La Représentation Des Passions Dans Le Théâtre Tragique De La Renaissance [Texte Imprimé] : Garnier, La Taille, Montchrétien Mitsué Cezette
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La représentation des passions dans le théâtre tragique de la Renaissance [Texte imprimé] : Garnier, La Taille, Montchrétien Mitsué Cezette To cite this version: Mitsué Cezette. La représentation des passions dans le théâtre tragique de la Renaissance [Texte imprimé] : Garnier, La Taille, Montchrétien. Littératures. Université Toulouse le Mirail - Toulouse II, 2007. Français. tel-00272376 HAL Id: tel-00272376 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00272376 Submitted on 11 Apr 2008 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Université de Toulouse-Le Mirail-UFR Lettres philosophie Musique Ecole doctorale Lettres, Langages, Cultures Mitsué MANGATTALE-CEZETTE La Représentation des passions dans le théâtre tragique de la Renaissance Garnier, La Taille, Montchrétien Thèse de doctorat de Littérature française Sous la direction de Mme le Professeur Nathalie Dauvois Soutenue publiquement Le 17 décembre 2007 Devant un jury composé de Mesdames et Messieurs les Professeurs: E. Berriot-Salvadore (Université P. Valéry Montpellier III) N. Dauvois (Université de Toulouse le Mirail) R. Esclapez (Université de Toulouse le Mirail) M-M. Fragonard (Université de Paris III) J.-N. Pascal (Université de Toulouse le Mirail) 2 Université de Toulouse-Le Mirail-UFR Lettres philosophie Musique Ecole doctorale Lettres, Langages, Cultures Mitsué MANGATTALE-CEZETTE La Représentation des passions dans le théâtre tragique de la Renaissance Garnier, La Taille, Montchrétien Thèse de doctorat de Littérature française Sous la direction de Mme le Professeur Nathalie Dauvois Soutenue publiquement Le 17 décembre 2007 Devant un jury composé de Mesdames et Messieurs les Professeurs: E. Berriot-Salvadore (Université P. Valéry Montpellier III) N. Dauvois (Université de Toulouse le Mirail) R. Esclapez (Université de Toulouse le Mirail) M-M. Fragonard (Université de Paris III) J.-N. Pascal (Université de Toulouse le Mirail) 3 4 REMERCIEMENTS Je remercie tous ceux qui m’ont accompagnée, encouragée, soutenue et supportée, avec une pensée particulière pour mes parents, Makoto, Noriko et Shizuka Mangattale, Jerôme Salleron, Isabelle et Cyril Debarre, André Claverie, Martine Engrand, Françoise Lamouroux. J’exprime toute ma reconnaissance à ma directrice, Nathalie Dauvois, sous l’égide de qui j’ai pu poursuivre mes travaux de recherche, guidée par son infinie bienveillance et sa précieuse rigueur. Je remercie ma fille, Méwéna, d’avoir été mon inspiratrice et mon lien avec la réalité quotidienne. Je dédie cette thèse à mon cher époux qui, inlassablement, m’a suivi durant ce long travail et dont l’amour et la sagesse me furent indispensables. 5 6 7 INTRODUCTION 8 Les Passions jouent un rôle essentiel dans les tragédies de la Renaissance, notamment chez les trois auteurs qui seront ici nos objets d’étude privilégiés, Garnier, La Taille et Montchrestien. Les passions ne sont pas en effet seulement provoquées chez le spectateur par le spectacle tragique, elles sont au cœur de son action et de la caractérisation des personnages. Nous voudrions en effet montrer ici que le théâtre tragique de la Renaissannce est moins un théâtre pathétique, où la déploration l’emporterait sur l’action, qu’un théâtre fondé sur une véritable dramaturgie des passions. La notion de passion tragique se définit à la Renaissance au carrefour de la poétique et de la rhétorique, elle est en cela l’héritière de deux grands ouvrages d’Aristote. La Poétique fait la part belle aux deux passions de la crainte et de la pitié comme but de la tragédie, effets à produire sur le spectateur1. L’ensemble des passions est beaucoup plus exhaustivement décrit et défini au livre II de la Rhétorique où elles font l’objet d’une longue analyse : Les passions sont les causes qui font varier les hommes dans leurs jugements et ont pour consécutions la peine et le plaisir, comme la colère, la pitié, la crainte, et toutes les émotions de ce genre, ainsi que leurs contraires.2 Aristote répertorie quatorze passions fonctionnant souvent par couple d’opposés : la colère, le calme, la haine, l’amitié, la crainte, la confiance, la honte, l’impudence, l’obligeance, la pitié, l’indignation, l’envie, l’émulation et le mépris. Le développement des passions comprend trois moments importants : les conditions favorables ou non qui nous portent à telle ou telle passion, c’est-à-dire l’habitus, les personnes contre lesquelles on éprouve telle ou telle passion, et enfin, les sujets qui peuvent nous faire les éprouver : 1 Voir Aristote, Poétique, Introduction, traduction nouvelle et annotation de Michel Magnien, Paris, Librairie Générale Française, Le Livre de Poche, 1990,VI, 1450a ; XI, 1452a et b ; XIII, 1453a. 2 Aristote, La Rhétorique, Aristote, Rhétorique, Texte établi et traduit par Médéric Dufour, Paris, Les Belles Lettres, Collection des Universités de France, Tome II, Livre II, 2002,Livre II, 1378a. 9 Les développements relatifs aux passions se doivent diviser en trois chefs : voici ce que je veux dire : pour la colère, par exemple, en quel habitus y est-on porté ; contre quelles personnes se met-on habituellement en colère et à quels sujets. Si, en effet, nous ne possédions qu’une ou deux de ces notions, sans les posséder toutes les trois, il nous serait impossible d’inspirer la colère ; il en est pareillement des autres passions.3 Nous classerons les différentes passions répertoriées par Aristote sous la forme d’un tableau où elles seront définies et également prises dans un fonctionnement binaire avec d’autres passions qui sont leurs inverses : les procès des passions de la première catégorie étant l’inverse de ceux de la seconde catégorie. 3 Id. 10 PASSIONS I PASSIONS II Colère Calme (…) la colère est le désir impulsif et pénible de la (…) le calme est le retour à l’état normal et l’apaisement vengeance notoire d’un dédain notoire en ce qui de la colère.( 1383a, 3) regarde notre personne ou celle des nôtres, ce dédain n’étant pas mérité.(Rhétorique, II, 1378a, 2) Amitié Haine (…) aimer, c’est souhaiter pour quelqu’un ce que (…) pour la haine et son procès, il est évident qu’on l’on croit des biens, pour lui et non pour nous, et aussi peut en tirer la théorie des contraires de l’amitié. Les être, dans la mesure de son pouvoir, enclin à ces facteurs de la haine sont la colère, la vexation, la bienfaits. Est notre ami celui qui nous aime, et que calomnie. (1382a, 4) nous aimons en retour. (1380b et 1381a, 3-4) Crainte Confiance (…) la crainte est une peine ou un trouble consécutifs à (…) la confiance est l’opposé de la {crainte ; ce qui l’imagination d’un mal à venir pouvant causer rassure, l’opposé de ce qui fait}craindre ; à la destruction ou peine. ( 1382a, 5) représentation est donc ici concomitant l’espoir que les choses qui peuvent nous sauver sont proches et que les choses à craindre ou n’existent pas ou sont éloignées.( 1383a, 5) Honte Impudence (…) la honte est une peine et un trouble relatifs aux (…) l’impudence est un dédain et une indifférence vices paraissant entraîner la perte de la réputation, ou concernant les mêmes défauts. (1383b, 6) présents, ou passés ou futurs ; (…). (1383b, 6) Obligeance Envie (…) l’obligeance est le sentiment en raison duquel, dit- On voit clairement aussi à quels sujets, envers quelles on, celui qui possède rend service à quelqu’un qui en a personnes et en quels habitus on éprouve l’envie, si elle besoin, sans rien en échange, sans espoir d’aucun est une peine ressentie, après la réussite manifeste dans avantage personnel, mais dans le seul intérêt de les biens précités, à l’égard de nos pairs, non pas en vue l’obligé ; (…). (1385a, 7) de notre intérêt personnel, mais seulement à cause d’eux. ( 1387b, 10) Pitié Indignation (…) la pitié est une peine consécutive au spectacle (.. .) s’indigner est éprouver de la peine au sujet de qui d’un mal destructif ou pénible, frappant qui ne le paraît goûter un bonheur immérité, (…). (1387a, 9) méritait pas, et que l’on peut s’attendre à souffrir soi- même dans sa personne ou la personne d’un des siens, et cela quand ce mal paraît proche ; (…). (1385b, 8) Emulation Mépris (…) l’émulation est une peine occasionnée par la (…) le mépris est le contraire de l’émulation, et le présence manifeste de biens estimés et qu’il nous serait procès de l’émulation le contraire de celui du mépris. possible de recevoir ressentie à l’égard de personnes Nécessairement ceux qui ont un habitus à éprouver de dont nous sommes naturellement les pairs, non point l’émulation ou à en inspirer sont portés au mépris de parce que ces biens sont à un autre, mais parce qu’il ne toutes les personnes et de tous les objets qui présentent sont pas aussi à nous (…). (1388a, 11) les avantages contraires aux avantages qui provoquent à l’émulation. (1388b, 11) 11 Chaque passion naît de certaines dispositions d’esprit et de corps, et varie donc en fonction des personnes, des sujets et des conditions matérielles qui les concernent ; selon la passion ressentie, les conséquences seront alors la peine ou le plaisir, mais ces dernières ne sont pas les passions elles-mêmes, Aristote résume ainsi toutes les considérations dont il faut tenir compte afin d’appréhender les passions, et parmi elles se trouvent les caractères selon les prédispositions aux passions, les habitus, les âges et les conditions de fortune.