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LE MONDE Mode de baisse DES INITIATIVES du temps de travail préféré en % a 35 heures : MENSUEL

l’avis des salariés ANNUEL

a HEBDOMADAIRE 18 pages QUOTIDIEN d’offres d’emplois 7442319

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16450 – 7,50 F MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Conflit euro-américain sur la « vache folle » Affaire Urba : b Washington a décidé d’interdire l’importation de toute viande bovine et ovine M. Emmanuelli d’origine européenne b Bruxelles juge « disproportionnée » cette mesure à faible impact financier va être déchu b Londres menace le bœuf continental d’un nouvel embargo à partir du 1er janvier de son mandat LES ÉTATS-UNIS ont décidé des effets financiers modestes, La nouvelle guerre d’interdire l’importation sur leur puisque le volume commercial territoire de toutes les viandes de concerné représente, de source eu- de député bœuf et de mouton en provenance ropéenne, environ 2 millions de de James Bond de l’Union européenne. L’embargo dollars (12 millions de francs). Mais LA CHAMBRE CRIMINELLE de américain concernait jusqu’à elle a une portée symbolique la Cour de cassation a rejeté, mar- DEMAIN NE MEURT JAMAIS, le présent sept pays (Grande-Bre- considérable. Les Etats-Unis affir- di 16 décembre, le pourvoi formé dix-huitième James Bond, arrive tagne, , Irlande, Portugal, ment que leur embargo étendu par Henri Emmanuelli, président mercredi 17 décembre sur les Pays-Bas, Belgique, Luxembourg). s’explique uniquement par des rai- de la commission des finances de écrans. Fidèle à lui-même, chic Il est désormais étendu à l’en- sons sanitaires. Selon eux, les l’Assemblée nationale, contre l’ar- british, bourreau des cœurs et des semble des Etats de l’Union. Les contrôles exercés dans les abat- rêt de la cour d’appel de Rennes méchants. Authentique successeur ministres de l’agriculture des Quin- toirs européens ne sont pas suffi- qui l’avait condamné, le 13 mars de Sean Connery, Pierce Brosnan ze, réunis lundi 15 et mardi 16 dé- sants pour leur donner l’assurance 1996, en tant qu’ancien trésorier enfile pour la deuxième fois le cembre à Bruxelles, se sont saisis qu’aucune viande provenant d’un du Parti socialiste, à dix-huit mois smoking de 007. Dans un entretien de cette nouvelle escalade – « dis- animal infecté n’est commerciali- de prison avec sursis, 30 000 francs au Monde, le producteur du film, proportionnée », selon la Commis- sée. Cette décision intervient au d’amende et deux ans de privation Michael G. Wilson, explique com- sion de Bruxelles – dans la guerre moment où la Grande-Bretagne de droits civiques dans l’affaire ment, après la fin de la guerre commerciale née de l’affaire de la est secouée par une affaire de pro- URBA-Sages-BLE. La condamna- froide, il a rebâti le personnage « vache folle ». Pour sa part, Jack duit sanguin potentiellement tion de M. Emmanuelli est donc créé par Ian Fleming pour l’adap- Cunningham, ministre britannique contaminé par la maladie de devenue exécutoire. La Cour de ter aux combats plus incertains de de l’agriculture, a déclaré, lundi, Creutzfeldt-Jakob. cassation va transmettre sa déci- l’époque. Cette fois, l’agent secret que la Grande-Bretagne s’apprête L’affaire de la « vache folle » sion au garde des sceaux, lequel met un terme au complot d’un à prendre « des mesures pour faire avait éclaté en mars 1996, lorsque devra en informer le Conseil magnat des médias qui veut dé- en sorte qu’aucun bœuf n’arrive en le secrétaire d’Etat britannique à la constitutionnel qui notifiera au clencher une guerre mondiale Grande-Bretagne à partir du 1er jan- santé avait annoncé que l’agent de président de l’Assemblée la dé- pour la retransmettre en exclusivi- vier s’il n’a pas été soumis » aux la maladie de la « vache folle » chéance de M. Emmanuelli de son té sur ses chaînes. mêmes contrôles que ceux appli- était transmissible à l’homme. mandat de député des Landes. qués dans son pays. Lire page 30 La décision américaine n’a que Lire page 35 Lire page 8

Le patron Concorde, les mirages du temps et l’an 2000 a Extension ILS VEULENT faire la fête le plus long- XXe siècle. Il fera une première escale à Gan- passagers rentreraient dans l’an 2000 en ac- du droit d’asile temps possible avant de passer dans le troi- der, en Terre-Neuve à 22 h 30 le 31 décembre. céléré. des patrons L’Assemblée nationale a étendu le sième millénaire. Pour eux, Concorde a in- Pendant deux heures, ses passagers pourront Concorde fait toujours rêver. Chaque an- ERNEST-ANTOINE SEIL- venté la machine à remonter le temps. de nouveau se réjouir d’une nouvelle fin de née, Air France reçoit en moyenne cinq cents droit d’asile aux personnes dont la vie a LIÈRE devait succéder, mar- L’avion supersonique, parce qu’il va à millénaire. Avant de repartir vers Vancouver, demandes d’affrètements du monde entier. ou la liberté sont menacées. p. 9 di 16 décembre, à Jean Gandois à la mach 2, permet de jouer avec les heures, de au Canada, où ils arriveront à 23 heures et La compagnie facture ses supersoniques tête du CNPF, à l’issue du vote de vivre plusieurs fois les mêmes moments. Il lui boiront de nouveau du champagne à la santé 200 000 à 250 000 francs l’heure de vol. Vingt plus de 500 grands électeurs repré- suffit pour cela de partir vers l’ouest. du nouveau siècle. Ils finiront leur escapade à fois par an, des Français s’offrent, pour près a sentant les unions locales patro- Les agences de voyage, et certaines entre- Honolulu, à 2 heures du matin, et pourront de 5 000 francs, un baptême de l’air à mach 2. L’Europe à l’abri nales et les fédérations profession- prises qui veulent faire un beau cadeau de fin rejoindre les fêtes locales qui battront alors L’avion file aux portes de l’Atlantique, où il nelles. A cette occasion, le CNPF a d’année à leurs meilleurs clients, l’ont leur plein. atteint sa vitesse maximale, avant de rentrer de la crise en Asie prévu de présenter la synthèse des compris : « En 1991, on a commencé à recevoir Un autre Concorde quittera Paris vers une sur Paris. Ce sont des couples qui fêtent un Selon un rapport de l’OCDE, la crise états généraux territoriaux organi- des demandes d’affrètement de nos Concorde. 1 heure du matin, le 1er janvier 2000, pour ar- anniversaire particulier ou encore des per- asiatique épargnerait les pays de la sés la semaine dernière contre les On en compte aujourd’hui deux cents pour river à New York à 23 heures la veille. Juste le sonnes qui ont travaillé sur le projet zone euro. p. 2 35 heures. Dans un entretien pu- cette fameuse nuit du 31 décembre 1999 au temps de quitter Kennnedy Airport pour re- Concorde et qui veulent voir, de leurs yeux, le blié par le mensuel Passages (à pa- 1er janvier 2000 », explique Franck Debouck, joindre Manhattan et se jeter dans la folle produit fini. raître le 22 décembre), Denis Kess- responsable des Vols spéciaux Concorde chez nuit de Big Apple. L’heureux bénéficiaire de Le week-end du 13 et 14 décembre, cin- ler, le président de la commission Air France. Donald Pevner, un avocat améri- cet avion magique n’est pas encore connu. Il quante grands-mères ont emmené leurs pe- a Raymond Lévy économique du CNPF, suggère de cain qui rafole du Concorde au point d’avoir sera tiré au sort parmi les deux cents deman- tits-enfants à Ivalo, tout au nord de la Fin- dissocier la « partie revenu » de la créé une agence de voyage baptisée deurs. « Nous travaillons sur un autre projet lande et juste au-dessus du cercle polaire, en à la tête du CDR « partie salaire » du SMIC, de sorte Concorde Spirit Tours, fera partie des privilé- qui nous permettrait de ramener, dans la nuit, Concorde. Là bas, ils ont visité la maison du que seule cette dernière serait ver- giés. Ceux qui le suivront pourront fêter trois un avion de New-York à Paris », dévoile Franck Père Noël, vu des rennes, des traîneaux et se L’ancien patron de Renault va diriger la sée par les entreprises. fois ce nouvel an pas comme les autres. Debouck. Un projet d’une philosophie diffé- sont crus, l’espace de quelques heures, dans structure de défaisance du Crédit - Son Concorde quittera Paris à minuit et de- rente, puisque dans ce sens le Concorde ne un monde merveilleux. nais, dont Dominique Strauss-Kahn va Lire pages 7 et 17 mi le 1er janvier, et laissera les habitants de la remonte pas le temps mais s’y projette : le ré- présenter la réforme. p. 21 et notre éditorial page 20 capitale française à leur nostalgie du veillon se ferait dans l’avion, à mach 2, et les Virginie Malingre

POINT DE VUE a M. Chevènement Le numérique « rengaine » Le ministre de l’intérieur dément tout pour tous Egypte, la blessure « désarmement général » pour les poli- et les remèdes ciers municipaux. p. 10 par Tahar Ben Jelloun a La France

E viens de passer une di- monde entier de la détermination des « pays » zaine de jours en Egypte. des autorités à tout mettre en Le gouvernement veut aménager le Le bleu du ciel et la tempé- œuvre pour que l’horreur de la val- territoire en privilégiant les aggloméra- J rature douce ne sont as- lée des Rois ne se reproduise plus ? tions et les « pays ». Un entretien avec sombris que par un nuage Les autorités savent qu’il faut des Dominique Voynet. p. 14 de poussière suspendu, dû à la pol- actes et du temps. GÉRARD THÉRY lution, et par la mine triste et déso- Sur la route de l’aéroport à l’hô- lée des Egyptiens. Ils sont désespé- tel, tous les cent mètres, un soldat AVEC L’EXPOSITION « Nou- rés et parlent de malédiction. armé veille. Les grands hôtels et les a Un sondage velle image, nouveaux réseaux : D’autres, moins pessimistes, monuments importants sont gar- passeport pour le cybermonde », comptent sur l’oubli pour surmon- dés comme des forteresses. L’ar- transManche Gérard Théry, président de la Cité ter la grave crise que connaissent le mée et la police campent tout au- des sciences, propose une initia- pays et surtout son tourisme de- tour. On accède à la réception de Selon une enquête réalisée par la tion aux technologies numériques. puis le 17 novembre, jour où cin- l’hôtel par une seule porte. Les Sofres pour « La Marche du Siècle » et Il présente un projet de transmis- quante-huit touristes ont été mas- autres entrées ont été condamnées. Le Monde, huit Français sur dix appré- sion à haut débit d’images vidéo. sacrés à Louxor. On se dit que c’est peut-être cient Tony Blair, alors que Lionel Jospin L’écrivain Naguib Mahfouz a trop, que c’est exagéré, qu’on ne se laisse indifférents une large majorité de Lire page 26 comparé cet attentat à la défaite de sent pas à l’aise avec toutes ces mi- l’armée égyptienne dans la guerre traillettes qui vous cernent. Les Britanniques. p. 6 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, de six jours. Il a utilisé le même Egyptiens vous répondent que 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; mot : « Catastrophe ». Il ne se passe toutes ces précautions sont absolu- Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, pas un jour sans que le gouverne- ment nécessaires et que le pays International ...... 2 Finances/marchés .. 24 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, ment égyptien ne prenne une déci- n’arrive pas à se relever de la tragé- France ...... 7 Aujourd’hui...... 26 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; sion ou ne propose une initiative die de Louxor. Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Société...... 10 Météorologie...... 29 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. pour effacer ce sang sur les sables Annonces classées.. 10 Jeux ...... 29 et dans les mémoires. Comment Lire la suite et le point de vue Régions ...... 14 Culture...... 30 regagner la confiance des étran- de Pierre Hunt page 18 Carnet...... 16 Guide...... 32 gers ? Les rassurer ? Leur prouver Horizons ...... 17 Kiosque...... 33 que le système de sécurité mis en Entreprises ...... 21 Abonnements...... 33 place est des plus performants ? Tahar Ben Jelloun est écri- Communication ...... 23 Radio-Télévision..... 34 Que faire pour convaincre le vain. LeMonde Job: WMQ1712--0002-0 WAS LMQ1712-2 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0405 Lcp: 196 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997

ÉCONOMIE La crise monétaire experts de l’OCDE, dont les pers- vrait connaître une croissance que croissance, d’emploi, d’assainisse- les marchés financiers occidentaux. et financière en Asie ne devrait pas pectives économiques pour 1997- de + 0,5 % cette année et de ment des finances publiques, mais La crise en Asie du Sud-Est n’a pas empêcher la croissance euro- 1999 ont été rendues publiques + 1,7 % en 1998. b LA FRANCE est critiquée pour les 35 heures. b DES non plus provoqué de perturba- péenne d’afficher une bonne te- lundi 15 décembre. Parmi les pays créditée par les experts d’une évo- EFFETS BÉNÉFIQUES des turbu- tions majeures sur le marché inter- nue, selon les estimations des les plus affectés, le Japon ne de- lution favorable en matière de lences asiatiques se font sentir sur national des changes. La croissance devrait se poursuivre en Europe Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Japon serait la principale victime des événements survenus en Asie du Sud-Est, alors que les perspectives demeurent favorables pour les pays membres de la zone euro

« EN EUROPE continentale, le vrait connaître une croissance que riquement coûter à l’Europe des condamne plus certains éléments élevé pour un pays comme la conservant les atouts d’une écono- raffermissement de la reprise devrait de + 0,5 % cette année et de + 1,7 % Quinze, selon l’OCDE, 0,3 point de du « modèle social européen » France. mie en bonne santé et notamment être assez marqué pour permettre en 1998. En soulignant que les évé- croissance en 1997 et 0,8 point en comme les salaires minimums, un taux de chômage bas. Les certains progrès dans la réduction nements asiatiques pourraient 1998. Mais l’organisation souligne « qui peuvent aider à atténuer la SURCHAUFFE ÉVITÉE AUX ÉTATS-UNIS économistes de l’OCDE ne se pro- du chômage, même si celui-ci va coûter près de 1 point de crois- que ce scénario pessimiste a peu pauvreté parmi les ménages sala- « Les taux d’intérêt directeurs noncent pas sur la question de sa- rester supérieur à 10 % dans l’Union sance à l’ensemble de la zone OC- de chances de se réaliser et que cet riés », tout en critiquant les [américains] seront maintenus à des voir si les Etats-Unis sont entrés européenne » : tel est l’un des prin- DE en 1998, le rapport insiste sur le « impact potentiel » pourra être 35 heures. niveaux plus bas qu’ils ne l’auraient dans une « nouvelle ère de prospéri- cipaux messages délivrés par l’OC- fait qu’« il est peu probable que évité notamment grâce à une réac- Un mauvais point cependant été normalement, de manière à ré- té », tout en constatant la perfor- DE (Organisation de coopération l’impact final sur la production de la tion adéquate de la politique mo- pour la zone euro : alors que le pondre à l’effet prévu des turbu- mance exceptionnelle de ce pays et de développement écono- zone de l’OCDE dans son en- nétaire. Aussi l’OCDE ne revient- chômage moyen des pays de l’OC- lences en Asie du Sud-Est sur la de- qui a réussi à éliminer son déficit miques) dans ses perspectives semble (...) atteigne la moitié de cet elle pas fondamentalement sur ses DE devrait tomber à un peu plus mande globale », notent les budgétaire tout en faisant reculer économiques pour la période 1997- impact potentiel ». Au total, les prévisions concernant l’Europe des de 6,5 % de la population active économistes de l’OCDE. C’est là un le chômage sans provoquer de 1999, rendues publiques lundi vingt-neuf pays de l’OCDE connaî- Quinze : après avoir atteint 1,7 % vers 2003, celui des pays de l’Union des effets bénéfiques de la crise hausse de l’inflation. 15 décembre à Paris. Achevée dans tront en 1998 une croissance de en 1996, la croissance des pays de monétaire devrait demeurer supé- asiatique : elle va permettre de ra- le courant du mois de novembre, + 2,5 %, au lieu des + 2,9 % prévus il l’Union européenne devrait at- rieur à 10 % à la même date. lentir de manière quasi-automa- LE JAPON FRAGILISÉ la rédaction du rapport prend seu- y a quelques semaines, comme l’a teindre +2,6 % en 1997 et + 2,8 % en En Allemagne, la croissance de- tique les risques d’inflation aux Le pays sera la principale victime lement en compte les premiers ef- indiqué, lundi à Paris, Ignazio Vis- 1998 et 1999. vrait reprendre en 1998, à + 3 % se- Etats-Unis sans nécessiter une de la crise asiatique. « Le problème, fets de la crise en Asie du Sud-Est. co, l’économiste en chef de l’orga- « L’expansion [dans l’Union eu- lon l’OCDE, grâce à une reprise des hausse des taux d’intérêt par la Ré- pour le Japon, est que les moyens Difficile, dès lors, d’avoir des prévi- nisation. ropéenne] semble de plus en plus investissements et de la consom- serve fédérale. La croissance amé- classiques de relance de l’économie sions solides, selon les experts de solide et devrait s’accélérer ces deux mation intérieure. Un élément, ricaine, exceptionnellement forte ont été massivement utilisés et l’OCDE, qui soulignent néanmoins L’EUROPE SUR LA BONNE VOIE prochaines années », notent les pourtant, n’est pas à négliger : cette année, devrait ainsi passer de semblent tous en passe d’atteindre que la crise asiatique ne devrait Selon une analyse des chiffres de économistes de l’organisation, qui l’OCDE prévoit « un certain ajuste- + 3,8 % en 1997 à + 2,7 % en 1998 et leurs limites », notent les experts de pas empêcher la croissance euro- l’OCDE qui est faite à Bercy, on invitent les pays membres de ment à la hausse des taux d’intérêt à + 1,9 % en 1999. Une normalisation l’OCDE. Ces derniers adressent à péenne d’afficher une bonne te- s’approche d’une « croissance dé- l’Union européenne à poursuivre court terme » dans la perspective qui permettrait au pays d’éviter la Tokyo une série de recommanda- nue. couplée » avec un fort ralentisse- sur la voie de la réduction de leurs de l’euro. Du coup, les taux d’inté- surchauffe. Ce scénario favorable, tions, à commencer par une réduc- Les pays membres de l’OCDE se- ment en Asie (Corée, Japon) n’em- déficits budgétaires (à moins de rêt à court terme des pays candi- encouragé par les événements tion de la fiscalité directe sur les ront très diversement touchés : le pêchant pas une activité soutenue 3 % du PIB pour mieux réagir aux dats à l’euro devraient se fixer à un asiatiques, permettrait à la de- entreprises, compensée une ri- Japon, l’une des principales vic- en Europe. Les effets macroécono- crises éventuelles) et de l’accrois- niveau proche de 4,5 % au moment mande de se réduire d’elle-même gueur budgétaire. times de la crise à cause de la den- miques des turbulences financières sement de la flexibilité du travail. de l’entrée dans l’Union monétaire, et aux consommateurs d’augmen- sité de ses échanges en Asie, ne de- d’Asie du Sud-Est pourraient théo- L’OCDE, pour une fois, ne ce qui peut paraître encore un peu ter leur taux d’épargne, tout en Lucas Delattre L’OCDE critique la réduction imposée Les marchés financiers occidentaux du temps de travail en France profitent de la crise asiatique UN BON POINT pour la crois- 4,1 % du PIB en 1996 à 3,1 % en 1997 Pour étayer leur démonstration, CE N’EST PAS le moindre des Transferts massifs de capitaux sance, l’emploi et l’assainissement puis 3 % en 1998. Le coup de cha- les experts rappellent qu’en 1982 la paradoxes de la grave crise finan- des comptes publics ; un mauvais peau est cependant assorti d’une réduction d’une heure du temps de cière que traverse l’Asie depuis le BOURSE DE SÉOUL COURS DE L'OBLIGATION DU point pour la réforme des critique voilée, l’étude rappelant travail hebdomadaire et l’extension début de l’été : elle a eu, jusqu’à TRÉSOR FRANÇAIS À 10 ANS 35 heures... Tel est le diagnostic que « près de la moitié de l’amélio- de quatre à cinq semaines de la présent, des conséquences positives en % que l’OCDE (Organisation de coo- ration prévue pour 1997 » provient période légale de congés payés se pour l’évolution des marchés de ca- 600 102,00 pération et de développement de la « soulte » versée à l’Etat grâce sont traduites par des gains d’em- pitaux occidentaux. Le scénario- 101,68 101,50 économiques) formule pour la à l’ouverture du capital de France plois de « moins de 0,1 % à seule- catastrophe prévu par certains ex- 550 France. Télécom. Dans le cas du marché du ment 0,3 % environ », selon les esti- perts d’un krach généralisé sur les 350,68 101,00 Globalement, les experts travail, la prévision est également mations. L’étude ajoute : «Ce places financières mondiales ne 500 donnent crédit au gouvernement optimiste puisque l’OCDE es- maigre résultat peut s’expliquer en s’est, pour l’instant, pas avéré. Au 100,50 français du fait que les choses évo- compte un recul du taux de chô- partie par le fait que la réduction du contraire : les Bourses américaine et 450 luent plutôt dans la bonne direc- mage de 12,4 % en 1997 à 12 % en temps de travail s’est faite souvent européennes ont très bien résisté 100,00 tion. « L’accélération escomptée de 1998 et 11,5 % en 1999. sans perte de salaire et a été rare- au plongeon de leurs homologues 400 99,50 la production, avec les effets positifs Au total, l’OCDE n’avance donc ment accompagnée d’une réorgani- thaïlandaise, malaisienne ou sud- qu’elle devrait avoir sur le marché qu’une critique à l’encontre de la sation du travail, d’où une hausse coréenne ; les cours du dollar face 350 99,00 du travail et les comptes publics, France, mais elle est brutale : les des coûts unitaires de main- au deutschemark n’ont guère varié, semble le scénario le plus probable », experts laissent clairement en- d’œuvre. » tandis que les parités des devises 300 98,50 souligne l’étude. L’OCDE estime tendre qu’à leurs yeux la réforme européennes entre elles ont fait ainsi que la croissance devrait at- des 35 heures va à contre-courant montre d’une grande stabilité ; les 6 NOV 3 DÉC 7 NOV 3 DÉC teindre 2,3 % en 1997, 2,9 % en 1998 de ce qui serait nécessaire. «Les L’étude souligne que craintes d’un resserrement moné- 28 OCT 15 NOV 24 NOV 12 DÉC 30 OCT 17 NOV 25 NOV 11 DÉC et 2,8 % en 1999. A titre de compa- modifications de la législation sur la taire aux Etats-Unis et en Alle- Source : Bloomberg raison, les prévisions du gouverne- durée du travail, affirment-ils, de- la croissance devrait magne se sont éloignées ; enfin, les Les capitaux qui ont fui les Bourses asiatiques se sont réfugiés ment français sont de 2,4 % ou vraient viser à faciliter un accord marchés obligataires d’outre-Atlan- sur les emprunts d'Etat des pays occidentaux. 2,5 % pour 1997 et 3 % pour 1998. mutuel entre employeurs et salariés atteindre 2,9 % et tique et d’Europe continentale se L’OCDE admet également que le sur la réduction du temps de travail sont envolés au cours des dernières un tel calme lors d’une crise finan- depuis plusieurs semaines. Mais redressement économique de la (de préférence à un niveau décen- le taux de chômage semaines, provoquant une très cière aussi importance. Début 1995, cette envolée trouve surtout son France se poursuit, puisque, selon tralisé) plutôt que de rechercher à nette détente des taux d’intérêt à le deutschemark avait atteint des origine dans le phénomène de les experts, les déficits publics de- imposer des réductions », affirme reculer à 12 % long terme. sommets face au franc et aux de- « flight to quality » (fuite vers la qua- vraient, comme prévu, passer de l’étude. Les Bourses occidentales, qui vises d’Europe du Sud. Les experts lité) qui constitue l’événement ma- en 1998 avaient connu une sérieuse alerte interprètent cet équilibre comme la jeur de la fin de cette année. Les ca- fin octobre à la suite du décrochage preuve que l’euro est déjà une réali- pitaux qui ont quitté en catastrophe de Hongkong – Wall Street avait té pour les investisseurs internatio- les marchés boursiers asiatiques se L’OCDE observe, certes, que l’on perdu 7,18 % le 27 octobre –, se sont naux. sont réfugiés, dans des proportions ne connaîtra qu’en 1999 « les moda- nettement redressées depuis : Paris considérables, sur les emprunts lités exactes » du passage aux a regagné 7 %, Francfort 11 %, Zu- MOINDRES HAUSSES DE TAUX d’Etat des grands pays industriali- 35 heures et, en particulier, les nou- rich 13 % et Wall Street 11 %, alors Le troisième élément bénéfique, sés. En deux mois, le rendement de velles règles du jeu pour la rémuné- que, dans le même temps, Séoul re- pour les marchés occidentaux, est l’obligation du Trésor à 30 ans est ration des heures supplémentaires. culait de 36 % et Djakarta de 27 %. l’éloignement des perspectives de tombé – les taux baissent quand le Mais à elle seule, cette incertitude, La contagion tant redoutée n’a pas resserrement monétaire aux Etats- cours des titres monte – de 6,45 % à disent les experts, « est susceptible eu lieu. Les perspectives de restruc- Unis et, surtout, en Europe. Jeudi 5,93 %, son plus bas niveau depuis de peser sur le climat des affaires ». turations industrielles et bancaires 9 octobre, la Bundesbank avait rele- février 1996. En France, sur la même « Un alourdissement des coûts uni- et les espoirs d’accélération de la re- vé, de 3 % à 3,30 %, à la surprise gé- période, le taux de l’emprunt d’Etat taires de main-d’œuvre porterait at- prise en Europe, ainsi que la persis- nérale, le niveau de ses prises en à 10 ans est passé de 5,77 % à 5,27 % teinte à la compétitivité et à la crois- tance d’une croissance vigoureuse pension. Les opérateurs de marché – un plancher historique. sance en freinant les exportations et et non-inflationniste aux Etats-Unis avaient considéré ce geste comme Cette détente des rendements, les investissements, et ce facteur au- relèguent au second plan les turbu- un premier pas. Et ils s’attendaient brusque, ample et inattendue, rend rait un effet d’autant plus préjudi- lences asiatiques. à de nouveaux tours de vis, pré- très délicate l’évaluation de l’impact ciable qu’il interviendrait dans la La crise monétaire en Asie du voyant une hausse de 0,8 % des ren- de la crise asiatique sur les écono- foulée d’une série de relèvements Sud-Est n’a pas non plus provoqué dements allemands à 3 mois d’ici à mies occidentales. Favorable aux in- d’impôts. » de perturbations majeures sur le juin 1998. Ils n’anticipent plus au- vestissements des entreprises et des L’OCDE, qui s’était déjà singula- marché international des changes. jourd’hui qu’une progression de ménages et à l’assainissement des risée, au début de la décennie, en Si le yen s’est affaibli face au billet 0,3 %. La crise asiatique est venue finances publiques, elle améliore alimentant une grande contro- vert, les devises européennes sont bouleverser le scénario monétaire très sensiblement l’environnement verse, en France, autour du SMIC, restées stables : 1 dollar cote au- en Allemagne. Les investisseurs font monétaire et financier aux Etats- va-t-elle donc relancer la polé- jourd’hui 5,95 francs, soit son ni- désormais le pari que la Bundes- Unis et en Europe. mique autour des 35 heures ? Sans veau du début juillet, avant la chute bank tiendra compte du ralentisse- La question difficile qui se pose doute. Encore faut-il souligner que du baht thaïlandais. Une relative ment des exportations allemandes aux économistes est de savoir à cette charge contre le projet socia- stabilité qui contraste avec la situa- vers l’Asie du Sud-Est et surtout quelle hauteur cette embellie per- liste ne pourra, cependant, guère tion observée en 1995, à la suite de qu’elle ne voudra pas prendre le mettra de compenser les consé- être utilisée par la droite, car au la crise financière mexicaine, risque d’aggraver les maux des mar- quences négatives résultant du ra- passage, l’étude critique également lorsque le billet vert avait plongé à chés financiers asiatiques en durcis- lentissement des exportations la loi Robien, votée en juin 1996 des plus bas historiques face au sant ses conditions de crédit. Pour américaines et européennes vers sous le gouvernement d’Alain Jup- deutschemark et au yen. Le marché des raisons semblables, le même l’Asie, de la compétitivité accrue des pé : « L’incidence nette sur l’emploi des devises européennes, de son cô- changement d’anticipations a été entreprises asiatiques après la déva- de ce dispositif est difficile à détermi- té, n’a pas connu la moindre se- observé à propos de la politique de luation de leurs devises et de la fra- ner, mais il entraînera des coûts bud- cousse : les parités du franc ou de la la Réserve fédérale américaine. gilité accrue du système bancaire gétaires directs considérables en lire italienne face au mark, notam- La révision à la baisse des pers- mondial. C’est là que se trouve la 1997-1998 et les années suivantes », ment, historiquement les plus sen- pectives de hausse des taux direc- solution de l’équation de la crois- à cause des allègements de charges sibles aux chocs extérieurs, sont res- teurs des banques centrales alle- sance dans les pays occidentaux en qu’il prévoit, dit l’étude. tées immobiles. Il s’agit là d’une mande et américaine a contribué à 1998. première : jamais le système moné- la vive progression des marchés Laurent Mauduit taire européen (SME) n’avait affiché obligataires occidentaux observée Pierre-Antoine Delhommais LeMonde Job: WMQ1712--0003-0 WAS LMQ1712-3 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0406 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 3 La mission de l’ONU empêchée Les pays d’Asie orientale s’avouent désemparés d’enquêter au Congo-Kinshasa KINSHASA. La mission d’enquête de l’ONU chargée de faire la lumière face à la crise monétaire sur les accusations de massacre des réfugiés rwandais dans l’ex-Zaïre a été évacuée, lundi 15 décembre, de Mbandaka (nord-ouest) à Kinshasa, a annoncé le porte-parole de la mission, José Diaz. Cette évacuation fait Le sommet de Kuala Lumpur craint que la situation empire avant de s’améliorer suite à une manifestation organisée à l’extérieur du camp où étaient hé- bergés les enquêteurs. Arrivés il y a une semaine à Mbandaka, première Réunis à Kuala Lumpur pour le sommet de l’As- dirigeants de l’Asie orientale ont fait le constat ils ont appelé la communauté internationale à étape de leur mission en République démocratique du Congo (RDC), les sociation des nations de l’Asie du Sud-Est de leur impuissance face à la crise économique. « redoubler ses efforts » pour les aider face à la experts n’ont pas pu progresser dans leur travail. Une équipe a été empê- (Asean), qui s’est achevé mardi 16 décembre, les Dans le communiqué final clôturant le sommet, « dimension globale » de cette crise. chée de débuter les investigations à Wendji, au sud de Mbandaka, la pre- mière fois à cause d’une manifestation, la seconde suite aux exigences KUALA LUMPUR lande n’a fait que souligner l’appel tout en appelant à un renforce- Une autre information donne la des chefs coutumiers qui réclamaient de l’argent. Une autre équipe avait de notre envoyé spécial à l’aide lancé par les neuf pays de ment des banques de la région. Re- mesure de la crise : on parle d’une pu néanmoins commencer l’enquête à Mbandaka en visitant les sites Que faire ? Réunis à Kuala Lum- l’Asean à la communauté interna- connaissant que la situation est enveloppe supplémentaire de 140 à présumés de massacres et en recueillant des témoignages. – (AFP.) pur pendant trois jours, les diri- tionale. Puisque la crise recouvre encore « plus sévère que prévue », 160 milliards de dollars dont le geants de l’Asie de l’Est ne savent « une dimension globale », selon la formule de son premier Fonds aurait besoin l’an prochain. plus trop à quel saint se vouer « l’Union européenne, les Etats- ministre Ryutaro Hashimoto, le Ja- Mais, en dépit des réserves émises Reprise des combats pour enrayer un effondrement de Unis, le Japon et les institutions fi- pon a accordé un crédit de 153 mil- par certains – notamment la Chine leurs monnaies. Tout en évoquant nancières internationales » doivent, lions de dollars à l’Indonésie pour et la Malaisie –, le rôle central du le caractère « provisoire » de ces en particulier, « redoubler leurs ef- l’aider à restructurer son secteur fi- FMI pour gérer la crise n’a pas été entre factions cambodgiennes difficultés financières, même la forts » pour y mettre un terme «le nancier, ce qui a fait l’effet d’une remis en question. Chine semble avoir un peu perdu plus tôt possible », indique le autre goutte d’eau dans la mer. Comme face à un plongeon dans PHNOM PENH. De violents combats ont éclaté, mardi 16 décembre, de sa superbe et ne se prononce communiqué final. Les dirigeants l’inconnu, les gouvernants d’une dans le nord-ouest du Cambodge, où des troupes gouvernementales ont plus ni sur la durée ni sur l’étendue de l’Asie du Sud-Est ont jugé « ur- LE RÔLE CENTRAL DU FMI région qui était encore, l’an der- lancé une importante attaque contre le bastion des fidèles de l’ancien co- de la crise régionale. La solidarité gente » l’intervention dans ce sens Qu’aucun répit monétaire ne nier, la plus dynamique de la pla- premier ministre évincé, le prince Norodom Ranariddh. Selon Sam Rain- affichée lors de ce premier sommet d’« efforts globaux, incluant le rôle soit intervenu pendant le sommet nète, ont beau affirmer qu’ils ont sy, l’un des principaux dirigeants de l’opposition royaliste cambodgienne entre l’Association des nations de central du FMI, pour stopper la souligne à quel point l’Asie de l’Est corrigé le tir, « avec l’appui et les joint par téléphone à Phnom Penh, l’attaque lancée par les forces de Hun l’Asie du Sud-Est (Asean) et les chute des monnaies et restaurer la semble désemparée face à la crise : conseils du FMI », ils s’affichent Sen, l’homme fort du pays, à l’aide de chars et de l’artillerie, pourrait trois grands de l’Extrême-Orient stabilité des marchés monétaires ». les marchés sont demeurés indiffé- plutôt désarmés face à l’ampleur contraindre les forces de l’opposition à abandonner leur bastion, une po- (outre la Chine, le Japon et la Co- D’autres propositions ont été rents aux messages en provenance de la crise. Le fait que le président sition élevée au-dessus du village de O’Smach, à la frontière thaïlandaise. rée du Sud) n’a pas occulté «un émises. Se défendant de vouloir de Kuala Lumpur. En l’espace Jiang Zemin ait réitéré mardi que Sam Rainsy a affirmé que le quartier général des forces fidèles au prince manque de confiance » qui, selon le créer un bloc, l’hôte du jour, le pre- d’une semaine, pour prendre un la Chine n’avait aucune propen- Ranariddh a été touché et détruit. – (AFP.) président philippin Fidel Ramos, mier ministre malaisien Mahathir exemple saillant, la roupie indoné- sion à l’« hégémonie » ne peut explique pourquoi « la situation va Mohamad, a proposé le renforce- sienne a chuté de 27 % par rapport constituer qu’une bien maigre empirer avant de s’améliorer ». ment du commerce intra-Asean, au dollar et la possibilité de mora- consolation. Rencontre entre l’imam d’El Azhar En réclamant, pour sa part, une qui ne représente que 20 % du to- toires des dettes commerciales réunion d’urgence du G 7, la Thaï- tal. « Achetez Asean », a-t-il lancé, commence à être évoquée. Jean-Claude Pomonti et le grand rabbin d’Israël LE CAIRE. Cheikh Mohammad Sayed Tantaoui, imam d’El Azhar, la La Corée du Sud au bord de l’asphyxie financière principale institution de l’islam sunnite, a rencontré pour la première fois, lundi 15 décembre au Caire, le grand rabbin d’Israël, Israël Lau. M. SÉOUL constitue un soulagement pour un pays déses- mois, à des échéances de remboursements de Lau était arrivé dans la matinée au Caire à l’invitation du président égyp- de notre envoyé spécial pérément à court de devises. Le gouvernement prêts s’élevant de 15 à 20 milliards de dollars tien, Hosni Moubarak, avec lequel il s’est également entretenu avant de En renonçant à la marge de fluctuation de a par ailleurs annoncé, lundi 15 décembre, sur un total de 110 milliards. A ces créances, il repartir dans la soirée. La « religion peut devenir la plus dangereuse des 10 % du won qu’il avait autorisée, le gouverne- l’émission de bons d’Etat d’un montant de faut ajouter 12 milliards de dollars pour le paie- armes créées par l’homme, nous l’avons vu dans l’Histoire et le voyons à ment sud-coréen a joué un va-tout. Cette déci- 10 milliards de dollars destinés à la création ment des importations. Pour faire face à ces présent », a-t-il déclaré. « Mais lorsque nous faisons de la religion, comme sion semble avoir eu l’effet psychologique d’un fonds permettant aux banques de faire besoins représentant 32 milliards au total, la je le fais, un pont vers la paix, c’est le plus solide et le meilleur des ponts ». escompté puisque, mardi 16 décembre, la face à l’échéance de leur créances à court Corée ne dipose guère que 17,5 milliards : ses « Il ne faut pas utiliser des paroles du genre Allaho Akbar (Dieu est le plus valeur de la monnaie coréenne est remontée de terme. Les autorités financières sud-coréennes réserves (10 milliards, soit guère plus d’une Grand) lorsque vous assassinez un innocent », a-t-il ajouté. – (AFP.) 10 % face au dollar et que la Bourse de Séoul a espèrent que ces différentes initiatives incite- semaine d’importations) plus les aides déjà ver- regagné 4,8 %. Mais cette mesure sera-t-elle ront le FMI à accélérer le déboursement de son sées. Il lui manque 14,5 milliards de dollars. PROCHE-ORIENT suffisante pour éviter à la Corée de devoir aide (57 milliards de dollars). Dans les milieux financiers étrangers à Séoul, a ÉMIRATS ARABES UNIS : quatre-vingt-cinq personnes, pour la avaler une nouvelle pilule plus amère encore on croise les doigts. A cours de devises, les plupart de nationalité tadjike, ont péri, lundi 15 décembre, lorsque le Tu- que celle du recours au Fonds monétaire inter- LA QUESTION DE LA SOLVABILITÉ banques coréennes ne peuvent honorer les polev-154 des lignes tadjikes qui les transportait s’est écrasé près de l’aé- national (FMI) : demander un moratoire pour Mais la question de la solvabilité de la lettres de crédit présentées par des entreprises roport de Charjah, l’un des sept membres de l’Etat des Emirats arabes les créances qui arrivent à échéance ? onzième économie du monde reste ouverte. La étrangères exportant en Corée, paralysant les unis. Un seul membre d’équipage, a survécu mais son « état de santé est Après avoir été, en fin de semaine, en situa- Corée, qui a lancé des SOS à Tokyo et à Was- échanges. Selon la presse, les autorités envisa- critique », selon une source proche de l’aéroport. – (AFP.) tion de « pré-défaut de paiements », selon un hington leur demandant des aides anticipées, geraient de puiser dans les réserves destinées a IRAK : les autorités ont informé, lundi 15 décembre, Richard Butler, banquier occidental, la Corée semble reprendre s’est heurtée à des fins de non-recevoir. La pays aux importations de pétrole. Or, sans approvi- le chef de la commission de l’ONU chargée de désarmer l’Irak, que les ex- souffle, mais elle reste sur le fil du rasoir. Le est « à genoux » et ses deux principaux parte- sionnement en matières premières, l’économie perts n’auraient « jamais » accès aux sites dits présidentiels. Ils sont en redressement de la balance des paiements cou- naires ne semblent pas disposés à lui faire de risque la paralysie. Les PME et les petits revanche autorisés à inspecter « tous les autres sites » à la recherche rants, qui, pour la première fois depuis 1993, a cadeaux. Pourtant, les risques d’un défaut de commerçants souffrent déjà durement de la d’armes prohibées. « C’est au Conseil de sécurité de décider s’il va accepter dégagé en novembre un excédent de 600 mil- paiement ne sont pas écartés. Les milieux crise du crédit. cela ou non », a déclaré M. Butler, qui doit présenter jeudi son rapport au lions de dollars (en raison de l’essor des expor- financiers internationaux estiment que les Conseil. – (AFP.) tations favorisées par la dépréciation du won), banques doivent faire face, avant la fin du Philippe Pons a LIBAN : une soixantaine de partisans de Michel Aoun, l’opposant li- banais en exil en France, ont été interpellés, dimanche 14 décembre, lors d’une manifestation. Trente ont été relâchés et 33 autres déférés en jus- tice. Ils protestaient contre l’annulation d’un entretien que le général Ibrahim Yazdi, figure de proue de l’opposition iranienne, a été arrêté Aoun devait donner à une chaîne de télévision locale. L’annulation a pro- voqué un tollé général et des personnalités de tout bord, dont l’ordre des IBRAHIM YAZDI, secrétaire gé- Pour ramener le calme, le Guide, blique islamique sur la base du force de loi. L’ayatollah Khameneï avocats de Beyrouth, ont dénoncé cette « atteinte aux libertés publiques ». néral du Mouvement pour la libé- l’ayatollah Ali Khameneï, autour principe du velayat e faqih, un n’a jamais enfreint cette règle. – (AFP.) ration de l’Iran (MLI), principale duquel gravitent les conservateurs, amendement de la Constitution En revanche, il a transgressé formation tolérée de l’opposition, avait invité les Iraniens à ne pas dispose que le Guide de la Répu- l’autorité du chef du pouvoir judi- MAGHREB a été arrêté et placé en détention, a s’ériger en justiciers et à mettre fin blique – c’est-à-dire son autorité ciaire, Mohamad Yazdi – qui lui est a MAROC : le Parti de l’Istiqlal, un des deux principaux partis d’op- annoncé, lundi 15 décembre, le aux manifestations. « Nous ne pen- suprême – ne doit pas nécessaire- pourtant totalement acquis –, en position, a demandé l’annulation des élections législatives et sénato- MLI. Mardi, les autorités judi- sons pas que ce religieux affaibli, ment être un marjaa. Ce qui signi- désignant lui-même le chef du tri- riales ainsi que « la dissolution du Parlement », indique le communiqué fi- ciaires n’avaient encore donné au- naïf et pathétique soit l’ennemi », fie que le Guide est bien l’autorité bunal spécial chargé de juger le nal d’un congrès extraordinaire de ce parti tenu, dimanche 14 décembre, cune explication sur les raisons de avait-il dit à propos de l’ayatollah suprême pour les affaires poli- clergé. D’autre part, à ce jour, à Rabat. L’Istiqlal a condamné « le gouvernement qui n’a pas garanti la cette arrestation. D’après l’agence Montazéri, tout en qualifiant de tiques, mais non pour les questions c’est-à-dire près de quatre mois transparence des scrutins, le ministère de l’intérieur et les hommes de l’auto- Reuters, il avait signé avec une cin- « trahison » toute critique du ve- religieuses. Dans son livre La Révo- après l’entrée en fonction du gou- rité à tous les échelons qui ont supervisé la falsification des élections ». – quantaine d’opposants une péti- layat e faqih et en demandant que lution islamique dans deux direc- vernement, il n’a toujours pas dé- (AFP.) tion réclamant le respect des droits des « mesures légales » soient tions, l’ancien premier ministre, légué son pouvoir au ministre de de l’ayatollah Hossein Ali Monta- prises contre ceux qui ont pris part Mehdi Bazargan, prédécesseur de l’intérieur pour tout ce qui relève EUROPE zéri, qui a récemment remis en au « complot ». M. Yazdi à la tête du MLI, souli- des forces de sécurité. a TURQUIE/RUSSIE : le premier ministre russe Viktor Tchernomyr- cause l’autorité du Guide de la Ré- D’après M. Yazdi, les critiques gnait que le gouvernement de ve- Le principe du velayat e faqih n’a dine et son homologue turc Mesut Yilmaz ont signé lundi 15 décembre à publique islamique, l’ayatollah Ali jamais fait l’unanimité au sein de la Ankara un accord de 20 milliards de dollars pour la vente de gaz naturel Khameneï, et les abus de pouvoir hiérarchie religieuse chiite, mais les russe à la Turquie pendant les 25 années à venir. Le gaz doit être livré via commis au nom du principe du ve- Bill Clinton prêt à un dialogue sous condition discussions à ce sujet se faisaient un gazoduc de 1 200 km dont une partie est à construire sous la mer layat e faqih, qui place le Guide au- en milieu clos. Ce même principe Noire, pour un coût de près de 3 milliards de dollars. M. Tchernomyrdine dessus des institutions de l’Etat (Le Le président Bill Clinton a jugé, lundi 15 décembre, « tout à fait en- était contesté mezza voce par cer- est arrivé lundi à Ankara pour la première visite en Turquie d’un chef du Monde du 26 novembre). courageante » la volonté de conciliation de son homologue iranien, tains hommes politiques. Depuis gouvernement russe. – (AFP.) On ne perd rien pour attendre, Mohamad Khatami (Le Monde du 16 décembre), et s’est déclaré favo- l’élection d’un nouveau président, a RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : la formation d’un nouveau gouverne- avait déclaré en substance M. Yaz- rable à un dialogue avec Téhéran, pour peu qu’il traite des diffé- le débat est de plus en plus public ment « dans les quarante-huit heures » est improbable, et la désignation di au Monde, en marge du récent rends bilatéraux. M. Clinton a souhaité un « dialogue » avec l’Iran et a pris une tournure dramatique du futur premier ministre nécessitera encore « plusieurs jours de négocia- sommet de l’Organisation de la « à condition que nous puissions avoir une discussion honnête sur les avec les déclarations de l’ayatollah tions », a déclaré lundi 15 décembre le chef du gouvernement démission- conférence islamique qui s’est tenu questions qui nous concernent ». « Nous restons préoccupés par leur Montazéri, parce que l’accession naire, Vaclav Klaus. – (AFP.) du 9 au 11 décembre à Téhéran. La soutien au terrorisme, par les violentes attaques du processus de paix au pouvoir d’un modéré a débous- a HONGRIE/SLOVAQUIE : un accord sera trouvé « avant le 25 mars » droite risque de relancer l’affaire [au Proche-Orient], par la mise au point et l’acquisition d’armes de solé les conservateurs. entre la Hongrie et la Slovaquie sur le barrage hydroélectrique de Gab- Montazéri, qu’elle a mise en sour- destruction massive », a-t-il ajouté. La code pénal iranien prévoit cikovo, ont annoncé, lundi 15 décembre, les premiers ministres hongrois, dine pour assurer le succès du Par ailleurs, un porte-parole du département d’Etat a démenti que jusqu’à deux ans de prison pour Gyula Horn, et slovaque, Vladimir Meciar, lors d’une rencontre à Vienne. sommet, les conservateurs cher- Téhéran et Washington aient eu des entretiens secrets depuis mai, toute « offense » à Khomeiny et à Un contentieux oppose Bratislava et Budapest sur ce barrage depuis chant à déstabiliser le président admettant néanmoins que des représentants des deux pays avaient son successeur, l’ayatollah Khame- 1989. La Cour internationale de justice de La Haye avait appelé en sep- Mohamad Khatami, avait-il ajouté. participé à des discussions multilatérales à New York sur le conflit neï. Toute personne condamnée tembre les deux parties à reprendre les négociations. – (AFP.) La remise en cause de la supré- afghan, organisées sous les auspices de l’ONU. pour « complot » contre le régime matie du Guide par l’ayatollah est d’autre part passible de la peine Montazéri, ancien dauphin de capitale. Mais ces poursuites ne Retour à l’optimisme l’imam Khomeiny – qui a fini par le contre le velayat e faqih étaient de layat e faqih a été taillé aux me- peuvent être exercées, de l’avis de récuser avant sa mort en 1989 – deux ordres : religieux et constitu- sures de Khomeiny. nombreux spécialistes, que contre n’est pas une première. Ce qui est tionnel. Depuis deux ou trois ans, les laïcs, car traduire en justice un des responsables des finances russes nouveau, c’est, d’une part, le fait les partisans du Guide dans la ville UN PRINCIPE CONTESTÉ ayatollah du rang de M. Montazéri que des laïcs aient publiquement sainte de Qom exercent de très L’autre aspect du problème est est chose inimaginable et peut sus- MOSCOU. « Le plus dur de la crise est probablement passé », a affirmé, joint leurs critiques à la sienne et, fortes pressions sur la hiérarchie constitutionnel, explique M. Yazdi. citer la colère de tous les chefs reli- lundi 15 décembre, le numéro deux du gouvernement russe Anatoli d’autre part, la campagne extrême- chiite pour qu’elle reconnaisse ce Le pouvoir du Guide n’est pas illi- gieux, y compris ceux qui ne par- Tchoubaïs, lors d’un point de presse tenu aux côtés de son successeur au ment virulente dont l’ayatollah dernier comme grand ayatollah mité. La Constitution est très expli- tagent pas son avis – et ils sont poste de ministre des finances, Mikhaïl Zadornov. Notant que la Bourse Montazéri et ses sympathisants (ayatollah ozma, ou marjaa), c’est- cite : le Guide désigne les chefs des nombreux. Certains de ces der- russe, contrairement aux prévisions, est de nouveau à la hausse depuis furent la cible de la part des à-dire comme une référence reli- appareils militaires et paramili- niers, tels l’ayatollah Mechkini, ont deux semaines, « sauf durant les deux jours ayant suivi l’annonce de la ma- conservateurs à travers tout le ter- gieuse suprême. Or en chiisme, taires et supervise les pouvoirs déjà vivement critiqué publique- ladie de Boris Eltsine », M. Tchoubaïs a maintenu son pronostic de 2 % de ritoire iranien : manifestations, une telle reconnaissance ne peut exécutif, judiciaire et législatif. Il ne ment la campagne menée contre croissance en 1998, malgré les effets de la crise des marchés mondiaux. grève des bazaris de Téhéran, fer- pas être imposée. Les fidèles peut pas directement opposer son M. Montazéri. D’autres ont écrit La Russie a perdu 5 milliards d’investissements de portefeuilles étrangers meture des bureaux de l’ayatollah adhèrent librement ou non au veto aux législations, mais il peut une lettre dans le même sens à et a dû relever ses taux d’intérêt sur la dette intérieure. M. Zadornov a Montazéri dans la ville sainte de marjaa, selon que tel ou tel ayatol- influer sur le cours des choses via M. Khameneï. annoncé de meilleures rentrées d’impôts depuis trois mois et un plan, si- Machhad, saisie de ses biens, cri- lah leur paraît réunir les qualifica- le Conseil des gardiens – dont il dé- gné par Boris Eltsine, de contrôle des dépenses. Une mission du FMI en a tiques du chef du pouvoir judi- tions requises. signe lui-même six des douze Mouna Naïm pris acte en recommandant la reprise de l’aide du Fonds, gelée en ciaire iranien, violents com- Depuis la mort de l’ayatollah membres –, dernier passage obligé octobre. – (Corresp.) mentaires de presse, etc. Khomeiny, qui a fondé la Répu- des textes avant qu’ils prennent Lire aussi notre analyse page 20 LeMonde Job: WMQ1712--0004-0 WAS LMQ1712-4 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0407 Lcp: 196 CMYK

4 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 INTERNATIONAL L’Afrique du Sud envisage son avenir après Nelson Mandela Le Congrès national africain réuni pour sa cinquantième conférence nationale va se choisir un nouveau leader. Thabo Mbeki devrait être élu à ce poste et devenir ainsi officiellement le candidat de l’ANC à l’élection présidentielle de 1999 La cinquantième conférence nationale du succéder à Nelson Mandela à la présidence écarter les inquiétudes concernant sa suc- l’ANC, M. Mbeki deviendra ipso facto le mouvement ne fera pas l’économie d’un Congrès national africain (ANC) qui devait du parti au pouvoir, dans le cadre d’une cession, qu’il n’était déjà plus qu’« un pré- candidat du mouvement à l’élection prési- débat sur sa transformation en véritable s’ouvrir mardi 16 décembre à Mafikeng, transition en douceur à la tête du pays. sident de cérémonie » et « Thabo Mbeki, le dentielle de 1999 à laquelle Nelson Mande- parti politique. Il doit aussi prendre en dans le nord du pays, devrait voir le vice- M. Mandela a confié, dimanche dans un président de fait ». « Tout se passera en la ne se présentera pas. Le congrès de Ma- compte les aspirations de la communauté président de la République, Thabo Mbeki, entretien à la télévision nationale, pour douceur », a-t-il dit. Devenu président de fikeng n’est pas pour autant sans enjeu. Le noire qui reste son principal électeur.

JOHANNESBURG hésion d’un pays divisé par les an- ment est entamée. Handicapé par formée au temps de la lutte anti- par la fraction radicale et populiste laire Bantu Holomisa. Ce dernier a de notre correspondant nées d’apartheid. Il a cherché à re- une image de technocrate et tenu apartheid par l’ANC, le Cosatu et le du parti, incarnée par Winnie Madi- été officiellement chassé du parti, La cinquantième conférence du dresser les inégalités héritées de la pour responsable de la politique parti communiste sud-africain kizela-Mandela. L’ex-épouse du en septembre 1996, pour avoir pro- Congrès national africain (ANC) qui ségrégation raciale tout en ména- gouvernementale, le vice-président (SACP) vit au rythme des tensions président Mandela s’est attirée les féré des accusations de corruption à devait débuter mardi 16 décembre geant la minorité blanche. Au- Mbeki n’est pas épargné par les cri- nées des compromis imposés par foudres du mouvement en faisant l’égard de dirigeants du mouve- va précipiter l’Afrique du Sud dans jourd’hui, l’exercice devient difficile. tiques. l’exercice du pouvoir. Lors de son de la défense des plus défavorisés ment. Mais c’est surtout son dis- une nouvelle ère politique. Trois ans Le désenchantement s’exprime A court terme, les conséquences congrès, en septembre, le Cosatu a son fonds de commerce et en re- cours jugé, lui aussi, trop populiste et demi après avoir remporté les dans les townships. Plus d’un tiers électorales de ce phénomène exclu de rompre la « triple-al- prochant ouvertement à l’ANC de qu’a voulu sanctionner l’ANC. Le premières élections démocratiques des Noirs sont au chômage et près semblent limitées. Aucune forma- liance ». Mais il a tenu à faire en- ne pas tenir ses promesses électo- sort réservé au général Holomisa et et non raciales d’avril 1994, Nelson de 4 millions de personnes at- tion politique n’est en mesure de tendre sa différence. La confédéra- rales. Le parti a choisi d’isoler la pa- àMme Madikizela-Mandela illustre Mandela amorce la première étape tendent un logement décent. Une profiter du désenchantement. Affai- tion reproche au gouvernement de sionaria des townships et de la dis- le malaise de l’ANC et sa crispation de sa retraite en quittant la prési- classe moyenne émerge lentement blie et divisée, l’opposition est inca- ne pas s’attaquer avec assez de vi- créditer plutôt que de l’exclure. face aux dissensions internes qui se dence de l’ANC. Les 3000 délégués au sein de la communauté noire pable de proposer une alternative gueur aux inégalités. Il dénonce la Winnie ne s’est d’ailleurs pas privée manifestent dans l’exercice du pou- réunis à Mafikeng, dans le nord du mais la moitié d’entre elle vit en susceptible de menacer la domina- ligne de conduite prudente et libé- de dénoncer sa récente mise en voir. Regroupement hétéroclite pays, doivent officiellement dési- dessous du seuil de pauvreté. tion de l’ANC en 1999. Le danger rale de l’ANC en matière écono- cause devant la commission Vérité d’individus et d’opinions, l’ANC a gner le vice-président Thabo Mbeki Le prestige du président Mandela vient plutôt des rangs mêmes du mique comme une dérive à droite. et Réconciliation (Le Monde du sa- bâti son unité dans la lutte anti- comme le successeur de M. Mande- le met à l’abri du mécontentement parti ou de ses alliés représentant Le Cosatu accuse le parti dirigeant medi 6 décembre) comme un apartheid en tant que mouvement la à la tête du parti dirigeant et, par et une grande partie des électeurs l’aile gauche de l’ANC comme le de chercher à rassurer les investis- complot ourdi par ses adversaires de libération. Après plus de trois conséquent, du pays. noirs sont fidèles à l’ANC qui repré- Cosatu (Congrès des syndicats sud- seurs étrangers et les milieux d’af- politiques. ans à la tête du pays, il a du mal à se Faute de concurrent crédible sur sente, avant tout, le mouvement africains), la puissante confédéra- faires blancs au détriment des be- En cas d’exclusion, les dirigeants transformer en véritable formation la scène politique sud-africaine, le qui les a libérés de l’apartheid. Mais, tion syndicale aux 1,8 million soins de la population noire. de l’ANC craignent que Winnie aille politique capable de mener un dé- candidat de l’ANC est assuré de comme l’indiquent les sondages, la d’adhérents. Ce discours trouve un écho au renforcer le mouvement créé par bat interne sans menacer sa cohé- l’emporter aux élections de 1999. popularité du parti et du gouverne- Depuis plus d’un an, la coalition sein même de l’ANC. Il est repris un autre déçu de l’ANC, le popu- sion. Dès 1996, le président Mandela – âgé aujourd’hui de soixante-dix- ACCÉLÉRER LES CHANGEMENTS neuf ans – avait annoncé qu’il ne se Le congrès ne devrait pas déroger représenterait pas. Il avait officieu- En semi-retraite, le chef de l’Etat privilégie désormais sa vie privée à la règle. Soutenu par le président sement désigné M. Mbeki (cin- Mandela et la majorité des diri- quante-cinq ans) comme son dau- JOHANNESBURG seurs étrangers. En même temps, M. Mandela a sions du passé. Ses critiques véhémentes à geants de l’ANC, M. Mbeki s’est ap- phin. M. Mandela devrait continuer de notre correspondant tenu à affirmer l’indépendance de l’Afrique du l’égard des médias blancs et ses récentes ac- pliqué à « verrouiller » le processus. à exercer ses fonctions de chef Nelson Mandela est amoureux. Il ne s’en Sud. Quitte à défier l’Amérique, il s’est rendu cusations de racisme à l’encontre des partis Candidature unique pour les postes d’Etat jusqu’en 1999. Mais depuis cache pas. Comme pour mieux préparer ses en Libye pour y rencontrer le colonel Mouam- d’opposition ont quelque peu terni cette image. clés, débats en partie à huis clos, longtemps déjà, il se cantonne dans concitoyens à son prochain départ, le président mar Kadhafi, mis au ban des nations par les Pour apaiser la montée du mécontentement possible changement du mode de un rôle de « Père de la Nation », consacre davantage de temps à une vie privée Etats-Unis. Par ailleurs, de la guerre civile dans dans les townships, le pouvoir noir durcit son scrutin : tout est prévu pour mini- veillant à la réconciliation du pays qu’il a toujours sacrifiée au combat politique. A l’ex-Zaïre ou au Soudan en passant par la ré- attitude à l’égard de la minorité blanche. miser les divergences et faire taire et à son rang sur la scène interna- soixante-dix-neuf ans, s’il paraît fatigué, bellion au Timor-Oriental, le chef de l’Etat a M. Mandela ne fait pas exception. Mais il est les voix dissonantes comme celle de tionale. Le président Mandela a dé- M. Mandela est suffisamment vaillant pour proposé sa médiation dans plusieurs conflits. toujours là pour calmer les inquiétudes par des Mme Madikizela-Mandela. La ligue légué à son successeur la gestion vivre une véritable romance. Après avoir divor- Son offensive diplomatique a souvent été ma- gestes symboliques ou des déclarations rassu- des femmes de l’ANC – dont elle est des affaires courantes afin de ren- cé de Winnie, en 1996, le chef de l’Etat s’affiche ladroite et rarement couronnée de succès. Mais rantes. Il a ainsi récemment rendu visite à un présidente – semble d’ailleurs être forcer sa stature d’homme d’Etat. désormais ouvertement avec l’élue de son elle a eu le mérite de positionner l’Afrique du des ses anciens geoliers de Robben Island et il a prudemment revenue sur son sou- cœur, Graça Machel, veuve de l’ancien pré- Sud comme une puissance qui compte, au affirmé qu’il n’était pas question de prendre tien à la candidature de Winnie ÉPOQUE CHARNIÈRE sident mozambicain, Samora Machel. La moins sur le continent. des « mesures coercitives » contre les Blancs pour le poste de vice-président du Le congrès de l’ANC devrait offi- compagne de M. Mandela, de vingt-sept ans sa pour accélérer les changements. parti. cialiser le début de l’après-Mandela cadette, est officiellement devenue la première NE PAS FAIRE D’OMBRE À SON SUCCESSEUR C’est lui aussi qui a reçu les représentants des Pour autant, l’ANC ne peut pas en permettant à M. Mbeki d’asseoir dame du pays, accompagnant, main dans la Très présent hors des frontières de l’Afrique fermiers blancs s’estimant victimes d’une vague faire l’économie d’un véritable dé- son autorité sur le parti et de pré- main, le président tout au long de sa visite en du Sud, le président Mandela se tient osten- de meurtres à caractère politique. Toujours bat et d’une révision de sa politique. senter les grandes lignes de sa poli- Angleterre cet été. siblement en retrait de la scène politique dans présent dans les moments difficiles, le chef de MM. Mandela et Mbeki sont bien tique pour le futur. La succession Dans la même volonté de montrer qu’il n’est son pays. Afin de rassurer sur l’après-Mandela l’Etat est personnellement intervenu pour conscients de la nécessité d’accélé- n’est pas facile à assurer. Elle inter- plus indispensable, M. Mandela s’efface pro- et les capacités de son dauphin, il se cantonne coordonner la réponse du gouvernement face à rer les changements pour apaiser le vient à une époque charnière dans gressivement de la vie politique intérieure en dans une semi-retraite laissant M. Mbeki gérer la polémique suscitée par la vague d’évasions malaise au sein du parti et de la po- la vie du parti et du pays. Dépourvu faveur de son successeur, le vice-président Tha- le pays au quotidien. Le chef de l’Etat cherche à dans les prisons. M. Mandela veille aussi au pulation noire. Ces derniers mois, le de l’autorité et du charisme de bo Mbeki. Le chef de l’Etat se consacre de plus renforcer la popularité de son successeur en se grain à l’intérieur de l’ANC. Certains lui attri- chef de l’Etat et son vice-président M. Mandela, son dauphin hérite en plus aux affaires étrangères. Symbole vivant désistant en sa faveur à l’occasion de grands buent des interventions décisives dans les can- ont multiplié les gestes et les décla- d’un mouvement divisé par l’impa- de la paix et de la réconciliation à travers le rendez-vous symboliques avec la Nation. C’est didatures aux postes clés du parti, afin de bar- rations dans ce sens. Sans remettre tience grandissante de la popula- monde, il souhaite profiter de son prestige in- ainsi le vice-président Mbeki et non M. Mande- rer la route à son ex-épouse, Winnie. D’autres fondamentalement en cause l’ap- tion noire face à la lenteur des comparable pour affirmer la présence de la qui a assisté à la qualification de l’équipe ont même évoqué la création d’un poste spécial proche prudente de M. Mandela, le changements depuis 1994. M. Mbe- l’Afrique du Sud sur la scène internationale. Un sud-africaine de football pour la Coupe du dans l’organigramme de l’ANC, permettant à congrès pourrait être l’occasion, ki va devoir faire face à la pression sondage récemment réalisé en France désignait Monde 1998, considérée comme un événement M. Mandela de continuer à exercer une in- pour son successeur, d’essayer de qui pèse sur la politique de pru- d’ailleurs M. Mandela comme la personnalité la national par la population noire. fluence après sa retraite. Soucieux de ne pas ressouder le parti autour d’une poli- dence, de compromis et de consen- plus marquante des vingt dernières années. Pour autant, le président Mandela n’est pas faire d’ombre à son successeur, M. Mandela tique mettant davantage l’accent sus qu’a menée le président Mande- Fort de cette popularité, le président sud- complètement absent de la vie politique. Popu- s’est contenté d’affirmer qu’il serait « toujours sur les attentes de la population la. africain a multiplié les initiatives diploma- laire et respecté, il veille à la réconciliation et à disponible pour aider l’ANC ». noire. Le chef de l’Etat s’est toujours tiques. Il a effectué une longue série de voyages l’unité du pays. Il a affirmé qu’il mourrait «le montré soucieux de préserver la co- en Europe et en Asie, afin d’attirer les investis- sourire aux lèvres », sûr d’avoir mis fin aux divi- Fr. Ch. Frédéric Chambon Le Rwanda accuse la communauté internationale d’être « responsable de la perpétuation du génocide » LES AUTORITÉS rwandaises ont de nombreux enfants souffraient de accusé, lundi 15 décembre, la malnutrition ». communauté internationale Le gouvernement est revenu sur d’avoir une part de responsabilité les massacres anti-tutsis perpétrés dans la perpétuation du génocide à partir de 1959, et sur le génocide que constitue le massacre, mercre- de 1994, au cours duquel plus de di dernier, des réfugiés tutsis d’ori- 500 000 Tutsis et Hutus modérés gine zaïroise dans le camp de Mu- ont été massacrés. Ces massacres dende (nord-ouest). Au cours ont eu lieu, selon Vincent Biruta, d’une conférence de presse de plus avec « la complaisance et la béné- de deux heures, le gouvernement a diction de puissances étrangères ». accusé les Nations unies et la Les autorités ont par ailleurs appe- communauté internationale de lé la communauté internationale à « n’avoir pas mis un terme aux tra- « prendre ses responsabilités face fics d’armes dénoncés dans les aux massacres ». « Cela ne veut pas camps de réfugiés de l’ex-Zaïre » dire amasser des forces militaires au (devenu République démocratique Rwanda, mais prendre des mesures du Congo, RDC). spécifiques, comme punir quiconque Joseph Karemera, ministre de aide les rebelles », a ajouté M. Kara- l’éducation, Vincent Biruta, mi- mera. nistre de la santé, et Jean-Népo- Les relations entre le Rwanda et muscène Nayinzira, ministre de les Nations unies se sont dégradées l’information, ont estimé au terme depuis la visite de Mary Robinson, de leur visite à Mudende, vendre- le haut commissaire de l’ONU pour di 12, que ce massacre constituait les droits de l’Homme. Mme Robin- « une perpétuation du génocide » de son avait notamment condamné 1994 et que certains pays étrangers « l’absence de politique volontariste continuaient « d’aider les génoci- de réconciliation » au Rwanda. daires ». De son côté, Emma Bonino, commissaire européen chargé des « PAS ASSEZ DE NOURRITURE » questions humanitaires, a qualifié Selon le nouveau bilan des auto- lundi « d’acte de lâcheté honteux et rités, 317 personnes auraient été barbare » le massacre de Mudende. tuées dans l’attaque du camp, attri- « Le Rwanda a connu suffisamment buée aux milices hutues « Inter- de massacres sanglants et le monde ahamwe » et soldats des ex-Forces suffisamment de violence insensée armées rwandaises (FAR). Joseph cette année contre des femmes, des Karamera a ajouté que les réfugiés enfants et autres personnes vulné- « n’avaient pas reçu suffisamment rables qui recherchaient protection de nourriture de la part des Nations et soulagement », a-t-elle déclaré. – unies depuis le mois de juillet et que (AFP.) LeMonde Job: WMQ1712--0005-0 WAS LMQ1712-5 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0408 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 5 Le Tribunal pénal international demande à la France d’arrêter des criminels de guerre en Bosnie Paris n’a pas répondu aux attentes du TPI sur le témoignage de ses militaires La rencontre entre Louise Arbour, le procureur çaise, n’a pas apporté de solution à la crise entre Le renouvellement du mandat de la SFOR en Bos- du Tribunal pénal international de La Haye, et la France et le TPI. Paris ne s’est pas engagé à au- nie devait être discuté mardi par les ministres des Hubert Védrine, le chef de la diplomatie fran- toriser ses militaires à témoigner aux audiences. affaires étrangères de l’OTAN.

LE CONFLIT qui a éclaté entre pour rappeler que « trente respon- la France et le Tribunal pénal in- sables français, y compris des offi- ternational de La Haye (TPI) est ciers généraux, ont apporté leurs té- loin d’être clos, après la rencontre, moignages à l’occasion d’auditions lundi 15 décembre, entre Hubert diligentées par le Tribunal ». Védrine, le ministre des affaires A ce sujet, Louise Arbour a préci- étrangères, et Louise Arbour, le sé lundi au Monde qu’« aucun Fran- procureur de la juridiction char- çais n’a témoigné à la barre à La gée d’enquêter sur les crimes de Haye puisqu’aucun n’a encore été guerre commis en ex-Yougoslavie. convoqué », et qu’« un seul a témoi- Chaque camp a campé sur ses po- gné par écrit devant un magistrat à sitions des jours précédents, ex- Paris ». C’est ce dernier cas de fi- primées en des termes plus diplo- gure qui trouble le procureur. matiques. La question de la Trente Français ont bien été enten- coopération de la France avec le dus par les enquêteurs du TPI, mais TPI reste entière. seulement « au cours d’auditions La querelle avait éclaté après préliminaires informelles » destinées des propos d’Alain Richard affir- à déterminer si la personne pour- mant que la France n’autoriserait rait être appelée ou non en tant « jamais » ses officiers à témoi- que témoin. La « non-coopération » gner oralement devant le TPI, ac- vient du fait que Paris, qui accepte cusé de pratiquer une « justice- des contacts informels après des spectacle ». Une position inaccep- mois de négociations pointilleuses table pour le bureau du procureur. sur les procédures, fait en sorte Mme Arbour a répondu à M. Ri- qu’aucune audition devant un ma- chard, dans Le Monde du samedi gistrat n’ait lieu. Selon les règles en 13 décembre puis dans divers mé- lignant que les décisions de ce paix est surprenant, et l’explica- vigueur au TPI, ces témoins poten- dias, accusant la France de « non- type sont prises conjointement tion est peu convaincante. Il n’y a tiels devraient être entendus sans coopération » avec le Tribunal. par les alliés. « La responsabilité qu’une « façon » de travailler avec limitation. Or les Français étudient Louise Arbour mettait le feu aux première pour livrer les criminels de le Tribunal de La Haye, que Paris a préalablement à la loupe les listes poudres en ajoutant que les crimi- guerre revient en priorité aux mu- accepté en adaptant sa législation de questions qui intéressent les en- nels de guerre « se sentent en sé- sulmans, aux Croates et aux en 1995. Par ailleurs, il n’y a au- quêteurs, leur interdisant de poser curité absolue » dans la zone de Serbes », a déclaré le secrétaire gé- cune confusion entre témoin et aux militaires toute question jugée l’OTAN sous contrôle français en néral de l’OTAN, Javier Solana. inculpé, et le TPI ne s’est jamais gênante. Bosnie-Herzégovine. aventuré sur le terrain d’une éven- Il est encore trop tôt pour savoir A l’issue de l’entretien entre le EXPLICATION PEU CONVAINCANTE tuelle responsabilité des comman- si la polémique actuelle va relancer ministre français et le procureur, Aux Etats-Unis, où la Maison dants des forces de l’ONU. ou au contraire freiner l’embryon le Quai d’Orsay a publié un Blanche avait tenu à défendre la Louise Arbour a insisté, dans de coopération entre la France et le communiqué indiquant qu’Hubert France, « un partenaire précieux », son communiqué, sur la demande Tribunal. Le courroux vraisem- Védrine a dit à Mme Arbour le département d’Etat a évoqué qu’elle a faite à M. Védrine d’« in- blable des militaires ne devrait pas, combien « les autorités françaises ses « sérieuses inquiétudes » après tervenir pour que la position prise en tout cas, améliorer leurs rela- ont été profondément choquées par les accusations du TPI, rappelant par le ministre français de la dé- tions avec le TPI. Reste à savoir si les allégations selon lesquelles les que les forces françaises devaient fense au sujet du témoignage éven- Paris a eu raison de ne pas revenir criminels de guerre serbes pou- arrêter les criminels de guerre tuel de militaires français devant sur les propos de M. Richard, qui vaient se sentir en sécurité dans le rencontrés au cours des missions. les deux tribunaux internationaux mettaient la France hors-la-loi. secteur français » de Bosnie. «Les Le porte-parole du département [Arusha pour le Rwanda et La M. Védrine n’a pas répondu aux in- militaires français obéissent aux di- d’Etat a cependant précisé ne pas Haye pour l’ex-Yougoslavie] soit terrogations exprimées par La rectives qui leur sont données par connaître de cas où des soldats réévaluée dans un sens plus Haye. Reste aussi à savoir si les alliés », a ajouté la porte-pa- français auraient refusé d’arrêter conforme au respect de la procé- l’OTAN va envisager des opérations role du ministère. des inculpés. dure judiciaire internationale. » contre les criminels de guerre en Louise Arbour a répondu à ces En plaçant le débat sur l’arresta- Mme Arbour a conclu que la France Bosnie. questions dans un communiqué tion des criminels de guerre, Paris avait accompli ces derniers mois « Chacun sait que des arrestations demandant à la France de procé- ne répond volontairement pas aux « des progrès qui restaient mo- risquent de compromettre l’accord der à l’arrestation de criminels de accusations initiales de Mme Ar- destes ». de Dayton », commentait lundi une guerre présumés. « J’ai informé bour, à savoir la non-coopération source diplomatique à Paris. Au M. Védrine de l’urgence de voir une de la France aux enquêtes du TPI. NÉGOCIATIONS POINTILLEUSES TPI, comme chez tous les partisans répétition, dans tous les secteurs de A ce sujet, M. Védrine n’a pas dé- Au ministère des affaires étran- d’une Bosnie unitaire et d’une jus- la SFOR [la Force multinationale savoué les propos d’Alain Ri- gères, certains estiment que tice d’après guerre, on pense au de l’OTAN], de l’opération menée chard. « La France coopère à sa fa- « cette affaire va compliquer la contraire que seule une mise à en juillet à Prijedor par des forces çon avec le TPI, a-t-il déclaré, coopération avec le TPI car le cli- l’écart des criminels de guerre du contingent britannique », dit- toujours cité par sa porte-parole. mat de confiance a été brisé ». pourrait sauver un processus de elle. Mme Arbour affirme avoir de- La France craint que la poursuite « Nous allons mettre des années à paix bosniaque en danger. Deux vi- mandé au chef de la diplomatie des opérations de maintien de la convaincre nos militaires de pour- sions qui, tant que les puissances française « son appui pour qu’une paix ne soit remise en question si suivre d’éventuelles auditions », occidentales s’en tiendront aux dé- telle opération soit lancée ». l’on met sur le même plan juridique ajoute cette source. Alain Richard clarations d’intention, ne sont pas Sur ce problème de l’arrestation et médiatique témoins et in- a envoyé un message à toutes les conciliables. des criminels de guerre, l’OTAN a culpés. » Le chantage sur de fu- unités militaires françaises, y volé au secours de la France, sou- tures opérations de maintien de la compris en Bosnie-Herzégovine, Rémy Ourdan Les Pays-Bas s’acheminent Washington estime que la Turquie vers une profonde réforme fiscale a sa place en Europe LA HAYE nullement défavorable aux bas sa- LES ÉTATS-UNIS ont estimé, sions. A Bruxelles, les négociations de notre correspondant laires : « Ils récupéreront la différence lundi 15 décembre, que la Turquie en vue de l’adhésion de Chypre dé- Après des mois de négociations, grâce à la baisse de l’impôt direct. » avait sa place en Europe en dépit buteront comme prévu au prin- la coalition néerlandaise au pouvoir, Le gouvernement veut aussi limi- de la crise ouverte entre Ankara et temps prochain, en dépit de la vo- qui regroupe des sociaux-démo- ter les multiples possibilités de dé- l’Union européenne. Absente de la lonté de la communauté turque de crates, des libéraux et des centristes, grèvements fiscaux (frais profes- liste des candidats potentiels à l’in- l’île de ne pas y participer. a présenté un vaste projet de ré- sionnels, crédits, etc.), mais il s’est tégration établie, vendredi et same- C’est la position qui a été expri- forme fiscale intitulé « Les impôts bien gardé de toucher à la sacro- di, par les Quinze à Luxembourg, mée, lundi, par Klaus Van der Pas, au XXIe siècle ». sainte déduction totale des intérêts Ankara a menacé de geler ses rela- le porte-parole de la Commission L’objectif n’est pas vraiment de sur les crédits logements, qui favo- tions avec l’UE. Le porte-parole du européenne : « L’engagement clair baisser la charge de l’impôt pour le rise l’accès à la propriété. Quant aux département d’Etat à Washington, et net de commencer les négocia- contribuable. Il s’agit essentielle- grandes fortunes, la suppression du James Foley, s’est efforcé de mini- tions d’adhésion six mois après la ment d’organiser un glissement de recours à diverses constructions fis- miser la gravité de la crise, dont les conclusion de la Conférence inter- l’impôt sur le revenu vers les taxes cales sera compensée par la dispari- deux acteurs sont alliés des Etats- gouvernementale (CIG) a été confir- indirectes à la consommation et tion de l’impôt sur la richesse. Unis. mé à plusieurs reprises... Il n’y a pas vers l’imposition des activités les Pour contre-balancer ces alour- « Nous ne voulons pas tirer des d’alternative ; nous espérons qu’une plus polluantes. « Il faut accroître le dissements, le projet prévoit de ré- conclusions définitives de ce qui s’est île unifiée adhérera à l’Union. C’est revenu du travail. Les ménages rece- duire l’impôt sur le revenu. Le gou- produit la semaine dernière », a dé- de l’intérêt de la communauté vant plus, ils dépenseront plus », a dé- vernement propose plusieurs claré le porte-parole. « Nous turque de participer aux pourpa- claré en substance le ministre des fi- options au Parlement. Toutes croyons que la place de la Turquie se lers », a-t-il précisé à notre corres- nances, Gerrit Zalm (libéral). Et passent par une révision complète trouve en Europe, nous croyons que pondant à Bruxelles, Philippe Le- pour empêcher que les économies des tranches et par la baisse des la Turquie devrait bénéficier d’une maitre. d’impôts filent vers l’épargne des taux d’imposition, mais l’accent perspective d’adhésion à l’UE forte et La Commission, qui a pris acte mesures seront prises pour la rendre pourrait être mis sur la baisse de la ouverte et nous espérons que des de l’intention des autorités turques moins attrayante. première tranche, qui, affirme le Bu- progrès seront accomplis sur cette d’interrompre le dialogue politique reau central pour la planification, voie », a-t-il ajouté. Refusant de avec l’Union, les a invitées à re- RÉDUIRE L’IMPÔT SUR LE REVENU est la mesure la plus favorable à s’attarder sur les motifs des Euro- considérer leur position. Elle sou- Une partie des 10 milliards de flo- l’emploi. péens, James Foley a toutefois af- ligne que les conditions posées aux rins de nouveaux impôts devront Le projet ne sera pas présenté aux firmé : « Nous devrions consigner Turcs sont les mêmes que pour les provenir de prélèvements « écolo- députés avant les élections de mai dans les poubelles de l’Histoire les autres candidats. « La chance qui se giques » et du relèvement de la TVA 1998. Mais tous les grands partis opinions orientées par l’apparte- présente est trop importante pour de 17,5 % à 19 % (sauf pour les acti- s’entendent sur la nécessité de ré- nance à la race. » qu’on l’ignore », a dit encore vités « intensives en travail », où la former en profondeur le système En Turquie, l’amertume reste M. Van der Pas, qui a estimé que la TVA devrait être abaissée à 6 %, si la actuel. En ce sens, les principes dé- grande et les autorités, comme la Conférence paneuropéenne (les Commission européenne donne son gagés par l’actuel gouvernement plupart des journaux, considèrent Quinze et les onze pays candidats) feu vert). En ce qui concerne l’impôt serviront sûrement de base à une que l’Union européenne a épousé proposée par la France et retenue sur la consommation, le relèvement refonte qui devrait voir le jour «en dans une large mesure les thèses de par le Conseil européen de Luxem- du taux de la TVA rapportera près 2001 ou 2002 ». l’éternelle rivale – la Grèce – en re- bourg, « perdrait beaucoup de son de 4 milliards. Pour Gerrit Zalm, fusant de placer Ankara sur la liste intérêt si la Turquie devait ne pas y cette augmentation de la TVA n’est Alain Franco des candidats aux prochaines adhé- participer ». LeMonde Job: WMQ1712--0006-0 WAS LMQ1712-6 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 08:16 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0409 Lcp: 196 CMYK

6 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 INTERNATIONAL Les Français apprécient M. Blair, Les femmes demeurent victimes M. Jospin laisse les Anglais indifférents de ségrégations sur le marché du travail Selon un sondage « La Marche du siècle »-« Le Monde », En Europe les écarts de salaires entre les sexes augmentent avec l’âge 50 % de nos compatriotes ont « plutôt de la sympathie » pour nos voisins Deux études – l’une du BIT, l’autre d’Eurostat – travail égal, les disparités de salaires demeurent im- viennent confirmer que les femmes ont toujours du portantes, notamment au niveau des cadres. Les Scan- britanniques, qui ne sont que 35 % à se déclarer favorables aux Français mal à s’imposer sur le marché de l’emploi. En Europe, à dinaves sont les moins défavorisées.

LES FRANÇAIS ont plutôt une mie, produits de luxe, vins, haute vorables » à l’adoption de la mon- LE MARCHÉ du travail continue appelle la nuance : en France, la teurs de prédilection comme le per- bonne image des Britanniques, qui couture) pour 70 % des Britan- naie unique en Grande-Bretagne, d’être dominé par des hommes. proportion de femmes chefs de sonnel infirmier et l’enseignement restent, eux, plus distants, voire in- niques, la culture (monuments his- 34 % se déclarant à cet égard « fa- Plus les emplois sont élevés dans la grandes entreprises est relativement (comme c’est notamment le cas aux différents, vis-à-vis de leurs voisins toriques, littérature, peinture), vorables » ou « plutôt favorables ». hiérarchie des responsabilités et élevée par rapport aux autres pays Etats-Unis). d’outre-Manche. Tel est le premier pour 47 %, ou l’Histoire (croisades, Mais c’est sans doute sur le plan donc bien payés, plus les femmes développés. Deuxième axe : la « ségrégation enseignement du sondage réalisé révolution et gaullisme) pour 36 %. politique que les réactions sont les en sont exclues. Telles sont les Le rapport du BIT identifie deux verticale ». « Même dans les emplois par la Sofres pour La Marche du Sûrement pas, en tout cas, la place plus marquées. Alors que 82 % des conclusions d’un rapport que vient échelles de ségrégation : « horizon- à prédominance féminine, note le siècle-Le Monde sur un échantillon de la France comme cinquième Français ont une « bonne » ou de faire paraître le Bureau interna- tale » tout d’abord, avec des sec- rapport du BIT, les hommes oc- national – en France, les 28 et puissance économique mondiale « assez bonne » opinion du pre- tional du travail (BIT), basé à Ge- teurs d’activité et des professions cupent généralement les postes à 29 novembre, et, en Grande-Bre- (8 %)... Les Français sont, eux, à mier ministre travailliste, Tony nève. réservés aux femmes. Premier haut niveau de qualification, de res- tagne, du 5 au 7 décembre – de 46 %, sensibles aux coutumes an- Blair, les Britanniques ne sont que Valable pour l’ensemble des pays constat : « Les femmes ont souvent ponsabilité et de salaire. Dans l’en- 1 000 personnes représentatif de la glaises (thé, monarchie et pubs), 11 % à partager ce sentiment sur du monde, le constat est inquié- des emplois à temps partiel et tempo- seignement par exemple, la majorité population âgée de 18 ans et plus. mais aussi à la prospérité écono- Lionel Jospin. Pas moins de 82 % se tant : « Aujourd’hui, les femmes re- raire, tandis que les hommes oc- des enseignants sont des femmes tan- Selon cette enquête, 50 % des présentent plus de 40 % de l’emploi cupent plutôt les emplois stables et dis que les directeurs sont des Français ont « plutôt de la sympa- mondial et ont gravi progressivement bien payés », selon le BIT. hommes. » thie » pour les Britanniques, qui ne « Swinging London » sur France 3 les échelons de la hiérarchie des en- Par ailleurs, les emplois équilibrés En matière de ségrégation verti- sont pour leur part que 35 % à se treprises. Pourtant, leur part des (où 40 à 60 % des employés sont du cale, c’est toutefois la question du déclarer favorables aux Français, La « Marche du siècle », l’émission de Jean-Marie Cavada, en par- postes de direction dépasse rarement même sexe) sont extrêmement mi- salaire qui demeure la plus sensible. alors que 20 % d’entre eux pré- tenariat avec Le Monde, diffusera, mercredi 17 décembre, sur 20 % (...) Diverses enquêtes ont révélé noritaires sur le marché du travail. Bien que cent-vingt-six pays aient fèrent afficher leur « antipathie » à France 3, un reportage exceptionnel sur Londres, « Swinging Lon- que, dans les plus grandes entre- Autrement dit, il existe un profil signé la convention de l’Organisa- l’égard de leurs voisins, contre don », qui nous promènera à travers la mode, la couture et le design. prises, la proportion de postes de d’emplois féminins bien marqué : tion internationale du travail (OIT) 13 % des Français. Il nous expliquera les raisons pour lesquelles les jeunes traversent pouvoir occupés par des femmes n’est les femmes occupent des emplois sur l’égalité de rémunération entre En France, les plus enthousiastes aujourd’hui la Manche pour chercher du travail. Un sondage illus- que de 2 ou 3 % », écrivent les ex- de services, avec d’importants sec- les hommes et les femmes (qui date à l’égard de la Grande-Bretagne trera la vision croisée des Britanniques et des Français. Avec, sur le perts du BIT. de 1951), ces dernières continuent sont plutôt les femmes (53 %), les plateau, Denis Mac Shane, député travailliste, francophone, et Mi- Bien entendu, ces observations d’être nettement défavorisées par jeunes (de 50 à 54 %, chez les 18-49 nette Walters, romancière. Le couturier Sian Mooney et l’écrivain doivent ensuite être nuancées pays Bruxelles vote rapport aux hommes, à qualifica- ans) et les commerçants, artisans, Michel Déon parleront d’une mode qui, après nous avoir donné le par pays. Les Nations unies – dont tion et quantité de travail fournie industriels, cadres et ouvriers, les tweed et le chapeau melon, nous a envoyé John Galliano ou Alexan- dépend le Bureau international du contre la discrimination égales. agriculteurs se distinguant par une der McQueen. Jean-Marie Bergmann, directeur de la Chambre de travail – ont mis au point un indica- D’après des chiffres publiés le plus grande méfiance (31 %). Au- commerce franco-britannique de Londres, Olivier Gaudin, un jeune teur de disparités sociologiques Les ministres européens des 9 décembre par l’Office statistique cune distinction notable ne s’éta- chercheur émigré outre-Manche, et le designer Terence Conran par- entre les sexes, qui mesure la parti- affaires sociales ont adopté, lun- européen (Eurostat), les revenus blit en fonction des préférences ticiperont également à l’émission. – (Corresp.) cipation des femmes à la vie de la di 15 décembre, une directive bruts horaires des femmes repré- partisanes. Vu du côté britan- communauté et leur accès aux contre la discrimination sentaient 84 % de ceux des hommes nique, les Français sont principale- prises de décisions dans des sec- sexuelle qui devra être mise en en Suède, 73 % en France et en Es- ment « cultivés » (43 %), « créa- mique et au faible taux de chô- déclarent simplement être « sans teurs clés. C’est, par tradition et œuvre au plus tard au 1er janvier pagne et 64 % au Royaume-Uni. tifs » (19 %), « sympathiques et mage que connaît la Grande-Bre- opinion » à ce sujet. Une indiffé- également par le biais d’une poli- 2001. Tous ceux qui s’estiment Les experts d’Eurostat consta- accueillants » (19 %). Mais, para- tagne (32 %). Ils ne sont que très rence toutefois tempérée par une tique volontariste en la matière, victimes de discrimination di- taient que les femmes cadres doxalement, ni « débrouillards » peu (10 %) à rendre hommage aux certaine attirance pour les choix dans les pays scandinaves (Nor- recte ou indirecte fondée sur le étaient particulièrement défavori- (8 %), ni « drôles », ni « honnêtes » réalisations technologiques sociaux des socialistes français. vège, Suède, Danemark, Finlande) sexe pourront désormais mieux sées par rapport à leurs homo- (7 %), et moins encore « coura- « made in Great Britain » (10 %). 55 % de nos voisins estiment ainsi que les femmes ont le plus de faire valoir leurs droits tant sur logues masculins, mais aussi que geux » (4 %). Nos voisins nous Mais les Anglais n’envisagent possible une réduction à 35 heures chances de gravir les échelons de la l’égalité des rémunérations que l’écart de salaires entre les sexes jugent, en revanche, « arrogants » pas plus une éventuelle installa- de la durée hebdomadaire du tra- politique, de l’économie et du pour l’accès à l’emploi, la santé augmentait avec l’âge. Autrement (37 %), « froids et distants » (25 %), tion à Paris (17 %) que les Français vail en Grande-Bretagne, et 30 % monde professionnel en général. ou la sécurité. Le plaignant n’au- dit, si l’on cherche un emploi bien « entêtés et bavards » (16 et 17 %), à Londres (18 %). Et même si 68 % pensent que les droits des salariés Mais on observe que des pays ra plus à prouver l’existence rémunéré aujourd’hui en Europe, ou encore « avares et hypocrites » des Britanniques estiment que le sont mieux garantis en France que comme la France ou le Japon se si- d’une discrimination. Il appar- mieux vaut être un homme dans la (10 %). tunnel sous la Manche est « une dans leur royaume. tuent, sur ce palmarès global, après tiendra à l’employeur de justi- force de l’âge. Ce qui caractérise le mieux la bonne chose », ils sont 48 % à être Cuba, la Chine, le Costa Rica ou le fier la différence de traitement France ? Le savoir-vivre (gastrono- « défavorables » ou « plutôt défa- Denis Hautin-Guiraut Botswana. Là aussi l’observation devant les tribunaux. Lucas Delattre LeMonde Job: WMQ1712--0007-0 WAS LMQ1712-7 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0410 Lcp: 196 CMYK

7 FRANCE LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997

PATRONAT L’assemblée générale dents, Ernest-Antoine Seillière, prin- salaires, l’emploi et la durée du tra- après la conférence du 10 octobre, le économique du CNPF, explique sa vi- du Conseil national du patronat fran- cipal dirigeant de la holding CGIP. vail. b LA GESTION PARITAIRE du sys- retrait des organismes de Sécurité so- sion des rapports entre le patronat et çais (CNPF) devait élire à la prési- Cette élection fait suite à la démis- tème de protection sociale est au ciale. b DANS UN ENTRETIEN publié le gouvernement. Il propose en outre dence de cette organisation, mardi sion de Jean Gandois au lendemain cœur de la stratégie du CNPF, dont par le mensuel Passages, Denis Kess- une réforme du SMIC, qui aboutirait 16 décembre, l’un de ses vice-prési- de la conférence du 10 octobre sur le certains dirigeants avaient évoqué, ler, président de la commission à le faire supporter par l’Etat. Le CNPF désigne un président de « combat » contre les 35 heures L’assemblée générale de l’organe dirigeant du patronat devait entériner, mardi, le choix de son conseil exécutif en faveur d’Ernest-Antoine Seillière, qui a fait du refus des 35 heures le cheval de bataille de sa campagne

ERNEST-ANTOINE SEILLIÈRE, deux mois théoriquement prévus sonnalités au conseil exécutif de M. Gandois ou le patron de le patron de la CGIP (Compagnie pour faire campagne –, les quatre l’organisation patronale. Il a prévu Schneider, Didier Pineau-Valen- générale d’industries et de partici- candidats ont eu quelques mi- d’y accroître, à cette occasion, la cienne, lui avaient parfois disputé pation), doit officiellement, mardi nutes pour exposer leur pro- représentation des entrepreneurs par le passé. La commission so- 16 décembre, succéder à la tête du gramme, mardi matin, devant « de base ». ciale changera de titulaire. M. Pi- CNPF à Jean Gandois, démission- leurs électeurs, réunis dans un Pour autant, l’équipe rappro- neau-Valencienne, qui avait cares- naire, Ce dernier avait claqué la grand hôtel parisien. chée sur laquelle compte s’ap- sé l’idée de succéder à porte le 13 octobre pour protester Outre M. Seillière, Jean-Pierre puyer M. Seillière est, pour l’es- M. Gandois, doit laisser sa prési- contre le projet gouvernemental Gérard, ancien industriel et sentiel connue. Ainsi qu’il devrait dence à Georges Jollès, ancien de sur les 35 heures. membre du Conseil de la politique l’annoncer officiellement, mardi chez Bidermann, homme du sérail Formellement, les grands élec- monétaire, et deux dirigeants de après-midi, le nouveau président patronal. teurs de l’organisation patronale, PME, le promoteur immobilier du CNPF confiera à Bernard Cal- Représentant, depuis 1995, le soit 532 votants mandatés pour Dominique Lebel et l’iconoclaste vet, le président de l’Union fran- CNPF à la caisse nationale d’assu- l’essentiel par les unions patro- consultante en organisation Ma- çaise des industries pétrolières rance-maladie (CNAM). M. Jollès nales locales et les branches pro- rie-Thérèse Bertini, devaient (UFIP), la vice-présidence délé- sera en première ligne sur le dos- fessionnelles, qui composent l’as- prendre la parole. A la différence guée de l’organisation patronale. sier du paritarisme. M. Seillière a semblée générale du CNPF, ont le des organisations syndicales, qui Cette fonction nouvelle dans l’or- en effet annoncé publiquement, choix entre quatre postulants de- jouent depuis longtemps la carte ganigramme du CNPF a pour but durant sa campagne, son inten- puis le 16 novembre, date du dé- de la transparence lors de leurs de permettre à M. Seillière de tion de « mettre en question » la pôt des candidatures. Pour autant, congrès, le CNPF a du mal à enga- conserver ses responsabilités à la gestion paritaire des caisses de Sé- l’élection de M. Seillière ne fait ger sa « perestroïka », l’assemblée CGIP, son entreprise. curité sociale, en estimant que plus de doute depuis que le générale se déroulant à huis clos. « ces caisses ne sont contrôlées par conseil exécutif, le gouvernement COLLÉGIALITÉ personne, si ce n’est l’Etat qui fixe du CNPF, l’a désigné comme son UNE LIGNE DE COMBAT M. Seillière qui, dès l’annonce les règles ». favori, le 1er décembre. M. Seillière, qui s’est porté can- de sa candidature, avait indiqué Enfin, Pierre Bellon, le fonda- Pour prévenir toute contesta- didat après avoir reçu l’assurance son intention de travailler de ma- teur de la Sodexho, doit présider tion, parce que les statuts n’ont qu’aucun autre « poids lourd » de « rupture », tant au sujet des pro- du holding patrimonial des Wen- nière collégiale, s’appuiera sur la commission des PME et de l’ac- pas franchement été respectés – l’organisation patronale ne se lan- jets gouvernementaux, au premier del compte fournir de premiers trois commissions. tion territoriale, hissée au rang l’assemblée générale aurait dû se cerait dans la course à la prési- rang desquels le passage aux signes de rénovation en livrant la La commission économique va des deux autres grandes commis- réunir à la mi-janvier pour être dence, entend incarner une ligne 35 heures, qu’à celui des pratiques composition de son équipe. Statu- rester entre les mains de M. Kess- sions. Pour satisfaire les aspira- conforme et pour laisser aux pré- de combat. Au cours de sa cam- de l’organisation patronale. tairement, le président du CNPF a ler qui sera, cette fois, le théori- tions de sa base, M. Seillière a tendants les moins connus les pagne, il a multiplié les propos de Mardi après-midi, le président le pouvoir de faire entrer cinq per- cien unique du CNPF, rôle que choisi un provincial – M. Bellon est marseillais d’origine –, qui a créé son groupe et qui est par ail- leurs un vieux routier de l’organi- Le paritarisme, dernière cible des employeurs en lutte contre l’Etat sation patronale. M. Bellon, qui fut très proche de Jean-Louis Gi- LE PATRONAT a ouvert la pouvoirs, comme l’assurance-chô- décidé de ne pas compenser inté- té depuis 1979. Dans l’assurance- des années 90. Aux institutions pa- ral, s’était finalement rallié à la chasse au paritarisme, une espèce mage mise en place en 1958, gralement à la Sécurité sociale les maladie, il va réexaminer sa pré- ritaires nationales, les libéraux candidature de Jean Gandois en qui fait l’originalité du paysage so- l’Agirc et l’Arrco, qui gèrent la re- abattements de charges accordés sence puisqu’en juin 1995, en souhaitent substituer progressive- 1994. cial français depuis cinquante ans, traite complémentaire des salariés aux entreprises réduisant la durée désignant un nouveau vice-pré- ment des régimes de protection Ce triumvirat sera ainsi chargé mais qui est menacée d’extinction depuis 1947 et 1962, sans oublier la du travail. sident à la Cnamts, le CNPF s’était sociale dont la gestion, qui pour- d’appliquer la redéfinition des formation professionnelle (1971). Pour l’heure, les régimes pari- donné trois ans pour se prononcer rait associer les syndicats, serait missions du CNPF que souhaite ANALYSE A l’inverse, dans les caisses de Sé- taires ont encore une espérance de sur un maintien définitif au sein de plus proche de l’entreprise et des M. Seillière. Le nouveau président Le CNPF pourra montrer, curité sociale, la gestion tripartite vie sans doute appréciable, même la plus importante des caisses de réalités économiques, qu’il s’agisse du CNPF a plusieurs fois indiqué Etat-patronat-syndicats n’est, si la légitimité des partenaires so- Sécurité sociale. des retraites avec les fonds de pen- qu’il comptait recentrer l’organi- en 1998, sa détermination pour le CNPF, que le « faux nez » ciaux est minée de toutes parts : sion ou de la santé avec la fin du sation patronale sur l’entreprise, à « reprofiler » du pouvoir discrétionnaire de faible représentativité encore LE « YALTA » SOCIAL DE 1945 monopole de l’assurance-maladie. renforcer son rôle de réflexion et la protection sociale l’Etat, encore renforcé par le plan confirmée lors des dernières Les régimes paritaires, notam- « En France, le pacte social a, en de lobbying, rééquilibrer son ac- Juppé. Ces dernières semaines, le prud’homales, fiscalisation crois- ment les caisses de retraite définitive, consacré la non-inclusion tion économique négligée, selon patronat a adressé plusieurs aver- sante du financement de la protec- complémentaire, ont longtemps des syndicats dans les domaines lui, au profit des négociations so- lente. L’exercice n’est pas nou- tissements au gouvernement. tion sociale à travers la CSG, inter- constitué une sphère vraiment au- économiques et une formidable in- ciales. veau, mais la démission de Jean vention systématique de l’Etat lors tonome par rapport à l’Etat dans tégration de ceux-ci dans le do- M. Seillière, qui souhaite que le Gandois, le 13 octobre, a réveillé LÉGITIMITÉS MINÉES des crises financières de l’Unedic, le champ social et permis au pa- maine social », analysait Denis CNPF ne parle pas au nom des en- les ardeurs « chasseresses » d’une Il a claqué la porte de la pressions du marché dans les do- tronat d’affirmer son pouvoir et de Kessler, vice-président du CNPF, treprises, mais devienne leur partie du patronat. Avant même commission des accidents du tra- maines de la retraite et de la santé. faire pièce à la « démocratie so- lors d’un récent colloque. Sans porte-voix, entend également d’avoir succédé à M. Gandois, Er- vail pour protester contre le refus En outre, le patronat peut diffi- ciale » qui prévalait, selon lui, dans marquer la fin de ce « Yalta » qui, rompre la pratique du tête-à-tête nest-Antoine Seillière a sonné le du gouvernement de réduire les cilement se désengager d’un sys- les caisses de Sécurité sociale. Les en 1945, a confié la gestion des avec les pouvoirs publics. L’avenir rappel en affirmant qu’il « refuse- cotisations – refus justifié au re- tème qui pèse 1 600 milliards de temps ont changé. L’aile la plus li- grands risques sociaux aux parte- dira comment le nouvel attelage à rait de cautionner toute gestion pa- gard des charges indues que les francs (régime des salariés, Une- bérale du CNPF, qui plaide pour naires sociaux sans leur donner de la tête de l’organisation patronale ritaire qui amènerait à un sou de « AT » font peser sur la branche dic, retraites complémentaires), et que la régulation des rapports sa- poids dans l’entreprise, l’élection fera du CNPF une organisation cotisation de plus ». La majorité maladie en raison d’une sous-dé- dont les entreprises financent plus lariés-employeurs passe davan- de M. Seillière pourrait représen- « plus modeste » sans lui ôter ce des responsables patronaux ne claration systématique des mala- de la moitié. tage par les lois du marché, a pris ter un tournant. qu’il reste de sa raison d’être. souhaite pas un désengagement dies professionnelles. De son côté, Plusieurs rendez-vous pour- un poids considérable dans l’insti- pur et simple des caisses de re- Francis Bazile, vice-président raient montrer, en 1998, la déter- tution patronale depuis le début Jean-Michel Bezat Caroline Monnot traite ou de l’assurance-chômage, (CNPF) de la Caisse nationale mination du CNPF à « reprofiler » mais elle réclame à tout le moins d’assurance-vieillesse, a prévenu la protection sociale. Ainsi, il de- un bilan. qu’il n’acceptera pas d’augmenta- vrait s’opposer à l’extension de Le CNPF ne mêle cependant pas tion de la cotisation patronale en- l’allocation de remplacement pour tous les régimes de protection so- visagée par le gouvernement. En- l’emploi – dispositif de préretraite ciale dans le même opprobre. fin, les délégations patronales contre embauche financé par Dans le paritarisme, il y a le dans les caisses de « Sécu », qui l’Unedic – à de nouvelles catégo- « pur » et l’« impur ». Les véri- ont toutes rendu un avis négatif ries de salariés âgés. A l’assurance- tables régimes paritaires ont été sur le projet de loi sur les vieillesse, il se battra contre tout créés à l’initiative des partenaires 35 heures, se sont déclarées « stu- surcroît de recettes, même si la co- sociaux, où ils disposent de réels péfaites » que le gouvernement ait tisation patronale n’a pas augmen- Denis Kessler propose de réformer le SMIC PRÉSIDENT de la commission les relations sociales et salariales », « Je préférerais qu’on laisse, économique du CNPF, Denis Kess- déclare le vice-président du conseil comme dans la plupart des pays, les ler qualifie de « coup de force de exécutif du CNPF. Assurant que salaires s’équilibrer, notamment l’Etat administratif français contre « le retour au plein emploi passe par pour le travail moins qualifié », la société civile et sa représentation une autre approche », M. Kessler souligne encore M. Kessler. « Cela sociale » l’annonce faite, le 10 oc- estime qu’« il faut donner la priori- ne veut pas dire baisser le revenu tobre, par Lionel Jospin, du pas- té à l’accumulation sur la réparti- des smicards », indique-t-il. Il sage aux 35 heures en l’an 2000. tion ». Il appelle à « une réforme de propose donc de « compléter, une Dans un long entretien au mensuel l’Etat-providence » et déplore que, fois qu’ils ont reçu leur salaire, leur Passages, à paraître le 22 dé- « plutôt que d’anticiper l’avenir, la revenu, de façon qu’ils aient un cembre, M. Kessler, qui faisait par- société française se consacre à la ré- revenu égal à celui du SMIC ». A tie, avec Jean Gandois et Didier Pi- paration d’un modèle économique qui la responsablité de compléter neau-Valencienne, de la délégation et social déjà dépassé ». ce revenu incomberait-elle ? A du CNPF à la conférence du 10 oc- l’Etat, sous-entend M. Kessler, tobre, affirme qu’« il n’y a pas crise « AUGMENTER LA PRODUCTIVITÉ » puisqu’« il est possible de compléter entre le CNPF et les syndicats ou- Evoquant le SMIC, le président un salaire par une politique fiscale vriers », mais qu’« il y a crise entre de la commission économique du ou par une politique de transferts le patronat et le gouvernement ». CNPF plaide pour une « distinc- sociaux ». Le directeur général du groupe tion » entre salaire et revenu. Le « Ayons une politique de revenus, d’assurances AXA estime que les salaire, indique M. Kessler, repré- conclut le théoricien du CNPF 35 heures, « présentées comme une sente la productivité marginale des pour les questions économiques, conquête sociale », ne sont pas «le individus. « La notion qu’il faut mais laissons, d’une manière ou fruit d’un grand mouvement so- faire accepter, c’est qu’il n’y a au- d’une autre, la politique salariale cial ». « C’est une mesure politique, cune vision normative des salaires, suivre l’évolution du marché ! Au- imposée de l’extérieur aux parte- aucune raison de dire qu’ils sont trement, c’est le marché qui se naires sociaux, et en particulier au trop hauts ou trop bas », soutient-il. venge, et lorsque le marché se venge, patronat », affirme-t-il. Une loi, « La vraie question, estime cela veut dire chômage. » Pour poursuit-il, est « toujours l’objet M. Kessler, n’est pas l’augmentation M. Kessler, en cette fin de siècle, d’un débat politique ». « En recou- des salaires, mais l’augmentation de « l’ambition nationale est plus que rant à la loi, on ne peut que politiser la productivité. » jamais économique ». LeMonde Job: WMQ1712--0008-0 WAS LMQ1712-8 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0411 Lcp: 196 CMYK

8 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 FRANCE La Cour de cassation confirme la condamnation Deux services de Bercy d’Henri Emmanuelli dans l’affaire Urba devront préparer Le président de la commission des finances va être déchu de ses mandats une réforme fiscale La chambre criminelle de la Cour de cassation a pel de Rennes qui l’avait condamné, le 13 mars de droits civiques dans l’affaire URBA-SAGES- rejeté, mardi 16 décembre, le pourvoi formé par 1996, à dix-huit mois de prison avec sursis, BLE. La condamnation de M. Emmanuelli est Henri Emmanuelli contre l’arrêt de la cour d’ap- 30 000 francs d’amende et deux ans de privation donc devenue définitive et exécutoire. Nomination d’un nouveau directeur des impôts

LA CHAMBRE criminelle de la électifs d’Henri Emmanuelli qui rompu une réunion du bureau une décision de justice ; un cer- MINISTRE de l’économie, des fi- entre la direction des impôts et le Cour de cassation, présidée par était député des Landes – et pré- national pour tenir, avec M. Em- tain nombre de fédérations nances et de l’industrie, Domi- service de législation sous la hou- Hector Milleville, a rejeté tous les sident de la Commission des fi- manuelli, une conférence de n’avaient pas relayé la pétition. nique Strauss-Kahn avait annoncé lette de M. Beaufret avec l’appui de pourvois des prévenus dans l’af- nances de l’Assemblée nationale – presse. M. Jospin avait évoqué Tout en mettant de facto cette qu’il engagerait une réforme de la Patrice Forget, le patron du SLF. A faire URBA-SAGES-BLE, Henri et président du conseil général de une « décision inique » qui, avait- campagne en veilleuse, M. Jospin « forteresse Bercy ». Il va en don- peine installé, ce tandem devrait Emmanuelli, Jean-Jacques Gaste- ce département. Dans un délai il souligné, « nous a stupéfait et avait pris soin d’associer M. Em- ner le coup d’envoi en commen- être chargé d’une mission parti- bois, Jean-Louis Claustres, Gérard d’une semaine, la Cour de Cassa- blessé ». Tandis qu’après avoir hé- manuelli, auquel il avait succédé çant par un premier secteur-clé culière délicate : élaborer dans un Vourch, Michele Deveze, Alain tion doit notifier sa décision au sité, M. Emmanuelli décidait de se au poste de premier secrétaire en dont il a la charge, celui des im- délai de trois à quatre mois des Pillas, Christian Luçon, Pierre Vil- garde des sceaux qui la transmet pourvoir en cassation, le PS avait octobre 1995, aux travaux du PS. pôts. Changement d’homme, chan- propositions de réforme fiscale, en la, Jean-Pierre Barth et Gérard au Conseil constitutionnel. Celui- lancé une campagne nationale de Il l’avait ainsi chargé d’animer la gement de méthode de travail des prévision de la préparation du pro- Monate. Elle n’a pas suivi les ci dipose d’une petite semaine soutien au député des Landes, convention nationale qui s’était grandes directions du ministère : jet de loi de finances pour 1999. conclusions de l’avocat général, pour notifier au président de l’As- avec l’objectif de recueillir un mil- tenue en décembre 1996 sur la po- une cascade de décisions devraient Trois pistes devront être explo- René Amiel qui, le 11 décembre, semblée nationale la déchéance lion de signatures. Le PS, avait as- litique économique. M. Emma- intervenir dans les prochains jours, rées : la fiscalité locale, la fiscalité avait réclamé une annulation de du mandat de député que l’ancien suré M. Jospin, « ne conteste pas la nuelli s’était toutefois singularisé témoignant de cette volonté mo- du patrimoine et des successions, la condamnation du député, esti- premier secrétaire du PS détenait justice, il demande la justice ». en affirmant haut et fort, mais dernisatrice. et la fiscalité écologique. Les res- mant que la condamnation de depuis 1986. M. Emmanuelli avait Cette campagne n’avait pas fait sans en faire un amendement au Première décision : le ministre a ponsables de ce comité devraient, l’ex-trésorier du Parti socialiste été réélu le 1er juin avec 60,93 % l’unanimité au sein du PS et, à la projet, que la parité entre le franc d’abord choisi, comme on le pres- toutefois, se voir confirmer que était insuffisamment motivée. Il des suffrages. Le 8 février, il avait date du 10 mai, elle n’avait re- et le mark « ne saurait être érigée sentait, de nommer un nouveau di- leurs réflexions devront se dérouler rejoignait ainsi la plaidoirie de Me été désigné comme tête de liste cueilli que 70 000 signatures. Le en dogme ». Il s’était, sur ce point, recteur général des impôts. Jean- dans un cadre strictement délimi- Alain Monod, avocat de M. Em- pour les élections régionales dans comité de soutien qui devait ras- opposé à M. Jospin. Lors du der- Pascal Beaufret devrait, comme manuelli. Me Monod avait aussi le département des Landes et sembler des personnalités des arts nier congrès du PS à Brest, prévu, être nommé à ce poste par estimé que la privation des droits était pressenti pour briguer, en et des spectacles n’avait jamais vu M. Emmanuelli n’avait retrouvé le conseil des ministres du mercre- Convergence sur l’ISF civiques pour deux ans aurait dû cas de victoire de la gauche, la le jour et le sénateur PS Philippe que quinze places au conseil na- di 17 décembre (Le Monde du être motivée. La cour ne l’a pas présidence de la région Aquitaine. Labeyrie, maire de Mont-de-Mar- tional, au lieu de 43 à l’issue du 13 décembre), en remplacement Les biens professionnels suivi sur ce point en estimant Le 13 mars 1996, lorsque la cour san, avait estimé que « le PS ne congrès de Liévin, en novembre d’André Barilari, qui va devenir ins- doivent-ils être en compte dans qu’« aucune disposition légale d’appel de Rennes avait condam- bouge pas assez (...) pour aider l’un 1994. Au bureau national, les em- pecteur général des finances. A elle l’assiette de l’impôt sur la for- n’impose aux juges de motiver une né l’ancien trésorier du PS à dix- des siens ». manuellistes sont au nombre de seule, cette décision est symbo- tune ? Dans un entretien publié peine autre qu’un emprisonnement huit mois de prison avec sursis, D’autres responsables socia- quatre. L’un de ses amis, Jean Gla- lique. Ancien chef de service à la par Les Echos mardi 16 décembre, avec sursis ». 30 000 francs d’amende et deux listes jugeaient que le PS prenait vany, est chargé de l’emploi au se- direction du Trésor, M. Beaufret, le rapporteur général du budget à L’arrêt de la Cour de Cassation ans de privation des droits ci- le risque de braquer les magistrats crétariat national. après plusieurs années de disgrâce, l’Assemblée nationale, Didier Mi- va avoir pour effet à court terme viques, Lionel Jospin, alors pre- de la Cour de Cassation en lan- se voit promu à un poste straté- gaud, répond par l’affirmative : la déchéance de tous les mandats mier secrétaire du PS, avait inter- çant une campagne contestant Michel Noblecourt gique : c’est le signe qu’une « Ce sera l’objet de la discussion du période de mutation va s’ouvrir. La début de l’année, dit-il, puisque le direction générale des impôts est la gouvernement nous a proposé de plus grande direction du minis- réserver l’examen de la fiscalité du tère : elle regroupe 80 000 agents patrimoine et de la fiscalité locale à sur les 176 000 qui dépendent de la prochaine loi de finances. En ma- Bercy. tière d’ISF, je pense que le statu quo n’est pas bon. La piste de l’élargis- FAIRE JOUER LES SYNERGIES sement de l’assiette et d’une éven- La nomination de M. Beaufret tuelle réduction des taux est une ira de pair avec une réforme des bonne base de discussion. » habitudes de travail de la maison. L’industriel François Pinault, Les grandes directions de Bercy proche de Jacques Chirac, a lui- ont, en effet, la réputation d’être même admis récemment qu’il souvent en compétition entre elles n’était pas opposé à une réforme et de ne pas travailler en commun. combinant un élargissement de Lors de son arrivée, M. Strauss- l’assiette à une baisse des taux Kahn avait donc expliqué que l’un d’imposition (Le Monde du 5 dé- de ses projets était de faire jouer cembre). Pour l’instant, les biens les synergies entre les compétences professionnels, les œuvres d’art multiples de son grand ministère. et, partiellement, les forêts sont Le premier point d’application va exonérés d’ISF. donc en être trouvé avec l’adminis- tration qui s’occupe des sujets fis- caux. Au cours de ces dernières an- té : toute réforme devra être nées, les questions de fiscalité conçue à prélèvement constant. En étaient, en effet, au ministère, de la clair, aucune proposition ne devra compétence, en amont, du service conduire à un relèvement des im- de la législation fiscale (SLF), char- pôts. gé de la conception des réformes, Le choix d’un nouveau directeur et, en aval, de la direction générale général des impôts, disposant de des impôts (DGI), chargée du re- pouvoirs renforcés, a donc valeur couvrement et du contrôle. Sans de symbole : pour le gouverne- aller jusqu’à la fusion DGI-SLF, ment, la question de la réforme fis- M. Strauss-Kahn devrait annoncer cale sera l’une des grandes priori- un rapprochement des deux enti- tés économiques de l’année 1998. tés. Un rapprochement sera opéré Laurent Mauduit 300 cheminots de FO quittent leur confédération LES PREMIERS craquements trotskiste » du Parti des travailleurs syndicaux au lendemain des élec- sur FO. Il a aussi dénoncé « la po- tions prud’homales se font sentir. litisation par des avant-gardes soi- Lundi 15 décembre, trois cents disant éclairées ». cheminots de Force ouvrière ont Au sein de l’UNSA, M. Vaucou- annoncé leur départ de la confé- leur va retrouver la FMC, qui re- dération de Marc Blondel et, dans groupe des agents de maîtrise et la foulée, la création d’un Syndicat cadres de la SNCF et qui a recueilli national des personnels et exé- 11 % des voix aux élections de dé- cution (SNPE) des chemins de fer légués du personnel de mars 1996. et annexes. Ce syndicat a aussitôt Le SNPE entend se présenter aux demandé son adhésion à l’Union élections professionnelles à la nationale des syndicats auto- SNCF en février et mars 1998, et nomes (UNSA), dirigée par Alain représenter « le syndicalisme non Olive. Gilles Vaucouleur, ex-res- protestataire » au niveau des per- ponsable FO de la région Paris- sonnels d’exécution. Une dizaine Est, démis le 9 décembre de tous de cheminots CFTC de la région ses mandats par la fédération FO Paris-Est ont aussi quitté leur fé- des cheminots, a expliqué, au dération pour rejoindre le SNPE. cours d’une conférence de presse Aussitôt qualifié de « coup mé- au siège de l’UNSA, les raisons de diatique » par M. Blondel, ce dé- cette rupture par « une longue sé- part est, selon M. Vaucouleur, «le rie de désaccords avec la confédé- début d’une longue série », car «la ration FO ». réflexion » des opposants internes Partisan de Jacques Mairé, pa- àFO « aboutira un jour ou tron de l’union départementale de l’autre ». Le 5 décembre, M. Blon- Paris et rival malchanceux de del a convoqué M. Mairé. Une me- M. Blondel lors du 18e congrès de nace de mise sous tutelle plane FO en février 1996, M. Vaucouleur sur son organisation. Ayant res- a décidé d’entrer en dissidence pecté la trêve pendant les après le refus des emplois-jeunes prud’homales, les militants oppo- à la SNCF par sa fédération en sés à M. Blondel ont l’intention de septembre. Rejetant « la concep- relancer leur journal, Syndiqués, et tion d’une démarche syndicale pro- d’ouvrir un grand débat sur le syn- testataire, enveloppée d’un discours dicalisme, à l’intérieur ou à l’ex- révolutionnaire » qui abandonne térieur de FO, suivant le sort qui « le terrain du paritarisme et la né- leur sera fait. gociation collective », il a mis en cause la mainmise de la « minorité Alain Beuve-Méry LeMonde Job: WMQ1712--0009-0 WAS LMQ1712-9 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0412 Lcp: 196 CMYK

FRANCE LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 9 Union PS-PCF dans le Nord Les députés ont adopté les dispositions et division dans le Gard LE PARTI SOCIALISTE a présenté, lundi 15 décembre, une liste in- nouvelles sur l’ouverture du droit d’asile dépendante dans le Gard, après avoir refusé que Pierre Blotin, numé- ro deux du PCF, ne conduise une liste commune de gauche. M. Blotin avait proposé en vain, le 12 décembre, que la liste soit conduite par le Le vote sur l’ensemble du projet de loi sur l’immigration est prévu mercredi maire (PCF) de Nîmes, Alain Clary. Conduite par Guy Roca, maire de Vauvert, la liste socialiste espère « obtenir cinq ou six élus » dans le Les députés ont adopté, dans la nuit du lundi 15 d’asile. Les tensions, encore perceptibles le matin un débat juridique passionné, mais serein. Initiale- Gard, contre quatre sur dix-huit en 1992. au mardi 16 décembre, les articles du projet de loi même et qui avaient amené le ministre à deman- ment fixé au mardi 16 décembre, le vote sur l’en- De son côté, la secrétaire de la fédération communiste du Nord, An- de Jean-Pierre Chevènement relatifs au droit der la réserve de plusieurs votes, ont laissé place à semble du texte pourrait intervenir le lendemain. nick Mattighello, a indiqué, le 13 décembre, à la présidente (Verts) du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Marie-Christine Blandin, que L’ÉVOCATION d’une grande le ministre de l’intérieur, une per- étrangers vont avoir à interpréter la que peut s’affirmer la vocation de la le PCF avait choisi de faire liste commune avec le PS dans le Nord cause nationale engageant la répu- sonne déboutée par l’Ofpra pou- Constitution au nom du peuple fran- France à l’universalité, [qui] se ma- pour les élections régionales, contrairement à ce que sa fédération et tation de la France, « pays des vant être « repêchée » par le mi- çais », a tempêté le juriste, sans nifeste à la fois par l’idéal républi- la direction du PCF avait annoncé. « On sait que la majorité régionale droits de l’homme », suffirait-elle à nistre. « Ce système va attirer en toutefois emporter la conviction du cain (...) et par l’aide que nous de- de gauche repose sur des bases fragiles », explique cette proche de Ro- adoucir les mœurs parlementaires ? France de nombreux demandeurs ministre, ni de tous ses amis poli- vons apporter à la construction de bert Hue, en indiquant que le PCF se veut « résolument constructif ». On a pu le penser, dans la nuit du d’asile », a averti Mme Catala. « Une tiques. l’Etat de droit dans le monde en- lundi 15 au mardi 16 décembre, au chance au grattage, une autre au ti- Le frisson constitutionnel passé, tier ». DÉPÊCHES moment où les députés exami- rage », entendait-on à droite. l’Assemblée s’est employée à défi- Le ministre a également donné a PRÉFETS : le ministre de l’intérieur, Jean-Pierre Chevènement, naient les dispositions du projet de Se posant en défenseur de la nir la notion de « combattants de la une définition restrictive des béné- devait recevoir les préfets, mardi 16 décembre, pour faire le bilan de loi Chevènement destinées à élargir convention de Genève, Henri Pla- liberté », auxquels le projet de loi ficiaires de l’asile territorial : « Des ses actions en matière d’immigration et de sécurité et pour présenter l’accès au droit d’asile. Tout au long gnol (UDF, Val-de-Marne) s’est in- promet l’asile. « Notion fumeuse », hommes ou femmes traqués illégale- ses projets en matière d’intercommunalité. Claude Allègre, ministre de la soirée, une controverse juri- surgé contre l’utilisation de l’asile « terrible ambiguïté », « entorse au ment, victimes de tentatives d’assas- de l’éducation nationale, devait faire venir les recteurs pour évoquer dique passionnée mais polie a été constitutionnel comme voie d’ap- droit européen », « leurre », « signe sinat, personnes engagées aux côtés la lutte contre la violence scolaire et la relance des constructions uni- rythmée, depuis le perchoir, par un pel pour les déboutés. Mais au donné aux Algériens », a grondé de la France par leur métier ou leur versitaires. Emile Zuccarelli devait présenter la réforme de l’Etat. Laurent Fabius visiblement décidé à concours de la plus belle « faille ju- l’opposition, avant que Jean-Pierre activité artistique et menacées pour a CHÔMEURS : plusieurs agences des Assedic des Bouches-du- gommer l’image d’une Assemblée ridique », Pierre Mazeaud (RPR, Chevènement ne tente de la rassu- cette raison. » L’Assemblée a adop- Rhône sont occupées, depuis le jeudi 11 décembre, par des chômeurs, empêtrée dans une discussion aussi Haute-Savoie) a devancé tous ses rer en confiant sa définition des té un amendement défendu par qui réclament le versement d’une prime de Noël de 3 000 francs. opaque qu’interminable. Christophe Caresche (PS, Paris), qui « L’an passé, 55 000 personnes avaient obtenu, dans les Bouches-du- Cette soirée a débuté à front ren- soumet l’asile territorial à des Rhône, une prime de 1 500 francs, alors que, cette année, elle nous est versé, la droite accusant la majorité Prolongation du délai de rétention « conditions compatibles avec les in- refusée », assure le comité des chômeurs. L’agence de Lorient, dans le d’amalgamer immigration et droit térêts du pays », ainsi qu’une autre Morbihan, est aussi occupée par une quarantaine de chômeurs de- d’asile dans un même texte, au La prolongation de la rétention administrative de dix à douze jours, précision, apportée par Jean-Yves puis lundi. risque, selon Richard Cazenave mesure la plus répressive du projet, n’a pas permis le jeu à front ren- Le Déaut (PS, Meurthe-et-Moselle) a IMMIGRATION : près d’un millier de personnes ont manifesté, (RPR, Isère), de galvauder le carac- versé attendu par le gouvernement. Jean-Pierre Chevènement s’était exigeant la consultation du mi- lundi 15 décembre à Carpentras, à l’appel de la fédération RPR de tère « sacré » de l’asile. A l’inverse, pourtant montré inflexible face à la majorité, se prononçant contre nistre des affaires étrangères. Vaucluse, contre les projets de loi sur la nationalité et l’immigration. Robert Pandraud (RPR, Seine- l’amendement de Patrick Braouezec (PC, Seine-Saint-Denis), défendu Ainsi achevée, la « nuit de L’UDF s’était jointe à cette manifestation. Le Front national a qualifié Saint-Denis) s’est félicité de ce mé- par Yann Gallut (PS, Cher), visant à instaurer un contrôle des sites de l’asile » a laissé à certains de ses cette manifestation de « manœuvre pour récupérer les électeurs ». lange, rappelant sa conviction selon rétention. protagonistes le souvenir d’un dé- a VICHY : Alain Juppé affirme, dans un entretien publié mar- laquelle l’asile est un canal d’immi- De même avait-il sévèrement encadré les amendements de la bat assez vain, puisque sans effet di 16 décembre par France-Soir, être « en pleine harmonie avec Jacques gration irrégulière, ainsi que sa commission des lois rendant publics l’identité, la date et les lieux de notable sur le texte gouvernemen- Chirac » à propos de la signification du procès de Maurice Papon. «Il crainte d’un afflux d’Algériens. Le rétention, ainsi que la possibilité d’être assisté d’un avocat. La suppres- tal, mais baignant dans un climat y a eu en France des héros et aussi des salauds (...). Il faut les juger », débat de fond s’est engagé après sion simultanée d’une disposition de la loi Debré empêchant les juges de sérénité retrouvée. La journée ajoute l’ancien premier ministre. que le rapporteur de la commission de remettre un sans-papiers en liberté en cas d’irrégularité de procé- avait en effet commencé dans un a PRUD’HOMMES : la Fédération nationale entreprise moderne des lois, Gérard Gouzes (PS, Lot-et- dure, rendait son texte « équilibré », assurait-il... « Une goutte sécuri- contexte de tension. Assailli et libertés revendique deux autres élus aux élections prud’homales Garonne), eut rappelé que le texte, taire dans un océan de laxisme », a répliqué Patrick Ollier (RPR, Hautes- d’amendements hostiles alors que du 10 décembre, dans le collège employeurs. Ceux-ci se sont présen- à l’inverse de la loi Pasqua de 1993, Alpes). Socialistes et communistes ont voté pour, la droite contre. les bancs de la majorité étaient en- tés comme patrons indépendants à Nancy. Cela fait donc au total huit visait à dissocier asile et immigra- core terriblement déserts, le mi- élus de ce satellite du Front national dans le collège employeurs (Le tion. nistre de l’intérieur avait été Monde du 12 décembre). L’opposition a affirmé sa crainte collègues. Montant solennellement « combattants de la liberté » : « Des contraint de réserver le vote sur a MANIFESTE : une trentaine de jeunes intellectuels, dont Del- d’une inflation des flux de réfugiés à la tribune, il s’est dit convaincu de hommes et des femmes d’élite », né- plusieurs articles de son texte. Dans phine Gardey, la présidente du club Merleau-Ponty, et des représen- et des recours contentieux, liée à l’inconstitutionnalité du dispositif cessairement en « petit nombre ». la soirée, les députés se sont donc tants de l’aile gauche des Verts, comme le sociologue Philippe Cor- l’affichage de deux nouvelles voies gouvernemental. Selon lui, le fait L’asile, « grande tradition française, prononcés par un seul vote – 85 cuff, ont décidé, le 13 décembre, de rejoindre la Ligue communiste d’asile, ainsi que son profond scep- qu’un représentant du Haut Comi- doit être respectée et valorisée dans voix contre 38 – sur quatre articles révolutionnaire (LCR). Dans un manifeste intitulé « Pourquoi nous ticisme quant à la validité du mon- té des Nations unies pour les réfu- les décennies à venir », a déclaré le du projet de loi, concernant notam- nous liguons ? », ces intellectuels, qui se réclament d’une « sensibilité tage juridique retenu. Nicole Catala giés (HCR), potentiellement de na- ministre, s’exprimant de la tribune ment l’assouplissement des condi- écologiste, libertaire et radicalement social-démocrate », souhaitent (RPR, Paris) s’est inquiétée de la tionalité étrangère, siège à la dans un silence inhabituel. Les tions du regroupement familial et « aiguillonner [la] nouvelle organisation qui va succéder à la LCR », « jonction » opérée entre l’asile Commission de recours des réfu- « combattants » en question de- l’augmentation de la durée de ré- en janvier 1998. classique – au titre de la convention giés devrait l’empêcher de statuer vront avoir lutté « pour la construc- tention administrative. de Genève – et l’asile territorial, ac- en matière d’asile constitutionnel. tion d’un Etat où règne la loi, a indi- cordé de façon discrétionnaire par « Pour la première fois, des juges qué M. Chevènement. C’est ainsi Philippe Bernard Asile « constitutionnel » et asile « territorial » LA RÉFORME du droit d’asile, corder l’« asile territorial » à un restrictions posées par le Conseil en parlant de liberté « républi- contenue dans le projet de loi Che- étranger établissant que « sa vie ou d’Etat, ainsi que le réclament le caine ». A l’Ofpra, on n’imagine pas vènement, va-t-elle simplement ré- sa liberté » est menacée dans son HCR et les associations comme reconnaître, à ce titre, la liberté re- tablir la tradition française de l’ac- pays ou qu’il y serait exposé à des Amnesty International et France vendiquée par les talibans afghans cueil, comme le gouvernement le traitements inhumains ou dégra- terre d’asile, le gouvernement pré- ou les islamistes algériens, pour qui prétend ? Risque-t-elle, au dants. fère contourner l’obstacle en affi- la liberté individuelle est entière- contraire, d’ouvrir les frontières à En réalité, aucune de ces deux chant la création de deux voies pa- ment soumise à la loi divine. Reste un flot de réfugiés, voire à une im- possibilités n’est réellement nou- rallèles d’accès à l’asile. L’asile que l’asile « constitutionnel » va migration incontrôlée, comme velle puisqu’elles sont prévues par « constitutionnel », innovation la conduire l’Ofpra et la CRR à appré- l’opposition en brandit la menace ? les textes de haute valeur juridique plus spectaculaire, exige du deman- cier la légitimité d’une action en fa- Au-delà des intentions généreuses que sont la Constitution et la deur une attitude active, ce qui, in- veur de la liberté, autrement dit une et des cris d’orfraie, tout porte à convention européenne des droits dique-t-on à l’Ofpra, ne peut activité politique, ce qui, théorique- croire que les conséquences de l’homme. Leur consécration concerner que quelques dizaines de ment, n’est pas dans les cordes de concrètes du nouveau texte seront dans une loi traitant spécifique- cas par an. La plupart des deman- ces institutions chargées de mettre réduites et que le nombre d’étran- ment du droit d’asile va leur confé- deurs d’asile algériens, ajoute-t-on en œuvre la convention de Genève gers bénéficiant des nouvelles rer une force nouvelle, mais jusqu’à à l’Office, fuient un climat général sur le plan juridique. Intellectuelle- formes de protection sera limité, quel point ? La volonté affichée par d’insécurité ; seuls les journalistes ment, c’est un beau cadeau, com- dans un contexte général de net re- le gouvernement consiste à et quelques artistes qui défendent mente-t-on à l’Ofpra, mais, juridi- flux du nombre de demandeurs « contrebalancer » la jurisprudence la langue française peuvent être quement, cela tient du d’asile (17 405 demandes et 19,6 % du Conseil d’Etat, qui, depuis 1983, considérés comme des « combat- chewing-gum qu’on essaie de dé- de décisions positives en 1996, refuse l’asile aux étrangers persé- tants » de la liberté. Au reste, de- coller d’une chaussure et qui colle à contre 61 000 demandes, dont 28 % cutés par une autorité autre que puis 1993, date de la révision consti- l’autre. ont été acceptées, lors du « pic » de l’Etat dont ils sont ressortissants. tutionnelle qui avait associé 1989). François Mitterrand et Edouard AU BON VOULOIR DES AUTORITÉS Pourtant, en instituant deux nou- INTERPRÉTATION RESTRICTIVE Balladur, seules deux demandes de L’asile dit « territorial » va proba- velles voies juridiques menant à Cette interprétation restrictive, ce type sont parvenues jusqu’au blement soulever moins de diffi- cette protection, le texte d’au- combattue par le Haut Comité des Conseil d’Etat, qui a les a rejetées cultés juridiques et davantage d’es- jourd’hui semble en élargir l’accès. Nations unies pour les réfugiés toutes deux. poir chez ceux qui cherchent refuge A côté du statut de réfugié – prévu (HCR), n’est pas remise en question La loi va résoudre les obstacles de en France. Formellement, le projet par la convention de Genève de par le projet. C’est elle qui justifie la procédure soulevés par ces deux ar- consiste à inscrire dans la loi une 1951 et traditionnellement reconnu plupart des refus de protection op- rêts, mais elle ne résoudra pas la pratique déjà mise en œuvre au bé- en France par l’Office de protection posés aux Algériens victimes des is- difficulté majeure tenant à la défini- néfice des ex-Yougoslaves et des Al- des réfugiés et apatrides (Ofpra) ou, lamistes. Seuls ceux qui par- tion du mot « liberté». Le ministre gériens : une simple autorisation de en appel, par la Commission de re- viennent à apporter la preuve que de l’intérieur a déjà balisé le terrain séjour et de travail accordée par le cours des réfugiés (CRR) –, la future l’Etat a « encouragé ou toléré » leurs ministre de l’intérieur à des per- loi donne à ces mêmes instances le persécutions – par exemple lorsque sonnes dont la sécurité est mena- pouvoir d’accorder la protection de la police, sollicitée, ne leur a pas cée, mais qui ne souhaitent pas né- la France à un étranger persécuté prêté secours – peuvent obtenir le cessairement invoquer la « en raison de son action en faveur statut de réfugié. Résultat, en 1996, convention de Genève, symbole de de la liberté », expression tirée du sur 1 080 demandes algériennes rupture avec le pays d’origine. préambule de la Constitution de examinées, seules 49 ont donné lieu L’officialisation de cette procé- 1946. En outre, le texte confie au mi- à une décision positive, soit 4,5 %. dure devrait faciliter les recours en nistre de l’intérieur le pouvoir d’ac- Plutôt que de lever par la loi les cas de refus et, surtout, instaurer en France, à l’instar d’autres pays, un « statut B » de réfugié, nettement moins protecteur que la convention de Genève puisqu’il dépend du bon vouloir du gouvernement. L’oppo- sition, qui y voit un « appel d’air », semble oublier que c’est Charles Pasqua qui, dans un télégramme circulaire du 22 décembre 1993, a demandé aux préfets d’« examiner avec attention et bienveillance » les demandes émanant d’Algériens menacés. En quatre ans, ce texte n’a bénéficié qu’à 3 000 personnes. Son contenu n’a jamais été rendu pu- blic.

Ph. B. LeMonde Job: WMQ1712--0010-0 WAS LMQ1712-10 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0413 Lcp: 196 CMYK

10 ¼ SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997

POLICE Les premiers adjoints de d’être affectés à Paris au service de tif. Ils seront orientés prioritaire- sarmement des policiers munici- arme. Les syndicats ont également sécurité, recrutés par le ministère de protection et de sécurité du métro. ment vers vingt-six départements paux. Ces derniers, qui multiplient émis des réserves. b À L’ÉCOLE DE l’intérieur dans le cadre du plan em- b FIN 1998, ils devraient être 8 250 à jugés sensibles. b LA FORMATION les protestations, font valoir qu’ils POLICE de Sens, Florence et Nouh plois-jeunes, font leurs débuts sur le apporter leur renfort à la police na- offerte aux adjoints de sécurité a n’ont pas de raison d’être désarmés envisagent de poursuivre leur car- terrain. Trente d’entre eux viennent tionale dans le cadre de ce disposi- fait rebondir la polémique sur le dé- si de jeunes recrues disposent d’une rière au sein de la police nationale. Les adjoints de sécurité seront dirigés vers des départements difficiles Recrutés par le ministère de l’intérieur dans le cadre du plan emplois-jeunes, ils seront 8 250 à la fin de 1998 à apporter leur renfort à la police nationale. Leur entrée en mission devrait coïncider avec la mise en œuvre, au printemps, des premiers contrats locaux de sécurité

PLACÉS au cœur du dispositif des adjoints se chiffre à 600 par exemple, André-Michel Ventre, le adjoints – esquisse d’un véritable destiné à faire reculer l’insécurité, au mois, et qu’au terme de 1999 ils se- 26 départements très sensibles numéro un du Syndicat des commis- troisième corps après les en-tenue et nom d’une meilleure adéquation ront 20 000 aux côtés des 70 000 gar- 351 RÉPARTITION DES ADJOINTS DE SÉCURITÉ saires et hauts fonctionnaires de la les civils –, les policiers sont libérés 267 entre la géographie criminelle et la diens de la paix et brigadiers de la 1997-1998 police nationale (SCHFPN). J’ai vu à de nombre de leurs missions admi- 283 227 répartition des forces de police, les Sécurité publique. 531 plusieurs reprises des policiers-auxi- nistratives ou de l’accueil dans les 221 adjoints de sécurité, recrutés dans le Globalement favorables à un pro- 68 liaires laissés à l’abandon sur la voie commissariats, par exemple. Ils de- 220 231 40 21 cadre du plan emplois-jeunes, font jet « créateur d’emplois pour les 316 59 publique, par les brigadiers ou sous- vraient ainsi pouvoir se reconcentrer leurs débuts sur le terrain. Anciens jeunes », les principaux syndicats de 259 11 26 brigadiers qui en avaient la charge. » sur le traitement des infractions et 900 48 70 11 84 IDF 123 policiers ou gendarmes-auxiliaires, police craignent cependant que 8 voir détail 78 Pour les responsables de la sécurité des délits, sur tout ce qui relève du 26 8 les premiers membres d’un l’opération masque « une paupérisa- 42 14 publique, les missions doivent être pénal. Il s’agit « de tirer vers le haut 26 5 12 8 contingent qui devra atteindre le to- tion de la police nationale ». « Ne 17 14 83 « diverses et gratifiantes », et surtout, les gardiens de la paix, indique un 56 17 tal de 8 250 personnes à la fin de risque-t-on pas d’embaucher des ad- 8 6 « ne pas faire des adjoints des dégoû- responsable de la sécurité publique, 124 60 40 l’année 1998, sont à pied d’œuvre, joints moins chers que des policiers 24 43 tés en six mois ». d’éviter le gaspillage de technicité 13 6 15 notamment à Paris, où trente actifs pour compenser les départs à la 6 6 6 dans des tâches subalternes ». Le dis- 11 15 16 d’entre eux ont été affectés, lundi retraite ? » s’interroge Jean-Louis 11 EN TERRAIN CONNU positif suscite pourtant les doutes de 15 décembre, au Service de protec- Arajol, secrétaire général du SGP 4 6 19 A la différence des auxiliaires, les Gérard Boyer, secrétaire général du 20 13 tion et de sécurité du métro (SPSM). (Syndicat des gardiens de la paix, Départements : 11 20 118 272 adjoints de sécurité bénéficient de la syndicat Alliance. « Ces jeunes, nous 10 La direction centrale de la sécurité majoritaire en région parisienne). 7 104 durée. Leur contrat est de cinq ans. allons devoir les encadrer, explique-t- 6 publique (DCSP), en charge de la très sensibles 3 3 Ils tirent aussi avantage d’un meil- il. Pendant ce temps-là, on ne fera pas 157 10 62 4 formation et de l’affectation des ad- DES MISSIONS PRÉCISES 4 3 leur enracinement local. Recrutés autre chose. » 8 8 Aux dires mêmes de l’entourage joints, a d’ores et déjà établi un Pour les responsables policiers, 5 6 47 62 4 217 sur une base départementale, ils tra- ordre de priorité, dont se dégage sensibles 12 vaillent en terrain connu, dans leur du ministre de l’intérieur, la réussite l’idéal serait que l’entrée en fonction 6 358 106 122 128 une liste de vingt-six départements des adjoints vienne s’inscrire dans la 47 région, dans leur ville, à proximité des adjoints de sécurité est l’un des 11 jugés particulièrement sensibles. mise en œuvre des contrats locaux 10 4 de leur quartier. Cette situation iné- principaux enjeux de la politique de 4 Ceux-ci devraient bénéficier d’envi- de sécurité (CLS). Ceux-ci ont no- moins sensibles 24 dite est censée favoriser leurs rap- sécurité de proximité dont Jean- ron 70 % des effectifs. Une vingtaine tamment pour mission d’établir des 5 ports avec la population, apporter Pierre Chevènement, s’est fait le d’autres départements viennent en diagnostics locaux de sécurité, qui 10 effectifs des adjoints de sécurité recrutés pour 1997-1998 « un plus à l’institution », dont les promoteur. Elle dessine aussi en fili- seconde position. Le reliquat est permettront de définir à la fois les Source : ministère de l'intérieur rapports avec les jeunes des quar- grane le futur visage de la Sécurité constitué des zones les plus tran- besoins et les tâches à confier aux Avec 900 adjoints de sécurité, Paris sera le premier département bénéficiaire. tiers difficiles notamment, sont tou- publique, qui regroupe plus de la quilles, selon les critères de délin- jeunes recrues. La région parisienne, le Nord-Pas-de-Calais, le Rhône, où se concentrent la jours de qualité médiocre. Ils moitié des effectifs policiers. Beau- quance et des violences urbaines re- A cette date, aucun CLS n’a en- majorité des quartiers difficiles, figurent au nombre des mieux dotés. portent l’uniforme, ils peuvent éven- coup d’adjoints de sécurité devien- tenus par la DCSP pour définir core été signé. Les premiers pour- tuellement être armés. Le ministère dront dans les cinq années qui l’ordre des urgences. raient être conclus à la fin de février cuments que compte le ministère de ponsabilité d’un policier « tuteur », de l’intérieur espère cependant qu’ils viennent des gardiens de la paix à Ce n’est qu’un début, empreint ou au début du mois de mars 1998. l’intérieur pour assurer une bonne qui les accompagne dans l’exercice ne seront pas confondus avec les part entière. Par une aide à la prépa- d’une certaine prudence. La Pour la majorité d’entre eux, il fau- intégration des 20 000 adjoints de de leur nouveau métier. gardiens de la paix, qu’ils pourront ration des concours, leur intégration communication officielle sur le re- dra attendre le printemps. S’ap- sécurité dans l’ensemble du disposi- L’objectif est d’éviter les déra- « créer du liant ». au sein du corps en tenue sera offi- crutement des adjoints de sécurité puyant sur un partenariat actif entre tif policier. Aux yeux des respon- pages pointés ici ou là, avec les poli- Ils doivent aussi jouer leur plein ciellement appuyée. Fin 1999, ils de- n’a pas été lancée. Dans certains dé- les collectivités locales, la justice, la sables, la précision des missions est ciers-auxiliaires, parfois victimes du rôle dans la redéfinition des tâches vraient représenter entre un quart et partements, les embauches n’auront police, la gendarmerie et l’Etat, ils la principale garantie de réussite, flou de leur mission, et de l’indiffé- des policiers, comme cela a été lar- un tiers des effectifs de la Sécurité lieu qu’en 1999. L’heure n’est pas à la nécessitent une discussion appro- avec l’efficacité de l’encadrement. rence de leur entourage profession- gement souligné lors du colloque de publique. précipitation, même si dès décembre fondie, qui vient à peine d’être enta- Dès leur entrée en fonction, les ad- nel. « J’ai été en poste dans des quar- Villepinte les 24 et 25 octobre der- le rythme de l’arrivée en formation mée. C’est pourtant bien sur ces do- joints sont ainsi placés sous la res- tiers difficiles à Nanterre, raconte, par niers. Grâce au travail spécifique des Pascal Ceaux En formation à Sens, Florence et Nouh voient leur avenir dans la police SENS tomatique 7,65 mm, et aux mots car il n’y a pas eu beaucoup de pu- Dans certaines de leurs missions, ils les adjoints ont douze heures de tir Sens s’apprête à accueillir, en de notre envoyé spécial d’ordre de la citoyenneté, dont le blicité. » Elle a sauté sur l’occasion. porteront une arme. « Je ne sou- et douze heures d’apprentissage de 1998, cinq ou six promotions d’ad- Florence et Nouh rêvent leur ministère de l’intérieur espère qu’ils « C’est une manière de me préparer haite pas l’utiliser, précise Nouh, la manipulation de l’automatique joints de sécurité, une toutes les six avenir dans la police. L’uniforme les seront les plus fidèles servants, au concours de gardien, avoue-t- simplement bien la connaître. » 7,65 mm. semaines. Une douzaine de forma- tente, le métier les rassure. Cela jusque dans les quartiers difficiles. elle, et ça m’intéresse, même si je ga- Ils savent aussi qu’ils ont été teurs sont mobilisés autour d’un Le programme est chargé : cent gnais plus d’argent en intérim. » NI CRAINTE NI EXCITATION choisis pour leur connaissance du programme établi à Clermont-Fer- PORTRAITS vingt heures de théorie, soixante Nouh a, lui aussi, perdu au Florence n’a guère plus d’états « terrain », que l’îlotage devrait être rand par l’Institut national de la heures de technique et de sport. change. Contrôleur de qualité dans d’âme. « De toute façon, assure-t- l’essentiel de leur travail. Florence formation (INF) du ministère de Si l’une a été aidée Ils ne regrettent rien. A vingt-six le plastique près de Beauvais, dans elle, c’est impératif, quand on va sur habitait Grand-Couronne, un quar- l’intérieur. Michel Lepoix, le direc- par le hasard, ans, Florence ne savait plus trop l’Oise, il gagnait de 7 000 à la voie publique. » « J’ai réfléchi tier sensible de la banlieue de teur de l’école, a dû démarrer dans l’autre réalise que faire. Originaire de Rouen, titu- 8 000 francs par mois. Le salaire longtemps, reprend Nouh, on sera Rouen. A son retour, elle s’attend à l’urgence. Une mission d’observa- laire d’un baccalauréat G 3 et d’un d’adjoint de sécurité plafonne à un encadré par des policiers, on ne fera subir la « curiosité » des jeunes de tion a été mise en place au niveau un « rêve d’enfant » CAP de comptable, elle naviguait à peu plus de 5 000 francs mensuels. pas le premier pas, ce sera notre su- la cité. « Ils se demandent quel va national. Elle sera chargée d’évaluer vue, d’un petit boulot à l’autre, le Cela n’entame en rien l’enthou- périeur hiérarchique. » A leurs yeux, être notre rôle », murmure-t-elle. la qualité du programme de forma- leur suffit pour s’imaginer un futur tout entrecoupé de périodes de siasme de ce jeune homme de les risques seraient donc minimes. Nouh vit à la campagne, mais il tion. « S’il y a des choses qui ne vont en bleu roi, couleur de leurs épau- chômage. Et puis « la police, dit- vingt-cinq ans, d’origine algérienne. Le brigadier-chef Marcel Manoir, connaît par cœur les tours et les dé- pas, explique le commissaire Le- lettes. Le 16 janvier 1998, ils devien- elle, c’est une vocation », même si Six mois de chômage l’avaient dé- moniteur de tir, reconnaît volon- tours des cités de Beauvais, dont il poix, on changera. Ce n’est, de toute dront adjoints de sécurité. Ils ap- elle est la première de sa famille à goûté du plastique. Policier ? «Un tiers que « six semaines, c’est un peu égrène les noms, « Saint-Jean, façon, que le travail des adjoints qui partiennent à la première « pro- vouloir en faire son métier. En 1994, rêve d’enfant, jure-t-il, comme pom- juste ». Mais c’est pour préciser aus- Saint-Lucien, Argentine. » « Ces nous permettra d’effectuer un vrai motion » formée, durant six se- elle s’était frottée au concours de pier ou explorateur », et « la sécurité sitôt qu’« ils suivront dès leur entrée jeunes ont une sale image de la po- bilan. » Florence et Nouh ont déjà maines, dans les locaux de l’école gardien de la paix. Elle avait réussi de l’emploi », avant d’ajouter : «A en service une formation continue, et lice, dit-il, ils voient trop de films à la hâte de faire ce travail sur le terrain. de police de Sens (Yonne). Leurs les tests psychotechniques. Elle la maison, mon père était là pour l’usage de l’arme est vraiment très télé. On est là pour discuter avec eux, prédécesseurs n’étaient que des an- s’était abstenue, lors de la seconde nous apprendre les bonnes ma- rare ». A l’école de police de Sens, créer un contact. » P. Ce. ciens policiers ou gendarmes auxi- partie, parce qu’elle « avait trouvé nières. » liaires, qui ont eu quinze jours pour du travail ». Cette fois, le hasard l’a Son frère est policier municipal. réviser les leçons apprises pendant aidée. Elle s’est inscrite au rectorat Grâce à son contrat d’adjoint de sé- leur service militaire. Au total, ils de Rouen pour un emploi-jeune. curité, il espère réussir « d’autres M. Chevènement revient sur le désarmement des municipaux sont aujourd’hui quatre-vingt- Son dossier a été transmis à la pré- concours » dans la police. quatre, dont trente-huit jeunes fecture, qui l’a orientée vers les ad- Jeudi 11 décembre, les futurs ad- LE MINISTRE de l’intérieur tion à voix haute. Les syndicats de demain nous ne pourrons plus effec- femmes, à s’initier aux méthodes joints de sécurité. « En fait, se rap- joints de sécurité ont suivi un cours n’est plus si catégorique sur la la police nationale critiquent, à tuer des patrouilles de nuit, interve- de self-defense, au tir au pistolet au- pelle-t-elle, je n’étais pas au courant, consacré à la légitime défense. question du désarmement des po- leur tour, l’armement des adjoints nir en flagrant délit, répondre à vos liciers municipaux. Dans un dis- de sécurité. Deux mois d’appren- appels, bénéficier du port d’arme », REPRODUCTION INTERDITE cours adressé aux préfets, mardi 16 tissage, douze heures de tir, « leur ont-ils notamment écrit. Le mani- décembre, Jean-Pierre Chevène- formation est largement insuffi- feste proclame que la sécurité « est ment précise que « les conditions sante », souligne Jean-Louis Arajol, assurée aujourd’hui par des EMPLOIdans lesquelles ces agents pourront secrétaire général du Syndicat des hommes et des femmes formés, qua- être armés seront encadrées beau- gardiens de la paix (SGP, majori- lifiés, compétents, de vrais profes- URGENT ORGANISME DE Secrétaire confirmée, coup plus strictement, sans aller jus- taire dans la région parisienne), sionnels qui ont à cœur de remplir OFFRES trilingue anglais/espagnol, Lycée cherche pour son BTS FORMATION qu’au désarmement général annon- pour expliquer son opposition. Gé- leurs missions, et ce en étroite colla- 15 ans d’expérience, cé par certains ». Devant rard Boyer, le responsable d’Al- boration avec la police nationale et informatique de gestion recherche pour Bordeaux SOCIÉTÉ BASÉE A recherche emploi salarié l’expression d’un mécontentement liance, s’avoue, de son côté, « réso- la gendarmerie ». AUBERVILLIERS (93) en télésecrétariat, relayé par les élus, Jean-Pierre lument hostile » à l’armement des A Strasbourg, les policiers muni- PROFESSEUR UN FORMATEUR équipée d’un Mac, fax, modem, Chevènement avait déjà rappelé, la adjoints. cipaux ont maintenu un préavis de recherche imprimante couleur. veille , à l’occasion de la cérémonie grève tournante illimitée, à connaissant Merise 1 et 2, C en droit public et synthèse Tél. : 05-61-30-25-91 des vœux du Syndicat des commis- GRÈVE TOURNANTE compter du jeudi 18 décembre. Ils Nbx déplacements à prévoir ACCESS, VB, Algo Fax. : 05-62-74-03-18 saires et hauts fonctionnaires de la La position d’André-Michel avaient également l’intention de CONTRÔLEUR Envoyer CV + photo sous E-mail : michelle©hol. fr Tél. : Mme Edouard. police nationale (SCHFPN), que sa Ventre est plus nuancée. « On au- rendre leur arme. Ils y ont renoncé, no 9813 position n’était pas figée. Faisant rait dû discuter un peu plus sur ce après que la municipalité les eût DE GESTION 01-43-74-79-52 H/F Au Monde Publicité référence au travail de nuit de ces point, concède le numéro un du menacés de sanctions. La grève de- 21 bis, rue Claude-Bernard MÉCANICIEN unités, le ministre de l’intérieur a Syndicat des commissaires et hauts vrait prendre la forme d’un arrêt environ 30 ans STÉ AGENCEMENT entretien, indiqué qu’il pourrait être autorisé fonctionnaires de la police natio- de travail d’une heure minimum 75005 Paris « au cas par cas ». Le projet de loi nale (SCHFPN). Mais, enfin, c’est lors de chaque service. A l’issue de Dipl. Enseign. Supérieur TABAC PRESSE (ESSEC, SCIENCES-PO, ESP) maintenance définitif devrait être présenté au un métier de police. Il faut imaginer la rencontre avec les syndicalistes, 2 ans d’expérience recherche DEMANDES industrielle prochain conseil de la sécurité in- toutes les situations auxquelles ils se- le maire Roland Ries (PS) a dit qu’il Envoyer lettre, CV, photo térieure, au mois de janvier. Il s’ap- ront confrontés dans le cadre de demanderait à Jean-Pierre Chevè- cherche emploi au Monde Publicité sous no 9814 1 COMMERCIAL puiera, notamment, sur les conclu- l’îlotage, notamment. » nement de revoir son projet. «Il Tours et environs 21 bis, rue Claude-Bernard J. H. 25 a., DROIT et DÉF. sions du rapport commandé par le Les policiers municipaux ont, faut respecter les situations locales, a Tél. : 02-47-54-89-46 75226 Paris Cedex 05 25-30 ans (env.) secteur Paris, ministre à Jacques Genthial sur les eux, multiplié les actions de pro- t-il expliqué. A Strasbourg, il faut Ile-de-France, possédant une Exp. éducateur, protection polices municipales. testation. Samedi 13 décembre, ils que la police municipale puisse as- expérience dans notre métier. enfance et lutte sida. Jeune fille 22 ans, Pourquoi désarmer les policiers ont lancé une pétition contre le surer ses missions au-delà de VOS ANNONCES Fixe + com., env. lettre et CV : Elu local, ch. poste chargé maîtrise biologie cellulaire municipaux, si l’on arme les ad- projet Chevènement, en distri- 20 heures et, pour cela, il faut dans l’emploi et physiologie animale, de mission. joints de sécurité ? Les municipaux buant à leurs concitoyens un texte qu’elle soit armée. » Tél. : 01-42-17-39-33 E + G, 3, rue Cuvier cherche emploi et leurs représentants syndicaux ne intitulé « Votre sécurité est en dan- 69006 LYON Tél. : 01-64-08-20-54. 01-48-98-94-25 sont plus les seuls à poser la ques- ger ». « Avec la Loi Chevènement, P. Ce. LeMonde Job: WMQ1712--0011-0 WAS LMQ1712-11 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0414 Lcp: 196 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 11 Les souvenirs de Solène, Le « Carlos Circus » ne distrait pas la cour d’assises de Paris Au cours de la deuxième journée d’audience, le terroriste a multiplié les déclarations provocatrices envers le tribunal, seule survivante les parties civiles et ses propres avocats. Mais la défection de ses défenseurs n’a pas empêché la poursuite des débats Le procès d’Ilitch Ramirez Sanchez, alias Car- cembre, le terroriste a tenté de semer la per- qu’elle apparente à une « machination du de théâtre n’a pas causé d’interruption du du massacre los, accusé d’avoir commis trois meurtres, le turbation en multipliant les déclarations pro- Mossad », l’un de ses avocats, Me Isabelle procès. Ce n’est qu’en fin de journée, à dix- 27 juin 1975, rue Toullier à Paris, se poursuit vocatrices envers le tribunal, les parties Coutant-Peyre, a annoncé le départ des trois huit heures, que la cour a entamé la lecture devant la cour d’assises de Paris. Lors de la civiles et même ses propres avocats. Dénon- défenseurs de Carlos. Après la désignation de l’arrêt de renvoi, sous les quolibets de de Thorigné deuxième journée d’audience, lundi 15 dé- çant ce « procès stalinien » sur des faits d’un nouvel avocat, commis d’office, ce coup l’accusé. LE MANS POUR sa deuxième journée de- ces recherches, certains vivent en cision de la cour de poursuivre les une avocate honnête (...) qui res- respect du droit de la défense ne de notre envoyé spécial vant la cour d’assises de Paris, le France ». Les parties civiles et le débats, Me Coutant-Peyre produit pecte la tradition de courage qui a doit pas aller jusqu’à l’absurde », L’instruction à l’audience est ter- « Carlos Circus » est désormais au ministère public rétorquent à son coup de théâtre : « Dans cette fait la grandeur de la France, c’est s’impatientent les parties civiles. minée. Depuis le 8 décembre, la point. L’homme habillé, lundi Me Coutant-Peyre que les témoins affaire, on ne veut pas chercher la une vraie Française ». Quand il ap- La cour d’assises refuse ce délai, cour d’assises de la Sarthe a enten- 15 décembre, d’un blazer bleu ma- ont fait des dépositions très claires vérité, votre décision est contraire prend quelques minutes plus tard estimant que le départ des trois du tous les té- rine assorti d’une pochette aux policiers après les faits. « Ils aux principes pour lesquels j’ai prê- que celle-ci devrait seulement en- avocats de Carlos n’est le fait ni moins suscep- blanche, commence d’emblée par ont été torturés à l’électricité », té serment, je me retire. » courir une peine disciplinaire, il des parties civiles, ni du ministère tibles d’appor- un « je voudrais parler, j’ai le droit s’enflamme Carlos. Un policier s’étonne : « Ça aurait été bien pour public, ni de la présidence. ter des élé- de parler, voyons ! », avant de se vient expliquer à la barre que les elle de passer quelques jours à Fleu- A 18 heures seulement, le ments permet- tourner vers les jurés, comme un commissions rogatoires envoyées A l’évocation ry-Mérogis, je pensais qu’elle allait « vrai » procès commence avec la tant aux jurés chanteur de charme vers son pu- à Caracas par Interpol n’ont pas en prison, j’étais très content, ça al- lecture de l’arrêt de renvoi. Carlos de forger leur blic : « Vous m’entendez ? ». Carlos été fructueuses. « Mais Maria Te- des attentats commis lait lui apprendre le courage de la écoute, attentivement. A l’évoca- intime convic- dénonce les conditions d’escorte. resa Lara [la locataire de l’appar- vie. » tion des attentats commis contre tion sur le rôle « Tous ces gendarmes avec leur fu- tement où a eu lieu la fusillade], en 1975 à l’aéroport Puis Carlos dénonce à nouveau la compagnie israéliene El Al en tenu par Dany Leprince, quarante sils d’assaut. C’est pas pour m’im- c’est une journaliste connue au Ve- le « lynchage », lit la lettre que 1975 à l’aéroport d’Orly, son vi- ans, accusé d’avoir tué son frère, sa pressionner : moi je suis un mili- nezuela. Claire Chazal, on sait où d’Orly, son visage vient de lui adresser le bâtonnier sage s’illumine d’un premier sou- belle-sœur et ses deux nièces, le taire. Au contraire, ça me donne de elle se trouve en France ! » proteste de l’ordre des avocats, Me Bernard rire. Puis d’un deuxième, plus 4 septembre 1994 à Thorigné-sur- la nostalgie. [C’est] pour cette Carlos. L’avocat général Gino s’illumine Vatier : « J’ai pris note que vous re- franc, lorsque l’on rappelle la te- Dué. Après l’évocation des aveux dame de bonne famille qui assure Necchi rappelle que si la défense fusiez d’être assisté par un avocat », neur d’une lettre qu’il a écrite à un rétractés de l’accusé, son épouse ma défense, elle est intimidée », de Carlos avait réussi à localiser d’un premier sourire écrit celui-ci. « C’est faux ! ». Car- ami après la fusillade de la rue Martine et sa fille Célia, dix- s’indigne-t-il en désignant son ces témoins, rien ne l’empêchait los tente de convaincre que ses Toullier : « J’ai envoyé Chiquitin huit ans, sont venues dire qu’elles avocate, Me Isabelle Coutant- de les faire citer au procès. trois avocats ont agi en [Michel Moukharbal, son compa- l’avaient vu frapper son frère. Puis Peyre. Pour Me Coutant-Peyre, il n’était « Je vous commets d’office », or- « conscience ». Il veut maintenant gon de route qui l’a « donné » à la dans un long défilé émaillé de ra- Mais qu’on l’imagine, lui, Car- pas question de prêter concours à donne le président. « Je refuse », « étudier le dossier avec un DST] dans un monde meilleur à gots, les familles du couple et les los, envisager des représailles qu’il une justice qui fait revenir « artifi- répond l’avocate qui quitte défini- conseil ». Me Olivier Maudret est cause de sa trahison ». Il savoure habitants du village ont souligné le pourrait commanditer sur des ju- ciellement une affaire, vingt-deux tivement le prétoire, en compa- commis d’office. Celui-ci demande encore lorsqu’il est précisé que fossé qui séparait les époux Dany rés, ironise-t-il : « Non... ». « Des ans après les faits ». Ce qui lui per- gnie des deux autres conseils de un délai d’une semaine pour étu- « le casier judiciaire de l’intéressé Leprince, cultivateurs endettés, à la magistrats, plusieurs fois, sont pas- met de qualifier ce procès «de Carlos, le Libanais Hani Sliman et dier le dossier qui comporte dix ne porte aucune condamnation ». famille de son frère Christian, car- sés à la casserole, ça c’est vrai et ça, procès stalinien, sans témoins, où la Vénézuélienne, Milagros Irure- tomes. « Yé vous assoure qu’en La guerre continue. rossier automobile baignant dans la nous ne le regrettons pas ». Puis se tout le monde est d’accord ». Après ta-Ortiz. Carlos se lève et déclare : oune semaine, on né peut pas », dit réussite. Malgré les charges qui tournant vers les jurés : « Ne vous une suspension de séance et la dé- « Je suis très fier d’avoir rencontré Carlos à son nouvel avocat. «Le Dominique Le Guilledoux s’accumulent contre Dany Leprince, laissez pas impressionner, dit-il, ne rien ne permet cependant d’affir- laissez pas couvrir une illégalité, ne mer que la jalousie soit le mobile soyez pas complices des traîtres à d’un crime commis dans des cir- votre patrie qui travaillent pour Is- constances épouvantables. raël et les Etats-Unis ». Carlos dé- Le dernier témoin n’est pas venu, nonce « la relation incestueuse » mais il a été abondamment enten- qui existe, à ses yeux, entre le pré- du, lundi 15 décembre. Le président sident Yves Corneloup et l’asso- Patrick Chauvel avait en effet gardé ciation SOS attentats, partie civile. pour la fin des débats les témoi- Ce procès est « le scandale de ce gnages relatifs aux déclarations de siècle », un tour de « passe-passe ». Solène, fille de Christian Leprince et Cette procédure, « c’est de l’en- unique survivante du carnage de culage de mouches pour cacher la Thorigné-sur-Dué. Elle était âgée vérité ». Il faut « arrêter tout de de deux ans au moment des faits : il suite». n’était pas concevable de l’entendre Carlos continue. Au président, il directement. Aussi ce fut en quel- hurle : « Vous êtes coupable de for- que sorte un témoignage par pro- faiture, vous n’avez pas le droit curation. « Jamais elle n’a pleuré, d’être là. » A Me Francis Szpiner, c’était seulement ses yeux qui pleu- avocat des parties civiles : « Pour raient » a expliqué Nelly Hatton, un sioniste révisionniste, chef de mi- nourrice de Solène, qui a reçu la lice, je vous croyais plus futé. » A un garde de l’enfant après qu’elle eût policier de la brigade criminelle : été retrouvée seule dans une « Vous êtes un barbouze. » L’avocat chambre de la maison où toute sa général, Gino Necchi, visiblement famille avait été tuée. « Un jour, ra- excédé par la patience dont fait conte la nourrice, en voyant une preuve le président Corneloup, ré- photographie de Dany, Solène m’a clame un peu de « dignité » dans tapé dessus avec la main en disant les débats. Carlos lui répond : “Tonton, il a fait comme ça à Ma- « Vous êtes un digne élève de M. Ar- man” ». Plus tard, l’enfant se serait paillange, c’est le même style, vous barbouillée de feutre rouge avant parlez avec une casuistique toute jé- de s’allonger sur le sol de la salle de suitique. » bains de la nourrice « pour imiter sa Il rappelle à l’ordre son avocate : mère ». « Eh, lève-toi, nous sommes en guerre » ; se moque d’elle, une « IL EST MÉCHANT DANY » première fois : « Les réponses des En 1995, les parents de Dany Le- parties civile, ça peut marcher avec prince se seraient livrés à une expé- une avocate – excusez-moi – naïve, rience discutable en emmenant So- elle n’a pas fait la guerre, mais ça lène, le soir, dans la cour de la ne marche pas avec quelqu’un maison du drame. Et Solène, très comme moi. » Lâche une deuxième énervée, aurait dit : « Il est méchant fois : « Malheureusement, elle ne Dany, il a fait ça à Yaya [Sandra] et à connaît pas les bas-fonds de la so- Yéyé [Audrey] » avec le même geste ciété, elle n’y habite pas ». Carlos, de la main. Après ce témoignage, lui, est en guerre, rappelle-t-il. était-il vraiment nécessaire de faire venir à la barre la fille de la nour- e rice ? Agée de onze ans, Charline a A M Francis Szpiner, confirmé que Solène lui avait tenu des propos semblables à ceux rap- avocat portés par sa mère. Très impres- sionnée, la fillette a ensuite rejoint des parties civiles : le banc pour assister à la suite des débats sans que personne ne songe « Pour un sioniste à préserver cette enfant de la vio- lence qui se dégage de tout procès révisionniste, criminel. Un pédopsychiatre, le docteur Li- chef de milice, liane Daligand, a aussi recueilli les confidences de Solène. L’entretien a je vous croyais eu lieu au palais de justice dans le bureau du juge d’instruction, dans plus futé » un lieu que l’expert qualifie de « condition favorable ». Solène lui a fait des dessins. L’un d’eux repré- Pourtant Me Coutant-Peyre ne sente sa sœur Audrey « la tête en ménage pas sa peine pour ac- bas » selon les propres mots de compagner son client dans la stra- l’enfant, et les cheveux sont répan- tégie de rupture et de retourne- dus ; Sandra a le visage rouge et les ment de l’accusation. « Carlos est yeux rouges. A l’expert, Solène a un prisonnier politique. Vous ne fe- dit : « Dany, il est pas gentil, il a fait rez croire à personne que c’est une ça avec un marteau » en ajoutant affaire judiciaire, c’est une affaire « il ne m’a pas vue, j’étais cachée là- d’Etat. C’est pour cela que les jour- haut dans le grenier ». Est-il possible nalistes du monde entier sont là », de faire la part entre ce que l’enfant explique celle qui croit à une a pu voir et ce qui pourrait résulter « machination du Mossad ». de ce qu’elle a entendu dire ? L’ex- Les témoins de la fusillade, pert n’a aucun doute car il explique quatre étudiants latino-améri- que si l’on doit être prudent avec les cains, ne sont pas présents au- réponses aux questions, le « récit jourd’hui, poursuit-elle. « Le juge libre » est « un témoignage fiable ». Bruguière a volontairement saboté Verdict, mardi 16 décembre. les instructions de recherche en commettant des erreurs dans les Maurice Peyrot états-civils. Nous, nous avons fait LeMonde Job: WMQ1712--0012-0 WAS LMQ1712-12 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0415 Lcp: 196 CMYK

12 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 SOCIÉTÉ

La prévention des expulsions de locataires M. Chirac plaide en faveur demeure largement inefficace de la recherche Les familles en difficulté, faute d’informations, se perdent dans un maquis de procédures sur les maladies infectieuses Une enquête de l’agence nationale d’informa- venir les expulsions de locataires en difficulté. mis en cause. Chaque année, près de cent tion sur le logement (ANIL) démontre le peu La complexité des procédures et le manque trente mille expulsions sont demandées par d’efficacité des divers dispositifs visant à pré- d’information des familles sont directement les propriétaires. Il veut développer le séquençage et le génotypage

LA PRÉVENTION des expul- tribunal en vue d’obtenir un éche- des locataires à la justice, re- payer, le locataire accuse le défaut S’EXPRIMANT lundi 15 dé- des microbes entre animaux ». sions de locataires devrait consti- lonnement de leur dette. S’ils commande l’ANIL. Actuellement, de paiement d’un seul terme de cembre à Paris, dans le cadre du C’est, enfin, « le cas des côtes océa- tuer le point fort du volet logement peuvent rembourser d’un coup, ils cette incapacité des locataires à réa- loyer. Passé ce délai, le juge ne peut 50e anniversaire de la Fondation niques, ultimes points d’arrivée de de la future loi de lutte contre l’ex- ont de vingt-quatre à quarante- gir conduit tout naturellement à que constater la résiliation du bail. pour la recherche médicale, tous les déchets et produits clusion qui doit être débattue au huit heures pour le faire, mais les l’application de la clause résolutoire Même si le locataire arrive au tri- Jacques Chirac a prononcé un vi- chimiques et où les algues abritent printemps 1998. Une enquête de huissiers peuvent aussi effectuer [ou résiliation automatique du bail] bunal avec un plan d’apurement de brant plaidoyer en faveur d’une in- virus et bactéries en grand l’Agence nationale d’information une saisie conservatoire des biens et au jugement d’expulsion. » sa dette. Même si la saisine du FSL tensification de la recherche sur les nombre ». Selon le président de la sur le logement (ANIL) démontre et des meubles, cette fois dans un Lors de l’audience qui doit sta- ou de la commission de surendet- maladies infectieuses touchant République, « les zones côtières qu’il y a urgence à modifier une délai de huit jours. tuer sur la résiliation du bail et pro- tement est en cours. l’espèce humaine. Ce n’est pas la sont, par endroits, des soupes micro- procédure qui, dans sa forme ac- Enfin le commandement écrit est noncer l’expulsion, 40 % seulement Il arrive que le juge prenne la li- première fois que le président de la biennes où la probabilité d’échanges tuelle, pénalise les ménages les plus rarement assorti d’une explication des locataires assignés sont pré- berté de ne pas prononcer la rési- République traite de cette ques- génétiques est très élevée ». fragiles. Des dispositifs de préven- orale de l’huissier. Dans la grande sents et rares sont ceux qui sont re- liation du bail, quand le locataire tion. « C’est dans l’interaction entre tion ont déja été mis en œuvre : majorité des cas (65 %, selon une présentés par un avocat. Le recours présente un plan d’apurement de Pour autant, il n’était jamais allé l’homme et ses semblables que l’on Fonds de solidarité logement (FSL) étude réalisée en Gironde), ces possible à l’aide juridictionnelle, sa dette. Mais cette attitude, sanc- aussi loin dans l’exposé des motifs trouve les facteurs d’amplification pour les impayés de loyer ; infor- actes de procédure sont déposés en accordée sur critères sociaux, n’est tionnée par la Cour de cassation en qui le conduisent à aborder un su- qui permettent aux microbes de mation écrite des locataires dès le mairie et non pas remis en mains pas connu, souligne l’ADIL. Et les mai 1994, est loin d’être générale. jet aussi important en termes de faire le saut quantitatif séparant la commandement de payer. Mais ils propres à leurs destinataires. Or, délais pour l’obtenir – trois mois en D’où un effet pervers souvent dé- santé publique. Confiant qu’il maladie d’une poignée d’individus n’ont pas eu l’effet escompté. pour saisir le tribunal et demander général – semblent trop longs. noncé par les associations : le loca- « avait travaillé et voulu de l’infection d’une population nom- Depuis 1991, les demandes d’ex- des délais de paiement, il est indis- taire devient occupant sans droit ni comprendre », M. Chirac a quelque breuse », a ajouté M. Chirac. pulsion faites par les bailleurs de- pensable d’aller retirer l’original du titre d’un logement dont il ne sera peu surpris son auditoire réuni à la Pour combattre « la mondialisa- vant les tribunaux d’instance os- commandement en mairie. Le commandement pas pour autant expulsé puisque Maison de la chimie, auditoire au tion des microbes », il a souhaité cillent, selon les années, entre cent Combien de locataires le savent ? l’apurement de sa dette est en sein duquel on notait la présence encourager la recherche dans le vint-six mille et cent vingt-neuf Très peu si l’on en juge au nombre de payer fait cours. Il reste néammoins expul- des principaux responsables de la domaine des maladies infectieuses, mille. Point de départ de la procé- de démarches entreprises. En 1995, sable, le bailleur préférant conser- recherche biomédicale en France. appelant de ses vœux « un socle de dure, le commandement de payer 1 426 ménages menacés d’expul- par un huissier ver le jugement d’expulsion Citant le Triomphe des bactéries, nouvelles connaissances ». Décri- fait par un huissier demeure un sion ont ainsi saisi les tribunaux, comme une épée de Damoclès plu- titre d’un des chapitres de l’Even- vant ensuite le « séquençage des acte efficace pour récupérer une soit environ 1 % seulement du total demeure un acte tôt que de signer un nouveau bail tail du vivant, de Stephen Jay génomes microbiens », le président dette, souligne l’ANIL. Mais son ef- des ménages faisant l’objet d’un avec son locataire. Gould, professeur de biologie à a affirmé : « Alors que toute notre ficacité pour informer les per- contentieux locatif. efficace Si la prévention est actuellement Harvard, M. Chirac a déclaré que culture baigne dans le réduction- sonnes en difficulté des recours et Même s’ils connaissaient la pro- très insuffisante, le nombre d’ex- « l’interaction entre les microbes et nisme, nous devons penser complexi- des aides disponibles est encore cédure, souligne l’ANIL, la dé- pour récupérer pulsions effectivement réalisées leur environnement naturel, ou, plus té et voir le tout. » très limitée. « Illisible », « in- marche qui consiste à aller voir un reste relativement faible, rappelle précisément, la modification de Retraçant le parcours de son compréhensible », « source de huissier pour saisir le juge n’est évi- une dette l’ANIL. En 1995, 32 286 demandes cette interaction, est la principale « ami, le docteur Charles Mérieux », confusion » sont les qualificatifs les demment pas « naturelle » au loca- d’expulsion avec concours de la cause de l’émergence de nouvelles et la construction en cours à Lyon plus couramment employés à son taire en difficulté de paiement, qui force publique ont été demandées maladies infectieuses ». Depuis du « laboratoire de haute protection sujet. doit en outre s’acquitter des frais La « clause résolutoire » men- par les bailleurs. Les préfets en ont 1973, a précisé M. Chirac, « une pour la recherche des souches pa- Les locataires ont en outre toutes de l’assignation (environ tionnée dans la plupart des baux de accordé 13 615 et 4 675 ont été réa- trentaine sont apparues », parce thogènes », M. Chirac a assuré veil- les peines du monde à se retrouver 500 francs) en plus des frais de location apparaît comme un sys- lisées. Restent quelque 28 000 mé- que « des modifications de l’envi- ler « personnellement à ce que la dans le maquis des délais qui commandement. « La saisine du tème pervers. Elle prévoit que le nages « expulsables ». ronnement mettent en contact France se dote d’un grand centre de peuvent être accordés. Les loca- tribunal par simple déclaration au bail est résilié si, deux mois après l’homme avec les microbes ou leurs séquençage », à ce « qu’elle lance taires ont deux mois pour saisir le greffe faciliterait sans doute l’accès l’envoi d’un commandement à Christine Garin vecteurs (moustiques, rats...). » un centre de génotypage » et « qu’elle propose à ses chercheurs « SOUPES MICROBIENNES » un programme de recherche fonda- C’est notamment « le cas de la mentale en microbiologie ». « Pen- Une société se charge du fichage des mauvais payeurs déforestation ». C’est aussi « le cas dant que les hommes, trop souvent, de la construction de barrages, de se déchirent, les microbes, bactéries, L’AUGMENTATION du nombre des loyers alors avisé, par lettre-type, que ses coordon- mation des locataires concernés soit faite lacs où, sans même insister sur la virus et parasites font la course en impayés n’est pas perdue pour tout le nées – nom, prénom, date et lieu de nais- avant l’inscription au fichier. Dans une prolifération des moustiques, les tête », a conclu le président. monde. Un ancien agent immobilier du Vau- sance – vont être envoyées au fichier. Le di- communication relative à la mise en œuvre troupeaux viennent ensemble cluse, Olivier Malatrait, en a fait la matière recteur de la SEFI assure qu’en cas de d’un tel système, le 2 juillet 1996, la CNIL s’abreuver, ce qui favorise l’échange Jean-Yves Nau de sa reconversion professionnelle en créant réglement ou d’arrangement amiable entre avait jugé utile « d’attirer l’attention du pre- une société spécialisée dans la fichage des lo- le propriétaire et son locataire le nom de ce mier ministre sur son inquiétude face au déve- cataires mauvais payeurs. La Société d’ex- dernier est immédiatement rayé de ce fi- loppement de systèmes de collecte des inci- ploitation de fichiers informatiques (SEFI), chier. dents de paiement par des société privées pour Menace d’« expulsion » de lycéens domiciliée en Avignon, existe depuis février le compte de plusieurs professions ». 1996. Son principe est simple : moyennant « L’INQUIÉTUDE » DE LA CNIL Pour sa part, Olivier Malatrait met en une adhésion annuelle de 2 500 francs, les M. Malatrait assure que la constitution de avant « le rôle social » de ce nouveau service étrangers « fauteurs de troubles » professionnels de l’immobilier, agences ou ce fichier a reçu un avis favorable de la qui interviendrait come un « signal administrateurs de biens, peuvent consulter Commission nationale de l’informatique et d’alarme » et permettrait, assure t-il, à de ROUEN sance. En 1993, ce dernier avait un fichier où figurent, selon M. Malatrait, les des libertés (CNIL). En réalité, dans la me- nombreux locataires « de bonne foi », de sai- de notre correspondant convoqué les parents d’enfants noms de dix mille locataires « à risques ». sure où la SEFI est une société privée, la sir à temps les services sociaux susceptibles A la suite d’incidents dans un ly- perturbateurs, en menaçant de Le fichier est alimenté par leurs soins mais CNIL n’est pas habilitée à émettre un avis. de les aider. Il envisage, même, nous a t-il cée professionnel d’Evreux (Eure), leur supprimer les prestations so- également par des propriétaires physiques Elle se contente de délivrer un récépissé at- déclaré, de travailler en collaboration avec le conseil régional de Haute-Nor- ciales municipales. qui ne peuvent pas, toutefois, le consulter. testant que le fichier informatique a été dé- une association spécialisée dans l’insertion mandie, présidé par Antoine Rufe- Cette motion était motivée par Du moins directement. L’incident de paie- claré et constitué dans les formes. En l’es- par le logement. Il ne l’a pas encore trouvée. nacht (RPR), a adopté, lundi 15 dé- les événements qui se sont pro- ment est jugé « caractérisé » après trois mois pèce, la CNIL a fait traîner un an la cembre, une motion d’urgence duits au lycée professionnel Au- de retard de loyer. Le locataire défaillant est délivrance du récépissé et exigé que l’infor- Ch. G. demandant « des mesures concer- gustin-Hébert, à Evreux, où les en- nant les fauteurs de troubles pou- seignants et les personnels vant aller jusqu’à l’exclusion défini- administratifs et techniques sont tive des établissements, l’expulsion en grève depuis le mardi 9 dé- La cour de discipline budgétaire et financière condamne du territoire français s’ils sont cembre pour obtenir des moyens étrangers, la suppression des aides de lutte « contre un climat de vio- sociales et familiales ». lence et d’insécurité permanent et un ancien collaborateur de M. Dumas Présenté à l’initiative d’Yves Du- croissant ». Ils protestent contre pont, élu FN de l’Eure, ce texte a l’absence de restructuration d’un LE Journal officiel en date du soit déposés sur un compte ban- diqué, les membres de la cour comptables n’auraient été qu’un été approuvé par le groupe majo- établissement « en mauvais état où 16 décembre publie l’arrêt de la caire d’où ils repartaient sous soulignent « que les relevés du prétexte pour sortir de l’argent ritaire UDF-PR. Seuls, les cinq élus l’on enseigne dans des locaux provi- cour de discipline budgétaire et forme de chèques ou en liquide. compte bancaire ont fait appa- sans rapport direct avec leur Verts et deux Divers écologistes soires depuis de nombreuses an- financière (CDBF) concernant la Ils étaient destinés à rémunérer raître en particulier des verse- usage déclaré. ont voté contre alors que les so- nées ». Ce mouvement a été sus- gestion du Quai d’Orsay lorsque une trentaine de fonctionnaires ments de plus de 1 million de Considérant toutefois l’ancien- cialistes et les communistes ont pendu, mardi 16 dans la matinée, Roland Dumas était ministre des sans contrat de travail attachés francs en 1989 et 1990 à un fleu- neté de ces pratiques, qui re- refusé de prendre part au vote, en dans l’attente de la venue du rec- affaires étrangères. L’arrêt mo- au service du ministre et à finan- riste et à un imprimeur. [...] L’ex- montent à 1947, mais dont la dé- application d’une consigne de non teur de l’académie de Rouen, Paul tive la condamnation à cer les réceptions et « les distrac- cuse de l’urgence invoquée pour rive est surtout notable depuis le participation aux débats consacrés Desneuf, à qui les enseignants de- 3 000 francs d’amende de l’ancien début des années 80, l’absence à l’examen du budget primitif vaient demander le classement du chef adjoint du cabinet de Roland d’implication des personnes ren- 1998. En guise d’explication, lycée en Zone d’éducation priori- Dumas, Jacques Demorand, et la M. Joxe veut réformer la CDBF voyées devant la cour dans cette M. Rufenacht a rappelé « la juris- taire. relaxe de son chef de cabinet, Gé- procédure et la connaissance des prudence Plaisance », du nom du rard Pardini, et du directeur du Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes et président faits par le ministre lui-même, la maire PCF d’Evreux, Roland Plai- Etienne Banzet personnel de l’époque, Bernard de la Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF), a transmis cour a estimé qu’il pouvait être Garcia, ainsi que le régisseur de au ministre de l’économie et des finances, Dominique Strauss-Khan, fait état de circonstances atté- l’hôtel du ministre (Le Monde du au mois de juillet, des propositions pour réformer cette juridiction. nuantes. DÉPÊCHES 9 et 10 novembre). La CDBF, qui ne siège que quatre à cinq fois par an, peut juger tout De plus, M. Garcia et M. Pardi- a IMMIGRATION : trente-trois immigrés clandestins, originaires La cour, présidée par le premier fonctionnaire ou membre de cabinet ministériel coupable d’infrac- ni semblent avoir mis à profit la d’Afrique Nord, ont été interpellés, lundi 15 décembre, en provenance président de la Cour des tion en matière comptable. discussion budgétaire de 1991, d’Espagne, au poste frontière du Perthus (Pyrénées-Orientales). Selon comptes, Pierre Joxe, avait jugé, Dans son courrier, M. Joxe recommande d’augmenter le nombre après avoir été alertés par une la préfecture, ils voyageaient dans un camion espagnol. Depuis le dé- le 5 novembre, ces quatre de membres de cette Cour de six à dix, de créer des sections et de note du contrôleur financier, but de l’année, plus de deux mille clandestins ont été arrêtés dans ce membres du ministère des af- pouvoir inclure, parmi les justiciables, les ministres et les élus lo- pour régulariser la situation des département. 90 % d’entre eux ont été reconduits à la frontière. faires étrangères, après avoir été caux. Enfin, le président de la CDBF demande que les audiences fonctionnaires non déclarés et a JUSTICE : une reconstitution du quadruple meurtre de Sainte- saisie, en 1993, par la Cour des puissent bénéficier, de façon systématique, d’un caractère public. La encadrer l’usage des certificats Cécile- Plage, près de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), a été organi- comptes. Cette dernière avait structure ou les procédures de cette institution ne peuvent être mo- administratifs. « Il apparaît qu’ils sée, lundi soir 15 décembre, en présence des deux frères Jourdain, constaté, lors d’une mission difiées que par le vote d’un nouveau texte de loi. ont, sur ce point, à la différence de soupçonnés d’avoir violé et tué quatre jeunes filles, dans la nuit du 11 d’inspection, de graves irrégulari- leurs prédécesseurs, contribué à au 12 février. La reconstitution a duré plus de sept heures. tés financières au sein du cabinet l’extinction de ces irrégularités », a FRÉGATES : l’intermédiaire Gilbert Miara a été mis en examen et de M. Dumas. Le ministère public tions » consacrées à ses hôtes. justifier l’utilisation de la procé- note ainsi la cour. incarcéré pour « complicité de tentative d’escroquerie », lundi 15 dé- leur reprochait le prélèvement ir- Dans son arrêt, la CDBF dure des certificats administratifs L’arrêt distingue cependant cembre, par le juge d’instruction parisien Eva Joly chargée de l’en- régulier, via des certificats admi- constate « que la destruction sys- est en conséquence difficilement l’action des deux membres du ca- quête sur la vente par Thomson de frégates à Taïwan en 1991 (Le nistratifs, de 10 millions de tématique et rapide des pièces et admissible ». binet Dumas, Gérard Pardini et Monde du 5 décembre). Son avocat, Me Jean-Yves Liénard, a déposé francs, en moyenne, effectué documents établis par les fournis- Enfin les magistrats estiment Jacques Demorand. Selon les ma- une demande de mise en liberté. chaque année, entre 1988 et 1991. seurs et par les services adminis- « qu’il est manifeste que les dé- gistrats, si le premier bénéficie de a HUMANITAIRE : l’abbé Pierre a entamé, lundi 15 décembre, à Ce système a permis au cabinet tratifs [... ] qui auraient été suscep- penses portées sur les certificats la relaxe au motif qu’il a lancé Marseille, un « Tour de France des sans-abris et des mal logés » afin du ministre de soustraire au ryth- tibles de justifier les paiements administratifs pouvaient ne pas une réforme du système, le se- de faire mieux connaître les solutions mises en œuvre pour les défa- me de deux cents à trois cents effectués par la régie d’avance, ont correspondre de façon précise à la cond, M. Demorand, a contribué, vorisés par les associations soutenues par sa Fondation. L’abbé certificats par an, autant de fois eu pour effet d’empêcher tout somme exacte supportée pour des après son entrée en fonction, à la Pierre, âgé de quatre-vingt-cinq ans, prévoit de se rendre, d’ici mars près de 50 000 francs à la compta- contrôle véritable de la dépense prestations d’un niveau nécessai- pérénnité de pratiques illégales. 1998, dans une dizaine de villes, dont Metz, Valenciennes, Beauvais, bilité publique. Les fonds étaient publique ». Par ailleurs, lorsque rement varié ». En clair, dans cer- Grenoble et Paris. versés soit de la main à la main, l’objet des dépenses a pu être in- tains cas, ces attestations Jacques Follorou LeMonde Job: WMQ1712--0013-0 WAS LMQ1712-13 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0416 Lcp: 196 CMYK

13 LE PROCÈS PAPON LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 Lorsque Georges Gheldmann, dix ans, vit sa mère déportée vers Drancy Il est le premier témoin direct des faits reprochés à l’accusé. Entendu par la cour d’assises, il a raconté les rafles de juillet 1942 puis l’organisation d’un convoi vers la région parisienne. Maurice Papon a assuré ne se sentir « nullement impliqué »

BORDEAUX rèze, où il vécut « la vie des enfants qu’une douzaine d’autres hon- « Les autorités françaises ont falsifié de notre envoyé spécial de paysans qui passaient des mes- grois, selon lui, sont dans ce cas, et ces listes » pour gonfler les convois. « Mon chéri, je suis au commissa- sages pour le maquis, jusqu’à la Li- qu’ils ont été « sciemment dénatio- « Je ne peux pas laisser dire ça !, riat, viens me rejoindre, vite ! » bération ». nalisés ». proteste Maurice Papon, vous savez Quatre lignes jetées sur un carré de « Qu’est devenue votre mère ? », Puis il demande la projection avec quelle conscience Garat papier. « Le 16 juillet 1942, j’avais demande le président Castagnède. d’un autre document : la dernière [NDLR : chef du service des ques- dix ans et demi, se souvient « J’ai su par le Mémorial de la dé- carte postale écrite, à Drancy, par tions juives] vérifiait les listes ! » Georges Gheldmann, aujourd’hui portation de Serge Klarsfeld Berthe Gheldmann. « Prier « Comment devient-elle Polo- retraité. Je suis rentré à l’heure du qu’[elle] avait été internée à Méri- Mme Durand-Narpas avec M. Cou- naise ?, questionne alors le pré- goûter et j’ai trouvé un mot de ma gnac le 17 [juillet], déportée vers gouille [NDLR : l’ami qui hébergea sident. mère qui me demandait de la re- Drancy le 18, puis vers Auschwitz le l’enfant à sa sortie de prison] de ne – Les Allemands, peut-être, ré- joindre. J’ai pris mon vélo jusqu’au 19. Mon père a été arrêté dans la pas laisser mon fils au préfecture, au pond Maurice Papon. Pas les Fran- commissariat. Là, j’ai été arrêté. rafle du Vel’d’Hiv’, à Paris, le 16. besoin accompagné chez sa grand- çais. Peut-être la police aux ques- Puis nous sommes allés à la prison Peut-être se sont-ils rencontrés ? Je mère en Z libre (...), est-il écrit. Je tions juives [qui dépend du de Dax, où nous avons été livrés aux n’en sais rien. Ils ont pris tous les donnerai de mes nouvelles aussitôt Commissariat général aux ques- Allemands. On nous a mis dans une deux le convoi no 7. » Celui-ci que j’ai une adresse pour recevoir tions juives], pas la préfecture. grande cellule, nous étions une di- comportait 999 personnes. 375 ont des nouvelles de mon fils. » « Entre – Pourquoi de telles erreurs ? zaine. Le lendemain matin, nous été gazées à leur arrivée en Haute- Dax et Drancy, elle a dû – Je ne comprends pas. » sommes sortis de la prison. On m’a Silésie. 17 survivaient en 1945. comprendre que les ordres ne ve- Puis la salle examine une liste libéré, chassé. C’est la dernière fois Georges Gheldmann n’a plus ja- naient pas des Allemands, mais de des 171 juifs déportés que projette que j’ai vu ma mère. » mais revu ses parents. la préfecture », commente Georges le président. Un natif de Prague est Lundi 15 décembre, Georges Gheldmann. classé polonais, un autre, de Riga, Gheldmann témoigne à la barre de LES PHRASES ET LES RATURES roumain. Des guillemets placés la cour d’assises de la Gironde. Il Le président relève que le té- « JE N’EN AI RIEN À FAIRE » sous une Egyptienne semblent dé- est le premier témoin direct de moin – à l’époque non déportable Me Klarsfeld demande alors créter qu’une vingtaine de juifs faits que l’on reproche à Maurice puisqu’il n’avait pas quinze ans – qu’on projette la photo de la mère sont égyptiens. Certains suggèrent Papon. Hongroise originaire d’un n’a pas été pris en charge lorsqu’il du témoin. Le président Casta- que les guillemets signifient, au faubourg de Budapest, Berthe a été relâché. Maurice Papon avait française. » « Ah ! oui », se reprend que je n’ai plus de larme et mon gnède s’oppose pour l’instant à la contraire, apatrides... Gheldmann avait trente-cinq ans affirmé que la préfecture s’était in- l’accusé. Et, pour répondre sur la cœur est fondu : on m’a arraché de demande, dont l’impact émotion- La confusion règne. « Je voudrais lorsque la police française est ve- quiétée du sort des enfants. «A prise en charge des enfants dac- maman après avoir passé la nuit nel est évident, mais n’exclut pas y bien savoir d’où vient cette liste riche nue l’arrêter en vertu des instruc- quelle époque ce drame s’est-il dé- quois : « Il faudrait savoir si les pa- dans la prison alemande, on était accéder « avant la fin de l’au- d’anormalités », demande Maurice tions allemandes. Elle faisait partie roulé ? », demande curieusement rents ont été conduits à Bordeaux dix et deux enfants et ce matin elle dience ». Il note que « des choses Papon. Curieusement, ni le pré- des douze juifs arrêtés et recensés, l’accusé, à qui l’on rappelle qu’il après un stage à Mérignac [NDLR : est parti à Mérignac avec d’autres très importantes viennent d’être sident, ni les parties civiles, ni « en provenance de Dax », où, en s’agit de la rafle de juillet 1942. le camp d’internement] ou directe- juifs ou l’on va les consantrer puis il dites ». L’avocat de la partie civile même la défense ne sont en me- 1939, arrivant de Paris, elle avait Jusque-là, Maurice Papon semblait ment au convoi [NDLR : en gare vont partir en Alemagne (...). Jojo. » reste sourd aux arguments du juge sure d’indiquer la provenance de trouvé refuge. avoir retrouvé son énergie des pre- Saint-Jean]. » Le président Castagnède ob- et lui lance : « Pour vous aussi, il y a cette pièce, qui est le deuxième do- Puis Georges Gheldmann ra- miers jours pour réaffirmer qu’«en A la demande de Me Arno Klars- serve qu’il est question de l’Alle- des juifs intéressants ! Je représente cument coté au dossier ! conte le dernier regard, la marche ce qui concerne ce convoi », il ne se feld, le président Castagnède fait magne dans ce texte d’enfant. «Un les Fils et filles de déportés sans l’ac- Alors que les débats s’inter- à reculons tandis que le convoi sentait « nullement impliqué ». projeter le mot griffonné par garçon de dix ans était plus informé tion desquels vous n’auriez pas rompent, Georges Gheldmann s’éloignait. Et les jours qui sui- Puis, s’adressant au témoin : Berthe Gheldmann, le 16 juillet qu’un haut fonctionnaire de la pré- l’honneur de présider cette [au- souhaite reprendre la parole. «Je virent : l’accueil chez un ami de sa « Ce témoignage est émouvant par 1942. Puis les phrases raturées fecture de la Gironde », lâche dience] ». Sans broncher, le pré- voudrais récuser les félicitations que mère, la crise de foie le soir même, sa nature et également par la dignité d’enfant que Georges écrivit à sa Me Klarsfeld. L’avocat remarque sident Castagnède relève les « pro- m’a adressées M. Papon. Cela, je l’hospitalisation à l’hôpital de Dax. avec laquelle il nous est rapporté. Si tante le soir-même du 17 : «Ma que Berthe Gheldmann, hon- pos intolérables » à son encontre. n’en ai rien à faire ». Dans la salle, « Bien longtemps après, un passeur j’ai bien compris, madame votre chère tante, je t’écrit en ce moment groise, a été arrêtée, bien que cette Me Gérard Boulanger, pour la spontanément, les parties civiles m’a emmené en zone libre. » mère avait été saisie par les Alle- pour te prévenir qu’on est venu nationalité fît partie des nationali- partie civile, rebondit sur la ques- applaudissent. D’abord chez sa grand-mère, en- mands... » Georges Gheldmann chercher maman pour la mener tés exemptées de déportation. tion de la nationalité de Berthe suite dans un orphelinat catho- rectifie : « Nous avons été arrêtés et dans un camp de consentration « Elle était enregistrée comme polo- Gheldmann, déportée polonaise Jean-Michel Dumay lique de l’Aveyron, enfin, en Cor- transférés à la prison par la police pour travailler. J’ai tellement pleuré naise ! », révèle-t-il. Il précise alors qu’elle était fichée hongroise. Dessin : Noëlle Herrenschmidt Juliette Benzazon et la mémoire de quatorze proches exterminés à Auschwitz BORDEAUX Heureuse si quatorze personnes de sa fa- quante ans après, ils nous ont beau- gens de la haute, mais pas du petit de notre envoyé spécial mille la plus proche n’avaient été extermi- j’ai encore un peu coup aidés. A peuple. » Elle se marie avec Joseph Ben- Elle est belle, Juliette. Avec ses cheveux nées à Auschwitz. Comme pour la plupart honte de mes réac- chaque fois que des zazon, dont elle est encore fière au- blanc-bleu, sa goualante des enfants du des enfants juifs de cette époque, tout tions de l’époque : je soldats allemands jourd’hui de dire qu’il s’est battu contre quartier Mériadeck, à Bordeaux, ses commence avec l’étoile jaune. Juliette a croyais que mon arrivaient, ils nous les Allemands et qu’il a obtenu la médaille soixante-sept ans qu’elle porte avec allé- douze ans. « Mon père a dit de ne plus te grand-père était un prévenaient et nous des jeunes résistants de moins de vingt gresse, sa manière de s’adresser directe- parler car tu es juive », lui dit une de ses voleur ! », avoue Ju- nous cachions dans ans. Ils auront sept enfants. « Pendant la amies. Juliette décide, avec quelques amis, liette Benzazon. les collines avoisi- guerre, je me disais toujours que si je m’en PORTRAIT de détourner l’odieuse distinction. L’étoile En juillet 1942, le . » Le maire sortais, j’en ferais au moins dix ! » L’itinéraire d’une enfant est découpée, attachée avec une épingle père de Juliette, Sa- du village fait dis- Michel Slitinsky n’a pas beaucoup de « anglaise » et cousue avec un sou percé lomon, sa mère, paraître la mention mal à la convaincre de se porter partie ci- du quartier de Mériadeck, de l’époque. Marie, son frère « Juif » des papiers vile contre Maurice Papon. Depuis, elle partie civile « C’était peut-être absurde, mais, dans Gilbert et ses trois d’identité de Ju- est un des piliers de cette étrange famille contre Maurice Papon nos esprits de gosse, cela voulait dire que petites sœurs liette, qui retourne qui veut faire aboutir sa plainte contre nous étions tout à la fois juifs, français et partent vers Marseille pour tenter de ga- alors de temps en temps à Bordeaux pour l’ancien secrétaire général de la préfecture anglais. » Un jour, les Allemands arrêtent, gner l’Algérie, d’où la famille est origi- voir ses sœurs et leur porter un peu de la Gironde. Elle y joue le rôle de « ras- ment à Maurice Papon par-dessus la tête pour quelques heures, les meneurs de naire. Le père et le frère sont pris dans la d’argent. sembleuse », notamment entre les reli- du monde entier, Juliette Benzazon est cette fronde adolescente. « Ne recommen- rafle du Vieux-Port, conduits à Fréjus puis En décembre 1943, la veille de la grande gieux et les non-religieux. « Que Dieu me devenue une des égéries des parties ci- cez pas, sinon nous reviendrons et, alors, at- à Auschwitz, où ils seront exterminés le rafle de Mériadeck, elle dîne chez son pardonne, dit-elle en levant les yeux au viles. « Ma culture, elle s’est faite sur les tention ! » « En rentrant, mon père m’a soir de leur arrivée. La mère, Marie, grand-oncle et sa femme, qui ont quatre ciel, mais beaucoup de gens chez nous ont marchés et pas à l’ENA », dit cette petite- donné une sacrée correction ! », raconte échappe à la déportation grâce à un mé- enfants. Ils insistent pour qu’elle reste perdu la foi durant cette période, certains fille de fripiers. Juliette Benzazon. decin français, chargé de faire le tri « entre dormir chez eux. Elle hésite puis refuse. m’ont même dit : “Ton Bon Dieu, il était en Brocanteuse, son appartement, dans le Le pire arrive. C’est d’abord le grand- les juifs et les autres ». Une famille catho- « Le lendemain, ils avaient tous été raflés, et vacances quand on nous exterminait” ! » quartier Saint-Michel de Bordeaux, recèle père, Simon Dray, qui, en mars 1942, est lique de Bordeaux recueille les trois pe- alors, à ce moment-là, j’ai eu très peur. » Tous les jours, Juliette Benzazon s’as- autant de trésors que la caverne d’Ali Ba- arrêté et conduit au camp de Mérignac. tites sœurs alors que Juliette reste avec sa Raflés aussi, et aussi exterminés, la soit dans les rangs des parties civiles. «Je ba. Des poupées de chiffon aux objets « A cette époque, les conditions de déten- mère près d’Aix-en-Provence. deuxième épouse du grand-père et ses n’ai pas de pitié pour Maurice Papon, dit- pieux en passant par une incroyable col- tion n’étaient pas très dures, se souvient Ju- quatre enfants, dont le petit Michel Dray, elle, car lui n’a pas eu de pitié pour nous. lection de n’importe quoi. Le tout servant, liette. Une fois par mois, la famille allait au « IL N’Y AVAIT PLUS PERSONNE » âgé d’un an. Bien sûr qu’il est vieux. Mon père, lui, n’a on le comprend bien, de faire-valoir aux camp avec des paniers pour manger avec le « Le village où nous étions, raconte- A la fin de la guerre, Juliette revient à même pas pu devenir vieux. Il n’a vu au- photos des sept enfants, quatorze petits- grand-père. » Entouré de deux policiers, t-elle, était presque entièrement habité par Mériadeck. « J’ai eu l’impression qu’il n’y cune de ses filles se marier. » enfants et deux arrière-petits-enfants qui ce dernier peut même assister à la cir- des personnes originaires d’Italie ; au début avait plus personne », dit-elle, avant font de Juliette une vieille dame heureuse. concision d’un de ses fils. « Plus de cin- nous nous sommes méfiés d’eux ; à tort, car d’ajouter : « Papon a peut-être sauvé des José-Alain Fralon LeMonde Job: WMQ1712--0014-0 WAS LMQ1712-14 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0417 Lcp: 196 CMYK

14 RÉGIONS LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 Le gouvernement tente de réinventer l’aménagement du territoire Dans un entretien au « Monde », la ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement, Dominique Voynet confirme que la loi s’appuiera sur les potentialités des agglomérations et des « pays » et mettra en place des « schémas de services collectifs »

« Votre différend avec Jean- pour se focaliser sur les territoires dernier sur les espaces naturels et sonne ne les critique : on recense notre démarche. Ce ne sera d’ail- Pierre Chevènement a-t-il été au ruraux désertifiés sur lesquels l’Etat les risques. C’est notamment dans environ deux cents projets. Mais il leurs pas un plan. Nous voulons cœur des débats du Comité in- devrait porter son attention comme ce dernier document que nous al- est nécessaire d’aller au-delà de ce prendre des mesures de développe- terministériel d’aménagement sur un grand malade. Finie la vision lons marier – ce qui n’est pas fa- qu’on a fait jusqu’à maintenant, et ment durable de ce territoire : il et de développement du terri- purement redistributive et caritative cile – les préoccupations d’aména- l’Etat doit les reconnaître officielle- s’agit, à travers des projets émer- toire (Ciadt), réuni lundi 15 dé- de l’Etat, pour mettre désormais gement et d’environnement. Ce ment. Ce qui devrait se manifester geants, de renforcer les potentiali- cembre à l’hôtel Matignon ? d’avantage en valeur les potentiali- document illustre notre démarche : par exemple lorsque seront négo- tés de création d’emplois et d’activi- – En fait, le débat a un peu tourné tés endogènes de chaque territoire. c’est un schéma de précaution et de ciés les futurs contrats de plan. J’ai tés durables. court, car le ministre de l’intérieur a A chaque territoire son projet ! prévention. Tous ces schémas ne se confié à Jacques Chérèque, ancien – Ce Ciadt marque-t-il une dû partir à l’Assemblée pour dé- – Qu’appelez-vous dans votre traduiront pas nécessairement par ministre, une mission d’évaluation rupture avec les précédents ? fendre son projet de loi sur l’immi- loi les schémas de services col- du bitume, du béton ou une carto- des contrats de plan en cours. – On peut parler de victoire cultu- gration. Mais sur le fond, son credo lectifs ? graphie figée. – Le Ciadt a-t-il décidé des dé- relle, car les esprits ont singulière- republicain me convient : ce n’était DOMINIQUE VOYNET – La loi énoncera de grands prin- – L’Etat va-t-il, comme en Ile- localisations d’activités ? ment évolué. Après le rêve des an- pas un discours désincarné sur cipes prioritaires d’aménagement et de-France, mettre en œuvre – Le gouvernement préfère parler nées Pasqua et l’immobilisme des l’Etat et la nation, mais il a insisté large débat public : je rencontrerai fixera les orientations des nouveaux vingt-deux schémas régionaux ? d’« implantations d’emplois et de ser- années Gaudin, on revient désor- sur le rôle de l’Etat garant des les associations d’élus intéressées et schémas de service collectifs. – Le besoin se fait sentir d’un vices au public ». Par exemple, l’im- mais à des approches concrètes, grands équilibres, ce qui est bien je réunirai à nouveau en janvier Conjointement, principes et sché- échelon de planification intermé- plantation du CNASEA à Limoges, mesurables, avec une volonté : la naturel. Nous aurons prochaine- 1998 le Conseil national d’aménage- mas se substitueront au schéma na- diaire renforcé, entre le niveau décidée en 1992, a été confirmée, proximité avec le terrain. ment l’occasion, lui et moi, d’en dis- ment du territoire. Je serai égale- tional prévu par la loi Pasqua. Le communal et le niveau national. La mais nous prendrons le temps de la – Vous ne dites pas un mot de cuter en tête à tête. Si incident il y a ment auditionnée par les commis- schéma ne pouvait être qu’un stock question se pose de savoir jusqu’à concertation avec les intéressés, no- l’équilibre Paris-province ? pu avoir, je considère qu’il est clos. sions compétentes de l’Assemblée de projets et un catalogue à la Pré- quel point ces schémas régionaux tamment les personnels. Avant – Tout le monde est bien d’accord – Avez-vous été confirmée et du Sénat. vert, dans lequel chaque ministre seront prescriptifs. Le débat n’est toute décision, il faut analyser les sur l’importance du sujet, et ce sera comme chef de file pour la pré- − Quels sont les principes fon- pouvait piocher, ou qu’un discours pas tranché ; ce sera la tâche d’une potentialités des villes et y implan- l’objet du prochain Ciadt . L’agglo- paration de la loi d’orientation, dateurs de votre projet de loi ? général d’intentions sans valeur mission d’expertise de faire des pro- ter des activités qui renforcent leurs mération parisienne a également la Loadt ? – La loi Pasqua ne nous dérange normative. Nous allons reprendre positions. pôles de compétence ou qui cor- ses problèmes. Il ne faut pas oppo- – Même si le mot de « chef de pas. C’est un texte dans lequel il y a en les rénovant les schémas tou- – Sur les agglomérations et les rigent les déséquilibres. L’Ecole na- ser Paris et les régions mais recher- file » n’a pas été prononcé, Lionel même des dispositions ingénieuses, chant, par exemple, l’enseignement « pays », quelles sont vos inten- tionale des douanes devrait aller de cher leur complémentarité et un Jospin a confirmé que ce projet de dont beaucoup, à l’évidence, sont supérieur ou la culture. Mais la tions ? Neuilly à Tourcoing, et la Sonacotra nouvel équilibre entre les grandes loi serait présenté avant les autres. soit inapplicables, soit inappliquées. nouveauté est que nous créons – Les agglomérations sont un su- à Saint-Denis. Le CIAT a confirmé métropoles françaises. » Les autres textes, par exemple sur Notre philosophie est de rompre deux schémas intermodaux de jet qui relève d’abord de la compé- l’objectif de 30 000 emplois réim- l’intercommunalité, viendront le avec une conception dépassée de transports – l’un pour les voya- tence, au plan institutionnel, de plantés d’ici l’an 2000. Propos recueillis par compléter. La préparation de cette l’aménagement du territoire qui geurs, l’autre pour les marchan- mon collègue de l’intérieur. Quant – Et le plan Massif Central ? François Grosrichard Loadt se fera dans le cadre d’un laissait de côté la question des villes dises –, un autre sur l’énergie et un aux « pays », je remarque que per- – C’est l’illustration même de et Sylvia Zappi Les mesures territoriales « Tout s’est très bien passé » Parmi les mesures arrêtées par le Ciadt, certaines ont une portée « Tout s’est très bien passé» ont dit, tance pour les Emirats arabes unis. Do- sume sa préoccupation en affirmant : Jean-Pierre Chevènement pour le Pa- générale intéressant l’ensemble du en revenant dans leur ministère, la plu- minique Voynet elle-même, l’héroïne « On ne peut pas avoir une politique na- lais-Bourbon, cette discussion a occupé territoire et d’autres ont un impact part des quelque vingt membres du du jour, filant dès la fin du Ciadt pour tionale à partir de la somme de vingt- un bon tiers des presque trois heures régional précis. gouvernement présents au Ciadt, lundi attraper un TGV vers Besançon en deux politiques régionales ! » qu’a duré le Ciadt. Le ministre de l’in- b Vis-à-vis des entreprises. Le 15 décembre, et invités par Lionel Jos- compagnie de Pierre Moscovici, le mi- De son côté, Mme Voynet, qui n’a pas térieur n’a d’ailleurs pas désarmé et a fonds national de développement nistre des affaires européennes, pour apprécié l’annonce du dépôt par les rappelé, avant de partir, que d’autres des entreprises (FNDE), créé par la RÉCIT régler un problème urgent lié aux élec- services du ministère de l’intérieur d’un occasions se présenteront, dans les loi de 1995, sera doté en 1998 de D’un côté, les partisans de l’« Etat- tions régionales. projet de loi sur l’intercommunalité phases suivantes d’élaboration de la loi 200 millions de francs. Tout s’est « très bien passé », enfin, avant que le CIADT ne se tienne, a dé- d’orientation sur l’aménagement et de b Contrats de plan : Jacques département-communes », malgré le choc des cultures entre Jean- veloppé sa conception plus régionaliste développement (Loadt), de rouvrir ce Chérèque, ancien ministre chargé de l’autre, ceux de l’« intercommu- Pierre Chevènement et Dominique Voy- de l’aménagement du territoire. Selon débat. des reconversions et de nauté-régions-Europe » net, qui développent des conceptions l’un des participants, le gouvernement l’aménagement du territoire, se voit largement divergentes de l’aménage- s’est partagé de façon très nette en MÉNAGER L’UN ET L’AUTRE confier une mission d’évaluation ment du territoire (Le Monde du 16 dé- deux écoles : autour du ministre de l’in- Dans ce contexte, Lionel Jospin, qui des contrats de plan en cours pin à observer un strict silence vis-à-vis cembre). Comme prévu, Jean-Pierre térieur, ceux qui raisonnent « Etat-dé- doit gérer les deux Franc-Comtois « en- (1994-1999). de l’extérieur. Tout s’est donc « très Chevènement a soulevé un débat de partement-communes » ; et, autour de la nemis » de sa majorité plurielle, a dû b Zones aidées : Une mission bien passé », malgré une actualité qui a fond – que le gouvernement n’avait, en ministre de l’aménagement du terri- s’employer à ménager l’un et l’autre. d’analyse et de simplification du quelque peu chahuté l’agenda des uns fait, jamais abordé – sur les orienta- toire, ceux qui pensent : « intercommu- Ainsi il a consacré la prééminence de dispositif actuel est confiée à Jean et des autres : Jean-Pierre Chevène- tions mêmes de cette politique. Au nalité-régions-Europe ». Si le ministre Dominique Voynet dans le processus en Auroux, ancien ministre, maire (PS) ment, le ministre de l’intérieur, sou- nom de l’intérêt général et de la péren- de l’intérieur prépare, lui-même, un cours. Mais l’arbitrage qui fait de Jean- de Roanne. cieux d’ouvrir un débat de fond mais nité d’un Etat fort, le ministre de l’inté- projet de loi sur l’intercommunalité, il Pierre Chevènement le ministre respon- b Etudes et prospective : création contraint de rejoindre l’Assemblée na- rieur s’est notamment inquiété de la s’est montré cependant très attaché à sable de l’important volet de la poli- d’un Institut des hautes études de tionale pour la suite de son marathon disparition du schéma national d’amé- ce que le gouvernement ne touche pas tique gouvernementale que représente l’aménagement du territoire dans législatif sur l’immigration ; Alain Ri- nagement du territoire prévu par la loi aux compétences actuelles des diffé- le développement des agglomérations, lequel se retrouveraient des chard, son collègue de la défense, in- Pasqua et écarté, depuis un premier ar- rents échelons de collectivités territo- est considéré comme une victoire par le fonctionnaires, des universitaires, téressé par les restructurations mili- bitrage rendu le 4 novembre, de riales. Comme prévu, le Ciadt n’a pas cabinet du ministre de l’intérieur. des élus, des représentants du taires mais sautant dans un avion pour l’avant-projet de loi Voynet. L’un des tranché le débat, qui a été intense : monde économique et social. accompagner Jacques Chirac en par- proches de l’ancien maire de Belfort ré- bien qu’interrompue par le départ de Récit du service Régions b Transferts d’activités hors de Paris. Le gouvernement a arrêté une liste de déplacements d’organismes publics ou Aujourd’hui une convention de développement du Pays basque, demain un département ? parapublics, à négocier avec les organisations syndicales et les BAYONNE aux dossiers habituellement trai- démarche que Dominique Voynet schéma d’aménagement à travers FD) du conseil général des Pyré- personnels, et à mettre en œuvre, de notre correspondant tés à ce niveau, une enveloppe souhaite mettre en œuvre dans le la démarche « Pays basque 2010 », nées-Atlantiques a bien pris soin, éventuellement après le résultat des Parmi les mesures prises par le consistante de 26 millions de cadre du futur contrat de plan puis créé un « conseil de dévelop- dans une longue déclaration, de expertises en cours. Plusieurs villes comité interministériel, le Pays francs est attribuée à la culture et Etat-région. La convention asso- pement », sorte de conseil écono- s’inscrire dans cette démarche côtières de Bretagne devraient basque bénéficie d’un traitement au patrimoine basques. Cet effort cie Etat, région et département, et mique et social local. Le 22 mars, contractuelle. Pour autant, ce fa- accueillir des administrations particulier : 32 millions de francs a été vivement défendu par la dé- s’appliquerait moyennant un le conseil des élus du Pays basque rouche adversaire d’un nouveau dépendant du ministère de sont débloqués par l’Etat qui, avec putée PS Nicole Péry, par ailleurs contrat passé avec une agglomé- a ratifié ce schéma avant de le département du Pays basque n’en- l’équipement et des transports et le concours de la région Aquitaine chargée par le gouvernement ration ou un « pays ». C’est le cas transmettre à Paris. La nouvelle tend pas adhérer à l’appel lancé le du ministère de la défense : l’Ecole et du conseil général des Pyré- d’une mission sur les langues ré- ici avec le Pays basque, déjà re- convention reprend bon nombre 15 décembre par la parlementaire nationale supérieure des nées-Atlantiques, en affectera, gionales. Seront aidés la forma- connu comme tel au sens de la loi des propositions de ce texte. socialiste et à une « réflexion sur techniques avancées et ingénierie par exemple, 4 à l’agriculture et à tion des enseignants en langue Pasqua par arrêté préfectoral du Nicole Péry a affirmé le 15 dé- les aspects administratifs et les ins- de la direction des constructions la pêche, et 10 aux transports, basque, les centres culturels et les 29 janvier 1997. cembre que, rédigée à Paris, «la tances du Pays basque ». Un clin navales pourrait se voir transférer à dont la moitié pour le port de médias bascophones tant du ser- La convention adoptée pour le convention demeure ouverte », d’œil que pourront par contre ap- Brest, l’Etablissement national des Bayonne. Ces sommes s’ajoute- vice public que du secteur privé. Pays basque est également un c’est-à-dire qu’elle reste à cosi- précier les partisans d’un nouveau invalides de la marine à Lorient, et ront aux crédits du contrat de plan L’ensemble de ces dispositions aboutissement : depuis sep- gner par les instances politiques département, déjà séduits par les le Centre d’études techniques Etat-région (Le Monde du 13 dé- fait l’objet d’une « convention de tembre 1992, des partenaires locales, dont le conseil des élus du gestes en faveur de la culture. maritimes et fluviales (CETMF) cembre). développement », la première en économiques et sociaux venus de Pays basque. Simultanément verrait son site renforcé à Brest. Le Première originalité par rapport France, qui pourrait préfigurer la tous horizons avaient élaboré un François Bayrou, président (UDF- Michel Garicoix Nord devrait également voir l’arrivée progressive du Centre national de formation et d’études de la protection judiciaire de la Rock acrobatique et artistes RMIstes à la trésorerie de Meurthe-et-Moselle jeunesse à Roubaix, de l’Ecole nationale des douanes à Tourcoing, NANCY première de cette « magnifique ins- s’est lancée dans cette aventure que celles des fonctionnaires. On y larité, transformé en salle d’expo- et la création d’une cour de notre correspondante titution » pour laquelle il confesse doublée d’une politique active de a vu aussi un danseur indien, Rag- sition. Pour le montage, c’est le administrative d’appel à Douai. La Depuis quelques années, aller à une tendresse sans limite. A raison soutien et de conseil aux entre- hunat Manet, sacré meilleur dan- système D. Dominique Crabouillet ville de Saint-Denis serait l’hôtel des finances à Nancy n’est de six expositions par an depuis prises. « Nous sommes de véritables seur de barathanatya, et même a récupéré des vitrines à droite et à concernée par des transferts prévus plus si douloureux que cela. C’est 1989, année du bicentenaire, la tré- infirmiers des entreprises en diffi- une démonstration de rock acro- gauche. C’est elle qui fait le mé- d’organismes sociaux dépendant parfois même divertissant, dérou- sorerie de Meurthe-et-Moselle culté », dit-il encore, ajoutant : batique. Quand Nancy vibre à l’au- nage, qui colle les étiquettes. Les du ministère de Martine Aubry tant dans tous les cas, puisque n’est plus un « bunker » dans le- « Nous sommes une administration tomne au rythme de Nancy Jazz invitations sont ronéotypées. comme le Fonds d’action sociale cette austère maison pratique une quel on entre à reculons pour par- de type modeste, qui ne la ramène Pulsations, son festival de jazz, la Grand amateur de rugby, pour les travailleurs immigrés et politique d’expositions décoif- ler d’impôts. pas. » trésorerie participe et « c’est plein Georges Riera a même invité son leur famille (FAS), l’Office des fantes, histoire d’en changer la « Cette image archaïque ne me de jeunes ! ». copain Daniel Herrero, à l’occa- migrations internationales (OMI), perception par les usagers. plaît pas. Je dirais même que j’en « C’EST PLEIN DE JEUNES ! » Chaque grand événement nan- sion du tournoi universitaire de la Sonacotra et le Centre pour le Accent du Sud-Ouest, formules souffre, explique-t-il. On n’a la cote Les quelques petites réticences céien suscite un partenariat. Une rubgy. « Ça a changé l’image de la développement de l’information qui décapent, Georges Riera, tré- avec personne. Ce que nous poursui- des agents, au départ, ont été ra- fois, on a même dansé après le pot trésorerie. Les gens se sont dit, tiens, sur la formation permanente sorier-payeur général de Meurthe- vons ici, initié par mon prédécesseur pidement gommées, et le public a d’inauguration organisé avec les c’est ça, le Trésor. Ils croyaient qu’on (Centre Inffo). La relance de la et-Moselle, est arrivé à Nancy Hugues Maizy, ce n’est pas pour fini par être séduit. Aujourd’hui, moyens du bord. C’est Dominique était là pour les bouffer tout crus », décentralisation du Cnasea après un parcours atypique de rec- nous donner bonne conscience et on vient à la trésorerie comme on Crabouillet, chargée de la commu- reprend-il. Et d’ajouter : « Les im- d’Issy-les-Moulineaux à Limoges a teur d’académie à Nice et Besan- faire passer la pilule. Je n’ai pas irait dans une galerie, pour admi- nication et véritable cheville ou- pôts, c’est un truc civique. Malgré été reconfirmée. Par ailleurs, un çon et de président d’université à honte de collecter l’impôt. L’argent rer une exposition de médailles, de vrière de cette aventure, qui tartine ça, on a mauvaise presse. Le recou- renforcement de l’école de Perpignan. En débarquant de la sert aux crèches, aux routes, aux hô- sculptures, de lutherie de Mir- les toasts. Il ne faudrait pas que le vrement de l’impôt, c’est 30 % de gendarmerie est à l’étude pour trésorerie de Saint-Brieuc, il a pitaux, aux écoles... Le problème, en court, de marques et de contrefa- contribuable s’imagine qu’on jette notre activité. Les expos, c’est un Tulle. Au total, 1889 emplois sont trouvé en Meurthe-et-Moselle une France, c’est que le Trésor pâtit de ce çons, d’accordéons ou de photos l’argent par les fenêtres en organi- moyen de nous exprimer, d’avoir de concernés par ces différentes pratique déjà bien enracinée d’ex- folklore anti-fisc érigé à hauteur lors de la Biennale internationale sant des cocktails somptueux. Le l’allure. » opérations. positions qui n’ont, la plupart du d’un sport national. » Alors, pour de l’image. Les œuvres de RMIstes hall circulaire où s’étendent les temps, rien à voir avec la vocation bousculer cette image, la trésorerie artistes y ont été accrochées ainsi guichets est ainsi, avec belle régu- Monique Raux LeMonde Job: WMQ1712--0015-0 WAS LMQ1712-15 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 09:43 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0418 Lcp: 196 CMYK

(Publicité) LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 15 LeMonde Job: WMQ1712--0016-0 WAS LMQ1712-16 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0419 Lcp: 196 CMYK

16 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 CARNET

DISPARITIONS JOURNAL OFFICIEL

a ÉTIENNE PASQUIER, violoncel- Etienne Pasquier. Prisonnier au début Au Journal officiel du samedi liste français, dernier survivant du de la seconde guerre mondiale, 13 décembre sont publiés : Le général Jean Thiry Trio Pasquier, est mort, dimanche Etienne Pasquier eut comme compa- 14 décembre, dans une maison de gnon de stalag en Silésie le composi- b Allocations familiales : un dé- convalescence de Neuilly-sur-Seine. teur Olivier Messiaen. cret relatif à la revalorisation de la Le bâtisseur de Mururoa Il était âgé de quatre-vingt-douze base mensuelle de calcul des allo- ans. Né dans une famille de musi- a HARRY GLASS, sauteur à skis, cations familiales pour la période LE GÉNÉRAL JEAN THIRY, qui grammes de matériels à l’état-ma- fa. Directeur, entre 1963 et 1969, ciens originaires de Tours, Etienne qui était devenu le premier sportif du 1er juillet 1993 au 31 décembre dirigea les centres d’expérimenta- jor de l’armée de l’air, puis en des centres d’expérimentations Pasquier fonda en 1927, avec ses d’Allemagne de l’Est médaillé olym- 1993 (2 014,06 francs) et pour la tions nucléaires de Polynésie fran- Afrique. Lieutenant-colonel en nucléaires (Dircen), un organisme deux frères Jean le violoniste et pique en décrochant le bronze aux période du 1er juin 1995 au 31 dé- çaise entre 1963 et 1969, est décé- 1949, il commande la base du mixte armées-Commissariat à Pierre l’altiste, le trio à cordes portant Jeux d’hiver de Cortina d’Ampezzo cembre 1995 (2 096,64 francs). dé, dimanche 14 décembre, à Paris, transport aérien d’Orléans (Loi- l’énergie atomique (CEA), Jean leur nom de famille. Jusqu’en 1974, le (1956), est mort dimanche à Klingen- b Routiers : un arrêté portant ex- dans sa quatre-vingt-cin- ret). Promu colonel en 1954, il Thiry sera élevé en 1967 au rang et Trio Pasquier fut un ambassadeur de thal (Est) à l’âge de soixante-sept ans. tension d’un avenant à la conven- quième année. commande la base aérienne de à l’appellation de général d’armée la musique française. Il assura la Champion d’Allemagne de saut à tion collective nationale des trans- Né le 30 mai 1913 à Chambéry (Savoie). aérienne. En 1971, placé dans le création du Trio de Jean Françaix en skis en 1954, 1955, 1956 et 1958, Harry ports routiers et des activités (Marne), polytechnicien, Jean Thi- C’est à partir de 1958 que Jean cadre de réserve, il devient 1934, du Deuxième Trio de Martinu, Glass avait réussi à émerger dans auxiliaires de transports. Il étend à ry choisit d’entrer dans l’armée de Thiry, promu général de brigade, conseiller militaire auprès de l’ad- du Trio de Jolivet, en 1938, de celui de une discipline alors dominée par les toutes les entreprises de la profes- l’air en 1935, peu après la constitu- va entamer une seconde carrière ministrateur du CEA. Milhaud, en 1947, de celui de Florent Finlandais et les Norvégiens. Après sion l’accord du 7 novembre tion de cette armée, intégrée pré- au service de la mise au point de A la fin des années 70 et au dé- Schmitt, en 1948. Gabriel Pierné une chute à Innsbruck, le sportif conclu entre le patronat des trans- cédemment dans l’armée de terre. l’arme nucléaire. Il sert tout but des années 80, le général Thiry composa pour les frères Pasquier son avait dû mettre un terme à sa car- ports, la CGC et la CFDT, qui a mis Il sert en Afrique, puis en Algérie d’abord auprès du colonel, puis est l’un des experts militaires de la opus 90 sur les noms de Jean-Pierre- rière en 1961. fin au conflit des routiers. et au Maroc, avant de rejoindre la général Charles Ailleret, qui a pris commission des affaires étran- Grande-Bretagne en 1943 et de le commandement interarmées gères du Parti radical, alors présidé participer à des bombardements des armes spéciales à Reggane par M. Jean-Jacques Servan- NOMINATION contrôlée par le département fédéral cabinet de Charles Hernu, ministre de la dé- alliés au sein des escadrons 346 et (Sahara), chargé de préparer l’ar- Schreiber. Titulaire de la croix de des affaires étrangères et par l’uni- fense. Entre 1987 et 1992, il dirige l’Institut 347 de la Royal Air Force (RAF). A mement nucléaire avant, puis guerre 1939-1945, de la croix des INSTITUT UNIVERSITAIRE versité de Genève, en vue de former des hautes études internationales (IISS) à la fin de la guerre, le jeune après l’accession du général de TOE et de la médaille de l’aéro- DES HAUTES ÉTUDES des spécialistes et des chercheurs en Londres, dont il préside aujourd’hui le comi- commandant Thiry dirige la sec- Gaulle au pouvoir. C’est le général nautique, le général Jean Thiry INTERNATIONALES relations internationales. té exécutif. Il entre ensuite dans le groupe tion des expérimentations géné- Thiry qui sera notamment respon- était grand-croix de l’ordre natio- François Heisbourg a été nom- [Né en 1949 à Londres et ancien élève de Matra-Défense, dont il est directeur du déve- rales du centre d’expériences aé- sable, à partir de 1963, de la nal du Mérite et grand officier de mé, lundi 15 décembre, directeur de l’ENA, François Heisbourg a occupé plu- loppement stratégique. François Heisbourg riennes militaires (CEAM) basé à construction du centre d’expéri- la Légion d’honneur. l’Institut universitaire des hautes sieurs fonctions diplomatiques à Paris et à est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont un Mont-de-Marsan (Landes). Il sera mentations sur trois atolls du Paci- études internationales (Iuhei) de Ge- New York, avant de devenir, de 1981 à 1984, essai, Les Volontaires de l’an 2000, paru en ensuite affecté au bureau des pro- fique, Hao, Mururoa et Fangatau- Jacques Isnard nève. Cet institut est une fondation conseiller pour les affaires internationales au 1995 chez Balland.]

AU CARNET DU « MONDE » –Mme Elisabeth Bodin, – Jean-Claude Habib, –Mme Pierre Pasquier, – La Genevraie. Le Merlerault. Anniversaires de décès sa femme, Annie Narva, Mme Jean Pasquier, Naissances Mme Catherine Hudelot-Bodin, Edina Vabre, ses belles-sœurs, M. Jean Terrenoire, 17 décembre 1977-17 décembre 1997. sa fille, et leurs enfants, M. Claude Pasquier, M. et Mme Jacques Terrenoire, – Michel et Isabelle Mme Jacqueline Duvillard Ainsi que les familles Habib, Narva et M. et Mme Alain Pasquier, et leurs enfants, me Michel ANTIER annoncent la naissance de et ses enfants, Pierre, Françoise et Denis, Vabre, M. et M Bruno Pasquier, Ses enfants et petits-enfants, (1945-1977) et leurs neveux Didier et Sébastien, ont le chagrin de faire part du décès de M. et Mme Régis Pasquier, Les familles Forcinal, Bozo, M. Henri Paulus et ses enfants, Lau- me Paul-Emile, Tom, Pierre M. et M Patrick Pasquier, ont la douleur de faire part du décès de Il repose en paix dans le souvenir des rence et Christine, et leurs enfants Doro- me DUGNAT, M. Gaston HABIB, M. et M Joël Pasquier, siens. thée, Stéphanie et Thomas, M. et Mme Patrick Gros, Mme Geneviève TERRENOIRE, vendredi 12 décembre 1997, à Perthuis. Ses amis d’enfance, de bateau et de tra- survenu le samedi 13 décembre 1997, à ses neveux et nièces née DUBU, vail, Paris. et leurs enfants, Ashes to ashes, dust to dust. ont la tristesse d’annoncer le décès de Michel Dugnat, ont la douleur de faire part du décès de survenu le 12 décembre 1997, dans sa 285, boulevard Chave, Les obsèques ont eu lieu, lundi 15 dé- quatre-vingt-sixième année. M. Jacques Marcel BODIN, cembre, au cimetière parisien de Pantin, M. Etienne PASQUIER, Colloques 13004 Marseille. dans la plus stricte intimité. Isabelle Robert, à la suite d’une longue maladie, le 12 dé- chevalier de la Légion d’honneur, La cérémonie religieuse sera célébrée 17, rue Chevandier, cembre 1997. le mercredi 17 décembre, à 15 heures, en – Le club Témoin organise un colloque Cet avis tient lieu de faire-part. survenu le 14 décembre 1997, dans sa 26000 Valence. l’église du Merlerault, suivie de l’inhuma- le mercredi 17 décembre 1997, de 18 h 45 « Homme libre, toujours quatre-vingt-treizième année. tion, dans le caveau de famille, au cime- à 21 heures, à la Maison de l’Amérique la- tu chériras la mer. » tière de la Genevraie. tine, 217, boulevard Saint-Germain, Pa- Baudelaire. – Ses enfants et petits-enfants La cérémonie religieuse sera célébrée ris-7e, sur le thème : « Les nouvelles or- Anniversaires de naissance ont la grande tristesse de faire-part du le jeudi 18 décembre, à 10 h 30, en l’église Cet avis tient lieu de faire-part. ganisations du travail : libération ou Pensez à lui. décès de Saint-Justin, 4, place D’Estienne- esclavage ? Quelles évolutions juri- – Pour tes quarante ans, après-demain, me d’Orves, à Levallois-Perret (Hauts-de- « Elevage de Taloney », diques et sociales ? » tes amis, M Catherine Hudelot-Bodin, Mme Ghyslaine MALAURIE, 67, boulevard Auguste-Blanqui, Seine). 61240 La Genevraie. Avec Michel Caron, Me Grumbach, 75013 Paris. survenu, à Paris, le 11 décembre 1997. Léonard, Cet avis tient lieu de faire-part. Jacques Guiu, Jean-Pierre Peulet, Pierre – Marie-France et Jean-Claude Guérel, Vanlerenberghe, Jean-Michel Rale, Jean- te disent toute leur affection. – René Gourevitch et Mme, Daniel et Marie-Denise Christophe, Pierre Mignard. (Entrée libre.) – M. Patricio Zamora, – Orléans. ses enfants, née Bogatchkoff, son compagnon, Villefontaine, le 17 décembre 1997. Florent et Pascaline, Pierre, Anne, Ju- son frère et sa belle-sœur, Les familles Mel et Briatte, Le docteur Jean-Louis Plettner, lien, Sébastien, Emeline, Marie-Julianne, Antoine et Emmanuelle Gourevitch, Et ses amis, Anne-Laure et Aude, Emile, Charlotte, Communications diverses Philippe et Sylvie Coen, ont la douleur de faire part du décès de Décès ses neveux et nièces, ont la douleur de faire part du décès de ses petits-enfants et son arrière-petite- fille, – Le CBL et l’URDJ organisent un dé- Benjamin et Nathan, Mme Jeanne MEL, ses petits-neveux, Danièle PLETTNER, Janine et Bernard Ferret, bat sur « D’un Livre noir à l’autre... », me née LALANNE, Anne et Claire, avec J.-C. Szurek, A. Rayski et H. Bu- M Jean BADER, Les familles Gourevitch, Kouchniroff, le 13 décembre 1997, en son domicile, Gluzman, ses enfants et petites-filles de cœur, lawko, ce jeudi 18 décembre 1997, à née Janine Abenheimer, 67, boulevard Brune, à Paris-14e. e Parents, alliés et amis, le 11 décembre 1997, à Orléans. font part du rappel à Dieu de 20 h 30, au 10, rue Saint-Claude, Paris-3 . Tél. : 01-42-71-68-19. va rejoindre son mari et les siens au cime- ont la douleur de faire part du décès de Le service religieux sera célébré le Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité me tière du Montparnasse, le mercredi 17 dé- mercredi 17 décembre, à 15 heures, en M Yvette THIBAUDEAU, cembre, à 14 h 45 (entrée principale). M. Charles Henri familiale, à Saint-Jean-de-Luz. née HÉBEL, GOUREVITCH, l’église Notre-Dame-du-Rosaire, 194, rue Raymond-Losserand, à Paris-14e, où l’on Soutenances de thèses expert-comptable, le 10 décembre 1997, dans sa quatre- De la part se réunira. –Mme Dorothée Rousset, me commissaire aux comptes, vingt-quatrième année. – « Un pionnier de la Nouvelle- Du docteur et M Claude Moch, son épouse, me gérant de Sortec, France : Marc Lescarbot (v. 1570-1641), De M. et M Francis Bader, me M. et M Michel Rousset et Françoise Sa famille et ses amis se réuniront pour Du docteur et Mme Gérard Langman, survenu le 14 décembre 1997. – Lucienne René Maus, « homme d’étude » de la première moi- Lefebvre, prier au temple de Marly-le-Roy (Yve- tié du XVIIe siècle », par Eric Thierry, ses enfants, sa mère, me M. et M Denis Rousset et Sophie Mi- lines), 29, chemin des Maigrets, le mardi thèse de doctorat nouveau régime en his- De Florence Moch-Ray et Patrick Ray, Il est rappelé le souvenir de ses parents, Daniel Molgat, non, son mari, 16 décembre, à 11 heures. toire préparée sous la direction du pré- D’Isabelle Moch et Daniel Masloff, Mendel et Gima, M. François Rousset, sident Jean-Pierre Poussou, vendredi De Benjamin et Elodie Langman, Christian, Miryam, Lise, ses fils et belles-filles, ses enfants, 19 décembre 1997, à 14 heures, université ses petits-enfants, et de sa sœur, Laure, –Mme Georges Valensi, de Paris-Sorbonne (Paris-IV), Institut Hélène, sa petite-fille, De Yohan Ray, sa belle-fille, Ses enfants, petits-enfants et sa famille, d’histoire de l’Occident moderne, ont la douleur de faire part du décès de er De Samuel et Sacha Masloff, Odette, Sarah, ont la douleur d’annoncer la mort de leur salle 342, escalier G, 1 étage 1/2. ses arrière-petits-enfants, sa petite-fille, mari, père, grand-père et parent, me morte pour la France, en déportation, à Bernard ROUSSET, De M Nerson l’âge de vingt ans. Françoise Danon, Nicole Sabatié, Et de Mme Landau, professeur émérite de philosophie, Didier Maus, Joseph Georges VALENSI. –Mme Pauline de Bary, ép. Dupon- ses sœurs, Les obsèques auront lieu le mercredi ses sœurs et frère, ancien président de l’université de Picardie, chel, a obtenu avec succès, le samedi De toute sa famille, 17 décembre. Réunion à 11 h 30, porte leurs conjoints, enfants et petits-enfants, L’incinération, selon sa volonté, aura 29 novembre 1997, à l’Ecole pratique des Et de tous ceux qui l’ont entourée. principale du cimetière parisien de Ba- Sa famille et ses amis de France, du lieu au crématorium du Père-Lachaise, le hautes études, section des sciences reli- gneux. Canada et d’Angleterre, survenu le 7 décembre 1997, à l’âge de vendredi 19 décembre 1997, à 9 h 15. soixante-huit ans. gieuses, en Sorbonne, une thèse de docto- Ni fleurs ni couronnes. ont la profonde tristesse de faire part du rat intitulée : Ni fleurs ni couronnes. décès de Ses obsèques ont eu lieu dans l’intimité Textile de coton - Bogolan du Mali Cet avis tient lieu de faire-part. Cet avis tient lieu de faire-part. – Patrick de Vilmorin, familiale, au cimetière de Montrouge, le son époux, Teinture de plantes et de terre Jacqueline MOLGAT, 16 décembre. 219, rue Saint-Honoré, 11 bis, rue Faidherbe, née Jacqueline MAUS, Emilie, devant un jury composé de M. Alfred sa fille, 75001 Paris. 75011 Paris. 77, avenue Aristide-Briand, Adler, directeur d’études à l’EPHE, direc- survenu le 9 décembre 1997, à Ottawa. Mme Henri BRICOUT, 92120 Montrouge. teur de thèse ; M. Jean Bazin, directeur sa mère, d’études à l’EHESS ; Mme Michèle Co- 80, avenue de Breteuil, M. et Mme Michel de Vilmorin, quet, CR2 au CNRS ; M. Gérard Du- 75015 Paris. Décembre 1997 – Susie Rousset, ses beaux-parents, mestre, professeur à l’Inalco, 96, rue Frank, M. et Mme Didier Bricout Ottawa K2P OX2 Canada. sa femme, et a été déclarée digne du titre de docteur Marc, Anne-Marie, Marion et Clément, et leurs enfants, LE MONDE M. et Mme Jean-Louis Piquemal de l’Ecole pratique des hautes études, Pierre et Sally, Luc, Martine et Viviane, et leurs enfants, sciences des religions, avec la mention – Sa famille et ses amis nous prient ses enfants et petits-enfants, « Très honorable avec félicitations ». diplomatique ont la tristesse d’annoncer le décès de Les familles Bricout et de Vilmorin, d’annoncer le décès de ont la douleur de faire part du décès de David ROUSSET, Anne J. MOULIN, Catherine de VILMORIN, principal du collège Modigliani écrivain, ancien déporté-résistant, née BRICOUT, de 1979 à 1993, A LA TELEVISION survenu à Paris, le 13 décembre 1997, à survenu le 13 décembre 1997. aPROCHE-ORIENT: Souffles guerriers, par Alain Gresh. survenu le 6 décembre 1997, dans sa ET A LA RADIO soixante-dixième année. l’âge de quatre-vingt-cinq ans. – Premier échec de la croisade de Washington contre La cérémonie religieuse sera célébrée Autour du Monde Bagdad, par Paul-Marie de La Gorce. – Enlisement Les obsèques auront lieu au crémato- le vendredi 19 décembre, à 10 h 30, en Ses cendres reposent au columbarium l’église Saint-Martin de Meudon (Hauts- LCI turc au Kurdistan (A. G.) – Les atouts de la guérilla du Père-Lachaise, selon sa volonté. rium du cimetière du Père-Lachaise, le Le samedi à 12h10 et à 16h10 vendredi 19 décembre, à 15 h 45. de-Seine). kurde en Turquie, par Michel Verrier. Le dimanche à 12h10 et à 23h10 128, avenue Félix-Faure, Cet avis tient lieu de lettre de faire-part. L’inhumation aura lieu dans l’intimité, a a ARGENTINE : Coup de semonce pour le président, par 75015 Paris. à Saint-Georges-d’Oléron. Le Grand Jury Carlos Gabetta. (Le Monde du 16 décembre.) RTL-LCI –Mme Pierre Oheix, Le présent avis tient lieu de faire-part. a MULTINATIONALES : Ces biberons qui tuent, par ses enfants et petits-enfants, Le dimanche à 18h30 Claire Brisset. ont la douleur de faire part du décès de 51, rue de la Liberté, a 92150 Suresnes. Vous pouvez De l’actualité à l’Histoire a TRANSPORTS : La maladie du « tout-routier », par M. Pierre OHEIX, Laurent Carroué. – Des villes asphyxiées par commissaire divisionnaire honoraire, nous transmettre La chaîne HISTOIRE Condoléances Les vendredi à 21 h, samedi à 13 h l’automobile, par Isabelle Bourboulon. – Exception capitaine de réserve, officier du 22e bataillon vos annonces la veille mardi à 23 h, mercredi à 19 h – Le président, Pierre Tchernia, pour les Alpes suisses, par Bernard Schéou. de chars de combat, et jeudi à 17 heures ancien chef scout de France, pour le lendemain Et les membres de la commission de la a SOCIÉTÉ : Maladies du progrès, par Marc Ferro. jusqu’à 16 h 30 Société des auteurs et compositeurs dra- a survenu le 12 décembre 1997, dans sa matiques, Le Grand Débat a HISTOIRE : L’expulsion des Palestiniens (1947-1949) quatre-vingt-troisième année. font part de leur tristesse après la dispari- tion de FRANCE CULTURE revisitée par des historiens israéliens, par Dominique Les 3e et 4e lundis de chaque mois Vidal. Claude ROY. à 21 heures a a RELIGION : La tentation bouddhiste en France, par CARNET DU MONDE Ils adressent à ses proches et à ses amis Alain Renon. l’expression de leurs sentiments affec- A la « une » du Monde Tél. : 01-42-17-39-80 – 01-42-17-29-96 tueux. RFI 01-42-17-38-42 Du lundi au vendredi SACD, 11 bis, rue Ballu, à 12h45 (heure de Paris) En vente chez votre marchand de journaux - 22 F 75009 Paris. LeMonde Job: WMQ1712--0017-0 WAS LMQ1712-17 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 08:16 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0420 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 17 HORIZONS PORTRAIT

Successeur de Jean Gandois à la tête du CNPF, l’héritier de la famille Wendel affirme vouloir défendre l’esprit d’entreprise. Le patronat voit en lui un homme « de rayonnement » et « de rupture ». Pour l’heure, le diplomate devenu financier s’est proclamé champion de la lutte anti-35 heures

’EST un soir de Plus qu’une famille politique, il y Couvelaire, le patron d’AOM, il ne printemps, en voit un état d’esprit « qui existe s’est pas impliqué, comme ce der- 1995. Le lundi encore dans certains refus, certaines nier, dans la mouvance patronale 8 mai exactement. attitudes ». Naturellement, le futur organisée autour d’Alain Madelin. Au lendemain du haut fonctionnaire devient chef de Homme de rupture, dit le CNPF. second tour de cabinet du préfet d’Oran, «en Simple et anticonformiste, assure l’élection prési- pleine période OAS ». son ami François Périgot, qui dentielle, une pro- Le retour, rue des Saints-Pères, prend pour preuve le minibus motion de l’ENA lui est pénible. Il achève sa scola- « rouge » avec lequel le futur célèbre son trentième anniversaire. rité. La carrière diplomatique le patron des patrons a trimbalé CLa cuvée Stendhal a mûri et déjà tente. Il rejoint le Quai d’Orsay, où femme et enfants. Un François fourni son compte de têtes il partage un bureau avec Lionel Périgot dont M. Seillière expli- d’affiche : deux ministres, Jacques Jospin. La politique l’émoustille, il quait, en décembre 1986, l’acces- Toubon et Jean-Pierre Chevène- intègre le cabinet de Jacques Cha- sion à la présidence du CNPF, en ment, à la République ; un pré- ban-Delmas en 1969. Il y rencontre ces termes : « Les chefs d’entreprise sident, Alain Gomez, au groupe Jacques Delors et, surtout, Simon n’ont plus besoin d’un chef de Thomson nationalisé ; un premier Nora, qui sera témoin à son guerre montant au créneau chaque secrétaire, Lionel Jospin, au Parti mariage. En 1971, il épouse Antoi- jour. Nous ne sommes plus au temps socialiste . M. Jospin, vedette nette Barbey, fille d’un banquier de la lutte des classes à outrance et incontestée de la soirée, est des suisse, et, quelques années plus de la société de classes où il fallait convives. « Rassure toi, mon cher tard, propriétaire d’une galerie au patronat un Jupiter tonnant. » Lionel... Tu as ici cinquante vrais d’art dans le Marais. L’échec de “amis de trente ans” ! », s’exclame M. Chaban-Delmas à l’élection NZE ans plus tard, au l’un des anciens condisciples du présidentielle de 1974 l’éprouve. Il moment de gagner candidat socialiste qui vient en gardera une certaine rancœur à O l’Olympe du patronat d’échouer après avoir devancé, au Valéry Giscard d’Estaing. C’est au français, le président de la CGIP ne premier tour, les deux frères-enne- retour d’une année de réflexion s’en transforme pas moins en un mis du RPR, Jacques Chirac et passée à Harvard, qu’il décide de Zeus véhément. « Déstabiliser Jos- Edouard Balladur. Eclat de rire rejoindre les affaires familiales. pin », souhaiter « sa chute sur les général. Un vice-président du En 1978, les Wendel sont virtuel- 35 heures »... Ses premiers pas de CNPF, Ernest-Antoine Seillière, lement ruinés. Les deux groupes de tribun ont été malheureux. Il ne s’esclaffe de bon cœur. la famille, Sollac-Sacilor et Usinor, s’agissait, répète-t-il, que d’une Deux ans et demi plus tard, la sont en faillite. Les actionnaires métaphore sportive. Non, il n’a réplique allume encore l’œil sont incapables d’y mettre le pas cultivé l’ambiguïté à dessein : d’Ernest-Antoine Seillière. La taille moindre sou. L’Etat va nationaliser « J’ai été bizuté », explique-t-il. La croisade d’Ernest-Antoine Seillière haute, les cheveux ailes de cor- ces activités sidérurgiques, rem- la CGIP depuis 1987, M. Seillière Ainsi en a-t-il été pour Carnaud. constructeurs automobiles fran- Vieux sage, M. Roux y voit la beau, les sourcils charbonneux, bourser leurs dettes de 25 milliards doit assurer à l’ensemble de la En 1990, le groupe d’emballage çais (Renault et PSA) sont à fond marque attendrissante d’un excès l’élégance britannique, le patron de francs et injecter 13 milliards famille des dividendes confor- Carnaud devient CarnaudMetal- derrière lui pour empêcher Valeo de fougue. Un membre du conseil de la Compagnie générale d’indus- pour renflouer le secteur. Aux frais tables. Patron de la commission box, et la CGIP conserve 32 % du de partir chez l’américain TRW. exécutif du CNPF met plutôt l’atti- trie et de participation (CGIP) du contribuable. La famille Wen- économique du CNPF sous Fran- capital du nouvel ensemble Comme lors de la fusion de Car- tude de M. Seillière au compte de fêtera son soixantième anniver- del, quant à elle, obtient la faveur çois Périgot, il s’opposera en vain, franco-britannique. Nommé pré- naudMetalbox avec Crown Cork, sa campagne électorale, comme le saire, au lendemain de son élec- de conserver sa holding propre, la la gauche revenue au pouvoir en sident du directoire en 1991, Jürgen le premier geste de M. Seillière disent Lionel Jospin et Dominique tion, le 16 décembre, à la prési- CGIP, qui est à l’époque un porte- 1988, à toute réinstauration de Hintz remet le groupe en état de concerne les dividendes : il porte Strauss-Kahn. Le candidat, dence du CNPF. Un homme de feuille de participations boiteuses. l’impôt sur la fortune, « sous quel- marche. Rapidement, son action- ceux versés par Valeo de 18 % à explique cet anonyme, « entend « rupture » et de « rayonnement », M. Seillière en devient le respon- que forme que ce soit ». Pour naire français le bride. La CGIP ne 33 % des bénéfices. Pas question des troupes qui ne souhaitent soutient l’organisation patronale, sable opérationnel. Il va y faire « le autant, aujourd’hui, il affirme gar- veut ni investir d’argent supplé- que ceux-ci ne soient pas dans la qu’une chose sur les 35 heures : qui en a fait son champion. De ménage », revendant ce qui peut der le meilleur souvenir du dia- mentaire, ni voir sa participation norme : les sociétés cotées à Paris l’odeur de la poudre et le son du fraîcheur et de convivialité, être revendu, reprenant des parti- logue noué avec le gouvernement diluée. En 1995, M. Hintz négocie, reversent, en moyenne, 35 % de canon ». ajoutent ses fervents supporteurs cipations dans des activités qu’il de Michel Rocard, à qui il avait été avec l’aval de M. Seillière, le rachat leurs bénéfices à leurs action- Parti à la présidence du CNPF au sein du conseil exécutif. «Les juge prometteuses. Sans état présenté lors d’un dîner organisé d’un groupe américain. Les négo- naires. Après s’êtreprésenté comme on part en croisade, au gens aiment Ernest-Antoine », d’âme. par un ami commun, l’avocat Tony ciations sont sur le point d’aboutir, comme un sauveur de l’industrie nom d’un esprit d’entreprise qu’il s’écrie François Périgot, ancien Près de vingt ans après, la CGIP, Dreyfus. « De tous les premiers mais ce que ne sait pas M. Hintz, équipementière française, Ernest- estime menacé, M. Seillière se veut président du CNPF. qui appartient toujours pour 52 % ministres que j’ai pratiqués, c’est c’est que M. Seillière négocie de Antoine Seillière n’exclut rien pour « le porte-voix des entrepreneurs ». Rupture et rayonnement... Va à la famille Wendel via la holding celui avec lequel cela s’est le mieux son côté, dans le plus grand secret, Valeo. Pas même une fusion avec « On ne peut décréter les 35 heures pour le rayonnement. Car, c’est Marine Wendel, est une des passé », explique-t-il. la cession partielle du groupe un Américain. « C’est le développe- comme on adresse une circulaire vrai, tout le monde a toujours d’emballage à Crown Cork & Seal, ment de Valeo et l’intérêt de nos aux instituteurs !, s’exclame-t-il. Si adoré Ernest-Antoine. Jeune un autre américain. Le futur actionnaires qui nous guident. Que le gouvernement veut recréer un homme, il a tout du héros fitzgé- « Les chefs d’entreprise n’ont plus besoin patron du CNPF parvient à un cela convienne ou non à un intérêt cadre de relations normalisées avec raldien et joue volontiers les accord. Et c’est la veille de la signa- national quelconque nous indif- les chefs d’entreprise, il n’a qu’à Gatsby le Magnifique. Un Gatsby d’un chef de guerre montant au créneau ture qu’il informera son président fère », déclarait en 1996 le pré- présenter le passage aux 35 heures dont les origines familiales plonge- de directoire. Furieux, M. Hintz sident de la CGIP. comme un objectif, dans son projet raient dans la vallée de la Fentsch, chaque jour » Ernest-Antoine Seillière, 1986 claquera la porte quelques mois de loi, et non comme une décision en Lorraine, le berceau de la plus tard. A logique n’est pas celle effective. » famille de Wendel. Un Gatsby qu’il Aujourd’hui, Crown Cork a d’un capitaine d’industrie, Le parler est plus haut. La forme n’a jamais totalement cessé d’être, valeurs sûres de la Bourse. Les ana- Une politique généreuse de divi- absorbé CarnaudMetalbox et est S mais d’un capitaliste. « C’est est plus audacieuse. Le président lorsque, il y a quelques années, il lystes conseillent, tous, les actions dendes pour les 350 actionnaires devenu le leader mondial de un actionnaire prévisible dans ses de la CGIP va jusqu’à se présenter, pose, en tenue cavalière évoquant de cette très rentable société de familiaux... En échange, M. Seil- l’emballage ; mais CarnaudMetal- exigences », dit-on de lui sur la dans un entretien très ciblé au irrésistiblement l’équipement de participations qui gère plus de lière a les mains libres pour gérer box est progressivement vidé de sa place de Paris. Chiraquien en 1995, Figaro-Magazine, comme «un polo, pour la couverture du Nouvel 20 milliards de francs d’actifs et qui les actifs de la société comme il substance au profit des centres il se sent aujourd’hui des affinités tueur de chômage ». Le fond, fina- Economiste. a gagné 1,3 milliard de francs en l’entend. Et les valoriser au maxi- décisionnels américains. Le électives avec le discours libéral lement, n’est pas nouveau. M. Seil- Des frasques de bon ton, des 1996. La CGIP détient ainsi 20,3 % mum. Il sait accompagner durable- groupe, au dire d’un observateur, développé au RPR par Nicolas Sar- lière est, sans doute, plus rassurant virées dans la maison familiale du de Valeo (équipement automo- ment, comme le montre son enga- est moins bien traité par Crown kozy ou par Pierre Lellouche. pour les milieux d’affaires que ne bassin d’Arcachon, des fêtes dans bile), 8,3 % de Crown Cork (embal- gement aux côtés de Cap Gemini Cork qu’une vulgaire filiale sud- Membre de l’AFEP (Association l’était Jean Gandois, son prédéces- l’hôtel particulier de sa mère, à lage), 20,7 % de Cap Gemini Sogeti Sogeti depuis plus de quinze ans. américaine. M. Seillière, lui, est française des entreprises privées) seur à la présidence du CNPF. Les Paris, quai de New York, après des (informatique), qui sont toutes En juillet 1997, la CGIP a racheté la sorti gagnant. Il récupère une par- d’Ambroise Roux – qui défend, circonstances ont fait de ce club- études classiques : le collège en cotées. Elle possède aussi des par- part de Daimler-Benz dans la ticipation – réduite depuis – dans avec habilité et loin des tapages, man émérite le président du club Grande-Bretagne, le lycée Janson- ticipations importantes dans des société informatique, dont elle Crown Cork qui, comme geste de les intérêts des grandes valeurs de des patrons. En tant que candidat, de-Sailly, Sciences Po, l’ENA. Une entreprises non cotées – 100 % de souhaitait pourtant se désengager bienvenue, distribuera en 1996 des la cote – et d’un nombre incal- il réagit beaucoup, mais on ne sait jeunesse dorée interrompue par un Wheelabrator Allevard (grenailles), au profit de l’actionnaire allemand. dividendes, pour la première fois culable de clubs, M. Seillière ne pas vraiment où il souhaite en service militaire en Algérie. Passé 100 % de Orange Nassau (holding), Rien d’affectif là-dedans ! C’est la en quarante ans. fait partie, à strictement parler, venir, ni quels moyens il entend se par Saumur, sous-lieutenant d’un 33,2 % de Bio Mérieux Alliance bonne tenue boursière du titre qui L’affaire CarnaudMetalbox bou- d’aucune « bande ». Ou plutôt, il donner. A-t-il une stratégie ? Au- régiment de spahis, il est affecté, (pharmacie), 19 % du bureau Veri- a conduit M. Seillière à revoir sa clée, l’équipementier automobile entretient de cordiales relations delà des déclarations générales et quatorze mois durant, dans un tas (vérification), et 100 % de Solfur position. Comme le souligne une Valeo présente un potentiel avec toutes. Ses pairs ne l’identi- des éclats de voix, M. Seillière doit poste isolé de l’Atlas saharien. «Le (holding), qu’elle introduira à analyste, même si la CGIP peut, à important aux yeux de la CGIP. Fin fient pas comme l’un des patrons encore le prouver. cadre était extraordinaire », se sou- terme probablement en Bourse un moment donné, jouer l’action- 1996, M. Seillière en devient qui fraient dans le sillage de vient-il. « Pas du tout » Algérie pour son plus grand profit. naire de référence, elle a pour l’actionnaire principal en rache- Claude Bébéar, le président Virginie Malingre française, le jeune Seillière se sent Le diplomate est devenu un objectif final de se retirer en tant sa participation à Cerus, la d’AXA-UAP dont il partage pour- et Caroline Monnot gaulliste. « Mais du gaullisme histo- financier avisé. La famille Wendel a encaissant une importante plus- holding française de Carlo de tant un certain nombre de convic- Photographie : Arnaud Baumann rique », précise-t-il aujourd’hui. obtenu sa revanche. Président de value. Benedetti. A l’époque, les deux tions. Très proche d’Alexandre pour Le Monde. LeMonde Job: WMQ1712--0018-0 WAS LMQ1712-18 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 09:48 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0421 Lcp: 196 CMYK

18 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 HORIZONS-DÉBATS

Les pages « Opinions » d’Al Ahram plupart des Etats arabes, que ce qui réclamer la séparation de la religion La blessure publient des analyses et com- les préoccupe le plus, c’est la sauve- et de l’Etat, revendiquer le droit de ne France-Egypte, un rendez-vous mentaires autour de « la catastrophe garde de leurs intérêts. Ils feront tout pas croire et de vivre ses convictions de Louxor ». Certains intellectuels pour protéger les monarchies pétro- en toute liberté. Elle aussi a connu les et les remèdes n’ont pas aimé que M. Moubarak ac- lières du Golfe, pas par amour de ces prisons égyptiennes. L’islamiste sent cuse la Grande-Bretagne de donner monarques, mais par intérêt direct. que ses idées progressent : de plus en renouvelé avec l’Histoire Suite de la première page l’asile politique à certains opposants J’ai regardé la télévision libyenne. plus d’étudiantes à l’université (plus islamistes comme Yasser Al Siri, Un discours de haine y est déversé en de 65 %) arrivent voilées. Elle ironise : On sent que l’Egypte est blessée et condamné à mort par la justice égyp- permanence : haine de l’Amérique, « Nietzsche a dit que Dieu est mort, par Pierre Hunt qu’elle ne mérite pas ce qui lui arrive. tienne. Ils disent que « les causes sont de l’« ennemi sioniste », de l’Europe mais Dieu est plus grand que tout, plus Les gens ne comprennent pas pour- internes et qu’il ne faut s’en prendre (sauf la France, puisque Jacques grand que l’Amérique ! » Plus posée, U moment où la France sur la croissance économique et la quoi le pays a été poignardé dans le qu’à nous-mêmes ». Depuis qu’on Chirac a envoyé par l’intermédiaire plus réfléchie, Amina Rachid engage avec l’Egypte puissance militaire. Bien des Fran- dos de façon aussi barbare juste au connaît l’identité des membres du du président de l’Institut du monde constate : « Quand je regarde l’avenir, sous le titre symbo- çais sont appelés à contribuer à cette moment où le tourisme commençait commando, on n’invoque plus la mi- arabe, Camille Cabana, un message à je trouve la situation très sombre. Face à A lique « Horizons par- œuvre d’édification. Plus tard, Ferdi- à reprendre. Un peu de paranoïa se lit sère des banlieues et la frustration Kadhafi). Cette télévision est captée l’obscurantisme, qui est plus dangereux tagés » une importante programma- nand de Lesseps lui donnera son ac- dans les commentaires : « On a voulu d’une jeunesse sans perspectives dans les foyers égyptiens au moment que le terrorisme, il n’y a pas de société tion culturelle illustrant dans les complissement avec la gigantesque punir l’Egypte d’avoir refusé de se d’avenir. Etudiants en médecine, issus où le « peuple d’Egypte adresse au laïque qui s’oppose. Les islamistes sont deux pays leur attraction réciproque réalisation du canal de Suez, tandis rendre à la conférence de Doha », de familles plus aisées que modestes, monde ses excuses et ses condo- proches des gens. Nous, les laïques, et leur puissant lien historique, voici que de nouvelles générations de « On a décidé de casser l’Egypte parce ces jeunes gens se sont livrés à un léances ». nous ne le sommes pas. » qu’une fureur sauvage endeuille la cadres égyptiens, formés dans le sil- qu’elle tient tête à Nétanyahou et aux massacre terrible avec une rage résul- Dans un film documentaire réalisé Au-delà du traumatisme que vit ac- vallée du Nil au cœur antique d’une lage de la mission azhariste de Rifaat Américains », « A qui profite le tant d’un lavage de cerveau dont les par l’Egyptienne Tahani Rached, tuellement l’Egypte, le problème de civilisation dont les vestiges et les va- et Tahtawi dépêchée en France dès crime ? », etc. Sur le banc des ac- effets ont dépassé toutes les prévi- Quatre Femmes d’Egypte, on voit une sa relation avec la religion et la culture leurs attestent la grandeur humaine. 1826, se persuadaient de la néces- cusés : le Mossad ou la CIA, même si sions. Alors on se met à analyser le musulmane prôner l’application reste entier. Il ne peut être résolu que Dans l’Egypte islamique, sa loin- saire conciliation entre la tradition on reconnaît qu’ils sont plus soup- problème en termes de géopolitique : stricte de la charia. Elle s’appelle Safy- dans un cadre de démocratie véri- taine héritière, le respect des hôtes religieuse et la connaissance ration- çonnés de manipulation que d’action une guerre est menée contre l’islam, naz Kazem. Elle est passée par le table et dans un Etat de droit décidé à étrangers est un devoir sacré. En les nelle. directe. contre le monde arabe, insidieuse, qui communisme, a étudié aux Etats- lutter contre la corruption sous attaquant, une violence aveugle A partir de 1882, les Egyptiens, Le pays se sent puni. Quelqu’un s’inscrirait dans une logique des Unis et a fait de la prison en Egypte. toutes ses formes. L’Egypte est une cherche à mettre à bas un régime s’accommodant mal du joug admi- m’a dit : « Depuis Mohammed Ali, hautes sphères : l’Occident doit rester Aujourd’hui, son discours est violent. société généreuse et accueillante ; qui, malgré les difficultés, assume la nistratif et militaire de l’Empire bri- l’Occident ne peut supporter que dominant ; l’Orient arabe doit se plier, Bien sûr, elle condamne le recours au c’est un peuple pacifiste, c’est une na- formidable tâche de rénover les tannique, devaient rechercher dans l’Egypte relève la tête ; on lui permet sinon, on le casse. L’opposition tradi- terrorisme. Elle dit avoir enfin une tion qui a les reins solides, mais elle ne structures économiques et sociales leur vieil allié dont ils pratiquaient la juste de survivre, pas d’exister pleine- tionnelle Nord-Sud devient choc des identité. Rencontrée dans une récep- cesse de grossir, de prendre les choses d’un Etat tentaculaire et qui travaille langue et la culture juridique le par- ment ; dès qu’elle montre une volonté cultures. Le cynisme prend le pas sur tion, cette femme voilée se couvre la à la légère. Peut-être l’épreuve ac- inlassablement à la solution des tenaire d’élection qui les accompa- d’indépendance et d’action, on lui la diplomatie. On sait que des Saou- main d’un foulard pour saluer les tuelle obligera-t-elle les dirigeants de conflits qui minent la région. gnerait sur le chemin du progrès na- donne un coup fort sur la tête, car il ne diens financent des mouvements isla- hommes. Dans le même film, on en- ce pays à davantage de rigueur et de Nul doute que l’Egypte, avec sa tional et démocratique. C’est à Paris faut pas oublier qu’elle joue un rôle de mistes. On sait que les Etats-Unis tend une autre Egyptienne, profes- rationalité. forte tradition étatique et le soutien que les leaders nationalistes égyp- leader dans le monde arabe et musul- d’Amérique se soucient peu de l’ins- seur de littérature comparée à l’uni- de son opinion publique, surmonte- tiens trouvaient inspiration et appui. man. » tauration de la démocratie dans la versité du Caire, Amina Rachid, Tahar Ben Jelloun ra l’épreuve qui lui est infligée. La La convergence du mouvement na- France, qui l’a si souvent accompa- tionaliste et du réformisme isla- gnée au cours des deux siècles écou- lés, ne lui refusera pas sa sympathie et son soutien. Aussi peut-on penser La France, que ses ressortissants, une fois pas- sée l’émotion légitime et confirmées qui a si souvent de nouvelles mesures de sécurité, donneront l’exemple de la fidélité et accompagné l’Egypte reviendront aux rives du Nil, dont ils savent d’expérience le chaleureux au cours des deux accueil. L’Année franco-égyptienne qui derniers siècles, s’ouvre est là pour leur rappeler le rayonnement dont cette terre a été ne lui refusera pas le foyer et la part que notre pays a prise dans son approche ainsi que son soutien dans l’élaboration historique de l’Egypte moderne, amie de sa culture et ouverte à travers la Méditerranée mique portait tous les espoirs. En aux solidarités du futur. Egypte même, un enseignement Audacieuse entreprise, contes- français de qualité (notamment reli- table et contestée, l’expédition fran- gieux mais sans prosélytisme, avec çaise en Egypte conduite en juillet les jésuites et les frères des écoles 1798 par Bonaparte a été le point de chrétiennes) formait en langue fran- départ d’une relation exceptionnelle çaise toute une élite musulmane. Les entre deux pays, éloignés alors par la arts, la littérature, étaient fécondés géographie et l’histoire, mais appelés par cette ouverture culturelle dont par une sorte d’attraction mutuelle à maints auteurs, derrière Taha Hus- s’ouvrir l’un à l’autre et à coopérer à sein, témoignent pour le siècle écou- travers de nombreuses initiatives et lé. de grands talents dans un échange Indépendamment de l’ancienneté aujourd’hui biséculaire. La France de leurs liens, la France, soucieuse de fascinée par la plus riche civilisation son rôle en Méditerranée et en antique, l’Egypte émergeant à la mo- Orient, ne pouvait négliger le pre- dernité au cours d’un puissant réveil mier Etat du monde arabe sans qui national ont entretenu un dialogue la paix et la stabilité d’une région fécond marqué par la rencontre des tourmentée ne peuvent être assu- cultures et l’attachement commun rées. Une confrontation de vues et au progrès et à la paix. un rapprochement politique se sont Entreprise idéologique ambigüe, opérés tout naturellement entre res- entreprise militaire et coloniale avor- ponsables français et égyptiens. tée, la savante aventure française L’Egypte, directement tributaire de était cependant porteuse d’avenir. la prépondérance américaine (dont Elle a développé en France cette le rôle dans le conflit israélo-palesti- « égyptomania », source d’attache- nien est loin d’être impartial), cher- ment et de connaissances. Elle a ou- chera sûrement auprès de la France vert à l’Egypte, selon le témoignage et de ses partenaires européens une de Nasser lui-même, « de nouveaux compréhension et un soutien néces- horizons ». L’idéologie des sciences saires à sa propre respiration. et du progrès, le droit des peuples à L’Année franco-égyptienne porte- se constituer en « entité nationale » ra témoignage que l’histoire ne s’ar- sont des ferments que le XIXe siècle rête pas et que le futur ne s’appré- verra mûrir. hende pas sans une juste évaluation Un « capitaine heureux », Moham- du passé. L’Egypte et la France conti- med Ali, en sera l’ouvrier. En rom- nueront à avoir rendez-vous avec pant l’emprise mamelouk et otto- l’histoire. mane et en établissant un pouvoir autonome dans la vallée du Nil, il donne naissance à un nouvel Etat Pierre Hunt, ambassadeur de qui, hors de toute dépendance euro- France, est coprésident du comité péenne, pratique avant l’heure une d’organisation de l’Année France- sorte d’autodéveloppement fondé Egypte.

AU COURRIER DU « MONDE » qu’André Lavagne, maître des re- quêtes au Conseil d’Etat et chef du CONTE DE FÉES cabinet du maréchal Pétain, « joue Les discours médiatiques et gou- un rôle essentiel dans la mise en vernementaux se réjouissent de voir place » du statut des juifs. On ne diminuer le nombre de Français peut trouver dans les écrits de hostiles à l’euro. Comment pourrait- Jacques Duquesne, qui s’en défend, il en être autrement alors qu’aucun l’opinion avancée ci-dessus. A Vi- débat télévisé ou radiodiffusé ne chy, André Lavagne était certes res- permet d’en cerner les risques et les ponsable des affaires religieuses, difficultés, que les économistes cri- mais celles-ci ne concernaient que tiques ne s’expriment jamais sur les les rapports des protestants et des écrans et que la campagne gouver- catholiques avec l’Etat (enseigne- nementale d’information sur la fu- ment libre, statut du clergé, etc.). Le ture monnaie infantilise les Français commissariat général aux questions en réduisant ce changement fonda- juives était à part, avec séparation mental et porteur de profonds bou- nette entre les deux types de ques- leversements à une simple modifica- tions. Par ailleurs, André Lavagne a tion d’intitulé ? Craignons qu’à ce été nommé et a pris son poste à Vi- paysage de conte de fées ne succède chy après que ce statut eut été pu- une douloureuse « gueule de bois » blié. L’étude des archives du minis- dont certains sauront tirer profit. tère de l’intérieur révèle bien qu’il Patrick Barrau ne s’occupait pas de ces questions, Marseille si ce n’est pour des interventions personnelles en faveur de personnes L’ACTION poursuivies, ce pourquoi le Conseil D’ANDRÉ LAVAGNE d’Etat lui a rendu hommage dans un Dans son article du 10 octobre in- arrêt du 1er mars 1957 sous la pré- titulé « L’Eglise, Vichy et les juifs », sidence de René Cassin. Pierre Birnbaum, invoquant l’auto- Pierre Lavagne rité de Jacques Duquesne, prétend Lagny (Seine-et-Marne) LeMonde Job: WMQ1712--0019-0 WAS LMQ1712-19 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 09:48 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0422 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 19

La logique du passé par Véronique Nahoum-Grappe

UESTIONNER mora- d’attente esthétique d’un cycle litté- moi-même : toute défiguration de touche à la logique, à la cohérence gique qui est touchée, c’est la jus- tionale, et les fusils braqués sur les lement et juridique- rairement nécessaire : après l’hor- la victime innocente consiste à nier fondatrice de l’espace social que tesse d’une position collective, son camps et les charniers qu’ils ont ment notre passé tra- reur, la figure de la justice permet cette égalité mathématique et mo- suppose toute promotion collective degré d’ampleur vraie et de cohé- laissé faire sous leurs yeux. Ils n’ont gique au travers de de penser la survie. Et notre soif rale entre moi et celui que je re- de valeurs du type, « ne fais pas à rence fondatrice. C’est la confiance pas résisté alors qu’il en était temps, Q l’action (ou de l’inac- tragique de survie devant l’écran, garde monter dans le fourgon, qui autrui ce dont tu accuses un troi- collective en son propre espace qui alors qu’ils étaient mandatés et tion) des bureaucrates d’antan sup- notre bonheur profond lorsque le pourrait être moi. sième ». En effet, le traitement par est invisiblement mais réellement payés (fort cher) pour cela, alors pose implicitement la conviction juste gagne à la fin nous entraînent Le racisme, dans toutes ses va- la France des massacres de masse frappée, saccagée. qu’ils en avaient les moyens poli- consensuelle que la résistance en à croire sans trop réfléchir que riantes – depuis l’exemple contem- récents est en contradiction terri- Enfin, c’est le programme du fu- tiques et, chose plus inquiétante, la face du génocide est un modèle po- nous-mêmes, plausiblement, fai- porain de « l’ethnisme » d’un Sesel fiante avec les valeurs affichées, ce tur qui fait froid dans le dos, un fu- culture morale. sitif de l’action politique. Et que sons partie de la famille des justes. grand-serbe qui proclame : «Les qui produit un effet de mauvais tur où les assassins à venir ne cette positivité est générale, c’est à Que, sans doute, si Hitler revenait musulmans sont les déchets géné- rêve, d’envie de vomir lorsque ceux peuvent plus sous les projecteurs dire qu’elle s’applique même main- dans notre présent, au cœur de tiques des Serbes... » jusqu’à l’invisi- qui prêchent les valeurs de la résis- faire autrement que palpiter au ré- Véronique Nahoum- tenant. notre France contemporaine, eh bilité non pensée des morts de tance passée cogèrent de fait les gé- cit de la résistance nécessaire, pen- Grappe est anthropologue, elle Cette évidence morale produite bien, on verrait alors, ah ! En fait, masse de ceux qui, même vivants, nocides contemporains. dant qu’ils tiennent le juridique, enseigne à l’ Ecole des hautes études par la culture de notre mémoire his- lorsqu’un pouvoir politique assas- existent peu, les pauvres des pays Si la purification ethnique en l’économique, la légitimité interna- en sciences sociales (EHESS). torique rejoint la nécessité juri- sin de masse envahit le présent, non européens par exemple, – Bosnie, la tragédie de Srebrenica, et dique (a-historique) d’assister les tout est différent et imprédictible. consiste à détruire cette symétrie le génocide rwandais en avril 1994 personnes en danger. Elle renvoie Notre horizon d’héroïsme éventuel entre ma vie, mon être, et ceuxd’au- furent possibles, si les généraux aussi à tout un imaginaire littéraire – « faire de la résistance » – perd de trui, et à empêcher la déduction lo- français sous bannière de l’ONU de l’action inscrit dans notre culture son plaisir du texte pour se fonder gique « lui, comme-donc moi ! »... (mais à l’écoute des coups de fils de Contre l’unanimisme de « cape et d’épée » : la colère du sur une logique implacable : si cela Lorsqu’un pays entier se paye le leurs supérieurs politiques natio- juste en face du spectacle de l’injus- arrive à l’autre, cela peut arriver à luxe d’infliger à ses propres ci- naux) qui ont cogéré la purification tice constitue le ressort nécessaire moi, aux miens ; si je ne fais rien toyens le procès du consentement ethnique pendant cinq ans refusent de l’action, passionnément atten- pour cet autre, j’ouvre l’hypothèse au crime passé, c’est qu’il promeut actuellement d’aller témoigner de- climatique par Yves Lenoir due sur la page ou l’écran lorsque purement logique que personne ne implicitement et fortement qu’il ne vant le Tribunal pénal international, « Lagardère viendra à toi ». fasse rien pour moi. Il y a un lien faut pas laisser passer les crimes à si l’amnésie frappe les responsabili- N tant qu’écologiste je Cette base scientifique étant suc- La juste colère du héros fait entre générosité, imagination, venir, que le devoir de résistance est tés directes et indirectes lors des gé- ne saurais me réjouir, ni cintement rappelée, voici, à mon mieux que juger ; elle répare et amour de soi et des siens, et exer- une condition de survie pour tous. nocides présents alors qu’une hy- de la teneur des débats, avis, les questions essentielles qu’il console. Tout procès s’inscrit dans cice de la raison pratique qui s’ap- Mais une catastrophe historique permnésie illumine des points ni des résultats de la faut poser si l’on veut garder une cette dramaturgie-là et vient redou- puie sur la symétrie juste, bien par- se produit depuis une dizaine d’an- atroces mais révolus de notre passé, E chance qu’un débat rationnel s’ins- conférence de Kyoto. D’une part, les bler l’histoire réelle d’une sorte tagée, égale, entre autrui et nées, d’autant plus grave qu’elle c’est, en amont de la morale, la lo- pays où l’infléchissement du déve- taure un jour sur les prémices du loppement vers un modèle énergéti- processus bureaucratico-politique quement plus efficace serait le piloté par le GIEC. moins coûteux – en gros, la Chine, Pourquoi diable la situation clima- l’Inde et les pays dits à économie tique actuelle, ou celle d’il y a dix ans, émergente – sont dispensés de tout représenterait-elle l’optimum sou- objectif à moyen terme, comme si haitable ? On sait pourtant que tout on attendait que la situation y soit refroidissement du climat se tradui- contrainte par une structure socio- rait, comme au tournant du économique aussi énergivore que la XIVe siècle puis lors du « Petit âge de nôtre pour se proposer d’en changer. glace » par une baisse de la producti- D’autre part, mises à part celles vité primaire, par une aggravation des groupes de pression de l’énergie, des contraintes de températures et aucune voix, aucune contre-exper- par une fréquence plus élevée des tise indépendante n’a eu, au cours de tempêtes. cette conférence, droit de cité pour A l’inverse, les relations anciennes ce qui concerne la présentation du et les archives paléoclimatiques dossier scientifique sur les impacts montrent que, lors des périodes pas- climatiques possibles de l’accroisse- sées plus chaudes, les conditions ment du forçage radiatif de l’atmo- d’épanouissement de la vie étaient sphère, ce qu’on appelle vulgaire- globalement meilleures. Par ment et quelque peu improprement exemple, on produisait du vin jus- « l’effet de serre ». qu’au sud de l’Ecosse avant le A lire les comptes rendus de cette XIVe siècle et les Suédois du Néoli- conférence et des réunions qui l’ont thique – il y a environ 6 000 ans – ont précédée, on peut légitimement laissé des pépins de raisin dans leurs penser que la quasi-totalité des dépotoirs alors qu’à la même chroniqueurs et des délégués ne époque le Sahara était vert et non le connaît du dossier climatique que la désert qui s’y installa lorsque le cli- compilation partielle (quand ce n’est mat se refroidit ensuite ! que son « executive summary » à des- On sait aussi que la route du Cana- tination des décideurs pressés) da ne fut plus praticable pour les na- concoctée après moult discussions vires des Vikings après la transition pas toujours scientifiques par le froide du début du XIVe siècle, le groupe intergouvernemental sur risque de tempête étant devenu trop l’évolution du climat (GIEC). élevé. Si cette simple question était De plus, par l’effet d’une sorte de considérée, les apports de la paléo- surenchère médiatique et d’une vo- climatologie trouveraient place dans lonté de dramatiser les enjeux, ce qui le débat. Certaines contradictions est encore exprimé au conditionnel flagrantes dans la liste des consé- dans le dernier rapport scientifique quences promises en cas de réchauf- du GIEC est donné comme de fement seraient alors perceptibles. l’ordre de la certitude dans l’exposé Pourquoi parer de superlatifs le des motifs. Pour preuve l’entrée en cours actuel de la température matière de l’éditorial du Monde du moyenne du globe ? Après tout, elle 12 décembre : « Les tractations de a bien plus augmenté entre 1920 et Kyoto (...) ont parfois noyé dans une 1935 que depuis 1980, et personne sauce technocratique et affairiste le n’eut l’idée de se plaindre alors de la drame que constitue le réchauffement disparition des vagues de froid sur climatique pour des milliards d’hu- les Etats-Unis, ni du réchauffement mains confrontés à une aggravation très marqué de l’eau de l’Atlantique des sécheresses, des inondations et des Nord. cyclones. » Pourquoi aussi donner à penser Il n’est pas besoin, pourtant, de qu’une éventuelle transition clima- beaucoup se documenter, ni de tique de type « effet de serre » serait s’abîmer dans un effort intellectuel plus rapide que toutes celles d’ori- surhumain, pour trouver dans les gine autre qui ont eu lieu ? Car il est documents officiels du GIEC et dans vrai que, pour nous en tenir à la tran- l’argumentaire à propos des impacts sition froide du début du XIVe siècle du changement climatique matière à – durée : deux ans sans signe annon- poser de nombreuses questions qui, ciateur – et à celle qui vit s’amorcer la désormais, du fait de l’image d’una- deuxième phase de la dernière dé- nimisme assénée à l’opinion, vont glaciation, il y a environ 10 000 ans – apparaître comme iconoclastes. moins de cinquante ans sans doute – D’abord, concernant l’image du les résultats des simulations infor- phénomène en cause, si la concen- matiques avancés comme preuves tration de gaz carbonique dans l’at- sont plutôt en retrait. mosphère a crû de l’ordre de 30 % en Enfin – et j’en resterai là, car mon un siècle, et plus encore pour celles propos n’est pas de convaincre mais du méthane et du protoxyde de réveiller l’esprit critique et la d’azote, le flux infrarouge de la tro- curiosité : pourquoi les avantages posphère vers le sol n’a, lui, augmen- désormais tangibles de l’enri- té que de moins de 1 %. Le choix de chissement en gaz carbonique de mettre l’accent sur les concentra- l’atmosphère sur la croissance des tions et non sur la propriété phy- végétaux et leur meilleure utilisation sique significative ne saurait être de la ressource hydrique sont-ils sys- considéré comme neutre. tématiquement passés sous silence, D’autre part, on omet toujours de alors qu’ils ont manifestement part signaler que, grâce à l’effet de serre, aux impacts des activités indus- le bilan radiatif de l’atmosphère est trielles humaines ? négatif (il y manque environ un tiers La question d’un développement du flux d’énergie moyen que la Terre moins énergivore n’est qu’un volet reçoit du Soleil) et que le de celle, plus générale, de la gestion complément provient des flux de des ressources limitées et/ou non re- chaleur fournis à l’air par les surfaces nouvelables. En concentrant l’atten- des terres et des mers, plus chaudes tion sur les risques hypothétiques en en moyenne que l’air susjacent. termes de réchauffement du climat Ainsi, sur une Terre sans effet de et de ses éventuelles conséquences serre, dont l’atmosphère ne saurait du fait des combustions fossiles, on ni absorber, ni émettre la moindre a appauvri la problématique et faus- énergie radiative, du fait de la sé la réflexion. C’est dommage et on convection, l’air serait en moyenne doit espérer que ce n’est pas irréver- beaucoup, beaucoup plus chaud que sible. la surface du sol, ce qu’on se garde bien de dire quand on prétend illus- trer le rôle général de l’effet de serre Yves Lenoir est chef de projet à dans la formation du climat. l’Ecole des mines de Paris. LeMonde Job: WMQ1712--0020-0 WAS LMQ1712-20 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0423 Lcp: 196 CMYK

20 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 HORIZONS-ANALYSES 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F Va donc, eh ! sale flux migratoire ! Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Internet : http : //www.lemonde.fr par Bertrand Poirot-Delpech, de l’Académie française ÉDITORIAL « MAL NOMMER les choses, c’est ajouter au Sécu à tout le tiers-monde (merci, monsieur Ro- progrès : refoulement, qui aurait mieux convenu malheur du monde. » Camus a tout dit sur les card !), que l’autre, comment déjà ?, n’a quand au flux, mais qui avoue trop le rejet, a été rem- mensonges volontaires qui nous ont fait tant de même pas tout à fait tort de nous vouloir entre placé par la délicate reconduite des marquises Le patronat et son image mal. De son temps, il ne fallait pas s’avouer en nous chez nous, sans parler des odeurs... eh raccompagnant les invités jusqu’au perron. Si guerre avec l’Algérie. On employa donc le mot bien, on appellera ces gêneurs en surnombre : vous « effectuez humainement des reconduites ES institutions ex- ou de Lionel Jospin, il est, lui aus- événement, jusque dans la loi d’amnistie ; des flux migratoires. en vue d’assurer l’indispensable maîtrise des cellent, souvent, dans si, passé par l’Ecole nationale comme dans les familles, pour éviter de dire le Flux flatte les xénophobes sans le dire. Il fait flux migratoires », la Ligue des droits de l’art de l’auto-carica- d’administration – une école qui divorce des Jacques, les mœurs d’Odile. Façon plus menaçant que pic. On peut entendre af- l’homme ne peut rien trouver à redire, ni Ber- L ture. Avec l’élection à n’est pas précisément organisée d’épargner les autres et soi. fluence, qui frise déferlement, et frôle invasion. Le trand Tavernier, ni Jean-Louis Debré. Pas de sa tête, mardi 16 décembre, d’Er- pour former des chefs d’entre- Nouveau cache-misère verbal, utilisé par tous mot n’a jamais été employé que pour des choses consensus sans tricherie de vocabulaire. nest-Antoine Seillière, le Conseil prise. Il a complété sa formation les partis, et repris par vous et moi sans y regar- (flux monétaire, stocks à flux tendu), manière de L’autre année, quand je demandais à ma gar- national du patronat français par des études à l’étranger. Pa- der trop : le flux migratoire, mis pour « y’a trop ne pas accorder la pleine humanité au phéno- dienne pourquoi le gérant imposait un code à (CNPF) en donne, à son tour, une tron d’une société holding depuis d’étrangers chez nous ». L’astuce est si récente mène, et de le réputer maîtrisable énergique- l’entrée de l’immeuble, son visage s’est illumi- nouvelle illustration. Même s’il une vingtaine d’années, il a su re- qu’elle ne figure pas dans les salubres traités ment. Un flux, ça se contient, ça se régit (moins né : « A cause de l’augmentation de la recrudes- répugne à fumer de gros cigares, constituer, à l’occasion des res- d’hygiène sémantique, même « le » Rambaud brusque que le verbe exact : règlementer), ça se cence, ct’idée ! », a-t-elle expliqué, dupe rassu- « EAS », le nouveau patron des tructurations de la sidérurgie, sur le parler journaliste. Or il faut réagir vite, si contrôle (nous y sommes !). Comme les mili- rée et énigmatique de nos entourloupes patrons, donne, à bien des l’empire de sa familleavec l’aide, on veut dédorer la pilule. taires vaincus et les médecins impuissants, la verbales. égards, l’image d’un patronat que parfois généreuse, de l’Etat. Fi- Comme toujours, on s’est abrité derrière le technocratie est imbattable pour désigner ce A l’Odéon, Macha Makeieff et Jérôme Des- l’on croyait en voie d’extinction. Il nancier plus qu’industriel ou jargon expert. De même que l’air de Paris em- qu’elle échoue à faire. Quant à l’adjectif migra- champs démontrent avec allégresse les dé- faut cependant espérer, pour commerçant, « EAS » n’est donc peste moins depuis que les échappements des toire, il chante gentiment oiseau ; tout en rimant sastres possibles du parler faux (Les Précieuses l’économie comme pour la socié- pas l’un de ces jeunes pleins d’al- autos ont été remplacés par des pics de pollu- avec interrogatoire et vexatoire, on ne sait ja- ridicules). L’avertissement vaut pour le sno- té françaises, qu’en réalité, der- lant qui, partis de rien, ont su tion, qui vous ont un air statistique, remédiable, mais. L’injure qui démange d’aucuns, c’est dé- bisme, mais aussi pour notre lâcheté devant les rière l’apparente caricature, se créer entreprises et emplois, mo- et presque montagnard (l’air des pics, c’est déjà sormais : « Va donc, eh ! sale flux migratoire ! » réalités et nos pulsions. Traduire le « maîtrisons cache un fin diplomate qui pour- dèles de dynamisme et d’audace un peu l’air des cimes !), de même les étrangers, Les euphémismes voyagent en groupes. Leurs les flux » de nos responsables par : « Rassurez- rait heureusement surprendre. que le discours patronal aime dont chaque Français un peu clair de peau bluffs se confortent l’un l’autre. Naguère, les vous, moi aussi je trouve qu’il y a trop d’étran- Par sa personnalité d’abord – promouvoir. grommelle – ne dites pas non ! – qu’on ne voit étrangers indésirables étaient passibles de refou- gers et qu’il faut en virer un bon nombre ! », ce héritier, énarque et sûr de lui – Pour se faire élire et peut-être plus qu’eux, à traîner sans rien faire, et pas seu- lement. « Je n’aime pas le mot », s’est excusé n’est pas faire le lit de comment-déjà. Ernest-Antoine Seillière de La- faire oublier son profil à un pa- lement au métro Barbès, même à Michel-Ange- Maurice Papon. Quand quelqu’un « n’aime pas C’est au contraire la seule façon de le battre borde est, en lui-même, un por- tronat très remonté contre l’Etat Molitor, que ce coup-là il faut faire quelque le mot », écoutez bien, c’est qu’il le trouve trop sur le terrain où, hélas ! il est le meilleur : le teur de symboles. Son profil faci- et ses « énarques », à propos des chose, que la France ne peut pas filer « notre » adéquat à ce qui l’embarrasse. On n’arrête pas le franc-parler. litera la tâche des « Guignols de « 35 heures » notamment, le nou- l’info » sur Canal Plus tout autant veau patron du CNPF n’a pas hé- que celle des journalistes de sité à mener une campagne ex- L’Humanité. « Le tueur vaut trois trêmement agressive. Il a milliards », titrait dès mercredi le prétendu vouloir« déstabiliser Lio- Les petits pas du président iranien journal du Parti communiste, fai- nel Jospin », voire même le faire sant référence à la fortune per- « chuter ». Il a multiplié les me- KOFI ANNAN, le secrétaire gé- pulaires. Cela ne leur confère pas des Iraniens comme des étrangers, marqué l’Histoire. Ici, le temps n’a sonnelle du successeur de Jean naces à l’égard du « paritarisme ». néral des Nations unies, lui a dé- pour autant davantage de capacité faisaient plus de mal que de bien pas la même valeur qu’en Occident Gandois et à la nécessité qu’avait Là encore, il a cultivé dans l’opi- cerné un certificat de bonne à influer sur le cours des choses. au pays. Il a aussi obtenu la démis- et l’impatience des premières an- évoquée ce dernier de désigner à nion l’image d’un patronat arro- conduite, les rois et chefs d’Etat La position du ministre de la sion de Mohsen Rezaï, le chef des nées de la révolution a fait place à la tête du CNPF un « tueur ». gant, d’une caste semblant refu- musulmans ont tenu à le désigner culture et de l’orientation isla- gardiens de la révolution (pasda- une grande endurance. Bien né, M. Seillière est donc ser le verdict des urnes. président pour trois ans de l’Orga- mique, le libéral Ataollah Mohad- rans), ce corps d’élite qui L’autre handicap de M. Khatami un héritier, et quel héritier ! Il est Désormais patron des patrons, nisation de la conférence islamique jerani, n’est pas plus confortable « double » l’armée régulière. tient à son absence totale de projet l’un des descendants des De M. Seillière serait bien avisé de (OCI). L’Arabie saoudite s’est pro- que celle de son collègue de l’inté- économique. Les conditions de vie Wendel, l’une de ces « 200 fa- faire mentir la caricature et de posé de jeter un premier pont rieur. Son ministère, capital pour INCURIE ÉCONOMIQUE des Iraniens ne se sont toujours milles » brocardées avant-guerre, prendre ses distances avec son entre lui et les Etats-Unis. Décidé- tout ce qui relève de la liberté d’ex- Son ministre de la culture a pris pas améliorées, et aucune mesure qui plus est l’une de celles qui « discours de campagne ». Libéral ment, après avoir conquis ses pression, est doublé d’une Organi- des premières mesures en faveur ni aucune stratégie économiques avaient animé le Comité des et européen, « EAS » sait que, le compatriotes, le nouveau pré- sation de la culture et de l’orienta- d’une plus grande liberté d’expres- ne paraît avoir été tracée. M. Kha- forges, lointain ancêtre du CNPF. marché, c’est aussi le contrat, et, sident iranien, Mohamad Khatami, tion islamique dépendant sion et ne manque pas une occa- tami vit-il, comme le pense certain Il n’en a pas moins suivi le cursus donc, que ce dont la France a be- a séduit nombre de ses pairs. directement du Guide. C’est aussi sion de dénoncer les extrémistes, diplomate occidental, « dans les universitaire commun à toute soin, ce n’est pas de la mort du Mais c’est d’un crédit qu’il s’agit, le Guide qui contrôle la radio-télé- qui tentent encore d’imposer par la chimères du socialisme », avec sa l’élite administrativo-politique dialogue social, mais bien de son en attendant que se décante la si- vision. Le chef du pouvoir judi- force, voire la violence, la pensée décision d’augmenter les subven- française. A l’instar d’Alain Juppé renouvellement. tuation intérieure iranienne. Car ciaire est un ami du Guide, et ce « politiquement correcte ». tions pour certains produits ali- M. Khatami n’a pas encore rem- sont aussi ses amis conservateurs M. Khatami s’est astreint et a as- mentaires ? Continuera-t-il la poli- porté la partie dans les luttes d’in- qui sont majoritaires au Parlement treint ses ministres à un change- tique économique chaotique de 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani fluence entre les différentes fac- et au Conseil des gardiens, dernier ment de comportement qui im- son prédécesseur, Ali Akbar Ha- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; tions au pouvoir à Téhéran, même passage obligé de tout texte avant pressionne beaucoup, dans un chémi Rafsandjani ? Ou n’a-t-il Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint si l’impression se dégage de plus qu’il prenne force de loi. Les orga- pays où les titres et les honneurs tout simplement pas les idées Directeur de la rédaction : Edwy Plenel en plus que la roue de l’Histoire a nisations d’encadrement de la jeu- sont quasiment des droits. Il béné- claires ? Directeurs adjoints de la rédaction : Jean-Yves Lhomeau, Robert Solé bien tourné, ce 23 mai 1997, nesse relèvent elles aussi du diri- ficie d’une certaine désorientation Le pays a un besoin dramatique Rédacteurs en chef : Jean-Paul Besset, Pierre Georges, Laurent Greilsamer, Erik Izraelewicz, Michel Kajman, Bertrand Le Gendre lorsque 70 % des électeurs l’ont geant suprême. des conservateurs après leur dé- d’investissements étrangers, ne se- Directeur artistique : Dominique Roynette porté, contre toute attente, à la M. Khatami serait-il donc totale- route à la présidentielle du 23 mai. rait-ce que pour maintenir et déve- Rédacteur en chef technique : Eric Azan présidence de la République isla- ment paralysé, dès lors qu’il ne Mais, surtout, M. Khatami est fort lopper l’économie pétrolière. Or la Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment mique. veut pas enfreindre la loi ? Pas d’un phénomène tout à fait nou- législation intérieure – en parti- Médiateur : Thomas Ferenczi Face à de redoutables adver- vraiment, mais il est acculé à faire veau en Iran : l’ingérence de la po- culier l’article 80 de la Constitu- saires conservateurs, M. Khatami de la résistance, à avancer à petits pulation dans les affaires poli- tion, qui interdit toute aliénation Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet tire sa force à la fois de la légitimité pas chaque fois que l’occasion se tiques. Et cette population voit en du patrimoine – ne favorise pas populaire et de son entêtement à présente. Pour la formation de son lui une victime, comme elle, du l’afflux de capitaux. Il faut y ajou- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Gérard Courtois, vice-président faire appliquer la loi. Paradoxale- gouvernement, il a réussi à obtenir système. ter la loi américaine D’Amato, qui Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), ment, son légalisme est aussi son du Guide – qui s’y est d’abord op- Aussi les Iraniens semblent-ils menace de sanctions toute société André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) talon d’Achille, car il limite ses posé – que soient remerciés cer- disposés aujourd’hui à donner du qui investirait pour plus de 40 mil- Le Monde est édité par la SA Le Monde pouvoirs. tains anciens titulaires (des affaires temps à leur nouveau président, lions de dollars dans le domaine Durée de la société : cent ans à compter du 10 décembre 1994. Constitutionnellement, il n’est étrangères, de l’intérieur et surtout même si les cent premiers jours de des hydrocarbures en Iran – ou en Capital social : 961 000 F. Actionnaires : Société civile « Les rédacteurs du Monde ». pas le premier personnage de des renseignements), qui, aux yeux son gouvernement n’auront pas Libye – et qui a un effet dissuasif Association Hubert Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, l’Etat. C’est le Guide de la répu- sur nombre de compagnies. Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. blique, fonction aujourd’hui oc- Selon les statistiques officielles, cupée par l’ayatollah Ali Khame- le taux du chômage est de 8 %, nei, qui est l’autorité suprême. Les Généalogie par Lionel Portier mais les chiffres en Iran n’ont pas ILYA50 ANS, DANS 0123 deux hommes, qui appartiennent grand sens, l’entraide familiale et pourtant à la même génération, sociale y jouant un grand rôle, sont aux antipodes l’un de l’autre, comme dans l’ensemble de la ré- L’échec du conseil des Quatre tant pour ce qui concerne la gion. Les jeunes qui arrivent sur le conception de l’Islam que pour ce marché de l’emploi sont de plus en LA CONFÉRENCE des Quatre à tout en fournissant plus de répara- qui est relatif aux choix de société, plus nombreux. Mais cette situa- Londres s’est terminée par un tions, il ne pose pas la question aux méthodes de gouvernement, tion n’est pas nouvelle et l’écono- échec complet : le conseil a été comme elle doit l’être. Où en est aux droits et devoirs des citoyens mie a toujours suivi cahin-caha la ajourné hier sine die. Des trois se- cette zone, soi-disant mieux gérée ou aux relations internationales. politique. De l’avis d’un spécialiste, maines de discussion, aucune dé- que les autres, où en sera-t-elle Leurs discours respectifs devant le le bricolage peut continuer pen- cision importante n’est sortie. demain ? D’après tous les rensei- récent sommet de l’OCI furent la dant des années encore... Sauf si C’est sur la question des répara- gnements, elle serait en fort mau- caricature de cette opposition (Le cette même population qui s’est tions que la conférence a échoué. vaise posture ; sa situation ne fera Monde du 11 décembre). Le Guide ingérée en politique décide de des- Si M. Marshall, secrétaire d’Etat qu’empirer, surtout si l’occupant est un homme du passé, qui voit le cendre dans la rue pour réclamer américain, a jugé inutile de pour- continue à l’épuiser par tous les mal partout sauf en islam. M. Kha- une amélioration de sa vie au quo- suivre le débat, c’est qu’il n’a pas moyens. tami croit à l’interaction des civili- tidien. cru sincère ni efficace la proposi- Quant aux zones occidentales, sations et est tourné vers l’avenir. tion soviétique de porter à 70 % de malgré les sacrifices britanniques Le Guide non seulement jouit de Mouna Naïm 1938 la production industrielle al- et américains, MM. Bevin et Mars- pouvoirs constitutionnels considé- lemande, en prélevant 10 % de ré- hall ont toujours admis qu’elles rables, mais il dispose d’institu- parations. Il s’agit de travailler n’étaient pas brillantes, qu’un ef- tions parallèles à celles de l’Etat, RECTIFICATIFS dans l’immédiat, et non pas de fort devait être fait pour les re- qui lui obéissent au doigt et à l’œil. jouer avec des plans, comme celui mettre sur pied : de là l’idée de les Et il ne s’est pas privé d’en user de- EUROPE (1) de Potsdam, qui se révèlent inap- inclure dans le plan Marshall. Les puis l’accession à la présidence de Le traité d’Amsterdam a été si- plicables. ministres britannique et américain M. Khatami. gné par les ministres des affaires Lorsque M. Molotov, chef de la ont au moins le mérite de regarder étrangères des quinze pays de diplomatie soviétique, compare les choses en face, de proposer et REFUS DE TRANSFERT D’AUTORITÉ l’Union européenne, le 2 octobre l’état de la zone orientale à celui de prendre à leur charge les re- Un exemple : alors que le mi- et non pas le 17 juin, date à la- des zones occidentales, affirmant mèdes nécessaires. nistre de l’intérieur, Abdollah Nou- quelle il avait été adopté par les que la première produit davantage (17 décembre 1947.) ri, a obtenu la confiance du Parle- chefs d’Etat et de gouvernement, ment et qu’il est en exercice depuis contrairement à ce qu’il était indi- près de quatre mois, il n’a toujours qué dans l’article sur la saisine 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS pas reçu du Guide la délégation of- conjointe du Conseil constitution- Télématique : 3615 code LEMONDE ficielle de pouvoirs qui lui donne- nel par Jacques Chirac et Lionel rait autorité sur les forces de sé- Jospin (Le Monde daté 7-8 dé- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC curité et la police. Dans le passé, cembre). ou 08-36-29-04-56 M. Khamenei n’a jamais refusé un Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30 tel transfert d’autorité, parce qu’il EUROPE (2) était assuré de pouvoir tout Les cinq pays candidats à l’en- Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33 contrôler. Il est vrai que dans la trée dans l’Union européenne en- configuration actuelle, tout excès traîneront un accroissement de sa Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr des forces de l’ordre étant impu- population de 17 %, et non de table au seul Guide, M. Khatami et 17 millions d’habitants, comme il Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 son gouvernement ne peuvent était indiqué par erreur dans nos qu’en devenir de plus en plus po- éditions du 12 décembre. LeMonde Job: WMQ1712--0021-0 WAS LMQ1712-21 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0424 Lcp: 196 CMYK

21 ENTREPRISES LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997

FINANCELe ministre de l’écono- réforme du Consortium de réalisa- conseil de surveillance, le CDR aban- sionnera, tandis que Raymond Lévy, du Crédit lyonnais, représentant plus mie et des finances, Dominique tion (CDR), l’organisme chargé de donnera son conseil d’administra- ancien PDG de Renault, présidera le de 1 500 créances et participations. A Strauss-Kahn, présentera prochaine- gérer et de céder les actifs compro- tion, composé des responsables de conseil de surveillance. b LE ce jour, il a cédé près de 120 milliards ment devant la commission des fi- mis du Crédit lyonnais. b TRANS- ses principales filiales. b MICHEL CONSORTIUM a hérité, fin 1995, de de francs et enregistré 42 milliards nances de l’Assemblée nationale une FORMÉ en société à directoire et ROUGER, actuel président, démis- 198 milliards de francs d’actifs bruts de francs de pertes. Raymond Lévy va prendre la tête du conseil de surveillance du CDR Le Consortium de réalisation, chargé de gérer et de céder les actifs compromis du Crédit lyonnais, sera transformé en société à directoire et à conseil de surveillance placé sous la présidence de l’ancien PDG de Renault

DOMINIQUE STRAUSS-KAHN, grité, incontestée sur le plan poli- décisions quotidiennes du CDR. d’intéressement aux résultats et de Pour lui, l’ancien dispositif explique en prenant en compte l’ensemble le ministre de l’économie, présente- tique – M. Lévy avait été nommé « Le CDR sera seul responsable des responsabilisation de ses équipes. en grande partie « la dérive des pré- des recapitalisations et des pertes ra prochainement à la commission par Alain Madelin en 1986 à la tête processus de cession, dans le cadre Ils devront aussi favoriser de nou- visions de pertes depuis 1995, passées du Lyonnais et du CDR, quitte à des finances de l’Assemblée natio- de Renault –, Bercy veut assurer au d’une stratégie proposée chaque an- velles méthodes, comme la formule de 50 à 100 milliards de francs » sur exiger des contreparties propor- nale la réforme du fonctionnement CDR « une gestion indépendante et née », précise Bercy. Cette stratégie du mandat de gestion. Celle-ci le dossier Crédit lyonnais. La sépa- tionnelles de la part de la banque. du Consortium de réalisation responsable ». Et éloigner l’atmo- sera du ressort du conseil de sur- consiste à confier la gestion de cer- ration totale entre le CDR et le Cré- Paris, de son côté, estime que la (CDR), la structure chargée de gérer sphère de polémique qui n’a cessé veillance. On ne connait pas encore tains actifs à un intervenant exté- dit lyonnais, exigée par Bruxelles, et nouvelle aide qu’il soumet à et de céder les actifs sortis du bilan de l’entourer depuis sa création, sa composition définitive, mais, rieur, rémunéré en fonction de ses la décision de repousser la charge Bruxelles porte sur moins d’une du Crédit lyonnais. souvent liée, a rappelé M. Strauss- outre M. Lévy, il comprendra Fran- résultats, qui reprendra tout ou par- financière, ont en particulier contri- vingtaine de milliards de francs Dans les prochaines semaines, le Kahn, aux « interférences politiques cis Lorentz, le président de l’Etablis- tie des équipes du CDR. bué à faire tourner le compteur des (c’est à dire la neutralisation des CDR sera transformé en société à implicites ou explicites, qui sont ve- sement public de financement de La réforme va donc dans le sens pertes plus vite que prévu. Pour conséquences financières que doit directoire et conseil de surveillance, nues perturber certains dossiers em- réalisation (EPFR), la structure- de ce que M. Lemasson et M. Rou- Bercy, il est donc clair que l’on ne supporter le Lyonnais en raison du abandonnant son actuel conseil blématiques, jetant la suspicion sur écran qui finance et garantit le CDR ger demandaient depuis plusieurs peut imputer au Crédit lyonnais prêt qu’il consent à l’EPFR et d’administration, maladroitement tout le processus ». Une allusion à pour le compte de l’Etat. Le comité mois. Remercié avant la date qu’il l’augmentation de la facture que l’abandon du dispositif d’obliga- composé des responsables de ses peine déguisée aux dossiers d’AOM consultatif de contrôle, une émana- s’était lui-même fixé – courant 1998, l’on constate aujourd’hui pour tions à coupon zéro prévu dans le principales filiales. Cette réforme ou à de la cession de la participa- tion de Bercy qui validait toutes les l’année de ses soixante-dix ans . l’Etat. plan de 1995). Faute d’avoir trouvé s’accompagnera du départ de Mi- tion du CDR dans la société de décisions du CDR, sera dissous et M. Rouger ne cache pas son amer- Ce point est au cœur des négo- un terrain d’entente, le dossier ne chel Rouger, l’actuel président du François Pinault. « Chez Renault, ses missions assumées par le conseil tume, mais se montre tout de ciations que l’Etat mène à Bruxelles sera pas examiné par la commission CDR, et de la nomination de Ray- M. Lévy n’aurait pas laissé sortir une de surveillance. même satisfait que l’Etat « prenne sur le dossier Lyonnais. Deux thèses le 17 décembre. Si les négociations mond Lévy, l’ancien président de voiture si la qualité n’était pas par- enfin le dossier à bras le corps et s’y opposent actuellement. Celle de promettent de prendre encore plu- Renault, à la tête du nouveau faite quelles que soient les pressions MOYENS RENFORCÉS garde ses équipes, en particulier la DG IV, la direction qui prépare les sieurs semaines, cette réforme du conseil de surveillance. François Le- de ses commerciaux », explique-t-on En matière de contrôle, c’est M. Lemasson, et son projet ». dossiers du commissaire européen CDR va donner des arguments sup- masson, actuel directeur général du à Bercy. On attend de lui la même l’EPFR et M. Lorentz qui auront dé- Par cette réforme, M. Strauss- à la concurrence, Karel Van Miert, plémentaires à Paris. CDR, deviendra président du direc- intransigeance au CDR. sormais le premier rôle. Le député Kahn a également adressé un mes- et qui estime que la Commission toire. L’ensemble du dispositif de can- PS du Lot, Martin Malvy, et le séna- sage à la Commission de Bruxelles. doit revoir le dossier Crédit lyonnais Sophie Fay En réformant le dispositif et en tonnement a été recalibré pour ga- teur apparenté RPR de l’Aube, Yann nommant une personnalité réputée rantir cette indépendance et éloi- Gaillard, continueront à siéger au conformismes et aux pouvoirs. Sa Georges Besse, il met d’entrée de pour son intransigeance et son inté- gner le ministère des finances des conseil d’administration de l’EPFR. PROFIL rigueur intellectuelle et morale en jeu les pieds dans le plat, en criti- Michel Laffitte, chargé de mission à a fait un adepte du « parler-vrai » quant la qualité de sa R 25 de la direction du Trésor, qui suivait ce UN ADEPTE cher à Michel Rocard, ce qui lui fonction. Une « gaffe » dont il fe- 42 milliards de francs de pertes dossier au cabinet de Jean Arthuis, vaudra quelques revers de car- ra la pierre angulaire du redresse- en fera aussi partie, ainsi que deux DU « PARLER-VRAI » rière. ment de Renault, qu’il transforme b Le Consortium de réalisation le total des pertes prévisibles sur autres hauts fonctionnaires de Ber- En 1980, après vingt ans dans le en champion de la qualité totale. (CDR) a hérité, fin 1995, de 198 l’ensemble de la période d’activité cy. Pour exercer sa mission de « J’appartiens à un peuple qui a pétrole, il quitte Elf, en désaccord Cassant, mordant, le brillant in- milliards de francs d’actifs bruts du CDR (jusqu’en 2014). contrôle, l’EPFR aura des moyens la nuque raide », aime à répéter avec le président nommé par Gis- génieur ne dédaigne pas jouer les du Crédit lyonnais, représentant b Nombre de cessions ont été renforcés. Raymond Lévy. En nommant l’an- card d’Estaing, Albin Chalandon, hommes d’influence. A peine il a plus de 1 500 créances et sujettes à polémiques, comme La stratégie de cession suivie par cien patron de Renault à la pré- auquel M. Lévy n’a pu faire allé- quitté Renault, en 1992, qu’il participations, dont les celles du studio hollywwodien le CDR prendra un nouveau tour- sidence du conseil de surveillance geance. En 1984, président du prend la tête du corps des Mines, engagements liés au cinéma Metro-Goldwyn-Mayer vendu à nant avec cette réforme, pour « sor- du CDR, Dominique Strauss-Kahn groupe sidérurgique public Usinor, dont il mate les dissidents. En (MGM), les banques Altus, SDBO, Kirk Kerkorian pour 6 milliards de tir d’une logique exclusivement liqui- n’a pas choisi un homme-lige. Les il s’oppose au ministre de l’indus- 1993, Jean-Luc Lagardère l’appelle Colbert, le portefeuille de francs, alors que le Crédit lyonnais dative », précise M. Strauss-Kahn, deux hommes se connaissent trie Laurent Fabius, favorable à la à la présidence du conseil de sur- participations industrielles de y avait investi 13 milliards de et pour chercher à mieux valoriser bien : ils ont créé ensemble, en création d’un laminoir dont le veillance du nouveau Groupe La- Clinvest et Clindus. francs, de la participation les actifs de CDR « pour optimiser le 1993, le Cercle de l’industrie, un grand patron, confronté à la crise gardère. Ce sera la seule incursion b A ce jour, le CDR a cédé près de d’Artémis à François Pinault, des résultat finacier pour l’Etat ». Le aréopage de patrons. D’une inté- de l’acier, ne veut pas. Le gouver- dans le privé que se sera autorisée 120 milliards de francs et enregistré casinos Emeraude, de la CDR n’aura donc plus de calendrier grité proverbiale, ce polytechni- nement se range à son avis... après ce grand commis de l’Etat, qui a 42 milliards de francs de pertes. Le compagnie aérienne AOM et de la impératif. cien, ingénieur en chef des Mines, l’avoir débarqué. Nommé en dé- aujourd’hui soixante-dix ans. ministère des finances avait estimé, société de location de bateaux En contrepartie, ses dirigeants s’est fait remarquer tout au long cembre 1986 à la tête d’un Renault en juillet, à 100,2 milliards de francs Stardust. devront concevoir un dispositif de sa carrière par sa résistance aux traumatisé par l’assassinat de Pascal Galinier Saint-Gobain redécouvre le charme des petits porteurs NICE pensable », affirme M. Beffa, qui aimerait les qui représentent désormais 57 % des ventes de de notre envoyée spéciale voir atteindre 20 à 25 % du capital. Saint-Gobain. Sa présence géographique s’est Ils étaient venus nombreux et attendaient sa- Mais il faut les convaincre de revenir. « Saint- étendue dans 42 pays contre 19 il y a dix ans. gement. Pour la première fois depuis la privati- Gobain a changé. Il est devenu plus moderne, « La crise asiatique devrait peu nous toucher. La sation de Saint-Gobain en 1986, Jean-Louis Bef- plus international. Il est capable de créer plus de croissance européenne devrait compenser la fa a éprouvé le besoin de les rencontrer, eux, les croissance », explique-t-il d’emblée. L’assis- chute des marchés asiatiques, où nous sommes actionnaires de province. L’exercice étant très tance, peu familiarisée avec les mots magiques encore peu présents », s’empresse d’ajouter inhabituel, le PDG du groupe a choisi, lundi 15 de croissance ou de création de valeur pour M. Beffa. décembre, de se roder à Nice, sa ville natale. l’actionnaire, si chers à la finance internatio- Sur l’écran géant, les places de premier mon- Quelques poignées de main, des signes de re- nale, reste un peu insensible. Ce qui compte dial ou européen se succèdent à chaque pré- connaissance dans l’assistance, Jean-Louis Bef- pour elle, c’est la sûreté de leur placement. sentation de branche devant l’assistance atten- fa se trouve vite en terrain connu. Il peut enta- « Comment avez-vous fait pour être moins cy- tive. « Pour Saint-Gobain, la bataille européenne mer son opération de séduction. clique ? », interroge un vieux monsieur. est livrée et gagnée. Nous pouvons nous appuyer Alors que ses grands actionnaires (Générale La question réjouit le président de Saint-Go- sur cette force européenne pour conquérir le des eaux, BNP, AXA-UAP, Suez) qui détiennent bain. Toute sa stratégie a été dessinée pour monde », souligne le PDG du groupe, qui fait le près de 30 % du capital du groupe sont appelés prémunir le groupe contre les aléas de la pari d’être classé, dès 1999, parmi les grandes à largement réduire leur participation dans les conjoncture, en diversifiant les métiers, les valeurs cotées en euro. Depuis dix ans, le titre prochaines années, Saint-Gobain redécouvre pays, les marchés. En dix ans, le groupe s’est sé- Saint-Gobain surpasse l’indice CAC 40 avec un les charmes des petits porteurs, quelque peu paré d’activités comme le BTP, le papier, cer- rendement de 14 % par an. Une performance tombés dans l’oubli. Alors qu’ils détenaient tains matériaux de construction, soit la moitié qui ne s’est pas traduite par l’abondance des di- 40 % du capital au moment de la privatisation, du chiffre d’affaires du groupe en 1986. Il les a videndes distribués. ceux-ci n’en possèdent plus que 15 % environ. remplacées par de nouveaux métiers (abrasifs, « Ils représentent un élément de stabilité indis- céramiques, distribution spécialisée de Poliet) Martine Orange La justice allemande engage des poursuites contre le président de Thyssen BONN tervient alors que la fusion entre le tur ensemble. M. Cromme a l’ap- leur participation diluée, alors de notre correspondant deux sidérurgistes Thyssen et pui des banques, tandis que les sa- qu’ils souhaient conserver en- Le procureur de la République Krupp, annoncée début novembre, lariés de Thyssen, échaudés par les semble la minorité de blocage de Berlin a engagé des poursuites rencontre de grandes difficultés. projets du patron raider, lui pré- (25 % du capital), ce que conteste contre Dieter Vogel, le président Les modalités précises du rappro- fèrent M. Vogel. Le poids des sala- Thyssen. M. Vogel a fait monter la du directoire de Thyssen, et contre chement, qui devaient être riés est décisif chez Thyssen, cette pression courant novembre en an- deux autres de ses dirigeants, pour connues fin novembre, ne seront entreprise étant soumise aux règles nonçant, en pleines négociations, abus de confiance, a annoncé lundi vraisemblablement révélées que de cogestion de l’industrie sidérur- le doublement de son résultat d’ex- 15 décembre le groupe. M. Vogel courant janvier. Le conseil de sur- gique : ils ont autant de sièges que loitation pour l’exercice clos le est soupçonné d’avoir détourné, veillance exceptionnel de Thyssen, les actionnaires au conseil de sur- 30 septembre, l’envolée de son ré- pour le compte d’une filiale de qui devait se réunir le 19 décembre, veillance (dix chacun), les éven- sultat net – passé de 350 millions Thyssen dont il était président, a été annulé le jour même de la tuels conflits étant arbitrés par un de marks à 2,17 milliards – et l’aug- 37,8 millions de marks (127 mil- mise en accusation de M. Vogel. vingt-et-unième membre, neutre. mentation de son dividende de lions de francs) au détriment de la Le 27 novembre, le conseil de 50 %. Treuhandanstalt, l’institution char- MARIAGE DE RAISON Thyssen avait approuvé la manière Les discussions achoppent sur gée de privatiser les sociétés de Ce mariage de raison avait été dure dont M. Vogel menait ses né- bien d’autres points. Les modalités l’ex-Allemagne de l’Est, à l’occa- annoncé six mois après une tenta- gociations avec Krupp. fiscales du rapprochement ne sont sion de la reprise en 1990 du tive infructueuse d’OPA hostile Deuxième difficulté, les parités pas connues. Les syndicats sou- combinat Metallurgiehandel. Un lancée par Krupp contre Thyssen. de fusion. L’OPA financée par en- haitent que le futur groupe adopte jugement arbitral, en 1995, avait Gerhard Cromme, président du di- dettement de M. Cromme présen- le système de cogestion dela sidé- condamné Thyssen à verser 87 rectoire de Krupp, avait dû faire tait un avantage pour ses deux rurgie, ce dont Krupp ne veut pas. millions de marks à la Treuhan- marche arrière, en raison du tollé principaux actionnaires, la fonda- Les deux conglomérats n’ont pas danstalt. Mais la justice pénale a politique et syndical provoqué par tion Krupp (51 % du capital), qui précisé quels métiers ils voulaient poursuivi ses investigations. De- son raid boursier. gère l’héritage d’Alfried Krupp dé- conserver, etc. Reste à savoir quel puis l’été 1996, M. Vogel était sous Premier problème, les conseils cédé à la fin des années 60, et l’Etat sera l’impact de la procédure enga- le coup d’un mandat d’arrêt et ne de surveillance des deux groupes iranien (22 %) : ils étaient certains gée contre M. Vogel. Certains n’ex- devait sa liberté qu’au paiement ne parviennent pas à se mettre de contrôler le nouvel ensemble à cluent plus la possibilité d’un échec d’une caution de 2,5 millions de d’accord sur le nom d’un patron, l’issue de l’opération. du rapprochement Krupp-Thyssen. marks. MM. Vogel et Cromme étant tous Dans le contexte d’une fusion, Ce rebondissement judiciaire in- deux candidats à la direction du fu- ces deux actionnaires vont voir Arnaud Leparmentier LeMonde Job: WMQ1712--0022-0 WAS LMQ1712-22 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0425 Lcp: 196 CMYK

22 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 ENTREPRISES

Cathay Pacific subit le contrecoup de la crise en Asie M. Spinetta propose aux pilotes d’Air France POUR FAIRE face à la baisse de trafic consécutive à la crise financière asia- tique, la compagnie de Hongkong Cathay Pacific repousse d’un an ou deux d’échanger des actions contre une baisse de salaire vingt-cinq commandes d’avions en option, initialement prévus pour être li- vrés entre 2000 et 2003. Ces options portent sur neuf Airbus A 330 ou A 340, six Boeing 747-400 et 10 Boeing 777. En revanche, aucune commande ferme Près de 49 % du capital de la compagnie pourraient être détenus par le privé n’est annulée : cinq Airbus A 340 et un Airbus A 330-300 devant être livrés en 1998, ainsi que sept Boeing 777 livrables sur les deux prochaines années Lundi 15 décembre, le président d’Air France a lités d’une ouverture de capital de la compagnie des titres pourraient être mis sur le marché. sont maintenus. Cette augmentation de capacité arrive au pire moment. réuni ses cadres et envoyé une lettre à l’en- prévue mi-1998. Dans son schéma, les salariés dé- M. Spinetta veut économiser 3 milliards de francs Aussi la direction de Cathay n’exclut-elle pas de vendre entre sept et dix semble du personnel. Il leur a présenté les moda- tiendraient près de 20 % de l’entreprise et 20 % sur trois ans et investir 40 milliards sur cinq ans. Boeing 747. Son directeur général, David Turnbull, prépare aussi un plan de réduction de coûts. L’action Cathay Pacific est en baisse de 62 % depuis le JEAN-CYRIL SPINETTA, qui a poursuivre le redressement d’Air Les attributions d’actions ne sont pas l’accroissement de sa flotte. Depuis mois d’août. – (Corresp.) succédé à Christian Blanc à la tête France. Ce qui passe par une réduc- considérées comme un revenu tant 1994, celle-ci est restée stable à envi- d’Air France en octobre, a réuni ses tion du coût du travail des pilotes, pour l’impôt sur le revenu (IR) que ron 200 appareils : Bruxelles avait ac- DÉPÊCHES cadres, lundi 15 décembre, et envoyé plus élevé que celui de leurs homo- pour le calcul des charges sociales. cepté que l’Etat recapitalise Air a VIRGIN : la compagnie aérienne Virgin Atlantic est la première à une lettre à l’ensemble du personnel logues de Lufthansa ou de British Les pilotes ne se verraient donc im- France à hauteur de 20 milliards de avoir passé, lundi 15 décembre, une commande ferme de huit A 340-600, le pour lui annoncer un « certain Airways. M. Spinetta propose de leur posés que sur les plus-values, une francs à condition, notamment, que nouvel avion gros porteur (378 places) du constructeur européen Airbus. Le nombre d’orientations sur la stratégie donner 10 % des actions d’Air France fois ces actions cédées sur le marché, cet argent ne soit pas dépensé pour lancement industriel de ce nouvel avion, qui concurrencera les 747 de d’Air France dans les prochains en échange d’une baisse de leur sa- à un taux de 25 %, inférieur au taux son développement pendant la du- Boeing, a été décidé le 8 décembre. mois ». Au premier rang desquelles, laire brut de 15 % sur trois ans. Au to- marginal de l’IR. Autre argument rée du plan de redressement (1994- a PPG Industries : le groupe américain a racheté lundi 15 décembre le fa- l’ouverture du capital de la compa- tal, donc, 37 % du capital d’Air dont dispose M. Spinetta : le déve- 96). L’argent public a exclusivement bricant de produits pharmaceutiques français Sipsy Chimie Fine, précédem- gnie nationale. L’opération, qui de- France serait privé. En outre, le loppement d’Air France, donc ses servi à rembourser la dette qui était, ment sous le contrôle de Jouveinal (groupe Warner-Lambert). Installé à vrait intervenir mi-1998, doit être ap- 1er janvier 2000, la BNP, qui a souscrit achats d’avions et les perspectives au 31 mars 1997, retombée à 16 mil- Avrille près d’Angers (Maine-et-Loire), Sipsy a été fondé en 1972 et emploie prouvée par Jean-Claude Gayssot, liards de francs. Mais aujourd’hui si 190 personnes. ministre des transports, et Domi- Air France veut profiter au maxi- a CHARBONNAGES DE FRANCE : les salariés de la centrale thermique nique Strauss-Kahn, ministre de Les lignes domestiques sont revenues à l’équilibre mum de sa plate-forme de corres- Emile Huchet à Carling (Moselle) ont entamé lundi 15 décembre leur quin- l’économie et des finances. pondances mise en place à Roissy 2, zième journée de grève. Ils protestent contre les disparités de salaires entre L’ouverture du capital d’Air France « Les lignes domestiques d’Air France sont revenues à l’équilibre au qui lui permet d’alimenter ses vols les cinq centrales exploitées par la SNET (Société nationale d’électricité et de doit d’abord permettre – conformé- premier semestre de l’exercice 1997/1998. L’amélioration s’est faite beau- long-courriers par ses passagers en thermique), filiale des Charbonnages de France. Carling (640 salariés) pro- ment aux objectifs fixés par la lettre coup plus vite que prévu : on pensait qu’il faudrait trois ans », annonce provenance de ses vols court et duit la moitié de l’électricité de la SNET. de mission adressée par le gouverne- Jean-Cyril Spinetta, président d’Air France. Entre le 1er avril 1996 et le moyen-courriers, elle doit augmen- a MICROSOFT : le groupe américain a fait appel, lundi 15 décembre, de la ment à M. Spinetta – aux 12 600 sala- 31 mars 1997, l’ex-Air Inter a perdu 488 millions. Le dépôt de bilan à ter ses moyens. décision de justice lui interdisant temporairement d’imposer aux construc- riés qui, en 1994, avaient consenti l’automne 1996 d’Air Liberté a mis un terme à la guerre des prix « Ce développement ne doit pas se teurs d’ordinateurs son logiciel d’accès à Internet (Explorer) en même temps une baisse de leurs salaires en meurtrière qui sévissait en France. Le plan d’économies, annoncé le faire aux dépens de notre ratio endet- que son système d’exploitation Windows (Le Monde du 13 décembre). échange d’actions (2 % du capital en- 15 mai 1996 par Christian Blanc, le prédécesseur de M. Spinetta, et tement sur fonds propres, aujourd’hui a TÉLÉPHONE : 90 % des Français sont satisfaits des services de France viron) de valoriser leur épargne. «Si qui prévoyait environ 950 départs (sur 10 667 salariés), commence de 1,1 », explique M. Spinetta, Télécom, mais 66 % se déclarent prêts à changer d’opérateur et 60 % pré- cela n’était pas fait, nous risquerions seulement à faire sentir ses effets. La fusion entre Air Inter et Air « Notre résultat, avant amortisse- fèrent n’avoir qu’un seul fournisseur, selon un sondage CSA-La Tribune- une véritable crise de confiance », es- France, effective depuis le 1er avril 1997, a permis une rationalisation ments, nous permettra de financer en Mercer Management, paru le 16 décembre. time le président de la compagnie. Il de la flotte : le remplacement des gros porteurs par de plus petits ap- partie ce développement. Mais de existe un autre actionnariat salarié pareils, couplé à l’augmentation des fréquences, a réduit l’offre de nouvelles économies s’imposent. » Si chez Air France, qui trouve ses ori- 14 %. Le trafic n’a diminué que de 3,6 %, ce qui s’est traduit par un ac- les pilotes acceptent de baisser leurs CORRESPONDANCE gines dans la fusion-absorption croissement du coefficient d’occupation de 7,7 % à 71,6 %. salaires de 15 %, cela représentera à d’UTA par Air France. Aujourd’hui, terme une économie de 500 millions au total, 36 000 salariés d’Air France de francs. M. Spinetta prévoit Une lettre de George Simpson sont actionnaires de la compagnie et à 1,25 milliard d’obligations Air d’évolution des carrières de ses pi- d’économiser, sur l’ensemble des détiennent 3 % de son capital. France remboursables en actions, se lotes, dépendent fortement des postes de la compagnie, 2,5 autres A la suite de l’article intitulé « GEC de GEC-Alsthom démontre claire- retrouvera avec environ 4 % du capi- économies que la compagnie réussi- milliards de francs dans les trois ans à et Alcatel se désengagent de GEC- ment que le groupe n’est pas domi- BAISSE DU COÛT DU TRAVAIL tal. Par ailleurs, Air France a émis ra à faire. A l’instar des compagnies venir. « Il s’agit pour Air France de tra- Alsthom », paru dans Le Monde du né par les Français. Deuxième objectif affiché par la 1,78 milliard de bons de sousription américaines comme US Airways, on vailler mieux, pas plus », explique-t-il. 7 décembre 1997, nous avons reçu de Ensuite, les Financial Statements lettre de mission adressée à M. Spi- d’actions (en partie détenus par le peut imaginer que M. Spinetta fera George Simpson, directeur général de GEC-Alsthom NV, société de netta : « rechercher de manière équi- personnel) qui, s’ils sont exercés, du chantage aux pilotes : les achats Virginie Malingre de GEC, la lettre suivante : droit néerlandais, sont établis librée et réaliste la possibilité de pro- « porteront la part du capital d’Air d’avions seront conditionnés à des Votre article me fait dire que conformément aux normes longer et développer cet actionnariat France détenue dans le privé à près de baisses des salaires. a FO et la CFDT ont retiré le cette firme commune apparaît do- comptables internationales édic- salarié. » La loi permet aujourd’hui 49%», développe M. Spinetta. Le nouveau président d’Air France préavis de grève qu’elles avaient minée par les Français et peu res- tées par l’International Accounting de réserver aux salariés d’une entre- Les négociations entre pilotes et a annoncé le 20 novembre (Le déposé pour le 19 décembre à la pectueuse des normes comptables Standards Committee ; préalable- prise 10 % du montant des titres cé- direction devraient commencer très Monde du 22 novembre 1997) qu’Air suite de l’annonce par le PDG, anglo-saxonnes et laxiste en ma- ment à leur publication, ces dés sur le marché. « Une nouvelle loi prochainement. M. Spinetta ne France allait consacrer 40 milliards Jean-Cyril Spinetta de l’ouverture tière de contrôle financier. comptes sont approuvés par le nous permettra de porter cette part à manque pas d’arguments pour les de francs entre 1998 et 2002 à son dé- de nouvelles négociations sur le Outre le fait que je n’ai jamais dit comité d’audit de GEC-Alsthom, 20%», explique M. Spinetta. M. Spi- convaincre. Argument fiscal d’abord. veloppement, dont 30 milliards à « projet d’avancements 1998 ». ou même pensé cela, je crois qu’il auquel nous participons ; ces netta souhaiterait mettre en Bourse est utile de mentionner plusieurs comptes sont certifiés par deux 20 % du capital d’Air France. Dans faits objectifs. Tout d’abord, le Ma- commissaires aux comptes, Arthur cette hypothèse, les salariés pour- nagement Board de GEC-Alsthom Andersen et Deloitte & Touche, raient donc souscrire jusqu’à 4 % des La compagnie condamne définitivement son pôle tourisme est constitué de trois Français et de dont la réputation de rigueur et de actions Air France.« Pour assurer la deux Britanniques, dont l’un d’eux, compétence au plan international liquidité du titre, il faudrait mettre EN ANNONÇANT, jeudi 11 décembre, la cessation de Voyages. Cette filiale, spécialisée dans la vente de billets Jim Cronin, directeur général, est n’est pas contestable ; ceux-ci ont entre 10 et 20 % du capital sur le mar- l’activité d’Air Charter à partir de novembre 1998, Air d’avion à tarif réduit et qui avait une petite activité de notamment en charge de la straté- constamment approuvé les ché. Mais la décision n’est pas encore France a mis un point final à son activité tourisme. L’arrêt tour-opérateur, avait été rachetée à la GMF en 1994. Go gie financière et du contrôle finan- comptes de GEC-Alsthom sans au- prise », dit-on chez Air France. des activités d’Air Charter est selon Jean-Eudes Rabut, Voyages a arrêté ses activités en octobre 1996, après avoir cier. D’une façon plus générale, cune réserve depuis la formation Troisième objectif énoncé dans la son PDG, « un véritable gâchis, alors que l’entreprise avait affiché un dernier exercice déficitaire de 11 millions de l’analyse des structures de direction du groupe il y a huit ans. lettre de mission du gouvernement : tout pour réussir ». Il dénonce, à demi-mot, le corpora- francs pour un chiffre d’affaires de 311 millions de francs. tisme du SNPL (syndicat de pilotes majoritaire), qui n’a Puis est venu le tour de Visit France, filiale qui organisait pas permis de trouver des conditions de pilotage adap- le séjour des visiteurs étrangers en France et faisait voya- tées au marché. Les pilotes d’Air Charter qui sont des pi- ger les Français dans leur propre pays. Visit France, qui lotes d’Air France, gagnent en moyenne 30 % à 40 % de employait 72 personnes, affichait, pour l’exercice clos au plus que des pilotes d’une autre compagnie de charters. 31 mars 1997, une perte de 27 millions de francs pour un Ils demandent en outre un planning avec quarante jours chiffre d’affaires de 270 millions de francs. Visit France a d’avance, alors que les tours opérateurs (TO) planifient été vendu à Sopartour (Sociétés de participations touris- leurs demandes avions avec seulement vingt et un jours tiques), société créée par un ancien d’Air France. La d’avance. « Comment expliquer à un TO et à ses 1 200 pas- compagnie nationale a renfloué Visit France à hauteur sagers que leur départ est retardé de vingt-quatre heures du déficit et a prêté 12 millions de francs au repreneur parce qu’un commandant de bord a refusé d’aller à Djerba avant de céder la société pour le franc symbolique. au lieu de Milan, au titre de la stabilité de son planning ? », Recapitalisation et vente pour le franc symbolique, interroge le PDG d’Air Charter. c’est également le schéma retenu pour la cession de Jet Ce manque de souplesse et ce surcoût ont condamné Tours (Le Monde du 5 décembre). Après l’avoir renfloué à Air Charter : après avoir perdu 25 millions de francs en hauteur de 320 millions de francs à l’automne 1996, Air 1995-1996, la compagnie devrait perdre 60 millions cette France réinjectera encore 70 millions dans le tour-opéra- année, alors qu’un concurrent comme Star Europe, qui teur avant de le céder à ses cadres, associés au fonds d’in- travaille sur le même marché, avec les mêmes avions, sur vestissement TCR, dirigé par Jean-François Borde, ex-di- les mêmes programmes, gagnera de l’argent. recteur des investissements d’AXA, et au groupe Teker, Air France a commencé son désengagement du tou- maison mère des voyagistes Pacha Tours et Eden. risme en novembre 1994 avec la vente de la chaine hôte- lière Méridien. Puis ce fut l’arrêt des activités de Go François Bostnavaron JC Decaux installe son mobilier urbain à Sydney SYDNEY l’ordre de 40 millions de dollars Sud-Est », a déclaré Jean-François de notre correspondante australiens (environ 160 millions Decaux, président de JC Decaux Quatre municipalités austra- de francs). L’affichage publicitaire, Australia. Dans l’immédiat, le di- liennes, dont celle du centre de principalement sur les mille abri- recteur de JC Decaux Australia, Sydney, ont choisi l’entreprise bus, devrait rapporter 210 millions Marc Zeisel, s’affirme plus sou- française JC Decaux pour s’équi- de dollars, dont les municipalités cieux de mener à bien ce premier per en mobilier urbain. Il y a quel- toucheront des dividendes. L’ap- contrat avant la fin de 1998. Cer- ques semaines, sur Martin Place, la pel d’offres lancé il y a six mois taines municipalités s’avouent ré- « grand-place » de Sydney, envi- portait sur dix communes, mais les ticentes à avoir du mobilier urbain ron dix mille Sydneysiders avaient quatre municipalités qui se sont financé par la publicité. « C’est un eu le loisir d’essayer et de com- déjà prononcées pèsent 85 % de la concept très européen encore peu menter les bancs, les cabines télé- valeur totale du contrat. connu par ici », déclare-t-il. phoniques, les toilettes publiques Implanté dans plus de mille En s’imposant ainsi, JC Decaux ou les abribus que Decaux et ses villes d’Europe, JC Decaux ne s’en estime avoir cassé le monopole de trois concurrents proposaient était jusque-là éloigné qu’une fois, fait que son concurrent APN (Aus- d’installer dans la prochaine ville en 1995, en gagnant la ville de San tralian Provincial Newspapers) olympique. Francisco. JC Decaux attend égale- exerçait depuis peu sur le marché Pour répondre à cet appel ment, en ce moment, la réponse australien de l’aménagement ur- d’offres, la firme française a créé d’un appel d’offres à New York, bain. L’entreprise a également mis une filiale australienne. JC Decaux dont les enjeux publicitaires se- « un pied dans la porte » du mar- y est associée à 50-50 avec Man- raient entre cinq et dix fois plus ché publicitaire olympique que re- boom, une entreprise d’affichage importants que ce premier contrat présente Sydney, hôte des jeux en publicitaire récemment constituée australien. « Cette décision va nous septembre 2000. JC Decaux a pro- autour de trois hommes d’affaires permettre de démontrer notre ex- mis de fournir gratuitement à Syd- australiens, dont le magnat de la pertise dans l’une des plus belles ney deux semaines d’affichage pu- presse Kerry Packer. villes du monde, Sydney. C’est une blicitaire sur mille de ses sites à L’investissement total pour ce excellente opportunité pour créer travers le monde, un « extra » éva- contrat, qui prévoit la fourniture une base solide en vue de nouveaux lué à 1 million de dollars. et l’entretien de 4 500 meubles ur- développements en Australie, et bains pendant vingt ans, est de dans les grandes villes d’Asie du Florence de Changy LeMonde Job: WMQ1712--0023-0 WAS LMQ1712-23 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:32 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0426 Lcp: 196 CMYK

23 COMMUNICATION LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 Le gouvernement peine à modifier la loi anticoncentration dans les médias Tandis que le Parti socialiste propose d’abaisser à 30 ou 33 % le seuil maximum détenu par un opérateur dans une chaîne de télévision privée, le ministère de la culture et de la communication recherche une solution parmi les différents systèmes en vigueur dans les pays européens

FAUT-IL inventer de nouveaux dispositifs : le premier consiste, peut détenir plus de 20 % dans En Italie, la nouvelle loi, adoptée lisme et la concentration des mé- mum des opérateurs et fixant à mécanismes anti-concentration comme en France, à bloquer les deux chaînes qui, ensemble tota- au printemps par l’Assemblée na- dias. Mais, jusqu’à présent, le 10 % le seuil de la part des dans les médias ? Catherine Traut- velléités d’expansion des groupes lisent une audience cumulée supé- tionale, prévoit qu’un même opé- Livre vert de décembre 1992 n’a consommation de tous les médias mann, ministre de la culture et de par des critères capitalistiques ou rieure à 15 % de l’audience TV to- rateur ne pourra détenir plus de toujours pas été suivi d’effet. Ce contrôlés par un même opérateur. la communication, a promis de de droits de vote. En Espagne et tale. Outre-Rhin, un opérateur 20 % des canaux hertziens ni plus texte affirmait notamment que Cette proposition n’a pas été s’atteler à cette tâche complexe, en Autriche, la participation au ca- peut détenir un nombre illimité de de 30 % de l’ensemble des recettes « la disparité des réglementations adoptée. Jean-François Pons, di- dans sa prochaine loi sur l’audiovi- pital d’une chaîne hertzienne est chaînes dans la limite d’un seuil publicitaires. Enfin, aux Etats- nationales sur le pluralisme relative recteur général adjoint de la suel prévue pour le printemps. ainsi limitée à 25 %. d’audience de 30 %. Un plafond Unis, la réglementation anti-trust à la propriété des médias créait un DG IV (la direction générale char- Avant les élections législatives, le choisi pour que les principaux ac- reste très sévère et oblige fré- certain nombre d’effets restrictifs, gée de la concurrence), indiquait PS avait envisagé de revenir à un SEUIL D’AUDIENCE teurs, Kirch et Bertelsmann (via quemment certains opérateurs à en particulier sur la libre circulation récemment que « si cette directive seuil maximum de 25 % détenu Dans le but de renforcer le plu- CLT-UFA), n’aient pas à céder céder des actifs pour être en règle des services et la liberté d’établisse- avait été proposée, les différents par un opérateur dans une chaîne ralisme, l’indépendance et l’objec- d’actifs. De plus, l’Allemagne a mis avec les seuils anti-concentration. ment ». pays n’en auraient pas voulu » (Le de télévision privée (contre 49 % tivité des médias, le Royaume-Uni, en place une autorité administra- Pour sa part, la Commission de D’où l’idée, défendue par le Monde daté 26-27 octobre). Dans actuellement), tout en bloquant à la Grèce ou l’Allemagne inter- tive indépendante chargée du Bruxelles tente, en vain, depuis commissaire Mario Monti, de pro- l’hypothèse la plus optimiste, la 10 % la participation maximum dé- disent le contrôle d’un journal, contrôle des concentrations dans des années, de faire adopter une poser une directive visant à limiter Commission de Bruxelles pourrait, tenue par des groupes ayant accès d’une radio ou d’une télévision les médias. directive européenne sur le plura- à 30 % l’audience télévisée maxi- au mieux, proposer une re- à des marchés publics. aux partis politiques, aux institu- commandation. Une telle hypothèse, qui se tra- tions religieuses ainsi qu’aux per- Aucun des systèmes anti- duirait par une totale remise à plat sonnes « soumises à une influence concentration ne semble parfait. de l’audiovisuel français, a immé- inappropriée des autorités pu- Les trois propositions du PS pour durcir la législation Le critère du seuil d’audience, qui diatement suscité une levée de bliques », ou ayant une activité re- semble se dégager en Europe, boucliers de la part de la Générale lative au secteur public, voire des LA DÉLÉGATION nationale aux nir plus de 40 % du capital de l’en- visuelles pourrait être créé, avec fonctionne bien pour les grandes des eaux (présente dans Ca- parents proches d’un opérateur de médias du parti socialiste doit re- semble consolidé d’un opérateur un conseil de surveillance repré- chaînes hertziennes, mais la nal Plus), la Lyonnaise des eaux média. mettre, mercredi 17 décembre, à titulaire d’autorisations de chaînes sentatif des actionnaires et un di- marge d’erreur reste importante (M 6) et Bouygues (TF 1). Tandis Enfin, d’autres pays envisagent Catherine Trautmann, ministre de hertziennes, de bouquet de pro- rectoire chargé des aspects édito- pour des petites chaînes théma- que le PS a modifié ses proposi- les concentrations via des critères la culture et de la communication, grammes numériques et de câble. riaux. Le PS souhaite renforcer les tiques du câble et du satellite. tions initiales, la commission des de part de marché. C’est le cas des la première partie d’un rapport de De plus, à l’issue d’un délai garanties d’indépendance des ré- Seules l’Espagne et la Grande-Bre- affaires culturelles familiales et so- Pays-Bas où un opérateur ne peut propositions sur l’audiovisuel. transitoire – au plus tard jusqu’au dactions des chaînes, par la mise tagne se sont dotées d’une loi spé- ciales de l’Assemblée nationale pas détenir une télévision s’il « Tout en laissant au législateur le renouvellement de l’autorisa- en place d’un statut spécial des so- cifique à la télévision numérique. doit également se pencher, mer- contrôle 25 % du marché des quo- soin d’élaborer la prochaine loi, tion –, l’actionnaire de référence ciétés de rédaction. L’idée étant de cadrer juridique- credi 17 décembre, sur les règles tidiens d’information. En France, nous préconisons un abaissement à d’une chaîne privée ou d’un ré- Troisième proposition : le PS ment le passage d’un système de anti-concentration des médias, en ce critère de part de marché est 30 % ou 33 % du seuil maximum dé- seau câblé ne pourrait pas être tri- préconise l’instauration de cri- rareté des fréquences à celui d’une recevant les présidents des princi- aussi utilisé. tenu par un même opérateur butaire des marchés publics. Le PS tères multimédia pour éviter profusion de chaînes et de ser- pales chaînes privées. Le Royaume-Uni et l’Allemagne (contre 49 % aujourd’hui), pour précise que le Conseil d’Etat aurait qu’un groupe soit à la fois opéra- vices, qui rendra caduc tout ré- Pour l’heure, le service juridique (qui a mis en place sa nouvelle loi permettre l’arrivée de nouveaux en- la charge de fixer par décret la no- teur d’une radio, d’un journal et gime fondé sur un cumul des auto- et technique de l’information audiovisuelle en janvier), ont trants dans le capital des chaînes », tion d’accès aux marchés publics, d’une télévision locale dans une risations. (SJTI), qui dépend de Matignon, adopté une notion de seuil d’au- explique Louis Gautier, délégué en fonction de la nature des mar- même région. Des compétences D’autres aspects fondamentaux, élabore différents scénarios, en dience maximum, en évaluant national à la communication du chés et du pourcentage du chiffre seraient accordées au Conseil de comme la concentration dans les examinant les exemples fournis concrètement l’influence d’un mé- PS. A ce seuil s’ajouterait un se- d’affaires. « L’idée n’est pas d’em- la concurrence, qui pourrait sanc- droits audiovisuels, ne font l’objet par nos voisins européens. dia sur le public. En Grande-Bre- conde contrainte, l’impossibilité pêcher, par exemple, Nathan de tionner les concentrations et les d’aucune restriction législative. Il existe trois grands types de tagne, une même personne ne pour un même opérateur de déte- vendre des livres à l’éducation na- ententes de toute nature, quitte à D’une manière plus générale, une tionale, mais de pousser certains obliger certains acteurs à des ces- remise à plat de l’actuel système acteurs du secteur à évoluer pour sions d’actifs. Le Conseil de la français ne pourra pas échapper obtenir une plus grande étanchéité concurrence devrait aussi émettre non plus à un questionnement sur Nouvelle grève à « Libération » entre les différentes activités d’un des avis avant que le Conseil supé- les phénomènes de concentration groupe présent dans les médias et rieur de l’audiovisuel ne délivre « horizontale », comme les rap- POUR LA DEUXIÈME FOIS en une semaine, Li- s’est également engagée à donner la priorité aux dans l’industrie ou les services », une quelconque autorisation de ports capitalistiques entre diffu- bération est absent des kiosques, mardi 16 dé- augmentations collectives (1,9 million de francs y précise M. Gautier. diffusion. seurs et producteurs. cembre, à la suite d’une grève de l’ensemble du seront consacrés) et à entreprendre une refonte de Dans cette optique, un statut personnel. Jeudi 11 décembre, le quotidien n’avait la grille (1,05 million). Les syndicats ont pris acte de spécifique pour les sociétés audio- N. V. Nicole Vulser pas paru (Le Monde du 12 décembre). Les salariés ces avancées. Mais il subsistait une pierre d’achop- demandent des augmentations de salaires et leur pement : un partie (450 000 francs) de l’enveloppe meilleure répartition, mais la grève fait aussi figure allouée à la renégociation de la grille restait de mouvement de « ras-le-bol », trois ans après conditionnée aux résultats du premier semestre l’échec de la nouvelle formule du quotidien et dix- 1998. huit mois après la prise de contrôle du journal par le groupe Pathé de Jérôme Seydoux. DEUX CONCEPTIONS Au cours d’un vote à bulletin secret, le personnel Deux conceptions se sont alors opposées. Pour a voté pour le mouvement de grève proposé par les Pierre Haski, chef du service étranger et gérant de syndicats SUD et CGT, par 131 voix contre 103 et un la société des rédacteurs, « le principe d’un condi- bulletin nul, soit 235 votants sur un total de 300 sa- tionnement des augmentations aux résultats n’est pas lariés. Le scrutin a été plus serré que lors de la une aberration. La garantie de notre indépendance, grève précédente qui avait rallié 150 voix sur c’est de faire des bénéfices ». Tandis que pour une 158 votants. représentante syndicale, « on refuse, après des an- La crise est partie d’une revendication haute- nées d’austérité, que les salaires soient conditionnés ment symbolique pour Libération : la transparence aux ventes ». Chacun reconnaît que « le climat so- des salaires. Traditionnellement, ceux-ci étaient af- cial n’était pas bon cette année » et se souvient fichés, mais, depuis plusieurs mois, la direction re- qu’une centaine de personnes ont quitté l’entre- fusait cette communication, au point que les syndi- prise depuis deux ans. cats ont lancé une action judiciaire, finalement Dans une note adressée au personnel, lundi ma- perdue. Dès l’annonce d’un premier préavis de tin, la direction expliquait que « les bons résultats de grève, la direction a donné satisfaction à cette re- 1997 ne se reproduiront pas nécessairement l’année vendication de transparence. Mais le conflit était prochaine. Les chiffres de décembre montrent que les lancé. ventes restent fragiles ». Si Libération devrait réali- Avant le deuxième jour de grève, la direction a ser un bénéfice de 8,5 millions de francs en 1997, la donné satisfaction à de nombreuses revendica- direction prévoit un résultat de 3 millions de francs tions. Le budget des augmentations est passé de pour 1998. Une nouvelle assemblée générale 4 millions à 5 millions de francs. La direction a ac- devait avoir lieu, mardi 16 décembre en fin de mati- cepté « la revalorisation globale, substantielle et im- née. médiate des salaires, avec un effort en faveur des plus bas », comme le demandaient les syndicats. Elle Alain Salles Le 1 % sur le hors-média devrait permettre de réformer les aides à la presse LE HORS-MÉDIA servira-t-il de d’éviter qu’elle touche les associa- citoyen et le consommateur. » rampe de lancement à une future ré- tions. Reste au législateur à définir la du- vision des aides à la presse ? L’As- La mise en œuvre de ce 1 % de- rée du 1 % et son mode d’utilisation. semblée nationale devait discuter à vrait avoir lieu au printemps 1998 et La permanence du dispositif paraît nouveau, mardi 16 décembre, de porter d’abord sur les quatre der- dangereuse et s’assimilerait à « une l’amendement au projet de loi de fi- niers mois de 1997. La taxe devrait incitation à combler des déficits » ; nances 1998 du député Jean-Marie rapporter environ 300 millions de des parlementaires plaident donc Le Guen (PS, Paris) concernant la francs en année pleine et servira à fi- pour une durée limitée – de trois à taxe de 1 % prélevée sur les annon- nancer le plan de soutien à la mo- cinq ans. ceurs investissant dans le hors-mé- dernisation de la presse quotidienne, Quant à son utilisation, le fonds dia. Des nombreux amendements nationale, régionale et départemen- collecté devrait favoriser la moderni- proposés par les sénateurs (Le tale, ainsi que de la presse hebdoma- sation de la production et de la dis- Monde du 27 novembre), la daire régionale. tribution de la presse, en contri- Commission des finances de l’As- buant à l’amélioration de la qualité semblée nationale n’a retenu que ce- ASSAINIR LE SYSTÈME et à la baisse des coûts. Ce 1 % de- lui excluant les catalogues de la Pour M. Le Guen, prélever 1 % sur vrait aussi être une étape vers une vente par correspondance (VPC) du le hors-média imprimé vise à respec- réforme approfondie des aides à la champ de la taxe. ter le « parallélisme papier-papier », presse, dans le sens d’une plus Le débat à l’Assemblée devrait les autres formes de hors-média (té- grande sélectivité. « La presse quoti- préciser le cadre général de l’amen- lémarketing, relations publiques, dienne, mais aussi la presse d’opinion, dement. Le 1 % sera prélevé chez les promotion, publicité événemen- doivent être aidées. Ce n’est pas le cas annonceurs assujettis à la TVA qui tielle) étant plus difficilement inden- de la presse magazine, ni celui de la investissent dans le hors-média im- tifiables et pesant moins sur le plan presse spécialisée, explique Jean-Ma- primé – presse gratuite, prospectus, financier. Le député estime, en rie Le Guen. Au gouvernement de publipostage –, et dont le chiffre outre, que cette taxe parafiscale cor- « respécifier » les aides à la presse, de d’affaires dépasse 5 millions de respond « à un signal donné aux an- dire ce qu’il veut aider et pourquoi, et francs (1,5 million pour les sociétés nonceurs, afin qu’ils comprennent d’assainir le système. » de services). Une façon de simplifier que dans leur politique d’annonce, la collecte de cette taxe parafiscale et ils doivent prendre en compte le Yves-Marie Labé LeMonde Job: WMQ1712--0024-0 WAS LMQ1712-24 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0427 Lcp: 196 CMYK

24 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 FINANCES ET MARCHÉS

a LE DOLLAR restait ferme face au a LA BOURSE DE SÉOUL a salué, a LA BOURSE DE TOKYO a gagné a LE DOW JONES, principal indica- a L’OR a ouvert en hausse, mardi yen, mardi 16 décembre, sur le mar- mardi, l’abandon du lien fixe entre 0,5 %, mardi, dans un climat d’opti- teur de la Bourse de New York, s’est 16 décembre, sur le marché interna- ché des changes de Tokyo. Il le won et le dollar en terminant sur misme sur le programme de relance repris lundi et a terminé en hausse tional de Hongkong, à 283,30- s’échangeait à 131,06 yens, contre une hausse de 4,8 %. L’indice a ga- que le parti au pouvoir devrait an- de 84,29 points (1,07 %), à 283,70 dollars l’once, contre 283,20- 130,85 yens à New York lundi soir. gné 18,46 points, à 404,26 points. noncer dans la journée. 7 922,59 points. 283,60 dollars lundi en clôture.

Bouygues, valeur du jour

L’INTÉRÊT spéculatif autour du table d’une société, il finit toujours titre Bouygues est brutalement re- par en prendre le contrôle. Depuis le tombé, lundi 15 décembre, à la début de l’année, l’action Bouygues Bourse de Paris. L’action, qui a ter- a gagné 23,6 %. miné en tête des plus fortes baisses sur le marché à règlement mensuel, a perdu 6,7 %, à 665 francs, avec 326 000 transactions. L’accord inter- venu entre la famille Bouygues et Vincent Bolloré protège le groupe de BTP et de communication de toute OPA hostile. Les analystes sou- lignent tout de même que, lorsque Vincent Bolloré entre dans le tour de

leur mouvement de baisse. L’in- Reprise à Tokyo dice composite de la Bourse élec- tronique Nasdaq, où sont concen- et à Wall Street trées les valeurs de la haute technologie, a limité ses pertes LA BOURSE de Tokyo a terminé avec une baisse de 0,02 % à en légère hausse, mardi 16 dé- 1 536,56 points après avoir chuté cembre, la plupart des opérateurs de 6 % sur l’ensemble de la se- se tenant sur la défensive avant la maine dernière. Intel, Motorola et présentation mercredi du troi- Texas Instruments étaient notam- sième volet de mesures de relance ment en hausse lundi. économique du parti au pouvoir au Japon. L’indice Nikkei 225 a ga- gné 75,82 points, soit 0,48 %, à 15 985,21 points. « Il faudra étudier le programme, qui a été établi d’une manière un peu compli- quée », a estimé Mikio Takada, de Nikko Securities Co Ltd. Ce pro- gramme devait être initialement annoncé mardi mais sa publica- tion a finalement été reportée d’une journée. La veille, Wall Street s’était re- pris et l’indice Dow Jones avait terminé en hausse de 84,29 points (1,07 %) à 7 922,59 points. Les va- leurs technologiques ont enrayé

Léger recul du Matif Remontée du won coréen LE MARCHÉ obligataire français a ouvert en légère La veille, les obligations américaines avaient terminé la LE DOLLAR était stable, mardi matin 16 décembre, Séoul de laisser flotter librement sa devise. Jusqu’à baisse, mardi 16 décembre. Après quelques minutes de séance en baisse, pénalisées par les signes d’apaisement lors des premières transactions entre banques sur les présent, les transactions étaient suspendues dès que transactions, le contrat notionnel du Matif, qui mesure la de la crise financière en Asie du Sud-Est et par l’annonce places financières européennes. Il cotait le won connaissait une variation de 10 % par rapport performance des emprunts d’Etat, cédait 4 centièmes, à d’une hausse de 0,8 % de la production industrielle en 1,7770 deutschemark et 5,9495 francs. à son cours de la veille. En dépit de son rebond de 101,16 points. novembre, supérieure aux prévisions. Le rendement du Face à la monnaie japonaise, le billet vert se repliait mardi, le recul du won face au billet vert depuis le dé- Le taux de l’obligation assimilable du Trésor (OAT) à titre à trente ans s’était inscrit à 5,97 % en clôture. légèrement, à 130,90 yens. Le won sud-coréen s’ins- but de l’année s’établit à 39 %. dix ans s’inscrivait à 5,29 %, au même niveau que le ren- La Banque de France a laissé inchangé, mardi matin, à crivait pour sa part en très forte hausse, gagnant plus Le franc cédait un peu de terrain face à la monnaie dement du titre allemand de même échéance. 3,38 %, le niveau de l’argent au jour le jour. de 10 % face au dollar, au lendemain de la décision de allemande, à 3,3496 francs pour 1 deutschemark. LeMonde Job: WMQ1712--0025-0 WAS LMQ1712-25 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0428 Lcp: 196 CMYK Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mardi 16 decembre 1997 - 10 h 36’ 13’’ Montage 3B2 Diamond 4

FINANCES?????????? ET MARCHE´S LE MONDELE MONDE / MERCREDI / MERCREDI 17 17 DE DÉCEMBRE´CEMBRE 1997 1997 / / 25

CPR ...... 454 455,50 + 0,33 22 Legris indust...... 207,90 208 + 0,04 5 Union Assur.Fdal ...... 732 736 + 0,54 19 Hoechst # ...... 212,30 212,80 + 0,23 3,45 Cred.Fon.France ...... 87,20 87,10 – 0,11???????????? 28 Locindus...... 753 750 – 0,39 63 Usinor ...... 82,50 83,70 + 1,45 3 I.B.M # ...... 583 600 + 2,91 0,99 ` CAC 40 Credit Lyonnais CI ...... 309 314,90 + 1,90 10 L’Oreal...... 2138 2175 + 1,73 14 Valeo ...... 378 384 + 1,58 2 I.C.I #...... 90,70 92,50 + 1,98 1,22 REGLEMENT Cred.Nat.Natexis ...... 356,50 350,10 – 1,79 10 LVMHLE MONDE Moet Hen...... / MERCREDI 973 17 975 DÉCEMBRE+ 0,20 1997 6,30 Vallourec...... 339 331 – 2,35 6 Ito Yokado # ...... 276,40 270,50 – 2,13 0,59 CS Signaux(CSEE)...... 183 178 – 2,73 5,50 Marine Wendel ...... 648 655 + 1,08 17 Via Banque ...... 175 175,60 + 0,34 12 Kingfisher plc #...... 83 83,90 + 1,08 0,61 MENSUEL Damart ...... 3832 3869 + 0,96 65 Metaleurop...... 52,40 56 + 6,87 4 Worms & Cie ...... 435 433,10 – 0,43 9,50 Matsushita #...... 82 80,90 – 1,34 0,26 PARIS MARDI 16 DE´CEMBRE Danone...... 1061 1072 + 1,03 17 Metrologie Inter...... 13,85 13,95 + 0,72 .... Zodiac ex.dt divid ...... 1370 1377 + 0,51 11,50 Mc Donald’s # ...... 278,50 273,70 – 1,72 0,40 Dassault-Aviation...... 1338 1330 – 0,59 31,50 Michelin ...... 281,50 286 + 1,59 3,30 Elf Gabon...... 1000 1000 .... 89 Merck and Co # ...... 618 629 + 1,77 2,27 Liquidation : 23 de´cembre + 0,98 % Dassault Electro ...... 595 597 + 0,33 6,40 Moulinex #...... 140,90 144,50 + 2,55 4 ...... Mitsubishi Corp.#...... 45,40 46,80 + 3,08 0,16 Taux de report : 3,88 CAC 40 : Dassault Systemes...... 178 178 .... 1,70 Nord-Est...... 119 118 – 0,84 5,50 ...... Mobil Corporat.#...... 435,10 ...... 2,62 Cours releve´s`10h15 a 2866,05 De Dietrich ...... 269,90 265,80 – 1,51 5,30 Nordon (Ny)...... 381 381 ...... Morgan J.P. # ...... 707 ...... 4,40 Deveaux(Ly)#...... 685 675 – 1,45 24 NRJ # ...... 832 832 .... 6 ...... Nestle SA Nom. # ...... 8550 8610 + 0,70 78,56 Dev.R.N-P.Cal Li # ...... 45 44 – 2,22 .... Olipar ...... 67 ...... Nipp. MeatPacker #...... 69,40 ...... 0,71 Montant Dexia France...... 670 670 .... 15,70 Paribas...... 493,40 498,50 + 1,03 13 ...... Nokia A ...... 396,70 406 + 2,34 3,94 VALEURS Cours Derniers % coupon FRANC¸AISES pre´ce´d. cours + – DMC (Dollfus Mi) ...... 102 103 + 0,98 4 Pathe ...... 1083 1075 – 0,73 10 ...... Norsk Hydro #...... 304 307 + 0,98 4,78 (1) Dynaction ...... 152 152 .... 3 Pechiney...... 226 228,50 + 1,10 3,30 ...... Petrofina # ...... 2285 2260 – 1,09 49,02 Eaux (Gle des) ...... 756 762 + 0,79 12 Pernod-Ricard ...... 333 331 – 0,60 4,40 ...... Philip Morris #...... a 263,10 265,30 + 0,83 2,03 B.N.P. (T.P)...... 963 963 .... 46,71 Eiffage ...... 250 250 .... 28,80 Peugeot ...... 650 658 + 1,23 3 ...... Philips N.V #...... 331,10 342,50 + 3,44 3,59 Cr.Lyonnais(T.P.) ...... 915 916 + 0,10 44,35 Elf Aquitaine ...... 625 635 + 1,60 14 Pinault-Print.Red...... 2989 3017 + 0,93 32 ...... Placer Dome Inc # ...... 65,85 66,45 + 0,91 0,33 Renault (T.P.)...... 1786 1789 + 0,16 95,36 Eramet...... 218 217,50 – 0,22 6,60 Plastic Omn.(Ly) ...... 710 706 – 0,56 8,50 ...... Procter Gamble # ...... 473,40 483 + 2,02 1,25 Rhone Poulenc(T.P) ...... 2252 ...... 106,28 Eridania Beghin ...... 958 943 – 1,56 33 Primagaz ...... 469 474 + 1,06 8,50 ...... Quilvest...... 311 305 – 1,92 13,93 Saint Gobain(T.P.)...... 1268 1268 .... 71,43 Essilor Intl ...... 1715 1715 .... 14,50 Promodes ...... 2230 2274 + 1,97 14 ...... Randfontein #...... 8 7,75 – 3,12 0,62 Thomson S.A (T.P) ...... 920 921 + 0,10 44,45 Essilor Intl.ADP...... 1610 1610 .... 15,30 Publicis # ...... 504 510 + 1,19 4,80 Rio Tinto PLC # ...... 70 70,30 + 0,42 1,01 Accor...... 1100 1117 + 1,54 20 Esso ...... 485 471,20 – 2,84 4 Remy Cointreau...... 89 88,20 – 0,89 4,60 Montant Royal Dutch #...... 317,60 324,70 + 2,23 2,91 AGF-Ass.Gen.France ..... 330 326,40 – 1,09 5 Eurafrance ...... a 2422 2451 + 1,19 53 Renault...... 167,30 171,40 + 2,45 3,50 VALEURS Cours Derniers % coupon Sega Enterprises...... 118 ...... 0,63 Air Liquide ...... 888 890 + 0,22 14 Euro Disney ...... 7,10 7,05 – 0,70 0,68 Rexel...... 1726 1725 – 0,05 19,60 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours +– (1) Saint-Helena #...... 18,35 17,30 – 5,72 1,51 Alcatel Alsthom ...... 728 740 + 1,64 10 Europe 1 ...... 1160 1160 .... 19 Rhone Poulenc A...... 262,50 269,10 + 2,51 3,50 Schlumberger # ...... 465 465,10 + 0,02 1,10 Atos (ex.Axime) CA...... 749 760 + 1,46 .... Eurotunnel...... 5,75 5,70 – 0,86 .... Rochette (La) ...... 24,85 24,70 – 0,60 1,20 ABN Amro Hol.#...... 119 119,50 + 0,42 1,18 SGS Thomson Micro. .... 317 335 + 5,67 .... Axa...... 455,50 457,50 + 0,43 7,50 Fimalac SA ...... 451 450,50 – 0,11 16 Rue Imperiale(Ly)...... 5030 5040 + 0,19 120 Adecco S.A...... 1472 1499 + 1,83 13,13 Shell Transport # ...... 42,65 43,20 + 1,28 0,50 Bail Investis...... 810 810 .... 64,40 Finextel...... 106,40 106,80 + 0,37 3,91 Sade (Ny)...... 194,50 192,20 – 1,18 12,50 Adidas AG # ...... 821 836 + 1,82 2,71 Siemens #...... 338,30 341 + 0,79 3,70 Bancaire (Cie) ...... 985 994 + 0,91 10 Fives-Lille...... 348 348 .... 14 Sagem SA...... 2650 2600 – 1,88 26 American Express ...... 513 527 + 2,72 1,11 Sony Corp. #...... 508 499 – 1,77 0,98 Bazar Hot. Ville ...... 543 542 – 0,18 16 France Telecom ...... 216,80 215,60 – 0,55 .... Saint-Gobain ...... 810 815 + 0,61 17 Anglo American # ...... 237 231,50 – 2,32 7,14 Sumitomo Bank #...... 69 ...... 0,18 Bertrand Faure...... 385,40 ...... 4 Fromageries Bel...... 4365 4320 – 1,03 50 Salomon (Ly) ...... 516 515 – 0,19 3,30 Amgold # ...... 210 206,20 – 1,80 6,95 T.D.K # ...... 431,50 427,70 – 0,88 0,99 BIC...... 405 409,90 + 1,20 6 Galeries Lafayette ...... 2710 2710 .... 11 Salvepar (Ny)...... 470 470 .... 18,50 Arjo Wiggins App...... 16,45 16,30 – 0,91 0,28 Telefonica #...... 173,30 181 + 4,44 1,61 BIS ...... 490 490 .... 8 GAN ex.dt sous...... 138,40 136,90 – 1,08 4 Sanofi ...... 609 619 + 1,64 6,60 A.T.T. # ...... 338 340,60 + 0,76 1,61 Toshiba #...... 23,55 24,10 + 2,33 0,21 B.N.P...... 330 330 .... 5,40 Gascogne (B) ...... 467 465 – 0,42 14 Sat ...... 1694 1658 – 2,12 29 Banco Santander #...... 182,50 183,70 + 0,65 0,89 Unilever act.Div.#...... 357,10 361,70 + 1,28 1,64 Bollore Techno...... 760 770 + 1,31 7,50 Gaumont #...... 394,90 395 + 0,02 2,50 Saupiquet (Ns)...... 575 589 + 2,43 10 Barrick Gold #...... 100,20 102 + 1,79 0,35 United Technol. # ...... 435 432,10 – 0,66 1,52 Bongrain...... 2470 2500 + 1,21 61 Gaz et Eaux...... 2515 2430 – 3,37 55 Schneider SA...... 307,50 308,70 + 0,39 5 B.A.S.F. # ...... 207 207,50 + 0,24 4,18 Vaal Reefs # ...... 202 202 .... 9,64 Bouygues ...... 665 667 + 0,30 17 Geophysique...... 772 771 – 0,12 8 SCOR...... 286 288 + 0,69 10 Bayer # ...... 204 207 + 1,47 4,19 Volkswagen A.G # ...... 3219 3219 .... 22,14 Bouygues Offs...... 256 263,50 + 2,92 2 G.F.C...... 525 524 – 0,19 19 S.E.B...... 804 795 – 1,11 11,20 Cordiant PLC...... 4,62 ...... 0,10 Volvo (act.B) # ...... 161,50 160,10 – 0,86 2,25 Bull#...... 62,90 62,95 + 0,07 .... Groupe Andre S.A...... 595 592 – 0,50 6 Sefimeg CA...... 310 320 + 3,22 14,60 Crown Cork ord.# ...... 292,60 ...... 1,23 Western Deep #...... 93,05 94,10 + 1,12 3,77 Canal + ...... 993 997 + 0,40 20 Groupe GTM ...... 412 410 – 0,48 8 SEITA...... 228 223,20 – 2,10 6,60 Crown Cork PF CV# ...... 270,70 ...... 2,32 Yamanouchi #...... 134,90 135,70 + 0,59 0,38 Cap Gemini...... 472 479,80 + 1,65 2 Gr.Zannier (Ly) # ...... 136,40 136,60 + 0,14 2,20 Selectibanque ...... 68,95 68,60 – 0,50 6 Daimler Benz #...... 416,20 418,20 + 0,48 2,71 Zambia Copper ...... 12,75 12,75 ...... Carbone Lorraine...... 1726 1735 + 0,52 18 Guilbert ...... 845 845 .... 12 SFIM...... 1000 1000 .... 30 De Beers # ...... 121,80 123 + 0,98 0,69 ...... Carrefour ...... 2910 2944 + 1,16 26 Guyenne Gascogne...... 1822 1803 – 1,04 30 SGE...... 152 150 – 1,31 5 Deutsche Bank #...... 414 415,10 + 0,26 4,44 ...... Casino Guichard...... 328 326,20 – 0,54 4,50 Hachette Fili.Med...... 1200 1181 – 1,58 15 Sidel...... 387 389 + 0,51 4,50 Dresdner Bank ...... 270 273,60 + 1,33 3,82 ...... Casino Guich.ADP...... 251 252 + 0,39 4,75 Havas...... 403,80 405 + 0,29 8,50 Silic CA ...... 815 823 + 0,98 37,34 Driefontein # ...... 39,10 38,80 – 0,76 0,96 ...... Castorama Dub.(Li)...... 698 691 – 111Havas Advertising ...... 765 774 + 1,17 13 Simco ...... 419,20 420 + 0,19 20,76 Du Pont Nemours #...... 363 363 .... 1,54 ...... C.C.F...... 425 434,20 + 2,16 5,80 Imetal ...... 733 726 – 0,95 16 S.I.T.A...... 1085 1110 + 2,30 12 Eastman Kodak # ...... 320,10 320,10 .... 2,18 ...... Cegid (Ly)...... 616 622 + 0,97 30 Immeubl.France...... 351,50 351 – 0,14 6 Skis Rossignol...... 108,10 109,50 + 1,29 2,50 East Rand #...... 1,26 1,26 .... 0,10 Cerus Europ.Reun...... 35,20 35 – 0,56 10 Infogrames Enter...... 900 900 ...... Societe Generale...... 844 852 + 0,94 17,50 Echo Bay Mines # ...... 14,95 14,50 – 3,01 0,15 ABRE´VIATIONS Cetelem...... 843 846 + 0,35 10 Ingenico...... 118,90 117,60 – 1,09 3 Sodexho Alliance...... 3230 3250 + 0,61 26 Electrolux #...... 425 ...... 6,53 B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; CGIP ...... 2000 1990 – 0,50 40 Interbail ...... 165 162,40 – 1,57 17,15 Sommer-Allibert ...... 208 206 – 0,96 4 Ericsson # ...... 214 218 + 1,86 1,30 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Chargeurs ...... 327,10 330 + 0,88 7 Intertechnique ...... 1320 1315 – 0,37 15 Sophia ...... 230 230 .... 17,25 Ford Motor # ...... 280 ...... 2,13 SYMBOLES Christian Dalloz...... 728 726 – 0,27 12 ISIS ...... 670 668 – 0,29 .... Spir Communic. # ...... 367 368 + 0,27 15 Freegold # ...... 22,10 22,30 + 0,90 1,34 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; Christian Dior ...... 597 600 + 0,50 6,30 Jean Lefebvre ...... 335 ...... 10 Strafor Facom...... 373 376 + 0,80 7 Gencor act.regr...... 9,50 9,10 – 4,21 1,36 a coupon de´tache´; b droit de´tache´. Ciments Francais...... 237 231,20 – 2,44 1,25 Klepierre ...... 778 775 – 0,38 28 Suez Lyon.des Eaux...... 637 636 – 0,15 12 General Elect. #...... 436,70 442,70 + 1,37 1,27 Cipe France Ly #...... 179,80 ...... 2,50 Labinal...... 1498 1491 – 0,46 21,50 Synthelabo...... 735 737 + 0,27 5,32 General Motors #...... 375,40 378,10 + 0,71 2,45 DERNIE`RE COLONNE (1) : Clarins...... 420 418,10 – 0,45 7,20 Lafarge ...... 366 371 + 1,36 10 Technip ...... 643 655 + 1,86 10,50 Gle Belgique # ...... 560 564 + 0,71 14,24 Lundi date´ mardi : % variation 31/12 Club Mediterranee...... 392 390,50 – 0,38 4,50 Lagardere ...... 194,50 194,60 + 0,05 3,70 Thomson-CSF...... 184 182,50 – 0,81 2,80 Grd Metropolitan ...... 56,50 56,15 – 0,61 0,59 Mardi date´ mercredi : montant du coupon Coflexip...... 635 634 – 0,15 1 Lapeyre...... 323 328 + 1,54 5,60 Total ...... 592 601 + 1,52 10,50 Guinness Plc # ...... 56,40 56,75 + 0,62 0,47 Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon Colas ...... 900 890 – 1,11 25 Lebon...... 285,50 280 – 1,92 7 UIF ...... 401,50 401,20 – 0,07 14,68 Hanson PLC reg...... 28 28 .... 0,39 Jeudi date´ vendredi : compensation Comptoir Entrep...... 12,45 12,70 + 2 7,50 Legrand ...... 1165 1166 + 0,08 4,30 UIS ...... 202,50 202 – 0,24 14,97 Harmony Gold # ...... 12,60 12,60 .... 0,47 Vendredi date´ samedi : nominal Comptoirs Mod...... 2880 2880 .... 24 Legrand ADP ...... 740 750 + 1,35 6,88 Unibail...... 581 581 .... 29 Hitachi #...... 43,35 43 – 0,80 0,23

OAT 9/85-98 TRA...... 1,014 ACTIONS Cours Derniers Francarep...... d 274 274 Elyo...... d 322 322 ACTIONS Cours Derniers OAT 9,50%88-98 CA#...... 102,83 4,607 FRANC¸AISES pre´ce´d. cours France S.A...... 1175 1195 Finaxa ...... 350,50 350,90 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours COMPTANT OAT TMB 87/99 CA#...... 99,92 3,018 From. Paul-Renard...... d 950 950 Gaillard (M)...... d 1551 1551 OAT 8,125% 89-99 #...... 4,630 Arbel ...... 38,50 39 Gevelot...... d 1250 1250 Givaudan-Lavirotte...... d 1290 1290 Bayer.Vereins Bank ...... 368 368 Une se´lection Cours releve´s`10h15 a OAT 8,50%90/00 CA# ...... 6,195 y Baccarat (Ny) ...... d 475 475 G.T.I (Transport)...... d 184,70 184,70 Grd Bazar Lyon(Ly)...... d 150 150 Commerzbank AG...... 229,50 229,50 MARDI 16 DE´CEMBRE OAT 85/00 TRA CA#...... 102,35 1,469 Bains C.Monaco...... 520 510 Immobail...... 145 143,70 Gd Moul.Strasbourg...... d 1761 1761 Fiat Ord...... 17 17 OAT 10%5/85-00 CA#...... 112,55 5,644 Bque Transatlantl...... d 171,50 171,50 Immobanque...... 592 596 Hotel Lutetia...... d 377 377 Gold Fields South...... 74,65 74,65 %%OAT 89-01 TME CA# ...... 4,393 o B.N.P.Intercont...... 878 850 Locamion (Ly) ...... d 478 478 Hotels Deauville...... d 541 541 Kubota Corp...... 15 15 OBLIGATIONS du nom. du coupon OAT 10% 90-01 ecu...... 114,85 8,110 Bidermann Intl...... d 110 110 Lucia ...... d 58 58 Immeubl.Lyon (Ly)...... d 485 485 Montedison act.ep...... 9,60 9,60 OAT 7,5%7/86-01CA#...... 3,021 B T P (la cie)...... d 7,60 7,60 Monoprix ...... d 310 310 L.Bouillet (Ly)...... d 304 304 Olympus Optical...... 32,30 32,30 Nat.Bq. 9% 91-02...... 1,110 OAT 8,5% 91-02 ecu...... 112,50 6,497 Centenaire Blanzy...... d 352 352 Metal Deploye...... d 331 331 Lloyd Continental...... d 9200 9200 Robeco...... 549 551 CEPME 9% 89-99 CA#..... 107,35 3,008 OAT 8,5% 87-02 CA#...... 115,76 0,559 Champex (Ny)...... d 23,85 23,85 Mors ...... 5 4,90 Lordex (Ny)...... d 0,05 0,08 d Rodamco N.V...... 169 169 CEPME 9% 92-06 TSR ...... 4,414 OAT 8,50% 89-19 #...... 134,07 1,281 CIC Un.Euro.CIP ...... 475 489 Navigation (Nle) ...... d 136 136 Matussiere Forest...... 51 51 Rolinco...... 515 515 CFD 9,7% 90-03 CB ...... 120,94 8,424 OAT.8,50%92-23 CA#...... 5,542 d C.I.T.R.A.M. (B)...... d 2055 2264 d Optorg ...... d 358,90 358,90 Moncey Financiere...... d 2550 2550 Sema Group Plc #...... 141 138,50 CFD 8,6% 92-05 CB ...... 7,351 SNCF 8,8% 87-94CA ...... 105,10 7,715 y Generali Fce Assur ...... d 1290 1290 Paluel-Marmont...... d 520 520 M.R.M. (Ly)...... d 390 390 Solvay SA...... 351 351 CFF 10% 88-98 CA# ...... 104,66 1,589 Suez Lyon.Eaux 90...... 972 .... Continental Ass.Ly...... d 499 499 Exa.Clairefont(Ny) ...... d 800 800 Part-Dieu(Fin)(Ly) ...... d 103 103 ...... CFF 10,25%90-01CB# ..... 114,50 7,835 y ...... Darblay ...... d 545 545 Parfinance...... d 257 257 Pechiney Intl ...... 114 113 ...... CLF 8,9% 88-00 CA#...... 109 4,999 ...... Didot Bottin...... d 734 734 Paris Orleans...... d 262 262 Poliet ...... d 495,20 495,20 CLF 9%88-93/98 CA#...... 100,63 7,915 y ...... Eaux Bassin Vichy...... d 2893 2893 Promodes (CI)...... d 1758 1758 Sabeton (Ly)...... 700 700 ´ CNA 9% 4/92-07...... 123 5,647 ...... Ecia ...... 1065 1065 PSB Industries Ly ...... 500 500 Samse (Ly) ...... d 879 879 ABREVIATIONS CRH 8,6% 92/94-03...... 116,05 4,076 x ...... Ent.Mag. Paris...... d 1151 1151 Rougier # ...... 300 304 Sechilienne (Ly)...... d 1179 1179 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; CRH 8,5% 10/87-88# ...... 104 6,730 ...... Fichet Bauche ...... d 36 36 Saga ...... 160 160 Sucr.Pithiviers...... 3151 3151 Ny = Nancy; Ns = Nantes. EDF 8,6% 88-89 CA# ...... 107,61 7,233 o ...... Fidei...... 30,50 30,50 S.I.P.H...... d 320 320 Tanneries Fce (Ny)...... d 288,90 288,90 SYMBOLES EDF 8,6% 92-04 #...... 117,52 5,985 y ...... Finalens ...... d 261,30 261,30 Sofragi ...... d 4510 4510 Teleflex L. Dupont...... d 103 103 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Finansder 9%91-06# ...... 124,10 0,567 ...... F.I.P.P...... d 300 300 Taittinger...... 3398 3350 Union Gle Nord(Li) ...... d 230 230 cate´gorie 3 ; a coupon de´tache´; b droit de´tache´; Finansd.8,6%92-02#...... 113,50 7,681 ...... Fonciere (Cie) ...... d 586 586 Tour Eiffel ...... d 280 280 ...... o=offert;d=demande´; x offre re´duite ; Floral9,75% 90-99# ...... 3,953 o ...... Fonc. Lyonnaise #...... 705 705 Vicat...... 500 500 ...... y demande re´duite ; # contrat d’animation. OAT 88-98 TME CA# ...... 100 4,393 o ...... Foncina # ...... d 505 505 Caves Roquefort...... d 1850 1850 ......

Cardif SA...... d 1089 1089 Gautier France # ...... 265 265 NSC Groupe Ny ...... d 780 780 C.E.E #...... d 71,50 71,50 Gel 2000 ...... 45 45 Onet # ...... 920 900 SECOND CFPI # ...... d 390 390 GEODIS #...... d 305 305 Paul Predault #...... 123,90 125 NOUVEAU MARCHE´ HORS-COTE Change Bourse (M) ...... d 229 229 GFI Industries #...... d 1150 1150 P.C.W...... 19 .... Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a MARCHE´ CNIM CA#...... 190,20 190 Girodet (Ly) #...... d 24,40 24,40 Petit Boy #...... d 80 80 Codetour...... d 352 352 GLM S.A...... d 242,10 242,10 Phyto-Lierac #...... 216 216 MARDI 16 DE´CEMBRE MARDI 16 DE´CEMBRE Une se´lection Cours releve´s`10h15 a Comp.Euro.Tele-CET ..... d 287,80 287,80 Grandoptic.Photo #...... 965 976 Pochet...... 730 705 MARDI 16 DE´CEMBRE Conflandey # ...... d 298 298 Gpe Guillin # Ly...... 205 205 Poujoulat Ets (Ns) ...... d 220 220 Cours Derniers Cours Derniers C.A. Hte Normandie...... 309 310 Kindy #...... 160 159,90 Radiall # ...... 630 630 VALEURS pre´ce´d. cours VALEURS pre´ce´d. cours Cours Derniers C.A. Paris IDF...... 765 770 Guerbet...... 210 212 Robertet # ...... 1015 1020 VALEURS pre´ce´d. cours C.A.Ille & Vilaine...... 300 300 Hermes internat.1# ...... 397 399 Rouleau-Guichard...... d 223,50 223,50 Appligene Oncor ...... d 18,50 18,50 Eridania-Be´ghin CI...... d 840 840 C.A.Loire Atl.Ns # ...... 279 279 Hurel Dubois...... d 645 645 Securidev #...... 91 91 Belvedere...... d 605 605 Cre´dit Ge´n.Ind...... d 10 10 Acial (Ns) #...... d 45,70 45,70 C.A.Pas de Calais...... 538 538 ICBT Groupe # ...... 195,20 197 Smoby (Ly)#...... d 510 510 BVRP...... d 220 220 Ge´ne´rale Occidentale..... d 178 178 AFE #...... 512 515 C.A.du Nord#(Li)...... 499 498 I.C.C...... d 140 140 Sofco (Ly)...... d 8,10 8,10 Coil ...... d 135 135 Ste´ lecteurs du Monde.... d 131,10 131,10 Aigle # ...... 316 314 C.A. Oise CCI...... d 315 315 ICOM Informatique ...... d 509 509 Sofibus...... d 370 370 Electronique D2 ...... d 720 720 Via Cre´dit (Banque)...... d 25,30 25,30 Albert S.A (Ns)...... d 143 143 C.A. Somme CCI...... 304 304 Idianova...... d 65 65 Sogeparc (Fin)...... 399 397 FDM Pharma n...... d 184,60 184,60 ...... Altran Techno. #...... 1725 1745 C.A.Toulouse (B) ...... d 410 410 Int. Computer #...... d 41,10 41,10 Sopra #...... 630 623 Genset...... d 385 385 d Arkopharma# ...... 295 295 Devanlay...... d 595 595 IPBM ...... d 55,50 55,50 Steph.Kelian # ...... d 65 65 Guyanor action B ...... 6,70 6,70 ´ Montaignes P.Gest...... d 2000 2000 Devernois (Ly)...... d 555 555 M6-Metropole TV ...... 605 606 Sylea ...... 554 552 High Co...... d 162 162 ABREVIATIONS Assystem # ...... 187 187 Ducros Serv.Rapide...... d 45 45 Manitou # ...... 720 721 Teisseire-France...... d 157,70 157,70 Infonie ...... d 75 75 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Bque Picardie (Li)...... d 715 715 Emin-Leydier (Ly)#...... 351 351 Manutan ...... 457,90 457,90 TF1...... 610 611 Joliez-Regol...... d 74 74 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Bque Tarneaud(B)#...... d 320 320 Europ.Extinc.(Ly)...... 396 390 Marie Brizard # ...... 500 497 Thermador Hol. #...... 293 292,10 Mille Amis ...... d 37 37 SYMBOLES Bque Vernes ...... d 177 177 Expand s.a...... d 700 700 Maxi-Livres/Profr# ...... 31,20 32 Trouvay Cauvin # ...... 90,50 91,10 Naturex...... d 72,90 72,90 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Beneteau # ...... d 1005 1005 Factorem...... d 645 645 Mecelec (Ly)...... d 54,20 54,20 Unilog ...... 804 791 Olitec ...... d 795 795 cate´gorie 3 ; d cours pre´ce´dent ; a coupon B I M P...... d 105 105 Faiveley # ...... 186,20 186,20 MGI Coutier # ...... 251 250,50 Union Fin.France ...... 573 573 Picogiga...... d 172 172 de´tache´; b droit de´tache´;o=offert; Boiron#(Ly)...... 320 322 Finacor...... 51,25 51,20 Monneret Jouet Ly# ...... d 167,90 167,90 Viel et Cie # ...... 152,80 153 Proxidis...... d 21 21 d=demande´; x offre re´duite ; y demande Boisset (Ly) #...... d 351,50 351,50 Fininfo ...... d 715 715 Naf-Naf #...... 79,50 80,10 Vilmorin et Cie #...... 502 510 R21 Sante´...... d 380 380 re´duite ; # contrat d’animation. But S.A...... 274 270,40 Fructivie...... d 672 672 Norbert Dentres.#...... 734 715 Virbac...... 440 432 Stelax ...... d 6,65 6,65

Pre´voyance Ecur. D ...... D 106,63 106,63 Kaleı¨s Dynamisme C ...... D 1108,23 1086,50 BRED BANQUE POPULAIRE Sensipremie`re C...... D 13750,12 13715,83 CIC BANQUES Kaleı¨sE´quilibre C ...... D 1081,50 1060,29 Kaleı¨sSe´re´nite´ C ...... D 1048,08 1037,70 SICAV et FCP Fonds communs de placements Francic...... D 149,15 146,95 Avenir Alizes...... D 2410,78 2363,51 Moneden ...... D 93650,90 93650,90 Latitude C ...... D 150,22 150,22 E´cur. Capipremie`re C ..... D 12223,50 12199,10 D CM Option Dynamique.. D 135,27 133,44 Une se´lection ´ D Francic Pierre...... 140,26 136,17 Latitude D...... D 136,85 136,85 Oblig. ttes cate...... 279,41 275,28 ´ ´ ` D CM Option Equilibre ...... D 268,57 265,58 Ecur. Securipremiere C .. 12155,80 12143,66 Europe Re´gions...... D 234,42 230,96 D Cours de cloˆture le 13 de´cembre Cre´d.Mut.Mid.Act.Fr...... D 159,91 155,63 Oblitys D ...... 634,45 625,07 D Cre´d.Mut.Ep.Cour.T...... D 931,02 931,02 Ple´nitude D PEA...... 208,09 203,01 ´ D Emission Rachat Cre´d.Mut.Ep.Ind. C ...... D 144,70 140,83 Poste Gestion C...... 15060,51 15060,51 VALEURS Frais incl. net Revenus Trimestr. D ...... D 5229,79 5178,01 CRE´DIT AGRICOLE CIC PARIS Cre´d.Mut.Ep.J ...... D 23208,50 23208,50 D D Livret Bourse Inv. D PEA 859,98 834,93 Cre´d.Mut.Ep.Monde ...... D 1699,08 1653,61 Solstice D ...... 2369,74 2363,83 ´ D Nord Sud Develop. C...... 2590,72 2585,55 Amplia...... D 121213,02 121213,02 Associc ...... D 1137,10 1137,10 Cre´d.Mut.Ep.Oblig...... D 1910,58 1873,12 AGIPI Nord Sud De´velop. D ..... D 2447,95 2443,06 ´ D D D Atout Amerique...... 193,88 189,15 Cicamonde...... 1560,87 1515,41 Cre´d.Mut.Ep.Quatre...... 1084,44 1063,18 SOCIE´TE´ GE´NE´RALE D D Agipi Ambition (Axa) ...... D 140 133,33 MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDC Atout Asie...... 85,45 83,37 Converticic...... 399,99 394,08 Fonds communs de placements ASSET MANAGEMENT D D Agipi Actions (Axa) ...... D 120,04 114,32 Patrimoine Retraite C .... D 317 310,78 Atout France Europe ...... 858,25 837,32 Ecocic...... 1710,16 1660,35 CM Option Mode´ration . D 103,10 102,08 Patrimoine Retraite D.... D 307,40 301,37 Atout France Monde ...... D 218,68 213,35 Mensuelcic...... D 10106,44 10006,38 Actimone´taire C ...... D 38449,72 38449,72 Sicav Associations C ...... D 2447,25 2447,25 Atout Futur C ...... D 822,06 802,01 Oblicic Mondial...... D 3980,41 3921,59 LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE Actimone´taire D...... D 30462,21 30462,21 Atout Futur D...... D 773,86 754,99 Oblicic Re´gions ...... D 1204,35 1186,55 Asie 2000...... D 547,33 523,76 Cadence 1 D...... D 1066,28 1055,72 BANQUES POPULAIRES Coexis ...... D 1985,77 1952,58 Rentacic...... D 163,81 161,39 Saint-Honore´ Capital ..... D 20400,23 19806,05 Cadence 2 D...... D 1054,98 1044,53 Die`ze...... D 2209,09 2172,16 St-Honore´ March. Emer. D 695,40 665,45 Cadence 3 D...... D 1044,27 1033,93 D Valorg...... 2473,44 2436,89 Elicash...... D 962673,03 962673,03 St-Honore´ Pacifique...... D 637,55 610,10 Capimone´taire C ...... D 415,52 415,10 Fonsicav C...... D 19919,31 19919,31 Eurodyn ...... D 2676,41 2611,13 Capimone´taire D...... D 374,91 374,54 Mutual. de´poˆts Sicav C... D 19518,89 19499,39 Indicia...... d 1744,10 1701,24 Sogeoblig C/D ...... D 9426,50 9333,17 LEGAL & GENERAL BANK Interoblig C...... D 7632,89 7557,32 3615 BNP Mone´.J C ...... D 12089,09 12089,09 Eurco Solidarite´...... d 1404,39 1390,49 Interse´lection France D.. D 741,44 726,90 Mone´.J D...... D 11704,78 11704,78 Lion 20000 C...... d 17346,96 17346,96 D Se´curitaux...... d 1851,43 1851,43 S.G. France opport. C ..... D 2121,38 2079,78 Natio Court Terme...... 14385 14385 Oblifutur C ...... D 563,30 553,88 d Lion 20000 D ...... 16229,62 16229,62 Strate´gie Actions...... d 1142,62 1098,67 S.G. France opport. D..... D 2025,12 1985,41 Natio Epargne...... D 2242,82 2220,61 E´cur. Act. Futur D PEA ... D 288,07 282,42 Oblifutur D...... D 539,75 530,73 Lion Associations C ...... d 11179,62 11179,62 Strate´gie Rendement ..... d 2030,41 1966,50 Sogenfrance C...... D 1983,12 1944,24 Natio Oblig. M.T. C/D .... D 870,13 861,51 E´cur. Capitalisation C ..... D 258,14 258,14 D Oraction...... 1378,77 1345,14 Lion Associations D...... d 11179,62 11179,62 Sogenfrance D ...... D 1812,67 1777,13 Natio Ep. Croissance ...... D 3285,12 3220,71 E´cur. Expansion C ...... D 84100,82 84100,82 D Revenu-Vert...... 1198,64 1178,60 Lion Court Terme C ...... d 26752,34 26752,34 Soge´pargne D ...... D 300,27 297,30 D E´cur. Ge´ovaleurs C ...... D 3609,14 3538,37 Natio Ep. Patrimoine ..... 142,02 139,24 Se´ve´a ...... d 118,02 115,14 Lion Court Terme D...... d 24257,34 24257,34 D E´cur. Investis. D PEA ...... D 229,92 225,41 Soginter C ...... 2368,99 2322,54 Natio Epargne Retraite .. D 163,14 159,94 Synthe´sis...... D 18873,65 18539,93 Lion Plus C ...... d 1602,53 1571,11 E´cur. Mone´premie`re ...... D 11479,25 11479,25 Amplitude Ame´rique C ... D 117,37 114,51 Fonds communs de placements Natio Epargne Tre´sor..... D 11393,67 11370,93 Uni Associations...... D 122,04 122,04 Lion Plus D...... d 1528,66 1498,69 E´cur. Mone´taire C ...... D 13178,96 13178,96 Amplitude Europe C ...... D 169,70 165,56 Favor D ...... d 1453,19 1424,70 Natio Euro Valeurs ...... D 1059,11 1038,34 Uni-Foncier...... D 1434,11 1399,13 ´ d E´cur. Mone´taire D...... D 12215,50 12215,50 Lion Tresor...... 2514,01 2489,12 Amplitude Europe D...... D 166,86 162,79 Sogeliance D ...... d 1719,17 1702,15 Natio Euro Oblig...... D 1037,27 1027 D E´cur. Tre´sorerie C ...... D 323,48 323,48 Uni-Garantie C...... 1936,35 1903,98 Oblilion ...... d 2216,31 2194,37 Amplitude Monde C ...... D 1010,59 985,94 Sogenfrance Tempo D ... d 238,68 234 Natio Euro Opport...... D 1054,40 1033,73 D E´cur. Tre´sorerie D...... D 310,92 310,92 Uni-Garantie D ...... 1481 1456,24 Sicav 5000 ...... d 733,04 718,67 Amplitude Monde D...... D 964,10 940,59 ...... D Natio Inter ...... 1112,93 1091,11 E´cur. Trimestriel D...... D 2031,98 2031,98 Uni-Re´gions...... D 1635,10 1595,22 Slivafrance ...... d 1242,20 1217,84 Amplitude Pacifique C.... D 87,58 85,44 ...... Natio Opportunite´s...... D 194,78 190,96 E´parcourt-Sicav D ...... D 195,21 195,21 Univar C...... D 313,31 313,31 Slivam ...... d 592,98 581,35 Elanciel D PEA...... D 186,18 181,64 Natio Revenus...... D 1117,01 1105,95 Ge´optim C...... D 13225,42 13029,97 Univar D ...... D 300,26 300,26 Slivarente...... d 251,22 246,29 E´mergence Poste D PEA D 153,48 149,74 SYMBOLES Natio Se´curite´...... D 11302,08 11302,08 Ge´optim D ...... D 12148,08 11968,55 Univers Actions ...... D 247,87 241,82 Slivinter...... d 812,92 796,98 Ge´obilys C...... D 685,45 675,32 D cours du jour ; d cours pre´ce´dent. Natio Valeurs ...... D 1377,27 1350,26 Horizon C...... D 2304,56 2259,37 Univers-Obligations ...... D 255,30 251,03 Trilion ...... d 5180,26 5113,78 Ge´obilys D ...... D 648,52 638,94 LeMonde Job: WMQ1712--0026-0 WAS LMQ1712-26 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 09:39 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0429 Lcp: 196 CMYK

26 AUJOURD’HUI LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997

SCIENCES La Cité des sciences et seport pour le cybermonde ». b SUR pratiques permettent aux visiteurs cupations du sénateur Claude Huriet, seront les systèmes de transmission de l’industrie de La Villette, à Paris, 2 000 m2, cette manifestation invite à d’expérimenter la création d’images auteur d’un rapport sur les images de de vidéo à haut débit et, plus tard, organise, du 16 décembre à la fin voyager dans l’histoire des réseaux de synthèse, le truquage ou l’anima- synthèse et le monde virtuel. b LE servira à ouvrir la base documentaire 1998, une exposition intitulée « Nou- et à découvrir les secrets des techno- tion multimédia... b CETTE ÉDUCA- CŒUR DE RÉSEAU que la Cité pré- de La Villette aux écoles françaises et velle image, nouveaux réseaux : pas- logies numériques. b DES ATELIERS TION à l’image répond aux préoc- sente à cette occasion anticipe ce que aux musées européens. La Cité des sciences et de l’industrie dévoile les secrets du cybermonde Pendant un an, le musée va proposer au grand public de se familiariser avec le multimédia. Les promoteurs de cette exposition espèrent attirer les « branchés » et ceux qui, par méconnaissance, redoutent encore ces nouvelles technologies de l’information

C’EST un « miroir » qui montre ternautes débutants. Ces derniers pects historiques et pratiques de sant par la télévision numérique) giques (Opecst). Face au déferle- en page électronique ou de l’ani- de nouveaux outils en même temps n’ont pas fini de se poser des ques- l’émergence du cybermonde. Les depuis les ancêtres comme le télé- ment des images numériques, et mation multimédia. De quoi trans- qu’il les utilise. Dès l’abord, l’expo- tions aussi bien techniques que sé- mystères de l’image numérique et graphe. En revanche, l’image, aux risques croissants de confusion former les spectateurs en véritables sition « Nouvelle image, nouveaux mantiques ou philosophiques. Une la complexité des réseaux de composante centrale du multimé- entre le réel et le virtuel, le séna- acteurs. Et toucher ainsi à l’une des réseaux : passeport pour le cyber- visite à La Villette apportera sans communication offrent un terrain dia entre le texte et le son, revêt un teur (Force démocrate) de caractéristiques majeures du cyber- monde » plonge au cœur de l’uni- doute bon nombre de réponses, à particulièrement fertile à la vulgari- caractère générique. Meurthe-et-Moselle préconise une monde. Contrairement à la télévi- vers numérique, royaume de l’ir- la fois sur l’état actuel du cyber- sation. L’exposition propose un éducation à l’image. « La meilleure sion et à la plupart des divertisse- réel où règnent le reflet et l’illusion. monde et sur ses perpectives voyage initiatique en deux parties : DÉMYSTIFIER façon de comprendre les manipula- ments, l’ordinateur impose une Organisée par la Cité des sciences d’évolution. la première pour visualiser et Expliquer, faire comprendre et tions d’images est assurément d’en participation active. Impossible de et de l’industrie, cette manifesta- « Nous avons cherché la difficulté comprendre les nouveaux réseaux ; être attirante. L’exposition de La faire soi-même, écrit-il. Lorsqu’un regarder passivement son écran tion, qui a lieu jusqu’à la fin de 1998 en présentant ce qui existe, mais la seconde pour expérimenter les Villette vise ces trois objectifs clas- élève aura mis une fausse barbe à un sous peine d’un ennui immédiat. sur les 2 000 m2 de l’espace Explora, également ce qui va exister... », in- services et comprendre les enjeux. siques pour une telle manifesta- portrait ou aura rapproché deux ouvre ses portes à point nommé. siste Gérard Théry, le président de Image au singulier et réseaux au tion. « Notre but : remettre dans le personnages sur un écran, il aura PASSAGE À L’ACTE Les ventes d’ordinateurs ex- la Cité. Une telle prise de risque pluriel. Gérard Théry explique cette coup tous les publics. Pas seulement compris en une minute ce qu’est une Ce passage à l’acte constitue plosent en France depuis les pro- correspond « à l’esprit pionnier de particularité du titre de l’exposition ceux qui sont déjà fortement initiés manipulation d’image et combien sans doute l’obstacle principal que motions réalisées par les grandes la Cité ». Elle s’exprime essentielle- par la multiplication des nouveaux et technologiquement branchés, pré- elle est facile à réaliser. » Cette pé- rencontrent les néophytes. Dans le surfaces à la fin de l’été. Noël vien- ment dans le « Cœur de réseau » réseaux (d’Internet à Teledesic, la cise Gérard Théry. L’exposition dagogie comporte un risque : celui cyberespace, il faut savoir jongler dra encore accroître le nombre (lire ci-dessous). L’essentiel de l’ex- constellation de satellites que doit s’adresse à ceux qui ressentent, vis-à- de faire naître la méfiance envers avec la messagerie électronique, la d’informaticiens en herbe et d’in- position se concentre sur les as- mettre en place Microsoft, en pas- vis des technologies de l’information, toute image. Aussi le sénateur Toile d’Internet, le transfert de fi- une sorte d’inquiétude et surtout la n’hésite-t-il pas, avec l’expert Phi- chiers ou le dialogue en direct. Et le crainte d’une exclusion. » Et de citer lippe Quéau, à invoquer ici une né- nombre des outils disponibles aug- Du 16 décembre 1997 à la fin de l’année 1998 b Entretiens. Trois journées sont les gens du troisième âge (l’affiche cessaire « éthique du virtuel », une mente sans cesse. Le téléphone prévues du 25 au 27 mars, pour de l’exposition arbore un portrait « infoéthique » qui pourrait s’inspi- commence à se glisser sur les ré- Installée sur deux niveaux, 200 multimédias. former les enseignants à l’usage de grand-père) ou les enseignants rer du comité créé pour éclairer les seaux numériques en attendant la l’exposition est présentée à la Cité b Animations. Chaque jour, des nouvelles technologies de qui doivent retrouver le sens de ces avancées des sciences du vivant. généralisation des hauts débits, qui des sciences et de l’industrie, du éditeurs, concepteurs et l’information et de la nouveaux outils, sans parler des En attendant de se poser ce type donnera accès à la visiophonie et à mardi 16 décembre à la fin de professionnels des secteurs communication. Le 28 mars, une plus défavorisés, souvent privés de de question, l’exposition de La Vil- la vidéoconférence. La vitesse l’année 1998. concernés se succèdent dans quatrième journée est ouverte au l’accès aux dernières technologies lette invite déjà à dépasser la d’évolution des technologies élec- b Premier étage. Quelques l’auditorium pour parler de leur public. de communication. La Cité pro- simple découverte du cybermonde. troniques et informatiques a plutôt repères pour comprendre les métier, effectuent des b Renseignements. L’exposition pose à ces catégories sociales le ré- Grâce à la multiplication des fo- tendance à augmenter qu’à faiblir. concepts qui fondent les démonstrations et débattent avec est ouverte tous les jours, sauf le sultat de son travail de vulgarisa- rums et des ateliers, les visiteurs De quoi laisser présager des diffi- nouveaux réseaux. Cette partie est le public. Pendant les vacances lundi, de 10 h à 17 h 30 (18 h 30 le tion, de familiarisation et de sont invités à une véritable prise en cultés majeures pour ceux qui ac- organisée en quatre ensembles : scolaires de Noël, le thème prévu dimanche). La carte d’entrée aux démystification. main des outils présentés. Onze cumuleraient trop de retard. La l’histoire des communications et est le jeu en réseau et les images expositions de la Cité y donne Cette préoccupation rejoint celle thèmes ont été retenus pour ani- manifestation de La Villette offre de l’image électronique, le virtuelles ; en janvier 1998 : accès (50 F, gratuit pour les moins du sénateur Claude Huriet, rédac- mer les ateliers standards qui se une occasion de mettre le pied à numérique, la transmission de l’évolution des métiers et du de sept ans). Cité des sciences et teur d’un rapport intitulé Images de tiennent dans un espace équipé de l’étrier. Une façon d’anticiper sur le l’information et les terminaux. travail à l’âge numérique ; en de l’industrie, 30, avenue synthèse et monde virtuel : tech- quinze postes multimédias en ré- thème de la prochaine exposition b Second étage. Les réseaux février : les villes numériques ; en Corentin-Cariou, 75019 Paris. niques et enjeux de société, qui a été seau local et qui accueille trente temporaire, qui, en 1999, traitera de d’aujourd’hui et de demain, mars : le mois de l’éducation ; en Informations tél. : 08-36-68-29-30 ; présenté le 10 décembre à l’Office personnes simultanément. Ils l’art d’apprendre. usages et enjeux. Les visiteurs avril : information et médias ; en Minitel 3615 Villette ; E. mail : parlementaire d’évaluation des traitent de la création d’images de peuvent expérimenter : le kiosque mai : le mois de la météo ; en http//www.cite-sciences.fr choix scientifiques et technolo- synthèse, du truquage, de la mise Michel Alberganti d’actualités et ses bornes juin : les nouvelles images... multimédias ; le Cœur de réseau b Conférences. Organisées avec ses consoles ; l’atelier et ses quatre fois par mois avec des nouveaux outils ; la salle de spécialistes, elles permettent une Avec le « Cœur de réseau », La Villette s’ouvre sur l’extérieur navigation et ses onze pupitres réflexion sur les réseaux, les et grands écrans pour voyager technologies du numérique, le DIFFUSER le savoir scientifique, technique et transmettre confortablement des documents Mpeg2 », que les six personnes de l’équipe du à travers une sélection de multimédia et la nouvelle image. industriel grâce aux nouvelles technologies de numériques sous forme vidéo n’existent pas en- Cœur de réseau ont dû résoudre. D’où l’acquisi- l’information et de la communication (NTIC). core. Internet reste limité par le principe même tion d’une expérience qui sera d’autant plus La Cité des sciences et de l’industrie de La Vil- de son fonctionnement, qui interdit de garantir utile que les choix de logiciels se révéleront judi- lette s’est fixé cet objectif en marge de son ex- un débit fixe d’information. cieux à l’avenir. position « Nouvelle image, nouveaux réseaux : Gérard Théry s’est donc tourné vers la Quarante millions de francs environ sont pré- passeport pour le cybermonde ». Pour l’at- technologie ATM (asynchronous transfer vus pour ce projet étalé sur deux ans. En 1997, teindre, elle a créé un système de communica- mode), qui lève cette difficulté en offrant, pour les dépenses ont atteint 20 millions de francs tion à haut débit baptisé « Cœur de réseau ». des tarifs plus élevés, une continuité du débit – dont 10 millions avancés par le ministère de Au service de l’exposition dans un premier adaptée aux besoins de l’audiovisuel numé- l’industrie – auxquels s’ajoutent 3 à 4 millions temps, ce système a pour vocation de rendre ac- rique. L’objectif du Cœur de réseau est triple : pour le développement d’une vingtaine de logi- cessibles les ressources documentaires de la Cité assurer la compatibilité avec Internet, encoura- ciels destinés à l’exposition « Nouvelle image, à partir d’autres lieux. ger la multiplication des sites de ce type et ga- nouveaux réseaux ». Grâce à cette subvention, « Fin 1998, nous espérons avoir réalisé la liaison rantir leur « interopérabilité », c’est-à-dire leur les dépenses de la Cité pour ce projet n’at- avec une douzaine d’écoles du 19e arrondissement aptitude à communiquer entre eux. teignent que 2,7 % du budget de la Cité en 1997, de Paris, d’Aubervilliers, de Pantin et de Saint-De- affirme Gérard Théry. En 1998, l’effort sera sen- nis », lance Gérard Théry, président de la Cité. UN COÛT DE 40 MILLIONS DE FRANCS siblement identique si le gouvernement apporte Ensuite, l’installation pourra être connectée aux Pour ce faire, la Cité s’est lancée dans une ex- une nouvelle contribution. musées scientifiques de villes françaises (une périence digne d’un laboratoire. Avant de lancer De telles sommes ne se justifieront que si les centaine ont déjà été contactées) et euro- un appel d’offres, ses ingénieurs ont choisi un liaisons projetées avec d’autres sites se réalisent. péennes. Munich, Amsterdam, Prague et ensemble de logiciels (ATM, Java, Mheg, Davic, Or les dépenses ont été engagées avant que des Londres seraient intéressées. Adepte des ré- Corba, Mpeg2, IP...). Autant d’options ne répon- accords n’aient été signés. Gérard Théry devra seaux à haut débit, Gérard Théry a milité, dans dant à aucune norme existante. « Nous avons donc convaincre de la validité de ses choix. Au- le passé, pour la généralisation de la fibre op- choisi des logiciels entièrement ouverts », déclare jourd’hui, pour relier le Cœur de réseau aux tique en France. Le Cœur de réseau lui donne Gérard Théry pour défendre les solutions rete- écoles environnantes, il envisage l’ADSL (asyn- l’occasion de satisfaire sa passion pour la nues en l’absence de toute standardisation. La chronous digital suscriber line) ou la fibre op- technologie, même si certains estiment qu’il Cité s’est heurtée à des difficultés insoup- tique. Avec une préférence pour cette dernière... transgresse la vocation du Musée qu’il dirige. çonnées. « Nous avons découvert des problèmes Les réseaux à haut débit nécessaires pour d’incompatibilité entre Windows, Java et M. Al. Le CEA pourrait perdre une partie de ses thésards UNE CERTAINE fébrilité agite universitaires ou associés. Le CEA des sujets particuliers, sous réserve scientifique ». Mais les signataires les laboratoires du Commissariat à – 17 000 agents et 18 milliards de d’accords avec des laboratoires uni- de la pétition, qui estiment qu’un l’énergie atomique (CEA). A l’ori- francs de budget –, qui a le statut versitaires associés ». Cette ré- tel projet conduirait à « une situa- gine de cette ébullition, la crainte d’établissement public à caractère forme, a-t-il ajouté, « se mettra en tion catastrophique » pour les labo- d’une suppression ou, du moins, industriel et commercial (EPIC), place progressivement, pour devenir ratoires du CEA, « en coupant les d’une forte diminution des postes n’aurait plus alors qu’une possibili- pleinement opérationnelle d’ici trois liens existant avec le milieu universi- de thésards au sein de l’organisme. té réduite d’accueillir des thésards, ans », et n’affectera pas, en tout taire ». Une pétition à ce sujet, lancée par jusqu’à présent très nombreux état de cause, les thèses déjà en Cette orientation, soulignent les le personnel de la direction des dans ses centres : leur nombre a cours. M. Courtillot a souligné que, protestataires, est « en contradic- sciences de la matière, a recueilli, doublé en dix ans, pour atteindre en contrepartie, les EPIC vont bé- tion avec le contrat Etat-CEA qui af- en deux jours, un millier de signa- 1 103 en 1996, dont 493 payés sur néficier de la création de sortes de firme la vocation du Commissariat à tures. fonds propres et 287 dans le cadre bourses post-doctorales, destinées l’enseignement et à la formation par Cette inquiétude se nourrit des de contrats avec des partenaires à financer l’insertion profession- la recherche ». Ils ajoutent qu’« ex- propositions avancées par la table extérieurs. nelle des nouveaux docteurs. Une clure les thésards des laboratoires ronde sur l’emploi scientifique, D’autres organismes de même provision de 50 millions de francs, condamnerait ces derniers à l’isole- mise en place au début de l’été par statut, notamment le Centre natio- inscrite au budget de 1998, doit ment et à l’asphyxie ». le ministre de l’éducation nationale nal d’études spatiales (CNES), le permettre le recrutement de 250 Dans un communiqué intitulé et de la recherche, Claude Allègre, Bureau de recherches géologiques d’entre eux, sur un contrat d’un an « Le mammouth dégraisse les thé- dont les conclusions ont été ren- et minières (BRGM), l’Institut fran- renouvelable, dans ces établisse- sards », les syndicats CGT et CFDT dues début décembre. Parmi les çais de recherche pour l’exploita- ments. du département d’astrophysique, idées retenues figurent la relance tion de la mer (Ifremer) ou le physique des particules, physique des écoles doctorales – imaginées Centre de coopération internatio- « ASPHYXIE » DES LABORATOIRES nucléaire et instrumentations as- en 1991, alors que Lionel Jospin nale en recherche agronomique Pour le ministère, cette redéfini- sociée (Dapnia) dénoncent, pour était ministre de l’éducation, pour pour le développement (Cirad) tion des missions vise à assurer la leur part, « un mauvais coup contre former les futurs docteurs – et la sont logés à la même enseigne. qualité des travaux de thèses qui, la recherche » et craignent que, création d’une agence qui gérerait Au cours d’une rencontre avec la dans certains EPIC, « portent sur derrière cette redistribution des l’ensemble du système de finance- direction du CEA, lundi 15 dé- des sujets parfois si pointus qu’ils cartes de la formation doctorale, ment des thèses. A travers ces me- cembre, Vincent Courtillot, n’ouvrent pas de débouchés », ne se cache aussi une restructura- sures, l’objectif du ministère est de conseiller spécial de Claude Al- quand ils ne relèvent pas « d’une tion du CEA. réserver la préparation des thèses lègre, a précisé que les EPIC pour- mission d’ingénieur, financée à bon aux universités et aux laboratoires raient conserver des thésards « sur compte, plus que d’une recherche Pierre Le Hir LeMonde Job: WMQ1712--0027-0 WAS LMQ1712-27 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 08:04 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0430 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI-GOÛTS LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 27 Chez le Grec TOQUES EN POINTE Une cuisine solaire Bistrots LE CONVIVIAL pas toujours commode à expatrier Pascal Dongevin, l’ancien directeur de salle de la Fontaine d’Auteuil, où l’excellent chef Xavier Grégoire continue son office, vient de re- L’HOMME appartenait à la race deux becs fins serrés dans les entre- prendre un restaurant au nom évocateur. Sa manière pondérée et son des grands turbulents posés mali- lacs amoureux de la même femme. sens de l’accueil devraient faire merveille. Le cadre a été entièrement cieusement au milieu de leurs sem- Damoclès et Dimitris sont voi- revu et les éclairages seront adoucis. Bref, c’est un nouveau départ, blables pour leur apprendre à dé- sins de palier, et tous les deux cin- avec le jeune Nicolas Harrouet, un Nantais qui a appris son métier en mailloter correctement la vie et à glés de cuisine, qu’ils pratiquent Provence puis au Troyon, pour cette confortable maison située au trouver mille raisons par jour de avec ardeur en échange des faveurs cœur de la Nouvelle Athènes. s’extasier. On appelle ça un opti- d’une jeune dame mariée, créature Une ardoise propose les plats du jour : une terrine de lapin aux pru- miste. Celui-ci était grec, ce qui le avec appétit, qui passe incognito neaux, des chipirons poêlés au pistou, une savoureuse jambonnette faisait en permanence sauter d’un du lit de l’un aux fourneaux de de lapin à la tapenade, un pigeonneau aux lentilles liées au foie gras pas de sirtaki à un autre, et gour- l’autre, et vice versa. Ils mettront et bien d’autres délicieuses préparations, comme l’exceptionnel ro- mand, ce qui impliquait une santé du temps à découvrir le double jeu gnon de veau au genièvre, parfaitement cuit, et accompagné de radis de fer quand on le suivait dans le de la traîtresse, mais finissent par noirs sautés, dans un jus léger (100 F). Une réussite absolue, à dégus- moindre de ses déplacements. Une se rendre à l’évidence : ils mijotent ter avec un givry de la maison Faiveley aux arômes de fruits. Menu

nature. leur passion en duo, au profit d’une DESSINS DE DESCLOZEAUX (plusieurs plats de l’ardoise au choix) : 150 F. A la carte, compter On l’avait quitté tard dans la nuit, infidèle silencieuse qui les contraint 220 F. sur les bords d’une piste de danse aux exploits, en leur offrant à tour prendre parti – le perdant devant se chés aux causes qu’ils défendent, ૽ Paris. 47, rue Saint-Georges (75009). Tél. : 01-42-85-27-47. Fermé le di- où il cassait des assiettes par piles de rôle le meilleur d’elle-même. retirer de la lice à jamais. Scanda- ces deux militants se posent, avec manche. de quinze – la coutume devra être leusement attirante, Nana fait son quelques autres, en barrage à la proscrite, les ouvriers finissant par L’USURE DE LA PASSION entrée, salue ses amants, déguste grande arnaque qui sévit depuis rivaliser dans le bris de faïence avec De la salade de persil au potage les offrandes avec dévotion, remer- plus de trente ans dans la capitale. les armateurs –, pour le retrouver, pascal, en passant par le civet de la- cie pour autant de science et de dé- Grec d’un soir, Grec pour rire. Gastronomie quelques heures plus tard, aux pin, les courgettes farcies, les kef- licatesse et tire sa révérence, lais- Ceux-ci sont beaucoup plus sé- portes de Thessalonique, faisant tedes, les dolmas ou les artichauts à sant les deux gastronomes pétrifiés rieux. Intelligents tout court. Leur LADURÉE ronfler son moteur, le mufle de son la mode de Constantinople, rien ne de dépit et enflammés à vie. Auteur cuisine s’en ressent. A notre niveau Pierre Hermé entend remettre la grande tradition pâtissière au goût cabriolet pointé dans la direction résiste aux deux bernés qui s’ac- de pièces de théâtre, traducteur en de méchant visiteur du cap Sou- du jour, renouant avec ses fêtes et sa munificence. Il récuse depuis d’Athènes. On voulait voir du pays ; crochent à leurs casseroles pour se grec de Marivaux, Labiche, Laclos nion, ou d’errant de la rue de la longtemps les gâteaux légers, colorés, aérés, réalisés avec des on allait être servi. distinguer du rival. Travaillant leur et Molière, Andréas Staïkos est Huchette, on devrait faire assez ra- mousses prêtes à l’emploi obtenues en « mélangeant des poudres lyo- Toujours émouvant, un joyeux jalousie jusqu’aux pires idées de aussi donné pour fin cuisinier. Au- pidement la différence. philisées, un peu d’eau et de chantilly », aux arômes approximatifs et qui fait mousser son patrimoine meurtre, ils finissent par tomber en cune raison de ne pas croire à Caviar d’aubergines, carpaccio aux couleurs vives. culinaire – le Français est très fort amitié, passant des alliances, aussi- l’avertissement : rapides, précises, de thon, haut de gigot confit avec Le nouveau cadre de ses exploits pâtissiers, et maintenant culinaires, pour ça. Lui prenait du recul. tôt rompues, pour reconquérir celle ses préparations ont la candeur, haricots grand format et vin crétois est une reconstitution luxueuse tout à la fois d’un salon de thé, d’une Voyez-vous, notre cuisine est si lo- qui répond au nom délicat de Na- l’entrain et la pureté de celui qui les appelé kourtaki ; hasardons pâtisserie viennoise, d’un restaurant et d’une chocolaterie, en de mul- cale que je m’étonne qu’on puisse na. a longtemps pratiquées. l’image : même Saint-Médard tout tiples espaces, tels qu’aurait pu les imaginer Ernest Ladurée à la fin du oser avoir l’idée même de l’expa- C’est une fable. L’homme délié Nous sommes dans la même proche aura du mal à faire tomber Second Empire. Un décor qui tranche avec l’atmosphère des Champs- trier. Nous avons arraché à l’Orient sur les feux du mijotage aurait veine chez ces frères Mavromma- des averses de mauvais augure sur Elysées, et une cuisine somme toute raisonnable : astucieuse avec le notre fond d’épicerie et acclimaté à donc une longueur d’avance sur le tis, Chypriotes de choc, unanime- ce restaurant. confit de lapin aux fruits secs ou le risotto aux supions poêlés, gran- notre caractère ce qui semblait bellâtre ou le beau parleur ? Cette ment donnés pour être les plus fi- diose avec la bouchée à la reine aux ris de veau, quenelle de volaille et pouvoir nous différencier de nos qualité ne lui vaudrait pas obliga- dèles représentants de la cuisine Jean-Pierre Quélin champignons de Paris. alliés naturels ou de nos ennemis toirement de reconnaissance éter- hellène à Paris. Fermement atta- Elu « pâtissier de l’année », l’incontournable Pierre Hermé publie cet mortels. Notre gastronomie est de nelle, ni ne le protégerait de la ver- ૽ Les Liaisons culinaires, Andréas automne un Larousse de la pâtisserie et Plaisirs sucrés, chez Hachette. circonstance ; une série d’exercices satilité, de l’usure de la passion ou Staïkos, Institut français d’Athènes/ Menu (un plat, deux desserts) : 195 F. A la carte, compter 250 F. Im- de table pris dans les mailles de la de la trahison. Dimitris et Damo- Actes Sud. 98 F. portante cave de cigares cubains. géopolitique. Il ne faudra vous clès décident d’en finir. Anonyme- ૽ Mavrommatis, 5, rue du Marché- ૽ Paris. 75, avenue des Champs-Elysées (75008). Tél. : 01-40-75-08-75. émouvoir de rien, et vous extasier ment, ils vont préparer chacun une des-Patriarches, 75005 Paris. Tél. : Tous les jours. de pas grand-chose ; mais ça vous moussaka devant laquelle le cœur 01-43-31-17-17. Menu : 150 F. Carte : plaira. le plus sec hésitera à ne pas 200-300 F. Jean-Claude Ribaut Première leçon, ne jamais rester en arrière de la main. Bouger, cuisi- ner le cuisinier, soulever les cou- La muscade signifiait alors. de son existence, il existe là-bas deux et à peine 2 tonnes de macis », témoigne vercles, interroger l’œil du poisson, Longtemps la périodes où la récolte est encore plus Jean-Marie Schouvey, de Ducros. caresser l’agneau, frôler la tomate, Jamais Toulouse-Lautrec ne muscade a en abondante : la fin du printemps L’entreprise, qui commercialise 80 % voler l’olive. De toutes ces savantes serait sorti en ville sans sa noix effet été une et les mois de décembre et janvier. de sa muscade déjà moulue (à froid et pertinentes reconnaissances, il de muscade et sa râpe. Le denrée Le fruit orangé que porte le muscadier, pour préserver l’arôme), vient de sortir ressortait le regard allumé, la peintre avait coutume d’en parfumer le précieuse. Les Portugais, puis les assez semblable à un abricot, est des moulins à muscade. La noix déjà commande invincible. Trois jours porto, dont il était grand buveur. Quoique Hollandais, mirent toute leur énergie à totalement méconnu ici. Les Asiatiques fragmentée s’y râpe à la minute, durant, il allait nous tourmenter de certains en accommodent encore leur conserver le monopole de cette épice ; le dégustent la plupart du temps confit ce qui est plus savoureux, et cela sans ses excès et nous flatter de son sa- vermouth, cette épice ne s’emploie guère ils restreignirent la culture du muscadier dans du sucre, du miel ou du vinaigre. y laisser ses doigts. Usez-en toutefois voir. Jusqu’au vertige. aujourd’hui de cette façon. L’usage en est dans les îles Banda, d’où il était Les fruits fendus, signe de leur maturité, avec modération : Caroline Audibert, La Méditerranée a trop de bleu désormais plus strictement culinaire et originaire, arrachèrent les arbres des îles sont cueillis sur ces arbres souvent très dans son livre Les Epices (éditions Hatier), dans ses entrailles pour plaire très surtout bien plus parcimonieux. voisines, hauts. Débarrassée de sa chair, la rappelle les importantes propriétés longtemps aux mangeurs en gris On en ajoute un peu dans une purée, on et surtout passèrent toutes les noix à la muscade n’est plus qu’un noyau entouré hallucinogènes de la noix de muscade. que nous sommes. Le Nord a in- l’additionne à quelques légumes vapeur, chaux pour n’exporter que de la muscade d’une sorte de résille végétale rosâtre. Elle affirme même que celle-ci venté une cuisine de réflexion, une on l’incorpore dans une sauce blanche, dont le germe était détruit. Ce n’est que Celle-ci s’appelle le macis. Soigneusement « entre dans la composition de l’ecstasy ». cuisine parlée. Eux la chantent. Ils qu’elle soit béchamel, aurore ou soubise. dans la seconde moitié du XVIIIe siècle épluché de la coque qu’il entoure, cet Ce n’est plus : passez muscade !, peuvent même, quand arrive le L’engouement pour la muscade fut que le Français Pierre Poivre réussit à arille que l’on nomme aussi « fleur c’est trépassez muscade ! moment du cabrement amoureux, pourtant autrefois fort puissant. s’emparer de quelques graines au germe de muscade » est séché quelques jours la déployer en échelle de soie et Dans Le Repas ridicule, Boileau, toujours intact et, forçant ce blocus, commença à au soleil. Son goût, plus fin que Guillaume Crouzet s’en servir comme d’un instrument caustique, ne fait-il pas dire à acclimater les muscadiers à l’île Maurice. celui de la noix de muscade (certains ont de charme qui saurait emporter la l’amphitryon : « Aimez-vous la muscade ? Aujourd’hui, 70 % de la production parfois une petite saveur de cannelle), ૽ Moulin à muscade Ducros, 12 F environ. décision. Chez Actes Sud, Andréas On en a mis partout. » D’où vient cet proviennent toujours d’Indonésie. était très apprécié au Moyen Age. Macis entier ou moulu, 15 F les 50 g. En Staïkos vient de publier récemment excès ? Sans doute de la rareté de la Si l’arbre est presque continuellement Aujourd’hui, il est passé de mode. « Nous vente chez Izraël, 30, rue François-Miron, Les Liaisons culinaires, conte cruel denrée et de l’étalage de luxe qu’il fructifère pendant la centaine d’années importons 300 tonnes de muscade par an 75004 Paris. et savoureux, mettant en scène LeMonde Job: WMQ1712--0028-0 WAS LMQ1712-28 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 08:04 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0431 Lcp: 196 CMYK

28 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 AUJOURD’HUI-GOÛTS

Des bouteilles Quand la bulle fait d’un vin une fête entre 80 et 240 francs D’une étonnante diversité sous un Il n’est pas un seul et unique modèle de champagne ni aucune maison qui aient le monopole de l’excellence. nom devenu générique, les champagnes élaborés à partir de Ce breuvage magique à mille facettes, ce jet ruisselant de bulles, cet arc-en-ciel sensoriel attend votre choix l’assemblage de trois cépages (pinot noir de la montagne de LA MASSE produite des bou- – et l’étiquette, hormis pour les cier de Louis XV et aujourd’hui à la motte à Mesnil-sur-Oger sur la œil-de-perdrix, ou le vignoble Sou- Reims ou de la côte des Bar pour teilles champenoises est le fait de vins millésimés, ne vous sera d’au- maison Cattier, figure un vin de montagne de Reims, 99 % d’un dé- tiran-Pelletier, situé à Ambonnay, la puissance, pinot meunier de la nobles et anciennes compagnies, cun secours – que des assemblages crus homogènes, quand la plupart licat chardonnay, issu des sols ou encore Anselme Sélosse, avec vallée de la Marne pour le fruité et dont le nom est sur toutes les savants de grains de provenance des champagnes sont le produit crayeux des 5 hectares de la pro- une cuvée délicate, simplement ap- chardonnay de la côte des Blancs lèvres : Veuve Clicquot Ponsardin, variées, de vins d’origine et d’an- d’assemblages de raisins issus de priété, et des raisins fournis par pelée « origine ». C’est à Verzy que pour la finesse) peuvent être Moët & Chandon, Pommery. Leurs nées différentes sont nécessaires parcelles et de cépages variés. une dizaine de vignerons des alen- Gérard Fresnet a commencé par classés en familles de goûts : méthodes peinent parfois à retrou- pour donner l’unité qui fait le style Deux gros hectares de vignes où le tours. Une délicatesse qui n’exclut creuser une cave dans la craie b Champagne d’esprit (vif avec ver la sanctas simplicitas de dom d’une maison. Il s’agit de compen- chardonnay apporte sa finesse et le ni la densité ni le caractère gustatif avant d’installer une cuverie, puis des notes délicates d’agrumes) : Perignon, le bon apôtre de l’abbaye ser la faiblesse des uns par la quali- pinot noir sa charpente aroma- spécifique, conditions nécessaires à un pressoir ultramoderne. C’est un Piper- Heidsieck brut, 110 F ; d’Hautvillers, attentif au grain, à la té des autres. Bollinger, qui pos- tique. Le jeu, comme celui du par- l’élaboration d’un champagne récoltant-manipulant dont le brut Nicolas Feuillatte brut, blanc de maturité, à la vie difficile de ce vin, sède en propre un important fumeur, reste aux mains du maître digne de ce nom. La maison Dela- 1er cru, dans lequel domine le pinot blancs 1992, 109 F ; Mailly Grand certes doublement royal, mais qui vignoble, est maître en l’art de pro- de chais, qui mariera les subtils mil- motte, fondée en 1760, a su amélio- noir, récolté en 1993 et assemblé Cru brut millésimé 1990, 139 F : De devait traverser le pénible climat duire un style de vin d’une parfaite lésimes. Citons encore, parmi ces rer sa qualité tout en restant près avec des vins de réserve des années Venoge Cordon bleu, 130 F ; Prince de la Champagne, ruser avec ces et constante élégance. Ruinart at- champagnes rares, le Clos du Mes- de son caractère d’origine et de ses antérieures, est à l’image de son vi- Henri d’Orléans brut millésimé pernicieuses fermentations non teint au même résultat, sans le sup- nil (Krug) et le Clos des Goisses. techniques de base. nificateur : puissant, équilibré et 1990 (100 % chardonnay), 105 F. achevées, et qui reprenaient de port d’un important vignoble. Et il Autre affaire, belle affaire, ce chaleureux. Et à un prix raison- b Champagne de corps plus belle au printemps, faisant faudrait encore mentionner Pol vin-là vieillit aussi ! On vous sou- DÉGUSTATION VERTICALE nable ! (puissants et charpentés) : éclater les flacons fragiles, pour Roger et ses cuvées spéciales, Krug, haite de gagner la confiance de tel La maison Charles Heidsieck Autre figure champenoise, assez Soutiran-Pelletier brut Grand Cru, cette exquise et inattendue produc- Deutz et Rœderer. producteur, afin qu’il accepte d’ou- propose, elle, de « dater » le mo- atypique, celle d’Alain Thiénot, an- 81 F ; Moët et Chandon brut tion de bulles, qui comblait d’aise Ils sont quelques-uns, malgré vrir pour vous, pour une « verti- ment de la mise en cave d’un vin cien courtier en raisins, aujourd’hui impérial, 125 F ; « R » de Ruinart les Anglais contemporains de Vol- tout, à prêcher pour une singulari- cale », le produit de dix années de dont on fait le pari que, comme à la tête d’un groupe familial qui brut, 149 F ; Mailly Grand Cru taire. té, synonyme d’unité. Ainsi le Clos travail, le temps de vie que l’on ac- pour tout autre vin, il vieillira et affiche sa réussite dans un puissant extrabrut sans dosage, 124 F. Il convient de garder en mémoire du Moulin, qui appartint à un offi- corde au champagne, et que, du prendra des qualités. Révolution bâtiment le long de l’autoroute. En b Champagne d’âme (complexes vif-argent au mordoré, du plein copernicienne s’il en est, ou bien vingt ans, avec 6 hectares seule- et matures) : Bollinger Grande arôme à l’exquise trace d’un son découverte de l’œuf de Colomb ? A ment à l’origine, et une excellente Année 1989, 238 F ; Mailly Grand qui meurt à la coda, vous compre- chacun d’en décider ! Le millésime, connaissance des vignerons et des Cru blanc de noirs, 131 F ; Et si les coupes ressortaient des placards ? niez la vie du vin. Des tsars de Rus- lui, ne peut que dénoter le résultat négociants, Alain Thiénot a su im- Roederer brut millésimé 1990, 180 sie au bon Churchill, les grands sa- des meilleures années. Ici l’on poser un style de vins et une signa- F ; Jean Vesselle brut HIER, on buvait le champagne disait qu’ils rassemblaient les têtes vaient l’infinie flexibilité de ce vin, prend date, sans préjugés. C’est sti- ture qui s’expriment avec plénitude œil-de-perdrix, 89 F (raisin des dans les coupes. Elles complétaient de colonne du régiment de Royal- et que l’on pouvait intervenir sur puler qu’un vin, fût-il de Cham- dans la grande cuvée 1985, très vignobles de l’Aube). heureusement la table mise avec Cocotte, le dessus du panier de la les facteurs multiples qui le condi- pagne, connaît un cycle de vie et concentrée, mêlant les arômes de b Champagne de cœur (onctueux discernement. C’était un art qui galanterie parisienne. tionnent. On commandait son vin, d’évolution propre à tous les vins – fruits mûrs et de fruits secs. L’aven- avec des notes de fruits confits) : donnait un air de fête et gaieté. Le L’heure des fariboles passa. Les au « goût russe », au « goût an- jeunesse, maturité et âge caduc – et ture du champagne continue ! Pannier brut Tradition, 94 F ; champagne fougueux y dansait et coupes se retrouvèrent au fond des glais », comme on faisait composer que l’on vous permet, comme dans Charles Heidsieck brut millésimé bondissait avec une ardeur ai- placards. On ne jura plus que par la son parfum, ou comme l’on consti- une dégustation verticale, d’en jau- Jean-Claude Ribaut 1990, 120 F ; Pol Roger brut mable à voir, lorsque le maître de flûte, ce verre en col dur, censé tue sa cave de cigares. ger la coupe temporelle. Chez réserve, 131 F ; De Castellane, maison le versait, pour honorer mieux retenir les arômes. Pourtant, Chez Salon, équilibre, finesse Charles Heidsieck, trois mises en ૽ Pour les membres du Club Pla- cuvée Commodore rosé, 180 F. quelque jeune femme, ou bien la coupe, face à la flûte, conserve- ampleur et complexité sont les cave sont disponibles (1992, 1993, nète-Vin, le sommelier Eric Man- b Brochure. Pour se procurer l’aïeule dont c’était l’anniversaire, rait quelque modernité. Le gour- qualités premières du millésime 1994), présentées avec un luxe raffi- cio, auteur du Tour de France des gratuitement les Carnets de et chacun suivait avec amusement met de nos jours veut respirer, flai- 1988. Vin magnifique, tempéré et né dans un album, véritable jeu de grands vins à petits prix (Cherche- champagne, s’adresser au Comité l’impétuosité de la mousse, et crai- rer le vin, humer son fruit. Il a d’une grande fraîcheur aromatique tarot des goûts et des saveurs, ol- Midi éditeur), achète directement interprofessionnel du vin de gnait de la voir s’échapper de sa compris que l’odorat joue dans que l’on hésitera à classer parmi les factives, tactiles et imaginaires. auprès des propriétaires, vins et champagne, service information, vasque de cristal. l’art de la dégustation un rôle aussi champagnes « de cœur » ou « d’es- Petits seigneurs de village, les vi- champagnes au meilleur prix. Club 5, rue Henri-Martin, 51200 Epernay Puis l’ascension ininterrompue important que dans le goût. Il a prit », selon la nomenclature pro- gnerons-manipulants sont, eux, Planète-Vin, 61, rue Auguste-Re- (disponibles aussi chez certains des bulles qui venaient éclater à la adopté pour le bordeaux et le bour- posée par le Comité interprofes- des survivants, avec quelques noir 78400 Chatou. Télécopie : 01- cavistes, restaurateurs et les surface, avec un crépitement gogne des verres considérables où sionnel des vins de champagne. Vin autres, tel Paul Bara et son bouzy 39-52-08-74 et sur le Web : Plane- vignerons et maisons de joyeux, retenait les regards, et cha- son nez disparaît tout entier. Que délicat que celui de la maison Dela- rouge, la maison Vaiselle et son teVin@aol. com. champagne). cun admirait la forme élégante des n’exige-t-il que le champagne lui coupes semblables à de longues soit servi dans des coupes, larges et fleurs lactescentes, sorte de nénu- plates, afin d’en sortir tout le par- phars cueillis dans la Vivonne, que fum avant d’en faire profiter son Secrets de fabrication et mystères des étiquettes l’on élevait bien haut, par-dessus palais et que, dans ce calice de cris- les têtes réjouies, pour célébrer la tal qu’il remplit au tiers, il mouille C’EST AU PRINTEMPS que s’élabore la quettes de cette dépendance de Laurent-Perrier l’export, des cuvées de prestige, la Palme d’Or réunion. Les coupes et les fêtes de ses lèvres, tandis que le champagne cuvée, c’est-à-dire l’assemblage des vins issus de sont frappées d’une croix rouge qui les dis- ou bien un blanc de blancs millésimé. famille chez Tante Léonie, à malicieux lui monte au nez et lui différents crus et cépages, selon les critères de tingue entre mille. Les étiquettes doivent encore obligatoirement Combray, les soupers fins en cabi- permet d’apprécier sa qualité ? chaque marque. Lors du tirage, la « prise de faire mention de la contenance de la bouteille, net particulier au Café anglais avec mousse » sera assurée par l’adjonction de sucre IDENTIFIER LA NATURE DU PRODUCTEUR de la teneur en sucre résiduel qui détermine le Odette de Crécy. Soupers dont on J.-C. Rt et de ferments naturels. Une période de repos, Mais pour identifier à coup sûr la nature du type de vin (brut, sec, demi-sec, doux...), de la plus ou moins longue, précède le « remuage », producteur, on relèvera les lettres « NM » qui, commune de l’élaborateur, de la teneur en al- une opération aujourd’hui automatisée, pour au bas de l’étiquette, précèdent le numéro d’im- cool et de l’origine « France ». A cela peuvent amener vers le goulot les dépôts engendrés par matriculation et de contrôle : il s’agit alors d’une s’ajouter le millésime, lorsque la récolte est ho- la fermentation. Ces lies seront éliminées par le bouteille mise sur le marché par un négociant- mogène et de qualité, ou les mentions (grand « dégorgement » à basse température. C’est à manipulant, catégorie parmi laquelle se classent cru, premier cru). Verzy, par exemple, appar- ce moment qu’interviendra l’ultime manipula- deux douzaines de « grandes marques » et les tient à la zone des grands crus classés. Ce clas- tion, par ajout de vin de réserve et de liqueur de « négociants ». Les mentions « RC » et « RM » sement est fixé par décret et varie selon les vil- tirage, selon le goût recherché. signifient « récoltant coopérateur manipulant » lages, de 80 % à 100 %. Cette savante alchimie relève d’une seule ap- ou simplement « récoltant-manipulant », les Ce pourcentage sert de référence pour fixer le pellation d’origine « champagne » ! Le reste est plus nombreux. Ce sont les vignerons qui vini- prix du kilo de raisin payé par les maisons de l’affaire des marques. Voici la maison de Castel- fient et commercialisent leur production, avec champagne aux vignerons sur la base d’un lane, de bonne tradition, dont la tour domine ou sans l’aide d’une coopérative ou d’un grou- cours révisable tous les quatre ans. Pour la cam- Epernay et la vallée de la Marne de ses soixante pement de coopératives. Dans ce registre, Nico- pagne 1997, le prix de référence du kilo était de mètres ; elle produit aujourd’hui une majorité las Feuillatte est une marque qui appartient à un 24 francs. 1,2 kilo est nécessaire pour faire un de bruts non millésimés pour la grande distribu- groupement de 85 coopératives. Les immenses litre de « vin tranquille ». Dix-sept communes – tion et quelques bouteilles d’exception comme installations de Chouilly produisent aussi, à côté les plus riches –, soit 14 % du vignoble, sont au la cuvée Florens de Castellane. Toutes les éti- de vins destinés à la grande distribution ou à maximum de la cotation. LeMonde Job: WMQ1712--0029-0 WAS LMQ1712-29 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0432 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 29 Puie, neige et tempête en Méditerranée 17 DECEMBRE 1997 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé ENTRE L’ANTICYCLONE très ciel sera très nuageux avec de la vers 12h00 DU VOYAGEUR puissant de l’Europe de l’est et la neige puis de la pluie verglaçante sur zone dépressionnaire du proche la Bourgogne, la Champagne et la Peu Atlantique, les vents d’est ou sud-est Lorraine. Il fera -6 degrés le matin Belfast nuageux a INDONÉSIE. Le groupe Four soufflent fort. Ils atteignent la force puis entre 0 et 4 degrés. Liverpool Seasons & Regent ouvrira, le Dublin tempête en Méditerranée. Dans ce Poitou-Charentes, Aquitaine, Varsovie Kiev 15 janvier 1998, son deuxième flux une perturbation remonte en Midi-Pyrénées. – Sur le Poitou-Cha- Amsterdam Berlin Brèves hôtel à Bali. Situé à 10 minutes donnant, mercredi, de la pluie ou rentes, le temps va rester couvert et d’Ubud, le centre culturel de l’île, Londres éclaircies même un peu de neige sur le Nord et pluvieux. Sur Aquitaine et le sud de 50 o Bruxelles il comporte 46 villas, dessinées le Nord Est. Midi-Pyrénées, le temps deviendra Prague par l’architecte londonien John Bretagne, Pays-de-Loire, Basse- sec mais restera nuageux. Sur le Tarn Couvert Head, au milieu de rizières ver- Normandie. – Le radoucissement et l’Aveyron la pluie continuera et il Paris Strasbourg Vienne doyantes. A partir de 2 000 F la gagne et les précipitations qui neigera au dessus de 800 mètres. Il Budapest suite. Renseignements (numéro Nantes Brume tombent sous forme de neige dans la fera 3 à 6 degrés le matin et 12 à 17 Berne brouillard vert) au 0-800-870-870. nuit virent à la pluie au petit matin. l’après-midi. Bucarest a SINGAPOUR. Le beau temps Quelques éclaircies reviendront sur Limousin, Auvergne, Rhône- Lyon est revenu à Singapour, où les Milan Belgrade la Bretagne dès la mi journée. Il fera Alpes. – Le temps couvert et plu- Sofia Averses fêtes, festivals et illuminations de entre 0 et 3 degrés le matin et 9 à 12 vieux gagnera l’ensemble des Toulouse Istanbul fin d’année ainsi que les célébra- l’après-midi. régions. La neige tombera à partir de tions du Nouvel An chinois, fin Pluie Nord-Picardie, Ile-de-France, 800 mètres sur le Massif Central puis Rome janvier, pourront se dérouler Centre, Haute-Normandie, 1000 mètres sur les Alpes. Les tempé- Barcelone Naples normalement. Renseignements o Madrid Ardennes. – Les précipitations ratures se radouciront. 40 au 01-42-97-16-16. arrivent par le sud d’abord sous Languedoc-Roussillon, Pro- Lisbonne Athènes Orages a VIENNE. Les accords de Schen- forme de neige. De la pluie vergla- vence-Alpes-Cote d’Azur, Corse. – gen sont entrés en vigueur à çante sera possible avant le redoux et Le temps reste couvert et pluvieux. Séville l’aéroport de Vienne, où les pas- la pluie. Les gelées matinales iront Les précipitations seront fortes sur le Tunis Neige sagers de la CEE, dispensés du jusqu’à -5 degrés puis il fera 4 et 8. Languedoc et le sud du Massif Cen- Alger contrôle des passeports, utilisent Champagne, Lorraine, Alsace, tral. La neige tombera au dessus de un accès réservé avec boutiques Rabat o o o Bourgogne, Franche-Comté. – Le 800 mètres. 0 10 20 Vent fort « duty free ».

PRÉVISIONS POUR LE 17 DECEMBRE 1997 PAPEETE 25/29 P KIEV -19/-13 S VENISE -3/3 N LE CAIRE 12/20 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 22/30 S LISBONNE 10/18 P VIENNE -5/-3 N MARRAKECH 9/21 C et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 22/28 S LIVERPOOL 0/9 P AMÉRIQUES NAIROBI 15/23 C EUROPE LONDRES 0/9 * BRASILIA 21/24 P PRETORIA 16/26 P C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM -4/2 S LUXEMBOURG -4/3 * BUENOS AIR. 15/24 C RABAT 14/21 P FRANCE métropole NANCY -5/2 N ATHENES 2/9 P MADRID 9/17 P CARACAS 23/29 S TUNIS 10/17 S AJACCIO 6/14 P NANTES 1/9 P BARCELONE 12/17 P MILAN -2/2 P CHICAGO -4/3 S ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 5/16 C NICE 2/11 P BELFAST -1/7 S MOSCOU -16/-9 S LIMA 23/28 C BANGKOK 24/36 S BORDEAUX 4/15 P PARIS -1/6 * BELGRADE -7/-2 C MUNICH -10/-2 S LOS ANGELES 10/18 C BOMBAY 21/30 S BOURGES 1/9 P PAU 3/14 C BERLIN -9/-2 N NAPLES 7/14 N MEXICO 7/18 P DJAKARTA 26/30 C BREST 1/8 N PERPIGNAN 10/13 P BERNE -8/2 C OSLO -2/2 C MONTREAL -4/-2 C DUBAI 17/23 N CAEN -1/6 * RENNES 1/9 P BRUXELLES -2/7 N PALMA DE M. 9/19 P NEW YORK 0/6 N HANOI 21/24 C CHERBOURG 0/8 P ST-ETIENNE 2/8 P BUCAREST -13/-10 C PRAGUE -10/-3 N SAN FRANCIS. 10/14 P HONGKONG 20/24 C CLERMONT-F. 2/7 * STRASBOURG -4/1 N BUDAPEST -7/-4 * ROME 6/12 P SANTIAGO/CHI 14/26 N JERUSALEM 11/20 P -1/5 * TOULOUSE 8/15 C COPENHAGUE -6/-3 N SEVILLE 14/20 P TORONTO -2/3 C NEW DEHLI 9/19 S GRENOBLE 1/7 N TOURS 1/8 P DUBLIN 1/9 N SOFIA -8/-6 * WASHINGTON -3/8 C PEKIN -4/9 S LILLE -5/6 N FRANCE outre-mer FRANCFORT -4/2 S ST-PETERSB. -6/-1 * AFRIQUE SEOUL -1/6 C LIMOGES 4/8 P CAYENNE 24/30 S GENEVE -4/0 * STOCKHOLM -4/-2 C ALGER 8/18 S SINGAPOUR 26/30 P LYON 2/9 P FORT-DE-FR. 23/29 S HELSINKI 0/3 C TENERIFE 16/21 C DAKAR 21/28 S SYDNEY 20/30 N MARSEILLE 4/12 P NOUMEA 24/31 N ISTANBUL 0/2 * VARSOVIE -12/-8 S KINSHASA 23/28 P TOKYO 6/13 C Situation le 16 décembre à 0 heure TU Prévisions pour le 18 décembre à 0 heure TU

PRATIQUE Patiner sur la voie publique : quelle sécurité, quelles assurances ? QUI n’a cent fois envié ces sil- capées. « En descendant le boule- ponsabilité s’il m’avait renversée », ne quitter le trottoir que pour dépend alors de la voiture. Dès qu’il entendre parler. « Les patineurs houettes aériennes qui vous frôlent vard Saint-Michel, un passant a raconte une passante, encore tout traverser les rues, en respectant les lâche le véhicule, c’est la chute. Il lui nous gênent, car ils sont plus rapides d’un souffle, et vont disparaître au reculé brusquement, et je n’ai pas eu émue à ce souvenir. feux tricolores. Pourtant, les faut donc attendre que la voiture que nous et leur amplitude de loin sur le trottoir ? La Fédération d’autre solution que de l’entourer de Les accidents sont cependant patineurs empruntent fréquem- ralentisse pour s’échapper. Or les déplacement (un mètre cinquante française de roller skating ne mes bras, le soulever et l’emporter peu nombreux. En 1996, la préfec- ment la chaussée pour diverses rai- conducteurs ont tendance à accélé- environ) est trop importante », compte que 25 000 patineurs licen- avec moi », raconte Adeline Lemen, ture de police de Paris en a recensé sons : trottoirs encombrés ou rer pour faire lâcher prise », remarque Samuel Neulet, pré- ciés répartis dans 514 clubs et dans présidente de l’association Roller 32, pour la plupart des chutes, dont inexistants, revêtement inadapté, explique Serge Rodriguez, auteur sident de la commission sécurité, cinq disciplines (danse, hockey, squad institut (RSI) qui milite pour 4 % après une collision contre des travaux, comme l’article R. 218 du du livre Vivre en roller. Les adoles- assurance, environnement et régle- course, randonnée, roller acroba- l’intégration et la reconnaissance obstacles fixes : murs et poteaux. code de la route autorise à le faire cents qui se livrent à ces jeux dan- mentation, de la Fédération fran- tique). du patineur dans la cité. Dans 25 cas sur 32 (soit 80 %), le dans ces cas. gereux ou à des acrobaties sur les çaise de cyclotourisme (FFCT). Mais si l’on se rapporte aux Les patineurs ont leurs tech- patineur a été présumé respon- Mais lorsqu’ils le font durable- bancs, rampes d’escaliers et monu- Actuellement, un groupe de tra- ventes de matériel, le nombre total niques d’évitement : « Il vaut mieux sable. Les infractions les plus fré- ment, ils se heurtent à l’hostilité ments, endommagent le patri- vail auquel participent la Fédéra- de pratiquants est estimé à plus de dépasser très vite les piétons, sans quentes concernent la traversée de des automobilistes... surtout quand moine urbain et ternissent l’image tion française de roller skating, la 1,5 million : 42 % ont moins de signaler sa présence, sinon ils la chaussée hors des emplacements ils s’accrochent aux voitures parti- du roller. Prévention routière et le ministère quatorze ans, et les 58 % restants se risquent de paniquer, de se mettre en prévus pour les piétons. culières ou aux autobus pour se de la jeunesse et des sports, exa- répartissent également entre deux travers de notre trajectoire, et c’est la La loi assimile le patineur à un faire remorquer. « C’est très dange- « VÉHICULE À MOLLETS » mine la possibilité de doter le pati- tranches d’âge : 14-24 ans et 25-44 catastrophe. » Cette stratégie n’est piéton (articles R. 217 à R. 219-4 du reux, car les patins se mettent à Assimilés aux piétons, les pati- neur d’un statut et de trouver ans. possible que si le patineur maîtrise code de la route). Il est donc censé vibrer, et la stabilité du patineur neurs ne sont pas obligés de sous- d’autres solutions que l’interdic- Le patinage n’est plus seulement parfaitement le freinage et fait crire une assurance spécifique. En tion pure et simple de pratiquer le un sport réservé à quelques preuve de concentration pour anti- cas d’accident, c’est l’assurance patinage au centre-ville, décidée adeptes mais un moyen de locomo- ciper les réactions des piétons et Lectures et adresses du patineur dans la ville, responsabilité civile-chef de famille par de nombreuses municipalités. tion, rapide, pratique, économique, repérer les obstacles. 6, impasse, Baudran, 75013 Paris ; ou responsabilité civile comprise Le statut impliquerait pour les pati- et écologique, qui s’est développé Ces techniques sont enseignées b Vivre en roller, de Serge tél. : 01-45-88-23-75. dans l’assurance habitation qui neurs l’obligation de respecter des lors des grèves de décembre 1995, dans les clubs et associations. Il Rodriguez et Marion Thuriot b L’association régionale des couvrira les dommages causés à règles : limitation de vitesse, res- et continue de progresser. faut modérer sa vitesse lorsque le (Chiron 1997, 159 p., 98 francs). œuvres éducatives et vacances autrui. S’il se blesse lui-même, la pect du code de la route, port Alors que les piétons circulent à trottoir est encombré, et surtout Choisir son matériel et maîtriser de l’Education nationale sécurité sociale remboursera les d’autocollants lumineux et de pro- la vitesse de trois kilomètres/heure, s’abstenir si l’on est débutant. les techniques pour patiner sans (Aroeven) réalise dans les écoles frais médicaux, mais il est prudent tections (casque, genouillères, cou- les patineurs « volent » à quinze « Ceux-ci n’ont rien à faire en ville, danger. et collèges et dans les quartiers de de souscrire une assurance indivi- dières, protège-poignets). En kilomètres/heure, et jusqu’à qua- ce sont des dangers publics », estime b Fédération française de roller l’académie d’Orléans-Tours, une duelle accident. attendant, les patineurs sont rante dans les rues en pente ou lors Adeline Lemen. « Lorsque j’ai vu le skating, 1, rue Pierre-Curie, initiation au code de la route par La solution consisterait-elle à condamnés à naviguer entre la des compétitions. Malheureuse- patineur foncer sur moi, je me suis 33400 Talence ; le biais du roller (opération assimiler le patineur à un cycliste ? condition de « piéton sur roulettes » ment cette vitesse représente un précipitée sur le côté... et il est allé tél. : 05-57-35-43-30. « Roller en toute sécurité ») ; Ceux qui circulent déjà sur les et celle de « véhicule à mollets ». risque pour les piétons, surtout emboutir l’Abribus. Je me suis alors b Roller squad institut (RSI), 4, rue Marcel-Proust, pistes cyclables y sont favorables, pour les personnes âgées ou handi- demandé quelle aurait été sa res- association pour l’intégration 45000 Orléans ; tél. : 02-38-54-15-09. mais les cyclistes ne veulent pas en Michaëla Bobasch

Ł SOS Jeux de mots : o MOTS CROISÉS PROBLÈME N 97280 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). SCRABBLEᮋ PROBLÈME No 48

123456789101112 Coquille porteuse de message. – 9. Rend la partie nulle. Annonce la A la recherche du troisième mot I victoire. – 10. Transformés et stéri- lisés. – 11. Ne sont pas dans le 1. Vous avez tiré E E R S T U X 123456789101112131415 II besoin. Préposition. – 12. Donne de a) Trouvez et placez un mot de l’intensité. Regroupement de bre- six lettres qui inclut le X. A III bis égarées. b) Avec ce même tirage, trouvez B et placez un mot de trois lettres IV Philippe Dupuis (47 pts) ; un de cinq lettres (51) ; C deux de cinq lettres (54). En le V SOLUTION DU No 97279 complétant avec trois lettres dif- D férentes appartenant à l’un ou à E VI HORIZONTALEMENT l’autre des deux mots placés sur la grille, trouvez un sept-lettres qui F VII I. Incompétence. – II. Nerveuse. rapporte 54 pts et deux huit- G Ion. – III. Couenne. Me. – IV. Onc. lettres qui rapportent respective- M VIII Tiraille. – V. Haïti. Clôt. – VI. Lie. ment 84 et 86 pts. H HOS ANNA Oindrait. – VII. Ans. Noé. Oise. – N. B. : Dès que vous avez trouvé IX VIII. BD. Inn. ABS. – IX. Lerne. Age. une solution, effacez-la avant de I L Ta. – X. Exacerbasses. continuer. J B X 2. Préparation de la grille de la VERTICALEMENT semaine prochaine K A HORIZONTALEMENT plus de temps. Accord dans un c) Premier tirage : I I L O R T V. sens, point final dans l’autre. 1. Incollable. – 2. Néon. Index. – Trouvez un sept-lettres. L T I. Relations internationales. – II. Conjonction. – X. Villa à Tivoli. Use 3. Cruches. Râ. – 4. Ove. INC. – 5. d) Deuxième tirage : E E H M N M I Ouvertures en façade. La côte de de subterfuges. Mentionnée. – 6. Punition. – 7. Esé- O P. Trouvez un sept-lettres. à Menton. – III. Le bruit des rine. AB. – 8. Té. Aga. – 9. Micro- N E coups. Type d’un noyau atomique. VERTICALEMENT bes. – 10. Niellais. – 11. Co. Lois. Te. Solutions dans Le Monde du O – IV. Mises en quartiers pour mieux – 12. Endetteras. 24 décembre. surveiller. Ville de Yougoslavie. – V. 1. Impossible de le toucher. – 2. Solutions du problème paru dans Le Monde du 10 décembre. Négation. Dans sa vie tout fut rela- Que l’on peut toucher et modifier. Chaque solution est localisée en salade, F 1, 66-COPINAGE, 4 B, tif. – VI. Une voiture où le conduc- – 3. Balance sur les flots malais. sur la grille par une référence se 76 -OPIACENT, préparent avec de teur est à l’arrière. Bien venu. Ouvrent tout grand. – 4. Passée à rapportant à sa première lettre. l’opium, 6 A, 70-CAPEIONS, rédui- Habiletés souvent trompeuses. – l’huile. Personnel. – 5. Symbole Lorsque la référence commence sions notre voilure, 8 A, 89. VII. Vient de la côte espagnole. chimique. La première à l’arrivée. – par une lettre, le mot est horizon- c) HOSANNA ou AHANONS Compositeur contemporain 6. Des champignons sur le chef. tal ; lorsqu’elle commence par un d) MALBATIE-TIMBALES ou franco-américain. – VIII. De Fait partie de la majorité plurielle. chiffre, le mot est vertical. l’anagramme SEMBLAIT. l’oseille pour certains. Cherches la – 7. Pour suspendre. Bien ou mal, il a) RAIPONCE, campanule dont petite bête. – IX. Mettra un peu est pris en considération. – 8. la racine et les feuilles se mangent Michel Charlemagne LeMonde Job: WMQ1712--0030-0 WAS LMQ1712-30 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 08:16 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0433 Lcp: 196 CMYK

30 CULTURE LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997

CINÉMA Demain ne meurt ja- 17 décembre sur les écrans. b L’AC- Michelle Yeoh, véritable actrice du la série depuis Dangereusement dans lequel il évolue. b DEMAIN NE mais, dix-huitième épisode – si l’on TEUR Pierce Brosnan reprend le rôle cinéma de Hongkong, ce qui change vôtre, en 1985, explique que la chute MEURT JAMAIS met le héros aux excepte l’hérétique Jamais plus ja- du personnage créé par Ian Fleming, des habituelles pin-up éthérées. du mur de Berlin, loin de condamner prises avec un dangereux magnat mais – des aventures de l’agent se- qu’il avait inauguré dans Golde- b DANS UN ENTRETIEN au Monde, le personnage, a permis de rendre des médias, à la croisée de Rupert cret James Bond 007, sort mercredi neye. Le rôle féminin est tenu par Michael G. Wilson, coproducteur de plus complexe l’environnement Murdoch et de Robert Maxwell. James Bond contre le Docteur Mabuse des médias « Demain ne meurt jamais », dix-huitième épisode des aventures du héros créé par Ian Fleming, sort mercredi sur les écrans. Dans un entretien au « Monde », Michael G. Wilson, coproducteur de la série, explique comment l’agent secret a survécu à la fin de la guerre froide

COPRODUCTEUR, avec Barbara avec Timothy Dalton ? Quant à Permis de tuer, il opposait Je comprends que le spectateur Broccoli, de la franchise James Bond – Il s’agissait, de mon point de Bond à un trafiquant de drogue soit choqué de ne plus voir James depuis Dangereusement vôtre en vue, d’un excellent acteur. Il n’a d’un tout petit accabit. Bond rouler dans une voiture an- 1985, Michael G. Wilson avait hérité pas accroché avec le public. Il pre- – Pour l’Afghanistan, je le re- glaise, mais on ne m’a guère laissé d’un personnage démodé qui avait nait son rôle très au sérieux, mais connais, on a été un peu dépassé. le choix. failli disparaître après l’effondre- les spectateurs n’avaient pas ce Avec Permis de tuer, j’avais l’affaire – Ces accords avec les grandes ment du mur de Berlin. Grâce à un sentiment à l’écran. Or James Bond Noriega en tête, mais je n’en ai pas marques sont-ils indispensables marketing élaboré, qui aura trans- ne fonctionne que sur des appa- tiré toute la potentialité. pour faire face aux investisse- formé 007 en un homme-sandwich rences. Pierce Brosnan est très in- – Comment avez-vous réussi à ments publicitaires des films de la très désirable, et à son inventivité tense, il n’intériorise pas son jeu, multiplier les liens commerciaux série ? scénaristique, il a réussi à bâtir un ce qui est essentiel pour un tel per- entre James Bond et des marques – Lorsque j’ai commencé à tra- James Bond moderne, redevenu une sonnage. de voitures ou d’alcool sans inter- vailler sur la série, les dépenses machine à engranger les dollars. – Le dernier Bond avec Timothy férer avec le déroulement de l’his- marketing s’élevaient à un tiers du « Revenez-vous souvent aux ro- Dalton, Permis de tuer, a été un toire ? budget, elles sont ensuite passées à mans de Ian Fleming ? échec. Il a même failli mettre un – La question que je ne cesse de 50 %. Pour Goldeneye, elles s’éle- – Je ne cesse de relire ses ro- terme à la série. me poser est : ce produit colle-t-il à vaient à 125 %, et nous avons réus- mans, de manière à retrouver le – Il serait plus juste de dire qu’il l’image de James Bond ? Nous si à les maintenir à 100 % pour De- parfum du personnage, sans ja- a eu moins de succès que les avons donc des accords avec des main ne meurt jamais. Le budget de mais m’éloigner de lui. Les pre- autres, ce qui ne l’a pas empêché grandes marques, mais c’est in- production de Goldeneye était de miers James Bond de Fleming de rapporter de l’argent. Mais il y hérent à la nature même du per- 60 millions de dollars, sur Demain étaient très réalistes, mais certains avait moyen de faire mieux, c’est sonnage. ne meurt jamais il était de 100 mil- ont vieilli pour les raisons que l’on clair. Le plus gros échec de la série, – L’accord avec Heineken n’est lions. Un tel investissement marke- connaît, c’est-à-dire la fin de la c’est Dangereusement vôtre, le der- pourtant pas des plus orthodoxes. ting est nécessaire pour être guerre froide. La façon dont Fle- nier Bond tourné avec Roger Voir James Bond en buveur de présent dans tous les médias. Il y a ming aborde son personnage reste Moore. Mais la réalité financière vodka ou de champagne reste une règle qui dit qu’il faut que la pourtant très moderne, et je m’y de la franchise James Bond, c’est dans la logique du personnage, le publicité ait été vue au moins trois réfère constamment. Mon rôle, qu’elle rapporte toujours de découvrir en buveur de bière l’est fois pour avoir un impact. Pour avec Barbara Broccoli, est simple. l’argent. La question qui s’est po- beaucoup moins. faire face à de telles dépenses, Nous sommes les gardiens du sée pour certains films a été : pour- – On remarque à peine la nous avons donc besoin de nouer temple, les garants de l’orthodoxie quoi n’en n’avons-nous pas gagné marque à l’écran. Vous ne voyez des liens avec des compagnies qui Bond. davantage ? Nous avons égale- quand même pas Bond à côté pourront prendre en charge une – Pourquoi votre choix s’est-il ment eu un procès avec Giancarlo d’une caisse de bière en train de partie du marketing. Nous ne rece- porté sur Pierce Brosnan pour le Parretti [le président de la MGM au s’envoyer une cannette l’une après vons pas d’argent en retour. Cette rôle de Bond ? début des années 90, le studio avec l’autre. C’est sans doute le change- escalade ne me rend pas heureux, – Dans les romans de Fleming, lequel la franchise James Bond est ment de voiture qui a suscité le je crois même qu’elle reflète une James est un personnage très sé- liée contractuellement], ce qui ex- plus de controverses. Mais Bond crise profonde de l’industrie du ci- rieux, souvent gagné par le doute, plique le hiatus de six ans entre ne pouvait pas garder son Aston- néma. La franchise James Bond parfois sans manières, et pas forcé- Permis de tuer et Goldeneye. Martin – bien qu’elle apparaisse n’est certainement pas la plus ex- ment très à l’aise avec les femmes. – La chute du mur de Berlin ne brièvement dans le film. L’usine posée, mais Sony a dû faire face à Sean Connery possédait la même vous a-t-elle pas pris par surprise anglaise construit cinq voitures par des pertes de 3 milliards de dollars, intensité, et il y avait ajouté une et n’a-t-elle pas mené vos scéna- semaine, toutes assemblées à la Universal a connu aussi des pro- dose d’humour. Roger Moore et ristes dans une impasse ? main. Si vous prenez la séquence blèmes. Le cinéma est quand Timothy Dalton s’étaient démar- – Je l’ai surtout prise comme un du parking avec la BMW télégui- même la seule industrie à posséder GEORGE WHITEAR qués de ce cocktail, en sombrant cadeau tombé du ciel. Nous étions dée qui permet à James Bond une telle avance sur le plan Pierce Brosnan et Michelle Yeoh dans « Demain ne meurt jamais ». dans la parodie pour le premier, ou enfermés dans une logique mani- d’échapper à ses poursuivants, technologique. Or celle-ci entraîne en se révélant plus introverti pour chéenne où prédominait l’affron- nous avons dû en utiliser dix-sept, une main-d’œuvre de plus en plus le second. Brosnan marque un re- tement Est-Ouest. Au lieu de cette pères sautent, avec d’anciens vité sur ses chaînes. toutes fournies gracieusement par nombreuse et une inflation des tour très net à la manière de jouer situation monolithique, tout s’est agents communistes en fait télé- – Le prix de la fin de la guerre BMW. Comment voulez-vous que coûts. Cette avance technologique de Sean Connery. Son potentiel de brutalement complexifié. C’est guidés par quelqu’un à l’Ouest. froide a été pourtant payé très je m’en sorte avec Aston-Martin ? aurait dû nous permettre de ré- star m’a toujours semblé évident. Il pour cela que j’aime énormément Avec Demain ne meurt jamais, cher. Tuer n’est pas jouer se dérou- Nous avons même pensé à en faire duire nos budgets, et c’est le arrive à exprimer sa personnalité Goldeneye, car il est l’expression de nous avons trouvé l’idée du patron lait en Afghanistan, mais au mo- des copies, mais cela aurait coûté contraire qui se produit. » sans mettre le personnage de Bond ce chaos. Bond y est à chaque fois d’un empire médiatique qui provo- ment où le film est sorti on savait encore plus cher. Jaguar ayant le entre parenthèses. confronté au mensonge et à la tra- querait une troisième guerre mon- déjà que les troupes russes au- même problème, nous étions Propos recueillis par – Qu’est-ce qui n’a pas marché hison. Il s’aperçoit que tous ses re- diale afin de la diffuser en exclusi- raient du mal à rester là-bas. condamnés à BMW ou Mercedes. Samuel Blumenfeld Michelle Yeoh, James Bond girl et vraie actrice 007 en guetteur des malaises du monde C’EST une sorte de séisme dans quelques coups de pieds bien sen- misogyne ». « Quand j’ai entendu un cochon de mâle misogyne. Je lui la vie de James Bond : pour la pre- tis, est un être humain à part en- cette réflexion que lui faisait M. dans ai donc fait savoir que je serais en- Demain ne meurt jamais. Luxe, médias et culpabilité mière fois la pin-up de service, plus tière. Goldeneye, j’ai bondi de joie à l’idée chantée de tourner avec lui à condi- connue sous le nom de James Bond Si elle se réjouit d’un tel retour- que quelqu’un avait enfin songé à lui tion d’être d’égale à égal. » Mais ce désir aurait un goût d’ina- girl, n’a pas été nement, Michelle Yeoh n’y voit river son clou », se souvient Mi- Ce sera Supercop, de Stanley Film américain de Roger Spot- chevé sans culpabilité. C’est ce qui retenue seule- qu’une étape prévisible dans la vie chelle Yeoh, hilare. Tong, qui lui vaut l’admiration tiswoode. Avec Pierce Brosnan, manquait à Bond depuis plusieurs ment pour ses d’un héros qui se doit d’être syn- Demain ne meurt jamais sonne éperdue d’Oliver Stone et de Quen- Jonathan Pryce, Michelle Yeoh. années : une angoisse digne de ce qualités plas- chrone avec son époque : « La pre- aussi comme l’heure d’une exquise tin Tarantino. Elle aurait pu tourner (1 h 55.) nom, plus qu’un méchant au sa- tiques. Michelle mière fois que j’ai vu dame Judi revanche pour cette actrice venue avec John Woo, mais elle a laissé disme estampillé. Yeoh, alias Dench dans le rôle de M., le patron du cinéma de Hongkong, un uni- passer l’offre. « Parce que j’avais Avec la régularité d’une horloge à Après s’être débattu dans la Wai-lin, agent des services secrets, je me suis dit vers qu’elle qualifie d’ « asservi par deux autres films en préparation à ce coucou qui ne sortirait que tous les confusion de l’après-guerre froide, secret de Chine qu’on allait dans la bonne voie. » l’homme pour l’homme ». Danseuse moment-là. » deux ans, le dix-huitième épisode James Bond s’est trouvé un nouvel populaire dans Une direction somme toute logique classique de formation, elle étudie L’intérêt de la carrière de Mi- de James Bond – si l’on excepte en adversaire à sa taille, un authen- Demain ne puisqu’elle correspondait à l’exacte la chorégraphie et le ballet à chelle Yeoh ne s’arrête pas à une 1985 l’hérétique Jamais plus jamais tique Docteur Mabuse capable de meurt jamais, est une véritable réalité, le nouveau patron des ser- Londres, tout en allant assidûment parfaite maîtrise des arts martiaux. et son Sean Connery perruqué – ar- faire oublier l’affrontement Est- comédienne. Son regard fondant et vices secrets anglais étant une au cinéma avec son jeune frère voir Il réside aussi dans son aptitude à rive mercredi 17 décembre sur les Ouest. Cette créature hybride, fruit espiègle confirme que cette femme. James Bond, homme des tous les films de James Bond. créer des passerelles entre plu- écrans. Demain ne meurt jamais res- de l’union de Rupert Murdoch et de femme-fleur, capable de mettre en années 90, ne pouvait donc conti- sieurs histoires et plusieurs semble à la chambre d’une chaîne Robert Maxwell, est le patron d’un déroute six ou sept voyous par nuer à se comporter en « dinosaure MISS MALAISIE mondes. Ainsi The Soong Sisters, d’hôtels de luxe, c’est-à-dire un empire médiatique prêt à déclen- Au début des années 80, Michelle présenté au dernier Festival de To- produit haut de gamme, mais stan- cher une guerre entre la Grande- Yeoh, devenue Miss Malaisie, est ronto, qui raconte l’extraordinaire dardisé. A ce titre, Pierce Brosnan Bretagne et la Chine afin de s’en as- courtisée par la pub. Son premier destinée des trois sœurs Soong : continue de faire un James Bond surer auparavant l’exclusivité sur spot, réalisé à Hongkong, scelle son l’une épouse Tchang Kaï Tchek, présentable. La James Bond girl, ses chaînes et ses journaux. Le si- destin d’actrice : son partenaire l’autre Sun Yat Sen, et la troisième l’excellente Michelle Yeoh, fait hon- tuationnisme de James Bond arrive n’est autre que Jackie Chan, la star l’homme qui financera les deux neur aux brunes qui l’ont précédée, à point pour désamorcer la crise, et du film d’action. Cette apparition premiers. comme Claudine Auger dans Opé- pointer au passage une question publicitaire l’amène naturellement Tourné en Chine sous la direc- ration Tonnerre. La BMW, qui sup- lancinante qui a forcément germé à prendre le chemin des studios. tion de Mabel Cheung, une réalisa- plante la légendaire Aston-Martin, dans la tête de n’importe quel spec- « J’étais toujours l’infirmière, ou l’as- trice de Hongkong (qui depuis la est truffée de nouveaux gadgets, et tateur : comment s’y retrouver dans sistante sociale, ou l’institutrice qui rétrocession préfère se faire appe- Ricky Jay, visage carnassier et che- ce magma d’alliances et de regrou- prodiguait ses bienfaits et qui, inva- ler Cheung Yueng-tin), aux côtés veux blonds coupés ras, symp- pements entre grands groupes de riablement, était menacée par des de Vivien Wu et de Maggie tômes chroniques du mal dans la communication ? Ce que l’on bandes de voyous. Il est arrivé un Cheung, la muse d’Irma Vep, der- grammaire bondienne, incarne à comprend mal inquiète. moment où j’ai eu envie moi aussi nier film d’Olivier Assayas, le film a merveille l’Aryen bête et méchant. James Bond contre Docteur No d’en découdre, d’être dans l’ac- permis à Michelle Yeoh de décou- Il y a pourtant quelque chose de contenait une utopie fondatrice liée tion. » Elle se met à l’étude des arts vrir sa nouvelle patrie. « La pre- pourri dans le royaume de Bond, à son amateurisme : entre son mé- martiaux, s’entraîne douze heures mière fois que je me suis promenée que l’on sentait déjà poindre dans chant sorti d’un hôpital psychia- par jour pour maîtriser les mouve- dans les rues de Pékin, j’ai eu le Goldeneye. Après les années de di- trique et ses effets spéciaux dignes ments et les règles du combat au souffle coupé par tant de beauté. sette, symbolisées par le Bond ver- de Caltiki, le monstre immortel, il cinéma, c’est-à-dire frapper son ad- L’aspect cosmopolite de la ville n’est sion Timothy Dalton, austère, dé- n’était manifestement pas fait pour versaire sans casser les os. pas sans rappeler Hongkong, mais je pressif, monogame (sida oblige), durer. Auparavant, James Bond Elle disparaît ensuite des écrans me suis vite sentie différente, alors qui avait failli tuer la série, est arri- était commandité pour nous guérir pendant trois ans pour cause de que je parle chinois. Je crois que la vé un nouveau 007, extraverti, poly- des dangers, aussi nets que le noir mariage, puis de divorce. Une pro- Chine est dans la bonne direction, il game, converti au luxe et à la et blanc de notre télévision, qui al- position de Jackie Chan lui parvient ne faut pas décourager ses efforts. » luxure. L’étalage de ses richesses, laient mettre à bas notre civilisa- alors. « J’aimais bien Jackie Chan. Et, sur ce point précis, Michelle symbolisées par les multiples parte- tion. Cette tâche ne suffisant plus, il Mais quand j’allais voir ses films Yeoh est particulièrement re- nariats conclus entre ses produc- se trouve désormais investi d’une j’étais effarée par les rôles qu’on fai- connaissante aux scénaristes du teurs et diverses compagnies autre mission, de longue durée, et sait tenir aux femmes ! Pour l’essen- dernier James Bond d’avoir réservé commerciales, le rétablit dans son donc plus rentable : nous informer tiel, elles lui couraient après en hur- un beau rôle à la Chine. emploi de portemanteau et des malaises de celle-ci. lant : “Jackie je t’aime !”. Pour moi, d’homme-sandwich, c’est-à-dire un Jackie Chan à travers ses films était Marie Colmant personnage hautement désirable. S. Bd LeMonde Job: WMQ1712--0031-0 WAS LMQ1712-31 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 08:16 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0434 Lcp: 196 CMYK

CULTURE LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 / 31

DÉPÊCHES Porto engage a MUSIQUES : la ville de Bou- logne-Billancourt (Hauts-de- Seine) a fait savoir, lundi 15 dé- cembre, qu’elle veut convaincre la sa renaissance culturelle société qui exploite le Parc des princes de ne plus y organiser de concerts, sous peine de poursuites La deuxième ville portugaise tente de combler son retard judiciaires. La ville invoque un rapport faisant état de nuisances PORTO rante-neuf années de fascisme », scène par le Lituanien Eimuntas sonores « huit fois supérieures à la de notre envoyée spéciale observe Ricardo Pais, directeur du Nekrosius ; les créations du Qué- limite maximum imposée par le dé- En deux ans seulement, depuis Teatro nacional San Joao et du bécois Robert Lepage, de l’Italien cret du 18 avril 1995 », enregistrées 1995, trois théâtres ont été nouveau festival appelé Ponti Mario Martone, des Français Sté- lors des concerts de Michael Jack- construits ou rénovés en profon- (Porto natal teatro internacional). phane Braunschweig et Jérôme son (27 juin) et du groupe U2 deur à Porto. Un autre ouvre en « La révolution de 1974 a fait pres- Deschamps... La première édition (6 septembre). 1998. Un festival international de sion sur les artistes vers un engage- de ce festival rencontre un succès a Le concours international de théâtre et musique a été créé, dont ment politique. Finalement, il n’y a public : les spectateurs, à domi- quatuor à cordes d’Evian sera la première édition se terminera le qu’une dizaine d’années qu’ils sont nante jeune dans cette ville de transféré à Bordeaux à l’automne 22 décembre. Le cœur de la ville a vraiment libres de créer », estime 60 000 étudiants, remplissent les 1999, a annoncé, le 14 décembre, le été classé comme patrimoine de son côté Joao Fernandez, direc- salles tous les soirs. violoncelliste Alain Meunier, ani- mondial par l’Unesco. Le Centre teur adjoint du futur musée d’art « Aujourd’hui, le public est de mateur de cette compétition bien- national de la photographie a été contemporain. plus en plus jeune et varié », ob- nale. inauguré dans les murs d’une an- serve Isabel Alves Costa, directrice a MUSÉE : le comité d’organisa- cienne prison. En mars 1999, ouvri- OUVERTURE INTERNATIONALE du Teatro Rivoli, l’autre grande tion du Muséum national d’his- ra un musée d’art contemporain, La deuxième ville du pays, capi- institution de Porto, financée par toire naturelle, qui craint un dé- dessiné par l’architecte Alvaro Si- tale du Nord, a longtemps vécu re- la ville. Fermé pendant deux ans mantèlement de cette institution

za, l’une des deux célébrités artis- pliée sur elle-même, tournant le pour travaux, le bâtiment an- © JOAO TUNA lors de la création du musée dit tiques majeures de Porto, avec le dos à la fois à Lisbonne, vécue nées 30 a rouvert en octobre, avec Carlos Pimenta et Suzanna Borges dans « Peep Show », des arts premiers, a invité « tous les cinéaste Manoel de Oliveira. comme une rivale, et à l’Espagne une programmmation presque de Luis Assis, un spectacle du Festival Ponti. personnels » à rejoindre la déléga- La vieille ville laborieuse renoue toute proche. « Nous avons besoin quotidienne. tion qui devait rencontrer, mardi avec la frénésie fantasque de son de tout voir, d’être exposés à toutes Le Teatro Rivoli a présenté, cet lieu pour diffuser les nouvelles ten- cardo Pais. « Il nous faut des terri- 16 décembre à 10 heures, Claude âge d’or, ce XVIIIe siècle au cours les expériences de création », af- automne, un festival de cinéma dances ou les compagnies alterna- toires où les artistes se sentent libres Allègre, ministère de l’éducation duquel elle s’est couverte de mo- firme Ricardo Pais. Ce metteur en africain, un cycle consacré au dra- tives. Nous avons par exemple invité de créer, d’exprimer leur vision sin- nationale. Ce comité demande la numents plus baroques les uns scène a pris en janvier 1996 la di- maturge allemand Heiner Muller la chorégraphe française Mathilde gulière du monde, sans chercher préservation de l’intégrité du Mu- que les autres. Ce n’est plus rection du Teatro nacional Sao ou encore la création de Mind da Monnier », explique Isabel Barros. spécialement à fabriquer une séum, donc le maintien du Musée l’argent du porto qui finance cette Joao. Ancienne institution clas- gap, une compagnie locale de Le Teatro Campo Allegre, qui culture portugaise. C’est ce que fait de l’homme en son sein. embellie, mais celui de l’Europe, sique de centre-ville, dédiée au ré- danse hip-hop. « En danse contem- doit ouvrir en 1998, est doté de le cinéaste Oliveira : il ne crée ja- a La Fondation Cartier pour l’art démultiplié par un fort volonta- pertoire lyrique, cette élégante poraine, les jeunes Portugais ont trois salles de spectacles, d’une ga- mais avec la volonté de « faire por- contemporain, à Paris, ferme ses risme politique. La mairie (socia- salle à l’italienne a été entièrement tout de suite trouvé un chemin euro- lerie d’exposition, d’une résidence tugais » et pourtant il enrichit notre espaces d’expositions, pour tra- liste) de Porto partage un même restaurée en 1995. L’accueil de péen, car il n’y avait pas de tradi- d’artistes. Le musée d’art contem- culture. » vaux, entre le 16 décembre et le souci avec le ministre de la culture, spectacles portugais et étrangers tion ici », explique Isabel Alves porain abritera un auditorium 21 janvier 1998. le philosophe Manuel Maria Car- constitue sa nouvelle mission, avec Costa. pour des spectacles. « C’est par la Catherine Bédarida a CINÉMA : le réalisateur égyp- rilho (voir Le Monde du 12 no- le désir de confronter le public de Cette dynamique a permis l’ou- culture que le Portugal peut exister tien Youssef Chahine recevra, vembre) : doter le pays d’un Porto aux grandes créations euro- verture d’une salle, associée à une en Europe et non par l’économie, un ૽ Festival Ponti, à Porto, jusqu’au vendredi 19 décembre, le doctorat deuxième pôle culturel après Lis- péennes : « Nous n’avons pas l’ob- école de formation artistique pro- domaine dans lequel il n’a rien de 22 décembre. Tél. : 00-351-2-208- honoris causa de l’université Paris- bonne. session de l’héritage portugais. » fessionnelle, consacrée à la danse spécifique à apporter », estime Ri- 83-03. VIII (Vincennes-Saint-Denis). L’essor spectaculaire est à la me- A l’automne, le Teatro nacional et au théâtre, le Balleteatro. En sure du retard accumulé. « L’Inqui- Sao Joao a ainsi invité le metteur 1995, ce bâtiment neuf s’est ouvert sition – qui interdisait le théâtre – a en scène italien Giorgio Barberio avec une salle de deux cents duré un siècle de plus qu’en Es- Corsetti. Le festival Ponti présente places, plusieurs studios de danse, pagne. C’est un siècle de perdu pour dans cinq salles de Porto dix-sept un local permanent pour la la dramaturgie portugaise. Au spectacles, dont une majorité compagnie d’Isabel Barros, la di- XXe siècle, nous avons subi qua- d’étrangers : les Trois Sœurs, mis en rectrice de Balleteatro. « C’est un La crise de l’art contemporain, version sud-africaine JOHANNESBURG d’auditeurs frustrés par l’absence de notes explica- de notre correspondant tives au bas des œuvres. Le public n’a pas semblé L’Afrique du Sud et l’art contemporain ont frôlé le convaincu. Il n’est pas venu en masse ou s’est montré divorce. Lâchée par son principal sponsor au beau mi- désemparé. Un groupe de visiteurs s’est ainsi longue- lieu de l’événement, la IIe biennale de Johannesburg ment interrogé, à voix haute, autour d’une œuvre vi- devait fermer ses portes vendredi 12 décembre, plus déo, pour savoir si les tressautements du projecteur d’un mois avant la date prévue. A la dernière minute, étaient voulus par l’artiste ou s’il s’agissait d’un une subvention du ministère de la culture a permis la simple dysfonctionnement. prolongation des expositions, quitte à en fermer une En invitant 160 artistes venus de 60 pays différents, partie pour la période de Noël. Quelques jours plus M. Enwezor voulait faire de la biennale un événement tôt, la municipalité avait provoqué une surprise mêlée majeur sur l’agenda de l’art contemporain internatio- de fureur chez les organisateurs et les artistes en déci- nal. Autour du concept de « routes du commerce », il dant d’interrompre son partenariat pour cause de dif- souhaitait interpeller les Sud-Africains sur la place et ficultés financières. Quasiment en faillite, la ville de l’identité de l’art dans la tourmente de la mondialisa- Johannesburg cherche à faire des économies. tion. Le thème semblait porteur dans un pays en train de s’ouvrir au reste du monde après les années de DÉSAVEU ET DÉSARROI l’apartheid. Le commissaire affirmait qu’une telle ma- Même si elle est officiellement motivée pour des nifestation est un « lieu d’échange des idées » qui peut raisons financières, la décision de la municipalité a contribuer au changement. valeur de désaveu pour la biennale. Elle s’inscrit dans Mais le projet s’est révélé trop ambitieux pour un un climat de controverse et d’incompréhension. Dé- public coupé, pendant des décennies, de tout contact concertés par un art contemporain trop conceptuel à avec l’art contemporain et préoccupé avant tout, leur goût, une partie des critiques sud-africains ont dans sa grande majorité, par les difficultés de la vie déclenché une véritable polémique par voie de presse. quotidienne. La décision de la municipalité de faire A coups d’articles incendiaires, ils ont dénoncé peser ses efforts d’austérité sur une manifestation ar- « l’obscurantisme de rigueur » des œuvres, qualifiées tistique en dit long, d’ailleurs, sur la place accordée à de « private jokes faites par l’élite artistique pour l’élite la culture dans une société en pleine reconstruction. artistique ». Dépité, un artiste et critique s’est indigné, dans la Le commissaire de la biennale, Okwui Enwezor, Ni- presse, du manque de respect et de perspective pour gérian installé à New York, n’a pourtant pas ménagé l’art en Afrique du Sud. En signe de protestation, il ses efforts pour essayer de dissiper le malentendu. In- s’est demandé s’il n’était pas temps pour les artistes vité d’une célèbre émission à la radio, ce critique et de quitter le pays. éditeur d’art reconnu a puisé dans ses réserves de pé- dagogie pour répondre aux demandes d’explication Frédéric Chambon Le Festival d’automne 1997 a attiré plus de 127 000 spectateurs AVANT MÊME la clôture du par La Maladie de la mort, de Mar- 4,2 millions à 3,8 millions. En re- Festival d’automne à Paris, le guerite Duras (23 700 spectateurs ; vanche, le mécénat direct, grâce 21 décembre à l’issue de la der- 99 % de remplissage), et Measure au soutien des Japonais de Shisei- nière représentation de La Ceri- for Measure, de Shakespeare, mis do surtout, est passé de 2 à 3 mil- saie, de Tchekhov, dans une mise en scène par Stéphane Braunsch- lions de francs. Le mécénat indi- en scène de Peter Zadek à la MC weig (7 700 spectateurs ; 100 %). rect du programme japonais a 93 de Bobigny, l’équipe de direc- Succès encore pour le programme atteint 10 millions de francs. tion du festival peut dresser un bi- danse, qui a réuni 10 120 specta- 1998 sera marqué par un impor- lan très positif de cette XXVIe édi- teurs autour de Baryshnikov tant programme chinois (opéra tion, qui a rassemblé (6 400 spectateurs ; 107 %), DV8 Kunqu, Tan Dun, Peter Sellars, 127 220 spectateurs, soit 11 000 de (1 500 spectateurs, 95 %), et Boris Guo Wenjing...), par un pro- plus qu’en 1996. Ce total n’atteint Charmatz (1 400 spectateurs, gramme théâtral autour de « la lit- pas le score record de l’édition 105 %). Le programme musical a térature russe sur la scène euro- 1995 – 161 000 spectateurs, chiffre commencé en fanfare avec les Mu- péenne » (servi par Piotr dû essentiellement à trois spec- siciens du Nil (5 100 spectateurs ; Fomenko, Luca Ronconi et Julie tacles phares, C’est magnifique, 102 %) tandis que les concerts Hei- Brochen). On annonce aussi le re- Dans la solitude des champs de co- ner Goebbels et Morton Feldman tour de Klaus Grüber, Robert Le- ton et Decodex. réunissaient chacun plus de page et Robert Wilson. Important Les bons chiffres de 1997 sont 2 000 spectateurs. Pour la pre- programme de danse avec la dus au succès d’un remarquable mière fois, plusieurs spectacles du Compagnie Martha Graham, Bill programme japonais, dont les festival comme les Musiciens du T. Jones, Georges Appaix, Boris formes traditionnelles (bunraku, Nil et le kabuki, ont été présentés Charmatz... Stockhausen, Lachen- kabuki, nô) et contemporaines à Bordeaux, à l’invitation de l’Opé- mann, Kurtag, Nono, Huber, Ust- (Teshigawara, Dumb Type et Ka- ra, et ont connu le même engoue- volskaia et Oehring seront les têtes wamata) ont réuni 67 000 specta- ment. d’affiche d’un programme musical teurs payants. Le spectacle de Pour l’édition 1997, le niveau de sur quatre ans, dont le premier vo- Dumb Type, [OR], se paie le luxe subvention du festival a été ren- let est intitulé « Cycles, fresques et d’un taux de remplissage de forcé grâce à l’augmentation de miniatures, formes majeures 122%! l’aide de l’Etat (9 millions de francs composées après 1965 ». Le théâtre a tenu son rang avec contre 6,7 millions en 1996), l’aide 38 900 spectateurs attirés surtout de la Ville de Paris reculant de Olivier Schmitt LeMonde Job: WMQ1712--0032-0 WAS LMQ1712-32 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 09:34 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0435 Lcp: 196 CMYK

32 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 CULTURE

SORTIR

La jeunesse de Bertolt Brecht PARIS aimant approcher tous les rivages. Après la belle réussite de son duo Les Thugs, Diabologum avec le guitariste flamenco Pedro Deux générations de rockers Soler (CD Suite andalouse/Al Sur), éclairée par celle de Stéphane Braunschweig bruitistes français réunies en un il aborde maintenant le champ soir. Depuis plus de dix ans, Les des musiques du monde oriental. Thugs subjuguent par la rigueur Espace Hérault, 8, rue de la Harpe, Tous les contrastes de « Dans la jungle des villes » redécouverts à Orléans janséniste d’un mur du son, fêlé Paris 5e. Mo Saint-Michel. par endroits de mélodies. Leur Les 16, 17 et 18 à 20 h 30. Tél. : Œuvre de jeunesse de Brecht (il avait vingt-trois décor noir et blanc, la mise en scène de Sté- trop souvent jugée obscure. Elle est servie par nouvel album, Nineteen 01-43-29-86-51. 60 F et 80 F. ans), Dans la jungle des villes est reprise pour la phane Braunschweig au Carré Saint-Vincent deux remarquables interprètes : Philippe Cléve- Something, les voit pour la Hommage à Sam Fuller troisième fois en deux mois en France. Dans un d’Orléans éclaire magnifiquement une pièce not et Olivier Cruveiller. première fois se risquer dans leur Les Cahiers du cinéma et la langue maternelle. Diabologum Cinémathèque française rendent la jungle des villes (1921) est d’un « s’expliquer » à poings nus. Le Shlink perd, c’est par erreur sur le tire une intense mélancolie du hommage au cinéaste américain DANS LA JUNGLE DES VILLES, Brecht de leur âge, flambeur à vif, match est un marché. Un combat à partenaire, sur le terrain. Shlink : contraste entre une langue Samuel Fuller, mort le 30 octobre, de Bertolt Brecht. Mise en dont la dimension libertaire, méta- la fois réel et fantasmatique, qui « Vous vouliez ma fin, mais je vou- blanche et des larsens. en présentant deux de ses films : scène : Stéphane Braunschweig. physique, agacera sérieusement n’aura jamais d’explication. Ce lais le combat. Pas le physique, mais La Cigale, 120, boulevard Le Port de la drogue (1953) et Avec Jean-Pierre Bagot, Chris- trente ans plus tard l’auteur de n’est pas son issue qui intéresse le spirituel. » Rochechouart, Paris-18e. Mo Pigalle. Au-delà de la gloire (1979). tophe Bouisse, Philippe Cléve- L’Opéra de quat’sous, au point qu’il Brecht (il y en aura une cepen- Stéphane Braunschweig a instal- Le 17 à 19 heures. Cinémathèque française, salle not, Olivier Cruveiller, Gilles Da- la balaiera sous l’appellation dant), mais sa forme. A versus B. lé un décor en noir et blanc, dou- Tél. : 01-49-25-89-99. 90 F. Grands Boulevards, 42, boulevard vid, Georges Gagnéré, Yedwart d’« idéaliste ». Jeune contre vieux. Dialectique de blé d’une scène coupée en deux, Renaud Garcia-Fons Bonne-Nouvelle, Paris-10e. Ingey, Evelyne Istria, Flore Le- Or c’est précisément cet « idéa- l’empoignade sur fond œdipien : pour ce trouble jeu de doubles. Pas Au départ contrebassiste de jazz, Mo Bonne-Nouvelle. Le 16 à febvre des Noëttes, Guillaume lisme » – cent pour cent pur Brecht figure de père contre figure de fils d’arbitre. La dominante est sado- Renaud Garcia-Fons est de cette 20 h 30. Tél. : 01-47-04-24-24. Lévêque, Catherine Vinatier. tout de même –, la possibilité et l’enjeu que deviennent mère, masochiste : violences verbales et tribu d’individus à l’esprit large 17 F et 28 F. LE CARRÉ SAINT-VINCENT, Or- « d’aller dans quatre directions, là sœur ou famille ; affrontement de physiques, humiliations subies et léans (Loiret). Tél. : 02-38-62-75- où d’autres n’en ont qu’une seule » races ; lutte de classes ; caractère recherchées. Pas de pause entre les (Publicité) 30. A 20 h 30. Jusqu’au 18 dé- (pour citer un des personnages), faustien du récit enfin : Shlink-Mé- rounds. La rapidité des reprises est cembre. Durée : 3 h. Reprise du qui paraît retenir les metteurs en phisto est un négociant moderne, servie par deux combattants de 8 janvier au 22 février au scène contemporains. L’œuvre, à il ne tente plus d’acheter une âme, première force. Philippe Clévenot Théâtre de la Colline à Paris. peu près libre de commentaires, ne mais une opinion, tout en se glis- est ce Malais qui vend sa vie à Tél. : 01-44-62-52-52. l’est pas de pièges. Elle se dérobe à sant dans la peau de l’autre. perte. Il promène une carcasse de la moindre erreur de distribution, L’échange est placé sous les aus- mort-vivant insensible aux coups, ORLÉANS à la première faute de rythme. pices de Rimbaud. Garga passerait au travail forcé. Sa voix est der- de notre envoyé spécial Nulle autre pièce de Brecht n’ex- du livre (de la poésie) au trafic de rière lui, il va la chercher dans En moins de deux mois, Dans la pose plus vivement qui s’y engage. bois (d’armes). Shlink passerait à l’aigu de celui qui en a trop vu, jungle des villes aura été mise en Tout se joue dès la première scène, la poésie. Tentative de renverse- agaçant de savoir tout d’avance. scène trois fois en France (Lille, à conquérir sur-le-champ, et à te- ment, shadow , nous dit Olivier Cruveiller lui oppose ma- Toulouse, Orléans). La pièce est nir trois heures de rang. Ce dont Brecht, qui n’accorde qu’une seule gnifiquement son tempérament de trop complexe pour y voir simple s’acquitte magnifiquement Sté- ombre aux deux hommes. Assez footballeur. Il passe en un tourne- effet de hasard. C’est un signe : au- phane Braunschweig en soumet- pour contraindre l’un à disparaître. main de Rimbaud à Tapie, de la jourd’hui, à nouveau, les étudiants tant l’intelligence du propos à celle Braunschweig est parti de l’hypo- chair tendre à la peau dure. Il jette se dirigent spontanément vers du tempo, dans l’engagement phy- thèse qu’« une autre logique, celle devant lui sa voix profonde, Brecht. Et entendent bien le sique sans faille des comédiens. plus pathologique du joueur, est ve- rocailleuse, conscient de sa séduc- prendre à la source. Obscurément, Nous sommes à Chicago en nue s’immiscer dans la pure et saine tion, capable de passer partout en ils aspirent à retrouver autour des 1912. Au jeune bibliothécaire Gar- logique du combat, tel un virus dans force. Encore un peu, et il finirait mots jungle et ville ce qui anime ga (Olivier Cruveiller) et au négo- un programme : le joueur joue pour député. leur désarroi et leur résistance de- ciant en bois Shlink (Philippe Clé- perdre, et cela, l’adversaire, le spor- vant les injustices de la cité. Dans venot), Brecht demande de tif, ne le comprend pas ». Mais si Jean-Louis Perrier GUIDE

besses. 20 h 30, le 16. Tél. : 01-42-74-22- Une soirée « pour annoncer l’hiver avec des fleurs » à la Péniche-Opéra FILMS NOUVEAUX 77. 95 F et 140 F. Betty Boop Confidential Les Précieuses ridicules un quai improbable, entre La Vil- bert et Johannes Brahms. « Adieu par une musicalité extrême, révé- dessin animé de Max Fleischer et Dave de Molière, mise en scène de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff, avec en ADIEU À L’ANNÉE BRAHMS- lette et la gare du Nord, entre ca- à l’année Schubert.... Adieu à l’an- lant en particulier toute la ri- Fleischer (Etats-Unis, 1 h 24). Le Cousin alternance Jean-Marc Bihour, Olivier nal Saint-Martin et métro aérien, née Brahms... et bonjour à toutes chesse polyphonique de l’ac- SCHUBERT, par Jean-Claude d’Alain Corneau (France, 1 h 52), avec Broche, Lorella Gravotta, Jérôme Des- Pennetier. Avec Béatrice Gaucet les péniches jumelles sont un celles que nous vivrons encore avec compagnement des Quatre Chants Alain Chabat, Patrick Timsit, Agnès champs, Philippe Duquesne, Camille (soprano), Catherine Hureau (al- havre de créativité où l’on a passé vous, cher Franz, cher Johannes... A sérieux. On reste fasciné par tant Jaoui, Marie Trintignant, Samuel Le Bi- Grandville, Robert Horn, Bruno Lochet, to), Eric Trémolières (ténor), de nombreuses soirées mémo- quatre voix, à quatre mains, des d’art et de naturel partagés. Parta- han, Caroline Proust. Yolande Moreau, François Morel, Olivier Jacques Bona (basse), Jean- rables, assis sommairement dans musiques de cordialité pour annon- gés par lui-même et non par des Happy Together Saladin et François Toumrakine. Théâtre national de l’Odéon, 1, place Claude Pennetier et Stéphane un espace exigu, sans loges, sans cer l’hiver avec des fleurs », écrit chanteurs qui, à l’exception de de Wong Kar-Wai (Hongkong, 1 h 36), avec Leslie Cheung, Tony Leung, Chang Paul-Claudel, Paris 6e. Mo Odéon. Leach (piano). Liebeslieder Wal- coulisses. Le spectacle s’y donne joliment Pennetier. Quatre chan- Jacques Bona, sont désastreux. Chen. 20 heures, le 16. Tél. : 01-44-41-36-36. De zer op. 52 et Neu Liebeslieder Wal- sans chichis et à découvert, pour- teurs, un duo de pianistes jouant Parce que la soirée (payante) L’Homme qui dort 30 F à 170 F. zer op. 65, Quatre Chants sérieux rait-on dire. Il n’y fait pas bon ces musiques de cordialité, de entre « amis » se voulait légère, et de Kohei Oguri (Japon, 1 h 43), avec Achille Tonic dans le Cabaret Citrouille op. 121 de Brahms, Lieder et sonner, et ce n’est pas le vilain convivialité, si proches de l’esprit de pur plaisir « amateur », il fallait Sung-ki Ahn, Christine Hakim, Koji Ya- d’Achille Tonic, Ferdinand Lecomte et pièces pour piano à quatre piano quart de queue usé qui du consort de la Renaissance, où lui donner tous les gages de réus- kusho, Masao Imafuku, Akiko Nomura, Vadim Sher, avec Corinne Bénizio, Gilles mains de Franz Schubert. La donne à la musique son intérêt les voix et les instruments site artistique et musicale et non Masako Yagi. Bénizio, Isabelle Caubère, Luisa de Mar- tini, Philippe Risler et Vadim Sher. Péniche-Opéra, amarrée face premier. jouaient pour un cercle restreint. compter sur le « capital-sympa- Milice, film noir documentaire d’Alain Ferrari (France, Chapiteau, 43, quai d’Austerlitz, Pa- au 200, quai de Jemmapes, Tout vient de l’envie commune Jean-Claude Pennetier, à quatre thie », la table d’hôte et la blan- 2 h 18). ris 13e. Mo Austerlitz, Quai-de-la-Gare. 75010 Paris, le 15 décembre. d’inventer à petit prix mais à forte mains (les pièces de Schubert ou quette annoncée. On ne vient pas Poussières d’amour 20 h 30, le 16. Tél. : 01-45-85-19-09. 70 F Prochains concerts : les 16 dose d’imagination. Autant dire la partie d’accompagnement des à la Péniche pour l’« ambiance » de Werner Schroeter (France-Alle- et 100 F. et 17 décembre à 21 heures. que la Péniche-Opéra, cabaret ex- « valses d’amour », de Brahms) mais pour la musique. magne, 2 h 12), avec Anita Cerquetti, Le Quatuor : il pleut des cordes De 60 à 120 F. Réservation : 01-42- périmental, bénéficie d’un grand ou seul (accompagnant des Lieder Martha Mödl, Rita Gorr, Carole Bou- mise en scène d’Alain Sachs, avec Laurent Vercambre, Pierre Ganem, 45-18-20. capital de sympathie, d’autant de Schubert ou les Quatre Chants Renaud Machart quet, Isabelle Huppert. Les Raisons du cœur Laurent Cirade et Jean-Claude Camors. plus qu’un musicien aussi excep- sérieux, de Brahms) mène le tout de Markus Imhoof (France-Suisse-Alle- Théâtre du Palais-Royal, 38, rue Mont- Les « Coups de cœur » de la Pé- tionnel que Jean-Claude Pennetier avec autorité et énergie. Il insuffle INSTANTANÉ magne, 1 h 45), avec Elodie Bouchez, pensier, Paris 1er. Mo Palais-Royal. niche-Opéra sont des respirations y est depuis toujours associé. Il une vie endiablée aux ensembles Laurent Grévill, Bruno Todeschini, Sylvie 20 h 30, le 16. Tél. : 01-42-97-59-81. De ponctuant une programmation avait magnifiquement dirigé bondissants et légers, modèle la EX-VOTOS BRÉSILIENS Testud. 70 F à 240 F. La Souris du Père Noël aventureuse et imaginative, fai- Le Vin herbé, de Frank Martin courbe des phrases comme s’il RÉSERVATIONS sant la part belle aux spectacles de (Le Monde du 21 janvier) ; il est le était lui-même chanteur. Penne- Ce sont des photos de photos. Dessin animé de Vincent Monluc (France, 30 min). Der Kirschgarten/La Cerisaie musique ancienne, d’opérette, de concepteur et l’animateur de cette tier parvient à transcender la mé- Le procédé n’est pas nouveau, Spawn (*) d’Anton Tchekhov. répertoires rares, de transcrip- soirée de « liquidation » de l’an- canique improbable de l’instru- mais il est ici magique, émouvant, de Mark A. Z. Dippé (Etat-Unis, 1 h 30), Mise en scène de Peter Zadek. tions ou de création. Amarrées sur née commémorative Franz Schu- ment et son accord fantomatique troublant. Ces images anodines avec John Leguizamo, Michael Jai MC 93, 1, boulevard Lénine, 93 Bobigny. qui s’accumulent et se super- White, Martin Shenn. Mo Bobigny-Pablo-Picasso. Les 19, 20 et Tempête dans un verre d’eau posent pour former un collage in- 21 décembre. Tél. 01-41-60-72-72. De d’Arnold Barkus (France, 1 h 35), avec volontaire dans le cadre, ces cli- 60 F à 140 F. Spectacle en langue alle- Jackie Berroyer, Arnold Barkus, Maria chés de famille comme on peut en mande. de Medeiros, François Dyrek, Simon Ab- Et soudain, des nuits d’éveil punaiser au bureau ou chez soi, karian, Patricia Dinev. d’Hélène Cixous, mise en scène d’Ariane sont des ex-votos que Denis Dar- Une vie moins ordinaire Mnouchkine, avec la troupe du Théâtre zacq a découverts, puis photogra- de Danny Boyle (Grande-Bretagne, du Soleil. 1 h 43), avec Ewan McGregor, Cameron phiés, durant le mois d’août, dans Cartoucherie-Théâtre du Soleil, route Diaz, Holly Hunter. la « chapelle des miracles » de du Champ-de-Manœuvres, Paris 12e. XXL l’église NS do Bomfin à Salvador Mo Château-de-Vincennes, puis navette d’Ariel Zeïtoun (France, 1 h 35), avec Gé- Cartoucherie ou bus 112. A partir du de Bahia (Brésil). Ils représentent rard Depardieu, Michel Boujenah, Elsa 26 décembre. 19 heures, du mardi au sa- des jeunes filles, des enfants, Zylberstein, Catherine Jacob, Gina Lollo- medi ; 13 heures, dimanche. Tél. : 01-43- beaucoup de portraits d’identité, brigida, Gad Elmaleh. 74-24-08. 110 F et 150 F. des jeunes mariés, des vieillards, (*) Film interdit aux moins de 12 ans. Flamenco des scènes de vacances et de mé- Carmen Linares (chanteuse), Eduardo nages. TROUVER SON FILM Serrano El Güito (danseur), dans un Ces milliers d’anonymes ont sor- Tous les films Paris et régions sur le Mi- spectacle intitulé Raices gitanas. er ti de leur portefeuille une image nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68- Châtelet, 1, place du Châtelet, Paris 1 . o d’un proche – ou d’eux-mêmes – 03-78 (2,23 F/mn). M Châtelet. Du 23 au 31 décembre. Tél. : 01-40-28-28-40. De 50 F à 210 F. et l’ont offerte à Dieu. Pour sacra- ENTRÉES IMMÉDIATES Arthur H liser un souvenir. Ou pour retrou- Café de la danse, 5, passage Louis-Phi- ver un bonheur – nombre de vi- Le Kiosque Théâtre : les places du jour lippe, Paris 11e. Mo Bastille. Du 23 au sages éclatent de vie – gommé par vendues à moitié prix (+ 16 F de commis- 27 décembre. Tél. : 01-49-87-53-53. 120 F. une douleur que nous sommes in- sion par place). Place de la Madeleine et parvis de la gare Montparnasse. De DERNIERS JOURS vités à imaginer : maladie, mort, 12 h 30 à 20 heures, du mardi au same- rupture... di ; de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. 18 décembre : Apologétique Pour ces gens, la photographie Compagnie Anne Dreyfus d’Olivier Py et Jean-Damien Barbin, est un objet miraculeux. Pour le Anne Dreyfus : Au-dessus du noir. mise en scène d’Olivier Py. spectateur, c’est aussi le portrait Café de la danse, 5, passage Louis-Phi- Théâtre national de la Colline, 15, rue e o Malte-Brun, Paris 20e. Mo Gambetta. d’une ville, le métissage des races lippe, Paris 11 . M Bastille. 20 heures, le 15. Tél. 01-47-00-57-59. Mardi à 19 h 30 ; mercredi et jeudi à et des cultures, des individus Compagnie Larsen 20 h 30. Tél. : 01-44-62-52-52. De 110 F* à étrangers les uns aux autres mais Stéphanie Aubin : La Théorie des quatre 160 F. qui communient ensemble. Pour mouvements. 20 décembre : A trois mains Denis Darzacq, c’est une confron- Théâtre de la Cité internationale, 21, de Bruno Bayen, mise en scène de l’au- tation entre ses sentiments du mo- boulevard Jourdan, Paris 14e. Mo Cité- teur. ment et quelques visages ano- Universitaire. 20 h 30, le 15. Tél. : 01-45- Maison de la culture, 1, boulevard Lé- nine, 93 Bobigny. Mardi, mercredi, ven- nymes, isolés parmi des milliers 89-38-69. 110 F. Dédale dredi, samedi, à 21 heures ; jeudi, à d’autres, qu’il a accueillis pour for- de et par Philippe Genty. 19 heures. Tél. : 01-41-60-72-72. De 60 F mer des images respectueuses et Théâtre de la Ville, 2, place du Châtelet, à140F. douloureuses. Paris 4e. Mo Châtelet. 20 h 30, le 16. Tél. : 28 décembre : Takashi Naraha 01-42-74-22-77. 95 F et 140 F. (lauréat du prix Bourdelle 1995) Michel Guerrin L’Enlèvement de Sita Musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bour- Khôn, théâtre dansé et masqué de delle, Paris 15e. Mo Montparnasse-Bien- Bangkok, par le Théâtre national de venüe. Tél. : 01-49-54-73-73. De 10 heu- ૽ Galerie RE, 56, rue Quincam- Thaïlande. res à 17 h 40. Fermé lundi et fêtes. 27 F. poix, Paris 4e. Tél. : 01-44-54-06-72. Les Abbesses (Théâtre de la Ville), 31, Jusqu’au 3 janvier. Entrée libre. rue des Abbesses, Paris 18e. Mo Ab- (* Tarif réduit.) LeMonde Job: WMQ1712--0033-0 WAS LMQ1712-33 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0436 Lcp: 196 CMYK

33 KIOSQUE LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 EN VUE

Guerre ouverte entre la presse médicale et le président de MG-France a Une foule est venue écouter, vendredi 5 décembre, dans la basilique de Milan, à l’occasion Richard Bouton, défenseur du « contrat de confiance » entre patient et médecin, dénonce les liens qui unissent du 1 600e anniversaire de la mort de saint Ambroise, le violon de les journaux spécialisés à l’industrie pharmaceutique et les accuse d’orchestrer une « vaste entreprise de manipulation » Niccolo Paganini, « merveille qui avoisine le sommet de la ENTRE le docteur Richard Bou- pourquoi pas aussi le Parlement de possible d’une nouvelle publica- nés. » Richard Bouton est encore à perfection ». La veille, ton et la presse médicale, le tor- Strasbourg ? Au besoin, on pourrait tion, ce médecin parle de « petits la « une » du Panorama du méde- l’instrument, fabriqué en 1743 chon brûle presque quotidienne- recourir à l’ONU ! », écrit le doc- caporaux en mal de pouvoir » qui cin (daté lundi 8 décembre). «Le par Giuseppe Bartolomeo ment. Président de MG-France, teur Iulius Rosner (Dijon), qui pré- veulent « cautionner le lancement premier sondage réalisé après la dé- Guarneri del Gesù, célèbre seul syndicat de médecins favo- cise qu’il est « contre le contrat de d’une presse spéciale (...) » qualifiée claration de guerre à la presse médi- luthier de Crémone, conservé à rable au plan Juppé de réforme de médecin référent ». plus loin de « Pravda ». cale faite par Richard Bouton est Gênes, dans le palais Tursi, aux la Sécurité sociale, il défend no- Un autre médecin de Dijon, le Dans le même numéro, le doc- sans appel : dans notre baromètre côtés des cendres de Christophe tamment le « contrat de docteur Régis Giet, estime que teur Jean Gras apporte le soutien Panorama-Sofres, le patron de MG- Colomb, avait été extrait avec confiance » entre patient et méde- « Richard Bouton a été formé dans de la Fédération des médecins de France continue sa descente aux en- d’infinies précautions de son cin, appelé aussi « médecin ré- le moule marxiste-léniniste des afi- France au journal : « Les lecteurs du fers », écrit Hervé Karleskind dans coffre-fort de cristal ; puis férent ». cionados de mai 68 » et qu’il « tente Quotidien ne sont pas des lecteurs un éditorial intitulé « Dr. Faust ». lentement acheminé sous Lassé du traitement réservé à ce d’appliquer au monde médical les manipulés et idéologiquement Dans le même numéro, un son- escorte policière vers Milan. dossier dans les publications spé- théories de lutte de classes (...). Re- conditionnés mais, au contraire, ils dage Sofres réalisé auprès de Paganini l’appelait « le canon » cialisées, Richard Bouton a récla- connaissons qu’il est moins rigolo sont de plus en plus nombreux à être 246 médecins généralistes indique pour la puissance de sa « voix ». mé, à la mi-novembre, la création que le regretté Georges Marchais decin laisse une « carte blanche » attachés à leur Quotidien, où ils que « 15 % des médecins auraient d’une commission d’enquête par- (...) », conclut ce médecin. au docteur Dinorino Cabrera, pré- trouvent des informations et une for- choisi l’option médecin référent ». a La revue Riza psicosomatica lementaire sur la presse médicale, Dans son édition du mercredi sident du Syndicat des médecins li- mation qui leur conviennent, comme affirme que quatre Italiens sur en l’accusant d’être à l’origine 10 décembre, Le Quotidien du mé- béraux. Evoquant le lancement en témoigne le nombre de vos abon- Bruno Caussé dix souffrent de céphalées, mais d’une « vaste entreprise de manipu- la musique classique permettrait lation » à l’égard du corps médical. de les soulager, particulièrement Dénonçant les liens financiers de DANS LA PRESSE jours, malgré l’obstruction de l’op- concret à court terme. Mais Anka- Kyoto à propos du réchauffement la Symphonie en sol mineur de ces périodiques avec l’industrie position, le vote de son texte. Sans ra se trompe gravement en se dra- de la planète. Le premier est que Mozart K 183 et le Nocturne en pharmaceutique, le président de FRANCE INTER doute aura-t-il fait montre d’une pant dans sa dignité offensée et en cet événement devrait conduire à mi bémol majeur de Chopin, MG-France a estimé, dans un Pierre Le Marc grande patience et fait faire au interrompant, comme elle l’a an- une entreprise à caractère histo- d’après le musicothérapeute communiqué, que la presse médi- a On n’attendait pas du ministre premier ministre l’économie d’un noncé, le dialogue avec l’Europe. rique dans le domaine de l’envi- romain Enrico Caruso. cale est « uniquement destinée au de l’intérieur Jean-Pierre Chevène- 49/3. Mais il aura été le premier Les conditions européennes ronnement. Si les pays industriali- conditionnement idéologique des ment qu’il soit un acteur de se- des ministres du gouvernement peuvent être excessives et sont sés appliquent ce qu’ils ont promis a René Laurentin, pour qui la médecins libéraux », que son objec- cond rang dans le gouvernement mis très sérieusement en difficulté toujours discutables, mais refuser sur le papier, en réduisant nette- lacrymation de la Madonne de tif est de « pousser les médecins à de la gauche plurielle. En raison de à l’Assemblée. Ministre atypique de s’en laisser imposer une seule ment l’utilisation des combus- Civitavecchia est « un fait » , faire obstacle à toute réforme ten- sa stature et de son expérience : du gouvernement, Jean-Pierre d’entre elles, position adoptée par tibles fossiles, ils changeront défi- estime que si le phénomène dant à rationaliser le système et à aussi chahuté qu’ait été son par- Chevènement aura été au fond le le gouvernement turc, constitue nitivement la façon dont le monde reste inexpliquable, il est tout à maîtriser ses dépenses, notamment cours ministériel, personne ne nie premier à expérimenter et à vivre un sérieux manque de maturité produit et consomme l’énergie. Le fait digne de foi. Les larmes ont pharmaceutiques ». ses qualités d’homme d’Etat. En concrètement avec ce débat la fin politique. Tous les membres de la second point est que Kyoto n’est la forme de l’Italie, observe le raison de son caractère : cet de l’état de grâce, la fin du temps communauté européenne ont eu à que le début de ce qui promet « mariologue ». VIVES RÉACTIONS homme qui a fait de la République des victoires faciles. accepter de telles conditions pour d’être un dur combat à Washing- Cette volée de bois vert a provo- sa référence et son combat et qui parvenir à une plus grande homo- ton. Obtenir l’approbation du Sé- a Saif Kadhafi, fils du président qué de vives réactions au sein des estime que le socialisme est là où il EL PAIS généité. Ceux qui adhéreront à nat exige de vaincre les opposants libyen, qui, dit-il, paie lui-même titres concernés. Ainsi, dans son est, n’a pas l’habitude de se taire, a On peut comprendre que la Tur- l’avenir auront également à subir au traité, dans le monde des af- ses études à l’International édition du 1er décembre, Le Quoti- on le sait. C’est bien sûr la bataille quie se sente maltraitée par un processus d’adaptation ana- faires et celui des syndicats, les- Business School de Vienne, loue dien du médecin a publié « quel- législative sur la question de l’im- l’Union européenne après avoir logue. quels disposent de grandes res- également une villa à ques-unes des nombreuses lettres de migration qui le met en vedette. Et reçu comme réponse à sa de- sources financières, ce qui 8 000 dollars par mois, et une soutien » : « Le docteur Bouton de- pas tout à fait à son avantage, c’est mande d’adhésion l’invitation à THE NEW YORK TIMES demandera au président de dé- cage au zoo de la ville pour mande l’intervention du Parlement le moins que l’on puisse dire. Sans participer à une conférence dont a Il y a deux points forts dans l’ac- penser une somme extraordinaire Barney et Fred, ses deux tigres. pour contrôler la presse médicale : doute obtiendra-t-il dans quelques elle ne peut rien attendre de cord réalisé la semaine dernière à d’énergie. a En Turquie, les accidents de la circulation sont si meurtriers SUR LA TOILE – environ 5 000 victimes chaque année – que le ministre de la WANTED www.westerns.com santé a suggéré aux a Selon le Sunday Times, le minis- automobilistes de ne plus tère de l’intérieur britannique envi- prendre la route sans emporter sage de créer un site Web affichant Avec une technique encore balbutiante, une société américaine se lance dans la diffusion de films un sac mortuaire dans le coffre le portrait et la description des cri- de leur voiture. minels les plus recherchés par la po- VOIR et revoir John Wayne éli- tradition expérimentale d’Internet, lice, en s’inspirant de l’expérience minant à lui tout seul les centaines a décidé de se lancer sans attendre a Au XVe siècle, Lek Bukagjin, menée sur Internet par le FBI amé- de hors-la-loi qui mettent le Texas que tout soit au point. A court prince albanais, instaura le ricain. − (AFP.) à feu et à sang, Tex Ritter fran- terme, son but n’est pas de rivaliser « canon », qui autorise une chissant le Rio Grande pour rattra- avec la télévision sur le terrain de la famille à se venger d’un meurtre COMMERCE ÉLECTRONIQUE per des voleurs de bétail ou Roy qualité, mais de s’imposer comme en tuant un mâle de la famille DANS LES VOSGES Rogers séduisant les jolies fer- le pionnier d’un nouveau mode de ennemie. Depuis, les Albanais a Depuis le début du mois, plus de mières avec ses chansons langou- distribution du patrimoine cinéma- qui ont versé du sang ne cessent 80 magasins du centre-ville d’Epinal reuses : désormais, les amateurs de tographique : en théorie, un en- d’en reprendre, d’en devoir, d’en (Vosges) sont présents sur Cyberci- vieux westerns peuvent assouvir semble de banques de données répandre. Vingt-cinq mille mâles té, un site Web de commerce élec- leur passion sur Internet. mises en réseau peuvent constituer vivent actuellement cloîtrés tronique. Les clients circulent dans La société Audionet, basée à Dal- une gigantesque cinémathèque ac- dans le nord du pays. Le des boutiques virtuelles, de la confi- las, a ouvert un site Web diffusant cessible instantanément en tous « canon » menace 8 000 exilés serie à la bijouterie, choisissent les en version intégrale, et sans cou- points du globe. qui n’osent plus rentrer chez produits grâce à des photos et des pures publicitaires, une dizaine de De fait, Audionet assure que, eux. Six mille petits garçons sont descriptions, et effectuent leurs films de cow-boys des années 30 et malgré ses imperfections, ce pro- enfermés pour échapper à la paiements par carte bancaire. Selon 40, plus deux feuilletons datant des duit est en train de trouver son pu- saignée. A Berdica, au nord de les responsables de la société ADN- débuts de la télévision, le célèbre blic, non pas dans les foyers, mais Tirana, les Laça ont assassiné le WSF, qui gère l’opération, de nom- « Lone Ranger », pionnier du dans les entreprises. Les publici- père, le frère et l’oncle d’Anton breux internautes viennent visiter genre, et le « Juge Roy Bean », qui taires ont déjà donné un nom à ce Gjeçi, neuf ans. Un Gjeçi s’est Cybercité en curieux, mais les actes « fait régner la loi à l’est du Pecos ». nouveau marché : le « divertisse- vengé en tuant un Laça le jour d’achat sont encore rares. – (AFP.) Le spectacle commence à tout mo- ment de bureau », pratiqué par ces de ses noces. Depuis, Anton ment, il suffit de cliquer sur l’af- A ce jour, tout est gratuit, car le d’écran, et si le débit du réseau de- millions d’employés qui n’ont pas reste accoudé à sa fenêtre : «Il ANNIVERSAIRE fiche du film choisi pour qu’appa- site est encore expérimental. De vient insuffisant, le film peut accès à un téléviseur ni à un ma- doit du sang. » Le médecin et le a Frank Sinatra, qui fête ses quatre- raissent aussitôt les premières fait, il serait difficile de faire payer prendre l’aspect d’une succession gnétoscope sur leur lieu de travail, prêtre ont tenté une médiation vingt-deux ans, a déjà reçu plus de images. Seule formalité : il faut té- les spectateurs pour un service aus- d’images fixes. En outre, il s’agit mais disposent d’une connexion In- pour qu’il passe une 100 000 cartes de vœux virtuelles lécharger le logiciel Netshow, déri- si capricieux. La qualité du son est uniquement d’une diffusion en ternet et d’un peu de temps libre radioscopie : les Laça ont sorti sur son site Web officiel. Elles se- vé ludique d’un système de visio- satisfaisante, mais l’image laisse continu, il est impossible de stocker pendant la journée. les fusils. ront imprimées, reliées et livrées au conférence mis au point par parfois à désirer : elle est canton- les films sur son disque dur. chanteur dans sa propriété. − (AP.) Microsoft. née dans une petite fenêtre en coin Pourtant, Audionet, fidèle à la Yves Eudes Christian Colombani

Noé et les naufragés par Alain Rollat LA BIBLE en images. Adam et première Arche. Ce ne sont plus avec 2 000 F par mois, une fois Eve en bande dessinée. C’est une les animaux à sauver qui voyagent payés le loyer et les autres bonne idée. La série animée bri- aujourd’hui à fond de cale ; c’est le charges, « on ne mange qu’une tannique dont Arte a commencé la bétail humain, dont le commerce pizza à 5 F par jour ». Pour diffusion, lundi soir, constitue fait la fortune des nouveaux « amasser 5 200 F par mois », il est assurément un beau programme négriers. Une seule question loisible d’« enchaîner trois boulots éducatif. C’est surtout une bonne venait donc à l’esprit au terme de par jour ». Pour s’endetter à vie idée de l’avoir programmée à cette effarante enquête sur les sans apport personnel, il suffit de 19 heures, avant les actualités. Cela boat people de Méditerranée, ou s’en remettre à un marchand de permet de juger les réalités plutôt sur ces cercueils flottants crédits immobiliers sachant abuser contemporaines à l’aune des réfé- dont les carcasses encombrent, de les insolvables... rences universelles. nos jours, les rives de cette mer En face de ces « accidentés de la C’était un plaisir, par exemple, qui fut jadis le berceau d’une civili- vie », selon l’expression adminis- dans ce premier épisode consacré sation : Noé a-t-il prévu assez de trative, il y avait un aréopage de à la Genèse, de retrouver ce brave bouées de sauvetage ? banquiers qui dissertaient poli- Noé qui se donne tant de mal, sur Il est à craindre que ses efforts ment d’un nouveau concept son nouveau chantier naval, ne soient vains. Car notre propre comptable : « le reste à vivre ». depuis qu’il sait que Yahvé, le bateau prend l’eau de toutes parts, Autrement dit le restant après grand météorologue, s’apprête à et le nombre des naufragés bien soustraction : ce qui reste d’aléa- redéclencher le Déluge pour repu- de chez nous ne cesse d’augmen- toire pour manger ou s’habiller, ou nir l’humanité de sa malice. Mais ter. Il y en avait quelques-uns, ce se soigner, ou se distraire, etc., à c’était un crève-cœur, au vu des même lundi, sur France 2, en ceux qui se retrouvent dans scènes qui suivaient, à 20 heures, compagnie de Paul Amar, qui l’embarras d’un tel choix après dans le programme d’Arte, de cherchait à comprendre comment avoir payé tout le restant obliga- constater que les choses ont bien on peut surnager quand on boit toire. Ce cher Noé ferait mieux changé, dans les mœurs mari- chaque jour la tasse. Ils lui ont d’aller planter sa vigne pour s’eni- times, depuis l’échouage de sa tout expliqué : pour vivre à cinq vrer tout de suite... LeMonde Job: WMQ1712--0034-0 WAS LMQ1712-34 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 08:16 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0437 Lcp: 196 CMYK

34 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 RADIO-TÉLÉVISION

MARDI 16 DÉCEMBRE FILMS DE LA SOIRÉE NOTRE CHOIX PROGRAMMES

19.00 Viva Villa ! a 20.50 Twist Again 22.55 A bout de souffle aaa b 22.30 Paris Première De Jack Conway et Howard Hawks à Moscou a De Jean-Luc Godard (France, 1960, N., TÉLÉVISION ARTE (Etats-Unis, 1934, N., 120 min). De Jean-Marie Poiré (France, 1986, 90 min). France 2 La Désenchantée Histoire 100 min). TF 1 23.35 The Blind Goddess a En trois jours et trois rencontres 19.00 ̈ La Bible en images. a TF 1 19.10 Mon gosse de père 20.50 Soleil rouge a De Harold French (Grande-Bretagne, 19.30 7 1/2. De Jean de Limur (France, 1930, N., 1948, N., 90 min). Ciné Cinéfil masculines, une lycéenne de dix- De Terence Young (France - Italie, 19.05 Walker, Texas Ranger. 20.00 et 21.15, 22.15, 23.30 Musica. 80 min). Ciné Cinéfil 1971, 120 min). France 2 23.45 Le Syndrome de Stendhal aa sept ans, passionnée de Rimbaud Macbeth, opéra de Verdi. En direct 19.50 et 20.45 Météo. de la Scala de Milan, diffusé 20.10 Charlie 21.55 La Bandera aa De Dario Argento (Italie, 1996, et livrée à elle-même, vit les der- 114 min). Canal + 20.00 Journal, Résultat des courses. en simultané sur France-Musique. et la chocolaterie a De Julien Duvivier (France, 1935, N., niers temps de son adolescence. Si- a 22.50 Archives. De Mel Stuart (Etats-Unis, 1970, 100 min). Ciné Cinéfil aa 20.50 Twist Again à Moscou 0.40 Gremlins gnée Benoît Jacquot, une chro- Film de Jean-Marie Poiré. 20.55 8 1/2 Journal. 95 min). Disney Channel 21.55 Le Pianiste a De Joe Dante (Etats-Unis, 1984, 105 min). Ciné Cinémas nique vraie, juste, une mise en 22.30 Célébrités. 0.10 ̈ Culpabilité zéro. 20.30 Les enfants nous regardent aa De Claude Gagnon (Canada, 1991, Téléfilm de Cédric Kahn. De Vittorio De Sica (Italie, 1942, N., 100 min). Festival scène fascinante dans sa sobriété. 0.00 Le docteur mène l’enquête 0.45 Le Bal aa 4 Drôles de vacances ! 1.45 Maestro. v.o., 85 min). Ciné Cinéfil 22.30 La Désenchantée aa D’Ettore Scola (France - Italie, 1983, Et Judith Godrèche en fille et Un siècle de danse [2/4]. 115 min). France Supervision 0.50 TF1 nuit, Météo. 20.30 Le Temps des gitans a De Benoît Jacquot (France, 1990, femme d’aujourd’hui, obstinée, 1.05 Reportages. 80 min). Paris Première a D’Emir Kusturica (Yougoslavie, 1989, 1.05 The Secret of Convict Lake énergique et... désenchantée. – J. S. Mamies Miss, la France aussi. M6 140 min). Ciné Cinémas 22.30 Le Retour De Michael Gordon (Etats-Unis, 1951, N., v.o., 85 min). Ciné Cinéfil 1.30 Histoires naturelles. 20.30 Drôles d’espions a de la Panthère rose a 19.00 Sentinel. De John Landis (Etats-Unis, 1985, De Blake Edwards (Grande-Bretagne, 1.05 Le Silence de la mer aaa b 23.50 France Supervision FRANCE 2 19.54 6 minutes, Météo. 110 min). RTL 9 1974, 115 min). RTL 9 De Jean-Pierre Melville (France, 1947, 20.05 Susan ! N., 85 min). RTL 9 O Fado, 20.35 L’Histoire sans fin aa 22.50 L’Expert a une nostalgie atlantique 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 20.40 Décrochages info, E=M6 junior. De Wolfgang Petersen (GB, 1984, De Luis Llosa (Etats-Unis, 1994, v.o., 5.25 Encore aa 20.50 Les Piégeurs du mardi. 100 min). TMC 110 min). Ciné Cinémas De P. Bonitzer (1996,d,94min). Canal+ Avec la samba brésilienne et la 19.20 C’est l’heure. 21.45 Manimal. morna cap-verdienne, le fado por- 19.50 Au nom du sport. 20.00 Journal, A cheval, Météo. La femme louve. tugais, sublime expression des ma- a 22.45 Le Domaine de la peur. 20.50 Soleil rouge Téléfilm 5 de Brian Grant. ladies amoureuses ou existen- Film de Terence Young. GUIDE TÉLÉVISION 0.25 Zone interdite. tielles, serait le produit du 22.50 Un livre, des livres. Le cœur d’un autre. syncrétisme musical afro-européen 22.55 A bout de souffle aaa Mamans en prison. 21.30 Panama, le canal du défi. Planète 20.30 Théroigne de Méricourt. Film de Jean-Luc Godard. DÉBATS né au Brésil. Celle qui en a fait un Escort Boy. 23.15 Mémoires d’une princesse De Miguel Courtois. Festival 0.25 Journal, Météo. genre universel, Amalia Rodrigues, 0.40 Les Grands Entretiens du Cercle. 22.00 Spécial procès Papon. Histoire des Indes. TSR 20.55 Les Soupçons d’une mère. D’Eric Laneuville. Téva le chante avec un tel déploiement Invité : Olivier Roellinger. 23.30 La Mort mystérieuse RADIO 22.45 Le Domaine de la peur. de sensibilité qu’elle en donne le MAGAZINES d’un démocrate tchèque. Planète 5 De Brian Grant. M6 frisson. A ses côtés dans le film FRANCE 3 0.10 ̈ Culpabilité zéro. FRANCE-CULTURE 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. SPORTS EN DIRECT De Cédric Kahn. Arte d’Evelyne Ragot, Pedro Magalhaes, 18.55 Le 19-20 de l’information. Avec Jacques Villeret ; Salary Man ; 20.01 et 22.55 Météo. 20.30 Agora. Christian Karembeu ; Bernard Lama ; du groupe Madredeus, et Misia ou Gilles Beguin. 21.00 Boxe. Championnat IBF. 20.05 Fa si la chanter. Hazelle Goodman. Canal+ SÉRIES Paulo Bragançan, représentants du 21.00 Poésie studio. Ahmat Dottuev (Rus.) - 20.35 ̈ Tout le sport. 22.30 Célébrités. Invités : Cachou ; Michel Simeon (Bel.). nouveau fado. – V. Mo. Palden Gyal, poète tibétain. Chevallier et Laspalès. TF 1 Eurosport 18.05 Sliders, 20.50 Ce soir, on passe à la télé. 22.10 Mauvais genres. les mondes parallèles. 23.05 Soir 3. 22.35 Bouillon de culture. b 23.00 Nuits magnétiques. Le corps dévoilé. TV 5 MUSIQUE Un monde d’envahisseurs. M6 1.05 RTL 9 23.30 Nimbus. Le silence des épices [1/2]. 23.00 De l’actualité à l’Histoire. 18.15 Friends. Le Silence de la mer L’Egypte des pharaons 0.05 Du jour au lendemain. entre science et croyances. L’indépendance de la justice. 19.00 et 23.50 Ecoute le monde. Celui qui s’énervait. France 2 Après l’armistice de 1940, en Pierre Assouline. La pilule contraceptive. Histoire Cheb Mami. Paris Première 0.35 Magazine olympique. 0.48 Les Cinglés du music-hall. 19.00 Sentinel. Prométhée. M6 France occupée, un vieil homme et 23.30 Nimbus. L’Egypte des pharaons 19.35 Messe en sol majeur de Schubert. 20.45 Murder One : L’Affaire Jessica. 1.00 Rencontres à XV. entre science et croyances. France 3 Muzzik Chapitre XV. Série Club sa nièce, retirés à la campagne, 1.30 New York District. FRANCE-MUSIQUE 0.40 Les Grands Entretiens du Cercle. 20.00 et 21.15, 22.15, 23.30 Musica. 21.30 Twin Peaks. sont obligés de loger un officier al- Invité : Olivier Roellinger. France 2 Macbeth. Mise en scène de Graham Episode no 10. Série Club lemand, intellectuel épris de CANAL + 20.00 Opéra. Vick, dir. Riccardo Muti. En direct de la Macbeth, de Verdi. Scala de Milan, diffusé en simultané 21.45 Manimal. culture française. Chaque soir, il En direct de la Scala de Milan, DOCUMENTAIRES sur France-Musique. Arte La femme louve. M6 ̈ En clair jusqu’à 20.35 diffusé en simultané sur Arte. vient les saluer et leur parler. Ils ne 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. 21.00 Concert de Deauville. Muzzik 22.55 Angela, 15 ans. 0.05 Le Dialogue des muses. 18.00 L’Histoire oubliée. [3/6]. Tendres années (v.o.). Canal Jimmy lui répondent jamais. Cette adap- 20.30 Le Journal du cinéma. 23.00 Brundibar. Muzzik Les goumiers marocains. Histoire 23.00 Les Charmes de l’été. tation par Jean-Pierre Melville d’un 20.35 Empire Records. RADIO-CLASSIQUE 19.15 Hongkong Hanoï. 0.00 Jazz at the Smithsonian. [4/5]. Série Club récit de Vercors paru clandestine- Film d’Allan Moyle. Retour des camps. Planète Art Blakey. Muzzik 23.00 Nos meilleures années. ment en 1941 est un superbe 22.00 Flash infos. 20.40 Les Soirées. 20.10 Des hommes On se reverra. Téva 22.10 Les Affinités électives. La Scola Cantorum. poème visuel, une tragédie en vase dans la tourmente. [32/32]. TÉLÉFILMS 23.40 Star Trek : Film de Paolo et Vittorio Taviani. Œuvres de d’Indy, Albeniz, Magnard, Rommel versus Montgomery. Planète clos, un hymne à la dignité morale 23.45 Le Syndrome de Stendhal aa Roussel, Satie, Auric, Martinu. 20.00 La Musique de l’amour. la nouvelle génération. Film de Dario Argento. 22.40 Les Soirées... (suite). 21.00 Roosevelt, un destin L’ennemi (v.o.). Canal Jimmy et à la résistance obstinée. Un chef- Robert et Clara Schumann. 1.40 On m’appelle Providence. Œuvres de Bach, Haendel, Scarlatti, pour l’Amérique. [1/2]. Histoire De Jacques Cortal. TV 5 1.35 Bottom. Terror (v.o.). Canal Jimmy d’œuvre. – J. S. Film de Giulio Petroni. Abel, Haydn.

MERCREDI 17 DÉCEMBRE FILMS DU JOUR NOTRE CHOIX PROGRAMMES

13.05 Rain Man a 17.00 Viva Villa ! a 21.55 Rhythm on the River a De Barry Levinson (Etats-Unis, 1988, De Jack Conway et Howard Hawks De Victor Schertzinger (Etats-Unis, b 23.20 France 3 23.10 Boxe. TÉLÉVISION Combat de rentrée 130 min). Ciné Cinémas (Etats-Unis, 1934, N., 1940, N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil Un siècle d’écrivains de Laurent Boudouani. 120 min). Histoire a 13.15 Docteur Françoise Gailland a 22.15 Clair de femme 0.40 Basket-ball. De Jean-Louis Bertuccelli (France, 17.30 Les Petits Champions a De Constantin Costa-Gavras (France, TF 1 1976, 100 min). Festival De Stephen Herek (Etats-Unis, 1992, 1979, 105 min). Ciné Cinémas La plume 13.50 Les Feux de l’amour. 13.30 Je vais craquer a 100 min). Disney Channel 22.35 Le Choc a LA CINQUIÈME/ARTE De François Leterrier (France, 1980, 18.05 Retour à Howards End aa De R. Davis (Fr., 1982, 100 min). TMC 14.40 TF jeunesse. 13.00 Une heure pour l’emploi. 90 min). TV 5 De James Ivory (Grande-Bretagne, 22.40 Mister Johnson a des doux désastres 17.05 Seaquest, police des mers. 13.30 Madame Sousatzka a 1991, v.o., 145 min). Ciné Cinémas De Bruce Beresford (Etats-Unis, 1990, 18.00 Les Années fac. 14.00 Plans de vol. 14.30 Business humanum est. De John Schlesinger 18.25 Le Pianiste a 105min). RTL9 ROGER GRENIER dans « Un 18.30 Ali Baba. (Grande-Bretagne, 1988, De Claude Gagnon (Canada, 1991, 23.30 Mon gosse de père a 19.05 Walker, Texas Ranger. 15.30 Les Splendeurs de la nature. 120 min). France Supervision 95 min). Festival siècle d’écrivains » ? s’étonneront De Jean de Limur (France, 1930, N., 19.50 et 20.45 Météo. 16.30 L’Etoffe des ados. a aa 85 min). Ciné Cinéfil 14.05 The Blind Goddess 18.50 La Bandera tous ceux qui, à juste raison, se 20.00 Journal, Résultat des courses, 17.00 Cellulo. De Harold French (Grande-Bretagne, De Julien Duvivier (France, 1935, N., 0.25 Mathias Sandorf a désolent de l’indéniable im- 17.30 Au cœur d’Okavango. 1948, N., v.o., 85 min). Ciné Cinéfil 100 min). Ciné Cinéfil De G. Lampin (F, 1962, 105min). RTL9 Météo des neiges. 17.50 Le Journal du temps. 15.15 Jésus de Montréal aa 20.30 The Secret of Convict Lake a a complétude, d’ici à l’an 2000, 20.50 SVP Comédies. 0.55 Quand la femme s’en mêle 18.00 Chasseurs de trésors. De Denys Arcand (Canada, 1989, De Michael Gordon (Etats-Unis, 1951, D’Yves Allégret (France, 1957, N., d’une collection censée rendre 23.05 Columbo. 120 min). Ciné Cinémas N., v.o., 85 min). Ciné Cinéfil 85 min). Ciné Cinéfil hommage aux plus grands de la Eaux troubles. 18.30 Le Monde des animaux. 15.30 Ce cher disparu aa 20.30 Rendez-vous avec le destin a 2.20 La Revanche de Freddy a 0.50 Minuit sport. 19.00 ̈ La Bible en images. De Tony Richardson (Etats-Unis, 1965, De Glenn Gordon Caron (Etats-Unis, De Jack Sholder (Etats-Unis, 1985, v.o., planète – qui donc pensera à l’ad- Spécial Salon nautique. 19.30 7 1/2. N., v.o., 120 min). Ciné Cinéfil 1994, 105 min). Ciné Cinémas 85 min). Ciné Cinémas mirable Pierre Reverdy ? Qui pal- 1.20 TF1 nuit, Météo. 20.00 Il danse pour ses cormorans. liera les manques en littérature 1.35 Histoires naturelles. 20.30 8 1/2 Journal. étrangère : Afrique, Asie, Amé- 20.45 ̈ Les Mercredis de l’Histoire. rique latine... ? Mais, si l’on sou- FRANCE 2 Afrique rouge. GUIDE TÉLÉVISION 21.45 Comedia. haite sincèrement un prolonge- 13.50 et 17.40 Un livre, des livres. Le théâtre européen : Dario Fo. ment réparateur à cette série 13.55 et 15.00 Derrick. 21.50 La Remise du Nobel. 23.55 Comedia, le théâtre européen. 16.00 Tiercé. 21.55 Dario Fo, le jongleur. MAGAZINES Dario Fo. Arte MUSIQUE sertie de quelques vrais bijoux do- 16.15 La Chance aux chansons. 22.55 Un Italien à Paris. 23.55 Le Canal du savoir. Vivre à Paris cumentaires, on ne saurait s’indi- 17.10 Des chiffres et des lettres. Introduction au Médecin volant. 13.00 Une heure pour l’emploi. au Grand Siècle. Paris Première 18.00 Jazz 625 : Ben Webster. Muzzik La Cinquième gner qu’un écrivain de qualité soit 17.45 Chair de poule. 23.10 Le Médecin volant. 0.40 Le Cercle des métiers. Soirée 19.55 Midnight Classics : Comédie en un acte de Molière. 14.30 Business humanum est. La FIAC : mis à l’honneur. 18.15 Friends. de Noël avec les jeunes chefs. Haendel. Muzzik 23.55 Conversation avec Dario Fo. L’art oseur a osé. La Cinquième France 2 « Un écrivain pour écrivains », 18.45 Qui est qui ? 15.00 Envoyé spécial, les années 90. 21.35 Concert de musique polonaise. dit-on de lui qui, depuis 1964, est 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 0.45 Docteur Knock. La révolution roumaine : France Supervision Téléfilm de Dominik Graf. DOCUMENTAIRES directeur littéraire aux éditions 19.20 C’est l’heure. véritable révolution ou gigantesque 21.55 Pet Shop Boys. 19.50 et 20.45 Tirage du Loto. machination ? Les GI’s de retour Discovery. Paris Première Gallimard et a publié, outre ro- M6 au Vietnam. Histoire 18.30 Les Sanctuaires sauvages. 19.55 Au nom du sport. Serengueti. La Cinquième 23.05 Blues Sessions : Peter Nathanson. mans et recueils de nouvelles, de 20.00 Journal, A cheval, Météo. 16.05 Saga-Cités. Nourritures divines. France Supervision 13.05 M 6 Kid. La cuisine tamoule. 19.00 Cesaria Evora, la diva magnifiques essais sur Tchekhov, 20.55 ̈ La Cité des Alouettes. 0.10 Tereza Berganza. Téva 16.30 Des clips et des bulles. Le monde des couscous. France 3 aux pieds nus. Paris Première Scott Fitzgerald, Camus, Brassaï Téléfilm de Luc Béraud. 16.50 Fan de. 22.35 Ça se discute. 17.05 A bout portant. 19.40 Instinct animal. Planète et Pascal Pia. 17.15 Fanquizz. Line Renaud. Paris Première THÉÂTRE Peut-on apprendre à lire et à écrire 20.00 Il danse pour ses cormorans. Arte « Un homme livre, bruissant de à tout âge ? 18.00 Sliders, les mondes parallèles. 17.30 Le Club. Invité : 19.00 Sentinel. Philippe Clay. Ciné Cinéfil 20.00 Le Grand Jeu, URSS/USA : 23.10 Le Médecin volant. pages », témoigne Sylvie Ger- 0.25 Journal, Météo. Comédie de Molière, 0.40 Le Cercle des métiers. 19.54 6 minutes, Météo. 18.00 Stars en stock. Dean Martin. 1917-1991. [5/6]. 1964-1980 : Désarroi main, dont il a été le premier et et glaciation. Histoire mise en scène de Dario Fo. Arte Soirée de Noël avec les jeunes chefs. 20.05 Susan ! Ann Margret. Paris Première sagace lecteur. « Un homme qui 20.35 ̈ Hongkong Hanoï : Retour 20.35 Décrochages info, Elément Terre. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. TÉLÉFILMS aspire et respire les mots comme FRANCE 3 Invités : Peter Lindbergh ; des camps. Planète 20.50 et 22.30 L’Emprise des sens. Marie-Sophie Wilson ; Jean-louis d’autres l’oxygène », surenchérit Téléfilm 4 de Harry Winer [1 et 2/2]. Borloo. Canal + 20.55 Femmes dans le monde. 20.30 La poupée qui tue. 13.40 Parole d’Expert. 0.10 Secrets de femme. L’Afrique accusée. Téva Jean-Jacques Brochier, auteur de De Bruno Gantillon. Festival 14.20 Va savoir. 0.45 Sexy Zap. 19.00 De l’actualité à l’Histoire. ce beau portrait réalisé par Sté- L’indépendance de la justice. 21.30 Des hommmes dans 20.50 L’Emprise des sens. 14.58 Questions au gouvernement. 1.10 Boulevard des clips. La pilule contraceptive. Histoire la tourmente. [32/32]. 4 De Harry Winer [1 et 2/2]. M6 phane Bégoin. Il ne suffira pas de 16.05 Saga-Cités. 20.00 Faut pas rêver. Invité : Rommel versus Montgomery. Planète 20.55 ̈ La Cité des alouettes. se contenter de la courtoisie, de la 16.40 Minikeums. RADIO Bertrand Blier. TV 5 21.55 Dario Fo, le jongleur. Arte De Luc Béraud. France 2 générosité, de l’élégance et de la 17.45 et 18.20 Questions pour un champion. 20.00 20h Paris Première. Paris Première 22.00 L’Histoire oubliée. [4/6]. 22.05 Les Indes noires. modestie légendaires qui au- FRANCE-CULTURE 20.10 Appel à témoins. RTBF 1 Les harkis : L’enrôlement. Histoire De Marcel Bluwal. Festival 18.50 Un livre, un jour. réolent cet enfant de province 20.45 Les Mercredis de l’Histoire. 22.50 Panama, le canal du défi. Planète 0.45 Docteur Knock. 18.55 Le 19-20 de l’information. 19.45 Les Enjeux internationaux. ̈ De Dominik Graf. Arte Afrique rouge. Arte 0.15 Jean XXIII, le bon pape. frotté aux débâcles du siècle. En- 20.02 et 22.45 Météo. 20.00 Les Chemins de la musique. Le bon pape Jean. TSR core moins de se satisfaire des re- 20.05 Fa si la chanter. 20.45 Cap’tain Café. France Supervision SÉRIES 20.30 Agora. Christine Peltre. 20.50 La Marche du siècle. 1.00 Dancing in the Street. [7/10]. pères biographiques – naissance à 20.35 ̈ Tout le sport. 21.00 Philambule. Hang Onto Yourself. Canal Jimmy Magic London. Invités : Michel Déon, Caen, en 1919, enfance à Pau ; 20.45 Consomag. 22.10 Fiction. Denis Mac Shane, Jean-Marie 18.00 Sliders, les mondes parallèles. 20.50 La Marche du siècle. Blancs et noirs, noirs ou blancs, Le monde de Chronos. M6 Bergman, Olivier Gaudin. France 3 SPORTS EN DIRECT vingt ans chez les zouaves et Magic London. de Robert Paris. 21.00 Envoyé spécial, les années 90. 18.20 Vegas. Quand les montagnes vingt-cinq à la libération de Paris, 22.55 Soir 3. 23.00 Nuits magnétiques. se rencontrent. Série Club La bête sous la manche. 15.45 et 18.00 Football. dont Roger Grenier fut acteur au 23.20 Un siècle d’écrivains. 0.05 Du jour au lendemain. Le gouvernement polonais en exil. Coupe des Confédérations. Emirats 19.00 Sentinel. Vol 714. M6 Roger Grenier. Histoire côté de Roger Stéphane ; grandes 0.48 Les Cinglés du music-hall. arabes unis - République tchèque. 19.25 Max Glick. 0.05 Cinéma étoiles. 21.00 Paris modes. Hommage Uruguay - Afrique du Sud. Eurosport Il est temps de penser. Canal J heures du journalisme à Combat... 0.35 Vivre avec... à Versace. Paris Première 2.05 Basket-ball NBA. Pour véritablement connaître FRANCE-MUSIQUE Chicago Bulls - Los Angeles Lakers. 20.25 Star Trek : la nouvelle génération. 0.50 New York District. 22.35 Ça se discute. Peut-on apprendre L’ennemi. Canal Jimmy à lire et à écrire à tout âge ? France 2 Canal + Roger Grenier, elliptique, presque 1.35 Musique graffiti. 18.36 Scène ouverte. 21.30 Nick Mancuso. La princesse « taiseux » à force de timidité et 19.30 Prélude. 22.35 Savoir plus santé. La folie et la souricière. Série Club des vitamines. TV 5 DANSE de pudeur lorsqu’il doit parler CANAL + 20.00 Concert. 22.10 Schimanski. Série Club En direct de Notre-Dame-du-Travail, 23.00 Le Magazine de l’Histoire. Invités : d’autre chose que de littérature, il Hervé Drévillon ; Pierre Assouline ; 18.00 Roméo et Juliette. 22.20 Une fille à scandales. 13.35 Décode pas Bunny. par le Chœur de Radio-France, Frédéric Ferney. Histoire Ballet. France Supervision (v.o.). Canal Jimmy faut lire la prose au pessimisme 14.25 C + Cléo. dir. François Polgar. Œuvres de Britten, Walton, Vaughan-Williams. 16.15 Pas si vite. 23.20 Un siècle d’écrivains. 21.00 Didon et Enée. 22.45 Spin City. délicat de Ciné-roman, du Pierrot 22.30 Musique pluriel. Roger Grenier. France 3 Ballet. Muzzik La chanson (v.o.). Canal Jimmy noir, de La Fiancée de Fragonard 16.20 Surprises. Œuvre de Flammer. 23.00 Nos meilleures années. et de Partita (tous publiés aux édi- 16.35 Viens jouer 23.07 Les Greniers de la mémoire. Le mariage de Weston. Téva dans la cour des grands. Doda Conrad, basse. 23.05 Columbo. Eaux troubles. TF 1 tions Gallimard). Et l’on saura Téléfilm de Caroline Huppert. SIGNIFICATION DES SYMBOLES : LES CODES DU CSA : pourquoi cet arpenteur du En clair jusqu’à 21.00 ̈ Signalé dans « Le Monde 4 Accord parental souhaitable 23.30 Nash Bridges. ̈ RADIO-CLASSIQUE Télévision-Radio-Multimédia ». 5 Accord parental indispensable Les frères McMillan. TSR « présent posthume », muni de son 18.20 Cyberflash. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. 18.30 Le Magazine de Radio-Classique. a On peut voir. ou interdit aux moins de 12 ans 23.40 Bottom. Break (v.o.). Canal Jimmy « herbier psychologique », selon le aa Ne pas manquer. 6 Public adulte Invités : Peter Lindbergh, 19.30 Classique affaires-soir. aaa Chef-d’œuvre ou classiques ou interdit aux moins de 16 ans 23.50 Jason King. joli mot de Dominique Rolin, s’est Marie-Sophie Wilson, Jean-Louis Borloo. 20.40 Les Soirées. Le Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro- Une bonne cachette. Série Club fait l’interprète des doux dé- Thomas Hampson, baryton. 20.30 Le Journal du cinéma. grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévision 0.15 New York Police Blues. Alice sastres. Œuvres de Schubert, Bach, Mozart, ainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite. a disparu (v.o.). Canal Jimmy 21.00 Personnel et confidentiel. Rossini, Mendelssohn, Berlioz. d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants. 0.50 New York District. Justice Film de Jon Avnet. 22.55 Les Soirées... (suite). à deux vitesses. France 3 Valérie Cadet 23.00 Flash infos. Œuvres de Mahler, Copland, Delius. LeMonde Job: WMQ1712--0035-0 WAS LMQ1712-35 Op.: XX Rev.: 16-12-97 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0438 Lcp: 196 CMYK

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MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 Les Etats-Unis ont décidé un embargo total Trapèze savant sur les viandes bovines et ovines européennes par Pierre Georges QUEL MÉTIER, tout de même, incessant commerce de gènes, que celui de président de la Répu- cette recherche, et elle seule, [qui] Cette mesure marque une nouvelle escalade dans l’affaire de la « vache folle » blique ! Il faut être aveyronnais pourra répondre par l’évolution en Aveyron. Japonais au Japon. des idées, des concepts et des BRUXELLES considèrent que les contrôles opé- industriels communautaires et de produite de manière traditionnelle, Gaulliste en Gaullie ou en Ras- compréhensions ». (Union européenne) rés en Europe dans les abattoirs ne producteurs des pays tiers, notam- c’est-à-dire sans élimination des semblie. Cohabitationniste en Bref, huit pages comme cela, de notre correspondant sont pas suffisamment stricts pour ment des Etats-Unis, ont montré abats à risque. cohabitation. Patronal avec le agrémentées des considérations Les ministres de l’agriculture des affirmer qu’aucune viande prove- que la directive pourrait se révéler Le 15 décembre, le Comité per- patronat, salarial avec le salariat. présidentielles sur l’écologie Quinze, réunis les 15 et 16 dé- nant d’un animal infecté n’est difficile et coûteuse à appliquer. manent vétérinaire a approuvé par Expert avec les experts. Scienti- microbienne, la virulence, la cembre à Bruxelles, sont une nou- commercialisée. Parmi les dérivés des abats à risque 14 voix contre 1 (celle de la fique d’entre les scientifiques. Et réponse immunitaire et sa modu- velle fois confrontés aux consé- L’Union a par ailleurs décidé de figurent en effet des produits très Grande-Bretagne) de reporter du docteur Knock parmi les docteurs lation, la résistance aux antibio- quences commerciales de la reporter de trois mois l’entrée en utilisés comme les suifs et surtout 1er janvier au 1er avril l’entrée en Knock. tiques, le séquençage des maladie de la « vache folle » vigueur de la directive prohibant la les gélatines, dont sont faites les vigueur de la directive ; c’est à Il faut tout être, tout dire et génomes microbiens. En un mot, (l’ESB, ou encéphalopathie spongi- commercialisation des MRS et des capsules des médicaments. compter du 1er avril que courra tout savoir. La preuve, ce dis- un discours dicté par la nécessité forme bovine) et de la psychose produits dérivés. En juillet, la L’industrie pharmaceutique donc la dérogation accordée à cours du professeur Chirac, et l’urgence : « Alors que toute qu’elle soulève. Durant le week- Commission européenne avait européenne importe très large- l’industrie pharmaceutique. Les lundi, à l’occasion du cinquan- notre culture baigne dans le réduc- end, les Etats-Unis ont décidé approuvé une directive interdisant ment ces capsules des Etats-Unis, Anglais pratiquent déjà l’élimina- tième anniversaire de la Fonda- tionnisme, nous devons penser d’étendre à l’ensemble des Etats la consommation, sous quelque lesquels n’opèrent pas dans leurs tion des abats à risque. C’est égale- tion pour la recherche médicale. complexité et voir le tout ». membres de l’Union européenne forme que ce soit, d’une série abattoirs l’élimination des abats à ment le cas des Français, même si Thèse imposée : « Mondialisation Ne soyons pas réducteur. Ou, le l’interdiction d’exporter des d’abats bovins (cervelle, rate, yeux, risque et n’ont pas du tout l’inten- la liste des matériaux à risque pro- du microbe » et microbiologie. moins du monde, moqueur. Mais viandes bovines, ovines, ainsi que amygdales, et moëlle épinière) tion de s’y livrer. En novembre, les hibés n’est pas exactement la Un sujet difficile, grave bien sûr, tout de même, quel exercice pré- des farines animales, aux Etats- potentiellement infectieux. L’en- instances responsables de l’Union même que celle figurant dans la qui, ordinairement, fait l’objet sidentiel que de lire ainsi un Unis. Cette interdiction s’appli- trée en vigueur de cette décision décidèrent d’accorder une déroga- directive bruxelloise. des communications les plus docte discours probablement quait déjà à sept d’entre eux : la était prévue pour le 1er janvier 1998. tion d’un an à l’industrie pharma- A la suite de la décision de diffé- ardues et des recherches les plus pondu par un conseiller, avec la Grande-Bretagne, la France, Depuis lors, les démarches des ceutique pour l’usage de gélatine rer l’entrée en vigueur de la direc- poussées. Et que notre président double contrainte du prêt-à-por- l’Irlande, le Portugal, les Pays-Bas, tive, Jack Cunningham, le ministre n’a pas craint d’aborder frontale- ter scientifique et de l’imagerie la Belgique et le Luxembourg. britannique de l’agriculture, a pour ment, pour en dire tout ce qu’il y politique ! Quel numéro de tra- Le volume de commerce affecté 3 000 personnes transfusées avec un sang contaminé sa part annoncé que son adminis- a à en dire. pèze savant face aux nécessités est apparemment très modeste. tration vétérinaire veillerait à ce Car c’est un fait : « la mondiali- anniversaires ! Les experts bruxellois évoquent sur Un produit sanguin d’origine britannique potentiellement conta- qu’aucune viande provenant sation des microbes » rôde et Car, pour le reste, c’est établi. ce thème des transactions de miné par la maladie de Creutzfeldt-Jakob a pu, selon le Times, être d’abattoirs n’éliminant pas les menace. « L’attaque micro- Les microbes et virus attaquent ! l’ordre de 2 millions de dollars administré à près de 3 000 patients dans une centaine d’hôpitaux abats à risque ne soit offerte aux bienne » se précise. Elle sera, elle La preuve, cette dépêche en pro- (environ 12 millions de francs). britanniques. Dans son édition du 16 décembre, le quotidien britan- consommateurs. En pratique, cela est déjà, globale, universelle, venance, ce matin même, de Mais la Commission s’est émue de nique indique que le ministère de la santé a décidé de ne pas signifie que la grande distribution pour ainsi dire totalitaire. Dans le Hongkong. C’est loin Hongkong, cette mesure, se demandant s’il ne informer les patients car « le risque de contamination est si faible qu’il britannique devra s’approvisionner grand village planétaire, face aux c’est même carrément asiatique. fallait pas voir là une réaction au n’y a pas de raison de créer un mouvement de panique ». auprès d’abattoirs pratiquant l’éli- hommes, « modeste rameau dans Et pourtant, du poulailler du vil- projet européen d’embargo sur les Les établissements hospitaliers ont cependant reçu l’ordre de mination des MRS. Une mesure l’immense arbre de l’évolution, lage, arrive une sale nouvelle. La abats à risque infectieux (« maté- retourner le produit suspect. Seulement 15 % auraient été renvoyés. qui ne devrait pas affecter les pro- mais seuls dotés de conscience et « grippe du poulet » a décidé, elle riels à risque spécifié» ou MRS). En Irlande, où 268 patients ont été traités avec le même lot conta- ducteurs français qui exportent d’intelligence », il y a « l’inces- aussi, de faire la course en tête. Les Etats-Unis expliquent que miné, les malades ont été – ou seront – directement informés par le outre-Manche. sante et folle capacité des microbes Franchissant apparemment la l’interdiction est motivée unique- ministère de la santé. Les produits suspects ont été vendus dans de à muter, se transformer, se réin- barrière d’espèce, le virus a tué ment par des raisons sanitaires. Ils nombreux pays, mais la France ne serait pas concernée. Philippe Lemaître venter ». Donc, c’est acquis : ce deux personnes et en a allongé sera eux. Ou nous. deux autres. Pis, un virologue Dit sur le mode cycliste : « Pen- américain, Robert Webster, le Les grandes étapes dant que les hommes, trop souvent, tient, ce virus, pour « extrême- Une décision soudaine et symbolique se déchirent, les microbes, virus et ment dangereux » et, actuelle- depuis 1986 parasites, font la course en tête ». ment, incontrôlable scientifique- LA DÉCISION américaine nale, prendre une série de mesures Savey, membre du comité scienti- Dit sur le mode scientifique : il ment. Nous voilà bien, modestes b Novembre 1986 : début de d’interdire l’importation de toutes sanitaires vis-à-vis de la consomma- fique des experts européens. faut opposer « aux aveugles géné- rameaux, avec la grippe du l’épidémie de la maladie de la les viandes bovines et ovines euro- tion des produits bovins potentiel- L’Union européenne ayant pris ses ticiens que sont les microbes, à leur poulet ! « vache folle » (ESB) dans le péennes constitue le dernier et lement les plus infectieux et de la propres précautions vis-à-vis du cheptel britannique. spectaculaire épisode de l’affaire de fabrication des farines animales risque de transmission à l’homme de b Décembre 1987 : les farines la « vache folle ». Au-delà de ses dont on savait, depuis 1987, qu’elles l’agent de l’ESB, elle était en droit de animales britanniques sont aspects commerciaux et écono- étaient à la source de la nouvelle demander de prendre des mesures identifiées comme la cause miques, cette mesure, prise officiel- maladie bovine. identiques aux pays tiers producteurs Forte hausse probable de l’épidémie. lement au nom de la santé publique, qui ne peuvent affirmer être b Juillet 1994 : les Britanniques est aussi d’une forte portée symbo- MOTIFS COMMERCIAUX indemnes de la maladie. Officielle- interdisent sur leur territoire la lique. Elle trouve son origine dans Alors que les résultats scienti- ment, les Etats-Unis n’ont pas de cas du revenu agricole en 1997 vente d’abats de veau de moins l’annonce solennelle faite, le fiques s’accumulaient, démontrant d’ESB. Pour autant, différents élé- de six mois. 20 mars 1996, par le gouvernement que l’hypothèse de mars 1996 était ments plaident en faveur du contraire LA COMMISSION DES COMPTES de l’agriculture de la nation, réunie b Mars 1996 : Stephen Dorrell, britannique que l’agent de l’encé- la bonne, on assistait à une série de et, en toute hypothèse, ils ne sont pas mardi 16 décembre, a indiqué que le revenu moyen des exploitations secrétaire d’Etat britannique à phalopathie spongiforme bovine querelles au sein de l’Union euro- dotés d’un système de surveillance enregistrerait une hausse de 7 % en 1997, selon des calculs prévisionnels. la santé, annonce que l’agent (ESB ou maladie de la « vache péenne. Les tensions furent alors permettant de faire un véritable dia- Les tonnages des produits végétaux et animaux livrés ont connu une de la maladie a, « selon toute folle ») avait « selon toute vraisem- très vives entre les pays qui gnostic de la situation. Le paradoxe sensible progression, et les conditions climatiques ont été propices à de vraisemblance », atteint l’espèce blance » atteint l’espèce humaine, reconnaissaient avoir, dans leur veut que c’est au moment où l’on bons rendements. Le secteur des grandes cultures connaît une très forte humaine. povoquant une nouvelle forme de cheptel, quelques cas d’ESB commence à bâtir en Europe une augmentation du revenu (13 %), de même que la viticulture (18 %), sauf le b Avril 1996 : la preuve est la maladie de Creutzfeldt-Jakob, (comme la France, le Portugal et politique fondée sur le principe de cognac. Même le secteur de l’élevage bovin, pourtant touché par la crise donnée que dix Britanniques affection neurodégénérative tou- l’Irlande) et ceux qui, souvent précaution que cet embargo est de la « vache folle », progresse de 1 %. Les seules catégories qui enre- sont atteints d’une nouvelle jours mortelle. contre l’évidence, affirmaient être décrété par un pays qui n’a pris gistrent des baisses sont le maraîchage, les fleurs et l’élevage des forme de la maladie de Les autorités britanniques vierges vis-à-vis de cette maladie et aucune mesure particulière et avec moutons. La hausse de 1997 fait suite à une série régulière de hausses du Creutzfeldt-Jakob. avaient jusqu’alors toujours nié que n’avaient pas à prendre de disposi- lequel l’Union européenne a de nom- revenu agricole depuis 1993. Parallèlement, l’Insee précise que le nombre b Juin 1996 : le mouton peut l’épidémie apparue en 1986 pouvait tions préventives particulières. breux contentieux sur des questions des exploitations continue à diminuer. contracter la maladie. Des se transmettre, par voie alimen- Cette situation se retrouvait à sanitaires. » scientifiques prouvent que taire, à l’homme. Acceptant, sur la l’échelon mondial, les principaux Si Washington estime qu’en dépit DÉPÊCHES l’ESB se transmet à des base de données scientifiques et pays tiers producteurs de viande des précautions en vigueur les a DIPLOMATIE : Jacques Chirac, arrivé lundi 15 décembre à Abou macaques et au singe par voie médicales, de reconnaître que la bovine – au premier rang desquels viandes européennes – autres que Dhabi pour une visite officielle de vingt-quatre heures, a été accueilli par alimentaire. barrière d’espèce avait bel et bien les Etats-Unis – estimant, pour celles d’origine britannique tou- l’émir d’Abou Dhabi, Cheik Zayed Ben Sultan Al Nahyan, président de b Août 1996 : l’ESB peut se été franchie, Londres devait déclen- d’évidentes raisons commerciales, jours frappées par l’embargo de l’Etat des Emirats arabes unis, et devait s’entretenir, mardi, avec les transmettre au veau par le lait. cher une gigantesque tourmente que l’ensemble de l’Union Euro- 1996 – sont susceptibles de trans- responsables de la défense émiratie. D’importants contrats ont été b Octobre 1996 : John Collinge commerciale et diplomatique et péenne pouvait être considérée mettre la nouvelle forme de la mala- conclus : la vente de 30 mirages 2000-9 et la modernisation de 30 mirages publie dans Nature un article donner corps aux hypothèses les comme atteinte par l’ESB. die de Creutzfeldt-Jakob, Bruxelles 2000-SAD 8, pour un montant total de 18 à 20 milliards de francs. La veille, tendant à montrer que l’agent plus alarmistes quant à l’ampleur à C’est dans ce contexte que sur- dénonce les conditions dans les- l’aviation civile émiratie et Aéroports de Paris avaient signé un premier responsable de l’ESB peut se venir de la maladie chez les vient l’embargo décrété par les quelles sont élevées les volailles contrat portant sur le doublement de la capacité de trafic de l’aéroport transmettre à l’homme au consommateurs britanniques. Etats-Unis à l’encontre de toutes les américaines, s’oppose à l’irradia- d’Abou Dhabi. niveau moléculaire. Après sa décision de décréter un viandes bovines et ovines euro- tion des viandes et à l’usage des hor- a PRESSE : Christian Brégou, ancien PDG de la CEP (Havas), va b Mars 1997 : 37 nouveaux cas embargo sur les viandes bovines péennes. « Nous assistons mones dans le cheptel bovin. rejoindre la Socpresse (groupe Hersant) pour une « mission d’assistance et diagnostiqués en britanniques, Bruxelles devait, sous aujourd’hui à la poursuite de l’esca- de conseil ». Cette mission porte sur « le rôle et le développement du groupe Grande-Bretagne. la pression de l’émotion internatio- lade, explique le professeur Marc Jean-Yves Nau sur le marché des médias dans les années qui viennent ». Christian Brégou, b Octobre 1997 : publication de après vingt-deux ans passés à la CEP, avait été évincé de son fauteuil le nouveaux travaux confirmant 1er septembre. l’hypothèse d’une possible a PUBLICITÉ : la cour d’appel de Chicago a donné raison au groupe contamination de l’homme par Des grèves paralysent une partie du réseau de la RATP français Publicis, lundi 15 décembre, dans son litige l’opposant à l’agent de la « vache folle ». l’agence américaine de publicité True North. Publicis peut ainsi relancer b Décembre 1997 : Jack DES MOUVEMENTS sociaux phase finale de la Coupe du monde visage, les conducteurs de 21 lignes son offre publique d’achat, arrêtée le 11 décembre par une décision de Cunningham, ministre perturbent depuis le début de la de football. Alors qu’un préavis de qui desservent les départements de justice. Le groupe français, déjà actionnaire à 18,5 % de True North, a donc britannique de l’agriculture, semaine une partie du réseau de la grève a été déposé jusqu’au Seine-Saint-Denis, du Val-de- relancé, jusqu’au 8 janvier 1998, son OPA sur 37 % du capital du groupe annonce une série de mesures RATP. Lundi 15 décembre, les dimanche 21 décembre, les Marne et de Seine-et-Marne ont américain, au prix déjà proposé de 28 dollars par action. visant à interdire la 500 000 usagers de la ligne B du conducteurs de la ligne B, réunis en décidé de cesser le travail. Mardi a SKI ALPIN : le Norvégien Finn Christian Jagge, champion olympique commercialisation de nouveaux RER ont été surpris par une grève assemblée générale lundi, ont matin, un piquet de grève bloquait 1992 de géant, a pris la tête de la Coupe du monde de slalom grâce à sa produits issus des bovins de des conducteurs qui a paralysé le décidé de reconduire de jour en le dépôt de Seine-Saint-Denis. victoire, lundi 15 décembre, à Sestrières (Italie). Le meilleur Français, Joël plus de six mois : la côte de tronçon sud de cette liaison entre jour leur mouvement. La direction Une série d’interruptions du tra- Chenal, a pris la sixième place. bœuf, le T-bone steak et la Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yve- de la RATP ne semblait pas déci- fic liées à l’insécurité dans les bus queue de bœuf sont prohibés. lines) et la gare du Nord, à Paris. Ce dée, mardi matin, à répondre à ces est intervenue en province depuis TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDE sont ensuite les utilisateurs de 21 revendications. Si des effectifs sup- plusieurs semaines, mais l’IIe-de- BOURSE lignes du nord de Paris qui ont vai- plémentaires devraient être ponc- France était restée jusqu’à présent Cours releve´s le mardi 16 de´cembre, a` 10 h 15 (Paris) nement attendu un bus dans tuellement mis en place à l’occa- à l’écart du mouvement. Les syndi- FERMETURE OUVERTURE l’après-midi de lundi, en raison sion des événements sportifs ou cats CGT, UGICT-CGT (cadres), DES PLACES ASIATIQUES DES PLACES EUROPE´ENNES d’un arrêt de travail du personnel culturels organisés au Stade de SAM (autonomes), FO, CFTC et Tokyo Nikkei 15985,21 + 0,48 – 17,44 Cours au Var. en % Var. en % du centre de la Maltournée (Seine- France, la Régie estime néanmoins Indépendants de la RATP-bus ont Honk Kong index 10346,38 – 0,85 – 23,08 16/12 13/12 fin 96 Saint-Denis). que les conducteurs de la ligne B annoncé, lundi, qu’ils allaient Tokyo. Nikkei sur 3 mois Paris CAC 40 2866,05 + 0,98 + 23,76 + + Sur la ligne B du RER, les syndi- bénéficient déjà de meilleures accentuer leur pression sur la 15985,21 Amsterdam CBS 899,16 1,17 38,71 18420,08 cats de conducteurs réclament conditions de travail que leurs col- direction de la Régie. « En 1997, on Bruxelles 15904 + 0,89 + 50,45 17585,69 Francfort Dax 30 ...... depuis longtemps une améliora- lègues de la ligne A et du métro. a relevé 913 agressions contre des + + 16751,30 Irlande ISEQ 3960,61 0,01 45,31 tion de leurs conditions de travail. Le mouvement qui affecte les machinistes, soit 2,5 agressions par Londres FT 100 5144,40 + 0,44 + 24,91 15916,91 Ils demandent des effectifs supplé- autobus du nord de Paris a éclaté à jour. La moitié de ces agressions sont Madrid Ibex 35 ...... mentaires pour faire face aux aug- la suite d’une nouvelle agression liées à des dysfonctionnements de 15082,52 Milan MIB 30 23666 + 1,03 + 50,77 f17 sep. 30 oct. 16 de´c.g mentations de trafic attendues d’un conducteur, lundi, en milieu services, et notamment un manque Zurich SMI 6038,90 + 0,87 + 53,19 avec l’ouverture, en janvier 1998, de journée. A la suite de cet d’effectifs », a affirmé M. Grassu- du Stade de France à Saint-Denis, incident, au cours duquel le chauf- lot, secrétaire général de la CGT Tirage du Monde daté mardi 16 décembre : 529 317 exemplaires. 13 et l’accueil, en juin et juillet, de la feur a été légèrement blessé au RATP-bus. LeMonde Job: WMQ1712--0036-0 WAS LMQ1712-36 Op.: XX Rev.: 15-12-97 T.: 17:46 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0439 Lcp: 196 CMYK

36 / LE MONDE / MERCREDI 17 DÉCEMBRE 1997 (Publicité)