La saga des Giscard

POL BRUNO

La saga des Giscard

Éditions Ramsay 9, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris Tous les éléments figurant dans ce livre proviennent de textes pouvant être consultés (quotidiens, périodiques, annales, le Journal officiel, comptes-rendus de conseils d'administration, mémoires et ouvrages divers) et de documents filmés. : La bibliographie complète en fin de volume, établie par cha- pitre, permettra au lecteur qui le désire de s'y référer.

© Éditions Ramsay, Paris, 1980 ISBN 2-285956-185-4 CHAPITRE PREMIER

DE LA VERTU DES GRANDS MARIAGES

A la fin du siècle dernier, Riom n'était qu'une paisible bourgade enserrée par les volcans d'Auvergne. Le procès des dirigeants de la III République n'avait pas encore rendu son nom historique bien qu'il s'y trouvât, déjà, une cour de justice sereine et modeste comme il sied aux magistrats n'ayant à arbitrer que des querelles locales. Pour leur défense, les justiciables de cette bonne ville pouvaient faire appel à l'avocat Valéry Giscard, un homme du terroir auvergnat, originaire de Saint-Amant- Tallende, et époux d'une certaine Louise Monteil dont les parents tenaient un commerce à Clermont-Ferrand. Les époux Giscard avaient deux garçons ; René, né en 1881 et Edmond, né en 1894. Entre le Palais et sa famille, Valéry Giscard semblait se satisfaire d'une existence paisible qui lui laissait assez de temps pour sacrifier à sa passion du latin. Il sut, jusqu'à sa mort, préserver cette vie calme et studieuse et termina sa carrière comme conseiller à la cour d'appel de Riom. Ses deux fils portèrent leurs ambitions plus haut et ils décidèrent de servir l'Etat. Il leur fallut donc, conformé- ment au parcours des promotions sociales, « monter » à Paris afin d'y suivre les cours de l'Ecole libre des sciences politiques. A cette époque, la capitale s'exaspère encore des passions nées de l'affaire Dreyfus. C'est en 1905 que le Capitaine, innocenté par une Cour de cassation, est décoré puis nommé chef d'escadron. C'est aussi l'époque où le gouvernement d'Emile Combes fait voter une loi séparant l'Eglise et l'Etat, tandis que les étudiants roya- listes de l'Action française s'organisent en bandes de camelots et chahutent violemment le professeur Thala- mas accusé d'avoir « mal parlé » de Jeanne d'Arc. Pen- dant que Joseph Caillaux et Raymond Poincaré se succè- dent aux affaires, Léon Daudet et Charles Maurras don- nent au nationalisme intégral son premier visage, celui de la polémique haineuse et de la passion anti-républicaine. A Paris, Edmond Giscard devient vite un fidèle lecteur de l'Action française. Il était, expliqua-t-il en 1975, « anti-métèque et barrésien », « partisan d'une propre ». Ces convictions ne l'empêchent pas de poursui- vre ses études, et, pendant sa dernière année aux , il aura même le privilège de donner quelques leçons particulières à Pierre de Gaulle, le propre frère de Char- les. Sans terminer ses études, il doit rejoindre le front et découvrir, dans les tranchées, que la guerre n'est que le prolongement de la politique par d'autres moyens. Sa biographie nous apprend qu'il y fut blessé à l'omoplate droite lors d'un accrochage près de la Marne. Ce n'est qu'en 1919, après l'armistice, qu'il réussit le concours de l'Inspection des Finances. Après la victoire, René et Edmond firent ce qu'il est convenu d'appeler de beaux mariages. Le premier épousa Anne Carnot, descendante d'une très ancienne dynastie de Bourgogne fondée par le régicide Lazare Carnot et qui compte dans ses branches plusieurs polytechniciens et un président de la République. Anne Carnot était elle-même la petite fille du Président assassiné par l'anarchiste Case- rio ; son père fut député et sa mère, Valentine Chiris, était l'héritière d'un grand industriel de la parfumerie et des produits chimiques. Le père et les oncles d'Anne Car- not, dont l'un, Ernest, épousa la seconde fille du parfu- meur Chiris, avaient eux aussi développé de belles affai- res : la Viscose française, la Cellophane, la Société de participation de Bayonne ; ainsi que des sociétés outre- mer : la Compagnie asiatique et africaine, la Société colo- niale de Bambas, la Compagnie tunisienne des phospha- tes du Djebel-Mdilla. Avant le Front populaire, Ernest Carnot était l'un des cent vingt et un plus forts actionnai- res individuels de la Banque de France. René ayant trouvé un beau parti, Edmond s'employa à l'imiter, et il prit racine dans une famille qu'il convient de présenter. Saint-Amant-Tallende, le bourg où naquit Valéry Gis- card est voisin de Saint-Saturnin. Pendant les villégiatu- res, les jeunes gens des deux villages se reçoivent et se courtisent. Or, à Saint-Saturnin, vivent d'importants notables locaux : les Bardoux. Agénor Bardoux fut ministre de la République à l'époque de Mac-Mahon. Né à Bourges en 1829, Agénor vint suivre des études de droit à Clermont-Ferrand et s'y fixa. En 1869 il est bâton- nier de cette ville. Lorsque le dernier préfet du Puy-de- Dôme désigné par Napoléon III doit choisir un maire pour la ville de Clermont-Ferrand, son choix se porte sur le bâtonnier Agénor Bardoux dont il ignore les opinions républicaines. Deux jours après la capitulation de Sedan, le 4 septembre 1870, le maire désigné proclame la Répu- blique à Clermont-Ferrand. Elu représentant du Puy-de- Dôme au scrutin du 8 février 1871, il rejoint ses collègues repliés à Bordeaux. Il soutiendra contre la Commune de Paris. Plus tard, lorsque le maréchal Mac-Mahon, élu président de la République pour préparer la restauration de la royauté, provoqua le 16 mai 1877 la démission du gouvernement , Agénor Bardoux défendit la république de monsieur Thiers. Il reçut la récompense de son attitude du « seize-mai » en devenant, au mois de décembre de la même année, ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts dans le gouvernement Dufaure. Il le restera jusqu'en 1879. En 1881, les électeurs du Puy-de-Dôme ne le réélisent pas député, lui préférant le radical Tisserand. En ces temps heureux, les lois de la République permet- taient de remédier aux inconvenances populaires. En 1882, Agénor Bardoux est nommé sénateur inamovible. Il consacra la fin de sa vie à publier des chroniques dans le journal le Temps ; il prononça l'éloge funèbre de et écrivit une biographie de Guizot. Entre temps, le sénateur Agénor Bardoux avait accepté d'être administrateur de la Société générale de crédit industriel et commercial et de la Compagnie des chemins de fer Paris-Orléans. Le sénateur à vie mourut à Paris en 1897. Son fils Jacques partage sa vie entre Saint-Saturnin et Paris. Elève au lycée Janson-de-Sailly et au lycée Condor- cet, l'enfant du sénateur Bardoux eut le privilège de deve- nir l'élève particulier du philosophe Henri Bergson. Dans ses Souvenirs, Jacques Bardoux évoque cette rencontre : « Mon père avait entendu parler à Clermont-Ferrand d'un jeune normalien israélite, dont les cours au lycée Blaise Pascal et les conférences à la Faculté des lettres, avaient fait sensation par la nouveauté des idées, par l'idéalisme du philosophe et par l'éloquence de l'improvi- sateur. Il enseignait désormais à Paris dans une classe de rhétorique supérieure. Mon père alla trouver Bergson. Il lui demanda de diriger ma vétérance et de me donner des leçons. Il accepta, à la condition de n'être point rétribué, de me recevoir dans sa petite maison de Passy, le matin, une fois par semaine. « Ce fut un éblouissement. En écoutant ce prophète de la Judée christianisée, en suivant sa parole imagée, en regardant ses yeux magnifiques, je retrouvais dans mes souvenirs l'impression que laisse le spectacle d'un ciel étoilé, qui ouvre aux regards des abîmes insondés et bai-

1. Cité par Félix Bonafé dans Jacques Bardoux, une vocation politique Maugein, (1977). gne les yeux d'une lueur irréelle. Rien ne m'a jamais donné, dans ma jeunesse, une impression religieuse aussi forte, aussi pure, aussi noble. Je lui dois un incomparable bien- fait : la paix de l'esprit. Sa philosophie m'a pénétré tout entier et a orienté ma vie. » Malgré sa grande admiration pour le philosophe de l'intuition, Jacques Bardoux néglige la philosophie et pour- suit des études de lettres. Licencié ès lettres en mars 1895, il part pour l'Angleterre où Bergson le fait admettre comme pensionnaire chez le professeur Reginald Lane Poole, direc- teur de l'English Historical Review. Outre-Manche, Jac- ques Bardoux acquiert le goût de l'Histoire diplomatique et après la mort de son père, il rentre en France où il épouse Geneviève Georges-Picot, l'héritière d'une riche famille de l'Orléanais. Geneviève a six frères dont l'un, Charles, est le président de la Société générale de crédit industriel et com- mercial qui eût Agénor Bardoux parmi les membres de son conseil d'administration. Les autres frères de Geneviève sont ambassadeur, consul de France ou avocat. Le mariage de Geneviève Georges-Picot et de Jacques Bardoux, célébré en l'église de la Trinité le 7 février 1899, fut un événement du Tout-Paris. Pendant la Première Guerre mondiale, Jacques Bardoux est sergent au 99 régiment d'infanterie territoriale de Clermont-Ferrand d'où il envoie ses Notes de guerre au Moniteur du Puy-de-Dôme. En 1918 il travaille pendant quelques mois au cabinet civil du maréchal Foch, ce qui lui permet de devenir en 1920 professeur à l'Ecole supérieure de guerre. La même année, Jacques Bardoux devient le président du conseil d'administration de la Société d'études et d'information économique (SEIE) une émanation du Comité des forges des de Wendel. Il présente, modeste- ment, la SEIE comme « l'observatoire économique le plus important d'Europe ». En réalité, cette société est un organisme de propagande économique au service du Comité des forges. Dans le Tome II de son ouvrage Les Maîtres de la France, Augustin Hamon décrit la SEIE et fait une analyse plus générale de ce type de sociétés d'information : « Le grand capitalisme organise des officines de jour- naux tout comme il organise des magasins d'épicerie ou de produits métallurgiques ou pharmaceutiques. A la tête de ces officines, il place des directeurs qui, à leur tour, engagent des employés, les journalistes. Exactement comme dans les épiceries, les employés-journalistes ne sont pas là pour exprimer leurs idées, leurs pensées, pour commenter les événements selon leur propre opinion. Ils sont là pour exprimer les idées, non du directeur mais du groupe qui détient la propriété du journal, c'est-à-dire les idées qui servent la politique de ce groupe. « Encore que les grands capitalistes ne payent pas bien cher leurs employés intellectuels, ceux-ci ont des profits à côté. Il y a les décorations, les places dans les académies, les louanges pour les œuvres littéraires, les prix des académies, etc. Ainsi les puissances capitalistes ont trouvé le moyen de faire payer leurs serviteurs par la masse du public. » La SEIE correspond tout à fait à cette description. Elle présente en plus la particularité d'éditer un Bulletin quo- tidien à destination du patronat des fonderies et des industries métallurgiques. Le créateur de cette formule est un ancien élève de l'Ecole normale supérieure : André François-Poncet. Ayant assuré par la présidence de la SEIE ses entrées dans le monde de la finance, Jacques Bardoux consacre ses loisirs à l'écriture. Il publiera ainsi en 1920 la Marche à la guerre (notes d'histoire diplomatique sur l'Europe entre 1912 et 1914), et, l'année suivante, la Bataille de Paris pour la paix française et l'Ouvrier anglais aujourd'hui qu'il dédie à Henri Bergson. Lorsqu'en 1922, Edmond Giscard sollicite auprès de Jacques Bardoux la main de sa fille May, il entre lui aussi dans une famille qui compte. Le mariage d'Edmond Giscard et de May Bardoux fut célébré le 18 avril 1923, alors que depuis 1920 le service de l'Etat impose à Edmond Giscard une sorte d'exil à Coblence où le jeune inspecteur des Finances a accepté une mission de directeur des services financiers auprès du Haut Commis- sariat français. Les époux s'installent en Allemagne. Mais, avec ses fastes désuets, ses petits palais de stuc et sa routine administrative, Coblence, capitale de l'émigra- tion royaliste, n'était pas une ville propice aux ambitions et Edmond Giscard n'avait pas l'intention d'y languir trop longtemps. D'ailleurs, le Paris de l'entre-deux- guerres bruissait de trop de rumeurs et le climat politique y offrait des excitations trop variées pour qu'un fonction- naire de son rang ne songe à s'y rapatrier avec les siens. A Coblence, Edmond Giscard et son épouse, May, eurent deux enfants, Sylvie et Valéry. Le choix de ce der- nier prénom posa quelques problèmes dont May, toute à sa vigilance maternelle, s'est expliquée : « Nous l'avons appelé Valéry, comme son grand-père Giscard, bien que notre entourage nous le déconseillât fortement, de peur qu'il n'ait l'air ridicule, à l'école, avec un prénom pareil. Mais j'y tenais à ce prénom... Quand j'ai connu mon futur mari, il se faisait appeler Edmond- Valéry et je trouvais cela charmant... »

CHAPITRE II

LE DESTIN D'UN NOM

Les affaires patronymiques — et, notamment, la possi- bilité de « relever » un titre de noblesse si celui-ci n'a plus d'ayant-droit — font partie des attributions du Conseil d'Etat. René Giscard, conseiller d'Etat, était donc tout à fait à même de réaliser l'entreprise qui, à l'évidence, le hante : donner un nom prestigieux à sa lignée. Très tôt, il se mit en quête d'un patronyme à relever et son choix s'arrêta sur celui de La Tour Fondue, tombé en déshé- rence à la suite de la vente des terres de la famille. Le Conseil d'Etat ordonna une enquête qui conclût à l'exis- tence d'une authentique héritière des La Tour Fondue vivant aux Etats-Unis, laquelle s'opposa vivement à l'uti- lisation de son patronyme. Mais René Giscard ne se laissa pas décourager par cette déconvenue et, bien vite, il découvrit que le château de Murols, situé au-dessus du lac Chambon, avait appartenu à la famille de l'amiral Jean- Baptiste d'Estaing, dont l'histoire a vaguement retenu le profil car il s'illustra aux Amériques avec Lafayette. L'amiral n'avait pas de descendants et René Giscard put recommencer la procédure de relèvement qu'il avait vai- nement engagée à propos de La Tour Fondue. Deux décrets du Conseil d'Etat — l'un du 17 juin 1922 et l'autre du 16 janvier 1923 — autorisèrent bientôt les Gis- card à rallonger leur nom. La famille prit à cette occasion le départ de sa vocation pour les majorités serrées : le vote du Conseil d'Etat ne fut acquis qu'à une voix de majorité, celle de René Giscard. Les frères, désormais Giscard d'Estaing, auraient pu profiter en toute quiétude de leur rallonge patronymique soucieux seulement d'évi- ter les sourires des familles titrées des environs. Mais, déjà, René et Edmond voulurent se croire plus d'Estaing que Giscard 1 En 1928, les deux frères essayèrent de deve- nir membres du Club des Cincinnati, association très fer- mée, réservée aux seuls descendants des officiers ayant combattu avec Lafayette. Le 19 août 1928, le journal le Gaulois publie une vigou- reuse protestation du marquis de Boysseulh précisant que, s'il est exact que Jean-Baptiste d'Estaing fut déca- pité sans descendance, l'amiral avait en la personne de sa sœur Louise-Madeleine une héritière. Par son mariage, Louise-Madeleine d'Estaing était devenue comtesse de Boysseulh et le marquis protestataire est un de ses descen- dants. Il refuse aux Giscard le droit de se réclamer de son arrière-grand-oncle. On recourt à des avocats, René écoute leurs conseils judicieux puisqu'il écrit au marquis de Boysseulh : « ...La famille dont nous avons été autorisés régulière- ment à relever le nom est la même que celle dont l'amiral d'Estaing, votre arrière-grand-oncle, fut un descendant illustre dans une branche différente... Nous n'avons jamais confondu cette branche avec la nôtre. » Tout cela est dérisoire. Si les enfants et les petits- enfants d'Edmond et de René avaient le bon goût d'oublier ce genre de prétentions nous nous dispenserions de les évoquer. Mais nous sommes loin de compte... En classe de cinquième, Valéry se voit reprocher son ignorance sur la guerre d'Indépendance américaine. Son

1. Cette marotte existe toujours dans la famille. Henri Giscard d'Estaing, fils de Valéry, fait libeller ses chéquiers au nom d'Henri d'Estaing. professeur de français s'étonne qu'un descendant de l'amiral d'Estaing n'ait pas plus de curiosité pour les ancêtres de sa famille. Valéry réfute l'argument en expli- quant qu'il descend d'une autre branche de la famille d'Estaing. Devenu ministre des Finances, il tentera sans succès, lors d'un voyage aux Etats-Unis de se faire admet- tre par les « Cincinnati ». Il devra attendre son élection à la Présidence de la République pour être admis, non à titre personnel, mais ès qualités, comme représentant de la patrie de Lafayette. Valéry Giscard d'Estaing invitera à son tour les membres des « Cincinnati » à l'Elysée. La disposition des tables surprit ses hôtes : le Président expli- qua qu'il avait fait reconstituer la bataille navale des Saintes (des ilôts situés au Nord-Est de la Guadeloupe) à laquelle participa son ancêtre l'amiral d'Estaing... Ces obsessions nobiliaires pourraient faire sourire si elles n'exprimaient, en permanence, la nature d'un milieu, d'une famille et d'une classe sociale séduite par les thèses maurrassiennes sur la vertu des hautes lignées. Dans un livre au titre évocateur, la Monarchie intérieure, essai sur la seigneurie de soi-même, publié en 1949, Edmond Giscard, désormais d'Estaing, s'explique :

« Pour qui comprend et approuve le perpétuel effort vers le mieux que doit être une existence humaine, avec son épanouissement dans tous les domaines où s'étend la personnalité : famille, vertus, fortune, influence, qualités de l'esprit et du corps, le nom prend sa place, qui n'est ni la première ni la dernière, mais qui existe, dans la hiérar- chie monarchique de l'accomplissement et de la réussite. « C'est dans l'élaboration d'une famille qu'il faut voir la naissance et les ramifications du nom. L'exemple de Michel de Montaigne est savoureux comme un fruit mûrissant. S'il avait continué à s'appeler Eyquem comme son père, qui ne voit qu'il ne serait plus lui-même et qu'il ne représenterait plus pour ses contemporains et pour nous cette sagesse française, drue et saine, bien plantée dans le sol et y tenant par toutes ses racines... » Pas de destin sans un nom ? C'est sur cette étrange cer- titude que les deux ambitieux de Riom ont fondé leur entrée dans le monde et dans la vie. Ce destin se joua, pour eux et leur descendance, sur les harmoniques d'un patronyme prometteur par ses seules sonorités. CHAPITRE III

OCTAVE HOMBERG : LE CREATEUR D'HERITAGE

Lorsqu'en juillet 1926, Edmond Giscard d'Estaing ren- tre de Coblence en France, avec le petit Valéry qui n'a pas six mois, Jacques Bardoux s'empresse de faciliter la reconversion professionnelle de son gendre. En atten- dant, l'inspecteur des Finances Giscard d'Estaing accom- plit quelques missions en Afrique noire qui l'éveillent aux charmes coloniaux. A son retour il se fait mettre en dispo- nibilité. Sa notice biographique, au service de documen- tation de l'Inspection générale des Finances, indique qu'il devient alors délégué général de la Fédération des por- teurs de valeurs mobilières. Dans la décennie 1920-1930, les relations entre l'admi- nistration publique et les affaires privées tendent à se généraliser pour pallier les aléas du suffrage universel. Les électeurs, qui n'entendent rien aux questions écono- miques, envoient parfois des majorités de gauche au Par- lement (1924 - 1932 - 1936). Il ne suffit donc plus d'avoir des députés « mandatés » pour la défense des grands intérêts économiques, il faut, en outre, prévoir un écran supplémentaire entre le Parlement et le monde des affai- res. Cet écran sera fourni par la haute administration, elle ne dépend pas des électeurs et, de ce fait, sa stabilité sera un facteur de sécurité. Il suffira d'« intéresser » les futurs hauts fonctionnaires aux problèmes économiques réels, c'est-à-dire ceux des grandes entreprises. L'Ecole libre des sciences politiques (qui conduit à l'Inspection des Finances) est le haut lieu de formation de ces nouveaux administrateurs. C'est dans ce contexte qu'Edmond Gis- card d'Estaing rencontre le véritable initiateur de sa nou- velle carrière : Octave Homberg. Evoquant, en 1976, cette rencontre, Edmond Giscard d'Estaing la résume d'une réplique : « Sans contrat..., me dit Octave Homberg. Vous prendrez ma suite... Allez d'abord voir nos plantations en Indochine... » C'est peu. En 1973, son fils, alors ministre des Finances, avait été plus prolixe : « A son retour en France, mon père est resté quelque temps encore à l'Inspection, où il a accom- pli des missions en Afrique noire, puis il est rentré dans le secteur privé, dans une société financière dont les intérêts étaient principalement en Indochine. Ce n'est pas lui qui a fondé cette banque, mais un financier Octave Hom- berg, qui avait eu quelques difficultés liées à la grande dépression de 1929. Toute sa vie mon père s'est occupé de cette entreprise dont il était devenu le président, et qui était de dimension moyenne. » Qui est Octave Homberg dont la chronique financière de l'entre-deux-guerres a conservé le souvenir ? Ses amis l'ont présenté comme un personnage dynamique et joueur. Ce pionnier des investissements financiers aux colonies est un sportif et se veut un démocrate de la finance. Il est une sorte de philosophe saint-simonien de l'épopée du capital. Il naquit à Paris, le 19 janvier 1876, fils d'un inspecteur des Finances dont on retrouve la trace au cabinet du ministre de Mac-Mahon, Alexandre Caillaux. Soucieux de s'affirmer comme un esprit libre et désintéressé, Octave Hombert décide de passer l'agrégation de philoso- phie et de se présenter au concours du ministère des Affaires étrangères pour devenir diplomate. Il a pour condisciple André Tardieu qui sera reçu premier du con- cours. En 1902, Octave Homberg est secrétaire d'ambas- sade à Berlin. En septembre 1905, il demande sa mise en disponibilité pour effectuer une mission économique en Extrême-Orient. Séduit par l'Indochine, il entre bientôt comme secrétaire général à la Banque de l'Indochine « pour appliquer les idées de son rapport » explique-t-il dans ses mémoires les Coulisses de l'histoire. Octave Homberg ne tarde pas à juger trop timorée la politique financière du directeur de la Banque de l'Indochine Sta- nislas Simon. La Banque de l'Indochine est souvent dési- gnée par ses initiales BIC qui, en vietnamien, se pronon- cent bich et signifient : pressurer. Une grande partie de ses bénéfices proviennent de l'absence d'un change régle- menté entre la piastre et le franc. La raison de cette profi- table carence date de 1860, lorsque le corps expédition- naire franco-espagnol avait emmené comme moyen de paiement des piastres mexicaines en argent. La monnaie chinoise, le tael, était aussi une monnaie argent ce qui facilitait les échanges. En revanche, entre la piastre- argent et le franc-or la convertibilité continue à s'effec- tuer sans étalon commun, mais non sans profits finan- ciers pour la BIC... Octave Homberg, le nouveau secrétaire général de la BIC a pour première tâche de constituer la Société du chemin de fer franco-éthiopien. Il est aidé dans ce travail par Ernest Roume qui vient de quitter le gouvernement général d'Afrique occidentale pour entrer à la Banque de l'Indochine. Le jeune secrétaire général travaille au siège de la banque, 15 bis rue Laffitte à Paris ; il entre ainsi en contact avec les dirigeants d'une autre banque l'Union parisienne dont le fondateur M. Villars prépare sa retraite. A trente ans, Octave Homberg s'imagine un ave- nir doré : administrateur puis vice-président de l'Union parisienne en attendant sagement le départ de M. Villars. Il quitte alors la Banque de l'Indochine en ayant cepen- dant la courtoisie de présenter son beau-frère, René Thion de la Chaume, pour lui succéder. A l'époque, l'ins- pecteur des Finances René Thion de la Chaume est chef- adjoint du cabinet de Joseph Caillaux, ministre des Finances du gouvernement de , d'octobre 1906 à juillet 1909. Pendant la Première Guerre mondiale, Octave Hom- berg négocie différents accords financiers pour le ministre des Finances , et, plus parti- culièrement, l'emprunt anglo-français aux Etats-Unis. A la fin de la guerre, constatant que la succession de M. Villars n'est toujours pas ouverte, il décide d'être le premier chez lui plutôt que le second à l'Union pari- sienne. Il fonde sa propre banque : la Société finan- cière française et coloniale (SFFC) domiciliée 35 boule- vard Haussmann à Paris. Octave Homberg prévoit un champ d'activités très large pour sa banque : « Ladite société ayant pour objet notamment de faire en France, dans les colonies françai- ses et dans tous pays étrangers, soit pour son compte soit pour le compte de tiers, soit en participation avec des tiers, toutes opérations financières, industrielles, com- merciales, minières, agricoles, mobilières et immobilières, toutes entreprises de travaux publics ou de transports par toutes voies, et toutes affaires pouvant se rattacher à ces divers objets et plus spécialement toutes opérations fai- sant partie de l'activité normale d'un établissement de banque. » Le capital de la banque est de 5 millions de l'époque divisé en 10 000 actions de cinq cents francs. Pour réunir le capital de sa banque, Octave Homberg n'a pas eu besoin de faire appel à l'épargne publique. La banque Lazard (3 800 actions), Octave Homberg (2 000 actions), la société anonyme Paris-Maroc (1 400 actions) contrô- lent 72 % du capital. Les autres porteurs sont des négo- ciants havrais et bordelais. La Société financière française et coloniale investit prioritairement en Indochine. Depuis quelques années, la culture des hévéas progresse de façon spectaculaire et les sociétés coloniales disloquent les petites exploitations tra- ditionnelles, pour créer de grandes plantations. Cette époque garde le nom de « ruée vers les terres rouges ». Le pionnier Octave Homberg crée à Loc Ninh une plantation d'hévéas de ce type et attire vers sa société financière les fonds de nombreux spéculateurs. Voici comment il décrit cette période de sa vie : « Sans que je l'eusse recherché le moins du monde je devins brusquement pour la Bourse une sorte de fétiche. On faisait de moi un nouveau Midas qui transformait en or tout ce qu'il touchait. Quand je créais une société on m'arrachait les actions... » Quand Edmond Giscard d'Estaing revient de Coblence avec la ferme intention de se bâtir une situation en rap- port avec son nouveau nom, le Tout-Paris de la Finance et de la Bourse bruisse des exploits du banquier Octave Homberg. Il était, en janvier 1927, aux côtés d', alors ministre de l'Intérieur, sur la photographie du stand de la SFFC à l'Exposition coloniale du caout- chouc au Grand Palais. Le ministre s'est extasié devant les éditions de luxe de l'Imprimerie d'Extrême-Orient, devant les Phosphates d'Indochine, le sucre cristallisé des Raffineries d'Indochine ou les Micas de Madagascar, autant de sociétés appartenant à la société financière d'Octave Homberg. Selon la Dépêche coloniale et maritime : « M. Sarraut a pu se rendre compte des progrès constants réalisés dans le domaine économique par une colonie à l'essor de laquelle il a donné lui-même autrefois une si énergique impulsion et que le labeur d'hommes comme Octave Homberg met en valeur chaque jour davantage. » L'éloge flatteur du journal n'est pas entièrement désinté- ressé, Octave Homberg est le propriétaire de la publica- tion. Toujours soucieux de sa renommée, il commence sur les ondes une série de conférences hebdomadaires, relayées par le Radio-colonial (l'usage du masculin est d'époque). Le texte de sa première conférence est riche d'enseignements : « Travaillant pour les Annamites et avec les Annami- tes 1 nous devons donc nous appuyer sur eux. Je rappelle- rai ce mot du président Dupin « Il n'y a que ce qui résiste qui soutient. »... « Où trouverons-nous cette armature indigène sur laquelle doit s'appuyer notre action ? Ce ne sera pas chez les agitateurs et les revendicateurs professionnels. Ces hommes nouveaux, du jeune Annam, aspirent à nous battre avec nos propres armes, ingurgitent gloutonne- ment notre culture mais n'arrivent pas à l'assimiler, apprennent mais ne comprennent pas, ne dépassent pas l'idéologie verbeuse et facile. « Au surplus ces nouveaux riches en sciences occiden- tales sont sans influence sur les masses profondes de leurs frères de race dont ils se séparent par leur orgueil même, l'insupportable orgueil de tous les parvenus » La même année, le mercredi 7 mars 1927, la Sorbonne accueille Octave Homberg. Lors de cette importante manifestation, présidée par le ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, l'agrégé de philosophie devenu financier s'exprime en présence du maréchal Pétain et d', vice-président du Sénat : « Nous avons compris que les colonies après avoir été notre revanche morale au lendemain de la guerre de 1870 pouvaient devenir aujourd'hui — après cette défaite financière qui fut l'ombre de notre victoire — notre plus belle revanche économique et financière, l'instrument le plus sûr que nous possédons en mains pour assurer notre liberté de grande nation. Ainsi, nous aurons mieux que

1. L'Indochine est la réunion du Tonkin, de l'Annam et de la Cochinchine. 2. Ho Chi Minh est déjà, depuis plusieurs années, un militant écouté de ses compatriotes. l'esprit européen, nous aurons l'esprit mondial, la cons- cience nette de la solidarité humaine, tout en gardant, au sens le meilleur, l'esprit français... » C'est donc cet homme, étrange chimère de conserva- tisme social et d'audace financière, d'idéalisme et de sens commercial, qui, le premier, va initier Edmond Giscard d'Estaing aux finances privées et non plus publiques. Il fallait, certes, une assez bonne fortune pour que le destin d'Edmond Giscard d'Estaing, pressé de s'affirmer, croi- sât celui du financier Homberg. Mais l'enfant de Riom, et plus encore le gendre de Jacques Bardoux savait aider la fortune. Pour mieux suivre l'entrelacs d'intérêts financiers dont les affaires d'Octave Homberg sont la plaque tournante, pour mieux évaluer l'épaisseur de cet empire colonial dont Edmond Giscard d'Estaing va devenir l'héritier inat- tendu, il convient d'entrer à la Chambre des députés un jour de mars 1927. Ce jour-là les représentants du peuple débattent de la politique du gouvernement fran- çais en Indochine. Leurs interventions permettent de mieux comprendre dans quel contexte historique fut com- mencée la colonisation de l'Indochine. Ce débat est exceptionnel car les députés français reste- ront de longues années sans reprendre une telle discussion sur la question coloniale. Il est exceptionnel aussi par les précisions qui sont apportées sur les comportements poli- tiques et financiers des premiers acteurs de la colonisation en Indochine.

EPILOGUE

LA CINQUIÈME GÉNÉRATION

Les Giscard d'Estaing sont en affaire depuis deux géné- rations. L'héritage créé par Octave Homberg est désor- mais confié pour partie au gendre d'Edmond Giscard d'Estaing, le comte Guy Lasteyrie du Saillant. Le comte est directeur général de la branche française de la compa- gnie d'assurance américaine New Hampshire Insurance ; président de la Compagnie Européenne d'Assurance sur la Vie (ERAVIE) et, bien entendu, administrateur de la société internationale de plantation d'hévéas (SIPH). La comtesse Guy Lasteyrie du Saillant, née Isabelle Giscard d'Estaing, sœur préférée de Valéry Giscard d'Estaing, est une financière avertie qui anime depuis 1974 un « Club d'investissement féminin » et conseille les dames de la bonne société dans leurs placements bour- siers. Sans être officiellement associée aux affaires finan- cières de la famille, Isabelle Lasteyrie du Saillant suit avec attention l'évolution du portefeuille de la SOFFO. La sœur aînée, la comtesse de Las Cases est l'épouse d'un avocat. Depuis l'élection de son frère cadet, elle intervient dans le domaine culturel. Elle a obtenu un poste de conseillère au ministère de la Culture. La cadette, la comtesse Froissard de Broissia, est mariée avec un diplômé de l'Ecole Centrale qui est prési- dent directeur général de Brooks Bond Liebig France et administrateur de la Société Anonyme des Hauts Four- naux, Forges et Fonderies (SAHFF). La cadette, Marie- Laure est aussi la plus discrète. Nous avons vu l'attirance d'Olivier Giscard d'Estaing pour les affaires à la mode américaine. Il est toujours président-directeur-général de Gibbs-Hill France, admi- nistrateur d'IBM France et, depuis l'année dernière, administrateur de la société Isola 2000 avec, une fois encore, des partenaires américains. Le conseil de famille lui a préféré son beau-frère, Guy Lasteyrie du Saillant, pour la gestion de l'héritage familial. Les trois cousins germains de Valéry Giscard d'Estaing, François, Philippe et Jacques sont, beaucoup plus qu'Oli- vier, les relais de la famille dans le monde des affaires. La liste de leurs postes d'administrateurs est imposante. François Giscard d'Estaing, l'aîné des fils de René est le cousin préféré de Valéry. Ils étaient ensemble dans la promotion Europe de l'Ecole Nationale d'Administra- tion, comme nous l'avons vu. Ils sont d'ailleurs nés la même année, en 1926. François Giscard d'Estaing est divorcé sans enfant. De 1964 à 1971, il fut maire de Saint-Amant-Tallende, le vil- lage de Jacques Bardoux. Il possède le château de Fonte- neclaire dans le Cher. En 1968, fidèle à la vocation coloniale dé la famille, il devient directeur de la Banque Centrale de l'Afrique équa- toriale et du Cameroun. En 1970, il est conseiller finan- cier du président du Tchad. En 1971, il entre à la Banque française du commerce extérieur (BFCE). En 1974, il est nommé directeur général de la BFCE. Le 27 septembre 1977, le porte parole du gouvernement indi- que à l'issue du conseil des ministres que M. , Premier ministre et ministre de l'Economie et des Finances, a informé le conseil de son intention de propo- ser la nomination de M. François Giscard d'Estaing, ins- pecteur général des Finances, comme président de la Ban- que française du commerce extérieur et celle de M. Albert Bouvier au poste de directeur. Le polytechnicien Albert Bouvier est le fils de René Bouvier qui fut le plus proche collaborateur d'Octave Homberg. En 1978, François Giscard d'Estaing devient membre du conseil de la Chambre de commerce franco- canadienne et l'année suivante membre du comité France-Chine. Les activités bancaires de l'aîné des fils de René Giscard d'Estaing lui laissent le loisir de collectionner les sièges dans les conseils d'administration. En 1980, la liste est la suivante : président de la Société pour le financement des industries exportatrices (Sofinindex). Cette société s'inté- resse essentiellement aux entreprises moyennes fortement exportatrices ; administrateur, depuis 1972, de Airbus Industrie et de Nadella. A partir de 1974, la liste s'allonge considérablement : administrateur, depuis 1974, de la Société des étains de Kinta (Malaisie) et de France-câbles et radio ; administrateur, depuis 1975, de la société cen- trale du groupe Assurances générales de France (AGF) nommé, dit le compte rendu du conseil d'administration, en raison de sa compétence technique ; administrateur depuis 1976 d'Exa International S.A. ; administrateur, depuis 1977, de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (COFACE) ; administrateur, depuis 1978 de SAFA Cameroun, une plantation d'hévéas, l'arbre fétiche des Giscard, et censeur à la SNIAS. L'année 1979 comprend cinq nouveaux sièges d'admi- nistrateur : l'entreprise Jean Lefebvre ; la Compagnie financière holding, les assurances La Union et Le Phénix espagnol dont l'oncle Edmond fut, lui aussi, administra- teur, la SCAC et enfin Gaz de France. A la fin de l'année 1977, la direction générale de l'Union bancaire en Afrique Centrafricaine (UBAC) adresse au Crédit Lyonnais de Paris un télex lui deman- dant : « de virer sans frais pour nous et par télex deux millions de francs chez la Banque française du commerce extérieur à Paris, faveur Monsieur François Giscard d'Estaing, somme à disposition d'ordre du gouvernement centrafricain stop pour remise groupe Pierre Dupont stop fonds à utiliser pour le règlement de dépenses dans le cadre du couronnement de Sa Majesté Impériale Bokassa I, empereur de Centrafrique ». Ainsi, François Giscard d'Estaing servait de régisseur pour régler les dépenses du sacre du « cher parent ». Philippe Giscard d'Estaing, le second des trois fils de René, est le scientifique de la famille. Comme naguère Ernest Mercier, il est diplômé de l'Ecole polytechnique (1949) et d'une école spécialisée : l'Ecole nationale supé- rieure de télécommunications (1954). Né en 1928, il a cinquante deux ans. Il est marié avec Lully de Demandolx-Dedons. Ils ont quatre enfants qui vécurent au château de la Framboisière à Senonches, en Eure-et-Loir. Détail rare dans la famille, sa fille aînée Angeline est devenue Madame Dupont en épousant mon- sieur Christophe Dupont. Philippe Giscard d'Estaing est entré en 1958 à la com- pagnie française Thomson-Houston chère à Auguste Detoeuf, membre du Redressement Français, et à son oncle Edmond qui en fut l'administrateur. Depuis, il y poursuit une brillante carrière. En 1980, il est président-directeur-général de Thomson C.S.F. International et de la Société d'entreprises généra- les et électroniques (SONECTRO). Il est vice-président de la société Le matériel téléphonique Thomson CSF ; directeur général et administrateur de Thomson CSF. Il est simultanément administrateur de sept autres sociétés : la société des téléphones Thomson Ericsson ; le labora- toire général des télécommunications, la Société nouvelle Intervidéo, la Compagnie française de télévision ; les lignes téléphoniques et télégraphiques LTT ; de Thomson-CSF Informatique et enfin de la Société anonyme des chargeurs réunis. Cette dernière nomination a été faite en novembre 1978 à titre personnel, en remplacement de son beau-père Henry de Demandolx-Dedons qui avait donné sa démis- sion. La Société anonyme des chargeurs réunis, dont le prin- cipal actionnaire est le groupe familial Fabre-Demandolx- Dedons, avec 33,33 % du capital, exerce des activités de holding dans des domaines très différents allant de l'acti- vité maritime et aérienne au tourisme et à l'hôtellerie, en passant par l'immobilier. Jacques Giscard d'Estaing, le cadet des fils de René, est né en 1929, il a cinquante et un ans. Il est marié avec Isa- belle Burin des Roziers. Ils ont quatre enfants qui vivent dans le manoir de Bourg-Dun. Ancien élève de l'ENA dans la promotion Paul Cam- bon (1951-1953), c'est lui qui, attaché de cabinet de Michel Debré, apporta à Wilfrid Baumgartner le message le nommant ministre des Finances. Depuis 1971, il est directeur financier du Commisariat à l'énergie atomique (CEA). Depuis 1973, il est membre du conseil de surveillance d'Eurodif, une filiale du CEA. A partir de 1974, le nombre de conseils d'administra- tion dans lesquels il intervient s'accroit rapidement. 1975 — Président du conseil d'administration de la Société des mines de l'Aïr, au Niger. Cette société au capital franco-nigérian exploite à Arlit un gisement de minerai d'uranium et prévoit d'extraire 2.300 tonnes de minerai en 1983. En 1985, le Niger deviendrait le qua- trième producteur d'uranium du monde après les Etats- Unis, le Canada et l'Australie. Les actionnaires français de la société aimeraient construire une voie de chemin de fer reliant Arlit au port de Cotonou, la capitale du Bénin, qui deviendrait « la route de l'uranium ». 1976 — Jacques Giscard d'Estaing entre au conseil d'administration de trois filiales du Commissariat à l'énergie atomique : Framatome, Novatome et la Cogema (Compagnie générale des matières nucléaires). Il devient aussi président du conseil d'administration de la Société franco-iranienne pour l'enrichissement de l'uranium par diffusion gazeuse (SOFIDIF), dont le capital appartient pour 60 % à la Cogema et pour 40 % à l'état iranien. Au mois de décembre 1976, il se rend en République Centrafricaine, chargé par son cousin. M. le président de la République, d'une mission d'étude sur la mise en valeur du gisement d'uranium de Bokouma. Valéry Gis- card d'Estaing avait directement informé Jean-Bedel Bokassa de cette mission : « Pour vous donner la preuve de mon intérêt pour Bakouma, j'ai décidé de nommer mon propre cousin pour représenter les intérêts français dans ce projet ». Le chef de l'état centrafricain le nomme commandeur de l'ordre de l'opération Bokassa. 1978 — Tout en gardant ses responsabilités précéden- tes, Jacques Giscard d'Estaing devient membre du conseil d'administration et membre du comité directeur de la Caisse de l'énergie. Cette nomination est valable jusqu'au 26 septembre 1982. Il entre au conseil d'administration de la Société indus- trielle des minerais de l'ouest (SIMO) et à celui de la Société d'études et de recherches d'uranium (SERU). Au début de l'année 1978, l'ambassadeur de la république centrafricaine en France lui a remis un décret de l'empe- reur Jean-Bedel Bokassa lui conférant la citoyenneté cen- trafricaine. 1979 — Jacques Giscard d'Estaing entre aussi au con- seil d'administration de la Société internationale de dessa- lement (SIDEM), et à celui de la Compagnie internatio- nale de services en informatique (CISI) et, enfin, à celui d'une filiale de Rhône-Poulenc et du Commissariat à l'énergie atomique (CISMATEC). La vocation des affaires n'a pas fait disparaître les ambitions politiques de la famille. Les échecs d'Olivier Giscard d'Estaing n'ont pas terni la gloire de son aîné. Anne-Aymone Giscard d'Estaing et son fils Henri sont prêts à maintenir la vocation politique de la famille. Après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la prési- dence de la République, l'attention des chroniqueurs se porte sur son épouse et ses enfants. Valérie-Anne, Henri, Jacinte et Louis-Joachim repré- sentent la cinquième génération depuis Agénor Bardoux. Dès le mois de mai 1974, leur mère tente de préserver leur mode de vie familial : « En entrant à l'Elysée, dit-elle, ma première tâche sera d'en terminer une fois pour toutes avec l'apparat qui depuis un siècle entoure la personne du président de la République et sa famille en contraignant tout le monde à vivre comme sous une chape de glace. J'ai fait part de ce projet à mon mari, et il l'a pleinement approuvé. Personnellement, je veux continuer ma vie de femme, aller au cinéma en faisant la queue le cas échéant, aller au théâtre quand je le veux, sans avoir sur les talons une escorte de gorilles plus ou moins armés qui me sui- vent et m'espionnent. Je veux vivre en somme une vie de femme libre comme je l'ai toujours fait jusqu'à mainte- nant. Pour nous, il est certain que nous pourrons consi- dérer l'Elysée comme un bureau auquel nous nous ren- dons le matin de bonne heure. Et nous en sortirons le soir, une fois notre tâche accomplie. Comment pourrait- on faire autrement ? Peut-on s'imaginer toutes les com- plications que causeraient nos quatre enfants, contraints à se soumettre au protocole, à la vigilance, à un horaire. » Ces premières déclarations de l'épouse du président de la République provoquent un commentaire sévère du journal gaulliste la Nation qui écrit : « Un président de la République n'entre jamais au bureau et n'en sort jamais. Il est toujours le responsable quoi qu'il fasse et quoi qu'il arrive. Il n'a pas été élu pour être un Français comme les autres, mais le premier parmi les autres. » Progressivement, Anne-Aymone Giscard d'Estaing apprend à nuancer ses propos et à prendre en compte l'écho que leur donne la presse. Elle continue toutefois à s'affirmer favorable à l'instauration d'un salaire pour les mères au foyer sans se préoccuper des intentions gouver- nementales en la matière. Elle continue aussi à faire des réponses surprenantes. Question d'une journaliste,: « On vous voit toujours en retrait derrière le président. Est-ce une façon d'illustrer la condition traditionnelle de la femme dans le sillage de son époux ? » Mme Giscard d'Estaing : « Pas du tout ! Mon mari a de grandes jam- bes, il marche très vite. J'ai parfois du mal à le rattraper. » Au mois d'avril 1975, Anne-Aymone Giscard d'Estaing assiste à Poitiers au colloque du « Nouveau Contrat social » organisé par . Ce colloque a pour ambition de fournir un contenu à la notion de « Société libérale avancée ». De nombreuses personnali- tés politiques prennent la parole : le premier ministre ira- nien M. Hoveida, le ministre du Plan de Côte d'Ivoire M. Diawara, le Premier ministre français Jacques Chi- rac, le ministre de l'Economie et des Finances Jean-Pierre Fourcade, le député de la Gironde Robert Boulin, d'autres encore. Avant l'allocution de clôture prononcée par Edgar Faure, les participants au colloque entendent l'intervention de Madame Giscard d'Estaing : « Je pense que, s'il est nécessaire que les pouvoirs publics définissent des politiques nouvelles, il est non moins indispensable d'offrir, au niveau de la vie locale et de la vie associative, la possibilité à un grand nombre de volontaires d'exercer des responsabilités dans les domaines où l'intervention publique est mal adaptée, quels que soient le dévouement et la compétence de ceux qui la mettent en œuvre. Peut-être, dans ce domaine du volontariat, y a-t-il aussi matière à recherches. » Dans son discours de clôture, Edgar Faure traite du droit au travail : « Une hausse du taux de croissance de 3,8 % seulement porterait en 1980 à un million cent mille ou un million quatre cent mille le nombre des demandeurs d'emploi... Si le droit au travail est proclamé, les oppositions politi- ques se résoudront en simples contradictions. Certains nieront que le droit au travail puisse exister dans une société libérale, d'autres affirmeront le contraire. Les faits trancheront. S'il est un sujet sur lequel peut se cons- tituer une majorité d'idées, c'est bien celui-là. Un grand élan de confiance se lèvera si l'on réussit à laver l'écono- mie libérale de son prétendu péché de mercantilisme et d'insensibilité. » Les faits ont tranché. Madame Giscard d'Estaing n'est pas seule dans la famille présidentielle à abandonner le domaine du proto- cole pour celui de la politique. Son fils, Henri Giscard d'Estaing, anime avec Hugues Dewavrin un mouvement de jeunes appelé « Génération libérale et sociale ». Hugues Dewavrin définit leur ambition en ces termes : « Il s'agit pour nous de prouver aux jeunes de vingt ans qu'être avec Valéry Giscard d'Estaing n'est pas une honte. » Le vendredi 13 juin 1975, le président de la République reçoit à l'Elysée les membres du bureau de « Génération libérale et sociale » et les encourage à donner un style neuf à la vie politique française et à se mobiliser pour le réformisme et le changement. L'été suivant une déléga- tion de « Génération libérale et sociale » se rend en Chine populaire. Dans la lettre mensuelle, d'août 1976, de leur mouvement, les membres de la délégation confient leurs impressions : « La Chine de Mao a atteint un niveau de développe- ment qui en fait certainement le leader des pays du Tiers- Monde. Bien qu'il y ait de nombreuses insuffisan- ces, bien que rien ne prouve qu'une autre voie n'eût pas conduit à de meilleurs résultats, la société chinoise pré- sente de nombreux caractères positifs. Contrairement à ce que pensent les responsables de l'opposition française, qui en sont restés aux idées du XIX siècle, le grand débat idéologique de notre fin de siècle se situe entre, d'une part une société libérale qui doit corriger ses injusti- ces et qui doit s'humaniser, et d'autre part une société de type maoïste fondée sur une véritable révolution cultu- relle. Au niveau idéologique, le grand débat est le choc Giscard-Mao. » Quelques jours plus tard, le 9 septembre 1976, la presse annonçait la mort du président Mao Tse Toung. Le grand débat n'eut pas lieu. Les amis d'Henri Giscard d'Estaing abandonnent leur première appellation et se rebaptisent « Autrement » Ils proclament : « Nous voudrions que la caractéristique principale de la démarche de notre mouvement soit la nouveauté. Nous avons, en effet, la volonté de faire autre chose qu'un mouvement de jeunes traditionnel. Nous ne présenterons aucun candidat à aucune élection. Nous ne voulons rien avoir à négocier et surtout pas des places contre des idées. » Pourtant, en février 1979, Henri Giscard d'Estaing déclare que « la politique est une des dernières aventures, une vie difficile, hasardeuse, dure, dans un monde sans pitié » et annonce qu'il se présente aux élections cantona- les à Marchenoir dans le Loir-et-Cher. Ce village de six cents habitants n'est pas très éloigné du château familial de l'Etoile à Authon dans le même département. Lorsqu'il est interrogé sur sa vocation politique, Henri Giscard d'Estaing aime rappeler son expérience de mili- tant de base dans le mouvement des jeunes giscardiens.

1. A la suite d'un procès avec les animateurs de la revue « Autrement » ils devront abandonner ce nom. Un journaliste du Figaro, désormais dirigé par Robert Hersant, lui demande quelle importance a son nom : « Pour une campagne électorale, répond Henri Giscard d'Estaing, cela donne un avantage, celui de la curiosité, on vient voir, mais lorsqu'on vient voir, il ne faut pas décevoir. » Rêve-t-il à la présidence ? « Vous êtes, Monsieur, vrai- ment freudien, répond le fils du président. Je n'ai encore jamais rêvé d'être président de la République. L'expé- rience, que j'ai eu la chance de suivre de très près, m'empêcherait même d'en rêver. Ce n'est pas une activité susceptible de faire rêver quelqu'un qui n'est pas complè- tement déraisonnable ou qui n'a pas une extraordinaire idée de lui-même. »

POST-SCRIPTUM

Le centrisme est une espèce de maladie de l'âme, une langueur. Le centrisme c'est le vichys me du temps de paix.

Alexandre Sanguinetti, Déclaration au journal Libération, décembre 1978. ANNEXE

UN CONTRAT ENTRE RENÉ BOUSQUET ET EDMOND GISCARD D'ESTAING LES SOUSSIGNÉS : — La SOCIÉTÉ DES CAOUTCHOUCS de l'INDOCHINE, Société anonyme au capital de 777 000 nouveaux francs, ayant son siège à Paris (16 23 rue de l'Amiral d'Estaing et immatriculée au registre du commerce de la Seine sous le n° 55 B 1661. représentée par le Président du Conseil d'Adminis- tration Monsieur René BOUSQUET, spécialement délégué à l'effet des présentes aux termes d'une délibération du Conseil d'administration de ladite Société en date du 23 novembre 1960 dont un extrait certifié conforme du procès-verbal est demeuré annexé à chacun des originaux des présentes ; ci-après dénommée S.C.I. ; D'UNE PART,

— LA SOCIÉTÉ FINANCIÈRE POUR LA FRANCE ET LES PAYS d'OUTREMER, Société anonyme au capital de 5 337 100 nouveaux francs, ayant son siège à Paris (16 23, rue de l'Amiral d'Estaing et immatriculée au Registre du Commerce de la Seine sous le n° 55 B 3638. représentée par le Président du Conseil d'Administra- tion Monsieur Edmond GISCARD D'ESTAING, spéciale- ment délégué à l'effet des présentes aux termes d'une déli- bération du Conseil d'Administration de ladite Société en date du 18 novembre 1960 dont un extrait certifié conforme du procès-verbal est demeuré annexé à chacun des originaux des présentes, ci-après dénommée SOFFO ; D'AUTRE PART,

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES GÉNÉRAUX

Classement chronologique

Alexandre ZEVAES, Histoire de la Troisième République (1870- 1926), Editions Georges Anquetil (1926). E. BEAU de Loménie, Les responsabilités des dynasties bour- geoises (5 tomes), Editions la Librairie Française (1969). William L. SHIRER, La chute de la troisième République, Edi- tions Stock (1970). Robert ARON. Histoire de Vichy (2 tomes), Editions Fayard (1954). Robert O. PAXTON, La France de Vichy (1940-1944), Editions du Seuil (1973). Richard GRIFFITHS, Pétain et les Français (1914-1951), Edi- tions Calmann-Lévy. Henry W. EHRMANN, La politique du patronat français (1936- 1945), Editions Armand Colin (1959). Alfred SAUVY, La vie économique des Français de 1939 à 1945, Editions Flammarion (1978). Georgette ELGEY, La république des illusions 1945-1951,Edi- tions Fayard (1968). Georgette ELGEY, La république des contradictions 1951-1954, Editions Fayard (1968). Jacques FAUVET, La IV république, Editions Fayard (1976). Jaccques JULLIARD, La IV république, Editions Calmann- Levy (1976). Michel WINOCK, La république se meurt — Chronique 1956- 1958, Editions du Seuil (1978). Philip WILLIAMS, La vie politique sous la IV république, Edi- tions Armand Colin (1971). Stanley HOFFMAN, Essais sur la France, déclin ou renouveau, Editions du Seuil (1974). Pierre VIANSSON-PONTÉ, Histoire de la république gaullienne (2 tomes), Fayard (1976). Henry COSTON, Dictionnaire de la politique française (2 tomes), Publication Henry Coston (1972). Henry COSTON, Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires, Editions Alain Moreau (1975). René REMOND, La Droite en France (2 tomes), Editions Aubier-Montaigne (1975). Philippe BAUCHARD, Les technocrates et le pouvoir, Editions Arthaud (1966). Henry COSTON, Les technocrates et la synarchie, Editions La Librairie Française (1979). Jean SURET-CANALE, Afrique noire (3 tomes), Editions sociales (1977). CEDETIM, L'impérialisme français, Editions Maspéro (1980).

PÉRIODIQUES

Collection du Monde de 1950 à 1980 Collection de la Dépêche coloniale et maritime Collection du Moniteur du Puy-de-Dôme Collection du Canard enchaîné Collection de l'Unité Collection de Paris-Match Collection de l'Expansion Collection des annuaires de La Côte Desfossés

OUVRAGES GENERAUX SUR VALERY-GISCARD D'ESTAING

Yvan AUDOUARD, Dîner avec Giscard, Editions Plon (1976). Emmanuel d'ASTIER, Portraits, Editions Gallimard (1969) Jean-Jacques BARLOY, et Françoise GAUJOUR, Un chasseur nommé Giscard, Editions Alain Moreau (1977). Michel BASSI, Valéry Giscard d'Estaing, Editions Grasset (1968). Jacques CHANCEL, Radioscopie (Tome 4), Editions Robert Laffont (1976). Chantal DUPILLE, Moi, je n'aime pas Giscard !, Editions Balland (1975). Xavier de la FOURNIÈRE, Giscard d'Estaing et nous, Editions Plon (1976). Joseph Jacques JONAS et Anne NOURY, Giscard de tous les jours, Editions Fayolle (1978). André PAUTARD, Valéry Giscard d'Estaing, Editions Edipa (1974). Olivier TODD, La marelle de Giscard (1926-1974), Editions Robert Laffont (1977).

OUVRAGES PAR CHAPITRE

Chapitre premier

AUBERT-DOLLFUS Le dictionnaire politique. Jean JOLLY, Le dictionnaire des parlementaires, PUF. Augustin HAMON, Les Maîtres de la France, (1937). Félix BONAFÉ, Jacques Bardoux, une vocation politique, Maugein — Tulle (1977).

Chapitre II

Le Crapouillot (nouvelle série), n° 35. Edmond Giscard d'Estaing. La monarchie intérieure, essai sur la seigneurie de soi-même. Clermont-Ferrand (1949).

Chapitre III

Octave Homberg, Les coulisses de l'Histoire — Souvenirs 1898-1928, Fayard, (1938). Collection de la Dépêche coloniale et maritime.

Chapitre IV

Journal officiel, 19 mars 1927. Félix BONAFE, Jacques Bardoux (ouvrage cité). Fernand GIGON, Jeudi noir, 1976, Robert Laffont. Hubert COLE, , 1964, Fayard. Octave HOMBERG SOS, Essai de synthèse et d'explication de la crise avec quelques conclusions, 1932, Fayard.

Chapitre V

Collection du Redressement français, (1925-1935). Les Cahiers de Redressement français, (35 volumes), et plus particulièrement : Tome 7, « La réorganisation industrielle » (Auguste Detœuf) ; Tome 14, « La production et le travail » (Ernest Mercier) ; Tome 29, « L'organisation financière » (Edmond Giscard d'Estaing et Emile Mireaux), Tome 30, « Une diplomatie moderne » (Jacques Bardoux).

Chapitre VI

Eugen WEBER, L'action française, Stock (1964). Serge BERNSTEIN, Le 6 février 1934, Gallimard (1975). Georges RIOND, Chroniques d'un autre monde, France-Empire (1979). Fédération républicaine et sociale du Massif Central, La san- glante journée du mardi 6 février 1934 (Présentation de Jacques Bardoux). Collection du journal, Le Temps. Collection du journal, Le Flambeau, (organe des Croix de feu).

Chapitre VII

Georges LEFRANC, Histoire du Front Populaire, Payot (1965). Georges LEFRANC, Juin 1936, Gallimard (1966). Jean LACOUTURE, Léon Blum, Seuil (1977). La Revue de Paris, Août 1936. Jacques BARDOUX, Les Soviets contre la France (1936). Jacques BARDOUX, Staline contre l'Europe (1937) Chapitre VIII

Collection du Moniteur du Puy-de-Dôme (année 1938).

Chapitre IX

Jacques BAR DOUX, Journal d'un témoin de la troisième (1 septembre 1939, 15 juillet 1940), Fayard (1957). Collection du journal le Temps, 1940 à 1942. Cahiers français, n° 5, Maréchal Pétain, la politique sociale de la France, (préface de Jacques Bardoux), Editions Fer- nand Sorlot (1942). PIERRE MENDÈS FRANCE, Choisir, Stock (1974). H. du MOULIN de LABARTHETE, Le temps des illusions, Edi- tions à l'enseigne du cheval ailé (1946).

Chapitre X

Jacques BARDOUX, La délivrance de Paris, Fayard, (1958). Adrien DANSETTE, Histoire de la libération de Paris, Fayard (1947). Jacques DELARUE, Histoire de la Gestapo, Fayard (1970). Journal Officiel du 27 Mars 1946. Evelyne DEMEY, , mon père, Plon, (1980)

Chapitre XI

Jacques DESPUECH, La banque de l'Indochine, (composé pour les Editions de la Table ronde, ce livre n'a jamais été mis en vente). Jacques DESPUECH, Le trafic des piastres, Editions des deux rives (1953). Jacques DESPUECH, Le trafic des piastres, La Table Ronde (1974). Commission d'enquête parlementaire (rapport du 17 juin 1954). Jean SAINTENY, Histoire d'une paix manquée 1945 - 1947, Editions Amiot-Dumont (1954). Chapitre XII

Edmond Giscard d'Estaing, Indochine 52. Plaquette d'une conférence prononcée devant le comité France-Amérique. Comptes rendus du conseil d'administration de la Société financière pour la France et les Pays d'Outre-Mer. Pierre PEAN, Bokassa 1, Alain Moreau (1977).

Chapitre XIII

Edmond GISCARD D'ESTAING, La monarchie intérieure, Essai sur la seigneurie de soi-même, Clermont-Ferrand (1949). Collection du journal Le Monde. Collection du journal Le moniteur du Puy-de-Dôme. Olivier TODD, La marelle de Giscard (Ouvrage cité). Dominique BORNE, Petits bourgeois en révolte, Flammarion (1977).

Chapitre XIV

Merry et Serge BROMBERGER, Les treize complots du 13 mai, Fayard, (1959). Claude PAILLAT, Le guêpier, Robert Laffont, (1969). Claude PAILLAT, La liquidation, Robert Laffont (1972). Le canard Enchaîné, Année 1959. Claude PAILLAT, Dossier secret de l'Agérie (2 tomes), Robert Laffont, (1962). André FIGUERAS, L'affairee du Bazooka, La Table Ronde, (1970). Collection du journal l'écho d'Alger. Journal officiel du 20 mai 1958. Collection du journal Le Monde. Roger DUCHET, La république épinglée, Alain Moreau, (1975). Alistair HORNE, Histoire de la guerre d'Algérie, Albin Michel, (1980). Chapitre XV

Collection du journal Le Monde. Le procès de l'attentat du Petit-Clamart/compte-rendu sténo- graphique (2 tomes), Albin Michel, 1963. Jacques ISORNI, Jusqu'au bout de notre peine, La Table Ronde, 1963. Jacques ISORNI, La défense et la justice, Flammarion, (1965).

Chapitre XVI

Collection du journal L'Auto-Journal. Nicolas BRIMO, Le dossier Mersant, Maspéro, 1977. Dominique PONS, Dossier M... comme Mersant, Alain Moreau, 1977.

Chapitre XVII

Collection du journal Le Monde. Collection du Canard Enchaîné. Yvon LE VAILLANT, Sainte maffia, Mercure de France, 1970.

Chapitre XVIII

Collection du journal Le Monde. Collection du Canard Enchaîné.

Chapitre XIX

Collection du journal Le Monde. Collection de l'Unité. Albert FAVRE -LUCE, Les cent premiers jours de Giscard, Robert Laffont, 1974.

Chapitre XX

Compte rendu du conseil d'administration de la Société finan- cière pour la France et les pays d'Outre-Mer.

Chapitre XXI

Collection du journal Le Monde. Collection du Canard enchaîné.

Filmographie

Le monde financier autour de 1930

Stravisky — Alain Resnais (1974). La banquière — Francis Girod (1980).

L'Indochine

Apocalypse Now — Francis Ford Coppola (1979). Le per- sonnage interprété par Marlon Brando a de nombreux points points communs avec M.S...

L'Occupation et la Libération

Le chagrin et la Pitié — Marcel Ophüls (1973). Maréchal Pétain — Jean Chérasse (1980). Les guichets du Louvre — Michel Mitrani (1974). Paris brûle-t-il ? — René Clément (1971).

L'Algérie

Chronique des années de braise — Lakdar Hamina (1976); La Bataille d'Alger — Gillio Pontecorvo (1966). La guerre d'Algérie — Yves Courrière et Philippe Monnier (1974).

L'élection présidentielle de 1974

Débat télévisé Giscard d'Estaing — Mitterrand — Cinéma- thèque de l'Institut National de l'Audiovisuel (1974). Bonne chance la France — Collectif Ciné-Lutte (1974).