La Voix Du Peuple Chez Leon Hirszman : Des Films Du CPC Aux Courts-Métrages Sur La Musique

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La Voix Du Peuple Chez Leon Hirszman : Des Films Du CPC Aux Courts-Métrages Sur La Musique Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 École Doctorale 267 : Arts & Médias IRCAV – Institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel – EA 185 En co-tutelle avec l’Universidade Estadual de Campinas – UNICAMP Programa de Pós-Graduação em Multimeios Thèse de Doctorat en Études cinématographiques et audiovisuelles Juliana ARAUJO La voix du peuple chez Leon Hirszman : des films du CPC aux courts-métrages sur la musique Thèse dirigée par Giusy PISANO Co-dirigée par Marcius FREIRE Soutenue le 27 novembre 2019 Membres du jury : Martin Barnier, professeur à l’université de Lyon 2 Marcius Freire, professeur à l’Universidade Estadual de Campinas-Unicamp Henri Gervaiseau, professeur à l’Universidade de São Paulo - USP, rapporteur Roger Odin, professeur émérite, université de Paris 3 Sorbonne Nouvelle Giusy Pisano, professeure à l’École Supérieure Louis Lumière-IRCAV Fernao Ramos, professeur à l’Universidade Estadual de Campinas -Unicamp Erika Thomas, professeure à l’université catholique de Lille, rapporteure À la mémoire de Leon Hirszman 2 Remerciements Je remercie tout d’abord, ma directrice Giusy Pisano et mon co-directeur Marcius Freire pour l’accueil de mon projet au tout début de ce long chemin, pour leur soutien et encouragements, ainsi que pour leurs conseils, remarques et suggestions. Leurs orientations ont été très importantes pour que j’arrive au terme de ce travail. À Erika Thomas, Martin Barnier, Henri Gervaiseau, Roger Odin et Fernão Ramos mes remerciements pour avoir accepté de participer au jury de cette thèse. Je remercie également Paulo et Iris, Pedro, Sofia et Daniel Araujo, Elisa Marques, Fernando Trevas, Maria Chiaretti et Mateus Araújo Silva pour plusieurs envois de livres et films dans un vrai pont aérien Brésil-France. Je remercie Mateus Araújo Silva pour les emprunts de livres rares et quelques suggestions bibliographiques très utiles pour ma recherche. Je remercie Cida Carvalhais pour une petite mais très utile consultation sur la samba et sur les études récentes sur l’histoire des années soixante au Brésil, ainsi que à Juliana Gambogi. Je dois un remerciement spécial à Ysé Araujo Silva et à Juliano Coelho (avec Luisa Pécora et Maria Kauffman qui ont assisté celui-ci) pour leur collaboration à mes recherches dans les archives ; cela a été fondamental pour mes travaux. Un très grand merci à Anne Gillain, Michel Chion et Maxime Scheinfeigel qui, amicalement ont lu mon texte et ont apporté de bonnes suggestions, ainsi qu’à Catherine Schapira et à Cécile Rastier, qui ont révisé scrupuleusement la version finale. À ma très chère amie Juliane Freire et Alix Marie pour la traduction en anglais. Je remercie du fond de mon cœur Luiz Carlos Saldanha, Maria Hirszman et Liana Aureliano, pour les entretiens généreux sur Leon Hirszman. Enfin, je remercie mon compagnon de route Michel, souvent patient mais toujours solidaire. 3 La voix du peuple chez Leon Hirszman : des films du CPC aux courts- métrages sur la musique Résumé Cette recherche aborde un ensemble de films courts du cinéaste brésilien Leon Hirszman (1937- 1987). C’est l’un des membres du Cinema novo, mouvement né au milieu de l’effervescence culturelle et politique du début des années soixante au Brésil. Après avoir analysé ses deux premiers films Pedreira de Sao Diogo (1962) et Maioria absoluta (1964), nous sommes partis de cinq documentaires réalisés au moment où le pays était sous une dictature militaire, après un coup d’État fin 1964. Il s’agit de films tournés en cinéma direct sur les musiques populaires. Deux portent sur la samba : Nelson Cavaquinho (1969) et Partido Alto (1976-1982). Les trois autres, les Cantos de trabalho (Chants de travail) dans le Nordeste : Mutirão (Chants d’entraide, 1974) ; Cana de açúcar (Chants de la canne à sucre, 1976) ; Cacau (Chants du cacao, 1976). Ils représentent la moitié de ce que le cinéaste a réussi à produire dans les dix ans les plus difficiles d’un régime répressif. Par ailleurs, ces films ont rendu possible pour le cinéaste la reprise de contact avec les classes populaires alors que le coup d’État avait interrompu ses expériences de « ciné-activisme », refermant le cycle initial de sa carrière cinématographique. Ils ont représenté l’espace de liberté du cinéaste en quête d’une expression artistique en phase avec les productions culturelles d’origine populaire. Dans un contexte où les services de patrimoine donnent de plus en plus de valeur à la diversité de ces cultures, ces films peu vus et peu étudiés jusqu’ici commencent à être redécouverts par des chercheurs, mais aussi par les commissaires de l’art contemporain. Mots-clés : Leon Hirszman, Cinema novo, Documentaire, Chants du travail, Samba, Culture populaire, Brésil 4 The people’s voice in Leon Hirszman : from CPC’s films to short films about music Summary This research focus on a set of short films made by the Brazilian film maker Leon Hirszman (1937-1987). Leon is one of the members of the movement known as Cinema Novo,which appeared amongst the political and cultural efervescence of the 1960's in Brazil. Ater analysing his two first films: Pedreira de São Diogo (1962) and Maioria Absoluta (1964), we moved to five documentaries made during the period of the military dictatorship (1964 - 1985). The films are made in direct cinema about popular music. Two films are about samba: Nelson Cavaquinho (1969) and Partido Alto (1976-1982). The three other films are about work songs of the Northeast of Brazil: Cantos de Trabalho – Mutirão ; Cana de Açucar ; Cacau. The films represent about half of what the film-maker could produce during the most difficult years of a repressive regime. Besides that, these films made possible for him to reestablish contact with the poor classes of the country after the military coup had interrupted his experiences with the « cine-activisme », closing the first cicle of his career. They also represented a space of freedom for the film-maker's search for an artistic expression in tune with the popular cultural productions. In a a context in which the patrimonial services in Brazil value each time more the cultural diversity, these films that were little seen and studied until now, start to be rediscoveredby researchers and also by contemporary art curators. Key Words : Leon Hirszman, Cinema novo, Documentary, Work songs, Samba, Popular culture, Brazil 5 TABLE DE MATIERES INTRODUCTION .......................................................................................................... 7 PARTIE I – Brésil, 1954-1964 ........................................................................................ 20 Chapitre 1– Culture et politique dans le Brésil des années 1954-1964 ...................... 21 Chapitre 2 – L’apparition du Cinema Novo ................................................................ 43 PARTIE II – Leon Hirszman, des ciné-clubs au CPC ................................................ 75 Chapitre 1 – Le jeune Hirszman, sur la voie du « ciné-activisme » ........................... 78 Chapitre 2 – Le cinéma du CPC, un manifeste esthétique et politique ..................... 85 Chapitre 3 – Le tournant du direct et la découverte de la parole de la majorité absolue ..................................................................................................... 110 PARTIE III – La voix du peuple : le chant de la résistance ....................................... 145 Chapitre 1 – Le cinéma sous la dictature ...................................................................... 147 Chapitre 2 – Nelson Cavaquinho, le poète du morro .................................................... 162 Chapitre 3 – Cantos de trabalho: du lamento des esclaves à l’expression du combat .......................................................................................................................... 188 Chapitre 4 – Partido Alto et le mouvement Noir ............................................................ 218 Épilogue – L’apprenti des chants populaires : rapprochements avec Mario de Andrade ............................................................................................................. 247 CONCLUSION .................................................................................................................. 252 FILMOGRAPHIE DE LEON HIRSZMAN ................................................................... 261 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................ 268 6 INTRODUCTION Quand le 1er avril 1964 un coup d’État installe au Brésil une dictature militaire, le jeune cinéaste Leon Hirszman (1937-1987) terminait son deuxième court-métrage, Maioria absoluta (Majorité absolue, 1964), plein d’enthousiasme et de projets. Il était alors entouré d’amis également engagés dans les mouvements culturels et politiques qui se développaient dans le pays. Le coup d’État interrompt brutalement ce parcours. Pendant la dictature, qui a duré plus de vingt ans (entre 1964 et 1985), Hirszman, comme ses collègues, a dû affronter des situations très difficiles, mais il a réussi à tracer un chemin resté cohérent avec les idées de sa jeunesse. Leon Hirszman est l’un des cinéastes du noyau initial du Cinema novo1, à côté de Joaquim Pedro de Andrade, Paulo César Saraceni, Glauber Rocha, Carlos Diegues, Nelson Pereira dos Santos et quelques autres. Le groupe réuni à Rio de Janeiro au début des années soixante proposait la création d’un « nouveau cinéma brésilien » : un cinéma actuel, en dialogue avec les diverses expériences cinématographiques mondiales, mais
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