sommaire 6 Les partenaires institutionnels

7 Édito Rémy Pflimlin, président Jean-Dominique Marco, directeur

9 Éclipses dans le jardin Frank Madlener

10 L’affiche

Directeur de publication Jean-Dominique Marco 12 Les compositeurs et les œuvres

Rédaction Frank Madlener 15 Les trois impératifs de George Benjamin Éric Denut, musicologue Contributions Philippe Albèra, Eric Denut, Antoine Gindt, Marc Monnet, Max Noubel 19 Entretien avec Michael Jarrell Philippe Albèra, musicologue Secrétariat d’édition Camille Vier

Coordination et suivi 23 Elliott Carter, portrait Mafalda Kong-Dumas Max Noubel, musicologue

Conception graphique et photographies Poste 4 26 Programme détaillé

Impression Ott Imprimeur 75 Les compositeurs

© Musica 2005 – SACEM Licences de spectacle : 2-128734/3-125657 84 Les partenaires de Musica Crédits photographiques p. 14 et 27 Maurice Foxall / p. 17 Michiharu Okubo / p. 18, 19 et 71 Poste 4 / p. 22 et 51 Kathy Chapman / p. 24 Meredith Heuer / p. 27 Philippe Gontier / p. 28 Allison Jane Reed, DR, Carole Parodi, Mirjam Devriendt / p. 29 Mitch Jenkins / Warner Classics / p. 31 Marthe Lemelle, 92 Les actions pédagogiques Aymeric Warme-Janville / p. 32 DR / p. 33 Kass Kara photographers / p. 35 Pascal Bastien, Telemach Wiesinger (Bildkultur) / p. 36 Damien Guesnier, Instant Pluriel / p. 37 Lisa Rastl / p. 38 Olivier Roller / p. 40 Guillaume Jégou / p. 42 et 45 Guy Vivien / p. 43 Hanno Karttunen / 93 p. 46 Accroche Note, Guy Vivien / p. 47 DR / p. 48 Helge-Christoph L’équipe Borgelt, DR, Isabelle Vigier / Ben Van Duyi / p. 49 Tony Hutching / p. 51 Thomas Dashuber, Konzertgesellschaft / p. 53 DR / p. 54 Jean-Claude Dorn / p. 57 Mario del Curto (Théâtre Vidy Lausanne) / p. 59 DR / p. 61 Thomas Hensinger / p. 63 Patrick Baeumlin, B. Berthonnet, 94 Karlos Corbella / p. 64 Dieter Brasc / p. 65 Sigrid Colomyes / Les lieux p. 67 et 70 Mikaël Libert / p. 68 DR / p. 69 Mattias Edwall / p. 71 DR / p. 71 Charlotte Oswald / p. 72 et 73 DR 96 Infos pratiques /////////// 97 Tarifs Programme publié le 21 juin 2005, susceptible de modifications. Vous pouvez vous référer à notre 98 Vente et réservation site Internet (www.festival-musica.org) mis à jour en temps réel et au programme du soir distribué à l’entrée des manifestations. 99 Calendrier

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23e édition

////////////////////////////////////////////// ////////////////////////////////////////////// les partenaires institutionnels

Le soutien à la diversité musicale est au cœur de l’action du Ministère de la Culture et de la Communication, dont la politique intéresse à la fois les répertoires, l’évolution des formes, la création d’œuvres nouvelles et la rencontre avec les publics. Le travail de Musica, le temps du festival mais aussi tout au long de l’année, s’inscrit pleinement dans cette politique. Commanditaire de la création musicale contemporaine aux côtés de Musica, festival international des musiques d’aujourd’hui de Strasbourg, jeunes musiciens comme auprès de talents confirmés, le festival Musica aura lieu du 23 septembre au 8 octobre 2005. est aussi un formidable médiateur entre le public et les grands courants Pour cette vingt-troisième édition, l’accent sera plus spécifiquement esthétiques qui construisent l’aventure de la création musicale aux XXe porté sur la musique d’orchestre, avec des phalanges aussi prestigieuses et XXIe siècles, et plus largement du spectacle vivant. que l’Orchestre du SWR Baden-Baden/Fribourg, l’Orchestre du SWR Le programme 2005 de Musica creuse ce sillon, qui confronte prise de risque Stuttgart, l’Orchestre philharmonique de Radio France et, bien entendu, et prise de recul, permettant au public de se forger un regard critique et notre Orchestre philharmonique de Strasbourg. de découvrir les écritures musicales et scéniques d’aujourd’hui. Les plus grands compositeurs du XXe et du XXIe siècles seront au rendez- Dans ce dessein, Musica évoquera cette année l’œuvre de Pierre Boulez vous : des grands précurseurs qu’étaient Claude Debussy, Béla Bartók, et celle d’Elliott Carter, mais aussi les portraits de George Benjamin et Maurice Ravel, Alban Berg et Anton Webern à Pierre Boulez, dont nous Michael Jarrell, compositeurs qui marquent déjà leur époque. La com- fêterons le 80e anniversaire, Marc Monnet, Michael Jarrell, Heiner plicité engagée entre Musica et le Fonds européen des sociétés d’auteurs Goebbels, mais il faudrait les citer tous… pour la musique permettra également de découvrir le travail de jeunes Un hommage tout particulier sera rendu à Elliott Carter, reconnu par ses compositeurs européens. pairs comme l’un des plus grands, et qui nous prouve, qu’à 97 ans, il n’a La réussite de Musica est aussi celle d’un partenariat entre l’association rien perdu de son inspiration. qui porte le projet du festival, les collectivités territoriales qui apportent Parmi les 37 créations et premières françaises à l’affiche, il n’y a pas moins un soutien déterminé et l’État. de 8 commandes passées à des compositeurs par Musica, les Percussions S’il en était besoin, à travers son succès, le festival Musica ne cesse de faire de Strasbourg, Accroche Note et le Chœur de chambre de Strasbourg, chaque année la démonstration que la rencontre est possible entre un large preuve une fois de plus de l’incroyable vitalité artistique de notre cité. public et les itinéraires d’écriture de la musique contemporaine ! Saluons une fois de plus Musica qui nous ouvre toutes grandes les portes de la saison culturelle 2005/2006, si riche par ailleurs. Renaud Donnedieu de Vabres Ministre de la Culture et de la Communication Fabienne Keller Robert Grossmann Maire de Strasbourg Président de la Communauté Urbaine

Musica est désormais devenu un rendez-vous majeur de la musique contem- poraine, son rayonnement s’étendant bien au-delà des frontières de l’hexa- gone. Les organisateurs de cette manifestation, désormais bien ancrée dans le paysage musical, restent fidèles à leurs objectifs, en présentant les grandes œuvres significatives de la seconde moitié du XXe siècle, et en les Cette année encore Musica pénètre dans l’univers de la musique nouvelle, confrontant avec les tendances actuelles de la création musicale. dans le domaine de l’inattendu et de l’inentendu, pour nous la faire L’introduction, en cette année 2005, des « Samedis de la jeune création », aimer à l’égal d’autres musiques, en particulier de la musique classique. donneront l’occasion à un auditoire fidèle et curieux de découvrir de jeunes Plaire à un public plus large que celui qui l’apprécie habituellement, s’in- compositeurs européens émergeants, la programmation comportant par terroger entre bruits, notes et silences tels sont les objectifs de ce festi- ailleurs un hommage particulier à George Benjamin et Michael Jarrell, val. Les œuvres présentées, en commençant par celles de Claude Debussy, dont nous pourrons entendre les œuvres majeures, sous la baguette de nous entraînent dans le monde du rêve, celles de George Benjamin respirent chefs-compositeurs renommés. la joie, la poésie, celle de Pierre Boulez nous conduisent dans l’imaginaire, la Souhaitons à cette vingt-troisième édition, qui permettra aux mélomanes de sensibilité. découvrir les facettes les plus variées de la création contemporaine, le même Fruit de rencontres ou de chocs entre cultures différentes, Musica trouve succès public que les années précédentes, et saluons la diversité des parte- entièrement sa place dans le paysage culturel alsacien en nous faisant nariats établis, qui permettent à cette manifestation de garder sa renommée aussi découvrir des lieux insolites. et son originalité. Le Conseil Général du Bas-Rhin, conscient du rayonnement culturel de cette manifestation, a décidé d’apporter une nouvelle fois son soutien Adrien Zeller à Musica. Président du Conseil Régional d’Alsace Philippe Richert Président du Conseil Général du Bas-Rhin

6 ////////////////////////////////////////////// édito

Dans un entretien niques de Radio France et de Strasbourg Avis de tempête, concentre les voix, les gestes publié dans ce programme, Michael Jarrell, conduits par des chefs-compositeurs : instrumentaux, le déluge électronique et le compositeur fêté cette année à Musica, George Benjamin bien sûr, Matthias scintillement de la vidéo pour explorer sous déclare : « Je suis rarement totalement satisfait Pintscher, Heinz Holliger et Peter Eötvös. De formes d’allégories la tempête mentale, de ce que j’écris, j’éprouve le sentiment de ne pas nombreux ensembles et solistes complétent celle des voix intérieures. avoir atteint mes limites… Pour moi, composer, les hommages et diversifient la programma- Voix interdites par ailleurs, celles d’Ahmed c’est se mettre en difficulté, c’est se remettre en tion du festival en se tournant vers des Essyad dans son nouveau cycle. Voix qui question et c’est aussi se construire soi-même. artistes plus jeunes ou moins connus. s’inspirent de la mystique du soufisme et tra- C’est dans cet esprit que je m’impose des Face à de telles références, relever le défi duisent l’oubli de ce qui ne peut être dit mais contraintes, à la fois pour me surprendre et n’est pas aisé pour la jeune génération d’au- que la conscience réveillera plus tard. Ici, m’obliger à me dépasser. Je pourrais écrire tant plus que la pression médiatique et le comme dans l’œuvre de Wolfgang Rihm, quelque chose qui sonne immédiatement de besoin d’assurer la relève sont de nature à Eine Stimme, la voix, inscrite à l’intérieur façon satisfaisante, mais je ressens le besoin déstabiliser celui qui cherche aujourd’hui à d’une langue, est essentielle et fondatrice du d’une mise en danger du soliste et du chef : ils innover. Défi que Musica lance avec le Fonds geste musical. doivent aussi se dépasser. » européen des sociétés d’auteurs pour la Les Nuits de Musica vous entraînent quant à Voici en quelques mots définis de belle musique à une dizaine de compositeurs de moins de trente ans au cours de deux elles à la découverte de véritables acrobates façon les contours du territoire de Musica du jazz : , surprenante trom- concerts le samedi matin, les Samedis de la Sarah Morrow 2005 et de sa quête inlassable en faveur de boniste débordante d’énergie aux phrasés ceux qui apportent leur contribution aux jeune création. Célébration de la jeunesse clairs et agiles ; Viktoria Tolstoy, scandinave à évolutions musicales : ne jamais renoncer à encore et de la possible relève avec Ramón Lazkano, Misato Mochizuki, Olga Neuwirth, la voix suave et légèrement rugueuse qu’elle l’excellence, aller au bout de sa réflexion, de sait poser à merveille sur les musiques son exigence, à l’égard de soi-même et Alberto Posadas et Christophe Bertrand. Nouvelle résidence aussi au Conservatoire d’Esbjörn Svensson, fondateur d’E.S.T., trio des interprètes. Deux grands compositeurs suédois le plus récompensé de ces trois der- très présents cette année à Musica aux côtés National de Région de Strasbourg avec Kaija nières années et enfin The Bad Plus, trio de Michael Jarrell sont avec lui les illustres Saariaho et son complice, le violoncelliste . Trois concerts témoignent choc new yorkais le plus déjanté du moment porteurs de cette belle éthique : Pierre Anssi Karttunen de l’intérêt qu’ils ont notamment porté aux et pleins d’humour. En guest star, Marianne Boulez, dont nous fêtons les quatre-vingt jeunes enfants-interprètes en relation avec Faithfull, l’égérie à la voix rauque des années ans et George Benjamin. Tous deux, bien les étudiants de la classe de composition 80 et l'interprète de Kurt Weill des années que chefs de renom international et donc 90, nous ouvre la porte de , d’Ivan Fedele. Enfin, L’Amour à sept cordes, Before the Poison très sollicités, n’ont jamais renoncé à l’écri- son nouvel album. ture musicale. Au contraire, l’un et l’autre, spectacle de Garth Knox pour enfants de tous âges, ouvre nos oreilles au jeu de l’alto tout comme Michael Jarrell, s’attachent à Que tous les partenaires de Musica soient ici l’œuvre inachevée dans une perpétuelle et fait renaître la viole d’amour à travers sept chaleureusement remerciés pour la part remise en cause du processus créatif. contes musicaux. active qu’ils auront prise à la réussite de cette e Musica 2005 est aussi l’année du retour en 23 édition du festival. L’État, la Ville de En grand seigneur de la musique, Elliott Strasbourg, le Conseil Régional d’Alsace et le Carter reste à quatre-vingt-dix-sept ans la réfé- force de trois artistes inclassables du théâtre musical qui, aujourd’hui, élargissent et enri- Conseil Général du Bas-Rhin, mais aussi les rence musicale absolue pour George organismes privés, sociétés et fondations, qui Benjamin. Celui que Pierre Boulez désigne chissent les dimensions scéniques de leur art par la maîtrise de la vidéo et de l’électro- apportent leur concours, les nombreux parte- volontiers comme le meilleur compositeur naires culturels qui co-réalisent des manifes- nique. Heiner Goebbels, avec son dernier américain a su s’imposer sur la scène interna- tations ou accueillent Musica dans leurs murs tionale avec une œuvre d’une grande exigence spectacle Eraritjaritjaka, invoque par une sorte de thriller technolo- et enfin, les médias avec lesquels le festival a et d’une cohérence exceptionnelle. Langage pu développer de véritables partenariats. musical fluide et d’une très belle transpa- gique dans lequel se marient à la perfection rence, la subtile musique de Carter témoigne le jeu sur le texte, la vidéo, la musique et une À tous ainsi qu’à vous, public fidèle et de l’extraordinaire vitalité de ce grand compo- étonnante scénographie. Marc Monnet, curieux, attentif et exigeant, nous souhaitons siteur. Musica lui rend hommage en présen- dans la création de son opéra Pan, en esprit un très heureux festival. tant une dizaine de ses œuvres. frondeur, raconte tout et rien en décrivant son œuvre comme un remue-ménage de Rémy Pflimlin Jean-Dominique Marco Ce programme est servi par les orchestres de chanteurs, d’acteurs, d’histoires et de voix Président Directeur Baden-Baden et de Stuttgart, les philharmo- multiples. Enfin, Georges Aperghis, dans de Musica de Musica 7

////////////////////////////////////////////// éclipses dans le jardin

Les maîtres d’une musique Le portrait quasi exhaustif de George lyrique ne convient au théâtre de Georges surgie de l’orchestre et comme inventée Benjamin s’éclaire d’autres rapproche- Aperghis, au cirque poétique de Marc dans l’instant sont au rendez-vous de ments avec la pensée de Pierre Boulez. Monnet, aux manipulations visuelles et Musica. George Benjamin, Michael Jarrell Musicien à l’oreille impitoyable, parcimo- sonores chez Heiner Goebbels. Leur uni- et Pierre Boulez dont nous saluons les nieux de ses créations, le plus francophile vers respectif utilise les ressources de la quatre-vingt ans, poursuivent cette voie des compositeurs anglais possède un technologie, de l’électronique et de la conquise par Claude Debussy, particuliè- catalogue restreint bien qu’il écrivît ses vidéo, mais plus encore, la puissance rement dans Jeux. Du poème dansé de 1913 premiers chefs-d’œuvre à vingt ans. Ce accrue des interprètes, tout à la fois musi- jusqu’aux Dance Figures écrits en 2005 parcours rendra sensible le passage d’une ciens, acteurs et partenaires d’une aven- par George Benjamin, ouverture et clô- « musique qui est, à une musique qui ture scénique. L’opéra de Georges ture du festival, l’illusion sonore révèle et devient ». Dépassant la contemplation du Aperghis, tempête du monde et tornade dissimule toutes les contraintes de l’écri- At First Light de jeunesse pour atteindre la sous un crâne, propulse tous les événe- ture. Il n’y a plus d’objets arrêtés mais des tension polyphonique des Palimpsests ments dans l’essoreuse de l’Histoire. événements sonores qui surgissent, pas- récents, son chemin s’est dégagé d’une Eraritjaritjaka de Heiner Goebbels, au sent et fuient. Parmi ces artistes, jardi- pensée essentiellement harmonique pour contraire, les en soustrait et piège la per- niers minutieux de leur labyrinthe, Elliott envisager les formes complexes. Dans le ception du spectateur. Carter imprime son originalité sur la jardin de Benjamin, où éclôt la singula- La réalité se nimbe de l’illusion. L’événe- notion même du temps musical, consti- rité de lignes solistes, les fleurs de l’arti- ment qui était passage du temps, acte tué de multiples rubans. Dans son théâtre fice concentrent et surpassent l’intensité neuf, dérives d’une idée fixe dans les jar- de caractères inconciliables, l’ellipse, la de la nature. dins de Carter, Benjamin et Jarrell, devient fluidité et l’élément le plus fugace mani- ici indiscernable : il glisse à toute vitesse festent les passages du flux du temps. Exact contemporain de Benjamin, sur la surface mouvante des choses. Michael Jarrell aime revenir sur ses traces Plus qu’une généalogie entre composi- qui sont les esquisses d’une même inven- Par l’ubiquité visuelle, nous sommes reve- teurs, Musica dessine un réseau de lignes tion. Les trois petits points figurant à la nus au parc nocturne des aventures de de forces et de rencontres. On y reconnaît fin de ses titres signalent cet inachève- Jeux dont l’une des meilleures analogies l’aversion pour l’œuvre « finie » – l’idée ment essentiel : le compositeur évoque appartient au cinéma. Dans Blow Up de musicale reconduit indéfiniment le pro- volontiers Alberto Giacometti, poursui- Michelangelo Antonioni, un cliché photo- cessus de ses réalisations – et l’allergie au vant l’idée fixe qui relie style, esthétique et graphique montre et reproduit ce qui dilettantisme. Le métier et l’artisanat technique. À l’écoute des « concertos » n’apparaissait pas dans la réalité. L’évé- supérieurs sont toujours invoqués réunis par Musica, on perçoit la filiation nement reconstitué après coup a lieu lorsque les gestes du compositeur et ceux fondamentale à Debussy dont Michael rétrospectivement, au futur antérieur. Ce de l’interprète se confondent dans la vir- Jarrell avait orchestré trois études. Pour les sont les figures virtuelles chez Boulez et tuosité du jeu. notes répétées, Pour les sonorités opposées, les perspectives mouvantes de Debussy, Dernier trait commun, l’œuvre qui naît Pour les accords, n’est-ce pas là précisé- transitions ou éclipses à peine perçues. d’une tension féconde entre la mémoire ment trois marques caractéristiques Surgi singulier, l’événement atteste du et l’oubli, l’ordre et le chaos, se mesure d’une musique proliférant de racines en devenir qu’il aura peut-être modifié. aux exigences d’une considérable lignée. rhizomes ? Musica a ainsi voulu placer chacun de ses Frank Madlener concerts orchestraux sous la direction Interrompant ce monde somptueux de d’un compositeur qui noue sa propre l’orchestre, trois créateurs du théâtre intrigue avec le passé. musical et de l’opéra marquent leur Pour se « débarrasser » de l’Histoire, faut- grand retour à Musica ! Aucune des solu- il la diriger ? tions répétées par la vieille tradition

9 ////////////////////////////////////////////// l’affiche par ordre alphabétique

k renvoi au n° de concert orchestres ensembles opéras et spectacles musicaux Orchestre philharmonique Accroche Note k 02 et 22 de Radio France k 34 Peter Eötvös, direction 26 Ensemble Contrechamps k k 09 et 13 George Benjamin, direction […] Ob:scena Orchestre philharmonique Première française Spectacle pour quatre danseurs, film et bande de Strasbourg - Orchestre national k 07 04 Ensemble intercontemporain k Concept et chorégraphie, Matthias Pintscher, direction Willi Dorner Pascal Rophé, direction Film, Martin Arnold en collaboration avec Matthias Meyer Orchestre symphonique du Ensemble 2e2m k 18 Danse et chorégraphie, Compagnie SWR Baden-Baden / Fribourg k 01 Willi Dorner (Helena Arenbergerova, Anna George Benjamin, direction Ictus k 12, 30 et 33 MacRae, Matthew Smith, Michael O’Connor) Georges-Elie Octors, direction Dramaturgie, Peter Stamer Orchestre symphonique Mise en scène, Stefanie Wilhelm Arrangement musical, notam- du SWR Stuttgart k 20 Heinz Ditsch Les Percussions de Strasbourg ment d’après les Récitations pour voix seule Heinz Holliger, direction 16 Accroche Note k (1978) de Georges Aperghis Luca Pfaff, direction Lumières, Krisha Technique, Klaus Rink Quatuor Arditti k 19 Voix, Donatienne Michel-Dansac /////////// Costumes, photographie, Lisa Rastl Son, Quatuor Diotima k 11 et 12 Heinz Ditsch, Moritz Cizek Vidéo, Gert Juden Film, Florian Binder, Matthias Meyer, chœurs Roland Seidel, Philipp Zaufel /////////// Production Wien Modern / Tanzquartier Wien / et ensembles vocaux Compagnie Willi Dorner Coproduction La Muse en circuit / Musica Chœur Accentus k 04 récitals Co-réalisation à Strasbourg Musica / Pôle Sud Pascal Rophé, direction Créé le 8 novembre 2003 au festival Wien Modern Pierre-Laurent Aimard, piano k 03 Chœur de chambre de Strasbourg k 27 Avec le soutien du Réseau Varèse, réseau Mario Caroli, flûte k 08 européen pour la création et la diffusion Catherine Bolzinger, direction Marc Coppey, violoncelle k 08 musicales subventionné par le Programme Florent Jodelet, percussion k 29 Culture 2000 de l’Union Européenne, de Ensemble vocal du SWR Stuttgart k 20 Carolin Widmann, violon k 06 la Ville de Vienne, de la Chancellerie fédérale Heinz Holliger, direction de Vienne, du groupe Erste Bank et de l’AFAA

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/////////// les nuits de musica

E.S.T. Esbjorn Svensson Trio k 31 Marianne Faithfull k 17 Sarah Morrow k 05 The Bad Plus k 35 Viktoria Tolstoy k 21

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10 //////////////////////////////////////////////

Pan k 15 L’Amour à sept cordes k 24 et 25 Avis de tempête k 30 et 33 Création Spectacle musical jeune public de Garth Knox Opéra de Georges Aperghis Opéra de Marc Monnet Viole d’amour et alto, Garth Knox Livret, Georges Aperghis et Peter Szendy d’après un texte de Christophe Tarkos Mise en son, Philippe Bosès Musique et mise en scène, Georges Aperghis Direction musicale, Pierre-André Valade Co-réalisation à Strasbourg Musica / T.J.P. Direction musicale, Georges-Elie Octors Metteur en scène et plasticien, Pascal Rambert Centre Dramatique National d’Alsace Soprano, Donatienne Michel-Dansac Lumières, Pierre Leblanc Créé en 2003 à la Cité de la musique - Paris Danseuse et comédienne, Johanne Saunier avec deux chanteurs et les acteurs danseurs Barytons, Lionel Peintre et Romain Bischoff et performeurs de pascal rambert et de Ictus 28 la compagnie side one posthume théâtre Italia Anno Zero k Scénographie et lumières, Peter Missotten / Informatique musicale, Ircam Première française Filmfabriek Réalisation, Eric Daubresse Concert scénique d’Olga Neuwirth Vidéo, Kurt D’Haeseleer / Filmfabriek Ingénierie sonore, Jérémie Henrot et Roberto Paci Dalò Informatique musicale, Ircam- Chœurs de l’Opéra national du Rhin D’après des textes d’Antonio Gramsci, Réalisation informatique musicale, Orchestre symphonique de Mulhouse Giacomo Leopardi, Pier Paolo Pasolini Sébastien Roux Commande Opéra national du Rhin en Clarinettes, Donna et Ernesto Molinari Assistante à la mise en scène, Emilie Morin coproduction avec l’Ircam-Centre Pompidou Theremin Vox et électronique, Olga Neuwirth Costumes, Isabelle Gontard Clarinettes, sampler et électronique, Commande d’État / Opéra de Lille Production Opéra de Lille k 23 Roberto Paci Dalò Eraritjaritjaka Guitare et électronique, Burkhard Stangl Coproduction Lille 2004 / Opéra de Nancy et Spectacle de Heiner Goebbels Concept et composition, Olga Neuwirth, de Lorraine / Ircam-Centre Pompidou D’après des textes d’Elias Canetti Roberto Paci Dalò Co-réalisation à Strasbourg Musica / Conception, mise en scène et musique, Le-Maillon, théâtre de Strabourg Concept et composition, Heiner Goebbels Olga Neuwirth Créé le 17 novembre 2004 à Lille et Scénographie et lumière, Klaus Grünberg Roberto Paci Dalò Avec le soutien du Réseau Varèse, réseau euro- Film, lumières, décor, Live vidéo, Bruno Deville Roberto Paci Dalò péen pour la création et la diffusion musicales Mixage vidéo en direct, Costumes, Florence von Gerkan Filippo Giunchedi subventionné par le Programme Culture 2000 Directeur son, Sound Design, Willi Bopp Oliver Brunbauer de l’Union Européenne, du Fonds de Création Dramaturgie et collaboration à la mise Directeur technique et lumières, Peter Knögler Lyrique et de l’Association Beaumarchais Collaboration artistique, en scène, Stephan Buchberger Gabriele Frasca Production, Assistante à la mise en scène, Leman Yilmaz Sabina Schebrak Assistante à la scénographie et maquettes, Collaboration au décor, Francesco Bocchini Project manager, Anne Niederstadt Barbara Lebitsch Acteur, André Wilms Film The Mondriaan Quartet (Jan Erik van Voix Sandro Lombardi et Caroline Michel Regteren Altena, violon - Edwin Blankenstijn, Actrice Natalie Cristiani violon - Annette Bergman, alto - Eduard van Montage, Pietro Lassandro Regteren Altena, violoncelle) Animation assistant, Irene Aurora Paci Voix d’enfant, Jérémy Carruba Image, Roberto Paci Dalò, Marco Tani, Voix de femme, Florence von Gerkan Nicola Vicenti Musique de Johann Sebastian Bach, Miniature stage model, Stefano Cerulli Gavin Bryars, George Crumb, Vassily Lobanov, Alexeij Mossolov, Maurice Ravel, Production Giardini Pensili / Wien Modern Dmitri Chostakovitch et Heiner Goebbels en collaboration avec le Festival d’automne de Producteur délégué Vidy-Lausanne Budapest, l’ORF Kunstradio et Terra Gramsci Coproduction Schauspielfrankfurt / Spielzeit- Créé le 23 octobre 2004 au Festival d’automne europa - Berliner Festspiele / Pour-cent culturel de Budapest Migros / T&M-Odéon Théâtre de l’ / Avec le soutien du Réseau Varèse, réseau euro- Festival d’Automne à Paris / Wiener Festwochen péen pour la création et la diffusion musicales Co-réalisation à Mulhouse Musica / subventionné par le Programme Culture 2000 La Filature, scène nationale de l’Union Européenne Créé le 20 avril 2004 au Théâtre Vidy-Lausanne www.italiaannozero.org Avec le soutien de la Fondation Landis & Gyr et du Réseau Varèse, réseau européen pour la création et la diffusion musicales subventionné par le Programme Culture 2000 de l’Union Européenne 11 ////////////////////////////////////////////// les compositeurs et les œuvres 54 compositeurs 37 créations (c) et premières françaises (pf) 108 œuvres

k renvoi au n° de concert

Georges Aperghis Christophe Bertrand Laurent Cuniot ///////Grèce, 1945 ///////France, 1981 ///////France, 1957 Avis de tempête k 30 et 33 Madrigal c k 16 Efji c k 29 Quatuor à cordes pf k 19 Johann Sebastian Bach Xavier Dayer ///////Allemagne, 1685-1750 Pierre Boulez ///////Suisse, 1972 Chaconne de la Partita pour violon ///////France, 1925 Shall I revisit these same differing fields en ré mineur k 08 Notations 1, 3, 4, 7, 2 pour orchestre k 01 (Sonnet XX) pf k 02 Sarabande de la Ve suite pour violoncelle Notations 1, 3, 4, 7, 2 pour piano k 01 en ut mineur k 08 Première sonate pour piano k 03 Claude Debussy k 06 Anthèmes I ///////France, 1852 – 1918 Figures-Doubles-Prismes k 34 Béla Bartók Quatuor à cordes en sol mineur k 11 ///////Hongrie, 1881-1945 Jeux, poème dansé k 34 Sonate pour violon seul (Sz . 117) k 06 Edith Canat de Chizy ///////France, 1950 Renaud De Putter k 11 George Benjamin Alive, quatuor à cordes n° 2 ///////Belgique, 1967 ///////Grande-Bretagne, 1960 Eclipse Sound - Extraits (II, IV, VI et VII) c k 02 Sudden Time k 01 Elliott Carter Dance Figures pf k 01 ///////États-Unis, 1908 Willi Dorner Palimpsests I et II pf k 01 k 03 Two Diversions ///////Autriche, 1959 Shadowlines k 03 Scrivo in Vento k 08 [...] Ob:scena pf k 09 et 13 Three Miniatures k 06 Enchanted Preludes k 08 A Mind of Winter k 07 Figment n°1 et 2 k 08 Viola, Viola k 12 Fragment n°2 k 19 Henri Dutilleux pf 20 Sometime Voices k Quatuor à cordes n°5 k 19 ///////France, 1916 k 26 At First Light Boston Concerto pf k 20 Métaboles k 20 Three Inventions for Chamber Orchestra k 26 A 6 Letter Letter k 20 pf 20 Of Rewaking k Peter Eötvös Dialogues k 26 Sébastien Béranger /////// Extraits k 29 Hongrie, 1944 ///////France, 1977 Huit pièces pour timbales - Zeropoints k 34 Crac(k) c k 02 Acousmie k 18 Unsuk Chin ///////Corée, 1961 Ahmed Essyad ///////Maroc / France, 1938 Allegro ma non troppo pf k 29 Alban Berg Voix interdites c k 22 ///////Autriche, 1885-1935 Sept Lieder de jeunesse k 07 Jérôme Combier ///////France, 1971 Alireza Fahrang ///////Iran, 1968 Petite obscurité k 02 Essere Pietra k 18 Through the looking glass (De l’autre côté du miroir) c k 10

12 //////////////////////////////////////////////

Philippe Fénelon Michaël Lévinas Sebastian Rivas ///////France, 1952 ///////France, 1949 ///////France / Argentine, 1975 Zabak k 29 Quatuor à cordes c k 11 Sanftestes Gesetz k 18

Reinhard Fuchs Philipp Maintz Kaija Saariaho ///////Autriche, 1974 ///////Allemagne, 1977 ///////Finlande, 1952 Transkript pf k 02 Schneeblind pf k 18 Danse des flocons I et II k 10 La flûte magique de Liisa k 10 Yan Maresz Terrestre k 14 Heiner Goebbels k 14 /////// ///////France, 1966 Neiges Allemagne, 1952 14 c 16 From the Grammar of Dreams k Eraritjaritjaka k 23 Network k Mirrors k 14 Sept Papillons k 14 Heinz Holliger Misato Mochizuki Jardin Secret II k 32 /////// ///////Suisse, 1939 Japon, 1969 NoaNoa k 32 c k 12 32 (T)air(e) k 08 Quatuor à cordes Trois rivières : Delta k pf k 12 32 Chaconne k 08 Wise Water Lonh k Chimera k 12 pf k 12 Felix Ibarrondo Intermezzi Ivan Solano ///////Espagne, 1943 ///////Espagne, 1973 Marc Monnet c 10 Trois chœurs basques a capella k 27 Perles, gouttes et ondes k ///////France, 1947 Cristal y piedra k 27 Bosse, crâne rasé, nez crochu k 12 Urrundik c k 27 Pan c k 15 Marco Stroppa /////// Bibilolo - Extraits k 16 Italie, 1959 Michael Jarrell Miniatures c k 03 ///////Suisse, 1958 Luys de Narváez k 04 Music for a While ///////Espagne, † vers 1540 Rémi Studer 04 …prisme/incidences… II k /////// Mille regretz de Josquin k 27 France, 1983 « …denn alles muss in nichts verfallen… » c k 04 Études de quatuor c k 10 Prisme k 06 Instantanés k 07 Olga Neuwirth Un long fracas somptueux de rapide céleste k 07 Roberto Paci Daló Michel van der Aa k 26 ///////Pays-Bas, 1970 Droben Schmettert ein greller Stein ///////Autriche, 1968 Assonance VII k 29 Just before pf k 18 ///////Italie, 1962 Abschied pf k 34 Italia Anno Zero pf k 28 Stefan Van Eycken Garth Knox Thierry Pécou ///////Belgique, 1975 ///////Grande-Bretagne, 1956 pf k 18 ///////France, 1965 (Just like) starting over L’Amour à sept cordes k 24 et 25 Sous l'aile du vent k 29 Giovanni Verrando György Kurtág Alberto Posadas ///////Italie, 1965 /////// c 16 Roumanie, 1926 ///////Espagne, 1967 Memorial Art Show k k 08 Pilinszky János : Gérard de Nerval A silentii sonitu silentii pf k 19 Tomás Luis de Victoria Helmut Lachenmann Maurice Ravel ///////Espagne, 1548-1611 /////// Allemagne, 1935 ///////France, 1875-1937 O vos omnes k 27 k 19 Quatuor à cordes n°3 « Grido » Gaspard de la nuit k 03 Anton Webern Ramón Lazkano Wolfgang Rihm ///////Autriche, 1883-1945 ///////Espagne, 1968 ///////Allemagne, 1952 Six pièces pour orchestre opus 6 k 07 Quatre chants basques k 27 Eine Stimme 1-3 c k 16 Malkoak euri balira c k 27 Mattéo Riparbelli ///////Italie, 1973 Scherzo dodécaphonique c k 10 13 George

////////////////////////// « Pour moi, l’invention musicale doit avoir une sorte de spontanéité fantastique en surface, même si cela repose sur des conceptions strictes. » Les trois impératifs de Benjamin ////// Ouvrez la partition de la dernière œuvre pour orchestre symphonique de George Benjamin, Dance Figures, créée en première française à l’occasion de Musica 2005, et se révèle à vous immédiatement le double impératif de clarté et d’inventivité qui guide l’écriture du composi- teur de référence de sa génération.

L’harmonie délicatement irisée, à base de tempi et des registres) de cette suite de excellence, du canon. Habilement intitu- quintes justes et de secondes majeures, neuf pièces chorégraphiques tend à sou- lées Shadowlines, les six études cano- est « mise en espace » par des choix ryth- tenir ce réflexe propre à toute critique. niques pour piano livrées par le miques qui la distribuent entre les deux Pour autant chaque opus est unique, a compositeur en 2001 laissaient déjà à pupitres de violons. La suite de l’œuvre fortiori chez un créateur aussi sélectif à peine percevoir la rigidité du mécanisme est à l’avenant : la différenciation des l’égard de sa propre production. Les choix canonique : l’imitation plus ou moins valeurs rythmiques, donnant du relief à d’orchestration, étonnamment sages stricte d’une voix de la polyphonie par un parcours métrique à l’aise autant dans après les couleurs fauves des Three une ou plusieurs autres y était transcen- les hémioles (cinquième pièce) que dans Inventions (1995) et les bleus épais des dée par le jeu de la registration et du les rythmes dits « bulgares » à cinq et sept Palimpsests (2000-2002), sont là pour rythme via un jeu d’ombres susceptible temps (comme dans les troisième et qua- nous rappeler qu’en art, seule compte de provoquer la plus captivante virtuosité trième pièces) ou les déplacements d’ac- l’authenticité des forces qui animent les chez l’interprète (celle du toucher et de la cents (dernière pièce), n’a d’égale que la décisions esthétiques, et non ces der- résonance, comme dans les « canoniques », méticulosité des mouvements mélo- nières en soi. Chez George Benjamin, mais pour d’autres raisons, Etudes de diques souvent mis en valeur par une tex- cette authenticité passe par trois impéra- Debussy). Renouvelant la gageure de faire ture sous forme de mélodie accompagnée tifs, dont le sens bien particulier est dicté sonner l’idiome le plus formalisé comme (le solo du basson dans la septième par sa personnalité et ses goûts : imiter, un Prélude de Scriabine, George Benjamin pièce). Il est toujours tentant pour le jour- risquer, plaire. propose dans la huitième pièce (originel- naliste de considérer l’œuvre la plus lement composée en hommage à Oliver récente d’un créateur comme un accom- IMITER Knussen sous le titre Olicantus), lancée plissement ; la pertinence des choix de Prenons à témoin la séduction qu’exerce par un canon quasi-régulier, un accom- détail et de dramaturgie générale (carac- sur George Benjamin depuis une dizaine plissement de son impressionnisme térisée notamment par la courbe des d’années le procédé, académique par orchestral, celui qui fascinait ses premiers 15 « george benjamin pourrait parvenir très bientôt à passer du statut de compositeur de référence de sa génération à celui de compositeur à signification universelle. »

auditeurs (ceux de Ringed By The Flat difficultés à « terminer » une œuvre (le projet caduque. Le meilleur témoin de ce Horizon, une pièce d’orchestre de 1980, chef d’œuvre orchestral de la jeunesse, « doute composé » dangereux et viable à composée à l’aurore de ses vingt ans). Sudden Time, est ainsi resté près de dix la fois, de ce « goût du risque » mesuré et Ainsi George Benjamin, le produit accom- ans, entre 1983 et 1993, sur l’établi), maîtrisé, se trouve cependant ni dans une pli de l’éducation musicale moderne, George Benjamin semble désormais en « Invention » ni dans une « Étude », mais l’élève d’Olivier Messiaen (avec lequel il a mesure de fournir une œuvre orchestrale dans une des exquises pièces de chambre étudié à partir de 1976, à l’âge de seize magistrale tous les deux ans, sans comp- du catalogue, une œuvre pour deux altos ans, au Conservatoire de Paris, donnant ter un catalogue de musique de chambre dont le titre possède une résonance subti- ainsi à son patronyme une aura de pré- et vocale qui s’étoffe régulièrement (par lement shakespearienne pour nos oreilles destination qui, depuis, ne quitte plus cet exemple les Three Inventions pour violon francophones, Viola, Viola. Cette pièce, ins- « éternel enfant prodige ») 1 et d’Alexander solo, qui datent de 2002). pirée d’un désir exprimé par le composi- Goehr (son maître anglais, un post- teur japonais Toru Takemitsu à la fin de schoenbergien exilé de seconde généra- RISQUER sa vie, a été présentée la première fois, tion à Cambridge), se branche-t-il à la Malgré cet événement inattendu et le sou- sans paraître ni déplacée ni ridicule, sur source essentielle de notre patrimoine tien qu’il confère à l’acte d’écriture, on la scène de la vaste salle de concert de musical : la création d’une texture à partir suppose que « l’agonie créative » 2 n’en est l’Opéra de Tokyo. On imagine le niveau d’une seule ligne mélodique. L’Histoire pas moins aigüe dans l’atelier londonien d’assurance (mêlée de témérité) qui a dû jugera au final, mais il ne semble pas du musicien. Depuis ses premières être mobilisé pour concevoir et réaliser une erroné dans une première analyse de passes d’arme avec le piano (sa Piano sonorité ample, « orchestrale », avec un considérer que, par le « canon inaudible », Sonata, une des pièces les plus exubé- matériau instrumental aussi restreint et une réalisation inspirée par le composi- rantes et réjouissantes du répertoire « inadapté ». L’esprit de la modernité musi- teur viennois d’avant-guerre Anton Webern contemporain pour clavier, date de 1979, cale, qui ne doit pas se confondre avec ses (dont l’Opus 16 pour voix et clarinette et la les Three Studies pour le même instru- manifestations parfois anecdotiques, célèbre Symphonie op. 21 ont été étudiés ment de la décennie suivante) et l’orchestre souffle sur pareille initiative avec une de près par George Benjamin), ce dernier sous des formes variées (Benjamin est virulence que ne saurait masquer l’ab- offre au contrepoint une « seconde chance » l’auteur, outre de Ringed By The Flat sence, habituelle chez George Benjamin 3, dans la création contemporaine – en Horizon et des Dance Figures, de cinq de sonorités électroniques ou de disposi- marge de la grammaire dominante, qui pièces d’orchestre reflétant une vibrante tifs amplificateurs. L’écriture, habile pour- met en mouvement une écriture princi- personnalité musicale : A Mind of Winter, voyeuse d’« images sonores » inédites et palement harmonique dans une agitation At First Light, Sudden Time, Three Inventions d’« effets espace » lorsqu’ils sont néces- polyphonique qui simule, à défaut de s’y pour orchestre de chambre, Palimpsests), saires, assume pleinement la place de conformer, l’art du contrepoint. Si notre chaque opus impose son labeur particu- l’électricité sans que cette dernière ne jus- hypothèse se révélait fertile et devait s’ap- lier, son énigme singulière. La fulgurance tifie sa présence – même lorsque deux pliquer dans l’avenir à d’autres acteurs de de maint geste créatif (prenons, comme fois quatre cordes doivent affronter le la création musicale (les signes allant exemple parmi d’autres, les dernières jugement de plusieurs milliers d’auditeurs. dans ce sens sont encore trop timides minutes énergiques des Palimpsests) paye pour être systématisés), il s’agirait sans son épiphanie d’une conscience de tous PLAIRE nul doute d’une étrange ruse de l’Histoire : les instants qui, depuis vingt-cinq années On le voit : l’authenticité ouvre, lorsqu’elle la quête, qui pouvait sembler irréaliste, de pratique compositionnelle, relègue le est servie par un artisanat accompli, clair de la cohérence et de l’immédiateté dans confort et l’habitude au rang de personae dans ses manifestations et apte à redon- le contexte (familier aux auditeurs des non grata. Cette exigence d’authenticité ner du sens aux catégories traditionnelles concerts du festival Musica) de la com- peut même aller jusqu’au goût de la de la musique dans chaque décision com- plète liberté du langage, rencontrerait un gageure, que l’on associe dans l’hexagone positionnelle, sur une effronterie revigo- début de solution, un « allié » pour ainsi à la figure exemplaire de Maurice Ravel, rante. Le thématisme, la structuration de dire, dans la technique la plus archaïque un des compositeurs préférés de George l’harmonie et de la mélodie, les principes de notre tradition compositionnelle. Benjamin – une tendance qui n’est jamais dramaturgiques d’une pièce de concert, le Même si notre remarque ne devait finale- très éloignée de l’autocritique. A preuve rôle de la mémoire dans la forme, les rela- ment s’appliquer qu’à l’écriture du seul par exemple le dernier mouvement des tions entre l’harmonie et le timbre, le George Benjamin, cela n’en serait pas Inventions, une cohabitation virtuose de contrôle de l’événement sonore : sur tous moins important à noter : les consé- sept objets musicaux diffenciés, suffisam- ces éléments décisifs de l’écriture musi- quences les plus directes en sont en effet ment typés pour être reconnaissables par cale, la pratique de George Benjamin est l’imprévisible accélération de la produc- l’auditeur et ne menaçant pourtant jamais fidèle à la pratique savante de la musique tion du compositeur. Fameux pour ses la forme d’une implosion qui rendrait le en Europe. L’écoute d’une quelconque de

16 ses pièces convainc pourtant rapidement tut de compositeur de référence de sa qu’il sait donner aux catégories les plus génération à celui de compositeur à signi- BENJAMIN rebattues de notre tradition une actualité fication universelle. Notons que l’accom- PAR LUI-MÊME et une urgence que la transgression seule plissement ne serait pas mince dans le n’est que rarement parvenue à réaliser, et troisième millénaire pour un créateur qui qu’il réussit par là à « faire patrimoine » – ignore l’électricité comme moyen de pen- L’ENSEIGNEMENT tout en gardant l’intégrité, celle-là même ser, produire ou propager les sons. A qua- qui est à l’origine de la modernité, de faire rante-cinq ans, et dans un tout autre DE MESSIAEN ce que l’on « peut » faire (au sens de ce contexte, seul György Ligeti nous semble « Trois fois par semaine, je prenais des cours qui est « juste ») si l’on veut être fidèle à avoir pu atteindre une telle grâce. La place avec Messiaen. Nous avons énormément tra- soi-même : privilégiée que le festival Musica, une vaillé l’harmonie. Chaque semaine, je jouais deux cents accords au piano et, pendant une « C’est très difficile d’écrire une pièce de vitrine parmi les plus prestigieuses et heure, il m’écoutait et critiquait. On analy- musique, et le silence est beaucoup plus réfléchies de la scène créative contempo- sait Debussy, Stravinsky, Ravel, des classi- facile, plus normal. Le meilleur moyen raine, accorde à George Benjamin portera ques, Stockhausen, Dutilleux, Lutoslawski et d’écrire une pièce est de faire ce que l’on peut assurément témoignage de sa place Ligeti, Boulez, Xenakis et beaucoup de Mes- faire, non pas ce que l’on veut faire. Bien exceptionnelle dans une Histoire qui, pour notre plus grand plaisir, se conjugue siaen lui-même en détail. » entendu, on essaie d’aller là où l’on est « Entretien avec George Benjamin », propos recueillis jamais allé, mais finalement on ne réalise au présent. par Risto Nieminen, pp. 25-61 que ce que l’on peut. Je vais là où mes notes George Benjamin, Cahier de l’IRCAM, coll. Compositeurs me mènent, je ne suis pas complètement en Eric Denut, musicologue d’aujourd’hui, IRCAM-Centre Georges Pompidou, 1996 situation de contrôle de ce que je fais. Le plus souvent, je suis perdu, confus, les moments de clarté, de lucidité, sont rares, pendant les- ////////////// LA DIRECTION quels je peux agir. (…) Désormais, je laisse 1/ La présence renforcée cette saison de l’œuvre de D’ORCHESTRE mes techniques m’emmener vers des mondes George Benjamin (défendue souvent par le composi- « La direction d’orchestre m’apporte énormé- expressifs. J’ignore où je serai dans cinq ans, teur lui-même au pupitre) dans les salles de concert ment. Je découvre la musique des autres. en France, à commencer par le festival Musica qui lui et c’est très bien ainsi : un créateur doit accorde une place particulière, s’insère dans la tradi- Répéter et diriger les œuvres en concert nourrit conserver la capacité de s’émerveiller et d’être tion du vif intérêt que notre pays prodigue au compo- ma propre imagination tant au niveau de l’ex- surpris devant une découverte. » 4 siteur britannique depuis ses débuts au Conservatoire pression que de la technique. (…) Et puis, la de Paris jusqu’aux publications les plus récentes, en passant par une série de concerts monographiques à composition est si solitaire que j’éprouve le À force d’exprimer la singularité de son l’Opéra Bastille dans les années 1990. besoin vital d’un contraste. » expérience musicale intérieure de 2/ Un terme avancé avec à propos par Andrew Clarke George Benjamin, la musique comme expression d’une manière toujours plus directe, par des dans l’article qu’il a consacré à Benjamin dans le volonté intérieure, entretien avec France de Kinder, festival Ars Musica, 1997 moyens de plus en plus rationalisés (ce « Financial Times » daté du 2 février 2003. 3/ A l’exception d’une pièce composée à l’Ircam en qui ne va pas toujours dans le sens de la 1986, Antara. sophistication), et de nous étonner (nous 4/ In George Benjamin : Les Règles du Jeu, Entretiens fasciner également sans doute) par cette avec l’auteur, Editions Musica Falsa, 2004, Paris, p. 85-86. aptitude si rare, George Benjamin pour- rait parvenir très bientôt à passer du sta-

17 Entretien avec Michael Ja « composer, pour moi, c’est se mettre en difficulté, c’est se remettre perpétuellement en question, et c’est aussi se construire soi-même. »

Philippe Albèra : Votre catalogue comporte plusieurs œuvres ou séries d’œuvres utili- sant un même matériau ; d’une pièce à l’autre, on entend les mêmes éléments qui reviennent. Par ailleurs, vous repre- nez souvent une pièce pour l’amplifier, la modifier, ou au contraire la réduire, l’ins- crire dans un nouveau format. Quel est le sens d’une telle démarche ? Michael Jarrell : D’une façon générale, une œuvre nouvelle constitue souvent pour moi une réaction à une œuvre anté- rieure, elle adopte un point de vue cri- tique vis-à-vis d’elle et exploite certains aspects laissés de côté. Dans le concerto pour violon (…prisme/incidences…II), par exemple, je voulais obtenir une relation rrell////////////////////////////////////////////// organique entre la trajectoire harmo- nique, les cadences et la forme dans son ensemble – je recherchais la clarté, la transparence, une certaine simplicité même. À la première audition, j’ai trouvé le résultat trop lisse, et j’ai conçu le concerto pour piano (Abschied) comme quelque chose de plus âpre, de plus complexe et de plus dynamique. Par la suite, j’ai écrit le concerto pour contrebasse (Droben Schmettert ein greller Stein) qui joue essen- tiellement sur la fragilité... Autre chose fut la composition de mon quatuor à cordes à partir des matériaux qui n’avaient pas été exploités dans le trio écrit vingt ans plus tôt : ce fut une expérience douloureuse, parce que les choix que j’avais faits alors

19 étaient tout de même profonds, et j’ai lit- Vous n’avez pas été particulièrement soliste et orchestre est hiérarchisé a priori. téralement dû me battre avec moi-même marqué, en ce sens, par le mouvement Dans Abschied, le piano n’est pas au pre- pour en assumer d’autres. Je suis rare- spectral... mier plan : il doit trouver sa place. Il est ment totalement satisfait, j’éprouve sou- Ce n’est pas tout à fait juste. En Allemagne, en conflit avec l’orchestre. Dans le concerto vent le sentiment de ne pas avoir atteint on me considère souvent comme un spec- pour violon, toute la musique provient au mes limites, de ne pas être allé suffisam- tral. Et même à Paris, on m’a associé à contraire du soliste et finit par le submerger. ment loin. Composer, pour moi, c’est se Lindberg dans l’idée d’une synthèse entre le mettre en difficulté, c’est se remettre per- spectralisme et le post-sérialisme. Je me suis Y a-t-il pour vous des modèles dans ce pétuellement en question, et c’est aussi se beaucoup intéressé à la musique spectrale, domaine ; est-ce que vous avez étudié les construire soi-même. Il y a là une expé- notamment à sa sonorité, à son orchestra- concertos du XXe siècle avant de vous rience éthique : se montrer tel qu’on est tion, et elle m’a influencé ; mais à l’époque, mettre au travail ? plutôt que se cacher, se développer, dévoi- j’éprouvais quelques réticences vis-à-vis du J’ai essayé d’écouter des concertos pour ler ses sentiments profonds. C’est dans concept formel de cette musique. Par la piano comme ceux de Bartók, de Ravel, ou cet esprit que je m’impose des contraintes : suite, le mouvement spectral a lui-même de Lachenmann avant de commencer pour me surprendre et m’obliger à me beaucoup évolué. Mes fondements harmo- Abschied, mais cela m’a plutôt inhibé. dépasser. niques sont en réalité différents, on les Certains gestes ou éléments techniques liés au piano ne peuvent pas être repris tels quels, car on tombe vite dans des tics « je pourrais écrire quelque chose d’écriture. Lachenmann détourne de tels gestes. Moi, je préfère les éviter, car lors- qui sonne immédiatement de façon qu’ils sont repris en tant que tels, ils per- satisfaisante, mais je ressens dent leur nécessité première et deviennent vides. J’ai besoin d’inventer mes propres le besoin d’une mise en danger gestes, ou alors de redécouvrir des gestes anciens avec leur caractère de nécessité. du soliste et du chef : ils doivent Dans mes concertos, j’ai tendance à écrire de façon très chargée pour l’orchestre : les se dépasser. » équilibres sont difficiles à trouver, et ce sont aux musiciens de chercher comment les réaliser au mieux. Je pourrais écrire Cela me fait penser aux portraits de trouve déjà chez Webern. Le lien, en ce sens, quelque chose qui sonne immédiatement Giacometti : ils sont tous à l’intérieur est plus direct avec les sériels. Mais ce qui de façon satisfaisante, mais je ressens le d’un même cadre, délimités de la même m’intéresse chez les spectraux, c’est l’idée besoin d’une mise en danger du soliste et manière, et pourtant, chaque tableau est d’une fondamentale, d’une sorte de tonique. du chef : ils doivent se dépasser. un monde en soi. Les regards sont tou- J’ai cherché comment intégrer cela dans ma jours différents, alors qu’à première vue, propre harmonie. La virtuosité est-elle une dimension tout semble pareil. La technique est maî- importante de telles œuvres ? trisée, mais elle est traversée par l’expres- Il y a chez vous une prédilection pour la La virtuosité m’a beaucoup intéressé dans sion, on a l’impression qu’elle touche à forme du concerto : qu’est-ce qui vous un premier temps, bien qu’elle n’excède quelque chose d’essentiel. Cette question attire tant dans cette forme musicale ? jamais les limites du faisable. Dans des du renouvellement du matériau est à mon Elle renvoie à l’essence même de mon œuvres comme Essaims-Cribles ou Modifi- sens un des problèmes de la musique « faire » musical : travailler individuelle- cations, elle joue un rôle évident. Mais je actuelle. Parfois, je voudrais tirer du ment avec les musiciens, développer une m’intéresse davantage aujourd’hui à la matériau quelque chose de radicalement relation non seulement musicale mais virtuosité invisible. Par exemple, dans le nouveau. Giacometti a dit à la fin de sa vie aussi humaine. Pour Essaims-Cribles, par concerto de contrebasse (Droben Schmettert qu’il n’était pas parvenu à capter le exemple, j’ai eu énormément d’échanges ein greller Stein), la partie soliste est très regard, et qu’il fallait s’acharner sur les avec Ernesto Molinari, sous forme de ren- difficile bien qu’elle ne soit pas spectacu- mêmes choses pour les transpercer. Le contres, d’expérimentations, de corres- laire. Elle est difficile dans le sens de la matériau n’est pas l’essentiel, c’est ce que pondance... J’ai pu essayer beaucoup fragilité, à cause d’une utilisation exten- l’on en fait qui compte. Il peut être ano- d’idées. L’interprète devient alors un sive des harmoniques et des sons aigus. din, ou au contraire caractérisé, mais ce interlocuteur privilégié. L’écriture de la contrebasse est très inha- qui est important, c’est le parcours effec- Mais je n’imagine pas le concerto au sens bituelle, à tel point que le soliste doit tué à partir de lui. traditionnel du terme, où le rapport entre adapter sa technique pour réaliser certains

20 « dans tous ces témoignages, ce qui m’a étonné, c’est la persistance du sentiment de culpabilité chez les victimes. »

muscle cardiaque. C’est le cas, par exemple, m’avait beaucoup intéressé dans le livre dans une pièce comme Modifications, où de Christa Wolf : cette vision de la guerre les arcs formels et harmoniques structu- de Troie à partir des Troyens et non à par- rent toute la pièce. Aujourd’hui, ce genre tir des Grecs. C’était aussi la confronta- de schémas constitue moins une évi- tion entre l’Histoire collective et l’Histoire dence pour moi. Dans Music for a While, individuelle, dans un moment où venaient composée après une année de réflexion d’éclater la première guerre du Golfe et le durant laquelle je n’ai rien écrit, la forme conflit des Balkans : j’avais été frappé par est beaucoup plus complexe et plus ellip- le témoignage dramatique d’une femme tique ; la deuxième partie est comme le qui avait vu torturer et tuer les membres négatif de la première, avec des émer- de sa propre famille et qui avait subi tous gences, des résurgences, des courants sou- les outrages. Cette lecture sur deux niveaux terrains qui réapparaissent furtivement. que j’avais été amené à supprimer dans Dans Abschied, la forme est aussi faite de Cassandre, j’ai voulu la reprendre, et nombreuses bifurcations, de reprises dans mettre en rapport les témoignages indivi- une autre perspective, mais c’est lié à un duels de rescapés des camps durant la événement biographique : j’avais l’idée d’une Seconde Guerre avec l’Éclésiaste, un texte pièce fondée sur un flux très rapide d’in- très beau mais aussi effrayant car il per- formations, une structure en spirale où met de justifier les pires excès. Dans tous passages. Dans le concerto pour piano des chaînes de notes traversent des cribles ces témoignages, ce qui m’a étonné, c’est (Abschied), la virtuosité a quelque chose qui s’ouvrent progressivement. Je venais la persistance du sentiment de culpabilité de plus spectaculaire, même s’il existe de composer le début lorsque j’ai appris la chez les victimes. aussi des gestes très inhabituels et des mort de mon père, et tout s’est arrêté en Ceci dit, je ne crois pas vraiment à un art passages complexes entre le jeu sur le cla- moi, la pièce prenant une toute autre politique, dans le sens militant du terme, vier et le jeu dans le cordier. direction. C’est devenu une pièce de et surtout pas à un discours univoque qui réflexion, avec des réminiscences, des éliminerait la possibilité du dialogue. La forme du concerto n’est-elle pas aussi images fragmentaires, des allusions à des C’est pourquoi, dans la musique de Nono, liée à votre prédilection pour une certaine pièces antérieures auxquelles mon père Promethée me semble toucher plus pro- rhétorique musicale et pour des drama- avait été sensible. fondément l’auditeur qu’Intolleranza. Il y turgies formelles qui ont une dimension a peut-être dans cette attitude le fait d’être presque théâtrale ? Tout en finissant votre opéra sur le Galilée né dans un pays privilégié, où le caractère Oui, il y a un rapport très important entre de Brecht, vous êtes en train de composer tragique du réel est masqué ; il en résulte l’écriture instrumentale et le discours ver- une grande œuvre pour récitant, chœur et une forme de naïveté quant à la bonté bal, un rapport qui est aussi ancré dans sa ensemble qui est inspirée par les témoi- humaine, par rapport à la beauté du langue d’origine. Pendant longtemps, gnages des victimes de la Seconde Guerre monde. On peut retrouver cet arrière-plan une de mes préoccupations principales (« …denn alles muss in nichts verfallen… »). de positivité, de confiance dans une cer- fut de construire un langage qui permet- Ce rapport à l’histoire était déjà présent taine forme d’humanisme chez des per- trait d’avoir différents niveaux de tension dans Cassandre... sonnalités comme Cendrars, Giacometti, aboutissant finalement à une résolution, Le projet de Cassandre fut d’abord celui Le Corbusier, Huber. ce qui me semblait un principe essentiel d’un grand opéra où auraient été confron- que l’on trouve, au plan physique, dans tées l’Histoire vue par les vainqueurs et Entretien avec Philippe Albèra, les contractions et les relâchements du l’Histoire vue par les vaincus. C’est ce qui musicologue

21 ///////////////////////////////// Elliott Ca Né en 1908 à New York, Elliott Carter est resté pourtant longtemps en porte-à-faux avec les courants musicaux contempo- rains, aussi bien américains qu’euro- péens. Durant ses études musicales, il se détourne très vite de l’enseignement aca- démique et conservateur des institutions américaines rétives à toute modernité. À Paris, entre 1932 et 1935, il suit, comme nombre de ses confrères américains, l’en- seignement de Nadia Boulanger auprès de laquelle il acquiert une parfaite maî- trise de l’écriture sans adhérer à son engouement pour le « Retour à.. ». La grande tradition germanique et son art du développement le laissent tout aussi Rien ne pouvait laisser prévoir en ce 24 mai 1939 où l’on indifférent. Tout en admirant la musique des trois Viennois de la période atonale et donnait la première new-yorkaise du ballet Pocahontas à en reconnaissant l’apport de Schoenberg, il garde ses distances avec la musique l’esthétique néo-classique et à l’esprit populiste que son dodécaphonique. Plus tard, dans les années soixante, il se montre également très cri- compositeur, alors âgé de trente et un ans, allait avec une tique envers les dérives spéculatives du détermination sans faille se libérer de ces influences alié- sérialisme considérées comme aussi sté- riles que les expériences aléatoires. Au nantes pour construire une œuvre qui s’impose aujourd’hui prix d’une certaine marginalisation, Carter évitera constamment le piège des comme l’une des plus novatrices. modes, des dogmes et des systèmes.

//////////////////////////////////// Il ne s’est pas pour autant construit seul et a su puiser une grande part de son inspi- ration dans des domaines extramusicaux qui se sont avérés particulièrement fertiles pour lui. Son langage rythmique, fondé sur des stratifications de temps en perpé- Portrait tuelle évolution, conduit par la désormais célèbre « modulation de tempo » et sou- vent tenu dans des polyrythmiques, il le doit tout autant aux réflexions sur le temps qu’il trouve dans les œuvres de Joyce, Proust, Kafka, que dans la fréquentation, entre autres, de la musique de Stravinsky ou dans les audaces théoriques mais inabouties des ultramodernes américains rter qu’il prolongera et dépassera par une bien plus grande richesse conceptuelle. Sa dra- maturgie de l’écriture instrumentale, qui met en jeu des personnages/instruments évoluant dans des scénarios auditifs renou- velant constamment l’organisation for- melle, provient des expériences de Charles Ives mais aussi de l’organicisme du philo- sophe Alfred North Whitehead.

23 D’abord lentement, Carter va élaborer « carter va élaborer une œuvre une œuvre exigeante reposant sur un lan- gage d’une rigueur et d’une cohérence exigeante reposant sur un langage exceptionnelles mais agissant toujours discrètement au service d’un discours d’une rigueur et d’une cohérence musical fluide et naturel qui donne cette si particulière impression de quasi exceptionnelles » improvisation. Pas à pas, souvent séparés par plusieurs années de gestation, les chefs-d’œuvre se succèdent, du Premier encore, si elle est inévitablement une qui ne garde plus que l’essence d’une quatuor à cordes (1951) avec son « contre- lutte farouche contre le temps qui pensée profonde comme en témoigne point d’existences individuelles » qui stu- s’échappe, est cependant une urgence l’imposante Symphonia (1993-97), les péfie ses confrères européens et le heureuse. Elle est l’expression d’un bon- Dialogues pour piano et ensemble ou propulse sur la scène internationale, jus- heur à communiquer aux hommes une encore le Boston concerto (2003). qu’aux Night Fantasies pour piano (1980) inaltérable vitalité. La voix, longtemps où caracolent d’innombrables humeurs laissée de côté, sera à l’honneur dans la Pierre Boulez, Heinz Holliger et George fugitives jaillissant dans la nuit d’insom- composition d’un opéra, What Next ? Benjamin, dignes représentants de trois nie. Au cours des années quatre-vingt-dix, (1999), où l’humour et l’ironie masquent générations de compositeurs mais aussi illustrées notamment par le Cinquième à peine, comme si souvent chez Carter, d’interprètes exceptionnels de Carter, ont quatuor (1994-95), la musique de Carter une profonde gravité, et dans des cycles toujours manifesté leur admiration pour cherche moins à épuiser systématique- de mélodies dont le récent Of Rewaking, une œuvre qui nourrit leur propre ment toutes les possibilités de combinai- pour soprano et orchestre (2002). Une réflexion musicale. La générosité et le sons et tous les types de relations multitude de « petits présents », souvent dévouement qu’ils manifestent inlassa- instrumentales pour les explorer, à partir pour un instrument, comme les Two blement à leur aîné, comme de plus en d’un vocabulaire volontairement plus res- Diversions pour piano (1999), témoignent plus de musiciens, témoignent aussi de treint, d’une façon extraordinairement de l’amour et de la gratitude de Carter l’importance qu’occupe désormais la raffinée et subtile. Par une sorte d’éton- envers les interprètes. Au fil des ans, sans musique d’Elliott Carter. nant déliement créatif, les œuvres vont perdre de son extraordinaire richesse ni s’enchaîner avec une rapidité toujours de sa subtilité, la musique se fait plus Max Noubel, musicologue plus grande. L’urgence à écrire encore et transparente, plus légère. Une légèreté

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palais de la musique et des congrès vendredi 23 septembre 20h n°01 salle érasme Orchestre symphonique du SWR Baden-Baden / Fribourg

concert d’ouverture George Benjamin George Benjamin Sudden time (1990-1993), 17’ Palimpsests I et II (1998-2002), 18’ Avec le soutien de la SACEM Première française Dance Figures (2004), 17’ Le Ministère de la Culture et de la Neuf scènes chorégraphiques pour orchestre Communication - DRAC d’Alsace, la Ville I. Semplice Pierre Boulez de Strasbourg, la Région Alsace et le Conseil II. Maestoso Notations 1, 3, 4 ,7, 2 (1945), 05’ Général du Bas-Rhin, partenaires de Musica, III. Moderato piano parrainent le concert d’ouverture IV. Volatile V. Fast and supple Notations 1, 3, 4 ,7, 2 (1980-1997), 18’ VI. Martellato orchestre Direction, George Benjamin VII. Veiled VIII. Piano, Pierre-Laurent Aimard Slow IX. Presto Première française Commande Orchestre de Chicago / Concert enregistré par France Musiques Théâtre de La Monnaie / Musica

//////// Entracte

Deux compositeurs à l’oreille infaillible, deux artistes de l’illu- Sudden Time, grand œuvre de George Benjamin, lui coûta près de neuf ans de sion sonore se rencontrent : George Benjamin et Pierre travail. La pièce en deux mouvements est en mutation et en expansion perma- Boulez. Le temps et l’oubli sont maîtres d’œuvre : dans l’im- nentes. À l’image d’un vol libre qui se dis- sipe en tourbillons pour se reconstituer mense orchestre des Notations, les traits des miniatures pia- aussitôt, la pulsation disparaît pour réap- nistiques écrites à vingt ans par Boulez sont masqués et paraître « soudainement ». Sudden Time exerce cet exceptionnel sens de l’élasticité métamorphosés. Sous la surface des Palimpsests apparaissent sur des éléments hétérogènes qui surgis- sent, prolifèrent et se scindent dans un quelques fragments d’un texte originel. Ce concert, confié à la univers polyrythmique mouvant. Citant un poème de Wallace Stevens, « c’était baguette de George Benjamin, présente également Sudden comme un temps soudain dans un monde dépourvu de temps », le compositeur aime Time et ses toutes nouvelles Dance Figures. Rares sont les créa- comparer Sudden Time à une hallucina- tions du compositeur anglais qui ne se « délivre » qu’avec tion colorée : « Certains des concepts qui sous-tendent cette une exigence et un soin infinis. Il en est un autre, en France. pièce peuvent être illustrés par un rêve que j’ai fait un jour, dans lequel le bruit du coup de tonnerre semblait s’étirer jusqu’à durer au moins une minute avant de se remettre à cir- culer dans ma tête, comme happé dans une spirale. Me réveillant alors, je réalisai que j’étais en fait purement et simplement en train de vivre la première seconde d’un réel coup de

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tonnerre. Je l’avais perçu dans le temps du rêve teur abandonne l’orchestration atmo- ture instrumentale des œuvres récentes dans l’entre-temps et en temps réel. » sphérique, le brouillard impressionniste : de Pierre Boulez appartient à l’art de l’ubi- L’orchestre gigantesque se réserve toute- un orchestre inhabituel, sans bassons, ni quité. Le compositeur a déployé, déformé fois des plages de musique de chambre, hautbois, ni violoncelles, privilégie les et masqué ce qui se tenait in nucleo dans notamment ce quatuor de flûtes en si, tel- registres extrêmes, les couleurs dures, ses Notations écrites en 1945. L’écriture vir- lement caractéristique. À l’instar de froides et intenses. tuelle envahit l’écriture thématique des ori- Mahler, George Benjamin place parfois « Je suppose que l’aspect tranchant de ces gines, la transmutation est immense. les instruments dans un registre peu pièces peut être comparé à l’un des plus beaux «J’ai éprouvé le besoin de greffer l’invention confortable. Ainsi, au moment où la pul- paysages que je n’ai jamais vus, le désert de orchestrale que j’ai acquise par mon expé- sation s’est installée fermement, lorsque Namibie, dans lequel le ciel est d’un bleu par- rience de chef sur ces pièces anciennes. Je les la coordination de tous les éléments fait, les dunes de sable pourpres, les montagnes ai prises comme une graine qu’on retrouve. semble assurée, Sudden Time, à sa fin, noires, sans aucune transition entre ces élé- J’avais lu à l’époque qu’on avait trouvé dans s’échappe sur un inaccessible solo d’alto. ments. Ce paysage est d’une clarté presque une tombe égyptienne, des grains de blé qui brutale, ses lignes absolument rigoureuses. » dataient de 2000 avant J.C.. On les avait Dance Figures, œuvre destinée à une future L’innocente chanson du début aux clari- plantés et le blé avait poussé… » (Pierre chorégraphie d’Anna Teresa de Keersmaeker, nettes et par la suite soumise aux Boulez, propos recueillis par Jean-Pierre est la première expérience du compositeur contraintes non perceptibles d’un travail Derrien, novembre 2002). pensée en cette direction. Un soin tout par- canonique. Sous les couches d’un texte Composé de très nombreuses parties indi- ticulier est accordé aux jeux de mètres, à accumulées par le temps, la ligne initiale viduelles, le tissu orchestral d’une affo- cette pulsation « modulée » qui joue survit et transparaît comme un fragment. lante profusion superpose les plans constamment avec la dimension mélo- La fin des Palimpsests est une brusque sonores. A la fin de la troisième Notation, dique. Neuf parties brèves, très contrastées explosion conduisant au-delà de l’arrêt de les pupitres des cordes divisés et la per- – le mouvement linéaire, le style polypho- l’œuvre, peut-être vers la prolongation cussion réalisent ce scintillement fasci- nique, la masse verticale – surgissent, arti- d’un troisième palimpseste. Le prestis- nant qui s’étirent à la surface de la culées par des transitions ingénieuses ou simo ultime serait une forme d’hommage musique. Dans la septième Notation, la des ruptures totales. Ainsi la force monoli- à la passion pour la vitesse extrême du dernière écrite, un rêve orientalisant tour- thique du tutti martelé de la sixième pièce dédicataire de l’œuvre, Pierre Boulez. noie sur lui-même. Parfois le dessin d’une n’annonce en rien la texture voilée de la figure répétée est reconstitué a posteriori suivante. On retrouve le goût prononcé du Dans les Notations de Pierre Boulez, l’écri- par la mémoire : l’irréversibilité virtuose compositeur pour les instruments expo- ture orchestrale crée l’ambiguïté, le de la deuxième Notation repose sur ce pro- sés, la trompette ou l’alto, et surtout l’utili- dédoublement, à l’image d’une vertigi- cessus qui perçoit peu à peu le dessin sation du procédé canonique, cette neuse galerie des glaces qui démultiplie d’une pulsation implacable. L’écoute des préoccupation récurrente depuis Palimpsests les perspectives. Les figures dérivent les Notations pour piano aux côtés des pièces et Shadowlines. unes des autres, dotées simultanément de orchestrales montrera davantage l’écart leur double, de leur ornementation, de que la proximité. Revenant sur des traces Les Palimpsests, commandés et créés par leur ombre déformée, de tout ce qui en anciennes, la création a sollicité l’oubli Pierre Boulez pour son soixante-quin- constitue l’aura. De même que l’électro- propre au devenir plutôt que la mémoire zième anniversaire, sont beaucoup plus nique depuis Répons déploie la maîtrise de immobilisée. //////// abruptes que Sudden Time. Le composi- l’illusion dans un labyrinthe unifié, l’écri-

27 auditorium du musée d’art moderne samedi 24 septembre 11h n°02 et contemporain de strasbourg Les samedis de la jeune création /1 Accroche Note

Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg accueille Musica

Avec le soutien de la SACEM

En association avec le FESAM (Fonds Européen des Sociétés d’Auteurs pour la Musique)

Sébastien Béranger Crac(k), 05’ flûte en ut Création Jérôme Combier Petite obscurité (2001) , 08’ flûte, clarinette, guitare, alto et violoncelle Xavier Dayer Shall I revisit these same differing fields (Sonnet XX) (2001), 09’ D’après le Sonnet XX de Fernando Pessoa violon, violoncelle et piano Première française Renaud De Putter Eclipse Sound - Extraits (II, IV, VI et VII) (2004), 16’ piano Création Musica parie sur l’avenir et poursuit sa vocation d’ouverture à la jeune création, en compagnie des ensembles Accroche Note et Reinhard Fuchs 2 2 Transkript (2001), 10’ e m. Cette nouvelle série se décline en deux concerts du samedi voix et ensemble matin au Musée d’Art Moderne et Contemporain. Venez décou- Première française vrir ceux qui pourraient être demain « premiers de cordée » ! Entrée libre sur réservation

Musica et le FESAM proposent cette année un l’AKM (Autriche), la BUMA (Pays-Bas), la GEMA nouveau type de concerts : il s’agit de donner à de (Allemagne), la SABAM (Belgique), la SACEM très jeunes compositeurs européens la possibilité (France) et la SUISA (Suisse). d’être joués dans un événement professionnel de Les six sociétés peuvent accompagner des projets Concert enregistré par France Musiques première importance. consacrés à la création musicale contemporaine lors- Le coût de ces deux concerts est pour l’essentiel pris en qu’ils impliquent au moins trois des pays membres. charge par un apport financier mutualisé des six sociétés d’auteurs adhérentes au FESAM, réseau évolutif constitué en 2000 et regroupant actuellement

28 théâtre national de strasbourg samedi 24 septembre 17h salle koltès n°03 Récital Pierre-Laurent Aimard, piano

Le Théâtre National de Strasbourg De à la nuit éclaboussante de Pierre-Laurent accueille Musica Shadowlines Scarbo, Aimard, grand interprète des pièces minutieuses de Marco Avec le soutien de la SACEM Stroppa, invite à toutes les correspondances musicales. Les Elliott Carter contraintes cachées des préludes de George Benjamin répon- Two Diversions (1999), 08’ dent aux divertissements polyphoniques d’Elliott Carter. La George Benjamin force mordante du jeune Boulez trouve un écho lumineux dans Shadowlines (2001), 16’ le plus beau des poèmes pianistiques, Gaspard de la nuit de Six préludes en forme de canons I. Cantabile Maurice Ravel. II. Wild III. Scherzando IV. Tempestoso Les Miniatures de Marco Stroppa forment V. Very freely, solemn and spacious un cycle où le jeu des résonances, précisé- VI. Gently flowing, flexible ment noté et réalisé par le mécanisme de la pédale, modifie totalement la couleur du Marco Stroppa piano. Pierre-Laurent Aimard avait con- Miniatures, 15’ vaincu le compositeur de renouer avec Création l’instrument pur après ses longues recher- Commande d’État / Musica ches dans le domaine électronique. De même, George Benjamin aura-t-il retrouvé //////// Entracte la voie du piano après vingt ans d’éloigne- ment. Tous les formalismes, l’arsenal des Pierre Boulez techniques canoniques, sont à l’œuvre dans Shadowlines mais de façon magistralement Première sonate (1946), 09’ imperceptible. L’œuvre procède par accu- I. Lent mulation jusqu’au sommet de tension vio- II. Assez large lente que constitue la quatrième pièce. Shadowlines s’éclaire de la proximité du Maurice Ravel grand manipulateur des transparences Gaspard de la nuit (1909), 20’ polyphoniques, Elliott Carter, mais plus I. Ondine encore ici, d’un intérêt pour Webern, II. Le Gibet entré tardivement dans le panthéon de III. Scarbo George Benjamin. Cette figure tutélaire, l’expérience cruciale « Ecoute ! Ecoute ! C’est moi, c’est Ondine qui pour la génération de l’après-guerre, frôle de ces gouttes d’eau les losanges de ta influençait profondément Pierre Boulez au fenêtre » : ainsi s’ouvre le triptyque de moment de la composition de sa Première Maurice Ravel sur les vers d’Aloysius sonate (1946). Ce diptyque (Lent – Assez Bertrand. Miracle harmonique d’Ondine, large) accumule des gestes qui devien- cloche impassible du Gibet qui, cent cin- dront autant de signatures du composi- quante-trois fois, fait retentir le si bémol teur : attaques et sauts vifs, anacrouses grave, visions hallucinées de Scarbo, diabo- précédant de longues tenues, déflagra- liquement virtuose, fantasque. L’agitation tions suspendues par de brusques frénétique du gnome du poème s’éteint à la silences. Mais par ses polarités, la sonate fin comme un cauchemar fugitif. //////// échappe à l’étroitesse du système sériel.

29 palais des fêtes samedi 24 septembre 20h n°04 Ensemble intercontemporain Chœur Accentus

Avec le soutien de la SACEM, de la Fondation France Télécom Michael Jarrell Michael Jarrell et de Pro Helvetia, Fondation suisse Music for a While (1995), 18’ « …denn alles muss in nichts pour la culture ensemble verfallen… », 35’ (« Car au néant doit aller toute chose » Goethe) Direction, Pascal Rophé …prisme/incidences… II récitant, solistes, chœur et ensemble Violon, Hae-Sun Kang (2001-2002), 16’ Création Récitant, Johan Leysen violon et ensemble Commande d’État

//////// Entracte

Concert enregistré par France Musiques

Création et mémoire se lient intrinsèquement dans le corps de la musique de Michael Jarrell. Mémoire lointaine de Henry Purcell avec Music for a While. Mémoire du genre concertant dans …prisme/incidences… II, dont le soliste voit toutes ses figures diffractées par l’écran de l’orchestre. Mémoires tragiques de l’anéantissement avec la création pour chœur et ensemble où la parole des survivants de la Shoa se juxtapose aux fragments d’une lecture du Livre de l’Ecclésiaste.

Le portrait de Michael Jarrell s’ouvre par de 1998, la version avec ensemble, enfin …denn alles muss in nichts verfallen… (… car la pièce que le compositeur dédiait à son l’œuvre pour violon solo de 2001 (Prisme) au néant doit aller toute chose…). La sentence professeur, Klaus Huber. Music for a While que jouera en récital Carolin Widmann. de Goethe, titre de la création de Michael (Musique pour un moment) emprunte aux Le prisme appartient aux nombreuses Jarrell, résonne de manière saisissante dans premières mesures de l’un des airs les métaphores visuelles de Michael Jarrell le contexte de cet « oratorio ». Son origine plus célèbres de Purcell. Dans son drame qui ne cache pas ses affinités profondes est Mémoires, une pièce vocale écrite en Œdipe, la musique était destinée à calmer pour la peinture. Les ramifications de la 1996 après la lecture des témoignages de les furies. Chez Michael Jarrell, le geste ligne mélodique du violon traversent la rescapés des camps nazis. Dans ces milliers musical articule la transition entre ce qui surface de l’ensemble qui les renvoient, de témoignages, tels qu’ils furent archivés et revient et ce qui s’efface : « Je voulais com- métamorphosées, amplifiées… Par ce enregistrés pour le Fortunoff Video Archive poser une musique de l’instant qui se ré- prisme mouvant, les incidences se of Holocaust Testimonies, les visages fixent invente constamment, une musique qui se démultiplient, autonomes. L’écriture du quelque chose que la caméra ne pourra renouvelle en permanence, toujours en réfé- violon procède par de longues tenues, des jamais saisir. « Ce souvenir intime reflète une rence à son appartenance. J’avais déjà com- battements et des frémissements, dès le tout autre réalité que celle que l’on trouve dans mencé la pièce lorsque j’ai décidé d’y son initial que l’ensemble absorbe aussi- les manuels d’Histoire. C’est la différence entre adjoindre une sorte de prologue dans lequel tôt. Par la conduite des timbres se pro- une expérience individuelle et une expérience j’ai souhaité établir un lien direct avec la page le mouvement jusqu’à une vaste collective qui est à la base de l’œuvre. Pour musique de Purcell ». percée de la percussion et des cuivres essayer d’exprimer cette différence, j’ai choisi de dans le vif écarlate. Le geste le plus puis- juxtaposer au témoignage d’Abraham P. cer- L’intérêt de Michael Jarrell pour le genre sant est cette étrange disparition de l’or- tains extraits du très beau Livre de l’Ecclé- du concerto ne s’est jamais démenti. chestre, son silence pour ce qu’on croit siaste. Ce détachement, cette intemporalité …prisme/incidences… II connut plusieurs être la cadence du soliste, en réalité l’ex- contrastent avec ce destin où un moment chan- avatars : le concerto pour violon et orchestre tinction douce de toute l’œuvre. gea et marqua une vie » Michael Jarrell.

30 n°04

Que peut être l’expression de l’innom- gique, est en même temps celle de l’œuvre elle- leur dire : « Abraham m’a dit d’aller avec mable, le chant brisé de l’irreprésentable ? même » (Théodore Adorno, Quasi una vous ! ». Je me demande ce que mon père et La création qui prolonge aujourd’hui Fantasia, Gallimard, 1982). …denn alles muss ma mère ont pensé, surtout quand ils sont Mémoires soulève inévitablement cette in nichts verfallen… serait-il un « Fragment rentrés ensemble dans le crématoire… Je ne question, qui mine les œuvres scéniques Sacré », au sens où le philosophe Adorno peux pas me retirer cela de la tête. Cela me de Luigi Nono et, éminemment, le Moïse désignait Moïse et Aaron de Schoenberg ? fait si mal, et je ne sais pas que faire. et Aaron d’Arnold Schoenberg. Comment //////// une œuvre d’art autonome manifeste-t- elle ce qui doit lui échapper ? L’œuvre LIVRE DE L’ECCLÉSIASTE inachevée de Schoenberg s’interrompait (CHAPITRE 3, VERSETS 1 À 11) sur le cri fondamental de Moïse : « Ô mot, TÉMOIGNAGE 1. Il y a un temps pour tout, un temps pour mot qui me manque ». Celui qui incarnait D’ABRAHAM P. toute chose sous les cieux : un temps pour l’interdiction des images et de la repré- Je me suis penché vers mon petit frère en lui naître, et un temps pour mourir ; sentation, ne chantait pas mais parlait, disant : « Solly, va rejoindre papa et ma- 2. Un temps pour naître, et un temps pour seul face au pathos de la conscience col- man » et comme un petit bonhomme, il y est mourir ; un temps pour planter, et un temps lective soulevant les chœurs. « La contra- allé. Si j’avais su que je l’envoyais droit au pour arracher ce qui a été planté ; diction insoluble dont Schoenberg a fait le crématoire ! Je…j’ai ce sentiment de l’avoir 3. Un temps pour tuer, et un temps pour sujet de son œuvre, et qui est attestée par tué. Je me suis demandé s’il avait pu re- guérir ; un temps pour abattre, et un temps toute la tradition de ce qu’on appelle le tra- joindre mes parents, je pense que oui. Il a dû pour bâtir.

31 théâtre national de strasbourg samedi 24 septembre 22h30 n°05 salle koltès

Trombone, Sarah Morrow Sarah Morrow Piano, Jobic Le Masson Basse, Peter Giron Le Théâtre National de Strasbourg Batterie, John Betsch accueille Musica Quartet

Laissez-vous entraîner dans les Nuits de Musica 2005 par la fougue de Sarah Morrow, surpre- nante tromboniste à l’énergie débordante ! De l’orchestre de Ray Charles qui la découvrit en 1995, à sa collaboration avec Dee Dee Bridgwater et David Murray, cette jeune femme s’est imprégnée d’autant d’univers musicaux différents qui ont forgé sa maturité actuelle. Sa forte sonorité, ses phrasés clairs et agiles et sa couleur très cuivrée donnent au rythme des allures d’improvisation et de swing festifs.

C’est par la voix que les femmes ont Sarah a joué avec la fine fleur du jazz. Son mence une carrière de leader. Elle enre- d’abord conquis leur place dans l’histoire trombone est énergique et empreint de gistre alors un premier disque en 2000, du jazz mais pendant son premier demi- blues, deux éléments auxquels Ray Charles puis un autre en 2002 avec, parmi les siècle d’histoire, cette musique n’a fait n’a sans doute pas été insensible quand il invités, David Murray et Anne Ducros. que fort peu de place aux instrumentistes l’invita à rejoindre son orchestre avec Elle sort à l’automne dernier un album féminines. Fort heureusement les jazz- lequel elle tourna de 1995 à 1997. Sarah avec Hal Singer, Rohda Scott, Peter Giron women s’imposent aujourd’hui et même Morrow aime les rencontres, les confron- et Jeff Boudreaux. Elle s’exprime aujour- dans des instruments auxquels s’attache tations et n’hésite jamais à mettre toute d’hui avec invention dans une musique une image plus virile, le tuba ou encore le son énergie dans sa musique. Elle a ainsi swinguante aux arrangements ambitieux. trombone par exemple. Justement, Sarah joué avec le Dirty Dozen Brass Band, Laissez-vous séduire par son quartet Morrow souffle dans son trombone avec Anne Ducros, Xavier Richardeau, Jérôme qu’elle mène avec passion, trombone en une hargne et une détermination réjouis- Barde, Rico Rodriguez, David Murray, bouche, d’un train d’enfer ! //////// santes. Partagée entre Columbus (Ohio) Jacky Terrasson… C’est en 1999 que et Paris où elle réside la plupart du temps, Sarah Morrow monte son groupe et com-

32 münsterhof dimanche 25 septembre 11h n°06 Récital Carolin Widmann, violon

La maison paroissiale du Münsterhof Première apparition d’une jeune violoniste à Strasbourg, accueille ce concert avant ses débuts aux festivals de Salzbourg et Lucerne. Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture Carolin Widmann réunit trois des têtes d’affiches de Musica : Pierre Boulez, Michael Jarrell et George Benjamin. Son réci- Pierre Boulez tal s’achève sur l’une des œuvres ultimes de Bartók, l’âpre Anthèmes I (1991-1992), 08’ et immense Sonate pour violon, à la richesse contrapuntique Michael Jarrell vertigineuse. Prisme (2001), 13’ George Benjamin Three Miniatures (2002), 06’ I. A Lullaby for Lalit II. A Canon for Sally III. Lauer Lied Béla Bartók Sonate pour violon seul (Sz.117) (1944), 28’ I. Tempo di Ciaccona II. Fuga III. Melodia IV. Presto

Pierre Boulez et Michael Jarrell sont sou- contre l’électronique. Comme pour d’autres l’œuvre, Bartók craignait d’avoir été trop vent revenus sur leurs propres traces pour œuvres récentes de Boulez, l’enjeu thé- audacieux dans sa Sonate pour violon seul. imaginer de nouveaux déploiements à matique y apparaît immédiatement. Tempo di Ciaccona et la Fugue, les parties partir d’une strate plus ancienne. L’idée George Benjamin a dédié ses Three les plus rigoureuses sur lesquelles règne musicale appartient à une genèse tumul- Miniatures pour violon à des amis. Dans l’ombre de Johann Sebastian Bach, s’oppo- tueuse dont les étapes sont autant d’œuvres la pièce centrale, Canon pour Sally, on sent à la souplesse de Melodia et du Presto. en puissance. Prisme concentre le Concerto retrouve son penchant pour les rébus La sonate exige la démultiplication du vio- pour violon de Jarrell sur le seul soliste et contrapuntiques déguisés par l’énergie et loniste en prise à la densité polyphonique. fait percevoir la réalité des lignes dans le la vitesse. En réalité, les trois pièces explo- Melodia, un nocturne déserté de toute pré- prisme déformant des techniques de jeu. rent différentes facettes de la même tech- sence humaine, se perd dans l’extrême Anthèmes trouve l’une de ses origines dans nique de composition, de la simple ligne aigu, tandis que le mouvement perpétuel Originel issu d’…explosante-fixe… En descen- mélodique de Lalit jusqu’au chant du du Final évoque, depuis l’exil américain, la dant cette chaîne généalogique, Anthèmes Lauer Lied. Hongrie natale du compositeur. //////// développe toutes ses familles d’écritures Comme en témoigne sa correspondance dans le vaste Anthèmes II où le violon ren- avec Yehudi Menuhin, commanditaire de

33 palais des fêtes dimanche 25 septembre 18h n°07 Orchestre philharmonique de Strasbourg Orchestre national

Avec le soutien de la Fondation France Télécom et de Pro Helvetia, Anton Webern Alban Berg Fondation suisse pour la culture Six pièces pour orchestre opus 6 Sept Lieder de jeunesse (1909-1928), 10’ (1905-1928), 15’ La Direction Régionale de la Caisse des Dépôts I. Etwas bewegt soprano et orchestre et Consignations, partenaire de Musica, II. Bewegt I. Nacht parraine ce concert III. Zart bewegt II. Schilflied IV. Langsam, marcia funebre III. Die Nachtigall V. Sehr langsam IV. Traumgekrönt Direction, Matthias Pintscher VI. Zart bewegt V. Im Zimmer Soprano, Marisol Montalvo VI. Liebesode VII. Percussion, Florent Jodelet George Benjamin Sommertage A Mind of Winter (1981), 09’ soprano et orchestre Michael Jarrell Michael Jarrell texte de Wallace Stevens Instantanés (1985-1986), 15’ Un long fracas somptueux de rapide //////// Entracte céleste (1998-2000), 17’ percussion et orchestre Concert enregistré par France Musiques

Quinze ans avant un concerto « hivernal », les Instantanés Instantanés qui s’inspire pour son titre du roman d’Alain Robbe-Grillet est la toute affirmaient déjà toutes les caractéristiques du style de première aventure orchestrale de Michael Jarrell. Instantané d’une danse sacrale au Michael Jarrell. Changeant en tout mais fidèle à lui-même. centre de l’œuvre, instantané des notes répétées dans la première pièce agitée ou Lorsque Berg, dans sa maturité, prit la décision d’orchestrer de la lenteur dans les graves de la deuxième, des Lieder de jeunesse, il ne réfutait pas la veine romantique Instantané d’une échappée avec un soliste, Instantané d’un final sans point ultime, de ses vingt ans mais en rendait chaque ligne transparente. suspendu sur de vastes accords. Dans ce premier essai orchestral, le geste musical Du jaillissement jusqu’à la maturité, ce programme se consacre n’est pas encore soumis à la nécessité d’unifier, de développer, d’être imman- tout entier à la finesse orchestrale. Matthias Pintscher se fait quablement « organique ». Les Instantanés ont l’aisance apparente ou fallacieuse l’interprète et le complice d’un autre tableau d’hiver, peint à d’une photo échappant à son contexte. vingt ans par George Benjamin : A Mind of Winter. Déchiré et ouvert par le premier impact de la percussion, Un long fracas somptueux de rapide céleste de Michael Jarrell se répand fébrilement dans l’orchestre hirsute. Un long ralentissement combinant bois et cordes irisées absorbe peu à peu l’élan vital de la percussion et conduit à une suspen- sion du temps, l’une des méditations saisis- 34 n°07

santes du compositeur. Sur une marche la petite trompette et l’apparition du bon- sive, toute trace de la tonalité, Webern glacée, le soliste disparaît définitivement homme de neige. A Mind of Winter se accède alors à l’instantané du timbre, à sa dans l’impalpable. La lecture d’un livre de tient dans l’entre-deux, ni lueur, ni éclipse, fraîcheur renouvelée. Jamais il n’aura été Julien Gracq, Un balcon en forêt, aura souf- avec une minutie et une économie de aussi proche de Debussy. flé le titre au compositeur : « Le texte décrit moyens remarquables. George Benjamin le début d’une bataille sur la Meuse et la des- n’avait que vingt ans quand il composa Berg, l’autre immense élève de Schoenberg, cription du fracas des canons par l’auteur sur- l’œuvre, celle que préférait son profes- s’est retourné sur son passé en orchestrant réaliste m’a tout de suite frappé – cette manière seur d’alors, Olivier Messiaen. Sept Lieder de jeunesse. Ce regard vers un uni- de décrire cette chose si brutale et effrayante vers encore marqué par Brahms ou Wagner avec une telle poésie et une telle force d’expres- Un an après la fin de ses études avec révèle les demi-teintes et l’originalité de ses sion est de toute façon remarquable : un long Schoenberg, en 1909, Webern écrit ses pièces. L’orchestre confère une lisibilité à la fracas somptueux de rapide céleste ». Pièces opus 6 en reprenant à son compte densité quasi opaque de la polyphonie au les mélodies de timbre, la Klangfarben- piano, en particulier dans l’arrangement Sur un poème de Wallace Stevens, A Mind melodie si chère à son maître. Cette tech- strophique de Traumgekrönt sur les vers de of Winter dessine une image de l’hiver et nique s’avère singulièrement prégnante Rilke. Ici et là, les influences de la jeunesse de sa signification ambiguë : la voix gla- dans la version de chambre de 1928. Rétro- éclatent au grand jour : telle progression cée et mystérieuse surgie du givre (cordes spectivement, Webern a voulu caractériser debussyste de Nacht, tel chromatisme en sourdine en la mineur, cuivres bou- chacune des pièces par un bref pro- proche de Tristan dans le mélancolique chés) contemple avec le poète le « néant qui gramme, passant de l’attente d’une catas- Schilflied. Après la création de ses chants n’est pas là et le néant qui est ». L’œuvre trophe à la résignation de l’épilogue. Les orchestrés, Berg répond aux félicitations de accorde à chaque instrument sa signature motifs courts de ces miniatures surgis- son père spirituel Schoenberg par ces quel- précise, son intervalle, son transfert poé- sent dans la douceur et la transparence de ques mots : « Le fait que ces Lieder soient si tique : le solo de hautbois ou les cors combinaisons sonores originales : flûte et intimement liés à l’époque de mes études avec lyriques aux sixtes chaudes, les clarinettes trompette dans le grave, cuivres avec sour- toi leur donne plus de valeur à mes yeux qu’ils et les feuilles mortes, les cordes et le vent, dines. Abolissant toute rhétorique discur- n’en ont vraiment ». //////// 35 auditorium de france 3 alsace mardi 27 septembre 18h n°08 Récital Marc Coppey, violoncelle / Mario Caroli, flûte

France 3 accueille Musica Ce récital est placé sous le double signe du contrepoint et de Elliott Carter, l’inspiration poétique. De retour à Musica, Marc Coppey révèle Figment n°1 et 2 (1995 et 2001), 10’ la féconde influence de Johann Sebastian Bach sur le Suisse violoncelle Heinz Holliger. Mario Caroli, après son époustouflante inté- Scrivo in Vento (1991), 05’ flûte grale de l’œuvre de Brian Ferneyhough à Musica 2004, dévoile Johann Sebastian Bach d’autres approches de la flûte contemporaine. Rencontre de Chaconne (vers 1720), 13’ deux solistes professeurs au Conservatoire de Strasbourg, tous transcription du Ve mouvement de la Partita pour violon en ré mineur deux ardemment engagés dans la défense de la création musicale. violoncelle En choisissant de donner successivement Zyklus, le grand cycle de Holliger sur Les Heinz Holliger les chaconnes de Bach et de Holliger, Saisons de Friedrich Hölderlin (1770-1843), Chaconne (1975), 07’ Marc Coppey révèle la manière dont une alias Scardanelli. Toute sorte de modes de violoncelle forme ancienne peut aujourd’hui stimuler jeux à la frontière entre bruit et musique l’imagination d’un compositeur. Comme traduisent l’épigraphe noté en marge de (T)air(e) (1980-1983), 14’ la passacaille, autre danse baroque, la cha- la partition : flûte conne repose sur un ostinato de basse qui « Taire, ne rien dire ; soutient des variations mélodiques. Le Air, chant, aria, souffle : Johann Sebastian Bach motif de Holliger est une transcription Te, toi : Sarabande de la Ve Suite pour du nom « Sacher » selon la nomenclature Flûte : l’instrument de Hölderlin ». violoncelle en ut mineur (vers 1720), 03’ anglo-saxonne : János Pilinszky : Gérard de Nerval est l’une eS A C H E Re des trois créations que Kurtág a consa- György Kurtág Mib La Do Si Mi Ré crées au poète hongrois Pilinszky (1921- L’œuvre répond à une commande de 1981). Pour finir, les solistes unissent leurs Pilinszky János : Gérard de Nerval, Mistlav Rostropovitch à douze compositeurs voix dans les Enchanted Preludes de Carter. opus 5b (1986), 02’ pour les soixante-dix ans du mécène suisse Trois vers de Wallace Stevens (1879-1955) violoncelle Paul Sacher en 1975. fournissent la sève de ce magnifique duo : Les autres pièces du concert sont toutes « Félicité, ah ! Le temps est l’ennemi caché Elliott Carter inspirées par un pré-texte poétique. Scrivo La musique inamicale, l’espace ensorcelé Enchanted Preludes (1988), 05’ in Vento (J’écris dans le vent) emprunte son Où logent des préludes enchantés. » flûte et violoncelle « programme » à un sonnet de Pétrarque. L’enchantement maléfique du temps se Trois caractères musicaux s’entrechoquent, projette sur une texture furtive que Carter comme les sentiments du poète amou- compare à l’atmosphère des scherzos de reux. (T)air(e) est extrait du Scardanelli- Mendelssohn. //////// 36 pôle sud mardi 27 septembre 20h n°09 […] Ob:scena spectacle pour quatre danseurs, film et bande

Concept et chorégraphie, Willi Dorner notamment d’après les Récitations pour Production Wien Modern / Tanzquartier Wien / Film, en collaboration (1978) de Compagnie Willi Dorner Martin Arnold voix seule Georges Aperghis Coproduction La Muse en circuit / Musica avec Matthias Meyer Lumières, Krisha Co-réalisation à Strasbourg Musica / Pôle Sud Danse et chorégraphie, Compagnie Technique, Klaus Rink Créé le 8 novembre 2003 au Festival Wien Modern Willi Dorner (Helena Arenbergerova, Voix, Donatienne Michel-Dansac Avec le soutien du Réseau Varèse, réseau européen pour la création et la diffusion musicales subven- Anna MacRae, Matthew Smith, Costumes, photographie, Lisa Rastl tionné par le Programme Culture 2000 de l’Union Michael O’Connor) Son, Heinz Ditsch, Moritz Cizek Européenne, la Ville de Vienne, la Chancellerie fédé- Dramaturgie, Peter Stamer Vidéo, Gert Juden rale de Vienne, du groupe Erste Bank et de l’AFAA. Mise en scène, Stefanie Wilhelm Film, Florian Binder, Matthias Meyer, Autre représentation : Arrangement musical, Heinz Ditsch Roland Seidel, Philipp Zaufel mercredi 28 septembre à 20h à Pôle Sud

Pour Willi Dorner, l’« obscène » n’évoque pas seulement une sexualité rendue visible de façon impudique mais d’après l’étymologie latine (ob scena), le terme renvoie aussi à l’espace qui se situe derrière la scène, caché au spectateur. Comment confronter le visible à l’invisible, le pré- sent à l’absent sur scène ? Tel est l’enjeu de […], spectacle où la chorégraphie de Willi Dorner, les images de Martin Arnold et par intermittence la musique de Georges Aperghis explorent simultanément le phénomène de la perception.

Le titre […], formule imprononçable et énig- dissimule les danseurs sous des voilages ce jeu de cache-cache par un langage qui matique, s’inspire du principe du gom- comme s’il leur retirait leur humanité, brouille la perception des mots. « Georges mage développé dans le film de Martin quand il ne fige pas leur expression dans Aperghis et moi partageons un intérêt com- Arnold qui est projeté parallèlement à la des grimaces rappelant les toiles de mun pour l’étude du langage au sens le plus chorégraphie. Premières images : un lit Francis Bacon. A l’inverse, les repères de large. Cela inclut le langage parlé, la voix, les dont les corps ont été effacés par un effet mouvements employés en répétition sont bruits, les sons, les mots et leur sens ou leur spécial. En fond sonore, gémissements et portés sur le devant de la scène comme insignifiance » confie le metteur en scène. soupirs restituent les ébats amoureux dans partie prenante de la chorégraphie. La partition de 1978 a été retravaillée pour leur crue réalité. La scène est extraite de L’obscénité telle qu’elle est ici suggérée ne l’occasion avec l’assistance du compositeur Taboo, un film pornographique américain vient pas d’une nudité ostentatoire ni autrichien Heinz Ditsch. Des sons extraits des années 1980 qui fournit à Martin d’une banale imitation du genre porno- de séries télévisées ou de films complètent Arnold le matériau brut de sa vidéo. graphique mais de la façon voyeuriste les acrobaties verbales de la chanteuse « L’essence de la pornographie est exposée dont les quatre personnages se mettent Donatienne Michel-Dansac. Comme l’image comme une sexualité froide dénuée d’éro- en scène face aux spectateurs. et la chorégraphie, la musique se fait à tisme », explique Willi Dorner. Troisième médium du spectacle, les son tour absente ; les bribes de silences La chorégraphie combine elle aussi le Récitations pour voix seule de Georges ouvrent alors l’espace entier aux mouve- visible et le caché. Par moments, Dorner Aperghis participent ponctuellement de ments désarticulés des danseurs. ////////

37 auditorium de france 3 alsace mercredi 28 septembre 15h n°10 Concert jeune public Résidence Kaija Saariaho / Anssi Karttunen conservatoire national de région de strasbourg

France 3 accueille Musica Kaija Saariaho Improvisation Avec le soutien de la SACEM Danse des flocons I et II, 04’ 4-8 cordes, 01’-04’ Duo de violons Kaija Saariaho Orchestre, Chœur et ensembles Mattéo Riparbelli 4’ d’enfants du Conservatoire National Danse des flocons I et II, 0 Scherzo dodécaphonique, 05’ Duo de violons de Région de Strasbourg Deux vibraphones et un marimba Conseiller artistique, Anssi Karttunen Création Direction, Leila Faraut dans Danse des Ivan Solano flocons I et II pour orchestre Perles, gouttes et ondes, 05’ Kaija Saariaho Chœur d’enfants et électronique Danse des flocons I et II, 04’ Création Kaija Saariaho Duo de violons La flûte magique de Liisa, 02’ Flûte Kaija Saariaho Rémi Studer Danse des flocons I et II, 06’ Études de quatuor, 07’ Orchestre Alireza Farhang Quatuor à cordes Through the looking glass Création (De l’autre côté du miroir), 04’ Quatre harpes celtiques Création

En résidence cette année au Conservatoire National de Région de Strasbourg, la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, accompagnée du violoncelliste Anssi Karttunen, s’est notamment donné pour objectif de travailler avec de jeunes élèves et de s’adresser à un public de leur âge. Cet engagement, allié à l’investissement de compositeurs en devenir et dynamisé par l’énergie des enfants, a donné naissance à ce concert.

Kaija Saariaho souhaite que les jeunes répertoire accessible aux enfants. Il s’agit étudiants d’Ivan Fedele offrent en créa- musiciens s’immergent dans la création de provoquer la triple rencontre entre tion aujourd’hui à ces jeunes interprètes musicale dès le début de leur formation. compositeurs-étudiants, enfants-inter- autour d’œuvres que Kaija Saariaho a Convaincue de la nécessité d’enseigner prètes et jeune public. Kaija Saariaho a su écrites pour des enfants qu’elle connais- une musique contemporaine de qualité initier un travail en profondeur avec les sait déjà. Il est bien évidemment recom- dès le plus jeune âge, comme cela se fait élèves en transmettant sa passion pour la mandé aux plus grands de se joindre à en Finlande, elle a incité les élèves com- création et en partageant son savoir-faire. eux pour profiter pleinement de ce positeurs à se pencher sur l’écriture d’un Ce sont des pièces sur mesure que les moment tout en fraîcheur ! //////// 38 palais des fêtes mercredi 28 septembre 18h n°11 Quatuor Diotima

Avec le soutien de la SACEM Claude Debussy Michaël Lévinas Quatuor à cordes en sol mineur Quatuor à cordes, 20’ Edith Canat de Chizy (1893), 25’ Création I. Animé et très décidé Commande Musica Alive, quatuor à cordes n°2 II. Assez vif et bien rythmé (2003), 15’ III. Andantino, doucement expressif IV. Très modéré. Très mouvementé

Contemporain du Prélude à l’après-midi d’un faune, l’unique tions. Le second mouvement que l’on dirait écrit en « pizzicato majeur » se distingue quatuor de Debussy possède la vertu rare de la fraîcheur et de également de tout ce qui se faisait en matière de quatuor autour de 1892. Les la jeunesse, l’audace de la première fois. Les Diotima présen- conversations passionnées entre Debussy tent deux quatuors de compositeurs français, Michaël et son professeur au Conservatoire, Ernest Guiraud, telles qu’elles furent consignées Lévinas et Edith Canat de Chizy, dont les œuvres en appellent par Maurice Emmanuel, témoignent de l’impérieux bouillonnement qui agitait à à la filiation essentielle de Claude Debussy. l’époque le jeune homme, annonçant les bouleversements futurs et bientôt Pelléas. Edith Canat de Chizy, violoniste de forma- engage et génère le geste musical. L’élève tion, manifeste une véritable passion pour d’Olivier Messiaen, l’un des fondateurs de « GUIRAUD – Où est votre poète ? les cordes auxquelles elle a consacré de l’ensemble L’Itinéraire, le pianiste, lit et DEBUSSY – Celui des choses dites à demi. nombreuses œuvres : Sextuor, Trio Hallel, réinvente sa généalogie musicale à la Deux rêves associés : voilà l’idéal. Pas de Siloël pour douze cordes, Exultet, Concerto lumière de l’aventure spectrale. Prolon- pays, ni de date. Pas de scène à faire. Aucune pour violon et orchestre (1995), outre les geant le travail de son quintette Les Lettres pression sur le musicien qui parachève.(…) pièces orchestrales Yell et De Noche. Alive enlacées, le compositeur étudiait déjà avec Chantez quand ça vaut la peine. Camaïeu. se réfère à un poème d’Emily Dickinson son premier quatuor les « verticalisations Grisaille. Pas de développements musicaux qui exalte la puissance de la vie : progressives, les désintégrations des résonances pour « développer ». Fautes ! Un développe- « Etre en vie-est une Force résultant de croisements polyphoniques ». Tout ment prolongé ne colle pas, ne peut pas coller L’Existence-en soi- comme chez Debussy ou Messiaen, la avec les mots. Sans autre fonction structuration de la forme et la perception Debussy a joué au piano des séries d’in- Suffisante-omnipotence ». du temps s’organisent par un « processus tervalles. Soignant les timbres avec une minutie d’altération lente par l’usage de plusieurs GUIRAUD – Qu’est-ce que c’est que ça ? extrême, Edith Canat de Chizy privilégie échelles modales » Michaël Lévinas. DEBUSSY – Accords incomplets, flottants. toujours la dimension de la couleur Il faut noyer le ton. Alors on aboutit où on sonore comme l’avait salué son profes- Debussy a trente ans lorsqu’il écrit son veut, on sort par la porte qu’on veut. D’où seur Maurice Ohana : unique quatuor. L’invention de la couleur, agrandissement du terrain. Et nuances. « Edith Canat de Chizy n’a d’autre ambition du mode et du timbre l’écarte de ses prédé- DEBUSSY – Il n’y a pas de théorie : suffit que de faire aimer cette magie des sons, qui cesseurs, en particulier du modèle César d’entendre. Le plaisir est la règle. raconte “l’histoire du monde” telle que Franck. S’il regarde encore vers le passé GUIRAUD – Je veux bien pour une nature Debussy la rêvait ». lorsqu’il s’assure de l’unité de son œuvre exceptionnelle, ordonnée par elle-même et par le procédé franckiste d’un motif qui devine, et qui s’impose. Mais comment Dans toute la musique de Michaël Lévinas, cyclique, il insuffle de nouvelles textures apprendrez-vous la musique aux autres ? la captation de phénomènes sonores pré- dans le genre traditionnel du quatuor. Le DEBUSSY – La musique, ça ne s’apprend cède et détermine les opérations sur thème du premier mouvement, immédia- pas. » les paramètres musicaux. Le son lui-même, tement mémorable par sa teinte modale, Edward Lockspeiser ; Harry Halbreich, objet d’études et de réelles manipulations, réapparaît plus tard doté de nouvelles fonc- Claude Debussy, Fayard, 1980. ////////

39 palais des fêtes mercredi 28 septembre 20h n°12 Ictus / Quatuor Diotima

Avec le soutien de la SACEM Les œuvres de ce soir sont nées de la maîtrise du trompe- l’oreille et de l’artifice. Misato Mochizuki s’ingénie à créer des Direction, Georges Élie-Octors Piano, Jean-Luc Fafchamps toupies vives et des kaléidoscopes sonores. Pour échapper et Jean-Luc Plouvier Alto, Paul Declerck aux splendeurs molles de l’aquarelle, à la lenteur du spectre, et Geneviève Strosser Informatique musicale, Ircam sa musique joue de la vitesse pulsée et de l’objet trouvé. Réalisation informatique musicale, Gilbert Nouno, dans Bosse, crâne rasé, nez crochu L’exploration de son œuvre débouche sur un autre tour de force, celui de George Benjamin qui « orchestre » littérale- Misato Mochizuki ment deux altos. Marc Monnet, enfin, entreprend l’hybrida- Quatuor à cordes, 15’ Création tion de styles divergents. Bosse, crâne rasé, nez crochu, qui Commande d’État n’est pas un autoportrait, expose le caractère monstrueux de Intermezzi (1998), 08’ ce qui aurait pu être un concerto. flûte et piano Première française

Wise Water (2003), 16’ Première française LES FLEURS DE L’ARTIFICE de contrebasse, et s’étend peu à peu, Les idées scientifiques sur la nature ont comme une flaque s’élargissant. L’œuvre Chimera (2000), 11’ souvent inspiré Misato Mochizuki, ou s’inspire des recherches d’un scientifique plus exactement des analogies ouvrant japonais sur la capacité de l’eau à mani- l’imagination d’un compositeur : les fester une « mémoire ». Chimera, l’un des George Benjamin cycles de l’eau et de l’air (Si bleu-Si calme), opus les plus brillants de Mochizuki, Viola, Viola (1997), 10’ les techniques génétiques (Chimera). La engendre un organisme étrange tra- deux altos lecture de textes de Roland Barthes auquel vaillant sur les répétitions de figures fait explicitement référence La Chambre brèves. Dans la mythologie grecque, la //////// Entracte Claire fut une autre source d’inspiration. Chimère était un monstre composé de Quelle rencontre entre la jeune artiste plusieurs fragments d’animaux différents. Marc Monnet japonaise vivant à Paris et celui qui écrivit « Chimera s’apparente à une pièce de techno Bosse, crâne rasé, nez crochu l’Empire des Signes, au retour d’un voyage au acoustique. Ma chimère musicale a une durée (1988-2000), 40’ Japon ? C’est ici l’idée du fragment qui a de vie de dix minutes. Des gènes différents sont retenu Misato Mochizuki, l’intermezzo introduits sur un “ embryon-souche ” (des bat- deux pianos et ensemble qui procède par le milieu et par une série tements rapides de bongos) et vont provoquer Intermède 1 : tulipes d’interruptions. « Le fragment a son idéal : des évolutions imprévisibles. Les éléments vont Bosse, crâne rasé, nez crochu 1 Bosse, crâne rasé, nez crochu 2 une haute condensation, non de pensée, ou de devoir entrer en conflit ou modifier leurs méta- Intermède 2 : acrobates sagesse, ou de vérité (comme dans la maxime), bolismes individuels, ce qui en retour affectera Bosse, crâne rasé, nez crochu 3 mais de musique » (Roland Barthes). Les le corps dans son entier. Des cellules reprodui- Intermède 3 : chatouillement interprètes d’Intermezzi chuchotent briève- sent et transforment un message qui décidera Bosse, crâne rasé, nez crochu 4 ment quelques mots empruntés à Barthes. de la vie de cette créature contre-nature » Bosse, crâne rasé, nez crochu 5 Misato Mochizuki. Temps continu et pulsation discrète, ces Le domaine instrumental est contaminé deux traits s’enchevêtrent dans le style de par des processus proches des manipula- Misato Mochizuki. Wise Water émerge des tions électroniques. gouttes d’eau initiales, devenues pizzicati

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n°12 Ictus / Quatuor Diotima

Le premier des artifices est la transposition autre artifice, celui de l’écriture, le compo- en particulier celui des Musica ricercata. d’une technique spécifique sur un terri- siteur retrouve un équilibre inespéré. La mécanique folle de cette pièce de Marc toire qui lui est a priori étranger. L’artifice Monnet envahit une arène sonore, ren- de Viola, Viola de George Benjamin consiste En deuxième partie du concert, Marc Monnet forcée par le dispositif informatique. La à démultiplier la sonorité et l’étendue de soumet les vastes proportions de sa pièce couleur grinçante des cuivres domine deux altos. Pensé pour l’immense salle du pour ensemble à l’hybridation de styles. toute cette scène sportive, où s’entrecho- Tokyo City Opera sous l’impulsion du Un avant-goût de son opéra Pan ? La forme quent des archétypes pianistiques et élec- compositeur Toru Takemitsu, Viola, Viola de l’œuvre n’est pas qu’une question d’agen- troniques. Comme le précise le exploite puissamment toutes les possibili- cement bien senti mais aussi de perception : compositeur, le titre a pour principale tés de résonance de l’instrument. La den- Bosse, crâne rasé, nez crochu est concert et fonction d’intriguer l’auditeur. « C’est une sité de l’écriture par l’occupation de tous concerto à lui seul. Marc Monnet concilie façon de nommer. En rien, le nom ne préfi- les registres procure l’illusion de la multi- ici l’idée de la forme et de l’intempestif, ce gure la personne, même si celle-ci s’appelle plicité des instrumentistes. Cette pièce qu’il appelle le « structurant » et le « souffle ». Dupont ou Paillasson. Le titre Bosse, crâne énergique, violente et explosive dément Les cinq mouvements sont introduits ou rasé, nez crochu provient de la description l’aura sombre et grinçante attachée à l’alto séparés par trois intermèdes (Tulipes, de l’un des personnages du théâtre latin des et requiert des trésors de virtuosité. À par- Acrobates, Chatouillement) réservés aux Atellanes : Maccus. C’est le caractère de tir des contraintes déséquilibrées du départ deux pianos, tour à tour boîtes à musique l’anormalité qui m’a intéressé. » //////// écrire pour deux altos, par le biais d’un ou gnomes désarticulés, proches de Ligeti,

pôle sud mercredi 28 septembre 20h n°13 […] Ob:scena seconde représentation spectacle pour quatre danseurs, film et bande lire page 37

42 auditorium de france 3 alsace jeudi 29 septembre 18h n°14 Résidence Kaija Saariaho / Anssi Karttunen conservatoire national de région de strasbourg

France 3 accueille Musica Kaija Saariaho Changing light (2001), 04’ soprano et violon Avec le soutien de la SACEM Neiges (1998), 15’ Huit violoncelles Terrestre (2002), 10’ direction, Anssi Karttunen flûte, percussion, harpe, violon et violoncelle Ensembles du Conservatoire National From the Grammar of Dreams, Sept Papillons (2000), 10’ de Région de Strasbourg extraits (2002), 5’ Violoncelle Conseiller artistique, Anssi Karttunen 0 deux soprano interprété par Anssi Karttunen Mirrors (1997), 04’ flûte et violoncelle

Après Yan Maresz en 2003-2004, le Conservatoire de Strasbourg accueille cette année deux grandes figures de la musique finlandaise d’aujourd’hui : la compositrice Kaija Saariaho et l’un de ses com- plices et interprètes privilégiés, le violoncelliste Anssi Karttunen. Ce concert présente le résultat de nombreux ateliers de travail qui ont permis aux élèves, débutants comme pré-professionnels, de plonger dans l’univers musical de l’un des compositeurs les plus estimés de sa génération.

Kaija Saariaho compte parmi les invités les jeunes compositeurs et instrumentistes, Son implication dans l’évolution de la réguliers de Musica depuis ses origines. Le très tôt, au cycle de la création musicale : technique du violoncelle et sa connais- portrait que le festival lui a consacré comment imaginer la musique, chercher son sance intime du répertoire moderne en 1994 a permi au public de découvir langage personnel, trouver une notation. offrent aux élèves une approche complé- notamment la création de Trois rivières, J’aimerais aussi les aider à comprendre la mentaire. Ainsi, selon Kaija Saariaho : commande des Percussions de Strasbourg. musique à partir d’une partition, comment « L’interprète peut être une source d’inspira- Début 2005, la participation du chœur du s’exprimer à travers elle, y insuffler la vie. » tion pour le compositeur. En travaillant avec Conservatoire à la production concertante Dans le cadre de cette résidence, Kaija a lui, le musicien peut pénétrer plus profondé- de L’Amour de loin à Beyrouth, a posé les favorisé le travail de son œuvre pour ment une musique écrite avant notre temps. jalons d’une relation active entre l’institu- cordes, corpus prépondérant de son cata- Cette première forme de communication est tion strasbourgeoise et l’artiste. logue. Anssi Karttunen qui a créé plusieurs la condition première d’un véritable échange En répondant à l’invitation du Conservatoire de ses pièces pour violoncelle (Petals en entre le public et la musique contemporaine.» et de Musica, Kaija Saariaho s’est donné 1988, Spins and Spells en 1997) était le //////// l’objectif suivant : « J’aimerais sensibiliser partenaire idéal d’une telle démarche.

43 opéra national du rhin jeudi 29 septembre 20h n°15

opéraPan de marc monnet

D’après un texte de Christophe Tarkos Informatique musicale, Ircam RENCONTRE Réalisation, Eric Daubresse Ingénierie sonore, Jérémie Henrot avec Marc Monnet, compositeur Création et Pascal Rambert, metteur en scène Commande Opéra national du Rhin Chœurs de l’Opéra national du Rhin et plasticien en coproduction avec l’Ircam-Centre Orchestre symphonique de Mulhouse animée par Guy Wach Pompidou Éditions Cerise Music Opéra de Strasbourg : Durée : 75’ mercredi 28 septembre à 19 h Direction musicale, Pierre-André Valade entrée libre Metteur en scène et plasticien, Autres représentations : Pascal Rambert Strasbourg, Opéra national du Rhin Billetterie réservée aux porteurs des cartes Lumières, Pierre Leblanc vendredi 30 septembre 20 h Musica pour la représentation du 29 sep- et dimanche 2 octobre 20 h / Mulhouse, tembre. avec deux chanteurs et les acteurs danseurs La Filature vendredi 7 octobre 20 h Pour les autres représentations, s’adresser et performeurs de pascal rambert et de la à l’Opéra du Rhin. compagnie side one posthume théâtre

« Pan raconte tout et rien ». Par cette déclaration sibylline, Marc Monnet entend ne rien abdi- quer de sa liberté au moment de franchir le seuil de l’opéra. A-t-on besoin d’un livret, d’une seule histoire, d’un seul lieu, d’un décor ? Inspiré par le poète Christophe Tarkos qui inventa sa propre poésie sonore dans la langue écrite, Pan se présente comme un remue-ménage de chanteurs, d’acteurs, d’histoires et de voix multiples.

Esprit frondeur, proche du théâtre, Marc de la langue, la répétition, la variation et PAN PAR MARC MONNET Monnet aime s’attaquer aux automa- le jeu infatigable avec ce qu’il nomme la tismes de la production musicale et aux « pâte-mot ». Au cours de la lecture de « Je n’ai pas écrit l’opéra que je voulais, j’ai écrit académismes de la musique contempo- Pan, on rencontre un petit train qui roule la proposition qui venait, sortait de toutes mes raine. On a souvent associé au théâtre dans la campagne, Toto et son camion, visions d’opéras, de toutes les créations que j’ai musical celui qui étudia avec Mauricio des nuages blancs et bleus, des textes glis- pu voir. C’est le résultat d’un tout, aussi de la Kagel et collabora avec Jean-Louis sant à haute vitesse et des blancs trouant misère, du chômage, de la mondialisation, de Barrault. Par leur écriture aiguisée et dis- la page. Pour l’opéra de Marc Monnet, le l’égoïsme, des profits honteux, sans que pour continue, les pièces de Marc Monnet théâtre « pur » confié au metteur en scène autant un mot soit dit de tout cela dans PAN. manifestent l’impureté explicite d’un Pascal Rambert fait face à la musique Il ne s’agit pas de montrer, de dire ou démon- genre établi. Des figures grotesques ou « pure ». Le chœur est un élément essentiel trer. Il s’agit par la forme, de rire, d’être gro- ironiques, des acrobates et des monstres ainsi que les voix enregistrées, travaillées tesque, dramatique, vivant, éclatant. Le plaisir peuplent son monde. Ici se dessine une et combinées avec l’électronique. //////// c’est la transformation, la modification, la première proximité avec l’écriture prolifé- virgule. PAN c’est un plaisir, c’est ce besoin rante, énumérative ou subrepticement d’autre chose. C’est dépenser sans compter, vacante de Christophe Tarkos. Dans ses jouir avec quelques milliers de spectateurs, der- lectures-performances et ses poèmes, ce nier privilège qui reste offert au créateur. disciple lointain de , mort C’est pour toutes ces raisons que la lutte est tout récemment, pratique la dislocation rude. La culture est devenue un état dans

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l’état, un encerclement, une forme admise. L’art cela. C’est peut-être le cri, de quelqu’un qui travaille à deux et à plusieurs avec Picabia, reste un malentendu, un bonheur d’intelligence. suppliant, essaie avec la force du spectacle, de avec Picasso, avec Ravel, puis il travaille agréa- La musique serait-elle porteuse de tout ceci ? soulever de façon désespérée, un acte non blement avec Stokowski, Chou Wenchung, Oui, je crois. Certains évitent l’interprétation convenu peut-être un peu rude, mais profon- Michaux, Cowell et Boulez, puis il travaille philosophique par peur, parce qu’essayer de dément vivant. un peu avec Alexander Calder et avec parler de la musique est dangereux. Il vaut PAN est égal à PAN. » Claude Debussy et avec John Barrymore, mieux s’enfermer dans le discours techni- puis il travaille à deux avec Mahler et avec ciste, expliquer les choix des outils, comme si Cage, puis il travaille à deux avec ses amis ceux-ci n’étaient porteurs « que » de musique, Romain Rolland, Marcel Duchamp et outils abstraits au monde. PAN DE CHRISTOPHE Antonin Artaud, puis il joue des grelots, des Rien ne peut échapper à l’interprétation. TARKOS flexibles, des trombones, des papiers émeri, PAN non plus. Certains se sont engagés avec des balais métalliques, des brindilles de bois, et par le texte. La force du dit, n’est pas dans « C’est l’histoire d’un gars très beau. Un bébé, et avec des cloches, puis il écrit, puis il arrive le signifié, elle est dans le son, dans le mot, le un enfant, un joueur, un jeune homme, un avant l’avant-garde, puis il arrive après la bruit et son organisation. Ainsi, la poésie de apprenti, un père, un inventeur, un vieux, mode parce qu’il arrive après les avant- Tarkos est plus offensive que toutes les histoires un vieillard beau. Au début, il travaille à deux gardes, que c’est maintenant fini les rigo- de tous les opéras. Elle ne raconte pas UNE avec un autre, avec Rodin, avec Le Corbusier, lades, puis il donne le conseil de se méfier des histoire, mais toutes, celles que l’on bafouille avec Miró, puis il travaille encore en com- constipés et des calvinistes, puis il meurt, par l’exercice de la vie. C’est un travail de la mun avec ses amis Modigliani, Bartók, et puis on joue Varèse en 1996 à Lyon, l’année langue et non un travail de l’« histoire » dans Guillaume Apollinaire, puis il travaille à dernière.» Christophe Tarkos, extrait de laquelle le spectateur est enfermé. La langue deux ou plusieurs avec Yannis Xenakis, et Pan, éditions P.O.L.. libère comme le son. PAN c’est donc tout avec Fernand Léger, et avec Erik Satie, puis il

45 palais des fêtes vendredi 30 septembre 18h n°16 Les Percussions de Strasbourg Accroche Note

Avec le soutien de la SACEM Ouvert par l’hommage vif que rendent les compositeurs Yan et de la Fondation France Télécom Maresz et Giovanni Verrando à leur ami Fausto Romitelli Direction, Luca Pfaff Soprano, Françoise Kubler récemment disparu, le concert de ce soir s’achèvera sur la créa- Giovanni Verrando tion de Wolfgang Rihm, attendue l’an dernier, Eine Stimme. Memorial Art Show, 15’ Cette œuvre dramatique marie deux ensembles liés à l’histoire I. Heterophonic 2 II. Harmonic domains de Musica, les Percussions de Strasbourg et Accroche Note. III. Filtering 2 Création Network de Yan Maresz partage quelques- utilisant des claviers munis des capteurs Commande d’État / Percussions de Strasbourg unes des obsessions musicales de Romitelli : déclenchés par les percussionnistes. sons distordus et inharmoniques, glisse- Cette œuvre ouvre des perspectives nou- Marc Monnet ment vers des textures bruitées, prédilec- velles pour les musiciens, dérangeant les Bibilolo (1997-2000) - Extraits, 20’ tion pour l’intervalle de seconde mineure habitudes de jeu. six percussions électroniques descendante. Pour cette nouvelle œuvre, I. Handwurst le compositeur privilégie l’aspect linéaire La deuxième partie du concert entoure la II. Jean Farine qui transmet la vague sonore d’un groupe voix d’un écrin de chambre. Christophe III. Galimafré à un autre. Bertrand a parcouru des textes qui sui- IV. Chocolat Les trois mouvements du Memorial Art vent des séries énumératives : ordre V. Chico fou du roi Show de Giovanni Verrando explorent alphabétique des Fragments d’un discours chacun un cadre stylistique et une tech- amoureux de Barthes, description d’un Yan Maresz nique propres à l’écriture actuelle du monstre par ses organes (Rabelais), extra- Network, 10’ compositeur. La dernière partie, Filtering 2, its de Cosmicomics d’Italo Calvino … évoque des textures de Romitelli par l’usage La présence de la voix, son souffle et sa Création Commande d’État / Percussions de Strasbourg de « techniques typiques de la musique élec- disparition sont au cœur de nombreuses tronique (forme d’onde, filtrages, bruit, etc.) œuvres de Wolfgang Rihm. Le geste //////// Entracte appliquées aux instruments acoustiques » expressif qui se libère de son contexte, le Giovanni Verrando. son qui surgit et sombre, la sculpture Dans Bibilolo, commandé à Marc Monnet sonore immobile… Ces Leitmotivs sont Christophe Bertrand pour les quarante ans des Percussions de essentiels dans la musique vocale de Madrigal, 12’ Strasbourg, le compositeur joue égale- Rihm, là où la liberté musicale doit affron- textes d’Italo Calvino, Roland Barthes et ment avec l’intrusion de l’électronique en ter l’ordre existant d’un texte. //////// François Rabelais soprano et ensemble Création Commande Fondation André Boucourechliev Wolfgang Rihm Eine Stimme 1-3, 25’ soprano et ensemble Création Commande Percussions de Strasbourg / Accroche Note / Musica

Concert enregistré par France Musiques

46 la laiterie artefact vendredi 30 septembre 20h n°17 Marianne Faithfull

Co-réalisation Les Nuits Électroniques Le billet donne droit à l’entrée du festival Les Nuits Électroniques de l’Ososphère de l’Ososphère / Musica le 30 septembre

Celle qui a survécu à tous les excès des années 60, la muse des Rolling Stones, Marianne Faithfull, l’égérie à la voix rauque des années 80, l’interprète de Kurt Weill dans les années 90, revient sur le devant de la scène en partant sur les routes avec son nouvel album Before the Poison.

Tout juste quarante ans après la sortie de suite les charts anglais. Sa carrière est lancée, Sa carrière « grand public » reprend avec la son premier disque As Tears Go By écrit par Marianne réussit l’équilibre parfait entre sortie remarquée de Vagabond Ways en juin Mick Jagger et Keith Richards, Marianne un rock énergique et des influences folk 1999. Puis en 2002, elle enregistre Kissing Faithfull sort en septembre dernier Before plaintives. Time, album teinté d’une atmosphère the Poison. Courtisane privilégiée des Rolling Elle se retire de la vie publique dans les intime et tendue, caractéristique de ses plus Stones, égérie rock’n’roll des sixties et fian- années 70 avant de relancer sa carrière en belles œuvres. A la sortie de cet album, cée de Mick Jagger, la jeune Lady Faithfull 1979 avec Broken English. On y découvre Marianne entame une grande tournée mon- (avec de nobles origines) débarque dans le une artiste à la voix sombre et sexy qui la diale, la première de cette ampleur depuis sillage Stones alors qu’elle n’a que dix-sept caractérise si bien. Cultivant une fascina- de nombreuses années. Aujourd’hui, c’est ans avec toute son innocence et ses illu- tion pour Kurt Weill et ses ambiances dra- avec l’aide d’invités prestigieux tels que PJ sions. Andrew Loog Oldham, manager des matiques, elle enregistre son opéra Les Harvey et Nick Cave qu’elle nous livre l’un Stones, la découvre en 1964 et lui fait enre- sept pêchés capitaux qu’elle interprète au de ses plus beaux albums, Before the Poison, gistrer As Tears Go By qui accroche tout de Festival de Salzbourg en 1998. divinement défendu sur scène. ////////

47 auditorium du musée d’art moderne samedi 1er octobre 11h n°18 et contemporain de strasbourg Les samedis de la jeune création /2 Ensemble 2e2m

Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg accueille Musica

Avec le soutien de la SACEM

En association avec le FESAM (Fonds Européen des Sociétés d’Auteurs pour la Musique)

Sébastien Béranger Acousmie (2001), 08’ clarinette, percussion et bande Philipp Maintz Schneeblind (2000), 05’ violon Première française Stefan Van Eycken (Just like) starting over(2003), 10’ flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano Première française Sebastian Rivas Sanftestes Gesetz (2003), 06’ flûte Michel van der Aa Musica parie sur l’avenir et poursuit sa vocation d’ouverture à la Just before (2000), 12’ piano et bande jeune création, en compagnie des ensembles Accroche Note et Première française 2e2m. Cette nouvelle série se décline en deux concerts du samedi Jérôme Combier matin au Musée d’Art Moderne et Contemporain. Venez décou- Essere Pietra (2004), 12’ guitare, percussions, piano, alto, violoncelle vrir ceux qui pourraient être demain « premiers de cordée » !

Entrée libre sur réservation Musica et le FESAM proposent cette année un l’AKM (Autriche), la BUMA (Pays-Bas), la GEMA nouveau type de concerts : il s’agit de donner à de (Allemagne), la SABAM (Belgique), la SACEM très jeunes compositeurs européens la possibilité (France) et la SUISA (Suisse). d’être joués dans un événement professionnel de Les six sociétés peuvent accompagner des projets première importance. consacrés à la création musicale contemporaine lors- Concert enregistré par France Musiques Le coût de ces deux concerts est pour l’essentiel pris en qu’ils impliquent au moins trois des pays membres. charge par un apport financier mutualisé des six sociétés d’auteurs adhérentes au FESAM, réseau évo- lutif constitué en 2000 et regroupant actuellement

48 auditorium de france 3 alsace samedi 1er octobre 17h n°19 Quatuor Arditti

France 3 accueille Musica Les mondes de Carter et de Lachenmann, défendus avec le même éclat par les Arditti, ne se rencontreront jamais. Elliott Carter Composer, selon Lachenmann, c’est questionner une réalité col- Fragment n°2 (1999), 04’ lective, renverser radicalement toutes les catégories du sonore et Christophe Bertrand de la perception. Composer, selon Carter, c’est nouer une intrigue Quatuor à cordes (2005), 12’ Première française dans un langage concertant assuré. Deux jeunes compositeurs Commande Beethovenfest de Bonn Créé le 24 septembre 2005 au Beethovenfest reconduisent la confrontation : Christophe Bertrand entend ici de Bonn par le Mandelring Quartett brusquer son style fluide et Alberto Posadas creuser la matière Elliott Carter sonore avec une insistance presque « lachenmannienne ». Quatuor à cordes n° 5 (1995), 21’ I. Giocoso Interlude I II. Lento expressivo Le cinquième et dernier quatuor d’Elliott Interlude II Carter est le suprême aboutissement de III. Presto scorrevole sa musique de chambre. Une double struc- Interlude III ture soutient les douze parties enchaînées. IV. Allegro energico Six mouvements exploitent chacun un Interlude IV caractère spécifique ou un type de jeu domi- V. Adagio sereno nant (les harmoniques de l’Adagio sereno, Interlude V les pizzicati pour le ). Ces parties VI. Cappricioso Cappricioso sont séparées par des interludes où les ins- //////// Entracte trumentistes, le plus souvent solistes, reprennent des éléments du passé ou anti- cipent la suite. Cette dramaturgie acquiert Alberto Posadas une transparence inconnue des quatuors A silentii sonitu silenti (1994), 17’ précédents. Il s’agit d’un théâtre de carac- Première française tères et de coopération humaine, comme l’a souvent recherché Carter. Helmut Lachenmann Avec Helmut Lachenmann dont Musica salue les soixante-dix ans, chaque œuvre Quatuor à cordes n° 3 « Grido » pose un regard critique sur le passé pour (2000-2001), 25’ devenir aussitôt un acte prospectif. Sur le champ de ruine de la musique concrète ins- trumentale allait émerger une liberté nou- velle pour le compositeur, déjà à l’œuvre style de vie bourgeois ? Doit-il héroïquement dans son deuxième quatuor Reigen Seliger détruire à nouveau l’establishment ? Doit-il Geister. Grido (Cri en italien) recueille et quitter son nid ? Pour celui qui cherche sa brise ces expériences antérieures. L’œuvre voie, que serait-elle, une fois foulé le chemin est vive, animée et, risquons le mot incon- à travers l’infranchissable ? ». Il se révèle à gru à propos de Lachenmann, « plaisante » lui-même et écrit son troisième quatuor, comme peut l’être une gigue. car l’apparente auto-satisfaction est trom- « Que fait Robinson Crusoé s’il croît son île peuse. Les questions de Lachenmann développée ? S’installe-t-il à nouveau, reve- sont ses œuvres ; sa trajectoire, le mouve- nant dans une ambiance qu’il s’est créée, au ment qui déplace les lignes. ////////

49 palais de la musique et des congrès samedi 1er octobre 20h n°20 salle érasme Orchestre et ensemble vocal du SWR Stuttgart

Avec le soutien de la SACEM et de la Nouvelle constellation orchestrale où la musique rencontre le Fondation France Télécom poème. Le chœur et l’orchestre diaphanes de Benjamin tra- Direction et cor anglais, Heinz Holliger versent le rêve du Caliban de Shakespeare, la voix soliste d’Of Mezzo-Soprano, Cornelia Kallisch Baryton, James Bobby Rewaking de Carter chante le réveil du monde. La vivacité Elliott Carter lumineuse du dernier style d’un compositeur de quatre-vingt- Boston Concerto (2002), 15’ dix-sept ans est ici défendue par l’un de ses plus fidèles inter- Première française prètes, Heinz Holliger. Dernière incarnation du classicisme A 6 Letter Letter (1996), 03’ cor anglais qui règne sur ce concert, les Métaboles de Dutilleux imposent leur dramaturgie sans voix ni parole, sans autre argument Of Rewaking (2002), 17’ mezzo-soprano et orchestre que le temps retrouvé de la mémoire. texte de William Carlos Williams Première française

//////// Entracte L’ÉVEIL, LE RÊVE des textes de Robert Lowell, John Ashbery George Benjamin Dans les années 1920 et 1930, au moment et Elizabeth Bishop. Depuis ses années au de ses études, Elliott Carter fut très assidu collège, le compositeur était fasciné par la Sometime Voices (1996), 10’ baryton, chœur mixte et orchestre aux concerts du Boston Symphony. Boston langue de William Carlos Williams. Pour les texte de William Shakespeare Concerto est une forme de remerciement trois poèmes visionnaires d’Of Rewaking, Première française pour cette période fertile. Ce concerto d’or- une orchestration translucide soutient la chestre met tour à tour en valeur les diffé- ligne vocale, pure et sans mélisme aucun, rents pupitres par des parties lyriques. concentrée sur la précision et la clarté du Henri Dutilleux Elles sont interpolées par des sections texte. Au centre du triptyque, la pièce la Métaboles (1964), 20’ pointillistes en pizzicati, revenant presque plus vive, Lear, accompagne sa tempête I. Incantatoire comme un refrain. La « pluie » du poème par des insertions ingénieuses et vives de II. Linéaire de William Carlos Williams, la percussion. L’orchestre s’est transformé III. As the rain falls Obsessionnel en machinerie à ponctuer, à interroger et IV. Torpide so does your love bathe every open object of V. Flamboyant the world, se lit dans ces traits verticaux qui interrompre le texte dramatique. L’unique hachurent la partition, les bourrasques au opéra de Carter, What Next?, procédait de travers des arbres. la même façon. A New, Revived, Rekindle, tous les termes Concert enregistré par France Musiques Le même poète est, cette fois, directement du réveil et de la renaissance sont mis en mis en musique dans Of Rewaking, œuvre évidence par la musique. Dans l’ultime qu’a commandée Daniel Barenboïm pour Shadow où les fleurs de nuit possèdent le Chicago Symphony Orchestra. William mille ombres, deux mondes sont expri- Carlos Williams, né en 1883, fut avec Ezra més, violemment contradictoires : celui Pound, Cummings et Wallace Stevens, de l’instant, de « la fleur qui éclôt », celui l’un des grands réformateurs de la poésie de la mémoire, toujours plus envahissant, américaine. Carter qui étudia à Harvard la qui s’étire dans le corps orchestral. littérature anglaise a fréquemment solli- cité les poèmes des écrivains de son pays. Entre ces deux pièces orchestrales, Heinz In Sleep, in Thunder, Syringa et A Mirror on Holliger interprète au cor anglais A 6 Wich to Dwell sont écrits respectivement sur Letter Letter, le petit rébus mis au point 50 n° 20n°20 Orchestre et ensemble vocal du SWR Stuttgart

par Elliott Carter sur les six notes-lettres « sometime voices incarne ce trouble du mécène Paul Sacher : eS(mi bémol), A (la), C (do), H (si), E (mi), R (ré). Le prétexte caractéristique du théâtre shakespearien, d’un hommage permet de jouer avec un matériau raréfié – six notes, rien de plus – entre ce qui se dit, ce qui se vit et combinant toutes les variétés de phrasé et d’ordre avec les mêmes éléments. ce qui appartient au songe. »

Lorsque le sauvage Caliban chante dans songeur. Aurions-nous ici l’étude prépa- ces pièces, mais le même phénomène s’ap- La Tempête* de Shakespeare la beauté ratoire d’un opéra à venir ? La réponse du plique à l’ensemble de l’ouvrage ». La trajec- indicible de l’île utopique, mille instru- compositeur est aussi pragmatique que toire ainsi décrite par le compositeur est ments et autant de voix hantent son rêve judicieuse : le langage simplifié de Sometime aussi subtile qu’audible : chaque mouve- éveillé. La voix du baryton de Sometime Voices exigerait des années de patience ment est dominé par une famille orches- Voices est entourée d’une rivière d’accords pour se diversifier et se démultiplier avant trale, les bois d’Incantatoire, les cordes orchestraux maintenus dans une dyna- d’atteindre la dimension d’un opéra. divisées dans Linéaire, la scansion des mique retenue. « J’ai imaginé que cette Certaines attentes sont plus réjouissantes cuivres dans le troisième mouvement, les musique se déroulait dans l’esprit de que bien des réalisations. percussions de plus en plus actives dans Caliban » précise George Benjamin. Torpide et le rassemblement de tous les Sometime Voices incarne ce trouble carac- Les Métaboles de Dutilleux ne s’inspirent éléments dans l’ultime Flamboyant avec téristique du théâtre shakespearien, entre d’aucun argument programmatique sa fin paroxystique qui accumule toutes ce qui se dit, ce qui se vit et ce qui appar- mais présentent plusieurs idées sous un les forces. A la jointure des mouvements, tient au songe. Elaborant minutieuse- aspect différent. Avec cette œuvre com- soigneusement pesée, on entend des dis- ment son parcours harmonique, le mandée par l’orchestre de Cleveland en sipations et des échanges de registres, les compositeur a conçu une machinerie 1965, Dutilleux trouve pour la première passages du continu au discontinu, du enchaînant des accords transparents. Les fois une voie formelle qui ne le quittera vertical au linéaire. Henri Dutilleux rap- mélismes de Caliban en sont l’émanation, plus. D’Incantatoire à Flamboyant, en cinq proche ces labyrinthes de la mémoire, tandis que le chœur des esprits ne ren- mouvements imbriqués les uns dans les qui pourtant ne nous égarent jamais, de voie qu’un seul nom, le sien. La fin de la autres, des balises immédiatement per- l’œuvre de Marcel Proust, À la recherche vision, le brusque sursaut d’un tutti colos- ceptibles jouent avec la mémoire. Une du temps perdu. Ils appartiennent plutôt à sal, correspond à la douleur du réveil. La figure de départ se déforme selon le prin- une forme de classicisme, magistrale- mobilisation d’un chœur, d’un orchestre cipe biologique de la métamorphose ou ment réalisé à l’orchestre. //////// (avec banjo, mandoline et trois xylophones) de la figure rhétorique de la métabole. pour une « scène » de dix minutes, laisse « Il y a métabole à l’intérieur de chacune de

* William Shakespeare, The Tempest, Acte 3, scène 2

Sometimes a thousand twangling instruments Will hum about mine ears; and sometime voices, That if I then had waked after long sleep, Will make me sleep again, and then in dreaming The clouds methought would open and show riches Ready to drop upon me, that when I waked, I cried to dream again.

52 théâtre national de strasbourg samedi 1er octobre 22h30 salle koltès n°21 Viktoria Tolstoy

Le Théâtre National de Strasbourg accueille Musica

La filière scandinave n’en finit pas de réchauffer la planète jazz. Star de la scène suédoise, la des- cendante de Léon Tolstoï, possède une voix suave et légèrement rugueuse, un phrasé limpide et sen- suel, qu’elle pose à merveille sur des musiques d’Esbjörn Svensson, fondateur du trio E.S.T., que l’on retrouve plus tard dans le festival. Avec ses ballades pop-jazz, sa musique pleine de groove et de sensualité, la belle étoile du Nord nous invite à séjourner le temps d’un concert dans un monde de douceur et de quiétude. Un moment magique à partager !

Première artiste scandinave signée sur le nyme pour elle de totale liberté. Chanteuse bum Shining On You – Victoria Tolstoy sings mythique label Blue note (1997, album autodidacte, elle s’est beaucoup nourrie du the music of Esbjörn Svensson. Suave, sen- White Russian enregistré avec son com- jazz instrumental à travers son père, pro- suel et mélodique à souhait, ce disque lui plice Esbjörn Svensson), Viktoria Tolstoy fesseur de piano, mais le « déclic » est permet de faire une première apparition s’est déjà illustrée aux côtés de grands venu en écoutant le standard Lover Man, très remarquée sur la scène musicale fran- maîtres du jazz tels que Ray Brown ou chanté par Billie Holiday et Ella Fitzgerald. çaise en 2004. L’ambiance douce et raffi- encore McCoy Tyner. Au milieu des années 90, les amateurs la née vogue entre pop et jazz grâce à Elle s’immerge dans le patrimoine musical remarquent grâce à l’album Smile, Love d’excellents musiciens qui tissent un tapis suédois pour s’approprier les plus beaux And Spice, suivi par Förälskad – Too Loved musical mœlleux. Sa musique surprend standards « Made in Sweden » d’Anders qui la consacre. Aujourd’hui, elle compte heureusement, tout comme elle ! //////// Jormin, Esbjörn Svensson, Lars Danielsson, parmi les artistes les plus reconnus de son Jacob Karlson… et chanter le jazz, syno- pays natal. Fin 2003, elle enregistre l’al-

53 auditorium de france 3 alsace dimanche 2 octobre 11h n°22 Accroche Note : Voix interdites

France 3 accueille Musica Ahmed Essyad Voix interdites, 60’ sur les Poèmes mystiques de Hussein Mansour Al-Hallaj soprano et sept instruments Création Commande d’État

Voix interdites, le nouveau cycle vocal d’Ahmed Essyad, sont à la fois ce qui se tient au secret, ce qui ne peut se dire, ce qui s’oublie et que la conscience réveillera plus tard. Cette œuvre à géométrie variable s’inspire de la mystique du soufisme, notamment des textes de Al-Hallaj (857-922). Comme dans de nombreuses pages du compositeur, la voix, inscrite au cœur d’une langue, est fondatrice du geste musical.

« Je n’augmente pas le savoir mais l’oubli ». Cœurs fébriles, Tla Aït Mars, L’éclosion des L’instrument de prédilection du composi- Citant son ami, le poète Bernard Noël, corps), qui désignent des prénoms en ber- teur, par lequel il a découvert, enfant, la Ahmed Essyad tente de réaliser par l’écri- bère ou des moments du quotidien, inscri- musique de Bach, se dote d’un contour ture cette intuition : ce qui dure le plus vent l’imagination du compositeur dans ce spécifique, d’intervalles idiomatiques et longtemps, c’est l’oubli et la prise de Haut-Atlas qu’il aime tant parcourir. récurrents dans la musique d’Ahmed conscience de ce qui n’est plus. L’oubli Essyad. Ici apparaît le jeu avec le nom de créateur plutôt que la commémoration, le Comme pour l’ancien Cycle de l’eau (1985- Bach que pratiquait déjà Schoenberg dans témoignage et la réminiscence. Voix inter- 1996), l’ordre de Voix interdites n’est pas ses Variations pour orchestre. Bach et dites se souvient que certains prénoms ber- absolu. Les pièces sont toutes autonomes, Schoenberg, les deux étoiles au firma- bères ne sont toujours pas admis dans le alternant solos et ensemble de chambre, ment du monde d’Ahmed Essyad. Celui calendrier civil. L’interdit concerne les mais leur fin reste ouverte sur une suite. qui fut élève de Max Deutsch, dernier dis- femmes qui n’ont pas droit à la parole, La clarinette assure les liens et les articu- ciple de Schoenberg, croise une histoire recluses, soumises à l’obéissance. Les lations entre les parties du cycle. Au vio- de l’avant-garde occidentale avec la civili- titres des pièces (Itto, Ichou, Touda, Les loncelle revient un autre rôle déterminant. sation arabo-andalouse. ////////

54 la filature dimanche 2 octobre 18h scène nationale de mulhouse n°23 Eraritjaritjaka, musée des phrases spectacle de heiner goebbels

La Filature, scène nationale de Mulhouse Le dernier spectacle d’Heiner Goebbels conçu avec son com- accueille Musica plice, le comédien André Wilms, puise dans les pensées Avec le soutien de la Région Alsace d’Elias Canetti le support d’un véritable thriller théâtral où se D’après des textes d’Elias Canetti Conception, mise en scène et musique, marient à la perfection le jeu sur le texte, la vidéo, les Heiner Goebbels musiques interprétées par le quatuor Mondriaan et une scé- Scénographie et lumière, Klaus Grünberg Live vidéo, Bruno Deville nographie d’illusionniste. Costumes, Florence von Gerkan Sound Design, Willi Bopp Dramaturgie et collaboration à la mise De pièces radiophoniques en spectacles « musée des phrases ») assemblé par en scène, Stephan Buchberger inclassables, Heiner Goebbels, l’un des Goebbels et Wilms vise à traduire scénique- Assistante à la mise en scène, artistes les plus marquants du paysage ment et à faire partager la tranchante intelli- Leman Yilmaz théâtral actuel, joue merveilleusement du gence de son regard. La musique, nos Assistante à la scénographie et croisement des genres, musique et théâtre, habitudes et nos futilités, la ville, les médias, maquettes, Anne Niederstadt rock et littérature, opéra et arts plastiques. même les animaux… Les errances intellec- Présent depuis 1988 à Musica avec Der tuelles de l’auteur stigmatisent les maux de Acteur, André Wilms Mann in Fahrstuhl et Die Befreiung des son temps qu’André Wilms interprète avec The Mondriaan Quartet Jan Erik van Prometheus en 1994, il a déjà conquis le un ton implacable. Ses premières paroles en Regteren Altena (violon), Edwin public du festival. Quant à André Wilms, le scène sont la confession d’un homme rongé Blankenstijn (violon), Annette Bergman frère en invention poétique du composi- de lucidité : « Je n’ai point de mélodies pour (alto), Eduard van Regteren Altena teur, il est sans conteste l’un des grands m’apaiser, point de violoncelle comme lui, (violoncelle) acteurs de notre temps. point de plaintes que nul ne reconnaît Voix d’enfant, Jérémy Carruba comme plaintes, tant elles sont discrètes et Voix de femme, Florence von Gerkan Wilms et Goebbels se sont donnés à nou- leur vocabulaire indiciblement tendre. Je n’ai Musique de Johann Sebastian Bach, veau rendez-vous pour le dernier acte que ces signes tracés sur un papier jaunâtre Gavin Bryars, George Crumb, Vassily d’une trilogie commencée en 1993 autour et ces mots sans nouveauté, car ils expriment Lobanov, Alexeij Mossolov, Maurice d’une réflexion sur « l’humain ». Après toute une vie la même chose » Elias Canetti, Ravel, Dmitri Chostakovitch l’atmosphère coloniale de Ou bien le Réflexions 1973-1985. et Heiner Goebbels débarquement désastreux et le décor entre- Au fil du spectacle se tisse pourtant un Durée : 60’ deux-guerres de Max Black (1998), réseau de correspondances tantôt graves, Eraritjaritjaka aborde désormais la société tantôt ironiques entre les mots de Canetti Producteur délégué Vidy-Lausanne contemporaine par le prisme d’Elias et les partitions magistralement interpré- Coproduction Schauspielfrankfurt / Spielzeiteuropa- Canetti. Né il y a tout juste cent ans, ce tées par le quatuor Mondriaan. Comme Berliner Festspiele / Pour-cent culturel Migros / Prix Nobel de littérature, polyglotte et cos- un hommage au quatuor à cordes, forme T&M / Odéon Théâtre de l’Europe / Festival d’Automne à Paris / Wiener Festwochen mopolite d’une Mitteleuropa où il se lia emblématique et parfaite de la musique Co-réalisation à Mulhouse Musica / La Filature, d’amitié avec nombre de penseurs, dut savante européenne, se succèdent les scène nationale fuir le nazisme après la Nuit de Cristal et plus grandes pages de Johann Sebastian Créé le 20 avril 2004 au Théâtre Vidy-Lausanne se réfugier à Londres. Une telle figure Bach et Maurice Ravel, à côté d’œuvres Avec le soutien de la Fondation Landis & Gyr et d’écrivain était faite pour retenir l’atten- plus récentes de Gavin Bryars, George du Réseau Varèse, réseau européen pour la création tion d’un créateur comme Goebbels. Crumb, des Russes Vassili Lobanov et et la diffusion musicales subventionné par le Alexei Mossolov, sans oublier celle Programme Culture 2000 de l’Union Européenne De quoi parle Eraritjaritjaka ? d’Heiner Goebbels. //////// Dans la langue des aborigènes d’Australie, ce terme désigne « à peu près le sentiment Musica assure pour son public d’être empli de désir pour quelque chose le voyage aller-retour à Mulhouse qui est perdu », confie Canetti. Puisé dans Lire page 97 ses carnets intimes, le lapidarium (ou 55 n° 20n°23 Eraritjaritjaka

/////////////////////// Georges Aperghis – Heiner Goebbels Leur théâtre musical en mutation

De Georges Aperghis et Heiner Goebbels on retient, entre autres qualités, qu’ils sont depuis de nombreuses années les animateurs obstinés et éclairés du théâtre musical, ce genre contemporain aux contours un peu flous. Qu’ils sont l’un et l’autre des compositeurs aux parcours atypiques qui ont fait de cet art un terrain de jeu où réflexion, expérimentation et, finalement, aboutissement sont remis en pratique, régulièrement.

On ne les associera pas sur une parenté phes). Ils ont fréquenté de fameux dra- font sur les planches comme en coulisse, esthétique, mais on comprendra par eux maturges, l’un fut compagnon de route liberté du texte ou de la partition à s’en une commune démarche d’artistes, de d’Antoine Vitez, l’autre se construisit aux défaire. musiciens désireux de bousculer les lois côtés de Ruth Berghaus. Ils ont travaillé anciennes de la musique associée au des musiques de scène, ont accompagné Avis de tempête et Eraritjaritjaka, tous deux théâtre chanté (l’opéra, pour aller vite), de de leurs musiques les grands textes dra- à l’affiche de Musica 2005, illustrent et musiciens désireux de suggérer une autre matiques, ont improvisé et conçu des compliquent ces propos liminaires : ils forme pour le conte, de fédérer dans leur formes collectives, ont joint leur art à des brouillent les pistes. Qu’en est-il donc de projet une communauté d’artistes, fut- convictions militantes. Leur plateau est l’ordonnancement que nous avions tenté elle fugitivement rassemblée. Aperghis une page blanche qu’ils remplissent, de trouver dans l’œuvre d’Aperghis où qui débuta cet exercice au début des an- spectacle après spectacle, au moyen de la nous séparions son théâtre musical de nées soixante-dix compte une trentaine musique mais aussi avec ce qui relève du ses opéras, selon qu’il en assume ou non de spectacles à son actif, Heiner Goeb- théâtre : la mise en scène. Le théâtre la mise en scène 1 ? Qu’en est-il du principe bels qui aborda cette quête quinze ans musical possède donc en lui-même cette qui voulait que seule la partition originale plus tard en possède une douzaine. En- implacable dimension de l’éphémère : sa (dûment écrite et composée) puisse être à core une fois, sans comparer leurs durée de vie ne peut excéder la durée de l’origine d’un théâtre musical moderne ? mondes, ils sont parmi les rares musi- vie de sa mise en scène, contrairement à Voilà que dans un cas apparaît le terme ciens à avoir fait de cet exercice un art per- l’œuvre sensée lui survivre. En ce sens le « opéra » et que dans l’autre, la musique sonnel, réitéré, répété, qui allie à la théâtre musical ne diffère pas du théâtre est empruntée quasi intégralement au musique un savoir-faire, un style, une où les plus grandes réussites meurent un répertoire du quatuor à cordes au XXe écriture de la scène (cette forme d’écriture jour d’épuisement, parfois de vieillesse siècle, par l’entremise d’une dizaine de qu’on décèle, par exemple, chez certains ou d’abandon. Adéquation du théâtre à compositeurs 2. Aucun d’entre eux ne sus- metteurs en scène ou chez les chorégra- ses acteurs, à ses actants, à ceux qui le pectait, bien sûr, que sa partition ferait

56 n° 20n°23 Eraritjaritjaka

l’objet, un jour ou l’autre, d’un tout théâ- « le théâtre musical est ainsi, tral. Voilà donc deux spectacles qui démontrent une fois encore l’approxima- pour eux, un formidable creuset où tion des certitudes – à vrai dire, elles étaient faiblement fondées – tant que des des thèses vont pouvoir se développer artistes comme Aperghis et Goebbels sont là pour en miner les champs. par association, métaphore, correspondance, ramification. » Georges Aperghis et Heiner Goebbels pro- cèdent tous deux par obsessions et par empathie : l’un et l’autre avouent volontiers que La Tempête de Shakespeare ou l’œuvre Heiner Goebbels nous instruit de ses musical d’Aperghis et de Goebbels, de d’un Elias Canetti les occupaient suffisam- propres conclusions tirées des systèmes leurs propres enjeux de forme, de mi- ment, depuis suffisamment de temps, élaborés par Canetti : « Quand quelque roirs, de leur ambition d’une écriture poly- pour que des spectacles y germent. Le chose n’a aucun rapport avec quoi que ce morphe. Il reste au spectateur à apprécier théâtre musical est ainsi, pour eux, un for- soit, il ne peut s’emparer d’aucun rapport, il l’auteur qui, au delà du genre, associe à midable creuset où des thèses vont pouvoir semble innocent. (…) Dans le spectacle, son sujet ses propres solutions musicales, se développer par association, métaphore, beaucoup de choses découlent précisément de théâtrales, esthétiques. Est-ce l’opéra d’au- correspondance, ramification. Il est un ter- ce non-rapport. » 4 Dont acte pour André jourd’hui ou la richesse de l’histoire du reau, il dépasse en cela un art de la mise en Wilms, Klaus Grünberg ou Bruno Deville. quatuor qui est en jeu ? Plus simplement scène ou l’imagination fonctionne davan- Synthèse ou juxtaposition ? De quelle dra- n’est-ce pas une réponse à notre désir de tage par la déduction, l’interprétation, maturgie imaginaire proviennent ces vivre la création hors du cadre ? trouve ses fondements dans la lecture ou voiles alla Vinci, d’où vient cette maison l’exégèse. Qu’est-ce qui réunit ici les com- aux proportions si justes ? Antoine Gindt, directeur de T&M posantes de leur théâtre ? L’idée originale, les actants qui la portent, davantage que le En définitive, il importe que le spectacle se ////////////// texte, lui-même en cours d’écriture, la construise avec tel ou tel élément de 1/ Jusqu’à Tristes tropiques (1996), nous avions composition au sens large où le visuel scène, choisi puis contraint, quelqu’il soit, dénombré sept opéras mis en scène par Pierre Barrat, devient contrepoint du sonore. Entre Avis par les idées originelles du projet, par son Michael Lonsdale, Antoine Vitez, Yannis Kokkos… et les phases germe. Chacun sa voie : 2/ Chostakovitch, Mossolov, Lobanov, Scelsi, Oswald, de tempête Eraritjaritjaka, « L’électronique a Bryars, Ravel, Crumb et pour terminer, Johann sont inversées : à l’unicité de la musique, commencé à m’intéresser quand j’ai découvert Sebastian Bach. Aperghis associe une pluralité de sources que le corps pouvait y trouver sa place » 5 3/ Georges Aperghis, Avis de tempête, programme de littéraires, montage abstrait et polypho- déclare par exemple Aperghis à propos du l’Opéra de Lille, novembre 2004. 4/ Heiner Goebbels, Réflexions sur la structure de nique du sens (Melville, Shakespeare, choix de moyens électro-acoustiques aux- Eraritjaritjaka, T&M, revue n°2, mars 2005. Kafka…) ; à l’unicité de l’auteur (Canetti), quels il semblait réfractaire jusqu’au tour- 5/ Georges Aperghis, Avis de tempête, Ibid. Goebbels choisit une pluralité musicale, nant des années 2000. En écho, Heiner 6/ Heiner Goebbels, Réflexions sur la structure de recomposition d’une méta-partition uni- Goebbels pose autrement ses bases : Eraritjaritjaka, Ibid. 7/ La vidéo est l’outil le plus communément employé fiée par le quatuor. « Dans mon travail, les moyens du théâtre dans un théâtre-média actuel : d’Alain Bashung sont présentés individuellement : la musique, (Dominique Gonzalez-Foerster) à Tristan et Isolde (Bill Pour Avis de tempête, le co-auteur (Peter le quatuor, la lumière, le film. »6 Élément Viola). James Dillon, Olga Neuwirth, Fausto Romitelli, Michel van der Aa, par exemple, la reven- Szendy), le vidéaste et le scénographe flagrant de ces deux productions, élément diquent comme partie de l’œuvre. Dans beaucoup de 7 (Kurt d’Haeseleer et Peter Missotten), commun et divergent, la vidéo dont l’em- mises en scène, l’écran, le mur d’écran, se substituent l’assistant à la composition musicale (Sé- ploi, si caractéristique de notre époque, aujourd’hui à l’ancienne toile peinte. bastien Roux) et jusqu’au chef d’orchestre reste entre leurs mains un élément libre. (Georges-Elie Octors) expliquent d’un Aperghis y projette le tourbillon du commun accord combien ils se sont plon- monde, ses motifs abstraits et son mouve- gés, indépendamment les uns des au- ment convulsif, Goebbels y crée un espace tres, dans l’idée que leur avait suggérée narratif original et cinématographique. Aperghis pour concevoir leur propre Avis de tempête et Eraritjaritjaka offrent les apport au spectacle 3. Pour Eraritjaritjaka, hypothèses des mutations du théâtre

58 théâtre national de strasbourg mercredi 5 octobre 15h et 18h salle gignoux n°24 et25 L’Amour à sept cordes spectacle musical jeune public de garth knox

Le Théâtre National de Strasbourg V. La Musique des Sphères accueille Musica Garth Knox viole d’amour amplifiée et bande magnétique L’Amour à sept cordes VI. Trivulce Viole d’amour et alto, Garth Knox I. Premier Pas cordes sympathiques et narrateur Mise en son, Philippe Bosès alto VII. L’Amour à sept cordes Durée : 50’ II. Un, deux, trois, quatre alto alto et métronome III. Pas de Deux Co-réalisation à Strasbourg Musica / T.J.P., altiste et deux altos Centre Dramatique National d’Alsace Créé en 2003 à la Cité de la Musique - Paris IV. Jeux de mémoires viole d’amour et bande magnétique

L’Amour à sept cordes, un conte musical pour enfants de sept à soixante-dix-sept ans. Garth Knox, ancien musicien de l’Ensemble intercontemporain et du Quatuor Arditti, ouvre nos oreilles au jeu de l’alto et fait renaître par la viole d’amour des musiques connues du passé européen et oriental.

Garth Knox se définit volontiers comme l’Espagne et aurait apporté l’instrument un instrument délaissé par les composi- un musicien explorateur. Son alto l’a en Europe. Comme l’alto, son cousin exo- teurs depuis les magnifiques solos que mené des répertoires médiévaux et tique dans la famille des cordes frottées, Johann Sebastian Bach lui avait dédiés baroques à la création contemporaine, en elle se joue sous le menton, mais s’appa- dans ses Passions, au début du XVIIIe passant par le patrimoine celtique de son rente à la viole de gambe par sa tête sculp- siècle. Grâce à des micros placés près du pays natal, l’Écosse. Toutes ces cultures se tée et ses nombreuses cordes. En réalité, chevalet, il dévoile les résonances des retrouvent dans L’Amour à sept cordes, la viole d’amour n’en a pas sept mais qua- cordes sympathiques, presque inaudibles spectacle conçu comme un voyage au torze – là réside son secret : derrière les sans amplification. Sept contes musicaux cœur d’un instrument oublié. sept cordes « chantantes » se dissimule se succèdent au cours desquels notre La viole d’amour apparaît en Italie au un jeu de cordes jumelles, dites « sympa- barde dialogue avec la viole ou l’alto pour XVIIe siècle ; son nom évoque la douceur thiques » parce qu’elles vibrent en har- donner à entendre comment naissent de de son timbre, à moins qu’il ne vienne monie avec les premières. ces objets de bois le son, la musique et le d’une déformation de « Maure », ce peuple Séduit par cette voix mystérieuse, Garth souvenir des temps anciens. //////// d’Afrique du Nord qui occupait alors Knox propose aujourd’hui de redécouvrir

59 palais des fêtes mercredi 5 octobre 20h n°26 Ensemble Contrechamps

Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture Direction, George Benjamin Piano, Bahar Dördüncü Contrebasse, Enno Senft Informatique musicale, Ircam Réalisation, Gilbert Nouno George Benjamin At First Light (1982), 20’ Elliott Carter Dialogues (2003), 15’ piano et orchestre de chambre //////// Entracte Michael Jarrell Droben Schmettert ein greller Stein (2001), 15’ contrebasse, ensemble et électronique Commande Ircam-Centre Pompidou / Musikmonat Basel / George Benjamin Three Inventions for Chamber Orchestra (1995), 15’

Premières lueurs et maturité d’un compositeur harmoniste. La contemplation de At First Light annonçait-elle la complexité dynamique des Three Inventions ? Le chemin de Benjamin s’est peu à peu éloigné de Scriabine et Messiaen pour croiser celui de Carter. Peu concerné par l’électro- nique comme compositeur, il choisit aujourd’hui de diriger l’une des œuvres de Jarrell les plus économes dans l’emploi de la technologie, le « concerto » pour contrebasse.

SURGIR L’écriture très verticale crée des para- dernier mouvement survient sans rupture et Le lever de soleil sur Norham Castle dissout doxes de timbres, isolant la petite trom- se développe, porté par un courant continu toutes les formes solides sous l’effet de la pette, les harmoniques des cordes ou des illuminé par des harmonies de plus en plus lumière intense. Ce tableau de Turner que motifs brefs sur un déroulement harmo- résonantes » George Benjamin. l’on peut voir à la Tate Gallery de Londres nique lent. « Cette pièce se subdivise en a fasciné Benjamin. Comment liquider trois mouvements : dans le premier, de De l’image sonore qui « demeure » au les volumes, fondre en un flux sonore et courte durée, des fanfares superposées s’épa- flux qui « devient ». Dans les Three continu ce qui apparaît auparavant sous nouissent en textures floues, au contour mal Inventions interviennent également des la forme d’un geste ou d’une ligne dessi- défini. Après une pause suit le deuxième solos singuliers, le bugle au milieu des née ? Le compositeur réussit avec At First mouvement étendu qui se subdivise en plu- sonorités balinaises de la première, le cor Light le prodige de faire sonner quatorze sieurs sections contrastées, pleines de anglais pour la deuxième, rapide et ryth- instruments comme un orchestre. brusques sautes d’humeur et de tension. Le mique, les percussions telluriques et anti-

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tés, le récit reste au point mort. Il ne démarre que lorsqu’il y a apparition d’un élément de discorde, si minime soit-il. » Dialogues inter- dit la prépondérance absolue du soliste. Sous un abondant discours musical, usant des formules de rhétorique, entrent en scène le cor anglais, les incises des cuivres et des cordes, sans qu’aucun n’abandonne jamais le terrain. Ces ins- truments échangent leur fonction dans des dialogues très tendus. Une section plus lente accorde, pour un temps, la résonance du piano jusque-là virevoltant, et les tenues de l’ensemble. Baignant dans une douceur insoupçonnable, un bref retour du cor anglais semble annon- cer l’extinction des Dialogues qui se pro- duira plus tard de façon inattendue. La pièce ne se termine pas mais s’interrompt sur la chute du piano vers le do grave.

Droben Schmettert ein greller Stein dont le titre s’inspire de Verzweifert, poème de l’autrichien August Stramm, creuse le phénomène sonore du pizzicato harmo- phoniques qui traversent toute la troi- est essentielle dans la composition ; elle pour- nique, germe de toute l’œuvre. Michael sième. Mais l’écriture a bien changé de rait s’illustrer dans l’opposition entre deux Jarrell exploite toutes les ressources de la perspectives depuis At First Light. À partir grands compositeurs contemporains, Messiaen contrebasse, un instrument grave qui d’un matériau très simple, une structure et Carter. Ce qui domine chez le premier, appartient au registre de prédilection du complexe prend forme, particulièrement c’est ce qui est ; chez le second, c’est ce qui se compositeur. « Je m’étais intéressé de près au dans le final à l’allure implacable. Il aura passe. Essayer de trouver une liberté d’évolu- travail sur les harmoniques, notamment fallu pas moins de neuf mois à George tion entre ces deux univers musicaux est un dans l’écriture pour violon. La contrebasse Benjamin pour venir à bout des six pre- grand défi ». permet, quant à elle, d’accroître encore cette mières pages de sa troisième Invention, recherche puisque, du fait de la longueur des aux prises avec toutes les possibilités du CONCERTER cordes, l’éventail des harmoniques partiels est matériau. La gageure majeure de l’œuvre Droben Schmettert ein greller Stein de extrêmement large. L’instrument autorise est la coordination de tous les éléments Jarrell et Dialogues de Carter présentent également des effets d’harmonies complexes, musicaux spécifiques, caractérisés par deux formes concertantes divergentes. sous forme de balayages ou de halos sonores, leur intervalle, leur direction, leur texture Jarrell se concentre sur un élément de un peu à la manière du travail sur les sons et absorbés dans la spirale harmonique. départ apparemment infime, engendrant multiphoniques mis en œuvre dans Comparant cette page à un mobile de une composition unifiée. Carter part d’un Assonance (1983), ma pièce pour clarinette Calder, Benjamin met en avant les mul- désaccord, d’un différend, d’un multiple seule. C’est souvent à partir de tels phéno- tiples perspectives introduites entre ce initial. Dans une étude sur La perspective mènes sonores que je parviens à établir des qui se transforme et ce qui perdure. En multiple du temps dans l’œuvre de Carter, agencements “rhizomatiques”, me déplaçant 1991, George Benjamin revenait sur cette Humberto de Oliveiro soulignait cette dans l’écriture d’un élément à l’autre, sans problématique présente dès At First Light : caractéristique du compositeur américain : jamais perdre le fil de ce qui précède et de ce « La dialectique entre une approche statique « Tant qu’il y a parfaite entente, parfait qui est à prévoir » Michael Jarrell. //////// et une approche dynamique de la musique accord entre deux personnages ou deux enti-

61 palais des fêtes jeudi 6 octobre 20h n°27 Chœur de chambre de Strasbourg

Avec le soutien de la SACEM et Urrundik, 10’ Felix Ibarrondo de la Fondation France Télécom guitare et soprano Création Cristal y piedra (1978), 07’ Commande d’État / Musica guitare Direction, Catherine Bolzinger Guitare, Pablo Márquez //////// Entracte Tomás Luis de Victoria Soprano, Amaya Dominguez O vos omnes (1572), 2’30 Ramón Lazkano chœur a capella Luys de Narváez Quatre chants basques (1987), 08’ chœur de voix blanches Ramón Lazkano Mille regretz de Josquin (1538), 03’ I. Ene maitia, barda nun zinen Malkoak euri balira, 19’ guitare (Ma chérie, où étais-tu hier soir ? ) douze voix et guitare II. Belea eta azeria (Le corbeau et le renard) III. Ama (La mère) Création Felix Ibarrondo IV. Haur hilaren arreba eta ama Commande d’État / Chœur de chambre de Strasbourg Trois chœurs basques a capella (La sœur et la mère de l’enfant mort) (1979-1983), 18’ I. Odolez (Ensanglanté) II. Zoro-Dantzac (Des fous en train de danser) III. Argiruntz (Vers la lumière)

Pour sa première participation à Musica, le Chœur de chambre de Strasbourg nous emmène au Pays basque. Avec Felix Ibarrondo et Ramón Lazkano, deux compositeurs espagnols ins- tallés à Paris, nous entendons la voix d’un peuple fier mais déchiré, les accents d’une langue expressive et foncièrement musicale. Un détour par l’Espagne renaissante de Luys de Narváez rappelle la filiation séculaire du guitariste Pablo Márquez : une école de la virtuosité mêlée d’art savant et de folklore.

Felix Ibarrondo est basque et basque est Herriaren dantzaren mina (les douleurs des (loin), ametz (rêves), zoroak (fous). « Le cli- sa musique. Elle possède en son essence danses de notre peuple), pake billa dabillen mat sonore, signale Ibarrondo, n’est pas la rugosité de sa terre, l’âpreté de ses pay- ametza (des rêves qui cherchent la paix). sans relation avec celui de la Saeta anda- sages et la fierté de ses habitants. Le Pays La guitare soliste de Cristal y piedra instaure louse, musique la plus pure et âpre, naissant basque est aussi celui du parler à grands un climat plus méditatif. De brusques clus- au plus profond de l’homme ». éclats, de colère comme de rire. Imprégnés ters empruntant à la technique flamenco de cette passion parfois violente, les Trois du rasguedo laissent planer leurs harmo- Contrepoint à cet itinéraire de musiques chœurs a capella portent aussi les stig- niques dans des silences cristallins. basques contemporaines, les pièces de mates de la profonde crise politique qui La guitare et la voix se rejoignent dans Luys de Narváez et Tomás Luis de Victoria traverse la région en 1979. Un magma de Urrundik, pièce écrite cette année à la nous emmènent au temps de Charles cris, d’exclamations, de soupirs se construit demande de Pablo Márquez. Vingt-cinq Quint et de la Contre-réforme, période autour de mots et de phrases éparses que ans après les Trois chœurs, on y retrouve faste de la musique espagnole. Mille le compositeur a choisis pour leur expres- un geste vocal appuyé sur des onomato- Regretz, l’une des dernières chansons pro- sivité vocale : Odolez (ensanglanté), gure pées et quelques mots basques : urrun fanes du franco-flamand Josquin Desprez

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était considérée en Espagne comme la Pablo Márquez. Étudiant au Conservatoire larmes étaient de la pluie, correspond au « Canción del Emperador ». Narváez la de Paris, Lazkano a dix-neuf ans lorsqu’il premier vers et revient comme un refrain transcrit pour son instrument, la vihuela harmonise pour chœur d’enfants Quatre au début des trois strophes. Le composi- (noble cousine de la guitare) en tissant chants puisées dans le folklore du pays teur explique comment la disposition des autour des quatre voix une riche orne- basque français. Dans un style volontaire- chanteurs et de la guitare soliste illustre le mentation de style improvisé. ment simple, teinté d’une modalité popu- texte : « L’impossibilité du dialogue entre ces laire, le recueil croque la poésie de deux sources – l’une singulière et l’autre mul- Retour en terre euskarienne avec Ramón l’enfance : un fermier amoureux, une tiple –, les difficultés pour établir un sujet Lazkano, figure de proue de la jeune géné- mère douce comme le souvenir du pays commun, répondent au sens profond du ration de compositeurs basques. Le public natal, la fable du corbeau et du renard. texte ; de la même manière, la dureté des de Musica connaît bien celui qui fut l’as- L’album se referme sur une dernière mots ne peut exister qu’au travers de l’efface- sistant de Luis de Pablo lors de sa rési- comptine en forme de chant funèbre qui ment et du silence, d’un chant impossible à dence au Conservatoire de Strasbourg en semble annoncer les larmes de Malkoak dessiner. » //////// 1999 et y enseigne depuis l’orchestration. euri balira. C’est ainsi que Lazkano dédie sa dernière création à sa collègue-amie, Catherine Pour ce nouveau chœur, Lazkano emprunte Bolzinger, fondatrice du chœur de un poème de Xabier Lete, écrivain basque chambre, et à son collègue-compatriote né sous le franquisme. Le titre, Si les

63 théâtre national de strasbourg jeudi 6 octobre 22h30 n°28 salle gignoux Italia Anno Zero concert scénique d’olga neuwirth et roberto paci dalò

Le Théâtre National de Strasbourg Concept et composition, Olga Neuwirth Montage, Pietro Lassandro accueille Musica et Roberto Paci Dalò Animation assistant, Irene Aurora Paci Film, lumières, décor, Roberto Paci Dalò Image, Roberto Paci Dalò, Marco Tani, D’après des textes d’ Antonio Gramsci, Mixage vidéo en direct, Filippo Giunchedi Nicola Vicenti Giacomo Leopardi, Pier Paolo Pasolini Directeur son, Oliver Brunbauer Miniature stage model, Stefano Cerulli Directeur technique et lumières, Clarinettes, Donna Molinari Peter Knögler Production Giardini Pensili / Wien Modern et en collaboration avec le Festival d’automne Ernesto Molinari Collaboration artistique, Gabriele Frasca Theremin Vox et électronique, de Budapest, l’ORF Kunstradio et Terra Gramsci Production, Sabina Schebrak Créé le 23 octobre 2004 au Festival d’automne Olga Neuwirth Collaboration au décor, Francesco Bocchini de Budapest Clarinettes, sampler et électronique, Project manager, Barbara Lebitsch Avec le soutien du Réseau Varèse, réseau européen pour Roberto Paci Dalò la création et la diffusion musicales subventionné par Guitare et électronique, le Programme Culture 2000 de l’Union Européenne Burkhard Stangl Film www.italiaannozero.org Voix Sandro Lombardi, Caroline Michel Actrice Natalie Cristiani

La jeune compositrice autrichienne à l’honneur de Musica 2004 nous propose aujourd’hui un spectacle multimédia conçu en collaboration avec l’inclassable Roberto Paci Dalò : Italia Anno Zero, un staged concert où se croisent les pensées d’intellectuels italiens, une vidéo-mémorial et les improvisations d’un insolite collectif instrumental.

Olga Neuwirth et Roberto Paci Dalò rière des bribes de discours, fragmentées Grâce à l’informatique, texte, son, vidéo et empruntent le titre de leur concert à au point qu’on n’en perçoit plus le sens musique sont associés sur scène dans un Germania Anno Zero de Roberto Rossellini. mais seulement la plasticité vocale. style volontairement improvisé. Mais der- Quelques extraits de ce film tourné dans la rière cette apparente liberté, la partition de Berlin de l’Après-guerre sont projetés au Sur les deux écrans défilent pêle-mêle des Paci Daló et Neuwirth intègre et organise cours du spectacle. Italia Anno Zero livre images prises au vif sur la scène, une gale- tous les paramètres de leur projet multimé- une réflexion sur la société contemporaine rie d’objets de l’iconographie fasciste et des dia. Partition plutôt que livret ou conducteur, italienne qui se nourrit de l’analyse d’ar- vues de l’Italie actuelle qui rappellent l’en- car c’est bien la musique qui est la colonne tistes engagés : Giacomo Leopardi (1798- vironnement des trois penseurs (la région vertébrale de ce staged concert. Confiés à 1837), Antonio Gramsci (1891-1937) et Per des Marches pour Leopardi, la prison de l’imagination débridée de cinq artistes brui- Paolo Pasolini (1922-1975). Tout au long du Gramsci, la Rome de Pasolini). De part et tistes, voix, sampler, clarinette basse, contre- spectacle, on entend en voix off une com- d’autre des musiciens, la vidéo forme ainsi basse, guitare et le très rare thereminvox pilation de leurs écrits, lus en français et en un espace scénique mouvant, piloté en (ancêtre des ondes Martenot, inventé par italien. L’auditeur reconnaîtra peut-être temps réel par les deux compositeurs-per- Léon Theremin en 1920) s’entrelacent dans aussi la voix de Mussolini qui se cache der- formeurs. un dense tissu électroacoustique. //////// 64 palais des fêtes vendredi 7 octobre 18h n°29 Récital Florent Jodelet, percussion

Avec le soutien de la SACEM et de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture

Elliott Carter Canto (1949-1966), 03’ Extrait de Huit pièces pour timbales Philippe Fénelon Zabak (1994), 10’ Elliott Carter Adagio (1949-1966), 03’ Extrait de Huit pièces pour timbales Florent Jodelet voyage ici sans interruption des pièces physiques Unsuk Chin et « archaïsantes » de Thierry Pécou ou Philippe Fénelon, à Allegro ma non troppo (1994/1998), 13’ percussion et bande l’écriture la plus finement articulée d’Unsuk Chin et Michael Première française Jarrell. Entre matériau brut et abstraction rythmique, cette péré- Laurent Cuniot grination dans l’écriture de la percussion est ponctuée par les Efji, 10’ brèves et rigoureuses pièces d’Elliott Carter. Création

Elliott Carter DU MYTHE AU RYTHME papier de sable, gouttes d’eau, horloges qui perdent leur caractère prosaïque par Moto perpetuo (1949-1966), 03’ « Sous l’aile du vent, notre cité vaincue s’efface et disparaît ». En écho au vers d’Euripide la transformation électronique. Extrait de Huit pièces pour timbales (Les Troyens), Thierry Pécou a conçu une Dans l’éventail d’une percussion éloignée œuvre en flash-back comme si la ville se de toute source naturaliste, les Pièces pour Thierry Pécou reconstruisait. Dans un constant crescendo, timbales de Carter sont un manifeste de Sous l’aile du vent (2002), 08’ la pièce écrite en hommage à Xenakis sol- rationalité jubilatoire. L’oreille peut ainsi se licite les peaux jusqu’à l’incandescence. concentrer non sur l’exotisme d’une cou- Pour Zabak, « terre » en langue nouba du leur, mais sur les modulations métriques Michael Jarrell Soudan, Philippe Fénelon s’est inspiré dont raffole le compositeur américain. La Assonance VII (2002), 10’ des rituels sanglants de l’univers nouba, polyrythmie héritée de l’art excentrique de mêlant masques et danses. Autour des Charles Ives, l’aîné et l’inspirateur améri- instruments boo-bams qu’on trouve aux cain de Carter, atteint une virtuosité États-Unis, la musique organise des poly- brillante. Qu’elles s’intitulent Canaries ou Concert enregistré par France Musiques phonies de groupes d’où émergent djem- Saeta (procession religieuse en Andalousie), bés, tambours et congas. ces pièces ont oublié l’origine et le mythe La musique de la coréenne Unsuk Chin pour gagner le rythme pur. //////// présente peu d’aspects orientalisants. Son imagination sonore et sa maîtrise incon- testable des timbres évoquent davantage Ligeti, son ancien professeur. L’Allegro ma non troppo recueille des matériaux bruts, 65 le-maillon-wacken vendredi 7 octobre 20h n°30 Avis de tempête opéra de georges aperghis

Avec le soutien de la SACEM et Scénographie et lumières Peter Missotten / Production Opéra de Lille de la Fondation France Télécom Filmfabriek Coproduction Lille 2004 / Opéra de Nancy Vidéo, Kurt D’Haeseleer / Filmfabriek et de Lorraine / Ircam-Centre Pompidou Co-réalisation à Strasbourg Musica / Livret, Georges Aperghis et Peter Szendy Informatique musicale, Ircam-Centre Pompidou Musique et mise en scène, Réalisation informatique musicale, Le-Maillon, Théâtre de Strasbourg Créé le 17 novembre 2004 à Lille Sébastien Roux Georges Aperghis Avec le soutien du Réseau Varèse, réseau Assistante à la mise en scène, Emilie Morin Direction musicale, Georges-Elie Octors européen pour la création et la diffusion Costumes, Isabelle Gontard Ictus musicales subventionné par le Programme Soprano, Donatienne Michel-Dansac Culture 2000 de l’Union Européenne, du Durée : 70’ Danseuse et comédienne, Johanne Saunier Fonds de Création Lyrique et de l’Association Commande d’État / Opéra de Lille Barytons, Lionel Peintre et Romain Bischoff Beaumarchais

Tempête sur le monde et déflagration intime. Avis de tempête, le nouvel opéra de Georges Aperghis, concentre les voix, les gestes instrumentaux, le déluge électronique et le scintillement de la vidéo dans l’œil du cyclone. « Moby Dick, Le Roi Lear, L’homme au paratonnerre, ne sont que des allégories de la tempête mentale qui déchire le texte et le spectacle de l’intérieur. La vraie tem- pête a lieu dans le crâne, ce crâne qui se brise comme un verre d’eau qui glace » Georges Aperghis.

Au centre de la scène, la tour de contrôle PETER SZENDY ET GEORGES APERGHIS habitée lance les signaux sonores et les PRÉCISENT LEUR TRAVAIL COMMUN images. Des figures égarées gravitent autour de ce mât. Au centre de la musique, une colonne harmonique vacillante, satel- « Telle Shéhérazade pour qui l’avenir tient à « L’électronique est là pour déstabiliser l’en- lise tous les événements sonores et les la poursuite des récits, une voix – celle d’un semble mais aussi pour le balayer comme le bruits infimes. narrateur – s’adresse à toi. Cette voix n’in- ferait une vraie tempête, le devancer, le L’électronique, machine à tempête, pro- vente pas les fictions dont elle cherche à t’en- prendre de court. Face à la tempête tout voque des carrousels, des verticales, des tretenir pour te retenir : elle les détourne, elle devient petit, ridicule. L’assistant musical est nuées, des surfaces. Elle assure la transi- les emprunte (pour l’essentiel à Melville) et pour moi un complice. Il doit entrer dans tion perpétuelle entre voix, phonèmes et elle les commente infiniment. Elle ressasse ses mon monde de virus, de maladies, de sons bruits. La vidéo, machine d’observation, gloses qui, toutes, tournent autour de la lec- prédateurs. Il doit comprendre ce que je enregistre les faits et gestes des protago- ture, de l’acte de lire comme ouverture à une cherche, rendre un son squelettique ou au nistes projetés sur des écrans cerfs-volants. prophétie ou promesse d’avenir. Comme contraire le saturer, le surcharger jusqu’à ce Georges Aperghis réunit les forces d’ar- exposition à un événement improbable et ses qu’il explose, et traduire cela sur les machines tistes proches qui ont activement parti- diverses formes (orage, cyclone, déluge…) ». de l’Ircam. » cipé à l’aventure d’Avis de tempête. Au plus Peter Szendy, co-auteur du livret d’Avis de Georges Aperghis, extrait d’un entretien loin du vieil opéra psychologique crépus- tempête, octobre 2004 avec Bastien Gallet, avril 2004 culaire, il perpétue toutefois une idée et une pratique de l’œuvre totale : tout converge sans s’additionner, équation essentielle Lire aussi page 56 : d’un opéra. « Georges Aperghis-Heiner Goebbels, La fin d’Avis de tempête, une scène tragique, Leur théâtre musical en mutation » est son commencement. ////////

66 n° 20n°30 Avis de tempête

EXTRAITS DU LIVRET DE GEORGES APERGHIS ET PETER SZENDY (2003)

Les trois chanteurs (alternativement) Chef Chef

mon crâne ...Tandis que j’étais debout au gouvernail, Mais moi-même je deviens une sorte de tintement prolongé pendant de longues heures, en silence, je page, un support de signes ; mon front mon crâne tenais la route de ce vaisseau de feu sur la ridé devient un support sur lequel se pro- de verre qui se brise mer (for long hours silently guided the way jettent les lueurs et les ombres de lignes des chiffres clignotent of this fire-ship on the sea). Enveloppé moi- mouvantes. Il semble presque, que, tan- mon crâne même, pendant ce temps, dans l’obscu- dis que je suis en train de marquer les de verre qui se brise rité, je n’en voyais que mieux la rougeur, lignes et des trajets sur les cartes ridées, le tableau électrique la folie, l’atrocité des autres (wrapped, for quelque crayon invisible trace également ce vieux crâne that interval, in darkness myself, I but the des lignes et des trajets sur la carte pro- de verre qui se brise better saw the redness, the madness, the fondément marquée de mon front. le tableau électrique ghastliness of others.) La vue continuelle des formes diaboliques (fiend shapes) devant moi, cabriolant à moitié dans la Actrice fumée et à moitié dans le feu (capering half in smoke and half in fire), finit par faire L’antique épouvante panique était là. Par naître des visions apparentées dans mon moments, cela avait l’air de parler, comme âme (at last began kindred visions in my si quelqu’un faisait un commandement. soul), dès lors que je commencais à céder Puis des clameurs, des clairons, des trépi- à cette incompréhensible léthargie (that dations étranges. unaccountable drowsiness) qui me tombait toujours dessus au gouvernail à minuit. La tourmente était maintenant ouest.

Mais cette nuit là en particulier, une chose Les flocons d’écume, volant de toutes parts, étrange (et restée inexplicable depuis) ressemblaient à de la laine. m’arriva. Sursautant alors que je m’étais brièvement endormi debout (starting from L’eau vaste et irritée noyait les rochers, a brief standing sleep), je fus horriblement montait dessus, entrait dedans, pénétrait conscient de quelque fatalité (I was horri- dans le réseau des fissures intérieures, et bly conscious of something fatally wrong)... ressortait des masses granitiques par des fentes étroites, espèces de bouches inta- rissables qui faisaient dans ce déluge de petites fontaines paisibles.

68 schiltigheim – salle des fêtes vendredi 7 octobre 22h30 n°31

Piano, Esbjörn Svensson E.S.T. Contrebasse, Dan Berglund Batterie, Magnus Oström Co-réalisation Esbjörn Svensson Trio Ville de Schiltigheim / Musica

Le trio suédois de jazz le plus récompensé de ces trois dernières années, conduit de main de maître par le pianiste Esbjörn Svensson, nous invite à partager un voyage intense, au delà des frontières, dans son univers envoûtant. Fusion unique du jazz moderne et de la pop occiden- tale, la musique d’E.S.T. est une merveille de pureté, d’étrangeté caressante. Elle nous plonge dans un monde lumineux et exaltant.

E.S.T., trio suédois mené par Esbjörn ce trio : une beauté envoûtante des mélodies, mélodies riment avec songes. C’est l’in- Svensson, existe depuis une bonne l’originalité de compositions poétiques, contournable Köln Concert de Keith Jarrett dizaine d’années et se situe désormais au une compréhension presque télépathique qui a donné à Esbjörn Svensson l’idée centre de toutes les attentions de la scène entre les musiciens, l’intensité légendaire que le piano est un instrument lumineux jazz internationale. Leur dernier album, des prestations live, la maîtrise de toutes qu’il faut faire chatoyer comme une boule Viaticum, est le résultat d’une pratique techniques… Un travail tout en équilibre de cristal. Laissez-vous porter dans leur artistique collective mise en place par les entre écriture et improvisation qui ouvre monde poétique ! //////// trois musiciens. C’est pendant l’été 2004, un univers d’apaisement dès son titre, après des centaines de concerts donnés puisque Svensson nous invite à com- aux quatre coins du monde, que le groupe prendre Viaticum comme « le symbole des s’installe pendant un mois aux célèbres nourritures spirituelles que le groupe aime- studios ATLANTIS de Stockholm pour rait offrir à chaque auditeur ». Dès les pre- enregistrer leur troisième opus. Il en res- mières notes, le pianiste nous emmène Concert enregistré par France Musiques sort un condensé de l’univers singulier de dans un univers parallèle, serein, où

69 auditorium du musée d’art moderne samedi 8 octobre 10h30 n°32 et contemporain de strasbourg Concert électronique Résidence Kaija Saariaho / Anssi Karttunen conservatoire national de région de strasbourg

Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg accueille Musica Kaija Saariaho TEMPO LYRIQUE ! Jardin Secret II (1986), 11’ rencontre et information sur Avec le soutien de la SACEM clavecin et électronique la SACD à 11h30 lire page 92 Entrée libre sur réservation Lonh (1996), 20’ soprano et électronique Conseiller artistique, Anssi Karttunen NoaNoa (1992), 10’ Assistant dispositif électronique, Olivier flûte et électronique Maurel Trois rivières : Delta (2001), 16’ percussion et électronique

Ce troisième et dernier concert de la résidence de Kaija Saariaho et Anssi Karttunen au Conservatoire National de Région de Strasbourg se consacre à des œuvres utilisant l’électronique. Chez Kaija Saariaho, l'électronique et le travail du son sont partie intégrante de sa démarche com- positionnelle. Son utilisation garde ouvertes les portes de l'improvisation : en concert, elle autorise une création libre et instantanée, contournant l'aspect parfois figé et froid de l'ordinateur. C'est le concept de Live electronics qu’elle a amplement contribué à développer.

Dès 1982, Kaija Saariaho s'initie à la main et le naturel, l’électronique et l’acous- d’un travail sur la dynamique seule du son, musique avec ordinateur à l'Ircam : c’est tique. L’électronique permet des incur- mais aussi sur sa couleur. devenu depuis l’un des éléments impor- sions uniques aux confins de l'univers Aujourd’hui c’est très naturellement que tant de son travail compositionnel. Kaija sonore. Kaija Saariaho fait régulièrement s’est imposée à elle la nécessité de partager Saariaho travaille également dans les stu- appel au traitement électronique de sons sa passion pour l’électronique avec les dios d'Helsinki, de Stockholm et du GRM concrets (clavecin, flûte, voix…). La partie élèves du Conservatoire National de Région à Paris, ainsi qu'au studio de la fondation électronique de ses œuvres développe sou- de Strasbourg. Strobel à Fribourg-en-Brisgau. Ses compo- vent les idées musicales de l'écriture pour sitions jouent avec la frontière entre l'hu- l'instrument soliste. Il s’agit alors non plus

le-maillon-wacken samedi 8 octobre 17h n°33 Avis de tempête seconde représentation opéra de georges aperghis lire page 66

70 palais de la musique et des congrès samedi 8 octobre 20h salle érasme n°34 Orchestre philharmonique de Radio France

concert de clôture Peter Eötvös Pierre Boulez Avec le soutien de Pro Helvetia, Zeropoints (1999), 15’ Figures-Doubles-Prismes (1963-1968), 13’ Fondation suisse pour la culture

La SACEM, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Michael Jarrell Claude Debussy Arte, partenaires de Musica, parrainent Abschied (2001), 20’ Jeux, poème dansé (1913), 15’ le concert de clôture concerto pour piano et orchestre Première française Direction, Peter Eötvös Piano, Marino Formenti //////// Entracte Concert enregistré par France Musiques

L’ultime soirée de Musica est celle des commencements et de SPIRALES Peter Eötvös, appelé à la tête de l’Ensemble tous les adieux, s’enroulant en spirale. Commencements de intercontemporain dès sa création, a tou- jours témoigné de sa vive fidélité vis-à-vis l’aventure orchestrale de Pierre Boulez en 1958, avec ce qui de son fondateur Pierre Boulez. Pour les deviendra ; succession de commence- soixante-quinze ans de celui-ci en 2000, Figures-Doubles-Prismes Peter Eötvös s’est souvenu de la partition ments dans Zeropoints de Peter Eötvös, écrit en l’honneur de de Domaines qu’il a souvent dirigée où différents « zéros » se succèdent sans Boulez. Abschied (Adieu) de Michael Jarrell, un tourbillon jamais atteindre le chiffre 1. Dans Zeropoints, il y aura huit départs, depuis le infini brisé abruptement ; adieux bien réels de Debussy à l’or- bip initial de la petite clarinette jusqu’au retour du piano, des harpes et de la per- chestre avec ses Jeux. Restée longtemps méconnue, la plus cussion à la fin. prophétique et la plus énigmatique des œuvres orchestrales « L’intérêt thématique de cette pièce est assez clair : une chaîne de commencements, de du début du XXe siècle dégage et élargit les temps présents. premières étapes successives, d’ouvertures, n° 20n°34 Orchestre philharmonique de Radio France

afin de laisser derrière nous le “point zéro” « la matière sonore pulvérisée du nouveau millénaire d’une autre manière, ne suggérant que la direction qu’il pourrait est plus discontinue que dans prendre » Peter Eötvös. aucune autre œuvre de debussy. » L’activité frénétique du concerto pour piano de Michael Jarrell atteint une vitesse fou- droyante pour le soliste comme pour l’or- chestre. Les ponctuations des cuivres ne eux-mêmes. Cette idée rend l’exécution plexes) en particulier dans le début, la retiennent pas ce flot dont les vrilles, par- de l’œuvre plus difficile que celle des Nota- forme imprévisible et sans reprise, l’inven- ties des aigus vers les graves, s’enroulent tions récentes. Figures Doubles Prismes tion de l’orchestration résistent à l’analyse. en une spirale infinie. Interrompant ce expose aujourd’hui toute l’évolution de Un simple glissando chromatique descen- mouvement perpétuel, un brusque retour- l’écriture de Boulez et demeure un chan- dant peut devenir une formule thématique nement renverse toutes les données, tier ouvert ! soumise à toutes les variantes. Certaines pétrifiées dans les résonances. L’énergie voies sont abandonnées dans le cours de reflue et toute la pièce devient méditative, JEUX l’œuvre où tout est transition, pour réappa- repliée, silencieuse. Les circonstances ont « Dans un parc, au crépuscule, une balle de raître différées et différentes. La radicale fait effraction dans le cours de la compo- tennis s’est égarée : un jeune homme, puis nouveauté formelle, harmonique et orches- sition : l’œuvre était presque terminée deux jeunes filles s’empressent à la recher- trale attendra quarante ans pour être recon- lorsque le compositeur apprit la mort de cher. On se cherche, on se perd, on se pour- nue et scrutée par de jeunes compositeurs, son père. Le piano interroge dans un uni- suit, on se querelle, on se boude sans raison ; Barraqué, Zimmermann et Boulez en tête, vers glacé. la nuit est tiède, le ciel baigné de douces clar- avant de devenir le paradigme d’une tés, on s’embrasse. Mais le charme est rompu musique informelle, libérée de toute archi- Tout au long des années soixante, Pierre par une autre balle de tennis jetée par on ne tecture compartimentée. Boulez a poursuivi l’écriture de Figures- sait quelle main malicieuse. Surpris et Doubles-Prismes dont la partie la plus effrayés, le jeune homme et les deux jeunes « Ce que nous trouvons chez le dernier ancienne date de 1958. Les développe- filles disparaissent dans les profondeurs du Debussy, c’est un sens, d’abord, de la forme ments se sont peu à peu étendus, le pro- parc nocturne. » vécue non plus comme une architecture. jet initial, avec ses brusqueries et ses Inspiré par ce « scénario de flanelle » pro- Mais c’est une forme dans laquelle, pour la revirements brutaux, s’est transformé par posé par Nijinsky pour les Ballets russes, le comprendre, on doit passer au travers. En le prisme du temps et de l’expérience Poème dansé de Claude Debussy ne connut somme, une espèce de forme tressée, par tui- orchestrale. L’écriture expérimentale s’ap- pas le succès escompté. La création de 1913 lage des objets qui la composent. Il y a chez puyant sur un métier plus grand a pu se fut tout de suite éclipsée par l’impact fou- Debussy, un souci constant du renouvelle- déployer, notamment dans les mélismes droyant, quinze jours plus tard, du Sacre du ment du matériel sonore à partir soit d’un des cordes qui se rejoignent et se sépa- Printemps : Stravinsky allait régner. intervalle, soit d’une idée génératrice formant rent. Pour mélanger aisément les timbres L’énigmatique Jeux prendra sa revanche au ce matériel » Pierre Boulez. //////// et les hiérarchies habituelles entre familles concert. La matière sonore pulvérisée est d’instruments, le compositeur avait modifié plus discontinue que dans aucune autre le placement traditionnel de l’orchestre, œuvre de Debussy. Le langage audacieux ce qui perturbe la perception des musiciens (rythmes asymétriques, harmonies com-

72 palais de la musique et des congrès samedi 8 octobre 22h30 salon contades n°35

Contrebasse, Reid Anderson The Bad Plus Piano, Ethan Iverson Batterie, David King

The Bad Plus, trio new-yorkais composé de trois francs-tireurs qui se connaissent depuis l’ado- lescence est l’une des grandes révélations dérangeantes/excitantes de ces deux dernières années. Leur musique jazz-rock puise son inspiration dans la pop, la dance ou encore le boo- gie-woogie, pour nous emmener dans un univers décapant, plein d’humour. Laissez-vous entraîner dans une aventure musicale décoiffante !

The Bad Plus est constitué de trois icono- influences dans un langage résolument les étiquettes musicales, nous proposent clastes du jazz postmoderne qui combi- jazz de leur cru, brut de décoffrage, déjanté des compositions originales savamment nent un esprit vif, des contrastes et plein d’humour. dosées entre groove et mélodie. Parallè- musicaux dynamiques et une sensibilité Il y a chez The Bad Plus un désir de sonner lement, le power jazz trio se réapproprie originale dans ce que l’on a surnommé rock, roots, au plus profond de chaque ins- des standards tels que Stress Woman « le trio de piano le plus tumultueux de trument, à l’heure où tant de trios jazz s’af- d’Ornette Coleman, Velouria des Pixies, tous les temps ». Tirant leur inspiration fichent avec un académisme redondant… un Iron Man de Black Sabbath complète- des univers de la dance, de la pop et du Tout en perpétuant la formule la plus ment free-style et propose même une ver- rock, ils ont réussi à se soustraire à l’éti- classique du jazz, le trio piano-basse-bat- sion très personnelle de Knowing Me, quette de « fusion » en déconstruisant leurs terie, ces trois complices, balayant toutes Knowing You de ABBA. //////// 73

les compositeurs //////////////////////////////////////////////

Georges Aperghis Béla Bartók Sébastien Béranger ///////Grèce, 1945 ///////Hongrie, 1881-1945 ///////France, 1977 Né à Athènes, il vit à Paris depuis 1963. Il entreprend des études à l’Académie royale de Après avoir commencé ses études musicales à En 1971, la Tragique Histoire du nécromancien et Budapest et enquête systématiquement sur le folk- Reims et à Lille, il rejoint le CNSMD de Paris de son miroir, pour deux voix de femme, parlée lore hongrois avec Kodály, posant ainsi les bases de pour travailler avec Emmanuel Nunes, Michaël et chantée avec luth et violoncelle inaugure l’un l’ethnomusicologie. Il y découvre l’échelle pentato- Lévinas, Yann Geslin, Luis Naón et Michelle des traits dominants de sa démarche : le nique et des combinaisons polyrythmiques qu’il Reverdy. Il obtient les prix de composition et théâtre musical. Il créée l’ATEM (atelier utilise dès ses premières œuvres. En 1908, il com- d’analyse et suit le cursus nouvelles technolo- Théâtre et Musique) qu’il dirige jusqu’en 1991, mence un cycle de six quatuors et des pièces pour gies. Il possède un DEA en esthétique et travaillant avec musiciens et comédiens, ima- enfants, importante contribution à la pédagogie sciences de l’art à l’université de Lille III et un ginant des spectacles qui composent les élé- musicale. Outre ses œuvres vocales, ses pièces Doctorat en musicologie à l’université de Nice ments musicaux, gestuels et scéniques. pour piano, qu’il traite en instrument à percussion (UNSA), sous la direction d’Antoine Bonnet. Son œuvre pour musique de chambre et comptent parmi les plus innovantes. Premier lauréat de la Fondation Internationale orchestre repose sur des effectifs très variés. Concertiste en Europe et aux États-Unis, il se Lili et Nadia Boulanger, il remporte aussi le Son constant intérêt pour la voix, manifeste produit avec le violoniste Joseph Szigeti et le concours Opera Prima Europa. Il participe au dès les fameuses Récitations, l’amène naturel- clarinettiste de jazz Benny Goodman. Il fuit le Forum de la Jeune Création Musicale de la SIMC lement à l’oratorio et à l’opéra (Hamlet régime hongrois pro-nazi et émigre aux États- et au Forum International de l’ensemble Aleph. Machine, Pandæmonium, Jacques le fataliste, Unis. Le succès de son Concerto pour orchestre Ses œuvres, jouées en France et à l’étranger, Histoire de loups, Je vous dis que je suis mort, (1943) lui vaut de nombreuses commandes, sont interprétées par Christophe Desjardins, Liebestod, Tristes tropiques…). trop tardives. Il meurt à New-York en 1945. Alter Ego, l’Ensemble intercontemporain, le Toujours inventif, il construit une œuvre per- www.uemusic.at/usa/ quatuor Axone et ont été notammment pro- sonnelle qui défie les classifications et ouvre de grammées à Musica, aux Nuits Bleues, aux /////////// nouveaux horizons, réconciliant le sonore et Nicephore Days, aux Gaudeamus Music Week, le visuel. aux Conservatoires de Lyon et de Paris. www.salabert.fr George Benjamin www.sebastien-beranger.com ///////Grande-Bretagne, 1960 /////////// /////////// Il étudie très jeune le piano et la composition et rejoint Messiaen au CNSMD de Paris. En 1978, Johann Sebastian Bach il est avec Alexandre Goehr au King’s College de Alban Berg ///////Allemagne, 1685-1750 Cambridge puis à l’Ircam. De 1985 à 2001, il ///////Autriche, 1885-1935 Bach est issu d’une famille de musiciens dont enseigne la composition au Royal College of Autodidacte, composant des chansons, il ren- les membres étaient ménétriers, organistes et Music et compose A Mind of Winter et At First contre Schoenberg en 1904, dont il devient cantors en Thuringe depuis le XVIe siècle. Light, créé par le et rapide- avec Webern le principal disciple. Son Quatuor Orphelin à dix ans, il reçoit à l’orgue, au clave- ment repris par Pierre Boulez, Esa-Pekka à cordes op.3, sa première œuvre atonale fondée cin, au violon et au chant une solide formation. Salonen ou Kent Nagano. Antara, Prix du disque sur les théories de Schoenberg, offre un déve- Il occupe d’abord plusieurs postes d’organiste en 1990, commande de l’Ircam / Ensemble loppement thématique très impressionnant. (Arnstadt, Mülhausen) qui lui valent une répu- intercontemporain, commémore le 10e anniver- Puis il compose les Zwei Lieder (1900) et les tation de virtuose et d’improvisateur. De 1708 à saire du Centre Pompidou. En 1992, l’Opéra Sieben Frühe Lieder (1908), miniatures mar- 1717, il est organiste et violon solo à la chapelle Bastille lui consacre une « Carte blanche » et il quées par Schoenberg, Mahler et Debussy, qui du Duc de Weimar. Cette période voit naître la dirige l’Orchestre symphonique de San annoncent Wozzeck. Les Quatre Pièces pour cla- plupart de ses œuvres pour orgue ainsi que des Francisco. En 1993, il est invité par le London’s rinette et piano op.5 (1913), et le retour à une cantates et des pièces pour clavecin sous l’in- South Bank Center où il crée Sudden Time. grande formation avec les Trois pièces pour fluence des maîtres italiens. Il passe ensuite Le 75e festival de Salzbourg s’ouvre sur un orchestre op. 6 (1915) montrent ses évolutions cinq ans à Cöthen, au service du Prince concert de ses œuvres par l’Ensemble Modern stylistiques. En 1914, Berg assiste au Woyzeck Léopold pour lequel il écrit de nombreuses qu’il dirige. Il inaugure l’opéra de Tokyo en de Büchner. La pièce lui inspire un opéra, créé pages instrumentales. En 1723 il succède à 1997 avec Viola, Viola, joué par Nobuko Imai et onze ans plus tard à Berlin, qui associe l’écri- Telemann comme cantor de l’église luthé- Yuri Bashmet, dirige Pelléas et Mélisande à ture tonale et atonale, la parole, la chanson et rienne Saint-Thomas de Leipzig. Malgré les Bruxelles en 1999. Palimpsest I en 2000 et l’art lyrique, la musique de cabaret et le contre- contraintes de ce poste qu’il occupe jusqu’à sa Palimpest II en 2002 (année d’une importante point dissonant. Viennent ensuite le Concerto mort, il crée alors ses plus belles œuvres de restrospective intitulée By George!) sont donnés de chambre, la Suite lyrique pour quatuor à musique sacrée. par Pierre Boulez avec le symphonique de cordes et son deuxième opéra, Lulu (1929-35) Londres. En 2001 il est nommé professeur au resté inachevé à sa mort. /////////// King’s College. Chevalier des Arts et des Lettres en 1996, il reçoit le Prix Schoenberg en 2002. /////////// www.fabermusik.co.uk

/////////// 75 les compositeurs //////////////////////////////////////////////

Christophe Bertrand Hall et sur tous les continents. Nombre de ses premier opéra What Next?, commande du œuvres font aujourd’hui référence. Staatsoper de Berlin, a été créé en 1999 par /////// France, 1981 Cette année marque son 80e anniversaire. Le Daniel Barenboim et salué unanimement par Il fait ses études au CNR de Strasbourg (piano, compositeur, chef d’orchestre et acteur culturel la critique. musique de chambre, composition) et se pro- sont salués par de nombreux événements aux- Son activité s’est intensément poursuivie ces der- duit comme pianiste avec In Extremis dont il quels Musica s’associe. nières années aux États-Unis comme en Europe. est co-fondateur, avec Accroche Note, sur www.uemusic.at/usa Ses 95 ans ont été honorés à Boston, Londres, France Musiques et à Musica. Il poursuit sa Los Angeles, Minsk, Washington, New-York, recherche de compositeur avec Ivan Fedele, /////////// ainsi que par une importante discographie. Pascal Dusapin, Michael Jarrell, Mark André, Il reçoit de prestigieuses distinctions et en Philippe Hurel, Jonathan Harvey, notamment Edith Canat de Chizy 1987, la Fondation Paul Sacher acquiert la tota- à l’Ircam. ///////France, 1950 lité de ses manuscrits afin d’en garantir la sau- Editées chez Zerboni, ses pièces sont jouées Violoniste de formation, licenciée d’art et archéo- vegarde, aux côtés de ceux des grands maîtres par l’Ensemble intercontemporain, Accroche de la musique d’aujourd’hui. Note, Avanti ! en France (Musica, Centre logie et de philosophie, elle fait ses études www.boosey.com Pompidou…) et à l’étranger (Darmstadt, musicales au CNSMD de Paris où elle obtient les premiers prix d’écriture, d’orchestration et Amsterdam, San Francisco, …). /////////// Les Percussions de Strasbourg, l’Ircam, la de composition. Parallèlement, elle travaille l’électroacoustique au CNSMD et avec le GRM. Fondation Boucourechliev, le festival RVMN de Unsuk Chin Forbach, la Radio de Berlin et l’État français lui En 1997-98, elle est en résidence à l’Arsenal de ///////Corée, 1961 ont passé des commandes. Il reçoit le « Earplay Metz. Son disque Moving chez Aeon, dédié à 2002 Donald Aird Memorial Composers ses pièces pour cordes, a remporté un vif suc- C’est notamment avec Sukhi Kang à l’Univer- cès auprès du public et de la presse musicale. sité de Séoul qu’elle étudie la composition. Competition » pour Treis. En 2003, Pierre Boulez le choisit pour écrire En juillet 2003, son deuxième quatuor à cordes Jeune pianiste, elle se distingue au Festival de une pièce d’orchestre créée en 2005 au festival Alive, était l’œuvre imposée au Concours Pan. Son œuvre Gestalten est sélectionnée par de Lucerne. International de Bordeaux. Son Concerto pour l’ISCM au Canada et saluée par l’UNESCO. Elle a été commandé par l’Orchestre de Paris obtient une bourse du DAAD en Allemagne où www.christophebertrand.fr.st alto, en 2005 pour être créé par Ana Bela Chaves et elle étudie avec György Ligeti jusqu’en 1988. Elle Christophe Eschenbach. travaille au Studio électronique de l’Université /////////// Son œuvre a reçu de nombreuses récompenses : de Berlin. En 2004, elle remporte le prestigieux prix SACD, nomination aux Victoires de la Grawemeyer Award for Music Composition pour Pierre Boulez Musique. Élue à l’Académie des Beaux-Art en son Concerto pour violon. ///////France, 1925 2004, elle reçoit la même année le Grand prix Ses œuvres sont commandées et jouées en Elève de Messiaen puis directeur musical de la SACEM de musique symphonique. Europe, en Extrême-Orient (notamment en compagnie Renaud/Barrault, il fonde l’Ensemble www.henry-lemoine.com Corée) et aux États-Unis par de prestigieuses formations : Ensemble intercontemporain, intercontemporain en 1975 et l’Ircam en 1976, ins- /////////// titutions capables d’inscrire dans la durée les prin- Ensemble Modern (dir. George Benjamin), cipaux enjeux de la musique contemporaine. BCMG (dir. ), Asko, Ictus, les Il développe une œuvre qui le fait connaître du Elliott Carter orchestres philarmoniques de Los Angeles, grand public dans le monde entier. Sa carrière de ///////États-Unis, 1908 Londres, Oslo (dir. Peter Eötvös) Metropolitan chef d’orchestre le conduit à la tête des plus Marqué très jeune par la musique européenne, Symphony de Tokyo... grands orchestres avec lesquels il mène une l’enseignement de Nadia Boulanger à Paris et sa L’EIC et Radio France lui commandent un Double action pionnière dans le domaine de la musique rencontre avec Bartók et Stravinsky à New-York, concerto pour piano, percussion et ensemble créé en contemporaine. Directeur musical de l’Orchestre il est d’abord soutenu dans son pays par son ami 2003. L’opéra de Los Angeles (dir. Kent Nagano) Philarmonique de New-York, chef permanent du et mentor Charles Ives. Stravinsky admire d’em- crée Snag and Snarls pour soprano et orchestre BBC Symphony Orchestra de Londres, il dirige blée son Double concerto pour clavecin, piano et en juin 2004. le London Symphonia Orchestra, les orchestres deux orchestres de chambre (1961) et son Concerto www.boosey.com

de Berlin, Cleveland, Los Angeles, Vienne, pour piano (1967). Son Concerto pour hautbois /////////// Chicago, Paris... Accueilli sur les grandes scènes (1986) et celui pour violon (1990), en particu- – Tétralogie, mise en scène par Patrice Chéreau à lier, marquent une évolution dans l’écriture et Bayreuth, Répons en Avignon, Moïse et Aaron à lui apportent la notoriété internationale. Jérôme Combier Amsterdam, Rossignol et Pierrot Lunaire au Dès lors, ses œuvres ne cessent d’être com- ///////France, 1971 Châtelet, Le Château de Barbe Bleue à Aix-en- mandées et jouées par les grandes formations Il étudie l’écriture, l’analyse, l’orchestration et Provence, la IXe Symphonie de Bruckner et Le internationales (BBCSO, London Sinfonietta, la composition auprès d’Hacène Larbi, puis au Marteau sans maître au Carnegie Hall et à Ensemble Modern, Ensemble intercontempo- CNSMD de Paris avec Emmanuel Nunes, Salzbourg, Lucerne et Edimbourg – il retrouve rain, Orpheus, Chicago Symphony Orchestra, Michaël Lévinas et Denis Cohen. En 1995, il régulièrement l’EIC qu’il emmène au Carnegie Boston Symphony Orchestra, Asko…). Son est finaliste du concours Griegselskalpet à

76 les compositeurs //////////////////////////////////////////////

Oslo ; en 1998, résident de la Fondation lui est actuellement commandée par l’Ircam. Henri Dutilleux Royaumont, il travaille avec les Percussions de Il enseigne à Genève et à Neuchâtel. ///////France, 1916 Strasbourg. Dans le cadre d’un échange avec www.musicedition.ch Royaumont, il est pendant deux mois en rési- D’une famille passionnée par les arts, il étudie dence au Japon – « une révélation » dit-il. Il est /////////// le piano, l’écriture et la composition au lauréat de la Fondation Bleustein-Blanchet. En Conservatoire de Paris. Démobilisé, il revient à 2001-2002, il est sélectionné pour le cursus de Claude Debussy Paris en 1940 et travaille comme pianiste et l’Ircam. Il est actuellement compositeur en arrangeur. En 1942, il dirige le Chœur de ///////France, 1852-1918 résidence à la Villa Médicis à Rome. l’Opéra de Paris. De 1945 à 1963, il est direc- Claude Debussy entre au Conservatoire de teur de la Musique de l’ORTF, poste qu’il laisse www.chantdumonde.com Paris à l’âge de dix ans pour y suivre les cours pour se dédier davantage à la composition. /////////// de piano et de composition. Il obtient le Grand Jusqu’en 1970, il enseigne la composition à Prix de Rome en 1884 avec la cantate L’Enfant l’École Normale de Musique de Paris puis au Laurent Cuniot prodigue. Il se lie avec les poètes symbolistes, Conservatoire de Paris où il forme de nom- découvre les impressionnistes et les musiques breux compositeurs aujourd’hui reconnus. ///////France, 1957 d’Extrême-Orient. Sa musique est aux anti- Il écrit des œuvres symphoniques, des concer- Entre 1978 et 2001, il enseigne la composition podes du post-romantisme et du wagnérisme tos, de la musique de chambre et des ballets. et les nouvelles technologies au CNSMD de alors en vogue en Europe. Le développement Sa Ière Symphonie (1951) lui vaut une réputation Paris et prend la direction musicale de TM+, traditionnel est abandonné, les thèmes frag- internationale. De nombreux prix consacrent ensemble dédié à la musique d’aujourd’hui en mentés, la couleur et la modalité prédominent, sa carrière : Grand Prix de Rome, Grand Prix 1985. Producteur à Radio France jusqu’en l’harmonie héritée du XIXe et le rythme National de la Musique, « Praemium Imperiale ». 1992, il dirige depuis 1994 de grandes forma- s’émancipent. L’influence des traditions extra- Il est membre du Conseil de la Musique de tions (Orchestre de Lille) et des ensembles de européennes (gamme pentatonique, gamme l’UNESCO, de l’Académie Royale de Belgique, musique contemporaine : Court-Circuit, l’Ensem- par tons entiers...) est considérable. Extraordi- de l’Académie des États-Unis et de l’Institut ble Orchestral Contemporain, Alter-Ego, Recher- naire harmoniste (Préludes, Etudes pour piano), des Arts et Lettres de New-York. che... Ses œuvres sont jouées par l’Itinéraire, orchestrateur d’exception (La Mer – attaquée par Son langage se caractérise par une grande sou- l’Orchestre philharmonique de Radio France, le milieu musical officiel, Jeux, Ibéria), initiateur plesse rythmique et mélodique qui s’appuie l’Orchestre Poitou-Charentes, A Sei Voci, le à l’opéra (Pelléas et Mélisande qui fera scandale, sur une instrumentation raffinée et subtile. Philharmonique de Bucarest… En 1994, il est le Martyr de Saint-Sébastien), Debussy aura été, D’une réelle vérité intérieure, toujours inven- salué par la SACEM où il siège depuis 1999. avant Stravinsky et Bartók, l’un des plus grands tives et personnelles, ses œuvres allient poésie Son œuvre se fonde sur des relations privilégiées précurseurs du XXe siècle. et imagination. avec les interprètes (le clarinettiste Philippe www.salabert.fr www.schott-music.com / www.alphonseleduc.com Berrod, la mezzo Sylvia Vadimova, etc.). www.salabert.fr / www.billaudot.com /////////// ///////////

/////////// Renaud De Putter Peter Eötvös ///////Belgique, 1967 Xavier Dayer ///////Hongrie, 1944 Il mène de front des études d’anthropologie, ///////Suisse, 1972 de piano et de luth. Ses premières réalisations Après ses études à Budapest, il quitte son pays Il étudie la guitare à Fribourg avec Matthias Spaeter, sont des musiques de scène. À partir de 1994, en 1968 pour se rapprocher de Karlheinz la composition à Genève avec Eric Gaudibert, il travaille exclusivement la composition avec Stockhausen et travailler au Studio de Cologne suit le cursus de l’Ircam et la Session de Compo- Philippe Boesmans puis avec Alain Bancquart. jusqu’en 1979. sition de la Fondation Royaumont. Ses œuvres sont interprétées par les meilleurs En 1978, Pierre Boulez l’invite à diriger le concert En 1995, il reçoit le prix du Conseil d’État de ensembles et solistes, tels que les pianistes d’ouverture de l’Ircam et le nomme directeur Genève. En 1998, lauréat du prix A cappella de Stéphane Ginsburgh et Johan Bossers, le musical de l’Ensemble intercontemporain jus- Bochum (Allemagne) et de la Fondation Marescotti contrebassiste Gery Cambier, l’altiste Garth qu’en 1991. Directeur musical de l’Orchestre de (Genève), il voit son Hommage à François Villon, Knox et la chorégraphe Johanne Saunier. la BBC, du Philharmonique de Budapest, il commande de l’ensemble Contrechamps, créé Lauréat de la Fondation Spes, Prix Arthur de mène une impressionnante carrière de chef du au festival Archipel. Son opéra de chambre Le Greef de l’Académie Royale de Belgique, il par- Concertgebouw d’Amsterdam à l’Orchestre Marin, d’après Pessoa, est créé en 1999 au ticipe ensuite au cursus de l’Ircam. philharmonique de Berlin, de Londres à Los festival Amadeus. Depuis sa musique est très La rigueur formelle, la liberté du mouvement, les Angeles… collabore avec , Klaus- liée à ce poète. En janvier 2000, le prix de la réseaux de sons qui constituent des structures Michael Grüber, Ushio Amagatsu, Luca Ronconi. Fondation Bügi-Willert lui est décerné par arborescentes caractérisent sa musique. Il s’inté- Il enseigne à la Hochschule de Cologne jus- Heinz Holliger. Le Festival d’Automne à Paris resse aux relations avec l’image, le théâtre et la lit- qu’en 1998 et depuis 2002 à Karlsruhe. lui dédie un portrait en 2004 et son opéra térature qu’il pratique également. Ses nombreuses œuvres, habitées d’une cons- Mémoires d’une jeune fille triste est créé au tante pensée théâtrale, révèlent un architecte vir- Grand Théâtre de Genève en 2005. Une œuvre /////////// tuose dans la gestion des masses sonores. Ses

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trois opéras Les Trois Sœurs, Le Balcon et Angels in Reinhard Fuchs Heinz Holliger ont été internationalement applaudis America /////// /////// par le public et la presse. Ses œuvres sont Autriche, 1974 Suisse, 1939 publiées chez Schott, Ricordi, Salabert. Il commence ses études musicales par l’accordéon À Bern, Paris et Bâle, il étudie le hautbois avec au Conservatoire Bruckner de Linz. Il travaille Emile Cassagnaud et Pierre Pierlot, le piano www.eotvospeter.com avec Michael Jarrell à Vienne puis avec Brian avec Sava Savoff et Yvonne Lefébure et la com- /////////// Ferneyhough à Miami, recevant les conseils de position avec Sàndor Veress et Pierre Boulez. Marco Stroppa, Magnus Lindberg et Klaus Sa carrière internationale d’interprète et de Ahmed Essyad Huber au cours de différentes académies. compositeur, son importante discographie Des commandes lui viennent de formations et (Scardanelli-Zyclus) lui valent de nombreux ///////Maroc / France, 1938 d’organismes comme le festival de Salzbourg, prix. En constantes relations avec les composi- Il acquiert au conservatoire de Rabat une solide le Klangforum et le Konzerthaus de Vienne, teurs qui lui dédient nombre d’œuvres, il ne culture musicale arabo-islamique et occidentale, Donaueschingen, Tage für Neue Music à cesse d’élargir les possibilités de son instru- puis vient étudier au Conservatoire de Paris. Il Witten. Ses œuvres sont distinguées par de ment. rencontre Max Deutsch en 1962, dont il devient nombreux prix comme celui de la Fondation L’opéra Schneewittchen créé à Zurich, la Partita le disciple. La tradition arabo-berbère associée à Royaumont, le Prix international de Salzbourg (Berliner Festwochen), le Concerto pour violon, l’héritage de Schoenberg donne naissance à une et jouées au festival d’Alicante, à Wien Modern, (Wien Modern) sont quelques-unes de ses œuvre qui s’établit entre deux cultures : l’une au Steirischer Herbst, au Konzerthaus de récentes réalisations, unanimement saluées. La sous le signe de l’écriture, l’autre qui s’inscrit Berlin... Il prépare un opéra qui sera créé à Cité de la Musique lui a consacré un portrait d’une dans l’oralité. L’écriture pour la voix représente Munich en 2006. semaine en 2003 comme la fondation Gulbekian les trois-quarts de sa production. La présence de www.edition21.at en 2004. Il dirige la Philarmonie de Berlin, sa terre natale, des hommes qui l’habitent et de l’Orchestre de Cleveland, le Concertgebow leur culture, guide sa démarche créatrice. /////////// d’Amsterdam, le Symphonique de Vienne, le De 1991 à 1994, en résidence à Villeneuve-lez- Philarmonique de Londres, l’English Chamber Avignon, il compose un « opéra-lumière » sur Heiner Goebbels Orchestra, le Symphonique de la SWR. un livret de Bernard Noël, L’Exercice de l’Amour. ///////Allemagne, 1952 Heinz Holliger enregistre pour Teldec, Philips En 1994, invité principal de Musica et composi- & ECM. teur en résidence au Conservatoire de Stras- Il se tourne d’abord vers le cinéma, le théâtre www.schott-cms.com bourg, il reçoit le Grand Prix National de la et le ballet puis compose et met en scène de nombreuses pièces radiophoniques et concerts Musique. Des œuvres lui sont régulièrement /////////// commandées par Radio France, Ars Nova, le scéniques, souvent sur des textes de Heiner Ministère de la Culture. Müller. Ce travail est couronné par plusieurs prix. A la fin des années 80, des œuvres pour Felix Ibarrondo /////////// ensembles et orchestres (Surrogate Cities, ///////Espagne, 1943 1994) lui sont commandées. Depuis une quin- Étudiant en philosophie et en théologie, il travaille Philippe Fénelon zaine d’années, il met en scène ses propres la composition avec Juan Cordero Castaño et le œuvres : Ou bien le débarquement désastreux piano ; il est diplômé des conservatoires de San ///////France, 1952 (1993), Noir sur Blanc (1996), Eislermaterial Sebastián et de Bilbao. Elève de Messiaen au CNSMD de Paris, il fait (1998), ainsi que l’opéra Paysages avec parents À Paris où il vit depuis 1969, il suit l’enseigne- également des études à l’École des langues éloignés (2002) avec l’Ensemble Modern, Max ment de Max Deutsch, Henri Dutilleux et orientales. Black (1998), La Reprise (1999), Hashirigakic Maurice Ohana. Il s’initie à la musique élec- Ses œuvres sont jouées au Festival d’Automne de (2001) et Eraritjaritjaka (2004). troacoustique au sein du GRM. Paris, à la Biennale de Venise, au Musée En 1996-97, il enseigne la composition à la Il obtient le prix Oscar Espla, le prix Lili Bou- Guggenheim à New York, au Neuer Musik Berlin, Musikhochschule de Karlsruhe. Depuis 1999, langer, le prix de la Harpe d’Argent au CECA à Salzbourg, Amsterdam, Tokyo, Madrid, Varso- il est professeur et directeur de l’Institut für (Espagne), le prix Jeune Compositeur de la vie, Budapest, Genève, Odessa, Lisbonne… par le Angewandte Theaterwissenschaft de l’univer- SACEM. Sa relation étroite avec les composi- Quatuor Arditti, l’Ensemble intercontemporain. sité de . teurs Maurice Ohana et Francisco Guerrero a été Son intérêt pour la voix et la dramaturgie le porte En 2001, il reçoit le prix européen de théâtre déterminante dans sa démarche de compositeur. vers l’opéra : Le Chevalier Imaginaire (1992), « Nouvelles Réalités » à Taormine. Son œuvre abondante et variée, dans laquelle (1998), (2004), (2005). Salammbô Les Rois Faust www.heinergoebbels.com prévalent la musique orchestrale et vocale est Vivant à Barcelone depuis 1980, pensionnaire interprétée par les ensembles et interprètes les de la Casa de Vélasquez, il est ensuite en rési- /////////// plus prestigieux. Passionnément basque, il dence à Berlin. Sa carrière a été récompensée souhaite incarner les valeurs de son peuple : par de nombreux prix (SACEM, Fondation générosité, ardeur et priorité de l’expression Beaumarchais, SACD, Prix Stockhausen, Villa sur l’abstraction et les systèmes. Médicis hors les murs). www.felixibarrondo.com www.philippefenelon.net /////////// ///////////

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Michael Jarrell Helmut Lachenmann Michaël Lévinas ///////Suisse, 1958 ///////Allemagne, 1935 ///////France, 1949 Il étudie la composition avec Eric Gaudibert à Il étudie le piano à la Musikhochschule de Élève de Messiaen, pensionnaire à la Villa Genève et poursuit à la Hochschule für Musik Stuttgart puis la composition avec Luigi Nono Médicis, il participe à la fondation de de Fribourg avec Klaus Huber. Depuis 1982, en Italie. Ses premières œuvres sont jouées à L’Itinéraire en 1974 dont il est directeur artis- son œuvre a reçu de nombreux prix : Acanthes, la Biennale de Venise et à Darmstadt en 1962. tique jusqu’en 2002. Beethovenpreis, Marescotti, Gaudeamus et Il travaille la musique électronique au studio Ses premières œuvres ont contribué à créer le Henriette Renié, Siemens. En 1986, il est à la de Gand. mouvement spectral, mais dans la perspective Cité des Arts à Paris et suit le cursus de l’Ircam. Il se passionne pour l’enseignement de la com- d’un au-delà du son ouvrant des horizons spéci- Pensionnaire de la Villa Médicis en 1988, position : Hochschule de Stuttgart et de Hanovre, fiques, liés à la relation texte/musique et à des membre de l’Istituto Svizzero di Roma en Brésil, République dominicaine, cours d’été de questions plus strictement instrumentales. 1989/90, il est en résidence à l’Orchestre de Darmstadt. Il est invité pour des master-class Citons : Appels (1974), Ouverture pour une fête Lyon de 1991 à 1993. Depuis, il est professeur dans le monde entier. étrange (1979), La Conférence des oiseaux (1985), de composition à la Hochschule de Vienne. En Le Prix des villes de Munich, Stuttgart, Ham- Rebonds (1992/93), Par delà (1994), Gogol (1996) 1996, il est compositeur en résidence au festival bourg, l’Académie des Arts de Berlin, de (opéra créé par Musica, l’Ircam et l’Opéra de de Lucerne et célébré lors du festival Musica Bruxelles et en 1997, le Prix Siemens, viennent Montpellier), Les lettres enlacées (2000). Son opéra Nova Helsinki, en 2000. En 2001, le festival de saluer ses œuvres données en Allemagne et Les Nègres, d’après Jean Genet, commande des Salzbourg lui commande un concerto pour sur les grandes scènes internationales par les opéras de Lyon et de Genève, créé en 2004, sera piano, Abschied. Depuis 2004, il est professeur formations les plus prestigieuses. En constante repris à Fribourg en 2006. Michaël Lévinas de composition au Conservatoire supérieur de recherche, il vise la réalisation d’une œuvre enseigne l’analyse au CNSMD de Paris tout en Genève. qui, par sa clarté et sa cohérence, serait l’ex- menant une carrière de pianiste. Il a ainsi enre- Il compose actuellement un opéra d’après La pression et la forme esthétique de ses mul- gistré les sonates de Beethoven et le Clavier bien Vie de Galilée de Brecht, commande du Grand tiples centres d’intérêt. tempéré de Bach (Accord Universal). Théâtre de Genève. www.breitkopf.de www.editions-lemoine.fr www.editions-lemoine.fr /////////// /////////// /////////// Ramón Lazkano Philipp Maintz György Kurtág ///////Espagne, 1968 ///////Allemagne, 1977 ///////Hongrie, 1926 Diplômé du Conservatoire de Saint-Sébastien, Il étudie la composition avec Michael Reudenbach Il étudie le piano et la composition à Timisoara du CNSMD de Paris (avec Alain Bancquart et de 1993 à 1997 et le piano à St. Gregorius Haus, et se rend à Budapest pour travailler notam- Gérard Grisey), de l’Université de Montréal (avec une école musicale religieuse à Aken. En 1994 ment avec Veress et Farkas. Il prend la natio- Gilles Tremblay), il obtient à Paris un DEA à il participe aux cours d’été de Darmstadt puis nalité hongroise en 1948, puis vient à Paris l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales. reçoit l’enseignement de Robert H.P. Platz au étudier avec Milhaud et Messiaen. Entre 1960 Son concerto pour piano Hitzaurre Bi lui vaut Conservatoire de Maastricht. et 1968, il est répétiteur et pianiste soliste de très jeune le prestigieux prix Pierre de Monaco. Il remporte le prix Jugend Komponiert en 1993 l’Orchestre philharmonique de Hongrie, ensei- En 1997, un jury présidé par Luciano Berio lui et 1995, puis est récompensé par les Jeunesses gne le piano et la musique de chambre à l’Aca- décerne le prix de composition Leonard Musicales en 1994. démie Liszt de Budapest. Il passe une année en Bernstein. Lauréat de l’Institut des Arts de la En 2002, il est salué par l’International résidence à Berlin au DAAD, est sollicité Scène et de la Musique du Collège d’Espagne et Gaudeamus Music Week pour Spin, jouée par ensuite pour deux années comme compositeur de la Fondation Gaudeamus, sa résidence à l’ensemble Ixion. en résidence à l’Orchestre Philharmonique de l’Orchestre National d’Espagne lui vaut d’être Ses œuvres sont interprétées par Accroche Berlin, au Konzerthaus à Vienne ainsi qu’aux joué à l’Auditorium de Madrid et au Konzerthaus Note, l’Ensemble intercontemporain, l’en- Pays-Bas, accueilli par différents orchestres. Sa de Berlin. Il est invité par l’Université de semble Work-in-progress, le Quatuor Arditti. carrière est saluée par de nombreuses distinc- Stanford en 1999 et accompagne Luis de Pablo www.philippmaintz.de tions : prix Kossuth, prix Pierre de Monaco, en résidence au CNR de Strasbourg en 1999. Ses Staatpreis de Vienne, prix Denis de Rougemont, deux séjours à Rome (Académie Espagnole et /////////// prix de la Fondation Siemens, prix Herder Villa Médicis) lui ont permis de mener une (pour Grabstein für Stefan), professeur hono- réflexion sur la composition, l’intertextualité, la raire du Conservatoire Royal de La Haye. saturation, le silence et le temps. Il dirige et enre- www.ricordi.com gistre régulièrement en Espagne. www.lazkano.tk /////////// ///////////

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Yan Maresz Marc Monnet puis à la session de composition de Royaumont en 1994 avec Brian Ferneyhough. /////// /////// France, 1966 France, 1947 Elle est membre du jury de la Biennale de Il apprend le piano et la percussion et poursuit Il étudie d’abord avec Mauricio Kagel à Cologne, Munich en 1994, du Forum des compositeurs à ses études avec la guitare jazz en autodidacte jus- se convaincant à ses côtés de la monstrueuse Darmstadt et boursière du DAAD à Berlin en qu’à sa rencontre avec John Mc Laughlin dont il impureté de l’œuvre d’art et s’esclaffant de rire 1996. Le Wiener Festwochen, Tage für Neue est le seul élève, le principal arrangeur. Il étudie devant le poids de l’histoire de la musique. Les Musik, le festival de Donaueschingen, le le jazz à Boston de 1984 à 1986 et la composition titres de ses œuvres en témoignent ; sa démarche Klangforum Wien, Voix Nouvelles à Royaumont, à la Juiliard School. En 1994, il suit le cursus de se veut libre et critique. Tragique ou franchement le Quatuor Arditti... lui passent des commandes. l’Ircam à l’issue duquel il écrit Metallics, pour ironique, chaque œuvre développe sa propre dia- En 2004, Musica lui consacre un large portrait. trompette solo et dispositif électronique en lectique entre son existence sonore et l’espace – Aux sonorités acides, aux ruptures brutales, sa temps réel, œuvre saluée par l’UNESCO. acoustique, humain et social – dans lequel elle est musique doit beaucoup au cinéma dont elle Il obtient diverses récompenses (Académie des projetée et secrète son matériau, ses dispositifs transpose certaines techniques : gros plan, pano- Beaux-Arts, SACEM, prix de la Ville de sonores, sa théâtralité gestuelle et spatiale, ainsi ramique, fondu enchaîné... L’électroacoustique Trieste). Il est pensionnaire de la Villa Médicis que sa propre relation aux auditeurs. Il a travaillé lui permet de créer des « hypersons », placés par- et en 2004, lauréat de l’Europaïsches Kolleg avec Jean-Louis Barrault, Karine Saporta et béné- fois dans la perspective du timbre baroque d’un der Künste à Berlin. ficié de commandes de l’Ircam et du Festival haute-contre ou d’une viole d’amour. L’État français, Musica, l’Ircam, l’Ensemble inter- d’Automne. www.olganeuwirth.com contemporain, Accentus, Radio France, l’Orches- S’il refuse d’enseigner, Marc Monnet est souvent tre de Paris, le festival d’Aix-en-Provence, les en résidence dans les institutions culturelles. /////////// Ballets de Monte-Carlo lui passent des com- Abhorrant l’autobiographique, soucieux d’élimi- mandes. Ses œuvres sont régulièrement inter- ner toutes les scories qui empêchent l’auditeur de Thierry Pécou prétées en France et à l’étranger. découvrir la poésie de chaque œuvre, il souhaite ///////France, 1965 yan.maresz.free.fr nous inviter à le découvrir d’emblée au concert. Après ses études de piano et d’écriture au CNR www.marcmonnet.com /////////// de Paris, il entre au CNSMD de Paris et obtient /////////// les prix d’orchestration et de composition. Il Misato Mochizuki poursuit au Banf Centre for the Arts (Canada) puis est pensionnaire à la Casa de Velázquez. /////// Luis de Narváez Japon, 1969 Ses longs voyages inspirent son travail, mar- /////// Elle étudie la composition à l’université de Espagne, vers 1500-1555 qué par le Gagaku japonais, la forêt mexicaine, Tokyo puis au CNSMD de Paris avec Paul Après avoir été au service du secrétaire de la liturgie byzantine... Récompensées par Méfano et Emmanuel Nunes et à l’Ircam, Charles Quint, il entre à la chapelle royale dans l’UNESCO, la SACEM, l’Académie des Beaux- notamment avec Tristan Murail. En 1998, elle les années 1540 où il devient le professeur des Arts, la SACD, les Victoires de la Musique 2005, suit les cours d’été de Darmstadt. Depuis 1997, enfants de Philippe II. Il voyage en Italie et en ses œuvres, nourries de spiritualité, sont jouées elle écrit pour diverses revues musicales Europe du Nord comme vihueliste et composi- à Présences, au Festival d’Ambronay, à Octobre (ExMusica et Asahi Simbun). teur. En 1538, il publie à Valladolid Los seys libros en Normandie, à Amsterdam, à Moscou, aux New En 1999, La Chambre claire est récompensée del Delphin, un recueil de diverses pièces pour Music Concerts Toronto, à Mexico, en Finlande… par l’UNESCO et nommée au Japon meilleure son instrument (cousin de la guitare). On y trouve, Ses dernières créations, L’Homme Armé pour pièce orchestrale de l’année. La pièce d’en- outre les premiers exemples de variations ( dife- huit voix solistes, Les Filles du Feu pour clari- semble remporte le Prix du public au ), des fantaisies, des transcriptions de Chimera rencias nette ou hautbois et orchestre, Passeurs d’eau, festival Ars Musica 2002 (Bruxelles). chansons de Nicolas Gombert, Josquin des rituel vocal donné en 2004 à Musica marquent Le souci de rendre perceptible le déroulement Prés et Jean Richafort, de six messes de Josquin, son intérêt pour les peuples indigènes temporel caractérise l’écriture de la composi- ainsi que des pièces pour voix et vihuela. d’Amérique et d’Afrique Noire. trice qui déploie pour cela une palette de cou- www.emepublish.com leur de plus en plus variée et subtile. /////////// Ses œuvres sont jouées en France et à l’étranger /////////// (Royaumont, Dijon, Akiyoshidai, Amsterdam, Olga Neuwirth Berlin, Caracas, Donaueschingen, Düsseldorf, ///////Autriche, 1968 Londres, Vienne, festival de Witten). Elle étudie la trompette puis la composition à la www.breitkopf.com Hochshule für Musik de Vienne avec Erich

/////////// Urbanner. Elle aborde l’électro-acoustique à l’Institut de Musique Électro-acoustique de Vienne auprès de Dieter Kaufmann et Wilhelm Zobl. Elle suit les cours d’Elinor Armer, étudie la peinture et le cinéma à San Francisco, rencontre Adriana Hölszky, Vinko Globokar, Luigi Nono et Tristan Murail. Elle participe au cursus de l’Ircam 80 les compositeurs //////////////////////////////////////////////

Alberto Posadas Wolfgang Rihm Kaija Saariaho ///////Espagne, 1967 ///////Allemagne, 1952 ///////Finlande, 1952 Il a étudié avec Francisco Guerrero. Il compose très tôt avec Eugene Werner Velte. Elle étudie avec Paavo Heininen à l’Académie Ses œuvres sont créées en France, Autriche, Ouvert à des styles différents, il travaille avec Sibelius, avec Brian Ferneyhough et Klaus Canada, Belgique, Angleterre, Portugal, Hongrie, Karlheinz Stockhausen, Klaus Huber, Wolfgang Huber à la Musikhochschule de Fribourg, puis Espagne par les quatuor Diotima et Arditti, Fortner et Humphrey Searle et suit régulièrement à l’Ircam. Dès lors, l’électronique comptera Court-Circuit, le Nouvel Ensemble Modern, le les cours de Darmstadt où il enseigne à partir de beaucoup dans son langage. Xenakis Ensemble, l’Orchestre National de 1978. Il compose ses 2e et 3e Symphonies, les opé- Sa notoriété se confirme avec Verblendungen pour France, l’Orchestre Philharmonique du ras de chambre Faust and Varick (1976) et Jakob orchestre et bande magnétique, Lichtbogen pour Luxembourg. En 2002, son quatuor A silentii Lenz (d’après Büchner), créé en 1979. Die ensemble et électronique, Nymphéa pour le sonitu est salué par le Prix du public à Ars Hamletmaschine (1986), et Œdipus (créé au Quatuor Kronos et deux pièces orchestrales liées : Musica (Bruxelles). Il reçoit des commandes Deutsche Oper de Berlin en 1987) relèvent du Du cristal et À la fumée, créées en 1990 et 1991 à de Musica, de l’Ensemble intercontemporain théâtre musical. Dans les années 80, il réalise des Helsinki et Los Angeles. La diversité des formes et Ars Musica. suites : trios pour pianos Fremde Szenen, sept abordées caractérise son œuvre : concerto (pour le Il enseigne l’harmonie et l’analyse au Conser- pièces pour ensemble et orchestre (Chiffre), cycles violoniste Gidon Kremer), Ottra mar, pour vatoire de Madrid. Sa musique repose sur des lyriques, quatuors à cordes… En 1994, le festival orchestre et chœur (Orchestre philharmonique processus mathématiques et certaines lois Éclat à Stuttgart lui dédie un important portrait. de New York), cycle pour soprano (au festival de naturelles. Elle s’efforce de saisir les possibilités En 1997, il est en résidence à Lucerne et est Salzbourg), œuvres de musique de chambre acoustiques de chaque instrument et se fonde célébré en 2000 à Musica. Neiges, Cendres et L’Amour de loin, opéra com- parfois sur des données architecturales (les Il reçoit de nombreux prix (villes de Stuttgart, mandé par le festival de Salzbourg et le Théâtre pyramides égyptiennes dans Snefru (accordéon Manheim, Berlin, Fribourg, Hambourg, Bonn, du Châtelet, en témoignent. Elle reçoit le et électronique) ou Nebmaat (saxophone, clari- fondations Siemens, Goethe, Prince de Kranichsteiner Preis de Darmstadt, le prix Italia et nette et trio à cordes). Monaco, Docteur de l’Université de Berlin…). le Ars Electronica Prize. En 2005, Kaija Saariaho www.emepublish.com Ses cinquante ans sont fêtés dans toute est en résidence au CNR de Strasbourg. Ses l’Europe par de nombreuses créations. œuvres sont éditées chez Lemoine. /////////// www.uemusic.at www.saariaho.org Maurice Ravel /////////// /////////// ///////France, 1875-1937 Dès ses débuts au Conservatoire de Paris, il Sebastian Rivas Marco Stroppa montre un tempérament audacieux. Enthou- ///////France/Argentine, 1975 ///////Italie, 1959 siasmé par Wagner, Satie, par l’école russe, Il étudie le saxophone et se dédie tout particu- Il étudie le piano, la direction de chœur, la com- également par Baudelaire, Poe et Mallarmé, il lièrement au jazz. Il entreprend des études de position et la musique électronique à Vérone, subit l’inimitié des traditionalistes. composition avec Gabriel Senanes puis pour- Venise, Milan puis poursuit des études scienti- Il tente en vain le prix de Rome. En 1903, il n’ob- suit sa formation en composition et direction à fiques au MIT (États-Unis). Entre 1980 et 1984, tient pas le prix de composition du Conservatoire Buenos Aires avec Gerardo Gandhini et Marta il collabore au Centro di Sonologia Computa- qu’il doit quitter malgré le soutien de Fauré. Ses Lambertini. En 1997, il entre au CNR de zionale de Padoue puis s’installe à Paris pour tra- idées musicales sont jugées irrecevables. Boulogne-Billancourt et obtient un premier vailler à l’Ircam où il est nommé de 1987 à 1990 Stravinsky lui fait connaître en 1909 sa musique prix d’analyse musicale. Il suit également les Directeur de la recherche musicale. et le Pierrot Lunaire de Schoenberg. classes de Sergio Ortega (composition) à l’ENM Il fonde en 1987 l’atelier de composition et Sa réputation franchit les frontières. En 1913, il de Pantin et étudie la direction d’orchestre et musique informatique au Séminaire Bartók en a déjà réalisé certaines de ses pièces maî- de chœur à Aubervilliers. En 2000, il est reçu Hongrie qu’il dirige pendant treize ans. Sa tresses, comme Daphnis et Chloé qui remporte dans la classe d’Ivan Fedele au CNR de Stras- pièce élet...fogytiglan, dialogue imaginaire entre un grand succès. Ses pièces pour piano bourg. Il participe à différents festivals et sémi- un poète et un philosophe, témoigne de cette (Gaspard de la nuit, Pavane pour une infante naires (Musiques à l’Encre Fraiche à Pantin, intense expérience. défunte, Le Tombeau de Couperin) et sa musique 1999-2001), au séminaire de composition Titulaire de nombreuses récompenses, il vocale sont considérables. Il fait de multiples Ictus/Ircam (Thierry De Mey et Jonathan publie une vingtaine d’essais sur son travail tournées à l’étranger. Aux États-Unis, en 1928, Harvey), au Centre Acanthes 2002 (Ivan dans des magazines internationaux. En 1999, il rencontre diverses personnalités des arts, du Fedele, Brian Ferneyhough). Il est sélectionné il est nommé professeur à la Hochschule de cinéma, et est honoré par l’université d’Oxford. pour le cursus de l’Ircam en 2005/2006. Stuttgart et au CNSMD de Paris. À son retour et jusqu’en 1932, déjà souffrant, il Souvent organisée en cycles, dédiée aussi s’adonne à des projets inusités : Le Boléro et le /////////// volontiers aux instruments acoustiques qu’à Concerto pour la main gauche. l’électronique, son œuvre s’inspire fréquem- www.salabert.fr ment de textes poétiques et mythiques. www.marcostroppa.com /////////// /////////// 81 les compositeurs //////////////////////////////////////////////

Michel van der Aa Giovanni Verrando ///////Pays-Bas, 1970 ///////Italie, 1965 Anton Webern Il étudie la composition au Conservatoire Royal Il étudie le piano et la guitare à Menton, la ///////Autriche, 1883-1945 de La Haye avec . En 1993, il composition et la philosophie à Milan. Il tra- A Vienne, il étudie le piano, le violoncelle, la phi- crée une maison de disques spécialisée dans la vaille ensuite avec Franco Donatoni à Sienne et losophie et la musicologie, en particulier la poly- musique contemporaine. Il écrit des œuvres suit le cursus de l’Ircam avec Tristan Murail et phonie ancienne. Sa rencontre avec Schoenberg pour musique de chambre, orchestre, voix, Brian Ferneyhough. est décisive. Avec Berg, il forme le premier cercle chœur ou électroacoustique et collabore avec des Ses œuvres sont remarquées par les Vienna de ses disciples qui suivent et radicalisent son artistes d’autres disciplines. En 1994, il participe Modern Masters, le Comité de lecture Ircam/ évolution stylistique (atonalité, dodécaphonie). aux « International Dance course for professional Ensemble intercontemporain, Gaudemus, le De 1908 à 1914, il dirige régulièrement à Vienne Choreographers and Composers » à Wakefield Festival d’Aix-en-Provence et sont jouées par et en Allemagne. Il compose en 1909 les Six en Angleterre. Straring at the Space pour grand l’Ensemble intercontemporain, le Quatuor pièces pour orchestre op. 6, seule pièce pour grand orchestre et dix danseurs, conçu avec le choré- Arditti, Bruno Canino, L’Itinéraire, sur les effectif. En 1913-1914, s’ouvre une période, graphe Philippe Blanchard, y est créé. grandes scènes musicales (Centre Pompidou, expressionniste d’œuvres brèves. De nombreux En 1997-98, il est en résidence auprès du Musica, Opéra de Paris, Wien Modern, Milano cycles pour voix et petit ensemble instrumental groupe de percussion de La Haye. Musica, Berlin, Huddersfield, Helsinki, Tokyo, voient alors le jour. De 1927 à 1938, il dirige à la Il reçoit des commandes du Ives Ensemble, du New York...). Radio autrichienne. Le nazisme bouleverse sa New National Theatre Tokyo, Richard Alston En 2003 est créé Alex Brücke Langer, com- vie ; Schoenberg s’exile, Berg meurt en 1935. Seul Dance Company London, Maarten Altena mande du Festival d’Aix-en-Provence et de la à Vienne, il perd ses emplois. Ensemble, Swedish Norrköping Symphony Fondazione Nuovo Teatro Comunale de Son œuvre sera redécouverte par Pierre Orchestra et de divers solistes. Il est salué par Bolzano, mise en scène de Yoshi Oida et vidéo Boulez, Bruno Maderna, Luigi Nono, Karlheinz le prix Gaudeamus 1999. de Tom Schenk. Il compose pour les Percus- Stockhausen, Henri Pousseur... qui fonderont www.boosey.com sions de Strasbourg, Alterego, Pansonic, l’Ecole de Darmstadt et le « sérialisme intégral ». Archipel (Genève), l’orchestre de la Rai. Il est Son pointillisme et sa concision seront imités /////////// publié chez Zerboni. par les jeunes compositeurs des années 1950. www.giovanniverrando.net www.uemusic.at Stefan Van Eycken /////////// ///////Belgique, 1975 /////////// Il étudie la musicologie, la philosophie à Louvain, la littérature anglaise à Edimbourg et la composi- Tomás Luis de Victoria tion avec Marco Stroppa au Centre Acanthes. Son ///////Espagne, vers 1550-1611 analyse du IVe quatuor de Brian Ferneyhough fait Grand compositeur de la Renaissance espa- déjà référence. Il se rend au Japon où il vit tou- gnole, sa vie est très mal connue. En 1565, il jours pour écrire sur Yuji Takahashi et s’intéresse entre au Collegium Germanicum de Rome aux musiques de scènes traditionnelles et impro- comme chanteur où il reçoit peut-être l’ensei- visées. En Belgique, il a surtout travaillé avec gnement de Palestrina. Ordonné prêtre en Champ d’Action et Ictus auprès duquel il fut com- 1575, il exerce les fonctions d’organiste et positeur en résidence. Il compose pour Anna maître de chapelle dans de prestigieuses insti- Teresa de Keersmaeker dans le cadre de Counter tutions. Après trente ans passés en Italie il ne Phrases, spectacle présenté sur de nombreuses retourne définitivement dans son pays natal scènes françaises et étrangères. qu’en 1596. Il est alors nommé chanteur puis Ses œuvres sont jouées en Europe (Théâtre de organiste du couvent des Descalzas Reales de la Monnaie, Transit New Music Festival, festi- Madrid où s’était retirée sa protectrice, l’impé- val van Vlaanderen…) et au Japon. Plusieurs ratrice Maria (sœur de Philippe II d’Espagne). ont été commandées par le Ministère de la Compositeur mystique, Victoria ne laisse, fait communauté flamande et ont fait l’objet d’en- exceptionnel pour l’époque, aucune pièce pro- registrements. fane et toutes ses œuvres reposant sur des matériaux existants se réfèrent à des sources /////////// liturgiques.

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82 discographie //////////////////////////////////////////////

discographie

Quelques références discographiques des œuvres présentées à Musica 2005

George Benjamin A 6 Letter Letter, Sonate, Pastorale, Marc Monnet Scrivo in Vento,Triple Duo Sudden Time, At First Light, Palimpsests, Olicantus Ensemble Contrechamps / Bibilolo Ensemble Modern / G. Benjamin, direction Les Percussions de Strasbourg H. Holliger, cor anglais Nimbus 5732, 2004 Accord 472 077-2, 2001 Accord 206842, 1998 Shadowlines, Viola, Viola, Threee Studies, The Music of Elliot Carter : 5 volumes /////////// Piano Sonata Inclus : (vol. 2) P.-L. Aimard, piano Enchanted preludes, Scrivo in Vento, (vol. 4) Nimbus 5713, 2004 Huit pièces pour quatre timbales Kaija Saariaho Two Diversions, Figment n° 1 & Figment n° 2 (vol. 5) Bridge 90404901423/4424/9023/11125/12825, New gates : Chamber music A Mind of Winter, At First Light, de 1998 à 2003 Ensemble Champ d'Action / J. Wood, direction Ringed by the Flat Horizon Mode 91, 2000 London Sinfonietta / G. Benjamin, direction Nimbus 5075, 1986 /////////// Lonh, Près, NoaNoa, Six Japanese Gardens avec le CD Rom Prisma Three Inventions, Upon Silence, Sudden Time Michael Jarrell A. Karttunen, violoncelle / F. Jodelet, percussion London Sinfonietta / G. Benjamin, direction et al. Nimbus 5505, 1996 Formes-fragments IIb, …car le pensé et l’être Naïve MO 782085, 1999 sont une même chose…, Essaims-cribles, Music for a While /////////// Neue Vokalsolisten Stuttgart, Klanforum Wien / /////////// E. Pomárico, direction Pierre Boulez Aeon 0531, 2005 The Bad Plus Notations pour orchestre, Rituel in memoriam Prisme, …some leaves II… , Offrande Assonance, Give Maderna, Figures-Doubles-Prismes explosante-fixe... Columbia / Sony Music, 515307 2/9, 2004 Assonance VII Structures II F. Jodelet, percussion / H.S. Kang, violon Ensemble intercontemporain / P. Boulez, direction et al. Aeon 0101, 2001 Deutsch Grammophone 445833-2, 1995 Esbjörn Svensson Trio Viaticum Instantanés, Assonance II, Assonance V, ACT 9801-2, 2004 Première sonate pour piano, Sonatine, Dérive / …d'ombres lointaines… Memoriale, Cummings ist der Dichter, Dialogue Orchestre de la Suisse Romande / D. Shallon, de l'ombre double direction - Orchestre Südwestrundfunk / Marianne Faithfull P.-L. Aimard, piano et al. A. Tamayo, direction - Ensemble Modern / Before the Poison Apex 0927-49987-2, 2003 P. Eötvös, direction Naïve, 2004 Grammont portrait CTS-P 44, 1996 /////////// Sarah Morrow Standards and Other Stories /////////// Elliott Carter RDC records 6401002, 2002 Quatuor à cordes n° 5, 90 +, Sonata, Figment, Misato Mochizuki Duo, Fragment Viktoria Tolstoy Chimera, Si bleu, si calme, All that is including me, Quatuor Arditti My Swedish Heart Naïve MO 782122, 2003 Intermezzi I, La chambre claire ACT 9705-2, 2005 Klangforum Wien / J. Kalitze, direction Kairos 0012402KAI, 2003 Figments 1 et 2, Sonates, A 6 Letter Letter, Enchanted Preludes, Con leggezza pensosa, /////////// Canon for 3, Canon for 4, Elégie /////////// A. Descharmes, violoncelle / M. Caroli, flûte Assai 222602 MU750, 2004 83 ////////////////////////////////////////////// les partenaires de musica

Musica ne pourrait maintenir son niveau d’exigence artistique sans l’aide conséquente et pérenne de l’État et des collectivités locales et sans le soutien remarquable de ses partenaires privés et culturels. Leur engagement fidèle et actif concourt au succès du festival. Nous les en remercions vivement.

musica est subventionné par :

Le Ministère de la Culture et de la Communication Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles (DMDTS) Délégation au Développement et aux Affaires Internationales (DDAI) Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Alsace (DRAC)

La Ville de Strasbourg

La Région Alsace

Le Conseil Général du Bas-Rhin

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84 //////////////////////////////////////////////

avec le soutien avec la participation avec le concours de : financier de : des partenaires culturels : La Galerie Espace Suisse La Société des Auteurs, Compositeurs AMB Communication et Éditeurs de Musique (SACEM) Le Conservatoire National de Région La Maison Kammerzell de Strasbourg Le Réseau Varèse, réseau européen pour Arpèges, Armand Meyer la création et la diffusion musicales, L’Opéra national du Rhin L’Agence Culturelle d’Alsace et l’Union Européenne dans le cadre de Le-Maillon, Théâtre de Strasbourg son programme Culture 2000, action 2 Parcus La Filature, scène nationale de Mulhouse Les services de la Ville de Strasbourg La Société des Auteurs et Compositeurs La Laiterie Artefact, salle des musiques Dramatiques (SACD) actuelles de Strasbourg

Pro Helvetia, Fondation suisse Pôle Sud, scène conventionnée /////////// pour la culture pour la danse et la musique TJP, Centre Dramatique National d’Alsace - The French American Fund Strasbourg for Contemporary Music La Ville de Schiltigheim La Fondation d’Entreprise France Télécom Musica est membre de France Festivals Le Théâtre National de Strasbourg (TNS) et du Réseau Varèse, réseau européen La Caisse des Dépôts et Consignations, Les Musées de Strasbourg pour la création et la diffusion musicales direction régionale d’Alsace

Arte /////////// ///////////

Le Fonds Européen des Sociétés d’Auteurs pour la Musique (FESAM) les partenaires médias de musica :

/////////// Les Dernières Nouvelles d’Alsace France Musiques France 3 Alsace Télérama Polystyrène

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85 LE FONDS FRANCO-AMÉRICAIN POUR LA MUSIQUE CONTEMPORAINE

Le Fonds franco-américain pour la musique contempo- raine soutient des projets de commandes d’œuvres, de résidences, de concerts, de tournées et de classes de maîtres qui favorisent les échanges entre la France et les Créé à Rome en 1999, le Réseau Varèse réunit 19 États-Unis dans le domaine de la musique contempo- partenaires de 13 pays européens différents. Grâce raine. à l’aide du Programme Culture 2000 de la Commission Européenne, il s’emploie à favoriser des échanges Le Fonds attribue des aides aux institutions à but non- européens et soutient ses membres dans leurs initiatives lucratif présentant les œuvres de compositeurs d’aujour- de création et de diffusion musicales. d’hui résidant en France et/ou aux États-Unis. Les collaborations présentant de nouvelles œuvres françaises En 2005, le Réseau Varèse soutient les œuvres de : et américaines sont tout particulièrement encouragées. Georges Aperghis : Avis de tempête Willi Dorner : […] Ob:scena Créé en 2004 par les Services Culturels de l’Ambassade James Dillon : Philomela de France dans la lignée du festival de musique contem- Pascal Dusapin : Momo poraine française Sounds French (New York, mars 2003), Heiner Goebbels : Eraritjaritjaka le Fonds officie sous les auspices de la fondation FACE Jonathan Harvey : Quatrième quatuor à cordes (French American Cultural Exchange) et reçoit le soutien et Two Interludes de l’Association Française d’Action Artistique, de la Mauricio Kagel : Mare Nostrum SACEM et de BMG Music Publishing North-America. Hans Peter Kyburz : Quatuor à cordes Helmut Lachenmann : œuvres pour ensemble Contact Magnus Lindberg : Dos Coyotes Emmanuel Morlet : Program officer Olga Neuwirth : Italia Anno Zero French Embassy Cultural Services Brice Pauset : Anima Mundi 972 Fifth Avenue Fausto Romitelli : An Index of Metals NEW YORK, NY 10021 [email protected] www. facecouncil.org Réseau Varèse T&M (Paris), Festival Musica (Strasbourg), Ircam (Paris), Schauspiel , Konzerthaus (Berlin), Festspiele (Berlin), Wien Modern (Vienne), Ars Musica (Bruxelles), Casa da Musica (Porto), Musicadhoy (Madrid), Romaeuropa (Rome), Rai Trade (Milan), Megaron Concerts Hall (Athènes), South Bank Centre (Londres), Huddersfield Contemporary Music Festival, Festival Ultima (Oslo), Stockholm New Music Festival, Musica Nova (Helsinki), Festival d’Automne de Budapest, Festival Ljubljana (Slovénie).

Le Réseau Varèse est subventionné par le Programme Culture 2000 de l’Union Européenne et soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communication (DMDTS, DRAC Alsace). UN CLAIR RAYONNEMENT LA SACEM À MUSICA 2005 PUBLIC Premier partenaire privé de Musica et l’un des plus Pierre Boulez a 80 ans cette année, et fête cet anniversaire constants, la SACEM parraine une douzaine de concerts entre Berlin, c’était dès mars dernier, et New York, ce sera de la présente édition. à l’automne. Comme chaque année, nous avons choisi de nous associer à des concerts qui témoignent de la richesse et de la Le chef d’orchestre aura dirigé entre temps, fin septembre, variété des propositions du festival : orchestres, ensembles, un concert à Baden-Baden, où il a depuis plus d’un demi- solistes, ateliers… siècle installé l’une de ses résidences permanentes, et Ces parrainages expriment un vrai écho aux préoccupations Musica dans le même temps, à Strasbourg, rend hommage d’un organisme professionnel, la SACEM, qui regroupe au compositeur – Boulez n’est pas tout-à-fait pour rien, tous les compositeurs de musique, tous genres confondus, comme chacun sait, dans l’esprit qui présida, au début des mais qui, par son action culturelle, accorde une attention années 1980, à la naissance du festival strasbourgeois. prioritaire à la création musicale dite contemporaine, dans toute sa diversité de générations, de langages et d’origines. Pierre Boulez donc, en inspirateur et voisin, mais asso- En effet, la SACEM s’attache avec beaucoup de ténacité cié au Suisse Michael Jarrell – c’est en vertu d’un prin- à la communication de ce répertoire exigeant vers un cipe qui, en têtes d’affiches des toutes dernières éditions public informé, large et mobilisé ; elle trouve en Musica de Musica, associa un maître ancien de la scène musi- l’un des lieux majeurs en Europe de la rencontre autour cale contemporaine – Nono, puis Stockhausen – à un des musiques nouvelles. plus jeune compositeur. En accord avec la direction du festival, la SACEM, membre Il se trouve que Jarrell est depuis quelques années Stras- fondateur du FESAM, cercle qui regroupe six sociétés bourgeois d’adoption – il n’est pas interdit de voir en tout d’auteurs européennes, a initié un nouveau rendez-vous cela autre chose encore qu’un faisceau de pures coïnci- consacré à de jeunes compositeurs : offrant pour la pré- dences : le fruit d’une histoire, fécondée d’automne en sente édition deux concerts au Musée d’Art Moderne, les automne à Strasbourg par d’innombrables compositeurs Samedis de la jeune création se veulent une plate-forme et interprètes européens, et qui tisse depuis plus de ouverte à des compositeurs émergeants qui accèdent ainsi, vingt ans désormais, entre passé et présent, entre scènes pour la première fois, à un événement professionnel de locale, rhénane et européenne, des réseaux d’extrêmes l’importance de Musica. ambition et conviction professionnelles. Bien entendu, si la curiosité du public répond à notre attente, nous tenterons d’élargir ultérieurement ces appels Il y a là, d’entrée de jeu performant mais patiemment à la découverte parce qu’ils anticipent la scène musicale consolidé, et mobilisé clairement au service de l’identité de demain. Ce renouvellement a nécessairement un coût contemporaine de la ville et de la région, un outil artis- financier qui est pour l’essentiel couvert par l’apport tique d’authentique rayonnement public et professionnel. mutualisé des six sociétés d’auteurs, membres du FESAM. Notre fierté est d’avoir été dès l’origine au rendez-vous de ce festival d’automne strasbourgeois, de lui être resté D’année en année, Musica doit répondre à des attentes fidèle ensuite : les DNA écriront cette année encore le toujours plus diversifiées des compositeurs, mais aussi journal de Musica. des interprètes et plus largement de tous les profession- nels qui accompagnent l’actualité de la création musicale et pour lesquels le Festival est devenu un rendez-vous Gérard Lignac Président-directeur général indispensable. Pour mener à bien sa mission, Musica devra trouver les marques concrètes d’un engagement financier, logis- tique et moral accru de ses partenaires : sa pérennité est à ce prix.

SACEM/Action culturelle

ARTE ACCOMPAGNE LE FESTIVAL MUSICA, POUR LE PLUS GRAND PLAISIR DU PUBLIC.

Comme chaque année, ARTE s’associe au festival Musica, haut lieu de la création musicale, une manifestation mon- dialement connue.

Explorer l’univers des sonorités contemporaines, c’est l’ambition de ce festival, et le désir d’ARTE qui demeure ainsi pleinement fidèle à ses missions : donner le goût, faire découvrir, transmettre, et constituer un patrimoine de captations de qualité.

Cette édition 2005 fête le 80e anniversaire de Pierre Boulez. Cet événement fut pour ARTE l’occasion de diffuser en mars dernier un portrait inédit du compositeur et de retransmettre le concert donné au philharmonique de Berlin. Autres points forts de ce festival : le spectacle de Heiner Goebbels, dont nous avons diffusé un portrait en 2004, et celui de Georges Aperghis dont le portrait est en préparation pour une diffusion prochaine sur la chaîne.

Nous sommes d’autant plus heureux d’accompagner ce festival, qu’il fait découvrir chaque année des talents émergents (comme le Français Sébastien Béranger ou l’Allemand Philipp Maintz). Ensemble, nous faisons le lien entre les œuvres, les artistes et le public, avec passion et exigence, pour le plaisir du plus grand nombre.

Jérôme Clément Président d’ARTE jour après jour, éveillons le talent

Depuis 1987, la Fondation France Télécom encourage la pratique collective de la musique vocale dans les répertoires classique, jazz et musique du monde. Elle contribue à la découverte de nouvelles voix, à la formation professionnelle de jeunes chanteurs, à l’émergence de formations vocales. Elle accompagne des projets pédagogiques destinés à sensibiliser des nouveaux publics à la création musicale. La Fondation France Télécom soutient les créations

vocales contemporaines du Festival Musica. © J. Valat

www.francetelecom.com/fondation De nombreux musiciens suisses étudient à Paris, à Milan ou dans un des centres de l’Allemagne : on peut y voir une fuite hors de l’étroitesse, un élargissement de l’horizon ou un essor artistique.

La vie de Michael Jarrell, à qui Musica Strasbourg consacre un ample portrait, reflète elle-même des liens avec divers milieux culturels. Son parcours l’a conduit de Genève à Fribourg-en-Brisgau, Paris, Rome, Lyon et Vienne, ainsi que dans la capitale européenne qu’est Strasbourg ; mais sa patrie reste toujours à portée de main.

La Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia tra- vaille elle aussi au carrefour des cultures. Sur mandat de la Confédération, elle soutient depuis plus de soixante ans les arts et la culture en Suisse et promeut les échanges culturels à l’intérieur du pays et avec l’étranger (www.pro-helvetia.ch).

Pro Helvetia encourage la production musicale suisse à raison de 1,6 million d’euros par an. Elle passe com- mande d’œuvres musicales et favorise ainsi la création. Parallèlement, elle soutient les musiciens et musiciennes, ensembles, compositeurs et compositrices suisses qui donnent des concerts et font des tournées à l’étranger, et les envoie dans les festivals importants. Pro Helvetia coproduit en outre la série CD des portraits Grammont (www.musikszene-schweiz.ch) et cofinance la parution de la revue musicale Dissonance (www.dissonanz.ch).

Quelques œuvres importantes de Michael Jarrell sont également issues de commandes de Pro Helvetia, comme par exemple le mélodrame Cassandre pour le Théâtre du Châtelet à Paris, L’Epigraphe pour accordéon et orchestre pour le festival Wien Modern, ou encore l’opéra Galileo Galilei pour le Grand Théâtre de Genève (2006).

Thomas Gartmann, chef de la division Musique, Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia

Pour plus d’informations sur la vie musicale suisse, voir www.musinfo.ch/ et www.miz.ch/all.aspx/fr. ////////////////////////////////////////////// les actions pédagogiques

Afin de favoriser les RÉSIDENCE AU INTERVENTIONS échanges entre les artistes CONSERVATOIRE PÉDAGOGIQUES NATIONAL DE RÉGION Afin d’informer et d’accueillir des nou- et le public, Musica propose DE STRASBOURG veaux publics, Musica propose de travailler avec des élèves et des étudiants autour d’ opéra de Georges des actions d’informations, Depuis 1992, Le Conservatoire National de Avis de tempête, Aperghis. A la suite de ce travail, les parti- Région de Strasbourg et Musica accueillent de sensibilisation cipants pourront assister gratuitement à la chaque année un compositeur en résidence répétition générale d’ . afin de sensibiliser les jeunes compositeurs Avis de tempête et une résidence avec Musica remercie Pierre Michel, professeur et interprètes à la création et aux probléma- à l’Université Marc Bloch, Béatrice Larat- le Conservatoire National tiques qui en découlent. Le résultat de cette Belliot et Pascale Mathieu, enseignantes au collaboration est présenté dans le cadre collège Rouget de Lisle de Schiltigheim de Région de Strasbourg. du festival. ainsi que le Pôle Écoles de Musiques de la Les élèves et professeurs ont ainsi pu tra- Communauté Urbaine de Strasbourg qui vailler avec Klaus Huber (1992), Michèle accueillent ces interventions. Reverdy (1993), Ahmed Essyad (1994), Gualtiero Dazzi et Luca Francesconi (1995), Ivan Fedele et Franco Donatoni (1996), Georges Aperghis (1997-1998), JEUNE PUBLIC (à partir de 7 ans) Luis de Pablo et Ramón Lazkano (1999), Musica offre au jeune public des possibi- Pascal Dusapin (2000), Thierry De Mey lités de découvrir l’univers de la création (2001-2002) et Yan Maresz (2003-2004). musicale d’aujourd’hui à travers deux En 2005, c’est la compositrice finlandaise rendez-vous : Kaija Saariaho accompagnée de son com- - Concert jeune public du Conservatoire plice, le violoncelliste Anssi Karttunen, National de Région de Strasbourg qui partage avec les élèves son univers, sa Mercredi 28 septembre à 15 h passion et son savoir. à l’Auditorium France 3 Alsace (lire pages 38, 43 et 70) (lire page 38) - L’Amour à sept cordes, spectacle jeune public de Garth Knox TEMPO LYRIQUE ! Mercredi 5 octobre à 15h et 18h au Théâtre National de Strasbourg - LA SACD ET LES salle Gignoux COMPOSITEURS (lire page 59) Rencontre et informations sur la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques avec Dominique Probst et Louis Dunoyer /////////// de Segonzac, responsables du secteur lyrique de la SACD et deux compositeurs qui partageront leur expérience. Samedi 8 octobre à 11h30 à l’Auditorium du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg.

92 ////////////////////////////////////////////// l’équipe de musica

Président Attachée de direction, Rémy Pflimlin responsable de la billetterie Magali Pagniez Directeur assistée de Muriel Roemer Jean-Dominique Marco Responsable de l’accueil des artistes Administrateur Catherine Leromain Jérôme Cloquet assisté de Fabrice Mathieu, Secrétariat adjoint administratif Sophie Ottenwelter

Délégué artistique Régie – logistique Jean-Michel Lejeune François Bour assisté de Camille Vier, assistante de production Presse nationale et internationale Opus 64 : Valérie Samuel Directeur technique et Marine Nicodeau Didier Coudry assisté d’Anne-Noëlle Gaessler Presse régionale et internationale A.COME : Aurélie Rigaud et Ève Kemler Responsable des relations publiques, des partenariats et de la communication Mafalda Kong-Dumas assistée de Stéphane Saillard, Conception de la programmation Dorothée Marco, Arnaud Jehl Jean-Dominique Marco et Frank Madlener et Kathrin Burg

La brasserie de la mer à Strasbourg 8, rue des Francs Bourgeois – Strasbourg Tél : 03 88 32 50 62 [email protected] www.alsace-a-table.fr

Le rendez-vous des saveurs et de l’Histoire 16, place de la Cathédrale – Strasbourg Tél : 03 88 32 42 14 [email protected] www.maison-kammerzell.com

93 ////////////////////////////////////////////// les lieux de musica

strasbourg

1 Auditorium de France 3 Alsace 5 Auditorium du Musée d’Art Moderne et 9 Pôle Sud Place de Bordeaux Contemporain de Strasbourg (MAMCS) 1, rue de Bourgogne 1, place Hans Jean Arp 2 La Laiterie Artefact 10 Théâtre National de Strasbourg (TNS) 15/17, rue du Hohwald 6 Opéra national du Rhin Salles Koltès et Gignoux 19, place Broglie 1, avenue de la Marseillaise 3 Le-Maillon-Wacken Place de la Foire Exposition 7 Palais de la Musique et des Congrès (PMC) Salle Érasme et salon Contades 4 Münsterhof Avenue Schutzenberger 9, rue des Juifs 8 Palais des Fêtes 5, rue Sellénick

schiltigheim mulhouse

11 Salle des Fêtes La Filature Avenue de la Deuxième 20, allée Nathan Katz Division Blindée

12 la boutique musica LA NOUVELLE ADRESSE Galerie Espace Suisse DU MUSICIEN 6, rue des Charpentiers Téléphone : 33 (0)3 88 23 46 46 Fax : 33 (0)3 88 23 46 47 E-mail : [email protected] www.festival-musica.org

21, rue de Lausanne 67000 Strasbourg

94 //////////////////////////////////////////////

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LIGNE B

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2 5 LIGNE A+D

LIGNE B+C 9

95 ////////////////////////////////////////////// infos pratiques

le bureau Avantage Air France musica

6, rue des Charpentiers 67000 Strasbourg e-mail : [email protected] Jusqu’à 45 % de réduction (soumis à tél. : + 33 (0)3 88 23 46 46 conditions) pour vous rendre à Musica. fax : + 33 (0)3 88 23 46 47 Contacter le : 0 820 820 820 (communi- Site internet : www.festival-musica.org cation tarifée) ou votre agence Air France pour obtenir votre billet électronique. AGRÉMENT MÉTROPOLE ET INTERNATIONAL AIR FRANCE = Avantage SNCF AXZE SE 5537 Demandez-nous votre « fichet congrès » Validité : 19/09/2005-10/10/2005 et sur présentation de celui-ci dans Sur le réseau France métropolitaine une gare ou une agence agréée, vous Réductions enregistrées sur GGAIRAFCONGRES obtiendrez un billet aller-retour au tarif Ce document original vous permettra d’obtenir jusqu’à 45 % de réduction sur le plein tarif d’un aller-retour en classe « congrès ». économique (soumis à conditions) sur le réseau France Valable sur toutes les lignes à tarification métropolitaine pour vous rendre à cette manifestation. Pour réserver et obtenir votre billet électronique, SNCF, ce tarif vous accorde 20 % contacter le 0 820 820 820* de réduction en 1ère ou 2e classe. ou votre agence de voyages en France métropolitaine ou votre agence Air France. Pour connaître votre agence Air France la plus proche : www.airfrance.fr Avantage Budget Sur le réseau international Réductions enregistrées sur GGAIRAFEVENTNEGO Les agences et centres de réservation AIR FRANCE du monde entier pourront vous proposer, sur présentation de ce document original, des tarifs préférentiels (soumis à condi- tions) en classe économique et affaires sur un vol aller-retour au départ de votre pays pour vous rendre à cette manifestation. Pour vous rendre à Musica, Budget Pour connaître votre agence ou centre de réservation vous propose 30 % de réduction sur ses Air France la plus proche, consulter : www.airfrance.com Ce document obligatoire pour l’émission des billets doit étre locations de voiture pendant la période nominatif (nom-prénom) et sera exigé comme justificatif du festival Musica. à tout moment du voyage tél. : + 33 (0) 3 88 52 87 52 Les programmes de fidélisation des compagnies partenaires www.budget.fr d’Air France permettent d’accumuler des « miles » sur leurs programmes en utilisant des vols Air France. Renseignements auprès de votre agence Air France .

* communication tarifée : 0,12 euros/min

Société Air France , société anonyme au capital de 1.901.231.625 euros – RCS Bobigny 420495178 Siège social : 45 rue de Paris, F95704 Roissy Charles de Gaulle cedex, France

96 ////////////////////////////////////////////// tarifs carte musica 2005 spectacle à l’unité la boutique musica 100 € Plein tarif : 16 € Accueil du public du 6 septembre Pour ceux qui veulent suivre de près le festi- au 8 octobre tous les jours de 11h à 18h val, cette carte donne accès aux concerts et Tarif réduit (r) : 12 € sauf le dimanche spectacles payants, excepté le concert de (r) Cartes Vermeil, Étudiants, Cézam-Ircos, Marianne Faithfull n°17. La carte Musica Adhérents TNS, Laiterie-Artefact, Le-Maillon, Galerie Espace Suisse 6, rue des Charpentiers 2005 est en vente jusqu’au 23 septembre Pôle Sud, T.J.P., Opéra national du Rhin, 67000 Strasbourg dans la limite des places disponibles. Intermittents du spectacle, Groupes à partir tél. : +33 (0)3 88 23 47 23 La carte Musica 2005 est strictement de 10 personnes, Personnels des partenaires e-mail : [email protected] personnelle. officiels de Musica. www.festival-musica.org Tarif préférentiel pour le concert de Marianne Merci de joindre une photocopie du justificatif Faithfull n°17 : 25 € de réduction au bulletin de réservation. Chèques-Vacances Tarif scolaire* : 6,50 € Musica accepte les Chèques-Vacances * Moins de 15 ans, élèves des écoles en règlement de la billetterie. carte musica liberté de musique et du CNR de Strabourg. 20 € Ce tarif est aussi appliqué aux chômeurs Autres lieux de vente carte musica pluriel (carte ANPE) Les billets sont également en vente : 13 € (p) Détenteurs des cartes à la Boutique Culture 5,50 € (du mardi au samedi de 12h à 19h) (P) Culture et Atout Voir : Cette carte est réservée aux étudiants et aux Place de la Cathédrale-Strasbourg adhérents IRCOS, sur présentation d’un justificatif. tél. + 33 (0)3 88 23 84 65 Ces deux cartes vous permettent d’acheter un dans les FNAC (www.fnac.com) et Carrefour : € Concert n°17 Marianne Faithfull 08 92 68 36 22 (0,34 €/mn) seul billet par spectacle au prix de 6 l’unité, 32 € excepté le concert de Marianne Faithfull n°17. (hors cartes Musica), tarif unique : Ces billets ne peuvent être commandés ou achetés qu’à la boutique du festival. Pan, spectacle n°15 Le paiement par carte bancaire n’est pas Ils ne sont pas vendus à l’entrée des concerts. Billetterie réservée aux porteurs accepté à l’entrée des concerts. Ces deux cartes sont strictement personnelles. des cartes Musica pour la représentation du 29 septembre. /////////// Pour les autres représentations, s’adresser à l’Opéra du Rhin. Important : Pour la représentation carte atout voir d’Eraritjaritjaka le dimanche 2 octobre à Concerts du samedi matin n°02, 18, 32 Mulhouse, Musica organise un voyage en bus. 6,50 € € (hors cartes Musica) au Musée d’Art Moderne La réservation de ce voyage (4 par personne) Réservée aux jeunes non étudiants de 15 à et Contemporain de Strasbourg : est obligatoire avant le 30 septembre. 25 ans résidant dans la Communauté Urbaine entrée libre sur réservation Départ à 16 h devant l’entrée du Maillon- de Strasbourg, cette carte donne accès aux Wacken (place de la Foire Exposition). spectacles du festival au prix de 5,50 € par /////////// manifestation, excepté le concert de Marianne Faithfull n°17. La carte Atout Voir est strictement personnelle. En vente uniquement à la Boutique du festival sur présentation d’une photo, d’une carte d’identité et d’un justificatif de domicile. les nuits électroniques de l’ososphère Musica s’associe pour la troisième année consécutive aux Nuits Électroniques de l’Ososphère (qui n’incluent pas le concert de Marianne Faithfull). Les porteurs des cartes Musica peuvent ainsi bénéficier du tarif préférentiel : 16 €

97 ////////////////////////////////////////////// vente et réservation

la boutique musica vente par correspondance Accueil du public du 6 septembre au 8 octobre tous les jours de 11h à 18h Vous pouvez dès maintenant et jusqu’au Paiement en euros par chèques sauf le dimanche 20 septembre adresser votre bulletin de européens accepté. réservation à : Galerie Espace Suisse Festival Musica Les billets achetés par téléphone doivent 6, rue des Charpentiers 6, rue des Charpentiers - BP 306 être réglés impérativement par carte bancaire 67000 Strasbourg 67008 STRASBOURG CEDEX à distance au moment de la réservation. tél. : +33 (0)3 88 23 47 23 accompagné de votre règlement par carte e-mail : [email protected] bancaire ou chèque à l’ordre de Musica. www.festival-musica.org Vous pouvez également réserver sur notre site : www.festival-musica.org © bulletin de réservation

Vous réglez : Cartes Tarif Nombre de cartes Total en € Espèces Chèque CB Autre Carte Musica 2005 100 € pour les spectacles suivants, veuillez cocher Paiement par carte bancaire : Visa Eurocard le numéro de la représentation choisie : N° carte […] Ob:scena n°09 n°13 L’Amour à sept cordes n°24 n°25 Validité Avis de tempête n°30 n°33 Carte Musica Liberté 20 € Signature Carte Musica Pluriel 13 € merci de joindre un justificatif Veuillez indiquer les nom et prénom du titulaire pour chaque carte commandée Nom Prénom Type de carte Veuillez faire parvenir les billets/cartes Nom Prénom Type de carte à l’adresse suivante : Nom Prénom Type de carte Nom Choix des spectacles N° des spectacles Tarif Nbre places Total en € N° des spectacles Tarif Nbre places Total en € Prénom

Adresse

Code postal € Participation pour frais d’envoi en recommandé (facultatif) : 5 Ville Réservation pour le voyage en bus à Mulhouse : 4 € / pers. Total global (cartes, billets, frais d’envoi et bus) tél.*

Vous venez chercher vos billets à la boutique Musica e-mail* Vous prenez vos billets à l’entrée des concerts Vous désirez qu’on vous envoie vos billets *Ces informations nous permettent de vous Vous désirez qu’on vous envoie vos billets en recommandé (5 €) informer en cas de modification éventuelle En cas de perte ou de vol, les billets et les cartes ne pourront être ni remboursés, ni remplacés.

98 //////////////////////////////////////////////

septembre ven23 20h pmc - salle érasme 1 Orchestre symphonique du SWR Baden-Baden/Fribourg sam24 11h auditorium mamcs 2 Les samedis de la jeune création / 1 17h tns - salle koltès 3 Récital Pierre-Laurent Aimard, piano 20h palais des fêtes 4 Ensemble intercontemporain / Chœur Accentus 22h30 tns - salle koltès 5 Les Nuits de Musica Sarah Morrow Quartet dim 25 11h münsterhof 6 Récital Carolin Widmann, violon 18h palais des fêtes 7 Orchestre philharmonique de Strasbourg mar27 18h auditorium france 3 alsace 8 Récital Marc Coppey, violoncelle / Mario Caroli, flûte 20h pôle sud 9 […] Ob:scena, spectacle de danse de W. Dorner mer28 15h auditorium france 3 alsace 10 Concert jeune public de la Résidence 18h palais des fêtes 11 Quatuor Diotima 20h palais des fêtes 12 Ictus / Quatuor Diotima 20h pôle sud 13 […] Ob:scena, spectacle de danse de W. Dorner calendrier jeu29 18h auditorium france 3 alsace 14 Résidence Kaija Saariaho / Anssi Karttunen 20h opéra national du rhin 15 Pan, opéra de M. Monnet ven30 18h palais des fêtes 16 Les Percussions de Strasbourg / Accroche Note 20h la laiterie 17 Les Nuits de Musica Marianne Faithfull

octobre sam 1 11h auditorium mamcs 18 Les samedis de la jeune création / 2 17h auditorium france 3 alsace 19 Quatuor Arditti 20h pmc - salle érasme 20 Orchestre et ensemble vocal du SWR Stuttgart 22h30 tns - salle koltès 21 Les Nuits de Musica Viktoria Tolstoy dim 2 11h auditorium france 3 alsace 22 Accroche Note : Voix interdites 18h la filature - mulhouse 23 Eraritjaritjaka, spectacle de H. Goebbels mer5 15h tns - salle gignoux 24 L’Amour à sept cordes, spectacle jeune public 18h tns - salle gignoux 25 L’Amour à sept cordes, spectacle jeune public 20h palais des fêtes 26 Ensemble Contrechamps jeu6 20h palais des fêtes 27 Chœur de chambre de Strasbourg 22h30 tns - salle gignoux 28 Italia Anno Zero, concert scénique de O. Neuwirth ven7 18h palais des fêtes 29 Récital Florent Jodelet, percussion 20h le-maillon-wacken 30 Avis de tempête, opéra de G. Aperghis 22h30 salle des fêtes de schiltigheim 31 Les Nuits de Musica E.S.T. Esbjörn Svensson Trio sam8 10h30 auditorium mamcs 32 Concert électronique de la Résidence 17h le-maillon-wacken 33 Avis de tempête, opéra de G. Aperghis 20h pmc - salle érasme 34 Orchestre philharmonique de Radio France 22h30 pmc - salon contades 35 Les Nuits de Musica The Bad Plus

99 www.festival-musica.org

6, rue des charpentiers bp 306 / F-67008 strasbourg cedex tél. 33 (0)3 88 23 46 46 fax 33 (0)3 88 23 46 47 e-mail [email protected]