Ba Cheikh Oumar. (1992) Migrations internationales ouest africaines et les trajectoires migratoires dans la vallée du fleuve Sénégal : étude menée à partir de deux villages à dominante ethnique : Halpulaar (Galoya) et Soninké (Bokidiawé) : rapport de stage

Dakar : ORSTOM, 35 p. multigr. RAPPORT DE FIN DE STAGE A L'ORSTOM SOUS LA DIRECTION DE SYLVIE BREDELOUP, CHERCHEUR A L'ORSTOM

Du 30 avril au 30 juillet soit pendant trois mois, nous avons eu à. effectuer, sous la .direction de Sylvie Bredeloup, un stage à. l 'ORSTOM. Ce stage entrait dans l'orientation de nos recherches pour le DEA à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. C'est ainsi que nous avons été recommandé par notre directeur de recherche le Pro Abdoulaye Bara Diop à Sylvie Bredeloup chercheur à. l'ORSTOM dans le cadre du programme "migrations internationales Ouest-africaines" initié au sein du' département sud de l'ORSTOM.

Dans ~e cadre nous avons été emmené à effectuer deux missions .d"un mois chacune dans les villages de Galoya (Torodo et Peulh) et Bokidiawé (Soninké et halpulaar) • Ces missions ont bénéficié de l'aide· matérielle de l'ORSTOM et morale- de nos -'deux responsables de recherche précédemment cités. De part; . leur conseil méthodologique" ils ont rendu ce stage possible d "amont en aval. Qu'ils trouvent ici nos remerciements, eux sans qui ce travail ne serait même pas envisageable compte tenu des conditions sociales dans lesquelles nous nous trouvions avant d'e~~er ce travail.

Nous tenons à. remercier tous les chercheurs de l'ORSTOM qui nous ont apporté chaque fois que nous leur avons sollicité leur aide très appréciable, ainsi qu'à. tous les travailleurs de l 'ORSTOM avec qui nous avons entretenu des relations amicales en dépit de quelques minime~ difficultés d'adaptation au départ. Avant de terminer least but not ]8st, nous remercions tous les paysans, les villageois qui nous ont bien accueilli comme un des leurs et qui ont bien voulu répondre à. nos questions. Qu'ils veuillent bien trouver ici l'expression de notre gratitude. . " • '\~ '"

" Cheikh Omar Ba y DEA l'· Thème Migrations internationales ouest africaines et las trajectoires migratoires dans la vallée du fleuve Sénégal. Etude menée à partir de deux villages à dominante ethnique 1 Halpulaar (Galoya) et Soninké (Bokidiawé). 1 l - APERCU HISTORIQUE La vallée du Sénégal a longtemps été une zone de convergence de plusieurs populations. "Dans un passé reculé vers les 1 premiers siècles de notre ère vivaient dans le nord du Sénégal jusque vers l'Adrar les populations noires connues sous le non de Bafour et qui devaient être les ancêtres des wolof, des serer et des soninké. Ils seraient aussi les descendants des 1 toucouleur ou leurs voisins : ces' derniers paraissent s'être installés dans la vallé'e,dès cette époque. Les peul seraient venus plus tard. s"adjoüldre' ,.:..~" eux~' (A•.B. Diop, 1965). Ces déplacements du nord' vers re'~'~"süd sont le résultat du lr "dessèchement.~histonque , "-'du Sâhara. qui'devint une zone de répulsion"d'êmàgraphiq~e 'au profit< des vallées (vallée du Il Sénégal,. delta.. intérieur' du Niger) ~endues propère du- fait de ses crues .fécond'aii.tes, génératrices de récoltes (Thèse Oumar f Kane,.' 191o:-:PI.us' précisément au Xè siècle' déjà deux royaumes noirs ·régri.-:iêlit sùi-:~: le Sahara mé:cidiona1 :.1'un le Tekrour, ~ était axé ·sur le'·f'leuve Sénégal et" s 'étendait jusqu'au tagant et Niger 'j: il étàit"alors peuplé par les ancêtres des actuels soninké. - Ces populations noires furent progressivement 1 repôussées vers le sud par des groupes nomades berbères, les , Aznaga ou Zinaga venus de Tafilatt à une date difficile à préciser (A.B. Piop, 1965).

1 1) Les mouvements de population dans la vallée à l'époque précoloniale 1 La vallée du Sénégal semble avoir été depuis très longtemps une zone relativement prospère (A.B. Diop, 1965). Elle était encore récemment le "grenier à mil" du Sénégal du fait des cultures du walo devenues beaucoup plus importantes que celles 1 du jeeri. C'est ainsi que le chemama mauritanien et le waalo sénégalais fournissent la quasi totalité des grains exportés vers le sahara et les autres régions du sahel. Les maures sont 1 les agents de cette exportation (O. Kane, 19). La fertilité des terres de la vallée du Sénégal attira de très nombreuses populations venues de toute part (1). Cette affluence provoqua de nombreuses luttes pour l'accès au fleuve et le contrôle des 1 terres inondables du walo (2) (Lericollais A., 1975). D'ailleurs l'histoire de la vallée du fleuve Sénégal est

1· (1) Nota.llent des' popula.tions noire; a.yant fuit la rive droite pour se réfugier contre les razzias esclavagistes des .aures (C. Santoir, 1992). 1 ~ Dans un article à paraître dans les cahiers' de 1 'ORSTOM cf. bibliographie. :~(2) Le..·"àIo. désigne l'a. vallée alluviale qui possède des ter'Èes :fertilisées , ,''par. les crùëii du rleuve,.:paX-- opposition aux terres. sahélîèimes en bordure : 1 ledieri.: ...... - ; .. • 3 Il

... profondément marquée par ces luttes (3) • L'émigration était alors le fait de populations ayant fuit leur milieu, chassées le' ' plus' souvent par des g:roupes humains", plus puissants ou mieux organisés (Lericollais A., 1975). A cette époque il y avait eu toutes sortes de déplacements de certains groupes de population plus ou moins nombreux par suite de guerres ou de détérioration générale des conditions naturelles (ce phénomène est surtout propre aux régions septentrionales du Sénégal) etc. Toutefois ces déplacements se faisaient en général sur de petites distances (Evguéni Kalchtchikov, 1984). Par ailleurs, Curtin soulignait l'ancienneté et l'importance des flux 1 d'échanges réalisés par les commerçants soninké déjà bien avant le XVIè siècle. De par sa situation géographique, au point de jonction des différentes routes commerciales de 1 l'est, du nord et du sud et au point de transbordement du commerce fluvial sur le fleuve Sénégal, la diaspora jula du Gadyaga contrôlait une part importante du trafic (J.Y. Weigel, 1 1982). D'ailleurs l'auteur explique le morcellement géographique et politique de la société soninké à la suite des différentes migrations ,ef"fctuées par ce peuple depuis la décadence de l'empiré· de "wagadu. Ce qui tendrait à expliquer leur dispersion géographique. Plus précisément, les clans maraboutiques de .,' ll"'etllnie avaient rendu indistincts les réseaux de leur medersas (. écoles coraniques avec ceux de leur commerce qui s'établit "même déjà sur de longue distance (Manchuelle, 1987" 2,76-274). Initiateurs de ces réseaux et les pratiquant. simultanément, ces pieux furent promptement confondus .aux premières heures de la colonisation avec tous [, 'leurs: compatriotes 'si bien que les soninké ont été longtemps qualifiés par les européens de "juifs du Soudan" (Pollet et ~.:' Winter" 1971,. 111). 2) La période coloniale et les migrations à moyenne distance

L'islam avant la période coloniale a joué un grand rôle dans 1 l'exode des gens de la vallée. Cette région, pays d'attraction devint un centre de dispersion (A.B. Diop, 1965) • La découverte du Sénégal par les colons a permis à ceux-ci 1 d'effectuer des ponctions importantes dans la population de ce pays (Delaunay D., 1984). En plus l'administration coloniale, en recou~rant à des méthodes diverses, essaya de forcer les 1 paysans sénégalais à produire davantage d'arachide (Engueni Kalchtchinov, 1984) • L'auteur précise que les données générales sur l'importance des migrations saisonnières et temporaires du milieu rural d'une part et de la campagne vers 1 .les villes de l'autre, font défaut car elles ne sont pas ~cluses dans les statistiques nationales actuelles tout comme elles n'étaient pas enregistrées par l'administration 1 coloniale dans le passé. Cette ignorance de l'importance des flux mjgratoires passés et même actuel;\-n. ttS~~..JiéeJ.hg;8ftt @q assistUrt à un gonflement des effectifs~ "tant:'ôl.-- à une sous­ I_ évaluation. Plusieurs raisons concourent à cette tendance à surestimer ou à sous estimer cêtte importance. Certaines sont l ,~ subjectives (politique nationale qui obéit à des calculs pour " (3) "La structure roncière de la vallée rer1ète fidè1e.ent BOn bistoire et ", l'bistoire de la; société toucou1eur e11'e-Ê.e".. La .ayenne vallée du 1 'Sénégal, 1962, p. 1'12. •

.. mériter des aides éventuelles qu'un tel gouvernement souhaiterait obtenir) mais il y en a qui sont objectives. " Elles sont ,. iimi"bées par 1 ',impossibi1.ïté de connaî"tre avec • exactitude toutes les migrations d'un pays du fait de l'accroissement des migrants en situation irrégulière qui refuseraient de se faire recenser. Toutefois les recoupements de plusieurs informations (orales, les archives... ) autorisent à penser que ces migrations étaient importantes. Mais en dehors des déplacements qui entraient dans le cadre du travail forcé pour s'acquitter des impôts, ces mouvements ont été dominés par trois modèles principaux la colonisation agricole, le navétanat et l'exode rural. La colonisation agricole de l'ouest du Ferlo et des terres vierges du durant la première moitié du XXè siècle a été provoquée par la dégradation des sols de premiers fronts de la culture maraîchère ainsi que par l'émergence du mouridisme et que les migrations saisonnières des navétanes se sont développés jusqu'en 1950 à partir de la vallée du fleuve Sénégal et du Fouta guinéen pour combler le déficit de main d'oeuvre dans le sud du bassin arachidier. Mais l'exode rural, d'abord saisonnier durant les années 1950, s J est élargi à la plupart des régions à partir de 1960 pour devenir le type migratoire prépondérant au Sénégal. Les cycles de sécheresse ont encore accentué ce mouvement dirigé principalement vers l'agglomération dakaroise (cf., Société toucouleur et migration, A..B.. Diop," 1965) •..Sur~ les migrations soninké J.Y. Weigel note qu"elles: sont· 'historiquement l'effet de l'imposition des" populations après la conquête coloniale. Cette recherche forcée du numéraire précise t-il, entr8'Înera la mobilisation d'une force de travail qui est voulue par le colonisateur en dehors du cadre régional principalement en vue du travail saisonnier de l'arachide en Gambie et dans le bassin arachidier mais également pour la construction des chemins de fer (Dakar-Saint-Louis, Dakar-Niger) et la marine 1 marchande. Il souligne enfin que le Gadyaga devait connaître une espèce de spécialisation régionale qui était celle de l'émigration temporaire de ces classes d'âge actives, 1 phénomène selon lui qui devait s'accompagner du maintien de ses structures agricoles traditionnelles. 1 3) Les migrations internationales ouest-africaines de la période des indépendances à nos jours Les mouvements migratoires que l'on constate aujourd'hui et ce 1 depuis l'indépendance, portent en profondeur l'empreinte que leur a laissé l'époque coloniale (Sergio Ricca, 1990). Chez les toucouleur les indépendances ont renforcé l'exode rural 1 (4) vers les centres u~bains où ils exerçaient le plus souvent le métier de boy et maintenu les flux saisonniers. Dans

1· (4) D'après DIOP A.B. une enquête fai~e sur les toucouleur de la vallée du fe1uve Sénégal avait révélé que 70.000 personnes environ, soit un peu plus du quart de toute la population toucouleur du pays vivaient hors du· I.~ territoire (vallée) et que presque la % des migrants partaient pour p'autres régions du Sénégal exécuter des travaux saisonniers et que plus de ·la moitié des toucou1eur partaient à Dakar à cette époque où ils exerçaient r des métiers de boys, de cireurs pour les jeunes et du commerce. 5

certains cas ils deviennent convoyeurs de "coggal" c'est à dire de troupeaux ou.' vendeurs de cola à Kaolack, Sine Saloum•. ;. pour pouvoir mobiliser l'argent nécessaire pour la migration internationale et être en mesure de tenir "un début de commerce". Avec l'argent obtenu les quelques toucouleur de la zone de Bakel et une partie du département de Matam partaient en France. Pour la quasi-totalité des habitants du département de Matam leur destination favorite paraît être la Côte d'Ivoire, le Congo et l'Afrique centrale pendant les périodes fastes d'extraction de diamant phénomène très en vogue dans les années 1970-1980. En ce qui concerne le 1 département de Podor Côte d'Ivoire, Gabon, Gambie, Mauritanie. Concernant le village de notre étude (Galoya) les plus importantes destinations sont la Gambie, Côte d'Ivoire, 1 Gabon, Cameroun••• Mais avec le renforcement de la dégradation continue de l'environnement et de la stagnation économique dans la vallée, ces flux se sont semblent.t-ils augmentés. La dépendance de ces populations vistA-vis de leur ~ilieu naturel les rendait très vulnérables aux aléas climatiques. Ce sont les deux cycles culturaux (culture .sous pluie et culture de décrue) , l'élevage et la pêchè qui assuraient leur subsistance•." Ainsi ,les années de sécheresse, notamment la situation à partir' de 1973, ne leur a donné qu'une possibilité, celle';'· de migrer. Etait-ce la seule ,solution envisageable de IFépoque ?

Par ailleurs, si Ia,sécheresse a affecté en même temps et, de la même Dlanière la situation économique de cette vallée, comment expliquer les différences de destination dans les flux migratoires ? En outre quelles sont les forces sociales qui organisent et orientent la décision de partir ? Où se situe la E$-t-._~,\·~ t-ell~ 1! décision de migrer ? individuelle ou s'inscri dans une stratégie collective? En fait, un constat s'impose à savoir que depuis les années 1970-1980, compte tenu des 1 restrictions de plus en plus nombreuses de la part des pays d'accueil, les systèmes migratoires internationaux ont connu des fluctuations que certains ont qualifié de "turbulence" (5) et d'autres de "désordre" (6). La situation a évolué dans le 1 sens d'une accélération et même d'une diversification des mouvements migratoires même si on peut constater par ailleurs une certaine contraction de l'espace de déploiement possible, 1 en raison notamment des fermetures des frontières, des expulsions des étrangers ( 7) et du chômage. Telles étaient quelques unes des questions et hypothèses que nous nous sommes posées dans le cadre de cette étude dont voici quelques 1 élements de méthodologie. 1

1· (5) "Sé.inaire .igratoire, travaH, .abilités sociales, résultats, prospective" 1991 ORSTOM, S. Bredeloup, N. Robin "les systè.es .igratoires

~ ouest-africains, pre.ières directions du travail, p. Z. 1 ,,(6) Bicca Sergio .igrations internationales en Afrique. L'HarJIBttan 1980, ",- or p. 8. ,, _.~ -<'·(7) Migrations togoi'aises bilan et perspeètives" Lo.é 198ô édité p8r E. 1: , -:Lebris (cf. bibliothèque). ' ." ,:.. l'

., , 6

II - METHODOLOGIE

41) Les différentes ~tapes' de notre recnerche

On peut définir le processus de la recherche empirique comme un ensemble de recherches distinctes et successives mais interdépendantes, effectuées par un ou des chercheurs appartenant à une ou plusieurs disciplines afin de recueillir d'une manière systématique des informations valides et de l'expliquer (8)

Après avoir sélectionné notre sujet en fonction de l'intérêt que nous portions sur le thème des migrations internationales et de l'expérience que nous avons eues dans le cadre du programme du Panos (9) nous avons tenté de définir notre sujet en le précisant et en le situant par rapport aux études antérieures faites dans ce domaine. Nous avons commencé par une ,iacertaine critique de la plupart des documents consacrés aux migrations internationales et notamment celles qui s'intéressaient à la vallée en particulier et au Sénégal en général. Pour ce faire nous avons procédé d'une manière déductive c'est à ·dire nous avons consulté les ouvrages d'introduction avant les études spécifiques.

A la suite de ce dépouillement il nous '

En outre nous avons reoncontré des\\ personnes-ressources" qui nous ont aidé à préciser notre problématique et à en définir nos objectifs par des discussions et des critiques constructives. Dans ce cadre l'équipe que dirige Sylvie Bredeloup dans le cadre du programme "migrations 1 internationales ouest-africaines" initiés au sein du département sud de l 'ORSTOM , a été un cadre idéal de 1 discussions et de débats. Après cette première phase qui nous a permis de déterminer notre sous-échantillonnage composé de deux villages Galoya et 1 Bokidiawé, nous sommes passés à l'enquête de terrain. Pour celle-ci nous avons procédé pour la cueillette des données à une entrevue à questions ouvertes. L'avantage de cette procédure était, pour nous, double. D'abord on voulait obtenir 1 le plus de renseignements possibles sans risquer d'oublier des informations importantes. Et comme c'était notre première

1..,,'.-

~ {8} Marc-Adélard Tremblay, initiation à la recherche dans les sciences l sociales, Montréal, Mc Graw Hill 1968, p 147. 1. (9) Nous avons eu à tra.vailler pour le Panos dans leur programme migrants ~-'" . ,et développement. Ainsi nous avons effectué pendant plus de 4 mois des I ". enquêtes en }[auritanie pour leur compte. . L ~ L

7

enquête (IO) il était important pour nous de ne rien oublier, notamment, les i.~formations importan~es. En, plus comme nous

n'avions # pas à faire l'analyse' de contenu' "( sous' l'angle statistique) le risque d'erreurs était moindre.

Mais compte tenu du fait que notre population d'étude était disparate peulh de galoya, halpular de Galoya et de Bokidiawé et soninké de Bokidiawé, il y avait un risque de biais si la formulation des questions n ' était pas partout identique. C'est ainsi que comme chez les soninké il y a moins 1 de castes, la question vous appartenez à quelle caste ? a été dans certains cas (rare heureusement }~e blocage au début. C'est ainsi qu'il nous est arrivé souvent de poser la question en fin d'entretien ou bien de changer la formulation par des 1 discours que certains trouvaient ennuyeux. Par exemple comme vous savez que traditionnellement dans le village il existe.•• et vous, vos parents se réclamaient de quelles castes etc••• ? Par contre~' chez les halpulaar comme il y a plusieurs castes, le risque- de changer la formulation de la question relative aux castes: était moins:' évident. ~ous' essayons~,à tra.vers;~·ce· qui suit de montrer les difficultés que :ri.ous;-;~à.v.ons·eues.pour notre installation et les limites des questionnafres·. .: ..... ~.: .. . .' ..... <...... -..#~ ." ,.-." , .,..... l.~.:;: ""::"- .'.. '.".~...... 21 'DifflcuI:tés d"installation et limite des questionnaires

, .~ .... t~)<. • Chaque, f6is ·-.-qûe ";noùs arrivons pour la première fois dans un villàge J; nous demandons à rencontrer le chef du village. Mais comp~e:tenu des moyens dont nous 'disposions J nous nous informion~ avant de venir dans un village ; cela nous a permis 4de :':;discutër' avec le chef de village concerné pour lui 'expliquer que nous aimerions descendre chez un ami ou un parent~ Si nous avons agi ainsi dans les deux villages c'est d'abord parce que nous avions beaucoup de parents (à Galoya) et d'amis f à Bokidiawé}. Ensuite, n'ayant pas beaucoup de moyens nous permettant de nous installer, le temps que durera nos enquêtes, chez le chef de village, nous ne pouvions nous 1 permettre de participer aux dépenses journalières de la maison. Les foutankais n'acceptent pas qu'un étranger paye après .avoir mangé chez eux mais il est souhaitable de participer discrètement à la gestion quotidienne de la maison. 1 Si le chef de famille est absent remettre ici à son épouse ou à ses enfants de quoi payer le thé et sucre et à la fin, en repartant de donner à chacun du moins au plus proche du chef 1 de foyre leur "cola" ou leur "savon" (intelligemment) pour témoigner sa reconnaissance. En fait étant donné la situation précaire que vivent les gens de la vallée il vallait mieux pour nous de descendre chez un ami ou une soeur à qui il est 1 possible de dire clairement que l'on n'est qu'un simple étudiant stagiaire. Dans tous les cas aucun problème ne s'est posé à cet effet et les moyens de stage dont 'on disposait ont 1: été suffisants pour l'indispensable. , ,Ifi .('. ,

~ 1 (la) Nous avons eql'à faire des enquêtes pour le compte du Panos en 1991 en ':- . Mauritanie. Mais,:il s'agit d'une enquête sur "commande" notre marge de 'liberté était très limitée, ce qui n'est pas le cas de mes enquêtes 1 actuel'les. 1 1- ? .. ~, 1 8 ~ 1 a) Questionnaire village , . Une r~union est organisé~'· à notre demande' par le chef" de 1:·'· village. Elle regroupe outre celui-ci, le président du CR ou son représentant (Galoya), les notables, les émigrés de "retour", un cadre rural intervenant dans la zone des jeunes lettrés dont l'avis est très important. Après avoir expliqué 1 et défini les objectifs de notre enquête le recueil des informations porte sur : 1 - l'histoire des mobilités internationales concernant les gens du village ; - les motifs des premiers déplacements et ceux des migrations actul1elles ; 1 - les changements sociaux constatés par les anciens du village au niveau familial et à l'échelle du village; - le rôle des femmes aujourd'hui, s'il a évolué ou s'il est demeuré le même.

Cette réunion a. permis . lé' plus souvent de cerner l'ensemble des objectifs de notre recherche ,et d'écouter les suggestions des participants., El.Ie', a largement contribué à l'accueil dont nous avons' été 1 "obj'et ;'lors, de nos visites dans les foyre. Dans les différéri.ts. ;"'foyre visités, nous avons eu comme l'impression qùe ~"lès :~~gens nous attendaient. Cela a permis de gagner beaucoup: ;'de:.:/ temps et de nous éviter d'expliquer dans chaque- lieu,:' ~v·~gfté' ,le . but et la signification de nos ~ ." ~ ...-• le"'" recherches ';·.~.T'oute-fo·:ils dans chaque ,foyre nous avons eu quand même à introdu±ië:;notre· étude. Cette réunion est généralement un prétexte- pour, une prise de contact avec les géns à interroger .~cmais nous savions qu'il fallait considérer avec réserve les informations recueillies pendant la réunion et 1 cela' en raison de la stratification en caste de la société halpulaar. Des fois certains castés ou certains jeunes nous 1 disent en aparté ce qu'ils n'avaient pu dire en public. Il arrive ainsi qu'ïl y ait des contradictions dans les propos des uns et des autres. Après avoir recueilli toutes les informations que l'on nous donnait on passe à un recoupement 1 de celles-ci pour trouver une position la plus objective à nos yeux. Dans tous les cas nous avons essayé de garder de très 1 bons rapports avec tous les villageois. b) Questionnaire foyre (chef)

Dans ce questionnaire il s'agit de déterminer les gens à rencontrer. En ce qui concerne notre travail c'est sur la base des enquêtes faites en 1990-91 par Christian Santoir et Lericollais A. dans les deux villages. Après avoir effectué un dépouillement de ces enquêtes et avoir listé les migrants à rencontrer, nous sommes allés sur le terrain. Ainsi, après avoir rencontré le chef de foyré, on l'interroge sur tous les membres du foyre (présents et absents) • Seules les femmes mariées hors du fo~;" sont exclues de ce mini recensement et cela pour une raison toute simple, à savoir que celles-ci seront inscrites dans les foyre de leurs époux ou beaux- , parents. 1- l'

.... 9

Ce questionnaire permet de repérer les migrants absents ou de "retour". En listant tous les membres nous avons ;: par là aussi en plus de l'intormatiân sur la tai,lle du foyre les relations de parenté entre les membres. Tous seront déterminés dans leur rapport au chef de foyre (le C.F. dans le questionnaire).

c) Questionnaire migrant international absent

Dans ce cas on s'adresse à la personne la mieux indiquée pour renseigner sur les itinéraires des absents. Le plus souvent c'est le CF qui apparaît comme celui qui a rendu possible le premier départ. En effet, il arrive que c'est le CF qui a donné au futur migrant son billet pour Dakar ou une autre ville relais (Richard-Toll pour Galoya peulh) ou Kaolack. Par exemple sur la question "comment il a trouvé les moyens lui permettant de partir" et sur d'autres questions concernant les avoirs du migrant, le chef de foyre est dans la plupart des cas mieux placé pour informer. SL la mise en confiance (préalable nécessaire à. tout recueil d'information) est réussie les présents acceptent de répondre à la l.imite de leur connaissance car coiome' le disait le' chef de village de Galoya Torobé en nous présentant un chef de foyre qui n'avait pu participer à la réuni.on de contact "il s ' agit de notre~ fils et donc pourquoi lui priver des informations qui ne nous dérangent pas et.qui l'arrangeraient". Par ailleurs sur les questions relativ.es aux activités professionnelles du migrant dans ses différentes étapes où les noms des gens chez qui il a logé ainsi que les relations qu'il entretenait avec les autres migrants~ le.CF n'est pas dans la plupart des cas, habileté à y répondre. Mais dans le cas où son épouse était allée le rejoindre, elle est la mieux indiquée pour donner les informations souhaitées. Il est arrivé que le CF lui même nous 1 indique telle personne (épouse ou amie du migrant) qui nous informe sur- lui à tel moment de son itinéraire. Ceux-ci nous répondent sans difficultés dans la mesure où nous venons de la part du chef de foyré. Il s'agit d'avoir la confiance de ce 1 dernier, confiance qui se traduira par l'acceptation de tous les autres membres de répondre aux questions de l'enquêteur si 1 celui-ci en formule la demande. d) Questionnaire migrant international de "retour"

C'est le moment des questions directes, profondes et des plus 1 variées. Il s'agit de poser le maximum de questions possibles. Car les questions s'adressent au migrant lui-même, celui qui est censé connaître mieux que quiconque son itinéraire, ses 1 inquiètudes et ses espoirs. D'ailleurs si on a eu recours au questionnaire précédent c'est à défaut de trouver les migrants au village. Donc c ' e st par impossibili té de rencontrer tous 1. les migrants (11) que l'on a introduit ce questionnaire migrant international absent. Néanmoins celui-ci n'en est pas 1 ~ sans importance. Il nous donne des informations souvent utiles (11) Les délais de stage qui nous était i"çartî et les IIOxens l.0ntYloj;) disposÀltJf nous dcom~ interroger tousceùx que n~~ncontrilt (qui 1 étaient aux villages -.nit (CF ouSâ re-:laçan-;,;aigrant. de retour.....). 10

à savoir comment les parents restés au village (CF 1 épouses ..... ) apprécient-ils.·-.~' apport d~s' migrants et. les relations qu'ils entretiennent avec eux. En tout cas, compte tenu des moyens dont nous disposions c ' était à notre sens la seule façon d'interroger plusieurs migrants dans un village. Les migrants revenus au village sont dans la plupart des cas très mobiles et il était très difficile de les rencontrer à Dakar où nous étions. Cependant ceux qui étaient revenus dans la période où nous étions dans les vil~ages ont été interrogés c'est pourquoi par exemple à Galoya nous étions plus tenté de recenser tous les migrants (revenus au. vi~~age) (12) sans suivre les listes que nous avions et qui étaient fait deux ans auparavant. I~ faut toutefois préciser que les noms dont nous disposions nous ont été d'une grande utilité. Le questionnaire migrant international de retour en reprenant les itinéraires sus-mentiorinés se propose dé d'approfondir et de discuter les informations données par le migrant pour déboucher sur ses proj'ets J, .• ' 'ses.·: inquiètudes J ses espoirs. •• Etude plus qualitative:"'tO'"ut en maintenant son caractère quantitatif. Nous poussons'~.l.ës>questions pour ~'mieux cerner les réseaux sociaux, 1 "imp~c~I:lI~~~:'migr8:tions . s~r les relations régissant l'ordre . traditionnel::: 'l':~::,::,,.-:'~' -, '"" W

l ~i~: }!'d~J~~1i~,~~"ici~~ÊQimNCES DES MIGRATIONS INTERNATIONALES ,.. ·.&B~ii:~-,M.&'}.r ..... " fiIl!': .. d''''''~~ •. ;...... ri ~..-:--_-...... -.! ..~_ •. . ..c'~)~ ~~·"7;-~"'" .,.,~ -~-,r ..;-...~;.. ':." '~~;,; >~. t;~0:~~~ii~~;~t::;/Jj~~~~ " Parlér :~·,~es.:~~caüsès;~.{de la migration internationale suppose une ca.tégo,:r!isa.~iôn;:'ciés:motivations en 'fonction des périodes. Les migra:tions ',' 'Ji"ont pas toujours revêtu les 'mêmes ë'àrâ'êtérfâtfques.. . Il s'agira pour nous de faire l'état des dif~érënts~~motifs qui ont occasionné les différentes migrations parce q~e cela fait intervenir des phénomènes dont les déterminations et les interelations sont d'une très grande complexité•.Historiquement l'insécurité permanente au sein de la vallée était responsable de plusieurs mobilités (lutte pour 1 l'accès aux terres, prosélytisme religieux entre autres). @ependant, les causes ne sont pas toujours évidentes. D'autres viennent souvent renforcer et complexifier les premières. Or dans la détermination des causes, il n'est toujours pas aisé 1 de faire la part de ce qui est déterminant car les déplacements obéissent aussi bien à des motivations individuelles que collectives, inconscientes que conscientes. 1 Dans ce cadre les mises en garde du Pr Diop dans son livre (13) sont très justifiées. Il précise qu'il ne prétend pas dans son étude des causes de la migration saisir des relations générales et constantes entre les phénomènes ni même envisager 1 ou sous-entendre de telles relations dans le cadre desquelles se situeraient ses conclusions mais qu'il est possible de voir incidemment que les causes essentielles de cette migration 16 sont celles qui précisément Jdéterminèrent la plupart des migrations (A.B. Diop, 1965).

JI 1 .' (12) Etant donné que la plupart des é.igrés de notre étude font le _.:', . '.' ,'co.-erce, il n'est pas évident qu'ils aient des .,.ents de vacances précis. ','Ils viennent chaque' fois que le co_erce .archè- très bien. , (13) A.S. Diop Société toucouleu~ et mîgrations. 't.c:..k rL.

t..r 11

~nsi la cause essentielle comme la quasi totalité des auteurs l'ont affirmé nous semble 'être dO, ordre économique. La dégradation progressive des conditions de vie au Fouta a été déterminante dans le départ du migrant de son village. Cette constation semble être partagée par le Pr Diop dans son étude sur les migrations toucouleur. «L'émigration s'explique essentiellement par les difficultés de subsistance des populations de la vallée. La pression des facteurs économiques s'exercent à ce niveau vital et contraint les habitants à 1 quitter le pays. 80,5 % des personnes interrogées affirment que l'une des raisons de leur départ (et la plus importante) est la recherche de la nourriture... Les raisons avancées prouvent que les gens partent parce que l'économie de la région ne peut plus assurer convenablement leur survie» (14).

En outre le rapport introductif aux journées d'étude (15) de l'UARF (Union des Associations de Ressortissants de Fouta) va dans ce sens. Il Y est dit en effet que depuis la disparition de l'économie de la gomme ( dans un premier temps la chute drastique des cours de la gomme) alors principale source de revenus monétaires des producteurs de la moyenne vallée, cela porta un coup dur à leurs conditions de vie, ce qui s'est traduit alors .par une émigration qui aujourd' hui &&t. perdue. Cette première "saignée démographique" sera facilitée par le développement des moyens de communication autre que la voie • fluviale (route de diéri, pistes carrossables raccordées aux 1 lignes de la voie ferrée) rapprochant ainsi le Fouta du nouveau pôle économique du centre-ouest. Cette situation allait avoir pour la moyenne vallée des conséquences sodiales aussi très importantes. Ainsi au début du XXè siècle on 1 assiste à des mutations profondes. La gomme (16), la vallée et le fleuve cessent d'être les pivots de l'économie du pays au profit de l'ouest sénégalais notamment du fait de la culture 1 arachidière.

Le déclin économique de la région a atteint sa phase 1 paroxystique dans les années 1970 avec l'installation de la sècheresse cyclique. Ainsi l"a diminution des cultures pluviales, des cultures de décrue et de l'élevage achèvent de pousser au départ les plus irréductibles. Dans ces conditions 1 la mise en oeuvre des barrages de l'OMVS (Diama et Manantali) intervient aujourd'hui dans une région vidée pratiquement de ses ressources humaines actives (dans notre enquête elles 1 représentent 84 % de l'ensemble des migrants que nous avons interrogés). Le rapport de l'UARF note que «depuis la disparitio'n de l'économie de la gomme jusqu'à l'avènement des cultures irriguées, le Fouta, à la différence du centre ouest 1 sénégalais, n'a jamais été mis dans des conditions d'une économie rentable soit une trentaine d'années, de somnolence économique». Les principales tentatives du gouvernement en 1." direction de la région ont -été effectuées d'une manière

~ (14) A.B. Diop op. cité p. 86. 1 (15) Journées d'études qui se sont tenues les 18 et 19 avril 1992 à Dakar. (16) Il faut préciser que l'économie de la. g011ll11e s'est effondrée bien avant l'indépendance. Delaunay D. De la captivité à l'exil. La vallée du Sénégal. 1 OR5TOM Paris France, p. 54. 1 1 ... - 12

ponctuelle que suffisamment pensé que pour amorcer un déyeloppement· réel et durable. C'est .le cas'· des actiol'ls I~ entreprises dans le cadre de l 'OAV tandis que l'opération Périmètres Irrigués Villageois (PlV) du FED dans tout le Fouta répondait à la crise céréalière consécutive aux grandes sécheresses des années 70. Ainsi donc, tout le long des années 60 et 70 les discours politiques ont entretenu l'espoir chez les populations du Fouta autour de la mise en oeuvre des barrages. Cette étape franchie les populations ont été brutalement plongées dans l'après barrage sans y être 1 aujourd'hui préparées et ce, malgré l'existence d'institutions crées à cette fin.

A Podor comme à Matam des moyens ont été mobilisés avec l'appui des bailleurs de fonds pour exploiter le potentiel de l'après barrage mais on comprend bien aujourd'hui que la réalisation de ces moyens selon les échéances prévues était impossible parce que l'on intervenait en fait dans une région longtemps déstructurée, désorganisée et .vidée de ses bras valides (les seules tentatives de développement ont été le fait soit des bailleurs,' de fonds ou de certaines ONG, soit des

ressortissants de la:t.,··vallée'., 'Lê .Fè:>üta apparaît aujourd' hui comme une zone délaissée ""'malgré'" des réalisations sans incidences significatives au' pô.ïnt 'de fixer les populations. La région est en· effet désertée par sa' population active 1 tentée par une émigration· ver~.: l'Europe et. surtout en Afrique 1 (occidentale.,; équatoriale,. australe..., •. ). Il importe de noter que l'histoire des migrations daDs la vallée a connu plusieurs moments qui correspondent à des 1 causes prec~ses. Plus' que toutes les autres périodes, la dernière apparaît comme la plus difficile à circonscrire dans le cadre étiologiques. En résumé, l'aperçu historique et économique (rapport de l'UARF) de la situation dans la vallée 1 nous ~ permis de passer en revue quelques unes des raisons qui ont occasionné et continuent d'occasionner les 1 déplacements des foutanké. L' histoire de ce peuple qui se définit par ce dicton «les toucouleur savent où ils sont nés mais ne savent pas où ils 1 seront enterrés» est différente de celle des soninké. Ceux-ci comme nous le disaient des personnes âgées de cette ethnie doivent toujours "mourir au terroir". Enfin il nous semble que .,.,ea.. question sur les causes soit si évidente que certains 1 villageois ne veuillent même pas y répondre. Dans les entretiens que nous avons menés avec ceux-ci nous avions introduit cette question pourquoi les gens migrent-ils ? Mais 1 très vite nous avons atteint le phénomène de saturation. Toutes les réponses étaient identiques on nous répondait presque partout que "vous au moins vous êtes foutankais et 1 vous n'êtes pas sans ignorer qu'il n' y a rien dans le Fouta. La seule issue pour nous c'est 4 de partir". Donc ce qu'il y a de plus important c'est de savoir comment les gens migrent­ ils? D'abord qui sont ces migrants (âge, ethnie, situation matrimoniale••• ); où vont-ils (cheminements ou trajectoires migratoires) ? Que font-ils (activités professionnelles) ? Quelle(s) stratégie(s) adoptent-ils ? COllUDent conçoivent-'ils 1 les perspe~tives de leur retour (au village ou à Dakar) ? 1 13

Entre autres questions quel rôle joue t-il dans le développement., de leur village voire de leur. pays ,? . Autant, . " d'interrogations qui ont # déterminé la formulation de nos questions dont quelques uns des résultats sont exposés dans les pages qui suivent.

IV - CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET CULTURELLES DES MI­ GRANTS

IV.1 : cadre de l'enquête

"De l'enquête vallée du fleuve Sénégal" (17) effectuée par A. Lericollais et C. Santoir (centre ORSTOM de Dakar) concernant 44 villages, nous avons extrait les villages les plus concernés par les migrations internationales sud-sud. Cette enquête réalisée en 1990-1991 touchait les départements de Dagana, Podor. et Matam mais comme nous nous intéressons aux ethnies toucouleur et soninké nous n'avons retenus que les deux derniers.: départements. Ainsi, avec leur autorisation, nous avonS'::'procédé" â" un"dépouillement de tous les villages de l'enquête ;";[Bi'en~~,qu~ ..celle-ci ne traite pas spécifiquement la question., .des:"}:aigratïons internationales, A. Lericollais, C. Santoir é)nt:~":,procédé à un mini recensement qui relève la résidence-aètuéIle'de tous les membres des foyre, ce qui nous permet d"é:valûer::..l"intensité de la migration• .. ": •..~ .-: '~t~ '~"j( , .~ •• ~. ~t~. ~ Si nous avons:~~retenu les villages de Galoya et celui de Bokidiawé c "est.'<' parce que le premier est caractérisé par une forte émigration vers le Cameroun, le Gabon et la Gambie 'et le second vers, ~lé· Congo et la France. L'enquête a relevé 2057 migrants internationaux répartis entre les 44 villages. En ce qui concerne le village de Galoya (les deux quartiers : Torobé et Peulh) ils ont pu identifier 89 foyre ayant au moins un migrant par foyre pour un total de 129 migrants soit 1,5 migrants par foyre. Pour notre part, nous avons interrogé 71 foyre à Galoya ayant 136 migrants internationaux soit 2 1 migrants internationaux par foyre en moyenne. La différence que l'on constate serait due à deux facteurs complémentaires. Premièrement, l'enquête Lericollais-Santoir ne s'intéressait pas spécifiquement aux migrations. Leur enquête avait pour 1 thèmes la culture irriguée et l'élevage dans la vallée du fleuve Sénégal. Deuxièmement, nous ne donnons pas le même sens I­ à la notion de migrant de retour. Il s'agissait donc pour eux, de recenser chaque individu dans le lieu où il se trouve au moment de l'enquête (18). Donc les anciens émigrés ne seront pas considérés comme tels mais comme I villageois présents .. or nos préoccupations différaient des leurs dans la mesure où l'espace du village ne nous 1 intéressait que par la possibilité qu'il nous proposQ~~ de (17) Il s'agit d'une enquête en cours qui pourrait se terminer en 1992. (18) Sautoir s'intéressait à la dynamique de l'élevage dans le système de 1· · production de l'a ··vall.ée. du fleuve Sénégal. Pour sa part les enquêtes de . Lericollais ; s'inscrivaient·... dans le cadre de la pluriactivité dans la : vallée. C'est ce qui explique la différence entre leur objet d'enquête et t le. nôtre.~ . .. 1 .'

14

rencontrer, des anciens migrants, des migrants de passage pour quelque temps et par l'intermédiaire.de ceux-ci, d'interroger les migrants internationaux absentsr. En· "fait, nous étions' intéressés par tous ceux qui? dans leur vie avaient migré au moins une fois. Pour nous ici, migrer signifie sortir du pays pour une période d'au moins 6 mois pour des motifs économiques ou celui d'accompagner quelqu'un qui est parti dans ce but. Les femmes et les enfants accompagnant leur mari ou leur parent sont des migrants. Toutefois ceux qui voyagent d'un pays à un autre pour le service militaire n'entrent pas dans notre définition (19).

Par ailleurs, pour ce qui est du village de Bokidiawé qui se compose de deux quartiers soninké et toucouleur, ils n'ont pris dans leur enquête que le quartier toucouleur. Ils ont recensé ainsi 114 migrants internationaux pour 66 foyre soit 1,5 migrants par foyre en moyenne. En ce qui nous concerne nous avons recensé 64 migrants internationaux pour 30 foyre soit 2 migrants par foyre à Bokidiawé toucouleur (dont 11 de retour) et 30 foyre ayant 101 migrants chez les soninké (dont 19 de retour) soit un total de 3,36 migrants internationaux en moyenne par foyre. Il importe de préciser qu'en plus de raisons sus mentionnées, d'autres ont concouru à ces différences. En effet, nous sommes restés plus longtemps dans les villages de notre étude et en plus ils étudiaient plus de villages que nous.

Enfin on pourrait expliquer cette différence entre nos résultats par le fait que l '"émigration semble suivre une courbe ascendante. En l'espace de moins de deux ans si la moyenne des migrants par foyre est passée à Galoya par exemple de 1,5 à 2 migrants par foyre cela pourrait être un indicateur sur la tendance migratoire traditionnellement constatée dans la vallée du fleuve Sénégal (cf DIOP A.B.). Compte tenu de la 1 pression démographique proche de 3 X par an au Sénégal il est possible de penser que cette tendance risque encore et ce, pendant longtemps, de se perpétuer et de se développer avec les conséquences socio-économiques et même culturelles dans 1 les villages d'origine des migrants. 1 1- I­ .. I. (19) Il faut reconnaître qu'i1 est difficile de circonscrire clairement le ~ statut d'un migrant. Par exemple que1qu'un qui quitte Ga10ya (village 1. sénégalais) pour aller ouvrir une boutique à M'Bagàe (village mauritanien) est sorti juridiquement de l'espace de son pays mais s'il est chez son parent, il serait incommode de l'appeler migrant international. La parenté est telle dans cette zone qu'il est considéré comme chez lui. 15

Tableau de la répartition des migrants étudié .en fon,ction du lieu dans lequel ils se trouvaient pendant l'enquête· ..

Statut actuel Migrants de Migrants de Migrants absents du lIigrant retour au retour au Total village pays

Bokidiawé Son 15 4 82 101

Bokidiawé Tou 8 3 53 64

Gal Torrobé 12 5 85 102

Gal Peulh 6 1 21 34

Total 41 13 241 301

Sur les 54 'mig~ants soit 18 X de retour au pays, 41 personnes soi t 13,5 X sont au village au moment de nos enquêtes et 4 % à Dakar.. Cepéndant t nous nous sommes efforcés constamment à avoir des informations sur les absents par l'intermédi.aire des migrants de retour. Ainsi nous avons été amené à revenir voir les migrants de. retour pour des précisions sur l'un de leur ami t de leur Crère-avec qui il vivait ou travaillait. Au cours . de ces visites;:'nous avons rencontré des migrants qui avaient ~ voyagé avec d""aù"tres et qui avaient le même âge. Cette méthode limite à notre avis les biais qui sont liés à l'absence des .migrants • -. ".J. . . ,_tl( i

1 Ces résultats indiquent aussi l'ambiguité de la notion de migrants de retour (20). Le migrant de retour définitif semble 1 se reconnaître par l'âge (21) ou une éventuelle installation au village. Ce dernier aspect n'est toujours pas évident à apprécier en cela qu'un ancien émigré peut ouvrir une boutique ou un Périmètre Irrigué Villageois (PlV) qui donne une 1 apparence sur sa détermination de ne plus partir mais là aussi s'il n'est pas très âgé et que si son activité ne marche plus il est souvent tenté de reprendre son "bâton de pélerin" d'où 1 toute la prudence qu'il y a à considérer et à utiliser cette notion de migrant de retour. Par ailleurs deux éléments en plus de ceux précédemment cités semblent déterminer le retour définitif de l'émigré au pays. Il s'agit de deux extrêmes à 1 savoir ou bien l'émigré a totalement échoué après avoir connu plusieurs tentatives vaines ou bien son travail a très bien marché. Dans ce dernier cas le plus souvent il revient 1 s'installer à Dakar tout en continuant à gérer ses biens à

(20) Parmi les migrants de retour on peut distinguer le migrant 1­ international de retour redevenu migrant interne (installation à Dakar ou dans une autre ville du Sénégal), le migrant international de retour définitif au village et le migrant de retour provisoire. Mais il arrive que 1- .' ce provisoire dure et ressemble à une installation définitive. (21) Il n'existe pas un âge 1imi.te pour reconnaître un retour définitif, mais toutefois si le migrant arrive à assurer une relève et que si son âge r est avancé, il est moins tenté par une nouvelle migration. '. . 16

partir de la capitale. Toutefois il arrive dans certains cas qu'un migrant devenu très riche s'installe dans son pays ." d'immigration tout en erltretenant des .'liens familiaÜx et"· économiques avec ses parents et son pays d'origine. IV.2 : Répartition par sexe et âge des migrants La population totale du village de Galoya (les deux quartiers) est estimée en 1988 (22) à 2295 dont 1068 hommes (enfants y compris) et 1227 femmes. Comme on le remarque la population féminine est plus importante que celle des hommes. Cependant, ce recensement ne fournit pas des précisions sur la population étudiée encore moins sur les âges mais celui de 1976 donne les indications suivantes (23) :

Masculin Féminin Total - 14 14-64 + 64 Total - 14 14-64 + 64 Total général Galoya 150 151 15 316 174 191 25 390 706 Peulh Galoya 304 193 48 545 226 339 41 606 1151 Toucoul

Cependant, compte- tenu de la particularité de notre étude de migration concernant presqu'exclusivement les hommes, on remarque une sous' représentation des femmes. Elles ne représentent que 3, 67 ~ soit 5 femmes sur un total de 136 migrants. Cette sous représentation des femmes est due au fait que dans nos enquêtes nous avons privilégié les migrants e:p. fonction de leurs activités exercées dans les lieux d'immigration.

La situation est identique à Bokidiawé où le recensement de 1976 ne distingue pas les quartiers soninké et toucQuleur mais donne des précisions sur les âges des villageois. Ainsi la 1 population se répartit comme suit :

1 Masculin Féminin Total - 14 14-64 + 64 Total - 14 14-64 + 64 Total général Boki- I- diawé 630 511 96 1237 543 727 72 1342 2579 sarakho I lé 1.

(22) Direction de la Prévision et de la Statistique R.G.P.H. 1988 1- , (23) Ce tableau que nous avons repris intégralement dans un document de la statistique (Direction de la prévision de la statistique 1976) était inversé et nous 1 ~avons corrigé en fonction de la conna.issance que nous r avons des deux villages. I­

I- . 17

I~ Quand au recensement de 1988 il donne les précisions sui~antes: B~kidi~wé sarakhole hommes 974, femmes 916 soit un total'de 1890 personnes'. .' . Pour Bokidiawé toucouleur hommes 899, femmes 868 soit un total 1- de 1767 personnes. Répartition des migrants internationaux (de l'étude ) suivant l'âge

1 i ·-Z~-~~ t~~~~ Village de Bokidiawé Village Galoya Zone de l'étude âge des migrants Bokidiawé Bokidiawé Galoya Galoya Total 1 internationaux soninké toucouleur torrobé peulh 20 - 24 8 6 8 3 25 25 - 29 22 16 29 10 77 30 - 34 ..-. .: 16 13 27 9 65 35 - 39 ...- .~-:':'12 9 10 7 38

~ 40 - 44 , 10 7 Il 2 30 . - - ~.-, . 45 - 49 , 8 6 2 - 16 -.... -. 50 - 54 7 3 1 2 13 + 55 - 60 5 3 1 - 9 61 et + 5 1 3 - 9 1 sans réponse 8 - 10 1 19- 1 Total 101 64 102 34 301 Dans notre étude nous n'avons considéré que l'âge de la population masculine de 20 à 80 ans. Ainsi nous avons écarté 1 les femmes et les enfants émigrés. Si nous avons agi de cette manière c'est surtout parce que nous n'avons pas pu avoir les âges de ceux-ci. Dans ce genre d'enquête il faut reconnaître 1 que l'âge du migrant est l'une des choses pour ne pas dire la chose la plus difficile à recueillir j cela surtout compte tenu du fait que nous n'avons pas toujours interrogé les migrants eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle nous avons 1 renoncé à donner la répartition des âges des femmes accompagn~~ et des enfants. Si les premières ne sont pas assez nombreuses pour modifier beaucoup les résultats obtenus, 1. il importe de déplorer l'absençe des enfants qui ont connu la migration. Ils sont plus nombreux à revenir habiter avec leurs grands parents qui ne connaissent toujours pas leurs âges. Il faut préciser par ailleurs que la population en âge d'activité f ' soit la tranche de 20 à 44 ans, est celle qui migre le plus. Elle est la plus importante étant celle qui fait vivre dans la 1 plupart des cas, les familles restées dans les villages.. Dans I­ I- .- 18

I~ notre enquête les personnes âgées de 20 à 44 ans représentent 78 " de l'ensemble. En out~e il y a une forte migration dans ~ . les tranches' d'âges 25":'34 ,ans soit 47 x. On. remarque':que c'est surtout à partir de 44 ans qu'il y a un net fléchissement pour 1· que le nombre de migrants diminue à partir de 45 ans. L'importance de la migration décroît sensiblement. Compte tenu des moyens dont nous disposons, nous ne pouvions prétendre aboutir à des résultats statistiques fiables pouvant nous permettre d'évaluer l'importance des migrations par rapport aux populations restées au village. Donc ces 1 indications n'ont pour but que de servir de cadre général, l'étude qualitative étant la plus importante ici. Pour ce qui est de la période d'activité nous retenons le critère de 44 1 ans en sachant que l'on est actif jusqu'à 55 ans, l'âge de retraite retenu par la fonction publique sénégalaise. En milieu rural l'activité d'un homme est tributaire de ses 1 capacités physiques surtout. Ainsi, en considérant le critère de 44 ans, la population active de notre étude représente 78 % de la population totale des émigrés internationaux concernant les deux villages •. Ces résultats confirment ce que l'on disait 1 sur l'importance de la jeunesse des candidats à la migration concernant la vallée. .

IV•. 3 :: Mariage

Situation tlariage tfariage au tfariage au Mariage sans ...tr~niale avant le retour de la retour de la sur le Céliba- réponse üpar1; du 1ère aigration 2œe .igration lieu taire Total zone de village de ai- 1 l'étude Interne Externe Interne Externe gration Boltidiavé 3 3 23 2 34 6 30 - 101 1 sooi.oké Boltidiavé 2 2 21 - 6 3 30 - 64 1 toucouleur caloya 4 1 30 - 22 7 34 4 102 torrobé

Caloya 1 2 5 2 10 1 10 3 34 peulh

Total 10 8 79 4 72 17 104 7 301

.' I­ I 19

Sur ;301 personnes ,inte;rrogée.s-, ,104 sont ,encore, .'célibatair~s soit 34,5 ". L'importance du nombre des célibataires pourrait 1- . s'expliquer par le fait que ces mariages ont lieu après plusieurs années passées à l'extérieur du pays. Les hommes se marient tard. L'âge au mariage actuel comparé à celui qui est recommandé par l'islam qui est la religion du Fouta soit 18 ans, est relativement avancé. Les premières migrations concer~ent surtout les célibataires (24).

1 En outre, l'importance du nombre des célibataires est un indicateur de la propension des gens du fleuve à migrer. Comme les migrants restent en moyenne 6 ans, si leur pays 1 d'immigration n'est pas limitrophe du Sénégal dans ce cas ils restent en moyenne 3 à 5 ans avant de revenir au village, ils sont le plus souvent rejoints par de nouveaux migrants. Etant donné que l'émigration apparait aujourd'hui sur la vallée 1 comme la meilleure issue qui s'offre aux populations de cette région. Le tableau nous montre en plus que les mariages au retour de la premïère et deuxième migration sont très 1 nombreux. On remarque qU':il y a presque autant qui se marie au deuxième retour 25,5 .~qu'·au premier; '·29 ". Ce qui fait penser déjà à une migration:à plusieurs étapes. Il faut préciser que il c'est surtout au ,retour de fa: . migration externe ""que les migrants se marient.;: ·Cela laisseraft supposer que le mariage (25) est l'un des ,·;·objectifs ~'aes migrants. Le fait qu'ils restent longtemps~: àvant,· leur prëmier retour s'explique par la cherté du mariage".;.àù:: village, notamment de la dot et tout ce qui participe à'la'réussite drun mariage. Penser au r.etour • pour le migrant dans ce cas suppose être prêt financièrement à 1 faire face à. l'attente des parents, des amis restés au village voire au pays. Envisager le retour pour le migrant c'est penser aux multiples cadeaux qu'il doit apporter, à ses 1 frères, à ses cousines•.• etc. 1 1 (24) L'émigration au départ était entreprise surtout pLir des célibataires :' des jeunes qui étaient les mieux placés pour se lancer dans cette aventure 1 que constitue pour les ruraux leur transplantation dans une >rie urbaine pleine.. de difficultés et où ils sont si ha.ndicapés dans la lutte pour l'existence. Mais ce sont eux qui pouvaient fournir parmi la population de 1 la vallée, la meilleure main-d'oeuvre susceptible d'être employée sur un marché du travail dont les dimensions restreintes imposent une sérieuse concurrence. La grande famille traditionnelle étant toujours dirigée par les aînés, les célibataires qui ne constituent qu'un chaînon secondaire A 1 dan$~ son organisation et n'ont aucun; responsabilité particulière dans sa direction et ses fonctions, peuvent la quitter sans causer de graves

j perturbations~. DIOP A.B., op cité, p. 65. 1. (,25) A ce propos la lecture du livre du Pl' DIOP à la page 197 sur les . cérémoniés de mariage est à' conseiller fortement. Encore que ces dernières années, les mariages deviennént de plus en plus élevés même dans les zones Iw rurales. l" 20

Tablea~ de la durée moyenne passée en migration ~nternationale avant le premier ret6ur au v"illage ."

Zone de l'é- Bokidiawé Bokidiawé Galoya Galoya Total tude Soninké toucouleur torrobé peulh

Durée moyenne par an 6,5.,. ans 7 ans 6 ans 3,5 a. 5,75 ans 1 ~ Comme on le remarque sur le tableau dans les deux quartiers de Bokidiawé, les migrants soninké restent 6,5 ans et les toucouleur 7 ans avant le premier retour. Ce qui semble correspondre à l'éloignement des lieux d'immigration. Pour ces deux quartiers comme la première destination est le Congo et ensuite la. France, deux pays éloignés du Sénégal. Les billets sont aussi' très élevés et le retour très coûteux. En outre, dans le'cas où le migrant pense à se marier à son premier retour :; cela 'prolonge·~'·.Ia durée de la ·première ~igration internâtionale •. _ Si -: la durée moyenne passée en migration internatl:.onale avant .le·'premier retour est relativement moins importanté, ;, c""est ,dû -'au fait que dans ce village les destinations vers la. Gambie (pays limitrophe avec le Sénégal) sont importantes j; "ce' qui a fortement cassé la durée moyenne des pays ',de' ~.~ 'Af:M:q~e 'éq~a-eoriale et centrale qui est parfois de8 ..,ans alors. -_ que' pour la. :Gambie elle est le plus souvent de 4 'ans., -Ainsi si.les· .toucouleur qui partent au Gabon et au Camerôun restent plus longtemps, les soninké qui partent au Congo c'est'peut être parce que chez les premiers les réseaux sont moins importants que chez les seconds. Il est plus facile pour un soninké de revenir au village (en laissant son frère dans la boutique) que pour un toucouleur de fermer sa cantine 1 ou son tablier pour aller au village. Contrairement au soninké qui retrouve presque toujours un frère, le toucouleur, c'est seulement plusieurs années après son arrivée (après tâtonnement) qu'il trouve un ami avec qui il peut travailler. 1 Enfin il se pourrait que cela soit dû au fait que le mariage d'un toucouleur soit plus coûteux que celui d'un soninké. Tous ces éléments prolongent le séjour du migrant et retardent son 1 premier retour d'une migration internationale. Donc ce qui est de la durée moyenne passée en migration internationale avant le premier retour au village il est de 3,5 ans pour les I­ migrants originaires de Galoya peulh. Cela nous semble être dû au fait que les peulh de Galoya partent surtout en Afrique de l'ouest et notamment en Gambie où ils sont très nombreux I (cf. quatrième partie). IV.4 : Cheminements migratoires. lieux d'immigration et 1 durée Le processus de redéploiement spatial est une constance dans les cheminements migratoires que nous avons étudiés. La I- :::première étape est rarement le lieu d'installation du migrant. A cela plusieurs raisons qui se renforcent. Le nouveau migrant à un projet qu'il s'est fixé ou qu'on lui a fixé au départ. r Dans la plupart des cas il ne lui est pas toujours possible 1 1 21 I~ d'atteindre d'un "bond" son objectif. Même dans le cas où il . rejoin1:.: . un frère. c'est plus pout pouvoir continu~r son cheminement que pour s'intaller définitivement. Cela est 1- surtout valable chez les toucouleur où la stratégie migratoire est plutôt insérée dans le cadre du feddé traditionnel que dans celui des migrations familiales caractéristiques de l'ethnie soninké. Les soninké s'organisent en société familiale. A l'arrivée du migrant ses frères lui disent "voici ce que l'on a réussi. Il s'agit des biens de toute notre famille, tâche de bien gérer ces biens". Dans le cas où il a 1 retrouvé les frères de son père ceux-ci peuvent lui prêter l'argent qui lui est nécessaire pour travailler (bethiek en Côte d'Ivoire, table ou boutique au Congo •.. ). Mais s'il a retrouvé ses frères il travaille avec eux. D' habitude l'arrivée du nouveau coïncide avec le retour de l'un des frères au village. Il est venu pour un travail précis celui de remplacement •.•• En fait le "ka" (gallé en pulaar et maison en français) ne doit jamais être vide au village. Il existe une sorte de rotation de telle sorte qu~il puisse y avoir toujours au minimum un qui assure la gestion des affaires courantes de la maison., Cela est visible même dans les constructions qui sont communes. Tous' 'les frères d'un - même père à fortiori de même père et mêm.e mère sont associés. Les migrants soninké appellent ce genre d"association "société" qu'il s'agisse de la (ou des) boutique(s) ou des bâtiments à construire ou autre chose", Cette'solidarité familiale est un fait encore actuel 'dans la populatîon :soninké observée qui connaît déjà de nouvelles sf.ructûratïon.. restructuration du fait de leur cohabitation avec;'des toucouleur (et des autres facteurs exogènes imputables à la vie actuelle) avec qui ils partagent le .même .espace fIe village de Bokidiawé) • Des emprunts réciproques sont constatés entre ces deux ethnies qui ne sè marient pas encore entre elles hormi quelques exceptions. Nous aurons certainement dans le cadre de notre thèse à nous 1 pencher sur le phénomène résultant du contact entre ces deux ethnies et son incidence sur les trajectoires migratoires en comparaison éventuellement avec d'autres soninké et toucouleur 1 habitant dans d'autres aires géographiques. La solidarité familiale pour l'ethnie soninké est perceptible dans la taille du foyre soninké qui est d'ailleurs un concept 1 plus ou moins flou chez eux. Du moins ce concept ne correspond pas forcément au contenu que lui donne les toucouleur. Chez ces derniers où le concept est tiré on assiste à un éclatement I­ des grands gallé en famille pas tout à fait nucléaire au sens du ménage en occident mais de plus en plus restreinte dans les villages où cela commence à se préciser. Cet éclatement des I grands gallé par le fait de déménagement permet une marge importante de liberté de gestion individualisée sur, ceux qui partagent ensemble le kaatané (26). Une dernière précision sur la taille du foyre. Chez les soninké il atteint' jusqu'à 80 1 membres or chez les toucouleur il dépasse ra~ement 40 membres. En ce qui concerne les cheminements migratoires proprement ~ dits, on peut remarquer que les étapes' atteignent en moyenne 1· , (26) Autre terme désignant le foyré qui signifie le support de la marmite mais qui a ICI le sens de ceux qui partagent ensemble le repas. Ce terme 1· est moins usité que celui de foyré. l 1

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2,5 par migrant international à Galoya toucouleur contre 1,5 étapes par. migrant. à Galoyapeulh. A Bokidiawé soninké la moyenne d "étape est de 1, 78 par migrant contre 1, 5': à Bokidiawé 1- toucouleur. Le fait qu'à Galoya torrobé le nombre moyen d'étape par migrant est relativement plus important que chez les soninké nous fait penser que cela pourrait être dû au fait que chez les soninké les structures d'accueil sont si importantes pour éviter au migrant de connaître l'aventure souvent constatée chez les halpulaar de Galoya. En outre ces derniers ne sont pas très nombreux à s'installer dans un pays 1 (27) comme c'est le cas des soninké ou toucouleur de Bokidiawé à Pointe Noire.

En plus la différence au niveau des étapes avec les autres 1 quartiers peut s'expliquer nous semble t-il par le fait que le village de Bokidiawé toucouleur bien que partageant avec le village de Galoya torrobé la même ethnie connaît des structures d'accueil plus proches de celles qui existent chez les soninké du même village. Cela nous pousse à penser que la part de l'ethnie ici n'est pas extrêmement déterminante comparée aux effets que peuvent avoir les incidences d'un espace géographique commun sur les traJectoires migratoires. En effet comme on le constate ·le nombre moyen d'étapes migratoires chez les halpulaar (ou .toucouleur) de Bokidiawé est plus proche des 'soninké du.·~ même village que les halpulaar de Galoya avec qui ils partagent pourtant la même ethnie. Pour apprécier l'·impact de ~ "espace géographique sur l'orientation des flux. migratoires, il suffit d'e remarquer que les deux Bokidiawé soninké et toucouleur ont pour première destination le Congo et plus précisément Pointe Noire.

1 En effet, les soninké de Bokidiawé représentent 44,5 " de destination congolaise dont 41 % sont actuellement dans ce pays soit 44 migrants sur 101 au total. A Bokidiawé toucouleur 1 ils sont 33 % à avoir eu pour destination le Congo dont 30 % actuellement (lors de notre enquête) dans ce pays. La France occupe la seconde importance dans les lieux d'immigration des deux villages avec 20 % chez les toucouleur et 21 % chez les 1 soninké. Ensuite pour les premiers, le village avec 12, le Gabon avec 11 %, la Côte d'Ivoire 7,5 %, Niger, et Camerounb,,25 % chacun. Pour les soninké après le Congo, la 1 France, c'est le village avec 15 %, la Lybie, la Côte d'Ivoire, la Zambie, le Zaïre, le Togo, l'Espagne, la Mauritanie , l'Egypte, le Bénin se partagent le reste. Par I­ ailleurs, sur le nombre de migrants ayant passé par Dakar avant l'extérieur, ils sont 36 migrants de Bokidiawé dont 29 y ont travaillé. Pour Galoya torrobé ils représentent 80 soit 78% de l'ensemble des migrants du même quartier qui en I comptent 102 migrants. Parmi ces 80 migrants, 49 y ont exercé une activité qui les a permis en partie de financer leur voyage (soit 48 %). A Bokidiawé soninké 10 % seulement ont 1. commencé par travailler à Dakar~avant d'aller à l'extérieur.

Les migrants de Galoya peulh sont 25 sur 33 à avoir commencé 1- . par une migration interne avant d'aller à l'extérieur. Parmi

(27) Hormi la G~bie où les haalpular et les peu1h de Galoya sont installés en nombre imoprtant. 1 . 1. . , 23 I~ ces 25, 7 ont commencé par Richard-Toll, 6 par Dakar les 12 autres. se partagent e~tre .Mbacké 3, Thiès 3, Saint-Louis 2, Sébikotane 1, Bargny 1,· 'Mbour '1. Les 8 restants , .: deux ont 1- commencé par la Mauritanie (coran) 1 pour le et les 5 autres à destination inconnue ou migration.fuite. Si comme on le constate pour Bokidiawé soninké, il n' y a que 10 qui ont travaillé à Dakar avant d'aller à l'extérieur, cela pourrait être dû au fait que la migration de cette ethnie est organisée, entretenue. Contrairement aux toucouleur et aux peulh, le migrant soninké semble connaître moins d'aventures. Comme c'est le frère, l'oncle ou un autre parent qui finance d'emblée le billet, ce n'est pas nécessaire pour eux de commencer leur migration dans une ville secondaire pour gagner le billet. Cet aspect nous semble être caractéristique surtout des migrations actuelles car ceux qui partaient dans les années 50 jusqu'aux années 60 débutaient par être saisonniers (à cultiver l'arachide dans le Sénégal oriental). Cependant le fait que les soninké ne passent pas à Dakar en tout cas moins que les toucouleur pour y exercer le "bethiek" ou aide commerçant ne signifie· pas pour autant que leur première migration soit exclusivement externe. En fait ils sont 52 migrants à avoir consacré qu coran ou à la charia leur première sortie du village. Il n'y a que les plus jeunes soit ceux qui sont âgés de moins de 30 ans à aller directement à 1 l'étranger.

De plus en plus ils partent directement au pays d'immigration 1 sans aller faire le coran hors du village. Par contre, la plupart des migrants âgés de plus de 30 ans et plus ont appris la charia, le plus souvent hors du village, notammént à waounde pour les familles des wagué (chef de village) et à 1 Dembankané pour les Tirera (famille de l'actuel chef du Comité Rural). Le tableau suivant sur l'âge des migrants au moment de 1 leur première migration interne et externe est explicatif. Tableau de l'âge moyen des migrants au moment de leur première 1 migration interne Quartiers de l'étude Durée moyenne en année

1 Bokidiawé soninké 18 1- Bokidiawé toucouleur 20,02 Galoya torrobé 20 .~ 1 Galoya peulh 20,03 1. 1- . r 1-

24

TabJ.eau de l'âge moyen, des migr.ants ,au moment de la première.: migr'ation internationale'

Quartiers de l'étude Durée moyenne en année

Bokidiawé soninké 21

Bokidiawé toucouleur 24

Galoya torrobé 22

Galoya peulh 26

v - UTILISATION DE L'ARGENT DE L'EMIGRATION Ce serait Un biais important que de faire une étude sur les migrations' sans mentionner ne serait-ce que brièvement, l'impact dè "1 "argent des migrants sur la situation économique et même sociale de leur village d'origine. Cependant nous n "avons malheureusement pas eu à nous pencher systématiquement sur cette question. Toutefois, la dernière question de notre questionnaire migrant international absent ou de retour était de savoir que1 est le montant et la fréquence des envois ? En ~: outre, dans les entretiens que nous avons eus à mener avec les '~.. villageois (parents des migrants ou migrants de retour) cette question a été constamment posée par nous. A la lumière des réponses obtenues, nous avons essayé d'apprécier l'impact de la masse monétaire injectée à l'économie moribonde des villages dont sont originaires nos migrants.

Mais au préalable un constat s'impose à savoir, qu'en dépit du rapatriement constant de l'argent de l'émigration, la situation reste stagnante voire même regressive si l'on s'en tient aux propos dont nous ont fait part les villageois. D'où pour nous toute l'importance qui existe de savoir comment est 1 utilisé l'argent que les émigrés envoient, autrement dit où va cet argent pourtant laborieusement gagné. Pour tenter de discuter en fonction de notre observation sur le terrain, de 1 l'utilisation réservée à cette denrée de plus en plus précieuse dans les villages, nous essayons de passer en revue quelques unes des remarques que nous avons eues à faire sur le 1- village de Galoya Torrobé. L'argent de l'émigration est destiné entre autres choses, à "entretenir" les familles restées au village (nourriture), à 1 acheter les habits, à la construction et à l'épargne. Si on a nuancé le terme entretenir c'est pour montrer que les migrants peuvent être catégorisés en fonction de ce qu'ils représentent 1. (leur envoi) ou de ce que représente leur famille pour eux ( lien de parenté). Ainsi on ne saurait mettre dans le même registre par exemple, un migrant qui a sa femme, ses enfants et sa mère au village et qui sait qu'ils dépendent presqu' exclusivement de lui, sans frères. à un autre qui a plusieurs ~ frères qui envoient et qui n "est pas marié. Pour 'ce qui est du premier, il est conscient du fait que la. ration

-1 .. . 25 I~ dépend exclusivement de lui. Or pour le second il peut souvent se permettre "de rester très 10ngteiDps sans en. envoyèr un seul sou. Ce dernier cas est souvent constaté chez les parents qui 1- s'en remettent à Dieu. Il est fréquent d'entendre un parent déplorer de manière d'ailleurs fataliste l'attitude financière d'un tel migrant qui se trouve être son fils. "Danné jooni kay, sowana tampere wona da.nal" ce qui pourrait se traduire ainsi "les migrations actuelles c'est plus de la peine que de la richesse" ou "Dieu soit loué, tant qu'ils se portent bien c'est de la richesse... " (Alla ene Djaara sebe celli tan ko dannal) .

En fait sans aller jusqu'à cautionner les propos d'un vieux soninké qui affirmait que "contrairement aux toucouleur qui, une fois à l'extérieur ne regardent plus derrière eux, les soninké savent toujours qu'ils ont laissé des parents qui comptent sur eux", il faut reconnaître que les soninké de Bokidiawé envoient plus que les halpulaar notamment ceux de Galoya. Peut être gagnent-ils plus que les autres ? Ou bien ,;:'sont-ils plus solidaires entre eux ? Cela est-il dû au fait que les poyye (pluriel.,de foyré)~ des 'soninké (en moyenne 3 'migrants par foyré) recèlent plus 'de migrants que ceux des lialpulaar (28 ) de Galoya (1 , 5 migrants' par f oyre) ? Or, logiquement il y a plus de chance dans trois migrations d'en trouver une réussie 'que dans une migration et demie. Donc les parents pensent que plus la situation est difficile, plus il fau:t 'envoyer be~u~o.up de Jeunes eJ?"migration..

" Mais nous pensons que le problème n"est pas que les halpulaar ;;"de Galoya n'envoient pas. Peut être le font-ils moins que les ",soninké de Bokidiawé ? Le vrai problème serait que l'utilisation de leurs envois ou de leur argent tout court n'est pas "capitaliste" (ce terme signifie dans certains milieux halpulaar celui qui sait gagner et gérer beaucoup d'argent) .

Le soninké aime beaucoup le fric (sans aller jusqu'à voler, 1 peut être parce que le poids de l'islam est très pesant là comme ailleurs). Le toucouleur n'en n'est pas moins cupide parce qu'il est prêt à se sacrifier (à aller le plus loin 1 possible à risquer même sa vie le cas de certains diamantaires). Mais l'utilisation n'est pas la même qu'il s'agisse des uns ou des autres. Le soninké est austère et tous les moyens sont bons pour fructifier son argent. Or pour le 1 halpulaar certaines barrières sociales (liées probablement aux survivances de l'aristocratie traditionnelle qui, il est vrai persiste encore dans certains milieux) l'empêchent d'être 1 "capitaliste" comme le vrai soninké. Il suffit qu'un' "griot" (tout demandeur. Il ne s'agit pas du griot traditionnel) joue 1 sur ses fibres sensationnelles pour qu'il lui donne tout ce (28) Tantôt on emploie le terme halpulaar (qui semble être le plus accepté que celui de toucouleur chez certains de cette ethnie que nous avons ~ interrogé) tantôt le terme toucouleur. Le terme toucouleur renferme une 1- .connatation coloniale selon les interrogés. C'est le cas de l'ethnie ,sànïnké où certains préfèrent ce nom à celui de sarakollé. En utilisant le terme toucouleur c'est plus pour mieux être compris par les chercheurs qui I- ne pa.r1ent pas la langue et qui utilisent le terme toucou1eur. I • 1 26 I~ qu'il avait gagn~ dans la sueur et le mépris. Rien qU.',à se pencher sur les 4 cérémonies liées au retour de l témigré on comprend l'importance des gaspillages et ce, rien que pour la 1- notoriété qui faisait vivre et/ou nourrir leurs ancêtres. Cet esprit qui se justifiait par la richesse des anciens (terre, bétail, poissons) nous paraît ne plus avoir sa place dans ce monde de "profonds ajustements mécaniques" et de crise économique internationale permanente notamment dans le Tiers­ Monde.

1 En outre, concernant les belles constructions le plus souvent inhabitées , il s ' agit dans la plupart des cas, de capitaux mobilisés qui auraient pu être fructufiés et mieux gérés. L'argent s'endort ainsi. Pour n'avoir pas su dépasser un certain orgueil parce que celui là a construit une belle villa, il faut quitte à y verser toutes ses économies, en faire autant. Les belles constructions ont été valorisées de telle sorte que tout migrant qui n'en a pas, apparaît aux yeux

des autres comme n'ayant J' pas réussi.. Ainsi, si le premier retour après plus de :~':,8.nS" :d'.absence est consacré au mariage, le second ou le troisieme')sera 'celui de construction ou de • ' :_-~t' . \~.s:jt.'~ ," ~ TT. ~. .... • reconstructlon et Tes~retours SUlvants ceux de la polygamle ou de·s remariages. ,~';·P~f/·.,ailleurs,;· 'les envois des ~ émigrés connaissent un ;refluX verS. d"autres lieux. Il existe là ce que l'on pourrait appeler···'ùne ...chaînè de fuite des flux monétaires. En effet, les, boutiquiers~"':.';lès boulangers" les maçons, les chauffeurs de car . sont, ~~an's 'la' plupart des cas des étrangers à la région. Ainsi l "argènt ~aes 'émigrés ne reste pas au Fouta mais reprend des circuits Touba-Touba ou Mbacké-Mbacké. 'Ceux­ ci ont accepté de ..~faire des boulots que les villageois trouvent moins nobles en tout cas des boulots qu'ils n'aiment pas exercer dans leur terroir. Les boulangers, les mécaniciens sont rarement originaires des villages en question. C'est avec les migrations internes que ces activités sont effectuées. Ces étrangers sont payés à partir de l'argent des émigrés. i Ces quelques lignes nous poussent parfois à penser que ce qui 1 semblerait freiner le développement du fouta aujourd'hui serait, l'émigration (nous n'aurons malheureusement pas l'occasion de développer cette idée ici mais nous espérons le 1 faire ailleurs parce que nous n'avons pas terminer de réunir les éléments relatifs à cette question migration et développementJ. Par contre ce que l'on pourrait retenir c'est le constat dti vieux de 87 ans H.K. de Galoya "depuis que les 1 gens ont commencé à partir si le Fouta n'a pas regressé économiquement il n'a pas avancé".

1 Pour notre part, nous pensons que si l'émigration a des avantages, ceux-ci risqueraient de s'envoler si une réelle politique migratoire et une stratégie conséquente 1 d'utilisation de fonds de l'émigration ne sont pas entreprises par les concernés et tous les ressortissants de cette région. La tête pensante du Fouta est partie, ceux qui restent ont, sinon perdu l 'habitude de combattre la misère et la faim, du 1.. moins a.ttendent tout de ceux qui sont partis. Tout ce que -1"élligré 'envoie la famille consomme •. L'argent envoyé n "est pas I~ investi sur' place mais repart dans d'autres horizons. Il y a un manque d'investissement réel capable de mobiliser les gens 1 1

l, ' -- 27 p

I~ dans des créneaux productifs. Manque de formation des jeunes qui ne pensent qu'à regagner.un jour leurs aînés ou leurs amis .' 'notamment. Pai- exemple les prôblèmes souvent Ités aux " divisions entre les castes empêchent toute entente entre villageois. Au lieu d'assister les parents -pour ceux qui le font- ne serait-il pas nécessaire de les aider à travailler eux-mêmes ainsi que tous ceux qui seront sur place. Au lieu de donner du poisson à quelqu'un, mieux vaut lui apprendre à pêcher (29).

Les regroupements des femmes et même de certains hommes sont de nature à diminuer la dépendance de la région des autres régions voire de l'aide internationale.

Il suffit de revenir sur l'argent des caisses villageoises pour aussitôt déplorer un fort manque d'investissement local. Et pourtant s'il s'agit de sortir l'argent pour construire cinq (5 mosquées dont le coût s'élèverait à plusieurs millions, les gens sont d'accord). Mais quand il s'agit de s'organiser pour faire un projet de développement viable, les divergences apparàissent •. C'est l"organisation qui construit des mosquées J' . clôture des cimè"tières.

CONCLUSION

Nos conclusions se situeront à deux niveaux. Le premier sera 1 celui d'une synthèse de quelques éléments évoqués dans le texte. Quant au ~~ond niveau, il sera le lieu de tenter de poser un certain~et.. questions qui constitueront certaines de nos hypothèses, perspective de nos études futures. (Dans le 1 cadre de l'équipe que dirige Sylvie Bredeloup, dans le cadre du programme qui a permis la réalisation de ce rapport ou de 1 notre thèse). Le premier élément de cette partie conerne la hiérarchie sociale chez les toucouleurs. Tous ceux qui ont étudié la société toucouleur sont unanimes à reconnaître le caractère I­ très féodal de sa société. Cette société féodale traditionnelle s'est encore maintenue en dépit de quelques changements que nous sommes tentés de qualifier de timides I (30). Elle se caractérise par (trois principes fondamentaux) : l' .' (29) Sagesse chinoise. (30) Notre étude actuelle ne nous permet pas de préciser de manière nette I~ les différents changements sociaux notamment générés par la migration internationale entre autre cause. Ce que par contre nous remarquons ci partir de notre étude c'est que la société toucouleur comparée à la société wolof par ex~mp1e évolue lentement voire très lentement d'ailleurs. cette 1" remarque résulte de notre observation. 1

1 28 -'

I~ 1 - une stratification sociale très prononcée notamment entre hommes libres et esclaves, 2 ~ une prééminence du droit d'aînessé . 1- 3 -\l~"division sexuelle què donne à l'ho~ une supériorité importante sur le "sexe faible". Sans entrer dans la catégorisation sociale en caste on pourrait brièvement rappeler qu'il s'agit d'une échelle à trois catégories dont la première est celle des nobles ou qui 1 se compose de : - torrobé - sebbe - subalbe jaawanbe. Ensuite la catégorie des Neenbe ou artisans Maabube (aing-maabo) - Sakkeebe~. (.sakke ) La~be (sïng labbo) Wainbe (:sing: baylo) Awlube (sing gawlol ...... '. Jo Enfin en bas de 'lréchelle on'~lrouve les Galunkoobe et les Maccube (captifs p'~n. affranchislitJtre que l'on peut retenir dans cette;';catégori~ction sociale c"est surtout que dans les classes-.. nobles.. ~le 'prestige,,~~ême parfois, gaspilleur est valorisé.. Maïs en ces' temps de crises, de plus en plus dures, ces comportements survivront-ils encore longtemps ? De 'notre simple- observation,. ':"rien n rest moins sûr. Par contre, le soninké vrai commerçant trouvent tous les moyens de privations normales pour atteindre son but. C'est ainsi qu'il peut ne vivre que de ~B assez simples (repas et dîner) et se passer de certaines attitudes vestimentaires valorisées par l'autre ethnie. Par ailleurs en ce qui concerne les itinéraires résidentiels 1 ils nous ont apparu comme tributaires de l'ethnie et de l'espa~e de référence du migrant. Ainsi du point de vue ethnique, les halpulaar de Galoya n'ont pas les mêmes 1 itinéraires que les halpulaar de Bokidiawé. Nous pensons que l'espace géographique (village) a rapproché plus les halpulaar de Bokidiawé avec les soninké du même village qu'avec les I­ halpulaar de Galoya. Les peul pour leur part semblent développer des itinéraires professionnels qui leur sont spécifiques. Au niveau des réseaux d'accueil aussi l'espace nous a semblé important. Cependant la part de l'ethnie n'e~ a I pas été très négligeable car même si l'appartenance au même village influe souvent sur les réseaux, 1 '.appartenance ethnique est souvent prioritaire pour les migrants. La langue 1~ joue aussi un rôle important dans les relations entre migrants. ....' . ~.~ Le secondr de cette conclusion inclue les préoccupations de l'équipe de recherche que dirige Sylvie Bredeloup dans le cadre du programme "migrations internationales ouest­ africaines" initié au sein du département sud de l'ORSTOM. 1 1 I~ Ainsi nous nous efforcerons dans le cadre de notre thèse de repenser une méthodolo~ie adqptée à. la ·spécificité des migraiions oU:est africaines. Il s'agira poùr nous' d'intégrer 1- ." d'une manière plus systématique les variables temps et durée à notre étude, de mettre plutôt l'accent sur une approche de type anthropologique qui permettra de mieux "acquérir une connaissance fine d'un terrain et la collecte en toute direction conduira à relativiser les résultats obtenus. Les processus migratoires et identitaires ne peuvent être intelligibles et visibilisés qu'à l'aune d'un apprentissage de 1 la ville et de ses institutions". Cf S. Bredeloup, N. Robin séminaire "migrations, travail, mobilités sociales : méthodes, résultats, perspectives" Garchy, 24-27 septembre 1991, ORS TOM 1 sud, UR SE. En outre il s'agira

1 d'étudier les effets générés par les migrations internationales ouest africaines sur l'ensemble d~ tissu social et économique villageois~- - de cerner les stratégies et les'"1- réseaux que les migrants mettent en place dans le cadre' "de structure d'accueil de nouveaux migrants, - de rendre compte des perspective's de retour des migrants. Autrement dit, les aménagements hydro-agricoles pourront-ils limiter les migrations internationales ? Les gens du fleuve renonceront-ils au départ vers l'extérieur 11 pour se fixer dans'~,leur région et devenir riziculte~rs ? Enfin, quelle relation existe t-il entre les migrations internationales ouest africaines et l'intégration économique, 1 sociale et culturelle de l'Afrique? 1 1 1 I­ l 1 1· . 1

1 30

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