qui est plutôt un de respect des lois relatives à l’organisation des collectivités territoriales .

III.5 - Le personnel de l’administration communale : L’administration de la commune de Kiban fonctionne avec un personnel très réduit dont : - Un (1) secrétaire général ; - Un (1) régisseur de recette ; - Un (1) gardien - Six (6) agents de déclaration récemment nommés dont un agent par village. Il n’y a pas d’organigramme prévoyant les postes et leurs attributions. L’organisation du travail reste fortement tributaire des contraintes liées aux ressources humaines. Ainsi, le secrétaire général fait un cumul de fonctions, notamment il : - s’occupe de toutes les tâches administratives de la mairie ; - s’occupe les fonctions de régisseur de dépenses ; - fait office de secrétaire dactylo ; - s’occupe de l’archivage ; - s’occupe de l’état civil. Le premier adjoint est conseiller chargé de l’état civil, mais manifestement, tout le travail technique repose sur les épaules du secrétaire général.

Contrairement aux normes produites par l’Etat qui exige un régisseur de dépenses et un régisseur de recettes, il n’y a qu’un seul régisseur pour la commune de Kiban. Faute de ressources financières, « le poste de régisseur de dépenses n’est pas pertinent car pour dépenser, il faut disposer de ressources disponibles. A quoi servirait de recruter deux régisseurs pour gérer rien que deux mandats par an », a déclaré un responsable de l’administration communale.

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IV - LES PARTENAIRES TECHNIQUES ET FINANCIERS

IV.1 - Les ONGs - Le Plan Mali : Il intervenait dans plusieurs domaines notamment, l’éducation, l’hydraulique, la santé. Dans le domaine de l’éducation, il a construit des salles de classes notamment l’école de Dialakoro. Il intervenait aussi dans les domaines de la fourniture de matériels scolaires et des équipements. Il accordait des bourses scolaires . En 2007, sept (7) filles de l’école de Kiban ont bénéficié de bourse scolaire. Ces filles ont bénéficié chacune d’une somme de trente mille francs (30.000) F. Pour le choix de ces filles, il a proposé le critère de la pauvreté, c'est-à-dire les filles des démunies. Le Plan Mali a financé la f ormation de cinq (5) membres du CGS. Chacun des CGS a également bénéficié d’une somme de Cinquante cinq mille francs (55.000 F). Dans la santé il a organisé une formation des accoucheuses traditionnelles à Toukoroba. En matière d’hydraulique villageoise, Plan Mali a également installé des forages et creusé des puits à grand diamètre. Cette ONG s’est retirée de la commune en créant un grand vide que les communauté ont du mal à combler maintenant.

IV.2 - Les associations Sumpou et Sonikar a Il importe de souligner que ces deux associations plongent leurs racines dans le village de Kiban. En outre elles sont avant tout des associations de niveau village. Toutefois leur affiliation politique les conduit à agir au nom de tel ou tel parti politique. Ces associations sont composées de résidents et de ressortissants de Kiban. Elles ont plutôt contribué au développement de Kiban. Elles sont intervenues dans les domaines de : - la santé, avec la construction de deux (2) salles d’hospitalisation au CSCOM de Kiban et sa clôture, 10 nouvelles salles d’hospitalisation sont en chantier ; - l’aménagement de la ville, en construisant la clôture du cimetière de la ville et un pont ; - l’éducation, par la construction de salles de classes. - la santé : la clôture du centre de santé, la fourniture de quatre lits ; - l’aménagement de la ville : la construction d’un petit pont à Kiban portant le nom de Djigui Doucouré (nom d’un ancien chef de village).

Les associations féminines : Elles sont présentes dans tous les villages sous un mode plutôt traditionnel. Elles interviennent souvent pour la réparation des forages (comme à Thiérola) et appuient également financièrement la réalisation des puits à grands diamètre.

IV.3 - Les grands programmes de développement : FODESA, le PASAOP - Le FODESA : (Fonds de développement en zones sahéliennes) Il a intervenu dans le creusement des puits à grands diamètres (exemple Dialakoro Peulh) et à la mise en place des banques de céréales notamment, en construisant le local à Dialakoro Bambara.

19 - Le PASAOP : Programme d’appui au secteur Agricole et aux organisations paysannes : il est à son terme et a intervenu dans l’encadrement du monde rural, par la formation, la sensibilisation et l’information dans tous les secteurs du développement rural.

20 V - Les services publics dans la commune de Kiban :

Le service public : La notion de service public est assez complexe en raison de la diversité et de la perception que les uns et les autres ont de cette notion. D’un point de vue général on admet comme service public tout service orienté vers la satisfaction des besoins matériels et moraux du grand public. Spontanément, dès qu’on parle de service public, le commun des mortels pense aux services étatiques toutes catégories confondues, c'est-à-dire les services décentralisés et les services déconcentrés : l’Education, la santé, l’hydraulique, la protection de l’environnement, l’agriculture, l’élevage etc.

Mais au-delà de ces deux catégories de service public, il existe plusieurs autres services publics non moins importants exercés par des particuliers, mais que les usagers ignorent comme tels c’est le cas : du promoteur d’une clinique privée qui travaille pour le compte du public ; du propriétaire de magasin de céréales ; du chef de village qui fait des sacrifices sanglants pour le compte du village ; de l’imam qui fait des prières pour le village etc..

L’agent du service Le bon agent se caractérise par sa disponibilité, sa générosité, son esprit d’écoute. Agent conciliant, il s’occupe du social des usagers…. « Un bon agent, c’est celui qui est conscient de ce qu’il fait et un mauvais agent c’est celui qui néglige les usagers » ( G.D. cultivateur à Kiban ). Un mauvais agent, c’est celui qui n’est pas rigoureux sur le respect des horaires « exemple : un enseignant qui ne vient pas à l’heure et qui fait peur aux enfants » (S.T.cultivateur à Thiérola).

Le critère de bon service dépend de beaucoup des prestations dites humaines des agents, ces comportements appelés en bambara « adamadenya » (sociabilité) importent beaucoup plus pour certains usagers que la qualité même de la prestation. Ils se traduisent le plus souvent par un accueil souriant, la disponibilité vis-à-vis des usagers et comme dirait T.D. vendeur d’essence à Kiban « ka ko to môkow ta la » c'est-à-dire être toujours enclin à faire des concessions aux autres en les écoutant et en tenant compte de ce qu’ils sont.

V.1 - Les services relevant de la compétence de la commune

V.1.1 - L’état civil : les actes Le service de l’état civil, créé au sein de la Mairie, est animé par le Secrétaire général de la Mairie. Il existe un (1) seul centre principal pour toute la commune. Pour faciliter la délivrance de certains actes de l’état civil, une décision du préfet a nommé des agents de déclaration dans les différents villages de la commune. Ces agents ont reçu une formation en décembre 2008 et ils sont tous des bénévoles. Ils ont pour rôle d’enregistrer les naissances, les mariages et éventuellement les décès si les parents du défunt en manifestent le désir dans le seul souci d’un dégrèvement d’impôt.

21 Les actes de l’état civil que la mairie peut délivrer sont au nombre de sept (7). Il s’agit de : - L’acte de mariage ; - L’acte de naissance ; - L’acte de décès : - Le certificat de résidence ; - Le certificat d’indigence ; - Le certificat d’individualité ; - Le certificat de vie individuel/de vie collectif

I.1.1.1- Les actes de mariage : Les actes de mariage sont les pièces d’état civil les plus sollicités dans la commune de Kiban. En 2007, sur la période du 11 janvier au 29 novembre, 142 actes de mariage ont été établis et ont tous été enlevés pas les demandeurs.

I.1.1 2 - Les actes de naissance : Les actes de naissance ne font pas l’objet d’une forte demande. Le secrétaire général de la mairie a évoqué la faible déclaration des naissances surtout les enfants nés en dehors du chef lieu de la commune. Non seulement les parents, pour une raison ou une autre, ne font pas la demande, mais même si l’agent de déclaration fait établir les actes de naissance, tous les parents ne les enlèvent pas. Au cours de notre entretien avec le secrétaire général de la mairie, il est ressorti que des actes de naissance établis depuis 2000 (début du transfert effectif de la compétence), restent encore dans les registres à la mairie. Depuis, chaque année des actes sont non enlevés. Pourtant ce n’est pas une question de coût qui fait obstacle à l’enlèvement des actes. L’original de l’acte est gratuit et la copie coûte 100F. Mais pour chaque acte, la mairie en fait systématiquement deux copies, ce qui revient à 200FCFA à la charge des usagers. Dans certains villages, les agents de déclaration font payer la somme de 300 F CFA. Sur cette somme, l’agent de déclaration verse 200 F à la mairie et garde 100F pour lui-même. Ce mode de paiement des prestations est-il décourageant pour les usagers ou alors est-ce un désintérêt pour les actes de naissance ? Quoi qu’il en soit, nous sommes manifestement en présence d’une offre de service qui n’est pas sollicitée de façon souhaitée.

I.1.1.3 - Les actes de décès Il n’y a pas de registre de décès à l’état civil dans la mairie de Kiban. Pour l’absence de registre de décès, beaucoup d’interrogations peuvent être soulevées. En effet, l’absence de recours à l’acte de décès de la part des usagers trouve-t-elle son explication dans le fait que la mairie ne recouvre pas les impôts avec beaucoup de poigne ? Il semble que beaucoup de citoyens de la commune ne sont pas au courant de la gratuité de l’acte de décès. Ils sont dans une logique de paiement de tout acte d’état civil et ne sont pas prêts à payer pour des morts.

22 V.1.2 - l’éducation :

V.1.2.1 – Les principaux acteurs et leurs missions respectives : La décentralisation est conçue comme un système administratif par lequel l’Etat accorde à d’autres entités juridiquement reconnues, l’autonomie financière et de gestion dans des conditions prévues par la Loi. Dans le cas malien, ces entités sont appelées collectivités territoriales. Au sens juridique communément admis, la compétence est l’aptitude légale à agir. C’est un ensemble de prérogatives reconnues par la Loi à une personne (physique ou morale), à une autorité, à un service ou à un organisme public ou privé, pour décider valablement. En consacrant cette nouvelle forme d’administration et de gestion du développement local (voir introduction), la constitution (article 17) de 1992 garantit le droit à tout citoyen à l’instruction, en rendant obligatoire, gratuit et laïc l’enseignement public et en reconnaissant l’enseignement privé. Cette constitution a établi les principes généraux de l’éducation ainsi que suit : - Le droit mais aussi le devoir du parent d’éduquer ses enfants ; - Le droit mais aussi le devoir des citoyens de participer au système éducatif ; - L’obligation, qui découle de la responsabilité de générer un réel développement de la collectivité, de confier l’éducation à des gens compétents ; - La responsabilité exclusive de l’Etat dans l’établissement des principes fondamentaux de l’enseignement national.

En matière d’éducation, la mise en œuvre de cette politique se traduit par le principe de responsabilités concomitant au pouvoir de décision et de gestion :

Le code des collectivités territoriales transfère de l’Etat central à la commune le premier cycle de l’enseignement fondamental. Cela signifie que la commune devient directement responsable devant la Loi du fonctionnement de ce cycle d’enseignement. Si ce cycle fondamental ne fonctionne pas bien, les citoyens doivent s’adresser d’abord et avant tout à leur commune. Aucun autre niveau administratif ne peut prendre l’initiative unilatérale dans le domaine d’une compétence confiée à la commune. Si l’Etat par exemple veut contribuer à la promotion de l’enseignement fondamental, il devra le faire dans le cadre d’un partenariat avec les communes qui sont les titulaires de cette compétence.

Cette reconnaissance de compétences à la commune consacre la fin du monopole de l’Etat en matière de développement et d’administration commune locale et particulière en matière d’éducation. La Loi d’orientation de l’éducation consacre l’obligation pour les parents d’inscrire leurs enfants à l’école et de les maintenir au moins jusqu’au terme de l’enseignement fondamental. Ces changements profonds appellent une refondation de système éducatif, exprimé dans le Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC) qui couvre la planification stratégique de la politique nationale du système éducatif pour la période 1998 – 2008.

23 En août 2001, la synthèse des journées nationales de réflexion sur l’éducation adopte la charte pour la gestion de l’école. Cette charte engage tous les partenaires impliqués directement ou indirectement dans le développement de l’école, définit l’objectif du partenariat et identifie les rôles et responsabilités des acteurs. Le forum national sur la gestion de l’école en mode décentralisé de février 2003 a fait le point des recommandations de cette synthèse nationale et apporté les éléments complémentaires notamment en ce qui concerne les rôles et responsabilités assignés à chaque acteur. Pour une meilleure compréhension de l’articulation des rapports entre différents acteurs, il convient de rappeler les rôles et responsabilités respectifs. L’Etat ⇒ La définition de la politique nationale ; ⇒ L’appui aux partenaires pour la mise en œuvre de la politique nationale ; ⇒ Le contrôle et la coordination de sa mise en œuvre ; ⇒ Le suivi et l’évaluation du système éducatif.

Les collectivités territoriales : ⇒ L’élaboration de leurs programmes de développement de l’éducation ; ⇒ La définition de la carte scolaire ; ⇒ La participation à l’élaboration des curricula et du calendrier scolaire ; ⇒ La gestion des compétences transférées par l’Etat en matière d’éducation ; ⇒ La participation à la détermination des sites des écoles à créer ; ⇒ La participation au suivi et à l’élaboration du système éducatif.

Les communautés : ⇒ l’élaboration des curricula et du calendrier scolaire ; ⇒ recrutement et à la prise en charge des enseignants ; ⇒ la construction, à l’équipement/réhabilitation des infrastructures ; ⇒ la mobilisation des ressources ; ⇒ la définition de la carte scolaire ; ⇒ la détermination des sites des écoles à créer ; ⇒ la définition des contenus des programmes ; ⇒ le suivi et à l’évaluation des activités scolaires.

Les associations des parents d’élèves : ⇒ La mobilisation des parents d’élèves autour des problèmes de l’école ; ⇒ L’organisation de conférences dans leur domaine de compétence en respectant les textes qui réglementent l’école ; ⇒ La mobilisation pour rendre le climat propice au travail ; ⇒ La participation à tout cadre de concertation et de réflexion sur l’école ; ⇒ La participation au suivi et à l’évaluation des activités scolaires.

Les comités de gestion scolaire : ⇒ La sensibilisation des populations ;

24 ⇒ La formulation de propositions relatives aux sites et aux équipements ; ⇒ L’entretien des infrastructures ; ⇒ La gestion de l’école ; ⇒ Le recrutement des élèves ; ⇒ La participation au recrutement des enseignants.

Les syndicats des enseignants :  La mobilisation des enseignants autour des problèmes de l’école ;  L’encadrement et l’éducation de leurs militants ;  La participation à l’animation de la vie scolaire ;  La participation à tout cadre de concertation ou de réflexion sur l’école.

Les ONG :  Le respect de la réglementation en vigueur en matière de politique éducative au Mali ;  Le respect de la planification nationale, régionale et locale ;  L’appui technique et financier.

V.1.2.2 – les compétences transférées De façon plus spécifique, dans le cadre de la décentralisation en matière d’éducation les compétences ci-après sont transférées aux communes (décret N°02-313/P-RM du 04 juin 2002) :  L’élaboration et la mise en œuvre du plan de développement en matière d’éducation ;  Le recrutement et la gestion du personnel enseignant de l’éducation préscolaire et l’enseignement fondamental premier cycle ;  L’élaboration de la carte scolaire pour les écoles fondamentales premier cycle ;  La construction, l’équipement, l’entretien des écoles fondamentales premier cycle ;  L’organisation et la prise en charge des examens du Certificat de Fin d’Etudes de premier cycle de l’Enseignement Fondamental (CFEPCEF) ;  La détermination de modules spécifiques n’appartenant pas à la nomenclature nationale pour les écoles fondamentales premier cycle ;  L’élaboration de stratégies locales de scolarisation et en partie celle des filles dans les écoles fondamentales du premier cycle ;  La gestion d’écoles fondamentales premier cycle en créant un cadre participatif à cet effet ;  La gestion du personnel mis à disposition ;  L’organisation et le fonctionnement des cantines scolaires ;  La construction et la gestion des centres d’alphabétisation (CA) et des Centres d’Education pour le Développement (CED) ;  L’élaboration du bilan annuel des centres d’alphabétisation et des CED ;  La gestion et le suivi des institutions préscolaires en créant un cadre participatif à cet effet ;  La création et l’ouverture d’établissements préscolaires ;

25  L’organisation des centres féminins créés dans le cadre de l’alphabétisation autour des activités génératrices de revenus ;  L’élaboration et la mise en œuvre des stratégies d’éducation de la petite enfance ;  La production des statistiques scolaires concernant l’école fondamentale premier cycle ;  La participation à la prise en charge des salaires des enseignants des écoles communautaires.

L’Etat, en transférant lesdites compétences, doit transférer également les ressources nécessaires à leur exercice : il s’agit des ressources financières (subventions et certains impôts), des ressources techniques (un patrimoine), des ressources matérielles (infrastructures, équipements) et des ressources humaines. Mais la collectivité territoriale est également responsable de la mobilisation de ressources propres (humaines, matérielles financières et techniques).

V.1.2.3 – le système éducatif dans la commune de Kiban : La couverture scolaire est réalisée à 100%. Chaque village dispose actuellement de son école. Toutefois, le service public d’éducation se caractérise par un double visage. D’une part il est produit par des écoles publiques uniquement concentrées dans le chef lieu de commune et, d’autre part, par les écoles communautaires qui existent dans les autres villages de la commune. La commune compte également un (1) centre d’alphabétisation non fonctionnel à Thiérola, un (1) CED non fonctionnel à Bako et trois écoles médersas à Kiban.

V.1.2.3.1 - Les écoles publiques : L’école de Kiban : une demande audacieuse : L’école de Kiban fut créée en 1954 suite à l’initiative personnelle de Mamadou DIABY natif du village et agent de PTT (Poste Téléphone Télégramme). C’était l’époque coloniale et ce n’était pas évident de solliciter la création d’une école chez soi. La démarche, quoique osée et audacieuse, a cependant obtenu l’adhésion de l’administrateur colonial. C’est ainsi que la décision de création de l’école fut prise pour rapprocher l’école des enfants de Kiban qui allaient suivre les cours jusqu’à Banamba, situé à 10 km. A la rentrée scolaire du 16 Octobre 1954 il n y avait qu’une seule salle de classe avec un effectif de soixante trois (63) élèves dont une (1) seule fille. L’administration coloniale ayant constaté l’engouement de la population pour l’école a construit trois (3) nouvelles salles de classes en 1956. Aujourd’hui l’école de Kiban compte trois (3) premiers cycles et un (1) second cycle de l’enseignement fondamental.

Actuellement toutes les écoles publiques sont implantées à Kiban et sont confrontées à la pléthore des effectifs, au manque d’enseignants (sauf au second cycle), à l’insuffisance de salles de classe et de tables bancs, à des problèmes pédagogiques et à des conflits de compétences entre les CGS et les APE. Les trois écoles publiques comptent un total de 1133 élèves soit une moyenne de 377 par écoles. Sachant que chaque école compte 6 cours, alors on peut estimer que chaque classe compte en moyenne 62 élèves.

26 Le personnel enseignant : Ce personnel est essentiellement contractuel. Il y a au total 26 enseignants dont 20 au premier cycle et 6 au second cycle. Sur ces 20, 17 sont contractuels dont 12 hommes et 5 femmes et 3 élèves maîtres (1homme et 2 femmes).

V.1.2.3.2 - Les écoles communautaires : Elles se rencontrent essentiellement à l’intérieur de la commune, dans tous les autres villages de la commune. Elles ont des problèmes liés au manque de salles de classe (3 salles de classe pour 6 cours à M’Piabougou et à Dialakoro Bambara) et sont confrontées aux difficultés de payement régulier des frais de scolarisation de leurs enfants.

Tableau N°4 : Répartition des élèves par année d’étude sexe SEXES Premier Cycle 1ere A 2eA 3eA 4èA 5eA 6eA TOTAL

Ecoles Publiques Garçons 84 139 119 165 177 103 787 69,47

Filles 53 74 46 69 63 41 346 30,53 Total 137 213 165 234 240 144 1133

Garçons 39 15 31 28 11 18 142 Ecoles 65,14 communautaires Filles 35 9 5 7 13 7 76 34,86 TOTAL 74 24 36 35 24 25 218

Source : CAP - Banamba

La lecture du tableau, ci-dessus montre : - Le nombre particulièrement faible (211) des élèves recrutés dans 5 écoles pour l’année scolaire 2007/2008 ; - Le faible taux de scolarisation des filles 422, soit 31,23% des élèves (1351) ; - Les écoles publiques qui sont au nombre de 3 scolarisent 83,87% des élèves alors que les 2 ECOM ne comptent que 16,13% des enfants scolarisés

L’ECOM de M’Piabougou :

Tableau n°4 : les effectifs de l’école : 2007 - 2008 Filles Garçons Total Observations 6ème Année 3 7 10 Absents =0 4ème Année 10 18 28 Absents=4 dont 2filles 3ème Année 1 16 17 Absents=2;dont 1 fille 2ème Année 6 11 17 Absents =0 1ère Année 1 29 30 Absents=6 ; dont 1 fille TOTAL 21 81 102

27 L’école de M’Piabougou a 20,58% de filles ce qui tranche avec le constat qui fait ressortir que les ECOM scolarisent plus de filles (34,86%) que les écoles publiques (30,53%). L’ECOM de Dialakoro Bambara compte 116 élèves dont 55 filles (47,41%) présente le pourcentage de scolarisation des filles le plus élevé de la commune.

Les écoles communautaires de Thiérola et de Bako : le résultat d’une demande persévérante Depuis 2000, ces deux villages avaient exprimé leur demande de création d’école auprès de la mairie. Jusqu’à la rentrée scolaire 2007- 2008, ils n’avaient pu obtenir satisfaction. A l’issue d’une persistance sans relâche, la demande a été agréée grâce à une grande détermination des communautés elles - mêmes. Dans ces deux villages, l’offre a été suscitée par une très forte demande et assumée par une capacité endogène de fourniture de service, à travers une mobilisation exceptionnelle des ressources financières (cotisation) et humaines (investissement humain). Certains jeunes se sont investis dans les démarches administratives, d’autres ont constitué la main d’eouvre locale pour la construction de la classe en matériaux locaux (en paille et seccos). Il faut signaler que ces classes ont été construites sans l’apport d’aucun intervenant extérieur en ce qui concerne le « génie civil ». Ce sont les jeunes du village qui ont fourni les poteaux en bois, la paille pour couvrir le toit et construit le hangar.

La prédominance des écoles publiques à Kiban village Le service de l’éducation à Kiban est fourni par plusieurs écoles publiques (3 premiers cycles de l’enseignement fondamental et 1 second cycle de l’enseignement fondamental).

Du côté des écoles publiques, l’offre de service présente un visage assez reluisant de même que la qualité de service, si l’on s’en tient aux chiffres et aux statistiques. En effet, à Kiban le premier cycle B de l’enseignement fondamental enregistre un taux de fréquentation de 98%. En termes de qualité de service, aux différents examens, au titre de l’année scolaire 2007-08 les résultats scolaires suivants ont été enregistrés : - Certificat d’Etude de Fin de Premier Cycle de l’Enseignement Fondamental (CEFPCEF) classique : 81,54% ; - CEFPCEF en arabe : 94,11% ; - Diplôme d’Etudes Fondamentale (DEF) classique : 78% ; - DEF en arabe : 100%.

En ce qui concerne le personnel enseignant, nonobstant la persistance de certains problèmes liés notamment aux conditions de logement et aux difficultés de mise à niveau, la situation est assez satisfaisante. En effet, on constate une relative stabilité des enseignants. Par exemple en trois ans, le personnel n’a fait l’objet d’aucune mutation (Kiban, 1 er cycle B).

V.1.2.3.3 : les médersas : Il existe plusieurs médersas dans la commune. Dans le village de Kiban, les médersas sont mieux équipées que les écoles publiques et constituent de véritables « concurrentes »

28 de ces dernières. Elles ont assez d’élèves et les enseignants ne connaissent pas de retard de salaires grâce à une subvention des pays arabes centralisée à Touba. Mais de toutes ces médersas, une seules est déclarée officiellement au CAP de Banamba, ce qui laisse un grand flou autour de la situation des médersas de la commune puisque : « même le CAP ne maîtrise pas la situation des médersas » (Mr. K. conseiller pédagogique au CAP de Banamba).

La Medersa Dar El Hadis de Kiban : un exemple de gestion partenariale . Le paysage éducatif kibanais compte deux médersas dont une seule (Médersa Dar El Hadis) est déclarée officiellement au Centre Animation Pédagogique. Créée en 1960 sous l’égide de Sékou Diakité, la Medersa Dar El Hadis de Kiban démarra avec 6 classes jusqu’en 1980, date à laquelle elle connut l’implication des partenaires du Koweit. A la faveur de ce partenariat dynamique doublé des efforts d’un bureau de gestion composé des ressortissants de Kiban, la Medersa compte aujourd’hui 30 classes et 4 bureaux pour la Direction de l’école. Dans le même élan, la Medersa a été gratifiée de 3 salles d’alphabétisation pour femmes.

La Medersa qui comporte les 2 cycles, est animée, au niveau du premier cycle, par 18 enseignants dont 7 femmes et au 2 e cycle par 7 enseignants.

V.1.2.3.4 Les Centres d’Education pour le Développement (CED) La commune rurale de Kiban compte un (1) CED qui été créé par l’Etat à Bako. Il est totalement pris en charge par l’Etat. Le CED a 1 seul enseignant, pris en charge par l’Etat. Cet enseignant assure 2 cours dans une seule classe. Les élèves de la première année (1 ère A) sont au nombre de 12 dont 5 filles. La deuxième année (2 ème A) compte 10 élèves dont 4 filles.

La répartition géographique des infrastructures sur le territoire de la commune est relativement déséquilibrée. La commune compte en effet 6 écoles (dont 5 premiers cycles de l’enseignement fondamental sous la tutelle de la commune) et un (1) CED. La commune comptant 6 villages, on peut se dire que chaque village devait avoir une école ou 1 CED. Toutefois, toutes les écoles sont concentrées à Kiban. Elles ont été construites avant la décentralisation à une époque où la taille démographique des villages qui n’ont pas d’école ne leur permet pas de fournir régulièrement suffisamment d’enfants à recruter. Par ailleurs, il convient de rappeler que le village de Kiban abrite les 84,96% des populations de la commune. Ce poids démographique pourrait aussi expliquer ce déséquilibre.

V.1.3 - la santé : En plus des villages de la commune de Kiban, Difian (un village de la commune de Duguwolonwula et quatre hameaux font partie de l’aire de santé de Kiban. Le CSCOM est aidé surtout par la l’ASACO, les associations (Soninkara et Sumpu) et la mairie. Dans la commune, le service de santé est assuré par : - Un (1) CSCOM à Kiban ;

29 - Une pharmacie privée ; - Une pharmacie du CSCOM.

V.1.3.1 - Le Centre de Santé Communautaire (CSCOM) de Kiban : Le personnel sanitaire : Le personnel du CSCOM comprend : - Un (1) infirmier (chef de poste) ; - Deux (2) matrones dont une pharmacienne; - Un (1) vaccinateur ; - un gérant de Dépôt Vente; - Un (1) gardien manœuvre.

Le chef de poste : Il est infirmier de formation, mais il fait fonction de technicien de santé. Il est fonctionnaire, de sont état. Il a comme attributions : - L’organisation des activités au niveau du centre ; - Les consultations curatives ; - Le suivi/supervision du personnel sanitaire et des activités ; - La supervision trimestrielle des relais ; - L’organisation des réunions statutaires de l’ASACO ; - Le suivi de la gestion financière du centre ; - La conception des rapports d’activités.

Les matrones : Ce sont des agents communautaires. Elles ont pour attributions: - Les Consultations Prénatales (CPN) ; - Les accouchements, les Consultations PostNatales (CPON), la Planification Familiale (PF) ; - Le suivi/supervision des Accoucheuses Traditionnelles Recyclées (ATR) au niveau du village ; - La production de rapports d’activités pour le Chef de Poste Médical (CPM).

Le vaccinateur : Il a le profil d’aide soignant et est chargé : - De la vaccination ; - Des soins aux malades ; - De la fourniture des rapports de vaccination.

Le gérant du dépôt de Vente (DV) : Il est chargé : - De la vente des médicaments ; - Du versement de recettes au trésorier ; - Du remplissage correct des fichiers de stock ; - De l’établissement de la commande des médicaments ; - De l’inventaire mensuel du dépôt.

30 Le gardien/manœuvre : Il est chargé de la surveillance, du nettoyage et de l’entretien des infrastructures

La prise en charge des salaires du personnel : Le chef de poste est fonctionnaire donc il est payé par l’Etat. Les matrones, le vaccinateur et les autres agents sont payés par l’ASACO.

Dans le Centre de Santé de Kiban, l’offre de santé s’arrête avec la tombée du jour. Il n’y a pas de service sanitaire pendant la nuit.

V.1.3.2 - Les accoucheuses traditionnelles Dans les autres villages de la commune, il n’existe aucune structure de santé. Ce sont des accoucheuses traditionnelles qui assurent le suivi des femmes enceintes dans les cinq autres villages de la commune. En général, ce sont des vieilles femmes de plus de 50 ans qui pratiquent ce métier depuis plus de 10 ans. Elles sont choisies soit par la population ou soit par l’ancienne accoucheuse qui est devenue très vieille ou décédée. Certaines ont reçu des formations pour un minimum de soins modernes, d’autres non. Comme salaire, elles ne bénéficient que de gestes de reconnaissance en argent ou en nature. Lorsqu’elles se rendent compte qu’une femme est en danger lors de l’accouchement elles demandent son évacuation sur Banamba. L’évacuation se fait aux moyens de charrette.

V.1.3.3 - La production des services de santé dans la commune de Kiban : Une offre incertaine à court terme Dans le cadre d’une offre de santé plus adaptée, la stratégie avancée est effective dans la commune de Kiban. Chaque mois le vaccinateur sillonne tous les villages de l’aire de santé du CSCOM, il est toujours accompagné par l’une des deux matrones qui procèdent aux consultations prénatales et postnatales. Les consultations prénatales sont beaucoup plus sollicitées que les autres. A ce niveau on peut constater que l’offre est disponible mais la demande est moindre. Après l’accouchement, les femmes ne font plus recours au service de santé moderne pour le suivi de leur état de santé.

A la fin de l’année 2008, tout le personnel sanitaire du CSCOM sera admis à la retraite. Il n’existe pour le moment aucune solution palliative, ne serait-ce que transitoire et précaire. La commune connaitra donc une période d’absence totale de production de service de santé. Aucune stratégie de sortie de l’impasse n’est mise en place pour le moment.

Des initiatives aux lendemains incertains Le CSCOM fait l’objet d’importants travaux actuellement, car il y a 10 nouvelles salles d’hospitalisation en construction dont le financement estimé à plus de dix millions de FCFA, a été intégralement mobilisé par les ressortissants. Mais après la réalisation des ouvrages, une grande question reste en suspens : celle de l’équipement des salles. Pour toute réponse les acteurs locaux déclarent: « nous comptons sur l’appui des

31 ressortissants ». Tous les espoirs sont fondés sur les éventuels appuis des ressortissants qui résident à l’extérieur du Mali ou à Bamako. Ce qui confère au service public, un caractère aléatoire. En effet, dans l’hypothèse où ces appuis ne sont pas disponibles « on ne sait pas comment on va faire ».

A Bako, une maternité est en construction. Le projet de réalisation de cette maternité vient du parti politique PARENA qui, au cours de la campagne politique, avait promis une maternité au village de Bako. Il faut préciser que le conseil communal, depuis sa prise de fonction, avait souhaité réaliser au moins, un petit poste de santé à Bako, village situé entre Dialakoro et Thiérola donc à une position quelque peu centrale dans la commune. Pour ce faire, la commune avait sollicité une étude auprès du médecin chef de Banamba. Le rapport produit à cet effet n’a pas été favorable, car le centre ne sera pas viable en raison de la faible importance démographique des villages devant constituer l’aire de santé. Il ne peut donc pas produire les ressources capables de prendre en charge les frais liés à son fonctionnement. Tenant à honorer sa promesse électorale, le parti est tout simplement venu informer le conseil communal de son projet de réalisation d’une maternité à Bako. En fait de maternité, il s’agit juste de réaliser les locaux devant abriter le service de santé de proximité.

Après la construction des locaux, il faut les équiper pour rendre fonctionnel le centre. Il faut recruter du personnel, mettre en place un dispositif de prise en charge de ce personnel et des autres charges liées au fonctionnement courant. Qui est-ce qui le fera ?

S’exprimant sur la question, un des responsables communaux déclare: « Ils ont voulu avoir une maternité chez eux dont la construction a été directement traitée avec les responsables du parti politique le PARENA. Maintenant, ils n’ont qu’à prendre en charge les frais d’équipement bien sûr s’ils en ont les moyens » (S.D. Kiban). En effet, le problème de l’équipement a été posé au niveau du conseil communal à la dernière session et il en est résulté qu’aucune rubrique n’a prévu cela dans le budget de 2008 et il n’est pas certain qu’il soit inscrit au budget de l’exercice 2009, à en croire certains responsables. Quant à la question du recrutement et de la prise en charge du personnel, elle reste aussi une énigme. Ces propos recueillis auprès d’un responsable communal sont révélateurs de l’incertitude qui prévaut: « Avant de construire une maternité, il fallait s’assurer des conditions dans lesquelles le personnel serait payé. Une chose est de construire et une autre chose est de payer le salaire, ce qui est continuel ».

A la lumière de tout ce qui précède, un certain nombre d’interrogations surgissent. En effet, toute l’incertitude liée au sort du CSCOM de Kiban et du poste de santé de Bako est l’expression d’une certaine improvisation des interventions dans la construction communale. Ces projets procèdent d’une ignorance totale du PDSEC qui reste, en matière de développement communal, la seule référence et le principal outil de planification. En matière de santé le développement semble plus improvisé que planifié.

32 V.1.4 - L’hydraulique :

L’hydraulique dans le cercle de Banamba se caractérise par 3 catégories de source d’eau: les puits à grand diamètre, les puits traditionnels et les pompes.

En 2005, le service subrégional d’hydraulique de , Koulikoro et Banamba a été créé. Ce service gère les questions hydrauliques de ces 3 cercles.

Avant l’avènement des ONG sur la scène de l’hydraulique, l’information, la sensibilisation de la population ainsi que la formation des comités de gestion des points d’eau étaient assurés par les animateurs du service subrégional.

Avec la décentralisation, désormais les communes sont responsabilisées en matière d’hydraulique rurale et semi urbaine. La redistribution fondamentale des rôles des différents acteurs du secteur a abouti à un nouvel mode de production du service de l’eau. La commune assure la planification et la maîtrise d’ouvrage et les usagers organisés interviennent dans la gestion des points d’eau. L’Etat conserve un pouvoir régalien fort de contrôle et décide de l’effectivité du transfert des compétences de maîtrise d’ouvrage à la Commune.

En juin 2002, le Décret N° 02-315/P-RM du 04 juin a fixé les détails des compétences transférées de l’Etat aux communes et aux cercles en matière d’hydraulique rurale et urbaine. Le niveau régional n’intervient pas directement dans le service public de l’eau. Le Conseil Communal a la responsabilité globale du service public de l’eau, il assure la planification et la maîtrise d’ouvrage des activités d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Assainissement (AEPA) au niveau de la commune en concertation avec les communautés villageoises, conformément à la loi fixant ses compétences en matière d’hydraulique rurale et urbaine. La planification AEPA de la Commune s’inscrit dans le Plan de Développement Communal et les budgets annuels de la commune.

L’exercice desdites compétences par la commune pose quelques problèmes et difficultés qui font qu’elles n’arrivent pas à pleinement jouer les rôles et fonctions attendus d’elles. Parmi ces difficultés, figurent, entre autres : • la non maîtrise, par les élus, des fonctions essentielles à assurer en matière d’hydraulique rurale ; • la faible capacité de mobilisation par la commune et lescommunautés, des ressources financières nécessaires pour la réalisation de nouveaux points d’eau potable ; • le manque d’information ou de savoir-faire sur les modalités pratiques d’organisation du transfert de compétences Etat /commune dans le domaine de l’hydraulique ; • la non disponibilité de l’appui conseil et les mesures d’accompagnement nécessaires pour la formation des acteurs locaux en matière d’hydraulique rurale, en générale, et d’organisation du service public de l’eau en particulier.

33

• L’inexistence de la commission hydraulique : La commune n’a pas mis en place de commission spécifique en charge des questions relatives à l’hydraulique. On est porté à se demander si le Conseil communal perçoit l’opportunité de mettre en place une telle commission.

L’organisation du service public de l’eau par les nouveaux maîtres d’ouvrage est confrontée à d’énormes difficultés d’ordre institutionnel, organisationnel, technique. A plus ou moins longue échéance, ces difficultés risquent de compromettre le fonctionnement courant des installations et ouvrages hydrauliques et compliquer davantage la fourniture du service public de l’eau.

V.I.4.1 - L’hydraulique à Kiban : le réseau d’adduction d’eau potable Le réseau d’adduction d’eau de Kiban existe depuis les années 1995. A cette époque, il y avait cinq (5) bornes fontaines qui approvisionnaient le village. C’est sur ce réseau que l’extension a été réalisée en 2006. Pour ce faire, le service technique en charge de l’hydraulique a demandé l’adhésion de la population à l’extension du réseau. A l’issue de concertations intra villageoise, le village devait payer une contribution de 10%. Sur le montant total de la réalisation des ouvrages la participation financière du village s’élevait à 5.450 000 FCFA. La mobilisation de ce montant a fait l’objet de nombreuses controverses très lourdes de conséquences. En effet, quand il s’est agit de payer les cotisations, il y a eu des contestations et un très grand nombre de personnes a refusé catégoriquement de payer.

Cette contestation renvoie à des oppositions historiques très anciennes et régulièrement ravivées. En effet, avant l’avènement de la commune, l’association « Soumpou 1 » avait en charge, la gestion de toutes les questions de développement du village de Kiban, notamment en matière d’eau depuis de très longues dates. La commune, une fois mise sur place et en vertu des compétences qui lui sont dévolues par la loi, a retiré cette gestion à l’association. C’est dans ce contexte de confusion des pouvoirs entre l’association et le conseil communal que s’est posée la question de la mobilisation autour de l’eau. Frustrée par cette perte de pouvoir « Soumpou » opposa une fin de non recevoir à toutes sollicitations en termes de participation à la réalisation d’infrastructures publiques.

Entre temps, une dissidence avait vu le jour au sein de Soumpou. Les dissidents s’étaient retirés pour former une autre association appelée « Sonikara ». Cette aile dissidente avait fait, de la réalisation de cette extension, un point d’honneur. Elle entreprit des démarches auprès des ressortissants du village à l’extérieur et parvint à réunir la somme nécessaire.

La fourniture de l’eau : un service public délégué : La distribution de l’eau potable dans le village de Kiban est assurée par des gestionnaires privés sous le contrôle d’une Association des Usagers d’Eau Potable (AUEP).

1 Selon M. D.(à Kiban), cette association, dont l’existence remonte à la période précoloniale, a connut des années d’hibernation, pendant la période coloniale, pour ensuite renaître en 1954 sous le nom de l’Association SOUMPOU le lait maternel : une façon de signifier que les membres de l’Association sont des frères ayant tété le même sein. Les relations entre enfants de même mère sont plus fortes que celles entre enfants de même père.

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La commune est investie de la compétence légale de gestion du service d’eau sur le fondement du décret portant transfert de compétence en matière d’hydraulique rurale. En vertu de cette compétence, elle a signé un contrat avec l’AUEP pour gérer les questions d’eau. Ainsi est conclu entre la commune et le délégataire un contrat de délégation de gestion de service public de l’eau portant sur l’exploitation et la gestion des installations d’alimentation en eau potable. Un autre contrat de maintenance des équipements entre l’AUEP et la SOMIMAD 2 a été signé. Ce contrat de maintenance ne prend pas en compte le réseau d’adduction d’eau potable proprement dit constitué des conduites et des bornes fontaines, et les châteaux d’eau. Les opérations de maintenance sur le système comprennent : o L’entretien et le contrôle ; o Les réparations éventuelles ; o L’approvisionnement en pièces détachées.

Le contrat définit les obligations et les droits de chaque partie qui en découlent. Il faut préciser que ledit contrat n’est pas encore signé, il est à la phase de consultation pour le moment au niveau de l’AUEP.

Un service actuellement difficile à produire : L’exploitation du service d’eau comme activité génératrice de revenus n’est pas rentable car les ressources générées par la vente de l’eau ne permettent d’assumer les charges y afférentes. Peuvent s’en sortir, seulement les exploitants (boutiquiers) qui ont une autre activité, en plus de l’exploitation de la borne fontaine. En effet, si l’exploitant doit recruter un salarié qui assure la vente de l’eau, il ne pourra pas payer le salaire de ce dernier et payer la facture d’eau.

Par ailleurs, la mise en œuvre de la délégation connait quelques des problèmes. Dans le cahier des charges, un opérateur de suivi doit être rémunéré à raison de 3% des ressources générées par l’exploitation de l’eau. Il y a par ailleurs, une taxe communale de 5% qui doit, en outre, être prélevée sur lesdites ressources. A ce stade de l’exploitation, aucune de ces deux obligations n’est honorée. L’opérateur ne perçoit pas ses 3% et la commune non plus ne perçoit sa taxe communale.

Enfin, les controverses qui ont surgi à l’occasion des discussions pour l’extension du réseau ont entravé son utilisation. En effet, sur 17 Bornes Fontaines disponibles seules 3 sont fonctionnelles. Les puits traditionnels constituent la principale source d’approvisionnement en eau.

Une solution alternative : les branchements privés Comme solution envisagée pour parvenir à une demande plus forte et une offre efficiente : les branchements privés à domicile. Il y a, actuellement une centaine de demandes de branchements à domicile en attente. Toutefois, les branchements privés ne sont possibles qu’après la réception définitive des ouvrages, car, le partenaire décline toute responsabilité pour toutes défaillances

2 La SOMIMAD qui est un programme national d’adduction d’eau potable est venue proposer au village l’extension du réseau.

35 intervenues sur le réseau en cas de branchements avant la réception définitive des ouvrages. Cette réception fait l’objet d’un imbroglio entre la mairie, l’AUEP et la SOMIMAD. En effet, sans commun accord, une équipe de la SOMIMAD se présente au village pour la cérémonie de ladite réception. En l’absence du président de l’AUEP et du maire, l’équipe se rendit sur le site des installations du réseau d’adduction d’eau. A l’issue d’une séance de réception improvisée, un membre de l’AUEP signa le document constatant la réception définitive des ouvrages par la commune. L’AUEP et la commune se trouvaient devant une situation de fait accompli. Refusant d’être le dindon de la farce, le maire a aussitôt écrit à la direction de la SOMIMAD pour exprimer sa protestation face à cette situation. La commune est toujours dans l’attente d’une réception officielle et définitive qui risque de ne jamais arriver. Dans ces conditions, qu’adviendra-t-il des branchements privés et de toute autre forme d’exploitation du réseau d’eau de Kiban ? En attendant, la mairie estime que la réception définitive n’est pas faite et qu’elle n’a pas le droit de toucher aux installations. Les usagers attendent impatiemment que l’on sorte de ce bourbier pour être servis en eau potable à domicile.

V.I. 4.2 - L’hydraulique dans les autres villages de la commune : Dans les autres villages de la commune, l’eau est fournie à partir des forages, des puits à grand diamètre et des puits traditionnels. Les forages équipés de pompes manuelles connaissent des fortunes diverses.

Un forage boudé A Dialakoro bambara, l’eau est fournie par 2 puits à grand diamètre et quatre (4) puits traditionnel. Un forage a été réalisé le Fonds de développement en zone sahélo – saharienne (FODESA) au compte de ce village. Mais entre ce village et son forage, 3 il y a un autre village. Les usagers de Dialakoro bambara ont « boudé » le forage qui reste inutilisé. Le chef de village ne reconnaît pas la propriété de ce point d’eau moderne.

Une surproduction d’eau à Dialakoro Peulh : Le village de Dialakoro dispose de quatre (4) puits grands diamètres et un forage équipé d’une pompe manuelle. Trois (3) puits ont été creusés par la population et un (1) par le FODESA Quant à la pompe, il y a environ 26 ans qu’elle a été demandée par la population de Dialakoro bambara et de Dialakoro peulh, suite à des problèmes qu’avait connus la population. Actuellement, avec la réalisation de puits à grand diamètre à proximité du village, les usagers trouvent le forage assez loin et l’ont pratiquement abandonné.

Une capacité endogène d’organisation séduisante :

3 L’emplacement actuel de ce forage n’est pas un choix des usagers. En effet, les villageois avaient envisagés à ce que la pompe soit installée entre les deux Dialakoro. D’après un de nos interlocuteurs la machine avait commencé le travail entre les deux villages. Mais le travail n’a pu s’achever car la machine c’est heurtée à une pierre qu’elle n’a pas pu dépasser. Les techniciens ont été obligés de chercher un autre endroit pour la réalisation du forage qui est plus proche des usagers de Dialakoro peulh qui l’entretiennent régulièrement, malgré l’absence d’un comité de gestion. Il convient de souligner donc que cette situation ne peut garantir un service continu de l’eau au niveau de ce village.

36 Grâce à un appui du FODESA, le village de Thiérola a obtenu la réalisation d’un puits à grand diamètre. Pour ce faire, le village devait payer une contribution. Cette contribution, estimée à 200 000 FCFA, a été intégralement payée par le « ton » villageois. Pour la pérennisation du service public de l’eau, les usagers, notamment les propriétaires de bétail, doivent payer. Le montant varie en fonction de la nature des usages. Les transhumants de passage paient plus cher que les pasteurs qui viennent séjourner aux abords du village parce que les champs des villageois bénéficient de la fumure organique produite par les animaux des derniers. Les fonds générés par cette exploitation sont versés dans la caisse du « ton » et servent à l’entretien des installations. Il faut signaler, par ailleurs, qu’une partie de ces fonds servait à assurer la maintenance du forage du village.

La gestion de l’eau connait de nombreux problèmes dans la commune. Ces problèmes sont liés à un ensemble de défaillances dont, entre autres : • Le faible niveau d’implication des élus en matière d’organisation du service public de l’eau dans les villages ; • L’inexistence ou le faible dynamisme des comités de gestion des points d’eau dans les villages ; • L’attentisme des villages qui n’ont pas de propositions appropriées à leurs besoins d’eau et attendent la commune pour la satisfaction de leurs préoccupations.

V.1.5 - L a mobilisation des ressources financières

En matière de mobilisation des ressources financières, la commune rurale de Kiban est loin d’être un modèle de référence. Non seulement elle ne parvient pas à recouvrer la Taxe de Développement Local et Régional (TDRL), mais aussi elle n’arrive pas à récupérer la taxe communale sur le marché. En effet, pour l’exercice 2007, la commune de Kiban n’a recouvré que 33,77%. En outre, dans trois (3) villages (Bako, Dialakoro Bambara, M’Piabougou), aucun franc n’a été recouvré. Autre fait curieux, les émissions pour l’année 2008 ont diminué dans tous les villages, exception faite de Dialakoro Peulh et Thiérola qui ont enregistré une légère hausse.

V.1.5.1. Le recouvrement de la TDRL : baromètre du malaise général :

- Un niveau catastrophique de recouvrement de la TDRL : Pour l’exercice budgétaire de 2008, sur un montant total de 9 809 275 FCFA de TDRL émis , la commune n’a pu recouvrer que 3 313 525 F CFA, soit à peu près le 1/3 de la somme totale. Sur l’ensemble de la somme totale non recouvrée soit 6 495 750 FCFA , le village de Kiban doit à lui seul 4 776 900 FCFA . Tous les autres villages de la commune se partagent le reste qui s’élève à 1 718 850 FCFA.

La très grande défaillance dans le recouvrement de la TDRL est une question qui a particulièrement retenue l’attention des chercheurs. La plupart des raisons invoquées par les premiers interlocuteurs à Kiban et dans les autres villages, renvoient à la pauvreté des

37 populations. Mais cette raison ne résiste pas à l’analyse si l’on sait que les populations sont des migrants par excellence et que ces derniers contribuent beaucoup à la prise en charge de la TDRL de leurs familles respectives.

Tableau n°5 : montant des émissions et des recouvrements pour les exercices budgétaires 2007 et 2008 N° Villages 2007 2008 Emission/FCFA Recouvrement Reliquat Emission Recouvrement Reliquat 01 Bako 431 725 Néant 431 725 425 625 170 000 255 625

02 Dialakoro 172 525 Néant 172 525 164 825 87 100 77 725 Bambara 03 Dialakoro 624 900 84 000 540 900 629 425 202 925 426 500 Peulh 04 Kiban I 916 300 263 600 652 700 745 675 70 000 675 675

05 Kiban II 941 175 511 825 429 350 565 125 50 000 515 125

06 Kiban III 2 285 150 867 475 1 417 675 1 216 450 160 000 1 056 450

07 Kiban IV 3 725 800 1 448 625 2 277 175 2 834 275 190 000 2 644 275

08 M’Piabougo 516 475 Néant 516 475 512 625 290 000 222 625 u 09 Thiérola 195 225 138 000 57 225 201 825 91 000 110 825

TOTAL 9 809 275 3 313 525 6 495 750 7 295 850 1 021 025 6 274 825

Pour l’exercice 2008, un montant total de 7 295 850 F CFA a été émis. Sur ce montant, 1 021 025 FCFA ont été recouvrés. Il reste un reliquat de 6 274 825 FCFA. Sur l’ensemble de ce reliquat le village de Kiban doit 4 891 525 FCFA, soit plus des 2/3 du montant total non recouvré.

Tableau n°6 : Situation de recouvrement de la TDRL du 01/01/2008 au 17/11/2008 : Exercice budgétaire 2008 N° Village Emission Recouvrement Reliquat Taux (en FCFA) % 01 Bako 425 625 170 000 255 625 39,94 02 Dialakoro Bambara 164 825 53 100 111 325 32,22 03 Dialakoro Peulh 629 425 202 925 426 500 32,24 04 Kiban I 745 675 96 000 649 675 12,87 05 Kiban II 565 125 70 000 495 125 12,39 06 Kiban III 1 216 450 328 200 888 250 36,98 07 Kiban IV 2 834 275 329 900 2 504 375 12,64 08 M’Piabougou 512 625 320 000 192 625 62,42 09 Thiérola 201 825 91 000 110 825 45,09 TOTAL 7 295 850 1 661 125 5 634 325 32,97

A la lecture de ce tableau, nous pouvons aisément comprendre que des problèmes réels se posent quant à la faiblesse du taux de recouvrement de la TDRL. En effet, nous remarquons un taux de recouvrement de 32,97% en fin novembre 2008. Sur l’ensemble

38 de ce taux, il existe des variances en fonction des villages. Ainsi, tandis que M’Piabougou, situé à 20 km est à 62,42%, Kiban II, situé dans le chef lieu de commune se retrouve avec 12,39%. Très curieusement, à la lecture du tableau, on constate que plus on s’éloigne du chef lieu de commune, plus le taux de recouvrement est élevé. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette situation particulière ? La première explication donnée évoque le très grand nombre de migrants. Ces derniers sont réticents, dit-on, à payer les taxes locales puisqu’ils n’y vivent pas. Pourtant, certains interlocuteurs soutiennent que chaque année : « Tout jeune Soninké, quand il envoie de l’argent, avant de préciser tout usage quelconque, commence par préciser la part qu’il destine à l’impôt ».

La migration est-elle un problème ou un alibi à Kiban face à la TDRL ? Dans tous les cas, la faible mobilisation de la TDRL soulève une multitude d’interrogations. Dans une commune réputée riche, ou plutôt dans une commune ou les habitants ont des moyens financiers importants, qu’est-ce qui peut bien expliquer cette faible mobilisation des ressources ? Que font les autorités communales pour mobiliser les ressources ? Quels sont les acteurs socio-politiques impliqués dans la mobilisation ? Y a-t-il eu des débats intra-communaux à propos de la mobilisation des ressources ? Quels sont les arguments utilisés pour tenter de mobiliser davantage de ressources financières ? Pourquoi les autorités communales ne s’inspirent-elles pas des stratégies déployées par les communes dites performantes en matière de recouvrement de la TDRL ? Voici autant d’interrogations dont les réponses pourraient aider à mieux comprendre la situation, peu reluisante, de la TDRL à Kiban. L’analyse des réponses sera également susceptible d’aider les autorités communales à adopter et à mettre en œuvre des politiques et stratégies de recouvrement plus adaptées aux citoyens de la commune. Après avoir établi le constat ou plutôt l’impression que « les élus ne veulent pas aller au devant de cette population pour réclamer l’impôt, pour des raisons électoralistes», il importe de prendre d’autres dispositions, car la difficulté de mobilisation des ressources financières pose le problème même de la viabilité des communes. « L’accompagnement financier, c’est pour un temps. On ne peut vouloir prendre nos propres affaires en main en comptant sur les partenaires » déclare un responsable de l’autorité de tutelle.

La responsabilité des uns et des autres, dans le mauvais recouvrement des taxes, semble partagée. En premier lieu, le service de recouvrement est défaillant. Selon M.S. (commerçant détaillant à Kiban), « il y a plus d’une année que je ne paie pas ma taxe car la mairie ne vient pas réclamer et cette situation m’arrange beaucoup». Dans la mesure où la dette est quérable, elle ne se transporte pas, il appartient donc au créancier de venir réclamer auprès de son débiteur. Si la commune ne peut pas réclamer ses créances à ses débiteurs, ces derniers se contenteront d’attendre. Le refus de payer devient contagieux car le mauvais payeur n’est pas sanctionné et le bon payeur récompensé. Ce déficit d’exemplarité provoque, par voie de conséquence, une généralisation de « l’incivisme fiscal ». Certains propos repris ci-dessous, sont révélateurs du manque de rigueur dans le mécanisme de recouvrement : « Ici, nous sommes confrontés à certains problèmes liés aux liens de famille qui entravent le recouvrement normal de la TDRL. Tu ne peux pas réclamer la TDRL au fils de ta sœur, ce serait se faire du mal à soi même » (M.D paysan à Kiban) ; « Le non paiement des impôts (parlant de la TDRL) est un refus, si non ce n’est pas un manque de moyens. L’impôt d’une personne s’élève à 1650 FCFA

39 seulement, mais le lignage D3 ne paiera jamais la taxe au lignage D4 lorsque ce dernier à le pouvoir et vice versa » dira un interlocuteur.» Ces propos donnent quelques éléments sur les explications du faible taux de recouvrement de la TDRL.

Le malaise dans la gouvernance ne s’exprime pas seulement au niveau de la TDRL. Il est perceptible au niveau du mécanisme de distribution de toutes les autres petites taxes (vignettes, patentes). Le tableau ci-dessous nous en détermine quelques indices :

Tableau n°7 : Situation de la distribution des vignettes en 2008 Désignation Nombre Nombre Montant Part de la Part du total retiré unitaire/FCFA mairie/FCFA trésor pub. Vélo 200 14 1000 1000 0 Charrette 200 38 1 500 1 500 0 Moto 1 200 27 3 000 1 800 1 200 Moto 2 200 16 6 000 3 600 2 400

Les données de ce tableau sont révélatrices d’une faible gouvernabilité. En effet, si nous considérons simplement la situation du payement des vignettes pour les charrettes, nous découvrons un réel problème. « Dans la commune de Kiban, il y a au moins une charrette dans chaque famille », nous a confié un des responsables de la commune. Sur le tableau, on relève que sur 200 vignettes émises pour les charrettes, 38 seulement ont été enlevées. De la lecture du tableau n°7, on peut faire les commentaires suivants : - Sur un montant total de 300 000 FCFA de vignettes pour charrettes à percevoir au compte exclusivement de la commune, celle-ci n’a pu mobiliser que 57 000 FCFA soit 19% de taux de mobilisation. - Pour les vélos, sur un total de 200 000 FCFA, seulement 14 000FCFA ont été mobilisés, soit un taux de 7%. - Pour les vignettes moto 1 (petites cylindrées), seulement 81 000FCFA ont été mobilisés sur 600 000 FCFA, soit 13,5%. - Enfin pour les motos 2 (grosses cylindrées), 600 000FCFA ont été mobilisés sur 1 200 000FCFA, soit 60%. Le cas de la fourrière à bétail est aussi préoccupant. En effet, pour 2008, on a pu percevoir 33 000FCFA. A ce sujet, un des responsables de la commune nous a confié : « nous avons beaucoup de difficultés s’agissant de la gestion de la fourrière et on pense qu’elle fera l’objet d’une gestion déléguée » (S.D., Kiban).

V.1.5.2 - Le marché : une gestion refusée à la commune : Le marché de Kiban, bien que pouvant générer d’importantes ressources financières pour la commune, reste totalement inexploité. La mairie ne perçoit, aucune taxe de marché. La vente des tickets a été tentée mais sans succès (en 2000). Les occupants du marché n’ont pas voulu payer les taxes en achetant les tickets de marché proposés. En outre, l’agent recruté pour la vente des tickets a fini par démissionner puisque personne ne voulait acheter les tickets. Le marché ne constitue alors aucune source de revenus pour la commune.

40 Pour l’instant, il n’y a eu aucune concertation autour de cette question de l’exploitation du marché. Certains occupants des places de marché soutiennent que le marché est sale et qu’il revient à la mairie la responsabilité et le devoir de salubrité et d’assainissement. Pour soutenir leurs griefs, ils refusent alors de payer les taxes de marché tant que la mairie ne s’assumera pas. Du côté de la mairie, on ne semble pas prêt à prendre en charge cette préoccupation car l’assainissement et la salubrité ne relèvent pas du seul ressort de la mairie. Nous nous retrouvons dans une situation, d’une part, de renonciation à des droits et prérogatives (ceux de percevoir les taxes de marché) de la part de la mairie et d’autre part, de défaut de sacrifier à un devoir d’exécuter une obligation : celui d’assurer l’assainissement et la salubrité du marché.

Pour mieux maîtriser le marché en vue d’une rentabilisation, un projet de déplacement du site a été envisagé par la mairie. Ce projet n’a pas encore vu le jour, car des problèmes de dédommagement et de mesure d’accompagnement existent à ce sujet.

En outre, par soutien ou par imitation, les occupants des abords de la voie publique refusent, à leur tour, de payer les taxes sur l’usage privatif du domaine public qui varient de 500 à 1000FCFA par occupant.

Il faut toutefois préciser que du fait de la recherche, la situation d’ensemble a évolué en décembre 2008. En effet, munis des premiers résultats de la recherche, le conseil communal a entrepris une « grande campagne d’information intense sur les conséquences préjudiciables du non paiement de la TDRL sur le destin de la commune. Il s’en est suivi une nette amélioration du taux de recouvrement que l’on peut aisément constater sur les tableaux n°8 et 9. Tableau n° 8 : Situation des villages de la commune : 31 décembre 2008 Années Villages Emissions/FCFA Recouvrements Reste à Pourcentage recouvrer Bako 856 850 319 500 537 350 38% Dialakoro 337 350 87 100 250 250 26% Bambara 2007 – Dialakoro – 1 254 325 668 500 585 825 54% 2008 Peulh M’Piabougou 1 029 100 657 625 371 475 64% Thierola 397 050 291 750 105 300 74% TOTAL 3 874 675 2 024 475 1 850 200 53%

Tableau n° 9 : Situation du village de Kiban: 31 décembre 2008 Années Villages Emissions/FCFA Recouvrements Reste à Pourcentage recouvrer Kiban I 1 661 975 829 950 832 025 50% Kiban II 1 506 300 716 425 789 875 48% 2007 - Kiban III 3 501 600 2 474 825 1 026 775 71% 2008 Kiban IV 6 560 075 3 024 575 3 535 500 47% TOTAL 13 229 950 7 045 775 6 184 175 54%

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Le taux de recouvrement est passé de 32,97% à 53,50%. C’est là un résultat très flatteur le maire met au compte du travail de la recherche.

V.1.5.2. Des Charges courantes et de la viabilité de la commune : En termes de charges de personnel, la commune prend à son compte, les salaires de cinq (5) personnes dont : - Un (1) secrétaire général ; - Un (1) régisseur ; - Deux (2) gardiens ; - Un (1) enseignant du premier cycle de Kiban. A cet effet, elle doit nécessairement supporter comme charges de personnel ce, au titre des salaires mensuels un montant total estimé à environ : 280 224 FCFA . Le cumul de ce montant au bout d’une année s’élève à 3 362 688 FCFA. Ces charges constituent uniquement celles liées au traitement salarial du personnel. Nous avons démontré plus haut, que pour l’exercice 2008 au compte de la TDRL, la commune n’a pu mobiliser que 1 661 125 FCFA. Ce qui suppose que le montant total mobilisé en TDRL ne suffit que pour cinq (5) mois de salaire dans l’année, si on ne payait que le salaire avec la TDRL. On en viendrait alors à mettre tous les autres secteurs de développement en veilleuse pour ne s’occuper que de payer le fonctionnement, du moins, une partie du fonctionnement. Il y a de quoi s’interroger sur la viabilité de cette commune. Dans l’hypothèse où il n’y aurait pas l’apport des ressortissants, comment faire pour que la commune rurale de Kiban existe véritablement?

Une autre source de financement du développement local réside dans les fonds alloués par l’ANICT. Cet appui est accordé aux communes sous forme de droits de tirages et pour en bénéficier, il faut répondre aux critères d’éligibilité. Mais pour disposer de ces fonds relève d’un véritable parcours du combattant. En effet, pour des investissements réalisés en 2007 (équipements de l’école en tables-bancs), la commune de Kiban court, jusqu’à présent encore, après les reliquats.

V.2 - Les services déconcentrés de l’Etat :

V.2.1 - L’agriculture : V.2.1.1 - Des réformes perturbantes : Dans le cadre de la reforme administrative le Service Local d’Appui et d’Equipement du monde Rural (SLACAER) vit le jour. Cette reforme avait pour objectif d’éviter un chevauchement d’activités entre agents de compétences différentes. Ainsi le SLACAER était dirigé de préférence par un ingénieur ayant sous son autorité des techniciens appartenant à divers domaines de compétence. A la fin de chaque mois, chaque agent ou technicien devai t adresser, chacun dans son domaine de compétence, un rapport dont la synthèse était faite par le chef du SLACAER qui à son tour transmettait le rapport de synthèse aux instances hiérarchiquement supérieures.

42 En 2005, une autre reforme administrative intervient. Il s’agit du Programme National de Vulgarisation (PNVA) qui enterra définitivement le SLACAER. Le Programme d’Appui aux Secteurs Agricoles et Organisations Paysannes PSAOP naquit des cendres du PNVA.

Ces différentes réformes successives ont profondément perturbé le fonctionnement des services du monde paysan.

V.2.1.2 - Un encadrement distant : Les communes de Kiban et de qui constituent un seul sous secteur sont liées au secteur agricole de Banamba animés par 7 agents dont seulement 5 agents mobiles. Ces agents qui ont une mission d’appui conseil et de sensibilisation doivent être en contact permanent avec le monde paysan conformément à l’esprit de la déconcentration dont le souci est de rapprocher l’administration des administrés. Une telle préoccupation doit être celle non seulement du Préfet, mais de l’encadreur du monde rural, de l’agent de la protection de la nature, de l’agent du service social.

V.2.1.3 - Une production agricole déficitaire Le rapport annuel d’activités de la campagne agricole 2007-2008 (décembre 2007) donne une situation catastrophique de la production dans le cercle de Banamba dont fait partie la commune de Kiban. Ce bilan se présente comme suit :

- Production disponible = 1018 tonnes (mil, sorgho, mais, fonio) - Besoin annuel = 214 kg/personne/an (mil, sorgho, mais, fonio, riz) = 2 062 tonnes - Ecart céréalier = 1 518 tonnes - Taux de couverture alimentaire/an = 40%

Au cours de nos entretiens dans les villages, les paysans ont confirmé ce bilan. Ils sont nombreux à déclarer que leur production annuelle suffisait à peine à couvrir 5 mois de l’année. En mai 2008 plusieurs agriculteurs ont déclaré avoir commencé à acheter sur le marché les céréales pour la consommation familiale.

V.2.2 - L’élevage : Ce service est scindé en deux petits services publics : le service vétérinaire et l’unité agricole de production de l’industrie animale (U.A.P.I.A)

V.2.2.1 - Le service vétérinaire : Ce service a pour mission d’assurer : - la couverture vaccinale ; - l’inspection de la santé publique animale ; - le choix, la formation et le contrôle des vétérinaires privés ; - l’application de la législation : o la saisie des produits périmés ; o le contrôle de la qualité de la viande ;

43 o la lutte contre l’installation des abattoirs clandestins ; o le contrôle des denrées alimentaires d’origine animale dans les marchés et boutiques ; - la lutte contre les maladies animales suivantes : o la péripneumonie contagieuse des bovins (PPCB) 2 vaccinations fois par an, en raison de 125F la dose ; o Le charbon symptomatique et la pasteurellose bovine : 2 vaccinations fois par an, en raison de 150F la dose ; o La pasteurellose ovine : 2 vaccinations fois par an, en raison de 75F la dose ; o La maladie de new - Castle (volaille) : 2 fois par an et 50F par dose.

Tous ces services vétérinaires doivent être assurés par un seul agent vétérinaire dans trois communes dont celle de Kiban. On comprend alors les raisons de ses plaintes en matière de personnel, doublée d’une insuffisance de moyens de travail. Ce qui explique aussi que ses missions ne puissent pas être assurées à souhait. Des ces conditions, les services ne peuvent être offerts qu’à ceux qui ont les moyens financiers pour soutenir une demande.

V.2.2.2 - L’Unité Agricole de Production de l’Industrie Animale: Elle a pour mission : - La production de l’industrie animale - L’amélioration de la qualité de la viande et du lait. Elle fournit ses services dans les communes de Kiban, de Banamba et de Benkadi.

Ce service n’a dans ces locaux que deux agents pour ces trois communes. Là aussi le responsable se plaint d’une insuffisance de ressources humaines et d’équipement

V.2.3 - La conservation de la nature : V.2.3.1 - Le personnel : Ce service emploie sept (7) agents qui sont répartis comme suit : Le chef de service, un (1) agent à , un (1) agent à Boron, un (1) agent à Duguwolowula et trois (3) agents à l’antenne centrale de Banamba. Cette répartition a été faite sur la base de l’ancien découpage administratif, c'est-à-dire que les agents sont affectés aux anciens chefs lieu d’arrondissement. L’antenne centrale de Banamba s’occupe de deux (2) communes (Benkadi et Kiban) en plus de la commune de Banamba.

Le service de la conservation de la nature connaît un déficit notoire de personnel, il existe deux (3) postes vacants (, Toukoroba et Sebeté). Il n’y a pas de gardien, pas de secrétaire, pas de chauffeur ni de manœuvre.

V.2.3.2 - L’équipement Le service est dépourvu de moyens informatiques et de déplacement ainsi que de source d’énergie. Le service n’a que quatre (4) motos à sa disposition comme moyens de déplacement.

V.2.3.3 - Les services fournis

44 La délivrance du permis d’exploitation : Les usagers des services de la conservation de la nature sont surtout des exploitants forestiers. Pour être considéré comme un exploitant forestier, il existe un certain nombre de conditions prévues par l’Etat. Un exploitant doit :  avoir une carte d’exploitant ;  avoir le quitus d’exploitation ;  Etre enregistré dans le registre du commerce. Toutefois, ces conditions ne sont pas respectées compte tenu du fait que la plupart des exploitants sont des ruraux. S’il faut respecter toutes ses conditions le service ne verra aucun exploitant. Aussi, ces dispositions légales d’acquisition du permis sont-elle en veilleuses. Ainsi, le quitus d’exploitation est établi en fonction de la quantité que l’exploitant désire exploiter.

La formation des exploitants forestiers La population bénéficiaire est majoritairement analphabète, elle a besoin de formation. Mais les moyens limités pour les prestations de services adéquats ne permettent pas un renforcement des capacités en matière d’IEC (Information Education et Communication).

L’application des tarifs Le contrôle est fait en fonction du type (contrôlé ou pas) de bois et du contenant (charrette ou sac de charbon) en vue de la fixation de la redevance. Ainsi pour : - Un type contrôlé de bois de chauffe, la redevance est de 250 F par stère (un chargement de charrette) ; - Un type incontrôlé de bois de chauffe la redevance est de 800 F par stère (un chargement de charrette) ; - Un type contrôlé de charbon de bois la redevance est de 500 F par quintal (sac de 100 kg), Les vingt (20 %) des recettes d’exploitation forestière reviennent à la commune.

Le respect des volumes d’exploitation prévus Pour contrôler les quantités de bois exploités, des quotas sont prévus par commune et par marche de bois (la commune de Kiban possède 2 marchés de bois). Ces quotas sont fixés au niveau régional

Tableau n°10 : Le volume d’exploitation de l’année 2007 Les villages Quantité Les types Les qualités Bois d’œuvre Bako 404 stères Contrôlé Bois de chauffe Dialakoro 235 stères Contrôlé Bois de chauffe Le reste de la 880 stères Incontrôlé Bois de chauffe 50 pieds commune 40 quintaux Incontrôlé Charbon de bois

Tableau n°11 : La prévision pour l’année 2008 Les villages Quantité Les types Les qualités Bois d’œuvre Bako 881 stères Contrôlé Bois de chauffe Dialakoro 410 stères Contrôlé Bois de chauffe 50 pieds

45 On peut remarquer, à la lecture de ce tableau, une augmentation des quantités de bois à exploiter pour une zone en voie de désertification. A quelle politique correspond cette augmentation ?

Avec la présence de deux (2) marchés ruraux (Dialakoro et Bako) dans la commune, l’exploitation est, en grande partie, contrôlée. Le service a comme moyen de contrôle des registres et les coupons.

Sanctionner les exploitants illégaux : L’exploitation frauduleuse entraîne la saisie des produits et les moyens de transport si l’auteur est appréhendé. A cet effet il est prévu des sanctions pécuniaires (le paiement d’amende prévu par la réglementation). Dans ce cas l’auteur de l’exploitation frauduleuse a la possibilité de demander le bénéfice d’une transaction que la loi lui accorde. Toutefois, il est tenu de payer l’amende et une fois cette amende payée il ne peut plus faire l’objet d’une poursuite judiciaire. Mais si l’auteur résiste et ne demande pas le bénéfice d’une transaction, il s’expose à des poursuites judiciaires. L’auteur peut être condamné soit à payer l’amende, soit à aller en prison. Il peut également être condamné à payer l’amende et à faire la prison suivant la gravité de l’acte.

V.2.4 - Le service social: Le cercle Banamba, qui est composé de neuf communes, a un seul service social. Le service est composé de trois agents dont le chef de service, un administrateur et un technicien.

V.2.4.1 - Ses missions : Les missions du service social couvrent trois domaines plus connus sous l’appellation volets. La protection sociale : Elle vise surtout les personnes en situation difficile. Elle s’adresse surtout aux personnes indigentes, aux handicapées, aux veuves seules chargées de la famille, aux personnes souvent malades (exemple les PV.VIH), aux bébés orphelins ou dont la mère est malade. La protection concerne surtout sur la charge alimentaire et médicale.

La promotion communautaire : Il s’agit des actions menées au niveau de la population dans le cadre de la santé (les activités de sensibilisation, de mobilisation, d’Information, Education et communication (IEC) pour une meilleure couverture sanitaire) et de la mobilisation sociale.

La promotion des organisations : A travers ce volet, le service social œuvre à faciliter la création des sociétés coopératives, la création des mutuelles de santé et la promotion des associations féminines et à leur donner des appuis-conseils.

V.2.4.2 - Les conditions d’accès aux services L’accès aux services produits par le service social est lié à certaines conditions qu’il faut remplir. Posséder un certificat d’indigence. Pour obtenir un certificat d’indigence, le

46 candidat doit introduire une demande auprès des autorités communales ou du cercle. Cette demande est transmise au service social pour expertise. Après l’analyse de cette demande, le service engage une enquête sociale en vue de savoir si réellement la personne est dans le besoin ou non. Dans tous les cas, actuellement le certificat d’indigence est délivré par la mairie mais après une enquête sociale faite par les agents du service social

Actuellement les prises en charge sont d’ordre alimentaire, sanitaire et d’appareillage pour les personnes handicapées.

Au cours de l’année 2007, le service social à enregistré 12 demandes d’appui. Parmi ces demandeurs ne figure aucune personne venant de Kiban.

V.2.5. Service de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances : L’offre de service est disponible mais elle n’est pas sollicitée. La compétence de ce service est en veilleuse. Le service n’est pas connu par la population pour ses différentes prestations. Depuis sa mise en place aucune mission de service n’a été effectuée dans la commune de Kiban.

47 CONCLUSION

A l’issue de cette phase de terrain, un certain nombre de constats majeurs caractérisent la fourniture des services publics dans la commune rurale de Kiban. En effet, il ressort que la commune rurale est effectivement petite, à la fois, par la taille de sa population ainsi que par le nombre de villages.

Le paysage politique est dominé par un seul parti politique, le PARENA, et un seul village, Kiban.

Les services de l’état civil ne font pas l’objet de demandes de même intensité. Alors que les actes de mariage sont fortement demandés, les demandes, mêmes incitatives, d’actes de naissance ne sont suivies que d’un enlèvement partiel.

Il convient de souligner que les citoyens de la commune, malgré nombreuses demandes, dans le domaine de l’amélioration de leurs conditions de vie (construction de centre de santé, construction d’écoles), ne payent pas, à hauteur de souhait, les impôts et taxes qu’ils doivent à la collectivité. Pourtant, ils affirment que la décentralisation a apporté des changements et qu’elle permet aux collectivités de se prendre en charge. Leurs comportements est en contradiction avec leurs attentes et leurs propos.

L’éducation souffre de problèmes d’ordre quantitatif et qualitatif. Les enseignants, essentiellement constitués de contractuels en nombre insuffisant, sont confrontés à un certain nombre de problème liés d’une part à l’inégalité dans le traitement et à leur avancement dans le corps des enseignants d’autre part. Pour être considéré comme un enseignant titulaire il faut un an pour les sortants de l’IFM. Par contre, pour les contractuels, il leur faut attendre au moins quatre (4) ans. Par ailleurs, les enseignants souffrent d’autres handicaps qui sont d’ordre pédagogiques. Ces handicaps sont liés entre autre aux innovations pédagogiques intempestives et parfois inadaptées. Ces innovations pédagogiques, qu’il s’agisse de la Pédagogie Convergente (PC) ou du Curriculum (pédagogie convergente plus la pédagogie classique), nécessitent des formations. Ces dernières sont rares et le temps consacré à ces différentes formations est souvent très réduit : soit quinze (15) jours au lieu de quarante cinq (45) jours nécessaires pour la PC et dix (10) jours au lieu de vingt (20) jours nécessaires pour le curriculum. Enfin les problèmes d’ordre linguistique sont notoires (mutation des enseignants dans une zone dont ils ne sont pas locuteurs de la langue enseignée).

L’inexistence de guide pour la planification journalière et le répertoire qui est un document fondamental pour la PC pose également des problèmes.

Ces handicaps et le bas niveau de la plupart des enseignants ont fait dire à un responsable de l’administration locale : « La qualité de l’enseignement est devenue du n’importe quoi, certains ( parlant des enseignants ) n’ont même pas le DE F» (Diplôme d’études fondamentales)

48

Outre les innovations, les différentes écoles sont soumises à la double vacation ou à la double division. Dans l’un ou l’autre cas de figure, il y a une diminution des heures de travail des élèves. Toute chose qui ne manque pas de poser un problème de qualité de l’enseignement dans la commune de Kiban.

Le personnel sanitaire est insuffisant, polyvalent et potentiellement instable à cause des départs à la retraite sans succession assurée . M algré l’insuffisance des moyens du CSCOM, le personnel qui y travaille, semble gérer, au mieux qu’il peut, une situation de crise qui se traduit dans la réalité par le cumul de fonctions. Le chef de poste, qui est un infirmier d’état joue le rôle du médecin, fait au besoin des consultations, et prescrit des ordonnances. En l’absence de ce dernier, le vaccinateur, qui n’a que le niveau de la 6 e année et de surcroît à la retraite, le remplace. Il fait des consultations, prescrit des ordonnances. En plus de son rôle de vaccinateur et d’aide infirmier, il fait des pansements et des injections. La matrone qui gère la pharmacie en fait autant. Les médicaments sont souvent inaccessibles et les ordonnances sont envoyées ailleurs (Banamba, Touba, Bamako).

Les accoucheuses traditionnelles fournissent des effets très appréciables dans le domaine de suivi des femmes enceintes. L’exemple de celle de Bako est éloquent. En 10 ans de travail d’accoucheuse traditionnelle, aucune femme n’est décédée entre ses mains et elle n’a fait évacuer que deux femmes en travail vers le C.S.C.O.M.

L’agent du service hydraulique, quant à lui, est trop loin de la commune. Il réside à Koulikoro (situé à 100 km) et s’occupe de trois cercles : Kati, Koulikoro et Banamba. Il ne peut manifestement pas atteindre les villages et reste à Koulikoro en essayant de répondre ponctuellement à des sollicitations au plus haut niveau (niveau cercle) qui met les moyens nécessaires pour son déplacement. Le réseau d’adduction d’eau potable de Kiban est presque inexploité avec de fortes chances de s’arrêter si des mesures d’urgence efficientes ne sont prises.

Des services déconcentrés sous-équipés, avec un personnel insuffisant réduit à assurer le service minimum : Les agents de ces services se ressemblent par le fait qu’ils ont pratiquement les mêmes contraintes (insuffisances de moyens de travail, de ressources humaines pour assurer les fonctions nécessaires). Malgré tout, ces agents parviennent à faire le minimum, en utilisant, chaque fois qu’il le faut, leurs moyens personnels dans le cadre de l’exécution des missions d’appui. Quant à la qualité, c’est un autre problème.

L’agent vétérinaire qui ne fait qu’une vaccination par an. Il ne peut ni contrôler la qualité de la viande ni assurer le contrôle des vétérinaires privés formés par lui. Il ne peut aussi (d’après lui-même) assurer l’inspection des marchés et des boutiques pour empêcher la vente des produits périmés. Celui de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances n’ayant jamais été sollicité, reste en veilleuse.

49 Quant à l’agent de l’unité agricole de production des industries animales, il convient de chercher à savoir le mécanisme de production des industries animales et la prise en charge des quelques demandes faites.

L’agent du service de l’agriculture, d’après le secrétaire général, passe souvent à Kiban. Toutefois, les paysans (ceux qui le connaissent) se posent la question de savoir quelle est sa mission et qu’est ce qu’il fait exactement ? Certains ressortissants des villages de la commune ne le connaissent même pas.

Les agents du service de la conservation de la nature n’interviennent en général que pour la répression. Ils ont effectué, cependant en 2007, une tournée de sensibilisation avec la mairie, dans l’ensemble des villages de la commune autour des mécanismes de protection de l’environnement et de gestion durable de ressources naturelles. Dans le domaine de la conservation de la nature, il a été noté que prestataires et usagers se sont accordés pour surseoir à l’application de textes législatifs que l’état leur demande. En effet, la conservation de la nature a complètement mis en veilleuse, les textes sur l’exploitation du bois et charbon de bois et trouve des solutions négociées avec les usagers. Les montants qui sont alors versés par les exploitants sont perçus sans reçu. Cette situation conforte les usagers qui ne veulent pas se soumettre à la rigueur de la légalité.

Quant aux agents du service social, leur situation relève de l’insolite. En effet, ni le secrétaire général qui a parlé de tous les services intervenant dans la commune de Kiban, ni les usagers n’ont évoqué l’existence de ce service. Nous sommes en présence d’une offre invisible ou ignorée et par conséquent non demandée. Jusqu’à ce jour, il n’y a eu aucune demande de certificat d’indigence provenant de Kiban. Pourtant, il y existe bien des indigents. Le montants des émissions de la TDRL ont été revus à la baisse, car il a été décidé de radier certains indigents de la liste des redevables fiscaux. Ce service ne dispose que de 100.000 FCFA pour aider tous ceux qui sont reconnus indigents dans le cercle. C’est une offre complètement ignorée des usagers. Mais au demeurant, ce service n’a-t-il pas intérêt à rester invisible? En cas de sollicitation, que pourrait-il satisfaire avec 100 000 FCFA ? Ce qui explique d’ailleurs pourquoi les agents restent inactifs, la plupart du temps.

Aucun service technique n’a son siège dans le chef lieu de commune. Ils sont tous installés à Banamba distant de 10 km. Les usagers doivent, en cas de besoin, se déplacer pour voir directement les responsables concernés. Ils peuvent aussi s’adresser au maire qui, à son tour, doit passer par le sous-préfet qui réside à Banamba. Le sous préfet prend un acte de mise à disposition de l’agent dont les prestations sont sollicitées. Toute cette gymnastique procédurière constitue une épreuve aussi redoutable pour les particuliers que pour la mairie elle-même.

Les offres de services éloignés, outre la question récurrente d’accès économique (valable pour tous les services publics), posent des difficultés d’accessibilité géographique et

50 d’information, quant à l’existence même du service. Quoi qu’il en soit, les itinéraires sont de véritables parcours de combattants.

L’usager a une très faible capacité d’influencer les politiques publiques en matière de fourniture des services publics. Il est plus un consommateur passif du service plutôt qu’acteur participant dans la chaîne de production du service public. « En cas de non satisfaction on s’en remet à dieu » (M.D. cultivateur à Thiérola). L’usager n’a alors aucune possibilité de protestation. Comme stratégies palliatives à la défaillance du mode d’accès au service public, l’usager a recours aux relations sociales et négociations personnelles. Pour ceux qui ont les moyens, le plus court chemin qui conduit aux soins reste celui qui mène à Banamba et même à Bamako. Les propos suivants sont révélateurs de cet état d’esprit : « Même le CSCOM de Kiban ne peut pas soigner le paludisme. Quand je suis tombé malade, on n’a pas pu me soigner et j’ai gaspillé mon argent pour rien car par la suite, je suis allé me traiter à Bamako » (K. K. habitant Kiban). Ceux qui ne peuvent atteindre Bamako, c’est le recours aux médicaments vendus par des vendeurs ambulants.

Il y a incontestablement une faible aptitude à exercer le contrôle citoyen quant à la qualité des prestations fournies. L’usager se préoccupe moins de la qualification technique de l’agent que de ses valeurs humaines : « Un bon agent, c’est celui qui est conscient de ce qu’il fait, accueillant, respectueux. Un mauvais agent, c’est celui qui néglige les gens » (K.K. habitant à Kiban). En outre, il y a un plus grand penchant pour un service public gratuit qu’un service à contrepartie contributive.

Au niveau des services techniques de proximité, un des constats majeurs est le déficit d’information au sujet des normes et des statistiques. En effet, il n’est pas possible de sortir des chiffres concernant les normes nationales, locales et régionales sur la qualité de la délivrance des services publics : inexistence de normes officielles et défectuosité de la mémoire administrative semblent caractériser certains services techniques.

Du côté de l’éducation, par exemple, on reste évasif sur les normes prescrites pour l’effectif des élèves d’une classe, les critères officiels à remplir pour qu’une communauté bénéficier de la création d’une école, le ratio élèves/maître souhaitable. La difficulté de produire les statistiques est plus remarquable quant à la fourniture de données à l’échelle locale d’un cercle. Quelle est la moyenne des effectifs par classe dans le cercle ? La région ? Quelle est la moyenne des taux de fréquentation, scolarisation ? Quels sont les taux d’admissibilité, d’échecs à l’échelle régionale, du cercle ? Sont autant de questions qui embarrassent les techniciens de proximité. Du côté de la santé, on ne peut dire avec précision, combien de situation de références sont arrivées en provenance d’un CSCOM donné : « demander au chauffeur de l’ambulance, peut-être que ce dernier sait » nous a-t-on rétorqué. Il n’y a nul doute que ces chiffres doivent exister quelque part. Mais si les techniciens éprouvent du mal à les sortir, c’est que leur service est fourni sans véritable cadre normatif rigoureux qui devrait s’imposer à tous. Cette situation présente un arrière goût

51 du développement local à l’improviste où on ne joue qu’au sapeur pompier pour éteindre l’incendie et parer au plus pressé.

Au demeurant, la construction communale reste une préoccupation aussi pressante que la réalisation d’un climat socio-politique conflictuel et plus participatif, seul gage d’une décentralisation véritablement opérationnelle et d’une démocratie fonctionnelle. Le refus de participer, qui est presque la grande tendance hypothèque dangereusement la viabilité de cette commune qui ne trouve son salut pour l’instant que dans l’appui fort louable de la diaspora.

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