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L DE ION Publié sous la direction de Laura Máiz-Tomé, Catherine Sayer et William Darwall A BIO D IV ERS I T É D ’ EA N U D OUC E I DE

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Rue Mauverney 28 E

CH-1196 Gland N Switzerland Tel: + 41 22 999 0000 Fax: + 41 22 999 0015 www.iucn.org/redlist UICN, Département Biodiversité d’eau douce, Programme mondial pour les espèces www.iucnredlist.org

STATUT ET RÉPARTITION DE LA BIODIVERSITÉ D’EAU DOUCE À MADAGASCAR ET DANS LE HOTSPOT DES ÎLES DE L’OCÉAN INDIEN

Publié sous la direction de Laura Máiz-Tomé, Catherine Sayer et William Darwall La désignation d’entités géographiques dans ce livre, et la présentation du matériel, n’impliquent l’expression d’aucune opinion de la part de l’UICN concernant le statut juridique d’un pays, d’un territoire ou d’une zone, ou de ses autorités, ou concernant la délimitation de ses frontières ou frontières.

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Cette publication a été rendue possible grâce au financement du Critical Ecosystem Partnership Fund.

Publié par: UICN Cambridge, Royaume-Uni en collaboration avec UICN Gland, Suisse

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Citation: Máiz-Tomé, L., Sayer, C. et Darwall, W. (éd.) (2018). Statut et répartition de la biodiversité d’eau douce à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien. Gland, Suisse: UICN. viii + 136pp.

ISBN: 978-2-8317-1881-1 (version imprimée) 978-2-8317-1882-8 (PDF) DOI: 10.2305/IUCN.CH.2018.RA.1.en

Photo de couverture: Malagasya antongilensis. © Rob Schell Photographie

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Si vous avez des questions concernant les données et les résultats présentés dans ce rapport, veuillez contacter le Département de la biodiversité de l’eau douce de l’UICN ([email protected]).

ii Sommaires

Remerciements...... v Chapitre 4 Statut et répartition des mollusques Résumé...... vi d’eau douce ...... 31 4.1 Aperçu des mollusques d’eau douce de Madagascar Chapitre 1 Contexte: Biodiversité de Madagascar et et du hotspot des îles de l’Océan Indien...... 31 de hotspot des îles de l’Océan Indien...... 1 4.2 Tendances de la richesse globale des espèces...... 33 1.1 Analyse de la situation à Madagascar et dans les 4.3 Statut de conservation...... 34 îles de l’Océan Indien...... 1 4.3.1 Espèces menacées...... 36 1.1.1 La valeur des zones humides d’eau douce 4.3.2 Espèces à Données insuffisantes...... 37 et de leur biodiversité...... 1 4.4 Principales menaces...... 37 1.1.2 Principales menaces pour les espèces 4.5 Recommandations en matière de conservation...... 40 d’eau douce...... 1 4.6 Actions de recherches...... 42 1.2 Objectifs de cette étude...... 2 4.7 Les espèces phares...... 41 1.3 Composantes du projet...... 3 4.8 Références...... 42 1.4 Les espèces d’eau douce comme indicateurs ...... 3 Annexe 4.1 Statut de la Liste Rouge des mollusques d’eau 1.5 Écorégions d’eau douce de Madagascar...... 3 douce de Madagascar et des îles de l’Océan Indien....44 1.6 Références...... 3 Chapitre 5 Statut et répartition des crustacés Chapitre 2 Méthode d’évaluation de la Liste Rouge...... 7 décapodes d’eau douce...... 45 2.1 Sélection des taxons prioritaires...... 7 5.1 Vue d’ensemble des décapodes d’eau douce de 2.1.1 Poissons...... Madagascar et du hotspot des îles de 2.1.2 Mollusques...... 8 l’Océan Indien...... 45 2.1.3 Plantes aquatiques...... 8 5.2 Modèles de la richesse globale des espèces...... 45 2.1.4 Odonates...... 8 5.2.1 Crabes d’eau douce...... 45 2.1.5 Décapodes (crabes, écrevisses et crevettes)....8 5.2.2 Écrevisses d’eau douce...... 48 2.2 Collecte de données et contrôle de la qualité...... 8 5.2.3 Crevettes d’eau douce...... 50 2.3 Cartographie des espèces...... 9 5.3 Statut de conservation...... 50 2.4 Évaluation des statuts des espèces menacées...... 9 5.3.1 Espèces menacées...... 50 2.5 Références...... 10 5.3.2 Espèces à Données insuffisantes...... 54 5.4 Principales menaces...... 54 PARTIE 1 IMPORTANCE DES ESPECES POUR 5.5 Recommandations de conservation...... 57 LA CONSERVATION 5.6 Actions de recherche...... 58 5.7 Les espèces phares...... 59 Chapitre 3 Statuts et répartition des poissons 5.8 Références...... 59 d’eau douce...... 14 Annexe 5.1 Statut de la Liste Rouge des crabes d’eau douce 3.1 Aperçu de l’ichtyofaune de Madagascar et de Madagascar et des îles de l’océan Indien...... 62 du hotspot des îles de l’Océan Indien...... 14 Annexe 5.2 Statut de la Liste Rouge des écrevisses d’eau 3.2 Tendances de la richesse globale des espèces...... 15 douce de Madagascar et des îles de l’océan Indien.... 62 3.3 Statuts de conservation...... 17 Annexe 5.3 Statut de la Liste Rouge des crevettes d’eau 3.3.1 Espèces menacées...... 20 douce de Madagascar et des îles de l’océan Indien.....62 3.3.2 Espèces à Données insuffisantes...... 20 3.3.3 Index de la liste rouge...... 21 Chapitre 6 Statut et la répartition des 3.4 Principales menaces...... 23 plantes aquatiques...... 63 3.5 Recommandations de conservation...... 25 6.1 Aperçu des plantes aquatiques de Madagascar...... 63 3.6 Actions de recherche...... 26 6.2 Modèles de la richesse globale des espèces...... 65 3.7 Les espèces phares...... 25 6.3 Statut de conservation...... 67 3.8 Références...... 26 6.3.1 Espèces menacées...... 67 Annexe 3.1 Statut de la Liste Rouge des poissons d’eau 6.3.2 Données espèces défectueuses...... 70 douce de Madagascar et des îles de l’Océan Indien....29 6.4 Principales menaces...... 70

iii 6.5 Recommandations de conservation...... 73 PARTIE 2 SITES D’IMPORTANCE POUR LES ESPÈCES 6.6 Actions de recherche...... 73 D’EAU DOUCE 6.7 Références...... 73 Annexe 6.1 Incohérences de noms de famille entre Chapitre 9 Zones clés pour la biodiversité d’eau le site web de la Liste Rouge de l’UICN et douce à Madagascar...... 105 le système APG IV...... 76 9.1 Contexte...... 105 Annexe 6.2 Familles de fougères comprenant des espèces 9.2 Méthodologie...... 106 aquatiques pour Madagascar...... 76 9.2.1 Critères ZCB et seuils...... 106 Annexe 6.3 Familles de plantes à graines comprenant 9.2.2 Processus de délimitation de ZCB uniquement des espèces aquatiques à Madagascar... 76 d’eau douce...... 107 Annexe 6.4 Familles de plantes à graines comprenant des 9.3 Résultats...... 110 espèces aquatiques et terrestres à Madagascar...... 77 9.3.1 Espèces qualifiantes de ZCB d’eau douce..... 110 Annexe 6.5 Nombre des espèces par régions 9.3.2 Aperçu des ZCB d’eau douce...... 110 bioclimatiques dans les milieux lentiques à 9.3.3 Niveaux actuels de protection...... 113 Madagascar (d’après Ranarijaona, 1999)...... 77 9.3.4 ZCB nouvellement délimitées...... 113 Annexe 6.6 Résumé des résultats de l’évaluation de la 9.4 « Site Champions »...... 114 Liste Rouge...... 77 9.5 Résumé et recommandations...... 114 9.6 Prochaines étapes...... 116 Chapitre 7 Statut et répartition des Odonates...... 80 9.7 Références...... 116 7.1 Vue d’ensemble des Odonates de Madagascar et Annexe 9.1 Espèces qualifiantes de ZCB...... 118 du hotspot des îles de l’Océan Indien...... 80 Annexe 9.2 « Site Champions » – Madagascar...... 121 7.2 Tendances de la richesse globale en espèces...... 81 Annexe 9.3 Résumé des critères et seuils de la ZCB 7.3 Statut de conservation...... 83 (UICN 2016)...... 122 7.3.1 Espèces menacées...... 83 7.3.2 Espèces à données insuffisantes...... 84 Chapitre 10 Un réseau de sites critiques pour la 7.4 Principales menaces...... 88 biodiversité d’eau douce à Madagascar...... 123 7.5 Recommandations de conservation...... 89 10.1 Introduction...... 123 7.6 Actions de recherche...... 90 10.1.1 Planification systématique de 7.7 Espèces phares...... 89 la conservation...... 123 7.8 Références...... 90 10.2 Méthodes...... 124 Annexe 7.1 Statut de la Liste Rouge des espèces 10.2.1 Marxan...... 124 d’odonates de Madagascar et du hotspot des 10.2.2 Caractéristiques de conservation...... 124 îles de l’Océan Indien...... 92 10.2.3 Unités de planification...... 124 10.2.4 Connectivité...... 125 Chapitre 8 Synthèse pour tous les taxons...... 95 10.2.5 Verrouillage dans les unités de 8.1 Introduction...... 95 gestion existantes...... 125 8.2 La biodiversité d’eau douce à travers Madagascar 10.2.6 Caractéristiques de conservation par et le hotspot des îles de l’océan Indien...... 95 rapport aux unités de planification...... 126 8.2.1 Modèles de richesse spécifique...... 95 10.2.7 Objectifs de conservation...... 126 8.2.2 Espèces menacées...... 97 10.2.8 Mise en place de Marxan...... 126 8.2.3 Espèces à Données insuffisantes...... 97 10.3 Résultats...... 130 8.3 Principales menaces...... 100 10.3.1 Résumé des scénarios exécutés...... 130 8.4 Priorités et recommandations en matière 10.3.2 Scénario C – Réseau optimal compte tenu de conservation...... 101 de l’utilisation actuelle des terres et de 8.4.1 Gestion intégrée des bassins la gestion potentielle...... 130 hydrographiques (IRBM)...... 101 10.4 Mises en garde...... 132 8.4.2 Sécurisation des flux environnementaux...... 102 10.5 Conclusions...... 136 8.4.3 Protection du site...... 102 10.6 Références...... 136 8.4.4 Études d’impact environnemental...... 102 8.4.5 Application de la législation existante et sensibilisation du gouvernement...... 102 8.5 Références...... 102

iv Remerciements

Donateur Madagascar et le groupe de spécialistes du crabe d’eau L’UICN tient à remercier le Critical Ecosystems Partnership douce et de l’écrevisse. Fund pour le soutien financier apporté à ce projet. Nous sommes particulièrement reconnaissants du soutien apporté Responsable des publications et Comité de par Pierre Carret et Antonia Cermak-Terzian tout au long rédaction de l’UICN du projet. Le Fonds de partenariat pour les écosystèmes Nous remercions Sarina Van der Ploeg, responsable des critiques est une initiative conjointe de l’Agence Française publications de l’UICN, et les membres du Comité de de Développement, Conservation International, l’Union rédaction de l’UICN pour leur revue et leur contribution à la européenne, le Fonds pour l’Environnement Mondial, le publication de ce rapport. gouvernement du Japon, la Fondation MacArthur et la Banque mondiale. L’objectif fondamental est de s’assurer Finances que la société civile soit engagée dans la conservation de la Les finances du projet ont été gérées avec diligence par Amy biodiversité. Burden et Mickael Chevalier.

Partenaire du projet Évaluateurs des espèces de la Liste Rouge, Le Programme des espèces de l’UICN, par l’intermédiaire évaluateurs et participants à l’atelier de son département de la biodiversité d’eau douce, a dirigé L’évaluation du risque d’extinction des espèces (catégories ce projet en étroite collaboration avec le Missouri Botanical et critères de la Liste Rouge de l’UICN) et l’identification Garden – Madagascar. subséquente des zones clés pour la biodiversité reposent sur la volonté d’experts dévoués de contribuer et de mettre Traduction en commun leurs connaissances collectives. Sans leur Nous remercions aussi Nadiah Manjato et Sylvie engagement enthousiaste en faveur de la conservation Andriambololonera pour l’excellent travail accompli pour la de la biodiversité, ce travail ne serait pas possible. Nous traduction du rapport en français. tenons donc à saluer le travail engagé des experts qui ont participé aux ateliers de l’évaluation de la Liste Rouge et Logistique de délimitation de ZCB qui se sont tenus à Antanananarivo Tout au long du projet, nous avons également reçu un soutien respectivement en juillet 2016 et janvier 2017 et qui ont logistique de la part des partenaires non impliqués dans le contribué à la production de ce projet, y compris : Adolphe projet et souhaitons remercier le Centre de la biodiversité Lehavana; Andriamihajarivo Tefy; Angelo Solofoniaina; de la California Academy of Sciences d’Antananarivo pour Aristide Andrianarimisa; Botovao A. Ramiandrisoa; avoir hébergé des ateliers de révision de la Liste Rouge et de Brian Zimmerman; Christian H. Ranaivoson; Cyrille délimitation de ZCB. Maharombaka; Dimby Razafinimpahana; Dirk Van Damme; Estelle Razafindranaivo; Félicien Randrianandrianina; Frank Contributeurs du rapport Köehler; Harison Andriambelo; Harison H. Randrianasolo; Les rédacteurs remercient les auteurs et les collaborateurs de Herilisy Ranarijaona; Herizo Andrianandrasana; Hery ce rapport et les autres qui ont commenté les différents états Lisy Ranarijaona; Hiarinirina Randrianizahana; Jean R. du manuscrit. Nous remercions sincèrement les réviseurs, Rasoloniaina; Jeanne Rasamy Razanabolana; Jenny Ian Harrison et John Watkin, pour leurs commentaires Rasoloson; John Sparks; Julia P.G. Jones; Juliette constructifs et leurs suggestions utiles. Velosoa; Juliot Ramamonjisoa; Kai Schutte; Klaas-Douwe B. Dijkstra; Liva Ramiandrarivo; Luciano Andriamaro; Groupes de spécialistes de l’UICN Lucienne Wilmé; Mampionona Randrianirina; Nadiah Le projet a travaillé en étroite collaboration avec le réseau du Manjato; Neil Cumberlidge; Nivo Rakotonirina; Njaka Groupe de spécialistes de la Commission de la sauvegarde Ravelomanana; Parany Liliane; Patrick Ranirason; Peter des espèces de l’UICN, qui a souvent fourni l’expertise Phillipson; Pierre Carret; Rado Andriamasimanana; Ranto nécessaire pour compléter les évaluations de la Liste Rakotoaridera; Richard E. Lewis; Rivolala Andriamparany; Rouge. Nous aimerions remercier en particulier le groupe Roger de Lily; Rokiman Letsara; Sahoby I. Randriamahaleo; de spécialistes des poissons d’eau douce, le groupe de Sammy DeGrave; Simon Rafanomezantsoa; Sylvie spécialistes des libellules, le groupe de spécialistes des Andriambololonera; Tahiana Andriaharimalala; Tsilavina mollusques, le groupe de spécialistes des plantes de Ravelomanana et Volatiana Rahanitriniaina.

v Résumé

Les eaux intérieures de Madagascar et le hotspot des îles surpêche et la déforestation. La surexploitation de l’eau de l’Océan Indien abritent une grande diversité d’espèces pour la riziculture et la construction de barrages modifient aquatiques avec des niveaux élevés d’endémisme. les paysages hydrologiques, affectant les débits d’eau, la Beaucoup de ces espèces procurent aux populations température de l’eau, la teneur en oxygène et la charge des avantages directs (par exemple, la pêche) et indirects sédimentaire des rivières et des ruisseaux, bloquant dans (par exemple, la purification de l’eau), soutenant les certains cas également d’importantes voies de migrations économies locales et les moyens de subsistance à travers pour les espèces indigènes. La construction des habitats le hotspot. Cependant, les écosystèmes d’eau douce humains augmente parallèlement à de nombreux systèmes sont globalement sous-estimés en termes de biodiversité d’eau douce à Madagascar, ce qui s’accompagne d’une qu’ils soutiennent et de services qu’ils fournissent aux augmentation de la pollution de l’eau par les effluents populations. Cette manque de préoccupation pour la urbains, agricoles, forestiers et d’élevage. Les activités conservation et l’utilisation durable des zones humides minières constituent également une menace actuelle et intérieures a conduit à des taux alarmants de perte et de croissante, suivie par les espèces exotiques envahissantes dégradation des habitats d’eau douce. Ce rapport présente qui ont un impact considérable sur certaines espèces les informations les plus récentes sur l’état de conservation indigènes en raison de la prédation et de la concurrence pour et la répartition des espèces d’eau douce dans les eaux les ressources. Enfin, ces menaces sont aggravées par les intérieures de Madagascar et des îles de l’océan Indien, ainsi effets croissants du changement climatique. que les raisons de leur déclin. Des sites importants pour la conservation de cette biodiversité sont également identifiés. Les impacts de ces types de menaces ont tendance à se propager rapidement dans les écosystèmes d’eau Six cent cinquante-trois espèces de poissons d’eau douce. Les efforts de conservation futurs doivent donc douce, mollusques, décapodes, odonates (libellules et tenir davantage compte de la connectivité en amont, en demoiselles) et plantes aquatiques ont été évaluées par aval et latéralement à l’intérieur des bassins versants. Il est rapport aux catégories et critères de la Liste Rouge de recommandé que les efforts de conservation se concentrent l’UICN. Il s’agit de l’évaluation la plus complète à ce jour sur la protection des bassins versants supérieurs et la de la biodiversité d’eau douce au niveau de l’espèce pour fourniture de flux environnementaux adéquats. En outre, le hotspot. Cette évaluation vise à remédier au manque une gestion intégrée des bassins hydrographiques et des d’informations facilement disponibles sur les espèces d’eau approches systématiques de planification de la conservation douce, ce qui a conduit à une représentation inadéquate de sont nécessaires. ces espèces dans la planification du développement et de l’environnement. Une autre priorité est de réduire la proportion élevée (23 %) d’espèces évaluées comme étant Données Quarante-trois pour cent de toutes les espèces existantes insuffisantes en raison d’informations insuffisantes sur leur évaluées sont menacées d’extinction, en supposant que état de conservation et leur répartition. Ce manque actuel toutes les espèces évaluées comme étant à Données d’information représente un goulot d’étranglement important insuffisantes sont aussi menacées que celles qui ont dans les progrès vers la gestion efficace et la conservation suffisamment de données pour qu’une évaluation soit de la biodiversité d’eau douce des points chauds. faite. Ce niveau de menace est très élevé par rapport à l’évaluation panafricaine de la biodiversité en eau douce Les écosystèmes d’eau douce de Madagascar sont mal réalisée en 2011 où vingt et un pour cent des espèces ont représentés dans le système d’aires protégées (SAPM), qui été évaluées comme menacées. Les principaux facteurs de est largement destiné à la protection des écosystèmes et menace sont liés à la perte et à la dégradation de l’habitat, des espèces terrestres. Il est donc important d’identifier principalement causées par des pratiques agricoles non les sites importants pour leurs espèces d’eau douce. Les durables telles que la technique des brûlis et le drainage des principaux centres de richesse en espèces d’eau douce terres humides. La forte dépendance des communautés se trouvent dans la partie supérieure des bassins versants locales à l’égard des ressources naturelles à accès côtiers de l’est, dans les forêts pluviales des basses terres libre comme le bois, les plantes médicinales et la pêche humides de l’Est et dans les complexes de rivières et artisanale a fait de l’utilisation des ressources biologiques de zones humides des plaines inondables tropicales et la deuxième menace la plus importante, y compris la subtropicales du Nord-Ouest. Un réseau de 23 zones clés

vi de biodiversité d’eau douce (ZCB – zones contribuant Biologique, guidant la planification de la conservation et de manière significative à la persistance de la biodiversité la priorisation au niveau national. En outre, ces nouvelles à l’échelle mondiale) a été délimité et confirmé par des informations aideront à atteindre les objectifs des Nations experts nationaux et internationaux. Ces ZCB soutiennent Unies en matière de Développement Durable, comme 80 espèces d’eau douce de portée mondiale (en danger l’objectif 6.6 pour la protection et la restauration des critique d’extinction, en danger ou vulnérable) et 62 écosystèmes liés à l’eau ; Objectif 6.5 sur la mise en œuvre espèces géographiquement restreintes. Parmi ces ZCB, 10 de la gestion intégrée des ressources en eau à tous les répondent également aux critères des sites Alliance for Zero niveaux ; Objectif 15.1 pour la conservation, la restauration et Extinction (AZE). l’utilisation durable des écosystèmes terrestres et intérieurs d’eau douce et de leurs services ; et l’objectif 15.5 mettait La participation des communautés locales et des parties l’accent sur des mesures urgentes et importantes pour prenantes nationales est essentielle au succès de la réduire la dégradation des habitats naturels, mettre un terme conservation des sites d’eau douce afin d’assurer des à la perte de biodiversité et, d’ici 2020, protéger et prévenir moyens de subsistance durables et des services fournis par l’extinction des espèces menacées. les écosystèmes de zones humides fonctionnels. Trente- quatre potentiels « sites champions » ont été identifiés en La Liste Rouge de l’UICN est l’une des normes mondiales tant qu’individus et organisations les mieux placés pour faisant autorité, qui soutient les politiques et les mesures sensibiliser et aider à mettre en œuvre les actions requises visant à conserver les espèces. Nous espérons que l’analyse pour sauvegarder ces sites d’importance mondiale. présentée dans ce rapport, basée sur une évaluation de L’ensemble de données complètes, dont les cartes des l’état de la Liste Rouge des espèces, fournira de nouvelles limites de ZCB, est disponible sur le DVD accompagnant informations pour guider les actions de conservation et la ce rapport et sera bientôt disponible en ligne via la Base de planification du développement afin de sauvegarder la données mondiale sur les zones clés pour la biodiversité, diversité de la vie en eau douce à Madagascar et dans la gérée par Birdlife International au nom du partenariat KBA zone prioritaire des îles de l’océan Indien. La mise à jour (http://www.keybiodiversityareas.org/home). périodique des évaluations des espèces de la Liste Rouge de l’UICN et le suivi des sites de ZCB permettront de calculer un D’un point de vue politique, les informations présentées dans indice de changement dans le temps du risque d’extinction ce rapport aideront à soutenir la mise en œuvre des Accords des espèces d’eau douce, aidant ainsi les gestionnaires à Multilatéraux sur l’Environnement à Madagascar, tels que évaluer l’efficacité de la conservation. la Convention de Ramsar et la Convention sur la Diversité

vii Messages clé

■ Les eaux intérieures de Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien abritent une grande diversité d’espèces aquatiques avec des niveaux élevés d’endémisme. Un grand nombre de ces espèces fournissent des avantages directs (par exemple, la pêche) et indirects (par exemple, la purification de l’eau) aux personnes qui soutiennent les moyens de subsistance et les économies locales à travers le hotspot.

■ Les niveaux actuels de menace pour les espèces d’eau douce dans le hotspot sont plus élevés qu’en Afrique continentale, avec 43% des espèces menacées d’extinction. Les données mises à disposition à travers ce projet doivent être intégrées dans les processus de prise de décision pour la conservation et le développement futur des ressources en eaux intérieures.

■ Les informations sur les espèces restent très limitées pour de nombreuses espèces d’eau douce dans le hotspot – 23% des espèces ont été évaluées comme données insuffisantes (DD). Il y a un besoin urgent de recherche et de surveillance sur le terrain, par une approche collaborative. Étant donné les niveaux élevés de menace dans la zone sensible, il est raisonnable de s’attendre à ce que d’autres recherches et échantillonnages révèlent qu’un grand nombre de ces espèces de DD sont également menacées.

■ La biodiversité de l’eau douce est sous-représentée dans les aires protégées existantes à Madagascar. Les aires protégées sont un outil potentiellement puissant pour la conservation. Cependant, ils sont souvent délimités principalement pour les espèces terrestres de sorte qu’ils n’incluent pas de gestion ciblée pour les nombreuses espèces à habitat limité et les espèces menacées vivant dans les habitats d’eau douce.

■ Les 23 Zones Clés pour la Biodiversité d’eau douce identifiées ici représentent un nouvel ensemble de données pour éclairer les stratégies d’amélioration de la représentation de la biodiversité des eaux douces au sein du Réseau national des aires protégées et d’autres mesures de protection des sites.

■ La participation des communautés locales et des parties prenantes nationales est essentielle à la conservation réussie des sites d’eau douce afin d’assurer des moyens de subsistance durables et des services fournis par les écosystèmes de zones humides fonctionnels.

■ La gestion des ressources en eau doit tenir compte des besoins de la biodiversité en eau douce. La mise en œuvre des méthodologies de gestion intégrée des bassins hydrographiques et des débits environnementaux est cruciale pour maintenir la qualité, la quantité et le calendrier des débits d’eau nécessaires au maintien d’écosystèmes d’eau douce sains.

■ Les études d’impact sur l’environnement doivent expressément faire référence aux ensembles de données sur les espèces disponibles sur la Liste Rouge de l’UICN.

■ Renforcer la capacité au sein des organismes gouvernementaux (du niveau national au niveau local) pour une meilleure conformité et application de la législation existante, dont pour la gestion de l’exploitation des ressources (par exemple la pêche), l’extraction de l’eau et la pollution sont essentielles à la survie à long terme des espèces d’eau douce et des moyens de subsistance locaux qui en dépendent.

■ La volonté politique et l’action de Madagascar et des autres gouvernements insulaires de l’océan Indien est essentielle pour garantir la survie à long terme des espèces et des moyens de subsistance qui dépendent de l’eau douce.

viii Chapitre 1 Contexte: Biodiversité de Madagascar et de hotspot des îles de l’Océan Indien

Laura Máiz-Tomé1, William Darwall1

1.1 Analyse de la situation à Madagascar et dans les îles de l’Océan Indien...... 1 1.1.1 La valeur des zones humides d’eau douce et de leur biodiversité...... 1 1.1.2 Principales menaces pour les espèces d’eau douce...... 1 1.2 Objectifs de cette étude...... 2 1.3 Composantes du projet...... 3 1.4 Les espèces d’eau douce comme indicateurs ...... 3 1.5 Écorégions d’eau douce de Madagascar...... 3 1.6 Références...... 3

1.1 Analyse de la situation à l’environnement du hotspot est de plus en plus menacé Madagascar et dans les îles de par les pressions anthropiques causées par la croissance l’Océan Indien démographique et par les changements climatiques.

Le hotspot de Madagascar et des îles de l’océan Indien 1.1.1 La valeur des zones humides d’eau comprend Madagascar et les îles et archipels voisines de douce et de leur biodiversité Maurice, des Comores (y compris Mayotte), des Seychelles, de La Réunion et les îles Éparses de l’Océan Indien Les zones humides de Madagascar (lacs, lagunes, marais, occidental. Alors que les différentes îles du hotspot partagent mangroves, fleuves et rivières, baies, estuaires et deltas) sont des caractéristiques biogéographiques spécifiques, les vastes, avec plus de 3 000 km de rivières et de ruisseaux, et pays constituent un ensemble hétérogène en termes de environ 2 000 km2 de lacs, répartis sur 256 bassins versants démographie et de socio-économie, lié à leur contexte (Conservation International, 2014). Depuis l’Antiquité, ces politique (Conservation International, 2014). La Réunion habitats ont toujours fourni de l’eau, de la nourriture, des et le Mayotte, dans les départements français, membres matériaux et des services tels que la purification de l’eau, de l’Union européenne, ont un niveau de développement essentielle aux communautés locales. Cependant, cette similaire à celui des pays de l’Organisation de Coopération situation a changé au début du siècle dernier lorsque et de Développement Economiques (OCDE). Les îles la croissance démographique a entraîné la perte et la Seychelles et Maurice peuvent être considérés comme des dégradation des zones humides à la suite d’initiatives de pays à économies émergentes, tandis que Madagascar et la santé publique pour leur dessiccation, l’expansion des les Comores sont classées par les Nations Unies parmi les zones urbaines le long des cours d’eau et la conversion des pays les sous-développés du monde (PNUD, 2016). zones humides en paysages agricoles. (Gardner et al., 2015 ; Lammers et al., 2015). La superficie du hotspot est estimée à 600 461 km² et se caractérise par une flore et une faune diverses et distinctes, 1.1.2 Principales menaces pour les espèces avec un taux d’endémisme très élevé non seulement au d’eau douce niveau des espèces mais aussi au niveau du genre et de la famille (ex. environ 10 000 espèces endémiques) La Convention de Ramsar sur les zones humides est entrée (Conservation International, 2014). Madagascar couvre en vigueur en 1999 et, depuis lors, Madagascar a désigné 20 95% de cette superficie et abrite 98% de la population du sites comme zones humides d’importance internationale hotspot. Alors que le bien-être humain et le développement (sites Ramsar), couvrant une superficie de 20 949,11 km² économique dépendent fortement des écosystèmes, (http://www.ramsar.org/worldland/ Madagascar).

1 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK. Email: [email protected] / [email protected]

1 Cependant, les zones humides continentales continuent de la perte et la dégradation de nombreuses zones humides. décliner, tant en surface qu’en qualité, du fait du drainage L’augmentation de la sédimentation et de la pollution, pour l’expansion de la riziculture, de l’envasement dû aux ainsi que les pratiques agricoles non durables telles que taux élevés d’érosion des sols et des activités la technique sur brûlis, ont des impacts majeurs sur les d’urbanisation menaçant les écosystèmes déjà dégradés et écosystèmes d’eau douce menaçant lesservices fournis tels souvent fragmentés. Une étude récente basée sur l’analyse que la pêche et l’eau potable avec des conséquences sur de photographies aériennes a révélé une perte dramatique tous les secteurs. d’environ 60% des zones humides et de 37% des forêts riveraines dans la seconde moitié du 20ème siècle (Kull Le développement de Madagascar a été entravé par des 2012). crises politiques répétées depuis l’indépendance du pays en 1960. La dernière crise a suivi le changement En termes de production d’énergie, l’hydroélectricité génère anticonstitutionnel du régime en 2009 et a duré près de environ 70% de l’électricité à Madagascar. Une évaluation cinq ans. Elle a laissé l’économie gravement paralysée et a et cartographie récente du potentiel hydroélectrique de conduit à une forte augmentation des niveaux de pauvreté Madagascar (2014-2017), réalisée par le Ministère de avec plus de 77% de la population vivant en dessous du l’Energie en étroite collaboration avec la Banque Mondiale, seuil de pauvreté (PNUD, 2016). Cette situation a conduit à ont livré une base de données spatiales de plus de 400 une forte dépendance vis-à-vis des ressources naturelles sites hydroélectriques parmi lesquels environ 350 sites en accès libre telles que le bois, les plantes médicinales ont une puissance capacité de 1 à 20 MW pour un total et les pêcheries artisanales. L’économie nationale est de 1 350 MW (SHER 2017). Ces nouveaux sites potentiels également vulnérable face aux chocs climatiques tels que d’hydroélectricité peuvent avoir des conséquences les sécheresses, les cyclones et les inondations qui affectent importantes sur les écosystèmes d’eau douce et leur le pays chaque année. Ces événements provoquent des biodiversité associée, affectant les régimes hydriques et la dégâts considérables dans des secteurs économiques clés connectivité hydrologique. tels que la production agricole, la pêche et les ressources en eau, et les effets sont inégalement répartis, les populations Le secteur minier prend également de l’importance rurales pauvres étant les plus touchées (WAVES 2015; avec deux opérations à grande échelle qui menacent la USAID 2016). biodiversité d’eau douce: les activités minières de Rio Tinto près de Fort Dauphin à l’extrémité sud-est de Madagascar (Seagle 2011) et l’exploitation minière de nickel et de cobalt 1.2 Objectifs de cette étude dans l’est à Ambatovy (Dickinson et Berner 2010). Les écosystèmes d’eau douce sont globalement sous- Bien que Madagascar soit doté de ressources naturelles estimés en termes de biodiversité qu’ils soutiennent et des extractives et renouvelables, le secteur agricole est le services qu’ils fournissent aux populations, et les zones principal contributeur à l’économie nationale. La production humides tropicales sont particulièrement menacées et sous- de riz qui est l’aliment de base, représente 70% de la étudiées (Bamford et al.2017). Ce manque de préoccupation production agricole totale et il est important de répondre pour la conservation et l’utilisation durable des zones à des besoins de subsistance. Après la production de humides a entraîné la perte de près de 75% des habitats des rizsuitiles activités d’élevage, de la pêche et de la sylviculture zones humides d’eau douce du monde au cours du siècle (Breuil et al.2014). Le riz paddy traditionnel est cultivé dans dernier (Davidson, 2014). Les populations d’espèces d’eau les rizières des basses vallées, tandis que le riz «tavy» est douce diminuent presque deux fois plus vite que celles cultivé sur les Hautes Terres, les forêts indigènes voisines, d’autres espèces terrestres ou marines (WWF Living Planet, comme une assurance contre la perte des cultures basses 2016), et environ une espèce d’eau douce sur la liste rouge vallées (GRiSP 2013). La riziculture surTavy est basée sur de l’UICN est classée comme menacée d’extinction. l’approche de la culture sur brûlis. Habituellement, après un ou deux cycles, le sol est complètement dépourvu de Une indication forte du statut médiocre des espèces d’eau nutriments et la terre est colonisée par la végétation des douce provient de l’évaluation par l’UICN de l’état des broussailles ou des herbes exotiques. Cette nouvelle poissons d’eau douce de Madagascar en 2017 dans le végétation qui pousse sur les pentes des collines est souvent cadre de ce projet : 60% des espèces endémiques, pour insuffisante pour fixer les sols, entraînant des taux élevés lesquelles des données suffisantes étaient disponibles, ont d’érosion des sols (Styger et al., 2007). été évaluées comme menacées. Compte tenu du fait que les ruraux pauvres se fient beaucoup aux pêches continentales, La déforestation dans les bassins versants supérieurs et la perte et la dégradation continues des zones humides la conversion des zones humides en rizières ont entraîné intérieures sont une préoccupation majeure.

2 Les aires protégées représentent un outil potentiellement évaluées pour la Liste Rouge ont été réévaluées afin de puissant pour la conservation des habitats dont dépendent fournir une évaluation complète à jour et, dans le cas des ces espèces et les moyens de subsistance locaux. Les zones poissons, un Indice de la Liste Rouge donnant un aperçu humides terrestres sont toutefois sous-représentées dans des tendances de statut (UICN 2014a). le système des aires protégées de Madagascar et ont reçu peu d’attention de conservation ou de recherche (Bamford 2) Zones clés pour la biodiversité d’eau douce et al., 2017, Conservation International 2014), comme pour (ZCB): Les informations générées par la composante le reste de l’Afrique continentale (Darwall et al., 2011). Des 1 ont été utilisées pour identifier les sous-bassins évaluations à l’échelle régionale de la couverture et de hydrographiques des rivières et des lacs qui répondent l’efficacité des aires protégées ont montré que les habitats aux critères ZCB (UICN 2016). d’eau douce sont non seulement sous-protégés, mais que les aires protégées sont également inefficaces pour 3) Diffusion / sensibilisation: Les résultats du projet conserver ces habitats et leurs espèces (CBD, 2014) sont largement diffusés à travers ce rapport, les notes d’orientation, la Liste Rouge de l’UICN, la Base de La promesse de Sydney (UICN, 2014b) reconnaît que « les données sur les zones clés pour la biodiversité et eaux douces ne sont souvent incluses qu’incidemment l’Outil d’évaluation intégrée de la biodiversité (IBAT). dans les zones protégées, ou comme frontières des aires Des formations ont été dispensées pour accéder à protégées, sans soutien représentatif pour leur gestion l’information à travers chacun de ces outils. Il y a eu un et leur conservation », et recommandeque: « Les pays lancement public des résultats. accordent une attention particulière d’assurer que les aires protégées sont identifiées et gérées de manière à conserver les espèces et les processus écologiques à travers les 1.4 Les espèces d’eau douce comme biomes de la terre, de l’eau douce et de la mer ». indicateurs

L’objectif du présent rapport est donc d’améliorer la L’intégration de l’information sur la biodiversité comme facteur conservation de la biodiversité d’eau douce dans l’ensemble pertinent dans les nouveaux processus de planificationest de du hotspot, notamment par une meilleure représentation au plus en plus nécessaire d’intégrer ainsi que l’amélioration de sein des zones protégées destinées à la conservation des sa disponibilité pour les décideurs.En combinant les groupes espèces d’eau douce. Les données sur certains groupes de taxonomiques évalués dans cette étude, un large éventail de taxons représentant largement la biodiversité d’eau douce, niveaux trophiques est représenté ; ils jouent tous des rôles présentées dans des formats reconnus et respectés tels que écologiques divers et sont donc considérés comme une la Liste Rouge de l’UICN et les zones clés de biodiversité, indication utile du statut global des écosystèmes des zones fournissent des outils importants pour : a) sensibiliser les humides associés (Darwall et al., 2008). gens aux espèces d’eau douce et aux sites qui ont besoin d’être protégés ; et b) éclairer la prise de décision en matière de conservation et de planification du développement afin 1.5 Écorégions d’eau douce de de mieux représenter l’avenir des zones humides intérieures Madagascar et les services qu’elles fournissent aux populations rurales pauvres de Madagascar en particulier. De brèves descriptions des écorégions d’eau douce de Madagascar (figure 1.1), obtenues à partir des Écorégions d’eau douce en ligne du monde (FEOW 2015) sont présentées 1.3 Composantes du projet ci-dessous. Ce schéma de classification biogéographique a été utilisé dans les différents chapitres pour décrire la 1) Évaluation de la Liste Rouge de l’UICN: Des experts répartition des espèces d’eau douce à Madagascar. nationaux et internationaux des espèces ont rédigé des évaluations de la Liste Rouge des espèces pour les poissons d’eau douce (145 espèces, 58% 1.6 Références endémiques); les mollusques (66 espèces endémiques, 59% endémiques); les écrevisses (7 espèces, 100% Bamford, A.J., Razafindrajao, F., Young R.P., et al. 2017. endémiques); les crabes (20 spp, 100% endémiques); les Profound and pervasive degradation of Madagascar’s odonates (201 espèces, 75% endémiques); les crevettes freshwater wetlands and links with biodiversity. PLoS (45 espèces endémiques, 64% endémiques); et ONE 12(8): e0182673. https://doi.org/10.1371/journal. certaines espèces de plantes aquatiques (170 espèces, Breuil, C. and Grima, D. 2014. Baseline Report Madagascar. 100% endémiques). Les espèces précédemment SmartFish Programme of the Indian Ocean Commission,

3 Madagascar Écorégions d’eau douce (FEOW 2015)

L’Ouest de Madagascar est caractérisé par des écosystèmes d’eau douce xériques définis par peu d’eau de surface permanente et une abondance relative de sources et de bassins endorhéiques (fermés). Contrairement aux forêts orientales extrêmement humides, l’Ouest de Madagascar est beaucoup plus sec. Les rivières de l’Ouest sont longues, s’écoulent généralement à débit lent et sont sujettes aux fluctuations saisonnières du niveau et du débit de l’eau. Les habitats d’eau douce caractéristiques de cette région comprennent des formations Tsingy ou karstiques caractérisées par des fissures, des cours d’eau souterrains, des gouffres et des cavernes produites par l’érosion. Le lac Itasy, situé dans les hautes terres du Centre-Ouest, abritait autrefois un assemblage diversifié de poissons indigènes, bien que les espèces exotiques aient presque entièrement remplacé les espèces indigènes.

Le Nord-Ouest de Madagascar est caractérisé par des rivières tropicales et subtropicales de plaine inondable et des complexes de zones humides. Cette écorégion comprend tous les bassins vers l’Ouest à partir de la pointe Nord de Madagascar (près d’Antsiranana), y compris le bassin hydrographique de Mahavavy du Sud situé au Sud-Ouest de Mahajunga. L’île satellite de Nosy Be fait également partie de cette écorégion. Les bassins du Nord-Ouest, en particulier ceux qui drainent le massif du Tsaratanana, reçoivent plus de précipitations annuelles et sont plus diversifiés géomorphologiquement et biologiquement que les bassins versants plus secs de l’Est de Madagascar et du Sud de Madagascar. Les rivières et les lacs inondables de cette écorégion abritent des faunes de poissons d’eau douce riches et très endémiques.

Les hautes terres orientales de Madagascar comprennent une longue bande de terre qui s’étend du nord au sud de Madagascar, définie par la partie supérieure des bassins versants de la côte est, au-dessus d’environ 200 m d’altitude. Les rivières de cette écorégion sont généralement de petite à moyenne taille, avec un substrat rocheux et des courants rapides. Les bassins versants sont abrupts dans leur partie supérieure, avec de nombreuses sections de rapides et de cascades entrecoupés de tronçons plus plats de débits plus modérés. Ces rivières côtières sont courtes et se terminent dans une étroite plaine côtière sur un plateau continental contracté. En plus des poissons d’eau douce, cette écorégion soutient une richesse et un endémisme extrêmement élevés chez les grenouilles aquatiques. Environ 130 espèces de grenouilles aquatiques sont décrites dans l’écorégion, près de 65% étant endémiques.

Le Sud de Madagascar a une faune aquatique relativement appauvrie en raison de son aridité. Une grande partie de la région est essentiellement dépourvue de rivières ou d’eaux de surface. La végétation est appelée « désert épineux « et les membres de la famille endémique Didiereaceae dominent le paysage.

Les basses terres orientales de Madagascar sont caractérisées par des cours d’eau côtiers tropicaux et subtropicaux avec des débits modérés à lents et des eaux souvent turbides qui serpentent et se terminent souvent par des chaînes de lagunes saumâtres. Les sections inférieures des bassins hydrographiques de l’Est ont une ichtyofaune plus diversifiée que les régions d’amont. En termes de taxons endémiques, ces communautés de basse altitude sont principalement riches en Bedotia et abritent également six espèces d’écrevisses dans le genre endémique Astacoides. Les grenouilles sont également abondantes dans cette écorégion, environ la moitié des 70 espèces présentes étant endémiques. Plusieurs zones humides et cours d’eau boisés le long de la côte sont également des sites importants pour les oiseaux d’eau.

Fisheries Management FAO component, Ebene, Davidson, N.C. 2014. How much wetland has the world lost? Mauritius. Long-term and recent trends in global wetland area. CBD. 2014. Global Biodiversity Outlook 4. Montréal. Available Marine and Freshwater Research 65: 934–941. https:// at: https://www.cbd.int/gbo4/ doi.org/10.1071/MF14173 Conservation International. 2014. Ecosystem profile: Dickinson, S. and Berner, P.O. 2010. Ambatovy project: Mining Madagascar and Indian Ocean Islands. Critical Ecosystem in a challenging biodiversity setting in Madagascar. In: Partnership Fund. Final Version: December 2014. Goodman, S.M. and Mass, V. (eds.). Biodiversity, exploration, Darwall, W.R.T., Holland, R.A., Smith, K.G., et al. 2011. and conservation of the natural habitats associated with the Implications of bias in conservation research and Ambatovy project. Malagasy Nature 3: 2–13. investment for freshwater species. Conservation FEOW. 2015. Freshwater Ecoregions of the World. Available Letters 4: 474–482. https://doi.org/10.1111/j.1755- online at: http://www.feow.org/ 263X.2011.00202.x Gardner, R.C., Barchiesi, S., Beltrame, C., et al. 2015. State Darwall, W., Smith, K., Allen, D., et al. 2008. Freshwater of the World’s Wetlands and their Services to People: A biodiversity – a hidden resource under threat. In: J.-C. Vié, compilation of recent analyses. Ramsar Briefing Note no. C. Hilton-Taylor and S.N. Stuart (eds.). The 2008 Review of 7. Gland, Switzerland: Ramsar Convention Secretariat. The IUCN Red List of Threatened Species. IUCN, Gland, Available at: http://www.ramsar.org/sites/default/files/ Switzerland. documents/library/bn7e_0.pdf

4 GRiSP (Global Rice Science Partnership). 2013. Rice almanac, Madagascar. The Land Deal Politics Initiative. LDPI 4th edition. Los Baños (Philippines): International Rice Working Paper. Research Institute. SHER. 2017. Hydropower Atlas of Madagascar. Available at: IUCN. 2014a. Red List assessment of Madagascar’s Freshwater http://www.sher.be/en/page/successful-delivery-of-the- Fishes. IUCN, Gland Switzerland and Cambridge, UK. hydropower-atlas-of-madagascar. IUCN. 2014b. World Parks Congress: The Promise of Sydney. Styger, E., Rakotondramasy, H.M., Pfeffer, J.M., et al. 2007. Available at: https://www.iucn.org/theme/protected- Influence of slash-and-burn farming practices on fallow areas/about/promise-sydney succession and land degradation in the rainforest region IUCN. 2016. A Global Standard for the Identification of Key of Madagascar. Agriculture, Ecosystems and Environment Biodiversity Areas, Version 1.0. First Edition. Gland, 119(3–4): 257–269. Switzerland: IUCN. UNDP. 2016. Human Development Report: Madagascar. Kull, C.A. 2012. Air photo evidence of land cover change in Available online at: http://hdr.undp.org/sites/all/themes/ the highlands: wetlands and grasslands give way to crops hdr_theme/country-notes/MDG.pdf and woodlots. Madagascar Conservation and USAID. 2016. Climate Change Risk Profile: Madagascar Fact Development. 7:(3) 144–152. Sheet. Available at: http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/ Lammers, L.P., Richter, T., Waeber, O.P., et al. 2015. Lake pa00mtz8.pdf Alaotra wetlands: how long can Madagascar´s most WAVES. 2015. Madagascar Country Report 2015: Priority important rice and fish production region withstand the Policy Linkages and Work Plan. WAVES Madagascar anthropogenic pressure? Madagascar Conservation and National Steering Committee. Available at: http://www. Development. 3 No.3S. https://doi.org/10.4314/mcd. wavespartnership.org/sites/waves/files/images/ v10i3.4 Country%20Report%20Madagascar.pdf Madagascar Small Hydro GIS Atlas 2017. Available at: https:// WWF. 2016. Living Planet Report: Risk and resilience in a new energydata.info/dataset/madagscar-small-hydro-gis- era. WWF International, Gland, Switzerland. Available at: atlas-2017 http://wwf.panda.org/about_our_earth/all_publications/ Seagle, C. 2011. The mining-conservation nexus: Rio Tinto, lpr_2016/.html development gifts and contested compensation in

5 Figure 1.1 Écorégions d’eau douce de Madagascar créées à partir de la base de données en ligne FEOW. ±

Sources: Esri, HERE, DeLorme, Intermap, increment P Corp., GEBCO, USGS, FAO, NPS, NRCAN, GeoBase, IGN, Kadaster NL, Ordnance Survey, Esri Japan, METI, Esri China (Hong Kong), swisstopo, MapmyIndia, © OpenStreetMap contributors, and the GIS User Community

Kilometers 0 50 100 200 300 400 FreshwaterÉcorégions d’eauEcoregions douce deof MadagascarMadagascar

LégendeLegend OuestWestern de Madagascar Madagascar Nord-OuestNorth-Western de Madagascar Madagascar HautsEastern Plateaux Highlands de l’Est de Madagascar SudSouthern de Madagascar Madagascar Sources: Esri, HERE, DeLorme, Intermap, increment P Corp., PlainesEastern Lowlandsde l’Est GEBCO, USGS, FAO, NPS, NRCAN, GeoBase, IGN, Source: FEOW 2015 Kadaster NL, Ordnance Survey,

6 Chapitre 2 Méthode d’évaluation de la Liste Rouge

Laura Máiz-Tomé1, William Darwall1

2.1 Sélection des taxons prioritaires...... 7 2.1.1 Poissons...... 7 2.1.2 Mollusques...... 8 2.1.3 Plantes aquatiques...... 8 2.1.4 Odonates...... 8 2.1.5 Décapodes (crabes, écrevisses et crevettes)...... 8 2.2 Collecte de données et contrôle de la qualité...... 8 2.3 Cartographie des espèces...... 9 2.4 Évaluation des statuts des espèces menacées...... 9 2.5 Références...... 10

2.1 Sélection des taxons prioritaires Bien que les poissons apportent un certain bénéfice aux moyens de subsistance de nombreuses personnes Dans la majorité des cas, les évaluations à grande échelle de dans tout Madagascar et dans le hotspot des îles de la biodiversité se sont concentrées sur une gamme limitée l’Océan Indien, soit comme source de revenus, soit comme de groupes taxonomiques, incluant le plus souvent les précieuse source alimentaire (Breuil & Grima, 2014), les groupes qui procurent des évidents avantages à l’homme avantages procurées par les autres taxons peuvent être par la consommation directe ou les groupes les plus indirectes et mal appréciées mais néanmoins importantes. charismatiques tels que les mammifères et les oiseaux. Dans Étant donné le large éventail de niveaux trophiques et de rôles le cas des systèmes d’eau douce, ce sont les oiseaux des écologiques englobés dans ces cinq groupes taxonomiques, zones humides, les amphibiens et les poissons qui attirent il est proposé que l’information sur leur distribution et leur état le plus d’attention. Il est cependant important d’adopter une de conservation, une fois combinés, fournisse une indication approche plus globale en rassemblant des informations utile de l’état global des écosystèmes de zones humides pour conserver les autres éléments de différents niveaux associés. trophiques, éléments essentiels pour maintenir les écosystèmes des zones humides sains, même s’ils ne sont ni 2.1.1 Poissons charismatiques ni souvent remarqués, en particulier pour les espèces submergées (Darwall et al., 2008). Les poissons d’eau douce constituent une source importante de nourriture, de nutrition, de revenus et de moyens de Clairement, il n’est pas pratique d’évaluer toutes les subsistance pour des centaines de millions de personnes espèces. Par conséquent, un certain nombre de groupes dans le monde (FAO, 2016). La capture totale mondiale des taxonomiques prioritaires ont été sélectionnés pour eaux intérieures, bien que largement considérée comme représenter une gamme de niveaux trophiques incluant dans une sous-estimation, était de 11,9 millions de tonnes en les réseaux trophiques qui sous-tendent et soutiennent les 2014, poursuivant une tendance positive qui a entraîné une écosystèmes des zones humides. Les groupes prioritaires augmentation de 37% au cours de la dernière décennie ont été sélectionnés pour inclure les taxons pour lesquels (Breuil et Grima 2014). Aux fins de cette évaluation, les on pensait qu’il y avait un niveau raisonnable d’information poissons d’eau douce sont définis comme les espèces qui préexistante. Ces groupes taxonomiques sélectionnés passent tout ou une partie critique de leur cycle de vie dans étaient: poissons; mollusques; odonates (libellules et les eaux douces, telles que les rivières et les lacs. Pour toutes demoiselles); crustacés, décapodes (crabes, crevettes et les espèces de poissons d’eau douce évalués à Madagascar écrevisses) et plantes aquatiques. et dans les îles de l’Océan Indien, 58% sont endémiques.

1 Département de la Biodiversité d’eau douce, UICN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK.

7 2.1.2 Mollusques représenté au sein de ce groupe qui, en tant que tel, a été largement utilisé comme indicateur de la qualité des zones Les mollusques d’eau douce constituent l’un des groupes humides. Au total, 151 espèces endémiques et 50 espèces de taxons d’eau douce les plus divers et les plus menacés de libellules non-endémiques ont été évaluées dans le cadre (Seddon et al., 2011). Ils sont pour la plupart discrets, et ne de ce projet. Cet ensemble de données comme base sur sont pas considérés comme des créatures charismatiques, l’état et la distribution des odonates facilitera l’élaboration de rarement attirent l’attention des médias populaires. plans de surveillance à long terme pour le hotspot. Cependant, ils sont essentiels au maintien des écosystèmes des zones humides, principalement en raison de leur 2.1.5 Décapodes (crabes, écrevisses et contrôle de la qualité de l’eau et de l’équilibre nutritif par crevettes) l’alimentation filtrante, le pâturage algal et, dans une moindre mesure, comme source de nourriture pour d’autres espèces Les décapodes d’eau douce comptent parmi les invertébrés (Bogan, 2008). Environs 5 000 espèces de mollusques d’eau les plus importants vivant dans les eaux intérieures et douce ayant des descriptions valables existent, en plus jouent un rôle essentiel dans le réseau trophique. Les d’un éventuel 10 000 taxons supplémentaires non décrits. décapodes sont la proie de diverses espèces dont les Dans le cadre de ce projet, les statuts de conservation de 66 poissons et les oiseaux et agissent comme prédateurs espèces de mollusques d’eau douce ont été évalués. secondaires en consommant de phytoplancton, des algues benthiques et du macrobenthos, contribuant ainsi 2.1.3 Plantes aquatiques à la dynamique du recyclage des nutriments et au maintien d’écosystèmes d’eau douce sains (Reynods et al., 2013). Les plantes aquatiques sont définies ici comme celles Les décapodes d’eau douce ont également une grande physiologiquement et morphologiquement liées à l’eau valeur économique pour les moyens de subsistance locaux (un hydrophyte) ou plantes essentiellement terrestres (Jenkins et al., 2011). Ce projet a évalué toutes les espèces dont les parties photosynthétiquement actives tolèrent de de décapodes actuellement, connues de crabes d’eau longues périodes submergées ou flottantes (une hélophyte). douce (Potamonautidae), d’écrevisses (Parastacidae) et Les plantes aquatiques sont des éléments constitutifs de crevettes d’eau douce (Atyidae et Palaemonidae) de des écosystèmes des zones humides, fournissant de la Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien, pour la nourriture, de l’oxygène et des habitats pour de nombreuses plupart endémiques (Cumberlidge et al., 2007). autres espèces. Elles constituent une ressource naturelle extrêmement importante qui procure des avantages directs aux communautés humaines (Darwall et al., 2009). De 2.2 Collecte de données et contrôle de nombreuses plantes aquatiques sont très utiles pour leurs la qualité propriétés nutritives, médicinales, culturelles, structurales ou biologiques (Cook 1996). Ce sont également des espèces L’évaluation de la biodiversité a demandé l’approvisionne- clés qui soutiennent les services écosystémiques des zones ment et la collecte des meilleures informations sur humides tels que la filtration de l’eau et le recyclage des toutes les espèces connues et décrites dans les groupes nutriments. Pour ce projet, les statuts de conservation des taxonomiques prioritaires. En tant que source principale espèces de plantes vasculaires aquatiques endémiques à de cette information, les meilleurs experts régionaux et Madagascar, selon Madagascar Catalogue (MBG, 2017), internationaux pour ces taxons ont d’abord été identifiés incluant des représentants de 44 familles de plantes en consultation avec les groupes de spécialistes de la sélectionnées, ont été évalués. La sélection des espèces Commission de la Sauvegarde des Espèces (CSE) de l’UICN était basée sur le critère selon lequel la taxonomie est et l’équipe du Missouri Botanical Garden à Madagascar. Ces relativement fiable et stable. experts ont rassemblé les informations pertinentes dans la base de données de « Species Informations Services » 2.1.4 Odonates de l’UICN (https://sis.iucnsis.org) et ont appliqué les catégories et les critères de la Liste Rouge de l’UICN (UICN Les larves de la quasi-totalité des 5 680 espèces appartenant 2012) pour évaluer le risque d’extinction des espèces dans à l’ordre des odonates (libellules et demoiselles) dépendent la nature. Les distributions d’espèces ont également été des habitats d’eau douce (Kalkman et al., 2008). La sélection cartographiées (voir ci-dessous).Toutes les informations d’habitat des libellules adultes dépend fortement du type de ont ensuite été examinées par des experts lors d’un atelier végétation terrestre et leurs larves se développent dans l’eau tenu à Antananarivo en juillet 2016 où chaque espèce où elles jouent un rôle critique en ce qui concerne la qualité a été évaluée par au moins deux experts indépendants de l’eau, le cycle des nutriments et la structure de l’habitat pour s’assurer que les informations présentées pour aquatique. Un ensemble complet de types écologiques est chaque évaluation étaient complètes et correctes. Les

8 Figure 2.1 Experts participant à l’atelier de validation de la Liste Rouge, juillet 2016 – Centre de la biodiversité de l’Académie des sciences de Californie, Antananarivo, Madagascar. © UICN critères assignés à chaque espèce ont été confirmés par les confirmée, sont connus sous le nom de «bassins inférés». informations fournies. Les distributions inférées, codées comme «possiblement existantes», ont été déterminées à l’aide d’une combinaison des connaissances des experts, d’enregistrements de 2.3 Cartographie des espèces distribution à grande échelle et d’informations non publiées.

À l’aide du logiciel ArcMap (Esri, 2015), les distributions de toutes les espèces ont été cartographiées dans les sous- 2.4 Évaluation des statuts des espèces bassins hydrographiques et lacustres tels que délimités menacées par HydroBASINS Niveau 08 (Lehner & Grill, 2013), un cadre hydrologique mondial standardisé qui délimite les Le risque d’extinction de chaque espèce a été évalué selon bassins hydrographiques à 12 résolutions et comprend des les catégories et critères de la Liste Rouge de l’UICN: Version informations sur le réseau de connectivité hydrologique. 3.1 à l’échelle mondiale (UICN 2012). La Liste Rouge des Lorsque les données spatiales étaient suffisamment espèces menacées ™ de l’UICN est la source d’information détaillées, les espèces ont été cartographiées dans des la plus complète au monde sur l’état de conservation global sous-bassins plus petits (HydroBASINS niveau 12). Les des espèces animales et végétales et est largement utilisée bassins fluviaux ont été choisis comme unité spatiale pour pour aider à définir les priorités de conservation. la cartographie et l’analyse des distributions d’espèces car il est généralement admis que le bassin fluvial / lacustre ou le Les neuf catégories de la Liste Rouge au niveau mondial bassin versant est l’unité de gestion la plus appropriée pour sont présentées dans la figure 2.2. Une espèce est évaluée les eaux intérieures. comme Eteinte (EX) lorsqu’il ne fait aucun doute que le

Lorsque les données étaient disponibles, les points de Figure 2.2 Catégories de la Liste Rouge de l’UICN Version 3.1 Deuxième édition à l’échelle mondiale (UICN 2012). localités (la latitude et la longitude pour précision de collection d’espèces) ont été utilisés pour identifier quels sont les sous-bassins connus pour contenir l’espèce. Les points de localités sont basés sur les données disponibles de toutes les principales collections dans les musées et complétées par des connaissances des experts sur la présence dans les sites au cas où aucun spécimen de référence n’a été recueilli. Les cartes de distribution préliminaires des espèces ont été numérisées et ensuite éditées au cours de l’atelier de validation où les erreurs et les enregistrements douteux ont été supprimés des cartes.

Les sous-bassins connectés, où l’on s’attend à ce qu’une espèce soit présente, bien que la présence ne soit pas encore

9 dernier individu est mort. Une espèce est évaluée comme ■ Estimation inférieure =% d’espèces menacées Eteinte à l’état sauvage (EW) quand elle ne survit qu’en existantes si toutes les espèces DD ne sont pas culture, en captivité ou dans le cadre d’une population menacées, c’est-à-dire (CR + EN + VU) / (total évalué – EX) naturalisée nettement en dehors de son ancienne aire ■ Meilleure estimation =% d’espèces menacées de répartition naturelle. Une espèce est évaluée comme existantes si les espèces DD sont également menacées étant En danger critique d’extinction (CR) lorsqu’elle car les données sont suffisantes, c’est-à-dire (CR + EN est confrontée à un risque d’extinction extrêmement élevé +VU) / (total évalué – EX – DD) d’extinction à l’état sauvage. Une espèce évaluée comme ■ Estimation supérieure =% d’espèces menacées En danger (EN) quand elle est confrontée à un risque très existantes si toutes les espèces DD sont menacées, élevé d’extinction à l’état sauvage. Une espèce évaluée c’est-à-dire (CR + EN + VU + DD) / (total évalué – EX). Vulnérable (VU) lorsqu’elle est confrontée à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage. Toutes les espèces classées comme étant En danger critique d’extinction, En danger ou 2.5 Références Vulnérable sont décrites comme menacées. Une espèce est considérée comme Quasi menacée (NT) lorsqu’elle est Bogan, A. 2008. Global diversity of freshwater mussels près de remplir une catégorie menacée, ou si elle fait l’objet (, Bivalvia) in freshwater. Hydrobiologia 595: d’un programme de conservation spécifique et ciblé, dont 139–147. https://doi.org/10.1007/s10750-007-9011-7 sa disparition entraînerait bientôt sa qualification comme Breuil, C. and Grima, D. 2014. Baseline Report Madagascar. espèce menacée. Une espèce est considérée comme étant SmartFish Programme of the Indian Ocean Commission, de Préoccupation mineure (LC) si elle ne remplit pas les Fisheries Management FAO component, Ebene, Mauritius. critères des catégories menacées ou Quasi-menacée. Les Cook, C.D.K. 1996. Aquatic Plant Book (2nd revised edition). espèces à préoccupation mineure sont généralement des SPB Academic Publishing. Amsterdam/New York. espèces largement répandues et abondantes. Une espèce Cumberlidge, N., Rasamy Razanabolana, J. and Ranaivoson, est évaluée comme Données insuffisantes (DD) si les C.H. 2017. Updated extinction risk assessments of informations sont insuffisantes pour évaluer directement ou Madagascar’s freshwater decapod crustaceans reveal indirectement son risque d’extinction. Bien que la catégorie fewer threatened species but more Data Deficient species. Données insuffisantes ne soit pas une catégorie de menace, Malagasy Nature 12: 32–41. elle indique plutôt que des informations supplémentaires Darwall, W., Smith, K., Allen, D. et al. 2008. Freshwater sur l’espèce sont requises. Les espèces évaluées comme biodiversity – a hidden resource under threat. In: Vié, Données insuffisantes sont des priorités pour des J.-C., Hilton-Taylor, C. and Stuart, S.N. (eds.). The 2008 recherches supplémentaires et devraient être reconnues Review of The IUCN Red List of Threatened Species. comme potentiellement menacées. IUCN, Gland, Switzerland. Darwall, W.R.T., Smith, K.G., Tweddle, D. and Skelton, P. Pour déterminer si une espèce doit être classée dans l’une (eds.). (2009). The Status and Distribution of Freshwater des trois catégories menacées, il existe cinq critères avec Biodiversity in Southern Africa. Gland, Switzerland: IUCN des seuils quantitatifs (figure 2.3), reflétant les indicateurs and Grahamstown, South Africa: SAIAB. viii+120pp. biologiques des populations menacées d’extinction. Environmental Systems Research Institute (ESRI). 2015. ArcGIS Release 10.3.1 Redlands, CA. Pour une explication détaillée des catégories et des critères FAO. 2016. The State of World Fisheries and Aquaculture qui doivent être remplis pour qu’une espèce soit qualifiée 2016. Contributing to food security and nutrition for all. dans chaque catégorie, veuillez-vous référer aux Catégories Rome. et aux Critères de la Liste Rouge de l’UICN: Version 3.1 IUCN Standards and Petitions Subcommittee. 2017. (UICN 2012). Guidelines for Using the IUCN Red List Categories and Criteria. Version 13. Prepared by the Standards Les évaluations de la Liste Rouge sont publiées en ligne sur and Petitions Subcommittee. Available at: http://www. le site web de la Liste Rouge de l’UICN (www.iucnredlist.org). iucnredlist.org/documents/RedListGuidelines.pdf La déclaration de la proportion d’espèces dans un groupe IUCN. 2012. IUCN Red List Categories and Criteria: Version taxinomique menacé nécessite une approche standardisée, 3.1. Second edition. Gland, Switzerland and Cambridge, car certaines espèces ont si peu d’informations disponibles UK: IUCN. iv+32pp. qu’elles ne peuvent être évaluées que comme Données Jenkins, R.K.B., Keane, A., Rakotoarivelo, A.R., et al. insuffisantes (DD). Le pourcentage d’espèces menacées 2011. Analysis of patterns of bushmeat consumption rapporté pour chaque groupe est présenté comme la reveals extensive exploitation of protected species in meilleure estimation dans une gamme de valeurs possibles eastern Madagascar. PLoS ONE 6: e27570. https://doi. délimitées par des estimations inférieures et supérieures : org/10.1371/journal.pone.0027570

10 Kalkman, V.J., Clausnitzer, V., Dijkstra, K.D.B., et al. 2008. Reynolds, J., Souty-Grosset, C., and Richardson, A. 2013. Global diversity of dragonflies (Odonata) in freshwater. Ecological Roles of Crayfish in Freshwater and Terrestrial Hydrobiologia 595(1): 351–363. https://doi.org/10.1007/ Habitats. Freshwater Crayfish 19(2): 197–218. s10750-007-9029-x Seddon, M., Appleton, C., Van Damme, D. et al. 2011. Chapter Lehner, B. and Grill, G. 2013. Global river hydrography and 4. Freshwater molluscs of Africa: Diversity, Distribution network routing: baseline data and new approaches and Conservation. In: Darwall, W.R.T., Smith, K.G., Allen, to study the world’s large river systems. Hydrological D.J., et al. (eds.). 2011. The Diversity of Life in African Processes 27(15): 2171–2186. Data is available at www. Freshwaters: Under Water, Under Threat. An analysis of the hydrosheds.org https://doi.org/10.1002/hyp.9740 status and distribution of freshwater species throughout Missouri Botanic Gardens. 2017. Catalogue of the Plants mainland Africa. Cambridge, United Kingdom and Gland, of Madagascar. Available at: http://www.tropicos.org/ Switzerland: IUCN. xiii+347pp+4pp cover. projectwebportal.aspx?pagename=ProtectedAreas&pr ojectid=17

11 Figure 2.3 Résumé des cinq critères (A-E) utilisés pour évaluer si une espèce appartient à une catégorie menacée de la Liste SUMMARYRouge de l’UICN: OF EnTHE danger FIVE critique CRITERIA d’extinction, (A-E) USED En danger TO EVALUATE ou Vulnérable. IF A TAXON BELONGS IN AN IUCN RED LIST THREATENED CATEGORY (CRITICALLY ENDANGERED, ENDANGERED OR VULNERABLE).1

A. Population size reduction. Population reduction (measured over the longer of 10 years or 3 generations) based on any of A1 to A4 Critically Endangered Endangered Vulnerable A1 ≥ 90% ≥ 70% ≥ 50% A2, A3 & A4 ≥ 80% ≥ 50% ≥ 30% A1 Population reduction observed, estimated, inferred, or suspected in (a) direct observation [except A3] the past where the causes of the reduction are clearly reversible AND (b) an index of abundance understood AND have ceased. appropriate to the taxon A2 Population reduction observed, estimated, inferred, or suspected in the (c) a decline in area of occupancy past where the causes of reduction may not have ceased OR may not be (AOO), extent of occurrence based on understood OR may not be reversible. (EOO) and/or habitat quality any of the A3 Population reduction projected, inferred or suspected to be met in the following: (d) actual or potential levels of future (up to a maximum of 100 years) [(a) cannot be used for A3]. exploitation A4 An observed, estimated, inferred, projected or suspected population (e) effects of introduced taxa, reduction where the time period must include both the past and the future hybridization, pathogens, (up to a max. of 100 years in future), and where the causes of reduction may pollutants, competitors or not have ceased OR may not be understood OR may not be reversible. parasites.

B. Geographic range in the form of either B1 (extent of occurrence) AND/OR B2 (area of occupancy) Critically Endangered Endangered Vulnerable B1. Extent of occurrence (EOO) < 100 km² < 5,000 km² < 20,000 km² B2. Area of occupancy (AOO) < 10 km² < 500 km² < 2,000 km² AND at least 2 of the following 3 conditions: (a) Severely fragmented OR Number of locations = 1 ≤ 5 ≤ 10 (b) Continuing decline observed, estimated, inferred or projected in any of: (i) extent of occurrence; (ii) area of occupancy; (iii) area, extent and/or quality of habitat; (iv) number of locations or subpopulations; (v) number of mature individuals (c) Extreme fluctuations in any of:(i) extent of occurrence; (ii) area of occupancy; (iii) number of locations or subpopulations; (iv) number of mature individuals

C. Small population size and decline Critically Endangered Endangered Vulnerable Number of mature individuals < 250 < 2,500 < 10,000 AND at least one of C1 or C2 25% in 3 years or 20% in 5 years or 10% in 10 years or C1. An observed, estimated or projected continuing decline 1 generation 2 generations 3 generations of at least (up to a max. of 100 years in future): (whichever is longer) (whichever is longer) (whichever is longer) C2. An observed, estimated, projected or inferred continuing decline AND at least 1 of the following 3 conditions: (a) (i) Number of mature individuals in each subpopulation ≤ 50 ≤ 250 ≤ 1,000 (ii) % of mature individuals in one subpopulation = 90–100% 95–100% 100% (b) Extreme fluctuations in the number of mature individuals

D. Very small or restricted population Critically Endangered Endangered Vulnerable D. Number of mature individuals < 50 < 250 D1. < 1,000 D2. Only applies to the VU category D2. typically: Restricted area of occupancy or number of locations with - - AOO < 20 km² or a plausible future threat that could drive the taxon to CR number of locations ≤ 5 or EX in a very short time.

E. Quantitative Analysis Critically Endangered Endangered Vulnerable ≥ 50% in 10 years or 3 ≥ 20% in 20 years or 5 generations, whichever generations, whichever Indicating the probability of extinction in the wild to be: ≥ 10% in 100 years is longer (100 years is longer (100 years max.) max.)

1 Use of this summary sheet requires full understanding of the IUCN Red List Categories and Criteria and Guidelines for Using the IUCN Red List Categories and Criteria. Please refer to both documents for explanations of terms and concepts used here.

1 L’utilisation de cette fiche récapitulative nécessite une bonne compréhension des catégories et des critères de la Liste Rouge de l’UICN et des lignes directrices pour l’utilisation des catégories et des critères de la Liste Rouge de l’UICN. Veuillez-vous reporter aux deux documents pour obtenir des explications sur les termes et concepts utilisés ici.

12 PARTIE 1 IMPORTANCE DES ESPECES POUR LA CONSERVATION

Teinobasis alluaudi. © Erland R. Nielsen

13 Chapitre 3 Statuts et répartition des poissons d’eau douce

Tsilavina Ravelomanana1, Laura Máiz-Tomé2, William Darwall2, Catherine Sayer2, John Sparks3

3.1 Aperçu de l’ichtyofaune de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien...... 14 3.2 Tendances de la richesse globale des espèces...... 15 3.3 Statuts de conservation...... 17 3.3.1 Espèces menacées...... 20 3.3.2 Espèces à Données insuffisantes...... 20 3.3.3 Index de la liste rouge...... 21 3.4 Principales menaces...... 23 3.5 Recommandations de conservation...... 25 3.6 Actions de recherche...... 26 3.7 Espèces phares...... 25 3.8 Références...... 26 Annexe 3.1 Statut de la Liste Rouge des poissons d’eau douce de Madagascar et des îles de l’Océan Indien...... 29

3.1 Aperçu de l’ichtyofaune de non indigènes en raison des pressions combinées de la Madagascar et du hotspot des îles dégradation de l’habitat, de la surpêche et de l’introduction de l’Océan Indien d’espèces exotiques (Sparks, obs. pers.).

Sur la base des données provenant des intensives Les rivières de l’Ouest se jettent dans le canal de recherches aquatiques et ichtyofauniques approfondies Mozambique et elles sont généralement beaucoup plus menées dans tout Madagascar, Sparks & Stiassny (2003) longues et plus lentes que les rivières de l’Est. Le plus long subdivisent Madagascar en cinq écorégions d’eau douce, fleuve de l’Ouest est le Mangoky, long de 821 km, tandis comprenant les bassins du Nord-Ouest, les bassins que le Mangoro est le plus long de l’Est avec ses 300 km occidentaux, les bassins méridionaux, les montagnes et (Aldegheri, 1972). Beaucoup des plus petits bassins fluviaux les plaines de l’est. (figure 1.1 Chapitre 1). Les bassins du de l’Ouest de Madagascar sont secs d’avril à novembre et Nord-Ouest abritent des faunes de poissons d’eau douce connaissent des fluctuations saisonnières considérables riches en espèces et hautement endémiques (Sparks & du niveau et du débit de l’eau (Aldegheri, 1972). Sur les Stiassny, 2003 ; Sparks, 2005). Une étude récente a révélé Hauts-Plateaux, les rivières traversent une série de courants que 71 espèces de poissons d’eau douce indigènes ont calmes et de rapides, tandis que dans la zone sédimentaire, été observées dans les rivières et les lacs du Nord-Ouest le profil est plus régulier avec un gradient moyen beaucoup (Sparks et Stiassny, 2003). Cette écorégion est celle plus faible. L’influence des marées est importante dans les malgache la plus riche en espèces pour les poissons parties inférieures de ces cours d’eau (Kiener et Richard- d’eau douce, et contient également le plus grand nombre Vindard, 1972). Pour les bassins de l’Ouest, 49 espèces d’espèces endémiques (26 espèces) (Sparks & Stiassny de poissons d’eau douce, dont huit endémiques, ont été 2003, 2008). Les petits lacs de cratère de Nosy Be restent recensées (Sparks & Stiassny 2003, 2008). Les plus grandes relativement intacts et abritent un certain nombre d’espèces et relativement intactes rivières de l’Ouest de Madagascar endémiques malgaches, notamment des membres des (par exemple celles adjacentes au Parc National d’Isalo) genres de cichlidés Ptychochromis et Paratilapia (Sparks abritaient historiquement des groupements de poissons 2005). Bon nombre des plus grands lacs de cette région, d’eau douce extrêmement rares et localisés, y compris les comme les lacs Kinkony, Andrapongy et Ravelobe, abritaient genres endémiques de Ptychochromoides, Ptychochromis autrefois des faunes de poissons diverses et hautement et Ancharius (Ng & Sparks 2005). Les communautés de endémiques qui sont maintenant dominées par des espèces poissons dans cette écorégion contiennent de nombreuses

1 University of Antananarivo, B.P. 906, Antananarivo, Madagascar. Email: [email protected] 2 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK. 3 American Museum of Natural History, Central Park West at 79th Street New York, US.

14 espèces intrusives marines et d’eau douce, dont beaucoup soutiennent une abondance et une diversité d’ichtyofaune migrent loin à l’intérieur des terres (Kiener, 1963). On a émis plus élevées que les régions en amont. En termes de taxons l’hypothèse que la structure de la dessiccation saisonnière endémiques, ces communautés de basse altitude sont pourrait expliquer les assemblages dépourvus de poissons principalement riches en Bédotie, mais les membres des d’eau douce qui habitent les bassins occidentaux et la genres de Cichlidés endémiques Paretroplus, Paratilapia et prédominance relative des espèces marines (Brenon, 1972). Ptychochromis sont également présents.

L’écorégion Sud de Madagascar ne reçoit que 50 mm de Escarpés, les rivières et ruisseaux rapides sont relativement pluie par mois (Donque, 1972) et les rivières sont larges, abondants sur les îles Mascareignes – le groupe d’îles de mais peu profondes et sujettes à une saisonnalité extrême l’Océan Indien à l’est de Madagascar composé de Maurice, (Sparks 2005). On ne connaît que 10 espèces de poissons de la Réunion et de Rodrigues. Plusieurs de ces rivières sont de cette écorégion, dont trois endémiques (Sparks et caractérisées par des cascades. Les mangroves se trouvent Stiassny, 2003; Sparks et Chakrabarty, 2012). Les différents le long de la côte près des embouchures et des estuaires. habitats comprennent de vastes systèmes karstiques et Sur l’île Maurice, de petites zones de mangrove sont des plateaux comprenant de nombreuses grottes calcaires, présentes à divers endroits (Institute of Marine Sciences et situées à la fois au nord et au sud de la rivière Onilahy. al., 1998). Sur l’île Maurice, la Grande rivière Sud Est (34 km) Ces grottes et gouffres abritent un petit rayonnement est la plus longue, suivie de la Rivière du Poste (23 km), de la d’érototrophes endémiques aveugles (Typhleotris spp.) Grande Rivière Nord-Ouest (22 km), de la Rivière La Chaux (Sparks et Chakrabarty, 2012 ; Chakrabarty et al., 2012). (22 km) et de la Rivière des Créoles (20 km) (Abell & Brown, 2015). En plus de nombreux réservoirs artificiels, Maurice Les rivières de l’Est se déversent dans l’Océan Indien et possède deux lacs de cratères naturels, Grand Bassin et présentent un profil fortement accentué et escarpé: de Bassin Blanc. Rodrigues et la Réunion sont également dotés temps en temps, elles ont des étendues calmes, ne sont de rivières à fort gradient (Abell & Brown, 2005). Environ 35 pas très larges et sont entrecoupées de rapides et de espèces de poissons sont rencontrées dans les habitats cascades. Les principaux cours d’eau de cette écorégion d’eau douce des Mascareignes, et beaucoup se déplacent sont le , le Lokoho, le Maningory, le Rianila, le entre les eaux douces, saumâtres et marines. Les gobies Mangoro, le Mananjary et le Mananara (Aldegheri, 1972). (Gobiidae) dominent la faune piscicole d’eau douce de ces Le lac Alaotra, le plus grand lac de l’île en superficie, est îles. Les autres familles de poissons avec des espèces d’eau situé dans cette région et se jette dans la rivière Maningory douce représentées dans cette écorégion comprennent les (Sparks, 2005). Les rivières sont généralement de taille Anguillidae, les Kuhliidae et les Eleotridae. Aux Seychelles, petite à modérée, comme substrat rocheux et rapides seules 27 espèces indigènes qui pénètrent dans les habitats comme courant (Sparks 2005). 51 (certaines en attente d’eau douce sont connues. d’une description officielle) de poissons d’eau douce, dont 22 sont endémiques, habitent les rivières et les ruisseaux Les ressources halieutiques intérieures à Madagascar sont des Hautes Terres orientales de Madagascar (Sparks principalement basées sur des pêches lacustres qui couvrent & Stiassny, 2003, 2008). La plupart des communautés une superficie totale de près de 1500 km². Les principaux intactes de poissons indigènes peuvent être retrouvés plans d’eau comprennent les lacs de Kinkony (139 km²), encore dans le cours supérieur à moyen de plusieurs Anketraka, Ihotry (97 km²) et Tsimanampetsotsa dans l’ouest cours d’eau de l’est, y compris Nosivolo, et du pays, le lac Alaotra (220 km²) à l’est et le lac Itasy dans Mananara. Les espèces exotiques et la dégradation accrue l’écorégion des hautes terres orientales (Breuil et al., 2014). de l’habitat deviennent plus abondantes à mesure que l’on se déplace en aval dans les parties inférieures de nombreux bassins de l’Est (Sparks, 2005). 3.2 Tendances de la richesse globale des espèces L’écorégion des basses terres de l’Est est caractérisée par les plaines côtières. Les rivières sont souvent sinueuses L’ichthyofaune d’eau douce de Madagascar présente un fort et se terminent par des chaînes de lagunes saumâtres taux d’endémisme, conséquence de l’isolement très ancien (Aldegheri, 1972). Les basses terres à Pandanus et les marais de l’île par rapport aux autres terres du Gondwana (Sparks de palmiers, ainsi que de nombreux habitats estuariens le & Smith, 2004a). Les origines de la faune vertébrée existante long de la côte Est, continuent à soutenir les faunes isolées de Madagascar ont laissé perplexes les biologistes et ont été de poissons indigènes (Sparks, 2005). Sparks et Stiassny qualifiées comme «l’un des plus grands mystères non résolus (2003 et 2008) ont inventorié 69 espèces de poissons, dont de l’histoire naturelle». Étant donné l’absence quasi-totale de 22 sont endémiques, dans l’écorégion des basses terres de fossiles d’âge crétacé, les paléontologues soutiennent que l’Est. Les parties inférieures des bassins versants de l’Est les faunes vertébrées existantes et récemment disparues de

15 Madagascar, y compris les poissons d’eau douce, doivent Gobiiformes (éléotrides et gobies) ainsi que d’autres familles leurs origines à la colonisation cénozoïque par dispersion apparentées. transocéanique. Cependant, les profils phylogénétiques retrouvés pour tous les groupes de poissons d’eau douce Bien que la liste ne soit pas exhaustive, environ 273 espèces démontrent que les poissons d’eau douce de Madagascar de poissons sont présentes dans les habitats d’eau douce doivent leur origine à la désintégration mésozoïque du malgache et des Mascareignes (Daget et al., 1986 ; DeRham, Gondwana, et pas à la dispersion océanique génozoïque 1996 ; Raminosoa et al., 2002 ; Sparks & Stiassny, 2003, (Sparks & Smith 2004a, Chakrabarty et al., 2012). Seule une 2008 ; Froese & Pauly, 2017). Trente-huit d’entre eux unique relation groupe-frère (Pantanodon) est retrouvée représentent les espèces de poissons introduites. entre une lignée malgache et une lignée africaine (entre des masses terrestres isolées pour environ 165 millions d’ici, au Pour Madagascar, il existe actuellement 183 espèces de plus, 430 km). De plus, les taxons-frères de tous les autres poissons d’eau douce indigènes inventoriées (Froese & clades de poissons d’eau douce malgaches sont présents Pauly, 2017), dont 106 sont endémiques de l’île (figure sur des masses terrestres gondwaniennes séparées de 3.1). Cependant, il convient de noter que de nombreuses Madagascar par des milliers de kilomètres de haute mer nouvelles espèces endémiques d’eau douce doivent encore depuis le Cénozoïque ancien (Inde / Sri Lanka, Australie, être formellement décrites, y compris plusieurs poissons Seychelles) (Sparks & Smith, 2005a). arc-en-ciel et les Bedotiidae et Cichlidae (Sparks & Stiassny 2003, 2008). Les non endémiques décrites n’ont pas été Les habitats d’eau douce de Madagascar abritent également évaluées dans le cadre de ce projet. de nombreuses espèces euryhalines et marines. Ces espèces peuvent remonter assez loin dans les cours d’eau et Selon Froese et Pauly (2017), l’île Maurice compte le plus leur dispersion vers des altitudes plus élevées est limitée par grand nombre d’espèces de poissons indigènes qui entrent d’importantes barrières écologiques telles que les rapides dans les habitats d’eau douce (45), suivie de la Réunion et les cascades. Les espèces de poissons d’eau douce sont (42), et partagent de nombreuses espèces indigènes assez rares à haute altitude, en raison des obstacles à la communes. Pour les Comores, 30 espèces de poissons dispersion en amont et du manque de productivité (sources d’eau douce indigènes sont signalées. Aux Seychelles, il de nourriture) dans ces habitats. n’y a que 27 poissons d’eau douce indigènes, dont deux sont endémiques: Pachypanchax playifairii et Parioglossus Seules les espèces de poissons capables de franchir ces multiradiatus (figure 3.1). Rodrigues a une faune de poissons obstacles peuvent atteindre des altitudes élevées et inclure d’eau douce dépeuplée comprenant seulement 10 espèces des membres des Anguillidae (anguilles d’eau douce) et des indigènes.

Figure 3.1 Pourcentage d’espèces de poissons d’eau douce indigènes, endémiques et introduites dans le hotspot des îles de l’Océan Indien, y compris les espèces non décrites (Froese & Pauly, 2017 ; Sparks & Stiassny, 2008).

Madagascar Comoros Réunion

13% 9% 28% 50% 37% 91% 72%

Mauritius Seychelles Rodrigues 1% 6%

15% 17% 32% 67% 79% 83%

Legend: ■ Endémiques ■ Indigènes ■ Introduites

16 A Madagascar, 13% des espèces de poissons sont poissons indigènes et d’endémisme sont les bassins du introduites / espèces exotiques. Ces espèces n’ont pas été Nord-Ouest et les basses terres de l’est (Sparks & Stiassny évaluées dans le cadre de ce projet. Cependant, du point 2003, 2008). En revanche, certaines zones sont totalement de vue de l’abondance, les espèces exotiques représentent dépourvues de poissons, coïncidant souvent avec les zones maintenant la grande majorité des individus recueillis montagneuses telles que l’Ankaratra ou le sommet du massif dans la plupart des systèmes d’eau douce de l’île. Il est de Tsaratanana. Cependant, pour les régions de Bongolava, maintenant extrêmement rare de trouver des localités où Makay et Lambosina, l’absence d’enregistrement sur les les assemblages de poissons ne sont pas dominés par des poissons est probablement due à l’absence de relevés et espèces exotiques (Sparks & Stiassny, 2003, 2008). En d’échantillonnages efficaces (figure 3.2). général, ces emplacements isolés composés principalement d’espèces indigènes / endémiques se trouvent dans des forêts intactes ou dans de petits lacs de plaines inondables 3.3 Statuts de conservation isolés qui sont restés relativement vierges. Le statut de conservation de 145 espèces de poissons d’eau Il n’existe actuellement aucune espèce de poisson douce de Madagascar et de hotspot des îles de l’Océan endémique connue en provenance des Comores, de la Indien a été évalué à l’aide les catégories et les critères de la Réunion ou de Rodrigues. Le niveau d’endémisme pour les liste rouge de l’UICN version 3.1 (UICN 2012). Les résultats poissons d’eau douce à Madagascar est élevé en raison des évaluations sont résumés dans le tableau ci-dessous de l’isolement très ancien des îles par rapport aux autres et la liste des espèces figure à l’Annexe 3.1. Environ 58% de continents Gondwana, et il existe de nombreux bassins toutes les espèces de poissons d’eau douce évaluées sont versants avec un endémisme local exceptionnel. Pour les endémiques. Cichlidae et les Bedotiidae, presque tous les systèmes ont leurs propres espèces endémiques. À Madagascar, Dans l’ensemble, 50 espèces de poissons d’eau douce, les deux régions les plus riches en termes de diversité des représentant environ 34% de toutes les espèces de poissons d’eau douce évaluées dans le hotspot, sont menacées Tableau 3.1 Nombre d’espèces de poissons d’eau douce et nombre d’extinction. En supposant que toutes les espèces à d’espèces de poissons endémiques dans chaque catégorie de la Liste données insuffisantes(DD) sont menacées dans la même Rouge pour l’ensemble du hotspot. proportion que les espèces pour lesquelles suffisamment Nombre Nombre des d’informations étaient disponibles, le pourcentage Catégories de la liste total des espèces d’espèces de poissons menacées passe à 43%. rouge de l’UICN espèces endémiques Catégories En danger critique (CR) 14 14 Si l’on considère uniquement les espèces endémiques de menacées En danger (EN) 30 30 l’insulaire de Madagascar, ce nombre s’élève à 78% – en Vulnérable (VU) 6 6 Quasi menacée (NT) 2 1 supposant que les espèces endémiques DD sont menacées Autres Préoccupation mineure (LC) 64 13 dans la même proportion. Ces chiffres soulignent la gravité catégories Donnée insuffisante (DD) 27 18 de la menace pour les poissons d’eau douce endémiques Eteint (EX) 2 2 dans le hotspot. Deux espèces sont déclarées éteintes (EX) Nombre total des espèces évaluées 145 84 (Ptychochromis onilahy et Pantanodon madagascariensis),

Figure 3.3 La proportion (%) d’espèces de poissons d’eau douce dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien. Toutes les espèces de poissons Espèces de poissons endémiques EX EX 1% LC 2% DD 15% 19% DD NT 21% 1% LC VU 44% 7% CR 10%

CR 17% EN EN NT 21% 1% VU 36% 4%

17 Figure 3.2 Répartition des espèces de poissons d’eau douce à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien.

Richesse spécifique pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien Nombre des espèces de poissons d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

18 Figure 3.4 Nombre d’espèces d’eau douce menacées dans chaque sous-bassin versant à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien.

Espèces menacées pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien

Nombre des espèces de poissons d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

19 bien qu’il s’agisse probablement d’une sous-estimation du des bassins des rivières de Mangarahara et d’Amboaboa nombre réel, car les relevés récents n’ont pas permis de constituant un habitat convenable pour les sept espèces repérer un certain nombre d’espèces autrefois communes, endémiques sus-citées est maintenant complètement y compris les espèces endémiques notamment les cichlidés desséchée à cause de la construction d’un barrage en amont endémiques Paretroplus maculatus et Ptychochromis et des conditions de sécheresse des dernières décennies insolitus. (Sparks, obs.). (DeRham & Nourrisat 2002), l’eau saisonnière (Zimmerman, 2014). Cela a eu des conséquences dévastatrices sur 3.3.1 Espèces menacées l’environnement, notamment le déclin important et l’extinction probable de plusieurs espèces de poissons Les espèces de poissons d’eau douce menacées sont endémiques. En conséquence, la distribution de certaines de largement concentrées dans l’écorégion Nord-Ouest ces espèces endémiques (Paretroplus nourrisati, Paretroplus de Madagascar (par exemple les régions de Galoka et gynmopreopercularis, Rheocles derhami, Arius festinus Sambirano, les bassins d’Anjingo et de Sofia) et dans et Sauvagella robusta) est maintenant limitée aux cours les bassins versants du Sud-Est, notamment Mananara, supérieurs de la rivière Amboaboa, un petit affluent de Mananjary et Mangoro. L’écorégion du Nord-Ouest abrite la Sofia, où l’habitat reste plus intact avec un débit d’eau l’ichthyofaune d’eau douce la plus diversifiée (Sparks plus constant (Mcdiarmid 2014). D’autres de ces espèces et Stiassny 2003, 2008), y compris plusieurs espèces sont restreintes au lac Tseny, qui est quelque peu isolé, endémiques menacées, et abrite une radiation de cichlidés ne subissant qu’une pression de pêche limitée et abritant endémiques du genre Paretroplus, qui sont tous fortement encore de multiples cichlidés endémiques, notamment menacés et rapidement en déclin en nombres. De nombreux Paretroplus gynmopreopercularis, Paretroplus menarambo poissons malgaches sont localement endémiques; leur et Paretroplus lamenabe (Andriafidison et al. 2011; Sparks, distribution étant limitée à un seul bassin hydrographique obs.). et / ou à une zone d’occurrence estimée (EOO) inférieure à 20 000 km². Par exemple, Ptychochromis inornatus et Arius Un autre habitat riche en espèces comprend le bassin de uncinatus sont confinés aux bassins d’Anjingo / Ankofia, la rivière Betsiboka et ses lacs satellites dans le nord-ouest Rheocles vatosoa n’est connue que dans les hauteurs de Madagascar. Cependant, la surpêche et les espèces du bassin de Lokoho et Katriakatria, et polliare envahissantes telles que Channa maculata et Xiphophorus confinées à des parties plus ou moins vierges de la rivière helleri constituent de graves menaces pour les espèces Nosivolo (UICN, 2017). La plupart de ces espèces sont endémiques. Le lac Ravelobe, qui supportait jusqu’au évaluées au moins comme Vulnérable (VU). début du siècle des populations saines d’au moins trois cichlidés endémiques, Paratilapia polleni, Paretroplus Les données manquaient pour certaines espèces et il n’était kieneri et Paretroplus maculatus, est maintenant entièrement pas possible, par exemple, d’estimer les niveaux de déclin recouvert de jacinthes d’eau et seules des tilapias introduits pour plusieurs espèces. Cependant, les auteurs ont rapporté y ont été rencontrés (Sparks 2011b). Des études récentes sur que les espèces endémiques ne sont plus présentes dans le drainage de la rivière Betsiboka n’ont permis de localiser de nombreux sites d’échantillonnage (Kiener 1959, 1966, De aucune population restante de Paretroplus maculatus Rham 1996, DeRham & Nourrisat 2002, Sparks 2008, Sparks (Sparks 2011, Sparks, obs.). Le déclin rapide de l’habitat & Stiassny 2003 et 2008, Zimmerman 2014).Le bassin dans le lac Ravelobe et la disparition subséquente des de Sofia fournit un bon exemple de cette situation. Cette espèces indigènes du lac sont actuellement observées zone abrite au moins sept espèces endémiques locales: dans les autres écosystèmes d’eau douce de Madagascar Ptychochromis insolitus, Paretroplus nourrisati, Paretroplus et ne sont pas de bon augure pour les poissons d’eau douce gynmopreopercularis, Paretroplus menarambo, Rheocles endémiques de l’île. derhami, Arius festinus et Sauvagella robusta (Stiassny & Rodriguez 2001, Ng & Sparks 2003, Stiassny& Sparks 2006, 3.3.2 Espèces à Données insuffisantes Sparks 2008, Andriafidison et al., 2011). Les espèces évaluées en tant que données insuffisantes La majorité des habitats aquatiques dans le bassin de (DD) sont celles pour lesquelles leur statut reste incertain Sofia sont maintenant sévèrement dégradés et le système en raison de leur faible connaissance, par exemple en ce est dominé par des espèces exotiques. Le paysage est qui concerne leur statut taxonomique, leur distribution ou couvert d’arbres brûlés, et le feu de brousse continue sans le statut de leur population. Ce manque d’informations relâche dans le bassin hydrographique. Des pratiques de base signifie qu’il est souvent impossible de faire une similaires de déforestation et de brûlis ont gravement évaluation fiable du risque d’extinction d’une espèce. De affecté la plupart des bassins fluviaux et lacustres de nombreuses espèces endémiques de poissons d’eau Madagascar (Zimmerman, 2014). Une partie importante douce malgaches ne sont, par exemple, connues que d’un

20 seul ou de quelques spécimens provenant d’un même mineure, 1 pour les espèces Quasi menacées, 2 pour les site de collecte. Vingt-sept espèces sont classées DD espèces Vulnérable, 3 pour les espèces En danger, 4 pour pour le hotspot (figure 3.5). Beaucoup d’informations sont En danger critique d’extinction et 5 pour Eteinte a l’état obsolètes et certaines espèces ne sont connues qu’à partir sauvage).Ces produits sont additionnés, divisés par le des informations présentées dans la description d’origine produit maximum possible (le nombre d’espèces multiplié (par exemple de la localité de type). Ceci représente 19% par le poids maximum), et soustraits de un. Cela produit de toutes les espèces évaluées et souligne la nécessité de un indice qui va de 0 à 1. Une valeur de RLI de 1,0 équivaut procéder à un nombre considérable de relevés et de survis à toutes les espèces étant classées comme Préoccupation supplémentaires pour Madagascar et du hotspot des îles mineure, et par conséquent, aucune ne devrait disparaître de l’Océan Indien, en particulier à l’ouest de Madagascar, à dans un proche avenir. Une valeur RLI de zéro indique l’est des parcs nationaux de Masoala et de Makira, et la zone que toutes les espèces ont disparu (Bubb et al.2009). s’étendant dans la rivière Mananara du Nord au sud. Le sud- Mathématiquement, le calcul du RLI peut être exprimé est de Madagascar, en particulier les régions montagneuses, comme (Butchart et al., 2007): reste également faiblement échantillonné pour les poissons d’eau douce (Martinez et al., 2015). Étant donné les menaces W c(t,s) Σs abondantes pesant sur les espèces de poissons d’eau douce RLI = 1 – t ⋅ et le nombre élevé d’espèces DD présentes dans le hotspot, WEX N il est raisonnable de s’attendre à ce que d’autres recherches Résultats et échantillonnages révèlent des signes d’extinction pour 10 espèces de poissons d’eau douce endémiques ont certaines de ces espèces DD. connu une véritable détérioration de leur statut sur la Liste Rouge. Pour 2016, la valeur RLI pour les poissons d’eau 3.3.3 Index de la liste rouge douce endémiques de Madagascar était de 0,5107. Cette valeur a diminué de 10,62% (0,5714 à 0,5107) entre 2004 et L’Indice de la Liste Rouge de l’UICN (RLI) mesure les 2016 (figure 3.6). La baisse globale de l’indice de rentabilité tendances du risque d’extinction globale des ensembles global pour les poissons d’eau douce endémiques présentée d’espèces, en tant qu’indicateur des tendances de l’état de la biodiversité (Bubb et al., 2009).Le RLI sert ainsi d’indicateur pour suivre les progrès vers les objectifs de Figure 3.6 Indice de la Liste Rouge de l’UICN de la survie des espèces de poissons d’eau douce endémiques de Madagascar développement durable (ODD), les objectifs d’Aichi pour basé sur de véritables changements dans le nombre d’espèces la biodiversité de la Convention sur la diversité biologique dans chaque liste rouge de l’UICN Catégorie au fil du temps (CDB) et divers accords environnementaux multilatéraux (2004–2016). Le graphique montre également les changements dans le tels que la Convention de Ramsar (Butchart et al. 2005 2006; risque d’extinction global à travers les groupes taxonomiques pondérés (oiseaux, mammifères, coraux et amphibiens) à Madagascar résultant 2010; Tittensor et al. 2014; Visconti et al. 2015). d’améliorations ou de détériorations réelles du statut des espèces individuelles (Birdlife International, données non publiées). Une valeur de Calcul RLI de 1,0 équivaut à toutes les espèces classées comme moins Pour calculer le RLI, toutes les espèces d’un groupe doivent préoccupantes, aucune espèce ne devrait disparaître dans un proche avoir été évaluées au moins deux fois par rapport aux avenir. Une valeur RLI de zéro indique que toutes les espèces ont disparu. catégories et critères de la Liste Rouge de l’UICN. La 1,0 première évaluation de la Liste Rouge des poissons d’eau Coraux douce endémiques de Madagascar a eu lieu en 2004 (UICN 0,9 Oiseaux

2004). La deuxième évaluation réalisée dans le cadre de ce Meillieur projet en 2016 a permis de calculer le RLI pour 69 espèces de poissons d’eau douce endémiques du hotspot. Les espèces 0,8 Amphibiens endémiques évaluées pour la première fois en 2016 (15 Mammifères espèces) ont été exclues du calcul de RLI car il n’a pas été 0,7 possible de les comparer aux évaluations précédentes. survie des espèces Liste rouge Indice de 0,6 Le RLI est calculé à partir du nombre d’espèces dans chaque Poissons d’eau douce catégorie de la Liste Rouge et du nombre de catégories changeant entre évaluations à la suite d’une amélioration 0,5 réelle ou d’une détérioration du statut (Bubb et al., 2009). En Mauvais termes simples, le nombre d’espèces dans chaque catégorie 0,4 de la liste rouge est multiplié par la valeur de pondération de 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004 2008 2012 2016 la catégorie (qui va de 0 pour les espèces à Préoccupation An

21 Figure 3.5 Répartition des espèces de poissons d’eau douce à Données insuffisantes à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien. La carte ne montre que les espèces dont l’information sur la répartition pourrait être cartographiée.

Espèces à Données insuffisantes pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien Nombre des espèces de poissons d’eau douce DD par sous- bassin hydrographique de rivière/lac

22 dans le graphique ci-dessous indique que le taux d’extinction Déforestation, perte d’habitat et sédimentation prévu pour ces espèces dans le hotspot augmente. La La déforestation généralisée a entraîné une sédimentation valeur du RLI pour les poissons d’eau douce endémiques accrue des habitats fluviaux, en particulier les lits de est également nettement inférieure à celle des autres marécages et l’érosion des berges des rivières et de l’habitat groupes, confirmant ainsi le très haut risque pour les espèces riverain, entraînant des modifications permanentes du entièrement dépendantes des écosystèmes d’eau douce. débit d’eau, de la qualité et de l’apport de nutriments. Par exemple, le bassin versant de la rivière Sofia (figure 3.7) est L’extinction est une mesure clé de la perte de biodiversité qui un système important pour un certain nombre d’espèces présente un intérêt évident pour les processus écologiques endémiques que l’on ne trouve nulle part ailleurs, comme les et la fonction de l’écosystème et a une résonance avec le espèces en danger critique d’extinction Rheocles derhami public et les décideurs. de l’interprétation de ces résultats, il et Ptychochromis insolitus. Cependant, en raison de dépôts est important de noter l’exclusion des espèces de poissons de sédiments massifs suite à la déforestation extensive dans non endémiques dans l’analyse. La comparaison directe des le bassin versant, le lit de la rivière est maintenant très peu RLI des poissons d’eau douce avec les RLI pour les autres profond et sablonneux, de sorte que les températures de groupes d’espèces incluant également les espèces non l’eau diurnes sont maintenant très élevées. Par conséquent, endémiques (oiseaux, mammifères, coraux et amphibiens) ce type d’habitat ne convient plus à la majorité des espèces était possible car chaque espèce est pondérée en fonction endémiques présentes dans le bassin. Seules les espèces de la proportion de son aire de répartition à Madagascar. Par exotiques et certaines espèces indigènes résistantes exemple, toutes les espèces endémiques, dont 100% de leur peuvent survivre dans ces conditions. La sédimentation due aire de répartition à Madagascar, comme les poissons d’eau à la déforestation généralisée affecte maintenant la majorité douce, reçoivent une pondération de « 1 », tandis qu’une des rivières occidentales à Madagascar. espèce avec seulement 25% de son aire de répartition à Madagascar recevrait une pondération de “0,25”. Introduction d’espèces de poissons envahissantes

De nombreuses espèces de poissons d’eau douce non 3.4 Principales menaces indigènes ont été introduites pour la pêche et l’aquaculture à Madagascar, notamment la carpe commune (Cyprinus Les principales menaces pour les écosystèmes d’eau carpio), les truites (Salmos spp.), plusieurs espèces de douce de Madagascar sont bien décrites par Sparks & tilapias, l’achigan à grande bouche Micropterus salmoïdes), Stiassny (2003, 2008), Sparks (2011a) et Beansted et al. la fibata (Ophiocephalus striatus), la tête de serpent asiatique (2003). Le point important est que les poissons d’eau (Channa maculata) et la langue osseuse Heterotis niloticus douce indigènes de Madagascar sont en sérieuse difficulté. (Breuil et al., 2014).Ces espèces constituent une menace L’endémisme restreint et la dégradation généralisée de majeure pour de nombreuses espèces endémiques par la l’habitat constituent une combinaison dangereuse. Lancer prédation, la perturbation des sites de nidification et la en concurrence avec une large gamme d’espèces exotiques, compétition pour les ressources. Les tilapias et la tête de et vous avez les ingrédients pour une perte catastrophique serpent asiatique (Channa maculata) introduits sont les pires de la biodiversité (Sparks & Stiassny 2003, 2008, Sparks menaces en termes d’impact négatif sur les poissons indigènes. 2011a). Essentiellement, les poissons d’eau douce sont peu protégés directement dans les parcelles isolées de forêt Figure 3.7 La rivière Sofia est fortement affectée par la protégée qui subsistent dans tout le pays, étant donné que sédimentation. © Tsilavina Ravelomanana la plupart de ces réserves forestières existent à plus haute altitude, où il y a peu d’habitat convenable pour quelques espèces de gobioïdes rhéophiles. (Gobies et Éléotides). En outre, il est difficile, voire impossible, de trouver un bassin versant qui n’a pas été affecté dans une certaine mesure par la déforestation et les effets négatifs de l’envasement qui en résulte persistent en aval de la mer (Sparks 2011a). Plus de deux décennies et demie de prospection ichtyofaune à Madagascar, nous avons été témoins du déclin important des habitats aquatiques à Madagascar, de sorte que presque toutes les espèces de poissons d’eau douce endémiques ont présenté une taille considérablement réduite et une réduction extrême de l’abondance au cours de cette période limitée.

23 Malgré sa petite taille, l’espèce introduite, Xiphophorus ce type de pratiques de pêche et de gérer le secteur des helleri (figure 3.8), est considérée comme un prédateur pêches intérieures est la Section des pêches intérieures important des œufs et des larves de poissons endémiques. du Ministère des pêches et des ressources halieutiques Là où il est retrouvé, les petites espèces endémiques (MPRH). Cependant, il y a un manque de capacité humaine (Bedotiidae ou Aplocheilidae) ont complètement disparu. et financière suffisante pour la mise en œuvre de normes C’est la même situation avec Channa maculata. Le déclin de pour soutenir la gestion des pêches intérieures, telles qu’un Paratilapia dans une grande partie de leur aire de répartition suivi, un contrôle et une surveillance efficaces (MCS) (Breuil autrefois étendue coïncide également avec l’arrivée de et al., 2014). Channa autour d’Antananarivo (Raminosoa, 1987). Exploitation minière Surpêche L’exploitation minière est répandue à Madagascar, y compris La surpêche est une menace majeure pour de nombreuses à l’échelle industrielle et artisanale, et a connu une croissance espèces de poissons d’eau douce indigènes à Madagascar, rapide au cours de la dernière décennie (figure 3.10, Filou et a conduit à l’extirpation locale d’un grand nombre des plus 2016). Dans de nombreux endroits, en plus des impacts sur gros poissons commercialement importants (c.-à-d. Les le site minier et de l’impact des drains et pipelines associés, il Cichlidés endémiques). Dans de nombreuses masses d’eau y a des impacts négatifs sur de longues distances en aval du douce, comme dans le bassin d’Andapa et le lac Kinkony, site minier. l’augmentation des prélèvements, y compris l’utilisation de filets à petites mailles, a entraîné des changements Conversion des habitats des zones humides pour dans les structures et les distributions des communautés l’agriculture de poissons. Des pêcheries mal gérées, l’utilisation de Le drainage et la conversion des zones humides en filets à petites mailles (par exemple des moustiquaires) champs de cultures, initialement pour la riziculture ou pour et des engins de pêche non sélectifs, des poisons et des l’aquaculture, entrainent une dégradation grave des zones explosifs sont couramment utilisés à Madagascar (figure humides dans de nombreuses régions de Madagascar. 3.9). Le responsable administratif chargé de réglementer Un certain nombre de taxons (par exemple Pantanodon spp.) dépendent des habitats des zones humides telles que Figure 3.8 Espèces exotiques envahissantes introduites les zones humides côtières et la perte quasi totale de ces Xiphophorus helleri. © Tsilavina Ravelomanana habitats à Madagascar a eu un impact négatif sur ces taxons endémiques extrêmement restreints qui nécessitent des habitats spécialisés.

Changement climatique et événements extrêmes Le changement climatique devient une menace majeure dans tout le hotspot. Une augmentation de la température des eaux de surface et une augmentation de la fréquence et de l’intensité d’événements extrêmes tels que cyclones, inondations et périodes de sécheresse sévère entraînent une augmentation de la sédimentation, une diminution de la

Figure 3.9 Pêcheurs utilisant des moustiquaires à petites Figure 3.10 Exploitation artisanale d’or à petite échelle sur la mailles. © Tsilavina Ravelomanana rivière Rianila. © Tsilavina Ravelomanana

24 qualité de l’eau et une dégradation générale de l’habitat (figure Figure 3.11 Petit affluent de Mangoky à Makay fortement 3.11). La combinaison de ces événements climatiques avec affecté par les effets de la sécheresse et de la sédimentation. © Tsilavina Ravelomanana les menaces énumérées ci-dessus, présente une menace grave pour les populations de poissons d’eau douce indigènes.

3.5 Recommandations de conservation

Les résultats de cette évaluation confirment que les poissons d’eau douce de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien sont fortement menacés et que la situation continue de s’aggraver. Les écosystèmes d’eau douce doivent être mieux représentés dans le réseau d’aires protégées, considérés comme objectifs légaux de conservation dans les stratégies nationales de biodiversité, et abordés dans les évaluations d’impact environnemental.

3.7 Les espèces phares

Oxylapia polli (Kiener & Maugé 1966) Rheocles vatosoa (Stiassny et al. 2002) Le Songatana (Oxylapia polli), un cichlidé ptychochromine L’espèce en danger Rheocles vatosoa est localement endémique (Sparks 2004, Sparks & Smith, 2004a), n’est endémique à la partie supérieure de la rivière Lokoho connu que dans les rapides et les zones rocheuses de la au nord-est de Madagascar. L’espèce était auparavant rivière Nosivolo, un affluent de la rivière Mangoro dans les limitée aux cours d’eau qui drainent les pentes des hautes terres de l’est de Madagascar. Cette espèce est le montagnes environnantes des bassins d’Andapa (Stiassny cichlidé de Madagascar le plus rhéophile, présentant des et al., 2002). Une étude récente du bassin d’Andapa par spécialisations pour une vie dans un environnement Ravelomanana et le Centre Duke Lemur montre cependant fluide, comprenant un corps comprimé dorso-ventral et que de nombreuses populations dans son ancienne aire de des nageoires pelviennes robustes et bien développées répartition sont maintenant éteintes, notamment dans la (De Rham & Nourrisat, 2002 ; Sparks, 2008). Le poisson rivière Marovato à Ambodivohitra, la rivière Andramonta à est rare et difficile à attraper dans son aire de répartition Ambodihasina et la rivière Andrakata au village Andrakata. très limitée (De Rham, 1999). Cependant, l’espèce est Bien que le bassin versant de la rivière Lokoho soit protégé soumise à une forte pression de pêche en dehors des par les parcs nationaux de Marojejy et Anjanaharibe Sud, zones réglementées. Bien que le fleuve Nosivolo soit l’espèce est menacée par la déforestation en cours, maintenant une zone protégée et un site Ramsar, son aire l’utilisation de moustiquaires à petites mailles dans les de répartition restreinte le rend particulièrement activités de pêche et la présence d’espèces exotiques vulnérable à la perte et à la dégradation de son habitat par Gambusia holbrooki, Xiphophorus hellerii et Channa l’envasement causé par la déforestation. Par conséquent, maculata. La partie centrale de l’aire de répartition de il est évalué comme étant en voie de disparition et une l’espèce a également été convertie en vastes zones de surveillance continue est recommandée pour évaluer rizières où R. vatosoa n’est plus présent. l’efficacité de cette protection.

Figure 3.12 Oxylapia polli (EN). © Paul V. Loiselle Figure 3.13 Rheocles vatosoa mâle (EN). © Paul V. Loiselle

25 La valeur économique des zones humides doit également ■ Concentrer les actions de gestion dans les aires être déterminée et présentée pour être prise en compte dans protégées existantes pour protéger et gérer durablement les stratégies de planification du développement. les espèces de poissons d’eau douce identifiées comme étant présentes. Cela peut nécessiter l’inclusion Étant donné l’importance de la pêche continentale pour d’actions de gestion à l’échelle du bassin versant et pas les économies locales à Madagascar, la conservation in- seulement à l’intérieur des sites eux-mêmes. situ devrait toujours s’accompagner de plans d’utilisation ■ Identifier de nouveaux sites Ramsar pour la conservation durable à long terme pour de nombreuses espèces. et l’utilisation rationnelle des espèces de poissons d’eau douce. La réglementation des pêches doit être considérée comme légitime par les parties prenantes, afin d’obtenir leur soutien Recommandations à long terme et leur conformité. La décentralisation de la gouvernance aux ■ Développer un programme d’information, d’éducation communautés indigènes et locales, la gouvernance partagée et de communication pour mieux faire connaître les et les accords de cogestion sont un moyen d’atteindre poissons d’eau douce malgaches, leur importance et les cette légitimité et ont contribué à la réussite des résultats menaces auxquelles ils sont confrontés. de la gestion des pêches, en particulier dans les pêches ■ Mettre à jour la liste des espèces de poissons d’eau douce artisanales d’autres pays en développement. (Secrétariat de malgaches dans la législation malgache sur les pêches. la Convention sur la Diversité biologique 2014). ■ Focaliser davantage sur les espèces de poissons d’eau douce dans les stratégies et plans d’action nationaux sur Le maintien des débits d’écoulement naturel (y compris la la biodiversité en utilisant les informations présentées quantité, la qualité et le calendrier des écoulements d’eau) actuellement pour guider les actions proposées et est essentiel et l’outil E-Flows fournit des conseils sur les améliorer la base d’informations de base et les méthodes pour y parvenir (Dyson et al. 2008). Lorsque recommandations pour les poissons d’eau douce. la modification des débits des rivières est inévitable afin ■ Adopter toutes les approches de gestion intégrée des de satisfaire les besoins humains essentiels, l’approche bassins hydrographiques, comme recommandé par la E-Flows devrait être appliquée afin de minimiser les impacts. CDB (Ramsar 2010).

La mise en œuvre des réglementations sur les espèces exotiques envahissantes (EEE), les évaluations des risques 3.6 Actions de recherche et la gestion délibérée des EEE spécifiques aux sites et aux populations doivent être mises en pratique (Kull et al. 2014). L’information sur la répartition et le statut de nombreuses Des actions aussi bien au niveau du bassin versant et du espèces d’eau douce ne sont pas assez fournis. Nous site doivent être prises pour minimiser l’introduction et le recommandons donc des études de terrain supplémentaires déplacement des espèces envahissantes dans les bassins pour fournir des connaissances à jour sur la distribution versants où elles ne sont pas actuellement présentes. globale des espèces endémiques d’eau douce et de leurs menaces. Cette information de base sur les espèces est Recommandations à court terme essentielle pour éclairer la prise de décision sur le ■ Encourager la reproduction ex-situ d’espèces de développement environnemental et les priorités de poissons indigènes menacées dans les installations conservation dans tout le hotspot. De nombreuses espèces aquacoles à Madagascar. n’ont pas été enregistrées depuis plus de 100 ans et ■ Élargir les activités de conservation ex-situ du seulement à partir d’enquêtes limitées sur terrain, leur Programme de Survie des Espèces (PSS), où les existence continue et leur distribution complète doivent être aquariums du monde entier retiennent et élèvent des confirmées. Nous recommandons fortement que le travail sur espèces endémiques malgaches très menacées dans la le terrain soit mené en collaboration avec des scientifiques nature (espèces CR et EN). nationaux et internationaux afin de renforcer les capacités ■ Identifier les zones qui restent relativement vierges et qui scientifiques régionales. retiennent des espèces endémiques pour une protection potentielle à travers le réseau national d’aires protégées et / ou par des efforts d’organisations privées ou non 3.8 Références gouvernementales (ONG). ■ Référer aux zones clés pour la biodiversité d’eau douce Abell, R.A. and Brown, A. 2005. Mascarenes. p. 272–275. In: identifiées pour les poissons (voir le chapitre 9) à prendre Thieme, M.L., R.A. Abell, M.L.J. Stiassny, P. Skelton, B. en compte dans le réseau national d’aires protégées Lehner, G.G. Teugels, E. Dinerstein, A.K. Toham, N. Burgess existantes et futures. and D. Olson (eds.). Fresh-water Ecoregions of Africa and

26 Madagascar: A Conservation Assessment. Island Press, De Rham, P. 1999. Oxylapia polli, the enigmatic cichlid of the Washington, DC. 431 p. . The cichlid room companion. Cichlid Aldegheri, M. 1972. Rivers and streams on Madagascar. Room Companion. Retrieved on January 31, 2018, from: In: Battistini, R., Richard-Vindard, G. Biogeography https://www.cichlidae.com/article.php?id=126. and ecology in Madagascar, 261–310. https://doi. Dyson, M., Bergkamp, G. and Scanlon, J. 2008. Flow: The org/10.1007/978-94-015-7159-3_8 Essentials of Environmental Flows. IUCN, Gland, Andriafidison, D., Jenkins, R.K.B., Loiselle, P.V., et al. 2011. Switzerland and Cambridge, UK. xiv+118 pp. Ecological Preliminary fish survey of Lac Tseny in north-western Indicators 45: pp456–464. Madagascar. Madagascar Conservation and Development Donque, G. 1972. The climatology of Madagascar. In: R. 6(2): 83–87. Battistini and G. Richard-Vindard (eds.). Biogeography Benstead, P.J., Douglas, M.M., Pringle, M.C. 2003. 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Annexe 3.1 Statut de la Liste Rouge des poissons d’eau douce de Madagascar et des îles de l’Océan Indien.

Catégories Catégories de la liste de la liste rouge de Endémique rouge de Endémique Famille Genre et espèces l’UICN au hotspot Famille Genre et espèces l’UICN au hotspot Poecilidae Pantanodon EX Oui Cichlidae Ptychochromoides EN Oui madagascariensis vondrozo Cichlidae Ptychochromis onilahy EX Oui Bedotiidae Rheocles alaotrensis EN Oui Ariidae Arius festinus CR Oui Bedotiidae Rheocles vatosoa EN Oui Ariidae Arius uncinatus CR Oui Bedotiidae Rheocles wrightae EN Oui Bedotiidae Bedotia tricolor CR Oui Clupeidae Sauvagella robusta EN Oui Cichlidae Paretroplus dambabe CR Oui Atherinidae Teramulus waterloti EN Oui Cichlidae Paretroplus CR Oui Eleotridae Typhleotris EN Oui gymnopreopercularis madagascariensis Cichlidae Paretroplus maculatus CR Oui Bedotiidae Bedotia masoala VU Oui Cichlidae Paretroplus menarambo CR Oui Kuhliidae Kuhlia sauvagii VU Oui Cichlidae Ptychochromis insolitus CR Oui Aplocheilidae Pachypanchax arnoulti VU Oui Cichlidae Ptychochromoides CR Oui Cichlidae Paratilapia polleni VU Oui betsileanus Cichlidae Paretroplus damii VU Oui Cichlidae Ptychochromoides itasy CR Oui Cichlidae Paretroplus kieneri VU Oui Bedotiidae Rheocles derhami CR Oui Bedotiidae Bedotia alveyi NT Oui Bedotiidae Rheocles lateralis CR Oui Gobiidae Favonigobius reichei NT Non Eleotridae Typhleotris mararybe CR Oui Gobiidae Acentrogobius therezieni DD Oui Eleotridae Typhleotris pauliani CR Oui Mugilidae Agonostomus catalai DD Non Anchariidae Ancharius griseus EN Oui Batrachoididae Allenbatrachus DD Non Bedotiidae Bedotia albomarginata EN Oui meridionalis Bedotiidae Bedotia geayi EN Oui Ambassidae Ambassis fontoynonti DD Oui Bedotiidae Bedotia leucopteron EN Oui Ariidae Arius africanus DD Non Bedotiidae Bedotia longianalis EN Oui Gobiidae Bathygobius DD Non Bedotiidae Bedotia EN Oui samberanoensis madagascariensis Terapontidae Datnia elongata DD Non Bedotiidae Bedotia marojejy EN Oui Eleotridae Eleotris vomerodentata DD Oui Anchariidae Gogo ornatus EN Oui Anchariidae Gogo arcuatus DD Oui Cichlidae Katria katria EN Oui Anchariidae Gogo atratus DD Oui Cichlidae Oxylapia polli EN Oui Anchariidae Gogo brevibarbis DD Oui Aplocheilidae Pachypanchax omalonota EN Oui Aplocheilidae Pachypanchax playfairii DD Oui Aplocheilidae Pachypanchax patriciae EN Oui Eleotridae Hypseleotris cyprinoides DD Non Aplocheilidae Pachypanchax sakaramyi EN Oui Megalopidae Megalops cyprinoides DD Non Aplocheilidae Pachypanchax EN Oui Syngnathidae Microphis fluviatilis DD Non sparksorum Gobiidae Oligolepis acutipennis DD Non Aplocheilidae Pachypanchax varatraza EN Oui Cichlidae Paratilapia bleekeri DD Oui Cichlidae Paretroplus lamenabe EN Oui Cichlidae Paretroplus petiti DD Oui Cichlidae Paretroplus loisellei EN Oui Cichlidae Ptychochromis curvidens DD Oui Cichlidae Paretroplus maromandia EN Oui Cichlidae Ptychochromis DD Oui Cichlidae Paretroplus nourissati EN Oui ernestmagnusi Cichlidae Paretroplus tsimoly EN Oui Cichlidae Ptychochromis mainty DD Oui Cichlidae Ptychochromis inornatus EN Oui Cichlidae Ptychochromis makira DD Oui Cichlidae Ptychochromis loisellei EN Oui Eleotridae Ratsirakia legendrei DD Oui Cichlidae Ptychochromis EN Oui Bedotiidae Rheocles pelligrini DD Oui oligacanthus Bedotiidae Rheocles sikorae DD Oui

29 Annexe 3.1 suite. Statut de la Liste Rouge des poissons d’eau douce de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien.

Catégories Catégories de la liste de la liste rouge de Endémique rouge de Endémique Famille Genre et espèces l’UICN au hotspot Famille Genre et espèces l’UICN au hotspot Gobiidae Sicyopterus punctissimus DD Oui Syngnathidae Hippichthys cyanospilos LC Non Clupeidae Spratellomorpha bianalis DD Oui Syngnathidae Hippichthys spicifer LC Non Sparidae Acanthopagrus berda LC Non Gobiidae Istigobius ornatus LC Non Gobiidae Acentrogobius audax LC Non Kuhliidae Kuhlia rupestris LC Non Anguillidae Anguilla marmorata LC Non Leiognathidae Leiognathus equulus LC Non Gobiidae Acentrogobius nebulosus LC Non Lutjanidae Lutjanus LC Non Mugilidae Agonostomus telfairii LC Non argentimaculatus Ambassidae Ambassis ambassis LC Non Lutjanidae Lutjanus ehrenbergii LC Non Ambassidae Ambassis natalensis LC Non Syngnathidae Microphis brachyurus LC Non Anchariidae Ancharius fuscus LC Oui Syngnathidae Microphis leiaspis LC Non Ariidae Arius madagascariensis LC Oui Monodactylidae Monodactylus argenteus LC Non Atherinidae Atherinomorus LC Oui Monodactylidae Monodactylus falciformis LC Non duodecimalis Mugilidae Moolgarda perusii LC Non Leiognathidae Aurigequula fasciata LC Non Mugilidae Mugil cephalus LC Non Gobiidae Awaous aeneofuscus LC Non Eleotridae Ophiocara porocephala LC Oui Gobiidae Awaous macrorhynchus LC Oui Mugilidae Osteomugil engeli LC Non Gobiidae Bathygobius fuscus LC Non Cichlidae Paretroplus polyactis LC Oui Eleotridae Butis butis LC Non Pristigasteridae Pellona ditchela LC Non Chanidae Chanos chanos LC Non Ariidae Plicofollis dussumieri LC Non Mugilidae Chelon melinopterus LC Non Gobiidae Psammogobius LC Non Mugilidae Crenimugil crenilabis LC Non biocellatus Eleotridae Eleotris fusca LC Non Cichlidae Ptychochromis LC Oui Eleotridae Eleotris mauritiana LC Non grandidieri Gobiidae Redigobius balteatus LC Non Eleotridae Eleotris melanosoma LC Non Gobiidae Redigobius dewaali LC Non Eleotridae Eleotris pellegrini LC Oui Clupeidae Sauvagella LC Oui Elopidae Elops machnata LC Non madagascariensis Leiognathidae Equulites leuciscus LC Non Scatophagidae Scatophagus LC Non Leiognathidae Gazza minuta LC Non tetracanthus Gerreidae Gerres filamentosus LC Non Gobiidae Sicyopterus franouxi LC Oui Eleotridae Giuris margaritacea LC Non Gobiidae Stenogobius polyzona LC Non Gobiidae Glossogobius LC Oui Gobiidae Taenioides gracilis LC Non ankaranensis Atherinidae Teramulus kieneri LC Oui Gobiidae Glossogobius callidus LC Non Terapontidae Terapon jarbua LC Non Gobiidae Glossogobius giuris LC Non Mugilidae Valamugil buchanani LC Non Kraemeriidae Gobitrichinotus arnoulti LC Oui Mugilidae Valamugil robustus LC Non Gobiidae Gobius hypselosoma LC Non Ophichthidae Yirrkala tenuis LC Non

30 Chapitre 4 Statut et répartition des mollusques d’eau douce

Dirk Van Damme1, Frank Köehler2, Luciano Andriamaro3, William Darwall4, Laura Máiz-Tomé4

4.1 Aperçu des mollusques d’eau douce de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien...... 31 4.2 Tendances de la richesse globale des espèces...... 33 4.3 Statut de conservation...... 34 4.3.1 Espèces menacées...... 36 4.3.2 Espèces à Données insuffisantes...... 37 4.4 Principales menaces...... 37 4.5 Recommandations en matière de conservation...... 40 4.7 Les espèces phares...... 41 4.6 Actions de recherches...... 42 4.8 Références...... 42 Annexe 4.1 Statut de la Liste Rouge des mollusques d’eau douce de Madagascar et des îles de l’Océan Indien...... 44

4.1 Aperçu des mollusques d’eau le nombre d’espèces introduites dans les îles de l’Océan douce de Madagascar et du Indien est considérablement plus élevé. Six espèces hotspot des îles de l’Océan Indien dont l’ampullariidae Pomacea canaliculata d’Amérique du Sud, le viviparidae Bellamya bengalensis de l’Asie du Les mollusques d’eau douce (bivalves et gastéropodes) se Sud-Est, le lymnaidae européen Galba truncatula et le retrouvent dans une large gamme d’habitats d’eau douce, et lymnaidae australien Austropeplea viridis, le potamiopsidae ont des stratégies de vie variées et présentent des Oncomelania hupensis d’Asie du Sud-Est et le physidae interactions écologiques complexes. Tout ceci souligne leur Physella acutafrom Amérique du Nord sont maintenant utilisation comme indicateurs de la diversité changeante des rencontrées dans les Mascareignes. Ces espèces eaux douces (Seddon et al.2011). A Madagascar et dans les prospèrent dans des habitats artificiels et perturbés, tels que îles voisines de l’Océan Indien, les mollusques d’eau douce les rizières, et peuvent vivre dans des eaux bouchées par des sont représentés par 10 familles de gastéropodes et quatre plantes aquatiques envahissantes telles que le chou du Nil familles de bivalves. Sur les îles (à l’exception de (Pistia sp.). Par conséquent, leur présence et leur dominance Madagascar), le nombre d’espèces de gastéropodes d’eau indiquent une altération des écosystèmes aquatiques et douce est faible et les bivalves d’eau douce sont totalement des niveaux élevés d’eutrophisation. Puisque la plupart absents. de ces espèces sont des hôtes intermédiaires pour les trématodes très dangereux (par exemple pour Schistosoma), Dans le cadre de ce projet, seules les espèces indigènes l’augmentation de leur population déclenche l’utilisation de ont été évaluées et cartographiées pour la Liste Rouge molluscicides non sélectifs. de l’UICN. A Madagascar, la seule espèce introduite connue est Bellamya unicolor (Viviparidae), une espèce Gastéropodes d’eau douce afrotropicale. Cependant, cette espèce n’a été enregistrée Les gastéropodes d’eau douce représentent environ 85% qu’une seule fois et elle aurait pu être mal identifiée. Il est de tous les mollusques d’eau douce dans le hotspot, au très probable qu’un certain nombre d’autres planorbides sein de trois groupes : néritimorphes, caénogastropodes afrotropicaux largement répandus ont été également et eupulmonates (tableau 4.1). Les nérithomorphes et introduits, mais d’autres études moléculaires sont les caénogastropodes indigènes sont les plus divers nécessaires pour le confirmer. Comparé à Madagascar, dans les lacs et les grands cours d’eau, tandis que les

1 Ghent University, Krijgslaan, 281, B9000, Ghent, Belgium. Email: [email protected] 2 Australian Museum, 1 William Street, NSW 2010, Sydney, Australia. 3 Conservation International IIW 27D Ankorahotra, B.P. 5178, Madagascar. 4 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK.

31 Tableau 4.1 Diversité et endémisme des familles de mollusques d’eau Oncomelania hupensis, un vecteur dangereux pour les douce à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien. douves, a probablement été introduit à Maurice (Andriamaro, Classe Ordre Famille Espèces 2010). Assimineidae: C’est une famille de gastropodes Nombre Nombre des % des minuscules avec juste quelques caractères identifiés. Deux des espèces espèces espèces du genre Assiminea (A. parvula et A. hidalgoi) espèces endémiques endémiques se trouvent sur les îles de l’Océan Indien, la première Unionoida Etheriidae 1 0 0 Incertae sedis 3 1 3 étant également présente à Madagascar. Considérées à Veneroida Cyrenidae 1 1 3 l’origine comme des espèces endémiques, leur identification Bivalve Sphaeriidae 9 3 9 nécessite d’être confirmée, car elles sont également Neritidae 12 2–3 6–9 enregistrées dans d’autres parties de la région indo- Ampullariidae 2 2 6 pacifique. Pachychilidae: Un seul genre, précédemment Potamididae 1 0 0 appelé Melanatria et jusqu’à maintenant considéré comme Assimineidae 2 ? ? Prosobranchia ne contenant que deux espèces (Brown 1994), est présent Pachychilidae 6 6 18 à Madagascar. Récemment, cependant, ce genre a été Paludomidae 4 4 12 Thiaridae 5 0–1 0–3 renommé Madagasikara par Köhler & Glaubrecht (2010),

Gastéropode Potamididae 1 0 0 qui a été également reconnu avec six espèces en total. Ellobiidae 5 0–2 0–6 Toutes les espèces sont endémiques à Madagascar, à Lymnaeidae 2 1 3 Nosy Be et à l’île Sainte Marie. Paludomidae: Deux genres 13 9 27 (Cleopatra et Paludomus) sont connus pour se produire dans Total 66 30–50 ~50 le hotspot. Le premier genre, Cleopatra, a une distribution afrotropicale et ne se trouve que sur Madagascar dans ce eupulmonates d’eau douce sont le plus souvent associés hotspot, tandis que le second, Plaudomus, est également à des plans d’eau plus petits, comme les rizières et les présent en Asie du Sud et aux Seychelles (île de Mahé). fossés. Au total, 12 espèces de néritomorphes, 20 espèces L’espèce P. ajanensis est endémique à l’île de Mahé et de caénogastropodes et 20 espèces d’eupulmonates sont elle a été signalée à tort par la Somalie (Brown, 1994). reconnues. Thiaridae: Trois genres (Mieniplotia, Thiara et Melanoides) sont présents à Madagascar et dans de nombreuses îles de ■ Neritomorpha l’Océan Indien. Toutes sont représentées par des espèces Neritidae: De nombreux néritidés sont marins bien que largement réparties dans l’Océan Indien ou mondialement certains se soient adaptés aux habitats saumâtres et d’eau répandues (Melanoides tuberculata). Des recherches douce, mais en Afrique, ils ne pénètrent pas loin à l’intérieur supplémentaires sont nécessaires pour clarifier le statut des terres (Brown, 1994). Douze espèces appartenant à cinq taxonomique de M. psorica, qui est une espèce endémique genres (Septaria, Neripteron, Neritina, Neritilia et Clithon) malgache ou, plus probablement, une forme mince de M. sont connues avec la plupart, voire toutes, présentes à tuberculata. Potamididae: Cerithidea decollata, une espèce Madagascar. Parmi les autres îles de l’Océan Indien, Maurice d’eau saumâtre répandue le long des côtes indo-pacifiques, et la Réunion ont la faune néritidée la plus riche. Les larves y compris en Afrique de l’Est et également présente à de toutes les espèces complètent leur développement Madagascar, à Maurice, à Mayotte et à la Réunion. ontogénétique dans les milieux marins. Par conséquent, les néritiques se trouvent principalement dans les cours ■ Eupulmonata inférieurs des rivières ou des systèmes fluviaux qui se jettent Ellobiidae: Ce sont principalement des espèces amphibies dans la mer. présentes dans les habitats marins et saumâtres. Quatre genres (Laemodonta, Pedipes, Allochroa et Auriculastra) ■ Caenogastropoda sont présents à Madagascar et dans les îles de l’Océan Ampullariidae: A Madagascar, cette famille afro-asiatique Indien, où seules les Pedipes affinis et les Auriculastra subula est représentée par une espèce du genre Lanistes (L. sont présentes. Trois espèces sont répandues dans l’Indo- grasseti) et une espèce du genre Pila (P. cecillei). Ces deux Pacifique. Deux espèces (Laemodonta madagascariensis espèces sont endémiques à Madagascar. Cette famille et L. livida) ont été récemment découvertes sur une plage n’est pas représentée sur les autres îles de l’Océan Indien. de Madagascar. Il est peu probable que ces deux espèces Cependant, la Pomacea canaliculata sud-américaine a soient limitées à la localité type et des recherches plus été introduite à Maurice. Viviparidae: L’espèce asiatique approfondies sont nécessaires pour délimiter leur distribution Bellamya bengalensis a été introduite de l’Inde à Maurice. réelle. Lymnaeidae: Deux genres sont connus du hotspot. Il existe également un enregistrement douteux de l’espèce Le genre neritiforme Lantzia (L. carinata) est endémique afrotropicale B. unicolor d’un seul endroit sur Madagascar à la Réunion et restreint à la localité type. Le genre Radix (Fischer-Piette & Vukadinovic, 1973). Potamiopsidae: (Lymnaea) est représenté par l’espèce afrotropicale à large

32 distribution R. natalensis. Elle est présente à Madagascar le nord-ouest de Madagascar, mais tout le matériel date du (ancienne espèce présumée endémique, L. ovarum), à 20ème siècle. Unionoidae énigmatique (incertae sedis): Maurice (précédemment identifiée comme présumée espèce de Madagascar, trois autres unionoïdes ont été décrits. endémique, L. mauritiana), à Anjouan, à la Réunion, à Mayotte L’un, « Unio madagascariensis », doit être considéré comme et aux Comores. Radix natalensis a été introduit dans les trois un nomen dubium, parce que son auteur ne donne une derniers endroits. Galba truncatula, une espèce présente description sommaire que d’une figure et que l’on ne sait en Europe résistante à la pollution, est également trouvé à pas où il se trouve. Il a été recueilli dans un bassin fluvial la Réunion. Planorbidae: Quatorze espèces appartenant à sur la côte est. Chez ‘Unio malgachensis’, il ne reste qu’une huit genres sont représentées, à savoir Ferrissia, Gyraulus, partie non identifiable d’une coquille juvénile (12 mm). On Africanogyrus, Ceratophallus, Lentorbis, Segmentorbis, ne sait pas d’où vient cette coquille à Madagascar et c’est Biomphalaria et . La plupart sont endémiques de aussi un nomen dubium. Pour la troisième espèce, aucune Madagascar et / ou des îles de l’Océan Indien: Africanogyrus localisation précise n’est donnée, mais quelques restes crassilabrum est présent à Madagascar, aux Comores et à de coquilles, collectées à la fin du 19ème siècle. Décrite Mayotte, A. starmuehlneri est confiné aux monts Ankaratra à l’origine sous le nom d’Unio geayi, Graf & Cummings à Madagascar et A. rodriguensis n’est connu qu’à deux (2009) ont créé un nouveau genre, Germainaia, déclarant endroits sur Rodrigues. Gyraulus mauritianus était à l’origine que cette espèce pourrait aussi bien appartenir à la famille limité à Maurice et à Rodrigues, mais a été introduite sur Holartic-Indo-Malaysian-Afrotropical Unionidae qu’à la d’autres îles. Ferrissia modesta et Bulinus bavayi sont famille Australienne-Néotropicale Hyriidae. Cependant, répandues à Madagascar et se trouvent sur plusieurs îles, où dans une publication ultérieure sur la taxonomie récentes elles ont probablement été introduites. Bulinus liratus et B. et fossiles des Hyriidae (Graf et al., 2015), l’espèce n’est pas obtusispira sont endémiques à Madagascar et B. cernicus mentionnée. Les espèces unionoïdes décrites de la Réunion est endémique à Maurice. Cette espèce est également et de Maurice ont été introduites (Philippines, Amérique du apparue à la Réunion, où elle a probablement été introduite Sud, etc.) (Graf & Cummings 2009). et pourrait être éteinte depuis. Les cinq autres espèces, à savoir Ceratophallus natalensis, Bulinis forskalii, Lentorbis ■ Veneroidae junodi, Segmentorbis angustus et Biomphalaria pfeifferi ont C y r e n i d a e : Une espèce endémique C o r b i c u l a une distribution afrotropicale. Physidae: L’espèce nord- madagascariensis, est connue de Madagascar (Glaubrecht américaine Physella acuta (précédemment appelée Physa et al., 2006). Une espèce autrefois largement répandue, sa acuta) a été introduite à la Réunion. distribution semble actuellement être réduite à une douzaine d’endroits. Sphaeridae: Neuf espèces appartenant à trois Bivalves d’eau douce genres (Sphaerium, Pisidium et Eupera) sont connues à Les bivalves d’eau douce représentent environ 15% de Madagascar, mais aucune ne se trouve sur les îles de la faune des mollusques d’eau douce de Madagascar l’Océan Indien, à l’exception de l’espèce afrotropicale à et du hotspot des îles de l’Océan Indien. Au total, nous large distribution, Eupera ferruginea. Trois espèces, Eupera reconnaissons 10 espèces (quatre genres, deux familles, degorteri, Pisidium johnsoni et P. betafoense sont des un ordre) de bivalves dans le hotspot (tableau 4.1). Les espèces endémiques malgaches à distribution restreinte. bivalves sont divisés en deux ordres distribués à l’échelle Les autres ont une distribution afro-tropicale ou globale plus mondiale: Unionoida (autrement connu sous le nom de large. moules d’eau douce) et Veneroida (autrement connu comme les palourdes et les pois-palourdes). Tous les bivalves du hotspot appartiennent à ce dernier ordre (Graf & Cummings 4.2 Tendances de la richesse globale 2011). Ils occupent un large éventail d’habitats, des eaux des espèces saumâtres des estuaires aux environnements intérieurs lentiques et lotiques. À l’origine, quatre espèces d’Unionoida Généralement, les mollusques d’eau douce trouvent leurs ont également été décrites à Madagascar, deux à la Réunion plus hauts niveaux d’endémisme et de diversité dans les et trois à Maurice. Toutes les espèces décrites dans les anciens lacs, les grands bassins fluviaux et les bassins Mascareignes se sont révélées avoir été collectées ailleurs, artésiens (Seddon et al., 2011), et tous ces habitats peuvent deux Malgaches sont basées sur des fragments de coquilles être trouvés dans le hotspot. En raison de sa taille, de non identifiables et les deux autres ont disparu (Graf & sa morphologie diversifiée et de sa proximité avec le Cummings 2009). continent africain, Madagascar est l’île ayant la plus grande richesse en espèces de mollusques d’eau douce dans le ■ Unionoidae hotspot. Cependant, cette richesse en espèces a clairement Etheriidae: Le genre monospécifique Afrotropical Etheria souffert en raison des périodes d’aridité sévère qui se sont (E. elliptica) a été collecté dans trois systèmes fluviaux dans produites dans cette région et en Afrique australe au cours

33 du Quaternaire (Burney 1996). Ce déclin faunique est évident La grande diversité des mollusques d’eau douce à la Réunion chez les moules d’eau douce, groupe qui a besoin de grands et à l’île Maurice est principalement due à la présence d’une lacs et rivières limpides et qui est absent en Afrique au Sud quantité importante d’assimineidés euryhalines, elloboïdes, de l’équateur dans les eaux au-dessus de 1 000 m (Mandahl- néritiques, thiaridés, paludomidés et potamididés avec une Barth, 1984; Graf & Cummings, 2011). L’absence de deux distribution dans l’Océan indien ou même indo-pacifique. La familles de caenogastropodes, Viviparidae et Bithyniidae, qui richesse en espèces purement d’eau douce est plutôt faible. sont communes sur l’Afrique continentale, peut également Un seul bivalve afrotropical largement répandu (Eupera être liée à ces événements climatiques dramatiques du ferruginea) a atteint ces îles. Les gastéropodes strictement Quaternaire. Apparemment, les plus grands bivalves d’eau d’eau douce sont principalement des espèces afrotropicales douce ne se sont jamais complètement rétablis et n’ont répandues ou des espèces probablement introduites de survécu que dans les parties basses de quelques bassins Madagascar. L’endémisme est faible et la quantité d’espèces hydrographiques jusqu’à ce que les activités humaines qui introduites de l’Asie du Sud-Est et d’autres parties du monde provoquent la dénudation et l’envasement des terres les est comparativement élevée et préoccupante. aient éteints au tournant du XIXe siècle. Les mollusques d’eau douce tropicaux n’ont pas encore Les régions malgaches ayant la plus grande richesse en reçu le même niveau d’attention que les faunes européennes espèces (12–17 espèces) sont la chaîne de montagnes et nord-américaines, et à mesure que les études centrales et quelques petits sous-bassins versants côtiers, taxinomiques se poursuivent, en particulier ceux qui utilisent principalement le long des basses terres orientales (figure la systématique moléculaire, le nombre d’espèces connues 4.1). La grande diversité dans la chaîne de montagnes pourrait bien augmenter, comme cela a déjà été le cas dans centrale est due à l’impact relativement plus faible sur les des études sur certains genres. habitats naturels par les humains, par rapport à celui des contreforts densément peuplés et des basses terres. La diversité est significativement élevéeée par la présence d’un 4.3 Statut de conservation plus grand nombre de pulmonates (par exemple l’endémique Africanogyrus starmuehlneri), de nombreux sphaeriids et L’état de conservation de 66 espèces de mollusques la présence relique d’espèces de genres endémiques de d’eau douce a été évalué en appliquant les catégories et caenogastropode Madagasikara et d’espèces telles que critères de la Liste Rouge de l’UICN: Version 3.1 à l’échelle Lanistes grasseti et Cleopatra grandidieri. mondiale (UICN 2012). Au moins 24% de ces espèces sont considérées comme menacées, avec au moins 4% des La grande diversité de certaines zones côtières de espèces évaluées étant En danger critique d’extinction (CR), Madagascar se retrouve dans les régions à relief fortement 14% En danger (EN) et 6% Vulnérable (VU) (figures 4.2 et accidenté, principalement sur les basses terres orientales, 4.3, tableau 4.2 et annexe 4.1). En supposant que toutes et est due à la présence de certaines espèces endémiques les espèces à Données insuffisantes (DD) sont menacées telles que l’espèce Madagasikara et un certain nombre dans la même proportion que les espèces pour lesquelles d’espèces Indo-Pacific euryhalines néritidés et ellobides qui suffisamment d’informations étaient disponibles, le ne s’aventurent pas loin de la mer. pourcentage d’espèces menacées de mollusques augmente à 30%. Ce niveau de menace est très similaire aux résultats La plus faible diversité (6–8 espèces) se trouve dans le Sud de l’évaluation panafricaine, pour laquelle la proportion des de Madagascar et sur les plateaux Nord et central qui ont espèces de mollusques menacées totales à travers l’Afrique été transformés en rizières et prairies. Dans ces régions, continentale était de 29% (Seddon et al., 2011). la malacofaune est constituée d’espèces opportunistes qui peuvent survivre à des conditions saisonnières sous- En général, les caenogastropodes sont les plus menacés optimales (hypoxie, températures élevées et sécheresses). des groupes de mollusques d’eau douce, alors que trois Plusieurs d’entre elles sont endémiques (Pila cecillei, Bulinus espèces, toutes les unionoïdes (U. madagascariensis, U. liratus et B. obtusispira). malgachensis et Germainaia geayi ), ont disparu à Madagascar. Une espèce, Etheria elliptica, s’est également La richesse en espèces des autres îles de l’Océan Indien éteinte à Madagascar, cependant, elle est encore largement est directement liée à leur taille: les îles Mascareignes de la répandue en Afrique et a été évaluée globalement en tant que Réunion et de Maurice présentent la plus grande diversité préoccupation mineure (LC). (12–17 espèces), la diversité sur les Comores et les plus grandes îles des Seychelles est déjà assez faible (6–8 Seules deux espèces de paludomidés, Cleopatra colbeaui espèces) tandis que sur les petites îles comme Aldabra et Cleopatra grandidieri, et une espèce de Madagasikara (Seychelles), seules deux espèces sont connues. ont été classées comme Quasi menacées (NT) (tableau

34 Figure 4.1 Répartition des espèces de mollusques d’eau douce à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien.

Richesse spécifique pour Madagascar et du hotspot de l’Océan Indien

Nombre des espèces de mollusques d’eau douce par sous- bassin hydrographique de rivière/lac

35 Tableau 4.2 Nombre des espèces de mollusques d’eau douce dans Plus de la moitié des espèces de mollusques présentes dans chaque catégorie de la Liste Rouge pour l’ensemble du hotspot. le hotspot sont à Préoccupation mineure (LC) (tableau Nombre des 4.2). Cela inclut les espèces endémiques, telles que Pila Nombre espèces cecillei, Bulinus liratus et B. obtusispira, qui ont bénéficié de Catégories de la Liste Rouge de l’UICN d’espèces endémiques l’extension de l’environnement paludique artificiel créé par Catégories En danger critique (CR) 3 3 les rizières ainsi que des pulmonates Afrotropical tels que des 9 9 menaces En danger (EN) Ceratophallus natalensis, Bulinus forskalii, Segmentorbis 4 4 Vulnérable (VU) angustus, et de nombreux sphaeriids, qui prospèrent Quasi menacée (NT) 3 3 dans les eaux artificielles avec une croissance abondante Autres 35 9 catégories Préoccupation mineure (LC) des plantes et sont capables de tolérer des conditions Données insuffisantes (DD) 9 5 eutrophiques et une pollution chimique modérée. Eteint 3 3 Nombre total des espèces évaluées 66 36 4.3.1 Espèces menacées

Espèces en danger critique d’extinction (CR): Deux Figure 4.2 La proportion (%) d’espèces de mollusques d’eau caenogastropodes et un bivalve sont considérés comme des douce dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN à espèces CR (tableau 4.2). L’espèce malagasy Madagasikara Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien. zazavavindrano n’est connue que d’un seul endroit dans la Toutes les espèces de mollusques partie supérieure de la rivière Mahavavy dans le centre Ouest EX de Madagascar où il est menacé par l’expansion agricole DD 4% CR 14% 4% et l’envasement croissant et la dégradation de l’habitat due à l’érosion le long des berges. Le lymnaide amphibie EN 14% Lantzia coronata est limité à sa localité type à la Réunion et a été évalué comme CR (probablement éteint) en raison d’un déclin continu de la qualité de son habitat causé par VU des espèces végétales envahissantes. Le sphaeriid Pisidium 6% betafoense n’est connu que de sa localité type à Betafo, NT au centre de Madagascar, avec une zone d’occupation 5% de 4 km². Cette zone est devenue densément peuplée et LC intensivement cultivée et, par conséquent, l’espèce a été 53% évaluée comme CR (probablement éteinte).

Espèces en danger (EN): Neuf espèces ont été évaluées en 4.2). Considérant que Cleopatra colbeaui était autrefois tant que EN (tableau 4.2). Quatre d’entre eux appartiennent largement répandu, il ne devrait pas encore atteindre les au genre malgache endémique Madagasikara. Ils sont seuils pour se qualifier sous les catégories menacées mais considérés comme En danger (EN) en raison de leur aire de il le sera inévitablement si le rythme actuel de dégradation répartition restreinte et de leur déclin continu due à la perte des milieux aquatiques se poursuit. Une nouvelle étude est et à la dégradation de l’habitat. Similairement de statut EN nécessaire pour établir la distribution actuelle de Cleopatra est le pulmonate malgache, Africanogyrus starmuehlneri, grandidieri, qui peut tomber dans l’une des catégories qui se limite à quelques petits ruisseaux de montagne au- menacées. En l’absence de données récentes, mais en dessus de 1 800 m dans les montagnes de l’Ankaratra, une tenant compte de la régression sévère de son habitat région confrontée à un empiètement humain croissant. Deux naturel, l’espèce a été provisoirement évaluée comme NT. bivalves endémiques malgaches, le sphaeriide E. degorteri Madagasikara spinosa est la seule représentant du genre et le cyrenide C. madagascariensis, ont également été avec une aire de répartition relativement large (c’est-à- évalués comme étant en voie de disparition. Les deux autres dire plusieurs bassins dans l’est de Madagascar) et se espèces EN sont présentes dans les îles de l’Océan Indien. rencontre également dans certaines aires protégées. Ces La Néritide Neritina coronata n’a été confirmée que dans la gastéropodes, comme la plupart des pacgychilidés, se partie inférieure de certaines rivières de l’île Maurice et de la trouvent dans des eaux fraîches, claires et rapides dans les Réunion, tandis que le Caenogastropode saumâtre / d’eau zones de forêt tropicale. L’augmentation spectaculaire de douce Paludomus ajanensis n’est connu avec certitude que la turbidité dans les rivières de l’Est risque d’avoir un effet sur l’île de Mahé (Seychelles). La taille de sa population est négatif important sur la population de cette espèce. Par estimée seulement à 100 adultes suite à un seul événement conséquent, l’espèce a été évaluée comme NT. de pollution en 2002 qui a causé une baisse de 20%.

36 Espèces vulnérables (VU): Quatre espèces ont été Lantzia carinata, restreinte à sa localité type, et le planorbide évaluées en tant que VU (tableau 4.2). L’ampullariidé Africanogyrus rodriguenzis, qui n’est connu que de deux Lanistes grasseti est endémique de l’île de Madagascar, localités de Rodrigues, sont menacés. où il n’a été cité que dans les systèmes fluviaux du Sud- Ouest (Brown, 1994). La dégradation et l’épuisement des 4.3.2 Espèces à Données insuffisantes ressources en eau dans le sud de Madagascar (Valentine 2016) auraient eu un impact significatif sur cette espèce. Neuf espèces de mollusques d’eau douce ont été évaluées Africanogyrus rodriguezensis est endémique à Rodrigues en tant que DD. Les deux principales raisons de Données avec une aire de répartition restreinte. Actuellement les insuffisantes sur les mollusques sont l’incertitude écosystèmes de cette île sont relativement en bon état, taxonomique et les faibles connaissances de répartitions étant donné que la croissance démographique s’est géographiques. Deux espèces d’ellobiidés (Laemodonta stabilisée depuis les années 1990 et que, dans les années livida et L. madagascariensis) ont été évaluées en tant 1980, le reboisement de l’île était en pleine progression. que DD car elles ont été récemment décrites avec peu Cependant, l’augmentation de la fréquence et / ou de la d’informations disponibles sur leur distribution. Le statut sévérité des sécheresses dues au changement climatique endémique d’une troisième ellobiide, Allochroa succinea, est également une menace future plausible pour cette est douteux. Deux néritides et deux assiminéides restent espèce. Le sphaeriide malgache Pisidium johnsoni a également DD car il n’y a pas vraiment de consensus sur leur une aire de répartition limitée dans la partie centrale de taxonomie et donc sur leur distribution. Enfin, la taxonomie Madagascar et a été collecté pour la dernière fois à la fin de deux thiarides, Thiara datura (une ou plusieurs espèces?) des années 1980. Cependant, les espèces de Pisidium sont et Melanoides psorica (espèce rare endémique malgache facilement négligées et l’habitat de P. johnstoni semble être ou une forme de M. tuberculata?) doit également être des eaux artificielles telles que les fossés. Compte tenu résolue et, par conséquent, ils sont classés DD (tableau de ces facteurs, il est possible qu’une enquête détaillée 4.2 et Annexe 4.1). Des recherches supplémentaires sont montre que l’espèce n’est pas si rare après tout. Clithon nécessaires pour mieux comprendre ces espèces, la madecassinum est limitée à neuf localités sur la zone côtière taxonomie, les schémas de distribution et les impacts des du Nord-Est de Madagascar et fait face à la perte d’habitat activités menaçantes. et à la détérioration des conditions écologiques depuis 1970. Cependant, si sa présence à Durban (Afrique du Sud) est confirmée, cette évaluation devra être mise à jour. 4.4 Principales menaces

À Madagascar, les régions où le nombre d’espèces menacées Il existe de multiples menaces pour les mollusques d’eau est le plus élevé (2–3) sont les zones boisées montagneuses douce à Madagascar et dans les îles de l’Océan Indien. situées immédiatement à l’ouest de la capitale et également Dans la majorité des cas, il n’y a pas de menace unique pour dans la partie nord-est de la province de Mahajanga (figure une espèce, mais généralement une série de menaces qui 4.3), qui avait à l’origine, une couverture étendue de forêt se combinent pour entraîner un déclin de la population. Les tropicale. En raison des graves pénuries de terres et du principales menaces identifiées sont les suivantes: manque d’emplois dans ces zones urbaines actuellement densément peuplées, les agriculteurs malgaches ont remonté Sédimentation de matériaux riches en matières les pentes des montagnes en brûlant les dernières parcelles de organiques forêt ou en les coupant pour en faire du bois de chauffage. En Une menace majeure est l’envasement et l’altération conséquence, relativement plus d’espèces dans ces régions subséquente des microhabitats des mollusques. La plupart ont disparu car les conditions écologiques sont rapidement des espèces de cénogastropodes sont benthiques ou passées d’être vierge à fortement dégradée. Il convient de épibenthiques, traçant des sillons à travers la surface des noter que la carte de répartition des espèces menacées peut sédiments de fond, ou ils vivent dans les sédiments (par en partie refléter les différences dans l’intensité du travail exemple Thiaridés et la plupart des bivalves). Lorsque d’enquête effectué jusqu’à présent, de sorte que les zones à les berges des rivières sont débarrassées de leur couvert risque élevé peuvent ne pas encore être identifiées. forestier, les sols enrichis en éléments nutritifs s’accumulent rapidement dans l’eau (figure 4.4). Ces accumulations Sur les îles de l’Océan Indien, le nombre d’espèces menacées modifient les caractéristiques physiques et chimiques est relativement faible (deux espèces) car la faune des des sédiments en modifiant le rapport entre les sédiments mollusques d’eau douce est un mélange d’espèces qui inorganiques clastiques et les boues organiques La peuvent également survivre dans les eaux saumâtres et décomposition de ces derniers appauvrit les niveaux de pulmonaires opportunistes tolérants aux conditions d’oxygène dans l’eau et les sédiments, ce qui a un effet eutrophiques et à la pollution. Seule la lymnaide amphibie négatif sur les mollusques de fond.

37 Figure 4.3 Répartition des espèces de mollusques d’eau douce menacées à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien.

Espèces menacées pour Madagascar et du hotspot de l’Océan Indien

Nombre des espèces de mollusques d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

38 Figure 4.4 L’exploitation extensive des forêts tropicales de Madagascar a entraîné des taux élevés d’érosion des sols. Après les tempêtes cycloniques et les fortes pluies causées par El Niño, les sols latéritiques rouges sont emportés des pentes des collines vers les ruisseaux et les rivières, augmentant la turbidité et réduisant la qualité et le débit de l’eau des rivières, menaçant les populations de mollusques d’eau douce, de poissons, de décapodes et d’espèces d’Odonata. © Laura Máiz-Tomé

Pollution et baisse de la qualité de l’eau L’introduction d’arbres exotiques qui altèrent les propriétés Le déclin de la qualité de l’eau des rivières et des lacs se physico-chimiques de l’eau, tels que l’eucalyptus et les poursuit à Madagascar et dans les îles de l’Océan Indien. Les plantations de pins (tous deux très répandus à Madagascar), déversements miniers artisanaux et industriels, les eaux de peut également être très négative (Verhaege et al., 2011). Ces ruissellement agricoles, les eaux usées domestiques et les derniers acidifient les eaux de surface (pH = 4 ou moins) et eaux usées sont rejetés directement dans les rivières et les les feuilles et l’écorce d’eucalyptus sont très toxiques pour lacs, polluant les eaux avec des produits chimiques et des les mollusques d’eau douce (Cheruiyot et al., 1984). nutriments. De nombreuses espèces de mollusques sont sensibles à ces polluants. Changement climatique L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des Espèces envahissantes sécheresses menace les mollusques d’eau douce en L’enrichissement en nutriments mentionné ci-dessus conduit abaissant davantage la nappe phréatique des rivières à la prolifération d’algues et à la prolifération d’espèces et des lacs où il existe déjà des problèmes tels que la végétales flottantes envahissantes telles que le chou du Nil surexploitation de l’eau à des fins agricoles et domestiques. (Pistia spp.) et la jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes). De Plusieurs rivières et cours d’eau ont maintenant des périodes telles proliférations peuvent avoir des effets dramatiques où le débit sortant s’assèche complètement, ce qui accroît la tels que le ralentissement du débit d’eau, la réduction des vulnérabilité des populations. Les mollusques d’eau douce niveaux d’oxygène et le blocage de la lumière du soleil sont également sensibles aux changements de la qualité lorsqu’il s’agit de couvrir les lacs et les étangs. Ces plantes de l’eau, de sorte que les phénomènes météorologiques créent également un habitat de choix pour les moustiques extrêmes, comme les inondations, peuvent avoir de graves et pour certains genres d’escargots qui hébergent des vers conséquences, par exemple en modifiant les niveaux de plats parasites qui causent la schistosomiase (fièvre des sédiments de sorte que des espèces plus petites sont escargots). Les molluscicides sont ensuite utilisés pour enfouies, que les habitats sont détruits et que les branchies contrôler la transmission de la schistosomiase, mais ils des filtreurs sont obstruées. provoquent également un déclin simultané des populations d’espèces endémiques non porteuses qui ne représentent Perte et dégradation des zones humides aucune menace pour la santé humaine ou les moyens de Les changements majeurs dans l’utilisation des terres, en subsistance. particulier l’augmentation de l’agriculture, le détournement

39 de l’eau par des barrages, des digues et des canalisation ■ Le traitement des eaux usées et la gestion de l’eau ainsi que le drainage des marais inférieurs et supérieurs pour doivent être améliorés, en particulier en ce qui concerne la riziculture (figure 4.5) diminuent la qualité et la quantité de la surexploitation des sources et des eaux souterraines l’eau, ce qui a un impact sur la survie des mollusques d’eau et la pollution résultant de l’agriculture et de douce. l’urbanisation.

■ Les espèces envahissantes devraient être contrôlées 4.5 Recommandations en matière et un contrôle plus strict des introductions doit être de conservation mis en œuvre pour réduire leur impact sur la faune indigène. Cela inclut également les espèces importées A l’heure actuelle, aucune mesure de conservation ciblée n’a intentionnellement comme l’eucalyptus et le pin, en été mise en place pour protéger les mollusques d’eau douce raison de leurs effets toxiques sur les eaux de surface menacés dans la zone prioritaire. (Baohanta et al. 2012).

Recommandations pour Madagascar ■ Les Zones Clés pour la Biodiversité (ZCB) identifiées pour les mollusques d’eau douce (voir chapitre 9) doivent être ■ Des Etudes d’Impacts Environnementales (EIE) doivent reconnues et protégées selon les politiques nationales être réalisées pour tous les projets de développement relatives aux aires protégées et / ou aux conventions en amont des ZCB d’eau douce qui pourraient altérer internationales (par exemple, Ramsar). La gestion de ces la qualité de l’eau dans la ZCB. Ces EIE devraient sites doit tenir compte des besoins en matière d’habitat être obligatoires pour tout projet de développement pour maintenir des populations saines de mollusques susceptible d’avoir un impact sur les espèces de d’eau douce, assurer la qualité de l’eau et réduire au mollusques, tels que la construction de barrages, le minimum les taux d’envasement. développement de fermes piscicoles, l’extraction à grande échelle du bois avec coupe à blanc des forêts ■ L’importance et le rôle des mollusques dans le maintien galeries, les projets miniers utilisant des méthodes d’écosystèmes d’eau douce en bonne santé devraient d’extraction à ciel ouvert, toutes les activités agricoles être encouragés par une campagne de sensibilisation. qui impliquent la dénudation de la surface des terres et l’expansion des établissements humains. ■ La végétation de la forêt riveraine devrait être préservée.

Figure 4.5 Les zones humides d’eau douce sont une ressource clé pour la sécurité alimentaire, fournissant des sols fertiles et de l’eau pour la riziculture, mais elles se perdent et se dégradent à un rythme alarmant en raison de la demande croissante de terres et d’eau par l’agriculture et des initiatives de développement à grande échelle (par exemple, la construction de barrages). © Laura Máiz-Tomé

40 Recommandations pour les îles de l’Océan Indien Évaluation des espèces : La première étape essentielle pour la collecte des connaissances sur la faune aquatique La faune invertébrée aquatique de l’île Maurice et de la et leur utilisation pour l’évaluation de la qualité de l’eau est Réunion a été récemment échantillonnée et identifiée pour achevée. Les autorités des Mascareignes, responsables des créer un indice biotique et les menaces pour la biodiversité eaux de surface, sont donc nettement plus avancées dans ont été évaluées. Sur la base de ces résultats, le Landell ce domaine de surveillance qu’à Madagascar. Mills Consortium, sous la supervision de la Commission de l’Océan Indien, a rédigé trois plans d’action pour chaque Indice biotique : Le développement d’un indice biotique groupe d’îles. Le premier est un plan d’action général axé fournit un outil pour évaluer la qualité écologique des sur des actions à court, moyen et long terme (par exemple le systèmes d’eau douce (en cours d’exécution) (en utilisant Plan d’action 2015–2020 sur la biodiversité des eaux douces huit scores de très bonne qualité à très mauvaise qualité). de Maurice et Rodrigues) et le second sur des actions Il s’agit d’un système simple et rapide utilisé dans de immédiates (déjà réalisées) (Bonne & Lee, 2015). nombreux pays. Elle exige une connaissance taxonomique

4.7 Les espèces phares

Les escargots de rivière endémiques de Madagascar du genre Madagasikara Dr Frank Köhler, Senior Research Scientist, Australian Museum

Madagasikara est le nom de Madagascar dans la langue nationale malgache. Il n’y a pas si longtemps, ce nom a été donné à un genre d’escargots d’eau douce endémiques. Le genre Madagasikara a beaucoup en commun avec d’autres groupes d’animaux et de plantes malgaches, ayant rayonné dans un troupeau d’espèces plutôt particulières en raison de leur long isolement évolutif. Comme d’autres groupes endémiques, on pensait autrefois que les escargots étaient les descendants d’une ancienne faune du Gondwana qui est arrivée à Madagascar avant qu’elle ne devienne une île (Yoder et al., 2006 ; Gibbons et al., 2013). Cependant, une récente étude phylogénétique moléculaire (Köhler & Glaubrecht, 2007) a suggéré le contraire, plaçant leur arrivée à Madagascar dans le Cénozoïque, bien après la rupture de Gondwana. Il est intéressant de noter qu’au moins une espèce de ces escargots malgaches a développé une stratégie de reproduction vivante, qui diffère des stratégies vivipares similaires réalisées chez d’autres membres de cette famille. Alors que l’espèce malgache élève des jeunes dans sa cavité du manteau, ses parents éloignés en Asie ont développé des poches de couvain spéciales dans leur corps.

Tout récemment, il a été constaté qu’aucun des noms utilisés dans la littérature taxonomique des 150 dernières années n’était réellement applicable à ces espèces et que, bien qu’assez bien connu, ces escargots n’avaient pas été Figure 4.6 Répartition et coquilles connues correctement nommés jusqu’en 2010 (Köhler & Glaubrecht, de Madagasikara spinosa (jaune), M. vazimba 2010). Actuellement, on sait que six espèces du genre (bleu), M. madagascariensis (rouge), M. johnstoni (noir), Madagasikara existent, mais compte tenu de la rareté M. zazavavindrano (vert), M. vivipara (blanc). des données d’enquête, un plus grand nombre d’espèces Source: Modifié de Köhler & Glaubrecht (2010). pourraient être découvertes. Comme il n’y a pratiquement jamais eu d’études sur le terrain, on sait très peu de choses La plupart des espèces de Madagasikara ne sont connues sur l’écologie de ces escargots ainsi que sur leur distribution que par quelques signalements et il est probable qu’elles et leur abondance actuelles. Cependant, d’autres membres sont limitées à certains bassins hydrographiques. Il est de la famille des Pachychilidés préfèrent généralement les recommandé de poursuivre la recherche et la surveillance cours d’eau clairs et bien oxygénés de la forêt pluviale. Par afin de pouvoir évaluer ces espèces par rapport aux conséquent, ces espèces endémiques suscitent de vives catégories et aux critères de la Liste Rouge de l’UICN et de inquiétudes étant donné les niveaux élevés de menaces liées sensibiliser aux besoins de conservation de cette espèce à la déforestation et à la pollution de l’eau à Madagascar. endémique.

41 des différents groupes de macro-invertébrés aquatiques, A desktop review. Coastal, Marine and Island Specific que ce soit au niveau de la famille, du genre ou de l’espèce. Biodiversity Management in ESA-I0 Coastal States. Ebene, Dans les Mascareignes, une équipe d’évaluation de la Mauritius. qualité de l’eau responsable de cette indexation des eaux Burney, D. 1996. Climate change and fire ecology as a été formée et la qualité de l’eau des bassins fluviaux et factors in the Quaternary biogeography of Madagascar. la répartition des différents genres et espèces de macro- Biogéographie de Madagascar 49–58. invertébrés aquatiques a été cartographiée. Breuil, C. and Damien, G. 2014. Baseline Report Madagascar. SmartFish Programme of the Indian Ocean Commission, Fisheries Management FAO component, Ebene, Mauritius. 4.6 Actions de recherches Brown, D.S. 1994. Freshwater snails of Africa and their medical importance. Taylor and Francis, London. ■ La surveillance de la taille, de la distribution et des IUCN. 2016. The IUCN Red List of Threatened Species. Version tendances de la population de l’espèce (éventuellement à 2016-3. Available at: www.iucnredlist.org travers la surveillance de l’habitat en tant qu’indicateur Cheruiyot, H.K., Broberg, G., Wamae, L.W. and Wachira, T.M. indirect) devrait être entreprise pour les espèces 1980. Effect of Eucalyptus leaves on the survival of aquatic menacées et DD. snails. East African Agricultural and Forestry Journal 46: 77–80. ■ Les enquêtes sur le terrain pour les espèces de DD Fischer-Piette, E. and Vukadinovic, D. 1973. Freshwater sont d’une importance cruciale pour déterminer leur Mollusks of Madagascar. Malacologia 12(2): 339–78. répartition et leur niveau de menace. Gibbons, A., Whittaker, J. and Müller, D. 2013. The breakup of East Gondwana: Assimilating constraints from Cretaceous ■ D’autres recherches taxonomiques devraient être ocean basins around India into a best-fit tectonic model. entreprises pour clarifier le statut taxonomique de Journal of Geophysical Research 118(3): 808–822. https:// Madagascar et des mollusques d’eau douce des doi.org/10.1002/jgrb.50079 îles de l’Océan Indien (par exemple Madagasikara). Glaubrecht, M., Fehér, Z. and Von Rintelen, T. 2006. Brooding Cela pourrait inclure l’analyse de l’ADN pour mieux in Corbicula madagascariensis (Bivalvia, Corbiculidae) and comprendre certaines espèces hybrides principalement the repeated evolution of viviparity in corbiculids. Zoologica dans le genre Bulinus. Scripta 35(6): 641–646. https://doi.org/10.1111/j.1463- 6409.2006.00252.x ■ Faciliter le flux d’informations sur les priorités de Graf, D. and Cummings, K. 2009. Actual and alleged conservation des espèces aux autorités compétentes freshwater mussels (Mollusca: Bivalvia: Unionoida) from telles que le Système d’Aires Protégées de Madagascar Madagascar and the Mascarenes, with description of a (SAPM), en publiant des notes d’information et des new genus, Germainaia. Proceedings of the Academy of rapports, et en assurant la disponibilité des données sur Natural Sciences of Philadelphia 158: 221–238. https:// le site web de la Liste Rouge de l’UICN //www.iucnredlist. doi.org/10.1635/053.158.0112 org et la base de données des Zones Clés pour la Graf, D. and Cummings, K. 2011. Freshwater mussels Biodiversité http://www.keybiodiversityareas.org. (Mollusca: Bivalvia: Unionoida), richness and endemism in the ecoregions of Africa and Madagascar based on comprehensive museum sampling. Hydrobiologia 678(1) 4.8 Références 17–36. https://doi.org/10.1007/s10750-011-0810-5 Graf, D., Jones, H., Geneva, A., et al. 2015. Molecular Andriamaro, L. 2010. Influence des situations environnementales phylogenetic analysis supports a Gondwanan origin of the sur la répartition des hôtes intermédiaires des schistosomes Hyriidae (Mollusca: Bivalvia: Unionida) and the paraphyly of à Madagascar. PhD Dissertation. Australasian taxa. Molecular Phylogenetics and Evolution Baohanta, R., Thioulouse, J., Ramanankierana, H., et al. 85: 1–9. https://doi.org/10.1016/j.ympev.2015.01.012 2012. Restoring native forest ecosystems after exotic IUCN. 2012. Guidelines for Application of IUCN Red List tree plantation in Madagascar: combination of the local Criteria at Regional and National Levels: Version 4.0. Gland, ectotrophic species Leptolena bojeriana and Uapaca Switzerland and Cambridge, UK: IUCN. bojeri mitigates the negative influence of the exotic species Köhler, F. and Glaubrecht, M. 2007. Out of Asia and into India: Eucalyptus camaldulensis and Pinus patula. 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42 Köhler, F. and Glaubrecht, M. 2010. Uncovering an overlooked Yang, Z. and Yoder, A. 2003. Comparison of likelihood and radiation: molecular phylogeny and biogeography of Bayesian methods for estimating divergence times using Madagascar’s endemic river snails (Caenogastropoda: multiple gene loci and calibration points, with application to Pachychilidae: Madagasikara gen. nov.). Biological a radiation of cute-looking mouse lemur species. Syst. Biol. Journal of the Linnean Society 99: 867–894. https://doi. 52:705–716. https://doi.org/10.1080/10635150390235557 org/10.1111/j.1095-8312.2009.01390.x Yoder, A. and Nowak, M. 2006. Has vicariance or dispersal Mandahl-Barth, G. 1984. Studies on African freshwater been the predominant biogeographic force in Madagascar? bivalves. Kristensen, T. and Svenningsen, E. (eds.) Danish Only time will tell. Annu. Rev. Ecol. Evol. Syst. 37: 405–431. Bilharziasis Laboratory, Charlottenlund. https://doi.org/10.1146/annurev.ecolsys.37.091305.110239 Seddon, M., Appleton, C., Van Damme, D. and Graf, D. Valentine, K.F. 2016. An investigation of Water Access and 2011. Chapter 4. Freshwater molluscs of Africa: diversity, Quality in the Ambovombe Area of Southern Madagascar. distribution and conservation, In: Darwall, W.R.T., Smith, Oregon State University. K.G., Allen, D.J. et al. (eds.). 2011. The Diversity of Life Verhaegen, D., Randrianjafy, H., Montagne, P. et al. 2011. in African freshwaters: Under Water, Under Threat. An Historique de l’introduction du genre Eucalyptus à analysis of the status and distribution of freshwater species Madagascar. Bois et forêts des tropiques 309(3): 1. throughout mainland Africa. Cambridge, United Kingdom and Gland, Switzerland: IUCN. xiii+347pp+4pp cover.

43 Annexe 4.1 Statut de la Liste Rouge des mollusques d’eau douce de Madagascar et des îles de l’Océan Indien.

Catégories Catégories de la Liste Endémique de la Liste Endémique Famille Espèces Rouge du hotspot Famille Espèces Rouge du hotspot UNIONIDAE Unio madagascariensis EX Oui THIARIDAE Melanoides psorica DD Oui UNIONIDAE Unio malgachensis EX Oui THIARIDAE Thiara datura DD Non UNIONIDAE Germainaia geayi EX Oui NERITIDAE Neritilia vulgaris LC Non LYMNAEIDAE Lantzia carinata CR Oui PALUDOMIDAE Cleopatra LC Oui SPHAERIIDAE Pisidium betafoense CR Oui madagascariensis ETHERIIDAE Etheria elliptica LC Non PACHYCHILIDAE Madagasikara CR Oui zazavavindrano PLANORBIDAE Africanogyrus LC Oui NERITIDAE Neritina coronata EN Oui crassilabrum SPHAERIIDAE Pisidium casertanum LC Non CYRENIDAE Corbicula EN Oui madagascariensis NERITIDAE Neripteron auriculatum LC Oui SPHAERIIDAE Eupera degorteri EN Oui PLANORBIDAE Ferrissia modesta LC Oui PACHYCHILIDAE Madagasikara vazimba EN Oui PLANORBIDAE Bulinus bavayi LC Oui PLANORBIDAE Africanogyrus EN Oui AMPULLARIIDAE Pila cecillei LC Oui starmuehlneri NERITIDAE Neritina turrita LC Non PACHYCHILIDAE Madagasikara johnsoni EN Oui PLANORBIDAE Bulinus cernicus LC Oui PACHYCHILIDAE Madagasikara EN Oui ELLOBIIDAE Auriculastra subula LC Non madagascarensis PALUDOMIDAE Paludomus ajanensis EN Oui THIARIDAE Melanoides tuberculata LC Non PACHYCHILIDAE Madagasikara vivipara EN Oui SPHAERIIDAE Pisidium ovampicum LC Non AMPULLARIIDAE Lanistes grasseti VU Oui SPHAERIIDAE Pisidium viridarium LC Non PLANORBIDAE Africanogyrus VU Oui PLANORBIDAE Bulinus liratus LC Oui rodriguezensis PLANORBIDAE Bulinus obtusispira LC Oui NERITIDAE Clithon madecassinum VU Oui NERITIDAE Neritilia rubida LC Oui SPHAERIIDAE Pisidium johnsoni VU Oui NERITIDAE Neritina pulligera LC Non PALUDOMIDAE Cleopatra grandidieri NT Oui SPHAERIIDAE Pisidium reticulatum LC Non PALUDOMIDAE Cleopatra colbeaui NT Oui LYMNAEIDAE Radix natalensis LC Non PACHYCHILIDAE Madagasikara spinosa NT Oui POTAMIDIDAE Cerithidea decollata LC Non ELLOBIIDAE Laemodonta livida DD Oui PLANORBIDAE Ceratophallus LC Non ELLOBIIDAE Laemodonta DD Oui natalensis madagascariensis PLANORBIDAE Bulinus forskalii LC Non ELLOBIIDAE Allochroa succinea DD Oui PLANORBIDAE Lentorbis junodi LC Non ASSIMINEIDAE Assiminea parvula DD Oui SPHAERIIDAE Eupera ferruginea LC Non ASSIMINEIDAE Assiminea hidalgoi DD Non PLANORBIDAE Segmentorbis LC Non NERITIDAE Neripteron simoni DD Non angustus NERITIDAE Neripteron mauriciae DD Oui

44 Chapitre 5 Statut et répartition des crustacés décapodes d’eau douce

Neil Cumberlidge1, Jeanne Rasamy Razanabolana2, Christian H. Ranaivoson2, William Darwall3, Laura Máiz-Tomé3

5.1 Vue d’ensemble des décapodes d’eau douce de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien...... 45 5.2 Modèles de la richesse globale des espèces...... 45 5.2.1 Crabes d’eau douce...... 45 5.2.2 Écrevisses d’eau douce...... 48 5.2.3 Crevettes d’eau douce...... 50 5.3 Statut de conservation...... 50 5.3.1 Espèces menacées...... 50 5.3.2 Espèces à données insuffisantes...... 54 5.4 Principales menaces...... 54 5.5 Recommandations de conservation...... 57 5.6 Actions de recherche...... 58 5.7 Les espèces phares...... 59 5.8 Références...... 59 Annexe 5.1 Statut de la Liste Rouge des crabes d’eau douce de Madagascar et des îles de l’océan Indien...... 62 Annexe 5.2 Statut de la Liste Rouge des écrevisses d’eau douce de Madagascar et des îles de l’océan Indien...... 62 Annexe 5.3 Statut de la Liste Rouge des crevettes d’eau douce de Madagascar et des îles de l’océan Indien...... 62

5.1 Vue d’ensemble des décapodes d’eau douce et les écrevisses de Madagascar et des îles d’eau douce de Madagascar et du de l’Océan Indien vivent dans les lacs, les ruisseaux et les hotspot des îles de l’Océan Indien rivières, tandis que les crabes d’eau douce se retrouvent dans les habitats terrestres adjacents tels que les forêts, La faune des décapodes d’eau douce de Madagascar et du les crevasses rocheuses et les phytotermes des forêts hotspot des îles de l’Océan Indien (Comores, Rodrigues, tropicales (Cumberlidge et al. 2005). Maurice, Réunion et Seychelles) comprend 72 espèces de crabes d’eau douce, d’écrevisses et de crevettes d’eau douce réparties dans quatre familles. Cette faune est sans 5.2 Modèles de la richesse globale aucun doute riche en comparaison avec d’autres zones de des espèces taille similaire et mieux étudiées de l’Afrique continentale. De récentes explorations et de nouvelles études taxonomiques Les profils de richesse spécifique sont décrits ci-dessous ont montré que cette région compte 20 espèces de crabes pour chaque groupe (20 espèces de crabes d’eau douce, d’eau douce (Potamonautidae), 45 espèces de crevettes 7 espèces d’écrevisses et 45 espèces de crevettes d’eau d’eau douce (Atyidae et Palaemonidae) et sept espèces douce) dans le contexte des huit écorégions d’eau douce de d’écrevisses (Parastacidae). Il est probable que ces chiffres Madagascar et des îles de l’Océan Indien (Abell et al. Thieme augmenteront à mesure que l’exploration se poursuivra et al., 2005) (figure 1.1 au chapitre 1). et que les compétences taxonomiques seront raffinées. Les niveaux d’endémisme sont élevés (100% au niveau 5.2.1 Crabes d’eau douce du genre et de l’espèce pour les crabes d’eau douce et d’écrevisses, et 62% des espèces et 33% des genres pour Les crabes d’eau douce se trouvent dans l’archipel des les crevettes d’eau douce), une caractéristique commune Seychelles (trois espèces) et à Madagascar (17 espèces) à beaucoup d’autres organismes d’eau douce des îles mais sont absents ailleurs dans la zone prioritaire de l’Océan tropicales longuement isolées (Cumberlidge et al., 2009; Indien. A Madagascar, ces grands crustacés remarquables De Grave et al., 2014; Richman et al., 2014). Les crevettes sont présents dans presque tous les habitats d’eau douce,

1 Department of Biology, Northern Michigan University, Marquette, Michigan, US. Email: [email protected] 2 Mention Zoologie et Biodiversité Animale, Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo, BP 906, Antananarivo 101, Madagascar. 3 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK.

45 Figure 5.1 Répartition des espèces de crabes d’eau douce par sous-bassin hydrographique à Madagascar.

Richesse spécifique pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien

Nombre des espèces de crabes d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

46 des ruisseaux de montagne aux grandes rivières de plaine et douce, car ils se reproduisent par développement direct, aux petits plans d’eau stagnante (Cumberlidge& Sternberg ce qui signifie qu’ils demeurent dans l’habitat où ils sont nés 2002),tandis que dans l’archipel des Seychelles, les crabes parce qu’ils n’ont pas de stade larvaire libre (Cumberlidge d’eau douce se trouvent dans des habitats d’eau douce allant et al., 2009).Des études supplémentaires sont nécessaires du niveau de la mer à des altitudes plus élevées (Daniels pour établir la distribution réelle d’un grand nombre de ces 2011 ; Cumberlidge& Daniels 2014) (figure 5.1). Des espèces espèces. A Madagascar, environ 80% des crabes d’eau telles que Madagapotamon humberti (figure 5.2) du Nord douce sont limités à la province d’Antsiranana (43 406 km²) de Madagascar vivent dans des zones saisonnièrement qui comprend des montagnes boisées, des forêts sèches arides et sont semi-terrestres dans des terriers ou des et des paysages karstiques, mais ne représente qu’environ crevasses rocheuses, tandis que Malagasya goodmani 8% de la superficie de l’île. Ils sont les plus communs dans vit dans des bassins d’eau qui recueillent les feuilles des le biome de la forêt tropicale, rares dans le biome des forêts arbres des forêts des basses terres de l’Est (Cumberlidge décidues sèches et des savanes, et absents du biome & Sternberg, 2002). Certaines espèces de crabes d’eau xérique méridional. douce (Marojejy longimerus, Fozamanonae et Malagasya goodmani) sont connues d’une seule localité, tandis que L’écorégion occidentale de Madagascar comprend les d’autres (les trois espèces de Seychellum et Skelosophusa, cours supérieurs des principaux fleuves de plus de 800 m et Madagapotamon humberti) sont connues de quelques d’altitude qui drainent les pentes occidentales des Hautes localités seulement, et certaines (les quatre espèces Plateaux de la province d’Antanananarivo, au Sud-Ouest, d’Hydrothelphusa) ont une large distribution. où l’on trouve trois espèces d’Hydrothelphusa. Cependant, les crabes d’eau douce sont absents des habitats de basse L’endémisme des crabes d’eau douce à Madagascar et altitude dans l’Ouest de Madagascar où les rivières à débit dans l’archipel des Seychelles est de 100% au niveau lent et turbide traversent des forêts décidues et des savanes des espèces et du genre, mais pas au niveau de la famille sèches. Les niveaux d’eau de ces habitats d’eau douce (Cumberlidge& Sternberg, 2002). Une grande partie de sont considérablement réduits et nettement plus chauds la diversité et de l’endémisme de ces crustacés est due pendant la saison sèche, d’Avril à Novembre, et il y a parfois à leur isolement dans des habitats fragmentés ou à une une dessiccation complète. C’est peut-être l’une des raisons topographie complexe. L’endémisme est encore amplifié pour lesquelles aucune espèce de crabe d’eau douce n’a été par les capacités de dispersion limitées des crabes d’eau signalée dans les basses terres de cette écorégion (moins

Figure 5.2 Madagapotamon humberti (LC). Cette espèce de crabe semi-terrestre est limitée aux forêts décidues sur calcaire dans le Nord de Madagascar. On a trouvé des individus grimpants sur les arbres pendant la saison des pluies. Elles sont extrêmement actives pendant la saison sèche, vivant dans des fissures très profondes et des trous dans le karst. © Lubomír Klátil

47 de 800 m). Une autre raison de l’absence de crabes d’eau dans ces deux écorégions (Cumberlidge et al. 2007), tout douce dans cette partie de l’écorégion pourrait être la nature comme le Malagasya antongilensis, largement répandu, et marémotrice des sections inférieures de certaines rivières le M. goodmani, étroitement réparti, qui est limité aux forêts qui ont par conséquent une salinité accrue. Les crabes d’eau des basses altitudes orientales de la province de Toamasina. douce montrent une forte aversion pour l’eau salée et ne se Les crabes d’eau douce ne se trouvent ni dans l’écorégion trouvent ni dans l’eau de mer à pleine puissance, ni même Comores-Mayotte ni dans l’écorégion des Mascareignes dans les milieux d’eau saumâtre dans aucune partie de leur (Maurice, Réunion, Rodrigues), mais dans l’écorégion des aire de répartition à l’échelle mondiale (Cumberlidge, 1999 ; Seychelles où ils sont présents sur cinq des îles granitiques Cumberlidge & Esser, 2011). (Mahe, Frégate, Silhouette, La Digue et Praslin). Les trois espèces de Seychellum semblent occuper des habitats La plus grande diversité d’espèces de crabes d’eau douce similaires (ruisseaux d’eau douce des basses et hautes se trouve dans l’écorégion du Nord-Ouest (figure 1.1 terres et les terres adjacentes) (Daniels, 2011 ; Cumberlidge au chapitre 1) avec neuf espèces. Cela comprend deux & Daniels, 2014). genres monotypiques (Boreas et Madagapotamon), une espèce de Malagasya, une espèce de Foza, trois espèces 5.2.2 Écrevisses d’eau douce de Skelosophusa et deux espèces d’Hydrothelphusa (Cumberlidge & Sternberg 2002). Cinq espèces A Madagascar et dans les îles de l’Océan Indien, les (Madagapotamon humberti, B. uglowi, S. gollardi, S. écrevisses hotspot ne se trouvent qu’à Madagascar et ne prolixa et S. eumeces) ont une distribution étroite et sont sont présentes sur aucune des autres îles de la région.Les endémiques à cette écorégion, tandis que trois espèces sept espèces d’écrevisses malgaches (Astacoides crosnieri, largement répandues (Malagasya antongilensis, H. agilis A. petiti, A. hobbsi, A. madagascariensis, A. granulimanus, et H. madagascariensis) sont également présentes ailleurs A. betsileoensis et A. caldwelli) appartiennent toutes à (Cumberlidge, 2008b). Une espèce, Marojejyl ongimerus, un seul genre endémique de la famille des Parastacidés est limitée à la forêt d’altitude dans la région montagneuse du (Hobbs 1987 ; Boyko et al. 2005). En ce qui concerne les Sud-Est de la province d’Antsiranana. L’absence apparente écorégions malgaches, les écrevisses se trouvent dans les d’enregistrements pour les crabes d’eau douce dans la écorégions des basses altitudes orientales et des hautes partie Sud de cette écorégion en dessous de 800 m peut être altitudes orientales et sont complètement absentes des due au fait que les rivières drainant le massif de Tsaratanana, écorégions de l’Ouest de Madagascar, du Nord-Ouest de ainsi qu’un certain nombre d’autres bassins versants dans Madagascar et du Sud de Madagascar (figure 5.3). Les le Nord-Ouest de Madagascar, restent en grande partie premières estimations de l’aire de répartition des écrevisses non étudiés. Les crabes d’eau douce sont complètement malgaches par Monod & Petit (1929) suggèrent qu’elles absents de l’écorégion Sud de Madagascar au Sud d’une occupent une superficie d’au moins 70 000 km², mais des ligne entre Toliara (Tuléar) et Tolagnaro (Fort Dauphin), travaux de prospection supplémentaires ont maintenant même dans les grandes rivières (Menarandra, Mananbovo et porté cette superficie entre 86 683 et 122 960 km², ce Mandrare). La plupart des rivières à l’extrême Sud-Ouest de qui représente 15–21% de la superficie de l’île.L’aire de Madagascar s’assèchent complètement pendant la saison répartition naturelle des écrevisses s’étend du district sèche et d’autres ne retiennent que de faibles niveaux d’eau d’Anjozorobe au Nord, à la vallée de l’Isaka dans le district relativement chaude. Dans ces conditions, il serait difficile de Taolagnaro au Sud. À Madagascar, on trouve des pour la plupart des espèces de crabes d’eau douce de écrevisses dans les Hauts Plateaux du Centre, dans des survivre (Esser & Cumberlidge, 2011). cours d’eau forestiers d’amont drainant les pentes est et Ouest ainsi que dans des cours d’eau à plus haute altitude Les écorégions boisées des basses terres de l’Est et des sur le Haut Plateau (Hobbs, 1987). La plupart des espèces Hautes Terres de l’Est couvrent une zone située dans d’écrevisses malgaches se trouvent dans les cours d’eau les provinces d’Antsiranana, Mahajanga, Toamasina et forestiers primaires des Hautes Plateaux Centraux, où elles Fianarantsoa, et les habitats d’eau douce dans cette partie sont limitées aux montagnes boisées avec des ruisseaux de Madagascar sont les mieux étudiés sur l’île. La répartition et rivières frais, y compris les versants Est (escarpement) du crabe d’eau douce ici est largement conforme aux limites et le cours supérieur des versants Ouest dans seulement de ces deux écorégions, du niveau de la mer à 1 800 m, mais quatre provinces (Antananarivo, Toamasina, Fianarantsoa il n’y a pas de subdivision évidente entre les hautes terres et et Toliara). La limite Nord est dans le district d’Anjozorobe la faune des basses terres. La limite Sud de la répartition des à environ 80 km au Nord d’Antanananarivo, la limite Sud est crabes d’eau douce dans ces deux écorégions correspond à dans le district de Taolagnaro, la limite Ouest est dans les la limite entre les habitats d’eau douce de la zone forestière districts de Faratsiho et d’Ambalavao, et la limite est dans humide et les cours d’eau saisonnièrement secs du Sud- le district de Moramanga et la vallée de la rivière Isaka. Cela Ouest aride. Les quatre espèces d’Hydrothelphusa vivent représente environ 15% de la superficie de Madagascar

48 Figure 5.3 Répartition des espèces d’écrevisses par sous-bassin hydrographique à Madagascar.

Richesse spécifique pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien

Nombre des espèces d’écrevisses d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

49 (Cumberlidge et al., 2017), dont la plupart (61,7%) se trouve crevettes sont présentes dans presque tous les habitats dans la province de Fianarantsoa, où cinq des sept espèces d’eau douce, des torrents de montagne aux grandes rivières (71,4%) sont présentes.La richesse en espèces d’écrevisses de plaine et aux petites étendues d’eau stagnante, y compris est plus élevée dans les parties centrales de la forêt primaire les grottes (figure 5.4). Bon nombre des espèces répandues restante du district de Fandriana, où quatre espèces vivent de crevettes d’eau douce vivent dans des habitats d’eau dans de petits cours d’eau d’amont de la forêt. L’aire de douce et d’eau salée à différents moments de leur cycle répartition de l’écrevisse malgache est comprise entre 120 de vie et migrent vers la mer pour se reproduire. Là, leurs m et 1 756 m d’altitude (Ramilijaona et al., 2007). L’espèce larves se dispersent largement dans de nombreuses parties la plus répandue est A. granulimanus qui vit dans les petits de l’Océan Indien et du Pacifique. Par exemple, 17 des 45 ruisseaux forestiers le long de l’escarpement Est, tandis espèces de crevettes d’eau douce ont une distribution très que A. madagascariensis est limitée aux petits ruisseaux large qui inclut Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan forestiers et aux zones marécageuses à la lisière de la forêt Indien, et s’étend à différentes parties de l’Océan Indien et de dans la partie Nord de l’aire de répartition d’Astacoides. l’Océan Pacifique occidental. Il y a aussi quelques espèces Enfin, A. hobbsi n’est connue que dans une seule localité qui ont une répartition plus étroite sur les petites îles de la du district de Fandriana. Toutes les espèces d’Astacoides région : trois espèces sont endémiques de l’île Maurice sont adaptées à la vie dans les cours d’eau d’amont des (Caridina mauritii, C. richtersi, C. spathulirostris), une espèce forêts primaires des versants orientaux des Hautes Terres est endémique des Seychelles (Caridina similis) et une centrales. Cependant, A. caldwelli se trouve également dans espèce est endémique des îles de la Réunion et de Maurice les eaux situées sous l’escarpement oriental des montagnes (Macrobrachium hirtimanus). Une distribution différente centrales dans les grands ruisseaux des basses terres et est montrée par des espèces comme Atyoida serrata qui les rizières dans les zones ouvertes dégradées, et A. petiti est limitée à la plupart des îles de la région (Madagascar, se trouve à l’altitude la plus basse de toutes les espèces Maurice, Comores, et La Réunion) mais on ne la trouve pas d’écrevisses dans l’extrême Sud du district de Taolagnaro aux Seychelles. Caridina typus et Macrobrachium larare sont (Ramilijaona et al. 2007 ; Jones 2004). Le lien écologique fort deux espèces très répandues, chacune ayant une répartition entre les écrevisses et les cours d’eau d’amont forestiers de qui inclut Madagascar, Maurice, Rodrigues, Réunion et haute altitude sur les pentes Est et Ouest des hautes terres les Seychelles, mais qui s’étend également à travers les centrales peut être l’un des facteurs qui a limité la dispersion Océans Indien et Pacifique occidental, de l’Afrique de l’Est à de ces crustacés au-delà des montagnes. Cependant, on Guam et les îles Marquises dans le Pacifique (Chace, 1997). ne sait toujours pas avec certitude pourquoi les écrevisses D’autres espèces telles que Macrobrachium lepidactylus ont une aire de répartition aussi étroite à Madagascar, et sont largement répandues en Afrique de l’Est et ont une pourquoi on ne les trouve pas dans des habitats convenables répartition qui inclut Madagascar et la Réunion, tandis que ailleurs sur l’île, étant donné que les crabes d’eau douce et M. patsa se trouve au Kenya et à Madagascar. les crevettes ont une répartition à l’échelle de l’île. C’est une question intéressante pour les recherches futures. 5.3 Statut de conservation 5.2.3 Crevettes d’eau douce 5.3.1 Espèces menacées On trouve quelques 45 espèces de crevettes d’eau douce dans toute la région de l’Océan Indien, à Madagascar (40 La faune décapode d’eau douce de Madagascar et des espèces), à Rodrigues (5 espèces), à la Réunion (3 espèces), îles de l’océan Indien est de plus en plus menacée par la à Maurice (3 espèces), dans l’archipel des Seychelles perturbation de l’habitat, la fragmentation extrême, les (1 espèce) et aux Comores (1 espèce). Les crevettes mauvaises pratiques d’utilisation des terres, les espèces sont présentes dans l’ensemble des cinq écorégions de envahissantes et la surexploitation. Les évaluations de la Madagascar (plaines orientales, hautes terres orientales, ouest de Madagascar, nord-ouest de Madagascar et sud de Tableau 5.1 Nombre d’espèces de crabes d’eau douce endémiques à Madagascar) et on dénombre 11 espèces dans l’écorégion Madagascar dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN. des Mascareignes, quatre espèces (Caridina similis, C. Catégories de la Liste Rouge de l’UICN Nombre d’espèces typus, Macrobrachium idée, M. australe) dans l’écorégion Catégories En danger critique (CR) – des Seychelles et une seule espèce (Atyoida serrata) dans des En danger (EN) 1 l’écorégion des Comores-Mayotte. Bien que la grande menaces Vulnérable (VU) 1 majorité des espèces de crevettes d’eau douce de cette Quasi menacée (NT) – région se trouvent à Madagascar, leur présence fait partie Autres Préoccupation mineure (LC) 11 d’une aire de répartition plus large, et seulement 23 de catégories Données insuffisantes (DD) 7 ces espèces sont endémiques de l’île. À Madagascar, les Nombre total des espèces évaluées 20

50 Figure 5.4 Répartition des espèces de crevettes d’eau douce par sous-bassin versant de rivière / lac à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien.

Richesse spécifique pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien

Nombre des espèces de crevettes d’eau douce par sous- bassin hydrographique de rivière/lac

51 Liste Rouge pour les crabes, les écrevisses et les crevettes Écrevisse. Quatre espèces (Astacoides betsiloensis, A. sont présentées séparément ci-dessous. Une très forte caldwelli, A. crosnieri, A. hobbsi) ont été évaluées comme proportion d’espèces est en Données insuffisantes (DD) : VU, deux espèces (A. granulimanus, A. madagascariensis) 43% des crevettes, 35% des crabes d’eau douce et 14% ont été évaluées comme LC, et une (A. petiti) a été évaluée des écrevisses. Toutefois, ce statut de DD ne signifie pas comme DD. (Cumberlidge et al., 2017, tableau 5.2 et figure qu’ils ne sont pas menacés ; au contraire, ils peuvent 5.7). En supposant que toutes les espèces ayant des s’avérer menacés lorsque davantage de données deviennent données insuffisantes sont menacées dans la même disponibles. Certaines espèces de DD peuvent ne jamais proportion que les espèces pour lesquelles suffisamment être évaluées parce que soit le type de matériel a été perdu, d’informations étaient disponibles, 67% des espèces soit leur statut taxonomique est douteux, soit la provenance d’écrevisses évaluées sont menacées. Les quatre espèces du spécimen est inconnue (Bland et al., 2017). VU ont des aires de répartition restreintes, se trouvent dans 10 endroits ou moins et toutes connaissent des déclins Crabes d’eau douce. Les évaluations des 20 espèces continus dans la superficie, l’étendue ou la qualité de de crabes d’eau douce de la Liste Rouge ont révélé que leur habitat et, dans le cas d’A. Crosnieri, dans le nombre seulement deux espèces (10% de la faune) étaient menacées d’individus matures. Les espèces d’écrevisses menacées (tableau 5.1) : Boreathelphusa uglowi En danger (« EN «) et se trouvent dans une grande partie de l’aire de répartition Seychellum alluaudi Vulnérable (VU) (Annexe 5.1 ; figure du genre, à l’exception de l’extrême Sud de l’île. Astacoides 5.5 et 5.6). En supposant que toutes les espèces de DD betsileoensisis se trouve dans la partie nord de l’aire de soient menacées dans la même proportion que les espèces répartition du genre, tandis que A. caldwelli (figure 5.13) se pour lesquelles on dispose d’informations suffisantes, le trouve à l’ouest, et A. hobbsi a une distribution restreinte pourcentage d’espèces de crabe d’eau douce menacées dans quelques cours d’eau seulement dans le district de augmente à 15%. Boreathelphusa uglowi a été extraite de Fandriana (Cumberlidge et al., 2017). Les deux tiers des sites VU en raison d’un déclin continu de l’étendue et de la qualité où sont rencontrées des espèces VU se trouvent à l’intérieur de son habitat (Cumberlidge, 2008b, Cumberlidge et al., ou à proximité d’une zone protégée. 2009, 2015, 2017). S. alluaudi est endémique aux îles La Digue et Praslin aux Seychelles et a été évalué en tant que Des crevettes. Les évaluations des 45 espèces de crevettes VU en raison de son aire de répartition restreinte et de ses d’eau douce figurant sur la Liste Rouge (annexe 5.3 ; figure menaces potentielles, y compris la pollution et la dégradation 5.9 ; tableau 5.3) indiquent un faible niveau de menace pour et la perte de l’habitat. De plus, la récente collection de la faune, 22 espèces (49%) étant considérées comme LC et M. humberti provenant d’un certain nombre de nouvelles localités de la province d’Antsiranana qui se trouvent toutes Tableau 5.2 Nombre d’espèces d’écrevisses endémiques à dans des aires protégées (Réserve spéciale d’Ankarana, Madagascar dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN. Réserve de la Montagne des Français, Réserve d’Orangea et Catégories de la Liste Rouge de l’UICN Nombre d’espèces Réserve spéciale d’Analamerana) (Cumberlidge et al., 2015) Catégories En danger critique (CR) – a entraîné son déclassement de VU (Cumberlidge, 2008a ; des En danger (EN) – Cumberlidge et al., 2009) à préoccupation mineure (LC) menaces Vulnérable (VU) 4 (Cumberlidge et al., 2017). Quasi menacée (NT) – Autres Préoccupation mineure (LC) 2 catégories Données insuffisantes (DD) 1 Nombre total des espèces évaluées 7 Figure 5.5 Le pourcentage (%) d’espèces de crabes d’eau douce dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN. Figure 5.7 Le pourcentage (%) d’espèces d’écrevisses dans EN chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN. 5% VU 5% LC 29%

VU DD 57% 35% DD LC 14% 55%

52 Figure 5.6 Répartition des espèces de crabes d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac à Madagascar.

Espèces menacées pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien

Nombre des espèces de crabes d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

53 Figure 5.9 La proportion (%) d’espèces de crevettes d’eau Les écrevisses malgaches sont cependant relativement douce dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN à bien étudiées avec une seule espèce (A. petiti) évaluée Madagascar et dans le hotspot des îles indiennes. comme DD. Cette espèce se trouve à l’extrême sud de l’aire de répartition du genre, où elle est la seule espèce d’écrevisse. La partie sud de l’île est cependant mal étudiée LC pour l’écrevisse, et d’autres études sur le terrain sont 48% DD nécessaires pour mieux définir l’aire de répartition réelle d’A. 43% petiti. Ce biais géographique dans notre connaissance de la répartition des écrevisses est évident car la plupart des études sur les écrevisses à Madagascar se sont concentrées sur trois provinces seulement: Antananarivo, Fianarantsoa et Toamasina.

EN NT Sept espèces de crabes d’eau douce (35%) ont été évaluées 7% 2% en tant que DD (Cumberlidge et al., 2017). Ces espèces sont Malagasya goodmani, Marojejy longimerus Skelosophusa Tableau 5.3 Nombre total d’espèces de crevettes d’eau douce et gollhardi, S. prolixa, S. eumeces, Glabrithelphusa angene d’espèces de crevettes endémiques dans chaque catégorie de la Liste et F. manonae (Bott, 1965 ; Ng & Takeda 1994 ; Cumberlidge Rouge de l’UICN pour l’ensemble du hotspot. et al. 2002; Meyer et al. 2014 ; Cumberlidge et al. 2015). Catégories de la Liste Rouge Nombre Nombre des espèces Toutes ont une aire de répartition restreinte et toutes ont été de l’UICN d’espèces endémiques rencontrées récemment, et c’est donc seulement la pénurie En danger – – de matériel et le manque de connaissance des menaces qui Catégories critique (CR) des empêchent leur évaluation. En danger (EN) 1 1 menaces Vulnérable (VU) – – Les évaluations pour la Liste Rouge des 45 espèces de Quasi menacée 3 3 (NT) crevettes d’eau douce ont révélé 42% (19 espèces) DD, et Préoccupation 22 6 toutes sont endémiques à Madagascar (De Grave et al., Autres mineure (LC) 2014, Cumberlidge et al., 2017). Seize des 19 espèces de DD catégories Données 19 19 sont des atyidés et trois sont des palémonidés (De Grave et insuffisantes (DD) al., 2014 ; Cumberlidge et al., 2017) et toutes sont présentes Nombre total des espèces 45 29 dans toute l’île. Les espèces d’atyidés DD comprennent évaluées 10 espèces de Caridina, quatre espèces de Parisia et une espèce de Monsamnis et Typhlopatsa, tandis que les trois une seule espèce menacée, Macrobrachium hirtimanus (EN) espèces de palaemonidés appartiennent toutes au genre qui est endémique à Maurice et à la Réunion. En supposant Macrobrachium. que toutes les espèces de DD sont menacées dans la même proportion que les espèces pour lesquelles suffisamment d’informations étaient disponibles, seulement 4% des 5.4 Principales menaces espèces de crevettes d’eau douce évaluées sont menacées. Cependant, trois espèces (Caridina mauritii, C. richtersi, C. Les principales menaces qui pèsent sur la faune de spathulirostris) ont été évaluées comme Quasi menacées décapodes d’eau douce de Madagascar sont dues à une (NT) et toutes sont endémiques à Maurice. Le nombre élevé forte densité de population humaine, à des habitats de plus d’espèces de DD est préoccupant, car il se peut qu’elles en plus perturbés, à une fragmentation sévère des habitats, soient encore menacées si l’information disponible est à de mauvaises pratiques d’utilisation des sols et à la suffisante pour compléter les évaluations. surexploitation.

5.3.2 Espèces à Données insuffisantes Perte d’habitat et surexploitation Le taux haut élevé de déforestation à Madagascar a entrainé Environ 44% des décapodes d’eau douce de Madagascar la perte d’environ 80% de l’habitat naturel de l’île (MEFT, sont des DD, ce qui signifie qu’ils sont insuffisamment USAID, CI, 2009). Cela a affecté les décapodes d’eau douce connus pour effectuer une évaluation de leur risque en général, mais les espèces d’écrevisses qui ont besoin des d’extinction (figures 5.5 ; 5.7 et 5.9). Ce manque de données cours d’eau des Hauts-Plateaux dans les zones forestières reflète le peu d’attention que la recherche porte à cette sont particulièrement touchées. L’expansion des activités faune, en particulier les crabes d’eau douce et les crevettes. humaines telles que l’agriculture sur brûlis, la récolte du bois,

54 Figure 5.8 Répartition des espèces d’écrevisses menacées par sous-bassin versant de rivière / lac à Madagascar.

Espèces menacées pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien

Nombre des espèces d’écrevisses d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

55 les feux de brousse et l’exploitation minière ont entraîné des les écrevisses, mais aussi pour de nombreuses autres réductions significatives du couvert forestier naturel chaque espèces dans ces écosystèmes d’eau douce. Il n’y a aucun année (figure 5.10). Les populations d’Astacoides ont donc impact connu des espèces envahissantes sur les crabes souffert parce qu’elles sont fortement liées aux cours d’eau d’eau douce et les crevettes d’eau douce de cette région. naturels, à l’intérieur ou à la lisière des forêts naturelles. Surexploitation Les espèces envahissantes Toutes les espèces d’écrevisses et certaines espèces Les populations d’écrevisses indigènes en particulier sont de crabes d’eau douce et de crevettes d’eau douce (en menacées par l’invasion récente et croissante des habitats particulier les grandes espèces de Macrobrachium) sont d’eau douce de Madagascar par les écrevisses marbrées non susceptibles d’être récoltées par les populations locales indigène (Procambarus spp.). Cette espèce envahissante dans toutes les régions de Madagascar (figure 5.11 et 5.12). s’adapte bien à tous les types d’habitat, possède un taux L’impact de la surexploitation est particulièrement évident de croissance très élevé, produit un nombre élevé d’œufs dans les parties de l’île où les écrevisses sont présentes par rapport à sa petite taille et peut se reproduire par et, dans certaines localités, les écrevisses constituent une parthénogenèse – une femelle est capable de se reproduire part importante du revenu des ménages. La collecte des sans être fécondée par un mâle. Cela signifie qu’un seul écrevisses se fait pendant la nuit en utilisant des lumières individu suffit pour démarrer une nouvelle population (Jones pour attirer des centaines d’animaux et exercer une forte et al., 2009). Une autre espèce d’écrevisse invasive, P. clarkii, pression sur les niveaux de population, et le rétablissement originaire des États-Unis, perturbe non seulement les ultérieur de ces populations est lent. Toutes les écrevisses écosystèmes aquatiques et les animaux et les plantes qui y situées à l’extérieur des zones protégées à Madagascar sont vivent, mais elle est aussi un vecteur connu de la peste des fortement exposées à la surexploitation alimentaire, mais écrevisses, Aphanomyces astaci, populations d’écrevisses seulement 32% des espèces d’écrevisses VU et 16% des malgaches (Dieguez-Uribeondo et Soderhall 1993). La espèces d’écrevisses LC vivent dans des zones protégées. propagation de P. clarkii dans les habitats forestiers naturels Une étude menée dans les environs du Parc National de Madagascar serait catastrophique non seulement pour de Ranomafana a suggéré qu’une récolte durable des

Figure 5.10 Forêt tropicale transformée en rizières. © Jeanne Rasamy

56 écrevisses pourrait être possible dans certaines conditions terrain écologique, les inventaires biotiques et les activités (Jones, 2004). Cependant, la pauvreté élevée à Madagascar de conservation prioritaires. signifie que les écrevisses et autres produits forestiers représentent toujours une importante source de revenus Plusieurs questions importantes restent sans réponse. Les pour les ménages dans ces zones (Jenkins et al., 2011) et évaluations DD récentes sont toutes basées sur un manque expose les écrevisses à une exploitation incontrôlée. d’informations pour les véritables aires de répartition des espèces. Un certain nombre de ces espèces sont connues dans de très petites zones et / ou de petites 5.5 Recommandations de populations. Ces espèces peuvent être soit naturellement conservation restreintes et difficiles à trouver, soit les restes d’une population auparavant plus abondante et plus répandue Bien que les dernières estimations de la Liste Rouge de qui est maintenant en déclin en raison de la perte d’habitat l’UICN concernant la faune décapode d’eau douce de ou d’autres impacts. Des données sur les besoins en Madagascar n’aient trouvé que sept de ses 72 espèces matière d’habitat et les tendances démographiques doivent (10%) menacées d’extinction, cela peut sous-estimer le également être obtenues. D’ici-là, il convient de traiter les niveau de menace en raison du nombre élevé d’espèces DD espèces DD comme potentiellement menacées jusqu’à (28 sur 72 espèces (38,9%)). Ces espèces DD introduisent preuve du contraire. un élément d’incertitude dans le processus de planification de la conservation. Il est probable qu’un grand nombre Des plans de rétablissement doivent être élaborés pour d’espèces de DD finiront par s’avérer menacées, car la les espèces menacées d’écrevisses (quatre espèces), de plupart sont des espèces endémiques à une seule localité crabes d’eau douce (deux espèces) et de crevettes d’eau dont l’aire de répartition est très étroite, un profil typique d’un douce (une espèce) que l’on trouve à Madagascar et dans grand nombre des espèces les mieux connues actuellement le hotspot des îles de l’Océan Indien, et les études sur les 27 évaluées comme menacées dans d’autres parties du monde espèces de DD dans les trois groupes de décapodes d’eau (Cumberlidge et al., 2009). Il est clair que les espèces douce doivent être intensifiés. La conservation efficace des menacées et DD des décapodes d’eau douce endémiques décapodes d’eau douce dépend de la préservation de zones malgaches représentent une cible pour le futur travail de suffisamment vastes d’habitat d’eau douce naturelle pour

Figure 5.11 Ecrevisses récoltées transportées le long de la route jusqu’au marché. © Jeanne Rasamy

57 Figure 5.12 Astacoides granulimaus en vente sur le marché. © Christian Ranaivoson maintenir une bonne qualité de l’eau, car de nombreuses L’objectif devrait être d’impliquer les populations locales espèces sont sensibles à l’eau polluée ou ensablée. Il est dans la conservation des espèces menacées et dans la donc très préoccupant que la qualité de l’eau se détériore récolte durable des espèces actuellement abondantes mais même dans les principaux habitats naturels de Madagascar fortement exploitées. Enfin, des mesures efficaces pour et des autres îles. stopper la propagation des espèces envahissantes doivent être élaborées et mises en œuvre avant que les impacts Il est encourageant de constater que près de la moitié destructeurs n’atteignent les écosystèmes primaires non (48,6 %) la faune décapode de la région est évaluée comme détériorés des cours d’eau forestiers primaires restants. LC. Cela concerne près de les deux tiers (64 %) de la faune malgache de crabe d’eau douce. (11 espèces sur 17), près de la moitié (49%) de la faune crevettière d’eau douce et 5.6 Actions de recherche 28% de la faune écrevisse (deux espèces sur sept). Le principal objectif de conservation des espèces menacées Aucune mesure de conservation locale n’est en place pour d’écrevisses, de crabes d’eau douce et de crevettes d’eau protéger les espèces d’eau douce décapodes menacées douce vivant dans les zones boisées de Madagascar (et de Madagascar ou des autres îles de l’Océan Indien. Seychellum alluaudi de deux îles des Seychelles) est la Bien que des informations préliminaires sur les aires de préservation des habitats naturels restants, en particulier répartition des espèces commencent à être disponibles, les cours d’eau naturels. La destruction de l’Habitat naturel les données écologiques et démographiques de nombreux est une menace permanente pour toutes les espèces, taxons de décapodes d’eau douce de Madagascar font et la surexploitation supplémentaire des écrevisses par toujours défaut. Des études ciblées visant à déterminer une exploitation intensive dans l’ensemble de leur aire de le statut et les écologies des espèces menacées et des répartition est très préoccupante, en particulier pour les espèces DD devraient être entreprises dans cette île peu espèces qui se trouvent en dehors des aires protégées. étudiée, en particulier sur les impacts de la pollution et de la déforestation sur les systèmes fluviaux et leurs décapodes. L’espèce d’écrevisse malgache la plus répandue mais Par exemple, de vastes zones de l’Ouest et du Sud de aussi la plus exploitée est Astacoides granulimanus (LC) Madagascar sont encore sérieusement sous-étudiées, (figure 5.11). Une campagne de sensibilisation soutenue est et beaucoup d’endroits n’ont aucun enregistrement essentielle pour la protection à long terme des écrevisses et de présence d’une espèce. En raison de ce manque des forêts dans lesquelles elles se trouvent. Il faut également d’information de base, il est difficile de faire des prédictions s’efforcer de trouver d’autres sources de revenus pour les significatives sur la façon dont les espèces réagiront à populations locales qui dépendent de la pêche à l’écrevisse. l’évolution des milieux d’eau douce.

58 5.7 Les espèces phares

Bien qu’il existe un commerce intense d’écrevisses d’eau ces tabous culturels. Néanmoins, Andriamarovololona & douce dans de nombreuses régions de Madagascar, Jones (2012) et Jones et al. (2008) dans leurs études sur un système traditionnel d’interdiction connu sous le le rôle des tabous et des croyances traditionnelles dans nom de « fady » est au cœur de la culture de certains la conservation aquatique à Madagascar, ont montré Malgaches (Andriamarovololona & Jones, 2012). On pense, clairement que des normes de comportement acceptables, par exemple, que les femmes enceintes ne devraient imposées par la pression sociale, régissent le moment et la pas manger d’espèces d’écrevisses (Astacoides spp.) méthode de capture des espèces d’eau douce appréciées Car cela pourrait entraîner des naissances multiples; telles que crabes et écrevisses, et peut fournir une et dans certaines régions de Madagascar, les crabes protection significative aux espèces menacées telles que (Hydrothelpusa spp.) ne peuvent être introduits dans Astacoides caldwelli endémique rare (Figure 5.13 ; Jones et certains villages tant qu’il y a encore du riz dans les champs al., 2008 ; Jones, 2010b). (Jones et al., 2008). Il est difficile de dévoiler l’origine de

Figure 5.13 L’étude de Jones et al. (2007) ont révélé que Astacoides caldwelli (VU) était la plus rare de toutes les écrevisses malgaches échantillonnées. Cette espèce se rencontre principalement dans les Hautes Terres orientales de Madagascar, où elle se trouve dans les rivières drainant les bassins versants boisés. Une surveillance est nécessaire pour mieux comprendre le rythme auquel cette espèce est perdue en raison de la conversion des forêts de basse altitude en rizières. © Christian Ranaivoson

De nouvelles aires protégées pour les écosystèmes 5.8 Références d’eau douce peuvent représenter un outil puissant pour la conservation des décapodes d’eau douce. Les zones Abell, R., Thieme, M.L., Revenga, C., et al. 2008. Freshwater humides terrestres sont actuellement sous-représentées Ecoregions of the World: A New Map of Biogeographic Units dans le système actuel d’aires protégées à Madagascar for Freshwater Biodiversity Conservation. BioScience 58: (Conservation International, 2014) et plus largement en 403. https://doi.org/10.1641/B580507 Afrique continentale (Darwall et al., 2011). Il est encourageant Andriamarovololona, M.M. and Jones, J.P.G. 2012. The role de constater que le gouvernement de Madagascar a of taboos and traditional beliefs in aquatic conservation récemment réitéré son engagement à tripler la superficie des in Madagascar. In: Pungetti, G., Oviedo, G. and Hooke, D. terres protégées et à assurer la gestion efficace de toutes (eds.) Sacred Species and Sites: Advances in Biocultural ses aires protégées (IISD, 2014). Nous recommandons une Conservation Cambridge University Press, 2012. https:// plus grande représentation des habitats d’eau douce dans le doi.org/10.1017/CBO9781139030717.021 réseau d’aires protégées en expansion à Madagascar, et une Bland, L.M., Bielby, J., Kearney, J.S., et al. 2017. Toward protection plus efficace des espèces d’eau douce présentes reassessing data deficient species. Conservation Biology, dans les aires protégées existantes. Enfin, des expériences 31: 531–539. https://doi.org/10.1111/cobi.12850 d’élevage en captivité sont nécessaires pour les espèces Boyko, C.B., Ramilijaon, O.R., Randriamasimanana,D., et al. endémiques menacées de l’écrevisse malgache. 2005. Astacoides hobbsi, a new crayfish (Crustacea :

59 Decapoda : Parastacidae) from Madagascar. Zootaxa 51: with the description of a new species of Foza Reed and 41–51. https://doi.org/10.11646/zootaxa.1091.1.3 Cumberlidge, 2006 (Brachyura, Potamonautidae). European Chace, F.A. 1997. The caridean shrimps (Crustacea: Journal of 109: 1–15. Decapoda) of the Albatross Expedition, 1907–1910, Part Cumberlidge, N., Rasamy Razanabolana, J., Ranaivoson, 7: Families Atyidae, Eugonatonotidae, Rynchocinetidae, C.H., et al. 2017. Updated extinction risk assessments of Bathypalaemonellidae, Processidae, and Hippolytidae. Madagascar’s freshwater decapod crustaceans reveal Smithsonian Contributions to Zoology 587: i–v, 1–106. fewer threatened species but more Data Deficient species. Conservation International. 2014. Ecosystem profile. Madagascar Malagasy Nature 12: 32–41. and Indian Ocean islands. Conservation International, Daniels, S.R. 2011. 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61 Annexe 5.1 Statut de la Liste Rouge des crabes d’eau douce de Annexe 5.3 Statut de la Liste Rouge des crevettes d’eau douce de Madagascar et des îles de l’océan Indien. Madagascar et des îles de l’océan Indien. Catégorie Catégorie de la Liste Endémique de la Liste Endémique Famille Espèces Rouge du hotspot Famille Espèces Rouge du hotspot POTAMONAUTIDAE Boreathelphusa EN Oui PALAEMONIDAE Macrobrachium hirtimanus EN Oui uglowi ATYIDAE Caridina mauritii NT Oui POTAMONAUTIDAE Seychellum alluaudi VU Oui ATYIDAE Caridina richtersi NT Oui POTAMONAUTIDAE Foza manonae DD Oui ATYIDAE Caridina spathulirostris NT Oui POTAMONAUTIDAE Glabrithelphusa DD Oui ATYIDAE Caridina crurispinata DD Oui angene ATYIDAE Caridina edulis DD Oui POTAMONAUTIDAE Malagasya goodmani DD Oui ATYIDAE Caridina lamiana DD Oui POTAMONAUTIDAE Marojejy longimerus DD Oui ATYIDAE Caridina lipalmaria DD Oui POTAMONAUTIDAE Skelosophusa DD Oui ATYIDAE Caridina norvestica DD Oui eumeces ATYIDAE Caridina parvocula DD Oui POTAMONAUTIDAE Skelosophusa DD Oui gollardi ATYIDAE Caridina petiti DD Oui POTAMONAUTIDAE Skelosophusa prolixa DD Oui ATYIDAE Caridina steineri DD Oui POTAMONAUTIDAE Foza ambohitra LC Oui ATYIDAE Caridina troglophila DD Oui ATYIDAE Caridina unca DD Oui POTAMONAUTIDAE Foza goudoti LC Oui ATYIDAE Monsamnis carpolongus DD Oui POTAMONAUTIDAE Foza raimundi LC Oui ATYIDAE Parisia dentata DD Oui POTAMONAUTIDAE Hydrothelphusa agilis LC Oui ATYIDAE Parisia edentata DD Oui POTAMONAUTIDAE Hydrothelphusa LC Oui bombetokensis ATYIDAE Parisia macrophthalma DD Oui POTAMONAUTIDAE Hydrothelphusa LC Oui ATYIDAE Parisia microphthalma DD Oui madagascariensis ATYIDAE Typhlopatsa pauliani DD Oui POTAMONAUTIDAE Hydrothelphusa LC Oui PALAEMONIDAE Macrobrachium glabrum DD Oui vencesi PALAEMONIDAE Macrobrachium DD Oui POTAMONAUTIDAE Madagapotamon LC Oui hildebrandti humberti PALAEMONIDAE Macrobrachium petiti DD Oui POTAMONAUTIDAE Malagasya LC Oui ATYIDAE Atyoida serrata LC Oui antongilensis ATYIDAE Caridina angulata LC Non POTAMONAUTIDAE Seychellum LC Oui mahefregate ATYIDAE Caridina brachydactyla LC Non POTAMONAUTIDAE Seychellum LC Oui ATYIDAE Caridina calmani LC Oui silhouette ATYIDAE Caridina gracilirostris LC Non ATYIDAE Caridina hova LC Oui Annexe 5.2 Statut de la Liste Rouge des écrevisses d’eau douce de ATYIDAE Caridina isaloensis LC Oui Madagascar et des îles de l’océan Indien. ATYIDAE Caridina natalensis LC Non Catégorie ATYIDAE Caridina serratirostris LC Non de la Liste Endémique ATYIDAE Caridina similis LC Oui Famille Espèces Rouge du hotspot ATYIDAE Caridina typus LC Non PARASTACIDAE Astacoides betsileoensis VU Oui ATYIDAE Caridina xiphias LC Oui PARASTACIDAE Astacoides caldwelli VU Oui PALAEMONIDAE Macrobrachium australe LC Non PARASTACIDAE Astacoides crosnieri VU Oui PALAEMONIDAE Macrobrachium LC Non PARASTACIDAE Astacoides hobbsi VU Oui dolichodactylus PARASTACIDAE Astacoides petiti DD Oui PALAEMONIDAE Macrobrachium equidens LC Non PARASTACIDAE Astacoides granulimanus LC Oui PALAEMONIDAE Macrobrachium idae LC Non PARASTACIDAE Astacoides LC Oui PALAEMONIDAE Macrobrachium idella LC Non madagascarensis PALAEMONIDAE Macrobrachium lar LC Non PALAEMONIDAE Macrobrachium LC Non lepidactylus PALAEMONIDAE Macrobrachium patsa LC Non PALAEMONIDAE Macrobrachium rude LC Non PALAEMONIDAE Macrobrachium LC Non scabriculum

62 Chapitre 6 Statut et la répartition des plantes aquatiques

Peter Phillipson1 and 2, Sylvie Andriambololonera3, Rokiman Letsara4, Cyrille Maharombaka5, Botovao Auguste Ramiandrisoa5, Nadiah Manjato3, Hery Lisy Ranarijaona5, William Darwall6, Laura Máiz-Tomé6

6.1 Aperçu des plantes aquatiques de Madagascar...... 63 6.2 Modèles de la richesse globale des espèces...... 65 6.3 Statut de conservation...... 67 6.3.1 Espèces menacées...... 67 6.3.2 Données espèces défectueuses...... 70 6.4 Principales menaces...... 70 6.5 Recommandations de conservation...... 73 6.6 Actions de recherche...... 73 6.7 Références...... 73 Annexe 6.1 Incohérences de noms de famille entre le site web de la Liste Rouge de l’UICN et le système APG IV...... 76 Annexe 6.2 Familles de fougères comprenant des espèces aquatiques pour Madagascar...... 76 Annexe 6.3 Familles de plantes à graines comprenant uniquement des espèces aquatiques à Madagascar...... 76 Annexe 6.4 Familles de plantes à graines comprenant des espèces aquatiques et terrestres à Madagascar...... 77 Annexe 6.5 Nombre des espèces par régions bioclimatiques dans les milieux lentiques à Madagascar (d’après Ranarijaona, 1999)...... 77 Annexe 6.6 Résumé des résultats de l’évaluation de la Liste Rouge...... 77

6.1 Aperçu des plantes aquatiques Depuis le début de l’exploration botanique de Madagascar de Madagascar au milieu du XVIIe siècle, la plupart des efforts se sont concentrés sur les écosystèmes terrestres. Même pendant la plus grande partie du XXe siècle, lorsque l’inventaire Madagascar présente une grande diversité topographique botanique du pays a fait de grands progrès, les botanistes et bioclimatique qui donne naissance à une gamme ont accordé relativement peu d’attention aux écosystèmes remarquable d’écosystèmes. Le pays a une surface étendue aquatiques et à leurs plantes. Cependant, quelques avec des systèmes d’eau souterraine et une profusion botanistes, dont J.M.H.A. Perrier de la Bâthie, J.M. Bosser d’habitats d’eau douce qui relient les hautes montagnes et et A.M. Raynal-Roques, ont fait beaucoup de collectes dans les hauts plateaux centraux avec les régions sèches et semi- les habitats d’eau douce décrivant de nombreuses nouvelles arides du Nord, Ouest et Sud et les régions humides de l’Est espèces, mais le manque de littérature sur la flore d’eau (Carret, 2014) . Les différents écosystèmes à travers le pays douce du pays a découragé l’intérêt pour ces plantes et leurs sont parmi les plus riches en diversité d’espèces végétales habitats. Le climat et la géologie jouent un rôle important dans le monde, chacun possédant des éléments floristiques dans la répartition des plantes à Madagascar, et les travaux caractéristiques et un niveau exceptionnellement élevé de Cornet (1974), Du Puy & Moat (1996) et Schatz (2000) ont d’endémisme local. Les petites îles de la zone prioritaire sont contribué à les mettre en évidence. Une bonne introduction à liées biogéographiquement à Madagascar, mais chaque la phytogéographie de Madagascar a été fournie par Gautier groupe d’îles a moins d’espèces endémiques et d’espèces à & Goodman (2003). Les espèces d’eau douce présentent aire de répartition restreinte par rapport à Madagascar. Dans des schémas de répartition basés sur l’isolement à l’intérieur le cadre de ce projet, nous n’avons évalué que des espèces des systèmes de captage des rivières ; elles sont soumises endémiques de Madagascar.

1 Missouri Botanical Garden, P.O. Box 299, St Louis, MO, 63166-0299, USA. E-mail: [email protected] 2 Institut de Systématique, Évolution, et Biodiversité (UMR 7205 – Centre National de la Recherche Scientifique/Muséum national d’Histoire naturelle/École Pratique des Hautes Études, Université Pierre et Marie Curie, Sorbonne Universités), C.P. 39, rue Cuvier 57, F-75231 Paris CEDEX 05, France. 3 Missouri Botanical Garden, Madagascar Research and Conservation Program, BP 3391, Antananarivo 101, Madagascar. 4 Département Flore, Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza, Antananarivo 101, Madagascar. 5 Ecole Doctorale sur les Ecosystèmes Naturels, Ecole Doctorale sur les Ecosystèmes Naturels (EDEN), Université de Mahajanga, Rue Georges V, Immeuble Kakal, Mahajangabe, 401, Mahajanga, Madagascar. 6 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK.

63 (et bénéficient de) des conditions relatives à la dispersion douce connues à Madagascar sont compilées dans la base et à la migration à l’intérieur et entre les bassins versants. de données Tropicos et présentées à travers l’interface Wilmé et al. (2006) ont fourni des indications précieuses du projet Madagascar Catalogue (http://www.tropicos. sur le rôle potentiel des bassins fluviaux et des zones inter org/Project/Madagascar). Des efforts renouvelés fluviales à Madagascar dans la détermination des profils pour documenter et étudier les plantes d’eau douce de biogéographiques. Madagascar ont cependant été initiés plus récemment à l’Université de Mahajanga, au Parc Botanique et Zoologique Il existe diverses définitions des plantes aquatiques, ou de Tsimbazazaza (PBZT) et par le Missouri Botanical Garden hydrophytes comme on les appelle parfois, mais elles (MBG). comprennent toutes les plantes qui sont adaptées pour pousser dans des habitats gorgés d’eau. Celles-ci vont de Les plantes d’eau douce sont importantes pour les moyens l’eau profonde aux tourbières et aux marais et comprennent de subsistance de nombreuses personnes dans la région qui des zones inondées saisonnièrement et pérenne. Les fournissent des médicaments traditionnels et des matières modifications physiologiques et morphologiques permettent premières pour la production d’artefacts et la construction à ces plantes de prospérer dans des endroits où d’autres de cases traditionnelles (Rakotoarivelo & Manjato, in prep.). mourraient. Bien que morphologiquement diverses, Elles jouent également un rôle écologique important dans avec des adaptations aux habitats aquatiques dans de les écosystèmes aquatiques en fournissant de la nourriture, nombreux groupes de plantes différents, certaines formes un abri et une variété d’habitats pour un large éventail de croissance de base sont prédominantes et peuvent être d’organismes (Cook, 1996). Partout à Madagascar, les gens classées en deux grands types d’habitats. Les premiers, utilisent largement les espèces d’eau douce pour fabriquer les hélophytes, sont enracinés sous l’eau mais produisent des nattes, des paniers, des pièges et des cordes pour des tiges émergentes qui portent des feuilles et des parties lesquelles le palmier raphia (Raphia farinifera) et les Carex reproductrices au-dessus de l’eau, et les seconds sont des (espèces de la famille Cyperaceae) sont particulièrement hydrophytes, adaptés à la vie submergée dans l’eau ou à la importants (Basiza, 2015). Les tubercules du nénuphar, surface de l’eau. Ces dernières sont réparties en espèces Nymphaea nouchali, sont également utilisés pour la teinture dont les racines sont fixées dans le substrat sous-jacent, des tissus (Ranarijaona, 2009). flottent librement, qui ont des feuilles et/ou des parties reproductrices immergées sous l’eau ou à la surface de l’eau, L’étude des plantes médicinales aquatiques à Madagascar ou qui ont des feuilles et/ou des parties reproductrices au- a commencé dans les années 1960 avec le travail de dessus de l’eau (Ranarijaona, 1999). Les plantes adaptées Boiteau et al. (1964), Rakoto-Ratsimamanga et al. (1969) pour survivre à des conditions salines telles que les marais et Boiteau (1979, 1986). Plus récemment, une étude salants, dénommés halophytes, sont exclues de cette étude. ethnobotanique dans l’Ouest de Madagascar a identifié 49 espèces de plantes aquatiques utilisées en médecine La présence de plantes aquatiques dépend en grande partie traditionnelle (Ranarijaona, 2009) et une étude dans le de la profondeur et de la vitesse d’écoulement de l’eau et Nord de Madagascar a recensé cinq espèces de plantes de la qualité de l’eau. Certaines espèces préfèrent les eaux aquatiques traditionnellement utilisées pour lutter contre stagnantes ou au moins calmes (conditions lentiques) – lacs, le paludisme (Boyer, 2009). Une étude d’Hydrostachys étangs, marais et tourbières. Ces espèces lentiques, comme plumosa l’a identifié comme un candidat potentiel pour une les nénuphars (Nymphaea spp.), sont enracinées dans le lit du utilisation en chimiothérapie pour lutter contre le cancer plan d’eau. Les espèces flottantes comprennent les lentilles (Ranarijaona et al., 2014). d’eau (Lemna et Wolffia spp.) et la jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes). D’autres espèces prolifèrent dans les eaux Dans les études écologiques, les plantes d’eau douce courantes (conditions lotiques) – rivières, ruisseaux, torrents peuvent servir de bio-indicateurs parce que, sur un site de et cascades, où les espèces flottantes sont généralement zone humide donné, l’espèce et sa forme de croissance absentes. Enfin, certaines espèces sont fixées à des roches aident à déterminer les propriétés et la qualité de submergées et sont capables de supporter des débits d’eau l’écosystème. D’importantes études sur l’écologie des exceptionnellement élevés, notamment des membres de la plantes aquatiques comprennent celles d’Alvarez (1982) famille des Hydrostachyaceae et des Podostemaceae. sur le lac Mandroseza, démontrant l’influence des plantes aquatiques sur les poissons (Andrianjohany, 1988). L’exploration et l’étude de la riche flore malgache se poursuit à un rythme soutenu. Par exemple, en 2016, quatre-vingt- Une note sur les noms de familles de plantes: Pour cette dix nouveaux noms d’espèces ont été publiés (Phillipson et étude, nous utilisons le système APG de familles de plantes al., 2017), mais aucune de ces espèces n’était des plantes (dernière version APG IV: The Angiosperm Phylogeny Group, d’eau douce. Les données sur toutes les espèces d’eau 2016). Ce système a été adopté presque universellement par

64 les botanistes et dans les bases de données botaniques, et introduite et naturalisée. Parmi les espèces indigènes, il y représente un consensus d’opinions scientifiques sur les a un niveau d’endémisme relativement élevé (69,3%). Les limites et les relations entre les familles de plantes à graines données pour les 16 familles sont résumées à l’annexe 6.3. et leur phylogénie. L’autorité de la Liste Rouge de l’UICN a conservé un ensemble de données sur les familles de plantes Parmi les plantes à graines, 339 espèces sont réparties dans et il y a donc un décalage dans certains noms de famille, ce 57 familles et certaines d’entre elles sont essentiellement qui peut entraîner une confusion en ce qui concerne certains aquatiques, notamment: Alismataceae, Droseraceae, taxons (annexe 6.1). Haloragaceae, Hydrocharitaceae, Linderniaceae, Polygonaceae, Pontederiaceae et Potamogetonaceae (chacune avec plus de 50% d’espèces aquatiques à 6.2 Modèles de la richesse globale Madagascar). De nombreuses autres grandes familles des espèces polymorphes contiennent également un nombre significatif d’espèces aquatiques, notamment les Asteraceae avec 66 La flore vasculaire connue de Madagascar comprend 11 espèces aquatiques, dont 49 sont considérées comme 254 espèces indigènes, dont 82% sont endémiques au des espèces introduites et naturalisées. Un résumé sur ces pays (Madagascar Catalogue, 2017), mais seulement 388 plantes, qui ne comprend que les familles numériquement (3,5%) sont spécifiquement associées aux habitats d’eau dominantes (celles qui comptent cinq espèces aquatiques douce, dont un peu plus de la moitié endémies malgaches ou plus à Madagascar), est présenté à l’annexe 6.4. Aucune (Manjato et al., 2017). De plus, en comparant les données tentative n’a été faite pour inclure des plantes non vasculaires ici avec celles fournies par Ranarijaona (1999, 2003), il ou des algues d’eau douce dans cette étude en raison d’un apparaît que les systèmes lentiques à Madagascar sont manque presque total de données. généralement plus pauvres en espèces endémiques que les systèmes lotiques. Ferry et al. (1999) ont suggéré que Une étude entreprise par Ranarijaona (1999) sur la répartition la faible endémicité des plantes aquatiques à Madagascar géographique, l’habitat et les formes de croissance de la par rapport aux plantes terrestres pourrait être le résultat de flore d’eau douce malgache dans les conditions lentiques fluctuations climatiques au cours de la période quaternaire. fournit des résultats utiles qui ont été discutés en relation Les espèces de plantes aquatiques de Madagascar sont avec la conservation et les menaces pour les espèces d’eau néanmoins diverses, représentées dans 85 (34,1%) des douce à Madagascar. La diversité végétale des écosystèmes 249 familles de plantes vasculaires de Madagascar et lentiques (lacs, étangs et marais) a été enregistrée dans les six 226 (13,3%) de ses 1 704 genres, révélant une proportion provinces de Madagascar (Ranarijaona, 1999) et 76 sites ont de la flore considérablement plus élevée que la moyenne été visités sur une période de cinq ans et huit types différents de 1–2% rapportée pour la proportion mondiale des d’environnements lentiques ont été identifiés. L’étude espèces de plantes aquatiques (Cook, 1996). En plus de comprenait 338 espèces, dont 128 espèces (38%) sont la flore indigène, à ce jour, 387 espèces introduites ont endémiques. Parmi ces espèces, 142 (42%) appartiennent été documentées comme ayant été naturalisées dans aux Cyperaceae et 17 (5%) appartiennent aux Poaceae, l’ensemble de Madagascar (Phillipson et al., 2017), dont 52 ce qui suggère que l’importance de ces familles dans les espèces (13,4%) se trouvent dans des habitats d’eau douce. habitats d’eau douce dans Madagascar Catalogue peut être Le nombre élevé d’espèces végétales naturalisées dans les considérablement sous-estimée. L’étude suggère également habitats d’eau douce est, en partie, parce que les habitats que les deux familles nécessitent actuellement une révision sont très dynamiques et sujets à une colonisation rapide par taxonomique très nécessaire. Les distributions de la plupart les pionniers, une caractéristique des espèces de mauvaises des 338 espèces de plantes aquatiques lentiques listées herbes naturalisées; c’est également dû à la forte incidence par Ranarijaona (2003, 2011) montrent une relation claire de la dispersion à longue distance des propagules végétales avec les régions phytogéographiques et bioclimatiques de par les oiseaux migrateurs qui visitent les zones humides. Madagascar, comme indiqué dans l’annexe 6.5.

Vingt-six espèces de fougères aquatiques ont été La répartition géographique des 169 espèces (168 enregistrées, pour lesquelles des données sommaires sont strictement malgaches endémiques et une seule endémique fournies à l’annexe 6.2. L’endémisme chez les espèces de régionale) évaluées pour la Liste Rouge de l’UICN a été fougères aquatiques indigènes est inférieur à 25% et seules cartographiée par bassin hydrographique (sous-bassins deux espèces ont été introduites et naturalisées. Parmi versants) (figure 6.1). Les données de localisation pour les plantes à graines, 414 espèces ont été enregistrées; certaines espèces n’étaient pas suffisamment précises pour 75 appartiennent à 16 familles qui ne comprennent que être cartographiées avec certitude, et ces enregistrements des espèces aquatiques à Madagascar; seule une de ces ont été omis. Les bassins les plus riches en espèces, espèces, Canna indica (Cannaceae), est enregistrée comme contenant chacun plus de 20 espèces évaluées, se trouvent

65 Figure 6.1 Répartition des espèces de plantes aquatiques par sous-bassin hydrographique de rivière/ lac à Madagascar.

Richesse spécifique

Nombre des espèces de plantes aquatiques par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

66 dans les Hautes Terres centrales près d’Antananarivo. Les Centre, elle n’a donc pas été incluse dans notre étude et a zones de 16 à 20 espèces présentent un profil similaire, mais été récemment transféré au genre Heteranthera (de Oliveira comprennent également un seul bassin sur l’escarpement Pellegrini, 2017). oriental. Cette tendance est répétée pour les bassins avec 10–15 espèces, qui comprennent un certain nombre d’autres Sept différents genres de fougères aquatiques ont été bassins versants qui se drainent vers l’Est, mais aussi représentés, chacun par une seule espèce endémique: quelques autres zones dispersées, y compris le bassin de Deparia (Athyriaceae), Didymoglossum (Hymenophyllaceae), Sambirano au Nord-Est, et les bassins côtiers courts près Isoetes (Isoetaceae), Loxogramme et Zygophlebia de Mahajanga. Les bassins avec 10 espèces ou moins sont (Polypodiaceae), Trachypteris ( P te r i d a c e a e ) e t largement dispersés à travers le pays, mais sont largement Pneumatopteris (Thelypteridaceae). Des évaluations du absents des parties semi-aride du Sud-Ouest et de l’ouest du risque d’extinction d’espèces au niveau mondial ont été plateau central. Ces modèles suivent largement les régions réalisées sur toutes ces espèces conformément aux lignes bioclimatiques de Madagascar (Cornet, 1974, Schatz, 2000) directrices de l’UICN sur l’application des catégories et et ses écorégions d’eau douce (Ecorégions d’eau douce du critères de la Liste Rouge de l’UICN (UICN 2012). monde, 2017), mais peuvent aussi s’expliquer en partie par des biais d’échantillonnage en fonction de l’accessibilité des 6.3.1 Espèces menacées bassins versants et de l’ampleur de l’inventaire botanique dédié qui a été entrepris. Sur les 169 espèces évaluées, 133 (79%) ont été classées comme menacées, dont 24 (15%) évaluées comme Vulnérable (VU), 75 (44%) évaluées comme En danger (EN) et 6.3 Statut de conservation 34 (20%) comme étant En danger critique d’extinction (CR) (voir l’annexe 6.7, le tableau 6.1 et la figure 6.2 pour résumer Compte tenu du grand nombre d’espèces de plantes des résultats pour toutes les catégories). En supposant aquatiques dans la région et des ressources limitées, l’étude que toutes les espèces à données insuffisantes (DD) soient s’est concentrée sur la réalisationt des évaluations globales menacées dans la même proportion que les espèces pour de la Liste Rouge pour les seules espèces endémiques lesquelles on disposait suffisamment d’informations, le à Madagascar. Sur une liste initiale de 199 espèces pourcentage d’espèces de plantes aquatiques menacées enregistrées comme endémiques (Madagascar Catalogue, 2017), 31 espèces ont été éliminées en raison d’incertitudes Tableau 6.1 Nombre des espèces de plantes aquatiques endémiques à taxonomiques. Une seule espèce quasi endémique, l’herbe Madagascar dans chaque Liste Rouge de l’UICN. Leersia perrieri, a également été évaluée car elle n’est connue Catégories de la Liste Rouge de l’UICN Nombre des espèces que de Madagascar et d’une localité des Comores, ce qui la Catégories En danger critique (CR) 34 rend endémique dans la région malgache. des En danger (EN) 75 menaces Vulnérable (VU) 24 L’ensemble des 169 espèces de plantes d’eau douce Autres Quasi menacée (NT) 22 catégories endémiques (ou quasi endémiques) incluses dans Préoccupation mineure (LC) 12 l’évaluation de la Liste Rouge comprenait des plantes Données insuffisantes (DD) 2 appartenant à 44 familles de plantes, dont les cinq mieux Nombre total des espèces évaluées 169 représentées étaient les Asteraceae (24 spp.), Cyperaceae (15 spp.), Hydrostachyaceae (14 espèces), Aponogetonaceae Figure 6.2 Proportion (%) d’espèces de plantes aquatiques (13 espèces) et Orchidaceae (10 espèces). Alors que les endémiques à Madagascar dans chaque catégorie de la Liste Asteraceae et les Orchidaceae sont de très grandes familles Rouge de l’UICN. avec des espèces présentes dans un large éventail d’habitats, LC DD 7% 1% les Cyperaceae sont connues pour être particulièrement CR abondantes dans les habitats d’eau douce, et les deux autres NT 20% 13% familles sont composées uniquement d’espèces d’eau douce. Quatre des genres sont endémiques à Madagascar et ne comprennent que des espèces d’eau douce: Endocaulos (un sp.), Paleodicraea (un sp.) et Thelethylax (deux espèces) VU – tous les membres des Podostemaceae; et Hydrotriche 15% appartenant aux Plantaginaceae (quatre spp. décrites). Le genre Scholleropsis (Pontederiaceae) comprenant une seule espèce, S. lutea, a été décrit comme une endémie malgache, EN mais a ensuite été découvert en Afrique de l’Ouest et du 44%

67 augmente à 80%. Il est important de noter, cependant, dans ces zones périurbaines, notamment: Myriophyllum que les efforts d’évaluation ont porté, à une exception axilliflorum dans l’écorégion des Hauts Plateaux de l’Est, près (Leersia perrieri), exclusivement sur les espèces et Schoenoplectiella perrieri et Ammannia calcicola dans végétales endémiques à Madagascar et qui seraient les plus l’écorégion du Nord-Ouest, mais aucune d’entre elles n’a susceptibles d’être globalement menacées. Par conséquent, été signalée au cours des 80 dernières années ou plus le pourcentage d’espèces menacées déclarées pour ce et qui pourrai être éteinte. D’autres espèces menacées groupe est biaisé. Les évaluations des espèces végétales se trouvent dans des zones relativement intactes, mais il présentes dans le hotspot qui ne sont pas endémiques, mais s’agit des espèces endémiques très localisées adaptées à également présentes en Afrique continentale, montrent un des habitats spécifiques et qui subissent maintenant une niveau de menace beaucoup plus faible (Juffe Bignoli, 2011). pression considérable. Ceux-ci incluent: Lindernia natans (de la péninsule d’Ampasindava – écorégion du Nord-Ouest), Les 10 espèces d’Orchidaceae ont été évaluées comme avec une zone d’occupation estimée de 9 km². Même si cette EN (quatre) ou CR (six). Toutes les familles contiennent au espèce se trouve dans une zone protégée, elle est menacée moins une espèce menacée, à l’exception de Polypodiaceae par l’agriculture, le feu sauvage, le pâturage et l’exploitation (deux espèces, à la fois Préoccupation mineure [LC]) et minière. Aponogeton dioecus est menacé par la dégradation Apocynaceae (une espèce quasi-menacée [NT]). Un résumé ou la destruction de l’habitat en raison des feux fréquents, complet du statut de la Liste Rouge des 44 familles de de l’agriculture et des perturbations causées par les bétails, plantes figure à l’annexe 6.6. tout comme Eriocaulon hildebrandtii, E. parvicapitulatum et Paepalanthus bosseri (tous originaires du mont Ankaratra Étant donné que la majorité des espèces évaluées sont dans l’écorégion des Hautes Plateaux orientaux). menacées, le profil de répartition des espèces menacées ne diffère pas beaucoup du profil obtenu pour toutes les espèces De nombreuses espèces des milieux lotiques sont des (figure 6.1). Sur le plateau central autour d’Antananarivo et à espèces endémiques restreintes, telles que les nombreuses proximité d’autres grandes villes surpeuplées, comme espèces d’Hydrostachys (14 espèces à Madagascar), les la ville de Mahajanga, la faible richesse de la flore d’eau quatre espèces d’Hydrotriche, la plupart des espèces douce est associée à des niveaux élevés de menace de d’Aponogeton, et les représentants des Podostemaceae déforestation; en particulier en raison de l’urbanisation et (figures 6.3 et 6.4). Tous ces genres comprennent des de l’agriculture liées à la croissance démographique et à espèces menacées, avec une diversité particulièrement l’exode rural. De nombreuses espèces de CR sont connues élevée dans les écorégions de l’Ouest et du Nord-Ouest.

Figure 6.3 Aponogeton decaryi (NT). © Peter B. Phillipson Figure 6.4 Hydrostachis imbricata (LC). © Charles Rakotovao

68 Figure 6.5 Répartition des espèces de plantes aquatiques menacées par sous-bassin versant de rivière / lac à Madagascar.

Espèces menacées

Nombre des espèces de plantes aquatiques menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

69 Tableau 6.2 Nombre d’activités ou de processus humains qui ont eu, également des menaces majeures pour les habitats et les qui ont, ou qui peuvent avoir un impact sur l’état des plantes espèces d’eau douce malgaches (Beisel & Lévêque 2010; aquatiques évaluées. Maharombaka et al., 2017). Nombre des Catégories de menace espèces menacées Parmi les 169 espèces de plantes évaluées pour la Liste Agriculture et aquaculture 533 (32,5%) Rouge, les 11 principales catégories de menaces répertoriées Modifications du système naturel 354 (21,6%) dans le système de classification des menaces de l’UICN Production d’énergie et exploitation minière 203 (12,4%) Utilisation des ressources biologiques 154 (9,4%) (UICN, 2016) ont été considérées comme applicables. Pollution 142 (8,7%) Les menaces qui pèsent sur la plupart des espèces sont Développement de l’infrastructure t; résidentiel et 101 (6,2%) l’agriculture et l’aquaculture et les modifications du commercial système naturel (tableau 6.2). Intrusions et perturbations humaines 67 (4,1%) Changement climatique et saisons dures 37 (2,3%) Agriculture et aquaculture: perte d’habitat Espèces envahissantes et autres espèces, gènes 27 (1,6%) et maladies problématiques La perte d’habitats d’eau douce à Madagascar se poursuit Développement de l’infrastructure; corridors de 21 (1,3%) à un rythme rapide malgré les efforts des agences transport et service environnementales. Par exemple, après la désignation du Evènements géologiques 1 (0,1%) complexe de zones humides de Torotorofotsy comme zone Total 1 640 légalement protégée en 2015, en l’espace d’un an, 38% des marais intacts prévus pour la conservation ont été 6.3.2 Données espèces défectueuses illégalement transformés en rizières (Lova 2016, figure 6.6).

Seules deux espèces ont été évaluées comme DD, Compte tenu de l’expansion actuelle continue de l’agriculture Aponogeton cordatus (Aponogetonaceae) et Paleodicraeia à Madagascar, il n’est pas surprenant que cela représente la imbricata (Podostemaceae). Le premier n’a été récolté plus grande menace pour les plantes aquatiques, les cultures qu’une seule fois dans la « Forêt d’Analamazaotra » en annuelles et pérennes non ligneuses ayant un impact majeur 1912 (écorégion des Hauts Plateaux orientaux). Cette suivi par l’agriculture itinérante et la petite agriculture zone a fait l’objet d’un inventaire botanique relativement (figures 6.7 et 6.8). Les autres impacts de l’agriculture et de intensif, mais bien qu’une partie de la forêt se trouve dans l’aquaculture comprennent l’élevage, les plantations de bois une zone protégée, d’autres parties ont été affectées et de pulpes, ainsi que l’aquaculture marine et d’eau douce. par le développement des chemins de fer, des mines, de l’agriculture, du logement et du tourisme. Comme les Changement climatique et temps violent données sur les localités sont plutôt vagues, il est impossible Le changement climatique mondial peut être la cause de dire si la collection a été faite dans une zone qui est des conditions climatiques extrêmes que Madagascar maintenant détruite, et aucune recherche ciblée n’a été faite a connu ces dernières années. Les régions sèches et pour les espèces dans des zones qui sont encore intactes. semi-arides de l’Ouest et du Sud de Madagascar, en La seconde espèce n’est également connue qu’à partir du particulier, ont été gravement affectées par des précipitations spécimen type récolté à la fin du XVIIIème siècle, sans autre faibles et imprévisibles et une augmentation du taux information de localisation que « Madagascar ». Elle n’a pas d’évapotranspiration. En 2016, la presse internationale a été enregistrée depuis. En tant que seule espèce du genre rapporté que selon les agences de l’ONU, 330 000 personnes Paleodicraeia, elle présente un grand intérêt pour les études de cette famille hautement spécialisée d’hydrophytes. Figure 6.6 La pratique de l’agriculture sur brûlis « Tavy » a converti la majeure partie du site Ramsar les Marais de Torotorofotsy en rizières. © Laura Máiz-Tomé 6.4 Principales menaces

Les pressions et les menaces qui affectent les plantes aquatiques peuvent être anthropiques ou naturelles. Les activités anthropiques telles que l’agriculture, la mise en décharge, le remblayage, la collecte illicite, le feu et l’urbanisation contribuent toutes à la dégradation des zones humides et de leur flore (Bamford et al., 2017 ; Maharombaka et al., 2017). En outre, les phénomènes naturels, tels que les cyclones et la sécheresse, exacerbés par le changement climatique, et l’invasion d’espèces exotiques constituent

70 dans le Sud de Madagascar étaient au bord de la famine Les conditions de sécheresse et les précipitations (Lind, 2016) et 1,4 million souffraient de malnutrition (Lepidi, imprévisibles, y compris les inondations, menacent 2016). D’autre part, influencée par les vents humides de directement les zones humides. Elles exercent également l’Océan Indien, la partie orientale de l’île est de plus en plus des pressions supplémentaires sur les zones humides sujette aux cyclones et aux inondations. Il est clair que toute pour subvenir aux besoins de la population humaine et perturbation des températures de l’air et de l’eau, des niveaux de son bétail lorsque l’agriculture dans les zones arides d’eau, du débit d’eau et de la saisonnalité aura un impact échoue ou diminue; dans ces circonstances, le piétinement direct sur les espèces végétales des zones humides. Il a été accru du bétail, en particulier, peut causer des dommages démontré que les plantes aquatiques à Madagascar sont très irréparables aux zones humides. Ces menaces pour les sensibles aux variations saisonnières ou permanentes des écosystèmes aquatiques sont exacerbées par la destruction conditions environnementales (Maharombaka 2012). et la dégradation des forêts environnantes.

Figure 6.7 Exploitation des bords des marais pour l’agriculture La dégradation des bassins versants associés aux zones à petite échelle (Belobaka, Mahajanga). © B.A. Ramiandrisoa humides augmente la probabilité d’inondation et entraîne une érosion des sols conduisant à l’envasement des zones humides et, dans certains cas, à la fragmentation de l’habitat. C’est le cas du lac Alaotra, l’une des zones humides les plus importantes de Madagascar: sa superficie a diminué de 20% ces dernières années en raison de la déforestation de son bassin versant et l’érosion du sol qui s’en est suivie a entraîné une sédimentation massive du lac (Bakoariniana et al., 2006).

La plupart des espèces de plantes aquatiques indigènes sont susceptibles d’être affectées par le changement climatique, bien qu’il soit impossible de quantifier l’ampleur de l’impact. Les espèces EN et CR présentes dans les parties les plus sèches de Madagascar sont susceptibles d’être

Figure 6.8 Ravenea musicalis est une espèce En danger critique d’extinction connue dans une localité très restreinte du Sud-Est de Madagascar, dans l’écorégion des basses terres orientales. L’espèce est récoltée pour le commerce horticole et les troncs de palmiers sont parfois abattus pour fabriquer des canoës (Rakotoarinivo & Dransfield 2017). © B.A. Ramiandrisoa

71 les plus menacées et celles qui ont le plus besoin d’une L’urbanisation a également un impact considérable à attention particulière en matière de conservation. Parmi Madagascar. L’urbanisation détruit les zones humides ceux-ci figurent Conyza mandrarensis (CR) dans le bassin de par le remblayage et la pollution par les eaux usées et le Mandrare (Ecorégion du Sud), Hydrotriche mayacoides (CR) déversement de déchets domestiques et industriels. Parmi sur les zones humides exposées d’Andringitra (Ecorégion les menaces dues aux infrastructures, les mines et les des Hautes Terres orientales) et Leersia perrieri (EN) presque carrières sont de loin les plus importantes, incluant à la fois endémique qui est menacé par l’assèchement des petits les développements industriels et l’exploitation artisanale. bassins près de Mahajanga où elle est principalement présente (Ecorégion du Nord-Est). D’autre part, des espèces Les espèces envahissantes strictement hydrophytes telles que Hydrostachys monoica Dans les systèmes aquatiques, les espèces envahissantes (CR) et Hydrotriche bryoides (CR) de (Ecorégion des Hautes ont colonisé et affecté de très grandes étendues de lacs Terres orientales) peuvent être menacées par une inondation et de rivières. À Madagascar, au lac Ravelobe, la jacinthe accrue. d’eau Eichhornia crassipes a un impact majeur sur la survie d’autres espèces aquatiques, en raison de sa domination Le développement des infrastructures agressive de l’habitat et de la monopolisation de l’espace, Le développement des infrastructures liées à l’urbanisation, des nutriments et de la lumière (Ranarijaona et al., 2013a, à la production d’énergie, aux transports, à la croissance b). D’autres espèces aquatiques envahissantes inhibent la démographique et aux migration, au tourisme et au croissance d’autres plantes par allélopathie – la libération de développement industriel peut créer une demande en eau, que substances chimiques qui influencent la germination ou la ce soit dans les phases de construction ou d’exploitation (ou croissance d’autres espèces, comme le démontre Ludwigia les deux). De plus, le développement peut affecter les schémas adscendens subsp. diffusa (Sakpere et al., 2010), une plante de drainage naturels ou augmenter la pollution de l’eau. Les aquatique envahissante courante à Madagascar. impacts sont largement ressentis à Madagascar, à la fois près des principaux fortes densités de population, où les impacts Barrages sur les zones humides sont aggravés par d’autres facteurs, Les barrages pour la production d’électricité ou le stockage ainsi que dans les zones non peuplées ou à faible densité de de l’eau pour l’irrigation et l’eau potable ralentissent population. Plusieurs espèces aquatiques ne sont connues l’écoulement de l’eau dans les cours d’eau et les rivières, que des zones fortement touchées par le développement ce qui réduit la diversité des habitats, l’eutrophisation et des infrastructures, notamment: Potamogeton parmatus l’envasement. Les bassins de retenue résultant des barrages (EN) seulement connue autour d’Antananarivo et près du modifient également les habitats en amont, passant d’un lac Alaotra (écorégion des Hautes Terres orientales); Najas système lotique à un système lentique, ce qui a un impact sur madagascariensis (EN) dans des localités dispersées sur les plantes spécifiques aux habitats fluviaux. Les barrages le Haut Plateau de Madagascar (écorégion des Hautes pour l’hydroélectricité sont principalement construits dans Terres de l’Est), mais pas enregistré depuis plus de 80 ans des zones où l’élévation diminue rapidement et où les rivières et peut-être déjà éteinte; et Ravenea musicalis (CR) connue se rétrécissent. Ce sont des zones où se produisent des d’un seul site au Nord de Taolagnaro (écorégion des basses rapides et des chutes d’eau qui supportent naturellement des terres de l’Est), où l’exploitation minière et le tourisme sont assemblages uniques d’espèces lotiques, susceptibles d’être particulièrement importants (figure 6.9). menacées ou disparues par la construction de barrages.

Figure 6.9 Petite exploitation artisanale de l’or sur la rivière Pollution de l’eau (Vatovavy-Fitovinany). © B.A. Ramiandrisoa L’impact le plus important de la pollution de l’eau est l’érosion des sols et la sédimentation qui affectent une grande partie de la flore aquatique de Madagascar. La pollution de l’eau peut également être une conséquence indirecte des développements d’infrastructures tels que ceux évoqués ci-dessus, et est un impact direct sur l’utilisation d’engrais chimiques et d’insecticides dans l’agriculture, les détergents, l’artisanat comme la fabrication de briques et les déchets domestiques. L’introduction de polluants dans l’eau peut provoquer une toxicité et une eutrophisation, altérant les propriétés de l’eau de sorte que les plantes et les animaux naturels sont incapables de survivre. Par exemple, Thelethylax isalensis (CR), une espèce connue seulement dans le Parc National de l’Isalo (écorégion de l’Ouest), est de

72 toute évidence affectée par la pollution des communautés biologiques au sein du système et, dans la plupart des cas, humaines voisines. Les activités minières industrielles et cette connaissance fait défaut. Néanmoins, dans certains artisanales, notamment l’extraction de l’or, du cobalt et du endroits, des expériences de restauration ont été réalisées nickel, sont également une source majeure de polluants. à petite échelle, un bon exemple étant la replantation du carex indigène, Lepironia articulata (Cyperaceae) dans les marécages d’un site minier dans le Sud-Est de Madagascar 6.5 Recommandations de (Randriantafika et al., 2007). Cela a été un grand succès et conservation il est maintenant important de reproduire ce travail à plus grande échelle. Planification et politique. Madagascar dispose d’un vaste réseau d’aires protégées et y a récemment ajouté de nombreuses autres aires protégées, mais la plupart sont 6.6 Actions de recherche principalement axées sur les habitats terrestres. La gestion des espèces d’eau douce et des habitats importants à Le principal besoin de recherche pour les plantes aquatiques l’intérieur de ces sites n’est pas souvent prise en compte. de Madagascar est d’intensifier les efforts pour les L’information présentée dans le cadre de cette étude vise à recherches de terrain de base à travers le pays. Il est évident s’assurer que ces espèces et habitats d’eau douce soient que les plantes aquatiques sont moins bien connues que maintenant bien reconnus et que des plans de gestion soient les espèces terrestres, et qu’il manque des traitements élaborés afin d’incorporer spécifiquement un objectif ciblé sur taxonomiques de base à jour pour la plupart des groupes. leur conservation. Dans le cas des quelques aires protégées Cela se reflète dans le nombre et l’âge des spécimens qui ont été créées spécifiquement pour la conservation des de plantes aquatiques disponibles dans les herbiers habitats d’eau douce, les nouvelles informations présentées concernés en comparaison avec les espèces terrestres – de ici aideront à mieux informer la gestion de ces sites. nombreuses espèces de plantes aquatiques ne sont pas connues d’aucune collection récente. Bien que des travaux Arrachage des espèces exotiques sur le terrain aient été menés par les équipes du MBG et Les plantes exotiques comme menace sont généralement de l’Université de Mahajanga pour relocaliser certaines bien reconnues à Madagascar, du moins pour certaines espèces telles que Diospyros anosivolensis et Hydrostachys des espèces à problèmes les plus graves. Cependant, decaryi (toutes deux dans l’écorégion des hautes terres de les espèces exotiques qui ne sont actuellement pas à un l’Est), de nombreuses zones demeurent encore des lacunes niveau de menace pour les habitats peuvent représenter une importantes en matières de données. menace «en attente de se produire». Plus d’efforts sont donc nécessaires pour identifier les plantes exotiques présentes L’étude des plantes aquatiques exige des techniques dans les habitats d’eau douce, et pour mettre en place des spéciales pour sécher rapidement les spécimens et préserver méthodes de lutte avant qu’elles ne présentent une menace les formes délicates qui s’abîment facilement lorsqu’elles sérieuse et deviennent coûteuses à enlever. Les méthodes sont retirées de l’eau, ainsi que l’équipement comme les de lutte contre les espèces végétales envahissantes peuvent échassiers et les bateaux. La collecte ciblée d’espèces être classées en trois catégories: la lutte mécanique, connues d’une seule localité ou d’anciennes collections chimique ou biologique (van Wilgen et al., 2001). Le contrôle est importante, mais un inventaire de base des plantes physique est le plus couramment utilisé à Madagascar, mais aquatiques est nécessaire dans tout Madagascar. Ces d’autres moyens de contrôle devraient être envisagés. nouvelles données permettront d’éclairer et de mettre à jour les évaluations de la Liste Rouge des espèces et de mieux Espèces et actions sur site éclairer la prise de décisions en matière de conservation et de Les informations présentées ici rassemblent de nouvelles développement. Il est également important que l’inventaire données importantes sur les nombreuses espèces de botanique des zones humides à l’intérieur des aires protégées plantes aquatiques actuellement menacées à Madagascar soit complété afin d’assurer que les gestionnaires de sites et fournissent des informations sur leur répartition. Un certain disposent de l’information nécessaire pour conserver plus nombre de ces espèces bénéficieraient de l’élaboration de efficacement les plantes d’eau douce. plans d’action basés sur les sites.

Restauration 6.7 Références De nombreux écosystèmes d’eau douce de Madagascar ont subi des niveaux importants de dégradation et devront Alvarez, M.F. 1982. Contribution à l’étude écologique du lac être restaurés. Cependant, une restauration efficace de Mandroseza (étude de la flore). Mémoire de DEA, nécessite une connaissance approfondie des interactions Université d’Antananarivo, Madagascar.

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75 Annexe 6.1 Incohérences de noms de famille entre le site web de la Liste Rouge de l’UICN et le système APG IV. Familles UICN Familles APG IV Genres concernés Asclepiadaceae Apocynaceae Secamone Palmae Arecaceae Dypsis Ravenea Compositae Asteraceae Amphidoxa Grangea Pluchea Cineraria Grangeopsis Sphaeranthus Conyza Helichrysum Vernonia Emilia Hubertia Gerbera Inula Cruciferae Brassicaceae Rorippa Leguminosae Fabaceae Indigofera Leptodesmia Phylloxylon Boraginaceae Heliotropaceae Heliotropium Labiaceae Lamiaceae Orthosiphon Euphorbiaceae Phyllanthaceae Phyllanthus Scrophulariaceae Plantaginaceae Hydrotriche Gramineae Poaceae Cenchrus Leersia Sacciolepis Eragrostis Neostapfiella Sporobolus Ischaemum Sacciolepis

Annexe 6.2 Familles de fougères comprenant des espèces aquatiques Annexe 6.3 Familles de plantes à graines comprenant uniquement des pour Madagascar. espèces aquatiques à Madagascar.

Endémique Native Naturalisée Total de Total (%) famille Endémique Native Naturalisée Famille Famille Total de Total (%) famille 1. Dryopteridaceae – 1 – 1 79 (1.2%) 1. Aponogetonaceae 14 1 – 15 93,3% 2. Equisetaceae – 1 – 1 1 (100%) 2. Cannaceae – – 1 1 0% 3. Hymenophyllaceae 1 – – 1 55 (1.8%) 3. Ceratophyllaceae – 1 – 1 0% 4. Isoetaceae 1 1 – 2 3 (66.6%) 4. Elatinaceae 1 1 – 2 50% 5. Marsileaceae – 4 – 4 4 (100%) 5. Eriocaulaceae 15 7 – 22 68,1% 6. Osmundaceae – 1 – 1 1 (100%) 6. Gunneraceae – 1 – 1 0% 7. Polypodiaceae 1 – – 1 55 (1.8%) 7. Hydroleaceae – 1 – 1 0% 8. Pteridaceae – 5 – 5 94 (5.3%) 8. Hydrostachyaceae 14 – – 14 100% 9. Salviniaceae – 2 2 4 4 (100%) 9. Juncaceae – 2 – 2 0% 10. Schizaeaceae – 1 – 1 3 (33.3%) 10. Menyanthaceae 2 1 – 3 66,6% 11. Thelypteridaceae 1 3 – 4 33 (12.1%) 11. Nepenthaceae 2 – – 2 100% 12. Woodsiaceae 1 – – 1 21 (4.7%) 12. Nymphaeaceae – 2 – 2 0% Total 5 19 2 26 353 (7.3%) 13. Podostemaceae 4 2 – 6 66,6% 14. Restionaceae – 1 – 1 0% 15. Sphenocleaceae – 1 – 1 0% 16. Typhaceae – 1 – 1 0% Total 52 22 1 75 69,3%

76 Annexe 6.4 Familles de plantes à graines comprenant des espèces Annexe 6.6 Résumé des résultats de l’évaluation de la Liste Rouge. aquatiques et terrestres à Madagascar. Totales par Famille Groupe CR EN VU NT LC DD famille Asteraceae Graine 2 6 6 7 3 – 24 (Compositae) Famille Endémique Native Naturalisée Total de Total (%) famille 1. Asteraceae 41 19 6 66 543 (12,1%) Cyperaceae Graine 3 8 4 – – – 15 2. Cyperaceae 10 44 1 55 317 (17,3%) Hydrostachyaceae Graine 2 4 2 4 2 – 14 Aponogetonaceae Graine 2 6 – 3 1 1 13 3. Fabaceae 5 6 5 16 663 (2,4%) Orchidaceae Graine 6 4 – – – – 10 4. Linderniaceae 7 6 – 13 21 (61,9%) Eriocaulaceae Graine 3 2 1 2 – – 8 5. Polygonaceae – 1 11 12 21 (57,1%) Poaceae Graine – 7 1 – – – 8 6. Orchidaceae 8 3 – 11 903 (1,2%) (Gramineae) 7. Poaceae – 5 4 9 603 (1,4%) Lythraceae Graine 1 4 1 – – – 6 Gentianaceae Graine 3 2 – – – – 5 8. Plantaginaceae 5 3 1 9 24 (37,5%) Plantaginaceae Graine 1 2 1 1 – – 5 9. Potamogetonaceae 1 8 – 9 10 (90,0%) Rubiaceae Graine – 3 1 1 – – 5 10. Commelinaceae 2 1 4 7 32 (21,8%) Arecaceae Graine 2 – 1 1 – – 4 11. Campanulaceae 3 4 – 7 30 (23,3%) (Palmae) 12. Lythraceae 6 1 – 7 21 (33,3%) Ebenaceae Graine – 1 2 – 1 – 4 Fabaceae Graine 1 3 – – – – 4 13. Lamiaceae 4 – 2 6 254 (2,3%) (Leguminosae) 14. Gentianaceae 5 – 1 6 65 (9,2%) Podostemaceae Graine 1 1 – – 1 1 4 15. Orobanchaceae – 6 – 6 31 (19,3%) Pandanaceae Graine 1 1 – 1 – – 3 16. Araceae – 5 1 6 28 (21,4%) Primulaceae Graine – 2 – 1 – – 3 17. Hydrocharitaceae 2 4 6 11 (54,5%) Acanthaceae Graine – 2 – – – – 2 Balsaminaceae Graine 1 1 – – – – 2 18. Arecaceae 4 – 1 5 202 (2,4%) Haloragaceae Graine 1 1 – – – – 2 19. Balsaminaceae 5 – – 5 177 (2,8%) Hydrocharitaceae Graine – 1 – – 1 – 2 20. Amaranthaceae – 2 3 5 65 (7,6%) Linderniaceae Graine 1 – – – 1 – 2 21. Caryophyllaceae – 5 – 5 16 (31,2%) Menyanthaceae Graine – 2 – – – – 2 Toutes les autres 34 25 9 68 3410 (1,9%) Polypodiaceae Fougère – – – – 2 – 2 familles Apocynaceae Graine – – – 1 – – 1 Total 142 148 49 339 7447 (4,5%) Begoniaceae Graine – 1 – – – – 1 Boraginaceae Graine 1 – – – – – 1 Brassicaceae Graine – 1 – – – – 1 Annexe 6.5 Nombre des espèces par régions bioclimatiques dans les (Cruciferae) milieux lentiques à Madagascar (d’après Ranarijaona, 1999). Buxaceae Graine – 1 – – – – 1 Domaines Régions Campanulaceae Graine – 1 – – – – 1 phytogéographiques bioclimatiques Espèces totales Capparaceae Graine – 1 – – – – 1 Large distribution à Madagascar 116 (34%) Hauts Plateaux centraux Subhumide 100 (30%) Crassulaceae Graine – 1 – – – – 1 Oest et Sud Sec et Subaride 57 (17%) Elatinaceae Graine – – 1 – – – 1 Est Humide 14 (4%) Heliotropaceae Graine – 1 – – – – 1 Sambirano Subhumide 5 (1%) Hymenophyllaceae Fougère 1 – – – – – 1 Centre et Ouest Subhumide et Sec 15 (4%) Isoetaceae Fougère – 1 – – – – 1 Est et Sud Humide and 5 (1%) Lamiaceae Graine – 1 – – – – 1 Subaride (Labiatae) Aucune tendance claire discernée 24 (8%) Phyllanthaceae Graine – 1 – – – – 1 Potamogetonaceae Graine – 1 – – – – 1 Pteridaceae Fougère – – 1 – – – 1 Sapotaceae Graine 1 – – – – – 1 Thelypteridaceae Fougère – – 1 – – – 1 Urticaceae Graine – 1 – – – – 1 Xyridaceae Graine – – 1 – – – 1 Total des Graine 34 75 24 22 12 2 169 catégories

77 Annexe 6.7 Statut de la Liste Rouge des plantes aquatiques de Madagascar. Catégorie Catégorie de la Liste de la Liste Famille Espèces Rouge Famille Espèces Rouge SAPOTACEAE Mimusops nossibeensis CR ORCHIDACEAE Benthamia calceolata EN ORCHIDACEAE Cynorkis marojejyensis CR PODOSTEMACEAE Endocaulos mangorense EN ORCHIDACEAE Tylostigma herminioides CR COMPOSITAE Helichrysum filaginoides EN ORCHIDACEAE Tylostigma filiforme CR GRAMINEAE Leersia perrieri EN CYPERACEAE Rhynchospora hildebrandtii CR APONOGETONACEAE Aponogeton schatzianus EN ERIOCAULACEAE Paepalanthus bosseri CR APONOGETONACEAE Aponogeton viridis EN ORCHIDACEAE Eulophia nervosa CR COMPOSITAE Grangeopsis perrieri EN LEGUMINOSAE Indigofera ankaratrensis CR CYPERACEAE Pycreus compressiformis EN BORAGINACEAE Cynoglossum tsaratananense CR CYPERACEAE Costularia melleri EN PODOSTEMACEAE Thelethylax isalensis CR ORCHIDACEAE Tylostigma nigrescens EN PANDANACEAE Pandanus ambalavaoensis CR LYTHRACEAE Ammannia pauciramosa EN SCROPHULARIACEAE Hydrotriche mayacoides CR CYPERACEAE Bulbostylis andringitrensis EN CYPERACEAE Schoenoplectiella aberrans CR GRAMINEAE Cenchrus pseudotriticoides EN PALMAE Dypsis aquatilis CR RUBIACEAE Anthospermum palustre EN BALSAMINACEAE Impatiens boinensis CR CAMPANULACEAE Lobelia lingulata EN HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys perrieri CR GENTIANACEAE Exacum gracile EN GENTIANACEAE Exacum nossibeense CR LEGUMINOSAE Leptodesmia bojeriana EN HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys monoica CR BUXACEAE Buxus itremoensis EN PALMAE Ravenea musicalis CR BALSAMINACEAE Impatiens rudicaulis EN ORCHIDACEAE Benthamia catatiana CR ACANTHACEAE baronii EN HALORAGACEAE Myriophyllum axilliflorum CR APONOGETONACEAE Aponogeton capuronii EN ORCHIDACEAE Tylostigma madagascariense CR LEGUMINOSAE Phylloxylon xiphoclada EN HYMENOPHYLLACEAE Didymoglossum pygmaeum CR CYPERACEAE Bulbostylis perrieri EN APONOGETONACEAE Aponogeton dioecus CR LYTHRACEAE Ammannia calcicola EN GENTIANACEAE Tachiadenus umbellatus CR COMPOSITAE Helichrysum dubardii EN LINDERNIACEAE Lindernia natans CR HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys laciniata EN LYTHRACEAE Ammannia alternifolia CR COMPOSITAE Helichrysum tanacetiflorum EN COMPOSITAE Helichrysum coursii CR COMPOSITAE Gerbera hypochaeridoides EN CYPERACEAE Schoenoplectiella perrieri CR LYTHRACEAE Ammannia quadriciliata EN APONOGETONACEAE Aponogeton masoalaensis CR GRAMINEAE Eragrostis stolonifera EN GENTIANACEAE Exacum conglomeratum CR CYPERACEAE Cyperus ankaratrensis EN ERIOCAULACEAE Eriocaulon hildebrandtii CR MENYANTHACEAE Nymphoides bosseri EN ERIOCAULACEAE Eriocaulon parvicapitulatum CR HALORAGACEAE Myriophyllum mezianum EN COMPOSITAE Conyza mandrarensis CR APONOGETONACEAE Aponogeton tenuispicatus EN ACANTHACEAE Hygrophila velata EN ORCHIDACEAE Cynorkis tenerrima EN GRAMINEAE Neostapfiella chloridiantha EN HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys fimbriata EN APONOGETONACEAE Aponogeton longiplumulosus EN GRAMINEAE Ischaemum heterotrichum EN EUPHORBIACEAE Phyllanthus venustulus EN BEGONIACEAE Begonia erminea EN HYDROCHARITACEAE Najas madagascariensis EN GENTIANACEAE Klackenbergia stricta EN PANDANACEAE Pandanus peyrierasii EN SCROPHULARIACEAE Hydrotriche galiifolia EN RUBIACEAE Pyrostria italyensis EN ERIOCAULACEAE Eriocaulon flumineum EN HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys trifaria EN CYPERACEAE Schoenoplectiella heterophylla EN BORAGINACEAE Heliotropium perrieri EN COMPOSITAE Grangea madagascariensis EN EBENACEAE Diospyros dicorypheoides EN ISOETACEAE Isoetes perrieriana EN GRAMINEAE Sacciolepis delicatula EN APONOGETONACEAE Aponogeton eggersii EN GRAMINEAE Sporobolus elatior EN CYPERACEAE Cyperus heterocladus EN

78 Annexe 6.7 suite. Statut de la Liste Rouge des plantes aquatiques de Madagascar. Catégorie Catégorie de la Liste de la Liste Famille Espèces Rouge Famille Espèces Rouge POTAMOGETONACEAE Potamogeton parmatus EN PANDANACEAE Pandanus platyphyllus NT CRASSULACEAE Kalanchoe daigremontiana EN APONOGETONACEAE Aponogeton bernierianus NT SCROPHULARIACEAE Hydrotriche bryoides EN HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys multifida NT MENYANTHACEAE Nymphoides elegans EN SCROPHULARIACEAE Hydrotriche hottoniiflora NT LABIATAE Orthosiphon discolor EN COMPOSITAE Emilia capillaris NT RUBIACEAE Ixora sambiranensis EN COMPOSITAE Sphaeranthus cotuloides NT ERIOCAULACEAE Eriocaulon piliflorum EN HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys longifida NT HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys decaryi EN COMPOSITAE Pluchea grevei NT URTICACEAE Elatostema subfavosum EN COMPOSITAE Helichrysum luzulaefolium NT CRUCIFERAE Rorippa millefolia EN HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys distichophylla NT LYTHRACEAE Ammannia heterophylla EN RUBIACEAE Ixora ripicola NT CAPPARACEAE Cleome augustinensis EN ASCLEPIADACEAE Secamone ligustrifolia NT PRIMULACEAE Lysimachia peploides EN PRIMULACEAE Lysimachia rubricaulis NT LEGUMINOSAE Indigofera pseudoparvula EN COMPOSITAE Helichrysum aphelexioides NT ORCHIDACEAE Tylostigma hildebrandtii EN COMPOSITAE Vernonia platylepis NT PRIMULACEAE Lysimachia nummularifolia EN COMPOSITAE Inula perrieri NT CYPERACEAE Pycreus alleizettei EN HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys stolonifera NT PLANTAGINACEAE Plantago tanalensis VU APONOGETONACEAE Aponogeton decaryi NT COMPOSITAE Cineraria anampoza VU ERIOCAULACEAE Mesanthemum pubescens NT CYPERACEAE Cyperus cancrorum VU PALMAE Dypsis crinita NT HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys verruculosa VU ERIOCAULACEAE Mesanthemum rutenbergianum NT RUBIACEAE Peponidium anoveanum VU APONOGETONACEAE Aponogeton ulvaceus NT COMPOSITAE Helichrysum flagellare VU PODOSTEMACEAE Paleodicraeia imbricata DD CYPERACEAE Isolepis humbertii VU APONOGETONACEAE Aponogeton cordatus DD XYRIDACEAE Xyris baronii VU PODOSTEMACEAE Thelethylax minutiflora LC THELYPTERIDACEAE Pneumatopteris humbertii VU APONOGETONACEAE Aponogeton madagascariensis LC PALMAE Ravenea rivularis VU POLYPODIACEAE Loxogramme humblotii LC PTERIDACEAE Trachypteris drakeana VU LINDERNIACEAE Torenia stolonifera LC COMPOSITAE Hubertia myrtifolia VU HYDROCHARITACEAE Lagarosiphon madagascariensis LC ERIOCAULACEAE Paepalanthus itremensis VU COMPOSITAE Inula speciosa LC COMPOSITAE Conyza perrieri VU COMPOSITAE Conyza neocandolleana LC EBENACEAE Diospyros decaryana VU EBENACEAE Diospyros cinnamomoides LC EBENACEAE Diospyros anosivolensis VU POLYPODIACEAE Zygophlebia subpinnata LC HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys maxima VU COMPOSITAE Emilia citrina LC CYPERACEAE Carex hildebrandtiana VU HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys imbricata LC CYPERACEAE Cyperus subaequalis VU HYDROSTACHYACEAE Hydrostachys plumosa LC LYTHRACEAE Ammannia cryptantha VU ELATINACEAE Elatine madagascariensis VU GRAMINEAE Sacciolepis viguieri VU COMPOSITAE Pluchea rufescens VU COMPOSITAE Amphidoxa demidium VU

79 Chapitre 7 Statut et répartition des Odonates

Kai Schütte1, Klaas-Douwe B. Dijkstra2, William Darwall3, Laura Máiz-Tomé3

7.1 Vue d’ensemble des Odonates de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien...... 80 7.2 Tendances de la richesse globale en espèces...... 81 7.3 Statut de conservation...... 83 7.3.1 Espèces menacées...... 83 7.3.2 Espèces à données insuffisantes...... 84 7.4 Principales menaces...... 88 7.5 Recommandations de conservation...... 89 7.6 Actions de recherche...... 90 7.7 Espèces phares...... 89 7.8 Références...... 90 Annexe 7.1 Statut de la Liste Rouge des espèces d’odonates de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien...... 92

7.1 Vue d’ensemble des Odonates de yeux globulaires, qui constituent souvent une grande partie Madagascar et du hotspot des îles de la tête, leurs antennes courtes et leurs longues ailes. Ils de l’Océan Indien sont divisés en deux sous-ordres, à savoir Zygoptères (demoiselles) et Anisoptères (vraies libellules). Dans ce Les libellules et les demoiselles (Odonates) sont des insectes rapport, le mot « libellules » est utilisé pour les deux sous- d’eau douce remarquables qui sont sensibles à la qualité de ordres. l’habitat aquatique et terrestre, ce qui les qualifie comme l’une des meilleures sentinelles environnementales (Darwall et al. Ce chapitre montre où se trouvent les plus hauts niveaux 2011). Leur sensibilité à la qualité de l’habitat (par exemple, de diversité et d’endémisme, et la plus grande proportion le couvert forestier, la chimie de l’eau, les rivières et la de libellules menacées à Madagascar et dans le hotspot structure des berges), leur cycle de vie amphibie et la facilité des îles de l’Océan Indien. Avec environ 5 680 espèces relative de leur identification rendent les Odonates bien dans le monde, les libellules constituent un ordre d’insecte adaptés à l’évaluation des changements environnementaux relativement petit (Kalkman et al., 2008), la plupart des à long terme (biogéographie, climatologie) et à court terme espèces se trouvant dans les tropiques. Au total, 172 (conservation biologique, pollution de l’eau, altération espèces décrites sont présentes à Madagascar, dont 94% structurelle des eaux courantes et stagnantes). En raison de des Zygoptères et 67% des Anisoptères sont endémiques. leur apparence attrayante, ils ne servent pas seulement de phares pour la conservation des habitats riches en eau tels Figure 7.1 Onychogomphus aequistylus. © Dave Smallshire que les zones humides et les forêts tropicales, mais aussi pour les habitats où l’eau est rare et donc vitale pour la survie.

Les larves d’Odonates s’attaquent à toutes sortes de petits animaux jusqu’à la taille des têtards et des petits poissons. Leur développement prend de quelques semaines à plusieurs années. L’émergence a lieu au-dessus de l’eau sur les plantes ou sur le rivage, après quoi la plupart des espèces quittent le bord de l’eau pour mûrir. Les mâles retournent à l’eau pour chercher des femelles ou pour établir des territoires, alors que les femelles ne reviennent souvent que pour s’accoupler et pondre leurs œufs (Kalkman et al. 2008). Les Odonates se reconnaissent à leur abdomen long et mince, leurs grands

1 Universität Hamburg, Martin-Luther-King-Platz 3 20146, Hamburg, Germany. Email: [email protected] 2 Naturalis Biodiversity Center Darwinweg 2, 2333 CR Leiden, Netherlands. 3 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK.

80 Il existe 30 autres espèces décrites aux Comores, aux platycnémides Onychargiinae et Platycnemidinae sont Mascareignes et aux Seychelles (Dijkstra & Cohen, soumis). cependant respectivement absentes et moins diversifiées sur Actuellement, moins de 10 espèces non décrites sont le continent, tandis que les genres anciennement placés dans connues. Au total, 151 espèces endémiques et 50 espèces les Megapodagrionidae (maintenant en partie dans non endémiques de libellules ont été évaluées par rapport Argiolestidae) et Corduliidae sont également relativement aux catégories et critères de la Liste Rouge de l’UICN : bien représentés dans le hotspot. En effet, les Protolestes et Version 3.1 (UICN 2012) dans le cadre de ce projet. Six les Tatocnemis peuvent même représenter des familles espèces endémiques n’ont pas été évaluées car trois d’entre endémiques mais encore méconnues. elles, Orthetrum lugubre, O. malgassicum et Trithemis maia, ont été récemment élevées de la sous-espèce au Au total, 104 espèces de demoiselles (représentant 93% de statut d’espèce (Dijkstra & Cohen, soumis). Les trois autres Zygoptera) sont endémiques, alors que seulement 63% des Allolestes maclachlani, Gynacantha comorensis et G. stylata 97 espèces de véritables libellules (Anisoptera), généralement ont été négligés – mais leur évaluation est en cours et sera mieux dispersées, sont endémiques au hotspot. Environ 20% bientôt disponible sur la Liste Rouge de l’UICN. des espèces endémiques de Madagascar ont de proches parents africains et sont probablement issus des récentes Les informations de base suivantes sont largement basées arrivées d’espèces de savane, qui ont une bonne capacité de sur le livre « Dragonflies and Damselflies of Madagascar and dispersion. Des exemples de ces «nouvelles espèces Indian Ocean Islands » produit par Klaas-Douwe B. Dijkstra & endémiques» sont Paragomphus madegassus, Hemistigma Callan Cohen (soumis), qui ont autorisé l’UICN et les auteurs affine et Zygonyx elisabethae, qui sont des parents à l’utiliser comme indiqué ci-dessous. respectivement proches de P. genei, H. albipunctum et Z. natalensis. Ces espèces sont présentes sur l’ensemble de l’île Les Odonates de Madagascar et du hotspot des îles de dans des habitats ouverts, souvent anthropiques. Les autres l’Océan Indien sont très uniques bien que distinctement endémiques ont peu ou pas de proches parents ailleurs. Ces afrotropicales : alors que moins de 22% des 209 espèces «vieilles espèces endémiques» appartiennent à des genres décrites et non décrites sont partagées avec l’Afrique (quasi) endémiques et sont largement limitées aux eaux continentale ou l’Asie et 74% des 58 genres. Malgré des courantes de la forêt tropicale humide, y compris les cinq affinités africaines évidentes, les familles largement réparties radiations des demoiselles Nesolestes, Protolestes, sur le continent, telles que Calopterygidae, Chlorocyphidae et Tatocnemis, Proplatycnemis, Proplatycnemis et Pseudagrion. Macromiidae ne sont pas ou très peu représentées dans le Wilmé et al (2006) émettent l’hypothèse que les niveaux hotspot, comme le sont les sous-familles Allocnemidinae et élevés de micro-endémisme à Madagascar sont associés à la Disparoneurinae de Platycnemidae. Seules trois familles spéciation par isolement dans les bassins versants des constituent les deux tiers de la richesse en espèces en basses terres. Ce modèle peut s’appliquer aux Odonates Afrique continentale : Coenagrionidae, Libellulidae et ayant des liens étroits avec les cours d’eau boisés. Gomphidae. Les deux premières ont la plupart des espèces en Afrique et sont encore plus dominantes à Madagascar. Les Gomphidae, cependant, sont particulièrement appauvris à 7.2 Tendances de la richesse globale Madagascar (tableau 7.1). Les sous-familles de en espèces

Tableau 7.1 Diversité et endémisme des familles d’Odonates dans le La faune malgache est notamment insulaire, avec environ hotspot de Madagascar et des îles de l’Océan Indien. la moitié des espèces appartenant à de nombreuses Nombre % des lignées africaines non apparentées qui sont répandues Sous- Nombre d’espèces espèces mais qui ont à peine divergé en lignées distinctes sur et à ordre Famille d’espèces endémiques endémiques l’intérieur de l’île. Le reste appartient à quelques lignées aux Lestidae 4 3 75% affinités continentales limitées qui se sont diversifiées en de Argiolestidae 17 17 100% Calopterygidae 1 1 100% nombreuses espèces localisées et spécialisées. Platycnemididae 13 13 100% Zygoptera Coenagrionidae 54 45 86.7% Cette dichotomie reflète la découverte de Samonds et al. Incertae sedis 18 18 100% (2012) selon laquelle peu de groupes de vertébrés d’eau Aeshnidae 13 8 61.5% douce faiblement dispersés sont arrivés à Madagascar Gomphidae 10 9 90% après le Crétacé, alors que seuls les solides ont atteint l’île au Incertae sedis 7 7 100% cours des 15 dernières millions d’années. Macromiidae 1 1 100% Anisoptera Corduliidae 3 3 100% L’insularité de la faune se reflète également dans la taille et Libellulidae 66 32 48.4% le comportement de l’espèce. Les homologues malgaches

81 Figure 7.2 Rhyothemis cognata. © Callan Cohen/www.birdingafrica.com continentaux comme Phaon iridipennis, Chalcostephia suggère que ces îles volcaniques ont d’abord été colonisées flavifrons, Diplacodes lefebvrii, Hemistigma albipunctum, à partir de Madagascar, alors que les espèces continentales Orthetrum abbotti et probablement d’autres espèces sont africaines ne sont peut-être arrivées qu’après que l’homme particulièrement grands, ce qui suggère le gigantisme ait créé des habitats perturbés. insulaire. Les espèces endémiques comme Ana x tumorifer et Phyllomacromia trifasciata se reproduisent Les Mascareignes et les Seychelles abritent respectivement plus fréquemment que leurs parents patrouilleurs sur le 27 et 19 espèces confirmées, mais n’ont pas de genres continent. En effet, la plupart des odonates à Madagascar malgaches, bien que les deux groupes d’îles aient chacun semblent plus accessibles qu’en Afrique continentale. deux genres endémiques. Cependant, alors que les Les archipels des Comores, des Mascareignes et des Allolestes maclachlani et les Leptocnemis cyanops des Seychelles comptent chacun moins de 40 espèces, dont Seychelles granitiques représentent des genres reliques environ un quart sont endémiques. Trente-huit espèces sont (c’est-à-dire sans parents proches ailleurs) survivant maintenant connues des Comores, dont 36 de Mayotte, mais sur des fragments continentaux anciens, les genres moins de la moitié se trouvent sur les autres îles. Mayotte Coenagriocnemis et Thalassothemis des Mascareignes est l’île la plus ancienne, la plus proche de Madagascar volcaniques ont des affinités évidentes avec les genres et la plus visitée. La faune des Comores est similaire à continentaux bien dispersés respectivement Aciagrion celle de Madagascar, comme en témoignent les espèces et Trithemis et sont probablement des dispersions plus endémiques de Nesolestes, Proplatycnemis, Pseudagrion, récentes. Les Mascareignes et les Seychelles partagent le Nesocordulia et Thermorthemis (Dijkstra, 2004). La groupe bispina de Gynacantha et le genre Hemicordulia avec plupart des 12 espèces ayant des affinités plus proches Madagascar, tout comme les Seychelles Teinobasis alluaudi. à Madagascar sont limitées aux cours d’eau et diffèrent Chacun de ces taxons est également présent en Afrique nettement (Gynacantha comorensis, Orthetrum lugubre, de l’Est, probablement arrivés relativement récents par Thermorthemis comorensis, Trithemis maia, nouvelles dispersion transocéanique en provenance de l’Est (Dijkstra espèces de Zygonyx) de leurs parents, parfois même 2007). fortement (Nesolestes pauliani, Proplatycnemis agrioides, Pseudagrion pontogenes, Nesocordulia villiersi). Les Rodrigues n’a que huit espèces confirmées, tandis que autres se trouvent en Afrique continentale, favorisent l’eau Maurice et La Réunion comptent un peu plus de 20 espèces stagnante et ne sont pas distincts. Seul Paragomphus genei chacune, leurs listes d’espèces répandues étant presque sur les Comores est distinct étant très sombre, mais il peut identiques. Alors que le Gynacantha bispina endémique des en fait être plus proche de P. madegassus. Cette dichotomie Mascareignes habite les trois îles, les endémiques restantes

82 n’existent que sur une seule. Coenagriocnemis insularis, des Comores, sont encore nécessaires pour améliorer C. rufipes, Hemicordulia virens et Thalassothemis marchali notre connaissance des modèles et de la richesse des sont très localisés à Maurice, tandis que Coenagriocnemis espèces. La nécessité d’une étude de terrain supplémentaire rambur et Ischnura vinsoni n’ont pas été observées depuis est encore plus importante pour clarifier l’état des 45% 70 ans. Seuls Coenagriocnemis reuniensis et Hemicordulia d’espèces classées comme Données insuffisantes (DD) de atrovirens sont limités à la Réunion, bien que ses hauts Madagascar. plateaux abritent également des populations isolées de l’Africallagma glaucum et Sympetrum fonscolombii, tandis que Gynacantha stylata et Zygonyx luctiferus sont les seules 7.3 Statut de conservation endémiques confirmées aux Seychelles. 7.3.1 Espèces menacées La figure 7.5 montre la répartition des espèces endémiques d’Odonates à Madagascar et dans le hotspot des îles de Huit des 201 espèces évaluées selon les catégories et l’Océan Indien, pour lesquelles des données sur les localités critères de la Liste Rouge de l’UICN à Madagascar et ponctuelles étaient disponibles. La plupart de ces espèces dans le hotspot des îles de l’Océan Indien sont menacées endémiques dépendent des habitats des cours d’eau d’extinction et une seule espèce a été évaluée comme boisés (figure 7.3), tandis que d’autres se trouvent dans Quasi menacée (NT) (tableau 7.2 ; figure 7.4 ; Annexe 7.6). les marécages et les ruisseaux à l’intérieur ou à proximité des sites forestiers. Le schéma général de répartition des Tableau 7.2 Nombre des espèces d’Odonates dans chaque catégorie espèces à Madagascar est cependant très probablement de la Liste Rouge pour l’ensemble du hotspot. affecté par un mauvais échantillonnage, en particulier dans Nombre Nombre les zones censées être riches en espèces, comme les forêts total d’espèces de montagne et les forêts isolées, ainsi que dans les zones Catégories de la Liste Rouge de l’UICN d’espèces endémiques de forêt pluviale inaccessibles des plaines et des hautes Catégories En danger critique (CR) – – des terres dans les écorégions d’eau douce de l’Est et du Nord En danger (EN) 6 6 menaces de Madagascar. Les sites présentant l’endémisme le plus Vulnérable (VU) 2 2 élevé peuvent donc refléter des efforts d’échantillonnage Autres Quasi menacée (NT) 1 1 catégories Préoccupation mineure (LC) 104 55 plus importants. Les petites îles de l’Océan Indien sont, Données insuffisantes (DD) 88 87 dans la plupart des cas, plus accessibles, mais des Nombre total des espèces évaluées 201 151 études supplémentaires, en particulier sur les archipels

Figure 7.3 La plupart des espèces d’Odonates endémiques dépendent des habitats de cours d’eau boisés tels que ce cours d’eau dans la vallée d’Ampasy, dans la forêt pluviale de basse altitude de Tsitongambarika. Les larves d’odonates (« nymphes ») se nourrissent d’une gamme d’invertébrés d’eau douce et les plus gros peuvent s’attaquer aux têtards et aux petits poissons. © Kai Schütte

83 Figure 7.4 Le pourcentage (%) d’espèces d’odonates dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN pour l’ensemble du hotspot.

Toutes les espèces d’odonates Espèces d’odonates endémiques EN EN VU 3% VU 4% NT 1% NT 1% 0.4% 1%

DD 44% DD LC 58% 36%

LC 52%

Ainsi, 7% de toutes les espèces d’Odonates dans la région Coenagriocnemis insularis (EN) et Coenagriocnemis rufipes sont menacées, en supposant que les espèces DD sont (EN) sont endémiques à l’île Maurice (2040 km²) où elles menacées dans la même proportion que les espèces pour ont été récemment enregistrées à partir de seulement deux lesquelles suffisamment d’informations étaient disponibles. localités (données inédites de Martens, 2001). Les habitats Parmi ces espèces menacées, quatre sont originaires de appropriés pour ces espèces sont les parcelles de forêt et Maurice, dont l’une n’a pas été trouvée depuis plus de 70 ans les restes de forêt galerie dans les plantations de canne à sur Maurice mais est toujours présente sur Rodrigues. Trois sucre. L’étendue et la qualité de l’habitat convenable sont espèces menacées se trouvent aux Comores, dont une se toutefois en déclin continu. trouve également à Mayotte, où elles sont restreintes aux forêts. Deux espèces sont évaluées comme étant Vulnérables (VU). Pseudagrion pontogenes (VU) se trouve sur les îles Acisoma ascalaphoides, une espèce en danger (EN) est de Mayotte et Ngazidja (Comores) où il est limité aux cours endémique des forêts littorales orientales de Madagascar où d’eau forestiers. L’habitat convenable continue de décliner il n’est connu que sur trois sites. Les deux sous-populations en raison de la perte et de la dégradation causées par la connues se trouvent sur la côte Sud-Est et la côte Nord- pollution urbaine et le déboisement. Gynacantha bispina Est. L’espèce connaît un déclin continu de la qualité et (VU) est endémique des Mascareignes. Des relevés récents de l’étendue de son habitat en raison de la déforestation proviennent de la Réunion et de Rodrigues dans des habitats en cours dans le Nord-Est et des activités minières dans de cours d’eau forestiers (Couteyen et Papazian 2002, Grand les parties Sud-Est de son aire de répartition (Consiglio 2004, données inédites de Martens). Encore une fois, cette et al. 2006). Seul le spécimen type de Lestes auripennis espèce est menacée par un déclin continu de l’étendue et (EN) est connu, collecté au sud-ouest de Madagascar de la qualité de son habitat, car la déforestation continue à (forêt d’Analavelona) en 1954. L’espèce est menacée par travers son aire de répartition. la déforestation qui entraîne un déclin continu de l’habitat approprié. Nesocordulia villiersi (EN) et Nesolestes pauliani 7.3.2 Espèces à données insuffisantes (EN) sont endémiques à l’île de Mwali (d’une superficie de 290 km²) dans l’archipel des Comores. Les deux espèces ne Les espèces évaluées comme DD sont celles pour lesquelles sont connues que par leurs localités types, mais certaines la taxonomie reste incertaine ou pour lesquelles il n’y a pas populations peuvent avoir été négligées. Ils ont tous deux suffisamment d’informations pour faire une évaluation fiable une aire de répartition restreinte et il y a un déclin continu de du risque d’extinction de l’espèce (UICN 2012). Au total, l’habitat convenable en raison de la pollution urbaine et de la 88 espèces endémiques représentant 44% des espèces déforestation. d’Odonates sont classées comme DD. Les informations le plus souvent manquantes concernent la répartition des Le Thalassothemis marchali (EN) endémique mauricien espèces, car beaucoup d’entre elles ne sont connues que est limité aux cours d’eau et aux rivières des forêts de d’un ou de quelques spécimens ou d’une seule collection montagne rocheuses. Il n’est connu que dans quatre (localité type). Les collections historiques contiennent localités, dont trois sont situées dans les montagnes du Sud- souvent des informations ambiguës sur les localités, de sorte Est (Martens, non publié). Un déclin drastique passé, présent que la présence ou l’absence d’une espèce dans un système et futur de l’habitat convenable est déduit pour cette espèce. fluvial particulier ne peut être déterminée avec certitude.

84 Figure 7.5 Répartition des espèces d’odonates par sous-bassin versant de rivière / lac à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien.

Richesse spécifique pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien Nombre des espèces d’Odonates par sous-bassin hydrographique de rivière / lac

85 Figure 7.6 Répartition des espèces d’Odonates menacées par sous-bassin versant de rivière / lac à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien.

Espèces menacées pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien

Nombre des espèces d’Odonates menacées par sous-bassin hydrographique de rivière / lac

86 Figure 7.7 Répartition des espèces à données insuffisantes sur les odonates à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’Océan Indien. La carte montre seulement les espèces avec des informations de distribution qui pourraient être cartographiées.

Espèces à Données insuffisantes pour Madagascar et le hotspot des îles de l’Océan Indien Nombre des espèces d’Odonates DD par sous-bassin hydrographique de rivière / lac

87 Même en tenant compte de cette sous-représentation des espèces qui ne peuvent être cartographiées, la carte montrant la distribution des espèces DD (figure 7.7) met en évidence des zones où des lacunes majeures existent, indiquant clairement que la déficience des données est une préoccupation importante pour les Odonates dans le hotspot. La plupart des zones riches en espèces à Madagascar (figure 7.5) coïncident avec des zones où les données sont insuffisantes (figure 7.7), ce qui souligne la nécessité d’informations supplémentaires pour soutenir la conservation de ces espèces.

7.4 Principales menaces

Dégradation de l’habitat et déforestation La transformation du paysage naturel par la déforestation, l’urbanisation et l’empiétement agricole, et l’altération subséquente des plans d’eau par l’érosion, l’eutrophisation et l’envasement est la principale menace pour les Odonates dans le hotspot (figure 7.8). Ces facteurs ont conduit à la perte d’environ 60% des zones humides et 37% de la forêt riveraine à Madagascar (Kull, 2012). La plupart des espèces endémiques se limitent aux forêts tropicales et connaissent donc un déclin continu de la population en raison de la perte Figure 7.9 Ruisseau densément couvert par des arbres et de la dégradation de l’habitat. exotiques de Melaleuca. © Kai Schütte.

Activités minières Prélèvements d’eau et pollution Les activités minières situées dans les derniers fragments La surexploitation de l’eau pour la consommation humaine, de forêt côtière, comme le projet Rio Tinto/QMMM près l’agriculture et l’industrie est une préoccupation croissante, de Tolagnaro, à la pointe sud-est de Madagascar, causent en particulier en ce qui concerne les futurs scénarios de des dommages considérables au paysage et aux bassins changement climatique où certaines régions prévoient des hydrographiques (Seagle, 2011). Les activités minières précipitations plus faibles (USAID, 2016). Les prélèvements entraînent une augmentation de la turbidité, de la pollution de d’eau et la pollution sont les plus critiques dans les régions l’eau et de l’envasement des cours d’eau, réduisant la visibilité les plus arides de Madagascar car ils transforment les des larves et augmentant le risque d’extinction d’espèces masses d’eau permanentes en zones éphémères ou même menacées telles que Acisoma ascalaphoides (EN). inhabitables. Les impacts peuvent inclure la destruction des habitats larvaires ainsi que la perturbation des modèles établis de compétition entre les espèces (Martens et al. Figure 7.8 Agriculture sur brûlis dans la forêt littorale près de 2010). Sainte-Luce. © Kai Schütte

Espèces exotiques envahissantes On ne connaît pas l’impact des nombreuses espèces exotiques envahissantes de poissons et de plantes aquatiques et terrestres sur les Odonates ; il s’agit d’un domaine de recherche immédiate. Le crapaud commun asiatique envahissant, Duttaphrynus melanostictus, a été récemment introduit sur la côte est près de Toamasina (Kolby et al., 2014) et devrait avoir un impact négatif sur les communautés d’odonates, donc sa propagation doit être contrôlée de toute urgence . On ne sait pas non plus si des plantes introduites comme le Melaleuca dans les marécages ou le long des rivières qui remplacent la forêt galerie naturelle (figure 7.9) abritent des espèces d’Odonata; des recherches

88 7.7 Les espèces phares complètement foncé avec des marques dorsales blanches distinctes des segments S3 à S6 rendent l’espèce unique. Le Littoral Pintail redécouvert dans l’un Les larves du Littoral Pintail sont probablement adaptées aux eaux plus acides des habitats côtiers, mais la biologie des points chauds les plus chauds de spécifique de l’espèce et les préférences en matière Madagascar. d’habitat demeurent inconnues. La deuxième population d’espèces connues se trouve à Voloina, au Nord-Est de Madagascar, où les derniers échantillons ont été prélevés en 1971 et déposés au Musée d’histoire naturelle de Paris. La distance entre les deux localités connues de la côte Nord à la côte Sud-Est est d’environ 1 000 km. Il pourrait y avoir des populations entre les deux localités distinctes, mais d’autres enquêtes sur le terrain sont nécessaires de toute urgence pour confirmer cela, ainsi que des recherches sur les populations actuellement connues et leurs tendances.

Mandena est couvert par le nouveau réseau d’aires protégées de Madagascar et au moins un des fragments de forêt à Sainte Luce appartient à un site de conservation minière de Rio Tinto-QMM près de Fort-Dauphin. Cependant, il est recommandé que les populations d’espèces sur ces sites soient étroitement surveillées et prises en compte dans les futurs développements miniers et forestiers dans la région. Les forêts littorales de l’est Figure 7.10 Acisoma ascalaphoides. © Kai Schütte de Madagascar ont été réduites de plus de 80% de leur couverture originelle et les quelques parcelles restantes Décrit comme l’une des premières libellules de critiques pour la survie de l’espèce sont très susceptibles Madagascar, le Littoral Pintail Acisoma ascalaphoides de disparaître si une protection immédiate n’est pas (Rambur, 1842) a été mal identifié en termes de localité accordée. type et de statut de Liste Rouge, jusqu’à ce qu’il soit redécouvert en 2004 dans et autour des fragments de Compte tenu de l’aire de répartition restreinte de l’espèce forêt littorale de Mandena et Sainte Luce dans le Sud-Est et du déclin continu de la qualité et de l’étendue de son de Madagascar (Mens et al., 2016). habitat en raison de la déforestation en cours dans le nord et des activités minières dans le sud, il a été évalué comme La couleur distincte des mâles et des femelles avec une étant en danger (EN) et la protection de son habitat naturel tête et un thorax ventralement marron et un abdomen est nécessaire de toute urgence.

supplémentaires sont donc nécessaires pour clarifier corridors forestiers pour former de plus grands réseaux l’impact potentiel de ces altérations de l’habitat. bénéficiera à une grande partie de la biodiversité, comme Odonates où les sous-populations peuvent déjà être isolées Prises accidentelles (Dijkstra & Clausnitzer, 2004). Les grands projets miniers Les larves d’Odonates sont parfois récoltées pour se nourrir et les plantations devraient également être tenus de laisser dans certains villages (Randrianandrasana & Berenbaum, de larges zones tampons de végétation naturelle autour 2015) mais cela devrait avoir un impact beaucoup plus des plans d’eau afin de protéger les sous-bassins versants. faible que les prises accidentelles des larves d’Odonates L’élimination des forêts riveraines devrait être évitée car de grâce à l’utilisation de moustiquaires à petites mailles par les nombreux organismes d’eau douce, y compris les Odonates, pêcheurs locaux. ont besoin d’ombre au stade adulte.

Les études d’impact sur l’environnement et les futurs plans 7.5 Recommandations de conservation d’action pour les espèces devraient prendre note des nouvelles informations présentées ici sur la distribution des Pour conserver les Odonates, il est nécessaire de maintenir odonates. En particulier, les espèces qui sont maintenant l’intégrité structurelle des habitats larvaires et adultes, ce qui connues pour être menacées. signifie à la fois les plans d’eau et les paysages environnants. En particulier, la protection des forêts de Madagascar est Enfin, les espèces exotiques envahissantes doivent être cruciale pour la survie de sa faune unique d’Odonates. contrôlées et éliminées dans la mesure du possible, car les La connexion des fragments de forêt par la création de impacts sur les Odonates doivent encore être compris.

89 Les Bluetips : un genre endémique de événements aléatoires tels que les impacts des cyclones. demoiselle des îles Mascareignes L’espèce est donc considérée comme étant en danger (EN). Les mâles se perchent près de l’eau, souvent sur des rochers, où ils montrent leur visage et leurs pattes orange dans les concours. Le C. insularis à pattes noires C. insularis est également confiné à l’île Maurice et considéré comme EN, où il est limité à huit bassins versants (Andreas Martens, données non publiées 2001). La moitié de ces sites se trouvent dans des zones forestières isolées ou des vestiges de forêts galéries dans les plantations de canne à sucre. Les mâles se perchent surtout à hauteur de poitrine sur la végétation et sont moins agressifs, avec des pattes noires et un visage vert. Le Bluetip C. ramburi de Rambur n’est connu que de deux mâles collectés sur l’île en 1947 mais n’a jamais été revu et pourrait avoir été un hybride entre C. insularis et C. rufipes et a donc été évalué comme Données insuffisantes.

Figure 7.11 Coenagriocnemis reuniensis. © Michel Yerokine La Réunion Bluetip C. reuniensis remplace C. insularis à la Réunion. Les niveaux d’eau sur cette île fluctuent Alors que leurs parents en Afrique, en Asie et à considérablement, avec des torrents saisonniers laissant Madagascar sont pour la plupart des espèces bleues les lits de rivière dépourvus de végétation ou de bois mort. répandues et d’apparence similaire (par exemple dans Par conséquent, les mâles se perchent sur les roches et les les genres Aciagrion et Azuragrion) d’eaux stagnantes et femelles pondent dans des matériaux volcaniques poreux, souvent temporaires et exposées, le genre endémique contrairement aux espèces mauriciennes qui préfèrent les Coenagriocnemis dans les Mascareignes est un tissus végétaux (Martens, 2001). Vivant parmi les roches, rayonnement insulaire typique d’espèces plus colorées, les larves sont vulnérables à la truite arc-en-ciel introduite limité aux ruisseaux rocheux et aux rivières dans la forêt. (Salmo gairdneri) (Couteyen, 2006a). Néanmoins, l’espèce Contrairement à la plupart des espèces de demoiselles, n’est pas encore considérée comme menacée, étant les femelles ne sont pas gardées par des mâles lorsqu’elles répandue sur l’île, se produisant régulièrement jusqu’à 1 pondent, peut-être à cause de la pression réduite des 500 m au-dessus du niveau de la mer. En effet, l’altitude prédateurs que l’on trouve souvent sur les îles. globale plus élevée de la Réunion contribue à expliquer pourquoi cette espèce n’est pas aussi menacée que ses La Bluetip Coenagriocnemis rufipes à pattes d’orange congénères sur l’île Maurice, qui se situe largement en est la plus abondante de ces habitats sur l’île Maurice. dessous de 600 m d’altitude. Il est intéressant de noter Cependant, l’étendue et la qualité de ces sites sont en que les adultes des hautes terres de C. reuniensis peuvent déclin en raison de l’expansion agricole, ce qui rend les avoir jusqu’à un quart de la longueur des adultes au niveau populations restantes de plus en plus sensibles aux de la mer (Couteyen, 2006b).

7.6 Actions de recherche apprendre davantage sur Odonates dans les zones de conservation existantes afin que les mesures de gestion L’objectif prioritaire de la recherche est d’en apprendre puissent être mises en œuvre au profit des espèces d’eau davantage sur la distribution des espèces, leur état actuel et douce, y compris Odonates, qui font rarement l’objet de leurs exigences écologiques. Malgré l’évaluation de 201 plans de gestion existants. espèces d’Odonates, une forte proportion d’entre elles sont classées en DD, ce qui souligne la nécessité d’en apprendre Enfin, les odonates peuvent servir d’indicateurs fiables de la davantage sur ces espèces si nous voulons informer qualité de l’habitat et sont potentiellement utiles pour surveiller efficacement les actions de conservation. Le manque l’état général de l’eau douce à Madagascar et dans le hotspot d’information, associé à des niveaux de menaces apparents des îles de l’Océan Indien. Afin d’utiliser les libellules comme élevés, est une préoccupation majeure pour ces îles (par indicateur de qualité de l’habitat, des recherches exemple Samways, 2003a, b, Clausnitzer & Martens, 2004) et supplémentaires sont nécessaires à partir des inventaires de d’autres recherches et suivis sont urgents. base et du travail systématique jusqu’aux études sur l’écologie, la biogéographie et les besoins de conservation. Les régions prioritaires pour les relevés de terrain sont celles qui ont un grand nombre d’espèces DD (par exemple, le long de la côte Est, dans la région de Tsitongambarika et 7.8 Références Andohahela, le bassin de Makira incluant Masoala, Clausnitzer, V. and Martens, A. 2004. Critical species of Odonata Analamazaotra, Analavelona, ainsi que les régions de in the Comoros, Seychelles, Mascarenes and other small Sambirano et Antsiranana). Il est également important d’en western Indian Ocean islands. International Journal of

90 Odonatology 7: 207–218. https://doi.org/10.1080/13887890. Second edition. Gland, Switzerland and Cambridge, UK: 2004.9748210 IUCN. iv+32p. Consiglio, T., Schatz, G.E., McPherson, G., Lowry II, P.P., Kalkman, V.J., Clausnitzer, V., Dijkstra, K.-D.B., Orr, A.G., Paulson, Rabenantoandro, J., Rogers, Z.S., Rabevohitra, R. and D.R. and van Tol, J. 2008. Global diversity of dragonflies Rabehevitra, D. 2006. Deforestation and plant diversity of (Odonata; Insecta) in freshwater. Hydrobiologia 595:351–363. Madagascar’s littoral forests. Conservation Biology 20: https://doi.org/10.1007/s10750-007-9029-x 1799–1803. https://doi.org/10.1111/j.1523-1739.2006.00562.x Kolby, J.E. 2014. Ecology: stop Madagascar’s toad invasion now. Couteyen, S. and Papazian, M. 2002. Les Odonates de la Réunion. Nature 509:563–563. https://doi.org/10.1038/509563a Eléments de biogéographie et de biologie, atlas préliminaire, Kull, C.A 2012. 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91 Annexe 7.1 Statut de la Liste Rouge des espèces d’odonates de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien.

Catégories Endémiques Catégories Endémiques Famille Nom des espèces de l’UICN du hotspot Famille Nom des espèces de l’UICN du hotspot ARGIOLESTIDAE Nesolestes pauliani EN Oui ARGIOLESTIDAE Nesolestes mariae DD Oui Pseudagrion NOT ASSIGNED Nesocordulia villiersi EN Oui COENAGRIONIDAE DD Oui Thalassothemis cheliferum LIBELLULIDAE EN Oui Nesocordulia marchali NON ATTRIBUÉ DD Oui Coenagriocnemis flavicauda COENAGRIONIDAE EN Oui Nesolestes rufipes ARGIOLESTIDAE DD Oui Coenagriocnemis elizabethae COENAGRIONIDAE EN Oui insularis NON ATTRIBUÉ Tatocnemis robinsoni DD Oui LESTIDAE Lestes auripennis EN Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion hamulus DD Oui Pseudagrion Onychogomphus COENAGRIONIDAE VU Oui GOMPHIDAE DD Oui pontogenes vadoni AESHNIDAE Gynacantha bispina VU Oui NON ATTRIBUÉ Tatocnemis virginiae DD Oui Proplatycnemis Nesolestes PLATYCNEMIDIDAE NT Oui ARGIOLESTIDAE DD Oui agrioides tuberculicollis Protolestes COENAGRIONIDAE Pseudagrion mohelii DD Non NON ATTRIBUÉ DD Oui kerckhoffae GOMPHIDAE Isomma robinsoni DD Oui LIBELLULIDAE Zygonyx ranavalonae DD Oui Pseudagrion COENAGRIONIDAE DD Oui Gynacantha ambatoroae AESHNIDAE DD Oui malgassica LIBELLULIDAE Neodythemis pauliani DD Oui NON ATTRIBUÉ Libellulosoma minuta DD Oui Pseudagrion COENAGRIONIDAE DD Oui macrolucidum COENAGRIONIDAE Pseudagrion nigripes DD Oui Nesolestes COENAGRIONIDAE Pseudagrion olsufieffi DD Oui ARGIOLESTIDAE DD Oui Pseudagrion forficuloides COENAGRIONIDAE DD Oui Pseudagrion chloroceps COENAGRIONIDAE DD Oui tinctipenne COENAGRIONIDAE Pseudagrion mellisi DD Oui NON ATTRIBUÉ Tatocnemis olsufieffi DD Oui Coenagriocnemis COENAGRIONIDAE DD Oui Pseudagrion ramburi COENAGRIONIDAE DD Oui deconcertans COENAGRIONIDAE Pseudagrion simile DD Oui LESTIDAE Lestes silvaticus DD Oui Pseudagrion COENAGRIONIDAE DD Oui pterauratum NON ATTRIBUÉ Protolestes furcatus DD Oui Pseudagrion COENAGRIONIDAE DD Oui ARGIOLESTIDAE Nesolestes robustus DD Oui ungulatum Nesocordulia Millotagrion NON ATTRIBUÉ DD Oui COENAGRIONIDAE DD Oui mascarenica inaequistigma Paracnemis PLATYCNEMIDIDAE DD Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion trigonale DD Oui secundaris Pseudagrion COENAGRIONIDAE DD Oui ARGIOLESTIDAE Nesolestes drocera DD Oui giganteum GOMPHIDAE Isomma elouardi DD Oui Paragomphus GOMPHIDAE DD Oui z-viridum AESHNIDAE Anax mandrakae DD Oui COENAGRIONIDAE Ischnura vinsoni DD Oui ARGIOLESTIDAE Nesolestes radama DD Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion merina DD Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion renaudi DD Oui Malgassophlebia Nesocordulia LIBELLULIDAE DD Oui NON ATTRIBUÉ DD Oui mediodentata malgassica Pseudagrion COENAGRIONIDAE Agriocnemis merina DD Oui COENAGRIONIDAE DD Oui Neodythemis vakoanae LIBELLULIDAE DD Oui Ceriagrion trinervulata COENAGRIONIDAE DD Oui madagazureum LIBELLULIDAE Zygonyx luctifera DD Oui Nesolestes Pseudagrion ARGIOLESTIDAE DD Oui COENAGRIONIDAE DD Oui ranavalona stuckenbergi LIBELLULIDAE Crocothemis striata DD Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion lucidum DD Oui AESHNIDAE Gynacantha hova DD Oui LIBELLULIDAE Zygonyx hova DD Oui Nesocordulia Malgassophlebia NON ATTRIBUÉ DD Oui LIBELLULIDAE DD Oui rubricauda mayanga Nesocordulia Proplatycnemis NON ATTRIBUÉ DD Oui PLATYCNEMIDIDAE DD Oui spinicauda protostictoides Tatocnemis Tatocnemis NON ATTRIBUÉ DD Oui NON ATTRIBUÉ DD Oui sinuatipennis micromalgassica NON ATTRIBUÉ Tatocnemis mellisi DD Oui Proplatycnemis PLATYCNEMIDIDAE DD Oui Proplatycnemis longiventris PLATYCNEMIDIDAE DD Oui Proplatycnemis melana PLATYCNEMIDIDAE DD Oui Tatocnemis aurantipes NON ATTRIBUÉ DD Oui Nesolestes denticularis ARGIOLESTIDAE DD Oui pulverulans ARGIOLESTIDAE Nesolestes albicauda DD Oui

92 Annexe 7.1 suite. Statut de la Liste Rouge des espèces d’odonates de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien.

Catégories Endémiques Catégories Endémiques Famille Nom des espèces de l’UICN du hotspot Famille Nom des espèces de l’UICN du hotspot NON ATTRIBUÉ Protolestes milloti DD Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion alcicorne LC Oui PLATYCNEMIDIDAE Leptocnemis cyanops DD Oui LIBELLULIDAE Trithemis selika LC Oui Archaeophlebia ARGIOLESTIDAE Nesolestes albicolor DD Oui LIBELLULIDAE LC Oui martini NON ATTRIBUÉ Protolestes proselytus DD Oui LIBELLULIDAE Palpopleura vestita LC Oui Nesolestes ARGIOLESTIDAE DD Oui rubristigma COENAGRIONIDAE Ischnura filosa LC Oui Tatocnemis NON ATTRIBUÉ DD Oui LIBELLULIDAE Zygonyx viridescens LC Oui emarginatipennis Proplatycnemis PLATYCNEMIDIDAE LC Oui NON ATTRIBUÉ Protolestes simonei DD Oui pseudalatipes Coenagriocnemis NON ATTRIBUÉ Protolestes rufescens DD Oui COENAGRIONIDAE LC Oui Nesolestes reuniensis ARGIOLESTIDAE DD Oui alboterminatus LIBELLULIDAE Orthetrum azureum LC Oui Thermorthemis ARGIOLESTIDAE Nesolestes angydna DD Oui LIBELLULIDAE LC Oui comorensis NON ATTRIBUÉ Protolestes leonorae DD Oui LIBELLULIDAE Zygonoides lachesis LC Oui Ceriagrion COENAGRIONIDAE DD Oui Proplatycnemis oblongulum PLATYCNEMIDIDAE LC Oui malgassica LIBELLULIDAE Neodythemis arnoulti DD Oui Proplatycnemis Hemicordulia PLATYCNEMIDIDAE LC Oui CORDULIIDAE DD Oui alatipes atrovirens Proplatycnemis Tatocnemis PLATYCNEMIDIDAE LC Oui NON ATTRIBUÉ DD Oui sanguinipes crenulatipennis PLATYCNEMIDIDAE Proplatycnemis hova LC Oui Pseudagrion COENAGRIONIDAE DD Oui ampolomitae CORDULIIDAE Hemicordulia similis LC Oui Pseudagrion Ceriagrion COENAGRIONIDAE LC Oui COENAGRIONIDAE LC Oui divaricatum nigrolineatum Aethiothemis Tatocnemis LIBELLULIDAE LC Oui NON ATTRIBUé LC Oui modesta malgassica Pseudagrion COENAGRIONIDAE LC Oui LIBELLULIDAE Viridithemis viridula LC Oui approximatum AESHNIDAE Gynacantha radama LC Oui COENAGRIONIDAE Ceriagrion auritum LC Oui ARGIOLESTIDAE Nesolestes martini LC Oui Paragomphus GOMPHIDAE LC Oui madegassus CALOPTERYGIDAE Phaon rasoherinae LC Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion punctum LC Oui LESTIDAE Lestes simulator LC Oui Onychogomphus LIBELLULIDAE Diplacodes exilis LC Oui GOMPHIDAE LC Oui Crocothemis aequistylus LIBELLULIDAE LC Non Phyllomacromia sanguinolenta MACROMIIDAE LC Oui trifasciata COENAGRIONIDAE Pseudagrion dispar LC Oui PLATYCNEMIDIDAE Paracnemis alluaudi LC Oui Pseudagrion COENAGRIONIDAE LC Oui malgassicum COENAGRIONIDAE Pseudagrion apicale LC Oui LIBELLULIDAE Rhyothemis cognata LC Oui NON ATTRIBUé Protolestes fickei LC Oui LIBELLULIDAE Trithemis persephone LC Oui AESHNIDAE Anax tumorifer LC Oui Anaciaeshna LIBELLULIDAE Zygonyx elisabethae LC Oui AESHNIDAE LC Non triangulifera LIBELLULIDAE Trithemis furva LC Non AESHNIDAE Anax ephippiger LC Non LIBELLULIDAE Trithemis hectae LC Non AESHNIDAE Anax guttatus LC Non LIBELLULIDAE Trithemis stictica LC Non AESHNIDAE Anax imperator LC Non COENAGRIONIDAE Azuragrion kauderni LC Oui AESHNIDAE Anax tristis LC Non LIBELLULIDAE Orthetrum lemur LC Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion igniceps LC Oui COENAGRIONIDAE Pseudagrion seyrigi LC Oui COENAGRIONIDAE Agriocnemis exilis LC Non Acisoma LIBELLULIDAE LC Oui attenboroughi COENAGRIONIDAE Agriocnemis gratiosa LC Non Paragomphus GOMPHIDAE LC Oui COENAGRIONIDAE Ceriagrion glabrum LC Non fritillarius Ischnura Isomma COENAGRIONIDAE LC Non GOMPHIDAE LC Oui senegalensis hieroglyphicum COENAGRIONIDAE Teinobasis alluaudi LC Non Africallagma COENAGRIONIDAE LC Oui rubristigma CORDULIIDAE Hemicordulia virens LC Oui Neodythemis LIBELLULIDAE Calophlebia karschi LC Oui LIBELLULIDAE LC Oui hildebrandti LESTIDAE Lestes ochraceus LC Non LIBELLULIDAE Hemistigma affine LC Oui Paragomphus Thermorthemis GOMPHIDAE LC Oui LIBELLULIDAE LC Oui obliteratus madagascariensis

93 Annexe 7.1 suite. Statut de la Liste Rouge des espèces d’odonates de Madagascar et du hotspot des îles de l’Océan Indien.

Catégories Endémiques Catégories Endémiques Famille Nom des espèces de l’UICN du hotspot Famille Nom des espèces de l’UICN du hotspot GOMPHIDAE Paragomphus genei LC Non LIBELLULIDAE Tetrathemis polleni LC Non LIBELLULIDAE Acisoma variegatum LC Non LIBELLULIDAE Tholymis tillarga LC Non LIBELLULIDAE Aethriamanta rezia LC Non LIBELLULIDAE Tramea basilaris LC Non Brachythemis LIBELLULIDAE LC Non LIBELLULIDAE Tramea limbata LC Non leucosticta LIBELLULIDAE Trithemis annulata LC Non Chalcostephia LIBELLULIDAE LC Non flavifrons LIBELLULIDAE Trithemis arteriosa LC Non LIBELLULIDAE Crocothemis divisa LC Non LIBELLULIDAE Trothemis hecatae LC Non Crocothemis LIBELLULIDAE LC Non LIBELLULIDAE Trithemis kirbyi LC Non erythraea LIBELLULIDAE Urothemis assignata LC Non LIBELLULIDAE Diplacodes lefebvrii LC Non LIBELLULIDAE Urothemis edwardsii LC Non LIBELLULIDAE Diplacodes luminans LC Non LIBELLULIDAE Zygonyx torridus LC Non LIBELLULIDAE Macrodiplax cora LC Non LIBELLULIDAE Zyxomma petiolatum LC Non LIBELLULIDAE Olpogastra lugubris LC Non LIBELLULIDAE Orthetrum stemmale LC Non Orthetrum LIBELLULIDAE LC Non icteromelas LIBELLULIDAE Diplacodes trivialis LC Non Pseudagrion LIBELLULIDAE Orthetrum trinacria LC Non COENAGRIONIDAE LC Non sublacteum LIBELLULIDAE Palpopleura lucia LC Non Agriocnemis COENAGRIONIDAE LC Non LIBELLULIDAE Pantala flavescens LC Non pygmaea Rhyothemis Azuragrion LIBELLULIDAE LC Non COENAGRIONIDAE LC Non semihyalina nigridorsum Sympethrum LIBELLULIDAE LC Non fonscolombii

94 Chapitre 8 Synthèse pour tous les taxons

Laura Máiz-Tomé1, William Darwall1

8.1 Introduction...... 95 8.2 La biodiversité d’eau douce à travers Madagascar et le hotspot des îles de l’océan Indien...... 95 8.2.1 Modèles de richesse spécifique...... 95 8.2.2 Espèces menacées...... 97 8.2.3 Espèces à Données insuffisantes...... 97 8.3 Principales menaces...... 100 8.4 Priorités et recommandations en matière de conservation...... 101 8.4.1 Gestion intégrée des bassins hydrographiques (IRBM)...... 101 8.4.2 Sécurisation des flux environnementaux...... 102 8.4.3 Protection du site...... 102 8.4.4 Études d’impact environnemental...... 102 8.4.5 Application de la législation existante et sensibilisation du gouvernement...... 102 8.5 Références...... 102

8.1 Introduction 8.2 La biodiversité d’eau douce à travers Madagascar et le hotspot Les informations présentées dans ce chapitre de synthèse des îles de l’océan Indien combinent les ensembles de données de la Liste Rouge de l’UICN pour 653 espèces de poissons, mollusques, Comme pour les chapitres précédents, l’analyse spatiale odonates, décapodes et plantes d’eau douce (tableau a été réalisée à l’échelle du sous-bassin hydrographique, 8.1), tels que présentés pour les groupes taxonomiques car elle représente l’unité de cartographie logique pour les individuels dans les chapitres 3 à 7, afin d’illustrer les modèles espèces d’eau douce. régionaux de richesse et de menace. Nous proposons que cette combinaison de groupes taxonomiques fournisse 8.2.1 Modèles de richesse spécifique une représentation raisonnable de l’état général et de la distribution de la biodiversité d’eau douce dans le Le hotspot de Madagascar et des îles de l’océan Indien abrite hotspot. Nous discutons des principaux facteurs menant une grande diversité d’espèces d’eau douce présentant à l’état de menace élevé de nombreuses espèces, et des des niveaux élevés d’endémisme : poissons d’eau douce recommandations de recherche et de conservation sont (145 espèces évaluées, 58% endémiques) ; mollusques (66 fournies à l’échelle nationale, au niveau des bassins versants espèces évaluées ; 59% endémiques) ; écrevisses (sept et des sites. espèces évaluées ; 100% endémiques) ; crabes (20 espèces évaluées ; 100% endémiques) ; Odonata (201 espèces évaluées ; 75% endémiques) ; crevettes (45 espèces évaluées ; 64% endémiques) ; et certaines espèces de plantes Tableau 8.1 Nombre d’espèces dans chaque catégorie de la Liste aquatiques (169 espèces évaluées; 100% endémiques). Rouge de l’UICN par groupe taxonomique. Groupe La géographie de Madagascar avec sa grande variété taxonomique EX CR EN VU NT LC DD Total Crabes 0 0 1 1 0 11 7 20 d’environnements favorise la diversité et la spécialisation. Écrevisses 0 0 0 4 0 2 1 7 Les zones de grande richesse en espèces (48–107 espèces Poissons 2 14 30 6 2 64 27 145 dans un même sous-bassin) à Madagascar se trouvent dans Mollusques 3 3 9 4 3 35 9 66 la partie supérieure des bassins versants de la côte est, dans Odonates 0 0 6 2 1 104 88 201 les forêts pluviales humides des plaines de l’Est et dans Plantes 0 34 75 24 22 12 2 169 les complexes de rivières et de zones humides des plaines Crevettes 0 0 1 0 3 22 19 45 inondables tropicales et subtropicales du Nord-Ouest (figure Total 5 51 123 41 31 253 153 653 8.1). Les zones de faible richesse en espèces dans le Sud et

1 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK.

95 Figure 8.1 Carte de la richesse spécifique montrant le nombre des espèces d’eau douce par sous-bassin hydrographique.

Richesse spécifique

Nombre d’espèces d’eau douce par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

96 l’Ouest de Madagascar sont le reflet de l’aridité et de la rareté Les données spatialement explicites sur la localisation exacte de l’eau permanente, la plupart des sources d’eau étant des menaces ne sont normalement pas collectées dans le intermittentes ou saisonnières, en particulier dans le Sud. cadre des évaluations de la Liste Rouge, sauf dans les cas où l’aire de répartition d’une espèce menacée est très restreinte. Les îles des Mascareignes de Rodrigues, des Comores et L’analyse spatiale mettant en évidence les centres d’espèces de la Réunion et des Seychelles soutiennent également des menacées peut cependant aider à identifier de vastes zones niveaux élevés de richesse en espèces (34-47 espèces dans prioritaires pour la recherche et les mesures de conservation certains sous-bassins versants) (figure 8.1). Il est important (figure 8.3). En général, la répartition spatiale de la richesse en de noter que les cartes de la richesse spécifique peuvent être espèces menacées (figure 8.3) reflète celle de la richesse biaisées en fonction de l’intensité de l’échantillonnage. Par globale en espèces (figure 8.1). Il y a plus d’espèces menacées exemple, certaines parties du hotspot bénéficient d’études (15-23 espèces par sous-bassin versant) dans l’Est et le Nord topographiques et taxonomiques relativement plus intenses, de Madagascar et dans les îles des Mascareignes (5-9 historiquement ou plus récemment, souvent parce qu’elles espèces par sous-bassin versant) que dans le Sud et l’Ouest sont plus facilement accessibles. de Madagascar, ce qui reflète des niveaux de menace plus élevés autour des zones urbaines et agricoles. 8.2.2 Espèces menacées 8.2.3 Espèces à Données insuffisantes Les niveaux de menace pour les espèces d’eau douce sont très élevés dans la zone prioritaire, 215 espèces étant Cent cinquante-trois espèces sont classées DD et classées comme étant en danger critique d’extinction (CR), représentent 23% de toutes les espèces d’eau douce en danger (EN) ou vulnérables (VU), ce qui représente évaluées. La figure 8.4 montre le nombre d’espèces de DD 43% de toutes les espèces d’eau douce évaluées – en par sous-bassin de rivières / lacs pour les espèces pour supposant que toutes les espèces à données insuffisantes lesquelles des données spatiales étaient disponibles. Cette (DD) sont menacées dans la même proportion que celles qui forte proportion d’espèces de DD démontre la nécessité pourraient être évaluées. Ce niveau de menace est très élevé de poursuivre la recherche et l’étude pour recueillir des par rapport à l’évaluation panafricaine de la biodiversité des informations supplémentaires sur la répartition des espèces, eaux douces menée en 2011 où 21% des espèces ont été évaluées comme menacées (Darwall et al., 2011). Figure 8.2 Pourcentage de toutes les espèces d’eau douce évaluées à Madagascar et dans le hotspot des îles de l’océan Quatre groupes d’espèces présentent des niveaux Indien dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN. exceptionnellement élevés de menace: les plantes EX CR aquatiques (80% – en notant que seules les espèces DD 1% 8% endémiques de hotspot ont été évaluées); écrevisses (67%); 23% les poissons (43%); et les mollusques (30%). Il est toutefois EN probable que d’autres groupes taxonomiques tels que les 19% odonates et les crabes, avec respectivement 44% et 35% des espèces évaluées comme DD, présenteront des niveaux de menace plus élevés à mesure que l’on disposera de plus d’informations. Le statut de la Liste Rouge globale de toutes VU les espèces évaluées qui sont compilées dans ce rapport 6% peut être trouvé sur le site web de la Liste Rouge de l’UICN: NT LC 5% http://www.iucnredlist.org/ 38%

Tableau 8.2 Le pourcentage d’espèces dans chaque catégorie de la Liste Rouge de l’UICN par groupe taxonomique. Le% total de la menace est calculé en supposant que toutes les espèces DD sont menacées dans la même proportion que les espèces qui pourraient être évaluées.

Groupe taxonomique EX CR EN VU NT LC DD % des menacées Crabes 0% 0% 5% 5% 0% 55% 35% 15% Écrevisses 0% 0% 0% 57% 0% 29% 14% 67% Poissons 1% 10% 21% 4% 1% 44% 19% 43% Mollusques 4% 4% 14% 6% 4% 53% 14% 30% Odonates 0% 0% 3% 1% 0.4% 52% 44% 7% Plantes 0% 20% 44% 15% 13% 7% 1% 80% Crevettes 0% 0% 2% 0% 7% 49% 42% 4%

97 Figure 8.3 Carte de la richesse spécifique montrant le nombre des espèces d’eau douce menacées par sous-bassin hydrographique de rivière/lac.

Espèces menacées

Nombre des espèces d’eau douce menacées par sous- bassin hydrographique de rivière/lac

98 Figure 8.4 Carte montrant le nombre des espèces à Données insuffisantes par sous-bassin versant de rivière/lac. Notant que seules les espèces pour lesquelles nous avons obtenu des données spatiales pourraient être cartographiées.

Données insuffisantes

Nombre des espèces d’eau douce à Données insuffisantes par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

99 la taxonomie et les menaces. Il convient de noter que la En résumé, les menaces qui pèsent sur les espèces d’eau majorité des 153 espèces d’eau douce évaluées comme douce (figure 8.5) sont principalement liées à la perte et à la DD sont des odonates (88 taxons, 57%), des poissons (26 dégradation de l’habitat induites par les activités humaines, taxons, 18%) et des crevettes (19 taxons, 12%). Comme principalement causées par des pratiques agricoles non 33% des espèces d’eau douce de la zone prioritaire sont durables comme la production de cultures et l’exploitation connues pour être menacées d’extinction, il est probable forestière basée sur l’approche de culture sur-brûlis, et le que les recherches futures permettront de découvrir un plus drainage des zones humides. grand nombre d’espèces menacées parmi celles qui sont actuellement classées comme DD. Afin de combler cette Compte tenu de la forte dépendance des communautés lacune, le renforcement des capacités dans la région devrait locales vis-à-vis des ressources naturelles facilement inclure la formation à la recherche taxonomique moderne et accessibles telles que le bois, les plantes médicinales et les aux méthodes d’identification des espèces, et la publication pêcheries artisanales dans le hotspot, et en particulier à de guides nationaux et de « check lists » écrits dans les Madagascar, il n’est pas surprenant que l’utilisation des langues du hotspot, dans le but de faciliter les études ressources biologiques soit présentée comme la deuxième futures sur terrain et le suivi. menace la plus importante pour la biodiversité en eau douce, y compris la surpêche et la déforestation.

8.3 Principales menaces Les modifications des systèmes naturels causées par une gestion non durable de l’eau et la construction de barrages Pour chaque espèce évaluée par rapport aux catégories et ont également des impacts significatifs sur la biodiversité d’eau critères de la Liste Rouge de l’UICN, les menaces directes douce. La surexploitation de l’eau pour la riziculture et la qui ont eu un impact ou ont un impact sur l’espèce ont été construction de barrages bloquent d’importantes voies de enregistrées en utilisant le système de classification des migratoires pour les espèces indigènes et modifient les menaces de l’UICN version 3.2 (UICN, 2017Cela permet paysages hydrologiques, affectant les débits d’eau, la d’identifier et de surveiller à long terme les principaux température de l’eau, la teneur en oxygène et la charge processus menaçants. Les principales menaces pour toutes sédimentaire des rivières et des ruisseaux. Ces types les espèces d’eau douce sont résumées ci-dessous et d’impacts sont particulièrement critiques à certaines périodes sont présentées plus en détail pour les groupes de taxons de l’année (pendant la période de reproduction par exemple) individuels dans les chapitres précédents. ou dans certaines zones (ex. frayères, refuges d’habitat, etc.).

Figure 8.5 Nombre d’espèces menacées et quasi menacées, pour tous les groupes de taxons confondus, affectées par chaque catégorie de menace sur la base des données publiées de la Liste Rouge de l’UICN. Il est à noter que certaines espèces sont touchées par plus d’une menace.

Agriculture et aquaculture 150 Voies de transport et de service Utilisation des ressources biologiques 125

100

Développement résidentiel 75 et commercial Changement climatique et période sévère 50

25

0 Production d’énergie Pollution et exploitation minière

Modifications du Événements géologiques système naturel

Espèces invasives et Intrusions humaines autres problématiques, et perturbations gènes et maladies

100 Les populations humaines s’accroissent le long des Tableau 8.3 « Actions de conservation nécessaires » telles que systèmes d’eau douce à Madagascar, de même que le codifiées dans les évaluations de la Liste Rouge de l’UICN pour toutes les espèces d’eau douce menacées et quasi menacées montrant les niveau de pollution de l’eau par les effluents urbains, proportions d’espèces pour lesquelles chaque type d’action de agricoles, forestiers et d’élevage (figure 8.6). Les activités conservation est recommandé. minières constituent également une menace actuelle et croissante pour la biodiversité d’eau douce, suivie par des Action de conservation nécessaire % d’espèces menacées et NT Protection du site / de la zone 65% espèces exotiques envahissantes telles que le poisson- Conservation ex-situ 61% moustique (Gambusia holbrooki) ou la tête de serpent Protection des ressources et de l’habitat 58% asiatique (Channa maculata), qui ont un impact considérable Gestion des sites/zones 47% sur certaines espèces indigènes par la prédation et la Formation 26% compétition pour les ressources (Benstead et al., 2003). Sensibilisation et communication 21% Restauration de l’habitat et des Enfin, on s’attend à ce que toutes ces menaces soient processus naturels 14% aggravées par les effets croissants du changement climatique. Contrôle des espèces invasives / Les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et leur problématiques 10% gravité et leur étendue augmentent à travers le hotspot. Gestion des espèces 10% L’impact de la sécheresse provoquée par El Niño sur la Politiques et règlements 3% production agricole dans le sud de Madagascar, où près de Conformité et application 2% 850 000 personnes souffrent d’une insécurité alimentaire Récupération des espèces 1% Législation aiguë, risque de persister (FAO 2016), ce qui accroît la 1% dépendance humaine et la pression sur les ressources en eau douce. D’autre part, les inondations dévastatrices sont précédents et les résume. Nous incorporons maintenant une également de plus en plus fréquentes, transportant d’énormes analyse des évaluations des espèces pour lesquelles des « quantités de sédiments et dégradant les habitats aquatiques. actions de conservation nécessaires « ont été enregistrées selon la Classification unifiée des menaces et actions directes de l’UICN CMP. 2 (UICN 2017) (tableau 8.3). Une 8.4 Priorités et recommandations en priorité immédiate est de mettre en œuvre ces mesures de matière de conservation conservation recommandées, en particulier dans les sous- bassins versants identifiés comme contenant un nombre Cette section s’appuie sur les recommandations de élevé d’espèces menacées. Dans les sections suivantes, conservation présentées dans chacun des chapitres nous présentons une gamme d’approches couramment utilisées pour faire face aux menaces et aux besoins de Figure 8.6 La fabrication de briques le long des berges conservation de la biodiversité d’eau douce. engendre des niveaux élevés de sédimentation et de pollution de l’eau. © Laura Máiz-Tomé 8.4.1 Gestion intégrée des bassins hydrographiques (IRBM)

L’une des principales mesures de conservation recommandées pour la biodiversité en eau douce est la gestion à l’échelle du bassin versant. L’une des approches recommandées est la gestion intégrée des bassins hydrographiques (IRBM). L’IRBM est le processus de coordination de la conservation, la gestion et le développement de l’eau, des terres et des ressources connexes dans les bassins fluviaux, afin de maximiser les avantages économiques et sociaux tirés des ressources en eau tout en préservant et si nécessaire les écosystèmes d’eau douce (Harwood et al., 2014).

Les plans de gestion du bassin versant sont particulièrement recommandés pour les zones qui contiennent des zones clés pour la biodiversité en eau douce (voir le chapitre 9). Ces plans devront probablement restaurer les régimes d’écoulement naturel en travaillant avec les intervenants

101 locaux pour maintenir les caractéristiques essentielles des pour les espèces d’eau douce et leur présence à l’intérieur débits d’eau (voir la section 8.4.2) nécessaires au maintien de l’aire protégée peut ne pas être connue. Les zones clés de des écosystèmes d’eau douce. biodiversité d’eau douce présentées au chapitre 9 peuvent être utilisées pour alerter les gestionnaires de la présence Dans de nombreux cas, il sera difficile d’atteindre le degré d’éléments importants de la biodiversité d’eau douce dans requis de restauration de l’habitat sans une réduction leurs sites et aussi pour informer la gestion de nouvelles aires parallèle des niveaux de prélèvement d’eau pour l’agriculture protégées pour ces groupes taxonomiques d’eau douce (principal utilisateur d’eau douce), en particulier dans le cas sous-représentés. d’événements climatiques extrêmes tels qu’El Niño, qui conduiront probablement à des périodes de sécheresse 8.4.4 Études d’impact environnemental plus graves et prolongées dans le hotspot. Dans de tels cas, la mise en œuvre de plans stratégiques d’adaptation Les études d’impact environnemental (EIE) peuvent être un écosystémique et de gestion des risques de catastrophe est outil précieux pour éclairer le processus de planification du cruciale pour accroître la résilience et réduire la vulnérabilité développement. Les informations présentées ici et sur le des populations et de l’environnement aux changements site Web de la Liste Rouge de l’UICN (www.iucnredlist.org) climatiques (Sudmeier-Rieux et al., 2013). aideront à soutenir les étapes initiales de planification des EIE. Il convient toutefois de noter que les données spatiales 8.4.2 Sécurisation des flux environnementaux présentées se limitent souvent à la présence ou à l’absence d’espèces dans un sous-bassin hydrographique, d’où la La surexploitation des ressources en eau contribue à nécessité de procéder à des études supplémentaires sur le réduire le débit des cours d’eau et, dans certains cas, terrain. à réduire la pêche dont dépendent les communautés locales. Les rivières à débit réduit qui reçoivent également 8.4.5 Application de la législation existante et les eaux polluées des eaux de ruissellement urbaines et sensibilisation du gouvernement agricoles sont des centres potentiels de maladies telles que le paludisme, le choléra et la dysenterie (O’Keeffe & La capacité de certains gouvernements nationaux du Le Quesne, 2009). Les flux environnementaux (E-Flows) hotspot et de leurs agences n’est actuellement pas jugée visent à maintenir la quantité, le calendrier et la qualité des suffisante pour faire respecter la législation existante en débits d’eau requis pour soutenir les écosystèmes d’eau matière de protection de la biodiversité en eau douce (Moore douce et d’estuaire et les moyens de subsistance humains Gerety 2017). De nombreuses espèces menacées et quasi- qui en dépendent (Dyson et al., 2008). La mise en œuvre de menacées (NT) bénéficieront d’une meilleure conformité méthodes d’évaluation des débits électroniques est donc et application de la législation existante, y compris pour la recommandée pour assurer la conservation et la gestion gestion de l’exploitation des ressources (par exemple, la durable des espèces et des écosystèmes d’eau douce pêche), l’extraction de l’eau et la pollution. Le renforcement (Harwood et al., 2017). des capacités au sein des organismes gouvernementaux (nationaux à locaux) et la sensibilisation aux besoins de 8.4.3 Protection du site conservation de la biodiversité d’eau douce et les avantages que procurent les écosystèmes d’eau douce améliorent Un certain nombre d’espèces nécessitent un certain degré grandement les perspectives d’avenir pour les espèces de protection du site en dessous de l’échelle spatiale des d’eau douce et leurs habitats associés. sous-bassins hydrographiques. Les exemples comprennent la protection des frayères, les goulets d’étranglement de migration et les aires de croissance. Les habitats restreints 8.5 Références tels que les sources et les suintements nécessiteront également une protection à l’échelle du site, en plus de Benstead, J.P., De Rham, P.H., Gattolliat, J.L. et al. 2003. la gestion des bassins versants. Les espèces soumises Conserving Madagascar’s Freshwater Biodiversity, à l’exploitation, comme la pêche, devront également être BioScience 53(11) 1101–1111. https://doi.org/10.1641/0006- gérées à l’échelle du site. 3568(2003)053[1101:CMFB]2.0.CO;2 Darwall, W.R.T., Smith, K.G. and Allen, D.J. et al. 2011. The Pour les espèces présentes dans les aires protégées Diversity of Life in African Freshwaters: Under Water, existantes, des mesures de gestion supplémentaires Under Threat. An analysis of the status and distribution peuvent être nécessaires pour cibler spécifiquement la of freshwater species throughout mainland Africa. biodiversité d’eau douce. Dans de nombreux cas, les aires Cambridge, United Kingdom and Gland, Switzerland: protégées ne sont pas actuellement désignées ou gérées IUCN. xiii+347pp+4pp cover.

102 Dyson, M., Bergkamp, G. and Scanlon, J. 2008. Flow: The Petitions Subcommittee. Downloadable from http://www. Essentials of Environmental Flows. IUCN, Gland, 981 iucnredlist.org/documents/RedListGuidelines.pdf Switzerland and Cambridge, UK. xiv+118pp. O’Keeffe, J. and Le Quesne, T. 2009. WWF Water Security Bruno, D., Belmar, O., Sánchez-Fernández, D., et al. Responses series 2. Keeping Rivers Alive. A primer on environmental of Mediterranean aquatic and riparian communities to flows and their assessment. February 2009. human pressures at different spatial scales. Ecological Moore, G.R. 2017. Conservation in a weak state: Madagascar Indicators 45: 456–464. 982 struggles with enforcement. Mongabay Series. Downloadable FAO. 2016. Press Release: Crop losses in southern Madagascar from: https://news.mongabay.com/2017/10/conservation- mean severe hunger likely to persist into 2017. Rome, 27 in-a-weak-state-madagascar-struggles-with-enforcement/ October 2016. Downloadable from: http://www.fao.org/ Sudmeier-Rieux, K., Ash, N. and Murti, R. 2013. Environmental news/story/en/item/449030/icode/ Guidance Note for Disaster Risk Reduction: Healthy Harwood, A., Johnson, S., Richter, B., et al. 2017. Listen to the Ecosystems for Human Security and Climate Change river: Lessons from a global review of environmental flow Adaptation. 2013 edition. Gland, Switzerland: IUCN, success stories WWF-UK, Woking, UK. iii+34pp. First printed in 2009 as Environmental Guidance IUCN. 2017. Guidelines for Using the IUCN Red List Categories Note for Disaster Risk Reduction: Healthy Ecosystems for and Criteria. Version 13. Prepared by the Standards and Human Security.

103 PARTIE 2 SITES D’IMPORTANCE POUR LES ESPÈCES D’EAU DOUCE

Rizières. © Mike Averill

104 Chapitre 9 Zones clés pour la biodiversité d’eau douce à Madagascar

Laura Máiz-Tomé1, Catherine Sayer1, William Darwall1

9.1 Contexte...... 105 9.2 Méthodologie...... 106 9.2.1 Critères ZCB et seuils...... 106 9.2.2 Processus de délimitation de ZCB d’eau douce...... 107 9.3 Résultats...... 110 9.3.1 Espèces qualifiantes de ZCB d’eau douce...... 110 9.3.2 Aperçu des ZCB d’eau douce...... 110 9.3.3 Niveaux actuels de protection...... 113 9.3.4 ZCB nouvellement délimitées...... 113 9.4 « Site Champions »...... 114 9.5 Résumé et recommandations...... 114 9.6 Prochaines étapes...... 116 9.7 Références...... 116 Annexe 9.1 Espèces qualifiantes de ZCB...... 118 Annexe 9.2 « Site Champions » – Madagascar...... 121 Annexe 9.3 Résumé des critères et seuils de la ZCB (UICN 2016)...... 122

9.1 Contexte mondial pour convenir d’une méthodologie permettant aux pays d’identifier les zones clés pour la biodiversité » (UICN Au cours des quatre dernières décennies, diverses 2004). En réponse à cette résolution (WCC 3.013; https:// organisations ont investi dans la compilation d’informations portals.iucn.org/library/node/44299), la Commission de la sur la localisation des sites importants pour la biodiversité. sauvegarde des espèces de l’UICN et la Commission Depuis la fin des années 1970, Birdlife International a mondiale des aires protégées de l’UICN ont créé une équipe maintenu des critères pour l’identification des Zones spéciale mixte sur la biodiversité et les aires protégées qui Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) et depuis 2012, a mobilisé l’expertise des Commissions de plus de 12 000 sites ont été identifiés dans le monde entier l’UICN, des Membres, du Secrétariat, des organisations de (Dudley et al. 2014). En s’appuyant sur cette approche, conservation, des universitaires, des décideurs, des d’autres méthodologies ont été développées, dont des donateurs et du secteur privé pour consolider les critères zones importantes pour les plantes (IPA); les sites de scientifiques reconnus au niveau mondial et harmoniser les l’Alliance for Zero Extinction (AZE); Zones de papillons ZCB (UICN, 2014). de premier choix et zones clés pour la biodiversité (ZCB) identifiées pour plusieurs groupes taxonomiques dans les Tous ces efforts ont abouti à «Un standard mondial pour milieux d’eau douce, terrestres et marins. Ces approches l’identification des ZCB», approuvé par le Conseil de se concentrent généralement sur un groupe d’espèces ou l’UICN lors de sa 88ème réunion les 11–13 avril 2016, qui un biome et utilisent divers critères d’évaluation, ce qui a peut être appliqué de manière robuste à tous les groupes entraîné une certaine confusion parmi les décideurs ainsi taxonomiques et tous les éléments de la biodiversité. qu’une duplication des efforts de conservation (UICN 2014). Les données générées par l’application de la norme ZCB devraient avoir de multiples utilisations (Dudley et al., En conséquence, lors du Congrès mondial de la nature tenu 2014). Les ZCB peuvent soutenir l’expansion stratégique à Bangkok (Thaïlande) en 2004, les membres de l’UICN ont des réseaux d’aires protégées par les gouvernements et la demandé à l’UICN « de convoquer un processus consultatif société civile travaillant à la réalisation des Objectifs d’Aïchi

1 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK. Email: [email protected] / [email protected]

105 pour la biodiversité (en particulier les objectifs 11 et 12) établis réseau national des aires protégées et dans le cadre d’autres par la Convention sur la diversité biologique (CDB) (Butchart efforts de conservation. et al., 2012) servir à éclairer la description ou l’identification de sites en vertu de conventions internationales (telles que Le processus menant à l’identification et à la délimitation des les zones humides d’importance internationale désignées ZCB d’eau douce à Madagascar comprenait: (i) la collecte de par la Convention de Ramsar, les sites du patrimoine mondial données sur la répartition, l’abondance, l’écologie, le risque naturel et les zones d’importance écologique et biologique d’extinction et l’utilisation par les humains, pour plusieurs décrites dans la CDB); contribuer à l’élaboration d’autres groupes d’espèces considérés comme des indicateurs mesures de conservation efficaces par zone (Jonas et al., fiables de la structure biologique et du fonctionnement des 2014); informer les politiques de sauvegarde du secteur écosystèmes d’eau douce (poissons, mollusques, crabes et privé, les normes environnementales et les systèmes de écrevisses, libellules et demoiselles (Odonates) et plantes certification; soutenir la planification de la conservation et aquatiques) (voir chapitres 3–8, ce volume); (ii) identifier l’établissement des priorités aux niveaux national et régional; les sous-bassins hydrographiques des rivières et des lacs et offrir aux communautés locales et autochtones des contenant des espèces qui semblent répondre aux critères possibilités d’emploi, de reconnaissance, d’investissement de la ZCB; (iii) valider (par des consultations avec les parties économique et de mobilisation sociétale (UICN, 2016). prenantes) les ZCB dans ces bassins, en prenant toujours en compte la connectivité hydrologique du bassin versant où Les zones clés pour la biodiversité sont incorporées dans les vivent les ZCB et; (iv) compiler un ensemble d’informations profils d’écosystème que le CEPF développe pour identifier supplémentaires sur chaque ZCB pour appuyer la gestion et formuler une stratégie d’investissement pour chaque des éléments de biodiversité déclenchant les critères. hotspot ciblé. Entre les années 2001–2006 et 2009–2012, Chacun de ces processus est traité plus en détail ci-dessous. le CEPF a investi dans le hotspot de biodiversité des îles de Madagascar et de l’océan Indien pour identifier les espèces globalement menacées, les sites hébergeant ces espèces 9.2 Méthodologie et les corridors écologiques qui préservent les processus écologiques critiques de ces sites. Cet investissement a La méthodologie d’identification et de délimitation des permis d’identifier 212 ZCB à Madagascar (Conservation ZCB d’eau douce à Madagascar a suivi la nouvelle Norme International, 2014), mais principalement pour la biodiversité mondiale pour l’identification des zones clés pour la terrestre. Les résultats du projet présentés dans ce rapport biodiversité (UICN, 2016). aident à combler les lacunes en matière de ZCB d’eau douce pour Madagascar, ouvrant la voie à une meilleure 9.2.1 Critères ZCB et seuils représentation de la biodiversité d’eau douce au sein du Les nouveaux critères mondiaux de ZCB fournissent des seuils quantitatifs pour l’identification des sites qui contribuent de manière significative à la persistance Les Zones Clés pour la Biodiversité sont des « sites globale des noms de domaine en : A) la biodiversité d’importance pour la persistance mondiale de la menacée ; B) la biodiversité géographiquement restreinte ; biodiversité ». Toutefois, cela n’implique pas qu’une mesure de conservation spécifique, telle que la C) l’intégrité écologique ; D) les processus biologiques ; et désignation d’une aire protégée, est nécessaire. Ces E) la biodiversité par une analyse quantitative complète de décisions de gestion devraient s’appuyer sur des l’irremplaçabilité (UICN, 2016 ; Annexe 9.3). exercices de priorisation de la conservation qui combinent des données sur l’importance de la biodiversité avec les informations disponibles sur la Les sites identifiés comme des ZCB potentielles devraient vulnérabilité du site et les actions de gestion idéalement être évalués par rapport à tous les critères. Bien nécessaires pour sauvegarder la biodiversité pour que tous ces critères ne soient pas applicables ou pertinents laquelle le site est important. Il est souvent souhaitable pour les groupes taxonomiques d’eau douce considérés d’incorporer d’autres données dans l’établissement des priorités, comme le coût de conservation, les lors de l’atelier (par exemple, tous les groupes taxonomiques possibilités d’action, l’importance de conserver n’ont pas d’espèces agrégées), il suffit de respecter l’un des l’histoire de l’évolution et la connectivité. Les ZCB ne critères (ou sous-critères) pour la qualification en tant que correspondent donc pas nécessairement aux priorités ZCB. Les espèces qui répondent aux seuils et critères ZCB de conservation mais sont inestimables pour informer sont définies comme des espèces qualifiantes de ZCB. la planification systématique de la conservation et l’établissement des priorités, reconnaissant que les Certains critères tels que B2, B3, D3 ou E n’ont pas été actions prioritaires de conservation peuvent également utilisés en raison du manque de données adéquates. Les être en dehors des ZCB (UICN, 2016). critères et les seuils employés dans ce projet sont résumés dans le tableau 9.1.

106 Tableau 9.1 Critères ZCB sélectionnés utilisés pour la délimitation des ZCB d’eau douce à Madagascar (UICN 2016).

% pop. globale taille / Unités de A. Biodiversité menacée Élément de biodiversité sur le site étendue reproduction A1. Espèces menacées (a) espèces CR or EN ≥0.5% ≥5 (b) espèces VU ≥1% ≥10 (e) espèces CR or EN Taille entière de la population globale B. Biodiversité géographiquement restreinte Élément de biodiversité sur le site % pop. globale taille / Unités de étendue reproduction B1: Epèces géographiquement restreintes Toutes espèces ≥10% ≥10 individuellement D. Processus biologiques Élément de biodiversité sur le site % pop. globale taille / étendue D1: Agrégations démographiques (a) Agrégation des espèces au cours d’une ou plusieurs ≥1% étapes clés de leur cycle de vie D2: Refuges écologiques Agrégations d’espèces pendant les périodes de stress ≥10% environnemental passées, présentes ou futures

9.2.2 Processus de délimitation de ZCB b. Déterminer les limites du site proposé en fonction d’eau douce des données biologiques. A l’aide des cartes de répartition des espèces L’identification et la délimitation des ZCB d’eau douce à assemblées à l’étape 1a ci-dessus, tous les sous-bassins Madagascar ont suivi un processus en deux étapes: fluviaux et lacustres à Madagascar qui contiennent des espèces qualifiantes de ZCB ont été identifiés. Les Étape 1. Activités en labo pour préparation de l’atelier de sous-bassins fluviaux et lacustres ont été délimités en validation de la ZCB par les intervenants: fonction de la couche de données spatiales appelée HydroBASINS (Lehner & Grill, 2013, voir chapitre 2). La première étape du processus consistait essentiellement en une analyse au bureau des données recueillies par le La résolution utilisée pour la sélection des sous-bassins biais des évaluations de la Liste Rouge de l’UICN pour les détenant des espèces qualifiantes de ZCB était HydroBASINS groupes taxonomiques d’eau douce suivants : i) poissons ; Niveau 8, qui à Madagascar délimite des sous-bassins d’une ii) mollusques ; iii) Odonata (libellules et demoiselles) ; superficie moyenne de 605 km². De cette manière, des iv) crabes et écrevisses ; et v) plantes aquatiques. Les cartes ont été créées pour montrer le nombre d’espèces ensembles de données recueillies comprennent les potentielles de déclenchement par sous-captage. Des listes informations requises sur la répartition des espèces d’espèces potentielles qualifiantes supposées être présentes (fichiers numériques de forme) et leurs catégories de risque dans chaque sous-bassin ont également été compilées. d’extinction de la Liste Rouge de l’UICN telles que publiées Ce processus a été réalisé par un criblage de tous les sur la Liste Rouge de l’UICN (UICN, 2017). sous-bassins versants par rapport à l’ensemble des cartes d’espèces en utilisant des scripts «R», un logiciel gratuit de a. Assembler les ensembles de données spatiales de : calcul statistique et d’analyse de données (Venables et al., i) Les cartes de répartition de la Liste Rouge des espèces 2017) pour identifier les espèces qualifiantes présentes et les pour les poissons d’eau douce, les mollusques, les critères déclenchés pour chaque sous-bassin versant (figure odonates, les crabes et les écrevisses, et les plantes 9.1). Au cours de l’analyse, les sites potentiellement qualifiés aquatiques; de sites AZE ont également été identifiés. Les sites AZE sont ii) ZCB, sites Ramsar et Aires protégées existants. des endroits qui contiennent les dernières ou les seules populations d’espèces en danger critique d’extinction ou en La délimitation ZCB est un processus itératif qui utilise danger à l’échelle mondiale, presque entièrement limitées à des données meilleures et plus récentes au fur et à ce seul site restant (Ricketts et al., 2005). La base de données mesure qu’elles deviennent disponibles (UICN, 2016). Les AZE peut être consultée à l’adresse suivante : http://www. évaluations de la Liste Rouge des espèces ont été achevées zeroextinction.org/ en 2016 dans le cadre de la première composante du projet (voir les chapitres 2 à 8), afin de garantir que les données sont Étape 2. Atelier de validation et de délimitation de ZCB : traçables à une source fiable et suffisamment récentes (et mises à jour) pour donner l’assurance que les éléments de la Un atelier de validation et de délimitation de ZCB s’est tenu biodiversité sont toujours présents sur les sites. à Antananarivo en janvier 2017 au Centre de biodiversité de

107 Figure 9.1 Carte de tous les sous-bassins versants détenant des espèces qualifiantes de ZCB, donc des zones potentiellement qualifiées dans ces sous-bassins versants en tant que ZCB. Les sites AZE sont mis en évidence avec des frontières bleu turquoise.

Bassins versants contenant des espèces déclencheurs de ZCB

Sites potentiels AZE Nombre d’espèces déclencheurs potentiels par sous-bassin hydrographique de rivière/lac

108 California Academy of Sciences, en collaboration avec les nationaux et régionaux (UICN, 2016). Ainsi, lorsque des parties prenantes concernées (experts en espèces, ONG espèces qualifiantes d’eau douce sont présentes dans de conservation et représentants gouvernementaux) de des sous-bassins qui chevauchent des sites existants, la Madagascar (figure 9.2). L’objectif de l’atelier de délimitation limite du site existant devrait être adoptée si : de ZCB était de valider les sous-bassins versants proposés ■ la présence de l’espèce qualifiantes dans le site comme répondant aux critères de ZCB et de dériver ensuite répond aux seuils des critères ZCB ; et les limites des sites de ZCB qui sont biologiquement ■ la limite est écologiquement pertinente pour la pertinents mais pratiques pour la gestion (UICN, 2016). Les gestion de l’espèce qualifiante d’eau douce. participants à l’atelier ont d’abord été invités à confirmer la présence de l’espèce qualifiante de la ZCB dans chaque c. Délimitation des limites en ce qui concerne les aires sous-bassin versant identifié au cours de l’étape 1 (analyse protégées documentaire) et à délimiter ensuite les limites ZCB selon les Les aires protégées (AP) sont des unités de gestion procédures suivantes: établies et largement reconnues dans le but de sauvegarder la biodiversité qu’elles renferment. La a. Confirmation de la présence d’espèces qualifiantes reconnaissance additionnelle du site en tant que ZCB de ZCB dans les sous-bassins versants d’eau douce, en utilisant les limites existantes du site, La présence de l’espèce a été confirmée sur la base peut contribuer davantage à leur importance et à une des registres du musée des principales collections, gestion plus ciblée des nouvelles espèces d’eau douce des registres de distribution à grande échelle et des comme étant préoccupante pour la conservation. connaissances d’experts régionaux et internationaux. Par conséquent, lorsqu’une espèce qualifiante d’eau Lorsque les enregistrements étaient trop anciens (> 50 douce se trouve dans un sous-bassin hydrographique ans) et qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves chevauchant avec une aire protégée existante, il est pour confirmer la présence de l’espèce dans les sous- souvent approprié d’utiliser la limite de l’aire protégée bassins versants, l’espèce était répertoriée comme pour délimiter la ZCB si : espèce « potentielle » ZCB et un travail de terrain était ■ l’AP contient suffisamment d’espèces qualifiantes de recommandé. Ce fut le cas de nombreuses espèces ZCB pour atteindre le seuil d’importance ; et de plantes d’eau douce, d’odonates et d’espèces de ■ la limite est écologiquement pertinente pour l’espèce. poissons. Il est important de souligner, cependant, que les b. Délimitation des limites en ce qui concerne les ZCB évaluations régionales de la couverture et de l’efficacité préexistantes des AP ont montré qu’elles étaient largement inefficaces Dans la mesure du possible, l’identification et pour la conservation des habitats et des espèces d’eau la délimitation des nouvelles ZCB devraient prendre douce (Juffe-Bignoli et al., 2016; Leadley et al., 2014). en considération les limites des ZCB, des ZICO, des Par exemple, les rivières ont souvent été utilisées pour sites IPA ou AZE préexistants (qui relèvent tous du délimiter les limites des aires protégées plutôt que terme « zone clé pour la biodiversité »), car beaucoup d’être elles-mêmes les cibles de la conservation (Abell ont des reconnaissances d’initiatives nationales, de et al., 2007). Les aires protégées manquent souvent conservation active et de suivi, et / ou sont liées à d’actions ciblées pour la gestion de la biodiversité d’eau des processus législatifs et politiques internationaux, douce et échouent souvent à faire face aux pressions venant de l’extérieur des limites des aires protégées. Par conséquent, lorsque la répartition d’une espèce Figure 9.2 Participants experts à l’atelier ZCB sur l’eau douce, qualifiante d’eau douce chevauche partiellement une aire janvier 2017 – Centre de la biodiversité de California Academy of Sciences, Antananarivo, Madagascar. © IUCN de répartition existante, il y a généralement trois options : i) ne pas tenir compte de la zone de chevauchement (si elle est triviale) ; ii) adopter la limite d’AP pour la ZCB d’eau douce si elle est entièrement à l’intérieur de celle-ci ; ou iii) délimiter une deuxième ZCB d’eau douce couvrant la partie de la répartition des espèces qualifiantes qui tombent à l’extérieur de l’aire protégée, en supposant que les deux zones respectent encore indépendamment les seuils d’importance ; et iv) recommander une extension de la limite de l’AP afin d’inclure la distribution complète des espèces qualifiantes de ZCB d’eau douce. Le choix de l’approche sera spécifique à chaque cas.

109 d. Délimitation de nouvelles ZCB d’eau douce mesures de conservation en place et recommandées, Lorsqu’il n’y a pas de chevauchement spatial entre et des détails pour les « site champions » potentiels (voir la ZCB d’eau douce proposée et les ZCB ou AP la section 9.4). Cette information est nécessaire pour préexistantes, les limites des sites devraient être basées justifier la confirmation d’un site en tant que ZCB, et sur l’emplacement des zones focales identifiées pour comme guide pour la gestion de la ZCB, le suivi à l’échelle les espèces qualifiantes de ZCB d’eau douce (si la du site, la planification de la conservation nationale et zone focale répond aux seuils et critères de ZCB). Les l’établissement des priorités, et les analyses mondiales zones focales sont des sites distincts (cours d’eau, lacs et régionales. Des informations supplémentaires ou sources) particulièrement importants pour la survie pour les plus grands sous-bassins hydrographiques, à long terme de l’espèce (par exemple frayères, zones dans lesquels se trouvent les ZCB, ont également été d’alimentation ou sites supportant une partie importante rassemblées pour informer la direction de ZCB dans le de la population d’une espèce) (voir Abell et al., 2007). contexte hydrologique plus large. Il est recommandé, dans la mesure du possible, de délimiter les zones d’intervention en utilisant les sous- bassins hydrographiques de niveau 12 (les plus petites 9.3 Résultats unités spatiales). 9.3.1 Espèces qualifiantes de ZCB d’eau douce La nouvelle norme mondiale ZCB reconnaît qu’il est souvent nécessaire d’incorporer d’autres données sur la L’analyse préliminaire a permis d’identifier 238 espèces gestion des terres et des eaux et les limites des bassins potentielles qualifiantes de ZCB, dont 92 ont été confirmées versants pour déterminer les limites pratiques des sites valides par les experts régionaux, c’est-à-dire que leur (UICN, 2016) lorsque l’on délimite des sites qui se situent présence a été confirmée dans les sous-bassins d’intérêt en dehors des ZCB et des aires protégées existantes. à un seuil pour déclencher les critères ZCB (voir l’Annexe Dans le cas des ZCB d’eau douce, l’utilisation de sous- 9.1 pour la liste complète des espèces qualifiantes de ZCB bassins pour délimiter les limites du site présente des validées). avantages évidents car elles représentent des unités de gestion bien définies et écologiquement significatives, Les ZCB validées à l’atelier supportent 80 espèces ils facilitent le stockage, la recherche et la gestion globalement menacées (en danger critique [CR], en danger des données (format tabulaire), rendent compte de la [EN] ou Vulnérable [VU]), 62 espèces géographiquement connectivité hydrologique, facilitent la saisie de logiciels restreintes et 10 espèces avec des agrégations de planification de la conservation tels que Marxan et démographiques durant une ou plusieurs étapes clés de peuvent être appliqués de manière flexible à 12 tailles de leur cycle de vie (voir les tableaux 9.2 et 9.3). De plus, 14 grains différentes, la plus petite étant approximativement de ces espèces sont également identifiées comme des 10 km². espèces d’AZE qui font face à un risque élevé d’extinction, et confirmant l’urgence d’élaborer et de mettre en œuvre des Pour certaines espèces, la connectivité inhérente des actions de conservation et des plans de gestion efficaces systèmes aquatiques présente des défis pour une pour la biodiversité des eaux douces à Madagascar. gestion efficace à l’échelle du site. De nombreuses espèces aquatiques sont très mobiles et peuvent être 9.3.2 Aperçu des ZCB d’eau douce répandues dans un bassin versant (par exemple, les espèces de poissons migrateurs) et ne peuvent donc Lors de l’atelier, 23 systèmes importants de rivières, de pas se trouver sur des sites identifiables à des niveaux lacs et de zones humides ont été validés par les experts de population globalement significatifs. Ces espèces régionaux en tant que ZCB d’eau douce, dont 10 sont peuvent ne pas bénéficier d’une conservation à l’échelle également des sites AZE. La plupart des ZCB d’eau douce du site, mais d’une approche plus large de gestion des confirmées par ce projet se trouvent dans l’écorégion d’eau bassins versants. douce du Nord-Ouest et dans les hauts plateaux orientaux de Madagascar (voir la figure 9.3 ci-dessous et l’annexe 9.1 e. Remplir les exigences minimales en matière de pour la liste des espèces qualifiantes de ZCB). documentation pour chaque ZCB Enfin, les participants à l’atelier ont été invités à remplir les Deux sites Ramsar existants (la rivière Nosivolo et ses exigences minimales en matière de documentation pour affluents, et le lac Kinkony) et trois aires protégées (le Parc chaque ZCB associée, dont : une description du site, une National Isalo, le Parc National Mikea et le Parc National liste des espèces qualifiantes validées, une description Marojejy) ont été adoptés comme ZCB d’eau douce pour 17 des menaces et des types d’habitats dans le site, des espèces qualifiantes (un crabe, six poissons, un mollusque et

110 Tableau 9.2 Nombre d’espèces cibles, d’espèces menacées, d’espèces géographiquement restreintes, d’agrégations démographiques et d’espèces AZE par groupe taxonomique. Remarque: certaines espèces qualifiantes peuvent être classées dans plus d’un des critères ZCB (menacés/géographiquement restreints), et les « espèces AZE » sont également classées dans la catégorie « Espèces qualifiantes ». Le « Total » représente le nombre d’espèces uniques et n’est donc pas nécessairement la somme des colonnes précédentes. Groupe Poissons Odonates Plantes Mollusques Crabes Ecrevisses Total Espèces qualifiantes de ZCB 35 2 39 5 8 3 92 Espèces menacées 34 2 35 5 1 3 80 Limité géographiquement 19 1 30 3 8 2 62 Agrégations démographiques 10 0 0 0 0 0 10 Espèces qualifiantes d’AZE 7 0 5 1 1 0 14

Tableau 9.3 Espèces qualifiantes validées et critères de qualification de ZCB associés. A1a: Espèces en danger critique d’extinction (CR) et en danger (EN); A1b: Espèces vulnérables (VU); A1e: espèces AZE; B1: espèces de l’aire de répartition restreinte; D1a: Agrégations démographiques des espèces; D2: Refuges écologiques des espèces. Le « Total » représente le nombre d’espèces de déclenchement distinctes et ne représente pas la somme des colonnes, car certaines espèces peuvent être admissibles à plus d’un critère. Groupe A1a A1b A1e B1 D1a D2 Total Poissons 30 4 7 19 10 3 35 Mollusques 4 1 1 3 0 0 5 Plantes 27 8 5 30 0 0 39 Crabes 1 0 1 8 0 0 8 Ecrevisses 0 3 0 2 0 0 3 Odonates 2 0 0 1 0 0 2 neuf espèces végétales). Les résumés suivants fournissent menaces provenant du lac et garantir la persistance à long quelques exemples représentatifs de ces ZCB d’eau terme de P. dambabe. douce et reposent en grande partie sur une synthèse des informations fournies lors de l’atelier ZCB, des évaluations Les limites du site Ramsar Nosivolo et de ses affluents des espèces de la Liste Rouge et des descriptions générales dans la province de Toamasina ont été adoptées en tant du site Web Ramsar et des Parcs nationaux. que ZCB d’eau douce pour des espèces de poissons et de plantes menacées et à aire de répartition restreinte. Le lac Kinkony dans la province de Mahajanga est un L’écosystème quasi naturel de Nosivolo est reconnu comme lac extrêmement peu profond et turbide, oligotrophe, ayant la plus forte concentration de poissons d’eau douce caractéristique des bassins versants du nord-ouest de endémiques à Madagascar. Le site Ramsar est situé dans Madagascar. La végétation comprend de vastes paysages une zone humide riche à l’est de Madagascar. Il comprend de Phragmites dans la partie orientale et des lits de Cyperus 130 km de rivière avec des lacs, des mares et des terres dans les zones adjacentes. Le lac se connecte avec d’autres irriguées répartis sur 200 km², dont 62 îlots intérieurs dans lacs satellites pendant la saison des pluies. L’ensemble du la rivière. La zone humide agit comme un bassin versant bassin comprenant les cours supérieurs et les affluents et la plaine inondable retient d’importantes quantités de qui alimentent le lac a été délimité comme une ZCB d’eau sédiments. Il s’agit d’un bon exemple de limite de site douce pour l’espèce de poisson endémique et CR, AZE intégrant l’ensemble d’un bassin versant permettant une Paretroplus dambabe (Ravelomanana & Sparks, 2016). La gestion du bassin versant qui tient compte de la connectivité ZCB est partiellement couverte par l’aire protégée nationale hydrologique et de la propagation des menaces associées, (IBA) des zones humides de Mahavavy-Kinkony, y compris telles que la dégradation de l’habitat due à la culture du riz et le site Ramsar du lac Kinkony. Malgré la reconnaissance à l’érosion du sol, dans l’ensemble du bassin versant. internationale de l’importance de la zone pour la biodiversité, une partie substantielle du bassin versant a été convertie Le Parc National de Marojejy comprend le massif forestier pour la riziculture et le pâturage du bétail, et il reste peu de de Marojejy et ses contreforts avoisinants. Le massif est végétation riveraine originale. La surpêche, la perte d’habitat montagneux, avec des pics granitiques escarpés, des (en particulier la transformation des plaines inondables en crêtes de quartzite et des vallées étroites. Il y a des variations rizières et l’éradication de la végétation naturelle des rives significatives dans le microclimat, de sub-humide à humide, du lac) et la concurrence et la prédation par des espèces et de froid à tempéré. La rivière Androranga coule le long de exotiques envahissantes sont les principales menaces qui la limite nord du parc et la rivière Lokoho au sud et à l’est. pèsent sur la biodiversité d’eau douce du lac. La protection Marojejy est le seul des cinq grands massifs montagneux de du site, la gestion intégrée des bassins versants et l’extension Madagascar dont la végétation à haute altitude est encore de la limite de NAP des zones humides de Mahavavy- largement intacte. La plus grande partie du site est couverte Kinkony pour inclure les cours supérieurs de la rivière sont de forêts denses humides à feuilles persistantes. Le parc recommandées pour assurer une gestion efficace des national de Marojejy a été adopté en tant que ZCB d’eau

111 Figure 9.3 Carte montrant l’emplacement des ZCB d’eau douce nouvellement confirmées à Madagascar.

Zones Clés pour la Biodiversité d’eau douce à Madagascar

Sites AZE Nouvelles ZCB d’eau douce Aires Protégées existantes adoptées

112 douce pour un certain nombre d’espèces menacées et les crabes d’eau douce. Sept espèces de crabes d’eau restreintes, y compris l’espèce de poisson (EN) AZE Bedotia douce endémiques à Madagascar se trouvent ici. Ces marojejy, actuellement connue seulement de la localité type espèces habitent un large éventail d’habitats, y compris de la rivière Manantenina, affluent de la rivière Lokoho dans les lacs, les cours d’eau, les rivières et les habitats la partie Sud du parc (Stiassny & Harrison, 2000). Cette terrestres adjacents qui comprennent les crevasses espèce de poisson a besoin de cours d’eau et de rivières rocheuses et les phytotelmata (plans d’eau retenus par claires et rapides, comme c’est le cas dans la partie sud les plantes terrestres). La ZCB chevauche un certain de la ZCB. Un certain nombre d’espèces de plantes d’eau nombre de parcs nationaux et de ZCB existants, mais douce VU sont également restreintes à ce système fluvial étant donné l’importance de la région en tant que hotspot plus petit, dont Deparia marojejyensis et Pneumatopteris de biodiversité d’eau douce pour de nombreuses espèces humbertii. Une espèce de crabe d’eau douce, Marojejy endémiques à aire de répartition restreinte, il n’a pas été longimerus, n’est connue que sur ce site. jugé écologiquement approprié d’adopter les limites du site existant ni de réduire la taille de la ZCB d’eau douce 9.3.3 Niveaux actuels de protection à un niveau inférieur à celui de la limite proposée. Un certain nombre d’autres espèces menacées et restreintes La superficie des ZCB d’eau douce validées est de 23 de poissons d’eau douce, de mollusques et de plantes 920 km², soit 4% de la superficie totale de Madagascar sont également présentes dans la ZCB. Les principales (587 041 km²). La superficie des aires protégées existantes menaces qui pèsent sur le site sont l’agriculture itinérante, adoptées pour les espèces qualifiantes d’eau douce est de le développement urbain pour le tourisme, l’extraction 9 159 km² (38% de la superficie totale des aires protégées de saphir et les carrières. La protection et la gestion des d’eau douce confirmées). Même si 38% des aires protégées sites, la sensibilisation, la conformité et l’application des d’eau douce se chevauchent dans l’espace, il est important politiques et des réglementations ainsi que la mise en œuvre de souligner que dans la plupart des cas (à l’exception des garanties et des normes environnementales et sociales du site Ramsar Nosivolo et de ses affluents), les espèces du secteur privé sont recommandées. d’eau douce, à l’exception des oiseaux d’eau, ne font pas souvent l’objet de mesures de conservation et de gestion Le bassin versant d’Amboaboa dans la province de dans ces zones qui sont délimitées principalement pour les Mahajanga a été délimité comme une nouvelle ZCB d’eau espèces terrestres (mammifères, reptiles et oiseaux). Par douce pour cinq espèces de poissons menacées et à aire conséquent, il est plus important maintenant d’informer de répartition restreinte. Dans le bassin versant, deux zones les autorités des parcs nationaux et des sites Ramsar de focales ont été identifiées sur la base des aires de pontes la présence de ces espèces de ZCB d’eau douce dans les et d’alimentation des espèces dans les parties inférieures limites de leur site. et supérieures. Cependant, il a été décidé de délimiter l’ensemble du bassin en tant que ZCB pour tenir compte 9.3.4 ZCB nouvellement délimitées du corridor écologique de l’espèce. La zone protégée existante de Marotandrano chevauche partiellement les Dix-neuf nouvelles ZCB d’eau douce (voir l’annexe 9.1) ont eaux d’amont de la rivière Amboaboa, une zone focale été délimitées pour 77 espèces de qualifiantes, couvrant pour les espèces de poissons d’eau douce AZE Rheocles 14 761 km² (62% de la superficie totale des ZCB d’eau derhami et Paretroplus gymnopreopercularis et les espèces douce confirmées). Tous ces sites restent à l’extérieur des Sauvagella robusta (EN) et Ptychochromis insolitus (CR). limites des AP ou ZCB préexistantes, ce qui suggère que La rivière Amboaboa traverse des zones montagneuses des lacunes importantes subsistent dans la couverture avec une végétation de savane généralement dégradée de la biodiversité d’eau douce par les unités de gestion de et est menacée par la sédimentation causée par la la conservation existantes. Une extension stratégique du déforestation et l’érosion des sols, la pollution par les réseau d’aires protégées est recommandée pour inclure ces effluents agricoles, les espèces envahissantes, la surpêche zones critiques de conservation. Le résumé suivant fournit et la sécheresse. La confluence de la rivière Amboaboa avec quelques exemples pour démontrer la raison d’être de la la rivière Mangarahara a été identifiée comme un foyer pour désignation des nouvelles ZCB d’eau douce délimitées à Paretroplus gymnopreopercularis et Paretroplus nourissati. Madagascar. Ceci est largement basé sur les informations La gestion intégrée des bassins versants est recommandée fournies lors de l’atelier ZCB, les évaluations de la Liste pour tenir compte de la connectivité hydrologique et pour Rouge et les descriptions générales des Écorégions d’eau assurer la persistance à long terme de ces espèces de douce du monde (FEOWS 2015). poissons d’eau douce CR et EN.

La ZCB d’Antsiranana située dans le Nord de Madagascar La ZCB de Tolagnaro englobe la zone côtière autour de la a été identifié comme un hotspot de la biodiversité pour ville de Tolagnaro, s’étendant jusqu’aux pieds de la chaîne

113 de montagnes d’Anosy. Le site est drainé par plusieurs 9.4 « Site Champions » petites rivières et contient un certain nombre de lagunes, de marais et de forêts littorales qui abritent deux espèces Trente-quatre sites potentiels ont été identifiés par les de plantes menacées (Aponogeton capuronii et Xyris parties prenantes comme étant les individus / organisations baronii) et deux espèces menacées d’Odonates (Acisoma les mieux placés pour sensibiliser sur l’existence des ZCB ascalaphoides et Aethiothemis modesta). En plus d’une et sur les problèmes rencontrés en ce qui concerne les zone de développement urbain, un aéroport et l’exploitation menaces à la biodiversité d’eau douce. Il est recommandé minière (exploité par QIT Madagascar Minerals ; QMM) ont d’engager et de collaborer avec ces potentiels « Site lieu au sein de la ZCB. La partie sud de la zone protégée Champions » dans l’élaboration et la mise en œuvre des de Tsitongambarika chevauche la ZCB et comprend les actions requises pour sauvegarder ces sites d’importance cours supérieurs des rivières côtières associées. La petite mondiale (voir Annexe 9.2). aire protégée de Mandena chevauche également la ZCB. Les principales menaces qui pèsent sur la biodiversité du site sont la perte et la dégradation de l’habitat causées 9.5 Résumé et recommandations par l’urbanisation et les activités industrielles. Même si des efforts sont entrepris pour compenser les impacts Les 23 ZCB d’eau douce confirmées par les experts en de l’exploitation minière de QMM, il est recommandé de poissons d’eau douce, mollusques, odonates, crabes, poursuivre la protection et la gestion du site. langoustes et plantes aquatiques, couvrent une superficie totale de 23 920 km² (près de 4% de la superficie du pays). La ZCB du bassin inférieur de l’Anove dans la province Ces ZCB supportent 80 espèces globalement menacées de Toamasina comprend les sous-bassins inférieurs de la (CR, EN ou VU) et 62 espèces géographiquement restreintes. rivière Anove. Un certain nombre d’espèces d’eau douce Parmi ceux-ci, 10 répondent également aux critères des sont présentes dans le système de la rivière Anove; la plus sites AZE. Environ 38% de la superficie totale des ZCB notable étant Bedotia longianalis, une espèce de poisson d’eau douce (9 159 m²) confirmées dans le cadre de ce EN limitée aux tronçons inférieurs de la rivière dans la projet se situent à l’intérieur des limites des aires protégées ZCB. Aponogeton eggersii, une espèce EN de plante préexistantes. La reconnaissance supplémentaire de ces aquatique, est endémique de la région Analanjirofo de sites en tant que ZCB d’eau douce mondiales leur confère Madagascar et a été signalé en 2000 dans la rivière Anove une plus grande reconnaissance individuelle et contribue au sein de la ZCB. Deux autres espèces rares de plantes collectivement à souligner le besoin urgent de mettre en d’eau douce, Didymoglossum pygmaeum et Peponidium œuvre des mesures de conservation et des sauvegardes anoveanum, sont également connues de la ZCB, mais environnementales plus efficaces pour la biodiversité des elles n’ont pas été signalées depuis le début des années eaux douces à Madagascar. 1900. Des études sur le terrain sont recommandées pour rechercher la présence de ces deux espèces végétales La plupart de ces unités de gestion existantes ont été dans la ZCB. La gestion du site doit s’inscrire dans le délimitées principalement pour les espèces terrestres, de contexte plus large du bassin versant de la rivière Anove. sorte qu’elles ne se concentreront souvent pas sur la gestion La zone de gestion des bassins versants de la ZCB (la ciblée des nombreuses espèces à aire de répartition superficie recommandée pour la gestion efficace des restreinte et menacées vivant dans les habitats d’eau douce. impacts sur la ZCB elle-même) comprend l’ensemble Il est maintenant prioritaire d’informer les autorités de gestion du bassin de la rivière Anove en amont de la ZCB elle- de ces sites de la nécessité d’élaborer de nouvelles mesures même. La ZCB du bassin inférieur de l’Anove est dominée de gestion axées spécifiquement sur la conservation de ces par des collines de plaine, avec quelques zones de forêt espèces d’eau douce d’importance mondiale. Les 62% humide restantes. D’autres régions ont été principalement restants de la zone des ZCB d’eau douce, situés à l’extérieur converties à l’agriculture, comme la riziculture et la culture des zones protégées existantes, représentent des lacunes de la vanille et du girofle. Les rivières à l’intérieur même de prioritaires dans le réseau actuel. On espère que les « Site la ZCB, situées dans les plaines côtières des basses terres, Champions » identifiés dans le cadre de ce projet (voir coulent relativement lentement. Les rivières sont également l’annexe 9.2) contribueront à stimuler ces actions en faisant exploitées ici pour les pierres précieuses et l’or. Les prendre conscience de l’existence de ces sites d’eau douce principales menaces qui pèsent sur le site comprennent prioritaires et de la nécessité de mesures de conservation. l’exploitation minière de l’or à petite échelle mais à grande L’identification et la délimitation des ZCB est nécessairement étendue, l’agriculture itinérante, la déforestation et la un processus fluide et continu répondant à la provision de compétition avec les espèces envahissantes. La protection nouvelles informations et à un environnement en constante des sites et la gestion intégrée des bassins versants sont évolution et, par conséquent, on s’attend à ce que l’ensemble recommandées. actuel de données ZCB sur l’eau douce pour Madagascar

114 continue d’être affiné et mis à jour. En fin de compte, le douce à Madagascar, de sorte que des efforts accrus soient processus d’identification des ZCB devrait être mené au nécessaires pour tracer leurs voies d’introduction, prévenir niveau national de sorte que toutes les parties concernées les introductions futures et les gérer ou, si possible, les puissent être directement impliquées, en particulier pour éradiquer. Des informations sur la répartition des espèces faciliter toute recommandation visant à modifier les limites exotiques envahissantes, leurs impacts, les voies d’entrée et des aires protégées existantes ou des ZCB. Le travail les recommandations de gestion peuvent être trouvées présenté ci-dessus représente les premières étapes de la dans la Base de données mondiale sur les espèces progression de ce processus et fournit un ensemble de envahissantes (GISD) (ISSG, 2015). Les informations données de référence pour éclairer les futures désignations rassemblées à travers le processus de délimitation et de ZCB. Les principales menaces pesant sur les espèces d’eau validation de la ZCB devraient en fin de compte être douce identifiées à Madagascar, identifiées dans le cadre de intégrées à la GISD, qui est également lié à la Liste Rouge de ce projet, comprennent: i) la dégradation de l’habitat et l’UICN. l’érosion des sols causées par la déforestation, l’agriculture sur brûlis et l’empiètement humain; ii) la pollution des eaux Des mises à jour périodiques des évaluations de la Liste de surface par les eaux d’égouts brutes et autres déchets Rouge de l’UICN et le suivi des sites des ZCB permettront organiques, la sédimentation et l’eutrophisation; iii) la de calculer un Indice de la Liste Rouge pour toutes les concurrence avec les espèces exotiques envahissantes ; iv) espèces d’eau douce évaluées (actuellement, cela n’est les graves sécheresses et la désertification provoquées par possible que pour les poissons d’eau douce endémiques). le changement climatique. Les impacts de ces types de Par conséquent, il est possible de suivre les tendances du menaces ont tendance à se répandre rapidement dans les risque global d’extinction prévu des espèces d’eau douce, bassins versants, de sorte que des mesures de conservation ce qui pourrait aider à informer les gestionnaires de localisées limitées à des parties circonscrites d’un bassin l’efficacité de toute intervention de gestion. versant ne parviendront souvent pas à fournir des solutions efficaces. Il est donc nécessaire de se concentrer sur la Les ZCB d’eau douce identifiées dans ce projet aideront gestion du bassin versant plus large dans lequel résident les également à soutenir la mise en œuvre des Accords ZCB, en tenant compte de la connectivité hydrologique tant Multilatéraux sur l’Environnement à Madagascar, tels que la latérale que longitudinale. Convention de Ramsar, guidant la planification de la conservation et la mise en place de priorités au niveau La gestion intégrée des bassins hydrographiques (IRBM, ou national pour: i) identifier les zones humides nouvelles et une stratégie similaire) est une approche recommandée potentielles d’importance internationale (sites Ramsar) pour la plupart des ZCB d’eau douce afin de gérer selon les critères 2 à 9 (Ramsar 2010) ; ii) mettre à jour la efficacement les menaces en amont et en aval qui gestion des sites Ramsar actuels pour mettre l’accent sur proviennent souvent des limites de la ZCB, souvent les nouvelles espèces qualifiantes d’eau douce présentes éloignées de la ZCB elle-même. Cette approche est dans leurs limites (par exemple Site Ramsar de la rivière fondamentale pour mieux coordonner la conservation, la Nosivolo et affluents); et iii) identifier les sites Ramsar gestion et la planification du développement de l’eau, des existants répondant aux critères de la ZCB qui subissent terres et des ressources connexes dans tous les secteurs, et des changements défavorables dans leurs caractéristiques pour maximiser de manière équitable les avantages écologiques et qui pourraient être admissibles à l’inscription économiques et sociaux tirés des ressources en eau tout en au Registre de Montreux et qui pourraient bénéficier d’une préservant et, le cas échéant, en restaurant les écosystèmes mission consultative Ramsar. Le réseau de ZCB d’eau d’eau douce. douce aidera également Madagascar dans ses efforts pour atteindre les objectifs d’Aïchi relatifs à la biodiversité (en La méthodologie d’évaluation des flux environnementaux particulier les objectifs 11 et 12) établis par la Convention ( E-Flows) est également un outil important pour la sur la Diversité Biologique. Ces deux objectifs répondent conservation et la gestion des ZCB d’eau douce. E-Flows spécifiquement au besoin de conservation des espèces et visent à maintenir la qualité, la quantité et le calendrier des des sites. En outre, les ZCB d’eau douce peuvent aider à débits d’eau nécessaires pour soutenir les écosystèmes identifier les priorités en matière d’écosystèmes d’eau d’eau douce et les moyens de subsistance humains qui en douce pour les objectifs de développement durable des dépendent (Dyson et al., 2008 ; Harwood et al., 2017). En Nations Unies, et fournir une meilleure approche pour priorité, E-Flows devraient être déterminés, le cas échéant, mesurer l’objectif 6.6 du développement durable axée sur pour tous les sites AZE d’eau douce impliquant des la protection et la restauration des écosystèmes liés à l’eau ; systèmes fluviaux, comme le bassin versant d’Amboaboa. l’objectif 6.5 est axé sur la mise en œuvre d’une gestion Les espèces exotiques envahissantes sont l’une des intégrée des ressources en eau à tous les niveaux ; l’objectif principales menaces identifiées pour la biodiversité d’eau 15.1 est axé sur la conservation, la restauration et l’utilisation

115 durable des écosystèmes d’eau douce terrestres et Harwood, A., Johnson, S., Richter, B., et al. 2017. Listen to the continentaux et de leurs services; et l’objectif 15.5 vise à river: Lessons from a global review of environmental flow prendre des mesures urgentes et importantes pour réduire success stories, WWF-UK, Woking, UK. la dégradation des habitats naturels, mettre un terme à la Invasive Species Specialist Group ISSG 2015. The Global perte de biodiversité et, d’ici 2020, protéger et prévenir Invasive Species Database. Version 2015.1. Available at: l’extinction des espèces menacées (Nations Unies, 2016). http://www.iucngisd.org/gisd IUCN. 2004. 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116 of a new species of the endemic genus Bedotia Venables, W.N., Smith D.M. and the R Core Team. 2017. An (Atherinomorpha: Bedotiidae). Fieldiana – Zoology 97: Introduction to R. Notes on R: A Programming Environment 143–156. for Data Analysis and Graphics. Version 3.4.1 (2017-06- United Nations 2016. The Sustainable Development Goals 03). The R Manuals. Available at: https://cran.r-project. Report 2016. Available at: www.un.org.lb/Library/Assets/ org/doc/manuals/r-release/R-intro.pdf The-Sustainable-Development-Goals-Report-2016- Global.pdf

117 Annexe 9.1 Espèces qualifiantes de ZCB. ZCB = nom de la zone clé pour la biodiversité des eaux douces. Trigger Species = Espèces d’eau douce répondant aux critères ZCB. Critères ZCB sélectionnés utilisés pour la délimitation des ZCB d’eau douce à Madagascar (UICN, 2016). % pop. globale Unités de A. Biodiversité menacée Élément de biodiversité sur le site taille / étendue reproduction A1. Espèces menacées (a) espèces CR ou EN ≥0.5% ≥5 (b) espèces VU ≥1% ≥10 (e) espèces CR ou EN % pop. globale taille / étendue B. Biodiversité géographiquement restreinte Élément de biodiversité sur le site % pop. globale Unités de taille / étendue reproduction B1: Espèces géographiquement restreintes individuellement Toutes espèces ≥10% ≥10 D. Processus biologiques Élément de biodiversité sur le site % pop. globale taille / étendue D1: Agrégations démographiques (a) Agrégation des espèces au cours d’une ou ≥1% plusieurs étapes clés de son cycle de vie D2: Refuges écologiques Agrégations d’espèces pendant les périodes de stress ≥10% environnemental passées, présentes ou futures

Catégorie de Critère Critère Critère Critère Critère Critère Nouvelle/ Nom de ZCB Espèces qualifiantes Groupe la Liste Rouge A1a A1b A1e (AZE) B1 D1a D2 Adoptée Bassin versant Paretroplus nourissati Poissons EN Oui NA Nouvelle d’Amboanmboa Ptychochromis insolitus Poissons CR Oui NA Oui Oui ZCB Rheocles derhami Poissons CR Oui 28,3% Oui Oui Sauvagella robusta Poissons EN Oui NA Paretroplus Poissons CR Oui 100% Oui gymnopreopercularis Zone côtière de Paretroplus kieneri Poissons VU Oui NA Nouvelle Mahajanga Ammannia heterophylla Plantes EN Oui 11% ZCB Ammannia pauciramosa Plantes EN Oui 17,2% Cleome augustinensis Plantes EN Oui 16,2% Exacum gracile Plantes EN Oui NA Grangeopsis perrieri Plantes EN Oui 11,3% Klackenbergia stricta Plantes EN Oui 13,5% Neostapfiella Plantes EN Oui 24,5% chloridiantha Nymphoides elegans Plantes EN Oui NA Pycreus compressiformis Plantes EN Oui 18,6% Schoenoplectiella perrieri Plantes CR Oui Oui 100% Rivière Nosivolo Gogo ornatus Poissons EN Oui NA Adoptée et ses affluents Katria katria Poissons EN Oui NA (Site Ramsar) Rheocles lateralis Poissons CR Oui Oui 100% Oui Dicoryphe angustifolia Plantes EN Oui 59,6% Diospyros anosivolensis Plantes CR Oui Oui 100% Diospyros Plantes EN Oui 14% dicorypheoides Hydrostachys laciniata Plantes VU Oui NA Hydrostachys Plantes VU Oui NA verruculosa Tolagnaro Aethiothemis modesta Odonata EN Oui NA Nouvelle Aponogeton capuronii Plantes EN Oui 22,1% ZCB Xyris baronii Plantes VU Oui 16,3% Acisoma ascalaphoides Odonata EN Oui NA Sources d’eau de Astacoides crosnieri Ecrevisses VU Oui 17,2% Nouvelle Faraony Bedotia tricolor Poissons CR Oui 100% ZCB Hydrostachys perrieri Plantes CR Oui 100%

118 Annexe 9.1 suite. Espèces qualifiantes de ZCB. Catégorie de Critère Critère Critère Critère Critère Critère Nouvelle/ Nom de ZCB Espèces qualifiantes Groupe la Liste Rouge A1a A1b A1e (AZE) B1 D1a D2 Adoptée Parc National Lanistes grasseti Mollusques VU Oui NA Adoptée d’Isalo Thelethylax isalensis Plantes CR Oui 100% Manambato Sud Kuhlia sauvagii Poissons VU Oui Nouvelle Aethiothemis modesta Odonata EN Oui 17,6% ZCB Aponogeton capuronii Plantes EN Oui 43,3% Benthamia calceolata Plantes EN Oui 17,1% Dypsis aquatilis Plantes CR Oui Oui 100% Xyris baronii Plantes VU Oui 32% Delta de Paratilapia polleni Poissons VU Oui Nouvelle Mahavavy Ptychochromis Poissons EN Oui ZCB oligacanthus Teramulus waterloti Poissons EN Oui Madagasikara Mollusques EN Oui 15,2% madagascarensis Paretroplus damii Poissons VU Oui 12,9% Trachypteris drakeana Plantes VU Oui Lacs Ikopa Paretroplus kieneri Poissons VU Oui Oui Nouvelle Paretroplus maculatus Poissons CR Oui 29,1% Oui ZCB Grangea Plantes EN Oui madagascariensis Ankofia Arius uncinatus Poissons CR Oui Oui 100% Oui Nouvelle inférieure Pachypanchax Poissons EN Oui 15% Oui ZCB sparksorum Paretroplus maromandia Poissons EN Oui Oui Ptychochromis inornatus Poissons EN Oui Oui Teramulus waterloti Poissons EN Oui Andasibe Astacoides betsileoensis Ecrevisses VU Oui 11,2% Nouvelle Astacoides caldwelli Ecrevisses VU Oui NA ZCB Bedotia leucopteron Poissons EN Oui NA Madagasikara vazimba Mollusques EN Oui 100% Helichrysum flagellare Plantes VU Oui 10% Zygophlebia subpinnata Plantes NA 21,3% Antsiranana Boreathelphusa uglowi Crabes EN Oui 81,7% Nouvelle Foza ambohitra Crabes NA 61,3% ZCB Foza manonae Crabes NA Oui 99,9% Madagapotamon Crabes NA 57,5% humberti Skelosophusa eumeces Crabes NA 34,6% Skelosophusa gollardi Crabes NA 83,6% Skelosophusa prolixa Crabes NA 75,2% Glossogobius Poissons NA 49,8% ankaranensis Pachypanchax sakaramyi Poissons EN Oui 78% Eupera degorteri Mollusques EN Oui 23,5% Madagasikara Mollusques EN Oui 72,2% madagascarensis Aponogeton ulvaceus Plantes NA 25,7% Aponogeton viridis Plantes EN Oui 75,8% Ixora ripicola Plantes NA 26,1% Pneumatopteris Plantes VU Oui 52,1% humbertii Trachypteris drakeana Plantes VU Oui 40%

119 Annexe 9.1 suite. Espèces qualifiantes de ZCB.

Catégorie de Critère Critère Critère Critère Critère Critère Nouvelle/ Nom de ZCB Espèces qualifiantes Groupe la Liste Rouge A1a A1b A1e (AZE) B1 D1a D2 Adoptée Bassin versant Paretroplus lamenabe Poissons EN Oui NA Nouvelle du lac Tseny Sauvagella robusta Poissons EN Oui NA ZCB Hydrostachys maxima Plantes VU Oui NA Arius festinus Poissons CR Oui 100% Paretroplus Poissons CR Oui 100% menarambo Rivière Anove Bedotia longianalis Poissons EN Oui NA Nouvelle inférieure Aponogeton eggersii Plantes EN Oui 23% ZCB Fleuve Mahajilo Ptychochromoides itasy Poissons CR Oui 16,1% Rivière Bedotia albomarginata Poissons EN Oui 19,6% Nouvelle supérieure de Ptychochromoides Poissons EN Oui 13,8% ZCB Mananara vondrozo Bassin versant de Paretroplus damii Poissons VU Oui 10,6% Nouvelle Manongarivo Paretroplus maromandia Poissons EN Oui NA ZCB Ptychochromis inornatus Poissons EN Oui NA Aponogeton Plantes EN Oui 34,3% longiplumulosus Endocaulos mangorense Plantes EN Oui 12,9% Ixora sambiranensis Plantes EN Oui 17,9% Nymphoides bosseri Plantes EN Oui NA Pneumatopteris Plantes VU Oui NA humbertii Parc National de Marojejy longimerus Crabes NA 11,7% Adoptée Marojejy Bedotia marojejy Poissons EN Oui 13,4% Deparia marojejyensis Plantes VU Oui 11,7% Pneumatopteris Plantes VU Oui NA humbertii Parc National de Typhleotris pauliani Poissons CR Oui 80,1% Adoptée Mikea Pluchea grevei Plantes NA 29,3% Groupe de l’île de Boreathelphusa uglowi Crabes EN Oui NA Nouvelle Nosy Be Paratilapia polleni Poissons VU Oui NA ZCB Pachypanchax Poissons EN Oui NA omalonotus Ptychochromis Poissons EN Oui NA oligacanthus Madagasikara Mollusques EN Oui NA madagascarensis Partie sud du Rheocles vatosoa Poissons EN Oui 15,6% Nouvelle cours supérieur ZCB de la rivière Lokoho Rivière Astacoides caldwelli Ecrevisses VU Oui NA Nouvelle supérieure de Africanogyrus Mollusques EN Oui NA ZCB Kitsamby starmuehlneri Hydrostachys fimbriata Plantes EN Oui NA Rorippa millefolia Plantes EN Oui NA Lac Kinkony Paretroplus dambabe Poissons CR Oui 100% Oui Adoptée (Site Ramsar)

120 Annexe 9.2 « Site Champions » – Madagascar.

Nom de ZCB « Site Champions » Parc National de Marojejy Autorité du Parc National de Marorejy Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM) Rivière Nosivolo et ses affluents (Site Ramsar) Durrell Wildlife Conservation Trust Madagascar Programme Direction Régionale de l’Environnement et des Forêts (DREF) de la région Antsinanana et les Cantonnements de l’Environnement, des Eaux et Forêts du District de Marolambo et de Mahanoro (Management Authority) Point Focal National Ramsar Parc National d’ Isalo Autorité du Parc National d’Isalo Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM) Parc National de Mikea Autorité du Parc National de Mikeay Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM) ASITY – Ligue Malgache pour la protection des oiseaux Blueventures Sources d’eau de Faraony Conservation International Andasibe Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM) Point Focal National Ramsar Conservation International Groupe d’étude et de recherche sur les primates de Madagascar (GERP) Ambatovy (Compagnie minière Nikel) Association Mitsinjo Antsiranana Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM) Conservation International Missouri Botanical Garden MBP – Madagascar Biodiversity Partnership Rivière Bavara Université de Soavinandriana SAHA (ONG locale) APPA (élevage en captivité) Bassin versant d’Ikopa inférieure BirdLife International Lac Kinkony BirdLife International Bassin versant du lac Tseny Association Bongolava Maintso – travaillant à proximité sur ZCB Bongolava Kew Gardens intéressé par Bongolava Madagasikara voakajy (MAVOA) – travaillant au Lac Tseny; APPA – spécialistes de l’élevage de poissons, élevage ex-situ de poissons du lac Bassin versant d’Amboanmboa Madagascar Voakajy (Local NGO) Ankofia inférieure Wildlife Conservation Socierty (WCS) RBG Kew Lower Anove River Madagascar National Parks GRET (ONG française travaillant sur la gestion au niveau du village – en particulier l’utilisation des ressources en eau) Zone côtière de Mahajanga Komanga Biopage Delta de Mahavavy WWF BirdLife International Bassin versant de Manongarivo Parcs nationaux pour la partie nord de la ZCB Gestion du PN Sahamalaza dans le Sud-Ouest Groupe de l’île de Nosy Be L’Homme et environnement (MATE) AVOTRA TSARARIVOTRA Manambato Sud ASITY QMM Partie sud du cours supérieur de la rivière Local villages Lokoho Autorité du PN de Marojejy APPA – ONG – aquaculture WWF – Bureau à Andapa Tolagnaro QMM; ASITY Rivière supérieure de Kitsamby Université de Soavinandriana – Institut de Technologie; Gestion du village Rivière supérieure de Mananara Conservation International Ponit focal national de Ramsar

121 Annexe 9.3 Résumé des critères et seuils de la ZCB (UICN 2016).

% étendue/population A. Biodiversité menacée Élément de biodiversité sur le site mondiale RU1 A1 : Espèces menacées (a) espèces CR ou EN ≥0.5% ≥5 (b) espèces VU ≥1% ≥1%

(c) espèces CR ou EN menacées uniquement en raison de la ≥0.1% ≥5 réduction de la population dans le passé ou dans le présent d) espèces VU menacées uniquement en raison de la réduction ≥0.2% ≥10 de la population dans le passé ou dans le présent (e) espèces CR ou EN Totalité de la population mondiale A2 : Types d’écosystèmes menacés (a) type d’écosystème CR ou EN ≥5%

(b) type d’écosystème VU ≥10%

B. Biodiversité % étendue/population géographiquement restreinte Élément de biodiversité sur le site mondiale RU B1 : Espèces individuelles Toutes les espèces ≥10% ≥10 géographiquement restreintes B2 : Espèces concomitantes Espèces à distribution restreinte : ≥2 espèces OU 0.02% ≥1% géographiquement restreintes du nombre total d’espèces dans un groupe taxonomique, le nombre le plus élevé étant à retenir B3 : Assemblages (a) ≥5 espèces restreintes au niveau de l’écorégion2 OU ≥0.5% géographiquement restreints 10% des espèces restreintes à l’écorégion, à

(b) ≥5 espèces restreintes au niveau de la biorégion2 OU 30% des espèces connues restreintes à la biorégion au niveau national, selon le nombre le plus grand (c) Partie des 5% les plus importants de l’habitat occupé au niveau mondial de chacune des ≥5 espèces dans un groupe taxonomique B4 : Types d’écosystèmes Tous les types d’écosystèmes ≥20% géographiquement restreints

C. Intégrité écologique Élément de biodiversité sur le site Communautés écologiques entièrement intactes ≤2 sites par écorégion

% étendue / population

D. Processus biologiques Élément de biodiversité sur le site mondiale D1 : Agrégations démographiques (a) Agrégation des espèces au cours d’une ou de plusieurs ≥1% étapes clés de leur cycle de vie

(b) Parmi les 10 plus grandes agrégations connues pour l’espèce

D2 : Refuges écologiques Agrégations d’espèces durant des périodes de stress ≥10% environnemental passées, actuelles ou futures

D3 : Sources de recrutement Propagules, larves ou juvéniles en maintenant une forte ≥10%3 proportion de la population mondiale

E. Irremplaçabilité par le biais d’analyses quantitatives Élément de biodiversité sur le site Score irremp. RU Site à forte irremplaçabilité mesurée par le biais d’une analyse ≥0.90 sur une échelle ≥10 (ou ≥5 spatiale quantitative 0–1 pour des espèces EN/ CR)

1RU=unités reproductrices; 2dans un groupe taxonomique; 3fait référence à la population mondiale plutôt qu’aux individus immatures produits.

122 Chapitre 10 Un réseau de sites critiques pour la biodiversité d’eau douce à Madagascar

Catherine Sayer1, William Darwall1

10.1 Introduction...... 123 10.1.1 Planification systématique de la conservation...... 123 10.2 Méthodes...... 124 10.2.1 Marxan...... 124 10.2.2 Caractéristiques de conservation...... 124 10.2.3 Unités de planification...... 124 10.2.4 Connectivité...... 125 10.2.5 Verrouillage dans les unités de gestion existantes...... 125 10.2.6 Caractéristiques de conservation par rapport aux unités de planification...... 126 10.2.7 Objectifs de conservation...... 126 10.2.8 Mise en place de Marxan...... 126 10.3 Résultats...... 130 10.3.1 Résumé des scénarios exécutés...... 130 10.3.2 Scénario C – Réseau optimal compte tenu de l’utilisation actuelle des terres et de la gestion potentielle...... 130 10.4 Mises en garde...... 132 10.5 Conclusions...... 136 10.6 Références...... 136

10.1 Introduction importance commerciale, étant désignées comme réserves indépendamment de leur valeur de biodiversité. Cela a 10.1.1 Planification systématique de la souvent conduit à des réserves qui ne répondaient pas aux conservation objectifs énoncés ci-dessus (Hermoso et al., 2011) et une planification systématique de la conservation a été élaborée Étant donné que la conservation entre normalement en en réponse (Margules & Pressey, 2000). concurrence avec d’autres intérêts humains (Margules et al., 2002) et que les fonds pour la conservation sont limités, il La planification systématique de la conservation vise à n’est pas possible de conserver toutes les zones qui identifier un réseau optimal de zones dans lesquelles des contribuent à la biodiversité. La priorisation spatiale peut être objectifs explicites sont atteints, en tenant compte du coût utilisée pour identifier les zones où il est préférable d’allouer d’inclusion des zones et d’autres aspects de la conception ces ressources limitées afin de bénéficier des meilleures des réserves (par exemple, taille des réserves individuelles, avantages pour la conservation (Knight et al., 2007), par fragmentation). Les méthodes systématiques de planification exemple par la désignation de réserves. Les deux objectifs de la conservation utilisent généralement des algorithmes de la conception de réserve sont: i) Représentativité – la basés sur la complémentarité, où la complémentarité est représentation adéquate des caractéristiques de l’augmentation de la représentativité du réseau lorsqu’une conservation cibles (par exemple les espèces, les types nouvelle zone est ajoutée (Possingham et al., 2000). Il a été d’habitat) et; ii) Persistance – la survie à long terme de ces démontré que cette approche aboutit à des réseaux qui sont caractéristiques de conservation par le maintien de plus efficaces en termes de coût et de représentation des processus naturels et de populations viables, et l’exclusion caractéristiques de conservation que les méthodes ou la gestion des menaces (Margules et Pressey, 2000). alternatives, telles que les stratégies ad hoc, de notation ou Historiquement, la sélection des zones de réserves n’était de classement (Margules et al., 2002; Pressey & Nicholls, pas systématique, souvent avec des zones éloignées ou 1989; Pressey & Tully, 1994). improductives, et donc non considérées comme ayant une

1 Freshwater Biodiversity Unit, IUCN Global Species Programme, The David Attenborough Building, Pembroke Street, Cambridge CB2 3QZ, UK. Email: [email protected] / [email protected]

123 Bien que la planification systématique de la conservation Où BLM = Boundary Length Modifier = modificateur de ait été largement utilisée dans le domaine terrestre, elle longueur de limite n’est apparue que plus récemment dans les systèmes d’eau SPF = Species Penalty Factor = FPS = facteur de pénalité par douce, avec quelques modifications pour tenir compte l’espèce des caractéristiques uniques de ces systèmes (Beger et al., 2010; Hermoso et al., 2011). Nous avons utilisé un Pour cette analyse, nous avons adapté la fonction objective logiciel systématique de planification de la conservation pour qu’elle soit plus appropriée à l’utilisation dans les pour identifier les réseaux de sites à Madagascar pour la systèmes d’eau douce (équation 2). Les paramètres relatifs à conservation de la biodiversité d’eau douce menacée, en la longueur des limites du réseau ont été remplacés par ceux utilisant comme base les zones clés pour la biodiversité relatifs à la connectivité hydrologique du réseau. De plus, (ZCB) nouvellement délimitées, les ZCB existantes et nous n’avons pas appliqué de coût de seuil de pénalité. les aires protégées. Nous mettons en évidence les sites en dehors du réseau actuel et fournissons des détails fonction objective sur les sites sur lesquels construire des stratégies de coûts des unités pénalité de gestion au niveau du site, comme base scientifique pour le = Σ + CSM Σ Unité de de planification Unité de connectivité développement et l’expansion du réseau existant. planification planification

+ Σ (SPF × pénalité de représentation) 10.2 Méthodes Espèces

10.2.1 Marxan Équation 2 Équation de fonction objective de Marxan utilisée dans cette analyse. Nous avons utilisé le logiciel de planification de la conservation Marxan (Ball et al., 2009) pour identifier les Où CSM = modificateur de force de connectivité réseaux qui répondent à différents objectifs de conservation SPF = Species Penalty Factor = FPS = facteur de pénalité de la biodiversité d’eau douce. Marxan utilise un recuit simulé par l’espèce (un algorithme heuristique) pour identifier un réseau de sites quasi-optimal qui répond aux objectifs de biodiversité définis par l’utilisateur au moindre coût. Marxan compare 10.2.2 Caractéristiques de conservation les réseaux potentiels de sites utilisant la fonction objective, avec une valeur de fonction objective plus faible indiquant un Les caractéristiques de conservation sont les éléments de la meilleur réseau. La fonction générale de l’objectif de Marxan biodiversité qui sont au centre du réseau. Les caractéristiques (équation 1) contient des termes représentant les coûts et de conservation pour cette analyse étaient des espèces d’eau les pénalités. Le premier terme est la somme des coûts de douce menacées (celles évaluées comme étant en danger chaque unité de pré-budgétisation (site) dans le réseau. critique d’extinction (CR), en danger (EN) ou vulnérables (VU)) Le second terme est la somme des longueurs limites de avec des données spatiales dans nos groupes taxonomiques chaque unité de planification, multipliée par un modificateur prioritaires : crabes d’eau douce, écrevisses, poissons, à travers lequel le degré de fragmentation du réseau peut mollusques, Odonata, plantes et crevettes. L’étude des être contrôlé. Le troisième terme est la pénalité appliquée catégories de la Liste Rouge de l’espèce dans ces groupes si les entités de conservation ne sont pas représentées à taxonomiques a révélé qu’aucune espèce de crevette d’eau leurs niveaux cibles. Le terme final pénalise le réseau s’il douce n’était classée comme espèce menacée et, par dépasse un seuil de coût. Les premier et troisième termes conséquent, les crevettes d’eau douce ont été exclues de sont obligatoires, tandis que les deuxième et quatrième sont l’analyse. Il restait 207 espèces à inclure comme éléments de facultatifs (Game & Grantham, 2008). conservation : un crabe, quatre écrevisses, 46 poissons, 12 mollusques, trois odonates et 141 plantes (mais voir la section fonction objective Caractéristiques de conservation par rapport aux unités de planification ci-dessous). = Σ coûts des unités + BLM Σ longueur des Unité de de planification Unité de limites planification planification 10.2.3 Unités de planification

+ (SPF × pénalité de représentation) + coût de seuil Type Σ de pénalité Caractéristiques Nous avons divisé Madagascar en 981 unités de planification, de conservation qui représentent des sites potentiels à partir desquels former Équation 1 Équation de la fonction de l’objectif de Marxan. un réseau, en utilisant des HydroBASINS de niveau 8.

124 HydroBASINS est un ensemble de données globales de coût B = superficie de l’unité de planification (km²) bassins versants imbriqués hiérarchiquement, avec des * score relatif de l’indice d’influence humaine (HII) attributs qui permettent d’identifier les bassins versants hydrologiquement connectés en amont et en aval (Lehner & Équation 4 Équation pour le coût des unités de planification Grill, 2013). Chaque niveau 8 HydroBASIN (sous-bassin selon la méthode B. versant) représente une unité de planification. Les HydroBASINS de niveau 8 ont été choisis car il s’agit de la Les deux indices ont été utilisés dans des scénarios distincts résolution par défaut pour la cartographie des distributions afin de comparer les résultats entre un réseau « vierge » (coût d’espèces d’eau douce sur la Liste Rouge de l’UICN, notre A) et ceux dans les conditions actuelles d’utilisation des principale source de données sur les caractéristiques de terres (coût B). conservation. De plus, les HydroBASINS de niveau 8 représentent des unités gérables en termes de superficie 10.2.4 Connectivité moyenne. Nous avons incorporé la connectivité hydrologique dans la Coût priorisation pour tenir compte de la propagation potentielle Lors de l’exécution de Marxan, un coût doit être spécifié des menaces et du mouvement des espèces fluviales pour chaque unité de planification, qui est la valeur ajoutée le long des réseaux fluviaux. Un réseau de sites mieux à la fonction objective lorsque l’unité de planification est connecté facilitera les efforts de gestion pour permettre incluse dans un réseau. Les estimations du coût financier de la libre circulation des espèces entre les sites et réduire la chaque unité de planification n’étaient pas disponibles pour propagation des menaces dans l’ensemble du système. cette étude. Nous avons plutôt utilisé la superficie et le degré D’après Hermoso et al. (2011) et Linke & Hermoso (2012), d’impact anthropique des unités de planification et nous nous avons inclus la règle de connectivité longitudinale avons élaboré deux indices de coûts comme approximations asymétrique qui applique une pénalité lorsque les unités du coût financier. Le premier indice (coût A) est basé de planification en amont d’une unité de planification uniquement sur la superficie de l’unité de planification sélectionnée ne sont pas incluses dans le réseau. (équation 3), les unités de planification plus importantes ayant une valeur de coût plus élevée (figure 10.1 dans le Tout d’abord, les systèmes fluviaux individuels à Madagascar matériel supplémentaire). L’utilisation du coût A amène et les unités de planification dans lesquelles ces systèmes se Marxan à essayer de trouver un réseau de la plus petite zone trouvent ont été identifiés. Les attributs HydroBASINS ont qui répond à toutes les cibles de conservation. ensuite été utilisés pour calculer la distance entre chaque unité de planification et tous les bassins en amont. La coût A = superficie de l’unité de planification (km²) pénalité de connectivité a ensuite été calculée et pondérée par la distance entre les unités de planification (équation Equation 3 Equation du coût des unités de planification 5). Cette pondération signifie que les unités de planification selon la méthode A. en amont plus proches reçoivent une pénalité plus élevée que les unités de planification en amont éloignées si elles ne Le deuxième indice est basé sur la superficie et le degré sont pas incluses, et signifie que la pénalité n’entraîne pas la d’impact anthropique sur les unités de planification. L’indice sélection de l’ensemble du réseau hydrographique. global d’influence humaine (HII) est un ensemble de données globales de cellules de grille de 1 km, créé à partir de couches 1 de données globales de pression démographique humaine, pénalité de connectivité = distance entre unités de d’utilisation par l’homme des terres, d’infrastructures et planification (km) d’accès humain (Wildlife Conservation Society-WCS et Center For International Earth Science Information Network- Equation 5 Equation pour la pénalité de connectivité. CIESIN-Columbia University, 2005). La valeur moyenne HII a été calculée par unité de planification. 10.2.5 Verrouillage dans les unités de gestion La valeur HII relative à la valeur maximale HII à Madagascar existantes a ensuite été calculée par unité de planification (figure 10.1). Après Linke et Hermoso (2012), cet indice a été utilisé avec Lors de l’utilisation de Marxan, il est possible de verrouiller l’unité de planification pour calculer le deuxième indice des des unités de planification particulières dans ou hors du coûts (coût B ; équation 4, figure 10.2). L’utilisation du coût réseau final, ce qui signifie que les unités de planification B met l’accent sur la recherche d’un réseau ayant un faible sont fixées ou exclues respectivement du réseau final. impact anthropique et une petite superficie. Dans certains scénarios, nous avons choisi de verrouiller

125 des unités de planification représentant différentes En raison du seuil de 50%, bon nombre de plus petites unités combinaisons d’unités de gestion existantes, encore une de gestion existantes (par exemple, les réserves forestières) fois afin de comparer les résultats entre un réseau « d’ardoise n’ont pas d’unités de planification correspondantes (figure vierge » (c’est-à-dire sans unités de planification), un réseau 10.3). Toutefois, ce seuil a été jugé le meilleur compromis comprenant des zones actuellement identifiées comme entre l’inclusion des unités de gestion existantes et l’absence importantes pour la biodiversité d’eau douce (« ZCB d’eau de verrouillage des unités de planification dont seule une douce ») et un réseau comprenant des zones actuellement petite partie était couverte par les unités de gestion. identifiées comme importantes pour d’autres types de biodiversité (c’est-à-dire verrouillées dans des ZCB et des AP 10.2.6 Caractéristiques de conservation par existants). Cela nous a également permis d’identifier toutes rapport aux unités de planification les unités de planification supplémentaires nécessaires pour atteindre les objectifs. Ces unités de planification Nous avons utilisé les données spatiales produites dans supplémentaires représentent des lacunes dans le réseau le cadre du processus d’évaluation de la Liste Rouge (voir actuel pour la conservation de la biodiversité d’eau douce les chapitres 3 à 8) pour cartographier les distributions menacée. Comme discuté plus haut, les HydroBASINS de d’espèces d’eau douce aux unités de planification. Les niveau 8 (sous-bassins) ont été utilisés comme unités de données spatiales codées comme Présence 5 (Éteinte) planification dans cette analyse. Cependant, en général, ou Présence 4 (Éventuellement Éteinte) ont été exclues de les ZCB et les AP ne sont pas délimités aux HydroBASINS l’analyse, et seules l’Origine 1 (Autochtone) ou l’Origine 2 et, par conséquent, nous avons dû choisir des unités (Réintroduction) ont été incluses dans l’analyse. Il restait de planification qui représentent ces unités de gestion 205 espèces à inclure comme éléments de conservation : un lorsqu’il n’y a pas de correspondance un à un. Il est à noter crabe, quatre écrevisses, 45 poissons, 11 mollusques, trois que les ZCB d’eau douce sont délimitées en fonction des odonates et 141 plantes (Annexe 1). hydroBASINS, mais généralement à une résolution plus élevée (p. ex. niveau 10 ou niveau 12 HydroBASINS) afin de Toutes les unités de planification où l’on trouve des espèces concentrer les mesures sur les priorités basées sur le site. ont reçu une valeur (abondance) d’une unité pour cette espèce. Il n’a pas été possible d’estimer l’abondance de Nous avons classé une unité de planification comme étant chaque espèce dans chaque unité de planification car les une unité de gestion existante si plus de 50% de la superficie données disponibles (les données spatiales de la Liste de l’unité de planification était couverte par une unité de Rouge de l’UICN) sont essentiellement des classifications de gestion existante. Cette classification a été faite séparément présence /absence. pour: ■ ZCB d’eau douce – 42 unités de planification ont 10.2.7 Objectifs de conservation été sélectionnées couvrant 23 046 km² ou 3,9% de Madagascar (figure 2 dans le Matériel supplémentaire). Nous avons fixé l’objectif de représentation comme étant ■ ZCB existantes – 143 unités de planification ont la présence de chaque espèce d’eau douce menacée dans été sélectionnées couvrant 64 574 km² ou 10,9% de deux unités de planification (dans la mesure du possible, Madagascar. certaines espèces étant endémiques à une seule unité de ■ Un sous-ensemble d’AP (désignations internationales planification). de sites Ramsar, de sites du patrimoine mondial et de réserves de biosphère UNESCO-MAB, et celles des 10.2.8 Mise en place de Marxan catégories I à VI de l’UICN) – 74 unités de planification ont été sélectionnées, couvrant 28 360 km2, soit 4,8% de Paramètres généraux Madagascar. Comme recommandé dans Game & Grantham (2008), nous ■ Tous les t ypes d’unités de gestion ( tous les avons exécuté Marxan en utilisant un recuit simulé suivi d’une types ci-dessus) – 198 unités de planification ont amélioration itérative en deux étapes, avec les principaux été sélectionnées, couvrant 93 690 km2 ou 15,9% de paramètres de l’algorithme définis à leurs valeurs par défaut. Madagascar (figure 10.3). Nous avons exécuté chaque scénario 1 000 fois et utilisé la fréquence de sélection de chaque unité de planification Veuillez noter que ces superficies totales sont calculées à comme mesure de son caractère irremplaçable dans le partir des superficies des unités de planification choisies réseau. Les unités de planification qui ont été sélectionnées pour représenter les unités de gestion, et non les superficies dans plus de 990 séries (plus de 99%) ont été considérées des unités de gestion elles-mêmes (c.-à-d. les superficies comme irremplaçables, car leur inclusion était nécessaire des polygones verts solides de la figure 10.3, par opposition pour que les objectifs soient atteints à un faible coût. à la superficie des polygones verts hachés).

126 Figure 10.1 Valeur de l’indice d’influence humaine moyenne (HII) par unité de planification. Valeur affichée par rapport à la valeur HII moyenne maximale à Madagascar ;

Légende

Valeur de l’indice d’influence humaine (HII) par rapport au maximum HII à Madagascar

127 Figure 10.2 Coût des unités de planification (UP) selon la méthode B. Valeur affichée par rapport au coût unitaire maximum à Madagascar.

Légende

Coût B – UP basé sur la zone UP et l’impact humain (valeur affichée par rapport au coût maximum)

128 Figure 10.3 Tous les types d’unités de gestion (Zones clés pour la biodiversité d’eau douce (ZCB), ZCB existantes et certaines aires protégées (AP) et leurs unités de planification (UGP) correspondantes à Madagascar.

Légende

Unités de planification

ZCB d’eau douce, ZCB et AP existantes (Sous-ensemble)

ZCB d’eau douce, ZCB et AP existantes (Sous-ensemble) (Bloqué dans les unités de planification)

129 Facteur de pénalité des espèces (FPS) c. Le réseau tient compte de l’utilisation actuelle des Le facteur de pénalité des espèces (FPS) influe sur terres et de la gestion potentielle (figure 10.4, figure l’application d’une pénalité élevée au réseau si les objectifs 10.5) – en utilisant le coût B (figure 10.2) avec les unités de conservation ne sont pas atteints. Le SPF a été fixé à la de planification représentant les ZCB d’eau douce, les valeur élevée de 1 000 000 pour s’assurer que les objectifs de ZCB existantes et un sous-ensemble d’AP (figure 10.3). conservation sont toujours atteints. Ce scénario prend en compte la zone et le degré actuel d’impact humain sur chaque unité de planification, Modificateur de force de connectivité (CSM) et les zones identifiées comme importantes pour la Le CSM (Modificateur de force de connectivité) est biodiversité, qui pourraient potentiellement adopter des utilisé pour contrôler la connexion hydrologique du réseau. stratégies de gestion spécifiques à l’eau douce. Pour trouver une valeur efficace pour le CSM, nous avons suivi la méthode utilisée par Stewart et Possingham (2005) Pour chaque scénario, des cartes affichant le réseau optimal pour identifier un modificateur de longueur de limite (BLM) (le parcours conduisant à un réseau de site avec la valeur approprié. Chaque scénario a été exécuté en gardant tous de fonction objective la plus faible) et l’irremplaçabilité des les autres paramètres identiques mais en changeant le CSM unités de planification ont été produites. entre six valeurs (0; 1; 10; 100; 1 000; 10 000). Nous avons ensuite tracé la superficie totale du réseau en fonction de Seul le réseau produit par le scénario C est discuté en la valeur de connectivité pour chaque CSM et nous avons détail dans ce chapitre. Ce scénario est présenté car constaté qu’un CSM de 1 000 était le plus efficace, car c’est c’est la meilleure représentation de la situation actuelle à au moment où la plus grande augmentation de connectivité Madagascar et constitue donc le meilleur point de départ pour la plus petite augmentation de la superficie a été pour le développement et l’expansion du réseau AP. Pour les atteinte. Cette valeur CSM a été ensuite utilisée pour tous les résultats détaillés des scénarios A et B, voir la documentation scénarios. supplémentaire. Les objectifs de représentation des espèces d’eau douce menacées ont été atteints dans tous les scénarios. 10.3 Résultats 10.3.2 Scénario C – Réseau optimal compte 10.3.1 Résumé des scénarios exécutés tenu de l’utilisation actuelle des terres et de la gestion potentielle Nous avons utilisé Marxan pour trouver des réseaux optimaux afin d’atteindre les objectifs fixés pour la Réseau optimal conservation des espèces d’eau douce menacées. Nous Le scénario C tient compte de la répartition des espèces avons utilisé trois ensembles différents de paramètres d’eau douce menacées, du degré actuel d’impact humain d’entrée pour représenter trois scénarios différents dans les unités de planification et de toutes les zones d’utilisation et de gestion des terres : actuellement identifiées comme étant importantes pour la biodiversité. Le réseau résultant est celui que a. Réseau d’ « ardoise vierge » – en utilisant le coût A nous proposerons en supposant que toutes les zones (figure 1 dans les documents supplémentaires) et sans préexistantes actuellement identifiées et gérées pour la unités de planification verrouillées. Ce scénario suppose biodiversité (ZCB et AP) adoptent des stratégies de gestion que Madagascar soit une ébauche en termes d’utilisation ciblées sur la biodiversité d’eau douce, le cas échéant. Ce des terres, à la fois positive et négative, et représente réseau comprend 298 unités de planification couvrant 169 le réseau d’unités de planification avec la plus petite 190 km² ou 28,6% de la superficie de Madagascar (figure superficie totale qui représente encore l’espèce à ses 10.4, tableau 10.1). niveaux cibles. L’annexe 2 fournit les détails de chaque unité de planification b. Réseau envisageant l’utilisation et la gestion des requise dans le réseau optimal du scénario C, y compris les terres – en utilisant le coût B (figure 10.2) avec les unités espèces d’eau douce menacées présentes dans chaque de planification représentant les ZCB d’eau douce (figure unité de planification, ainsi que la zone de l’unité de 2 dans le Matériel supplémentaire) enfermé. Ce scénario planification et le degré d’impact humain(la valeur moyenne tient compte de la zone et du degré actuel d’impact de l’indice d’influence humaine (HII) dans l’unité de humain pour chaque unité de planification, ainsi que planification par rapport à la valeur maximale moyenne de des zones identifiées comme étant importantes pour la l’HII pour une unité de planification à Madagascar). biodiversité en eau douce.

130 Tableau 10.1 Tableau récapitulatif des réseaux optimaux pour les scénarios A (réseau « liste blanche » pour la conservation des espèces d’eau douce menacées) ; B (réseau de conservation des espèces d’eau douce menacées en tenant compte de l’utilisation actuelle et de la gestion des terres) ; et C (réseau de conservation des espèces d’eau douce menacées en tenant compte de l’utilisation actuelle des terres et de la gestion potentielle). UP = Unité de planification. Valeurs pour le réseau optimal (réseau de site avec la valeur de fonction objective la plus faible) Pourcentage de la Nombre d’espèces d’eau Pourcentage du nombre Type de Verrouillé Nombre Surface superficie totale douce (y compris les espèces total d’espèces d’eau Scénario coût dans UP d’UP totale /km2 de Madagascar non ciblées) douce A A Aucun 121 97 580 16,5% 488 93,0% ZCB d’eau B B 156 110 744 18,7% 489 93,1% douce ZCB d’eau C B douce, ZCB et 298 169 190 28,6% 503 95,8% AP existantes

En plus d’atteindre ou de dépasser les objectifs de (0,48). Les unités de planification ayant de faibles valeurs HII représentation de toutes les espèces d’eau douce menacées, (représentant un faible impact anthropique) prédisaient des le réseau capture également une grande partie du actions protectrices et celles ayant des valeurs HII élevées complément total d’autres espèces de biodiversité d’eau (représentant un impact anthropique élevé) prédisaient les douce. Il comprend des occurrences de 503 espèces d’eau actions réparatrices. Les unités de planification les plus douce, représentant 95,8% du nombre total d’espèces d’eau touchées dans le réseau sont soit côtières, soit proches douce pour lesquelles nous disposons de données spatiales d’Antanananarivo (valeurs relatives moyennes de HII à Madagascar (tableau 10.1). supérieures à 0,70). Les unités de planification les moins touchées dans le réseau se trouvent dans la région de Vingt-deux pour cent (66) des unités de planification Betsiboka à l’Ouest de Madagascar (valeurs relatives incluses dans le réseau ne contiennent aucune espèce moyennes de HII inférieures à 0,13). cible et ces unités de planification sont incluses pour l’une des deux raisons suivantes. Cinquante-deux de ces unités Irremplaçabilité de planification se trouvent dans des unités de gestion Cinquante-quatre unités de planification en dehors du préexistantes (ZCB d’eau douce, ZCB et AP existantes) réseau préexistant d’unités de gestion (ZCB et AP, qui et ont donc dû être incluses sur la base des paramètres étaient bloquées dans chaque cycle) ont été jugées d’entrée. Les 14 autres unités de planification ont été irremplaçables car elles devaient atteindre les objectifs incluses en raison de leur proximité en amont d’autres unités dans plus de 99% des cas (figure 10.5). Quarante-cinq de planification déjà incluses dans le réseau, soit comme des espèces cibles sont limitées à une seule unité de sites verrouillés dans des sites préexistants d’importance planification et 13 ne sont connues que pour deux unités de biologique, soit comme sites où se trouvent des espèces planification. Comme l’objectif de représentation fixé était la menacées. Ces sites doivent être inclus dans le réseau parce présence de chaque espèce dans au moins deux unités de que les activités qui s’y trouvent peuvent avoir une grande planification (dans la mesure du possible), certaines des 54 influence sur les unités de planification en aval à proximité unités de planification irremplaçables ont été considérées qui contiennent des espèces cibles. comme telles parce qu’elles devaient être incluses pour que le réseau atteigne les objectifs de représentation pour En moyenne, les unités de planification sélectionnées ont ces 58 espèces restreintes (celles qui ne sont présentes une valeur relative HII de 0,47, ce qui est comparable à la que dans une ou deux unités de planification). Exemples : valeur relative moyenne HII pour l’ensemble de Madagascar l’unité de planification 114 (annexe 2) couvrant la partie (0,46) et pour le réseau des unités de gestion (ZCB et AP) supérieure du fleuve Mahavavy dans le Centre-Ouest de

Tableau 10.2 Types d’unités de planification (UP) dans le réseau optimal du scénario C (réseau de conservation des espèces d’eau douce menacées en tenant compte de l’utilisation actuelle des terres et de la gestion potentielle). Surface totale / Pourcentage de la superficie totale UP Type dans le réseau optimal pour le scénario C Nombre d’UP km2 de Madagascar Unités de gestion existantes (ZCB et AP existantes) 178 79 513 13,5% Nouvelles unités de gestion (nouvelles ZCB d’eau douce qui 20 14 177 2,4% n’adoptent pas les limites des unités de gestion existantes) Lacune dans le réseau actuel (PU en dehors du réseau ZCB et AP) 100 75 500 12,8% Total 298 169 190 28,6%

131 Madagascar, qui est le seul site connu pour le mollusque de ces sites pour la biodiversité d’eau douce soit prise en Madagasikara zazavavindrano ; l’ unité de planification 132 compte sur le terrain. (annexe 2) couvrant le Plateau d’Ankara également dans le centre ouest de Madagascar, qui est le seul site connu pour Les 100 unités de planification restantes (d’une superficie la plante Ammannia alternifolia; et les unités de planification combinée de 75 500 km2) se situent à l’extérieur des réseaux voisines 268 et 275 (annexe 2) couvrant Andringitra qui sont ZCB (eau douce existante et nouvelle) et PA (figure 10.6, les deux sites où se trouve la plante Orthosiphon discolor. tableau 10.2), et ces sites représentent les lacunes les D’autres unités de planification ont été considérées comme plus importantes en ce qui concerne la conservation des irremplaçables en raison du grand nombre d’espèces d’eau espèces d’eau douce menacées, dans le réseau actuel de douce menacées qui s’y trouvent. Par exemple, les unités sites. Nous conseillons que ce réseau de sites lacunaires de planification 82 et 136 (annexe 2) au Sud-Ouest et au sert de base scientifique au développement et à l’expansion Sud d’Antanananarivo contiennent respectivement 26 et du réseau ZCB et AP existant afin de garantir une meilleure 21 espèces cibles. Une unité de planification irremplaçable représentation et protection de la biodiversité d’eau douce. ne contient aucune espèce cible: l’unité de planification L’information fournie à l’annexe 2 devrait être utilisée par les 154 (annexe 2), à l’Ouest de Mandritsara au Nord-Est de gestionnaires de site pour guider les mesures de gestion Madagascar. Il s’agit d’une petite unité de planification appropriées. (21,5 km2) d’impact humain moyen (HII moyen de 0,43) et en amont de cinq unités de planification du fleuve Mananara L’annexe 2 fournit des détails sur chaque unité de (au Nord-Est de Madagascar), également présentes dans planification trouvée dans le réseau optimal du scénario C, le réseau optimal. Le faible coût de l’inclusion de cette unité y compris les espèces d’eau douce menacées présentes de planification dans le réseau est inférieur à la pénalité de dans chaque unité de planification, la superficie de chaque connectivité appliquée si elle n’est pas incluse. Il est donc unité de planification et le degré d’impact humain (la valeur inclus dans le réseau en raison de sa connectivité à d’autres moyenne de l’indice d’influence humaine (HII) dans l’unité unités de planification du réseau. Cette unité de planification de planification par rapport à la valeur moyenne maximale devrait être gérée de manière à faciliter le déplacement HII pour une unité de planification à Madagascar). Il convient des espèces vers les cinq unités de planification en aval du de noter que les listes d’espèces présentées ne constituent réseau et à minimiser la propagation des menaces sur ces pas des inventaires complets des espèces d’eau douce pour sites. les sites et n’incluent que des espèces cibles considérées dans les analyses Marxan (espèces d’eau douce menacées Lacunes dans le réseau actuel dans les groupes taxonomiques focaux de cette étude, voir Les unités de planification incluses dans le réseau optimal chapitres 3–8). La zone et le degré d’impact humain dans de sites du scénario C peuvent être divisées en types en l’unité de planification peuvent être utilisés pour guider le fonction de leur niveau actuel de reconnaissance et de leur type de mesures de gestion qui sont appropriées dans ce degré de gestion, en ce qui concerne leur représentation: site – les unités de planification ayant des degrés élevés les unités de gestion existantes (ZCB et AP existantes); de d’impact humain exigeraient des mesures de restauration, nouvelles unités de gestion (nouvelles ZCB d’eau douce qui tandis que celles à faible impact humain nécessiteraient des n’adoptent pas les limites des unités de gestion existantes); mesures de protection et de conservation. Pour les actions ou des lacunes dans le réseau actuel (unités de planification de conservation recommandées au niveau de l’espèce, en dehors du réseau ZCB et AP) (figure 10.6, tableau 10.2). veuillez consulter les évaluations publiées de la Liste Rouge de l’UICN, disponibles en ligne sur www.iucnredlist.org. Il Cent soixante-dix-huit unités de planification d’une convient de noter que les limites de ces unités de planification superficie combinée de 79 513 km² se situent déjà dans les sont entièrement définies par HydroBASINS et peuvent limites des ZCB et des AP préexistantes (figure 10.6, tableau devoir être affinées après consultation avec les parties 10.2). La présence et l’importance de toute espèce d’eau prenantes concernées. En tant que tel, nous ne présentons douce connue dans ces sites devraient maintenant être que les unités de planification sans recommandations communiquées aux gestionnaires des sites, et des stratégies actuelles pour la modification des limites. de gestion visant la biodiversité d’eau douce devraient être élaborées et mises en œuvre. 10.4 Mises en garde Vingt unités de planification (d’une superficie de 14 177 km²) dans ce réseau sont des ZCB d’eau douce nouvellement Dans cette analyse, les espèces ont été considérées comme délimitées qui n’adoptent pas les limites des unités de étant également abondantes dans toutes les unités de gestion existantes (figure 10.6, tableau 10.2). Ce sont de planification où l’on a indiqué qu’elles étaient présentes, nouvelles unités de gestion et il est important que la gestion bien qu’il s’agisse probablement d’une hypothèse incorrecte

132 Figure 10.4 Réseau optimal (meilleur scénario) du scénario C (réseau pour la conservation des espèces d’eau douce menacées en tenant compte de l’utilisation actuelle et de la gestion potentielle) superposé aux unités de planification verrouillées représentant tous les types d’unités de gestion préexistantes (Zones clés pour la biodiversité d’eau douce) (ZCB), ZCB existantes et certaines aires protégées (AP)).

Légende Meilleur scénario

Unités de planification

ZCB d’eau douce, ZCB et AP existantes (Sous-ensemble) (Bloqué dans les unités de planification)

133 Figure 10.5 Fréquence de sélection des unités de planification (UP) dans le scénario C (réseau de conservation des espèces d’eau douce menacées en tenant compte de l’utilisation actuelle des terres et de la gestion potentielle) choisi par Marxan dans 1 000 passages. Les PU sélectionnés dans plus de 990 passages (99%) sont considérés comme irremplaçables dans le réseau, étant obligés de respecter les objectifs fixés dans la plupart des cas. Les unités de planification verrouillées (UP) représentant tous les types d’unités de gestion (Zones clés pour la biodiversité d’eau douce (ZCB), ZCB existantes et certaines zones protégées (AP)) sont superposées. Légende

Unités de planification

ZCB d’eau douce, ZCB et AP existantes (Sous-ensemble) (Bloqué dans les unités de planification)

Fréquence de sélection en 1000 scénarios

134 Figure 10.6 Types d’unités de planification (UP) dans le réseau optimal du scénario C (réseau de conservation des espèces d’eau douce menacées en tenant compte de l’utilisation actuelle des terres et de la gestion potentielle). Les écarts dans le réseau actuel sont surlignés en rouge.

Légende

Unités de planification

Unités de gestion existantes (ZCB et AP existantes)

Nouvelles unités de gestion (nouvelles ZCB d’eau douce)

Lacune dans le réseau actuel

135 fondée sur la relation espèce-zone. Cette hypothèse a été Hermoso, V., Linke, S., Prenda, J. and Possingham, H.P. 2011. suivie parce que les données spatiales de la Liste Rouge Addressing longitudinal connectivity in the systematic de l’UICN utilisées pour déterminer si des espèces étaient conservation planning of fresh waters: Connectivity in présentes dans les unités de planification n’indiquent que freshwater conservation planning. Freshw. Biol. 56: 57–70. la présence et non l’abondance à laquelle l’espèce est https://doi.org/10.1111/j.1365-2427.2009.02390.x présente. Les données sur l’abondance de la population Knight, A.T., Smith, R.J., Cowling, R.M., Desmet, P.G., Faith, manquent pour la majorité des espèces d’eau douce et D.P., Ferrier, S., Gelderblom, C.M., Grantham, H., Lombard, il s’agit d’un domaine qui nécessite des recherches plus A.T., Maze, K., Nel, J.L., Parrish, J.D., Pence, G.Q.K., approfondies, et pas seulement à Madagascar. Possingham, H.P., Reyers, B., Rouget, M., Roux, D. and Wilson, K.A. 2007. Improving the Key Biodiversity Areas Approach for Effective Conservation Planning. BioScience 10.5 Conclusions 57: 256. https://doi.org/10.1641/B570309 Lehner, B. and Grill, G. 2013. Global river hydrography and A travers cette analyse, nous avons identifié un réseau de network routing: baseline data and new approaches to sites pour la conservation de la biodiversité d’eau douce study the world’s large river systems. Hydrol. Process. 27: menacée à Madagascar, en s’appuyant sur le réseau ZCB 2171–2186. https://doi.org/10.1002/hyp.9740 et AP existant. Nous avons identifié 100 sites représentant Linke, S. and Hermoso, V. 2012. Preliminary results of a des lacunes dans le réseau actuel et fourni des résumés des freshwater biodiversity Marxan analysis for the Democratic espèces d’eau douce menacées, ainsi que la zone et le degré Republic of Congo (Technical Report), Program to d’impact humain des unités de planification, sur lesquels des Reinforce the Protected Area Network (PARAP). ICCN recommandations générales de gestion peuvent être faites. and WWF. Nous espérons que ce réseau et ces recommandations Margules, C.R. and Pressey, R.L. 2000. Systematic serviront de base au développement et à l’expansion du conservation planning. Nature 405: 243–253. https://doi. réseau existant afin de mieux représenter la biodiversité org/10.1038/35012251 d’eau douce. Margules, C.R., Pressey, R.L. and Williams, P.H. 2002. Representing biodiversity: Data and procedures for identifying priority areas for conservation. J. Biosci. 27: 10.6 Références 309–326. https://doi.org/10.1007/BF02704962 Possingham, H., Ball, I. and Andelman, S. 2000. Mathematical Ball, I.R., Possingham, H.P. and Watts, M., 2009. Marxan and Methods for Identifying Representative Reserve Networks, relatives: Software for spatial conservation prioritisation. In: Ferson, S., Burgman, M. (eds.). Quantitative Methods for In: Moilanen, A., K.A. Wilson, and H.P. Possingham (eds.). Conservation Biology. Springer New York, New York, NY, Spatial Conservation Prioritisation: Quantitative Methods pp. 291–306. https://doi.org/10.1007/0-387-22648-6_17 and Computational Tools. Oxford University Press, Oxford, Pressey, R.L. and Nicholls, A.O., 1989. Efficiency in conservation UK. pp 185–195. evaluation: Scoring versus iterative approaches. Biol. Beger, M., Linke, S., Watts, M., Game, E., Treml, E., Ball, I. Conserv. 50: 199–218. https://doi.org/10.1016/0006- and Possingham, H.P. 2010. Incorporating asymmetric 3207(89)90010-4 connectivity into spatial decision making for conservation: Pressey, R.L. and Tully, S.L. 1994. The cost of ad hoc reservation: Asymmetric connectivity in conservation planning. A case study in western New South Wales. Austral Ecol. Conserv. Lett. 3: 359–368. https://doi.org/10.1111/j.1755- 19: 375–384. https://doi.org/10.1111/j.1442-9993.1994. 263X.2010.00123.x tb00503.x Dunn, H. 2003. Can Conservation Assessment Criteria Stewart, R.R. and Possingham, H.P. 2005. Efficiency, costs Developed for Terrestrial Systems be Applied to Riverine and trade-offs in marine reserve system design. Environ. Systems? Aquat. Ecosyst. Health Manag. 6: 81–95. https:// Model. Assess. 10: 203–213. https://doi.org/10.1007/ doi.org/10.1080/14634980301478 s10666-005-9001-y Game, E.T. and Grantham, H.S., 2008. Marxan User Manual: Wildlife Conservation Society-WCS, Center For International For Marxan version 1.8.10. University of Queensland, St Earth Science Information Network-CIESIN-Columbia Lucia, Queensland, Australia, and Pacific Marine Analysis University, 2005. Last of the Wild Project, Version 2, 2005 and Research Association, Vancouver, British Columbia, (LWP-2): Global Human Influence Index (HII) Dataset Canada. (Geographic). https://doi.org/10.7927/H4BP00QC

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STAT

U STATUT ET RÉPARTITION DE LA BIODIVERSITÉ R T ET D’EAU DOUCE À MADAGASCAR ET DANS LE ÉP

ART HOTSPOT DES ÎLES DE L’OCÉAN INDIEN I T

L DE ION Publié sous la direction de Laura Máiz-Tomé, Catherine Sayer et William Darwall A BIO D IV ERS I T É D ’ EA N U D OUC E I DE

E À M ar ar D ADAGAS c ES C DA ET AR ÎL N IN N A N S L E HO DES TS PO ÎL T DES Madagas L’OCÉ et et L’OCÉ DE ES A N IN

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