Typologie Phytosociologique Des Végétations Agropastorales Du Massif Des Vosges
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Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne et du nord-est de la France, 14, 2016 Typologie phytosociologique des végétations agropastorales du Massif des Vosges par Rémi Collaud, Yorick Ferrez, Nicolas Simler et Mathias Voirin avec la collaboration de Joachim Cholet, Christophe Hennequin et Julie Nguefack Collaud Rémi, Conservatoire botanique national de Franche-Comté - Observatoire régional des invertébrés, 7 rue Voirin, F-25000 Besançon Courriel : [email protected] Yorick Ferrez, Conservatoire botanique national de Franche-Comté - Observatoire régional des invertébrés, 7 rue Voirin, F-25000 Besançon Courriel : [email protected] Nicolas Simler, Conservatoire botanique d’Alsace, 1 Place Adrien Zeller F-67000 Strasbourg Courriel : [email protected] Mathias Voirin, Pôle lorrain du futur Conservatoire botanique national du Nord-Est, 100 rue du Jardin botanique F-54600 Villers-lès-Nancy Courriel : [email protected] Résumé – Cet article expose les principaux résultats obtenus dans le cadre d’un important travail de typologie phytosociologique concernant les milieux ouverts du massif de Vosges mené sur une période de quatre ans (2013-2016) par les botanistes-phytosociologues des trois Conservatoires botaniques d’Alsace, Lorraine et Franche-Comté. Cette typologie se fonde sur 1450 relevés phytosociologiques mobilisés à partir de la bibliographie, mais s’appuie également sur 800 relevés originaux effectués sur la base d’un échantillonnage stratiÄé. À l’issu de ce travail, 64 associations de prairie et végétations liées ont été identiÄées. Parmi elles les landes ont fait l’objet d’une attention particulière car elles nécessitaient une importante clariÄcation syntaxonomique et nomenclaturale. Six associations de lande sont ainsi reconnues dans les Vosges. Comme cela a été admis par de nombreux auteurs, l’altitude est le principal facteur de différenciation. Plusieurs associations et sous-associations de pelouses et prairies inédits sont également proposés, issus pour la plupart des travaux de Carbiener (1966) et Muller (1986). Mots-clés : phytosociologie, Vosges, prairies, landes, pelouses. Référentiel utilisé : Taxref v9 (Gargominy et al., 2015) Introduction succédées et s’accélèrent depuis et Lorraine était d’élaborer un réfé- une vingtaine d’année à l’échelle de rentiel phytosociologique des milieux es végétations des Vosges ont sites protégés. Si certaines régions agro-pastoraux (prairies et végéta- fait l’objet de nombreuses naturelles des Vosges (hautes-Vos- tions associées) du massif des Vosges. L études phytosociologiques ges) ou certains types de végéta- Ce travail a été mené par plusieurs pendant près d’un siècle. Depuis les tions (tourbières, forêts, landes) botanistes-phytosociologues des trois travaux précurseurs d’Issler (1922 ont vu se relayer quelques phyto- Conservatoires sur une période de à 1928) et de Malcuit (1929), sociologues, plusieurs secteurs ont quatre ans (2014-2016) dont deux puis la période intermédiaire avec été curieusement délaissés. saisons de terrain. La présentation Carbiener (1966), aux travaux plus de la dition, de la méthodologie et modernes de Muller (1986, 1989) L’objectif de l’étude menée par l’ensemble des résultats sont plus ou Trivaudey (1997), les produc- les trois conservatoire botaniques amplement exposés dans Ferrez et tions phytosociologiques se sont œuvrant en Alsace, Franche-Comté al. (2016). 139 Typologie phytosociologique des végétations agropastorales du Massif des Vosges Localisation de la zone d’étude La zone étudiée correspond à l’en- semble du « massif des Vosges » au sens de la convention de massif et inclut le massif vosgien et le Jura alsacien. Les Vosges constituent un massif de moyennes montagnes tempé- rées, situé au nord-est de la France et partagé entre trois territoires : la Lorraine, l’Alsace et la Franche- Comté et deux grandes régions administratives : le Grand Est et la Bourgogne-Franche-Comté. Il est délimité à l’ouest par les plateaux Figure 1 : exemple de patron d’échantillonnage pour la prospection des milieux lorrains, à l’est par la moyenne vallée ouverts au sein d’une maille Lambert 93 en Alsace. du Rhin et au sud par les contre- forts du Jura alsacien et suisse. lignes de crêtes qui constituent des de géologie, d’altitude, de topogra- prolongements vers le sud. L’une phie et d’exposition. Ce sont les Du nord au sud le massif peut s’oriente vers le sud-ouest jusqu’au milieux ouverts ainsi repérés qui être divisé en trois (quatre si on Ballon d’Alsace (1247 m), l’autre ont été prioritairement prospec- compte le Jura alsacien) zones géo- prend une orientation sud-est, tés en veillant à répartir l’effort de graphiques : pour se terminer au Grand Ballon prospection sur les différents com- – les Vosges du nord, qui consti- (1424 m), point culminant du partiments précartographiés. tuent la partie la plus septentrionale massif. Cette partie méridionale Les relevés ont été traités par des et la plus basse, où les sommets ne fait partie du Parc naturel régio- techniques d’analyses multivaria- dépassent pas 600 m. Elle s’étend nal des Ballons des Vosges. bles combinées à un tri manuel de la frontière avec l’Allemagne – le Jura alsacien est situé à l’extré- des tableaux. jusqu’au col de Saverne. Par ailleurs, mité septentrionale du massif juras- Le rattachement des syntaxons élé- ce territoire constitue depuis 1975 sien, au sud de l’Alsace et s’adosse mentaires ainsi identifiés a néces- le Parc naturel régional des Vosges à la Suisse. sité une comparaison aux descrip- du Nord ; tions de la littérature. Les recher- – les Vosges centrales qui s’éten- ches ne se sont pas limitées aux tra- dent de Saverne à la vallée de Sainte- Méthode vaux menés dans les Vosges mais Marie-aux-Mines, où les altitudes y ont également intégré les princi- La typologie se fonde sur 1450 sont plus élevées : jusqu’à 1099 m pales références des régions voisi- relevés phytosociologiques issus au Champ du Feu ; nes. Une importance particulière de la bibliographie et sur 800 rele- a été accordée à l’analyse des des- – les Vosges du sud qui constituent vés originaux établis en 2014 et criptions originales et des tableaux la crête principale orientée nord- 2015. Ils ont été effectués sur la princeps. est/sud-ouest. C’est aussi dans cette base d’un échantillonnage strati- région que le massif est le plus étendu fié, basé sur un inventaire systé- d’ouest en est, soit une soixantaine matique de mailles de 10 x 10 km de kilomètres. Cette crête est consti- (soit 101 mailles) correspondant tuée d’une série de « ballons », au au carroyage Lambert 93 et sur sein duquel le Hohneck (1361 m) une précartographie des compar- a une position centrale, et repré- timents écologiques fondé sur les sente le deuxième plus haut sommet informations d’occupation des sols, des Vosges. Viennent ensuite deux 140 Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne et du nord-est de la France, 14, 2016 Liste commentée dition ou en périphérie sont évo- associations ont été mises en évi- des végétations quées dans un chapitre distinct dence dans le massif vosgien. pour chacune des classes à la suite agropastorales des des notules. t Alchemillo xanthochlorae – Vosges et du Jura Arrhenatheretum elatioris Sougnez alsacien Les Arrhenatheretea in Sougnez & Limbourg 1963 elatioris Braun-Blanq. ex Synonyme : Holcetum lanati Issler Les associations et groupements Braun-Blanq., Roussine & 1937 p.p. nom. ambig. propos. identifiés dans la dition sont pré- Nègre 1952 Ce syntaxon, initialement décrit en sentées par classes phytosociologi- Belgique, n’est reconnu en France ques. Leur répartition est précisée, Cette vaste classe d’extension euro- que dans le quart nord-est. Il est complétée si nécessaire d’autres sibérienne regroupe l’ensemble des largement répandu dans les vallées remarques. Les nouveaux noms prairies pâturées et fauchées méso- vosgiennes, principalement au sud de syntaxons et les validations des philes à mésohygrophiles. Cette de la dition, où il est commun en- noms inédits sont listés à la fin du classe a fait l’objet d’une importante dessous de 500 m d’altitude : dépres- document dans le chapitre « Notes synthèse à l’échelle européenne (de sion sous-vosgienne, haute vallée nomenclaturales ». Les associa- Foucault, 2016) dont nous repre- de la Saône, vallées de la Doller et tions non reconnues mais dont la nons la synsytématique et l’essentiel de la Thur (en amont de Thann). présence a été mentionnée dans la des choix nomenclaturaux. Treize Plus au nord, on le retrouve sur la Synsystématique : Arrhenatheretea elatioris Braun-Blanq. ex Braun-Blanq., Roussine & Nègre 1952 Arrhenatheretalia elatioris Tüxen 1931 Arrhenatherion elatioris W. Koch 1926 Colchico autumnalis – Arrhenatherenion elatioris B. Foucault 1989 – Alchemillo xanthochlorae – Arrhenatheretum elatioris Sougnez in Sougnez & Limbourg 1963 Trifolio montani – Arrhenatherenion elatioris Rivas Goday & Rivas-Mart. 1963 – Arrhenatheretum elatioris Braun-Blanq. 1915 ex Scherrer 1925 – Centaureo nigrae – Arrhenatheretum elatioris Oberd. 1957 – Galio veri – Trifolietum repentis Sougnez 1957 Rumici obtusifolii – Arrhenatherenion elatioris B. Foucault 1989 – Heracleo sphondylii – Brometum mollis B. Foucault 1989 Triseto flavescentis – Polygonion bistortae Braun-Blanq. & Tüxen ex Marschall 1947 Lathyro linifolii – Trisetenion flavescentis Dierschke ex B. Foucault 2016 – Meo athamantici – Festucetum rubrae Tüxen ex Bartsch & Bartsch 1940 Alchemillo monticolae – Trisetenion flavescentis Ferrez 2007 – Alchemillo monticolae – Brometum