Saints De France Des Origines À L'avènement Des Carolingiens
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Léon Cristiani Liste chronologique des saints de France, des origines à l'avènement des carolingiens (essai critique) In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 31. N°118, 1945. pp. 5-96. Citer ce document / Cite this document : Cristiani Léon. Liste chronologique des saints de France, des origines à l'avènement des carolingiens (essai critique). In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 31. N°118, 1945. pp. 5-96. doi : 10.3406/rhef.1945.2986 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1945_num_31_118_2986 LISTE CHRONOLOGIQUE DES SAINTS DE FRANCE DES ORIGINES A L'AVÈNEMENT DES CAROLINGIENS (Essai critique)1 NOTE INTRODUCTIVE Si jamais le mot Essai a été employé à propos, ce doit être en tête de cette Liste chronologique et critique des Saints de France qui va des origines de l'évangélisation à l'année 752. Nul n'ignore combien une telle liste est malaisée à dresser. Nous nous trouvons en face de traditions nombreus es,éminemment vénérables, pour la plupart, enracinées du Teste dans l'usage liturgique des Églises particulières, parfois cependant divergentes ou contradictoires entre elles, ou bien en opposition avec les données de la saine critique, parce que insuffisamment attestées et impossibles à concilier avec les faits les mieux établis de l'histoire ecclésiastique générale. Il est bien entendu que nous ne voulons, pour rien au monde,, jeter le discrédit sur celles de ces traditions qui méritent notre créance. Mais tout le monde sera d'accord avec nous pour affirmer hautement que l'honneur de notre foi exige le culte le plus chatouilleux et le plus vivant de la vérité. Mirab ilis Deus in sanctis suis ! Tous nos saints authentiques nous sont chers, parce qu'ils ont été des images de Dieu, des imi tations du Christ notre Sauveur, des pionniers de la civilisa tionchrétienne, dans notre chère patrie, et parce qu'ils de meurent, nous en sommes certains, les protecteurs de l'œuvre si haute et unique qu'ils ont accomplie ici-bas, de leur vivant: 1. Cette nomenclature est accompagnée d'une table des noms de saints- 6 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE la conquête des âmes de chez nous au service de Dieu et l'o btention de la protection divine pour la marche de notre patrie wers ses destinées les plus nobles. Mais justement parce que Dieu est admirable en ses saints, nous devons à tout prix éviter de glisser ou de maintenir dans la magnifique cohorte des saints nationaux des noms subreptices ou suspects. C'est pour obéir à ce doublé sentiment, de profonde vénéra tiond'une part et de nécessaire défiance d'autre part, que nous •avons entrepris le présent catalogue. Nous sommes trop cer tain, hélas ! que cet essai contiendra de nombreuses imperf ections, de regrettables lacunes ou des insertions illégitimes. Nous faisons donc appel aux érudits de chaque région pour contrôler ce modeste travail. Nous osons compter à la fois sur la bienveillance et sur la sévérité de nos lecteurs bien informés. Sur leur bienveillance, en considération de notre bonne volonté, et sur la sévérité Se leurs critiques, en raison de la gravité du sujet et de la grande utilité que nous aurions tous à posséder une sorte de Martyrologe national, bien à jour, très complet, et dont toutes les données seraient parfai tement sûres ou du moins inattaquables dans l'état actuel de nos connaissances. Que les érudits diocésains, appuyés sur les traditions de leurs Églises, veuillent donc bien nous faire part de leurs observations. Ils savent, aussi bien que nous, que les traditions dont nous parlons exigent un « filtrage » très serré. Il nous serait bien agréable de le faire avec leur concours bénévole et dans la plus parfaite harmonie de sent iments et de conclusions. Mais venons-en' à notre liste. On remarquera qu'elle ne porte aucun nom pour le premier siècle. Ce n'est pas qu'il ne soit possible, probable même qu?il y ait eu, avant l'an 100, des chrétiens sur .notre sol, et parmi ces chrétiens, des martyrs et des saints. Mais les documents les plu§ sûrs ne nous four nissent aucun indice probant à leur sujet. Et les traditions tardives qui ont tenté de combler cette lacune, ne nous pa-? raissent pas mériter plus de confiance — au mieux aller — que les très nombreux apocryphes (Évangiles ou Actes d'apôt res), qui ont essayé de suppléer au silence des Saintes Écri tures, sur tant de points qui sollicitaient la pieuse curiosité -des fidèles. L'hagiographie, au cours de la période envisagée, reste la plus encombrée de légendes difficiles à interpréter. A eh LISTE CHRONOLOGIQUE DES SAINTS DE FRANCE 7 juger par l'exemple de Grégoire de Tours, on s'intéressait plus alors aux miracles accomplis aux tombeaux des saints qu'aux détails de leurs biographies. Plus tard, la légende essaya de suppléer au silence de l'histoire. Il s'ensuit que nous ne sa vons souvent avec certitude que le nom et le genre de mort du saint que nous étudions. Mais tout peut tenir pour nous en des mots très brefs comme ceux-ci : martyr, évêque, moine, vierge, recluse, ermite, etc. Nous devinons par là toute la flamme d'amour du Christ qui anima ces ancêtres de notre foi. Une autre observation concerne les dates mêmes que nous avons apportées et qui s'appliquent à la mort de chaque saint. Celles-ci, comment pourrait-il en être autrement ? ne jsont qu'approximatives, à l'exception près. Enfin, l'une de nos sources serait dans bien des cas la topo nymie, car il existe en France plus de 5 400 communes qui portent le nom d'un saint. Si l'on défalque de ce nombre les noms plusieurs fois répétés, il resterait environ 2 800 saints « toponymes », c'est-à-dire ayant donné leur nom à une com mune. Mais il est souvent difficile de savoir le nom exact du saint en question, car la langue commune a fait subir aux noms d'étranges altérations : Hilarum est devenu Chély : Deodatum, Dyé; Annemundum, Chamond; Baîdomerum, Gal- mier, etc. Aussi donnerons- nous, pour chaque vocable ono mastique, le nom français du saint, accompagné de sa forme latine (entre parenthèses), lorsqu'il sera nécessaire, ou, à dé faut de la forme française, le nom latin usuel. DEUXIÈME SIÈCLE 177. — Martyre, à Lyon, en divers groupes successifs, des saints dont les noms suivent : Premier groupe : Pothin, premier évêque de Lyon, venu de Smyrne, entre 125 et 150, étouffé dans sa prison de Four* vière; Arescius; Corneille; Zosime; Titus; Zoticus; Ju les ; Apollonius ; Géminien ; Gamnita ; Julia ; Aemilia ; Pompeia; Mamilla; Alumna; Justa; Trophima; Antonia : soit neuf hommes et neuf femmes. Total dix-huit. Fête com mune à tous les martyrs de 177, le 2 juin. Deuxième groupe : Vettius Epagathus; Maturus; Sanc- tus; Macaire; Alcibiade; Silvius; Primus; Ulpius; Vita- lis; Cominius; October; Philomenus; Geminus; Julia; Al- bina; Grata; Rogata; Aemilia; Potamia ou Posthumiana; Rhodiana; Biblias; Quinta; Materna; Helpis ou Amnos; 8 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE Pontiça : soit treize hommes et douze femmes. Total vingt- cinq, les uns décapités, les autres livrés aux bêtes. Troisième groupe : Alexandre, médecin; Attale, riche Phrygien; Blandine, esclave, qui montra un courage héroï queet surnaturel; Ponticus, jeune garçon qu'elle exhorta « comme une mère » : soit trois hommes et une femme. Total quatre. Fête particulière à Blandine et à ses compag nons, le 8 août. On notera que le nombre global des trois groupes s'élève à quarante-sept noms. Il est étrange que Grégoire de Tours^ annonce, dans sa liste, quarante-huit martyrs et n'en nomme que quarante-six, et encore il dédouble Vettius Epagathus, alors que nous sommes sûrs que ces deux noms appartien nentau même personnage; de plus il introduit un Zacharie, qui est, de sa part, une confusion presque certaine. Il omet Attale, dont le nom est attesté avec certitude par la lettre .de l'Église de Lyon, dans Eusèbe. Il nomme deux fois Pothin, qu'il appelle Fotin. On ne saurait donc tenir grand compte du chiffre de quarante-huit, fourni par lui. Dom Ruinart ajoutait, d'après d'anciens martyrologes ou la vie de S. Bar nard, évêque de Vienne : Julien, Severin, Exupère, Féli cien, Ausonia, Domna, soit quatre hommes et deux femmes. On aurait donc, au total, vingt-neuf hommes et vingt-quatre femmes, en tout : cinquante-trois. 178. — S. épipode, pourrait être rattaché à la liste précé dente, car il fut caché, selon la tradition, par la veuve Lucie, vers Pierre-Scize, dénoncé par un esclave et décapité. Selon Grégoire de Tours3, son corps reposait, dans la crypte de Saint-Jean, auprès des reliques de S. Irénée et de S. Alexand re.Fête le 22 avril. 178. — S. Marcel et S. Valérien, se seraient enfuis de Lyon, lors de la même persécution, puis se seraient séparés et Marcel aurait été enterré vivant à Chalon-sur-Saône, tandis que Valérien, presque le même jour, trouvait la mort à Tour- nus4. Fête de S. Marcel, le 4 septembre; de S. Valérien, le 15 septembre. 178 ? — S. Bénigne, — beaucoup moins assuré que les deux. précédents, car la légende en fait un disciple de S. Polycarpe, comme Pothin et Irénée, mais le fait souffrir « sous Auré- lien », ce qui le recule de cent ans ! L'abbaye de Saint-Béni gne,élevée sur son tombeau présumé à Dijon, fut inaugurée 2. De Gloria martyrum, 49. 3. De Gloria martyrum, 50. ' . 4. De Gloria martyrum, 53 et 54. ■ LISTE CHRONOLOGIQUE DES SAINTS DE FRANCE 9 vers 535. — Le nom et la réalité du martyre du saint doivent donc être retenus, si la date demeure incertaine5.