www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17614 – 7,90 F - 1,20 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI L’Amérique frappée, le monde saisi d’effroi b Les Etats-Unis ont subi, mardi 11 septembre, la pire attaque de leur histoire b Le nombre de victimes dépasse celui de Pearl Harbor b Du World Trade Center au Pentagone, des terroristes défient Washington b « La liberté se défendra », déclare le président Bush Nous sommes

SOMMAIRE tous Américains b Les Etats-Unis attaqués : le mon- DANS CE MOMENT tragique de entier saisi d’effroi, le président où les mots paraissent si pauvres Bush face à un Pearl Harbor terro- pour dire le choc que l’on ressent, riste, le récit d’une journée de ter- la première chose qui vient à l’es- reur en Amérique p. 2-3 prit est celle-ci : nous sommes tous b Panique à Manhattan : les repor- Américains ! tages de nos correspondants, les Nous sommes témoignages de New-Yorkais, tous New-Yor- comment les deux tours se sont kais, aussi sû- effondrées, les entreprises du rement que World Trade Center p. 4-5 John Kennedy b Les autres cibles : au moins se déclarait, 800 morts au Pentagone, le mys- en 1962 à Ber- tère de Pittsburgh, l’angoisse sur la ÉDITORIAL lin, Berlinois. côte Ouest des Etats-Unis p. 6-7 Comment ne pas se sentir en effet, b Les réactions dans le monde : comme dans les moments les plus l’OTAN en alerte, l’Europe solidai- graves de notre histoire, profondé- re, condamnation unanime, inquié- ment solidaires de ce peuple et de ce tude au Proche-Orient, les Améri- pays, les Etats-Unis, dont nous som- cains de Paris sous le choc p.8à10 mes si proches et à qui nous devons b Les marchés : les Bourses améri- la liberté, et donc notre solidarité. caines fermées, les marchés mon- Comment ne pas être en même diaux en chute libre, les valeurs temps aussitôt assaillis par ce cons- refuges en hausse p. 11 tat : le siècle nouveau est avancé. b La nébuleuse terroriste : la piste Ben Laden privilégiée, les précé- J.-M. C. dentes attaques contre les Etats- Unis, Pearl Harbor en 1941 p. 12-13 Lire la suite page 18 b Terrorisme et sécurité : les mesu- S. RAMSON/AP res de prévention, la sécurité aérienne en question, Vigipirate appliqué en France p. 14-15 b Horizons-Kiosque : comment les C’est la nuit à Manhattan, au pied des tours devenues cimetières médias américains rendent compte NEW YORK ne, sont allongés sur le trottoir, entourés, récon- nant. New York est mutilée. Les deux tours ont de l’événement, les « une » des de notre correspondant fortés. La progression est difficile. Les policiers en disparu. Elles ont été arrachées, emportées. Il y a quotidiens du 12 septembre p. 16 « Attention, elle s’effondre ! » Un policier new- nombre mais désemparés interdisent parfois de une heure, elles étaient encore là, intactes, brillan- b Horizons-Débats : les points de yorkais, en sueur, le visage écarlate, nous repous- passer, et puis laissent faire, dépassés par les évé- tes au soleil. Les immeubles de bureaux, verre et vue de François Heisbourg, Robert se, en courant une rue plus loin, des deux tours nements. Nous avançons encore, les rues sont acier, autour de ce qui était le complexe du World Kagan, Ezra Suleiman et Ronald jumelles du World Trade Center, les célèbres désertes, seuls les pompiers sont là, abattus, Trade Center sont en flammes, les vitres brisées. D. BONDAREFF/AP Tiersky p. 17 Twins. Des hurlements, des cris : « Oh, my God ! » découragés. Certains sont en partie effondrés. Explosions et b Horizons-Analyses : notre édito- Des gens pleurent, se prennent dans les bras. Il Soudain, la deuxième tour s’effondre. Nous détonations se succèdent à chaque minute. Des DE NEW YORK À WASHINGTON rial : « La fin d’un rêve » p. 18 est 10 h 10 à Manhattan, il ne reste plus qu’une nous réfugions en courant dans un restaurant blocs de ferraille tombent encore au loin, bruits b Horizons-Fictions : romans de tour en feu. Une épaisse fumée noire et grise dont le patron ouvre les portes. Tout le monde se sourds, soulevant des nuages de poussière. Tom Clancy, goût du désastre enveloppe le sud de Manhattan. Le sol est jonché jette sous les tables. Des pompiers, bouteille d’oxy- « Vous le croyez, vous ? La guerre en plein cœur Nos reporters d’Hollywood, prédiction de Sa- de papiers déchiquetés. Tout est masqué par une gène sur le dos et masque sur le visage, nous rejoi- de Manhattan... », dit un pompier épuisé en s’as- muel Huntington : quand la réalité épaisse couche de poussière grise, très claire. Les gnent. Trois secondes plus tard, la masse de gra- seyant sur le trottoir. Un gaillard de deux mètres racontent dépasse la fiction p. 19 rues, les voitures, les gens sont couverts de cette vats et de poussière s’abat. Le bâtiment tremble, couvert de poussière, de boue, les yeux rougis, au Nos correspondants à New York à « neige » qui atténue le bruit des pas, des véhicu- quelques vitres se brisent. Puis le silence. Il fait bord des larmes. Il donne à son supérieur le nom Ce numéro du Monde est en deux les et rend l’atmosphère encore plus irréelle. nuit noire en plein jour. Dehors, on ne voit pas à des cinq camarades qui se trouvaient avec lui Washington racontent la fuite des cahiers, le premier entièrement Au milieu des sirènes des ambulances, de la poli- deux mètres. Une forte odeur de brûlé se répand. dans l’entrée de la tour effondrée et dont il n’a pas employés des tours jumelles de New consacré à la tragédie du 11 sep- ce, des pompiers, les gens ne disent pas un mot, L’électricité est coupée. Le patron du restaurant la moindre nouvelle. York et du Pentagone dans l’affole- tembre. aden est diffusé, comme hébétés. Ils se regardent, baissent la tête, pressent distribue à ceux qui retournent dans la rue des ser- La nuit, lorsque les Twins étaient éclairées, ment. Scènes de piétinement parmi les d’habitude, à nos lecteurs d’Ile-de- le pas pour fuir ou tentent de reprendre leur pro- viettes pour se couvrir le nez et la bouche. Des c’était un endroit magique. Aujourd’hui, c’est un blessés, les décombres, la fumée et les France. Sur notre site www.lemon- gression vers ce qui était le World Trade Center. véhicules de police et de pompiers sortent, noircis cimetière. de.fr, suivi de l’information en con- Ceux qui n’ont pas de masque se couvrent le visa- et cabossés, du nuage de poussière. Quelques secours qui affluent. Récits et témoigna- tinu et dossier multimédia ge. Des blessés, choqués ou en manque d’oxygè- minutes plus tard, le paysage réapparaît, halluci- Eric Leser ges de survivants. Reportages p. 4 à 7 Suspect Erreur sur la menace numéro un L’AMÉRIQUE vivait depuis même temps permis que le conflit quelque temps d’une ambition idéologique ne débouche pas sur sinon d’une illusion : rendre son une confrontation armée. Ils vou- territoire invulnérable à toute laient les remplacer par des gentle- attaque venant d’un de ces rogue men’s agreements entre gens de states (Etats voyous) qui, dans la bonne compagnie et de bonne liste des menaces, venaient rem- volonté. Ils mettaient en doute la placer l’Union soviétique dispa- dissuasion nucléaire qui, par la rue. Les démocrates, réticents, menace de destruction récipro- avaient emboîté le pas aux répu- que, était censée avoir retenu au blicains et lancé le programme de bord du gouffre les plus auda- la défense antimissile avant cieux ou les plus irresponsables même que le héraut de cette politi- (voir Nikita Khrouchtchev au LA PRESSE INTERNATIONALE que, George W. Bush, ne gagne la moment de la crise de Cuba en OUSSAMA BEN LADEN Maison blanche. Les idéologues 1962). Ils contestaient la qualité du Parti républicain ne se conten- morale de la dissuasion nucléaire « Troisième LE NOM du dissident saoudien taient pas du financement de quel- – comment justifier la mort des Ben Laden est fréquemment avancé ques recherches et de quelques milliers de civils innocents ? – et guerre mondiale » lorsque les Etats-Unis évoquent les essais. Ils théorisaient leur obses- son efficacité – quel président des Les médias internationaux évoquent la éventuels responsables des atten- sion. Ils voyaient l’avènement Etats-Unis voudrait être placé tats. Accusé d’être l’organisateur de dans les relations internationales devant le choix entre déclencher nouveauté d’un conflit général désor- plusieurs actions terroristes contre d’une nouvelle ère qui ne devait l’apocalypse nucléaire ou accep- mais engagé avec un terrorisme insaisis- les intérêts américains, il fut l’allié plus rien avoir de commun avec la ter la destruction de son pays ? sable. L’Amérique doit entièrement réé- de Washington en Afghanistan. guerre froide. Le bouclier antimissile ou valuer son dispositif de défense, écrivent Plus de dix ans après la chute NMD (pour National Missile Lire page 12 du mur de Berlin, ils ne voulaient Defense) devait apporter la solu- les éditorialistes américains. L’expert en pas seulement définir de nou- tion de ce dilemme. Face à des stratégie François Heisbourg nomme Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoi- veaux rapports avec la Russie Etats en mesure de se doter d’ar- « hyperterrorisme » la nouvelle menace. re, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 250 PTA ; postcommuniste. Ils voulaient mes de destruction massive, Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Seuls le cinéma et le roman avaient Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, encore la convaincre du danger nucléaires, biologiques ou chimi- 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL ; Portugal potentiel représenté par des Etats ques, mais insensibles à la logi- exploré de tels scénarios-catastrophes. CON., 300 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA supposés réfractaires au jeu tradi- que implacable de la dissuasion, Notre rubrique Horizons p. 16 à 19 (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. tionnel des relations internationa- les Américains devaient être en les. Ils y avaient presque réussi. Ils mesure de se protéger contre France-Société...... 21 Aujourd’hui ...... 32 E concentraient tous leurs efforts toute agression. M 0147 - 913 - 7,90 F - 1,20 Régions ...... 25 Météorologie ...... 33 sur la remise en cause de traités Carnet...... 26 Jeux ...... 33 jugés « obsolètes », qui, au temps Daniel Vernet Horizons-Débats...... 27 Culture ...... 34 de la guerre froide, avaient figé la 3:HJKLOH=UU\^U\:?k@j@l@d@a; Entreprises...... 30 Radio-Télévision ...... 35 rivalité Est-Ouest mais avaient en Lira la suite page 18 2 LES ÉTATS-UNIS ATTAQUÉS LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001

ATTENTATS Dans un discours à sans précédent qui a touché, mardi formés par des pirates de l’air en étaient toujours sous les décombres milliardaire d’origine saoudienne la Nation, prononcé dans la nuit de 11 septembre, New York et Washing- bombes volantes qui ont détruit les mercredi matin. b EN L’ABSENCE DE Oussama ben Laden d’être impli- mardi à mercredi le président Geor- ton. b QUATRE AVIONS des lignes tours du World Trade Center à New REVENDICATION, un responsable quée dans cette offensive sanglante. ge W. Bush a déploré des « milliers » commerciales ont été détour- York et une partie du Pentagone à américain a fait savoir que les autori- Le président Bush a promis de retrou- de victimes dans l’attaque terroriste nés. trois d’entre eux ont été trans- Washington. b DES SURVIVANTS tés soupçonnaient l’organisation du ver et punir les coupables. L’Amérique sous le choc d’un « Pearl Harbor » terroriste Deux symboles de l’hyper-puissance américaine, les tours du World Trade Center, à New York, et l’immeuble du Pentagone, à Washington, ont été attaqués mardi 11 septembre. Des milliers de vies ont brusquement été fauchées. Le président s’est engagé à traduire les coupables en justice

À UNE AMÉRIQUE traumati- (page 6). Plus grand bâtiment du dent saoudien Oussama Ben que à coup sûr » derrière les atten- sions possibles de l’affaire sur le sée par une série d’attaques terro- NEW YORK monde, le Pentagone, face à Wash- Laden. Les talibans afghans, qui tats. Il rappelait qu’Oussama Ben conflit en cours. Le premier minis- ristes qui ont fait des milliers de ington, abrite le ministère de la abritent Ben Laden, ont nié toute Laden avait averti il y a trois semai- tre israélien, Ariel Sharon, a fait morts à New York et à Washing- PITTSBURGH défense et ses vingt mille fonction- responsabilité, qu’il s’agisse de nes que ses partisans déclenche- part de sa solidarité dans le drame ton, mardi 11 septembre, le prési- Los Angeles naires. Le secrétaire à la défense, leur régime ou de leur hôte. A raient une attaque sans précédent vécu par l’allié américain. Le prési- dent George W. Bush a promis WASHINGTON Donald Rumsfeld, était à son Kaboul, la capitale afghane, le sec- contre les intérêts américains en dent de l’Autorité palestinienne, que les Etats-Unis retrouveraient bureau lorsque le Boeing 757 s’est teur de l’aéroport a essuyé des tirs raison du soutien des Etats-Unis à Yasser Arafat, a adressé à M. Bush les coupables et se feraient jus- abattu sur le bâtiment. Il est sorti en pleine nuit ; les Etats-Unis ont Israël. A Washington, l’influent « les condoléances du peuple palesti- tice. S’adressant à la nation dans indemne de l’attentat. Une aile du démenti être mêlés en quoi que ce républicain sénateur Orrin Hatch, nien ». Alors que certains à Wash- la soirée, après ce que la presse Pentagone s’est effondrée puis a ington n’excluaient pas la partici- qualifie de pire attaque depuis pris feu sous le choc. Une épaisse pation aux attentats de groupes Pearl Harbor, M. Bush a formulé alors que les pirates le dirigeaient colonne de fumée grise s’en est Le bilan serait de plusieurs milliers de victimes radicaux palestiniens, appuyés par un avertissement à certains Etats, vers une centrale nucléaire. dégagée, se dirigeant de l’autre des pays comme l’Iran ou l’Irak, le sans les nommer : « Nous ne b Panique à Manhattan côté du Potomac, vers Washing- Près de vingt-quatre heures après les attentats de New York et Front démocratique pour la libéra- ferons aucune distinction, a-t-il (pages 4 et 5). Les deux avions qui ton, la capitale fédérale, où l’état Washington, aucun bilan n’était encore avancé de source officielle tion de la Palestine (FDLP) – dont dit, entre les terroristes (…) et ceux sont allés s’écraser sur le World d’urgence était décrété : tous les américaine. En ce qui concerne l’attaque contre le Pentagone, le la responsabilité a, un moment, qui les protègent. » Quelques heu- Trade Center en projetant de fonctionnaires étaient évacués des secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, s’est borné à citer un chif- été évoquée - a démenti toute res plus tôt, dans une attaque gigantesques boules de feu ont bâtiments du gouvernement, ainsi fre de plusieurs dizaines de morts, évaluation minime au regard du implication. Dans les territoires sans précédent qui a momentané- touché le bâtiment à un moment que de la Maison Blanche que le nombre de personnes – quelque 20 000 – qui travaillent quotidienne- palestiniens et ici et là dans le mon- ment paralysé les Etats-Unis, des de la matinée où l’activité com- président avait quittée le matin ment dans cet énorme bâtiment. Quelques heures plus tard, le chiffre de arabe, cependant, certains ne pirates avaient détourné quatre mence à être intense. Les tours pour une tournée en Floride. La de 100 à 800 personnes portées disparues a été avancé par les chaînes cachaient pas leur joie de voir tou- avions des lignes intérieures accueillent habituellement près de rumeur d’un attentat au départe- de télévision citant des responsables militaires. ché le puissant allié d’Israël. qu’ils ont écrasés contre des sym- 50 000 personnes. Elles ont mis ment d’Etat – une voiture piégée à A New York, des milliers, des dizaines de milliers peut-être, de per- b Un séisme sur les marchés boles de la puissance américai- quelques minutes à s’effondrer, l’extérieur – était démentie. Aux sonnes étaient toujours prisonnières des décombres des deux tours financiers (page 11). A peine ne : le World Trade Center à effaçant du profil avancé de la vil- Etats-Unis et partout où elles sont du World Trade center. Les secouristes ont payé un tribut particulière- ouverts mardi matin, les marchés New York et le Pentagone à le ce qui en faisait l’orgueil et les déployées dans le monde, les for- ment lourd : 288 pompiers plus 88 policiers, selon un bilan provisoire. financiers américains ont été Washington. deux points les plus élevés dans le ces armées américaines ont été A bord des quatre avions détournés, enfin, se trouvaient au total, 266 immédiatement fermés. Leur réou- b Quatre avions détournés Les ciel de New York. Des débris mises en état d’alerte maximale. passagers et membres d’équipage. – (AFP.) verture devait avoir lieu mercredi, compagnies américaines Ameri- incandescents ont été projetés b L’hypothèse islamiste même si certaines des sociétés les can Airlines et United Airlines ont dans tout le quartier. Très vite, la (page 12). En l’absence de revendi- plus actives dans ce secteur ont confirmé que quatre de leurs appa- ville s’est figée : aéroports, aéroga- cation, les responsables améri- soit à ces incidents ; ils pourraient membre de la commission du ren- été gravement touchées par les reils – partis de Boston (Massachu- res, commerces, transports rou- cains sont prudents. Ils se sont avoir été le fait des partisans d’Ah- seignement, citait des « sources attentats. En Europe et en Asie, en setts), Dulles (en Virginie, près de tiers, taxis, avant que le quartier, refusés, mardi, à désigner un cou- med Shah Massoud, le chef des informées » « arrivées à la conclu- revanche, les marchés d’actions Washington) et Newark (dans le celui de Wall Street, ne soit bouclé pable. Mais commentateurs de opposants aux talibans, lui même sion que cela ressemble à la signatu- enregistraient un véritable séisme, New Jersey, près de New York) – et que les secours n’arrivent. Par- presse, élus et experts évoquaient blessé la veille dans un attentat. re d’Oussama Ben Laden ». tous à la baisse, tandis que l’ensem- avaient été détournés par des pira- tout avaient lieu des scènes d’hor- tous la piste islamiste, cette nébu- A Londres, Abdel-Bari Atwan, le b Inquiétude au Proche- ble des valeurs refuges, de l’or au tes de l’air mardi matin. Les quatre reur et de panique. L’état d’urgen- leuse d’associations et de grou- rédacteur du journal arabe Orient (page 9). En Israël et dans franc suisse en passant par les obli- vols transportaient 233 passagers ce a été décrété à New York. pes, plus ou moins autonomes, al-Qods-al-Arabi, estimait que le les territoires palestiniens, l’inquié- gations, étaient en hausse. Le et 43 membres d’équipage, tous b Attaque au Pentagone fonctionnant sous l’égide du dissi- milliardaire islamiste était « pres- tude dominait quant aux répercus- pétrole a enregistré une hausse présumés morts. Selon la chaîne brutale, passant parfois le cap des de télévision CBS, le Boeing 32 dollars le baril. Les conjonctu- 767 du vol 11 d’American, parti de ristes américains voient dans ces Boston pour Los Angeles, avec George W. Bush : « La liberté se défendra, nous punirons les responsables » événements un facteur de nature à 81 passagers et 11 membres d’équi- accroître le marasme actuel. page, s’est écrasé peu avant 9 heu- LE PRÉSIDENT Bush est intervenu trois fois au les Etats-Unis poursuivront et puniront les respon- visaient à effrayer notre nation et à la plonger b La solidarité des alliés euro- res, heure locale, sur la tour nord cours de la journée de mardi. sables de ces viles attaques. (…) J’ai pris toutes les dans le chaos et le repli. Mais ils ont échoué. péens (page 8 et 10). Les gouverne- du World Trade Center (WTC) à – A 9 h 30, à Sarasota, en Floride : « Nous précautions de sécurité qui s’imposent afin de pro- Notre pays est fort. Un grand peuple s’est levé ments des Quinze et la Commis- New York. Moins de vingt minutes avons vécu aujourd’hui une tragédie nationale. téger le peuple américain. Nos militaires sont en pour défendre une grande nation. Les attentats sion européenne ont dénoncé plus tard, le Boeing 767 du vol Deux avions se sont écrasés sur le World Trade alerte à l’intérieur du pays et dans le monde terroristes peuvent ébranler les fondations de nos « l’acte de barbarie » dont ont été 175 d’United, assurant la liaison Center. Il s’agit, semble-t-il, entier. Nous avons également pris les mesures immeubles les plus hauts, pas les fondations de victimes les Etats-Unis. Ils ont fait Boston-Los Angeles, avec 56 passa- d’une attaque terroriste diri- indispensables de sécurité pour que le gouverne- l’Amérique. (…) part de leur solidarité avec gers et 9 membres d’équipage, gée contre notre pays. J’ai ment continue d’exercer ses fonctions. Nous » Aujourd’hui, notre pays a vu le mal, ce qu’il y M. Bush et avec le peuple améri- s’écrasait sur la tour jumelle du parlé au vice-président, au avons été en contact avec les responsables du Con- a de pire dans la nature humaine. Nous y avons cain. Ils ont exprimé leur volonté WTC. gouverneur de la ville de grès et avec les dirigeants étrangers, afin de leur répondu par ce qu’il y a de meilleur en Amérique : de participer à la lutte contre le ter- C’est ensuite en Virginie, près New York, au directeur du donner l’assurance que nous ferions le nécessaire l’audace de nos sauveteurs, les soins portés à rorisme. L’OTAN a été placée en de Washington, que des pirates FBI, et j’ai donné l’ordre pour protéger l’Amérique et les Américains.» autrui. (…) Le gouvernement continue de fonction- état d’alerte maximale. de l’air ont dirigé sur le Pentago- que tous les moyens soient – A 20 h 30, de retour dans le bureau Ovale : ner sans interruption. Les agences fédérales qui Ailleurs, de Moscou à Pékin, les ne, le bâtiment du ministère de la VERBATIM mis en place au gouverne- « Aujourd’hui, nos concitoyens, notre mode de avaient dû être évacuées dans la journée à Wash- condamnations ont été unanimes. défense, le Boeing 757 du vol ment fédéral pour aider les victimes et leur famille vie, notre liberté même ont subi une succession ington sont rouvertes ce soir pour le personnel b Mesures de sécurité en 77 d’American (Dulles-Los Ange- et mener une enquête d’envergure afin que soient d’actes terroristes délibérés et meurtriers. Les vic- indispensable, et elles le seront normalement France (page 14). Le président Jac- les), transportant 58 passagers et recherchés et retrouvés les auteurs de cet acte. Le times se trouvaient dans des avions et des demain. Nos institutions financières restent soli- ques Chirac a exprimé « l’immense 6 membres d’équipage. terrorisme ne sera pas toléré contre notre bureaux : c’était des secrétaires, des hommes et des et l’économie américaine continuera égale- émotion » de la France et le pre- Enfin, à peu près simultané- nation. » des femmes d’affaires, des militaires et des fonc- ment de tourner. mier ministre, Lionel Jospin, sa ment, le vol 93 d’United (Newark- – Dans l’après-midi, sur la base de l’Air Force à tionnaires fédéraux, des mères et des pères, des » Les recherches sont en cours pour retrouver « tristesse horrifiée devant des atten- San Francisco) – un Boeing Barksdale, en Louisiane : amis et des voisins. Des milliers de vies ont brus- ceux qui se cachent derrière ces actes funestes. tats monstrueux ». Le gouverne- 757 comprenant 38 voyageurs et « La lâcheté sans visage s’en est prise ce matin à quement été fauchées par des actes de terreur per- J’ai donné l’ordre que toutes les polices et les agen- ment a fait valoir qu’il n’y avait 7 membres d’équipage – s’est la liberté, et la liberté se défendra. Je veux rassu- nicieux et méprisables. Les images d’avions percu- ces de renseignements s’attellent à retrouver les pas de menace identifiée contre la écrasé en Pennsylvanie, non loin rer le peuple américain, car tous les moyens ont tant en vol des immeubles, d’incendies, de structu- responsables et à les traduire en justice. Nous ne France mais a néanmoins décidé de Pittsburgh. Selon des sources été mis en œuvre au gouvernement fédéral afin res énormes qui s’effondrent nous ont emplis de ferons pas de distinction entre les terroristes et de réactiver le plan de sécurité Vigi- non confirmées, il aurait pu être qu’il aide les autorités locales à sauver des vies et stupeur, d’une terrible tristesse et d’une colère cal- ceux qui les protègent. pirate a son seuil maximal. – (AFP, abattu par un chasseur américain à assister les victimes. Ne nous y trompons pas : me mais sans faille. Ces meurtres en masse » Personne n’oubliera jamais cette journée. » Reuters.) Le président Bush a reçu le soutien d’une classe politique ressoudée WASHINGTON n’osaient pas les leur dire. nal, secteur du Pentagone prévu mercredi midi. La liste des lieux dont on pensait qu’il avait été ses afin de garantir que « l’Etat con- de notre correspondant Lorsqu’il est arrivé à l’école pri- pour résister à toute espèce de dont l’accès était interdit s’éten- détourné sur New York, avait en tinue de fonctionner ». A Washing- Ce qui s’est produit, mardi maire de Sarasota, en Floride, vers menace. A la Maison Blanche, la dait à tout le territoire : le parc d’at- fait frappé à Washington. Certains ton, les responsables des deux 11 septembre au matin, sur la Côte 9 heures, le président des Etats- plus grande partie du personnel traction Disney d’Orlando, en Flo- avaient cru voir un Boeing 747, Chambres, démocrates et républi- est des Etats-Unis, n’avait pas Unis a été informé du fait qu’un quittait les lieux, tandis le vice-pré- ride, les tours Sears à Chicago, le « Jumbo Jet », s’écraser sur le Pen- cains confondus, avaient déjà encore trouvé son nom lorsque les avion venait de percuter l’une des sident, Richard Cheney, et Kennedy Space Center, le mont tagone. Le plus mystérieux était le exprimé leur totale solidarité « der- habitants de New York, de Boston, tours du World Trade Center à Mme Rice étaient installés eux aussi Rushmore. Les forces armées amé- sort du vol United Airlines 93, par- rière » lui. Bill Clinton, en voyage de Washington ou de Philadelphie New York. Après avoir parlé au dans une salle de communication ti de Newark, dans le New Jersey, en Australie, a invité les Améri- sont allés se coucher mardi soir. téléphone avec sa conseillère pour et de commandement protégée. et qui s’est écrasé près de cains à « se rassembler derrière le C’était, évidemment, beaucoup la sécurité nationale, Condoleezza Les immeubles gouvernementaux Un acte de guerre Pittsburgh, en Pennsylvanie. Un président et à soutenir les actions plus qu’un attentat. Mais pouvait- Rice, il a décidé de commencer le de Washington étaient en cours parlementaire ayant obtenu des qu’il va, sans aucun doute, engager on qualifier d’acte de guerre une discours prévu. Quand le secrétai- d’évacuation. La force de sécurité commis renseignements des services de dans les jours qui viennent ».Tous agression commise, comme l’a re général de la Maison Blanche, du Congrès et le Service secret, sécurité a avancé que cet avion les responsables ou anciens res- relevé George Bush, par un enne- Andy Card, lui a glissé à l’oreille chargé de la protection des person- par un ennemi avait été détourné vers Camp ponsables politiques qui prenaient mi « sans visage » ? que l’autre tour avait été frappée à nalités, se présentaient au Capito- David, lieu de villégiature présiden- la parole l’assuraient de leur Dans sa toute première interven- son tour, il a décidé d’informer le le pour emmener les dirigeants du « sans visage » tiel, dans le Maryland. Ne s’agis- appui. tion, faite devant des élèves et des pays d’une « apparente attaque ter- Sénat et de la Chambre en lieu sûr. sait-il pas plutôt de la deuxième Arrivé à la base d’Andrews, près enseignants de Floride auxquels il roriste » et d’interrompre son voya- Et le président des Etats-Unis ne attaque annoncée sur Washing- de Washington, au début de la soi- devait adresser un discours sur l’il- ge. Il a quitté la Floride, officielle- pouvait pas rentrer chez lui. Selon ricaines étaient mises en alerte ton, et l’appareil, dont un passager rée, M. Bush a avancé d’une demi- lettrisme, le président a parlé de ment, à destination de Washing- les explications données, mardi maximum. Les ambassades et les aurait signalé le détournement grâ- heure l’allocution télévisée qu’il « tragédie ». Quelques heures plus ton. La décision était-elle déjà pri- soir, dans son entourage, l’armée consulats américains avaient consi- ce à son téléphone portable, avait annoncée pour 21 heures. tard, tout fatalisme avait disparu se, en fait, de mettre le chef de de l’air, considérant qu’elle n’avait gne de fermer leurs bureaux. n’a-t-il pas été abattu par l’armée Peu avant, M. Rumsfeld avait réu- de son propos ; M. Bush promet- l’Etat à l’abri d’une attaque éven- pas vérifié l’identité de tous les L’Amérique se tétanisait. A 13 heu- de l’air ? Interrogé mardi soir, le ni la presse pour faire savoir que le tait de « pourchasser et punir » les tuelle, ou bien est-ce l’opération appareils en vol au-dessus du terri- res, un sénateur (républicain) de porte-parole de la Maison Blan- Pentagone reprendrait son activité responsables des tueries de New sur le Pentagone, un quart d’heure toire, a exigé que le chef de l’Etat Virginie, John Warner, ancien offi- che, Ari Fleischer, n’a pas confir- dès mercredi matin. Les dirigeants York et de Washington, et assurait plus tard, qui l’a fait changer de et commandant en chef des cier de marine, était le premier à mé cette hypothèse, mais il a évité du Congrès se réunissaient sur les que tout serait fait « pour protéger cap ? M. Bush, en tout cas, n’est armées quitte la Louisiane pour dire : « Pearl Harbor ». de la démentir. « Je n’ai pas d’infor- marches du Capitole et chantaient l’Amérique et les Américains ». pas allé à Washington, mais a rejoindre non pas la Maison Blan- L’information, en apparence, la mation sur la cause de la chute de « Que Dieu bénisse l’Amérique ! ». Mardi soir, pourtant, les Améri- rejoint la base aérienne de Barks- che, mais le Commandement plus facile à établir paraissait inac- cet appareil », a-t-il dit. A New York, M. Giuliani refusait cains ne savaient pas même com- dale, en Louisiane. aérien stratégique, sur la base d’Of- cessible. Des heures se sont pas- Arrivé à 15 heures dans le toujours de répondre à la ques- bien d’entre eux avaient été tués. A ce moment, la crise changeait futt, dans le Nebraska. sées à identifier les avions de ligne Nebraska, M. Bush a mis une heu- tion : combien de personnes sont- Ils comprenaient que les chiffres de dimension. Dans la capitale Tout trafic aérien était interdit détournés, les compagnies aux- re, semble-t-il, à décider de revenir elles ensevelies sous les gravats du étaient élevés « des milliers », fédérale, Donald Rumsfeld, secré- aux Etats-Unis ; les aéroports quelles ils appartenaient, leurs à Washington et de démontrer World Trade Center ? avait prévenu M. Bush, mais que taire à la défense, avait gagné le étaient fermés, d’abord, jusqu’à la modèles, le nombre de passagers que, comme il l’avait dit en Louisia- leurs dirigeants ne pouvaient ou centre de commandement natio- fin de l’après-midi, puis jusqu’à qu’ils transportaient. Tel appareil, ne, toutes les mesures étaient pri- Patrick Jarreau LES ÉTATS-UNIS ATTAQUÉS LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 3 AP, CHAO SOI CHEONG REUTERS TV

a NEW YORK, WORLD TRADE CENTER. Mardi matin, vers 9 heures, alors que l’activité devient intense dans les bureaux du World Trade Center, où près de 50 000 personnes travaillent quotidiennement, deux Boeing 767 frappent coup sur coup les deux tours jumelles. Horreur, panique : une personne se jette du building, avant que les tours ne s’écroulent définitivement, à peine une heure plus tard. « America under attack », en direct sur les écrans du monde entier LA PREMIÈRE FRAPPE –le les Américains contemplaient, stu- New York, Washington, le centre quelques personnes affirment de l’île sont invités à « marcher ter un plus grand désastre ? premier avion – personne ou pres- péfaits, le ciel nocturne de Bagdad du pouvoir. C’est une offensive en même avoir vu de la fumée sortir vers le nord ». Tous les vols vers Les informations officielles sont que ne l’a vu, aucune caméra ne attaquée par leurs propres missi- règle contre le pays tout entier. de la Maison Blanche. Mais entre- l’Amérique du Nord, et aussi, rares, quasi inexistantes. On ne l’a montrée. A 8 h 48, heure de les de croisière, à l’heure du prime CNN traduit, ou crée, le senti- temps, c’est à New York qu’un pour la première fois dans l’histoi- sait rien sur le nombre des victi- New York (14 h 48 à Paris), on time. Cette fois, dans la clarté du ment général : « America under nouveau pas dans l’inimaginable re, tous les vols à l’intérieur du mes – sinon celles qui sont mortes matin, c’est le cœur de l’Améri- attack », « L’Amérique atta- a été franchi : à 10 h 05, la tour pays, (plusieurs dizaines de mil- dans les quatre avions : 266. Le RÉCIT que, l’un de ses symboles, qui est quée » : c’est la manchette qui sud du World Trade Center, celle liers) sont suspendus. Mais - on maire de New York, Rudy Giulia- frappé par un ennemi inconnu. désormais barrera ses écrans, au qui avait été frappée par le second l’apprend avec un grand retard - il ni, se refuse à « spéculer » sur le Une épouvantable « Je croyais que nous étions en sécu- dessous des images de fumée, de avion s’est effondrée sur elle- y a eu entre-temps une quatrième sujet, ajoutant simplement : «Ily journée d’horreur rité », explique une femme entre ruine et de désolation. Qui « atta- même, après qu’on l’a presque attaque. Un quatrième avion, un en a plus qu’aucun de nous ne peut qui a changé la face deux sanglots. Aux fenêtres qui que » l’Amérique ? On commence vue s’ouvrir du haut en bas. Un quatrième Boeing, appartenant, le supporter ». de New York crachent toujours autant de à parler de Ben Laden, du Proche- colossal nuage de poussière, de comme les autres, à une compa- Peu après une heure de l’après- fumée, à plusieurs centaines de Orient, à se perdre en conjectures débris, de fumée, noie New York gnie américaine, a été détourné. midi, le président Bush, qui a quit- mètres de hauteur, des gens agi- sur l’extraordinaire organisation, et ses gratte-ciel, qui semblent Mais celui-ci s’est écrasé dans la té Sarasota, non pour Washing- entend une énorme explosion, tent le bras, comme pour appeler l’impressionnante logistique soudain petits et fragiles. Des région de Pittsburgh, en Pennsyl- ton, mais pour la base militaire de très haut, au niveau des étages des secours. D’autres se lancent nécessaire pour réaliser ces trois dizaines, sans doute des centaines vanie, presque exactement au Barksdale, dans le Nebraska, supérieurs de l’une des tours dans le vide, et parmi eux un hom- frappes presque simultanées. de pompiers et de policiers sont moment où le troisième avion prend à nouveau la parole. Le ton, jumelles du World Trade Center, me et une femme qui se tiennent Quelques heures plus tard, pour- tués. L’autre «twin», la tour nord s’abattait sur le Pentagone. Se diri- cette fois, a changé. « les forces la tour nord. Les 92 personnes qui par la main. tant, on saura qu’une femme, Bar- armées américaines dans le monde se trouvaient à bord du Déjà, le monde réagit et la réac- bara Olson, a téléphoné à son entier ont été mises en état d’aler- Boeing 767 de l’American Airlines, tion la plus rapide est celle de l’ar- mari, un juriste très connu à Wash- Après le temple du commerce, le sanctuaire te ». « les Etats-Unis vont pourchas- passagers, membres d’équipage et gent : les cours du pétrole flam- ington, depuis l’avion qui allait ser et punir ceux qui sont responsa- terroristes, sont déjà morts. Tout bent, la Bourse de Londres vacille. s’écraser sur le Pentagone. Les ter- de la guerre, après New York, Washington, bles de ces lâches actions ». Quel- le haut de la tour est en feu, et un Le New York Stock Exchange, roristes, disait-elle avant de mou- ques heures plus tard, des explo- immense panache de fumée com- Wall Street, à deux pas des tours rir, ne sont armés que de couteaux le centre du pouvoir. C’est une offensive sions dans un ciel noir se substi- mence à salir le ciel jusque-là lim- en flammes, n’a pas ouvert, et et de cutters, ils ont regroupé tous tuent sur les écrans de télévision pide. Les télévisions entrent en n’ouvrira pas de la journée. A les passagers, mais aussi l’équipa- en règle contre le pays tout entier aux images des « twin towers » qui jeu, l’Amérique et déjà une bonne 9 h 30 locales, George W. Bush ge, à l’arrière de l’appareil. Des n’en finissent pas de brûler. C’est partie du monde, incrédules regar- apparaît. Il est en Floride, à Sara- couteaux et des cutters, pour atta- Kaboul. Les Etats-Unis auraient- dent le spectacle, tandis qu’à l’inté- sota. C’est la première fois, depuis quer le plus grand bâtiment du s’écroulera 23 minutes plus tard, geait-il vers Camp David, 135 km ils, déjà, attaqué, entrepris de se rieur de la tour, des milliers de per- qu’il est président, qu’il subit véri- monde, d’où les Etats-Unis peu- dans une nouvelle éruption de plus au sud, ou bien vers la Mai- venger ? Non, indiqueront plus sonnes tentent d’échapper à l’en- tablement l’épreuve du feu. Le dis- vent en principe lancer des frap- débris. « L’ennemi », toujours invi- son Blanche ou le Capitole, com- tard des officiels. Mais quand, au fer. Dix-huit minutes plus tard, cours est bref, sobre. Il parle de pes sur n’importe quel point du sible, toujours inconnu, a changé, me le supposeront plus tard des soir de cette invraisemblable jour- une seconde frappe fait basculer « tragédie nationale », d’une monde… définitivement peut-être, la face sénateurs ? Que s’est-il passé à née, George Bush, enfin rentré à l’événement dans l’incompréhensi- « apparente attaque terroriste con- A Washington, le Pentagone de New York. bord. Là encore, un passager, réfu- la Maison Blanche, s’adressera ble. Les New-Yorkais l’ont vu d’en tre notre pays », et termine par un – où travaillent plus de 20 000 per- A Washington aussi, une por- gié dans les toilettes, a lancé un officiellement à la nation américai- bas, des millions de téléspecta- moment de silence en hommage sonnes – est en train d’être évacué tion du Pentagone s’est effondrée. appel sur son téléphone portable ne, il parlera des « milliers de vies teurs au beau milieu de leur aux victimes. (il semble qu’il ait commencé à Le secrétaire à la défense, Donald « nous sommes détournés, nous interrompues soudain par le mal », écran : un second avion, un Mais quelques minutes plus l’être avant même l’impact de l’avi- Rumsfeld, qui se trouvait dans un sommes détournés ». Un autre a mais aussi de « la résolution Boeing lui aussi, avance tout tard, tout bascule à nouveau. A on), mais aussi la Maison Blanche autre secteur du bâtiment, veut parlé à sa mère, expliqué que d’acier » et de la « colère » de droit, presque tranquillement, Washington, une énorme explo- et le Congrès, et ensuite l’ensem- aider à secourir des blessés, avant « trois hommes ont pris le contrô- l’Amérique : nous ne vers la seconde tour. L’explosion, sion secoue un pan du colossal ble des bâtiments publics. La pani- qu’on ne l’emmène vers les sous- le », qu’ils « disent qu’ils ont une ferons « aucune distinction entre l’énorme boule de feu, les torrents bâtiment du Pentagone. Un avion que commence à gagner. On parle sols du bâtiment, les postes de bombe ». Et ensuite : une hypothè- les terroristes qui ont commis ces de fumée noire, les débris qui tom- de ligne, à nouveau, détourné, d’une explosion au Congrès (ce commandement sous-terrains. se, forcément, se fait jour, même actes et ceux qui les abritent ».La bent, l’horreur, cette fois, est sur comme les deux précédents. sera démenti), d’une voiture piè- A Manhattan, l’immeuble des si elle n’est guère évoquée ouver- peur va changer de camp. tous les écrans. Après le temple du commerce, le gée qui saute devant le départe- Nations unies est évacué, et tous tement : l’avion n’aurait-il pas été Un peu plus de dix ans plus tôt, sanctuaire de la guerre, après ment d’Etat (également démenti), les gens qui se trouvent à la pointe abattu préventivement, pour évi- Jan Krauze 4 PANIQUE À MANHATTAN LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 Des milliers de morts, sans doute, dans les décombres des tours jumelles Les survivants témoignent de scènes de panique, de piétinements, d’une foule d’employés tentant d’évacuer les bâtiments par des escaliers plongés dans l’obscurité et envahis par une épaisse fumée. Sur les trottoirs, les New-Yorkais suivent ces scènes de guerre devant des postes de télévision

NEW YORK ajouté. « Des centaines de person- de notre correspondant 8h45-9h03, deux avions s'écrasent sur le World Trade Center nes sont brûlées de la tête aux La journée promettait d’être pieds », a affirmé le docteur Ste- radieuse, mardi 11 septembre, à ven Stern du même établissement. Manhattan. Après les violents ora- Le maire de New York, Rudolph WWorldorld NEW YORK TWIN TOWERS Giuliani, a commencé à préparer la REPORTAGE TTraderade population au pire, évoquant un Tour sud « chiffre terrifiant » de victimes, « Nous avons entendu CentrCentere 2 mais en soulignant qu’il faudrait une énorme attendre un jour ou deux pour éta- détonation, et tout blir un bilan. Les morts, déclarait-il le bâtiment a tremblé » Hudson River mardi en milieu de journée, vont se Wall St compter « en centaines, peut-être reet en milliers ». Dans l’après-midi, les ges de la veille, le ciel était bleu, Brooklyn hôpitaux de New York étaient sub- limpide : pas un nuage. La chaleur LOWER Bridge Tour nord mergés. « Le nombre de blessés ne était supportable, comme une MANHATTAN cesse de grandir. C’est quelque cho- annonce de l’été indien. Dans les River se qui vous donne des cauche- rues, les gens se pressaient, com- mars », commentait le docteur Luis me toujours, mais semblaient World East Marcos, président de l’Association joyeux, insouciants. L’atmosphère Financial Center des hôpitaux new-yorkais. a changé quand une gigantesque 3 colonne de fumée venant du sud, 1 • Hauteur : 417 m UN VIDE BÉANT du haut d’une des deux tours et 415 m Plus au nord de Manhattan, pas jumelles, très visibles, du World toujours conscientes de la tragédie Trade Center, s’est répandue dans CHRONOLOGIE 4 • 110 étages qui se déroulait à quelques kilomè- (heure de New York) le ciel. Les pas se sont ralentis, les • 250 ascenseurs tres, des centaines de milliers de visages reflétaient l’incompréhen- personnes se retrouvaient dans les sion, puis la crainte, quand environ 1 8h45 La tour nord est touchée dans sa partie • 290 000 tonnes rues et tentaient de rentrer chez un quart d’heure plus tard l’autre supérieure par un Boeing 767 de la compagnie elles en début d’après-midi. La plu- • 40 000 personnes tour s’est aussi retrouvée en American Airlines, détourné de Boston avec, à son part des magasins avaient fermé flammes. bord, 81 passagers et 11 membres d'équipage. au total dans leurs portes et les bâtiments offi- Dans les « Twins » (jumelles) du ciels avaient été vidés après l’effon- les deux tours World Trade Center, d’après le 2 9h03 La tour sud est touchée à son sommet drement des deux tours. récit des survivants, au même par un Boeing 767 de la compagnie United Airlines, Par mesure de sécurité, deux moment, c’est la panique. Dans les détourné de Washington avec à son bord autres emblèmes de la ville, l’Empi- étages qui n’ont pas été détruits 56 passagers et 9 membres d'équipage. re State building et la Chrysler par les avions ou isolés au-dessus, Le choc provoque une violente explosion. Niveaux : Tower, ainsi que le bâtiment des des milliers de personnes tentent Rue Nations unies, avaient été égale- d’évacuer les lieux dans l’obscurité ment évacués. La gare centrale de 3 10 h 05 Effondrement de la tour sud et par les escaliers. Des chaînes Parking New York, où convergent tous les humaines se forment, les gens tom- trains de banlieue, était fermée. bent, se bousculent, se piétinent, 4 10 h 28 Explosion et effondrement de la tour Les bus et les métros avaient cessé nord qui répand des milliers de tonnes de débris s’aident, se soutiennent. Gares de circuler. Toutes les routes, les dans les rues environnantes. ponts et les tunnels menant à l’île TREMBLEMENT DE TERRE Sources : Graphic News/Le Monde de Manhattan étaient coupés dans « Nous avons entendu une énor- le sens de l’entrée. Le réseau télé- me détonation, et tout le bâtiment a nent autour des postes de télévi- serrent dans les bras les uns les des milliers – de personnes n’ont « Des milliers de personnes ont phonique étant endommagé et les tremblé. Cela nous a pris une heure sion installés sur le trottoir par les autres, ne veulent pas y croire. pas pu évacuer les deux grandes été victimes de l’effondrement de la portables inutilisables, des files pour descendre les escaliers et commerces et les restaurants. Ils Vingt-cinq minutes plus tard, tours avant qu’elles s’écroulent. première tour du World Trade Cen- d’attente interminables se for- quand nous sommes arrivés en bas, regardent vers le ciel, la fumée. l’autre tour, la plus grande, celle Des policiers, des pompiers, des ter », a indiqué à l’AFP le père maient devant les cabines télépho- il y avait des pompiers qui montaient Soudain, un cri : il est 10 heures, la qui fut un temps la plus haute du secouristes ont été écrasés sous les Roger Fawcett, porte-parole du niques. avec beaucoup d’équipements », tour sud, la dernière touchée, un monde, s’effondre à son tour. Les débris. Saint Vincent Hospital, dans le Par-ci, par-là, un visage portait explique Ciara Linnane, journaliste peu moins d’une heure aupara- abords de l’esplanade où s’éle- quartier de Greenwich Village, très des traces de larmes. Un peu plus à l’agence financière AFX, dont les vant, s’effondre. Dans un gronde- vaient les « Twins » sont transfor- « CHIFFRE TERRIFIANT » proche du lieu de la catastrophe. tard, en fin de journée, tout au sud bureaux se trouvaient au 52e des ment semblable à un tremblement més en un paysage lunaire, noyés Selon les premiers bilans, établis « Une station de triage des blessés d’un Manhattan vide et silencieux, 110 étages de la tour. « Il y avait de de terre, le sommet du bâtiment sous les décombres et la poussière. mardi en fin de journée, au moins avait été installée en bas d’un esca- la fumée dissimulait difficilement la fumée dans les escaliers, dans le craque, puis les quelque Les bâtiments adjacents sont en 265 pompiers et 88 policiers lier devant le World Trade Center et un vide béant. A cet endroit se couloir. Quand nous sommes arrivés 420 mètres de béton et de verre feu et le resteront toute la journée. étaient considérés comme dispa- tout s’est effondré », a expliqué le dressaient les deux impressionnan- dans le hall, il était complètement dégringolent, comme au ralenti, Peu avant 18 heures, un troisième rus. Les premiers blessés ont mis prêtre. « De nombreux membres du tes tours du World Trade Center. détruit, il y avait du verre et de l’eau projetant des débris partout à la immeuble appartenant au World beaucoup de temps à rejoindre les personnel médical avaient été dépê- C’était avant que le mardi 11 sep- partout. Nous avons dû courir à tra- ronde. Un énorme nuage de Trade Center, le « Building 7 », de hôpitaux. L’effondrement des bâti- chés sur place après que les tours tembre 2001 ne devienne, à New vers le hall. Le bâtiment était très ins- fumée, très épaisse, s’élève lente- 47 étages, s’écroule sur lui-même ments a rendu l’accès incroyable- jumelles eurent été touchées de York, un jour de guerre. table », ajoute-t-elle. ment et recouvre la pointe sud de dans un nuage de fumée.. ment difficile aux sauveteurs, qui plein fouet par des avions. Et nom- Dans les rues, les gens s’aggluti- Manhattan. Les gens pleurent, se Des centaines – et plus sûrement ont subi des pertes considérables. bre d’entre eux ont été tués », a-t-il Eric Leser « Mais ils sont tous morts ! « Circulez vers Broadway, Où sont les blessés ? Où êtes-vous ? » et ne regardez surtout pas sur votre gauche ! » NEW YORK pour l’hôpital, lorsqu’il a vu sur New York, qui le pousse brusque- NEW YORK me demande combien il y a de liers, sans panique ; nous étions très de notre correspondante CNN l’attentat contre l’une des ment derrière une voiture. A l’abri de notre correspondante morts », dit un homme à son voi- nombreux et il aura fallu une bonne Mark Heath filme tout. Anesthé- tours du World Trade Center. Il a derrière le véhicule, il pointe son 9 h 30 (heure de New York), mar- sin. La radio lui donne une répon- demi-heure pour arriver au 38e éta- siste à l’hôpital de Columbia, le enfilé sa tenue bleue de médecin, appareil vers le ciel au moment où di 11 septembre : les rues de Man- se par la voix du maire, Rudolph ge. C’est là que nous avons entendu jeune médecin aime se balader pris son caméscope, il est descen- l’autre tour s’écroule. « Mon dieu, hattan sont vides. Pas de voitures. Giuliani : « Il est impossible de un avion puis une nouvelle explo- du dans la rue et a arrêté une c’est la fin, ca y est moi aussi je vais déterminer le nombre de morts dans sion, cette fois apparemment dans TÉMOIGNAGE ambulance qui l’a amené en bas de mourir, quelle horreur, quelle hor- REPORTAGE notre ville après les attentats », dit notre bâtiment. Puis la fumée, la Manhattan. reur, au revoir mes bébés, au revoir le maire, qui a dû par ailleurs annu- fumée partout, c’est à ce moment-là « Mon Dieu, mon amour, au revoir je t’aime ! » « Au fait, ler les primaires de New York pré- que les gens ont commencé à pani- c’est la fin, ça y est « JE SUIS MÉDECIN… » Les images s’arrêtent, plus rien vous savez qui vues pour ce mardi 11 septembre ; quer et à se mettre à courir. » moi aussi « On se croirait à Beyrouth », dit- que le noir. nous a fait ça « Tout ce que je peux vous dire est A 9 h 15, Mathew se trouve au e je vais mourir » il à proximité du World Trade Cen- Puis on voit sa main nettoyant et pourquoi ? » que ce sera plus que nous ne pou- 10 étage et au milieu de beaucoup ter. Il est sorti de l’ambulance et l’objectif toujours tourné vers le vons supporter. » d’eau. Il réussit à sortir du bâti- sans cesser de filmer, il crie : «Je ciel et, sur l’image des dizaines de « Et Bush ? demande une vieille ment et un pompier lui dit aussi- dans les rues de New York avec suis médecin, quelqu’un a besoin personnes sautant par les fenêtres. Pas de taxis. Pas de bus. Une ville dame, où est-il, au lieu d’être à tôt : « Circulez vers Broadway et ne son caméscope. C’est pour cette d’un médecin ? ». Il se met à cher- Il se lève, reprend son travail. «Je fantôme remplie de fantômes. Pas Washington ? Je ne me sens pas du regardez surtout pas à votre gau- raison qu’il se réveille tôt, tous les cher : « Je ne trouve personne, ils suis médecin… ». Personne ne la moindre trace de la frénésie new- tout en confiance avec ce petit che ! » matins. A New York depuis trois sont tous morts », dit-il, tandis que répond. « Ils sont tous morts ! ». yorkaise habituelle. Juste les sirè- Bush », ajoute-t-elle – commentai- ans, il aime particulièrement fil- le film montre des débris humains Mark Heath ira ensuite apporter nes d’ambulances et les crisse- re qui fait l’unanimité dans cette « C’ÉTAIT HORRIBLE » mer les gratte-ciel, et aussi les dispersés sur toute la place. Et, de ces images à CNN, d’où il reparti- ments de voitures de police. Et des ville démocrate où le président n’a Mathew se dirige vers Broadway enfants qui jouent, les gens qui plus en plus désespéré, il lance : ra, sans vouloir donner d’entre- gens. Des gens par centaines, des décidément pas la cote. mais regarde à gauche : il le regret- marchent, les rivières… « Mais ils sont tous morts ! Où sont tien, son caméscope délabré à la milliers de gens marchant dans les En état de choc aussi, Mathew te amèrement. « C’était horrible, « Mardi 11 septembre, cela fait 9, les blessés ? Où êtes-vous ? ». main : « Je ne suis pas venu pour rues. Pas comme les New-Yorkais Cornelius, rencontré dans la rue à dit-il, la tête dans les mains. Je ne comme le mois, et 11, comme la « Toi aussi, tu vas mourir si tu ne parler à l’antenne. Il faut que je par- – à toute allure —, mais lente- Soho, marchant lui aussi comme pourrai plus jamais dormir sans voir date, vous comprenez ? 911, le bouges pas tes fesses d’ici ! », s’ex- te, les gens ont besoin de moi ». ment, très lentement. un mort-vivant. Ce jeune homme les déchets humains devant les bâti- numéro des urgences à New clame John Cohen, chef des de vingt et un ans travaillait dans ments, les mains, les pieds, une tête : York ! ». Il se préparait à partir secours d’urgence de la ville de A. B.-P. « ET BUSH ? OÙ EST-IL ? » la tour B du World Trade Center. horrible… J’aurais dû écouter le On reconnaît ceux qui viennent « Mon bureau se trouve au 65e éta- pompier. » « Moi, je suis vivant, d’en bas de la ville : ils sont cou- ge de la tour B. Je suis arrivé ce reprend-il, même pas blessé ; je Vers minuit, les deux premiers rescapés des décombres verts de poussière et portent un matin, comme tous les matins, à peux boire mon café, et maintenant masque sur le visage ou autour du 8 h 40. J’allais au frigo pour y mettre je me sens mieux de vous avoir Il était tard dans la soirée de mardi, à New York, lorsque le maire cou. Les autres aussi ont le regard mon déjeuner lorsque j’ai entendu raconté cette histoire. » de la ville, Rudolph Giuliani, a annoncé que les sauveteurs venaient vide. Ils marchent sans parler, ils une énorme explosion et une onde Soudainement les yeux pleins de de sortir les deux premières personnes vivantes des décombres du obéissent sans discuter aux ordres de choc, comme un tremblement de larmes, il ajoute : « Mais mes collè- World Trade Center. « Nous avons été capables de sortir deux person- des policiers. « Allez à la sortie de terre. Nous n’avions pas remarqué gues ? Je n’en ai trouvé aucun en sor- nes, des policiers de l’Autorité portuaire. Je ne sais pas dans quel état ils la 31e rue », hurle un policier ni entendu l’avion. Nous avons tant ; et cet homme en chaise roulan- sont. Ils ont été hospitalisés ». Au moins « deux personnes prises sous les devant la gare de Pennsylvanie, regardé par la fenêtre et nous avons te, qui travaillait au 64e ? Qui a pu le décombres sont capables de communiquer avec nous grâce à des télépho- sur la 8e avenue. Ils y vont, docile- vu un trou béant là ou se trouvait la sauver ? Personne, j’imagine. A nes cellulaires et ont dit qu’il y en avait d’autres », a ajouté le maire. ment, silencieusement. Ils sont tour jumelle », raconte Mathew, votre avis, combien de personnes Environ deux mille sauveteurs ont travaillé, la nuit tombée, à la commotionnés, choqués. La ville qui fait une pause et reprend : ont pu en réchapper ? Nous étions lueur de puissantes lampes alimentées par des groupes électrogè- entière est choquée. « Les pompiers ont fait un excellent 50 000 à travailler dans les tours, nes. Pendant cette même conférence de presse, le chef des pompiers Devant le comptoir de Bruce’s boulot ; aussitôt après l’explosion, ils vous savez. Au fait, vous savez qui de la ville, Tom von Essen, a indiqué qu’au moins 300 pompiers Hamburgers, à Times Square, des étaient là et ils nous ont demandé nous a fait ça et pourquoi ? » étaient portés disparus et estimé que « la plupart d’entre eux sont gens, tranquilles, mangent leur d’évacuer le bâtiment. Nous avons morts ». – (Corresp.) sandwich en écoutant la radio. «Je commencé à descendre par les esca- Afsané Bassir Pour PANIQUE À MANHATTAN LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 5 Emblèmes de puissance et de richesse, les « Deux Sœurs » de New York se sont effondrées sous l’impact L’ARCHITECTE qui les avait 175 tonnes lancés à pleine vitesse… supérieurs (quelque 2 500 tonnes d’écrasement et de renversement. construites, Minoru Yamasaki, les Pour être techniquement sophis- par plancher) serait alors tombé sur Or il pourrait y avoir dans l’ave- avait présentées comme un sym- tiquée – sécurité oblige –, la cons- une structure incapable de suppor- nir de nouvelles et terribles surpri- bole de paix. Les tours jumelles du truction des édifices était classique. ter l’effet de cette énorme masse. ses. Cette double action, sans comp- World Trade Center (WTC), sur- Leur façade était faite d’éléments D’où l’écrasement successif et rapi- ter celle du feu (on ignore les effets nommées les « Twin Sisters », préfabriqués, en acier, étayés par de des étages inférieurs, donnant de la propagation de la chaleur étaient devenues les emblèmes du des poutres du même métal, de l’impression – fausse – d’un châ- dans les nombreuses conduites ver- commerce international, de la ri- plus de 1 mètre d’épaisseur. Cette teau de cartes s’effondrant sur lui- ticales), aura nécessairement boule- chesse et de la puissance américai- structure, relativement légère, était même. Une image devenue familiè- versé la totalité du sous-sol, sous nes. Elles étaient d’ailleurs fréquen- calculée pour absorber les effets re depuis les implosions program- et autour des tours, détruisant ou tées par près de 100 000 visiteurs de la poussée du vent, si fort qu’il mées de grands ensembles d’habita- endommageant tous les circuits chaque jour et par 40 000 à puisse être, sans la transmettre au tion vétustes. souterrains, métro, égouts, condui- 50 000 personnes représentant de cœur du bâtiment, dont le noyau A cet effet d’écrasement, en lui- tes d’eau ou de gaz. Le sol à proxi- 300 à 500 firmes. Leurs silhouettes central en supportait le poids. Les même phénoménal, s’est ajouté, mité des immeubles voisins s’est étaient devenues les pièces maî- planchers, eux aussi préfabriqués, précise l’architecte-ingénieur Marc trouvé, à la suite de la catastrophe, tresses du « Skyline » de New York, comme « liquéfié », fragilisant vrai- célèbre crête des gratte-ciel de Man- semblablement les fondations des hattan. 200 000 tonnes d’acier, 413 000 tonnes de béton... édifices qui n’auraient pas été Les deux tours, les plus hautes de atteints par la chute et les projec- la ville, suivies par l’Empire State Conçues par une équipe d’architectes américains – Minoru Yama- tions de débris incandescents. Building, étaient flanquées de cinq saki (1912-1986), fils d’émigrants japonais, né à Seattle, associé à sa Au-delà des deux tours, c’est bien bâtiments de moindre importance demande à la firme Emery Roth and Sons ainsi qu’aux ingénieurs John tout le quartier de Wall Street qui et abritaient l’un des plus grands Skilling et Leslie Robertson –, les deux tours du World Trade Center de pourrait alors avoir été sérieuse- centres commerciaux de la ville, New York avaient été construites entre 1966 et 1973. A l’époque, le dou- ment ébranlé. ainsi que des hôtels de grand luxe ble bâtiment, qui, prévu pour coûter 350 millions de dollars, devait (Vista et Marriott), des salles de finalement en nécessiter plus du double, était le plus haut du monde CATASTROPHE IMPARABLE réunions, de conférences et d’expo- avec ses quelque 420 mètres et ses 110 étages de 3 800 m2 chacun. Des mois ou sans doute des sitions. Mais aussi, mais surtout, C’était une véritable ville verticale, au sud de l’île de Manhattan, avec années seront nécessaires pour un centre financier stratégique. ses 43 000 fenêtres, ses 750 000 m2 de planchers, ses 239 ascenseurs, ses étudier dans les détails l’effet 71 escaliers roulants… Près de 1 million de mètres cubes furent exca- d’une catastrophe imparable dans EFFET DE LEVIER vés et servirent de terrassement aux 12 hectares de Battery Park, créé un bâtiment exigeant un maxi- Si la double silhouette était uni- à l’extrémité de Manhattan. Les fondations furent ancrées sur le roc à mum de lumière et composé, pour versellement appréciée, elle passait 23 mètres de profondeur ; 200 000 tonnes d’acier et 413 000 tonnes de toutes structures extérieures, de pour moins élégante que celle de béton furent englouties dans ces structures cyclopéennes. verre, d’acier et d’aluminium. STAN HONDA/AFP certaines tours concurrentes, com- Les ingénieurs signalent cepen- a NEW YORK, 10 h 14. La première des deux tours du World me l’Empire State Building ou le dant, avec prudence, qu’un atten- Trade Center vient de s’écrouler. Dans une rue jonchée de gravats, Chrysler Building. On pouvait pren- étaient également métalliques. On Mimram, l’effet du « moment de tat similaire aurait sans doute un homme hébété tente, dans une atmosphère saturée de poussière dre un verre et admirer la vue du les a vus s’effondrer les uns sur les renversement », terme de physique moins de conséquences dramati- grise, de se protéger la bouche pour respirer en s’éloignant haut de ses quelque 420 mètres. En autres avec une rapidité incroyable, qui, pour simplifier, désigne l’effet ques sur une structure de béton lentement des lieux du drame. 1974, un funambule français, Phi- comme à la suite d’une sorte d’im- de levier subi par la tour dans ses fermée, barrage ou centrale atomi- lippe Petit, avait franchi, à cette plosion. parties élevées, soit approximative- que. Mais, pour des tours de hauteur, les 40 mètres qui sépa- Des architectes et des ingénieurs ment entre les 60e et 80e étages. bureaux ou d’habitations, ils ne raient les deux tours. Elles avaient actuellement confrontés à la cons- Ainsi l’effet aurait-il été moindre si voient aucune parade technique « Personne ne souriait à personne, été conçues à l’épreuve du feu, du truction d’immeubles de grande les appareils avaient frappé les édi- face à de telles attaques. Les plus vent et des tremblements de terre. hauteur, et en connaissant les fices dans leurs parties inférieures. inquiets soulignent qu’en cas de L’explosion, le 26 février 1993 (lire aspects structurels, avancent l’expli- En effet, la hauteur du point d’im- guerre toutes les villes construites tout le monde était en état de choc » page 13), d’un camion bourré d’ex- cation suivante, qui écarte cette pact multiplie d’autant le choc de sur le principe des immeubles de plosifs avait fait six morts, un mil- idée d’implosion : le noyau central plusieurs milliers de tonnes provo- grande hauteur pourraient rencon- VOICI quelques témoignages de suis rentrée chez moi, moitié en bus lier de blessés et causé d’impor- de la tour, composé pour une large qué par la masse et la vitesse de trer une semblable fin sous l’effet New-Yorkais recueillis par télépho- moitié à pied, et j’attends des gens tants dommages à l’édifice, sans partie de béton, aurait explosé sous l’avion. Sans pouvoir avancer de de puissants missiles. ne, quelques heures après le dra- qui vont sans doute dormir ici car ils toutefois le mettre en péril. Mais l’impact colossal causé par le choc chiffres précis, les ingénieurs par- me qui a frappé les bâtiments du ne peuvent pas rentrer chez eux. les tours jumelles ne pouvaient pas des avions. Dans un second temps, lent de forces proprement inimagi- Frédéric Edelmann World Trade Center (WTC). D’autres s’organisent pour dormir résister au choc de deux avions de le poids considérable des étages nables induites par ce double effet et Emmanuel de Roux au bureau. TÉMOIGNAGES » Les supermarchés n’ont plus « J’ai pris deux photos, d’eau minérale ; beaucoup ont fer- mé. Apparemment, les gens se sont Le World Trade Center : 350 sociétés, 50 000 salariés, et tout d’un coup comportés comme pour les cyclo- il n’y avait plus nes. On spécule beaucoup, dans les qu’une tour... » conversations, sur l’identité des res- un centre commercial et une gare souterraine au cœur de Wall Street ponsables ; les gens savent que c’est du terrorisme, mais ils font un peu ELLES ÉTAIENT devenues le saient par le World Trade Center. attaqué », commentait un obser- vous. Selon des proches joints mar- b Arthur Hoey, architecte : attention car ils se souviennent de la symbole de New York. Construites Aucun bilan n’est encore disponi- vateur. di soir par Le Monde, M. Blanc est « Quand j’ai vu ce qui se passait à la confusion initiale dans l’attentat au bout de l’île de Manhattan, dans ble. La banque Morgan Stanley Le Crédit agricole pourrait aussi « choqué, mais sain et sauf ». télé, je suis allé à Washington Square d’Oklahoma City. Et puis, ici, on la baie de l’Hudson, les deux tours Dean Witter, qui était le premier être lourdement éprouvé (lire Conçu par l’architecte japonais Park, pas loin de chez moi, pour voir parle souvent du “terrorisme du Pro- jumelles de 110 étages du World occupant des tours, louant pour ci-dessous). Trois collaborateurs de Minoru Yamasaki, le World Trade la fumée qui sortait du WTC. J’ai pris che-Orient”, mais sans vraiment Trade Center – les « Twins » com- elle seule 12,5 % des surfaces, ris- l’agence de promotion économi- Center avait été lancé, au milieu deux photos et, tout d’un coup, il n’y savoir de quoi il s’agit… me les nommaient les New-Yorkais que d’être durement touchée. Plus que de la région lyonnaise, instal- des années 1960, par les autorités avait plus qu’une tour. Autour de » Un bâtiment de soutien au – étaient aussi la vitrine de la finan- new-yorkaises pour abriter les moi, beaucoup de gens, dont pas World Trade Center vient de s’effon- ce et de l’économie américaines, et entreprises privées et gouverne- mal d’étudiants de la New York Uni- drer à son tour. Ça y est, les sirènes l’emblème d’une conception de la La banque Morgan Stanley Dean Witter, mentales tournées vers le commer- versity, sont tombés à genoux en san- reprennent… » mondialisation. ce international, et également pour glotant. C’était très dur. Personnelle- b John S., banquier à Manhattan : Plus de 350 sociétés internationa- premier occupant des tours, louait redynamiser l’économie du centre ment, je suis encore très secoué. Il « Nous avons passé la journée à les, dont de nombreux établisse- de Manhattan, alors en déclin. Six n’y a pas de transports en commun, essayer de rassurer nos salariés mais, ments financiers comme l’assureur pour elle seule 12,5 % des surfaces. cents millions de dollars avaient les ponts et les tunnels pour entrer en dépit de tous nos efforts, je suis Allianz, la Deutsche Bank, la Bank été investis entre 1966 et 1973 pour et sortir de Manhattan sont fermés. sûr que nos propos sont tombés of America ou le Crédit suisse y Plus de 1 000 personnes construire ces deux tours d’environ Ce matin, les chasseurs de l’US Air dans le vide. J’ai rarement vu une tel- avaient installé leurs bureaux. Des 420 mètres de haut, qui étaient les Force sifflaient au-dessus de nos le combinaison d’angoisse, de colère antennes gouvernementales com- travaillaient dans ses bureaux plus hautes de Manhattan. têtes en moyenne toutes les vingt et d’impuissance. La seule bonne me celle du conseiller financier de Après des débuts difficiles, pen- minutes. On n’a pas l’habitude de les chose de cette journée, et c’était l’ambassade de France, qui venait dant lesquels les autorités américai- entendre, par ici. Par moments en incroyable, a été lorsque je suis allé de quitter le centre il y a une semai- de 1 000 personnes travaillaient lée dans la tour, étaient portés dis- nes durent le soutenir à bout de les entendant arriver, je me suis dit : donner mon sang. La queue faisait le ne, des administrations américai- dans ses bureaux, siège des activi- parus, selon le président de l’agen- bras, le World Trade Center était “Pourvu que ce soient les nôtres ! C’est tour du pâté de maison et le centre nes, les autorités portuaires de tés de banque de détail. La banque ce, Robert Maury. Le groupe de rapidement devenu un succès. Sa une zone de guerre !” » de transfusion commençait à ren- New York et du New Jersey y n’indiquait pas, mardi soir, le nom- réassurance la SCOR et la Coface, formule – offrir de nombreux servi- b Kathleen Ferrell, conseiller voyer les donneurs. Ce qui est terri- avaient aussi élu domicile. bre de personnes dont elle était qui avaient loué des bureaux dans ces associés, comme des aides pour juridique dans un grand cabinet fiant, c’est de penser que le pire peut Dans cet énorme complexe sans nouvelles. « Priorité à nos les deux tours, n’ont pas donné trouver des partenaires à l’étran- d’avocats : « J’ai vu la première tour encore venir, d’autres actes de terro- immobilier, représentant 10 % des employés et à nos familles », assu- d’informations. ger, faciliter les échanges, des s’effondrer depuis Greenwich Villa- risme par imitation, ou, sans doute surfaces de bureaux du bas Man- rait une porte-parole. « Les équipes Christian Blanc, l’ex-président bureaux de traduction, des centres ge. Une vision d’horreur. Après, pire encore, succomber à la peur. » hattan, avaient été implantés aussi de Londres, qui travaillaient tous les d’Air France, l’a, lui, échappé belle. de télécommunications – avait atti- mon mari est allé voter (aux primai- b Lettre (par e-mail) de Friess le plus grand centre commercial jours avec leurs collègues new-yor- Président de Merrill Lynch France, ré de nombreuses entreprises. Le res des municipales de New York). Associates, petite firme de Wall de l’île et le plus grand centre de kais, sont en pleurs », rapportait un il était à New York mardi, à l’Hôtel World Trade Center de New York Moi je suis allée au bureau, à Mid- Street : « Chers clients, actionnaires réunions et de congrès, le tout des- membre de l’équipe parisienne. Marriott du World Trade Center. Il était devenu la figure de proue town, près de Grand Central Sta- et amis. Comme vous, nous som- servi par une importante gare sou- Une cellule de crise a été mise en l’avait quitté tôt dans la matinée, d’une vaste organisation regrou- tion, à pied : le métro était fermé, mes stupéfaits (stunned) par la tra- terraine. Chaque jour, 200 000 per- place à New York. « C’est le cœur environ une heure avant les événe- pant 300 centres de bureaux, dans les bus bourrés à craquer d’évacués. gédie qui est en train de se dérouler. sonnes, dont 50 000 salariés, pas- de Wall Street et de la finance qui est ments, pour se rendre à un rendez- une centaine de pays différents, et Dans la rue, je marchais avec plein Nos prières accompagnent ceux comptant plus de 140 000 entrepri- de gens couverts de poussière, qui d’entre vous dont les être chers y ses affiliées. remontaient de Downtown. Au ont été exposés. Nos vies à tous ont A New York, la réussite financiè- milieu, les véhicules de secours, les changé aujourd’hui. Ceux qui con- Le Crédit agricole s’inquiète du sort d’« une centaine re et touristique du World Trade ambulances, couverts de poussière naissent personnellement George Center avait fait rapidement école : aussi, sirènes hurlantes. On attra- Bush et Dick Cheney parient sur le World Financial Center, en 1988, pait par-ci par-là des bribes d’infor- une riposte très dure au terrorisme. de personnes manquantes » dans l’une de ses filiales était venu s’adosser à l’ensemble, mations à la radio, par la fenêtre Comme Pearl Harbor, que cette tra- créant un vaste centre financier, d’une voiture, en passant devant un gédie nous unisse tous. Nous vous L’ÉMOTION était énorme, mar- cise une porte-parole de la banque informations que celles de la télévi- accueillant les plus grandes socié- café. Les gens essayaient désespéré- informerons ultérieurement de nos di 11 septembre au soir, dans les à Paris, certaines au 92e étage, sion, car les lignes téléphoniques tés mondiales, à deux pas de Wall ment d’utiliser leur téléphone porta- prévisions d’investissement. La bureaux parisiens du Crédit agrico- d’autres dans les étages inférieurs. avec les bureaux de New York sont Street. Propriété des autorités por- ble, ou faisaient la queue aux cabi- valeur nette des actifs du fonds sera le. Les équipes de la banque fran- « Une cinquantaine d’entre elles ont coupées. Néanmoins, les contacts tuaires de New York et du New Jer- nes. Personne ne souriait à person- disponible à la clôture le jour où les çaise sont « retournées, en état de été évacuées, une centaine de per- que nous avons pu avoir nous lais- sey, le World Trade Center avait ne, tout le monde était en état de échanges reprendront. Nous ne pou- choc ». Certains salariés étaient en sonnes sont manquantes », indi- sent croire qu’une partie des effectifs été vendu, en juillet, pour 3,2 mil- choc. Les gens sont sonnés, mais vons pas verser assez de larmes ligne, mardi, en début d’après- quait, mardi soir, la direction de la de Carr Futures présents sur le Floor, liards de dollars à un fonds d’inves- assez calmes, ce n’est pas le chaos. pour ceux qui sont morts aujour- midi, avec des correspondants amé- communication de CAI. « Les sala- situé à proximité du World Trade tissement, Silverstein Properties. Ni colère ni désespoir. Plutôt un sen- d’hui. Beaucoup de nos amis se trou- ricains quand, tout à coup : « Plus riés sont atterrés », commentait-on Center, a pu être évacuée. Concer- Considéré comme un haut lieu timent de choc, d’incrédulité. Et vaient dans ces immeubles. Nous rien ! », commente un membre de au siège de CAI, qui était peu opti- nant le personnel du World Trade symbolique de la puissance écono- une profonde tristesse, à cause de savons maintenant que certains ont la banque. miste sur le sort de ses salariés Center, nous n’avons aucune autre mique américaine, le World Trade tous ceux qui sont morts. disparu, nous prions pour que Pas moins de 153 personnes tra- « manquants », sans en dire davan- information. » Center avait été l’objet d’un atten- » Au bureau, toutes nos salles de d’autres soient sains et saufs. Les vaillaient dans les bureaux de Carr tage. Une cellule de crise a été mise Carr Futures publie, lui aussi, tat au camion piégé, le 26 février réunion ont été transformées en sal- valeurs boursières sont importantes Futures, une filiale de Crédit agrico- en place au siège de Carr Futures, à une information, signée de son pré- 1993 (lire page 13). Après cette pre- les de TV et la plupart des gens s’y mais dérisoires à côté du cauchemar le Indosuez (CAI), la banque des Chicago, une autre à Paris. sident, Didier Varlet, sur son site mière attaque terroriste attribuée à sont réunis pour regarder les infor- qui a frappé tant d’innocents aujour- grands clients internationaux du Le Crédit agricole a publié une Web, qui adresse « ses pensées et un groupe islamiste, les consignes mations à la télé. En début d’après- d’hui. Nous espérons que vous vous Crédit agricole, installée dans l’une information laconique, « Spécial prières aux familles touchées par cet- de sécurité avaient été renforcées midi, certains transports se sont joindrez à nos prières pour eux. » des deux tours du World Trade New York » sur son site Internet. te tragédie ». dans les deux tours. remis à fonctionner pour les gens qui Center. Environ 120 à 130 person- « A l’heure actuelle, Crédit agricole habitent en dehors de Manhattan. Je Sylvie Kauffmann nes se trouvaient dans la tour, pré- Indosuez ne possède pas d’autres Pascale Santi Martine Orange 6 LES AUTRES CIBLES LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 La puissance militaire américaine a été frappée au cœur L’attaque du Pentagone aurait fait jusqu’à huit cents morts. Un Boeing 757 d’American Airlines s’est écrasé sur le bâtiment avec 58 passagers à bord. Un quatrième avion a explosé près de Pittsburgh sans atteindre sa cible. Les services de renseignement sont sur la sellette

WASHINGTON L'attaque sur Washington cués, cependant, il a été question ne CNN avançait le chiffre de huit été, et les responsables de ces uni- de notre correspondant d’un deuxième avion en route cents morts ; aucun responsable, tés étaient incapables de dire com- Un avion de ligne s’est enfoncé 9 h 50 : la Maison Blanche vers Washington. M. Rumsfeld compris, n’acceptait bien de personnes exactement dans l’une des façades du Pentago- et les immeubles Des chasseurs F 16 ont survolé de se prononcer sur le nombre de avaient réintégré leurs bureaux ne, à l’ouest, regardant vers le célè- Kennedy fédéraux sont évacués. la capitale et, particulièrement, la militaires et de civils tués. après cette rénovation. En fin bre cimetière militaire d’Arling- Center FBI zone militaire d’Arlington, où est ton, en Virginie, en lisière de Wash- State Federal Triangle situé le Pentagone. ington. Il était entre 9 h 35 et Department En fin de journée seulement, il a Des pirates de l’air armés de couteaux Washington 9 h 45, mardi 11 septembre, une National Museums Capitole été à peu près acquis que l’appa- heure à laquelle les militaires et les Monument reil qui avait frappé le cœur de la Une figure de l’establishment washingtonien, Barbara Olson, colla- civils travaillant au grand quartier puissance militaire américaine boratrice de CNN et épouse de l’avocat du gouvernement fédéral général des armées sont à leurs Agriculture était un Boeing 757 de la compa- auprès de la Cour suprême, Ted Olson, se trouvait dans l’avion qui postes. Le secrétaire à la défense, Tidal Bassin Dept. of gnie American Airlines, qui venait s’est écrasé sur le Pentagone. Avant le crash, elle a pu appeler son mari Donald Rumsfeld, était lui aussi transportation de quitter Dulles, l’un des deux à deux reprises depuis son téléphone portable. Elle lui a indiqué, selon dans son bureau, situé à l’opposé aéroports de la capitale, avec à CNN, que les pirates de l’air avaient regroupé les passagers à l’arrière du côté visé par l’attentat. Po son bord cinquante-huit passa- de l’appareil, ainsi que le pilote. Ils n’étaient armés que de couteaux et to W R m a D’après un porte-parole militai- iv a s gers, un équipage de cabine de de cutters, a-t-elle dit. « Qu’est-ce que je peux faire ? », aurait-elle er c h in re, M. Rumsfeld s’est dirigé vers le g quatre personnes et deux pilotes. demandé avant que l’avion ne s’écrase. Le Boeing 757 d’American Airli- t o bâtiment touché et a commencé à n nes avait décollé peu auparavant de Washington, à destination de Los C 9h53: un Boeing 757 h porter secours aux victimes, puis il a CINQ « CERCLES » CONCENTRIQUES Angeles, avec 58 passagers et 6 membres d’équipage à bord. d'American Airlines n a vite été évacué par les officiers n Le choc a détruit de part en part Barbara Olson, ancien procureur fédéral, est l’auteur d’un livre très s'écrase sur le Pentagone e l chargés de sa sécurité, qui l’ont 10 h 10 : une partie l’un des côtés du bâtiment exté- critique sur Hillary Clinton et préparait la sortie de Final Days (« Der- emmené au centre national de du bâtiment s'écroule rieur, le Pentagone étant cons- niers Jours »), un ouvrage sur les derniers jours de Bill Clinton à la Mai- 500 m commandement, un bunker situé truit en cinq « cercles » concentri- son Blanche. Son mari avait été l’avocat de George Bush devant la sous son bureau. ques. Les pompiers ont mis dix Cour suprême lors du contentieux électoral de Floride en décembre. Pendant ce temps, les person- heures à maîtriser l’incendie, sans nels, quelque vingt-trois mille fumée s’élevait au-dessus d’Arling- commencé ensuite à décrire la des- parvenir à l’éteindre complète- hommes et femmes, étaient invi- ton. Pendant dix ou quinze minu- cente accélérée d’un avion vers le ment mardi soir. L’explosion de l’avion a ouvert d’après-midi, les médias ont diffusé tés à quitter les bâtiments et tes, les habitants de Washington Pentagone. La taille de l’appareil Alors que tous les hôpitaux de la une brèche sur toute la hauteur du un numéro de téléphone, que les emmenés vers les parkings envi- sont restés dans l’incertitude variait selon les témoignages, et région étaient mis en alerte, les bâtiment. Cette partie du Pentago- personnes travaillant dans ce bâti- ronnants, d’où il leur était impossi- quant à la raison de ce choc et de ceux qui parlaient d’un avion de blessés qui y ont été amenés dans ne est occupée par les états-majors ment étaient invitées à composer ble de bouger. Toute la zone du cet incendie. ligne n’avaient pas eu le temps de l’après-midi se comptaient à et les personnels administratifs de pour signaler qu’elles étaient en vie. Pentagone était bouclée par l’ar- Certains témoins, interrogés voir à quelle compagnie il apparte- moins de cinquante, ce qui augu- la flotte et du corps des marines. mée et la police. Une épaisse par les chaînes de télévision, ont nait. Parmi les personnels éva- rait du pire. Dans la soirée, la chaî- Des travaux y ont été menés cet Patrick Jarreau A Washington, fausses informations, rumeurs et état d’urgence Le quatrième avion aurait peut-être WASHINGTON la Chambre. C’est à ce moment qu’un appa- révélaient inutilisables en raison de la masse de notre correspondant reil de transport a fait son apparition au-des- des appels. Des files d’attente se formaient été abattu avant d’atteindre sa cible L’état d’urgence a été déclaré mardi 11 sep- sus de la ville, survolant en particulier la Mai- devant les cabines de téléphone publiques. tembre dans la capitale des Etats-Unis, Wash- son Blanche, avant de s’éloigner. Alors que l’ordre d’évacuation était étendu ington, et dans les deux Etats limitrophes de Ce survol, tout à fait inhabituel, a contribué à l’ensemble des bâtiments administratifs et Camp David ou Washington était sans doute visé Virginie et du Maryland. Entre 9 h 35 et à affoler les fonctionnaires qui avaient quitté que la gare, après les deux aéroports de la vil- 9 h 45, quelque quarante minutes après que le leurs bureaux ou qui s’apprêtaient à le faire. le, était fermée, le maire, Anthony Williams, a NEW YORK l’avion avait été détourné. L’hom- premier avion de ligne détourné se fut écrasé La panique s’est répandue d’autant plus vite annoncé, à 13 h 30, qu’il avait décidé de décla- de notre correspondant me a déclaré que l’avion perdait sur une des deux tours du World Trade Center que certains officiers de police, pour convain- rer l’état d’urgence. Le quatrième avion détourné de l’altitude. Il a ajouté avoir de New York, le Pentagone, situé sur la rive cre les gens de quitter les immeubles, avaient Les universités fermaient les unes après les mardi 11 septembre dans la mati- entendu une explosion, vu de la droite du Potomac, en Virginie, était frappé à expliqué qu’un avion détourné était en route autres ; les lycées et les écoles faisaient savoir née ne s’est pas écrasé sur un bâti- fumée blanche et le contact a été son tour. La décision était prise aussitôt d’éva- vers Washington et qu’on ignorait vers quelle que les cours s’arrêteraient une ou deux heu- ment dans une grande ville améri- perdu. cuer l’immense quartier général des forces partie de la ville il se dirigeait. res plus tôt que d’habitude et que les parents caine. Le Boeing 757 d’United Air- L’existence d’un lien entre cet armées. pouvaient venir chercher leurs enfants quand lines (UAL) du vol 93, qui trans- accident et les attaques qui ont Quelques minutes plus tard, la Maison Blan- GARE, AÉROPORTS, ÉCOLES… FERMÉS ils le voulaient. Les musées et les monuments portait des passagers de Newark touché New York et Washington che, résidence du président des Etats-Unis, Les employés des ministères, les collabora- étaient fermés. Les transports en commun, (New Jersey) à San Francisco, n’a pas été immédiatement éta- alors en voyage en Floride, était elle aussi éva- teurs des multiples institutions et organisa- particulièrement le métro, étaient maintenus. s’est abattu dans une zone boisée blie. Les circonstances dans les- cuée. Des rumeurs étaient vite colportées par tions nationales et internationales de la capita- Le maire demandait aux habitants de rentrer de Pennsylvanie, peu après que quelles l’avion s’est écrasé restent les chaînes de télévision : un incendie se serait le se sont répandus dans les rues. Nombre chez eux et de ne pas encombrer les rues. Les deux autres appareils eurent heur- mystérieuses. Il était manifeste- déclaré sur le Mall, le vaste espace central de d’entre eux ont pris leur voiture dans l’idée de gouverneurs du Maryland et de la Virginie té les tours du World Trade Cen- ment programmé par les terroris- Washington, qui va du mémorial de Lincoln fuir ce qui leur semblait être devenu un piè- décrétaient, à leur tour, l’état d’urgence. ter à New York. Le lieu du crash a tes pour s’écraser à Washington, au Capitole, la colline où siège le Congrès ; ge : une ville à la merci d’une attaque aérien- Mardi, en fin d’après-midi, Washington donné à penser à certains enquê- peut-être sur la Maison Blanche, une voiture piégée aurait explosé devant le ne imminente. était une ville morte. On n’y rencontrait que teurs que la cible visée était peut- ou sur Camp David. département d’Etat, situé non loin. Ces infor- Les camions de pompiers et les ambulances de rares passants et pratiquement pas de voi- être la retraite présidentielle de Les radars montrent que l’avion mations étaient fausses, mais il était bien vrai, qui tentaient de gagner le Pentagone fai- tures, sauf celles des policiers, qui barraient Camp David, à 140 kilomètres au en revanche, que les principaux bâtiments saient hurler leurs sirènes, de même que les l’accès de vastes périmètres autour des princi- sud-est de là, dans le Maryland. gouvernementaux – le département d’Etat, véhicules de la police de la ville qui se diri- paux bâtiments officiels. Les magasins et les L’appareil transportait 45 per- Une hypothèse celui de la justice, celui du Trésor, notamment geaient vers les carrefours. Bientôt, tout le restaurants étaient presque tous fermés. sonnes. « Selon les premières indi- – étaient évacués et que la police du Congrès centre de Washington a été bloqué par les cations, il n’y a pas le moindre sur- évoquée dans appliquait les mêmes consignes au Sénat et à embouteillages. Les téléphones portables se P. J. vivant, a déclaré Pam Ickes, porte- parole de l’agence de manage- des milieux proches ment du comté de Somerset, où l’avion s’est écrasé. Il y a un du Pentagone L’avion-suicide a échappé aux radars avant de plonger sur le « bunker » grand champ de débris et un énor- me cratère. » est que l’avion ABRITANT quelque 24 000 per- aérienne des Etats-Unis, censée pré- et qui, pour une raison technique Il reste que cinquante-sept minu- Le crash s’est produit peu après sonnes qui s’y relaient jour et nuit, venir le territoire de toute attaque inopinée, une panne ou sous le tes se sont écoulées entre l’attaque 10 heures, à 130 kilomètres envi- a été abattu par vingt-quatre heures sur vingt-qua- éventuelle et organiser la riposte. coup d’un acte de piraterie, doivent contre la première tour du World ron de Pittsburgh. United Airlines tre, le Pentagone offre l’aspect modifier brutalement leur trajectoi- Trade Center à New York et celle a indiqué que l’appareil transpor- la sécurité aérienne d’un bâtiment de béton octogonal « TOILE D’ARAIGNÉE » re. C’est en particulier le cas d’un qui visait le Pentagone à Washing- tait à son bord 38 passagers, austère, uniformément gris et au Mais cette « toile d’araignée », avion qui croise à très basse altitude ton. Ce qui semble indiquer que le 2 pilotes et 5 membres d’équipa- américaine au-dessus toit d’un seul tenant. C’est le « cer- même si elle a été tissée de façon à (les radars peuvent alors présenter Boeing 757 vol 57 de la compagnie ge. L’un des passagers, Mark Bin- veau » et le système nerveux de la connecter les radars militaires à des zones aveugles de détection ou American Airlines, parti de l’aéro- gham, trente et un ans, un chargé d’une zone défense américaine depuis son édi- ceux du contrôle fédéral de la navi- des « lobes » de vulnérabilité dus à port Dulles dans la capitale en direc- de relations publiques de l’Etat de fication en pleine seconde guerre gation aérienne commerciale et à la courbure naturelle de la Terre) et tion de Los Angeles avec 64 occu- Californie, a réussi à téléphoner à peu habitée pour mondiale. Il a été l’objet de plu- pants, n’a pas alors été perçu com- sa mère, Alice Hoglan, à l’aide de sieurs agressions mineures, notam- me une menace potentielle. Il y a eu son téléphone cellulaire. « Trois l’empêcher de faire ment durant le conflit vietnamien, Les insuffisances du « renseignement humain » une faille dans le dispositif d’alerte hommes ont pris le contrôle. Ils en signe de protestation contre la et de sécurité, interne au Pentago- disent qu’ils ont une bombe. Je plus de dégâts politique de Washington. Mais, C’est le général Norman Schwartzkopf, l’ancien commandant en ne, à un niveau d’évaluation des ris- t’aime beaucoup, beaucoup, au contre lui, mardi 11 septembre, les chef de la guerre du Golfe, qui, le premier, a mis en cause l’insuffisan- ques encourus et des urgences à cas où je ne vous verrai plus », terroristes ont jeté, avec son équi- ce du « renseignement humain » pour expliquer la vulnérabilité des prendre que des enquêteurs a-t-il dit à sa mère. avait pratiquement atteint Cleve- page et ses passagers, un biréac- Etats-Unis face au terrorisme. « Le renseignement qui fait appel à la devront déterminer. Cette carence Ces propos ont été rapportés land, dans l’Ohio, avant de faire teur Boeing 757 détourné par eux. haute technologie, aux écoutes, aux satellites, c’est très bien, mais nous ne est indépendante de celle – bien réel- par les télévisions locales, à San presque un demi-tour brutal et de Partageant les locaux avec le cabi- pouvons pas frapper les terroristes si nous n’avons pas d’espions », a-t-il le aussi – du renseignement sur les Francisco. « Il y avait beaucoup prendre la direction de Washing- net civil et militaire du secrétaire à déclaré sur NBC. L’ex-candidat à la candidature républicaine à la Mai- mouvements terroristes. d’agitation en arrière-plan lors- ton en ligne droite, survolant la la défense, Donald Rumsfeld, les son Blanche, John McCain a abondé dans ce sens sur ABC. Les experts doutent, pour autant, qu’il a téléphoné. Beaucoup de Pennsylvanie et la région de Pitts- trois armées américaines, le corps James Baker, ancien secrétaire d’Etat, proche de George Bush, est que le Pentagone, suffisamment aler- voix, mais je n’ai pas pu les distin- burgh. Alertés, les services des marines et leurs services com- allé plus loin en accusant les investigations du Congrès sur les servi- té dans les délais, puisse ordonner guer les unes des autres »,se secrets auraient alors décidé de muns logent au Pentagone leurs ces de renseignement d’avoir « désarmé [les Etats-Unis] en termes de une riposte ajustée contre le compor- souvient Mme Hoglan. Elle a con- retarder le retour à Washington états-majors, les moyens de com- renseignement humain ». « Ce n’est pas le moment de montrer du doigt tement anormal d’un avion-kamika- fié avoir été incrédule dans un de M. Bush, qui aurait alors été mandement et de soutien et, en par- qui que ce soit ou quelque institution que ce soit », a déclaré au contrai- ze. Une interception en vol, sur premier temps : « Il m’a alors dirigé vers la base militaire du ticulier, à l’abri de pièces cloison- re, sur CNN, Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’Etat de Bill décollage d’un avion de combat ou dit : “C’est vrai, nous avons réelle- Nebraska. nées ou dans des sous-sols, dont Clinton. Pour Mme Albright, qui avait connu les attentats contre les par une batterie antiaérienne, est dif- ment été détournés”. » « Je lui ai Les terroristes qui ont pris le l’accès est strictement réservé aux ambassades américaines en Afrique, il ne peut pas exister d’« assu- ficilement crédible. A plus forte rai- dit que je le croyais. Je lui ai dit contrôle de l’appareil ont peut- personnels munis de badges spé- rance totale » contre le terrorisme. – (Corresp.) son, un ordre de destruction. C’est que je l’aimais », a-t-elle ajouté. être été incapables de le piloter ciaux, les ordinateurs et les systè- ce qui a fait dire, après coup, au sous- La communication a alors été ou de contraindre les pilotes à mes de communication nécessaires chef des opérations à l’état-major de coupée. obéir à leurs instructions. Une à la conduite des opérations. ceux des aéroports, n’est pas étan- dont l’équipage a interrompu, à la l’armée de l’air française, le général Apparemment, un autre passa- autre hypothèse évoquée dans On y trouve aussi des annexes che à 100 %, aux Etats-Unis comme suite d’une défaillance mécanique, Patrice Klein, qu’il n’est pas certain ger – à moins que ce ne soit le des milieux proches du Pentago- des services de renseignement et dans bien d’autres pays. sous la menace ou volontairement, que, confrontés à une telle situation, même – aurait aussi téléphoné ne est que l’avion aurait été abat- d’analyse stratégique dont les siè- Les mesures classiques de sécuri- tout contact régulier avec le sol. d’autres pays auraient fait mieux. quelques minutes avant le crash à tu par la sécurité aérienne améri- ges se situent principalement dans té aérienne, sauf à être renforcées Malgré ses équipements sophisti- Une telle initiative est du ressort, aux un contrôleur aérien. Glenn Cra- caine au-dessus d’une zone peu le district de Washington, en Virgi- au départ, dans les aéroports qués, le Pentagone peut avancer de Etats-Unis ou ailleurs, de ce qu’on mer, contrôleur dans le comté de habitée pour l’empêcher de faire nie, dans le New Jersey. mêmes, sont peu adaptées en réali- tels arguments pour expliquer qu’il appelle « la haute autorité » de la Westmoreland, a reçu peu avant plus de dégâts. Rien ne permet Défendu par de modestes té à la détection en continu, puis à n’a pas été en mesure de prendre à défense aérienne, c’est-à-dire du 10 heures un appel d’un passager pour l’instant d’étayer l’une de moyens antiaériens, ce bunker est la surveillance militaire d’intrusions temps les précautions qui s’impo- chef de l’Etat s’il est joignable. du vol 93 affirmant que l’appel ces hypothèses. relié en permanence au réseau, qui seraient le fait d’avions dont saient pour évacuer son personnel n’était pas un canular, qu’il s’était complexe et maillé, de la défense l’équipage a déposé un plan de vol au travail. Jacques Isnard enfermé dans les toilettes et que Eric Leser LES AUTRES CIBLES LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 7 Paroles de New-Yorkais : « On a cru à une explosion nucléaire » b Florence Magne, Française Mais l’obscurité, la cendre, l’autorou- cabines téléphoniques, des gens se (Manhattan) : « On a cru à une te curieusement vide, plus tard des regroupaient devant les postes de télé- explosion nucléaire. Tout le monde avions de chasse dans le ciel don- vision aux terrasses et dans les bars. est descendu dans la rue, il y avait naient une impression de guerre. J’ai entendu un grand type pâle décla- une foule énorme. J’ai alors claire- Demain ? Personne ne sait ce qui se rer à un autre : « Maintenant, ce passera. Comment les Etats-Unis sont les Palestiniens à Gaza, qui TÉMOIGNAGES vont réagir. Ce qu’il adviendra de la vont se réjouir et applaudir » . planète. On ouvre le domaine de tous b Adrienne, artiste peintre « Je n’arrive pas les possibles. » (New York) : « J’ai tout de suite pen- à le croire... C’était b Natacha Aubier, décoratrice sé : c’est une attaque terroriste. Ma la fin du monde, (New York) : « J’ai voulu rentrer voisine m’a regardée, incrédule : la fin du monde » chez moi, à Brooklyn. C’était comme “ Comment pouvez-vous penser à dans un film, il n’y avait plus de voitu- un truc comme ça ? Vous êtes Israé- res, plus de bus, ni de métros. Les lienne ?”. Non, mais cela me sem- ment vu le deuxième avion se fracas- gens couraient partout. Tout le mon- blait évident. L’Amérique est vulnéra- ser sur le côté de la deuxième tour. de criait. Tout le monde courait. Je ne ble. Dommage qu’elle le réalise de J’ai récupéré mes enfants à l’école et pouvais pas croire ce que je voyais. cette façon-là. » nous sommes rentrés à la maison. Je Ca sentait le brulé, tout était poussié- b Jamie Metzl (Washington) : ne sais pas si je dois rester ou partir, reux, lourd. Les gens sortaient de par- « Comme c’est étrange d’être en TOM HORAN/AP d’autant qu’à la télévision on évoque tout, les yeux hébétés. Du sang cou- guerre avec un ennemi invisible. Com- a WASHINGTON, 15 h 42. la possibilité d’armes chimiques dans lait sur leurs visages blancs, comme bien de familles, ce soir, sont assises Un hélicoptère survole la partie du les avions… C’est difficile de dire ce des statues vivantes. Brooklyn était chez elles, espérant que leur télépho- Le ciel de Los Angeles Pentagone frappée par le Boeing que j’ai ressenti en découvrant Man- recouvert de cendres, comme si un ne va sonner et que leurs fils, mari, d’American Airlines, toujours en feu hattan sans les Twins Towers. Man- volcan avait explosé. Il y avait des bus ou femme, va s’excuser pour n’avoir six heures après l’attentat. Ce côté hattan est défigurée. » et des camions qui faisaient des allers pas appelé plus tôt ? Nous sommes s’est tout à coup vidé d’avions du bâtiment abrite les états-majors b Clément Bernard (Manhat- et retours, on avait dû les réquisition- tous en deuil. » et les personnels administratifs de tan) : « On ne savait plus quoi faire. ner pour les victimes, ils les remplis- b M.G., financière (Manhattan) : LOS ANGELES télévision, prévue pour dimanche la flotte et du corps des marines. Le Tout le monde courait vers les télé- saient visiblement avec tout ce qu’ils « Tout ce qu’on peut faire à cet ins- correspondance prochain au Shrine Auditorium, est monument dédié à George phones. Les portables ne fonction- pouvaient. Je n’arrive pas à le croire, tant présent, c’est de prier pour tous Le signe le plus visible, en Califor- reportée à une date indéterminée. Washington est visible sur la droite, naient plus. Dehors c’était la nuit, la les mots ne viennent pas. C’était la fin ceux qui sont encore sous les décom- nie, de l’impact de l’attaque terroris- Toutes les compétitions sportives à travers le nuage de fumée. Sur la poussière suffocante, les cendres. du monde, la fin du monde ». bres, ceux qui ont perdu des êtres te commise à New York et Washing- ont été annulées, ainsi que plusieurs gauche, on peut aussi deviner le toit Puis tout le monde est parti vers le b Anne, Française (New York) : aimés et puis le personnel des ton mardi 11 septembre, c’est le ciel concerts, dont celui de Madonna, de la Maison Blanche. nord (de Manhattan) dans le calme. « Des files se formaient devant les secours. ». de Los Angeles exceptionnellement des Black Crowes et la soirée du Hol- vide d’avions, puisque le trafic lywood Bowl conduite par Esa-Pek- aérien de l’aéroport international, ka Salonen. Et Disney a reporté à comme partout aux Etats-Unis, est l’an prochain la sortie de Big Trou- banni pour le moment. ble, film de Barry Sonenfeld où il est La Côte Ouest s’est retrouvée question d’explosifs transportés Provimi : premier semestre 2001 paralysée comme l’ensemble du clandestinement par avion. pays. Tous les bâtiments publics ont De nombreux Californiens se été évacués, les studios Sony, War- trouvaient à bord des quatre avions ner Bros ont fermé, ainsi que les de ligne détournés, puisque trois Premiers résultats en tant que société côtée, parcs d’attraction de Disney et des appareils étaient en route vers Chiffre d'Affaires + 34 % - Résultats d'Exploitation + 22 % d’Universal, les ports de Los Ange- Los Angeles, et le quatrième – qui les et de Long Beach, les musées, les s’est écrasé dans un champ près de Pittsburgh en Pennsylvanie – avait Le Conseil d'administration de la société Provimi s'est réuni le Par secteur d'activités Résultats d'exploitation décollé de Newark (New Jersey) en 10 septembre 2001 sous la présidence de Wim Troost afin (en millions d'euros) 30.06.2001 30.06.2000* ∆ % Un acte de guerre pour direction de San Francisco. Les familles et amis des passagers d'examiner les comptes consolidés pour le premier semestre USA 9,1 7,7 +18,2 86 % des Américains disparus ont été dirigés vers un cen- 2001. Les comptes consolidés au 30 juin 2001 constituent le France 5,7 6,1 -6,6 tre de crise prévu à cet effet par les premier arrêté comptable du groupe Provimi, leader mondial Union européenne hors France 4,3 10,4 -58,7 Pour 86 % des Américains, les deux compagnies aériennes. dans le secteur de la nutrition animale, depuis sa cotation à la Europe Centrale et orientale 18,4 11,8 + 55,9 attentats commis mardi à New A bord du vol American Airlines York et à Washington constituent qui a quitté l’aéroport de Bourse de Paris Euronext le 2 juillet 2001 consécutivement à la Reste du monde 6,4 6,5 -1,5 un acte de guerre contre les Etats- Washington/Dulles à destination de scission du groupe Eridania Béghin Say. Total 43,9 42,5 + 3,3 Unis, selon un sondage Gallup réa- Los Angeles avant de s’écraser sur • Le chiffre d'affaires net des six premiers mois a augmenté de lisé aussitôt après l’attentat pour le Pentagone, se trouvait Barbara *Données pro forma non auditées. La scission impose de pouvoir comparer les résultats 34 % en terme réel par rapport à la même période de l'année réels par rapport à des chiffres pro forma, qui admettent que la société Provimi a opéré en le quotidien USA Today et la chaî- Olson, 46 ans, figure blonde connue tant qu'entité scindée depuis le 1er janvier 2001. Ainsi, certaines acquisitions majeures ne CNN. Plus de la moitié des per- du petit écran américain, qui avait 2000. En tenant compte du retraitement pro forma des ayant été réalisées au cours de l'année 2000 ont été traités au sein des comptes de sonnes interrogées, soit 55 %, esti- beaucoup commenté récemment acquisitions, la progression a été de 19,6 %. Les ventes ont l'exercice 2000 comme si elles avaient été effectuées depuis le début de l'année. De plus, certains éléments de coût tels que les frais financiers, les impôts ainsi que l'amortissement ment également qu’ils marquent l’affaire Condit, sur Fox et sur Larry augmenté dans la totalité des zones géographiques avec des écarts d’acquisition, ont dû être recalculés. le début d’une campagne soute- King Live de CNN. David Angell, notamment une forte hausse en Europe centrale et orientale qui, nue de terrorisme contre les Etats- producteur de la série populaire Fra- en plus de développements favorables du marché local, a Unis, qui va durer plusieurs semai- sier, se trouvait également avec son Principaux points opérationnels nes, relève l’enquête publiée mar- épouse à bord d’un des avions bénéficié des mesures de restriction de l'exportation en vigueur • Acquisition d'entreprises en Pologne, en France ainsi qu'en di soir sur le site du quotidien. Une détournés. dans certains pays de l'Union Européenne. République tchèque au cours de la période prise en compte. grande majorité (78 %) d’entre • Le résultat d'exploitation a augmenté de 22 % par rapport à la • Acquisition d'entreprises en Grèce, en Australie ainsi qu'en elles se déclarent très confiantes LA COMMUNAUTÉ ISLAMIQUE même période de l'année précédente. Comparé au retraitement Bulgarie après le 30 juin 2001. (45 %) ou relativement confiantes Dans Los Angeles, la communau- • Début de la croissance des capacités de production en (33 %) quant à l’aptitude du prési- té islamique s’est inquiétée aussitôt pro forma des acquisitions, le résultat opérationnel montre une alimentation pour poissons au Chili et au Danemark ainsi que dans dent George W. Bush à faire face à des répercussions négatives. « Les hausse de 3,3 %. Par ailleurs, d'excellentes performances ont celui des aliments secs pour animaux de compagnie en République la situation. Seulement 21 % esti- musulmans doivent faire particulière- été enregistrées en Europe centrale et orientale alors que ment que les Etats-Unis devraient ment attention maintenant », décla- tchèque. l’épidémie de fièvre aphteuse a eu un impact négatif dans conduire immédiatement des atta- rait cet homme venu prier dans une • Accroissement des capacités de Recherche et Développement ques en réponse à ces attentats. mosquée de Wilshire Boulevard, plusieurs pays de l'Union Européenne. au Brésil, en Inde, aux Pays-Bas et au Danemark. Une grande majorité (71 %) jugent soulignant que chaque organisation • Le résultat net part du groupe s'est élevé à 5,6 millions d'euros, préférable d’attendre et d’iden- musulmane locale avait condamné en repli d’un tiers par rapport au résultat pro forma du premier Perspectives pour 2001 tifier les responsables. L’enquête les attentats. a été réalisée mardi par téléphone Au centre islamique de Californie semestre 2000. Cette évolution traduit une augmentation des • Les résultats d'exploitation des sociétés du groupe au premier auprès de 407 personnes âgées de du sud, qui a reçu des appels, des frais financiers, des éléments exceptionnels relatifs à la scission semestre ont dépassé les objectifs (croissance minimum de +10%) plus de 18 ans. – (AFP.) faxs d’insultes et de menaces toute ainsi qu’à l’impact de l’épidémie de fièvre aphteuse. Ces coûts à l'exception des sociétés dans l’Union européenne du fait de la journée, l’acteur Edward James supplémentaires ont été partiellement compensés par un faible l'impact de l'épidémie de fièvre aphteuse. L’épidémie est désormais Olmos est venu exprimer sa compré- taux d'impôt sur les sociétés. éradiquée sauf au Royaume Uni. bibliothèques, certaines écoles et hension. « Les musulmans font par- campus universitaires, etc. tie de notre communauté. Il ne faut • Le ratio dette-capital au 30 juin 2001 s'élevait à 0,93 (par • L’activité au second semestre est généralement plus soutenue qu’au premier, en raison de critères de saisonnalité. Le second Les Californiens, réveillés par des pas tirer des conclusions trop vite. J’es- rapport à 0,87 au 31 décembre 2000) du fait des investissements, semestre 2001 intègrera également l’activité des diverses acquisitions coups de fil de leurs amis, ont allumé père que nous avons appris une leçon des versements de dividendes et de certains facteurs saisonniers. leur poste de télévision dès l’aube, importante avec les camps d’interne- de l’année. incrédules face à ces premières ima- ment pour Japonais… », explique l’ac- • Les objectifs de croissance à la fois du chiffre d'affaires et du ges en provenance de New York. teur, évoquant les injustes répercus- Chiffres Clés résultat d'exploitation sur l'année entière devraient être atteints. Gray Davis, le gouverneur de l’Etat, sions de Pearl Harbor sur les Améri- (en millions d'euros) 30.06.2001 30.06.2000* ∆ % • L’objectif à moyen terme est d’atteindre une marge opérationnelle a appelé ses concitoyens « à rester cains d’origine japonaise pendant la de l’ordre de 8 %. calmes et à passer la journée en deuxième guerre mondiale. Chiffre d'affaires 752,2 629,1 +19,6 famille ». Il a annoncé l’envoi d’un Dans un café, plus bondé que Résultat d'exploitation 43,9 42,5 + 3,3 • Le groupe est prêt pour des acquisitions majeures dès le début 2002. contingent de secouristes, tandis d’habitude, du quartier de West Hol- Résultat courant avant impôts 21,1 26,1 - 19,2 que la police de Los Angeles était pla- lywood, les consommateurs aggluti- Le groupe Provimi occupe une présence mondiale dans la totalité Résultats net, part du groupe 5,6 8,4 - 33,3 cée en état d’alerte et les bâtiments nés devant la télé, applaudissaient des types de nutrition animale et est un leader dans tous les fédéraux sous protection du FBI. bruyamment à l’annonce de détona- 30.06.2001 31.12.2000 marchés sur lesquels il opère. Le groupe emploie 6 225 personnes Hollywood a pris acte de la magni- tions dans la capitale afghane de et a enregistré un chiffre d'affaires en l'an 2000 de 1,3 million Capitaux propres 532,0 519,9 tude des événements. La cérémonie Kaboul. « Il faut bien qu’on leur d'Euros. Provimi possède 77 centres de production répartis dans des deuxièmes Latin Awards, qui réponde ! », explique Hampton Endettement financier net 493,9 450,5 25 pays et exporte à destination de plus de 100 pays. Il fabrique et devait récompenser la musique Rowe, 23 ans, un peu excité. Mais la Ratio dette-capital 0,93 0,87 latino dans la soirée du mardi plupart des clients présents expri- fournit une assistance technique pour la totalité des espèces, (les 11 septembre au Forum d’In- maient leur stupeur en silence, plu- Par secteur d’activités Chiffre d'affaires ruminants, la volaille, les porcs, les poissons ainsi que les animaux glewood et être retransmise par tôt que de la colère. (en millions d'euros) 30.06.2001 30.06.2000* ∆ % de compagnie). CBS, a été annulée, tandis que la Informations complémentaires remise des Emmys, les Oscars de la Claudine Mulard USA 128,8 118,1 + 9,1 Adrian Steed - Directeur financier - Tél. + 33 1 41 43 10 40 - France 72,6 70,0 + 3,7 [email protected] Internet supplée les défaillances du téléphone Union européenne hors France 238,3 207,6 +14,8 Steven Maisel - Chargé de relations avec les investisseurs et les sociétés Europe Centrale et orientale 220,7 152,9 +44,3 Tél. + 33 1 41 43 10 41 - [email protected] Tarick Dali - Relations Presse - Tél. + 33 1 40 70 11 89 - [email protected] Internet a aidé les New-Yorkais à rester en liaison les uns avec les Reste du monde 91,8 80,5 +14,0 Le présent communiqué de presse ainsi que la présentation générale destinée aux autres et avec le reste du monde. Alors que les liaisons téléphoniques Total 752,2 629,1 +19,6 analystes pour les réunions devant se tenir à Paris et à Amsterdam le étaient saturées, Internet, qui utilise des voies parallèles quand il ren- 11 septembre 2001 sont disponibles sur le site www.provimi.com contre un blocage, est resté performant. Il fonctionnait presque nor- malement mardi soir, selon Matrix.Net, une société informatique basée à Austin. « Il y a eu une baisse marquée pendant un court moment dans la mati- née, mais dans l’ensemble, Internet a fonctionné assez bien », a indiqué pour sa part Bill Johns, technicien dans une autre société Internet, Keynote Systems. Les agences gouvernementales, les organes de pres- se et les particuliers ont ainsi pu continuer à communiquer durant la pire attaque terroriste de l’histoire des Etats-Unis. – (AFP.) 8 LES RÉACTIONS DANS LE MONDE LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 Les Quinze et l’OTAN se réunissent en conseils extraordinaires A Bruxelles, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord a manifesté sa solidarité avec les Etats-Unis. Le ministre belge des affaires étrangères, Louis Michel, a convoqué pour mercredi les ministres des affaires étrangères de l’Union

BRUXELLES Lord Robertson a ensuite fait la que pouvaient relever de l’article 5 Robertson ait souligné qu’il était du ministre belge des affaires américain. « Les Européens se tien- de notre bureau européen déclaration suivante : « Je condam- du traité de Washington, lequel trop tôt pour dire si l’attaque étrangères, Louis Michel, se trou- nent aux côtés des Etats-Unis et de Bien que l’OTAN ait pour princi- ne avec la plus grande vigueur les prévoit qu’une attaque armée contre New York et Washington vait en visite à Yalta, pour un som- tous les peuples du monde attachés pe de ne jamais discuter des mesu- attaques qui viennent de se produi- contre l’une des parties signatai- pouvait être assimilée à un acte de met Ukraine-Union européenne. à la paix pour condamner de la res de sécurité destinées à proté- re aux Etats-Unis. Mes sympathies res, survenant en Europe ou en guerre. Quel groupe pourrait être Louis Michel a cependant convo- manière la plus ferme, et pour résis- ger ses installations, celles-ci et celles de l’Alliance vont au peuple Amérique du Nord, « sera considé- à l’origine de ces attaques ? Là qué un conseil extraordinaire des ter au terrorisme », a-t-il déclaré. avaient visiblement été multi- américain, aux victimes et à leurs rée comme une attaque dirigée encore, Lord Robertson a estimé ministres des affaires étrangères, Javier Solana, de son côté, a pliées, mardi 11 septembre, proches. Ces actes barbares sont contre toutes les parties », ce qui qu’il était prématuré d’apporter la dénoncé des « actes barbares de autour des bâtiments de l’Alliance autant d’atteintes intolérables à la signifie que les pays membres moindre réponse : « Les Améri- terrorisme » et, tout en faisant part atlantique situés dans les fau- démocratie et soulignent la nécessi- pourront utiliser la force armée cains ne savent pas [encore], nous Une attaque armée de sa solidarité au peuple améri- bourgs de Bruxelles, alors que les té pour la communauté internatio- pour venir en aide au pays ne savons pas », s’est-il borné à pré- cain et aux familles des victimes, il drapeaux de tous ses membres nale et les membres de cette Allian- agressé. ciser. contre l’un a indiqué que des consultations se étaient en berne. Des forces ce de faire front commun pour com- La relative ambiguïté de ce texte A Bruxelles, les mesures de sécu- déroulaient entre les deux côtés armées de police gardaient attenti- battre le fléau du terrorisme. » a été précisée par le « concept stra- rité ont été quasi inexistantes aux des signataires « sera de l’Atlantique. vement les entrées en fin de soi- Dans la soirée, ce message était tégique » lié au traité de Washing- alentour des bâtiments euro- Au quartier général de la défen- rée, pendant que le Conseil de l’At- réaffirmé par le Conseil de l’Atlan- ton (1999) : « toute attaque contre péens. Aucune mesure d’évacua- considérée comme se européenne, situé dans le bâti- lantique nord tenait une réunion tique nord : « Le massacre insensé le territoire des alliés, quelle que tion n’a été prise, les fonctionnai- ment du conseil des ministres, les urgente pour exprimer sa solidari- d’un si grand nombre de civils inno- soit son origine, sera couverte par res du Conseil, de la Commission dirigée contre agents du « centre de situation » té avec les Etats-Unis. cents constitue un acte de violence les articles 5 et 6 du traité de Wash- et du Parlement européens, étant (cellule de crise), sont restés mobi- Peu de temps après l’annonce inacceptable, et sans précédent à ington ». Les intérêts de sécurité simplement libres de rentrer chez toutes les parties » lisés toute la nuit, alors que le res- des attentats de New York, le l’ère moderne. Il souligne qu’il est de l’Alliance, est-il ajouté, peuvent eux. te du personnel quittait les lieux. secrétaire général de l’Alliance urgent d’intensifier le combat être affectés par d’autres risques, Le président de la Commission, (article 5 du traité) Chris Patten, commissaire euro- atlantique, Lord Robertson, a invi- contre le terrorisme, un combat « dont des actes de terrorisme, de Romano Prodi, accompagné du péen chargé des relations extérieu- té le « personnel non essentiel »à dont les membres de l’Alliance – et sabotage et de crime organisé, et premier ministre belge, Guy res, a pour sa part assuré : « Nous quitter les locaux de l’OTAN et à en vérité toutes les nations civilisées par l’interruption de l’approvision- Verhofstadt, dont le pays préside qui se tiendra mercredi en fin de regardons tous ces événements aux « ne pas venir travailler mercredi », – doivent sortir vainqueurs. Tous les nement en ressources vitales ». l’Union européenne (et qui, à ce matinée, à Bruxelles. M. Prodi Etats-Unis avec une horreur abso- cette consigne étant étendue au alliés sont unis dans leur détermina- Ces précisions signifient que titre, devait avoir un contact dans s’est déclaré « horrifié » par les lue. Nos prières et notre profonde personnel du quartier général du tion à lutter contre ce fléau. » Washington pourrait être en mesu- la soirée avec le président George « tragédies de New York et Washing- sympathie vont à nos amis améri- Shape (le quartier général des for- Lord Robertson s’est refusé à re d’en appeler à la solidarité Bush), du Haut Représentant de ton », et a adressé sa profonde cains. » ces armées de l’organisation), à répondre à la question de savoir si armée agissante de ses alliés en l’Union pour la politique extérieu- sympathie au président Bush, aux Mons. les actes perpétrés contre l’Améri- cas de besoin, bien que Lord re et de sécurité, Javier Solana, et familles des victimes et au peuple Laurent Zecchini Toute la classe politique française exprime son épouvante et son indignation b François Hollande (PS) : le b Jean-Pierre Chevènement b Michèle Alliot-Marie côté, Pierre Lellouche, député pire », a-t-il estimé. Pour M. Bay- dent de Démocratie libérale, en premier secrétaire du PS a condam- (MDC) : l’ancien ministre de l’inté- (RPR) : la présidente du RPR a RPR de Paris, a évoqué « une rou, qui a annoncé à l’AFP qu’il campagne pour l’élection présiden- né « la folie terroriste qui vient de rieur et candidat à l’élection prési- estimé que « le terrorisme est deve- guerre mondiale larvée ». annulait tous ses déplacements de tielle de 2002, a fait part de son frapper le peuple américain dans dentielle a estimé que « ces atten- nu la menace majeure dans le mon- b François Bayrou (UDF) : le campagne prévus cette semaine, « horreur absolue » et qualifié les son cœur même ». « Aucun fait ne tats monstrueux (…) soulèvent la stu- de ». « D’où qu’il vienne », le terro- président de l’UDF et candidat à « il est nécessaire que les pays libres attentats qui ont frappé les Etats- peut justifier un acte de cette hor- peur et l’horreur ». « Quelles que risme « doit être condamné et com- l’élection présidentielle a jugé que fassent preuve entre eux de la solida- Unis d’« actes de guerre d’une reur et de cette dimension », a-t-il soient ses motivations, le terrorisme battu, avec la plus extrême fermeté « l’attaque généralisée contre les rité la plus active et, à l’intérieur de barbarie inqualifiable ». «Il faut indiqué à l’AFP, en appelant à «la doit toujours entraîner une condam- et la plus grande unité de la part Etats-Unis est le début d’un état de chacun de nos pays, que règne un cli- savoir d’où vient ce cauchemar », mobilisation internationale pour nation ferme et sans aucune restric- des gouvernements démocrati- guerre qui touche tous les pays mat d’union nationale ». a-t-il poursuivi, ajoutant que apporter une solidarité à l’égard des tion », a-t-il ajouté. ques », a- t-elle indiqué. De son libres ». « C’est Pearl Harbor en b Alain Madelin (DL) : le prési- « cela montre que l’idée de se pro- Etats-Unis, mais aussi une action téger d’un certain nombre d’Etats vigoureuse contre le terrorisme à voyous est une vraie nécessité ». l’échelle de la planète ». De son b Charles Pasqua (RPF) : le côté, François Loncle, le président Jacques Chirac : « Ce qui s’est produit aux Etats-Unis nous concerne tous » président du Rassemblement pour (PS) de la commission des affaires la France a estimé que « le fait que étrangères de l’Assemblée nationa- Voici le texte intégral de la déclaration que épreuve. Nos pensées vont en particulier Les mesures de précaution qui s’imposent cela arrive aux Etats-Unis alors le, a estimé que « la réalité a dépas- télévisée du président Jacques Chirac après les à toutes les victimes, à leur famille et à leurs ont été prises immédiatement par le gouverne- qu’ils ont la meilleure organisation sé complètement la fiction cinémato- attentats terroristes de New York et de Washing- proches. ment, et le plan Vigipirate, que vous connais- du monde, les meilleurs services de graphique ». « Il y a urgence à ce ton, mardi 11 septembre. Ce qui s’est produit aux Etats-Unis nous sez, est mis en œuvre. renseignement… en dit long sur l’or- que la communauté internationale, Mes chers compatriotes, concerne tous. J’imagine les sentiments que Nous agissons avec le premier ministre bien ganisation qu’ils ont en face d’eux », et en particulier les Etats-Unis, s’oc- Les attentats qui ont chacun d’entre vous éprouve ce soir, senti- sûr en étroite concertation, et évidemment en ajoutant : « Une telle opération cupe un peu plus et un peu mieux frappé aujourd’hui les ments d’horreur et peut-être d’inquiétude. Et tous les pouvoirs publics sont mobilisés. n’est pas le fait d’apprentis, il faut des affaires du monde », a-t-il par Etats-Unis d’Amérique j’ai pensé qu’il était de mon devoir de vous Par ailleurs, je suis en contact avec les res- une planification et des moyens ailleurs déclaré. sont une épouvantable parler. ponsables européens afin que nos décisions importants. » b Robert Hue (PCF) : le secré- tragédie. Jamais aucun Nous ne connaissons à ce stade ni les soient bien coordonnées. Je viens en particu- b A l’extrême droite, Jean- taire national du Parti commu- pays dans le monde n’a auteurs ni les raisons de ces actes barbares. lier de m’entretenir longuement avec le chan- Marie Le Pen (FN) a déclaré que niste français a exprimé son « sen- été la cible d’attentats La situation requiert néanmoins sang-froid celier allemand [Gerhard] Schröder et le pre- les attentats montraient «la timent d’épouvante » et son « extrê- terroristes d’une telle mais aussi vigilance et mobilisation. C’est mier ministre britannique Tony Blair. nécessité de mettre le terrorisme me indignation ». Il s’est dit « per- VERBATIM ampleur et d’une telle pourquoi j’ai réuni ce soir à l’Elysée un con- La France sait qu’on ne peut lutter efficace- hors la loi ». De son côté, Bruno suadé que la France contribuera à violence. seil restreint avec le premier ministre et les ment contre le terrorisme que par une action Mégret (MNR) a dénoncé « une ce que la communauté internatio- Je voudrais dire au peuple américain la soli- ministres des affaires étrangères, de la défen- déterminée et collective, et elle fera ce qui nouvelle fois les dangers du terro- nale puisse faire face à cette situa- darité de tous les Français dans cette dramati- se, de l’intérieur, des transports. doit être fait. risme islamique ». tion d’une extrême gravité avec la fermeté, le sang-froid et l’esprit de responsabilité qu’elle exige ». b Dominique Voynet (Verts) : « Une déclaration de guerre au monde « Le nouveau fléau de notre monde », estime Tony Blair la secrétaire nationale des Verts a exprimé son « horreur » et son « indignation face aux actes de ter- civilisé », selon Gerhard Schröder A Londres, la City est en état de choc rorisme qui viennent de frapper deux symboles de la puissance des BERLIN gues car, a-t-il dit, « la globalisation LONDRES mais entre le monde libre et démo- très stricte, a été renforcée autour Etats-Unis ». « Par leur ampleur et de notre correspondant ouvre toutes les frontières ». Le minis- de notre correspondant cratique et le terrorisme. » Il a assu- des bâtiments gouvernementaux leur gravité, ces actes témoignent de Session parlementaire budgétaire tre de l’intérieur, Otto Shilly, a lui Lorsque l’Amérique vit une ré que la Grande-Bretagne se tien- civils et militaires. l’extension au cœur des pays déve- suspendue, appel à la fermeture des aussi précisé qu’il n’avait aucune immense tragédie, la Grande-Bre- drait « au coude-à-coude avec nos Le survol aérien du centre de loppés d’un terrorisme sophistiqué bureaux de Francfort où est notam- information permettant de croire à tagne la partage plus intensément amis américains dans ces heures Londres a été suspendu ainsi que qui s’inscrit dans une logique de ment installée la Banque centrale une attaque prochaine contre l’Alle- que d’autres nations. Allié privilé- tragiques ». les vols privés « sauf autorisation guerre et de mondialisation des européenne, annulation des vols de magne, mais qu’il fallait néanmoins gié des Etats-Unis, le gouverne- Londres a offert à Washington spéciale ». British Airways a annu- conflits », a-t-elle déclaré. Lufthansa vers les Etats-Unis, le rester « vigilant ». En fin d’après ment travailliste leur a manifesté « toute l’aide possible » pour lé tous ses vols en direction et en Canada et le Moyen-Orient, renfor- midi, le chancelier Schröder a réuni publiquement mardi 11 septem- retrouver les auteurs de ces atta- provenance des Etats-Unis. cement des mesures de sécurité un conseil de sécurité pour discuter bre, notamment à deux reprises ques « effroyables » et les « condui- Les attaques anti-américaines devant les ambassades américaines de la situation et des mesures à par la voix de Tony Blair, une soli- re devant la justice ». ont mis la City en état de choc, du et israéliennes et annulation du prendre. darité sans faille, mêlée de colère fait des liens étroits entre les voyage en Scandinavie du président et d’émotion. milieux d’affaires londoniens et Johannes Rau sont quelques-unes RASSEMBLEMENTS SPONTANÉS Le premier ministre s’apprêtait à Le premier ministre new-yorkais. Les salariés des des mesures prises dans l’après-midi Face aux attentats anti-améri- prononcer, à la tribune du congrès antennes britanniques de plu- et en début de soirée après les atten- cains, la réaction spontanée de la annuel des syndicats à Brighton, a aussi annoncé sieurs grandes compagnies améri- tats de New York et de Washington. classe politique allemande a été de un discours très attendu sur la caines, comme Morgan Stanley et La quasi-totalité des chaînes de serrer les rangs dans un réflexe réforme des services publics, lors- « la mise Merrill Lynch, tentaient vaine- télévision ont interrompu leurs pro- d’union nationale, illustrant le mot qu’il fut informé du drame. ment d’avoir des nouvelles de grammes habituels et les ont rempla- du chancelier Schröder pour qui les Il remplaça son discours par une en état d’alerte leurs collègues du World Trade cés par des images d’actualité attentats constituent « une déclara- brève et forte allocution dite d’une Center. accompagnées de commentaires de tion de guerre au monde civilisé ». voix légèrement tremblante. Se maximale » Cette agitation angoissée n’a spécialistes du Proche-Orient, des Dans la rue, des centaines de person- déclarant « terriblement choqué », pas empêché certains « traders » Etats-Unis ou du terrorisme. L’un nes se sont spontanément rassem- M. Blair a ajouté : « Ce terrorisme de la police de profiter de la situation pour d’eux, Berndt Schmidbauer, ancien blées sur une grande place de de masse est le nouveau fléau de mener en toute indécence des tran- coordinateur des services secrets Munich ; à Berlin, ils étaient plu- notre monde d’aujourd’hui. Il est et de l’armée sactions sur telle ou telle valeur allemands, a estimé qu’il était désor- sieurs dizaines à s’être réunis devant perpétré par des fanatiques qui sont dont ils anticipaient l’évolution mais urgent de résolument faire l’ambassade américaine, entourée complètement indifférents au carac- britanniques dans le sillage du drame. face aux défis du terrorisme interna- de barrières de protection depuis les tère sacré de la vie humaine. Il est Plusieurs bâtiments ont été éva- tional. « La coopération devra cette attentats anti-américains du Kenya du devoir des démocraties de se ras- cués par précaution, dont le Lon- fois être sérieuse », a-t-il estimé, en et de Tanzanie. « Au côté du peuple sembler et de combattre ensemble Apparemment soucieux de coor- don Stock Exchange. La Bourse a évoquant le sommet antiterroriste américain », comme disait l’un pour éradiquer totalement ce donner une réponse internationa- clôturé en très forte baisse de Charm-el-Cheikh, qui n’avait pas d’eux, beaucoup étaient venus dépo- fléau. » le au terrorisme, Tony Blair a eu à (-5,72 %), l’indice Footsie subis- été suivi d’effet, bien que tous les ser un bouquet de fleurs ou allumer Rentré aussitôt à Londres, ce sujet mardi des entretiens télé- sant son plus grand recul depuis le services spécialisés possèdent énor- une bougie en hommage aux victi- M. Blair présida une réunion du phoniques avec Jacques Chirac, krach d’octobre 1987. Enfin, « par mément d’informations suscepti- mes. L’un de ces manifestant portait comité d’urgence de son cabinet, Lionel Jospin, Gerhard Schröder et respect pour les victimes », le Parti bles d’être mises en commun. Tout une pancarte sur laquelle on pou- baptisé « Cobra », au 10, Dow- Vladimir Poutine. conservateur a reporté de vingt en soulignant n’avoir aucun indice, vait lire, en anglais : « S’il vous plaît, ning Street, avant de s’exprimer à Le premier ministre a aussi quatre heures – à jeudi – l’annonce un autre spécialiste de la lutte anti- pas de revanche, pas de guerre.» nouveau dans des termes similai- annoncé « la mise en état d’alerte du nom de son futur leader. terroriste a estimé que l’Allemagne res : « Ce n’est pas une bataille maximale » de la police et de l’ar- n’était pas à l’abri d’attaques analo- Georges Marion entre les Etats-Unis et le terrorisme mée britanniques. La sécurité, déjà Jean-Pierre Langellier LES RÉACTIONS DANS LE MONDE LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 9 Israël déclare une journée de deuil national Des équipes de sauveteurs de l’armée devaient partir pour les Etats-Unis

JÉRUSALEM outre, des équipes de sauveteurs de désormais à la droite du Likoud, a Correspondance l’armée israélienne, qui ont déjà appelé les Etats-Unis à mener le Les drapeaux étaient en berne, participé aux secours portés aux combat contre « les Ben Laden, Ara- mercredi 12 septembre, en Israël, Américains lors de l’explosion de fat, et Saddam Hussein dans le mon- signe du « deuil national » annoncé l’ambassade américaine au Kenya, de ». la veille par le premier ministre, le 7 août 1998, devaient partir dans Si tout le monde ou presque, ici, Ariel Sharon. Une minute de silen- la matinée pour les Etats-Unis. Le fait observer qu’il est trop tôt pour ce devait être observée dans les éco- gouvernement israélien et la gran- savoir quelles seront les conséquen- les et les réunions publiques. Tous de majorité des hommes politiques ces de cette tragédie sur le conflit les événements à caractère festif ont fait preuve d’une très grande israélo-palestinien, certains, dans ont été annulés. « Nous partageons prudence, évitant toute comparai- les coulisses du pouvoir, ne cachent la douleur du peuple américain »,a son avec les actes de terrorisme pas que « si des gens du Proche- déclaré M. Sharon après une réu- palestinien perpétrés en Israël et se Orient, a fortiori des Palestiniens nion du cabinet restreint de sécuri- gardant de désigner une responsa- s’avéraient être impliqués, cela té, spécialement convoqué à la sui- bilité palestinienne dans la tragédie aurait des conséquences dramati- MOHAMED ZATARI/AP te de la catastrophe qui a frappé les américaine. ques dans la région. De toute façon, a LIBAN, 14 H 37. Deux militants Palestiniens du camp de réfugiés Ain el-Héloué, Etats-Unis. « Le combat contre le terrorisme il est clair désormais que ceux qui dans la banlieue de Sidon, manifestent leur joie dans la rue Le ministère de la santé a appelé est une lutte internationale du mon- choisiront le terrorisme en paieront après la série d’attentats qui ont frappé les Etats-Unis. les Israéliens de groupe sanguin de libre contre les forces des ténèbres le prix », ajoutent-ils. Mardi soir, un Alors que la circulation ne s’est pas interrompue, et devant de nombreux passants, « O » à venir, pendant la nuit, don- qui cherchent à détruire notre liberté diplomate étranger estimait que cet ils tirent en l’air des rafales de kalachnikov. Un peu plus tard, l’Autorité palestinienne, ner du sang, qui devait être achemi- et notre mode de vie. Je crois qu’en- électrochoc « peut, soit embraser la à Gaza, donnait comme consigne d’empêcher les manifestations de liesse. né aux Etats-Unis dès mercredi. En semble nous pouvons vaincre les for- région, soit au contraire éteindre l’in- ces du mal. En cette heure difficile, cendie ». A la radio israélienne, mer- tous les Israéliens se tiennent aux côtés du peuple américain », a décla- Yasser Arafat est sous le choc, Naplouse exulte ré M. Sharon lors d’une brève Le gouvernement conférence de presse. A une journa- JÉRUSALEM, RAMALLAH rassemblements afin de ne pas se compte, même de la part de per- les jours, quand nous sommes bom- liste de la télévision israélienne qui s’est gardé de notre envoyé spécial donner la possibilité aux journalis- sonnes s’exprimant avec calme sur bardés par les Israéliens. » l’interrogeait sur les implications Des Palestiniens ont bruyam- tes et aux télévisions de rapporter l’événement : Washington est le Sur l’une des grandes artères de politiques locales de cet attentat, de désigner ment exprimé, mardi 11 septem- ou de filmer ce qui pourrait don- plus proche ami des Israéliens et la ville, un groupe d’hommes discu- M. Sharon ne laissant pas son inter- bre au soir, à Naplouse, leur joie ner une image désastreuse de leur est responsable de la souffrance taient bruyamment de l’événe- locutrice terminer sa question, a une responsabilité peuple. du peuple palestinien. ment. Ils travaillaient en Israël et répondu que « ce n’était pas le REPORTAGE A Gaza, Yasser Arafat est appa- sont au chômage depuis le boucla- moment », qu’il fallait « attendre de palestinienne dans la Ordre avait été donné ru au seuil de ses bureaux, choqué « JE HAIS L’AMÉRIQUE ! » ge des territoires occupés. Sadek, savoir avant de faire des commentai- par l’ampleur de la catastrophe. Sur la place des Lions, le cœur la cinquantaine, remarquait : « J’es- res et d’agir ». tragédie américaine aux forces de sécurité Le président de l’Autorité palesti- de cette seconde « capitale », avec père que les Etats-Unis vont s’effon- Ehoud Barak, l’ancien premier d’empêcher nienne a déclaré : « C’est incroya- Gaza, de l’Autorité palestinienne, drer. Les avions israéliens qui nous ministre, a lui aussi été relative- les rassemblements ble, incroyable, incroyable ! Nous un policier en uniforme réglant la bombardent sont des avions de mar- ment prudent. Il a proposé la tenue credi matin, le ministre des affaires sommes sous le choc. J’envoie mes circulation, déclarait simplement : que américaine. L’Amérique est res- d’un sommet mondial qui réunirait étrangères, Shimon Pérès a expri- condoléances, les condoléances du « J’espère que l’islam vaincra ! » A ponsable de la dégradation de la tous les pays occidentaux ainsi que mé l’espoir que M. Arafat compren- de voir l’allié américain d’Israël peuple palestinien, au président ses côtés, un groupe d’étudiants situation dans tout le Proche- « quelques Etats islamistes », à l’ex- dra que le moment est venu frappé par la plus grave catastro- Bush, à son gouvernement et au peu- de l’université de Bir Zeit se disait Orient ! Les Etats-Unis seraient tout clusion de ceux qui « abritent des « d’abandonner le terrorisme ». phe de son Histoire. Des centaines ple américain pour cet acte terri- « heureux » de la tragédie américai- à fait capables, s’ils le voulaient, de terroristes ». Néanmoins, si Au niveau interne, cette catastro- de personnes sont descendues ble. » ne. « Si c’est Ben Laden qui a fait mettre fin au conflit. » « J’espère M. Barak s’est déclaré satisfait de la phe a relancé le débat sur l’exis- dans les rues de cette grande ville Dans les rues de Ramallah cela, il l’a peut-être fait avant tout que les responsables de ces attentats condamnation de cette catastro- tence du Mouvement islamiste de l’antique Samarie, certains cependant, même si aucune mani- pour lui car il déteste l’Amérique, sont des Palestiniens. J’en serais très phe par le président de l’Autorité israélien. Ce débat avait commencé tirant en l’air à coups de kalach- festation n’a eu lieu, la passion mais ça tombe très bien, ça arrive fier, renchérissait Hassan, trente- palestinienne, Yasser Arafat, il n’a dimanche, après l’attentat commis nikovs, d’autres criant : « Que Ben semblait souvent l’emporter sur la au bon moment pour nous ! », décla- cinq ans. C’est un juste retour des pas manqué de dire que celui-ci à Naharya par un Arabe israélien Laden bombarde Tel-Aviv mainte- raison, la haine sur la compassion rait Salim, vingt-trois ans : «Ce choses, je hais l’Amérique ! » était impliqué dans des actions ter- appartenant à ce parti politique. Le nant ! » parmi les Palestiniens interrogés que les Américains viennent de roristes. Un autre ancien premier lendemain, Abdell Malik Dahams- A Jérusalem-Est, la partie arabe au hasard. Pour eux, une seule cho- vivre, c’est ce qui nous arrive tous Bruno Philip ministre, Benyamin Nétanyahou, hé, l’un de ses députés, déclarait au de la Ville sainte, environ deux quotidien Maariv qu’il était prêt à cents personnes s’étaient rassem- devenir « shahid » (martyr) pour blées dans la grande rue longeant sauver les lieux saints de l’islam, la porte d’Hérode, au pied des A l’exception notable de l’Irak, les gouvernements arabes condamnent les attentats dont la mosquée Al Aqsa à Jérusa- murs de la Vieille Ville. Agitant des lem. Après la catastrophe américai- drapeaux palestiniens, distribuant À L’UNISSON de l’ensemble des dirigeants sée par l’agence officielle IRNA. « Je condam- tes les valeurs religieuses et humaines ». Le ne, plusieurs députés ou ministres des sucreries aux passants et aux et gouvernements des pays du Proche-Orient ne le terrorisme, et c’est notre devoir islamique secrétaire général de la Ligue arabe Amr du Likoud ont renouvelé leur automobilistes, les manifestants – à l’exception notable de l’Irak –, l’Iran, la d’en connaître et d’en détruire les racines »,a Moussa les a qualifiés de « regrettables ». demande de mise « hors la loi » du dansaient dans la rue. « J’espère Libye et la Syrie, que Washington continue poursuivi le président iranien. « Ma profonde Dans certains pays, les réactions publiques Mouvement islamiste. que l’Amérique souffrira encore d’inclure dans la liste des pays qui soutien- sympathie va à la nation américaine, et parti- différaient de celles des gouvernements. Les services de sécurité israéliens plus dans un proche avenir ; ce que nent le terrorisme, ont condamné en termes culièrement à ceux qui ont souffert des atten- Dans les rues du Caire, de nombreux Egyp- craignent que la vague d’attentats les Américains viennent de vivre très clairs l’offensive terroriste qui a visé mar- tats et aussi aux familles des victimes. » Fait tiens, mécontents de la politique américaine qui a frappé les Etats-Unis n’entraî- n’est rien à côté de la souffrance du di 11 septembre les Etats-Unis. sans précédent, dans la soirée, la télévision au Proche-Orient, se disaient, mardi, satis- ne une recrudescence de ceux per- peuple palestinien », remarquait Le chef de la Jamahiriya libyenne, le colo- iranienne a présenté plusieurs reportages faits. Et dans les camps de réfugiés palesti- pétrés en Israël et une évolution Omar, un commerçant. nel Mouammar Kadhafi, l’a qualifiée de « ter- spéciaux en direct de New York et interrom- niens du Liban, des dizaines d’habitants ont dans le choix des cibles. Les ambas- Cette attitude extrême, qui n’est rible » et a affirmé que son pays était prêt à pu d’autres émissions pour informer les spec- tiré en l’air des salves pour manifester leur sades israéliennes du monde entier malgré tout que celle d’une poi- fournir une aide au peuple américain malgré tateurs. joie en apprenant la nouvelle des attentats. ont été évacuées de la plupart de gnée de manifestants, contraste les « différends politiques » qui l’opposent En Irak, la télévision publique a indiqué leurs employés. A New York, une avec celle de l’Autorité palestinien- aux Etats-Unis. Ces différends « ne devraient « LE COW-BOY AMÉRICAIN » dans la soirée que « le cow-boy américain cellule d’urgence a été mise en pla- ne, qui a immédiatement pris des pas constituer un obstacle psychologique à l’en- La Syrie « condamne les attentats destructifs récolte les fruits de ses crimes contre l’humani- ce pour les milliers d’Israéliens qui mesures pour éviter que se pro- voi d’une aide humanitaire au peuple améri- qui ont été dirigés contre des civils innocents té. C’est un jour noir pour l’Histoire de l’Améri- habitent la métropole américaine. page une vague de manifestations cain et à toutes les personnes en Amérique qui aux Etats-Unis », a déclaré un porte-parole que, qui goûte à la défaite amère de ses crimes Outre la fermeture de son espace de joie en Cisjordanie et à Gaza. ont été profondément touchées par ces atta- officiel. « La Syrie exprime sa sympathie au et de son mépris pour la volonté des peuples à aérien, maritime et terrestre, l’ar- D’ailleurs, à part Naplouse et une ques terribles », a déclaré le colonel Kadhafi, peuple américain et aux familles des victimes mener une vie libre et décente », a-t-elle dit. mée, en état d’alerte maximale et rue de Jérusalem-Est, ni Gaza ni ajoutant : « Il est de notre devoir humanitaire de ces attentats, » a-t-il ajouté. « Les explosions massives dans les centres du permanent depuis des mois, n’a Ramallah ne se sont collective- de nous tenir aux côtés du peuple américain. » L’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les pouvoir d’Amérique, notamment au Pentago- pas pris de mesures particulières. ment réjouies du désastre aux Le président iranien, Mohammad Khatami, Emirats arabes unis et Oman ainsi que le ne, infligent un douloureux camouflet aux hom- En mai, la chasse israélienne avait Etats-Unis. Ordre avait en effet été au nom du gouvernement et du peuple ira- Yémen et le Liban ont dénoncé ces actes « ter- mes politiques américains qui doivent mettre abattu un petit avion non identifié donné aux forces de sécurité pales- niens, a lui aussi condamné les attentats. roristes ». Le président égyptien Hosni Mou- un terme à leur hégémonie et à leur tentative venu du Liban craignant justement tiniennes d’empêcher de telles « Au nom du gouvernement et de la nation ira- barak s’est déclaré « profondément attristé ». d’imposer leur loi à tous les peuples », a ajouté qu’il n’aille volontairement s’écra- manifestations. La radio palesti- nienne, je condamne les attaques terroristes La Jordanie, dont le roi, Abdallah II, a annulé le commentateur, estimant que les attentats ser sur l’agglomération de Tel-Aviv. nienne a indiqué que la police fai- contre les centres publics dans les villes améri- une visite aux Etats-Unis, a jugé que ces traduisaient « un rejet de la politique irréflé- sait son possible pour prévenir des caines », a-t-il dit dans une déclaration diffu- attentats étaient « en contradiction avec tou- chie » des Etats-Unis. – (AFP, Reuters.) Catherine Dupeyron 10 / LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 LES RÉACTIONS DANS LE MONDE

Les Algériens condamnent l’empressement des Français à désigner les Arabes, et les Chinois évoquent Belgrade et l’Irak De l’Asie à la Suisse, les condamnations sont officiellement unanimes

b JAPON : le premier ministre, Américains bombardent l’ambassa- ques contre le World Trade Center regardées en Algérie, à désigner Junichiro Koizumi, a qualifié les de chinoise de Belgrade, ce n’est pas et contre le Pentagone. Le gouver- « les Arabes et les musulmans » com- attaques terroristes sur New York du terrorisme ? Pourquoi donc ne nement a pris des mesures supplé- me étant les auteurs des attentats et Washington d’actes « lâches et pourrait-on pas bombarder les Etats- mentaires pour protéger l’ambassa- de New York et de Washington. impardonnables ». Le Japon est Unis ? » Les autorités n’ont pas de américaine à Djakarta, et la pré- b VATICAN : de sa résidence de directement touché par l’attaque gommé cette littérature cybernéti- sidente, Megawati Sukarnoputri, Castelgandolfo, le pape a exprimé des tours du World Trade Center, que enragée, alors qu’elles sont devait renoncer à une visite officiel- son « horreur indicible » devant où se trouvait le siège d’une trentai- promptes à le faire quand s’affi- le à Washington le 17 septembre. des « attaques terroristes inhumai- ne d’entreprises nippones, ban- Le gouvernement thaïlandais a ren- nes ». Dans un télégramme au pré- ques et compagnies d’assurances. forcé la sécurité autour des chancel- sident Bush, il assure toutes les vic- A Tokyo, la revendication de l’at- A Kuala Lumpur, leries américaine, israélienne, cana- times et les citoyens des Etats-Unis tentat par l’Armée rouge japonai- dienne et britannique, et le premier de sa prière « en ce moment sombre se, faite par téléphone à un journal les tours jumelles ministre, Thaksin Shinawatra, a et tragique » et condamne vive- jordanien, laisse sceptique. A la sui- déclaré que la Thaïlande était « prê- ment « la violence, qui ne construit te de l’arrestation en novembre de Petronas, les plus te à apporter toute l’assistance possi- rien ». son chef, Fusako Shigenobu, une ble pour alléger les souffrances des b SUISSE : le président de la femme de cinquante-cinq ans dont hautes de la planète, victimes de ces actes terroristes ». Confédération helvétique, Moritz le procès a commencé, ce qui reste b CANADA : le premier minis- Leuenberger, s’est dit « effaré par du groupuscule – auteur de plu- ont été évacuées tre, Jean Chrétien, a exprimé son cet acte gigantesque de haine contre sieurs actions terroristes retentis- « horreur ». Il s’est déclaré incapa- une démocratie libérale et toléran- santes dans les années 1970, en ble de « comprendre quels esprits te. » A Genève, la Mission des Etats- liaison avec le Front populaire de chent des pétitions démocratiques maléfiques avaient pu concevoir une Unis auprès des organisations inter- libération de la Palestine – semble ou favorables à la secte persécutée agression aussi lâche et barbare nationales a été évacuée par pré- largement impuissant. Fa Lun Gong. contre des milliers de personnes ». caution, tandis que les responsa- b CHINE : les autorités de Pékin b ASIE DU SUD-EST : en Malai- b ALGÉRIE : le président bles de la sécurité de l’ONU ont se sont déclarées « horrifiées».Le sie, le premier ministre, Mahathir Bouteflika a condamné cet attentat décidé de suspendre toutes les président Jiang Zemin a envoyé à Mohamad, a exprimé son « inquié- dans un message de condoléances séances en cours. Les cloches des George Bush un message lui expri- tude » à l’égard de « représailles » adressé lundi soir à son homologue églises devaient sonner mercredi mant sa « sympathie » après « les américaines. « A la suite de ces atta- américain, mais, à la même heure, 12 septembre à 13 heures, et des attaques désastreuses » dont les ques, l’Amérique va, bien entendu, sur la chaîne de télévision nationa- célébrations œcuméniques étaient AP PHOTO/CHRIS O’MEARA Etats-Unis ont été la cible. Un por- riposter. Ces représailles vont entraî- le, les invités du journal télévisé cri- prévues en fin de journée dans tout a SARASOTA (FLORIDE), 9 H 30. Le président Bush fait te-parole du ministère des affaires ner la mort de beaucoup de gens et tiquaient « l’empressement des le pays. une pause au cours de sa première intervention après l’attaque étrangères a déclaré que le « peu- seront suivies de contre-attaques », médias français », en particulier du World Trade Center. Dans ce bref discours, il déclare ple chinois » était « choqué » et rap- a déclaré le chef du gouvernement, des télévisions françaises, très (De nos correspondants.) qu’« il s’agit apparemment d’un attentat terroriste ». pelé que le gouvernement a « cons- qui a souvent critiqué la puissance tamment condamné et lutté contre américaine. A Kuala Lumpur, les toute forme de terrorisme ». Mais, tours jumelles Petronas, les plus sur Internet, les réactions de hautes de la planète, ont été éva- Vladimir Poutine : « Un défi lancé à toute l’humanité » noyaux ultranationalistes sont révé- cuées mercredi à la suite d’une aler- latrices de l’existence d’un antiamé- te à la bombe. De son côté, le minis- MOSCOU La classe politique au pouvoir a, dans son sur le site Internet de son porte-parole, nous tous ricanisme virulent : « Quand les tre indonésien des affaires étrangè- correspondance ensemble, appelé à la lutte contre le terrorisme, en Tchétchénie compatissons à la peine et à la tra- Américains bombardent l’Irak, ce res, Hassan Wirayuda, a qualifié de « C’est un défi qui a été lancé à toute l’humani- en invoquant la Tchétchénie. M. Poutine a eu un gédie des Américains. Je veux assurer les Etats- n’est pas du terrorisme ? Quand les « brutales et inhumaines » les atta- té », selon Vladimir Poutine. Réagissant promp- échange téléphonique mardi soir avec le chance- Unis et le président Bush personnellement que tement aux attentats perpétrés aux Etats-Unis, lier allemand Gerardt Schröder puis avec le pre- nous condamnons tout acte terroriste. » le président russe a appelé la communauté inter- mier ministre britannique Tony Blair pour évo- Les Izvestias rappellent que l’attentat contre le nationale à s’unir dans la lutte contre le terroris- quer la nécessité de « résister au terrorisme inter- commandant Massoud a eu lieu à la veille des me, « peste du vingt et unième siècle ». Cette national », selon Interfax. « On ne nous écoutait attentats perpétrés aux Etats-Unis. Or, l’aversai- « agression sans précédent du terrorisme interna- pas toujours, mais aujourd’hui il est évident que re des talibans et de Ben Laden « avait un réseau tional » dépasse « les frontières des Etats-Unis », l’union des efforts peut mettre un terme à cette puissant d’agents sur le territoire contrôlé par les a-t-il ajouté, dans une allocution sur la chaîne de menace », a ainsi affirmé Sergueï Iastrajembski, talibans ». Avant les événements aux Etats-Unis, télévision RTR. Le président, pour qui la guerre l’adjoint du président chargé de l’information Moscou s’inquiétait de l’éventuelle disparition en Tchétchénie est uniquement affaire de lutte sur la Tchétchénie. du commandant Massoud, dernier rempart con- contre le terrorisme, a également évoqué « l’ac- tre les talibans face aux anciennes républiques tualité de la proposition russe d’unir les efforts de LES TCHÉTCHÈNES « COMPATISSENT » socialistes d’Asie centrale, et donc face à la Rus- lutte contre le terrorisme. » De « tels actes inhu- « La tragédie américaine change toute la politi- sie. Evoquant les différentes hypothèses quant mains ne doivent pas rester impunis », avait aupa- que mondiale, estime un éditorialiste des Izves- aux attentats survenus aux Etats-Unis, le polito- ravant écrit M. Poutine dans un télégramme à tias, la Russie se retrouve dans une double situa- logue Igor Bounine note que « si l’Afghanistan son homologue américain, « la série d’actes terro- tion. D’une part, ses appels, dans tous les forums est reconnu coupable, la Russie deviendra un allié ristes barbares, dirigés contre des innocents, provo- internationaux, à lutter contre le terrorisme, seront des Etats-Unis ». que chez nous indignation et révolte. » entendus (…). D’autre part, le monde occidental Enfin, le secrétaire adjoint américain à la Les troupes du ministère de l’intérieur ont été ne pourra plus reprocher à Moscou les violations défense, Douglas Feith, en visite à Moscou, a mises en état d’alerte et la sécurité des bâti- des droits de l’homme en Tchétchénie. Désormais, admis que le système de défense anti-missiles ments officiels importants a été renforcée. diplomates et hommes politiques russes ont mal- projeté par Washington ne serait pas apte à Devant l’ambassade américaine – fermée mer- heureusement la possibilité d’avoir plus de poids parer la chute d’avions sur New-York. Mais il a credi –, des gerbes de fleurs ont été déposées dans la communauté internationale. » aussi déclaré, selon Interfax, que si un missile par des Moscovites. Lesquels se sont aussi préci- De son côté, le président indépendantiste atteignait New-York, les dommages seraient pités dans les bureaux de change, obtenant, tchétchène a vivement condamné les attentats : encore plus graves que ceux survenus mardi. pour un dollar, entre 15 et 23 roubles mercredi « Je suis choqué. Qui a pu lever sa main pour com- matin, contre 29 roubles la veille. mettre ce crime ?, s’interroge Aslan Maskhadov, Marie-Pierre Subtil A Paris, des Américains désemparés TASSÉS sur leurs sièges face au ges à l’hôtel. Elle aimerait « être déjà et la « soirée pizza » du mardi soir mes aux yeux, une jeune fille peste : comptoir du Harry’s New York Bar, là-bas », près d’eux. « Est-ce que vous ont été maintenus. « Demain, nous « Je ne peux joindre personne. Ni ma près de la place de l’Opéra, Evelyn et réalisez que les Etats-Unis n’ont jamais organiserons sans doute un service, mère, qui devait arriver à New York Tom ont les yeux rivés sur leur été attaqués depuis Pearl Harbor ? » explique l’un des responsables de en avion à 9 heures ce matin, ni mon scotch. Il y a quelques heures, un bar- Le petit bar s’emplit doucement. l’église. Ce soir, nous sommes là pour père, qui l’attendait, ni mes amies, qui Shirland et ses amis sont désempa- écouter ceux qui ont besoin de par- habitent à deux blocs du World Trade REPORTAGE rés : le beau voyage de cette Améri- ler. » Center… » Elle a appris la nouvelle à caine pimpante, venue retrouver son La plupart des visiteurs appren- la télévision de la cafétéria, comme Ils s’inquiètent premier boy friend, trente ans après, nent la tragédie en arrivant. Comme Hugh, dix-neuf ans. « Pendant qua- des leurs ont du mal « à tourne court. Cet après-midi, alors Christine, vingt et un ans, en quête tre heures, nous avons regardé CNN, réaliser », et regardent que le petit groupe tardait à se sépa- d’un logement à Paris, venue consul- sans rien dire, raconte le jeune hom- CNN sans rien dire rer à l’aéroport, elle a appris la catas- ter les petites annonces. « C’est me. Ce qui domine, c’est le dégoût. » trophe par l’agent de la compagnie incroyable que l’on puisse haïr les La responsable de la formation per- aérienne, en même temps que l’annu- Américains au point de vouloir les manente s’interroge : « Comment la man d’un café proche du Musée lation de son vol de retour. « C’était tuer de cette manière », affirme la CIA, le FBI ont-ils pu n’avoir aucun d’Orsay leur a appris la catastrophe. fou, comme dans un film. » Depuis, jeune femme, originaire du Minneso- écho du complot ? Les USA ont pris un Au début, ils ont ri, pensé à une très elle a vu les images que CNN a pas- ta. Luke, photographe indépendant, coup. On se sent plus fragile désor- mauvaise blague. « Unbelievable », sées en boucle toute la journée. âgé de cinquante-deux ans, a appris mais. Et New York ne sera plus jamais répète Evelyn. Retraitée de la Ban- « Mais ça n’a pas encore de sens dans la nouvelle par un ami qui lui a télé- la même ville. Il faudra des années que mondiale, cette femme posée, mon esprit. » Pleurer ? Rire ? Shir- phoné d’Espagne. Incapable de com- avant qu’elle retrouve son exubéran- en villégiature à Paris, essaie de com- land ne sait plus. « Je viens de passer prendre les informations diffusées ce… » prendre « pourquoi les terroristes les deux semaines les plus belles de ma par la télévision française dans son Au sous-sol du pavillon américain détestent tant les Américains ».En vie. Et je suis ici, maintenant, sans com- hôtel, il est venu à l’église pour en de la cité universitaire, dans le vain. Elle se souvient de l’attentat prendre. » Pour son ami, un Améri- savoir plus. Fort de plusieurs mois 14e arrondissement, Sarah pleure en d’Oklahoma. « Mais là, cela dépasse cain installé à Paris, « c’est clair, c’est passés dans l’Afghanistan des tali- silence. Sur TF1, les images de l’ef- toutes les bornes. » Puis, après un la guerre, il n’y a pas d’autre mot ». bans et en Israël, il se montre fatalis- fondrement du Worl Trade Center silence : « Nous ressentons la même te : « Etant donné la partialité des passent en boucle. « Je voudrais être chose que lors de l’assassinat de « ON EST UNE CIBLE POTENTIELLE » positions américaines, on pouvait s’at- là-bas, avec les miens, avec tous les J. F. Kennedy. J’ai mal au ventre rien A l’église américaine de Paris, quai tendre à des attentats. Mais pas de cet- Américains », dit-elle. A ses côtés, que d’y penser. » d’Orsay, dans le 7e arrondissement, te ampleur. » devant la télé, Aileen Bramhall s’est Sombre, son compagnon pense à l’ambiance est recueillie mais ten- Pas d’attroupement devant la installée sur le canapé. Portable à son frère, sa sœur, ses neveux et niè- due. Le lieu de culte est fermé mais porte d’entrée de l’American Univer- main gauche, mouchoirs à main droi- ces, tous habitants de New York. Il le centre communautaire qui le joux- sity of Paris, avenue Bosquet, dans te. « J’ai grandi parmi les gens qui tra- n’a pas pu les joindre, les lignes sont te a laissé ses portes ouvertes. le 7e arrondissement. L’administra- vaillent dans le World Trade Center. saturées. « Il faut répondre, Bush doit « Etant donné les événements tragi- tion de cet établissement privé, qui J’ai pu appeler mon père, il est sain et créer un mouvement pour contre-atta- ques aux Etats-Unis, nous vous deman- accueille 300 étudiants américains, sauf. Mais parmi les morts, il y en a for- quer », lâche-t-il. Mais attaquer qui ? dons de bien vouloir accepter le con- encourage la dispersion des élèves. cément que je connais. » Elle porte « De toute façon, ils ont détruit le Pen- trôle de vos sacs », prévient une affi- La bannière étoilée a été ôtée de la les cheveux lisses et mi-longs, dit tagone, là où sont réunis nos meilleurs che à l’entrée. Un responsable de façade. Deux agents de sécurité venir d’un milieu aisé. « Comment experts de l’armée », s’inquiète l’église surveille les allées et venues, fouillent les sacs. Paul Marcille, le des gens peuvent-ils avoir le cœur si Evelyn. Derrière eux, une jeune fem- un autre fouille les sacs. « On est une doyen, a reçu des consignes strictes noir ? Sur les images, on voit la statue me, accompagnée d’un ami français, cible potentielle », souligne un pas- de l’ambassade des Etats-Unis. Le de la Liberté qui regarde Manhattan cherche fébrilement des compatrio- teur. Après consultation de l’ambas- regard vague, comme sonnés, quel- s’écrouler. Je ne veux pas y croire. » tes. Les yeux rougis, elle est comme sade américaine, aucune autre mesu- ques étudiants arpentent le trottoir, électrisée. Elle vient de voir les ima- re de sécurité n’a été prise. Les cours téléphone portable à l’oreille. Les lar- Séquence société 11 LES MARCHÉS LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 Les Bourses mondiales cèdent à la panique Alors que les marchés américains sont restés fermés mardi, les investisseurs ont massivement vendu leurs actions sur les autres places financières. Ils se sont reportés sur les valeurs refuges : l’or et surtout les emprunts d’Etat. Les Banques centrales sont intervenues pour calmer les esprits

LA CATASTROPHE qui s’est Une réaction immédiate des marchés a terminé sur une chute de 7,79 %, à tion de l’assureur Allianz a dégrin- abattue sur les Etats-Unis a paraly- 29 106 points, son plus bas niveau golé de 14,05 %. L’action Axa s’est sé, mardi 11 septembre, toutes les L'INDICE CAC 40 L'INDICE DAX L'INDICE NIKKEI depuis novembre 1998. L’indice dépréciée de 13,30 %, affichant la salles de marché américaines et un en points àParis en points à Francfort en points à Tokyo SMI de la Bourse suisse a terminé plus forte baisse du CAC 40. Le titre 4500 4800 vent de panique a soufflé sur l’en- 10 300 en perte de 7,07 %. La Bourse AGF a perdu 10,67 %. Le bancassu- semble des places mondiales. Alors 4 059,75 4 273,53 9 610,1 d’Amsterdam, où les échanges ont reur ING, très présent aux Etats- 4700 10 200 que les marchés américains avaient à17h35 à20h15 à17h15 été interrompus pendant un quart Unis après le rachat des assureurs 4400 pris la décision de ne pas ouvrir 4600 10 100 d’heure dans l’après-midi en raison américains ReliaStar et Aetna, a ter- mardi – Wall Street n’est qu’à quel- d’une forte baisse des cours, a plon- miné en recul de 13 %. Le cours de ques centaines de mètres du World 4500 gé de 6,95 %, à 449,94 points. En l’assureur Aegon a cédé 10,55 %, 4300 10 000 Trade Center –, les investisseurs, Allemagne, le marché qui ferme celui d’ABN Amro a perdu 11,2 %. déstabilisés, ont vendu leurs titres 4400 9900 habituellement ses portes à 20 heu- L’action Fortis a également chuté sur les autres Bourses, qui ont tou- res, a clôturé exceptionnellement de 9,22 %. En Europe, le seul sec- 4200 tes perdu entre 4 % et 10 %. Mercre- 4300 9800 près d’une heure plus tôt. En effet, teur à avoir progressé est celui du di 12 septembre, la panique conti- la Bourse a dû être évacuée, mardi pétrole. Les cours de TotalFinaElf, nuait sur les Bourses mondiales : 4200 9700 soir, à la suite d’une alerte à la bom- BP et Shell ont bénéficié de la flam- 4100 Tokyo a clôturé en baisse de 6,63 %, be. L’indice Dax, dont la baisse bée du brut (lire ci-dessous). malgré l’intervention de la Banque 4100 9600 avait dépassé 11 % en cours de séan- Pris de panique, les investisseurs du Japon (BoJ) qui a tenté de redres- ce, a fini en recul de 8,49 %. ont retiré leurs capitaux de la Bour- 4000 4000 9500 ser la situation en injectant massive- se pour les transférer vers des place- 9h 11h 13h 15h 17h 9h 11h 13h 15h 17h 19h 11h 12h 13h 14h 15h 16h 17h ment des liquidités pour stabiliser 11 SEPTEMBRE 11 SEPTEMBRE 12 SEPTEMBRE LES ASSUREURS TOUCHÉS ments-refuge, réputés plus sécuri- des marchés financiers. Alors que Source : Bloomberg En Europe, les valeurs les plus sés comme les obligations d’Etat l’indice Nikkei, à Tokyo, plongeait Les marchés européens, asiatiques et latino-américains Seng reculait de plus de 11 % peu avant la clôture. A touchées ont été celles des groupes ou l’or. Le cours de l’once d’or a sous le seuil des 10 000 points, ont dégringolé dès la nouvelle connue. A Londres, le Sao Paulo, le Bovespa a chuté de 9,18 %. les plus exposés au marché améri- gagné près de 20 dollars, mardi à après une ouverture retardée de Footsie a perdu 5,72 %. A Hongkong, l'indice Hang cain. Le titre du groupe d’hôtellerie Londres en fin de journée. Le mar- trente minutes, la BoJ a procédé à et de services aux entreprises Accor ché était monté en cours de séance deux injections successives de dice CAC 40, qui a ouvert en chute boursiers et des métaux, le New alors que l’indice vedette de la Bour- a chuté de 12,19 %. Le cours de jusqu’à 291,50 dollars, atteignant 1 000 milliards de yens (9,2 mil- de 4,71 %, a rebondi après l’inter- York Stock Exchange, où se traitent se, le PSI-20, perdait 3,06 %, à l’équipementier de télécommunica- ainsi son plus haut niveau depuis liards d’euros) chacune de liquidi- vention de la BCE. Le Footsie et le les grandes valeurs américaines, le 7 038 points. Par précaution, le Lon- tions Alcatel a abandonné 11,83 %, juin 2000. L’once a finalement clôtu- tés sur le marché monétaire à court Dax perdaient respectivement Nasdaq des sociétés technologi- don Stock Exchange a évacué l’im- et celui du groupe d’électronique ré à 286,25 dollars. Le marché obli- terme à travers l’achat de bons du 2,16 % et 1,30 % à l’ouverture. ques, mais aussi Instinet, la plate- meuble qui abrite la Bourse, la plus grand public Thomson Multimedia gataire a également fortement pro- Trésor. A Francfort comme à Paris, la déci- forme américaine électronique de grande d’Europe, mais il a finale- a perdu 13,22 %. Le titre de la com- gressé. Evoluant à l’inverse des La Réserve fédérale américaine sion avait été prise, mercredi, de ne transactions : tous avaient fermé ment continué à fonctionner jus- pagnie aérienne British Airways a cours, le rendement des emprunts et la Banque centrale européenne pas coter les valeurs américaines. leurs portes. Les Bourses latino- qu’à la clôture des transactions. chuté de 21,21 %, celui de la du Trésor à dix ans en France a chu- avaient également fait savoir, mar- américaines ont pour leur part L’indice Footsie a fini sur une chute Lufthansa a reculé de 15,09 %. Les té à 4,86 % contre 4,95 % la veille. di, qu’elles se tenaient prêtes à inter- SÉANCES ÉCOURTÉES écourté la séance peu après les de 5,72 %, à 4 746,00 points. titres des assureurs et les compa- Enfin, le dollar s’est très fortement venir en fournissant aux marchés Mardi, les responsables des mar- attentats. L’indice Mexico Bolsa Les autres places, qui avaient pris gnies de réassurance ont fait l’objet replié, faisant remonter l’euro au les liquidités nécessaires, ce que la chés américains avaient paré au Index de la Bourse mexicaine cédait la décision de rester ouvertes, mar- de ventes massives de la part des dessus de 0,91 dollar, alors qu’il BCE a fait dès mercredi matin. Les plus pressé en décidant de ne pas 5,55 %, à 5 531,02 points. di, ont aussi vu leurs cours s’effon- opérateurs, qui ont considéré qu’ils s’échangeait quelques heures aupa- places asiatiques ont toutes dégrin- activer les transactions. Le Chicago En Europe, seule Lisbonne a sus- drer. La Bourse de Paris a perdu devront payer une partie de la fac- ravant à 0,8955 dollar. golé. A Séoul, la Bourse a perdu Board of Trade (CBOT), où s’échan- pendu très rapidement ses opéra- 7,39 %, à 4 059,75 points, son plus ture de la catastrophe (lire ci-des- 12,02 %. Les marchés européens gent le blé, le maïs, le soja, les obli- tions, mardi après-midi. Les transac- bas niveau depuis mars 1999. L’indi- sous). Le titre du réassureur Cécile Prudhomme ont ouvert en baisse mercredi. L’in- gations du Trésor, certains indices tions ont été bloquées à 15 h 55, ce de la Bourse de Milan, le Mib 30 Munich Ré a chuté de 15,66 %. L’ac- et Adrien de Tricornot Les attentats pourraient accélérer La hausse des prix pétroliers n’affole pas encore les experts AU CŒUR des conflits du Proche-Orient, le nourrie par l’action de spéculateurs « qui profi- par la suppression d’un million et demi de la récession américaine pétrole a tout de suite réagi aux attentats à tent même des pires tragédies ». barils sur le marché afin de maintenir des cours New York et Washington. A Londres, juste De l’avis de nombreux observateurs, la réac- élevés, les prix du pétrole seraient depuis long- À L’ÉTÉ 1990, la guerre du Golfe s’étaient mis à ne plus y croire : l’in- après les attaques, les cours du brent de la mer tion des marchés pétroliers, même si elle est temps en deçà des 25-26 dollars, palier avant précipite l’économie américaine dice Dow Jones a perdu 8 % en du Nord gagnaient 4 dollars en une heure pour sensible, reste modérée. Rien de comparable en les attentats. dans une récession qui touchera deux semaines. C’est dans ce con- atteindre 30,10 dollars le baril. En fin de jour- tout cas à la flambée des cours qui était interve- Passé l’affolement, la réplique des marchés ensuite la Grande-Bretagne et tout texte qu’interviennent les atten- née, la tension retombait et les prix redescen- nue après l’invasion du Koweït en août 1990, le risque de pousser plutôt le pétrole à la baisse. le continent européen. En sera-t-il tats. Il y a tout lieu de penser que le daient à 29,30 dollars. Le marché pétrolier amé- baril dépassant momentanément 40 dollars, ni Selon plusieurs experts, le scénario d’une réces- de même avec cette guerre terroris- « facteur confiance », dernier ricain est resté fermé toute la journée. Mais même avec la brutale fièvre qui avait propulsé sion aux Etats-Unis devient de plus en plus plau- te aux Etats-Unis ? La chute violen- moteur de la croissance, s’est l’Asie a pris le relais. Mercredi 12 septembre, les prix du brut au-delà des 33 dollars après l’at- sible, la confiance des ménages, dernier soutien te des marchés financiers porte à le éteint mardi. les cours du brent, qui cotait auparavant 24 dol- taque d’un croiseur américain dans le port à l’économie, risquant d’avoir volé en éclats croire. L’économie américaine lars, ont grimpé autour de 30-31 dollars le baril d’Aden, le 12 octobre 2000. « Il y a eu des achats avec les attaques terroristes. était déjà très fragile avec une crois- SCÉNARIO NOIR sur les places asiatiques, les courtiers craignant réflexes qui ont fait flamber les prix mais il n’y a Reste une inconnue importante : des pays sance revenue de plus de 5 % au Même si de nombreux experts un regain de tensions au Moyen-Orient après pas de raisons fondamentales derrière ce mouve- producteurs du Moyen-Orient sont-ils impli- printemps 2000 à 0,2 % à la même écartent ce scénario noir (lire ci-con- les attentats. ment », constatait Léo Drollas, économiste au qués d’une façon ou d’une autre dans cette nou- période de cette année, et la réces- tre), la récession pourrait aussi Désireux de calmer les esprits, le secrétaire Center for Global Energy Studies. « Les condi- velle guerre ? Peuvent-ils être concernés par sion n’a été évitée que grâce à la venir via le pétrole comme en 1990. général de l’Organisation des pays exporta- tions économiques sont radicalement différen- une riposte américaine ? L’attaque des installa- consommation soutenue des ména- Le prix du baril était passé de 15 dol- teurs de pétrole (OPEP), le ministre vénézué- tes », ajoute l’économiste Philippe Chalmin. tions irakiennes ou, pis, un ébranlement du régi- ges. Or, malgré les propos rassu- lars avant l’invasion du Koweït par lien de l’énergie, Ali Rodriguez, a assuré, mardi, me saoudien, plus grand producteur et exporta- rants de M. Bush, qui a affirmé que Saddam Hussein à 40 dollars, puis qu’il s’engageait à maintenir la stabilité des BAISSE DE LA DEMANDE MONDIALE teur mondial de brut mais aussi siège de l’is- « l’économie américaine va tourner était revenu vers les 28 dollars à la prix. « Les membres sont prêts à utiliser leurs Plus aucune tension n’existe sur le marché lamisme, pourrait embraser tout le monde du normalement », les Américains fin de l’année. Cette fois, le baril capacités excédentaires si nécessaire pour assu- pétrolier. La demande mondiale, sous l’effet pétrole. Mais c’est une hypothèse, pour l’ins- sont aujourd’hui plongés brutale- part de plus haut, 27 dollars envi- rer un approvisionnement adéquat des mar- du ralentissement économique aux Etats-Unis, tant, que tous repoussent. ment dans l’incertitude de l’avenir. ron. Les avions kamikazes ont pro- chés », a -t-il déclaré, tout en ne se privant pas ne cesse de baisser. Sans le rationnement déci- Leur moral a été fortifié par dix jeté le baril autour de 30 dollars, de souligner que la hausse du prix du baril était dé par l’OPEP au printemps, qui s’est traduit Martine Orange années de forte croissance. Malgré parce qu’à nouveau c’est la situa- le ralentissement de la croissance, tion au Proche-Orient, réserve de le dégonflement de la bulle Inter- 45 % du brut mondial, qui mobilise net qui a fait chuter l’indice Nas- le regard des opérateurs. Onze ans Un sinistre de « plusieurs dizaines de milliards de dollars » pour les assureurs daq de 70 % en dix-huit mois, et après le Golfe, bis repetita ? En tout malgré les vagues de licenciements cas, un pétrole qui resterait aussi MONACO lui, 400 collaborateurs au World l’indemnisation des familles des vic- cats du marché anglais de l’assuran- dans l’industrie, les Américains ont cher pourrait suffire à faire bascu- de notre envoyée spéciale Trade Center : une réunion de crise times, les polices d’assurance indivi- ce, aux côtés des assureurs en res- continué d’acheter à un rythme éle- ler les économies occidentales dans Toute la communauté des assu- a été organisée à Francfort, à laquel- duelle devraient jouer. Les entrepri- ponsabilité civile des avions. Selon vé. Pour les encourager, l’adminis- le noir. En 1990, la récession améri- reurs et des réassureurs internatio- le s’est joint Jean-Philippe Thierry, ses sinistrées seraient quant à elles les informations recueillies par tration Bush a d’ailleurs décidé des caine avait été de courte durée, la naux, réunie à Monte-Carlo pour le patron des AGF. indemnisées pour la perte d’exploi- Le Monde, La Réunion aérienne, baisses d’impôts puis accéléré le reprise intervenant dès le prin- son traditionnel congrès de septem- Au-delà du choc émotionnel face tation subie. groupement d’assureurs associant versement des chèques de rem- temps 1991, parallèlement à la fin bre, était en état de choc, mardi à un tel drame humain, des premiè- De leur côté, United Airlines et à parts égales MMA, Groupama- boursement. La Réserve fédérale, de la guerre du Golfe. L’impact sur 11 septembre vers 17 heures. Les res estimations du coût de la catas- American Airlines, les deux compa- GAN, CGNU et Generali France, de son côté, a abaissé sept fois les autres pays fut, en revanche, réceptions prévues le soir même trophe ont commencé à circuler gnies aériennes dont les avions ont serait assureur minoritaire d’Ameri- depuis janvier les taux d’intérêt. plus fort, l’Europe souffrant en ont été annulées, désormais jugées dans les rangs des professionnels à été détournés et utilisés comme can Airlines et d’United Airlines. Cet été pourtant, cette belle con- outre de la réunification allemande. indécentes après l’annonce des évé- Monte-Carlo. « Nous avons affaire à armes par les terroristes, devraient Au-delà des considérations de coût, fiance s’était émoussée. Les Etats-Unis pourraient-ils tra- nements de New York. un sinistre de plusieurs dizaines de certains s’essaient à l’analyse des Les marchés financiers, qui espé- verser une récession courte com- Parmi les participants, plusieurs milliards de dollars, qui pourrait être conséquences économiques des raient un rebond en fin d’année, me lors de la guerre du Golfe ? La grands patrons de compagnies, plus de deux fois supérieur à la plus Plusieurs patrons attentats. « Nous avons devant nous réponse est négative, selon Chris- rivés à leurs portables, tentaient de grosse catastrophe de l’histoire, la menace d’un krach boursier mon- Remontée de l'euro tian de Boissieu, professeur d’éco- prendre des nouvelles de leurs équi- l’ouragan Andrew, qui a ravagé les de compagnies, rivés dial, et nous ne savons pas si le mar- nomie à Paris-I : « Les conséquen- pes domiciliées dans les tours écrou- Etats-Unis en 1992 et coûté 20 mil- ché de l’assurance et de la réassuran- COURS DE L'EURO ces seront plus graves qu’en 1990, lées du World Trade Center. « Par liards de dollars », indique au Mon- à leurs portables, ce pourra faire face… C’est une situa- en dollar parce que ce sont les Etats-Unis qui extraordinaire, nos 150 collabora- de Charles Werner Skrzynski, direc- tion inédite ! », observe M. Skrzyns- 0,915 sont touchés. » Si les Etats-Unis teurs sont sains et saufs, ils ont pu éva- teur des affaires internationales et tentaient de prendre ki. plongent dans la récession, ils pour- cuer leurs bureaux à temps », confie de la réassurance du groupe MMA. « C’est un accident sans équiva- raient y entraîner le reste du mon- Jacques Blondeau, président de Une intervention financière de des nouvelles lent dans l’histoire, dont nous 0,910 de occidental. « Des décisions politi- Scor, le premier groupe de réassu- l’Etat américain serait envisageable aurions jugé, il y a encore quelques ques fortes seront seules capables de rance français, tout en s’inquiétant s’il était prouvé que les dispositifs de leurs équipes heures, qu’il y avait une probabilité rétablir un peu de confiance des du sort de ses voisins de la Coface, de sécurité publique n’ont pas réagi zéro qu’il se produise ; nous ne som- 0,905 ménages occidentaux, et le mieux installée elle aussi dans l’une des alors que dix-huit minutes se sont mes plus dans le domaine de l’aléa, serait qu’elles soient concertées au deux tours. « Ils sont tirés d’affai- écoulées entre les deux attentats pouvoir compter sur leurs polices et donc dans le domaine de l’assu- 0,9113 niveau du G 7 », selon M. de Bois- re », lui glisse un responsable du contre les tours jumelles. Elle le d’assurance. Très souvent, en effet, reur, mais confrontés à un acte de à 7 h18 0,900 sieu. groupe français d’assurance-crédit. serait aussi si la qualification de les compagnies aériennes souscri- guerre, estime pour sa part Denis De son côté, le ministre alle- A quelques mètres de là, un Amé- l’événement comme acte de guerre vent des contrats les protégeant Kessler, président de la Fédération mand des finances, Hans Eichel, a ricain appartenant à Aon Re, l’une par l’Etat fédéral l’amenait à consi- des risques de guerre, dont le terro- française des sociétés d’assuran- jugé « absurde » l’éventualité des plus importantes sociétés de dérer de son devoir d’assumer une risme, explique un expert. Aucune ces (FFSA) et membre du Medef. 0,895 d’une récession mondiale. « Le plus courtage du monde, apprend la ter- partie des sinistres. confirmation n’était toutefois possi- Si cela devait être le début d’une 23h30 7h30 15h30 23h30 7h30 grand danger aujourd'hui vient des rible nouvelle à l’un de ses collè- Pour ce qui est du coût directe- ble. Ces sociétés souscrivent en vague d’attentats, le pire est à crain- 11 septembre 12 Cassandre de la récession », a décla- gues, qui fond en larmes. Le siège ment supporté par les assureurs outre des contrats couvrant la res- dre d’un point de vue économique, Source : Bloomberg ré M. Eichel, avant de prendre la de la compagnie est situé au plus américains – et par leurs tradition- ponsabilité civile – avec une exten- dans une conjoncture déjà tendue Le dollar a plongé, mardi, en parole devant une session extraor- haut d’une des tours : nels partenaires réassureurs, qui sion aux risques de guerre – ainsi et face à des marchés financiers très réaction aux attentats, faisant dinaire du Parlement allemand. 1 200 employés y travaillaient sur assument une partie des risques que les dommages subis sur leurs nerveux.» repasser l'euro au-dessus du seuil une dizaine d’étages. Le groupe contre rémunération –, il se décom- avions. Cette fois, le coût du sinis- de 0,91 dollar. Eric Le Boucher européen Allianz-AGF comptait, pose en deux volets. S’agissant de tre serait assumé par certains syndi- Anne Michel 12 LA NÉBULEUSE TERRORISTE LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 Ben Laden : un antiaméricanisme absolu au service du Djihad islamique Le richissime dirigeant islamiste Oussama Ben Laden a été l’allié des Etats-Unis au moment de la lutte des Afghans contre l’Union soviétique. Désormais hôte du régime taliban, ce chef terroriste est devenu l’ennemi numéro un de Washington

KABOUL ble-t-il, qu’il développe sa propre Jihad (égyptien), condamné à mort meilleure école de la CIA américai- attentats du Kenya et de Tanzanie, livrerait pas à des activités terroris- de notre envoyée spéciale infrastructure et crée son organisa- en Egypte pour l’assassinat ne : pendant près de dix ans, entre les talibans avaient affirmé avoir tes à partir de l’Afghanistan. Bien « Je me bats, donc je peux mourir tion, Al Qaida. d’Anouar el-Sadate le 6 octobre 1979 et 1989, la centrale américai- pris des mesures pour contrôler qu’officiellement désavoué par sa en martyr et aller au paradis rencon- Khartoum est alors le grand lieu 1981. Préoccupés par la conquête ne a initié – avec l’aide de l’Inter les activités de Ben Laden. Celles- famille, Ben Laden a gardé un con- trer Dieu. Notre lutte maintenant de rendez-vous de tous les islamis- du pays, les talibans s’intéressent service intelligence (ISI), les servi- ci impliquaient le retrait des tact régulier avec elle. Ben Laden est contre les Américains », décla- tes politiques. Ben Laden voit peu à ces étrangers qui s’organi- ces secrets pakistanais – toute une moyens de communications ultra- est aussi apparu à trois reprises rait, il y a quelques années, au jour- beaucoup de monde. Les Etats- sent librement. Intelligent, déter- génération de combattants au modernes utilisés par celui-ci, l’in- depuis novembre sur des écrans nal Al Qods al Arabi, Oussama Ben Unis s’intéressent de plus en plus à miné, charismatique, Ben Laden maniement des armes, des explo- terdiction de donner la moindre de télévision arabe. Laden. L’Amérique, dont il fut l’al- lui et, en 1994, l’Arabie saoudite rassemble autour de lui une nébu- sifs ou des missiles. Nombre de interview ou d’apparaître publi- Disposant d’une maison à Kan- lié durant le djihad contre l’Union lui retire sa nationalité. En 1996, leuse de personnalités dont l’objec- camps actuels des fidèles de Ben quement, la promesse qu’il ne se dahar, où vit Mollah Omar, le chef soviétique en Afghanistan, est Laden ont été construits alors avec suprême des talibans, Ben Laden devenue pour Oussama Ben Laden l’assistance des Etats-Unis. se déplace régulièrement dans la l’ennemi numéro un. Aucune de Les talibans empressés de condamner les attentats L’Afghanistan est devenu progres- Les Etats-Unis région de Jalalabad où il utilise ses rares interventions publiques sivement le haut lieu de l’is- une ferme servant de base à ses n’omet de mentionner « la guerre Les talibans, qui abritent l’ennemi numéro un de Washington, Ous- lamisme militant, et Ben Laden sa évoquent la signature fidèles. Il ne reste jamais long- sainte » contre Washington. sama Ben Laden, ont condamné avec un empressement inhabituel la figure emblématique. temps à la même place et est La haine de Ben Laden contre série d’attentats qui ont secoué les Etats-Unis. Moins de trois heures de l’homme d’affaires entouré par une garde prétorienne les Etats-Unis remonte à la guerre après la première attaque sur le World Trade Center, le ministre des REPRÉSAILLES INEFFICACES arabe en permanence. Dans les du Golfe et à l’invitation du roi affaires étrangères taliban, Wakil Ahmad Mutawakil, s’est rendu à Accusé par les Etats-Unis pour Sans être évoqué officiellement moments de danger, il se retire Fahd d’Arabie saoudite aux trou- l’hôtel où résident les journalistes étrangers à Kaboul pour tenir une le premier attentat contre le World par la Maison Blanche ou les servi- dans des caches des montagnes pes étrangères, principalement conférence de presse. Trade Center en 1993, Ben Laden ces de renseignement américains, afghanes. Au fil des années, l’in- américaines, à venir défendre le « Nous condamnons la terreur », a-t-il dit en réponse à une question, l’est aussi pour les explosions le nom de Ben Laden a été avancé, fluence de Ben Laden sur Mollah royaume et reconquérir le Koweït avant de nier totalement l’engagement d’Oussama Ben Laden ou des meurtrières (224 morts) contre les dans les heures suivant la vague Omar a grandi et, avec elle, l’impor- envahi par l’Irak. Ben Laden, dont Arabes présents en Afghanistan dans cette opération. Toujours en ambassades américaines à Nairobi d’attentats, par plusieurs sources tance de la mouvance arabe dont la famille a fait fortune dans la réponse à une question, M. Mutawakil a souligné que « les Etats-Unis et Dar es-Salam en 1998. Puis pour autorisées de l’administration l’objectif est de faire de l’Afghanis- construction des palais royaux, avaient la sympathie du peuple afghan ». Il a précisé que le gouverne- l’attentat-suicide contre le des- américaine qui ont réclamé l’ano- tan non seulement un sanctuaire avait plaidé en personne auprès ment n’avait pris aucune mesure particulière de protection, car il ne troyer américain USS Cole à Aden nymat. Plus précis, un influent pour les militants islamistes mais du roi Fahd pour ne pas permettre s’attendait à aucune attaque. – (Corresp.) (17 morts), en 2000. Dans un poè- membre républicain des commis- aussi une base de lancement de la l’invasion de troupes « infidèles sur me qu’il avait lu en février lors du sions judiciaire et de renseigne- Révolution. Au grand dam de le sol sacré d’Arabie qui abrite les mariage de son fils, Ben Laden ment du Sénat, Orrin Hatch, a fait beaucoup d’Afghans, y compris au deux lieux les plus sacrés de l’Islam, soumis aux pressions de plus plus tif avoué est le triomphe de la révo- avait vanté le succès de l’opéra- état de sources bien informées qui sein du mouvement taliban, les La Mecque et Médine ». fortes de Riyad, Khartoum pousse lution islamique et la défaite de la tion. Le FBI a mis 5 millions de dol- seraient parvenues « à la conclu- Arabes se comportent de plus en Ben Laden venait alors de ren- Ben Laden au départ. Il se rend en principale puissance qui s’y oppo- lars sur sa tête et le département sion que cela ressemble à la signatu- plus en terrain conquis. trer d’Afghanistan, où il avait été Afghanistan dans les zones contrô- se, les Etats-Unis. d’Etat estime qu’il est l’« un des re d’Oussama Ben Laden ». Une Au printemps, lors d’une grande impressionné par la victoire des lées par le président Burhanuddin L’Afghanistan est un terrain sponsors les plus importants de l’isla- source gouvernementale a indi- réunion d’activistes islamistes moudjahidins, « grâce à leur foi Rabbani. rêvé. Le fondamentalisme extrême miste extrémiste dans le monde ». qué que les noms de « terroristes » tenue à Peshawar au Pakistan, Ben islamique », contre l’occupant développé par les talibans sied aux Toutes les tentatives américaines, présumés, ayant probablement Laden avait, dans un message lu soviétique. L’homme avait à peine INTELLIGENT ET CHARISMATIQUE soldats purs et durs de l’Islam. notamment les sanctions décidées des liens avec l’organisation de par un participant, invité la pro- trente ans. Pieux depuis son jeune L’introduction de Ben Laden Financés par Ben Laden, les camps par l’ONU pour obtenir son extra- Ben Laden, figureraient sur les lis- chaine génération à se préparer au âge, fils de l’une des familles les auprès de Mollah Omar, le chef d’entraînement pour les jeunes dition, se sont heurtées au refus tes de passagers de certains des Jihad en Afghanistan. « J’appelle la plus fortunées d’Arabie, il aurait suprême des talibans, ne se fait recrues arrivant des pays arabes des talibans qui considèrent Ben avions détournés. Oussama Ben jeune génération à se tenir prête pu jouir tranquillement de cette que plus tard. En Afghanistan, Ben du Golfe, puis d’Ouzbékistan, puis Laden comme leur « hôte » et affir- Laden était déjà placé sur la liste pour la Guerre Sainte et à s’y prépa- manne familiale. Mais il en fera Laden retrouve nombre de soldats de Tchétchénie, fleurissent. On y ment que les Etats-Unis n’ont des dix personnes les plus recher- rer en Afghanistan parce que le dji- une arme au service de ce qui est perdus du djihad antisoviétique, apprend les rudiments de l’art de jamais prouvé son implication chées par le FBI, pour, notam- had, en ces moments de crise pour devenu pour lui une obsession : la arabes principalement, ainsi que la guerre ou les méthodes terroris- dans des actes terroristes. ment, les attentats de 1998 contre les musulmans, est une obligation », défaite américaine. En 1992, harce- des chefs d’organisations islamis- tes les plus modernes. A cette épo- Après les bombardements améri- les ambassades américaines au avait affirmé le message. lé par les services saoudiens, il tes recherchés dans leur pays, com- que, les vétérans du djihad contre cains sur l’Afghanistan en Kenya et en Tanzanie. – (AFP, AP, s’installe au Soudan. C’est là, sem- me Ayman Al Zawahri, chef d’Al l’Union soviétique sont formés à la août 1998, en représailles aux Reuters.) Françoise Chipaux Au Proche-Orient, un noyau d’organisations hostiles, mais aux moyens jusqu’ici limités DU JAMAIS VU. Dans l’histoire Djihad islamique ou le FPLP, n’ont et exécutait des attentats terroris- lée des affrontements sanglants n’ont pas exclu, mardi, la piste d’alerte maximale et conseillé à ses du terrorisme international des cin- visé des ressortissants ou des inté- tes à travers le monde, mais ce entre troupes hachémites et d’Oussama Ben Laden, ce multi- ressortissants une vigilance non quante dernières années, la défer- rêts américains en Israël ou au Pro- groupe s’est apparemment désinté- fedayins palestiniens, en 1970- millionnaire d’origine saoudienne moins optimale en raison d’un lante d’attentats qui a frappé les che-Orient, leurs cibles étant tou- gré et ne fait plus parler de lui 1971 en Jordanie, n’existe plus, de réfugié en Afghanistan, que Wash- « risque accru » d’action terroriste. Etats-Unis, mardi 11 septembre, jours israéliennes. depuis des années. même que cet autre fameux Dji- ington tient pour son ennemi Une chaîne de télévision arabe par est totalement inédite. Elle traduit Le Hamas et le FPLP ont affirmé, En tout état de cause, son ter- had islamique du Liban, qui avait public numéro un et pour le princi- satellite, MBC, avait même affirmé une organisation et une infrastruc- mardi, n’avoir aucun lien avec les rain de prédilection, si l’on peut commandité les attentats contre pal financier du terrorisme isla- que des partisans de Ben Laden ture qu’aucun des mouvements attentats de Washington et de dire, était l’Europe et il n’a jamais les quartiers généraux des forces miste. s’apprêtaient à porter un coup appartenant à la nébuleuse terro- New York. Le Djihad islamique, disposé des moyens d’organiser américaines et françaises membres Le combat de Ben Laden est spectaculaire contre les intérêts riste ou dite telle n’avait révélées à sans évoquer de près ni de loin son transfrontalier, et son pivot n’est américains et israéliens. ce jour. Aucun de ces mouvements éventuelle responsabilité, a jugé pas la question de la Palestine, La quasi-simultanéité des atten- n’était même soupçonné d’en être bon de dire que les attentats Revendication au nom de l’Armée rouge japonaise mais un anti-américanisme aussi tats qui avaient visé les ambassa- capable. étaient le résultat de « la politique farouche que déterminé. Le mou- des des Etats-Unis à Nairobi et à Dans la mesure où les attentats américaine dans la région la plus « Un interlocuteur anonyme parlant arabe comme un étranger a vement Al-Qaeda (la Base), cette Dar es-Salaam faisait certes froid ont été commis dans un contexte chaude du monde », c’est-à-dire le revendiqué dans un appel téléphonique la série d’attentats aux Etats- nébuleuse de formations islamis- dans le dos, mais leur mise en proche-oriental pour le moins Proche-Orient. Unis pour venger les morts de Hiroshima et Nagasaki », dont le cin- tes de diverses nationalités, essen- œuvre relevait d’un type d’attentat- conflictuel, les regards se tournent quante-sixième anniversaire était commémoré les 6 et 9 août, a tiellement composée d’« anciens » suicide que l’on pourrait qualifier vers cette région. Quels sont les ATTENTATS SYNCHRONISÉS déclaré à l’AFP le rédacteur en chef de l’hebdomadaire jordanien d’Afghanistan – ces combattants, de « classique ». partis ou organisations du Proche- Au demeurant, si le Hamas et le Al Wahdeh. « Il n’a pas donné de plus amples précisions et a interrom- Arabes notamment, partis lutter Même l’attentat commis en octo- Orient qui sont, à l’heure actuelle, Djihad islamique, ou d’autres for- pu rapidement la communication », a indiqué Fakhri Kawar, ancien contre l’Armée rouge – qu’il dirige, bre 2000 contre le destroyer améri- anti-américains ? Verbalement, mations islamistes dans d’autres député, ancien président de la Fédération des écrivains jordaniens n’avait néanmoins, à ce jour, cain USS-Cole dans le port d’Aden, tous, bien que leur hostilité et pays du Proche-Orient – tels que et éditorialiste connu. « Nous prenons cette revendication au jamais déployé une capacité de qui supposait une surveillance très leurs critiques s’expriment avec Al-Gamaa Al-Islamiya en Egypte, sérieux », a-t-il ajouté. coordination et d’« efficacité » vigilante du rythme de passage des plus ou moins de virulence. Mais le Hezbollah libanais ou des isla- C’est la seule revendication ou prétendue telle reçue jusqu’à mer- aussi redoutable. navires américains, ne nécessitait quels sont ceux ou celles qui peu- mistes saoudiens, jordaniens ou credi en milieu de matinée. La dernière fois que l’Armée rouge japo- pas forcément d’importants relais vent, ou pourraient être soupçon- yéménites – ont effectivement la naise a fait parler d’elle d’une façon violente remonte à 1988, avec ALERTE MAXIMALE ou réseaux. nés d’être passés à l’acte ? capacité de perpétrer des atten- l’explosion d’une voiture piégée devant un club militaire américain Depuis trois ans notamment, Seules les arrestations consécuti- En Palestine, le Mouvement de tats, y compris des attentats-suici- à Naples qui avait tué cinq personnes. – (AFP.) c’est-à-dire depuis les deux atten- ves à l’attentat contre le World la résistance islamique Hamas et le des contre des objectifs précis – tats qui ont visé, le 7 août 1998, les Trade Center, en février 1993, en Djihad islamique, ainsi que, plus dont des cibles américaines pour ambassades américaines à Nairobi particulier celle du dénommé récemment, le Front populaire certains d’entre eux –, leurs une série d’attentats aussi synchro- de la Force multinationale à Bey- (Kenya) et à Dar es-Salaam (Tanza- Ramzi Youssef, avaient révélé que pour la libération de la Palestine moyens demeurent, selon ce que nisés que ceux qui ont frappé mar- routh, en 1983, ou qui s’est égale- nie), Washington sonne quasi régu- des attentats contre des avions (FPLP), commettent et revendi- l’on en sait, artisanaux, et leurs di les Etats-Unis. Wadih Haddad, ment tristement rendu célèbre par lièrement l’alarme, à la suite de ren- américains en vol étaient en prépa- quent des attentats. Mais aucune réseaux à travers le monde sont qui avait quitté le FPLP à la suite l’enlèvement d’otages occidentaux seignements sur l’imminence d’at- ration, de même que, à en croire de ces formations – pas plus que inexistants ou peu développés. d’un conflit avec Georges Haba- au Liban. Aucune de ces forma- tentats commis par les hommes de des informations de la presse amé- celles des fedayins avant elles – n’a Il y a quelques années encore, le che, est décédé quant à lui dans les tions ne s’en est jamais prise au ter- Ben Laden. ricaine, un attentat contre l’ancien à ce jour porté son combat sur le mouvement d’Abou Nidal, le années 1980 en Irak, et son groupe ritoire américain. C’était encore le cas en juin, lors- président Bill Clinton. territoire américain. Fatah-Conseil révolutionnaire – s’est disloqué. Des responsables américains, que Washington avait placé ses for- Le Hamas, pas davantage que le dissident du Fatah – commanditait Septembre noir, créé dans la fou- parlant sous couvert d’anonymat, ces armées dans le Golfe en état Mouna Naïm La piste improbable des « groupes de la haine » et de l’extrême droite américaine SI LA PISTE Ben Laden – ou rement, l’un d’entre eux, Timothy a partagé les idées de ces « patrio- chargé de diriger une commission une lettre d’information appelée nisations appartenant à la mouvan- d’un groupe issu de la mouvance McVeigh, alors âgé de vingt-sept tes » adeptes de la « suprématie de d’enquête, s’était rendu dans la plu- The Resister, un brûlot véhiculant ce des « groupes de la haine » agis- proche-orientale – a été la pre- ans, était un ancien héros de la la race blanche ». Il avait en com- part des bases militaires des Etats- les credos de l’extrême droite radi- sent indépendamment les unes des mière à s’imposer aux enquêteurs guerre du Golfe. mun avec eux leur rejet du pouvoir Unis, d’Europe et d’Asie, afin d’éva- cale. autres, sans recevoir d’instructions de la sécurité américaine après l’at- fédéral, renforcé par deux événe- luer, selon les termes officiels de sa Le Centre pour le renouveau d’un quelconque commandement taque terroriste lancée, mardi REJET DU POUVOIR FÉDÉRAL ments : le siège d’un forcené à mission « le climat régnant parmi démocratique, dont le siège est à central. 11 septembre, contre New York et L’Amérique, stupéfaite, se ren- Ruby Ridge (Idaho) en 1992 et les soldats américains ». Son vérita- Atlanta, recensait en 1995 entre Ce qui n’empêche pas les Washington, l’éventualité d’une dait compte qu’elle comptait en celui de la secte des Davidiens à ble objectif n’était autre que d’éva- 25 000 et 30 000 activistes dans les contacts ponctuels entre elles. action organisée à l’intérieur des son sein des boys issus de mouve- Waco (Texas) en 1993, où l’inter- luer l’importance de la présence, mouvements de la « suprématie C’est ainsi que les liens de Timothy Etats-Unis n’a pas pour autant été ments marginaux et haineux à la vention du FBI avait fait 80 morts. au sein de l’armée, de soldats mem- blanche », dont environ 4 000 skin- McVeigh et Terry Nichols, tous formellement exclue. Elle l’est popularité croissante. Elle décou- Les plus extrémistes, comme Timo- bres ou sympathisants de ces grou- heads. S’y ajoutaient près de deux inculpés dans l’attentat d’autant moins que les Américains vrait qu’elle abritait des hommes thy McVeigh, y avaient vu une pes. 200 000 sympathisants, sans comp- d’Oklahoma City, avec le milieu ont encore en mémoire l’attentat en colère prêts à faire couler le vaste conspiration destinée à s’op- ter les quelque 100 000 membres des milices extrémistes, ont été clai- contre un bâtiment du Federal sang de leurs compatriotes pour poser à leur liberté individuelle, LIENS INFORMELS des diverses milices de « patrio- rement établis. Le vrai danger avec Bureau of Investigation (FBI), à évacuer leur frustration et leur même si ces hommes demeuraient Si seuls une douzaine d’extrémis- tes » antigouvernementaux, mais ces mouvements, selon Kenneth Oklahoma City, qui, le 19 avril colère. des marginaux dans une Amérique tes furent identifiés à Fort Bragg, pas nécessairement racistes. Stern, c’est qu’ils sont constitués 1995, avait fait 168 morts. Même si Timothy McVeigh, exé- prospère. où Timothy McVeigh était passé Les liens entre les différentes d’individus déterminés qui agis- La stupeur les avait envahis lors- cuté le 11 juin, n’a jamais fait par- Par la suite, l’armée avait enquê- en 1991, c’est dans cette garnison milices et groupes anti-Etat se sont sent presque en solitaires, comme qu’ils avaient appris que les tie d’une milice particulière ou té sur la réalité de ces groupes dits qu’un groupuscule clandestin, les révélés aussi informels qu’empiri- Timothy McVeigh. auteurs de la tuerie étaient des d’un groupe d’extrême droite orga- « de la haine » dans ses propres Special Forces Underground (For- ques. Selon Kenneth Stern, un spé- Américains. Pour ajouter à l’écœu- nisé, il a côtoyé ces mouvements et rangs. Le général Larry Jordan, ces spéciales souterraines), publiait cialiste de cette question, les orga- Alain Abellard LA NÉBULEUSE TERRORISTE LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 13 Pearl Harbor, « un jour d’infamie » JAQUETTE NOIRE et visage attaque n’a coûté aux Japonais Car ce jour-là, c’est au ralenti que sombre, Franklin Roosevelt est que 29 appareils avec leur pilote et la grande base américaine se seul à la tribune de la salle du Con- cinq sous-marins de poche avec réveille, une partie des équipages grès. Démocrates et républicains à leurs équipages de deux hommes. sont restés à terre et les portes l’unisson viennent de l’accueillir L’effet de surprise a été total. d’étanchéité sont restées ouvertes avec une formidable ovation. L’idée de ce raid a pourtant germé sur les bâtiments. Au-delà des parlementaires, c’est dix mois plus tôt et a donné lieu à Lorsque le commandant Fu- la fureur de l’Amérique tout des repérages, des simulations et chida arrive au-dessus de Pearl entière, humiliée, qu’il ressent et des préparatifs minutieux. Le der- Harbor, à 7 h 49, à la tête d’une qu’il exprime : « Hier, 7 décembre nier feu vert a été donné plusieurs première vague de 188 bombar- 1941, un jour qui restera à jamais semaines auparavant et, le diers, avions-torpilleurs et chas- marqué d’infamie, les Etats-Unis 7 novembre, le commandant en seurs, c’est presque comme à la ont été l’objet d’une attaque brutale chef des forces navales japonaises parade qu’il peut clouer au sol et délibérée, lâche et injustifiée… » a soigneusement arrêté la date de l’aviation américaine avant de s’at- Une heure plus tard, les Etats-Unis l’attaque. taquer à la marine. Une heure déclarent au Japon une guerre qui plus tard, une seconde vague vien- ne s’achèvera, près de quatre ans « LE LEGS DE NOS ANCÊTRES » dra parachever ce Blitzkrieg. plus tard, qu’avec Hiroshima. Une partie de la flotte japonaise Les Américains sont à peine reve- « Une attaque brutale et délibé- – cinq porte-avions, deux cuiras- nus de leur stupeur et déjà, à rée… » Les mots sont faibles pour sés, trois croiseurs, neuf contre- Tokyo, la radio diffuse le texte de dire le désastre subi, ce 7 décem- torpilleurs, trois sous-marins de la proclamation impériale de la bre 1941, par l’US Navy, orgueil de protection et huit pétroliers ravi- guerre : « La tâche que nous ont l’armée américaine. En moins de tailleurs – s’est regroupée dans le léguée nos ancêtres doit être poursui- a LIBERTY PARK (NEW JERSEY), 14 HEURES. Face à l’île de Manhattan noyée dans la deux heures, ce dimanche à plus grand secret aux îles Kouriles, vie, la cause des tendances maléfi- poussière et la fumée, les premiers secours s’organisent pour prendre en charge les rescapés et les nombreux l’aube, l’amiral japonais Yamamo- avant de mettre cap à l’est, puis, au ques doit être extirpée sans retard, blessés du double attentat qui a frappé les tours jumelles du World Trade Center. Les secouristes donnent les to vient de balayer la quasi-totali- niveau des Aléoutiennes, de foncer et une paix durable et immuable, premiers soins avant d’orienter les victimes vers les hôpitaux de l’agglomération new-yorkaise, alors que de té de la puissance navale de la flot- vers le sud : soit près de deux mille garante de notre gloire et de notre nombreux ponts et tunnels reliant Manhattan au reste de la ville sont déjà saturés. te américaine du Pacifique : 18 kilomètres en passant à travers tou- empire, doit être établie dans tout navires de guerre sont coulés dans tes les mailles des services de ren- l’Est asiatique. » la baie de Pearl Harbor ou trop seignement américains. Au même moment, à travers gravement endommagés pour Il est vrai que l’attention est tous les Etats-Unis, les autorités Au World Trade Center déjà, le 26 février 1993... être réparés, dont quelques fleu- ailleurs : jusqu’au dernier moment, commencent à mettre en place rons comme l’Oklahoma, l’Arizo- les diplomates japonais ont pour- des mesures exceptionnelles pour IL EST 12 h 38, le 26 février de consolidation des tours, dont le principal auteur de l’attentat, na, le West-Virginia, le California suivi des négociations avec Wash- prévenir les raids aériens et les 1993, lorsqu’une gigantesque les bases ont été ébranlées par l’ex- Ramzi Ahmed Youssef, est arrêté ou le navire amiral, le Pennsylva- ington pour tenter, sans vraiment actes de sabotage. On installe des explosion ébranle les tours jumel- plosion, permettent au FBI de au Pakistan, d’où il est extradé nia ; sur les quelque 400 avions y croire, d’obtenir les coudées fran- postes de mitrailleuses près de la les du World Trade Center, à New confirmer, le 27, l’hypothèse d’un vers les Etats-Unis. Il est condam- présents sur la grande base ches en Asie ; et si Américains et Maison Blanche. Quant au maire York. La déflagration est si violen- véhicule piégé garé dans les par- né à la prison à vie le 8 janvier d’Hawaï, 188 ont été détruits au Britanniques s’attendent à une de New York, Fiorello La Guardia, te qu’elle fait trembler l’édifice et kings ouverts au public. Le bilan 1998. Pour la ministre de la justice, sol et 159 autres sont hors d’usa- offensive nippone, c’est en Malai- il mobilise la défense civile pour creuse un cratère de plusieurs définitif fait état de six morts, de Janet Reno, c’est un « message aux ge ; 43 seulement restent opéra- sie, en Thaïlande, en Indochine, protéger Manhattan « contre un mètres dans le parking souterrain plus de mille blessés, et de 700 mil- terroristes du monde entier ». tionnels. sur Hongkong. Sûrement pas au éventuel Pearl Harbor ». C’était il du bâtiment où la bombe était lions de dollars de dégâts. «Ce Les pertes américaines s’élèvent cœur du Pacifique. Dans leur bas- y a soixante ans. située. n’est pas seulement New York, mais Didier Rioux à 2 403 morts et près de 2 000 bles- tion. Et sans déclaration de guerre. Le plafond de la gare de ban- les Etats-Unis qui sont attaqués », et Marie-Hélène du Pasquier sés, alors que cette extraordinaire Qui plus est un dimanche matin. Gérard Courtois lieue située sous les tours, heu- affirme M. Cuomo, tandis que le reusement quasi déserte à cette président Bill Clinton met en place heure, s’effondre. L’onde de choc une cellule chargée de retrouver est ressentie jusque sur l’autre rive les coupables au plus vite. de la rivière Hudson, au bord de laquelle l’ensemble est construit. ARRÊTÉ AU PAKISTAN Un incendie se déclare aussitôt et Le 4 mars, Mohammed Sala- la fumée se propage rapidement meh, un suspect Palestinien, déten- dans les étages. L’obscurité y est teur d’un passeport égyptien, est totale à la suite de la coupure arrêté alors qu’il vient se faire rem- immédiate du courant, et les quel- bourser la caution de location que deux cents ascenseurs desser- d’une fourgonnette dont il pré- vant les deux tours sont immobili- tend qu’elle lui a été volée… le jour sés, piégeant tous leurs occupants, de l’attentat. Il fréquente une mos- nombreux à cette heure du quée où prêche un cheikh extré- déjeuner. miste, Omar Abdel Rahmane. Rapi- Les premiers secours arrivent dement, l’enquête entraîne l’arres- sur place en quelques minutes. tation de quatre nouveaux sus- Plus de quatre cents pompiers, pects, tandis qu’un sixième, Ramzi soit la moitié des effectifs de New Ahmed Youssef, de nationalité ira- York, des policiers, des hélicoptè- kienne, est en fuite. Deux d’entre res ainsi que des bateaux-pompes eux plaident non coupables, le sont mobilisés pour porter secours 25 mars, lorsqu’ils sont présentés aux blessés et évacuer les au juge Michael Dolinger. 50 000 personnes qui y travaillent. Le 6 avril, lors d’une conférence Les rues avoisinantes sont jon- de presse donnée à Washington, le chées de personnes intoxiquées président Clinton révèle devant par la fumée, auxquelles les secou- son hôte, le président égyptien ristes font inhaler de l’oxygène. Hosni Moubarak, que l’Egypte avait mis en garde les Etats-Unis VÉHICULE PIÉGÉ contre des risques d’attentat. L’in- Trois heures après l’attentat, des culpation, le 7 juillet, de dix per- centaines de personnes bloquées sonnes pour des projets terroristes dans les étages hésitent toujours à et d’assassinats de personnalités descendre par les escaliers envahis politiques, comme le secrétaire par la fumée. Il faudra attendre général de l’ONU, Boutros plus de dix heures pour que les sau- Boutros-Ghali, entretient un cli- veteurs dégagent les derniers mat d’insécurité renforcé, le employés, retrouvés asphyxiés 24 août, par l’inculpation du dans leurs bureaux. Dans l’après- cheikh Omar Abdel Rahmane. midi, les autorités redoutent une Le procès des auteurs présumés autre catastrophe, après une aler- de l’attentat s’ouvre le 4 octobre te à la bombe visant le célèbre devant le tribunal fédéral de New Empire State Building. York, protégé par un important « Jusqu’à présent, nous étions dispositif policier. Il durera jus- invulnérables, aucun groupe étran- qu’au 24 mai 1994, date de la ger n’avait commis un acte de cette condamnation des quatre fonda- nature », déclare le soir même mentalistes, qui plaidaient non Mario Cuomo, gouverneur démo- coupables, à 240 années de prison crate de l’Etat de New York, fai- chacun. sant allusion au fait que la ville de Ce n’est que le 7 février 1995, et New York n’avait jamais connu malgré la prime de 2 millions de aucun attentat terroriste, même dollars offerte pour tout renseigne- au plus fort de la guerre du Golfe. ment amenant à sa localisation, Les travaux de déblaiement et que celui qui est considéré comme

Les principaux attentats contre les Etats-Unis b 18 avril 1983 : un attentat 6 morts et un millier de blessés. détruit une partie de l’ambassade b 19 avril 1995 : une bombe américaine à Beyrouth (Liban), de plus de 2 tonnes dissimulée faisant 63 morts et une centaine dans une voiture explose devant de blessés. un immeuble fédéral à Oklahoma b 23 octobre 1983 : City et fait 168 morts et plusieurs un camion-suicide explose centaines de blessés. à l’intérieur d’un bâtiment b 26 juin 1996 : une bombe abritant une caserne de marines devant la base militaire à Beyrouth, tuant 241 soldats de Dhahran, en Arabie saoudite, américains. provoque la mort de b 20 septembre 1984 : 19 Américains et fait 386 blessés. une voiture piégée percute b Juillet 1996 : une explosion une annexe de l’ambassade lors des Jeux olympiques des Etats-Unis à Beyrouth d’Atlanta fait 2 morts et fait 16 morts et 96 blessés. et 110 blessés. b 21 décembre 1988 : un Boeing b 7 août 1998 : deux attentats de la Pan Am explose au-dessus contre les ambassades de la ville écossaise de Lockerbie, des Etats-Unis à Nairobi (Kenya) tuant 270 personnes. et à Dar es-Salaam (Tanzanie) b 26 février 1993 : font 224 morts et 4 000 blessés. une camionnette piégée explose b 12 octobre 2000 : une explosion dans le parking souterrain à bord du destroyer américain du World Trade Center Cole fait 17 morts et 36 blessés de New York. L’explosion fait dans le port d’Aden (Yémen). 14 TERRORISME ET SÉCURITÉ LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 En France, le gouvernement déclenche le plan Vigipirate au seuil maximal A l’issue d’une réunion de crise à Matignon, le ministre de l’intérieur, Daniel Vaillant, a annoncé la réactivation du dispositif de contrôle des batiments sensibles et des frontières. « Nous n’avons pas d’indication de menace particulière mais le gouvernement a un devoir de vigilance et de précaution », a-t-il précisé

LE PLAN VIGIPIRATE a été 1995. Il prévoit la mobilisation de chutistes du 8e RPIMA, stationné à défense en Ile-de-France, avait tions diplomatiques américaines ce Klein, sous-chef opérations à déclenché à son seuil maximal sur l’ensemble des forces de police et Carcassonne, devaient rejoindre annoncé, mardi en fin d’après- ayant leur siège à Paris. Le préfet a l’état-major de l’armée de l’air. Ce le territoire français, quelques heu- de gendarmerie, voire des éléments les 250 militaires déjà déployés midi, que la protection des aéro- également activé le centre opéra- dispositif, « légèrement renforcé par res après la série d’attentats qui a des trois armées (terre, air, marine). dans les gares et les aéroports. ports, des gares de la SNCF, du tionnel zonal (COZ) de la zone de rapport à celui protégeant l’espace ensanglanté les Etats-Unis. Cette Défini comme « plan de vigilance, Equipés de fusils d’assaut, ils RER, du métro – où la condamna- défense d’Ile-de-France, qui aérien français en temps normal », décision, annoncée, mardi 11 sep- de surveillance et de centralisation patrouilleront, par groupes de tion des poubelles a débuté mardi regroupe des responsables poli- pourrait l’être davantage encore «si tembre, par le ministre de l’inté- du renseignement », Vigipirate com- trois, dans les gares, ainsi que dans soir – et des « espaces sensibles de ciers et les autorités militaires de la les autorités politiques le rieur, Daniel Vaillant, avait été pri- porte deux phases : « l’alerte sim- le métro et le RER. la capitale » avait été « renfor- région. Les responsables policiers décid[aient] », a précisé le général se lors d’une réunion de crise à ple » (phase 1) et « l’alerte renfor- Jean-Paul Proust, préfet de poli- cée », ainsi que le dispositif de sur- observent que les jours à venir pré- Klein. « La mission de sûreté de l’ar- Matignon (lire ci-dessous). « Nous cée » (phase 2). La phase 1 prévoit ce de Paris et préfet de la zone de veillance autour des représenta- sentent potentiellement des ris- mée de l’air, a-t-il ajouté, consiste à n’avons pas d’indication de menace notamment la sensibilisation de ques avec, notamment, les Jour- assurer la sécurité aérienne en s’ap- particulière à l’encontre de notre tous les services de sécurité et la nées du patrimoine, samedi 15 et puyant sur un réseau de radars qui pays, mais le gouvernement a un « multiplication des missions de sécu- Un dispositif réactivé à plusieurs reprises dimanche 16 septembre, au cours permet de déceler d’éventuels compor- devoir de vigilance et de précaution rité sur la voie publique », notam- desquelles les principaux bâti- tements anormaux, comme par exem- pour assurer la sécurité des Fran- ment dans les aéroports. Le plan Vigipirate avait été déclenché pour la première fois le 2 jan- ments publics seront ouverts au ple le non-respect du plan de vol ». çais », a expliqué M. Vaillant. Le La phase 2, enclenchée mardi, vier 1991, à l’occasion de la guerre du Golfe, et appliqué pendant public, et le début des fêtes juives Selon l’officier supérieur, en cas ministre de l’intérieur, qui devait implique, outre la participation de quatre mois. Le dispositif n’avait en fait jamais été totalement levé du nouvel an, lundi 17 septembre. de besoin, un avion de chasse peut réunir, mercredi matin place Beau- l’armée au dispositif, des contrôles depuis, mais simplement allégé, selon les périodes. En septem- décoller pour aller à la rencontre vau, le comité interministériel de approfondis aux frontières, l’aug- bre 1995, Vigipirate avait été réactivé après l’explosion d’une voiture QUATRE PATROUILLES PRÊTES d’un appareil suspect, l’identifier lutte antiterroriste (Cilat), a préci- mentation des fouilles manuelles, piégée devant une école juive de Villeurbanne (Rhône). Le plan avait Par ailleurs, les services de sécuri- et éventuellement le contraindre à sé que policiers et militaires la protection des écoles et, dans les été renforcé en octobre 1995, à la suite de l’attentat dans le RER à la té se préparent à l’éventualité d’atta- atterrir. Le général a affirmé que avaient été « mobilisés pour assurer aéroports, le renforcement des con- station Musée-d’Orsay, à Paris, avant d’être allégé en janvier 1996. En ques aériennes similaires à celles l’« extrême degré de l’interception la sécurité des transports publics, trôles des bagages de soute, ainsi décembre 1996, le plan était une nouvelle fois remonté en puissance déclenchées mardi aux Etats-Unis. pouvait conduire le pilote à aller jus- des aéroports, des gares, des bâti- que la surveillance rapprochée des après l’attentat commis dans le RER parisien, à la station Port-Royal. Quatre patrouilles de l’armée de qu’à la destruction de l’avion ». Cet- ments publics et de tous lieux avions. Bien entendu, les services En 1998, une relance du plan avait été décidée préventivement à l’oc- l’air française, soit dix avions, sont te décision est du « seul ressort » accueillant un nombreux public ». de sécurité sont appelés à redou- casion de la Coupe du monde de football, puis lors de la guerre au prêtes à décoller sous préavis de du président de la République, a Le plan Vigipirate, conçu en bler de vigilance dans la capitale Kosovo. Enfin, Vigipirate avait été réactivé le 29 novembre 2000 en deux minutes pour intercepter tout conclu le général Klein. 1978, avait été déclenché une pre- où, dès mercredi, 1 100 soldats Corse, à la suite des attentats commis contre l’Urssaf et la direction avion au comportement suspect, a mière fois en 1991, puis réactivé en devaient être déployés. 850 para- départementale de l’équipement (DDE). ainsi annoncé mardi le général Patri- Fabrice Lhomme

Le Conseil de la Ville est reporté « Calme », « vigilance » et « devoir de précaution » : de l’Elysée à Matignon, la mobilisation CE N’EST qu’une fois parvenu dans son s’entretenir avec le secrétaire général de l’Ely- touchés par les attentats. En l’absence de en revue « les autres mesures particulières » Lionel Jospin a décidé de repor- bureau de l’Elysée que le président de la sée, Dominique de Villepin. C’est là, devant premières informations sur les victimes, le qui pourraient être utiles, au-delà de Vigipi- ter le Conseil interministériel de République a vu les images terrifiantes. Et l’ampleur de l’événement, qu’il a décidé de Quai d’Orsay n’avait qu’une seule certitude : rate, et qui concernent notamment la pro- la Ville (CIV) qui devait se tenir qu’il a décidé de s’adresser le soir même aux tout interrompre pour rentrer. A Matignon, l’agence financière française, dépendante tection de l’espace aérien et la sécurité des mercredi 12 septembre à Mati- Français. Jusque-là, on lui avait transmis par après avoir exprimé sa « tristesse horrifiée », du Trésor, qui occupa longtemps un étage sites sensibles. gnon, ainsi que la visite qu’il Lionel Jospin venait d’appeler quatre de ses du World Trade Center, avait bien déména- Lors du conseil des ministres, mercredi, devait effectuer dans l’après- RÉCIT ministres – Alain Richard (défense), Daniel gé du bâtiment quelques jours auparavant. d’autres mesures pourraient être envisa- midi à Trappes et à La Verrière, Vaillant (intérieur), Hubert Védrine (affaires Impossible, cependant, de connaître le nom- gées. Juste après le conseil restreint, M. Chi- dans les Yvelines, en compagnie A 17 heures à Matignon, étrangères) et Jean-Claude Gayssot (trans- bre et la nationalité des employés, des visi- rac a réuni quelques collaborateurs, notam- du ministre délégué à la ville, Lionel Jospin décide ports) – à une réunion d’urgence, à 17 heu- teurs, des touristes présents dans les tours ment sa fille Claude, pour rédiger le texte de Claude Bartolone. de déclencher res. Le ministre des affaires européennes, au moment de la catastrophe. la courte intervention télévisée qu’il fera Le premier ministre et le prési- le plan Vigipirate renforcé Pierre Moscovici, en déplacement à Boston, finalement à 21 h 15. dent de la République, Jacques restait quant à lui bloqué aux Etats-Unis. MESSAGE DE SOLIDARITÉ Puis le président a téléphoné au chance- Chirac, devaient se retrouver Après avoir exprimé devant un public Très vite, la décision de déclencher le plan lier allemand, Gerhard Schröder, et au pre- mercredi matin, lors de leur fax et téléphone les informations sur la catas- d’universitaires et d’élus bretons stupéfaits Vigipirate renforcé s’est imposée. Autour de mier ministre britannique, Tony Blair, ainsi traditionnel tête-à-tête hebdo- trophe ; il avait lancé, de l’avion qui le rame- son « immense émotion » à la suite des la table, MM. Richard, Vaillant et Védrine qu’au président de la Commission européen- madaire avant le conseil des nait d’urgence de Bretagne, et d’où il restait « attentats monstrueux » qui venaient de ont cependant insisté sur la nécessité de redi- ne, Romano Prodi. Enfin, il a fait parvenir à ministres, pour évoquer à en contact étroit avec le premier ministre, la frapper les Etats-Unis, le président a donc re aux Français que le pays n’est pas particu- George W. Bush un message de solidarité, nouveau la situation internatio- mobilisation d’urgence de l’appareil d’Etat, repris immédiatement son avion pour Paris. lièrement menacé. Mais le premier ministre assurant que la France se tient à la disposi- nale et nationale, au lendemain mais il n’avait pas encore vu. Pendant l’heure de vol qui le séparait de a lâché les trois mots qui devraient exprimer tion des Etats-Unis pour toute aide. des attentats aux Etats-Unis. Arrivé à Paris, Jacques Chirac a découvert, l’Elysée, il a encore conversé avec les respon- la position du gouvernement : « calme », Mercredi matin, le chef de l’Etat s’interro- L’ordre du jour du conseil n’a sur le grand écran de la télévision installée sables de sa cellule diplomatique, puis a télé- « vigilance » et « devoir de précaution ». Arri- geait sur le maintien de sa visite à Belgrade, pas été modifié. Hubert Védrine dans le bureau présidentiel, les images des phoné à Lionel Jospin. Les deux hommes vés à l’Elysée, vers 18 heures, pour le conseil prévue vendredi et samedi. L’Elysée s’attend ne devrait toutefois pas assister attentats, l’effondrement des tours du World ont aussitôt décidé de se retrouver pour un restreint, les ministres et M. Jospin ont cons- à ce que le voyage qu’il devait faire à à ce conseil, en raison de la Trade Center et ce sous-titre de la chaîne conseil restreint. Le gouvernement en prépa- taté que le président de la République y ajou- Washington et à New York du 19 au 21 sep- convocation à Bruxelles, à la américaine CNN, pour l’ensemble de ses rerait à l’avance la teneur. te le mot de « sang-froid ». tembre soit annulé par les Etats-Unis. Le même heure, d’une réunion des reportages : « America under attack ».Le Peu après 17 heures, à Matignon, Pendant plus d’une heure, le sommet des rénovateurs qui devait notam- ministres des affaires étrangè- président sortait tout juste d’un déjeuner de MM. Richard, Védrine, Vaillant et Gayssot conseil – auquel se sont joints M. de Ville- ment réunir, ce week-end à Stockolm, Lionel res des Quinze. travail, à Rennes, lorsque ses collaborateurs ont évoqué avec M. Jospin les premiers élé- pin, Olivier Schrameck, directeur de cabinet Jospin, Tony Blair et Gerhard Schröder, a Le député (RPR) de Paris Pier- lui ont appris la nouvelle des attentats. ments d’analyse fournis par les services de du premier ministre, Jean-Marc Rochereau d’ores et déjà été annulé. re Lellouche a demandé, mercre- Après avoir tenté, pendant quelques minu- renseignements civils et militaires. Puis ils se de la Sablière, conseiller diplomatique du di matin, une réunion du Parle- tes, de poursuivre le programme de sa visite, sont préoccupés de la présence éventuelle président, et le général Henri Bentegeat, Raphaëlle Bacqué ment en session extraordinaire. M. Chirac s’est isolé quelques instants pour de ressortissants français dans les bâtiments son chef d’état-major particulier – a passé et Pascale Robert-Diard Une enquête ouverte depuis lundi à Paris sur un groupe de la mouvance Ben Laden Des mesures de sécurité exceptionnelles b Allemagne. Les autorités alle- degré d’alerte intermédiaire « B » Les services antiterroristes ne relèvent « aucune menace identifiée » contre la France mandes ont renforcé les dispositifs a été déclenché pour tous les de sécurité de tous les bâtiments points « liés aux intérêts améri- LA VEILLE des attentats commis des attentats. vague d’attentats commis par les les aspects techniques et scientifi- américains et israéliens, ainsi que cains ou occidentaux ou les objec- aux Etats-Unis, les juges antiterro- Cependant, l’hypothèse selon terroristes du Groupe islamique ques du renseignement, notam- du Reichstag, où une séance sur le tifs présentant un intérêt particu- ristes français avaient été informés laquelle les intérêts américains – armé (GIA) algérien, qu’une mena- ment au travers du réseau Echelon budget pour 2002 a été annulée. lier », a-t-il précisé, avant un con- de l’existence d’une menace attri- tant en France qu’en Allemagne – ce islamiste « permanente et laten- – qui permet l’interception et le Divers édifices fédéraux et des seil des ministres extraordinaire. buée à des islamistes proches du auraient constitué l’objectif de ce te » pèse sur les Etats occidentaux, décryptage de toutes les communi- aéroports sont aussi concernés par Les représentations diplomati- milliardaire saoudien Oussama Ben groupe avait été envisagée, en rai- dont la France. Le souvenir demeu- cations téléphoniques mondia- ces mesures. L’ouverture au public ques, les compagnies aériennes et Laden, considéré comme l’inspira- son de la présence en son sein de re, en outre, du détournement à les. Dans ce domaine lui-même, où du nouveau Musée juif de Berlin, maritimes, les installations militai- teur et le financier de la nébuleuse Fouad Sabour, islamiste âgé de Alger d’un Airbus d’Air France, à la plusieurs milliards de dollars ont prévue mardi soir 11 septembre, a res et toutes les institutions scolai- terroriste islamiste internationale. 36 ans, qui revenait alors d’un fin de l’année 1994, par des hom- été investis, le renseignement éco- été reportée. La Lufthansa a res, touristiques, culturelles, com- Une information judiciaire a été camp d’entraînement financé par mes du GIA. Leur objectif était nomique semble prévaloir sur l’an- annoncé la suspension de ses vols merciales et industrielles, ainsi ouverte contre X..., lundi 10 septem- Ben Laden en Afghanistan (Le Mon- alors d’écraser l’appareil sur Paris. titerrorisme. de mardi soir à destination de Tel- que des synagogues, seront étroi- bre, pour « association de malfai- de du 24 mars). Les spécialistes tien- L’avion avait été contraint d’atterrir Les spécialistes français fondent Aviv et de Beyrouth. tement surveillées. teurs en relation avec une entreprise nent en effet pour acquis que le mil- à Marseille, où l’assaut des gendar- sur leurs méthodes très ciblées les b Autriche. La sécurité des aéro- b Espagne et Portugal. Des cor- terroriste » et confiée aux juges liardaire terroriste privilégie le com- mes avait mis un terme à la prise succès enregistrés dans la lutte con- ports et des institutions américai- dons de police ont été établis d’instruction parisiens Jean-Louis bat contre l’Amérique et ses repré- d’otages. tre le terrorisme : démantèlement nes a été accrue, a annoncé mardi autour des ambassades des Etats- Bruguière et Jean-François Ricard. sentants, à l’encontre desquels il a des réseaux de 1995, interpella- le chancelier autrichien Wolfgang Unis et d’Israël, ainsi que de la Entourée de la plus grande confi- déjà organisé de nombreux coups « TRAVAIL EN PROFONDEUR » tions préventives avant la Coupe Schüssel. Toutes les institutions représentation palestinienne. dentialité, cette enquête mobilise le de force (lire page 12). La campagne terroriste de 1995 du monde de football de 1998, etc. juives de Vienne et d’Autriche ont b Danemark. Le premier service français de contre-espionna- Quelques heures après les atten- (9 attentats et tentatives, qui Ce travail aurait également permis été évacuées par précaution, a ministre, Poul Nyrup Rasmus- ge, la Direction de la surveillance tats qui ont frappé New York et avaient causé la mort de 10 person- de déceler une évolution sensible annoncé la communauté israélite sen, a annoncé des « mesures de du territoire (DST), qui a transmis Washington, les experts français de nes et en avaient blessé environ dans le profil des militants formés de Vienne. sécurité renforcées » autour du aux autorités le renseignement ini- l’antiterrorisme considéraient le mil- 150) avait été organisée par le GIA, dans les camps afghans et transfor- b Grande-Bretagne. La sécuri- Palais royal, des bâtiments offi- tial. Le soupçon porte sur d’éven- liardaire saoudien comme un sus- pour punir la France de son sou- més en agents : alors que, jusqu’à té a été renforcée autour des bases ciels, des aéroports, des installa- tuelles actions en préparation con- pect évident, assurant toutefois, au tien au gouvernement algérien. une date récente, des jeunes gens militaires. Une réunion du Cabinet tions de l’OTAN et des intérêts tre des intérêts américains en Fran- terme d’une réunion tenue, mardi Depuis lors, les services secrets issus des quartiers sensibles des office briefing room (Cobra) a été américains et israëliens. « Le gou- ce. 11 septembre en fin d’après-midi, français assurent être restés en aler- banlieues françaises constituaient convoquée par le premier minis- vernement a pris les dispositions Au mois de décembre 2000, l’in- au ministère de l’intérieur, te permanente sur ce front, pous- un vivier important, la mouvance tre. Tony Blair a décidé d’interdire de sécurité nécessaires et est en terpellation de quatre militants isla- qu’« aucune menace identifiée con- sant la surveillance des milieux isla- moudjahidine semble aujourd’hui tout survol de Londres par des contact avec ses partenaires euro- mistes à Francfort avait déjà permis tre la France » n’avait été précisé- mistes établis en France jusqu’à préférer le recrutement d’hommes avions civils. La compagnie British péens et de l’OTAN », a-t-il décla- d’empêcher des militants de la mou- ment relevée, comme l’ont indiqué « l’échelon humain ». Le suivi indivi- plus âgés disposant d’une forma- Airways a suspendu ses vols vers ré, en soulignant qu’un rétablis- vance Ben Laden de commettre un au Monde plusieurs des partici- duel de toute personne quittant la tion de haut niveau, parfois de Islamabad, en raison de la proxi- sement des contrôles frontaliers attentat, dont la cible était peut- pants. France pour l’Afghanistan ou le diplômes universitaires : selon un mité du Pakistan et de l’Afghanis- était à l’étude au sein de l’espace être située en France. Une cassette « C’est complètement fou, pire que Pakistan a été mis en place ainsi magistrat antiterroriste, les scienti- tan. Les liaisons vers Tel-Aviv ont Schengen de libre circulation vidéo avait été retrouvée dans l’un dans tous les romans-catastrophe », qu’un réseau de surveillance des fiques seraient particulièrement aussi été fermées. dans l’UE, ainsi qu’en Norvège et des appartements des quatre terro- a déclaré un haut responsable poli- mosquées radicales destiné à repé- appréciés par les dirigeants terroris- b Italie. Siège de plusieurs en Islande. ristes. La bande présentait, sur fond cier. Autour de la table, mardi soir, rer les musulmans versant dans l’in- tes, capables de perpétrer des atten- bases militaires américaines de b Israël. L’aéroport internatio- de musique traditionnelle des Mou- aucun des intervenants n’a caché sa tégrisme. tats plus sophistiqués que de sim- l’OTAN, le pays a décidé, mardi, nal Ben Gourion de Tel-Aviv a été djahidins – les « combattants de la stupéfaction face à un scénario que Les responsables des services ples prises d’otages ou attaques à de protéger « tous les sites sensi- fermé aux vols internationaux, foi » –, des images de Strasbourg, ni la DST ni les Renseignements français critiquaient, mardi soir, la voiture piégée… bles », a annoncé le vice-président mercredi matin, pour une durée de montrant la cathédrale et le marché généraux (RG) n’avaient envisagé. l’abandon par leurs homologues du conseil, Gianfranco Fini. Les vingt-quatre heures. La compa- de Noël, qui avaient laissé penser Pour autant, les dirigeants des ser- américains de ce mode de « travail Pascal Ceaux, drapeaux tricolores et européen gnie nationale El Al continue aux enquêteurs que ces lieux sym- vices de renseignement français en profondeur ». Depuis plusieurs Hervé Gattegno flottant sur les édifices publics ont d’opérer pour des destinations boliques pouvaient être visés par considèrent, depuis 1995 et la années, la CIA et le FBI privilégient et Franck Johannès été mis en berne jusqu’à jeudi. Le intérieures et internationales. TERRORISME ET SÉCURITÉ LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 15 Les Etats modernes sont vulnérables à ce type d’actions concertées de destruction collective Selon un expert, cette opération « suppose un degré de planification et d’organisation qui exige plusieurs mois de préparation minutieuse »

EN FÉVRIER, selon une source en décembre 1994, quand le GIA notamment le réseau d’espion- proche du renseignement français, algérien avait détourné un avion nage anglo-saxon Echelon, et elles les services américains avaient pré- d’Air France pour être ensuite neu- sont loin d’être remplacées quand venu leurs correspondants en Euro- tralisé à Marseille, au motif, selon des générations entières de fonc- pe qu’il existait « des risques les services français, qu’on soup- tionnaires expérimentés doivent sérieux » d’agressions terroristes, çonnait le commando de vouloir partir. sans être en mesure d’identifier se jeter sur Paris. En février 1999, sous la présiden- plus précisément les modalités de ce de Bill Clinton, les Etats-Unis la menace. Le message était « alar- RECHERCHES SUR LA CYBERGUERRE ont décidé d’affecter 10 milliards miste », ajoute-t-on. Il relevait Aux Etats-Unis, les attentats pro- de dollars par an à des investiga- davantage d’un pressentiment. grammés et le fait que des avions tions sur « le terrorisme du XXIe siè- L’éventualité de telles attaques puissent devenir des kamikazes – cle » en le déclarant « hautement s’est renforcée au fil des mois, liée comme le furent des pilotes japo- probable ». Au-delà du spectre des à la dégradation de la situation au nais à bord de leurs appareils armes nucléaires, qui reste du Moyen-Orient. durant la guerre du Pacifique – ou domaine des « Etats voyous » et De toute évidence, ce qui s’est servir de missiles contre des bâti- contre lequel George W. Bush a NEW YORK, 16 h 48. Plus de six heures après son effondrement, un groupe de pompiers passé, mardi 11 septembre, aux ments civils ont visiblement pris oppose son programme de bou- arpente les décombres au pied de la tour sud du World Trade Center, Etats-Unis, n’avait pas été imagi- de court la chaîne du renseigne- clier antimissile, le projet lancé il y au milieu des débris et de la poussière, dans un paysage lunaire. né, à savoir, selon l’expression ment. Aucun indice précis ne sem- a deux ans vise à des recherches d’un officier de renseignement, « une action concertée de destruc- tion collective », qui peut être assi- Centrales nucléaires et plates-formes de forage milée à une véritable opération de L’Amérique se coupe du monde guerre aboutissant à démontrer la Les spécialistes de l’antiterrorisme ont inscrit en tête de leurs vulnérabilité d’une grande puissan- craintes d’attaques-suicides les menaces exercées par des comman- DES MARCHÉS financiers aux autres quartiers de New York et au été rouverte après un renforce- ce et à en paralyser les activités en dos contre des centrales nucléaires, des laboratoires de défense ou transports aériens, l’Amérique sem- New Jersey ont été fermés, tandis ment de la sécurité. Les 2 000 kilo- ayant fragilisé le cœur de ses infras- des plates-formes de forage pétrolier en mer. Il s’agit, en effet, de blait s’être arrêtée, mardi. Dès l’an- que le trafic du métro, dont de très mètres de frontière séparant les tructures sensibles. cibles extrêmement vulnérables, pour lesquelles une agression de nonce des attentats, les ordres nombreuses lignes passent sous le deux pays ont été placés « sous Par rapport aux actions précé- caractère militaire aurait un retentissement médiatique instantané d’évacuation, de fermeture de bâti- World Trade Center, a été suspen- haute sécurité », a indiqué le porte- dentes de terrorisme contre des et provoquerait des phénomènes de panique, y compris dans les ments officiels et d’annulation du. Des porte-avions et des frégates parole de l’ambassadeur améri- cibles américaines hors du territoi- transactions boursières. Certes, la plupart de ces cibles sont proté- d’événements se sont succédé anti-missiles ont pris position au lar- cain à Mexico. Le pont de Santa re fédéral, les derniers événements gées spécialement ou – notamment pour les centrales nucléaires – dans tous les Etats-Unis, complète- ge de New-York et Washington. Fé, reliant la ville d’El Paso, au sont « un basculement straté- elles ont été « durcies » pour ne pas entraîner de réactions en chaîne ment désorganisés. Le maire de De son côté, la Commission des Texas, à Ciudad Juarez, au Mexi- gique » pour les Etats-Unis – incontrôlables. Néanmoins, des plans spéciaux de sécurité, demeurés Washington a décrété mardi l’état opérations de Bourse américaine que, a été rouvert après avoir été d’aucuns n’hésitent pas à parler secrets, ont généralement été élaborés à titre préventif. « C’est un d’urgence dans la capitale américai- (SEC) a fermé tous les marchés brièvement fermé à la circulation d’un « hyperterrorisme », comme défi », admet un expert français du renseignement. Aux Etats-Unis, le ne. Du nord au sud, de la frontière boursiers américains. La Bourse de pour permettre des contrôles. François Heisbourg, directeur de département de l’énergie comme la commission de régulation canadienne à la frontière mexicai- New York, la première place finan- Au Canada, Ottawa a ordonné la Fondation pour la recherche nucléaire refusent de communiquer à ce sujet. ne, les autorités ont ordonné, dans cière au monde, est intacte mais ne l’annulation de la quasi-totalité du stratégique (FRS) – de la part de la crainte de nouvelles attaques, la rouvrira pas ses portes mercredi, a trafic aérien, n’autorisant que les groupes fanatiques et entraînés, fermeture des principaux axes de annoncé le maire de New York, vols requis pour une aide humani- voire de commandos-suicides, ble être venu à l’oreille des agents sur la contamination chimique ou communication routiers, ainsi que Rudolph Giuliani. A Washington, taire d’urgence et les avions bénéficiant de complicités et capa- du FBI et de la CIA, à l’exception biologique et sur les assauts élec- de nombreux aéroports. les sièges du FMI et de la Banque détournés de leur trajet vers les bles de minuter une opération en de ce qui figure dans les notes troniques (la cyberguerre) contre George W. Bush a déclaré, mardi, mondiale ont été évacués mardi, Etats-Unis par les autorités améri- ayant choisi des objectifs selon l’ef- assez peu explicites adressées aux des systèmes informatiques sur les- New York ville sinistrée, ce qui per- comme les bâtiments de l’adminis- caines de l’aviation. Des centaines fet médiatique qu’ils en escomp- alliés européens pour appeler à la quels reposent le réseau énergé- mettra de débloquer des fonds fédé- tration fédérale américaine. Les res- de vols en provenance d’Asie et tent sur l’opinion. vigilance. tique, les circuits bancaires, les raux d’urgence. Le président améri- ponsables des deux institutions d’Europe ont ainsi été déroutés « Cela suppose, explique un Ce qui ne manquera pas de relan- communications, les transports, cain a affirmé que les Etats-Unis envisagent le report de leurs assem- vers les aéroports canadiens. autre expert du renseignement, un cer, outre-Atlantique, le débat sur les services d’urgences, les organis- avaient « pris toutes les mesures de blées annuelles, qui doivent avoir Dans les grandes villes canadien- degré de planification et d’organisa- la pertinence des 30 milliards de mes de santé et, bien sûr, la sécurité appropriées ». Le transport lieu du 25 au 27 septembre. nes, plusieurs édifices publics ont tion, une connexion des réseaux, dollars annuels alloués à la commu- concentration de la « machine » aérien a été complètement interrom- été évacués et la sécurité a été ren- une logistique, une sophistication et nauté du renseignement et sur la militaire. pu sur tout le territoire – une déci- FRONTIÈRES SOUS SURVEILLANCE forcée autour des institutions gou- une anticipation qui excluent toute priorité donnée, au détriment des Au palmarès des attaques biolo- sion sans précédent. L’administra- Même si les attentats n’ont tou- vernementales à Ottawa, l’ambassa- improvisation et exigent plusieurs « sources » humaines, à la collecte giques, la variole, qui pourrait être tion fédérale de l’aviation (FAA) a en ché que la Côte est, le gouverneur de et les six consulats du pays ont mois de préparation minutieuse. » des informations par la voie techni- vaporisée par le biais d’aérosols, effet ordonné, au moins jusqu’à de Californie, Gray Davis, a ordon- été placés en état d’alerte maximale. La chronologie des actions révè- que de l’observation ou de l’écou- ou divers toxiques, diffusés par le 16 heures GMT mercredi, l’annula- né la fermeture de tous les bâti- La frontière avec les Etats-Unis – la le, selon ce spécialiste, une coordi- te satellitaire. biais des canalisations d’une agglo- tion de tous les vols commerciaux ments du gouvernement dans son plus longue frontière non gardée au nation entre les commandos enga- Métier à risques, l’espionnage se mération. En général, les experts aux Etats-Unis, ainsi que les vols Etat. A San Francisco, le maire a monde – n’a pas été fermée, mais gés et une montée en puissance de heurte aujourd’hui, mais pas seule- du renseignement hésitent à énu- domestiques. Elle avait dans la mati- aussi décidé de fermer les princi- « l’état d’alerte maximale » a été leurs actes qui est sans précédent ment aux Etats-Unis, à une crise mérer la liste de ces agents infec- née dérouté tous les vols internatio- paux monuments et bâtiments. décrété, a déclaré le porte-parole de et qui se fonde sur « l’emboîte- du recrutement, en qualité et en tieux pour ne pas donner des idées naux vers le Canada. Le secrétaire Les écoles resteront closes. Les l’ambassade américaine à Ottawa. ment, dans le temps, de deux séquen- effectifs, et une « solution de con- à des terroristes en mal d’imagina- aux transports, Norman Mineta, a parcs d’attractions de Disneyland Les autorités jugent improbable un ces, l’une au-dessus de ce qui repré- fort » consiste à recourir à la tech- tion. D’autant que les Etats déve- annoncé un renforcement des mesu- (Californie) et de Disneyworld (Flo- attentat au Canada mais ne prennent sente, à New York, un symbole de la nologie, à base d’électro-informati- loppés, vulnérables, n’ont pas les res de sécurité dans les aéroports. ride) ont également fermé leurs aucun risque. Elles ont ainsi forcé puissance financière et la seconde, à que, qui n’est pas la panacée. De parades adaptées à des actions, Le trafic ferroviaire sur une gran- portes, de même que les studios de deux avions sud-coréens à se poser à Washington, un symbole de la puis- surcroît, les équipes du renseigne- imprévisibles, de subversion vio- de partie de la côte a également été cinéma Universal à Los Angeles. Whitehorse (Yukon) par crainte d’un sance politico-militaire ». ment ont vieilli, comme c’est le cas lente ou insidieuse. interrompu. Tous les ponts et les La frontière avec le Mexique, détournement, qui s’est révélé une A ce stade, on a dépassé ce que aujourd’hui à la National Security tunnels reliant Manhattan aux momentanément fermée mardi, a fausse alerte. – (AFP, Reuters.) les services français avaient vécu, Agency (NSA), qui met en œuvre Jacques Isnard ont été prises dans de nombreux pays Les attaques kamikazes révèlent les failles de la sécurité aérienne b Argentine. Le gouvernement ont été placés en état d’arlerte LES ATTAQUES terroristes près de la cour d’appel de Pau, port de Logan, à Boston, d’où est la destruction en vol, notamment a indiqué qu’il renforce la sécurité maximale mercredi. « Nous pre- kamikazes dans le ciel américain conteste cette distinction appor- parti un des avions détournés depuis l’accident, en 1983, de autour des institutions juives du nons toutes les précautions néces- ont mis en lumière la vulnérabilité tée sur la sécurité des deux côtés mardi. Les inspecteurs de la FAA l’avion sud-coréen qui avait été pays, qui compte la plus grande saires pour assurer votre sécuri- des dispositifs de sécurité aérien- de l’Atlantique. « Les mesures de ont relevé qu’American Airlines abattu à proximité de l’île de communauté juive de toute l’Amé- té », a dit le général Jeff Miller, ne. Si le transport aérien est consi- sécurité sont différentes, mais les avait chargé à bord des bagages Sakhaline par la chasse soviéti- rique du Sud. responsable en second pour les déré comme l’un des modes de objectifs sont les mêmes. » En Fran- ne correspondant pas à des noms que, après s’être longuement écar- b Australie. L’Australie a ren- opérations en Corée, dans un transport les plus sûrs dans le ce, la vérification de la totalité des de passagers embarqués sur cinq té d’un plan de vol qui devait le forcé la sécurité autour des mis- message aux soldats américains monde (1 accident pour 1,5 mil- bagages a été décidée il y a quel- vols et n’avait pas contrôlé l’identi- mener d’Anchorage, en Alaska, à sions diplomatiques américaines. et à leurs familles. Toutes les per- lion de vols en moyenne), il paraît ques années. Mais les investisse- té des passagers sur deux vols. Les Séoul. Mais on sait que cette inter- Le consulat des Etats-Unis à Syd- missions ont été annulées et les particulièrement impuissant face ments ont été étalés sur plusieurs autorités de l’aviation civile diction ne serait pas respectée ney a été fermé jusqu’au jeudi troupes cantonnées sur leurs à ce type d’actions-suicides. années. Le contrôle à 100 % ne avaient indiqué, le 31 juillet, qu’el- dans une situation de crise. 13 septembre. Les immeubles con- bases. Les autorités de l’aviation civile sera opérationnel qu’en 2003 et, les infligeraient une amende de tenant des missions du Com- b Chine. Dès mardi soir, la à travers le monde ont tenté, dans en attendant, on continue d’utili- 99 000 dollars (près de 110 000 ¤) TRANSPONDEUR DÉBRANCHÉ monwealth ont été mis en état police chinoise avait renforcé son les heures qui ont suivi les atten- ser la technique du sondage. à American Airlines. Les moyens de suivi des appa- d’alerte. Le premier ministre aus- dispositif de sécurité à proximité tats en chaîne, de rassurer les pas- Dans les airs, le suivi des appa- reils américains ont d’ailleurs été tralien, John Howard, en visite de l’ambassade américaine à sagers et ont annoncé le renforce- LAXISME DES COMPAGNIES reils présente aussi de graves lacu- mis en échec lors de l’attaque officielle aux Etats-Unis, qui Pékin. ment des mesures habituelles (lire Pour les petits appareils, qui nes. La détection d’un change- terroriste de mardi. Les kamikazes devrait être bloqué pendant au b Malaisie. A Kuala Lumpur, ci-contre). Les Etats-Unis ont conduisent les passagers vers les ment de route n’est pas immé- semblent avoir été particulière- moins deux jours à Washington a les tours jumelles Petronas, les même décidé de suspendre tout principaux aéroports, les contrô- diate, même si certaines trajectoi- ment organisés. Selon le Washing- promis que l’Australie soutien- plus hautes de la planète, ont été trafic aérien commercial au-des- les sont souvent inexistants. «Il res sont beaucoup plus surveillées ton Post de mercredi 12 septem- drait les Etats-Unis en cas de pos- évacuées de leurs milliers d’occu- sus de leur territoire jusqu’à mer- est toujours possible de corrompre que d’autres, notamment à l’ap- bre, le transpondeur du Boeing sibles représailles. pants, mercredi, à la suite d’une credi soir – un fait sans précédent des employés d’aéroport, aux reve- proche des grandes villes. Mais 757 qui s’est écrasé sur le Pentago- b Japon. Principal allié des alerte à la bombe, selon de dans leur histoire. nus souvent modestes et au statut l’interception ou la destruction ne avait apparemment été débran- Etats-Unis en Asie, le Japon a ren- premières déclarations de la Au-delà de ces mesures specta- précaire », estime M. Grangier. Il d’un appareil en vol par l’aviation ché, rendant impossible toute forcé la sécurité autour des bases police. Il s’agirait en fait d’un culaires et exceptionnelles, les dénonce en outre le laxisme des militaire est largement illusoire. identification de l’appareil par les militaires américaines. La majori- simple exercice de sécurité, questions sur la sûreté aérienne compagnies aériennes ou de cer- « Il ne faut que quelques minutes à contrôleurs aériens. Les té des quarante-sept mille GI a-t-on appris ultérieurement. demeurent entières. La faiblesse tains pilotes, qui acceptent parfois un appareil pour s’écraser au sol et contrôleurs de l’aéroport inter- stationnés dans le pays se trou- Les deux tours jouxtent un des dispositifs de sécurité paraît de prendre dans le cockpit les les militaires n’ont absolument pas national de Washington-Dulles vent dans l’archipel d’Okinawa. grand hôtel où des comman- pouvoir être démontrée à la fois objets confisqués provisoirement le temps d’intervenir », explique ont subitement vu sur leurs écrans- Les bases ont été mises en état dants des forces américaines et au sol (dans les zones d’embarque- aux passagers (et placés en géné- M. Grangier. Seule la mise en aler- radars un appareil volant à une d’alerte maximale. L’ambassade de pays du Pacifique étaient ment des aéroports) et en vol ral dans une pochette orange). te maximale d’une armée pourrait vitesse anormalement élevée et se et les consulats américains au réunis cette semaine. (dans les moyens de suivi et d’in- « Normalement, il faut ranger ces permettre d’intervenir en deux dirigeant vers la Maison Blanche. Japon ont été fermés jusqu’à nou- b Indonésie. Le gouvernement terception éventuelle des appa- objets en soute. Si on les rend au minutes. « Ce fut notamment le cas Ils n’ont pu toutefois donner les vel ordre. Vendredi 7 septembre, indonésien a pris des mesures reils). Dans les aéroports, les passager à sa sortie de l’avion ou en Israël au début des années 1980, coordonnées de l’appareil (numé- le département d’Etat américain supplémentaires pour protéger mesures de contrôle des passagers lorsqu’il est encore en zone de tran- lorsque les Mirage israéliens étaient ro de vol, compagnie…) parce que avait mis en garde les ressortis- l’ambassade américaine à Djakar- présentent de nombreuses sit, il est très facile de les emporter en permanence sur la piste de décol- « quelqu’un à bord avait apparem- sants des Etats-Unis au Japon et ta et la présidente Megawati défaillances. Un responsable de la sur un autre vol », explique-t-il. lage, moteurs allumés, ravitaille- ment déconnecté le transpon- en Corée du Sud contre des ris- Sukarnoputri devrait renoncer à sécurité aérienne en France, sous Les entorses aux règles de sécuri- ment branché et pilote à bord », deur », explique le quotidien. Le ques d’attentats terroristes. Un une visite officielle à Washington couvert d’anonymat, explique que té sont parfois épinglées. Ameri- poursuit-il. Boeing, qui avait décollé de Wash- haut responsable du département le 17 septembre. « les mesures de sûreté sur les vols can Airlines, dont deux appareils Face à un avion qui ne répond ington-Dulles, a d’abord poursuivi d’Etat avait indiqué que ces mena- b Thaïlande. Réuni mercredi internationaux sont plus strictes ; ont été détournés mardi, avait été pas aux sommations, les autorités un certain temps sa route vers ces seraient liées aux problèmes matin à Bangkok, le gouverne- sur les vols nationaux, notamment condamnée en juillet à une amen- militaires doivent « serrer » l’appa- l’ouest. Il semble ensuite être reve- du Proche-Orient. ment thaïlandais a renforcé la aux Etats-Unis, le contrôle est laxis- de pour des violations aux règles reil pour le forcer à atterrir. Les nu sur Washington une fois le b Corée du Sud. L’armée sud- sécurité autour des chancelleries te ». de sécurité, selon l’Administration règlements de l’Organisation de transpondeur débranché. coréenne et les 37 000 soldats américaine, israélienne, canadien- François Grangier, pilote de fédérale de l’aviation (FAA), l’aviation civile internationale américains stationnés sur son sol ne et britannique. ligne et expert enquête-accident notamment au départ de l’aéro- (OACI) interdisent normalement Christophe Jakubyszyn 16 / LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 HORIZONS KIOSQUE La « troisième guerre mondiale » a commencé

THE NEW YORK TIMES ve ? Plusieurs gouvernements euro- Repenser entièrement L’idée péens ont tout de suite réuni des la défense nationale conseils de crise. (…) Il faudra que a Un assaut effrayant et non con- d’un conflit les dirigeants politiques se gardent ventionnel a commencé contre la de toute hystérie. Bush et son gou- patrie américaine. Le peuple améri- général vernement doivent poursuivre les cain et ses leaders doivent mobili- coupables, comme ils se sont enga- ser leurs ressources afin d’y faire désormais gés à le faire, mais doivent se gar- face. Cela ne peut être un de ces der de lancer des contre-offensives moments où le président déclare engagé si l’on ne sait pas hors de tout dou- que les Etats-Unis seront inflexi- te de qui et d’où proviennent les bles, où les forces militaires améri- entre attaques. (…) Et si l’attaque émane caines répliquent sans efficacité et du monde islamiste, il ne faudra où la sécurité est renforcée dans le monde pas s’en prendre à tous pour le ges- les aéroports pour un mois ou te de quelques-uns. On déterrerait deux. Cela doit être l’occasion civilisé et alors l’idée de Huntington, qui a d’une réévaluation fondamentale pronostiqué un brutal choc de civi- des activités de défense et de ren- le terrorisme lisations, alors qu’en fait la société seignement. Il faut procéder à un américaine est essentiellement mul- examen exigeant de la façon dont revient ticulturelle et pluraliste. (Editorial.) le pays peut faire face à cette mena- ce sans sacrifier ses libertés. La en boucle LA STAMPA (Turin) meilleure défense contre le terroris- La désolation pour me est un renseignement de quali- dans la démocratie mondialisée té, venant à son heure. (…) Bien a Cette attaque contre l’Améri- davantage doit être fait pour infil- les médias que, nous l’avons suivie en direct, trer les groupes terroristes, suivre dans un climat de guerre qui s’est leurs activités et leurs communica- internationaux. rapidement diffusé dans le monde tions. Nul ne prétend qu’il s’agit AFP entier. (…) C’est la démocratie d’une tâche facile et peu coûteuse, Mais qui est dans son ensemble et le monde glo- mais avec près de 30 milliards de LOS ANGELES TIMES tats d’hier et déclarera la guerre à THE JERUSALEM POST balisé qui accusent le coup, victi- dollars dépensé par Washington l’adversaire ? Le premier test de George Bush ses ennemis, qu’elle combattra Ressouder les nations mes de désolation. (Editorial.) pour l’espionnage, la nation doit a Les buildings se sont effondrés ; jusqu’au bout. Ossama Ben contre le nouvel empire du mal en savoir davantage sur les Et où la démocratie a tenu. Le mal a atta- Laden, Saddam Hussein, ou quel a Nous sommes malades, une fois LE TEMPS (Genève) réseaux terroristes et leurs conspi- qué ; le peuple a résisté à l’assaut. que soit celui qui a orchestré l’ac- de plus, de voir ces scènes où les Le président Bush rations. (…) se cache-t-il ? (…) Bush passe actuellement son tion terroriste la plus impression- Palestiniens dansent dans les rues, ne peut plus se défiler Tout en maintenant la machine de premier test important. Il a fait un nante de l’histoire, n’a pas tiré les célébrant cette fois la mort de a A quoi sert d’organiser la guerre guerre conventionnelle et nucléai- premier pas encourageant mardi leçons de l’attaque de Pearl Har- citoyens américains. (…) L’Améri- des étoiles, pourquoi tisser une toi- re des Etats-Unis, le gouvernement soir lorsqu’il s’est adressé à la bour. Alors que tout semblait que a été attaquée non pour le mal le d’araignée dans l’espace, si un doit aussi envisager une redistribu- nation. (…) Les dirigeants du pays gagné, l’amiral Yamamoto, qui mais pour le bien qu’elle a fait. (…) Jumbo civil peut frapper le Penta- tion des ressources au profit d’une L’Amérique doit changer doivent déterminer qui est respon- supervisait l’opération, affichait Le nouvel empire du mal est celui gone de plein fouet, si quelques défense de la patrie contre des de stratégie sable de ces attaques et faire tout la triste figure de celui qui mène le de la terreur. (…) Les Etats-Unis, individus déterminés sont décidés menaces non orthodoxes. (…) Les a L’anonymat de ceux qui ont le nécessaire pour que la menace deuil au milieu des festivités. Il aussi bizarre que cela puisse paraî- à se suicider n’importe où dans la Etats-Unis doivent envisager un conduit les attaques ajoute une s’éloigne. avait compris que les blessures tre, doivent saisir cette opportuni- foule ? (…) Israël a déjà éprouvé futur où les assauts d’hier pour- dose d’horreur à ce carnage. (…) infligées au « tigre » américain té pour faire en sorte que l’ONU douloureusement ces derniers raient être surpassés par des atta- Les Etats-Unis sont engagés dans SALON.COM (plus grand journal feraient sortir celui-ci de sa taniè- renoue avec sa mission première : mois les limites traditionnelles de ques terroristes encore plus meur- une guerre de l’ombre qui doit en ligne américain) re pour ne plus trouver le repos, coaliser les nations contre un agres- l’arsenal sécuritaire ou de la politi- trières, nucléaires, biologiques ou devenir la principale priorité du Des responsables jusqu’à ce qu’il ait achevé sa seur international. (Editorial.) que des représailles. Hésitant sur chimiques. Nous savons depuis président et de son gouverne- difficiles à identifier proie. Yamamoto n’a pas vécu suf- l’usage à faire de sa suprématie, le longtemps que ces dangers font ment (…). Attendre que les enne- a Nous allons désespérément cher- fisamment longtemps pour voir FRANKFURTER ALLGEMEINE président Bush se voit signifier de partie de notre futur. Il est clair mis de l’Amérique se lassent et dis- cher des cibles à frapper, la pres- lâcher la bombe atomique sur ZEITUNG (Francfort) manière meurtrière que l’absten- désormais qu’ils sont plus proches paraissent est une stratégie qui sion pour mener des actions de Hiroshima et Nagasaki – il fut tué Quelque chose se préparait tion n’est plus une attitude possi- que la plupart des gens ne le pen- n’a pas fonctionné. (Jim Hoa- représailles sera énorme. Mais il dans son avion, délibérément a Les membres du gouvernement ble. L’Amérique est tenue pour res- saient. Un effort national et concer- gland, chroniqueur chargé des nous sera difficile d’identifier les abattu au-dessus du Pacifique. américain savaient depuis quel- ponsable du monde y compris par té doit débuter sur-le-champ afin affaires internationales au Wash- responsables. Des groupes comme (…) ques temps que quelque chose se ceux qui la haïssent. Elle ne peut de rebâtir la défense nationale. ington Post.) les Afghans n’ont pas d’Etat. (…) L’Amérique est un animal blessé, préparait. Ils ont centré leur atten- pas se défiler. Ainsi le veut l’actuel (Editorial.) Les réseaux terroristes ne sont pas rendu cruel par la douleur et le tion sur le Proche-Orient, où l’anti- ordre du monde. Si l’Amérique THE VILLAGE VOICE (New York) fortement structurés, et à dessein. sentiment de vengeance, qui sau- américanisme a augmenté ces der- entre donc en guerre, le monde y THE WASHINGTON POST A la seconde explosion, Ils sont comme les milices d’extrê- ra user de tout son pouvoir pour niers mois. Ils ont tourné leurs entre avec elle. (Editorial.) Résister à la tentation l’Amérique a changé me droite des Etats-Unis. (Michael punir ses assaillants et les détrui- regards vers le fondamentaliste de la réaction immédiate a [A la sortie du métro près du Klare, professeur en sciences politi- re. La situation se répète : déjà, islamiste Osama Ben Laden. On ne THE INDEPENDENT (Londres) a Cela fait 60 ans que le territoire World Trade Center après la pre- ques et récent auteur du livre : Le lors de l’invasion du Koweït par sait pas encore qui est derrière ces Le maître-mot : retenue américain n’avait pas subi une atta- mière explosion], quelques per- nouveau paysage d’un conflit glo- l’Irak durant l’été 1990, Saddam attaques. Une seule chose est a Nous l’avons déjà constaté tant que de cette envergure. Le pays sonnes pleuraient mais la plupart bal.) Husseim s’était trompé sur les sûre : le terrorisme est devenu, au de fois dans le passé, nous le avait alors réagi sans panique, des gens racontaient les événe- intentions du père de l’actuel pré- XXIe siècle, une arme de guerre. voyons encore aujourd’hui au Pro- mais avec une détermination ments à la manière presque affa- HA’ARETZ (Tel-Aviv) sident. (…) C’est aussi l’occasion, (Editorial) che-Orient : les terroristes peuvent d’acier, celle de se défendre et de ble qu’ont les New-Yorkais de réa- Après Pearl Harbour pour Israël, s’il est assez sage de considérer qu’ils l’ont emporté si punir les agresseurs. Aujourd’hui, gir en temps de crise, engrangeant est venu Hiroshima prendre part à une alliance qui est EL PAIS (Madrid) des nations civilisées abandonnent la réponse doit être aussi convain- les histoires qu’ils raconteraient a Le président Roosevelt a dit à la fois combative et chercheuse Ne pas se résoudre leurs valeurs civilisées et utilisent à cue : à l’égard des meurtriers qui plus tard à leurs amis et peut-être que le 7 décembre 1941 était «un de paix, d’apparaître dans le camp au « choc des civilisations » leur tour la violence aveugle con- ont planifié et conduit les atta- un jour à leurs petits-enfants. jour d’infamie », qui figurerait du Bien contre celui du Mal, a L’attaque terroriste de mardi, ne tre des innocents. Retenue : tel ques, à l’égard de la ou des nations “Jusqu’à la seconde explosion. dans les annales de l’histoire. lequel compte Yasser Arafat et les nous y trompons pas, en est une doit être le maître-mot, même qui les ont accueillis et les ont Dès que nous avons entendu ce Mais l’attaque soudaine de Pearl groupes terroristes fanatiques du contre l’essence de notre civilisa- devant de telles douloureuses pro- encouragés. (…) Les Etats-Unis doi- boum assourdi, dès que nous Harbour ne fit que marquer l’en- Hamas et du Hezbollah, soutenus tion politique (…), contre la démo- vocations. (Editorial.) vent résister à la tentation de faire avons vu les flammes lécher les trée de l’Amérique dans la deuxiè- par la force de frappe nucléaire de cratie et le libre marché. Elle prématurément usage de la force murs de la tour, nous avons su au me guerre mondiale, et donc la l’Iran. Un nouveau compte à démontre le terrible effet contami- Revue de presse (…). Mais si l’assaut a été fomenté plus profond de nous-mêmes que lente fin des forces du mal. Nul rebours a commencé hier, une sor- nant de conflits jusqu’ici contenus, réalisée par Sylvain Cypel de l’étranger, (…) il s’agirait alors l’Amérique avait définitivement doute que l’Amérique, leader du te de troisième guerre mondiale comme celui du Proche-Orient. Ce avec Martine Jacot d’un acte de guerre, qui doit être changé. J’ai eu envie de vomir." monde libre, répondra de la contre la terreur. (Amir Oren, qui s’est passé aux Etats-Unis peut (Le Monde Interactif) traité comme tel. (Editorial.) (Alison Salomon.) même façon aux terribles atten- chroniqueur militaire.) se répéter en Europe. (…) La preu- Traduction Sylvette Gleize Faute de pouvoir approcher, les télévisions n’offrent que peu d’images Mobilisation exceptionnelle en France ’AMÉRIQUE entière s’est Ashleigh Banfield, une journaliste lites. Le Web a aussi connu une Harbor. Mais la dure réalité du ter- OMME les Américains, les Hugues était à l’antenne pour une retrouvée devant le poste, de MSNBC dont la vivacité et le saturation sans précédent. Au rorisme contemporain a été épar- téléspectateurs français ont nouvelle édition spéciale. Lregardant les chaînes d’infor- talent en direct avaient déjà été point que Google.com, le moteur gnée aux téléspectateurs améri- Cpu vivre en direct les événe- Lancé dès 19 h 55 dans la foulée mation CNN, Fox News, MSNBC, remarqués pendant la campagne de recherche le plus en vogue de cains pendant cette première jour- ments. Outre les chaînes tout-info de l’édition de l’après-midi, sans qui fonctionnent à plein régime, et présidentielle, s’est retrouvée sous l’Internet, recommandait simple- née : ils n’ont pas encore vu de LCI et i-télévision qui, dès la diffu- interruption publicitaire, le journal les networks, qui ont tous décro- un nuage noir de poussière et de ment aux internautes de renoncer près les images du carnage, de sion sur les écrans internationaux de 20 heures de France 2, présenté ché de leur programmation réguliè- cendres quand la deuxième tour à l’ordinateur et de brancher leur même que les médias, qui ont fait des premières images des tours du par David Pujadas, rejoint par Daniel re pour couvrir l’événement en s’est effondrée. « On n’arrivait radio ou leur télé. preuve de beaucoup de retenue, World Trade Center à New York, Bilalian, a bénéficié lui aussi d’une continu. Les chaînes de sports com- même pas à respirer sous nos vête- L’image qui revenait fréquem- ont évité tout bilan chiffré, qui ont consacré leur antenne au dra- durée exceptionnelle de trois heures. me ESPN, ou de musique comme ments », a-t-elle expliqué ensuite. ment à l’esprit des Américains s’avérera plus lourd que celui de me, les chaînes hertziennes n’ont Sur fond d’images des attentats, cor- MTV ou VH1, ont arrêté leurs Essoufflée, au bord des larmes, interrogés, et peut-être parce que l’attaque sur la flotte américaine, pas hésité à interrompre leurs pro- respondants et spécialistes, ainsi que émissions pour reprendre les chaî- elle a pourtant vite repris son plus de trente millions d’entre eux quand la fumée sera dissipée. grammes. Dès 15 h 30, soit moins le ministre de la défense Alain nes d’information, tandis que les reportage, qui rendait bien comp- ont vu le film de Disney cet été, d’une demi-heure après la premiè- Richard, se sont succédé. Mercredi réseaux de téléachat fermaient sim- te de l’horreur et de la confusion c’est la comparaison avec Pearl Claudine Mulard re alerte, la rédaction de TF1 pre- matin, Télématin, avancé à 6 heures, plement leur antenne. Exception- sur place. Plus tard dans la soirée, nait l’antenne pour une édition était consacré aux Etats-Unis. nellement, toutes les télévisions elle a retrouvé un des premiers spéciale présentée par Patrick Poi- France 3 a aussi bouleversé ses avaient décidé d’oublier la concur- pompiers à approcher les ruines et Les sites Internet officiels font dans la sobriété vre d’Arvor, relayé à 18 h30 par programmes mardi, Elise Lucet pré- rence et de partager leurs images. à n’avoir vu que « des papiers, des Jean-Pierre Pernaut. Sur France 2, sentant un journal en continu jus- Les premières heures ont été bottes, mais pas de corps… ». Les L’heure était à la modestie et à l’efficacité sur les sites Web officiels David Pujadas et Daniel Bilalian qu’à 23 h 30. Canal + a, elle aussi, frustrantes pour les téléspecta- premières images de ce qui reste américains. Même en pleine nuit aux Etats-Unis, beaucoup restaient étaient également en plateau dès changé ses programmes. La chaîne teurs, privés d’images. En fin de du World Trade Center sont arri- inaccessibles comme celui de la mairie de New York, chargé de four- 15 h31. cryptée a repris l’antenne de i-télévi- journée, on n’avait toujours pas vu vées dans la nuit, grâce à une autre nir les informations d’urgence, www.nyc.gov. Celui de la Maison Blan- Compte tenu de l’accélération de sion de 18 h 35 à 19 h 35. L’émission de plans rapprochés des dégâts équipe de MSNBC qui a avoué che, www.whitehouse.gov, incitait à la résistance : « Un grand peuple l’actualité, les deux rédactions ont des Guignols a été annulée ainsi subis par le bâtiment du Pentago- avoir outrepassé les cordons de est mobilisé pour défendre une grande nation » et le portail du ministè- conservé l’antenne tout l’après- que les courses hippiques pour lais- ne, une zone interdite de survol et sécurité, et s’être approchée des re de la défense, www.defenselink.mil/news/, distillait les communi- midi, avec les interventions de spé- ser la place avant 20 heures à une d’accès pour des raisons évidentes décombres encore fumants. qués de presse et les déclarations officielles, tout comme le départe- cialistes et la mobilisation des cor- édition spéciale de quarante minu- de sécurité. Mais à New York, c’est Dès l’attaque, la chaîne CNN, ment d’Etat, www.state.gov. Le FBI se contentait d’un communiqué respondants. A 20 heures, Patrick tes présentée par Bruce Toussaint la chaîne câblée d’informations comme d’autres diffuseurs, a été de deux lignes renvoyant sur un formulaire, www.ifccfbi.gov, permet- Poivre d’Arvor a présenté sur la Une avec la collaboration des rédactions MSNBC, créée par le network NBC privée de ses émetteurs satellites tant à toute personne disposant d’informations sur « les incidents du un JT beaucoup plus long que d’ha- de Canal + et de i-télévision. M6 pro- et Microsoft, qui a été la première perchés au sommet du World Tra- 11 septembre » d’en faire part aux autorités fédérales. D’autres, enfin, bitude. A 21 h 30, Claire Chazal pre- posait, dès 5 heures mercredi matin, dans la rue, où son équipe était de Center et a dû se replier sur les semblaient avoir définitivement mieux à faire : la direction de l’aviati- nait le relais avant de laisser la pla- CNN en traduction simultanée. confrontée aux mêmes difficultés émetteurs de secours de l’Empire on civile américaine, www.faa.gov, proposait un dernier communi- ce, à 23 heures, à Jean-Claude Nar- que les services de secours. Ainsi State Building ou de camions satel- qué datant du 31 août. cy. A 6 heures mercredi, Thomas Sylvie Kerviel HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 17 Venger le jour De l’après-guerre froide à l’hyperterrorisme de l’infamie par François Heisbourg par Robert Kagan ’HYPERTERRORISME qui désengagement par rapport aux et payèrent le prix du sang de tés palestiniennes comme les res- tion des plus étroites entre les vient de frapper les Etats- complexités du désordre mondial. Château-Thierry à Saint-Mihiel. ponsables arabes de façon généra- Etats-Unis, les pays européens et NZE septembre 2001 : Unis marque un nouveau En effet, depuis l’avènement de Mais sitôt le sacrifice consenti, ils le exercent au maximum leur capa- l’ensemble des Etats de droit per- une date qui restera mar- Lbasculement du monde, l’administration Bush, l’unilatéra- prirent congé et de l’Europe et de cité considérable de contrôle mettra de bâtir, progressivement, quée par l’infamie, le dix ans après la fin de la guerre froi- lisme est devenu le mode opéra- la Société des nations. Il est à crain- social. Un monde où les Etats-Unis un dispositif préventif et répressif Ojour où l’après-guerre a de. Les conséquences de cette fin toire caractéristique des Etats- dre que la même tentation ne les exerceraient un unilatéralisme bru- crédible face aux guerriers de l’hy- pris fin, celui où le monde a basculé dramatique de l’après-guerre froi- Unis : abandon du traité de anime une fois châtiés les barbares tal ne serait pas vraiment dans leur perterrorisme. pour les Américains. Dans les jours de sont aussi fondamentales pour Kyoto, rejet du protocole de vérifi- du 11 septembre. En cela, le Pearl intérêt. La brutalité serait à l’échel- A cet égard, le président de la qui viennent, alors que les sauve- le système-monde que celles qui cation du traité interdisant les Harbor de 2001 viendrait clore la le du choc subi, le bilan humain du République a trouvé les mots jus- teurs fouillent les décombres à résultèrent de la disparition pacifi- armes biologiques, refus d’entrer parenthèse ouverte par le Pearl 11 septembre dépassant vraisem- tes dans sa déclaration solennelle New York, à Washington, à Pitts- que de l’empire soviétique. dans la négociation sur le trafic Harbor de 1941. blablement de très loin les pertes du 11 au soir. La coordination burgh et qui sait où encore dans La première conséquence du des armes de petit calibre, afficha- Cependant, cette histoire-là n’est subies à Pearl Harbor (2 304 Améri- internationale doit se matérialiser des Etats-Unis assiégés, alors que déchaînement de la violence terro- ge de la volonté de non-ratifica- pas écrite d’avance. Non seule- cains tués). d’abord au sommet : c’est ici que l’on découvre les corps de nos com- riste aux Etats-Unis sera l’affirma- tion de la convention créant une ment les Etats-Unis ont pu consta- Le rôle de l’Europe est d’une les chefs d’Etat du G 8 doivent patriotes par milliers et que le reste tion, au plan stratégique, de la prio- cour criminelle internationale, ter que leur passivité face aux autre nature. En premier lieu, il démontrer qu’ils ont une vocation d’entre nous pleure les innocents rité donnée par Washington à la intention proclamée de sortir du affrontements du Proche-Orient convient – et tel a été immédiate- allant au-delà de la gestion des disparus, nos amis et ceux que nous défense du territoire, la « home- traité antimissile liant Washing- ne les mettait nullement à l’abri de ment le cas –, de la part des plus conséquences de la mondiali- avons aimés, peut-être va-t-on se land defense ». ton et Moscou, pour s’en tenir à la violence exportée sur leur propre hautes autorités françaises, de sation économique. Et, naturelle- mettre à analyser, à chercher le Les moyens ne seront pas comp- une liste incomplète. ment, la coordination devra se tra- pourquoi de cette « tragédie » qui tés par une population américaine Cette tendance se traduit aussi duire par le travail en commun des nous est arrivée. mobilisée comme elle fut après par le fait nouveau, s’agissant La secousse que l’attaque terroriste inflige moyens de renseignement et, le Des questions seront sans doute Pearl Harbor. Les Etats-Unis d’une opération de l’OTAN, que cas échéant, d’action. posées, il sera fait allusion aux dépensent déjà 25 milliards de dol- les forces américaines ne sont pas à l’économie mondiale achèvera de faire Ne nous trompons pas sur l’en- péchés commis, à ce que nous lars pour les différentes forces char- engagées en première ligne en jeu. Tout d’abord, sur le registre avons fait et à ce que nous n’avons gées de lutter contre le terrorisme Macédoine – alors même que le basculer celle-ci dans la récession, économique, la secousse que l’at- pas fait au Proche-Orient. Aujour- et ses effets : l’effort sera multiplié. commandant en chef de l’OTAN taque terroriste inflige à l’écono- d’hui encore, la BBC a émis l’avis Il faut s’attendre, au passage, à une en Europe est un Américain. à une échelle plus grande que celle mie mondiale achèvera de faire que ces attaques ont eu lieu parce sévère mise en cause des services Ajoutons qu’une telle évolution basculer celle-ci dans la récession, que les Etats-Unis n’ont pas réussi de renseignement américains, qui – fût-elle renforcée – ne ramène- constatée à la suite de la guerre du Golfe à une échelle plus grande que cel- à avoir « prise » sur la région. Rien n’ont pas su prévenir les attentats, rait pas les Etats-Unis à une postu- le constatée à la suite de la guerre d’étrange ni d’étonnant à cela. alors qu’ils disposent de moyens re isolationniste : simplement, du Golfe. La maîtrise et la sortie Après Pearl Harbour, voilà presque budgétaires voisins de 20 milliards Washington ne souhaiterait plus territoire. Mais encore les actions marquer une solidarité sans faille de la récession dépendront de la exactement soixante ans, il y a eu de dollars par an. se lier par de nouveaux engage- des partenaires des Etats-Unis pèse- face à la menace hyperterroriste. capacité de nos Etats de travailler ceux qui ont prétendu, avec peut- De même, dans le court terme, ments multilatéraux, entendant ront dans la balance du choix straté- Mais cela ne suffit pas, ni par rap- ensemble. être plus de conviction encore, faut-il prévoir des représailles mas- régler au cas par cas ses conten- gique qu’ils mûriront une fois pas- port à l’attente de nos populations Surtout, pendant les prochaines qu’à l’époque, aussi, les Etats-Unis sives contre les commanditaires et tieux avec autrui. Ce serait là une sée l’urgence immédiate. ni en termes de relations euro- décennies, les Etats-Unis défini- avaient en quelque sorte provoqué les organisateurs de ces actes de pratique institutionnelle voisine de Ici, une responsabilité particuliè- américaines. Ce qui s’est passé aux ront leur rôle et leurs rapports l’attaque japonaise. N’avions-nous guerre. Il ne sera pas question de celle que les Etats-Unis ont connue re incombe au monde arabe Etats-Unis est un précédent qui dans le monde à partir de l’attaque pas, en effet, mis l’embargo sur des guerre « zéro mort », pas plus que pendant les cent cinquante premiè- d’abord, à l’Europe ensuite. Les res- peut désormais se produire dans massive contre leurs intérêts approvisionnements en pétrole les Etats-Unis ne firent dans la den- res années de leur histoire. L’ex- ponsables politiques arabes, et toute société moderne contre vitaux qu’ils viennent de subir. vitaux pour le Japon ? Espérons telle sur le chemin qui conduisit le pansionnisme unilatéraliste améri- notamment le président Yasser laquelle se tourneraient les Leurs alliances se feront ou se défe- simplement que l’Amérique sera Japon de Pearl Harbor à Tokyo. cain de la fin du XIXe siècle dans le Arafat, ont pour la plupart condam- auteurs de ces opérations de ront sur la base de la coopération, capable de répondre à l’attaque Cependant, ces représailles et ce Pacifique et les Caraïbes offrirait né sans délai les attentats terroris- guerre. ou de l’absence de coopération, monstrueuse perpétrée sur son sol renforcement des défenses améri- un modèle de ce que pourrait être tes. Cela marque une différence Outre les mesures proprement constatée avec leurs partenaires aujourd’hui – une attaque bien caines ne préjugent pas de la façon cette évolution. appréciable par rapport au soutien nationales d’ordre budgétaire et dans les semaines et les mois qui plus terrible que Pearl Harbour – dont les Etats-Unis se Viendrait aussi à l’appui de ce exprimé à l’égard de Saddam Hus- organisationnel, dont on souhaite viennent. avec la même lucidité d’esprit et le comporteront désormais dans le scénario le précédent de l’engage- sein après l’invasion du Koweït en qu’elles soient à l’échelle du défi même courage que nos aînés. Sans monde. ment américain dans la guerre de 1990. Mais les scènes de liesse lancé – au-delà donc des disposi- nous demander ce que nous avons L’action récente de l’administra- 1914-1918. Les Etats-Unis se mobi- populaire palestinienne ne seront tifs mis en place lors des attentats François Heisbourg est direc- fait pour attirer la colère de meur- tion Bush invite à privilégier l’hy- lisèrent en 1917 face à la guerre pas oubliées de sitôt aux Etats- à Paris des années 1995-1996 -, il teur de la Fondation pour la recher- triers inhumains. Sans chercher à pothèse d’une accentuation du sous-marine à outrance du Kaiser Unis et il est urgent que les autori- est évident que seule une coordina- che stratégique. raisonner ou à apaiser ceux qui ont répandu notre sang. Sans nous lan- cer dans des mesures législatives à grande échelle pour retrouver les tueurs et les conduire devant la jus- Quel modèle américain ? par Ezra Suleiman tice. Mais en faisant la seule chose que nous puissions faire à présent : OMMES-NOUS à la fin du son succès s’explique par la tés entre Etats et entre commu- L’Amérique s’est-elle toujours d’explication : pourquoi les Etats- la guerre. modèle économique amé- conjonction d’une puissance éco- nautés. Dire cela, c’est rappeler comportée dans le contexte inter- Unis n’ont-ils pas réussi à se débar- On a, ces dernières années, célé- ricain ? Devons-nous nomique incontestée – sinon par aux pays européens qu’un modèle national en conformité avec un rasser de Saddam Hussein, de Cas- bré avec nostalgie « la plus glorieuse Srepenser notre image l’Europe en construction – et par ne s’apprécie pas simplement à sa code de moralité absolue ? Non, tro ou d’autres dictateurs ? Les ter- génération », celle qui s’est battue d’une Amérique toute-puissante ? l’effondrement de « l’ennemi » capacité à « faire » de la croissan- bien sûr, les exemples abondent. roristes qui ont frappé, à New pour l’Amérique et pour l’humanité Pour l’économie, la question est communiste dont la faillite a en ce et à créer des millions d’em- Mais les valeurs de la société sont York et à Washington, ont-ils com- durant la seconde guerre mondiale. posée depuis quelques mois, au quelque sorte légitimé la domina- plois, qui peuvent disparaître aussi suffisamment prises au sérieux pris mieux que les alliés euro- Pas de nostalgie aujourd’hui, car le fur et à mesure du ralentissement tion politique et économique des facilement qu’ils ont été créés. pour que l’exercice du pouvoir péens que les Etats-Unis ne sont défi est là, de nouveau, devant de la croissance économique. Poli- Etats-Unis. Par ailleurs, les Un autre enseignement à tirer soit le plus souvent marqué par pas aussi brutaux qu’un empire nous. Mais la génération actuelle tiquement, les événements tragi- dix années de boom économique de l’expérience américaine est la des ambivalences. L’exemple de la devrait l’être ? George Orwell a d’Américains a-t-elle cette étoffe- ques du 11 septembre nous obli- ininterrompu que viennent de con- recherche d’un équilibre entre l’af- guerre du Golfe est connu. Le écrit un jour que Gandhi, sa philo- là ? Par pitié, ne commettons pas gent à repenser la question de la naître les Etats-Unis et, par exten- firmation de la liberté individuelle général Powell, héros de ce sophie et sa tactique de non-vio- d’erreur cette fois : nous sommes vulnérabilité américaine ainsi que sion, leurs partenaires, ont large- et les exigences de la vie en socié- conflit, était en fait hostile à la lence étaient possibles parce que en guerre aujourd’hui. Nous avons son incapacité, dans bien des cas, ment contribué à forger l’image té. La liberté d’initiative ne doit libération du Koweït par des trou- l’Inde avait la chance d’avoir les reçu un premier coup dévastateur. à utiliser son pouvoir. d’un modèle de société. pas déboucher sur la mise en cau- pes américaines. Le président Anglais comme ennemis. Les ter- Ce ne sera sûrement pas le dernier. L’erreur était de penser qu’il pou- Le modèle américain a bâti sa se de toutes les formes de régula- Bush était pour l’engagement mili- roristes ont-ils compris que le ter- La seule question est de savoir si vait exister un quelconque modèle réputation sur une économie floris- tion publique ou collective. L’Etat taire. Le compromis fut de décla- rorisme était praticable parce nous allons prendre cette guerre au américain dont on pourrait poin- sante, et plus largement sur le est là pour produire des normes, rer la victoire le plus tôt possible. qu’ils avaient la chance d’avoir les sérieux, autant que toutes celles ter – avec une certaine satisfaction culte de la réussite individuelle. La fixer un cadre et limiter les abus. Ce genre de décision n’est pas Américains comme ennemis ? On que nous avons menées. Ne nous de ce côté-ci de l’Atlantique – les société américaine en tant que col- Mais le pouvoir de l’Etat n’est pas sans conséquences. On est bien nous annonce chaque jour, depuis laissons pas démonter par le mystè- carences ou l’échec. Le dernier lectivité a peu d’importance en une fin en soi. obligé de se demander aujour- quelques mois, que le conflit re, par l’identité en partie cachée de demi-siècle a été riche en modèles comparaison, par exemple, avec la Une Amérique superpuissante ? d’hui : si la guerre était allée jus- entre les Etats-Unis et l’Europe nos assaillants. Il apparaîtra bientôt économiques de toute sorte. Face société française. Ce qui prime C’est un modèle plutôt théorique. qu’à la défaite totale de Saddam s’exacerbe. On triomphe lors- qu’il n’existe pas beaucoup d’orga- au système communiste, l’Occi- c’est, au fond, l’image d’une socié- Il a peu de liens avec la réalité Hussein, la détermination radicale qu’on arrive à un accord sur les nisations terroristes capables de dent capitaliste n’a eu de cesse de té fondée sur l’agrégation d’initiati- vécue. L’Amérique, souvent intolé- des Etats-Unis (et de ses alliés) bananes ! Pendant ces jeux de porter un coup aussi puissant, aussi découvrir et d’encenser successive- ves individuelles. La réforme de rante, voire arrogante, est dans aurait-elle démontré aussi une bananes et autres « conflits », cer- parfaitement organisé. ment les modèles suédois, alle- l’Etat fédéral engagée depuis quel- l’ambiguïté quant à l’utilisation de détermination à éradiquer le terro- tains se préparent à brûler le mon- Il nous faut employer les moyens mand, japonais, asiatique, pour ques années aux Etats-Unis a eu son pouvoir. Le pays croit vrai- risme ? Probablement. En tout de. A-t-on oublié à ce point les qui s’imposent dans une action finir, paradoxalement, par le modè- pour conséquence de réduire enco- ment que tout le monde, à travers cas, les organisations terroristes vrais enjeux ? coordonnée pour leur faire la chas- le américain. Aucun n’a jamais re l’espace public. Les citoyens les continents et les cultures, aspi- savent très bien que les Etats-Unis se et en finir avec elles. Il deviendra réussi à s’imposer durablement, américains sont incités à se com- re à la démocratie et à la société de se ligotent par leur ambiguïté et vite évident que ces organisations mais l’échec de chacun n’a jamais porter en clients. L’Etat fédéral a consommation : tentons-les avec leur ambivalence envers l’utilisa- Ezra Suleiman est professeur n’ont pu agir sans l’aide de certains empêché d’en chercher d’autres. perdu nombre de prérogatives au l’Etat de droit, les centres commer- tion de leur pouvoir militaire. de science politique et directeur du gouvernements, de gouvernements S’agissant de ce qu’il est convenu nom de la décentralisation, ce qui ciaux suivront et les conflits dispa- Ceux qui critiquent la brutalité Centre d’études européennes de qui ont un long passé d’hostilité d’appeler le modèle américain, a contribué à accroître les inégali- raîtront ! de l’empire américain n’ont pas l’université de Princeton. envers les Etats-Unis et un passé tout aussi long de soutien au terro- risme. Il nous faut constituer rapide- ment nos forces militaires conven- tionnelles, afin de nous préparer à Un point de non-retour par Ronald Tiersky ce qui va inévitablement et rapide- ment s’intensifier, tourner à la con- ES avions kamikazes diri- dans ces conditions ahurissantes : Et ce qui est vrai pour les Etats- En même temps, ce qui vient de de civilisation. La destruction à frontation et très probablement au gés contre les tours du tels sont les sentiments domi- Unis l’est aussi pour tous les se passer à New York et à Washing- New York est comme la destruc- conflit avec une ou plusieurs de ces World Trade Center et le nants. D’ordinaire, le pays a soif autres pays. Un tabou est levé. ton constitue une transformation tion symbolique de New York. puissances. CPentagone resteront de sensationnalisme – combien de Toutes les capitales sont mena- radicale des conditions de la C’est une attaque contre l’idée Le Congrès devrait, en fait, décla- dans la mémoire des Etats-Unis victimes dans cette catastrophe ? cées, de Moscou à Pékin en pas- guerre. Il est maintenant démon- même de la Cité. Une attaque rer immédiatement la guerre. Nul comme un nouveau Pearl Harbor. Cette fois, il est terrorisé à l’idée sant par Berlin ou Paris, puisque tré que, même sans armes de des- contre le vivre ensemble. besoin pour cela de nommer un Une attaque surprise qui est en d’apprendre le nombre des certains ont pu frapper New York truction massive, le faible peut Et la philosophe Simone Weil, pays. Il peut déclarer la guerre à fait un massacre. Le territoire victimes. et Washington. Nulle grande ville infliger des dommages inimagina- commentant le sens de la des- ceux qui ont mené l’attaque national atteint cette fois, et bles au fort, par des moyens truction de Troie dans son essai d’aujourd’hui, et à toutes les même le cœur du pays. « Un jour, conventionnels et somme toute sur l’Iliade, parle « de la plus nations qui ont pu apporter leur comme l’avait dit le président La destruction « à » New York est comme modestes, qui rendent néanmoins grande calamité qui puisse arriver à soutien. Cette décision ne serait pas Franklin Roosevelt, qui vivra dans le fort sans défense sûre. Et le fai- l’humanité, la destruction d’une purement symbolique. Elle serait le l’infamie. » L’étendue de la dévas- la destruction symbolique « de » New York. ble n’est pas forcement un Etat. cité ». Pendant la guerre froide, signe d’une volonté et d’une déter- tation reste encore, au moment Un réseau terroriste armé peut beaucoup d’Américains estimaient mination à conduire le conflit jus- où j’écris ces lignes, quelques heu- C’est une attaque contre l’idée même affronter un grand pays. Il est que la stratégie de « destruction qu’à ce qu’une solution satisfaisan- res après les explosions, à détermi- démontré également que le projet mutuelle assurée » (MAD) était te soit obtenue, quels que soient le ner. Mais le seul choc des images de la Cité. Une attaque de défense antimissile de l’adminis- une idée folle, tout juste digne du temps qu’il faudra et les difficultés à la télévision rappelle pour les tration Bush qui succède à la Dr. Folamour. Ceux qui ont semé que l’on rencontrera. Américains le sentiment soudain contre le vivre ensemble « guerre des étoiles » de Ronald la destruction et la terreur à New d’un point de non-retour, comme Reagan ne résoudrait en aucune York et à Washington ont osé plus celui qu’ils avaient ressenti au manière le problème fondamental qu’ils ne pensaient. Robert Kagan est chercheur moment de l’assassinat de John Tout a changé subitement pour développée ne sera à l’abri, à une de sécurité nationale des Etats- au Carnegie Endowment for Interna- F. Kennedy. l’Amérique et pour les Américains. époque où les sentiments d’injusti- Unis et, éventuellement, de ses tional Peace. Rage contre ceux qui ont perpé- Le pire, dans l’une de ces versions, ces ethniques, religieuses et natio- partenaires. Ronald Tiersky est professeur Traduit de l’anglais (Etats-Unis) tré les attentats, compassion extrê- est arrivé. C’est un avenir plein de nales semblent proliférer et aller Pourtant, il est quelque chose de science politique à Amherst par Sylvette Gleize. me envers les victimes, mortes dangers incessants qui s’annonce. en s’aggravant. d’encore plus profond, une affaire College. © Washington Post 18 / LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 HORIZONS-ANALYSES

ne veulent pas d’un monde meilleur, plus juste. bot, glissant longtemps sur une même trajectoi- Ils veulent simplement rayer le nôtre de la carte. re. Et lorsque celle-ci est infléchie, elle l’est dura- 0 123 Nous sommes La réalité est plus sûrement celle, en effet, d’un blement. Or même si le langage est galvaudé, les monde sans contrepoids, physiquement déstabi- Etats-Unis viennent de subir un choc sans précé- 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 lisé donc dangereux, faute d’équilibre multipolai- dent. Sans remonter à la toute première agres- Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F tous Américains re. Et l’Amérique, dans la solitude de sa puissan- sion sur son territoire, celle de 1812 où l’armée Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 ce, de son hyper-puissance, en l’absence désor- britannique détruisit la première Maison Blan- Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr Suite de la première page mais de tout contre-modèle soviétique, a cessé che, l’épisode le plus proche qui s’impose est d’attirer les peuples à elle ; ou plus précisément, celui de Pearl Harbor. C’était en 1941, loin du ÉDITORIAL La journée du 11 septembre 2001 marque l’en- en certains points du globe, elle ne semble plus continent, avec des bombardiers contre une flot- trée dans une nouvelle ère, qui nous paraît bien attirer que la haine. Dans le monde régulé de la te militaire : l’horreur de Pearl Harbor n’est rien loin des promesses et des espoirs d’une autre guerre froide où les terrorismes étaient peu ou en regard de ce qui vient d’arriver. Elle est au journée historique, celle du 9 novembre 1989, et prou aidés par Moscou, une forme de contrôle sens propre sans commune mesure : hier La fin d’un rêve qu’une année quelque peu euphorique, l’an était toujours possible ; et le dialogue entre Mos- 2400 marins engloutis, aujourd’hui bien plus de 2000, que l’on croyait pouvoir se conclure par la cou et Washington ne s’interrompait jamais. civils innocents. ’ÉTAIT un rêve, utopi- Le détournement d’avions de paix au Proche-Orient, avait fait naître. Dans le monde monopolistique d’aujourd’hui Pearl Harbor avait marqué la fin d’un isolation- que. Il s’est brisé dans ligne par des pirates de l’air qui Un siècle nouveau s’avance donc, technologi- c’est une nouvelle barbarie, apparemment sans nisme, ancré au point d’avoir résisté même à la le sang et la terreur les ont dirigés vers les symboles quement performant, comme le montre la contrôle, qui paraît vouloir s’ériger en contre- barbarie de Hitler. Quand en 1941, Charles Lind- Clorsque les Etats-Unis, de la puissance économique sophistication de l’opération de guerre qui a frap- pouvoir. Et peut-être avons-nous nous-mêmes bergh faisait une tournée de conférences en mardi 11 septembre, ont été vic- américaine à New York – les pé tous les symboles de l’Amérique : ceux de la en Europe, de la guerre du Golfe à l’utilisation Europe pour plaider contre toute implication times d’une gigantesque opéra- tours jumelles du World Trade surpuissance économique au cœur de Manhat- des F16 par l’armée israélienne contre les Palesti- américaine, une large partie de l’opinion outre- tion terroriste. Un acte de Center – puis vers le cœur de tan, de la « puissance » militaire au Pentagone, niens, sous-estimé l’intensité de la haine qui, des Atlantique rêvait déjà d’un repli sur l’espace guerre qui traumatise l’Améri- leur puissance militaire en Virgi- et enfin de la puissance tutélaire du Proche- faubourgs de Djakarta à ceux de Durban, en pas- latino-américain, laissant l’Europe à ses ruines et que ; un festival de barbarie. Le nie, près de Washington – le Orient tout près de Camp David. Les abords de sant par ces foules réjouies de Naplouse et à ses crimes. Après Pearl Harbor tout a changé. rêve était celui de George Pentagone –, a fait des milliers ce siècle sont aussi inintelligibles. Sauf à se rallier du Caire, se concentre contre les Etats-Unis. Et l’Amérique a tout accepté, le plan Marshall W. Bush. Il entendait protéger de morts. Dans le drame, les promptement et sans précautions au cliché déjà Mais la réalité, c’est peut-être aussi celle d’une comme l’envoi de GI’s sur tous les points du glo- les Etats-Unis de la scène inter- Américains vont se rassembler le plus répandu, celui du déclenchement d’une Amérique rattrapée par son cynisme : si Ben be. Vint ensuite la déchirure vietnamienne, qui a nationale ; les voir moins expo- derrière leur président. guerre du sud contre le nord. Mais dire cela, c’est Laden est bien, comme semblent le penser les débouché sur une nouvelle doctrine, celle de l’em- sés parce que moins impliqués Mais, passé le deuil, viendra créditer les auteurs de cette folie meurtrière de autorités américaines, l’ordonnateur de la jour- ploi massif et rare de la force, accompagné du dans le règlement des conflits le temps des questions. Elles « bonnes intentions » ou d’un quelconque projet née du 11 septembre, comment ne pas rappeler dogme du « zéro mort » américain comme cela en cours. Il ignorait la guerre porteront sur la pertinence des selon lequel il faudrait venger les peuples oppri- qu’il a lui-même été formé par la CIA, qu’il a été fut illustré pendant la guerre du Golfe. Tout cela israélo-palestinienne ; enfin, il choix de M. Bush. Elles viseront més contre leur unique oppresseur, l’Amérique. l’un des éléments d’une politique, tournée con- est désormais balayé : nul doute que tous les jurait de sanctuariser le terri- son obstination à ne poursuivre Ce serait leur permettre de se réclamer de tre les Soviétiques, que les Américains croyaient moyens seront utilisés contre des adversaires res- toire national en le plaçant à qu’un seul objectif stratégique : la’’pauvreté’’, faisant ainsi injure aux pauvres ! savante. Ne serait-ce pas alors l’Amérique qui tés à ce jour insaisissables. l’abri d’un bouclier antimissile. doter les Etats-Unis d’un systè- Quelle monstrueuse hypocrisie. Aucun de ceux aurait enfanté ce diable ? La nouvelle donne qui s’esquisse dans le sang Le réveil est terrible. me de défense antimissile. Nom- qui ont prêté la main à cette opération ne peut En tout état de cause, l’Amérique va changer. comporte à ce stade au moins deux conséquen- La réalité du monde volatil de breux étaient les experts et prétendre vouloir le bien de l’humanité. Ceux-là Profondément. Elle est comme un grand paque- ces prévisibles. Toutes deux ont trait aux allian- l’après-guerre froide, celle responsables politiques qui ces : c’en est bel et bien fini d’une stratégie tout d’une scène internationale où il l’avaient mis en garde : la vérita- entière conçue contre la Russie alors soviétique. n’y a plus de règles et où les ble menace n’était pas celle La Russie, du moins dans sa partie non islamisée, Etats ne sont plus les seuls d’un improbable Etat voyou lan- va devenir le principal allié des Etats-Unis. Mou- acteurs, cette réalité-là l’a rattra- çant un missile sur le territoire vement que le président Poutine a saisi dès le pé avec la violence d’une agres- des Etats-Unis, mais bien celle soir du drame. Peut-être en est-ce fini aussi sion comme les Etats-Unis en d’une agression terroriste. Les d’une alliance que les Etats-Unis avaient esquis- avaient rarement subi depuis questions concerneront la politi- sée dès les années trente et solidement établie l’attaque japonaise de Pearl que républicaine au Proche- dans les années 1950 avec l’intégrisme musul- Harbour, en 1941. C’est un nou- Orient, même si les attentats de man sunnite, tel qu’il est défendu notamment en veau monde qui s’annonce, mardi ont sans doute été prépa- Arabie saoudite et au Pakistan. Aux yeux de l’opi- dans lequel l’hyperpuissance rés bien avant l’arrivée de nion américaine et de ses dirigeants, l’islamisme, vient d’afficher sa vulnérabilité M. Bush à la Maison Blanche. sous toutes ses formes, risque d’être désigné à l’hyperterrorisme. Le défi est Elles mettront en relief la haine comme le nouvel ennemi. Certes, le réflexe anti- infiniment supérieur à celui que que suscite l’Amérique dans islamiste avait déjà donné lieu, aussitôt après l’at- dut relever George Bush père, une bonne partie du monde tentat d’Oklahoma City contre un immeuble fédé- lorsqu’il décida, en 1991, de chas- arabo-musulman. Elles souli- ral, à des déclarations ridicules, sinon odieuses. ser les troupes irakiennes du gneront le défi que lancent les Mais, cette fois, la haine inextinguible qui nourrit Koweït. L’épreuve survient terroristes en général et la ces attentats tout comme le choix des cibles et le alors que les grandes lignes de nécessité d’une lutte commune. caractère militaire de l’organisation nécessaire la politique étrangère et de Mais, dans un malheur limitent le nombre des auteurs possibles. défense du nouveau président comme les Etats-Unis en ont Au-delà de leur apparente folie meurtrière, ces sont encore floues et les équi- rarement connu, elles manifes- derniers obéissent malgré tout à une logique. Il pes qui en ont la charge occu- teront cette évidence : l’isola- s’agit évidemment d’une logique barbare, d’un pées à de surréalistes batailles tionnisme n’est jamais une nouveau nihilisme qui répugne à une grande bureaucratiques. option pour l’Amérique. majorité de ceux qui croient en l’islam, dont la religion n’autorise pas plus le suicide que le chris- tianisme ; à plus forte raison le suicide couplé au 0123 est édité par la SA LE MONDE massacre des innocents. Mais il s’agit d’une logi- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; que politique qui par la montée aux extrêmes Noël-Jean Bergeroux. Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel veut obliger les opinions musulmanes à « choisir Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain leur camp », contre ceux qui sont couramment

Directeur de la rédaction : Edwy Plenel désignés comme « le grand Satan ». Ce faisant, Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau leur objectif pourrait bien être d’étendre et de Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin développer une crise sans précédent dans l’en- Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer semble du monde arabe. Rédaction en chef centrale : A long terme, cette attitude est évidemment Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre suicidaire. Parce qu’elle attire la foudre. Et qu’el- Rédaction en chef : le peut l’attirer sans discernement. Cette situa- Alain Debove (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; tion commande à nos dirigeants de se hisser à la Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) hauteur des circonstances. Pour éviter aux peu- Médiateur : Robert Solé ples que ces fauteurs de guerre convoitent et sur Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg lesquels ils comptent d’entrer à leur tour dans cet- Directeur des relations internationales : Daniel Vernet te logique suicidaire. Car on peut le dire avec Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président effroi : la technologie moderne leur permet d’al-

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), ler encore plus loin. La folie, même au prétexte André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) du désespoir, n’est jamais une force qui peut Le Monde est édité par la SA LE MONDE régénérer le monde. Voilà pourquoi, aujourd’hui, Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. nous sommes américains. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. J.-M. C.

ILYA50 ANS, DANS 0123 cain. Forte d’une forme d’insularité tiques, il y a les ONG (organisations conclusion que des hommes politi- Erreur qui l’a mise à l’abri des querelles non gouvernementales), mais aussi ques tentés moins par l’isolation- européennes jusqu’en 1917, épar- la criminalité organisée ou les nisme que par l’unilatéralisme Stravinsky à la Fenice gnée par la MAD (Mutual Assured réseaux terroristes. Contre ces der- devraient tirer, c’est que ni leur sur la menace Destruction) de l’équilibre de la ter- niers, contre le détournement d’un situation géographique ni leur puis- LE THÉÂTRE DE LA FENICE de coup d’auditeurs. Oui et non. Parti reur après la deuxième guerre mon- avion de ligne lancé sur les tours de sance ne mettent les Etats-Unis à Venise a créé, hier soir, le nouvel pris qui fait songer tour à tour à Suite de la première page diale, l’Amérique de George Manhattan, le bouclier antimissile l’abri des tourments du monde. Et opéra d’Igor Stravinsky, The Rake’s Rossini, à Verdi, parfois même à W. Bush voulait être invulnérable à le plus sophistiqué et le plus étan- que ce degré, sans doute irréducti- Progress, dont le livret, dû à Auden, Ponchielli, mais où se retrouve D’où l’idée de construire ce bou- l’attaque d’un « Etat voyou » sans che ne serait pas d’un grand ble, de vulnérabilité les place mal- est inspiré de l’œuvre célèbre de l’habileté suprême d’un maître clier antimissile pour mettre à l’abri scrupules et suffisamment sans secours. Beaucoup d’opposants au gré toutes leurs prétentions Hogarth. On attendait avec impa- dans l’art de manier la matière de toute surprise le territoire natio- morale pour accepter le risque de NMD, aux Etats-Unis et à l’étran- contraires dans une situation analo- tience cette création. De tous les sonore, de la colorer des nuances nal, les forces américaines enga- représailles massives contre sa pro- ger, ont reproché à l’administration gue à celle des autres Etats moins musiciens contemporains, Stravin- les plus subtiles. La mélodie coule gées sur des terrains extérieurs et pre population. Cette invulnérabili- de se tromper de cible, de faire puissants de la planète. Par consé- sky est sans doute celui qui s’est le d’un bout à l’autre de l’œuvre nou- éventuellement les alliés des Etats- té à une menace extérieure a pour erreur sur la menace principale. quent, les Etats-Unis devraient plus constamment renouvelé, dé- velle, remarquablement écrite Unis. Le projet n’en est qu’à ses corollaire la guerre « zéro mort » accepter de revenir sur le « splendi- concertant parfois les plus fidèles pour les voix. L’instrumentation débuts. Un programme limité a été pour les opérations extérieures RETOUR DANS LE RANG de isolement » qui semblait la de ses admirateurs par les change- reste constamment transparente lancé par la précédente administra- dans lesquelles des soldats améri- Les attentats de New York et de caractéristique de la politique enga- ments de sa « manière », inatten- – même dans ces passages où l’or- tion démocrate, vers la fin du cains pourraient être engagés. La Washington leur donnent certaine- gée par la nouvelle administration dus chez l’auteur du Sacre du prin- chestre tient le premier rôle. The deuxième mandat Clinton. George stratégie choisie dans la guerre du ment des arguments. Mais ils ne républicaine. Le terrorisme les fait temps, de L’Histoire du soldat et de Rake’s Progress (La Vie du libertin) a W. Bush et son secrétaire à la défen- Kosovo en 1999 en est la meilleure mettent pas pour autant fin à la dis- en quelque sorte rentrer dans le Noces. Mais, dès le temps des Bal- été monté admirablement à la Feni- se, Donald Rumsfeld, rêvent de lui illustration. cussion. Il est probable en effet rang. lets russes, dès 1919, Stravinsky ce avec le concours de l’Orchestre donner toute son ampleur mais ris- Les actions terroristes menées que les partisans du bouclier anti- Comme on disait naguère que le n’avait-il pas flirté avec la musique et des Chœurs de la Scala de quent fort d’être freinés par des mardi 11 septembre à New York et missile ne désarmeront pas, à la nucléaire avait un effet égalisateur italienne en empruntant à Pergo- Milan, d’Elisabeth Schwarzkopf, considérations à la fois financières Washington sonnent-elles le glas fois pour des raisons idéologiques parce qu’il permettait aux petits lèse les thèmes de Pulcinella ? Au- Robert Rounseville et Raffaele et techniques. Voire politiques bien de cette politique ? Il est sans doute – la protection du citoyen améri- pays possesseurs du feu nucléaire jourd’hui, ce flirt aboutit à un Arie. L’auteur, qui était au pupitre, que l’administration Bush, avec sa trop tôt pour répondre. Elles amè- cain ne doit négliger aucune hypo- de prétendre jouer dans la cour des mariage, et The Rake’s Progress en a été longuement acclamé. forte conscience de l’exception et nent toutefois à poser quelques thèse et une menace n’exclut pas grands, de même le terrorisme est le fruit. de la supériorité américaine, sem- questions sur le désordre barbare l’autre – et politiques – les terroris- a-t-il un effet égalisateur pour les Un fruit savoureux d’ailleurs. René Dumesnil blât se soucier comme d’une gui- qui a succédé à la guerre froide. Si tes de Manhattan et du Pentagone victimes car ils ne distinguent pas Pastiche diront sans doute beau- (13 septembre 1951.) gne des réserves de ses alliés, pour les Américains pensaient que la n’auraient-ils pas bénéficié de l’ap- entre les petits et les grands Etats. ne pas parler du mécontentement construction bipolaire avait cédé la pui stratégique d’un Etat pour mon- La nouveauté radicale introduite russe ou chinois. Le projet a place à un monde unipolaire dans ter une opération aussi complexe ? dans le monde par les attentats de 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS d’ailleurs subi nombre de modifica- lequel ils pourraient impunément Il est donc permis de penser que New York et Washington, c’est tions depuis qu’il a été lancé, qu’il imposer leur volonté et leur loi, ils les dirigeants américains n’auront que, pour la première fois, des Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr s’agisse de l’ampleur de la protec- se sont trompés. Faute de la discipli- pas beaucoup de mal à convaincre groupes aux contours mal définis tion, des techniques envisagées ou ne plus ou moins contraignante de leurs compatriotes, au cours des déclarent la guerre à l’Etat le plus Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) des phases d’intervention. l’affrontement Est-Ouest, une mois à venir, que tous les efforts puissant de la planète. L’après- ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) Ce qui compte toutefois ici, c’est myriade d’acteurs s’est installée doivent être entrepris pour garan- guerre froide ne ressemble décidé- moins la faisabilité du programme, dans les relations internationales tir une sécurité maximale, dans tou- ment pas à ce que les vainqueurs Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 et son coût, que l’idée sur laquelle il où les rapports entre Etats (fussent- tes les directions, car le terrorisme de la guerre froide avaient envisa- Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 est fondé : il ne doit pas être permis ils des Etats « voyous ») ne représen- n’exclut pas les dangers inhérents à gé. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 aux ennemis des Etats-Unis de por- tent plus qu’une composante parmi la prolifération des armes de des- ter la guerre sur le territoire améri- d’autres. Parmi ces acteurs non éta- truction massive. Mais la seconde Daniel Vernet HORIZONS-FICTIONS LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 19 Quand la réalité dépasse la fiction Les réalisateurs de cinéma et les romanciers ont volontiers exploré les thèmes du terrorisme et les scénarios-catastrophes. Films à grand spectacle et best-sellers ont abondamment décrit invasions, attentats et détournements d’avions, depuis « Les soucoupes volantes attaquent » jusqu’à... Tom Clancy Qui a lu les romans de Tom Clancy ? Hollywood et le goût du désastre OMME beaucoup d’Améri- guerre est un acte politique ; sa pré- ANS The Imagination of architecte, peu scrupuleux des nor- cains, et bien d’autres gens paration, donc, doit être politique Disaster, un essai de 1965, mes de sécurité en était responsa- Csur la planète, Tom Clancy a aussi. Elle consiste en partie, dans le DSusan Sontag analysait la ble. L’erreur humaine était, bien sûr, dû mal dormir dans la nuit du 11 cas présent, à expliquer aux citoyens vague de films-catastrophes envahis- plus rassurante qu’un acte criminel. septembre. Il est l’auteur de américains ce qui se passe, pourquoi sant les écrans américains et rele- Cette vague de films-catastrophe thrillers qui sont des succès mon- cela n’est pas acceptable, et ce qu’il vant, selon elle, d’une « esthétique signalait un tournant dans la straté- diaux. Mais il est à craindre que cer- faudra peut-être faire pour y remé- de la destruction ». Le cinéma hol- gie des studios américains, désor- tains de ses lecteurs animés de dier… » lywoodien est, pour une large part, mais plus enclins à s’appuyer sur un mauvaises intentions ne l’aient pris Le président américain George au moins depuis les années 1950, un arsenal d’effets spéciaux pour leurs au pied de la lettre. La tragédie qui W. Bush a promis mardi de « pour- cinéma de la catastrophe. La toute- productions. La peur d’une catastro- frappe les Etats-Unis a été assez chasser et punir » les auteurs des puissance de sa production, son phe humaine ou naturelle s’interpré- précisément décrite dans deux de attentats. Tous ceux qui pourraient savoir-faire, son goût pour le specta- tait aussi comme la manifestation ses livres, Dette d’honneur et Sur se sentir visés ont protesté de leur culaire, ajoutés à la récente arrivée d’une angoisse née de la crise pétro- ordre (Albin Michel/, puis Le Livre innocence, jusques et y compris les de la technologie numérique, l’ont lière de 1973, du désengagement de poche), publiés en 1995 et 1996. talibans afghans qui ont juré que amené à se faire régulièrement le américain au Vietnam, et de la fin Le premier imagine un aviateur leur protégé, le milliardaire saou- chroniqueur de l’Apocalypse. Le d’un âge d’or économique qui avait japonais qui, après une assez dien en exil Oussama Ben Laden, « scénario-catastrophe » de la jour- commencé à la fin de la seconde improbale – on l’espère – guerre n’y était pour rien. Ou n’y avait pas née du 11 septembre a déjà été envi- guerre mondiale. entre l’Amérique et son pays, jette pensé. sagé, à quelques nuances près, dans Les années 1980 et 1990 marquent son avion sur le Capitole, en pleine Les responsables américains, si : ce cinéma. L’explosion d’un gratte- un nouvel état du film-catastrophe. prestation de serment d’un vice- « Il y a des indices montrant que des ciel était le sujet de Piège de cristal Curieusement, la trilogie « Die président, tuant la majorité du per- personnes ayant des liens avec Ben (1988), de John McTiernan, où Bru- Hard » – inaugurée par Piège de Cris- sonnel politique. Sa description de Laden et l’organisation al Qaeda ce Willis luttait, avec succès bien sûr, tal, suivie par 58 minutes pour vivre la catastrophe est malheureuse- pourraient être responsables, mais il contre des terroristes. (1990), de Renny Harlin, où Bruce ment désormais familière aux télés- est encore trop tôt et cela n’a pas été Le film-catastrophe reste étroite- Willis affronte des terroristes dans pectateurs du monde entier. attesté », a déclaré mardi un respon- ment lié à l’histoire politique améri- un aéroport, et Die Hard 3 (1995), de Le second livre, Sur ordre, est sable américain à l’agence de pres- caine. La guerre froide, le Vietnam, John Mc Tiernan, où le même Bruce plus inquiétant, si c’est possible. se Reuters, sous couvert d’anony- la crise des années 1970... délimitent Clancy met en scène un leader mat. « Il y a des raisons de croire les contours d’un genre grâce musulman inspiré par l’événement que des personnes ayant des liens auquel l’industrie hollywoodienne a La trilogie « Die Hard » et organisant à son tour des avec lui puissent être responsables bâti sa domination. Dans les années actions terroristes contre « le de cela », a-t-il ajouté. 1950, la crainte d’une invasion extra- comporte, si on met Grand Satan », en utilisant ce que Si tel était le cas, quelle serait la terrestre symbolisait le péril commu- d’aucuns nomment la bombe ato- réaction d’un président lecteur de niste et la peur d’une guerre nucléai- ses épisodes bout mique du pauvre, l’arme bacté- Tom Clancy ? La réponse est dans re. Les soucoupes volantes attaquent riologique. Tout cela ne serait que le deuxième tome de Sur ordre : (1956), de Fred F. Sears, montrait, à bout, tous les littérature, bien ficelée mais pas « Une attaque a été lancée contre dans un plan spectaculaire, le toit de très bonne, si parmi ses autres lec- nos citoyens, sur notre sol », écrit la Maison-Blanche endommagé par ingrédients de ce qui teurs Tom Clancy ne comptait Clancy, qui fait dire au président une soucoupe volante. Pareille humi- l’ancien président George Bush que le peuple du pays belligérant liation n’était, et ne restait envisagea- vient de se passer (père), dont il était, dit-on, l’un des n’est pas responsable. « Les peuples ble, que de la part d’une puissance auteurs préférés. Son fils, l’actuel ne font pas la guerre. La décision est venue de l’espace, seule capable de président des Etats-Unis, a dû le souvent prise par un seul homme. se mesurer à l’armada américaine. Willis se frotte à des terroristes qui lire aussi. Comme, c’est à craindre, Commencer une guerre n’est jamais La Guerre des mondes (1952) de font sauter des immeubles à New des millions d’autres Américains, la conséquence d’un processus démo- Byron Haskin, Le Météore de la nuit York – comporte, si on met ses épi- sans compter ceux qui ont pu l’en- cratique. » A la fin du roman, le res- (1953) de Jack Arnold, L’Invasion des sodes bout à bout, tous les ingré- tendre mardi 11 septembre com- L’édition française, en Poche, du roman de Tom Clancy, ponsable du carnage fait seul les profanateurs de sépultures (1956) de dients de ce qui vient de se passer le menter en direct les images diffu- décrivant une action terroriste contre « le Grand Satan ». frais d’une de ces merveilles de la Don Siegel représentaient, à des 11 septembre. Trois des plus grands sées par CNN. technologie militaire, les bombes degrés variables, avec un message succès de la décennie 1990, Indepen- Il a également régalé naguère les le danger de la prolifération des que des Etats-Unis : aux armes de « intelligentes ». Prions pour que politique plus ou moins explicite, la dence Day (1996), de Roland Emme- lecteurs du Monde (18 février 1998) armes chimiques. Et dénonçait l’in- destruction massives répondraient le président George W. Bush ait lu paranoïa américaine face à l’Union rich, Armageddon (1998), de Michael d’un point de vue intitulé : « Som- capacité de son pays à y faire face, les armes de destruction massives. Et son Clancy jusqu’au bout. Soviétique, entretenue par le McCar- Bay, Deep Impact (1998), de Mimi mes-nous vraiment prêts à frapper sauf par « la mise en application de les seules dont nous disposions sont thysme. Tim Burton rendra homma- Leder, abordent la menace d’une Bagdad ? », qui pointait également ce qui est depuis longtemps la politi- atomiques ». Et d’ajouter : «La Harry Bellet ge, en 1997, avec Mars attacks !, àcet- destruction massive, par la faute te esthétique des années 1950. La d’un astéroïde ou d’une invasion Maison-Blanche, décrite comme extra-terrestre, sous un angle natio- une institution dégénérée, se trouve naliste où s’exprime d’abord la puis- La prédiction de Samuel Huntington : le début d’une grande guerre envahie par des Martiens qui taillent sance américaine. Dans Independen- en pièces ses résidents. ce Day, la riposte terrienne contre ES conflits futurs ne seront Francis Fukuyama en 1992 dans La trechoquent : occidentale, latino- cent un missile sur une grande ville Dans les années 1960, cette esthé- une invasion extra-terrestre est pas économiques ou politi- Fin de l’Histoire (Flammarion). américaine, musulmane, chinoise, occidentale. La puissance ainsi visée tique de la destruction, évoquée par menée par les Etats-Unis. Dans Lques. Ils seront culturels. Ils Que dit Huntington, qui semble se hindoue, slavo-orthodoxe, bouddhis- riposte par le feu nucléaire contre le Susan Sontag, s’était emparée de Armageddon, une équipe commandi- opposeront entre elles des civilisa- vérifier dans l’horrible fracas des te et japonaise. Il a donc réussi à aga- territoire d’où l’attaque est venue. tout le cinéma américain, hollywoo- tée par la NASA s’attaque à la des- tions définies essentiellement par tours jumelles de Manhattan ? cer à peu près tous ceux qui ne sont Ainsi commence la troisième guerre dien et indépendant. Bonnie et Clyde truction d’un astéroïde qui menace leur religion de référence – islam, Qu’est-ce que ce professeur, tou- pas des Occidentaux blancs et plus mondiale. Dans le scénario imaginé (1966) d’Arthur Penn apparaissait, de s’écraser sur la Terre, tandis que christianisme et bouddhisme. Un jours de noir vêtu, maigre comme un ou moins chrétiens (judéo-chrétiens, par Huntington, cela se passe en avec son bain de sang final où War- le reste du monde les regarde, sans des phénomènes majeurs des vingt croque-mort, paraît avoir annoncé, pour être encore plus précis). Hun- 2010 et la ville détruite par les islamis- ren Beatty et Faye Dunaway mou- rien faire. dernières années est le réveil de l’is- en se trompant, il est vrai, de quel- tington affirme que les conflits les tes est Marseille. Voilà pour ce chapi- raient criblés de balles, comme un Un seul film est parvenu à briser lam. Il s’agit d’un mouvement de ques années, et surtout de pays- plus rudes sont à prévoir autour du tre de politique-fiction qu’il est sans film de gangsters apocalyptique. ce consensus patriotique. Il s’agit du masse, porté par une vague démo- cible ? Les attaques-suicides menées bloc islamique, qui est d’un seul doute instructif de relire aujour- Sam Peckinpah réalisait avec La Hor- méconnu Couvre-feu (1998), d’Ed- graphique sans précédent. contre l’Occident, son cœur finan- d’hui. de sauvage (1969) l’équivalent d’un ward Zwick, dont on ne peut que La culture islamique, dans sa ver- cier (Wall Street) et militaire (le Pen- Dans la vie réelle, le 11 septembre western-catastrophe. George constater la dimension prophétique. sion la plus stricte, offre une dignité tagone) ne sont qu’un début. Selon Les Etats-Unis 2001, New York et Washington ont Romero dans La Nuit des morts- Une série d’attentats meurtriers aux jeunes gens déclassés qui peu- Huntington, nous n’assistons nulle- été touchées. Il ne s’agit pas d’un mis- vivants (1968) livrait sa version du commis par des terroristes islamis- plent les quartiers misérables du Cai- ment à l’avènement d’une civilisa- ont été la première sile nucléaire mais de quatre avions- Jugement dernier où les morts sor- tes à New York créait la panique re, de Karachi et de Kaboul. On a tion universelle dans le bonheur suicides. Le scénario-catastrophe taient de leur tombe pour dévorer dans la métropole de la côte est. donc bien tort de croire que la d’une démocratie libérale et mar- cible du « choc s’est réalisé, mais, contrairement à les vivants. Débordé, le gouvernement améri- bataille des idées a été définitive- chande qui serait acceptée par tous ce qu’imaginait Huntington, ce sont C’est sur cette ruine des genres au cain autorisait l’instauration d’un ment gagnée après la chute du mur sur la planète et scandée par le ryth- des civilisations » les Etats-Unis qui ont été la première cinéma qu’apparaît le film-catastro- état de siège. L’armée, menée par un de Berlin. La démocratie libérale et me paisible des élections régulières. cible du « choc des civilisations ». La phe dont les plus beaux fleurons général fasciste interprété par Bruce la tolérance n’ont nullement triom- C’est tout le contraire. Nous vivons période ouverte par les kamikazes sont Airport (1970) de George Sea- Willis, tirait avantage de cette loi phé sur la planète. Les valeurs philo- le début d’une grande guerre. tenant, et visiblement en phase d’ex- de Washington et de New York pour- ton, avec Burt Lancaster et Dean martiale sans jamais parvenir à sophiques et politiques des Occiden- Lors de la parution du Choc des pansion, donc, comme dans la tecto- rait bien être comparable à l’ère inau- Martin, L’Aventure du Poséidon enrayer la vague d’attentats. Violem- taux n’ont pas eu le même succès civilisations, on n’a remarqué que nique des plaques, il prédit des trem- gurée par les premiers coups de feu (1972) de Ronald Neame, avec Gene ment malmené lors de sa sortie, criti- que leur nourriture, leurs ordina- l’énorme succès du livre en Occident. blements de terre sur son pourtour. d’août 1914. Ceux-ci ont marqué le Hackman, Tremblement de terre qué pour son scénario fantaisiste, teurs ou leurs vêtements. Des jeunes On n’a pas suffisamment prêté atten- La Méditerranée ou l’Atlantique ? vrai début du XXe siècle, aux yeux de (1974) de Mark Robson, avec Charl- Couvre-feu était, mardi, évoqué par gens portant des jeans, qui boivent tion au fait que l’ouvrage était fraî- Le dernier chapitre du Choc des nombreux historiens. Le XXIe siècle a ton Heston et La Tour infernale plusieurs New yorkais, le voyant, du Coca-Cola et mangent un Big chement accueilli au Proche-Orient civilisations est un scénar- peut-être commencé le 11 septem- (1974) de John Guillermin, avec Ste- tristement, devenu « un classi- Mac dans un quelconque pays et en Asie. Il est vrai, pour être précis, io-catastrophe digne des meilleurs bre 2001. Et ce n’est pas du cinéma. ve McQueen et Paul Newman. Ce que »… musulman du Moyen-Orient « sont que Samuel Huntington distingue, scripts d’Hollywood. Les islamistes dernier film mettait en scène, de peut-être en train de préparer un en réalité, huit civilisations qui s’en- ont acquis l’arme nucléaire. Ils lan- Dominique Dhombres nouveau, un gratte-ciel en feu. Un Samuel Blumenfeld attentat contre un avion de ligne amé- ricain »… Telle est la thèse que défend Samuel Huntington, professeur à Le terrorisme islamiste, thriller effrayant l’université Harvard, dans un long article intitulé « The Clash of Civiliza- ’IL fut longtemps, dans la lit- 1975 (Pocket), qui raconte com- qu’au cinéma. Mais, quelquefois, vers les Etats-Unis, que les pirates- prennent pas, alors qu’ils nous lais- tions », paru en 1993 aux Etats-Unis térature d’espionnage, l’ar- ment les agents américains et la fiction se rapproche très dange- kamikazes feront exploser avec sent tranquilles. Je ne hais pas les dans la revue Foreign Affairs. Cet Sme d’organisations criminel- israéliens mettent en échec le reusement de la réalité. tous leurs passagers pour frapper Israéliens. Je ne hais pas les Améri- essai a un tel succès outre-Atlanti- les comme le Spectre des James plan diabolique d’un groupe terro- Dans un roman tout récem- les esprits de terreur… Elle est con- cains. Je hais seulement les gens qui que que l’auteur développe et enri- Bond de Ian Fleming, le terroris- riste palestinien, mené par la fana- ment publié en France – Métamor- frontée, au moment crucial, à l’un ne cessent de nous détruire. » chit d’exemples concrets son idée me, tel qu’il s’est développé à la tique Dahlia : l’explosion d’une phose de la vengeance (éd. Robert des Palestiniens pirate de l’air, Stéphanie essaie alors de com- centrale d’un « clash » inévitable et suite de la guerre israélo-arabe de bombe au cours du Super Bowl, la Laffont) –, Mark Burnell imagine avec qui elle échange ce dialogue : prendre l’engrenage dans lequel sanglant entre les civilisations telles 1967, avec son cortège de détour- finale de football américain. Dans que son héroïne, Stéphanie, alias « Israël se comporte comme cela est entré cet homme qui lui racon- qu’elles se nourrissent des religions. nements d’avions, d’exécutions, Goodbye America (1977), Alistair Petra, dont toute la famille est parce qu’il est financé par les Etats- te son destin brisé – sa femme et Cela donne un gros livre qui fait un de prises d’otages et d’attentats MacLean, un spécialiste du best- morte dans un attentat à la bom- Unis. Il n’a pas le sentiment de sa mère ont été tuées par des sol- tabac en Europe, notamment en aveugles à la bombe, n’a pas tardé seller, imaginait qu’un groupe de be contre un avion en vol, est devoir faire un effort parce qu’il dats israéliens, sa sœur violée, sa Allemagne. Traduit en français, il est à inspirer les auteurs de thrillers, musulmans fanatiques tentait de recrutée par les services secrets peut toujours compter sur le soutien famille entière détruite. C’est ain- publié à l’automne 1997 chez Odile qui pouvaient ainsi lier l’inscrip- faire exploser une bombe atomi- anglais et parvient à infiltrer un de l’Amérique. si qu’il a choisi, fou de désespoir, Jacob, sous le titre Le Choc des civili- tion géopolitique de leurs intri- que afin de provoquer un tremble- réseau terroriste dirigé par un isla- – Alors vous punissez les Améri- cette forme de guerre sans merci. sations. Ce regard tragique, cette gues à un fort élément de suspen- ment de terre qui entraînerait l’ef- miste fanatique, adepte fervent cains de faire pression sur Israël ? Mardi, la réalité a dépassé cette vision apocalyptique de l’avenir de se. Le père d’Hannibal Lecter, Tho- fondrement de la Californie dans du djihad, Kamal Ibrahim Karim. – Les Américains n’ont pas à fiction, et « l’engrenage » a avan- l’humanité tranchent singulière- mas Harris, fut l’un des premiers à l’océan Pacifique. Stéphanie réussira à percer à jour intervenir dans notre partie du mon- cé de plusieurs crans… ment avec l’heureux épilogue de s’y distinguer, avec son premier Depuis, tous deux ont été large- une action d’envergure : le détour- de. Il faut qu’ils sachent qu’il est l’aventure universelle imaginé par roman, Black Sunday, paru en ment imités tant en littérature nement de douze avions de ligne temps d’arrêter. Ils ne nous com- Jacques Baudou 21 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001

CORSE Jean-Guy Talamoni, chef dre porosité » entre le « milieu » et l’enquête sur l’assassinat de Jean- qu’il n’y aura jamais d’amnistie » au pourrait être reportée à de file des élus de Corsica Nazione les nationalistes de sa « mouvan- Michel Rossi. b ALAIN LIPIETZ est, terme du processus de Matignon. 2004. b DES SÉNATEURS membres de l’Assemblée de Corse, « conteste ce ». L’élu nationaliste annonce qu’il selon M. Talamoni, « victime d’un b L’ADAPTATION DE LA LOI LITTO- de la commission spéciale sont arri- formellement », dans un entretien se rendra, jeudi 13 septembre, à sa procès en sorcellerie ». Pour l’élu RAL dans l’île, prévue par un article vés à Ajaccio pour préparer l’exa- au Monde,l’« existence de la moin- convocation comme témoin dans nationaliste, « on ne peut pas dire du projet de loi relatif à la Corse, men du projet prévu à l’automne. M. Talamoni dément toute « porosité » entre le « milieu » et Indipendenza Le chef de file de Corsica Nazione juge que l’« on ne peut pas dire qu’il n’y aura jamais d’amnistie pour tous » au terme du processus de Matignon. A son tour, l’élu nationaliste se dit prêt à renvoyer à 2004 l’adaptation de la loi littoral à l’île

« Vous n’avez pas apprécié tage de commentaires. Ma vie n’a mes. En ce qui concerne la mouvan- résultat. Nos amendements ont été octroyer un véritable pouvoir légis- – Dans un entretien au jour- votre convocation, jeudi, à Paris, pas plus d’importance que les ce à laquelle j’appartiens, je contes- rejetés. Nous plaidons donc pour latif et que les départements seront nal suisse Le Temps, cet été, vous par le juge antiterroriste Gilbert autres. Je ne changerai pas mes te formellement l’existence de la qu’au moins notre patrimoine natu- supprimés grâce à une révision de avez expliqué que « quand on a Thiel comme témoin dans l’en- idées et mon action politique pour moindre porosité en son sein. rel ne soit pas menacé par des déro- la Constitution. Pour la « première directement négocié avec les clan- quête sur l’assassinat de Jean- autant. – Des élus de l’Assemblée de gations subreptices à la loi. phase », notre référence reste le destins », comme « les politiciens Michel Rossi, le 7 août 2000. – On a parlé de nouveau, après Corse tels José Rossi (DL), Jean – Les sénateurs se demandent texte adopté par l’Assemblée de Pasqua et Debré (…), on est mal – Ce que je n’ai pas apprécié, l’assassinat de François Santoni, Baggioni (RPR) et Paul Giacobbi aujourd’hui si la généralisation Corse il y a neuf mois. placé pour reprocher au gouverne- c’est que cette convocation soit ren- le 17 août, de la porosité qui exis- (PRG) s’accordent, en cette ren- de l’apprentissage du corse a – Vous avez dû apprécier les ment de discuter avec des élus ». due publique dans les heures qui te entre le nationalisme corse et trée, pour reporter l’adoption de vraiment besoin de figurer dans prises de position d’Alain Lipietz Sur le site nationaliste Amnistia, ont suivi son envoi et que l’on le “milieu”. Qu’en pensez-vous ? la loi littoral. Certains pensent le texte de loi. Que reste-t-il des sur l’amnistie ? de nombreux militants se sont essaie de faire croire, par un batta- – Nous sommes tellement sûrs – Je vous rassure, Alain Lipietz vivement inquiétés de cette pri- ge médiatique, qu’il y a un lien de nous, à Corsica Nazione et à n’est pas devenu nationaliste cor- se de distance avec la clandes- entre ce crime et moi-même. Faire Indipendenza, que nous avons « Il est vrai se, ça se saurait. Mais je pense qu’il tinité… connaître cette convocation, c’est réclamé la désignation d’une com- est victime d’un procès en sorcelle- – Généralement, on me fait plu- illégal : mais il semble, hélas, que le mission d’enquête en Corse – je dis que l’accord trouvé rie et du climat fort peu serein qui tôt le reproche inverse ! Je ne crois secret de l’instruction soit tombé bien en Corse, car il n’a jamais été règne aujourd’hui à Paris. On ne pas pouvoir être suspect de nier en désuétude. A travers cette publi- question pour nous de demander à par l’Assemblée peut pas dire qu’il n’y aura jamais l’importance de l’action clandesti- cité, c’est manifestement un des l’Etat français de faire le ménage d’amnistie pour tous si le proces- ne. Mes propos aux dernières jour- acteurs du processus de Matignon dans l’île. Les responsables politi- de Corse sus de Matignon arrive à son ter- nées de Corte, cet été, ont été très qui est visé. ques devraient rendre compte à cet- me. Ceux qui disent le contraire clairs : ce qui disqualifie les politi- – Allez-vous vous y rendre ? te commission de leurs revenus et en décembre 2000 sont soit des crétins, soit des gens ciens dont vous parlez, c’est la con- – Je n’ai aucune raison de ne pas de l’état de leur patrimoine. Nous qui ne lisent jamais les journaux ou tradiction qu’il y a à critiquer des y aller. Qu’un juge veuille, pour la avons aussi réclamé la création a été appliqué les livres d’histoire. négociations au grand jour alors bonne tenue de son dossier, me d’un organisme de contrôle des – Vous-même, pourtant, vous qu’eux-mêmes se sont pliés à des poser des questions, ce n’est pas fonds publics et d’évaluation des JEAN-GUY TALAMONI a minima » ne réclamez jamais l’amnistie, discussions de leur point de vue absurde. Mais je risque de ne pas politiques menées. Les institutions contrairement à d’autres respon- encore plus critiquables. En ce qui l’éclairer du tout. J’ai déjà dit publi- corses de demain doivent offrir la sables d’Indipendenza… nous concerne, à Corzica Nazio- quement que je ne sais rien de cet- plus grande transparence aux même à supprimer l’article 12 du accords de Matignon ? Seule- – C’est que je préfère le terme ne, nous étions tout à fait satis- te affaire qui m’est totalement citoyens. projet de loi en discussion. Vous ment un plan exceptionnel d’in- plus général de libération de tous faits à l’époque de voir les clandes- étrangère. – Mais, quand même, des natio- aussi ? vestissements ? les prisonniers politiques corses. tins négocier avec le gouverne- – Vous vous êtes montré très nalistes proches d’Armata Corsa, – Tout à fait. Nous sommes au – Il est vrai que l’accord trouvé L’amnistie, c’est une solution tech- ment français. Mais ça n’a pas mar- discret, début août, lorsque vous comme Nicolas Montigny et minimum pour une réécriture de par l’Assemblée de Corse en décem- nique à un moment donné. La ché, car ce gouvernement s’est avez reçu un colis piégé à votre Dominique Marcelli, viennent cet article. Nous avions défendu bre 2000 a été appliqué a minima. notion de libération est plus large : renié. » cabinet de Bastia… d’être assassinés alors qu’ils l’idée, nous, nationalistes, d’un Manquent de nombreux transferts elle concerne également des mili- – Des attentats, ou des tentati- étaient mêlés à des affaires de transfert de ce domaine de compé- de compétences, notamment dans tants qui pourraient être libérés Propos recueillis par ves d’attentats, il y en a tous les droit commun. tences à l’Assemblée de Corse pour le domaine de l’agriculture. Mais la avant toute loi d’amnistie. Je pense Ariane Chemin jours. Ce n’est pas parce que celui- – Je ne connais rien de ces affai- qu’elle réécrive la loi après un phase la plus importante, c’est notamment aux « conditionna- ci me concerne qu’il mérite davan- res. Je déplore les morts d’hom- débat avec la société de l’île. Sans 2004, lorsque l’Assemblée se verra bles ». f www.lemonde.fr/corse Jeux de signes José Rossi souhaite « un texte consensuel » sur la loi littoral Prison avec sursis SI LE PROCESSUS de Matignon devait pati- L’Assemblée nationale avait adopté une ver- M. Rossi : la dévolution législative, la langue en attendant ner à cause des dérogations à la loi littoral, les sion un peu différente du texte initial, mais la corse et la loi littoral. L’Assemblée nationale a fait requise au procès élus corses, tout comme le gouvernement, sont contestation, au fil des mois, a pris de l’am- une partie du travail de conformité à la Constitu- aujourd’hui prêts à renvoyer l’examen de la pleur, sous l’impulsion, notamment, du Vert tion, le Sénat fera le reste : les deux premiers pro- le passage au Sénat question à 2004. Aux deux sénateurs venus Noël Mamère, puis des élus nationalistes. Les blèmes ont été réglés, on ne va pas torpiller un de Bastia Securita « prendre la température », mercredi 12 septem- clandestins du FLNC ont finalement « décré- bon projet de loi sur un sujet qui n’est pas le cœur AJACCIO bre, auprès des élus de l’Assemblée de Corse té », le 31 mai, « l’interdiction de construire dans de la réforme. » Le président de l’Assemblée ne BASTIA de notre envoyée spéciale (lire ci-contre), José Rossi, le président (DL) de les sites remarquables et le gel total de la bande souhaite pas abandonner l’article 12, mais il de notre correspondant Discrètement, le président (RPR) l’Assemblée territoriale, devait indiquer que, des 100 mètres jusqu’en 2004 ». Bruno Le Roux, suggère que le Sénat présente « un texte consen- Une vingtaine de personnes assis- du conseil exécutif de Corse, Jean s’il n’était pas possible de réécrire un texte le rapporteur (PS) du projet de loi, est allé en suel » qui puisse être adopté. Si ce n’est pas pos- tent, silencieuses, à l’audience cor- Baggioni, partisan du processus de consensuel, il serait préférable de s’en remettre Corse, le 15 juin, expliquer que le projet de loi sible, il faudra attendre 2004 et rester dans le rectionnelle du tribunal de grande Matignon, a préparé ses fiches. Il au droit commun en attendant d’y voir clair. n’avait pas pour objectif de bétonner le rivage ; droit commun, en abandonnant à regret le instance de Bastia pour l’affaire sait donc parfaitement qui, des L’article 12 du projet de loi sur la Corse réfor- les élus nationalistes ont refusé de le rencon- « plan d’aménagement et de développement du- « Bastia Securita », du nom de la membres de la commission spécia- mant la loi littoral, débattu, en mai, à l’Assem- trer. Le 24 juin, 300 personnes ont manifesté rable », une sorte de super-plan d’occupation société de transports de fonds, pro- le du Sénat chargée d’examiner le blée nationale, déroge sur trois points à la loi près de Bonifacio à l’appel du Collectif pour le des sols, lui aussi défini par l’article 12. che d’A Cuncolta et du FLNC-canal projet de loi relatif à la Corse, a du 3 janvier 1986. Le classement, d’abord, des respect de la loi littoral. Ce retrait tactique n’est pas du goût de tout le historique. C’est le premier grand voté ou non le statut Defferre, en « espaces remarquables » ne sera plus confié au monde. « José Rossi est le président d’une assem- dossier instruit par le pôle économi- 1982, ou le statut Joxe, en 1991. Et, Conseil d’Etat mais à l’Assemblée de Corse. La IL PEUT ÊTRE PRUDENT D’ATTENDRE blée dont il piétine les délibérations, fulmine Jérô- que et financier de Bastia (Le Mon- en ce début de semaine, il les loi littoral, ensuite, interdit toute construction Le ministre de l’intérieur, pour calmer le jeu, me Polverini, le président (DL) de l’Office de de du 12 septembre). Une audience attend de pied ferme, à Ajaccio, « sur une bande de 100 mètres à compter de la a indiqué, fin juillet, à M. Rossi et à Jean Baggio- l’environnement. Aujourd’hui, il veut tout chan- presque banale, sauf à remarquer la tout comme le président de l’Assem- limite haute du rivage » : l’article 12 prévoit que ni, le président (RPR) de l’exécutif corse, qu’il ger. Si c’est ça, dissolvons l’Assemblée de Corse ! » sécurité discrètement assurée par blée de Corse, José Rossi (DL), pour la collectivité territoriale pourra autoriser « des ne faisait pas de l’article 12 un casus belli. Paul Jacques Larché (DL), le président de la commis- des gardes mobiles, chargés de sur- leur donner toutes les explications aménagements légers » destinés « à l’accueil non Giacobbi, le président (PRG) du conseil général sion spéciale du Sénat, et son rapporteur, Paul veiller Christophe Pieri, l’un des pré- nécessaires sur ce texte que le hôtelier du public », en somme des paillotes. de Haute-Corse, a lui aussi indiqué qu’il pou- Girod (UDF), vont désormais devoir mettre de venus de « recel d’abus de biens Sénat examinera à l’automne. Enfin, le nouveau texte donne à l’Assemblée de vait être prudent d’attendre quelques années l’huile dans les rouages pour préparer le texte sociaux », extrait pour l’occasion de Arrivée lundi 10 septembre pour Corse la possibilité de définir « des règles relati- (Le Monde du 6 septembre). « Il y avait trois pier- qui sera soumis en novembre aux sénateurs. sa cellule des Baumettes, où il est cinq jours, la délégation, présidée ves à l’extension de l’urbanisation, adaptées aux res d’achoppement sur lesquelles se sont précipi- en détention provisoire pour une par Jacques Larché (DL) et compo- particularités géographiques locales ». tés les opposants au processus, a indiqué mardi Franck Johannès autre affaire. L’avocate Marie-Hélè- sée de Paul Girod (UDF), son rap- ne Mattei, également mise en cause porteur, du communiste Robert pour « complicité de recel d’abus de Bret, du RPR Patrick Courtois et du biens sociaux », comparaît libre. socialiste Jean-Pierre Bel est obser- Les défenseurs de l’environnement redoutent « un far west urbanistique » Jean-Martin Verdi, prévenu vée avec une extrême attention par d’« abus de biens sociaux », en quali- les acteurs corses du processus de AJACCIO pour « fixer la liste des espaces ter- faire n’importe quoi, mais il faut nationaliste, non représenté à l’As- té de gérant de Bastia Securita et, Matignon. C’est en effet le jeu des de notre envoyée spéciale restres et marins, sites et paysages quand même faire un minimum », semblée de Corse, « pour s’attirer donc, d’ordonnateur des salaires devinettes. D’abord, il faut deviner Publié quelques semaines après remarquables ». concluait celui à qui la rumeur les bonnes grâces de la droite » que versés, ne s’est pas présenté à ce que Jacques Chirac pense de ce l’adoption en première lecture du Dès l’avant-projet de loi connu, – jamais démentie – attribue la le gouvernement Jospin aurait déci- l’audience. projet de loi. Le Sénat, majoritaire- projet de loi sur le statut de la Cor- les militants d’U Levante, dont le paternité du fameux article 12. dé de « brader » la loi littoral ? «On « Je suis extrêmement surpris des ment à droite, pourrait fournir quel- siège est en Haute-Corse, et leurs « Un camping de cent emplace- peut supposer qu’une sorte de deal, réquisitions, c’est une poursuite d’op- ques indices. Il faut aussi deviner REPORTAGE amis de l’association Libre accès ments fait vivre une famille. Un de compromis, a été passée avec la portunité politique. Le procureur comment les sénateurs accueille- aux plages et défense du littoral, hôtel trois étoiles de cent chambres droite », estime le dirigeant local parle d’un délit financier mais ne ront les principaux volets du texte. « Cet article, installée en Corse-du-Sud, se sont fait vivre vingt-cinq familles. Moi des Verts, Norbert Laredo. «Ona nous cachons pas la vérité : c’est un Premier indice : mardi matin, à c’est un peu mobilisés. « Vendra-t-on notre île à qui suis maire d’une commune de un peu le sentiment que la loi littoral procès politique qui est intenté à Bas- l’école Sampiero d’Ajaccio, les séna- le poison dans quelques milliers de privilégiés dont 700 habitants, je suis responsable de a été sacrifiée sur l’autel du proces- tia Securita, et cela parce qu’il faut teurs se sont interrogés sur la néces- le paquet-cadeau » le mérite essentiel est celui de s’être l’avenir des jeunes et de l’emploi ! », sus de Matignon », observe-t-il. justifier la fameuse dérive mafieuse sité de légiférer sur l’enseignement donné la peine de naître riches ou nous avait déclaré, en mars 1998, Les représentants de Corsica des nationalistes. » Le bâtonnier Vin- du corse en maternelle et en primai- de l’être si vite devenus ? », s’inter- l’édile de Pianatolli. Nazione, auxquels les Verts de Cor- cent Stagnara, défenseur de Marie- re. La veille, à Corte, Jack Lang se par l’Assemblée nationale, le rogeait, en avril, la revue Ambian- se sont liés, se sont pourtant publi- Hélène Mattei, vient d’entendre le avait annoncé la généralisation de 22 mai, l’ouvrage édité à Ajaccio te, organe d’U Levante. « FÉCONDER » LE TERROIR quement prononcés contre l’arti- réquisitoire du procureur adjoint l’apprentissage du corse dans ces par des associations de défense de Les partisans de l’article 12, Raillant les écologistes radicaux, cle 12, tout comme le Parti commu- Francis Battut. Le magistrat, ancien classes d’ici à la fin de l’année scolai- l’environnement en dit assez, par qu’ils soient de l’UDF, de DL ou du pour qui la Corse serait une « jeune niste et les socialistes de Corse-du- de la 14e section antiterroriste du re. Du coup, quelques élus se disent son seul titre, sur les inquiétudes RPR, notamment, balayent d’un fille vierge et pure condamnée à Sud. Ce qui n’a empêché ni les uns parquet de Paris, n’a pas exclu «les que l’apprentissage du corse pour- de ses auteurs : Littoral corse, de revers de la main l’objection. vieillir sans avoir été fécondée »,le ni les autres de voter, au final, en liens d’intérêts entre l’entreprise de rait avantageusement relever du l’accès libre à l’accès fric est un « Nous, les maires, nous devons con- futur président de l’Office de l’envi- faveur du « projet Matignon », arti- transports de fonds et des structures règlement. L’article 12, qui propose réquisitoire contre l’article 12 du tenter tout le monde : ceux qui ne ronnement plaidait pour un déve- cle 12 inclus. « Cet article, c’est un clandestines ». Le procureur récla- des aménagements à la loi littoral projet de loi, majoritairement veulent rien construire et ceux qui loppement touristique « sans gigan- peu le poison dans le paquet- me deux ans d’emprisonnement (lire ci-contre), est aussi au cœur approuvé par les élus de l’Assem- ne jurent que par le vert de la natu- tisme ». Pour ce faire, ajoutait-il, la cadeau », commente Michèle dont un avec sursis et 50 000 francs des réflexions. Un amendement blée de Corse, en décembre 2000, re. Mais il nous faut aussi satisfaire Corse ne doit pas avoir peur d’aller Salotti, présidente d’U Levante, d’amende contre le gérant de Bas- sénatorial ne serait somme toute puis par les députés, mais qui pour- ceux qui veulent travailler ! », ironi- chercher l’argent où il est : « L’éco- dont les militants ont été « déçus » tia Securita ; douze mois d’empri- pas mal venu. Les élus de Corse rait ne pas survivre à la discussion sait, en langue corse, le 26 mars, nomie touristique est internationale. par le vote des élus corses. « Notre sonnement dont six avec sursis et attendent enfin beaucoup des séna- au Sénat, en novembre (lire ci-des- au micro de Radio Corse Frequen- Le tourisme “identitaire”, interprété seul espoir, c’est que les sénateurs et 30 000 francs d’amende contre teurs en matière de fiscalité, mais sus). A en croire le brûlot des asso- za Mora, le maire du village de Pia- de manière restrictive, c’est de la fou- les députés, en deuxième lecture, reti- Christophe Pieri et quinze mois ils redoutent, en revanche, qu’ils ne ciatifs corses, l’article 12 « démantè- natolli-Caldarello, Jérôme Polveri- taise ! La Corse ne peut pas s’en sor- rent l’article 12 du projet Mati- d’emprisonnement assortis du sur- veuillent réécrire l’article 1, relatif le » les principes de la loi littoral et ni, ancien délégué régional du RPR tir sans investisseurs et sans capitaux gnon », ajoute-t-elle. Sinon ? «Eh sis et 40 000 francs d’amende con- aux adaptations législatives et régle- risque de transformer l’île de beau- et président de l’Office de l’envi- extérieurs. » bien nous foncerons dans le mur ! tre Marie-Hélène Mattei. Jugement mentaires. Devinettes, toujours. té en « un far west urbanistique » ronnement. « En France, un prover- Est-ce, comme le suppute Serge Dans tous les sens du terme. » mis en délibéré au 2 octobre. en donnant, notamment, toute lati- be dit : “Quand le bâtiment va, tout Vandepoorte, membre de l’exécutif Ar. Ch. tude aux représentants de l’île va !” En Corse aussi. Il ne faut pas d’A Manca naziunale, petit groupe Catherine Simon Michel Codaccioni 22 / LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 FRANCE-SOCIÉTÉ

Jacques Chirac, Les propos de M. Kouchner sur la dépénalisation candidat implicite de l’usage des drogues suscitent de vives réactions dans les stands agricoles Plusieurs élus de l’opposition qualifient d’« irresponsable » la position du ministre délégué à la santé Des élus de l’opposition ont vigoureusement fiants, conforme à la récente prise de position du qui analysent les déclarations du ministre délé- réagi aux déclarations de Bernard Kouchner en Conseil national du sida. Le qualificatif d’« irres- gué à la santé comme un signe positif adressé Retrouvailles au Salon des productions animales faveur de la dépénalisation de l’usage des stupé- ponsable » revient dans les prises de position aux consommateurs de stupéfiants.

RENNES Quay-Portrieux, la foule était venue LES DÉCLARATIONS de Bernard consommation » de drogues. Prési- donner un signal permissif ». « Irres- dépénalisation des drogues « pour de notre envoyée spéciale d’abord pour voir le président. Kouchner, lundi 10 septembre, favo- dent du Mouvement des citoyens, ponsable » est également le terme uti- que les positions cessent d’être idéologi- Dès son arrivée, le président de la M. Chirac a donc fait sa campa- rables à une dépénalisation de l’usa- Georges Sarre a estimé que les pro- lisé par Jacques Myard, secrétaire ques et concernent la réduction des ris- République est tombé sur un de ses gne avec l’air de ne pas y toucher. ge des stupéfiants ont suscité de pos de M. Kouchner « sont à la fois politique national du Rassemble- ques et la santé publique ». M. Kouch- adversaires : Alain Madelin, candi- Chacun a d’ailleurs reçu, depuis vives réactions. Le ministre délégué à démagogiques et dangereux ». Selon ment pour la France, ainsi que par ner a rappelé, lundi 10 septembre, dat à l’élection présidentielle, était quelques jours, la consigne de sur- la santé s’exprimait sur le sujet lors lui, « envisager la dépénalisation de Philippe de Villiers, président du qu’il n’avait pu obtenir l’organisa- venu accueillir Jacques Chirac, en tout ne pas s’imaginer ministre ou de sa conférence bimestrielle sur la l’usage des stupéfiants traduit un man- Mouvement pour la France, qui con- tion, à l’Assemblée, d’un tel débat tant que député d’Ille-et-Vilaine. premier ministre. « Nous ne pouvons sécurité sanitaire. Interrogé sur la que total du sens des responsabilités et damne « ces propos irresponsables qui indispensable, selon lui, pour rom- Aucun des deux hommes ne s’est pas réclamer à Jospin de continuer à récente prise de position du Conseil de clairvoyance, qualités qui doivent feront la joie des cartels colombiens et pre avec une « information tronquée démonté pour autant. « Tu as bonne travailler, comme je l’ai fait en évo- national du sida (CNS) en faveur normalement guider l’action de ceux le malheur de nos enfants ». « Au et partiale », mais que cela avait été mine », a lancé le chef de l’Etat à l’an- quant l’année utile, et nous-mêmes d’une levée de « l’interdiction pénale qui ont en charge l’intérêt général ». moment où Daniel Vaillant négocie possible au Sénat. cien ministre de l’économie. « Mais donner le sentiment aux Français que de l’usage personnel de stupéfiants avec les ravers, Bernard Kouchner sym- Au moment même de cette discus- toi aussi », a rétorqué l’autre. Il y a nous ne pensons qu’à la campagne », dans un cadre privé » sur la base de « UN SIGNAL PERMISSIF » pathise avec les dealers », résume sion, au Palais du Luxembourg, le quelques années encore, ces deux-là a-t-il dit à plusieurs reprises à des considérations sanitaires (Le Monde Dans Le Figaro, le professeur Jean- M. de Villiers. 16 juin 1998, le ministre diffusait le étaient amis. Ou tout au moins élus de la majorité. Lui-même pour- du 7 septembre), le ministre avait François Mattéi, député (DL) des Plus nuancé, Bernard Accoyer, rapport du professeur Bernard alliés, le héraut du libéralisme ayant suivra ses réunions de travail et ses commencé par une boutade : « Vous Bouches-du-Rhône, a qualifié, mar- député (RPR) de Haute-Savoie, esti- Roques qui rapprochait la dangero- mis son imagination et ses idées au voyages mensuels en province voulez vraiment que je quitte ma fonc- di 11, de « totalement irresponsable me que « les avis émis par des commis- sité de l’alcool de celle de l’héroïne. service du candidat de la fracture « comme d’habitude », assure l’Ely- tion ? », avant de déclarer : « Je par- l’idée d’une dépénalisation des dro- sions consultatives et techniques ne Lors de ce débat, le sénateur (PS) du sociale qui l’emporta en 1995. sée. tage clairement le sentiment du CNS » gues quelles qu’elles soient. Le mes- peuvent en rien exclure les responsabi- Rhône, Franck Sérusclat, s’était pro- Un peu plus loin, dans les allées Mais rien n’est fait pour freiner (Le Monde du 12 septembre). sage est contre-pédagogique à l’heure lités morales, éthiques et politiques des noncé en faveur de la « légalisation de ce deuxième Salon de l’agri- l’enthousiasme des militants. En Bre- Si les membres du gouvernement où les pouvoirs publics veulent sensibili- élus et des membres du gouverne- de l’usage du cannabis » et de la culture français qu’est le Salon des tagne, les jeunes du RPR étaient ain- ne se sont pas précipités pour com- ser sur les dangers de l’alcoolisme ou ment ». Le député affirme que le « dépénalisation des autres drogues ». productions animales - Carrefour si venus en nombre pour l’accueillir, menter la prise de position de leur de la drogue au volant. » M. Mattéi ministre délégué à la santé ne peut Au sein de la droite, Alain Madelin européen (Space), M. Chirac a portant des pancartes « la France en collègue de la santé, d’autres s’en s’est déclaré « par ailleurs totalement ignorer « l’impasse que constitue la avait pris une position originale, rencontré son ancien ministre de mouvement », et parfois même une sont chargés. Christine Boutin, dépu- favorable à ce que l’on revoie la loi de permissivité au regard de la santé et d’abord en se déclarant « très l’agriculture Philippe Vasseur, qui a photo, une affiche de la campagne tée (UDF) des Yvelines et candidate à 1970 [qui pénalise le simple usage de de la sécurité de notre société ». ouvert » sur le sujet en 1997, puis en aujourd’hui abandonné la politique, de 1995, avec sa pomme symbole. l’élection présidentielle, a trouvé stupéfiants], mais pas dans n’importe En mars 1998, Bernard Kouchner, estimant que « la loi de 1970 est inap- puis les centristes Pierre Méhaigne- Les militants du Mouvement Initiati- « ahurissant » que le ministre approu- quelles conditions. Il est tout à fait pos- alors secrétaire d’Etat à la santé, pliquée et inapplicable ». rie et Jean Arthuis, soutiens déclarés ve et Liberté (MIL) avaient collé bon ve l’idée de dépénalisation et donne sible d’adapter la législation pour faire avait souhaité, à l’Assemblée natio- à la candidature de François Bay- nombre d’affiches sur le thème «la ainsi « un signe positif à l’égard de la face à des situations particulières sans nale, l’ouverture d’un débat sur la Paul Benkimoun rou. Le président a pourtant salué gauche ne fait rien ». M. Chirac tout le monde avec la même cha- aurait dû rencontrer ses suppor- leur, les amis comme les futurs teurs, discrètement, à l’aéroport. rivaux. « Puisqu’on vous dit qu’il n’est L’attentat de New York l’ayant obli- Les infirmières scolaires appellent à la grève pour obtenir de meilleurs salaires pas encore en campagne ! », affir- gé à écourter son voyage, il leur a, ment ses conseillers. Le président exceptionnellement, fait faux bond. FÉLICITÉES et encouragées par les politiques taire qui rappelle que 80 % des infirmières scolai- De son côté, le ministère de l’éducation natio- aurait d’ailleurs eu tort de ne pas fai- de tous bords pour l’importance de leur rôle res ont travaillé auparavant à l’hôpital. nale confirme que « tous les postes ne sont pas re preuve de magnanimité : partout, Raphaëlle Bacqué auprès des élèves, les infirmières scolaires ne L’intersyndicale des infirmières demande que pourvus », sans être en mesure de chiffrer la parmi les exposants agricoles, mar- veulent plus se contenter de beaux discours. Une la revalorisation « intègre la reconnaissance de pénurie. A l’heure où les hôpitaux manquent di, comme la veille, au port de Saint- f www.lemonde.fr/presidentielle2002 intersyndicale (Snics-FSU, Snies-UNSA, Snaims- leur niveau de formation et tienne compte des res- d’infirmières, ces nouveaux écarts de rémunéra- CSEN, Sgpen-CGT) représentant 90 % de la pro- ponsabilités spécifiques confiées à la profession ». tion risquent de rendre les postes en établisse- fession a lancé, mardi 11 septembre, un appel à Chargée des soins quotidiens aux élèves et de ment scolaire peu attractifs. « Au ministère de la la grève et à la manifestation pour le 2 octobre l’éducation à la santé, autorisée à délivrer la santé, on nous dit : “Laissez venir, on attend que A Rennes, les agriculteurs ont réservé afin de réclamer une revalorisation de leur carriè- contraception d’urgence, participant à la préven- ça” », témoigne Anne-Marie Gibergues. re. Les 6 000 infirmières scolaires ont découvert tion de la violence, « infirmière scolaire n’est pas L’intersyndicale a demandé une audience au « avec stupeur et colère » que seules leurs collè- un sous-métier », insiste Mme Le Chevert. premier ministre ainsi qu’aux ministres de l’édu- un accueil bienveillant au chef de l’Etat gues hospitalières allaient bénéficier d’une amé- cation nationale, de la santé et de la fonction lioration de salaire suite au protocole d’accord « BEAUCOUP DE POSTES RESTENT VACANTS » publique afin que « s’ouvrent des négocia- RENNES avait pourtant prévenu qu’il place- signé le 14 mars au sein de la fonction publique. Les quatre syndicats craignent que la pénurie tions ». « Depuis 1991, on parle des infirmières de notre correspondante régionale rait sa venue sous le signe de la « Nous avons été injustement oubliées. Jusqu’à d’infirmières scolaires ne s’aggrave. A cette ren- scolaires. Lionel Jospin, François Bayrou, Ségolè- Dans les allées de ce haut lieu de protection de l’environnement (Le présent, nous avions les mêmes indices de salaire, trée, certaines d’entre elles, pourtant reçues au ne Royal, Jack Lang ont tous, dans les textes, l’élevage breton qu’est le Salon Monde du 12 septembre). Sur son avec seulement une progression de carrière un peu concours d’infirmière de l’éducation nationale, reconnu l’importance de la prévention et de l’édu- des productions animales - Carre- passage, certains bougonnent bien plus rapide en milieu hospitalier, où l’âge du « n’ont pas pris leur poste », assure Anne-Marie cation à la santé des jeunes. Aujourd’hui, le déca- four européen (Space), certains qu’ils en ont « marre de se faire trai- départ en retraite est avancé à 55 ans contre 60 Gibergues, du Snies-UNSA. « Elles préfèrent lage entre nos fonctions et nos salaires est tel qu’il sourient de voir Jacques Chirac ter de pollueurs, d’empoisonneurs, pour nous. Depuis le protocole d’accord du prin- repartir à l’hôpital, où les conditions de travail est impossible de rester sans réponse positive », s’arrêter longuement au stand de tout en voyant leurs revenus fon- temps, nous allons avoir des écarts de salaire très et les salaires sont meilleurs », explique-t-elle. insiste l’intersyndicale. l’agriculture bio : « Si ce n’était pas dre ». Mais, de la part du candidat importants », explique Brigitte Le Chevert, secré- « Beaucoup de postes restent vacants », consta- Jacques Chirac, cela énerverait tout Chirac, on est prêt, dans la région, taire générale du Snics-FSU, syndicat majori- tent les syndicalistes. Sandrine Blanchard le monde. Avec lui, cela se passe à en entendre beaucoup. bien. Tant mieux ! » De fait, le La modération de ton est de déplacement du président de la mise lors du déjeuner de travail République, à Rennes, mardi qui réunit, autour du chef de A Villemomble, parents et enseignants se mobilisent contre la vétusté du collège 11 septembre, a semblé produire, l’Etat, représentants du monde dans le monde agricole breton, un agricole et écologistes. Dans les SUR LES GRILLES, les consignes une solution de rénovation avait été ments ». Dans la salle d’arts plasti- cave aux murs suintants. Impecca- effet apaisant. Le chef de l’Etat deux camps, il s’agit de fortes de rentrée ont fait place aux bande- envisagée, par le biais du rachat de ques, Christian Iriart, l’ingénieur qui bles, les rangées de tournevis font personnalités : des promoteurs roles. Depuis deux jours, les élèves l’école primaire adjacente. Mais la mène la visite, écoute à peine l’ensei- presque oublier le sol en terre et l’ab- convaincus de l’élevage industriel, du collège Pasteur de Villemomble mairie en demandait un prix trop éle- gnante qui réclame autre chose que sence de chauffage. Un « président rapetout », d’une part, et des défenseurs de (Seine-Saint-Denis) n’ont pas cours. vé. Depuis, les travaux d’entretien ces deux lavabos antiques placés Il y a encore les trous dans la cour, l’environnement, de l’autre, com- ont été minimisés dans l’attente dans le couloir. « Attendez, il y a un les barreaux qui manquent aux ram- pour Jean-Marc Ayrault (PS) me le président d’Eau et rivières, la REPORTAGE d’une solution globale. Des tensions problème. Il n’y a pas d’issue de pes, les vasistas qui ne s’ouvrent pas, plus remuante des associations anciennes entre le maire (RPR), secours… », l’interrompt-il. « Si, elle les fuites au plafond. Après plus de Commentant le discours du prési- écologistes de Bretagne. A l’issue Dans la salle de sports, Patrice Calmejane, et le principal du est là ! », s’exclame un parent d’élè- trois heures de visite, la liste est lon- dent de la République sur l’agri- de la rencontre, l’ancien ministre pas de vestiaires. collège, Daniel Duru, qui accuse la ve, désignant une porte à demi gue. « Je n’ai jamais été saisi officielle- culture, Jean-Marc Ayrault, pré- Ambroise Guellec (UDF), prési- Les élèves se changent municipalité de vouloir récupérer camouflée par deux armoires. «Et ment de ces travaux », assure sident du groupe socialiste de dent de l’agence de l’eau Loire-Bre- dans les toilettes ses terrains de centre-ville au fort elle donne où ? » – « Dans la salle de M. Iriart. En 1999, la commission de l’Assemblée nationale, a accusé Jac- tagne, se prend à espérer «que potentiel immobilier, ont compliqué musique ! » L’ingénieur entrouvre la sécurité avait rendu un avis positif. ques Chirac, mardi 11 septembre, l’on évolue dans cette région bien la donne. porte, bloquée par un amas de car- Aujourd’hui, les mesures d’urgen- d’être « toujours d’accord » avec ses plus vite que l’on pouvait s’y atten- Lundi 10 septembre, les parents Cette fois, la mobilisation com- tons et dessins. « Je ne sais pas où ce risquent de coûter cher. Soucieux interlocuteurs, le qualifiant de « pré- dre ». « Ce moment d’échanges d’élèves occupaient les lieux, relayés mence à porter ses fruits. Mardi, le entreposer les productions des élè- d’apaiser parents et enseignants, sident attrape-tout, président fourre- aurait été impensable il y a cinq mardi par une grève des professeurs conseil général (depuis 1986, la cons- ves », s’excuse la professeure. M. Iriart a oralement beaucoup pro- tout et même, avec sa volonté de tout ans », juge Jean-Claude Pierre, fon- et des personnels non enseignants. truction et l’entretien des collèges mis. Pourtant, les sommes investies dépolitiser, président rapetout ». dateur d’Eau et rivières. Quant à Une anicroche dans une rentrée que sont du ressort des départements) a BEAUCOUP DE PROMESSES seront largement perdues. Lundi « Nous voyons bien que le chef de Bernard Mégret, président de la Jack Lang voulait « techniquement dépêché quatre personnes pour En salle de physique, perdue au soir, devant plus de 200 personnes, l’Etat est déjà en campagne », a ajou- Cooperl-Hundaye, une grosse maîtrisée ». recenser les travaux urgents. L’équi- troisième étage, en haut d’un esca- Anne-Marie Mahéas, vice-présiden- té M. Ayrault. Le Parti communiste coopérative productrice de porcs, Le « collectif » parents-ensei- pe n’a que l’embarras du choix. La lier en bois et en colimaçon, l’ensei- te du conseil général, a confirmé que a pour sa part ironisé sur l’« amné- il félicite M. Chirac pour son « rôle gnants réclame un « plan d’urgen- salle de sport est encombrée d’agrès gnant s’inquiète des fenêtres très l’établissement fera l’objet d’une sie » de M. Chirac en matière d’agri- de médiateur très utile ». ce » pour ce collège de 600 élèves et de tapis hors d’âge. Pas de vestiai- basses, sans protection. Et énumère rénovation complète d’ici trois à qua- culture. « Comment peut-on s’api- Devant tant de bonne volonté très dégradé et coupé en deux : le res : les élèves se changent dans les le manque d’équipements : pas de tre ans, toujours sur deux sites. toyer sur le sort des exploitants agri- affichée, il n’y avait guère que les « centre » est installé dans les locaux seules toilettes du collège, au fond paillasses, pas de point d’eau… Mardi soir, le collectif parents- coles, des consommateurs frappés par socialistes pour bouder un dis- d’une école primaire datant de de la cour. Sous le « gymnase », des Seuls quelques tubes à essai don- enseignants a décidé de suspendre les dégâts du productivisme, après en cours « affirmant tout et son contrai- 1890 ; à 500 mètres de là, « l’an- pièces trop petites et éclairées par nent à penser qu’on doit y ensei- son action jusqu’au 20 septembre. avoir été, en tant que ministre de re ». « Avec tous ses non-dits, a com- nexe » regroupe, sur un terrain muni- des soupiraux accueillent les salles gner de la chimie. « S’il y a le feu, je Et demande qu’à cette date le l’agriculture, premier ministre et pré- menté Louis Le Pensec, sénateur cipal, des préfabriqués et une aire de de technologie. « Et aujourd’hui, dois ouvrir cette fenêtre et faire conseil général ait confirmé par écrit sident de la République, l’un de ses (PS) du Finistère, le candidat à sport, plus proche du terrain vague c’est calme, parce qu’il n’y a pas cours enjamber le rebord aux élèves », ses engagements et la mairie promis plus farouches instigateurs », s’est l’élection présidentielle a respecté le que du stade de football. au-dessus », mentionne un profes- raconte l’enseignant. de céder les terrains nécessaires à la interrogé, dans un communiqué, principe de précaution électorale. » Le problème est ancien. En 1976, seur. Salle 10, c’est le « sol qui déga- Pour descendre dans l’atelier de rénovation future. Paul Lespagnol, membre du collège déjà, des tracts appelaient les ge en fin de journée une poussière Max, il faut courber l’échine. exécutif du PCF. Martine Valo parents à se mobiliser. Il y a dix ans, rouge qui fait tousser et salit les vête- L’ouvrier d’entretien a aménagé une Marie-Laure Phélippeau Festival d’automne à Paris Théâtre, musique, danse, art et cinéma : 0123 30 ans de festival au service de l’avant-garde 0123 Programmes et entretiens dans un cahier spécial de 12 pages daté 15 vendredi 14 septembre1 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 23 Pourvoi en cassation contre le dessaisissement du juge Halphen La justice rejette le recours en référé d’Eurotunnel UN POURVOI EN CASSATION a été déposé, in extremis, lundi soir 10 sep- tembre, contre l’annulation de la procédure du juge Eric Halphen et le des- visant à fermer le centre de réfugiés de Sangatte saisissement de ce dernier, a indiqué, mardi, l’Agence France-Presse. Ce recours, qui devrait empêcher durant plusieurs mois la transmission du dos- sier d’instruction des HLM de Paris au juge parisien Armand Riberolles, a La société estimait la continuité du trafic compromise par les tentatives de passage de dizaines de clandestins été formé par un administrateur judiciaire de Brest (Finistère), Alain Geni- teau, partie civile dans cette procédure. Le tribunal administratif de Lille a rejeté, mardi préfectoral de septembre 1999 autorisant l’ouver- tins de gagner la Grande-Bretagne en passant par le Coutumier des constitutions de partie civile dans les affaires politico-finan- 11 septembre, le recours en référé déposé par Euro- ture du centre de réfugiés de Sangatte (Pas-de- tunnel sous la Manche, la société estimait urgent de cières, M. Geniteau avait demandé à la cour d’appel de Paris l’annulation tunnel qui visait à obtenir la suspension de l’arrêté Calais). Devant les multiples tentatives des clandes- « rétablir des conditions normales d’exploitation ». de l’ordonnance du juge Halphen par laquelle celui-ci s’était déclaré « incompétent » en raison de la mise en cause de Jacques Chirac, estimant LILLE des caméras de surveillance d’Eu- lions de francs cette année pour tions humanitaires et de sécurité que la compétence du juge devait être confirmée. Le 4 septembre, la cham- de notre correspondant régional rotunnel montrant plusieurs dizai- la protection de son site et publiques inacceptables » dans les- bre de l’instruction avait annulé les actes du juge Halphen depuis la saisie Le tribunal administratif de nes de réfugiés déborder les vigi- emploie 340 vigiles. Or, a-t-il pré- quelles les réfugiés se trouvaient, de la « cassette Méry » et ordonné son dessaisissement. L’Elysée avait vai- Lille a rejeté, mardi 11 septem- les et franchir en groupe l’entrée cisé, cette protection est du res- sur la voie publique calaisienne, nement tenté, au cours des derniers jours, de susciter un pourvoi contre bre, le recours en référé d’Euro- du tunnel en juillet et août. sort de l’Etat, qui, en classant le avant l’ouverture du centre. En cet arrêt (Le Monde du 12 septembre). tunnel qui tentait d’obtenir la fer- Devant une salle bondée, il a tunnel « point sensible deuxième réclamant sa fermeture, Eurotun- meture du centre de réfugiés de qualifié de « journée des dupes » catégorie et installation d’impor- nel fait passer « ses intérêts finan- Sangatte. Selon la société, la mul- le 29 septembre 1999, date à tance vitale », s’est mis dans l’obli- ciers et commerciaux » avant « l’in- Xavier Dugoin a été remis en liberté tiplication des tentatives de passa- laquelle le préfet du Pas-de- gation d’assurer « la continuité et térêt collectif », a conclu Me Daval. ge de clandestins, qui perturbe le Calais a réquisitionné un hangar la fluidité du trafic ». Le tribunal a estimé, avec elle, XAVIER DUGOIN, ancien président (RPR) du conseil général de l’Essonne, trafic, est directement liée à la désaffecté d’Eurotunnel pour y que « l’urgence invoquée par les est sorti de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, mardi 11 septembre en fin présence de ce hangar où ils sont abriter les réfugiés qui squat- « INTÉRÊTS COMMERCIAUX » requérants n’était pas directement d’après-midi, où il était incarcéré depuis le 1er juillet pour trafic d’alcool au rassemblés, à 4 kilomètres seule- taient les rues et le parc public de Plaidant pour la préfecture, liée à l’arrêté de réquisition ». préjudice du conseil général (Le Monde du 17 mai et daté 1er-2 juillet). Son ment de l’entrée du tunnel. Invo- Calais. Au départ, a-t-il rappelé, il Me Claire Daval a rétorqué que Eurotunnel souligne néanmoins, avocat, Rodolphe Bosselut, avait, peu auparavant dans la journée, déposé quant l’urgence de « rétablir des s’agissait de fournir un abri provi- cette situation était « absolument dans un communiqué, que le au greffe de la cour d’appel de Paris la caution de 200 000 francs (environ conditions normales d’exploita- soire à des familles de Kosovars sans lien avec la décision de réquisi- tribunal administratif de Lille a 30 490 euros), présentée sous forme de chèques bancaires, demandée pour tion », la société réclamait la sus- et à leurs enfants. « Mais il n’y a tion du préfet. Le tunnel sous la rejeté le motif d’urgence car il «a sa libération par la cour d’appel. pension de l’arrêté du préfet du plus rien de commun entre ce cen- Manche fait de la France le seul estimé que la protection du site M. Dugoin a réussi à réunir la somme exigée, notamment grâce à la sous- Pas-de-Calais qui avait permis sa tre familial et le centre de forma- pays frontalier de l’Angleterre, pouvait être renforcée par des cription lancée par des proches sur la ville de Mennecy, dont il fut maire création il y a deux ans. tion continue au passage des clan- s’est-elle exclamée. Quoi qu’on moyens de police en nombre suffi- jusqu’en début d’année. L’avocat ne précise pas si elle a suffi à récolter la Pour le convaincre du bien-fon- destins qu’il est aujourd’hui, où fasse, c’est là qu’on retrouvera les sant ». La société « note cette po- totalité des fonds. Xavier Dugoin a fait appel du jugement du tribunal cor- dé de sa thèse, Me Jean-Pierre Boi- chacun trouve son guide et négocie réfugiés », qui sont légalement sition avec intérêt », soulignant rectionnel d’Evry, le 29 juin, qui l’avait condamné à un an de prison ferme et vin, l’avocat d’Eurotunnel, a pro- son passage. » inexpulsables. « Le tribunal admi- que cette décision du tribunal 250 000 francs d’amende (38 112 euros). La date de ce prochain rendez- jeté au tribunal une bande vidéo L’avocat a rappelé que le nom- nistratif n’est pas là pour se pro- « laisse entière la question de vous judiciaire sera fixée au mois d’octobre. tournée clandestinement par une bre de clandestins interpellés sur noncer sur la politique de l’immi- savoir si la réquisition (…) était ou équipe de la télévision britanni- le site d’Eurotunnel avait crû rapi- gration de la France, de la Grande- non légale » ; une « question de que ITV, sur laquelle on voit dement dès l’ouverture du centre, Bretagne ou d’autres pays, mais fond » qui, rappelle Eurotunnel, Une requête en annulation déposée notamment des passeurs offrir passant d’une cinquantaine par seulement pour juger de la légalité doit être abordée par le tribunal leurs services à l’intérieur même mois fin 1999 à « quelque 6 500 de la décision du préfet. » Or, « dans les prochains mois ». du hangar abritant le centre. Il a par mois » en juillet et en août der- selon Me Daval, ce dernier se par Jean-Christophe Mitterrand également présenté des images niers. Eurotunnel a investi 23 mil- devait de réagir face aux « condi- Jean-Paul Dufour LES AVOCATS de Jean-Christophe Mitterrand, Mes Jean-Pierre Versini- Campinchi et Rémy Wilner, ont déposé devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, le 3 septembre, une requête en annulation visant certains actes de la procédure sur les ventes d’armes vers l’Angola, instruite par Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Desprez. Dans leur requête, les défenseurs de M. Mitterrand estiment que leur client a «fait l’objet de deux mises en examen cumulatives pour les mêmes faits ». Le 27 juin, la Cour de cassation avait annulé les poursuites lancées, en décembre 2000, pour « commerce d’armes illicite » contre – notamment – Jean-Christophe Mitterrand. Le 4 juillet, les juges avaient mis en examen une seconde fois M. Mitterrand pour « commerce d’armes illicite ». Or selon Mes Versini-Campinchi et Wil- ner, la chambre de l’instruction n’ayant toujours pas précisé les actes et les pièces qui devaient être annulées, la première mise en examen « demeure à ce jour en vigueur ». Dans une autre requête, déposée le 5 septembre, les deux avocats demandent la suspension de l’instruction dans l’attente de l’examen du point de nullité qu’ils ont soulevé. Un garçon de quatorze ans poignardé mortellement par une fille de quinze ans UN GARÇON de quatorze ans a été tué d’un coup de couteau dans le dos par une fille de quinze ans, dimanche 9 septembre, devant un restaurant de la rue de Clignancourt à Paris, dans le 18e arrondissement. D’après les premiers éléments rassemblés par les enquêteurs, l’adolescente se serait fait dérober son téléphone portable. Peu après, elle aurait reconnu un des jeunes de la bande qui avait commis le vol. Une bagarre aurait éclaté, et la jeune fille aurait poignardé l’adolescent. La victime, qui était connue des services de police, est décédée à l’hôpital dans la nuit de dimanche à lundi. La jeune fille, qui habite Chartres et était venue passer la journée à Paris, a été interpellée peu après les faits et immédiatement placée en garde à vue en milieu hospitalier. Elle a été déférée devant un juge des enfants mardi.

DÉPÊCHES a ROUTE : le nombre de morts provoquées par des accidents de la rou- te s’est établi à 610 au mois d’août, contre 616 un an auparavant, soit une baisse de 1 %, selon les statistiques communiquées, mardi 11 septembre, par la Sécurité routière. Le bilan du mois d’août est inférieur de 17 % à la moyenne des mois d’août établie entre 1996 et 2000 (735 décès). En revan- che, le nombre de blessés a augmenté de 7,4 % (13 352 contre 12 434 en août 2000). Sur les huit premiers mois de l’année, 4 772 personnes sont mortes (4 982 en 2000, soit une baisse de 4,2 %). a SANS-PAPIERS : onze des soixante-quinze sans-papiers qui ont par- ticipé, dans la nuit de dimanche 9 au lundi 10 septembre, à une « nuit blan- che pour sortir de l’ombre » devant la préfecture de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, ont été régularisés, après avoir été reçus par un membre du cabi- net du préfet (Le Monde du 11 septembre). La Coordination 93 de lutte pour les sans-papiers à l’origine de la manifestation conteste les nouveaux refus de régularisation : « Ils n’ont même pas été motivés. » Depuis lundi, trois sans-papiers ont entamé une grève de la faim. a LÉGISLATIVES : Christian Philip (UDF), ancien premier adjoint de Raymond Barre à la mairie de Lyon, a annoncé, mardi 11 septembre, qu’il sera candidat aux élections législatives de 2002 dans la 4e circonscrip- tion du Rhône, aujourd’hui détenue par l’ancien premier ministre, dont il est le suppléant depuis 1997. Charles Millon, président de la Droite libérale chrétienne et ancien président de la région Rhône-Alpes, a lui aussi annon- cé, vendredi 7 septembre, qu’il sera candidat dans cette circonscription tra- ditionnellement ancrée à droite. M. Fabius ne modifie pas les prévisions de croissance LA CROISSANCE EN FRANCE a beau s’être de nouveau ralentie au deuxième trimestre (Le Monde du 12 septembre), Laurent Fabius assure qu’il n’y a « pas lieu de modifier » les prévisions pour l’année. « Je maintiens la prévision de croissance » de 2,3 % en 2001, a déclaré le ministre de l’éco- nomie, mardi 11 septembre, à l’issue d’une rencontre avec le groupe socia- liste de l’Assemblée nationale. Le responsable de la conjoncture à l’Insee, Michel Devilliers, a toutefois estimé que les chiffres du premier semestre allaient « sans doute » conduire l’Institut « à réviser légèrement à la baisse, d’un ou deux dixièmes, ses prévisions sur l’année ». Aussitôt, Jean-Louis Debré, président du groupe RPR de l’Assemblée natio- nale, a accusé M. Fabius d’être un « cache-réalité » qui veut « semer l’illu- sion ». « Huit mois avant l’élection présidentielle, et à la veille de la publica- tion du budget 2002, le gouvernement veut, à l’évidence, conserver un moral correct aux Français afin que la consommation ne s’effondre pas, après trois mois consécutifs de hausse du chômage », a-t-il déclaré. 25 RÉGIONS LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 Une partie de l’A7 pourrait être doublée pour absorber le trafic des camions Le gestionnaire de l’autoroute propose quatre voies supplémentaires entre Valence et Orange. Alors que, pour l’Europe, la Commission de Bruxelles préconise, dans un Livre blanc rendu public mercredi 12 septembre, le rééquilibrage route-rail en taxant plus fortement les poids lourds

LYON sur la portion la plus encombrée tion ont donc été atteints : le trafic de retard. « On est d’accord avec A l’horizon 2008 , d’après les pro- antibruit, traitements hydrauli- de notre correspondante de la vallée du Rhône, entre Va- est considéré comme dégradé l’administration, explique ASF. Les jections d’ASF, le trafic devrait ques » qui font aujourd’hui défaut. Tout le monde en parle mais à lence-Sud et Orange. Cette section entre 60 000 et 65 000 véhi- temps de parcours sont supportables atteindre 76 845 véhicules jour, La pollution de l’air ? ASF rétor- voix basse. Dans les directions d’une centaine de kilomètres cons- cules/jour et très dégradé au-delà pour les vacanciers. Notre préoccu- dont 16 914 poids lourds. Selon les que que ce sont dans les bouchons départementales de l’équipement, titue un nœud d’étranglement sur de 65 000. En période estivale, il pation ce n’est pas l’été, c’est tout le prévisions de la direction des rou- que la pollution est la plus forte. les serviteurs de l’Etat évoquent l’axe entre la péninsule Ibérique et est jugé dégradé entre 100 000 et reste de l’année ! Là nous sommes tes, en 2020, la section Loriol-Mon- Enfin, dernier argument : la sépara- prudemment un « dossier sous le reste de l’Europe. 110 000 véhicules et très dégradé tout proches du seuil de déstabili- télimar serait encombrée au moins tion des trafics, poids lourds et embargo ». A la direction des rou- Pour justifier ce projet, ASF au-delà de 110 000 véhicules. En- sation. » Pour la société d’exploi- un jour sur deux en été. « On sait véhicules légers permettrait de tes, on indique qu’il s’agit d’une avance les chiffres de l’évolution tre 1999 et 2000, le trafic poids tation, le trafic ne permet plus que sur le long terme, il y aura un sécuriser l’autoroute. Mais un tel « solution parmi d’autres ». Classé du trafic autoroutier. Selon ses sta- lourds a augmenté de 4,5 %. d’entretenir dans de bonnes condi- problème d’engorgement de la val- projet consacrerait la part du « confidentiel », le projet a été tistiques, le trafic moyen journalier Pour la direction des routes, la tions les ouvrages de l’autoroute. lée du Rhône, mais nous privilégions camion sur la route, au moment déposé en 1999 par la Société des annuel sur la section la plus char- situation n’est pas catastrophique : « Depuis dix ans, compte tenu du tra- la construction d’itinéraires alterna- où Bruxelles prône le développe- autoroutes du sud de la France gée, Valence-sud-Loriol, compta- l’encombrement saisonnier de la fic, nous réalisons les travaux de nuit tifs, le développement du TGV, des ment du fer. (ASF), sur le bureau de Jean- bilise 70 901 véhicules par jour, vallée du Rhône est comparable à entre 23 heures et 5 heures du matin, voies d’eau, le ferroutage », expli- Pour Alain Bonnafous, profes- Claude Gayssot : le doublement de dont 14 421 poids lourds. L’été, ce celui, au quotidien, du périphéri- explique un responsable d’ASF. Les que la direction des routes, qui seur au Laboratoire d’économie l’autoroute A7, avec la création de chiffre peut monter à plus de que parisien. Les ralentissements plages se rétrécissent de plus en plus reconnaît cependant que dans des transports à Lyon-II, ce docu- quatre voies supplémentaires spé- 120 000 véhicules/jour. Les seuils dus aux bouchons se situeraient et le trafic est tel qu’au moindre inci- « vingt ans, ces solutions ne suffiront ment est « un baril de poudre ». cialement dédiées aux camions, de saturation fixés par l’administra- entre une demi-heure et une heure dent, on fabrique des bouchons. » plus à absorber le trafic ». « Quand il y a saturation sur un cor- ridor, c’est le moment d’en profiter « UN BARIL DE POUDRE » pour donner de l’accessibilité à Le projet d’ASF, évalué à 5 mil- d’autres territoires, en proposant Bruxelles propose des mesures drastiques liards de francs, consisterait à dis- des itinéraires alternatifs. Cela impli- socier le trafic poids lourds et véhi- que de regarder les problèmes à une BRUXELLES compétitivité économique si elle aucune redevance n’est appliquée ». la route, est citée en exemple. Le cules légers en construisant à par- échelle nationale. C’est cette vision de notre bureau européen laissait la situation se détériorer, En 2002, une directive-cadre devrait Livre blanc, qui propose également tir de Valence deux voies supplé- qui aurait dû être déployée dans les Le bilan de la fuite en avant au estime Loyola de Palacio, commis- être proposée, établissant pour tous un ensemble de mesures pour mentaires réservées aux camions, schémas de services présentés par profit de la route et de l’avion est saire européen chargée des trans- les modes de transport les principes « combattre la saturation du ciel » de chaque côté de l’A7. L’exploi- le gouvernement, et ce n’est pas le clair : saturation des grands axes et ports et de l’énergie. de tarification, ainsi que la structure et développer les « autoroutes de la tant observe que, « par rapport au cas. » Des alternatives existent : des régions sensibles, nuisances con- des redevances. mer », va bouleverser bien des si- projet d’A7 bis qui se serait située à autoroute Clermont-Ferrand - sidérables pour l’environnement et USAGER PAYEUR Les recettes ainsi dégagées ont tuations acquises : autant dire que quelques kilomètres plus loin, nous Béziers, axe Grenoble-Sisteron, la santé des populations. La route a La Commission n’y va pas par vocation à permettre de nouveaux ses quelque 60 propositions ne ver- enclavons peu d’espace ». Aux dé- doublement de la N7, autoroute provoqué 41 000 décès et 1,7 mil- quatre chemins pour obtenir une investissements, notamment au ront pas le jour sans une forte dé- fenseurs de l’environnement, ASF ferroviaire. Mais seront-elles prê- lion de blessés en 2000 sur le terri- nécessaire « revitalisation du rail » profit du rail. La Suisse, où le pro- termination politique des Quinze. fait valoir que « cette solution per- tes à temps ? toire de l’Union européenne. et faire passer dans les faits quel- gramme d’infrastructures ferroviai- mettrait de mettre aux normes cette Demain, avec l’élargissement de ques principes tels que c’est à l’usa- res est financé à plus de 50 % par Laurent Zecchini autoroute : construction de murs Sophie Landrin l’Union européenne, la situation ris- ger (les transporteurs routiers) et que d’être intenable sur de nom- non au contribuable de supporter breux axes transeuropéens. En l’essentiel du coût des infrastructu- outre, les transports doivent inté- res. La Commission souhaite donc grer une nouvelle approche écono- instaurer une taxe supplémentaire mique axée sur le développement (accise) communautaire harmoni- durable. Le Livre blanc que la Com- sée pour le gazole à usage profes- mission européenne devait adop- sionnel, qui serait supérieure à la ter, mercredi 12 septembre, a pour moyenne actuelle des taxes sur ambition de porter un coup d’arrêt le gazole. Les professionnels ac- à cette dérive. Aujourd’hui, la route cueilleront sans aucun doute de représente 44 % du transport de façon négative la proposition de la marchandises, contre 41 % à la navi- Commission, mais celle-ci souligne gation à courte distance, 8 % au rail qu’il faut prendre en compte les Résultats au 30 juin 2001 et 4 % pour les voies navigables. « coûts externes » liés aux émissions Pour le transport de passagers, la de gaz à effet de serre. Le conseil d’administration de Béghin-Say, réuni le 10 septembre 2001 sous la présidence de Jérôme de prédominance de la route est enco- L’autre « outil » envisagé par Pelleport, a examiné les comptes consolidés du groupe au 30 juin 2001. re plus marquante, avec 79 % des Bruxelles est une tarification pro- parts de marché, tandis que l’aé- gressive de l’usage des infrastructu- rien, avec 5 %, s’apprête à dépasser res. Aujourd’hui, note la Commis- Les comptes consolidés au 30 juin 2001 constituent le premier de vente en augmentation, particulièrement à l'exportation où les le chemin de fer, qui plafonne à sion, « cœxistent dans l’Union une arrêté comptable du groupe Béghin-Say depuis sa cotation en volumes sont en hausse. Cette croissance est compensée par les 6 %. Et si rien n’est fait d’ici à 2010, Europe du péage faisant payer les usa- bourse, le 2 juillet 2001, consécutivement à la scission du groupe effets d'une baisse des volumes de vente de sucres de consommation le transport par poids lourds aug- gers empruntant les autoroutes Eridania Béghin-Say. Les comptes consolidés semestriels sont courante en Italie ainsi que d'un retard des volumes vendus en mentera à lui seul de 50 %. Sachant dotées de péage, une Europe de établis conformément aux principes comptables et méthodes Hongrie, retard qui est appelé à se résorber au cours du second que le secteur des transports repré- l’“eurovignette” payée par les poids d’évaluation utilisés à la clôture des comptes annuels, en accord sente 10 % du PIB de l’UE, l’Europe lourds sur l’ensemble du réseau, géné- semestre. risquerait de mettre en cause sa ralement à l’année, et une Europe ou avec le règlement 99-02 du Comité de Réglementation Comptable relatif aux comptes consolidés des sociétés commerciales et • Le résultat d’exploitation du premier semestre 2001, quant à lui, entreprises publiques et la recommandation du Conseil National est en baisse de 6,1% par rapport au premier semestre 2000, de la Comptabilité 99.R.01 relative aux comptes intermédiaires. période au cours de laquelle le fort redressement du cours mondial La circulation des poids lourds coûte Pour permettre la comparaison avec le premier semestre 2000, du sucre avait conduit à reprendre une grande partie des provisions des comptes pro forma au 30.06.2000 ont été établis. Ces sur stock de sucre hors quota constatées à la fin de 1999, ce qui derniers, contrairement à ceux établis au 30.06.2001, n'ont pas avait augmenté significativement le résultat d'exploitation. Le plus de 20 milliards à la collectivité fait l'objet d'un examen limité par les commissaires aux comptes. premier semestre 2001 fait néanmoins ressortir une hausse du LES POIDS LOURDS en France dépenses directes et indirectes de résultat d'exploitation en France, due à l'évolution favorable des ne paient pas ce qu’ils coûtent à la voirie (investissements et mainte- Chiffres clés 30.06.2000 30.06.2001 ∆ ventes et des coûts de production de la campagne 2000/2001. La collectivité, quelles que soient les nance), auxquelles s’ajoute le prix (en millions d'euros) (pro forma) % baisse des volumes vendus explique le retrait des résultats méthodes de calcul. Les experts éva- des nuisances mais pas celui de la d'exploitation en Hongrie, comme en Italie, où, de surcroît, les coûts luent, en règle générale, le manque congestion et de l’insécurité. Cette Chiffre d'affaires 872,5 877,0 + 0,5 de production de la dernière campagne avaient été alourdis, à payer à des dizaines de milliards tarification, précise le rapport, Résultat d'exploitation 94,6 88,8 - 6,1 de francs. Ce déficit est dû pour une s’apparente à celle en vigueur sur Résultat courant avant impôts 58,1 63,9 + 10,0 notamment par la hausse du coût de l'énergie. large part au fait que les effets sur les axes de circulation payants. De Résultat net - part du groupe 37,9 27,9 - 26,4 l’environnement, la sécurité et la son côté, la taxe intérieure sur les • Le résultat courant avant impôt progresse de 10,0%. congestion ne sont pas, ou très peu, produits pétroliers (TIPP) est cen- Capitaux propres de l'ensemble 537,9 567,9 pris en compte. sée couvrir les dégâts sur l’environ- Endettement financier net 1 031,4 1 064,0 • Le résultat net part du groupe s’est établi à 27,9 millions Selon une étude effectuée en nement. Même dans ce cas de figu- Ratio dettes nettes/fonds propres 1,92 1,87 d’euros, en baisse de 26,4% par rapport au premier semestre 1999 par Christian Brossier, ingé- re, les camions paient moins que nieur général des Ponts et Chaus- les autres véhicules, notamment 2000 pro forma. Cette baisse reflète la diminution du résultat Répartition sectorielle CHIFFRE D’AFFAIRES d'exploitation ainsi qu'une charge exceptionnelle nette, importante sées, les contreparties financières les voitures particulières. ∆ (en millions d'euros) 30.06.2000 30.06.2001 % et non récurrente, de 18,1 millions d’euros (contre un produit net globalement acquittées par les Le déséquilibre est si patent qu’il (pro forma) poids lourds ne correspondent qu’à a été beaucoup question de relever de 1,0 million d’euros au premier semestre 2000), partiellement 60 % en 1997 des charges d’infras- la TIPP sur le gazole. Le gouverne- Sucre et Alcool France 537,5 551,1 + 2,5 compensées par la baisse de la charge financière nette et de la tructures qui leur sont imputables ; ment, on le sait, a finalement renon- Sucre et Alcool Italie 298,3 293,5 - 1,6 charge d’impôt. même si ce taux a tendance à aug- cé à procéder à cet ajustement. Les Sucre et Alcool Hongrie 35,4 31,2 - 11,9 menter, il était de 40 % en 1990. Le entreprises de transport par camion déficit est évalué à 14 milliards pour font valoir depuis longtemps que si Divers 1,3 1,2 - 7,7 • Le ratio endettement financier net / fonds propres au 30 juin les trajets sur les réseaux locaux. Le le prix de ce carburant est moins éle- Total 872,5 877,0 + 0,5 2001 s’est élevé à 1,87 contre 1,92 au 30 juin 2000. Groupement des autorités responsa- vé en France que dans beaucoup bles de transport (GART) et le Cen- d’autres pays de l’UE, leur rentabili- Répartition sectorielle RÉSULTAT D’EXPLOITATION tre d’études sur les réseaux, les té est grevée par leurs charges. Ils (en millions d'euros) 30.06.2000 30.06.2001 ∆ % PERSPECTIVES 2001 transports et l’urbanisme (Certu) demandent qu’une éventuelle har- (pro forma) confirment cette estimation, dans monisation européenne touche En France, les résultats du second semestre devraient continuer Sucre et Alcool France 81,9 86,0 + 5,0 un rapport publié en juin 2000. Le aussi les prélèvements sociaux. d'être portés par un environnement de marché favorable. En Italie, le réseau national subit aussi une L’Allemagne, elle, prend les Sucre et Alcool Italie 5,6 -0,4 n.s. niveau très élevé des importations et du coût de l’énergie continuera insuffisance significative de recettes devants. A partir de 2002, Berlin va Sucre et Alcool Hongrie 6,4 2,7 - 57,8 à peser sur la performance opérationnelle malgré les effets positifs mais, grâce aux péages autorou- appliquer, comme en Suisse, en lieu Divers 0,7 0,5 - 28,6 des réorganisations en cours. En Hongrie, le rattrapage attendu des tiers, ajoute le rapport Brossier, la et place de la vignette forfaitaire Total 94,6 88,8 - 6,1 perte se limite à 6 milliards en 1997. actuelle, un système qui consistera volumes de vente sur le second semestre devrait permettre de A cela devrait s’ajouter le déficit à faire payer (grâce à un compteur constater un résultat opérationnel satisfaisant. L'ensemble de ces lié au « coût marginal social ».Il placé dans la cabine) tous les kilo- • Le chiffre d’affaires du premier semestre 2001 est en légère perspectives permet d'envisager, pour 2001, une bonne performance s’agit de déterminer la dépense mètres effectués par les camions progression par rapport au premier semestre 2000 (+0,5 %). La opérationnelle, comparable à celle de l'année 2000, hors effet du supplémentaire engendrée pour la sur son territoire. Cette taxation croissance du chiffre d'affaires constatée en France est due à des prix cours mondial du sucre. collectivité par la circulation d’un s’échelonnera selon la taille des véhicule : coûts directs et indirects véhicules de 14 à 19 euros (de 92 à et sociaux. L’étude chiffre le défi- 125 francs) pour 100 kilomètres par- Ce communiqué de presse, le rapport semestriel et les résultats au 30 juin 2001 cit pour la collectivité à 7 mil- courus. En France, les poids lourds seront disponibles sur le site Internet de Béghin-Say à compter du 11/09/01 liards. Mais ce coût est difficile à acquittent en moyenne 13 euros http://www.beghin-say.com évaluer. Aussi est-il appliqué (85 francs) pour cette distance mais Agenda aujourd’hui ce qu’on appelle le uniquement lorsqu’ils empruntent Résultats au 30/09/2001 : jeudi 8 novembre 2001 « coût complet ou moyen ». Il s’agit les portions autoroutières payantes. d’affecter aux différentes catégo- ries de véhicules la totalité des Marcel Scotto 26 / LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 CARNET

Naissances – Le Triptyque –Mme Alice de Merkouloff, Remerciements Services religieux Diplômes a l'extrême douleur d'annoncer le décès son épouse, de son fondateur, Bernardyna PAWLIK-CAPUS Igor, Lior, Boris et Slavik, – Auvers-sur-Oise. La Communauté juive libérale Diplôme universitaire d'études et Laurent CAPUS Pierre d'ARQUENNES ses enfants, franco-anglophone Paris-Yvelines sur le judaïsme ont la joie d'annoncer la naissance de Georges de Merkouloff, Très touchée par les nombreux célébrera les fêtes du Nouvel An juif (DUEJ) 12 août 1907, Paris - messages reçus pour 8 septembre 2001, Paris. son frère, et de Yom Kippour Université de Paris-I - Panthéon- Louise, ont le chagrin de faire part du décès Patrice MOLINARD, les 17 et 18 septembre 2001 Sorbonne La messe d'adieu aura lieu en l'église brutal de ainsi que les 26 et 27 septembre, Réunion d'information le e le 12 août 2001. Saint-Roch, à Paris, le vendredi décédé le 30 juillet 2001, à Paris-16 . mardi 25 septembre 2001, 14 septembre, à 14 h 30. Gérard I. de MERKOULOFF, Renseignements au 01-39-21-97-19. à l'amphithéâtre Bachelard Gasparijeva 7, sa famille remercie tous ceux qui, de près de la Sorbonne, « Ce qui est le plus proche, survenu le 4 septembre 2001, dans sa 54, rue Saint-Jacques, 75005 Paris. 1000 Ljubljana et de loin, lui ont témoigné leur ce qui est soixante-sixième année. Colloques Enseignement pluridisciplinaire : (Slovénie). précieux et secret, sympathie et leur affection. tu peux le trouver. - L'Association des amis de Passages histoire - hébreu - droit - philosophie - Dans son absence même. » Ses obsèques ont eu lieu dans (ADAPes) et la revue Passages, avec la ethnologie - introduction à la Bible et au – Nous sommes heureux d'annoncer Alain Suied l'intimité familiale, le 6 septembre. Cours direction des entreprises commerciales, Talmud - histoire de l'art - cinéma. l'arrivée de notre premier fils et petit-fils, Apprenez à bien vous servir artisanales et de services (DECAS), Pour tous renseignements : 28, rue Lacretelle, Rua Dr-Mario-Ferraz, 44, de votre ordinateur, organisent, le mardi 25 septembre 01-42-17-10-48. Sébastien, 75015 Paris. 01453-010 São Paulo / SP et bénéficiez en toute liberté d'une 2001, au Sénat, un colloque intitulé : (Brésil). formation à domicile. Commerce et distribution : le dimanche 2 septembre 2001, à - Sa famille, de l'artisanat Grenoble. me Un formateur compétent et pédagogue se aux centres commerciaux, – M. et M Christian Poncelet, Ses amis, déplace chez vous, quels que soient votre leurs enfants et petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de la société du « tout-service ». Antoine ALLEYRAC M. et Mme José Bourgeois, âge et votre niveau, pour vous apporter et Maria PEREZ, leurs enfants et petits-enfants, des solutions claires et précises à Intervenants : Lyne Cohen-Solal, Maria RYGIER, Jacques Perrilliat, Henri Guaino, Guy 9, rue d'Estienne-d'Orves, M. et Mme Gaëtan Bourgeois, artiste peintre, l'utilisation de votre matériel, la pratique 38130 Echirolles. leurs enfants et petits-enfants, de la bureautique, l'Internet et le Burgel, Jean-Jacques Moreau, Michel me sculpteur, Cantal-Dupart, Patrice Vermeulen, Robert et Marie-Claude M. et M Elian Bourgeois, graveur, multimédia. leurs enfants et petits-enfants, Philippe Moati, Jean-Pierre Lecoq, ALLEYRAC, M. et Mme Dominique Defaut, combattant volontaire de la Résistance, François Malaterre, Bernard Versluys, 53, cours Jean-Jaurès, leurs enfants, chevalier des Arts et des Lettres, Philippe Hayat, Emile Malet. 38000 Grenoble. Mme Jean-Claude Lavigne Dolorès PEREZ, et ses enfants, survenu le 14 août 2001. Informations et inscriptions : 58, cours Saint-André, M. Joseph Afribo, Tél. : 01-45-86-30-02. 38800 Le Pont-de-Claix. ont la douleur de faire part du décès de L'incinération a eu lieu le 21 août, au Pour toute information, contactez le Fax : 01-44-23-98-24. crématorium de Valenton. 01-46-67-18-90 E-mail : [email protected] Mme Raymonde DEFAUT, Mariages leur mère, grand-mère et arrière-grand- Pauline SCHNAPPER mère, survenu à l'âge de quatre-vingt- et douze ans, le lundi 10 septembre 2001. Eric GUILYARDI La cérémonie religieuse sera célébrée Ce mois-ci dans « Le Monde diplomatique » : le vendredi 14 septembre, à 15 heures, en ont le plaisir d'annoncer leur mariage, l'église d'Acy-Romance (Ardennes). célébré dans l'intimité, le 8 septembre 2001. Cet avis tient lieu de faire-part. UNION EUROPÉENNE : Pour que vive l’Europe (Yves Salesse) – Un projet neuf

37, Kingston Road, –Mme Odette Goldstein, pour un vieux continent (Bernard Cassen) – Les maux et les mots (Anne-Cécile Oxford OX2 6RH son épouse, (Grande-Bretagne). Le docteur Bertrand Goldstein, Robert) – FRANCE : Quand l’armée découvre les beurs (Karim Bourtel) – Enquête Eliane et Marielle, ont la douleur de faire part du décès du sur les sans-religion (Dominique Vidal) – INÉGALITÉS : Baisses d’impôt, retour M. et Mme Gérard INCAGNOLI sont heureux d'annoncer le mariage de docteur Michel GOLDSTEIN, aux fortunes d’antan (Thomas Piketti) – Aux Etats-Unis, la couleur du patrimoine ancien interne de l'hôpital Rothschild, Sophie et Sébastien, croix de guerre 1939-1945, (Dalton Conley) – CUBA : Entre lassitude et fierté (Françoise Barthélémy) – qui sera célébré en l'église Saint-Lubin survenu à Nice, le 20 août 2001, à l'âge ÉCONOMIE : Les paradoxes de la finance islamique (Ibrahim Warde) de Rambouillet, le samedi 15 septembre de quatre-vingt-seize ans. 2001. 26, avenue Sainte-Marguerite, 06200 Nice. Décès 12, avenue de Laumière, SEPTEMBRE 2001 75019 Paris. – Madeleine Battegay, née Antore, son épouse, –Mme Maurice Hébert, Chloé Battegay, son épouse, sa petite-fille, Le docteur et Mme Paul-Michel Parents et alliés, Charoy, ont la douleur de faire part du décès de et leurs enfants, Le docteur et Mme Pierre-Yves Claude BATTEGAY, Hébert, pharmacien, et leurs enfants, ont la tristesse de faire part du décès de survenu le dimanche 9 septembre 2001. M. Maurice HÉBERT, L'inhumation aura lieu le jeudi avocat général honoraire 13 septembre, à 14 heures, au cimetière près la cour d'appel de Caen, du Montparnasse, à Paris-14e. chevalier de la Légion d'honneur et de l'ordre des Palmes académiques, Cet avis tient lieu de faire-part. officier de l'ordre national du Mérite,

29-31, rue Raspail, survenu le 3 septembre 2001, à l'âge de 92300 Levallois-Perret. quatre-vingt-onze ans. Les obsèques ont été célébrées dans – Royan. Saintes. l'intimité familiale.

La famille Brunereau fait part du Cet avis tient lieu de faire-part. décès de 23, quai Eugène-Meslin, André-Marc BRUNEREAU, 14300 Caen. journaliste, 54, boulevard Exelmans, reporter de guerre, 75016 Paris. Les Hespérides, survenu, à l'âge de trente-huit ans, le 55, chemin du Vinaigrier, 5 septembre 2001, à Tachkent, en 06300 Nice. Ouzbékistan. – Le président, La cérémonie aura lieu le Le conseil d'administration, 14 septembre, à 16 heures, en l'église de Et les membres de l'Association des Royan-Pontaillac. amis du musée de la Résistance et de la déportation de Besançon, Cet avis tient lieu de faire-part. ont la tristesse de faire part du décès de

5 bis, cours Reverseaux, Denise LORACH, déportée à Bergen-Belsen, 17100 Saintes. présidente-fondatrice du musée auquel elle a consacré sa vie.

– Sébastien et Evelyne François, Les obsèques ont eu lieu dans la plus Arielle Colleville, grande intimité, le 10 septembre 2001, à Edouard François et Natalie Rastoin, Besançon. Guillaume et Véronique François, Lionel François et Nathalie Lambert, – Paris. Longefoy. ses enfants, Charles-Sébastien, Camille, Laurène, Eric et Jean-Michel Wachsberger, Marine, Manon, Louis-Guillaume, ses fils, Astrid, Félix, Augustin, Philippine, Pascale et Marie-Christine, Simon, Timothée, ses belles-filles, Ugo, Paul, Mathias, Charles, Oscar, ses petits-enfants, ses petits-enfants, M. Réginald François, ont la douleur de faire part du décès de font part du rappel à Dieu, en la présence de ses quatre fils, de Jeanne WACHSBERGER, Egalement au sommaire née GORNES, Mme Soizick a a CASTELNAU-FRANÇOIS, survenu le 11 septembre 2001, à l'âge de Proche-Orient : Logiques de guerre (Paul-Marie de la Gorce) Idées : La propriété soixante-six ans. intellectuelle, c’est du vol (Joost Smiers) - La communication contre la culture (Armand le 10 septembre 2001. La levée du corps aura lieu le Mattelart) a Géopolitique : Plus d’un siècle de discorde russo-japonaise autour des îles La cérémonie religieuse sera célébrée 14 septembre, à 14 heures, à la chambre mortuaire de la Pitié-Salpêtrière, 22, rue Kouriles (Guy-Pierre Chomette) a Biélorussie : Retour vers Moscou (Bruno Drewski) le jeudi 13 septembre, à 14 h 30, en Bruant, Paris-13e. l'église Notre-Dame-de-Grâce de Passy, a Histoire : Polémiques autour du juif Süss (Lionel Richard) a Droits humains : Paris-16e, suivie de l'inhumation dans le L'inhumation aura lieu le Guerre aux enfants ! (Jacky Mammou) caveau familial, au cimetière de 15 septembre, à 14 h 30, au cimetière de Montmartre. Longefoy (Savoie). Journées du patrimoine Région par région, faites le plein d’idées avec la sélection proposée 0123 par la rédaction du supplément culturel aden 0123 Un guide de 32 pages daté 15 vendredi 14 septembre1 LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 27 HORIZONS DÉBATS

José Bové est-il un vandale ? par Bruno Latour OMME François Ewald et qui se trouve dans l’éthique de la le sort de la France, des agricul- sages, des paysans, des aliments, ces propositions antagonistes un fiées par l’ancienne accusation Dominique Lecourt (Le science », la seule morale que nous teurs, des consommateurs, avec du marché mondial, de la géné- monde commun : une définition d’« irrationalisme ». Ils savent, eux, Monde du 4 septembre), ayons ; le tout permet d’assurer l’avancée de leurs expériences. S’ils tique, du gène même. On peut dire acceptée de ce que sont l’agri- les arracheurs de maïs, que dans le Cj’ai été scandalisé par l’ar- « le progrès », aujourd’hui contes- n’avaient pas défini ces buts, s’ils que chacun s’est fait un petit cos- culture, la recherche, l’alimenta- mot République (res publica)ilya rachage de plants d’organismes té par des « litanies lamentables qui avaient été incapables de les justi- mos. Chaque groupe propose en tion, la génétique, l’Europe de le mot « chose », que dans ces cho- génétiquement modifiés et la des- font l’ordinaire des sciences humai- fier, ils n’auraient pas été financés. effet un monde dans lequel les demain. Pour cette politique scienti- ses publiques à débattre collective- truction de laboratoires. Si les nes » ; voici, d’après eux, notre tra- Des centaines de milliers de per- autres sont invités à venir vivre. fique qui devient, chaque jour ment, parfois violemment, il y a aus- OGM sont dangereux, on ne peut dition, celle qui vient en droite sonnes, dans l’Etat et hors de l’Etat, Or ces propositions de mondes davantage, la politique tout court, si les gènes, le climat, les virus et les le savoir que par des expérimenta- ligne de la Révolution, puis de la font de la politique scientifique : ils divergent les unes des autres non il existe deux comportements in- moteurs Diesel, et que ces objets-là tions contrôlées, poursuivies en IIIe République. raisonnent sur les directions que seulement dans leurs « aspects supportables. composent aussi la France. plein champ et collectivement Ce qui surprend le plus dans ce doivent prendre ou ne pas prendre sociaux », mais surtout dans leurs Le premier est celui des épistémo- Si l’on veut retrouver « les formes acceptées. Interdire les preuves, bref rappel du dogme épistémo- les recherches. S’ils n’arrachent pas « aspects scientifiques ». Il n’est pas logues d’Etat, qui interdisent toute policées de la tolérance » deman- c’est en revenir à Lyssenko. Toute- républicain, c’est le dernier paragra- discussion puisqu’il y a, d’un côté, dées par Ewald et Lecourt, il nous fois, je me garderai bien de traiter phe : il faut éviter « l’introduction une modernisation indiscutable, faut un pacte républicain qui ne José Bové et les siens de « vanda- subreptice des finalités » qui préten- Dans le mot « République », il y a le mot républicaine, rationnelle et laïque soit plus fondé sur les certitudes les ». Ennemis politiques, peut- draient conduire la Science pour et, de l’autre, des vandales obscu- rationnelles et progressistes des être, mais vandales, certainement des raisons qui lui seraient supé- « chose » ; dans ces choses publiques rantistes qui sapent le pacte républi- anciens coupeurs de têtes et autres pas (une exposition récente vient rieures. Si les mots ont un sens, cain, enterrent l’avenir et la France. adeptes révolutionnaires des « cou- d’ailleurs de montrer que les vérita- cela veut dire qu’il n’y a pas de à débattre collectivement, Le second est celui des habituels pures épistémologiques ». bles Vandales étaient de parfaits « raison » au-dessus de la Science radicaux qui, comme Bové et les La nouvelle « chose publique » gentlemen…). et que celle-ci doit être laissée entiè- parfois violemment, il y a aussi les gènes, siens, vont, sans aucun mandat, sac- exige la recherche balbutiante de En invoquant, pour parler des rement libre de définir ses fins, que cager des plants d’OGM, in- tous ceux qui doivent réinventer un OGM, aussi bien les sans-culottes c’est la seule garantie que nous le climat, les virus et les moteurs Diesel ; terrompant les recherches néces- monde commun fait de science et que le pacte républicain, Ewald et ayons, nous autres Français, de saires à l’établissement des seules de politique, d’humains et de non- Lecourt, en se trompant à ce point notre pacte républicain. D’où la stu- ces objets-là composent aussi la France preuves qui permettraient de nous humains. Et puisqu’on invoque la d’époque, nous permettent de mar- péfiante conclusion : est « terroris- convaincre collectivement de l’inno- laïcité, il serait peut-être temps, quer, comme une butte témoin, te », disent les auteurs, celui qui le cuité ou des dangers de telle ou tel- comme le demandait ironiquement l’évolution des mœurs et la trans- conteste. tous les jours des plants de maïs, ils très étonnant qu’elles suscitent des le innovation. l’épistémologue Paul Feyerabend, formation du sens qu’il faut doréna- Ala« raison » on ne doit ajouter déchirent tous les jours des centai- réactions virulentes de ceux qui se Toutefois, on doit faire entre les d’enfin « séparer la Science de vant donner à ce beau mot de aucune recherche de « vertu ».Ace nes de projets de recherches qui ne trouvent ainsi mobilisés, surtout si deux une grande différence : les pre- l’Etat ». République. compte, j’ai beaucoup d’amis terro- verront jamais le jour parce qu’ils on leur demande de modifier leurs miers refusent qu’il existe une poli- Quant à la France, espérons qu’el- Leur raisonnement limpide a le ristes – sans parler de Michel Fou- s’opposent à d’autres priorités. habitudes alimentaires, leur défini- tique scientifique. Pour eux, il y a, le a d’autres fondements que l’épis- grand mérite d’exprimer en quel- cault et de Louis Althusser, qui Sont-ils tous des « terroristes » tion du risque, leur lien à la terre, d’un côté, la Science autonome, de témologie ! ques phrases ce que pensent les furent les maîtres respectifs de nos pour autant ? leurs relations avec les firmes agro- l’autre, la politique. Les seconds épistémologues français : la Fran- deux auteurs… Bien sûr que non, mais, pour alimentaires, la manne des sub- prennent des positions extrémistes, ce est la fille aînée de la Science ; la Lorsqu’on vit, comme moi, sous obtenir des moyens de travail, cha- ventions européennes, et ainsi de mais dans une enceinte qui est bien Bruno Latour est professeur de Science doit rester absolument la Ve République et au XXIe siècle, cun de ces groupes d’intérêt a écrit suite. celle de la politique, la nôtre, où sociologie à l’Ecole nationale supé- autonome, sans finalité autre on ne peut qu’être surpris de voir un scénario où se trouve esquissée C’est justement le rôle de la d’autres positions peuvent prendre rieure des mines de Paris, Centre de qu’elle-même ; cette autonomie traités de « terroristes » ceux qui une certaine définition des pay- politique que de faire émerger de place sans être aussitôt disquali- sociologie de l’innovation (CSI). est garantie par l’Etat et ses institu- veulent ajouter des finalités à la tions prestigieuses (dont l’Ecole Science. Car enfin, Monsanto et les normale !), qui, à leur tour, garan- autres firmes multinationales ont tissent à l’Etat sa légitimité. Ainsi, bien des programmes de recher- quand l’Etat français ordonne, che, définis par des « finalités » c’est la rationalité scientifique et explicites. Il en est de même du ses lois universelles qui s’expri- CNRS, de l’INRA, de Limagrain, de Cerestar : résultats au 30 juin 2001 ment, et non plus de mesquins inté- tous les chercheurs, ingénieurs et rêts communautaires ou privés ; techniciens qui ont écrit des deman- cette fusion de la science et de la des de subvention, défini des buts France permet de fonder la laïcité pour leurs recherches, et qui ont su Redressement des résultats en bonne voie ainsi que « la morale républicaine, lier, de mille façons contradictoires, Le conseil d'administration de Cerestar, réuni le 11 septembre 2001 sous la présidence de Stefano Meloni, Encore un effort, a examiné les comptes consolidés du groupe au 30 juin 2001. Chiffres clés 30.06.2000 30.06.2001 Le résultat net part du groupe s'est établi à (24,7) millions (en millions d'euros) pro forma* d'euros, en amélioration de 13,1 millions d'euros par rapport au Chiffre d'affaires 837,0 935,5 1er semestre 2000. Il reflète une stabilité au niveau du résultat M. Elkabbach ! 0,9 d'exploitation et inclut d'une part une augmentation de la charge Résultat d'exploitation 0,8 Résultat courant avant impôts (8,9) (15,1) financière et d'autre part une réduction de la charge d'impôts. par Georges Raquin Résultat net part du groupe (37,8) (24,7) Le ratio endettement financier net/fonds propres s'est élevé à 0,46 (contre 0,34 au 30.06.2000). Cette hausse résulte de Fonds propres de l'ensemble 1097,8 1068,6 OUS le titre « Et si la poli- tés locales. Transparence à Paris l'accroissement de l'endettement (+ 118 millions d'euros), qui tique rénovait la télévi- – pour l’Etat – et opacité en Endettement financier net 373,1 491,3 s'explique principalement par des besoins de fonds de roulement sion ? », Jean-Pierre Elkab- province – pour les collectivités Ratio dettes nettes/fonds propres 0,34 0,46 plus importants (81,4 millions d'euros - hausse importante du bach a fait (Le Monde du locales ? Curieuse conception de la S *non audité chiffre d'affaires) et par une augmentation des prêts envers la joint 5 septembre) l’apologie de la chaîne démocratie. parlementaire Public-Sénat dont il Les magistrats, bien évidem- venture chinoise (46 millions d'euros). est le président. Elle constituerait ment, doivent scrupuleusement ser- Commentaires sur les comptes consolidés un nouvel espace de liberté ou- vir le droit, appliquer et faire appli- au 30.06.2001 Perspectives 2001 vert aux « sans-voix ». M. Elkab- quer la loi. Ils peuvent aussi, com- La seconde partie de l'année devrait prolonger les signes de bach nous invite à dépasser «la me tout citoyen et par l’intermédiai- Détail de l'évolution du chiffre d'affaires redressement enregistrés au premier semestre, avec des prix méfiance pour les partis et les syndi- re de leurs organisations représenta- et du résultat d'exploitation cats en faisant apparaître de nou- tives, dans leurs domaines de com- d'énergie qui diminuent, en particulier aux Etats-Unis. La veaux visages et en intégrant de pétence, s’exprimer publiquement (en millions d'euros) C.A. R.E. perspective d'amélioration des résultats d'exploitation 2001 par rapport à 2000 se confirmera. Le démarrage de notre usine en nouveaux acteurs au jeu politique ». et faire connaître leur opinion sur 30.06.2000 834,7 (0,6) Je veux m’inscrire en faux con- tout projet ou proposition de loi en Chine n'aura que peu d'incidence sur le résultat du second tre cette vision idyllique. Prési- gestation. Récemment, une chaîne Entrées périmètre de consolidation 2,3 1,4 semestre 2001. dent du syndicat des juridictions de service public nous a donné la financières, qui regroupe 75 % des parole (France 2 – le journal de la 30.06.2000 pro forma 837,0 0,8 Démission du président magistrats des chambres régiona- nuit). Si une chaîne généraliste peut Impact monétaire 10,0 (2,8) A la fin du conseil, Stefano Meloni a annoncé qu'il démissionnait de les des comptes, jeunes institu- ainsi prendre l’initiative de lancer Impact du prix de l'énergie (direct) - (23,0) tions nées de la décentralisation, des débats de fond sur des ques- ses fonctions de Président-Directeur Général de Cerestar, avec Croissance interne 88,5 25,9 je peux affirmer qu’il ne nous a tions parfois complexes mais impor- effet à la fin du mois de septembre 2001. Il reste membre du conseil toujours pas été possible d’accé- tantes pour nos concitoyens, on ne 30.06.2001 935,5 0,9 d'administration. Le conseil d'administration a pris acte de cette der à cette chaîne de « service peut que s’étonner de l’inertie de la décision avec regret et a exprimé à Stefano Meloni sa très vive public dédiée à la politique ». chaîne parlementaire à notre égard. gratitude pour la contribution de haut niveau qu'il a apportée Plusieurs demandes adressées au Faudrait-il en déduire que, sur la La hausse de 12 % du chiffre d'affaires est principalement le fait de professionnellement et humainement au Groupe ainsi que pour le président de la chaîne sont restées chaîne parlementaire Public-Sénat, la croissance interne (+ 88,5 millions d'euros + 10,4%) à laquelle sans réponse. Péché de jeunesse ? financée sur fonds publics, seraient dévouement constant qu'il lui a manifesté. s'ajoute un effet de conversion monétaire (+10,0 millions d'euros) et Nous voudrions l’espérer. Il interdites des opinions qui pour- En remplacement d'Enrico Bondi, qui a démissionné de ses un ajustement de périmètre de consolidation (+ 2,3 millions d'euros). convient de noter que certains parle- raient, le cas échéant, contester les fonctions d'administrateur, le conseil, après l'avoir chaleureusement Cette croissance interne est le résultat à la fois d'augmentations de mentaires, fortement représentés travaux des parlementaires ? Nous remercié pour le travail de très grande valeur qu'il a accompli, a volumes et de prix tant en Europe qu'en Amérique du Nord. au Sénat, souhaitent, en allant à professons, en tant que magistrats coopté Pierre Moraillon qui, à compter du 1er octobre, deviendra Le chiffre d'affaires se répartit à raison de 76 % en Europe, 23,7 % contre-courant de l’opinion publi- de l’ordre administratif et financier, également Président-Directeur Général. que, réduire les compétences des un trop grand respect pour la repré- en Amérique du Nord et 0,3 % en Asie. juridictions financières et restrein- sentation nationale, pour l’imagi- Pierre Moraillon, 50 ans, titulaire d'un doctorat de gestion- dre le droit d’information des ner. M. Elkabbach pense réconcilier Evolution et répartition du résultat d'exploitation marketing (Université Paris-Dauphine), CPA, a effectué toute sa citoyens sur l’utilisation de l’argent Sieyès et Rousseau dans une chaîne carrière dans le secteur agricole et alimentaire (notamment comme public, donc de leurs impôts. qui « ne prend ses ordres de person- 1er semestre 2e semestre 1er semestre directeur général de la Sopexa et Président de Saint-Louis Sucre) Ainsi le Sénat, à l’occasion de ne ». Encore faut-il alors qu’elle ne 2000 2000 2001 et a fait partie de cabinets ministériels en tant que conseiller auprès l’examen du projet de loi réformant fonctionne pas sur un mode monar- de deux ministres de l'agriculture. le statut des magistrats des cham- chique ou napoléonien. Europe 42,5 19,1 49,5 bres régionales des comptes qui Nous partageons avec le prési- Amérique du Nord (41,1) (57,0) (48,4) Ce communiqué de presse est disponible sur le site Internet de devrait être soumis à nouveau au dent de Public-Sénat le même goût Asie (0,6) (0,6) (0,2) Parlement cet automne, a décidé de pour la res publica. Juges financiers, Cerestar : http://www.cerestar.com limiter les pouvoirs d’investigation au contact permanent et quotidien 0,8 (38,5) 0,9 des juges financiers. des élus, nous pouvons témoigner Paradoxalement, au moment que l’immense majorité d’entre eux La stabilité du résultat d'exploitation cache une amélioration même où la loi réformant la « consti- se dévoue au bien public. Nous pen- tution financière » de la France pour sons nous aussi qu’il faut œuvrer à sensible de l'ensemble des activités par rapport à l'année 2000, et e une meilleure lisibilité et transparen- la réhabilitation du politique. Mais en particulier par rapport au 2 semestre 2000. Cette amélioration ce des comptes de l’Etat a été adop- de grâce, pas d’ostracisme ni de générale a été complètement effacée par une augmentation très tée par le Parlement, au moment où censure ! importante du prix de l'énergie dans le premier semestre 2001, en le premier ministre demande à la comparaison du 1er semestre 2000, qui se chiffre à 23 millions Cour des comptes des propositions d'euros pour la période (10 millions en Europe et 13 millions en pour un meilleur contrôle des fonds Georges Raquin est prési- Amérique du Nord). spéciaux (secrets), une chape de dent du syndicat des juridictions plomb retomberait sur les collectivi- financières. 30 ENTREPRISES LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001

ÉDUCATION Le groupe Vivendi pour acquérir un éditeur scolaire pe français de faire jeu égal avec des d’euros en 1999, selon Merril Lynch. b DANS LE MULTIMÉDIA, VUP teste Universal Publishing (VUP) a cédé au américain, Houghton Mifflin. b CET- groupes comme Pearson ou Reed b LE SECTEUR doit s’adapter aux le cartable électronique et le télé- fonds d’investissement britannique TE STRATÉGIE de recentrage sur le Elsevier. b EN PLEINE RESTRUCTU- nouvelles exigences de la pédago- chargement des livres. Sa stratégie Cinven ses activités dans la presse grand public, qui suscite des interro- RATION, le marché mondial de l’édu- gie, à la multiplication des langues est fondée sur un accès payant, seul professionnelle et la presse santé gations en interne, permet au grou- cation était estimé à 2 200 milliards et au besoin de numérisation. moyen de rémunérer les auteurs. La mondialisation de l’édition scolaire est en marche Agnès Touraine, vice-PDG de Vivendi Universal Publishing, explique dans un entretien au « Monde » les raisons du recentrage de son groupe dans l’éducation. Un marché qui se globalise mais doit s’adapter aux exigences locales des professeurs et des élèves

ENTRÉE chez Hachette en 1985 vestissements. Les analystes finan- international. Les problématiques Etats-Unis, il n’y a pratiquement Dunod. Pour l’échange des droits, Plus personne ne dit qu’Internet comme directeur de la stratégie et ciers s’interrogeaient sur le main- de l’éducation sont les mêmes dans pas un programme qui ne soit asso- nous appliquons la règle de la pre- remplacera le professeur. C’est une des études, Agnès Touraine est tien d’une presse spécialisée, sensi- le monde entier. Les enjeux majeurs cié à un site Web. mière option, au sein du groupe. bonne chose. Ce n’est jamais un désormais vice-présidente de Viven- ble aux cycles publicitaires, au sein sont des questions d’organisation, – N’y a-t-il pas un risque d’uni- Mais chacun est libre de céder ses outil qui fait le contenu. Le cartable di Universal Publishing, la branche d’un groupe grand public. C’est vrai de remédiation, de remises à niveau formisation et de concen- droits à qui il l’entend. Dans la litté- électronique représente trois ans édition du géant de la communica- que nous avons fait des acquisitions pour des populations souvent très tration ? rature générale, nous avons un chif- d’essais. On le teste dans des clas- tion. Elle explique pourquoi son importantes dans ce secteur. Nous diverses, d’intégration et de « custo- – La clé absolue, c’est la pédago- fre d’affaires d’environ 260 millions ses, la réaction est bonne. On l’adap- groupe vient de se désengager de les avons développées. Leur cession misation », c’est-à-dire l’adaptation gie. Elle est au centre de tout. Notre de dollars. Cela nous donne plus de te. Il faut beaucoup d’humilité face la presse professionnelle pour nous a permis d’ailleurs de faire de des programmes par écoles et pres- rôle est d’accompagner ce mouve- poids pour négocier avec les agents à ces projets. Quand le cartable élec- mieux investir dans l’édition sco- bonnes plus-values. Mais il ne s’agit que par professeur. C’est vrai aux ment qui va prendre trois, cinq ou tronique sortira, il sera très diffé- laire. pas d’une pure logique financière. Etats-Unis comme en Espagne, où il dix ans. Il ne va pas y avoir le même rent. « La cession de Masson et du Nous ne sommes pas des ban- faut proposer des livres différents livre scolaire dans le monde entier. « Les professeurs Notre site payant de télécharge- pôle santé a constitué une surpri- quiers. Nous avons fait un arbitrage par région. La France est l’un des C’est du global local. Travailler ment des livres sur Internet ePocket se. C’était l’un de vos axes pour construire des métiers dans les- seuls pays où l’on ne parle pas de dans tous les pays du monde per- auront besoin est également un test pour le paie- majeurs ces dernières années. quels nous sommes en position de ces sujets-là. met de réfléchir ensemble. Pour édi- ment et la protection des œuvres. Pourquoi ce revirement ? » Il va y avoir un renouvellement ter un programme, il faut écouter de plus de matériels Pour l’instant, peu de gens ont – La stratégie de Vivendi Univer- des générations de professeurs dans les élèves, les écoles, les autorités, envie de lire sur écran, mais cela sal est désormais orientée vers le « Les problématiques le monde entier. Ils auront besoin les parents d’élèves qui ont un rôle pédagogiques (...). changera lorsque le confort de lectu- grand public. Le pôle médical n’en- de plus de matériels pédagogiques croissant. Cela représente davanta- re augmentera. Dans ce cas, il n’y a trait pas dans cette logique. Aujour- de l’éducation qu’avant. Par exemple d’outils ge de travail pour les éditeurs. Cha- Par exemple d’outils pas de raisons que la consultation d’hui, les secteurs de l’édition et de d’aide à la gestion de la classe, avec que support a sa fonction : le livre, soit moins chère que le papier. Il n’y l’éducation se globalisent. Des grou- sont les mêmes dans des logiciels adaptés. L’autre dimen- l’accès en ligne, les CD-Rom, les d’aide à la gestion a pas de raisons que ce soit gratuit. pes comme Pearson et Reed-Else- sion est le suivi plus personnalisé fiches, les transparents, les vidéos, Les abonnements à l’encyclopédie vier sont entrés dans ce mouvement le monde entier » des enfants, avec des programmes etc. Ces dispositifs doivent s’inscri- de la classe » Kleio en ligne sont faibles. Quand inéluctable. Pour nous, le choix était spécifiques pour les élèves, pour per- re dans un système pédagogique. les gens achètent des supports, ils de rester un acteur français de l’édi- mettre une meilleure proximité La concurrence est vive. Il ne peut payent, mais quand c’est dématéria- tion et de l’éducation ou d’essayer leadership. C’est le cas dans les jeux entre l’école et la maison. pas y avoir de Yalta de l’édition sco- américains. Les éditeurs français lisé, ils ne veulent pas payer. Com- de faire partie du jeu mondial. La et dans l’éducation. Nous ne pou- » Tous les éditeurs numérisent laire. ont du mal à aborder le continent ment financer les auteurs et l’entre- France restait en marge des grands vons pas être partout. leurs contenus pour favoriser ces – Quelles sont les synergies américain. Je crois qu’on peut être tien des bases ? Il y a incompatibili- mouvements qu’accompagnaient – Comptez-vous vendre L’Ex- évolutions. L’édition est d’ailleurs possibles, alors que les contenus fier qu’un groupe français soit un té entre la gratuité et le droit Bertelsmann, Reed ou Pearson. press, L’Expansion et L’Etudiant ? l’un des secteurs les plus avancés au d’un pays à l’autre changent ? acteur mondial de l’éducation et de d’auteur. Il faut trouver une solu- Nous nous sommes développés en – Non, on ne vend pas le pôle de monde, en la matière, puisqu’une – Il y a bien sûr le grand chantier l’édition. tion pour sortir de ce dilemme. Si le Espagne et en Amérique latine, avec presse grand public. norme commune, l’Open eBook, a mondial de la numérisation. Des – Vous n’évoquez ni le carta- trafic est faible pour l’instant, ce Anaya, et aux Etats-Unis, dans les – Quelle est votre stratégie été adoptée. Mais numériser un économies sont possibles dans ble électronique, ni le multimé- n’est pas grave. Le livre se porte très CD-Rom, où il nous manquait un dans l’éducation ? livre scolaire est plus compliqué l’achat de papier. Mais il peut y dia, comme l’encyclopédie Kleio bien. » éditeur papier important. Il nous fal- – Nous sommes le numéro 2 mon- qu’un livre de textes. Il y a tout un avoir de nombreux projets com- en ligne ou ePocket. Est-ce parce lait 2,2 milliards de dollars pour dial dans l’éducation avec 50 % de système de codification, de structu- muns entre nos différentes mai- que c’est moins à la mode ? Propos recueillis par reprendre Houghton Mifflin, sans nos activités aux Etats-Unis, et des ration. Cela coûte cher. Seuls les sons, de Larousse à Anaya, en pas- – Nous revenons à des réflexes Alain Salles et Nicole Vulser avoir recours à l’emprunt. Nous positions importantes dans les grands groupes peuvent faire face à sant par Houghton Mifflin, qui est plus normaux. Mais il ne faut pas devions donc procéder à des désin- autres langues. On est vraiment ces niveaux d’investissement. Aux un éditeur universitaire comme jeter le bébé avec l’eau du bain. f www.lemonde.fr/vivendi-universal Les salariés des anciens journaux de Vivendi s’interrogent Un enjeu économique colossal « JEAN-MARIE MESSIER, le PDG Le nouvel ensemble RACHAT de la branche éducation de Simon and rôle croissant, souvent en partenariat avec le public. de Vivendi Universal, a été obligé Schuster par Pearson, de Harcourt par Reed-Else- L’éducation n’échappe pas à la globalisation et intéres- d’ajouter une deuxième voiture pour CHIFFRE D'AFFAIRES DE VIVENDI UNIVERSAL PUBLISHING vier et Thomson, de Houghton Mifflin par Vivendi se des grands groupes. » obtenir le prix qu’il espérait obtenir en millions d'euros Universal Publishing (VUP) : les groupes d’édition et avec une seule. » Cette réflexion AVANT MODIFICATION CESSIONS** APRÈS MODIFICATION de médias livrent bataille pour dominer ce qu’on CARTABLE ÉLECTRONIQUE d’un cadre de Vivendi Universal DU PÉRIMÈTRE* PROGRAMMÉES DU PÉRIMÈTRE appelle le marché mondial de l’éducation et prendre Depuis plusieurs mois, de nombreux investisse- Publishing illustre bien l’étonne- +5% + 7,7 % des positions importantes aux Etats-Unis. L’enjeu ments ont concerné Internet et le multimédia, avec

ment qui a présidé à l’annonce de la 1 400 est colossal. Une étude de Merryl Lynch avait évalué des annonces souvent plus spectaculaires que les 1 332 cession du pôle de presse profes- le montant des investissements dans l’éducation à résultats. VUP a tenu la vedette avec le lancement du 3 560 3 435 sionnelle (les groupes Moniteur, 3 390 2 000 milliards de dollars (2 200 milliards d’euros) cartable électronique, en test dans plusieurs écoles, 3 189 France agricole, Usine nouvelle, ACQUISITION en 1999, dont un tiers aux Etats-Unis. Ce chiffre ou le lancement du portail education.com. Devant les Tests, Builder, Barbour Index, Expo- Houghton Mifflin était large puisqu’il intégrait tout, de la construction incertitudes de la conjoncture de la nouvelle écono- sium, etc.) – qui était prévue depuis des écoles aux salaires des professeurs. La part con- mie, le groupe Lagardère a mis pour l’instant sous le juin – mais aussi du pôle de presse sacrée à l’édition et au multimédia est estimée à boisseau son projet de portail, avec ses filiales Hachet- 1 275 médicale (notamment Le Quoti- 1 131 25 milliards d’euros. te-éducation et Hatier. Pearson et le canadien Thom- dien du médecin, Vidal, Masson, Pour Elaine Legault, directrice du Marché mondial son ont investi de façon importante dans Internet. Staywell, MIMS et Doyma) – qui ne 2000 2001 (estimations) de l’éducation, créé par Reed-Midem à Vancouver Ce poids des grands groupes a soulevé l’inquiétude l’était pas –, pour pouvoir obtenir * Hors France Loisirs dont les 50 % du capital précédement intégrés au groupe ont été vendus fin juin à Bertelsmann en mai 2000, « les investissements dans les contenus de nombreux enseignants. « On ne va pas vers une uni- ** Cessions : presse professionnelle ; presse santé ; presse gratuite (COMAREG) me le seuil fatidique des 2 milliards Source : Vivendi Universal Publishing vont devenir de plus en plus importants ». « Il y a une formisation des savoirs, plaide M Legault, même s’il d’euros nécessaires à l’acquisition Le pôle presse professionnelle et le pôle santé seront officiellement cédés demande forte et diversifiée, explique-t-elle, pour un ne faut pas sous-estimer les risques. Le dialogue s’instau- de l’éditeur scolaire Houghton au fonds d'investissement britanique Cinven avant le 30 octobre. apprentissage tout au long de la vie. L’enjeu économi- re entre tous les professionnels de l’éducation dans le Miflin aux Etats-Unis (Le Monde du La vente des gratuits est elle aussi imminente. que de l’éducation est l’un des moteurs essentiels de la monde entier. » 29 août). société d’aujourd’hui. Les Etats n’arrivent pas à répon- Les acheteurs potentiels, Reed re publicitaire très morose, l’inten- ven a promis de ne pas laisser filer dre seuls à cette demande. Le secteur privé joue un A. S. Elsevier, Bertelsmann, Emap ou les tion du fonds d’investissement bri- ce type d’opportunités. Selon investisseurs financiers comme Pari- tannique est de rendre ces jour- M. Friess, les acquisitions locales bas Affaires industrielles, Apax, naux plus rentables, pour les met- prévues également dans le pôle Duke Street Capital ou BC Par- tre en Bourse d’ici trois à cinq ans, presse médicale – déjà présent Année record pour les exportations tners, étaient nombreux à vouloir quand le marché publicitaire ira dans 35 pays – se poursuivront. Chaque jeudi avec acquérir tout ou partie de la presse mieux. « Ce type de promesses n’en- professionnelle. Mais personne n’a gage que ceux y croient », souligne MOBILISATION DES FILIALES de programmes audiovisuels en 2000 offert plus de 1,2 milliard d’euros. le directeur d’un journal du groupe. Même si elles sont peu syndi- VUP a été vendu moins bien que ne L’hypothèse d’une entrée en Bour- quées, les filiales des groupes de BIENTÔT le milliard. En 2000, les ture économique difficile, des ache- 0123 l’espérait M. Messier. Celui qui a se et d’un nouvel intéressement ne presse se mobilisent. Deux procédu- exportations de programmes audio- teurs de programmes. emporté les enchères, le fonds d’in- peut en tout cas que séduire les res pour délit d’entrave ont été visuels français ont atteint le chif- Au final, l’apport des finance- DATÉ VENDREDI vestissement britannique Cinven, a cadres dirigeants, puisque les stock- engagées dans les groupes Tests et fre record de 848 millions de francs ments étrangers, en achat ou en été le mieux offrant mais sur un options qu’ils avaient reçues de Usine nouvelle, « pour obliger la (environ 130 millions d’euros). coproductions, « frôle 2 milliards de retrouvez périmètre d’actifs considérable- Vivendi Universal ont fondu com- direction de Vivendi Universal à négo- D’une année à l’autre, les ventes à francs », signale TVFI. Ce chiffre a ment élargi. me neige au soleil depuis deux ans. cier », selon le secrétaire général du l’étranger ont augmenté de 100 mil- doublé depuis 1995. Pour la cinquiè- Plusieurs questions restent en SNJ-CGT, Michel Diard. Le SNJ- lions de francs (+ 13,4 %). A ce ryth- me année consécutive, l’animation PRÉVENUS AU DERNIER MOMENT suspens : quelle sera la stratégie de CGT et la FILPAC-CGT ont déploré me, les exportations pourraient reste le genre de programmes fran- LE MONDE « Vivendi Universal a cédé deux Cinven vis-à-vis des titres en ligne, qu’« une stricte logique financière bientôt franchir le cap du milliard çais le plus prisé à l’étranger. Avec activités qui généraient beaucoup de comme O1 Net, qui emploie plus fasse basculer plus de 70 % de la pres- de francs. Dans la foulée, après le 300 millions de francs, il a représen- bénéfices. Il reste maintenant dans le d’une cinquantaine de salariés ? Les se spécialisée française, professionnel- ralentissement de 1999, les copro- té, en 2000, 35 % du total des expor- DES LIVRES groupe l’édition, ce qui en termes éco- journalistes du Groupe Tests ont le et médicale dans le giron non d’un ductions et les préventes de pro- tations. Ces bons résultats illus- nomiques s’apparente souvent à du reçu l’assurance qu’il n’y aurait groupe de presse mais d’un fonds grammes ont connu un fort « redé- trent le dynamisme de sociétés de bénévolat ; des jeux, de l’édition sco- aucun licenciement sec. Compte d’investissements britannique ». marrage », avec 14,2 % de hausse, productions françaises telles Mara- laire et du cinéma, qui tous trois tenu de la dégradation de la con- Pour FO, cette vente « confirme la signale la synthèse annuelle thon Productions. Cette dernière, consomment beaucoup d’investisse- joncture et de l’essoufflement d’In- stratégie de Monopoly exclusivement publiée par TV France Internatio- plus connue pour ses fictions bal- ments », analyse un cadre qui sou- ternet, des coupes budgétaires et financière de M. Messier, au mépris nal (TVFI), organisme chargé de néaires diffusées sur TF1, s’est asso- Chaque samedi avec haite garder l’anonymat. Les sala- des non-remplacements semblent le plus total de l’avenir des titres (…) promouvoir les programmes fran- ciée, il y a deux ans, à Vincent Chal- riés et la direction ont été assez envisagés. Leur impact pourrait et surtout de ses personnels ». çais à l’étranger. von-Demersay pour développer ce froissés d’être prévenus au tout der- être amoindri par la mise en place Enfin, Vivendi Universal doit bou- secteur qui devrait représenter un nier moment. Même les directeurs d’une clause de cession, qui, de cler la cession du pôle de presse gra- L’ANIMATION TRÈS PRISÉE tiers de son chiffre d’affaires, soit 0123 généraux des principales filiales, source syndicale, concernerait une tuite : la remise des offres d’achat L’Europe de l’Ouest reste le prin- 80 millions de francs, en 2001. DATÉ DIM./LUNDI qui avaient pourtant rencontré à quarantaine de journalistes sur sur la Comareg est prévue vendredi cipal débouché pour les produc- Derrière les dessins animés, les deux reprises les dirigeants du grou- 270 au sein du groupe Tests. 14 septembre. Mais, là encore, le tions françaises avec deux tiers du documentaires continuent à croître pe anglo-néerlandais Reed Elsevier Le développement du pôle de groupe de M. Messier pourrait obte- marché. Sur ce secteur, l’Allema- tandis que les coproductions de fic- retrouvez n’ont été avertis que quelques heu- presse professionnelle de VUP se nir moins que prévu. En début de gne est redevenu, en 2000, le pre- tions ont vu leurs financements res avant l’annonce de la cession. pose aussi avec acuité, au moment semaine, de nombreux prétendants, mier client de la France. D’autres étrangers progresser de 250 mil- Cinven s’est voulu rassurant : le où les grands éditeurs mondiaux, comme Sud-Ouest, Spir Communi- marchés commencent à émerger. lions à 460 millions de francs. nouveau propriétaire gardera le comme Emap, Wolter Kluwers, Uni- cation, le belge Roularta et plusieurs L’Asie a représenté en 2000, 6,3 % Toutefois, les partenaires français LE MONDE management actuel et s’est engagé ted Business Media, VNU ou Sprin- fonds d’investissement hésitaient des exportations françaises contre dans ces coproductions sont à ne pas démanteler le groupe. ger ont laissé entendre qu’ils comp- encore à entrer dans la course. 4,6 % en 1999. Certaines zones com- minoritaires. TELEVISION Après avoir acheté ces actifs à un taient vendre certains de leurs me l’Amérique latine et la Russie prix plutôt bas dans une conjonctu- titres. Là encore, la direction de Cin- N. V. redeviennent, malgré une conjonc- Guy Dutheil ENTREPRISES LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 31 L’anti-nicotine Zyban aurait La France consolide sa place causé la mort de quatre patients L'AGENCE ALLEMANDE du médicament (BfArM) a confirmé, mardi de championne d’Europe des stock-options 11 septembre, des informations de la télévision publique ZDF, selon lesquelles quatre personnes ayant pris du Zyban, une molécule aidant à la désaccoutumance de la nicotine fabriquée par la firme GlaxoSmi- Selon « L’Expansion », les dirigeants les mieux lotis sont rarement les plus performants thKline, seraient décédées en Allemagne. Selon le BfArM, depuis juillet 2000, une personne serait morte de troubles cardiaques après Sur les dix premières sociétés de l’indice Euro réalisé par le magazine L’Expansion. La plus- ses homologues du Royaume-Uni. Paradoxale- prise de Zyban, une autre de troubles circulatoires et deux autres Stoxx 50 en termes de stock-options, sept sont value des dix premières sociétés françaises ment, les dirigeants les mieux dotés en stock- décès seraient des suicides, après prise conjointe du Zyban avec un françaises, révèle l’édition 2001 du classement dépasse de plus de 10 milliards de francs celle de options sont souvent les moins performants. autre médicament. Selon la ZDF, 69 décès auraient été enregistrés dans le monde par les médecins et autorités médicales en rapport LES ENTREPRISES françaises de francs, contre 23,6 milliards nue par les cadres de Cap Gemini Ceux de Vivendi Universal s’arro- avec la prise de ce médicament. Depuis sa mise sur le marché en juillet sont toujours les championnes dans le cas des dix premiers grou- ont disparu, un « avertissement » gent la médaille d’argent de la plus- 2000, le BfArM a eu connaissance, outre les quatre décès, de 123 per- d’Europe des stock-options, et – à pes britanniques de la City ! sur les résultats de la société de ser- value (64 millions), mais la quinziè- sonnes ayant subi des effets secondaires. ce titre – les deuxièmes du monde Les cinq premiers groupes fran- vices informatiques faisant chuter me place de la performance. Ceux après celles des Etats-Unis, révèle çais en termes de plus-value déga- le titre de 23 %. Pourtant, ce recul de L’Oréal enregistrent une plus- l’édition 2001 du classement réa- gent ensemble 22,2 milliards de de la plus-value a été amorti par value potentielle de 52 millions de Bruxelles menace de réglementer lisé par L’Expansion, qui doit être francs de gain potentiel, devant une distribution très active de nou- francs pour une place de seizième publié dans son édition à paraître leurs cinq premiers homologues velles options en l’an 2000. Si la au tableau du mérite. Selon L’Ex- le 13 septembre. En effet, sur les britanniques (21,1 milliards de Bourse était restée stable, les plus- le prix des communications dix premières plus-values déga- francs) et très loin devant les cinq values des sociétés du CAC 40 se gées par des sociétés de l’indice premiers néerlandais (7,5 mil- monteraient ainsi à 107 milliards Les plus-values LE COMMISSAIRE européen Mario Monti, a précisé, mardi 11 septem- Euro Stoxx, sept sont françaises : liards), italiens (2,2 milliards), alle- de francs, a calculé L’Expansion, bre, que l’Union européenne pourrait réglementer les tarifs des Aventis (6,14 milliards de francs, mands (1,8 milliard) ou espagnols sans compter les 8,3 milliards déjà latentes dans les dix communications payés par les abonnés au téléphone mobile dès qu’ils soit 936 millions d’euros), Total- (0,6 milliard), précise L’Expansion. débloqués au cours de l’année sortent de leur pays. Les accords d’itinérance signés par les opérateurs FinaElf (5,14 milliards de francs), Personne ne peut donc disputer 2000, par les bénéficiaires de stock- premiers groupes de téléphonie mobile assurent une continuité de services aux clients qui BNP Paribas (4,78 milliards), Vi- aux sociétés françaises leur pre- options du CAC 40. voyagent en Europe et empruntent alors un autre réseau que le leur. vendi Universal (3,01 milliards), mière place, même si symbolique- Cette distribution s’est accom- français atteignent « Nous avons estimé lors d’une enquête [menée en 2000] que les prix Sanofi Synthélabo (2,82 milliards), ment Deutsche Telekom a adopté pagnée d’un tardif début de démo- demeuraient élevés, mais depuis ils ont encore augmenté, a relevé M. Mon- Axa (2,68 milliards) et L’Oréal ce système de rémunération au cratisation, puisque le nombre 33,8 milliards ti, lors d’une conférence organisée par UBS Warburg à Barcelone.Je (2,68 milliards). Seules la société cours de l’année 2000, ce que Fran- de bénéficiaires de stock-options pourrais m’orienter vers des mesures pour m’assurer que le marché est finlandaise Nokia – avec une plus- ce Télécom s’interdit, sauf pour dans les entreprises du CAC 40 a de francs réglementé et orienté vers les coûts, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. » value potentielle de 10,67 milliards ses filiales Orange et Wanadoo. doublé au cours de l’année, attei- Le 11 juillet, la Commission avait lancé une perquisition chez neuf opé- de francs, divisée par six en un En un an, la plus-value distri- gnant 68 000 personnes, soit 1,8 % rateurs mobiles, en Grande-Bretagne et en Allemagne, suspectés par an –, la néerlandaise ING (3,18 mil- buée par les sociétés françaises a des effectifs salariés de l’indice pansion, c’est l’éditeur de logiciels Bruxelles d’entente illicite sur les prix de l’itinérance. liards) et l’italienne Enel (1,95 mil- fondu de 84 milliards de francs à CAC 40. Mais la démocratisation res- Dassault Systèmes qui pousse le liard) peuvent rivaliser avec l’appé- 48 milliards, selon les calculs réali- te parfois un trompe-l’œil. Chez ST paradoxe le plus loin. Les huit tit français pour les stock-options. sés par L’Expansion, sur la base des Microelectronics, 9 000 bénéficiai- membres de son comité de direc- Nokia table sur une relance Les plus-values latentes des comi- cours de Bourse du 24 août. Exem- res – un salarié sur cinq – peuvent tion se sont réservé 45 % des tés de direction et des cadres privi- ple de baisse : en une seule séance, espérer une plus-value potentielle options de la société, soit une plus- légiés des dix premiers groupes le 26 juin, quelque 599 millions de de 22 000 francs « seulement ». value par tête estimée à 47,2 mil- du marché des téléphones portables français atteignent 33,8 milliards francs de plus-value virtuelle déte- Toujours premiers bénéficiaires lions de francs, obtenue alors que des stock-options, les équipes diri- le cours de Bourse a affiché une « NOUS CONSTATONS des signes de relance du marché américain. geantes voient ces récompenses hausse de… 0,8 % en trois ans ! Nous attendons quelque chose de durable et non plus un mois seule- Une fiscalité plutôt moins lourde qu’ailleurs attribuées par leur conseil d’admi- Dernier du classement au mérite, ment », a déclaré, mardi 11 septembre, le directeur financier du finlan- nistration, à la suite d’un examen ils sont donc les cinquièmes les dais Nokia, premier fabricant mondial de téléphones portables. Symbo- En dépit des plaintes exprimées régulièrement dans les milieux attentif par un « comité de rémuné- mieux récompensés. En revanche, le de cette reprise attendue : les montagnes de stocks de mobiles qui patronaux sur la fiscalité française des stock-options, celle-ci ne ration ». S’interrogeant sur le rôle les dirigeants de Peugeot, jugés les engorgeaient les circuits de distribution en Europe auraient disparu. paraît pas plus lourde qu’à l’étranger, même si elle est partout de ces comités, L’Expansion a plus performants, peuvent comp- « C’est seulement maintenant que l’on peut dire que les stocks excédentai- extrêmement complexe. Toucher une plus-value de 2 millions de comparé l’attribution des stock- ter « seulement » sur 5 millions de res, au niveau de l’ensemble du secteur, ont quasiment disparu », a confir- francs, six ans après l’attribution d’options, est, par exemple, moins options avec la performance bour- francs de plus-value. Le comité de mé, mardi, Serge Tchuruk, président d’Alcatel. Cette année, le groupe taxé en France (44,9 %) qu’aux Pays-Bas (52 %), en Allemagne sière de l’entreprise par rapport à direction de Bouygues, deuxième français prévoit de faire mieux que ses concurrents. « Nous espérons (51,16 %), en Espagne (48 %) ou aux Etats-Unis (48,2 % à New York, ses concurrents depuis trois ans, du CAC 40 pour ses performances, que nos ventes (en 2001) seront autour du niveau de l’an passé alors que en comptant l’impôt local), selon une simulation réalisée pour L’Ex- l’évolution de la rentabilité de ses occupe la quatorzième place en ter- la plupart des sociétés verront leurs ventes diminuer substantiellement »,a pansion par le cabinet d’avocats Landwell & Associés. Seuls le fonds propres depuis trois ans, et mes de stock-options avec 21 mil- annoncé le PDG d’Alcatel. Royaume-Uni (40 %) et l’Italie, qui ne taxe les stock-options qu’à la taille de l’entreprise mesurée lions de francs de plus-value par 12,5 %, affichent une fiscalité plus légère. par ses effectifs. Le résultat « signe dirigeant. Celui de ST Microelec- En France, le nouveau dispositif voté par le Parlement en mai taxe l’échec d’un système », constate le tronics, troisième pour sa gestion Dim confirme la fermeture à 26 % le premier million de francs de plus-value, et à 40 % au-delà, à magazine économique. En effet, selon L’Expansion, est dixième condition de garder ses actions deux ans. En Allemagne, aux Etats- les dirigeants d’Aventis occupent pour les stock-options, avec 26 mil- Unis et en Grande-Bretagne, respecter un délai de portage des la première place des plus-values lions de plus-value moyenne pour de deux usines en France actions, généralement d’un an, est aussi fiscalement avantageux. Cer- (80 millions de francs chacun, en chacun des dirigeants. taines banques proposent des financements avec des couvertures du moyenne), mais seulement la vingt- LA DIRECTION de la firme de lingerie Dim, filiale du groupe améri- risque de baisse aux bénéficiaires de stock-options. quatrième de la performance. Adrien de Tricornot cain Sara Lee, a confirmé la fermeture prochaine des usines de Bour- bon-Lancy (Saône-et-Loire) et Ruitz (Pas-de-Calais), employant au total près de 320 salariés, a révélé à l’AFP, mardi 11 septembre, une source syndicale à Ruitz. Dans cette usine de soutiens-gorge, les La morosité boursière rend les investisseurs plus prudents 153 salariés ont été informés de la fermeture par la lecture d’un com- muniqué de la direction nationale au cours d’une réunion du comité LA CHUTE des marchés financiers depuis 522 800 ordres en juillet et 490 000 ordres en clients des courtiers en ligne intervenaient sou- d’entreprise, lundi. un an a nettement modifié le comportement août chez les 21 membres de l’association Bro- vent sur les valeurs du Nouveau Marché en Ces fermetures s’inscrivent dans le cadre d’une restructuration des des investisseurs individuels à l’égard de la kers On Line. Cependant, cette baisse d’activité 2000, ils ne sont plus que 17,8 % à déclarer y activités de Sara Lee, décidée en décembre 2000. Selon les syndicats, Bourse. Tel est l’un des constats de l’étude du est en ligne avec celle constatée sur la place de opérer. Le recul est en revanche nettement le groupe aurait l’intention de « délocaliser 100 % de la lingerie en Rou- cabinet d’études français TLB sur les actionnai- Paris. La part de marché de Brokers On Line à moins fort sur le Second Marché (18,8 % en manie ». res individuels et les courtiers en ligne, qui Paris en termes d’ordres exécutés se maintient à 2000, contre 14,3 % en 2001). Autre preuve de sera rendu public dans les prochains jours. En 16 %. Le nombre de comptes en ligne actifs a con- prudence, la durée de placement des investis- raison des événements dramatiques aux Etats- tinué à progresser pour atteindre 481 554, soit seurs qui s’est allongée. 41,2 % d’entre eux Le fabricant de pneus Continental Unis, la présentation officielle de l’enquête, ini- une progression de 3 159 nouveaux comptes au investissent dans un horizon de long terme en tialement prévue mercredi 12 septembre, a été cours de l’été. » 2001, contre 25,5 % en 2000. reportée sine die. Ces tendances, réalisées à partir de résultats limoge son président Le fait marquant de cette étude est la baisse PLÉBICITE POUR INTERNET collectés au mois de juin, devraient être enco- du nombre des interventions en Bourse. Ainsi, L’étude relève également un changement de re plus marquées aujourd’hui, les places finan- LE CONSEIL de surveillance du fabricant de pneumatiques allemand alors que, en 2000, 77,1 % des investisseurs pré- comportement des investisseurs dans leurs cières ayant depuis considérablement chuté. Continental a annoncé, mardi 11 septembre, avoir congédié le prési- tendus actifs en Bourse et clients de courtiers choix de placement. « Les investisseurs ne sont Dernier constat que relève l’étude sur l’utilisa- dent du directoire du groupe, Stephan Kessel, en raison de « différen- déclaraient faire au moins une opération par pas partis de la Bourse, mais ils sont plus pru- tion des courtiers en ligne par les particuliers : ces de vues sur l’orientation stratégique de l’entreprise ». mois, ils ne sont plus que 67,7 % en 2001. Un dents qu’auparavant », constate Charles-Henri même s’ils changent de prestataire, les inves- Un porte-parole du groupe a affirmé que l’orientation stratégique glo- constat validé par les derniers chiffres de l’as- d’Auvigny, directeur associé chez TLB. Les par- tisseurs qui utilisent Internet pour passer bale du groupe n’était fondamentalement pas remise en cause par ce sociation des courtiers en ligne. « L’activité des ticuliers ont ainsi délaissé plus fortement les leurs ordres en Bourse restent à 98 % fidèles à changement. M. Kessel, 47 ans, est remplacé par Manfred Wennemer, clients de courtiers en ligne au cours de l’été valeurs du Nouveau Marché, plus risquées, cet outil, qu’ils plébiscitent pour sa rapidité 53 ans, jusqu’ici responsable de la filiale de plastiques et caoutchouc 2001 a été affectée par la mauvaise tenue des que les titres du Second Marché, des sociétés d’intervention. de la société. Continental a annulé une conférence de presse qu’il marchés financiers, indique l’association. Le considérées comme plus défensives. En effet, devait organiser mercredi dans le cadre du Salon de l’automobile de nombre d’ordres exécutés en ligne s’établit à alors que 26,2 % des investisseurs actifs et Cécile Prudhomme Francfort. Moulinex Brandt : une demi-douzaine de repreneurs potentiels ont été identifiés par les administrateurs judiciaires LES DEUX administrateurs judi- du CCE, MM. Segard et Gay située à La Roche-sur-Yon (Ven- ciaires nommés après le dépôt de auraient également indiqué qu’ils dée), devaient cesser le travail à leur bilan de Moulinex Brandt semblent négociaient actuellement avec les tour. décidés à ne pas perdre de temps. fournisseurs et les banquiers pour Mardi 11 septembre, lors d’un comi- que la production reprenne sur tous INACTIVITÉ FORCÉE té central d’entreprise (CCE) qui les sites. Pour prévenir une telle situation s’est tenu au siège du groupe à la En raison d’une rupture d’approvi- d’inactivité forcée, les salariés ten- Défense, Didier Segard et Francis- sionnement provoquée par des four- tent de se mobiliser. Si les stocks de que Gay auraient estimé, selon plu- nisseurs – qui craignent de ne plus matières premières étaient encore sieurs délégués syndicaux, qu’il exis- être payés à la suite du dépôt de suffisants à Alençon (Orne), dont le tait « une demi-douzaine de repre- bilan –, les usines Moulinex et site pourrait être touché « dans quel- neurs potentiels » du groupe d’élec- Brandt continuent en effet d’être ques jours », l’usine de Lesquin troménager franco-italien, sans pré- touchées par le chômage technique. (Nord) a décidé de réduire son acti- ciser lesquels. Egalement présent au Après le site Brandt de Saint-Jean- vité à 40 % pour retarder le plus pos- CCE, le PDG de l’entreprise, Patrick de-la-Ruelle (Loiret) lundi 10 sep- sible le chômage technique. « Nous Puy, aurait réitéré, selon Didier Mes- tembre, quelque 900 des 1 035 sala- estimons pouvoir tenir encore quatre nil (FO), qu’il « privilégierait une riés de Moulinex à Cormelles-le- semaines », déclare le délégué reprise globale de Moulinex Brandt ». Royal (Calvados) sont ainsi passés CFDT Philippe Blois. Quant à l’usi- Des déclarations d’intention en chômage partiel, mardi. Dans la ne Brandt-Cooking de Saint-Ouen accueillies avec scepticisme par cer- journée, les usines Moulinex du Cal- (Loir-et-Cher), les 400 salariés de la tains membres du CCE, à l’image de vados situées à Falaise (307 person- production ont préféré se mettre en Thierry Le Paon (CGT), qui juge nes), Carpiquet (280 salariés) et congés jusqu’à la semaine prochai- qu’il est « bien trop tôt pour parler de Bayeux (350 salariés) ont connu un ne plutôt qu’en chômage partiel. repreneurs. Vu l’état du groupe et les sort identique, entraînant l’ensem- dettes qu’il traîne, je doute qu’il y ait ble des sous-traitants de la région. José Barroso beaucoup d’entreprises vraiment Et mercedi, 700 des 960 salariés d’Es- capables de nous reprendre ». Lors swein, une des filiales de Brandt f www.lemonde.fr/restructurations 32 AUJOURD’HUI LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001

SPORTS Le FC Nantes-Atlantique pions. b CHAMPIONS DE FRANCE en Dalmat et Marama Vahirua sont du Galatasaray Istanbul, victorieux d’Arsenal a été vaincue par les Espa- s’est imposé (4-1) devant le club titre, les Canaris ont signé leur pre- venus concrétiser une domination de la Lazio Rome (1-0). b DANS LES gnols de Majorque (1-0). b Après les néerlandais du PSV Eindhoven, mar- mière victoire de la saison de tous les instants et permettent AUTRES GROUPES, l’AS Rome a été événements survenus aux Etats- di 11 septembre, à domicile, pour 2001-2002. b DES BUTS signés Pierre- aux Nantais d’occuper la première battue à domicile par le Real Madrid Unis, une minute de silence a été ses débuts dans la Ligue des cham- Yves André, Olivier Quint, Wilfried place du groupe D devant les Turcs (1-2), alors que l’équipe anglaise observée sur tous les terrains. En Ligue des champions, Nantes reprend goût à la victoire Les Canaris, qui pointent actuellement à la dernière place du championnat de France de division 1, ont emporté, face aux Néerlandais du PSV Eindovhen, leur première victoire (4-1) de la saison 2001-2002, en offrant un spectacle digne de leur titre de champion de France 2001

NANTES mi-temps, il n’y avait plus grand- Denoueix. On a perdu des points, de notre envoyé spécial chose à faire, reconnaît Eric Gerets, mais jamais l’espoir ni l’esprit d’équi- , l’entraîneur l’entraîneur belge du PSV Eindho- pe. » Celui-ci sera précieux lors des du Football Club Nantes-Atlanti- ven. J’ai demandé à mes joueurs difficiles déplacements qui atten- que (FCNA), l’avait bien dit : «Le d’éviter de prendre un 7-0. Vu le dent les Canaris : samedi 15 sep- meilleur moyen de gêner le PSV Ein- niveau auquel ils avaient évolué en tembre à Lyon, en championnat de dhoven, c’est de marquer d’entrée, première période, on pouvait crain- France, puis mercredi 19 septem- ou tout au moins les premiers. » Ses dre que ça se produise. » Un peu bre à Rome, pour y rencontrer la joueurs l’ont écouté : après une moins inexistants en seconde pério- Lazio Rome, favorite du groupe D sérieuse occasion obtenue dès les de, les joueurs néerlandais finis- de la Ligue des champions, mais premières secondes de cette ren- saient par se créer quelques occa- défaite mardi à Istanbul par Galata- contre de Ligue des champions, sions mais sans paraître bien saray (1-0) pour son entrée en lice. mardi 11 septembre, ils n’ont pas convaincus de la nécessité de mar- attendu plus de cinq minutes pour quer. Et comme leurs adversaires Gilles van Kote ouvrir le score. continuaient de briller, les Nantais Lancé dans le dos de la défense inscrivaient un quatrième but (75e), néerlandaise par Olivier Quint, Pier- sur un centre de Ziani repris en La fiche technique re-Yves André est parvenu à glisser finesse par Marama Vahirua, tout le ballon entre les jambes de juste entré en jeu. Nantes-Eindhoven 4-1 Ronald Waterreus, le gardien du Malgré un but du milieu de ter- Ligue des champions - 1re phase - PSV Eindhoven. Un but symboli- rain du PSV John de Jong inscrit 1re journée (groupe D) que : ses deux artisans sont les dans les arrêts de jeu, Nantes rem- Stade de la Beaujoire, à Nantes ; deux seules recrues venues étoffer portait son premier succès (4-1) de bon terrain ; temps agréable ; l’effectif des champions de France la saison 2001-2002 et s’emparait environ 28 000 spectateurs ; au cours de l’été. de la première place de son groupe arbitre : Juan Antonio Fernandez Enivrés par leurs retrouvailles de Ligue des champions. « Mais on Marin (Esp). avec cette réussite qui les fuyait ne doit pas croire qu’on est sortis b Buts depuis le début de saison, les Cana- d’affaire, a prévenu Stéphane Zia- FC NANTES : André (5e), Quint ris nantais ont offert à leur public ni. Nous avons fait un bon match, il (10e, sur pen.), W. Dalmat (44e), une première mi-temps somptueu- faut maintenant essayer d’en com- Vahirua (75e). se, au cours de laquelle ils ont ins- FRANK PERRY / AFP prendre le pourquoi et, surtout, res- PSV EINDHOVEN : De Jong (92e). crit autant de buts (trois) qu’au Deux Nantais heureux : Wilfried Dalmat, auteur du troisième but, et Olivier Quint (à droite). ter humbles. » Pas plus dans le suc- b Avertissements cours des six premières journées cès que dans les affres, Nantes ne FC NANTES : Olembe (20e). du championnat de France de divi- Denoueix. L’organisation mise en (38 ans), dernier rescapé de la vic- issu du centre de formation nan- perd la tête. PSV EINDHOVEN : Bruggink sion 1, une compétition dont ils place par le technicien nantais fonc- toire du club néerlandais en Coupe tais malmenait son vis-à-vis, l’infor- On ne peut que relever la maturi- (24e). occupent actuellement la dernière tionnait à merveille et son équipe d’Europe des clubs champions (en tuné , et tenait au bout té du champion de France, capable b Les équipes place, avec deux points. développait un jeu vif et inspiré, à 1988), ou l’international russe du pied, à la 19e minute, une balle de préserver sa cohésion dans des FC NANTES (entraîineur : Raynald Une minute après l’ouverture du une touche de balle, enfin proche Youri Nikiforov. de 3-0 qu’il envoyait sur le gardien situations où d’autres auraient Denoueix) : Landreau (cap.) – score, Pierre-Yves André menaçait de celui qui l’avait conduite au titre néerlandais. explosé depuis longtemps. « L’er- Laspalles, Gillet (Berson, 78e), de récidiver. Mais c’est Olivier de champion de France 2001. EXPLOIT PERSONNEL Ce n’était que partie remise puis- reur aurait été de dénaturer notre Fabbri, Armand – Ziani, Savinaud, Quint qui inscrivait le deuxième Les joueurs du PSV Eindhoven Côté nantais, Raynald Denoueix qu’il marquait son premier but en jeu sous la pression des événements, Olembe, Quint – W. Dalmat but nantais (9e), sur un penalty semblaient assister en spectateurs avait fait le choix audacieux de titu- équipe première à une minute de reprend Stéphane Ziani. Nous (Djemba, 86e), André (Vahirua, 71e) accordé après une faute commise à une rencontre totalement maîtri- lariser, pour occuper le flanc droit la mi-temps, sur un exploit person- avons bien travaillé, mais il fallait PSV EINDHOVEN (entraîneur : sur le jeune défenseur latéral Syl- sée par leurs adversaires, dont les de son attaque, le jeune Wilfried nel qui le voyait passer en revue sans doute attendre plus de quatre Eric Gerets) : Waterreus – Wielart, vain Armand. passes en profondeur semaient Dalmat, 19 ans, frère de l’interna- toute la défense néerlandaise et fai- ou cinq matches pour s’en rendre Nikiforov (Colin, 58e), Hofland, « Il y a eu toute une série de petits régulièrement la panique dans une tional espoirs Stéphane Dalmat, re preuve d’un beau sang-froid, compte. » « Ma plus grosse satisfac- Heintze – De Jong, Vogel (cap.), signes favorables et, très rapidement, défense prise de vitesse, malgré la qui évolue actuellement à l’Inter emmenant le ballon assez loin tion, c’est qu’on soit restés soudés Bouma (Gakhokidze, 76e) – Ramzi on a senti que ce match était pour présence de joueurs d’expérience Milan. Nullement impressionné pour le placer hors de portée de malgré ce par quoi nous venons de (Rommedahl, 53e), Bruggink, nous », confiera plus tard Raynald tel le vétéran danois Jan Heintze par ce baptême du feu, ce joueur Ronald Waterreus. « A 3-0, à la passer, lui fait écho Raynald Kezman. Le Real Madrid Suspendu pour dopage, Vincent Guérin veut rejouer pour sa formation L’ANCIEN « Bleu » Vincent Guérin, 36 ans, faut sanctionner. Sans comprendre », s’indigne cent en tant que joueur uniquement, mais dans prend les affaires en main n’attend plus que la décision du Conseil fédéral Vincent Guérin. Cette décision, l’ancien joueur l’optique d’en faire le relais entre l’entraîneur et de la Fédération française de football (FFF) pour du Paris-SG ne l’a jamais acceptée et n’a cessé nos jeunes dans un premier temps, avant de lui fai- LE RÊVE romain n’aura duré que la partie allait être reportée. Cer- défendre les couleurs du Red Star de Saint-Ouen de clamer son innocence. re intégrer notre staff ». Le joueur souhaite dédra- que dix minutes. Mardi 11 septem- tains de mes joueurs en étaient con- (Seine-Saint-Denis) sur les pelouses du CFA. « Il est évident que cette affaire a terni ma fin de matiser la situation malgré ses griefs contre la bre, pour ses débuts dans la Ligue vaincus, mais cela ne doit pas consti- L’instance devait décider de confirmer ou pas la carrière. Quant au produit [la nandrolone], il est ministre de la jeunesse et des sports, Marie- des champions 2001-2002 (grou- tuer un alibi à notre défaite », a-t-il suspension pour dopage qui le frappe depuis connu depuis longtemps. Il faudrait vraiment être George Buffet : « Je ne reproche rien à sa politi- pe A), l’AS Rome, championne ajouté. février 1998. Contrôlé positif à la nandrolone (un con pour l’utiliser alors qu’il est facilement détecta- que de lutte antidopage, juste le fait qu’elle sou- d’Italie en titre, n’a pas pu résister Dans le groupe D, l’autre club anabolisant) en septembre 1997, l’ancien milieu ble » lance-t-il aujourd’hui. Depuis plus de deux haite laver plus blanc que blanc ». bien longtemps au Real Madrid, romain, la Lazio, s’est incliné (1-0), de terrain du Paris-Saint-Germain s’était vu infli- ans, Vincent Guérin s’intéresse à tous les cas de En attendant, l’ancien international refuse s’inclinant (2-1) sur sa pelouse du en Turquie, face au Galatasaray ger une suspension de 18 mois dont 6 mois fer- dopage et participe à certaines conférences sur que l’on parle d’une « nouvelle affaire Guérin » : Stade Olympique après avoir subi Istanbul. Dans le groupe C, la vic- me par la commission d’appel de la FFF. Depuis, le sujet. « Si j’ai signé un contrat amateur de trois années, le jeu espagnol pendant la plus toire des Grecs du Panathinaïkos il n’a plus évolué en France et les recours qu’il a c’est pour préparer mon brevet d’Etat d’entraî- grande partie de la rencontre. Athènes (2-0) chez les Allemands effectués ont eu un effet suspensif sur sa peine. CONTRAT AMATEUR DE TROIS ANS neur, pas forcément pour jouer. Je sais bien que S’il est douloureux, ce retour sur de Schalke 04 a constitué la surpri- Le 3 juillet, le Conseil d’Etat l’a débouté de son Après une première reconversion dans le jour- ma carrière de joueur est derrière moi. » Vincent les sommets européens, que le se, tout comme le match nul (1-1) action devant le tribunal administratif de Ver- nalisme qui n’a pas abouti, Vincent Guérin sou- Guérin et les dirigeants de club ne s’inquiètent club romain avait quittés après sa que le FC Liverpool a dû concéder, sailles (Yvelines) qui l’avait blanchi pour vice de haite embrasser une carrière d’entraîneur. Cette donc pas outre mesure de la décision du Conseil défaite, il y a dix-sept ans, devant sur son terrain, aux Portugais du forme, sa suspension devenant alors de nouveau nouvelle orientation est à l’origine du contact fédéral, considérant que, après tout ce qu’il avait le FC Liverpool aux tirs au but, en Boavista Porto (groupe B). effective.« Le problème avec le Conseil d’Etat, établi avec les dirigeants du Red Star, lesquels ne vécu, « cela ne pouvait pas être pire ! ». 1984, n’a rien de honteux, tant le c’est qu’il considère qu’à partir du moment où l’on cachent pas qu’ils étaient au courant de cette Real Madrid et ses stars apparais- (Avec AFP) trouve des substances dopantes dans le corps, il suspension : « Notre but n’était pas d’engager Vin- Yohann Hautbois sent comme les favoris de cette Ligue des champions. LES RÉSULTATS Les Espagnols, s’appuyant sur Mardi 11 septembre un remarquable milieu de terrain LIGUE DES CHAMPIONS Double enjeu aux championnats du monde de pelote basque à Biarritz magnifiquement dirigé par le Por- re tugais Luis Figo mais privé de Première phase, 1 journée BAYONNE pelote basque a présélectionné après l’introduction de cette disci- ministères concernés par cette b Groupe A Zinedine Zidane, ont pris progressi- Lokomotiv Moscou (Rus) - Anderlecht (Bel) 1-1 de notre correspondant 32 joueurs pour en retenir finale- pline en France en 1950. Aupara- autorisation. « Notre souci, assure vement le contrôle des opérations AS Roma (Ita) - Real Madrid (Esp) 1-2 Les vingt-quatre meilleurs spécia- ment 18 (plus 6 remplaçants) dans vant, ce sport requérant des profes- Dominique Boutineau, est de facili- pour ouvrir le score par son b Groupe B listes de cesta punta, cette discipli- neuf équipes. Parmi elles deux fran- sionnels aguerris avait fait son che- ter le financement et la construction e FC Liverpool (Ang) - Boavista Porto (Por) 1-1 meneur de jeu (49 minute) avant Dynamo Kiev (Ukr) - Borussia Dortmund (All) 2-2 ne de la pelote basque, qui connaît çaises, dont le duo constitué par min dans le monde entier avec des de jai alai, et donc la pratique de ce de l’aggraver par José Maria Gutiér- b Groupe C un net regain en France, se retrou- Pierre Etchalus (34 ans, avant) et frontons à La Havane, Miami, sport ». On compte à présent en rez, dit « Guti » (64e). Les Italiens Schalke 04 (All) - Pan. Athènes (Gre) 0-2 vent à Biarritz (Pyrénées-Atlanti- Eric Irastorza (25 ans, arrière), Rome, Alexandrie, Shanghaï, Sao France une trentaine de profession- Real Majorque (Esp) - Arsenal Londres (Ang) 1-0 ont réduit l’écart en inscrivant un b Groupe D ques), du mercredi 12 septembre sacrés lors du Mondial de 2000 à Paulo, etc. Pour financer ce type de nels de la cesta punta parmi les penalty par Francesco Totti (73e). FC Nantes (Fra) - PSV Eindhoven (PBS) 4-1 au dimanche 23 septembre, à l’occa- Gernica (Pays basque espagnol). pelote basque, on a eu recours, la 19 000 licenciés de la fédération. A l’issue de la rencontre, l’entraî- Galatasaray Istanbul (Tur) - Lazio Rome (Ita) 1-0 sion des championnats du monde. « Pour la première fois depuis plupart du temps, à des paris plus Ces paris auront droit de cité neur romain Fabio Capello a esti- COUPE DE L’UEFA Parmi les 22 variantes de la pelo- longtemps, une équipe française ou moins tolérés par les autorités. dans des hippodromes, donc dans mé qu’il aurait été « plus opportun Premier tour aller te basque, la cesta punta se diffé- porte le titre et va devoir le défendre Résultat, ce jeu est aujourd’hui des sites a priori sécurisés. Les de renvoyer ce match ». « Après Troyes (Fra) - Ruzomberok (RTC) 6-1 rencie des jeux à main nue ou avec face à des joueurs espagnols et amé- prospère aux Etats-Unis, en Espa- deux premières enceintes à avoir passé tout l’après-midi à voir Roda Kerkrade (PBS) - Fylkir (Isl) 3-0 une pala (sorte de raquette) par ricains, souligne Dominique Bouti- gne et aux Philippines. accueillir ces jai alai nouveau style Gorica (Slo) - Ojisek (You) 1-2 les images tragiques de l’attentat Zizkov (RTC) - FC Tirol Innsbruck (Aut) 0-0 l’utilisation d’un grand chistera, un neau, président de la Fédération seront le champ de course de Pau aux Etats-Unis, je pensais vraiment Puchov (SLQ) - Fribourg (All) 0-0 long panier d’osier fixé au bras. Par française de pelote basque (FFPB). « JAI ALAI » DANS LES HIPPODROMES (Pyrénées-Atlantiques) – avec une équipes de deux, les pelotaris Et dès les parties d’ouverture, les Dans l’Hexagone, dès 1985, la salle de 1 200 places – et celui (joueurs) se renvoient la balle par- rencontres s’annoncent particuliè- FFPB demandait à l’Etat d’autori- d’Auteuil, à Paris. « D’autres fron- DÉPÊCHES fois à plus de 300 km/h après rement difficiles avec une poule A ser les paris, exclusivement pour la tons couverts devraient suivre en a CYCLISME : Eric Zabel (Telekom) a gagné, mardi 11 septembre, l’avoir frappée sur un mur. La cesta où le tirage au sort a fort bien fait cesta punta. Les députés Alain Pays basque, en Béarn et dans les la quatrième étape du Tour d’Espagne courue entre Leon et Gijon punta se pratique dans des fron- les choses. » Toutes les rencontres Lamassoure (UDF) et Michel Landes, énumère Dominique Bouti- (175 km). Eric Zabel avait emporté les deux précédentes étapes. tons couverts dénommés jai alai se disputent au fronton Euskal Jai Inchauspé (RPR) déposaient, le neau. Ainsi que là où les amateurs a FOOTBALL : le président de l’, Robert avec un mur à gauche long de 50 à Aguilera de Biarritz, et la finale 17 novembre 1988, une proposi- de pelote basque sont nombreux : la Louis-Dreyfus, s’apprête à nommer un président délégué qui 56 mètres. La surface au sol étant aura lieu le dimanche 23 septem- tion de loi en ce sens, et, le 12 avril Réunion et Saint-Pierre-et-Mique- devrait être l’ancien magistrat Etienne Ceccaldi, 63 ans, chargé de de surcroît très rapide, le pelotari bre. 1996, un amendement à la loi de lon. » La Côte d’Azur est aussi sur remettre de l’ordre à l’OM, a-t-on appris, mardi 11 septembre, dans est protégé par un casque et le Née à la fin du XIXe siècle à Bue- finances était adopté. les rangs, car depuis quelques l’entourage du club marseillais. L’arrivée de ce dirigeant à l’intégrité public, assis sur le côté droit de l’en- nos Aires, la cesta punta a vécu un Le décret d’application allait sui- années les Italiens manifestent un incontestée pourrait mettre un terme aux violentes querelles publi- ceinte, par un grillage. rapide essor surtout outre-Atlan- vre le 8 avril 1997, mais, malgré engouement prononcé pour la ques auxquelles se livrent depuis plusieurs semaines les responsables En organisant la 11e édition du tique et en Amérique latine. C’est à l’attention de la secrétaire d’Etat pelote basque. des secteurs sportif et financier, Bernard Tapie et Pierre Dubiton. championnat mondial à Biarritz, Biarritz que la première école de Nicole Péry, l’arrêté d’application a la Fédération internationale de cesta punta s’est créée en 1956, longtemps attendu dans les quatre Michel Garicoix AUJOURD’HUI LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 33 ------Passage pluvieux au nord 13 SEPTEMBRE 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé JEUDI. Une zone dépressionnaire Champagne, Lorraine, Alsace, vers 12h00 DU VOYAGEUR est située de la mer du Nord aux Pays Bourgogne, Franche-Comté. Le Scandinaves. Un front froid axé le temps sera maussade toute la jour- a FRANCE. A l’occasion des jour- matin sur le nord de la France pro- née, avec des pluies modérées dès le Peu nées du patrimoine, les 15 et nuageux gresse vers le sud du pays en fin de matin, gagnant vers le sud l’après- Belfast 16 septembre, l’association Passa- Liverpool journée. Les pluies sont plus mar- midi. Températures maximales : de Dublin ges & Galeries organise trois visi- Varsovie Kiev quées vers l’est du pays, et faibles à 15 à 20 degrés. Amsterdam tes commentées et gratuites l’ouest. Poitou-Charentes, Aquitaine, Berlin Brèves (deux heures environ) des passa- éclaircies Bretagne, pays de Loire, Basse- Midi-Pyrénées. Sur Poitou-Charen- Londres ges couverts parisiens : galeries o Bruxelles Normandie. Le temps sera couvert tes, les nuages bas seront nombreux, 50 Prague Colbert, Vivienne, Vérot-Dodat, et pluvieux le matin, puis de belles puis il pleuvra faiblement à la Couvert de la Madeleine ; passages Choi- éclaircies reviendront à la mi-jour- mi-journée. Sur l’Aquitaine, le ciel Paris Strasbourg Vienne seul, Brady, Bourg-l’Abbé, Jouf- née. L’après-midi, quelques averses deviendra très nuageux en cours Budapest froy, Verdeau, du Caire, du Mar- se produiront sur les côtes, devenant d’après-midi, puis il pleuvra en fin de Nantes Brume ché St-Honoré, du Grand-Cerf et Berne brouillard parfois orageuses. Le thermomètre journée. Sur Midi-Pyrénées, il fera Bucarest des Princes. Départs à 10 et atteindra 17 à 20 degrés. beau, avec des nuages élevés Lyon Milan 15 heures dans la cour du Palais- Ardennes, Nord-Picardie, Ile-de- gagnant par le nord. Les températu- Belgrade Sofia Averses Royal. Renseignements au France, Haute-Normandie, Cen- res maximales avoisineront 21 à 24 01-44-71-02-48. Toulouse Istanbul tre. De la Haute-Normandie à la degrés. aSUISSE. La magie de l’automne Picardie, les pluies du début de mati- Limousin, Auvergne, Rhône- Rome Pluie sur les côteaux du Valais, du Tes- née laisseront place à de belles éclair- Alpes. Le ciel deviendra très nuageux Barcelone Naples sin ou de l’Oberland bernois n’est cies, puis à des averses orageuses en l’après-midi, puis il pleuvra faible- 40 o Madrid jamais trop connue. Suisse touris- cours d’après-midi. Ailleurs, il pleu- ment en fin de journée. Au meilleur Lisbonne Athènes Orages me diffuse une brochure illustrée, vra jusqu’en début d’après-midi, puis de la journée, il fera 17 à 22 degrés La magie de l’automne qui décli- des éclaircies reviendront, sauf sur le Languedoc-Roussillon, Proven- Séville ne, par région, leurs divers Centre où les pluies ne cesseront ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le Neige attraits et des offres jusqu’au qu’en fin de journée. Les températu- soleil sera prédominant avec des tem- Alger Tunis 31 octobre. Brochure et réserva- res maximales avoisineront 17 à 21 pératures maximales proches de 22 à tions au 00-800-100-200-30 ou o o o degrés du nord au sud du pays. 25 degrés. Rabat 0 10 20 Vent fort MySwitzerland.com. PRÉVISIONS POUR LE 13 SEPTEMBRE 2001 PAPEETE 24/30 S KIEV 10/16 S VENISE 15/22 S LE CAIRE 23/32 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/34 S LISBONNE 17/24 S VIENNE 12/19 C NAIROBI 15/27 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 21/27 S LIVERPOOL 11/15 S AMÉRIQUES PRETORIA 10/14 P EUROPE LONDRES 11/16 C BRASILIA 22/31 S RABAT 17/24 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 11/15 C LUXEMBOURG 10/13 P BUENOS AIR. 10/18 C TUNIS 19/29 S FRANCE métropole NANCY 12/17 P ATHENES 20/28 S MADRID 15/30 S CARACAS 25/30 P ASIE-OCÉANIE AJACCIO 14/24 S NANTES 13/19 P BARCELONE 18/24 S MILAN 12/24 C CHICAGO 13/20 C BANGKOK 25/33 P BIARRITZ 11/22 S NICE 16/23 S BELFAST 10/14 P MOSCOU 14/22 C LIMA 14/17 C BEYROUTH 25/29 S BORDEAUX 12/23 N PARIS 13/16 P BELGRADE 9/22 S MUNICH 10/19 C LOS ANGELES 15/20 S BOMBAY 26/31 S BOURGES 11/20 P PAU 6/23 S BERLIN 11/16 C NAPLES 14/25 S MEXICO 12/18 C DJAKARTA 28/30 P BREST 13/17 S PERPIGNAN 13/27 S BERNE 8/21 S OSLO 8/13 C MONTREAL 12/18 S DUBAI 28/37 S CAEN 14/16 P RENNES 14/17 S BRUXELLES 12/15 P PALMA DE M. 16/28 S NEW YORK 18/28 S HANOI 26/29 P CHERBOURG 12/16 P ST-ETIENNE 7/22 P BUCAREST 7/24 S PRAGUE 8/17 C SAN FRANCIS. 13/19 S HONGKONG 25/30 S CLERMONT-F. 8/22 P STRASBOURG 13/20 P BUDAPEST 10/20 S ROME 15/24 S SANTIAGO/CHI 4/17 S JERUSALEM 24/30 S DIJON 11/20 P TOULOUSE 8/24 S COPENHAGUE 12/15 P SEVILLE 19/32 S TORONTO 13/19 C NEW DEHLI 27/34 S GRENOBLE 8/26 N TOURS 12/18 P DUBLIN 9/13 S SOFIA 9/21 S WASHINGTON 17/29 C PEKIN 18/29 S LILLE 12/16 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 11/16 P ST-PETERSB. 13/23 S AFRIQUE SEOUL 20/27 S LIMOGES 9/19 P CAYENNE 23/31 P GENEVE 9/18 S STOCKHOLM 12/16 P ALGER 17/29 S SINGAPOUR 26/29 P LYON 9/24 N FORT-DE-FR. 25/31 P HELSINKI 14/17 C TENERIFE 22/28 S DAKAR 27/30 S SYDNEY 13/21 S MARSEILLE 13/24 S NOUMEA 19/24 S ISTANBUL 17/24 S VARSOVIE 10/17 C KINSHASA 20/31 S TOKYO 23/26 C Situation le 12 septembre à 0 heure TU Prévisions pour le 14 septembre à 0 heure TU

JARDINAGE En septembre, il est déjà temps de penser aux plantations IL FAIT frisquet le matin, fris- Les arbustes et arbres à feuillage Midi, sur la côte atlantique, en Bre- tique biodégradable retenant un Il en ira de même pour les pi- Il faut accorder autant de soin quet et humide, mais la terre reste persistant, les conifères, aiment tagne, à Paris et dans sa proche ban- mélange de tourbes enrichi en voines, les iris et les hémérocalles, au semis d’une pelouse qu’au reste chaude encore. Il faut mettre à pro- tout particulièrement cette planta- lieue, qui bénéficient d’un microcli- engrais. De nombreux jardiniers si l’on veut les voir fleurir rapide- du jardin, et parfois semer diffé- fit ces excellentes conditions clima- tion de fin d’été, début d’automne, mat si doux et humide que l’on ne sont donc tentés de faire un petit ment. rents mélanges en fonction de l’ex- tiques on ne peut plus logiques : exception faite des plantes dont la compte plus les arbustes et plantes trou de la taille de cette motte (envi- position : un gazon fin près de la l’automne est pour la fin du mois. rusticité n’est pas assurée, qui atten- exotiques qui s’y sentent à l’aise. Il ron 15 centimètres de diamètre par maison, un autre pour exposition De nombreux arbustes pourront dront le printemps. Encore que suffit de lever le nez pour les voir ! 25 centimètres de hauteur) et d’y Les plantes mises à l’ombre là où il y en a plusieurs donc être plantés dès maintenant celui qui les plante ailleurs que là De la même façon, il vaut mieux glisser le rosier, sans autre forme heures par jour, et encore un autre avec le plus grand profit, avec plus où leur tenue au gel leur permet planter les rosiers avant l’hiver et à de procès. en terre au début sous les arbres du verger. de chances de réussite à long terme d’affronter la mauvaise saison racines nues qu’au printemps en Ce mode de plantation est à pros- Conseillons à tous ceux qui vont qu’une plantation au printemps, en prend de toute façon un risque. les traitant comme des vivaces her- crire : la première année, le rosier de l’automne feront bientôt emménager dans une mai- été, voire en hiver. Cela dit, il fau- Les palmiers, les mimosas, les bacées ! Depuis quelques années, pousse et fleurit, ensuite il végète son neuve et dont le terrain à l’en- dra bien les choisir dans les jardine- camélias les plus fragiles, les cordy- on a vu apparaître des rosiers pré- et fini souvent par crever. Le filet des racines avant tour a été mis à nu par les travaux ries et autres points de vente et ne lines seront plantés en mars-avril, plantés, si l’on ose dire, leurs raci- sera donc coupé, les racines libé- de semer leur pelouse avant l’hi- pas prendre les rogatons de la sai- voire en mai, partout sauf dans le nes regroupées dans un filet élas- rées et étalées dans un trou de plan- les premiers froids ver, et surtout de ne pas laisser le son passée. tation au fond duquel une poignée terrain nu, lequel se transfor- Pourquoi se hâter ainsi et ne pas d’engrais de fond complet standard merait vite en une bouillasse qui attendre le mois de novembre, peu- Bien humidifier les racines sera jeté. Le pralinage des racines Septembre est également le colle aux semelles et serait diffi- vent interroger quelques jardiniers n’est pas indispensable si la planta- mois idéal pour semer les pelou- cile à travailler au printemps, sans en soulevant les sourcils, voire en Que ce soit en automne, en hiver ou au printemps, les arbustes ven- tion est faite avant l’hiver : il suffit ses : l’herbe germe vite et bénéfi- compter que s’il est en pente l’eau les fronçant. C’est simple, c’est véri- dus en conteneur seront mis à tremper dans l’eau pendant une ou de les faire tremper dans un seau cie des pluies d’automne qui la va le raviner. fiable : les plantes mises en terre au deux heures afin d’être certain que les racines soient bien humidi- d’eau pendant une heure ou deux. font s’enraciner solidement. Les A tout prendre, il vaut mieux début de l’automne auront le fiées. Ensuite la motte sera désagrégée sur tout son pourtour de Il est un peu tôt pour parler de la graines seront choisies soigneuse- semer l’herbe avant de songer à temps de faire des racines avant les façon à ne laisser qu’un tiers de son volume initial. Après quoi, ils plantation des rosiers ? Un peu, ment en fonction de l’usage et planter une haie et à se barricader premiers vrais froids. seront plantés dans un trou dont la taille fera environ le double du oui, mais les premiers ne vont pas plus encore de l’exposition – au derrière, et surtout avant de com- L’avantage ? Au printemps, elles volume du pot de plastique dans lequel l’arbuste a été acheté. On tarder à apparaître dans les jardine- soleil ou à l’ombre. Le Label rouge mencer à couper tous les arbres, repartiront plus vite en végétation prendra garde à ne pas trop enterrer : il faut s’assurer que la base des ries. Autant s’y préparer et éviter de est venu, qui garantit la composi- comme le font tant de nouveaux et surtout de façon plus vigou- branches ou du tronc soit au même niveau que dans le pot. Exception les planter au printemps partout où tion des mélanges et l’origine des propriétaires dès qu’ils prennent reuse, craindront moins les coups faite des rosiers dont le point de greffe sera enterré, et à l’exception il y a un risque de sécheresse, et semences. Prendre garde à ne pas possession de leur maison. On en de sécheresse qui peuvent survenir de certaines variétés botaniques qui ont une fâcheuse tendance à dra- tout particulièrement les variétés acheter les mélanges en promo- a ainsi vu faire fonctionner la tron- dès le printemps dans le sud de la geonner. Les plantes de terre de bruyère (rhododendrons, camélias, remontantes, qui auront à fleurir tion, ceux du genre « mélange prai- çonneuse pendant que les meu- France et aussi plus au nord en sol bruyères, azalées du Japon) seront seulement mises à tremper, et on tout l’été suivant leur plantation au rie », « terrain de jeux », qui ne bles entraient dans la maison. sableux, exposition au pied d’un ne griffera que le pourtour de la masse racinaire si le feutrage est jardin, et les grimpants, qui doivent sont pas labellisés, en se disant : mur, particulièrement venteuse. important. produire du bois en quantité. « De toute façon, c’est de l’herbe ! » Alain Lompech

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123456789101112 pyramides. Assure la stabilité. - DES CARTES TRANSPARENTES Balicki, en Sud, a-t-il jouée pour adverses… Faites comme eux, en 7. Bout de baguette. Zone Le Polonais Cezari Balicki a été gagner TROIS SANS ATOUT ? cachant les mains d’Est-Ouest. I d’échange. Blanc et dur. - 8. Rap- très brillant aux Olympiades d’Al- portent en cas de présence. Pour buquerque. Voici l’une des donnes Réponse ࡕ 8754 II un ami mais pas pour un copain. où, même en voyant les quatre A moins de trouver 10 9 secs ou ज A10976 - 9. Mise sur la voie. - 10. Accro- jeux sur la table, on ne sait com- troisièmes dans une des mains छ 6 III che le lecteur. Interdite. - 11. Plus ment gagner. adverses, il n’y avait pas d’espoir ࡔ AD8 épaisse par endroits. Personnel. - de faire quatre Piques (en tirant la ࡕ V ࡕ 10 6 3 N IV 12. Mesure sans commune mesu- ࡕ D Dame de Pique, puis en jouant le 6 ज V4 ज D532 OE re. Droits au cimetière. ज A1076 de Cœur du mort), car Ouest, qui छ 10 8 4 2 छ ARDV7 S V छ RV10 avait surenchéri à « 2 Cœurs », ࡔ V109653 ࡔ 2 Philippe Dupuis ࡔ AV1086 avait certainement le Roi de Cœur. ࡕ ARD92 VI ࡕ 42 ࡕ 10 9 6 5 Il fallait donc essayer d’exploiter ज R8 N SOLUTION DU N° 01 - 214 ज RV985 ज 43 les Trèfles, mais de quelle façon ? छ 953 OE VII छ AD984 छ 76 Balicki a joué le 6 de Trèfle en ࡔ R74 S Horizontalement ࡔ R ࡔ D9752 espérant un honneur second ou un Ann. : S. don. Tous vuln. VIII I. Renard. Poule. - II. Evapo- ࡕ ARV873 partage 3-3 pour faire trois levées rées. In. - III. Ti. Economies. - IV. ज D2 dans la couleur. Après avoir fait le Sud Ouest Nord Est IX Octroi. Nonne. - V. Ut. Cuti. Se. - छ 532 Roi de Trèfle sec, Ouest tira l’As de 1 ࡕ passe 4 छ contre VI. Cité. Urgente. - VII. Hoover. ࡔ 43 Carreau et continua Carreau, qui 4 SA passe 5 ज passe X Tan. - VIII. Envolée. BA. - IX. Ii. en fait squeeza Est, obligé de gar- 6 ࡕ passe passe passe Crampe. - X. Reproducteur. Ann. : S. don. Pers. vuln. der quatre Piques et quatre Trè- fles. Il défaussa donc un Cœur. Ouest a entamé le Valet de Trè- HORIZONTALEMENT VIII. Ouverture sur mer. Fin de Verticalement Sud Ouest Nord Est Alors Balicki tira l’As de Trèfle (sur fle pour le 2 d’Est. Comment jouer dictée. Soutient la coque. - IX. 1. Retoucheur. - 2. Eviction. - 3. 1 ࡕ 2 ज passe passe lequel Ouest ne fournit plus) et il pour gagner ce PETIT CHELEM À I. Les pages du temps qui passe. Bien en place. Touche ceux qui Na. Tovip (pivot). - 4. Apercevoir. 2 ࡕ passe 3 ज passe joua à « cartes ouvertes » : il tira PIQUE contre toute défense ? Font passer le temps à rythme touchent beaucoup. - X. Bien pri- - 5. Rocou. El. - 6. Droiture. - 7. 3 SA passe passe passe l’As de Cœur (pour éliminer le der- régulier. - II. Mauvais ton. Trom- ses. En. Ir. Ecu. - 8. Péon. Go. RC. - 9. nier Cœur d’Est), puis joua le Valet Note sur les enchères pée sur toute la ligne. - III. A lais- Osmose. Bât. - 10. Inentamé. - 11. Ouest a entamé le 9 de Carreau de Trèfle. Si Est refuse de prendre, Le saut à « 4 Carreaux » était un sé ses œufs au passage. Doit VERTICALEMENT Lien. Ta. Pu. - 12. Ensemencer. pris par le 10 du mort. Quelle carte il sera mis en main au quatrième splinter promettant un singleton à l’être quand il arrive à l’hôpital. - tour à Pique et livrera à Trèfle la Carreau, au moins quatre cartes à IV. Bail à reprendre l’année pro- 1. Assure un joli service. - 2. A neuvième levée. Pique et environ 14 points DH. A chaine. Points en opposition. inspiré Toulouse-Lautrec. Des- cette convention, très employée Marque de dédain. - V. Prête à cend des Alpes. - 3. Apporte du UNE CONVENTION INTÉRESSANTE aux Etats-Unis, les champions fran- être croquée. Un rendez-vous plaisir. La bonne mesure en tou- En regardant les jeux de cette çais préfèrent souvent les frag- tous les vingt-quatre mois. - VI. te chose. - 4. Fais du tort. Renfor- donne distribuée au Cavendish de ments bids, plus compliqués et Droit sur la planche. Dans la ce l’affirmation. En rodage. - 5. New York, vous réussirez sans mal d’un emploi plus rare. gamme. Racine en fit une tragé- Roule au hasard. Fait du propre le petit chelem à Pique. Mais les die. - VII. Maison close. Piégée. - au passage. - 6. Bâtisseur de déclarants ne voyaient pas les jeux Philippe Brugnon 34 CULTURE LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001

MUSIQUE Après un silence de se l’efficacité rock pour s’orienter vers au Monde. b DANS « Nous sommes au centre de quelque « La lutte antimondialisation, ce sont cinq ans, le groupe de rock Noir Désir des expérimentations sonores. b «IL CET ENTRETIEN, le groupe bordelais, chose de symptomatique. Qui, aujour- d’abord des mouvements éclatés, des publie son sixième Des visages N’Y AURAIT pas eu de nouvel album qui publie chez Barclay (filière de d’hui, est indépendant du point de vue gens différents. Il n’y a pas de dogme. des figures. Ce nouvel opus apparaît s’il n’y avait pas eu ce désir de nou- Vivendi-Universal), évoque ses rap- du financement ? » b ET REVIENT sur Nous, nous sommes prêts à assumer ce comme un disque de rupture qui délais- veau territoire à traverser », explique ports avec l’industrie du disque : ses divers engagements « citoyens » : que nous pouvons assumer. » Noir Désir, un groupe libertaire au cœur de la mondialisation Le quatuor publie un nouvel album, « Des visages des figures », qui délaisse l’efficacité rock pour s’orienter vers des expérimentations sonores. Les Bordelais s’en expliquent dans un entretien au « Monde » et reviennent sur leurs divers engagements « citoyens »

PRÈS DE CINQ ANS après toujours évité, contrairement à pas 666.667 Club, Noir Désir publie un mal de nos copains, d’être des nouvel album, Des visages des figu- ersatz d’anglo-saxons, dans la pos- res. Composé des trentenaires Ber- ture et dans le son. Quant à la com- trand Cantat (chant, guitare), Serge paraison avec les Doors, c’était Teyssot-Gay (guitare), Denis Barthe plus pour des histoires de physi- (batterie) et Jean-Paul Roy (basse), que. On a aussi repris les Beatles et le groupe bordelais, devenu, en personne n’a dit que Serge ressem- quinze ans et six , un ténor blait à McCartney ! du rock français (plus de deux mil- – L’empreinte de Ferré est for- lions et demi de disques vendus), s’y te sur ce disque. Avec Des armes, dépouille de la rage électrique qui c’est la première fois que vous consumait ses précédents opus pour gravez une reprise d’auteur fran- s’ouvrir à de nouvelles sonorités. Ils çais sur un de vos albums. s’en expliquent pour Le Monde – Bertrand Cantat : L’empreinte avant d’évoquer leurs rapports avec la plus forte, c’est encore la nôtre. l’industrie du disque et leurs engage- La prétention a toujours été dans ments « citoyens ». l’humilité. Enfin, Ferré, vous « Des visages des figures n’avez pas tort. On a été contactés apparaît comme un disque de par une revue de poésie de Char- rupture. Votre image de grou- tres, 21.3, pour participer à un dis- pe de rock devenait-elle que, Quai 213. Il y avait des textes encombrante ? inédits que la famille Ferré avait – Bertrand Cantat : Encom- donnés. Nous avons rencontré brante, non, mais restrictive. Il Mathieu Ferré ; il nous a donné fallait surtout ne pas céder à nos Des armes en nous disant simple- réflexes : cogner fort, vite et bien, ment d’en faire bon usage. Nous ce qui risque de bousiller une chan- avons évité de tomber dans le côté son. Le disque One Trip/One Noise relique, religieux. On était si con- [des titres de Noir Désir remixés à tents du résultat qu’on l’a repris leur demande par divers artistes] a sur le disque. affirmé ce souhait d’ouverture par – Soutien aux travailleurs la dépossession. Il n’y aurait pas immigrés, à José Bové, au sous- eu d’album s’il n’y avait pas eu ce commandant Marcos, au Tibet… désir de nouveau territoire à Vous êtes sur tous les fronts de traverser. la lutte antimondialisation. – Serge Teyssot-Gay : C’est plus – Bertrand Cantat : La lutte anti- un besoin qu’un désir, ce n’est pas mondialisation, ce sont d’abord CHRISTOPHE GOUSSARD/UNIVERSAL MUSIC intellectualisé. On savait ce qu’on des mouvements éclatés, des gens ne voulait pas refaire, sans savoir Au premier plan, de gauche à droite : Serge Teyssot-Gay (guitare) et Bertrand Cantat (chant, guitare). différents. Il n’y a pas de dogme. où on allait. Au second plan : Jean-Paul Roy (basse) et Denis Barthe (batterie). Nous, nous sommes prêts à assu- – Le titre L’Europe est une mer ce que nous pouvons assumer. improvisation free de vingt-qua- senti passer. Mais la vérité, c’est – n’est-elle pas un peu schi- – Le single Le vent nous portera chanson-là qu’Aux sombres héros. Le problème, c’est que tout fonc- tre minutes. Quelle a été la réac- que notre maison de disques n’a zophrénique ? est peu représentatif du conte- On n’est plus aussi cons qu’avant : tionne aujourd’hui sur l’imagerie. tion de votre maison de disques, jamais eu à se plaindre de nous. – Bertrand Cantat : C’est une nu de l’album. Ne craignez-vous on ne va pas la foutre au feu parce Même Bové s’en sert. Quand il Barclay, à cette provocation ? – Bertrand Cantat : Plus que ça. question, et je ne sais pas comment pas de créer un malentendu quelle risque de devenir un single ! échange sa pipe avec Marcos, on – Bertrand Cantat : L’Europe, Noir Désir est une caution : “On on va faire pour la résoudre. Quel- vis-à-vis de votre public, comme On ne va pas se faire hara-kiri est dans le spectaculaire. L’impor- c’est trois heures et demie de musi- ne peut pas être accusé de je-ne- que part, on sert la soupe à ces cela a pu être le cas avec Aux pour faire plaisir à certains protes- tant, c’est qu’il y a derrière un dis- que réduites à vingt-quatre minu- sais-quoi, on a Noir Désir chez gens-là. Nous sommes au centre de sombres héros de l’amer ? tants. Si vous saviez tout ce qu’on cours intéressant, différent. J’ai tes. Si ce titre n’avait pas figuré nous”. Barclay, c’est Barclay ; le quelque chose de symptomatique. – Bertrand Cantat : On élimine n’a pas publié !… commencé à m’intéresser à l’histoi- sur l’album, je pense que person- gros “blob” au-dessus, c’est Qui, aujourd’hui, est indépendant ce genre de questions, qui sont de – Cet album marque un re de Bové en lisant des interviews. ne n’aurait pleuré. Mais on a insis- encore autre chose. Ce qu’on du point de vue du financement ? la pollution. Comment peut-on éloignement par rapport à la Au début, je me demandais ce té. Barclay a compris à quel point reconnaît, c’est qu’on travaille Vivendi regroupe tout. C’est du prétendre travailler et écrire libre- culture rock anglo-saxonne des qu’était cette énième spectaculari- on y tenait, sans évidemment mili- avec Barclay. délire. Ça va peut-être finir par ment si on se soucie des clients ? origines – notamment les Doors, sation, bien que j’aie trouvé excel- ter pour qu’on fasse des choses – Le gros “blob” en question poser un problème, surtout si cela Nous n’en avons pas. Le meilleur que vous avez repris et auxquels lent qu’ils aillent démonter le comme ça. s’appelle Vivendi-Universal, doit avoir la moindre incidence sur moyen de respecter les gens qui on vous a souvent comparés. McDo. – Serge Teyssot-Gay : S’il n’y auquel Barclay appartient. notre liberté de penser, de dire, de écouteront ce disque est de nous – Bertrand Cantat : Nous avons – Etes-vous toujours proches avait eu que des morceaux comme Votre position – être contre le faire. Pour le moment, Barclay est respecter nous-mêmes dans nos découvert le monde, qui n’est pas politiquement des anarchistes L’Europe sur ce disque, on l’aurait système, mais dans le système un sacré tampon. désirs. On assume mieux cette qu’anglo-saxon. Je crois qu’on a de la Confédération nationale – Denis Barthe : Et puis nous du travail ? sommes les propres garants de – Bertrand Cantat : Il faut que notre indépendance. Nous déci- Un art consommé du calembour l’étoile libertaire soit toujours là. En route pour l’audace dons s’il y a album ou non. Nous Evidemment, sa limite est la pro- choisissons tout, du local de répéti- Bertrand Cantat a toujours cultivé un art sans complexe du calem- position concrète. L’anarchie est DANS n’importe quel autre fataliste du groupe face au bradage tion au studio, de la pochette à la bour, cette « fiente de l’esprit qui vole », selon le mot de Victor Hugo. la formulation politique du déses- album de Noir Désir, un titre com- libéral du monde. Si, dans l’adapta- promo. « Ce n’est jamais gratuit, défend le parolier et chanteur de Noir Désir. poir. Elle n’est pas dans la course me Le Grand Incendie aurait fait l’ob- tion risquée, mais magnifique, de – Vous avez créé un label, La Ça doit avoir un sens. » L’amateur de jeux de mots appréciera ainsi, au pouvoir, puisqu’elle tape sur jet d’un hymne incandescent, avec Des armes, un poème de Léo Ferré, Grosse Rose. Le développer sur Des visages des figures, l’audacieux « T’oublies or not t’oublies » lui. Un anarchiste commence coup de poing lyrique et guitare de Cantat ose le lyrisme sans trébu- vous permettrait de vous éman- (Bouquets de nerfs) ou le basique « C’est le raz de marée / Les rats peu- toujours par s’engueuler avec lui- feu. Dans Des visages des figures,le cher, il dérape dans le chant, comme ciper davantage… vent plus se marrer » (Le Grand Incendie). Dès le premier mini-album même. D’autant plus que la situa- groupe attise la braise de ce mor- dans l’écriture, de Bouquet de nerfs, – Serge Teyssot-Gay : C’est un du groupe, Où veux-tu qu’j’regarde, on découvrait le calamiteux «Sije tion est complexe et l’ennemi ceau sans l’enflammer. Sur fond de pénible exercice « poétique » et seu- boulot énorme. On a monté ce suis couché, je n’joins pas les debouts » (Toujours être ailleurs). Mais pas si simple à définir. Comme boogie pète-sec, Bertrand Cantat le faute de goût de l’album. label et un studio à Bègles pour c’est Aux sombres héros de l’amer, le tube de l’album suivant, Veuillez l’écrivait Georges Hyvernaud, en déclame, impassible, en Jim Morri- dépanner des potes, c’est tout. rendre l’âme (à qui elle appartient), qui devait consacrer ce talent : parlant de la seconde guerre son janséniste. A deux occasions GRÂCE FANTOMATIQUE – Bertrand Cantat : On joue un « Les naufragés et leur peine qui jetaient l’encre ici / Et arrêtaient mondiale : “Tout le monde est – Son style 1, Lost (seule chanson, Seul membre du groupe à avoir peu les ambulances. Fiscalement, d’écrire… » Le groupe continue de distiller ses perles au fil des albums dans le coup.”» cette fois, à référence anglopho- tenté l’aventure solo, le guitariste on se fait d’ailleurs taper sur les Du ciment sous les plaines (« Tout passe, tout casse / Le joint, le cul las- ne) –, les Bordelais prouveront Serge Teyssot-Gay en a ramené un doigts. On nous dit : “Vous n’êtes sent », Si rien ne bouge)et666.667 Club (« Il y avait Paul et Mickey / On Propos recueillis par qu’ils savent encore emballer dans sens de l’audace qui a sans doute été pas une entreprise de prêt à taux pouvait discuter », Un jour en France), épargnant toutefois la poésie Grégoire Allix le bruit et la fureur. Mais à l’image l’un des moteurs des changements zéro !” abrupte et largement anglophone de Tostaky. et Bruno Lesprit de cet « incendie » sous la glace, ce de Des visages des figures. Des lumi- nouvel album s’aventure avec auda- neux arpèges de Le vent nous porte- ce dans le dépouillement et les ten- ra, répondant aux accords sau- sions sous-jacentes. tillants de Manu Chao, au jeu de lar- La formation de rock français la plus populaire depuis Téléphone Depuis toujours ingrédient de sen entêtant de L’Appartement, cet base de leurs cocktails explosifs, le instrumentiste, aussi sobre qu’inven- GROS SON, charisme scénique et rock : rencontre de deux lycéens peu « Doors du Sud-Ouest » avant d’ac- mière ligne (défense de la salle Le blues demeure quand l’essentiel tif, pose sa marque décisive sur cha- paroles énigmatiques à velléité litté- motivés, Bertrand Cantat et Serge cueillir froidement le désordonné et Sous-Marin, fermée par la munici- des clichés rock est évacué. Un blu- que chanson. raire pour la partie artistique ; intran- Teyssot-Gay, qui évacuent dans le sous-estimé Du ciment sous les plai- palité FN de Vitrolles, forum de ré- es décharné, primitif, capable de Des effets électroniques sigeance vis-à-vis de l’industrie du raffut l’ennui et la frustration provo- nes (1991). Le groupe réagit mal aux sistance à Toulon) et rassemble servir les pulsions, la narration et grouillent parfois dans l’ombre. Des disque et engagements « citoyens » quée par une cité bourgeoise ; bars, critiques et se retrouve une pre- 25 000 personnes à Bordeaux pour les chansons. Si le quatuor démon- arrangements de cordes discrets pour l’aspect militant. En quinze tremplin rock, première cassette pré- mière fois au bord de la rupture. une journée de musique et de pala- tre à nouveau son homogénéité, ce (signés Romain Humeau, du groupe ans, Noir Désir a imprimé sa mar- sentée à Barclay par l’intermédiaire bre associative, en 1997. disque met en valeur les performan- Eiffel) parent la chanson-titre d’une que sur la scène rock française, de Theo Hakola, chanteur américain TOURNÉE CHAOTiQUE Musicalement, le groupe multiplie ces particulières d’un chanteur et grâce fantomatique. La clarinette jusqu’à devenir le groupe le plus exilé à Paris – Noir Désir lui renverra Il revient en force avec le bruyant les collaborations (Bashung, Têtes d’un guitariste. d’Akosh Szelevényi s’épanouit gra- populaire depuis Téléphone. En l’ascenseur lorsque ce dernier, sans Tostaky (1992), dans la lignée des raides, Brigitte Fontaine). Les cli- Jamais, sans doute, Bertrand Can- cieusement dans Le vent nous porte- 1987, lorsque paraît le premier essai maison de disques, sera accueilli sur groupes de fusion américains les mats se diversifient, notamment tat n’aura travaillé autant de regis- ra, avant que ce complice hongrois discographique du quatuor borde- leur label La Grosse Rose. Avec le plus extrémistes (Fugazi, Rage vers les audaces du free, Cantat rejoi- tres. Jusque-là, son timbre faisait laisse libre cours à sa furia free-jazz lais, Jean-Louis Aubert et Louis Ber- temps, le mini-album Où veux-tu Against The Machine). La tournée gnant le quatuor du saxophoniste d’abord corps avec son charisme, dans L’Europe, monstrueux final de tignac ont divorcé, laissant des qu’je r’garde a hélas mal vieilli. Les est cahotante. Cantat s’est brisé la hongrois Akosh S. Seul Serge Teys- quitte à parfois abuser des défis phy- vingt-quatre minutes. Aux déclama- millions d’adolescents orphelins. Bordelais tentent alors, avec beau- voix à force de hurler, doit subir une sot-Gay publie des albums solos, siques. Ici, il prend le parti des modu- tions de Cantat répondent, ici, les Aucun groupe fédérateur n’est par- coup de maladresses adolescentes, opération. Le bassiste Fred Vidalenc dont le remarquable On croit qu’on lations. Haute et délicate, sa voix visions surréalistes de Brigitte Fon- venu à s’extraire d’une scène alterna- d’apprivoiser le spleen de la new met les voiles, au sens propre. Un en est sorti, mise en musique de tex- rappelle, dans L’Enfant roi, les incan- taine dont l’humour oxygène un tive pourtant en effervescence. Noir wave britannique (Cure, Joy Divi- roadie, Jean-Paul Roy, le remplace. tes extraits de La Peau et les Os,de tations des bluesmen fragiles Skip peu ce maelström hypnotique et Désir sera celui-là. Si sa méfiance sion). Avec 666.667 Club (1996), le Georges Hyvernaud. Noir Désir James ou Alan Wilson, la « chouette révolté, à vivre une fois plutôt qu’à farouche à l’égard du « système » le Veuillez rendre l’âme (à qui elle groupe se maintient au sommet : revendique enfin de plus en plus aveugle » de Canned Heat. Sauvage- réécouter. rattache à cette mouvance, il fera appartient), en 1989, est d’un tout meilleur groupe et meilleur single ouvertement l’héritage de la chan- ment ironique dans Son style 1, elle rapidement preuve d’une ambition, autre tonneau. Cantat cite ses (L’Homme pressé) aux Victoires de la son française, reprenant Brel (Ces berce d’une douceur intense le sin- Stéphane Davet d’un panache qui le distingueront sources (Lautréamont, Maïakovski) musique. Le message se fait plus gens-là), Ferré, et aujourd’hui Bras- gle, Le vent nous portera ; choisit la du commun des punks musette. et le groupe s’approprie l’apport du explicitement politique, Un jour en sens (Le Roi). gravité sans pathos dans A l’envers à e Des visages des figures, 1CD Exemplaire, la genèse du groupe country-punk américain (Gun France citant nommément le Front l’endroit, pour marquer la résistance Barclay/Universal. semble s’inscrire dans la mythologie Club). La presse se focalise sur ces national. Noir Désir monte en pre- B. Lt RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 / 35 MERCREDI 12 SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.55 Océanide. La péninsule du Sinaï, MUSIQUE 14.50 Coup de torchon aa TÉLÉVISION ARTE le paradis du prophète. Odyssée Bertrand Tavernier (France, 1981, 125 min) %. Ciné Cinémas 3 21.00 Pour l'amour des jardins. Forum 21.00 La Gloire du Kirov. Muzzik 21.00 Classic Archive. 19.00 Connaissance. 15.00 Le Parrain 2 aa 22.00 Art et nature, le désamour ? Forum 21.00 Vietnam, la guerre du camouflage. Avec Henryk Szeryng, violon ; TF 1 19.45 Météo, Arte info. e Tasso Janopoulo, piano. Mezzo Francis Ford Coppola (EU, 1974, [2 volet]. Histoire ? 16.35 Passions. 20.15 Reportage. Les Papys top models. 23.00 Sauver la forêt, 22.55 La Garde républicaine. 195 min) . Cinétoile 21.25 Lonely Planet. Philippines. Planète 15.35 American Graffiti aa 17.25 Beverly Hills. 20.45 Les Mercredis de l'Histoire. un rêve d'écolo ? Forum Enregistré en 1999. 21.45 Musica. 21.30 Civilisations. Le secret de l'empire dir. lieutenant-colonel George Lucas (EU, 1973, 18.15 et 1.10 Exclusif. 110 min) &. Ciné Cinémas 2 L'Autre Visage de don Giovanni MAGAZINES aztèque. La Chaîne Histoire François Boulanger. Mezzo 18.55 Le Bigdil. Film. Barbara Willis Sweete. 17.05 La Famille Fenouillard aa 21.45 Tribus d'Afrique. [3/5]. Odyssée 0.25 Sarah Vaughan. 20.00 Journal, Météo. 22.40 Musique de tables. Thierry de Mey. 20.45 Les Mercredis de l'Histoire. Montréal, 1983. Muzzik Yves Robert (France, 1960, 21.55 Watergate. [2/5]. 80 min) &. Ciné Classics 20.35 Football. Ligue des champions. 22.50 Profil. Jacques Lacan. Sigmund Freud, l'invention La psychanalyse réinventée. Les mensonges du président. Histoire 0.50 Les Rita Mitsouko. Grenoble, aaa FC Barcelone (Esp.) - Lyon (Fr.). de la psychanalyse [2/2] : décembre 2000. Paris Première 18.15 Une étoile est née 23.55 La Lucarne. Déclinaisons du bonheur. La conquête, 1914-1960. Arte 22.15 Le Mystère Lee Harvey Oswald. George Cukor (EU, version courte, 20.45 Coup d’envoi. [2/2]. Planète 1954, 150 min). TCM Lille (Fr.) - Deportivo La Corogne (Esp.). 0.55 Mémoires en fuite. 20.55 Des racines et des ailes. TÉLÉFILMS aa 0.10 Vol de nuit. Téléfilm. François Marthouret. Spécial Istanbul. France 3 22.50 Profil. Jacques Lacan. 18.15 Le Parrain 3 La psychanalyse réinventée. Arte 20.50 Maïmiti, Francis Ford Coppola (EU, 1990, La rentrée littéraire. 21.05 Strip-tease. Repas de famille. 165 min) &. Cinétoile 1.40 TF 1 nuit, Météo. M6 Pizza americana. La vie sexuelle 23.05 Biographie. Cléopâtre, l'enfant des îles. a des bêtes. Paris-Nice. TV 5 reine du destin. La Chaîne Histoire 18.50 Murder of Crows & Serge Meynard. France 2 Rowdy Herrington (EU, 1998, 17.55 Le Clown . 22.30 Ça se discute. Acné, eczéma, 23.10 Leclerc le libérateur. Planète 20.50 Croisière. 100 min) %. Ciné Cinémas 2 FRANCE 2 18.55 Le Caméléon &. psoriasis, mélanome : Comment être 23.55 La Lucarne. Karen Arthur. [1/3] &. Téva 20.30 Prisons de femmes aa 17.40 Le Groupe. 19.54 Le Six Minutes, Météo. bien dans sa peau ? France 2 & Déclinaisons du bonheur. Arte 22.25 La Voix du sang. Roger Richebé (France, 1938, 18.10 Hartley, cœurs à vif &. 20.05 Madame est servie . 23.50 La Route. Invités : Diane Tell 100 min) &. Ciné Classics 0.00 Pilot Guides. Colin Gregg. Festival 19.00 On a tout essayé. 20.40 Caméra Café. et Yann Moix. Canal Jimmy L'Arctique canadien. Voyage 20.30 L'Ile aux baleines aa & 22.30 L'Espoir dans le ciel. 19.50 Un gars, une fille. 20.50 Le Lycée. Le syndrome de Stockholm . La rentrée littéraire. Ute Wieland &. Téva Cleve Rees (GB, 1989, & 0.10 Vol de nuit. 1.00 Vivere Ferrari. [2/3]. Canal Jimmy & 21.50 Un voile pudique . Invités : Amélie Nothomb ; 100 min) . Ciné Cinémas 2 19.55 et 20.45 Tirage du Loto. % 0.55 Mémoires en fuite. aa 22.45 X-Files. Chasse à l'homme [1/21]. Daniel Picouly ; Vincent Ravalec ; SPORTS EN DIRECT François Marthouret. Arte 21.00 Piège mortel 20.00 et 0.35 Journal, Météo. 23.40 Chasse à l'homme [2/21]. Raphaëlle Billetdoux. TF 1 Sidney Lumet (Etats-Unis, 0.35 Wolff, police criminelle. 1982, 115 min) %. Ciné Cinémas 3 20.50 Maïmiti, l'enfant des îles. 0.25 Les Dossiers de l'Histoire. 19.00 Volley-ball. SÉRIES Téléfilm. Serge Meynard. Une question de temps %. La Cagoule : Enquête sur une Championnat d'Europe. 22.30 Ça se discute. conspiration d'extrême droite. France 3 France - Pologne. Eurosport 20.30 Star Trek, Deep Space Nine. 1.00 Des mots de minuit. 1.00 Des mots de minuit. France 2 20.45 Football. Ligue des champions. Ombres et symboles &. Canal Jimmy RADIO Barcelone - Lyon. TF 1 20.45 Suspect n˚1. DOCUMENTAIRES Opération Nadine %. RTL 9 FRANCE 3 FRANCE-CULTURE DANSE 20.50 Le Lycée. 17.50 C'est pas sorcier. 20.15 Reportage. Le syndrome de Stockholm &. M6 20.30 Radiodrames. Les Papys top models. Arte 0.30 Mansouria. 18.20 Questions pour un champion. 21.00 Mesures, démesures. Chorégraphie de Josette Baiz. 21.40 Brooklyn South. 20.30 Trous de mémoire. Planète Devant les juges &. Série Club 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. La voix d'alto de Richard Millet. Musique d'Ibrahim Petliensese. 20.10 Tout le sport. 20.35 Les Grandes Batailles. Par les enfants de l'école 0.55 Chapeau melon et bottes de cuir. 22.10 Multipistes. Rorke Drift. La Chaîne Histoire de La Bricarde de Marseille. Mezzo L'homme transparent. Série Club 20.20 Tous égaux. 22.30 Surpris par la nuit. 20.55 Des racines et des ailes. 0.05 Du jour au lendemain. 23.00 Météo, Soir 3. Michèle Gazier (Le Fil de soie). 23.30 Héros vinaigrette. 0.40 Chanson dans la nuit. 0.25 Les Dossiers de l'Histoire. 1.00 Les Nuits (rediff.). 1.20 La Loi de Los Angeles. « Sigmund Freud, l’invention de la Il y a toujours un singe qui trinque. FRANCE-MUSIQUES CINÉCINÉMAS 3 ARTE psychanalyse » (20 h 45). Elisabeth 21.00 Tombe les filles et tais-toi aa 20.00 Concert euroradio. 21.00 Piège mortel aa 22.50 Jacques Lacan, Kapnist a eu une trouvaille géniale : Herbert Ross. Avec Woody Allen, CANAL + Festival de Salzbourg. Diane Keaton, Tony Roberts Par l'Orchestre philharmonique Ce n’est pas un film d’épouvante, la psychanalyse réinventée visualiser le labyrinthe lacanien par (EU, 1971, 85 min) &. Cinétoile 16.45 Eddy Time. de Vienne, dir. Pierre Boulez. mais une machination criminelle La personnalité et la richesse des un dispositif calqué sur le jeu de 22.25 Tom Jones aa f En clair jusqu'à 20.45 Œuvres de Bartok, Bruckner. Tony Richardson (GB, 1963, 18.15 Divers et variés. Avec Gad El Maleh. 22.00 En attendant la nuit. très habile, avec retournements de univers défrichés par Jacques Lacan « pousse-pousse » ; l’écran est qua- v.o., 125 min) &. Cinétoile 23.00 Jazz, suivez le thème. 18.55 + de cinéma. situation, d’après une pièce d’Ira (dont on célèbre le centenaire de la drillé en une grille d’images qui glis- 22.45 La Bandera aa 0.00 Extérieur nuit. Julien Duvivier (France, 1935, 19.30 Le Journal. Levin (auteur de Rosemary’s Baby). naissance) auraient justifié plus que sent d’un carré l’autre, dévoilent & 95 min) . Histoire 19.45 Le Zapping. RADIO CLASSIQUE Les rapports entre les personnages ce film : une soirée entière, une d’autres documents photographi- 0.20 Un si joli village aa 19.55 Les Guignols de l'info. (parmi lesquels une voisine extralu- série… Mais Elisabeth Roudinesco ques, sur lesquels les auteurs ne s’at- Etienne Périer (France, 1978, 20.05 Burger Quiz. 20.00 Les Rendez-Vous du soir. 115 min) &. Ciné Cinémas 2 cide sensible aux « mauvaises vibra- et Elisabeth Kapnist évoquent avec tardent pas forcément, mais qui s’af- 20.45 Encore + de cinéma. Œuvres de Torelli, Vivaldi, 1.55 Pandora aaa Sammartini, Veracini. tions ») changent constamment, et brio le prisme Lacan en une heure, fichent comme les signes d’un jeu 21.00 Personne n'est parfait(e) Albert Lewin (EU, 1951, % 20.40 Concert. Par l'Orchestre philharmonique le jeu pervers entre Michael Caine signant là le troisième volet de leur de pistes susceptibles d’éclairer v.o., 120 min) &. Cinétoile Film. Joel Schumacher . de Dresde dirigé par Marek Janowsk. aa 22.50 Les Frères Falls a Œuvres de Webern, R. Strauss, Wagner. et Christopher Reeve mène le spec- passionnante histoire filmée de la l’univers de ce maître en investiga- 1.55 Contre-enquête % Sidney Lumet (EU, 1990,v.o., Film. Michael Polish (v.o.) . 22.30 Les Rendez-Vous du soir (suite). tateur de surprise en surprise. psychanalyse, diffusé après leur tions mentales. 125 min) &. Cinéstar 2 0.35 Midnight +. Œuvres de Haydn, Vanhal, Mozart.

JEUDI 13 SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.10 Loin d'Asmara. Planète 19.15 Roméo et Juliette. 13.25 Un si joli village aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Chorégraphie d'Angelin Preljocaj. Etienne Périer (France, 1978, 20.00 Les Aventuriers de l'altitude. & 21.00 Procès télévisés, Musique de Serge Prokofiev. 115 min) . Ciné Cinémas 1 15.05 Isabelle Huppert, [5/6]. Les montagnes roses Par le ballet Preljocaj. Muzzik de Wadi Rum. Planète 14.00 L'Orgueil des marines aa TF 1 une vie pour jouer. pour l'exemple. Forum Delmer Daves (Etats-Unis, 16.00 Panoramas du monde. [1/2]. 21.30 et 22.40, 23.35 Thema. Les Faces 20.00 Pilot Guides. La Norvège. Voyage MUSIQUE 1945, v.o., 120 min). TCM 14.45 Les Soupçons d'une mère. cachées de l'extrême droite en Europe. 20.05 Watergate. 15.40 Piège mortel aa Téléfilm. Eric Laneuville %. 17.00 Fenêtre sur. Le Brésil. Invités : Marek Halter ; [1/5]. Les plombiers. Histoire 17.45 et 20.35, 23.30 Mozart. Sonate pour Sidney Lumet (Etats-Unis, 16.35 Passions. 17.30 100 % question. Pascal Perrineau ; Michael Knape ; 20.15 Reportage. piano en mi bémol majeur KV 282. 1982, 115 min) %. Ciné Cinémas 3 17.25 Beverly Hills. 18.05 Le Monde secret Cornelie Sonntag-Wolgast. Arte Daniel Barenboïm, piano. Mezzo Dessine-moi la guerre. Arte 16.00 La Grande Course 18.15 Exclusif. des mammifères européens. [4/4]. 22.00 Télévision, un service public, 20.20 Mascagni. aa 20.46 Thema. Intermezzo de « L'Amico Fritz ». autour du monde 18.55 Le Bigdil. 18.57 Météo. pour quoi faire ? Forum « ... et demain le monde entier ». Arte Par l'Orchestre philarmonique Blake Edwards (Etats-Unis, 1965, 19.45 Météo. 19.00 Voyages, voyages. Estrémadure. 150 min). TCM 22.30 Bibliothèque Médicis. 21.20 Au fil du fleuve Amazone. Planète de Berlin, dir. H. von Karajan. Mezzo 19.50 Vivre com ça. 19.45 Météo, Arte info. 16.05 Beau-père aa Trotski : qu’en reste-t-il aujourd’hui 21.35 Août 1942, 21.00 Voice of Firestone. 20.00 Journal, Météo. 20.15 Reportage. Dessine-moi la guerre. dans la tête des politiques ? Concert. Archives en noir et blanc de Bertrand Blier (France, raid sur Dieppe. La Chaîne Histoire 1981, 120 min) ?. Cinéfaz 20.50 Les Cordier, juge et flic %. 20.45 Thema. De quoi j’me mêle ! Invités : Edwy Plenel, directeur Jussi Bjoerling, Ferruccio Tagliavini, Les faces cachées de la rédaction du Monde ; Odyssée Lauritz Melchior, Nicolaï Gedda, 17.40 Mamma Roma aa 22.35 Une proie idéale. 21.45 Huit secondes en enfer. ? de l'extrême droite en Europe. Claude Askolovitch ; Serge Raffy ; Richard Tucker, James McCracken Pier Paolo Pasolini (It., 1962, Téléfilm. Howard McCain . 20.45 « ... et demain le monde entier ». Philippe Campinchi ; 22.00 Un autre regard. et Franco Corelli. Muzzik v.o., 105 min) &. Cinétoile 0.25 Exclusif. Bénin, Espagne et Turquie. Voyage 21.30 et 22.40, 23.35 Les Faces cachées Roger Karoutchi ; 21.30 Le Voyage à Lille. Enregistré en 1998. 18.25 Deux aa de l'extrême droite en Europe. Monique Canto-Sperber. Public Sénat 22.15 Trous de mémoire. Planète Par l'Orchestre national de Lille, Claude Zidi (France, 1988, FRANCE 2 21.55 Des loups en habits d'agneaux. 23.00 Presse régionale et télévision 22.15 Journal d'un globe-trotter. dir. Jean-Claude Casadesus. Mezzo 95 min) &. Ciné Cinémas 3 22.15 Les Héritiers du Duce. Le Laos. Odyssée 23.05 Brahms. Sonate pour violon et piano n˚3. 20.30 Le Temps retrouvé aa 14.40 Commissaire Lea Sommer &. 22.25 Interdire ou enjôler ? de proximité. Forum 23.05 Tout le monde peut se tromper. 22.25 L'Invincible Armada. Avec Ju-Jung Baek, violon ; Raoul Ruiz (Fr. - It. - Port., 15.35 Mort suspecte &. Yoko Kanako, piano. Mezzo 1999, 160 min) &. Ciné Cinémas 1 23.55 La Lumière de l'Asie a MAGAZINES [1/3]. La dernière croisade. Histoire 16.20 Un livre. 0.15 Elvin Jones Jazz Machine. 20.45 Merci la vie aa Film. Franz Osten et Himansu Rai. 22.30 Biographie. Le destin 16.30 Des chiffres et des lettres. 20.55 Envoyé spécial. Un été à Bataville. Jazz à Vienne 2000. Muzzik Bertrand Blier (France, de Laszlo Rajk. La Chaîne Histoire 1991, 115 min) &. Cinéfaz 17.00 Qui est qui ? Quelle justice en Corse ? P-s : Demain, 1.00 Bach. Variations Goldberg BWV 988. M6 je serai champion du monde. France 2 22.30 Correspondances. Enregistré en 1985. 20.45 Cocoon aa 17.40 Le Groupe. Aux frontières du sport. Voyage 15.25 Demain à la une &. 21.50 Boléro. Avec Dmitry Sitkovetsky, violon ; Ron Howard (Etats-Unis, 18.10 Hartley, cœurs à vif &. 1985, 125 min). RTL 9 &. Invitée : Nadine de Rothschild. TMC 22.40 Jean-Claude Casadesus. Misha Maisky, violoncelle ; 19.00 On a tout essayé. 16.15 Central Park West Symphonie en cœur majeur. Mezzo Gérard Caussé, alto. Mezzo 20.50 La Fille seule aa 17.10 M comme musique. 23.05 Campus, le magazine de l'écrit. 19.50 Un gars, une fille. 23.05 Evasion. Jura : la petite Ecosse Benoît Jacquot (France, 1995, 17.30 Mariés, deux enfants &. L'engouement pour le bouddhisme 90 min) &. Cinéstar 1 20.00 Journal, Météo, Point route. du Jura. Odyssée TÉLÉFILMS 17.55 Le Clown &. en Occident. aa 20.55 Envoyé spécial. Quelle justice Invité : Jean-Claude Carrière. France 2 20.55 Le Maître de guerre & 23.05 L'Actor's Studio. 19.05 Ma sœur est une extraterrestre. Clint Eastwood (Etats-Unis, en Corse ? Un été à Bataville. 18.55 Le Caméléon . 23.10 Le Club. Billy Crystal. Paris Première Steve Boyum. Disney Channel 1986, 130 min) %. France 3 P.-s. : Demain, je serai champion 19.54 Le Six Minutes, Météo. Invité : Michel Serrault. Ciné Classics 23.05 Thema. Tout le monde 20.50 Soleil de sang. 22.10 Tout l'Or du Monde aa du monde. 20.05 Madame est servie. Le marathon &. 0.10 Rien à cacher. Roger Hanin. RTL 9 peut se tromper. Arte Harley Cokliss %. Canal + René Clair (France, 1961, 23.05 Campus, le magazine de l'écrit. 20.39 Un jour à part. & 23.10 Lonely Planet. Philippines. Planète 21.50 Acte de vengeance. 105 min) . Disney Channel L'engouement pour le bouddhisme 20.40 Caméra Café, Décrochages Info. aa en Occident. DOCUMENTAIRES 23.35 Les Bébés animaux. [3/4]. Les bébés John Mackenzie. Festival 22.20 Je suis un évadé 20.50 Loft Story. L'été des lofteurs. Mervyn LeRoy (Etats-Unis, 1932, 0.40 Journal, Météo. des plaines africaines. Odyssée 22.35 Une proie idéale. 23.10 Demon Girl. 17.00 Histoire de France. ? v.o., 100 min). TCM 23.40 Sujet tabou. L'homme par qui Howard McCain . TF 1 Téléfilm. Jimmy Kaufman ?. L'horrible invention du docteur FRANCE 3 Guillotin. La Chaîne Histoire le scandale arrive. France 3 23.20 Sous le sceau du secret. 0.35 Drôle de scène. Kelley Cauthen ?. TF 6 17.00 Le Zoo, toute une aventure. 23.45 Le Dossier Aïda. Mezzo 15.00 Un choix délicat. Téléfilm. S. Pillsbury. Singapour. Monte-Carlo TMC 0.00 Le Mystère Lee Harvey Oswald. SÉRIES 16.30 MNK. RADIO 17.00 Fenêtre sur. Le Brésil. La Cinquième [2/2]. Planète 17.35 A toi l'actu@. 17.25 Beverly Hills. Le défilé. TF 1 17.20 Ortiz, général sans Dieu ni maître. 0.40 Michel Vaillant. 17.50 C'est pas sorcier. L'or, c'est l'or ! [1/2]. Nosotros. Histoire Une histoire de familles. Canal Jimmy 17.30 Mariés, deux enfants. 18.15 Un livre un jour. FRANCE-CULTURE Une énième vie de chien &. M6 17.30 Les Légendes marines. [5/13]. SPORTS EN DIRECT 18.20 Questions pour un champion. 19.30 Cas d'école. La quête du roi Lambo. TMC 17.50 L'Homme de l'Atlantide. 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 20.30 Radiodrames. Le Début de l'a [1/2]. La disparition. Série Club 17.35 Tribus d'Afrique. [3/5]. Les Wodabee 14.30 Cyclisme. Tour d'Espagne (6e étape) : 20.15 Tout le sport. (chanson), de Pascal Rambert. et les Touareg du Niger. Odyssée Cangas de Onís - 18.10 Hartley, cœurs à vif. France 2 20.25 Tous égaux. 21.00 Le Gai Savoir. Avec Séverine Auffret. 18.00 Sous la mer. Torrelavega (178 km). Eurosport 18.30 Les Simpson. Les escrocs. Canal + 20.55 Le Maître de guerre aa 22.10 Multipistes. La Grande Barrière de corail. Voyage 16.30 Football. Coupe de l'UEFA. 18.55 Les Compagnons de Jéhu. Festival Film. Clint Eastwood %. 22.30 Surpris par la nuit. 18.00 Les Grandes Batailles. FC Pribram (Rtc) - Sedan. Canal + 18.55 Le Caméléon. 23.05 Météo, Soir 3. 0.05 Du jour au lendemain. Hastings 1066. La Chaîne Histoire 19.00 Football. Coupe de l'UEFA. [2/2]. Donoterase &. M6 23.40 Sujet tabou. 18.05 Le Monde secret Bordeaux - Debrecen VSC. Eurosport 19.25 Hill Street Blues. L'homme par qui le scandale arrive. FRANCE-MUSIQUES Coupe de l'UEFA. Des gâteaux indigestes &. TMC 0.15 La Loi de Los Angeles. des mammifères européens. [4/4]. 21.00 Football. Paris SG - Rapid Bucarest. Eurosport 20.00 Les Anges du bonheur. a Une victoire dangereuse. 19.05 Le Tour d'écoute. En direct Une histoire de loup. La Cinquième 22.30 Le Coup de l'escalier de la librairie Mollat à Bordeaux. 22.30 Golf. Championnat du monde Les deux femmes de ma vie &. Téva Robert Wise. Avec Harry Belafonte, 18.15 Valéry Giscard d'Estaing. e 20.00 Concert. Prélude. 20.30 En direct professionnel. 3 manche 20.50 Les Cordier, juge et flic. Robert Ryan (Etats-Unis, 1959, CANAL + [1/4]. L'héritage. Histoire er & du Grand Théâtre de Bordeaux. (1 jour). Canal + vert Née en prison %. TF 1 v.o., 95 min) . Cinétoile 18.30 Un regard sur la tradition a 14.10 Guinevere a Film. Audrey Wells &. Œuvres de Chostakovitch, Brahms. Breaking the Maiden. 22.35 La Motocyclette e 21.40 Outsiders. 22.00 En attendant la nuit. Café Louis. [3 volet]. Jack Cardiff (Grande-Bretagne, 15.50 H. Une histoire de voyance. japonaise. DANSE Mirror images (v.o.). Série Club ! Les friandises de Kyoto. Odyssée 1968, 90 min) . Canal Jimmy 16.20 Football. En direct. Coupe de l’UEFA. 23.00 Jazz, suivez le thème. 18.55 Roméo et Juliette. 22.15 La Crèche. La faute des autres. Round about Midnight [4/4]. 19.00 Voyages, voyages. Une place en crèche. TV 5 FC Pribam - Sedan. 16.30 Coup d’envoi. Chorégraphie d'Angelin Preljocaj. f Estrémadure. Arte Musique de Serge Prokofiev. 0.55 Chapeau melon et bottes de cuir. En clair jusqu'à 20.44 RADIO CLASSIQUE 19.10 Vietnam, la polémique. Histoire Par le Lyon Opéra ballet. Mezzo L'oiseau qui en savait trop. Série Club 18.30 Les Simpson &. 18.55 + de cinéma. 20.00 Les Rendez-Vous du soir. 19.30 Le Journal. Œuvres de Fauré, Ravel. 19.45 Le Zapping. 20.40 Le Dernier Beethoven, 19.55 Les Guignols de l'info. d'après Rémy Stricker. Œuvres de Beethoven : Quatuor 20.05 Burger Quiz. à cordes n˚13 (premier mouvement), % ARTE FRANCE 2 CINÉTOILE 20.50 Soleil de sang. Téléfilm. H. Cokliss . par le Quatuor Juilliard ; Missa 22.20 Le Monde des ténèbres. Amnésie %. Solemnis (kyrie), par le Chœur a de la Chapelle Royale, le Collegium 20.45 Thema : Les faces cachées 20.55 Envoyé spécial 22.30 Le Coup de l’escalier 23.05 Star Wars Episode 1, Vocale de Gand et l'Orchestre de l’extrême droite en Europe L’opinion publique corse se plaint Sur le scénario assez classique de la La Menace fantôme a des Champs-Elysées, Film. George Lucas (v.o.) &. dir. P. Herreweghe, etc. Si on enregistre un reflux de l’extrê- souvent des clichés véhiculés par préparation et de l’exécution d’un 1.15 Le danger vient de l'espace 23.10 Les Rendez-Vous du soir (suite). me droite en France, ce n’est pas le les médias continentaux sur l’île. cambriolage, Robert Wise a greffé Film. Paolo Heusch (v.o.) &. Œuvres de Franck, Chausson. cas dans plusieurs autres pays d’Eu- Des idées préconçues, des approxi- une remarquable étude de caractè- rope, comme le montrent les dif- mations et des amalgames, avec res et de comportements. Le racis- 22.40 Un, deux, trois, soleil aa SIGNIFICATION DES SYMBOLES férents documentaires (tous alle- souvent les mêmes conséquences : me à l’égard des Noirs (tel qu’on Bertrand Blier. Avec Anouk Grinberg, Les codes du CSA Les cotes des films mands) proposés au fil de cette une image de la Corse caricaturale. l’envisageait alors à la fin des an- Myriam Boyer, Olivier Martinez & Tous publics aaa On peut voir soirée thématique. Un débat réu- Le reportage de Jacques Cardoze nées 1950 aux Etats-Unis) trouve (France, 1993, 105 min) &. Cinéfaz % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aa ? aaa nira, à 21 h 30 et 22 h 50, plusieurs et Patrick Descheemaekere « Quel- sa condamnation dans une catas- 0.00 L'Intrus Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Clarence Brown (Etats-Unis, ? ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + spécialistes et personnalités, parmi le justice en Corse ? » tente d’abor- trophe finale haussant cette œuvre 1949, v.o., 90 min). TCM ! Public adulte DD Dernière diffusion lesquels l’écrivain Marek Halter et der les spécificités locales, mais n’a au niveau d’une fable tragique. Les 0.05 Mille milliards de dollars aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Henri Verneuil (France, 1982, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants Pascal Perrinneau, politologue. pas su éviter tous les pièges. interprètes sont, tous, excellents. 125 min) &. Cinétoile 36

JEUDI 13 SEPTEMBRE 2001 Les virgules noires Les ONG réduisent leurs personnels en Afghanistan par Pierre Georges par crainte de représailles massives américaines IL Y A ce témoignage parmi sanglant des correcteurs de mil- tant d’autres. Et cette image liers de vies-virgules, à ce ciel ter- extraordinaire, cette métaphore roriste tombé sur la tête du Incertitude sur le sort du commandant Massoud employée par un courtier en géant. bourse new-yorkais, James Ron- Nous avons tous, en direct, en KABOUL Australiens et quatre Allemands – Un diplomate français avait été Ahmed Shah Massoud. Les roquet- nie Whitney. Il travaille, tra- live si ce mot a encore un sens de notre envoyée spéciale a commencé il y a plus d’une blessé dans la même opération. tes étaient dirigées contre l’aéro- vaillait, normalement dans la télévisuel, été les propres repor- Dans la crainte de massives semaine, mais aucune date n’a été Plusieurs bureaux de l’ONU port de Kaboul, sur lequel trois avi- Tour A du World Trade Center. ters de notre propre stupéfac- représailles américaines après le avancée pour sa conclusion. avaient été attaqués et deux de ons, dont un Boeing de la compa- Mais hier matin, à neuf heures, tion horrifiée, de notre compas- carnage provoqué par les atten- Le CICR (Comité international ses employés locaux avaient été gnie Ariana et deux jets militaires, il se trouvait dans son apparte- sion impuissante, de nos angois- tats aux Etats-Unis, les étrangers de la Croix-Rouge) a pour sa part tués à Jalalabad. Cette action avait ont été détruits. ment, sur sa terrasse, à proximi- ses, peurs et dégoûts, et fureurs présents à Kaboul commencent à décidé de réduire ses activités, de provoqué le retrait des expatriés Un dépôt de munitions apparte- té immédiate des tours jumelles. devant ce qui est arrivé là-bas et évacuer la ville. Ce mercredi 12 regrouper son personnel et d’at- de l’ONU pendant au moins six nant aux talibans a aussi pris feu. Il prenait son petit déjeuner, en qui n’a guère d’autre nom que septembre, un premier convoi tendre de voir la suite des mois. Selon Bismillah Khan, cette atta- lisant son journal lorsque tout a celui d’une guerre sans nom. d’expatriés des ONG (organisa- événements. Traditionnellement, La crainte est aussi visible chez que était une réponse aux violents commencé, par une énorme et Nous avons tous, accrochés à tions non gouvernementales) alle- le CICR, qui jouit d’une aura parti- les Afghans, qui, depuis mardi bombardements aériens effectués première explosion. nos écrans, à ces caméras du mandes a pris la route en direc- culière en Afghanistan, où il a soir, ont l’oreille vissée à leur pos- par les talibans ces derniers jours Dès lors ce fut l’horreur. Un plus médiatique des mondes pra- tion du Pakistan. L’essentiel du près de 70 expatriés, est le der- te de radio. Partout à Kaboul, on sur la vallée du Panshir. Elle pour- deuxième avion, une deuxième tiquant l’endoscopie tremblante personnel expatrié des Nations nier à quitter les lieux. Près de voit des petits rassemblements rait être aussi une réponse à l’at- cible, une deuxième explosion de ses propres entrailles de pous- unies devrait, pour sa part, être 250 expatriés, pour la plupart tra- d’une dizaine de personnes écou- tentat qui a visé dimanche le com- gigantesque. Et toute l’horreur sières, de feu et de mort, décou- évacué par voie aérienne jeudi sur vailleurs humanitaires, vivent en tant et commentant les dernières mandant Massoud, dont l’état de du monde peut tenir en peu de vert, redécouvert la terreur, cet- Islamabad, au Pakistan. Afghanistan. nouvelles. Les explosions qui ont santé demeure toujours incertain. mots. En ces trois mots même : te voisine de siècle désormais. Les ONG présentes en Afghanis- secoué Kaboul à 2 heures et demie Selon le Dr Abdullah, vice-minis- « les virgules noires ». « Tout ce Nous avons vu vraiment ce tan n’ont pas encore toutes décidé INQUIÉTUDE À KABOUL du matin ont encore fait monter la tre des affaires étrangères du gou- que je peux vous dire, raconte que même la fiction, notre pain de la marche à suivre, mais beau- En 1998, les bombardements tension, même si elles n’ont rien à vernement déchu de Bahranuddin James Whitney à notre corres- et fantasme quotidiens, peut coup envisageaient de partir. Les massifs américains – 70 missiles voir avec ce qui s’est passé aux Rabbani et un proche de Mas- pondante Afsané Bassir Pour, avoir de déraisonnablement trois diplomates américain, austra- Tomahawk –, mais aux effets très Etats-Unis. Ceux-ci ont d’ailleurs soud, celui-ci serait vivant, sous c’est que je ne pourrai plus jamais naïf et amateur par comparai- lien et allemand envoyés à Kaboul limités, sur les camps abritant des immédiatement démenti être res- surveillance médicale. Jusqu’à fermer les yeux sans voir les Virgu- son à la plus crue, la plus insen- pour assister leurs ressortissants, fidèles de Ben Laden, en repré- ponsables de l’attaque qu’a reven- maintenant, aucun témoin indé- les tombant du ciel, ces corps sée, la plus incroyable des réali- membres de l’organisation caritati- sailles aux attaques contre les diquée plus tard un des comman- pendant n’a vu ou parlé avec Mas- courbés, comme des virgules noi- tés, un film-vérité du temps en ve allemande Shelter Now interna- ambassades américaines au Kenya dants des forces anti-talibans. soud. Plusieurs sources conti- res, sautant par douzaines des grandeur et horreur réelles. Ne tional (SNI), emprisonnés il y a et en Tanzanie, avaient provoqué « Deux de nos hélicoptères de com- nuent d’affirmer qu’il serait mort. fenêtres du bâtiment, face à mon cherchons pas trop les mots cinq semaines pour prosélytisme la mort d’un expatrié, un officier bat ont pris part à cette opération loft. J’étais sûr que j’allais mourir pour décrire cela. Et moins enco- chrétien, ont en revanche décidé italien de la mission de l’ONU à », a déclaré Bismillah Khan, un Françoise Chipaux moi aussi ; c’est à ce moment-là re pour l’écrire. Il n’y en a pas. rester. Le procès de ces huit expa- Kaboul, tué par deux Pakistanais des hauts commandants des for- que j’ai vu les virgules, les virgules Ou, alors, des mots de conven- triés – deux Américaines, deux enragés par ces bombardements. ces loyales au commandant f www.lemonde.fr/afghanistan qui parfois se tenaient la main et tion. Un pauvre bouclier de qui tombaient des fenêtres en mots bien impuissant face à la face de moi. C’était sauter ou brû- guerre des météorites humains ler vif. Et c’est à ce moment-là suicidaires et fous. que je me suis dit moi aussi, je Nous savons maintenant que dois sauter avant d’être... » le pire est possible, ce pire-là James Whitney, courtier en comme les autres, plus coutu- bourse, ne sautera pas, ne mour- miers. Nous ne savons pas qui a ra pas, n’oubliera pas. Jamais fait cela. Ni pourquoi. Ni au sans doute, puisqu’aussi bien nom de quelle cause pervertie cela ne pourra jamais plus être et démente des humains ont pu comme avant les virgules. Pour verser ainsi dans une inhumani- lui, pour l’Amérique et pour té des ténèbres et de l’apocalyp- nous tous qui avons pu assister se. Voyez. Même cette terreur à l’écroulement d’un monde lui n’a pas de nom. Et cela nous gla- aussi métaphorique, à l’efface- ce pour le monde à venir, déjà ment par le plus fou et le plus là. Dix tués palestiniens lors d’incursions israéliennes à Jénine JÉRUSALEM. Neuf Palestiniens ont été tués mercredi matin 12 sep- tembre par des tirs de soldats israéliens lors d’incursions de l’armée dans des localités autour de la ville autonome palestinienne de Jénine (nord de la Cisjordanie), selon un bilan établi de sources palestinien- nes. Ces nouveaux décès portent à 795 le nombre de personnes tuées depuis le début de l’Intifada, dont 608 Palestiniens et 164 Israéliens. Un Palestinien avait été tué et quarante-neuf autres Palestiniens bles- sés au cours d’une première incursion effectuée dans la nuit au centre de la ville même de Jénine, qui a pris fin mercredi à l’aube avec le retrait de l’armée israélienne de la ville. Les chars israéliens ont entiè- rement détruit un bâtiment abritant une station de la police palesti- nienne et incendié une maison, ont indiqué des sources palestinien- nes. D’après un porte-parole de l’armée israélienne, le bâtiment ser- vait « à envoyer des terroristes commettre des attentats en territoire israé- lien ». – (AFP.) Huit morts en Algérie ALGER. Huit personnes ont été tuées lundi 10 septembre en Algérie dans des violences attribuées aux groupes armés islamistes, ont rap- porté mardi les journaux. Trois gardes communaux ont été tués dans une embuscade tendue par un groupe armé à Boughedir, près de Jijel, sur la côte à l’est d’Alger, alors que l’un des assaillants était abattu au cours de l’accrochage. Dans la même région, un islamiste repenti et sa fillette de huit ans ont été assassinés dans le village touristique d’El Aouana. Un policier a été tué par un commando et un autre griève- ment blessé à Tizi Ouzou alors qu’ils surveillaient les épreuves de la ses- sion de rattrapage du baccalauréat. Enfin, un militaire a été tué à Kadi- ria, en Kabylie, dans l’explosion d’une bombe. D’autre part, selon Le Quotidien d’Oran, une vingtaine de bombes auraient été désamorcées la semaine dernière à Alger, où près de 80 alertes à la bombe ont été enregistrées. Depuis trois semaines, l’Algérie connaît un regain de vio- lence qui a fait plus de 180 morts, selon un décompte établi à partir de bilans de presse. – (AFP.) DÉPÊCHES a MAROC : le roi Mohammed VI a décidé d’écourter sa visite d’Etat en Mauritanie, à la suite des attentats aux Etats-Unis, a-t-on appris dans la soirée de mardi. Cette visite avait commencé lundi après-midi et devait se poursuivre mercredi, mais le souverain chéri- fien devrait finalement rentrer dans son pays mercredi matin, a préci- sé la même source. – (AFP.) a CORSE : un homme a été assassiné, mardi 11‚septembre à Bas- tia (Haute-Corse), par deux hommes à moto. Pierre Rocchi, trente- trois ans, originaire de Penta di Casinca, était connu des services de police pour des délits de droit commun. Treize étuis de balles de 9 mm ont été retrouvés au sol.

A NOS LECTEURS. En raison des contraintes de l’actualité, nous a sommes dans l’impossibilité de publier nos pages de cotations bour- sières. Notre cahier spécial de seize pages sur l’enseignement des lan- gues étrangères à l’école primaire sera publié ultérieurement.

Tirage du Monde daté mercredi 12 septembre 2001 : 552 760 exemplaires. 1-3 Nos abonnés Paris-Ile de France trouveront associé au numéro d’aujourd’hui le supplément Aden.