OROS Ou L'âme D'ether
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O R O S VINCENT PAUL TOCCOLI OROS / ΟΡΟΣ CHARTREUSE DE LA VERNE ou L’Â ME D ’E THER LETHIELLEUX Page 1 sur 199 O R O S FUJI YAMA (J APON ) BLUE MOUNTAINS (A USTRALIE ) Page 2 sur 199 O R O S SITE DE LA GRANDE CHARTREUSE Page 3 sur 199 O R O S À MON AMI JEAN -FRANÇOIS MATTEI Page 4 sur 199 O R O S SOMMAIRE Tu ne peux pas voyager sur un chemin sans être toi même le chemin. Bouddha Il y a toujours mille raisons pour s'enfermer. Sortir est beaucoup plus difficile. Claudie Gallay INVITATION A – INITIATION À LA TRÈS HAUTE MONTAGNE DE L ’ÂME 1 – DE L ’ACÉDIE 2 – CONSULTONS 21. EVAGRE LE PONTIQUE : LA TRADITION INTELLECTUALISTE … AVANT L ’HEURE 22. BRUNO LE CHARTREUX : LES TRADITIONS CARTUSIENNES …OU LE CHOIX DU VERTIGE 23. JEAN DE LA CROIX : LA TRADITION CARMÉLITAINE … OU L ’UNION A L ’HOMME DIEU 24. IGNACE DE LOYOLA : LA TRADITION IGNACIENNE … OU LA COMPAGNIE DU CHRIST 25. SAUL DE TARSE : L’ ATTITUDE PAULINIENNE … OU LE MYSTÈRE DE L ’ÉCHARDE 26. TERESA DE CALCUTTA …OU LE CHOIX DE CROIRE QUAND MÊME ANNEXE : 13° DEGRE : JEAN CLIMAQUE 3 – LA MÉLANCOLIE ACEDIAQUE 31. DÉGOÛT DES CHOSES SPIRITUELLES 32. MÉLANCOLIE ACÉDIAQUE ET EXPÉRIENCE DU TEMPS : ENTRE LOGISMOI & PRAGMATA B – MONTAGNES 1. LES DISCOURS SUR LA MONTAGNE 2. MONTAGNES DU MONDE 21. LES 5 PLUS HAUTES MONTAGNES 22. L’e/ESPRIT DE LA MONTAGNE 23. LES 5 MONTAGNES SAINTES 3. LES MONTAGNES PARLENT … 31. LE CORPS ÉTHÉRÉ 32. LE CORPS MARTYR 33. LE CORPS CACHETÉ ANTHOLOGIE DES CITATIONS FLORILÈGE DE TERESA DE CALCUTTA BIBLIOGRAPHIE DU MËME AUTEUR Page 5 sur 199 O R O S A – INITIATION À LA TRÈS HAUTE MONTAGNE DE L ’ÂME 1 – DE L ’ACÉDIE 2 – CONSULTONS 21. EVAGRE LE PONTIQUE : LA TRADITION INTELLECTUALISTE … AVANT L ’HEURE 22. BRUNO LE CHARTREUX : LES TRADITIONS CARTUSIENNES …OU LE CHOIX DU VERTIGE 23. JEAN DE LA CROIX : LA TRADITION CARMÉLITAINE … OU L ’UNION A L ’HOMME DIEU 24. IGNACE DE LOYOLA : LA TRADITION IGNACIENNE … OU LA COMPAGNIE DU CHRIST 25. SAUL DE TARSE : L’ ATTITUDE PAULINIENNE … OU LE MYSTÈRE DE L ’ÉCHARDE 26. TERESA DE CALCUTTA …OU LE CHOIX DE CROIRE QUAND MÊME ANNEXE : 13° DEGRE : JEAN CLIMAQUE 3 – LA MÉLANCOLIE ACEDIAQUE 31. DÉGOÛT DES CHOSES SPIRITUELLES 32. MÉLANCOLIE ACÉDIAQUE ET EXPÉRIENCE DU TEMPS : ENTRE LOGISMOI & PRAGMATA INVITATION Je suis entré dans la solitude des arbres… Je connaissais la Chartreuse de Pavie, superbe et vide, au sud de Milan. Je ne connais toujours pas la Grande Chartreuse savoyarde de Maître Bruno de Reims. Je me suis réfugié ces temps dans la Chartreuse de La Verne, restaurée depuis peu, dans les maquis sauvages des montagnettes maritimes du Var, à quelques lieues de solitude impénétrable de sa cousine du Thoronet, investies depuis peu l’une et l’autre par les Sœurs de Bethléem. Le Thoronet et ses sœurs provençales de Sénanque et de Silvacane pleurent toujours, dans leur haut roman insurpassé, leur jeune sœur de La Celle, démembrée sous la Révolution et dont l’immense salle du Chapitre sert aujourd’hui de restaurant moult étoiles à Brignole, sur la N 7 ! La Verne relève plutôt d’une architecture quasi militaire, comme celle des remparts de Carcassonne. Je suis entré hier soir dans la solitude silencieuse de la forêt cartusienne… Chaque arbre de la forêt à l’entour est là d’abord pour soi, et même si ensemble, ils forment tous une forêt dense et épaisse, chacun garde le territoire de son autonomie et de son quant à soi ! Le principe de Bruno a toujours été, de même, constitué de distance (existentielle) dans la proximité (topographique) des frères ; mais, quant au séjour, le plus inaccessible possible, dans les solitudes des montagnes. Accéder à La Verne est une performance, et le dernier kilomètre est laissé difficilement carrossable, volontairement. Les calculs du fondateur - sous la conduite du jeune évêque Hugues de Grenoble en 1084 -, pour le choix du lieu idéal de la première fondation (qui se voulait d’ailleurs seule et unique !) sont là pour le rappeler. Les sœurs ici sont 26, et sont censées ne se rencontrer jamais – comme le stipule la règle cartusienne -, si ce n’est au chœur pour l’office (d’autant plus long qu’elles ont choisi de l’exécuter dans des mélodies néo orientales et slaves, mozarabes même, qui supposent des timbres de voix et des gorges que ces européennes n’ont pas), et au seul repas partagé le dimanche midi ! Le reste du temps, elles le passent dans leurs béguinages indépendants, et cependant proches à se toucher autour du grand cloître. Ainsi, si matines et laudes, ainsi que vêpres, se chantent au chœur, tierce, sexte, none et complies se performent en cellule, chacune chez soi. Et même, le lundi, jour de désert, en dehors de l’eucharistie à l’église, tous les offices s’accomplissent en cellule. Elles sont, à dix siècles de distance, les Filles Bethléémites adoptives de Bruno le Chartreux du XI° s. Leur mode de vie me convient cette semaine, à moi le SDB globe-trotter : je pourrai(s), depuis que j’ai pénétré dans mon ermitage (baptisé St Jean Baptiste, second patron cartusien), n’en plus sortir jusqu’à mon départ samedi prochain. Ermitage élémentaire mais très confortable, tout en bois, qui tient à la fois de l’isba russe, du sauna scandinave et de la cabine de cargo ! C’est un parallélépipède rectangle de 7m X 2,5m X 2,5m, d’une quarantaine de m3 – une caravane en somme -, distribué en 4 zones : on entre de plain pied dans le « bureau » (table de travail devant une vaste baie vitrée, donnant sur la forêt proche et lointaine, avec penderie et bibliothèque) : à droite immédiatement, petit oratoire , avec autel et icônes de la Vierge et du Christ ; à gauche après le « bureau », de part et d’autre d’un couloir, la partie cuisine (table, placards et micro onde) et coin douche-toilette , avec baie vitrée ; au fond, le lit dans une alcôve juste assez grande pour l’abriter, avec un long vasistas ! Le repas vous étant livré – Page 6 sur 199 O R O S chartreuse oblige -, par la sœur tourière de service (l’hôte est invité à faire une petite vaisselle et à déposer le panier Chaperon Rouge devant la porte)…, vous n’avez pas à sortir, sauf pour une éventuelle promenade… Il y a même un petit jardin mitoyen avec le fauteuil adéquat ! En avant toute pour une traversée immobile sur la mer sylvestre … * * * Il existe à Mumbay ces tours de silence (Silence Towers), au sommet desquelles – faute de montagnes urbaines ! -, les Farsis iraniens émigrés en Inde, et toujours adeptes de l’ancienne religion du feu (Ahura Mazda), exposent les corps de leurs morts, pour que les oiseaux du ciel s’en repaissent, préservant ainsi la terre d’impureté rituelle. Les journaux rapportent parfois/trop souvent qu’on peut voir, dans le ciel déjà si pollué de la mégalopole indienne, des hordes de vautours décharnés et faméliques, le bec débordant de morceaux de cadavres dont ils perdent parfois l’un ou l’autre, que l’habitant découvre avec horreur sur sa terrasse ou son balcon !... Je me dis que j’ai moi aussi quelques dépouilles à confier à ces fossoyeurs célestes que sont les bons génies des montagnes et sommets sacrés, où moines, cénobites et ermites ont souvent choisi d’établir leur séjour pour réduire la distance d’esprit à Esprit – comme disent les bouddhistes ! Car en effet, le vide du zen, comme le silence du nada sanjuaniste ou la solitude de Bruno sont-ils rien d’autre, dans les tétracordes de leurs résonnances mutuelles, que l’expulsion – le vaccum cleaner ! -, de tout ce qui encombre la place dont l’être humain voudrait ouvrir la porte au seul réel /non réel, à la seule présence/absence, au seul être / non être … à la quête de quoi, au-delà des civilisations et des cultures, il voue son existence et sa vie ? Ecce Porta Coeli… 1 Désencombrer la place, faire place nette, liquider l’obsolète, en laisser la dépouille aux charognards et aux aspara… le vide, le rien… c’est d’abord la nudité première du pèlerin de l’origine et de la fin. C’est François, quand il se voue poverello nu dans la cathédrale d’Assise, et quand il se retrouve saint nu à même la terre battue de Sainte Marie des Anges, et c’est bien sûr Jésus advenu nu dans la mangeoire de Bethléem et Christ parvenu nu sur la croix de Jérusalem. Oros, la montagne… De l’Olympe hellénique au Sinaï mosaïque, du Kalaïsh tibétain au Machu Pichu inca, du Borobudur de Sumatra à la Ziggurat d’Ur des Chaldéens, et de la Tour Eiffel de Paris au Burgh El Arab de Dubaï : il se joue toujours quelque chose en haut ! Montagne ou tour, ce qui nous fait lever les yeux nous alerte à autre chose. C’est pourquoi la chute des tours de Babel et de Manhattan en dit beaucoup à tous les hommes. C’est pourquoi aussi, gravir la montagne, c’est entrer dans un monde magique :, La montagne magique 2! * * * Cet en haut , cet autre chose, cette magie , alliés à la solitude volontaire et à la quête déterminée d ’un absolu, sécrètent certain vertige que l’éther raréfié des altitudes – topographiques et mentales -, transforme en maux de toutes sortes. Lassitude, dégoût, hystérie jusqu’à la dépression, la folie, le suicide : maux que l’on retrouve paradoxalement dans l’agitation brownienne de la vie quotidienne à l’heure de la globalisation, proche &/ou lointaine.