Ordre et Tradition SI QUA FATA SINANT 22 décembre 2017 / N° 2086

JAA. 1000 Lausanne 1

Bimensuel hors partis fondé en 1931, publié par la Ligue vaudoise Le numéro : Fr. 3,50 Abonnement annuel : Fr. 77.- Apprentis, étudiants : Fr. 33.- Essertes doit-elle fusionner ? a commune d’Essertes, 350 habi- ter des tractations inutiles et coûteuses tion cantonale. Les chantiers en cours avons mille choses en commun avec tants, bientôt un peu plus de 400 avec Oron. On a aussi évoqué une fusion devront être traités dans les mêmes dé- Oron, l’école, le service du feu, la pa- L avec les nouvelles constructions, avec , avec laquelle Essertes a en lais et les dettes continuer d’être amor- roisse ainsi qu’un fonds culturel et spor- fait frontière commune avec Forel, Ser- commun la station d’épuration et la dis- ties selon les mêmes taux. tif, nous conservons une certaine auto- vion et Oron, ainsi qu’avec le canton de tribution d’eau. Nous n’en parlons pas Les travaux de mise en place de la nomie. Nous tournons autour d’Oron, Fribourg, par . dans cet article. nouvelle commune viendront en plus, mais sur notre orbite propre. Une ab- Son Conseil général est composé pas à la place. sorption nous décentrerait totalement, de trente-cinq membres. Il siège trois Avantages, réels ou fictifs, d’une fusion faisant de nous le petit quartier périphé- ou quatre soirs par année. Le syndic Fusionner avec une grande commune Ce qu’on perd rique d’une grande commune. consacre 18 % d’un temps plein à sa offre sans doute quelques services sup- Nous parlons de fusion, mais, avec Autre perte à déplorer : trente-cinq charge, et ses quatre collègues de la Mu- plémentaires, un site plus sophistiqué, Oron, ce serait une absorption pure et collaborateurs, trente-cinq citoyens en- nicipalité, 10 % chacun. Ces derniers une déchetterie générale, un déneige- simple. Etre absorbé par une commune gagés et soucieux du bien public. Pour touchent quatre mille cinq cents francs ment professionnel (mais il existe des de plus de trois mille habitants – Oron le Canton, la disparition d’un Conseil par année et le syndic six mille, plus les amateurs à la hauteur), l’ouverture en compte environ 5400 –, c’est être li- général représente une perte sèche, un vacations (Fr. 40.– l’heure). La secrétaire quotidienne de l’ad- vré aux partis, à leurs appauvrissement de sa substance poli- municipale travaille à 40 %. ministration com- Une commune est forte appétits électoraux, à tique. Il devrait donc éviter de pousser En 2012, Essertes fut invitée à fusion- munale. Là non plus, de son unité et de la leurs meetings chro- aux fusions, se contentant d’aider celles ner avec une dizaine de communes cen- rien de cosmique. nophages, à leur na- qui sont réellement indispensables. trées sur Oron et Palézieux. Le Conseil Et notons que si le volonté de ses autorités. ture diviseuse qui fait L’avenir général déclina l’offre à l’unanimité, greffe d’Essertes n’est ouvert qu’un soir un motif d’affrontement idéologique du moins une abstention. Il refusa même, par semaine, il est du même coup plus moindre problème d’édilité. Tout bien considéré, la décision de éteignant l’incendie avant que l’allu- accessible au citoyen ordinaire qu’une L’institution du Conseil général nous fusionner ou non est suspendue à la mette ne soit frottée, qu’on lui présente administration qui ne fonctionne que évite ce genre de désagréments. Il suffit réponse à une seule question : trou- un simple rapport sur la question. durant les heures de bureau. d’être majeur, de faire la demande et de vera-t-on d’ici à 2021 des personnes ayant assez le sens du bien public pour Et voici que, cinq ans plus tard, la D’expérience, la fusion ne rapporte prêter serment pour en être membre de reprendre la lourde tâche d’un exécutif Municipalité informe le Conseil général rien sur le plan financier. S’adressant à plein droit. Ou presque : l’usage veut, communal ? Si on les trouve, on laisse qu’elle examine la possibilité d’une fu- la population des neuf communes qui voudrait en tout cas, qu’on assiste à une tomber la fusion. Si on ne les trouve pas, sion avec Oron. La presse, qui adore les se préparaient à fusionner sous le nom ou deux séances avant de faire profiter le une commune de plus disparaîtra du fusions, a présenté celle-ci comme d’ores de Montanaire, le conseiller d’Etat Phi- Conseil de sa science. paysage vaudois. C’est aussi simple et et déjà décidée, ce qui a heurté pas mal lippe Leuba déclara franchement : « Ne Le Conseil général n’est pas le lieu des brutal que ça. de monde dans la commune. Profitons fusionnez pas pour économiser, vous grandes envolées lyriques. On y traite de de l’occasion pour mettre deux ou trois n’économiserez pas ! » Ce qu’on gagne la distribution d’eau, de l’entretien des Mais pourquoi ne les trouverait-on choses à plat. en suppression de postes, on le perd en routes, des fontaines et des forêts, de la pas ? remplaçant des bénévoles par des pro- vente du bois de feu, de la facture so- Que les autorités actuelles ne jugent Pourquoi ? fessionnels rémunérés. ciale, des dépenses scolaires, du service pas les difficultés futures de la commune Qu’est-ce qui a changé en cinq ans ? En l’occurrence, toutefois, une fusion du feu, de la protection civile. Cela de- en fonction de leur propre et légitime las- Au fond, rien de cosmique. La Munici- avec Oron nous vaudrait – vraisembla- mande de l’attention, de la patience, situde. Ce qui paraît insupportablement palité voulait placer la population de- blement – une baisse de trois points parfois une bonne résistance au som- interventionniste et paperassier à nos vant la réalité des choses, les tâches et d’impôt, la cuisine péréquative d’Eta- meil. Mais il arrive aussi qu’on discerne, yeux est, pour les nouvelles générations, les charges financières des communes com avantageant les grandes communes. derrière une disposition d’apparence ba- un donné auquel elles sont habituées et qui ne cessent de s’alourdir pendant que Une autre idée reçue est que plus nale, la question de principe qu’elle met qu’elles sont appelées à affronter dans leurs marges de manœuvre et d’autofi- une commune est étendue et populeuse, en jeu ou les intentions sournoises du tous les domaines de leur vie profession- nancement diminuent, une administra- mieux elle pourra s’opposer à l’Etat. service d’Etat qui l’a posée là comme on nelle et associative. tion cantonale très contrôleuse et dont C’est une erreur de poser la question pose un piège dans une broussaille. Quel Cette année encore, la Jeunesse d’Es- les exigences imposent aux municipaux dans ces termes : comment en effet une bonheur, alors, de débroussailler ! sertes a organisé, en mai, son Tour de de suivre des cours de formation com- commune, même grande, serait-elle en Le membre du Conseil se sent concrè- Jeunesse annuel, en juin, l’Abbaye de plémentaire et, trop souvent, de recourir mesure d’affronter politiquement le pou- tement responsable de ce qui se passe sur Servion, Ferlens et Essertes et en août, à des professionnels extérieurs, enfin, un voir cantonal alors que c’est de lui qu’elle le territoire. Il participe directement à la les deux semaines du Tir cantonal de certain sentiment d’abandon, l’Union tient son autonomie ? Les différends gestion d’un coin du pays, limité mais la Fédération vaudoisedes Jeunesses des communes vaudoises étant trop in- entre les communes et l’Etat sont l’affaire réel, et à sa mesure. Les dépenses en sont campagnardes. Un énorme travail par- tégrée à l’officialité cantonale pour jouer des syndicats de communes, l’Union des mieux pesées et serrées de plus près. En faitement maîtrisé. De même, plusieurs efficacement son rôle de syndicat des communes vaudoises déjà mentionnée et ce sens, un conseiller général est un ci- citoyens tout juste majeurs viennent communes, autrement dit de contrepou- l’Association de communes vaudoises. toyen plus complet que les autres. C’est d’entrer au Conseil général. Il y a là une voir face à l’Etat. En réalité, une commune est forte de un privilégié civique. Je regretterais de relève de valeur et, du même coup, un Et puis, la population change. Plus son unité et de la volonté de ses autori- ne plus l’être. motif d’espoir pour la commune d’Es- d’un habitant d’Essertes est comme l’oi- tés plus que du nombre de ses habitants. En tant que petite commune, on a son sertes. seau sur la branche, prêt à plier bagage Et ce n’est pas contre l’Etat qu’elle uti- propre centre de gravité. Même si nous Olivier Delacrétaz au moindre changement professionnel, lise cette force, ni contre le district, mais familial ou financier. Son attitude est pour régler les problèmes qui se posent à celle du consommateur volage plus que son niveau. du citoyen enraciné : « Je paie, donc j’ai Les rêveurs s’imaginent qu’une fu- Avez-vous remarqué? droit, et tout de suite ! » Cela ne pousse sion leur permettra de repartir à zéro. pas à s’engager pour les affaires commu- Autre erreur : dès l’aube du lundi sui- La presse et les médias aiment à la décision de quitter l’UE, et que les nales. On comprend le souci de la Mu- vant le soir du vote, les autorités seront citer les montants exorbitants que les Britanniques auraient donc dû assu- nicipalité actuelle, dont au moins trois au travail. Elles devront s’occuper des Britanniques vont devoir payer pour mer en restant dans l’UE ; des engage- membres ont l’intention de se retirer à mêmes citoyens, affronter les mêmes pe- sortir de l’Union européenne : le prix ments qui devront être honorés malgré la fin de la législature, en 2021 : trouve- santeurs, les mêmes intérêts, les mêmes du Brexit. Or il s’agit pour l’essen- le Brexit et non pas à cause du Brexit. ra-t-on des successeurs ? Et il faudrait les oppositions et, devant, derrière, dessus, tiel d’engagements financiers que la PGB trouver sans trop tarder si l’on veut évi- dessous, dedans, la même administra- Grande-Bretagne avait acceptés avant 2 La Nation N° 2086 22 décembre 2017 Marcher un dimanche de l’Avent l avait commencé à neiger same- l’irrigue. C’est ce petit courant que ment ne pas imaginer le cantique de ture ne manque pas d’imaginer des di déjà. Cette semaine de l’Avent vous suivez. L’eau a l’air froide à tel Siméon résonnant à l’enterrement de embuscades de Germains nus sur des I avait été socialement mouvemen- point que le chien renonce à s’y plon- Marcel Regamey ? Puis on se souvient légions romaines terrorisées. Vous ima- tée : apéritif entre collègues, fondue ger. On ne l’y trompe pas. L’historien du mariage d’un oncle avec une fille de ginez un Pays de couvert de fo- de fin d’année des avocats-stagiaires, militaire ajoute : « Ce n’est peut-être la paroisse ; ou des nombreux cousins rêts, propices à l’imagination des petits Entretien du mercredi de haute tenue pas Stalingrad, mais en tout cas la Bé- éparpillés entre Croy, Premier et Ju- garçons. philosophique, défense de thèse bril- rézina sur le Nozon » riens. Le 24 décembre, vous les retrou- Au fond de vous grandit un senti- lamment réussie d’un ami… Un SMS verez à l’issue du culte de minuit le plus La marche n’a pas duré vingt-cinq ment puissant : celui de marcher sur arrive. Un vieil ami historien vous pro- enchanté du Canton. minutes que la pluie a trempé vos pan- les sentiers de votre enfance. Au détour pose la visite d’Aquatis pour dimanche talons. Pour le haut, malgré son usure, d’un bois, le plateau vaudois vous saute dans la journée. Il conclut laconique- Il est 13 heures. En ville, les hipsters la veste Barbour remplit sa mission. au visage. La brume laisse apparaître ment : « On pourrait faire une bouffe font la queue pour le troisième service Au détour d’une haie, le village de Ro- Concise sur votre gauche, les hauts de après. » de brunchs, histoire de faire passer les mainmôtier apparaît comme un bijou folies de la veille. La pluie balaie le Morges sur votre droite. De Chavornay Vous répondez péremptoirement : dans son écrin, hachuré d’averses. On porche de l’Abbatiale. Vous vous re- aux vallons de Mézières, votre regard « J’ai mieux. Train de 12h01. On des- s’imagine tambourinant à la porte fusez à manger dans une église autre survole le Gros-de-Vaud et croit deviner cend à Croy. Passage à l’abbatiale, du monastère. On sent le fumet de la chose que le pain de l’Eucharistie, les bois du Jorat. Comme en un éclair, retour à Arnex par les Gorges du soupe servie dans l’hôtellerie. Mais il malgré le froid. L’avant-nef se révèle vous concevez l’histoire de ce Pays, Nozon ». faut s’écarter de la route. Un véhicule un bon compromis. Vous avisez un la destinée commune de son peuple. tout terrain éclabousse le bas-côté. banc de bois marqué de la date 1898, Votre esprit de juriste sait l’effort insti- Le lendemain, vos souliers de Derrière le pare-brise sali, un panneau y étendez votre veste dans l’espoir tutionnel mené à travers l’histoire par marche écrasent la papotche du quai jaune « service forestier » nous rappelle qu’elle sèche un peu. Le pique-nique cette communauté pour formaliser ses de la gare « Croy-Romainmôtier ». que la Riponne est bien loin. est fait de pain, de saucisson valaisan, mœurs. Mais plus que jamais vous savez La bise souffle horizontalement. Le combien ce monde est fragile, combien La lourde porte de l’abbatiale rete- de fromage Maréchal et d’échalotes golden retriever qui vous accompagne il est déjà rongé. Culturellement rongé nait un peu de la chaleur de l’avant-nef. italiennes en conserve. Le golden bave aplatit son dos et pousse sa tête en par l’idéologie mondialiste qui annihile Le pas se fait lent, la voix baisse pour sur vos pantalons ; ses yeux implorent avant. « Il fait quand même un peu l’identité nationale ; mentalement ron- ne devenir que murmure. Les têtes se un morceau de couenne. froid », vous glisse votre ami. Le Vau- gé par la bureaucratie qui écrase l’ini- décoiffent. On est toujours surpris du dois conservera donc son sens de la L’église ne sera jamais vide. Une tiative individuelle en la décourageant ; réflexe. Le silence enveloppe le visi- litote contre vents et marées. La tra- femme vient de s’asseoir au dernier physiquement rongé par un urbanisme teur. Se lâcher à l’expression de bana- versée du village fait défiler portes de rang, vous rendant votre bonjour. Un de banlieue et une architecture fonc- lités médiévisto-romantiques est facile, grange et tas de fumier. On imagine jeune couple entre alors que vous ran- tionnelle qui défigurent de plus en plus mais serait pourtant chargé de vérité : l’accueil par quelque vieille tante pay- gez vos restes. de villages. sanne : « Mettez donc vos souliers sous continuum de la prière des moines au le radiateur de l’entrée. Vous aimez les culte de ce dimanche matin. Peut-être Vous n’avez fait que le quart du che- Un seul mot vous vient à la bouche : bricelets au cumin ? » Le Earl Grey de plus que tout autre, cette église de Ro- min. Les jambes se désengourdissent inlassable. Murmuré, le mot est traî- Denner réchaufferait le cœur. Mais on mainmôtier rappelle la permanence de à nouveau. Le vent s’est calmé. Mais nant et propice à l’accent vaudois. Il ne s’arrêtera pas cette fois. la prédication de la Parole dans ce coin la pluie est toujours froide. Laissant est pourtant pétri de détermination. de Pays. Mais une église, c’est aussi des le cimetière de Croy et ses souvenirs Il caractérise le combat que cette terre Le vieux lavoir reste sur votre droite. souvenirs personnels. Au nombre de sur votre droite, vous longez la voie mérite, l’effort politique qu’elle exige. Lorsque les flocons tombent sur les vé- ceux-ci figure peut-être celui, transmis, de chemin de fer – la ligne Rome-Pa- Dans un champ noir clairsemé de nérables planches à laver, vous mesurez du mariage de vos grands-parents. Une ris-Londres ! – pour entrer dans le bois neige, une chienne blonde bondit élé- le confort décisif qu’un lave-linge ap- photo du couple à la sortie de l’église du Chanay, surplombant les gorges du gamment. porte au foyer vaudois. Un confluent dévoile les murs encore bruts car pas Nozon. Dans cette forêt légèrement du Nozon, dérivé par un petit barrage, rénovés, du monument en 1961. Com- vallonnée, votre compagnon d’aven- Félicien Monnier Un grand photographe vaudois Nous ne parlerons pas ici de Mar- dans une banque de la ville, il entre aux Pierre Vorlet déjà nommé. La Fonda- métro m2 !), des regards originaux sur cel Imsand, auquel il a été rendu hom- Ateliers Nova et il s’achète son pre- tion vient d’éditer un deuxième ouvrage le lac Léman, la vie viticole ou pay- mage par ailleurs dans les colonnes de mier appareil photographique en 1927 de photographies d’Izard, dix ans après sanne d’autrefois, une petite moto notre journal, mais de Pierre Izard. A (un Contax 24 x 36 de Zeiss Ikon). En la publication d’un premier album. pliable d’un Vaudois passionné d’avia- l’occasion des 25 ans de la Fondation 1934, il entre au service de la maison tion, et enfin l’envol du ballonHelvetia éponyme, divers événements ont eu Perrochet, éditeur de cartes postales, Les livres de la Fondation depuis la Blécherette en 1949. lieu ces derniers temps : une double un employeur auquel il va rester fidèle Sous le titre « Pierre Izard, un regard Ces deux livres sont de beaux objets, exposition (au Forum de l’Hôtel-de- jusqu’à sa retraite, en 1970. En paral- – des décennies de photographies », imprimés par Genoud au Mont-sur- Ville et à la Bibliothèque municipale lèle, il développe une activité de repor- les deux livres bénéficient d’une belle Lausanne, et ils sont vendus à un prix de Lausanne), ainsi que la sortie d’un ter pour les journaux. ligne graphique commune : une intro- très abordable2. Nous encourageons livre magnifique. Durant la Seconde Guerre mon- duction, de superbes reproductions de évidemment nos lecteurs à les acquérir, photographies – toutes en noir et blanc ou à les offrir pour les fêtes. Pierre Izard, photographe diale, Pierre Izard travaille pour le ser- vice de presse de l’armée, dirigé par le – et des légendes en fin de volume. Né en 1906 et mort en 1998, Pierre Conclusion brigadier Roger Masson. Il est évidemment préférable de re- Izard a traversé tout le XXe siècle garder des photos, plutôt que de les dé- L’œuvre de Pierre Izard mérite d’être comme photographe-reporter, immor- En 1986, les éditions 24 heures, sous crire. Retenons tout de même quelques découverte et connue. L’homme avait talisant les petits et les grands événe- la direction de Bertil Galland, ont pu- images et quelques événements. un talent certain ; ses photographies ments de la vie locale, surtout à Lau- blié un ouvrage de rétrospective de sont souvent pleines d’humour et de sanne et dans notre Canton, parfois l’œuvre de Pierre Izard, grâce au tra- Dans le volume de 2007, nous avons 1 poésie. Elles sont des témoins précieux ailleurs. vail de Jean-Pierre Vorlet . admiré un concours d’élégance or- du passé de notre Canton et de sa capi- ganisé par l’ACS (Automobile club D’origine française, il acquiert la Photographe jusqu’à la fin de sa vie, tale. Nous espérons que la Fondation suisse) et par l’ADIL (Association bourgeoisie de Lausanne en 1925. Pierre Izard s’est éteint à en 1998, Pierre Izard pourra poursuivre son des intérêts de Lausanne) en 1947, des Après un apprentissage de bureau à l’âge de 92 ans, après une carrière et travail et nous présenter de prochains vues époustouflantes depuis le clocher une vie bien remplies. albums de belles photographies. de la Cathédrale, des piétons passant sous une barrière à Saint-François, des Antoine Rochat La Nation La Fondation Pierre Izard enfants sautant sur un énorme tas de 1 Souvenirs d’ci : chronique des années 1928 Rédaction La Fondation Pierre Izard a été sable, un cycliste sur la glace durcie du à 1985 en 500 photographies, réunis et Jean-Blaise Rochat / Frédéric Monnier constituée en 1992, du vivant de l’ar- port de Morges en 1956 (l’année du CP 6724 1002 Lausanne présentés par Jean-Pierre Vorlet, édi- tiste. Elle a notamment pour but la terrible gel), ou les glacières du Pont, tions 24 heures, Lausanne 1986. Tél. 021 312 19 14 (de 8h à 10h) conservation, la mise en valeur et la exploitées entre 1896 et 1936. Fax 021 312 67 14 2 40 francs l’exemplaire, ouvrages dispo- diffusion de l’œuvre photographique Dans le livre paru cette année, nous [email protected] nibles en librairie ou auprès de la Fonda- de Pierre Izard. Elle gère les droits avons apprécié un skieur montant les www.ligue-vaudoise.ch d’auteur du photographe. tion Pierre Izard, chez Jean-Pierre Vor- IBAN: CH09 0900 0000 1000 4772 4 escaliers de la Grotte lors des fameuses let, rue Pierre-Viret 5, 1003 Lausanne, ICM Imprimerie Carrara Morges Le Conseil de la Fondation Pierre chutes de neige de 1985, le croisement ou encore par internet : https://fonda- Izard est présidé actuellement par Jean- de la Ficelle aux Jordils (l’ancêtre du tionpierreizard.ch. 22 décembre 2017 La Nation N° 2086 3 Le nourrisson nouveau e communisme souhaitait créer rasser de la domination masculine elle, les femmes comprennent pour- Les féministes et leurs collabora- un homme nouveau. Le na- par un raisonnement qui embrasse quoi elles sont dominées et servent teurs masculins envisagent de dresser L zisme voulait produire des su- toute la préhistoire. Nous résumons : le café aux « décideurs » dans les bu- les mâles dès le berceau. Selon Mme rhommes aryens pour mille ans. Le la hiérarchie entre les sexes ne cor- reaux. Il faut déconstruire la diffé- Héritier, il faut anéantir l’idée d’un transhumanisme désire fabriquer des respond à aucune réalité biologique. rence homme/femme. Après l’affaire désir masculin irrépressible, nécessi- robots sensibles et conscients d’eux- Au début, les hommes et les femmes Weinstein, la honte a changé de camp. tant un assouvissement immédiat. La mêmes. avaient les mêmes capacités physiques, Certes, grâce à la contraception, les vie en société impose des règles qu’il mentales et intellectuelles. Il y avait femmes avaient remporté une pre- s’agit de faire respecter sans plus Aujourd’hui, l’Allemagne recon- toutefois un avantage du côté féminin, mière victoire. Elles pouvaient dé- tarder. Commençons avec le nourris- naît un troisième genre et les fémi- car seules les femmes peuvent mettre sormais choisir si, avec qui et quand son, le jardin d’enfants, les premières nistes s’en prennent à la virilité qui au monde des enfants, aussi bien des elles procréeraient. Selon Françoise classes primaires, les premières im- doit « dégager ». Le Monde et l’Il- filles que des garçons, à la grande stu- Héritier, la contraception est interve- pressions de la vie… il faut que l’école lustré, journaux en principe fort dis- péfaction des mâles préhistoriques qui nue exactement où s’est noué l’assu- y aille fort. semblables, collaborent à l’entreprise en conçurent de la jalousie. Comme jettissement féminin. d’éradication. Nous aurions conseillé à Mme Hé- ils mettaient les enfants dans le corps Dans le même numéro du Monde, ritier d’engager M. Clot comme jar- A l’occasion de l’affaire Weinstein, des femmes grâce à leur semence, ils nous apprenons que dans les couples dinier d’enfants. Il saurait mettre les M. Philippe Clot, membre de la rédac- voulurent s’approprier celui-ci pour égalitaires, les hommes et les femmes récalcitrants à l’ordre, à moins qu’il tion de l’Illustré, écrit en substance que que personne ne leur vole le trésor sont plus heureux et les enfants réus- ne pense, avec son humour délicat, la virilité sent mauvais, qu’il est urgent qui en sortait. Ils travaillèrent dès lors sissent mieux à l’école. Le féminisme qu’il faut enseigner aux jeunes filles de désigner publiquement et officielle- à affaiblir les femmes en se réservant permet de vivre de manière plus équi- des méthodes efficaces d’autodé- ment les harceleurs frustrés, que la paix les protéines, la viande et les graisses, librée et de se soustraire à l’injonction fense. Les mâles abrutis, même tout et la complicité entre les sexes sont une abandonnant à leurs compagnes fé- de la performance permanente, qu’elle jeunes, sont sensibles à ce langage. affaire de civilisation, qu’il faut donc culents et bouillies. Alors la taille des soit sociale ou sexuelle. inventer une nouvelle école de mâles qui hommes augmenta et celle des femmes Seulement, chez ceux qui hurlent Paix ? Complicité ? Bonheur ? rappelle à grands coups de pied dans les diminua. Les hommes se fortifièrent, « maltraitance ! » dès qu’un père irrité Equilibre ? Nous doutons de l’au- c… , s’il le faut, qu’il n’y a pas de séduc- la hiérarchie vit le jour. La différence gifle son gamin, le genre martial nous thenticité de ce tableau idyllique. tion sans respect. entre les sexes, qui passe encore au- inspire de la méfiance. Les représen- C’est plutôt à une guerre des sexes jourd’hui pour naturelle, n’était due tants des agneaux persécutés aiment Dans le Monde du samedi 4 no- que nous avons affaire, une guerre qu’à une machination virile. à se transformer en loups délateurs et vembre, Mme Françoise Héritier, qui doit nous faire revenir au fan- vengeurs. anthropologue récemment décédée, L’anthropologie préhistorique est tasme platonicien de l’androgynie nous explique comment nous débar- une belle science en vérité. Grâce à primitive, de l’unité originaire. Jacques Perrin

L’Etat de Vaud ou la chance

Frédéric-César de La Harpe (ou seph Marchand, son fidèle valet de les Grandes Duchesses à l’instiga- démène à Vienne, mais aussi Monod, Laharpe), né à Rolle, avocat, libéral, chambre jusqu’à Sainte-Hélène, ni tion de leur gouvernante bien aimée fin stratège et grand homme d’Etat détestant cordialement ses suzerains l’Aubonnois Boinot, le seul « qui ait Mlle Huc-Mazelot, de Tolochenaz, s’il en fut, et Capo d’Istria, diplomate bernois (qui le lui rendent bien), se été honnête ». Quoi qu’il en soit, il est sœur du médecin (une plaque a été hors pair, exécutant avec une habile- trouve quasiment condamné à l’exil extraordinaire que le Canton ait été récemment posée sur leur maison). té exceptionnelle le programme du et débarque en 1783 à Saint-Péters- apprécié et défendu par un empereur Alexandre Ier l’emporte avant la fin Tsar. A Genève il a son quai, à Ou- bourg. Par quel miracle, par quel jeu et un (futur) autre empereur, ennemis du Congrès, qui garantit le maintien chy, dans le parc boisé du Château, de relations se trouve-t-il aussitôt mortels ou quasiment. de l’indépendance du Canton (et de son buste discret, La Harpe a son île nommé précepteur du tsarevit- quatre autres), sans pour autant em- depuis 1844, année de sa mort. ch Alexandre et de son frère cadet Mais ce n’est pas tout : nous pêcher le passage des troupes alliées Pour nous Vaudois, cette période Constantin ? Leur père, le tsar Paul croyons pouvoir fêter sans ar- à travers notre pays, lors de la cam- dangereuse (nous avions encore bien Ier, est pratiquement inexistant (on rière-pensée tout d’abord le 24 jan- pagne de France. Il y a eu la grande des alliés napoléoniens) se termine sait plus ou moins comment il finira) vier 1798, départ en douce des baillis perturbation des Cent-Jours et il réellement le 8 juillet 1814 avec la et c’est la grand-mère, la redoutable à l’arrivée des troupes françaises ve- semble que les alliés étaient sûrs de décision formelle du Grand Conseil tsarine Catherine II qui, renseigne- nant libérer – ou plutôt occuper – le leur affaire, puisque le Congrès se bernois de renoncer à toutes préten- ments pris, a dû donner son accord à Canton, puis, après la signature de clôt le 9 juin, neuf jours avant Water- tions sur notre Canton. ce choix de première importance. l’Acte de Médiation, le 14 avril 1803, loo. Les alliés avaient-ils prévu que première séance du Grand Conseil. Blücher arriverait avant Grouchy ? La chance et encore la chance… Devenu tsar, Alexandre Ier reste Mais il y a l’aventure napoléonienne, mais nous n’avons pas obtenu la res- attaché à son précepteur et s’engage, Durant toute cette période, la le commencement de la fin avec la re- titution des tapisseries. dès le Congrès de Vienne, à garantir traite de Russie, puis Leipzig, puis… chance continue à nous poursuivre, contre toute atteinte l’indépendance le Congrès de Vienne ! avec non seulement La Harpe qui se Alexandre Bonnard et la neutralité vaudoises. C’est ici qu’il faut se plonger dans Donc première chance : si La le bel ouvrage Le Congrès de Vienne Harpe… mais renonçons au jeu des et le Canton de Vaud, no 144 de la « si », cette immense, infinie forêt Bibliothèque historique vaudoise, Juvenilia CXXXIII vierge où passe timidement le petit reproduisant, sous la direction d’Oli- ruisseau des faits. vier Meuwly, les vingt-quatre expo- L’épreuve écrite d’histoire porte Meurthe-et-Moselle. Encore faut-il Deuxième chance, qui n’a rien à sés du colloque organisé du 27 au sur l’analyse de lettres d’un soldat de choisir le bon, le seul possible. J’ac- voir avec la première : l’Acte de Mé- 29 novembre 2014, suggéré, croyons- la Première Guerre mondiale. Pour quiesce pour l’utilisation des moyens diation. Le Premier Consul, empe- nous savoir, par notre Chancelier et ce faire, les élèves ont à disposition actuels, me félicitant in petto d’être reur l’année suivante, invite aussi une organisé par M. Meuwly (environ leur manuel et toute la documenta- un prof si moderne. Incrédule, Thi- délégation bernoise à la Consulta, 400 pages, très riche iconographie). Il tion accumulée pendant les cours. baut insiste : « Vraiment, on peut mais pour la recevoir fort mal lors- est vrai que plusieurs de ces articles « Toute la documentation ? » s’as- utiliser toutes les sources d’informa- qu’elle vient « légitimement » (sou- traitent de sujets plus ou moins éloi- sure Léa, tandis que son voisin essaie tion ? » tient-elle) réclamer la restitution de gnés du fameux congrès, mais la lec- de pousser l’avantage en suggérant Quelques minutes plus tard, je sens sa « bonne cave ». « Le soleil se cou- ture de ceux qui sont « dans la cible » l’utilisation des portables. J’hésite vibrer mon téléphone. Je n’ai pas be- cherait plutôt à l’Est » aurait-il dé- nous rappelle que cette période a été car une question porte sur la locali- soin de l’ouvrir pour connaître l’ori- claré. Mais d’où venait sa tendresse « lourde de menaces » pour l’indé- sation du régiment de l’épistolier, à gine de l’appel : au fond de la classe pour ses « chers » Vaudois ? Ici il pendance du Canton. Il y avait d’un cerner approximativement grâce à un trois lascars renversés sur leur chaise faut consulter entre autres l’ouvrage côté Metternich, qui prônait la pleine faisceau d’indices contenus dans les se tordent les boyaux tandis que Thi- d’Alain-Jacques Tornare Les Vaudois restauration et par conséquent le re- lettres. Là est l’intérêt de la recherche. baut tente de se justifier entre deux de Napoléon aux éditions Cabedita. tour à Berne de notre « bonne cave ». Avec Google, c’est trop facile, il suffit hoquets : « Vous nous avez dit toutes Il est vrai que, lors de sa traversée Et de l’autre côté Alexandre Ier qui, d’aller sur le site de la commune de les sources, alors on appelle un his- du Canton pour engager sa cam- suivant les exhortations de La Harpe, Thil pour donner la réponse exacte. torien ! » pagne d’Italie, il avait été bien reçu. secondé par le général « russe » Jo- Sauf qu’il y a trois Thil en France : Mais il n’avait pas encore Louis-Jo- mini, ainsi que de ses propres sœurs en Haute-Garonne, dans l’Ain, en Jean-Blaise Rochat 4 La Nation N° 2086 22 décembre 2017 La Riponne est comme elle est

l est inutile de se donner trop de style florentin revisité dans le pom- rue du Tunnel sépare la Riponne – Il est rassurant de constater que les mal pour améliorer la place de peux ; le bâtiment où siège Unia dominée par cette chaussée – des bâ- urbanistes interrogés par 24 heures I la Riponne et d’y consacrer de dessiné à l’ancienne avec grand toit timents qui la longent, et l’accès au (édition du 11-12 novembre) n’ima- l’argent que la Ville n’a pas. Cette et arcades (qu’on ne retrouve nulle garage souterrain (qu’on ne va pas ginent pas de grands changements, place, en effet, ne sera jamais belle, part ailleurs dans le quartier) ; les supprimer !) élargit encore cette zone mais se bornent à plaider pour à cause des constructions qui l’envi- immeubles sans âme de l’ouest, au de transit; au nord, l’immeuble can- l’amélioration de la qualité du sol ronnent. milieu desquels la belle pierre de tonal est en retrait, derrière la terrasse (ne craignons pas un beau minéral !), la chapelle méthodiste campe un du restaurant et le passage commer- le maintien d’une intelligente multi- On lit ces temps-ci – la Munici- style néo-on-ne-sait-quoi ; au nord cial surélevé ; au levant, le palais de fonctionnalité, la préférence donnée palité voulant déployer de grands donc cette ample construction dans Rumine lui-même n’est pas en accès à des équipements mobiles. efforts, à grands frais, pour la mo- le bon goût rectangulaire de la se- direct depuis la place, mais au bout difier – que seul le Musée Arlaud La Riponne n’a jamais été une conde moitié du XXe siècle : rien ne d’une importante rampe d’escaliers

présente une certaine valeur archi- vraie place de ville. Dans le passé, va avec rien. et derrière des colonnades. Les^ belles tecturale. Ce n’est pas exact. Le bâ- c’était, aux confins de la cité d’en places que l’on connaît, en Italie timent cantonal sis au nord de la De plus, sur trois côtés, les bas, un champ de foire où les pay- bien sûr, à Prague ou à Budejovice, place est un bel édifice. Mais l’en- constructions sont éloignées de la sans venaient vendre le produit de à Bruxelles, à Paris place des Vos- semble souffre d’un hétéroclisme place elle-même, ce qui en brouille leur terre et de leur élevage, et où les ges ou place Vendôme, à Toulouse, irréparable : le Palais de Rumine en la compréhension : au couchant, la chevaux patientaient (ô la muette pa- à Thoune – et à la Palud ! – sont tience du cheval attendant son maître bordées de bâtiments de plain-pied attardé à la pinte !) jusqu’à l’heure du qui les délimitent nettement et leur retour. Le marché bihebdomadaire donnent leur signification citadine. Pour prolonger les 500 ans en perpétue savoureusement le sou- (On ne parle pas ici des places arbo- venir. L’erreur monumentale – c’est risées, devenant squares ou parcs ; il de la Réforme en musique le cas de dire – a été l’édification du n’en est pas question à la Riponne, Palais de Rumine, sur le plan urba- e seul vaste espace en pleine ville où Les manifestations liées au 500 tendons, entre autres, un Deutsches nistique plus qu’architectural. Tant l’on puisse organiser des manifesta- anniversaire de la Réforme n’ont évi- Magnificat de Schütz, une Deutsche de superbe sur le rendez-vous des tions d’envergure ; ce qui exclut aussi demment pas manqué d’y associer la Messe de C. Bernhard, comportant paysans ! On corrige rarement les er- l’idée de l’incliner, comme cela a été musique. Pour Luther, celle-ci tenait un Kyrie et un Gloria (les luthériens reurs du passé. Elles sont parfois un proposé, à l’image de la merveille de une place primordiale dans le culte ; ont conservé les différentes parties tremplin qui aide à rebondir ; ici, on Sienne). il fut lui-même musicien et on lui de l’ordinaire de la messe, à l’excep- ne voit guère comment. A quelques attribue la composition de certains tion du Credo), une Deutsche Passion retouches près, laissons la Riponne chorals, éléments emblématiques de nach Johannes de Joachim Burck, comme elle est, témoin bien mala- la musique luthérienne. C’est juste- où un groupe de chanteurs repré- droit de cette paysanne qui a fait ses ment le plus célèbre d’entre eux, Ein sente l’évangéliste et le second les humanités. feste Burg ist unser Gott (que les ré- colloquentes (autrement dit ceux qui formés francophones connaissent chantent les autres parties du texte), Jean-François Cavin dans sa version en français, C’est un tous se réunissant pour les chœurs rempart que notre Dieu) qui donne le d’entrée et de conclusion, ainsi que titre à un livre avec deux disques paru pour les turbae, soit les interventions à fin 2016 sous le label Ricercar et qui de la foule ; il pourrait s’agir là, écrit Eloge du glyphosate intéressera tous ceux qui voudraient Jérôme Lejeune, l’auteur de la subs- se plonger dans les débuts de la mu- tantielle notice, de « la plus ancienne sique réformée. passion luthérienne entièrement Le monde court un terrible dan- du glyphosate mais qui reste irrem- polyphonique ». Enfin, sous le titre ger ! Non pas à cause du terrorisme, plaçable lorsqu’il s’agit de faire peur Le premier disque est consacré Deutsches Requiem, sont regroupées du réchauffement climatique, du po- aux petits enfants) et enfin une poi- à l’année liturgique et présente des trois œuvres de Selle, Hammersch- pulisme, du harcèlement sexuel ou des gnée de gentils qui voudraient sauver œuvres chorales, entrecoupées de midt et Schütz, sur des textes que missiles nucléaires nord-coréens, mais le monde en interdisant le glyphosate pièces d’orgue, en lien avec les dif- mettra en musique, deux siècles plus parce que l’agriculture emploie depuis mais qui n’y parviennent pas car les férentes fêtes qui rythment l’année tard, un certain Johannes Brahms de nombreuses années un désherbant gouvernements, les administrations, (Avent, Noël, Nouvel An, etc.) et pour son célèbre Requiem allemand. appelé glyphosate ! les scientifiques et les agriculteurs e e écrites à la fin du XVI ou au XVII ont tous été soudoyés par Monsan- Créé il y a un peu plus de dix ans, Le glyphosate, c’est le truc qui fait siècle. C’est ainsi qu’on peut en- to-Méphisto-le-Malfaisant. tendre des compositeurs connus tels le jeune ensemble vocal belge Vox vraiment peur ! que Praetorius, Schein ou Scheidt, Luminis, sous la direction artistique La ménagère moyenne, qui n’a avec d’autres qui le sont moins, voire de Lionel Meunier, interprète ces aucune connaissance de la chimie et pas du tout, comme Scheidemann, œuvres avec une ferveur communi- qui n’ira même pas se renseigner sur Altenburg, Hammerschmidt, Sie- cative, leur ôtant ce qu’elles pour- LE COIN DU Wikipedia, suit ces événements avec fert, Strungk, Gesius ou Othmayr. raient avoir parfois d’austère ; une une boule dans la gorge et un terrible De ce corpus d’œuvres remarquables, nombreuse et riche iconographie sentiment d’injustice : ce sont tou- il convient de relever un somptueux agrémente cette publication de haute RONCHON jours les méchants qui triomphent… tenue. Veni Sancte Spiritus (pour la fête Il n’y a pas si longtemps, personne Heureusement, les lobbyistes de de la Pentecôte) avec trois chœurs Référence : Ein feste Burg ist unser n’avait jamais entendu parler de ce Pro Natura viennent de sauver un de Thomas Selle (1599-1663), d’une Gott, Luther and the music of the re- produit et tout le monde se portait petit bout du monde en interdisant, splendeur toute montéverdienne. formation. Vox Luminis, dir. Lionel assez bien. Mais une polémique a avec la complicité des juges fédé- Meunier ; Bart Jacobs, orgue. Ricer- été lancée après qu’un centre de re- Le second disque présente quant à raux, la construction d’une nou- car RIC 376. cherche sur le cancer a classé en lui des œuvres liées aux fondements velle ferme en Thurgovie ! Mais oui, 2015 le glyphosate comme « cancéro- de la liturgie luthérienne : nous y en- Frédéric Monnier vous avez bien lu : Pro Natura se gène », tandis que quasiment toutes les félicite d’avoir empêché la construc- agences sanitaires nationales et inter- tion d’une nouvelle ferme ! Salauds nationales mettaient en doute ce clas- d’agriculteurs… Programme des Entretiens du mercredi sement et considéraient comme très Nous n’avons aucune compétence peu probable que le glyphosate repré- pour nous prononcer avec autorité sur Les Entretiens du mercredi reprennent en janvier 2018. Le programme sente un danger pour l’être humain. oscille comme toujours entre sujets d’actualité et sujets plus théoriques, les effets du glyphosate, ni ne sommes avec des rendez-vous consacrés notamment à l’état des médias suisses, à Tous les éléments étaient ainsi ré- payé par Monsanto pour en faire la l’anthropologie maussienne ou encore à la théologie réformée. A mer- unis pour créer le storytelling média- promotion (encore que ça pourrait credi 10 janvier ! tico-écologiste de cette fin d’année, être sympa…). Mais lorsque nous avec des grands méchants (l’industrie constatons que les docteurs du Nou- Prochains rendez-vous : chimique), des petits méchants (les vel ordre moral veulent nous priver en 10 janvier 2018 : Le M.A.U.S.S., avec M. Lionel Hort. agriculteurs), des sournois (les scien- même temps de glyphosate et de foie tifiques corrompus par l’industrie gras, nous nous mettons à rêver d’une 17 janvier 2018 : La RTS : disruptions à tous les étages, chimique), un grand chef de tous les belle terrine de glyphosate avec de la avec M. Pascal Crittin. méchants (Monsanto-Méphisto – qui confiture de figues et un petit Sau- www.ligue-vaudoise.ch/mercredis n’a plus le monopole de la production ternes. Miam et joyeux Noël !