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Sommaire | avril 2016 Éditorial 4 | Sommes-nous bien protégés ? › Valérie Toranian Grand entretien 10 | Michel Onfray persiste et signe › Valérie Toranian Dossier | La France et ses services de renseignement 24 | Le Secret du roi › Lucien Bély 32 | Regarder la terreur en face › Alain Chouet 44 | Mais que font les services ? La communication contre l’État › Richard Labévière 53 | Antiterrorisme, une réorganisation en question › Jean Guisnel 60 | L’analyse, la ressource cachée du renseignement › Sébastien-Yves Laurent 67 | Agentes secrètes : des femmes dans un monde d’hommes ? › Rémi Kauffer 75 | Marc Dugain. « L’homme sans secret va émerger de cette civilisation » › Marie-Laure Delorme 85 | Une agence de renseignements européenne est-elle possible ? › Jose Manuel Lamarque 87 | Contre-espionnage : du bon usage de la rouille soviétique › Jean-Jacques Cécile 91 | OSS 117-James Bond : la battle › Marin de Viry Études, reportages, réflexions 98 | Soyons pragmatiques en Libye ! › Renaud Girard 104 | Lévi-Strauss tel qu’en lui-même › Robert Kopp 2 avril 2016 111 | La démagogie à l’ancienne › Jean-Yves Boriaud 117 | Le défi de l’ubérisation › Annick Steta Littérature 126 | INÉDIT – Jours de colère › Jean Clair 133 | INÉDIT – Josef Wende › Frédéric Mitterrand 140 | Journal › Richard Millet 144 | La place de la littérature › Michel Delon 148 | Le rêve idéologique d’un homme ridicule › Pierre Cormary 153 | Trésor et conjuration › Frédéric Verger Critiques 158 | LIVRES – Nouvelle charge contre Heidegger › Eryck de Rubercy 162 | LIVRES – Louis XVIII, le jacobin fleurdelysé › Hadrien Desuin 165 | LIVRES – Où en est le bien commun ? › Patrick Kéchichian 168 | LIVRES – Kandinsky, le pouvoir de l’abstraction › Henri de Montety 171 | LIVRES – Une sociologue de l’art dans la tradition de Norbert Elias › Robert Kopp 175 | EXPOSITIONS – L’atelier au corps-à-corps › Bertrand Raison 179 | EXPOSITIONS – Gustave Moreau et Georges Rouault : une leçon de liberté › Robert Kopp 182 | DISQUES – Monteverdi : de Venise à Versailles › Jean-Luc Macia Notes de lecture avril 2016 3 Éditorial Sommes-nous bien protégés ? a France continue à s’interroger sur le sens et la réponse à apporter aux attentats du 13 novembre 2015. Après la stu- peur et l’émotion, après les polémiques sur l’état d’urgence et la déchéance de nationalité, voici le temps de la réflexion et des questions. Pour avoir soulevé celle de la responsabilité de Lla politique étrangère de la France dans la violence djihadiste qui frappe notre pays, Michel Onfray s’est pris une volée de bois vert médiatique. Quatre mois plus tard, le philosophe persiste et signe à l’occasion de la sortie de deux ouvrages, une autobiographie politique, le Miroir aux alouettes (1), et un recueil de textes et interviews, Penser l’islam (2). Dans l’entretien qu’il a accordé à la Revue des Deux Mondes, Michel Onfray n’en démord pas : « Si l’on devait se faire le gendarme du monde au nom des droits de l’homme, il y aurait cent pays dans lesquels il faudrait intervenir. [...] Toute guerre faite dans un pays nous transforme de facto en cible pour une riposte : c’est élémentaire mais inaudible… » Le terrorisme n’est-il pas plutôt la déclaration de guerre mondiale de l’islam radical à l’Occident ? Dans tous les cas, il frappe durement et met le gouvernement face à une responsabilité écrasante : protéger ses citoyens. En première ligne, les services de renseignement chargés de neu- traliser ceux qui nous menacent avant qu’ils ne passent à l’action. Sont-ils à la hauteur des défis qui nous attendent ? Les attentats « nous 4 avril 2016 rappellent nos contradictions et nos incohérences », souligne Alain Chouet, ancien chef du renseignement de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) : « Il faut s’attaquer au problème de mutualisations des procédures à l’intérieur de l’espace Schengen » mais aussi « développer en liaison avec les gouvernements légaux des pays musulmans une coopération militaire, sécuritaire, judiciaire et policière. Certains de ces gouvernements sont peu fréquentables. C’est vrai. Mais il y a des priorités ». Autre urgence, pour Sébastien-Yves Laurent, professeur à la faculté de droit et de science politique de l’université de Bordeaux: former les analystes à la compréhension des phénomènes de « radicalisation ou aux crises géopolitiques régionales en s’appuyant sur les sciences humaines et sociales », au moins aussi nécessaires « que les algorithmes et les données massives ». Par ailleurs, comment faire face à une menace personnalisée par trois mille jeunes Français tentés par le djihad, « alors que pour sur- veiller un seul suspect à temps complet il faut une douzaine de per- sonnes au bas mot ? », s’interroge le journaliste Jean Guisnel. Après la réorganisation des services en 2008, les Renseignements généraux ont été dissous et leurs effectifs redistribués. « Résultat, une exceptionnelle capacité de connaissance du terrain par des policiers formés au rensei- gnement politique s’est trouvée disloquée. » Le problème de la France, soulignent un bon nombre d’experts, c’est qu’elle n’aime pas ses services secrets. « Depuis leur création, ils sont frappés d’une triple malédiction : instrumentalisation politique, marginalisation et méfiance », explique le journaliste et écrivain Richard Labévière. « Il suffit de rappeler quelques-uns des moments les plus abracadabrantesques : les ratages accumulés jusqu’à la défaite de Sedan (1870) ; le Deuxième bureau dans l’affaire Dreyfus, l’OAS et les barbouzes, [...] et les dernières dénégations du financement pourtant aveuglant du terrorisme par les monarchies du Golfe. » Alors que les Anglo-Saxons, eux, sont terriblement fiers de leurs espions ! James Bond contre OSS 117 ? Marin de Viry nous livre une étude comparative des deux mythes à la conclusion étonnamment patriotique. avril 2016 5 L’écrivain Marc Dugain, qui met en scène dans son œuvre le monde du renseignement, imagine l’agent du futur enfermé « dans son bureau, à partir duquel il peut écouter, surveiller n’importe qui en direct ». L’espionnage sera technologique : l’univers du big data appor- tera « la santé, la sécurité et la gratuité, qui sont les trois plus grandes attentes de l’individu moderne. En contrepartie, il nous dépouille de notre liberté et de notre vie privée. » Nos gouvernants goûteront-ils autant que Louis XIV le plaisir d’être informé ? Écoutons-le, sous la plume de l’historien Lucien Bély, prodiguer ses conseils à son arrière- petit-fils, le futur Louis XV, créateur du Secret du roi, premier service de renseignement français : « Tout ce qui est le plus nécessaire à ce métier est en même temps agréable ; [...] apprendre à toute heure les nouvelles de toutes les provinces et de toutes les nations, le secret de toutes les cours, l’humeur et le faible de tous les princes, [...] pénétrer parmi nos sujets ce qu’ils nous cachent avec le plus de soin. [...] Et je ne sais enfin quel autre plaisir nous ne quitterions point pour celui-là, si la seule curiosité nous le donnait. » Valérie Toranian 1. Michel Onfray, le Miroir aux alouettes. Principes d’athéisme social, Plon, 2016. 2. Michel Onfray, Penser l’islam, Grasset, 2016. 6 avril 2016 Bande passante avril 2016 7 GRAND ENTRETIEN 10 | Michel Onfray persiste et signe › Valérie Toranian MICHEL ONFRAY PERSISTE ET SIGNE › Entretien réalisé par Valérie Toranian Dans Penser l’islam (1) il accuse l’Occident belliqueux d’avoir en partie créé le terrorisme islamique. Et il imagine sous quelles conditions la république pourrait exiger et obtenir un islam compatible avec elle. Dans son autobiographie politique le Miroir aux alouettes (2), il retrace l’itinéraire d’un fils d’ouvrier agricole qui rêvait de vie monacale mais finira « athée intégral ». Michel Onfray reste fidèle à ses idéaux et répond avec force à ses détracteurs. interview sans complexe. Revue des Deux Mondes – Dans quel lignage, quel héri- tage personnel, s’inscrit votre en ga gement ? Quel est le personnage auquel vous devez le plus ? «Michel Onfray Je n’ai jamais pensé pouvoir prendre place dans une histoire et, donc, m’inscrire dans un lignage. Mes origines socio- logiques modestes m’interdisaient d’imaginer pareille chose… J’ai publié un livre, puis deux, puis dix, et je m’achemine vers la centaine. Il se fait qu’au bout du compte des lectures ont été importantes pour moi, des lectures sans lesquelles je ne serais pas ce que je suis. Je songe, en philosophie, à Diogène et Épicure, Lucrèce et Marc-Aurèle, Mon- taigne et Spinoza, Schopenhauer et Nietzsche, Proudhon et Camus. Mais celui auquel je dois le plus, c’est mon père, ouvrier agricole, par 10 avril 2016 avril 2016 grand entretien les valeurs et les vertus qu’il m’a enseignées. Il y a aussi mon vieux maître Lucien Jerphagnon, professeur de philosophie antique à l’uni- versité de Caen, qui m’a épargné les modes structuralistes et marxistes, althussériennes et foucaldiennes, lacaniennes et derridiennes et qui m’a enseigné ce qu’il nommait une « méthode érudite » et qui, loin des extravagances méthodologiques du moment, reposait sur la lec- ture patiente et le travail opiniâtre. Revue des Deux Mondes – Quel rôle a joué le « religieux » dans votre en ga gement, dans votre vie ? Michel Onfray Je suis un athée intégral. Adolescent, j’aurais aimé la vie de moine mais, le minimum pour ce faire, c’était d’avoir la foi ! Or je ne l’ai pas et, aussi loin qu’il m’en souvienne, je ne l’ai jamais eue. J’ai cru aux figures de l’Histoire sainte Michel Onfray est docteur en aussi longtemps que j’ai cru au Père Noël, philosophie. il a créé l’Université mais tout cela a disparu en même temps à populaire à Caen en 2002, puis l’âge auquel, théoriquement, on congédie l’Université populaire du goût en 2014. Derniers ouvrages parus : les fables. La vie vécue au plus près des idées, Penser l’islam (Grasset, 2016) et la philosophie entendue non pas comme le Miroir aux alouettes.