T RANSPARENCY n N UMÉRO 5

n A VRIL n 2 0 0 9 NEWS Publication de l’Observatoire de la Corruption

WWW.TRANSPARENCYMAROC.MA SOMMAIRE :

EDITO P.1 É DITO INFOS P.2 La corruption favorise le trafic de drogue au Maroc Droit d’accès aux services publics et « plates-formes ». Il s’agit de four- Le système judiciaire est de nouveau accessibilité au service public sont inti- nir des prestations aussi proches des

— Email : [email protected] Email : — remis en cause dans la ville de mement liés et présentent un caractère citoyens et de rassembler en un seul Tétouan complémentaire. Du principe général point la prestation de services diffé- Les collectivités locales dans d’égalité découle celui de l’égal accès rents. Nous pensons ici aux services le collimateur du ministère de au service public. Cela signifie que publics importants comme celui de la l’Intérieur toute personne dispose d’un droit d’ac- santé ou de l’éducation. 05.37.77.80.10 Lutte contre la corruption : parent céder au service sans discrimination, pauvre du nouveau Code de la Route c’est-à-dire sans considération de ses De là, le rapport qui existe entre Scandale à la Mutuelle Générale conditions sociales ou de son lieu de aménagement du territoire et accès résidence, dès lors qu’elle présente les aux services publics. D’une manière conditions requises. L’accès concerne générale, l’aménagement du territoire SPÉCIAL TRANSPARENCY P.6 aussi bien les installations mises à la a pour objectif une répartition ration- Conférence de presse organisée par disposition du public, que les pres- nelle des moyens et ressources, afin de l’Observatoire de la corruption tations fournies. Au droit d’accès se réduire les disparités qui existent entre Transparency Maroc tient Son rattachent deux autres droits qui en les différentes parties du territoire. Ce Tél. : 05.37.77.80.01 - Fax : - 05.37.77.80.01 Tél. : Assemblée générale ordinaire qui nous met en présence de la notion - constituent le complément nécessaire. « Prix MAHDI ELMANDJRA plus globale d’accessibilité et de proxi-

ABAT pour la défense et la dignité » à

R Ensuite, il y a le droit au fonctionne- mité. Dans ce contexte, les droits que l’Observatoire de la corruption ment normal du service public, qui est la population détient à l’égard des Communiqué : Ouverture du une conséquence du principe d’adap- pouvoirs publics prennent les sens de Centre d’Assistance Juridique Anti- tation. Les pouvoirs publics doivent, droits de l’Homme, et la garantie du Corruption par Transparency Maroc autant que possible, adapter l’organi- bénéfice de ces droits constitue l’une sation et le fonctionnement des servi- des exigences fondamentales de toute DOSSIER : Services publics en mal ces publics aux attentes de la popula- démocratie et de tout Etat de droit. d’accès et de transparence P.9 tion. Mais l’adaptation a une portée C’est à l’ensemble de ces problé- Accès et droit à la santé plus générale, qui concerne également l’implantation géographique des servi- matiques que le dossier spécial du Une réforme en cours ces publics. Les citoyens ont besoin de présent numéro de Transparency News Accès et droit à l’éducation services publics facilement accessibles essaye de répondre, à partir des don- Quid de l’accès aux services publics et et assez proches, notamment lorsqu’il nées disponibles mais aussi à travers de leur efficience s’agit de zones défavorisées et sous- une réflexion portant sur les insuffi- Conclusion équipées ou dont les habitants sont sances des services publics au Maroc démunis. L’impératif de la proximité et aux moyens d’y remédier. a été concrétisé dans certains pays par RÉFÉRENCES ET SOURCES P.19 l’installation de « maisons de service ENTRETIEN P.20 public », de « points publics » et de . Agdal. 14 . appt. Rabia, Oum rue D, Imm. Kays, Résidence INFOS

LA CORRUPTION Les trafiquants présumés ont LE SYSTÈME FAVORISE LE exporté à partir de la côte méditer- JUDICIAIRE EST DE TRAFIC DE DROGUE ranéenne du Maroc près de 30 ton- NOUVEAU REMIS nes de haschisch vers la Belgique AU MAROC EN CAUSE DANS LA et les Pays-Bas via l’Espagne. Ils auraient utilisé des zodiacs équipés VILLE DE TÉTOUAN Soixante-dix neuf (79) person- de puissants moteurs hors bord nes ont été déférées devant le juge La direction de l’hôpital provin- pour acheminer la drogue de l’autre d’instruction près la Cour d’appel cial psychiatrique de Tétouan a côté du détroit de Gibraltar. de , les 18, 19 et 22 refusé d’accueillir, Mohammed L’ampleur de ce trafic se mesure janvier 2009, en liaison avec le Charaf, baron de la drogue, bien aussi au niveau des ramifications démantèlement d’un réseau spécia- qu’elle ait reçu une lettre officielle nationales de ce réseau, dont les lisé dans le trafic international de du procureur général du Roi près la relais sont implantés dans plusieurs drogue, annonce un communiqué cour d’appel de Tétouan et des cer- villes du Royaume, avec un poste du Procureur général du Roi près tificats prouvant que le « pseudo » de commandement opérant à partir de cette juridiction. Ces personnes patient est atteint de démence pour de la ville de Nador, et une puis- sont poursuivies pour « leur impli- l’exonérer de sa responsabilité. Ce sante logistique utilisant la voie cation présumée dans la constitu- dernier s’était déjà « fait la malle » maritime pour l’expédition de la tion d’une bande criminelle, trafic du même hôpital en 2001. Le direc- drogue vers l’étranger. international de drogue, corruption teur de l’hôpital, M. Hasnouni Cette affaire montre qu’à chaque et complicité de corruption et vol Alaoui, affirmant qu’il a subi des fois qu’un grand réseau tombe dans qualifié ». Les personnes citées pressions de la part du procureur les filets des enquêteurs, des fonc- dans le cadre de cette enquête ont général du Roi près la cour d’appel tionnaires sont impliqués. « Parce été auditionnées et suspendues de de Tétouan (Alahdath), a préféré que le trafic à grande échelle néces- leurs fonctions par leurs corps res- présenter sa démission de la direc- site des complicités, il se trouve pectifs (MAP). Deux avocats de tion de l’hôpital. Selon Almassae, toujours des sécuritaires, des doua- Nador, dont l’un serait un élu d’une la réaction du directeur constitue un niers, cédant à la tentation et deve- commune rurale dans la région de véritable message au système judi- nant partie prenante de ce trafic », Nador, et un ressortissant espagnol ciaire de la région pour mettre fin à précise qui d’origine marocaine, font égale- ces pratiques illégales. ajoute que « les trafiquants ont des ment partie des personnes mises en A la suite de cette affaire qui a moyens de corruption colossaux. secoué les habitants de la ville, des examen. Selon Assabahya, le nom- Croire qu’il n’y a aucun responsa- dizaines de militants, de politiciens bre des personnes poursuivies dans ble pour céder à la tentation relève ainsi que des membres de la société cette affaire pourrait atteindre 106. d’un angélisme navrant. D’autant civile ont organisé un sit-in de soli- Il s’agit du plus important grou- plus que la corruption est un phé- darité avec le Dr Hasnouni Alaoui. pe de trafiquants que les autorités nomène assez répandu et qu’il n’y Le bureau national de la CDT, dont aient démantelé à Nador, et jamais a aucune raison pour que les sécu- fait partie le directeur démission- autant de fonctionnaires de sécu- ritaires en relation avec ce trafic naire, fait porter la responsabilité rité n’avaient été arrêtés dans une soient des saints ». Le même jour- de « tout ce qui pourrait arriver au affaire de ce type. Les prévenus, nal conclut que le danger est que médecin et aux membres de sa tous incarcérés à la prison Oukacha cette corruption réussit à perver- famille », aux autorités locales. De de Casablanca, sont poursuivis tir le système et à annihiler toute plus, la CDT prévient le ministère pour leur « implication présumée volonté politique réelle de lutte de la santé et celui de la justice des dans la constitution d’une bande contre ce trafic. éventuelles conséquences de cette criminelle, trafic international de affaire « aux relents de corruption drogue, corruption et non dénon- et de trafic d’influence » (Le soir). ciation de délit », indique encore le L’affaire du Dr Hasnouni a pris communiqué. un nouveau tournant après l’arres-

2 — Transparency news. numéro 5, avril 2009 tation du journaliste et blogueur lement été dénoncés par le Réseau communes rurales et trois commu- « anti-drogue et anti-corruption », Arabe d’Informations sur les Droits nes urbaines. Hassan Barhoun, après qu’il ait de l’Homme (ANHRI). L’ANHRI L’affaire la plus en vue est lancé un appel à pétition accusant précise que plusieurs avocats de celle relative à la commune d’El le procureur général du Roi près la défense se sont retirés au cours Hraouine dans un quartier périphé- la cour d’appel de Tétouan de pro- du procès et que ceux qui sont rique à Casablanca où le président téger les trafiquants de drogue. Il restés n’ont pas été en mesure de de la commune et quatre conseillers a aussi remis en cause le rôle des prononcer leurs plaidoiries, ce qui ont été limogés, à la suite d’une services judiciaires de la ville de jette un doute sur l’équité du pro- affaire d’habitat insalubre. Soixante Tétouan qui ont « facilité l’évasion cès intenté à Barhoun. Le réseau personnes dont quatre caïds, des du trafiquant de drogue qui purgeait estime que son arrestation ainsi éléments de la Gendarmerie royale une longue peine, en favorisant que la peine sévère qui lui a été et des entrepreneurs ont été défé- dans un premier temps son entrée infligée ne sont qu’un nouveau rées devant la justice. Elles sont dans l’hôpital dont un médecin maillon d’une longue chaîne de poursuivies pour violation du Code psychiatre aurait perçu de l’argent violations et d’exactions exercées de l’urbanisme, construction anar- en contrepartie ». L’appel à pétition à l’encontre de journalistes et de chique et prolifération de l’habitat a été signé par de nombreux jour- bloggeurs au Maroc en vue de les insalubre. nalistes, activistes et personnalités museler et de faire taire leurs voix La liste des personnes impliquées de la région. Hassan Barhoun a été dénonçant la corruption. L’ANHRI dans cette affaire s’élargit à des condamné par le tribunal de pre- considère que ce jugement soulève conseillers communaux impliqués mière instance de Tétouan, à 6 mois de sérieuses inquiétudes quant au directement dans des constructions de prison ferme et à une amende rôle de la justice marocaine dans la anarchiques ou les ayant facilitées. de 5000 Dirhams pour « offense à protection de la liberté d’opinion et Des citoyens, des conseillers et des magistrats ». d’expression. promoteurs immobiliers ont affirmé Reporters sans frontières exprime qu’ils ont versé des pots-de-vin au son inquiétude à la suite de cette chef de service soit directement soit condamnation. L’organisation a LES COLLECTIVITÉS par des intermédiaires pour bénéfi- déclaré que « les autorités marocai- LOCALES DANS cier des autorisations de construc- nes veulent intimider les blogueurs LE COLLIMATEUR tion anarchique (). du royaume et restreindre le droit à Dans la ville de Meknès, c’est la libre expression reconnu par la DU MINISTÈRE DE le maire de la ville qui a été démis Constitution marocaine ». L’INTÉRIEUR Le comité pour la protection des de ses fonctions. Le rapport de journalistes a également condam- En rendant public son rapport la commission d’enquête de l’ins- né l’arrestation avant le jugement sur les irrégularités au sein des pection générale du ministère de prononcé par le tribunal. Selon le communes, jeudi 29 janvier 2009, l’Intérieur l’accuse d’irrégularités comité, « les autorités marocaines Mohamed Fassi Fihri, wali ins- dans la gestion de sa commune. doivent cesser de criminaliser la pecteur général de l’administration Les dysfonctionnements relevés liberté d’expression et de réprimer territoriale, a fait état « de l’exclu- consistent en des dérogations aux les blogueurs et les journalistes cri- sion de dix huit présidents de com- normes de construction en vigueur tiques », et d’ajouter : « le Maroc mune, de vingt vice-présidents et ne peut pas poursuivre systémati- conseillers, de la suspension d’un quement des journalistes pour dif- mois de cinq présidents et vice- famation, dans des affaires civiles présidents et de dix huit mesures comme celle-ci, tout en affirmant disciplinaires à l’encontre d’agents qu’il continue à faire des progrès d’autorité ». Le rapport de l’inspec- dans le domaine de la liberté de la tion générale de l’administration presse ». territoriale épingle en tout quinze Des vices de procédure ont éga- Press AIC

Transparency news. numéro 5, avril 2009 — 3 INFOS dont la principale est relative à un charte communale prévoit deux dispositions et parades juridiques immeuble appartenant à la femme intervenants dans la prise de déci- de limiter au maximum l’inter- du maire. Ce dernier « reconnaît sion : les élus et l’autorité locale ». vention humaine dans la consta- certains dysfonctionnements dans Il ajoute que le jugement du minis- tation des infractions au code de la gestion courante mais rejette tère de l’Intérieur est partial. En la route. Dans son édition du 09 toute accusation mettant en cause effet, la décision du ministère de avril 2007 à la veille de la sortie son intégrité » (Telquel). Dans un l’Intérieur de sanctionner des dizai- de la première mouture du texte, entretien au quotidien Le Soir, il nes de responsables élus locaux rapporte que « contrai- souligne que le projet immobilier semble loin d’être équitable tant rement à la rumeur publique, qui appartenant à sa femme a suivi la qu’elle ne touche pas les agents veut que les fortes amendes préco- procédure normale et réglemen- d’autorité. Les élus doivent certes nisées par le projet « développeront taire et qu’il a été autorisé dans les rendre des comptes mais ils ne davantage » la corruption sur les règles. Il ajoute que sa destitution sont pas les seuls responsables (Le routes, le nouveau texte brille par a un motif politique. L’inspection Soir). un effort incontestable en matiè- générale de l’administration ter- re de lutte contre « l’intervention ritoriale a réagi par la publication humaine directe », notamment dans d’un communiqué précisant qu’il LUTTE CONTRE « l’action de contrôle ». Ainsi, les « s’agit de mesures qui visent, avant LA CORRUPTION : radars et caméras installées çà et là toute autre considération, la morali- PARENT PAUVRE DU devront « flasher » les infractions sation de la vie publique selon un NOUVEAU CODE DE aux limitations de vitesses et pré- programme annuel touchant le plus LA ROUTE grand nombre de communes. Et ce, senter « une preuve matérielle ». loin de toute considération politi- « » rapporte quant à Dans l’une de ses dernières sor- que ». lui dans son édition du 25 janvier ties médiatiques, le Ministre de Ces mesures qui viennent « cinq 2009, que le nouveau code rétablit l’Equipement et du Transport, mois avant les élections commu- l’équilibre dans les rapports entre Karim Ghallab, a déclaré devant un nales » du 12 juin 2009, montrent les conducteurs et l’Administration. que les enquêtes de l’inspection parterre de journalistes, qu’il était Même en cas de contravention, les générale de l’administration ter- temps qu’après 55 ans d’application droits du chauffeur seront préservés ritoriale suscitent les réactions de l’ancien texte, le Maroc se dote contre les abus éventuels de l’agent du ministère qui réagit aux dys- d’un code de la route moderne et verbalisateur qui aura l’obligation fonctionnements en recourant aux intégré qui traite de tous les aspects de porter un badge avec nom, pré- mesures disciplinaires prévues par en rapport avec la problématique nom, photo et numéro de matricule la charte communale. Certains s’in- de la sécurité routière : auto écoles, « pour que le citoyen sache à qui il terrogent toutefois sur l’absence centres de visite technique, permis a affaire ». de réaction des instances concer- à points, valorisation du métier de Les usagers, indique une dépê- nées dans d’autres situations. M. conducteur professionnel, éduca- Moulay Idriss Alaoui, 2ème vice tion et sensibilisation… etc. Quid président du conseil d’arrondisse- de la corruption dans ce secteur ? ment Souissi-Rabat, regrette que Le nouveau code de la route, tou- « les lettres d’observation de la jours en discussion au Parlement Cour des comptes ne soient pas suscite un débat sur la sévérité des toujours suivies d’effets ». peines applicables aux contreve- Quelque soit le cas, quand une nants et également sur les moyens sanction tombe, il faut qu’elle soit d’éradiquer la corruption. méritée et qu’elle ne soit pas sélec- Les rédacteurs de ce nouveau tive. Selon M. Manar Slimi, pro- code ont essayé, à travers plusieurs fesseur de sciences politiques, « la Press AIC Karim Ghallab.

4 — Transparency news. numéro 5, avril 2009 che de la MAP datée du 22 janvier Mohammed El Faraâ et à la dissolu- source de la Caisse Nationale des 2009, auront la possibilité de ne pas tion de son conseil d’administration Organismes de Prévoyance Sociale payer l’amende sur le lieu même de par les ministres de tutelle, Jamal (CNOPS), « les choses ne se sont l’infraction, mais se verront alors Aghmani, ministre de l’Emploi et pas arrangées avec la création de retirer leur permis. Le paiement de de la Formation Professionnelle et l’association Amasom tournée vers cette amende n’est plus obligatoire , ministre de la fourniture de médicaments pour en espèces, selon la pratique cou- l’Economie et des Finances. les maladies de longue durée via rante. Le but est d’éviter « toute Dans son édition du 06 février une pharmacie avec laquelle elle transaction en argent liquide avec 2009, L’Economiste relate que la avait passé un contrat ». La régle- l’agent de contrôle » pour limiter brigade nationale de la police judi- mentation de l’Assurance Maladie les marchandages ou le racket qui ciaire enquête sur la gestion de la Obligatoire (AMO) interdit cette peuvent surgir dans ce genre de mutuelle. Deux semaines plus tard, pratique. Et la CNOPS, furieuse situations. le même quotidien rapporte, selon de cette relation entre la Mutuelle Au cœur du nouveau code de des sources proches du dossier, générale et l’Amasom, a intenté un la route également, les centres de que les éléments de la Brigade procès, ajoute le quotidien. visites techniques (CVT). Et pour Nationale de la Police Judiciaire L’Economiste va jusqu’à consa- cause, 30% des accidents enregis- ont auditionné la directrice par inté- crer un dossier spécial, dans ses trés sont dus au mauvais état méca- rim de la MGPAPM ainsi qu’une éditions du 18 et 19 février 2009, nique des véhicules. Le laxisme trentaine de personnes sur d’éven- aux diverses irrégularités et mal- d’autrefois a cédé devant des pro- tuels dépassements, transgressions versations relevées par les diffé- cédures trop tatillonnes. Là encore, et détournements. rents rapports d’inspection sous le la brèche de la corruption s’est L’audit opéré par l’Inspection mandat de Mohammed Faraâ. Il y élargie. Les CVT devront opérer Générale des Finances (IGF) a rele- énumère les multiples violations leur propre mise à niveau, rapporte vé plusieurs irrégularités dans la des dispositions du Dahir 1-57-187 L’Economiste dans son édition du gestion, notamment le «versement (notamment l’article 20 concernant 16 février 2007. indu de la somme de 2,6 millions de l’utilisation des fonds et la gestion dirhams à l’association marocaine financière) essentiellement pour ce pour le soutien des malades chro- SCANDALE À qui est de l’acquisition des biens niques (Amasom) dont le trésorier immeubles et en citant au passage LA MUTUELLE n’est autre qu’El Faraâ» ou encore l’exemple des milliards de man- GÉNÉRALE « l’acquisition d’un nouveau siège que à gagner pour l’Etat, au titre au quartier chic Agdal à Rabat, de la TVA non perçue de la part de Le scandale des malversations pour près de 50 millions de dirhams sociétés prestataires de services. au sein de la Mutuelle générale et dont la facture flambe, entre L’acquisition en 2005 de matériel du personnel des administrations aménagement et équipement, à 100 informatique, pour plus de 500 publiques du Maroc (MGPAPM) millions de dirhams ». Une acqui- millions de centimes, et du mobi- a défrayé la chronique. En raison sition que les Finances ont finale- lier de bureau, presque encore à de ses nombreuses ramifications, ment refusé de valider. Selon une l’état neuf, acquis lui aussi pour cette affaire promet certainement plusieurs centaines de millions qui de nouveaux rebondissements. ont été bizarrement réformés puis Toute la presse nationale a réser- cédés à des tiers dans des condi- vé sa couverture au scandale de tions pour le moins suspectes, sans la Mutuelle générale du personnel respect aucun des procédures habi- des administrations publiques du tuelles de mise à l’enchère, poursuit Maroc (MGPAPM) ayant abouti AIC Press AIC L’Economiste. à la révocation de son président,

Transparency news. numéro 5, avril 2009 — 5 SPÉCIAL TRANSPARENCY

CONFÉRENCE DE PRESSE ORGANISÉE PAR L’OBSERVATOIRE préétabli et uniforme et que le tra- l’information entrave la capacité DE LA CORRUPTION vail de discussion et de vérification du public, des journalistes, des uni- a duré plusieurs mois. Le ques- versitaires et des organisations de Transparency Maroc a organisé le tionnaire regroupe des questions la société civile à exiger « la rede- mercredi 04 février 2009 à l’Agen- classées en 3 sections : la première vabilité » (et la responsabilisation) ce MAP de Rabat, la cinquième porte sur la disponibilité et la dif- des décideurs. Elle crée également conférence de presse de l’Obser- fusion de l’information budgétaire, des opportunités pour que les gou- vatoire de la corruption et du déve- la seconde concerne en particulier vernements dissimulent les dépen- loppement de la transparence au le projet du budget annuel présenté ses impopulaires, inutiles ou liées à Maroc. au parlement, alors que la troisième la corruption. Cette rencontre a coïncidé avec traite des quatre phases du proces- Les deux intervenants ont conclu la publication des résultats de la sus budgétaire. par la présentation de quelques seconde enquête internationale de M. Azeddine Akesbi, secrétaire défaillances en matière d’accessi- l’Open Budget (budget ouvert) général adjoint de Transparency bilité aux informations financières 2008, réalisée avec Partenariat Maroc et membre de l’équipe ayant comme le fait que les citoyens ne Budgétaire International (IBP) et participé à l’étude, a exposé les considèrent pas le gouvernement qui a porté sur 85 pays dont le résultats de l’enquête en précisant est redevable de la gestion des Maroc. que le Maroc est classé 59ème sur deniers publics, qu’ils éprouvent Dans une première intervention, 85 pays en matière de transparence des difficultés à suivre la collec- le professeur M. Ahmed Boussetta, budgétaire avec un score de 27 sur te des impôts, des dépenses et spécialiste en finances publiques 100, faisant ainsi partie de l’avant des emprunts en cours d’année. ayant participé à la réalisation de dernier groupe de pays qui four- L’établissement tardif et la non- l’étude, a présenté la méthodologie nissent une information minimale publication de la loi de règlement générale. Il a précisé que l’enquête à leurs citoyens. L’enquête souli- et d’une loi qui organise le droit est fondée sur un questionnaire gne que la restriction de l’accès à d’accès à l’information constituent également des lacunes. La présentation a débouché sur quelques recommandations et a tracé des perspectives d’améliora- tion du positionnement du Maroc en matière de transparence bud- gétaire par le développement de la participation des citoyens au processus budgétaire et par l’orga- nisation d’audiences publiques sur le budget auxquelles sont associés les citoyens et les médias. DR La conférence a été aussi une

6 — Transparency news. numéro 5, avril 2009 SPÉCIAL TRANSPARENCY

occasion pour présenter le 4ème TRANSPARENCY l’installation de l’Instance Centrale numéro de Transparency News qui MAROC TIENT de Prévention de la Corruption et porte sur la gouvernance commu- SON ASSEMBLÉE la publication des textes relatifs à la déclaration du patrimoine. nale et les exigences du dévelop- GÉNÉRALE Cependant, la corruption demeure pement local. Lors de la présenta- ORDINAIRE tion du numéro, M. Mohamed Ali endémique. En effet, le Maroc a maintenu la note de 3,5 dans l’in- Lahlou, directeur de l’Observatoire Le samedi 31 janvier 2009, dice de perception de la corrup- de la corruption, a mis l’accent sur Transparency Maroc a orga- tion, en dégringolant de la 72ème les dysfonctionnements qui affec- nisé, à l’Institut Agronomique et à la 80ème place par rapport à tent la gestion des communes telles Vétérinaire Hassan II à Rabat, son l’année précédente. Par ailleurs, qu’elles ont été révélées par la pres- assemblée générale ordinaire. Lors l’importance des engagements de se, par les rapports des Cours régio- de cette assemblée, l’association l’association et de ses réalisations nales des comptes et par l’inspec- a présenté le rapport moral et le contraste avec la faiblesse de ses tion générale de l’administration rapport financier de l’exercice et structures permanentes. Les activi- territoriale relevant du ministère de a ouvert le débat sur les mesures tés de gestion requièrent le recru- l’Intérieur. Il a également évoqué prioritaires de l’association, dans tement de cadres permanents pour la question du choix des organes la perspective d’adoption d’une assumer les missions de plus en stratégie pour l’édification d’un de gestion et a exposé quelques plus prenantes d’administration et Système National d’Intégrité. Les apports de la nouvelle charte com- de communication. présentations ont été suivies d’un Lors de cette Assemblée, les res- munale. débat enrichissant et de suggestions ponsables de Transparency Maroc Cette conférence a connu la cou- quant au travail de l’association. ont déploré l’absence d’aboutisse- verture de la première chaîne natio- Selon le rapport moral 2008 de ment de toutes les démarches effec- nale Al Oula, des radios nationales, TM, la fin de l’année a enregis- tuées auprès des autorités publiques Atlantic et Aswat ainsi que des tré des signaux positifs en matière pour l’obtention de la reconnais- articles dans la presse écrite et élec- de lutte contre la corruption et sance de l’utilité publique, d’autant tronique. de promotion de la transparence. plus que des ministères comme Ces signaux se manifestent par l’Intérieur, les Finances, la Justice et la Modernisation des Secteurs Publics ont donné un avis favo- rable. La situation actuelle serait, selon M. Rachid Filali Meknassi, secrétaire général de l’association, d’autant plus inacceptable que Transparency Maroc est devenue au fil des années, le partenaire des pouvoirs publics en matière de lutte contre la corruption. Par ailleurs, cette Assemblée Générale Ordinaire a été l’oc- casion pour les responsables de Transparency Maroc de présenter les projets en cours et futurs de DR

Transparency news. numéro 5, avril 2009 — 7 SPÉCIAL TRANSPARENCY

l’association, notamment le travail taire « Al Baghdadia ». Communiqué : de monitoring et de documentation Pour le Pr. Elmandjra, « à l’ère de Ouverture du effectué par l’Observatoire de la la société du savoir, où l’informa- Centre d’assistance Corruption ainsi que le lancement tion occupe une place primordiale, juridique anti- du Centre d’Assistance Juridique la défense de la dignité constitue Corruption par l’une des principales missions du Anti-Corruption (CAJAC) destiné Transparency à fournir l’assistance et le conseil métier de journaliste ». Le profes- juridiques aux victimes de la cor- seur Mahdi Elmandjra a qualifié Maroc ruption. les trois personnes ayant remporté le prix de la défense de la dignité L’association marocaine de lutte contre la corruption -Transparency Maroc- a 2009 de sérieux et de courageux. mis en place un Centre d’Assistance « PRIX MAHDI Le professeur Elmandjra n’a pas Juridique Anti-Corruption dans le but ELMANDJRA manqué de rappeler que l’existence d’assister et d’orienter les personnes POUR LA DÉFENSE même d’une association telle que témoins ou victimes de la corruption. ET LA DIGNITÉ » À Transparency Maroc est la preuve L’objectif du Centre d’Assistance de l’existence au sein de la société Juridique Anti-Corruption est d’engager L’OBSERVATOIRE les citoyens dans la lutte contre la marocaine d’une volonté d’éradi- DE LA CORRUPTION corruption en leur assurant l’appui quer la corruption. d’une équipe de professionnels qui leur M. Bensaid Ait Idder et M. procurera une aide et une assistance Le professeur Mahdi Elmandjra a , destinataires du juridiques gratuitement et en toute décerné le 12 janvier 2009 « le prix prix, ont exprimé leur bonheur pour confidentialité. pour la Défense de la Dignité », ce prix et leur détermination à con- Transparency Maroc vise ainsi à élargir au siège de l’Observatoire de la tinuer leur combat. la participation de tous à la lutte contre la corruption afin de forger une nouvelle Corruption à Rabat. Ont été pri- La manifestation a été marquée més cette année : M. Bensaid Ait culture de citoyenneté, de générer par la présence de nombreux intel- des changements structurels dans la Idder, homme politique, M. Hassan lectuels, personnalités et représen- société et de contribuer à l’instauration Rachidi, directeur du bureau de tants de la société civile et des d’un Etat de droit. Rabat de la chaîne qatarie Al Jazeera médias. Cependant, le Centre ne pourra à et M. Mountadar Zaidi, journaliste aucun moment se substituer aux irakien à la chaine irakienne satelli- victimes dans leur quête de justice ou devant les tribunaux. Dans les cas de corruption, tous, témoins ou victimes, sont vivement encouragés à s’adresser au centre : - En appelant le numéro économique : 080 100 76 76 (appel à tarif réduit) - En adressant une lettre par fax au : 05 37 77 80 10 - En adressant un courrier électronique à : [email protected] - En envoyant une correspondance ou en se présentant à l’adresse suivante :

Transparency-Maroc Résidence Kays, Rue Oum Errabia, Immeuble D, 3ème étage, Appt 14, Agdal, Rabat-Maroc DR Accueil du Lundi au Vendredi de 10h à 16h 8 — Transparency news. numéro 5, avril 2009 DOSSIER SERVICES ABSENCE D’UNE CONNAISSANCE DES RÈGLES PUBLICS EN MAL D’ACCÈS AUX SERVICES PUBLICS, ABUS DE POUVOIR

DES RESPONSABLES ADMINISTRATIFS, LOURDEUR ET COMPLEXITÉ DES PROCÉDURES...ETC, AUTANT D’ACCÈS ET DE DE MAUX QUI MINENT L’EXERCICE QUOTIDIEN DE LA CITOYENNETÉ ET PRIVENT LES MAROCAINS DE TRANSPARENCE DROITS FONDAMENTAUX COMME L’ACCÈS À LA SANTÉ

OU À L’ÉDUCATION.

TOUR D’HORIZON D’UN MAROC QUI A MAL À SES SERVICES PUBLICS. lait, à quel point la corruption gan- grène les services de santé. Reste, hélas, qu’ils ne sont pas les seuls à pâtir de ce mal, loin s’en faut ! Pour preuve, cette enquête portant sur Fin 2008, la presse se fait l’écho l’Institut National d’Oncologie de une affaire de tentative de corrup- de poursuites engagées contre des Rabat a été épinglé pour un détour- tion, d’abus de pouvoir et de fal- professionnels de la santé. Si les nement spectaculaire de 2 millions sification de documents officiels, maux dont souffre le secteur sont de dirhams (yabiladi.com). ouverte à la direction régionale des secret de polichinelle, il semble Ces exemples montrent, s’il le fal- impôts de la wilaya de Casablanca que la ministre soit déterminée à les endiguer. Entre visites sur- prises, exécution des sanctions et mise en place d’un numéro vert, son activisme semble devoir por- ter ses fruits. En septembre, c’est un gynécologue exerçant à l’hô- pital régional de Beni Mellal qui est soupçonné, ainsi que son staff, de « corruption et de chantage à l’égard des patients ». Des prati- ques qui auraient conduit au décès de plusieurs femmes au cours de leur accouchement. A l’hôpital Abou El Kacim de Ouazzane, c’est un chirurgien qui est accusé de faits de corruption. Une accusation que confirmeront les membres de l’ins- pection générale du ministère de la Santé, dépêchés sur place. A Oujda, un autre chirurgien est lui impliqué dans une affaire d’intervention chi- rurgicale dans une clinique privée ayant conduit au décès du patient. Enfin, un pharmacien, officiant à AIC Press AIC

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après que le principal protagoniste taient au chantage pour leur souti- montrent toutefois que les moyens de l’affaire, Farid Zaki Ezziraoui rer d’importantes sommes d’argent. existent pour traquer la corrup- a porté plainte (Asdae). Ce dernier A Témara, un responsable de la tion. Encore faut-il que les citoyens s’était vu proposer les services des gendarmerie a, quant à lui, été connaissent leurs droits et que la responsables de l’administration arrêté en flagrant délit de corrup- volonté politique se manifeste. des impôts, moyennant finances, tion, à la suite de la plainte d’un pour qu’ils diminuent la taxe sur les citoyen invité à verser un « pot- profits immobiliers réalisés par ce ACCÈS ET DROIT À de-vin ». Les services de la gen- contribuable à la suite de la cession LA SANTÉ darmerie régionale, en accord avec d’un terrain agricole, faute de quoi, le plaignant, ont tendu un piège Selon l’Organisation Mondiale il aurait à payer plus de 18 millions au gendarme corrompu. Quelques de la Santé (OMS), le terme santé de dirhams au lieu des 2.474.036 signifie « être dans un bon état de dirhams déjà acquittés. Reste kilomètres plus loin, à Skhirat, un physique, psychique et social ». que la chambre pénale de la cour responsable de la gendarmerie de la Il ne s’agit donc pas seulement de d’appel de Casablanca a rendu jus- ville a également été arrêté en fla- ne « pas être malade ». C’est pour- tice à Farid Zaki Ezziraoui et a grant délit de corruption alors qu’un quoi, toutes les chartes relatives aux ordonné à la Banque Populaire de citoyen lui remettait la somme qu’il droits de l’Homme - telles que la lui restituer la somme que la direc- exigeait. Une commission d’en- Déclaration Universelle des Droits tion des impôts avait prélevée sur quête, relevant de l’état major de de l’Homme, le Pacte mondial rela- son compte et ce, malgré l’opposi- la gendarmerie royale a également tif aux droits économiques, sociaux tion de la commission locale de la appréhendé à Settat deux gendar- et culturels ainsi que la Convention wilaya de Casablanca. mes en flagrant délit de corruption. relative aux droits de l’enfant - sti- D’autres affaires de corruption La patrouille du général de brigade, pulent que tout individu a le droit ont également concerné les fonc- Aït Hammou Elhajioui a intercepté de jouir d’un niveau élevé de santé. tionnaires de la police judiciaire les gendarmes au moment où ils De son côté, le Maroc rappelle, et de la gendarmerie. Ainsi, deux encaissaient l’argent illicite, lors dans sa Constitution et avec la mise policiers accusés de chantage ont d’une mission d’inspection inopi- en place de la couverture sanitai- été interpellés. Ils procédaient au née (Assabah). re, son attachement aux principes repérage de personnes soupçonnées Si ces cas ne représentent que internationaux des droits humains. - de trafic de drogue et les soumet la partie émergée de l’iceberg, ils Mais les faits sont têtus. Considéré comme l’un des secteurs les plus touchés par la difficulté d’accès, le secteur de la santé est connu pour les différentes formes de corruption qui s’y pratiquent, de la manipulation des ordonnances médicales jusqu’au versement de pots-de-vin aux médecins et infir- miers. Reste qu’elle n’est pas le seul mal qui gangrène ce secteur. Plusieurs dysfonctionnements, et non des moindres sont ainsi pointés du doigt, comme la difficulté d’ac- cès aux soins pour les plus démunis

AIC Press AIC et dans le milieu rural, la distribu-

10 — Transparency news. numéro 5, avril 2009 DOSSIER tion inégale de l’offre de soins sur riat, pas de logiques collectives. Il l’ensemble du territoire et l’inadé- y a peu de traditions de collabora- quation entre l’offre et la demande tion entre structures hospitalières de soins pour certaines maladies (complémentarité, transfert…etc.), notamment le diabète, le cancer, entre services médicaux (comptes- l’insuffisance rénale, les maladies rendus d’hospitalisation, transferts Qui gère les cardio-vasculaires et la santé men- réciproques de malades pour déga- systèmes de tale…etc. Sur le plan structurel, le gement de lits d’urgence, staffs couverture secteur souffre d’un manque fla- communs…etc.), entre services et grant d’établissements hospitaliers médecins « pourvoyeurs » publics médicale et d’une mauvaise qualité d’accueil (santé de base, urgences première et de prise en charge. Les dysfonc- ligne ou SMUR) ou libéraux, pour tionnements sont également nota- un retour d’information. La recher- L’Assurance Maladie Obligatoire bles au plan des ressources humai- che de la qualité de la prise en char- (l’AMO) est financée par les cotisations nes. On peut là encore citer le ge des urgences est axée sur la mise des salariés et des employeurs et elle manque d’effectifs, le déploiement en valeur de l’appartenance à un est gérée par la Caisse Nationale des inadéquat et le manque de moyens service, aux dépens de la recherche Organismes de Prévoyance Sociale pour le personnel. de qualité dans un ensemble plus Parmi les structures déficientes large, dans un réseau ou un sys- (CNOPS) pour le secteur public et par de notre système de santé, les servi- tème. Alors que la prise en charge la Caisse Nationale de Sécurité Sociale ces d’urgence semblent se situer en de tels patients est souvent multi- (CNSS) pour ce qui est du secteur pole position. Peu d’hôpitaux peu- disciplinaire, ou du moins impli- privé. vent aujourd’hui se targuer d’avoir que plusieurs acteurs successifs qui L’Agence Nationale de l’Assurance un service d’urgence digne de ce peuvent influer dans un sens ou nom ou, tout au plus, convenable. dans un autre sur cette qualité. Le Maladie (ANAM), quant à elle, a un Structures inadaptées, logistique patient est donc actuellement pris rôle d’encadrement, notamment en ce non appropriée, pénurie de per- en charge dans l’urgence par des qui concerne les conventions avec les sonnels, charges de travail rebu- services ou des individualités, non prestataires de services, et veille sur tantes, démotivation, manque de par un système. Cela est dû en formation adéquate, personnel non grande partie à une absence de stra- l’équilibre financier pour mieux maitriser qualifié, manque de médicaments, tégie nationale en matière de méde- les dépenses de soins. accueil approximatif, attente trop cine d’urgence et de catastrophe. Les plus démunis devraient bénéficier longue, iniquité de la répartition Au-delà du manque de moyens, à terme du régime d’aide médicale des moyens existants, la notion de la pénurie de personnel, du cloi- financé par l’Etat, les collectivités même de l’urgence perd toute sa sonnement des principaux acteurs signification. Bref, c’est tout le du système de santé, le droit d’ac- locales et les contributions des système qu’il faut revoir de fond en cès aux services sanitaires est aussi bénéficiaires. La gestion de ce système comble. influencé par le renforcement du est confiée à l’ANAM. En observant la situation des pouvoir des multinationales, urgences aussi bien extra-hospita- notamment par l’insertion dans les lières qu’hospitalières, publiques accords de libre-échange, d’articles ou privées, un constat s’impose. qui mettent en exergue les intérêts La situation est caractérisée par un de ces sociétés au détriment des certain individualisme, avec des intérêts des citoyens et de l’envi- acteurs « cloisonnés » (Al Bayane). ronnement. Ainsi, lors d’un atelier Il n’existe pas de pacte de partena- organisé fin octobre 2008 par l’Ob-

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servatoire de la corruption et por- mes devant cette réalité. Ainsi en d’intégrer de manière régulière les tant sur l’accessibilité aux services est-il de la prise en charge. Pour nouveaux médicaments. publics, un intervenant a mis l’ac- le Pr Driss Jamil, président de En dehors des médicaments, les cent sur les infractions commises l’association SOS Hépatites et co- examens biologiques sont très cou- par les laboratoires fabriquant les organisateur du colloque, « l’AMO teux et non remboursables, expli- médicaments. Ces derniers com- doit prendre en charge totalement que le Pr. Driss Jamil qui relève mercialisent les mêmes produits à les Marocains qui ont des pro- aussi que « les effets secondaires des prix plus élevés au Maroc que blèmes de maladies graves, des qu’on peut juguler par un autre trai- dans d’autres pays. affections de longue durée (ALD) tement adéquat, ne sont pas pris en Par la promulgation le 3 octobre et des maladies couteuses » (Al charge ». 2002 de la loi n°65- Bayane). Selon lui, Ainsi, la qualité des prestations Ainsi, la qualité des 00 relative au code de nous sommes loin médicales est en déphasage entre le prestations médicales est en la couverture médica- du compte, notam- privé et le public. Et comme preuve déphasage entre le privé et le de base, une assu- ment pour les ALD. de ce constat, 90% des dépenses de le public. Et comme preuve rance maladie obli- « Au moment où ce système partent vers les secteurs de ce constat, 90% des gatoire et un régime la prise en charge privés. dépenses de ce système d’aide médicale pour totale et préalable On le voit, le gouvernement partent vers les secteurs les plus démunis ont demeure la condi- déploie ces dernières années de privés. été institués. Les pre- tion sine qua non nombreux efforts en matière de miers bénéficiaires de l’assurance pour que les malades puissent se prise en charge. Reste qu’il lui est maladie obligatoire (AMO) sont soigner et limiter l’aggravation de toujours demandé d’insérer le droit les salariés et les retraités des deux leurs pathologies, la CNSS, un des à la santé dans les législations natio- secteurs, privé et public ainsi que piliers de l’AMO, semble leur igno- nales et de soutenir la collaboration leurs ayants droits. Quant aux tra- rer ce droit fondamental » explique avec les ONG de droits humains et vailleurs indépendants, membres le Pr. Jamil. Pour faire face, les de développement pour assurer une des professions libérales, artisans participants ont fait appel à la mise complémentarité des efforts dans ou commerçants, la loi n° 03-07 en application du système du tiers- le secteur de la santé. Le gouverne- les a soumis en 2008 à l’obligation payant. Le patient ne doit pas avoir ment est aussi appelé à renforcer le de souscrire une assurance maladie de frais à avancer ou si ces frais rôle des syndicats de la santé dans commerciale, aux conditions qui sont obligatoires (franchise) il faut l’amélioration des chartes relatives seront précisées par voie réglemen- qu’ils respectent son niveau sala- aux droits des patients et à sensi- taire. rial (10% du SMIG). Pour ce qui biliser les citoyens afin que tout Trois ans après sa mise en œuvre, relève des assurances privées, les le monde participe à la réforme l’AMO, avec plus de 10 millions participants ont demandé qu’elles sanitaire. de bénéficiaires, réalise certes des augmentent leur taux de rembour- résultats honorables sur le plan sement et qu’elles suppriment le quantitatif mais plusieurs dysfonc- plafonnement. UNE RÉFORME EN tionnements ont là aussi été notés Par ailleurs, selon les participants, COURS sur le plan qualitatif. la liste des médicaments rembour- Des revendications qui semblent, Le principe fondamental de sables reste figée. Cette liste, qui pour partie, avoir été entendues l’AMO, à savoir l’égalité dans compte 2524 médicaments n’évolue côté gouvernemental si l’on en juge l’accès aux soins, n’est pas encore pas selon les résultats de la recher- par la volonté affichée de réformer atteint. Les participants au Colloque che scientifique. L’ANAM, organe le système de santé et ce, afin d’as- national sur le patient et l’assurance régulateur de ce système, prévoit surer de meilleurs soins dans toutes maladie tenu début décembre 2008 dans ce sens la mise en place d’un les régions du royaume. La minis- à Casablanca étaient de fait unani- comité de transparence. Le but est

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C’est pourquoi, elle envisage de restructurer le système national de santé en mettant en place des Objectifs de la structures régionales pour une plus nouvelle stratégie grande autonomie de gestion des établissements de santé. Selon le 2008-2012 du gouvernement, les citoyens doivent Ministère de la pouvoir compter sur une offre de santé soins accessible au niveau quan-

titatif et qualitatif et bien répartie - Moraliser le secteur de la santé ; sur l’ensemble du territoire, y com- - Réduire le taux de mortalité pris les régions les plus éloignées. maternelle à 50 décès pour 100 L’ambition est de disposer d’un 000 et réduire le taux de mortalité

AIC Press AIC service public de santé compéti- infantile à 15 décès pour 1000 à . tif et performant (selon Yasmina horizon 2012 ; Baddou, le secteur public compte- tre de la Santé, Yasmina Baddou, - Assurer l’équité de l’offre de soins rait près de 50 000 fonctionnaires a ainsi déclaré que son ministère entre les régions et entre les milieux et ne serait pas compétitif par rap- espérait rendre les traitements plus urbain et rural ; port au privé) mais aussi d’amélio- abordables et les mettre à la portée - Faciliter l’accès aux soins pour les rer l’accueil du service public car des couches les plus démunies de la plus démunis et surtout pour la population. beaucoup de malades se plaignent population rurale ; Pour ce faire, le gouvernement a d’une mauvaise orientation et des - Disposer d’un service public de donc élaboré une nouvelle straté- délais de prise en charge. santé compétitif et performant gie sanitaire. Ce plan, La disponibilité (taux d’hospitalisation à 5% de la qui s’étendra de 2008 Ce plan, qui s’étendra des médicaments population d’ici 2012) ; à 2012, prendra en de 2008 à 2012, prendra est un autre point - Rendre au citoyen la confiance dans compte deux priorités en compte deux priorités important. Selon le système de santé par l’amélioration fondamentales : faci- fondamentales : faciliter les chiffres du de l’accueil, l’information, les liter l’accès aux soins l’accès aux soins des ministère, la part urgences, la propreté, l’équité et la des catégories défa- catégories défavorisées et des médicaments disponibilité des médicaments ; vorisées et réduire le réduire le coût des soins et dans le budget - Réduire le coût des soins de santé et coût des soins et des des médicaments. de l’Etat est de médicaments. 750 millions de des médicaments ; Le ministère espère améliorer la dirhams. « En raison des défaillan- - Renforcer la veille et la sécurité répartition des services de santé ces dans le mode de gestion » sanitaire ; et des professionnels et mieux les (comme ces choses là sont joliment - Réduire la part supportée par les regrouper. Le Maroc compte actuel- dites !), explique Yasmina Baddou, ménages dans le financement de lement 46 médecins pour 100 000 « les médicaments ne sont pas dis- la santé à moins de 25% à l’horizon habitants, dont 44% sont concen- ponibles partout. Aussi, faut-il pen- 2015 ; trés sur l’axe Rabat-Casablanca. Le ser à la décentralisation et à un sys- - Prendre totalement en charge les pays ne compte que 130 hôpitaux tème de traçabilité ». Pour garantir affections de longue durée (ALD). et 2000 centres de santé de base, l’accès aux soins des plus démunis, qui selon la ministre « ne fonction- notamment dans le monde rural, Y. nent qu’à 50% de leurs capacités » Baddou préconise de permettre aux (Magharebia.com). pharmaciens de recourir aux médi- caments génériques. Elle compte

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également combattre le secteur nouvelle architecture pédagogique informel, « on trouve des médica- mise en place. Mais l’essentiel de ments qui se vendent dans des lieux la réforme reste à accomplir. Selon autres que les pharmacies », a-t-elle , ministre de ainsi déclaré. l’Education, même si l’école a été La stratégie s’assigne par ailleurs généralisée pour les enfants âgés pour objectif de prendre en char- de 6 à 11 ans, les taux vont en ge les maladies de longue durée s’amenuisant au fur et à mesure comme le cancer, le diabète ou la que l’on avance dans les tranches santé mentale. Elle ambitionne éga- d’âge (L’Economiste). De 12 à 14 lement de mettre à niveau les hôpi- ans par exemple, le taux passe à taux, d’assurer une coordination 74.5%. De 15 à 17 ans à 48% et de efficace et méthodique entre les 19 à 23 ans à seulement 12%. Ce différents établissements de santé à qui est bien évidemment révéla-

travers le pays, d’élaborer une carte Press AIC teur de dysfonctionnements liés au Ahmed Akhchichine. nationale de la santé, d’initier une passage d’un niveau scolaire à un nouvelle approche en matière de mettre à chaque citoyen, victime autre, à relever et à traiter. Les chif- gestion des ressources humaines, d’un abus, de le signaler. fres liés à l’abandon et à l’échec de mettre en œuvre et d’élargir le scolaire sont pour leur part plus régime d’assistance médicale. ACCÈS ET DROIT À qu’inquiétants. Le taux « moyen » Le Maroc veut réduire le taux de L’ÉDUCATION de redoublement au primaire est de mortalité des mères à la naissance 13% (jusqu’à 20% dans certaines de 50 au lieu de 227 pour 100 000 Qu’il s’agisse d’équité, de qualité régions), de plus de 16% au collège femmes, et le taux de mortalité ou d’efficacité de l’éducation, le et de 17% au lycée. Concernant infantile à 15 décès au lieu de 40 Maroc est « nettement à la traî- l’abandon scolaire, le constat est pour 1000 à l’horizon 2012. ne ». Le constat est sans appel. Et amer. Près de 400 000 enfants ont Autre chantier de taille : la mora- c’est la Banque Mondiale (BM) quitté l’école avant l’âge de 15 lisation des établissements hospi- qui le dresse dans son dernier rap- ans en 2006. D’après le ministre, taliers. Là aussi, la ministre isti- port sur l’éducation, « Un parcours près de 40% des élèves ne termi- qlalienne semble déterminée à non encore achevé : la réforme de nent pas leurs études primaires. livrer une bataille contre les fonc- l’éducation au Moyen-Orient et en Ce qui signifie que des centaines tionnaires indélicats. Elle compte Afrique du Nord ». Le Maroc y de milliers d’enfants restent livré ainsi mettre à profit l’expérience est classé parmi les plus mauvais à eux-mêmes durant des années, de Transparency Maroc et surtout élèves de la zone MENA, selon un sans avoir aucun statut au sein de imposer la transparence et la bonne indice composite d’accès, d’équi- la société. Dans les milieux ruraux, gouvernance. Car selon elle, il est té, d’efficacité et de qualité de ces enfants sont en majorité exploi- possible d’endiguer la corruption l’éducation. Le bilan de la réforme tés dans des travaux agricoles non à travers une gestion transparente. initiée en 1999 et pilotée par la rémunérés (L’Economiste). « Par exemple, la liste des médi- commission spéciale de l’éducation Selon une étude menée caments et consommables dispo- et de la formation (COSEF) est dans le cadre du programme nibles que l’hôpital met à la dispo- désolant. Il est vrai que l’on cons- « Enseignement pour tous », sition des patients à titre gracieux tate certaines réalisations comme la seuls 16% des élèves de la 4ème sera affichée. Il n’y aura pas moyen généralisation de l’accès à l’école, année du primaire maîtrisent les pour un fonctionnaire de les mon- la déconcentration relative du sys- connaissances de base dans toutes nayer » (Le Matin). Un numéro tème, le renouvellement des con- les matières enseignées. Cela veut économique est annoncé pour per- tenus des programmes ou encore la dire que plus de 80% de ces élè-

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ves ne comprennent pas ce qu’on Principaux mis en cause : les ensei- « nouveau cadre » et l’action à trois leur enseigne. Dans certaines vil- gnants. niveaux, ce qui n’a pas manqué les, ce taux est catastrophique. A Ces derniers sont à la fois victi- de faire réagir certains profession- Ifrane, par exemple, il n’est que mes et responsables de la défaillan- nels qui soulignent que « c’est sous de 0.7% ! Cette même catégorie ce du système. Ils ont été poussés à l’égide de cette même institution d’élèves a été classée intégrer un domai- internationale qu’a été concertée la dernière en mathéma- ne d’activité pour Charte de l’Education, qui non seu- Les élèves du collège ont tiques et 24ème en lequel ils n’avaient lement a été impuissante à conjurer quant à eux été classés sciences selon une au départ aucune la débâcle mais a apporté sa con- 40ème sur 45 pays testés. étude internationale vocation. Ils ont tribution à l’approfondissement de Plus de la moitié d’entre réalisée par Trends été par la suite mal l’échec ». Les mêmes de relever de eux (sur un total de 3000) in International formés, sous-payés n’ont pas obtenu la note de Mathematics and et donc pas du tout référence la plus basse. Science Study motivés. Ce qui (TIMSS) en 2003 se répercute for- portant sur 25 pays. Les élèves du cément sur la qualité de l’ensei- Éducation, un collège ont quant à eux été classés gnement. D’où la nécessité de la budget en trompe 40ème sur 45 pays testés. Plus de la mise en place d’un programme de moitié d’entre eux (sur un total de formation de « remise à niveau » l’œil 3000) n’ont pas obtenu la note de des enseignants. Même si l’opéra- référence la plus basse. Une autre tion risque de coûter cher à l’Etat. L’état des infrastructures d’accueil étude (PIRLS 2006) a également Il n’en demeure pas moins que la est désastreux. Selon le Ministère de fait état d’une « honte internationa- facture sera bien moindre que celle l’Education Nationale, près de 9000 le ». En lecture, les élèves de 4ème engendrée par l’abandon scolaire salles sont insalubres. Dans le milieu année du primaire sont classés en primaire, qui, à lui seul, coûte rural, plus de 60% des écoles ne sont ème 43 sur 45 pays traités. A peine à l’Etat une perte sèche de près de pas raccordées au réseau électrique un quart d’entre eux a atteint le 2,2 milliards de dirhams. et plus de 75% ne le sont pas à niveau minimum requis pour le test Une fois le constat établi, que celui de l’eau potable. Plus de 80% PIRLS (Programme International faire ? L’étude de la Banque ne disposent pas de sanitaires. Les de Recherche en Lecture Scolaire). Mondiale préconise l’adoption d’un besoins en collège sont de l’ordre de 260 par an alors qu’on en produit 90 actuellement. Rappelons que le budget du ministère s’élève à 31 milliards de dirhams mais que les dépenses d’investissement en éducation et enseignement, prévues en 2008 sont de l’ordre de 2,93 milliards de dirhams soit à peine 1,4% du budget général de l’Etat. Pour mémoire, les services de la dette atteignent 23,01% du budget général. AIC Press AIC

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manière critique les 3 principales la terminologie utilisée dans ce cher les efforts relatifs à la réforme actions préconisées : rapport, les équipes pédagogi- de l’école publique » ajoute quel- - L’ingénierie de l’enseignement : ques. ques lignes plus loin « qu’une ins- ce sont les écoles, leur équipe- - La responsabilité publique met truction et éducation assurées par ment et les enseignants. Tout en l’accent sur la « capacité des des entités non publiques pourraient reconnaissant un certain rôle à parents, élèves et autres inter- être encouragées ». Ce qui fait dire ces « intrants », le rapport con- venants à exercer une influence aux mêmes regards critiques que la sidère toutefois que ce n’est pas sur les objectifs politiques et BM développe une vision étroite de là l’essentiel. On peut pourtant l’allocation des ressources con- l’éducation quand elle lui assigne se demander si le nombre d’élè- sacrées à l’éducation au niveau pour rôle essentiel « d’appliquer ves par classe, le nombre d’en- national et/ou local ». On peut des diagnostics et de formuler des seignants par élèves, l’état des se demander à qui pense la BM réponses convenant aux besoins locaux (cf. encadré), la quantité quand elle parle « d’autres inter- spécifiques des étudiants et de l’en- et la qualité du matériel utilisable venants » ? Tout porte à croi- vironnement » en « se conformant dans les laboratoires ou encore re, selon l’expérience déjà en à la demande de plus en plus com- l’existence de centres documen- cours dans d’autres pays, qu’il plexe d’une clientèle diversifiée ». taires et la richesse de leur fonds s’agit là des investisseurs et du ne relève que du « détail » ? monde de l’entreprise, de plus Pour la Banque Mondiale, « ces en plus ouvertement appelés à QUID DE L’ACCÈS ingrédients sont importants pour peser sur les choix éducatifs et AUX SERVICES qu’une réforme sérieuse réus- les politiques d’enseignement. PUBLICS ET DE sisse, mais ils ne modifient pas Il semble qu’il ne soit ques- LEUR EFFICIENCE nécessairement le comportement tion ici de donner un quelconque des acteurs concernés, c’est-à- rôle en matière de détermina- A travers les exemples de la santé dire les prestataires de services tion des objectifs, politiques et et de l’éducation, on perçoit nette- (les enseignants) et les clients allocations des ressources aux ment combien tout déficit au niveau (les élèves). enseignants eux-mêmes pourtant des services publics ou en matière - Les incitations : elles visent à premiers « experts » en matière d’accès des usagers est de nature mieux contrôler les enseignants d’éducation. à miner les objectifs politiques, et directeurs d’école qui se ver- Le rapport rappelle tout de même sociaux, économiques et culturels ront récompensés (ou pénali- que « l’éducation n’est pas conçue qui sont à la base de la création de sés) en fonction des résultats pour servir les intérêts de quel- ces services. Aujourd’hui, la ges- éducatifs. Par exemple, « accor- ques uns seulement » et que « le tion des services publics se trouve confrontée à une double contrainte der des récompenses pécuniai- bénéfice tiré de l’investissement à de bonne gouvernance : exercice res ou autres aux enseignants et l’éducation » ne doit pas profiter effectif des droits et lutte contre la directeurs d’écoles sur la base uniquement à la « majorité » mais corruption. L’IPC 2008 (indice de des meilleurs résultats aux exa- plutôt à toute la population. Cela perception de la corruption) indique mens ». Dans ce cadre, le rapport suppose toutefois que l’éducation pour les pays en bas de classement n’est pas très explicite et quoique demeure un service public et que un cercle vicieux pauvreté/corrup- le mot « investisseur » ne soit l’enseignant soit à l’abri de la mar- tion et souligne les relations cor- pas prononcé, tout porte à croire chandisation. Or, le rapport, tout ruption/accès aux services publics que le contrôle en question serait en reconnaissant que « le rôle du dans la plupart des pays en déve- exercé par les investisseurs, don- secteur privé dans l’éducation est loppement. neurs d’ordre sur les prestataires susceptible de rester limité dans un L’accès aux services publics est de services que deviennent, dans avenir prévisible » et « qu’aucun devenu partout dans le monde une pays ne peut se permettre de relâ- 16 — Transparency news. numéro 5, avril 2009 DOSSIER Pas simple de simpli- sion économique, sociale et territo- riale, création et redistribution des fier les procédures L’administration marocaine est confrontée à plu- richesses nationales…etc). sieurs défis tels que la mise en place d’un Etat de Corruption et mal gouvernance droit et la contribution à la protection des droits des citoyens en leur fournissant des services affaiblissent les pauvres, dilapident de qualité sans discrimination. D’autres défis les biens publics et limitent leurs socio-économiques s’imposent aussi comme la réduction du coût salarial, la rationalisation des effets et les objectifs de service dépenses publiques et la nécessité de développer public qui leur ont été assignés. les investissements, ainsi que la conservation du réseau social. Le défi culturel impose l’adoption Elles accentuent les inégalités de d’une nouvelle perception du concept « pouvoir ». chance d’accès ; de façon quasi Et face aux défis technologiques de la nouvelle ère, l’administration est appelée à utiliser les nou- quotidienne, de larges couches de velles technologies d’information et de commu- nication pour mieux communiquer en interne et la population sont privées d’accès avec son environnement socio-économique. aux services essentiels que sont La simplification des procédures administratives les soins médicaux et l’éducation. trouve ses références dans les directives royales

AIC Press AIC et les déclarations gouvernementales devant le Elles sapent également l’Etat de Mohamed Abbou. parlement qui appellent à la simplification des pro- droit en encourageant la culture de cédures et à l’actualisation des textes tout en met- tant fin à la prolifération des textes qui entravent la préoccupation, objet de veille et non reddition des comptes, la non communication efficace avec les citoyens. de réformes pour intégrer de plus effectivité des lois et des règle- Lors de l’atelier organisé par l’Observatoire de la en plus de dimensions et d’exigen- corruption de Transparency Maroc, un intervenant ments ou leur application non sys- a fait valoir que ce ne sont pas les procédures ces de la vie moderne. En effet, tématique et discriminatoire. Les qui sont compliquées mais l’environnement dans aux anciennes exigences d’égalité, lequel elles évoluent. Certaines réformes ont en systèmes corrompus substituent effet été introduites par le ministère de la moderni- d’accueil, de continuité et de proxi- ainsi les relations de clientélisme, sation des secteurs publics telle que loi portant sur mité, s’ajoutent les critères de qua- la motivation des décisions administratives, votée de corruption et de népotisme aux et publiée en 2003. Cette tentative de réforme n’a lité, d’accessibilité, de durabilité, relations d’équité et de citoyenneté. pas eu un impact réel sur la relation administra- de dématérialisation et de transpa- tion-citoyen faute de coordination et de commu- Lors de l’atelier sur l’accessibi- nication. rence (en France par exemple, « les lité aux services publics, organisé L’un des moyens choisis par l’administration pour principes d’égalité, de continuité, faciliter l’accès aux services administratifs est par l’Observatoire de la corruption le passage au e-gouvernement. Or, comme l’a de mutualité et d’accessibilité ont en octobre dernier, il est claire- souligné , ministre de l’Industrie, valeur juridique – ils ont été con- du Commerce et des Nouvelles Technologies lors ment ressorti de l’observation des du 4ème forum sur l’administration électronique, sacrés par les tribunaux dès la fin cas abordés quotidiennement par « si les progrès effectués en administration élec- du 19ème siècle. Les principes de tronique sont indéniables, le chemin à parcourir la presse dans toutes les régions du est encore long. On est en retard par rapport à transparence, de neutralité, de fia- Maroc : d’autres pays arabes ». Une réalité que confirme bilité se retrouvent dans la charte la note obtenue par le Maroc, 0,2 si l’on en croit - Une ignorance fréquente des l’indice des Nations Unies, quand l’Egypte et la des services publics »). règles d’accès aux services Jordanie affichent un indice de 0,6 sur une échelle de 1. Au niveau de l’Etat natio- publics ; En cause, l’absence notamment d’une instance nal comme au niveau des unions - Un abus des responsables admi- gouvernementale chargée de ce dossier ainsi que la faiblesse des infrastructures. D’où l’urgence de régionales (l’UE par exemple), des nistratifs dans l’exercice de leurs revoir la stratégie étatique en ce domaine. A cet chartes de services publics sont pouvoirs ; égard, le gouvernement a élaboré un plan straté- gique pour la période 2009-2013. Plusieurs piliers adoptées pour veiller à protéger - Une lourdeur et une complexité sont prévus dont la création de pôles d’excellence, certaines activités des règles du le soutien aux petites et moyennes entreprises, des procédures administratives ; ainsi que la progression de l’internet à haut débit. marché concurrentiel, pour garantir - Un accès non équitable aux ser- La création d’un conseil national des technologies la satisfaction des besoins et l’ef- de l’information et de la communication (TIC) est vices publics ; également envisagée. Un décret serait d’ailleurs fectivité des droits fondamentaux en cours d’élaboration. - Une absence d’une culture de des personnes, ainsi que pour des Reste qu’une fois l’aspect technique maitrisé, un raisons de stratégie et de choix de reddition des comptes. problème de taille se pose, celui de l’accessibilité du citoyen aux services électroniques. 80% des modèles de développement (cohé- communes marocaines étant rurales, la culture des TIC y est quasiment inexistante.

Transparency news. numéro 5, avril 2009 — 17 DOSSIER

CONCLUSION ou la Syrie se rapprochent des niveaux de PIB/habitant du Maroc Tous ces manquements ont un mais le devancent de loin dans le coût, lourd pour l’Etat comme classement global grâce à de bons pour ses citoyens, que n’ont pas indicateurs d’enseignement. PRINCIPES DU manqué de relever les auteurs Au vu de ces maigres résultats, SERVICE PUBLIC du dernier rapport sur le déve- on peut s’interroger sur l’efficacité loppement humain, élaboré par le des stratégies de développement Le principe d’égalité implique social s’il y en a. Depuis 2005, Programme des Nations Unies pour qu’aucune distinction ne soit faite entre le Développement (PNUD) pour les tous les « projets », aussi petits usagers quant à l’accès au service années 2007-2008. Il ressort qu’en soient-ils, initiés aux quatre coins public comme au service rendu lui- fait de progrès, le Maroc ne cesse du pays, sont intégrés dans le cadre même. de régresser, perdant 3 nouvelles de l’INDH. Mais rien de cela n’a places dans le classement général permis l’amélioration des condi- L’adaptation est nécessaire pour pour atterrir au 126ème rang sur tions de vie des populations les plus ajuster les technologies aux besoins, 177 pays. La Namibie devance démunies, du moins au terme de tous deux en évolution rapide. ainsi le Maroc qui se rapproche cette même année. La connaissance : la complexité des de plus en plus des pays classés Côté enseignement, les indica- règles administratives, l’inflation des teurs ne risquent pas de s’améliorer « à faible développement humain » textes législatifs et réglementaires ainsi (L’Economiste). pour les deux dernières années. que l’opacité de certaines règles ne Ni l’INDH ni les autres « plans Plusieurs opérateurs du secteur peut que susciter l’incompréhension de développement social » n’ont révèlent une aggravation des défi- entre les services publics et l’usager- convaincu les rédacteurs du rapport cits en infrastructures et en ressour- citoyen. des « progrès sensibles » qu’on ne ces humaines ainsi qu’une dégrada- cesse de faire valoir. Les experts tion des conditions d’enseignement, La neutralité : pour la charte des internationaux n’ont rien à faire des notamment dans le monde rural. services publics, ce principe est le corollaire du principe d’égalité, signaux. Ils ne croient qu’aux résul- En classant le Maroc parmi les la neutralité garantit le libre accès tats. Or, le Maroc affiche des résul- mauvais élèves, les experts du de tous aux services publics sans PNUD ont dû remarquer les iné- tats médiocres au niveau de toutes discrimination. les composantes de « l’indice de galités flagrantes entre riches et développement humain ». Mais ce pauvres. Cinquante ans après l’In- La transparence et la responsabilité qui fait le plus défaut, ce sont les dépendance, les signes de pauvreté permettent aux citoyens et aux usagers indicateurs de l’éducation et l’en- et de précarité sont toujours aussi de s’assurer du bon fonctionnement du seignement. A la fin 2005, le Maroc saillants dès que l’on quitte le cen- service public et de faire valoir leurs affiche un taux d’alphabétisation tre des grandes villes marocaines. droits. des adultes de 58%. Notre pays Pourtant les organismes inter- La confiance et la fiabilité imposent de fait moins bien que l’Ouganda, le nationaux ne cessent de ressasser se comporter en toute circonstance en Kenya ou même Madagascar. Si cette antienne qui n’a guère besoin partenaires loyaux. nous n’avions pas atteint une espé- d’expertise pour être signalée. Des rance de vie à la naissance de 70,4 centaines de solutions ont été avan- ans et un PIB par habitant de 4.555 cées pour garantir le minimum vital $, notre classement aurait été bien en termes de qualité de vie pour les pire. Toujours est-il que ces deux plus démunis. Demeure ainsi l’éter- résultats restent bien loin de ceux nelle question : quid de la volonté de l’Algérie, la Tunisie ou même le politique ? Gabon. Des pays comme l’Egypte

18 — Transparency news. numéro 5, avril 2009 RÉFÉRENCES ET SOURCES

I – Journaux et magazines II – Agences de presse TRANSPARENCY NEWS • Achourouk Publication de l’Observatoire de la • Akhbar Alyaoum • Maghreb Arab Presse (MAP) • Al Akhbar • Agence France Presse (AFP) Corruption et du Développement de la • Al Alam • Agence Reuters Transparence au Maroc • Al Bayane • Panapress • Al Michaal Comité de suivi • Al Watan Al Ane Azedine Akesbi • Aladala wa attanmia Sion Assidon III – Rapports et • Alahdath Almaghribia Ahmed Bernoussi • Alayam présentations Rachid Filali Meknassi • Alittihad Alichtiraki Rajae Kassab • Aljarida Aloula • Rapport de la Banque mondiale : Abdleaziz Messaoudi • Alhayat « Un parcours non encore achevé : Abdellatif Ngadi • Almaghribia la réforme de l’éducation au Moyen Abdlelaziz Nouaydi Orient et en Afrique du Nord », • Al Massae Banque mondiale, janvier 2008 Bachir Rachdi • Almounataf M’hammed Yassine • Almountakhab • Rapport mondial sur le déve- loppement humain 2007/2008, • Alousboue assahafi Programme des Nations Unies pour Directeur de l’Observatoire • Aloussbouia aljadida le développement (PNUD), 2008 Mohamed Ali Lahlou • Alqabas • Programme de simplification • Alwatan Al ane des procédures administratives, • Annahar Almaghribiya Mohamed Nassim, Ministère de Rédacteur en chef • Arraey la Modernisation des Secteurs Michèle Zirari Publics, juin 2008 • Asdae • Assabah • Les droits de l’homme en matiè- Rédaction • Assabahia re de santé au Maroc entre le rêve et la réalité, Dr Aziz Ghali, Laetitia Grotti • Assahrae Al Maghribiya Coordinateur PHM-MENA Mohamed Ali Lahlou • Younes Foudil • Au fait • Aujourd’hui Le Maroc IV – Sites internet : • Bayane Al Yaoum Documentation • Challenge Hebdo Soumia Ait Bouchtba • Economie et Entreprises • www. arabpressnetwork.org Fatima Zahra EL Belamachi • Finances News Hebdo • marches-tropicaux.com • Labyrinthes • www.maghrebiya.com Communication • La Gazette du Maroc • www.maroc.ma Dounia Najjaati • La vie économique • www.yabiladi.com • L’Economiste • http://web.worldbank.org Maquette et mise en pages • L’Economiste Magazine Scriptura Éditions • L’Express • • Le Matin du Maghreb et du Sahara Photos • Le Monde AIC PRESS • Le Reporter • Le Soir Echos Imprimerie • Libération Adams graphic - Rabat • L’Observateur • L’Opinion Transparency-News est une • publication interne diffusée par • Nichane Transparency-Maroc et conçue par • Perspectives du Maghreb L’Observatoire de la Corruption, avec • Rissalat Al Ouma • Telquel l’appui de l’Ambassade des Pays-Bas au Maroc.

Transparency news. numéro 5, avril 2009 — 19 QUESTIONS A MOHAMED SAID SAADI, ENTRETIEN ENSEIGNANT-CHERCHEUR ET CONSEILLER DE LA VILLE DE CASABLANCA.

« LE CITOYEN SE TROUVE CONTRAINT, POUR ACCÉDER À CES SERVICES, DE CÉDER AUX EXIGENCES D’AGENTS INDÉLICATS »

L’accès aux services publics, qui est un droit pour tous, se Le Maroc a été l’un des premiers signataires de la Convention trouve entravé par la corruption et la méconnaissance de des Nations Unies contre la corruption adoptée en 2003 et leurs droits par les citoyens. Est-ce que vous considérez le gouvernement s’est doté d’un plan d’action national de que la corruption est une cause ou une conséquence des lutte contre la corruption. Comment expliquez-vous que les dysfonctionnements des services publics ? administrations, toutes tendances confondues, n’ont pas une Il est certain que la gestion bureaucratique des services politique explicite de lutte contre la corruption ? publics, le manque de contrôle citoyen et l’absence de Pendant longtemps, la corruption était partie intégrante du transparence et de communication avec le public favorisent système patrimonial marocain basé sur la cooptation des élites le recours à des pratiques malsaines, notamment la corrup- à travers la distribution de rentes de situation et des prében- tion, par l’administration en charge des et la corruption en vue de s’assurer d’assurer ces services. De son côté leur allégeance et leur loyauté. Dans ces le citoyen se trouve contraint, pour conditions, il devient difficile de rompre accéder à ces services, de céder aux avec des pratiques qui se sont enracinées exigences d’agents indélicats, péren- pendant des décennies au point de cons- nisant ainsi une pratique qui nuit aux tituer l’un de ses piliers. En d’autres ter- principes d’égalité, d’universalité et mes, la volonté politique d’aller vers une de continuité qui sont à la base de la réelle démocratisation de la société et des philosophie du service public. A cet rouages de l’Etat ainsi que l’adoption égard, il convient de mentionner que d’une politique résolue de lutte contre la privatisation des services publics, les privilèges et les rentes de situation que ce soit sous forme de concession sont à même d’aider le Maroc améliorer ou de gestion déléguée, ne garantit son classement par rapport à l’indice de pas nécessairement la disparition de corruption. la corruption. A titre d’exemple, la corruption d’élus locaux par les mul- L’un des moyens choisis par tinationales de l’eau en France est un DR l’administration pour faciliter l’accès cas suffisamment bien documenté. aux services administratifs est le passage au e-gouvernement. Est-ce que vous considérez que la dématérialisation et le e-gouvernement peuvent constituer La charte communale révisée prévoit, pour la première une solution de lutte contre la corruption ? fois, la possibilité pour le Ministre de l’Intérieur de prendre Le gouvernement électronique peut certes contribuer à alléger « toutes les mesures nécessaires au bon fonctionnement l’ampleur de la corruption, en allégeant notamment les circuits des services publics communaux ». Quels sont les moyens mis en place pour combattre la corruption dans et les procédures administratifs. Mais, étant donné la faible les différents services de l’Etat et dans les services connectivité des Marocains et le taux relativement élevé de communaux en particulier ? l’analphabétisme qui sévit encore au Maroc, ses effets risquent d’être limités. A ma connaissance, rares sont les communes qui ont une politique de lutte contre la corruption qui soit déclinée de manière explicite. Pour qu’il en soit ainsi, il faudrait que les La Ministre de la santé a annoncé la mise en place d’un communes en charge des services publics locaux adoptent numéro économique pour permettre à chaque citoyen, victime les principes de la gouvernance démocratique, ce qui est d’un abus, de le signaler. Comment pourrait-on encourager les loin d’être le cas. Par contre, les services centraux de tutelle citoyens à dénoncer et à témoigner des actes de corruption prennent parfois des mesures disciplinaires contre des élus dans les différents services publics ? locaux, des fonctionnaires et des agents de l’autorité locale, Il convient d’ abord de mener une vaste campagne de sensibi- et ce à la suite des missions d’inspection dépêchées sur le lisation et d’information sur les initiatives prises par les pou- terrain pour enquêter sur les pratiques de gestion locale. voirs publics en matière de lutte contre la corruption. Le rôle Certains cas peuvent être déférés devant la justice. Tout en de la société civile doit par ailleurs être soutenu et valorisé. Il étant importantes, ces opérations « coups de point » restent me semble également que les élus locaux, du moins ceux qui épisodiques et ne semblent pas s’inscrire dans une stratégie sont honnêtes parmi eux, peuvent s’impliquer pour accompa- bien claire de lutte contre la corruption et de promotion de gner les citoyens qui dénonceront les abus de l’administration la gouvernance démocratique. et témoigneront des actes de corruption pratiqués en son sein.