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RemerciementsRemerciements Pour respecter la mission que m’a confiée le ministre des Affaires étrangères, ce rapport a été rédigé en trois mois. Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à MM. Jean Rouilly et Jean-Marc Virieux pour l’aide efficace et le remarquable concours qu’ils ont bien voulu m’apporter tout au long de l’élaboration de ce rapport. Mes remerciements vont aussi à : – M. Stanislas Lefebvre de Laboulaye, conseiller des Affaires étrangères, Directeur de l’action audiovisuelle extérieure.; – Mme Marie-Christine Saragosse, administrateur civil, sous-directeur à la Direction de l’action audiovisuelle extérieure.; – M. Laurent Burin des Roziers.; – et aux collaborateurs de cette Direction. Ils vont également à Mme Martine Biéri pour son travail de dactylographie. Remerciements 5 PréfacePréfacePréface Dans le droit fil des recommandations des rapports de M. Michel Péricard (1987) et de M. Alain Decaux (1989), les initiatives de l’État ont été nombreuses, depuis la création du CAEF, en 1989, qui conduisent à ce résultat : fin 1995, les ondes et les images françaises sont reçues partout dans le monde, ou presque, même si leur impact, difficile à évaluer, est inégal : heureux dans certaines régions du monde, comme l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique.; insuffisant, voire insatisfaisant, en Asie, en Amérique latine et en Amérique du Nord. Les deux rapports auxquels la politique audiovisuelle de la France doit ce nouvel élan ont accrédité cette idée, que nul désormais ne conteste : l’action audiovisuelle de la France, hors de l’Hexagone, est un aspect important, voire primordial, de notre politique étrangère. C’est de son efficacité que dépendront, pour l’essentiel, la place et le prestige de la France dans le monde. La présence des ondes et des images françaises, au-delà de ses frontières, confère à la France, objectivement et subjectivement, son statut de puissance mondiale. Cette présence constitue, en d’autres termes, à la fois l’indispensable appui et le signe symbolique de la place que la France entend occuper dans le monde, parmi les puissances mondiales, du rayonnement dont elle peut tirer parti, et qu’elle peut assurément escompter, en dépit de la nouvelle donne internationale, ou plutôt grâce à elle. Pourquoi parler alors, en 1995, à propos de notre action audiovisuelle extérieure, d’une relative «.incohérence.», d’une absence de «.lisibilité.» ou de «.visibilité.» de la politique conduite dans ce domaine par le ministère des Affaires étrangères.? De ce «.bricolage.» auquel il faudrait mettre un terme par la détermination d’une «.stratégie.» plus globale, plus attentive aux effets conjoints de l’évolution des techniques et du nouvel état du monde.? Non pas, sans doute, par le besoin de rappeler les enjeux de cette politique, ni les pouvoirs accrus des géants de l’audiovisuel et de l’informatique. Ni par la tentation de céder aux vertiges de la table rase, Préface 7 devant les prouesses de la technique et les promesses de ses devins. Mais plutôt par le souci de mieux considérer les évolutions du paysage audiovisuel mondial, d’y évaluer de façon moins incertaine les atouts et les handicaps de la France, de lui permettre enfin de ne pas défendre ses positions et ses prises de position dans le monde, demain, avec les armes d’hier ou d’avant hier. La France n’a pas d’autre choix : face aux menées des géants internationaux ou mondiaux de la communication, elle doit tout entrepren- dre, sans gaspillages et avec pragmatisme, avec une détermination bien arrêtée et sans négliger aucun concours, pour être, partout dans le monde, mieux écoutée et plus souvent regardée. L’enjeu est d’une importance primordiale. Il ne concerne rien moins que l’avenir de la France dans le monde, dans cette volonté qui la distingue, aux yeux des autres plus qu’aux siens, d’être une «.nation littéraire.» : trop puissante peut être, et surtout trop consciente de ce qu’elle doit à ses artistes, à ses écrivains et à ses philosophes, pour être une nation comme les autres.; suffisamment convertie en tout cas, quoique tardivement, aux vertus de l’échange et de la société ouverte, pour ne plus prétendre être la seule terre d’élection pour les arts et les lettres, la République universelle des esprits. Cet enjeu est désigné par une inquiétude, tantôt inavouée, tantôt ostentatoire : cette inquiétude ne concerne rien d’autre que la crainte de nos concitoyens de ne plus être, demain, identiques à eux-mêmes, ou de ne plus se sentir chez eux, là où pourtant ils sont nés, pour avoir subi le matraquage insidieux ou brutal des médias venus d’ailleurs. Plus la communication se mondialise, plus grand est le besoin de se sentir chez soi quelque part. Plus nombreuses sont ces œuvres dont la carrière est internationale, – les films ou les feuilletons, les informations d’actualité au même titre que les grands documents –, plus pressant devient, pour chacun, le besoin de défendre ce qui, à ses yeux, risque d’être submergé ou subverti, et dont il se croit, à tort ou à raison, le dépositaire exclusif. Là réside la seule ambition, que doit servir une volonté déterminée : faire découvrir ou faire mieux connaître la France, à travers ses œuvres et ses entreprises, sa langue, sa littérature et ses créateurs, sans oublier par conséquent le français ni les Français, et sans négliger jamais la singularité de son message politique. L’ambition, en un sens, se confond avec les moyens de la satisfaire comme avec les fruits de son action : il s’agit toujours de cultiver «.le désir de France.», de le faire naître ou de le nourrir. Les positions économiques et politiques de la France seront d’autant mieux défendues, à l’extérieur, qu’elle y sera plus désirée, plus admirée ou plus aimée. Ainsi définie, l’ambition de la France pour l’audiovisuel extérieur permet de mieux poser la question des instruments et des modalités de l’action publique : Pour qui.? De quelle façon.? Quels sont, en d’autres termes, les publics qu’il faut s’efforcer d’atteindre, en priorité.? Comment atteindre ces publics, avec quels médias.? Comment 8 Préface enfin capter leur attention, comment leur «.plaire.» et les séduire, avec quels programmes.? Pour satisfaire cette ambition de la France d’être ainsi pré- sente, grâce à l’«.audiovisuel.», au-delà de ses frontières, les actions à mener sont diverses, infiniment plus diverses qu’elles ne l’ont jamais été, l’évolution de la technique et le nouvel état du monde favorisent considérablement la multiplicité et la diversité de ces actions.; elles peuvent désormais être plus ajustées que jamais aux différents publics susceptibles d’être atteints ainsi qu’à leurs exigences respectives, toujours plus grandes et plus sélectives, à mesure que les technologies permettent d’y répondre. Les médias, en tant que techniques, ne sont plus les maîtres du jeu : ce sont ses progrès eux-mêmes qui ont rétabli la technique dans son statut de servante. Avec le numérique, l’audiovisuel passe de l’âge du «.prêt-à-porter.» à celui du «.sur mesure.». Les actions audiovisuelles de la France, au-delà de ses frontières, ont tout à gagner à jouer la carte de la multiplicité et de la diversité. Ces actions serviront d’autant mieux l’ambition nationale qu’elles obéiront davantage aux lois de l’offre et de la demande, qu’elles seront plus attentives, si l’on préfère, à l’infinie variété des curiosités, des attentes ou des espoirs, à l’endroit de la France, de ceux qui vivent plus ou moins loin de ses frontières, les Français à l’étranger comme les diverses diasporas de la francophonie, les franco- philes, qu’ils soient modérément ou parfaitement francophones au même titre que les autres, amateurs ou saisonniers de la francophilie. De la présence de la France dans le monde, par ses informa- tions, par ses images, par ses œuvres, il ne suffit plus, aujourd’hui, de préserver ce qu’il en reste. A jouer quitte, la France perdrait. Il faut doubler la mise. Puissions-nous, dès aujourd’hui, saisir les occasions qui nous sont offertes par l’évolution du monde et par les progrès de la technique. Demain, il sera trop tard. Préface 9 Première partie Les nouveaux défisLes nouveaux défisPremière partie Le paysage audiovisuel mondial a changé davantage, depuis 1990, qu’il n’avait changé pendant les vingt années qui ont précédé la chute du mur de Berlin et l’essor de la télévision par satellite. Sous l’effet conjugué des nouvelles techniques et de l’évolution du monde, ce paysage, qui n’est plus seulement celui de la radio et de la télévision, changera davantage encore, d’ici à l’an 2000, qu’il ne l’avait fait depuis 1990. La mondialisation, ou mieux, la «.globalisation.» – c’est-à-dire un dévelop- pement international pluri-médias accompagné de l’intégration verticale des différentes activités de la communication, depuis les équipements jusqu’aux contenus – constitue ce défi que la France doit relever : non pas une malédiction, mais une chance.; un espoir qui requiert de l’ardeur et qui ne doit exclure ni l’intelligence des circonstances ni l’habileté, afin d’en tirer le meilleur parti. Les facteurs d’évolution du paysage audiovisuel mondial Le monde est entré, depuis quelques années, dans une ère de libéralisation de l’économie avec la suppression progressive de certaines barrières douanières et réglementaires entre les pays, l’essor de l’écono- mie de marché et la privatisation des entreprises de communication. Même si, à l’issue de la négociation du GATT, l’Union européenne a réussi à faire reconnaître que l’audiovisuel n’est pas un service comme les autres, bénéficiant de règles spécifiques, ce que l’on appelle «.l’exception culturelle.», la tendance lourde est à la déréglemen- tation de tous les secteurs d’activité de la communication.