Dora Leontaridou
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Dora Leontaridou Le mythe d’Andromaque dans le théâtre antique & français Τίτλος: “Le mythe d’Andromaque dans le théâtre antique & français” Συγγραφέας: Dora Leontaridou ISBN: 978-960-93-8735-4 Επίλεκτες Ψηφιακές Εκδόσεις: 24grammata.com Σειρά: εν καινώ, Αριθμός σειράς: 172 Τόπος και Χρονολογία πρώτης έκδοσης: Αθήνα, 2016 Μέγεθος Αρχείου: 1,96 Mb Σελίδες: 110 Μορφή αρχείου: pdf Γραμματοσειρά: times new roman Απαγορεύεται η αναδημοσίευση δίχως την έγγραφη άδεια του δημιουργού ή του εκδότη A ma mère, Hélène. « Andromaque, elle, a une conscience tragique : elle voit que les dieux peuvent condamner un homme de bien, qu’on ne peut modifier son destin et que le connaître à l’avance est vain et désespérant.1» INTRODUCTION La remarque en épigraphe résume le tragique du mythe d’Andromaque qui ne se développe pas en fonction d’actes héroïques ou extraordinaires, mais selon une lutte contre le destin. Si nous voulons aller un peu plus loin, il s’agit de la lutte d’une femme contre le destin, dans un monde façonné par des hommes. Cette parole féminine, nous avons voulu la restituer, en nous focalisant sur son angoisse et les enjeux de sa vie tels qu’ils émergent sur les scènes des théâtres dans la diachronie. Le mythe dans les Lettres antiques et françaises. Depuis sa première apparition dans la fameuse « scène des adieux », au chant VI de l’Iliade, jusqu’au XXème siècle dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Giraudoux, la figure d’Andromaque n’a cessé d’être une source d’inspiration pour dramaturges et de donner naissance à de multiples œuvres théâtrales. Après l’Iliade, du VIIème siècle au VIème siècle avant J.-C., sont écrits des poèmes cycliques qui traitent de la guerre de Troie, attribués à divers poètes. Ces œuvres ne nous sont pas parvenues, mais nous en possédons malgré tout les résumés qu’en fit 1 Eissen, Ariane, Les mythes grecs, Paris, Belin, 1993, p. 197. 7 Proclus, au IIème siècle après J.-C., dans sa Chrestomathie2, et que l’érudit byzantin Photius, Patriarche de Constantinople, préserva dans sa Bibliothèque3, au IXème siècle après J.-C. Deux de ces épopées, l’Aethiopis et l’Iliou Persis d’Arctinos véhiculent des informations sur le mythe d’Andromaque. L’Aethiopis relate l’histoire de la reine des Amazones, Penthésilée, accourue au secours des Troyens. L’Iliou Persis (Le sac d’Ilion) d’Arctinus, un poète milésien du VIIIe siècle 4 avant notre ère, contemporain donc d’Homère, relate la chute de Troie et, entre autres, la mort de Priam, ainsi que le meurtre d’Astyanax par Ulysse et l’octroi d’Andromaque à Néoptolème comme butin de guerre5. La Petite Iliade de Lesches raconte la guerre de Troie et les événements qui se sont produits après la mort d’Achille. Elle comprend des informations sur la mort d’Astyanax et la captivité d’Andromaque. Dans l’antiquité latine, le mythe continue à attirer les gens de Lettres. Le poète Naevius (270-201 av. J.-C) écrit des drames inspirés des histoires de Troie, et, parmi eux, une Andromaque. Des drames d’Ennius (239-169 av. J.-C.), autre poète latin, pour la plupart perdus, ne restent que des fragments, parmi lesquels un drame intitulé Andromaque. Accius (170-85 av. J.-C.), dramaturge latin dont les œuvres sont également perdues, a écrit plusieurs drames dont seulement les titres et quelques fragments sont sauvés. Parmi eux, nous notons Néoptolème, Astyanax, Femmes Troyennes. L’Énéide aussi réserve une place à Andromaque6, captive à la cour de Néoptolème-Pyrrhus, qui nourrira à son tour l’inspiration de Baudelaire. Pour finir, au VIème siècle de notre ère, nous devons citer un poète grec, Quintus de Smyrne, qui écrivit la Chute de Troie. Cette œuvre raconte un épisode avec Andromaque et Penthésilée, situé après la mort d’Hector et avant la destruction de Troie. Le Moyen Âge Le mythe reste vivant pendant tout le Moyen Âge, par des textes qui reprennent plus ou moins les données du cycle, telles qu’elles avaient été retraitées dans les œuvres postérieures, comme exposé plus haut. Trois œuvres peuvent se rattacher à la période romaine, même si les textes qui nous en sont parvenus appartiennent à une période un peu ultérieure, car ils constituent soit des résumés des textes antérieurs soit des traductions. Ce sont cependant ces œuvres qui ont perpétué le souvenir de ce mythe pendant le Moyen Âge. Leur importance s’accroît du fait qu’elles sont reproduites et diffusées en France jusqu’au XVIIe siècle ; elles constituent par conséquent une source de connaissance pour les dramaturges. L’Iliade latine est probablement une épopée du 1er siècle dont l’attribution est incertaine. Le nom de Silius Italicus, poète épique du premier siècle, 2 Allen, Thomas, W., Homer, The origins and the transmission, Oxford, Clarendon Press, 1969, p. 51. Certains attribuent toutefois cette œuvre au philosophe Proclus, qui est du Ve siècle. 3 Burgess, Jonathan, S., The tradition of the Trojan War in Homer and the Epic Cycle, Baltimore & London, The Johns Hopkins University Press, 2001, p. 12. 4 Selon Eusèbe et la Suda, Burgess, Jonathan, S., The tradition on the Troyan War in Homer and the Epic Cycle, op.cit., p. 9. 5 Burgess, Jonathan, S., The tradition of the Troyan War in Homer and the Epic Cycle, op.cit.,p. 9. 6 Virgile, Énéide, texte établi et traduit par J. Perret, Paris, Les Belles-Lettres, 1980, V, 294 - 355. 8 figure parmi les créateurs. Selon H. Schenkl qui a découvert un manuscrit du XV-XVIe, ce texte est un épitomé de l’Iliade d’Homère par Baebius Italicus7. Le mythe d’Andromaque est à peine mentionné. Seule une brève réminiscence de la « scène des adieux » et le thrène d’Andromaque après la mort d’Hector, raconté dans deux vers seulement8, figurent dans cette épopée. Hors l’Iliade latine, deux autres textes relatent la guerre de Troie. L’Éphéméride de la guerre de Troie, attribué à Dictys, et l’Histoire de la destruction de Troie, attribuée à Darès. Ces textes postérieurs de la tradition cyclique antique portent le sceau de l’évolution de la pensée. Ils se focalisent sur les événements purs et excluent les interventions divines qui fourmillent dans l’Iliade et l’Odyssée. Le premier ancêtre de l’Éphéméride9 est une œuvre intitulée Troïka, écrite par Hellanicos, datée de 400 av. J.C., dont ne restent que quelques fragments. Vers 200 av. J.-C. apparaît une autre histoire de la guerre de Troie écrite par un certain Hégésianax qui prend le pseudonyme de Képhalon de Gergis, et qui parvient à se faire passer pour un ancien combattant de la guerre. Ce procédé se retrouve dans l’Heroïkos de Philostrate, où Protésilas, combattant de la guerre, prend la parole pour raconter les événements. Ce même procédé est utilisé par l’auteur de l’Éphéméride qui prétend être un ancien combattant, compagnon du héros Idoménée. Sous le pseudonyme de Dictys, il raconte à la première personne les aventures de la guerre de Troie. Le texte est habilement rédigé de sorte à ne pas éveiller de soupçons. Pour répondre aux besoins d’un public romain, le texte est traduit en latin, et cette traduction est la seule source qui nous soit parvenue. Cependant le texte traduit est un abrégé. Les quatre derniers chapitres qui concernaient le retour des héros sont résumés en un seul. Contrairement à l’impartialité de l’Iliade, le texte de Dictys prend nettement position en faveur des Grecs10. L’Éphéméride, considérée comme un texte antique authentique, fera son chemin en deux sens. D’abord dans la civilisation byzantine, le texte est utilisé par Jean Malalas au VIe siècle, par Jean d’Antioche au VIIe siècle, par Georges Cédrénos et Isaac Porphyrogénète au XIe siècle, et par Jean Tzetzès au XIVe. Nous mentionnons ces noms ici car c’est après la chute de Constantinople en 1453 et le départ des érudits grecs pour l’Italie que les textes de Malalas et de Tzetzès constituent des sources pour la guerre de Troie. En ce qui concerne le monde médiéval occidental, cette épopée (ainsi que celle de Darès) nourrira l’épopée française de la fin de Moyen Âge intitulée Roman de Troie et rédigée par Benoît de Sainte-Maure. En ce qui concerne purement le mythe d’Andromaque, l’épisode qui figure dans cette épopée est celui de la rivalité d’Hermione envers Andromaque, après la chute de 7 Mis à part ces deux attributions, qui semblent les plus sérieuses, il y en a d’autres. Le poème était attribué à un Homerus au Ve siècle, et à un certain Pindarus Thebanus au XIIIe. 8 Iliade latine, dans Récits inédits sur la guerre de Troie, trad. et commentés par Gérard Fry [pr. éd.1998], Paris, Les Belles Lettres, 2004, pp. 13-67, v. 1018-9, p. 65. 9 Ephéméride de la Guerre de Troie, dans Récits inédits sur la guerre de Troie, trad. et commentés par Gérard Fry [pr. éd.1998], Paris, Les Belles Lettres, 2004, pp. 69-230. 10 « Ses Grecs sont ainsi pacifiques, cultivés, loyaux, unis, respectueux de la morale et surtout disciplinés. Ses Troyens, que l’auteur primitif, en bon Grec, appelle significativement « barbares », sont agressifs, frustes, faux, divisés, contempteurs de la morale et particulièrement indisciplinés.» Fry, Gérard, Récits inédits sur la guerre de Troie, op.cit., p. 87. 9 Troie, quand elle se trouve captive à la cour de Néoptolème-Pyrrhus11. Hermione était l’épouse de Néoptolème, et elle était jalouse de ce que celui-ci lui préférât une captive. Cette séquence a servi de noyau pour l’Andromaque d’Euripide, qui nourrira l’inspiration de Racine.