Compte Rendu D'observations Sur Tomares Ballus En Provence

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Compte Rendu D'observations Sur Tomares Ballus En Provence FAUNE DE FRANCE Compte rendu d’observations lyxena et Z. rumina. A ce titre, nombre de lépi- doptéristes caressent l’espoir d’entamer une sai- sur Tomares ballus en Provence son par la recherche de ce petit joyau et je ne fais et description de deux aberrations : pas exception ! Plus encore, mon initiation à la faune provençale est à ce point marquée par la aureofasciata et aureoexcelsa rencontre avec T. ballus que j’ai rarement manqué ce rendez-vous. A compter de l’année 1993, je me par Yvan DIRINGER* suis régulièrement rendu dans les oliveraies, les * 95, rue de Chézy, F-92200 – Neuilly s/ Seine abords des vignes et autres cultures en restanques E-mail : [email protected] propices à ce petit Lycaenidae. Résumé Quatorze années d’observations ’auteur rapporte une série d’observa- L tions récentes et d’ordre général sur de terrain l’évolution des populations varoises de Tomares Dans cette entreprise, mes premiers pas ballus. Une brève description de deux aberrations furent guidés par les inestimables conseils prodi- de spécimens mâles est également donnée. gués par mon ami André CHAULIAC. A peine étions-nous arrivés à Marseille que mon père et moi nous sommes lancés à la découverte des es- pèces vernales qui, pour nous, demeuraient Abstract « quasi-mythiques ». Afin de commencer notre his article reports on several recent première campagne provençale sous les meilleurs T observations about the status of auspices, nous tentâmes de faire la connaissance Tomares ballus populations in the Var (French de lépidoptéristes locaux. La chance voulut que department). In addition to, it presents a short nous ne tardions pas à rencontrer André CHAU- description of two male aberrations. LIAC. Au cours de notre première sortie commune sur le terrain le 17 mars 1993, sur les biotopes de Saint-Cyr et des environs de Toulon, André nous révéla alors toutes les clefs indispensables pour Mots clés – Key words ne pas passer à côté de l’espèce tant convoitée. Tomares, ballus, Lycaenidae, aberrations, Var, Sans son aide, je crains fort que nos efforts France. n’aient connu quelques tâtonnements avant d’a- boutir. En effet, en France, au-delà du caractère restreint de son aire de répartition, l’habitat de ce Lycaenidae est particulièrement morcelé. L’urba- Introduction nisation galopante qu’a connue le littoral au cours des années 1970-80 a largement contribué à cet ycène emblématique du littoral varois, état de fait. A l’exception des rares zones coloni- L Tomares ballus est l’un des premiers sées à l’intérieur des terres, la situation de plu- lépidoptères à profiter des faveurs du printemps sieurs biotopes de la côte est aujourd’hui très pré- provençal. Unique représentant de son genre à caire et la recherche de lieux susceptibles d’abri- fréquenter les garrigues françaises, il évolue en ter l’espèce n’est pas aisée. Bien souvent, on che- petites populations fragmentées le long de la côte mine au sein de zones plus ou moins résidentiel- méditerranéenne entre La Ciotat (Bouches-du- les ou de parcelles cultivées qui ne paraissent Rhône) et le massif des Maures (Carqueiranne - guères engageantes pour l’entomologiste en quête Var), avec quelques incursions surprenantes dans de nature. C’est pourtant bien là qu’il faut cher- l’arrière pays varois. De mœurs discrètes, il appa- cher. raît dès la mi-mars et prolonge rarement son vol Plus précisément, il convient d’arpenter les au-delà de la première semaine d’avril. routes et chemins en quête des pelouses qui ont Il partage cette courte fenêtre d’émergence pris le dessus sur les cultures abandonnées ou qui avec d’autres espèces de grand intérêt telles que subsistent en bordure des zones encore exploitées. Callophrys avis, Erebia epistygne, Zerynthia po- Les oliveraies cultivées en restanques selon des 2 Bulletin des Lépidoptéristes Parisiens Vol. 16 – N° 36 Mai 2007 FAUNE DE FRANCE procédés traditionnels sont particulièrement pro- une majorité des biotopes étudiés, A. tetraphylla pices. La culture en tant que telle permet le main- est nettement privilégiée. A cet égard, le grattage tien de lieux ouverts. L’entretien minimum que de plus en plus fréquent des cultures d’oliviers nécessite l’olivier permet d’éviter l’envahisse- pour augmenter le rendement est tout à fait défa- ment du sol par de grandes ombellifères comme vorable à cette légumineuse et, par voie de consé- le fenouil, par les cistes et le romarin ou par les quence, à Tomares ballus. sédums sur les terrains plus rocailleux. Tout cela Quatorze années d’observations nous auto- assure la pérennité des pelouses si particulières risent à avancer que le papillon est vraisemblable- qui abritent les plantes hôtes de Tomares ballus. ment cyclique. La plupart du temps peu commun, Ces pelouses dites Thero-Brachypodietea il peut arriver, certaines années, que l’espèce pul- (pelouses dans lesquelles se développent les nom- lule littéralement. En 1997, dans un vaste biotope breuses plantes qui germent après les premières aujourd’hui détruit, nous avions pu observer plus pluies d’automne et disparaissent à l’approche de d’une centaine de spécimens (en majorité des mâ- l’été [NEL, 1991]) affectionnent également les les). L’année suivante, la population avait retrou- « zones tampons » peu entretenues entre les vi- vé ses effectifs habituels (moins d’une trentaine gnes et la forêt. Ce type de biotope n’est pas si d’imagos). Durant cette année exceptionnelle, les rare aux environs de Bandol, Sanary, Cuers ou populations des autres sites étaient aussi très flo- Ollioules. Toutefois, tous ne renferment pas le rissantes, mais surtout nous avions pu observer petit Lycaenidae. Une série de relevés quasi sys- l’espèce sur des sites dont elle semblait jusque-là tématiques sur plus de 25 biotopes près de Bandol absente et où ne nous ne l’avons pas revue de- et, dans une moindre mesure, entre Cuers et Sol- puis. Des observations similaires ont été réalisées liès-Pont, n’a permis de confirmer la présence du en 2001 et 2005 (cycle de forte émergence tous papillon que sur neuf sites. Encore faut-il préciser les 4 ans ?) ; l’espèce était relativement commune que certains d’entre eux sont très proches et reliés dans tous ses biotopes, avec une importante pro- par des cours d’eau ou des chemins ruraux. portion de femelles. A l’inverse, l’espèce peut Sur le terrain, l’espèce peut passer facile- être « rare » au point de passer inaperçue dans ment inaperçue. Les mâles arborent des couleurs beaucoup d’autres biotopes. qui leur offrent un camouflage remarquable. Leur Plusieurs facteurs expliquent la répartition vol rapide, au ras du sol, les soustrait aisément au limitée de Tomares ballus en France. Au nombre regard, tout particulièrement lorsque le vent est de de ceux-ci, on compte bien entendu le facteur cli- la partie. Les femelles, avec leurs splendides ma- matique. Le littoral varois constitue la limite sep- cules orange, sont plus voyantes, mais volent as- tentrionale de l’aire de répartition. Le papillon se sez peu. Comme chez nombre d’espèces de Ly- localise dans les biotopes les plus chauds, dans caenidae, elles demeurent près de la plante-hôte. les endroits bien ensoleillés et abrités du mistral Une fois dérangées, elles n’hésitent pas, après (NEL, 1991). Jusqu’à présent, il était acquis que : avoir parcouru quelques mètres, à se laisser tom- « Après le Muy, vers l’est, on ne retrouve pas le ber au sol et à ramper dans l’herbe. Elles sont papillon dans la région de Callas et Fayence où, alors presque introuvables. De surcroît, d’autres vraisemblablement, l’influence d’un climat plus espèces qui partagent les biotopes de T. ballus froid descendu des basses montagne du Haut-Var peuvent facilement susciter des confusions tem- ne lui est pas favorable » (DESCIMON & NEL, poraires. C’est le cas de Lycaena phlaeas (pour 1986). Cependant, les effets du réchauffement les femelles) ou d’Aricia agestis (pour les mâles). climatique pourraient bien être en train de boule- D’ordinaire, les mâles émergent un peu verser cet ancien constat. En effet, de récentes avant les femelles. Le pic d’émergence, selon les investigations (P. KAN & A. CHAULIAC, comm. années, est situé vers les 26-28 mars, les derniers pers.) ont mis en évidence l’existence d’une po- imagos disparaissant après la première (ou parfois pulation au-delà de la limite nord actuellement la deuxième) semaine d’avril. Les femelles pon- admise (Callas). Affaire à suivre ! dent leurs œufs sur les boutons floraux et les jeu- C’est au cours de ces années fastes que nes feuilles d’Anthyllis tetraphylla ainsi que sur nous avons eu la chance de capturer deux formes Medicago truncatulata, mais d’autres légumineu- assez singulières. Nous nous proposons d’en faire ses sont probablement exploitées, car la chenille une courte description. est polyphage (Bonjeana hirsuta, Astragalus lusi- tanicus, Medicago polymorpha). Cependant, sur 3 Bulletin des Lépidoptéristes Parisiens Vol. 16 – N° 36 Mai 2007 FAUNE DE FRANCE Légende : 1 & 1-2, 2, 2-2 : Tomares ballus mâles (La Cadière d’Azur – 27 mars 1997) 1-3, 2-3 : T. ballus mâle proche f. illuminata (La Cadière d’Azur – 27 mars 1997) 1-4, 2-4 : T. ballus mâles (versos) (Bandol, Cuers – 17-25 mars 1995) 3, 3-1, 3-2 : T. ballus femelles (Bandol – 30 mars 1999) 4, 4-1, 4-2 : T. ballus femelles (versos) (Bandol – 30 mars 1999) 5, 6 : T. ballus femelle forme pâle (Cuers – 29 mars 1995) 5-1, 6-1 : T. ballus mâle forme pâle (La Cadière d’Azur – 23 mars 1994) 5-2, 6-2 : T. ballus mâle aureofasciata ab. (La Cadière d’Azur – 27 mars 1997) 5-3, 6-3 : T.
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