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Chœur et orchestre du Concert Spirituel Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles (Olivier Schneebeli, musical director ) Hervé Niquet, direction

Andromaque Karine Deshayes, soprano Maria Riccarda Wesseling, mezzo-soprano Pyrrhus Sébastien Guèze, tenor Oreste Tassis Christoyannis, baritone

Phœnix, Un Grec Matthieu Heim, baritone Une Grecque Élodie Hache, soprano Un Grec Edmond Hurtrait, tenor

Recorded at Salle Henry Le Bœuf, Palais des Beaux-Arts, Brussels, in October 2009 Engineered by Manuel Mohino, assisted by Harry Charlier Produced by Dominique Daigremont Executive producer & editorial director: Carlos Céster Editorial assistance: María Díaz é g r e Design: Valentín Iglesias B e l Booklet essay: Benoît Dratwicki (Centre de Musique Baroque de Versailles) o c i Translations: Mary Pardoe ( eng ), Susanne Lowien ( deu ), Pedro Elías ( esp ) N

: o t o h © 2010 MusiContact GmbH p Orchestre du Concert Spirituel Chœur du Concert Spirituel

violin 1 flute timpani soprano countertenor bass Alice Piérot (concertmaster) Philippe Allain-Dupré Cyril Landriau Agathe Boudet Erwin Aros Frédéric Albou Olivier Briand Anne Savignat Anne-Sophie Durand Matthieu Chapuis Matthieu Heim Stephan Dudermel Jacques-Antoine Bresch Aude Fenoy Jean-Xavier Combarieu Cédric Meyer Sandrine Dupé Élodie Hache Marcio Soares-Hollanda Fanny Paccoud oboe Virginie Lefebvre Marie Rouquié Héloïse Gaillard Cécile Moureau tenor Luc Marchal Edmond Hurtrait violin 2 Pascal Richardin Hélène Houzel clarinet Myriam Cambreling Pascal Pariaud Benjamin Chénier Philippe Castejon Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles Bérengère Maillard Yannis Roger bassoon Jérémie Papasergio soprano tenor viola Nicolas André Antonine Bacquet Clément Buonomo Judith Depoutot-Richard Anne-Marie Beaudette Étienne Garreau Marie-Liesse Barau horn Laura Holm Pierre Perny Géraldine Roux Cyrille Grenot Isabelle Schmitt Stéphane Robert Françoise Rojat Emma Cottet Damien Roquetty countertenor cello trumpet Stephen Collardelle bass Tormod Dalen Jean-Luc Machicot François Pagot Lucas Bacro Julie Mondor Joël Lahens Raphaël Pongy Anicet Castel Annabelle Luis Emmanuel Hasler trombone François Joron double bass Laurent Madeuf Sylvain Lamirand Luc Devanne Jean-Noël Gamet Clotilde Guyon François Février

4 5 20 Pyrrhus : Vous le voulez ? Hé bien, cruelle ! … 0:57 André-Ernest-Modeste Grétry 21 Pyrrhus : Le fils, dans ma juste colère… 2:08 22 Scène 5 – Pyrrhus : Ah ! c’en est fait, cruelle ! … 0:31 23 Pyrrhus : Je m’applaudis de ma victoire… 1:48 24 Pyrrhus : Qu’on cherche Oreste, amenez Hermione… 0:56 25 Scène 6 – Pyrrhus : Fille de Ménélas, Oreste… 0:24 26 Pyrrhus : J’oublie à jamais l’ingrate… 1:33 27 Hermione : Dieux ! que cet aveu me flatte… 1:40 cd 1 [34:40] 28 Marche 1:46

01 Ouverture 4:06 cd ii [54:07] Acte premier Acte deuxième

02 Scène 1 – Chœur : Cessez de répandre des larmes… 2:00 01 Scène 1 – Chœur : Modérez ce transport jaloux… 4:02 03 Hermione : C’est le seul espoir qui me reste… 1:23 02 Scène 2 – Hermione : Régnez à jamais dans mon âme… 2:03 04 Hermione : Si, fidèle au nœud qui l’engage… 1:52 03 Hermione : Bientôt le pompe nuptiale… 0:27 05 Scène 2 – Marche 0:27 04 Scène 3 – Chœur : Ne fuyez point un spectacle si doux ! … 1:42 06 Oreste : Au vainqueur des Troyens… 1:50 05 Scène 4 – Andromaque : Elle fuit, la cruelle, et se rit de mes larmes… 1:13 07 Oreste et le Chœur : De tous nos rois secondez la colère… 0:41 06 Andromaque : Chère épouse, dit-il, je te laisse ce gage… 1:00 08 Pyrrhus : Non, non, … je veux défendre et le fils et la mère… 0:21 07 Andromaque : Et sa mère pourrait supporter son trépas ? … 0:22 09 Pyrrhus : Je ne fus que trop implacable… 1:27 08 Scène 5 – Chœur des Matelots : Hâtons-nous et quittons ce rivage… 1:18 10 Pyrrhus : Je défendrai contre eux et le fils et la mère… 0:56 09 Scène 6 – Pyrrhus : Phœnix, il faut aux Grecs livrer le fils d’Hector… 1:17 11 Marche 0:29 10 Andromaque : Hélas ! vous pouvez, sans pitié… 1:10 12 Scène 3 – Pyrrhus : Je l’envoie, je le sais, aux pieds de sa maîtresse… 0:34 11 Scène 7 – Andromaque : Laissez-moi baigner de mes larmes… 1:21 13 Scène 4 – Pyrrhus : Où portez-vous vos pas ? … 0:52 12 Pyrrhus : Je ne puis résister à ses larmes… 0:19 14 Pyrrhus : Ils me menacent de leurs armes… 1:32 13 Pyrrhus : À votre fils, je servirai de père… 0:45 15 Andromaque : Triste, captive, importune à moi-même… 0:38 14 Pyrrhus : Ciel c’en est fait ! … 0:36 16 Pyrrhus : Votre vainqueur baigne de larmes… 0:55 15 Scène 8 – Chœur : C’est pour l’hymen d’une immortelle… 1:59 17 Pyrrhus : Ah ! dites-moi seulement que j’espère… 0:37 16 Gavotte 1:30 18 Andromaque : Murs sacrés ! que n’a pu conserver mon Hector… 1:43 17 Scène 9 – Hermione : C’en est fait ! Le parjure ! … 0:23 19 Pyrrhus : Cruelle ! … 0:28 18 Hermione : Va lui jurer la foi que tu m’avais jurée… 0:52

6 7 19 Chœur : Quoi ! préférer à la fille d’un roi… 0:44 20 Scène 10 – Oreste : Croirai-je que vos yeux sont enfin désarmés ? … 0:37 Enregistré à la suite des concerts du 18 octobre 2009 au Théâtre des Champs-Élysées (Paris) et du 19 octobre 2009 au Palais des 21 Hermione : Vengez-moi ; je crois tout… 1:28 Beaux-Arts (Bruxelles) donnés dans le cadre des « Grandes Journées Grétry » du Centre de Musique Baroque de Versailles et du 22 Hermione : Lâche ! n’espère plus obtenir ma conquête ! … 0:37 festival « Les sources du romantisme français (1780-1830) » du Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française 23 Oreste : Il ne mourra que de la main d’Oreste… 0:19 24 Oreste : Jurez de venger son injure… 1:22 Coproduction Centre de Musique Baroque de Versailles / Palais des Beaux-Arts de Bruxelles / Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française / Le Concert Spirituel Acte troisième Andromaque sera repris mis en scène par Georges Lavaudant dans une coproduction du Schwetzinger Festspiele et de l’Opéra National de Montpellier Festival de Radio France et Montpellier 25 Scène 1 – Andromaque : Ombre chérie, ombre sacrée… 2:52 26 Andromaque : Reçois, chère ombre que j’adore… 2:01 27 Chœur : Vivez pour votre fils et faites son bonheur… 0:47 28 Scène 2 – Phœnix : Pyrrhus vous attend à l’autel… 0:32 29 Scène 3 – Hermione : Quel spectacle cruel ! … 2:29 Depuis sa création en 1987, Le Concert Spirituel est l’un des partenaires privilégiés du Centre de Musique Baroque de Versailles et 30 Hermione : Bravons la crainte et le danger… 0:47 participe activement, à ses côtés, à la redécouverte et à la valorisation de la musique française des xvii e et xviii e siècles. Invité 31 Scène 4 – Chœur : Chantons, célébrons l’hyménée… 1:17 régulier de la saison de concerts du Centre au Château de Versailles, Le Concert Spirituel se produit aussi bien à la Chapelle royale 32 Gavotte 0:51 qu’à l’Opéra. Parmi les principales réalisations données dans ce cadre, figurent les grands motets de Desmarest, la Messe à huit voix 33 Menuet 1:08 et le Te Deum à deux chœurs et deux orchestres de Charpentier, les grands motets de Rameau, la pastorale Daphnis & Chloé 34 Reprise de la Gavotte 1:25 de Boismortier, ainsi que les tragédies lyriques Callirhoé de Destouches, Sémélé de Marais, Proserpine de Lully et Andromaque 35 Marche 0:28 de Grétry, tous enregistrés pour le label Glossa. 36 Chœur : Dieu d’Hymen, que sous ton empire… 1:05 37 Pyrrhus : Andromaque, régnez sur mon peuple et sur moi… 0:50 38 Combat 0:49 39 Scène 5 – Hermione : Quels cris me remplissent d’effroi ? … 0:28 40 Scène 6 – Oreste : Princesse, c’en est fait ! votre haine est servie… 1:32 Le Concert Spirituel en résidence à l’Opéra National de Montpellier est subventionné par la drac Languedoc-Roussillon / Ministère 41 Hermione : Barbare, ne voyais-tu pas… 0:56 de la Culture, la Communauté d’Agglomération de Montpellier et la Ville de Paris. Le Concert Spirituel bénéficie du soutien de la 42 Scène 7 – Oreste : Est-ce Hermione ? … Et que viens-je d’entendre ? … 0:52 Fondation bnp Paribas et de la Fondation Bru. 43 Scène 8 – Chœur : Ô fureur ! Ô funeste sort ! … 0:51 44 Chœur : Sauvons-le de sa fureur ! … 1:50 Les Pages & les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles sont subventionnés par le Ministère de la Culture, le Conseil 45 Oreste : Filles d’enfer, vos mains sont-elle prêtes ? … 1:13 régional d’Ile de France, le Conseil général des Yvelines et la Ville de Versailles. 46 Chœur : Dieux implacables, dieux vengeurs… 1:25

8 9 L’engagement d’un mécène « Il existe de belles causes, au service desquelles s’élaborent des projets innovants, bien conçus, avec un vrai souffle… mais qui ont besoin, pour se concrétiser du soutien appuyé d’un partenaire qui s’engage. » La Fondation bnp Paribas intervient dans trois domaines : culture, santé, solidarité. Elle s’attache à préserver et faire connaître les richesses des musées, à encourager des créateurs et interprètes, à aider la recherche C’est avec la vocation de soutenir, d’accompagner et de rendre parfois, tout simplement possibles des actions de médicale dans des secteurs de pointe et à soutenir des projets en faveur de l’éducation, mécénat dans différents pays, que la Fondation Bru a été créée en 2005 à l’initiative du Docteur Nicole Bru. Elle souhaite de l’insertion et du handicap. pérenniser le nom et la mémoire des fondateurs des Laboratoires upsa . Indépendante, résolument tournée vers l’avenir, la Fondation Bru intervient dans les domaines de l’éducation et du patrimoine. C’est au Canada, en 2002, que la Fondation a croisé le chemin de Hervé Niquet. De cette rencontre est née une alliance riche d’échanges et d’envies partagées autour du Concert Spirituel dont elle accompagne les Le souhait de sensibiliser les hommes à leur patrimoine conduit la Fondation Bru à s’investir dans des projets où la projets, en France et à l’international. préservation de l’héritage culturel tient une place essentielle.

Son engagement en faveur du mécénat culturel, et plus particulièrement en faveur de la musique, http://mecenat.bnpparibas.com/ se manifeste par deux actions :

– La Fondation Bru poursuit l’engagement des docteurs Jean et Nicole Bru, qui ont soutenu le Concert Spirituel, depuis sa création en 1987 par Hervé Niquet. Ce soutien toujours renouvelé permet d’exhumer, de faire revivre des chefs-d’œu - vre oubliés de la musique baroque française et de réaliser des enregistrements pour une plus grande diffusion de ces œuvres.

– Le Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française est abrité depuis l’automne 2009 dans un palazzetto du quartier de San Polo à Venise. Ce centre a pour mission de valoriser le répertoire français du grand xix e siècle.

10 11 Créé à l’initiative du Docteur Nicole Bru, le Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française est une réalisation de la Fondation Bru, créée en 2005. Éducation et recherche, valorisation et transmission du patrimoine, environnement, sont les domaines clés choisis par Nicole Bru pour pérenniser le nom et les actions des fondateurs des Laboratoires upsa .

Unissant ambition artistique et exigence scientifique, le Palazzetto Bru Zane est une nouvelle traduction de l’esprit humaniste qui guide les actions de la Fondation Bru. Il témoigne aussi de la passion d’une vie pour la musique. Situé à Venise, ce centre a pour vocation d’apporter au répertoire musical français du grand xix e siècle un rayonnement international. Les objectifs sont pluriels. Lieu de programmation, d’enseignement et de travail vivant, il se veut également un centre de ressources documentaires, de recherche, d’édition et de diffusion des savoirs.

André-Ernest-Modeste Grétry Collection Palazzetto Bru Zane

12 13 English English

his stay in Italy. A ballet héroïque entitled Céphale & Procris probably be at the Opéra, in relation either to the change participates; no one can be indifferent” (Mémoires secrets , 15 Andromaque (1773), his tragédie lyrique , Andromaque (1780), and a number of administration there, or to the new productions that are March 1779). Thus, on 23 January of the following year, 1780, of pieces written during the Revolutionary period show the on the way” (Journal de Paris , 23 April 1778). de Vismes, feeling that his post had become definitively too Tragédie Lyrique composer in a different light. A small revolution was under way at the Académie restrictive, handed in his resignation. André-Ernest-Modeste Grétry Royale de Musique. For several weeks its new director, Anne- Yet the general consensus was that “there had never Pierre-Jacques de Vismes du Valgay (1745-1819), who had been been so much variety in new operatic works” as there was in ii. andromaque in its time: appointed in October 1777 to succeed Pierre-Henri-Montan January 1779, when de Vismes achieved the hitherto the age of revolutions Berton, had been the talk of Paris. His arrival brought great unprecedented feat of presenting twelve different works changes within the institution. He immediately introduced within the space of just a few weeks. Paris was amazed to i. grétry Between 1774 and 1779, Gluck presented five new works in drastic reforms, even in areas that were not normally the discover that “it was as easy to alternate serious as it Paris, Iphigénie en Aulide , Orphée , Alceste , and director’s concern: he had the stage and orchestra pit was to alternate comedies” ( Mémoires secrets , 21 January Born in Liège, André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) Iphigénie en Tauride , bringing about important changes in enlarged and refurbished; seating for some of the audience 1779). The new director’s main concern had been to achieve arrived in Paris in 1767, after spending several years in Italy. French and opening the doors wide to was once again provided on stage; the great chandelier was the greatest possible variety in every aspect – in time, space, A first collaboration with Marmontel, , brought Romanticism. Gluck’s contemporary Grétry was regarded removed; performance times were altered; women were for - style and form. Therein, he believed, lay the secret of suc - him immediate success. The French queen was very fond of at that time as the leading composer of opéra comique , and bidden to attend wearing high coiffes; and those were just cess. Accordingly, at the very beginning of his office, in an opéras-comiques , which gave Grétry an opportunity to seek a no one expected to see a work by him, least of all a dramat - some of them. And his artistic policy was just as radical. address to the Opéra staff, he stated his intention of “wel - position at the royal court; he became harpsichord teacher ic work, on stage at the Académie Royale de Musique, alias Amongst other things, he reformed the status of the artists, coming every genre and showing no partiality in choosing to Marie-Antoinette. Between 1770 and 1780 he composed the Paris Opéra. His only experience in that field had been renewed some of the staff, revised authors’ fees, increased them”. That variety, “offering each in turn spectacles that a series of masterpieces, which became well known Céphale & Procris in 1773, a ballet héroïque , which after a the number of weekly performances, and reoriented pro - were to their liking” (La Borde, Essai sur la musique ), met throughout Europe. 1785 marked a turning-point in his mixed reception had ultimately been a failure. Yet Grétry gramme planning. Two months before his arrival, a new set of with general approval, and thus de Vismes secured audience career. From then on he gradually moved away from musi - must have had potential in the tragic genre, for the libret - regulations (49 articles) was drawn up, defining the new support. One of the spearheads of his policy was the revival cal life and began to write his Mémoires . After the Reign of to of Iphigénie en Tauride had been intended for him, director’s rights, and reminding those employed by the of old works, which he set against the most modern produc - Terror (1793-94), Grétry found his supporters again. He although it finally went to Gluck, much to his despair, Opéra not only of their duties, but also of the rules govern - tions: “I intend to bring together works composed at very was appointed to the Institut de France in 1795, and was making the two composers henceforth rivals at the ing subordination. The tone was set. Although de Vismes was different times, so that the public in general will have the elected a Chevalier of the Légion d’honneur in 1803. Académie Royale. By way of compensation, however, by no means lacking in ideas, diplomacy and flexibility were means of comparing and judging more accurately the Having retired to “L’Ermitage” at Montmorency (formerly Grétry was offered the even more ambitious challenge of clearly not among his qualities. And so it was not long before progress that has been made in that art and each member of owned by Jean-Jacques Rousseau), he devoted much of his providing the music for an opera based on one of Racine’s he met with hostility from staff members and also from some the public the possibility of enjoying the genre he prefers” time to writing. Grétry tried his hand at all the musical gen - most sombre tragedies, Andromaque . members of the public. His term of office was marked by (Journal de Paris , 15 February 1779). A fine undertaking, res, but it was in the opéra-comique that he showed the great - The venturesome project came into being in some - plots, scandals and arrests, providing a constant topic of con - aimed as much at the intelligence of the community as at est originality. Among his opéras-comiques are Zémire & Azor , what exceptional circumstances. In the spring of 1778, the versation in the city. “The extreme unrest that this quarrel the sensitivity of the individual, and almost as strong in its Richard Cœur-de-Lion , La fausse magie and L’amant jaloux . His press reported unusual effervescence: “The spectacle that has caused both in the city and at Court is unbelievable. pedagogic content as in its true artistic value. In the early religious music and instrumental compositions date from is most likely to focus public attention this season will Princes, ministers, duchesses, everyone takes an interest and months of 1779 he was able, with pride, to make his first

14 15 English English assessment: “I have presented consecutively works by MM. At a time when good opera librettos were becoming a rari - delight, and everyone knows that the pace of an opera which the too energetic Gluck could not command. It was Piccinni, Gluck, Philidor, Rameau, Paisiello, Anfossi and ty, he had the idea of reusing some of the old librettos by requires the cuts which we were obliged to make in the in the hope of being superior to him in that respect, and others; so all that is missing is a work by Lully, and what bet - Fontenelle, Houdar de La Motte, Fuselier, and especially poetic text of the immortal Racine. We retained that great wholly persuaded that I was inferior to him in strength, ter choice could I have made than his opera Thésée , which Quinault. Thus the seasons from 1770 to 1800 saw the stag - man’s lines insofar as the division of the scenes and the form that I undertook this work.” has constantly enjoyed such a fine reputation, and which ing of Piccinni’s Roland and Atys , Gluck’s Armide , Johann of the airs and the recitative permitted. Unfortunately, in Andromaque is undoubtedly the work by Grétry that the beauty of the text, the magnificence of the spectacle Christian Bach’s Amadis , Philidor’s Persée , two versions of the process of creating a plot that was appropriate for an belongs the least to its own time, and indeed, it was sharply and the riches lavished on it by Quinault’s imagination will Thésée, by Mondonville and Gossec, and Paisiello’s opera, we frequently had to add other lines, which we criticised for that reason. In his Correspondance littéraire , the make forever dear to the nation.” If the revival of early Proserpine . This wish to return to the models of the reign of blended in with his. We hope that the public, understand - ferocious critic La Harpe, disconcerted by the modernity of works was meant to satisfy a particular section of the pub - Louis xiv led to the idea of transposing to opera some of ing the reasons, will forgive this kind of sacrilege.” the work, noted that Grétry, who is “so charming in opéras lic, new operatic and choreographic works were not neg - the tragedies of Corneille and Racine, of which Grétry’s What Grétry himself says supports the sincerity of his comiques , and shows in the singing the grace and gentleness lected. Only three new works had been presented in 1777- Andromaque is a perfect illustration, as are Sacchini’s Le Cid , librettist’s cautious words: “Let it not be assumed that he learned in Italy, has left his habitual genre for that of 78, whereas de Vismes’ inaugural season scheduled sixteen, Salieri’s , and even the two versions of Iphigénie Pitra had the slightest pretension in creating this text; he Gluck, a desertion that is not to his advantage. In this work including several ballets pantomimes and many Italian opere en Tauride by Gluck and Piccinni. More than any other, the touched Racine’s lines only with respect, and because the there is nothing but a shrill and tedious noise, and all the buffe . His larger-scale projects, on the other hand, proved choice of Andromaque was very symbolical. Written in 1667, music required cuts to be made. His desire to see me test failings of Gluck without the presence of what redeems to much more difficult to bring to fruition. During his first it was the tragedy that established Racine’s reputation as a my strength on a tragic subject was his reason for undertak - some extent them, that is to say, expressive pieces and an season, only one new three-act tragédie lyrique was pre - poet. Between 1667 and the Revolution, it was one of the ing this work, which he brought to me as a bare framework understanding of theatrical effect. Indeed, this drama is as mièred, Floquet’s Hellé , and that was not a great success. De most frequently performed plays in France. It was unques - still requiring the attentions of a poet; but since he knew badly constructed as it could possibly be, and Racine’s mas - Vismes had also expressed his intention of giving audiences tionably one of the pillars that gave the national repertoire no one who could assume so formidable a task, I made him terpiece is horribly disfigured.” Like many original or vision - the possibility of comparing the two different versions, by its identity. Transferring it from the dramatic stage to the take the risks of doing so himself.” Despite Pitra’s reorgan - ary works – Charpentier’s Médée , for example, or Rameau’s Gluck and by Piccinni, of Iphigénie en Tauride . Gluck’s set - operatic stage meant having to reconsider a whole set of isation of the text, Andromaque retains Racine’s superb ver - Hippolyte & Aricie , Berlioz’s Les Troyens ... – Andromaque came ting was premièred in 1779, but Piccinni’s was not presented parameters, since there was a considerable difference sification and an elevated tone that was rare in opera at under fire from the critics at first. Was Grétry aware of his at the Académie Royale until 1781. For a time the institu - between the rules governing spoken (declaimed) tragedy, that time. The ever-present choruses, supporting the four audacity? Presumably not, for in his Mémoires he admitted tion’s repertoire was renewed by works commissioned from on the one hand, and the (sung) tragédie lyrique , on the main characters and commenting on, and sometimes par - that no work had cost him less trouble. He completed authors of international renown, such as Johann Christian other. Louis-Guillaume Pitra (1735-1818) was the poet who ticipating in, the action, give the work a monumentality Andromaque in thirty days, although “contrary to my wont, I Bach, Gossec and Philidor. undertook the adaptation of Racine’s play. He justified the that Grétry brings out perfectly in his music, while show - composed in the evening and wrote out the music the fol - changes he had to make in a detailed foreword to the work: ing his excellence as dramatist. Appropriating the language lowing morning. The author of the text, Pitra, was with me “In adapting this tragedy by Racine to the operatic of Gluck, he succeeds even better than the latter in fitting all the time. Constantly carried along by the beauty and stage, we had to sacrifice countless beauties, which we together the various elements – airs, ensembles, choruses – pace of the action, I wrote it in one go. It has, perhaps, too So that was the context in which the Andromaque project regretted as much as any person of good taste will do. We to form a continuous discourse that was revolutionary for much warmth, even in the music, and I advise those who saw the light. In inviting Grétry to imagine Racine’s were aware more than anyone of the absurdity, the audacity that time, heralding the operas composed much later by have it performed not to hurry the movements.” tragedy as a tragédie lyrique , de Vismes was sure to arouse even, of such an undertaking; but our sole aim was to serve Spontini... or even Berlioz. Grétry wrote in his Mémoires : The authors thus threw themselves wholeheartedly public curiosity and bring people flocking to the theatre. the genius of an artist whose talents have so often been our “The text of Andromaque demands a profound sensibility into the adventure. But when the time came to stage the

16 17 English English work, the director of the Académie Royale, de Vismes, was detestable [...] and all the other ballets in that opera were terised above all by its lack of concession to the impera - The “revolution” that Gluck brought about, first of all again faced with problems. Andromaque ’s genesis was likewise neglected; the whole audience expressed its dissat - tives of the drama; the music serves, underlies, comments with Iphigénie en Aulide (1774) and even more with Alceste chaotic and it came close to not being presented at all. The isfaction; and that is how all the other operas we have given on and extends the drama without ever impeding it. The (1776) in particular, had enabled French opera to return to first rehearsals, in May 1778, were halted by a dispute with this year have been treated; Andromaque , Alceste , Persée , divertissements , in which the few decorative ballets and cho - its origins, and maybe go back even further still, by bring - the Comédie Française, which held the acting monopoly to Iphigénie , were likewise skimped, although there is very little ruses are found, are reduced to a minimum; perfectly inte - ing the new aesthetic of opera closer to that of the great the play and succeeded in having the performances banned. dancing in them; now we include only a very few dancers in grated into the action, they never hold it up but, on the plays of Corneille and Racine that used declamation. After After many complications, the work nevertheless finally the corps de ballet for those pieces.” contrary, create “suspense”, heightening the seriousness of a century of developments in the Baroque mould through reached the stage in June 1780, by which time the director Indeed, Andromaque had a mixed reception. It was crit - the scenes that follow. the skills of Quinault, opera thus moved back in time, clos - of the Académie was Antoine Dauvergne, who had suc - icised especially for its many choruses, which gave people To create such a dramatic work meant having to er to its ancestor of the Classical period: spoken tragedy. ceeded de Vismes’ successor, Henri-Montan Berton, on the the impression that they were listening to an oratorio rather ignore completely, in every respect, the aesthetic that had The Gluck era paved the way therefore for the operas that latter’s sudden death a few weeks previously. However, the than an opera. The ending was considered too tragic for the still been prevalent only ten years previously – that is to say, were to flourish throughout the nineteenth century, the première, initially scheduled for the beginning of the sea - stage of the Académie Royale. And audiences were used to the aesthetic that had been valid throughout the career of work of eminently Romantic authors. Grétry’s Andromaque son in April, had to be postponed, this time because there being more divertissements to provide relief: here they Rameau and his contemporaries. At the same time the dra - stands at the crossroads, at the point where those different Mademoiselle Levasseur, who was singing the title role, found few light choruses, not many dances, no virtuoso ari - matic works imagined a century earlier by Lully and styles and issues meet. Viewed by turns with a Baroque, had fallen ill. In a letter of 26 April 1781, Dauvergne wrote: ettes... Grétry and Pitra decided therefore to refashion the Quinault had gradually given way to a decorative style. Classical or Romantic eye, its many facets shed new light “My opinion is that Andromaque should be given on Sunday, third and last act. Moving away from Racine’s original, they Thus, Baron Grimm (Encyclopédie , iv , p. 103) had noted that on its composer. even if that means Madame Saint-Huberty taking the part, explored the spectacular potential and musical possibilities the dance, “that artificial part, has even of late become the but I am told that Monsieur Dauberval has declared that of the final scene, making Andromaque end this time on a main element in opera”. And the great Marmontel, as the ballets will not be ready. So the performance of the happier note, with a wedding. A second series of perform - forthright as ever in his views, had written in the Mercure de iii. synopsis opera has had to be postponed.” ances, with the opera in its new form, was given in 1781, and France (July 1759, ii , p. 94) that “the moderns are degener - The administrative context was more favourable by this time its success was without reserve. But then a few ating; their taste for florid decoration, if one may say so, loves Hermione, who loves Pyrrhus, who loves that time, but there was nevertheless continuing strife and weeks later a serious fire at the Opéra put an end to the tri - has spoiled all the emotion”. In the mid-eighteenth centu - Andromaque, who loves only her dead husband Hector and some of those working for the institution, notably mem - umph of Andromaque . Most of the sets and costumes were ry, the Encyclopédie (iv , p. 350) gave the following advice to her young son Astyanax. bers of the corps de ballet, decided to air their long-stand - destroyed and the work was never shown again in France. potential opera librettists and composers: ing grievances by being uncooperative and making as little “[At the time of Lully] the three and a quarter hours of Act i effort as possible in the dances. In another letter of 2 April a performance included two and a half hours of recitative; A vast hall in the palace of Pyrrhus . 1781, Dauvergne complained, though to no avail, to the today the latter must be replaced by divertissements , chorus - royal court: More than two centuries later, the music of Andromaque es, dramatic action, brilliant vocal pieces, etc. Otherwise Hermione’s attendants try to convince her that she will suc - “[The negligence of the sujets ] recently caused the fail - may still seem surprising to us today. It is in fact totally tedium is assured, and failure for the opera inevitable. ceed in winning Pyrrhus’s love. Orestes, Hermione’s reject - ure of Castor [& Pollux ]; indeed, the fight, which used to be symbolic – symbolic of a century of evolution in French Hence only about three-quarters of an hour of recitative is ed lover, arrives with the Greeks to ask Pyrrhus to hand over superb, and which made more than a small contribution in opera, from its heyday under Louis xiv to its final radiance required; therefore an opera must be very differently struc - Astyanax, the son of Hector and ; they want to attracting the attention of a portion of the public, was under Louis xvi . This tragédie lyrique by Grétry is charac - tured nowadays compared to the works of Quinault.” put him to death to be sure that he will not one day avenge

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Troy. But Pyrrhus is in love with Andromache, whom he is Act iii Procris (1773), une tragédie lyrique, Andromaque (1780), et holding prisoner, so he refuses the request, choosing to pro - A sad place planted with cypresses and other trees associated with Andromaque quelques pièces de la période révolutionnaire, donnent du tect the mother and her child. Andromache, however, death; Hector’s tomb in the foreground. compositeur un autre visage. swears that she will remain true to Hector’s memory, and Tragédie Lyrique she rejects him. Pyrrhus threatens to turn Astyanax over to Andromache comes to pray for the last time at Hector’s André-Ernest-Modeste Grétry the Greeks. He then returns to Hermione, to the latter’s tomb before marrying Pyrrhus. Later, while Andromache is ii. andromaque en son temps: great satisfaction, and to Orestes’s despair. preparing for her wedding, Hermione, in a fit of madness, l’époque des révolutions expresses her hatred for Pyrrhus and her desire to see him Act ii dead. Amidst the rejoicing for the wedding, Orestes Entre 1774 et 1779, Gluck fit représenter à Paris cinq The port, with the Greek ships . appears followed by the Greeks; they are armed. After i. grétry ouvrages qui bouleversèrent l’opéra français et ouvrirent Pyrrhus has crowned Andromache, he swears everlasting toutes grandes les portes du romantisme : Iphigénie en Aulide , The Greeks attempt to calm Orestes, who is furious. He love to her and promises to be a father to Astyanax and to D’origine liégeoise, André-Ernest-Modeste Grétry (1741- Orphée, Alceste, Armide et Iphigénie en Tauride . Grétry, son wants to carry Hermione off to Greece. When they have recognise him as king of Troy. On hearing this, the Greeks, 1813) arrive à Paris en 1767, après un séjour de plusieurs grand contemporain, était alors considéré comme le maître left, Hermione arrives, delighting in her forthcoming mar - enraged, attack and kill Pyrrhus. Orestes goes to announce années en Italie. Une première collaboration avec de l’opéra-comique : personne ne l’attendait sur la scène de riage to Pyrrhus. Andromache comes on the scene and begs Pyrrhus’s death – killed by the fury of the Greeks and not Marmontel, Le Huron , conduit immédiatement le composi - l’Académie royale de musique, surtout dans le registre du Hermione to have mercy on her son and herself, but by Orestes himself – to Hermione. She realises the horror teur au succès. Le goût prononcé de Marie-Antoinette drame lyrique. Sa seule expérience en la matière, le ballet Hermione ignores her and withdraws. Andromache knows of the situation. She admits that when she gave her order pour les opéras-comiques donne à Grétry l’occasion de se héroïque Céphale & Procris , avait connu quelques années that she can save her son if she gives in to Pyrrhus, but she she was out of her mind. She now rejects responsibility for faire une place à la Cour : il devient bientôt maître de cla - auparavant une réception controversée qui s’était soldée par cannot bring herself to do so; to give herself strength she the crime and spurns Orestes. She goes and stabs herself vecin de la Reine. Entre 1770 et 1780, Grétry signe une suc - un échec. Pourtant, Grétry devait porter en lui assez d’es - evokes the memory of Hector. Pyrrhus arrives to hand over over Pyrrhus’s dead body. Orestes is left, overwhelmed by cession de chefs-d’œuvre qui sont largement diffusés dans poirs dans le genre tragique, pour qu’on lui destine originel - Astyanax to the Greeks. Andromache and her attendants despair and then madness, supported by his followers. toute l’Europe. 1785 marque un tournant dans la carrière du lement le livret d’ Iphigénie en Tauride , finalement concédé à beg him to change his mind. Pyrrhus is moved and agrees to musicien. Il s’éloigne petit à petit de la vie musicale et com - Gluck au grand désespoir de celui qui devenait dès lors son reverse his decision if Andromache will marry him. After Benoît Dratwicki mence à rédiger ses Mémoires . La Terreur passée, Grétry rival sur les planches de l’Académie royale. En guise de hesitating, Andromache resolves to marry Pyrrhus in order Translation: Mary Pardoe retrouve ses appuis. En 1795, il entre à l’Institut ; en 1803, il dédommagement, le compositeur se vit proposer un projet to save Astyanax, but she resolves to commit suicide as est fait chevalier de la Légion d’honneur. Retiré dans aux enjeux plus ambitieux encore, puisqu’il s’agissait de soon as the ceremony is over in order to remain faithful to l’Ermitage de Jean-Jacques Rousseau à Montmorency, il ne mettre en musique l’une des plus célèbres tragédies de Hector. Hermione arrives – preparations are already being se consacre plus guère qu’à la littérature. Grétry s’est essayé Racine – l’une des plus sombres aussi : Andromaque . made for her wedding – and finds herself once again reject - à tous les genres musicaux, mais c’est dans l’opéra-comique C’est dans un contexte très particulier que ce projet ed by Pyrrhus. In a rage she sends for Orestes and tells him qu’il s’illustre avec le plus d’originalité ( Zémire et Azor , audacieux était né. Au printemps 1778, la presse rendait that if he wishes to marry her, he must kill Pyrrhus. Orestes Richard Cœur-de-Lion , La Fausse Magie , L’Amant jaloux ...). Sa compte d’une effervescence peu ordinaire : « Celui de tous is horrified and he protests, but in the end he accepts his musique religieuse et ses compositions instrumentales les spectacles qui fixera probablement l’attention du terrible mission out of love for Hermione. datent de son séjour en Italie. Un ballet héroïque, Céphale et public à l’ouverture sera vraisemblablement l’Opéra, soit

20 21 Français Français relativement au changement d’administration, soit relati - les ministres, les duchesses, tout le monde s’y intéresse et autant qu’à l’individu sensible – dont la teneur pédagogique C’est dans ce cadre que le projet d’une Andromaque mise en vement aux nouveautés que l’on attend » (Journal de Paris , prend parti ; il n’est pas permis de rester indifférent » était à peine moins affirmée que la réelle valeur artistique. musique vit le jour. En faisant appel à Grétry pour imaginer 23 avril 1778). (Mémoires secrets , 15 mars 1779). Tant et si bien que, le 23 jan - Dans les premiers mois de 1779, il pouvait fièrement dres - de transformer une tragédie de Racine en tragédie lyrique, C’est que l’Académie royale de musique vivait alors une vier suivant, Devismes renonçait à un poste définitivement ser un premier bilan : « J’ai donné successivement des Devismes était sûr de susciter la curiosité et l’affluence du petite révolution... Depuis quelques semaines, tout Paris ne trop contraignant et donnait sa démission. ouvrages de Mrs Piccini [sic], Gluck, Philidor, Rameau, public aux portes de son théâtre. À l’époque où les bons parlait plus que du nouveau directeur de cette institution, Pourtant, de l’avis général, « jamais le théâtre lyrique Paisiello, Anfossi et autres ; il ne manque donc que de don - poèmes d’opéra se faisaient rares, l’idée avait germé de Anne-Pierre-Jacques Devismes du Valgay (1745-1819), n’avait été si varié en nouveautés » qu’en ce mois de janvier ner un ouvrage de Lully et j’ai cru ne pouvoir pas mieux remettre en musique les anciens livrets de Fontenelle, nommé en octobre 1777 pour succéder à Pierre-Henri- 1779 : en l’espace de quelques semaines, Devismes avait choisir que l’opéra de Thésée qui a constamment joui d’une Houdar de La Motte, Fuselier et surtout Quinault. C’est ainsi Montan Berton. L’arrivée du nouveau directeur fut un véri - réussi à monter douze ouvrages différents, ce qui était sans réputation si grande, et que la beauté du poème, la magni - qu’entre 1770 et 1800 virent le jour Roland et Atys de Piccinni, table bouleversement pour l’Académie royale. Il appliqua exemple jusqu’alors : Paris s’étonnait qu’il soit possible de ficence du spectacle et les richesses qu’a prodiguées l’ima - Armide de Gluck, Amadis de Jean-Chrétien Bach, Persée de sur-le-champ des réformes draconiennes en s’immisçant « changer d’opéras comme on change de comédies » gination de Quinault rendront toujours cher à la nation. » Si Philidor, Thésée de Mondonville et Gossec ou Proserpine de partout : modification des proportions et de l’aménagement (Mémoires secrets , 21 janvier 1779). La principale préoccupa - la reprise d’ouvrages anciens était destinée à contenter une Paisiello. Cette quête de retour aux modèles louis-quator - de la scène et de l’orchestre, rétablissement de spectateurs tion du nouveau directeur était de réunir, sur la même certaine partie du public, la création lyrique et chorégra - ziens poussa même à imaginer de transposer pour l’Opéra sur le théâtre, suppression du grand lustre, changement scène, les objets les plus éloignés qui soient imaginables. phique ne fut pas en reste. Alors que 1777-1778 n’avait pré - certaines tragédies de Corneille et Racine : Andromaque de d’horaire des spectacles, interdiction faite aux femmes de Éloignés dans le temps, éloignés dans l’espace, éloignés senté que trois nouveaux ouvrages, la saison inaugurale de Grétry en est une parfaite illustration, tout comme Le Cid de porter des coiffes hautes... Sa politique artistique était tout dans le style et dans la forme. La recette du succès résidait Devismes en proposa seize, incluant plusieurs ballets pan - Sacchini, Les Horaces de Salieri et même les deux Iphigénie en aussi engagée : il réforma le statut des interprètes, renouvela donc dans la variété. Dès ses premiers discours, il prétendit tomimes et de nombreux opere buffe italiens. Ses projets de Tauride de Gluck et Piccinni. Plus que tout autre, le choix une partie du personnel, réévalua les honoraires des auteurs, ainsi « favoriser tous les genres et ne mettre aucune partia - plus grande ampleur eurent en revanche beaucoup de mal à d’ Andromaque se trouve être particulièrement symbolique : augmenta le nombre de représentations hebdomadaires, lité dans leur choix ». Cette variété – bien consensuelle – se réaliser : pour sa première saison, seule une tragédie écrite en 1667, cette tragédie révéla véritablement Racine à réorienta la programmation... Deux mois avant son arrivée, permit à Devismes de s’attacher tous les spectateurs, « qu’il lyrique en trois actes de Floquet, Hellé , fut créée, mais avec ses contemporains. À compter de sa création, la pièce resta un nouveau règlement en 49 articles fut rédigé « pour tout à avait trouvé moyen de réunir sur son compte en offrant à un succès des plus médiocres. Devismes avait également l’une des plus jouées en France jusqu’à la Révolution : il s’agis - la fois faire connaître l’étendue des droits du Sieur Devismes chacun d’eux, tour à tour, des spectacles selon leur goût » prévu une confrontation très attractive pour le public du sait incontestablement d’un des piliers identitaires du réper - comme concessionnaire et entrepreneur, et rappeler aux (La Borde, Essai sur la musique ). L’un des fers de lance de la temps, entre les deux Iphigénie en Tauride de Gluck et de toire national. Les transformations imposées par le transfert différents sujets de l’Opéra les devoirs qu’ils avaient à rem - politique de Devismes était l’exhumation d’ouvrages Piccinni. Seule celle de Gluck fut toutefois créée en 1779, de la scène théâtrale à la scène lyrique nécessitaient de recon - plir et les règles de la subordination dont ils ne devaient pas anciens, confrontés aux productions les plus contempo - l’Académie royale ne programmant l’œuvre concurrente sidérer tout un ensemble de paramètres, les règles régissant s’écarter ». Le ton était donné. Car, s’il ne manquait pas raines: « Je me suis proposé de rapprocher les ouvrages les qu’en 1781. Plusieurs commandes passées à des auteurs célè - la tragédie déclamée et la tragédie lyrique variant considéra - d’idée, Devismes manquait sans doute de souplesse et de plus éloignés par la distance de l’époque de leurs composi - bres dans toute l’Europe, comme Jean-Chrétien Bach, blement. C’est le poète Louis-Guillaume Pitra (1735-1818) qui diplomatie : aussi ne tarda-t-il pas à s’attirer l’hostilité de son tions, et de donner par-là au public en général les moyens Gossec ou Philidor, renouvelèrent pour un temps le réper - se chargea d’adapter Andromaque , justifiant ses interventions personnel et d’une partie du public. Complots, scandales et de comparer et de juger plus précisément les progrès que toire de l’institution. dans un avertissement circonstancié : arrestations jalonnèrent son mandat en défrayant la chro - cet art a fait parmi nous et à chacun en particulier la faculté « Pour adapter cette tragédie de Racine à la scène nique : « On ne peut se figurer à quel excès de fermentation de jouir du genre qu’il préfère » (Journal de Paris , 15 février lyrique, il a fallu sacrifier mille beautés que l’on a regrettées est portée cette querelle à la ville et à la Cour. Les princes, 1779). Bel enjeu – s’adressant à la collectivité pensante autant que le feront tous les gens de goût. On a senti plus

22 23 Français Français que personne le ridicule, l’audace même d’une pareille cours continu révolutionnaire pour l’époque, et qui n’est d’un seul jet. Il pêche, peut-être, par trop de chaleur, même gence des sujets] vient en dernier lieu d’occasionner la chute entreprise ; mais l’on n’a eu d’autre prétention que de ser - pas sans annoncer certains opéras beaucoup plus tardifs de en musique, et je conseille à ceux qui la feront exécuter de de Castor ; le combat qui était autrefois superbe, et qui ne vir le génie d’un artiste dont les talents ont fait si souvent Spontini voire... Berlioz. Selon Grétry lui-même, « ... le n’en pas presser les mouvements ». contribuait pas peu à attirer l’attention d’une portion du nos délices, et tout le monde sait que la marche d’un opéra poème d’ Andromaque exigeait une profonde sensibilité que Si les auteurs se jetèrent avec passion dans l’aventure, public, a été détestable [...] et tous les autres ballets de cet nécessite les retranchements que l’on a été forcé de faire au Gluck, trop énergique, ne pouvait point avoir. C’était dans Devismes fut pour sa part confronté à bien d’autres pro - opéra ont été négligés de même ; tout le public s’est plaint ; poème de l’immortel Racine. On a conservé les vers de ce l’espoir de lui être supérieur dans cette partie, et parfaite - blèmes lorsque le moment fut venu de porter le projet à la c’est ainsi que tous les autres opéras que l’on a donnés cette grand homme, autant que la coupe des scènes, la forme des ment persuadé que je lui serais inférieur en force, que j’ai scène : Andromaque connut une genèse chaotique et faillit année ont été traités ; Andromaque , Alceste , Persée , Iphigénie , airs et du récitatif l’ont permis. Il a fallu malheureusement entrepris cet ouvrage » (Grétry, Mémoires ). même ne jamais voir le jour. Les premières répétitions, en ont été négligés de même, quoiqu’il y ait fort peu de danse ; mêler souvent d’autres vers avec les siens pour former la Assurément, Andromaque est l’œuvre de Grétry qui mai 1778, furent stoppées net par les Comédiens français. on ne met plus que très peu de monde dans le corps de ces contexture de l’action. On espère que le public pardonnera s’inscrit le moins dans son temps : elle fut à ce titre vive - Ceux-ci réussirent à faire interdire les représentations sous ballets » (Dauvergne, lettre du 2 avril 1781). cette espèce de sacrilège, en faveur du motif qui l’a fait ment critiquée. Dans sa Correspondance littéraire , le féroce le prétexte que la tragédie de Racine appartenait au réper - De fait, le succès d’ Andromaque fut mitigé : on repro - faire » ( Avertissement des auteurs). La Harpe – démuni devant la modernité de l’ouvrage – est toire de leur institution et restait leur entière propriété. cha surtout l’abondance des chœurs qui donnait à l’ouvrage Aux dires de Grétry lui-même, le discours précaution - obligé de noter que Grétry, « si charmant dans les opéras Après bien des tergiversations, l’ouvrage parut pourtant l’allure d’un oratorio plus que d’un opéra. On critiqua aussi neux de son librettiste était des plus sincères : « Qu’on ne comiques, élève heureux de l’Italie pour la grâce et la dou - sur la scène, en juin 1780, sous le mandat d’un nouveau le dénouement, considéré comme trop tragique pour la croie pas que Pitra ait eu la moindre prétention en faisant ceur du chant, a quitté son genre pour celui de Gluck, et directeur, Antoine Dauvergne, qui succédait à Henri- scène de l’Académie royale, impression sans doute accen - ce poème ; il ne touchait aux vers de Racine qu’avec res - cette désertion ne lui a pas réussi. Ici, il n’y a rien qu’un Montan Berton décédé subitement quelques semaines plus tuée par l’économie des divertissements auquel le public pect, et parce que la musique exigeait des coupures. L’envie bruit monotone et criard, et tous les défauts de Gluck, sans tôt et qui avait lui-même succédé à Devismes. Mais la créa - n’était guère habitué : peu de chœurs décoratifs, peu de qu’il avait de me voir essayer mes forces sur un sujet tra - y joindre ce qui les rachète jusqu’à un certain point, c’est-à- tion, initialement prévue pour l’ouverture de saison au danses, aucune « ariette » virtuose... Aussi Grétry et son gique lui fit entreprendre cet ouvrage qu’il m’apporta dire des morceaux d’expression et l’entente des effets du mois d’avril, fut encore retardée, cette fois-ci par l’indispo - librettiste se décidèrent-ils à revoir le dernier acte, l’éloi - comme un canevas à être exécuté par un poète ; mais n’en théâtre. Il est vrai que ce drame est aussi mal tissé qu’il pou - sition de M lle Levasseur, prévue dans le rôle titre : « Mon gnant du modèle originel en accusant le potentiel spectacu - connaissant aucun qui pût se charger d’une si terrible tâche, vait l’être, et le chef-d’œuvre de Racine y est horriblement avis est que l’on donne Andromaque dimanche, fusse même laire et musical de l’ultime tableau : un mariage heureux il fut forcé par moi d’en courir les risques. » Quels que défiguré. » Comme nombre d’ouvrages décalés ou vision - avec Madame Saint-Huberty, mais on me dit que M. concluait désormais leur Andromaque . Dès 1781, une soient les remaniements opérés par Pitra, Andromaque naires – Médée de Charpentier, Hippolyte & Aricie de Dauberval avait dit que les ballets ne pouvaient pas être seconde série de représentations eut lieu sous cette forme conserve de Racine une superbe versification et une gran - Rameau ou Les Troyens de Berlioz... – Andromaque essuya prêts. Conséquemment, voilà la mise de cet opéra reculée » avec un succès cette fois sans réserve. Mais l’incendie de deur de ton rare dans l’opéra de cette période. d’abord une salve de critiques sans appel. Grétry avait-il (Dauvergne, lettre du 26 avril 1781). l’Opéra stoppa net le triomphe d’ Andromaque quelques L’omniprésence des chœurs, entourant les quatre person - conscience de son audace ? Apparemment pas, puisqu’il Le contexte, administrativement plus favorable, n’était semaines plus tard, une partie des décors et des costumes nages principaux, commentant et participant tour à tour à avouait qu’aucun ouvrage ne lui avait « coûté moins de donc pas totalement dépassionné : en fait, certains sujets de disparaissant dans les flammes. L’œuvre ne reparut jamais à l’action, donne à cet ouvrage un caractère monumental par - peine ». « Trente jours ont suffi pour faire et écrire la parti - l’institution – membres du corps de ballet surtout – avaient l’affiche en France. faitement mis en relief par la musique de Grétry qui se tion. Il est vrai que, contre mon habitude, je composais le pris à cœur de faire entendre des doléances réclamées de révèle ici dramaturge de premier plan. Faisant sien le lan - soir et j’écrivais le lendemain matin. L’auteur des paroles, longue date en s’employant à mettre aussi peu de bonne gage de Gluck, il parvient plus encore que son modèle à Pitra, ne me quittait pas un seul instant. Toujours entraîné volonté que possible dans leur service quotidien. Dauvergne imbriquer les airs, les ensembles et les chœurs en un dis - par la beauté et la rapidité de l’action, cet ouvrage fut fait s’en plaignit – sans résultat – auprès de la Cour : « ... [la négli -

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À deux siècles de distance, la musique d’ Andromaque peut trois quarts d’heure à peu près de récitatif ; par conséquent Acte i l’épouser pour sauver son fils, mais prévoit de se suicider aujourd’hui paraître singulière. Elle est en fait tout à fait un opéra doit être coupé aujourd’hui d’une manière toute Le théâtre représente un vaste salon du palais de Pyrrhus . après la cérémonie afin de rester fidèle à la mémoire symbolique. Symbolique d’un siècle d’évolution de l’opéra différente de celle dont s’est servi Quinault » ( Encyclopédie d’Hector. Hermione arrive avec le cortège de ses propres français, des grandes heures du règne de Louis xiv , aux méthodique , iv p. 350). Les suivantes d’Hermione tentent de la convaincre que noces et se voit rejetée par Pyrrhus. Au comble de la rage, derniers feux de celui de Louis xvi . Cette tragédie lyrique La « révolution » gluckiste initiée avec Iphigénie en Pyrrhus, qu’elle aime, cèdera bientôt à ses charmes. Oreste elle convoque Oreste et imagine un chantage affreux : s’il de Grétry se caractérise avant tout par son absence de Aulide et affirmée surtout dans Alceste avait permis à l’opéra (amant rebuté d’Hermione) et les peuples grecs viennent veut l’épouser, il devra tuer Pyrrhus. Horrifié, Oreste pro - concession aux impératifs dramatiques : la musique sert le français de retrouver ses origines en rapprochant la nouvelle demander à Pyrrhus qu’on leur livre Astyanax, le fils teste mais se résout pourtant par amour à accomplir cet drame, le sous-tend, le commente et le prolonge, mais esthétique du genre de celle du grand théâtre parlé de d’Hector et d’Andromaque, pour que sa mort expie les acte ignoble. jamais ne l’entrave. Les divertissements, où se trouvent de Corneille et Racine. Après un siècle de développements meurtres de son père. Mais Pyrrhus, amoureux d’Andro- rares ballets et chœurs décoratifs, sont réduits autant que dans le moule baroque imaginé par Quinault, l’opéra maque qui est sa captive, refuse et choisit de protéger et la Acte iii faire se peut et parfaitement intégrés à l’action sans jamais renouait avec son ancêtre « classique », la tragédie déclamée. mère et l’enfant. Pourtant, Andromaque refuse ses avances, Le théâtre représente un site triste planté de cyprès et autres arbres la suspendre mais, au contraire, en créant des zones de Ce faisant, l’époque de Gluck ouvrait une nouvelle voie, jurant de rester fidèle au souvenir d’Hector. Pyrrhus excédé funèbres. À l’avant-scène se détache le tombeau d’Hector . « suspens » qui renforcent l’urgence des scènes suivantes. amenée à s’épanouir tout au long du xix e siècle sous la promet de se venger sur son fils : il se retourne vers Conceptualiser un tel ouvrage dramatique, c’était s’op - plume d’auteurs éminemment « romantiques ». C’est à la Hermione pour la plus grande satisfaction de cette der - Andromaque se recueille une dernière fois sur la tombe de poser en tout point à l’esthétique qui prévalait encore dix croisée de ces styles et de ces enjeux que se situe nière et le désespoir d’Oreste. son époux avant de s’unir à Pyrrhus. Tandis qu’Andro- ans auparavant, et qui avait accompagné toute la carrière de l’ Andromaque de Grétry dont les multiples facettes, considé - maque se prépare à ses noces, Hermione – prise de folie – Rameau et de ses contemporains. À l’époque, le théâtre dra - rées tour à tour avec un œil baroque, classique ou roman - Acte ii attend la mort prochaine de celui qu’elle déteste désormais. matique imaginé par Lully et Quinault un siècle plus tôt tique, éclairent le compositeur d’un jour nouveau. Le théâtre représente la mer et les vaisseaux des ambassadeurs Au milieu des réjouissances, Oreste paraît suivi de Grecs avait peu à peu cédé la place au décoratif : l’ Encyclopédie grecs . les armes à la main : alors que Pyrrhus reconnaît Astyanax notait ainsi que la danse, « cette partie postiche, est même pour le roi des Troyens, un combat s’engage entre les deux devenue, en ces derniers temps, la principale du poème iii. synopsis Les Grecs tentent de calmer la fureur d’Oreste. Celui-ci partis ; Pyrrhus trouve la mort. Oreste annonce avec fierté lyrique » ( Encyclopédie méthodique , iv , p. 103). Quant au grand veut enlever Hermione et l’arracher malgré elle aux bras de à Hermione que son ordre est accompli et attend d’être Marmontel, il était d’un avis aussi tranchant : « les modernes L’ Andromaque de Racine compte parmi les plus noires tra - Pyrrhus. Hermione survient, songeant avec délice à ses récompensé. Mais celle-ci, prenant conscience de l’horreur dégénèrent ; leur goût pour les pompons, s’il est permis de le gédies de l’auteur : elle met en scène une impossible noces prochaines. Elle croise Andromaque qui la supplie de de ses machinations, les désavoue et rejette le crime et le dire, a tout gâté dans le pathétique » ( Mercure de France , juil - chaîne de sentiments contrariés. Oreste aime Hermione, prendre pitié d’elle et de son fils, mais l’ignore et se retire. criminel. Elle se précipite sur le corps de Pyrrhus en se poi - let 1759, ii , p. 94). Au milieu du xviii e siècle, l’ Encyclopédie – qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui s’est jurée Andromaque sait qu’en s’offrant à Pyrrhus, elle sauverait gnardant. Oreste, resté seul, est assailli de visions de spec - toujours – conseillait donc aux faiseurs d’opéras « [que] les de rester fidèle à son époux décédé Hector, et de protéger les jours de son fils, mais elle ne peut s’y résoudre et évoque tres et s’effondre dans les bras des Grecs désolés. trois heures et un quart qui [au temps de Lully] étaient rem - leur enfant Astyanax. Pitra et Grétry ont conservé ce le souvenir de son époux pour fortifier son courage. plies par deux heures et demie de récitatif, doivent l’être schéma à la fois simple socialement et complexe psycho - Pyrrhus vient livrer Astyanax aux Grecs. Andromaque et Benoît Dratwicki aujourd’hui par les divertissements, les chœurs, les mouve - logiquement. ses suivantes le supplient de changer d’avis. Gagné par la ments du théâtre, les chants brillants, etc. Sans cela l’ennui compassion, il décide généreusement d’épargner l’enfant. est sûr, et la chute de l’opéra infaillible. Il ne faut donc que Il gagne ainsi l’attachement d’Andromaque qui consent à

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musikalischen Gattungen, aber auf dem Gebiet der opéra- wurde dem Komponisten ein noch anspruchsvolleres vor seiner Ankunft wurde eine neue Betriebsordnung in 49 Andromaque comique zeigt er sich von seiner originellsten Seite ( Zémire et Projekt unterbreitet, bei dem es sich darum handelte, mit Artikeln verfasst, um »zugleich den Umfang der Rechte des Azor , Richard Cœur-de-Lion , La Fausse Magie , L’Amant Andromaque eine der berühmtesten und gleichzeitig eine Sieur Devismes als Inhaber der Konzession und als Tragédie Lyrique jaloux ...). Seine geistlichen Werke und seine Instrumental- der düstersten Tragödien Racines zu vertonen. Unternehmer bekannt zu machen und die verschiedenen André-Ernest-Modeste Grétry kompositionen stammen aus der italienischen Zeit. Das Dieses ehrgeizige Projekt entstand unter ganz Mitarbeiter der Opéra daran zu erinnern, welche Pflichten heroische Ballett Céphale et Procris (1773), die tragédie lyrique besonderen Umständen. Im Frühjahr 1778 berichtete die sie zu erfüllen haben und welche Regeln der Unterordnung Andromaque (1780) und einige Werke aus der Zeit der Presse von einem außergewöhnlichen Aufruhr: »Es wird gelten, die sie nicht übertreten dürfen«. Die Gangart war Revolution zeigen eine weniger bekannte Seite dieses wohl die Oper sein, die unter allen anderen Bühnen die klar. Es fehlte Devismes zwar nicht an Ideen, aber zweifel - Komponisten. Aufmerksamkeit des Publikums fesseln wird, sei es im los an Flexibilität und Fingerspitzengefühl: Innerhalb kur - i. grétry Bezug auf den Wechsel in der Verwaltung oder sei es zer Zeit zog er den Hass seiner Angestellten auf sich und bezogen auf die Neuerungen, die man erwartet« (Journal machte sich auch Teile des Publikums zu Feinden. Der aus Lüttich stammende André-Ernest-Modeste ii. andromaque zu ihrer zeit: de Paris , 23. April 1778). Komplotte, Skandale und Verhaftungen prägten seine Grétry (1741-1813) kommt im Jahr 1767 nach Paris, nachdem die epoche der revolutionen Die Académie Royale de Musique erlebte also eine Amtszeit und gaben Anlass zu Klatsch: »Man kann sich er sich zuvor mehrere Jahre lang in Italien aufgehalten kleine Revolution. Schon seit einigen Wochen sprach ganz nicht vorstellen, welch riesige Aufregung dieser Streit in hatte. Seine erste Zusammenarbeit mit Marmontel, die Zwischen 1774 und 1779 ließ Gluck in Paris fünf Werke auf - Paris von nichts anderem als dem neuen Direktor Anne- der Stadt und am Hofe nach sich zieht. Prinzen, Minister Oper Le Huron , war sofort ein großer Erfolg für den führen, die in der Welt der französischen Oper für Aufruhr Pierre-Jacques Devismes du Valgay (1745-1819), der im und Herzoginnen, ein jeder nimmt daran Anteil und Komponisten. Die erklärte Vorliebe Marie-Antoinettes für sorgten und die Pforten zur Romantik weit aufstießen: Oktober 1777 ernannt worden war und Pierre-Henri- ergreift Partei; es ist nicht erlaubt, gleichgültig zu bleiben« die opéra-comique verschaffte Grétry die Gelegenheit, sich Iphigénie en Aulide , Orphée , Alceste , Armide und Iphigénie en Montan Berton ablöste. Die Ankunft des neuen Direktors (Mémoires secrets , 15. März 1779). Es war nur gut, dass eine Position am Hof zu sichern: Er wurde sehr bald zum Tauride . Zu dieser Zeit war Grétry, sein bedeutender brachte große Umwälzungen in der Académie Royale mit Devismes am 23. Januar des darauffolgenden Jahres seine maître de clavecin der Königin. Zwischen 1770 und 1780 ver - Zeitgenosse, als Meister der opéra-comique anerkannt, und sich. Er setzte auf der Stelle drakonische Reformen durch, Kündigung einreichte und so auf diesen Posten verzichte - fasste Grétry eine ganze Reihe von Meisterwerken, die in niemand rechnete auf der Bühne der Académie Royale de indem er sich überall einmischte: er ließ die Bühne und den te, der ihn viel zu sehr einengte. ganz Europa verbreitet waren. Das Jahr 1785 war ein Musique mit ihm, und schon gar nicht mit einem Werk aus Orchestergraben vergrößern und instandsetzen, Teile des Dennoch – so die allgemeine Ansicht – war »das Wendepunkt in der Laufbahn des Komponisten. Er kehrte der Gattung des lyrischen Dramas. Seine einzige Erfahrung Publikums durften wieder auf der Bühne sitzen, er sorgte Théâtre lyrique nie so reich an Neuheiten« gewesen wie in dem Musikleben allmählich den Rücken zu und begann, auf diesem Gebiet, das heroische Ballett Céphale & Procris , dafür, dass der große Kronleuchter während der Vorstel- eben diesem Januar 1779. Es war Devismes gelungen, inner - seine Memoiren zu verfassen. Nachdem die erste war wenige Jahre zuvor kontrovers aufgenommen worden lungen nicht störte, die Vorstellungen begannen zu ande - halb weniger Wochen zwölf verschiedene Werke auf die Schreckenszeit der französischen Revolution vorüber war, und schließlich ein Misserfolg gewesen. Dennoch schien ren Uhrzeiten, den Damen wurde verboten, hochgetürmte Bühne zu bringen, eine bis dahin beispiellose Leistung. fand Grétry neue Förderer. Im Jahr 1795 wurde er zum man ihm auf dem Gebiet der Tragödie einiges zuzutrauen, Frisuren zu tragen, um nur einige Maßnahmen zu nennen. Ganz Paris war darüber verwundert, dass »man von einer Mitglied des Institut de France ernannt; 1803 wurde er denn ursprünglich war das Libretto zur Iphigénie en Tauride Auch seine künstlerischen Ziele waren ambitioniert: Er Oper zur nächsten übergehen kann, wie das bei der Ritter der Ehrenlegion. Er zog sich auf die sogenannte für ihn bestimmt. Mit diesem Werk wurde schließlich reformierte den Status der Interpreten, tauschte einen Teil Komödie möglich ist« ( Mémoires secrets , 21. Januar 1779). Die Ermitage , den früheren Landsitz Jean-Jacques Rousseaus in Gluck beauftragt, zum großen Leidwesen desjenigen, der der Angestellten aus, er erhöhte die Honorare der Autoren, Hauptinteresse des neuen Direktors lag darin, größtmögli - Montmorency, zurück und widmete sich fortan beinahe von da an sein größter Rivale auf der Bühne der Académie ließ mehr Aufführungen unter der Woche stattfinden und che Vielfalt auf allen denkbaren Gebieten zu erreichen, ausschließlich der Literatur. Grétry versuchte sich in allen Royale werden sollte. Um diese Scharte auszuwetzen richtete die Programmgestaltung neu aus... Zwei Monate bezogen auf die Zeit, den Raum, den Stil und die Form.

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Das Erfolgsrezept bestand also in der Abwechslung. Fantasie Quinaults im Überfluss hervorgebracht haben, Theaters auszulösen. Zu einer Zeit, in der gute Operntexte solchen Unterfangens bewusst, aber wir glaubten, damit Devismes behauptete von Anfang an, »alle Genres zu werden dafür sorgen, dass sie der Nation immer lieb und selten waren, kam die Idee auf, alte Libretti von Fontenelle, dem Genie eines Künstlers nützen zu können, dessen unterstützen und bei der Auswahl keines zu bevorzugen«. teuer sein wird.« Diente die Wiederaufnahme älterer Werke Houdar de La Motte, Fuselier und vor allem Quinault neu Begabungen so häufig zu unserem Vergnügen dienten. Diese Vielfalt – die auf gegenseitigem Einvernehmen dazu, einen bestimmten Teil des Publikums zufriedenzu - vertonen zu lassen. So entstanden zwischen 1770 und 1800 Außerdem weiß ein jeder, dass eine Oper in ihrem Ablauf beruhte – ermöglichte es ihm, alle Zuschauer an sich zu stellen, so standen die Aufführungen von tragédies lyriques Roland und Atys von Piccinni, Armide von Gluck, Amadis einige Schnitte erfordert, die wir im Text unseres unsterb - binden, »da er Mittel gefunden hatte, alle zu vereinen, und die Tanzdarbietungen diesem Ziel in nichts nach. Hatte von Johann Christian Bach, Persée von Philidor, Thésée von lichen Racine vorzunehmen gezwungen waren. Wir haben indem er einem jeden durch die Abwechslung ein es in der Spielzeit 1777/78 lediglich drei neue Werke gege - Mondonville und Gossec sowie Proserpine von Paisiello. die Verse dieses großen Mannes erhalten, soweit der Schauspiel nach seinem Geschmack bot« (La Borde, Essai ben, so kamen in der Eröffnungsspielzeit Devismes’ 16 neue Dieses Streben nach der Rückkehr zu den Vorbildern aus Wegfall von Szenen sowie die Form der Arien und Rezita- sur la musique ). Einer der Schwerpunkte in der Taktik Werke auf die Bühne, inklusive einiger pantomimischer der Zeit Ludwigs xiv . führte sogar soweit, dass es vorstell - tive es zuließen. Unglücklicherweise war es häufig notwen - Devismes’ war die Wiederbelebung älterer Werke, die er Ballette und zahlreicher italienischer opera-buffa Auffüh- bar wurde, einzelne Tragödien Corneilles und Racines für dig, andere Verse mit den seinen zu vermischen, um die den modernsten Produktionen gegenüberstellte. »Ich habe rungen. Bei seinen bedeutendsten Projekten gab es aller - die Oper umzuarbeiten: Die Andromaque von Grétry illus - Handlung im Zusammenhang darzustellen. Wir hoffen, das mir zum Ziel gesetzt, Werke nebeneinander zu stellen, dings viele Schwierigkeiten: In seiner ersten Saison wurde triert dies ganz hervorragend, ebenso wie Le Cid von Publikum möge diesen Frevel um der Gründe willen verzei - deren Komposition zu weit voneinander entfernten Zeiten lediglich eine tragédie lyrique gegeben, ein dreiaktiges Werk Sacchini, Les Horaces von Salieri und die beiden Werke mit hen, aus denen heraus er geschah.« erfolgte, um dem Publikum im Allgemeinen Mittel an die von Floquet mit dem Titel Hellé , und auch das mit nur mäßi - dem Titel Iphigénie en Tauride von Gluck und Piccinni. Die Grétrys Aussagen zufolge entstand die vorsichtige Hand zu geben, die Werke miteinander zu vergleichen und gem Erfolg. Devismes hatte außerdem eine sehr reizvolle Auswahl der Andromaque ist noch symbolträchtiger als alle Vorrede seines Librettisten aus völlig redlichen Beweg- den Fortschritt genauer beurteilen zu können, den diese Gegenüberstellung der beiden Werke mit dem Titel anderen: Diese im Jahr 1667 geschriebene Tragödie enthüll - gründen: »Man glaube nur ja nicht, Pitra habe beim Kunst in unserer Zeit gemacht hat, und um es jedem ein - Iphigénie en Tauride von Gluck und Piccinni geplant. Aber im te den wahren Racine vor seinen Zeitgenossen. Von ihrer Verfassen des Textes auch nur die geringste Überheblich - zelnen zu ermöglichen, sich an derjenigen Gattung zu Jahr 1779 kam nur die Oper Glucks auf die Bühne, während Uraufführung bis zur Revolution war dieses Werk in keit an den Tag gelegt. Er ging mit den Versen Racines erfreuen, die er vorzieht« (Journal de Paris , 15. Februar 1779). die Académie Royale das Konkurrenzwerk erst im Jahr 1781 Frankreich eines der am häufigsten gespielten Stücke, es immer voll Achtung um und veränderte sie nur, weil die Ein hehres Ziel, das sich sowohl an die intellektuelle auf den Spielplan setzte. Einige Kompositionsaufträge, die bildete wirklich einen der Eckpfeiler des nationalen Musik Schnitte erforderte. Ihn leitete allein das Verlangen Allgemeinheit als auch an das vernunftbegabte Individuum an die berühmtesten Komponisten Europas wie etwa Repertoires. Die Anpassung dieses Theaterstückes für die zu sehen, wie ich meine Fähigkeiten an diesem tragischen richtete, und deren pädagogischer Gehalt ebenso sehr im Johann Christian Bach, Gossec oder Philidor ergingen, Opernbühne machte es notwendig, eine ganze Reihe von Thema erproben würde, und das allein ließ ihn dieses Vordergrund stand wie der tatsächliche künstlerische Wert. brachten das Repertoire dieser Institution für eine gewisse Parametern zu bedenken, da die Regeln der deklamierten Unterfangen in Angriff nehmen, dessen Ergebnis er mir als Nach den ersten Monaten des Jahres 1779 konnte er mit Zeit auf den neuesten Stand. Tragödie sich recht einschneidend von denen der tragédie Grundgerüst ablieferte, welches noch durch einen Stolz eine erste Bilanz ziehen: »Ich habe nacheinander lyrique unterschieden. Der Dichter Louis-Guillaume Pitra Musikdichter ausgestaltet werden musste. Aber ich kannte Werke der Herren Piccini [sic], Gluck, Philidor, Rameau, (1735-1818) adaptierte Andromaque und rechtfertigte seine niemand anderen, der eine so schreckliche Aufgabe hätte Paisiello, Anfossi und anderer auf die Bühne gebracht; nun Eingriffe in einer ausführlichen Anmerkung: erfüllen können, und so zwang ich ihn, dieses Wagnis auf fehlt also nur noch ein Werk Lullys, und ich glaubte, mich In diesem Umfeld entstand das Vorhaben, die Andromaque »Um diese Tragödie Racines für die Opernbühne zu sich zu nehmen.« Und trotz der Änderungen durch Pitra nicht besser entscheiden zu können als für die Auswahl der vertonen zu lassen. Indem er Grétry damit beauftragte, bearbeiten, mussten tausend schöne Einzelheiten geopfert konnte in der Andromaque die hervorragende Versbildung Oper Thésée , die sich seit ihrer Entstehung eines so hervor - eine Tragödie Racines in eine tragédie lyrique umzuwandeln, werden, was uns sehr leid tat und wie es auch jeder Racines beibehalten werden, und auch die Worte hatten ragenden Rufes erfreut. Die Schönheit ihres Textes, die konnte Devismes sicher sein, die Neugier des Publikums Zuschauer mit Geschmack bedauern wird. Mehr als allen einen derart erhabenen Klang, wie es in der Oper dieser Großartigkeit des Schauspiels und die Reichtümer, die die zu erwecken und einen Ansturm auf die Pforten seines anderen war uns die Lächerlichkeit und die Frechheit eines Zeit nur selten vorkam. Die vier Hauptpersonen sind stän -

30 31 Deutsch Deutsch dig von Chören umgeben, welche die Handlung abwech - einem gewissen Grade wieder gutmacht – es fehlen also Repertoire und sei ihr alleiniges Eigentum. Nach einem gleiche Weise wurden auch alle weiteren Opern behandelt, selnd kommentieren und vorantreiben. Diese Allgegen- Abschnitte mit großer Expressivität und das Zusammen- langen Hin und Her kam das Werk im Juni 1780 schließlich die dieses Jahr aufgeführt wurden: Andromaque , Alceste , wart verleiht dem Werk einen monumentalen Charakter, wirken aller Theatereffekte. Es ist auch wahr, dass der doch auf die Bühne, zur Amtzeit eines neuen Direktors. Persée und Iphigénie wurden ebenso vernachlässigt, obwohl der durch die Musik Grétrys – der sich hier als Bühnen- Handlungsfaden so schlecht gesponnen ist, wie es nur mög - Antoine Dauvergne war der Nachfolger Henri-Montan so gut wie keine Tanzszenen vorkamen; wir besetzen das komponist ersten Ranges erweist – ganz ausgezeichnet lich war, was das Meisterwerk Racines aufs Schrecklichste Bertons, der einige Wochen zuvor plötzlich gestorben war, Ballettkorps auch nur noch mit sehr wenigen Tänzern« hervorgehoben wird. Indem er sich die Tonsprache Glucks entstellt.« Wie zahlreiche visionäre Werke, die ihrer Zeit nachdem er das Amt von Devismes übernommen hatte. (Dauvergne, Brief vom 2. April 1781). zu eigen machte, gelang es ihm sogar noch besser als sei - voraus waren (so beispielsweise Médée von Charpentier, Aber die ursprünglich für April geplante Uraufführung Die Meinungen über die Andromaque gingen in der Tat nem Vorbild, Arien, Ensembleszenen und Chöre miteinan - Hippolyte & Aricie von Rameau oder Les Troyens von wurde noch weiter verzögert – dieses Mal lag der Grund in recht weit auseinander: Hauptsächlich wurden dem Werk der zu verbinden und dabei einen durchgängigen Hand- Berlioz...) zog die Andromaque eine Reihe vernichtender der Indisposition der Mademoiselle Levasseur, die für die die zahlreichen Chöre vorgeworfen, sodass es eher einem lungsablauf zu schaffen, der für seine Zeit revolutionär war. Kritiken auf sich. War sich Grétry seiner Kühnheit über - Titelrolle vorgesehen war: »Meiner Meinung nach soll die Oratorium als einer Oper gleiche. Außerdem wurde der Dadurch weist er auf einige wesentlich spätere Opern haupt bewusst? Offensichtlich nicht, denn er bekannte, Andromaque am Sonntag gegeben werden, selbst wenn Ausgang der Handlung kritisiert, den man als zu tragisch Spontinis oder sogar Berlioz’ vor. Dazu äußerte sich Grétry kein anderes Werk habe ihm »so wenig Qualen bereitet«. Madame Saint-Huberty singen muss – aber man teilt mir für die Bühne der Académie Royale empfand. Dieser selbst: »Der Text der Andromaque erforderte es, dass man »Dreißig Tage waren genug, um die Partitur zu entwerfen mit, Monsieur Dauberval habe gesagt, dass die Vorberei- Eindruck wurde sicherlich noch durch die Sparsamkeit im mit ihm äußerst sensibel umging, wie es dem allzu forschen und ins Reine zu schreiben. Es ist in der Tat so, dass ich ent - tung der Ballette noch nicht abgeschlossen sei. Folglich Einsatz unterhaltsamer Momente unterstrichen, an die das Gluck nicht möglich gewesen wäre. Ich habe dieses Werk gegen meiner Gewohnheit am Abend komponierte und wird die Aufführung dieser Oper wieder verschoben« Publikum nicht gewohnt war: Es gab nur wenige heitere in der Hoffnung in Angriff genommen, ihm in dieser diese Musik am Morgen ausarbeitete. Der Verfasser des (Dauvergne, Brief vom 26. April 1781). Chöre, kaum Tanzszenen und keine virtuosen »Arietten«... Hinsicht überlegen zu sein, während ich mir vollkommen Textes, Pitra, verließ mich nicht einen Augenblick. Die Die Umstände waren von der Verwaltung her nun Daher beschlossen Grétry und sein Librettist, den letzten sicher war, an seine Kraft niemals heranreichen zu können« Schönheit und die schnelle Abfolge der Handlung rissen günstiger, aber dennoch gab es weitere Auseinanderset- Akt noch einmal zu überarbeiten. Sie entfernten sich vom (Grétry, Mémoires ). mich mit, und so entstand dieses Werk aus einem einzigen zungen: Tatsächlich hatten sich einzelne Angestellte der Racine’schen Original, und bauten das spektakuläre Die Andromaque war mit Sicherheit das Werk Grétrys, Guss. Es leidet vielleicht an zu großer Hitzigkeit, auch in Opéra (hauptsächlich Mitglieder der Baletttruppe) in den Potential und die musikalischen Möglichkeiten der letzten das seiner eigenen Zeit am wenigsten entsprach, und wurde der Musik, und so habe ich den Ausführenden geraten, die Kopf gesetzt, den schon seit geraumer Zeit immer wieder Szene weiter aus: Sie ließen ihre Andromaque nun lieber mit aus diesem Grund auch heftig kritisiert. Der bissige La Tempi nicht zu schnell zu nehmen.« vorgetragenen Beschwerden größeren Nachdruck zu ver - einer glücklichen Hochzeitsszene schließen. Ab 1781 fand Harpe, der der Modernität dieses Werkes hilflos gegen - Obwohl sich die Autoren mit Leidenschaft in dieses schaffen, indem sie ihre tägliche Arbeit so unwillig wie nur abermals eine Reihe von Aufführungen in dieser Form überstand, sah sich in seiner Correspondance littéraire dazu Abenteuer gestürzt hatten, sah sich Devismes ganz ande - möglich ausübten. Darüber beklagte sich Dauvergne statt, dieses Mal mit uneingeschränktem Erfolg. Aber der gezwungen zu notieren, dass Grétry, »der auf dem Gebiet ren Problemen gegenübergestellt, als es darum ging, das erfolglos bei Hofe: Brand in der Opéra beendete den Triumph der Andromaque der opéra comique so gefällig ist, ein so glücklicher Schüler Projekt auf die Bühne zu bringen: Die Geschichte der »[Die Schlamperei der Angestellten] hat zuletzt das schon wenige Wochen später, und ein Teil der Kulissen und Italiens, was die Anmut und die Zartheit des Gesanges Uraufführung der Andromaque ist chaotisch – es fehlte Scheitern des Castor verursacht; die Kampfszene, die frü - der Kostüme fiel den Flammen zum Opfer. Das Werk betrifft, sein eigenes Genre leider zugunsten des nicht viel, und sie wäre gar nicht aufgeführt worden. Die her ganz vortrefflich war und die nicht wenig dazu beige - erschien in Frankreich nicht wieder auf der Bühne. Gluck’schen verlassen hat, wobei ihm diese Flucht leider ersten Proben im Mai 1778 wurden auf der Stelle von der tragen hatte, die Aufmerksamkeit eines Teiles des nicht gelungen ist. Denn hier hört man nur monotonen Comédie française unterbunden. Dieser Institution gelang Publikums zu fesseln, war grauenvoll [...] und alle anderen Lärm und Geschrei, und Grétry wiederholt alle Fehler es, die Aufführung unter dem Vorwand verbieten zu lassen, Ballette dieser Oper wurden gleichermaßen vernachlässigt Aus einer Distanz von zweihundert Jahren erscheint die Glucks, ohne das hinzuzufügen, was sie bei diesem bis zu die Racine’sche Tragödie gehöre zu ihrem eigenen – das ganze Publikum hat sich darüber beklagt. Und auf die Musik der Andromaque heute ganz außergewöhnlich. Man

32 33 Deutsch Deutsch kann sie in der Tat ganz und gar symbolisch verstehen. Sie ten – noch immer – folgenden Ratschlag: »Waren von den iii. zusammenfassung 2. Akt ist ein Sinnbild für ein ganzes Jahrhundert der Entste- dreieinviertel Stunden, [die eine Oper zur Zeit Lullys dau - Die Bühne stellt das Meer und die Schiffe der griechischen hungsgeschichte der französischen Oper, ein Symbol für erte,] zweieinhalb Stunden mit Rezitativen ausgefüllt, so Racines Tragödie Andromaque gehört zu den düstersten Abgesandten dar. die eindrucksvolle Zeit der Regentschaft Ludwigs xiv . und müssen diese heute aus Divertimenti, Chören, Bühnen- Werken dieses Autors, da sie eine Verkettung einander aus - für das letzte Aufblühen unter Ludwig xvi . Diese tragédie umbauten, brillanten Gesangsnummern etc. bestehen. schließender Gefühle auf die Bühne bringt: Orest liebt Die Griechen bemühen sich darum, den Zorn Orests zu lyrique Grétrys zeichnet sich in erster Linie dadurch aus, dass Ohne diese Elemente ist die Langeweile garantiert und der Hermione, die wiederum Pyrrhus liebt, welcher seinerseits besänftigen. Dieser will Hermione entführen und sie gegen keinerlei Zugeständnisse an die dramatischen Zwänge Misserfolg der Oper gewiss. Man benötigt also nur Andromache liebt, die aber geschworen hat, ihrem toten ihren Willen den Armen des Pyrrhus’ entreißen. Plötzlich gemacht werden: Die Musik dient der Handlung, unter - Rezitative, deren Gesamtlänge etwa eine Dreiviertelstun- Ehemann Hektor die Treue zu bewahren und das gemein - erscheint Hermione, die mit Entzücken von ihrer baldigen stützt und kommentiert sie und führt sie gelegentlich fort, de beträgt, und folglich muss eine Oper heutzutage völlig same Kind Astyanax zu beschützen. Pitra und Grétry Hochzeit träumt. Sie begegnet Andromache, die sie steht ihr aber niemals im Wege. Die Divertimenti, in denen anders aufgebaut sein, als es zu Quinaults Zeiten üblich haben dieses System, das sozial ganz einfach, psychologisch anfleht, Mitleid mit ihr und ihrem Sohn zu haben, doch die wenigen Ballette oder ausschmückenden Chöre zu fin - war« ( Encyclopédie méthodique , iv , S. 350). aber sehr komplex ist, in ihrer Oper beibehalten. Hermione beachtet sie nicht und zieht sich zurück. den sind, sind auf ein Minimum reduziert. Sie fügen sich Die Gluck’sche Opernreform, die mit Iphigénie en Andromache weiß, dass sie das Leben ihres Sohnes retten nahtlos in die Handlung ein, ohne sie jemals hinauszuzögern, Aulide begonnen hatte und vor allem durch Alceste bekräf - 1. Akt könnte, wenn sie sich Pyrrhus hingäbe, aber sie kann sich vielmehr schaffen sie Spannungsmomente, die die Dring- tigt worden war, hatte es der französischen Oper ermög - Die Bühne zeigt einen weitläufigen Raum im Palast des Pyrrhus. nicht dazu entschließen. Sie beschwört noch einmal die lichkeit der darauffolgenden Szenen noch unterstreichen. licht, wieder an ihren Anfängen anzuknüpfen und viel - Erinnerung an ihren Gatten herauf, um ihren Mut zu stär - Der Entwurf eines solchen Bühnenwerkes stand in leicht sogar darüber hinauszugehen, indem die neue Die Damen der Hermione versuchen, diese davon zu über - ken. Pyrrhus macht sich auf, um Astyanax an die Griechen jeglicher Hinsicht im Widerspruch zu der Ästhetik, die Ästhetik dieser Gattung jener des erhabenen Sprechthea- zeugen, dass Pyrrhus, den sie liebt, ihren Reizen bald erlie - auszuliefern. Andromache und ihre Damen flehen ihn an, noch zehn Jahre zuvor allgemein anerkannt gewesen war ters eines Corneille und Racine angenähert wurde. Nach- gen werde. Orest, dessen Liebe von Hermione zurückge - seine Meinung zu ändern. Voller Mitleid entscheidet er und die für die gesamte Laufbahn Rameaus und seiner dem sich die Oper ein Jahrhundert lang nach dem baro - wiesen wird, kommt mit dem griechischen Volk, um von großherzig, dass Kind zu verschonen. Dafür ist Andro- Zeitgenossen gegolten hatte. Zu dieser Zeit war das cken Muster weiterentwickelt hatte, wie es auf Quinault Pyrrhus die Auslieferung des Astyanax zu fordern, des mache sehr dankbar und erklärt sich damit einverstanden, Musikdrama, wie es Lully und Quinault ersonnen hatten, zurückging, griff sie nun auf ihren klassischen »Vorfah- Sohnes von Hektor und Andromache, auf dass er mit sei - Pyrrhus zu heiraten, um ihren Sohn zu retten. Sie immer mehr zugunsten des rein Dekorativen in den ren«, die gesprochene Tragödie, zurück. Dadurch eröffne - nem Tod für die Morde büße, welche sein Vater beging. beschließt aber, nach der Hochzeitszeremonie Selbstmord Hintergrund getreten: In der Encyclopédie stand beispiels - te sich zur Zeit Glucks ein neuer Weg, der bis ins 19. Aber Pyrrhus weigert sich, da er Andromache liebt, welche zu begehen, um dem Andenken Hektors treu zu bleiben. weise, dass der Tanz, »dieser nachträglich hinzugefügte Jahrhundert zu einer Blüte höchst »romantischer« Opern- sich als Kriegsgefangene in seiner Macht befindet. Er Nun erscheint Hermione mit ihrem Gefolge zu ihrer Bestandteil, in letzter Zeit sogar zum Kern des schaffender führte. Genau dort, wo diese beiden Stile und beschließt, Mutter und Kind zu schützen. Dennoch weist geplanten Hochzeit mit Pyrrhus, wird von diesem aber Musikdramas geworden [sei]« ( Encyclopédie méthodique , iv , Herangehensweisen sich voneinander trennten, ist die Andromache seine Annäherungsversuche ab und beteuert, zurückgewiesen. Vor Zorn völlig außer sich lässt sie Orest S. 103). Was den bedeutenden Marmontel angeht, so ver - Andromaque Grétrys anzusiedeln, deren zahlreiche dem Andenken Hektors auf immer treu bleiben zu wollen. kommen und erpresst ihn auf abscheuliche Weise: Um sie trat dieser eine genauso entschiedene Position: »Die Facetten, die nacheinander mit einer barocken, klassi - Der verärgerte Pyrrhus schwört, sich mittels ihres Sohnes zu heiraten, muss er Pyrrhus töten. Orest ist entsetzt, aber Modernen sind degeneriert, mit ihrer Vorliebe für schen und dann romantischen Sichtweise wahrgenommen an ihr zu rächen. Zur ihrer großen Zufriedenheit wendet er dennoch beschließt er aus Liebe, sich auf diesen nieder - Geschmacklosigkeiten haben sie das Pathetische verdor - wurden, den Komponisten jeweils in ganz neuem Licht sich Hermione wieder zu, was Orest in Verzweiflung stür - trächtigen Handel einzulassen. ben« (Mercure de France , Juli 1759, ii , S. 94). In der Mitte des erscheinen lassen. zen lässt. 18. Jahrhunderts gab die Encyclopédie den Opernkomponis-

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3. Akt dia lírica, Andromaque (1780), y algunas obras del periodo Die Bühne zeigt einen traurigen Ort, an dem Zypressen und ande - Andromaque revolucionario, revelan una personalidad menos conocida re Friedhofsbäume wachsen. Auf dem Proszenium ist das del compositor. Grabmal des Hektor zu sehen. Tragédie Lyrique André-Ernest-Modeste Grétry Andromache sammelt sich ein letztes Mal am Grab ihres ii. Andromaque en su época: Gatten, bevor sie sich mit Pyrrhus zusammenschließt. tiempos de revolución Hermione, vom Wahnsinn ergriffen, erwartet den baldi - gen Tod dessen, den sie am stärksten verabscheut. Als die Entre 1774 y 1779, Gluck hizo representar en París cinco Hochzeitsfeier in vollem Gange ist, erscheint Orest mit i. grétry obras que trastornaron la ópera francesa y abrieron de par den bewaffneten Griechen im Gefolge. Nachdem Pyrrhus en par las puertas del romanticismo: Iphigénie en Aulide , Andromache gekrönt hat, schwört er ihr ewige Liebe und Nacido en Lieja, André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) Orphée , Alceste , Armide e Iphigénie en Tauride . Grétry, su gran verspricht, Astyanax als König der Trojaner anzuerkennen. llega a París en 1767, tras varios años pasados en Italia. Una contemporáneo, estaba entonces considerado como el Die Griechen hören dies, und zwischen den beiden primera colaboración con Marmontel, Le Huron , le abre maestro de la opéra-comique : nadie le esperaba sobre el esce - Parteien entbrennt ein Kampf, in dem Pyrrhus umkommt. inmediatamente las puertas del éxito. Gracias al gusto pro - nario de la Académie Royale de Musique, sobre todo con un Orest teilt Hermione voll Stolz mit, dass er ihren Befehl nunciado de María Antonieta por las opéras-comiques , drama lírico. Su única experiencia en la materia había sido ausgeführt habe und erwartet, dafür belohnt zu werden. Grétry obtiene un puesto relevante en la corte y se convier - el ballet heroico Céphale & Procris , compuesto algunos años Aber Hermione erkennt die Abscheulichkeit ihrer Intrige, te pronto en el maestro de clavecín de la reina. Entre 1770 antes: recibido con controversia, acabó siendo un total fra - streitet ab, dass diese von ihr ausging und weist das y 1780, Grétry firma una serie de obras maestras, amplia - caso. Sin embargo, Grétry debía de suscitar bastante espe - Verbrechen und den Verbrecher von sich. Sie stürzt zur mente difundidas en toda Europa. 1785 es un año crucial en ranzas en el campo del género trágico, pues se le ofreció ini - Leiche des Pyrrhus und erdolcht sich. Der verlassene la carrera del músico: se aleja poco a poco de la vida musical cialmente el libreto de Iphigénie en Tauride , que se concedió Orest verliert den Verstand: Er sieht Geister, die ihn y empieza a redactar sus Memorias . Pasada la época de La luego a Gluck. Elección que sumió en la desesperación a angreifen und bricht in den Armen der verzweifelten Terreur , Grétry vuelve a encontrarse con sus protectores; en Grétry, que iba a convertirse en el rival de Gluck sobre el Griechen zusammen. 1795, ingresa en el Instituto y en 1803 es nombrado chevalier escenario de la Académie Royale. Como compensación, el de la Légion d’honneur . Retirado en el Ermitage de Jean- compositor recibió otro encargo, con una apuesta todavía Benoît Dratwicki Jacques Rousseau en Montmorency, no se dedica sino a la más ambiciosa: poner en música una de las más célebres –y Übersetzung: Susanne Lowien literatura. Grétry compuso obras pertenecientes a todos más sombrías– tragedias de Racine: Andromaque . los géneros, pero su talento brilla con más originalidad en la El audaz proyecto nació en un contexto muy particu - opéra-comique (Zémire et Azor , Richard Cœur-de-Lion , La lar. En la primavera de 1778, la prensa reflejaba una eferves - Fausse Magie , L’Amant jaloux ...). Su música religiosa y sus cencia poco ordinaria: «Entre todos los espectáculos, el que composiciones instrumentales datan de su estancia en monopolizará la atención del público en la apertura de la Italia. Un ballet heroico, Céphale et Procris (1773), una trage - temporada será muy probablemente la ópera, sea por el

36 37 Español Español cambio de administración, sea por las novedades espera - ella y toman partido; nadie puede quedarse indiferente» colectividad intelectual tanto como al individuo sensible–, El proyecto de una Andromaque puesta en música nació, pues, das» (Journal de Paris , 23 de abril de 1778). (Mémoires secrets , 15 de marzo de 1779). Y así, el 23 de enero cuyo contenido pedagógico era tan importante como el en este contexto. Al pedir a Grétry que imaginara transfor - En efecto, la Académie Royale de Musique vivía una del año siguiente (1780), Devismes renunciaba a un puesto valor artístico real. En los primeros meses de 1779, mar una tragedia de Racine en una tragédie lyrique , Devismes pequeña revolución... Hacía ya algunas semanas que el todo que, definitivamente, era demasiado apremiante y presenta - Devismes podía hacer, con orgullo, un primer balance: estaba seguro de suscitar la curiosidad del público y su afluen - París no hablaba sino del nuevo director de esta institución, ba su dimisión. «... di sucesivamente obras de los señores Piccini [sic], cia a las puertas de su teatro. En una época en la que los bue - Anne-Pierre-Jacques Devismes du Valgay (1745-1819), nom - Sin embargo, según la opinión general, «el teatro lírico Gluck, Philidor, Rameau, Paisiello, Anfossi y otros; sólo nos libretos de ópera escaseaban, se pensó en volver a musi - brado en octubre de 1777 para suceder a Pierre-Henri- nunca fue tan variado en novedades» como en el mes de me faltaba ofrecer una obra de Lully, y pienso que no había car los antiguos libretos de Fontenelle, Houdar de La Motte, Montan Berton. La llegada del nuevo director fue una verda - enero de 1779: en el espacio de pocas semanas, Devismes mejor elección que la ópera Thésée, que nunca dejó de tener Fuselier y sobre todo Quinault. Nacieron así, entre 1770 y dera revolución para la Académie Royale. Aplicó sin demora había conseguido montar doce obras diferentes, algo sin una inmensa reputación, pues nuestra nación no cesará 1800, Roland y Atys de Piccinni, Armide de Gluck, Amadis de unas reformas draconianas que lo alcanzaban todo: modifi - precedente: París se extrañaba de que se pudiese «cambiar nunca de amar la belleza del poema, la magnificencia del Johann Christian Bach, Persée de Philidor, Thésée de cación de las proporciones y de la ordenación de la escena y de óperas como se cambia de comedias» ( Mémoires secrets , espectáculo y las riquezas prodigadas por la imaginación de Mondonville y Gossec o Proserpine de Paisiello. En esta bús - de la orquesta, restablecimiento de los espectadores en el 21 de enero de 1779). El principal empeño del nuevo direc - Quinault». Si la reprise de obras antiguas estaba destinada a queda del retorno a los modelos de la época de Luis xiv , se escenario, supresión de la gran araña, cambio de horario de tor consistía en reunir, en el mismo escenario, las obras contentar a una cierta parte del público, la creación lírica y llegó a imaginar el convertir ciertas tragedias de Corneille y los espectáculos, prohibición a las mujeres de llevar tocados más alejadas entre sí que uno podía imaginarse: alejadas en coreográfica no le iba a la zaga. No se representaron más de Racine en óperas: algo que ilustran perfectamente la Andro- altos... Su política artística no era menos limitada: Devismes el tiempo, alejadas en el espacio, alejadas en el estilo y en la tres nuevas obras en 1777-1778, mientras que en la tempo - maque de Grétry junto con Le Cid de Sacchini, Les Horaces de reformó el estatuto de los intérpretes, renovó una parte del forma. La receta del éxito residía pues en la variedad. rada inaugural de Devismes se propusieron dieciséis, inclu - Salieri e incluso las dos Iphigénie en Tauride de Gluck y personal, reconsideró los honorarios de los autores, aumen - Desde sus primeros discursos, Devismes pretendía «favo - yendo varios ballets pantomimes y numerosas opere buffe ita - Piccinni. Más que cualquier otra, la elección de Andromaque tó el número de representaciones semanales, reorientó la recer todos los géneros sin parcialidad alguna en su elec - lianas. Sin embargo, mucho lo costó realizar sus proyectos es particularmente simbólica: escrita en 1667, esta tragedia programación... Dos meses antes de su llegada, un nuevo ción». Esta variedad –bien consensuada– le permitió a de mayor envergadura: durante la primera temporada, fue revela verdaderamente el arte de Racine a sus coetáneos. A reglamento en 49 artículos fue redactado «para dar a cono - Devismes ganarse a todos los públicos, «a los que consiguió estrenada una sola tragédie lyrique en tres actos, Hellé de partir de su creación, Andromaque fue una de las obras más cer la extensión de los derechos del Señor Devismes como convencer, ofreciendo sucesivamente unos espectáculos Floquet, que tuvo además una acogida muy floja. Devismes representadas en Francia hasta la Revolución: se trataba concesionario y empresario, y a la vez recordar a los diferen - que correspondían al gusto de cada uno de los espectado - había igualmente previsto una confrontación –muy atracti - incontestablemente de uno de los pilares de la identificación tes sujetos de la ópera los deberes que han de cumplir y las res» (La Borde, Essai sur la musique ). Una de las decisiones va para el público de la época– entre las dos Iphigénie en del repertorio nacional. Las transformaciones impuestas por reglas de la subordinación de las que no han de apartarse». El más eficaces de la política de Devismes fue la exhumación Tauride de Gluck y de Piccinni. Pero en 1779 sólo se repre - el paso de la escena teatral a la escena lírica necesitaban una tono estaba dado. En efecto, Devismes, al que no le faltaban de obras antiguas, que contrastaba con las producciones sentó la de Gluck, mientras que la obra competidora no fue reconsideración de un conjunto de parámetros, pues las ideas, demostraba una cierta falta de flexibilidad y de diplo - más contemporáneas. «Me propuse acercar las obras más programada por la Académie Royale sino en 1781. Varios reglas varían considerablemente según rigen la tragedia macia, por lo que no tardó en ganarse la hostilidad de su per - alejadas por la distancia de la época de su composición, y encargos a autores célebres en toda Europa, como Johann declamada o la tragedia lírica. El poeta Louis-Guillaume sonal y de una parte del público. Cábalas, escándalos y arres - dar así al público en general los medios para comparar y Christian Bach, Gossec o Philidor, renovaron, durante un Pitra (1735-1818), encargado de adaptar Andromaque , justificó tos acompañaron su mandato de manera espectacular: «No juzgar con mayor precisión los progresos que este arte ha tiempo, el repertorio de la institución. sus intervenciones en una advertencia detallada: puede uno imaginar hasta qué exceso de fermentación llegó hecho hasta hoy, a fin de que cada espectador tuviese la «Al adaptar esta tragedia de Racine para la escena líri - esta querella, tanto en la ciudad como en la corte. Los prín - facultad de disfrutar del género que prefiere» (Journal de ca, hemos tenido que sacrificar mil bellezas que hemos cipes, los ministros, las duquesas... todos se interesan por Paris , 15 de febrero de 1779). Bella apuesta –dirigida a la echado de menos tanto como lo harán las gentes con buen

38 39 Español Español gusto. Hemos sentido más que nadie el ridículo, incluso la airs , las escenas de conjunto y los coros en un discurso conti - Siempre arrastrado por la belleza y la urgencia de la acción, tarea cotidiana sin la menor buena voluntad. Dauvergne se audacia de una empresa de esta índole; pero no tenemos nuo revolucionario para la época, y que no deja de anunciar compuse esta obra de un tirón. Peca, acaso, de un exceso quejó de ello –sin resultado– ante la corte: «... [la negligencia otra pretensión que no sea la de servir al genio de un artis - algunas óperas, mucho más tardías, de Spontini e incluso de... de calor, incluso en la música, por lo que aconsejo a los de los sujetos] acaba de ocasionar la caída de Castor [& ta cuyo talento nos encantó tan a menudo, y todos saben Berlioz. Según Grétry, «el poema de Andromaque exigía una intérpretes que no apresuren los movimientos.» Pollux ]; el combate que antaño solía ser magnífico, y que que la marcha de una ópera necesita recortes y es lo que profunda sensibilidad que Gluck, demasiado enérgico, no Si los autores se entregaron con pasión a esta aventu - contribuía no poco a atraer la atención de una parte del hemos tenido que hacer con el poema del inmortal Racine. podía poseer. Emprendí esta obra con la esperanza de serle ra, Devismes se enfrentó a muchos problemas cuando llegó público, fue detestable [...] y todos los demás ballets de esta Hemos conservado los versos de este gran hombre, al igual superior en esta parte, y perfectamente persuadido de mi el momento de llevar el proyecto hasta su realización en el ópera fueron ejecutados con la misma negligencia; se quejó que la estructura de las escenas, en la medida en que lo per - inferioridad en cuanto al poderío» (Grétry, Mémoires ). escenario: Andromaque tuvo una génesis caótica y estuvo todo el público; y es así como fueron tratadas todas las mitía la forma de los airs y del recitativo. Desgraciada- Andromaque es sin ninguna duda la obra de Grétry que incluso a punto de no ver la luz. Los primeros ensayos, en demás óperas representadas este año; Andromaque , Alceste , mente, hemos tenido que mezclar a menudo otros versos menos se inscribe en su tiempo, y por ello recibió tan viru - mayo de 1778, fueron interrumpidos por los Comédiens fran - Persée , Iphigénie , todas fueron igualmente descuidadas, a con los de Racine para formar la contextura de la acción. lentas críticas. En su Correspondance littéraire , el feroz La çais ; consiguieron la prohibición de las representaciones pesar de tener pocos números de danza; ya no se pone para Esperamos que el público sabrá perdonarnos esta suerte de Harpe –descolocado ante la modernidad de la obra– se con el pretexto de que la tragedia de Racine pertenecía al estas piezas sino poca gente en el corps de ballet » (Dauvergne, sacrilegio, teniendo en cuenta los motivos que nos llevaron encuentra forzado a escribir que Grétry, «tan encantador repertorio de su institución y era por tanto de su entera carta del 2 de abril de 1781). a ello» (Avertissement de los autores). en las óperas cómicas, feliz alumno de Italia en cuanto a la propiedad. Tras muchas tergiversaciones, la obra pudo ser De hecho, Andromaque obtuvo un éxito mitigado: se le Según el propio Grétry, el discurso cauteloso de su libre - gracia y la suavidad del canto, abandonó su género por el representada en junio de 1780 bajo el mandato de un nuevo reprochó sobre todo la abundancia de coros, que daban a la tista era absolutamente sincero: «No creáis que Pitra tuvo la de Gluck, y la deserción no le benefició en nada. No hay director, Antoine Dauvergne, sucesor de Henri-Montan obra el carácter de un oratorio más que el de una ópera. Se más mínima pretensión al escribir este poema; no tocaba los aquí sino un ruido monótono y chillón, y todos los defec - Berton, fallecido inesperadamente algunas semanas antes y criticó también el desenlace, considerado como demasiado versos de Racine sino con gran respeto, y porque la música tos de Gluck, pero sin las cualidades que hasta cierto que a su vez había sido el sucesor de Devismes. Pero el trágico para la escena de la Académie Royale, impresión exigía recortes. Las ganas que Pitra tenía de verme probar punto los redime, es decir: unas páginas expresivas y la estreno, inicialmente previsto para el inicio de la tempora - acaso acentuada por la economía de los divertimentos, algo a mis fuerzas sobre un tema trágico es lo que lo llevó a empren - comprensión de los efectos del teatro. La trama de este da en el mes de abril, sufrió más retrasos, esta vez por culpa lo que el público no estaba acostumbrado: pocos coros lige - der esta obra, que me entregó como un bosquejo destinado a drama, tejida de la peor manera, desfigura horriblemente de la indisposición de Mademoiselle Levasseur, prevista ros, pocos bailes, ninguna arietta virtuosa... Por ello, Grétry y ser realizado por un poeta; pero no conociendo a nadie que la obra maestra de Racine». Como tantas otras obras des - para el papel protagonista: «Pienso que se debe interpretar su libretista decidieron retocar el último acto, alejándolo de pudiera encargarse de esta tarea tan terrible, le obligué a fasadas o visionarias – Médée de Charpentier, Hippolyte & Andromaque este domingo, incluso con Madame Saint- su modelo al acentuar el espectacular potencial musical del correr estos riesgos.» A pesar de las modificaciones llevadas a Aricie de Rameau o Les Troyens de Berlioz–, Andromaque Huberty, pero se me dijo que M. Dauberval había dicho que último cuadro: así, esta nueva Andromaque concluía con una cabo por Pitra, Andromaque conserva la magnífica versifica - empezó por recibir una salva de críticas mortíferas. ¿Tenía los ballets no podían estar listos. Por lo tanto, la represen - boda feliz. A partir de 1781 tuvo lugar una segunda serie de ción de Racine y una grandeza de tono rara en la ópera de Grétry conciencia de su audacia? Aparentemente no, pues tación de la ópera ha de ser aplazada» (Dauvergne, carta del representaciones, con la obra ya revisada, que obtuvo esta este periodo. La omnipresencia de los coros, que rodean a los ninguna obra le había «costado menos esfuerzos», según 26 de abril de 1781). vez un éxito rotundo. Pero el incendio del teatro de la ópera, cuatro protagonistas comentando y participando en la reconocía el propio autor: «Treinta días me bastaron para El contexto, administrativamente más favorable, no que destruyó una parte de los decorados y de los trajes, paró trama, da a esta obra un carácter monumental perfectamen - componer y escribir la partitura. Bien es verdad que, en estaba totalmente privado de pasiones: de hecho, ciertas en seco el triunfo de Andromaque algunas semanas más tarde. te subrayado por la música de Grétry, que se revela aquí como contra de mi costumbre, componía de noche y escribía lo personas de la institución –miembros del cuerpo de ballet La obra no volvió a ser programada en Francia. un dramaturgo de primer orden. Haciendo suyo el lenguaje que había compuesto a la mañana siguiente. El autor del sobre todo– estaban empecinadas en hacer oír unas quejas de Gluck, consigue, todavía más que su modelo, imbricar los texto, Pitra, no me dejaba solo ni siquiera un instante. ya expresadas hacía tiempo empeñándose en realizar su

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A dos siglos de distancia, la música de Andromaque puede miento está asegurado, y el fracaso de la ópera es inevitable. Acto i seguir siendo fiel a la memoria de Héctor. Hermione llega parecernos singular. De hecho, es una música totalmente Bastan pues unos tres cuartos de hora de recitativo; por con - El teatro representa una amplia sala en el palacio de Pirro . con el séquito de su boda, pero Pirro la rechaza. En el colmo simbólica: el símbolo de un siglo de evolución de la ópera siguiente una ópera ha de ser confeccionada hoy según de la ira, Hermione convoca a Orestes e imagina un espan - francesa, desde el apogeo del reino de Luis xiv hasta los patrones completamente diferentes a los que utilizó Las sirvientas de Hermione intentan convencerla de que sus toso chantaje: si quiere casarse con ella, habrá de matar a últimos momentos del siglo de Luis xvi . Esta tragedia líri - Quinault» ( Encyclopédie méthodique , iv, p. 350). encantos seducirán pronto al hombre que ama, Pirro. Pirro. Horrorizado, Orestes protesta pero se decide final - ca de Grétry se caracteriza ante todo por la ausencia de La «revolución» gluckista, comenzada con Iphigénie en Orestes (amante rechazado de Hermione) y los pueblos grie - mente, por amor, a perpetrar el ominoso acto. concesiones ante los imperativos dramáticos: la música Aulide y afirmada sobre todo en Alceste , permitió que la gos piden a Pirro que se les entregue a Astianacte, el hijo de sirve al drama, lo sostiene, lo comenta y lo prolonga, sin ópera francesa reconectase con sus orígenes, y acaso más Héctor y de Andrómaca, para que su muerte expíe los crí - Acto iii entorpecerlo nunca. Los divertimentos, en los que se allá, al acercar la nueva estética del género a la del gran tea - menes de su padre. Pero Pirro, enamorado de Andrómaca, El teatro representa un sitio triste plantado de cipreses y otros encuentran unos pocos ballets y coros decorativos, se redu - tro hablado de Corneille y Racine. Tras un siglo de desarro - su prisionera, se niega a ello y toma la decisión de proteger a árboles fúnebres. En el proscenio, destaca la tumba de Héctor . cen al mínimo y están perfectamente integrados en la llos en el molde barroco imaginados por Quinault, la ópera la madre y al niño. A pesar de ello, Andrómaca rechaza el trama, sin suspenderla nunca y, muy al contrario, creando volvía a conectar con su antepasado «clásico», la tragedia amor de Pirro y jura fidelidad al recuerdo de Héctor. Andrómaca se inclina por última vez sobre la tumba de su incluso unos instantes de «suspense« que refuerzan la declamada. Y de esa manera, la época de Gluck empezaba Exasperado, Pirro promete vengarse sobre Astianacte: esposo antes de unirse con Pirro. Mientras Andrómaca se urgencia de las escenas siguientes. una vía nueva, que iba a florecer a lo largo del siglo xix gra - estrecha los lazos con Hermione, cuya felicidad sólo puede prepara para la boda, Hermione –presa de locura– espera la Concebir una obra dramática de esta índole significaba cias a la pluma de autores eminentemente «románticos». Es equipararse a la desesperación de Orestes. muerte próxima de Pirro, al que ahora odia. En medio de la oponerse del todo a la estética que todavía imperaba unos en el cruce de estos estilos y de estas apuestas donde se fiesta, aparece Orestes seguido por los griegos empuñando diez años antes, y que había acompañado toda la carrera de sitúa la Andromaque de Grétry, cuyas múltiples facetas, con - Acto ii las armas. Mientras Pirro reconoce a Astianacte como rey Rameau y de sus coetáneos. En este tiempo, el teatro dramá - sideradas sucesivamente con un ojo barroco, clásico o El teatro representa el mar y las naves de los embajadores griegos . de los troyanos, empieza un combate entre las facciones. tico imaginado un siglo antes por Lully y Quinault había romántico, presentan al compositor bajo una luz nueva. Tras la muerte de Pirro, Orestes anuncia con orgullo a sido poco a poco remplazado por un arte decorativo: la Los griegos intentan calmar el furor de Orestes, que quiere Hermione que cumplió su orden y espera su recompensa. Enciclopedia apuntaba así que la danza, «ese adorno postizo, raptar a Hermione y arrancarla, a su pesar, de los brazos de Sin embargo, tomando conciencia del horror de sus intri - se ha convertido, en estos últimos tiempos, en la parte prin - Pirro. Aparece Hermione, pensando con deleite en su cerca - gas, Hermione reniega de ellas y rechaza el crimen y al cri - cipal del poema lírico» ( Encyclopédie méthodique , iv , p. 103). iii. sinopsis na boda. Cruzándose con ella, Andrómaca le ruega que minal; precipitándose sobre el cuerpo de Pirro, se da la Incluso el gran Marmontel tenía una opinión igualmente tenga piedad de su hijo y de ella. Pero Hermione la ignora y muerte. Orestes queda solo, preso de locura; viéndose tajante: «los modernos degeneran; su gusto por los pompo - Andromaque es una de las tragedias más negras escritas por se retira. Andrómaca sabe que salvaría la vida de su hijo si se rodeado por espectros, se derrumba en los brazos de los nes, si puedo expresarme así, lo estropeó todo en el género Racine: pone en escena un imposible encadenamiento de ofreciera a Pirro, pero no puede decidirse y evoca el recuer - griegos desolados. patético» ( Mercure de France , julio de 1759, ii , p. 94). A media - sentimientos contrariados. Orestes ama a Hermione, do de su esposo a fin de templar su valor. Pirro se dispone a dos del siglo xviii , la Enciclopedia daba consejos a los hace - Hermione ama a Pirro, Pirro ama a Andrómaca, mientras entregar a Astianacte a los griegos. Andrómaca y sus sirvien - Benoît Dratwicki dores de óperas: «las tres horas y cuarto que [en la época de Andrómaca había jurado fidelidad a la memoria de su espo - tas le ruegan que cambie de idea. Conmovido, Pirro toma la Traducción: Pedro Elías Lully] estaban rellenadas por dos horas y media de recitati - so Héctor y protección para su hijo Astianacte. Pitra y generosa decisión de salvar al niño. Se gana así el afecto de vo, han de serlo hoy por divertimentos, coros, movimientos Grétry conservaron este esquema, socialmente tan simple y Andrómaca, que consiente en casarse con él para salvar la de teatro, cantos brillantes, etc. De lo contrario, el aburri - a la vez tan complejo desde el punto de vista psicológico. vida de su hijo, pero piensa suicidarse tras la ceremonia para

42 43 Andromaque

tragédie lyrique in 3 acts first performed at the theatre of the Académie Royale de Musique in Paris on 6 June 1780

Music by André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) Libretto by Louis-Guillaume Pitra (1735-1818), after

Dramatis personæ

Andromache Pyrrhus Hermione Orestes Phœnix, confidant to Pyrrhus A Greek man A Greek woman

Ambassadors from the train of Orestes Trojan women, attendants of Andromache Greeks Trojans

(The scene is set in Epirus.)

André-Ernest-Modeste Grétry Collection Palazzetto Bru Zane

44 45 Ouverture [cd i : 01] Overture Ma rivale l’emporte, et je n’en puis douter. My rival wins, and I cannot doubt it. Mais mon cœur, que l’espoir cherche encor à flatter, But my heart, encouraged once more by hope Attend tout des Grecs et d’Oreste. Counts on the Greeks, and on Orestes. Oreste ! ... ah ! Dieux, quel triomphe pour lui ! Orestes… Ah, Gods, what a triumph for him! Acte Premier Act One Il verra la fière Hermione, He will see proud Hermione, Qui dédaigna ses feux, que Pyrrhus abandonne ; Who despised his love, abandoned by Pyrrhus; Le théâtre représente un vaste salon du palais de Pyrrhus. Les colonnes The stage represents a vast hall in the palace of Pyrrhus. The columns Il verra mes malheurs égaler son ennui. He will see my woes equal his distress. sont décorées de boucliers, de faisceaux d’armes ; le trône de Pyrrhus, are decorated with shields and sheaves of weapons; Pyrrhus’s throne, Chassons, chassons de ma mémoire Oh, I must drive from my memory soutenu par deux lions, est presque sur l’avant-scène, à gauche. supported by two lions, is towards the front of the stage, on the left. Ce qui me fut si cher, et qui m’a pu trahir. One so dear, who betrayed me. Détestons ce parjure, il y va de ma gloire... I must hate that traitor; my honour demands no less. Scène 1 Scene 1 Ah ! je l’ai trop aimé pour ne le point haïr. Ah! I loved him too much not to hate him now. Hermione et sa suite Hermione and her attendants Il faut le fuir, rien ne m’arrête ; I must flee from him; nothing keeps me here. Que sur lui, sa captive étende son pouvoir ; Let his prisoner extend her power over him; Chœur [cd i : 02] Chorus N’envions plus son indigne conquête... Let us cease to envy victories so ill deserved. Cessez de répandre des larmes, Cease your weeping, Mais, si l’ingrat rentrait dans son devoir ? But if, though, he were to have second thoughts? La vengeance et l’amour vont finir vos malheurs. Vengeance and love will end your woes. L’inconstant qui cause vos pleurs The inconstant one who causes your tears [cd i : 04] Va céder pour jamais au pouvoir de vos charmes. Will yield forever to the power of your charms. Si, fidèle au nœud qui l’engage, If, faithful to his commitment, L’inconstant calmait mon courroux ! He appeased my wrath! Une Grecque A Greek Woman S’il revenait à mes genoux If he came to me on his knees, Du fils d’Hector on demande la tête. They demand the head of Hector’s son. Jurer de n’être plus volage ! Swearing he would no longer be fickle! Mais, il ne veut que m’outrager ; But he wants only to outrage me; Un Grec A Greek Man Il déteste un cœur qui l’adore. He detests a heart that adores him. Oreste, au nom des Grecs, vient hâter son trépas. Orestes comes, in the name of the Greeks, to hasten his death. L’ingrat... faut-il l’aimer encore Must I go on loving such an ingrate, Quand je ne dois que me venger ! When I should but be avenged? Une Grecque A Greek Woman La mort d’Astyanax vous rend votre conquête, The death of Astyanax will return to you your conquest; Mais on vient. Avec Pyrrhus, Oreste va paraître ; But they come. With Pyrrhus, Orestes will appear; Sa mort met Pyrrhus dans vos bras. His death puts Pyrrhus in your arms. Cachons à tous les Grecs les pleurs que j’ai versés. Let the Greeks not see the tears I have shed. Ils liraient dans mes yeux ; ils y pourraient connaître They would read in my eyes; they could know Chœur Chorus Les tourments de mon cœur et ses vœux insensés. Of my heart’s torments and its insane wishes. Cessez de répandre des larmes, Cease your weeping, (Elle sort avec sa suite.) (Hermione leaves with her attendants.) La vengeance et l’amour vont finir vos malheurs. Vengeance and love will end your woes. L’inconstant qui cause vos pleurs The inconstant one who causes your tears Va céder pour jamais au pouvoir de vos charmes. Will yield forever to the power of your charms.

Hermione [cd i : 03] Hermione C’est le seul espoir qui me reste ; It is the only hope left to me;

46 47 Scène 2 Scene 2 Oreste et le Chœur [cd i : 07] Orestes and the Chorus Pyrrhus, devancé par sa garde, vient s’asseoir sur son trône ; Oreste, à Pyrrhus, preceded by his guard, takes his place on the throne; Orestes, De tous nos rois secondez la colère ; Uphold the anger of our kings; la tête des autres députés des rois de la Grèce, vient se placer en face de leading the other deputies of the kings of Greece, comes and stands Perdez un enfant dangereux. Eliminate a child who is dangerous. Pyrrhus. opposite Pyrrhus. La Grèce, en l’immolant venge encor votre père ; Greece, in killing him, avenges your father too; Cédez à ses désirs et remplissez ses vœux. Yield to her desires, grant her wishes. Marche [cd i : 05] March (grand silence) (a great silence) Livrez à notre courroux Deliver up to our wrath Oreste [cd i : 06] Orestes Le fils d’Hector pour victime, The son of Hector, that we may kill him; Au vainqueur des Troyens, tous les Grecs et leurs rois To the conqueror of the Trojans I speak Notre fureur est légitime, Our fury is legitimate, S’adressent par ma voix. For all the Greeks and their kings. Qu’il périsse sous nos coups. Let him die by our blows. Nous venons demander le redoutable reste We come to request the fearsome orphan D’un ennemi fatal que la Grèce déteste. Of a fatal enemy whom Greece detests. Pyrrhus [cd i : 08] Pyrrhus Non, non, ... je veux défendre et le fils et la mère, No, no. I shall defend the son and his mother. Oreste et le Chœur Orestes and the Chorus De mes inimitiés le cours est achevé ; My enmities have run their course; Livrez à notre courroux Deliver up to our wrath Le sang que j’ai versé suffit à ma colère, The blood I spilled is enough to pacify my rage, Le fils d’Hector pour victime ; The son of Hector, that we may kill him; L’Épire sauvera ce que Troie a sauvé. Epirus will keep alive what Troy has saved. Notre fureur est légitime, Our fury is legitimate, Qu’il périsse sous nos coups. Let him die by our blows. [cd i : 09] Je ne fus que trop implacable, I was but too inexorable, Oreste Orestes C’était aux Champs Troyens qu’il fallait l’accabler, He should have been killed on the plains of Troy; Aux mânes des héros immolés par son père, To the spirits of the heroes killed by his father, C’était dans les horreurs d’une nuit effroyable Amidst the horrors of that dreadful night, Le sang du fils doit être offert. The son’s blood must be sacrificed. Que les Grecs devaient l’immoler. The Greeks should have killed him then. En vain votre pitié le sert, Your pity is of no use to him, Sa mort seule des Grecs éteindra la colère. His death alone will quell the anger of the Greeks. Oreste Orestes Ne vous souvient-il plus, Seigneur, quel fut Hector ? Do you recall, my lord, who Hector was? La Grèce, en vous, trouve un enfant rebelle. Greece, in you, finds an unruly child.

Chœur Chorus Pyrrhus Pyrrhus Nos peuples affaiblis s’en souviennent encor. Our poor, weak people still remember him. N’ai-je donc vaincu que pour elle ? Did I win battles but to be its vassal?

Oreste Orestes Chœur Chorus Eh ! qui sait ce qu’un jour le fils peut entreprendre ? Ah, who knows what his son will do one day? La Grèce, en vous, trouve un enfant rebelle. Greece, in you, finds an unruly child. Peut-être dans nos ports on le verra descendre, Perhaps we shall see him sail upon our ports Tel qu’on a vu son père, embraser nos vaisseaux, Just as we saw his father burn our ships Pyrrhus Pyrrhus Et la flamme à la main, les suivre sur les eaux. And, with torch in hand, drive them out to sea. Hé bien ! qu’ils ne distinguent plus Well, they no longer distinguish the blood Le sang qui les fit vaincre et celui des vaincus. Of conquerors from that of conquered men.

48 49 Oreste et le Chœur Orestes and the Chorus Scène 4 Scene 4 Ses rois, qu’outragent vos refus, Its kings, whom you insult by your refusal, Pyrrhus, Phoenix, Andromaque, femmes troyennes Pyrrhus, Phoenix, Andromache, Trojan women Poursuivront jusqu’ici le reste des vaincus. Will come here in pursuit of Hector’s orphan. Pyrrhus [cd i : 13] Pyrrhus Pyrrhus [cd i : 10] Pyrrhus Où portez-vous vos pas ? cherchez-vous ma présence ? Where are you going? Is it me you seek? Je défendrai contre eux et le fils et la mère ; Against them I shall defend the son and his mother; Un espoir si charmant me serait-il permis ? May I be permitted so charming a hope? Je saurai braver leur courroux. I shall brave their wrath. Andromaque Andromache Oreste Orestes Je passais jusqu’aux lieux où l’on garde mon fils, I am on my way to where they keep my son, Hermione, Seigneur, arrêtera vos coups. Hermione, my lord, will stay your blows. Puisqu’une fois le jour vous souffrez que je voie Since once a day you permit me to see Le seul bien qui me reste et d’Hector et de Troie ; All that remains to me of Hector and of Troy; Pyrrhus Pyrrhus J’allais pleurer un moment avec lui ; I go to weep with him awhile; Hermione peut m’être chère, Hermione can still be close to me, Je ne l’ai point encore embrassé d’aujourd’hui. I have not held him in my arms today. Sans que je sois esclave de son père, I need not be her father’s slave for that, Et je saurai, peut-être, accorder quelque jour And some day I may find a way to match Pyrrhus Pyrrhus Les soins de ma grandeur et ceux de mon amour. The call of glory with the claims of love. Les Grecs vont vous donner d’autres sujets de larmes. The Greeks will give you further cause to weep. Voyez cette fille d’Hélène, You may see Helen’s daughter, Ils me demandent son trépas. They demand his death of me. Du sang qui vous unit je sais l’étroite chaîne ; I know how close your blood ties are. Après cela, Seigneur, je ne vous retiens plus. After that, my lord, I shall not keep you here. Andromaque Andromache Vous pouvez à vos rois annoncer mes refus. You may tell your kings that I have said no. Les Grecs ! ... ah ! mortelles alarmes ! The Greeks! Oh, most dreaded fears!

Marche [cd i : 11] March Pyrrhus Pyrrhus Ils ne l’obtiendront pas. They shall not have it. (Oreste et les Grecs sortent.) (Orestes leaves, with his retinue.) [cd i : 14] Scène 3 Scene 3 Ils me menacent de leurs armes, They threaten me with war, Pyrrhus et Phœnix Pyrrhus and Phoenix Mais dussent-ils, en repassant les eaux, But were they to cross the seas again Le demander avec mille vaisseaux ; With a thousand ships to fetch your son, Pyrrhus (à Phœnix) [cd i : 12] Pyrrhus (to Phoenix) Dut ce palais être réduit en cendres, Were this palace to be reduced to ashes, Je l’envoie, je le sais, aux pieds de sa maîtresse, So I send him to the feet of his mistress; Je vole à son secours, Instantly I would help him. Qu’ils brûlent, s’il se peut, d’une égale tendresse ; May they burn with mutual affection, if that can be; Je jure de le défendre, I swear I will defend him, Qu’ils s’aiment ; j’y consens ... qu’ils partent aujourd’hui ; Let them love. I agree. And let them depart today. Oui, je sauverai ses jours. Yes, I will save his life. Dieux ! qu’ils m’épargneraient de contrainte et d’ennui ! Gods! What constraint and worry I would be spared! Mais, vous, haïrez-vous sans cesse But, will you forever go on hating me, Mais dans ces lieux, Andromaque s’avance. But Andromache is coming this way. Le plus tendre vainqueur ? Though I am most loving? Voyez mettre à vos pieds et son trône et son cœur ; Lo, at your feet I set both my throne and my heart; D’un seul de vos regards payez tant de tendresse, With just one glance reward such tenderness,

50 51 D’un seul de vos regards vous ferez son bonheur. With just one glance you will make me happy. J’aille cacher mon fils et pleurer mon époux. My son and mourn my husband’s death.

Andromaque [cd i : 15] Andromache Laissez une tremblante mère, Let a fearful mother, Triste, captive, importune à moi-même, I am sad, a prisoner, and wearisome to myself, Sauver un fils, pleurer un père : Save her son, mourn his father: Quels charmes ont pour vous des yeux infortunés What charms for you have these unhappy eyes, Laissez-la fuir, loin de ces lieux, Let her flee, far from here, Qu’à des pleurs éternels vous avez condamnés ? Which you have condemned to everlasting tears? Cacher un enfant malheureux. To hide an unfortunate child. Eh ? se peut-il qu’Andromaque vous aime ? Is it possible for Andromache to love you? Hélas ! une main aussi chère Alas, only a hand as dear as Hector’s Et son cœur pourrait-il changer ? Could her heart ever change? Peut seule adoucir ma misère, Can soothe my woe, En essuyant les pleurs qui coulent de mes yeux. By wiping away the tears flowing from my eyes. Pyrrhus Pyrrhus Ah ! que l’amour et que vos charmes Ah, how love and how your charms Pyrrhus [cd i : 19] Pyrrhus Ont bien su me punir, ont bien su vous venger ! Have punished me and avenged you well! Cruelle ! You are cruel!

[cd i : 16] Andromaque Andromache Votre vainqueur baigne de larmes Your vanquisher bathes with tears Retournez à la fille d’Hélène ; Go back to Helen’s daughter; Ses lauriers sanglants et ses armes ; His bloody laurels and his arms; Elle ne vous doit point sa haine ; She has no reason to hate you; Il déteste à jamais un triomphe odieux, He detests forever a hateful triumph, Par elle vos soupirs ne sont point repoussés. She is not hostile to your sighs. Il gémit sur les maux que vous fit la victoire. He regrets that victory has hurt you so. Troie, Hector, contre vous n’irritent point son âme, Troy and Hector do not make her blame you, Votre vainqueur pleure sa gloire Your vanquisher bemoans his glory Aux cendres d’un époux doit-elle enfin sa flamme ? Do her husband’s ashes still demand her love? Et veut sécher les pleurs qui coulent de vos yeux. And wishes to dry the tears flowing from your eyes. Et peut-elle oublier vos services passés ? And can she forget your past services?

[cd i : 17] Pyrrhus [cd i : 20] Pyrrhus Ah ! dites-moi seulement que j’espère ; Ah, tell me only that I may hope; Vous le voulez ? Hé bien, cruelle, That is your wish? Then, cruel one, Je vous rends votre fils, et je lui sers de père. I will give you back your son, and be a father to him. Ce cœur saura vous obéir. This heart shall obey you. En moins de temps que les Grecs ne l’ont pris, In less time than the Greeks demolished it Votre Ilion peut sortir de sa cendre. Your Troy can rise from the ashes still. Andromaque Andromache Le moindre espoir me fait tout entreprendre, With just a little hope I can do anything; Ce cœur, à mon époux fidèle, This heart, faithful to my husband, Je pourrai dans ses murs couronner votre fils. Within its walls I can crown your son. Non, jamais ne veut le trahir. Will never, no never, betray him.

Andromaque Andromache Pyrrhus Pyrrhus À de moindres faveurs les malheureux prétendent. The unfortunate pretend to smaller favours. Oui, je veux désormais haïr Yes, from now on I will hate Votre âme insensible et rebelle. Your insensitive and rebellious soul. [cd i : 18] Murs sacrés ! que n’a pu conserver mon Hector, O sacred walls, which Hector could not save, Andromaque Andromache N’espérez plus de nous revoir encor. Now you must not hope to see us again! Oui, toujours mon cœur veut chérir Yes, my heart will forever cherish C’est un exil que mes pleurs vous demandent. It is banishment that I implore of you. Sa peine et sa douleur mortelle. His pain and his mortal suffering. Souffrez, souffrez que loin de vous, Let me go far from you and hide

52 53 Pyrrhus Pyrrhus Oui, je vais vous obéir, Yes, I will obey you, C’en est fait, oui, oui, oui, cruelle, Then let it be so, yes, cruel one, Vous oublier, vous haïr. Forget you, hate you. Ce cœur saura vous haïr. This heart will learn to hate you. Le fils, dans ma juste colère, In my legitimate rage, the son Me vengera des mépris de la mère. Will answer for his mother’s contempt. Andromaque Andromache Auteur de ma douleur mortelle, You who are the cause of my mortal suffering, Andromaque Andromache Puis-je, hélas ! vous obéir ? Can I, alas, obey you? Dans la tombe, avec lui, j’irai revoir son père. In the tomb, with him, I shall go and see his father.

Pyrrhus [cd i : 21] Pyrrhus Pour la dernière fois, je vais donc voir mon fils. For the last time, I go therefore to see my son. Le fils, dans ma juste colère In my legitimate rage, the son (Elle sort.) (Andromache leaves.) Me répondra des mépris de la mère ; Will answer for his mother’s contempt. Scène 5 Scene 5 Andromaque Andromache Pyrrhus, Phœnix Pyrrhus, Phoenix Mon fils ! My son! Pyrrhus [cd i : 22] Pyrrhus Pyrrhus Pyrrhus Ah ! c’en est fait, cruelle ! Ah, then it shall be thus, cruel one! Il faut désormais que mon cœur, Now, if it cannot love, Je vais être aussi fier que tu m’as vu soumis... I shall be as proud as you saw me submissive. S’il n’aime avec transport, haïsse avec fureur. My heart must hate with fury! Je trouvais du plaisir à me perdre pour elle ; I did delight in losing everything for her; J’aurais bravé tous les Grecs réunis ! I would have braved all the Greeks as one! Oui, je veux vous obéir, Yes, I will obey you, Vous oublier, vous haïr. Forget you, hate you. [cd i : 23] Le fils, dans ma juste colère, In my legitimate rage, the son Je m’applaudis de ma victoire ; I congratulate myself on my victory; Me vengera des mépris de la mère. Will answer for his mother’s contempt. Que de devoirs j’allais sacrifier ! What duties I was about to sacrifice, Oui, je veux vous obéir, Yes, I will obey you, Un seul regard m’eut tout fait oublier... All forgotten by a single glance! Vous oublier, vous haïr. Forget you, hate you. Dès cet instant je jouis de ma gloire. But now I revel in my glory. Elle m’attend à ses genoux ; She still expects me to be at her feet; Andromaque Andromache Je la verrais aux miens d’un œil tranquille. Unperturbed I would see her fall at mine. Hélas ! il n’a pour sa défense Alas, he has nothing to defend him Je redeviens le fils d’Achille, Once more I am Achilles’ son, Que mes pleurs, que son innocence. Other than my tears and his innocence. Et je le sens à mon courroux ! And I feel it in my anger! Sa mort, en l’état où je suis, His death, in my present state, Je m’applaudis de ma victoire ; I congratulate myself on my victory; Abrègera la fin de mes ennuis. Will bring the end of my suffering near. Que de devoir j’allais sacrifier ! What duties I was about to sacrifice, Un seul regard m’eut tout fait oublier... All forgotten by a single glance! Pyrrhus Pyrrhus Dès à présent je jouis de ma gloire. But now I revel in my glory. Hé bien, il faut vous obéir, So I must obey, C’en est fait, oui, je l’abandonne ; Yes, it shall be thus: I renounce her; Il faut, il faut vous haïr. I must hate you. Mon plaisir est de la haïr... My pleasure is to hate her. Le fils dans ma juste colère, In my legitimate rage, the son Me vengera des mépris de la mère. Will answer for his mother’s contempt.

54 55 [cd i : 24] Oreste (à part) Orestes (aside) (à Phœnix) (to Phoenix) Quel tourment ! quelle douleur ! What torment! What suffering! Qu’on cherche Oreste, amenez Hermione, Send for Orestes. Bring Hermione to me, C’est ce cœur qui t’aima qu’aujourd’hui je lui donne... This heart that loved you, Andromache, Hermione Hermione De quels noms tu vas m’appeler ! Today I give to her. What names you will call me! Quel triomphe ! quel bonheur ! What triumph! What happiness! J’abandonne ton fils, ma vengeance est certaine. I shall give up your son, my revenge is certain. Au lieu de ton amour, je veux avoir ta haine... Instead of your love, I will have your hatred. Pyrrhus Pyrrhus Dieux ! que de larmes vont couler. Gods, what tears will be shed! J’abjure une flamme fatale ; I renounce a fateful passion; Je déteste votre rivale ; I detest your rival; Scène 6 Scene 6 Régnez à jamais sur mon cœur. Reign forever in my heart. Pyrrhus, Hermione, Oreste, Phœnix, Grecs de la suite d’Oreste et Pyrrhus, Hermione, Orestes, Phoenix, Greeks of the train of Orestes Grecques de la suite d’Hermione and Greek women, attendants of Hermione Hermione Hermione Je l’emporte sur ma rivale ; I have got the better of my rival! Pyrrhus [cd i : 25] Pyrrhus Dieux ! que cet aveu me flatte, Gods, how sweet this confession is to me: (à Hermione) (to Hermione) Je règne à jamais sur son cœur. I reign forever in his heart! Fille de Ménélas, Daughter of Menelaus, (à Oreste) (to Orestes) Oreste Orestes Oreste, Orestes, Quel tourment ! quelle douleur ! What torment! What suffering! Je reprends mes engagements. I re-assume my commitments. Il me déchire le cœur ! My heart is overcome with grief! J’abjure enfin un amour si funeste. At last I renounce so baneful a love. Hermione Hermione Hermione Hermione Dieux ! que cet aveu me flatte, Gods, how sweet this confession is to me! Ciel ! ô ! Ciel, quel bonheur ! Heaven, O Heaven, what happiness! Quel triomphe ! quel bonheur ! What triumph! What happiness! Il déteste ma rivale ; He detests my rival. Oreste (à part) Orestes (aside) Que cet aveu me flatte How sweet this confession is to me: Dieux cruels, quels tourments ! Cruel Gods, what torments! Je règne à jamais sur son cœur. I reign forever in his heart.

Pyrrhus (aux députés des rois de la Grèce) Pyrrhus (to the Greek delegates) Pyrrhus Pyrrhus Je ne condamne plus un courroux légitime ; I no longer condemn a legitimate wrath. J’oublie à jamais l’ingrate I banish forever from my heart On va vous livrer la victime. You shall have your victim. Qui vous enleva mon cœur. The ingrate who stole my love from you. Je déteste votre rivale ; I detest your rival. [cd i : 26] Régnez à jamais sur mon cœur. Reign forever in my heart. (à Hermione) (to Hermione) J’oublie à jamais l’ingrate I banish forever from my heart Oreste Orestes Qui vous enleva mon cœur. The ingrate who stole my love from you. Il me déchire le cœur ! My heart is overcome with grief!

56 57 Hermione [cd i : 27] Hermione Acte Deuxième Act Two Dieux ! que cet aveu me flatte, Gods, how sweet this confession is to me! Quel triomphe ! quel bonheur ! What triumph! What happiness! Le théâtre représente, dans le fond, la mer et les vaisseaux qui ont In the background is the sea, with the ships that brought the ambassa - Chantez, célébrez ma victoire, Sing in celebration of my victory! amené les ambassadeurs de la Grèce ; à droite et à gauche sont les faces dors from Greece; on the right and on the left, the façades of Pyrrhus’s Chantez, célébrez ce beau jour. Sing in celebration of this fair day! du palais de Pyrrhus, séparées de la mer par une balustrade de marbre, palace, separated from the sea by a marble balustrade, with a passage avec un passage au milieu. in the middle. Chœur Chorus Chantons, célébrons sa victoire ; Let us sing in celebration of her victory! Scène 1 Scene 1 Chantons, célébrons ce beau jour. Let us sing in celebration of this fair day! Oreste, Grecs de sa suite Orestes, with some of the Greeks Hermione , Pyrrhus et le Chœur Hermione, Pyrrhus and the Chorus Chœur [cd ii : 01] Chorus Pyrrhus s’arrache au plus funeste amour. Pyrrhus has renounced this most baneful love. Modérez ce transport jaloux, You must control this jealousy, Le fils d’Achille enfin est digne de sa gloire. At last the son of Achilles is worthy of his glory. Calmez cette fureur extrême. Calm this awful rage. Pyrrhus se lève. Hermione l’imite. Il lui offre la main. Tous deux Pyrrhus rises. Hermione does likewise. He offers her his hand. Oreste Orestes descendent de l’estrade et quittent solennellement la scène, suivis de Together they descend from the dais and, during the following March, Je perds pour jamais ce que j’aime, I have lost forever what I love, l’assistance, pendant la Marche qui suit. solemnly leave the stage, followed by all present. Rien ne peut calmer mon courroux. Nothing can calm my wrath. Il faut que je l’enlève, ou bien que je périsse, I must carry her off, or else I shall die. Marche [cd i : 28] March C’est traîner trop longtemps ma vie et mon supplice. My life and agony have dragged on far too long. Je veux, en l’arrachant de ces funestes lieux, In snatching her from this grim place, [Fin du Premier Acte] [End of the First Act] Lui faire partager mes maux, mon infortune. I will make her share in my woes, my misfortune. Mon innocence, enfin, me pèse et m’importune ; This innocence is beginning to weigh me down: Je veux justifier l’injustice des dieux. I will justify the injustice of the gods. Je veux que l’ingrate partage I want the ingrate to share Mon désespoir et ma fureur ; My despair and my fury; Je veux que ce cœur qui m’outrage, I want the heart that outrages me Connaisse à son tour la douleur. To know in turn what suffering is. C’est trop gémir tout seul, il faut que l’inhumaine Suffering alone is too much; she must Répande autant de pleurs qu’en ont versés mes yeux, Shed as many tears as my eyes have shed; Je veux justifier ses dédains et sa haine, I will justify her scorn and hatred, Je veux justifier l’injustice des dieux. I will justify the injustice of the gods. Mais je veux seul enlever Hermione, But I will abduct Hermione alone; Fuyez un malheureux que le destin poursuit, Leave this unhappy wretch, whom fate pursues, Laissez-moi des périls dont j’attends tout le fruit, Leave me to these dangers, for which I am prepared, Et reportez aux Grecs l’enfant qu’on m’abandonne. And take to the Greeks the child that is to be handed over to me.

58 59 Chœur Chorus Pyrrhus enfin me rend les armes, Pyrrhus at last has given in, Non, tes amis suivront tes pas, No, your friends will follow you; J’enchaîne à jamais mon vainqueur. He is my captive forever. Nous ne laisserons pas, We shall not leave Soupçons, cruelle jalousie, Suspicions, cruel jealousy, Notre ami, notre chef, le malheureux Oreste, Our friend, our leader, unfortunate Orestes, Fuyez à jamais loin de moi ; Begone forever, far away from me, Affronter lui seul le trépas. To face death alone. Ne troublez plus le repos de ma vie : Trouble no more my life’s repose: (Ils s’approchent d’Oreste.) (They approach Orestes.) Mon amant m’a rendu sa foi ! My lover has pledged his word! Pyrrhus enfin me rend les armes, Pyrrhus at last has given in, Oreste Orestes J’enchaîne à jamais mon vainqueur. He is my captive forever. Amis, ne suivez point mes pas. Friends, do not follow me. Laissez le malheureux Oreste, Leave unfortunate Orestes, [cd ii : 03] Laissez, un amour funeste Leave me, for a fatal love Bientôt la pompe nuptiale Soon the wedding ceremony will take me M’entraîne au trépas. Bears me to my death. Va me conduire au temple, aux pieds des immortels. To the temple, at the feet of the immortal gods. Bientôt, Pyrrhus, sur leurs autels, Soon, Pyrrhus, upon their altars Chœur Chorus Va me sacrifier une flamme fatale Will sacrifice a fatal passion, in joining with me Au milieu de la nuit ravissons l’infidèle. In the middle of the night let us carry her off. En s’unissant à moi par des nœuds éternels. In the everlasting bonds of marriage. Armons nos Grecs, affrontons le trépas. Let us arm our Greeks, and face death. (Andromaque paraît.) (Andromache appears.) Nos vaisseaux sont tous prêts, et le vent nous appelle. All our ships are ready, and the winds are calling. Mais, dans ces lieux, que vois-je ? ma rivale ! fuyons ! But what do I see here? My rival! I must go! (Les femmes de sa suite la retiennent.) (Her attendants prevent her from leaving.) Un Grec A Greek Dissimulez, elle vient en ces lieux. Dissemble, for she is coming now. Scène 3 Scene 3 Les mêmes, Andromaque et sa suite The same, Andromache and her attendants Chœur Chorus Fuyez et dérobez tant de trouble à ses yeux. Begone, and hide such agitation from her eyes. Chœur [cd ii : 04] Chorus (Femmes de la suite d’Hermione, qui la retiennent) (Hermione’s attendants, preventing her from leaving) Oreste (en s’en allant) Orestes (leaving) Ne fuyez point un spectacle si doux ! Do not shun so sweet a sight! Fuyons et dérobons tant de trouble à ses yeux. Let us begone, and hide such agitation from her eyes. (Femmes troyennes, soutenant Andromaque) (Trojan women, supporting Andromache) C’est la veuve d’Hector, pleurante à vos genoux ! Hector’s widow, weeping at your feet! Scène 2 Scene 2 Hermione et femmes de sa suite Hermione, with some of her attendants Andromaque Andromache Ayez pitié de mes cruelles peines ; Have pity on my cruel suffering; Hermione [cd ii : 02] Hermione Sauvez mon fils ; vous saurez quelque jour, Save my son; one day you will know Régnez à jamais dans mon âme, Reign forever in my soul, Vous saurez, pour un fils, jusqu’où va notre amour. How far for a son a mother’s love will go. Amour, amour, comblez mes vœux ; Love, love, gratify my wishes to the full; J’obtiens le héros qui m’enflamme, The hero who fills me with passion is mine, Hermione Hermione Je l’arrache à d’indignes nœuds. I have snatched him from unworthy ties. Vos plaintes aigrissent ma haine ; Your laments embitter my hatred. Non, non, la crainte et les alarmes No, no, fear and dismay Ne pourront plus flétrir mon cœur. Can no longer sear my heart.

60 61 Andromaque Andromache Et mon amour et ma tendresse. My love and my tenderness. De Pyrrhus calmez le courroux ! Calm Pyrrhus’s anger! Sèche tes pleurs, chéris sans cesse Dry your tears, never cease to cherish (Elle se jette aux genoux d’Hermione.) (She throws herself at Hermione’s feet.) Ce fils, le gage de ma foi, This son, token of my faith, Si je meurs, qu’il retrouve en toi If I should die, he must find in you Hermione (ironiquement) Hermione (ironically) Et mon amour et ma tendresse ». My love and my tenderness.” Qui peut mieux le fléchir que vous ? Who can move him better than you? (Hermione sort ; les femmes d’Andromaque la relèvent.) (She leaves. Andromache’s attendants help her to her feet.) [cd ii : 07] Et sa mère pourrait supporter son trépas ? And his mother could bear his death? Scène 4 Scene 4 Non, non ! je le suivrai dans la nuit éternelle ! No! I shall follow him into the never-ending night! Andromaque ; ses femmes Andromache, her attendants Tendre mère, épouse fidèle, As a tender mother, a faithful wife, Ah ! mon fils, au tombeau je vais suivre tes pas. Ah, my son, to the grave I will follow your steps. Andromaque Andromache Rien ne peut fléchir l’inhumaine, Nothing can move unfeeling Hermione, Scène 5 Scene 5 Mes soupirs et mes pleurs irritent son courroux. My sighs and tears arouse her anger. Matelots grecs, sur le port, montant dans les vaisseaux ; Andromaque, Greek sailors, in the port, boarding the ships; Andromache; Trojans, Troyens et Troyennes à l’avant-scène men and women, at the front of the stage. Chœur de Femmes Chorus of Andromache’s Attendants Rien ne peut fléchir l’inhumaine ; Nothing can move unfeeling Hermione; Chœur des Matelots [cd ii : 08] Chorus of Sailors Elle peut sans pitié vous voir à ses genoux. Without pity, she can see you at her feet. Hâtons-nous et quittons ce rivage. Let us hasten away from this shore. Pyrrhus va bientôt sur ce bord Soon Pyrrhus on this strand will Andromaque [cd ii : 05] Andromache Livrer aux Grecs le fils d’Hector. Deliver the son of Hector to the Greeks. Elle fuit, la cruelle, et se rit de mes larmes... The cruel woman flees, and mocks my tears. Qui sauvera mon fils du courroux du vainqueur ? Who will save my son from Pyrrhus’s wrath? Femmes d’Andromaque Andromache’s Attendants De son vainqueur calmez la violence ! Calm Pyrrhus’s violence! Chœur Chorus Pyrrhus ! pour prix de votre cœur, Pyrrhus, in exchange for your heart, Andromaque Andromache Peut vous rendre ce fils et calmer vos alarmes. Can give you back your son and allay your fears. Ah ! j’ai perdu toute espérance ! Ah, I have lost all hope!

Andromaque Andromache Femmes d’Andromaque Andromache’s Attendants Pyrrhus, de mon Hector serait le successeur ? Non, non ! Pyrrhus would succeed my beloved Hector? No, no! Il peut encor vous rendre votre fils. He may still give you back your son. Hélas ! le jour que son courage Alas, the day his courage Lui fit affronter le trépas, Caused him to brave death, Chœur des matelots Chorus of Sailors Il prit son fils, le serra dans les bras. He took his son and held him in his arms. De la paix sa mort sera le gage, His death will be the token of Peace, Hâtons-nous et quittons ce rivage. Let us hasten away from this shore. [cd ii : 06] Pyrrhus va bientôt sur ce bord Soon Pyrrhus on this strand will « Chère épouse », dit-il, « je te laisse ce gage “My dear wife,” he said, “I leave my son Livrer aux Grecs le fils d’Hector. Deliver the son of Hector to the Greeks. De mon amour et de ma foi, To you as pledge of my true love; Si je meurs, qu’il retrouve en toi If I should die, he must find in you

62 63 Andromaque Andromache Andromaque et sa suite Andromache and her attendants Ah ! mon fils ! Mon cher fils ! Ah, my son, my dear son! Ah ! qu’a-t-il fait ? Ah, but what has he done? Tu vas m’être ravi ! You are going to be taken from me! Pyrrhus et sa suite Pyrrhus and his attendants Scène 6 Scene 6 Le fils d’Hector ? Hector’s son? Les mêmes ; Pyrrhus et Phœnix, précédés de quelques gardes, sont The same; Pyrrhus and Phoenix, preceded by a few guards, have ente - entrés précipitamment pendant la fin du chœur. red in a hurry during the last part of the chorus. Andromaque et sa suite Andromache and her attendants Quel est son crime ? What is his crime? Pyrrhus [cd ii : 09] Pyrrhus Voyez le malheur qui l’opprime, See the misfortune that afflicts him, Phœnix, il faut aux Grecs livrer le fils d’Hector. Phoenix, Hector’s son must be delivered to the Greeks. Prenez pitié de son sort. Have pity on his fate. (Phœnix sort.) (Phoenix leaves.) Pyrrhus Pyrrhus Andromaque Andromache Non, point de pitié de son sort. No, there will be no pity for his fate. Arrêtez ! Ah Seigneur, eh, que voulez-vous faire ? Stay! Ah, my lord, what is your intention? Arrêtez, livrez donc sa mère ! Stay! Deliver his mother instead! Chœur des Grecs Chorus of the Greeks Puis-je survivre à son trépas ? Can I survive his death? Nous attendons notre victime, We await our victim, (Pyrrhus fait un geste de refus.) (Pyrrhus signals his refusal.) En vain vous déplorez son sort, In vain you deplore his fate, Hé quoi ! vous ne m’écoutez pas ? Oh, what, are you not listening to me? Nous attendons notre victime We await our victim, Sans espoir de pardon, suis-je donc condamnée ? With no hope of forgiveness, am I thus condemned? Et la Grèce a juré sa mort, And Greece has sworn that he shall die, Oui, la Grèce a juré sa mort. Yes, Greece has sworn that he shall die! Pyrrhus Pyrrhus Rien ne peut arracher votre fils au trépas, Nothing can save your son from death, Scène 7 Scene 7 Et ma parole en est donnée. And I have given my word. Les mêmes ; Astyanax entre, conduit par Phoenix précédé et suivi de The same; Astyanax enters, led by Phoenix; they are preceded and gardes. Andromaque veut courir près de son fils, les gardes l’en followed by guards. Andromache runs towards her son, but the guards Andromaque Andromache empêchent. prevent her from reaching him. Sans espoir de pardon, je suis donc condamnée ! With no hope of forgiveness, I am thus condemned! Eh quoi ! vous ne m’écoutez pas ! Oh, what, you are not listening to me! (Les matelots grecs se retirent dans leurs vaisseaux.) (The Greek sailors retire to their ships.)

Femmes d’Andromaque Andromache’s attendants Andromaque [cd ii : 11] Andromache Ô malheureux enfant ! ô mère infortunée ! Oh, unfortunate child! Unfortunate mother! Laissez-moi baigner de mes larmes Let me bathe in my tears Ce fils, tendre image d’Hector, This son, tender image of Hector, Andromaque [cd ii : 10] Andromache Ah ! laissez-moi presser encor, Ah, let me hold once more, Hélas ! vous pouvez, sans pitié, Alas, are you capable, without mercy, Contre ce sein rempli d’alarmes, To this fearful breast, Livrer cet enfant misérable ? Of handing over that poor child? Ce fils, hélas, si plein de charmes, This son, alas, so full of charms, Ce fils, tendre image d’Hector. This son, tender image of Hector. Pyrrhus Pyrrhus (Pyrrhus fait signe à Phœnix de laisser aller Astyanax, qui court dans (Pyrrhus signals to Phoenix to let Astyanax go; he runs into his Oui, je veux être inexorable ! Yes, I shall be inexorable! les bras de sa mère ; Andromaque embrasse son fils.) mother’s arms; Andromache embraces her son.)

64 65 Quoi, mon fils, mon cher fils, quoi, tu perdrais la vie ? What, my dear son, you would lose your life? Andromaque Andromache Ah ! plutôt mille fois qu’elle me soit ravie ! Ah, rather a thousand times that mine were taken! (en sortant, accompagnée de son fils et des Troyennes) (leaving, accompanied by her son and the Trojan women) (Pyrrhus fait signe à Phœnix d’ôter Astyanax des bras d’Andromaque ; (Pyrrhus signals to Phoenix to take Astyanax from Andromache’s Allons sur son tombeau consulter mon époux. Let us take counsel at my husband’s tomb. celle-ci le retient.) arms; she holds on to him.) Scène 8 Scene 8 Ah ! laissez-moi presser encor Ah, let me hold once more, Jeunes Grecques et Grecs célébrant le mariage d’Hermione. Ils Young Greeks, men and women, celebrating Hermione’s wedding. They Contre ce sein rempli d’alarmes, To this fearful breast, apportent des flambeaux d’hyménée. bear the nuptial torches. Ce fils, hélas ! si plein de charmes... My son, alas, so full of charms… (Elle tombe évanouie dans les bras de ses femmes.) (She faints in the arms of her attendants.) Chœur [cd ii : 15] Chorus C’est pour l’hymen d’une immortelle For the wedding of an immortal goddess Pyrrhus [cd ii : 12] Pyrrhus Que l’on t’invoque, tendre Amour, We call upon you, tender Cupid, Je ne puis résister à ses larmes ; I cannot resist her tears; Ta mère ne fut pas plus belle. Whose mother, Venus, was not fairer. La pitié pénètre en mon cœur. Pity finds its way into my heart. Chantons, célébrons ce beau jour ! Let us sing in celebration of this fine day! Je puis encor dissiper vos alarmes, I can yet cause your fears to vanish, Amène avec toi les désirs, Bring with you the Desires, Vous pouvez d’un seul mot désarmer un vainqueur. You may with just a word disarm me. Viens, Amour, descends, suis ses traces, Come, Cupid, descend, follow in her footsteps; Tu peux laisser aux Cieux les Grâces, You may leave the Graces in the Heavens, [cd ii : 13] Fais-toi suivre des seuls Plaisirs. Have only the Pleasures follow you. À votre fils, je servirai de père, I shall be a father to your son, C’est pour l’hymen d’une immortelle For the wedding of an immortal goddess Je l’aimerai comme l’aime sa mère, I shall love him as his mother loves him, Que l’on t’invoque, tendre Amour, We call upon you, tender Cupid, Comme elle je vais le chérir, Like her I will cherish him, Ta mère ne fut pas plus belle ; Whose mother, Venus, was not fairer. Pour lui d’Hector, oui ! j’aurai la tendresse, For him, yes, I shall have the tenderness of Hector, Chantons, célébrons ce beau jour ! Let us sing in celebration of this fine day! Mes soins touchants guideront sa jeunesse, My touching care will guide his youth. Cessez, cessez de me haïr. Cease, oh cease to hate me. Gavotte [cd ii : 16] Gavotte

Andromaque Andromache Scène 9 Scene 9 Ô mon époux ! Ô mon fils ! O my husband! O my son! Les précédents, Hermione, et sa suite The same; Hermione, and her attendants Ô mon fils, que tes jours coûtent chers à ta mère ! O my son! How costly are your days to me! Faut-il cesser de vous haïr ? (to Pyrrhus ) Must I cease to hate you? Hermione , arrivant [cd ii : 17] Hermione , arriving C’en est fait ! Le parjure ! It is over! He has violated his oath! Pyrrhus [cd ii : 14] Pyrrhus Il me fuit, m’abandonne, He shuns me, abandons me, Ciel c’en est fait ! À l’autel Pyrrhus va vous attendre ; Heaven, ’tis done! At the altar Pyrrhus will await you; Ma rivale triomphe, et Pyrrhus la couronne ! My rival triumphs, and Pyrrhus crowns her! Les nœuds les plus sacrés et l’amour le plus tendre The most sacred bonds and the tenderest of love Éloignez ces flambeaux, ils me sont odieux. Take these torches away; they are odious to me. Vont sauver votre fils en m’unissant à vous. Will save your son in joining me to you in marriage. (Le ballet et le chœur nuptiaux se retirent.) (The ballet and chorus for the wedding withdraw.) Mais quels accents, quels chants se font entendre ? But what are these strains, this sound of singing? Je vais presser un moment aussi doux. I shall hasten so sweet a moment. [cd ii : 18] Va lui jurer la foi que tu m’avais jurée, Go and swear to her, as you swore to me. Vole aux autels, fuis de ces lieux, Hasten to the altar, flee from this place,

66 67 Mais crains une amante outragée, But fear a lover who has been abused, Hermione [cd ii : 21] Hermione Crains les Grecs, mon amour, et ma haine, et les dieux. Fear the Greeks, my love, my hatred, and the gods! Vengez-moi ; je crois tout... I believe it all! Avenge me! (du côté où Pyrrhus est sorti) (on the side of the stage where Pyrrhus went out) Perfide ! Traitor! Oreste Orestes (Elle revient vers la scène.) (She moves back towards the centre of the stage.) De qui ? On whom? Crains une amante outragée, Fear a lover who has been abused, Crains les Grecs, mon amour, et ma haine, et les dieux. Fear the Greeks, my love, my hatred, and the gods! Hermione Hermione D’un infidèle, On one who is faithless! Chœur [cd ii : 19] Chorus C’est Pyrrhus qu’il faut immoler. Pyrrhus must be sacrificed. Quoi ! préférer à la fille d’un roi What! To a king’s daughter he prefers La captive qui le déteste ! The prisoner who hates him! Oreste Orestes Au même instant, donner, ravir sa foi ! At the same moment he gives and violates his oath! Pyrrhus ? Pyrrhus?

Hermione Hermione Hermione Hermione Allez, faites venir Oreste. Go, summon Orestes. Ton courage chancelle ? Your courage is wavering? (Une femme sort.) (One of the women goes out.) Vole ; dans un instant, je puis te rappeler. Go! In an instant, I may call you back.

Chœur Chorus Oreste Orestes Arracher le bandeau qu’il a mis sur son front, To snatch the diadem he placed upon her brow, Vengeons la Grèce outragée et quittons ce séjour odieux ; Let us avenge Greece, which has been abused, Être à la fois ingrat, traître et parjure, To be ungrateful, treacherous and perjurous, and leave this hateful place. À la fille des rois faire un pareil affront ! To insult the daughter of kings in this way! Oreste et tous les Grecs vengeront cette injure. Orestes and all the Greeks will avenge this wrong. Hermione Hermione Venge une amante outragée ! Avenge a lover who has been abused! Scène 10 Scene 10 Les mêmes, Oreste, Grecs de sa suite The same; Orestes, Greeks of his retinue Oreste Orestes Suivez-moi, vous serez vengée, Follow me, thus you shall be avenged. Oreste [cd ii : 20] Orestes Croirai-je que vos yeux sont enfin désarmés ? Can I believe that you are disarmed at last? Hermione Hermione Avez-vous, en effet, souhaité ma présence ? Do you, indeed, now wish my presence? Immole Pyrrhus dans ces lieux. Kill Pyrrhus here. Venge une amante outragée ! Avenge a lover who has been abused! Hermione Hermione Ce crime n’a rien d’odieux. There is nothing odious in that crime. Je veux savoir si vous m’aimez. I want to know if you love me. Oreste Orestes Oreste Orestes Non, loin de moi ce crime affreux. No, far be it from me to commit this terrible crime. Si je vous aime ? Ah ! dieux, mes serments, ma constance, If I love you? Ah, Gods, my pledges, my constancy, Que la Grèce entière l’attaque ; Let the whole of Greece attack him; Mon désespoir, mes yeux, de pleurs toujours noyés, My despair, my eyes, forever weeping tears, Vengeons-nous, mais avec éclat, Let us avenge ourselves, but brilliantly, Quels témoins croirez-vous, si vous ne les croyez ? What evidence will you believe, if not all this? Sans m’avilir par un assassinat ! Without my debasing myself with a murder!

68 69 Hermione Hermione Acte Troisième Act Three Mais, à l’instant, il épouse Andromaque ! But, at this moment, he weds Andromache! Immole Pyrrhus, ce crime n’a rien d’odieux. Kill Pyrrhus, there is nothing odious in that crime. Le théâtre représente un site triste, planté de cyprès et autres arbres The stage represents a sad spot, with cypresses and other trees associa - funèbres, semés çà et là sans ordre et sans symétrie ; sur l’avant-scène ted with death planted here and there without any order or Oreste Orestes sont un socle de marbre noir et une urne sépulcrale où reposent les symmetry; at the front of the stage is a black marble plinth on which Armons la Grèce, No, let us arm the Greeks, cendres d’Hector. stands the funeral urn containing Hector’s ashes. Non, loin de moi ce crime affreux. Far be it from me to commit this terrible crime. Scène 1 Scene 1 Hermione [cd ii : 22] Hermione Andromaque, Troyens et Troyennes Andromache, Trojan men and women Lâche ! n’espère plus obtenir ma conquête ! Coward! Hope no longer that I will be yours! Va, de mon ennemi je saurai m’approcher ; Go, I shall approach my enemy; Andromaque arrive avec sa suite, à laquelle elle fait signe de ne point Andromache arrives with her attendants and signals to them not to Je vais au temple, où leur hymen s’apprête, I go to the temple, where they are about to be wed, avancer. Le chœur se disperse çà et là dans le fond de la scène. come forward. The chorus disperses to the back of the stage. Percer ce cœur que je n’ai pu toucher. To stab the heart that I could never touch! Andromaque seule s’approche du tombeau d’Hector. Andromache, alone, approaches Hector’s tomb. Oreste , retenant Hermione [cd ii : 23] Orestes , preventing Hermione from leaving Andromaque [cd ii : 25] Andromache Il ne mourra que de la main d’Oreste, He shall die by my hand alone. Ombre chérie, ombre sacrée, Beloved shade, sacred shade, Vos ennemis vont vous être immolés ; Your enemies will be killed; Vois ton épouse éplorée Behold your wife in tears, Ma main va vous ravir un plaisir si funeste, My hand will relieve you of that deathly joy, Qui va cesser d’être à toi ; Who soon will no longer be yours. Et vous reconnaîtrez mes soins si vous voulez. And then you may recognise my service, if you wish. Le salut de ton fils m’en impose la loi. Thus it must be, to save your son. Oreste [cd ii : 24] Orestes Chœur Chorus Jurez de venger son injure, Swear to avenge the wrong he has done! Andromaque se sacrifie, Andromache sacrifices herself, Elle marche aux autels She goes to the altar Chœur Chorus Former des nœuds éternels, To form everlasting ties, Jurons de venger son injure, Let us swear before the immortal gods Et consacre à Pyrrhus le reste de sa vie. To Pyrrhus she pledges her life until she dies. À la face des immortels, To avenge the wrong he has done!, Versons tout le sang du parjure, Let us shed all the traitor’s blood, Andromaque Andromache Immolons la victime aux pieds de leurs autels. Kill the victim at the altar. Le salut de ton fils dût m’en faire la loi. Thus it must be, to save your son. Mais, à l’instant, ma main parjure, But, at once, the hand that has betrayed Hermione et Oreste Hermione and Orestes Dans mon sang lavera l’injure Will take revenge, by spilling my blood, Jurez à la face des immortels, Swear before the immortal gods, Que je fais à ta foi. For the injury I do to your faith. Versez tout le sang du parjure, Shed all the traitor’s blood, Égorgez la victime aux pieds de leurs autels. Cut the victim’s throat at the foot of the altar. [cd ii : 26] (Le chœur entoure Hermione et Oreste, en prêtant serment entre leurs (The chorus surrounds Hermione and Orestes, taking the oath of Reçois, chère ombre que j’adore, Dear shade [of Hector], whom I adore, mains.) revenge.) Les derniers soupirs de mon cœur, Receive my heart’s last sighs, C’est pour toi qu’il soupire encore, This heart still longs for you, [Fin du Deuxième Acte] [End of the Second Act]

70 71 Objet sacré de mon ardeur. Sacred object of my love. Andromaque Andromache Bientôt ton épouse fidèle, Soon your faithful wife, Et mon fils ? And my son? Fidèle en te manquant de foi, Faithful though breaking faith with you, Pour se réunir avec toi Will descend, to be with you, Phœnix Phœnix Descend dans la nuit éternelle. Into the everlasting night. Son salut est commis à mon zèle ; His safety is entrusted to my zeal; Reçois, chère ombre que j’adore, Dear shade [of Hector] whom I adore, Près d’ici, dans le fort, cette garde fidèle In the nearby fort, this faithful guard Les derniers soupirs de mon cœur. Receive my heart’s last sighs. Saura le garantir d’un complot criminel. Will keep him safe from a criminal plot. Ô mon fils ! Ô cruel effort ! ... O my son! O cruel deed! … (aux Troyens) (to the Trojans) Andromaque (à Phœnix ; tendant les bras vers le tombeau) Andromache (to Phoenix; stretching out her arms towards Hector’s Parlez-lui tous les jours des vertus de son père, Tell him each day of his father’s virtues, Je vous suis. C’en est fait ! tomb) Parlez-lui quelquefois de l’amour de sa mère, Tell him sometimes of his mother’s love, (Elle sort avec Phœnix ; le peuple la suit en chantant.) I follow you. It will be so! Parlez-lui quelquefois de son funeste sort. Tell him sometimes of his sorry fate. (She leaves with Phoenix; the people follow her, singing.) (au tombeau) (turning to the tomb again) Pour toi ce cœur soupire encore, This heart still longs for you, Chœur Chorus Objet sacré de mon ardeur. Sacred object of my love. Vivez pour votre fils et faites son bonheur, For your son’s sake, live to make him happy, Vivez pour adoucir et nos maux et nos peines. Live to make our woes and sorrows sweeter. Chœur [cd ii : 27] Chorus Vivez pour votre fils et faites son bonheur, For your son’s sake, live to make him happy, Scène 3 Scene 3 (aux pieds d’Andromaque) (at Andromache’s feet) Hermione seule, entrant par l’avant-scène Hermione alone, entering from the front of the stage Vivez pour adoucir et nos maux et nos peines. Live to make our woes and sorrows sweeter. Hermione [cd ii : 29] Hermione Andromaque Andromache Quel spectacle cruel ! What a cruel sight! Non, non, je vais rejoindre Hector et mes aïeux. No, I shall go to join Hector and my forebears. Tu n’échapperas pas, perfide, à ma vengeance ; Traitor, you shall not escape my revenge! (relevant Céphise) (She bids Cephisa to rise.) Ma haine croît par ta présence ; Your presence increases my hatred; Céphise, c’est à toi de me fermer les yeux. Cephisa, you will have to close my eyes. C’est sur ton corps sanglant que Pyrrhus doit périr. Pyrrhus must die upon your bloody corpse. Pyrrhus ! ... quoi, Pyrrhus va mourir ? ... Pyrrhus… What, Pyrrhus is to die? Chœur Chorus Étouffons dans mon cœur une pitié funeste ; Let me stifle in my heart this fatal pity; Des Troyens malheureux cet hymen rompt les chaînes, By this marriage the unhappy Trojans are unchained, Non, ne révoquons pas l’arrêt de mon courroux ; No, I shall not revoke the aim of my rage; De ce peuple et d’un fils il finit le malheur, The misery of this people and of your son is ended. Laissons, laissons agir Oreste, Let Orestes take action. Vivez pour adoucir et nos maux et nos peines. Live to make our woes and sorrows sweeter. Qu’il meure... il ne vit plus pour nous. Let him now die. He is not alive to me. Et c’est moi ! c’est moi qui l’ordonne ; And it was I who commanded it, Scène 2 Scene 2 Sa mort sera l’effet de l’amour d’Hermione ; His death will be the result of Hermione’s love; Les mêmes, Phœnix, à la tête de la garde The same; Phoenix, at the head of the guard Ma haine aux pieds des dieux va le sacrifier ! ... My hatred will sacrifice him at the feet of the gods! Ah ! je le vois, traîné sur la poussière ; Ah, I see him dragged in the dust; Phœnix (à Andromaque) [cd ii : 28] Phœnix (to Andromache) Je vois percer son sein d’un homicide acier, I see his breast pierced by a homicidal sword, Pyrrhus vous attend à l’autel. Pyrrhus awaits you at the altar. Son sang coule... il rougit votre main meurtrière... His blood flows, it reddens your murderous hand, Vous redoublez vos coups... barbares ! je le suis... Cruelly, you strike and strike again! I follow him,

72 73 J’entends ses lamentables cris.... I hear his lamentables cries… Une princesse infortunée An unhappy princess Va l’enchaîner sous ses aimables lois. Is about to take him under her pleasant rule. (Toute la pompe nuptiale traverse le fond du théâtre. Oreste, à la tête (The wedding procession moves across the back of the stage. Orestes, des Grecs, est suivi des Épirotes et Troyens, chantant et dansant, leading the Greeks, is followed by the Epirots and Trojans, singing (De jeunes Épirotes viennent en dansant, parer la statue de l’Hymen (Young Epirots, dancing, decorate the statue of Hymen with garlands portant des guirlandes de fleurs. Phœnix conduit Astyanax ; Pyrrhus and dancing, and bearing garlands of flowers. Phoenix leads de guirlandes et de fleurs.) and flowers.) donne la main à Andromaque, que soutiennent ses Troyennes.) Astyanax; Pyrrhus gives his hand to Andromache, who is supported by the Trojan women.) Gavotte [cd ii : 32] Gavotte

Chœur Chorus Menuet [cd ii : 33] Minuet Chantons, célébrons l’hyménée Let us sing in celebration of the wedding De Pyrrhus, le plus grand des rois, Of Pyrrhus, the greatest of kings; Reprise de la Gavotte [cd ii : 34] Repeat of the Gavotte Une princesse infortunée An unhappy princess Va l’enchaîner sous ses aimables lois. Is about to take him under her pleasant rule. Marche [cd ii : 35] March (pendant laquelle Oreste entre, à la tête de ses Grecs, et va se placer (during this March, Orestes enters, leading the Greeks, who go and Hermione Hermione aux deux côtés de l’avant-scène.) stand at the front of the stage, on either side.) Qu’entends-je ! ... Dieux ! quel chant funeste ! What do I hear! Gods, what an ill-boding song! Ils marchent à l’autel... moi, je cours m’y venger ; They are nearing the altar… I hasten to be avenged; (Des prêtres apportent les vases destinés aux sacrifices, le feu sacré (Priests enter bearing the sacrificial vases, the sacred fire, which they Mon amour me suffit sans le secours d’Oreste. My love is enough, without Orestes’ help. qu’ils déposent sur l’autel et le bandeau royal destiné à Andromaque.) place on the altar, and the royal diadem for Andromache.)

[cd ii : 30] Chœur [cd ii : 36] Chorus Bravons la crainte et le danger, I shall brave fear and danger, Dieu d’Hymen, que sous ton empire God Hymen, under your rule Tout me sera Pyrrhus, fût-ce Oreste lui-même ; Everyone, even Orestes, will be Pyrrhus to me; Ces époux soient toujours heureux ; May this bride and groom be forever happy, Je ne choisirai point dans ce désordre extrême ; In a frenzied rage, I shall strike out blindly; Réunis à jamais Ilion et l’Épire, Troy and Epirus united forever, Dans leur sang odieux mon bras va se plonger. In their hateful blood my arm will plunge. Que rien ne brise ces beaux nœuds. May nothing spoil this fine union. (Elle sort ; le théâtre change.) (She leaves; the scene changes.) (Pendant ce chœur, Andromaque, vêtue négligemment de la robe (During the chorus, Andromache, negligently dressed in a wedding Scène 4 Scene 4 nuptiale et soutenue par ses femmes troyennes, vient se mettre à genoux gown and supported by her Trojan attendants, comes to kneel at the Le théâtre représente le temple de l’Hymen, dont la statue est dans le The stage represents the temple where the wedding is about to take au pied de l’autel ; elle est encore dans la plus profonde douleur. foot of the altar; she is still in a state of profound grief. Pyrrhus fond. place, with the statue of Hymen, the god of marriage, at the back. Pyrrhus la suit, conduisant Astyanax ; ils se placent de l’autre côté de follows her, leading Astyanax; they stand on the other side of the altar. l’autel. Pyrrhus prend le bandeau royal et en ceint la tête Pyrrhus takes up the royal diadem and places it on Andromache’s (Le peuple entre en dansant et en chantant, puis Andromaque, (The people enter dancing and singing, followed by Andromache and d’Andromaque.) head.) Pyrrhus et leur suite, enfin, pendant la cérémonie nuptiale, Oreste et Pyrrhus with their attendants; later, during the wedding ceremony, ses Grecs.) Orestes enters with the Greeks.) Chœur Chorus Dieux justes, protégez une flamme si belle ! Just Gods, protect so fair a flame! Chœur [cd ii : 31] Chorus Chantons, célébrons l’hyménée Let us sing in celebration of the wedding (Des trompettes, placées dans les balcons latéraux, semblent annoncer (Trumpeters, on the side balconies, announce the ceremony.) De Pyrrhus, le plus grand des rois, Of Pyrrhus, the greatest of kings, la cérémonie.)

74 75 Pyrrhus Pyrrhus Scène 6 Scene 6 (joignant sa main à celle d’Andromaque, sur l’autel) [cd ii : 37] (joining hands with Andromache, across the altar) Hermione, Oreste entrant, les armes à la main Hermione; Orestes entering, armed Andromaque, régnez sur mon peuple et sur moi ; Andromache, reign over my people and over me; Sur ces autels sacrés je vous donne ma foi ; Upon this sacred altar I pledge my troth; Oreste (à Hermione) [cd ii : 40] Orestes (to Hermione) Je vous jure à leurs pieds une ardeur éternelle. I swear to you everlasting love. Princesse, c’en est fait ! votre haine est servie ; Princess, it is done! Your hatred has been served; Vos ennemis seront les miens ; Your enemies shall be mine; Pyrrhus rend dans ces lieux son infidèle vie... Pyrrhus gives up his faithless life... À votre fils je servirai de père, I will be a father to your son, (Hermione frémit.) (Hermione shudders.) J’en atteste les dieux, je le jure à sa mère ; Before the gods, I swear this to you, his mother; Et je le reconnais pour le roi des Troyens. And I recognise him as the Trojans’ king. Hermione Hermione Il est mort ! He is dead! Oreste (mettant les armes à la main) Orestes (taking up arms) Pour le roi des Troyens ? Grecs, vengeons cet outrage ! The Trojans’ king! Greeks, let us avenge this insult! Oreste Orestes Nos Grecs irrités Our Greeks were frenzied, Combat [cd ii : 38] Fight Ont lavé dans son sang ses infidélités. They have washed out his infidelity with his blood. (Oreste, à la tête des Grecs, attaque Pyrrhus, que le peuple effrayé (Orestes, leading the Greeks, attacks Pyrrhus, who is swept out of the entraîne hors du temple.) temple by the terrified crowd.) Hermione Hermione Qu’ont-ils fait ! They have done what? Scène 5 Scene 5 Hermione, entrant par l’avant-scène Hermione, entering from the front of the stage Oreste Orestes Pardonnez à leur impatience ; Forgive their hastiness; Hermione [cd ii : 39] Hermione Vous vouliez que ma main portât les premiers coups, You wanted me to strike the first blows, Quels cris me remplissent d’effroi ? ... What are these cries, which fill me with dread? Qu’il sentit, en mourant, qu’il expirait pour vous ; So he would know he was dying because of you. Ils portent dans mon cœur l’horreur et l’épouvante ! They bring terror and horror to my heart! Ils ont trahi votre vengeance. They have betrayed your vengeance. Je viens pour me venger, et mon âme tremblante I come for revenge, and my trembling soul Frémit... Fears… Hermione Hermione Va, je la désavoue et tu me fais horreur ! Go, I disown it. You sicken me! Chœur Chorus Barbare ! Qu’as-tu fait ? avec quelle furie You barbarian! What have you done? Dieux ! Gods! As-tu tranché le cours d’une si belle vie ? What fury made you cut short so glorious a life? (Pyrrhus est censé recevoir le coup mortel.) (Pyrrhus receives the fatal blow.) Monstre affreux ! par quelle fureur Terrible monster! What fury De son sort t’es-tu fait l’arbitre ? Empowered you to choose his fate? Hermione Hermione Pourquoi l’assassiner ? ... qu’a-t-il fait ? ... À quel titre ? Why murder him? What had he done? What right? ... frémit pour un ingrat qui m’a ravi sa foi. … fears for an ingrate who failed to keep his word. Qui te l’a dit ? Who bade you do so?

Oreste Orestes Quoi ! ne m’avez-vous pas, What! Did not you yourself Vous-même, ordonné son trépas ? Order me to kill him?

76 77 Hermione Hermione Scène 8 et dernière Final scene, Scene 8 Ah ! fallait-il en croire une amante insensée ? Ah, did you have to believe a raving lover? Oreste, Grecs de sa suite, armés et suivis d’une troupe de soldats Orestes, Greeks of his retinue, armed and followed by a troop of sol - Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée, Could you not perceive my inmost thoughts? diers.

[cd ii : 41] Chœur (entrant par un côté du temple) [cd ii : 43] Chorus (entering from one side of the temple) Barbare, ne voyais-tu pas Barbarian, could you not see Ô fureur ! O fury! Que j’adorais Pyrrhus en pressant son trépas ? That I adored Pyrrhus, though I urged his death? Chœur (entrant par un autre côté) Chorus (entering from the other side) Oreste Orestes Ô funeste sort ! O terrible fate! Mais... But… Chœur (en entrant) Chorus (entering) Hermione Hermione Hermione... Hermione... Fuis, cruel, je reste en Épire, Go now, cruel one! I shall remain in Epirus. Je renonce à la Grèce, à Sparte, à son empire, I renounce Greece and Sparta and its rule Oreste Orestes À toute ma famille, et c’est assez pour moi, And all my family; it is enough for me, traitor, Hermione ? Hermione? Traître, qu’elle ait produit un monstre tel que toi. That it produced a monster such as you! (Elle sort.) (She leaves.) Chœur Chorus Nous l’avons vue, We saw her, Scène 7 Scene 7 Égarée, éperdue, Wild and distraught, Oreste seul Orestes, alone Un poignard à la main, sur Pyrrhus se courber, Dagger in hand, bend over Pyrrhus, Lever les yeux au ciel, se frapper, et tomber ! Raise her eyes to Heaven, then stab herself, and fall! Oreste [cd ii : 42] Orestes Est-ce Hermione ? ... Et que viens-je d’entendre ? ... Was this Hermione? And what have I heard? Oreste Orestes Est-ce Pyrrhus qui meurt ? ... Et suis-je Oreste enfin ? ... Is it Pyrrhus who dies? Am I Orestes? Elle meurt... Sort impitoyable ! She dies... Merciless fate! Pour qui deviens-je un assassin ? For whom have I become a murderer? Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir ; You have brought me to the height of misery; Pour qui coule le sang que je viens de répandre ? For whom flows the blood that just now I shed? Malgré toi je saurai finir In spite of you I shall end Pour une ingrate, à qui je le promets, For a heartless woman I swear to serve, Le tourment affreux qui m’accable. This terrible suffering that confounds me. Qui même, s’il ne meurt, ne me verra jamais. Who, unless he dies, will never see me again? (Il veut se frapper ; le chœur le désarme.) (He goes to stab himself, but is disarmed by the chorus.) Quand j’éprouve sa rage et que je l’ai servie, When I have felt her rage and done her will, Elle me redemande et son sang et sa vie, She asks me to give back his blood, his life, Chœur [cd ii : 44] Chorus Elle me fait un crime de sa mort ! ... She makes a crime of his death! Sauvons-le de sa fureur ! We must save him from his fury!

Oreste Orestes Non, non, cruels, amis perfides, No, no, cruel, perfidious friends, Laissez à ces mains homicides, Let these homicidal hands, Laissez à ces mains parricides Let these parricidal hands,

78 79 Déchirer ce barbare cœur ! Tear out this savage heart! Ah ! laissez fléchir vos rigueurs. Ah, relent in your severity.

Chœur Chorus Oreste Orestes Non, non ! Sauvons-le de sa fureur ! No, no! We must save him from his fury! Dieux ! Quels tourments ! Gods! What torments!

Oreste Orestes Chœur Chorus Ô ! Mort, viens me priver du jour, que je déteste, O Death, come take away my life, which I hate, Dieux implacables, dieux vengeurs, quels tourments ! Implacable Gods, avenging Gods, what torments! Ô ! Mort, viens m’arracher ce jour que je souille d’horreur ! ... O Death, come snatch away this life, which I blight with horror! Mais quelle épaisse nuit tout à coup m’environne ? ... But what is this sudden darkness around me now? [Fin de l’Opéra] [End of the Opera] Où fuir ? Je frémis... je frissonne... I must get away… I am trembling, shivering… Quel objet ? ... Quoi ! Pyrrhus ! comment t’es-tu sauvé ? What? Is it you Pyrrhus? How have you escaped? Tiens, tiens, voilà le coup que je t’ai réservé... Take that! There’s the thrust I saved for you! Ciel ! à mes yeux Hermione l’embrasse ! Heaven! Hermione, before my eyes, is embracing him! Elle vient l’arracher au coup qui le menace ! She has come to snatch him from my deadly blow! Dieux ! quels affreux regards elle lance sur moi ! O Gods, what a terrible look she turns upon me! Quels démons ! quels serpents elle traîne après soi ! What demons, what serpents she draws after her!

[cd ii : 45] Filles d’enfer, vos mains sont-elle prêtes ? Daughters of Hell, are your hands ready? Tous les serpents qui sifflent sur vos têtes All those serpents hissing upon your heads Ne m’inspirent aucun effroi, Inspire no terror in me, À vos fureurs Oreste s’abandonne, Orestes surrenders to your rages. Voilà le cœur qu’il vous faut déchirer, Here is the heart you must tear out; Voilà le cœur qu’il vous faut dévorer, Here is the heart you must devour. Filles d’enfer, vos mains sont-elle prêtes ? Daughters of Hell, are your hands ready? Mais, non, laissez faire Hermione, But, no. Let Hermione do it, (L’acteur reste quelque temps dans une attitude effrayante.) (He remains for some time in a terrifying attitude.) L’ingrate, mieux que vous, (il respire avec force plusieurs fois) She, better than you, (he takes several loud breaths) saura le déchirer (dans les bras d’un de ses partisans). will know how to tear it out. (He is now in the arms of one of his followers.)

Chœur [cd ii : 46] Chorus Dieux implacables, dieux vengeurs, Implacable Gods, avenging Gods, Par d’éternels tourments punissez-vous le crime ? With everlasting torments do you punish the crime? Dieux implacables, dieux vengeurs, Implacable Gods, avenging Gods, Voyez votre victime Behold your victim, Laissez-vous toucher par nos pleurs ; Let yourselves be touched by our tears;

80 81 LE CONCERT SPIRITUEL produced by: 42, rue du Louvre 75001 Paris Glossa Music, s.l. France Timoteo Padrós, 31 E-28200 San Lorenzo de El Escorial tel +33 (0)1 40261131 fax +33 (0)1 40139135 [email protected] / www.glossamusic.com Chantal de Corbiac, General Manager ([email protected]) Aude Massiet du Biest, Development & Tour Manager ([email protected]) for: Claire Longchamp, Tour Manager ([email protected]) Isabelle Pichon-Varin, Production Manager ([email protected]) MusiContact GmbH Manon Pailler, Production Manager ([email protected]) Carl-Benz-Straße, 1 D-69115 Heidelberg www.concertspirituel.com [email protected] / www.musicontact-germany.com