Diffusion Sur ARTE Vendredi 9 Novembre 2007 À 20.40 Le Pendu D’Après « the Third Person » De Henry James
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D’après « The third person » de Henry James Diffusion sur ARTE vendredi 9 novembre 2007 à 20.40 Le Pendu D’après « The third person » de Henry James UN FILM DE CLAIRE DEVERS Avec Dominique BLANC (Alma) Dominique REYMOND (Suzanne) Denis PODALYDES (Legoff) Eric RUF (Gustace Fremy) Synopsis Deux cousines, toutes deux célibataires et d’un certain âge, qui se connaissaient à peine, reçoivent en héritage le beau manoir ancestral. Contre toute attente, elles cohabitent sans trop de heurts malgré les petites manies accumulées au cours de leur vie solitaire. C’est alors qu’une nuit, un « homme » surgit. La vieille demeure a livré ce que l’on attendait d’elle : son fantôme ! Un fringant aïeul pendu au siècle dernier pour contrebande. Cet hôte étrange rend bientôt régulièrement visite à nos deux cousines. Les conflits affleurent et perturbent la bonne entente. Avec l’arrivée du printemps, la « vie à trois » prend peu à peu son rythme de croisière jusqu’au jour où nos deux cousines décident de recouvrer une certaine quiétude, perturbée depuis l’arrivée de cet envahissant visiteur. Mais comment se débarrasser de lui ? On ne se sépare pas d’un fantôme aussi facilement qu’on le ferait d’un vivant ! Les cousines Dominique BLANC est Alma Vive, expressive, elle a suivi des études de langues et s’est orientée vers le métier de traductrice pour diverses maisons d’édition plus ou moins prestigieuses mais où elle a pu étancher sa soif de littérature. Ses grands yeux noisette assez hardis et une certaine coquetterie vestimentaire bien à elle la rendent attractive. Cependant, ses jugements péremptoires et la vivacité de ses propos expliquent peut-être son célibat invétéré. Actu Elle sera prochainement à l’affiche de : Capitaine Achab, un film de Philippe Ramos aux côtés de Denis Lavant et Jean-François Stévenin, une coproduction ARTE, et l’Occupation de Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic. Elle tourne actuellement avec Amos Gitaï. Dominique REYMOND est Suzanne Suzanne a passé une grande partie de sa vie à l’étranger. Professeur de physique chimie, elle a enseigné dans des pensions suisses et italiennes. C’est une personne douce, craintive, qui peint à l’aquarelle et que le destin a condamnée à la monotonie. Avec son chapeau bien fixé sur la tête, ses solides chaussures, son imperméable fermé jusqu’au cou, elle apparaît comme une incarnation de la vieille fille. Elle conserve cependant la trace d’une personnalité originale et étrangement bizarre. Actu Au cinéma, Dominique Reymond était dernièrement à l’affiche de : Il était une fois… de Sandrine Veysset (2006) et Le dernier des fous de Laurent Achar (2006). Elle sera prochainement dans Les murs porteurs de Cyril Gelblat avec Charles Berling et Miou-Miou, et L’heure d’été d’Olivier Assayas avec Juliette Binoche. Après Une saison Sibelius de Mario Fanfani, une coproduction ARTE (2006), on l’a retrouvée à la télévision dans En marge des jours d’Emmanuel Finkiel avec Michèle Laroque (2007). Le film dégage une atmosphère étrange, légèrement Dominique Blanc décalée. Comment, dans votre travail de comédiennes, vous êtes-vous accordées à ce ton très particulier ? Dominique Blanc : Les personnages de la nouvelle, « filtrés » par Dominique Reymond l’adaptation de Claire Devers et Jean-Louis Benoît, sont devenus encore plus décalés qu’ils ne l’étaient à l’origine. Pour interpréter REGARDS CROISÉS le personnage d’Alma, je n’ai eu qu’à me fondre dans le texte qui contenait déjà cette atmosphère, cette vivacité et ce potentiel Dominique Blanc et Dominique Reymond sont comique. La complicité que nous avons avec Dominique, à la fois dans le travail et dans la vie, a fait le reste. Alma et Suzanne, les cousines farfelues du Pendu. Elles y forment un couple décalé, aussi ambigu Dominique Reymond : Oui, l’essentiel était dans le texte. Et pour que réjouissant. Les deux Dominique évoquent leur une comédienne qui vient du théâtre, ce qui est mon cas, ce type étrange rencontre avec le fantôme… d’écriture est un régal, un tremplin rêvé pour le jeu. Concernant l’atmosphère que dégage le film, « étrange » est vraiment le mot. Qu’est-ce qui vous a intéressées en premier lieu C’est l’impression que j’ai eue lorsque je l’ai vu pour la première dans le projet ? fois. Ce mélange d’intemporalité et d’actualité, ces personnages Dominique Blanc : La possibilité de jouer avec un fantôme ! Et datant d’une autre époque qu’on a glissés dans des costumes hormis cela, le texte, la qualité d’écriture du scénario de Claire d’aujourd’hui… Ce n’est que par la suite, en entendant les rires des Devers et Jean-Louis Benoît. Le fait qu’il soit adapté d’une nouvelle spectateurs lors d’une deuxième projection, que je me suis rendu d’Henry James n’y est évidemment pas étranger. L’histoire baignait compte que c’était aussi très drôle. dans une atmosphère très particulière, propre à la littérature, au Ce double portrait de femmes est plutôt atypique dans le théâtre et aux films anglo-saxons. Le texte était très écrit, et très paysage du cinéma français d’aujourd’hui… drôle. C’est cet humour qui m’a séduite, et l’humour est essentiel Dominique Reymond : Oui, c’est vrai. Mais plus qu’un double dans les histoires de fantômes… C’était aussi l’occasion de portrait, je dirais qu’il s’agit d’un quadruple portrait… Car chacune retravailler avec Claire Devers, avec qui j’avais déjà tourné dans La de ces deux femmes, lorsque le fantôme se révèle à elles, voit son voleuse de Saint-Lubin (1999). double apparaître. Suzanne a une face cachée, une réelle ambiguïté, Dominique Reymond : Je ne connaissais pas Claire Devers, et je crois que c’est aussi le cas du personnage que joue Dominique. mais c’était pour moi l’occasion de retravailler avec Dominique Et cela, c’était quelque chose de passionnant à jouer. Blanc, avec qui j’avais déjà joué deux fois, et avec qui l’entente est Dominique Blanc : L’originalité du film tient en grande partie particulièrement bonne. C’est elle qui a parlé de moi à Claire Devers dans ses personnages qui viennent d’une autre tradition littéraire pour le rôle de Suzanne. J’étais contente de recréer ce tandem sur et cinématographique. Leur origine anglo-saxonne leur donne le mode de la comédie, qui est un registre dans lequel je n’avais un souffle qu’on ne retrouve pas toujours dans les personnages pas joué depuis longtemps et vers lequel je me tourne davantage du cinéma français… Et c’était un véritable plaisir d’explorer ces dernièrement. deux personnages de femmes qui ont effectivement une dimension originale et peu commune. Propos de Claire Devers réalisatrice Le fantôme L’adaptation Le pendu est l’histoire d’un huis clos entre deux solitudes que tout Avec Jean Louis Benoît, nous devions résoudre deux problèmes. oppose et qui doivent cependant réussir à se tolérer pour vivre ensemble. D’une part, le fantôme apparaît souvent à Suzanne, et rarement à Alma : Cela semble impossible. Mais l’une, Suzanne, « invente » un tiers, sous il y avait donc le risque d’un déséquilibre visuel entre les deux cousines. les traits d’un homme ! Quand elle le raconte à sa cousine Alma, celle-ci Il fallait trouver une astuce de mise en scène pour faire exister le fantôme y croit. Elle y croit tellement qu’elle l’invente à son tour. Le pendu avant d’Alma, et nous avons donc eu l’idée de le faire apparaître tout le temps d’être une histoire de fantôme, est l’histoire d’un fantasme partagé. à son insu dans son dos, comme s’il était, lui-même, en quête d’elle. Contrairement à ce qui se passe avec Suzanne, ils sont rarement dans Mais s’il ne fait qu’un, le fantôme Gustave, sera différent selon la une frontalité. cousine. Pour Suzanne : il est un homme qui souffre, incarnation du remord et L’autre écueil concernait l’objet de contrebande. de la culpabilité, qui demande réparation pour ses crimes afin d’être en Dans la nouvelle, Alma « passe » un livre interdit, un Tauchnitz du nom paix et disparaître à tout jamais. On pense à la plupart des histoires de de l’éditeur allemand qui le premier en Europe, en 1841, édita à grands fantômes. tirages le tout premier livre de poche. C’était essentiellement des livres Pour Alma : il est tout autre. C’est une des originalités de cette nouvelle d’auteurs anglais, et l’Angleterre déjà protectionniste, en interdisait d’Henry james. Pour la première fois, un fantôme ne vient pas demander l’import pour protéger ses propres éditions. le repos et donc son oubli éternel. Mais au contraire que quelque chose Le trafic de la connaissance est noble. Il fallait trouver une analogie avec se perpétue, perdure et renaisse indéfiniment : l’esprit espiègle et notre époque. Mais aujourd’hui aucun « objet »de contrebande ne peut romanesque de la Rébellion et de l’Utopie. Il est un ancêtre qui vient avoir la même valeur. Tout ce qui est illicite est souvent mortifère. réveiller et provoquer les dernières descendantes et leur en demander C’est là que nous est venue l’idée de relier cette histoire à la fermeture de une preuve. Sangatte. L’un des trafics les plus importants, de nos jours, dans cette région de la Manche, est le passage des clandestins. La demeure ancestrale Avec Jean Louis Benoît, nous avons imaginé un groupe d’hommes d’Asie Centrale ou d’Europe Orientale, errants et en transit, échoués sur Elle est le réel enjeu.