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DOSSIER PÉDAGOGIQUE

une exposition 2 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

SOMMAIRE

SISLEY L’IMPRESSIONNISTE

L’exposition ...... p.6 Manifeste ...... p.7 Le parcours ...... p.8

ALFRED SISLEY

Les dates ...... p.13 Portrait ...... p.14

IMPRESSIONNISME ET SOCIÉTÉ

Contexte ...... p.15 Chronologie des mouvements ...... p.17 L’Impressionnisme ...... p.19

EXPLORATIONS

Pistes ...... p.21

VOTRE VISITE

Visuels disponibles ...... p.29 Informations pratiques ...... p.32

3 AVANT-PROPOS

Ce dossier est conçu pour les enseignants et les personnels encadrants des structures socioculturelles. Il propose des questionnements, des outils méthodologiques et des pistes d’exploitation pédagogique en prolongement. En regard des nouveaux programmes de l’Édu- cation nationale, il a pour mission de favoriser une approche contextualisée et perspective des œuvres. © S. Lloyd

Classé Monument Historique, l’Hôtel de Caumont est l’un des plus beaux hôtels particuliers d’Aix-en-Provence datant du XVIIIème siècle. Situé à quelques pas du cours Mirabeau, dans le quartier Mazarin, il a fait l’objet d’une complète restauration afin d’accueillir depuis mai 2015, un nouveau Centre d’Art.

Ouvert à toutes formes d’art, il a pour vocation de présenter deux expositions temporaires par an, dédiées aux grands noms de l’histoire de l’art, de l’art ancien à nos jours. Restituant l’atmosphère et l’esthétique caractéristiques du XVIIIème siècle, l’Hôtel de Caumont - Centre d’Art est un lieu majeur de la vie culturelle aixoise, où l’on découvre et partage l’art avec passion.

4 REPÈRE

5 SISLEY

L’EXPOSITION l’impressionniste

Alfred Sisley Paysage à Andresy, 1875 Huile sur toile, 46 x 55 cm © Alon Zakaim Fine Art, London & Stern Pissarro Gallery, London

L’Hôtel de Caumont - Centre d’Art à Aix-en-Provence accueille Sisley, l’impressionniste, la première exposition monographique consacrée à cet artiste en France depuis 2002.

Couvrant l’ensemble de la carrière de Sisley, depuis les œuvres présentées au de 1866 jusqu’à ses vues du bourg pittoresque de Moret-sur-Loing dans les années 1890, l’exposition explore l’ascendance artistique de Sisley et sa relation avec ses compagnons impressionnistes. Le visiteur est invité à découvrir les stratégies picturales radicales de Sisley dans la décennie 1870, l’influence des estampes japonaises, de la photographie, de l’art hollandais du XVIIe siècle mais aussi de Constable et J. M. W. Turner sur sa pratique, ainsi que la relation entre son œuvre graphique et sa peinture. L’accent est mis également sur les deux dernières décennies de sa vie pendant lesquelles son art de peindre témoigne d’une exécution toujours aussi vigoureuse, et une démarche toujours plus résolue.

Grâce au commissariat de MaryAnne Stevens, historienne de l’art indépendante et spécialiste internationalement reconnue de l’artiste, l’exposition Sisley, l’impressionniste livre un panorama complet de l’œuvre de Sisley, tout en proposant de nouveaux éclairages. En mettant en évidence les qualités remarquables de son œuvre, elle permet aussi de reconsidérer la place de Sisley au sein de l’impressionnisme et, plus largement, du milieu artistique français de la seconde moitié du XIXe siècle.

6 SISLEY

MANIFESTE l’impressionniste

Alfred Sisley fut probablement le plus puriste des impressionnistes. Tout au long de sa carrière, il est resté fidèle à la division des tons, aux effets passagers de la lumière, grâce à une réceptivité exceptionnelle aux changements atmosphériques. Il a peint en plein air, consciencieusement, par tous les temps, enregistrant ses sites préférés - , Marly-le-Roi, Moret, Saint-Mammès - avec une multitude de détails, en toute saison et sous les ciels les plus changeants.

Alors que, dans leur maturité, Monet et Renoir ont pu évoluer à l’encontre des principes de base de l’impressionnisme, Sisley a maintenu le cap et créé un corpus d’œuvres doté d’une remarquable cohérence interne et d’une autorité fondée sur la persévérance. Puisque nous ignorons presque tout de sa vie, son art doit parler par lui-même ; et il le fait avec une beauté envoûtante. On a beaucoup évoqué la double nature de ses origines - un français avec des racines anglaises. Dans toute l’histoire de l’art, il n’est pas d’équivalent qui dérive ainsi en parts égales de Corot et de Constable. Sisley possède une manière individuelle et caractéristique qui récompense l’obseva- teur disposé à s’intéresser de près à une retrospective comme celle-ci.

Alfred Sisley Pont de Sèvres, 1877 Huile sur toile, 38.7 x 56 cm © Photograph courtesy of Richard Green Gallery, London 7 SISLEY

PARCOURS DE L’EXPOSITION l’impressionniste

LA NATURE AU CŒUR DE L’ŒUVRE

Paris, Forêt de Fontainebleau, .

Les premiers tableaux que Sisley expose au Salon, en 1866, peints en bordure de la forêt de Fontainebleau, montrent l’engagement de l’artiste dans la peinture de paysage, telle qu’elle a été définie à partir des années 1830 par Corot et les peintres de l’École de Barbizon. Sisley cherche ses premiers motifs dans le territoire de ces peintres, mais aussi dans les quartiers ouest de , à proximité de Saint-Cloud et de Ville-d’Avray, très fréquentés par Corot. Lorsqu’il entre dans l’atelier de , en octobre 1862, Sisley fait la connaissance de Pierre-Auguste Renoir, Frédéric Bazille et . Tandis que, vers le milieu des années 1860, il utilise une touche large et chargée qui définit fermement les objets, son pinceau s’allège et s’assouplit sur la toile au fur et à mesure que l’artiste tente d’y introduire plus d’atmosphère : la fraîcheur du matin dans une vue des Batignolles, ou la qualité limpide de la lumière reflétée par les eaux du canal de l’Ourcq.

La guerre franco-prussienne, qui éclate le 19 juillet 1870, marque une rupture importante dans la carrière de l’artiste. Les troupes prussiennes occupent et l’atelier de Sisley est détruit. Le peintre perd tout ce qu’il possède, ce qui explique le faible nombre d’œuvres qui subsistent de cette époque et des années précédentes. Le 28 janvier 1871, le siège est levé après la signature de l’armistice par le gouvernement de la Défense nationale et les Prussiens. Suivent les deux mois de la Commune, marqués par des combats sanglants et des destructions. Pendant cette période cri- tique, Sisley reste avec Renoir dans Paris assiégé. Ils pleurent la perte de Bazille, leur ami proche, tué dans la bataille de Beaune-la-Rolande le 28 novembre 1870. Il avait vingt-huit ans.

LA , THÉÂTRE DE L’IMPRESSIONNISME

Dans les années 1870, le bassin de la Seine est un terrain commun de découverte pour Sisley et ses amis, qui, en 1874, donnent vie au mouvement impressionniste. Après la défaite de la Commune de Paris, en 1871, Sisley s’installe à Louveciennes, sur les bords de la Seine, entre Bougival et Port-Marly. C’est dans ce village que les parents de Renoir habitent en 1868 et que Pissarro réside depuis 1866. En 1872 et en 1876, Sisley séjourne chez Monet à Argenteuil où, à différentes reprises, les deux artistes ont traité les mêmes motifs. Durant la période comprise entre 1872 et 1876, se déplaçant d’une localité à l’autre, Sisley aborde tout l’éventail des effets impressionnistes dans une grande diversité de motifs : la gelée blanche, la brume, le brouillard d’automne, la rosée du matin, les hauts nuages de juillet, le ciel menaçant en hiver, les averses en été. Il ne force pas la note, il n’y met pas de drame : avec un lyrisme apparemment facile, il regarde et enregistre la scène, qu’il étaye par une discrète architec- ture formelle.

Argenteuil, Villeneuve-la-Garenne et Louveciennes.

Situés sur les bords de la Seine, les villages d’Argenteuil et de Villeneuve-la-Garenne sont relativement accessibles depuis Paris. Sisley les peint lors de trois campagnes entre le début du printemps et l’été 1872. Il choisit des paysages qui se prêtent à des explorations 8 SISLEY l’impressionniste

spatiales ouvertes, sur les côtés comme en profondeur, comme le voulaient les conventions traditionnelles de la peinture de paysage, mais il adopte les premières techniques impression- nistes : le fond est préparé dans des tons clairs, la palette est lumineuse et les masses sont décrites par des empâtements appliqués à l’aide d’une large brosse. Les ombres sont encore marquées en noir, par opposition avec les tons bleus ou violets que les impressionnistes vont progressivement introduire au début des années 1870. Sisley emploie aussi une large palette de verts, pour représenter les arbres qui bordent les routes et les rives herbeuses de la Seine. A Louveciennes, Sisley se fera une réputation pour ses scènes de neige, rendues dans une gamme de gris sous un ciel très couvert, comme dans Hiver à Louveciennes, ou, au contraire, dans des contrastes de tons crème et bleus intenses sous la lumière de midi, ou encore rosés et bleus par une fin d’après-midi en hiver. AU FIL DES SAISONS. BOUGIVAL

Depuis la fin des années 1860, Sisley connaît bien la région de Bougival. Installé à Louveciennes en 1872, il peut facilement explorer les innombrables sujets que lui offre cette partie de la vallée de la Seine. Travaillant en plein air sur le motif, il y saisit les changements de saisons : la lumière hiver- nale pure qui baigne la Seine, la brise fraîche d’une lumineuse journée de printemps, ou la chaleur orageuse d’été. Durant ces mêmes années, Sisley comprend mieux l’importance des grands es- paces dans un paysage. Il exploite la présence d’une route, d’un sentier ou d’un méandre du fleuve pour entraîner l’oeil dans la profondeur de la scène ou pour suggérer l’existence d’un espace en expansion. Sa touche évolue et devient de plus en plus fébrile, en forme de virgules qui décrivent de manière essentielle les fluctuations de la lumière, de l’air et des conditions météorologiques.

Alfred Sisley, Bougival, 1876. Huile sur toile, 62,2 x 73,7 cm Cincinnati Art Museum © Cincinnati Art Museum, John J. Emery Fund. 9 SISLEY l’impressionniste

ENTRE CIEL ET L’EAU

Marly-le-Roi et Port-Marly

Dès 1872, Sisley explore le potentiel visuel de Port-Marly. Les crues de la Seine de 1872 et 1876 lui offrent un spectacle qui correspond bien aux préoccupations de l’impressionnisme. La progres- sion naturelle du niveau de l’eau lui permet de capter le passage du temps, mais aussi de saisir les changements de conditions météorologiques et la relation qui existe entre l’architecture du ciel et ses reflets dans l’eau.

À l’hiver 1874-1875, Sisley s’installe à Marly-le-Roi, dans une maison située en dessous de l’étang artificiel (l’Abreuvoir). Au cours des deux années suivantes, il explore ce motif à partir de nom- breux points de vue et en différentes saisons pour créer un panorama composite. Cette séquence d’œuvres de Marly-le-Roi témoigne du désir de Sisley de saisir, dans des scènes subtilement nuan- cées, le caractère éphémère de l’instant, au gré des saisons et des heures du jour.

Les œuvres représentant les crues de la Seine à Marly illustrent bien la manière dont Sisley capte certaines manifestations extrêmes de la nature. Encore plus que la neige, les inondations ont de fortes connotations symboliques, celles de la catastrophe qui submerge et perturbe l’environne- ment habituel. Mais Sisley se contente d’en noter les désagréments – les passages en planches qu’il faut monter pour accéder à l’auberge Saint-Nicolas – et les effets extraordinaires des reflets et des changements de lumière. Les reflets, en particulier, fournissent souvent un élément crucial dans l’organisation de la composition : Sisley structure les horizontales et les verticales, ces der- nières étant souvent dédoublées par les troncs d’arbres, les piquets et les façades de maisons réfléchis par l’eau immobile.

« SISLEY, L’IMPRESSIONNISTE »

Interview filmée avec MaryAnne Stevens, commissaire de l’exposition autour de Sisley : sa vie, son œuvre et sa place dans le mouvement impressionniste.

« LE MOMENT PARFAIT DE L’IMPRESSIONNISME »

Hampton Court

Anglais de naissance, mais ayant toujours habité en région parisienne, Sisley se rend en Angle- terre à plusieurs reprises pendant sa carrière. En juillet 1874, il accompagne Jean-Baptiste Faure, célèbre baryton de l’Opéra-Comique, pour un séjour à Londres. Préférant des lieux moins urbanisés, Sisley remonte le cours de la Tamise jusqu’à Hampton Court, dont les écluses et les bar- rages fournissent des conditions idéales pour la navigation et la baignade. Sisley y réalise quinze tableaux, se déplaçant méthodiquement sous le pont en fonte pour choisir des vues particulières sur le fleuve et le palais. Ces motifs lui inspirent quelques compositions parmi les plus radicales de son époque impressionniste, comme Sous le pont de Hampton Court. Selon l’historien de l’art , les toiles de Hampton Court correspondent au « moment parfait de l’impression- nisme ». 10 SISLEY l’impressionniste

PEINDRE LA VIE MODERNE

Sèvres et Saint-Cloud

Au cours de l’hiver 1877-1878, Sisley déménage à Sèvres, petite ville au cœur d’une zone industrielle en train de se développer vers l’ouest de Paris, le long de la Seine. Contrairement à Monet et à Pissarro, qui représentent dans leurs toiles la réalité d’une France qui s’industrialise rapidement et voit surgir des usines, des voies de chemin de fer et des ponts modernes, le choix des sujets chez Sisley était resté jusqu’à présent résolument rural. C’est seulement quand il s’installe à Sèvres que les gares, les cheminées des usines et l’animation économique sur les berges du fleuve font leur apparition dans sa peinture. La courte période passée à Sèvres marque une phase importante de transition dans la peinture de Sisley, qui inaugure une touche plus libre et vigoureuse dans une palette souvent très vive, qui anticipe le caractère plus expérimental des tableaux de la maturité.

ENTRE FIDÉLITÉ ET INNOVATION

Veneux-Nadon et les Sablons

En 1880, dans une série de trois articles, l’ancien défenseur des impressionnistes, Émile Zola, reproche à ces artistes de ne pas créer de chefs-d’œuvre capables de survivre à l’épreuve du temps. Tandis que Monet, Renoir et Pissarro se retirent dans leurs ateliers pour produire des œuvres d’inspiration nouvelle, Sisley décide de demeurer fidèle au programme impressionniste et à son sujet principal : le paysage peint sur le motif. Néanmoins, au cours des années 1880, des innovations importantes apparaissent dans la composition et dans la technique de ses tableaux. Sisley va régulièrement briser les conventions du paysage qui régissent la succession des plans vers l’horizon, tout en renforçant sa palette par une juxtaposition hardie de couleurs complémentaires : des violets intenses se heurtent à des jaunes, les verts aux rouges, les oranges aux bleus, créant une profusion de tonalités qui expriment toute l’intensité et les variations de la lumière naturelle.

Comme ses amis impressionnistes, Sisley est soutenu par le marchand Paul Durand-Ruel (qui achète, entre 1872 et 1891, 786 toiles de Sisley) et, à partir de 1885, par la galerie . Grâce à ces derniers il participe à des expositions personnelles et de groupe, y compris à l’étranger (Bruxelles, Londres, New York…). En proie à de constants soucis financiers, Sisley sollicite souvent ses marchands, collectionneurs et amis.

En 1879, le collectionneur Georges Charpentier organise une exposition Sisley dans les bureaux du journal La Vie Moderne. Le peintre reçut également des soutiens ponctuels : citons ceux du chanteur d’opéra et collectionneur Jean-Baptiste Faure, qui finança le voyage à Londres et Hampton Court en 1874 ; d’Eugène Murer, hôtelier, restaurateur et collectionneur (vers 1877- 1879) ; de François Depeaux (à partir de 1893), industriel rouennais et collectionneur qui finança le séjour des Sisley au Pays de Galles en 1897. Bien qu’il n’ait pas bénéficié, de son vivant, de la 11 SISLEY l’impressionniste

même fortune que ses collègues, le talent de Sisley est reconnu de son vivant par des écrivains et critiques de renoms, comme Stéphane Mallarmé, Théodore Duret, Gustave Geoffroy et Adolphe Tavernier.

LES GRANDES SÉRIES

Moret-sur-Loing

Si certains tableaux de Moret-sur-Loing datent de 1881, c’est quand Sisley s’y installe définitivement, en 1889, qu’il exploite tout son potentiel pittoresque. À Moret, il expérimente le travail en série pour donner la stabilité nécessaire à des compositions nées de moments fugitifs. Entre 1893 et 1894, il se concentre tout particulièrement sur les façades de l’église gothique Notre-Dame, éxecutant quatorze toiles à différentes heures du jour et dans différentes conditions météorologiques. Pour saisir la ville et ses rives plantées de peupliers, Sisley adopte une approche quasi cinématographique, choisissant des emplacements qui lui permettent de couvrir 360 degrés et d’interpréter son sujet dans une succession de points de vue. Par cette exploration d’un lieu à partir de multiples points de vue, Sisley se révèle aussi novateur que Monet, en apportant sa contribution personnelle à la pérennité du mouvement impressionniste.

LES CIELS, LE GRAND MOTIF

Saint-Mammès

À Saint-Mammès, entre 1880 et 1885, Sisley peint l’activité économique de ce port fluvial, avec ses ateliers de construction navale et ses entrepôts pour les péniches. Pour bien rendre les vastes étendues du ciel et du paysage, Sisley entreprend de créer un panorama composite de la ville depuis l’autre rive de la Seine, déplaçant son angle de vision de 180 degrés pour peindre une suite de tableaux qui se répondent. La différence dans le traitement du ciel de chaque tableau peint à Saint-Mammès montre toute la gamme d’atmosphères que l’artiste est capable de saisir dans le même paysage. Comme il l’écrit à son ami Adolphe Tavernier : « C’est le ciel qui doit être le moyen, le ciel ne peut pas être qu’un fond… je commence toujours une toile par le ciel ».

12 ALFRED SISLEY LES DATES

1839 1881 30 octobre : naissance d’Alfred Sisley à Première exposition personnelle à Paris Paris, fils de William Sisley, négociant anglais en textiles résidant à Paris, et de Felicia Sell. 1882 1er-31 mars : Sisley participe à la 7ème Exposition 1857-1859 impressionnistes. Sisley se prépare à Londres à une carrière Septembre : il s’installe à Moret-sur-Loing. dans le commerce, visite des musées et des galeries, il s’intéresse à Shakespeare. 1888 Premier achat par l’État français d’une œuvre 1862 de Sisley : Matinée de septembre, pour 1 000 Octobre : Sisley entre dans l’atelier de francs Charles Gleyre, à Paris, où il rencontre Renoir, Bazille et Monet. 1891 Exposition Monet – Sisley en mars à la galerie 1866 Durand-Ruel à New York ; Sisley Deux des toiles de Sisley sont acceptées expose avec Monet et Pissarro à la Eastman pour la première fois au Salon. Chase Gallery à Boston. Avril : rupture complète avec Durand-Ruel ; Georges 1870 Petit devient son seul marchand. En automne, l’atelier que loue Sisley à Bou- gival est détruit lors de l’avancée des forces 1894 prussiennes. Le peintre se réfugie à Paris. Sisley expose dans plusieurs villes et Son père fait faillite et les conditions finan- pays : à New York, à San Francisco, à cières de l’artiste deviennent de plus en plus Bruxelles, à Vienne. difficiles. 1898 1871 Souffrant d’un cancer de la gorge, Sisley 18 mars – 28 mai : Commune de Paris. tombe gravement malade à la fin de l’année.

1872 1899 Sisley et sa famille s’installent à Louve- 29 janvier : Alfred Sisley meurt à Moret-sur- ciennes. Le marchand Paul Durand-Ruel Loing, où il est enterré. achète la première toile de Sisley (il en achè- Des expositions collectives comprenant des tera quatre cents tout au long de sa carrière). oeuvres de Sisley sont organisées à la galerie Bernheim, à la galerie Georges Petit et à la 1873 galerie Durand-Ruel ; exposition personnelle à Sisley, Monet, Renoir, Pissarro, Morisot, la galerie Durand-Ruel à New-York Cezanne et d’autres fondent la Société anonyme coopérative des artistes peintres, 1er mai : vente au profit des deux enfants du sculpteurs, graveurs, etc. qui met sur pied, peintre sous le titre « Atelier d’Alfred Sisley » : l’année suivante, la « 1ère Exposition les oeuvres de Sisley permettent de récolter impressionniste », à Paris, dans l’atelier du 115 330 francs ; celles des autres artistes, par- photographe . mi lesquels figurent Monet, Degas, Pissarro et Renoir, permettent de réunir 42 615 francs. 13 ALFRED SISLEY PORTRAIT

La vie de Sisley se prête peu aux évocations pittoresques. Rares sont les témoignages, et ceux qui nous sont parvenus dessinent un homme apparemment discret, sans doute assez introverti ; et d’une vie de peinture dévouée aux paysages. Son œuvre parle alors pour lui. S’il ne figure pas au premier plan des artistes impressionnistes dont il fait partie, il en est l’un des représentants les plus délicats par le charme tout particulier de ses paysages, silencieux, poétique, merveilleux ; où la lumière du ciel joue secrètement avec l’eau, la terre et l’air. La figure humaine est toujours secon- daire, elle est présente pour donner l’échelle du paysage et le charme de la vie.

Cependant, ne connaissant pas le succès de ses amis, Sisley va développer une certaine amertume, le menant à vivre plutôt retiré, en marge de Paris et de sa vie sociale. Ainsi, en 1880, il s’installe à Moret-sur-Loing. Ses liens d’amitié avec les impressionnistes (Renoir, Monet, Pissarro) cependant subsistent grâce aux correspondances qu’ils entretiennent. Alfred Sisley vend peu et à des prix très bas (entre 100 et 300 francs la toile). Les diffi- cultés financières sont quotidiennes. À l’été 1870, il écrit « j’ai désespérément besoin de 150 francs. Ma femme est malade et je n’ai rien à lui donner, pas un sou. ». Toute sa vie, Sisley va la consacrer à peindre en plein air, consciencieusement, par tous les temps. Il va rester fidèle à un petit nombre de sujets, souvent la campagne aux environs de Paris et les villages (Sèvres, Marly-le-Roi, Moret-sur-Loing...) dans lesquels il va vivre successivement. Il se promène et absorbe l’atmosphère des lieux. À la fin du mois de janvier 1899, Sisley meurt, atteint d’un cancer. Monet et Renoir assistent à ses funérailles. En 1900, un peu plus d’un an après sa mort, au cours de la vente Adolphe Tavernier à l’hôtel Drouot, une toile de Sisley, « L’inondation à Marly », est adjugée pour 43 000 francs.

14 IMPRESSIONNISME ET SOCIÉTÉ CONTEXTE

Il est important d’avoir quelques repères historiques clés pour se représenter le monde dans lequel évolue Alfred Sisley (1839-1899) et pour comprendre les enjeux de son époque, d’une part au ni- veau de l’histoire politique et d’autre part au niveau de l’histoire de l’art.

POLITIQUE

1830-1848 : Monarchie de Juillet Règne du Duc d’Orléans sous le nom de Louis-Philippe 1er roi des français (et non plus « roi de France »). Il adopte le drapeau tricolore.

1847-1848 : Crise économique, insurrection parisienne et chute de Louis-Philippe (le 24 février)

Durant cette Monarchie de Juillet, découverte d’André-Marie Ampère sur l’électromagnétisme, publications de Hugo, Musset, Vigny, Stendhal, Balzac...

1848-1870 : de la IIème République à la chute du Second Empire (1852-1870) 1848 : Proclamation de la IIème République le 25 février, élection de Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, comme président de la République le 10 décembre. La journée de travail légale est fixée à 10h, l’esclavage dans les colonies est aboli.

1851 : Coup d’état de Louis Napoléon le 2 décembre. Dissolution de l’Assemblée. La répression est terrible et massive.

1852 : Louis Napoléon devient Napoléon III et proclame le Second Empire le 2 décembre.

1854 : Guerre de Crimée qui oppose la France et l’Angleterre contre la Russie.

1870 : Désastre militaire contre la Prusse, capitulation à Sedan le 1er septembre qui laisse place au siège de Paris du 13 septembre 1870 au 28 janvier 1871. Fin du Second Empire.

La France connaît alors un très fort développement des moyens de communication grâce à l’essor du commerce, du système bancaire ainsi qu’un accroissement considérable de la produc- tion industrielle. À partir de l’année 1864, les Grands travaux du baron Haussmann dans Paris commencent.

1870-1899 : de la Commune à la IIIème République

26 mars au 28 mai 1871 : Insurrection de la Commune de Paris qui engendrera de très sévères répréssions qui ont lieu du 21 au 27 mai. Il est difficile de dater avec exactitude le début de la IIIème République. Généralement, on retient le 4 septembre 1870 avec le renversement de l’Empire à la suite des défaites militaires, de l’invasion de la France et de la nomination d’un gouvernement provisoire qui proclame la République.

15 IMPRESSIONNISME ET SOCIÉTÉ

Contexte d’après-guerre et de grands changements politiques, renforcement du sentiment natio- naliste.

1881-1882 : Le ministre Jules Ferry établit l’enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire.

1889 : Exposition universelle à Paris, construction de la Tour Eiffel.

1892 : Une loi interdisant le travail des enfants de moins de 12 ans est établie.

1894 : Condamnation du capitaine Alfred Dreyfus.

1898 : L’affaire Dreyfus est rendue publique à la suite de la publication du pamphlet d’Émile Zola, J’accuse..!, dans le journal L’Aurore.

SOCIÉTÉ

D’importants changements s’opèrent en France à cette époque. Jusqu’alors, la France était un pays relativement rural et artisanal. Mais une politique d’industrialisation se met progressivement en place ainsi que la mise en place d’une économie moderne. On assiste à une émergence de grandes infrastructures et à l’apparition d’un réseau ferré.

Le contexte reste très troublé dû aux guerres franco-prussiennes et à la Commune, un gouverne- ment à mi-chemin entre dictature et anarchie mais peu à peu, un climat de «retour à la normale» s’installe dans le pays. Cette atmosphère générale explique notamment le rejet de la peinture im- pressionniste par la société. En marge de l’art officiel, les peintres impressionnistes sont considé- rés comme étant des communards.

Voyant leurs œuvres systématiquement rejetées du Salon Officiel, un groupe d’artistes impression- nistes (composé entre autres de Cézanne, Pissarro, Degas, Sisley, Monet) décident d’exposer leurs œuvres via des expositions indépendantes. En 1863, sur une initiative de Napoléon III, le Salon des refusés est organisé au Palais de l’Industrie.

16 IMPRESSIONNISME ET SOCIÉTÉ CHRONOLOGIE DES MOUVEMENTS

Le Romantisme 1780-1850 : le romantisme est un mouvement culturel, littéraire, pictural, musical et politique, né dans les pays anglo-saxons à la fin du XVIIIème siècle et qui se développe en France lors de la Res- tauration et de la Monarchie de Juillet.

En peinture, les artistes revendiquent le droit d’exprimer leurs émotions, leurs sentiments, leur intériorité, leur vision propre à travers un sujet artistique. Les sentiments renvoient à la passion, la mélancolie, la nostalgie et l’isolement, dans des univers et paysages souvent fantastiques, exal- tants et sublimes. À l’image de l’artiste, la nature ou les corps sont souvent représentés comme tourmentés. La figure de l’artiste génial apparait, parfois incomprise et souvent isolé.

En France, des peintres tels que Théodore Géricault, Eugène Delacroix, Horace Vernet et Jean- Baptiste Corot sont rattachés au mouvement romantique. Caspar David Friedrich pour l’Allemagne, Turner et Constable au Royaume-Uni, Goya en Espagne, l’ont incarné.

Invention des couleurs en tube métallique Vers 1840 : cette invention permet au peintre d’emporter dans ses bagages un matériel relative- ment peu encombrant, et d’aller peindre en pleine nature.

Le Réalisme 1848-1900 : le réalisme est un mouvement pictural et littéraire de la deuxième moitié du XIXème siècle. Dans la peinture, il a été initié par le peintre français (1819-1877) et son tableau L’enterrement à Ornans et s’est étendu ensuite à la Grande-Bretagne et les États-Unis. Le réalisme promeut une peinture du réel sans idéalisation des sujets. Il ne s’agit pas d’une pure imita- tion du réel. Les artistes revendiquent le droit de représenter le monde qui les entoure sans trouver de prétexte historique, mythologique ou religieux. En ce sens, le réalisme remet en cause la hié- rarchie des genres de l’Académie. Les réalistes, comme Courbet et Millet, deviennent des peintres de leur temps et représentent des sujets contemporains, souvent populaires, de la vie ordinaire.

Invention de la photographie Vers 1839 : la photographie fixe de manière irréfutable l’image de la réalité physique et impose son indéniable vérité aux artistes, les contraignant au dépassement de cette stricte réalité matérielle pour atteindre au delà du phénomène visuel une vérité plus sensible.

Couleurs et mélange optique En 1839, le chimiste Michel-Eugène Chevreul publie son essai De la loi du contraste simultané des couleurs. Cette loi expose le principe de la division des tons : l’orange résulte de la juxtaposition du rouge et du jaune, le vert du voisinage du bleu et du jaune, etc. Par un effet optique et non chimique, une couleur donne à une autre couleur avoisinante une nuance complémentaire dans le ton. Cette juxtaposition des tâches de couleur sur la toile donne un « mélange optique ».

17 IMPRESSIONNISME ET SOCIÉTÉ

L’école de Barbizon L’appellation « école de Barbizon » renvoie plus exactement à un groupe de peintres qui a fréquen- té la forêt de Fontainebleau, et notamment le village de Barbizon dans les années 1830 et jusqu’à la moitié du XIXème siècle. Jean-Baptiste Corot, Charles-François Daubigny, Jean-François Millet et Théodore Rousseau constituent les hérauts de cette nouvelle pratique picturale. Sans constituer d’école formelle de peinture, ces artistes sont animés par la volonté de peindre sur le motif, dans la nature. Ils réalisent donc les esquisses in situ, avant de terminer le tableau dans l’atelier. Dans la na- ture, ils prêtent attention aux effets de la lumière, l’étude des saisons et des effets atmosphériques. Ils conservent la technique picturale de superposition des couches de peintures mais innovent en traduisant les effets de lumière par l’épaississement de la matière. L’émotion ressentie devant un paysage est retranscrite par une touche plus libre et moins lisse. La nature est représentée dans un cadre serré, sans forcément avoir recours à la perspective classique. Les personnages sont souvent anecdotiques et minimalistes pour signifier qu’ils ne constituent pas le sujet du tableau.

Cette fréquentation assidue de la nature s’inscrit en opposition à l’évolution de la société : l’in- dustrialisation, le développement des villes modifient l’environnement. La nature devient alors un refuge, synonyme de nostalgie. Tout comme les Romantiques, les peintres de Barbizon imprègnent leurs paysages de symboles et d’émotions. Les œuvres des peintres de Barbizon se rattachent généralement aux thèmes de la forêt, de la plaine paysanne et des sujets animaliers. Les peintres de Barbizon s’inspirent des paysages hollandais du XVIIème siècle et des paysages anglais, en par- ticulier ceux du romantique .

18 IMPRESSIONNISME ET SOCIÉTÉ L’IMPRESSIONNISME

L’impressionnisme

« Depuis des milliers d’années, tous les gens qui se mêlent de peindre empruntent leurs procédés d’éclairage aux vieux maîtres. […] C’est au petit groupe des impressionnistes que revient l’honneur d’avoir balayé tous ces préjugés, culbuté toutes ces conventions. L’École nouvelle proclamait cette vérité scientifique : que la grande lumière décolore les tons, que la silhouette, que la couleur, par exemple, d’une maison ou d’un arbre, peints dans une chambre close, diffèrent absolument de la silhouette et de la couleur de la maison ou de l’arbre, peints sous le ciel même, dans le plein air. »

Joris-Karl Huysmans, « L’Exposition des indépendants en 1880 », l’Art moderne, 1883.

L’Impressionnisme est un mouvement pictural de la deuxième moitié du XIXème siècle, initié en France. Le terme « impression » a été attribué par le critique d’art au tableau de Monet Impression Soleil Levant dans un article du journal Le Charivari et daté du 29 avril 1874, à l’occasion de la première exposition impressionniste.

Ce mouvement regroupe des artistes tels que Bazille (1841-70), Degas (1834-1971), Manet (1832-83), Monet (1840-1926), Morisot (1841-95), Pissarro (1830-1903), Sisley (1839-99), entre les années 1870 et la fin des années 1880. Cette période est ponctuée de huit expositions dites « Impressionnistes ».

L’Impressionnisme se caractérise par la volonté de peindre la nature sur le motif, en plein-air, de s’affranchir des règles de l’académisme et de la hiérarchie des genres, de trouver des nouveaux modes d’exposition et de renouveler la technique picturale.

Les artistes sont connus dans les années 1860 lors de leurs séjours respectifs dans la forêt de Fon- tainebleau, sur les traces des peintres de Barbizon. Il se retrouvent ensuite dans l’atelier du peintre suisse Charles Gleyre (1806-1874) à Paris. Ce groupe d’amis s’intéresse particulièrement à la na- ture, qu’ils veulent peindre sur le motif - et pas en atelier - et telle qu’ils la voient, sans idéalisation ni métaphorique historique ou mythologique. Ils se placent dans la réalité de leur environnement et veulent le représenter le plus fidèlement possible.

Dans cette volonté de peindre ce qu’ils voient, les artistes impressionnistes s’intéressent à la lu- mière et à sa traduction en couleurs. La lumière sur un motif peut varier en fonction de la journée, des conditions météorologiques et de la saison. Le but de leur peinture consiste in fine à saisir la fugacité d’une lumière ou d’une atmosphère sur un motif. L’émotion et l’impression liée à une atmosphère fugace prévaut sur la description du lieu, de la scène, de l’élément dépeint. Certains artistes - comme Monet, Pissarro, et dans une certaine mesure, Sisley - vont se lancer dans la pro- duction de séries : un même motif est représenté à différents moments de la journée, de l’année ou dans différentes conditions météorologiques.

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Ce besoin de capter l’instantanéité d’une atmophère oblige les peintres à modifier leur technique picturale. Puisque les impressionnistes peignent en plein-air, sur le motif, ils s’affranchissent sou- vent du dessin, du croquis ou de l’esquisse préparatoire. Ils abandonnent la touche de pinceau « léchée » qui prévaut dans la peinture et optent pour un coup de pinceau plus rapide, visible et chargé de matière. L’intérêt pour la lumière se traduit par un éclaircissement de la palette chromatique et une juxtaposition des couleurs souvent pures, plutôt qu’un mélange préalable sur la palette.

Les peintres impressionnistes se heurtent et s’opposent à l’Académie qui classe la peinture par genre. Toute oeuvre d’art doit avoir un sujet ou historique, ou mythologique, ou religieux. Un su- jet ne peut pas être représenté pour lui-même, il doit être empreint de références. Puisque les impressionnistes s’attachent à peindre ce qu’ils voient, leurs environnements, sans idéalisation, ils deviennent les témoins de leur société, en pleine évolution à l’ère de l’industrialisation. Quatre grands thèmes ressortent de l’oeuvre des impressionnistes : la nature, la ville, la figure humaine et l’exotisme.

Alors qu’ils aspiraient à exposer par le biais du Salon officiel de l’Académie, le refus de leurs oeuvres va pousser les impressionnistes à trouver de nouveaux modes d’exposition de l’art. Ils vont s’appuyer sur des marchands d’art - notamment Paul Durand-Ruel - et sur les expositions qu’ils organisent eux-mêmes.

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Les objectifs pédagogiques généraux :

- Objectifs d’ordre esthétique, relevant d’une éducation à la sensibilité et qui passe par la fréquentation des œuvres dans des lieux artistiques et patrimoniaux.

- Objectifs d’ordre méthodologique, qui relèvent de la compréhension de l’œuvre d’art, de sa technique et de son langage formel et symbolique.

- Objectifs de connaissance, destinés à donner à l’élève des repères qui construiront son autonomie d’amateur éclairé.

Les compétences travaillées :

- Identifier : donner un avis argumenté sur ce que représente ou exprime une œuvre d’art

- Analyser : dégager d’une œuvre d’art, par l’observation ou l’écoute, ses principales caractéris- tiques techniques et formelles

- Se repérer dans un musée, un lieu d’art, un site patrimonial

Qu’est-ce que l’Impressionnisme ? Travail préparatoire à faire en classe.

En classe, expliquez à vos élèves ce qu’est l’impressionnisme et illustrez vos propos avec un panel d’œuvres appartenant à ce mouvement pictural.

La peinture d’Alfred Sisley regroupe plusieurs caractéristiques principales de la peinture impres- sionniste :

- un tracé souple et marqué - des tons clairs mais intenses - un manque de symétrie - un intérêt pour les effets de l’ombre et la lumière - une manière peu conventionnelle d’utiliser les couleurs (jeu de superposition)

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Réflexion autour de l’œuvre d’Alfred Sisley.

Alfred Sisley, Printemps à Bougival, vers 1873. Huile sur toile, 40.6 x 57,1 cm © Photo courtesy: Philadelphia Museum of Art

Toute sa vie, Alfred Sisley va la consacrer à peindre en plein air, consciencieusement, par tous les temps. Il va rester fidèle à un petit nombre de sujets, souvent la campagne aux environs de Paris, et les villages (Sèvres, Marly-le-Roi, Moret-sur-Loing...) dans lesquels il va vivre successivement. Il se promène et absorbe l’atmosphère des lieux. Disposant ensuite son chevalet chaque fois de manière un peu différente, à quelques mètres d’un premier point de vu, il est capable de peindre plusieurs fois d’un même endroit, proposant ainsi une sorte de « cartographie » d’un lieu qui lui est familier.

Travail préparatoire.

• Quelles couleurs emploie-t-il ? Quelles sont celles qu’il emploie le plus ? • D’après vos élèves, quelles sont celles qui manquent ?

• Vos élèves, ont-ils remarqué que la présence humaine est discrète dans une grande ma- jorité de ses tableaux ? Qu’en est-il des signes et/ou objets faisant écho à la modernité ? (voitures, avions, lignes électriques...)

Enfin, demandez à vos élèves de décrire avec leurs propres mots ce qu’est, selon eux, l’impressionnisme.

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Salle 1

Sur le plan technique, Sisley abandonne progressivement la touche large, vigoureuse et très chargée qui caractérisait ses tableaux au milieu des années 1860, pour adopter vers la fin de la décennie une touche légère au service d’une description atmosphérique plus juste. Dans son œuvre Printemps, paysanne sous les arbres en fleurs, la touche définit fermement les objets comme on le voit dans les arbres en fleurs, ou dans la table et les bancs en bois soigneusement dépeints. Elle s’allège et s’ouvre davantage dans Vue de depuis la citée des fleurs aux Batignolles : la touche s’assouplit sur la toile au fur et à mesure que l’artiste tente d’y introduire plus d’atmosphère. Ici, la fraîcheur du matin est subtilement décrite.

Alfred Sisley, Printemps, paysanne sous les arbres en Alfred Sisley, Vue de Montmartre depuis la citée des fleurs aux fleurs, 1865-1866 © Galerie Bailly, Genève Batignolles, 1869 © Musée de Grenoble

Travail sur la technique.

Pratique plasticienne qui doit permettre aux élèves de faire la différence entre une touche lisse, fondue (classique) et une touche épaisse, fragmentée (impressionniste).

Proposer aux élèves d’expérimenter deux types de touches différentes. Leur demander de sélectionner dans un magazine une photo représentant un paysage. Leur proposer de donner deux versions en peinture de ce paysage. La première, sur fond brun, lisse, en fondu ; à la manière des peintres classiques. Et la seconde, à la manière des impressionnistes, sur un fond clair, avec une brosse portant beaucoup de matière et une touche fragmentée, sans mélange de pigments (c’est l’oeil qui va créer l’impression du paysage). Attention : le noir est interdit ! Pour faire les ombres, utiliser du bleu ou du lilas.

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Salle 2

Alfred Sisley, La Route de Saint-Germain à Marly, 1872 Huile sur toile, 46 x 61 cm © Courtesy of the McNay Art Museum, San Antonio

Peindre sur le motif.

Avec vos élèves, en classe, analyser l’œuvre ci-dessus : • Selon vos élèves, où se trouvait Sisley lorsqu’il a peint cette oeuvre ? • Sont-ils surpris d’apprendre qu’il se trouvait dehors, à même le sol ? • Vos élèves, ont-ils déjà peint en extérieur ? • Quelles sont les difficultés que l’on peut rencontrer lorsqu’on peint en plein air ?

Pour aller plus loin, inviter les élèves à dessiner Sisley, avec son chevalet et toile blanche, à l’endroit où il devait être au moment où il a peint ce tableau.

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Salle 3

À travers ses multiples vues de la Seine à Bougival, Sisley nous invite à observer les richesses du cycle des saisons...

Ces vues de la Seine de Bougival annoncent l’intérêt de Sisley pour les séries, appoche qu’il développera davantage après 1880. En cela, il se rapproche de Monet, étudiant le même paysage sous différentes conditions atmosphériques.

Épargné par l’industrialisation de la région, le village de Bougival laisse place à l’immensi- té du ciel et ses reflets dans le fleuve. Ce ciel est un élément essentiel des œuvres de Sisley, occupant souvent les trois quarts de la toile : un fragile équilibre entre la lumière, les formations nuageuses et la circulation de l’air.

À l’Hôtel de Caumont : Proposer aux élèves de retrouver les quatre tableaux qui représentent les quatre saisons à Bougival. Pour les aider, dites-leur de porter leur attention principalement sur le ciel, les couleurs et les arbres.

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Salle 4

Alfred Sisley, La Seine à Bougival, Hiver. Huile sur toile, 46.5 x 65.5 cm © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda

En 1874, Sisley emménage à Marly-le-Roi. Il peint alors de nombreuses toiles représentant la ville, ses environs ainsi que des scènes d’inondations, phénomènes alors fréquents dans la ville dû aux crues de la Seine qui l’a traverse. Le peintre excelle dans cet exercice.

D’après vos élèves :

• Pourquoi Sisley était-il fasciné par ce phénomène et les effets qu’il engendre ? • En tant qu’impressionniste, quelles sont les opportunités offertes au peintre dûes aux crues ? • Sous quelles autres conditions météorologiques notre regard sur un paysage peut-il changer ? • En quoi la neige, la pluie, le brouillard, etc. changent-ils un paysage ?

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Salle 6

Lorsque Sisley se rend de nouveau en Angleterre en 1874, il séjourne à Londres puis préférant des lieux moins urbanisés, Sisley remonte le cours de la Tamise jusqu’à Hampton Court. Sisley y exé- cute quinze tableaux, se déplaçant méthodiquement sous le pont en fonte pour choisir des vues sur le fleuve et le palais, avant de dépasser le pont pour emprunter le chemin de halage à Molesey, où il peint l’écluse et le déversoir.

Alfred Sisley, L’écluse de Moseley près de Hampton Court - effet Alfred Sisley, Sous le pont de Hampton Court 1874. Huile du matin,1874. Huile sur toile, 51.5 x 68 cm sur toile, 50 x 76 cm © Scweizerisches Institut für Kunstwis- © Scottish National Gallery senschaft, Zürich, Lutz Hartmann

Les voyages de Sisley.

A l’aide d’une carte montrant la Grande-Bretagne et la France, suivez les déplacements de Sisley en demandant à vos élèves :

Selon eux, combien de temps mettait Sisley pour effectuer ses différents voyages entre les deux pays ? Sont-ils déjà allés dans les lieux que Sisley a fréquentés ? De nos jours, le trajet entre Londres et Paris ne dure que 2 heures en train et 5h30 en voiture. A l’époque de Sisley, le trajet était beaucoup plus long.

• Où peut-on se rendre à deux heures autour de l’Hôtel de Caumont ? • Où peut-on aller à deux heures autour de leur domicile ? • Demandez à vos élèves si voyager leur plaît ? oui ou non, pourquoi ?

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Salle 7

Alfred Sisley, La Seine à Bougival, 1873. Huile sur toile, 54 x 73 Alfred Sisley, La Seine à Grenelle, 1878. Huile sur toile, 46 x 55 cm. © Courtesy of Sotheby’s cm. © Courtesy of the

Durant l’hiver 1877-1878, Sisley emménage à Sèvres, petite ville en bord de Seine, en plein dé- veloppement industriel et proche du centre de Paris. Cette commune offre à Sisley des sujets nouveaux, loin de ses œuvres aux motifs ruraux réalisées jusqu’ici. C’est à Sèvres que les bateaux à vapeur, les péniches et autres détails du progrès technique commencent à figurer dans ses ta- bleaux.

Analyser en classe avec vos élèves ces deux œuvres qui représentent la Seine à deux périodes différentes :

• Demander aux élèves quelles sont les différences entre ces deux tableaux? • Quels sont les éléments de modernisation, de progrès techniques de l’époque représentés? • Si les élèves avaient vécu à l’époque de Sisley, qu’auraient-ils peint comme innovations ?

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1 | Alfred Sisley, Paysage à Andressy, 1875. Huile sur toile, 46 x 55 cm © Alon Zakaim Fine Art, London & Stern Pissarro Gallery, London 2 | Alfred Sisley, Printemps, paysanne sous les arbres en fleurs, 1865-1866 © Galerie Bailly, Genève 3 | Alfred Sisley, Bougival, 1876. Huile sur toile, 62.2 x 73.7 cm © Cincinnati Art Museum, John J. Emery fund 4 | Alfred Sisley, L’écluse de Molesey près de Hampton Court - effet du matin, 1874 Huile sur toile, 51.5 x 68.9 cm © Scottish National Gallery 5 | Alfred Sisley, Sous le pont de Hampton Court 1874. Huile sur toile, 50 x 76 cm © Scweizerisches Institut für Kunstwissenschaft, Zürich, Lutz Hartmann 6 | Alfred Sisley, Moret-sur-Loing (La Porte de Bourgogne), 1891, huile sur toile, 65 x 92 cm, Collection particulière © Sotheby’s 2016 29 VOTRE VISITE

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7 | Alfred Sisley, Printemps à Bougival, vers 1873. Huile sur toile, 40.6 x 57,1 cm © Photo courtesy: Philadelphia Museum of Art 8 | Alfred Sisley, Printemps, paysanne sous les arbres en fleurs, 1865-1866 © Galerie Bailly, Genève 9 | Alfred Sisley, La Route de Saint-Germain à Marly, 1872. Huile sur toile, 46 x 61 cm © Courtesy of the McNay Art Museum, San Antonio 10 | Alfred Sisley, La Seine à Bougival, Hiver. Huile sur toile, 46.5 x 65.5 cm © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda 11 | Alfred Sisley, La Route de Saint-Germain à Marly, 1872. Huile sur toile, 46 x 61 cm © Courtesy of the McNay Art Museum, San Antonio 12 | Alfred Sisley, Pont de Sèvres, 1877. Huile sur toile, 38.7 x 56 cm © Photograph courtesy of Richard Green Gallery, London 30 VOTRE VISITE VISUELS DISPONIBLES

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13 | Aldred Sisley, La Seine à Bougival, 1873. Huile sur toile, 54 x 73cm. © Courtesy of Sotheby’s 14 | Alfred Sisley, La Seine à Grenelle, 1878. Huile sur toile, 46 x 55 cm. © Courtesy of the Denver Art Museum

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INFORMATIONS PRATIQUES

Hôtel de Caumont-Centre d’Art

3 rue Joseph Cabassol 13100 Aix-en-Provence Tel. : 04.42.20.70.01 www.caumont-centredart.com

Horaires

L’Hôtel de Caumont-Centre d’Art est ouvert tous les jours y compris les jours fériés. De mai à septembre : 10h - 19h Nocturne le vendredi jusqu’à 21h30 pendant l’exposition temporaire, de juin à septembre. Soirée Lounge au Café Caumont : entrée libre du mardi au samedi de 19h à 23h. D’octobre à avril : 10h - 18h Dernière entrée 30 min avant la fermeture.

Accès

Gare TGV d’Aix-en-Provence et de Marseille. Autoroute A7, A46, A8 (Paris, Lyon, Nice) A54 et A9 (Montpellier, Nîmes, ), puis suivre la direc- tion « Centre-ville ». Parkings Rotonde, Mignet et Carnot à proximité. Le Centre d’Art est accessible aux personnes à mobilité réduite.

32 3, rue Joseph Cabassol 13100 Aix-en-Provence T. +33 (0)4 42 20 70 01 www.caumont-centredart.com

Ouvert 7 jours sur 7 de 10h à 18h (octobre-avril) de 10h à 19h (mai-septembre)