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BEDDA Hafsia. LES SYSTÈMES DE PRODUCTION CAMELINS AU SAHARA ALGÉRIEN

Technical Report · January 2014 DOI: 10.13140/RG.2.2.10260.45440

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Hafsia Bedda Ecole normale supérieure de ,

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UNIVERSITÉ KASDI MERBAH OUARGLA

FACULTÉ DES SCIENCES DE LA NATURE ET DE LA VIE DÉPARTEMENT DES SCIENCES AGRONOMIQUES

MÉMOIRE présenté en vue de l’obtention du diplôme de MAGISTER en Sciences Agronomiques Spécialité : Aridoculture par : BEDDA Hafsia

Thème

Les systèmes de production camelins au Sahara Algérien étude de cas de la région de Ouargla

Soutenu publiquement le : 23 janvier 2014

Devant le jury composé de : M. CHEHMA A. Professeur U.K.M.Ouargla Président M. ADAMOU A. Maître de conférences (A) U.K.M. Ouargla Promoteur M. SENOUSSI A. Professeur U.K.M.Ouargla Examinateur M. BOUAMMAR B. Maître de conférences (A) U.K.M. Ouargla Examinateur

Année universitaire : 2013/ 2014

REMERCIEMENTS

u nom de mon SEIGNEUR DIEU, le tout puissant, le clément et miséricordieux, Aqui par sa volonté et sa bénédiction m’a aidé et m’a donné le courage pour accomplaccomplirir à bien ce travail. Qu’il soit loué.

Au terme de ce modeste travail, il m'est agréable de remercier vivement tous ceux et celles qui, grâce à leurs aides précieuses, m’ont permis l’achèvement de ce travail. Mes vifs sentiments de reconnaissances et de gratitudes iront d'abord à: - Mon promoteur Monsieur/ ADAMOU Abdelkader , Docteur en biologie animale et maître de conférences (A) à la faculté des Sciences de la Nature et de la Vie et des Sciences de la Terre et de l’Univers à l'Université KASDI MERBAH Ouargla, pour les conseils et les orientations dont j’ai bénéficié tout au long de la réalisation de ce travail.

Je dois également exprimer ma gratitude aux membres de jury : - Monsieur/ CHEHMA Abdelmadjid , Professeur à la Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie et des Sciences de la Terre et de l’Univers à l'Université KASDI MERBAH Ouargla, pour nous avoir fait l'honneur de présider le jury de cette thèse.

- Monsieur/ SENOUSSI Abdelhakim , Professeur à la Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie et des Sciences de la Terre et de l’Univers à l'Université KASDI MERBAH Ouargla, pour nous avoir fait l’honneur d’accepté d’examiner ce travail.

- Monsieur/ BOUAMMAR Boualem , Docteur en Sciences économiques et maître de conférences (A) à la Faculté des Sciences Économiques et Commerciales et des Sciences de Gestion à l'Université KASDI MERBAH Ouargla, pour nous avoir également fait l’honneur d’accepté d’examiner ce travail.

Je dois remercier particulièrement tous les chameliers, les méharistes, les bergers et les chefs d’associations locaux enquêtés, sans qui cette thèse n’aurait pu aboutir, pour leurs gentillesses, accueils et disponibilités. Que tous trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude.

Je dois également exprimer ma gratitude à tous ceux et celles qui ont participé de prés ou de loin à l'élaboration de ce travail, chacun par son nom, qu'ils trouvent ici ma haute considération : - Monsieur/ KADI Abderrahmane , Ingénieur agronome et chef bureau service des statistiques, D.S.A de Ouargla. - Monsieur/ GRAID Mustafa , technicien agronome, service SOPAT, D.S.A de Ouargla. - Madame/ KHIKHI O , chef de service, chargée de la banque de données au C.D.A.R.S, Ouargla. - Monsieur/ KHAMRA El Bouti , l’inspecteur vétérinaire de la wilaya de Ouargla. - Monsieur/ BABELHADJ Baaïssa , l’inspecteur vétérinaire de l’abattoir de la wilaya de Ouargla et chargé de cours à l'Université KASDI MERBAH Ouargla. - Messieurs les Subdivisionnaires de l’agriculture des daïras de Ouargla ( LAZRI Mohand ), N’goussa ( BASSIMAN Saïd ) et ( DJOUDI Abdelouahab ). - Monsieur/ BEN SACI El hadj Bouhafs , délégué communale de . - Monsieur/ DJABOURABI Aïssa , Ingénieur agronome, Subdivision de N’goussa.

Mes remerciements vont également à tous les enseignants qui ont participé à l’accomplissement du cursus pédagogique de la promotion Magister Aridoculture et au personnel de la bibliothèque de l’ex-ITAS

Mes sincères remerciements iront enfin à ma famille, mes amis (es) et mes collègues du service vétérinaire et phytosanitaire pour leur soutien et encouragement lors de la réalisation de ce travail, qu’ils trouvent ici ma profonde reconnaissance et gratitude , merci.

Que dieu accepte mes louanges

DÉDICACES

Au terme de ce cycle de formation, j’aimerais dédier le fruit de ce présent modeste travail : À ma famille en témoignage de son soutien et de ses encouragements, À mes collègues du service vétérinaire et phytosanitaire et ceux de la DSA de Ouargla, ainsi que mes collègues des deux promotions Magister Aridoculture et Écologie saharienne.

@@@ BEDDA Hafsia

RÉSUMÉ Les systèmes de production camelins auauau Sahara Algérien étude de ccasasasas ::: la région de Ouargla L’élevage camelin, malgré tous les atouts qu’il symbolise et qui font de cette ressource le pourvoyeur de plusieurs produits et sous produits nécessaires à la vie en zones sahariennes, le dromadaire reste une richesse insuffisamment exploitée et évaluée à Ouargla. La survie des troupeaux camelins dépend pour plus de 90 % de sa ration en matière sèche provenant des parcours naturels, la complémentation alimentaire est occasionnelle et aléatoire dépendant de la situation financière des éleveurs. L’étude menée dans la région de Ouargla, auprès de 157 chameliers et méharistes a révélé la cohabitation de 3 types de chameliers, à savoir : les nomades (8,91%), les transhumants (77,07 %) et les sédentaires (14,01 %). Les éleveurs fatigués par la vieillesse et ne trouvant plus de descendance capable d’assurer la relève, délèguent la garde de leur cheptels à des bergers autochtones, touaregs ou maliens. La quasi-totalité des chameliers enquêtés sont des naisseurs-engraisseurs (82%), d’autres sont des naisseurs-engraisseurs-méharistes (13 %) ou des méharistes (5%). La boucherie constitue la principale débouchée pour le dromadaire, la viande des chamelons est le seul produit largement commercialisé, malgré les quelques tentatives d’implantation de mini-laiteries vouée à l’échec. Les vieux chameliers de la région se soucient actuellement de voir l’activité de l’élevage camelin disparaître à cause de la sécheresse et parce que les jeunes sont moins enclins à suivre leurs parents et s’occuper de cet élevage, ils préfèrent une vie moins dure et un revenu monétaire stable. Ces facteurs semblent favoriser le système transhumant qui s’impose aujourd’hui comme un choix incontournable pour l’activité cameline puisqu’il parait le seul mode d’élevage qui restera stable au niveau de la région de Ouargla.

Mots clés : Dromadaire, Chamelier, Territoire, Système d’élevage, Ouargla

Abstract The systems of camels production in Algerian Sahara cccasecase study of he region of Ouargla

Camel breeding, in spite of all the assets which it symbolizes and which make of this resource the supplier of several products and under products necessary for the life in Saharian zones, the dromedary remains a wealth insufficiently exploited and estimated at Ouargla. The survival of the camelins herds depends for more than 90% of its ration in dry material resulting from natural routes, the food complementation is occasional and unpredictable depending of the financial situation of the breeders. The study led in the region of Ouargla, with 157 camel drivers and meharists has revealed the cohabitation of 3 types of camel drivers, to know : the nomads (8,91 %), transhumants (77,07 %) and the home-bodies (14,01 %). The breeders tired by the old age and finding no more descent capable of ensuring continuity, delegate the guarding of them livestocks to native, tuareg or malian shepherds. Almost all of the investigated camel drivers are birth-manure (82 %), others are birth-manure- meharists (13 %) or meharists (5 %). The butcher's shop constitutes the most important outlet for the dromedary, the meat of young dromedary is the only widely marketed product, in spite of some attempts of setting up mini- dairies doomed to failure. The old camel drivers of the region cares at present to see the activity of dreeding dromadary disappears because of the drought and because that the young people are less inclined to follow their parents and take care of this breeding, they prefer a less hard life and a stable monetary income. These factors seem to favor the transhumant system who stands out today as an inescapable choice for the activity of camel breeding because it adorned the only breeding technique which will stay stable in the region of Ouargla.

Keywords : Camel - Camel driver- Territory- System of breeding - Ouargla.

اج ا ااء اا درا ورــــ

ال ا وة ا ور ا ن ا ارد ا ات اور ة اط ااو . ء ن ا اة ادھ أ 90 % اا ادة ا ا ھ اا ا، ا ات اا وا و ا ا . ارا ا ور ى 157 و اري ، ا 3 أاع ا ور، و ھ : او ا ( 8,91 %) ، ا ( 77,07 %) و ا ون ( 14,01 %). ا ا ا و ا در إد ذر درة اار، ن رة ان ا، طراق أو ھم . ا ا ا ن ا و ا 82( %) ، و آون ن ا و ا و اري (13 %) أ ان ن اري (5 %) . اارة اق ا ، م ا ھ ا اي ق وا، ا اوت ا ء ت ة . ا ا ن ھه ا و أن اب ا او ھا اط اا ن ً أ وة و ذات د ي . ل ھه اا و أن م ا ھ ام ا ا و ار ا ا ي ا ب يا و أ ا ى ور . .

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Les systèmes de production camelins auauau Sahara Algérien Table des matières étude de ccasasasas ::: la région de Ouargla

TABLE DES MATIMATIÈÈÈÈRESRES

Page Résumés

Introduction …………….…………………………….……………………..………………… ... 1

PREMIÈRE PARTIE: CADRE THÉORIQUE D’ANALYSE

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE HYPOTHÈSES ET MÉTHODOLOGIE DE 5 TRAVAIL I-1- Problématique ………………………………………………………………………………. 5 I-2- Hypothèses de travail …………………………………………………...... …..……... 8 I-3- Mét hodologie de travail …………………………………………………………………….. 9 I-4- Conditions de travail (Atouts et Contraintes) ……………………………………………… 13

CHAPITRE II : MONOGRAPHIE DE LA RÉGION D'ÉTUDE 16 II-1- Situation géographique de la région d'étude ……………………………………………..… 16 II-2- Caractéristiques climatiques et bioclimatiques de la région de Ouargla ..…………….…… 17 II-3- La géomorphologie ………………………………………………………………………… 19 II-4- L’espace pastoral …………………………………… ……………………………….…..… 19 II-5- Le Secteur agricole …………………………………………………… ……………………. 20

DEUXIÈME PARTIE : PARTIE INVESTIGATIONS

CHAPITRE I : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS 24 I-1- LE CHAMELIER ………… ……………………………………………………………… 24 I-1-1- Identification des éleveurs …………………………………………………………..…… 24 I-1-2- Sexe et âge des éleveurs ………………..……………………………………..…...……. 26 I-1-3- Le niveau d’instruction des éleveurs ……………………………….. …………...…..……. 27 I-1-4- Habitat et mode de vie des éleveurs ……………. ……………………………………..…. 28 I-1-5- Sources de financement et revenus des éleveurs ……..……. ……………………………. 28 I-1-6- Typologie des systèmes de production camelin à Ouargla ………………………...……. 30 I-1-6-1- les Nomades …………………………………………………………………….……… 30 I-1-6-2- les transhumants …………………. …………………………………………………...… 33 I-1-6-3- les Sédentaires ……………………………………………………………………… .… 37

I-2- LE TERRITOIRE ………………………………………………………………………… 42 I-2-1- L’Affouragement des dromadaires …………………………………………………….… 42 I-2-2- L’Abreuvement des dromadaires ………………………………………………………… 49

I-3- LE DROMADAIRE ………………………………………………………………………. 53 I-3-1- Identification du cheptel camelin de la wilaya de Ouargla ……………………………... 53 I-3-2- Évolution des effectifs camelin de la wilaya de Ouargla ……………………………….... 53 I-3-3- Répartition géographique des populations camelines à Ouargla ………………………….. 54 I-3-4- Mode d’acquisition des dromadaires ………………………………………………..…… 55 I-3-5- Identification des populations camelines dans la zone d’étude ………………………..… 56 I-3-6- Composition et taille des troupeaux camelins enquêtés ……………………………….…. 56 I-3-7- Conduite et gestion des troupeaux camelins dans la zone de Ouargla ……………….....… 60 I-3-7-1- La Reproduction ……………………………………………………………….………. 60

Les systèmes de production camelins auauau Sahara Algérien Table des matières étude de ccasasasas ::: la région de Ouargla

I-3-7-2- La Veille sanitaire ………………..………………………………………….…………. 64 I-3-7-3- La Commercialisation …………………………………………………………….…… 65 I-3-8- Exploitation du cheptel camelin de la zone d’étude …..……………………………….… 68 I-3-8-1- La production de viande …………………………………………………………….…. 68 I-3-8-2- La production du lait ……………………………………………………………...…… 73 I-3-8-3- La production de poil (Oubar) ………………………………………………………. .... 77 I-3-8-4- La production de crottin (Ouguide) ….………………..………………………………. 79 I-3-8-5- La production en cuir ………………………………………………...………………… 80 I-3-8-6- Les performances sportives ……………………………………………..……….…….. 80

CHAPITRE II : CONTRAINTES ENTRAVANT L’ÉL EVAGE CAMELIN À 84 OUARGLA ET RECOMMENDATIONS II -1- Contraintes liés à l’éleveur ……………………………………………………………….. 84 II-1-1- La sédentarisation des populations nomades et problème de relève ………..………….… 84 II-1-2- L’insuffisance de mesures incitatrices au pro fit des éleveurs ……………………..……. 85

II -2- Contraintes liés au territoire …………………………………………………………...… 85 II-2-1- Impacts des activités anthropiques ………………………………………………………. 85 II-2-1-1- l’extension des terrains de mise en valeur sur les zones de transhuman ce ……………. 85 II-2-1-2- l’extension d’infrastructures sur les aires de pacage …………………………………... 86 II-2-1-3- la coupe abusive du bois pour le chauffage ……………………………………………. 86 II-2-2- la régression des aires de pacage sous l'effet de la sécheresse et du sur pâturage ………... 86 II-2-3- les problèmes d’abreuvement et les coups de soif …………………………………..…… 87

II -3- Contraintes liés au dromadaire …………………………………………………….. …... 88 II-3-1- la lenteur du cycle de reproduction chez les dromadaires …………………….………… 88 II-3-2- Les conditions météorologiques (intempéries et/ou grandes chaleurs) ………………….. 88 II-3-3- les accidents de route …………………………………………………………………….. 88 II-3-4- les problèmes pathologiques ……………………………………………………………... 89 II-3-5- les abattages incontrôlés et les exportations clandestines ………………….……..……… 90 II-3-6- les actes de vols à cause de la non-protection du cheptel camelin en transhumance .…… 90 II-3-7- l'envasement des dromadaires dans les bourbiers pétroliers ……………………..………. 90 II-3-8- le danger des entreprises pétrolières …………………………………………………… 91 II-3-9- les problèmes de débouchés (infrastructure de collecte et de transformation de lait) …… 92

CONCLUSION GÉNÉRALE ………………………………………………………………….. 94

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ANNEXES

Liste ddeses Acronymes

A.N.R.H Agence Nationale des Ressources Hydriques A.P.F.A Accession à la Propriété Foncière Agricole CAW Chambre de l’Agriculture de la Wilaya C.D.A.R.S Commissariat au Développement Agricole dans les Régions Sahariennes C.C.L.S Coopérative de Céréales et de Légumes Secs C.R.M.A Caisse Régionale de Mutualité Agricole DA Dinar algérien D.P.A.T Direction de la Planification et de l’Aménagement du Territoire D.S.A Direction des Services Agricoles D.S.V Direction des Services Vétérinaires M.A.D.R Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural O.N.M Office National de Météorologie O.N.S Office National des Statistiques pH Potentiel Hydrogène P.N.D.A Plan National de Développement Agricole

Liste des Cartes N° Intitulé Page Carte N° 01 Situation géographique de la wilaya de Ouargla 16 Carte N° 02 Présentation des sites d’enquêtes 17 Carte N° 03 les axes de migration des troupeaux camelins de la région de Ouargla 34 Carte N° 04 Localisation des parcours de pâturages étudiés 43 Carte N° 05 Répartition des effectifs camelin de la wilaya de Ouargla par daïra 54 (2012)

Liste des Figures N° Intitulé Page Figure N° 01 Méthodologie de travail suivie 15 Figure N° 02 L’effectif du cheptel de la wilaya de Ouargla (D.S.A Ouargla, 2012) 22 Figure N° 03 Répartition des chameliers enquêtés par catégories d’âge 26 Figure N° 04 Niveau intellectuel des chameliers enquêtés 27 Figure N° 05 Modes d’habitation des chameliers 28 Figure N° 06 Catégories des chameliers selon leurs sources de revenu 29 Figure N° 07 Évolution des effectifs camelin de la wilaya de Ouargla 53 Figure N° 08 Mode d’acquisition des dromadaires dans la zone de Ouargla 55 Figure N° 09 Composition des effectifs enquêtés 58 Figure N° 10 Composition des effectifs camelin enquêtés 59

Liste des Photos N° Intitulé Page Photo N° 01 Kheïma en plein désert à Ouargla 32 Photo N° 02 Enclos de gardiennage de dromadaires dans une exploitation agricole 36 à kahf essoltan Photo N° 03 Un berger à Ouargla 41 Photo N° 04 Dromadaires au pâturage sur l’axe Ouargla- Ghardaïa 45 Photo N° 05 Dromadaires en repos sur l’axe Ouargla- (khechem-erih) 45 Photo N° 06 Puits traditionnel 50 Photo N° 07 Puits équipé de pompe 50 Photo N° 08 Puits asséché 52 Photo N° 09 Puits réaménagé Hassi inifel à Oued M’ya 52 Photo N° 10 Un nouveau puits de parcours 52 Photo N° 11 Transport de dromadaires vers le marché à bestiaux 66 Photo N° 12 Chamelles allaitantes entravées 75 Photo N° 13 Zones de poussée de poils sur le corps du dromadaire Sahraoui 78 Photo N° 14 Méharis et Méharistes de Ouargla 81 Photo N° 15 Parade sur une rue de Ouargla 81 Photo N° 16 le dromadaire, seul moyen de transport en zones désertes 82 Photo N° 17 Palanquin (Bassour) 82 Photo N° 18 Les ramasseurs de bois de la région de Ouargla 82 Photo N° 19 Dromadaire au bord de la route 88 Photo N° 20 Dromadaire victime d’un accident de route 89 Photo N° 21 Dromadaire péri et abandonné au bord de la route 89 Photo N° 22 Bourbier après opérations de forage 91 Photo N° 23 Dromadaire après désensablage 91 Photo N° 24 Chamelons attaqués par les chiens errants 91 Photo N° 25 Dromadaires près d’une décharge 92

Liste des Tableaux N° Intitulé Page Tableau N° 01 Découpage administratif de la région d’étude 17 Tableau N° 02 Données climatiques de la région de Ouargla (1982-2010) 18 Tableau N° 03 Répartition du cheptel par daïra (durant la campagne agricole 2010/ 22 2011) Tableau N° 04 Évolution du cheptel animal de la wilaya de Ouargla 23 Tableau N° 05 Chameliers et effectifs enquêtés 24 Tableau N° 06 Répartition des parcours camelins de la wilaya de Ouargla par zone 42 Tableau N° 07 Répartition des parcours camelins de la zone d’étude par communes 43 Tableau N° 08 Liste des espèces vivaces et éphémères broutées par le dromadaire 46 dans la région de Ouargla selon leur degré d’appétence 47 Tableau N° 09 Composition des effectifs enquêtés 58 Tableau N° 10 Prix de vente des dromadaires selon l’âge et le lieu de vente 67 Tableau N° 11 Statistiques d’abattage de la wilaya de Ouargla 70

Introduction

INTRODUCTION

L’agriculture, l’élevage et la pêche ont constitué, depuis longtemps, les bases de l’alimentation humaine. Mais aujourd’hui, en raison d’une dynamique galopante de la population, ainsi que les changements remarqués dans leurs habitudes alimentaires, le problème de l’alimentation est devenu une préoccupation mondiale apposant des problèmes à la fois quantitatifs que qualitatifs. En effet, les ressources alimentaires disponibles aujourd’hui ne peuvent guère suffire pour couvrir les besoins alimentaires de tous les habitants, c’est pour cela que le problème de la faim se pose avec acuité dans les pays en développement, là où les gens les plus pauvres ne disposent plus de moyens pour acheter régulièrement de la nourriture de qualité et en quantité suffisante.

À l’image de l’Algérie, bien qu’étant le premier pays Africain en terme de superficie, mais la faible productivité du secteur agricole conjuguée à une demande massive et croissante en produits agro-alimentaires, ont rendu le recours aux importations de denrées alimentaires inévitables. Selon le Ministère du commerce (2012), l’Algérie importe actuellement 75 % de ses besoins alimentaires ; le phénomène est d’autant plus inquiétant, sachant que l’État algérien n’est en fait le maitre d’aucun des produits dits de large consommation : ni le sucre, ni le blé, ni le lait, ni même les viandes rouges. Ce déficit alimentaire est structurel, et la satisfaction des besoins alimentaires de la population reste très fortement tributaire des recettes pétrolières. Ce qui nous fait peur, c’est qu’un jour même avec nos pétrodollars, on ne pourra plus acheter de quoi se nourrir, et qu’est ce qu’il y aura pour manger demain ?

La sécurité alimentaire est devenue une préoccupation permanente, et la base de toutes les stratégies de développement agricole mises en œuvre par les ministres de l’agriculture qui se sont succédés. La solution la plus adéquate était d’orienter le secteur agricole vers la diversification des produits agricoles à travers : ‹ une gestion rationnelle des ressources disponibles en sol, en eau et en espèces végétales et animales ; ‹ la valorisation des produits de terroir pour répondre à la demande nationale en produits alimentaires.

L’Algérie recèle des ressources en espèces végétales et animales qui peuvent lui assurer un développement agricole d’une durabilité indéniable, elle doit compter davantage sur sa

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Introduction production nationale et adopter une stratégie économique ayant pour objectif clef la valorisation de ses propres potentialités agricoles, toutes les conditions sont réunies dans le Sud du pays pour la relance du secteur agricole. L’agriculture saharienne n’est plus un mirage aujourd’hui, car certaines régions ont déjà donné des résultats surprenants, grâce aux efforts consentis par l’État, à travers les différents programmes de développement agricole et rural.

Le Sud s’impose aujourd’hui comme le nouvel eldorado de l'agriculture algérienne, cet intérêt s'explique par les extraordinaires ressources que recèle cette partie du pays en eau, espace et lumière. C’est dans ce contexte que le programme de Monsieur le Président de la république accorde une place privilégiée et des enveloppes budgétaires colossales, allouées surtout au développement de l’agriculture et de l’élevage en zones sahariennes, et dont le cheptel est composé principalement d’ovins, de bovins, de camelins, de caprins et de volailles (M.A.D.R, 2012).

Pourtant, malgré sa conduite en intensif et les mesures incitatives mises en œuvre par l’État, les statistiques témoignent d’une nette régression de l’élevage bovin au niveau de la wilaya de Ouargla au cours de ces dernières années, l’effectif est passé de 750 têtes en fin 1999 à 290 têtes en fin 2012, dont 131 vaches laitières (D.S.A Ouargla, 2012). Les éleveurs de la wilaya se montrent désintéressés pour cet élevage du fait des énormes intrants et soins sanitaires qu’il nécessite ainsi que l’absence de personnels techniques qualifiés au niveau des exploitations agricoles.

Ces vaches, représentées par diverses races telles : la Frisonne Hollandaise Pie Noire, la Frisonne Française Pie Noire, la Pie Rouge de l’Est et la Pie Rouge Montbéliarde importées pour leur fort potentiel génétique de bonne laitière (D.S.A Ouargla, 2012), prennent toujours malheureusement la direction des abattoirs, car leur production laitière est très en deçà de leurs potentialités, ayant pour causes essentielles : 1. la faiblesse de l’offre fourragère à cause du manque de zones de pâturage en fourrage vert, le coût de l’alimentation qui dépasse les gains de la production, raison pour laquelle cet élevage se trouve concentré surtout à Ouargla, Sidi khouiled, N’goussa, , Taïbet et Touggourt, dans les zones de mise en valeur disposant de périmètres céréaliers sous pivots (D.S.A Ouargla, 2012) ;

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Introduction

2. la mauvaise conduite de l’élevage suite au manque de technicité chez les agriculteurs autochtones perçu surtout dans l’application de techniques de rationnement et de reproduction, ainsi que l’aspect hygiénique ; 3. la rudesse des conditions naturelles caractérisant les régions sahariennes fait que ces races se retrouvent confrontées à des conditions écologiques tout à fait différentes de celles de leurs berceaux, et dont la conséquence est qu’une grande partie de leur métabolisme se trouve utilisée pour leur adaptation aux facteurs environnementaux, sans compter les fréquentes mortalités observée en période estivale chez les jeunes bovins ; 4. l’absence d’unités de collecte et de transformation de lait sur place au niveau de la wilaya de Ouargla oblige les producteurs de lait à vendre leurs productions aux boutiquiers ou aux bouchers de la région.

D’autre part, l’introduction de l’aviculture dans les régions sahariennes n’a pas connu le succès escompté, et on assiste actuellement à une régression en nombre de bandes produite (M.A.D.R, 2012), causée par : ‹ des problèmes d’approvisionnement en poussins d’un jour et en aliments ; ‹ une mortalité fréquente des poussins surtout en période de fortes chaleurs ; ‹ un arrêt forcé de l’élevage durant la période estivale, d’où réduction en nombre de bandes produite par an ; ‹ des infrastructures d’élevage souvent mal implantées, mal entretenues et sous équipées en matériels (mangeoires, abreuvoirs,…) ; ‹ une concurrence par les aviculteurs du Nord.

Au vu de ce dysfonctionnement au sein de ces élevages, il paraît plus logique et plus utile de se baser sur l'amélioration de l’élevage des espèces autochtones capables de s'adapter à la rudesse du climat aride. Partant d’un tel principe, et ayant prouvé ses extraordinaires facultés d’adaptation au climat désertique, le dromadaire apparait de loin comme étant l’investissement stratégique le mieux approprié, reconnu pour son endurance et sa sobriété, ces performances ne sont cumulées par aucune autre espèce animale. Son élevage constitue sur le plan économique une activité non négligeable pour les populations sahariennes, et sur le plan écologique, le dromadaire constitue un maillon important dans le maintien du couvert végétal de part son mode de pacage ambulatoire et la dissémination des graines par son crottin.

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Introduction

Le dromadaire, ce vaisseau du désert chanté par les poètes nomades, est un animal très précieux et très estimé à cause de sa polyvalence et son aptitude à survivre, produire et se reproduire dans des conditions très rudes et très contraignantes aux autres ruminants domestiques, il représente pour son propriétaire à la fois : ‹ une ressource alimentaire appréciable qui assure à l’éleveur et à sa famille leurs besoins en lait préconisé comme alicament (RAO et al, 1970 cité par OULAD BELKHIR, 2008 ; BASMAÏL, 2004 ; KONUSPAYEVA, 2007 ; JABER-HOSSEIN, 2011), dans des zones caractérisées par une végétation peu abondante et des ressources en eau limitées ; ‹ un capital mobilisable en cas de besoin qui contribue à la lutte contre la pauvreté dans les milieux ruraux marginalisés, offrant prestige et possibilités d’épargne aux chameliers de part ses productions très rémunératrices en viande, en lait, en poils et en crottin ; ‹ une force de travail caractérisée par sa poly-fonctionnalité, exploité comme étant animal de bât, de selle et de trait.

Selon FAYE (1997), le dromadaire présente des aptitudes à mieux valoriser des pauvres disponibilités nutritives, et de les transformer à des denrées alimentaires; une capacité remarquable à transformer la végétation des pâturages inutilisables par les autres ruminants en viande goûteuse et diététique, en lait et en poils. Ajoutant à tout ceci ses bonnes qualités d’animal de bât et de course, en plus de son caractère d’animal ami de la biodiversité.

Développer l’économie des localités du sud où l’élevage est l’une des principales activités des populations d’origine nomade et l’encouragement de l’investissement dans ce type d’élevage représentent aujourd’hui des éléments clef dans la politique algérienne du renouveau rural mise en œuvre depuis l’an 2000 par le ministère de l’agriculture.

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Première partie ::: Cadre théorique d’analyse Chapitre III : Problématique, Hypothèses et Méthodologie de travail

PREMIÈRE PARTIE: CADRE THÉORIQUE D’ANALYSE CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE, HYPOTHÈSES ET MÉTHODOLOGIE DE TRAVAIL

I-1- PROBLÉMATIQUE L’industrie pétrolière et gazière dans la wilaya de Ouargla a constitué, depuis sa découverte, la principale richesse de cette région du Sud- Est algérien. Sa vocation de région pétrolifère lui a permis de relancer le développement économique du pays et de promouvoir la création d’emplois au profit des jeunes qui sollicitent le recrutement auprès des compagnies pétrolières offrant des revenus très rémunérateur ; mais à Ouargla, il n’y a pas que du pétrole. Ce mystérieux désintéressement des jeunes aux autres secteurs d’activités, et tous spécialement au secteur de l’agriculture, nous mènera à nous interroger sur le devenir de la wilaya de l’après pétrole ???

Pour sortir de la mono-exportation d’hydrocarbures, l’Algérie s’est trouvée dans l’obligation absolue d’émerger le secteur agricole de l’état de somnolence dans lequel il s’est retrouvé depuis quelques années, surtout dans les wilayas qui ne disposent plus de gisements pétroliers substantiels, et où l’agriculture doit être exploitée et rentabilisée au maximum, suite à la mise en œuvre l’an 2000 du programme P.N.D.A visant la modernisation du secteur agricole. Un programme de développement qui s’intègre dans un défi plus large : l’accroissement et la diversification de la production agricole, d’une part, pour diminuer notre dépendance alimentaire vis-à-vis des marchés mondiaux ; ainsi qu’un appel à la mobilisation des jeunes pour relever le défi de la sécurité alimentaire d’autre part.

Après quatre ans d’application, les disponibilités en produits alimentaires végétale et animale ont connu une amélioration remarquable en termes quantitatif et qualitatif, la production s’est améliorée et diversifiée mais à des coûts très élevés dépendant exclusivement des soutiens étatique. Certaines wilayas, à l'image de , , Ghardaïa et , sont devenues de véritables pôles agricoles au vu des rendements obtenus (M.A.D.R, 2012). Ces régions approvisionnent en fruits, en légumes et en produits d’origines animales les marchés de plusieurs régions limitrophes et ceux des wilayas nordiques, à titre d’exemple on y recense : ∑ les pommes de terre et les olives d’El Oued, qui constitue également un bassin d’engraissement d’animaux (ovin surtout) ; ∑ les cacahuètes, les agrumes et les produits laitiers de Ghardaïa ;

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∑ et les dattes et les légumes de Biskra.

À l’heure actuelle, la wilaya de Ouargla chiffre une population agricole active évaluée à 58.160 agriculteurs (D.S.A Ouargla, 2012), un chiffre très faible par rapport à une population totale estimée à 613.872 d’âmes (estimation 2012 selon O.N.S Ouargla, 2012), soit un taux de 9,4 % seulement. À titre de comparaison, et selon les statistiques du M.A.D.R (2012), 65 % de la population de la wilaya d’El Oued, estimée à plus de 731.000 d’âmes, activent dans le travail de la terre ou ont un lien avec l'agriculture. Outre l'absorption de la demande d'emplois, la wilaya d’El Oued est actuellement "leader" et plus qu'une référence en matière agricole, faisant de cette wilaya l'un des principaux pourvoyeurs du pays en produits agricoles diversifiés. Le Ministre de l'agriculture insiste sur le développement de l'agriculture dans les zones sahariennes, qui fournit déjà 16 % de la production agricole nationale (M.A.D.R, 2012), cette part peut être augmentée, selon la même source, jusqu'à atteindre les 25 %.

L’élevage occupe une part prépondérante dans l'agriculture saharienne, car c’est une activité symbolique ancrée dans la conscience des populations rurales d’origine nomade, quel que soit la nature des biens dont elles disposent. Parmi les espèces animales domestiques susceptibles d’exploiter au mieux les territoires arides et semi-arides, le dromadaire occupe une place considérable dans la perspective du développement économique des régions concernées, puisqu’il permet aux populations rurales de vivre et d’avoir une activité économique dans un milieu défavorable à la survie de l’Homme.

Parmi les objectifs assignés au développement de l’élevage en zones sahariennes, on citera : ‹ l’amélioration du niveau de vie socio-économique des populations rurales, vu que l’élevage est une source de subsistance pour plus de 30 % de cette population (M.A.D.R, 2012) ; ‹ la réduction de la pauvreté en milieu rural et la revitalisation des espaces ruraux défavorisés, en vue d’un développement national équilibré ; ‹ la préservation du patrimoine existant, en l’occurrence le dromadaire qui représente un élément très important dans la politique du renouveau rural ; ‹ la réduction des importations en lait et en produits carnés, qui prennent des aspects alarment ces dernières années.

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L’élevage camelin, représente un enjeu économique d’une grande importance, pour le développement socio-économique des régions sahariennes. Malgré sa conduite en extensif, les chameliers peuvent disposer de toute une gamme de produits alimentaires et artisanales d’excellente qualités : une viande goûteuse et diététique comparable à celle du bœuf, un lait préconisé comme alicament (selon des scientifiques saoudiens, 2007), du poil utilisé en tant que matière première pour la confection de vêtements et de kheïma, du cuir pour l'artisanat, du crottin utilisé comme combustible et comme fumier, sans oublier les services qu’il procure comme étant un animal de bât, de selle et de traction.

En Algérie, l’élevage camelin n’a connu d’impulsion considérable qu’à partir de l’an 2000, passant de 234.220 têtes en 2000 à 315.849 têtes en 2010 (M.A.D.R, 2012), suite à la promulgation par le Ministère de l’agriculture de la prime à la naissance, une sorte d’aide financière accordée aux éleveurs pour toute naissance d’un nouveau chamelon. À Ouargla, l’élevage camelin reste un authentique savoir-faire et une pratique ancestrale transmise en héritage de génération en génération.

C’est dans ce cadre qu’un salon national a été dédié au dromadaire et à son élevage, les journées du 28 et 29 mars 2012 à Ouargla, avec la participation des représentants de 16 wilayas sahariennes et steppiques concernées par l’élevage camelin, à savoir les wilayas de : Ouargla (la wilaya hôte), Laghouat, Tamanrasset, Ghardaïa, , Adrar, Bechar, Tindouf, Naâma, El-Bayadh, Biskra, El-Oued, , Tiaret, Tébessa et Khenchela. L'occasion a été une opportunité pour réunir les éleveurs, les chercheurs, les vétérinaires et les agronomes afin de soulever leurs préoccupations au Ministre de l’agriculture qui leur a rendu visite. Les préoccupations s’étaient focalisées sur l’identification des populations de dromadaires, l'identification des contraintes de l'élevage camelin, l’amélioration des conditions d’élevage dans les parcours sahariens, la pathologie et la prophylaxie des dromadaires.

D’autre part, le gouvernement algérien porte une attention particulière aux espaces sahariens à travers un programme du renouveau rural visant l’amélioration des conditions de vie des populations rurales par une urbanisation accélérée, la modernisation des villages en y introduisant les éléments de l’inéluctable modernité (mécanisation et télécommunication), la large diffusion des services publics de base (éducation et santé), le renforcement du réseau de communication (routier notamment), l'extension des terrains de mise en valeur au détriment

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Première partie ::: Cadre théorique d’analyse Chapitre I : Problématique, Hypothèses et Méthodologie de travail des aires du pâturage, la diversification des revenus par la création et le développement des activités économiques.

Dans le contexte actuel face aux bouleversements socio-économiques, aux mutations démographiques accélérées, aux dynamiques territoriales de la région et aux changements climatiques, plusieurs questions entourent les modes de conduite coutumières et le devenir de l’activité cameline au niveau de la région de Ouargla dont principalement :

∑ Quelles sont les paramètres qui gèrent la dynamique des systèmes de production camelins au niveau de la région de Ouargla ? ∑ Quel sera l’avenir de l’élevage camelin ? ∑ Et comment les éleveurs voient ils leur avenir ?

I-2- HYPOTHESES DE TRAVAIL Afin de répondre à ce questionnement, trois hypothèses s’imposent :

Première Hypothèse : Les bouleversements socio-économiques engendrés par les différents programmes de développement agricole et économique, mises en œuvre par les pouvoirs publics au profit des régions sahariennes ont participé à remodeler profondément la région, la transformant d’une zone agro-pastorale vers une zone industrialisée ; où de nouveaux acteurs peuvent supplanter les éleveurs traditionnels, dans un monde qui change continuellement.

Deuxième Hypothèse : Le dromadaire est l’animal domestique qui ne coûte pas cher à élever, car sa nourriture est exclusivement basée sur l’exploitation de l’offre fourragère gratuite des parcours naturels ; mais parce que cette offre fourragère gratuite est intimement liée aux précipitations, les éleveurs perdent la maîtrise des ces espaces à cause des périodes de sécheresses récurrentes ; de ce fait, certains systèmes d’élevage risque de disparaître à cause de l’affaiblissement de la biodiversité au niveau de la région de Ouargla.

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Troisième Hypothèse : Vu que la société ouarglie connait depuis des années des mutations imposées par des décisions politiques et des progrès économiques, de nouvelles perspectives s’ouvrent devant la population rurale d’origine nomade à cause de la réticence des jeunes envers l’élevage camelin ; d’où naissance d’une catégorie d’éleveurs sédentarisés constituée surtout de fonctionnaires et de commerçants.

I-3- MÉTHODOLOGIE DE TRAVAIL Afin de pouvoir répondre à l’objectif de notre étude, le présent travail a été scindé en deux grandes parties : une première partie de synthèse bibliographique, basée sur des travaux préétablis sur la thématique soit par des structures technico-administratives (rapports et statistiques) soit par des structures de recherche (mémoires et ouvrages) ; et une deuxième partie d’investigation qui rapporte notre contribution à l'étude des systèmes de production camelin au niveau de la région de Ouargla à travers l’analyse des données communiqué par l’ensemble des interlocuteurs, pour déboucher sur la typologie des systèmes de production camelin régissant les modes d’exploitation de cette ressource animale dans son propre biotope au niveau de la région d’étude.

La méthodologie de travail se présente donc comme suit :

I-3-1- La Formulation de l’objectif : Après présentation du thème, une recherche bibliographique a été entamé auprès des structures technico-administratives d’encadrement de l’élevage camelin au niveau de la région de Ouargla, notamment : la D.S.A, les subdivisions de l’agriculture, le C.D.A.R.S et la Chambre de l’agriculture ayant pour but la collecte d’un maximum d’informations sur l’élevage camelin. Suivie d’une pré-enquête auprès des personnes ressources (Président de la C.A.W et présidents des associations professionnelles des éleveurs camelins et méharistes) pour l’enrichissement de nos données sur la situation actuelle de l’élevage camelin dans la région de Ouargla : des informations relatives aux effectifs recensés, aux aires de distribution de ces effectifs à travers les daïras ainsi que les productions transcrites.

I-3-2- Choix des zones d’investigations : Vu l'immensité de la région d’étude, le choix des zones d’enquêtes a été établi, en tenant compte de l’hétérogénéité des parcours de pâturage (hétérogénéité des zones agro-

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écologiques), l’appartenance tribale, de la diversité en matière de taille et composition du troupeau, ainsi que les motivations des éleveurs. De ce fait, le choix s’est porté sur trois zones limitrophes peuplées par une population d’origine nomade, il s’agit des trois daïras de : Ouargla, Sidi khouiled et N’goussa ; à travers lesquelles des sites d'enquêtes ont été prédestinés dans les zones urbaines auprès des ménages, au niveau des zones de pâturages et dans les exploitations agricoles, en plus d’une visite au marché à bestiaux de Ouargla.

Quinze sites d'enquêtes ont été retenues : Mekhadma, Sidi Omran, Bamendil, Saïd otba, Hassi Miloud, Bour el haïcha, Beni thour, Rouissat, Sidi Khouiled, Aouinet Moussa, Aïn Beida, Hassi ben Abdallah, N’goussa, et Frane. À l’intérieur de chaque site, les chameliers ont été choisis de manière aléatoire, selon leur disponibilité sur les lieux d’enquêtes et leur collaboration, afin de recueillir l’information nécessaire.

I-3-3- Matériels et Méthodes En réalité, le travail n’a pas été facile au départ, vu le scepticisme des éleveurs à l’égard des enquêteurs et d’autant plus pour un cadre étatique. Et afin de surmonter cet obstacle et gagner la confiance des éleveurs, il a été nécessaire d’entretenir des dialogues groupés avec les éleveurs en présence des subdivisionnaires de l’agriculture des daïras concernées, pour la présentation du motif de l’étude. L’enquêté une fois mis en confiance, n’hésite plus à inviter des membres de sa famille ou un groupe d’éleveurs de son territoire afin d’enrichir les débats, ce genres de discutions en groupe été plus fructueuses et les informations apportées été plus diversifiées.

Le comportement vis-à-vis de l’enquêté et la manière de poser les questions est également importante pour assurer une uniformité et une précision dans les réponses, ceci diffère en fonction de l’âge de la personne soumise au questionnement, d’où est née la nécessité de se renseigner sur le lexique utilisé entre les chameliers.

Le matériel utilisé est constitué d’une fiche d'investigation (questionnaire en annexes) soumise aux éleveurs interviewés en zone urbaine, périurbaine et sur les zones de parcours de la région d’étude. L’enquêteur doit s’assurer que les questions ont été formulées avec précision, et comprises par les différents répondants, pour la collecte d’un maximum de données fiables sur l’élevage camelin, en plus de l’utilisation d’un dictaphone, un appareil photo et un ordinateur pour le dépouillement des données. La présence d’un guide connaissant

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Première partie ::: Cadre théorique d’analyse Chapitre I : Problématique, Hypothèses et Méthodologie de travail les parcours camelin et les pistes d’accès aux lieux de regroupement des éleveurs et aux lieux de campements et des points d’abreuvement des troupeaux nous a facilité énormément le travail. L’enquête a été enrichie par des observations directes sur terrain ainsi que des éclaircissements recueillies auprès des structures technico-administratives concernées par l’élevage camelin, citant à titre d’exemple : la D.S.A, le C.D.A.R.S, la C.R.M.A et la C.A.W.

Des entretiens individuels et collectifs ont été tenus, après fixation d’un rendez-vous préalable, avec les éleveurs au niveau des subdivisions de l’agriculture (en présence du subdivisionnaire), dans les zones urbaines (au niveau des ménages), et dans les exploitations agricoles (la présence des chameliers-phœniciculteurs au niveau de leurs exploitation agricole est presque quotidienne), en plus d’une visite au marché à bestiaux de la wilaya. Ce qui à également faciliter la tache pour la fixation de rendez-vous avec les chameliers, était leur rapprochement du service vétérinaire (D.S.A Ouargla) lors de leur réclamation pour leurs quotas en orge subventionné.

Le questionnaire établi est un support manuscrit formulé, dans le cadre d’une enquête formelle, soumis aux éleveurs, aux méharistes et aux bergers rencontrés sur zones de pacages, dans les exploitations agricoles, au niveau de leurs demeures et au niveau de la subdivision de l’agriculture, à travers des entretiens individuels et collectifs (groupe de 3 à 11 personnes par réunion), pour acquérir des éléments de réponse fiable, constituant un point de départ pour la discussion des résultats. Notre questionnaire zootechnique et socio-économique est structuré sur l’étude des trois pôles constitutifs d’un système de production animale, à savoir : l’éleveur qui est soit Chamelier ou Méhariste, son troupeau et le territoire qu’ils exploitent en commun ; et ce afin de dresser un état des lieux sur les caractéristiques de chaque pôle au niveau de la zone d’étude:

1. Le chamelier ou l’homme qui s'occupe de l’élevage du dromadaire, il est soit reproducteur, engraisseur ou méhariste et constitue l’objet central du système de production à la fois en tant que décideur de la motivation de l'activité de son élevage et acteur principal de cette activité en fonction de son attachement au dromadaire qui lui sert à la fois comme source de revenus, ressource alimentaire et animal de sport et de festivités. C’est lui qui gère le milieu naturel et pilote l'ensemble des activités qui assurent la survie de son troupeau et sa multiplication, en lui fournissant nourriture et

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soins et en valorisant son expérience personnelle et le savoir-faire hérité de ces aïeuls pour acquérir une production.

Le chamelier une fois réconforté après explication du motif de l’enquête, n’hésite plus à faire appel à des amis ou des proches afin d’enrichir les débats, sa mise en confiance nous a permis d’élargir les discussions et d’intégré même les membres de la famille (enquêtes à domicile avec des interventions de 2 ou 3 générations successives : les grands parents, les parents et les enfants parfois mêmes les petits enfants).

2. Le dromadaire comme étant l’animal emblématique de la survie dans le Sahara et l’unité de base sur laquelle repose l’activité de l’élevage, qui produit et se reproduit dans un milieu très contraignant. L’étude des caractéristiques de son élevage passe obligatoirement par l’identification de la composition des troupeaux, son mode de conduite (santé, reproduction, alimentation et commercialisation), ses productions et sa mobilité spatio-temporelle ainsi que les dépenses financières, les produits soutirés et les activités annexes gravitant autour de cet élevage.

3. Le territoire défini comme étant une zone de transhumance et de stationnement pour les éleveurs et leurs troupeaux et le support principal des ressources alimentaires valorisées et consommées par l’animal. L’étude des terrains de pâturage, que l’animal en mouvement fréquente habituellement en quête de nourriture, la répartition spatio- temporelle des troupeaux selon l’offre fourragère et les points d’eau existants, les axes saisonniers de mobilité des troupeaux et l’identification de la flore selon son degré d’appétence chez les dromadaires, paraît d’une nécessité primordiale face aux changements climatiques et socio-économiques du milieu pour atteindre les objectifs escomptés.

La démarche méthodologique adoptée pour la réalisation de la présente étude ne se limite plus à la description des éléments composant le système de production camelin, mais s’élargit à l'analyse des transformations qui se produisent à l'intérieur des sous-systèmes qui le compose, dans leur contexte socioéconomique et socioculturel, en utilisant l’approche systémique particulièrement adaptée à l’étude du milieu rural.

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I-3-4- Déroulement des enquêtes sur terrain L’étude a été réalisée sur des cheptels camelins en mouvement continu sur les zones de parcours à travers les axes : Ouargla- El Golea, Ouargla- Hassi Messaoud, Ouargla- Touggourt, N’goussa- et N’goussa- Guerara. Les données ont été collectées sur une durée de 7 mois, entre septembre 2012 et mars 2013, auprès de 157 chameliers et méharistes (14 nomades, 22 sédentaires et 121 transhumants), à passage répété dans certains cas à cause de l’absence des chameliers sur les sites de pâturage, dans les exploitations agricoles et/ ou au niveau de leurs demeures.

L’étude a pour finalité de dresser un état de lieu sur les différents systèmes de production camelins existant au niveau de la région d’étude, d’étudier leur dynamique ainsi que la possibilité d’intégrer le patrimoine camelin dans une stratégie de développement durable de la zone d’étude.

Les enquêtes ont été complétées par des observations directes sur terrain ainsi que des éclaircissements recueillis auprès des institutions technico-administratives (vétérinaires et agronomes) impliquées dans la filière. Les résultats seront analysés et discutés pour confirmer ou infirmer nos hypothèses de départ.

I-4- Conditions de travail (Atouts et contraintes) Malgré la période d’enquête propice, correspondant aux périodes de rassemblement des troupeaux camelin après la période de divagation (h’mil) et la préparation pour la saison de reproduction, l’enquête n’a pas été facile au départ, vue la réticence des éleveurs envers les personnes étrangères. Mais grâce à la coopération du vice président de la chambre de l’agriculture à travers l’affluence en information dont il nous a fait part, ainsi que la collaboration des subdivisionnaires de l’agriculture des daïras concernées et des chefs d’association d’élevage camelin qui nous orienté vers des chameliers célèbres et expérimentés positionnés en ville, qui nous ont, à leurs tour facilité la prise de contact avec les chameliers et les méharistes enquêtés. L’entretien avec des chameliers âgés avaient permis l’enrichissement de nos connaissance sur l’élevage camelin.

Afin que l’enquête soit plus objective, la prise du contact avec les chameliers nécessitait l’apprentissage du lexique spécifique aux chameliers de la région (glossaire en annexes).

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Toutefois, il est important d’exposer certaines difficultés rencontrées lors du déroulement des ces enquêtes, citons : ‹ l’immensité du territoire saharien et l’éloignement des lieux de campements des éleveurs et des bergers, par rapport aux axes routiers, obligent l’enquêteur à se greffer aux chameliers ; ‹ la difficulté d’accès aux zones de campements sans présence d’un guide connaisseur des axes de mouvements des cheptels et d’un véhicule tout terrain ; ‹ la mobilité permanente des chameliers et de leurs troupeaux ; ‹ le refus intégral de certains éleveurs, méharistes, bouchers, maquignons et certaines familles nomades d’être interroger, pour manque de confiance ; ‹ l’absence de certains éleveurs lors de la visite, d’où la nécessité de répéter les passages auprès de ces chameliers ; ‹ le refus des chameliers de répondre à certaines questions relatives à la taille du troupeau en leur possession, les rendements et surtout les revenus économiques ; craignant la jalousie, les chameliers ont tendance à dévaloriser leurs revenus monétaires et alourdir leurs débours.

La méthodologie de travail adoptée peut être schématisée par la Figure N° 01.

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Formulation de l’objectif de recherche

Recherche bibliographique

Objectifs : Outils : - Collecte d’un maximum de données fiables - Statistiques, rapports, ouvrages et mémoires sur l’élevage camelin au niveau de la région sur l’élevage camelin, préexistants auprès des de Ouargla. structures technico-administratives. - Pré -en quête auprès de personnes ressources.

Choix des zones d’enquêtes

Ouargla Sidi khouiled N’goussa

Choix des sites d’enquêtes

Ouargla Sidi khouiled N’goussa

Mekhadma, Bamendil, Sidi Omran, Sidi khouiled, Aouinet N’goussa, El Bour Saïd otba, Hassi Miloud, Bour el Moussa, Aïn Beida et et Frane haïcha, Beni thour et Rouissat Hassi ben Abdallah

Élaboration d’un questionnaire d’enquête

l’Homme l’Animal le T erritoire

- Enquêtes + Observations sur terrain

Interprétation et Discussion des résultats

Conclusion

Figure N° 01 : Méthodologie de travail suivie

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CHAPITRE II : MONOGRAPHIE DE LA RÉGION D'ÉTUDE

II-1- Situation géographique de la région d'étude La zone d’étude est situé dans la wilaya de Ouargla, au Sud- Est du pays, distante de la capitale Alger d’environ 800 kilomètres, au fond d’une large cuvette de la vallée de l’Oued M’ya, à 128 mètres d’altitude, ses coordonnées géographiques sont : 31° 58' de latitude Nord et 5° 24' de longitude Est ;

Couvrant une superficie évaluée à 18.289 kilomètres carrés, la région de Ouargla partage ses limites : (Catre N° 01) ‹ au Nord avec la daïra d’El-Hedjira ; ‹ au Sud avec la daïra de Hassi Messaoud ; ‹ à l’Ouest avec la wilaya de Ghardaïa ; ‹ et à l’Est avec l’erg oriental.

Carte N° 01: Situation géographique de la wilaya de Ouargla

La région d’étude couvre six communes (Ouargla, Rouissat, Sidi khouiled, Aïn Beida, Hassi ben Abdallah et N’goussa), regroupées en trois Daïras, à savoir : Ouargla, Sidi Khouiled et N’goussa (Carte N° 02).

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* N’goussa * Hassi Ben Abdallah * Ouargla

* Sidi khouiled

* Aïn Beida * Rouissat

Carte N° 02: Présentation des sites d’enquêtes

Le découpage administratif de la zone d’étude est résumé dans le tableau N° 01.

Tableau N° 01: Découpage administratif de la région d’étude Zone Superficie Population (habitants) Densité (habitant/ km²) (km²) (estimation 2010) Ouargla 2.887 142.288 49 Rouissat 7.331 55.323 7 Sidi khouiled 131 8.803 67 Aïn Beïda 1.973 19.039 9 Hassi Ben Abdallah 3.060 5.493 1 N’goussa 2.907 16.903 5 Source : D.P.A.T Ouargla (2012)

II-2- Caractéristiques climatiques et bioclimatiques de la région de Ouargla Selon le climagramme d’EMBERGER, le quotient pluviothermique de la région de Ouargla la situe dans l’étage bioclimatique saharien à hiver doux, la saison sèche s’étale sur la totalité de l’année. Les données climatiques émanant de la station météorologique de l’O.N.M de Ouargla et couvrent une période de 28 ans, de l’an 1982 à l’an 2010 se résument dans le Tableau N° 02.

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Tableau N° 02: Données climatiques de la région de Ouargla (1982-2010) Paramètres Température Précipitations Humidité Insolation Évaporation Vitesse moyenne (mm) relative (h/an) (mm) du vent Mois (° C) (%) (m/s) Janvier 11,87 5,90 62,38 238,28 90,89 3,39 Février 14,93 0,65 50,60 220,77 140,03 4,27 Mars 18,70 2,69 41,17 279,91 226,31 5,08 Avril 23,12 1,49 38,33 240,20 279,08 5,45 Mai 27,62 0,74 31,91 255,24 368,79 5,57 Juin 32,64 1,25 24,83 284,16 453,36 5,94 Juillet 35,49 0,75 24,69 350,40 448,07 4,85 Août 35,29 0,90 26,97 317,41 446,45 4,78 Septembre 30,46 7,52 35,50 267,38 317,09 5,09 Octobre 26,41 4,91 43,74 266,39 239,58 4,35 Novembre 16,80 9,48 52,69 253,85 124,91 3,69 Décembre 12,50 2,24 62,35 223,31 93,90 3,72 Moyenne 23,82 38,78 41,26 3.197,30* 3.228,49 * 4,68 annuelle * : cumul annuel Source : O.N.M Ouargla (2012)

Les paramètres climatiques qui caractérisent la région de Ouargla sont comme suit: * la température moyenne annuelle de la wilaya de Ouargla est évaluée à 23,82° C, la température minimale du mois le plus froid est enregistrée durant le mois de janvier avec 5,17° C, la température maximale du mois le plus chaud est enregistrée durant le mois de juillet avec 43,53° C. * les précipitations sont caractérisées par leur rareté, leur irrégularité interannuelle et saisonnière, en moyenne 38,78 millimètres par an. Le mois le plus pluvieux est novembre avec un maxima de 9,48 millimètres, le mois de juin est par contre le mois le plus sec. * l’humidité relative de l’air est très faible, comprise entre 24 et 61 %, et varie sensiblement à travers les saisons, sa moyenne annuelle est de 41,26 %. * la région de Ouargla est caractérisée par une radiation solaire importante, la durée d’insolation la plus faible est enregistrée durant le mois de février avec 220,77 heures, alors que la durée la plus importante est enregistrée durant le mois de juillet avec 350,40 heures. * la région de Ouargla se caractérise par une évaporation très importante, le cumul annuel atteint les 3.228,49 millimètres. Avec un minimum de 90,89 millimètres enregistrée en janvier et un maximum de 453,36 millimètres en juin. * les vents dans la région de Ouargla sont fréquents surtout durant la période allant du mois de mars au mois de septembre, la vitesse maximale est enregistrée durant le mois de juin avec

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5,94 mètres par secondes. Les vents les plus forts sont des vents de sables soufflant du Nord- Est au Sud-Ouest.

II-3- La géomorphologie Le relief de la région d’étude présente des aspects variés, un sous ensemble de composantes géographiques dont les principales sont: 1. les ergs ou accumulations sableuses : ce sont des massifs dunaires constitués par le sable que le vent arrache aux regs et aux hamadas. Le est l’un des éléments essentiels du paysage saharien, s'étendant sur environ les 2/3 du territoire de la wilaya, une véritable mer de sable que le vent modèle inlassablement. Certaines dunes peuvent atteindre les 200 mètres de hauteur. 2. les hamadas : elles désignent d’immenses plateaux caillouteux de forme peu ou pas entaillés, situées en grande partie à l'Ouest et au Sud de la wilaya. 3. les vallées : elles sont représentées par la vallée fossile d’Oued M’Ya et la vallée de Oued Righ. 4. les plaines : elles sont assez réduites et se rencontrent à la limite occidentale de la wilaya, les plaines s'étendent du Nord au Sud. 5. les regs : ils sont formés de plaines recouvertes de cailloux et de graviers, résultant de la désagrégation du substratum géologique en place, avec peu de sable ou totalement dénudées sous l’effet de l’érosion éolienne. 6. les dépressions : elles sont soit salées formant des cuvettes couvertes de sols salins (chotts et sebkhas), soit peu ou pas salées où s’accumulent les eaux de ruissellement (dayas). La sebkha la plus grande est Sebkhat Safioune à l’extrémité Nord, qui est aussi le point le plus bas de la région. La cuvette de Ouargla est alimentée, selon l’A.N.R.H Ouargla (2012), par trois oueds importants: Oued M’Zab, Oued N’Sa et Oued M’Ya ; ces cours d’eau le plus souvent à sec, se remplissent occasionnellement lors de fortes pluies.

II-4- l’Espace pastoral La wilaya de Ouargla dispose d’une superficie considérable en parcours naturels, évaluée à 4.846.191 hectares, dont la composante floristique quantitative et qualitative, d’après OZENDA (1983) et CHEHMA et al (2009), se traduit différemment sous l’effet des variations climatiques saisonnières, on en distingue deux catégories biologiques : éphémères et vivaces.

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‹ Les plantes éphémères Connues communément sous le nom de " acheb ", une végétation à cycle végétatif court qui apparait, fleurie et fructifie après la période des pluies. Selon CHEHMA et al. (2009), la plus grande partie de ces espèces est présente au printemps (73 %) et en hiver (30 %), alors que des taux de présence faibles sont enregistrés pour l’automne (12 %) et pour l’été (9 %). Cette végétation constitue souvent un tapis végétal continu pour une période courte de l’année, généralement de 1 à 4 mois, et ayant la capacité de survivre sous forme de graines pour plusieurs années (OZENDA, 1983). Les plantes éphémères sont très appréciées et très appétées par les dromadaires à cause de leur bonne valeur nutritive, surtout utilisées pour l’engraissement des animaux CHEHMA et al., (2008).

‹ Les plantes vivaces Pour les espèces vivaces, leur mode d’adaptation leur permet d’être présentes durant toute l’année, les variations climatiques saisonnières se répercutant directement sur les quantités de phytomasse produite (densité et recouvrement), les plus grandes valeurs sont enregistrées au printemps et en été et la plus faible en hiver (CHEHMA et al., 2009).

La répartition spatiale de la flore saharienne diffère selon les paysages géographiques caractérisant ces zones ainsi que la disponibilité de l’eau. Le peu de précipitations qui pleut durant toute l’année suffit pour maintenir une végétation de densité irrégulière suivant les reliefs, la végétation est très clairsemée, elle est soit contractée et dense dans les dépressions (dayas et lits d’Oueds), soit diffuse et plus lâche dans les regs et les sols très ensablés ; mais d’une manière générale, la végétation se réfugie le plus souvent dans les lits d’oueds, elle y est plus riche et plus diversifiée en espèces (CHEHMA, 2005).

II-5- Le Secteur agricole L’ouverture du marché de travail après la découverte du pétrole a fait de la wilaya de Ouargla un pôle économique attirant une main d’œuvre venue du pays entier, la population totale active de la wilaya de Ouargla été estimée à 156.686 d’âmes en 2008, selon l’O.N.S de Ouargla, dont 121.602 d’âmes représentent la population occupée dans les différents secteurs d’activités économiques, répartie comme suit :

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- Administration et services : 64.887 (53,36 % de la population occupée) ; - Agriculture : 20.113 (16,54 % de la population occupée) ; - BTPH (Bâtiments et Travaux publics) : 19.505 (16,04 % de la population occupée) ; - Industrie : 17.097 (14,05 % de la population occupée). Le secteur administration et services attire la majeure partie de la population occupée de la wilaya, enthousiasmée par des salaires stables et des activités moins pénibles ; alors que l’agriculture et l’élevage constituaient les premiers contributeurs au revenu des ménages pour les habitants de la région, mais suite à la découverte du pétrole à Hassi Messaoud, le secteur agricole a perdu une grande part de sa main d’œuvre active ; en fait, la plupart des jeunes ont abandonné leurs palmeraies pour rejoindre les chantiers des entreprises pétrolières.

Visant l’amélioration du cadre de vie de la population locale, l'encouragement des jeunes par la création d’emplois permanents et saisonniers ainsi que la stabilisation des populations rurales, la wilaya de Ouargla avait mis le paquet dans le programme A.P.F.A lancée en 1983, confortée d’une part par ses acquis naturels en ressources hydriques abondantes et son potentiel important en sol, et d’autre part grâce aux moyens financiers colossaux consentis par l’Etat dans la création des périmètres agricoles et l’extension de la superficie agricole en zones sahariennes. La wilaya de Ouargla s’est donc investie à fond dans l’agriculture ces dernières années, la volonté des agriculteurs, associée aux soutiens étatiques ont permis, outre l’extension de la superficie agricole utilisée de la wilaya, d’offrir aux populations rurales une activité génératrice de revenus en plus de l’amélioration de certains créneaux d’activité dont l’élevage.

La wilaya de Ouargla est également une zone jouissant de grandes potentialités pastorales, où les élevages ovin, caprin et camelin représentent une activité symbolique ancrée dans la conscience des populations rurales, comme étant la première ressource renouvelable de la région. Les élevages sont le plus souvent de type familial, orienté en grande partie vers la production de viande. On en compte aujourd’hui un effectif de 339.052 têtes à travers la wilaya, répartis comme suit :

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Tableau N° 03: Répartition du cheptel par daïra (durant la campagne agricole 2011/ 2012) Daïra Bovin (tête) Ovin (tête) Caprin (tête) Camelin (tête) Ouargla 73 29.058 34.718 5.303 Sidi Khouiled 31 6.109 7.282 2.503 N’goussa 10 14.037 23.067 6.424 Hassi Messaoud 92 11.830 11.230 4.275 El-Borma 0 8.988 12.014 4.615 Touggourt 0 9.625 18.209 991 Méggarine 0 4.132 8.466 232 Témacine 0 5.262 16.970 982 El-Hadjira 0 24.334 35.968 2.607 Taïbet 84 10.433 16.172 2.926 Total wilaya 290 123.808 184.096 30.858 Source : D.S.A, Ouargla (2012)

La population de la wilaya de Ouargla s’intéresse beaucoup plus à l’élevage des petits ruminants caprin et ovin (90,8 %), très adaptés à la rudesse des conditions climatiques de la région et assurant un revenu monétaire substantiel.

Figure N° 02: L’effectif du cheptel de la wilaya de Ouargla (D.S.A Ouargla, 2012)

Selon la figure N° 02, l’élevage bovin reste insignifiant (0,08 %), cantonné surtout au niveau de trois régions : Hassi Messaoud, Ouargla et Taïbet, malgré les mesures incitatives mises en œuvre par les pouvoirs publics pour l’intensification de son élevage. Concernant l’élevage camelin dont les effectifs recensés représentent 9,1 % seulement de la biomasse des animaux domestiques de la wilaya de Ouargla, une large opération de revivification de l’activité de l’élevage camelin a été initiée l’an 2000, suite à la promulgation par le Ministère de l’agriculture de la prime à la naissance.

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Selon les statistiques répertoriées par la D.S.A Ouargla (2012), l’élevage des animaux domestique s’est considérablement développé avec l’extension des périmètres de mise en valeur agricole, à l’exception de l’élevage bovin. Ces périmètres offrent durant toute l’année du fourrage en vert et des espaces de pâture pour les animaux de la ferme (ovin et caprin). L’accroissement numérique des effectifs dans la wilaya de Ouargla est résumé dans le tableau N° 04.

Tableau N° 04: Évolution du cheptel animal de la wilaya de Ouargla Espèces Bovin (têtes) Ovin (têtes) Caprin (têtes) Camelin (têtes) 2000 775 105.810 155.847 23.570 2001 800 95.000 11.000 21.500 2002 663 102.020 121.830 23.140 2003 617 106.340 132.730 24.260 2004 541 111.353 144.280 25.680 2005 530 116.770 157.709 27.000 2006 430 122.014 169.094 29.000 2007 490 120.652 167.241 28.410 2008 466 119.191 166.643 28.428 2009 439 118.422 168.378 28.491 2010 491 119.803 173.600 28.966 2011 357 122.220 179.547 29.833 2012 290 123.808 184.096 30.858 Source : D.S.A Ouargla, 2012

Le cheptel bovin, dont l’introduction remonte au début des années 60, s’est considérablement développé avec la promulgation de la loi 18/83 relative à l’A.P.F.A, mais malgré toutes les mesures de soutien mises en œuvre par les pouvoirs publics, on constate ces dernières années un décroissement notable de l’effectif bovin au niveau de la wilaya de Ouargla à cause du manque de technicité chez les éleveurs autochtones surtout en matière de conduite technique et sanitaire.

L’élevage du poulet de chair constitue une activité non négligeable au niveau de la wilaya de Ouargla, les statistiques répertoriés par la D.S.A Ouargla (2012) révèlent l’installation de 11 unités d’élevage de poulet de chair, ayant mis en place 136.600 sujets, et produisant en moyenne 2.400 tonnes de viande blanche par an. Les sujets sont le plus souvent vendus vivants ou égorgés sur les points de vente ou distribués sur les restaurants et quelques boucheries locaux.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

DEUXIÈME PARTIE : PARTIE INVESTIGATIONS

CHAPITRE I : RÉSULTATS ET DISCUSSION L’étude d’un système de production camelin nécessite un diagnostic approfondi des trois pôles constitutifs de cet élevage, à savoir : * l’éleveur qu’il soit chamelier ou méhariste ; * l’animal (le dromadaire) ; * et le territoire (parcours) qu’ils exploitent en commun.

I-1- LE CHAMELIER I-1-1- Identification des éleveurs La wilaya de Ouargla compte un nombre totale de 1.100 chameliers recensés par la D.S.A de Ouargla en 2012, dont 500 méharistes. Sur une durée de sept mois (du mois de septembre 2012 au mois de mars 2013), la présente étude nous a permis d’en approcher un nombre total de 157 chameliers et méharistes, réparties comme suit : 54 à Ouargla, 31 à Sidi khouiled et 72 à N’goussa ; choisis au hasard selon leur disponibilité dans chacune des zones identifiées, quelque soit la taille de leur troupeau, le mode d’élevage pratiqué et l’appartenance tribale. De ce fait, un total de 157 fiches d’investigations ont été remplies.

Les chameliers approchés ainsi que les effectifs enquêtés sont représentés dans le Tableau N° 05. Tableau N° 05: Chameliers et effectifs enquêtés Daïra Commune Sites d’investigation Nombre de Effectifs chameliers enquêtés enquêtés Ouargla Ouargla, Mekhadma, Bamendil, 54 1.203 Rouissat Sidi Omran, Saïd Otba, Hassi Miloud, Bour el- haicha, Beni thour et Rouissat Sidi khouiled Sidi khouiled, Sidi khouiled, Aouinet 31 779 Aïn Beida et Moussa, Aïn Beida et Hassi Ben Hassi Ben Abdallah Abdallah N’goussa N’goussa N’goussa, El bour et 72 1.615 Frane TOTAL 15 sites 157 3.597 Source : Nos enquêtes (2012/ 2013)

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Deux groupes d’éleveurs camelin se rencontrent au niveau de la région de Ouargla, une majorité évaluée à 72 % de chameliers autochtones (nomades, transhumants et sédentaires) parlant arabe et possédant des ancêtres communs nommés les Chaâmbas ; les 28 % restant sont des bergers autochtones, touaregs et maliens auxquels les chameliers confient le gardiennage des troupeaux, réputés pour leur remarquable endurance à la rudesse du climat désertique et leur savoir-faire étonnant en matière d’élevage camelin. Les autochtones (chameliers et bergers) et les allochtones (touaregs et maliens) se distinguent nettement les uns des autres par leur langage, leurs teint et par leurs costumes.

Le chamelier ou homme du désert attache une grande importance à l’élevage du dromadaire, il est propriétaire d’un élevage camelin acquis soit par héritage ou par achat, et relevant d'une tribu nomade, né et grandi à Ouargla. Selon ROVILLOIS-BRIGOL (1975), l’oasis de Ouargla est le point d’attache de quatre tribus arabes nomadisant sur son territoire : les Beni-Thour, les Chaâmba (Guebala et Boussaïd), les Mekhadma et les Saïd Otba. Ces quatre tribus nomades descendent toutes des envahisseurs hilaliens, et ayant des liens de parenté étroit entre eux.

Dans les traditions antiques des nomades, il n’existe jamais de troupeaux appartenant à des femmes. Celles-ci s’occupent le plus souvent des activités ménagères et artisanales ainsi que de l’entretien de l’élevage des petits ruminants (ovin et caprin) et des volailles. Elles ne sont plus concernées par le gardiennage des camelins, cette tâche pénible revient aux hommes qui constituent la relève de leurs parents. Chaque cheptel camelin est dirigé par un chef qui est soit le père ou le fils aîné de la famille. Un troupeau peut compter plusieurs chefs de ménages qui sont souvent des frères ou des cousins, cas des effectifs familiaux de faible taille (moins de 5 dromadaires par individu).

L’ensemble des chameliers de la région de Ouargla interviewés sont mariés et chef de famille, avec une moyenne de 7 personnes par ménage, des membres de la Chambre d’Agriculture de la wilaya et adhérents aux associations d'élevage camelin. Il en existe neuf associations au niveau de la wilaya de Ouargla sises à Mekhadma, N’goussa, Rouissat, Aïn Beida, Hassi Messaoud, El-Borma, El-Hedjira, Taïbet et Touggourt. Le rôle de ces associations se résume en trois points essentiels : ‹ le recensement des éleveurs et des effectifs ; ‹ l’assistance aux services vétérinaires lors des campagnes de vaccination ;

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‹ la déclaration des maladies.

I-1-2- Sexe et âge des éleveurs Les éleveurs enquêtés sont à 100 % des hommes, aucune femme n'a été recensée dans cet échantillonnage, la majorité des chameliers enquêtés dépasse les 45 ans. L'âge des éleveurs enquêtés est compris entre 38 et 85 ans, cet âge correspond à la période active de la vie de l’individu au sein de la communauté rurale, les jeunes de moins de 30 ans sont soit scolarisés soit des salariées. Pour les différencier, on les a classés en trois catégories d’âge, schématisés par la figure N° 03 :

Pourcentage

Catégorie d’âge

Figure N° 03 : Répartition des chameliers enquêtés par catégories d’âge

∑ Catégorie 1 des chameliers sexagénaires et plus, c’est la catégorie la plus nombreuse avec plus de 57 % du total enquêté, regroupant des grands propriétaires de terrain de mise en valeur, des retraités de la fonction publique et des nomades et des sédentaires ; ∑ Catégorie 2 composée de chameliers ayant un intervalle d’âge variant entre 45 et 60 ans, rassemblant 33 % des chameliers enquêtés, ce sont le plus souvent des héritiers de l’activité d’élevage camelin et des bergers ; ∑ Catégorie 3 des chameliers âgés de moins de 45 ans regroupant 10 % des chameliers enquêtés, et représentant des méharistes héritiers de la profession ainsi que des jeunes bergers autochtones et allochtones qui assurent la relève.

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I-1-3- Le niveau d’instruction des éleveurs Les chameliers enquêtés sont instruits à des niveaux d'études variables, pour eux le niveau d’instruction n’a aucune influence sur la gestion de l’activité de l’élevage camelin, ils sont soit sans instruction scolaire (illettrés) ou instruit dans une école coranique.

Pourcentage

Niveau intellectuel des chameliers

Figure N° 04: Niveau intellectuel des chameliers enquêtés

Les ascendants des chameliers se contentaient le plus souvent d’instruire leurs enfants dans les écoles coranique et primaire les plus proches de leurs domiciles, la déperdition scolaire est très importante en fin du cycle primaire chez la population rurale de la région de Ouargla, 15,28 % des chameliers instruits ont reçu une éducation scolaire au niveau des écoles primaires, 10,09 % a atteint un niveau d’instruction moyen, alors que le niveau secondaire représente moins de 1% du total enquêté. Ce qui compte le plus pour les chameliers enquêtés c’est la transmission du savoir et du savoir faire entre génération.

Selon les traditions ancestrales de la population rurale, la scolarisation des filles reste jusqu’à aujourd’hui un sujet tabou, les jeunes filles sont totalement marginalisées par rapport au système éducatif, et ne bénéficient même pas d’une formation professionnelle. La scolarisation concerne en premier lieu les garçons des chameliers sédentaires et transhumants. Les enfants des nomades sont quand à eux non scolarisés à cause de leur mobilité permanente, les nomades préfèrent garder leurs enfants auprès d’eux pour leur venir en aide et leur épargner de longs et pénibles déplacements vers l’école.

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I-1-4- Habitats et Modes de vie des éleveurs Durant la présente étude, on a pu identifier trois différents modes d’habitation chez les éleveurs camelin de la région de Ouargla : la tente (8,91 %), la maison en dur (14,01 %) et l’habitation mixte tente et maison en dur (77,07 %), réparti comme indiqué dans la figure N° 05.

Pourcentage

Type d’habitat

Figure N° 05 : Modes d’habitation des chameliers

Selon le mode d’habitation des chameliers, trois catégories de chameliers on pu être distingué, à savoir : 8,91 % de nomades, 77,07 % de transhumants et 14,01 % de sédentaires.

I-1-5- Sources de financement et revenus des éleveurs La quasi-totalité des chameliers enquêtés (soit 98 %) ont une activité professionnelle permanente hors l’élevage camelin, les 2 % restants d’éleveurs sont sans profession, appartenant à une catégorie d’âge dépassant les 80 ans, des héritiers de la profession entièrement pris en charge par leurs proches en milieu urbain. Le travail secondaire s’impose chez les chameliers les moins nantis, puisque le revenu de l’activité d’élevage camelin est insuffisant et l’activité secondaire permet aux chameliers une diversification des revenus pour la couverture de leurs besoins personnels et ceux de leurs ménages.

Cependant, en dehors de la pratique de l’élevage camelin, et afin de subvenir aux besoins des ménages d’une population en accroissement continu, les chameliers installés en proximité de la ville deviennent des doubles actifs, ils s’adonnent à d’autres activités économiques plus rémunératrices, telles que la fonction publique, l’agriculture, la prestations

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion de service (bergers par exemple) et l’élevage de petits ruminants pour s’assurer un revenu stable.

Selon l’origine des revenus monétaire des chameliers enquêtés, on a pu identifier deux catégories de chameliers, à savoir : des éleveurs-phœniciculteurs et des éleveurs sans terre (Figure N° 06).

Figure N° 06 : Catégories des chameliers selon leur source de revenu

‹ Catégorie des chameliers- phœniciculteurs ou chameliers propriétaires de fonciers : représentant la majeure partie des chameliers interviewés, avec 70,42 % du nombre total des éleveurs, dont la contribution des activités agricoles à leurs revenus est importante. La plantation des palmiers dattiers en bour était le premier pas pour les nomades de Ouargla vers les activités agricoles. On en trouve des plantations bour de palmiers dattiers, en forme de petits bouquets de palmiers dispersés dans les espaces inter-dunaires des ergs aux alentours de Mekhadma, Bamendil, Bouameur, Beni Thour, Rouissat, Sidi khouiled, Hassi ben Abdallah, Bour al haïcha, Aouinet Moussa, N’goussa, El Bour, Frane et Hassi Miloud. La totalité de ces palmeraies bour appartenaient à des nomades.

Les premiers nomades qui se sont fixés à partir des années 60, se sont intéressés beaucoup plus au travail de la terre, en créant des petits jardins irrigués par puits à balancier, ce sont les nomades relevant des tribus des Mekhadma et les Chaâmba Ouled Ismaïl d’El Bour (ROUVILLOIS-BRIGOL, 1975). Par la suite, ayant bénéficié de terrains agricoles affectés dans le cadre du programme A.P.F.A, cette catégorie

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

pratiquent un élevage de bovins accompagné ou non d’un élevage de petits ruminants (ovin et caprin).

‹ Catégorie des chameliers sans terre : les chameliers de cette catégorie sont des détenteurs d’un troupeau camelin de faible taille (en moyenne 15 têtes), le plus souvent des chameliers ou des méharistes pluriactifs transhumants et sédentaires dont le dromadaire ne constitue pas leur unique capital (représentant 29,58 % des chameliers enquêtés). Ces chameliers sont le plus souvent des fonctionnaires ou des retraités de la fonction publique (tel est le cas de 40 % des chameliers interviewés de la région de Aïn Beida et 12 % de ceux de Rouissat), soit des grands éleveurs d’ovin surtout (cas de 60 % des chameliers interviewés de la région de Saïd otba, 20 % de ceux de Rouissat et 54 % de ceux de N’goussa). Les chameliers de la région de Aïn Beida optent à la location de leurs propres véhicules au profit des sociétés étrangères.

D’autres chameliers (12 % des chameliers interviewés) assurent en parallèle le gardiennage d’autres troupeaux camelins de faible taille (5 à 10 têtes) appartenant le plus souvent à leurs frères ou cousins fonctionnaires, pour subvenir aux besoins de leurs ménages avec une vente annuelle régulière d’au moins 2 dromadaires.

De ce fait, on peut déduire que la quasi-totalité des chameliers de la région de Ouargla sédentaires et semi- nomades ont une activité professionnelle permanente, hors élevage camelin. Ce sont soit des fonctionnaires ou des retraités de la fonction publique, des ouvriers prestataires de service au niveau des chantiers pétrolifères (maçons, mécaniciens, menuisiers, guides, chauffeur, peintre, etc.), des phœniciculteurs, des éleveurs de petits ruminants, des commerçants ou des bergers.

I-1-6- TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION CAMELINS À OUARGLA Trois systèmes de production ont été identifiés dans la région de Ouargla, traduisant des modes de vie différents et des modes d’occupation et d’utilisation des parcours camelin, il s’agit : des nomades, des transhumants et des sédentaires.

I-1-6-1- Les Nomades La nomadisation au désert est un mode de vie particulier que l’on peut qualifier de primitif, caractérisé par une organisation sociale de type tribal, et fondé essentiellement sur un déplacement incessant du chamelier en compagnie de sa famille, son troupeau et sa tente de lieu en lieu, parcourant des dizaines de kilomètres par jour sur les zones de pacages, en quête

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion de pâturages verdoyants et d'eau, selon les besoins alimentaires de leurs troupeaux. C’est donc la recherche de pâturage qui justifie à la fois la mobilité des troupeaux et le déplacement des éleveurs, c’est pour cette raison que les nomades ne se stabilisent jamais, définitivement, dans un endroit fixe. Les ménages de ce type d’élevage ne détiennent que la tente comme mode d’habitation et un troupeau diversifié de camelin, caprin et d’ovin qui constituent leur unique capital d’exploitation.

Le nomadisme est un mode d’utilisation rationnelle des ressources fourragères et des points d’eau disponibles au niveau des zones de pacage, par un déplacement régulier des nomades au fil des saisons à la recherche des lits d’oueds renfermant encore des poches de verdures. Ce qui distingue les nomades est leur mode de vie, caractérisé par deux critères spécifiques, à savoir : ‹ l’absence d’un habitat permanent fixe en zone urbaine, malgré toutes les commodités socio-économique qu’offre la société moderne suite à l’évolution de la civilisation dans la wilaya de Ouargla ; ‹ la mobilité permanente de l’éleveur en compagnie de sa famille, son troupeau et son habitat (la tente) à la recherche spatiale et saisonnière de ressources qu’il exploite.

Les nomades, ayant choisi de cohabiter avec le désert, vivent en clans dispersés sur les zones de parcours au voisinage des puits de parcours et des lits d’oueds, ils dressent leurs tentes à quelques kilomètres les uns des autres dans des zones délimitées par la coutume, où l'emploi de la kheïma (tente) est généralisé. Il est rare de trouver une kheïma isolée, les nomades d’un même territoire géographique ou tribu préfèrent toujours vivre en ligne circulaire, pour exploiter les pâturages. Ils se déplacent grâce à des indices imperceptibles, qui leur permettent de se situer dans l'espace saharien.

Utilisant la kheïma comme unique mode d’habitation, la kheïma du nomade est le plus souvent de couleur brune ou noire, composée d'un certain nombre de longues bandes brunes et blanches, de 15 à 20 mètres de longueur et 50 à 75 centimètres de largeur, appelées "floudje", tissées par les femmes des nomades d'un mélange de laine des ovins et de poil de dromadaires (Ouber), les dimensions de la tente reflètent à la fois l’importance et la richesse de la famille. Le flik ou tissu de la kheïma est résistant aux intempéries et aux ardeurs du soleil, toutes les tentes se ressemblent d'apparence, mais les éleveurs peuvent différencier les tentes appartenant à chaque tribu.

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Photo N° 01 : Kheïma en plein désert à Ouargla

La vie du nomade est étroitement dépendante des ressources que lui apporte l’exploitation de son milieu environnant, impliquant une certaine localisation territoriale en des points habituelles reconnus. Les nomades restent sans doute attachés à des lieux précis qui constituent pour eux leur propre territoire, mais les variations climatiques les obligent à des migrations continues, correspondant aux variations saisonnières des ressources fourragères ; ils partent inlassablement à la conquête de nouveaux territoires susceptibles de les accueillir en compagnie de leurs familles, leurs troupeaux et leurs maisons démontables. Ces éleveurs se déplacent guidés par l'instinct infaillible de leurs animaux, qui se déplacent machinalement à la recherche des points d'eau et des meilleurs pâturages, la vie du nomade est donc intimement liée à celle de son troupeau.

Contrairement aux régions du Hoggar, Tindouf et Souf où les nomades représentent la plus grande proportion de chameliers, 41 à 45 % au Hoggar (ADAMOU, 2008 ; IBBA, 2008 ; HAREK et al, 2008 ; M.A.D.R, 2011), 87 % à Tindouf (ADAMOU, 2008 ; M.A.D.R, 2011) et 91 % au Souf (TITAOUINE, 2006), à Ouargla ils représentent la plus faible proportion de chameliers enquêtés avec 8,91 % seulement (soit 14 chameliers), rencontrés lors de nos enquêtes aux alentours du lit de Oued N’sa à N’goussa, et appartenant tous à la tribu des Chaâmbas Ouled Ismaïl. Des illettrés qui détiennent des effectifs de taille importante (entre 50 et 100 têtes par chamelier), détenant 19,4 % du cheptel enquêtés, les nomades consultés sont tous des naisseurs-engraisseurs, l’héritage est leur principale source d’acquisition du troupeau et ils ne font recours à l’achat que pour le renouvèlement des mâles géniteurs, en cas de nécessité ; et à cause de leurs déplacements continu à travers les zones de pacage, les nomades privent leurs enfants de la scolarisation pour qu’ils se consacrent entièrement à l’activité de l’élevage.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

L’image de l'élevage nomade basée sur de longs déplacements tend à disparaître, et le nombre des chameliers strictement nomades décroît chaque année, d’une part à cause de la vieillesse (des septuagénaires pour la plupart), et d’autre part à cause des longues périodes de sécheresses persistant ces dernières années.

La vie des nomades de la région de Ouargla est intimement liée à celle des habitants du milieu urbain, les villages périurbains constituent pour le nomade un milieu d’attraction parce qu’il s’y rend fréquemment pour s’approvisionner en produits alimentaires (thé, sucre, semoule, dattes, etc.), pour la vente de ses bestiaux et pour faire écouler ses produits artisanaux (kechabia et burnous), les sous produits camelin (crottin) et des plantes médicinales, il s’y replie également en période de disette prolongée à la recherche de compléments alimentaires pour ces troupeaux.

I-1-6-2- Les transhumants La transhumance désigne un mode de vie intermédiaire entre le nomadisme et la sédentarisation, chez des chameliers connaissant une diversité de lieu de résidence, il s'agit d’une association entre une résidence fixe (maison en dur) au niveau de la zone urbaine utilisée comme maison d'été et un lieu d’habitation fixe où réside le reste de la famille (épouses, enfants scolarisés et jeunes fonctionnaires) et d'une résidence amovible (el kheïma) utilisée par le chef de la famille et sa conjointe lors de la transhumance sur les zones de pacages.

La transhumance est le système le plus pratiqué dans la région d’étude à l’instar des aires d’élevage du Sahara septentrional, notamment Ghardaïa (BEN SEMAOUNE, 2008 ; OULED LAID, 2008), ce système se rencontre dans les trois zones d’élevage camelin : Ouargla, Sidi khouiled et N’goussa, représentant 77,07 % des chameliers enquêtés (soit 121 chameliers), possédant 67,3 % de l’effectif total enquêté.

La saison de transhumance débute en début d’automne, vers la fin du mois de septembre, dés le regroupement des troupeaux camelins après leur période de divagation. Leur cycle de migration annuel habituel doit respecter 3 haltes: ‹ la halte d’automne à l’oasis pour la récolte des dattes de leurs propres palmiers bour et irriguées ;

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

‹ la halte d’été correspondant à la période de h’mil des troupeaux camelin, c’est l’arrivée des pluies automnales qui induit le départ des troupeaux et des tentes ; ‹ la halte du printemps pour la pollinisation des palmiers.

La période de transhumance, conditionnée par la disponibilité de l’acheb en quantité et en qualité à travers les zones de pacage et la disponibilité des points d’eau, coïncide avec les périodes de saillie, de chamelage, de production laitière et de dressage des jeunes chamelons, elle est également propice à l’engraissement des dromadaires destinés à l’abattage. Tous les transhumants enquêtés sont des pluriactifs, en plus de l’élevage camelin ils s’adonnent à une activité annexe agricole ou extra-agricole qui leur assure un appoint monétaire pour l'entretien de leurs ménages ainsi que la prise en charge de leurs proches ascendants âgés sans revenus.

Le tracé migratoire habituel des transhumants de la région de Ouargla inclus deux tracés migratoires : des mouvements entre- wilayas et d’autres entre- daïras, régis par la coutume et la disponibilité des points d’eau sur leurs couloirs de transhumance, afin d’éviter les conflits entre chameliers et la surexploitation localisée de certaines zones de pacage aux détriments d’autres. Les mouvements des transhumants débutent dés l’arrivée des premières pluies de l’automne, leur premier point de départ est généralement la vallée de l’oued M’ya au Sud- ouest de Ouargla où l’acheb est précoce, puis les campements se dispersent dans les zones de transhumance habituelle (Carte N° 03).

Oued M’zab

Hassi el-gayed Hassi el-agrab El-Borma

Commune Timimoune Hassi Messaoud W. Adrar

Légende Mouvements entre- daïras Mouvements entre-wilayas

Carte N° 03 : les axes de migration des troupeaux camelins de la région de Ouargla

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

À titre d’exemple les chameliers de Mekhadma se déplacent en hiver vers l’ouest le long des oueds qui sillonnent le M’zab (entre El-Goléa et Metlili) et au printemps pour l’exploitation des pâturages verdoyants jusqu’à Timimoune (wilaya d’Adrar) ; ceux de Beni thour et de Rouissat partent en direction du Sud-Ouest vers les parcours de Hassi El-agreb aux environs de Hassi Messaoud (zones pastoral par excellence). Les chameliers de Aïn Beida regagnent leurs cousins au Sud-Est sur les parcours de Hassi El-gayed aux environs de Hassi Messaoud, puis partent à la quête des pâturages d’El-Borma jusqu’aux régions de Tamedjaret, Oued Semen et Merkess, des régions à vocation pastorale situées sur le territoire de la commune frontalière Debdeb (wilaya d’Illizi).

Les chameliers de Sidi khouiled et leur confrères de Hassi ben Abdallah laissent à leurs cheptels la liberté de transhumer sur le transect Aïn Beida- El Hedjira ; les troupeaux de la zone de N’goussa exploitent les zones de pacages le long de Oued N’Sa, puis remontent au Nord vers la vallée de l'Oued M’zab jusqu'à (Ghardaïa) en hiver ; de retour au printemps, ces cheptel exploitent les zones verdoyantes de acheb à travers Oued M’Zab - les Hamadas d’El Hedjira, jusqu’à leur habitat habituel à Oued N’sa.

La transhumance implique donc des déplacements saisonniers, d’une partie de la famille (le plus souvent l’éleveur en compagnie son fils aîné et parfois de son épouse) avec le troupeau pour plusieurs semaines par mois, suivant le régime de pluies bienfaisantes, pour tirer profit des ressources en eau et en pâturages disponibles et irrégulièrement distribuées. Toutefois, il faut noter qu’il est difficile de tracer un itinéraire fixe pour le déplacement des troupeaux camelin, la répartition spatiale des chameliers et de leurs troupeaux est variable en fonction des saisons, c’est-à-dire, la disponibilité de l’eau et de l’herbe verte en quantité et en qualité sur les zones de pacage. La période de quête peut être écourtée ou prolongée en fonction de la distribution erratique des ressources fourragères, les chameliers de la région de Ouargla s'installent et prolongent leur stationnement dans des campements au voisinage des puits de parcours, des périmètres agricoles et des lits d’Oueds, ils y construisent des enclos pour le gardiennage de leurs bêtes pendant la nuit.

Pendant la saison de transhumance, les chameliers de région de Mekhadma construisent des enclos au niveau de leurs périmètres agricoles pour le gardiennage de leurs troupeaux camelins pendant la nuit (Photo N° 02), et pour un apport alimentaire au profit des chamelles allaitantes, des chamelles gravides et des chamelons d’engraissements. Ceux de Aïn Beida et

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Rouissat construisent des enclos au voisinage de leur lieux de campement sur parcours, les chameliers de N’goussa se contentent d’entraver les membres de leurs dromadaires pendant la nuit pour gêner leur déplacement.

Photo N° 02 : Enclos de gardiennage de dromadaires dans une exploitation agricole à kahf essoltan

Chaque éleveur libère ses animaux tôt le matin après avoir choisi une direction, les laissent pâturer librement et ne les font rentrer au campement que le soir. Les éleveurs ne conservent près des campements que les femelles allaitantes et envoient le reste du troupeau sur des parcours plus éloignés. L’exploitation des pâturages et des points d’eau disponibles, pendant cette période, est guidée par le souci d’une utilisation rationnelle de ces ressources. Les transhumants de la région de Ouargla s’entrecroisent fréquemment lors de leurs quête permanente de pluies bienfaisantes sur les axes de transhumance, au niveau des points d’abreuvement et au niveau des marchés à bestiaux. Ce type d’élevage en plus de l’engraissement est destiné à la commercialisation du lait, du poil et du crottin. Les chameliers transhumants sont en course continue dernière la pluie, mais dès le début de la période estivale, ils regagnent la maison en ville.

Dès l’arrivée des premières chaleurs du mois de mai, quand l’herbe verte se dessèche et les pâturages d’été deviennent peu denses à cause du déficit pluviométrique, annonçant le début de la saison sèche, les chameliers de la région de Ouargla, à l’instar des chameliers du Sahara Septentrional, libèrent leurs troupeaux pour paître sans gardiennage et sans destination connue. Les éleveurs durant cette période ne peuvent plus suivre l’itinéraire de pacage de leurs troupeaux camelins, ils laissent aux troupeaux la liberté complète de s’isoler dans l’immensité du Sahara, et parcourir d’immenses distances en quête d’eau et de fourrages.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Les dromadaires ainsi livrés à eux-mêmes, guidés par le f’hal du troupeau, se dispersent sur les zones de pacage à la recherche de fourrages, pour une durée de 5 mois, allant du mois de mai au mois de septembre. Les chameliers possédant des véhicules tous terrains se rendent régulièrement aux plus proches puits de parcours pour l’abreuvement des animaux, ou pour récupérer des bêtes pour l’abattage. La divagation des dromadaires a souvent pour conséquences des conflits entre les chameliers et les agriculteurs de la région de Ouargla, les agriculteurs se plaignent de l’invasion des dromadaires dans leur périmètres agricoles dévastant les plantes cultivées.

Ce système d’élevage présente une multitude d’inconvénients parmi lesquels, on citera : ‹ la propagation des maladies ; ‹ le vol des chamelons non marqués ; ‹ la difficulté de dressage des jeunes chamelons ; ‹ la perte des dromadaires à cause des accidents de la route ; ‹ la privation des ménages des sous-produits du dromadaire, notamment le lait et les poils ; ‹ la privation des bêtes d’apport en intrants alimentaires.

I-1-6-3- Les Sédentaires Depuis les années 1950, et pour diverses raisons, l'objectif principal de l'administration algérienne était l'amélioration des conditions de vie des populations nomades. En quelques années, une fraction importante des nomades fatigués par la vieillesse et la dégradation des parcours de pâturages se sont sédentarisés, attirés par les commodités de la ville moderne (un habitat en dur stable et confortable remplaçant la vie rude sous la tente), l’ouverture du marché de travail suite aux résultats fructueux des prospections pétrolières, la scolarisation des enfants, l’amélioration de l’assistance médicale, ainsi que le développement considérable des réseaux routiers inter-communes et inter-wilayas.

Le changement du mode de vie des chameliers de la nomadisation à la sédentarisation a induit l’aménagement de centres urbains qui se présentent sous formes de petits villages, entourés le plus souvent de palmeraies bours (cas des zones de Bamendil, Saïd Otba, Hassi Miloud, Bour el haïcha, Aouïnet Moussa, Frane et El Bour). Des villages ruraux apparurent le long des routes transsahariennes, annoncés par des lotissements toujours plus nombreux s’étendant partout, des châteaux d’eau et des poteaux électriques à perte de vue. Ces nouvelles

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion agglomérations ont stimulé la fixation d’un grand nombre de nomades, d’où l’apparition d’une nouvelle catégorie de chameliers équipés en moyens mécaniques (véhicules tout terrain et camions) remplaçant les dromadaires.

La sédentarisation massive des nomades a été le phénomène le plus important des années 1950- 1960, les tribus les plus précocement et les plus rapidement sédentarisées étaient celles dont l’accroissement démographique était le plus rapide, selon ROUVILLOIS- BRIGOL (1975). De nos jours, les éleveurs citadins sont de loin en nombre beaucoup plus élevé dans les régions de : Ouargla, Rouissat et Sidi khouiled, représentant 14,6 % des chameliers enquêtés (soit 22 chameliers).

La survie des ménages de ces éleveurs repose essentiellement sur la multiplicité des revenus, les chefs de famille sollicitent une activité stable dans divers secteurs économiques, pour s’assurer des revenus réguliers au niveau des chantiers pétroliers, dans le secteur agricole et le secteur des services.

1. au niveau des chantiers pétroliers : depuis la découverte des gisements pétrolifères à Hassi Messaoud, Ouargla est devenue une ville d’accueil attirant une main d'œuvre venue du pays tout entier pour exploiter son sous-sol. Cette découverte a précipité le développement économique et urbain dans la wilaya, et a accéléré considérablement la fixation des chameliers qui vivent à proximité de la ville (sédentarisation industrielle), les éleveurs deviennent alors des doubles actifs recrutés en qualité d’ouvriers, de guides, de chauffeurs ou d’agents de sécurité au niveau des entreprises pétrolifères.

2. dans le secteur agricole : nombreux sont les nomades sédentarisés qui sont devenus des agriculteurs, une sédentarisation agricole qui a commencé suite à l’appropriation des terres dans le cadre de la Révolution Agraire en 1969 pour former des groupements de mise en valeur (GMV), dans le but de créer des villages agricoles. Le paysage de la région de Ouargla a été profondément bouleversé suite à l’avènement de la mise en valeur des terres agricole en zones sahariennes, avec la promulgation de la loi 18-83 de l’A.P.F.A et celle de la Concession Agricole à partir de 1998, transformant ainsi un paysage désertique de parcours camelins à un paysage d’îlots de verdure exploitant les nappes d'eau souterraines pour irriguer les cultures.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

3. dans le secteur des services : les nomades installés en ville s’adonnent à d’autres activités dans l’administration, le commerce, les entreprises de transport et de bâtiments ; une sédentarisation socio-économique bouleversant ainsi, en quelques années, la structure sociale d’une population qui a été particulièrement marginalisée, suite au versement d’un salaire mensuel stable pour la couverture des besoins du chamelier et de son ménage.

Les chameliers sédentaires enquêtés sont des petits éleveurs possédant entre 2 et 85 têtes camelines ; l’élevage camelin, qui était orienté exclusivement vers l’autosubsistance du chamelier et de sa famille, a passé vers un élevage périurbain diversifié détenus par des citadins beaucoup plus riches disposant d’un périmètre agricole pouvant atteindre plus d’une cinquantaine d’hectares, d’un élevage diversifié de bovin et d’ovin, parfois d’une activité annexe et d’une palmeraie en bour (cas des éleveurs des régions de Rouissat, Mekhadma et N’goussa).

Les chameliers sédentaires sont soit des naisseurs-engraisseurs (59,8%) ou des naisseurs-engraisseurs-méharistes (32,5 %) ou des jeunes méharistes (7,7 %) disposant de 1 à 4 têtes cameline seulement, utilisées pour les activités culturelles et sportives (fantasia et courses). Les chameliers sédentaires confient la conduite de leurs troupeaux à des bergers autochtones et allochtones (touaregs et maliens), si non ils confient cette tâche à un autre membre de la famille, le plus souvent l’aîné de leurs enfants ou un cousin chamelier.

Au niveau de la région de Ouargla, le système d’élevage sédentaire incarne l’élevage des méharis de course et de festivités socioculturelles (fantasia et festivités folkloriques), alors que cet élevage concerne l’élevage des chamelles laitières dans la région du M’zab (OULAD BELKHIR, 2008 ; SENOUSSI, 2011 ; LAAMECHE, 2013), le ramassage du bois au Souf (ADAMOU, 2008 ; OULAD BELKHIR, 2008), ainsi que l’engraissement des dromadaires dans des centres de gavages camelin à Chott El-Hodna dans la wilaya de M’Sila (BEN AISSA, 1988 ; AYAD et HERKAT, 1996 cité par IBBA, 2008).

L’élevage des méharis de course concerne surtout les zones de Mekhadma, Rouissat et Aïn Beida où les méharis sont élevés dans des abris clôturés en béton dans les zones urbaines et entretenus avec beaucoup de soin. Ces animaux reçoivent un régime alimentaire à base de drinn ( Stipagrostis pungens ), avec une complémentation en fourrage vert composé de luzerne et de sorgho, en foin, en orge en grain et en rebuts de dattes ; la quantité et la qualité

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion d’aliments distribués aux méharis dépendent essentiellement de la situation financière des méharistes. Les séances de dressage des méharis (targui et sahraoui) débutent précocement dés l’âge d’une année après sevrage des chamelons, si non à l’âge de 2 ans.

Les méharis utilisés pour les courses se subdivisent en 3 catégories : ‹ les Méharis de courses long trajet : pour les méharis adultes de plus de 5 ans ; ‹ les Méharis de courses des jeunes : pour les méharis de moins de 5 ans ; ‹ les Méharis de courses court trajet : concernent toutes les catégories d’âge.

Il est à noter que les chameliers transhumants de la région de Ouargla fonctionnaires ou fatigués par la vieillesse ou sédentarisés en ville se souciant actuellement de voir l’activité de l’élevage camelin en déclin, ne trouvant plus une descendance pouvant assurer la relève dans ce métier, engagent des bergers autochtones ou allochtones (touaregs et maliens) pour le gardiennage de leurs troupeaux, malgré le chômage endémique des jeunes qui à cause de la pénibilité de cette tâche préfèrent des emplois moins contraignants et plus rémunérateurs.

La présence des bergers sur les parcours camelins est l’aspect le plus répondu au niveau de la région de Ouargla, ils se rencontrent dans toutes les zones enquêtées. Le gardiennage des dromadaires est une organisation coutumière orale qui ne s’appuie plus sur des preuves écrites, ce rapport régis par le seul droit coutumier (el-orf) est basé essentiellement sur la confiance réciproque entre le chamelier et le berger. Le choix des bergers par les chameliers n’est pas fortuit, ils sont sélectionnés selon leur expérience et leur bonne réputation. Les bergers autochtones, touaregs et maliens, habitués à ce genre de vie sont, selon les chameliers enquêtés, des hommes de confiance qui ne renient jamais leurs paroles, et ne sont plus de nature à être très exigeants. La rémunération du berger est monétarisée, les prix accordés sont variables chaque année, ils reçoivent entre 20.000 et 25.000 DA par mois, sa provision en produits alimentaires, dont le sucre, le thé, la semoule et parfois même les dattes sont à la charge du propriétaire de l'animal.

L'activité de gardiennage des camelins dans la région de Ouargla débute généralement fin septembre, juste après le rassemblement des animaux qui étaient libres pendant la période estivale (h’mil) et s’étale jusqu’à la fin du mois d’avril. Le berger ne poursuit pas les bêtes tout le temps au cours de la journée, mais doit absolument aller à leur recherche dès la tombée de la nuit pour les rassembler au campement où ils doivent passer la nuit, et s’assurer ainsi de

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion la rentrée des bêtes nouvellement acquis. Les chameliers confient aux bergers des tâches multiples : le pâturage et l’abreuvement des animaux, l’allaitement des jeunes chamelons, la traite, l’entrave des chamelles allaitantes, le soin des animaux malades, la poursuite des traces des bêtes égarées, le contrôle des opérations de saillies, la surveillance des opérations de chamelage pour prendre soin des chamelons et l’entrave des effectifs le soir dés leur retour au campement (les dromadaires farouches sont incontrôlable et ne se prêtent jamais à l’entrave).

Le gardiennage du dromadaire est une opération très difficile, compte tenu de la très grande mobilité des dromadaires, le nombre de têtes camelines confiées pour le gardiennage est très variable d’un berger à un autre, variant généralement entre 20 et 30 têtes de dromadaires. Selon les chameliers interviewés, un jeune et excellent berger ne peut garder qu’en moyenne une vingtaine de têtes sans difficulté. Un troupeau confié au gardiennage peut compter un ou plusieurs chefs de ménages héritiers de troupeaux de faible taille (moins de 10 têtes cameline chacun), alors que les effectifs dépassant les 50 têtes comptent à la fois plusieurs bergers. Le chamelier propriétaire rend des visites régulières à son berger pour l’approvisionner en produits alimentaires et pour se renseigner sur les événements survenus dans son cheptel, il ne tient jamais pour responsable son berger suite à la perte des bêtes (morts naturellement ou accidentellement).

Le gardiennage collectif est très pratiqué dans la zone d’étude, surtout entre les jeunes chameliers relevant d’une même famille (frères et cousins), et détenant moins de 6 têtes cameline chacun. Les jeunes chameliers fonctionnaires se partagent la tâche de gardiennage de leurs troupeaux à tour de rôle, ou se partagent les frais de confiage de cette tâche à une main d’œuvre salariée qui est le berger.

Photo N° 03 : un berger à Ouargla

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

I-2- LE TERRITOIRE

I-2-1- L’Affouragement des dromadaires Selon les chameliers consultés, en élevage camelin, il n’existe plus de ration alimentaire fixe pour le dromadaire, son alimentation est un paramètre qui échappe complètement a leur contrôle parce qu’elle est exclusivement basée sur l’exploitation de l’offre fourragère gratuite des parcours naturels ; où la composition, la répartition et la densité de la végétation présente une très grande variabilité spatio-temporelle en fonction des saisons et des formations géomorphologiques. Selon la D.S.A Ouargla (2012), les zones de parcours accueillant les troupeaux camelins de la wilaya de Ouargla sont identifiées comme suit (Tableau N° 06) :

Tableau N° 06 : Répartition des parcours camelins de la wilaya de Ouargla par zone Zone Superficie 1- zone de Ouargla : axe Ouargla- Ghardaïa 453.060 hectares 2- zone de Sidi khouiled : territoire de la daïra 405.526 hectares 3- zone de N’goussa : territoire de la daïra 175.139 hectares 4- zone d’El-Hedjira : territoire des communes d’El-Hedjira et d’El-Alia 501.629 hectares 5- zone de Oued Righ : l’Ouest de l’axe Blidet Amor- Sidi Slimane 8.184 hectares 6- zone de Taïbet : territoire de la daïra 480.317 hectares 7- zone de Hassi Messaoud : territoire de la daïra 1.780.925 hectares 8- zone d’El-Borma : territoire de la daïra 945.220 hectares TOTAL 4.750.000 hectares Source : D.S.A Ouargla, 2012

Ces parcours naturels constituent un herbier ouvert de xérophytes que les chameliers connaissent et exploitent en commun de père en fils, ils connaissent les caractéristiques de chacune des plantes, celles bénéfiques pour les dromadaires autant que celles vénéneuses ou non comestibles. À titre d’exemple, le laurier rose constitue un danger pour le dromadaire, et peut tuer un dromadaire en quelques heures, c’est pour cette raison que les touaregs font brûler des feuilles de cette plante et font inhaler la fumée au dromadaire en lui fermant les narines pour que la fumée monte vers sa tête ; le dromadaire ainsi éduqué, sera écœuré de l’odeur de ce végétal ne s’en approcherait jamais de sa vie.

Les chameliers de la région de Ouargla exploitent les mêmes espaces traditionnellement utilisés par leurs ascendants, la superficie des parcours valorisée par les dromadaires à travers la wilaya de Ouargla représente 4.750.000 hectares, selon la D.S.A Ouargla (2012), dont 1.033.725 hectares représente la superficie des parcours de la région d’étude (soit 21,7 % de la superficie totale des parcours), réparti comme suit (Tableau N° 07) :

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Tableau N° 07 : Répartition des parcours camelins de la région d’étude par commune Commune Superficie (ha) Ouargla 86.480 Rouissat 366.580 Sidi khouiled 7.297 Aïn Beida 175.399 Hassi Ben Abdallah 222.830 N'goussa 175.139 Total 1.033.725 Source : D.S.A Ouargla, 2012

Trois zones de pâturages ont été ciblées pour la réalisation du présent travail (Carte N° 04), des zones de pacage caractérisées par des formations géomorphologiques différentes, à savoir : ‹ zone 1 : la zone de pacage sur le transect Ouargla-Touggourt, regroupant des ergs, des regs et des sebkhas ; ‹ zone 2 : la zone de pacage sur le transect Ouargla- N’goussa et N’goussa- Guerrara regroupant des sols salés, des dépressions, des regs et le lit d’Oued N’sa ; ‹ zone 3 : la zone de pacage sur le transect Ouargla- El-Goléa regroupant des dayas, des hamadas et des lits d’Oueds.

Zone 2 Zone 1

Zone 3

Carte N° 04 : Localisation des parcours de pâturages étudiés

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La traversée de ces parcours a été effectuée en compagnie d’un guide et parfois en compagnie des chameliers lors de leur visite aux lieux de regroupement des troupeaux. Les parcours sont à la fois des lieux pour l'alimentation des animaux et des lieux de stationnement pour les chameliers et les bergers.

Au niveau de la région de Ouargla, parce que l’élevage camelin est de type extensif, les chameliers laissent aux dromadaires la liberté au pâturage, le déplacement des troupeaux en quête de bon pâturage se fait selon des axes définis comme étant des couloirs de transhumance que les troupeaux suivent en aller et retour au cours de l’année. C’est l’offre fourragère et la disponibilité des points d'eau sur les parcours qui conditionnent la distribution spatiotemporelle des troupeaux. Les chameliers de la région d’étude précisent que les meilleurs pâturages se trouvent sur les axes : Ouargla- El Goléa (zone de daya), N’goussa- Guerara (zone d’alluvions) et Ouargla- Hassi Messaoud (zone pastorale par excellence).

Le rythme journalier du pacage du dromadaire est extrêmement variable en fonction de la disponibilité fourragère en quantité et en qualité, les troupeaux camelins quittent les campements très tôt le matin après la traite des chamelles, pour ne revenir que tard le soir pour s’abreuver et y passer la nuit. Les chameliers consultés rapportent que pendant la saison fraîche, les troupeaux camelins sont en course continue derrière les pluies et se concentrent là où la pluie et les crues d’oueds ont permis la poussée de poches verdoyantes de l’acheb. Outre ces pâturages verdoyants, les chameliers nomades et transhumants ainsi que les bergers, en profitent de l’abondance du lait de chamelles et des truffes (terfasse).

En saison chaude, les mouvements du dromadaire diminuent à cause de l’élévation de la température ambiante, il broute préférentiellement tôt le matin et en fin d’après midi et parfois même en nuit sélénite tant qu’il fait frais ; au milieu de la journée le dromadaire s’arrête de pâturer, baraque et commence à ruminer à l’ombre (Photos N° 04 et 05). Alors qu’en hiver quand l'herbe est abondante l’animal pâture sans cesse et avec avidité pendant toute la journée. Selon les chameliers consultés, la saison printanière est la période la plus productive et la plus riche en espèces fourragères, contrairement à la période estivale où un maigre couvert végétal ayant développé des stratégies d’adaptation subsiste.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Photo N° 04 : Dromadaires au pâturage Photo N° 05 : Dromadaires en repos sur l’axe Ouargla- Touggourt

Du point de vue spatial, le tapis végétal est discontinus variant selon la géomorphologie des paysages, les parcours lits d’oueds et les parcours dayas sont les plus riches et les plus diversifiés en espèces végétales alors que les parcours de sols salés en sont les plus pauvres. La plus grande concentration de population cameline a été observée au voisinage de Oued N’sa abritant une diversité floristique importante d’espèces végétales (18 espèces identifiées), ceci confirme les travaux de CHEHMA et al., (2005) qui rapportent que les lits d’oueds sont les parcours les plus riches et les plus diversifiés, ce sont surtout les plantes éphémères qui font ressortir la différence entre les divers parcours.

Sur les 59 échantillons de plantes collectés, on n’a pu identifier avec les chameliers consultés que 34 espèces végétales appétées par le dromadaire, dont 20 plantes vivaces et 14 plantes éphémères, classées dans le Tableau N° 08 selon leur degré d’appétence.

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DeuxDeuxDeux ième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Tableau N° 08 : Liste des espèces vivaces et éphémères broutées par le dromadaire dans la région de Ouargla selon leur degré d’appétence Nom commun Nom scientifique Famille Parties Degré Saison Types de parcours broutées d’appétence Espèces vivaces El-hadd Cornulaca monacantha Amaranthaceae partie aérienne très fort toute l’année erg, reg Baguel Anabasis articulata Amaranthaceae partie aérienne très fort toute l’année lit d’Oued, reg, erg L’arta Calligonum comosum Polygonaceae partie aérienne très fort toute l’année lit d’Oued, reg Belbel Salsola tetragona Amaranthaceae partie aérienne très fort toute l’année reg Reguig Helianthemum lipii Cistaceae partie aérienne très fort toute l’année lit d’Oued, dépression Sedra Ziziphus lotus Rhamnaceae partie aérienne très fort toute l’année lit d’Oued Damrane Traganum nudatum Amaranthaceae partie aérienne très fort toute l’année hamada, reg Henat l’ebel Oudneya africana Brassicaceae partie aérienne très fort toute l’année erg Zeita Limoniastrum guyonianum Plombaginaceae partie aérienne très fort toute l’année reg, sol peu salé Drinn Stipagrostis pungens Poaceae partie aérienne très fort toute l’année sol sableux Souide Suaeda fructicosa Amaranthaceae partie aérienne fort toute l’année sebkha, palmeraies Alenda Ephedra alata Ephedraceae partie aérienne fort toute l’année lit d’Oued, reg Diss Imperata cylindrica Graminées partie aérienne fort toute l’année Oued Arfage Rhantherium adpressum Asteraceae partie aérienne moyen printemps, été lit d’Oued, hamada Tarfa Tamarix gallica Tamaricaceae partie aérienne moyen printemps, été sebkha, lit d’Oued Agga Zygophyllum album Zygophyllaceae partie aérienne moyen toute l’année sebkha, sol salé Chih Artemisia herba alba Asteraceae partie aérienne moyen Printemps lit d’Oued, dépression R’tem Retama retam Fabaceae partie aérienne faible Printemps lit d’Oued, dépression, erg El-ethle Tamarix articulata Tamaricaceae partie aérienne faible Printemps lit d’Oued, sol salé Guessab Phragmites communis Poaceae Partie aérienne faible Printemps palmeraie, drain, guelta

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DeuxDeuxDeux ième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Nom commun Nom scientifique Famille Parties Degré Saison Types de parcours broutées d’appétence Espèces éphémères Foul l’ebel Astragalus gyzensis Fabaceae plante entière très fort Printemps lit d’Oued, dépression Golglane Savignya longistyla Brassicaceae plante entière très fort Printemps lit d’Oued, erg, reg, hamada, dépression Merkd Erodium glaucophyllum Geraniaceae Parties vertes très fort Printemps Oueds, dayas Halma Moltkiopsis ciliata Boraginaceae Parties vertes très fort Printemps, été Reg Cherrik Fagonia glutinosa Zygophyllaceae partie aérienne fort Automne sol sableux, hamada Saadane Neurada procumbens Rosaceae plante entière fort Printemps lit d’Oued N’sie Stipagrostis plumosa Poaceae partie aérienne fort Printemps sol sableux Zouadet lekhrouf Ifloga spicata Asteraceae plante entière fort Printemps lit d’Oued, hamada Reguem Monsonia heliotropioides Geraniaceae plante entière fort Printemps lit d’Oued, dépression El-harra Diplotaxis harra Brassicaceae Parties vertes fort Printemps, été Oueds Gartoufa Cotula cinerae Asteraceae plante entière moyen Printemps lit d’Oued, dépression Koromb Moricandia arvensis Brassicaceae Parties vertes moyen Printemps Sols sableux Nougd Anvillea radiata Asteraceae partie aérienne faible Printemps, lit d’Oued, dépression Khobeïze Malva aegyptiaca Malvaceae partie aérienne faible Printemps dépression

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

D’après le tableau N° 08, les espèces végétales identifiées appartiennent à 17 familles botaniques, dont les plus importantes sont les Amaranthacées (5 espèces), les Astéracées (5 espèces) et les Brassicacées (4 espèces). Selon les chameliers consultés, les parcours camelins de la wilaya de Ouargla présentent une diversité floristique en espèces végétales appétées par le dromadaire qui diffère selon les formations géomorphologiques et les saisons. Les espèces végétales sont denses et diversifiées au niveau de dayate Remtha (sur l’axe Ouargla- El- Goléa) et le long du lit de Oued N’sa (au niveau de la région de N’goussa), mais moins dense entre les dunes de sable et plus lâches sur les regs et hamadas (sur l’axe Ouargla- Touggourt).

Pendant la saison humide lorsque l’offre fourragère des parcours est abondante, la wilaya de Ouargla attire, selon les chameliers consultés, les troupeaux camelins et les petits ruminants des régions limitrophes (El-Oued et Illizi) ; la concurrence des éleveurs de petits ruminants sur ces ressources fourragères est cruelle à cause du développement des infrastructures routières, de la motorisation et des outils de télécommunication. Le pâturage collectif est l’un des points forts qui caractérise les chameliers de la région de Ouargla, où les échanges des services sont bénévoles, ils se tiennent au courant des zones où il a plu et de l’importance des pluies. Le manque de pâturage dans la région de Ouargla conduit les dromadaires droit vers les périmètres agricoles de mise en valeur implantés le long de leurs couloirs de transhumance, dévastant ainsi et sans cesse les plantes cultivées.

D’après les chameliers consultés, certaines des espèces répertoriées possèdent des propriétés pharmacologiques et constituaient la base de la pharmacopée traditionnelle pour le chamelier et sa famille ; l’utilisation de ces plantes à vocation médicinale dérive d’un savoir- faire antique et authentique. Ces plantes sont le principal recours thérapeutique des populations rurales d’origine nomade pour se soigner contre : ‹ les pathologies digestives : principalement Artemisia herba alba, Anvillea radiata et Traganum nudatum dont les feuilles et les rameaux sont utilisés comme tisane. ‹ les pathologies broncho-pulmonaires : principalement Artemisia herba alba, Anvillea radiata, Cotula cinerae dont les feuilles et les rameaux sont utilisés comme tisane. ‹ les piqûres de scorpions : notamment Retama retam et Calligonum camosum dont les feuilles sont utilisées comme poudrage. ‹ les problèmes dermiques : à titre d’exemple Traganum nudatum et Retama retam , dont les feuilles sont utilisées comme pommade.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Concernant la complémentation alimentaire, celle-ci à un caractère aléatoire et touche en particulier : les chamelles gravides, les chamelles allaitantes, les sujets malades et l’engraissement des sujets destinés à la boucherie. Les quantités distribuées dépendent de la situation financière de l’éleveur, les apports alimentaires concernent essentiellement : - l’orge : selon le quota accordé par la réglementation en orge subventionné (60 kilogrammes d’orge pour chaque tête cameline) acquis auprès de la C.C.L.S, à raison de 1.550 DA le quintal ; - les rebuts de dattes (h’chef) : disponibles sur le marché local selon la saison, vendus à 12 DA le kilogramme ; - les palmes sèches (djerid) : disponibles durant la période de récolte des dattes (Octobre- Novembre), vendus à 10 DA l’unité ; - les régimes de palmiers : disponibles durant la période de récolte des dattes (Octobre- Novembre), vendus à 3 DA l’unité ; - le foin : disponible durant toute l’année, vendu à des prix allant jusqu’à 700 DA la botte ;

Chez les méharistes, l’alimentation des méharis en stabulation est diversifiée, les éleveurs utilisent principalement : ‹ le Drinn ( Stipagrostis pungens ) : un très bon fourrage pour l’animal, selon les méharistes consultés, surtout au printemps ; ‹ le Roseau ( Phragmites communis ) ; ‹ la luzerne ; ‹ la paille de céréales ; ‹ l’orge en grain ; ‹ et les rebuts de dattes. Les quantités d’aliments distribuées dépendent également de la situation financière des méharistes.

I-2-2- L’Abreuvement des dromadaires L’eau est le facteur déterminant de la vie dans les régions sahariennes, la disponibilité des points d’eau prescrivent la traversée des chameliers et de leurs troupeaux entre les zones de pâturages ; dans ces régions éloignées, le chamelier utilise comme source d’abreuvement les puits de parcours traditionnel (Photo N° 06) ou équipés de pompes (Photo N° 07), les Oueds et les gueltas ; chaque puits de parcours est muni d'un bassin qui permet aux animaux

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion de se désaltérer aisément. Les dromadaires se souviennent des puits d’abreuvement habituels où ils peuvent trouver de l’eau et y reviennent régulièrement.

Puits Pompe

Bassin Bassin Puits

Photo N° 06 : Puits traditionnel Photo N° 07 : Puits équipé de pompe

Les deux cuvettes de Ouargla et de N’goussa sont largement pourvue d'eaux souterraines ascendantes et jaillissantes. La région d’étude chiffre un nombre total de 95 puits, répartis comme suit : ‹ 11 puits au niveau de la daïra de Ouargla, concentrés dans la commune de Rouissat, la commune de Ouargla représente une zone de transition pour les cheptels camelins, selon la Subdivision de l’agriculture de la daïra de Ouargla ; ‹ 50 puits au niveau de la daïra de Sidi khouiled, répartis entre la commune de Aïn Beida chiffrant 23 puits et la commune de Hassi ben Abdallah avec 27 puits, selon la Subdivision de l’agriculture de la daïra de Sidi khouiled ; ‹ 34 puits au niveau de la daïra de N’goussa, dont 16 puits implantés au niveau de la zone juxtaposant Oued N’sa, selon la Subdivision de l’agriculture de la daïra de N’goussa.

Ces sources d'approvisionnement en eau sont des puits plus ou moins profonds creusés soit par les éleveurs eux-mêmes soit par des structures étatiques (D.S.A et Conservation des forêts), constituant des points de fixation pour les nomades et une halte dans les déplacements des éleveurs transhumants. Les chameliers et les bergers se regroupent au voisinage des points d'eau (puits de parcours et lits d’oued) pour contrôler leurs troupeaux au moment de l'abreuvement et pour l’échange d'informations sur le couvert végétal des zones de pacages (diversité floristique, répartition spatiale).

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Les fréquences d’abreuvement varient selon la saison et la disponibilité fourragères en quantité et en qualité. Selon les chameliers consultés, au printemps les troupeaux s’abreuvent une ou 2 fois par mois (tous les 10 à 21 jours) parce que la végétation printanière contienne des quantités importantes d’eau permettant au dromadaire de s’en passer de boire pour plusieurs jours ; en hiver tous les 4 à 6 semaines parce que l’acheb qui se développe après les rares pluies contient de l’eau ; en automne tous les 7 à 10 jours parce que la végétation consommés est sèche et en été l’animal doit s’abreuver à volonté tous les 2 à 3 jours. Les fréquences d’abreuvement des dromadaires sont tributaires de l’éloignement des cheptels des points d’eau et de la présence du chamelier ou du berger sur les lieux d’abreuvage pour l’exhaure de l’eau.

La distance quotidiennement parcourue par les dromadaires diffère en fonction de la localisation des points d’eau par rapport aux lieux de campement ou aux lieux de pâturages, et afin d’épargner aux animaux de longs et pénibles trajets à la recherche de l’eau, les chameliers de la zone de N’goussa utilisent des citernes pour l’abreuvage de leurs cheptels, les chameliers-phœniciculteurs construisent au voisinage de leurs périmètres agricoles des bassins d’abreuvement en béton qu’ils remplissent régulièrement d’eau par pompage à partir des forages d’irrigation, le pire c’est que les dromadaires envahissent parfois les exploitations agricoles sur les couloirs de transhumance à la recherche de l’eau. Les troupeaux camelins des zones de Rouissat et Aïn Beida qui pâturent aux environs des champs pétroliers de la région de Hassi Messaoud s’abreuvent à partir des eaux des sondes des forages pétroliers et des pertes des forages d’irrigation des périmètres de mises en valeur implantés sur leur couloir de transhumance.

Malgré le grand nombre de puits de parcours existants au niveau de la région de Ouargla, la plupart d’entre eux sont asséchés (Photo N° 08), dans d’autre le niveau piézométrique dépasse les 40 mètres (D.S.A Ouargla, 2012) à cause des années sans pluie. C’est la raison pour laquelle des efforts ont été entrepris par le Ministère de l’agriculture, chapeautés par la D.S.A en collaboration avec la conservation des forêts, pour améliorer l’hydraulique pastorale dans les zones de grands pâturages de la wilaya de Ouargla, notamment par : Forage d’irrigation ‹ une large opération de réaménagement et de réhabilitation des puits existant (Photo N° 09) ;

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Photo N° 08 : Puits asséché Photo N ° 09 : Puits réaménagé Hassi inifel à Oued M’ya

‹ l’équipement des puits en panneau solaire et éolienne pour l’exhaure de l’eau dans les localités non alimentées par le réseau électrique, suite au succès de l’opération dans la région de Feidjet El-Baguel sur le territoire de la daïra de Hassi Messaoud ; ‹ le forage de nouveaux puits (Photo N° 10).

Photo N° 10 : Un nouveau puits de parcours

Selon la conservation des forêts de Ouargla (2012), plus de 40 puits pastoraux avaient été réaménagés et réalisés dans le cadre des P.P.D.R.I (Projets de Proximité et de Développement Rural Intégré) entre 2009 et 2012, à travers les régions rurales et enclavées de la wilaya de Ouargla pour la création de points de fixation pour les chameliers et les bergers sur les parcours de pâturage.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

I-3- LE DROMADAIRE I-3-1- Identification du cheptel camelin de Ouargla À Ouargla, le dromadaire est élevé en tant qu’animal de rente, sa possession constitue pour les familles rurales d’origine nomade un élément de prestige, c’est pour cela qu’elles continuent à s’investir dans cet élevage comme étant une source de revenus appréciable, un moyen de création de richesse et d’emploi. Conduit de manière traditionnelle en extensif, les cheptels camelins se déplacent en fonction du régime annuel des pluies qui conditionne les disponibilités fourragères sur les zones de pacage, c’est pour cela que les chameliers considère le dromadaire comme étant l’animal le moins coûteux en matière d’alimentation et de veille sanitaire. Les cheptels camelins sont généralement dirigés par un chef qui est soit le père de la famille ou son fils aîné.

Le dromadaire est un animal difficilement contrôlable parce qu’il est tout le temps mouvant, raison pour laquelle il n'existe plus de recensement officiel permettant de connaître avec exactitude l’effectif camelin de la wilaya de Ouargla. L’effectif chiffré doit être pris avec réserve parce qu’il représente uniquement le nombre d’animal vacciné lors des campagnes annuelles de vaccination organisées par les D.S.A, même les chameliers enquêtés ne donnent jamais le chiffre exact de leurs cheptel, d'autres refusent même d'avancer un chiffre craignant la jalousie.

I-3-2- Evolution des effectifs camelin de la wilaya de Ouargla Selon les chiffres répertoriés par la D.S.A Ouargla (2012), l’élevage camelin dans la wilaya commence à reprendre son essor (Figure N° 07), l’effectif est en train d'être revivifié, passant de 23.570 têtes l’an 2000 à 30.858 têtes en 2012.

Figure N° 07 : Évolution des effectifs camelins de la wilaya de Ouargla

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Cet accroissement est surtout lié au recul de l'abattage des jeunes femelles, suite à la promulgation de la prime de 20.000 DA accordée aux chameliers pour chaque nouvelle naissance ; en plus du transfert illicite des troupeaux camelins à partir des pays voisins (notamment la Libye et le Mali), à cause de l’instabilité de la situation sécuritaire.

I-3-3- Répartition géographique des populations camelines à Ouargla La wilaya de Ouargla compte en 2012, un effectif camelin estimé à 30.858 têtes dont 19.699 chamelles (soit 63,83 % de l’effectif total), appartenant à 1.100 éleveurs (D.S.A Ouargla, 2012), répartis sur 10 daïras. Les effectifs camelins les plus importants se localisent au niveau de 4 daïras (Carte N° 05) : ‹ N’goussa (20,81 %) ; ‹ Ouargla (17,18 %) ; ‹ El-Borma (14,95 %) ; ‹ et Hassi Messaoud (13,85 %).

Méggarine Touggourt 232 991 Témacine N’goussa 982 6.424 El-Hedjira 2.607 Taïbet 2.926

Sidi Ouargla khouiled 5.303 2.503

El-Borma 4.615 Hassi Messaoud 4.275

Carte N° 05 : Répartition des effectifs camelins par daïra (2012)

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

L’élevage dans la région de Ouargla est de type familial extensif, en l’absence d’un système d’élevage intensif industriel, les productions restent tributaires de l'état des parcours qui semble avoir le plus d'influence sur la fonctionnalité du système d'élevage camelin.

I-3-4- Mode d’acquisition des animaux Au niveau de la région de Ouargla, le mode d’acquisition des dromadaires varie d’un chamelier à l’autres, les animaux sont acquis soit par héritage ou par achat (Figure 08).

Figure N° 08 : Mode d’acquisition des dromadaires dans la zone de Ouargla

‹ par héritage: la majeure partie des chameliers enquêtés (67 %) ont acquis leurs troupeaux par héritage de parents en direction de la progéniture, selon le droit musulman (ouarth), mais le cheptel reste souvent groupé sous la responsabilité de l'homme le plus âgé de la famille (surnommé chef de famille). L’héritage permet une augmentation en nombre d’éleveurs, mais pas forcement en nombre de têtes.

‹ par achat: l'élevage camelin de la wilaya est en train d'être revivifié, des chameliers et méharistes nouvellement adhérés à la filière (9 %), fils d’ex-chameliers nomades, qui en début d’activité d’élevage utilisent des fonds obtenu par épargne pour acquérir leurs premiers lots de dromadaires, soit des chamelles pour la reproduction et la production laitière soit des mâles pour la course (méharis). Les éleveurs ayant acquis de nouveaux animaux les entravent au pâturage, pour qu'ils se familiarisent avec leurs nouveaux maîtres et territoires, si non ils retournent d'eux mêmes au point d'eau où été monté leur ancien campement dans leur wilaya d'origine pour retrouver leurs anciens maîtres.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

‹ les 24 % restants ont à la fois acquis par héritage une grande partie de leurs troupeaux et en achètent d’autres soit pour accroître leurs troupeaux soit pour renouveler l’effectif reformé.

Très peu d'éleveurs enquêtés déclarent avoir pratiqué l'élevage camelin dans un but purement économique, ils considèrent que cette activité relève de leurs considérations sociales pour la sauvegarde d’une pratique rituelle acquise de père en fils.

Dans les traditions ancrées des chameliers, chaque dromadaire porte à vie un tatouage ou signe distinctif marqué au fer rouge sur une partie du corps des jeunes chamelons à l’âge d’une année, apposé pendant la période de gardiennage des animaux soit sur l’encolure ou sur l’un des membres de l’animal, le plus souvent sur l’arrière-train. Ce tatouage appelé communément "Tabaâ", est un sceau tribal (Tableau en annexes) identifiant l’appartenance tribale du propriétaire du dromadaire, auquel on ajoute parfois un signe annexe (souvent en forme de lettres alphabétiques) appelé "Azila" pour différencier les fractions. C’est pour cela que même si les cheptels s’entrecroisent sur les couloirs de transhumance, ils ne se confondent jamais.

I-3-5- Identification des populations camelines dans la zone d’étude Les troupeaux camelins enquêtés au niveau de la zone de Ouargla sont essentiellement composés de deux populations camelines : dont 88 % des effectifs enquêtés du type Sahraoui et 12 % du type Targui. Les éleveurs ont déclaré avoir choisi ces deux populations pour leur rusticité et leur rentabilité économique jugée intéressante. La population Sahraoui se rencontre à travers toutes les zones d’élevage, utilisée pour la production de viande et de lait et comme méhari de course ; alors que la population Targui se rencontre à travers les zones de Mekhadma, Aïn Beida et Rouissat où on l’utilise comme méhari de course et de festivité, et au niveau de la zone de N’goussa où on l’utilise également comme reproducteur.

I-3-6- Composition et taille des troupeaux camelins enquêtés La taille et la composition des troupeaux camelins enquêtés diffèrent d’un éleveur à un autre, selon la motivation de l’éleveur lui-même (la finalité de l’élevage), la taille des effectifs est variable entre 2 et 160 têtes. Les troupeaux enquêtés sont en majeure partie des effectifs réduits (en moyenne 23 têtes camelines par éleveur), entretenus par une main d’œuvre familiale ou salariale.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

D’après les enquêtes, on a pu identifier deux critères qui motivent la typologie de l’élevage camelin dans la zone de Ouargla:

∗ des élevages à motivation économique : ce type d’élevage concerne 87,9 % des chameliers enquêtés, caractérisé par une prédominance de femelles, malgré que très peu d'éleveurs enquêtés déclarent avoir pratiqué l'élevage dans un but purement économique. Ces éleveurs considèrent cette activité comme étant un héritage qu’il faut maintenir et développer.

∗ des élevages à motivation socioculturelle : ce type d’élevage concerne 12,1 % des chameliers enquêtés, dont le cheptel est composé à 100 % de mâles. Des méharis utilisés pour les courses de vitesse et pour les fantasias (volet culturel et folklorique).

Alors que suivant la taille des troupeaux camelins, on a pu distinguer 3 classes: ‹ la classe des petits chameliers possédant les plus faibles effectifs : des éleveurs possédant moins de 30 têtes, représentant 73,8 % de l’ensemble des éleveurs enquêtés, et prédominée par des transhumants (40,3 %), cette classe remembre des héritiers de chameliers sédentaires et des méharistes qui gardent en intensif entre 2 et 4 méharis pour les festivités et les courses. Un grand nombre d’entre eux est considéré comme nouveau dans l’activité de l’élevage après avoir hérité et/ ou acheté quelques têtes camelines.

‹ la classe des moyens éleveurs possédant entre 30 et 100 têtes : représentant 24,2 % de l’ensemble des éleveurs enquêtés et regroupant des nomades, des transhumants et des sédentaires.

‹ la classe des grands éleveurs propriétaires d’effectif camelin supérieur à 100 têtes : représentant 2 % de l’ensemble des éleveurs enquêtés, ce sont des nomades et des transhumants où le dromadaire est élevé en grands troupeaux, principalement dans le but de la production de viande et de lait.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

L’élevage dans la région de Ouargla n’est pas toujours mono-spécifiques, il est le plus souvent associé à un élevage de petits ruminants ovins et caprins et parfois à un élevage bovin. Les chameliers ayant de faible et moyen effectif camelin pratiquent un élevage des petits ruminants et une activité annexe hors l’agriculture afin d'augmenter leur revenu en vue de subvenir aux besoins de leurs ménages et renouveler ou augmenter la taille de leur cheptel camelin (soit par l’achat de chamelles gravides, de chamelons d’au moins 12 mois et de méharis de course). Les grands chameliers soutirent leurs revenus à la fois de la vente du cheptel camelin vif, la vente de petits ruminants et des productions agricoles.

Les effectifs enquêtés se présentent comme suit (Tableau N° 09) : Tableau N° 09 : Composition des effectifs enquêtés Daïra Camelin (têtes) Bovin (têtes) Ovin (têtes) Caprin (têtes) Ouargla 1.203 18 788 166 Sidi Khouiled 779 0 406 138 N’goussa 1.615 24 1.631 395 TOTAL 3.597 42 2.825 699 Source : Nos enquêtes (2012/2013)

Figure N° 09 : Composition des effectifs enquêtés

D’après la figure N° 09, les effectifs enquêtés dans la région de Ouargla se caractérisent par la prédominance de l’élevage ovin avec un effectif enquêté évalué à 74,79 % du cheptel total, ceci s'explique par le fait que ces espèces sont plus faciles à entretenir et moins exigeants en espace, une tâche affectée le plus souvent aux femmes et aux enfants, les chameliers considèrent les petits ruminants (ovins) comme étant une caisse d’épargne mobilisable en fonction des besoins du ménage. L’élevage bovin est très peu pratiqué, son entretien nécessite beaucoup plus d'espaces, d'intrants alimentaires et une veille sanitaire plus

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion minutieuse. L’élevage caprin de type familial est exclusivement composé de femelles pour la production de lait destiné à l’autoconsommation des ménages des enquêtés.

Les troupeaux camelins ayant fait l’objet de la présente étude se présentent comme suit (Figure N° 10) :

Figure N° 10: Composition des effectifs camelins enquêtés

Les effectifs de la région de Ouargla, à l’instar des autres régions et wilayas sahariennes se caractérisent par une prédominance des femelles (M.A.D.R, 2011), les chamelles représentent 74,3 % de l’effectif camelin enquêté de la région d’étude, ceci reflète l’intérêt accordé par les chameliers de la région au maintien de l’activité cameline ; les jeunes chamelons et chamelles avant puberté représentent 18,1 % de l’effectif camelin enquêté de la région d’étude, cela indiquent que les troupeaux camelins de la région sont en constant accroissement ; les mâles représentent 7,6 % seulement de l’effectif camelin enquêté, dont 98,92 % sont des mâles géniteurs et 1,08 % sont des méharis de course et de festivités culturelles.

Un troupeau peut être composé uniquement de dromadaires mâles destinés au bat et utilisé pour les fantasias et les courses (cas des troupeaux appartenant aux méharistes), ou composé de femelles destinées à la reproduction avec un ou plusieurs mâles, les éleveurs de la région d’étude maintiennent en moyenne un mâle géniteur pour 25 à 30 chamelles reproductrices.

Sur parcours, le cheptel camelin pâture librement sans aucune garde humaine, guidé uniquement par un maitre étalon ou chef du troupeau surnommé F’hal ; les femelles et jeunes chamelons ne s’écartent pas beaucoup du f’hal, qui surveille son troupeau en marchant

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion toujours à l’arrière, le f’hal de chaque troupeau veille à ce que les animaux restent toujours groupé et à l’écart des autres troupeaux. Le f’hal est parfois entravée en bipède antérieur avant d’être lâché le matin, pour que le troupeau ne s’éloigne plus du lieu de campement ou m’rah , et faciliter ainsi au berger la rentrée du troupeau le soir.

Le dromadaire, comme toute autre espèce animale, possède une dentition temporaire (22 dents) et une dentition permanente quand il devient adulte (34 dents) et ce n’est qu’à partir de ces cinq ans que le dromadaire gagne ses deux premières dents permanentes. L’âge de l’animal se reconnaît aux dents jusqu’à l’âge de 15 ans, les chameliers de la région d’étude attribuent aux dromadaires des noms, selon sa dentition : - El-houar : chamelon de moins d’une année, avant sevrage. - El-makhloul : chamelon d’une année, non sevré mais qui complète son alimentation en broutant de l’herbe. - Ibn-laboun : chamelon de 2 ans, sevré mais qui reste toujours proche de sa mère. - El-hachi : dromadaire de 3 ans, le mâle ayant acquis son format d’adulte et la femelle commence à rechercher le mâle. - El-jedaâ : dromadaire de 4 à 5 ans, ayant perdu toute sa dentition temporaire (dents de lait). - El-theni : dromadaire de 6 ans ayant 2 dents permanentes sur la mâchoire inférieure. - El-rebâai : dromadaire de 7 ans ayant 4 dents permanentes sur la mâchoire inférieure. - El-sedaïssi : dromadaire de 8 ans ayant 6 dents permanentes sur la mâchoire inférieure. - El-gareh : dromadaire de 9 ans ayant 2 crochets sur la mâchoire supérieure. - El-charef : dromadaire de 10 ans et plus dont les dents ont été transformés en chicots, et qui bave continuellement.

Il est à noté qu’à partir de 10 ans, l’âge du dromadaire est déterminé approximativement par le degré d’usure de ces dents, celles-ci prennent la forme de chicots puis tombent, à 20 ans la moitié des dents disparaît par suite de la mastication. L’usure peut être rapide, induite par la qualité du pâturage et les conditions environnementales (rôle abrasif du sable).

I-3-7- Conduite et gestion des troupeaux camelins dans la zone de Ouargla I-3-7-1- La Reproduction En élevage, la reproduction du cheptel est le principal paramètre indicateur d'une bonne ou d’une mauvaise gestion de l'activité. D’après les chameliers consultés, le début de la saison de reproduction cameline est discerné par le comportement de l’animal, elle a lieu en hiver, à partir du mois de Novembre, s’intensifie entre Décembre et Janvier, et s’étend jusqu’au

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion printemps (mois de Mars) ; correspondant ainsi à la saison des pluies, qui conditionne la disponibilité fourragère au niveau des zones de pacages en qualité et en quantité. La saison de reproduction est hivernale (saisonnière) et s’étale sur 5 mois (Novembre- Mars).

Les dromadaires sont caractérisés par une croissance lente, la carrière reproductrice de l’animal débute à l’âge de 3 à 4 ans pour les femelles et à l’âge de 4 à 5 ans pour les mâles, lorsque l’offre fourragère des parcours est abondante ; pour un troupeau camelin soumis à une alimentation énergétique abondante, la carrière reproductrice débute précocement à 3 ans pour les femelles et 4 ans pour les mâles ; par contre, un niveau alimentaire insuffisant retarde l'âge à la puberté, selon les chameliers consultés. Les éleveurs signalent que l’âge à la puberté des dromadaires se reconnait en se basant sur des caractéristiques phénotypiques (une bonne conformation de l’animal) et des paramètres comportementaux.

La mise à la reproduction effective des mâles débute généralement à l’âge de 5 ou 6 ans, le choix du mâle reproducteur est du ressort du chamelier lui-même, en se basant essentiellement sur : ‹ la bonne conformation de l’animal (un animal robuste, une taille haute, des membres bien musclé, un poitrail large, une bosse bien ferme et une robe unicolore) ; ‹ la docilité de l’animal (les chamelons qui montrent une agressivité précoce sont souvent éliminés) ; ‹ la fertilité de l’animal ou le nombre des femelles saillies par ce géniteur durant la période de rut (à raison d’un F’hal pour 25 à 30 chamelles reproductrices) ; ‹ son aptitude à affronter les mâles géniteurs des autres troupeaux sur parcours.

Chez les chameliers de la région de Ouargla, la sélection du mâle géniteur compte beaucoup plus parce qu’il constitue un investissement pour lui. Le mâle une fois sélectionné, doit être utilisé aussi longtemps que possible (minimum 15 ans) ; trop jeune la courte durée de la période de rut ne permet pas au f’hal d’accomplir sa fonction de saillie de l’ensemble des chamelles reproductrices, et trop âgé son pouvoir fécondant diminue et l’épuisement peut l'amener à délaisser certaines femelles, le remplacement du mâle géniteur âgé par un autre mâle jeune sélectionné se prépare à l'avance.

Chez les mâles géniteurs, les signes les plus apparents en période de rut sont marqués par : une course continu des mâles aux femelles en secouant leurs têtes et en émettant des sons

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

(blatère continuellement), des sécrétions abondantes d'un mucus épais accompagné d’une extériorisation du voile du palais ( Doula ) hors de la bouche, une augmentation du poids des testicules, une perte d'appétit, une aptitude à l’attaque des autres mâles ainsi que les frottements des mâles contre les arbustes. Le mâle en rut urine fréquemment, écarte les postérieurs et disperse l'urine sur sa croupe et ses pattes par des mouvements de la queue ; pour le calmer l'éleveur lui frotte la tête avec du goudron (technique ancestrale acquis des touaregs).

La mise à la reproduction effective des femelles, ne se fait souvent qu’à partir de 4 ans, malgré qu’elle soit capable de concevoir dès l’âge de 3 ans. Les chameliers détenant des troupeaux camelins de petite taille (moins de 20 chamelles reproductrices) se souciant d’accroitre leurs troupeaux préfèrent une mise à la reproduction précoce de leurs chamelles (à l’âge de 3 ans), contrairement aux chameliers détenant des troupeaux de grande taille (plus de 100 chamelles reproductrices) qui préfèrent parfois retarder la mise à la reproduction de leurs chamelles jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans. Les chaleurs chez la chamelle se reconnaissent par des émissions de petits jets d'urine lorsque le mâle flaire sa vulve, lors de l'approche du mâle la queue de la femelle est tendue, raide et bat dans le sens vertical.

Les saillies se font librement, sous le contrôle des chameliers et des bergers. Les chameliers choisissent des géniteurs performants, capable de féconder plusieurs chamelles au cours de la courte saison de rut, les bergers consultés rapportent qu’un mâle géniteur de bonne conformation et bien entretenu peut féconder avec succès 4 à 6 femelles par jour. L’accouplement d’une chamelle dure 10 à 20 minutes et se répète plusieurs fois au cours de la journée (en moyenne 3 fois par jour, selon les chameliers et les bergers consultés) afin de s’assurer une saillie fécondante. La femelle saillie est surnommée Legha , celle saillie pour la première fois est surnommée Bekra .

Les chameliers de la région de Ouargla détenteur d’un troupeau renfermant plus de 60 femelles reproductrices (14 % des chameliers enquêtés) optent, généralement, pour la mise à la reproduction de 50 % des chamelles chaque année. Une mesure qui permet au chamelier un accroissement annuel de son effectif et d’étaler la période de production laitière sur toute l’année en vue d’un bénéfice économique perpétuel. Certains chameliers possédant des géniteurs jugés très performants, deviennent des prestataires de service bénévoles au profit

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion des chameliers dont le troupeau est composé exclusivement de femelles, un acte reflétant les bonnes relations sociales existant entre les chameliers.

Traditionnellement, pour diagnostiquer la gestation chez une chamelle « legha », le signe le plus sûr selon les chameliers enquêtés, est que la chamelle gravide refuse l’approche des mâles et soulèvent la queue quand un dromadaire mâle s'approche d'elle. La gravidité des chamelles est longue, la gestation dure une année entière et quelques semaines. Le chamelage est hivernal coïncidant avec une offre fourragère abondante, pour que les chamelles puissent nourrir leurs petits. L’âge du premier chamelage varie entre 4 et 5 ans pour des chamelles saillies précocement à l’âge de 3 à 4 ans (pratiqué chez 82 % des chameliers enquêtés détenant des troupeaux de petite taille), et varie entre l’âge de 5 à 6 ans chez les chameliers détenant des troupeaux camelins de grande taille.

La chamelle met bas en hiver un unique chamelon, qui dès son premier jour se dresse près de sa mère pour accompagner le cheptel. Il est à noté qu’aucun cas de gémellité n’a été signalé par les chameliers enquêtés ; le taux d'avortement est difficilement estimable à cause de la conduite en extensive de l'élevage, selon la même source. Le chamelon est généralement sevré à l’âge de 12 mois, mais à tendance de rester auprès de sa mère pendant 2 ans, surtout si sa mère n'est pas gravide. La fourchette d'âge de sevrage des chamelons diffère d’un chamelier à l’autre, allant de 8 à 18 mois selon l’offre fourragère des zones de pâturages, les besoins de l’éleveur en lait (autoconsommation et commercialisation) et la destination du chamelon (abattage, reproduction ou animal de course).

Les écarts entre deux chamelages successives selon les chameliers enquêtés est de 24 mois en moyenne, et afin de réduire cet intervalle les chameliers choisissent de séparer précocement le chamelon de sa mère (un sevrage précoce des chamelons à l’âge de 6 ou 8 mois) pour stimuler le retour des chaleurs parce que la lactation inhibe l’activité ovarienne et retarde la mise à la reproduction des chamelles. La durée de tarissement chez la chamelle varie entre 4 et 6 mois après le sevrage et le retour des chaleurs après chamelage varie entre 8 et 24 mois, en fonction de la richesse des parcours en fourrages vert ; cette technique est utilisée par les chameliers possédant moins de 6 chamelles.

Il est à noté qu’aucun éleveur n’a pratiqué l’insémination artificielle dans la région de Ouargla, une opération de collecte de sperme camelin a été entreprise, en septembre 2012 au niveau de la zone de N’goussa, par le centre mobile du Centre National de l’Insémination

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Artificielle et de l’Amélioration Génétique (CNIAAG). Le sperme collecté devra faire l’objet d’une étude des caractéristiques génétiques des populations camelines locales.

La durée de la carrière reproductrice des dromadaires diffère d’un chamelier à l’autre, et dépendant essentiellement de leur performances de reproduction et de leur productivité ; pour les chamelles l’âge à la réforme varie entre 15 et 25 ans, pouvant même être prolongée jusqu’à l’âge de 28 ans au maximum, et ce tant que les intervalles entre deux chamelages successives ne dépassent plus les 24 mois. Les chameliers consultés rapportent que les causes de la réforme des femelles sont multiples citons : l’état sanitaire des chamelles, les besoins des chameliers et la diminution de la fertilité. Les chamelles moins reproductrices sont réformées dés l’âge de 15 ans, d’où une carrière reproductrice variant entre 12 et 25 ans pour des chamelles mise à la reproduction dés la puberté (à l’âge de 3 ans), le nombre de portées variera donc entre 5 et 9 chamelons, sans aucun avortement.

Les mâles géniteurs sont réformés le plus souvent à l’âge de 28 ans, le choix se porte toujours sur des mâles susceptibles de féconder plusieurs chamelles par jour (4 à 6 chamelles par jour), les moins fertiles sont réformés à un âge précoce (15 ans), d’où une carrière reproductrice variant entre 10 et 23 ans pour un dromadaire mis à la reproduction à l’âge de 5 ans. D’autre part, il est à noter que la longévité du dromadaire s'en trouve hypothéquer à cause de l’usure de sa dentition dès l’âge de 15 ans, les périodes de sécheresse récurrente et les maladies.

I-3-7-2- La Veille sanitaire Sur le plan sanitaire, l’assistance vétérinaire accuse des carences du fait que les connaissances sur les pathologies du dromadaire sont limitées, ajoutant à ceci la grande mobilité des troupeaux sur de grandes distances et la difficulté d’accès aux zones de pacage de cet animal, les troupeaux ne peuvent donc plus être examinés périodiquement, c’est pour cette raison que des maladies hautement contagieuse telles que la gale reviennent souvent, et pour tenter de diminuer le risque de contamination sur les autres animaux du cheptel, les éleveurs se contentent d’écarter les bêtes très affectées du reste du cheptel. Les principaux problèmes sanitaires signalés par les chameliers de la région de Ouargla sont : la gale, les mammites, les sinusites des chamelons, la Trypanosomiase, les abcès et les blessures des pieds.

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Les éleveurs de la région de Ouargla considèrent le dromadaire comme étant l’animal le moins coûteux en matière de veille sanitaire. Un programme de protection sanitaire du dromadaire a été instauré par le M.A.D.R (D.S.V) l’an 2001, conformément à l’Instruction Ministérielle N° 937 du 07/01/2001, et basé sur une lutte préventive gratuite au profit des éleveurs contre certaines maladies prédominantes ayant un impact sur la santé publique et animale, notamment les zoonoses et les maladies d’origine animale transmises par les aliments. Ces maladies constituent un facteur limitant dans les élevages camelins et causent des pertes économiques considérables (baisse de production et mortalité), il s’agit de : ‹ les Parasitoses externes : la Gale et la Teigne ; ‹ les Parasitoses internes : la Trypanosomiase ; ‹ les Maladies respiratoires et métaboliques.

Les wilayas concernées par ce programme sont : Adrar, Bechar, Illizi, Tamanrasset, Tindouf et Ouargla (M.A.D.R, 2012). Les dépenses liées à l’exécution de ce programme prophylactique sont prises en charge sur le Fonds de Promotion Zoo-sanitaire et de Protection Phytosanitaire (F.P.Z.P.P); Les dépenses enregistrées depuis le début du programme pour l’achat de médicaments vétérinaires étaient de l’ordre de : 17.791.744 DA (M.A.D.R /D.S.V, 2012). En moyenne le nombre de têtes traités annuellement est d’environ 38.764 têtes camelines contre 67.600 têtes ovines, caprines et bovines, 3.426 éleveurs bénéficient de ce programme chaque année (M.A.D.R, 2012).

Les services vétérinaires, sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture, procèdent au contrôle sanitaire du cheptel camelin à travers des compagnes périodiques de vaccinations et des prélèvements de sang sur les troupeaux. Mais les cheptels ne peuvent pas être tous examinés à cause de leurs mobilités, ainsi que le refus catégorique des chameliers à autoriser les prélèvements de sang sur leurs troupeaux.

I-3-7-3- La Commercialisation Pour les chameliers de la région de Ouargla, les ventes d’animaux vifs sont effectuées de manière disparate dans le temps selon les opportunités de vente offertes aux chameliers et selon la demande des marchés locaux et limitrophes, soit pour assurer des revenus monétaires soit pour le désir de renforcer ou de renouveler leurs troupeaux. Selon les chameliers enquêtés, la vente des bêtes a lieu soit à proximité des lieux de campements ou au niveau des marchés hebdomadaires à bestiaux des zones de Ouargla, El Hedjira, Taïbet, El-Oued et d’El-

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Bayadh. Le marché à bestiaux offre également aux chameliers des occasions pour l’échange des bêtes avec ceux des wilayas limitrophes.

Le nombre de dromadaires vendues chaque année varie entre 3 et 7 têtes par chamelier, dépendant essentiellement de : ‹ la taille du troupeau : les éleveurs évitent la coexistence de plusieurs mâles au sein de leurs troupeaux, ils préfèrent garder les femelles pour la reproduction et s’en débarrassés des mâles ; ‹ l’offre fourragère des pâturages qui conditionne l’état d’engraissement des bêtes : dans le but d’assurer la survie de son troupeau, l’éleveur en période de disette vend quelques unités pour pouvoir s’approvisionné en compléments alimentaires (notamment l’orge et le foin) ; la sous alimentation entraîne un amaigrissement des animaux, des mortalités à cause de la faible résistance aux agents pathogènes, une diminution des naissances et des avortements ; ‹ la situation financière de l’éleveur ;

Les sujets vendus sont transportés par camions ou pick up depuis les parcours aux marchés à bestiaux et abattoirs.

Photo N° 11 : Transport de dromadaires vers le marché à bestiaux

Le prix de vente d’un dromadaire est déterminé selon l'âge, le sexe et la conformation corporelle de l’animal. Les prix de vente des dromadaires obéissent aux lois essentielles du marché : une demande faible conjuguée à un nombre important d’animaux sur le marché induit une baisse des prix de vente des dromadaires, alors que les prix escaladent en cas d’une

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion demande forte sur un nombre restreint d’animaux. Les prix de vente oscillent, selon les chameliers consultés, entre : ‹ 70.000 et 100.000 DA pour les sujets de 12 mois ; ‹ 80.000 et 120.000 DA pour les sujets de 18 mois ; ‹ 90.000 et 150.000 DA pour les sujets de 36 mois ; ‹ 150.000 et 200.000 DA pour les sujets de 72 mois ; ‹ le prix d’une Naga oscille entre 200.000 et 250.000 DA, celui d’un f’hal oscille entre 150.000 et 200.000 DA, selon l’âge.

Le marché de vente des dromadaires est en réalité animé par trois intervenants en relation étroite entre eux : ‹ le chamelier concerné par l’engraissement des bêtes ; ‹ le maquignon métronome des actions de vente au marché à bestiaux ; ‹ et le boucher assurant l’abattage et l’écoulement du produit.

L’écart entre le prix du dromadaire à la source (chez les chameliers) et celui du marché est important, c’est le maquignon et le boucher qui sont en grande partie culpabilisés de cet écart. Les prix selon les catégories des animaux et le lieu de sa vente se présentent comme suit (Tableau N° 10) : Tableau N° 10 : Prix de vente des dromadaires selon l’âge et le lieu de vente Catégories d’âge Prix à la source Prix au marché à Prix de revient (chamelier) bestiaux du boucher (maquignon) Makhloul (200 à 250 kg) 70.000 120.000 170.000 à 200.000 Hachi (300 à 380 kg) 90.000 150.000 220.000 à 280.000 Dromadaire âgés ou reformé 200.000 250.000 300.000 à 450.000 (450 à 750 kg) Source : Nos enquêtes (2012- 2013)

Pour les maquignons, l’écart entre le prix du dromadaire à la source inclue le coût de l’amenée des animaux en ville, qui diffère selon le trajet parcourue de la zone de pacage au marché à bestiaux ; pour les bouchers l’écart inclue les taxes d’abattage et les coûts d’alimentation des bêtes pendant leur séjour au niveau de l’abattoir avant l’abattage.

Lors des fêtes nuptiales, les autochtones de la zone de Ouargla se partagent le prix d’achat d’un hachi dont le prix est nettement plus intéressant parce qu’il coûte moins chère

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion comparé au prix du mouton qui a pris des ailes ces dernières années. En effet, au moment où le consommateur devrait débourser entre 40.000 et 50.000 DA pour l’achat d’un mouton de 2 à 3 ans dont le poids vif varie entre 70 et 80 kilogrammes (produisant une carcasse d’environ 50 kilogrammes de viande), un bon Hachi dont le poids vif varie entre 300 et 380 kilogrammes (produisant une carcasse dépassant les 270 kilogrammes) coûte entre 90.000 et 120.000 DA.

I-3-8- Exploitation du cheptel camelin de la zone d’étude Au niveau de la région de Ouargla, le dromadaire n’est plus intégré au fonctionnement de la vie sociale des populations rurales d’origine nomade (don, dot, prêt) au même titre que les autres animaux domestiques. L’élevage camelin dans la région d’étude présente l’avantage de jouir de la proximité de centres urbains pour écouler certains produits tels que la viande et le lait, et de la proximité des périmètres agricoles pour la vente du crottin. Globalement, la finalité de l’élevage camelin se présente comme suit: ‹ La production de jeunes sujets pour l'accroissement des troupeaux et l’engraissement ; ‹ La production de produits alimentaires (viande et lait) ; ‹ La production de produits artisanaux (poils et cuir) ; ‹ La production du fumier (crottin) ; ‹ La production de force de travail et le loisir (animal de trait, de bât, de selle et de course).

Les productions camelines se présentent comme suit : I-3-8-1- La production de viande Au Sahara, le dromadaire est considéré comme étant un animal bon producteur de viande dans des zones contraignantes à d'autres espèces domestiques. Le dromadaire peut fournir une quantité substantielle de viande, passant d’un poids vif d’environ 15 à 20 kilogrammes pour un chamelon à la naissance, pour atteindre un poids variant entre 200 et 250 kilogrammes après une année, puis un poids variant entre 450 et 750 kilogrammes pour un sujet adulte de 10 ans (BENZINE, 2009) ; le poids vif d'une femelle est inférieur à celui d’un mâle. Une carcasse de 100 kg, contient en moyenne, selon BEN AISSA (1989) : 77 kilogrammes de viande, 5 kilogrammes de graisse et 16 kilogrammes d’os.

Selon nos interlocuteurs, les dromadaires sont utilisés comme animaux de boucherie par excellence, alors que la viande cameline est rarement consommée par les éleveurs

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion nomades, on ne la mange qu'en périodes de grave pénurie alimentaire pour accomplir un rite (lors des fêtes religieuses tels l’aïd ou lors des cérémonies de mariages), à Ouargla on ne sacrifie jamais un dromadaire lors de la réception des invités, contrairement aux Touaregs qui, selon ADAMOU (1993), quand ils veulent faire honneur à un hôte, c’est un dromadaire qu’on choisit, plutôt qu’une chèvre ou un mouton.

Au niveau de la région de Ouargla, la consommation de la viande cameline se limite à de rares consommateurs autochtones et allochtones d’origine saharien appréciant surtout la viande des chamelons (Hachi et Makhloul), c’est la viande ovine qui occupe une place prépondérante dans le volume des consommations en viandes rouges, tel est le cas également au niveau de la région d’El-Oued (TITAOUINE, 2006 ; ADAMOU, 2008 ; HAMAD, 2009) contrairement à la forte tendance de la population de Tamanrasset et Tindouf à la consommation de la viande cameline, selon BOUZEGAG (2002) et ADAMOU (2008), qui est à l’origine de l’orientation de l’élevage camelin comme animal de boucherie. La consommation locale en viandes camelines est directement concurrencée par les productions en viandes fraîches ovine, bovine et avicole ainsi que les viandes congelées ovines et bovines prisées par la population cosmopolite de la wilaya de Ouargla. La vente des viandes congelées ovine et bovine prend de l'ampleur ces dernières années, des boucheries spécialisés dans ce type de viande ont vu le jour un peu partout à travers la région de Ouargla. Depuis l'avènement de ce type de produit sur le marché local, un très grand nombre de boucheries exposent dans un même comptoir frigo, des viandes ovine et bovine congelées ou en voie de décongélation au même titre que les viandes fraîches. La situation est devenue alarmante parce que le consommateur local préfère s'approvisionner en viande congelée.

La viande cameline est aujourd’hui un aliment de choix, car un nombre de plus en plus important de consommateurs s’orientent vers la consommation de cette viande, enthousiasmé par ses qualités diététiques et thérapeutiques appréciée comme étant une viande saine, fraîche, light et parfumée d’herbes aromatiques sahariennes, et par son prix abordable pour le consommateur à faible pouvoir d’achat (650 DA le kilogramme pour la viande du Hachi, 750 DA pour la viande du Makhloul et 550 DA pour la viande des sujets âgés), très en-deçà de celui des autres viandes rouges ovine (vendue à 1.500 DA le kilogramme) et bovine (qui oscille entre 850 et 1.300 DA le kilogramme).

L’engouement de la population autochtone pour la viande cameline n’est pas une question de prix seulement, mais d’habitude culinaire et de saveur. Les chameliers consultés

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion affirment que la qualité de la viande cameline diffère selon l’âge, le sexe, l’état sanitaire de l’animal et la nature des plantes broutées ; la viande provenant d’animaux qui s’alimentent sur parcours naturels est meilleure que celle provenant d’animaux engraissés à base de plantes cultivées et de concentrés. Selon la même source, le meilleur âge pour l’abattage d’un dromadaire se situe entre 2 ans et demi et sa troisième année, afin d’obtenir une viande de meilleure qualité comparable à celle du bœuf ayant des avantages diététiques (moins de cholestérol) et un rendement optimal en carcasse.

Le rendement en carcasse des dromadaires Sahraoui évolue avec l’âge variant entre 53,91 % pour les sujets de 3 à 4 ans et 57,57 % pour les sujets de 9 à 11 ans (BOUZEGAG, 2002). Sur le plan biochimique, les résultats obtenus par OULD EL HADJ et al (2002) et BOUZEGAG (2002) dévoilent que la teneur en protéines de la viande du dromadaire "Sahraoui" est très importante présentant une valeur de 20% qui évolue avec l’âge, une faible teneur en matière grasse variant selon l’âge entre 0,92 % et 1,01 % et une valeur constante d’environ 1,2 % de sucres.

Au niveau des abattoirs de la wilaya de Ouargla, la viande cameline représente 13 % des viandes contrôlées destinées à la consommation, occupant ainsi la troisième position après les viandes ovines et bovines très prisées par les populations autochtones et cosmopolites de la région de Ouargla (Tableau N° 11).

Tableau N° 11 : Statistiques d’abattage de la wilaya de Ouargla ANNÉE BOVIN OVIN CAPRIN CAMELIN Nombre Poids Nombre Poids Nombre Poids Nombre Poids (têtes) (kg) (têtes) (kg) (têtes) (kg) (têtes) (kg) 2000 4.273 807.597 91.007 2.047.657 999 14.985 1.860 349.680 2001 4.744 874.940 82.794 1.536.843 1.007 15.105 2.064 375.640 2002 4.565 843.780 79.894 1.482.716 992 14.880 2.608 477.660 2003 3.689 693.680 66.031 1.236.114 923 13.859 2.807 518.920 2004 2.279 428.480 38.181 748.254 875 13.125 2.219 407.020 2005 1.899 356.220 48.242 907.640 792 11.880 2.067 379.700 2006 2.343 434.060 55.236 1.014.228 798 11.970 5.248 961.840 2007 2.058 382.700 46.372 867.794 458 6.835 2.028 366.075 2008 2.548 492.290 64.240 1.248.176 276 4.134 2.617 503.760 2009 1.298 277.420 40.448 779.738 801 12.019 1.834 336.400 2010 1.571 354.040 39.206 843.862 833 12.553 1.401 265.380 2011 1.553 332.585 35.548 763.454,5 709 10.345 1.753 343.585 2012 3.373 729.460 57.991 1.248.218 1.030 15.450 1.563 311.022 Source : D.S.A Ouargla (2012)

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D’après le tableau N° 11, le nombre de têtes camelines abattues varie annuellement selon la demande du marché, mais on enregistre une augmentation remarquable en nombre de têtes abattues durant l’an 2006 comparativement aux autres années, coïncidant, selon les services vétérinaires de la wilaya, à la période d’émergence de l’épidémie de la grippe aviaire en 2006.

Selon les bouchers consultés, le sacrifice des chamelons (Hachi et Makhloul) est très important au niveau de la région de Ouargla, les autochtones portent leur dévolu sur le chamelon dont la qualité de la viande est plus tendre que celle des animaux adultes et semblable à celle du bœuf ; les dromadaires mâles sont plus concernés par l’abattage que les femelles, les tranches d’âges les plus souvent abattues sont en nombre de quatre, à savoir : ‹ Les chamelons d’une année (El-Makhloul) ; ‹ Les chamelons de 3 à 4 ans (El-Hachi) ; ‹ Les dromadaires mâles de 5 à 6 ans ; ‹ Les animaux âgés ou réformés dont la détermination de l’âge s’avère difficile à cause de l’usure de la dentition.

Selon les bouchers de la région, l’abattage clandestin des dromadaires qui échappent aux contrôles des services vétérinaires persiste toujours, il s'agit d'une pratique courante de bouchers occasionnels, dont le taux est estimé à 10 %, voulant accroître leur marge de bénéfice en échappant aux taxes prélèves au niveau des abattoirs (1.800 DA dont 1.400 DA pour l’abattage et 400 DA pour le transport) et aux actions de saisies. La fraude est manifeste, car le consommateur ferme les yeux sur l'estampillage et préfère acheter de la viande à 200 ou 300 DA de moins que celle contrôlée.

Selon les bouchers consultés, à Ouargla, la carcasse du dromadaire est découpée en neuf morceaux : ‹ le collier (réputé par sa viande moelleuse) ; ‹ les deux épaules (riche en viande) ; ‹ les côtes ; ‹ le flanchet ; ‹ les côtes découvertes ; ‹ le filet et le faux filet (el-gatna) ; ‹ les deux cuisses (riche en viande) ;

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‹ la bosse (el-deroua) ; ‹ et la queue (el-liya).

BEN AISSA (1989) avait noté que la consommation de la viande cameline est de l’ordre de 1,76 kilogrammes par habitant et par an, elle a surtout lieu dans les régions sahariennes et steppiques ; mais selon BOUZEGAG (2002), la consommation de la viande cameline au niveau de la ville de Ouargla à passé de 0,70 kilogrammes en 1995 à 1,06 kilogrammes en 1996. Selon les bouchers consultés, les ménages constituent la clientèle exclusive de cette viande, les morceaux les plus prisés par cette clientèle sont par ordre d’importance: ‹ les abats blancs (viscères) en raison de leurs prix abordable (le kilogramme) ; ‹ le filet (El-Guetna) et la viande avec os utilisés pour les plats traditionnels surtout les sauces du couscous ; ‹ la graisse de la bosse (El-Deroua) en raison de ses vertus thérapeutiques contre les maladies respiratoires (bronchite surtout) ; ‹ les abats rouges (foie, cœur et reins).

Le prix de vente des viandes camelines n’est plus indexé, le prix du kilogramme varie selon l’âge de l’animal abattu et le type du morceau : ‹ la viande sans os : 1000 DA ‹ les abats rouges 1000 DA ‹ la viande avec os : 650 DA (El-Hachi) 750 DA (El-Makhloul) ‹ la graisse (el-deroua) : 200 DA ‹ les viscères 150 DA Il est à noter que la viande fraîchement abattu se vend plus chère, son prix diminue en fonction de sa durée d’étalage.

Le développement de la filière des viandes camelines dans la région d’étude est confrontée à divers contraintes qui entravent son essor, dont il y a lieu de citer : ‹ le caractère extensif de l’élevage des dromadaires, fortement dépendant du régime annuel des pluies, imposant aux chameliers des mouvements continus en quête de bon pâturage ; ‹ la commercialisation de la viande cameline est directement concurrencée par le marché des viandes ovine et bovine congelées.

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I-3-8-2- La production du lait D’une manière générale, le lait de chamelle n’entre plus dans les habitudes alimentaires de la population urbaine de la région de Ouargla, alors qu’il constitue un produit identitaire pour les populations élevant des dromadaires, c’est un élément essentiel dans l’alimentation des chameliers et des bergers. Doté de vertus médicinales et nutritionnelles extraordinaires, le lait de chamelle suscite actuellement de plus en plus l’intérêt des nutritionnistes, réputé comme produit pharmaceutique et apprécié pour ses propriétés anti-infectieuse, anticancéreuse, antidiabétique et également comme reconstituant pour les malades convalescents afin de renforcer leur système immunitaire et stimuler l’activité physique de l’organisme humain dans les états de surmenage, ceci est en partie due à sa richesse en vitamine C, évalué à 41,40 milligrammes par litre, selon SIBOUKEUR (2008).

Le lait de chamelle est un lait qui se rapproche le plus du lait maternel, pouvant constituer ainsi une alternative alimentaire pour les nourrissons souffrant d’allergie aux protéines de lait de vache ou d’intolérance au lactose, vu qu’il est moins gras, moins sucré et ne coagule pas ce qui rend sa digestion aisée pour le nourrisson ; selon SIBOUKEUR (2008), la composition physico-chimique d’échantillons de lait camelin collectés localement se présente comme suit : ∗ une teneur en matière grasse évaluée à 28 grammes par litre ; ∗ une teneur en lactose évaluée à 43,8 grammes par litre ; ∗ une teneur en protéine totale évaluée à 35,6 grammes par litre ; ∗ et une teneur en vitamine C évaluée à 41,40 milligrammes par litre. Ces résultats sont compatibles à ceux cités dans la littérature et confirment que ce lait peut constituer une alternative alimentaire pour les nourrissons souffrant d’une intolérance au lactose.

La production laitière journalière d'une chamelle est difficilement estimable, seules les quantités du lait récoltées après que le chamelon ait réclamé son dû sont évaluées. Les estimations répertoriées ne reflètent jamais les quantités réellement produites ; à titre d’exemple, lors du 2éme salon national du dromadaire qui a eu lieu à Ouargla (2012), la production laitière journalière d’une bonne chamelle laitière, bien nourrie et en bonne santé a été évaluée à un minimum de 2 litres et un maximum de 5 litres de lait recueilli par femelle, avec en moyenne trois traites par jour. Selon les chameliers consultés, la chamelle comme les autres femelles, produit des quantités importantes de lait au début de la période de lactation, le

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion pic de lactation survient entre le troisième et le quatrième mois, pouvant atteindre de 4 à 6 litres de lait par traite.

La traite des chamelles est manuelle et s’effectue généralement deux fois par jour, une première le matin de bonne heure avant le départ des troupeaux au pâturage, et une seconde le soir après la rentrée des troupeaux au campement ; mais des traites supplémentaires circonstancielles peuvent intervenir lorsque l’éleveur reçoit des visiteurs. Les chamelles sont un peu capricieuses et terriblement têtues, elles ne se laissent traire que si elles connaissent et apprécient la personne qui les trait ; le changement du trayeur habituel peut entraîner une importante rétention lactée. La durée de la période de lactation varie entre 6 et 18 mois, dépendant essentiellement des opportunités offertes aux chameliers.

Alors qu’il doit constituer un produit de terroir très spécifique en qualité de produit diététique, bio et sain ; la demande pour le lait de chamelle reste très faible au niveau de la région de Ouargla, sa consommation est très restreinte, limitée à quelques consommateurs recherchant surtout ses vertus thérapeutiques bénéfiques pour la santé. Raison pour laquelle, de nombreux éleveurs se sont orientés vers la vente de ce précieux produit, comme étant une activité économique fortement rémunératrice. La vente du lait camelin constitue une source de revenus non négligeable pour les chameliers, malgré qu’elle soit occasionnelle et irrégulière, le litre du lait se vend en zones rurales à 450 DA et en zones urbaines entre 600 et 650 DA, mélangé ou non avec des urines d’une jeune chamelle selon la demande du client (le mélange lait + urines est une potion conseillé pour le soulagement du cancer).

Certains chameliers sédentarisés en ville vendent sur demande une partie de leur production laitière lorsqu'un marché périurbain se trouve à proximité ; possédant leurs propres moyens de transport (véhicules tout terrain), ils envoient quotidiennement des véhicules pour la collecte du lait frais auprès des troupeaux dans les campements proches de la ville, et livrent eux-mêmes chaque matin du lait fraîchement trait aux quelques points de vente existantes au niveau de la région, à savoir : un boutiquier au niveau de la zone de Mekhadma et 3 boucheries, 2 au niveau de la zone de Ouargla (Souk el-hadjar et El-Gara) et une à N’goussa, puisqu’il n’existe plus d'unité de collecte et/ ou de conditionnement du lait de chamelle à Ouargla.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Toutefois, nombreux sont les chameliers (nomades surtout) ayant des préjugés cultuels contre la vente du lait, car pour eux le lait est un objet de donation et non pas de vente, c’est la raison pour laquelle une grande partie de la production laitière des chamelles est destinée à l’alimentation des jeunes chamelons, et le faible surplus est destiné à la consommation du chamelier, de sa famille, du berger qui assure le gardiennage de son troupeau et les visiteurs comme cadeau de bienvenue ; tel est le cas également au niveau de la zone du Hoggar où la production laitière est, d’après ADAMOU (2008), partagée entre le chamelon, l’éleveur et sa famille ou offerte gracieusement, même en cas de vente le lait est cédé à un prix très bas oscillant entre 70 et 100 DA le litre.

D’autre part, SENOUSSI (2011) et LAAMECHE (2013) rapportent qu’à cause des vertus thérapeutiques du lait de chamelle, l'élevage camelin laitier intensif lance son chemin de développement dans la région de Ghardaïa conforté par les aides octroyées par les pouvoirs publics, plusieurs exploitations d’élevage camelin intensif ont vu le jour dans les régions de la Ghardaïa et Metlili et de nombreux éleveurs se sont impliqués dans cette filière de production génératrice de revenus conséquents.

Collecter du lait de chamelle est une tâche pénible, à cause du mouvement continu des troupeaux camelins, les véhicules collecteurs de lait peuvent parcourir des dizaines de kilomètres en vain, c’est pour cette raison que les chameliers de la région de Ouargla maintiennent près des campements les chamelles allaitantes, entravées par les membres antérieurs (Photo N° 12) ; cette entrave entraîne une légère gêne pour les chamelles pour se déplacer librement et permet donc au chamelon d'approcher le pis et de téter aisément.

Photo N° 12 : Chamelles allaitantes entravées

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Les chameliers consultés reconnaissent au lait de chamelle un temps de conservation prolongé comparé au lait de vache, qui peut s’étaler jusqu’à 10 jours à cause de sa résistance particulièrement élevée aux fermentations lactiques ; SIBOUKEUR (2008) avait noté qu’en été la fermentation du lait camelin a lieu entre 24 et 48 heures après la traite, alors qu’en hiver elle s’étale entre 4 et 6 jours, ce qui présente un avantage certain à sa conservation à l’état frais. Selon SALEY (1993) cité par SIBOUKEUR (2008), la teneur du lait de chamelle en vitamine C est à l’origine du pH bas.

Les chameliers optent pour le sevrage des chamelons en saison favorable de bon pâturage, l’entrave de la chamelle est enlevée, la mamelle est enveloppée par une panière appelée « ch’mal », fixé autour de l'abdomen de la chamelle pour empêcher l'accès aux trayons. Les petits chameliers désirant l’accroissement de leurs cheptels optent pour le sevrage précoce des chamelons à 6 mois, afin de stimuler le retour des chaleurs et la mise à la reproduction précoce de leurs chamelles, en raccourcissant les écarts entre deux chamelages successives. Selon les chameliers consultés, les caractéristiques et le goût du lait de chamelle diffère selon la nature des plantes broutées et la disponibilité en eau. Au goût du lait, les chameliers peuvent déterminer les pâturages où ont brouté les chamelles, à titre d’exemple, l’ingestion de plantes halophytes donne un goût salé au lait, alors que les fourrages comme la luzerne donne un goût sucré au lait.

Á Ouargla, le lait de chamelle a un brillant avenir, les statistiques de la D.S.A Ouargla (2012) font apparaitre une production laitière annuelle évaluée à 3.510 litres en 2010, mais cette production est mal exploitée ; plusieurs facteurs entravent le développement de la filière laitière cameline au niveau de la région de Ouargla, citons : ‹ l’éloignement des campements d’élevages camelins des zones urbaines ; ‹ une grande partie de la production laitière n’est pas exploitée lors de la période de divagation ( H’mil ) ; ‹ la faible demande au lait camelin à cause de l’élévation du prix unitaire du lait cédé à 450 DA le litre dans les zones rurales et à 650 DA le litre au niveau du marché urbain ; ‹ L’absence d'unité de collecte et/ ou de transformation du lait de chamelle à Ouargla.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

I-3-8-3- La production de poil (Oubar) Le dromadaire fournit un pelage très faible, le poil (Oubar) est prélevé généralement sur le cou, la bosse et les épaules de l’animal. La quantité annuelle de poils produite varie selon l'âge, la taille et l’état sanitaire de l'animal, elle oscille entre 1 et 3 Kilogrammes de poils par animal. La toison est récupérée au printemps lors du changement de saison, en arrachant manuellement les fibres ou en utilisant des ciseaux, si non elle tombe d’elle-même en été lorsque l’animal n’est pas tondu. La tonte du dromadaire commence dés l’âge de 18 mois, âge durant lequel le poil est dense et de bonne qualité en raison de sa douceur et de sa souplesse, la toison des épaules est plus fine et plus longue que celle des autres parties du corps. Chez les femelles non gestantes la toison est beaucoup plus importante que chez les femelles gravides (SENOUSSI, 2011).

Le poil le plus recherché à Ouargla est celui du jeune chamelon de 2 ans ressemblant au cachemire, très recherché par les artisanes tisserandes de la région de Ouargla pour la qualité supérieure de ces fibres. Les couleurs de poils les plus recherchées par les chameliers de la région de Ouargla sont en nombre de trois : El-Hamra (marron clair), El-Zerga (marron foncé) et E’Chahba ou E’Safra (marron caramel). La qualité du poil se perd avec l’âge, devenant plus rêche et moins dense, avec une forte variabilité individuelle liée surtout à l'état sanitaire de l'animal, les problèmes cutanés en particulier la gale sarcoptique qui diminue la qualité du poil. Le kilogramme du poil de dromadaire (Ouber) se vend à des prix exorbitants, oscillant entre 8.000 et 10.000 DA.

Les sociétés rurales utilisent les poils de dromadaires (Ouber) en tant que produit de base pour le tissage des célèbres burnous et kachabia, ainsi que la confection du tissu des kheïmas assurant solidité et imperméabilité contre la chaleur, le froid et la pluie. La grande solidité de cette matière est également à l’origine de son usage dans la confection des cordes. L’artisanat de la kachabia et du burnous à base du poil de dromadaire, demeure jusqu’à présent l’apanage des femmes rurales d’origine nomade ; ces produits authentiques précieux, dont le prix oscille entre 35.000 et 90.000 DA pour une kachabia oscille entre 70.000 et 140.000 DA pour un burnous constituent pour eux une ressource économique substantielle, et considérés comme étant les plus beaux et plus chers cadeaux pouvant être offerts en gage d’amitié.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

L’artisanat utilisant les poils de dromadaires est une activité encore bien préservée par les femmes rurales d’origine nomade des régions de N’goussa, Aïn Beida et Sidi khouiled ; une activité dont il convient de préserver contre la déperdition, malgré les maintes contraintes entravant le développement de la filière, citons : ‹ le manque de la matière première à cause de la faible quantité de poil récolté annuellement : les poils ne poussent pas uniformément sur la totalité du corps du dromadaire, ils se concentrent surtout sur la bosse, le cou et les épaules de l’animal (Photo N° 13) ; le jeune chamelon de moins de 2 ans produit entre 1 et 1,5 kilogrammes de poil, alors que les adultes produisent entre 2,5 et 3 kilogrammes annuellement.

Photo N° 13 : Zones de poussée de poils sur le corps du dromadaire Sahraoui

L’insuffisance de cette matière première constitue la hantise principale des artisanes tisserandes, et sa disponibilité demeure la seule garante de la pérennité et de la promotion de cette tradition artisanale séculaire ; les artisanes tisserandes on arrive à peine à confectionner quelques produits qui se vendent presque au même prix de revient, cela décourage les nouvelles générations et pousse certaines artisanes à quitter ce métier pour s’adonner à d’autres activités plus lucratives.

‹ la difficulté d’écoulement des produits à cause de la cherté surtout avec la concurrence des produits étrangers notamment chinois : les artisanes font face actuellement à la problématique de la commercialisation de leurs produits kachabia et burnous tissés à la main, elles se retrouvent dans l’obligation d’acquérir les poils de dromadaire à des

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

prix exorbitants, qui se répercutera sur le prix des produits confectionnés. Les jeunes trouvent que ces vêtements authentiques, réservés beaucoup plus aux catégories sociales aisées et âgées, réduisent leur mobilité surtout avec l’avènement des kachabias et des burnous en laine ou en flanelle, dont le prix de l’unité oscille entre 2.000 et 3.000 DA seulement, ainsi que les habillements chinois (vestes et manteaux) copiés de marques connues.

‹ la difficulté d’organiser l’artisanat du tissage du poil de dromadaire : l’artisanat du tissage du poil de dromadaire à Ouargla est une activité détenue exclusivement par des femmes au foyer émérites, qui veillent à la transmission du métier entre elles de génération en génération ; ces artisanes tisserandes non encouragées par les pouvoirs publics continuent à exercer ce métier par amour et par passion rien que pour préserver ce patrimoine, ce qui pose problème pour l’organisation de ces artisanes en associations artisanales pouvant être subventionnées par les pouvoirs publics.

I-3-8-4- La production de crottin (Ouguide) L’activité de ramassage du crottin est une activité occasionnelle très pénible, mais très rémunératrice ; nécessitant un déplacement continu de la part du chamelier ou du berger sur de grandes étendues de surface sur les traces des troupeaux camelins à travers les zones de pacage. Les lieux de ramassage habituel du crottin, selon les chameliers enquêtés, se situent aux niveaux des points d’abreuvement et les lieux de rassemblement des troupeaux en périodes de repos. Selon les chameliers consultés, la durée de remplissage d’un sac d’emballage de 25 kilogrammes, varie d’une dizaine de jours à deux mois, liée essentiellement à l’offre fourragère des parcours. Selon ADAMOU (2008), le poids et la qualité du fumier sont étroitement liés à la nature de l’aliment ingéré, ainsi le poids d’une charge d’ Arphtis schitinum (baguel) dépasse largement le quintal, alors que celle de Stipagrostis punguns (drinn) n’atteint guère le quintal. Le fumier d’ Ephedra alata (alenda) et de Limonastrium guyonianum (zita) sont de meilleure qualité que celui de Traganum nudatum (damrane).

Le crottin ramassé est vendu aux phœniciculteurs des zones de N’goussa, Rouissat et Sidi khouiled pratiquant la culture de palmier dattier en bour, vu qu’il se caractérise, d’après SENOUSSI (2011), par une composition faible en azote. En réalité, le ramassage du crottin des dromadaires est une pratique propre aux chameliers du Souf, parce que les

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion phoeniciculteurs de la région l’utilisent comme fumier pour la culture du palmier dattier en entonnoir (Ghout), selon ADAMOU (2008) 59 % des chameliers du Souf ont recours à cette activité.

I-3-8-5- La production en cuir Le cuir du dromadaire, malgré son poids et sa taille, présente une valeur commerciale négligeable dans la région de Ouargla. Généralement, le cuir du dromadaire abattu est jeté, mais il arrive des fois où elle est vendue soit à des touaregs ou des maliens, qui l’utilisent pour la confection de couvertures pour les arçons de selle, des semelles de souliers et pour la confection d’objets artisanaux vendus aux touristes.

I-3-8-6- Les performances sportives Le dromadaire a perdu certaines de ses fonctions antiques telles que le labour, l’exhaure de l’eau et le transport, concurrencé par le développement de la mécanisation ; le chamelier dispose actuellement d’un téléphone portable, d’un véhicule tout terrain et parfois d’un camion ou d’un tracteur. L’usage du dromadaire comme moyen de transport et de travail dans la région de Ouargla se limite aux nomades et aux bergers qui l’utilisent jusqu’à présent comme animal de bât et de selle, pour faciliter leurs déplacements et porter leurs paquetages lors de leur transhumance à travers les zones de transhumance où les infrastructures routières sont pratiquement inexistantes. De nos jours, mêmes les dromadaires sont transportés sur les plateaux des pick-up et des camions lors de l’amenée des animaux en ville.

À Ouargla, le dromadaire est utilisé beaucoup plus comme animal de course, de selle et de festivités. - le dromadaire de course : devenues un véritable sport local, régional et même national ; la course des méharis est non seulement un sport, mais également une tradition culturelle que les chameliers perpétuent à chaque grande occasion, comme étant un héritage légué par les aïeux. Les dromadaires de course ne doivent jamais dépasser les 400 kilogrammes, selon les méharistes consultés, afin qu’ils puissent parcourir aisément les 50 kilomètres par heure en vitesse moyenne (Photo N° 14).

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

Photo N° 14 : Méharis et Méharistes de Ouargla

Le dressage des animaux de course débute dès leur deuxième année, par l’adaptation de l’animal à son maître, puis par l’entrainement de l’animal à baraquer à la demande, suivre son propriétaire, se laisser harnacher et marcher avec une personne sur le dos, mais au-delà de l’âge de 3 ans l’animal devient difficile à manier.

- le dromadaire de festivités : les dromadaires élevés pour la course sont également privilégiés pour les spectacles, et utilisés pour les parades et les fantasias sur les rues de la wilaya de Ouargla lors de l’ouverture des festivités culturelles et folkloriques (Photo N° 15).

Photo N° 15 : Parade sur une rue de Ouargla

- le dromadaire de selle : au niveau des zones de transhumance, le seul moyen de transport disponible au profit des chameliers et des bergers reste le dromadaire (Photo N° 16) ; les chameliers utilisent pour cela des bêtes dociles, minces, à pattes longues, poitrine forte et large. Certaines familles rurales d’origine nomade maintiennent jusqu’à présent l’utilisation

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion du palanquin ou " bassour " lors des fêtes de mariage, pour le transport de la mariée depuis son domicile parental vers sa nouvelle maison conjugale (Photo N° 17), on utilise le plus souvent des nagas adultes de bonne conformation, pour que les femmes soient confortablement installées.

Photo N° 16 : le dromadaire, seul moyen de Photo N° 17 : palanquin (Bassour) transport en zones désertes

Contrairement aux chameliers des zones du Souf et Djelfa qui utilisent les dromadaires comme étant des animaux de bât pour le transport du bois (ADAMOU, 2008 ; OULAD BELKHIR, 2008), les ramasseurs de bois de la région de Ouargla sont des transhumants utilisant des pick-up tous terrain (Photo N° 18).

Photo N° 18 : ramasseurs de bois de la région de Ouargla

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre I : Résultats et Discussion

L’utilisation du dromadaire comme animal de trait (pour le labour et l’exhaure de l’eau) est une pratique qui a complètement disparu de la région de Ouargla, suite au développement de la mécanisation du secteur agricole.

En conclusion, la poly-fonctionnalité du dromadaire dans un milieu hostile et contraignant permet a des populations marginalisées d’en tirer un grand profit, de part ses productions en viande et en lait, très recherchés pour leurs vertus thérapeutiques, garantissant à la fois une complémentation alimentaire en protéines d’origine animale et un revenu monétaire substantiel, en plus des sous-produits (poil et crottin) garantissant un appoint financier non négligeable pour les chameliers, ainsi que ses performances sportives constituant un moyens d’attraction touristique pour la wilaya de Ouargla.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II: Contraintes entravant l’élevage camelin

CHAPITRE II: CONTRAINTES ENTRAVANT L’ELEVAGE CAMELIN À OUARGLA ET RECOMMANDATIONS

Les investigations entreprises sur la situation de l’élevage camelin au niveau de la zone de Ouargla, a permis de mettre l’accent sur plusieurs contraintes qui entravent le développement du cheptel camelin. Les contraintes relevées été nombreuses, citons :

II-1- Contraintes liés à l’éleveur Les principaux problèmes rencontrés chez les éleveurs camelins sont : II-1-1- La sédentarisation des populations nomades et problème de relève La succession des années de sécheresse à cause du déficit de précipitations été à l’origine de l’instabilité des chameliers et de leurs troupeaux sur les parcours de pacage, et qui s’est traduit par la suite par une réduction de leur mobilité puis une fuite vers des villages agricoles crée par l’Etat. De ce fait, le nombre d'éleveurs strictement nomades décroît au fil des années, la sédentarisation des nomades s’est accentuée d’une part suite à une prise de conscience sur l’intérêt de la scolarisation des enfants, et d’autre part à cause d’une sédentarisation agricole fortement encouragée par des subventions étatiques octroyées aux populations rurales d’origine nomade dans le cadre de la révolution agraire.

Les jeunes, à cause du confort offert par la sédentarisation, fuient le gardiennage des animaux en plein désert par crainte des longs et pénibles déplacements, ils préfèrent s’adonner à la contrebande, à l’agriculture ou à un travail stable et plus rémunérateur dans l’administration ou sur les chantiers pétroliers, plutôt qu’à la vie en plein désert sous une tente, ce mode de vie ancestral apparaît pour eux comme étant un cauchemar. La désertion de la jeune main d’œuvre de l’élevage camelin est devenue un véritable casse-tête pour les chameliers.

La sédentarisation des nomades, la scolarisation des enfants et l’engagement des jeunes dans les différents secteurs économiques posent des problèmes de disponibilité une relève pour la garde des cheptels camelins, cause pour laquelle de nombreux éleveurs affaiblis par la vieillesse ont soit abandonné l’élevage camelin, soit engagent des bergers touaregs ou maliens pour le gardiennage de leurs troupeaux.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin

II-1-2- L’insuffisance de mesures incitatrices au profit des éleveurs Le dromadaire n’a pas bénéficié des mêmes mesures de soutien réservées aux autres espèces animales bovines et ovines, dont principalement l’absence d’actions d’assurance contre les risques (intempéries et maladies), et l’absence de crédits d’accompagnement pour la production, à l’exception de la prime de 20.000 DA allouée aux chameliers pour chaque naissance mais qui a été annulé en raison des difficultés enregistrées sur le terrain, notamment la difficulté de distinction entre les cheptels. Les chameliers souhaitent que les pouvoirs publics rétablissent la prime à la naissance et pourquoi pas l’augmenter.

La seule subvention étatique attribuée à l’élevage camelin se présente sous forme d’une aide sanitaire, consistant à organiser des campagnes de vaccination gratuites au profit des cheptels camelins contre les maladies parasitaires et infectieuses.

II-2- Contraintes liés au territoire II-2-1- Impacts des activités anthropiques II-2-1-1- l’extension des terrains de mise en valeur sur les zones de transhumance Le paramètre le plus important et le plus apparent au niveau de la région de Ouargla est l’extension des terrains de mise en valeur pour la production de cultures vivrières sur les couloirs de transhumance des troupeaux camelins. Ce sont généralement les meilleures terres de pacage qui se transforment en zones cultivées et qui s’étendent au rythme de l’accroissement démographique de la région ; au niveau de la zone Khechem Errih sur l’axe Hassi Ben Abdallah- Touggourt, au niveau de la zone Remtha réputée pour sa fertilité et son potentiel floristique riche en espèces fourragères (zone de dépression) sur l’axe Ouargla- El Goléa et enfin la zone de mise en valeur sur l’axe Ouargla- N’goussa et N’goussa - El Hedjira (regroupant les périmètres agricole de Hassi el khefif, Hassi naga et Debbich) caractérisée par des sols argilo-limoneux.

À cause de l'extension de ces surfaces mises en culture dans le cadre de la mise en valeur agricole, le dromadaire perd son aire de mobilité sur des terres qui faisaient initialement partie intégrante de l'espace pastoral. Le manque de pâturage sur les couloirs habituels de passage des troupeaux camelins conduit les dromadaires droits vers les périmètres agricoles non clôturés où ils s’attaquent aux plantes cultivées.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin

II-2-1-2- l’extension d’infrastructures sur les aires de pacage Il est à noter qu’à cause de l’emplacement de la nouvelle ville Hassi Messaoud avec ses structures d’accompagnement administratives, commerciales et socioculturelles, le dromadaire a perdu une superficie de 4.483 ha de son aire de pacage sur la zone de Oued El- Maraâ à équidistance d’environ 80 kilomètres entre l’actuel daïra de Hassi Messaoud et les villes de Touggourt et Ouargla.

II-2-1-3- la coupe abusive du bois pour le chauffage La pression démographique en zones rurales entraîne une surexploitation de la végétation arbustive des zones de pacage. La collecte du bois pour le chauffage et la cuisine est une tâche habituelle chez les habitants des zones périurbaines ; à titre d’exemple, les foyers ruraux et périurbains des zones de Mekhadma, Saïd otba, N’goussa, Aouinet Moussa, Bour el haïcha, Aïn Beida et Sidi khouiled font usage du bois de belbal ( Salsola tetragona ) entourant leurs villages pour le chauffage et la cuisine, d’une part à cause du manque de moyens pour l’achat du gaz butane dans les localités lointaines non alimentés par le gaz naturel, et d’autre part parce que les populations rurales d’origine nomade apprécient mieux les plats mijotés sous un feu de belbal.

Ce couvert végétal a permis aux espèces camelines de la région de Ouargla de survivre et de continuer leurs transhumance pendant les saisons sèches, mais à cause des actions anthropiques destructives sur ce couvert végétal, le cheptel camelin de la région de Ouargla risque de périr.

II-2-2- la régression des aires de pacage sous l'effet de la sécheresse et du surpâturage Sous l'effet des périodes de sécheresses successives qui sévissent ces dernières années, les chameliers de la région de Ouargla endurent d’une réduction des aires naturelles de pacage camelin, ce qui impose aux chameliers et aux bergers de longs parcours pour bien alimenter leurs cheptels. Ajoutant à ceci, l’action destructive que manifestent certains éleveurs de la région, en fauchant certaines plantes spontanées telles que le drinn, utilisé pour l’affouragement des méharis, des équins et des asines.

Les chameliers de la région de Ouargla mettent également en cause l'agressivité que manifestent les élevages ovins et caprins sur les zones de pacage à cause du surpâturage localisé qu’ils manifestent sur le couvert végétal, entraînant une diminution tant qualitative

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin que quantitative des ressources fourragères disponibles, les chameliers consultés témoignent que certaines espèces végétales ont complètement disparu des parcours Ouargli.

À cause de l'élévation des prix des fourrages, on assiste actuellement à une compétition spectaculaire entre les chameliers et les éleveurs de petits ruminants pour l’utilisation de la végétation des parcours camelins, favorisée par le développement de la motorisation (possession de camions et véhicules tous terrain) et des outils de télécommunication (le téléphone portable). Les éleveurs de petits ruminants n'ont plus besoin de camper en proximité des points d'eau, ils transportent leurs animaux par camions vers les parcours offrant les meilleures potentialités fourragères, d’où un pâturage anarchique sur les zones de pacage du camelin entraînant une accélération de la dégradation du couvert végétal. Mais, d’après les éleveurs de petits ruminants, la régression de la végétation sur les aires de pacage est essentiellement due aux urines du dromadaire appelé localement «Bekhakhe», qui empêche la régénération des parcours.

Selon les chameliers consultés, l’insuffisance alimentaire des dromadaires entraîne l’amaigrissement des sujets adultes, les chamelages deviennent rares, les avortements sont plus fréquents, les jeunes sujets de moins d’un an crèvent par insuffisance de la production laitière et une mauvaise résistance aux agents pathogènes. En cas de sécheresse, l’alimentation est compensée par un apport en aliments de bétail, notamment l'orge à la faveur d'un soutien étatique préconisé pour le développement de cet élevage. La population cameline risque de disparaître progressivement si le ministère de l’Agriculture n’intervient pas pour trouver une solution à la problématique de la disponibilité des ressources fourragères naturelles.

II-2-3- les problèmes d’abreuvement et les coups de soif Le problème de l’abreuvement, notamment en saison sèche, constitue une des principales contraintes de l’élevage camelin, la difficulté de trouver une quantité d’eau suffisante à cause l’assèchement des puits suite à leur effondrement sous l’action conjuguée des vents de sable et de la baisse du niveau piézométrique des puits ainsi que la construction de digues sur les oueds affluents de Oued M'zab pour éviter de nouvelles crues à l'avenir. Pour surmonter ce problème, les chameliers de la région de Ouargla utilisent des véhicules tout terrain pour l’exhaure de l’eau ou se concentrent dans les zones où l’accès à l’eau est plus facile, d’autres préfèrent suivre leur cheptel avec des camions citernes.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin

II-3- Contraintes liés au dromadaire II-3-1- la lenteur du cycle de reproduction chez les dromadaires La chamelle est un animal à faible productivité, elle est caractérisée par une puberté tardive et son premier chamelage ne survient qu’entre 4 et 5 ans, l’écart entre 2 chamelages successives est de 2 ans, elle ne porte donc qu’un chamelon tous les deux ans. Si l’on tient compte de sa durée de vie économique, la chamelle ne produirait qu’entre 5 à 9 chamelons durant toute sa carrière.

II-3-2- Les conditions météorologiques (intempéries et/ou grandes chaleurs) Les changements climatiques ont un effet considérable sur le déplacement des chameliers et de leurs troupeaux. Des dizaines de dromadaires périssent chaque année à cause des conditions climatiques, à titre d’exemple 29 dromadaires appartenant à 9 chameliers ont péri en février 2012 à cause du froid selon les services vétérinaires de la D.S.A Ouargla.

II-3-3- les accidents de route Ce problème survient surtout en période de sécheresse lorsque l’animal traverse la route à la quête de parcours riches en fourrage et en points d’eau, et durant les nuits glaciales parce que les dromadaires apprécient la proximité du goudron qui relâche la chaleur emmagasinée durant la journée. Des dromadaires circulent inlassablement aux Photo N° 19 : Dromadaire au bord de la route bords des routes nationales (Photo N° 19) ou y séjournent pendant leur période de repos, notamment aux bords des axes routiers : Ouargla- Touggourt, Ouargla- Hassi Messaoud, Ouargla- Ghardaïa et Ouargla- El Goléa.

Des dizaines de dromadaires se font écraser en traversant les routes par les conducteurs de véhicules de tous types à cause de l'excès de vitesse, et y sont abandonnés en bordure de route (Photos N° 20 et 21), et ce malgré la présence de panneaux indiquant le passage de dromadaires pour que les routiers soient plus vigilants.

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin

Photo N° 20 : Dromadaire victime d’un Photo N° 21 : Dromadaire péri et abandonné au accident de route bord de la route

La perte de dromadaires sur les routes nationales est un phénomène qui prend de l’ampleur ces dernières années ; à titre d’exemple, la Direction de la protection civile de Ouargla a signalée la perte de 16 dromadaires sur les routes nationales N° 03, 16 et 49 durant l’année 2011. Les périodes les plus risquées se situent entre le coucher, le lever du soleil et les nuits sélénites (lunaires), parce qu’elles représentent les périodes d’activité accrue de l’animal, et qui sont également des périodes d’intensification de la circulation routière caractérisées par une visibilité réduite. La sévérité du choc dépend essentiellement de la masse corporelle de l’animal, de la vitesse du véhicule et de la vitesse de l’animal s’il courait et arrivait de front.

II-3-4- les problèmes pathologiques La conduite en extensif du dromadaire sur de vastes étendues lointaines et inaccessibles aux services vétérinaires induit une déficience en matière de surveillance sanitaire à cause de l’éloignement des campements des zones urbaines et des axes routiers. Les mouvements continus des troupeaux, le refus des chameliers à faire vacciner leurs troupeaux et l’absence de vétérinaires spécialisés en pathologie cameline rendent difficile la mission des inspections vétérinaires. Parce que l’assistance vétérinaire pour les cheptels camelins accuse une défaillance en matière de la surveillance sanitaire, les chameliers font recours aux méthodes empiriques pour soigner leurs bêtes, ils comptent beaucoup plus sur leur savoir faire surtout contre les maladies hautement contagieuses qui reviennent fréquemment telle que la gale ; les chameliers de la région de Ouargla se contentent d’écarter les bêtes très affectées par la gale du reste du cheptel et les badigeonne de goudron (gatrane).

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin

II-3-5- les abattages incontrôlés et les exportations clandestines Le développement de la motorisation et la sédentarisation des populations rurales d’origine nomade sont à l’origine du déclin de la fonction traditionnelle qui considérait le dromadaire comme étant un animal de bât, de selle et de trait et l'orientation de cet élevage vers une nouvelle activité qui est la production de viande, d’où l’émergence d’une nouvelle catégorie de chameliers naisseur- engraisseur. L’abattage effréné de chamelons (makhloul et hachi surtout), sur lesquels les consommateurs de la région de Ouargla portent leur dévolu ces dernières années à cause de la tendreté de leur viande ; l’intensification de l’abattage des jeunes chamelons mettra sûrement la survie du cheptel camelin en danger, cette espèce risquera de faire partie d’un lointain souvenir.

D’autre part, le transfert illicite des dromadaires vers les pays limitrophes, suite à la levée de la contrainte zone douane qui interdit aux éleveurs de transporter leurs dromadaires pour les vendre ailleurs. Cette mesure désavantageuse a beaucoup plus pénalisé les éleveurs et rend service aux maquignons, en plaçant les éleveurs à la merci des maquignons qui leur imposent des prix de vente faible. La vente des dromadaires est, de nos jours, un fructueux commerce pour les voleurs et les maquignons que les douaniers ne contrôlent guère. De nombreux dromadaires traversent les zones frontalières, parce que l'animal n'a pas besoin de routes accessibles, il sait reconnaître son chemin sans encombre à travers les ergs et revient toujours à son point de départ sans crainte des douaniers.

II-3-6- les actes de vols à cause de la non-protection du cheptel camelin en transhumance Attirés par le gain facile, des réseaux de trafic de cheptel font leur apparition dans la région de Ouargla surtout à l’approche du mois du ramadan. Le cheptel camelin lors de sa mobilité sans gardiennage, se retrouve le plus souvent sujet aux actes de vols et d’égorgements par un réseau bien organisé de voleurs. À titre d’exemple, pendant le mois du ramadan 2011, six chamelles volées ont été égorgées dans une exploitation agricole au niveau de la zone de Bamendil, la viande a été facilement écoulée sur les marchés (malgré sa vente illicite) et ce à cause de son prix, vendue à 450 DA le kilogramme (200 DA de moins que la viande contrôlée).

II-3-7- l'envasement des dromadaires dans les bourbiers pétroliers Ce qui fait la particularité de la zone pétrolière de Hassi Messaoud, en plus de la pollution atmosphérique, les déchets industriels non quantifiés ou du moins non révélés,

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin abandonnés par les compagnies pétrolières (Photo N° 22), et dont les dromadaires prennent malencontreusement pour des nappes d’eau. Malgré les différentes pétitions des chameliers dans ce sens, la région de Hassi Messaoud connaît une prolifération alarmante des bourbiers pétroliers qui engloutissent chaque année des dizaines de dromadaires en déplacement (Photo N° 23). Les chameliers avancent la perte d’au moins une vingtaine de têtes chaque année par envasement dans ces bourbiers, et ce qui pénalise les chameliers est l’absence d’une réglementation obligeant les entreprises pétrolifères à les indemniser.

Photo N° 22 : Bourbier après opérations de forage Photo N° 23 : Dromadaire après désensablage

II-3-8- le danger des entreprises pétrolières À cause de la prolifération des entreprises pétrolières dans la région de Hassi Messaoud, autant de facteurs menacent l’existence des dromadaires. Selon les chameliers consultés qui exploitent les zones de pacage de cette daïra, des meutes de chiens errants affamés, délaissés par les sociétés étrangères, s’attaquent aux troupeaux camelins ciblant les chamelons surtout (Photo N° 24). Les chiens errants sont responsabilisés de la perte de 10 % des chamelons chaque année, selon les chameliers consultés, entravant ainsi l’accroissement des troupeaux.

Photo N° 24 : Chamelons attaqués par les chiens errants

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin

L’autre danger qui menace la survie des troupeaux camelins de la région de Ouargla sont les déchets ménagers et industriels rejetés en pleine nature, les décharges prolifèrent à perte de vue tant dans les zones urbaines que dans la zone industrielle, et qui polluent l’environnement. En cas de crise alimentaire, les dromadaires s’alimentent sur les os de cadavres, les déchets ménagers et industriels ainsi que sur les appâts empoisonnés des chiens errants, selon les chameliers consultés.

Photo N° 25 : Dromadaires prés d’une décharge

II-3-9- les problèmes de débouchés (infrastructure de collecte et de transformation de lait) À Ouargla, la viande cameline est consommée plus que le lait malgré la grande valeur nutritionnelle et les vertus thérapeutiques qu’on lui prête, le lait de chamelle demeure un produit insuffisamment exploité, et généralement utilisé pour l’allaitement des chamelons et pour l’autoconsommation par les chameliers et les bergers à cause de l’absence d’unités pour la collecte et le conditionnement de ce produit, puisque toutes les tentatives d’implantation de mini-laiterie ont été vouées à l’échec.

La sauvegarde de l’élevage camelin est une priorité absolue, compte tenu de son intérêt socio-économique chez les populations rurales d’origine nomade et les vertus thérapeutiques de son lait et de sa viande pour les populations autochtones et cosmopolites de la région. Les efforts déployés pour sa promotion demeurent insuffisant, et la question qui se pose par les chameliers Que peut-on faire pour redresser et développer l’élevage camelin dans la région de Ouargla ?

Une série de mesures visant la dynamisation de l’activité, citons :

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Deuxième partie : Partie investigation sss Chapitre II : Contraintes entravant l’élevage camelin

∑ le réaménagement des anciens puits pastoraux effondrés le long des couloirs de transhumance et la multiplication des points d’abreuvage, notamment sur les périmètres jouxtant les zones pétrolifères et les périmètres agricoles de mise en valeur, où ils se font rares, en vue d’épargner aux dromadaires des déplacements périlleux qui les mettent en danger en traversant les routes ; ∑ l’ouverture des pistes dans les zones de pacage pour faciliter l’accès aux véhicules des équipes mobiles du service vétérinaire pour assurer une bonne couverture sanitaire auprès des éleveurs à travers les couloirs de transhumance cameline et faciliter la fourniture de compléments alimentaires en périodes de disette prolongée; ∑ la mise en place de centre ouvert de gavage camelin, sous forme de zone de pacage délimité implanté sur des parcours naturels, contrôlés et subventionné par les pouvoirs publics en matière d’approvisionnement en fourrage surtout ; ∑ la mise en place de mini laiteries dotée d’unités mobiles (citernes) pour la collecte du lait, de sorte que le lait puisse être rapidement pasteurisé et conditionné ; ∑ l’intégration du dromadaire dans le secteur de l’agro-tourisme : les randonnées, les petites promenades pour enfants ainsi que les marathons à dos de dromadaire sont devenus très à la mode dans les pays à vocation touristique tels que le Maroc et la Tunisie ; ∑ l’intégration des volets zootechnique et sanitaire de l’élevage camelin dans le cursus de formation des médecins vétérinaires ; ∑ le développement des techniques d’insémination artificielle et de sélection génétique ; ∑ la protection des troupeaux camelins contre les accidents de la route par l’emplacement de ceintures antireflets ; ∑ le boisement des parcours et la fixation des dunes de sable pour lutter contre la désertification ; ∑ la préservation des pâturages contre la dégradation en les transformant en réserves pastorales protégées afin de lutter contre le pâturage anarchique, ∑ la création de réserves protégées face à la disparition d’espèces végétales précieuses pour l’alimentation du dromadaire et la création de pépinières pastorales ;

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Conclusion Générale

CONCLUSION GGÉÉÉÉNNNNÉÉÉÉRALERALE

La wilaya de Ouargla, de part sa situation géographique constitué d’un vaste territoire désert, là où toute mise en valeur agricole est irréalisable à cause de l’absence de ressources hydriques mobilisables, et où la végétation naturelle est limitée à quelques plages de pelouses très éparpillées. Le mode ambulatoire de pacage du dromadaire, qui se déplace en broutant de petites quantités de plantes, permet d’exploiter la végétation de cet environnement hostile sans la détruire. Ces territoires déserts offrent donc un milieu propice à une activité d’élevage pastoral pour l’animal de providence du Sahara, le mieux adapté au climat désertique qui est le dromadaire. L'élevage camelin est une activité séculaire chez les populations rurales d’origine nomade, constituant une ressource financière pour les chameliers et les méharistes et contribue à la création d’emplois pour les bergers. Le dromadaire est une bête généreuse en raison des multiples richesses qu’elle génère gratuitement (viande, graisse, lait, poils, crottin et peau), d’autant plus qu’elle soit la seule espèce animale valorisant les parcours sahariens de faible productivité.

Caractérisé par une prédominance des sujets femelles, reflétant l’intérêt accordé pour la promotion de cet élevage, l’effectif camelin de la wilaya de Ouargla connait un croît positif en nombre de têtes, puisque les populations autochtones continuent à s’investir dans la filière. 1.100 chameliers et environ 500 méharis détiennent un effectif estimé à 30.858 dromadaires, associé le plus souvent à une activité agricole et/ ou à un élevage de petits ruminants ovin et caprin et parfois même à un élevage bovin. Trois types de chameliers cohabitent la région de Ouargla : les nomades (8,91 %), les transhumants (77,07 %) et les sédentaires (14,01 %). Les chameliers fatigués par la vieillesse et ne trouvant plus de descendance familiale capable d’assurer la relève, délèguent la garde de leur cheptels à des bergers autochtones, touaregs ou maliens auxquels ils confient la conduite de leurs troupeaux.

Les chameliers de la région de Ouargla maintiennent jusqu’à présent leur héritage des pratiques rituelles transmises par leurs aïeuls, notamment en matière de la conduite extensif du dromadaire ; ce système d’élevage rend difficile toute opération de recensement exhaustif des chameliers et de leurs effectifs, seul les effectifs vaccinés lors des campagnes annuelles de vaccination sont recensés.

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Conclusion Générale

La survie des troupeaux camelins de la région de Ouargla dépend exclusivement de la matière sèche provenant des parcours naturels (ressources tributaires des conditions climatiques), parce que le dromadaire se nourrit au pâturage pour plus de 90 % de sa ration, la complémentation alimentaire est occasionnelle et aléatoire, dépendant essentiellement de la situation financière des éleveurs. Ce système d’élevage se caractérise par la recherche permanente de bon pâturages et de points d’abreuvements abondant sans point fixe d'attache ; les parcours sahariens servent à la fois comme lieux de rassemblement, de campement et de passage ainsi qu’un support alimentaire pour les chameliers et leurs troupeaux. Les déplacements des nomades, des transhumants et des bergers entre les différentes zones de pacage à l'intérieur et à l'extérieur de la région d’étude est imposé par le régime annuelle de précipitations, le manque des pâturages ne permet plus de rassembler le troupeau en un seul endroit.

Les chameliers nomades détenant des effectifs camelins de taille importante dépassant les 50 têtes par éleveurs, se rencontrent surtout le long du lit de Oued N’sa et représentent la plus faible proportion d’éleveurs, appartenant tous à la tribu des Chaâmbas Ouled Ismaïl, pour qui la possession d’un grand cheptel est synonyme de richesse. La survie des ménages nomades dépend de leur bétail, le dromadaire représente pour eux le noyau de leur économie, il leurs assurent non seulement des ressources alimentaires, mais également une source de revenu monétaire.

L’élevage transhumant est le système le plus pratiqué au niveau de la région d’étude, les transhumants et les bergers se déplacent inlassablement entre les zones de pacage de la wilaya et des wilayas limitrophes pour l’exploitation des parcours saisonniers verdoyants qui apparaissent après la tombée des pluies (zones de pâturages d'hivernage). En saison estivale, les dromadaires, livrés à eux-mêmes, partent pour un long périple de 4 à 5 mois pour l’exploitation de la végétation pérenne des parcours permanents. Les transhumants se rencontrent dans toutes les régions enquêtées ; le plus souvent des pluriactifs, ces chameliers utilisent des moyens modernes de télécommunication pour s'informer sur l'état des parcours et les points d'eau disponibles.

Pendant la saison de reproduction et d’allaitement les chameliers maintiennent leurs troupeaux en proximité des lits d’oueds et le long des couloirs de transhumance, là où la végétation est verte et abondante ; pour les libérer dès le début des premières chaleurs du mois

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Conclusion Générale

de Mai, guidé par un maître étalon le f’hal, lorsque la végétation se dessèche et les écoulements des eaux d’oueds se font rares (c’est la période H’mil). Les mouvements des troupeaux camelins prennent souvent un caractère circulaire en quête de nourriture, c’est pour cela que les chameliers le qualifient d’un pèlerinage annuel avec des oscillations saisonnières entre les zones à précipitations. L'élevage sédentaire est pratiqué surtout par des méharistes qui maintiennent leurs bêtes dans des enclos à l’intérieur des centres urbains et par chameliers fatigués par la vieillesse qui confient le gardiennage de leurs troupeaux à des bergers, les sédentaires disposent d'autres sources de revenu autres que la production animale.

La quasi-totalité des chameliers enquêtés sont des naisseurs-engraisseurs (82 %), d’autres sont à la fois des naisseurs-engraisseurs-méharistes (13 %) ou méhariste seulement (5%). Les acquisitions des troupeaux camelins au niveau de la région de Ouargla se font par voie d’héritage et d'achat. La boucherie constitue la principale débouché pour le dromadaire à Ouargla, imposé par l’échec de toutes les tentatives d’implantation de mini-laiteries pour la collecte et le conditionnement du lait camelin, et imposé également par des préjugés cultuels interdisant la vente du lait camelin.

L’étude révèle que l’élevage camelin au niveau de la région de Ouargla repose sur les relations homme- animal- végétation , qui conditionnent les changements survenus sur la dynamique des systèmes de production camelins. La croissance urbaine suite au développement socio-économique qu’a connu la région de Ouargla et la sédentarisation des nomades été à l’origine des changements survenus dans les habitudes alimentaires de la population autochtone suite à l’ouverture de marché locale devant les produits alimentaires importés, le lait et de la viande cameline sont devenus des produits de choix pour une population enthousiasmée par leurs qualités diététiques et thérapeutiques ; de ce fait, l’accélération de l’urbanisation pousse les chameliers soit à se sédentarisé ou à s’installer autour des villes et à diversifier leur production pour proposer des produits mieux adaptés aux besoins des citadins.

D’autre part, à cause des changements climatiques caractérisés par une concentration des précipitations sur quelques jours seulement de l’année, le plus souvent en périodes fraîches d'Octobre à Avril, l’entrave majeure de cet élevage demeure sa conduite en extensive à cause du rétrécissement des aires de pacage sous l’effet de la sécheresse engendrant une dégradation accélérée des aires géographiques de pacage des dromadaires. Ces deux facteurs précités

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Conclusion Générale

semblent favoriser le système transhumant qui s’impose aujourd’hui comme un choix incontournable pour l’activité cameline puisqu’il parait le seul mode d’élevage qui restera stable.

De nombreux éleveurs nomades voient, aujourd’hui, leur seul moyen de subsistance disparaître, à cause de la sécheresse récurrente qui continue de ravager les pâturages. D’autres vieux chameliers se soucient de voir l’activité de l’élevage camelin disparaître de la région, parce que les jeunes sont moins enclins à suivre leurs parents et à s’occuper de cet élevage, préférant une vie moins dure et un revenu monétaire stable. L’élevage camelin commence à perdre de sa prévalence, mais aucun enquêté ne pense délaisser l’activité parce qu’ils sont conscient que le Sahara est une terre d'avenir qui peut aider à nourrir le monde.

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Questionnaire d’enquête

FICHE D’ENQUÊTE

Les Systèmes de production camelin et les conditions de leur survie économique dans le Sahara Algérien Cas de la région de Ouargla

Numéro du questionnaire : Date de l’enquête : Daïra : Commune : Localité :

1- IDENTIFICATION DU CHAMELIER Nom et Prénom : Âge : Niveau d’instruction : Situation familiale : Marié/ Nombre d’enfants : Célibataire : Activité d’origine Chamelier : Naisseur – Engraisseur – Les deux Cavalier : Berger : Activité secondaires Agriculture : Mise en valeur – Palmeraie traditionnelle – Palmeraie bour Élevage de petits ruminants : Commerce : Fonctionnaire/ Structure : Berger/ Rémunération : Autre :

Questionnaire d’enquête

Mode de vie Sédentaire : Nomade/ Période : Semi-nomade/ Période : Lieu de résidence Maison en dur/ Période : Tente/ Période : Équipements personnels Type véhicule : Année et mode d’acquisition :

2- IDENTIFICATION DU TROUPEAU Composition du cheptel (nombre de têtes) a- Camelin : Mâles Femelles Chamelons Total

b- autres espèces Bovin Ovin Caprin Asin Avicole Autre (préciser)

Appartenance du troupeau Propriété unique : Propriété multiple/ nombre de copropriétaires : Mode d’acquisition et origine du troupeau Héritage Achat Prêt Don Échange Confiage Autre

Population cameline (race) Type: Couleur/ signification : Système d’élevage : Intensif/ Semi-intensif/ Extensif

Questionnaire d’enquête

Conduite de reproduction Mode de reproduction : Contrôlée – Libre – Insémination artificielle Âge de puberté : Mâle – Femelle Âge à la première saillie : Mâle – Femelle Période de saillie : Signes de rut chez les mâles: Signes de rut chez les femelles: Sélection/ choix du reproducteur : Durée de saillie (coït) : Nombre de femelles fécondées par jour par un seul mâle : Nombre de femelles fécondées (Taux de fécondité) : Âge de la première mise-bas : Durée de gestation : Période de chamelage : Endroit de Chamelage : dans des enclos/ en étable/ en plein air Écart entre 2 mise-bas : Difficultés de reproduction : Taux d’avortement/ Causes : Nombre de mortalités des nouveaux née/ Causes : Nombre de mortalités des jeunes/ Causes : Nombre de mortalités des adultes/ Causes : Âge à la réforme/ Causes Femelle : Mâle : Finalités de l’élevage (Productions/ Quantités/ Destination) Lait : Caractéristiques d’une bonne femelle laitière : Durée de lactation : Durée de traite : Nombre da traite par jour : Pic de lactation : Manière de traite : Manuelle – Mécanique Quantité de lait obtenue par jour : Max – Min Durée du tarissement :

Questionnaire d’enquête

Finalité : Autoconsommation/ Commercialisation/ Thérapeutique Âge au sevrage : Période de sevrage : Type de stabulation des chamelles laitière: Entravée/ Libre/ Dans des enclos Viande : Consommation : Commercialisation : Poil : Âge du premier tondage : Période de tonte : Méthode de tonte : Manuelle – Mécanique Poids moyen de la toison : Fréquence de tondage par an : Finalité : Peau : Quantité produite : Finalité : Crottin : Quantité produite : Finalité : Production de Travail : Transport (marchandise/ personnes) – Trait – exhaure de l’eau – labour – festivités -

Problèmes sanitaires/ Type/ Période: Fréquence : Fréquent/ Occasionnelle Utilisation des produits vétérinaires/ Période :

3- IDENTIFICATION DU TERRITOIRE Etat des parcours Type de parcours : Erg/ Reg/ Hamada/ Lit d’Oued/ Daya/ Sebkha/ Autre (à précisé) Dégradation des parcours : oui – non Causes de dégradation :

Questionnaire d’enquête

Mode de déplacement : Affouragement Pâture libre sur parcours/ Période : Pâture surveillé (rationnelle)/ Période : Plantes appétée par le dromadaire :

Complémentation alimentaire Type : Orge – Foin – Fourrages cultivés – Résidus de récolte – Rebut de dattes - Autres Fréquence de distribution/ Causes : Période : Abreuvement et points d’eau Ressource de l’eau : Forage – Puits de parcours – Source naturelle – Citerne Fréquence d’abreuvement par saison : toujours/ à volonté/ conditionnée (….. jours) Exhaure de l’eau : Manuelle/ Automatique/ Utilisation d’animaux, pompes ou d’engins

Annexes

Glossaire Les chameliers de la région de Ouargla possèdent une terminologie abondante concernant le dromadaire, en rapport avec l’âge, le sexe, la taille et la couleur de l’animal ; parmi ce dialecte, on citera :

Nom vernaculaire Signification Bekhakhe urine du dromadaire Bekra Chamelle à âge de la 1 ère saillie Belbal Bois utilisé pour le chauffage et la cuisine Charfa Chamelle âgée Chemal caches mamelles de chamelles El-hachi Chamelons mâles plus de 1 an avant le rut El-houar Chamelon mâle après naissance El-Makhloul Chamelons mâles 0-1 an F'hal Géniteur mâle Feloudj bandes formées de la kheïma Flik tissu de la kheïma Fouroug Chamelle avortée Imrad Gardien de troupeau en targui Khelfa Chamelle mère de chamelon de moins d’une année Legha Chamelle gestante Ouguid Crottin du dromadaire M’rah lieu de campement Naga Chamelle adulte

Tableau : Marques de feu adoptées par quelques tribus chamelières de Ouargla Zone Tribu Sceau Localisation Fraction tribal Rouissat Rouissi cuisse droite Ouled Ben Saci

Ouargla Beni thour joue Ouled sid El Hadj

Bouhafs Ouargla Chaamba cuisse droite Ouled Mohamed Ouargla Mekhadma cuisse droite Ben Atiya Aïn Beida Belmansour joue droite Ouled ahmed

Aïn Beida Ouled Ben Mansour joue droite Mansouri N’goussa Châamba Ouled Ismail joue droite Guerarta

N’goussa Chaâmbet Bou-rouba cuisse droite El-Souissiate

N’goussa Saïd otba cuisse droite Beni Mensour

Source : Nos enquêtes (2012/ 2013)

Annexes

En se basant sur le phénotype des animaux, les chameliers classent les dromadaires selon la couleur de la robe en 6 catégories : 1. El-Hamra : la couleur de robe la plus dominante au niveau de la région d’étude, elle désigne dans le langage courant des chameliers la robe marron uniforme, dont les poils sont très appréciés et très demandés par les familles nomades de la région de Ouargla pour la confection des khaïma, burnous et kechabias.

2. E’Safra : elle désigne la couleur marron caramel des robes de dromadaires, une couleur qui figure également parmi les couleurs les plus appréciées par les éleveurs.

3. E’Chegra : elle désigne la couleur des robes à pelage rougeâtre clair, elle fait référence à la couleur beige claire.

4. El-Bayda : elle désigne un pelage blanchâtre correspondant à la couleur blanche ou gris clair.

5. E’Zerga : cette couleur fait allusion à un pelage entre le rouge et le jaune avec des poils à extrémité noire, c’est-à-dire une couleur marron très foncé.

6. El-Hadjla : elle caractérise des dromadaires à pelage marron clair avec une tête et des membres de couleur blanche.

La quasi-totalité des éleveurs enquêtés, préfère les animaux de robe unicolore.

RÉSUMÉ Les systèmes de production camelincamelinss au Sahara Algérien étude de ccasasasas : la région de Ouargla L’élevage camelin, malgré tous les atouts qu’il symbolise et qui font de cette ressource le pourvoyeur de plusieurs produits et sous produits nécessaires à la vie en zones sahariennes, le dromadaire reste une richesse insuffisamment exploitée et évaluée à Ouargla. La survie des troupeaux camelins dépend pour plus de 90 % de sa ration en matière sèche provenant des parcours naturels, la complémentation alimentaire est occasionnelle et aléatoire dépendant de la situation financière des éleveurs. L’étude menée dans la région de Ouargla, auprès de 157 chameliers et méharistes a révélé la cohabitation de 3 types de chameliers, à savoir : les nomades (8,91%), les transhumants (77,07 %) et les sédentaires (14,01 %). Les éleveurs fatigués par la vieillesse et ne trouvant plus de descendance capable d’assurer la relève, délèguent la garde de leur cheptels à des bergers autochtones, touaregs ou maliens. La quasi-totalité des chameliers enquêtés sont des naisseurs-engraisseurs (82%), d’autres sont des naisseurs-engraisseurs-méharistes (13 %) ou des méharistes (5%). La boucherie constitue la principale débouchée pour le dromadaire, la viande des chamelons est le seul produit largement commercialisé, malgré les quelques tentatives d’implantation de mini-laiteries vouée à l’échec. Les vieux chameliers de la région se soucient actuellement de voir l’activité de l’élevage camelin disparaître à cause de la sécheresse et parce que les jeunes sont moins enclins à suivre leurs parents et s’occuper de cet élevage, ils préfèrent une vie moins dure et un revenu monétaire stable. Ces facteurs semblent favoriser le système transhumant qui s’impose aujourd’hui comme un choix incontournable pour l’activité cameline puisqu’il parait le seul mode d’élevage qui restera stable au niveau de la région de Ouargla.

Mots clés : Dromadaire, Chamelier, Territoire, Système d’élevage, Ouargla

Abstract The systems of camels production in Algerian Sahara cccasecase study of he region of Ouargla

Camel breeding, in spite of all the assets which it symbolizes and which make of this resource the supplier of several products and under products necessary for the life in Saharian zones, the dromedary remains a wealth insufficiently exploited and estimated at Ouargla. The survival of the camelins herds depends for more than 90% of its ration in dry material resulting from natural routes, the food complementation is occasional and unpredictable depending of the financial situation of the breeders. The study led in the region of Ouargla, with 157 camel drivers and meharists has revealed the cohabitation of 3 types of camel drivers, to know : the nomads (8,91 %), transhumants (77,07 %) and the home-bodies (14,01 %). The breeders tired by the old age and finding no more descent capable of ensuring continuity, delegate the guarding of them livestocks to native, tuareg or malian shepherds. Almost all of the investigated camel drivers are birth-manure (82 %), others are birth-manure- meharists (13 %) or meharists (5 %). The butcher's shop constitutes the most important outlet for the dromedary, the meat of young dromedary is the only widely marketed product, in spite of some attempts of setting up mini- dairies doomed to failure. The old camel drivers of the region cares at present to see the activity of dreeding dromadary disappears because of the drought and because that the young people are less inclined to follow their parents and take care of this breeding, they prefer a less hard life and a stable monetary income. These factors seem to favor the transhumant system who stands out today as an inescapable choice for the activity of camel breeding because it adorned the only breeding technique which will stay stable in the region of Ouargla.

Keywords : Camel - Camel driver- Territory- System of breeding - Ouargla.

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