DIATOGUE Marie-FrancePisier: "Goco,c'est moi"

Marie-Frqnce Pisier dans : pqssionnéeà laville comme à la scène.

rrOn va se faire une tasse de Elle incarneà l'écranune vie de Mademoiselle Chanel. thé.> Marie-France Pisier file à libre D'un orphelinatde province.au lacuisine, revient avec plateau et mais solitaire. seuil, dans les années20, de la lasses,repart. J'ai le temps de Martine Storti I'a interrogéesur sa découverte gloire internationale. Les jupes m'enfoncerdans un confortable d'une féministequi s'ignorait. de femmes, alors, se sont rac- fauteuil, de prendre plaisir à courcies,leq corsets ont étéjetés regarderce vaste appartement aux orties, les petits chapeaux 1uquartier Latin, plein de soleil féministe,ne ressemblepas à la réalisateursparfois qualifiés ont fait leur apparition et le :t de meublesclairs. De retour vie de la petite femme qui, près d'.Mais elle s'est < numéro 5 >,à peinelancé, a fait tvec la théière, elle s'asseoit d'un demi-siècle,régna sur la aussiamusée à tourner desfeuil- fureur. Quant au support roma- levant la table basse, le dos couture française. Si ce n'est, letonspour Ia télévision,prenant nesque,il vient du grand - et rppuyéau canapé,et allume une tout de même, la passion: Ga- plaisir,chaque fois, à faire naître peut-être unique - amour de )garette. brielle Chanel eut celle de la une nouvelle Marie-France. Coco, . Une liaison qui Evidemment,à regarderMarie- mode, Marie-France Pisier a Avec Chanel solitaire qui se termineradans les larmes: en lrance en jean et pull, on ne celle du cinéma. De François triomphe déjà sur les écrans 1923,Boyse tue dansun accident renseguère à cellequ'elle incarne Truffaut qui lui donna sa pre- américains et que la France de voiture. Visiblement, Marie- lans le film de George Kaczen- mière chance dans l'Amour à découvrira dans les premiers France Pisier a pris plaisir à ler, Chanel solitaire. Et son iti- 20 ansen 1962,à JacquesRivette, mois de 1982, Marie-Francc incarnercette femme qui. pour- réraire, de I'Indochine, terre Luis Bufluel, Alain Robbe- Pisier,en compagniede Brigitte tant, au départ, ne la séduisait ratale, aux études de droit à Grillet, André Téchiné, Marie- Fossey et de Timothy Dalton, pas.Mais, voilà, on peut passer Pariset au militantisme gaucho- France Pisier a travaillé avecdes parcourt plus de vingt ans de la de la méfianceau coup de foudre.

IAGAZTNEN" 43lNOVEMBREt98l 31 i IIIARIE.FNÀNGEPI$DN ( Je rne suis rendu compteque le tailleurChanelavait été,à une certaineépoque, autant synonymede libertéque le jean le fut pour les femmesde ma génération.>

Martine Storti: Qu'est-cequi Et je ne saispas pourquoi ce vous a attirée dans le rôle de image me trottait constamm( ? dans la tête. Alors je me s Marie-France Pisier : Au départ, plongéedans les livres écrits: jouer le rôle de Coco Chanelne elle. Celui d'Edmonde Charl me tentait pas beaucoup. D'a- Roux (l) d'abord,quiest à laf bord. parce que je ne suis pas très critique et très intéressa spécialementpassionnée par les celuide ClaudeDelay (2) qui personnagestrès connus, ensuite runeespèce d'approche psychar parce que le scénarioqu'on me lytique de Coco Chanel et r proposait ne me semblait pas donne le titr.e - Chanel solita bon. ll était très < fleur bleue>, - au film. Celui de Paul IV insistait beaucoup sur le côté rand (3) aussi,un livre fabule < ascensionfoudroyante > d'une qui m'a complètementemport femme. C'était assurémenttrès Ê Morand y fait parler Cha o romanesquemais. moi, ça ne a danschaque chapitre. Il y a I'r m'intéressaitpas. J'ai donc refusé fance,I'amour, I'amitié, la mo, le rôle. Le producteur était J'ai étébouleversée par le livrr furieux. Mais un autre scénario par Chanel elle-même.Et pu m'a étéproposé dans une version Dans la c'élèbremaison de couture de la rue Cambon. tout d'un coup,je me suis ren bien différente de la première. compte que ce tailleur Cha: L'accent était mis sur les diffi- d'uneimagerie où triompheune à-dire une façon de s'habillerqui qui, pour moi, ne voulait pasd cultés rencontrées par Coco réussitetombée du ciel. n'estpas la mienneet qui repré- grand-chose,avait en réalitéu Chanel au cours de sa vie. On sente,à mesyeux, quelquechose grande signification. pour insistaitdavantage sur I'enfance, Coco Chanel, ça représentait de clos, de mort. Mais mêléeà femmes.Qu'il avait été,à une c I'adolescence,la traverséede quoi pour vous ? cela, revenait de façon lanci- milieux les plus divers. Les Un personnagequeje trouvais à nante une autre image de Cha- (l) < L'lrrégulière>>.Grasset. pas échecs successifsn'étaient la fois antipathiqueet fascinant. nel : Chanel toute vieille, toute (2\ < Chanel solitaire >. Gallimat gommés.Pour une actrice,un tel J'en avais une perceptionà tra- petite, assisesur ses escaliers, (3) < L'Allure de Chanel >. H rôle devenait intéressant, loin versle petit tailleur Chanel,c'est- toute noireau milieude miroirs. mann,

{* J""_ "''\

't,

a\ 'i\ ,./\ ! I Une vie alainmanoukiar < mains en avant > taine époque,autant synonYme de liberté que le jean le fut Pour les femmes de ma génération. Du point de vue de la mode féminine, Chanel a contribué à tuer I'oppression vestimentaire du XIX" siècle: les corsets,Ies baleines, tous ces trucs qui Listedes Boutiques empêchaientde vivre. Avec ses - ANGERS49000 AlatnManolklan, 6. fle Lenepve! tailleurs, Coco Chanel Permet- (41)87.63 6r. alrcOULÊtilE16000 Alarn Mano!kran,5 bis, rue de P' tait aux femmesde leverles bras, gueuxTé1. (45) 92.2L86 AVlcN0N84000. AIarn Manoukian,3, ruedu PeÙtChan de marcher avec des foulées Tér.(90) 86.36.31. BELFORI90000. Alarn Manouklan, 56 bls,fauboorg plus amples, d'avoir une taille France.Ié1. {84) 28.00.0L permet de 80uRGOltl-JALLIEU38000 Alarn Mânoukran, Rue d( qui, tout d'un coup, Lrbede. respirer,etc. Et puis,à.bien des CARcASSoNNEll000.Alarn Manoukian T0 rueGæf g Clemencea!.Té1. 168) 25.37.33. égards, sa vie elle-même m'est CARPENIRAS84000. Alarn Manoukran,58, pâss. Eouyer.Té1. (90) 63.12.41. apparue comme un sYmbolede CHOI-ET49300 AlainManoukEn, l42 rue Nalone Iét. t4t)62.20.27 liberté. Avec toutes les erreurs, COLMAR68000. Alain Llanoukran, l5 r!e desSerune Tér.(60) 4i.38.21. évidemment,que ça suPpose. DIJOI{ 2]OOOAlarn l{anoukian, 12, rue de la Lrber < en ÉPERt{aY51200 Alarn lsanoukran, 22, r!e SarnlThrbal Mais ellea eu unevie mains Tér.(26) 51.40 70. )), a perpétuellement ÉPlt{AL 88OOOAlain Manoukian, Rue Léopold-Bou avant elle fêl. (29)82.46 7 1 . essayéde trouversa voie. GREIIOBLE38000. Alarn ManoukEn, Centre Comme( ProPre esTrors Dauphrns. Té1. (76) 46 92 43 A la fin du XIX' siècle et au LEHAVRE 76610.A1ârn Maioukran, T4âvenue RenéCo Tér.(351 41.32.32 début du XX", ça n'étaitPas sim- LILLE 59OOO.Alârn Manoukran, 35 rue de 8éthunel 120)54.39.52. ple.A cetteépoque. que Pouvait LIMOGES87000 Alain Manoukran,10, rueJeanlaun qui Tél(551 34.5906. faire une fille sans fortune LORfENT56100 Alarn Mânoukian. 26' Ne dr Pc envie de conquérir son Tér.(97) 64.20.56. avait LYO[{ 69002. Alain l\4anoukian,47 rle VrctorN0l indépendancefinancière et de se lét.{i) 8380c64. LYOI{69002. Ala n Manoukran,100,rue €douard+leirr faire un nom ? Elle Pouvait être LYON690O3.Ala nManoukran,CentreCommercial LaPê Dreu.Nrveâu I BoutiqueI36 f'emme mariée ou courtisane. ttACOl{ 71000.Alârn Manolkrân, I7. ruede 1è gaiie iTARsEtLLE13001. Alarn ManoukEn, 51, rue Sarnt Feré Chanel a choisi une autre voie rér.(9i) 33.80.32 vie extrê- ilOt{1ÉLttlAR 26200.Al.rn Manoukran,4, ruedes Qua tout en menant une Allancês.Tel. 175) 51.02.45. romanesque. Elle est MONTPELLIER34000. Alârn lllanoukrân 10, Grande R mement Jean-l!lo![n. devenuecélèbre en Partant d'un ilouLll'ts 03000.Alarn Manouklan l fue desCoutelie rér.{70) 44.07.95 orphelinat de province; elle a MULHOUSE68000. Alaln Manoukian, Place de IEufo rét.189)46.24.94. traversédifférents milieux, ellea t{lCE06000. Alarn Mano!kran, 28, rle Masséna.1él (! 8782.37. rencontré énormémentde gens. ORANGE84000. Alain Manoukian, 42 brs'rueSarf, tilar le monde Tér.(90) 34 64.03. Ellea toujoursporté sur PAFIS75OOl. Alain Manoukian, 5 , ruede l'Arc€nc Elle a ététrès MaSasrn32. 3ê ntveauForum des Halles Têl un regardcurieux. 233.29.Or. avide de connaîtretout ce qui se PARIS75001. Alarn Mânoukiân, Rue de L'Equetre d Ar8t 3€nrveau. Forum des Halles. passaitautour d'elle. En outre, PARIS75008 AlârnlvanoukEn, RoîdPornt des Chôm Élvsées.Té1. (t) 562.2 1.59. ' une face de sa personnalitém'a PÀnts 75016.nta,n Manoukian, Avenue victorffuSo 0l 500.r8.21. beaucoupémue : sonamitié Pour PUTEAUX92800. Alain ManoukEn, Centre Commer à leur OuateTemps. Le Parvis. La Défense les femmes, sa curiosité iEltls 51OOO.Alarn Mânolkiân, 70, rue deVesle Té1. ( qu'elles soient grandes, 88.i5.71. égard, ROMAilS26I00.Alaln lVanoukEn, 42 rueJacquemân bourgeoisesou prostituées. t7î02.52.AO. salilT-ÉTlÊilt{Ê 42000 Alain ManoukEn,7 fle Gênéralfoy. Tèl 11J) 32 31.19 SAlltT-IROPEZ83000. Alain Manoukran, 8, rueAllal Tous ces osPects se retrouvent STRASBOURG67000. Alain Manouk€n, 27, rue du vl dsns le lilm que vous avez IOUlON 83000.Alarn Mànoukian, Plâcê Ledeau TOULOUSE31000. Alarn Mânoukian l, rueRemusat tourné ? t6I).21.10.96. que ce film ne retrace ÎROYES I0OOO.Alarn Mànoukiân, 12, place Jeanlau Oui, bien Iel.125172.45.81. pas toute la vie de Chanel. Si la vlEilNE38200. Alain Manoukan' i7' ruedes ortèvre ÉTRANGER plupart des projets cinémato- Gîilno oucrÉ ou LUxÊtBouRG.Alarn Manoui 19avenu€ de la Gare. Tel. {352) 491646 graphiques sur Coco Chanel SELGIQUE.Srnt Niklaas, 2700 Alain ManoukLan, ll3, tonskaat.Té1. {31) 77.36.37. n'ont pas abouti, c'estqu'à cha- SÉLGIQU€.Aalst, 9300. Alarn Manoukran, Kroon Ce que fois, ils cherchaientà décrire GaleryKode Zoltstaat 32 sa vie entière. Comme elle est morteà 87 ans,en 1971,et qu'elle a vécud'une certaine façon vingt vies,c'était très difficile. Chanel solitoire commence lorsque Chanelest encore adolescente et se poursuit jusque vers sa qua- rantième année.On laissedonc Chanel au seuil de la gloire, au moment où elle est à tout jamais seulesentimentalement aPrès la mort, traumatisantePour elle, de alainmanouki€ Boy Capel.Ce film retracela vie

F MAGAZINE N'43/NOVEMB < Chanel s'estd'abord trompée,elle a essayéplein de choses,mais elle a eu ce courage de se lancerdans desexpériences qui ont pu être aussides échecs. t> de Chanel sur une vingtaine contraire, le scénario est d'années,période où sedessinent rigidité totale,il faut alors r déjà les grandes lignes de ce se glisser dans cette rigid qu'elledeviendra plus tard. introduire la nuanceau n du jeu lui-même. Comment êtes-vouspassée d'une connsissance de la personne C omment ous pou réelle que Chanel à sa trans- taites-v Jut ser d'un personnoge à un a po sition cînémato gr aphiq ue g ui, Ce n'est pas toujours f nécessairement, exige un choix Juste après le tournage de parmi tous les aspects de ce nel solitaire, j'ai dû rentrer personnage ? I'universde Thomas Mann J'ai vu assezvite ce cui m'inté- tournerun film tiréde son li ressaitdans la vie de bhanel, et Montagne magique. C'est ce que je souhaitais renforcer demment complètement, dans le rôle. Par exemple,je me o rent. Là aussi,j'ai plongédz suis sérieusementbattue pour a lecture du livre et du scér que soit maintenue dans le scé- ! J Ma tactique consisteà m'ir nario une scènequi montre Cha- À gner du personnageet de to nel essayant de devenir chan- <

MARID.FRÂT{GEPI$EN La distinctioncouramment faite entreacteurs intellectuels et acteursspontanésm'agace. C'estune fausseopposition. > ou il est libre, ensuite, de I'ou- crois qu'au début, je choisir blier face à la caméra. Tout beaucoup en fonction du : concourt à ça: la sélectiondes teur en scène ou du scéni costumes,des coiffures, l'étude ensuiteje me suis rendu cor de la démarche,I'approche intel- que je finissaispar privilégi lectuelledu personnage on est ; plaisir que je pensaisretire d'autant plus libre devant la I'expériencede tel ou tel rôl caméra que ce travail-là a été accompli avec minutie. A ce Vous avez souvent tourné moment, dans le jeu lui-même, des metteurs en scène cor on peut faire appel à sespropres Trutfaut, Téchiné, R ivette, émotions, à ses propres souve- <> que <. Mois, l'onnée dern scène. La distinction couram- on vous a vue dans unfeuill ment faite entre acteursintellec- : de la télévision améfict tuels et acleursspontanés m'a- F <>.Est-ce une gace.C'est une fausse opposition. ! lution? Je crois qu'en réalité, un mou- ! Non. C'estle plaisir de I'ac vement constant existe entre ce i o tout bêtement. Pour Scrrlp qui est < préparé>, < intellectua- Chanel et... Chanel vue par Marie Laurencin (1923). il y a eu une série de circ lisé> et ce qui est < naturel >, tances.J'ai eu envie,en 197' < spontané>. ple. Il m'est arrivé en effet de gers. J'ai parfois besoin d'une vivre aux U.s.a. J'ai loué jouer aussipar boulimie de tra- situation d'inconfort. Dans le maison là-bas, j'avais plei Vous uvez décidé de jouer le vail pour ou le plaisir de travail- choix detourner ou non peuvent copains, je m'amusais bi rôle de Chonel parce que sa per- ler. C'estassez compliqué. Quel- aussi entrer des facteurs qui Pour aller aux Etats-Unis,j'i sonnalité vous a intéressée.Est- quefois, j'ai pu, comme comé- n'ont pas de lien direct avec le juste acceptédejouer un rôlt ce que se passe toujours ça dienne,décider dejouer dans des film. Par exemple, I'envie de court dansune sériepour la comme ? qui, ça films au départ, m'étaient tourner à l'étrangerplutôt qu'en Cette proposition de Scrul J'aimeraispouvoir répondreoui. assez antipathiques, avec des France ou I'inverse,de tourner est arrivée ensuite. Le rôle Mais, en fait. ce n'estpas si sim- gensqui m'étaient plutôt étran- avec telle ou telle personne.Je (suiteI NANN.FRAilGEPI$DN ilANE.FRAT{GEPI$EN ( Je veux jouer les méchantes,les drôles, < Sur un plateau, les gentilles,avoir une image éclatée.> il y a une complicité évidentedes femmes

(suite de la p. 43) ulcéréequand on me traitait de amusée, j'ai accepté. J'aime dilettante.Rétrospectivement, je beaucoup jouer en anglais, le penseque c'était vrai. Je n'avais rôle était cocasseet I'idée de pas fait un choix définitif dans m'insérer dans l'énorme machi- ma tête. Je I'ai fait plus tard, nerie d'un feuilleton américain autour de 68, dans un moment m'apparaissaitcomme une expé- où, d'ailleurs,j'avais peu de bou- rience et un enjeu aussi intéres- lot. Mais j'ai travaillé avec des sants qu'un film d'avant-garde. gensqui m'ont plu et qui m'ont Mais, I'an dernier,j'ai aussifait aidée. desfilms qui ne sontpas sortis et où j'ai joué dans des conditions Qu'est-ce qui a lait pencher la financières très difficiles. C'est balance du côté du cinéma ? ainsi. Je ne veux pas être dans Mai 68. Comme tout le monde, I'alternancedu film d'auteurpuis à ce moment-là,j'ai tout remisen du film commercialpour revenir question. Je me suis demandé: au film d'auteur. J'ai envie de < Qu'est-ceque je vais pouvoir pouvoir faire des premiersrôles faire de ma vie ? > Le cinéma et des seconds rôles, des films m'estapparu comme ce qui me Wl,*îrS commerciauxet desfilms d'avant- convenait le mieux parce que garde,de passerde I'un à I'autre c'est à la fois un métier intellec- '*l* le plus simplement possible.Ce tuel on est porteur d'idées- F*, ** "in!-! qui m'ennuieraitle plus seraitde physique- et un métier on tra- {-ræ ".x s me sentir obligée de toujours vaille avecson corps.Je me suis ..-.,,,:t-.- .,. -,..-d;.'!-... ;*.ùl appuyersur la même note, de ne rendu compte que je pouvais Avec Brigitte Fossey incarnant, dons le film, sa tante Adrieni rien me permettre d'autre. Non, m'intéresserà tout en faisant ce je veux jouer les méchantes,les métier, qu'il englobait différents gens ont besoin de retrouver strictementphysique. Par drôles, les gentilles, avoir une ,aspectsde la vie. Et qu'il permet- sur l'écran ce qu'ils attendent. ple, j'ai fait des films où image éclatée. tait de se glisserdans les chaus- Freud dit quelque part qu'une < moche> maisoù je savais suresde personnagesqu'on n'au- partie de la sexualité est une jouais bien. Ça m'a proct Quand vous passez d'un rait jamais le temps d'être parce sexualité répétitive. Le plaisir, plaisir narcissiqueaussi gr tilm < intello >>ù un film plus qu'il faudrait alors avoir vingt c'est de ressentir les mêmes commercial, changez-vous v otr e vies,quarante vies. choses, de refaire les mêmes Pensez-vous que les le façon d'être devont les cuméras gestes.Au cinéma, c'est pareil. metteuses en scène chong ou restez-vous lo même ? Pensez-vous qu'après une dizai- Les spectateurssont contents de cinéma et êtes-vous d'a Je ne vis plus cela comme dans ne d'années de féminisme, queb voir des vedettesdans des rôles aujourd'hui avec celles qu le passé.Il y a eu un moment de que chose a changé pour les qu'ilsconnaissent, qu'ils ont déjà lent d'un cinéma au Jémin ma vie où j'ai ressentila nécessité lemmes au cinémo ? vus et qu'ils apprécient. Il faut Je nesais pas vraiment ce, de travailler avec des gens qui Le fait essentiellementnouveau, donc tenir compte de ce phéno- signifie.Je ne vois pasce ql m'étaient très proches, comme c'estque lesfemmes osent davan- mène. Par ailleurs, depuis dix de commun par exemple Truffaut ou Rivette,des gens qui tage dire . Avant, elles le ans, des femmes sont devenues Nadine Trintignant et Mi m'ont fait beaucoupde bien. Je disaientà traversdes mots et des des vedettestout en ne répon- rite Duras. Ce sont deux fe me suis sentierassurée de parti- jeux masculins.Maintenant, elles dant pas aux caractéristiques totalement différentes qu ciper à des produits dits de qua- peuvent le dire à travers leurs traditionnelles de la star. Le des films totalement difft lité. Sans doute, était-ce une mots et leursjeux à elles,y com- mécanisme d'identification En revanche,il y a une c( période où je n'avaispas totale- pris à traversles rôlestradition- continuemais le contenude cette cité évidentedes femmesr ment confianceen moi, comme nelsde mères,de séductricesou identification a changé. Par plateau, semblableà la cr comédienne. J'avais besoin de de putains, etc. Il est évident exemple, les critèresde beautése cité qui peut exister, dans me sécuriser avec l'image de aussi que les comédiennespeu- sont modifiés. En même temps, entre les femmes. Persor marque d'un metteur en scène. vent davantagejoueren fonction pour I'actrice,il y a toujours une ment, je n'ai jamais tourn Aujourd'hui, c'est différent. Je de leur âge.A 40 ou 50 ans, une part de rêve, une part de soi la direction d'une femme. fais mon travail de comédienne actrice, aujourd'hui, n'est plus qu'on fantasme comme terri- j'imagine que c'est ça qui de façon plus indépendante. une grand-mère.Ça correspond blement belle ou terriblement d'abord. Une complicité Peut-être est-ce là très préten- d'ailleurs à une évolution géné- réussie,une part qu'on a enviede vis à chaque fois quej'ai dt tieux de ma part maisj'ai le sen- rale de la société. Une autre voir à l'écran. tenaires femmes. Par ext timent d'imprimer ma marque à chosea changé: c'estI'image de dans Chanel solitaire. 1l se n'importe quel rôle. Et ceque j'ai la star. Auparavant,on pressait Générulement, lepublic, les cri- quelquechose entre Brigitt envied'y apporter de moi vaut le les comédiennes,on se servait tiques vous trouvent belle. Est-ce s.eyet moi qui ne relève tr coup d'êtretenté. Cette espèce de d'ellespendant deux ou troisans important pour vous, sécurisant scénarioécrit maisd'un écl systèmede protection ne m'est de < starité> absolueet. ensuite. ou agaçant ? d'un contact particulier donc plus nécessaire. plus rien. Désormais,c'est diffé- J'ai fait certains films avec I'en- rapport entre les femmes rent. Les comédiennes elles- vie d'y être belle,c'est vrai. Belle beaucoupplus fortement r Vous uvez eu besoin de cette mêmesont réagi.Elles ont com- pour soi, pour les spectateurset dix ans. <> au moment où pris qu'une carrière pouvait, mêmepour l'équipeavec laquelle vous n'étiez pas totalement devait, s'étaler sur un temps le travail se fait. On sait aussi Vous avez été dans les ann sctrice ? beaucoupplus long. Encoreque quand une scèneest efficace ou une militante Jéministe coi Oui, pendant septans, j'ai étéà cesoit trèscompliqué. Parce que ne I'estpas. On estportée, grati- cue. Et maintenant ? la fois étudiante en droit et le public restefidèle à la notion fiée, par le plaisir des gensmais J'ai été effectivement trèr comédienne.A l'époque,j'étais de < starité>. Je pense que les cette ( beautéD peut ne pas être tante au M.l.f. dans sesd

F MAGAZINE N.43/NOVEMBRE I98I F MAGAZINE N.43,'NOVEMBRE I98I IITARIE- FNAT{GE PISIEN ABONNEZ-VOUSAu Il y a comme une forcequi m'est venue du féminismeet qui m'aidecontinuellement.

dtbonnement: I AN:103 F T.T.C. 0t numérosdont I double) JOIGNEZVOTRE PAIEMENT

. Froisde port pour envois ù l'étrongerel lesDOM-TOM : o PARTRAIN/BATEAU: * 20 F. . PARAVION: nous consulter

a > ABOilNËESN'OUBI.IEZ PAS dC loindreà toute correspondancela Et je le suis toujours, mais ple, j'ai pleuré à cause des dernièreétiquette d'expédition de autrement. A mon avis, le machos,seule, dans ma chambre F. MAGAZINE.Outre vos nom et moment de la lutte collectivea parce que je ne savaispas leur adressecette étiquette comporte sur été tout à fait important, néces- répondre.Maintenant, c'est tout sa partiesupérieure une lignede saire pour obtenir satisfaction à fait différent. Je les traite sur le codesqui nouspermettra de vous dans un certain nombre de mode ironique,je saisquels sont satisfaireplus rapidement. domaines.Il était important de lesmots qui peuventles atteindre Pourque le phisir Mercid'avance. hurler,de fairesauter la marmite et lesfaire taire.Il y a commeune Pemporte. Vous pouvezaussi nous téléphoner pour dénoncer I'avortementou force qui m'est venue du fémi- Pourquoilaisser un au376.84.03. la situation des filles mères ou nismeet qui m'aide continuelle- troublebanal et le plus passagergâcher obtenir des droits tels que l'éga- ment. souvent a votreplaisir? lité des salaires. Il fallait que Unaccouchement, une SIVOUS CHANGEZ DADRESSE, lesfemmes soient ensemble pour Des projets ? interventronchirurgiæle, utilisezle formulaire ci-dessous pour ouvrir desportes. Elles I'ont été. Après /a Montagne magique, I'approchedela ménopause nouscommuniquer votre nouvel[e Après, il faut avancer et cette sansdoute une comédiefranco- outout srmplement le surmenagepeuvent rendre adresse.(N'omettez pas d'y joindre avancée est plus individuelle, américaine.D'autres possibilités lessécrétions vagrnales votredernière étiquette d'expédition). plus quotidienne.Je pensequ'il encoremais qui ne sont pasassez insuffisanteset les rapports existe une dialectiqueentre des précises pour que j'en parle sexuelsdifficiles. gel mouvements collectifs pour maintenant. TRY lubrifianthydro' soluble,palliecette gêne sr dénoncerI'oppression, I'injustice, fréquenteen tapissant la obtenir les droits, et la façon Et le théâtre ? muqueused'un film hydra- quo- faire du tantinsoupÇonnable touten *t dont on incarne,dans la vie J'aimerais beaucoup privée profession- Mais c'est difficile, au respectantlaflore naturelle. I tidienne, ou théâtre. Trèsagréable d'emploi I nelle, une nouvelle façon d'être, milieu des tournages.Je trouve et délicatementparfumé, I nouveaux comportements. que deux actricesne TRYne graisse pas, ne tache I de dommage Actuellement, dans les milieux puissentpas travailler en même paset s'élimine à I'eau. Aucunecontre-indication - Adr.t* privilégiés, le mien, le vôtre, tempsun rôle et lejouer en alter- I Fossey.qui gel _l beaucoup de choses ont été nance.Avec Brigitte Tly, lubrifiant intime I obtenues.C'est à nous, en tant est une grande amie, nous sou- I que personnes,qu'individus, de haiterionstenter une expérience L..l,t. I les réaliser.Evidemment, ce n'est de ce genre. J'en ai récemment I pas vrai pour toutes lesfemmes, parlé à un directeur de théâtre mais pour nous I'est. On ne qui m'a répondu : < Tu es c"d.p"'ld ça I pas passer folle. En France, I peut notre temps à complètement -i regarderen arrière ni à brasserde lesspectateurs ne sont pasprêts à B*.r" d,rtrù"t.* grandesidées. Il faut réaliserdes Dasserd'un acteur à un autre. > I changementsdans sa vie, dans Voilà, en France,tout estun peu *-i lesrapports avec les gens aujour pesant. Un des aspectspositifs i à ,eiournerà F. MAGAZINI ç i le jour. Le féminismem'a armée des U.s.a., c'est justement une Venteen pharmacie | il;;";";,;; rl pour ma vie quotidienne, pour plus grande liberté, une plus i it. coursdes fuilliottes ! mon comportement quotidien. grande ouverture. A un tas de L_Lolo:yg':"1'jltg'l-..gl.l_j Pendant des années,par exem- conneriesd'ailleurs aussi... F F MACAZINE N" 43/NOVEMBRE