Cannabiculture Et Feux De Forêts Dans La Province De Chefchaouen : Analyse Cartographique Et Statistique
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ème N°: 6 – 5 année – 1438H / 2967 Amz / 2017G Dossier Cannabiculture et feux de forêts dans la province de Chefchaouen : Analyse cartographique et statistique El Houcine Lakhouaja *; Ali Faleh ** Jamal Chaaouan *** * Département de Géographie, Laboratoire LCIAT, FLSHBM de Casa ** Département de Géographie, Laboratoire LEGAC, FLSHS de Fes Sais *** Département de Géographie, Laboratoire D2EPD, FP de Taza Résumé La province de Chefchaouen perd annuellement des superficies forestières frappantes soit d’une manière directe par le biais des défrichements, les coupes et les incendies ou d’une manière indirecte via la surexploitation et le surpâturage causé par la pression anthropique en expansion. Certaines actions s’intègrent dans une pratique locale liée aux contraintes socio-économiques à usage domestique, d’autres pratiques agissent plus dans le sens d’une dégradation plus accentuée de la forêt comme les défrichements anarchiques du domaine forestier et la mise à feu, destinés essentiellement à la culture du Cannabis et son extension. Dans cet article, on abordera quelques aspects du milieu anthropique spécifiques de la province de Chefchaouen afin d’appréhender les liens entre les surfaces brulées et celles cultivées en cannabis en prenant en considération les surface forestières. Mots clés : Incendie de forêts, Cannabiculture, province de Chefchaouen 14 ème N°: 6 – 5 année – 1438H / 2967 Amz / 2017G Abstract: The Chefchaouen province annually loses forest areas that strike either directly through clearing, cutting and fires or indirectly through overexploitation and overgrazing caused by expanding human pressure. Some actions are part of a local practice related to the socio- economic constraints for domestic use, other practices act more in the direction of a more accentuated deterioration of the forest like the anarchic clearings of the forest domain and the firing, intended primarily for the cultivation of Cannabis and its extension. In this article, we will address some aspects of the specific anthropogenic environment of the Chefchaouen province in order to understand the links between burnt surfaces and those cultivated with cannabis by taking into account the forest area. Keywords: Forest fire, Cannabis growing, Chefchaouen province INTRODUCTION L’apparition, l’intensité et la fréquence des incendies de forêts sont étroitement liées aux conditions du milieu engendré par la situation géographique (MANCHE Y., 2000 ; CEMAGREF, 2009). Le climat de la province de Chefchaouen de type méditerranéen, sa topographie très accidentée et son couvert végétal dense et varié, contribuent à la création de situations favorables au déclenchement des incendies en forêts. Ces conditions physiques exceptionnelles de la province de Chefchaouen, n’arrivent pas à expliquer le fléau croissant des incendies de forêts dans cette zone, d’où une bonne connaissance de la composante humaine et leur répercussion socio-économique s’avère nécessaire. La composante humaine et sa bonne maîtrise reste donc une étape indispensable pour d’un côté, évaluer le facteur anthropique le plus déterminant pour cette thématique et de l’autre côté, saisir ses mécanismes 15 ème N°: 6 – 5 année – 1438H / 2967 Amz / 2017G ainsi que ses interférences avec l’espace qu’il utilise. Dans une autre vision, son potentiel en infrastructures et équipements constitue pour la province de Chefchaouen, à l’instar de toutes les régions, pour la province de Chefchaouen, le principal indicateur de structurer un développement durable pour la population d’une part et d’autre part une moyenne pour conserver et assurer une bonne gestion des ressources naturelles. Cependant, si certaines actions s’intègrent dans une pratique locale liée aux contraintes socio-économiques à usage domestique, d’autres pratiques agissent plus dans le sens d’une dégradation plus accentuée de la forêt comme les défrichements anarchiques du domaine forestier, destinés essentiellement à la culture du Cannabis et son extension. De ce fait, il paraît que l’homme est impliqué directement dans le processus des incendies de forêts mettant ainsi la forêt en péril. Dans cet article, on abordera quelques aspects du milieu anthropique spécifiques de la province de Chefchaouen afin d’appréhender leur impact sur le risque d’incendie de forêts. I. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE Les incendies représentent la menace naturelle la plus importante qui pèse lourdement sur les forêts marocaines. En effet, de l'analyse du bilan des incendies survenus depuis les années 1960 jusqu’à 2010, il ressort que la superficie totale endommagée est de 143 783 ha, avec une moyenne de 252 incendies par an pour une surface moyenne annuelle de 3059 ha, donc l’impact des feux est particulièrement sévère sur les forêts Marocaines. La perte économique en produits de forêts est estimée à 18 millions de DH par an (MCEF, 2002), sans compter les coûts engendrés par la mobilisation des moyens et du personnel pour la lutte contre ces incendies. Par ailleurs, l’impact sur les sols, la biodiversité, et la diversité paysagère est beaucoup plus considérable et sans prix. L’intensité des incendies diffère d’une région à une autre, la région du Maroc où ce phénomène prend son ampleur et où on enregistre le plus 16 ème N°: 6 – 5 année – 1438H / 2967 Amz / 2017G important nombre de départs de feux, est celle du Rif en général et celle de la province de Chefchaouen en particulier (HCEFLCD, 2010). 1. Situation géographique de la province de Chefchaouen La province de Chefchaouen (Carte n°1), située au Nord-Ouest du Maroc (entre les Longitudes: 480 000/600 000 Nord et les Latitudes: 450 000/530 000 Ouest) sur la chaîne montagneuse rifaine, d'une structure géologique relativement récente, formée de couches siliceuses et calcaires très accidentées avec des sommets dépassant parfois 2000 m (Jbel Lakraa 2.159 m et Jbel Tissouka 2.122 m à Bab Taza ainsi que Jbel Tizirane 2.106 à Bab Berred) et compte pour superficie 4 350 km2 (MAURER G., 1968). Elle est limitée au Nord par la Méditerranée sur une longueur de 120 Km, au Sud par les provinces d’Ouezzane, Taounate et Sidi Kacem, à l'Est par la province d'Al Hoceima et à l'Ouest par les provinces de Tétouan et 17 ème N°: 6 – 5 année – 1438H / 2967 Amz / 2017G Larache. C’est une province qui relève de la région de Tanger-Tétouan créée par le Dahir portant loi n° 1-75-688 du 11 Rabia II 1395 (23 Avril 1975). L’organisation administrative de cette province est essentiellement à dominante rurale ; elle comprend une municipalité, quatre cercles (BabBerred, Bab Taza, Bouahmed et Mokrisset) et 33 communes rurales. Les communes littorales au nombre de six, correspondent à Tizgane, Stehat, BniBouzra, Amtar, BniSmih et M’tioua (Découpage communal, 2009). 2. Conditions physiques très particulières La province de Chefchaouen se caractérise par un relief très accidenté à diverses expositions. Le climat est de type méditerranéen et se caractérise par des précipitations moyennes assez importantes, variant entre 900 mm et 2000 mm sur les expositions atlantiques et entre 300 mm et 500 mm sur les autres expositions (DPEFLCD, 2010). En effet, le combustible végétal dans la province de Chefchaouen est représenté par toutes les espèces rencontrées dans les différents étages bioclimatiques marocains à l’exception de l’arganier et du Genévrier Thurifère (A. BENABID, 2000). Les plantations artificielles, couvrant une superficie de 28.450,00 ha, sont constituées principalement par des essences résineuses à base des pins qui sont caractérisés par leur forte inflammabilité (DPEFLCD, 2010). 3. Environnement social déterminant La population rurale présente dans cette province, plus de 90 % de la population totale en marquant le taux le plus élevé au Maroc (plus de 129 Ha/km2) (HCP, 2014), ce qui amplifie la pression anthropique sur la forêt et engendre une surexploitation des espaces forestières. En revanche, la propagation de la culture du Cannabis dans la région et l’utilisation du feucomme pratique pour le nettoiement et le défrichement des terres en plein forêts, ont causé une augmentation du risque d’incendie de forêts dans les dernières décennies (DPEFLCD, 2010). 18 ème N°: 6 – 5 année – 1438H / 2967 Amz / 2017G 4. Bilan des incendies dans la province de Chefchaouen (1981 à 2011) Les incendies de forêt constituent un problème de grande envergure pour la province de Chefchaouen, ce sont le premier facteur de dégradation des forêts dans cette province (RABHI A., 2001), à titre d’exemple : on enregistre 25 % du nombre total des incendies au niveau national dans cette province (MCEF, 2001). La figure ci-dessous représente l’évolution du nombre d’incendies et de la superficie incendiée de forêts depuis 1981 à 2011 dans cette zone. L'analyse de la figure ci-dessus fait ressortir une grande variation interannuelle et spatiale de ce phénomène ce qui nécessite une étude approfondie à l’échelle de cette province afin de mieux comprendre les paramètres régissant ce fléau. 19 ème N°: 6 – 5 année – 1438H / 2967 Amz / 2017G II. LA CANNABICULTURE : CULTURE DOMINANTE DE LA PROVINCE DE CHEFCHAOUEN Sur l’ensemble du territoire rural de la province de Chefchaouen, l’agriculture représente la principale source de revenu des ménages. Mais elle reste une agriculture de subsistance étant donné la faiblesse de ses rendements et le faible degré de commercialisation des produits agricoles, grâce à la structure des parcelles dont la majorité sont des terrains en pente. Cette caractéristique des parcelles est une contrainte à la mécanisation et demeure un facteur favorable