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LE MONDE ÉCONOMIE Un problème européen ? INVESTISSEMENT JAPON a Les mystères TOTAL ÉTATS- de l’investissement UNIS (pages 15 à 19) EUROPE

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16419 – 7,50 F MARDI 11 NOVEMBRE 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

a L’hiver Saddam Hussein prépare l’Irak Mobilisation en des sans-abri Les structures d’accueil actuelles et la multiplication des SAMU sociaux en à un affrontement avec l’ONU pour le peuple algérien province permettent de prendre en charge correctement les exclus durant Les Américains ont repris leurs vols de surveillance Interrogations sur l’origine des attentats de l’hiver. p. 8 L’IRAK n’ayant pas donné le A L’APPEL de syndicats, d’asso- dans lequel elle déclare notam- moindre signe de fléchissement ciations et d’un groupe d’artistes, ment : « A l’heure où un peuple tout a quant à son refus de coopérer avec de nombreuses manifestations de entier, le peuple algérien, ne sait Les évêques les inspecteurs américains de la solidarité avec la population algé- plus à qui faire confiance, ne sait Commission chargée de son désar- rienne devaient avoir lieu, lundi plus où trouver refuge, c’est à nous et l’immigration mement (Unscom), la réaction du 10 novembre, dans plusieurs d’être là. La solidarité mondiale, Après une semaine de débats, l’assem- Conseil de sécurité de l’ONU devait grandes villes de France. Les orga- c’est de regarder les Algériens et les blée plénière de Lourdes souhaite un être « ferme et sans ambiguïté », ainsi nisateurs de ce mouvement – « Un Algériennes comme nos frères et changement d’orientation fort de la que l’a réclamé le président améri- jour pour l’Algérie » – assurent sœurs. » politique d’immigration et lance un ap- cain, Bill Clinton. Le Conseil devait qu’il s’agira de la plus importante Cette journée de manifestations se réunir lundi 10 novembre. En at- mobilisation en France depuis le a lieu alors que deux Algériens se pel à « vivre ensemble ». p. 9 tendant, le président irakien, Sad- début des affrontements en Algé- présentant comme des officiers dam Hussein, a préparé son pays au rie qui ont fait des dizaines de mil- supérieurs des services de sécurité pire, affirmant que les promesses qui liers de morts. se sont confiés à la presse, l’un au a Le congrès de Brest lui avaient été faites n’ont pas été te- « Depuis maintenant près de cinq Monde, l’autre à l’hebdomadaire nues. Dans un entretien au Monde, années, l’Algérie vit une innom- britannique The Observer, pour im- La Gauche socialiste, qui présente une le chef de l’Unscom, Richard Butler, mable tragédie » et « la commu- pliquer Alger dans au moins deux motion au congrès du PS, devrait faire affirme que les experts ont fait des nauté internationale est restée des attentats perpétrés dans le un score autour de 10 %. p. 6 « progrès substantiels » et que c’est inerte devant les massacres », métro parisien au cours de l’été surtout dans le domaine des armes écrivent les organisateurs. Ils in- 1995. Dans un communiqué, le mi- biologiques que l’Irak demeure sus- diquent avoir le soutien de nom- nistère français de l’intérieur dé- pect. Il indique aussi avoir obtenu la breux artistes (Khaled, Isabelle clare que les affirmations de The a Un entretien garantie que l’embargo imposé à Adjani, Gérard Depardieu, Charles Observer « appellent les plus Bagdad sera levé une fois que l’Irak Aznavour, Guy Bedos, MC Solaar, grandes réserves ». Le communi- avec Adam Michnik aura été désarmé. Miou Miou, Bertrand Tavernier) et qué rappelle que la plupart des au- A Paris, le vice-premier ministre d’intellectuels (Mohamed Dib, teurs des attentats ont été arrêtés. irakien, Tarek Aziz, a été reçu, lundi, Benjamin Stora, Alain Touraine, par Hubert Védrine qui lui a rappelé Jacques Attali, Tahar Ben Jelloun). Lire page 3 « le caractère inacceptable des me- A Paris, une retraite aux flam- Retour sur un massacre page 10 sures prises par l’Irak ». beaux devait partir de la gare de Le point de vue l’Est pour gagner La Villette. Là, d’Alain Joxe page 12 Lire page 2 Isabelle Adjani devait lire un texte Notre éditorial page 14

Le directeur du principal quotidien Les anciens nouveaux riches de Bangkok bradent leurs limousines La grande forme polonais, Gazeta, ancien dirigeant du BANGKOK construites ne connaissent plus leurs embou- pour continuer à payer les études de leurs en- mouvement syndical Solidarnosc, de notre correspondant teillages traditionnels de poids lourds. En fants à l’étranger. Mais plus de sept cents éco- du rugby français prône la réconciliation entre la droite L’adresse est précieuse : Sukhumvit Soi 55, quelques mois, la crise a réglé des problèmes liers thaïlandais en Grande-Bretagne ont dé- et les post-communistes pour solidifier à Bangkok. Derrière la façade d’un ancien de circulation que l’on croyait insolubles. posé leurs candidatures auprès d’écoles a À L’AUNE européenne, les la démocratie en Pologne. p. 11 centre d’exposition d’un concessionnaire de la Les anciens nouveaux riches, comme on les internationales installées en Thaïlande, ce qui rugbymen français sont en marque Mercedes-Benz se tient désormais le appelle aujourd’hui, ne sont pas les plus à est nettement moins onéreux. pleine forme : trois clubs, Brive, « marché pour les anciens riches ». C’est l’en- plaindre. Certains ne font qu’entamer leurs Des chasseurs internationaux de bonnes af- et Pau, se sont qualifiés, droit où, à cours d’argent liquide, des riches bas de laine. Les grues à l’arrêt signalent des faires commencent à prospecter les banques, samedi 8 et dimanche 9 novembre, a La finance belge bradent, le week-end, une partie de leurs col- chantiers suspendus un peu partout, et le pré- hôtels, sociétés financières, télécommunica- pour les demi-finales de la Coupe lections de limousines, de vins rares, de sident de la Confédération nationale des em- tions. La Thaïlande, seul pays de la région qui d’Europe, en éliminant respective- en ébullition montres, de bijoux ou de pierres précieuses. ployeurs du commerce et de l’industrie estime n’a jamais été colonisé, s’y fait mal. Sans se ré- ment les Wasps, les Harlequins et On y a même exposé un petit avion monomo- à trois cent mille, d’ici à la fin de l’année, le volter, les Thaïlandais veulent tenir le coup Leicester. Le dernier club anglais en Le groupe financier néerlandais ING teur de cinq places, qui, après une centaine nombre des employés supplémentaires qui se- jusqu’à ce que leur économie se redresse. Il lice, Bath, aura donc du mal à em- s’apprêterait à prendre le contrôle de d’heures de vol seulement, a été revendu à ront mis au chômage. Trois constructeurs au- leur faudra, pensent-ils, deux ou trois ans. pêcher le trophée de rester en la Banque Bruxelles Lambert. 20 moitié prix. tomobiles, Nissan, Isuzu et Toyota, ont ainsi Leur traditionnel sourire cache mal un soup- France, pour la troisième année La fête est terminée pour certains nouveaux provisoirement arrêté leur production, ce qui çon d’angoisse. Au « marché des anciens consécutive. Les perspectives sont riches thaïlandais avec l’effondrement du affecte également des dizaines de milliers de riches », un homme d’affaires jeune déclare plus rudes pour la sélection natio- a baht, la monnaie nationale, qui a perdu 40 % personnes salariées par des sous-traitants. Les qu’il ne se séparera pas des trois symboles de nale de Jean-Claude Skrela, qui va Mouvement de sa valeur par rapport au dollar, et la menace ventes de voitures ont chuté de 38 % dès le son statut social : Mercedes, Rolex et télé- disputer deux test-matchs contre d’une récession. En dépit de la rentrée des mois d’août. phone portable. Sa crédibilité, dit-il, est les Springboks sud-africains, à Lyon préfectoral classes, cauchemar annuel des automobilistes, Alors que les anciens riches lorgnent sur des en jeu. puis à Paris, les 15 et 22 novembre. Le conseil des ministres a procédé à on circule mieux à Bangkok. En dehors de la limousines d’occasion qu’ils n’auraient jamais plusieurs nominations, dont celle de capitale, les autoroutes fraîchement pu s’offrir neuves, des parents sacrifient tout Jean-Claude Pomonti Lire page 24 Jean Dussourd comme directeur de la sécurité civile et de la défense, ces deux directions du ministère de l’inté- Le Festival rieur devant fusionner. p. 7 Generali contre AGF, l’OPA qui oblige à réfléchir FAUT-IL tresser des lauriers à un groupe étranger. Les plus brutales mais salutaires réalités. Et que 40 % du capital des entreprises des Inrock a François Pinault ou le maudire ? En conservateurs voueront peut-être entraîné une nécessaire réflexion. françaises, il s’agit de participa- Cinéma, lançant, le 19 septembre, une offre l’ami de Jacques Chirac aux gémo- La mondialisation, la globalisation, tions émiettées, qui n’atteignent publique d’achat sur Worms et Cie, nies. Ils auront tort. Le geste initial jusqu’à présent c’était pour les jamais, individuellement, la mino- l’enjeu chinois l’industriel français a enclenché un de M. Pinault qui, de contre-OPA marchés, les flux de capitaux qui rité de blocage et ne modifient pas Pékin a décidé de sanctionner les stu- mécanisme qui risque fort d’abou- en surenchère, a provoqué le raid traversent la planète à la vitesse de les centres de décision. Elles dios (Sony, Disney, MGM) produisant tir au transfert du contrôle de l’un de l’assureur Generali sur les AGF a la lumière pour aller se porter là où poussent au contraire, sous l’in- des films pro-tibétains, alors que des plus importants investisseurs projeté toute la communauté fi- ils seront le mieux rémunérés. Et si fluence des fonds anglo-saxons, à institutionnels français, les AGF, à nancière et politique devant de les non-résidents détiennent quel- la mise en place du gouvernement Hollywood s’apprête à conquérir l’im- d’entreprise et à l’abandon de pra- mense marché cinématographique tiques monarchiques. chinois. p. 27 L’opération-éclair lancée par Generali brise un tabou. Personne n’avait jusqu’à présent osé lancer LAUREN HOFFMAN a une opération, étrangère, hostile, L’habitat « bio » sur la totalité du capital d’un IL NE FAUT PAS se laisser abu- Le 23e Salon Marjolaine, au Parc floral groupe financier. La manière peut ser par la silhouette fragile de Lau- de Paris, met l’accent sur une vision choquer. Elle n’est pas surpre- ren Hoffman. Cette chanteuse et « naturelle » de la maison. p. 23 nante. Antoine Bernheim, patron guitariste américaine a le don des de Generali, est français et associé- contrastes, alternant murmures gérant de la banque d’affaires La- sensuels et blues rageur. Elle a été zard. Nul mieux que lui ne connaît l’une des révélations du dixième a Vin en stock les faiblesses du capitalisme fran- Festival des Inrockuptibles qui a çais, au lendemain de l’éclatement confirmé la fraîcheur du rock Comment conserver ses bonnes bou- des participations croisées et des scandinave et apporté son lot de teilles lorsque l’on ne possède pas une noyaux durs qui protégeaient les découvertes, comme celle de vraie cave. p. 26 entreprises de toute attaque. Plus Mogwai, quatre Ecossais élec- cocasse : il a concocté son affaire triques. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, avec son principal actionnaire, la 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; banque d’affaires italienne Medio- Lire page 29 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, banca, dont le fondateur, Enrico 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, Cuccia, a passé sa vie à défendre International ...... 2 Aujourd’hui...... 23 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; l’idée de groupes nationaux forts Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 6 Jeux ...... 26 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. mais n’a visiblement pas la même Société ...... 8 Météorologie...... 26 philosophie lorsqu’il s’agit des Horizons ...... 10 Culture...... 27 pays voisins. Entreprises ...... 20 Guide...... 29 Annonces classées.... 21 Abonnements...... 30 Babette Stern Communication ...... 21 Kiosque...... 30 Carnet ...... 22 Radio-Télévision ...... 31 Lire la suite page 14 LeMonde Job: WMQ1111--0002-0 WAS LMQ1111-2 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:33 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 21Fap:99 No:0217 Lcp: 196 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997

PROCHE-ORIENT Le président (la Commission de l’ONU chargée de CLINTON, à quelques heures d’une ambiguïté » à l’égard de l’Irak. l’Irak aura été désarmé, les sanctions irakien, Saddam Hussein, a laissé désarmer l’Irak) pourrait tourner au réunion du Conseil de sécurité sur la b RICHARD BUTLER, le chef de l’Uns- de l’ONU seront levées. b LA TUR- entendre, dimanche 9 novembre, que pire, estimant que le peuple irakien nouvelle crise avec Bagdad, a estimé com, souligne la nécessité d’être QUIE met à profit la crise pour conti- la crise entre l’Irak et l’ONU à propos avait désormais le choix entre que les Nations unies doivent adop- intraitable sur cette question et nuer ses opérations militaires dans le des experts américains de l’Unscom « l’esclavage et le sacrifice ». b BILL ter une « action très ferme et sans affirme avoir la garantie que lorsque Kurdistan irakien. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’achemine vers une riposte très ferme à l’Irak Tandis que le vice-président irakien, Tarek Aziz, était attendu lundi 10 novembre aux Nations unies, après une escale technique à Paris, le président Saddam Hussein, qualifiant l’attitude de son pays de « défensive », prépare la population au pire

LA CRISE entre l’Irak et l’ONU face ». Les autorités irakiennes, ment ». M. Hussein, dont les pro- « promesses » il faisait allusion, ni et n’en mentionne aucune », a du nombre des experts américains s’est exacerbée, lundi 10 no- pour qui l’U 2 fait de l’espionnage pos ont été rapportés par l’agence par qui elles avaient été faites. ajouté M. Clinton.Traitant le pré- au sein de la Commission de vembre, à quelques heures d’une pour le compte des Etats-Unis et irakienne INA, après une réunion Les Etats-Unis sont demeurés sident irakien de « menteur congé- l’ONU chargée du désarmement réunion du Conseil de sécurité qui non de la surveillance pour l’ONU, du Conseil de commandement de fermes face à l’Irak. « J’attends des nital », le secrétaire d’Etat, Made- de l’Irak (Unscom). doit examiner la riposte à apporter avaient menacé de l’abattre dès la la révolution, a affirmé que la déci- Nations unies qu’elles décident une leine Albright, a affirmé de son En route pour New York, où il au refus de Bagdad de coopérer reprise des vols, suspendus la sion de rompre avec les experts action ferme et sans ambiguité pour côté que l’Irak commettrait « une souhaiterait prendre la parole avec les experts américains en semaine dernière, lors de la visite américains était « défensive et non qu’il soit parfaitement clair qu’il [le très grave erreur, qui aurait des devant le Conseil de sécurité, le désarmement de l’ONU. Un avion en Irak des émissaires du secré- une attaque contre l’Amérique ». président irakien] doit se confor- conséquences », s’il essayait vice-premier ministre irakien, espion américain U 2 a survolé, taire général de l’ONU, Kofi mer » aux résolutions du Conseil d’abattre l’U 2. Selon elle, les Tarek Aziz, a fait une escale tech- lundi, aux premières heures de la Annan (Le Monde daté 9-10 no- « SITUATION DÉSESPÉRÉE » de sécurité sur le désarmement, a Etats-Unis n’écartent aucune nique à Paris, dans la nuit de journée, le territoire irakien, «en vembre). « Nous avons fait des sacrifices déclaré, dimanche, le président Bill option, pas même contre M. Hus- dimanche à lundi. Il est notam- provenance du sud », c’est-à-dire Dimanche, le président irakien, pour ensuite découvrir que les pro- Clinton. « Je ne veux rien retenir ni sein. « Aucun d’entre nous n’a dit ment accompagné du principal de l’Arabie saoudite selon Bagdad. Saddam Hussein, avait estimé que messes qui nous ont été faites ont exclure », a ajouté M. Clinton à que nous le voulions mort ou vif. interlocuteur de l’Unscom à Bag- L’appareil était toutefois, selon son pays était dans une situation été emportées par le vent, alors que propos des options possibles face Nous voulons qu’il respecte les réso- dad, le général Houssam Moha- la radio irakienne, hors de portée où il doit choisir « entre le sacrifice la situation désespérée des Irakiens à Bagdad. « A un moment comme lutions du Conseil de sécurité », a mad Amine, et du ministre du de la défense anti-aérienne et l’esclavage », entre « une vie demeurait inchangée », a ajouté celui-ci, il est très important que le ajouté Mme Albright, qui a rejeté la pétrole, le général Amer Rachid. laquelle « se tient prête à faire digne et honorable et l’affronte- M. Hussein, sans préciser à quelles président conserve toutes ses options demande irakienne de réduction – (AFP, Reuter.) Richard Butler, chef de l’Unscom, Commission de l’ONU chargée de désarmer l’Irak « Les Américains m’ont assuré que le feu vert de la Commission de l’ONU suffirait à lever l’embargo » NEW YORK – Quel type d’armement même noter que nous avons un ment a duré beaucoup trop long- – Où en est le désarmement de de vivre normalement. J’ai appris (Nations unies) veulent-ils garder ? système de contrôle à long terme temps. Mais il n’y a qu’une seule l’Irak aujourd’hui ? que dans la culture politique ira- de notre correspondante – Leur premier choix est l’arme qui continuera, même après le raison à cela : l’Irak a, depuis le pre- – Nous avons fait des progrès kienne, il est normal de personnali- « Comment analysez-vous biologique. Il y a quelques années, départ de l’Unscom, à veiller sur mier jour, refusé de dire la vérité à substantiels. Hormis le volet bio- ser des arguments, ce n’est pas cette nouvelle crise avec l’Irak ? leur but était de garder des pro- l’industrie d’armement de l’Irak. l’Unscom. En créant la commission logique, on peut presque se fier au dans ma culture. (...) Il est quand – Il existe une contradiction fon- grammes nucléaires, mais ils ont – Il sera donc impossible pour spéciale, en avril 1991, le Conseil de système de surveillance à long même extraordinaire que dans damentale dans la politique ira- été presque entièrement détruits. l’Irak de recréer des programmes sécurité a demandé à Bagdad de terme. leurs lettres au Conseil de sécurité, kienne. L’objectif de Bagdad est la Cela dit, sans le système de surveil- d’armement ? dire toute la vérité en quinze jours. – Paris et Moscou estiment que les Irakiens nomment certains ins- levée des sanctions économiques, lance à long terme de l’ONU, – Rien n’est absolu dans le Presque sept ans plus tard, les les dossiers de l’Unscom pecteurs qui ne leur plaisent pas. mais les responsables irakiens il est concevable que Bagdad domaine du désarmement, mais il experts disent à l’unanimité que les devraient être conclus un par un. – On a dit, par exemple, que veulent, en même temps, garder puisse poursuivre ses ambitions [leur] sera beaucoup plus difficile informations fournies par Bagdad, Pourriez-vous, par exemple, fer- vous étiez la première personne leurs armes de destruction massive, nucléaires. de relancer des programmes surtout sur les armes biologiques, mer le dossier sur les missiles à avoir employé l’expression et cela est impossible. Avec cette – En refusant de coopérer avec d’armement de destruction mas- ne sont pas absolument crédibles. balistiques ? « violation flagrante », qui signifie crise, l’Irak entend changer le statu l’Unscom, l’Irak a déjà perdu plus sive sans être détectés. Que voulez-vous que l’on fasse, – Oui : je le dis dans mon dernier la nécessité de recourir à la quo de ses relations avec l’ONU ou de 100 milliards de dollars (près – Selon votre prédécesseur, que l’on oublie qu’il existe toujours rapport, ce qui reste à faire sur ce force ? se débarrasser complètement des de 600 milliards de francs) de Rolf Ekeus, Badgad se considère en Irak des armes horribles, dossier est négligeable. Je dis que – Pour moi, cette phrase ne vou- inspecteurs de l’Unscom [Commis- revenus pétroliers, n’aurait-il pas comme « le gardien du Golfe per- capables de tuer des millions de ce dossier est clos. Mais, évidem- lait pas nécessairement dire le sion des Nations unies chargée du pu reconstruire son arsenal après sique » contre l’ennemi iranien, personnes ? ment, l’embargo ne peut pas être recours à la force. désarmement de l’Irak]. Mais, à la levée de l’embargo pétrolier ? et c’est pour cela qu’il refuse – Ils sont aussi persuadés que levé avant que tous les dossiers – Pensez-vous qu’une action mon avis, nos inspecteurs étaient – C’est la question que tout le d’être désarmé. Est-ce aussi votre la décision politique de ne jamais soient fermés. militaire est désormais néces- sur le point de trouver du matériel monde se pose. Mais, comme vous analyse ? lever les sanctions aussi long- – Sans missiles, l’Irak peut-il saire pour obliger l’Irak à revenir que les Irakiens veulent à tout prix le voyez, ils sont prêts à perdre ces – Il est vrai que Bagdad est très temps que Saddam Hussein sera encore se servir de ses armes bio- sur sa décision ? cacher. Ils ont donc décidé de nous milliards de dollars pour garder conscient des menaces réelles ou au pouvoir a déjà été prise à logiques ? – Evidemment non, je ne veux en empêcher. certaines armes. Il faut tout de imaginaires de la part de Téhéran, Washington. – Bien sûr, ces armes n’ont pas pas voir une action militaire. et c’est en effet en ces termes que – L’argument de Bagdad ses dirigeants justifient leur semble être : puisque les sanc- comportement. Personne n’a Des inspecteurs « agressifs », selon Bagdad tions ne seront de toute façon jamais nié à l’Irak le droit de se pas levées, autant se débarrasser défendre – ce droit lui est garanti S’il est vrai que les programmes d’armement et le savoir-faire de des inspections intrusives de par la charte de l’ONU –, mais pas l’Irak en la matière justifient une vigilance ininterrompue, ils ne l’ONU. Craignez-vous que l’Irak avec des armes de destruction mas- peuvent expliquer la manière dont se comportent les inspecteurs de décide de rompre toute relation sive. Ces armes font peur à juste la Commission de l’ONU chargée du désarmement de l’Irak (Uns- avec l’Unscom ? titre aux pays de la région qui com), a indiqué au Monde une source diplomatique à Bagdad. Ces – Je ne crois pas que cela puisse veulent, eux aussi, en avoir. inspections ont été décrites, par la même source, comme étant arriver. – En dépit de sept ans de désar- « parfois fortement intrusives » et le langage des inspecteurs, « très – Mais si la force est utilisée mement, l’Irak est donc toujours agressif » et « dédaigneux » vis-à-vis des Irakiens. On reproche de contre l’Irak, la première chose capable de se défendre en cas même source à Richard Butler, le chef de l’Unscom, de multiplier les que Bagdad ferait serait de vous d’agression ? déclarations intempestives – notamment à l’occasion de la crise jeter dehors. – A mon avis, oui, mais si vous actuelle entre l’Irak et l’ONU –, qui ne font qu’aggraver la tension. – Je ne crois pas que la force sera posez la même question aux Ira- Son prédécesseur, Rolf Ekeus, selon la même source, a su davantage utilisée. kiens, ils vous diront le contraire. résister aux pressions tant de Washington que de Bagdad. – Les Américains subissent une Pour eux, le fait de posséder ou énorme pression de leur opinion d’être perçus comme étant en pos- publique pour régler le problème session d’armes biologiques ou – Si c’était le cas, je n’aurais besoin de missiles sophistiqués. Il par la force. chimiques est une garantie contre jamais accepté ce travail. Avant suffit que le vent souffle dans la – Peut-être, mais je constate que toute agression. d’accepter ce poste, je suis allé à bonne direction pour que des mil- l’administration fait tout pour – Les responsables irakiens ont Washington, Paris, Moscou et lions de gens soient affectés. prendre une décision qui soit à une série de griefs contre l’Uns- Londres pour, justement, poser – On dit que vous êtes publi- l’abri de toute réaction émotive. com, y a-t-il du vrai dans ce qu’ils cette question. Puisque vous me quement trop agressif ? – Mais si vous êtes chassé du vous reprochent ? parlez de Washington, je vais vous – C’est l’Irak qui a violé les règles pays... – Ils disent que l’ONU est utilisée dire que les Américains m’ont en disant que les Américains ne – C’est hautement hypothétique. par les Américains, que nous assuré que le feu vert de l’Unscom peuvent plus participer à l’Unscom. La seule chose qui m’inquiète est la sommes l’instrument de Washing- sur le désarmement de l’Irak suffi- Que suis-je censé dire ? (...) Je n’ai perte de temps. » ton, cela est complètement rait pour que l’embargo soit levé. Je rien contre l’Irak, je veux finir mon infondé. C’est faux. Il est toutefois répète que, sans cette garantie, je travail, voir la levée de l’embargo et Propos recueillis par vrai que ce processus de désarme- n’aurais jamais accepté ce poste. permettre à la population irakienne Afsané Bassir Pour L’armée turque mène ses opérations dans le Kurdistan irakien TANDIS que l’attention est lançait une offensive contre ses tion contre le PKK, à la demande de « député » (UPK) du « Parlement » entièrement focalisée sur la crise frères ennemis de l’UPK. Si l’on en M. Barzani, ne se sont toujours pas kurde irakien – élu en 1992 et qui a entre Bagdad et le Conseil de croit les communiqués publiés par repliées. Samedi, Ankara a justifié volé en éclats en 1994 après la sécurité de l’ONU, l’armée turque l’une et l’autre formation, les vic- son « opération limitée » dans le résurgence du conflit armé entre mène ses propres « opérations » times se comptent désormais par Kurdistan irakien par le fait que la l’UPK et le PDK –, la Turquie est en dans le nord de l’Irak et semble dizaines – 67 combattants de l’UPK collaboration entre l’UPK et le PKK train de tester les réactions arabes prendre une part active aux selon le PDK et 30 partisans de a « permis au PKK de s’emparer de et occidentales à la présence de ses combats qui opposent, depuis le M. Barzani, selon la formation plusieurs zones sur la ligne de cessez- troupes dans le nord de l’Irak. 13 octobre, dans cette région, les rivale, pour la seule journée du le-feu » avec le PDK. Son objectif est, estime-t-il, de deux principales formations kurdes samedi. créer dans cette région, une fois les irakiennes, l’Union patriotique du En réalité, affirment des respon- TESTER LES RÉACTIONS rigueurs de l’hiver passées, et avec Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani sables de l’UPK, les bombarde- Parler d’une opération limitée est la collaboration du PDK, une et le Parti démocratique du Kurdis- ments des positions de cette for- « absolument faux », affirme un « zone de sécurité » semblable à tan (PDK) de Massoud Barzani. mation par l’artillerie et l’aviation communiqué rendu public par la celle qu’Israël a délimitée au Liban Ankara a annoncé, samedi turques n’ont pas cessé depuis des représentation de l’UPK à Paris. sud. Le quotidien turc Zaman 8 novembre, une « opération limi- semaines. Fin octobre, l’UPK a « C’est un prétexte visant à justifier croyait savoir, fin octobre, qu’une tée » contre les positions du Parti même affirmé que des bombes au une opération militaire massive et trentaine de milliers d’hommes des travailleurs du Kurdistan (PKK, napalm ont été utilisées, ce l’incursion la plus profonde de passeraient l’hiver dans une telle marxiste-léniniste) de Turquie, qu’Ankara a démenti. Un respon- l’armée turque dans le Kurdistan ira- zone. Le vice-premier ministre dans les zones de la ligne de cessez- sable de l’ONU dans le nord de kien », précise l’UPK. « C’est une turc, Bülent Ecevit, avait, dès le le-feu entre les deux formations l’Irak avait toutefois confirmé la opération menée conjointement début du mois d’octobre, réclamé kurdes irakiennes rivales. Il a participation de l’aviation turque avec la milice de Barzani contre l’« installation » de troupes turques accusé l’UPK de « collaborer avec le au conflit entre Kurdes irakiens. l’UPK et non pas contre le PKK, dans le Kurdistan irakien « jusqu’à PKK », ce que le parti de M. Tala- Ce qui est sûr, c’est que les comme l’a affirmé un porte-parole ce que l’Irak recouvre son intégrité ». bani a toujours démenti. Peu aupa- troupes d’Ankara, qui ont lancé le turc », ajoute-t-il. ravant, le PDK avait annoncé qu’il 23 septembre une nouvelle opéra- D’après Ahmad Bamarni, ancien Mouna Naïm LeMonde Job: WMQ1111--0003-0 WAS LMQ1111-3 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0218 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 3 L’hommage à Itzhak Rabin Des « fuites » impliquent Alger dans les attentats de Paris Selon des récits d’Algériens se présentant comme responsables des services spéciaux, recueillis par « The Observer » a rassemblé et par « Le Monde », l’objectif aurait été de monter l’opinion française contre les islamistes Les services secrets algériens sont-ils res- l’été ? L’hebdomadaire britannique The Ob- appeler « Joseph », le responsable algérien mistes. Ces propos sont confirmés par les la gauche ponsables des attentats commis en France server l’affirme dans son édition du 9 no- cité par l’Observer affirme que le meurtre de déclarations confiées au Monde par un res- au cours de l’été 1995 ? Faut-il leur imputer vembre, en s’appuyant sur les confidences plusieurs Européens en Algérie, contraire- ponsable présumé de la direction du rensei- les massacres de plusieurs centaines de civils d’un homme présenté comme un ancien res- ment à la thèse officielle, est l’œuvre des gnement et de la sécurité algérienne. (Lire israélienne perpétrés aux portes d’Alger à la fin de ponsable de la sécurité militaire. Se faisant services secrets algériens et non d’isla- aussi notre éditorial page 14.) JÉRUSALEM LE MONDE a recueilli les révéla- « A l’époque, ajoute « Hakim », Depuis, Djamel Zitouni est bel et « Hakim » est convaincu qu’il a été led Alled, un petit village à deux de notre correspondant tions d’un responsable présumé de les service algériens redoutaient que bien mort, assure « Hakim » : « Il a commis par les services. « Il y a au pas d’Alger vidé de ses habitants L’impressionnant rassemble- la direction du renseignement et des liens se nouent en France entre été sous notre contrôle jusqu’à l’af- moins une demi-douzaine de ca- en 1995 par le GIA, qui en aurait ment populaire – entre 150 000 et de la sécurité (DRS). Si cet une émigration connue pour ses faire du monastère de Tibéhirine sernes à proximité. Il y avait un bar- fait sa base arrière. « Ouled Alled, 200 000 personnes pour un pays homme, qui se présente comme sympathies kabyles et des dirigeants [mars-mai 1996]. Les moines de- rage. Il a été levé comme par ha- c’est notre Timisoara. Un mensonge de 5 millions d’habitants – qui a un officier supérieur, a accepté, islamistes dont plusieurs étaient jus- vaient être trouvés − morts ou vi- sard. Les militaires qui voulaient énorme. explique-t-il. On a préten- eu lieu, dans la soirée du samedi sous couvert d’anonymat, de par- tement d’origine kabyle. Il fallait vants, je l’ignore − dans le village intervenir en ont été empêchés. Le du que le GIA avait résisté quinze 8 novembre, pour le deuxième an- ler plusieurs heures durant, ce que les services français prennent natal d’un chef islamique à qui on groupe qui a commis le massacre a jours. Comme si l’armée algérienne niversaire de l’assassinat d’Itzhak n’est pas, assure-t-il, pour obtenir des mesures pour empêcher ce voulait faire porter la responsabilité amené avec lui un islamiste, un pri- faisait dans la dentelle. Les Rabin par un extrémiste juif reli- un statut de réfugié politique. Il a rapprochement qui, s’il réussissait, de l’affaire. Pour des raisons que sonnier détenu depuis des années membres du GIA qui tiraient, gieux, n’a pas précisément ébran- décidé de rester dans son pays et risquait d’alimenter les caisses des j’ignore, Zitouni n’a pas respecté le pour qu’il soit reconnu par les habi- c’étaient des prisonniers islamistes lé le gouvernement nationaliste de ne pas démissionner de son islamistes et de faciliter l’approvi- contrat. Il a donc été liquidé. » tants. » qui n’avaient jamais voulu collabo- religieux de Benjamin Nétanya- poste. Ce qu’il veut, affirme-t-il, sionnement des maquis en armes. Si quelques officiers ont choisi rer avec nous. On les amenés là, on hou. Mais le premier ministre, mis c’est faire évoluer le système de On pouvait espérer aussi que la de rompre le silence – dans The « NOTRE TIMISOARA » leur a donné des armes et on leur a en cause par la gauche pour avoir l’intérieur. « Nous sommes un communauté émigrée, se sachant Observer, Le Monde, demain peut- Les massacres de Bentalha (lire dit : “Défendez-vous.“ L’armée al- assisté à des manifestations vio- groupe d’officiers à vouloir changer surveillée par nos homologues fran- être dans d’autres journaux occi- page 10) et de Raïs n’ont pas été gérienne avait été accusée de passi- lentes contre l’ancien premier mi- les choses. Puisqu’il est impossible çais, saurait se tenir à l’écart des dentaux −, c’est, dit-il, à la suite perpétrés par le pouvoir mais par vité pendant les massacres : il fallait nistre, a tenté de répliquer, di- de faire un coup d’Etat et que la événements algériens. » des massacres de civils à la fin de des « éléments perdus du GIA mani- bien donner quelque chose en pâ- manche, dans un cadre plus presse algérienne est aux ordres, Le ministre de l’intérieur de l’été. Et plus particulièrement celui pulés par les services », affirme ture à la presse. » officiel et plus solennel. Acclamé nous saisissons l’opinion publique l’époque, Charles Pasqua, était de Beni Messous (plus de « Hakim ». Il cite encore l’exemple par les deux mille sept cents délé- occidentale. Notre démarche obéit à d’accord pour coopérer avec les 200 morts, en septembre) dont de la reconquête par l’armée d’Ou- Jean-Pierre Tuquoi gués de son parti, le Likoud, réuni une stratégie réfléchie. » Algériens, même si, depuis le vrai- pour sa convention annuelle de « En Algérie, poursuit-il en éle- faux enlèvement, le 24 octobre trois jours à Tel Aviv, le chef du vant la voix, tout le monde a les 1993 à Alger, des époux Thévenot cartel des droites au pouvoir a mis mains tachées de sang. Nous avons et d’Alain Freyssier, les trois agents Quelques invraisemblances un point d’honneur à réclamer – honte de voir des gens torturés. Nous consulaires français – « ils ont été et obtenir – de ses fidèles une mi- sommes devenus des assassins au retenus dans une caserne d’Hussein UNE SÉRIE d’invraisemblances émaille les témoi- Dans son témoignage à notre journal, « Hakim » nute de silence « à la mémoire du profit d’une caste d’affairistes qui day, dans la banlieue d’Alger, alors gnages apportés à The Observer et au Monde par les indique que les attentats du RER Saint-Michel et du premier ministre d’Israël assassiné, rongent l’institution militaire. Ils qu’ils étaient censés être entre les deux hommes qui se présentent comme des respon- métro Maison-Blanche auraient été commandités par Itzhak Rabin ». « Bibi » Nétanya- veulent tout : le pétrole, le contrôle mains d’islamistes » –, il se méfiait sables en rupture de ban des services secrets algé- Alger. A l’en croire, les explosifs auraient été « ré- hou a demandé en outre au des importations, l’immobilier... des services algériens. riens. Le premier, « Joseph », aurait fait défection en cupérés dans les locaux de l’ambassade d’Algérie à Pa- peuple d’Israël « d’oublier ses divi- Nous, les militaires, nous ne sommes Il restait à gagner l’opinion pu- Grande-Bretagne il y a deux ans et demi afin de de- ris » par Boualem Bensaïd, l’étudiant algérien présen- sions et de refaire son unité ». pas des barbares. Notre mission, blique en discréditant les isla- mander l’asile politique. Ces deux témoins anonymes té par les enquêteurs français comme le représentant La veille, sur l’ancienne place telle qu’on nous l’a enseignée, c’est mistes. De là les attentats à Paris n’ont pas été identifiés par les services spécialisés qui du GIA envoyé dans l’Hexagone pour coordonner la des Rois-d’Israël, rebaptisée place de défendre la patrie, la Répu- décidés, selon « Hakim », à Alger : coopèrent de part et d’autre de la Manche. Contactés campagne terroriste. Cette version est démentie par Rabin puisque c’est là, au sortir blique. Pas ceux qui se remplissent « La tête pensante des deux atten- par leurs homologues français, dimanche 9 no- les enquêtes judiciaires françaises. Il est ainsi établi d’un grand rassemblement pour les poches », accuse-t-il. tats, explique-t-il, est Boualem Ben- vembre, les services britanniques ont ainsi indiqué ne que les ingrédients des engins explosifs utilisés en la paix, que le vieux soldat avait L’homme – il se fera appeler saïd. » Incarcéré en France, cet pas connaître la personne se dissimulant sous le France ont été achetés par Boualem Bensaïd et Ali été assassiné, les pancartes bran- « « Hakim » » – confirme les pro- étudiant islamiste d’une trentaine pseudonyme de « Joseph ». Touchent, toujours recherché par la justice. dies ne laissaient guère de place pos de son collègue à The Observer. d’années « est un militaire algérien Accusant les services algériens d’avoir envoyé leurs Les empreintes digitales de Boualem Bensaïd, au doute quant à l’humeur poli- Sur un seul sujet, il refusera de membre du service “action”. C’est agents afin d’« organiser au moins deux des attentats à écroué depuis son arrestation, le 2 novembre 1995, à tique de la foule. « Bibi n’a pas s’exprimer : la complicité supposée lui qui faisait le va-et-vient entre Al- la bombe commis à Paris », « Joseph » fournit peu Paris, ont été retrouvées sur les débris de la bombe de d’alibi ! Nous voulons la paix ! Sau- entre l’Irak et l’Algérie, qui aurait ger et l’Europe pour entrer en d’éléments vérifiables. Il évoque toutefois l’un des Maison-Blanche. Ordonnant un attentat contre un vons la paix ! Bibi go home ! » Pour caché certains des éléments du contact avec le GIA. Et c’est lui qui terroristes interpellés, Karim Koussa, dont il écorche marché de Lille, le même a transmis par téléphone un jour fédérés, les organisations, programme nucléaire, chimique et leur a passé commande des atten- le nom : « Karim Moussa a été capturé et blessé. Il a de- des instructions au groupe actif en région lilloise, mouvements et associations di- bactériologique de Bagdad. « Je ne tats ». puis disparu et les autorités françaises ont échoué à ex- dont l’artificier a été interpellé le 2 novembre à son verses en faveur de la paix veux pas faire le jeu des services se- pliquer ce qui était arrivé à ce suspect très recherché. » domicile, où une bouteille de gaz prête à l’emploi a s’étaient en principe donné le mot crets occidentaux », se défend-il. DJAMEL ZITOUNI SOUS CONTRÔLE Or, Karim Koussa, le jeune de Vaulx-en-Velin inter- été saisie. Boualem Bensaïd était, enfin, en relation pour conserver à la commémora- Parfois, « Hakim » complète de Le cas de Djamel Zitouni, le chef pellé le 27 septembre 1995 dans les monts du Lyon- suivie avec l’un des responsables du GIA à Londres, tion un caractère digne. Une di- façon précise les infomations don- du Groupe islamique armé (GIA), nais où il s’était réfugié avec son complice Khaled Rachid Ramda, dont la justice française attend tou- zaine d’artistes parmi les plus po- nées par son collègue à The Obser- illustre la capacité de manipulation Kelkal, est toujours écroué en France : il témoignera jours l’extradition. pulaires ont fait assaut de ver. Ainsi, sur les attentats perpé- des services, d’après « Hakim ». en décembre au procès du groupe islamiste de messages en faveur de la paix. trés en France durant l’été 1995 : Présenté comme l’ennemi public Chasse-sur-Rhône. Erich Inciyan Mais, comme le soulignait di- « Je confirme que les attentats de numéro un, Djamel Zitouni serait manche Maariv, le journal de la Saint-Michel [8 morts et plus de une créature de l’ancienne sécurité droite, « ce fut surtout un rassem- 130 blessés, le 25 juillet 1995] et ce- militaire. « Il a été recruté en 1991 blement antigouvernemental, le lui de Maison-Blanche [13 blessés, dans un camp de sûreté dans le Sud plus vaste qui se soit vu en Israël le 6 octobre 1995, jour des ob- algérien [des milliers d’islamistes contre un premier ministre au pou- sèques de Khaled Kelkal, principal avaient été emprisonnés dans le voir depuis à peine deux ans ». suspect dans l’attentat raté du Sud par l’armée]. Nous l’avons aidé TGV Paris-Lyon] ont été commis à à prendre la direction du GIA en « SUIVRE LA VOIE TRACÉE » l’instigation du sercice action de la 1994. C’est Zitouni qui nous a fourni Un seul ministre en exercice, direction infiltration et manipula- l’information la plus importante l’ancien refuznik soviétique, Na- tion (DIM) de la DRS, que dans notre guerre contre le GIA. Il than Chtcharanski, qui détient le contrôlent Mohamed Médiène, plus nous a dit où était Mourad Si Ah- portefeuille du commerce et ne connu sous le nom de “Toufik”, et le med Mourad, l’homme le plus dan- manque jamais une occasion de général Smaïn Lamari. » gereux de la mouvance islamiste. » développer l’idéologie du « Grand Israël » et de justifier le refus gou- vernemental de restituer les terri- toires occupés aux Palestiniens, a Sur l’esplanade du Trocadéro à Paris : eu le courage de monter sur la scène. Il s’est fait huer si fort qu’à la fin de sa brève intervention le « Le silence n’a que trop duré » chef des travaillistes, Ehoud Ba- rak, s’est cru obligé de le prendre LES YEUX FERMÉS face à la marcheront dans la nuit une lampe dans ses bras puis de rappeler à la pluie, au vent, à la nuit, à toutes les à la main, chantera à Bougie, de foule qu’il s’agissait là d’un souffrances, Abdelkrim, vingt et un l’autre côté de la Méditerranée. « grand héros d’Israël ». ans, chante a capella la douleur de C’est déjà presque fini. La chan- M. Barak, qui tente ces temps-ci l’absence. Cet agent d’accueil à La teuse Battja Rahal module une de nombreuses ouvertures vers Villette a longtemps vécu en Algé- douce mélopée à la lueur indirecte plusieurs petits partis de droite et rie. Ses parents y sont encore. Il ne des projecteurs. Une femme dans vers les formations religieuses peut plus les voir. Son chant poi- la foule lance un youyou. Puis He- tout en refusant de répondre clai- gnant, mi-prière, mi-sanglot, ren- lène Delavault enchaîne, toujours a rement à la question de savoir s’il voyé par les murs, emporté par les capella, sur un extrait de La Passion est ou non pour l’émergence d’un bourrasques, envahit lentement selon saint Matthieu, de Jean-Sébas- Etat palestinien indépendant, a l’esplanade. A ses pieds des cen- tien Bach. Dans la foule, on dis- fait le serment de « suivre la voie taines de parapluies se serrent fri- tingue quelques personalités : Ma- tracée par Itzhak Rabin ». Plus di- leusement dans un silence d’église. rie-Claire Mendès France, le rect et plus offensif, comme à Beaucoup d’Algériens, timides, un comédien Bernard Giraudeau ; une l’accoutumée, le chef du parti sio- peu étonnés de se retrouver là, se femme assure avoir reconnu niste le plus à gauche de mêlent aux intellectuels, aux mili- Charles Fiterman. Des militants l’échiquier politique, Yossi Sarid, tants, aux artistes. Nul n’a le cœur distribuent des cartes demandant président du Meretz (9 députés à sourire. Le rassemblement orga- « la création d’une commission d’en- sur 120), a fait remarquer qu’il nisé, dimanche 9 novembre, sur quête internationale, ayant libre ac- n’accusait pas de la mort de l’an- l’esplanade des Droits-de-l’Homme cès à l’information, pour que toute la cien premier ministre « la moitié pour donner le coup d’envoi d’«un lumière soit faite sur les atrocités et du pays » mais « tous ceux qui l’ont jour pour l’Algérie » est grave et les atteintes aux droits de l’homme traité de meurtrier, de traître, de sobre. en Algérie ». Pétain juif et tous ceux qui ont mar- Un seul discours, dit par Chris- Abdelkrim a repris le micro pour ché derrière un certain cercueil ». tian Gay-Bellile, coordonnateur de une dernière chanson. « Ce soir, Cette dernière allusion la manifestation, rappelle que l’Al- c’est le lancement ; la vraie journée, concerne directement M. Néta- gérie, depuis cinq ans, « vit une in- c’est lundi, assure Fatima, nyahou, qui avait manifesté en nommable tragédie », dans l’indiffé- confiante. Il faut que les Algériens ici compagnie de militants portant rence et l’inertie de la communauté se bougent pour que l’ONU ou le un cercueil censé représenter la internationale : « Le silence n’a que gouvernement français inter- mort du sionisme assassiné par la trop duré. Il est temps que les démo- viennent. Le gouvernement algérien politique de M. Rabin. A l’applau- crates en France se mobilisent. » La seul ne fera rien. » A ses côtés, Bel- dimètre, ce sont tout de même journée du 10 novembre sera, dit-il, lel, nerveux, se cache en bougon- Léah Rabin, la veuve du vieux gé- un « témoignage du cœur », et nant. Il n’aime pas les questions, néral, et Shimon Pérès, son suc- contribuera à ce que les institutions encore moins les projecteurs. «Il cesseur malheureux aux élections internationales « assurent leurs de- arrive de là-bas, explique Fatima. Il de juin 1996, qui ont remporté le voirs ». M. Gay-Bellile lit en conclu- est déçu. Il a vraiment souffert, il a la plus grand nombre de suffrages. sion un message du chanteur Dje- haine. » mel Allam, qui, lundi soir, alors Patrice Claude qu’en France les sympathisants Véronique Maurus LeMonde Job: WMQ1111--0004-0 WAS LMQ1111-4 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0219 Lcp: 196 CMYK

4 / LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 INTERNATIONAL

L’Italie favorable à un Allemand La suspension du vote sur la procédure à la tête de la future BCE ROME. Le ministre italien du Trésor, Carlo Azeglio Ciampi, a esti- commerciale constitue un échec pour M. Clinton mé, samedi 8 novembre, qu’une éventuelle nomination du pré- sident de la Bundesbank, Hans Tietmeyer, à la tête de la banque centrale européenne (BCE) serait un « choix excellent », tout en sa- Le président des Etats-Unis a reculé en raison de la forte opposition des démocrates au Congrès chant fort bien que M. Tietmeyer n’est pas candidat. La veille, le mi- nistre italien des affaires étrangères, Lamberto Dini, avait déclaré, Le vote sur le fast-track – la procédure commer- tants a été suspendu pour la deuxième fois en évite une humiliante défaite au Congrès, mais au sujet de la candidature de M. Tietmeyer, qu’« il fallait y penser ciale qui permet au président de conclure des ac- quarante-huit heures, lundi 10 novembre. En de- subit un grave échec. Le projet de loi pourrait surtout à la veille de l’Union monétaire ». Le président du Conseil ita- cords commerciaux – à la Chambre des représen- mandant une nouvelle supension, Bill Clinton être à nouveau examiné dans la semaine. lien, Romano Prodi, avait récemment lancé l’idée de la candidature du président de la Bundesbank à la tête de la BCE. − (AFP.) WASHINGTON jets fort éloignés des accords l’Alena est controversé : cet accord champion en la personne de Ri- de notre correspondant commerciaux, tels le financement tripartite a-t-il créé ou supprimé chard « Dick » Gephardt, chef de Le suspense a duré tout le week- du planning familial et l’avorte- plusieurs centaines de milliers file de la minorité démocrate à la La crise boursière asiatique n’affecterait end et s’est prolongé tard dans la ment, voire la procédure de recen- d’emplois, comme le prétendent Chambre des représentants, qui nuit de dimanche à lundi 10 no- sement. Depuis 1974, tous les pré- respectivement l’administration et ne cache pas son intention de dis- vembre : Bill Clinton aura-t-il le sidents ont bénéficié de la facilité les syndicats ? puter au vice-président Al Gore pas gravement la croissance nombre de voix suffisant pour du fast-track, laquelle inspire Depuis plusieurs semaines, Bill l’investiture du parti pour l’élec- faire adopter par la Chambre des confiance aux partenaires Clinton n’a cessé de dramatiser tion présidentielle de 2000. Or, PARIS. L’impact négatif de la crise en Asie du Sud-Est sur la crois- représentants l’importante loi sur commerciaux des Etats-Unis l’enjeu. « Un vote négatif, a-t-il dé- M. Gephardt a courtisé avec suc- sance des vingt-neuf pays de l’Organisation de coopération et de le fast-track ? Cette procédure par- puisque les compromis négociés claré, signifierait que nous ne vou- cès la base syndicale du Parti dé- développement économiques (OCDE) devrait être de 0,2 % cette lementaire permet au chef de la avec la Maison Blanche peuvent, lons pas que notre pays puisse négo- mocrate, dont le soutien est indis- année et en 1998. L’effet sur le Japon sera plus important – sans Maison Blanche de demander au certes, être refusés par le Congrès, cier un abaissement des barrières pensable en période électorale. doute le double – en raison de la part de ses exportations vers l’Asie Congrès de se prononcer globale- mais non mis en pièces sous la douanières, que nous faisons re- L’AFL-CIO a ainsi rappelé aux élus du Sud-Est. Ces chiffres ont été communiqués, vendredi 7 no- ment sur des accords commer- pression des nombreux groupes traite, que nous avons peur de la qu’ils prenaient un risque certain, vembre, à Paris, par Ignazio Visco, chef des études économiques de ciaux, sans que celui-ci ait la possi- de pression. A l’inverse, si le pré- compétition, et que nous souhaitons dans la perspective des élections l’OCDE. L’Organisation va donc réviser en baisse « de facon subs- bilité d’amender le texte qui lui est sident ne dispose pas du fast-track, abandonner notre leadership mon- parlementaires de 1998, en se ran- tantielle » son estimation sur la croissance au Japon. Dans ses prévi- soumis. Parce qu’il a fait de la di- certains pays seront réticents à dial. » M. Clinton n’a pas pris le geant aux côtés de l’administra- sions semestrielles en juin, l’OCDE tablait sur une croissance de plomatie commerciale l’axe ma- s’engager dans un partenariat risque de faire la démonstration, tion. 2,3 % au Japon en 1997 et de 2,9 % en 1998. Au sujet de l’Europe, jeur de la politique étrangère de commercial avec les Etats-Unis. avec un vote, qu’il ne dispose pas Dans ses efforts pour regrouper M. Visco a ajouté que l’effet de la crise en Asie ne paraissait pas être son administration, Bill Clinton d’une majorité au sein de son ses propres troupes, M. Clinton a « substantiel » et ne remettait pas en cause le respect des critères de risque gros dans une bataille poli- DIVISIONS EXACERBÉES propre parti ; il a opté pour une pi- promis de consacrer quelque Maastricht par les pays candidats à l’euro. – (AFP.) tique paradoxale mettant aux C’est donc toute la stratégie di- teuse retraite en demandant à 4 milliards de dollars (24 milliards prises, d’un côté, le président et plomatique et économique de deux reprises (vendredi et lundi) la de francs) au financement de la re- les républicains, et, de l’autre, la l’administration Clinton, fondée suspension du vote. En ne mettant conversion des salariés qui auront Les étrangers détenus au Congo majorité des élus démocrates, fa- sur la multiplication des zones de pas chacun face à ses responsabili- perdu leur emploi à la suite d’ac- rouchement opposée au projet. libre-échange (notamment en tés à l’occasion d’un vote, il subit cords commerciaux. Cette offre de C’est donc à un intense travail Amérique latine et en Asie), qui un échec, mais évite une défaite dernière minute n’a fait que ren- ont été libérés de lobbying auprès de ces derniers est remise en cause. Pour les parle- humiliante qui n’aurait eu pour ef- forcer le caractère politicien de que se sont livrés le président, ses mentaires, la principale référence fet que de souligner la fracture l’épreuve de force engagée entre POINTE-NOIRE. Les étrangers détenus au Congo-Brazzaville ont conseillers et plusieurs respon- est l’Accord de libre-échange chez les démocrates. Car le vote la Maison Blanche et le Congrès, à été libérés vendredi 7 et samedi 8 novembre. Sept Français, onze sables de l’administration, tentant nord-américain (Alena), qui asso- sur le fast-track est aussi une ba- défaut de répondre à la véritable Russes et deux Belges étaient retenus à Pointe-Noire depuis la vic- de gagner une à une les voix man- cie les Etats-Unis au Canada et au taille pour le contrôle de la forma- question que pose le fast-track : toire de Denis Sassou Nguesso. Le nouveau régime les accusait quantes, en alternant promesses Mexique. La « bataille de l’Ale- tion présidentielle, aujourd’hui comment faire accepter aux Amé- d’avoir servi l’ex-président Pascal Lissouba en tant que mercenaires, et pressions politiques. Les répu- na », en 1993, fut gagnée grâce au profondément divisée entre ricains l’insécurité économique ce que les prisonniers ont démenti. Ces libérations répondent «au blicains ont profité de cette atmo- fast-track, mais au prix de divi- « nouveaux démocrates » et « li- qu’implique la globalisation des désir du président Sassou Nguesso de tourner la page », a indiqué le sphère de marchandage pour sions au sein du Parti démocrate. béraux » (progressistes). échanges ? ministre de l’intérieur congolais. monnayer leur soutien par des Celles-ci sont aujourd’hui d’autant Alors que M. Clinton incarne les Les négociations pour la libération des Français ont été menées par concessions politiques sur des su- plus exacerbées que le bilan de premiers, les seconds ont un Laurent Zecchini l’ambassadeur au Gabon et un conseiller de Michel Rocard. Ce der- nier, Michel Dubois, a estimé que le nouveau président congolais avait marqué « son amitié pour la France, le président Jacques Chirac e et Michel Rocard ». Le gouvernement congolais a indiqué que, selon « Valeurs éthiques de la démocratie » au 7 sommet ibéro-américain ses chiffres, soixante-douze mercenaires, principalement ukrainiens et serbes, avaient été engagés par M. Lissouba. – (AFP.) SAINT-DOMINGUE pulsées par la police vénézuélienne. A l’heure na, que Madrid n’avait pas d’objection à ce que de notre correspondant des discours, Fidel Castro a été durement atta- le 9e sommet ibéro-américain ait lieu à La Ha- DÉPÊCHES Le 7e sommet ibéro-américain, consacré cette qué par les présidents du Nicaragua et de l’Ar- vane en 1999, à condition qu’il se déroule dans aALGÉRIE : au moins vingt-six personnes ont été égorgées dans année aux « valeurs éthiques de la démocra- gentine. Se prononçant pour l’élimination « des les mêmes conditions de liberté que les som- la nuit de samedi à dimanche par un groupe armé à H’malit, sur les tie », a réuni, dans l’île vénézuélienne de Mar- dictatures qui subsistent » dans la sphère ibéro- mets précédents. La nouvelle dénonciation de monts Chréa de Blida, au sud d’Alger, indique la presse lundi 10 no- garita, les pays latino-américains, l’Espagne et américaine, le nicaraguayen Arnoldo Aleman a la loi Helms-Burton, la législation nord-améri- vembre. L’attaque de ce hameau, à deux kilomètres de la ville de le Portugal. Deux sujets, Cuba et la liberté de la critiqué « la tolérance face aux évidentes viola- caine renforçant l’embargo contre Cuba, a garnison de Blida, par un groupe de 30 à 50 islamistes armés, a eu presse, ont dominé les débats, tandis que le tions des libertés élémentaires et des droits de constitué un autre motif de satisfaction pour lieu vers minuit et a duré près de deux heures, précise Le Matin, qui président du gouvernement espagnol, José Ma- l’homme ». Fidel Castro. donne un bilan de vingt-sept morts, dont une majorité de femmes ria Aznar, poursuivait ses efforts pour renforcer Le chef de l’Etat cubain a par ailleurs été invi- et d’enfants, égorgés, mutilés, certains brûlés. Parmi les victimes fi- les liens privilégiés entre l’Europe et l’Amérique « GLOBALISATION ÉCRASANTE ET BRUTALE » té par le président colombien Ernesto Samper à gurent onze enfants âgés de trois mois à douze ans, précise El Wa- latine, qui est également engagée dans la Le leader cubain a répliqué en affirmant qu’il se joindre au « groupe d’amis » (Costa Rica, Es- tan. Le massacre de H’malit est le troisième en deux jours, après le constitution d’une zone de libre-échange avec existe à Cuba « une démocratie véritable, un pagne, Mexique et Venezuela) qui tente de pro- double carnage de Tajmount, dans la nuit de vendredi à samedi, les Etats-Unis d’ici à 2005. gouvernement du peuple, par le peuple et pour le mouvoir un accord de paix en Colombie. Ma- près de Tlemcen (ouest) où vingt-deux villageois ont été égorgés. Le président cubain, Fidel Castro, qui a une peuple, et non des riches, par les riches et pour les rotte de l’amphitryon du sommet, le président – (AFP.) nouvelle fois été la vedette du sommet, a re- riches ». Selon lui, ce n’est pas Cuba qui doit Rafael Caldera, le « droit à l’information vraie » a NIGÉRIA : le rédacteur en chef de l’hebdomadaire indépendant mercié les autorités vénézuéliennes d’« avoir changer, mais les autres pays, pour en finir avec a été prudemment gommé dans la version fi- The News, Jenkins Alumona, a été arrêté samedi 8 novembre à La- empêché des actions criminelles » contre lui. « le néolibéralisme aveugle et incontrôlable et la nale. Cette proposition vénézuélienne, qui dé- gos par des agents du service de sécurité, selon le quotidien britan- Quatre exilés cubains, arrêtés à Porto Rico le globalisation écrasante et brutale sous l’égide de clarait que « les journalistes n’ont pas le droit de nique The Guardian. L’hebdomadaire a récemment publié des ar- 28 octobre en possession de « fusils capables de la puissance la plus égoïste de l’histoire ». déformer la réalité ni de manipuler l’opinion pu- ticles critiquant le général Sani Abacha, chef de l’Etat. Le supérieur tuer un éléphant », auraient avoué qu’ils proje- Très dégradées ces derniers mois, les rela- blique », avait été vivement critiquée tant par hiérarchique de M. Alumona au sein du groupe de presse ICN, Bayo taient d’assassiner Fidel Castro sur l’île de Mar- tions entre Madrid et La Havane se sont déten- les associations de journalistes que par les or- Onanuga, craignant d’être arrêté, est passé dans la clandestinité la garita. Cinq jours avant l’ouverture du sommet, dues à l’occasion du sommet. Abel Matutes, le ganes de presse de la région. semaine dernière. – (AFP.) plusieurs personnalités anticastristes, dont ministre espagnol des affaires étrangères, a in- a ITALIE : l’ex-juge anti-corruption Antonio Di Pietro (47 ans) a l’écrivain Carlos Alberto Montaner, ont été ex- formé son homologue cubain, Roberto Robai- Jean-Michel Caroit été facilement élu sénateur lors d’une élection partielle dans la cir- concription de Mugello, au nord de Florence, selon les résultats pu- bliés dans la nuit de dimanche 9 à lundi 10 novembre. Antonio Di Pietro, qui avait lancé l’opération « mains propres » en 1992, se pré- sentait sous les couleurs de l’Olivier, la coalition de centre-gauche au pouvoir. – (AFP.) a BELGIQUE : un rassemblement de plusieurs centaines de per- sonnes, dimanche 9 novembre à Bruxelles, a dégénéré en échauffourées avec la police. Les manifestants protestaient contre la mort d’un présumé revendeur de drogue d’origine marocaine, tué deux jours plus tôt par des gendarmes en civil à Anderlecht. Plus de cent-vingt jeunes ont été interpellés. Ce rassemblement survenait après deux nuits de violents affrontements dans la banlieue d’An- derlecht entre des centaines de jeunes et les forces de l’ordre. – (Reuter. ) a KOWEÏT : le conseil suprême de défense du Koweït a décidé de passer commande à la Chine de soixante-quinze canons d’artillerie de 155 mm pour 600 millions de dollars (environ 3,4 milliards de francs). Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Afrique du Sud avaient proposé leurs matériels face au canon de campagne PLZ-45 chinois retenu. – (AFP.) a THAÏLANDE : le chef de l’opposition thaïlandaise, Chuan Leek- pai (59 ans), a été nommé comme prévu premier ministre dimanche 9 novembre, en remplacement du général Chavalit Yongchaiyudh, victime de la tourmente financière (Le Monde du 8 novembre). Ou- vrant à la hausse, la Bourse de Bangkok a salué le retour au pouvoir du favori des milieux d’affaires et des classes moyennes qui avait déjà été premier ministre de 1992 à 1995. – (AFP.) La FAO met en garde contre une baisse de l’aide au développement ROME. Le directeur général de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a mis en garde, samedi 8 novembre à Rome, contre la diminution constante en termes réels de l’aide au développement et contre une réduction du budget de son organisation qui aurait des répercussions sur ses programmes prioritaires. Jacques Diouf, qui s’adressait à la 29e session de la Conférence de l’organisation, a souligné que l’aide au développe- ment « continue de s’amenuiser en termes réels » puisqu’elle est res- tée, au cours des dernières années, autour d’une valeur nominale de 60 milliards de dollars (environ 342 milliards de francs). Le Sommet mondial de l’alimentation de 1996 s’était fixé pour ob- jectif de diminuer de moitié, en 2015, les 800 millions de personnes qui souffrent actuellement de mauvaise alimentation. – (AFP.) LeMonde Job: WMQ1111--0005-0 WAS LMQ1111-5 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:28 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0220 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 5 Difficile préparation Des dizaines de milliers de Tchèques manifestent de la Conférence contre la politique d’austérité des libéraux sur l’environnement L’opposition a décidé de déposer une motion de censure au Parlement A l’appel du principal syndicat tchèque, des di- d’austérité du premier ministre libéral Vaclav générale, l’opposition sociale-démocrate a déci- zaines de milliers de personnes ont manifesté, Klaus, au plus bas dans les sondages. Alors que dé de déposer une motion de censure lors de la Tokyo, Washington et l’UE recherchent un compromis samedi 8 novembre à Prague, contre la politique les syndicats menacent de déclencher une grève prochaine session parlementaire en février.

TOKYO mura, secrétaire d’Etat japonais PRAGUE est soigné pour une pneumonie, de notre correspondant aux affaires étrangères, a précisé de notre correspondant afin de procéder à la nomination Réunion préparatoire à la que « la clarification des positions Des dizaines de milliers de sala- de trois nouveaux ministres. Conférence des Nations unies sur permet désormais à chacun d’éva- riés tchèques – 120 000 selon les « Notre société a besoin d’un projet l’environnement qui se tiendra à luer les points spécifiques sur les- organisateurs, moins de 70 000 se- pour l’avenir, d’assurances élémen- Kyoto début décembre, la ren- quels leurs partenaires peuvent ou lon la police – ont manifesté, sa- taires et surtout besoin d’espoir », a- contre samedi 8 et dimanche ne peuvent pas faire de compro- medi 8 novembre, au cœur de t-il déclaré lors de la cérémonie au 9 novembre à Tokyo des ministres mis ». Hôte de cette troisième Prague, contre la politique du gou- château de Prague, le siège de la de l’environnement de vingt pays Conférence des Nations unies sur vernement libéral de Vaclav Klaus. présidence. Il a souligné qu’un et de l’Union europénne n’a abou- l’environnement, le Japon a été le Organisée par la principale confé- « simple remaniement ministériel ti à aucun compromis sur la ques- premier à annoncer qu’il était prêt dération syndicale du pays ne saurait satisfaire [la popula- tion-clef : la réduction des émis- à faire preuve de flexibilité. (CMKOS, 95 % des syndiqués), tion] ». Les sondages montrent, en sions de gaz à effet de serre. L’Union européenne n’a pas exclu cette manifestation est la plus im- effet, que les Tchèques n’ont plus Américains, Japonais et Euro- un compromis. « Nous sommes portante depuis celles de l’au- le moral, perdent confiance dans péens gardent des propositions tous désormais engagés dans un tomne 1989 qui avaient provoqué les institutions démocratiques et divergentes sur ce sujet. L’Union processus de compromis », estime la chute du régime communiste. sont de plus en plus nombreux à européenne propose de réduire M. Jorgen Henningsen. Huit ans presque jour pour jour regretter « l’ancien régime ». ces émissions de 15 % d’ici à 2010. après la « révolution de velours », Les Etats-Unis veulent une stabili- OBJECTIF GLOBAL le président de la CMKOS, Richard MOTION DE CENSURE sation entre 2008 et 2012 au ni- Au cours de la rencontre à To- Falbr, a été hué par une partie de De son côté, l’opposition so- veau de 1990. Le Japon a un ob- kyo, la question épineuse des taux la foule lorsqu’il a précisé que la ciale-démocrate a décidé, samedi, jectif intermédiaire : une de réduction a été mise de côté. manifestation n’était pas « contre de déposer une motion de censure réduction de 5 % d’ici à 2010. Les ministres ont concentré leur le régime ». M. Falbr, jugé trop contre le gouvernement lors de la Cependant, les participants à la attention sur les moyens néces- conciliant envers le pouvoir, avait session parlementaire de février, réunion de dimanche ont souligné saires pour atteindre un objectif imposé in extremis l’organisation après la réélection attendue de l’importance d’une rencontre qui global. L’autre question délicate d’un meeting de protestation et M. Havel pour un second mandat leur a permis de « clarifier les posi- est l’inclusion des pays du Sud non d’une grève générale, comme faillites frauduleuses de banques, de la population active. A l’issue présidentiel de cinq ans. Le parti tions » et d’« évaluer la flexibilité dans le processus de réduction le demandaient plusieurs fédéra- de fonds d’investissements et de la manifestation, les partici- de Milos Zeman (CSSD) espère de leur partenaire par une meil- des émissions de gaz. Dans un tions, dont celles des mineurs, des d’entreprises. « Nous n’accepterons pants ont adopté une déclaration convaincre, au cours des trois pro- leure compréhension des priorités premier temps, ces pays ont été cheminots et de métallurgistes. pas, a-t-il averti, de nous serrer la demandant aux partis de la coali- chains mois, un ou deux députés et des motivations respectives de exclus afin que cette réduction ne Cette manifestation est néan- ceinture comme en 1991 », année tion gouvernementale de « re- de la coalition gouvernementale chacun », selon Pierre Gramegna, pèse pas sur leur développement. moins « un ultime avertissement », où le pouvoir d’achat a le plus re- connaître leurs erreurs ». dont les voix sont nécessaires pour ambassadeur du Luxembourg, qui Mais le gouvernement américain a-t-il lancé à l’adresse du gouver- culé. Le premier ministre, comme à la réussite de la manœuvre. Le assume actuellement la prési- tient à faire entrer les plus avan- nement, au terme d’un sévère ré- Le gouvernement, qui a adopté l’accoutumée, a fait peu de cas CSSD a d’ores et déjà lancé une dence de l’Union européenne cés d’entre eux (Brésil, Chine, quisitoire. Ce cabinet a « gaspillé au printemps dernier une série de « des quelques manifestants » et offensive de charme en direction (UE). Mexique) dans le protocole. Les les ressources financières du pays et mesures d’austérité en raison laissé clairement entendre qu’il ne de l’ex-ministre des affaires étran- Le négociateur en chef de l’UE a Etats-Unis sont-ils décidés à faire la confiance des citoyens que les d’une détérioration brutale de changerait rien à son programme gères, Jozef Zieleniec, qui, le estimé qu’« un pas en avant signi- de cette question un casus belli ? autres gouvernements des ex-pays l’économie, prévoit, après quatre d’austérité. Moins péremptoire, 23 octobre dernier, a claqué la ficatif » avait été accompli « en éli- Les Japonais cherchent une voie communistes lui enviaient », a esti- ans de hausse du niveau de vie, plusieurs de ses ministres ont tou- porte du gouvernement après minant un certain nombre de ques- médiane pour inclure les pays du mé le chef syndical. « Les salariés une baisse des salaires réels l’an tefois estimé qu’il serait nécessaire avoir définitivement rompu avec tions techniques pour concentrer Sud en leur offrant, en échange, ne doivent pas payer le prix des prochain. De plus, le Parlement a de prendre en compte le mé- le premier ministre dont il fut nos efforts sur les problèmes de de les aider à utiliser plus efficace- échecs de la politique menée dans récemment approuvé la réduction contentement grandissant dans la proche. M. Zeman lui a proposé de fond. Chacun est resté sur ses posi- ment leur énergie par des aides et l’intérêt des partis gouvernementaux des indemnités de chômage « déjà société. Ils ont d’ailleurs reçu un diriger un cabinet intérimaire en tions dans une atmosphère non plus des transferts de technologies. et des escrocs », a dit M. Falbr, en misérables », selon M. Falbr, au soutien indirect du président, Va- cas d’élections anticipées. de confrontation, mais de compré- reprochant aux autorités leur moment où le taux de chômage clav Havel, qui a quitté pendant hension mutuelle ». Masahiko Ko- Philippe Pons laxisme devant les nombreuses est passé en un an de 3,2 % à 4,9 % une heure son lit d’hôpital, où il Martin Plichta Les démocrates-chrétiens européens Fermeture prématurée de la principale maternité de Prague PRAGUE sements les plus peuplés de Prague, la materni- bénéfices de la vente ou de la location du bâti- préparent le sommet sur l’emploi de notre correspondant té attire les femmes enceintes de tous les coins ment. Dans les autres hôpitaux de Prague, où Les mères de Prague sont en colère. Le minis- de la ville et du pays qui veulent accoucher les cliniques de maternité sont intégrées aux TOULOUSE mances réalisées par les trois tère tchèque de la santé a décidé de fermer la dans l’un des plus beaux espaces hospitaliers autres services, l’opération immobilière serait de notre envoyé spécial Etats membres qui œuvrent le plus importante et prestigieuse maternité de la de la République tchèque. plus difficile à réaliser et les promesses de gains Les démocrates-chrétiens euro- mieux pour l’emploi. Les pays capitale et du pays. Plus de deux mille mères et Confronté à un déficit croissant des caisses ne sont donc pas aussi importantes. péens réunis en congrès à Tou- partenaires qui ne pourront pas pères de famille, avec à leur tête plusieurs per- d’assurance-maladie, le ministère de la santé Le ministre de la santé, Jan Strasky, a tenté louse, dimanche 9 novembre, se présenter « une tendance positive sonnalités de la culture et des arts, ont déjà si- envisage de réduire, de manière drastique, le de couper court à ces spéculations, mais la sont mis d’accord sur la position à vers ce critère de référence » de- gné une pétition réclamant l’abandon de ce nombre de lits hospitaliers. Les maternités sont presse pragoise a pris fait et cause pour la ma- défendre au conseil européen sur vront « subir des coupes finan- projet, qui a surpris et choqué l’opinion pu- au premier rang des victimes. « J’espère que ternité, qui, sous le communisme, fut celle des l’emploi, qui se tiendra dans cières ». Il n’est pas dit sur quoi blique, à commencer par les responsables de c’est vraiment la seule raison, commente ainsi « privilégiés du régime ». Aussi, alors que les moins de deux semaines à Luxem- ces sommes pourraient être préle- cette institution. « Nous n’avons jamais été M. Wolmunth, car j’imagine très bien à la place responsables du ministère ont entamé, cette bourg. Le chancelier allemand, vées, mais il semble logique que consultés sur une éventuelle fermeture qui nous de la maternité un hôtel ou un casino », ajoute-t- semaine, une évaluation de tous les hôpitaux Helmut Kohl, a déclaré qu’il sou- les mauvais élèves pourraient voir semble aberrante », déclare Vladimir Wol- il en écho à la rumeur populaire. du pays pour déterminer lesquels devront fer- tiendra avec force le projet mis au diminuer les aides communau- munth, directeur de l’Institut pour les soins de mer définitivement leurs portes, M. Strasky a point par Jean-Claude Junker, taires dont ils bénéficient au titre la mère et de l’enfant de Podoli. ÉCONOMIES BUDGÉTAIRES ET BÉNÉFICES glissé, au cours d’un entretien à la télévision, premier ministre luxembourgeois, du Fonds social, voire des fonds Installée, depuis 1951, dans un imposant édi- En effet, beaucoup de Pragois pensent que le que Podoli demeurerait un établissement médi- et président en exercice de structurels en général. fice art nouveau construit au début du siècle gouvernement veut vendre le bâtiment et le cal. « Un établissement de soins non convention- l’Union européenne, pendant la par l’un des fondateurs de la médecine mo- grand parc de verdure qui l’entoure – le tout né par l’assurance-maladie », a-t-il précisé dans conférence au grand-duché. Les IDÉE IRRÉALISABLE derne, la maternité voit naître quelque deux évalué à 400 millions de couronnes (80 millions un jargon bureaucratique que ses concitoyens deux autres chefs de gouverne- Autrement dit, il appartient à mille cinq cents enfants par an. Leur nombre de francs) – pour en faire un hôtel ou le siège ont interprété à leur manière : « une clinique ment présents dans la ville de Do- chaque gouvernement d’établir augmente régulièrement, alors que la natalité d’une banque étrangère. La fermeture de Podo- pour riches ». Une solution qui risque de dé- minique Baudis (UDF-FD), l’Ita- des plans nationaux pour connaît depuis plusieurs années une très nette li présenterait ainsi, aux yeux des fonction- plaire autant que la fermeture pure et simple. lien Romano Prodi et le Belge combattre le chômage, l’Union baisse à Prague (– 30 %) et au plan national. En naires du ministère, un double avantage : réali- Jean-Luc Dehaene, ont fait de étant là pour apprécier les efforts théorie réservée aux mères des deux arrondis- ser des économies budgétaires et tirer des M. P. même, ainsi que Rodrigo Rato, de chacun des pays et, si l’on vice-premier ministre espagnol, comprend bien le texte de M. Jun- qui représentait José Maria Aznar. ker, de le sanctionner le cas échéant. Le premier ministre MOYENNE DES PERFORMANCES luxembourgeois a singulièrement Les idées dégagées par le Parti insisté sur la nécessité de « vérifier populaire européen (PPE), qui et de contrôler les plans d’action réunit vingt et un partis démo- nationaux ». François Bayrou, pré- crates-chrétiens et apparentés, sident de Force démocrate (FD), a semblent sensiblement s’éloigner tenu des propos comparables en du texte concocté par la Commis- soulignant, lui aussi, que les gou- sion de Bruxelles et soutenu par la vernements nationaux devaient France. Le document de M. Jun- être rendus responsables de leurs ker, qui n’a pas été rendu public, chômeurs. porte essentiellement sur la défi- Avant la réunion des chefs de nition d’un « critère de référence file de la démocratie chrétienne pour la réalisation d’une politique européenne, M. Junker avait ex- nationale efficace de l’emploi ». A pliqué que l’idée de fournir un l’image un peu de ce qui a été ar- emploi ou une formation à tout rêté pour l’Union économique et jeune chômeur avant qu’il ne dé- monétaire (les fameux critères de passe les six mois d’inactivité ou, convergence), il est proposé pour lutter contre le chômage de d’établir une moyenne des perfor- longue durée, à tout salarié avant qu’il n’atteigne une pleine année sans emploi, était irréalisable tant les différences étaient grandes entre les Quinze. Rejetant à la fois les idées socialistes et le néo-libé- ralisme, le président de l’Union était à la recherche d’une « for- mule souple mais pas creuse » afin que « le projet européen soit complet en intégrant le volet so- cial ». Il a apparemment réussi à convaincre ses amis politiques de « préciser leurs désaccords et de trouver les moyens de les surmon- ter ».

Marcel Scotto LeMonde Job: WMQ1111--0006-0 WAS LMQ1111-6 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0221 Lcp: 196 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997

de vote des militants, sur le résultat délégué, François Holland. b INVITÉ salué les réussites du gouverne- premier secrétaire. b LE PROJET DE PARTI SOCIALISTE La prépa- qu’obtiendra la motion de la Gauche du « Grand Jury RTL-Le Monde-LCI », ment, mais déclaré normal que, si LOI sur la nationalité, qui doit être ration du congrès du Parti socialiste, socialiste, opposée à celle qui ras- dimanche 9 novembre, Julien Dray, son courant dépasse 10 % des voix, examiné en séance publique par les qui se réunira à Brest du 21 au 23 no- semble les « grands courants » du député de l’Essonne et l’un des ani- il présente son propre candidat députés le 26 novembre, provoque vembre, se concentre, dans la phase parti autour du premier secrétaire mateurs de la Gauche socialiste, a contre M. Hollande pour le poste de une tension avec le groupe PS. La Gauche socialiste s’efforce de rassembler 10 % des militants La préparation du congrès socialiste qui se réunira à Brest le 21 novembre est dans la phase de vote des sections. La principale motion « alternative » n’est pas assurée d’atteindre un score qui lui permette de s’opposer à la majorité pro-gouvernementale

LE SCORE de la Gauche socia- pourcentages obtenus au congrès pin. Nous aussi, nous avons notre ca- que la Gauche socialiste, qui a ac- normal que le courant que nous au- une partie des rocardiens et des liste apparaît comme le principal de Rennes, en 1990, où les motions ractère et, des fois, cela fait des étin- cumulé les désaccords avec le gou- rions cristallisé pour ce congrès ait jospinistes. enjeu de la préparation du congrès de M. Mélenchon et de Mme Liene- celles. » vernement, quitte le PS – « Faire son propre candidat au poste de pre- Se voulant à l’origine « une dé- du Parti socialiste, du 21 au 23 no- mann avaient obtenu respective- une petite boutique à côté des autres mier secrétaire. » marche générationnelle animée par vembre à Brest. Depuis le 4 no- ment 1,35 % et 0,6 %, mais sensible- PAS DE SURENCHÈRE petites boutiques ? Vous trouvez que A l’intérieur de la motion A, qui des militants entrés dans l’action po- vembre, et jusqu’au 14 novembre, ment en-dessous du score de Si M. Dray a rappelé avec force c’est démonstratif, ce qu’a fait Jean- sera en tout état de cause, très lar- litique, syndicale ou associative à les militants socialistes sont invités l’amendement de la Gauche socia- ses différences sur l’Europe, en Pierre Chevènement ? » –, il a jugé gement majoritaire, des recomposi- partir de la fin des années 80 », à voter sur les trois motions liste lors de la convention écono- confirmant son refus du traité « difficile » une synthèse entre les tions pourraient intervenir au len- Nouvelle Gauche « entend désor- d’orientation qui leur sont sou- mique de décembre 1996 d’Amsterdam, il a en revanche refu- motions A et C au congrès. demain du congrès, au-delà de la mais s’ouvrir davantage ». Présidé mises : la motion A, défendue par (8 873 voix et 16,19 %). sé de faire de l’immigration «un Une synthèse d’autant plus diffi- répartition des postes au conseil par Benoît Hamon, ancien pré- François Hollande, premier secré- M. Dray a évoqué « l’été indien » élément de surenchère ». Le député cile que les candidats au poste de national au sein du bloc majoritaire sident du Mouvement des jeunes taire délégué, et la quasi-totalité du gouvernement, salué la bonne de l’Essonne s’est dit partisan d’un premier secrétaire devront présen- de 51 % – entre rocardiens, jospi- socialistes (MJS) et futur premier des courants du PS ; la motion B, gestion « de gauche » du conflit des « droit du sol intégral, avec une céré- ter leurs candidatures avant la réu- nistes, mauroyistes, amis de Mar- secrétaire du Morbihan, et animé émanant d’anciens poperénistes, routiers et revendiqué le « devoir monie républicaine le 14 juillet », nion de la commission des résolu- tine Aubry et petits courants – et par Jean-Patrick Gilles, premier se- Marie-Thérèse Mutin et Alain Vida- d’exigence », en indiquant avec iro- mais il n’a pas réclamé une régula- tions. Depuis l’été, il est prévu que entre les alliés fabiusiens, merma- crétaire d’Indre-et-Loire, et Régis lies ; la motion C, présentée par nie qu’il préfère exercer celui-ci au- risation générale de tous les « sans- M. Mélenchon défendra les cou- ziens, poperenistes et emmanuel- Juanico, président du MJS, ce cou- Jean-Luc Mélenchon, Julien Dray et jourd’hui plutôt que d’en être ré- papiers » : « Je suis pour une régula- leurs de la Gauche socialiste face à listes qui compléteront la majorité. rant pourrait incarner, en soutien à Marie-Noëlle Lienemann, au nom duit, demain, au « droit risation, a-t-il indiqué en se voulant M. Hollande, mais cette tactique Apparu discrètement au moment M. Hollande, la relève de la « géné- de la Gauche socialiste. d’inventaire » exercé par Lionel Jos- « généreux », qui prenne en considé- pourrait être remise en cause si la de l’élection présidentielle, structu- ration Jospin » qui a déjà émergé au Pour l’heure, à peine 20 % des pin sur les septennats de François ration tous les éléments de situation motion C n’atteignait pas 10 %. «Si ré en juin 1996 lors de la convention sein du groupe socialiste de l’As- votes des sections socialistes sont Mitterrand. difficile concernant ces popula- notre score est dans les ordres de sur la démocratie, le groupe Nou- semblée nationale. parvenus à la direction du PS. Il en « C’est un homme de caractère, a tions. » grandeur que nous prévoyons, s’est velle Gauche devrait mener son ac- résulte des indications fragmen- assuré M. Dray à propos de M. Jos- Pour autant, si M. Dray a exclu borné à indiquer M. Dray, il serait tion au grand jour en regroupant Michel Noblecourt taires qui incitent à la prudence dans l’attente des grandes fédéra- tions. La participation serait entre 65 % et 70 %, ce qui donnerait plus Tension entre le gouvernement et les députés socialistes de 80 % pour la motion A, une mo- tion C plus proche de 10 % que de 15 %, une motion B à la limite des à propos du projet de loi sur la nationalité 5%. Sur les deux tiers des sections des LA TENSION monte entre le France de deux parents étrangers. seule condition que les parents Alpes-Maritimes, la participation gouvernement et le principal La loi Méhaignerie de 1993, qui soient en situation régulière et ré- serait de 65 %, avec 90 % pour la A, groupe de la majorité à propos du exige de ces derniers une manifesta- sident depuis au moins cinq ans en 1 % pour la B et 8 % pour la C. Dans projet de loi sur la nationalité, qua- tion de volonté entre 16 et 21 ans, a France. l’Indre-et-Loire, la motion C serait à rante-huit heures avant que les dé- supprimé la possibilité pour les pa- Cette disposition maximaliste a moins de 15 %. En Haute-Vienne, putés socialistes se prononcent sur rents étrangers d’obtenir la nationa- inquiété le gouvernement, d’autant une faible participation, en-dessous les amendements issus de leurs lité pour leurs enfants mineurs nés plus que la signature de certains de 50 %, ne jouerait pas en faveur rangs. L’« équilibre » des textes sur en France. « ténors » socialistes, comme de la Gauche socialiste. la nationalité et sur l’immigration, La décision du gouvernement de Laurent Fabius et Henri Emmanuel- Intervenant, dimanche 9 no- mis en avant par le premier mi- ne pas rétablir cette possibilité a mis li, ainsi que celle de Julien Dray et vembre, au « Grand-Jury RTL-Le nistre, pourrait être remis en cause. le feu aux poudres. Derrière le rap- de proches du premier ministre, fi- Monde-LCI », M. Dray a choisi un Apparu au grand jour lors de la porteur de la commission des lois, gurait au bas de l’amendement. Au registre modéré, en adéquation réunion du groupe socialiste de Louis Mermaz, une partie des dépu- point d’alimenter une rumeur sur la avec le score modeste qui s’an- l’Assemblée nationale, le 5 no- tés socialistes prône, sur ce point, le volonté présumée de certains socia- nonce pour son courant – « au-des- vembre, le débat se focalise sur les retour à la législation antérieure à listes de ressortir le « chiffon sus de la barre des 10 % », a-t-il indi- conditions d’acquisition de la natio- 1993, voyant dans cette mesure la rouge » de l’immigration pour em- qué –, bien au-dessus des nalité pour les enfants nés en réalisation de la promesse de Lionel barrasser le gouvernement. Devant Jospin de « revenir au droit du sol ». l’émotion manifestée notamment par Daniel Vaillant, ministre des re- SIGNATURES CONTESTÉES lations avec le Parlement, puis par Julien Dray : « devoir d’exigence » plutôt que « droit d’inventaire » Refusant de céder à cette exi- les signataires eux-mêmes, qui ont gence, le gouvernement, qui avait affirmé ne pas avoir donné leur ac- INVITÉ, dimanche 9 novembre, du « Grand né », par « une confrontation ». Evoquant le M. Dray a affirmé : « Nous ne sommes pas là en initialement prévu de maintenir la cord, leurs paraphes ont été rayés. Jury RTL-Le Monde-LCI », Julien Dray a décla- sommet sur l’emploi de Luxembourg, M. Dray train d’essayer de grapiller deux points pour le manifestation de volonté entre 16 et Lundi matin 10 novembre, cer- ré, à propos du conflit des routiers que « s’il y a estimé qu’« il faut être capable de défendre congrès du Parti socialiste. (...) Nous sommes là 18 ans, pourrait accepter d’étendre tains « signataires » indiquaient ne a eu un dénouement positif (...), c’est parce qu’il un modèle social européen, tout en rassurant simplement parce que nous défendons nos cette procédure aux enfants entre « toujours pas comprendre » com- y avait un gouvernement de gauche qui a joué nos partenaires sur notre volonté de construire convictions. Nous avons pris nos responsabilités, 13 et 16 ans, avec l’accord des pa- ment leurs noms avaient pu être son rôle, c’est-à-dire qui a été soucieux de l’in- l’Europe ». « Un sommet avec des objectifs mais y compris en sacrifiant peut-être ce qui est notre rents. Cette position a été envisagée ainsi utilisés. Mise en cause dans térêt général mais qui, en même temps, a défen- sans moyens, a-t-il ajouté, c’est un sommet qui ambition naturelle, pour les uns et les autres lors d’une réunion des directeurs de cette affaire, Mme Neiertz assure que du l’intérêt des salariés et qui s’est porté garant court à l’échec. » (...). On est aussi en capacité d’exercer des res- cabinet concernés, le 7 novembre, à son amendement lui a « totalement de l’accord ». ponsabilités dans ce pays. Et je pense qu’on le Matignon. échappé ». Pour autant, elle persiste « Nous considérons qu’il ne faut pas ratifier le « ÉTÉ INDIEN » POUR UN « COPAIN » ferait bien si on nous en offrait la possibilité. » Signe de la tension qui règne à affirmer que M. Fabius « avait l’air traité d’Amsterdam, a affirmé le député de Qualifiant Lionel Jospin de « copain » Indiquant que, selon les premières informa- dans les rangs socialistes, ce débat d’accord » avec sa proposition et l’Essonne. Pour le ratifier, il faudrait remettre – « c’est même un camarade » –, M. Dray a as- tions, la Gauche socialiste va faire « un score principal s’est doublé, en fin de se- que M. Emmanuelli était « enthou- en cause le pacte de stabilité, remettre en cause suré qu’au regard des sondages, le gouverne- substantiel, au-dessus de la barre des 10 % », maine, d’une controverse autour de siaste ». Dans l’entourage de M. Fa- la logique de fonctionnement de la future ment connaît « une sorte d’été indien qui se M. Dray estime que « la synthèe sera difficile l’amendement présenté par Véro- bius, on souligne que l’attitude banque centrale (...), instaurer une charte so- prolonge ». « Tout cela permet au gouverne- au regard de ce que nous avons exprimé et de ce nique Neiertz (Seine-Saint-Denis), constante du président de l’Assem- ciale et, enfin, procéder à des avancées signifi- ment de développer son action mais rien n’est qu’exprime la majorité (...) même si celle-ci est qui prône le retour à un droit du sol blée est de ne pas signer de propo- catives sur le plan de la construction politique joué », a-t-il assuré. très hétéroclite. (...) Nous, nous préférons exer- « intégral » : rédigé le 5 novembre, sition de loi ni d’amendement. de l’Europe. » Abordant la stratégie de la Gauche socia- cer notre devoir de sincérité et d’exigence main- ce texte prévoit l’acquisition auto- Pour M. Dray, il faudra pour la construction liste, qui présente une motion au congrès du tenant, plutôt que de n’avoir après, comme seul matique de la nationalité dès la Philippe Bernard et européenne en passer, « à un moment don- Parti socialiste, du 21 au 23 novembre, à Brest, recours, que le droit d’inventaire. » naissance sur le sol français, à la Jean-Baptiste de Montvalon Pour obtenir plus de moyens, les contrôleurs des transports routiers font la grève du zèle APRÈS LA GRÈVE des routiers, cation », constate M. Weitz. les contrôles aléatoires qu’ils effec- adjoint du syndicat FO. « Au- celle qu’indique le disque. Concur- d’être encadrés par des « des gens voici la grève des contrôleurs des Les deux syndicats majoritaires tuent leur permettent de repérer les jourd’hui, la fraude est sophistiquée, rence loyale oblige, ils examinent le qui n’y connaissent rien » : « Ce sont routiers ! Les fonctionnaires en dans la profession (FO et Auto- entreprises qui imposent des ca- des interrupteurs étant montés sur les poids du camion. Lorsque le véhi- des ingénieurs des travaux publics de charge du « contrôle des transports nome) appellent donc les contrô- dences illégales aux conducteurs. Ils chronotachygraphes. Pour l’empê- cule est trop chargé, ils l’immobi- l’Etat, qui ne s’intéressent qu’à la terrestres » réclament depuis long- leurs à reprendre la grève du zèle se placent près des zones de fret, cher, il faudrait équiper les camions lisent, jusqu’à ce que le chauffeur construction des routes et des temps plus de moyens pour contrô- qu’ils avaient entamée en octobre : des péages ou des nœuds routiers. de chronotachygraphes électro- ait fait le nécessaire pour se débar- ponts », accuse Marie-Madeleine ler les entreprises qui se livrent à du les contrôleurs établissent un pro- « On se dépêche d’arrêter les pre- niques », déplore-t-il. rasser de son surplus de cargaison. Milin, membre du Syndicat auto- dumping social et qui faussent la cès-verbal à la moindre infraction miers camions qui passent, parce que A l’aide de cartes et de « distan- Pour cette mission, ils ont besoin nome. Les contrôleurs réclament concurrence. Ils espéraient que la constatée, et immobilisent les véhi- les suivants sont avertis par “ CB ” ciers » indiquant les kilomètres qui de l’assistance de fonctionnaires en donc la création d’un corps d’ins- grève des camionneurs, dont ils cules dès qu’il manque une men- qu’on est là et prennent un itinéraire séparent toutes les villes d’Europe, uniforme (douaniers, gendarmes pecteurs des transports, que le mi- étaient solidaires, inciterait le gou- tion sur un document. de délestage », raconte Jacques Do- les contrôleurs tentent de vérifier ou policiers), qui seuls, sont habili- nistère leur refuse. vernement à prendre des mesures Ils font aussi la « grève des consi- tu, contrôleur et secrétaire général que la distance parcourue est bien tés à arrêter les véhicules. «Les Les contrôleurs se rendent aussi énergiques en leur faveur. gnations » : officiellement, ils ne douaniers viennent lorsqu’ils pensent dans les entreprises. Ils vérifient Ils ne se satisfont pas du projet perçoivent plus d’avances sur les trouver de la drogue, des œuvres que les commissionnaires – inter- de budget du ministère de l’équipe- amendes qui sont réclamées aux M. Jospin : « Tous les acteurs d’art ou de la fraude fiscale. Quant médiaires entre expéditeurs et- ment, qui prévoit la création de conducteurs étrangers : celles-ci aux policiers et aux gendarmes moto- transporteurs, payés à la commis- vingt postes supplémentaires en peuvent s’élever à 10 000 francs, ont su assumer leurs responsabilités » risés, ils manifestent beaucoup de sion –, font appel à des chauffeurs 1998 : « Nous serons quatre cent lorsqu’il y a fraude au chronotachy- bonne volonté, mais ce travail ne fait inscrits au registre correspondant, deux, au lieu de trois cent quatre- graphe (outil qui mesure la vitesse « Le gouvernement – et, en particulier, le ministre des transports, pas partie des priorités imposées par et non à des travailleurs au noir. Ils vingt-deux , alors qu’il faudrait être du véhicule et le temps qu’y passe Jean-Claude Gayssot, – a assumé sa propre responsabilité » dans le leur hiérarchie », constate M. Weitz. leur demandent de payer les chauf- le double ! », proteste Joël Weitz, le chauffeur). En fait, ils ne conflit des routiers, indique le premier ministre, dans un entretien Pour assurer une meilleure coor- feurs dans les délais légaux, ils exa- secrétaire général du syndicat des contrôlent plus du tout les véhi- que publie, lundi 10 novembre, La Dépêche du Midi. Lionel Jospin dination des services de l’Etat, Alain minent les contrats qu’ils passent : contrôleurs des transports ter- cules étrangers ; or, ceux-ci repré- souligne que « le gouvernement a d’abord tout fait pour prévenir ce Juppé avait imposé, par circulaire, lorsqu’ils présument qu’ils im- restres Force ouvrière. Se sentent 22 % du trafic. conflit », puis, « une fois celui-ci déclenché, il a ramené ces mêmes par- la constitution d’un pôle régional posent un temps de conduite ex- contentent-t-ils du projet de loi Ces contrôleurs sont chargés de tenaires sociaux à la négociation par des engagements forts et par la de compétences. « Mais cela ne cessif, ils vont chez les sous-trai- « tendant à améliorer les condi- faire respecter la réglementation pratique constante de la consultation, tout en préservant la liberté de marche pas », observe le respon- tants examiner les disques. Mais il tions d’exercice de la profession de sociale européenne, qui concerne consultation ». sable syndical de FO. « Lorsque ça arrive que contrat et disques aient transporteur routier » approuvé au les temps de conduite et les temps M. Jospin relève « avec satisfaction que tous les acteurs de cette crise se fait, la direction de l’équipement, « disparu ». Dorénavant, les conseil des ministres du lundi de repos des chauffeurs, mais aussi [patronat, syndicats et routiers] ont su assumer leurs responsa- qui doit en assurer le pilotage, ne contrôleurs pourront poursuivre 10 novembre (Le Monde daté 9- la réglementation des transports, bilités ». Il en tire une conclusion sur « ce que doit être un vrai dia- consulte pas les contrôleurs des leurs investigations, en examinant 10 novembre) ? Ce texte les auto- condition d’une concurrence logue social : sincère du point de vue des partenaires sociaux et impli- transports, alors qu’ils sont les princi- les factures. rise, enfin, à contrôler les prix prati- économique loyale. Ils travaillent quant l’Etat, qui doit en faciliter l’expression, mais aussi en garantir les paux concernés », affirme-t-il. qués. « Il satisfait une vieille revendi- sur la route et dans les entreprises : résultats ». Les contrôleurs se plaignent Rafaële Rivais LeMonde Job: WMQ1111--0007-0 WAS LMQ1111-7 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0222 Lcp: 196 CMYK

FRANCE LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 7 Un meeting catholique traditionaliste Un nouveau directeur pour la sécurité dénonce les crimes du communisme civile est nommé en conseil des ministres Un dirigeant du Front national exige « repentance » Le commissaire au Plan, Henri Guaino, sera probablement remplacé, Un peu plus d’un millier de personnes ont participé, di- des régimes communistes » à l’appel de Chrétienté-So- le 19 novembre, par Jean-Michel Charpin, membre du conseil d’analyse manche 9 novembre, à Paris, à un meeting et à une lidarité, que préside Bernard Antony, député européen manifestation contre les « crimes contre l’humanité et membre du bureau politique du Front national. économique mis en place par le premier ministre, Lionel Jospin

UN ENFANT tenait haut la croix. où il s’agissait de montrer, comme tion du Livre noir du communisme LE CONSEIL des ministres du police de Lorraine, devrait être pla- lippe Séguin et de Charles Pasqua, Puis venaient plusieurs centaines l’ont affirmé tour à tour l’ancien (Le Monde daté 9-10 novembre), lundi 10 novembre devait procéder cé hors cadre, en attendant d’être sera remplacé, probablement lors d’hommes et de femmes, arborant député Pierre Clostermann, avia- dont les exemplaires mis en vente à un mouvement préfectoral. Jean- chargé de mission au SGCI (orga- du conseil des ministre du 19 no- des cœurs vendéens et le fanion de teur de la France libre, le journa- à la Mutualité sont partis néan- François Denis, directeur de la sé- nisme européen chargé notam- vembre, par Jean-Michel Charpin, Chrétienté-Solidarité, l’organisa- liste d’extrême droite Jean-Pierre moins comme des petits pains. curité civile depuis mai 1996, de- ment de la mise en œuvre des ac- ancien directeur de études écono- tion présidée par Bernard Antony, Cohen, ou l’ancien député Alain Il en est allé de même, d’ailleurs, vrait quitter ce poste pour devenir cords de Schengen), en miques de la BNP. M.Guaino, qui catholique traditionaliste, membre Griotteray, lui aussi ancien résis- d’une brochure intitulée Les Ori- préfet de Meurthe-et-Moselle ; remplacement de Pierre-Henry avait participé à l’élaboration du du bureau politique du Front na- tant, qui avait envoyé un message gines masquées du bolchévisme, ce Jean Dussourd, préfet des Hautes- Maccioni, muté en Dordogne le discours économique de Jacques tional et dont la devise est « Patrie, de sympathie, qu’« Hitler était un que les communistes doivent aux Pyrénées, devrait être nommé di- 1eroctobre. Didier Pétetin, secré- Chirac lors de la campagne prési- Dieu, Famille ». bébé à côté de Staline », que « de- juifs, recensant les juifs ayant parti- recteur de la sécurité civile et de la taire général de la préfecture de dentielle, a été nommé à ce poste Tous hurlaient : « Communistes, vant les responsables des crimes cipé à la révolution russe ou «à défense, ces deux directions du mi- Seine-et-Marne, devrait le rempla- par le précédent premier ministre, assassins ! », « Boudarel, assas- communistes, Papon fait figure de l’administration des camps » stali- nistère de l’intérieur devant fu- cer à Metz. Hubert Perrot, préfet Alain Juppé, qui n’entretenait pas sin!» Ainsi s’est terminé, en défilé petit garçon » et, enfin, que «le niens. « Pourquoi ce silence des rab- sionner. Il devra calmer la grogne délégué pour l’action extérieure de bons rapports avec lui (Le de la Mutualité à Notre-Dame, communisme et le nazisme sont les bins, ce silence sur les crimes et les des pompiers liée à la mise en des collectivités locales, devrait Monde du 4 octobre). Lionel Jos- dans une atmosphère quelque peu monstrueux rejetons du marxisme et fautes de leurs prédécesseurs ? », a place de la départementalisation être nommé inspecteur général de pin, qui souhaite redonner de la vi- hystérique, la journée de « procès du socialisme ». demandé M. Antony dans son dis- des services d’incendie et de se- l’administration en service extraor- gueur au commissariat général au international des crimes contre l’hu- cours de clôture, face à Notre- cours (Le Monde du 29 octobre). dinaire (c’est-à-dire pour cinq ans Plan, n’a pas caché qu’il voulait ob- manité des régimes communistes » « VOLEURS D’ÂMES » Dame, avant d’exiger que « le PCF Gérard Bougrier, préfet de police seulement). Jacques Andrieu, pré- tenir, sans succès jusqu’ici, un organisée, dimanche 9 novembre, D’anciens détenus au Vietnam, et ses compagnons de route », « les de Corse, devrait être nommé pré- fet de Meurthe-et-Moselle, devrait changement de titulaire du poste. par Chrétienté-Solidarité, à la salle en URSS, au Laos sont venus té- sorbonnards dégoulinant de bonne fet à , en remplacement de remplacer M. Perrot sur la coopé- On estime, dans son entourage, de la Mutualité, à Paris. moigner, réclamant que les « vo- conscience », les « intellectuels au- M. Dussourd. Bernard Lemaire, ration décentralisée, qui devrait que M. Guaino n’est pas en me- « Il ne s’agit pas d’une procédure leurs d’âmes », les auteurs de « la- toproclamés », « les journalistes » sous-préfet de Bayonne, devrait être renforcée. Henri Hurand, chef sure d’exercer cette charge. Au pénale, mais d’un procès moral », vages de cerveaux » des régimes de L’Humanité, du Monde, de remplacer M. Bougrier à Ajaccio. du service de coopération tech- centre d’une rumeur de débarque- avait pris la précaution de préciser communistes soient jugés pour La Croix, La Vie, Témoignage Chré- Rémi Thuau, secrétaire général nique internationale de la police, ment depuis plusieurs semaines, M. Antony, qui n’ignore pas que le crimes contre l’humanité. Pour tien, Réforme, etc. « les évêques », pour les affaires régionales du devrait se voir confier la prési- l’intéressé se refuse à tout com- principal accusé de la journée, ce- M. Antony, Karl Marx a « fait allé- « les pasteurs », coupables de Nord-Pas-de-Calais, devrait être dence de la Société française d’ex- mentaire, se contentant de signaler lui dont le portrait figurait sur les geance à Satan, et le communisme a « complicité des crimes commu- nommé préfet de Saint-Pierre-et- portation de matériels et systèmes que « le Plan n’a jamais sorti autant affichettes annonçant le « procès », été marqué de cette allégeance ». Le nistes », fassent « acte de repen- Miquelon, en remplacement de relevant du ministère de l’intérieur de rapports qu’au cours des six der- le Français Georges Boudarel, bé- nombre des victimes des Goulags tance ». Jean-François Carenco, envoyé (SOFREMI). niers mois ». néficie d’un non-lieu pour ses acti- s’élèverait à deux cents millions et dans le -et-Garonne, le 29 oc- Par ailleurs, le commissaire au vités dans le camp viet-minh 113, « non à quatre-vingt-cinq millions, Christiane Chombeau tobre. Michel Pinauldt, préfet de Plan, Henri Guaino, proche de Phi- O. B. et R. Rs. où il était « commissaire poli- comme par je ne sais quel révision- tique ». M. Boudarel n’était qu’un nisme certains le prétendent », a-t-il symbole pour un procès politique précisé en rejetant ainsi l’évalua- Jean-Marie Le Pen relance à Bucarest son projet d’« internationale » BUCAREST adhérer », a expliqué cet ancien de notre correspondant poète de cour du dictateur Nicolae Le président du Front national a Ceausescu. relancé, dimanche 9 novembre, à Pour M. Le Pen, l’« Euronat » Bucarest, son idée de création doit construire « une Europe indé- d’une « internationale nationa- pendante face aux Etats-Unis », où liste », qui regrouperait les partis les nationalistes auront la mission nationalistes européens afin de les d’endiguer « la dérive dangereuse » « aider à prendre le pouvoir dans dans laquelle est entraîné actuelle- leur pays ». Jean-Marie Le Pen s’ex- ment, à ses yeux, le Vieux primait devant le congrès des ultra- Continent. Dans la vision du chef nationalistes du Parti de la Grande du Front national, les nationalistes Roumanie (Romania Mare, PRM), veulent tout simplement « une une formation qui tient un discours Roumanie roumaine, une France xénophobe, raciste, antijuif et hos- française ou une Espagne espa- tile à la minorité magyare de Rou- gnole ». manie. Longuement applaudi par Les deux partis d’extrême droite, les 1 000 délégués du PRM, M. Le français et roumain, disent être Pen a précisé que la « constitution « idéologiquement liés » dans leur de l’internationale nationaliste aura « lutte contre le mondialisme dicté lieu à la fin 1998 ou, au plus tard, par les Etats-Unis » et contre une début 1999 ». « Europe unie ». Son initiative a trouvé une terre « Jean-Marie est satanisé tout fertile chez les extrémistes rou- comme je le suis, car nous luttons mains. Le président du PRM, Cor- contre les aventuriers et les maffio- neliu Vadim Tudor, a proposé à son si », a expliqué le président du tour une « organisation mondiale PRM, dont la levée de l’immunité des partis nationalistes ». «Le Pen parlementaire pour « calomnie » a l’appelle "Euronat" mais, moi, je lui été à plusieurs reprises débattue ai suggéré de l’appeler "Mondonat", par le Sénat roumain. car des partis d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie veulent aussi y Andréi Neacsu Mise en garde de Mme Aubry sur les dépenses de santé MINISTRE de l’emploi et de la solidarité, Martine Aubry a déclaré, di- manche 9 novembre, lors d’un colloque du syndicat de médecins gé- néralistes MG-France à Paris, que le respect des objectifs de dépenses de santé pour 1997 n’est en rien « joué ». Elle a appelé les généralistes à la « mobilisation ». Les dépenses d’assurance-maladie n’ont progres- sé que de 0,1 % en septembre, après deux hausses plus fortes en juillet et août, mais l’enveloppe allouée aux médecins pour 1997 a été dépen- sée aux trois quarts. Mme Aubry a prévenu qu’elle saura « mettre à mal ceux qui veulent faire échouer notre système de santé ». « Vous n’êtes pas de ceux, et je m’en ré- jouis, qui pensent qu’il vaut mieux être salarié d’une compagnie d’assu- rance privée que conventionné à la Sécurité sociale », a-t-elle ajouté.

DÉPÊCHES a OPPOSITION : Lionel Jospin, dans un entretien publié lundi 10 novembre, par La Dépêche du Midi, estime que l’opposition « désta- bilisée, divisée politiquement, déchirée par les luttes de personnes, tra- verse une crise ». « Si cette crise des partis de la droite républicaine se prolongeait, elle profiterait à l’extrême droite, selon le premier ministre. La porosité entre l’une et l’autre est déjà manifeste, qu’il s’agisse des idées ou des hommes. Je ne souhaite pas que cela aille plus loin. » M. Jospin annonce que le gouvernement lancera en 1998 « un débat concernant les prérogatives parlementaires de l’opposition, notamment le travail en commission et le droit d’amendement ». a SERVICES SECRETS : le général de division Philippe Rondot est mis à la disposition du ministre de la défense, Alain Richard. Ancien officier à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et grand connaisseur des questions de renseignement, le général Ron- dot, soixante et un ans, était jusqu’à présent conseiller à la DST. Il est à l’origine de la libération des otages français de Beyrouth et de l’arres- tation, en août 1994, du terroriste Carlos. A la défense, il sera chargé de la coordination du renseignement entre la DGSE et la DST (Direc- tion de la surveillance du territoire). LeMonde Job: WMQ1111--0008-0 WAS LMQ1111-8 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0223 Lcp: 196 CMYK

8 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997

PAUVRETÉ Lors d’une communi- l’accueil des sans-abri cet hiver. dans les principales villes et l’amé- MAISON de Nanterre demeure un d’autoroute, porte de Bercy, plu- cation consacrée à l’exclusion, lundi « Pour l’essentiel, les besoins d’ac- lioration des centres d’assistance et lieu d’asile vétuste, où l’insécurité se sieurs personnes vivent dans de mi- 10 novembre, en conseil des mi- cueil d’urgence sont aujourd’hui d’hébergement ont permis d’éviter développe. Sa rénovation, attendue sérables cabanes, refusant toute nistres, Martine Aubry, ministre de couverts », estime la ministre. b LA aux pouvoirs publics le recours à un depuis des années, pourrait démar- prise en charge ou n’attendant plus l’emploi et de la solidarité, a évoqué MISE en place de SAMU sociaux plan spécifique pour l’hiver. b LA rer en mars 1998. b EN BORDURE rien des services sociaux. Les SAMU sociaux ont permis d’améliorer l’assistance aux sans-abri Pour la première fois depuis 1984, le gouvernement ne publiera pas de circulaire organisant un plan d’urgence spécifique à la période hivernale. Les associations et les pouvoirs publics ont adapté les structures d’accueil, permettant un net progrès de la prise en charge des exclus

L’ALARMISME n’est plus de sai- misère. Certaines structures sym- hétérogènes. Les SAMU sociaux de dépend encore trop du dynamisme son. L’approche de l’hiver n’a pas bolisent sans doute mieux que province ont eux aussi fait appa- d’un élu ou de la bonne volonté de la fait résonner de branle-bas de d’autres les évolutions de la ré- raître de nouveaux publics, aux be- DAS, dit Bernard Catrix, respon- combat gouvernemental. Quelques ponse d’urgence à la grande exclu- soins inédits, en bouleversant les sable de l’UDOS, l’Union départe- paragraphes à la fin d’une commu- sion. Ainsi les équipes mobiles, qui méthodes du travail social. « Au dé- mentale d’accueil et d’urgence so- nication consacrée à la lutte contre se sont multipliées pour approcher but, dit Bernard Roux, responsable ciale de la Somme, qui gère le l’exclusion ont suffi à Martine Au- au plus près des misères urbaines. d’Entretemps, une des associations SAMU social d’Amiens, créé à l’ini- bry pour faire pénétrer, lundi 10 no- Elles ont, sur deux points, profon- qui se sont fédérées pour mettre en tiative du maire de la ville, Gilles de vembre, en conseil des ministres, dément modifié le travail social ces place, dès 1993, la veille sociale de Robien (UDF-DL). Le fait de ne re- un peu de la rigueur climatique des dernière années : proximité avec les Lyon, nous nous sommes fait un peu poser sur aucune base réglementaire jours à venir. Signe des temps : personnes à aider ; coordination peur. Nous pensions aller au-devant fragilise l’ensemble, notamment pour pour la première fois depuis 1984, la entre acteurs. de gens violents et déséquilibrés. Puis asseoir une stabilité financière ». ministre de l’emploi et de la solida- « J’ai toujours pensé qu’il était im- nous nous sommes rendu compte Surtout, aucune de ces structures rité n’a pas adressé de circulaire sur pératif d’aller au-devant de ceux qui qu’il n’était pas si difficile de passer ne perd de vue l’absolue nécessité ce sujet aux préfets, mais une lettre, ne demandent rien », triomphe au- d’un logique de guichet à une lo- de concevoir l’urgence comme un le 30 octobre. Aux circulaires sur jourd’hui Xavier Emmanuelli. Fon- gique de contact. La maraude nous a premier pas vers une insertion plus des dispositifs d’exception en hiver dateur, en 1993, du premier et du permis de prendre conscience de durable. « Il faut toujours qu’il existe ont succédé les temps du « quanti- plus connu des dispositifs mobiles, l’isolement. » une possibilité de recontrer quelqu’un tativement suffisant ». le SAMU social de Paris (SSP), l’an- pour un premier travail d’orientation, « Le dispositif d’accueil qui avait cien secrétaire d’Etat à l’action hu- STRUCTURES ASSEMBLÉES au lendemain d’un nuit passée en ac- été conçu à l’origine comme un dis- manitaire d’urgence du gouverne- Les SAMU sociaux ont aussi en cueil d’urgence », dit Aziz El Rabti, positif saisonnier est maintenant or- ment d’Alain Juppé fait visiter les commun d’avoir contribué à resser- responsable de l’association Interlo- ganisé comme un dispositif per- locaux de sa « créature », sans rer les liens entre associations. gement 93, qui intervient sur la manent, note la ministre dans sa craindre d’en souligner le luxe. « Avant la création de la coordina- Seine-Saint-Denis. L’urgence n’est lettre. Pour l’essentiel, les besoins « Parfois, les gens qui viennent ici tion mobile d’accueil et d’orientation, qu’un soulagement transitoire si d’accueil d’urgence sont aujourd’hui pour la première fois pensent qu’ils se explique Bernard Codert, le pré- elle ne marque pas le début d’un re- couverts. » Ce constat ne s’explique sont trompés. Ils n’imaginent pas que mieux consacrer la nuit à cette fallait pas non plus réglementer, au sident de ce dispositif qui intervient tour vers la société. « On a beau pas par une résorption miraculeuse cela peut être destiné à des quête des isolés. risque de couper les ailes aux initia- sur la communauté urbaine de Lille, faire une très bonne régulation, une de la pauvreté. Les personnes en pauvres. » A la tête de cette « émanation de tives. » chacun travaillait dans son coin. coordination efficace, mais, si les grande précarité n’ont jamais été la puissance publique », selon son Une circulaire de Simone Veil, Maintenant la centralisation des de- gens n’ont pas les moyens de sortir aussi nombreuses, mais les struc- PRÊTES À PARTIR expression, puis au gouvernement, alors ministre des affaires sociales mandes permet de mieux connaître des dispositifs par le haut... », dit tures censées répondre immédiate- Le bel hospice Saint-Michel, Xavier Emmanuelli aura assisté à d’Edouard Balladur, appellera en l’action des autres. » Aline Osman, de la Fédération na- ment aux situations de détresse porte de Saint-Mandé, entièrement toute une germination de disposi- 1994 à la mise en place d’équipes Dans le schéma d’organisation le tionale des associations d’accueil et n’ont jamais disposé d’autant d’ou- restauré et mis à disposition par les tifs mobiles, aussi éloignés du sien, mobiles dans les trente plus plus courant, une association gère de réadaptation sociale (FNARS). tils. services du patrimoine de la Ville malgré leur appellation courante de grandes villes de France. Le rôle dé- l’équipe mobile, une deuxième s’oc- La banalisation de l’hiver n’aurait A l’orée de l’hiver 1997-1998, de Paris, concentre la quasi-totalité SAMU social, que différents les uns cisif joué par les directions de l’ac- cupe du numéro vert et de l’orienta- alors permis que de masquer, un Mme Aubry peut ainsi s’appuyer sur des missions du SAMU social. Ac- des autres. « Je ne souhaitais pas dé- tion sociale, le financement en tion, d’autres fournissent les temps, l’extension et la profondeur l’amélioration du traitement de cueil de jour, pour « apprivoiser » poser une marque de fabrique, dit-il. grande partie par l’Etat, restent des moyens d’hébergement. Les struc- des dégâts de l’exclusion. l’urgence sociale depuis plus de dix les plus éloignés de la société ; salle La situation à Paris est trop parti- points communs entre ces struc- tures ainsi assemblées n’en courent ans pour combattre la montée de la de régulation des demandes reçues culière pour être transposable. Il ne tures, malgré leurs organisations pas moins quelques risques. « Tout Jérôme Fenoglio sur le numéro vert – le numéro à huit chiffres est devenu le 115, dans L’urgence en France chaque département, depuis fin septembre – ; trente lits infir- La « maison de Nanterre » est toujours en attente d’une rénovation b Capacités. Le nombre de places miers pour les personnes dont les en hébergement d’urgence est de problèmes de santé n’impliquent IL EST régulièrement dénoncé pour la vétus- des toxicomanes, des étrangers pour la plupart cinquante réservés pour les soins hospitaliers. plus de 15 000, dont une partie pas une hospitalisation ; fourgon- té de ses locaux et la rudesse de son accueil. Il en situation irrégulière. A la vétusté des lieux Ce projet, d’un coût de 37 millions de francs, n’est disponible que l’hiver. S’y nettes garées dans la cour, prêtes à fut épinglé en janvier 1996 par un rapport acca- s’est alors ajoutée une insécurité grandissante, prévoit que les dortoirs, dont l’un peut actuel- ajoutent les 30 000 places environ partir en tournée... Tout, dans cet blant de l’inspection générale des affaires so- aux querelles d’après boisson d’autrefois se lement accueillir jusqu’à cent dix-huit per- des centres d’hébergement et de « anti-Nanterre », dit la puissance ciales (IGAS) stigmatisant l’insécurité et le sont greffés les trafics de drogue et de faux pa- sonnes, laissent la place à des chambres de réadaptation sociale (CHRS) d’un mastodonte de l’action d’ur- manque d’hygiène. Pourtant le centre hospita- piers, les viols et les vols. Ce climat est dénoncé quatre à six lits. Cependant, si la réorganisa- b Budget. Le crédit « intégration gence. Structuré en groupement lier d’accueil des personnes sans abri (Chapsa) de plus en plus vivement par le personnel de tion du Chapsa, qui devrait durer trois ans, est et lutte contre l’exclusion » d’intérêt public (GIP) et fort d’un de Nanterre (Hauts-de-Seine) devra encore at- l’établissement, surtout depuis qu’un pension- de nature à humaniser l’accueil des sans-abri, prévoit, au chapitre 47-21 de la loi budget de 40 millions de francs, le tendre jusqu’au printemps 1998 pour voir dé- naire a tué un autre sans-abri, le 24 septembre, elle ne règle pas, selon le personnel, les pro- de finances, le budget de l’accueil SSP aura prospéré en quatre ans, marrer les premiers travaux de rénovation. d’un coup de revolver dans un dortoir. blèmes d’insécurité. Les salariés se mobilisent et de l’hébergement d’urgence, non sans traverser une grave crise Depuis sa création, en 1877, le dépôt de pour l’augmentation des effectifs de nuit, la ainsi que le fonds d’aide aux de croissance. mendicité de Nanterre, devenu l’un des princi- UN PROJET DE 37 MILLIONS DE FRANCS mise en place de détecteurs de métaux et pour jeunes. En 1998, il doit s’élever à « Nous avons failli crever de nous paux lieux d’accueil des sans-abri de la région Deux ans après l’adoption d’un plan de ré- que la fouille des pensionnaires soit autorisée. 785 millions de francs, soit un transformer en simple taxi social », parisienne, a mauvaise réputation. L’évocation novation des locaux, la situation au Chapsa n’a Le directeur de l’établissement, Antoine de recul de 24 millions (3 %). Le soupire M. Emmanuelli. Submergé de la « maison de Nanterre » renvoie à des que peu évolué. Les premiers efforts se sont Tovar, ne partage pas cette vision. Il souhaite budget des CHRS est prévu à d’appels de gens qui l’utilisaient images de clochards ramassés à Paris par les portés sur l’hygiène, avec le recrutement de privilégier le respect et la dignité des sans-abri 2,4 milliards de francs pour 1998, comme central de réservation et « bleus », la brigade spéciale de la préfecture vingt-deux agents « d’hôtellerie » pour l’entre- recueillis et aime à rappeler que le Chapsa est en progression de 2 %. moyen de transport vers un héber- de Paris, et qui, après une douche forcée, une tien des lieux. Jusque-là, d’anciens résidents en avant tout « un lieu de soins et non une prison ». b A Paris. Selon les services de la gement nocturne, le SSP s’est peu à soupe avalée en silence, s’entassent dans des étaient chargés, contre un modeste pécule, Quant aux riverains proches de la maison de Ville de Paris, la capitale disposera peu trouvé détourné de sa mission dortoirs lugubres. Ils en repartent au petit ma- avec parfois, selon l’IGAS, « d’inacceptables Nanterre, comme le personnel, ils exigent que d’un total de 6 200 places première d’approche des plus mar- tin vêtus de propre pour retrouver la bouche dérives ». les bus ramènent vers Paris tous les sans-abri potentielles au 15 novembre, ginalisés. Des accords avec la RATP, de métro ou la gare abandonnée la veille avant Les travaux de restructuration du centre de- et pas seulement ceux qu’ils ont amenés, toutes structures, publiques ou qui convoie désormais ceux qui de refaire le voyage vers Nanterre quelques vraient finalement commencer en mars 1998. comme actuellement, ne voulant pas voir les associatives, confondues. 3 000 peuvent se déplacer jusqu’aux jours plus tard. Malgré les protestations des populations de squares de leurs résidences se transformer en places sont disponibles toute centres d’hébergement, ont permis Au début des années 90, la population du Nanterre et de Colombes, qui n’ont jamais vu lieux d’accueil, jonchés d’ordures, de bouteilles l’année, 2 800 sont ouvertes pour de renouer avec le souci de la « ma- Chapsa a changé. Aux clochards parisiens sont d’un bon œil le maintien d’une telle structure à vides et d’excréments. l’hiver. Durant cette période, 400 raude ». L’extension des tournées venus se mêler de nouveaux exclus, des jeunes la lisière de leurs communes, le Chapsa garde- autres lits supplémentaires durant la journée a permis de âgés de dix-huit à vingt-cinq ans plus agressifs, ra sa capacité actuelle de trois cents lits, dont Jean-Claude Pierrette peuvent être ouverts en cas de grand froid. Il existe aussi 140 lits en centre d’hébergement d’urgence pour Les irréductibles des cabanes de la porte de Bercy soins infirmiers, pour les personnes ne nécessitant pas une LEUR existence s’est figée en ce terrain qui appartient au Port Dans un mélange d’anglais, de terie, Sebastian regarde la télévi- Au cours de ses périodes sans hospitalisation. bord d’autouroute, là où les voi- autonome de Paris. Leur baraque a néerlandais et de français, cet Alle- sion, avec, à portée de la main, une emploi, Jean-Claude a fait la route b SAMU Social. En 1996, le tures accélèrent au sortir du péri- été détruite par la police munici- mand âgé de quarante-huit ans, bombe paralysante. C’est le moyen sur la Côte d’Azur ou zoné à Châ- SAMU social de Paris a pris en phérique parisien. Ils sont sept en- pale, qui tolère les occupants du originaire de la région de Hanovre, qu’il a trouvé pour tenir à distance telet. Il est arrivé porte de Bercy à charge, de jour, 84 561 personnes core à demeurer sur une étroite lieu mais n’accepte plus les nou- assure même qu’il n’a pas voulu José et un autre Jean-Claude, qui l’été 1995. Comme les autres, il ac- – une personne peut avoir fait veaux arrivants. Jean-Claude a re- toucher le RMI, parce qu’il assimile vivent dans une baraque tout au cepte depuis les cafés, la soupe et appel plusieurs fois à ses services REPORTAGE trouvé un travail de déménageur et l’allocation à une aumône. bout du terrain. Ceux-là l’insup- les vêtements de la Croix-Rouge au cours de l’année. Ce total se La police municipale sa compagne italienne serait en- Sebastian vit de son travail. Il ré- portent avec leur penchant obses- qui passe un soir par semaine pen- répartit en 80 765 hommes, ceinte, d’après l’un des irréduc- cupère du cuivre et du laiton, en sionnel pour l’alcool. « Vous vous dant l’hiver. Mais, comme les 1 702 femmes, 1 136 couples et 958 tolère les occupants tibles de la porte de Bercy, qui l’a aval, à la décharge de Bercy et le rendez compte, maugrée-t-il, ils autres, il refuse de quitter la ca- familles. La nuit, 46 913 personnes du lieu mais pas croisée récemment. revend en amont, à une entreprise touchent tous les deux le RMI, et ils bane qu’il chauffe avec un peu ont été prises en charge. A les nouveaux arrivants Le départ de Jean-François, il y a d’Ivry. Le produit de cette vente lui arrivent à en boire la totalité en d’alcool à brûler. Un passage à Amiens, du 1er janvier au plus d’un an, s’est en revanche ef- assure, selon les cours, environ même pas quinze jours. » Nanterre, la seule fois où il s’est 30 septembre, le SAMU social a fectué dans des conditions plus 400 francs par semaine, dont il faut Un troisième Jean-Claude vit fait attraper par les « bleus », l’a effectué 1 670 interventions, soit bande d’herbes folles, coincée tragiques : une évacuation sani- déduire 100 francs pour la nourri- sous une cabane d’une seule pièce dégoûté des foyers. « C’était une moyenne de 6 par nuit. A entre le vacarme automobile, la taire, pour cause de tuberculose. ture du chien et du chat. entièrement fabriquée avec des l’épouvante », se souvient-il. Lyon, durant l’hiver 1996-1997, Seine et l’échangeur de la porte de Ne restent aujourd’hui dans ces palettes de chantier et tapissée de Les comptes sont vite faits. Une 3 003 transports ont été Bercy. Le lieu avait connu son cabanes que ceux qui n’ont aucune ABRIS SOLIDES moquette. « L’ambiance est lourde chambre d’hôtel dans le 12e arron- effectués par la Veille sociale quart d’heure de célébrité, en mai possibilité ou aucune envie de par- Le froid ? Sebastian assure ne ici, raconte-t-il, ils passent leur dissement ne lui laissait que mobile. 1995, lorsqu’une équipe de France tir. Sous le premier amas de bâches pas le craindre. Son enfance de fils temps à boire et à s’insulter. Je pré- 1 300 francs pour vivre. La cabane, b Décès. Quarante personnes 2 était venue filmer ces gens qui vi- et de carton demeurent trois Polo- de fermier lui a appris à bricoler fère ne pas rester pour voir ça. Je même glaciale l’hiver, lui laisse sont mortes des suites du froid vaient sous des cabanes de bois et nais. Lazek, premier arrivé, a été des abris solides. Sa carrière de ca- pars dès que je me réveille et je l’intégralité de son RMI et de quoi durant l’hiver 1995-1996. Ce bilan, de carton, pour une chronique sur rejoint par Bogdan, puis cet été, mionneur indépendant l’a habitué rentre tard le soir. » Sobre et acheter des livres d’aviation dont il dû à un hiver rigoureux, avait été le deuxième tour de l’élection pré- par le plus jeune et le plus massif aux courants d’air, lorsqu’il dor- propre, s’excusant de n’avoir eu le raffole. Il s’offre souvent l’aller- plus élevé que les années sidentielle (Le Monde du 16 mai des trois, Gregor. Ils survivent en mait sur la route glaciale entre Ber- temps de se raser, Jean-Claude, retour jusqu’à Orly, pour aller précédentes qui avaient enregistré 1995). montant faire la manche, à tour de lin et Moscou. Selon lui, le camion quarante ans, affirme habiter là regarder les pavillons des nou- une quinzaine de décès. Environ La plupart des héros d’alors ont rôle, sur le boulevard de ceinture. a été saisi à Paris, il y a trois ans, à davantage par choix que par dé- velles compagnies aériennes. Au 150 personnes étaient mortes de réussi à fuir ce bout de nulle part. Ce moyen de subsistance irrite cause des complications de son di- chéance. Sa rupture avec sa fa- retour, seul dans sa cabane, il se froid en 1985 et près d’une Pierre et Marie-Jo, deux sexagé- au plus haut point Sebastian, leur vorce. Il s’est retrouvé bloqué sur mille, à Sarreguemines, en 1981, ses dit parfois que la solitude est «le centaine en 1987, lors de deux naires, ont accepté cet été d’être voisin, qui occupe la plus vaste et place et a décidé d’adosser sa démissions des différents emplois, prix à payer pour son indépen- autres hivers particulièrement relogés dans un appartement par la mieux aménagée des cabanes. Il construction aux arbres du lopin notamment de manutentionnaire, dance ». rudes. la mairie de Charenton-le-Pont, jure qu’il préférerait mourir plutôt de la porte de Bercy. Lorsqu’il a as- il les explique par un caractère sur le territoire de laquelle est situé de se laisser aller à la mendicité. sez d’argent pour recharger sa bat- « très solitaire ». J. Fe. LeMonde Job: WMQ1111--0009-0 WAS LMQ1111-9 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0224 Lcp: 196 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 9 L’épiscopat souhaite un changement d’orientation Quatre marins périssent de la politique d’immigration dans un naufrage L’assemblée plénière de Lourdes a adopté un appel à « vivre ensemble » au large du Finistère L’assemblée des évêques s’est achevée, lundi pentance » de Drancy, les Journées mondiales l’Eglise. Dimanche 9, elle a débattu d’un texte, 10 novembre à Lourdes, au terme d’une semaine de la jeunesse, la formation des prêtres, le dia- Appelés à vivre ensemble, qui propose un chan- de débats aux thèmes aussi divers que la « re- logue avec l’islam et la communication de gement d’orientation de la politique d’immigra- La météo avait annoncé des vents de 140 km/h

LOURDES cinquante ans ? Cette question sur des sujets plus internes, ont rale des jeunes n’a pas eu lieu. QUATRE MARINS-PÊCHEURS à bord duquel l’un des marins avait de notre envoyé spécial qu’il avait posée après Drancy, été davantage escamotés. Celui, en « On aurait tort d’opposer les mou- ont péri lors du naufrage du Nar- réussi à se réfugier. Les services de Les évêques se sont séparés, lun- Mgr Jean-Charles Thomas, évêque particulier, qui portait sur les sémi- vements de jeunes à la masse. Les vick, leur caseyeur, dimanche ma- secours ont finalement repêché les di 10 novembre à Lourdes, après de Versailles et président du comi- naires et les « circuits parallèles » uns ont entraîné l’autre », s’est tin 9 novembre, à un demi-mille au corps noyés de trois marins, tandis avoir réexprimé leurs convictions té épiscopal des migrations, l’avait de formation de prêtres. « On s’est contenté d’indiquer Mgr Michel large des côtes de l’Aber Wrac’h, qu’un quatrième homme d’équi- sur au moins trois sujets – l’immi- présente à l’esprit, en proposant, contenté de surfer sur le pro- Coloni, évêque de Dijon. Ses col- situé sur la commune de Landéda, page, qui avait été hélitreuillé et gration, l’islam et le rapport avec dimanche à Lourdes, un change- blème », déplorait l’un des partici- lègues espèrent maintenir l’élan à 25 kilomètres au nord de Brest transporté dans un état critique à le judaïsme – qui les mettent en ment d’orientation de la politique pants. provoqué par les rassemblements (Finistère). Un bulletin d’alerte mé- l’hôpital de La Cavale-Blanche à contradiction avec une « base » d’immigration. Le texte Appelés à de Longchamp et attirer les jeunes téo diffusé la veille avait annoncé Brest, est décédé peu après son ad- qui traîne les pieds. L’appel à vivre ensemble, qui sera publié « CRÉATIVITÉ À RETROUVER » par des rassemblements excep- des pointes de vent de 140 km/h. mission. « vivre ensemble » avec les immi- dans son intégralité autour du Principalement visé, Mgr Ba- tionnels, des « marches », des cé- Dimanche matin à 7 h 47, la socié- grés est destiné à des communau- 20 novembre, vise le « long gnard, supérieur du séminaire très lébrations liturgiques ou des té nationale de sauvetage en mer FORTES RAFALES tés chrétiennes, dont les évêques terme ». Il n’évoque pas les thèses conservateur d’Ars (Ain), est resté confirmations de jeunes adultes. avait reçu un appel de détresse des Par ailleurs, plusieurs communes savent qu’elles sont guettées par le du Front national, que l’épiscopat silencieux. S’il est un thème qui L’évêque est invité à s’engager da- marins. D’importants moyens de de la Vienne ont été touchées di- « repli ». De même, contre l’inté- a souvent condamnées de manière met les nerfs à l’épreuve d’un épis- vantage dans des « catéchèses » et secours avaient alors été dépêchés, manche après-midi par de fortes grisme musulman, ont-ils réaffir- plus explicite, ni la législation en copat divisé, c’est en effet celui de dans l’accompagnement spirituel dont deux zodiacs des pompiers de rafales de vent qui ont occasionné mé l’urgence d’un dialogue avec cours de discussion. Mais il déve- la formation sacerdotale et de de jeunes. Il y a toute une « créati- Lannilis et de Brest et un hélicop- d’importants dégâts matériels, l’islam (Le Monde daté 9-10 no- loppe les enjeux théologiques et l’avenir des ministères ordonnés, vité à retrouver », convient Mgr tère de type Dragon 29. Un héli- sans faire de blessé. À l’ouest de vembre). Enfin, les réactions qui politiques, rappelle les prescrip- dans un contexte de grande dé- Coloni. coptère Super-Frelon de la marine Poitiers, douze maisons du lieu-dit ont suivi l’acte de « repentance » tions de la Bible et propose des pression. Président de la commis- Dernier « dossier » examiné à nationale avait également été mis la Chablatière ont eu leur toiture de Drancy montrent la résistance « repères » qui devraient guider sion compétente, Mgr Georges Lourdes : la communication de en alerte compte tenu des mau- arrachée, des cheminées se sont de milieux conservateurs à la per- toute action sur l’immigration. Un Gilson est toutefois parvenu à l’Eglise. L’« inventaire » des ques- vaises conditions météorologiques écroulées et des animaux domes- ception du judaïsme développée accrochage a eu lieu entre le prin- faire adopter « un code de bonne tions soulevées – avant l’adoption sur la pointe Bretagne. Les pom- tiques ont été tués. Au Grand- par le concile Vatican II (1962- cipal rédacteur du texte et Mgr conduite » pour éviter toute d’un « plan » dans un an – a per- piers de Plouguerneau avaient en Breuil, vingt-cinq bâtiments sur 1965), et à la dimension péniten- Lustiger, qui aurait voulu voir dé- concurrence sauvage entre sémi- mis d’actualiser des propositions outre envoyé une équipe terrestre soixante-quatre ont été endomma- tielle du « Jubilé» de l’an 2000 sou- veloppées les raisons structurelles naires. qui ont échoué dans le passé, faute pour effectuer les recherches sur la gés tandis qu’à Journet, à Villemort haitée par le pape. de l’afflux des immigrés et précisée A propos de l’« après-JMJ » de moyens financiers ou de volon- côte. et à Antigny (Vendée), trente-cinq De quels silences sommes-nous la notion d’« altérité » au cœur de (Journées mondiales de la jeu- té. Il en va ainsi de la formation Lors de leur arrivée en mer, les habitations au total ont été sinis- coupables aujourd’hui qu’on sera tout accueil de l’étranger. nesse), le débat attendu sur l’effi- d’un personnel spécialisé dans les sauveteurs ont trouvé l’épave trées, des lignes électriques et télé- en droit de nous reprocher dans Les autres débats de Lourdes, cacité des structures de la Pasto- rapports avec les médias. Le re- échouée sur la roche de la Ma- phoniques endommagées et des proche a été adressé aux journa- louine, ainsi qu’un canot de survie véhicules renversés. listes de ne pas comprendre « les enjeux fondamentaux » de la vie de Il faut passer « à une politique positive de solidarité » l’Eglise. Mais comment le pour- raient-ils, soigneusement écartés Le militant anti-avortement VOICI les principaux extraits de la droit d’asile, ni prêter à discrimina- tionale, une telle politique ouvrira qu’ils sont d’une assemblée, dont présentation, faite à Lourdes di- tion. Tout acte politique, toute me- l’opinion à une vision plus positive les participants eux-mêmes esti- manche 9 novembre, du document de sure qui aboutit à déshumaniser un de l’accueil de l’étranger. ment le fonctionnement dépassé ? Xavier Dor mis en examen et écroué l’épiscopat Appelés à vivre en- groupe humain est néfaste pour l’en- » Dans certaines circonstances Le rendez-vous annuel de semble : semble de la société. critiques, le refuge dans le silence Lourdes ressemble de plus en plus LE DOCTEUR XAVIER DOR, militant anti-avortement et fondateur « Toute per- » Nous appelons à changer peut devenir démission. Il est tra- à un exercice imposé, au cours du- de l’association SOS Tout-Petits, a été mis en examen pour « organi- sonne, quels l’orientation de la politique de l’im- gique, lorsque la sécurité, la santé et quel un ordre du jour étroit n’au- sation de manifestation interdite en récidive légale » et écroué dans la que soient son migration. Exprimée en termes de la dignité des personnes sont en torise guère la spontanéité de dé- nuit du samedi 8 au dimanche 9 novembre à la maison d’arrêt de origine, sa protection des flux migratoires, cette cause. Un débat clair permet de bats que le huis-clos aurait dû Bois-d’Arcy (Yvelines). M. Dor, soixante-huit ans, avait été interpellé culture, son politique nous paraît sans avenir. [Il combattre les tentations de repli qui favoriser. « Je déplore qu’on reste samedi après-midi en face de l’hôpital André-Mignot du Chesnay, statut juri- faut] passer d’une stratégie marquée font obstacle à la mise en place d’une toujours entre nous. J’étouffe », où il manifestait en compagnie d’une trentaine de personnes malgré dique, est revê- par le souci de nous protéger de la législation conforme aux droits de confie l’un des participants. On ne une interdiction préfectorale. tue d’une di- venue des étrangers à une politique l’homme et au bien commun. Ouvrir pouvait trouver meilleure conclu- M. Dor a déjà fait l’objet de onze condamnations. La cour d’appel de gnité ayant un positive de solidarité et de dévelop- ce débat, c’est favoriser la rencontre sion à une assemblée de routine, Versailles l’avait condamné, le 8 mars 1996, à une peine de trois mois caractère sacré. Nous réaffirmons pement avec les pays d’origine. En des partenaires concernés : respon- sans texte incontesté et sans de prison ferme et cinq mois assortis d’un sursis, avec mise à que la législation ne peut, sous au- organisant l’immigration de telle sables politiques, associations pré- souffle. l’épreuve de deux ans et obligation de s’abstenir de paraître dans cun prétexte, apporter de restriction sorte qu’elle constitue un élément sentes sur le terrain, Eglises et sur- tout hôpital accueillant des femmes enceintes. au droit de vivre en famille ou au dynamique de la solidarité interna- tout les immigrés eux-mêmes. » Henri Tincq DÉPÊCHES a JUSTICE : un homme de quatre-vingt-un ans, condamné à me mort par contumace en 1977, a été arrêté, vendredi 7 novembre, à M Guigou prévoit un recrutement exceptionnel de magistrats Marseille. Francis Siciliano, accusé d’avoir tué, en 1975, l’un de ses rivaux dans une affaire de proxénétisme, vivait depuis vingt-deux DEUX JOURS après la grève des avait évoqué à la tribune le premier justice verra ses crédits augmenter durée de leur formation sera plus ans sous une fausse identité. Il aurait pu bénéficier, dans quelques avocats contre la grande misère de mouvement de grève national des d’un peu plus de 4 %. En matière de courte que pour les « auditeurs » de semaines, de la prescription de vingt ans en matière criminelle. Il de- l’institution judiciaire, Elisabeth Gui- avocats, jeudi 6 novembre. création d’emplois, la place Ven- l’ENM. vrait être rejugé par une cour d’assises. gou a annoncé qu’elle allait prendre dôme, avec 762 postes, se situe au se- Confronté, lui aussi, à des vacances a EXHUMATION : Mgr Jacques David, vice-président de la confé- des « mesures d’urgence consé- TRAITEMENT DE FAVEUR cond rang derrière l’éducation natio- de postes, Robert Badinter avait or- rence des évêques de France, a déclaré, samedi 8 novembre, qu’il quentes » afin d’endiguer l’asphyxie Depuis une quinzaine d’années, la nale. Tous ces emplois n’iront ganisé en 1983 un recrutement ex- ressentait comme une « profanation » l’exhumation du corps d’Yves des cours et tribunaux. Ce plan justice a bénéficié d’un incontestable cependant pas directement dans les ceptionnel de 70 magistrats. Huit ans Montand, décidée le 6 novembre par la cour d’appel de Paris pour qu’elle avait évoqué, jeudi 6 no- traitement de faveur budgétaire – de juridictions : si l’on prend en compte, plus tard, Henri Nallet avait fait de que soit pratiqué un test génétique de recherche en paternité (Le vembre, au cours d’une visite au tri- 1981 à 1997, sa part dans le budget de par exemple, les postes d’éducateurs même. Les candidats devaient alors Monde du 8 novembre). bunal de Bobigny, prévoiera un « re- l’Etat est passé de 1,05 à 1,56 %, soit ou de surveillants, on aboutit au être diplômés de l’enseignement su- a BANLIEUES : quatre policiers ont été blessés lors d’échauffou- crutement exceptionnel » de une augmentation de près de 50 % – chiffre de 70 magistrats et de 230 périeur et avoir une expérience pro- rées avec un groupe d’une trentaine de jeunes, dans la nuit du sa- magistrats, de greffiers et de fonc- mais elle peine à suivre l’explosion du fonctionnaires des greffes. fessionnelle de plus de dix, voire, medi 8 au dimanche 9 novembre, à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne). tionnaires. Il est actuellement à contentieux. En vingt ans, de 1974 à Pour les magistrats, le « recrute- pour certains postes, de quinze ans, Sept personnes, dont quatre mineurs, ont été interpellées. l’étude « au plan interministériel », a 1994, le nombre d’affaires civiles nou- ment exceptionnel » annoncé, qui dans les domaines économique, juri- a MEURTRES : deux hommes d’une trentaine d’années, les cou- conclu la ministre. velles est passé de 200 000 à 650 000 pourrait concerner une centaine de dique, social ou administratif. «Il y sins Pascal et Emmanuel Damien, ont été tués, par des balles de Elisabeth Guigou s’exprimait, sa- dans les tribunaux et de 63 000 à postes, impose l’adoption d’un texte aura un temps pendant lequel on ne calibre 22 long rifle, dans une rue de Marignane (Bouches-du- medi 8 novembre, au cours du 215 000 dans les cours d’appel. Dans de loi organique. Les candidats ne verra pas les effets, ni du plan d’ur- Rhône), samedi 8 novembre, par un homme seul qui a réussi à congrès du Syndicat des avocats de le même temps, le nombre de magis- passeront pas le traditionnel gence, ni du budget 1998, car nous de- prendre la fuite. France (SAF, gauche), qui avait lieu trats a peu progressé, passant à 6 000. concours de l’Ecole nationale de la vons gérer la pénurie des budgets a ÉDUCATION : Olivia Jean, dix-sept ans, a été élue, samedi 8 no- cette année à Créteil. Soulignant le L’enveloppe budgétaire de la place magistrature (ENM) de Bordeaux : le 1996 et 1997 » a prévenu Elisabeth vembre, présidente de la Fédération indépendante et démocratique « ras-le-bol » des justiciables face à Vendôme bénéficie cette année de la texte précisera l’âge minimum et les Guigou. lycéenne (FIDL). Elève de terminale S au lycée Condorcet à Paris, l’engorgement des tribunaux, le pré- croissance la plus forte des minis- expériences professionnelles re- elle remplace Léa Filoche, démissionnaire après son entrée à l’uni- sident du SAF, Philippe Vouland, tères, à l’exception de l’outre-mer. La quises pour ces nouveaux postes. La Anne Chemin versité. LeMonde Job: WMQ1111--0010-0 WAS LMQ1111-10 Op.: XX Rev.: 08-11-97 T.: 17:42 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0225 Lcp: 196 CMYK

10 / LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 HORIZONS ENQUÊTE

« Est-ce que les Américains et les Dans la nuit du 22 au 23 septembre, Français ne peuvent pas venir nous défendre ? », demande un autre plus de deux cents personnes étaient rescapé. Le fait est que les forces de sé- assassinées par un commando curité ne se sont pas bousculées pour porter secours aux habi- tants de haï Boudoumi et, sur- à Bentalha, une petite ville tout, de haï Djillali. Les militaires stationnés dans leur caserne en de la Mitidja qui avait massivement bordure de la route départemen- tale n’ont pas bougé de la nuit. voté pour le FIS en 1990 et 1991. Pour intervenir, il leur suffisait pourtant de s’avancer sur quel- ques centaines de mètres à tra- Malgré le vacarme des explosions, vers les champs. Ceux-ci avaient été minés par les « terroristes », des sirènes d’alarme et des cris, assurent des villageois. Quelques jours avant l’attaque, précisent- les militaires, basés ils, un engin de l’armée partici- pant à une opération de ratissage aurait sauté sur un engin. Quelle à quelques centaines de mètres, qu’ait été la réalité du danger, un fait demeure : cette nuit-là, la ca- ne sont pas intervenus serne n’a pas réagi au drame qui se déroulait à proximité, presque sous ses yeux. L n’y aura pas de Front islamique du salut (FIS) aux Le comportement des oc- commission d’enquête élections municipales de 1990 et cupants du poste militaire situé à internationale sur les législatives de 1991. Les forces de l’entrée de Bentalha est moins massacres en Algérie. sécurité ne l’ont d’ailleurs pas ou- sujet à critique. Certes, un jeune Dans un pays où le na- blié. « Avant, ils ont soutenu les homme de haï Boudoumi jure tionalisme est une valeur terroristes », lâchera, sur un ton que lorsqu’il s’est présenté pour plus prisée que la vérité, confidentiel, un gendarme en donner l’alerte, les soldats (la il est exclu qu’une équipe parlant des habitants de Bental- plupart sont des appelés) l’ont étrangère soit autorisée ha. « On est pour l’Islam et ensuite accueilli en lui donnant un à venir sur place pour faire la lu- pour l’Algérie », rétorquent cer- violent coup de crosse sur le nez Imière sur des tueries qui, à la fin tains d’entre eux. Pour autant, ils et ont refusé de l’écouter. Il n’em- de l’été, ont causé la mort de près disent avoir voté pour le Rassem- pêche : moins d’une heure après d’un millier de civils, égorgés blement national démocrate le déclenchement de l’attaque, un dans leurs villages de la plaine qui (RND) et le Front de libération groupe d’hommes en uniforme s’étend au sud d’Alger, la Mitidja. nationale (FLN), deux partis de la était présent à l’entrée du quar- Pourquoi s’être attaqué à ces coalition gouvernementale, aux tier de haï Boudoumi, 200 cents bourgades – Sidi Moussa, Raïs, élections locales du 23 octobre. mètres environ de l’endroit où se Bentalha – plutôt qu’à leurs voi- Donner sa voix au FIS s’il est ré- déroulait le massacre. Ils ont bien sines ? Et pourquoi à certains gularisé un jour ? L’idée fait sou- tiré des coups de feu contre les quartiers de ces petites villes trop rire. assaillants (les impacts sur les bâ- vite poussées à l’ombre de la ca- Le malheur de Bentalha, c’est timents sont visibles), mais sans pitale ? Qui sont les responsables d’être mal placée. Larbaa, Sidi chercher à progresser. Ils sont de ces tueries ? Les islamistes ? Moussa, Raïs, Beni Messous, tous restés en retrait jusqu’au petit Les forces de sécurité ? Comment ces lieux de la Mitidja, marqués matin. Le terrain était miné, mur- les agresseurs ont-il pu repartir par le fer et le feu, sont à deux murent certains, pour justifier la sans être véritablement inquié- pas. Ouled Allel, une petite ville passivité de l’armée. tés ? Ces questions, beaucoup vidée de ses habitants et transfor- d’Algériens se les posent, tout mée jusqu’à ces dernières se- N fait, une seule bombe, comme l’opinion publique inter- maines en base de repli du placée dans une fourgon- nationale. A défaut de pouvoir y Groupe islamique armé (GIA) E nette, explosera en tuant répondre avec certitude (les res- – sans que l’armée s’en émeuve – un militaire. Les soldats ne ponsables militaires interrogés est à 4 ou 5 kilomètres. Le do- connaissaient pas le terrain, ha- par la presse locale cultivent le maine agricole de Gaïd Gacem sardent quelques voix qui rap- flou), on peut, en recoupant les – une ancienne ferme coloniale – pellent que les assaillants avaient témoignages des survivants d’un que les survivants présentent pris soin, dès le début, de couper massacre – celui de Bentalha comme un repère de « terro- l’électricité dans le village. Les (plus de deux cents morts dans la ristes » est à portée de fusil. soldats n’étaient pas équipés nuit du lundi 22 au mardi 23 sep- Cette proximité à hauts risques pour ce type d’intervention noc- tembre) – cerner une part de la explique la présence des forces de turne et ils craignaient de tomber vérité. sécurité à l’ombre de Bentalha. dans une embuscade, suggèrent Le premier poste militaire – mo- d’autres Algériens. Autant d’ar- deste – est situé à l’entrée de la guments à moitié recevables, Un jeune homme petite ville. Il est renforcé par une mais qui ne doivent pas faire ou- caserne de gardes communaux blier la réticence des militaires à jure que, lorsqu’il (des hommes armés et en uni- risquer leur vie pour défendre des forme). L’armée est également civils sympathisants de l’ex-FIS. s’est présenté présente quelques centaines de Ce qui est incompréhensible et mètres plus loin sur la route dé- inexcusable, c’est que le pour donner l’alerte, partementale Baraki-Sidi Moussa commandement militaire n’ait où une caserne abrite derrière de pas, au minimum, donné d’ordre les soldats hauts murs plusieurs dizaines de Algérie, autopsie pour intercepter les assaillants logements et du matériel mili- alors qu’ils se repliaient au petit l’ont accueilli taire. En fait, les barrages, les matin. Les armes – quelques postes de contrôle, les installa- balles de kalachnikovs, mais aussi en lui donnant tions militaires sont très nom- des cartouches de fusils de breux dans la région. Fin octobre, chasse, des couteaux... – récupé- un violent coup il était impossible de faire plus de rées à Bentalha sont là qui 1 kilomètre sans rencontrer des prouvent que les groupes armés de crosse sur le nez hommes en uniforme. d’un massacre étaient des cibles faciles à at- Ce n’est pas toute la ville de teindre. Faut-il incriminer la lour- et ont refusé Bentalha qui a été attaquée au deur de la chaîne hiérarchique ? cours de la nuit du 22 au 23 sep- qu’une douzaine de jeunes du vil- fliers, les champs en déshérence d’une seule main. » Un hélicop- L’incompétence d’une armée de l’écouter tembre, mais deux quartiers ex- lage avaient rejoint les maquis envahis par les hautes herbes, tère a, par ailleurs, survolé le site d’un pays du tiers-monde surtout centrés et mitoyens, haï Boudou- voisins, « des "terros" venaient, traversés de fossés, offrent des avant et après le drame, mais formée d’appelés dépourvus de mi et haï Djillali. Implantés à la certains soirs, à cinq ou six pour abris discrets. « c’est tous les jours qu’ils zèle ? C’est oublier que les forces Bentalha est une petite ville de périphérie de l’agglomération, on nous effrayer. Ils ne portaient pas Dès le début de l’attaque, les passent ». Au-delà de ces obser- algériennes disposent de quel- cette Mitidja mitée par un urba- y accède facilement depuis le d’armes et ne restaient pas plus habitants des quartiers mitoyens vations, personne à Bentalha ques unités d’élite – notamment nisme désordonné. Ce n’est déjà centre-ville par une mauvaise d’une dizaine de minutes. Avant ont su qu’un drame se déroulait à n’ose imaginer une seconde que de commandos de parachu- plus la campagne ; ce n’est pas rue, ou à travers champs si l’on que les patriotes les aient repérés, deux pas de leurs propres mai- l’armée algérienne soit directe- tistes –, équipées de matériel per- encore la grande ville. Alger n’est vient de l’extérieur. Le caserne- ils étaient repartis », raconte un sons. Plaider l’ignorance est im- ment impliquée dans le massacre fectionné qui auraient pu être ra- pas loin. Malgré les embouteil- ment de l’armée est bien visible vieillard. possible : le bruit des détonations de Bentalha. Dans quel but au- pidement engagées à Bentalha. lages, il faut moins d’une demi- depuis haï Boudoumi. Quant au (les assaillants ont fait sauter plu- rait-elle mené une telle opéra- La rumeur veut que l’armée ait heure pour se rendre de Bentalha poste militaire, il ne faut pas plus A volonté des habitants de sieurs portes d’entrée avec des tion ? « Pour faire échouer les né- interdiction de sortir de ses ca- au ministère algérien de la dé- de trois minutes en voiture pour haï Djillali de s’armer expli- engins explosifs de fabrication gociations entre les islamistes et sernes la nuit, sauf autorisation fense, sur les hauteurs de la capi- s’y rendre en temps normal. L querait, selon certains artisanale), le vacarme des si- certains clans du pouvoir », expresse du chef d’état-major, le tale. Pourquoi ces deux quartiers ? d’entre eux, l’attaque dont le rènes d’alarme, les cris... « On en- avancent certains. L’explication général Mohamed Lamari. L’hy- Ville-dortoir sans âme d’envi- Ils sont à l’écart du centre et Pra- quartier a fait l’objet. Cir- tendait la clameur jusqu’à El Har- paraît un peu courte : l’appel à la pothèse n’est pas à exclure : du ron quatre mille habitants, pous- tiquement sans défense immé- constance aggravante, les « pa- rach [la proche banlieue de la trêve signé par Madani Mezrag, temps de Boumediene, par sée trop vite, avec ses maisons diate. Les survivants de haï Djilla- triotes » de Bentalha avaient fait capitale] », affirme un Algérien. l’émir national de l’Armée isla- crainte d’un coup d’Etat, faussement bourgeoises jamais li, en particulier, ont des mots sauter, quelque temps aupara- Et pourtant, personne n’est inter- mique du salut (AIS), la branche confirme un ancien ministre, tout finies, ses chaussées sans as- très durs pour les autorités qui, vant, la maison d’une famille ré- venu. Ni les civils, terrés dans militaire du FIS, date du 21 sep- mouvement de troupe était su- phalte, Bentalha – privée de télé- pendant des mois, auraient refu- putée proche d’un émir, et obligé leurs maisons, ni les « patriotes » tembre. Il est antérieur au mas- bordonné à un ordre écrit du pré- phone depuis deux ans – vivote. sé des armes (kalachnikovs ou ses occupants à quitter le village. des autres quartiers. « Ils nous ont sacre de Bentalha. sident de la République. Le travail est rare – parmi un simples fusils de chasse) à la En revanche, parmi les personnes dit qu’ils étaient restés pour proté- Ce que certains habitants de Un peu plus d’un mois après le groupe de sept hommes ren- quinzaine de civils qui en avaient interrogées à Bentalha, aucune ger les habitants vivant dans leur Bentalha (et les organisations de drame, la sécurité de Bentalha contrés par hasard, cinq étaient fait la demande pour parer à une ne lie le massacre à un refus des voisinage. Depuis, on ne leur défense des droits de l’homme) n’est pas beaucoup mieux assu- au chômage –, ce qui n’a pas em- attaque. Dans les autres quar- habitants d’acquitter l’« impôt adresse plus la parole », raconte reprochent aux forces de sécuri- rée qu’avant. Quelques « pa- pêché la ville de grossir sous l’af- tiers, les « patriotes », comme on révolutionnaire » levé ailleurs par un rescapé. té, c’est leur incroyable passivité. triotes » ont reçu des armes. En flux de familles chassées des les appelle, auraient été davan- les groupes armés. Les assaillants étaient-ils des Elles ont laissé se commettre, bordure de haï Boudoumi, une communes voisines par la vio- tage écoutés. De leur côté, les Que les assaillants – au mini- militaires déguisés en « terro- pratiquement sous leurs yeux, un poignée de soldats en armes lence. Etrange transhumance : gendarmes font valoir que l’on ne mum une centaine, selon les té- ristes » ? Quelques rares habi- massacre qui a duré entre quatre campent sur le toit d’une maison certains nouveaux venus à Ben- confie pas des armes à une popu- moignages – aient pu se regrou- tants de Bentalha mettent en ou cinq heures. « Si j’avais le en construction sur laquelle flotte talha se sont installés dans des lation soupçonnée de sympathies per à proximité de Bentalha sans avant le professionnalisme des commandant [des militaires] en le drapeau algérien. Dans quel maisons désertées par des pro- islamistes sans une solide en- éveiller l’attention n’est pas sur- assaillants. L’un d’eux raconte : face de moi, je lui cracherais des- but ? Il n’y a plus grand monde à priétaires partis se réfugier à Al- quête préalable. Parfois, selon prenant. Ils connaissaient les « Ils se comportaient comme des sus. Ils nous ont laissé crever », ac- défendre dans le quartier. ger. eux, ces armes approvisionnent lieux. L’attaque a eu lieu de nuit, ninjas [les forces spéciales algé- cuse un Algérien à la retraite. Bentalha est une terre qui a vo- les maquis. Les groupes armés aux alentours de 23 heures. Et les riennes], agissaient très rapide- « Tout le monde dans le village Jean-Pierre Tuquoi té massivement en faveur du fréquentaient Bentalha. Outre plantations d’orangers, de né- ment. J’en ai vu un tirer au fusil pense comme moi », affirme-t-il. Dessin : Pierre Lohner LeMonde Job: WMQ1111--0011-0 WAS LMQ1111-11 Op.: XX Rev.: 08-11-97 T.: 17:36 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0226 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS-ENTRETIENS LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 11 Adam Michnik, directeur du principal quotidien polonais « Je suis vraiment heureux de vivre dans un pays devenu ennuyeux » L’ancien prisonnier politique estime que la démocratie polonaise est désormais solide

« La Pologne vient de sens, on peut dire que, de la même dence de la Diète et du Sénat. C’est connaître des élections sans in- manière que Walesa a guéri ses tout à fait remarquable : l’AWS, le cidents. Un nouveau gouverne- concitoyens de la foi dans le “mi- parti de Krzaklewski, a voté pour ment, le huitième depuis le racle Walesa”, la distribution de des postcommunistes. changement de régime, a été millions à tout le monde, que de la – C’est dans le même esprit formé. Tout va pour le mieux même manière que Kwasniewski a que vous êtes si indulgents à dans le meilleur des mondes ? guéri ses concitoyens du regret l’égard de Jaruzelski et de tous – Peut-être pas, mais le déroule- nostalgique de la sécurité offerte ceux qui, jadis, vous ont empri- ment des élections, la formation de par la Pologne populaire, de même sonné ? la majorité, l’esprit de compromis Krzaklewski guérira forcément les – Là, c’est un peu autre chose. Il y qui a prévalu montrent que la Po- Polonais de la foi en un Etat natio- a le point de vue humain. Quand logne est devenue un pays euro- nal-catholique régi par des épura- j’étais en prison, je m’étais promis péen normal, où la démocratie est teurs et des “décommunisateurs”. que, lorsque tout cela serait fini, une composante de la culture de la d’une part je ne m’inscrirais à au- vie quotidienne. cune association d’anciens combat- – Depuis des années, ce que « Trente millions tants, d’autre part que jamais je ne vous redoutiez plus que tout, chercherais à me venger. Je me sens c’était l’arrivée au pouvoir en de Polonais ne beaucoup mieux dans le rôle de Pologne d’une droite radicale. l’avocat que dans celui du pro- En un sens, c’est fait, cette pouvaient pas se cureur. Mais il y a un aspect beau- droite est là, sinon au gouverne- coup plus large. La Pologne a vécu ment, du moins au sein de la retrouver au maquis pendant près de cinquante ans sous majorité parlementaire. Et per- la dictature. Il n’y avait pas d’autre sonne n’en semble particulière- ou sur les barricades. possibilité. Et on ne peut pas, au- ment alarmé. jourd’hui, à coups de scalpel, sépa- – C’est vrai. Mais cette droite ra- Il fallait vivre. Les rer les bons et les mauvais. La sépa- dicale s’est progressivement “civili- ration passait à l’intérieur de sée”. Aujourd’hui, elle est à sa Français devraient chaque individu. Trente millions de place, ne domine pas la vie pu- Polonais ne pouvaient pas se re- blique, ni même la partie droite du bien le comprendre » trouver au maquis ou sur les barri- paysage politique. Elle a moins cades. Il fallait vivre. La Pologne po- d’importance aujourd’hui en Po- pulaire était une forme, boiteuse, logne que n’a en France le Front – Les centristes libéraux qui de vie “normale”. Les Français de-

national. Je pense que Jean-Marie reviennent au pouvoir avec Les- SIGG DESSIN IVAN vraient bien le comprendre. Pétain Le Pen est plus dangereux pour la zek Balcerowicz n’avaient-ils n’était pas un traître, mais un démocratie française que les extré- pas commis, dans l’exercice de vient moins à Balcerowicz qu’à Wa- pas dire qu’il n’y a pas eu d’erreurs, continue à empoisonner la vie homme qui, au moment où il a si- mistes de droite en Pologne. ce pouvoir aussitôt après le lesa qui, pour gagner l’élection de scandales, que le rythme des ré- politique polonaise. Ici, cette gné la capitulation, avait le soutien – Aujourd’hui, la figure cen- changement de régime, une er- présidentielle, a déchaîné une dan- formes n’a pas été ralenti. Mais la “épuration” n’a pas été faite, de la vaste majorité des Français. trale de la scène politique polo- reur−: celle de sacrifier le gereuse démagogie, fait défiler direction fondamentale a été contrairement à ce qui s’est pas- – Dans le passé, vous avez naise, c’est Marian Krzaklewski, monde du travail salarié, de dans les rues des foules qui s’en conservée, la Pologne est restée un sé en République tchèque ou en toujours placé de grands espoirs le président de l’AWS Solidarité, rompre l’alliance un peu mira- prenaient à Balcerowicz, mais qui, Etat démocratique, un Etat de Allemagne de l’Est. dans l’Eglise polonaise, et la coalition électorale qui a rem- culeuse entre intellectuels et quelques années plus tard, brû- droit, orienté vers l’économie de – C’est un mythe. L’épuration même dans une sorte d’alliance porté les élections. Il y a quel- ouvriers, qui avait permis la ré- laient l’effigie de Walesa lui-même, marché et l’intégration à l’Europe. était irréalisable et n’aurait rien ap- pour le bien commun entre ques mois encore, il faisait fi- volution pacifique polonaise ? avec, pour résultat final, la victoire En tout état de cause, un ralentisse- porté d’autre que le chaos. Si l’on l’Eglise et la gauche. Au- gure d’extrémiste clérical, Etait-ce inéluctable ? des postcommunistes aux élections ment était inéluctable pour per- veut comparer à l’Allemagne, on jourd’hui, l’Eglise polonaise profondément hostile aux libé- – Je répondrai de deux manières. de 1993. mettre aux gens de reprendre leur pourrait dire que, si la Pologne n’est-elle pas engagée sur une raux, très agressif à leur égard. En un sens, c’était inéluctable. Soli- – Est-ce qu’en fin de compte souffle. Et les gens ont, de fait, re- avait eu sa RFA, elle aurait pu faire pente dangereuse ? Aujourd’hui, il “calme” ses darité était un mouvement dont cette période où les ex-commu- pris leur souffle. L’indice d’opti- l’épuration et mille autres choses. – Mais non. L’Eglise polonaise est troupes, fait preuve de mesure, l’ethos était la lutte commune nistes se sont retrouvés au pou- misme social est aujourd’hui plus Elle aurait eu de l’argent, des cadres soumise à la même transformation de modération, d’esprit de contre la dictature. L’ethos de la voir n’a pas été utile à la Po- élevé qu’alors, et le Parti social-dé- venus de l’Ouest, etc. Et encore, que le reste de la société, on y compromis. Que s’est-il donc période qui a suivi le changement logne, est-ce que cela n’a pas mocrate, qui a perdu les élections, a que ceux qui vantent tellement le trouve ce qu’il y a de meilleur et ce passé ? de régime, c’était la privatisation, été un phénomène assez sain tout de même récolté un million et modèle allemand aillent à Weimar, qu’il y a de pire dans notre société. – De fait, on a pu entendre ré- l’enrichissement personnel, la créa- pour la vie publique ? demi de voix de plus que quatre ans à Leipzig, à Dresde, qu’ils parlent Elle a joué un rôle immense depuis cemment sur Radio Maryja (une ra- tivité, ce qui ne peut convenir à la – Je n’ai pas voté pour les plus tôt. avec les gens. J’ai été récemment à mille ans, et continuera à le jouer. dio catholique intégriste) les an- masse des travailleurs salariés. Mais communistes et leur victoire m’a – La question de l’épuration, Weimar et on m’a raconté la petite Mais elle a du mal à trouver sa ciens admirateurs de Krzaklewski cette rupture aurait pu revêtir un inquiété, et surpris, mais en fin de de ce qu’on appelle ici la “lus- devinette qui circule là-bas : Quelle place dans un système démocra- l’accuser de “trahison”, d’avoir aspect moins hideux, moins déplai- compte ces quatre années ont été tration” ou la vérification des est la différence entre les Wessies tique, car elle est habituée à la dic- conclu un pacte avec le diable, avec sant. La faute, cependant, en re- bonnes pour la Pologne. Je ne veux anciens cadres communistes, (les gens de l’Ouest) et les Russes ? tature, à la nécessité de lutter Balcerowicz (l’initiateur de la ré- Eh bien, les Russes, eux, sont partis. contre toutes sortes de manœuvres forme économique libérale d’après Pour ce qui est des Tchèques, c’est hostiles, l’athéisation forcée, les 1989)... Il faut reconnaître que Krza- une mystification complète. Klaus services secrets, etc. Et de cette klewski s’est efforcé de résister à Un incorrigible insoumis devenu patron de presse (le premier ministre) est un maître lutte elle a gardé quelques habi- cette démagogie. Il voulait du marketing, mais maintenant on tudes. Il y a un débat au sein de construire le gouvernement, et il a AUJOURD’HUI directeur du prin- coupé, et y voient pour preuve l’in- constate que, malgré l’épuration, la l’Eglise, et même si, pour une brève réussi, en se comportant de ma- cipal quotidien polonais, Gazeta, dulgence remarquable qu’il manifeste décommunisation, le génie du mar- période, les intégristes devaient nière très rationnelle. Il a joué un Adam Michnik reste, à cinquante ans à l’égard de ses anciens geôliers, le gé- keting et des relations publiques, la l’emporter, même si l’Eglise devait rôle sans conteste positif. passés, l’adolescent brillant, chaleu- néral Jaruzelski en tête. Courageux République tchèque est tombée s’isoler au sein de la société, il serait – Pourrait-on dire que Krza- reux, rigolard et insouciant qu’il a quand il le fallait, traitant, depuis sa dans une profonde ornière, une stupide de croire qu’elle ne retrou- klewski, comme précédemment toujours été. Tout comme il reste cet prison, de « porc » le ministre de l’in- crise non seulement économique, verait pas, ensuite, son rôle histo- Walesa et Alexandre Kwasniew- homme de profonde conviction qui térieur, qui lui proposait l’exil en mais aussi politique. rique. ski, ont fait preuve d’un certain a, parmi d’autres mais au premier échange de sa capitulation politique, » Bien entendu, le problème du – Où vaut-il mieux vivre ? sens de l’Etat, et mis l’intérêt rang, largement payé de sa personne il est aujourd’hui partisan de la ré- passé historique se pose en Po- Dans un pays qui n’intéresse national au-dessus de leurs pour que son pays devienne ce qu’il conciliation et a considéré ces der- logne. De la même manière que la plus grand monde, ou dans un propres préférences politiques ? est aujourd’hui : une démocratie. Né nières années que le danger venait France se passionne pour le procès pays qui, dans les années 80, – Ces trois hommes politiques dans une famille de juifs commu- plus désormais de la droite nationa- Papon. Mais, puisqu’on parle de la passait pour un moteur de l’His- ont des traits communs, notam- nistes (pour son engagement, son liste que de la gauche postcommu- France, c’est de Gaulle qui avait rai- toire ? ment un discours d’opposition père a passé de nombreuses années ADAM MICHNIK niste. son, et pas les communistes qui – Sans la moindre hésitation, il souvent démagogique et destructif. de prison avant guerre, avant de « Spectateur engagé » et chef d’une voulaient épurer. De Gaulle avait vaut beaucoup mieux vivre dans un Telle a été l’attitude de Walesa pen- faire brièvement partie, dans les années 50, de l’élite puissante et prospère entreprise – « du gros busi- compris qu’il fallait réunir les Fran- pays démocratique, prospère, et dant la campagne présidentielle de du nouveau régime), Adam Michnik a été arrêté pour ness », comme il dit –, il affiche clairement son sou- çais de la Résistance et ceux de Vi- donc ennuyeux. Je suis vraiment 1990, de Kwasniewski avant les lé- la première fois à l’âge de dix-huit ans – première tien à l’Union de la liberté, où se retrouvent la plupart chy. Et en Pologne aussi on essaie très très heureux de me retrouver gislatives en 1993 et cette année de d’une longue série d’arrestations : il passera au total de ses amis intellectuels libéraux. Quitte à les sur- de construire une communauté. dans cette Pologne qui n’intéresse Krzaklewski pendant la bataille au- six ans de sa vie en prison. prendre et à les irriter, parfois, par des initiatives d’in- Tout récemment, dans un scrutin plus les journalistes. » tour de la nouvelle Constitution. En C’est en 1968 qu’il a, selon sa propre expression, corrigible insoumis. secret au Parlement, des représen- même temps, après la victoire, la « coupé le cordon ombilical » avec le communisme. tants du SLD, désormais minori- Propos recueillis par logique de l’action change. En ce Ses adversaires estiment qu’il ne l’a pas tout à fait J. K. taire, ont été élus à la vice-prési- Jan Krauze

Raymond Soubie, PDG du groupe Altédia « Les conflits sociaux ont désormais une dimension européenne » Analysant la grève des routiers, ce spécialiste des relations sociales pense que son issue est positive en France

« Quels enseignements peut- bien-fondé de sa démarche. C’est – C’est une question très déli- – Dans cette négociation, le chercher des solutions ou d’en ra- celle-ci condamne la prise d’otages on tirer du conflit des routiers ? une application réussie de la mé- cate. Théoriquement, dans l’avenir, patronat était aussi divisé que jouter sans faire avancer les dos- et le blocus économique mais, – Il ressemble à bien des égards à thode Notat. la négociation d’entreprise devrait les syndicats... siers. comme au Guignol, elle est der- ceux qui se sont déjà produits dans – Contrairement à de précé- progresser. C’est à ce niveau que – Soyons franc, le syndicat réel- – Ce conflit aura-t-il des réper- rière la victime qui, en l’oc- ce secteur : des barrages, qui sont dents conflits, il n’y a eu ni coor- l’on peut le mieux adapter les ac- lement représentatif est l’Union fé- cussions sur les élections pru- currence, paraît être le salarié. parfois le fait des salariés et parfois dination ni phénomène « Tar- cords à la situation réelle. Mais, dérale des transports (UFT). Voir la dhomales ? – Pensez-vous qu’il y aura celui des artisans, des négociations zan »... souvent, les directions ne sont pas CFDT signer avec la seule Unostra – Ne confondons pas. Les sala- d’autres conflits dans le trans- à chaud et le recours à l’Etat. – En effet. On a un syndicat qui a très enclines à négocier ou n’ont était quelque peu irréel. La réinté- riés seront appelés à élire des port routier ou qu’une page est » Au-delà, deux éléments intéres- su négocier et convaincre ses pas d’interlocuteurs puisque les gration de l’UFT dans le jeu juges. Ils ne voteront pas forcé- bel et bien tournée ? sants et novateurs sont susceptibles troupes. C’est un bon point pour la syndicats ne sont présents que contractuel a permis de remettre ment comme s’il s’agissait de dé- – Bien sûr qu’il y aura d’autres de se retrouver dans d’autres sec- négociation collective et plus large- dans la moitié des entreprises de ce dossier dans une position cohé- signer des représentants syndi- conflits. L’ouverture européenne teurs : l’intervention de l’Europe et ment pour les relations sociales moins de 200 salariés. Donc, dans rente. caux. Mais il sera néanmoins va créer des pressions sur les entre- le rôle de la CFDT. Pour la première dans ce pays. la pratique, et malgré la loi de 1996 – Que pensez-vous de l’atti- intéressant de voir comment les prises et donc des tensions so- fois, les gouvernements européens – Malgré le rôle de l’Etat ? qui favorise le dialogue social dans tude de Force ouvrière ? salariés jugeront les évolutions res- ciales. On sous-estime les consé- et la Commission de Bruxelles n’ont – L’Etat a une vieille tradition les entreprises dépourvues de re- – Elle a été très ambiguë. Parfois, pectives de Force ouvrière et de la quences sociales de la construction pas hésité à se livrer à des pressions d’intervention. Surtout dans ce sec- présentants syndicaux, il faudra M. Poletti donnait l’impression de CFDT. Je me garderai bien européenne. Celle-ci aura un im- sur le gouvernement français. Il va teur. Dans le cas présent, son inter- encore de longues années et quel- jouer le rôle d’intermédiaire, mais d’émettre un pronostic. pact sur les relations du travail, sur falloir désormais en tenir compte vention ne me paraît pas excessive. ques réformes du code du travail il n’a pas eu d’action déterminante – Comment expliquez-vous les conditions d’emploi et même dans le domaine social comme dans La négociation se termine par un pour que l’entreprise soit le lieu de pour transformer le conflit en ac- que l’opinion publique ait paru sur la protection sociale. Dans le d’autres domaines. Quant à la accord entre un syndicat représen- négociation privilégié. En atten- cord. Il s’est privé d’un élément : la soutenir les grévistes ? secteur des transports, comme CFDT, elle a réussi son opération. tatif et des organisations patronales dant, les branches qui disposent conclusion d’un accord comme ré- – Les médias ont donné une opi- dans d’autres, il y aura des Elle a créé un rapport de forces avec qui le sont également. d’interlocuteurs patronaux et syn- sultat du rapport de forces. Cela il- nion favorable du mouvement. On conflits. » les employeurs puis l’a transformé – Quel rôle peut jouer la dicaux souvent responsables et lustre la situation de Force ou- ne connaît pas le sentiment de la en paraphant un accord. Elle a éga- branche professionnelle dans toujours compétents resteront un vrière, dont on ne sait plus trop population. Mais il est vraisem- Propos recueillis par lement su convaincre les routiers du les négociations sociales ? lieu très important. bien si son tropisme naturel est de blable que, comme à chaque fois, Frédéric Lemaître LeMonde Job: WMQ1111--0012-0 WAS LMQ1111-12 Op.: XX Rev.: 08-11-97 T.: 17:30 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0227 Lcp: 196 CMYK

12 / LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-DÉBATS Repentons-nous sur l’Algérie et parlons vrai par Alain Joxe

ES Français restent mais aussi qu’ils se repentent des les génocides au Rwanda. Repen- notre jeunesse. Si tout cela se pas- s’était implanté. Cette répression en groupes de tueurs et l’absence presque muets sur l’Al- massacres et des noyades du tons-nous ou désignons les res- sait en Amérique latine, il y a long- n’était nullement proportionnée à d’Etat est une seule et même gérie, sur sa dictature 17 septembre 1961, dont quatre ponsables. temps que les langues se seraient la menace militaire que représen- chose. Les exemples latino-améri- L militaire bloquant la mille personnes seulement ont cru Supposons tout ce repentir pas- déliées. Nous aurions devant taient quelques guérillas isolées. cains sont légitimes car l’Algérie se victoire électorale du FIS, sur les bon de célébrer le souvenir place sé-présent affiché par le président nous, parfaitement décrite et dé- Le mouvement armé a glissé vers situe désormais au sein du nouvel massacres horribles des derniers Saint-Michel cette année. de la République et le premier mi- noncée, une dictature militaire l’impuissance sans rien maîtriser empire américain. Les bandes ar- mois. Un mutisme fait de stupeur Mais pas seulement la police : nistre. Nous pourrions, après cela, sanglante, de plus en plus corrom- politiquement, et sans pouvoir mées algériennes téléguidées agi- et de manque d’analyse politique l’armée française pourrait aussi se avoir un parler vrai, même sur pue par la prédation conflictuelle protéger ses bases populaires raient, techniquement, selon le et sociale. De manque de mé- repentir des massacres et des tor- l’Algérie. Il ne sera évidemment de la rente pétrolière qui est rede- contre la violence d’Etat. mode de « sous-traitance » carac- moire. Aucune nation pourtant tures de la guerre d’Indochine, des pas vrai de dire : « Tous des sau- venue juteuse. L’Algérie est riche La pulvérisation en groupes ar- téristique de l’époque de la dicta- n’est plus présente que l’Algérie à opérations de ratissage des dje- vages, ça c’est l’islam ! On vous de ses royalties, conséquence des més peu unifiés, qui se baptisent ture militaire argentine. Celle-ci la conscience de milliers de ci- bels, des viols et des tueries, de la l’avait bien dit ! » Les Espagnols, nouvelles découvertes et des in- GIA, a manifesté ensuite par quel- réprimait les groupes gauchistes, toyens français. L’Algérie, c’était Bataille d’Alger. C’est ce non-dit les Allemands, les Croates, les Is- vestissement anglo-saxons dans le ques actes barbares, en s’atta- péronistes et autres, par des tue- la France ; la guerre fut une guerre aussi qui nourrit les fantasmes du raéliens, les Serbes, les Colom- Sahara. C’est ce pactole qui en- quant aux femmes et aux ensei- ries, des enlèvements, des exé- civile ; l’Algérie française fut sou- Front national d’une lueur af- biens, les Français, tous des sau- gendre des chocs entre clans mili- gnantes, qu’on entrait dans une cutions et des tortures conduites à mise à une dictature militaire. Des freuse qui reste cachée : le refoulé vages aussi, ont pratiqué le taires. L’armée a interdit l’expres- forme d’anarchie morbide. Les moitié au hasard, par des groupes millions de jeunes soldats du des ratonnades, de la Shoah, de la massacre de villages entiers, au- sion politique d’un islam qui se massacres de populations civiles civils paramilitaires. La période la contingent ont vécu cette guerre ; Saint-Barthélemy, c’est une légiti- trefois ou récemment, sans être voulait fondamentaliste, mais aus- sans défense les ont disqualifiés plus terrible de la répression à ils sont aujourd’hui d’âge mûr. Un mation du massacre. musulmans le moins du monde, si activiste au niveau de l’aide so- comme représentants de l’islam, si Buenos Aires fut appelée « la ba- million de pieds-noirs ont subi Aller jusqu’au bout, cela signifie mais bien en pratiquant la dicta- ciale, et qui avait des soutiens tant est que tous ces crimes leur taille d’Alger » par des militaires l’expulsion finale. Des milliers qu’il faut qu’on se repente aussi et ture militaire. La « torsion » so- dans les catégories les plus défa- soient imputables. Or, il y a un inspirés par les spécialistes de la d’officiers y ont joué leur carrière actuellement des injustices qu’on ciale et les régimes militaires ex- vorisées de la population. Si on ne doute. répression coloniale française, au- et leur honneur. Des dizaines de fait subir aux familles et enfants pliquent toutes les barbaries, et défend pas la démocratie contre le On constate en effet, à un stade tant que par les spécialistes en- milliers d’Algériens vivant en d’immigrés, avec ou sans papiers, cela partout dans le monde. peuple, on ne défend pas non plus assez précoce, la transformation voyés par la CIA. L’armée colom- France sont devenus Français, eux qui ont vocation à devenir fran- Ayant toujours été pour l’indé- les femmes contre les femmes. Les de certains de ces groupes en cel- bienne sous-traite aussi. Elle a et leurs enfants. çais. Ils risquent de rejoindre ainsi pendance de l’Algérie, contre contradictions étaient aiguës au lules totalement incontrôlées, po- donné des armes à des milices ou La guerre d’Algérie a marqué la sein des deux camps dès le départ. litiquement parlant, et donc mani- laissé faire des bandes qui pra- jeunesse d’il y a trente-cinq ans. Le génocide n’est pas une carac- pulables : elles peuvent tiquent le massacre contre les pay- Elle continue à marquer de ma- L’opinion démocratique française peut-elle téristique de l’islam, qui est contre aujourd’hui agir pour le compte sanneries de régions où l’on nière silencieuse la jeunesse d’au- les massacres d’innocents comme de forces locales de groupes poli- cherche à établir le règne des ma- jourd’hui. Qui donc oublie sa jeu- soutenir une dictature militaire sanglante toutes les religions du Livre, mais ciers, voire de certains secteurs de fias, ou bien qui prennent de la va- nesse ? Personne, ni hier ni c’est une caractéristique des ré- l’armée qui ont intérêt à montrer leur, par exemple à cause du pro- aujourd’hui. Les Algériens mani- proche de l’Europe au nom de la défense des gimes militaires, et tous veulent que la violence islamiste est pire jet d’un nouveau canal de Panama festent depuis quelques jours pour aussi une religion à leur botte que la violence policière. L’hypo- en territoire colombien. A l’origine la démocratie. Il faut les soutenir, principes républicains ? La réponse est non pour se sentir justifiés de leurs thèse que certains secteurs mili- organisés contre les guérillas et pour cela retrouver une mé- crimes. L’armée algérienne deve- taires aient contribué à fabriquer moire vive. nue une armée latino-américaine cette image, en laissant faire ou en La mode est aux repentances les prédélinquants que le chômage l’OAS, contre le FN et leurs amis ordinaire ne déplaisait pas du tout organisant les tueries par milices La barbarisation corporatives, cette forme plutôt fabrique dans les banlieues. les nazis serbes de Seselj, je ne aux Etats-Unis. interposées, est désormais émise anglo-saxonne de la confession Repentons-nous comme ci- vois pas pourquoi je devrais arrê- Interdit d’élection, le FIS a pro- par tout observateur rationnel. des armées est sans absolution. Ces cérémonies toyens de cette imbécile cruauté ter mon analyse, étranglé par le clamé la résistance armée, mais il Dispose-t-on des informations né- du souvenir me déplaisent, mais qui fait qu’un pays riche héberge respect de quoi ? De la résistance a été notoirement incapable de la cessaires pour lancer de telles ac- un processus banal pas pour les mêmes raisons qu’à dans la rue, hiver comme été, des algérienne, dont l’armée algé- mener, ce qui n’est pas son pire cusations ? Certainement oui. M. Pasqua : parce qu’elles s’ar- milliers de sans-abri. Repentons- rienne et l’Etat algérien descen- méfait, car cela prouve qu’il ne s’y L’étude sociologique de la vio- et bien connu. On a rêtent aux crimes du passé loin- nous aussi de n’avoir pas secouru draient en droite ligne ? Mais la était pas du tout préparé. Les mili- lence anarchique contemporaine tain et ne vont pas jusqu’au bout, activement les populations assié- résistance algérienne va devoir re- taires, par définition surarmés, ont permet dans bien d’autres cas de vu cela en Colombie, c’est-à-dire jusqu’à aujourd’hui. Il gées de Sarajevo, Goradze, Sre- commencer, contre le nouvel em- immédiatement mené une lutte formuler l’hypothèse de crimes serait temps que la police et le brenica et d’avoir assisté aux mas- pire sans tête, et nous devrons la répressive essentiellement antiso- d’Etat. La barbarisation des ar- au Brésil, préfet Papon se repentent des sacres sans avoir cherché à châtier soutenir, en France, de tout notre ciale, puisque c’est dans les mées est un processus banal et rafles de Bordeaux et du Vel’d’Hiv, les assassins et d’avoir enclenché cœur, comme un morceau de couches populaires que le FIS bien connu par des exemples en Argentine « chrétiens » récents. On a vu cela partout. En Colombie, au Brésil, par exemple. En Argentine. communistes, les paramilitaires On remarque que les principaux colombiens finissent par détruire Pourquoi le silence arabe ? massacres récents, en Algérie, se l’Etat et l’armée. situent dans la zone la plus peu- Malgré l’apparence d’un plée, la mieux desservie en routes triomphe brutal et silencieux de la par Mohammad-Mahmoud Mohamedou et la mieux quadrillée de l’Algérie dictature, l’appareil militaire algé- utile : la riche plaine de la Mitidja, rien, divisé, est en voie d’autodes- ’UN carnage à vélléité d’émancipation de leur ci- tour une escalade dans la nature caux. La solidarité des intellec- la grande banlieue d’Alger. Qu’ils truction. Ce qui peut entraîner la l’autre, l’Algérie toyens. « Mieux vaut un ordre au- des tueries ; égorgements, déca- tuels occidentaux est la bienve- ont eu lieu souvent à quelques faillite générale du pays. Cet affai- poursuit sa des- toritaire qu’une anarchie démo- pitations et macabres mutilations nue – les atteintes aux droits de centaines de mètres de casernes blissement peut aussi présager un cente aux enfers. cratique » est alors devenu le de toutes sortes se succèdent dé- l’homme relèvent de la ou de postes de police, forces de retour à la démocratie, mais pas D l’ordre qui se sont conduites en Mais, alors qu’après six années de credo de beaucoup d’Arabes se sormais quasi quotidiennement. conscience universelle – mais elle sans appuis démocratiques. crise et cent mille morts, la complaisant dans le confort d’une Face à cette agonie, le monde reste tout de même géographi- « neutres » non intervenants, que Que la société algérienne se dé- communauté internationale se configuration politique statique. arabe est coupable de complicité quement et culturellement se- ce soit sur ordre ou sans ordre. compose en même temps que ce décide à rompre le silence, le Une impuissance volontaire a avec une junte militaire qu’il sup- condaire. Pour quelle raison les Tout observateur de massacres qui reste de l’Etat ne gêne pas les monde arabe est curieusement dès lors été rationalisée sans porte passivement par crainte appels à la paix viennent-ils du organisés dans des régions de Etats-Unis, pourvu que les gise- absent du débat sur le drame al- grands efforts, et, cyniquement, d’une marée islamiste. L’indiffé- secrétaire général des Nations terres riches et d’expansion ur- ments, les pipe-lines, les ports mé- gérien. De par le monde on la lutte contre les islamistes a été rence ambiante ne peut en effet unies, Kofi Annan, et pas de celui baine sait qu’on ne massacre pas thaniers ou pétroliers, les zones s’émeut. Lettres ouvertes, prises acceptée comme un mal néces- s’expliquer que par la peur de la de la Ligue des Etats arabes, Es- dans ce types de territoires sans agraires modernisables, soient de position, éditoriaux des grands saire. Cette logique abrégée contagion. De plus, cette peur – mat Abdel-Meguid ? que s’y cache une opération fon- bien sous contrôle d’un système journaux et rapports des organi- ignore néanmoins les conditions et c’est là une nouveauté – est Le fait que ce soit des Arabes et cière. Soit on veut recréer de la répressif efficace et d’une oligar- sations non gouvernementales se qui ont menées au « désordre » : partagée par les régimes et les des musulmans qui sont massa- grande propriété, en faisant fuir chie rentière désormais attachée à succèdent. Le sort de l’Algérie est l’illégitimité et la violence du gou- populations. Un effet pervers de crés (dans des conditions horri- les paysans des coopératives fon- la propriété privée et au libre mar- au cœur de toutes les réflexions, vernement algérien actuel. Les cette paralysie est le renforce- fiantes, il faut le souligner) de- dées à l’indépendance. Soit qu’on ché. Ce n’est pas là de l’anti-amé- sauf celles du monde arabe où, Arabes sont-ils dupes ou se- ment des Etats autoritaires vrait interpeller la conscience veuille libérer des terrains pour la ricanisme primaire. Les Etats-Unis mis à part de timides et épiso- raient-ils complices ? arabes qui font désormais arabe avant toute autre. Le voisi- spéculation urbaine. Pour faire sont parfois contre les dictatures diques dénonciations sotto voce, Levons une équivoque : de commerce de la crainte du dé- nage et la communauté de reli- fuir les populations rurales, il faut militaires. La société américaine un consensus s’est formé selon même que l’argument que la crise sordre. Le néo-autoritarisme est gion impliquent des responsabili- et il suffit, dans un Etat de non- aussi est en état de souffrance. lequel il ne faut pas exacerber la algérienne est le fruit d’un trau- né. tés particulières. Il faut droit ou de dictature militaire, de Mais balayons devant nos portes. nature radicale des événements à matisme historique n’est plus te- Tout aussi coupables sont les impérativement rompre le tabou massacrer quelques villages en- L’opinion démocratique fran- démocrates arabes autoprocla- et dénoncer la superficialité de tiers. L’effet de terreur produit un çaise doit prendre position : peut- més – dont un trop grand nombre l’argument spécieux de non-im- effet multiplicateur de fuite. elle soutenir une dictature mili- Nanisme politique et couardise a bénéficié des largesses des mé- mixtion dans les affaires algé- L’absence de réaction de l’ar- taire sanglante proche de l’Europe dias occidentaux – qui ap- riennes. Ce dernier et le silence mée et de la police pendant les au nom de la défense des prin- sont les paralysantes prouvent la lutte contre l’inté- dominant reflètent l’état déplo- massacres suggère ou bien que cipes républicains ? La réponse est grisme. Et l’on mesure rable des sociétés civiles arabes l’appareil répressif algérien est non. Les républicains en France contradictions maintenant l’impéritie de ceux où l’action des démocrates arabes complètement « démoralisé » et doivent prendre parti beaucoup qui, cramponnés à des valeurs n’a que trop souvent été otage que l’Etat n’existe plus, ou bien plus clairement contre ce régime des Arabes contemporains, pseudo-humanistes, ont légitimé des considérations politiciennes que des complicités ont existé et soutenir ses opposants. ex post le coup de force de janvier et des jalousies nationales subli- entre le commandement et les qui n’ont les yeux rivés 1992 en diabolisant les islamistes mées. commandos d’assassins. L’ab- et en survalorisant le discours de Le chauvinisme est le pendant sence de tout commentaire sur ces Alain Joxe est directeur que sur leurs théâtres locaux ces derniers. de cette approche dont le perni- faits stupéfiants révèle, de toute d’études à l’Ecole des hautes Ce glissement quant à l’identité cieux raisonnement politico-stra- façon, que la division de l’armée études en sciences sociales (Ehess). du responsable premier de la tégique informe l’aveuglement Alger. Pour autant, de Nouak- nable, les ambiguïtés de la guerre crise dénote une trop vivace pro- des humanistes arabes en même chott à Bagdad, les Arabes dé- civile ne sont pas légion. Un coup pension à ignorer les crimes de temps qu’il favorise la floraison AU COURRIER DU « MONDE » pris la peine de lire la conclu- plorent de manière tortueuse une d’Etat a eu lieu le 11 janvier 1992 l’État algérien : exécutions som- des radicalismes réactionnaires. sion des 251 pages de mon ar- Algérie qui se meurt, un pays fou pour prévenir la victoire électo- maires, pratique systématique de La routinisation des massacres et LA FONCTION PUBLIQUE ticle publié dans la Revue de qu’il faut ramener à la raison. rale du FIS au second tour des lé- la torture, disparitions forcées, la frénésie sanguinaire sont ainsi SOUS VICHY droit public de 1941, il aurait vu Le non-dit de ces hésitations, gislatives. Il fut suivi d’une impla- implication indirecte dans les ignorés de manière à demi- Il m’est impossible de laisser que j’opposais « l’ancien régime dissimulations et contradictions cable répression contre les exactions des milices ainsi que la complice parce qu’ils constituent sans réponse le passage me démocratique » fondé sur «la n’est que la peur de l’islamisme. militants de ce parti. En réaction, probable participation à quatre un honteusement soulageant dé- concernant dans l’article du tendance connue sous le nom de Alors que le monde arabe s’était ces derniers ont lancé une san- assassinats politiques prémédi- foulement à distance. La chute de Monde daté du 5 novembre, “dépolitisation” de la fonction mobilisé entier contre la répres- glante insurrection générale tés ; ceux du président Mohamed l’Algérie est pourtant celle du « Portrait d’une administration publique », laquelle dépolitisa- sion coloniale française dans les contre l’armée et le gouverne- Boudiaf, de l’ancien directeur de monde arabe. Elle n’est que la sur fond d’Occupation ». Celui- tion ayant pour objectif de années 50 et 60, peu de voix ment algérien. D’assassinats en la sécurité militaire, Kasdi Mer- culmination d’un processus histo- ci cite correctement ma défini- « préserver autant que possible s’élèvent aujourd’hui pour dé- attentats à la bombe et prises bah, de l’ancien ministre de l’inté- rique régional par lequel les ré- tion du type d’administration l’administration des passions par- noncer les massacres. d’otage, tout a été ensuite fait rieur, Aboubakr Belkaïd et du di- gimes autoritaires ont, à contre- que voulait établir le gouverne- tisanes », et « le nouveau ré- La réalité est que ce conflit in- pour médiatiser et internationali- rigeant de l’Union générale des courant de l’histoire, mené leurs ment de Vichy, mais il ajoute gime », qui « a suivi la tendance dispose les Arabes. Après avoir, ser un conflit que l’Etat algérien a travailleurs algériens (UGTA) Ab- pays à la dérive. L’aveuglement aussitôt : « Le phrasé lisse du po- inverse : au lieu d’atténuer le ca- dans un bref premier temps, ex- toujours voulu et longtemps pu delhaq Benhamouda. arabe sur la question algérienne sitivisme juridique recouvre ici – ractère politique de l’administra- primé leur sympathie au mouve- étouffer avec un tranquille mé- Un gouvernement illégitime, is- est une déchéance de plus. et légitime peut-être – une bien tion, il s’est efforcé de l’accen- ment du Front islamique du salut pris de la vérité. su d’un pronunciamiento mili- réelle épuration. » Laisser en- tuer... Le nouvel Etat n’étant plus (FIS), la grande majorité des po- Depuis deux ans, le conflit a taire, tue sa population. La ques- tendre que j’approuvais ainsi la neutre, ses fonctionnaires ne pulations arabes a par la suite pris une nouvelle dimension avec tion algérienne n’est donc plus Mohammad-Mahmoud révocation des fonctionnaires doivent plus être neutres égale- succombé à l’effet d’une théorie l’introduction des milices armées confinée à ce pays. Nanisme poli- Mohamedou est directeur de républicains par la quasi-dicta- ment, mais accepter et propager des dominos inversée par laquelle – les groupes de légitime défense tique et couardise sont les paraly- recherches pour l’Afrique du Nord ture que subissait alors la sa doctrine politique ». les régimes ont agité avec succès dit « patriotes » – et les factions santes contradictions des Arabes et le Moyen-Orient au Ralph France, c’est exprimer exacte- le spectre d’une évolution « à l’al- paramilitaires. Cette privatisation contemporains qui n’ont les yeux Bunche Institute on the United Na- ment le contraire de ma pensée. Maurice Duverger gérienne » afin de contrer toute de la violence a engendré à son rivés que sur leurs théâtres lo- tions à New York. Si votre collaborateur avait Paris LeMonde Job: WMQ1111--0013-0 WAS LMQ1111-13 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:29 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0228 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 13 Le bel avenir France, ton « IST » fout le camp ! par Serge Chambaud et Denis Varloot

d’une illusion fique et technique, réputé moins UMEURS sur l’éven- tien au secteur national de l’édi- ticulier en termes de création tuelle reprise du tion scientifique et technique ; d’emplois dans l’édition et la dif- rentable que la mise en ligne des par Sylvain Kahn groupe CEP – 70 % aide à la production de banques fusion de l’information électro- annuaires ; de l’édition scienti- de données, tant dans le secteur nique, il serait paradoxal que la – l’Institut de l’information culer l’universalisme des droits de R privé que dans les organismes pu- CEP en vienne à relever de scientifique et technique (Inist) du ES lecteurs de François fique et technique française – par Furet avaient pris l’ha- l’homme avec les inégalités so- une multinationale étrangère. Il y blics de recherche (universités, centres de décision étrangers. Ce CNRS, où quatre cents personnes bitude de voir sa pen- ciales et les différences indivi- a là de quoi préoccuper tous ceux CNRS, Inserm, etc.) ; enfin, mise groupe constitue en effet un des sont en attente d’orientations sée récupérée à droite. duelles ? Comment instituer une qui, depuis plus de trente ans, se en place d’une capacité de diffu- grands gisements français d’in- claires après l’audit réalisé en jan- L communauté politique de citoyens sion de cette information « élec- formation spécialisée – richesse vier 1997. Il leur faut se préparer à son ins- battent pour que la France main- trumentalisation à gauche. Dans à partir de la société d’individus tienne un niveau de développe- tronique » au niveau national. dont on ne mesure bien l’impor- Dans le même temps, les autres leur point de vue « Fin de siècle » libres et égaux que parachèvent ment en information scientifique C’est ainsi que sera créé le centre tance que lorsqu’on l’a perdue. A grands pays industriels pour- (Le Monde du 15 octobre), Daniel les trois mois de l’été 89 ? Dès lors, et technique (IST) compatible serveur national Questel, porté ce titre, il représente un formi- suivent et même intensifient leurs Bensaïd et Philippe Corcuff font la Révolution invente la politique avec ses ambitions politiques, par la direction générale des télé- dable potentiel d’informations efforts dans ce secteur stratégique. de Furet le porte-drapeau du démocratique : une compétition économiques et industrielles. communications (aujourd’hui susceptibles d’être rendues dis- Le gouvernement allemand vient « prêt-à-penser libéral », attri- infinie entre des systèmes idéolo- Au niveau international, l’his- France Télécom), et baptisé plus ponibles sur Internet. Il contribue de lancer un plan sur le thème buant à son texte une valeur testa- giques légitimant l’ensemble des toire de l’IST remonte au lance- tard Questel-Orbit après le rachat au rayonnement de la créativité « L’information, matière première mentaire à laquelle son auteur n’a moyens à mettre en œuvre pour ment, en 1957, du premier satel- du serveur américain Orbit. scientifique et technique de la de l’innovation », doté d’un bud- jamais songé. promouvoir la liberté et l’égalité lite, Spoutnik, par les Ces mesures visaient d’abord à France, sans parler de sa langue – get d’environ 2 milliards de Dans « L’énigme française » (Le des individus comme la participa- Soviétiques. Piqués au vif, les assurer une certaine indépen- à laquelle un éditeur étranger deutschemarks (6,7 milliards de Monde du 23 septembre), qui ne tion du peuple au pouvoir. Américains décident de lancer le dance nationale dans la produc- n’accorderait évidemment qu’une francs) sur quatre ans. Les pou- doit son statut de dernier texte L’épisode de la Terreur est l’ar- projet Apollo, qui débouchera en tion et la diffusion de l’IST. Cela importance toute relative. voirs publics français, que l’on sait qu’à un tragique accident, Fran- chétype de ce surinvestissement 1969 sur la conquête de la Lune. afin d’apparaître comme un par- A la période glorieuse des an- attentifs à ce qui se passe outre- çois Furet interprète les dernières idéologique des secteurs social, Ce projet s’appuie sur une mobi- tenaire solide, et non comme un nées 70 et 80 a succédé une phase Rhin, vont-ils enfin, eux aussi, me- élections législatives comme une culturel, économique et privé et lisation de tous les moyens très simple client aux yeux des acteurs de désaffection pour l’IST au sein surer le caractère urgent de la mise victoire de la démagogie dont la de cette « subjectivisation de l’uni- rapidement disponibles, et, au internationaux dominants. Il de l’appareil d’Etat, alors même en œuvre d’une politique ambi- désagrégation du communisme vers » caractéristique de la poli- premier chef, des ressources en s’agissait aussi de ne pas être que se banalisait l’usage des tieuse de l’information scientifique aurait dû vacciner les Français : en tique démocratique. Chaque évé- IST, ce qui conduira à la création absent d’un marché potentiel banques de données, aussi bien et technique ? effet, de la réduction de la fracture nement est le produit d’une des premières banques de don- prometteur, alimentant les indus- dans les entreprises que dans la sociale (Jacques Chirac en 1995) à volonté, et l’histoire le théâtre nées. tries françaises de l’information recherche publique. Aujourd’hui, la réduction massive du chômage d’un affrontement manichéen En France, il faudra attendre électronique. Ces industries, un trois des piliers du dispositif na- Serge Chambaud est an- (l’alliance PS-Verts-PC en 1997), entre le peuple et les comploteurs 1971 pour que soit créé le bureau temps dopées par le Minitel, sont tional de production et de diffu- cien président du Groupement c’est sur l’illusion d’une séparation qui veulent sa perte. national de l’information scienti- aujourd’hui pratiquement en ja- sion de l’IST sont en péril : français de l’industrie de l’informa- de la démocratie et du capitalisme Malheureusement, au motif que fique et technique (BNIST) char- chère, avec comme conséquence – l’édition scientifique et tech- tion. qu’ont été gagnées les élections. la pensée de Furet serait aveuglée gé, au sein du ministère de l’in- une fuite des cerveaux vers la Sili- nique, dès lors que le rachat du Toutefois, en ferraillant avec Fu- par « une confrontation obsession- dustrie, de proposer au con Valley. groupe CEP priverait la France de Denis Varloot est ancien di- ret sur la pensée unique et la na- nelle avec le communisme stali- gouvernement les grandes lignes Alors que, dans son discours de la maîtrise d’une de ses princi- recteur des bibliothèques, des mu- ture du mouvement social de 1995 nien », « Fin de siècle » ne souffle d’une politique nationale dans ce Hourtin, en août dernier, le pre- pales sources d’informations ; sées et de l’information scientifique (additions de corporatismes indif- mot de l’illusion idéologique. En domaine. Dès l’origine, trois axes mier ministre a montré les enjeux – le serveur Questel-Orbit, qui et technique au ministère de l’édu- férents aux ravages du chômage fait, persuadés que « la libération majeurs seront privilégiés : sou- d’Internet pour la France, en par- se désengage du secteur scienti- cation nationale. sociale » est le moteur de l’his- toire, Bensaïd et Corcuff en sont Le dernier article encore prisonniers. Toute l’œuvre de Furet montre au contraire que de François Furet les révolutions et le mouvement démocratique ont une dimension témoigne politique et idéologique irréduc- tible à la condition sociale de leurs de l’itinéraire acteurs, quoi qu’ils en disent eux- mêmes. Une révolution ne peut d’une génération changer en quelques années les structures sociales. Mais le croire qui, en deuil et le tenter peut déraciner toute une société. du communisme, Cette interprétation démystifie la politique démocratique et s’est juré l’idéologie égalitariste, notam- ment dans leur prétention à la qu’on ne l’y toute-puissance sur le cours des choses, à l’homogénéisation des reprendrait plus conditions sociales et des indivi- dus et à l’idée d’un peuple un. Ce qui laisse place à une marge de pour l’un, germes de nouvelles so- manœuvre raisonnée et plus lé- lidarités et d’autres possibles pour gère pour l’action politique indivi- les autres), Bensaïd et Corcuff duelle et collective. Puisque nous passent à côté de la critique per- n’avons pas prise sur tout, et que tinente qu’on peut faire de cet ar- nous ne savons pas exactement ticle. S’il pèche, c’est par désen- sur quoi nous avons prise, es- chantement. Plus que d’une sayons au maximum de changer résignation à « l’ordre existant », il les choses sans chercher à tout témoigne de l’itinéraire d’une gé- changer. Opération qui rappelle la nération qui, en deuil du commu- philosophie kantienne de l’histoire nisme, s’est jurée qu’on ne l’y re- selon laquelle, dans la mesure où prendrait plus. Mais pour la nous ne pouvons pas avoir la cer- génération suivante, dont je fais titude que l’histoire n’a aucun partie, et qui n’a connu du sens, nous préférons lui en donner communisme que sa tragique réa- un. lité, chercher à aménager le capi- Mais cette démystification, dont talisme et à approfondir la démo- nous sommes tributaires, amène cratie, est-ce retomber dans l’historien à disqualifier, au nom l’illusion idéologique ? du désenchantement, tout projet Pour Furet, en effet, la démocra- politique. Elle ne lui permet pas tie produit immanquablement l’il- d’envisager comment approfondir lusion qu’il est possible de fonder et actualiser la démocratie au un contrat social neuf et coupé de XXIe siècle, ni comment aménager toute tradition historique, grâce à le système capitaliste pour en cor- la toute-puissance de l’action poli- riger les inégalités. Maintenant tique, capable de concrétiser en que le suffrage universel constitue fait la société idéale. Inaugurée la toile de fond, il s’agit pourtant par la Révolution française, cette d’articuler démocratie représenta- illusion a été massivement parta- tive et citoyenneté active ; d’adap- gée par des millions d’Européens ter la nation et la citoyenneté, no- au XXe siècle, victimes de la puis- tamment, mais pas seulement, par sante attraction de l’idéologie le droit de vote aux étrangers, à communiste et de la passion révo- une Europe pacifiée, en voie d’in- lutionnaire, surtout dans l’horizon tégration, ouverte aux migrations ; de l’antifacisme. Furet en a retracé de canaliser le capitalisme pour l’histoire dans Le Passé d’une illu- qu’il ne corrompte pas la démo- sion (1993) après en avoir longue- cratie mais la renforce en donnant ment exploré la genèse et le pro- corps à l’entreprise citoyenne. cessus dans l’histoire de la Notre génération ne craint pas Révolution française qu’il définit d’être bernée par l’histoire ; elle ne comme « la naissance de la démo- connaît du progrès que ses contra- cratie » (préface du Dictionnaire dictions et elle n’est pas utopiste. critique de la Révolution fran- La démocratie existe et fonc- çaise, 1988). tionne ; il n’y a plus à l’inventer. Il Dans La République du centre y a au contraire à l’étendre, no- (1988), il diagnostiquait pourtant tamment hors d’Europe, et à l’ap- la fin de l’exception française et profondir, là où elle existe. Dans l’entrée de la France dans « le droit ce cadre, l’illusion est nécessaire commun des démocraties » à la- puisqu’il n’y a pas de projet poli- quelle il avait lui-même contribué tique sans illusion. Une illusion en affirmant, dans Penser la Révo- débarrassée de la pieuse vénéra- lution française, publié en 1978, tion du mouvement social passé et que la Révolution française était à venir ; une illusion dans laquelle terminée. la démocratie, n’est pas un leurre Dès 1789 sont posées les problé- ni une promesse éternellement matiques, toujours actuelles, qui déçue, mais une frontière sans permettent et la démocratie repré- cesse repoussée par le projet et sentative et libérale et la Terreur et l’action politiques. le totalitarisme : comment penser et mettre en œuvre la souveraine- té populaire conçue comme indi- Sylvain Kahn est agrégé visible et absolue ? Comment arti- d’histoire. LeMonde Job: WMQ1111--0014-0 WAS LMQ1111-14 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:18 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0229 Lcp: 196 CMYK

14 / LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-ANALYSES 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Le nouveau partenariat sino-américain Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F LA RÉCENTE visite de Jiang Ze- d’une nouvelle maturité diploma- de Tiananmen. En Chine, les sultat d’autant plus appréciable Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Internet : http : //www.lemonde.fr min aux Etats-Unis sera-t-elle aus- tique. Il n’est pas question, du images les plus flatteuses du sé- qu’il s’inscrit après un double ca- si féconde que celle effectuée par point de vue américain, d’« ou- jour de Jiang Zemin ont été am- mouflet : celui infligé par une Rus- ÉDITORIAL Deng Xiaoping en 1979 ? Le blier » Tiananmen, simplement de plement diffusées et celles des sie qui refuse de cesser sa coopé- voyage du « petit timonier » avait ne plus envisager les relations manifestations de protestation ration nucléaire avec l’Iran, le contribué à normaliser les rela- américano-chinoises à travers ce contre les atteintes aux droits de second sous la forme de l’impor- tions sino-américaines après vingt seul prisme. A dresser la liste des l’homme soigneusement censu- tant accord pétrolier récemment Une journée ans de méfiance et de tension. Le désaccords bilatéraux qui n’ont rées. Pour son audience chinoise, signé par Téhéran avec trois président Jiang, pour sa part, peut pas reçu l’amorce d’une solution, comme pour le public américain, compagnies étrangères, notam- d’ores et déjà se flatter d’avoir re- on pourrait douter que cette ren- M. Jiang s’est efforcé d’apparaître ment la française Total. noué un dialogue brusquement contre se soit soldée par le « suc- comme un chef d’Etat moderne, Le Congrès est loin d’être pour les Algériens interrompu par la répression du cès » tant salué à Washington et à curieux de technologie et parlant convaincu par la thèse de l’admi- « printemps de Pékin », en juin Pékin. Pourtant, les priorités de d’égal à égal avec le président de nistration, pour qui c’est en se UE faire pour l’Algé- celui de l’ex-puissance coloniale. 1989. « Dépasser Tiananmen» : tel chaque pays ont été, dans l’en- la première puissance mondiale. rapprochant du gouvernement de rie ? La question est Radicaux islamistes ou membres était l’objectif poursuivi par Bill semble, atteintes, parce qu’elles Jiang Zemin que l’Amérique sera mal posée. Mieux du régime ont beau jeu de ren- Clinton et son hôte. étaient complémentaires. PETITE PHRASE en position d’infléchir la politique Q vaudrait deman- voyer Paris à l’histoire. La Ce résultat a été globalement Un rapprochement entre la Les évolutions eurent-elles pour chinoise. Les parlementaires sont der : que faire pour communauté internationale ne obtenu parce que les deux Chine et l’Amérique se justifie sur prix une petite phrase ambiguë également sensibles aux avertisse- les Algériennes et les Algériens ? peut guère faire plus. Les mili- hommes ont dressé un constat les plans diplomatique et sur les « erreurs » peut-être ments de certains sinologues qui Que faire pour une population taires algériens profèrent depuis semblable : les divergences entre commercial, et aussi parce que commises à Tiananmen, il est vrai craignent que le transfert de depuis cinq ans prise entre deux toujours un discours extrême- l’Amérique et la Chine à propos leurs présidents espèrent en reti- préalablement corrigée par un technologies américaines à l’em- feux, deux violences, deux tyran- ment sourcilleux sur l’indépen- des droits de l’homme, de la dé- rer des bénéfices de politique inté- commentaire patelin sur le carac- pire du Milieu se solde par un ac- nies qui s’entretiennent l’une dance du pays. Toute velléité de mocratie, du Tibet, voire de l’ave- rieure. En se rendant à Washing- tère « naturel » des divergences croissement de la puissance l’autre ? Car la sauvagerie de l’is- démarche de l’ONU – à vrai dire nir de Taïwan, ne seront pas apla- ton, Jiang Zemin recherchait une entre deux si grands pays ? A l’évi- économique, mais aussi militaire, lamisme militant, du moins cer- improbable – est dénoncée nies avant la fin de la décennie, et stabilisation des relations bilaté- dence, cette timide reconnais- de la Chine. Un tel résultat irait taines de ses incarnations, paraît comme une « ingérence » inad- il est probable qu’elles perdure- rales, mais peut-être plus encore sance n’aurait pas été suffisante évidemment à l’encontre de l’ob- souvent n’être que le produit missible dans les affaires inté- ront longtemps après le début du le respect. La Chine souhaitait ob- sans une certaine complicité amé- jectif à long terme que s’est fixée d’un pouvoir trop longtemps rieures d’un Etat membre. siècle prochain. Dès lors, mieux tenir de l’Amérique un statut et ricaine. L’« ouverture » (au moins l’administration Clinton : faire en confisqué par le même petit Reste, alors, ce qu’il faut bien vaut faire en sorte que ces désac- des égards équivalents à ceux de sur la forme) que M. Jiang a voulu sorte que la Chine aborde de ma- groupe de militaires. Au milieu, appeler la « société civile » fran- cords n’empoisonnent pas l’en- la Russie, et son président était incarner lors de son voyage aux nière pacifique le XXIe siècle. la population. Elle compte ses çaise, les partis, syndicats, asso- semble de la relation sino-améri- anxieux d’être accueilli aussi bien Etats-Unis, est allée au-devant de C’est donc le principe même de morts, ses enfants, ses vieillards ciations, qui, en décidant de faire caine, laquelle promet d’être que le fut Deng Xiaoping il y a dix- la politique d’« engagement l’« engagement constructif » qui est assassinés par les groupes isla- du lundi 10 novembre, « Un jour fructueuse pour chaque pays. huit ans. constructif » dont Bill Clinton s’est en cause, c’est-à-dire un élément miques armés ou autres bandes pour l’Algérie », entendent C’est en ce sens qu’un nouveau L’administration Clinton a ac- fait l’avocat, dans la mesure où majeur du bilan de politique qui ont confisqué le nom de l’is- adresser un message à la société partenariat entre la Chine et les cordé sans barguigner à son hôte elle la justifiait a posteriori. étrangère que souhaite laisser Bill lam pour pratiquer le grand ban- civile algérienne. C’est un mes- Etats-Unis a vu le jour lors du sé- les fastes qu’il demandait, sachant Le nouveau « partenariat straté- Clinton en quittant la Maison ditisme. Elle compte ses « dispa- sage de sympathie, de solidarité, jour américain de M. Jiang. que celui-ci entendait ainsi faire la gique » avec Pékin a permis au Blanche. rus » – enlevés par l’un des doublé d’une pression sur l’Etat Il s’agit certainement de realpo- démonstration qu’il n’est plus un chef de la Maison Blanche de ren- services de « sécurité » du pou- français pour qu’il respecte à litik, mais qui est l’expression « pestiféré», en dépit du stigmate forcer l’isolement de l’Iran, un ré- Laurent Zecchini voir – ses torturés, ses embastil- l’égard des Algériens tous les en- lés sans le moindre procès, pour gagements pris en matière de vi- ne pas parler des victimes d’exé- sas et de droit d’asile. cutions sommaires. La popula- On sait les limites de l’exercice. Coup franc par Leiter tion algérienne est saoûlée de Pourtant, le geste compte. Il est violence ; elle est saturée de ter- important pour les Algériens de reur, épuisée de brutalités. C’est France et pour les Français d’ori- une population martyre. gine algérienne. Il est important Lionel Jospin a eu le mérite de parce que l’histoire, la géogra- dire que l’Algérie subissait à la phie, la démographie (algé- fois la terreur des islamistes et rienne), et peut-être un peu plus, une certaine violence d’Etat. Il font que les deux populations reste que le gouvernement fran- vont continuer à vivre ensemble ; çais – tout gouvernement fran- à entretenir d’intenses relations çais – est condamné à une ma- commerciales et humaines, tou- nière d’attentisme prudent face à jours marquées par la passion. la crise algérienne. Pour les Algé- Autant de justifications surabon- riens, l’écho de la France offi- dantes de cette journée de mobi- cielle est toujours, peu ou prou, lisation.

0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint

Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Jean-Yves Lhomeau, Robert Solé Rédacteurs en chef : Jean-Paul Besset, Pierre Georges, Laurent Greilsamer, Erik Izraelewicz, Michel Kajman, Bertrand Le Gendre Directeur artistique : Dominique Roynette Rédacteur en chef technique : Eric Azan Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment

Médiateur : Thomas Ferenczi énormes se placeront-ils toujours titutions financières dans quinze le dossier des AGF, le coup est par- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet Generali dans des entreprises françaises ou ans. La prise de conscience des ef- ti. Faute d’avoir favorisé l’émer- en obligations assimilables au Tré- fets de l’Union européenne a lieu, gence d’un second pôle d’assu- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Gérard Courtois, vice-président sor en cas de contrôle étranger ? mais dans la douleur. rance en rapprochant les AGF et le Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), contre AGF, On semble découvrir cette hypo- Au gouvernement de Lionel Jos- GAN, il ne peut qu’être vigilant sur André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) thèse. Et de nombreuses questions pin de gérer ces erreurs. Faute la cession des deux entreprises Le Monde est édité par la SA Le Monde sont soulevées à cette occasion. d’avoir anticipé en créant des qu’il va privatiser, le GAN et le Durée de la société : cent ans à compter du 10 décembre 1994. l’OPA qui oblige Existe-t-il un effet de seuil, s’agis- pôles nationaux forts, il est en groupe bancaire CIC. Le choix des Capital social : 961 000 F. Actionnaires : Société civile « Les rédacteurs du Monde ». sant de la présence de capital porte-à-faux. Les socialistes, qui candidats se fera sur des critères Association Hubert Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, étranger dans les entreprises fran- ont toujours quelque chose à patrimoniaux, industriels et so- Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. à réfléchir çaises ? Jusqu’où veut-on l’Eu- prouver, se veulent bons élèves. ciaux. Il se fera aussi désormais en rope ? L’Etat a-t-il un rôle de régu- Sous Pierre Bérégovoy, ils ont prenant en compte le poids des Suite de la première page lateur dans l’organisation du donné libre cours aux marchés. Ils européens dans le secteur finan- ILYA50 ANS, DANS 0123 secteur financier ? Comment font sont maintenant prêts à tout pas- cier. Les AGF aux Italiens, le GAN Sauf à démontrer que Generali nos voisins ? Faut-il avoir un ou ser à l’Europe. aux Allemands et le CIC aux Néer- n’a pas la solidité financière pour plusieurs acteurs de taille mon- landais, par exemple : tout cela Quand Paris fait toilette se lancer dans une telle entreprise diale dans chaque secteur d’activi- L’AVENIR FINANCIER contribuerait peut-être à l’intégra- ou que son objectif est de déman- tés ? Nos voisins seraient-ils moins tion de l’Europe, mais aboutirait à ENFIN Paris a retrouvé ce matin en main, et l’on n’entendait, sous teler le groupe, l’opération est Laurent Fabius a le mérite naïfs ? L’Allemagne, la Grande- l’abandon d’une partie importante ses balayeurs, ses jardiniers, ses les pavillons et tout autour, que le peut-être souhaitable. Elle est en d’avoir lancé le débat, cantonné Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas ont de l’industrie financière française. bennes municipales. Sans jouer râclement des pelles sur l’asphalte, tout cas juridiquement imparable. jusqu’à présent aux couloirs des fait émerger, par rapprochements Avec des champions tels qu’AXA sur les mots, le besoin s’en faisait le gémissement familier des Car elle émane d’un groupe euro- ministères. Jeudi 6 novembre, le successifs, des gros centres finan- dans l’assurance et le Crédit agri- sérieusement sentir. La prome- bennes ingurgitant double et triple péen. A l’heure où la taille est le président de l’Assemblée nationale ciers. Si les activités des banques cole dans la banque, certains nade sur les boulevards, qui attire provision d’immondices. sésame pour tenir son rang dans a résumé, de façon abrupte, la si- sont mondiales dans le domaine pensent que la France serait hono- tous les dimanches, entre Répu- Bien entendu, la toilette de Paris un marché mondial, faut-il uni- tuation. Au micro d’Europe 1, il des marchés ou des banques d’af- rablement représentée au niveau blique et Madeleine, de nombreux ne se fera pas en un jour. Il va en quement le déplorer lorsque ce s’est inquiété du fait que « nos en- faires, chaque pays privilégie la mondial. D’autres estiment qu’il flâneurs, en était hier tout empoi- falloir des voyages pour déblayer, sont des entreprises françaises qui treprises sont de plus en plus constitution de gros mastodontes n’est pas sain de laisser un seul ac- sonnée. Ce n’étaient que gravats, balayer, ramasser tout ce qu’une font les frais de ces appétits ? Le ci- opéables, c’est-à-dire achetables à nationaux. L’UAP a certes acheté teur national dominer le marché. ce n’étaient que poubelles, arron- grande ville qui se néglige a pu en- mentier Lafarge ne vient-il pas de merci. Autant il est très difficile pour le deuxième assureur allemand, L’OPA de Generali sert de révé- dissant, sous les bâches dont on tasser en huit jours. s’élancer sur le britannique Re- des entreprises françaises d’acquérir Colonia, mais il s’agissait à lateur. Le gouvernement ne peut les avait pudiquement affublées, Mais en recouvrant sa propreté, dland ? de grandes entreprises à l’étranger, l’époque de la vente par la famille faire l’économie d’une réflexion en des formes montueuses assez Paris perdra, aussi, un certain pit- Aujourd’hui, la bataille se dé- autant la réciproque n’est pas vraie. allemande propriétaire de sa parti- profondeur sur l’avenir de l’indus- ignobles. toresque. On ne verra plus ces ci- place sur le terrain financier. La C’est une menace forte. Je crois qu’il cipation à l’homme d’affaires fran- trie financière française. Il doit la Dès la première heure, boueurs metières de ferrailles s’étalant en différence est de taille ; c’est ce qui va falloir réfléchir ultra-rapidement çais Jean-Marc Vernes, aujourd’hui faire sans crainte d’être taxé de na- et cantonniers se sont donc mis à pleine rue, où l’on découvrait les provoque le sursaut des politiques. à tout cela, car on ne peut pas lais- décédé. L’entrée des AGF dans tionaliste. l’œuvre. Les Halles, bastion cen- objets les plus invraisemblables, L’impact sur l’emploi que peut ser nos grandes entreprises partir à l’autre assureur allemand AMB ne tral de la malpropreté publique, tel ce vieux fauteuil de cuir, dissé- avoir la prise de pouvoir d’un l’étranger ». Plus discrètement, s’est faite qu’à la demande du ma- Babette Stern ont été attaquées au jet d’eau. Les qué jusqu’à la bourre, qui ce matin étranger sur une société française Henri Emmanuelli, président de la nagement, l’assureur français trains de wagonnets affectés à la encore tendait aux passants, rue est une inquiétude commune à commission des finances de l’As- n’ayant d’ailleurs pas les droits de corvée de nettoiement croulaient de Richelieu, des bras dont per- tous les secteurs de l’industrie. semblée, estime que « maintenir vote correspondant à sa participa- RECTIFICATIF sous une moisson aux affreuses sonne ne voulait. S’agissant des institutions finan- en France les pôles de décision des tion. exhalaisons. Toute une population cières, cette inquiétude s’étend établissements financiers est essen- Les institutions financières fran- TROTSKI ET STALINE s’affairait là, la fourche ou le balai (11 novembre 1947.) aux conséquences que pourrait en- tiel ». çaises sont-elles fongibles dans Une erreur a été commise, en traîner la perte de souveraineté Le constat renvoie à l’incurie des l’Europe ? Oui, à condition qu’elles page 7 de nos éditions datées 9-10 d’acteurs qui ont un rôle-clé dans pouvoirs publics qui n’ont pas su parviennent culturellement à subs- novembre, dans notre tableau 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS l’économie. Les compagnies d’as- amener harmonieusement les ins- tituer une économie administrée, « Les trois grandes familles de l’his- Télématique : 3615 code LEMONDE surances sont des investisseurs titutions financières d’une écono- où l’Etat met en musique, à une toriographie du communisme ». institutionnels par excellence. Les mie administrée à une concur- économie de connivence, où joue Ouvrage posthume, qu’il terminait Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC AGF géraient, au 31 décembre rence de marché et ont la solidarité. Oui, à condition que quand il fut assassiné par un agent ou 08-36-29-04-56 1996, 136 milliards de francs d’obli- déréglementé, sans fournir aux ac- le champ ne soit pas laissé entière- soviétique en août 1940, le Staline Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30 gations françaises et 52 milliards teurs de la sphère financière un ment libre à un seul acteur domi- de Léon Trotski a été publié pour la de francs d’actions françaises. Le environnement concurrentiel nant. Oui, à condition que l’Etat première fois en 1946 – et non en Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33 GAN, à la même date, gérait équitable. Les banques en ont gar- conserve pour mener sa propre 1948 – chez Harper and Brothers 111 milliards d’obligations et dé une fragilité particulière qui ne politique, un bras séculier fort, ce aux Etats-Unis. Il faisait notam- Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr 21 milliards d’actions. Les banques les met pas à l’abri des raiders. Les qui pourrait conduire à renforcer ment suite à un autre livre de Trot- sont, elles, au cœur du finance- gouvernements successifs n’ont ja- le rôle de la Caisse des dépôts. ski, Les Crimes de Staline, publié à Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 ment des entreprises et particuliè- mais vraiment défini la place et le Quelle est la marge de ma- Paris en 1937 chez Grasset et tra- rement des PME. Ces montants rôle qu’ils veulent donner aux ins- nœuvre du gouvernement ? Dans duit du russe par Victor Serge. LeMonde Job: WMQ1111--0020-0 WAS LMQ1111-20 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0230 Lcp: 196 CMYK

20 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997

FINANCE Le deuxième établisse- qui en détient déjà quelque 20 %. par l’assureur suisse Winterthur. pital de la banque est réparti entre communal de Belgique-Dexia ment bancaire de Belgique, la L’opération prendrait la forme b LE SORT DE BBL dépendra de l’at- le groupe Bruxelles Lambert (12,33 %). b LES RAPPROCHEMENTS Banque Bruxelles Lambert (BBL), se- d’une offre publique d’échange titude de ses autres actionnaires, (12,44 %), l’assureur Royale belge se multiplient dans le secteur ban- rait sur le point d’être racheté par le (OPE), combinée au rachat d’un bloc notamment AXA-UAP et le financier (12,37 %), propriété conjointe d’Al- caire belge, le plus dense après la groupe financier néerlandais ING, de 5,28 % d’actions BBL détenues belge Albert Frère. Outre ING, le ca- bert Frère et d’AXA-UAP, et le Crédit Suisse et le Luxembourg. Le néerlandais ING est prêt à s’offrir la Banque Bruxelles Lambert Le premier groupe financier des Pays-Bas lancerait cette semaine une offre publique d’échange pour prendre le contrôle de la deuxième banque belge, fleuron de l’empire de l’homme d’affaires Albert Frère. ING détient déjà 20,13 % du capital de BBL

BRUXELLES la forme d’une offre publique gnée par l’ensemble des protago- tion de Winterthur par Royale belge 9 000 francs belges (environ téressant ». L’épilogue du feuilleton de notre correspondant d’échange (OPE), combinée au ra- nistes. Celle-ci oblige tout vendeur le lancement d’une offre publilique 1 461 francs français) contre un cours devrait dépendre de l’attitude finale L’avenir de la Banque Bruxelles chat d’un bloc de 5,28 % d’actions « à présenter ses titres en priorité à ses d’achat (OPA). Celle-ci se révélerait actuel de 8 820 francs belges, préci- d’AXA-UAP et d’Albert Frère face à Lambert (BBL), deuxième banque BBL sur les 8,23 % que détient ac- partenaires ». coûteuse et aucun des protagonistes sait L’Echo de la Bourse. ING. Le groupe de M. Bébéar a, dans belge et fleuron du groupe du même tuellement l’assureur suisse Winter- Réputé pour son sérieux, le quoti- ne souhaiterait s’y lancer. La BBL a démenti ces informa- le passé, évoqué son souhait de ren- nom, dirigé par l’homme d’affaires thur. C’est donc lui qui ferait office dien financier bruxellois, L’Echo de la tions, que Royale belge et GBL ont forcer les accords de bancassurance Albert Frère, risque d’être scellé dans d’arbitre. Bourse, annonçait dans ses éditions 9 000 FRANCS BELGES PAR ACTION refusé de commenter. La CBF s’est liant Royale Belge à la BBL. Mais sa les tout prochains jours. La banque L’opération serait annoncée au des 7 et 8 novembre que la Commis- ING serait donc bien placé pour retranchée derrière sa « règle de réticence à l’égard de tout « risque est depuis des mois l’objet d’inces- lendemain du grand week-end du sion bancaire et financière (CBF) – racheter la participation de Winter- confidentialité ». Citant « des sources bancaire » pourrait bénéficier aux santes spéculations, alors que le pay- 11 novembre. Sans préciser qu’il l’équivalent belge de la Commission thur en lançant une offre publique multiples » proches des négocia- visées du groupe néerlandais. sage bancaire belge est en pleine res- s’agissait bien de ce projet, le direc- des opérations de Bourse (COB) – d’échange de ses propres titres tions, Le Soir affirmait toutefois sa- Plus enclin à résister à ING, dont il tructuration. Les manœuvres se teur général de la filiale belge de aurait posé ces derniers jours pour contre ceux de BBL. L’offre valorise- medi que Royale belge n’avait pas a déjà fait échouer la tentative multiplient depuis la fusion en 1996 Winterthur, Claude Desseille, a indi- condition à un rachat de la participa- rait l’action BBL à plus de répondu à l’injonction de la CBF d’OPA de 1993, M. Frère est toutefois du Crédit communal de Belgique qué, vendredi 7 novembre, qu’une « ouvrant ainsi un boulevard à ING ». affaibli par le rejet de son scénario (CCB) et du Crédit local de France annonce concernant cette participa- Le groupe néerlandais reste pour d’une « grande banque belge » écar- (CLF) pour former le groupe Dexia. tion serait faite dans le courant de la Un réseau bancaire surdimensionné l’instant muet. Ses velléités de re- té par la Générale de Banque, pro- A l’approche de l’introduction de semaine. Winterthur est déjà consi- prise de BBL ne sont pas nouvelles. priété de la Société Générale de Bel- l’euro, les établissements belges déré comme vendeur par de nom- Le réseau bancaire belge est le plus dense d’Europe après la Suisse et Une tentative d’OPA, en 1993, s’était gique. La perspective d’une belle cherchent désespérément à acquérir breux analystes financiers. le Luxembourg. En 1996, la Belgique recensait 105 banques dont 60 soldée par un échec. Le scénario plus-value sur ses titres BBL, dont la la « masse critique ». BBL est actuellement contrôlée étrangères et 7 600 succursales. Dans ce contexte, les rapprochements d’une prise de contrôle indirect avait valeur a triplé en quelques années, Cette fois-ci, la saga BBL semble par un pacte réunissant le groupe se multiplient. Le Crédit communal de Belgique (CCB) a été le premier encore été évoqué début 1997, à la pourrait finir de faire céder la digue prendre un tour décisif. L’affaire op- Bruxelles Lambert (12,44 %), l’assu- à bouger en fusionnant en octobre 1996 avec le Crédit local de France suite de spéculations sur l’acquisi- qu’il s’évertue à bâtir contre les fi- pose trois « alliés » – Albert Frère, le reur Royale belge (12,37 %), proprié- pour former Dexia. En décembre 1996, la Banque coopérative Cera, tion de Royale Belge par ING. Le fi- nanciers bataves, notent les mêmes groupe d’assurances AXA-UAP et le té conjointe d’Albert Frère et d’AXA- sixième du pays, avec six milliards de francs français de fonds propres, nancier néerlandais dispose de 5 à analystes. CCB, actionnaires de BBL – et le UAP, via la holding Royale Vendôme, a acquis 80 % d’Indosuez Belgique. Depuis mai, la Bacob, huitième 6 milliards de florins (15 à 18 mil- Quant au Crédit communal, un re- géant néerlandais de la finance, In- et le CCB-Dexia (12,33 %). ING dé- banque belge, a pris le contrôle de 70 % de Paribas Belgique, et bénéfi- liards de francs) en réserve pour de trait de BBL lui enlèverait une sé- ternational Nederlanden Groep tient pour sa part directement 13,4 % cie d’une option sur le rachat, d’ici à 2000, des 30 % restants. Cobepa, futures acquisitions. Même s’il juge rieuse épine du pied : la présence de (ING), qui convoite l’établissement. des titres, auxquels s’ajoutent 6,73 % autre filiale de Paribas, s’est partagé avec Almanig, maison-mère de la officiellement « plus urgent » de se son président, François Narmon, au Selon des sources proches du dos- supplémentaires contrôlés via la hol- Kredibank, les 12,6 milliards de francs français de la holding financière positionner en France et en Alle- sein du comité stratégique de BBL, sier, citées par la presse belge spécia- ding Befco Investments. Le capital Gevaert. La Kredibank, qui souhaite renforcer sa dimension internatio- magne, un de ses représentants en concurrent direct de Dexia, est dans lisée et les quotidiens Le Soir et La de la banque est également verrouil- nale avant 1999, a reconnu mener des « discussions » avec plusieurs Belgique rappelait le mois dernier le collimateur de la Commission eu- Libre Belgique, l’opération prendrait lé par une convention syndicale si- partenaires potentiels, dont la Rabobank néerlandaise. que « BBL reste un placement très in- ropéenne. – (Intérim.) La chimie européenne entame Bruxelles et Paris divergent sur le plan d’aide au Crédit lyonnais LES SERVICES du commissaire européen à la aujourd’hui estimées à plus du double de ce qui phandéry, alors ministre de l’économie. D’où sa un dialogue social novateur concurrence, Karel Van Miert, espèrent que la était prévu dans le texte de la décision rendue colère face aux dossiers Stardust ou SDBO Commission de Bruxelles pourra rendre sa déci- en juillet 1995. Si l’on globalise, l’aide de l’Etat (Le Monde du 6 novembre)et sa volonté d’être EN FRANCE, le dialogue social au lan, et en mars à celui des Espa- sion sur le troisième plan d’aide d’Etat au Crédit au Lyonnais atteint 110 milliards de francs informé régulièrement sur les actifs cédés par le sein de la branche « chimie » n’est gnols. lyonnais, le 17 décembre, lors de sa dernière réu- contre 45 milliards initialement annoncés. CDR, comme le prévoyait d’ailleurs la décision guère plus approfondi que dans la « Ce type de rencontres nous est nion de l’année. La date paraît bien optimisme si Bruxelles pourrait donc se sentir fondé à de- de juillet 1995. Ce qui n’est pas vraiment le cas plupart des autres industries. Cela très utile et peut influencer par la suite l’on en juge par la manière dont s’engagent les mander au Lyonnais une nouvelle cure d’amai- aujourd’hui selon les services de M. Van Miert. n’a pourtant pas empêché les orga- les négociations nationales », estime discussions techniques avec les autorités fran- grissement. Au CDR, on supporte mal le droit de regard et nisations patronales et syndicales un représentant du patronat de la çaises. les critiques de la Commission sur le traitement françaises, italiennes et espagnoles chimie italienne. « Il n’y a pas d’autre Elles démarrent sur une profonde divergence. « LOGIQUE PUNITIVE » des affaires : « il y a déjà suffisamment de de ce secteur d’établir un dialogue démarche sectorielle en Europe. C’est Alors que la France demande à Bruxelles son feu Pour Bercy – et pour Jean Peyrelevade, le pré- contrôles sur le CDR pour qu’on n’ajoute pas celui social tout à fait novateur. C’est ainsi une première », ajoute une syndica- vert pour pouvoir couper le lien financier qui sident du Crédit lyonnais, qui a obtenu l’auto- de Bruxelles ». Les remarques de Bruxelles, qui que, les 5 et 6 novembre, soixante liste espagnole. Pour François unit la banque publique au mécanisme de défai- risation de participer aux discussions –, ce rai- se cumulent avec les rapports critiques de l’Ins- personnes venues de ces trois pays Gaschka, directeur du département sance mis en place pour la sauver, les services de sonnement paraît inacceptable. C’est Bruxelles pection générale des finances, plaident toutefois ont assisté à Bagnolet (Seine-Saint- social de l’Union des industries M. Van Miert sont décidés à réévaluer l’en- qui a poussé en 1995 pour que la gestion du pour que la réforme de l’organisation du CDR Denis) à un premier séminaire chimiques, ces expériences vont « ir- semble du dossier Crédit lyonnais. CDR soit complètement coupée de celle du Cré- soit bouclée rapidement. « La première chose à consacré aux politiques de forma- riguer les entreprises », d’autant que Les Français estiment que l’aide d’Etat supplé- dit lyonnais : on ne peut donc tenir rigueur au faire serait de doter le CDR d’un vrai conseil d’ad- tion les plus innovantes. 98 % des 33 000 entreprises mentaire qu’ils soumettent à autorisation est de Lyonnais de l’aggravation des pertes du CDR. La ministration », estime un proche du dossier. Pour Tout a commencé, en 1992, par chimiques européennes ont moins l’ordre d’une dizaine de milliards de francs (une gestion des deux entités étant séparée, les auto- l’heure, aussi étonnant que cela puisse paraître, des rencontres informelles entre des de 500 salariés. Pour Jacques Kheliff, quinzaine selon Bruxelles). Cela correspond au rités françaises ont beau jeu de plaider au- le conseil du CDR n’est composé que de cadres représentants italiens – le patronat secrétaire général de la FCE-CFDT, coût que représente la suppression du taux pré- jourd’hui pour les dossiers ne soient plus qui appartiennent à la structure. Il comprend les et les trois fédérations syndicales de « cette expérience concrétise la di- férentiel que le Lyonnais devait consentir à confondus. Le Crédit lyonnais ayant confirmé quatre membres du comité de direction du CDR la chimie –, espagnols – le patronat mension européenne du dialogue so- l’Etablissement public de financement et de réa- son redressement au premier semestre de 1997, – Michel Rouger, son président, François Lemas- et les deux syndicats – et français – cial ». D’ores et déjà, chacun envi- lisation (EPFR), la structure écran qui finance le leur objectif est de protéger la banque, pour son, le directeur général, Jean-Pierre de Sarrau, l’Union des industries chimiques et sage de poursuivre en 1999 le Consortium de réalisation (CDR), chargé, lui, de pouvoir la privatiser, en en tirant un prix maxi- le directeur financier, et Jean-Pierre Monestié, le la CFDT. Conviées, la CFTC et Force dialogue sur des sujets comme l’en- vendre les actifs sortis du bilan du Crédit lyon- mum, qui viendra réduire d’autant la facture directeur juridique –, et les présidents de direc- ouvrière n’ont pas donné suite, pas vironnement et la sécurité. Signe nais au 1er janvier 1995. Ce montant comprend d’aide d’Etat. toire des cinq filiales du CDR (CDR Entreprises, plus que les Allemands, qui ju- que cette démarche prend de l’am- aussi le manque à gagner pour l’Etat provenant « Bruxelles est dans une logique punitive vis-à- CDR Participations, CDR Immobilier, CDR geaient ce forum trop latin pour être pleur : les Allemands souhaitent du fait que l’EPFR n’a jamais souscrit d’obliga- vis des autorités françaises », estime toutefois un Créances, CDR Finance), qui se contrôlent donc efficace. cette fois s’y associer. tion à coupon zéro comme cela était prévu. proche du dossier. Le commissaire à la concur- eux-mêmes. Une situation absurde. Bruxelles considère qu’il faut ajouter à ce rence n’admet pas d’avoir été trompé par le pre- « TRILATÉRALE » Frédéric Lemaître montant la dérive du CDR dont les pertes sont mier plan de sauvetage, bouclé par Edmond Al- Sophie Fay Après trois rencontres annuelles passées à créer un climat de confiance, la « trilatérale », comme DÉPÊCHES l’appellent ceux qui y participent, Une entreprise française branche le téléphone sur Internet a MERCEDES-BENZ : le PDG du groupe allemand Daimler-Benz, décide de comparer les politiques de Jürgen Schrempp, aurait menacé de stopper immédiatement la fabri- formation les plus intéressantes. UNE JEUNE société française, ton situé sur le boîtier, il activera un d’AT&T, lors du Salon PC Expo, à cation de la Classe A, la dernière-née de sa filiale d’automobiles Mer- Chacun prend à sa charge une partie Aplio, entend profiter de l’essor du logiciel qui le mettra en liaison avec New York. cedes-Benz, si les mesures prévues pour pallier ses défauts ne garantis- du travail : les Français élaborent le réseau Internet pour y acheminer son fournisseur d’accès à Internet Les sociétés d’études et de conseil saient pas totalement la sécurité, selon le quotidien Stuttgarter Zeitung questionnaire qui sera envoyé dans des communications télépho- et lui permettra de rétablir la qui se sont penchées sur le sujet du 8 novembre. « Nous ne nous exprimons pas sur de telles spéculations », une vingtaine d’entreprises par pays, niques. Créée il y a un an par deux communication, celle-ci étant dès sont plus prudentes. Forrester Re- a répondu à l’AFP un porte-parole de l’entreprise. La direction de Mer- les Italiens négocient les subven- des dirigeants de Kortex, spécialiste lors facturée à la durée sur la base search considère par exemple que, cedes doit décider d’ici au mois de décembre du sort de son nouveau tions européennes dans le cadre du des modems, et un ancien respon- d’un appel téléphonique local. aux Etats-Unis, la téléphonie via In- modèle, dont il a dû reconnaître le 29 octobre certaines défaillances. projet « Leonardo » et les Espagnols sable de la société de logiciels Arti- ternet devrait représenter un mar- a HAMBROS : la banque britannique aurait reçu, selon le Daily Tele- sont chargés de rédiger la synthèse soft, Aplio (qui emploie aujourd’hui 2 MILLIONS DE CONSOMMATEURS ché de 2 milliards de dollars en graph du 10 novembre, une offre d’achat de l’allemand Westdeutsche finale des travaux. Les question- neuf personnes) s’apprête à « Ce sera plus facile et moins coû- 2004, soit 4 % des communications Landesbank. Cette dernière s’est déjà montrée intéressée par le français naires ont tous été envoyés. Les 5 et commercialiser un boîtier qui, placé teux qu’avec un ordinateur personnel longue distance. Action Informa- Natexis. 6 novembre, les Français ont pré- entre la prise et le combiné télépho- (PC) », relève Eric Constantini, l’un tion Services évoque le chiffre de a UNILEVER : le groupe anglo-néerlandais a annoncé le 7 novembre senté à leurs homologues six actions niques, permettra d’appeler un cor- des trois fondateurs d’Aplio. Ac- 8 milliards de dollars en 2001 au ni- une provision de 4,7 milliards de francs sur ses comptes 1997, afin de de formation dignes de retenir l’at- respondant avec un téléphone, via tuellement, la téléphonie sur Inter- veau mondial, estimant qu’à cette couvrir des moins-values sur des cessions d’actifs, ainsi qu’une provi- tention. Internet, où qu’il se trouve dans le net se fait essentiellement de PC à date Internet captera environ 4,5 % sion pour dépréciation d’actifs de 1,6 milliard. Rhône-Poulenc chimie puis Euro- monde, grosso modo pour le prix PC. Pour cela, les interlocuteurs du marché de la téléphonie inter- a PROTON : le prince saoudien Al Walid Bin Talal a annoncé, lundi Aspartame ont explicité leur nou- d’une communication locale. doivent être équipés du même logi- nationale. 10 novembre, avoir acquis 3 % du capital du groupe automobile malai- velle organisation du travail basée L’avantage sera immédiat pour des ciel de traitement et prendre ren- « Nous pensons qu’avec notre pro- sien. Il avait investi, en octobre, dans le sud-coréen Daewoo. sur une « logique compétences », Elf- communications nationales et sur- dez-vous pour se connecter au duit nous ne mordrons pas sur le a EDF-GDF : la direction et les syndicats CFDT, CFTC, et CGC ont Atochem a détaillé une opération de tout internationales, dont les tarifs même moment à Internet. La socié- marché de la téléphonie classique, établi le 7 novembre un « programme de négociation » sur l’emploi, le reconversion de salariés âgés peu sont plus onéreux que ceux des ap- té d’études IDC estime, au niveau mais que nous créerons un besoin », temps de travail et les salaires. La direction a annoncé une augmenta- qualifiés, Chevron Chemical a expli- pels locaux. mondial, à 2 millions les consom- explique M. Constantini. Aplio, tion de 1,2 % des salaires, rétroactive au 1er août 1997. qué comment l’encadrement a par- L’appelé devra cependant être mateurs de téléphonie sur Internet dans laquelle les sociétés de capital- a APPLE : le groupe américain devait annoncer, lundi 10 novembre, ticipé à la formation d’ouvriers qui équipé lui aussi d’un boîtier, dont le à travers des PC et considère que risque CDC Innovation Galileo et qu’il était prêt à s’orienter vers la vente directe et la fabrication à la de- refusaient toute formation de type prix devrait se situer entre 1 490 et leur nombre devrait monter à Banexi ont injecté environ 10 mil- mande. Le constructeur devait également présenter un MacNC, ordina- scolaire, Arco-chimie a détaillé com- 1 990 francs. L’un ou l’autre des in- 16 millions en 1999, notamment lions de francs, espère vendre teur allant chercher les logiciels sur des serveurs via les réseaux. ment des ouvriers ont appris à exer- terlocuteurs devra évidemment dis- sous l’effet de l’installation en stan- « 20 000 boîtiers la première an- a MICROSOFT : Bill Gates, le PDG du groupe américain, explique cer un second métier et Alsachimie poser d’un abonnement à un four- dard des logiciels adéquats. née », selon M. Constantini, qui dans une tribune publiée par le Wall Street Journal le 10 novembre que le Rhône-Poulenc a montré comment nisseur d’accès à Internet. C’est le marché des services télé- précise que leur « fabrication est département de la justice savait depuis trois ans que Microsoft intégre- vingt-six ouvriers étaient devenus L’appelant devra par ailleurs acquit- phoniques longue distance (appels sous-traitée en Asie ». Leur vente se rait des capacités d’accès à Internet dans son logiciel Windows, ce que techniciens. Malgré certaines réti- ter, pour au moins quelques se- nationaux et internationaux) des fera « essentiellement à travers les lui reprochent certains concurrents. « L’intérêt des consommateurs cences à dévoiler leurs « secrets de condes, le prix d’une communica- opérateurs téléphoniques clas- fournisseurs d’accès à Internet et par semble moins important que les plaintes de concurrents qui veulent que le fabrication », les entreprises ont tion à travers le réseau siques qui devrait être de plus en des accords de revente avec des fa- gouvernement les aide à être compétitifs », a-t-il déclaré. toutes joué le jeu sous l’œil attentif téléphonique normal pour joindre plus affecté. « Ces communications bricants de modems, de terminaux a LAFARGE : le groupe français a annoncé la prolongation, au des délégués syndicaux présents. En son interlocuteur. Ce n’est qu’après passeront en majorité par Internet téléphoniques, etc. ». 21 novembre, de son offre sur le fabricant britannique de matériaux Re- février, ce sera au tour des Italiens l’avoir joint qu’il pourra se connec- dans cinq à dix ans », avait affirmé dland. de présenter leurs réalisations à Mi- ter à Internet : en pressant un bou- en juin Tom Evslin, vice-président Philippe Le Cœur LeMonde Job: WMQ1111--0021-0 WAS LMQ1111-21 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:22 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0231 Lcp: 196 CMYK

21 COMMUNICATION LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997

DÉPÊCHES a TÉLÉVISION NUMÉRIQUE : les groupes audiovisuels Kirch La BBC lance sa chaîne « tout-info » et un site Internet et CLT/UFA (Compagnie luxem- bourgeoise de télédiffusion et fi- liale audiovisuelle du groupe La télévision publique britannique estime pouvoir tenir la dragée haute à CNN et à Sky News. Bertelsmann) ont finalisé la création d’une télévision à Mais News 24 ne dispose pas de fréquence spécifique et ne sera disponible qu’en 1998 dans les bouquets numériques péage commune en signant, vendredi 7 novembre, un contrat LONDRES Malgré tout, le but des initiateurs fonctionnement annuel devrait concurrence. Il craignait que Auntie vers celui qui la dirige d’une main regroupant leurs activités numé- de notre correspondant de News 24 est, selon Tony Hall, le avoisiner les 30 millions. (« La Tante », comme on sur- de fer, John Birt, la BBC doute par- riques au sein de la chaîne alle- Dimanche 9 novembre, à 17 h 30 responsable des informations à la Il faudra attendre l’an prochain nomme gentiment la BBC) voie fois. Ses moyens ont été réduits. mande payante Premiere. Ce (heure anglaise), la BBC a lancé ses BBC, d’aller au-devant de ceux qui pour que cette chaîne info soit dis- trop loin et n’ait pas les moyens Mais elle garde des ambitions, contrat entérine l’accord passé deux nouveaux bébés : une chaîne ne veulent plus se contenter de re- ponible sur le futur réseau digital. humains de ses ambitions ; il s’in- qu’elle doit financer avec ses en juin entre Kirch et Bertels- nationale « tout-info », News 24, et garder les nouvelles à heure fixe, En attendant, News 24 devra se quiétait de la multiplicité des pro- propres moyens, c’est-à-dire avec mann, pour se partager le capi- un site Internet en accès direct, mais au moment où ils le sou- contenter de squatter les réseaux grammes et du risque qu’une infla- le revenu de la redevance télévi- tal de Premiere. La Commission BBC News Online. Si les fanas de la haitent. D’où ce concept, long- existants. tion de la demande ne transforme sion. européenne et les autorités alle- Toile, à l’affût de toutes les nou- temps discuté – et critiqué –, dont les correspondants en commenta- mandes doivent encore donner veautés, doivent trouver vite ce l’objectif à long terme est de DOUTES ET AMBITIONS teurs d’images achetées sur place, RÉPUTATION leur accord à la nouvelle société site, il n’en sera pas de même – du concurrencer CNN, mais qui aura L’heure est à la frugalité : le stu- le temps manquant pour faire eux- News 24 fait partie, nous a-t-on commune. L’Office allemand des moins pour le moment – des télé- auparavant à faire avec le rival lo- dio dans lequel enregistrait Charles mêmes des reportages. « Ce danger dit, du service public qu’elle doit à cartels, qui surveille la concur- spectateurs. Prévenus par quelques cal, Sky News, du groupe de Rupert Wheeler est celui utilisé en semaine existe encore », nous a-t-il confié au ceux qui paient chaque année leurs rence en Allemagne, avait émis articles de presse, ils ne pourront Murdoch. Grâce à des économies pour couvrir le Parlement, et qui sortir de l’enregistrement, mais il a 86,50 livres de redevance. Charles de sérieuses réserves en juillet profiter de News 24 qu’après mi- féroces sur d’autres programmes est donc vide le dimanche. Charles été écouté : Tony Hall a annoncé le Wheeler compte, pour que la BBC sur cet accord entre Kirch et Ber- nuit sur BBC 1, et par intermittence (de 30 % parfois), 15 millions de Wheeler fait partie de ceux qui ont recrutement de nouveaux journa- télévision réussisse à s’implanter telsmann. – (AFP). sur BBC World Television (la chaîne livres (soit environ 14,5 millions de eu des doutes sur ce projet, tout en listes. dans le reste du monde, sur le res- a CÂBLE : 1,57 million de internationale) ainsi que sur quel- francs) ont été dégagées pour lan- estimant que la BBC ne pouvait se Secouée par des réformes pro- pect que la radio a su obtenir en foyers étaient abonnés au ser- ques réseaux câblés. cer News 24, dont le budget de limiter à faire du sur-place face à la fondes et brutales, mal à l’aise en- soixante-quinze ans d’existence : vice base du câble – au moins « Les gens, à l’étranger, ont plus quinze chaînes – à fin octobre, confiance en nous qu’en CNN. Nous contre 1,42 million un an plus avons une extraordinaire réputation tôt. Selon les chiffres de l’Asso- Telepiù reste une bonne affaire pour Canal Plus fondée sur notre crédibilité, alors que ciation des villes câblées (Avica), CNN est trop ouvertement commer- publiés jeudi 6 novembre, la L’ANNONCE de la survalorisation du né, signale Telepiù, et devrait être achevé fin actionnaire à 45 % de Telepiù. Toutefois, la base ciale. » hausse annuelle est de 10,64 %. nombre d’abonnés de Telepiù, lors de la fusion novembre. Côté numérique, parti avec d’abonnés manquants est plus réduite : moins Les nouveaux programmes se- Fin octobre, 2,27 millions de entre Canal Plus et NetHold, serait « un non- 5 000 abonnés, Canal Plus revendique un por- de 100 000. Lors de l’échange des participations ront rythmés par un bulletin d’in- foyers étaient raccordés contre événement boursier » pour les analystes finan- tefeuille de 142 000 souscripteurs, en Italie, fin respectives de Canal Plus dans Premiere, formations d’une dizaine de mi- 2,04 millions (+ 11,23 %) un an ciers. Selon ces derniers, les 120 000 abonnés septembre. chaîne cryptée allemande, et de Kirch dans Te- nutes toutes les heures, et de auparavant. fantômes – soit 15 % du portefeuille de la A l’occasion de la fusion Canal Plus-NetHold, lepiù, le prix par abonné à la chaîne cryptée ita- l’annonce brève des titres chaque a RADIO : Radio France Inter- chaîne cryptée italienne – ne remettent pas en la chaîne cryptée française avait prudemment lienne avait été évalué à 1 250 dollars. Enfin, quart d’heure. Entre-temps, des re- national (RFI) a profité du cause la valeur intrinsèque de Telepiù et, sur- fait inscrire dans le contrat des « garanties » Canal Plus pourrait aussi recadrer les accords portages et des interviews seront Sommet de la francophonie, qui tout, laissent intactes les perspectives de déve- concernant le nombre d’abonnés. Pour être in- de fourniture de films et de sports conclus sur diffusés. Mais, nous a-t-on expli- a lieu au Vietnam du 14 au 16 no- loppement de la chaîne cryptée. demnisé par Richemont et MIH, détenteurs au une base d’abonnés surévaluée. qué, les présentateurs disposeront vembre, pour obtenir l’autorisa- Mieux, la mise au net du portefeuille d’abon- 31 août 1996 de 45 % du capital de Telepiù, Ca- Au final, Canal Plus devrait percevoir une ré- d’une marge de manœuvre : ils tion d’émettre en FM sur Hanoï nés valorise encore plus l’expertise et le savoir- nal Plus a choisi une solution « à l’amiable ». munération exceptionnelle en 1997 tout en pourront intervenir directement, et sa région, à partir du 10 no- faire de Canal Plus sur le marché de la télé- conservant le contrôle d’une chaîne premium, choisir de prolonger un entretien, vembre. Seule radio internatio- vision payante. Telepiù, reprise en main en RÉMUNÉRATION EXCEPTIONNELLE Telepiù, aux vastes perspectives de développe- d’allonger ou de raccourcir un re- nale à être présente au Vietnam, mars par Michel Thoulouze, directeur général Sur la base de 1 600 dollars, l’abonné – à ment. Avec l’entrée de partenaire italiens dans portage. Bref, ils seront de véri- RFI diffusera désormais l’inté- de Canal Plus chargé de l’international, n’a ces- 5,70 francs le dollar –, la chaîne cryptée pour- le capital de la plate-forme numérique D +, la tables journalistes. gralité de ses émissions en fran- sé de gagner des abonnés. Calculée à partir rait recevoir 450 millions de francs en rembour- chaîne cryptée française opère un partage des Reste à savoir si une chaîne sans çais vingt-quatre heures sur d’une base de départ plus basse que prévu sement. Une somme à moduler selon le énormes investissements demandés par le nu- longueur d’onde propre et difficile vingt-quatre. (663 000, au lieu de 780 000 annoncés au nombre d’abonnés manquants. Cette indemni- mérique. Et principal fournisseur des chaînes d’accès trouvera assez rapidement a PRESSE : Olivier Barrot a été 31 août 1996), la performance est réelle té pourra être versée « en cash ou en actions ». thématiques de la plate-forme via les pro- le public qui lui permettra de se remplacé par Jacques Dupont puisque, aujourd’hui, la chaîne cryptée ita- Richemont, MIH et Canal Plus sont convenus grammes de sa filiale Multithématiques, Canal faire un nom avant de devenir dis- chez Gault-Millau. Jacques Du- lienne revendique près de 900 000 souscrip- de parvenir à un accord dans un délai de trente Plus dispose d’un important relais de crois- ponible au sein des bouquets de pont devient directeur des ré- teurs. jours. sance future. chaînes numériques. dactions de l’ensemble des pu- Toutefois, le « processus de cleaning » (net- Remboursé par NetHold, Canal Plus devrait blications (les guides, le toyage des fichiers d’abonnés) n’est pas termi- l’être aussi par Leo Kirch, qui était alors aussi Guy Dutheil Patrice de Beer magazine et La Cote des vins).

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22 / LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 CARNET

DISPARITION NOMINATIONS commission des ministères ordon- de théologie et philosophie dominicaines du nés ; il succède à Mgr Georges Gil- Saulchoir. Il est entré en 1957 dans l’ordre des do- EPISCOPAT son, archevêque de Sens-Auxerre, minicains. Ordonné prêtre en 1964, il a exercé des L’assemblée plénière des évêques, également arrivé en fin de mandat. responsabilités dans la communauté charisma- Georges Mamy réunie du 4 au 10 novembre à [ Né le 10 novembre 1938 à Courbevoie (Hauts- tique de l’Emmanuel. Il est évêque de Pamiers Lourdes (Hautes-Pyrénées), a renou- de-Seine), Olivier de Berranger a été ordonné (Ariège) depuis 1988. ] velé les présidents de trois commis- prêtre en 1964 pour le diocèse de Versailles, après [Né le 29 juin 1930 à Neuilly-Plaisance (Seine- De la Résistance au journalisme politique sions de la conférence des évêques : à des études au séminaire du Prado et à l’université Saint-Denis), Emile Marcus a fait ses études au la tête de la commission sociale, Mgr grégorienne de Rome. De 1976 à 1993, il a été séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux et GEORGES MAMY, journaliste, périeur. De formation chrétienne, et collabore, du reste, aux Cahiers Olivier de Berranger, évêque de prêtre en Corée du Sud pour le diocèse de Séoul, à l’université Saint-Thomas-d’Aquin à Rome. est mort à Paris samedi 8 no- de culture républicaine, il prend de la République, publication Saint-Denis, succède à Mgr Albert avant d’être nommé, en 1994, secrétaire du comi- Membre de la compagnie des prêtres de Saint- vembre des suites d’un cancer. Il ses premières responsabilités mendésiste. Rouet, évêque de Poitiers, arrivé en té épiscopal français de la Coopération mission- Sulpice, docteur en théologie, il a été ordonné en était âgé de soixante-quinze ans. dans un mouvement de jeunesse, En 1962, il va prendre la direc- fin de mandat ; Mgr Albert de Mon- naire et directeur national des Œuvres pontifi- 1955 pour le diocèse de Paris, a enseigné dans Comme bien d’autres de ses puis dans l’action clandestine tion du service de politique inté- léon, évêque de Pamiers, est élu pré- cales missionnaires. Nommé évêque de plusieurs séminaires (Rodez, Mission de France, confrères de l’après-guerre, il était contre l’occupation allemande. rieure de France-Soir et il y restera sident de la commission de pastorale Saint-Denis en octobre 1996, c’est lui qui, le Institut catholique), avant d’être nommé évêque directement passé de la Résis- Le Front Populaire a marqué jusqu’à sa rupture de 1965 par dé- liturgique et sacramentelle, où il suc- 30 septembre, avait lu à Drancy, la « déclaration auxiliaire de Mgr François Marty, archevêque de tance au journalisme politique, durablement sa jeunesse, comme saccord avec la nouvelle formule cède à Mgr Michel Moutel, arche- de repentance » de l’épiscopat français. ] Paris, en 1977. Evêque de Nantes de 1982 à 1996, suivant une démarche naturelle et le prouve l’article qu’il a donné au et ligne politique de ce journal. vêque de Tours, arrivé en fin de man- [ Né le 20 janvier 1937 à Paris, Albert de Mon- vice-président de la conférence des évêques de discrète. Il s’agissait de poursuivre Monde en 1986 pour le cinquan- Editorialiste de Ouest-France sous dat ; Mgr Emile Marcus, évêque de léon a fait ses études au lycée Louis-le-Grand et à France de 1990 à 1996, Mgr Marcus est, depuis un autre combat, dans une tième anniversaire de l’événe- le pseudonyme d’Yves Bres- Toulouse, devient président de la l’Institut catholique de Paris, ainsi qu’aux facultés 1996, archevêque de Toulouse. ] époque pleine de promesses, dans ment. Le fugace employé de sandes, il devient celui de L’Est Ré- un pays à reconstruire à partir banque devient rédacteur de publicain en 1966, puis chef de la d’autres valeurs. Ces valeurs, L’Aube en 1944 ; il est très proche, rédaction parisienne de ce jour- AU CARNET DU « MONDE » – Les familles de ses enfants, 13 novembre, 18 h 30-20 h 30, Domaine Georges Mamy les portait en lui, alors, de Georges Bidault, pré- nal. André du Castel, musiques, 2, rue des Buisses, Lille. Anniversaire de naissance François du Castel, sans ostentation mais avec une fi- sident du Conseil National de la De 1974 à 1985, il collabore au Florence Bernard, Lucette FINAS : « La “rage de la vérité” délité qui ne s’effacera pas, même Résistance, qui deviendra l’un des Nouvel Observateur, comme chef Joyeux anniversaire à Charles-Antoine du Castel, chez Proust et Bataille », lorsqu’il lui faudra constater « les dirigeants du MRP (Mouvement du service politique et rédacteur Valentine Therre, 17 et 24 novembre, 18 h-20 heures, amphi désillusions de la Libération» : sa démocrate chrétien) et l’un des en chef adjoint : là encore, un dé- Sophie, ont la tristesse de faire part du décès de A, Carré des Sciences, 1, rue Descartes, saccord sur la ligne politique de Paris. carrière illustre la fermeté de ses principaux hommes de gouverne- ma fille bien-aimée ! me convictions qui allait de pair avec ment de la Quatrième République. cet hebdomadaire le conduit à se M Etienne du CASTEL Michel MEYER : « Rhétorique et philo- celle du caractère. En 1952, Georges Mamy, qui a démettre de ses fonctions en 1985, Un gros baiser pour toi et ta chère née Françoise PAUL-DUBOIS, sophie : argumentation, esthétique et Ainsi promenait-il dans l’agita- collaboré aussi à Terre Humaine, avec trois autres de ses confrères. mère. politique », tion, souvent exaspérée et parfois est recruté par le service de poli- Il se consacre ensuite à des tra- Papa Francis. survenu le 7 novembre 1997, dans sa cent 12 et 19 novembre, 18 h-20 heures, am- exaspérante, du journalisme poli- tique intérieure du Monde, où il vaux personnels, notamment la unième année, à Joigny (Yonne). phis B et A, Carré des sciences, 1, rue Descartes, Paris. tique, une discrétion distante, assiste Jacques Fauvet. Il est l’un rédaction inachevée d’une biogra- La cérémonie religieuse sera célébrée hautaine s’il le fallait. Ce qu’il de ceux qui, dans la rédaction, se phie de Guy Mollet qui fut le pa- Décès le mercredi 12 novembre, à 14 h 30, en la Marcel DRACH : « La dette et avait à dire, il l’exprimait par ses démarque du directeur-fondateur, tron de la SFIO, à sa collection chapelle de l’Est du cimetière du Père- l’échange. Destitution et institution de Lachaise. la raison économique », choix, par ses écrits, ou par des re- Hubert Beuve-Méry, lorsque ce- d’outils anciens et à son péché Norbert CARBONNAUX marques d’une ironie aiguë. lui-ci décide d’approuver la nou- préféré : la lecture. 17 novembre, 13 h-15 heures, Maison des 18 mars 1918-6 novembre 1997. François du Castel sciences de l’homme (salle 215), 54, bd Il ne faisait guère état de lui- velle Constitution proposée par le Ce vice d’un vertueux lui faisait 103, avenue Félix-Faure, Raspail, Paris. même, ni de ses origines dans une général de Gaulle en 1958. découvrir, à partir d’un coin de la Les roses de Bagatelle 75015 Paris. Florence Bernard famille modeste de Corrèze ni de Georges Mamy reste attaché à salle des pas-perdus du Palais sont tristes ce matin... Stéphane RIALS : « Questions de forme Le vieux bougonneur voltairien 28, bd des Invalides, dans la culture juridique moderne », son action dans la Résistance. Né une forme de régime parlemen- Bourbon, au milieu des allées et ne viendra plus les visiter... 75007 Paris. le 14 novembre 1921, à Allassac, taire, même s’il en combat les fai- venues, Robert Musil et L’Homme 18 novembre, 18 h-20 heures, amphi A, Elles ne connaîtront pas Carré des sciences, 1, rue Descartes, Paris. dans ce département, il fit ses blesses, que le retour au pouvoir sans qualités. la fin du siècle des Lumières – Mme Jean Ganem, études à Brive, jusqu’à ce qu’on du gaullisme remet en cause. Il est qu’il venait leur conter. Giorgio AGAMBEN : « Qu’est-ce que la Las de vivre dans les convulsions son épouse, appelait à l’époque le primaire su- du côté de Pierre Mendès France André Laurens ses enfants, philosophie » ? de l’inquiétude ou dans la léthargie 17 et 24 novembre, 18 h-20 heures, amphi de l’ennui ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de B, Carré des sciences, 1, rue Descartes, Norbert nous a quittés, Paris. préférant de beaucoup la compagnie Jean GANEM, de ses vieux camarades de jeu. Stéphane ARGUILLÈRE : « L’autopro- Ne soyez pas tristes, survenu le jeudi 6 novembre 1997. duction circulaire de l’âme dans le il ne l’aurait pas supporté bouddhisme tardif », et malgré son foutu caractère, La cérémonie religieuse a été célébrée 12 et 26 novembre, 18 h 30-20 h 30, am- Souvenons-nous en l’église Saint-Saturnin à Antony le phi A, Carré des sciences, 1, rue Des- qu’il nous aura bien fait rire... 10 novembre. cartes, Paris. Messieurs Blondin, Jeanson, Carmet, Audiard, Brasseur Si vous désirez manifester votre affec- Alain BADIOU : « Théorie axiomatique et quelques autres tion ou votre sympathie par un geste, les du sujet (II) », Préparent déjà la fête sous fleurs pourraient être remplacées par un 12 et 26 novembre, 20 h-22 heures, am- le regard amusé de Voltaire. don que vous pouvez envoyer à : phi 44, université Paris-VII, 2, place Jus- Et si vous avez une petite pensée pour lui, Secours catholique, 34, rue Stephan- sieu, Paris. tendez bien l’oreille, Stessen, 92600 Asnières. Je crois que vous pourrez entendre Association des amis de l’ORBE : Alessandro DELCO et Robert VAL- tinter les verres Hôpital Charles-Foix, 94200 Ivry-sur- LIER : « Métamorphoses de l’(Ur)stif- dans un Grand Eclat de Rire... Seine. tung : recherches en cours sur Mer- Le nouveau Jean-Michel Carbonnaux/chez madame leau-Ponty », Drancourt (sa première femme) 13 et 27 novembre, 18 h 30-20 h 30, salle 22, avenue du Général-Leclerc, Anniversaires de décès RC2, université Paris-VII, 2, place Jus- 92200 Neuilly-sur-Seine. sieu, Paris. Annie GRAZIETTI-JEANBRAU Dietmar KOVEKER : « Le différend et Mme Gérard Carlander, Oran 25 décembre 1942 son principe régulateur. Les enjeux son épouse, Montpellier 11 novembre 1985. d’une pensée antitotalitaire », Jérôme et Corinne Bévin, 13 novembre, 18 h 30-20 h 30, salle RC3, Clotilde et Jean-Louis Guéret, « Je ne suis pas née pour partager université Paris-VII, 2, place Jussieu, Pa- est Le docteur Jean-Baptiste Carlander, la haine, ris. Marina et Christophe Ducharme, je suis née pour partager l’amour ». ses enfants et beaux-enfants, Elisabeth RIGAL : « Questions witt- Vanina et Agathe, (Antigone) Sophocle. gensteiniennes II : de la certitude », arrivé... Capucine et Arthur, 14 novembre, 18 h 30-20 h 30, amphi Matthieu, Charlotte et Nicolas, Stourdzé, Carré des sciences, 1, rue Des- ses petits-enfants, – Il y a dix ans, le 11 novembre 1987, cartes, Paris. M. et Mme Robert Carlander, Mme Ingrid Carlander, Pierre-Aimé TOUCHARD Marc DE LAUNAY : « Le problème de ses frères et sœurs, la sécularisation », ses neveux et nièces, nous quittait. 13 novembre, 18 h-20 heures, amphi B, ont la tristesse de faire part du décès de 20 novembre, 19 h-21 heures, amphi A, Ses anciens élèves ne l’ont pas oublié. Carré des sciences, 1, rue Descartes, Paris. M. Gérard CARLANDER, ancien administrateur en chef des A.O.M., Bernardo CORREA, Stéphane DOUAIL- président de chambre honoraire Conférences LER, Eric LECERF, Georges NAVET, au tribunal de commerce de Paris, Etienne TASSIN et Patrice VERME- – Conférence de l’Etoile. REN : « Les dialogues philoso- survenu le 8 novembre 1997, à l’âge de Six mercredis de suite à 20 h 30 : phiques » ; conférence de Graciella FRI- quatre-vingts ans. temple protestant de l’Etoile, 54, avenue e GERIO : « Passions, lien social et de la Grande-Armée, Paris-17 , entrée éducation en Argentine », La cérémonie religieuse sera célébrée libre, libre participation aux frais. Intro- 18 novembre, 18 h 30-21 heures, Maison en l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur- duction par le pasteur Alain Houziaux. de l’Amérique latine, 217, bd Saint-Ger- Seine le mercredi 12 novembre à Le droit à la désobéissance, jus- main, Paris. 11 heures. qu’où ? Le 12 novembre, Jean-François Burgelin ; Hélie de Saint-Marc ; Mgr b Rencontre Cet avis tient lieu de faire-part. Gaillot. autour de Charles TAYLOR, qui donnera Le pouvoir de l’économie de marché, une conférence sur « Les impasses de la 75, rue Perronet, jusqu’où ? Le 19 novembre. Louis philosophie morale contemporaine », 92200 Neuilly-sur-Seine. Schweitzer ; Jean-Baptiste de Foucauld ; suivie d’un débat animé par Jean-Pierre Etienne Petitmengin, pasteur. MARCOS, avec la participation de P. DE Le devoir d’ingérence, jusqu’où ? Le LARA, 26 novembre. Rony Brauman ; Philippe – Lucie L’Heureux 12 novembre, 18 h 30-21 h30, amphi Poin- Et les familles Mamy et Dessault, Moreau Desfarges ; Alain Houziaux. Le pouvoir de l’Etat, jusqu’où ? Le caré, Carré des sciences, 1, rue Descartes, ont la douleur d’annoncer le décès, à l’âge Paris. de soixante-quinze ans, de 3 décembre. Pierre Truche ; Antoine Ga- rapon ; Gilles Bemheim, rabbin. b Samedi autour d’un livre Georges MAMY, Le droit de l’étranger, jusqu’où ? Le 10 décembre, François Bayrou ; Alain « Proust et la théorie du roman » de journaliste, Mariolina BERTINI, officier de la Légion d’honneur, Touraine ; Mgr de Berranger. La mondialisation, jusqu’où ? Le sous la responsabilité de Lucette FINAS, Croix de guerre 1939-1945 avec palmes, avec Françoise ASSO, Paul BRAFFORT Rosette de la Résistance. 17 décembre, Jacques Attali ; Jean Bois- sonat ; Michel Wagner, pasteur. et Paolo TORTONESE, 15 novembre, 9 h 30-12 h 30, amphi ...chez Parents et amis sont invités à se réunir Stourdzé, Carré des sciences, 1, rue Des- le vendredi 14 novembre 1997, à 9 heures, cartes, Paris. votre au crématorium du Père-Lachaise. Séminaires 5, villa des Pyrénées, COLLÈGE INTERNATIONAL L’accès à toutes les activités du Col- 75020 Paris. DE PHILOSOPHIE lège est libre et gratuit (dans la limite libraire des places disponibles). 4, rue Auguste-Perret, b 75013 Paris. Séminaires Renseignements sur salles, répondeur : Anne BOISSIÈRE : « Nature, mimesis 01-44-41-46-85. – Autres renseigne- (Lire ci-dessus.) et musique », ments : 01-44-41-46-80.

La liste complète des mesures prévues dans le plan de lutte contre la violence ; les doutes d’un principal de collège sur l’efficacité immédiate des aides-éducateurs ; quelle place pour l’enseignement de l’histoire à l’école primaire ? A lire, dès lundi 10 novembre, dans « La Lettre de l’éducation du Monde ».

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23 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997

LOGEMENT Le Salon Marjo- écologistes. Pour sa 23e édition, la maximum l’environnement. La pa- peintures naturelles. b CONSEILS de florès. b POUR LES ENFANTS, la mai- laine, qui se déroule jusqu’au 16 no- manifestation met l’accent sur une noplie va des ciments biologiques grands-mères et recommandations son est remplie de dangers domes- vembre au Parc floral de Paris, est vision « naturelle » de l’habitat. sans résidus industriels aux briques plus ou moins scientifiques destinés tiques. Un magasin s’est spécialisé devenu un rendez-vous incon- b LES MATÉRIAUX de construction isolantes en terre cuite avec des co- à organiser sa maison pour qu’elle dans les outils nécessaires à la tournable pour les consommateurs présentés doivent respecter au peaux de bois, en passant par les soit plus proche de la nature font sécurité des petits. La mode écologiste s’étend à l’univers de la maison Le Salon Marjolaine, qui se déroule à Paris jusqu’au 16 novembre, met l’accent cette année sur une tendance « bio » de l’habitat, en faisant appel à des matériaux de construction sains, en harmonie avec l’environnement

LE SALON Marjolaine reste un par leur propre sécurité alimentaire grand les portes de la maison au fait état d’une « énorme demande ». Thibaut, le coût supplémentaire de teurs, les docteurs Suzanne et haut lieu pour les écologistes purs que guidés par une prise de mode de vie « bio ». Conséquence : Ses Comptoirs de la maison saine ces matériaux de « bio construc- Pierre Déoux. Cet ouvrage dé- et durs. Ceux qui n’ont pas attendu conscience collective pour la dé- de nouveaux exposants, apparte- proposent des ciments biologiques tion » – dont il jure qu’ils sont plus conseille de placer son radio-réveil, la crise de la « vache folle » pour fense de l’environnement. Rendez- nant au secteur du bâtiment, s’ins- sans résidus industriels et des écologiques et « moins nuisibles source de rayonnements magné- s’en remettre à l’alimentation biolo- vous militant, le Salon Marjolaine tallent à proximité des salles de briques isolantes en terre cuite avec pour l’organisme » – peut aller jus- tiques, à proximité de son lit. Il at- gique et qui, défenseurs sourcilleux est aussi et surtout devenu une ma- conférence où sont organisés des des copeaux de bois (et non pas du qu’à 30 %. tire l’attention du lecteur sur quel- de leur environnement, choisissent nifestation consumériste. ateliers sur des thèmes aussi variés polystyrène). On peut aussi trouver « Toujours soucieux de préserver ques sournoises pollutions (le avec mille précautions les produits La nouvelle clientèle, qui apprécie que « Débloquer la mémoire émo- des peintures naturelles et des char- l’homme et son environnement », le dioxyde d’azote libéré par la cuis- qu’ils achètent, même le plus ano- le côté foire provinciale de ce Salon, tionnelle », « Lire le psychisme sur pentes en bois de châtaignier – ré- magasin parisien D’après nature son au gaz, les infrasons engendrés din. Pourtant, vingt-trois ans après remplit volontiers son panier le corps », « Rajeunir aujourd’hui » puté pour chasser les araignées – présente lui aussi des produits qui par le vent si la maison est située en sa première édition, le « plus grand d’osier de bouteilles de brouilly bio- ou « La radiesthésie médicale ». « coupé entre octobre et décembre à « ne dégagent pas d’émanations haut d’une colline). Pour faire marché bio de France » et son am- logique, de pain au levain, de fro- Cette année, la tendance est donc la Lune descendante et séché natu- toxiques, laissent la maison respirer et bonne mesure, les auteurs de ce biance très baba cool, qui ont attiré mages de chèvre, voire de lait de ju- résolument à la « maison natu- rellement, comme le faisaient les bâ- ne sont pas agressifs ». Les mo- livre – qui en font un peu trop dans 60 000 visiteurs en 1996 (15 % de ment. Mais ces citadins anxieux relle ». De toute évidence, l’activité tisseurs de cathédrales ». quettes (à partir de 280 francs le ce que l’on pourrait appeler la bio- plus qu’en 1995), sont soudaine- veulent davantage d’authenticité porteuse est celle des matériaux de Egalement disponibles : des pan- mètre carré) sont en pure laine paranoïa – vendent dans la foulée ment redevenus à la mode. Au originelle dans tous les aspects de construction. Pierre Thibaut, entre- neaux de cellulose réalisés avec des vierge ou en poil de chèvre et en un détecteur de champ magnétique cercle des écolo-militants s’ajoutent leur quotidien. L’émotion et les in- preneur belge installé en France de- sacs de toile de jute et des journaux jute, le linoléum (145 francs le mètre mais aussi un purificateur d’eau désormais des visiteurs plus attirés quiétudes liées aux dangers du flo- puis avril où il a déja ouvert deux recyclés plus isolants que la clas- carré au minimum) intègre de la fa- « par osmose » capable de filtrer par le goût du terroir et préoccupés cage à l’amiante ont ouvert en (et bientôt quatre) points de vente, sique laine de verre. Selon Pierre rine de liège ou de bois, les papiers pesticides, nitrates et métaux peints (à partir de 65 francs le lourds. mètre) ne contiennent pas de PVC Enfin, pour aller encore plus loin et sont renforcés avec des fibres dans la recherche de la sérénité et Pour protéger les enfants des pièges domestiques textiles alors que les peintures, dont du bien-vivre, certains se sont déjà les couleurs sont réalisées avec des faits les adeptes du feng shui, tech- LA DEVANTURE est rouge vif, comme le feu C’est en découvrant la façon dont les pays siques et psychologiques sont les tristes consé- pigments minéraux, utilisent un nique chinoise millénaire (évidem- d’un stop, comme la couleur qui annonce le anglo-saxons avaient, depuis longtemps, appor- quences que peut entraîner sur eux un envi- « diluant naturel à l’orange ». ment !), qui consiste à organiser la danger. A l’intérieur du magasin, tout un attirail ter une offre complète aux problèmes de sécuri- ronnement mal adapté. La noyade, les maison en harmonie avec les flux de crochets, barrières de portes, de piscine et té domestique que Michel Marais a pris asphyxies, les chutes et les intoxications sont, CONSEILS DE GRANDS-MÈRES vitaux, telluriques et cosmiques qui de lit, cadenas, systèmes de blocage de tiroirs conscience du retard de la France. Il a décidé dans l’ordre, les principales causes de mortalité Conseils de grands-mères et re- traversent l’habitat. Extraordinaire- ou de portes, filets de protection, gilets gon- d’ouvrir un magasin et de créer un catalogue des enfants. Celle-ci touche surtout la tranche commandations plus ou moins ment complexes, les principes du flables, casques, mallette premiers soins, détec- spécialisé. « Je me suis rendu compte que les ca- un à quatre ans, et particulièrement les garçons scientifiques destinés à organiser sa feng shui se traduisent in fine par teurs-avertisseurs de gaz, de fumée, de mono- talogues de vente par correspondance, les de deux à trois ans. maison pour qu’elle soit plus quelques exhortations sans doute xyde de carbone... Parechute et parachoc est grandes surfaces, les magasins de puériculture of- A ces chiffres de mortalité s’ajoutent ceux, proche de la nature font florès. bien senties mais qui n’ont, pour les une boutique qui regroupe tous les outils né- fraient tous à peu près les mêmes produits et que impressionnants, des hospitalisations et des L’ouvrage La Maison au naturel Occidentaux, apparemment rien de cessaires à la sécurité domestique des enfants. certains étaient – à moins de réaliser un véritable consultations en urgence. Selon l’avis des mé- (Flammation, 199 francs) est l’un très convaincant ; éviter, entre De quoi rendre paranoïaques les parents qui ne parcours du combattant – pratiquement introu- decins, une bonne partie des accidents pour- des produits les plus vendus dans autres, de mettre du bleu au mur ou le sont pas trop et d’accentuer la pathologie vables. Avec l’aide d’experts, j’ai donc choisi sur raient être évités grâce à quelques équipements les magasins Nature et Découverte. au sol, de placer la table au milieu chez ceux qui le sont déjà. les marchés américain et européen plus d’une simples. Il ne s’agit pas, pour autant, de surpro- « Ce livre correspond tout à fait au d’une pièce ou le canapé en face de L’accumulation de ces produits provoque un centaine de dispositifs de sécurité, parmi les plus téger l’enfant. « Notre souci est d’apporter une nouveau rapport que le public entend la porte. choc et soulève une interrogation dans l’esprit utiles et les plus fiables. » L’initiative est au- solution adaptée à chaque environnement et à nouer avec l’environnement : un rap- de celui qui pénètre en cette boutique : est-il jourd’hui soutenue par différents praticiens et chaque enfant, en particulier », précise Michel port interactif. Le consommateur ne Jean-Michel Normand réellement nécessaire de transformer sa maison médecins spécialisés, témoins quotidiens des Marais, avant d’avouer, pour conclure, que rien se contente plus d’acheter un produit. en bunker lorsqu’un enfant y circule ? « Bien sûr accidents dont sont régulièrement victimes les ne remplace la vigilance des parents. Une vigi- Il faut que celui-ci lui permette de ૽ Marjolaine, jusqu’au 16 no- que non , répond instantanément Michel Ma- enfants. Ils voient dans cette entreprise un lance qui peut commencer par l’apprentissage faire, de créer quelque chose », sou- vembre au Parc floral de Paris. De rais, gérant des lieux. Il s’agit seulement de pro- moyen supplémentaire de prévention mais aus- du danger. ligne François Lemarchand, pré- 11 heures à 19 h 30 ; nocturnes jus- poser aux parents les outils nécessaires à la sécuri- si d’information. V. Ca. sident de Nature et Découverte. qu’à 22 heures le mardi 11 et le té de leur enfant au fur et à mesure qu’il grandit : Le sait-on suffisamment ? La maison est un Intitulé Le Guide de l’habitat sain vendredi 14 novembre. Prix : coins de table lorsqu’il commence à prendre ap- danger permanent pour les petits. Décès (500 ૽ Parechute et parachoc, 39, rue du Docteur- (Médiéco Editions, Soleils diffusion, 40 francs (tarif réduit 25 francs), pui sur les tables pour se lever, la protection de enfants meurent chaque année par accident Roux, 75015 Paris. Tél. : 01-53-69-03-00. 135 francs), un autre manuel sera gratuit pour les moins de 12 ans, cuisinière lorsqu’il peut atteindre les casseroles. » domestique), traumatismes, séquelles phy- E-mail : parechute@aol. com présenté à Marjolaine par ses au- handicapés, RMistes. De la salle au salon de gym, la forme et les formes de la France LA MODE vient des Etats-Unis. gressivement, mis à la portée de haitent pas fréquenter les clubs ou ment – par rapport à la pratique à ligne Christophe Peteil, respon- septembre (périodes de bonnes ré- Le fitness et la musculation font, là- tous la pratique de la remise en qui ont été déçus par un précédent domicile (44 %). sable de marché chez Go Sport. Le solutions) encouragent l’achat. bas, partie du quotidien. Entretenir forme. Tout le réseau associatif a abonnement, la gymnastique à do- « La musculation ou le fitness à désir d’acquisition varie ensuite se- Le choix de l’appareil se fait en son corps pour une tête bien faite permis aux collectivités locales micile offre une alternative qui domicile, un marché qui ne cesse lon le client. Il se fait sur le conseil magasin. Sur ce type de produit, est considéré, outre-Atlantique, d’avoir une salle de musculation semble séduire de plus en plus de de croître », annonce l’enquête de d’un ami, d’un kinésithérapeute, ou plus que pour tout autre, le conseil comme un signe extérieur de mais aussi les clubs de tennis, les personnes. Selon une étude menée la Sofres. Vélos d’appartement, ra- sur une envie subite. De l’avis des du vendeur est le bienvenu. Chez bonne santé. Les stars du spectacle piscines, les campings, les clubs de par la Sofres en 1995 pour le salon meurs, haltères, extenseurs (pro- magasins spécialisés comme Go Décathlon, on constate que la fia- qui s’adonnent en club ou à domi- vacances, les centres de thalasso- Body Fitness et le Fiform (syndicat duits les plus vendus) mais aussi Sport ou Décathlon mais aussi des bilité, le confort et le design sont cile à ces activités physiques ont thérapie, les grandes entreprises, interprofessionnel et international steppers, tapis roulants, bancs de grandes surfaces qui occupent de- les qualités qui décident générale- largement contribué à médiatiser le les hôtels... des constructeurs, importateurs, musculation... trouvent désormais puis quelques années le marché ment le client. C’est d’ailleurs sur phénomène. En France, le courant Entretenir sa forme, se défouler distributeurs d’appareils, articles et leur place dans les appartements. avec succès, les produits vantés ces quelques points que les est arrivé dans les années 80 sous la ou se détendre sont les motivations produits de forme), les salles de dans les téléachats provoquent des constructeurs ont porté leurs ef- forme d’une fièvre d’aérobic. La principales des clients qui fré- sport, qu’elles soient privées ou as- MARCHÉ EN CROISSANCE raz-de-marée. Ces émissions ont forts, durant ces dernières années. mode a laissé des traces plus dis- quentent les salles de gymnastique. sociatives, « sont les lieux privilégiés Se tenir en forme, maigrir et se ainsi entraîné de véritables ruées Le manque de place étant un pro- crètes et a surtout ancré dans les Dans ce besoin grégaire, entrent des pratiquants de musculation, de muscler dictent l’achat. « Le besoin sur les appareils d’électrostimula- blème récurrent chez les utilisa- esprits l’utilité _d’une activité phy- également en ligne de compte le fitness et de gymnastique d’entre- de séduire n’est plus seulement un tion, produits proprement fémi- teurs, les appareils sont devenus sique régulière. En vingt ans, le besoin de la collectivité qui encou- tien ». Elles regroupent, en effet, phénomène lié à la jeunesse. C’est nins. La vente des produits de mus- plus compacts. Rares sont ceux qui sport et la forme sont entrés dans rage à une certaine discipline et la 46 % d’adeptes parmi les prati- devenu un fait de société. Il y a des culation ne connaît pas de réelles peuvent s’offrir le luxe d’une salle les mœurs. Les tensions de la vie ci- recherche d’un cadre convivial qui quants. Mais comme le souligne gens qui s’achètent un appareil fluctuations saisonnières, même si réservée à la forme. Pour ces quel- tadine et l’influence des magazines permet de laisser au vestiaire les l’étude, l’avance n’est pas très im- parce qu’ils veulent bien préparer le l’on note que le printemps (maigrir ques privilégiés, « le budget réservé pour une apparence svelte et mus- soucis quotidiens. Selon Philippe portante – de deux points seule- passage de la quarantaine », sou- avant l’été), les débuts d’année et à l’achat d’équipements de muscula- clée ont encouragé ce mouvement. Goethals, président du salon Body tion et de fitness remplace souvent le Plus de temps libre, une durée de Fitness, le jeu est aussi une donnée budget de la deuxième voiture », vie plus longue ont aussi permis de qui séduit de plus en plus de Conseils d’utilisation fonction de sa taille, bien b Tapis roulant : il simule le souligne Philippe Goethals. trouver de nouveaux adeptes. clients. Rameurs et vélos s’équipent décomposer son mouvement (ne jogging. Bon pour les personnes Malgré tous ces adeptes, la Résultat : 50 % des Français dé- aujourd’hui d’écrans sophistiqués b Le vélo d’appartement : pas commencer par tirer sur les souhaitant travailler leur France reste à la traîne et se place clarent aujourd’hui pratiquer un et de consoles qui montrent, sur un principalement conseillé aux bras puis se pencher en arrière) endurance. Bien choisir son encore, en Europe, derrière l’Angle- sport, contre 38 % en 1980 et 28 % rameur, les concurrents virtuels ou, personnes désireuses d’entretenir pour éviter les problèmes de dos rythme de course et caler le buste terre, l’Allemagne, l’Italie et l’Es- en 1960. Parmi eux, ils sont près de à vélo, un paysage. « Toutes ces évo- leur condition physique. Bien qu’entraîne très souvent ce type dans l’axe du bassin. Déconseillé pagne. Cette situation rend les pro- 8 millions (soit 22 % de la popula- lutions ont entraîné une fréquenta- régler selle et guidon pour éviter d’appareil lorsqu’il est mal utilisé. aux personnes qui ont des fessionnels plutôt optimistes sur tion française) à pratiquer de la tion plus variée des clubs ; on y ren- les problèmes de dos. b Le stepper : il simule la montée problèmes articulaires (chevilles, l’avenir du marché. Selon eux, les gymnastique d’entretien, du fitness contre des jeunes, des seniors, des b Le rameur : il simule la pratique des marches et fait genoux). Français ont un réel besoin d’entre- et de la musculation. Les espaces hommes et des femmes au corps pas de l’aviron. Plutôt conseillé aux particulièrement travailler les ૽ Avant tout achat, demander tenir leur forme, mais, pour bon pour la forme ont suivi cette vague forcément sculptural. On vient en personnes un peu sportives. Il est muscles des jambes et de avis à un kinésithérapeute. nombre d’entre eux, il est encore d’engouement. On compte environ salle pour se faire du bien, rien l’appareil le plus complet, faisant l’abdomen. Bien régler les Pour en savoir plus : 60 millions nécessaire de leur donner envie 4 000 salles de sport privées aux- d’autre », précise Philippe Goe- travailler les abdominaux, les différents niveaux d’exercices afin de consommateurs, « Le guide d’en faire l’effort. quelles s’ajoutent de nombreuses thals. muscles des bras, des jambes, du d’éviter les problèmes articulaires de la forme », no 49, juin-juillet- autres infrastructures qui ont, pro- Pour les autres, ceux qui ne sou- dos. Bien régler son appareil en (genoux, chevilles). août 1997. 40 francs. Véronique Cauhapé

BULLETIN D’ABONNEMENT à retourner à : LE MONDE, service abonnements, 24, avenue du Général-Leclerc, * offre valable jusqu’au 31 décembre 1997 60646 Chantilly Cedex. Oui, je profite de cette offre d’abonnement* et je m’abonne à La Lettre de l’éducation du Monde pour un an au prix de 350 F (au lieu de 410 F prix normal), pour 36 numéros. Mode de règlement : Je souhaite recevoir une facture acquittée. Ⅺ 721 LEMQ Etablissement ...... Ⅺ chèque bancaire à l’ordre du Monde ; Date et signature obligatoires : Ⅺ mandat ; Nom ...... Prénom ...... Adresse ...... Ⅺ carte bancaire no Bulletin à retourner obligatoirement pour profiter de ce tarif spécial. Ville ...... Code postal : LeMonde Job: WMQ1111--0024-0 WAS LMQ1111-24 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0234 Lcp: 196 CMYK

24 / LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 AUJOURD’HUI-SPORTS Le rugby de l’hémisphère Sud menace de submerger l’Europe All Blacks, Springboks, Wallabies et Tongans sont en tournée sur le Vieux Continent jusqu’au début de décembre. L’épreuve sera redoutable pour les Français, dont les clubs sont pourtant particulièrement performants en Coupe d’Europe Toutes les équipes de rugby de l’hémi- qui les organisent, ces rencontres seront Monde qu’une telle profusion de matches du Sud, où le professionnalisme s’est impo- où les clubs nationaux brillent en Coupe sphère Sud, Néo-Zélandais, Sud-Africains, très éprouvantes pour les joueurs, qui de- au sommet ne finisse par lasser le public et sé. C’est donc deux rencontres à hauts d’Europe. Toulouse, Brive et Pau se sont Australiens, Tongans, sont en tournée en vront enchaîner quatre tests en quatre se- user les équipes. Quoi qu’il en soit, les risques que disputera l’équipe de France qualifiés pour les demi-finales, auxquelles Europe jusqu’au début du mois de dé- maines. L’entraîneur des All Blacks, John termes de l’échange semblent extrême- contre les Springboks le 15 novembre à une seule équipe anglaise, Bath, est parve- cembre. Fort lucratives pour les fédérations Hart, craint d’ailleurs dans un entretien au ment déséquilibrés au profit des sélections Lyon et le 22 novembre à Paris, au moment nue à accéder.

L’ARRIVÉE en France dimanche provoquera pas une indigestion au- plir les caisses des fédérations, ces sur tout le monde, les Sud-Africains les Springboks avaient ensuite perdu professionnalisme. Leur jeu, qui fai- 9 novembre des Springboks pour près des spectateurs. Pour John Hart, tournées permettent donc d’alimen- et les Australiens sont dans une la série de tests contre les Lions bri- sait déjà merveille à la Coupe du une courte tournée (4 matchs, dont l’entraîneur du XV néo-zélandais ter la chronique sur les mérites période de transition. Pour les tanniques, qui avaient proposé un monde 1995, a fait encore un bond 2 tests) signale le début d’un au- (lire l’entretien ci-dessous), et Cliff comparés des rugby du Sud et du Springboks, Nick Mallett est le cin- rugby peu ambitieux, inscrivant trois en avant, et grâce à la science de leur tomne chargé, pour ne pas dire in- Brittle, le président de la Fédération Nord, vieux débat tendant à se quième entraîneur en cinq ans de- essais seulement en trois rencontres. préparation physique les joueurs sensé, sur anglaise, cette séquence de matchs concentrer sur la question de la su- puis leur retour dans le giron inter- Il n’empêche que la qualité intrin- semblent capables de faire encore l’agenda inter- est « insensée ». « C’est quelque chose prématie des All Blacks sur tous les national. L’ancien joueur-entraîneur sèque de leurs joueurs et le niveau des progrès sur ce plan. Frank Bunce national rug- qui ne doit jamais se reproduire », in- autres. A l’image de leurs prestigieux de l’ACBB à Paris a réussi son exa- élevé de compétition en Afrique du (35 ans), ou Zinzan Brooke (32 ans) bystique. sistait Brittle, dont les joueurs aînés, les hommes de Sean Fitzpa- men d’entrée contre les Italiens à Sud, que ce soit dans le Super-12, ou sont aussi frais qu’à leurs débuts, L’Afrique du doivent affronter les équipes d’Aus- trick – vainqueurs 81-3 samedi 8 no- Bologne samedi (victoire des Spring- le Currie Cup, championnat national tandis que l’increvable capitaine Sud, l’Australie tralie, de Nouvelle-Zélande (deux vembre sous la pluie à Llanelli – s’ap- boks 62-31), mais il a hérité d’une des provinces, font des Springboks Sean Fitzpatrick (34 ans et 91 sélec- et la Nouvelle- fois) et d’Afrique du Sud l’une après prêtent vraisemblablement à équipe qui n’arrive pas à trouver son des favoris, que ce soit contre la tions) n’a toujours pas manqué une Zélande, les l’autre. remporter chacun de leurs neuf style, et qui vacille encore entre le France (le 15 novembre à Lyon et le seule sélection sur blessure depuis trois poids matchs en Grande-Bretagne. « Notre rugby de puissance et défi physique 22 novembre à Paris) ou contre ses débuts en 1986. lourds de l’hémisphère Sud, dé- « GAGNER TOUS LES MATCHES » objectif est de gagner tous les matchs. traditionnel et l’exemple du jeu aéré l’Ecosse et l’Angleterre. Avec leur capacité à maîtriser la barquent simultanément sur les ter- Quant à Vernon Pugh, président Et de gagner avec la manière », in- des Néo-Zélandais. conquête et à assurer le mouvement rains de la vieille Europe. Une au- de l’International Board, il craint une siste John Hart. Auteurs d’une magnifique victoire NOUVELLES DONNÉES par un soutien permanent du por- baine pour le public, les fédérations « dévaluation » importante du rugby Contrairement aux All Blacks qui (61-22) sur l’Australie à Pretoria au En revanche, les Wallabies sont teur du ballon, avec une génération et, sans doute, pour les ayants droit international : « C’est ridicule, et ont indéniablement pris de l’avance mois d’août, avec huit essais à la clé, dans le flou le plus total. Le malheu- de jeunes joueurs exceptionnels, tels de l’audiovisuel. Mais déjà certaines contraire au sens commun. Je ne vois reux Greg Smith débarqué, c’est l’arrière Christian Cullen, l’ailier Jeff voix se lèvent contre cette gourman- pas une seule bonne raison pour le l’entraîneur de la province de Can- Wilson ou le troisième ligne Josh dise qui débouche sur dix tests en un faire, et, si quelqu’un dit que c’est pour Un calendrier chargé berra (ACT) Rod Macqueen qui vient Kronfeld, sans parler de Jonah Lo- mois, et qui exige de la part des des raisons financières, c’est un très de prendre les rênes du XV national. mu, qui lutte pour retrouver son an- joueurs quatre matchs internatio- mauvais économiste. Le rapport im- b Samedi 15 novembre : b Samedi 29 novembre : Très fort dans la préparation psycho- cien niveau, avec le meilleur cinq de naux en quatre week-ends succes- médiat de quatre matchs à 20 millions France-Afrique-du-Sud à Lyon ; Angleterre-Afrique-du-Sud logique d’une équipe, et moins sim- devant du monde et leurs bases tra- sifs. de francs par match n’est pas négli- Angleterre-Australie à Twickenham ; pliste que son prédécesseur, Mac- ditionnelles de discipline et de ri- Jamais dans l’histoire du rugby geable, mais dans cinq ans ces matchs à Twickenham ; Galles-Nouvelle-Zélande queen a fait des merveilles avec la gueur, c’est peut-être la meilleure une telle « invasion » ne s’était pro- ne vaudront plus que la moitié. » Irlande-Nouvelle-Zélande à Dublin. à Wembley. sélection de l’ACT. Pourtant, il n’a équipe qui ait jamais quitté la Nou- duite. Naguère, les tournées d’au- Reste que le magnat australo- b Dimanche 16 novembre : b Dimanche 30 novembre : pas encore réussi à rassembler les ta- velle-Zélande. On ne voit guère tomne étaient une mise en bouche américain Ruppert Murdoch, par le Galles-Tonga à Swansea. Irlande-Canada à Dublin. lents du XV d’Australie, et samedi à comment les équipes britanniques, à avant la dégustation du Tournoi des biais de Sky TV, a signé un contrat de b Samedi 22 novembre : b Samedi 6 décembre : Buenos Aires les Wallabies ont perdu commencer par l’Irlande samedi cinq nations. Cette fois-ci on se de- 87 millions de livres (environ France-Afrique-du-Sud à Paris ; Angleterre-Nouvelle-Zélande le deuxième test (18-16). prochain, pourront résister à la nou- mande si la surabondance de ren- 870 millions de francs) pour tous les Angleterre-Nouvelle-Zélande à Twickenham ; Quant aux Néo-Zélandais, ils ont velle marée noire. contres programmées entre le 15 no- matchs du XV anglais pendant cinq à Manchester ; Ecosse-Australie Ecosse-Afrique-du-Sud profité peut-être plus que tous les vembre et le 6 décembre ne ans. En plus de copieusement rem- à Edimbourg. à Edimbourg. autres des nouvelles données du I. B. John Hart, entraîneur des All Blacks néo-zélandais Toulouse, Pau et Brive se sont qualifiés « Trop de matchs internationaux risquent pour les demi-finales de la Coupe d’Europe de dévaloriser notre produit » PAU, TOULOUSE sultat fut une terrible domination, ont aussi prêté une oreille attentive de nos envoyés spéciaux une de ces victoires qui blessent et aux chœurs du public, qui, aux ac- ENTRAÎNEUR du Quinze néo- mants semaine après semaine. Un da international en fonction des Le rugby français se souviendra humilient le vaincu (51-10). cents d’Aquerros Mountanes, un zélandais depuis deux ans, John test match demeure quelque nouvelles structures du rugby pro- longtemps de ce week-end ensoleil- Les Rouge et Noir ont étouffé les chant d’amour aux Pyrénées voi- Hart n’a pas l’habitude de mâcher chose de spécial, il exige des ingré- fessionnel. lé de novembre, conclu par un triplé Harlequins de leurs initiatives. Ils les sines, les invitait à soulever la mon- ses mots. Dans un entretien accor- dients spéciaux. Il faut du temps, à – Comment cette situation a-t- gagnant pour les demi-finales de la ont écœurés par l’acharnement de tagne anglaise. dé au Monde, il s’insurge contre la fois pour s’y préparer et pour en elle pu se produire. Coupe d’Europe. Toulouse, Pau, leur défense, au point que Thierry Jamais, pendant toute une pre- les cadences infernales imposées à récupérer. Ce qu’on nous de- – Le dollar est la cause de tout. Brive, trois clubs qualifiés sur trois Lacroix et ses co-équipiers sont re- mière mi-temps accrochée, scandée ses joueurs. mande, et ce qu’on demande au Le professionnalisme est tombé clubs engagés, une réussite totale. partis sans un mot après une longue par une interminable succession de « Les All Blacks en tournée, XV d’Angleterre – c’est-à-dire très vite sur le rugby, et il a fallu Les 20 et 21 décembre prochains, il engueulade de leur entraîneur dans mêlées, touches et pénalités, les Pa- c’est toujours un événement, et 4 tests en 4 semaines – ne fait pas dépenser des fortunes en très peu n’y aura plus qu’une seule équipe le vestiaire. Emile N’Tamack, dont lois ne se sont laissé prendre au partout où vous allez les ren- partie de ma vision de l’avenir du de temps afin de conserver la base anglaise pour contester cette écra- c’était le retour après neuf mois piège qui leur avait été fatal l’année contres se joueront à guichets professionnalisme. des effectifs. Les dirigeants font sante suprématie. Bath, le plus fran- d’absence pour cause de blessure, précédente. « On n’avait pas tout fermés. Mais quatre tests-mat- – Que pensez-vous de cette tout ce qu’ils peuvent pour rattra- çais des clubs anglais par son style, était, lui, un homme heureux. Il a compris, se souvient Pierre Triep- ches en quatre semaines, est-ce frénésie de tournées ? per les pertes et pour générer des recevra Pau. Brive, le champion marqué le premier des six essais Capdeville. Les organisateurs de la bien raisonnable ? – Trop de matchs internationaux revenus pour financer les struc- d’Europe en titre, ira à Toulouse toulousains, dès la troisième minute. Coupe d’Europe veulent du spectacle : – Raisonnable, je ne le pense risquent de se dévaloriser. Il faut tures salariales. La frénésie ac- pour une affiche aux airs de grande « Tout de suite, nous avons senti que dès qu’un ballon est au sol, il faut le pas. Pour ma part, j’espère que faire très attention de ne pas créer tuelle est un sous-produit direct finale nationale. le match se passerait bien si nous laisser, il ne faut pas aller le chercher. c’est la dernière fois que les All une indigestion auprès des specta- de cette situation, ainsi que les Au Stadium, il ne sera pourtant continuions à imposer cette pres- Alors, on a fait comme ça. » Ou Blacks se voient obligés de jouer teurs. Aujourd’hui, le programme nouveaux contrats TV qui pas question du bouclier de Bren- sion », confiait l’ailier international. presque... autant de matchs internationaux international est géré n’importe viennent d’être négociés. nus, mais bien de grosse affaire eu- Bob Dwyer, l’entraîneur de Lei- en si peu de temps. Si nous vou- comment – j’ai l’impression qu’ils – Les joueurs sont devenus de ropéenne entre les deux premiers « SÉRÉNITÉ, MATURITÉ » cester, était furieux contre ce qu’il a lons maintenir la qualité du rugby naviguent à vue. Mais il faut que simples marionnettes ? vainqueurs de la compétition. La A Pau, ce fut une belle histoire de appelé « les tricheries à répétition » international, on ne peut pas de- quelqu’un prenne les choses en – Non, je ne dirais pas cela : il France du rugby en frémit déjà. Plai- revanche. Le rugby britannique, la des avants béarnais. Ce sont pour- mander aux joueurs d’être perfor- main et commence à gérer l’agen- faut qu’ils méritent l’argent qu’ils sir du jeu, férocité de défenses qui plupart des joueurs de la Section pa- tant les lignes arrière de la Section gagnent. Mais si, en termes de jeu s’efforcent de bâtir, et rebâtir sans loise l’avaient découvert en 1996, paloise, qui, en seconde période, ont et de spectacle, nous voulons de la cesse les murs du désespoir adverse, pour leur première participation à la construit la victoire de Pau, grâce à qualité, il faut un agenda interna- elle rêve de revoir en grand ce que Coupe d’Europe. La prise de contact d’audacieux mouvements offensifs. tional qui nous permette d’amé- ses clubs lui ont si joliment esquissé avait laissé aux Béarnais un arrière- Le plus beau d’entre eux, lancé par liorer le produit. ce week-end, comme pour en re- goût plutôt amer, pimenté par deux l’arrière Nicolas Brusque, a permis à – Revenons au jeu. Depuis un montrer à la rumeur. On lui avait explusions chez les Gallois de Lla- Philippe Bernat-Salles d’inscrire son an, vous avez pris de l’avance chuchoté à l’oreille : force anglaise, nelli et une défaite à domicile face deuxième essai de la journée. Le sur tout le monde, notamment supériorité d’un professionnalisme aux Anglais de Leicester, provoquée jeune arrière de la Section a ensuite sur le rugby européen. Qu’est-ce des clubs d’outre-Manche qui ne en grande partie par l’indiscipline de conclu une dernière phase de domi- que vous espérez apprendre en nation de ses avants par un qua- venant ici ? trième essai. Plus que la victoire (35- – D’abord, je ne crois pas que Des demi-finales équilibrées 18) et la qualification pour les demi- nous devancions tout le monde. finales de la Coupe d’Europe, Nico- Certes, nous venons de réussir Le tirage au sort des demi-finales de la Coupe d’Europe a eu lieu di- las Brusque a fêté dans les vestiaires deux belles années, mais, pour manche 9 novembre à Londres. Les rencontres opposeront, les 20 et 21 l’annonce de sa sélection dans moi, il y a toujours quatre ou cinq décembre, Toulouse à Brive, et Bath à Pau. Les Corréziens, cham- l’équipe des Barbarians, où il est ap- équipes dans le monde qui se pions d’Europe en titre, se déplaceront au Stadium, tout comme la pelé à suppléer le Briviste Sébastien valent. Etre considéré comme le Section paloise à Bath. « Pour nous, l’Europe, c’était plutôt de ren- Viars, blessé. numéro un n’est jamais une posi- contrer un club anglais, commentait Laurent Seigne, l’entraîneur de Affaire de courage, de cœur, de tion enviable : face à nous, la mo- Brive. Mais de toute façon il fallait bien rencontrer Toulouse à un mo- volonté. A Londres, Brive affrontait tivation de toutes les autres ment ou à un autre. » « On ne pouvait rêver meilleure affiche, rétorquait sans doute le défi le plus difficile à équipes est décuplée, et si on Guy Novès, son collègue toulousain, recevoir Brive sera un léger avan- relever. Les Wasps, champions d’An- perd, la chute est d’autant plus tage grâce au public. Je suis persuadé que ce match sera une grande fête. » gleterre, champions du beau jeu, se dure. Bath, vainqueur samedi 8 novembre de Cardiff (32-21), partira favori promettaient de faire tomber le – Malgré tout, qu’est-ce que le face à Pau. En Conférence européenne, les demi-finales opposeront champion d’Europe. Ce sont eux qui rugby européen peut vous ap- aux mêmes dates Colomiers au Stade français, et Agen à Newcastle. ont fini par rompre, faute d’avoir porter ? trouvé dans la défense corrézienne – Je suis sûr que nous pouvons un trou de souris où se glisser. La- apprendre des choses de toutes les laisse rien au hasard. On lui avait la mêlée paloise. La leçon a porté ses wrence Dallaglio, le capitaine, et ses équipes britanniques, si ce n’est la promis à demi-mot une grande dé- fruits : avant la « revanche », le hommes ont lâché de multiples bor- variation des approches tactiques, sillusion, un cruel rappel à l’ordre. quart de finale disputé dimanche dées offensives. Ils ont essayé, es- surtout dans le contexte d’une Ce fut une apothéose en trois cou- 9 novembre à Pau, face à Leicester, sayé encore. Sur leur route, il y avait meilleure compréhension des leurs, en trois équipes et en trois les Français s’étaient juré, à l’image toujours, un, deux, voire trois bri- nouvelles règles. Au reste, il faut styles. Le Stade toulousain a eu du pilier gauche Pierre Triep-Capde- vistes, animés d’une sublime rage de absolument maintenir des rela- l’honneur de tirer le premier sur les ville, « de ne pas paniquer, ne pas plaquer. A cette aune, l’esprit de sa- tions entre les hémisphères Sud et Harlequins de Londres, cette drôle s’affoler et de mieux s’adapter à l’ar- crifice devient un talent. Combien Nord. C’est primordial pour la d’armada au maillot bariolé. Sur la bitrage de la Coupe d’Europe ». de tonnes de muscles anglais Phi- mondialisation du rugby... après pelouse du Stadium en pleine réno- Mais la réalité rugueuse du terrain lippe Carbonneau et David Venditti tout, c’est l’objectif fondamental vation pour la Coupe du monde de ne résiste pas toujours aux belles auront-ils retournées en ce di- de ceux qui dirigent le rugby au- football, Jérome Cazalbou et les promesses, et le pilier international manche 9 novembre ? Entre deux jourd’hui. Pour moi, une compéti- siens ont montré leur nouveau vi- de Pau est sans doute celui qui a le plaquages, les champions d’Europe tion régulière entre les meilleures sage. Ce Stade-là ressemble à son moins bien respecté ses propres ont réussi à marquer trois essais équipes des deux hémisphères fait glorieux devancier des années 80, consignes. Plus fidèles à leurs enga- sans en encaisser un seul (25-18). partie intégrante de cette mondia- mélange d’intelligence tactique, de gements, ses coéquipiers ont, en re- Cela valait bien le droit de pour- lisation. » rigueur défensive et de parti pris vanche, fort bien reçu les sages pro- suivre la route européenne. d’oser. S’y ajoute une plus grande vi- pos de leurs entraîneurs, les deux Propos recueillis par tesse d’exécution, appuyée par une Bayonnais Francis Leta et Jean-Louis Pascal Ceaux Ian Borthwick meilleure condition physique. Le ré- Luneau : « Sérénité, maturité. » Ils et Eric Collier LeMonde Job: WMQ1111--0025-0 WAS LMQ1111-25 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0235 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 25 Rolland Courbis fait de l’ un sérieux prétendant au titre Vainqueur (2-1) au Parc des princes, l’OM rejoint le PSG en tête du championnat de France de football Un but de Xavier Gravelaine (14e) et un penalty Leroy (34e) – ont suffi pour que l’Olympique de rice. Pour sa première année sur la Canebière, de (64e) malicieusement obtenu Marseille s’impose à Paris face à un PSG privé Rolland Courbis est en passe de réussir à faire de par – contre un but de Jérôme d’attaquants après la blessure de Florian Mau- l’OM un champion de France en puissance.

LE TEMPS passe, les joueurs tiques locaux, qui, soucieux de voir ritant d’un effectif totalement bou- l’OM possède la meilleure défense changent, mais la tradition est res- l’OM se refaire une virginité après leversé à l’intersaison, Rolland de première division, avec onze pectée. Dimanche 9 novembre, l’ère Tapie, craignaient de voir dé- Courbis avait rapidement su trou- buts encaissés après quinze jour- dans un Parc des Princes plein de barquer à la tête de l’équipe pre- ver l’amalgame et fait des Giron- nées de championnat. Ensuite, il a bruit et de fureur, l’Olympique de mière un homme toujours en déli- dins une équipe efficace, qua- mis en pratique au fil des ren- Marseille a battu le Paris Saint- catesse avec le fisc et ayant passé trième en championnat et finaliste contres une technique qu’il maî- Germain (2-1) à l’issue d’un match un séjour en prison à la suite de de la . A Mar- trise parfaitement, à savoir le aussi tendu qu’excitant. Tradition malversations financières surve- seille, on l’attendait au tournant. « coaching ». Nul mieux que lui ne respectée, puisque, depuis que Ca- nues au Sporting Club de Toulon. Qu’allait-il faire de cet effectif au sait faire tourner son effectif – une nal Plus a pris en mains la destinée Aujourd’hui, il n’y a plus de sein duquel trois joueurs de classe leçon que le Portugais Ricardo du club de la capitale, en 1991, ja- pourra méditer. « J’ai une vingtaine mais le PSG n’est parvenu à s’im- de gars capables de bien jouer en poser sur sa pelouse face à l’OM en L’aspect de la pelouse du Stade de France est « provisoire » équipe première. C’est une richesse championnat. Tradition respectée, inestimable », avouait-il après la puisque les PSG-OM ont toujours La direction du Stade de France a précisé, samedi 8 novembre, que victoire du Parc des Princes. débouché sur des rencontres heur- l’aspect esthétique de la pelouse est provisoirement altéré (Le Monde tées. Tradition respectée enfin daté 9-10 novembre) en raison de divers travaux d’entretien. « Ces PAS D’EUPHORIE concernant l’ambiance électrique opérations consistent notamment en un verticutage – extraction du Un succès qui doit tout à la mé- régnant dans des tribunes, où feutre, produit résiduel des tontes –, en un décompactage – aération du thode Courbis, faite de regroupe- 600 fans marseillais ont donné de sol – et en un sablage. Celui-ci a été appliqué la semaine dernière et est ments défensifs parfaits et de la voix et du geste face à encore visible aujourd’hui. L’aspect actuel de la pelouse est bien sûr pro- contres rapidement menés. Un 43 000 supporteurs parisiens ren- visoire. Toutes ces opérations sont normales et conformes à ce qui a été marquage strict, un Laurent Blanc

JÉRÔME PRÉVOST/TEMPSPORT dus nerveux par leur présence. annoncé lors de la présentation de la pelouse, en septembre dernier », a capable de transversales millimé- Malgré cette atmosphère sur- indiqué la direction du Stade de France. Un jaunissement de la pe- trées, des joueurs utilisant beau- Domination américaine au supercross de Bercy chauffée, Rolland Courbis n’est louse avait été constaté jeudi 6 novembre, lors de la visite du site par coup les « couloirs » (« Titi » Ca- pas homme à perdre la tête. La vic- le président de la Fédération internationale de football (FIFA), mara sur l’aile gauche, Claude A son palmarès, il ne manquait qu’un titre à Bercy. C’est désormais toire obtenue à Paris, c’est d’abord M. Joao Havelange. Makélélé à droite), et voilà com- chose faite. Jeff Emig, champion du monde en titre de supercross la sienne. Celle d’un maître tacti- ment cet OM solide devient, au fil (250 cc), a gagné, dimanche 9 novembre, le rendez-vous parisien. A l’is- cien dont le sens du « coaching » et des rencontres, une formation de sue de trois journées de course, Emig (Kawasaki) a devancé les autres ve- du dialogue permet à ses joueurs, craintes. Parce que Rolland-le-ma- internationale (l’Allemand Andreas plus en plus difficile à manœuvrer. dettes américaines de la discipline, qui ont pris quatre des cinq pre- quels qu’ils soient, de se sublimer gicien, fidèle à sa ligne de conduite, Köpke, l’Italien Fabrizio Ravanelli Mais le maître refuse encore de mières places du classement général. Les Etats-Unis, une fois encore, ont au moment voulu. Natif de Mar- est en train de bâtir en un temps et Laurent Blanc) côtoient des coé- céder à l’euphorie. « Pour être montré leur expérience de vingt ans dans ce sport spectaculaire, fait de seille, mais ayant roulé sa bosse record une équipe de premier plan. quipiers doués, mais dont la carte champion, lançait-il après le match, bonds, de culbutes et de bosses. Le supercross, ou motocross en salle, a dans des endroits aussi divers Et qu’ici on pardonne beaucoup à de visite ne laissait pas entrevoir il faut posséder un niveau de jeu su- été inventé outre-Atlantique. Les pilotes français ont été d’excellents qu’Athènes, Ajaccio, Toulon, Mo- celui qui semble capable de faire de miracles ? périeur à celui qui est le nôtre ac- faire-valoir, notamment Yves Demaria et Frédéric Bolley (Kawasaki), naco, Toulouse ou Bordeaux, Rol- revivre le Stade-Vélodrome. Comme d’habitude, Rolland tuellement. Pour le moment, l’OM sans compter David Vuillemin (Yamaha) et Stéphane Roncada (Honda) land Courbis est devenu, au fil La saison dernière, c’est à Bor- Courbis s’est mis au travail, cher- est une bonne équipe, pas une (ci-dessus) particulièrement brillants en 125 cc. d’une existence mouvementée, deaux que le talent de bâtisseur du chant d’abord à trouver une assise grande équipe. Mon objectif reste de l’un des grands entraîneurs fran- Marseillais avait fait merveille. Hé- défensive solide. Le résultat est là : terminer dans les cinq premiers. » çais, un homme qui, selon la jolie Le président Robert Louis-Dreyfus, formule de Paul Vissiano, vice-pré- Le championnat de France de football de D1 lui, pense toujours à la Ligue des sident du petit club marseillais champions. Un objectif que semble Fabrice Tiozzo champion du monde 15e JOURNÉE CLASSEMENT d’Endoume, cité par L’Equipe Ma- en mesure d’atteindre Rolland gazine, reste « capable de faire Metz-Guingamp 2-1 Courbis, l’homme capable de faire Points J G N P Diff. Chgts Séries des lourds-légers version WBA pousser des roses dans un désert ». Auxerre-Le Havre 0-0 pousser des roses dans un désert. 1 Paris-SG 30 15 933+ 16 GGGPP Cannes-Montpellier 1-0 LE FRANÇAIS FABRICE TIOZZO a renoué, dimanche 9 novembre, CHARISME ET SENS DU DIALOGUE 2 Metz 30 15 933+ 10 1 GGNNG Alain Constant avec la victoire, après deux années d’errements, en conquérant aux Aujourd’hui, Rolland Courbis est Bastia-Strasbourg2-0 3 Marseille 30 15 933 + 10 1 GGNGG points, à Las Vegas, le titre de champion du monde des lourds-légers l’un des rares entraîneurs de Bordeaux-Lyon0-0 4 Bordeaux 29 15 852+ 6 2 GGNNN a Blessés en première mi- (WBA) aux dépens de l’Américain Nate Miller. Sacré champion (WBC) France à pouvoir convaincre Châteauroux-Toulouse 2-1 5 Monaco 26 15 825+ 7 GPPGG temps, l’attaquant du PSG Florian 6 Lens 15 PGPNG des mi-lourds en juin 1995 à Lyon, Fabrice Tiozzo avait été destitué de nombre de joueurs de venir le re- Rennes-Lens 2-3 25 744+ 4 1 Maurice souffre d’une entorse de ce titre en janvier pour ne pas l’avoir défendu dans les délais régle- joindre. Une qualité inestimable à 7 Auxerre 23 15 726+ 6 1 GGGNN la cheville gauche et le milieu de Monaco-Nantes3-2 mentaires. Agé de vingt-huit ans, le boxeur de Saint-Denis a déjoué laquelle s’ajoutent son charisme, 8 Bastia 22 15 645+ 5 2 GPNPG terrain Vincent Guérin d’une en- Paris-SG-Marseille 1-2 les pronostics qui donnaient Miller gagnant à quatre contre un et a son sens du dialogue et ses prépa- 9 Montpellier 20 15 555 0 1 GGGGP torse du genou gauche. Selon frappé par sa maîtrise du match et sa persévérance. Les juges ne s’y rations minutieuses – physique, LES CARTONS 10 Lyon 20 15 627 - 1 1 PPNGN Claude Le Roy, directeur sportif, le sont pas trompés, qui lui ont unanimement accordé la victoire à la tactique et psychologique. Il y a Rouges Jaunes 11 Toulouse 20 15 555 - 4 2 GPNNP PSG, déjà privé de Marco Simone douzième reprise. « Je m’étais bien entraîné et j’étais en pleine forme », deux saisons, l’Olympique de Mar- 12 Nantes 16 15 447 - 2 PGNGP (claquage), aura engagé un « jo- a dit le nouveau champion du monde. Chez les lourds, l’Américain PPNPP ker » offensif avant la rencontre seille évoluait en deuxième divi- 1Nantes 0 20 13 Guingamp 15 15 438 - 6 contre Monaco, mercredi 20 no- Evander Holyfield, tenant du titre WBA, a unifié le titre dans deux fé- sion. Son nouveau président, Ro- 2Monaco 0 21 14 Châteauroux 15 15 438- 10 3 GPNPG dérations (WBA-IBF)en battant Michael Moorer, par arrêt de l’arbitre bert Louis-Dreyfus – le patron 3Marseille 0 27 15 Strasbourg 14 15 357 - 8 1 PGPNP vembre. à la huitième reprise. Il devrait affronter Lennox Lewis au printemps d’Adidas, – cible son objectif en 16 Le Havre PNNGN a Douze policiers ont été légère- 16 Paris-SG 3 32 13 15 276 - 5 1998 pour tenter de conquérir également la ceinture WBC. – (Reuters) parlant d’une qualification en ment blessés et sept personnes 17 Bastia 4 36 17 Rennes 13 15 348- 12 2 GPNPP Ligue des champions. Autrement ont été interpellés au cours d’in- 18 Bordeaux 5 34 18 Cannes 11 15 3210- 16 PPNPG DÉPÊCHES dit d’un classement final à la pre- cidents qui ont eu lieu à la sortie a TENNIS : Evgueni Kafelnikov a gagné le tournoi de Moscou, di- mière ou deuxième place du cham- LES1 ATTAQUES Paris-SG 29 buts • 2 Auxerre 25 • 3 Metz, Monaco 23. du Parc des Princes. Des suppor- manche 9 novembre, en battant le Tchèque Petr Korda en finale (7-6 pionnat de France. Pour y parvenir, teurs ont jeté des pierres et des LES DÉFENSES 1 Marseille 11 buts • 2 Paris-SG • 2 Metz 13 buts [7-2], 6-4). Le Russe est qualifié pour la finale du circuit qui se dispute les nouveaux reponsables olym- bouteilles de bière sur les forces de à Hanovre du 11 au 16 novembre. Les sept autres joueurs retenus piens ont remplacé Gérard Gili par LES1 BUTEURS Guivarc'h (Auxerre) • Laslandes (Bordeaux) • l’ordre qui protégeaient la sortie sont : Pete Sampras – qui est désormais sûr d’être sacré numéro un Rolland Courbis. Ikpeba (Monaco) 8 buts. des 43 000 spectateurs présents au mondial à la fin de l’année – Michael Chang, Patrick Rafter, Jonas Courbis à Marseille ? L’évidence 16e JOURNÉE : samedi 15 novembre • Bordeaux-Paris-SG • Nantes-Metz • match. Auparavant, un CRS avait Bjorkman – vainqueur du tournoi de Stockholm, dimanche –, Carlos ne s’imposait pas si facilement aux Marseille-Auxerre• Montpellier-Bastia •Toulouse-Monaco • Guingamp-Rennes (le 16) • été blessé par un projectile lancé Moya, Greg Rusedski, Sergi Bruguera. La Française Nathalie Tauziat yeux de certains responsables poli- Le Havre-Strasbourg (le 16) •Lens-Cannes • Lyon-Châteauroux. sur la pelouse. s’est qualifiée pour la finale du circuit féminin en simple comme en double, dimanche 9 novembre, grâce à une place de finaliste en simples du tournoi de Chicago contre Lindsay Davenport (6-0, 7-5). a AUTOMOBILISME : les écuries McLaren-Mercedes et Williams- Le Japon compte sur le Mondial 98 pour relancer son football Renault se seraient entendues pour faire la course contre Ferrari lors du Grand Prix d’Europe de formule 1 à Jerez, le 28 octobre. Selon des TOKYO contre les Emirats arabes unis, il y a plus de 10 %, elle est passée à 7,2 %. tion d’équipes et risque d’accroître révélations de la presse britannique, un échange radio entre Jacques de notre correspondant quelques semaines, a donné lieu à Un désintérêt qui a eu des réper- la dispersion du public. Mais les Villeneuve et son stand laisse entendre que David Coulthard (McLa- Le football nippon languissait. une première : un ouragan de cri- cussions sur les revenus de la J- entreprises ont tant investi dans la ren) contrôlait Eddy Irvine (Ferrari). Le Canadien, assuré d’être cham- Les victoires successives de tiques qui ont conduit à la démis- League (– 19 % en 1996). Les entre- promotion du football qu’elles ne pion du monde après l’accrochage avec Michael Schumacher (Ferrari) l’équipe nationale lors des matches sion de l’entraîneur national. prises qui avaient misé sur la vogue peuvent qu’aller de l’avant (avec aurait ainsi remercié Mika Hakkinen et David Coulthard en les lais- qualificatifs pour la Coupe du des gadgets liés à la J-League dé- des soutiens de 4,5 milliards de sant lui passer devant quelques mètres avant la ligne d’arrivée. Les monde 1998 – le 1er novembre FAIBLESSES STRUCTURELLES chantent aussi : les ventes de Sony yens par an) au risque de perdre deux hommes avaient ainsi réalisé un doublé pour leur écurie. contre son rival sud-coréen, à Le football japonais a besoin Creative Products sont tombées de leur mise. a HOCKEY SUR GLACE : l’équipe de France a terminé à la der- Séoul (2-0), puis, samedi 8 no- d’un nouvel élan. Au cours des 3,6 milliards de yens en 1993 à La J-League ne ménage pas ses nière place du tournoi de Morges (Suisse). Les Français, qui s’étaient vembre, à Tokyo, sur le Kazakhstan deux premières saisons, les stades 934 millions en 1996. efforts pour rester à flot : elle a lan- déjà inclinés face à la Suisse B (3-2) et la Russie B (5-2) ont été battus, (5-1) – lui ont redonné espoir. Les étaient pleins et les matches sem- La J-League s’est étoffée de cé au printemps une campagne pu- dimanche 9 novembre, par le Japon. footballeurs japonais joueront les blaient en passe de détrôner le quatre équipes depuis 1995, pour blicitaire à la télévision et elle a a PATINAGE ARTISTIQUE : Surya Bonaly a pris la troisième place barrages qui pourraient leur per- base-ball, très populaire ici, en en présenter dix-sept. Mais les passé un accord avec la chaîne na- du Skate Canada, samedi 8 novembre, à Halifax, derrière l’Améri- mettre de visiter la France après termes d’Audimat. Mais l’année nouveaux venus n’ont guère fait tionale NHK, lui donnant la priori- caine Michelle Kwan et la Russe Maria Butyrskaya. avoir disputé la plus populaire des dernière la foule a déserté les remonter la cote du football chez té de retransmission d’une cen- a VOILE : le départ de la deuxième étape de la Whitbread a été épreuves sportives du 10 juin au stades : de 19 500 en 1994, le les jeunes et éprouvent beaucoup taine de matches. L’introduction, donné, samedi 8 novembre, au Cap (Afrique du Sud). Neuf concur- 12 juillet. nombre moyen des spectateurs est de mal à fidéliser des supporters. en 1999, d’un totocalcio, qui devrait rents sont encore en lice qui ont mis le cap vers Fremantle (Australie). Si la fièvre footballistique qui a tombé à 13 300 en 1996. Et l’au- La création d’une deuxième divi- flatter le goût japonais du jeu, Cette étape, longue de 5 600 miles est considérée comme la plus suivi le lancement, en 1993, de la J- dience télévisée s’est effritée : de sion en 1999 accentuera cette infla- contribuera-t-elle à soutenir l’élan éprouvante des neuf que comporte cette course autour du monde League (le championnat profes- donné par les Coupes du monde au avec escales. L’Américain Paul Cayard (EF Language) avait remporté sionnel) est vite retombée, la pers- football nippon ? la première étape, entre Cowes (Angleterre) et le Cap. pective du Mondial 2002 – la pre- Les Etats-Unis qualifiés Le ballon rond a profité entre mière Coupe du monde jouée en 1993 et 1995 d’un effet de mode. Asie – dont le Japon partage l’orga- Grâce à leur victoire au Canada (3-0), dimanche 9 novembre, les Mais le football nippon souffre de a LOTO : les tirages numéro 90 du loto effectués samedi 8 no- nisation avec la Corée, a ravivé les Etats-Unis se sont qualifiés pour la Coupe du monde 1998 en France. faiblesses structurelles. Pour les ré- vembre ont donné les résultats suivants : passions nationalistes : en raison Ils rejoignent ainsi le Mexique, qui les précède au classement de la soudre, les clubs ont recruté, à b Premier tirage : 25, 30, 32, 35, 39, 47, numéro complémentaire 22. de leur contexte historique, l’am- zone Concacaf, et deviennent le 23e pays à avoir gagné le droit de l’aide de contrats mirobolants, des Les rapports sont pour six bons numéros de 8 552 600 F, pour cinq biance des Corée-Japon est compa- participer à la phase finale de l’épreuve. En 1994, les Etats-Unis joueurs et des entraîneurs étran- bons numéros et le complémentaire de 90 000 F, pour cinq bons nu- rable à celle des France-Allemagne. étaient qualifiés d’office en tant que pays organisateur. Au premier gers. Une politique qui a grevé les méros de 10 425 F, pour quatre bons numéros et le complémentaire Certes, les spécialistes expliquent tour, ils avaient pris la troisième place de leur groupe derrière la budgets sans résoudre le problème. de 402 F, pour quatre bons numéros de 201 F, pour trois bons numé- la victoire des Japonais à Séoul par Roumanie et la Suisse pour jouer les huitièmes de finale face au Le système de formation des en- ros et le complémentaire de 42 F, pour trois bons numéros de 21 F. une démobilisation des Sud-Co- Brésil, qui s’était imposé (1-0). La dernière des trois places qualifica- traîneurs locaux se met en place à b Second tirage : 15, 17, 32, 35, 41, 47, numéro complémentaire 27. réens, déjà assurés de participer au tives de la zone Concacaf se jouera entre la Jamaïque et le Salvador, la vitesse d’un ailier poussif et, si le Les rapports sont pour six bons numéros de 32 754 635 F, pour cinq Mondial français. N’empêche, la lors de la dernière journée, le 16 novembre. Le match nul (2-2) de la Japon célèbre les exploits de Ka- bons numéros et le complémentaire de 111 535 F, pour cinq bons nu- qualification du Japon est bien la Jamaïque au Salvador, dimanche, place les Jamaïcains en situation zuyoshi Miura ou Masakiyo Mae- méros de 7 435 F, pour quatre bons numéros et le complémentaire de grande affaire du moment. Le pays de favoris, puisqu’ils devancent désormais les Salvadoriens de trois zono, il tarde à se constituer un vé- 330 F, pour quatre bons numéros de 165 F, pour trois bons numéros et est suspendu aux performances de points. Ils devront au moins obtenir un match nul face au Mexique, ritable vivier de joueurs. le complémentaire de 36 F, pour trois bons numéros de 18 F. l’équipe nationale si bien que le chez eux, tandis que les Salvadoriens doivent absolument battre les piètre résultat (0-0) du match Etats-Unis. Philippe Pons LeMonde Job: WMQ1111--0026-0 WAS LMQ1111-26 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0236 Lcp: 196 CMYK

26 / LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 AUJOURD’HUI Des averses 11 NOVEMBRE 1997 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé LE TEMPS va rester agité en ce Poitou-Charentes, Aquitaine, vers 12h00 DU VOYAGEUR début de semaine : les passages Midi-Pyrénées. – Le temps sera pluvieux seront brefs mais fré- bien maussade, avec de fréquents Peu quents. Mardi le vent soufflera passages pluvieux, parfois ac- Belfast nuageux a EUROPE. Le Microsoft Auro- moins fort, mais des rafales se compagnés de tonnerre et de gré- Liverpool Route Express Europe 98, atlas Dublin produiront encore. Les tempéra- sil. Les accalmies seront de courte Varsovie Kiev routier et guide de voyages in- tures seront dans les normes de durée. En Aquitaine, le vent de Amsterdam Berlin Brèves teractif sur Cédérom, permet de saison. sud-ouest soufflera jusqu’à éclaircies trouver le meilleur itinéraire en Londres France et en Europe, de choisir Bretagne, pays de Loire, 60 km/h en rafales. Il fera de 13 à 50 o Bruxelles Basse-Normandie. – Entre les 15 degrés. Prague un hébergement, d’admirer des averses les embellies seront de Limousin, Auvergne, Rhône- Couvert sites historiques ou naturels et courte durée. Le vent de sud-ouest Alpes. – Sur le relief, la journée Paris Strasbourg Vienne affiche des photos de lieux tou- Budapest donnera encore quelques rafales sera médiocre, avec des passages Brume ristiques (199 F). Nantes a jusqu’à 60 km/h. Il fera de 12 à pluvieux ; il neigera au-dessus de Berne brouillard FRANCE. La SNCF a confié 14 degrés. 1400 m. En plaine, les éclaircies se- Bucarest l’essentiel de sa restauration à Nord-Picardie, Ile-de-France, ront assez belles le matin, puis le Lyon bord des trains aux Wagons-Lits, Milan Belgrade Centre, Haute-Normandie, Ar- ciel se chargera de nuages, et il Sofia Averses filiale du groupe Accor, qui avait dennes. – Dans le Nord-Picardie pleuvra l’après-midi. Il fera de 13 à Toulouse Istanbul jusqu’à présent 30 % du marché et le nord de l’Ile-de-France, 15 degrés. en concurrence avec Servair, fi- Pluie nuages et éclaircies se succèderont Languedoc-Roussillon, Pro- Rome liale d’Air France, (70 %). avec parfois une averse. Ailleurs, vence-Alpes-Côte d’Azur, Barcelone Naples a ESPAGNE. Situé Plaza de las les nuages donneront de fré- Corse. – Dans le Roussillon et 40 o Madrid Cortes, en plein cœur de Madrid, quentes averses. Il fera de 11 à l’ouest du Languedoc, le temps se- Lisbonne Athènes Orages face au Musée du Prado, le Pa- 13 degrés. ra sec, avec simplement des pas- lace Hotel vient de rouvrir ses Champagne, Lorraine, Alsace, sages nuageux. Partout ailleurs, les Séville portes après les plus importants Bourgogne, Franche-Comté. – Le nuages donneront quelques Tunis Neige travaux de rénovation réalisés temps sera changeant toute la averses, généralement brèves, Alger depuis sa création en 1912. De journée, alternant éclaircies et mais parfois accompagnées de Paris, réservations au 0800-90- averses. Il fera de 11 à 14 degrés. tonnerre. Il fera de 17 à 19 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort 65-35.

PRÉVISIONS POUR LE 11 NOVEMBRE 1997 PAPEETE 24/29 S KIEV 8/10 N VENISE 10/14 N LE CAIRE 16/24 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/31 S LISBONNE 12/16 P VIENNE 5/12 S MARRAKECH 12/20 N et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 21/27 N LIVERPOOL 7/11 P AMÉRIQUES NAIROBI 15/23 S EUROPE LONDRES 7/11 P BRASILIA 20/29 P PRETORIA 19/22 P C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 7/11 P LUXEMBOURG 4/8 N BUENOS AIR. 13/20 P RABAT 14/20 N FRANCE métropole NANCY 4/11 P ATHENES 14/20 S MADRID 8/11 P CARACAS 25/31 S TUNIS 16/21 S AJACCIO 12/19 P NANTES 4/12 P BARCELONE 13/18 P MILAN 8/14 P CHICAGO -3/2 S ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 8/13 P NICE 11/17 P BELFAST 5/9 P MOSCOU 1/4 C LIMA 19/24 N BANGKOK 25/35 S BORDEAUX 7/12 P PARIS 5/11 P BELGRADE 11/17 S MUNICH 3/10 S LOS ANGELES 13/16 P BOMBAY 27/32 P BOURGES 4/10 N PAU 5/13 P BERLIN 4/11 S NAPLES 13/19 N MEXICO 14/18 P DJAKARTA 26/32 C BREST 6/11 P PERPIGNAN 9/18 N BERNE -2/9 S OSLO 4/5 P MONTREAL 0/4 N DUBAI 24/31 S CAEN 7/12 P RENNES 4/12 P BRUXELLES 6/9 P PALMA DE M. 12/20 N NEW YORK 3/8 N HANOI 24/30 N CHERBOURG 6/12 P ST-ETIENNE 6/14 P BUCAREST 5/17 S PRAGUE 1/7 S SAN FRANCIS. 12/15 P HONGKONG 22/27 N CLERMONT-F. 6/12 N STRASBOURG 3/10 N BUDAPEST 8/14 N ROME 14/19 S SANTIAGO/CHI 6/14 P JERUSALEM 16/24 S DIJON 5/11 P TOULOUSE 4/12 P COPENHAGUE 5/8 N SEVILLE 13/19 N TORONTO -1/4 C NEW DEHLI 15/24 P GRENOBLE 4/12 P TOURS 4/12 P DUBLIN 6/9 P SOFIA 7/15 N WASHINGTON 4/11 S PEKIN 12/18 P LILLE 5/10 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 3/11 S ST-PETERSB. 1/5 P AFRIQUE SEOUL 8/18 S LIMOGES 4/9 P CAYENNE 23/30 P GENEVE 4/10 S STOCKHOLM 4/7 C ALGER 14/22 N SINGAPOUR 27/31 P LYON 6/14 N FORT-DE-FR. 25/31 P HELSINKI 2/4 C TENERIFE 15/21 S DAKAR 26/31 S SYDNEY 21/27 N MARSEILLE 11/18 P NOUMEA 19/24 S ISTANBUL 11/16 S VARSOVIE 6/9 N KINSHASA 24/27 P TOKYO 14/21 S Situation le 10 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 12 novembre à 0 heure TU

PRATIQUE Pour conserver son vin quand on ne dispose pas d’une vraie cave IL N’EXISTE PAS de star plus exi- L’analogie avec le réfrigérateur Les armoires à vins sont divisées par mois. En revanche, le prix nosafe transforme un local quel- bout, mais l’accès aux autres est fa- geante – d’aucuns diraient caracté- s’arrête à l’élément moteur, qui est en deux grandes familles : celles à d’achat reste assez élevé. Il varie conque en véritable cave : porte cli- cilité par un ingénieux tabouret qui rielle – que le vin. Il déteste : vibra- souvent le même, un compresseur, température unique (réglable) et avec les options, dont la plus dis- matiseur, régulation d’hygrométrie, glisse sur la poutre porteuse. tions, légumes, fromages, fruits, mais très lent et silencieux, avec un celles qui ont en plus un comparti- cutable – mais la plus prisée – est la panneaux d’isolation, groupe de cli- Il faut huit jours pour installer la vinaigre, fleurs, bois vert, racines, volume sonore de l’ordre de 36 dbA, ment à « frapper » à cinq ou six porte vitrée, certes anti-UV, mais pas matisation, étagères, etc. Les prix plus inventive de toutes, l’Hélicave paille... peintures, carburants, lubri- à comparer aux 47 dbA des lave- bouteilles en partie basse et un très conseillée pour les vins délicats. vont de 40 000 francs pour 500 bou- Harnois distribuée par Transtherm, fiants, colles, produits d’entretien, vaisselle les plus silencieux et aux autre à chambrer (dix-huit) en partie La couleur majore le prix, comme teilles à 100 000 francs pour 3 000 qui est constituée par... un escalier livres, journaux et tuyaux en tout 30 dbA du silence absolu pour haute. L’armoire fonctionnant dans les clayettes intérieures coulissantes, bouteilles, mais porte ou climatiseur en colimaçon modulaire, dont genre. Il tolère le béton (bien sec), l’oreille humaine. Un autre méca- des plages de température réduites, à empreintes... et bien entendu l’op- peuvent s’acheter séparément. chaque « marche » devient à la fois mais exige une température de nisme, à absorption, est encore plus avec des systèmes régulateurs d’hy- tion « multi-températures ». Il faut paroi et espace de rangement. Tous 13o C, constante ou variant très len- silencieux, mais, moins répandu, il grométrie peu gourmands, la compter environ 5 000 à 6 000 francs les impératifs exigés par le vin sont tement ; une hygrométrie de 72 % ; peut se révéler plus difficile à répa- consommation en électricité revient pour 60 bouteilles ; 8 000 francs Il tolère le béton réunis, jusqu’au plus délicat : l’aéra- une aération haute au nord-est et rer en cas de problème. en moyenne à moins de 20 francs pour 100 à 150 bouteilles ; tion basse, qui remonte astucieuse- basse au sud-ouest, sans courants 12 000 francs pour 200 bouteilles ; et (bien sec), mais exige ment par le noyau de l’escalier. Plus d’air ! Et surtout... silence et obscuri- jusqu’à 50 000 francs. Les modèles de 10 000 de ces caves ont déjà été té. Bref tout le « confort » d’une Un tire-bouchon rapide pour beaujolais nouveau les plus intéressants se situent au une température installées en France, pour 50 000 à vraie cave – lieu improbable dans milieu de la gamme. Chez Euro- 150 000 francs environ, les plus pe- o l’habitat moderne. Heureusement Un négociant bourguignon va profiter du lancement, le 20 no- Cave, le plus vendu coûte de 13 C, constante, tites tournant dans un puits cir- pour l’amateur de vin, la technolo- vembre, du beaujolais nouveau pour commercialiser le tire-bou- 12 000 francs pour 230 bouteilles... à culaire de 2 mètres de diamètre, les gie est venue au secours de sa pas- chon intégré. La maison Emile Chandesais, qui fut déjà la première, comparer à son homologue à et surtout... silence plus grandes dans un ovale de sion. On ne compte donc pas moins en 1962, à embouteiller ce vin primeur jusqu’alors livré en barriques 9 000 francs pour 90 bouteilles. A 4 × 2,27 mètres. de trois solutions pour garder ses dans les bars, a l’exclusivité de ce procédé nouveau en France, mais noter aussi un modèle à 4 500 francs et obscurité chères, voire très chères, bouteilles. déjà sorti en Australie et en Afrique du Sud. Mis au point il y a plus pour 60 bouteilles chez Idéal Cav. Marcel Donzenac b Les armoires à vins. C’est la de huit ans par un œnologue canadien, David Hojnoski, le méca- b Vraies ou fausses caves solution la plus accessible, la plus nisme se compose d’un piston en plastique solidement chevillé à « améliorées ». Plusieurs tech- b Les vraies caves « ajoutées ». ૽ EuroCave : 81, boulevard de Sta- commode et la plus répandue, qui l’intérieur du bouchon de liège et surmonté d’une bague en plas- niques permettent d’améliorer une C’est la solution par excellence en lingrad 69100 Villeurbanne offre même deux avantages par rap- tique. La bouteille se débouche en soulevant le piston avec les cave existante, ou d’aménager une pavillon. La cave enterrée de Poly- ૽ Idéal Cav : 5, rue du Général- port à la cave traditionnelle : les doigts. Le tire-bouchon, appelé kwik-kork (dérivé de l’anglais quick pièce bien isolée, grâce à une instal- cave s’installe en deux jours, et se Clergerie, 75116 Paris bouteilles sont à portée de la main cork, bouchon rapide en français), est réutilisable à l’infini. L’étan- lation comme en proposent les présente sous forme d’un parallélé- ૽ Polycave : ZA des Quatre-Na- et cette armoire est mieux protégée chéité de ce bouchon/tire-bouchon serait identique à celle des bou- gammes Eurokit et Eurosplit d’Idéal pipède enterré et accessible par une tions, 44360 Vigneux-de-Bretagne qu’une cave d’immeuble. Elle res- chons classiques. « Réservé aux vins faciles d’accès, comme les vins de Cav. Les premières climatisent seu- trappe, qu’on peut éventuellement ૽ Transtherm : Bercy Expo, 26, semble en fait à un réfrigérateur pays ou des AOC régionales comme le beaujolais, les côtes-du-rhône, lement ; les secondes peuvent ré- blinder. Les prix vont de 18 000 à avenue des Terroirs-de-France mieux isolé et mieux « habillé », voire quelques bordeaux », selon Jean-Pierre Durand, directeur du chauffer, refroidir et humidifier à la 68 000 francs environ, pour 450 à 75609 Paris Cedex 12 parfois encastrable, qui s’installe à marketing pour la maison Chandesais, ce prodédé ne devrait avoir demande (de 14 000 à 28 000 francs). 2 250 bouteilles. Seules les plus ૽ Vinosafe : BP 5, 68280 Sundhof- peu près n’importe où. aucune incidence sur le prix de la bouteille. Plus élaborée, la cave à vins de Vi- vastes permettent de se tenir de- fen

Ł SOS Jeux de mots : o o MOTS CROISÉS PROBLÈME N 97249 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME N 43

123456789101112 Note. – 9. Relâchement gazeux. Le SOLUTION DU PROBLÈME No 42 septième n’est que centenaire. A Les nombres secrets paru dans Le Monde du 4 novembre. I moitié bleu. – 10. Dans la gamme. Plein de bons mots. La première DEUX CANDIDATS s’af- II madame Jacob. – 11. Rend tout frontent lors du jeu télévisé « Les insignifiant. – 12. Garde les dis- nombres secrets ». L’animateur III tances. précise que les nombres secrets sont deux entiers (le premier est IV Philippe Dupuis strictement plus petit que le deuxième) compris entre 1 et 7. V SOLUTION DU No 97248 Le but des candidats est de les deviner. « Je calcule le double du VI HORIZONTALEMENT premier que j’ajoute au triple du second, j’écris le résultat sur ce VII I. Tarlatane. JT. – II. Amaigrie. morceau de papier, et je vous le Roi. – III. Rot. Aimanter. – IV. Ares. confie, monsieur Léonhardt. » VIII Pénal. – V. Basane. TV. Af. – VI. Il. Puis, se tournant vers le Pa. Tsé-tsé. – VII. Sigma. Tics. – deuxième candidat : « Je calcule IX VIII. Crâneurs. Mes. – IX. Oie. Asti- le double du second que j’ajoute cote. – X. Ta. Cicérones. au triple du premier, j’écris le ré- X sultat sur ce deuxième morceau de VERTICALEMENT papier, et je vous le confie, mon- HORIZONTALEMENT gros. – X. Se met en quatre pour le sieur Blaise. » Puis, s’adressant poète. 1. Tarabiscot. – 2. Amoral. Ria. – aux deux : « Vous avez une minute I. Formation d’un cadre. – II. 3. Ratés. SAE. – 4. Li. Sapin. – 5. pour me donner la réponse. » Evite les ruptures en bout de VERTICALEMENT Aga. Nageai. – 6. Tripe. Musc. – 7. Les deux candidats, qui sont chaîne. Peut finir dans un fauteuil. Aime. Tarte. – 8. Néants. Sir. – 9. d’excellents logiciens, grif- – III. Bossait dur. En doute. – IV. 1. Une information que l’on ne Navet. Co. – 10. RTL. Timon. – 11. fonnent quelques calculs. Puis Qui fait le reste. Ce n’est souvent verra pas à la « une » du Monde. – Joe. Ascète. – 12. Tire-fesses. chacun rend une feuille de résul- qu’une apparence. – V. D’un auxi- 2. Entre en contact. Ne rentre pas tat à l’animateur, qui les dé- liaire. Une arme pour les pom- en contact. – 3. Indiquent la posi- pouille, et s’écrie : « Les deux ré- piers. – VI. Partie depuis peu de tion. – 4. Où l’on trouve de la vie. ponses sont fausses. » Quels sont temps. Envoyé spécial au Moyen En mer. – 5. Une protection depuis les deux nombres secrets ? Age. – VII. Le trop-plein des sens. Zeus. S’attaqua au tronc. – 6. Fait Jeux Solution du problème dans Le Saint dans la Manche. – VIII. Blanc la belle et guide le berger. Monde du 16 novembre. et bulbeux. Nous environnent vul- Découpent la terre en bandes. – 7. gairement. Circulent en Rouma- Lettres d’Adeline. Sa messe et sa de mots Elisabeth Busser nie. – IX. Agent de liaison. Même musique sont pour le temps 36 15 LEMONDE et Gilles Cohen bien cultivé, il ne devient jamais présent. – 8. Jeu sur deux notes. 2,23 F la minute © POLE 1997 LeMonde Job: WMQ1111--0027-0 WAS LMQ1111-27 Op.: XX Rev.: 08-11-97 T.: 17:36 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0237 Lcp: 196 CMYK

27 CULTURE LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997

CINÉMA Agacés par la succes- duisent et les distribuent. b SONY, conquête de l’immense marché en Chine, est particulièrement visé. vatisation, est désormais partagée sion de films antichinois ayant pour DISNEY ET MGM sont menacés de chinois. b PRODUCTEUR de Kundun, Henry Kissinger a été chargé des né- entre films de propagande officiels sujet l’occupation du Tibet, les auto- boycottage au moment où l’indus- de Martin Scorsese, un récit sur la gociations avec Pékin pour le et films indépendants qui abordent rités de Pékin ont décidé de sanc- trie cinématographique de Holly- vie du dalaï-lama, Disney, qui a de compte de la major. b L’INDUSTRIE des sujets de société, montrés au tionner les studios qui les pro- wood s’apprête à partir à la grands projets de développement CHINOISE du cinéma, en voie de pri- récent Festival de Shanghaï. Le grand marchandage entre Pékin et Hollywood Le gouvernement chinois a décidé le boycottage des studios américains qui produisent des films pro-tibétains. Au-delà de ce conflit, la Chine et les Etats-Unis se disputent le marché des images le plus prometteur de la planète

LOS ANGELES au piège d’un système judiciaire pas se laisser dicter le contenu de correspondance particulièrement inique et brutal. ses films, et comme Hollywood s’in- Les patrons des studios holly- De surcroît, Richard Gere, un dis- téresse principalement à l’argent, si woodiens seraient-ils plus sen- ciple du dalaï-lama, est à Holly- un film doit en rapporter, ils le fe- sibles aux mises en garde chinoises wood le défenseur le plus actif des ront de toute façon. Car il ne faut que ne le laissent supposer leurs droits du Tibet, et la sortie de Red pas oublier que les studios gagnent réactions officielles ? Dix jours Corner a coïncidé avec la visite of- plus d’argent en dehors de la Chine après l’annonce du boycottage par ficielle du président Jiang Zemin qu’à l’intérieur. Pour le moment. » Pékin de trois grands studios (So- aux Etats-Unis. La MGM a résisté On est plus inquiet chez Disney/ ny, Disney et MGM), l’affaire aux demandes de report des offi- Buenavista. Des trois majors, qui continue d’agiter les états-majors ciels chinois. Enfin, le 25 décembre toutes affirment que les affaires des compagnies américaines. Elle prochain, Disney sortira Kundun, continuent (« business as usual »), éclate au moment où les majors réalisé par Martin Scorsese, sur la c’est elle qui joue le plus gros. Son du cinéma américain, profitant de vie du dalaï-lama. Ces trois films, chiffre d’affaires à l’étranger l’ouverture économique de la selon le mémorandum de Pékin du s’élève à 1,09 milliard de dollars Chine, s’apprêtent à partir à la 29 octobre, « attaquent vicieuse- (6 milliards de francs environ), le conquête du marché prometteur ment la Chine et blessent les senti- plus élevé de tous les studios hol- en profits faramineux que consti- ments du peuple chinois ». lywoodiens. Disney a déjà ouvert tue le milliard de spectateurs en une succursale en Chine, y vend puissance de l’empire du Milieu. « TIBÉTOMANIA » son merchandising, y produit La Chine est la « nouvelle fron- Depuis trois ans, les Chinois ont (avec la chaîne américaine ABC, tière » de l’industrie cinématogra- ouvert leurs écrans de cinéma à dont elle est le propriétaire) des phique américaine. Pékin le sait Hollywood, avec un quota de dix programmes pour enfants, des bien, et c’est donc un grand mar- films par an. C’est ainsi qu’ont été émissions de sports, et projette chandage qu’elle vient d’engager distribués, entre autres grosses d’ouvrir un Disneyland près de pour tenter d’obtenir le silence de productions américaines, Le Fugi- Shanghaï. C’est dire l’importance Hollywood sur la situation poli- tif, Le Roi Lion, Forrest Gump, de l’enjeu.

tique en Chine, notamment au Ti- Speed, Die Hard 3, Sur la route de SYGMA « Nous devons traiter ce pro- bet occupé. Madison, Waterworld, Toy Story, Ju- Une scène de « Sept ans au Tibet », le dernier film de Jean-Jacques Annaud. blème avec beaucoup de tact, a ex- Trois films ont provoqué l’ire de manji, Twister, Mission : Impossible, pliqué, visiblement embarrassé, Pékin. Sept ans au Tibet de Jean- Sabrina, et récemment Space Jam La « tibétomania » est la der- tiennent activement le leader spiri- caux, et placer le savoir-faire Michael Eisner, PDG de Disney, Jacques Annaud, Kundun de Mar- et Le Monde perdu. Mais, visible- nière cause en vogue à Hollywood, tuel tibétain en exil. D’autres films technologique américain. Les conseillé par l’ancien secrétaire tin Scorsese, et Red Corner de Jon ment, les autorités de Pékin et le sujet est devenu très « ven- sur le même sujet sont en prépara- Chinois sont des entrepreneurs intel- d’Etat Henry Kissinger, sur la Avnet, qui ont en commun de dé- craignent beaucoup l’impact des deur ». Aux côtés de Richard Gere, tion. Dans Dixie Cups, Steven Sea- ligents qui comprennent que la coo- chaîne PBS. Mais notre compagnie fendre le pays du dalaï-lama. Sony films « anti-Chinois » de Holly- Harrison Ford (dont l’épouse, Me- gal interprétera un agent de la CIA pération avec l’industrie américaine ne prend pas de position sur les est le distributeur de Sept ans au wood sur l’opinion publique amé- lissa Mathison, a écrit le scénario en mission auprès de résistants ti- sera bénéfique pour l’économie du droits de l’homme. Nous faisons du Tibet, de Jean-Jacques Annaud, qui ricaine et mondiale. de Kundun) et Steven Seagal sou- bétains, et les productions Mer- cinéma chinois. » Quant à savoir si cinéma, nous produisons du spec- retrace l’histoire de l’alpiniste nazi chant Ivory préparent le récit Hollywood est prêt à négocier, le tacle... Martin Scorsese a pris une Heinrich Harrer, devenu le précep- d’une rébellion à Lhassa en 1987. roublard Valenti s’en tire par une position. Mais je ne sais pas si elle teur du dalaï-lama. Le film, qui Henry Kissinger conseiller spécial de Disney Quelques semaines avant d’en- pirouette : « Après tout, nous fai- est correcte ou non. » Et pour ache- présente un portrait édifiant de treprendre un voyage dans la capi- sons bien des films qui déplaisent au ver de rassurer ses partenaires de l’ancien SA, puis SS, autrichien, En 1996 déjà, le gouvernement chinois avait menacé Disney/Bue- tale chinoise dont l’importance président des Etats-Unis, ou à la CIA Pékin, il ajoute sans craindre de provoque déjà une polémique navista de représailles économiques pendant le tournage de Kun- n’échappe à personne, Jack Valen- et au FBI. » minimiser le message du réalisa- avant sa sortie en France. Ce n’est dun, le film de Martin Scorsese, réalisé au Maroc où avaient été re- ti, le représentant des grands stu- teur américain : « Les Chinois pas l’« affaire Harrer » qui choque constitués lamaseries et paysages tibétains. La compagnie n’a pas dios, essaie de calmer le jeu. « J’ai « RÉACTION DISPROPORTIONNÉE » comprendront. Dans notre pays, Pékin, mais les scènes finales du pris ces menaces à la légère. Elle engagea aussitôt Henry Kissinger recommandé à nos compagnies de Le producteur Mike Medavoy, quand on sort un film, on en parle film qui montrent l’invasion du comme conseiller politique. L’ancien secrétaire d’Etat de Richard rester calmes et respectueuses de la qui est né à Shanghaï et va bientôt beaucoup pendant six secondes, et il pays par l’armée chinoise. Nixon, âgé de soixante-quatorze ans, particulièrement rompu aux culture chinoise, en ne cherchant distribuer le film chinois de propa- a disparu trois semaines après. » De son côté, MGM/UA vient de négociations avec les Chinois, avait été l’un des artisans du rap- pas la confrontation, déclare-t-il au gande Red River Valley – l’histoire Ainsi annoncée, une telle cam- sortir Red Corner, avec Richard prochement des Etats-Unis avec Pékin au début des années 70. «Je Monde. Nos studios veulent investir d’une incursion... britannique au pagne de lancement a un parfum Gere dans le rôle d’un entrepre- n’ai pas de formation politique en ce domaine, a expliqué le PDG de avec leurs partenaires chinois dans Tibet en 1904 –, fait une analyse de boycott... par son propre distri- neur américain à l’assaut du mar- Disney, Michael Eisner, mais j’apprends. Kissinger me dit ce qu’il faut des salles de cinéma qui font défaut très « réaliste » de l’affaire : «Les buteur. ché des télécommunications faire... » Selon la presse américaine, M. Kissinger percevrait 5 mil- là-bas, souhaitent tourner en Chine Chinois, dit-il, ont une réaction dis- chinoises, et qui se retrouve pris lions de dollars en honoraires pour ce job... avec des cinéastes et producteurs lo- proportionnée. Un studio ne peut Claudine Mulard Du dernier « nanar » idéologique Le cinéma chinois entre censure et privatisation sauvage SHANGHAÏ d’un cinéma bien vivant et maître aux censeurs, incapables de est plus que jamais au programme. au « Roi Lion » en CD vidéo de notre envoyé spécial de ses moyens artistiques et tech- contrôler la production de télé- Sur le mini-marché du film ouvert L’annonce des sanctions contre niques. films, trop volumineuse et trop ra- à l’occasion du Festival de Shang- PÉKIN authentique... D’autant plus facile- Sony, MGM et Disney est interve- Les Américains ont également pide. Red River Valley fait partie haï, les professionnels re- de notre correspondant ment accessible que les « néo- nue pendant le troisième Festival fait leur marché à Shanghaï. La des films mis en chantier pour connaissent que la fréquentation Il n’y a pas besoin de déambuler bourgeois » chinois s’équipent à international de Shanghaï, du 20th Century Fox a acquis les droits exalter le patriotisme : le directeur s’est effondrée. La production de longtemps dans les villes de Chine, présent – après le magnétoscope et 24 octobre au 2 novembre. Elle n’a de distribution de son premier film du Bureau du cinéma, l’organe res- l’année 1997 devrait tomber en même les plus petites, pour avoir la hi-fi – du lecteur approprié, fa- pas troublé le déroulement de la chinois, La Pierre à l’encre. United ponsable notamment de la cen- dessous des cent films, alors une idée des rapports ambigus que briqué désormais en Chine (sous li- manifestation. Près de trois cents Artists et Warner ont de leur côté sure, en a programmé cinquante qu’elle atteignait cent cinquante le pays entretient avec la machine cence américaine ou japonaise). films étrangers ont été projetés, acheté chacun un film. en 1996 pour le IXe plan quinquen- les autres années. On signale éga- de production hollywoodienne et Récemment, une chaîne de télé- soit trois fois plus qu’il n’en est dis- L’industrie du cinéma chinoise nal chinois, de 1996 à 2000. Le film lement que les succès au box-of- avec ses imitations asiatiques (en vision japonaise, Wo-Wo, essen- tribué dans toute la Chine chaque est loin d’être imperméable aux de Lu Xuechang, Devenir adulte, a fice des films de propagande provenance de Taïwan, de Hong- tiellement consacrée au cinéma, et année. Et les salles qui projetaient transformations de l’économie, en été produit avec les moyens du tiennent avant tout à l’obligation kong, de la Corée du Sud ou du Ja- très populaire auprès des proprié- des films américains – y compris proie à une fièvre de privatisa- bord par Tian Zhuang Zhuang, qu’ont les sections des grandes en- pon). Ici, le cinéma officiel diffuse taires d’antennes de réception sa- ceux des majors visées par le boy- tions. C’est dans les studios (seize qui, un temps interdit de tourner treprises d’Etat d’acheter leur quo- pour un maigre parterre de specta- tellite (en principe soumises à au- cottage – jouaient à guichets fer- en Chine : la moitié de réelle im- après la sortie illicite du Cerf-volant ta de billets. Tiraillés entre plans teurs fatigués le dernier « nanar » torisation spéciale), a été coupée més... portance, dont trois grands, Pékin, bleu au Festival de Tokyo en 1993, quinquennaux et capitalisme sau- idéologique à la gloire d’un héros sans autre forme de procès. On au- Depuis 1995, seule une petite di- Shanghaï et Changshun) que les se consacre depuis à aider les vage, les réalisateurs chinois pré- du Parti communiste. Ce cinéma- rait pu croire à la censure s’il y zaine de superproductions holly- changements sont les plus specta- jeunes cinéastes. féreraient encore une troisième là, coûteux, essentiellement avait eu motif à censurer. En réali- woodiennes et de Hongkong sont culaires. La plupart des films sont Les contradictions entre ces voie, celle de Chen Kaige, en train composé de superproductions té, c’était, là aussi, affaire de gros distribuées sur le territoire, selon coproduits avec des fonds prove- deux mondes semblent s’exacer- de finir sa fresque historique Assas- subventionnées par le régime, est sous. un principe expérimental de par- nant d’entreprises d’Etat auto- ber. La promotion de la « civilisa- sins, en plein milieu de la Chine, en faillite non déclarée (lire ci- Le conflit Pékin-Hollywood n’a tage des recettes avec les majors. nomes officiant dans d’autres sec- tion spirituelle », chère au chef de avec de l’argent étranger. contre). pas fait de vagues dans la capitale La quarantaine d’autres films teurs : industrie, banque, la propagande du parti, Ding Ailleurs (généralement plus près chinoise, et la presse n’en a étrangers, achetés à un prix forfai- assurance, restauration. Guangen, bête noire des cinéastes, Brice Pedroletti du marché de nuit), la boutique presque pas parlé. On voit surtout, taire, ont une carrière difficile à re- privée de projections vidéo fait derrière cette affaire, se profiler un tracer. Quant aux films chinois, le DEUX MONDES CONTRADICTOIRES salle comble avec de mauvais films problème commercial. La Chine ne Festival de Shanghaï en montrait Le vétéran Xie Jin a tourné la su- de guerre, policiers ou sentimen- peut plus se permettre de repous- cette année près de quarante. On y perproduction Opium War, avec taux – dans certains cas avec un ser les productions américaines. a vu notamment Red River Valley, 100 millions de yuans rassemblés zeste de très gentilles scènes de Elle ne peut que tenter de défendre superproduction sur le Tibet qui se auprès des sociétés de la nouvelle charme discrètement vantées pied à pied des intérêts écono- veut la réplique fanfaronne de la zone industrielle de Pudong à comme « pornographiques » par la miques en usant de l’arme politico- Chine aux films réalisés en Oc- Shanghaï, et la bénédiction des au- caissière, complice. Les amoureux, sentimentale pour acheter au plus cident sur le sujet, et qui ont pro- torités. Guan Hu, un réalisateur de les traîne-savate, les combinards bas prix ce qu’elle est contrainte de voqué la colère de Pékin. vingt-neuf ans, auteur de Dirt du système économique parallèle ne pas piller. On y a vu aussi des choses plus (« En marge »), un premier film re- s’y retrouvent plutôt pour passer La « querelle tibétaine » entre originales dont Zhang da chen ren marqué dans les festivals étran- un moment ensemble que pour Pékin et les trois principaux studios (« Devenir adulte »), premier film gers, a tourné son deuxième, Cello des raisons cinéphiliques. hollywoodiens soupçonnés de se indépendant de Lu Xuechang, qui In The Cab, grâce à l’argent gagné faire les vecteurs d’une revendica- a mis plus de deux ans à trouver en réalisant des publicités ou des LE FRISSON DE LA CONTREFAÇON tion politique antichinoise tombe une version acceptable pour la clips. Son histoire d’un conducteur Mais il est un domaine où ces ainsi dans une faille monumentale censure. Entre ces deux extrêmes de taxi et d’une jeune musicienne deux segments sociaux se re- du régime : ceux qui s’indignent du (cinéma de propagande et jeune dans le Pékin d’aujourd’hui a tou- trouvent : le film familial, et de contenu de telles productions sont cinéma flirtant avec les sujets ta- tefois dû être remontée quatre fois préférence la toute dernière nou- liés à des entreprises, elles-mêmes bous de la drogue, du rock ou du pour satisfaire les censeurs. veauté disponible. Le Roi lion des la plupart du temps liées aux sexe), toute une série de films de Ce contexte de privatisation studios Walt Disney était dispo- caciques politiques, qui produisent qualité sur la Chine contempo- chaotique et d’économie parallèle nible en Chine en CD vidéo avant le matériel de diffusion des œuvres raine (comédies urbaines de s’accommode mal de l’attention même sa sortie mondiale. Il y avait, jugées impropres à la consomma- Huang Jiangxin, l’auteur de Sur- particulière réservée aux films par pour les consommateurs de ces tion populaire. veillance, ou fables des campagnes le pouvoir. Surtout que la télévi- copies pirates, le frisson de la à la Fan Yue, le réalisateur de Bro- sion, dont l’influence dépasse au- contrefaçon devançant le produit Francis Deron ther Wu Invites God) témoignent jourd’hui celle du cinéma, échappe LeMonde Job: WMQ1111--0028-0 WAS LMQ1111-28 Op.: XX Rev.: 08-11-97 T.: 17:38 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0238 Lcp: 196 CMYK

28 / LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 CULTURE

DÉPÊCHES a CINÉMA : Chimère, film pour la L’empreinte de Didier Levallet télévision du dernier spectacle du théâtre équestre Zingaro de Bar- tabas, a été sélectionné pour les Emmy Awards qui seront décernés sur l’Orchestre national de jazz le 24 novembre à New York. Chimère, déjà diffusé sur France 2 et bientôt sur Arte, figure dans la caté- L’ONJ et son nouveau directeur en ouverture du Festival de Nevers gorie Arts de la scène. Après Mazep- pa et Chamane, Bartabas prépare GARE DU NORD, à Paris, jeudi dans les mouvements du jazz en son ONJ. Homme de terrain, il a un nouveau long métrage, dont les 6 novembre, 22 heures, Chris Bis- Europe – notamment dans les mu- fondé les Ateliers de Cluny, où, de- héros seront un vieux clown et son coe et Harry Beckett, les deux Bri- siques improvisées – et la traduc- puis vingt ans, on repère les créa- cheval. tanniques membres de l’Orchestre tion de son panthéon personnel teurs du jazz en France ; il en- a MUSIQUE : le projet de contrat national de jazz (ONJ), arrivent de (Duke Ellington, Charles Mingus et seigne ; crée avec le saxophoniste de James Levine à la tête de l’Or- Londres par l’Eurostar. Ils sont ac- Gil Evans au sommet). En si peu de Sylvain Kassap et Roger Fontanel, chestre philharmonique de Munich cueillis par Didier Levallet, contre- temps d’existence, c’est déjà le directeur des Rencontres inter- a été provisoirement gelé pour des bassiste, compositeur et nouveau énorme. Levallet aime souvent nationales de jazz de Nevers, une raisons de coût jugé excessif par le chef de l’ONJ, qui les conduit jus- dire que l’arrangeur-orchestrateur- micro-compagnie de disques, Evi- conseil municipal de Munich. Le- qu’à un petit hôtel, près de la rue compositeur doit être un drama- dence. A Nevers, il ouvrira le Festi- vine, cinquante-quatre ans, qui di- de Tolbiac. Le lendemain matin, il turge. Une suite en trois mouve- val. En marque d’amitié sûrement, rige actuellement le Metropolitan les récupère, direction Louviers ments avec des climats qui se de présence surtout, dans un festi- Opera de New York, a été pressenti (Eure), pour un concert. L’ONJ, fondent, la présence de Daunik val qui a accompagné sa musique pour succéder à Munich au Rou- souvent considéré comme une ma- Lazro en soliste invité, des mouve- depuis sa fondation. main Sergiu Celibidache, mort en chine sompteuse que l’Europe et ments orchestraux qui impercepti- Didier Levallet a été nommé août 1996. Il a fait savoir qu’il atten- les Etats-Unis souhaiteraient bien blement se superposent, montrent pour deux ans – contrairement à drait la décision finale de la ville posséder, montre là que le brico- une grande ambition d’écriture qui ses deux prédécesseurs –, avec la avant de s’exprimer. lage et la débrouille ne lui sont pas ne perd jamais les notions de possibilité d’une prolongation a PHOTOGRAPHIE : le prix Na- étrangers. swing, de partage et d’énergie col- d’un an. Dans le nombre chaque dar 1997 de la photographie a été Et pourtant : une saison de huit lective qui font qu’un grand or- jour un peu plus nombreux des décerné, le 7 novembre, à l’ouvrage mois de concerts ; du temps et un chestre donne l’envie d’accompa- projets pour l’an 2000, celui Des années folles aux années noires, local pour répéter – mais c’est gner ses envolées. d’amener cet orchestre au passage la nouvelle vision photographique en dans les bâtiments du « Quai de la Au passage, Didier Levallet réus- du siècle s’impose déjà. France, 1920-1940, de Christian Bou- gare », près de la Bibliothèque de sit quelques défis qu’il s’était im- queret (Editions Marval). Le prix France, promis régulièrement à la posés. Celui de mettre deux batte- Sylvain Siclier Nadar, purement honorifique, disparition – ; un conseil d’admi- ries, celle de Ramon Lopez – une considéré comme le « Goncourt de nistration et une administratrice ; approche de percussionniste par- ૽ ONJ, en ouverture du Festival l’ouvrage photographique », ré- un sonorisateur et un éclairagiste fois – et celle de François Laizeau de jazz de Nevers, théâtre munici- compense chaque année le meilleur attitrés ; un budget d’un peu plus – un sens du drive exceptionnel, pal, le 11 novembre à 20 h 30. Da- ouvrage photographique ou illustré

de 6 millions de francs, dont le cette poussée du batteur qui fait nilo Sanchez Quintet au même MEPHISTO par la photographie, édité en tiers provient des recettes propres, avancer l’orchestre. Celui de réunir programme. Tél. : 03-86-36-90-16. Didier Levallet, directeur de l’Orchestre national de jazz. France ou en langue française. le reste de subventions de l’Etat... des musiciens aux références et mais calculé au plus juste. Trouver aux histoires contrastées : Eric un chauffeur pour que deux des Barret, saxophoniste lié aux solistes puissent se déplacer avec grands ténors de l’Histoire ; Phil Petit théâtre de nuit leur matériel dans Paris est déjà un Abraham, tromboniste fou de casse-tête. scat ; une jeune génération des QUITTANT la banlieue, la voiture roulait le qu’elle joue en ce moment dans un petit sa voix qui sonnait toujours aussi clair. Et elle conservatoires qui laisse le seul re- long des quais vers Paris. Fumées d’usines, théâtre parisien de la rive gauche. Un mono- revint à sa pièce : « Je vais vous donner le titre, DES DÉFIS cours à la virtuosité au magasin éclats de néons, silence. A minuit passé, Ma- logue sur téléphone portable. Elle semblait mais avant, il faut que je vous dise quelque Ce problème des moyens, sou- des accessoires, comme le trom- cha officiait de sa voix grave sur France-Inter. penser que c’était triste, le portable : ça laisse chose : je suis une comédienne bègue, ça va ligné par les cinq précédents chefs pettiste Nicolas Folmer ou le cor- C’étaient des femmes qui l’appelaient, cette peu de liberté, c’est un peu ridicule, ça isole être difficile. La pièce s’appelle La Voix... » – « on a une Rolls Royce mais pas niste Lionel Surin ; des frondeurs nuit-là. L’une avait fait de la prison, quelques plutôt que ça ne rapproche. Mais non, lui ré- Long silence. l’essence pour la faire rouler », di- qui ont annoncé la nouvelle vague, mois, à cause d’un amour malvenu qui l’avait pondait Macha, je suis pour le téléphone por- Macha attendait la suite, qui est restée sait le pianiste Denis Badault –, Di- comme le tromboniste Yves Ro- embarquée dans de mauvaises affaires. Elle table, c’est très bien. J’en ai un depuis long- longtemps en suspens, dans la confidence de dier Levallet y reviendra quand bert ou la pianiste Sophia Doman- racontait que, depuis, elle vivait recluse, écri- temps, bien avant que ça devienne « d’un la nuit. Elle a laissé le temps passer, pour que l’orchestre aura fini de tourner. cich ; le saxophoniste Chris Biscoe vant. Quand elle parlait de son passé, elle ne courant navrant » ; ça me permet d’appeler se raccordent les mots bloqués par les diffi- Pour l’heure, c’est à la musique et le trompettiste Harry Beckett, disait jamais « la prison », mais « là-bas ». ma mère quatre fois par jour ; elle est âgée, cultés d’énonciation de la comédienne. Enfin, d’exister. Levallet a commencé à qui, comme tout bon Britannique Une autre, jeune étudiante en faculté, tra- et on sait que tout ce qui raccroche à la vie ils vinrent. Un adjectif : « inhumaine ». « La composer pour la formation début de la génération des années 60, vaille sur les courriers envoyés par e-mail. est très important pour les personnes âgées. voix inhumaine. » « J’aime beaucoup La Voix juillet. L’orchestre s’est mis en sait tout faire... Elle demandait qu’on lui en envoie pour les A l’autre bout de la ligne, la comédienne humaine de Cocteau, dit Macha. C’est très place en septembre, a eu trois se- A son tour, après François Jean- analyser. Elle n’a pas Internet. écoutait. Elle paraissait calme, mais on sen- beau. » « Oui, répondit la comédienne, mais maines de répétitions pour un ré- neau, Antoine Hervé, Claude Bar- La troisième femme semblait jeune ; elle tait à quelque léger frémissement qu’elle vous savez, ce n’est pas pour parler de ma pièce pertoire de près de deux heures, thélémy, Denis Badault et Laurent avait une voix claire – un cristal dans la nuit. n’était pas assurée. Macha s’enquit de son que je vous ai appelée. Je cherche un amou- un premier concert à Angers puis Cugny, Didier Levallet fait avancer Elle s’est présentée : « Je suis comédienne, âge : « J’ai quarante-quatre ans. » « C’est reux. » trois soirs au Théâtre de la Cité in- le langage du grand orchestre. Il pour l’instant en tout cas. » Elle n’a pas dit son étonnant, on ne le croirait pas, à vous en- ternationale, à Paris, début octo- veut d’abord établir l’identité de nom, elle a parlé de l’argument de la pièce tendre. » « Je sais », répondit l’inconnue, de Brigitte Salino bre, puis Louviers, Nevers le 11 no- l’orchestre autour de son travail. vembre, enfin Limoges le 29, dans Trente années de musiques. Il a ac- le cadre de Jazz en Limousin. Dans compagné les solistes américains, le même temps, la matière d’un a fondé Perception, une formation Luxe et volupté à la Foire des antiquaires de Bâle premier disque vient d’être enre- free devenue mythique, a travaillé gistrée au studio Ferber, à Paris. très tôt sur les cordes BÂLE qu’elle consacre jusqu’au mois de bre), est venu en voisin pour pré- guingois, le troisième de travers, un On retrouve dans le répertoire – Confluence, Swing String Sys- de notre envoyé spécial décembre aux travaux réalisés par senter un choix de céramiques ori- autre encore est complètement ren- plusieurs des préoccupations de tem – avant d’y mélanger des Pour la troisième année consé- Robert et Sonia Delaunay pour ginales provenant de la succession versé. Levallet, en plus grand : à la fois la cuivres dans Générations, qui cutive, Bâle accueille le Tefaf (The l’Exposition internationale de Paris, de Jacqueline Picasso. Des pièces L’architecte Jean Nouvel avait somme de trente ans de présence a posteriori annonçait en partie European Fine Art Foundation), en 1937. uniques, ou des maquettes, dont pris un parti semblable pour l’ac- une émanation du Salon des anti- A Bâle, elle présente un bel en- certaines datées de 1947, parmi les crochage de l’exposition « Les An- quités organisé à Maastricht, une semble de Delaunay, mais aussi des premières qu’il ait réalisées. nées 50 », au Centre Georges-Pom- LUNDI 17 NOVEMBRE - 20 h 30 des plus importantes foires du tableaux d’un niveau très supérieur pidou, et avait transformé le Centre monde dans cette spécialité. Et à ceux qu’elle montre lors des foires LE VILAIN PETIT CANARD de création industrielle en cauche- SALLE GAVEAU pour la troisième année consé- d’art contemporain auxquelles elle Un ensemble remarquable donc, mar de brocanteur. Pourtant, le par- CONCERTS cutive, les habitués de Maastricht participe : deux Kandinsky de 1934, mais qui, à force de luxe, de calme ti pris de Mikaeloff est d’une finesse JUNE trouvent que sa petite sœur suisse par exemple. L’un, Blanc mouve- et de volupté, pourrait paraître un et d’une intelligence extrêmes : ses ANDERSON peine à trouver sa spécificité. Pour- menté, est un des derniers réalisés peu trop feutré, s’il ne recelait un fauteuils sont vus sous tous les tant, l’édition 1997 est de loin la au Bauhaus ; l’autre, Entre deux, est vilain petit canard : il s’agit d’Yves angles, et se regardent comme des soprano meilleure des trois. Disparus, les un des premiers peints à Paris, où il Mikaeloff, autrefois un des meil- sculptures, qu’ils sont d’ailleurs peu Scarlatti - Rossini - Donizetti coucous et autres meubles paysans était encore accroché, ces derniers leurs spécialistes de tapisseries an- ou prou devenus. Tél. rés. : 01-49-53-05-07 helvétiques peints qui, si sympa- mois, dans une collection privée. Et ciennes de Paris, qui a été pris d’un Un stand « grunge », au sol de thiques qu’ils soient, juraient un un Picasso de 1959, un chien dalma- coup de sang. Il a vendu ses collec- béton brut, mais qui met paradoxa- MARDI 18 NOVEMBRE - 20 h 30 brin face aux commodes Louis XV. tien devant une armoire difforme, tions et s’est mis à la sculpture et à lement les objets en valeur mieux Renforcée, la section des antiquités étourdissant de liberté. la peinture. Non, il ne les vend pas, que ne le feraient l’écrin d’une boi- SALLE GAVEAU égyptiennes, gréco-romaines, mais « Nous sommes à Bâle à la de- il les fait. Des artistes ratés qui de- serie ou la douceur d’une mo- Barry aussi pré-colombiennes et asia- mande des organisateurs du Salon viennent marchands, cela s’est vu ; quette. Malheureusement, les tiques. de Maastricht, confie le responsable des marchands réussis qui de- confrères de Mikaeloff n’apprécient DOUGLAS Avec cent trente exposants seule- de la galerie, mais sans réticence : les viennent artistes, le cas est moins guère, et parlent de l’exclure de ces ment, répartis sur trois étages, ce collectionneurs qui viennent ici sont fréquent. Cela donne un stand cénacles internationaux et policés Mer.12/Jeud. 20 NOVEMBRE - 20 h 30 piano Salon est aux antipodes des de véritables connaisseurs, qui sont ébouriffant, qui est à la foire de que sont les foires d’antiquités. Récital Beethoven grandes machines à broyer le visi- capables d’apprécier ce que nous Bâle ce que la peinture de Dubuffet Tant pis pour eux. J.-M. Fournier Prod. Tél. rés. : 01-49-53-05-07 e SALLE GAVEAU teur et se parcourt comme en flâ- montrons, et de se l’offrir. » est au XVIII siècle français. MARDI 25 NOVEMBRE - 20 h 30 nant, ce qui permet de prendre le C’est vrai qu’ils ont le choix : Outre les œuvres du maître des Harry Bellet Intégrale CHOPIN temps de se pencher sur la statuette entre la haute joaillerie, les icônes lieux, on peut y voir une commode par SALLE GAVEAU d’une courtisane à peine âgée de russes ou les objets de Fabergé, les en bronze, fondue à partir d’un ori- ૽ TEFAF Basel 1997, Bâtiment 4, trois mille ans ou de méditer face à manuscrits et les incunables, les ar- ginal calciné par Arman dans les Messeplatz, CH 4021 Bâle. Tél. : Garrick OHLSSON Philippe une figure du Bodhisattva. mures arabes et les pendules années 80, mais aussi, posé à l’hori- (00) 41-61-686-20-20. Jusqu’au Loc. : 01-49-53-05-07 Louis XVI, sans oublier la très re- zontale sur une palette de chariot 16 novembre. Tous les jours, de BIANCONI « DE VÉRITABLES CONNAISSEURS » marquée section consacrée aux arts élévateur, un charmant tableautin 11 heures à 20 heures, samedi et piano Les visiteurs apprécient cette am- déco, il faudrait être difficile – ou de Martin Drolling (1752-1817), re- dimanche de 11 heures à Haydn - Schumann - Liszt biance presque intime. Eux si stres- pauvre – pour ne pas trouver son présentant La Leçon de dessin. Ou 18 heures. Entrée 20 francs suisses Tél. rés. : 01-49-53-05-07 sés d’habitude louvoient d’un stand bonheur. Même Ernst Beyeler, qui encore six fauteuils attribués à Til- (80 francs environ). Catalogue à l’autre, se renseignent sur les pro- vient d’inaugurer sa fondation à lard, et réalisés vers 1750 : l’un est 350 pages, 30 francs suisses venances et l’historique des pièces proximité (Le Monde, du 21 octo- posé sur une table, l’autre est de (120 francs environ). qui les intéressent, et qu’ils connaissent parfois presque aussi bien que les marchands qui les leur proposent. En cas de doute, ils peuvent tou- jours faire un saut chez Thomas Heneage, un extraordinaire libraire londonien qui a charrié jusqu’à Bâle quelques tonnes de livres d’art ra- rissimes. Des ouvrages de référence dont le vendeur est capable de vous vanter les qualités, et surtout les dé- fauts, quand il y en a. Bref, un Salon très professionnel. C’est d’ailleurs ce qui y attire cette année la galerie Gmurzynska, de Cologne. Elle pourrait sembler déplacée au milieu des antiquaires. Pourtant, ses expositions sont par- fois dignes de musées, comme celle LeMonde Job: WMQ1111--0029-0 WAS LMQ1111-29 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 09:27 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0239 Lcp: 196 CMYK

CULTURE LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 29

SORTIR

NEVERS avec un certain type de Mogwai ranime la fée électricité spectacles, plutôt « déconstruits » 11e Rencontres internationales et qui jouent les de jazz néo-performances. Là, elle Devenu un des lieux de la propose de la danse, rien que de au dixième Festival des Inrockuptibles création du jazz en France, le la danse, toujours inventée, Festival de Nevers affirme un peu imprévisible, inconvenante. Et Les groupes scandinaves ont connu le triomphe annoncé plus chaque année son choix d’un elle-même en scène à démontrer jazz qui ne se contente pas de d’une manière mystérieuse que la Pour sa dixième édition, le Festival FNAC-Inroc- et régionales qui l’auront abrité. A Paris, malgré goût de la découverte (Lauren Hoffman et Mog- regarder vers son passé. Après un danse est une et indivisible... kuptibles aura suscité l’engouement d’un public quelques défauts d’organisation et problèmes wai) et s’assurer des séductions du son scandi- tour de chauffe avec Lucky Théâtre national de Bretagne, très divers dans les différentes salles parisiennes de sonorisation, le public aura pu satisfaire son nave (Jay Jay Johanson et Gus Gus). Peterson, La Bête à bon dos et 1, rue Saint-Hélier, BP 675, 35 Didier Lockwood, le nouvel Rennes. Salle Serreau. Jusqu’au Davis. Les échantillonneurs ont ré- avec les monotonies électroniques. route, tracée dans la poussière Orchestre national de jazz 15 novembre à 20 heures, le Xe FESTIVAL FNAC-INROCKUP- gné au cours de ce festival. Et la sa- Après cette bourrasque, il fallut, d’un folk à velléité punk mené par démarrera, le 11 novembre, une 12 novembre à 19 heures. Tél. : TIBLES, Jim White, Bentley tisfaction est venue de Mogwai, samedi, les ballades acoustiques de un violon dingue. semaine riche en propositions 02-99-31-12-31. De 65 F à 130 F. parmi lesquelles : Joëlle Léandre, Rythm Ace, Lauren Hoffman, quatre jeunes Ecossais sous Guy Chadwick, ancien leader de Le même soir, au même endroit, CHAMBÉRY Finley Quaye, Mono, Mogwai, contrat avec la fée électricité. Ce House of Love, pour reposer les il fallait veiller jusqu’à 3 heures du Vincent Courtois et Marc Ducret Guy Chadwick, Stereophonics, groupe est l’antithèse de Jay Jay Jo- tympans, prélude à un retour à la matin pour accompagner l’invité- en solo, le collectif Mu, le Le testament d’Ismaïl Zotos Jay-Jay Johanson, Theo Hakola, hanson. Ses instrumentaux pop britannique, ancien cheval de surprise, Strangelove. Six énergu- quartette de Sylvain Kassap, le de Francesca Lattuada. En Elysian Fields, Luna, Strange- n’offrent aucun confort d’écoute à bataille des Inrockuptibles. Hélas ! mènes – dont un batteur qui pour- trio Celea-Liebman-Reisinger, le résidence à Annecy, la love, Jonathan Fire Eater, Fran- domicile. les Stereophonics, avec un accent rait être le père des cinq autres – Vienna Art Orchestra, Zot, La chorégraphe italienne, grande çoiz Breut, Alpha, Embrace, Gus Ils sont captivants sur scène. gallois trop fort pour être honnête jouant – et plutôt bien un rock dé- Marmite infernale, Bill Frisell et voyageuse, a eu envie pour sa Gus, Locust, Crustation. La Ci- Mogwai a ouvert une nouvelle et des refrains racoleurs, cultivent cadent et kitsch. Joey Baron, L’Effet vapeur, nouvelle création de plonger dans gale et le Divan du Monde, Paris, brèche dans le mur du son érigé les stéréotypes les plus éculés de la Aussi perturbé que l’acteur Slim « Sound and Fury » d’Edward la vie de l’anthropologue albanais les 7, 8 et 9 novembre. avant lui par Sonic Youth et My power-pop. Le lendemain, Embrace Pickens chevauchant la bombe Vesala ou le trio Ismaïl Zotoset pour interroger les Bloody Valentine : des fréquences a réédité l’exploit de faire passer dans Docteurr Folamour, le film de Romano-Sclavis-Texier. risques de la classification, le Comme prévu, les Scandinaves basses de bombardiers, des stri- Oasis pour un groupe avant-gar- Stanley Kubrick auquel le nom de Du 11 au 15 novembre, vouloir tout-comprendre. A voir ont triomphé au cours du Xe Festi- dences et des larsens – pour une diste. son groupe fait référence, le chan- renseignements au bureau du aussi les 20 et 21 novembre à val FNAC-Inrockuptibles : le Sué- fois contrôlés – agressant le nerf teur androgyne Patrick Duff se jet- Festival face au Théâtre municipal, Grenoble, le 25 à Valence, le 27 à dois Jay Jay Johanson, invité de auditif. SORTI DE L’OUBLI tera dans le public dès le premier place des Reines-de-Pologne, 58 Bourg-en-Bresse. marque, et les Islandais de Gus Le quartette, qui joue devant un La sincérité, elle, n’a jamais fait titre, Superstar. C’est finalement ce Nevers. Tél. : 03-86-36-90-16. Espace Malraux, scène nationale Gus, avec leur techno intelligente poster de Lady Diana, passe d’un défaut à Theo Hakola. Le festival a mauvais goût, revendiqué et corro- RENNES de Chambéry, 67, Place et festive. A lui seul, Jay Jay Johan- calme inquiétant à une fureur eu le mérite de sortir de l’oubli cet sif, proche de Phantom Of The Pa- François-Mitterrand, Carré Curial son a symbolisé la tendance d’une blanche, sauvage, fascinante. Il re- Américain francophile, ancien lea- radise et de Rocky Horror Picture Stances I et II 73 Chambéry. Le 12 novembre à édition très marquée par les an- joint l’axe nippo-américain du der de Passion Fodder qui débutait, Show, qui nous aura réconciliés de Catherine Diverrès. La 20 h 30. Tél. : 04-79-85-55-43. 60 F nées 70 et le son de Bristol. bruitisme savant. Révélation du samedi à 23 heures, la soirée au Di- avec les années 70. chorégraphe cherche à rompre et 130 F. Sa voix de crooner chaleureuse, festival, son déluge sonique aura van du Monde. Humoriste sombre, entre Chet Baker et Scott Walker, permis de rompre brutalement Theo Hakola n’a pas dévié de sa Bruno Lesprit Publicité peut prolonger une chanson a cap- pella quand un synthétiseur tombe en panne. Reste que la mélancolie INSTANTANÉ bisme d’une grande timide. Est- A ses côtés, un contrebassiste de son album Whiskey sied plus au elle pétrifiée par la peur ou l’arro- stylé et un batteur économe lou- spleen domestique, un verre de LAUREN HOFFMAN gance ? A peine le public parisien voient entre rondeur et construc- scotch à la main, qu’à la scène, où a-t-il pris le parti de se laisser ber- tions anguleuses. Ils savent jouer elle tarde à griser l’auditeur. ET LES « APPLAUDISSEURS » cer par son murmure fragile, avec drôlerie de leur minimalisme. qu’elle le cingle d’un blues âpre. Une planche à laver, une brosse à CLINS D’ŒIL Aux habitués du Festival des In- On n’attend pas d’une fille de cheveux, une poubelle métallique Dandy érudit, Jay Jay Johanson rockuptibles, la frêle silhouette de vingt ans l’affirmation de rythment, par exemple, une coun- adresse en tout cas des clins d’œil Lauren Hoffman en aura rappelé contrastes aussi vifs. try song décalée. Etonnamment aux musiques de films des an- une autre, révélée, il y a quelques Après la douceur de la Virginie matures, les mélodies séduisent nées 70 moins appuyés que Mono années, sur cette scène de La Ci- natale, la rude école des clubs autant que le personnage. Le pu- et son easy listening, qui cite en per- gale. Le même imposant volume new-yorkais a forgé son caractère blic de La Cigale fait un petit manence Burt Bacharach, compo- d’une guitare demi-caisse armait et le répertoire aigre-doux d’un triomphe à une inconnue dont on siteur considéré comme un monu- alors P. J. Harvey, comme une mi- premier album très recomman- reparlera. Sourire ému ou taquin, ment de ringardise il y a une trailleuse lourde dans les mains dable, Megiddo. Croisement intri- elle vante la qualité des « applau- vingtaine d’années et en passe de d’une enfant. L’Anglaise n’était gant de retenue et d’abandon, de disseurs ». Et confirme sa dualité devenir, aujourd’hui, la référence que nerfs à vif. Vendredi 7 no- suavité et de sécheresse – comme profonde en donnant une version pop suprême. Au point que Locust, vembre, l’Américaine envoûte en le velouté d’une Suzanne Vega hé- fiévreuse de Rock Star, titre au cours de sa soirée samples et entrelaçant sa rage de ronronne- rissé de la hargne d’une Liz Phair qu’elle avait transformé quel- diapos, reprendra Make It Easy On ments. Sa présence déjà est trou- –, Lauren poudroie sa six cordes de ques minutes plus tôt en jazz laid- GUIDE Yourself. Avant de se rendre cou- blante. Un profil aquilin, des légèreté acoustique, plaque sur back. pable d’une réinterprétation catas- lèvres effrontément charnelles. son manche des brisures élec- trophique du So What, de Miles Mais aussi la minceur et le stra- triques. Stéphane Davet FILMS NOUVEAUX REPORTS 100 % arabica La Place du diamant de Mahmoud Zemmouri (France, L’adaptation du roman de l’Espagnole 1 h 25), avec Khaled, Cheb Mami, Mercé Rodoreda, qui devait être jouée Le brio de Michel Galabru irradie dans tout Pagnol Mouss, Najim Laouriga, Farid Fedjer, au Théâtre national de Chaillot du Youssef Diawara. 20 novembre au 31 janvier, a été repor- récents – une charge antimilitariste qui bascule, A présent, Les Marchands de gloire, énergique- La Femme de chambre du Titanic tée en mars 1998, dans la petite salle. LES MARCHANDS DE GLOIRE, de Marcel vers les derniers actes, dans la satire politique. ment mis en scène par Michel Fagadau, bénéfi- de Bigas Luna (France, 1 h 39), avec Oli- Ce report a été ordonné par la commis- vier Martinez, Romane Bohringer, Aita- sion de sécurité, qui n’autorise pas Pagnol. Mise en scène : Michel Fagadau. On se partage la besogne : Nivoix écrit les ré- cient de l’interprétation comme d’habitude na Sanchez Gijon, Didier Bezace, Aldo Chaillot à représenter « de manière Avec Michel Galabru, Jacques Boudet, Pierre pliques des femmes, Pagnol celles des hommes. époustouflante de Michel Galabru. Pagnol avait Maccione, Jean-Marie Juan. concomitante », Cyrano dans la grande Meyrand, Pascale Roberts, Javotte Rouge- Marcel Pagnol, vers la fin de ses jours, relut été déjà très bien « servi » par Galabru, dans La Hana-bi salle, Dommage qu’elle soit une putain rie... cette ancienne pièce. Il la jugea trop carrée. Il la Femme du boulanger, mise en scène par Jérôme de Takeshi Kitano (Japon, 1 h 43), avec dans la petite salle et La Place du dia- COMÉDIE DES CHAMPS-ÉLYSÉES, 15, ave- réécrivit. Il n’était pas sûr de lui, il disait, mon- Savary. Takeshi Kitano, Kayoko Kishimoto, Ren mant dans le grand foyer. nue Montaigne, 8e.MoAlma-Marceau. Tél. : trant sa poitrine : « Me voici cuit jusque-là, suis-je L’art de Galabru est insaisissable : il se permet Osugi, Susumu Terajima, Tetsu Wata- Théâtre national de Chaillot, 1, place nabe, Hakuryu. du Trocadéro, Paris 16e. Mo Trocadéro. 01-53-23-99-19. Du mardi au vendredi à encore bon à grand-chose ? C’est la boule de feu, des gags de prononciation, de grimaces, qui Imuhar, une légende Tél. : 01-53-65-30-00. 20 h 30 ; le samedi à 17 heures et à 20 h 30 ; le au centre de la Terre : elle nous cuit tous, ça sont énormes ; il fait hurler de rire la salle par les de Jacques Dubuisson (France, 1 h 22), Margaret Price dimanche à 15 heures. De 110 F à 250 F. Du- commence par la plante des pieds, et ça grimpe ! effets les plus gros – à ce point-là, c’est à peine avec Ibrahim Paris, Mohamed Ixa, Mo- Le récital de Margaret Price initiale- rée : 2 h 30. Je ne suis pas grand, je suis cuit aux trois quarts. A « permis » ; mais plus il force sur le « clow- hamed Ichika, Rhali Ixa, Atibou Abou- ment prévu lundi 24 novembre est re- l’Académie, le jeudi, je suis assis près de Weygand : nesque », plus il exprime, juste au même mo- bacar, Oumou Algabid. porté au samedi 10 janvier 1998. e Parce qu’elle aborde une actualité irritante lui, c’est le gabarit junior, il m’arrive à la ceinture, ment, des finesses, des profondeurs, des Marian Salle Gaveau, 45, rue La Boétie, Paris 8 . de Petr Vaclav (République tchèque, Mo Miromesnil. Tél. : 01-49-53-05-07. – les cuisines et abus de quelques-uns de nos il est cuit entièrement ! Jusqu’à l’occiput ! Tout nuances du subconscient, et peut-être avant 1 h 49), avec Stefan Ferko, Milan Cifra, élus –, la pièce de Marcel Pagnol Les Marchands cramé ! » Pagnol, quoique cuit aux trois quarts, tout des qualités de cœur, dont on ne voit pas, Radek Holub, Jaroslava Vyslouzilova, de gloire est reprise à Paris pour la troisième fois améliora nettement ses Marchands de gloire, aujourd’hui, quel acteur pourrait en être ca- Ludmila Krokova, Terza Zajickova-Gry- RÉSERVATIONS en douze ans, alors qu’elle était, en 1926, lors de mais ne parvint pas, en 1963, à la faire jouer. pable, dans ces couleurs-là. Michel Galabru à lui garova. Les Fourberies de Scapin sa création, tombée à plat, et, ensuite, restée sur seul est toute une fête, et la pièce de Pagnol s’en Ne pas avaler (*) de Molière, mise en scène de Jean- la touche. MISE EN SCÈNE ÉNERGIQUE ressent. de Gary Oldman (Grande-Bretagne, Louis Benoit, avec Philippe Torreton. 1 h 59), avec Ray Winstone, Charlie Nommé professeur d’anglais au lycée La pièce ne fut reprise qu’en 1984, dans une Aux côtés de Michel Galabru, une équipe Comédie-Française, salle Richelieu, 2, Creed Miles, Laila Morse, Kathy Burke, er o Condorcet, Pagnol, en 1925 (il a trente ans), ren- excellente mise en scène, simple et directe, de d’excellents acteurs, au premier rang desquels, rue de Richelieu, Paris 1 . M Palais- Edna Dore, Jamie Foreman. Royal. Du 22 novembre à juillet. Tél. : contre un journaliste, Paul Nivoix. Pour s’amu- Jean Rougerie. Seconde resucée en 1993, belle très attachant, très juste dans son imaginaire, The Game 01-44-58-15-15. De 70 F à 185 F. ser, et dans l’idée de gagner trois sous, ils mise en scène de Jean-Louis Martinelli, où sur- Jacques Boudet. Bons aussi sont les décors si- de David Fincher (Etats-Unis, 2 h 08), Check-up écrivent à deux un vaudeville pas génial, Tonton, tout un acteur hors pair, Charles Berling, parvint gnés de Ghislain Uhry, qui rappellent les inté- avec Michael Douglas, Sean Penn, De- d’Edward Bond, mise en scène de Carlo refusé partout à Paris, mais accueilli à bras ou- à faire accepter le rôle très tangent de la pièce, rieurs un peu rêvés des derniers portraits de borah Kara Unger, James Rebhorn, Car- Brandt. verts à Marseille. Sur leur lancée, les deux celui d’un soldat tenu pour tué au front, qui Vuillard. roll Baker, Peter Donat. Théâtre national de la Colline, 15, rue Violetta, la reine de la moto e o compères récidivent : ils bâclent Les Marchands réapparaît, et va se refaire une santé sur la Côte Malte-Brun, Paris 20 .M Gambetta. Du de Guy Jacques (France, 1 h 32), avec 27 novembre au 21 décembre. Le mardi de gloire. C’est – les massacres de Verdun sont d’Azur. Michel Cournot Florence Pernel, Dominique Pinon, Da- à 19 heures, 110 F. Du mercredi au di- niel Prévost, Eva Darlan, Julien Guio- manche à 21 heures, de 110 F à 160 F. mar, Chantal Neuwirth. Tél. : 01-44-62-52-52. Vive la république ! d’Eric Rochant La Tête dans les nuages (France, 1 h 30), avec Aure Atika, An- de Marc Deruelle, mise en scène de Et le match de boxe n’a pas eu lieu toine Chappey, Gad Elmaleh, Hippolyte Jean Bouchaud. Girardot, Atmen Kelif, Florence Pernel. impasses où il faut bien rebrousser sembler à sa vie avec un allant qui laisse à la discrétion du metteur en Comédie-Française Théâtre du Vieux- Colombier, 21, rue du Vieux-Colombier, (*) Film interdit aux moins de 12 ans. DANS LA JUNGLE DES VILLES chemin. Dans cet enchevêtrement, ne ressemble en rien aux balance- scène. C’est pourquoi Dans la Paris 6e. Mos Saint-Sulpice ou Sèvres-Ba- de Bertolt Brecht. Mise en deux hommes taillent une voie ments entre le rien et le trop, entre jungle des villes exige de celui-ci TROUVER SON FILM bylone. Du 18 novembre au 21 dé- scène : Hubert Colas et Philippe qu’ils se disputent. Un roi de la misère et richesse. Tout de même, qu’il se mette à découvert. Une cembre. Tél. : 01-44-39-87-00. 160 F. Duclos. Avec Eric Caravacca, Da- combine et un prince de la débine. Shlink a le règlement pour lui. épreuve redoutable. Philippe Du- Tous les films Paris et régions sur le Mi- Kiyohime Mandara niel Martin, Jean-Louis Grinfeld, Une lutte pas vraiment de classe, Garga lui dit : « Vous avez installé le clos, prudent, a commandé une nitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 08-36- (marionnettes du Japon) Nathalie Nambot, Agathe sans symétrie réelle, où il s’agit Far West. J’accepte le Far West. Vous nouvelle traduction à Hubert Co- 68-03-78 (2,23 F/mn). par le Dondoro Theater. Maison des cultures du monde, 101, Dronne, Jany Gastaldi, Nicolas d’administrer une leçon à l’autre, m’avez écorché la peau par plaisir. las, qui cosigne finalement le tra- ENTRÉES IMMÉDIATES boulevard Raspail, Paris 6e.MoRaspail. Pirson, Nicolas Bouchaud, de lui faire mal tout en décrochant Vous ne rembourserez rien avec une vail. Le mélange de sentences, de Du 14 au 18 novembre. Tél. : 01-45-44- Le Kiosque Théâtre : les places du jour Vincent Guédon, Antoine les étoiles. Chaque scène est une nouvelle peau. Je vais faire table jugements crus, de parler de la 72-30. De 60 F à 110 F. vendues à moitié prix (+ 16 F de Régent, David Gouhier. reprise. Un terme qui appartient à rase avec vous. Œil pour œil, dent rue, l’inimitable sens du raccourci commission par place). Place de la Ma- THÉÂTRE GÉRARD-PHILIPE, 59, la fois à la boxe et au théâtre pour pour dent. » poétique de Brecht a été préservé. deleine et parvis de la gare Montpar- DERNIERS JOURS boulevard Jules-Guesde, Saint- un match qui doit aller jusqu’au Mais (est-ce pour donner toute nasse. Du mardi au samedi, de 12 h 30 à Denis. Mo Saint-Denis. Tél. : 01- K.-O. COURSE DE LENTEUR son importance au traducteur- 20 heures ; le dimanche, de 12 h 30 à 15 novembre : 48-13-70-00. Du mardi au samedi A ma gauche, un poids léger, S’adressant autant au metteur metteur en scène ?) cela se traduit 16 heures. Produire-créer-collectionner Musée du Luxembourg, 19, rue de Vau- à 20 h 30, le dimanche à employé de librairie, Garga (Eric en scène qu’au spectateur, Brecht malheureusement sur scène non Boris Godounov de Moussorgski. Solistes, chœur et or- girard, Paris 6e.MoLuxembourg. Tél. : Caravacca), avec pour capital sa « Ne vous cassez pas la par le match attendu, mais par une 16 heures. Durée : 3 h. 70 F et prévenait : chestre du Théâtre Mariinski de Saint- 01-42-34-25-95. De 13 heures à 110 F. Jusqu’au 30 novembre. jeunesse, sa sœur (Agathe tête sur les motifs de cette rivalité, course de lenteur, une sorte de re- Pétersbourg, Valery Gergiev (direction), 19 heures ; jeudi de 12 h 30 à 21 heures. Dronne) et sa femme (Nathalie participez à l’engagement hu- lais, monotone, entre les adver- Alexander Adabashian (mise en scène). Fermé lundi. 20 F. Œuvre du jeune Brecht (il a Nambot). A ma droite, un poids main. » Participation impossible saires supposés. La Jungle a été vi- Théâtre des Champs-Elysées, 15, avenue 16 novembre : vingt-trois ans), Dans la jungle des lourd, négociant en bois, Shlink sans tentative de décryptage de ce dée de ses cris, de ses paroxysmes, Montaigne, Paris 8e.Mo Alma-Marceau. Dans la compagnie des hommes villes ne montre pas la jungle, elle (Daniel Martin), dont tous les qui semble un entrelacs de fables et même le métier d’un Daniel Le 10 novembre à 20 heures. Tél. : 01- d’Edward Bond, mise en scène d’Alain 49-52-50-50. De 60 F à 690 F. Françon. Théâtre national de la Colline, est la jungle. Une fois entré, on ne coups se paient au comptant, en esquissées et dissoutes à la « va Martin ne peut lui rendre sa véhé- Paul Weller 15, rue Malte-Brun, Paris 20e.MoGam- peut plus en avoir de vision glo- bel argent liquide. Leur combat est comme la vie pousse ». Brecht ne mence. Bataclan, 50, boulevard Voltaire, Paris betta. Mardi à 19 h 30 ; de mercredi à bale. Elle offre des trouées de lu- un commerce. Chacun vend, se soucie pas de morales, mais en 11e . Mo Voltaire. Le 10 novembre à samedi : 20 h 30 ; dimanche à 15 h 30. mière subite, de longs tunnels, des achète, défend ce qui paraît res- esquisse quelques-unes, qu’il Jean-Louis Perrier 20 heures. Tél. : 01-47-00-55-22. 157 F. Tél. : 01-44-62-52-52. De 110 F à 160 F. LeMonde Job: WMQ1111--0030-0 WAS LMQ1111-30 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0240 Lcp: 196 CMYK

30 KIOSQUE LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 EN VUE

a Après avoir rappelé la tradition Suédois étroitement surveillés (verser l’équivalent de 1 % à 2 % du revenu mensuel, davantage si on le peut) et la parole de saint Depuis plusieurs décennies, la police contrôle les activités des citoyens « sensibles », notamment des communistes. Paul (« Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne, mais que La presse de Stockholm dénonce ses excès de zèle et demande l’ouverture des archives chacun donne selon son cœur »), l’Association diocésaine de « OUVREZ les archives ! », « Il soupçonnaient à l’époque : secrète parallèle à la SAPO, le Bu- les conservateurs, tous favorables Versailles vante, dans une est grand temps d’enquêter », l’employé n’avait été renvoyé que reau d’information (IB). Formée à des solutions moins radicales. brochure invitant les jeunes « Contrôler les contrôleurs ». La pour ses opinions politiques. de militaires, elle n’était alors « Il est difficile de comprendre catholiques à participer au denier presse suédoise réclame en Adhérant du Parti communiste connue que d’une poignée de pourquoi [ces deux partis] s’op- du culte, le prélèvement chœur, depuis quelques jours, suédois, il avait manifesté contre hauts responsables du Parti so- posent à une radiographie de l’his- automatique des dons. « C’est que toute la lumière soit faite sur les bombardements américains cial-démocrate au pouvoir. toire de la SAPO et de ses archi- simple, pratique, souple », certaines activités de surveillance pendant la guerre du Vietnam. Depuis, aucune enquête indé- ves », commente Aftonbladet, explique le dépliant. de la SAPO, l’équivalent de la « Combien de Suédois se sont vu pendante n’a établi d’état des journal pourtant de tendance so- direction de surveillance du ter- refuser un travail pour une raison lieux des activités des services de cial-démocrate. a Kenneth Behring, ritoire (DST) française. A l’origine comparable ? De vieilles infor- renseignement en la matière, « Ce qui est sûr, c’est que, par soixante-neuf ans, un homme de cette polémique, le sort d’un mations nuisent-elles encore au- alors que la SAPO a toujours l’œil cette obstruction, ils donnent du d’affaires californien « pesant » menuisier du sud de la Suède. jourd’hui à certaines personnes ? », de la surveillance des autorités et sur des centaines de milliers de crédit aux affirmations plus ou 500 millions de dollars, vient Torsten Leander avait été licencié, s’interroge le quotidien Expressen. de l’enregistrement de leurs opi- Suédois occupant des emplois moins méchantes quant aux illé- d’offrir 20 millions de dollars à la en 1979, du Musée de la marine de C’est notamment pour répondre à nions politiques », écrivent-ils « sensibles », souligne la presse. galités que la SAPO aurait Smithsonian Institution, le plus la ville de Karlskrona, sur la base ces questions que vingt-huit per- dans le quotidien Dagens Nyheter Bien que souhaitée par cinq commises avec le consentement des grand musée des Etats-Unis, pour d’informations confidentielles de sonnalités du monde politique, du mercredi 5 novembre. partis d’opposition, la création hauts dirigeants politiques », remercier le pays qui l’a rendu la SAPO dont il n’avait alors pas culturel et des médias ont lancé Les Suédois prirent conscience, d’une commission apolitique a, ajoute-t-il. Expressen croit appor- riche. M. Behring, roi de pu prendre connaissance. Dix- un appel à la création d’une en 1973, de l’existence d’un réseau jusqu’à présent, été rejetée par les ter un élément de réponse en l’immobilier, serait comblé si huit ans plus tard est tombée la commission indépendante. Par de surveillance des citoyens, avec sociaux-démocrates, au pouvoir estimant que « la génération ac- l’argent servait à la reconstitution confirmation de ce que beaucoup égard pour ceux qui « ont souffert le dévoilement d’une organisation encore aujourd’hui, ainsi que par tuelle des hommes politiques n’en- d’un habitat naturel d’animaux tretient pas seulement des liens sauvages « donnant l’impression d’amitié avec leurs prédécesseurs, d’être assis autour d’un feu en DANS LA PRESSE notre pays. Ces affirmations ne Français qu’on ne pourrait pen- LCI elle éprouve aussi de la loyauté regardant le soleil se lever, en peuvent pas être prises au pied ser. Mais les réponses n’étaient Pierre Luc Séguillon vis-à-vis de ce que firent, en ca- entendant les cri des bêtes et, FRANCE INTER de la lettre, tout simplement pas évidentes. Elles ne le sont a L’intransigeance américaine et chette, les anciens “chasseurs de même, en sentant les odeurs ». Dominique Bromberger parce que ce Youssouf Joseph toujours pas d’ailleurs, ne serait- la poursuite de l’embargo pétro- communistes” ». a L’Algérie est-elle un Etat terro- n’est pas identifié, qu’il est donc ce qu’en raison du contentieux lier à l’encontre de l’Irak ne font Au passage, le journal relève un a Une aquarelle d’Adolf Hitler riste ? Le régime algérien se impossible de savoir s’il décrit historique qui existe entre la que renforcer la mainmise du dic- « paradoxe » dans l’attitude du représentant la ville d’Ypres trouve-t-il derrière les assassinats des faits dont il a eu une connais- France et l’Algérie. Les multiples tateur Saddam Hussein sur son gouvernement, qui « applique après son bombardement en attribués aux extrémistes isla- sance directe, comme il le dit au associations et clubs qui se sont peuple et prolonger le martyre de chez lui la politique la plus restric- 1916, assez terne selon les mistes ? S’il faut en croire les journal, s’il ne fait que rapporter entendus pour organiser cette ce dernier. La mise en quaran- tive en matière d’accès aux archi- experts, récemment mise à prix confidences faites par un mysté- des rumeurs qui courent depuis journée pour l’Algérie n’en four- taine de l’Irak, depuis sept ans, ves », tout en militant à Bruxelles 1 000 livres (10 000 francs rieux Youssouf Joseph à l’hebdo- longtemps ou s’il ne s’agit pas nissent pas moins un début de ré- est en effet une escroquerie in- pour plus de transparence au ni- environ) à Brigg, en madaire britannique The Obser- d’un agent provocateur, destiné à ponse en deux parties. Il faut, ternationale et un scandale mo- veau européen. « Pour travailler Grande-Bretagne, a atteint ver, la réponse ne fait aucun être démasqué, ce qui permet- disent-ils, faciliter l’accueil provi- ral. Tant la guerre du Golfe, me- de façon efficace, la SAPO devrait, 4 600 livres, soit près de cinq fois doute. Ce sont les services secrets trait de tordre le cou à ces ru- soire en France des personnes les née par les Etats-Unis sous sans doute, garder confidentielle le montant de son estimation. «Il algériens qui sont à l’origine de meurs. plus menacées grâce à une poli- caution onusienne, que les sanc- une partie de ses activités », n’y a vraiment aucun moyen de deux au moins des attentats qui tique de visas spécialement étu- tions économiques décrétées et concède pour sa part Dagens Ny- donner une valeur à ce genre de ont ensanglanté Paris pendant LIBÉRATION diée pour le cas de l’Algérie, et il maintenues à l’encontre de l’Irak heter, mais cela crée précisément chose », a déclaré le commissaire l’été 95. Leur but, dit-il : dresser Jacques Amalric faut réclamer sans se lasser, et par Washington au nom de la « le besoin d’un contrôle public priseur Robert Horner. l’opinion publique française a Que faire face à la catastrophe avec une insistance croissante, la communauté internationale, pour garantir » qu’il n’y aura plus contre les islamistes, obtenir une algérienne ? La question taraude création d’une commission d’en- n’ont d’autre mobiles que des in- d’abus. a Un CD-livre d’Yves Montand, coopération plus étroite des dif- depuis longtemps déjà la quête internationale et son envoi térêts pétroliers et stratégiques intitulé Plaisirs inédits, vient de férents services de police de conscience de beaucoup plus de sur le terrain. américains. Benoît Peltier sortir alors que la justice veut exhumer son corps pour les besoins d’une recherche en SUR LA TOILE paternité. Parmi les dix titres nouveaux et des arrangements www.cyber-rebelles.com INTERNET SUR LE CÂBLE originaux, une interprétation de a Le réseau de télévision par câble la chanson de Trenet Que du quartier de Metz-Vallières (Mo- reste-t-il de nos amours ? Un distributeur d’électroménager lance un site d’initiation au Net pour attirer les femmes selle) a inauguré, jeudi 6 no- vembre, un service d’accès à Inter- a Jeudi 6 novembre, à New York, « ET INTERNET sera plus fémi- raître proche des préoccupations net à haut débit, coûtant 279 francs Andre Burgess, dix-sept ans, qui nin... » D’emblée, le ton est don- des consommatrices : « Notre ob- par mois, dont 90 francs pour la lo- flânait sans le savoir non loin né : Cyber Rebelles s’adresse aux jectif est de montrer qu’Internet cation du « modem-câble ». d’une voiture de policiers femmes qui résistent à Internet. n’est pas une fatalité à subir », ex- L’abonné peut se connecter en uti- fédéraux en planque, sort L’ambition première de ce site plique Benoît Vermersch, pré- lisant un micro-ordinateur, mais tranquillement de sa poche une français est de proposer un mode sident de la fondation, et lui- aussi un simple poste de télévision, barre de chocolat Three d’emploi simple et pratique, dans même rétif à l’informatique jus- grâce à une télécommande spé- Musketeers (les Trois un style souvent drôle, ressem- qu’à une date récente. « Nous ciale et un clavier sans fil. L’expé- Mousquetaires), emballée dans blant à celui d’un magazine fémi- voulons humaniser ce qui apparaît rience devrait être étendue à l’en- du papier d’argent. Il entend nin. Une rubrique destinée aux d’abord trop technique. » Pour at- semble de la ville de Metz dans le soudain une voix hurler : « Lâche débutantes explique le b.a.-ba du tirer les apprenties surfeuses, il courant de 1998. – (AFP.) ton arme ! », aperçoit vaguement Net : comment se connecter, na- compte sur le bouche-à-oreille : un policier fébrile en train de viguer sur le Web, utiliser le cour- « Il faut pouvoir trouver sur Inter- CHASSE AUX CHARLATANS dégainer, regarde son chocolat rier électronique... net ce qu’on ne trouve pas ailleurs. a Un groupe de travail, mis sur inoffensif, ne comprend rien, Un second volet permet aux Cyber Rebelles peut aussi être utile pied par diverses agences offi- hausse les épaules et s’éloigne plus avancées de découvrir les si vous allez à Chartres et que vous cielles et associations de consom- sans s’émouvoir. « Il ne m’a autres possibilités du réseau, voulez un tuyau pour bien visiter la mateurs américaines, canadiennes même pas laissé une chance de telles que le dialogue en direct, le cathédrale. » et mexicaines, a repéré plus de 400 réagir », a raconté sur son lit son, la vidéo, ou la réalité vir- La fréquentation du site est dé- sites Web proposant des remèdes d’hôpital Andre Burgess, blessé tuelle. Il propose également des jà très internationale : il attire des miracles contre le cancer, le sida, d’une balle dans le gras de la forums, un répertoire de liens visiteuses de France, de Belgique l’arthrite, le diabète, la sclérose en cuisse. avec des sites à contenu culturel, et de Suisse, mais aussi des Etats- plaques et les maladies du cœur. La éducatif ou pratique, une ru- société Boulanger, qui distribue font pas prier pour s’équiper Unis, du Portugal, du Japon, de Commission fédérale américaine a Victor Mills vient de mourir à brique « Coups de cœur, coups des appareils électroménagers, et d’ordinateurs et s’attaquer à In- Singapour ou de Pologne. Et, si du commerce leur a adressé des son domicile de Tucson, en de griffes », et un courrier des aime à se définir comme une ternet, les femmes adultes, en re- l’on en croit une rapide étude courriers électroniques leur rappe- Arizona, à l’âge de cent ans. Mills lectrices. L’ensemble est illustré « entreprise citoyenne », attentive vanche, sont plus difficiles à réalisée sur le forum de dis- lant qu’ils devaient apporter les était l’inventeur de la de dessins d’Inès de La Fres- à la formation et à l’entraide so- convaincre. cussion, un cinquième de ces re- preuves de l’efficacité de leurs pro- couche-culotte. sange. ciale. Le raisonnement de départ Il faut donc tout faire pour re- belles seraient des hommes. duits et projette de vérifier, dans Cyber Rebelles a été créé par est simple : si, dans l’ensemble, médier à cette situation, ce qui quelques semaines, si leur contenu Christian Colombani une fondation dépendant de la les hommes et les enfants ne se permettra du même coup d’appa- Judith Silberfeld a été modifié. – (AP.)

Les mots de Simone Lagrange par Alain Rollat ELLE N’ÉTAIT qu’un témoi- était très difficile pour des hommes moment-là qu’on est devenus, petit gnage de papier, une archive et des femmes de faire leurs be- à petit, des gens différents. Diffé- classée, une mémoire déjà ou- soins comme ça, devant tout le rents en ce sens que, nos premiers bliée. Simone Lagrange a enfin monde... » morts, on les a pleurés ; mais, une image, donc un visage, une C’est une femme rousse au re- chaque matin, on était pratique- voix. Et elle parle. Et ce qu’elle gard clair, au teint pâle, aux joues ment soulagés d’avoir un tout petit raconte a le poids du cauchemar rondes, sans signe particulier. peu de place en plus... On entassait qui la hante depuis une éternité : Elle pourrait s’appeler Simone ces morts, comme ça, au fond, « Moi, petite fille de treize ans, je Toutlemonde, comme n’importe pour avoir un peu plus d’air... C’est me suis souvenue surtout de ce quelle autre ménagère de cin- terrible à dire maintenant, vous voyage dans ce wagon à bestiaux, quante ans. Elle s’adresse au tri- savez, mais c’était pourtant vrai. le 30 juin 1944. Il fallait s’asseoir bunal d’une voix posée. Avec ses C’était, si vous voulez, le commen- les jambes écartées pour que les mots de tous les jours : « Je me cement de la fin... » autres puissent s’asseoir aussi, souviens de ces deux hommes qui Merci à « Arrêt sur images » et s’imbriquer en vous. Il y avait des tenaient des vêtements pour que à La Cinquième d’avoir diffusé, enfants, des vieillards. J’étais avan- les premières personnes puissent dimanche, avec l’accord des au- tagée parce que je n’étais pas loin faire leurs besoins... » Soudain, torités judiciaires, et de Mme La- de la porte qui donnait un peu elle marque un temps d’arrêt : grange, née Kadouche, ce témoi- d’air... » La caméra fixe qui la « C’est très sale, ce que je raconte, gnage enregistré pour l’Histoire filme en plongée, de trois quarts mais beaucoup moins sale que le vendredi 22 mai 1987 au cours face, la montre en gros plan, de- l’esprit de ceux qui nous ont en- du procès de Klaus Barbie. Merci bout à la barre. Elle devient un voyés là-bas... » Elle dit l’indicible pour nos enfants, auxquels nous témoignage de chair : « Au milieu à mots polis : « Le trajet a duré ne savons pas toujours comment du wagon, il y avait une tinette, un cinq jours et quatre nuits. Les en- dire que le commencement du bidon où tout le monde devait fants étaient malades, vomissaient, crime contre l’humanité n’est ja- faire ses besoins. La pudeur était hurlaient. Tous les matins, il y avait mais quelque chose de compli- plus forte que maintenant, et il des morts. Je pense que c’est à ce qué. LeMonde Job: WMQ1111--0031-0 WAS LMQ1111-31 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 09:13 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0241 Lcp: 196 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MARDI 11 NOVEMBRE 1997 / 31 LUNDI 10 NOVEMBRE FILMS DE LA SOIRÉE NOTRE CHOIX PROGRAMMES

20.15 Land and Freedom aa 21.00 Une femme 22.45 Les Séducteurs a b 20.25 Arte TÉLÉVISION ARTE De Ken Loach (GB - Esp. - All., est une femme aa De B. Forbes, E. Molinaro, D. Risi, G. 1993, 115 min). RTBF 1 Contre l’oubli, pour l’espoir De Jean-Luc Godard (France, Wilder (Fr. - It., 1980, 130 min). M6 TF 1 19.00 The Monkees. 20.30 Les Cousins aa 1961, 105 min). Paris Première 22.45 Made in USA aa Le « petit » magazine (cinq mi- 19.30 7 1/2. De Claude Chabrol (France, 1958, 22.05 Les Quatre Malfrats a De Jean-Luc Godard (France, nutes) réalisé en collaboration 19.05 Walker, Texas Ranger. 20.00 Reportage. N., 110 min). Ciné Cinéfil 1966, 85 min). Paris Première De Peter Yates (Etats-Unis, 1972, avec la Fédération internationale 19.50 et 20.40 Météo. Le Village des chasseurs de cobras. 20.30 Taking Off a a v.o., 100 min). Ciné Cinémas 23.00 L’Homme à l’imperméable des ligues des droits de l’homme 20.00 Journal, Coupe du monde 98 20.25 Contre l’oubli, pour l’espoir. De Milos Forman (Etats-Unis, De Julien Duvivier (France, 1956, 20.30 1971, 95 min). Ciné Cinémas 22.05 Horizons lointains a passionnément. 8 1/2 Journal. De Ron Howard (Etats-Unis, N., 110 min). France 3 invite à découvrir l’immense cou- 20.45 La Discrète aa 20.30 Les Pirates du rail a 1992, 140 min). RTL 9 aa 20.45 Une femme d’action. 23.45 Trois places pour le 26 rage de Salima Ghezali, une Algé- Téléfilm de Didier Albert. Film de Christian Vincent. De Christian-Jaque (France, 1937, 22.20 Les Comédiens aa De Jacques Demy (France, rienne de trente-neuf ans qui 22.15 Kinorama. N., 85 min). Festival 1988, 100 min). Ciné Cinémas 22.30 Le Droit de savoir. De Georg Wilhelm Pabst mène chaque jour dans son pays Enquête sur les mystères 22.25 Rosine a 20.35 Hommes, femmes, (Allemagne, 1941, N., v.o., 23.50 Juliette et Juliette a de l’assassinat de Yann Piat Film de Christine Carrière. mode d’emploi a 110 min). Ciné Cinéfil De Remo Forlani (France, un véritable combat contre la vio- et du suicide des frères Saincené. 0.05 Court circuit. De Claude Lelouch (France, 22.20 La Loi de la rue aa 1973, 95 min). TF 1 lation des droits de l’Homme. Fer- 23.50 Juliette et Juliette a 0.35 Slacker a 1996, 120 min). Canal + De John Singleton (Etats-Unis, 0.10 Ciel rouge a vente militante féministe, prési- Film de Remo Forlani. Film de Richard Linklater. 1991, 115 min). Canal Jimmy 20.35 French Cancan aa De Robert Wise (Etats-Unis, 1948, dente fondatrice de l’Association 1.25 TF1 nuit, Météo. De J. Renoir (Fr., 1954, 110 min). TMC 22.25 Rosine a N., 90 min). Ciné Cinéfil M6 20.45 La Discrète aa De Christine Carrière (France, 0.25 La Brigade a pour l’émancipation des femmes, 1994, 100 min). Arte FRANCE 2 De Christian Vincent (France, De René Gilson (France, 1974, en 1989, cette journaliste engagée 19.00 FX, effets spéciaux : la série. 1990, 90 min). Arte 22.25 Guêpier N., 105 min). RTL 9 a fondé, en 1990, le bimensuel Nys- 19.20 1 000 enfants vers l’an 2000. 19.54 6 minutes, Météo. 20.45 Orfeo aa pour trois abeilles aa 0.35 Slacker a sa, aujourd’hui disparu, avant de 19.25 C’est toujours l’heure. 20.05 Notre belle famille. De Claude Goretta (France, De Joseph L. Mankiewicz (Etats-Unis, De Richard Linklater (Etats-Unis, 19.55 Au nom du sport. 1984, 130 min). France Supervision 1966, 130 min). TMC 1989, 95 min). Arte devenir directeur de publication 20.35 Décrochages info, 6 sur 6. 20.00 Journal, L’Image du jour, 20.50 Conan le destructeur. 20.50 Crésus aa 22.40 Mona et moi a 1.40 Le Voyage fantastique a de l’hebdomadaire de langue fran- Film 4 de Richard Fleischer. De Jean Giono (France, 1960, De Patrick Grandperret (France, De Henry Koster (Grande-Bretagne, A cheval, Météo. N., 100 min). France 3 1989, 94 min). Canal + 1951, N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil çaise La Nation, interdit depuis un 20.55 Urgences. 22.45 Les Séducteurs a an. Le 23 octobre, le Parlement eu- Tribus. Pile ou face. Film de Bryan Forbes, Edouard Molinaro, Dino Risi, Gene Wilder. ropéen lui décernait le prix Sakha- 22.40 D’un monde à l’autre. La justice des mineurs. 0.55 Jazz 6. Hank Jones & Milt Jackson. GUIDE TÉLÉVISION rov. – Pa. L. 0.10 En fin de compte. 0.15 Journal, Météo. b 20.35 M 6 0.30 Le Cercle des arts. 20.00 Mémoires d’ex. [1/3]. Histoire 6 sur 6 Anthropologie. RADIO MAGAZINES TÉLÉFILMS Dotée d’un titre en forme de clin 20.35 Le Défi alimentaire. Planète FRANCE 3 14.00 ̈ Escales francophones. 20.55 Paroles d’hommes. Téva 20.45 Une femme d’action. d’œil au défunt magazine de TF 1 FRANCE-CULTURE Afriques. La Cinquième De Didier Albert. TF 1 « 7/7 », cette mini-émission, diffu- 18.55 Le 19-20 de l’information. 22.25 Dominique Rolin : 20.00 Les Chemins de la musique. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Invités : 21.55 Un Français libre. 20.00 et 22.30 Météo. l’Infini chez soi. Planète sée tous les lundis, est apparue à 20.30 Agora. Luc Forlivesi. Aerosmith ; Pierre Palmade ; Michèle [4/4] De Jim Goddard Festival 20.05 Fa si la chanter. Laroque. Canal + 23.45 La Forêt tropicale expliquée la rentrée. L’ambition est mo- 21.00 L’Histoire en direct. aux enfants. [1/3]. Planète deste, mais le résultat est efficace. 20.35 Tout le sport. 1977-1981 : Les radios libres. 19.00 Envoyé spécial, les années 90. aa Histoire SÉRIES 20.50 Crésus 22.10 Fiction. Obériou [1/2], 23.45 Jazz Collection. Chaque semaine, la rédaction de Film de Jean Giono. Count Basie. Muzzik 23.00 Nuits magnétiques. 19.00 Cap’tain Café. France Supervision 18.05 Sliders, les mondes parallèles. M 6 sélectionne dans l’actualité un 22.35 Soir 3. 0.10 Jinebana, la possession Georges Bataille à perte de vue. 20.00 Thalassa. Un monde d’exode. M6 sujet qui, selon elle, mérite d’être 23.00 L’Homme à l’imperméable a 0.05 Du jour au lendemain. Des tracteurs sur la mer. TV 5 au quotidien. Planète Film de Julien Duvivier. 20.55 Urgences. creusé. L’ouverture du marché du 0.48 Les Cinglés du music-hall. 20.00 20h Paris Première. Paris Première 0.10 Les Seigneurs des animaux. Tribus. Pile ou face. France 2 0.50 La Case de l’Oncle Doc. Les cueilleurs de ciel. Disney Channel téléphone à la concurrence, la Les derniers pirates. 21.00 Enjeux - Le Point. Recherche sur le 21.00 Le Caméléon. FRANCE-MUSIQUE sida : cobayes humains africains. TV 5 0.15 Woodstock Diaries. Un virus parmi nous. Série Club CSG, les 35 heures : les journa- 22.30 Le Droit de savoir. Enquête sur les [1/3]. Canal Jimmy 21.30 New York Police Blues. listes disposent de sept minutes CANAL + 20.00 Concert. mystères de l’assassinat de Yann Piat 0.50 La Case de l’oncle Doc. La nouvelle. Canal Jimmy seulement pour éclairer le télé- Festival d’Ambronay. Persée, de Lully. et du suicide des frères Saincené. TF 1 Les Derniers Pirates. France 3 ̈ En clair jusqu’à 20.35 22.00 Molière. [3/5]. Histoire spectateur, à l’aide de courts re- 22.30 Musique pluriel. 22.40 D’un monde à l’autre. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Œuvres d’Einaudi, Stroppa. La justice des mineurs. L’affaire 22.00 Daktari. portages, d’interviews, et d’illus- Avec Pierre Palmade, Michèle Laroque. MUSIQUE Le voleur d’éléphants. Série Club 23.07 Le Bel Aujourd’hui. Montand. Invitées : Aurore et Anne trations schématiques. Présenté 20.30 Pas si vite. Festival de Hollande 96. Drossard. France 2 22.20 Dark Skies : L’Impossible Vérité. 21.00 Les Huguenots. par Serge Molitor, ce rendez-vous 20.35 Hommes, femmes, 0.30 Le Cercle des arts. Anthropologie. Futur antérieur. TSR Mise en scène de John Dew. Muzzik d’information bénéficie d’une mode d’emploi a RADIO-CLASSIQUE Invités : Jean Rouch ; Alain de Botton ; 23.40 Haendel à Arlon. 23.00 Félicien Grevèche. Série Club Armelle Aliette... France 2 mise en page claire et moderne. Film de Claude Lelouch. France Supervision 23.00 Les Anges du bonheur. 22.35 Flash infos. 20.40 Les Soirées. 0.45 Antonin Dvorak : Un secret bien gardé. Téva Rigoureux et rythmé, il s’inscrit Federico Garcia Lorca et la musique. 22.40 Mona et moi a Œuvres de Chopin, Debussy, Albeniz, DOCUMENTAIRES o 23.10 Murder One : Quatuor n 12. Muzzik dans la lignée des petits modules Film de Patrick Grandperret. Santa Maria, De Falla, Ravel, Revueltas. 20.00 Reportage. Le Village des chasseurs 0.55 Jazz 6. L’Affaire Jessica. TSR spécifiques à la chaîne, et que son 0.15 Mort subite. 22.40 Les Soirées... (suite). de cobras. Arte Hank Jones & Milt Jackson. M6 0.00 Département S. Série Club public semble apprécier. – S. Ke. Film de Peter Hyams (v.o.). Musiques au temps de Dante.

MARDI 11 NOVEMBRE FILMS DU JOUR NOTRE CHOIX PROGRAMMES

22.35 Le Cavalier du diable. 13.15 Sois belle et tais-toi a 20.10 La Machine à explorer 22.25 Suspect dangereux a b 1.00 France 2 TÉLÉVISION Film d’Ernest Dickerson. De Marc Allégret (France, 1958, N., le temps aa De Peter Yates (Etats-Unis, 1987, a 100 min). Festival 120 min). RTL 9 Les Grands Entretiens 0.05 Le Cri de la soie De George Pal (Etats-Unis, 1960, Film d’Yvon Marciano. 13.45 Les Cousins aa aa du Cercle : TF 1 100 min). Disney Channel 22.30 Trafic 1.45 Surprises. De Claude Chabrol (France, 1958, N., 20.30 La Tour de Londres a De Jacques Tati (France, 1971, 95 min). Christian de Portzamparc 110 min). Ciné Cinéfil De Rowland V. Lee (Etats-Unis, 1939, Paris Première 13.50 Les Feux de l’amour. 14.05 Maniac Cop a N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil 22.55 Une étrangère parmi nous a 14.40 Arabesque. LA CINQUIÈME/ARTE De William Lustig (Etats-Unis, 1987, 20.30 Rendez-vous aa De Sidney Lumet (Etats-Unis, 1992, Deux ou trois choses 15.35 Patinage artistique. 90 min). Ciné Cinémas D’André Téchiné (France, 1985, 105 min). France 2 16.30 TF ! jeunesse. 13.00 Une heure pour l’emploi. a 15.35 Ciel rouge 85 min). Ciné Cinémas 23.10 Soudain, 17.10 Savannah. 14.00 ̈ Escales francophones. De Robert Wise (Etats-Unis, 1948, N., Le Vietnam. 90 min). Ciné Cinéfil 20.35 La Grande Attaque l’été dernier aaa qu’il sait des villes 18.00 Paradis d’enfer. De Joseph L. Mankiewicz (Etats-Unis, 14.30 Droit d’auteurs. 15.35 L’Aveu aa du train d’or aa 18.30 Mokshû Patamû. De Michael Crichton (Etats-Unis, 1979, 1960, N., v.o., 110 min). Arte UN ARCHITECTE PARLE de la 15.30 Le Diable au corps. De Constantin Costa-Gavras (France, 19.05 Walker, Texas Ranger. Téléfilm de Gérard Vergez. 1969, 135 min). Ciné Cinémas 115 min). TMC 23.55 The Phantom Light a De Michael Powell (Grande-Bretagne, ville. Laure Adler reçoit Christian 19.50 et 20.40 Météo. 17.00 Cellulo. aa 20.35 Green Card a 17.05 Les Comédiens 1934, N., v.o., 80 min). Ciné Cinéfil de Portzamparc, seul, en face à 20.00 Journal, Résultat des courses. 17.50 De Georg Wilhelm Pabst (Allemagne, De Peter Weir (France - Australie, Le Journal du temps. 1941, N., v.o., 110 min). Ciné Cinéfil 1990, 110 min). TSR 0.05 Le Cri de la soie a face, pour un de ces entretiens 20.45 Sang chaud pour meurtre 18.00 Artisans du Rajasthan. 20.45 Sang chaud D’Yvon Marciano (France, 1995, plutôt « long drink » qui ont rem- de sang froid a 18.30 Le Monde des animaux. 17.25 Les Amants de Tolède a 100 min). Canal + Film 4 de Phil Joanou. De Henri Decoin (France, 1952, N., pour meurtre de sang froid a placé « Le Cercle de minuit » où la 19.00 The Monkees. 90 min). Festival 4 0.15 L’amour 22.55 Y a pas photo ! De Phil Joanou (Etats-Unis, 1992, conversation se jouait selon plu- 19.30 7 1/2. Spécial Algérie. 17.50 Colonel Blimp aa 130 min). TF 1 est une grande aventure a 0.25 Le docteur mène l’enquête. 20.00 Archimède. De Blake Edwards (Etats-Unis, 1988, De Michael Powell et Emeric 21.55 True Lies, le caméléon a sieurs diagonales. La télévision 1.20 TF1 nuit, Météo. 20.30 8 1/2 Journal. Pressburger (Grande-Bretagne, 1943, De James Cameron (Etats-Unis, 1994, 100 min). Ciné Cinémas s’accorde rarement le temps de la 1.30 Reportages. v.o., 160 min). Ciné Cinémas v.o., 140 min). Ciné Cinémas 0.55 Toi, le venin aa Les déserteurs de l’école. 20.45 La Vie en face. réflexion sur un sujet qui pourtant La Saga des Massey Ferguson. 18.15 La Chasse à l’homme a 22.05 La Fosse aux serpents aa De Robert Hossein (France, 1958, N., 90 min). RTL 9 entoure, forme et déforme la vie 21.35 ̈ Soirée thématique. D’Edouard Molinaro (France, 1964, N., D’Anatole Litvak (Etats-Unis, 1948, N., FRANCE 2 Tennessee Williams. 99 min). M6 110 min). Ciné Cinéfil 1.15 Le Mariage de chacun : la ville, l’urbanisme. Le 21.40 Tennessee Williams. 18.55 Le Voyage fantastique a 22.20 La Veuve joyeuse a de Chiffon aa plus souvent, elle ne souligne que 13.50 Derrick. Orpheus of the American Stage. De Henry Koster (Grande-Bretagne, De Curtis Bernhardt (Etats-Unis, 1952, De Claude Autant-Lara (France, 1941, les extrêmes, applaudissant de- 14.55 Dans la chaleur de la nuit. 23.10 Soudain, l’été dernier aaa 1951, N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil 105 min). France Supervision N., 100 min). Ciné Cinéfil 15.45 Tiercé. vant les monuments nouveaux ou Film de Joseph L. Mankiewicz (v.o.). 16.00 La Chance aux chansons. 1.00 Grand format. s’alarmant des débordements vio- 16.40 Lucky Luke. Mercredi, 19-7-61. GUIDE TÉLÉVISION lents que suscite la mauvaise ville, Les Dalton en cavale. la banlieue. 18.00 et 22.50 Un livre, des livres. M6 Homme sincère et architecte 18.05 C’est l’heure. 18.50 Qui est qui ? 13.30 L’Or du fond des mers. 0.10 Femmes dans le monde. A travers le 20.45 Les Inrockuptibles à l’Olympia 96. Téléfilm de Dick Lowry. subtil, Portzamparc est présent sur 19.20 1 000 enfants vers l’an 2000. DÉBATS voile. Une femme du Sahel. Téva France Supervision 15.15 Commissaire San Antonio, les deux fronts. Premier Français 19.25 C’est toujours l’heure. 1.00 Les Grands Entretiens du Cercle. 21.00 Symphonie no 3 de Mendelssohn Béru et ces dames. 22.00 Spécial procès Papon. France 2 récompensé par le Pritzker Price, il 19.55 Au nom du sport. Histoire par Chailly. Muzzik Film de Guy Lefranc. a joué sa partition dans le registre 20.00 Journal, L’Image du jour, 17.00 Plus vite que la musique. 21.35 Les Inrockuptibles à la Cigale 96. A cheval, Météo. DOCUMENTAIRES France Supervision du modernisme bien tempéré avec 17.25 Agence Acapulco. MAGAZINES 20.55 Le Choix d’aimer. o la Cité de la musique, à la Villette. 18.15 La Chasse à l’homme a 18.30 Le Monde des animaux. 21.45 Symphonie n 7, de Mahler. Film de Joel Schumacher. 13.00 Une heure pour l’emploi. Muzzik Mais il s’est d’abord fait connaître Film d’Edouard Molinaro. La Cinquième Le Désert de Namibie. La Cinquième 22.55 Une étrangère parmi nous a 19.54 6 minutes, Météo. 23.10 Le Tour d’écrou. Mise en scène Film de Sidney Lumet. 14.00 ̈ Escales francophones. 19.00 Carnets de prison. [2/2]. Planète avec de simples logements qui, à 20.05 Notre belle famille. de Michael Hampe. Muzzik 0.40 En fin de compte. Le Vietnam. Paris Première 19.00 Sweet Home Chicago. Muzzik la fin des années 70, dessinaient 20.35 Décrochages info. 17.00 Envoyé spécial, les années 90. 0.05 Didon et Enée. Mise en scène 0.45 Journal, Météo. 20.10 Des hommes dans la tourmente. de Peter Maniura. un quartier, une rue, une place. 20.40 ̈ E=M6 junior spécial. Les fous à Trieste. De Gaulle versus Pétain. Planète 1.00 Les Grands Entretiens du Cercle. Les mystères de la forêt vierge. L’arrivée des Juifs France Supervision Car c’est la ville qui l’occupe. soviétiques en Israël. 20.35 La Royal Air Force. [6/8]. Sous les Son parcours personnel montre 21.45 Docteur Quinn, femme médecin. Les camionneuses. Histoire radars, le Bomber Command. Planète FRANCE 3 Les otages. VARIÉTÉS comment : un brin de sociologie 18.00 Stars en stock. Gina Lollobrigida. 20.45 La Vie en face. 22.35 Rendez-moi mon enfant. 13.30 Les Petites Bonnes. 4 James Cagney. Paris Première La Saga des Massey Ferguson. Arte 20.50 Monsieur Montand. France 3 dans les quartiers durs de New Téléfilm de François Labonté. 21.25 Animaux imposteurs. Planète Téléfilm de Serge Korber. 0.10 Capital. La chasse aux trésors. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Invités : York dans les années 60, une 14.55 Football. Albert Jacquard ; Bernard Cathelat ; 21.40 ̈ Tennessee Williams. Marc Lavoine. Canal + TÉLÉFILMS bonne dose d’admiration pour Le Coupe de la Ligue. Orpheus of the American Stage. Arte Lorient - Red Star. 20.30 et 22.30 Téva Interview. Corbusier, architecte et prophète, 22.25 La Course aux étoiles. Planète 18.00 Nord et Sud. 16.55 Minikeums. (Sous réserve.) Le professeur René Frydman. Téva et tout de suite après l’entrée aux RADIO 23.25 Le Défi alimentaire. Planète De Richard T. Heffron [4/15]. Téva 17.45 Je passe à la télé. (Sous réserve.) 20.40 ̈ E=M6 junior spécial. Beaux-Arts, une mobilisation qui Les mystères de la forêt vierge. M6 0.20 Madagascar, la parole poème. 18.55 Les Rives du paradis. 18.20 Questions pour un champion. Planète FRANCE-CULTURE 21.20 Défis. Le programme européen De Robin Davis. Festival le conduit, lui et ceux de sa géné- 18.50 Un livre, un jour. 1.00 Mercredi, 19-7-61. Arte Objectif 1 en Hainaut. RTBF 1 20.30 Marie-Antoinette. ration, à une critique violente de 18.55 Le 19-20 de l’information. 19.45 De Caroline Huppert. Festival Les Enjeux internationaux. 22.35 Bouillon de culture. l’enseignement, et à la reconstruc- 20.01 et 22.40 Météo. 20.00 Les Chemins de la musique. Le passé d’une espérance. SPORTS EN DIRECT 22.10 Capitaine James Cook. tion d’une pensée sur la ville, son 20.05 Fa si la chanter. 20.30 Agora. André Comte-Sponville. Avec Stéphane Courtois De Gordon Clark [1/4]. Festival 20.35 Tout le sport. et Nicolas Werh ; Georges Wayzand ; 14.00 et 19.30 Tennis. Masters messieurs histoire, sa mémoire. Le refus de la 21.00 Poésie studio. er 22.35 Rendez-moi mon enfant. 20.50 Monsieur Montand. Roland Leroy ; Roger Martelli. TV 5 à Hanovre (1 jour). Eurosport 4 De François Labonté. M6 table rase, des barres tirées au cor- 22.10 Mauvais genres. 22.55 Y a pas photo ! Invités : Cyrielle 14.55 Football. Coupe de la Ligue : 22.50 Soir 3. Catherine Paoletti pour les disques Claire ; Marie-Claire Noah ; Lorient - Red Star. France 3 deau, des grands gestes vides. Une 23.15 Nimbus. compacts Dark Wavo. Marc Jolivet. TF 1 SÉRIES 16.00 Rugby. Tournée des Springbocks : nouvelle vague. Antibiotiques : 23.00 Nuits magnétiques. 23.00 De l’actualité à l’Histoire. Barbarians - Afrique du Sud. Canal + la rébellion des microbes. Georges Bataille. Un budget de gauche. 19.05 Walker, Texas Ranger. C’est le cinéma, Antonioni, Go- Poids lourds-légers : 0.10 Magazine olympique. 0.05 Du jour au lendemain. La francophonie. Histoire 21.30 Boxe. Vive les vacances. TF 1 dard, avoue-t-il, qui lui a ouvert Dominic Negus - Konstantin Okhrey. 0.40 Rencontres à XV. 0.48 Les Cinglés du music-hall. 23.15 Nimbus. Antibiotiques : 20.00 François Kléber. les yeux sur les cités sans joie qui, Eurosport 1.05 New York District. la rébellion des microbes. 2.00 Basket-ball NBA. La Gueule du loup. TV 5 parfois, brûlent de colère. « On ne FRANCE-MUSIQUE Invités : Christian Perrone ; Denis Minnesota - San Antonio. Canal + 20.45 Murder One : L’Affaire Jessica. Corpet ; Roland Leclerc. France 3 parle jamais de la responsabilité Chapitre X. Série Club CANAL + 18.36 Scène ouverte. 0.10 Capital. La chasse aux trésors. Un des architectes », suggère Laure MUSIQUE 20.55 Guerres privées. Pour l’honneur. 13.35 L’Affaire Angel Harwell. 19.30 Prélude. trésor dans votre maison. Collections : L’avocat ne désarme pas. Téva Adler. « Les architectes devraient des tops et des flops. Reliques de stars. Téléfilm de Brian Dennehy. 20.00 Concert. Goya, de Prodromidès, o L’héritage Tintin. Voitures cultes : 19.15 Beatles Go Baroque. Dir. : 21.30 Twin Peaks. Episode n 5. Série Club être les premiers à pouvoir dire 15.05 Les Animaux aux urgences. à l’Opéra de Montpellier. gouffre ou bonne affaire ? M6 Peter Breiner. France Supervision 21.45 Docteur Quinn, femme médecin. non », répond celui qui au- 15.50 Rugby. 22.30 Musique pluriel. Les otages. M6 jourd’hui, avec d’autres, « ré- 16.00 La tournée des Springbocks. Œuvres de François, De Vienne. 23.07 Le Dialogue des muses. 22.15 Profit. pare » les grands ensembles. Et Barbarians - Afrique du Sud. SIGNIFICATION DES SYMBOLES : LES CODES DU CSA : Forgiveness (v.o.). Canal Jimmy 18.00 C Net. 4 cherche à inventer une nouvelle ̈ Signalé dans « Le Monde Accord parental souhaitable 23.00 Les Disparues de l’île En clair jusqu’à 20.35 RADIO-CLASSIQUE Télévision-Radio-Multimédia ». 5 Accord parental indispensable ̈ aux mouettes. [4/5] Série Club manière de concilier ordre et ma- 18.20 Cyberflash. a On peut voir. ou interdit aux moins de 12 ans jesté de la forme urbaine, surprise 18.30 Le Magazine de Radio-Classique. aa Ne pas manquer. 6 Public adulte 23.00 Les Anges du bonheur. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. 19.30 Classique affaires-soir. aaa Chef-d’œuvre ou classiques ou interdit aux moins de 16 ans Tout est bien qui finit bien. Téva et poésie de la vie urbaine. En sa- Invités : Albert Jacquard, Bernard Cathelat, Marc Lavoine. 20.40 Les Soirées. Le Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro- 23.05 Star Trek : la nouvelle génération. chant que l’architecture ne se ré- Daniel Barenboïm et l’Orchestre de grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévision Prise de commandement (v.o.). sume pas à la façade. 20.30 Le Journal du cinéma. Paris. Œuvres de Bizet, Vieuxtemps, ainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite. Canal Jimmy 20.35 Trois vœux. Saint-Saëns, Wagner, Wolf, Scriabine. d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants. 1.25 Bottom. Film de Martha Coolidge. 22.25 Les Soirées... (suite). Burglary (v.o.). Canal Jimmy Michèle Champenois 22.25 Flash infos. Œuvres de Messiaen, Mozart. LeMonde Job: WMQ1111--0032-0 WAS LMQ1111-32 Op.: XX Rev.: 10-11-97 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap:99 No:0242 Lcp: 196 CMYK

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MARDI 11 NOVEMBRE 1997 Le fil de la baïonnette Claude Allègre est décidé à engager par Pierre Georges une nouvelle réforme des lycées TOUT ÉTAIT CALCULÉ, pro- pneumatiques, des Goodyear, grammé, prêt. Paré pour le lan- trop mous. cement. Une formidable cam- Bref, la firme de Stuttgart pro- Le ministre de l’éducation nationale annonce la tenue d’« un grand colloque » fin novembre pagne de publicité, en millions mit d’y remédier et de doter, à de francs, après un non moins l’avenir, ce bébé mal chaussé de JAMAIS EN PANNE d’un chan- Réitérant ses critiques contre le M. Allègre n’a pas soufflé mot de la sion 1995. Parallèlement, une large formidable investissement, en pneus plus résistants à l’effort et tier, Claude Allègre, ministre de SNES (FSU), principal syndicat réforme des lycées décidée lorsqu’il refonte des programmes avait été milliards de marks. La firme du système électronique de sta- l’éducation nationale, de la d’enseignants du second degré, était conseiller aux universités de engagée par Lionel Jospin, par le attaquait sur le créneau des bilité (EPS), qui équipe ses recherche et de la technologie, a M. Allègre a estimé que si l’ensei- Lionel Jospin, alors lui-même biais de nombreux colloques régio- petites voitures. Et quand la ainées. Le repentir était sincère annoncé, dimanche 9 novembre gnement secondaire était « le sys- ministre de l’éducation nationale. naux, aboutissant à un colloque firme s’appelle Mercedes, cela et l’addition salée : 500 millions sur TF 1, le lancement d’un « grand tème le plus en panne dans ce pays » national. fait nécessairement quelque de francs en 1998. colloque national sur les lycées » qui – et si l’on admettait « que ce sys- REFONTE DES PROGRAMMES Dans sa charge contre le second bruit. Fin du premier épisode. Le devrait aboutir à une réorganisa- tème avait été cogéré » – la respon- Mise en œuvre par Jack Lang et degré, Claude Allègre n’a pas, non Mercedes, en effet, ce n’est constructeur avait bien réagi et tion de ce « point clé » du système sabilité de la panne revenait « pour poursuivie par François Bayrou, plus, soufflé mot du collège, auquel pas rien dans l’imaginaire auto- après tout, la Classe A n’était éducatif et des programmes qui y au moins la moitié » au SNES. En cette réforme, qui avait pour objec- Lionel Jospin s’était gardé de tou- mobile. Du solide, du confor- pas la première automobile, loin sont dispensés. revanche, Claude Allègre n’a pas tif de simplifier les filières du lycée cher, et que François Bayrou n’a table, de l’épais. Une belle répu- de là, à devoir corriger quelque Invité de l’émission « Public », de tari d’éloges sur les syndicats de et de mieux les « typer », s’est réformé qu’à la marge. Il n’a rien dit tation de longévité des véhicules défaut de jeunesse imprévu. Michel Field, M. Allègre a précisé l’enseignement primaire, où il appliquée pour la classe de seconde de l’enseignement professionnel et de sérieux de l’entreprise. Tout un système de communica- que ce colloque démarrerait « très entend « des tas de suggestions lors de l’année scolaire 1992-1993. qui compte près de 1 900 lycées et Mercedes – n’était une course tion fut donc mis en place pour rapidement, dans quinze jours » et pédagogiques intéressantes, inno- Elle a abouti, progressivement, à la près de 700 000 élèves au total. folle et princière une nuit pari- rassurer la clientèle potentielle durerait « deux ou trois mois, peut- vantes ». réforme du baccalauréat, effective sienne sous le tunnel de l’Alma à et faire comme cela était indi- être plus ». Le lycée est « le point En proposant un tel chantier, pour la première fois lors de la ses- Béatrice Gurrey laquelle même un char n’aurait qué, samedi, dans Le Monde charnière entre l’enseignement point résisté –, c’est aussi une « toute la clarté sur la Classe A ». supérieur et l’enseignement obliga- image non usurpée de sécurité. hélas, ce bel effort de trans- toire jusqu’à seize ans (...), donc il Patatras ! Voici que la der- parence risque d’être réduit à faut concevoir les programmes pri- Kim Phuc devient ambassadrice de la paix pour l’Unesco nière-née, la petite Mercedes, néant. On vient d’apprendre maire-collège ensemble. Et puis il y a annoncée comme de Classe A, qu’au cours de tests réalisés à l’université dans laquelle plus de AUCUN DES PASSAGERS du vol Toronto-Paris n’aura de cesse de rappeler la phrase inscrite dans celle par qui « l’automobile réin- Stuttgart par les spécialistes de 50 % [des lycéens] maintenant va. qui s’est posé lundi matin 10 novembre à Roissy ne son acte constitutif : « Les guerres prenant naissance ventait la voiture », vient de subir la firme, la Classe A a récidivé en Le lycée est la transition. Et du coup, pouvait imaginer que la jeune femme qui allaitait dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des une sortie de route médiatique. matière de culbute. A la vitesse il faut donner au lycée une vocation son bébé dans l’avion recevrait l’après-midi même, hommes que doivent être élevées les défenses de la En Suède, au cours d’un essai de de 80 km/h cette fois. Les res- et voir comment organiser cette tran- dans le grand amphithéâtre de l’Unesco, la plus paix. » presse, le bébé Mercedes n’a pas ponsables de Daimler-Benz l’ont sition », a analysé Claude Allègre. ardente des ovations. Aucun ne pouvait en effet C’est, au fond, l’engagement de Kim Phuc, qui ne supporté un test assez banal et admis. Mais ils se sont refusés à Les enseignants devraient parti- connaître le passé de la voyageuse, ni soupçonner veut plus incarner ce symbole de la barbarie perversement dit de « la baïon- confirmer l’information donnée ciper à ce grand colloque, qui tra- un lien entre cette mère attentive et discrète et la qu’illustrait avec force le cliché de Nick Ut et qui, nette » : deux virages à angle par un quotidien de Stuttgart, le vaillera à la fois sur « le plan disci- petite fille nue, brûlée par le napalm, que le photo- aime-t-elle à penser, a peut-être précipité la fin de droit, l’un à gauche, l’autre à Stuttgarter Zeitung, selon lequel plinaire, sur le plan régional, puis graphe Nick Ut avait figée dans sa course infernale, la guerre au Vietnam. « L’idéal de paix, dit-elle, ne droite, à 60 km/h. le patron du groupe, Juergen national », pour « fabriquer autre en pleine guerre du Vietnam, et transformée à souffre pas qu’on s’appesantisse sur le passé et qu’on Tout cela a été largement Schrempp aurait donné une chose, qui soit moins cloisonné, jamais en symbole. Vingt-cinq ans, il est vrai, revisite obstinément l’histoire. C’est tous les jours qu’il raconté. La baïonnette fut fatale semaine aux ingénieurs pour moins isolé », selon le ministre. Des séparent les deux scènes (Le Monde du 19 août). se défend, se renforce, se partage. » La fondation à la Classe A qui se retrouva sur remédier aux défauts de jeu- « grands noms de la science fran- Elle arrivait à Paris, étourdie, avec son grand sou- qu’elle vient de créer pour venir en aide aux le toit, journalistes cul par-des- nesse de la « Baby-Benz ». Faute çaise » seront sollicités, notam- rire et sa peau gondolée, ses migraines obsédantes, enfants victimes des guerres recevra ainsi le sou- sus tête. Voilà qui ne fait pas de quoi il déciderait l’arrêt ment pour définir ce que devraient un asthme récalcitrant. Fragile, si fragile depuis ce tien de l’Unesco, qui parie sur le rayonnement de la toujours de la bonne publicité. immédiat de la production. être les nouveaux programmes, car bombardement du 8 juin 1972 qui la laissa plusieurs jeune femme pour donner au concept « culture de La petite Mercedes, haute sur Vrai ou faux, on venait de il faut arrêter d’« empiler et ne rien mois entre la vie et la mort. Lors d’une cérémonie la paix » une nouvelle visibilité. Quel meilleur mes- pattes, avait tendance à chavirer changer de niveau : à l’essai de retirer ». Georges Charpak, Prix organisée en présence de l’ensemble des délégués sager pour défendre les notions de réconciliation, dans les situations d’urgence. presse calamiteux succédait un Nobel de physique, co-invité de des Etats membres de l’Unesco, Kim Phuc, de pardon et de tolérance que celle qui, confrontée Mercedes l’admit très vite – tou- risque d’accident industriel l’émission, a estimé, pour sa part, l’« enfant symbole du Vietnam », devait être nom- l’an dernier au pilote américain ayant ordonné le jours ce fameux sérieux –, mais majeur. Car voici Mercedes, que « l’enseignement des sciences mée « ambassadeur de bonne volonté pour une bombardement de son village, n’a pas hésité une en soulignant que la mésaven- maintenant, vraiment sur le fil dans les lycées et dans les grandes culture de la paix ». Un titre cher au directeur géné- seconde à lui ouvrir ses bras ? ture n’était due qu’à un type de de la baïonnette. écoles [devait] être entièrement ral de l’Organisation des Nations unies pour l’édu- revu ». cation, la science et la culture, Federico Mayor, qui Annick Cojean

(Publicité) Boris Eltsine signe deux accords avec Pékin PÉKIN stratégique », symbolisé notam- torique » des échanges atteint de notre correspondant ment par les achats chinois en 1993, de 7,7 milliards de dollars Lors d’une visite officielle de d’armements russes (chasseurs (près de 45 milliards de francs, deux jours à Pékin, le président Sukhoi-27, notamment). La Chine dont une large part en troc) est russe Boris Eltsine a signé, lundi passe pour avoir acquis les com- pourtant retombé à 6,9 milliards 10 novembre, deux accords : l’un pétences de nombre de savants de dollars en 1996 (40 millirads de sur la délimitation de la frontière de l’ex-URSS spécialistes de francs). La Russie manque de liqui- sino-russe, mais qui exclut trois domaines sensibles : balistique, dités pour acheter comptant les îles disputées , l’autre sur la nucléaire, etc. Il y a peu, Washing- biens chinois. Les Chinois se construction d’un gazoduc de ton s’émouvait de telles transac- plaignent, pour leur part, de la 3000 kilomètres entre la Sibérie et tions. Mais le Pentagone semble mauvaise qualité des équipements la Chine dont le financement reste parvenu à la conclusion qu’elles ne russes. à assurer. Présenté comme de la présentent pas un risque considé- La Chine a conclu également un plus haute importance dans les rable, dans l’immédiat à tout le accord théorique pour la construc- relations entre deux Etats qui ont moins. tion d’une centrale nucléaire russe. besoin de s’affirmer face à Was- Mais la récente visite du président hington, ce cinquième sommet JEU DE BALANCE chinois Jiang Zemin aux Etats-Unis sino-russe en cinq ans traduit la Maintenant que l’idéologie a a montré qu’après avoir acquis poursuite d’une banale normalisa- disparu des relations entre les deux centrales françaises, Pékin tion entre deux grandes puis- deux pays, leurs liens se était loin de négliger les apports sances. concentrent principalement dans technologiques américains. De Pékin et Moscou affectent d’y le domaine commercial. De l’aveu plus, la Chine n’a pas de raison voir les bases d’un « partenariat même des Chinois, le « record his- d’apprécier l’exercice auquel vient de se livrer M. Eltsine avec les Japonais lors d’un sommet nippo- russe en Sibérie, visiblement des- La Bourse de Tokyo en baisse tiné à instaurer un jeu de balance stratégique entre puissances du LA PLACE boursière de Paris était Les autres marchés asiatiques théâtre de l’Asie du Nord-Est. fermée, lundi 10 novembre. Les avaient aussi cédé du terrain, lundi. autres Bourses européennes étaient La Bourse de Hongkong avait reculé Francis Deron orientées à la hausse à l’ouverture. A de 1,11 % en clôture et celle de Kuala Francfort, l’indice DAX gagnait Lumpur (Malaisie) de près de 3 %. 1,49 % après une heure de transac- Le won sud-coréen, enfin, victime tions, et Amsterdam s’appréciait de de nouvelles attaques, était tombé à 1,06 %. son plus bas niveau historique face Quelques heures auparavant, la au dollar. Bourse de Tokyo avait terminé la Sur le marché international des séance en baisse de 0,88 %. Elle avait changes, le dollar se redressait légè- perdu 4,22 % à la veille du week-end. rement face aux monnaies euro- Les opérateurs continuent à s’in- péennes. Il cotait 1,7125 mark et quiéter de la situation de l’économie 5,7350 francs. Face à la devise nip- japonaise et de la fragilité du sys- pone, le billet vert était très ferme, à tème bancaire nippon. 123,90 yens. « Le Monde de l’éducation » de novembre L’Histoire est le thème du dossier central du Monde de l’éducation, a de la culture et de la formation de novembre, dirigé par Jean-Noël Jeanneney. Sous sa direction, Emmanuel Laurentin (« La fièvre hexago- nale »), Pierre Vidal-Naquet (« Tu ne jugeras point »), Jean Lebrun (« Sources de malentendus »), Gérard Noiriel (« Les pairs dans l’impasse »), Christian Amalvi (« Des luttes passées faisons table rase »), Isabelle Veyrat-Masson (« Concubinage médiatique ») parlent du besoin d’histoire. Ce dossier comprend un entretien entre Jean-Luc Godard et Gilles Perrault. Egalement au sommaire : « Les douze travaux d’Allègre », une enquête sur les musées et un débat autour « des menaces libérales sur l’école ». ૽ Chez les marchands de journaux : 28,00 F.

Tirage du Monde daté dimanche 9 - lundi10 novembre : 569 574 exemplaires. 13