MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Marc JOUBERT Né le 14 juillet 1927 Guide de Haute Montagne à Rive de Gier 42

Pourquoi j’aime gravir les sommets !

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Pour mes enfants et mes petits enfants, et mes ami(e)s de la montagne.

SOMMAIRE

Chapitre I : Comment j’ai eu la révélation du rocher ? (Le déclic !).

Chapitre II : Mon armée aux Chasseurs Alpins. (Les camarades, l’Autriche, les manœuvres …).

Chapitre III : Mon Brevet de Guide de Haute Montagne.

Chapitre IV : Description de quelques-unes de mes plus belles courses. (La Bérarde, le Chardonnet, la Traversée Nonne-Evêque, le Dru face ouest, L’arête sud de la Noire, le tour du , …).

Chapitre V : Le ski de raid. (-Zermatt…)

Chapitre VI : Randonnées pédestres. (Les Calanques…)

Chapitre VII : Expéditions à l’étranger.

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Marc JOUBERT Guide de Haute Montagne

Chapitre I :

COMMENT J’AI EU LA REVELATION DU ROCHER ?

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MA DECOUVERTE DE LA MONTAGNE.

Je me souviens, c’était en 1943 que j’ai connu l’escalade dans la carrière du Mouillon à RIVE DE GIER. J’avais 16 ans. C’était un amoncellement de blocs de grès qui ont écorché pas mal mes genoux. Une corde, qui était plus une corde à faire des bottes de foin, que j’avais achetée chez le quincaillier du coin, a été mon premier accessoire de grimpeur avec des espadrilles de corde. Ce n’est que quelques semaines plus tard que j’allais avec ma petite amie Suzanne, qui deviendra ma femme, au rocher d’Hérode, près de Vienne. Nous partons en vélo de Rive de Gier, cela faisait 20 km. C’était une école de granit avec cheminées et dalles aux petites prises. Il y avait une dent, sorte de monolithe qui était assez dure, un surplomb surmonté d’une fissure. Nous grimpions toujours sans piton, et l’assurance était faite à l’épaule autour d’un bloc. Dieu était avec nous, et cela nous arrangeait bien.

Puis je connus l’école de Rochetaillé à Roche Corbières près de St Etienne. C’était un magnifique groupe rocheux de granit aux prises horizontales, des biais, des fissures, des cheminées, des surplombs, des dalles, dont une grande surplombante où nous pouvions faire de l’artificiel. Là tout de même, j’avais quelques pitons, des mousquetons, un marteau, et toujours la même corde. Je grimpais avec Suzanne aussi passionnée. Nous allions en vélo plein d’entrain, nous grimpions toutes les voies. Nous rentrions les mains sentant la bruyère.

Je ne sais pas pourquoi mon fils Bruno tient absolument à ce que je raconte, comment j’ai été à la montagne. J’y ai consacré une partie de ma vie, j’ai marché, j’ai eu le loisir de faire les plus beaux sommets des Alpes, le Groëland, le Pérou. J’ai eu la vision des grands espaces, et l’élan vers les sommets a été fulgurant. Mais je ne saisis pas bien à 73 ans ce que je peux raconter…Certains écrivent des livres, pour simplement dire leur expédition, mais comment écrire toute une vie consacrée à la montagne, pour un gars de la ville comme moi, qui n’avait que le Pilat pour s’évader et apercevoir au loin, les Alpes. Je n’avais qu’une connaissance géographique de cette région à 16 ans. Je regardais les cartes Michelin, je dévorais déjà des livres pouvant me rapprocher par la pensée de ces montagnes : « Face Nord de St Loup ». J’ouvrais ce livre, je rêvais, j’ai écrit sur la page de garde : « Là-haut où les vents passent avec violence, où la lumière est intense et l’air éthéré, l’homme se sent meilleur et fort. Loin des bassesses et des vulgarités, il a choisi une vie exceptionnelle d’énergie et de volonté, qui, à travers mille difficultés, le conduit à la conquête d’un splendide idéal. Là-Haut, tu trouveras un autre monde qui n’est pas celui des humains ».

J’étais alors au scoutisme empli d’idées sublimes, héroïques parfois. Pour nous les jeunes, qui étions en pleine occupation, nous étions privés de circuler, nous n’avions pour tout horizon, que les crêtes du Pilat où nous allions souvent nous balader. Et puis il y avait l’école. Ah ! Descendre le Mouillon à pied en courant quelquefois jusqu’à la rue

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Victor Hugo où se trouvait l’école Pratique, ou en vélo avec des pneus cousus l’un sur l’autre en intercalant les trous. Ceci me donnait pour mon âge un entraînement valable, avec la gym au Mollard, le scoutisme, le jardin, le ravitaillement à assurer tous les 15 jours, en voilà assez pour avoir de bons muscles.

Mais comment aller en montagne ? Elle était à 250 km de chez nous. Il me fallait trouver un terrain qui soit approprié à mes ébats. C’est lors d’un camp de vacances organisé par l’entreprise où travaillait mon père, que je découvris enfin la vallée de Chamonix. Partis par un train des plus rapides ( !), 10h pour aller à Chamonix le chef Hissler et la cheftaine Spekel qui je crois se planquaient des Allemands, nous font découvrir de merveilleux coins. Nous emportons nos vélos et faisons de belles ballades. Il faut que je vous raconte ce camp. A Annemasse, nous montons sur nos vélos et allons dans un chalet isolé du massif des Voirons. En montant sur la chaîne de ces montagnes, nous avons une large vue sur le Salève et le Mont-Blanc au loin, avec toutes ces aiguilles à ses côtés. Nous restons pour faire la corvée de bois, les pluches, nous installons une cuisine à l’extérieur, pour une équipe de 12 personnes envoyées par l’usine du Duralumin. Nous faisions de grandes ballades dans les bois. Cela nous entraînait pour la randonnée sur le cirque du Fer à Cheval. C’est là que la montagne m’a donné comme un coup de poing en moi-même. Le long de ces rochers verticaux coulaient de grandes cascades, qui éclataient avec puissance pour former le Giffre. Ce torrent abondant roulait dans la vallée qui possédait une station de ski. Au bout de trois jours, nous sommes repartis vers Lucinges, plein les yeux de belles images. Un autre séjour au bord du lac Léman nous fit passer quelques jours à Excenevex. Mais le grand moment arriva. Nous primes le train pour découvrir la haute montagne. A St Gervais, le petit train de Vallorcine, vrai train du Far-West, nous emmènent aux Houches. Ici, la splendeur de la montagne est écrasante. Nous étions installés dans un chalet chez Désailloux, et je me rappelle sa grange où nous couchions dans nos duvets. Le lendemain nous sommes montés au Prarion, avec une vue magnifique sur le Mont-Blanc et sa vallée. Là, j’ai senti vraiment l’appel de la montagne. Puis nous sommes montés au Brévent par le téléphérique. La vue magnifique, face au plus beau sommet d’Europe, m’a donné alors la révélation de la grimpe dans ces grandioses paysages.

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MES PREMIERES COURSES EN MONTAGNE.

De retour à Rive-de-Gier, au Mouillon, dans la résidence de mon père, je me suis un peu équipé pour grimper. Oh, je ne savais pas en ces temps troublés, ce qu’il fallait prendre comme matériel. Une simple corde de 30 m en chanvre, quelques mousquetons en acier. C’est dans cette carrière non exploitée, composée de roches tendres qui ont servi à construire l’église de Rive-de-Gier, que je me suis entraîné pour la première fois sérieusement en escalade.

Je retournais faire de l’escalade à Roche–Corbière. Vraiment vertical ! Des plaques, des fissures, des surplombs, nous grimpions déjà en technique, ma fiancée Suzanne toujours avec moi et c’est bien la seule cordée mixte, qui évoluait dans le secteur à ce moment là. Nous y montions en vélo, 44 km aller et retour ne nous faisait pas peur, nous grimpions plein d’entrain toute la journée. Il y avait toujours dans ce lieu une odeur particulière, celle du thym et du sapin que nous ramenions chez nous.

Un jour, je vois venir un gars, avec qui je me lie d’amitié immédiatement. Il était bien équipé, pitons, mousquetons de tailles diverses, rangés sur une longe, qu’il portait en bandoulière, un marteau à bec passé dans une poche spéciale de son pantalon. Mais il était seul. Je lui proposais de grimper ensemble, toute la journée nous avons escaladé. Il disait que je grimpais bien et souvent je passais en tête. L’après–midi, nous avons fait le grand mur en artificiel, c’est surtout dans les relais qu’il m’apprit à faire vite, la corde déjà lovée quand j’arrivais, je repartais. Il me dit : « Tout est bien, prends la suite, nous faisons une belle cordée rapide et sûre ». Ce fut une très belle journée. Il m’avait appris beaucoup et surtout il me parlait des falaises grandioses au Vercors. Il était étudiant en géographie et habitait Valence. Il portait un nom prédestiné pour l’avenir en montagne. II s’appelait Jean-Louis BERNEZAT. Nous allions devenir amis. De plus il bivouaquait dans la grotte. J’étais tout étonné, je lui dis que je reviendrais le lendemain. A 7 h je sautais sur mon vélo, j’avais tout le dimanche à passer avec lui, Je ne saurais assez le remercier de cet élégant parcours que nous fîmes encore. Je lui dis que l’on se reverrait en vraie montagne. Je ne croyais pas si bien deviner ; après l’armée, je fus guide et lui aussi, si bien que nous allions parcourir beaucoup de sommets ensemble.

Vers 1946, je connus Maurice Villot, avec qui je partais en train travailler à la S N C F. Nous sommes allés à Torcieu. C’est là que j’ai fais la connaissance du calcaire, des petites prises, des surplombs. Nos étriers nous permettaient d’en sortir rapidement, ensuite nous grimpons à la verticale et « à la cathédrale ». Le 15 mai 1947, Francis Pernon, un gars du CAF de Lyon, qui ne dévoile ses courses que lorsqu’il en est revenu, me demande, avec Maurice Villot, de venir faire la face Est de la en Chartreuse. Là, nous allions voir de la vraie verticale dans la

31/05/19 110 6 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 voie des 7 cheminées. Nous partons au train de 4h du matin de Lyon, pour débarquer à Grenoble et aller à St Hilaire du Touvet en car. Nous montons rapidement par un sentier malaisé jusqu’aux grottes où nous passons un bivouac excellent. Sur le réchaud des paras américains, nous nous faisons un bon déjeuner. Très peu de marche d’approche et nous nous élevons à la verticale dans du calcaire très bon. Nous sommes encordés à trois et nous observons toutes les règles apprises dans les livres et sur le terrain. Nous nous engageons dans la première cheminée, mais de là-haut, une cordée grenobloise nous envoie des pierres, heureusement sans nous toucher. La grande cheminée très profonde est vite avalée, si ce n’est qu’au sommet, un grand surplomb en barre la sortie. Faisant appel à toute notre technique, nous en arrivons à bout. Quelques rochers nous amènent vers une piste minuscule et nous sommes au sommet. Nous redescendons sur le col du Coq et ensuite vers la route de Grenoble. Bien fatigués mais heureux, car nous avons réussi une très belle course. Nous nous retrouvons en gare de Grenoble et rencontrons Michon, qui vient de faire les trois Pucelles. Donc, bonne journée pour la grimpe lyonnaise !

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LE MONT-BLANC ET LES PYRENEES

LE MONT-BLANC

Avant de partir pour l’armée et les chasseurs alpins, je voulais faire un gros coup. Nous partîmes à cinq, avec Suzanne qui, soi-disant, devait visiter Annecy. J’avais organisé à peu près notre périple. Je pris Jo Fournand, Belmonte et Carraz. C’était le 15 août 1947. Je fis deux paires de crampons à dix pointes en fer forgé, avec des lanières, cela pouvait aller. Nous avons tous des piolets et nous voilà partis pour le Mont-Blanc, munis d’une carte Michelin et d’une carte au 1/80.000, Un sac léger et 2 jours de vivres, des gants bien sûr et des godasses montantes à clous, des lampes de poche pour nous éclairer dans le refuge et lors de la marche de nuit, une boussole qui devait nous donner le nord. J’avais appris aux scouts comment orienter une carte. Nous avions confiance au temps et surtout nous comptions sur une trace qui serait évidente.

Nous partons donc de Rive-de-Gier via Lyon et rejoignons au bout de 8h de train pour 225 km ! Nous couchons dans une grange pour récupérer. Nous prenons le téléphérique qui nous amène à la station du T.M.B.. Nous suivons la voie ferrée qui nous emmène au nid d’aigle. La montagne est bien là, l’ à notre droite, devant nous l’aiguille du Goûter et toute la chaîne des aiguilles à notre gauche. Suzanne toujours en forme veut continuer jusqu’au refuge du Goûter. Allons-y ! Nous passons à Tête Rousse où nous mangeons un morceau. Nous suivons la trace seuls, bien entre nous, néophytes de la Montagne. Nous nous engageons dans le grand couloir neigeux, quelques pierres roulent, et juste à la fin une canonnade pas croyable se détache de très haut, vite chacun à l’abri d’un bloc, rien ne nous atteint et la corde est encore intacte. Bien les uns derrière les autres, les anneaux à la main, nous montons cette aiguille facilement. L’altitude ne se fait pas encore sentir et nous arrivons au refuge du Goûter. Il y a beaucoup de monde. Nous faisons un souper des plus rapides. Nous bénéficions encore d’un bon soleil mais la nuit commence à venir. La lune se lève, pressentant une belle journée pour le lendemain. Nous couchons tête-bêche selon l’ordre du gardien dans l’ancienne cabane. Levés à 1h du matin, nous essayons de manger un peu et boire de l’eau chaude. Nous montons sans peine le dôme du Goûter. Le groupe marche bien, la trace est bonne, beaucoup de monde, les lumières des cordées s’échelonnent, Dieu est avec nous, car nous partons vraiment légers. Au col du Dôme, nous cassons la croûte et reprenons la trace qui monte à Vallot. Dans la neige qui nous arrive aux genoux, nous nous élevons par l’arête des Bosses. Le paysage est grandiose, nous n’avons jamais vu cela. Nous regardons où nous mettons les pieds et insensiblement, nous arrivons au sommet. Tout le monde s’embrasse. Un petit en-cas est vite avalé et nous commençons la descente. C’est là que nous nous apercevons de notre erreur : 2 paires de crampons manquent. Suzanne va très bien, on dirait qu’elle a fait ça depuis

31/05/19 110 8 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 longtemps. Le temps est très beau, il ne fait pas froid. Nous nous arrêtons souvent pour reprendre haleine, nous repassons au col du Dôme, en direction des Grands Mulets.

Le grand plateau est franchi et dans un dévers accentué, nous voilà tous partis en glissade. Freinant avec nos piolets, nous nous arrêtons heureusement pas loin d’une crevasse très profonde. Nous comptons nos plaies et nos bosses. Suzanne a reçu des crampons sur la tête, nous la soignons et lui mettons un bonnet. J’ai la cheville gauche foulée, mais je peux encore marcher. Les autres ont des égratignures sans dommage. Heureusement, une échelle est là en travers de la crevasse. Nous l’empruntons avec soulagement, puis quatre autres échelles. Enfin nous avons traversé le Glacier de la Jonction qui nous faisait souci. Comme un coup de canon, une chute de pierres se déclenche, à l’entrée du sentier. Nous nous abritons sous un gros rocher. Nous apprenons plus tard que des travaux étaient en cours pour la construction du téléphérique de l’. La montagne nous salue pour nous dire au revoir. Nous reviendrons mieux équipés, c’est promis. Nous prenons le téléphérique qui passe à la Para et nous nous trouvons aux Pèlerins. Ma cheville est terriblement enflée et toute bleue. Des gens sympathiques m’indiquent un rhabilleur qui me soigne de son mieux. Je boîte terriblement, et je me repose pendant que Suzanne va visiter la avec les copains. Nous nous retrouvons tous dans la grange du curé, aux Houches. Nous mangeons nos dernières réserves. Une bonne nuit puis nous repartons à Rive-de-Gier. Ma belle-sœur est rassurée, car elle, elle savait notre projet de faire l’ascension du Mont- Blanc.

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CAMP DES PYRENEES AVEC LES SCOUTS

On en a assez de camper dans la plaine, nous voulons aller en montagne et loin. Nous choisissons les Pyrénées. Ce sera le dernier camp avant le régiment. Nous déployons la carte Michelin et cherchons un itinéraire. Celui-ci passera par Lourdes et le Vignemale. Nous nous donnons rendez-vous à Lourdes, car nous partons à des jours différents. Je vais d’abord à Biarritz, cela me fait 16h de train. A l’arrivée, je me précipite vers l’océan que je vois pour la première fois. C’est très impressionnant, c’est immense, l’eau semble s’élever jusqu’au ciel. Je vais au rocher de la Vierge et j’assiste à l’arrivée de la marée, chose étrange et superbe. J’admire le coucher du soleil sur la mer. Je reprends mon sac et me dirige sur Pau, où je passe la nuit sur un banc de gare, roulé dans ma toile de tente. En suivant le boulevard des Pyrénées, je découvre le château d’Henri IV et la montagne en arrière plan. Je retrouve les copains dans le train, nous arrivons à Lourdes.

Rapide visite à la grotte de la Vierge et nous repartons pour Cauteret. Là, nous cherchons un lieu de camp au TCF (Touring Club de ). Lundi 4 /8/1947, nous allons en direction du lac de Gaube où nous prenons un bain réparateur, ne nous étant

31/05/19 110 9 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 pas lavés depuis 4 jours. Nos sacs sont lourds, 25 kg. Nous avons 6 jours de vivres. Au loin, un but : le Vignemale. D’un pas montagnard, nous arrivons au plateau des Houlettes. Un camp de parachutistes est installé. Ils nous indiquent l’itinéraire du refuge de Bayselence. Par des éboulis pierreux, nous arrivons au col d’Ossue. Un névé se présente. Nous sommes vraiment en haute montagne et nous arrivons au refuge. Il est noir car recouvert de goudron, immense cabane demi-ronde très propre à l’intérieur. Nous nous installons et savourons un bon repas. Nous accédons aux couchettes supérieures par une échelle en fer. Nous passons une nuit excellente, malgré l’orage qui sévit. Mardi 5 août 1947, nous nous réveillons à 4 h du matin. Nous déjeunons d’un café avec du rhum et quelques tartines de beurre. Nous partons à trois, Marcel, Paul et moi. Nous emportons les piolets et une corde de 12 m, et aussi un peu à manger. En direction du Petit Vignemale, nous descendons une légère fissure, et nous voici sur le glacier qui nous mène au sommet, à 3.298 m. Nous admirons le massif du Mont Perdu, le cirque de Gavarnie, les Pyrénées s’offrent à nos yeux éblouis. Casse-croûte au sommet. Tout est si simple après la libération. Nous prenons nos piolets, et redescendons le glacier du Vignemale. Marcel, Paul et moi sommes heureux d’avoir fait un sommet si loin de chez nous. Les autres qui se sont dégonflés, pris de remords, ont fait le Petit Vignemale. Nous saluons le gardien. Accidentellement, nous cassons une bouteille d’huile bien précieuse. Sans prendre le même itinéraire, nous descendons par la grande vallée d’Ossoue qui mène à Gavarnie. Nous cherchons du pain, pratiquement introuvable, des pommes de terre, des fruits, du fromage. Notre camp est vite installé sous les arbres et las, nous nous endormons sous les étoiles. A 8h, une avalanche nous réveille. Avec Marcel, nous regardons ses immenses blocs dévaler, dans une poussière très épaisse.

Nous montons à la grande cascade, 112 m de haut qui nous arrose avec ses embruns. Huit cascades coulent sur des parois gigantesques. Nous redescendons par les lacets du sentier. Aujourd’hui, c’est jour de repos; pas pour moi. Je demande qui veut venir à la Brèche de Roland, personne !…Tant pis, j’y vais tout seul, avec un tube de Destrosport dans la poche et quelques biscuits. Du cirque que l’on traverse complètement, on monte par un éboulis face à la grande cascade, puis on emprunte des gradins qui bientôt s’arrêtent. C’est là qu’il faut prendre à gauche par l’arête des Sarradés, et ne pas monter dans une sorte de couloir où se trouvent des crottes de chèvres, je me sens bloqué avec l’arrête des Sarradés à gauche et la grande vallée de Gavarnie à droite. Je prends mon courage à deux mains, mes souliers sur les épaules, j’entreprends l’ascension pieds nus. J’arrive à l’arrête et je vois très bien la Brèche de Roland 2.807m, et la deuxième vallée qui y conduit. Mais comment descendre de cette arrête ? Je la suis encore, elle est aiguë comme une lame de couteau. Je me trouve soudain bloqué par un surplomb ; je suis seul, je n’ai rien, ni corde, ni piton. Je redescends avec peine et je me mets à prier, pour me sortir de ce mauvais pas. Le ciel est bleu, les choucas planent en criant, il est 14h, j’ai faim, il y a de l’ambiance.

C’est alors que, descendant un peu par des rochers totalement délités, j’ai réussi à trouver un bon couloir qui me dépose sur la moraine où de blocs en blocs, sautant

31/05/19 110 10 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 comme un chamois, ou plutôt un isard, je cherche à rattraper le groupe de trois touristes que j’avais aperçu en montant mon arrête. Je traverse un petit ruisseau et remonte face à la Brèche par un éboulis glaciaire, où je rencontre les trois touristes. Je monte avec eux par le glacier et j’arrive bon premier à la brèche où l’enthousiasme me prend, j’en pleurais presque de joie. Toute l’Espagne est à mes pieds et la France plus belle s’étend derrière moi. L’arête des Saradets est là, quelles belles escalades à faire dans toutes ces fissures ! Je salue mes collègues, franchis la frontière et vais au Taillon 3146m. Le temps est très dégagé, c’est la première fois que je vois si loin. Le Vignemale et son glacier me font admirer tout le chemin parcouru depuis la veille. Il est 16h, j’ai faim, deux vieilles croûtes sont là, par terre, elles sont vite avalées. Je regarde de tous côtés, un vrai Paradis. Je remercie Dieu qui a bien fait les choses.

Je choisis de redescendre côté Vignemale. Prenant un bloc de rocher à plein bras, je le sens partir. J’ai juste le temps de l’esquiver, voilà qu’il décroche une véritable chute de pierres ! C’n'est pas pour aujourd’hui que je partirai ! Je reviens à la brèche où je retrouve mes touristes qui avaient fait une bonne sieste. Ils m’ont payé un morceau de saucisson, du pain et du fromage. J’en avais drôlement besoin. Ils m’ont indiqué un chemin valable qui allait sur Gavarnie, par la vallée de Boucheraud. Sans carte, une seule boussole, je n’avais guère d’instrument pour me diriger. Après un névé facile à descendre, je trouve aisément le sentier qui va sur Gavarnie. Il est 19h quand j’arrive à l’entrée du camp. Mes camarades l’ont déserté pour l’établir plus loin sur la route qui va à Luz. Je les rejoins, guidé au sifflet que j’avais sur moi. Il est 20h30 quand je les retrouve. Ils ont eu peur, ayant trouvé le temps long en mon absence. Je suis content de ma journée, je sais alors que je peux tenir le coup, pour me présenter aux chasseurs alpins, que j’ai toujours choisis pour faire mon régiment.

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Marc JOUBERT Guide de Haute Montagne

Chapitre II :

MON ARMEE AUX CHASSEURS ALPINS.

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MON ARMEE AUX CHASSEURS ALPINS.

Nous voici de retour dans la vallée du Gier. J’attends avec impatience mon départ pour l’armée. Je reçois un premier fascicule qui m’affecte aux tirailleurs sénégalais en Algérie, en plein désert au-dessous d’El Hourargla du Rab. Quelle surprise! Pourquoi, étant sorti dans les premiers de la préparation militaire, je n’ai pas pu choisir mon affectation ? Je me débrouille pour faire modifier mes papiers, j’avais le droit d’aller où je le désirais. Je choisis les chasseurs alpins et demande le 6ème BCA dans la section d’éclaireurs skieurs. J’attends calmement à la maison en faisant la vigne de mon père, ma cheville va mieux, je peux forcer dessus. Quinze jours passent qui me semblent très longs. Enfin la feuille d’affectation arrive. Me voici dans le train qui m’emmène en Autriche, via le pont de Khel et Bludenz. Là nous arrivons devant un colonel qui nous confirme notre affectation. Je vais prendre mon équipement et me trouve avec 40 kg sur le dos, sans les armes. Je monte dans le train pour Langen où je trouve déjà la neige. Nous sommes le 3 novembre 1947. Un mulet attend, son maître me fait monter dans le traîneau, nous glissons merveilleusement sur la route enneigée. Les premières lumières nous accueillent, nous sommes à Stuben en Alberg, à l’hôtel Post chez Mme Fritz. Je pensais me retrouver dans une caserne, je suis étonné et heureux d’être dans des lieux aussi agréables, en occupation militaire. Le lendemain, chaussé de ski de fond, je fais le parcours, tire au fusil, monte au chalet de l’aspirant Secchi et redescends. Je suis admis à la section, d’autres seront refoulés. Nous restons trente et poursuivons par des progressions en montagne.

J’ai un copain d’Argentières que je ne quitterai pas de toute l’année. Je suis bon tireur et me voici avec un fusil mitrailleur sur les bras, 9 kg à porter dans le sac. Kléber qui est de Remiremont, est mon chargeur. Il est tombé 4m20 de neige poudreuse, un régal à skier. Mais bien sûr, il ne faut pas tomber, car c’est un festival pour se sortir de cette masse de neige. Noël est là, nous sommes déjà bien entraînés. Je suis responsable du chant. Nous fêtons Noël dans l’église de Stuben, chantant des cantiques solennels. Dommage, deux jours après, le sergent Vorias ne remonte pas de Klosterlé. Une équipe se forme : Mougel, Belin, Morel et moi Joubert. Nous partons à sa recherche, craignant une avalanche. En effet, une énorme coulée coupe la route. Nous remontons pour chercher du matériel et toute la section participe aux recherches. Nous creusons une tranchée de 5m de profond, et avec les sondes, nous le retrouvons asphyxié. Nous le remontons au chalet sur un traîneau et l’installons sous un igloo, ne pouvant le descendre au village. Huit jours après, la route ayant été dégagée, nous le descendons à Bludenz pour la cérémonie. Après ce triste accident, nous allons nous entraîner à St Anton, au C.I.M. avec Chappaz et Bonnet, au ski de descente. Nous sommes à l’Adler hôtel, en vrais touristes et nous profitons des pistes qui sont

31/05/19 110 13 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 desservies par un téléphérique. Joyeuse période où nous sommes de vrais rois. Ah, quelle belle Autriche ! A la fin du mois, on nous donne les médailles de skieurs de 2ème classe ou de 1ère. Puis c’est les courses de section avec un parcours alpin. Equipés de ski à fixations à câbles, munis de peaux de phoque, nous suivons un parcours fléché, nous enlevons les peaux à la descente et attendons les éclaireurs de pointe qui doivent faire un sommet à toute vitesse et nous rejoindre. Je tirais bien au F.M., ma cible était couverte d’impact.

Le lendemain, épreuves de morse. De chaque coté d’un vallon, nous transmettons à bras des messages codés qui seront transcris et rapportés à St Christoph vers le col de l’Alberg. Dans la même journée, nous apprenons à transporter un blessé, depuis le sommet du Galziq. Je me rappelle que j’étais infirmier, le sergent Duplan nous obligeait à aller vite, à coups de bâton. Dans la descente, Astier fit des prodiges et nous arrivons bons premiers. Construction d’un igloo, 8 personnes en sont chargées. Les blocs sont découpés à la pelle, le résultat est très réussi. Nous avons gagné la coupe et nous l’avons bien arrosée. Dieu sait où est-elle maintenant ! 1948 était une bonne cuvée. La course de section était finie. Pour fêter cela, un grand rassemblement avec fanfare, eu lieu sur la surface damée de St Christoph. Nous sommes en mars, nous préparons les manœuvres de printemps, la neige s’est un peu tassée. Je pars avec mon ami Morel, le bohémien d’Autrans, qui mesurait bien 1m80, reconnaître le terrain. Je dois faire la carte de l’Oztal, au-dessus de Vent, vers la Wild Spitz 3770m, pour voir où installer les igloos, le pas de tir, le terrain de slalom, et plusieurs parcours qui nous amèneront vers la frontière italienne. Nous partons de Stuben. En retard pour le train, nous fonçons sur nos skis à Langen. Je trouve un portefeuille dans la neige et le ramasse. Nous retrouvons notre colonel sympathique au possible.

En train jusqu'à la gare d’Ozt, puis nous montons en jeep jusqu’à Vent qui n’était qu’une petite station en 1948. A Vent, nous prenons un guide autrichien qui n’avait qu’un long bâton, aussi bien pour monter que pour descendre, mais quelle vitesse ! Nous voici arrivés à la Breslauer Hütte 2840m, notre base. Je mets à jour mes notes et fais un croquis des lieux avec leurs altitudes. Nous mettons notre matériel dans le chalet et préparons un souper avec le colonel qui épluchait les pommes de terre. Le lendemain, reconnaissance vers la Wild Spitz jusqu’au sommet du Mitteker. Nous redescendons pour reconnaître les emplacements des igloos, puis à la cabane. Le lendemain, nous rejoignons Vent, notre tour est fini. J’ai fait un bon rapport à l’aspirant Secchi. Mais en arrivant, il me dit que suis recherché par la police pour le portefeuille, que je rends vite, moyennant quelques shillings. Au cours de ces manœuvres qui ont duré 15 jours, tous les bataillons étaient conviés. Nous avons couché sous les igloos, fait des reconnaissances sur Vernagt Hütte, Branderburger, Branchweigert Haus, puis nous sommes rentrés par le même itinéraire. C’est vraiment là que j’ai senti l’appel des cimes en hiver, dans cette belle région de l’Alberg, qui restera gravée en moi : longues marches dans la poudreuse, levers de bonne heure après des nuits des plus froides dans les igloos, déjeuners des plus frustes, et une ambiance formidable entre copains !

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Pour redescendre dans la vallée, nous avons pris le même itinéraire que la montée jusqu’à Vent. Ensuite les camions par Imst, le col de l’Arlberg qui se trouvait déneigé et vite dans les draps de l’hôtel. Enfin après ce passage de 15 jours dans cette belle montagne, nous fûmes appelés en garnison à Vienne, la grande ville non touchée par les bombes. Quel voyage en train de 2 jours ! Arrivés à la caserne Radeski, nous allons prendre place dans nos lits. Horreur, des planches à la place du sommier ! Et voilà le clairon qui sonne ! Laissons faire, nous verrons bien. Il est 13h, nous nous dirigeons vers le réfectoire. Manque de chance, plus rien à bouffer ! Heureusement, nous avions 3 après midis de libre dans la ville qui est magnifique. Le soir, nous allons au Palmoff écouter de la musique. Nous visitons la cathédrale Stephan Kirch et Shonbrun.

Comme j’étais sergent, je menais des groupes au combat. Il ne fallait pas rire : tir à balles réelles et lancement de grenades dans une combe. Tout cet entraînement était prévu pour la guerre d’Indochine, mais pas un ne signa sa feuille. Je fus appelé avec Belin pour aller au C.I.M., le centre d’instruction de montagne à St Anton. Là, nous étions prêts à nous entraîner dans tous les massifs alpins autrichiens. Nous allons préparer notre montagne. Aussi, nous fîmes des séjours à la Stripsenjorch au-dessus de Kufstein, où nous passons 15 jours merveilleux. Le premier, avec des sacs de 45 kg pendant 5 heures pour ravitailler le refuge. Nous étions logés par deux dans des chambres. Les instructeurs étaient Chappaz, Minster, Quenot et surtout M. Bonnet qui fut longtemps après, coach de l’équipe de France de ski. Nous recevons pendant une semaine, les sections d’éclaireurs et nous allons faire de l’école d’escalade à la Totenkirch avec ses nombreuses cheminées, la Flaichenbanc, l’Elmauertall, la Predishtuhl, une course vraiment intéressante. Nous avions des chaussons avec une semelle de feutre. Je me rappelle un vendredi 13 août 1948, nous sommes allés pour un sauvetage à la Flaisbanc. De pauvres gars s’étaient fait prendre au-dessus du surplomb. Il y avait de la casse, un survivant, un gars qui est mort dans mes bras pendant que je lui faisais la respiration artificielle et deux morts qui ont été descendus par le câble et le traîneau Mariner. Nous étions tous très touchés, mais dès le lendemain, nous recommencions à grimper. Nous sommes allés à Madeleiner Haus, pour changer, c’est à dire pour apprendre à combattre spécialement pour l’Indochine.

En bons montagnards, nous sommes vite retournés à la Berliner Hütte. Mais avant, il fallait monter le « raviteau » au refuge, bons pour la première fois à porter 50 kg, passe encore, alors nous avons loué 3 mulets qui ont monté le reste. Nous sommes en stage de glace et neige : cramponnage, taille de marches, secours en crevasses, nous avons même trouvé les restes d’un alpiniste mort en 1936. C’est vous dire qu’il n'en restait pas grand chose. Nous étions bien dans ce refuge de Berliner Hütte, le plus grand d’Autriche, une montée d’escaliers de 2 mètres de large, qui mène au 1er étage. Nous avons fait le Gros Mosolé. Après 5 jours, 4 sommets de gravis. Nous redescendons à Mayeroffen, où nous passons 3 jours à aider les Autrichiennes à rentrer le foin empilé sur des piquets. Après ce long séjour qui avait duré de juin à septembre, nous fûmes

31/05/19 110 15 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 conviés à aller à Chamonix pour passer l’examen final de chef de cordée. Quel changement de faire de la montagne à Chamonix après avoir fouillé toutes les Alpes autrichiennes ! J’avais écrit à ma petite Suzanne, qui était en vacances à Flumet. Heureux comme tout, nous nous sommes vus en allant à l’EHM (Ecole de Haute Montagne). Je portais mon paquetage dans ma chambre, et retournais vite la voir, rue de la gare. Elle venait du col des Aravis en car, par les gorges de l’Arly. Nous nous promenions devant les boutiques qui commençaient juste à avoir du choix. Le soir venu, elle partit pour une petite chambre vers le passage à niveau. Moi aussi fatigué de mon voyage, j’allais dans les dortoirs. Bonne nuit !

Le lendemain, on avait quartier libre et Suzanne et moi, avons vu Chamonix du haut du Brévent. Puis chacun rentra dans son petit univers, mais nous étions très attachés l’un à l’autre. Le lendemain, lourdement chargés, le bataillon monte au camp, juste sous le Couvercle, refuge tout entouré de montagnes. Quelle vue ! C’était la 1ère fois que je voyais le coin. Au programme, la Verte par le Whymper, la Nonne - Evêque, l’arête du Moine et les Courtes. Nous redescendons par l’ancien chemin des Egralets, des poutres pour les pieds, des encoches pour les mains. Nous traversons la Mer de glace et nous nous écroulons dans le train du Montenvers. Après de multiples passages aux Gaillands, au glacier des Bossons, nous eûmes nos résultats. J’étais « chef de cordée ». Après ce séjour, nous partons 4 jours en permission sans rien dire. C’était merveilleux de se retrouver à Rive de Gier, après 11 mois d’armée. Les quatre copains, nous nous donnons rendez-vous au pont de Khel. Quel bonheur d’être parmi les siens ! Quatre jours sont vite passés. Nous nous retrouvons dans le train. Voilà Bludenz, puis prenant la direction du Montafon, nous allons voir la section. Manque de chance, elle est montée au Galzig. Nous prenons un train qui nous redescend à Bludenz, via St Anton et le téléphérique qui nous mène au Galzig. Là, le lieutenant Huet nous reçoit avec toute l’humeur qu’on lui connaît. J’écope de 2 semaines de portage, cela ne nous change guère. Je descendais le vallon de Raus puis Stuben, enfin en train de Langen à Bludenz.

Je faisais mes courses et prenais un train qui me remontait à Langen. De là je montais à pied jusqu’à l’Hulmer Hütte. Quelques fois, j’avais le monte-charge pendu à 50m du sol, mon sac de 30 kilos à mes pieds. J’arrivais fourbu de ses portages. Trois heures pour descendre, 5 h pour remonter ! Encore des combats dans le vallon de Valluga, toujours pour l’Indochine, enfin la neige est apparue et nous sommes heureux de rechausser les skis. Cela sentait la fin du service. Un beau jour, on nous fait descendre à la compagnie, à Wald. Là nous nous occupons des Bleus et leur laissons la place. Je veux ajouter que nous allions à la chasse au chamois avec le lieutenant Gonnet et faisions des petits cross dans les magnifiques bois. Nous remontons au Galzig pour enfoncer des poteaux pour se diriger dans le brouillard. La neige est là. Salut à tous les gars, c’est novembre. Salut au lieutenant, nous descendons à Bludenz rendre tout notre matériel, et définitivement, je rentre en France.

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C’est là que je vais me poser des questions : devenir guide et moniteur, s’engager pour l’Indochine ou rentrer à la SNCF ? Ma mère était fatiguée à cause de sa tension. Alors j’ai repris mon travail à la SNCF, me laissant m’abrutir par des horaires. Je faisais tous les jours les voyages de Rive-de-Gier à Oullins et retour, partant à 5 heures du matin et rentrant à 20 heures. Ma mère est décédée le 17 mars 1949, à l’âge de 55 ans. Je me suis marié avec Suzanne le 30 avril 1949. Je restais avec mon père, mon frère, et Suzanne pour qui j’aurais tout donné. J’ai fait plusieurs couses avec elle, comme l’, le , l’aiguille de l’M, le Moine depuis le Couvercle, le Mont- Blanc, les Dômes de Miage. Puis j’ai appris à faire du ski à Suzanne. Ensuite, nous sommes allés au Brévent, à Charamillon et aux Houches. Puis notre premier enfant Claudie, joli bébé, qui est née le 5 février 1951. C’est une fille formidable ! Nous avions enfin un logement à Oullins. C’est là que je me trouvais pris dans mon rôle de père et nous devions faire face. Comme je faisais du vélo avec mon ami Jarousse, de la natation, du ski de fond, de la course à pieds, des colonies de vacances, je ne savais plus où donner de la tête. Notre deuxième enfant est venu le 16 février 1953, c’était un garçon. Il s’appelait Bruno ! Je revenais du ski avec la malléole gauche cassée et il a bien fallu me débrouiller quand il est venu à la clinique. Bruno était beau et costaud.

Deux bambins à transporter en voiture Dulcédo. Nous restions chez nous. Je faisais toujours des compétitions de ski de fond pour la SNCF. Puis Jacqueline est venue. J’étais sur le point de partir en camp de vacances d’adolescent. Ah ! Ce 3 août 1954. Nous voilà bien entourés. L’appartement était petit. Il fallait trouver quelque chose de plus grand. Nous avons eu une petite maison dans un lotissement proche d’où nous habitions. Et là, ce fut le rêve avec un petit jardin. Les vélos pour déplacer tout le monde avec une remorque monoroue. Enfin lors d’une ballade en Chartreuse, nous avons fait du stop. En 2 CV, un gars s’arrête. Il allait justement à Oullins. Cela me fit envie d’avoir une voiture. Je fis l’acquisition d’une Dauphine. Nous voilà heureux, nous pouvions partir en vacances, voir la France, retourner en Autriche… Nous allions voir nos parents. Les enfants grandissaient. Nous faisions du camping avec une tente, à cinq dessous. Nous sommes allés en Autriche, en Suisse et dans les Dolomites, retournant par les lacs italiens et le col du Petit Saint Bernard. Quel merveilleux voyage ! Nous arrivions à dresser le camp en 1 heure, et au dodo. Je travaillais aux ponts tournants, et je ne rentrais que les samedis et les dimanches. Suzanne à été vraiment merveilleuse, travaillant en couture. Elle assumait pendant 6 ans. Mon père, fatigué, s’est éteint le 10 décembre 1961. Il avait 66 ans, laissant sa maison qu’il avait construite de ses mains, à moi et à mon frère, avec le soin de la conserver.

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Marc JOUBERT Guide de Haute Montagne

Chapitre III :

MON BREVET DE GUIDE DE HAUTE MONTAGNE.

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MON BREVET DE GUIDE DE HAUTE MONTAGNE.

MON STAGE DE GUIDE

Je reçus par la poste en 1957, la transformation de mon stage de chef de cordée en aspirant guide. Je n’avais donc pas à passer d’examen. Là, c’était vraiment une bonne chose, et sans penser à plus, je m’inscris au stage de guide, qui se déroulait en juillet 1958, durant cinq semaines. Mais auparavant, il fallait faire des courses et je rassemblais tout ce que j’avais fait : une traversée de Chamonix – Zermatt avec Pellat, une autre dans le massif du Mont-Blanc, les trois cols, en escalade, le Grépon en traversée, le Charmoz–Grépon, le Peigne, le Chardonnet, l’aiguille du Moine. Je savais lire une carte parfaitement et avais des notions de météo. De plus, j’étais secouriste. Cela me faisait une belle liste de courses. Je rentrais à l’école nationale des guides, qui se trouvait être le centre Jean Franco. Et après j’ai fait plusieurs courses, telles la Verte, les , le Requin, la Traversée des Aiguilles Rouges. Beaucoup de « cramponages » sur le glacier des Bossons, de l’école de sauvetage, de l’artificiel au mur du Brévent, du travail en neige et naturellement, de la cartographie sur du terrain que nous ne connaissions pas. Enfin, l’oral, qui consistait à montrer les voies que nous avions faites, l’équipement, la façon de faire un sac et la manière de transporter un blessé. Tout ceci en fin de compte me fit sortir 4ème du stage. Il y avait Puyguilem, Roux, Caillat et moi-même. En fait, je sortis second, puisque les deux premiers étaient C.R.S..

ET APRES …

L’instructeur Contamine me propose de monter un centre d’escalade à Valloire. Je ne me voyais pas bien passer le col du Galibier tous les jours ou presque. Je réfléchissais. Je rentrais chez moi après cinq semaines de stage et vite à l’atelier où j’étais sur une machine à tailler les pignons. J’allais faire une course, la voie du Toit aux Deux Sœurs Là … je vis qui allait changer complètement mon travail de guide indépendant. J’allais m’occuper des stages de perfectionnement du Club Alpin Français. Il faisait la même voie que nous. Il y avait Claude Rey, Bernard Connot et moi. Nous étions dans le passage du Toit et tout en plaçant les étriers, il me dit de participer à ces stages. Je reçus trois jours après une gentille lettre que je conserve encore. Nous allions plus vite que lui car il était avec Bernezat, fatigué de sa grande traversée des Alpes d’Insbrück à Nice à ski. Je rentrais assez content malgré le travail que je faisais à l’atelier, je prendrais des congés sans solde. Le premier camp fut à Argentière où nous couchions vers la piscine, sous des tentes. Là je rentrais en plein dans le métier, école d’escalade aux Gaillands à Argentière et école de glace au glacier des Bossons. Nous montons à Albert 1er et nous grimpons au Chardonnet, la tête Blanche, la Purcheller et

31/05/19 110 19 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 comme course de neige, le couloir ouest du Tour. Au Couvercle, longue montée sur la mer de glace, je fais atteindre les Egralets en se servant de la carte et nous arrivons enfin au refuge. Nous étions bien et le gardien était content de nous voir. Là je fis l’arête sud du Moine, les Courtes en traversée, la Nonne et l’Evêque et l’ avec Simone Badier et six autres jeunes. Puis du refuge, nous traversons le glacier du Tour sur le col supérieur du Tour, pour passer le col du Chardonnet et aller au refuge d’Argentière, de ce temps, petite cabane en bois revêtue de feuilles d’aluminium. Bon parcours pour étudier la carte. Nous faisons la traversée du Tour Noir, l’aiguille d’Argentiére, Flèche Rousse par le couloir en Y. Nous changeons de coin et allons au refuge des Conscrits pour faire la traversée du Mont-Blanc. Nous ne l’avons pas faite, car un peu utopique d’ailleurs. Mauvais temps, nous nous rabattons sur la traversée des Dômes de Miages et l’.

Une autre année, j’étais avec mon ami Pez, copain de Contamine, le temps mauvais à Chamonix se soldant par l’école de nœud, le cramponnage. Il y en avait assez. Nous partons pour les Calanques quatre jours. Suzanne qui était au camp du CAF avec les trois enfants, se déplaça, je ne sais comment en train pour venir nous voir. Nous étions à Cassis, et merveilleux, elle était là à Cassis. Je ne voulais pas la déranger dans un terrain aussi dur que les Calanques. Nous avons fait le rocher Saint-Michel, les Goudes, la Grande Candelle et les voies intéressantes d’en Vau. Pez s’envolait dans le rocher. Suzanne et les enfants nous regardaient d’en bas. Tout de même, je ne serais pas muet sur la course que nous avons faite avec Maurice Lenoir dans la vallée de Chamonix. Partant à la benne de 6h, nous arrivons au Plan et grimpons l’arête des Papillons, passons la brèche et faisons le Peigne par une ancienne voie Terray et nous nous trouvons à 4h de l’après-midi au sommet des Pèlerins, avec dix gars de la Roche sur Foron et trois guides, cela n’était pas mal. Vite, nous descendons glissant sur les névés et arrivons juste pour la benne de Chamonix. Je dois prendre mon train à 19h pour la Roche, heureusement avec les voitures, cela va vite. Une autre course qui me revient à l’esprit est le Peigne par la fissure Lépinet, faite avec Bouchez qui se trouve être le beau-frère de Bernezat. Nous partons par le couloir du Peigne, atteignons rapidement la Brèche et au lieu de se diriger à droite, nous suivons l’arête qui nous amène au pied de la fissure, joli passage de 10m tout à la verticale. La fissure, dans laquelle on engage les doigts, se déroule bien et nous traversons à droite sur une plaque où il y a une marche large de 2 doigts, pas facile moi qui suis court sur pattes ! Enfin voilà le sommet, et nous sommes tous contents d’avoir fait la course ensemble.

Des courses multiples, par exemple comme Roche Veyrand : nous sommes à la Croix Rousse et nous trions le matériel avec Claude Rey, Bruno Soleymieux, Bernard Connot. La route n’est pas longue jusqu’à Corbel, au-dessus de Saint Pierre d’Entremont. Nous dressons deux tentes, une bouffe rapide et au dodo. Le lendemain de bonne heure nous traversons le bas de Roche Veyrand. Nous arrivons au pied d’un magnifique monolithe de calcaire, avec un départ en surplomb, une fissure mince raye toute la face. Nous faisons deux cordées, tout se déroule bien avec de fins coincements

31/05/19 110 20 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 des verrous avec les mains et les pieds. Mais que suis-je venu faire dans cette galère ? Sentant que la fissure s’élargit en cheminée et me repousse, je pense à mes trois enfants ! Je regarde en dessous et grimpe le plus vite que je peux. Enfin nous voilà sortis au sommet, moi qui le croyais bien aigu, il est plat avec une prairie qui pourrait abriter un troupeau de moutons. Nous cherchons une vague piste qui nous ramène directement sur Corbel, heureux d’avoir parcouru à la verticale une face de la Chartreuse. Ah, le calcaire, c’est là qu’on peut grimper ! L’on rentre avec des doigts durs, l‘équilibre est toujours là, on se déplace que si l’on est sur d’attraper la prise qui fera progresser et puis, avec les étriers à condition de planter un bon piton, cela facilite les choses.

Je vais vous conter une autre course d’automne, une première à l’Aiguille de Die. Ah ! Ce fut un beau voyage. J’avais une Taunus 17M de 10cv. Nous partons avec Claude Rey en direction de Die. Prenant une route forestière jusqu’à une cabane, la voiture n’a pas d’adhérence, car sur les routes, les feuilles sont tombées. Heureusement, il n’y a pas de neige. Nous passons une bonne nuit et le lendemain, à l’attaque d’une dalle pas piquée des vers ! Une bonne fissure donne de temps en temps le moyen de planter un bon piton. Un surplomb nous repousse car il n’y a pas de fissure, et nous le contournons par un dièdre forcément très large où l’on peut monter bras et jambes écartés. Le soir vient vite, c’est l’automne et nous arrivons au sommet. Un rappel est vite jeté, il tombe sur une couche de feuilles. Relais sur un arbre, un autre rappel et j’arrive au sol. Il fait nuit, nous n’y voyons rien et à force nous trouvons la cabane. Après un crapahut pas possible, nous mangeons un bout et surtout buvons à plus soif. La nuit est froide, le matin, il a neigé. Les premiers tours de roues nous impliquent à mettre les chaînes et nous rentrons à Oullins, contents d’avoir réalisé une belle première.

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Marc JOUBERT Guide de Haute Montagne

Chapitre IV :

DESCRIPTION DE QUELQUES-UNES DE MES PLUS BELLES COURSES.

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DESCRIPTION DE QUELQUES-UNES DE MES PLUS BELLES COURSES.

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LA BERARDE

Nous n’allons pas souvent en Oisans, et pourtant, c’est là, la vraie montagne ! J’installe mon camp avec Pierre Paquet, le fils du grand guide. A la Bérarde, nous avons de bons éléments et nous allons faire de nombreuses courses. Nous avons chacun un groupe de huit jeunes et ils se jettent sur les rochers alentours. Le temps est au beau. Nous organisons notre popote. Dès le lendemain, nous montons au refuge de la Pilatte. Nous allons aux Bœufs–Rouges, course de neige à travers les crevasses et avec maniement du piolet. Nous avons constitué les cordées. Nous rentrons au refuge. Partant à la frontale, nous allons au pilier nord des Bans par la voie Candau. Au départ, un passage assez dur en 5 nous fait accéder à deux couloirs. Je prends celui de droite, il se referme en une cheminée très étroite où l’on grimpe avec le coude engagé et la jambe, l’autre jambe cherchant des prises sur le rocher. Escalade très fine. Nous mettons une corde fixe à cet endroit. Après il y a un genre de surplomb qui est facile à gravir, puis une fissure semblable à celle du bas. L’on voit sur sa droite le couloir nord, il faut aller sur sa gauche en un itinéraire assez évident et l’on atteint le sommet. Pour la descente à une brèche, il faut aller sur la gauche, c’est la voie normale des Bans. Le glacier est assez ouvert, attention aux crevasses. Nous rentrons au refuge. Merci à Narcisse ! Nous redescendons au camp, le chemin est long. L’on m’avait dit que c’était une marche de facteur. Nous préparons nos vivres pour le lendemain et allons dormir.

Le matin toujours de bonne heure, nous démarrons pour les deux Aigles. Un passage assez dur sans assurance, nous amène en pleine dalle vers une fissure qui n’a pas l’air commode. Un piton de progression est le bienvenu. Je fais monter mon second, encore des plaques et des fissures. Nous arrivons aux 2 aigles émerveillés par la vue sur le refuge et sur l’étendue de l’Oisans. Le temps tient toujours, il fera beau. Le lendemain, nous allons à l’aiguille des Chamois toujours avec mes cinq gaillards. C’est un sommet qui est près de la Meije. Aussi je pourrai étudier le parcours que nous avons projeté de faire. La face ouest est de toute beauté et je ne regrette pas d’avoir fait ce beau sommet. Nous changeons les équipes. Je suis avec Simone Badier, une qui grimpe bien. Nous allons à l’arête des Fétoules face ouest, une voie Fourastier qui n’est pas facile, plusieurs passages de 4, enfin nous verrons bien. Départ à la frontale, nous allons vers notre arête. On s’élève par de grandes dalles. Posant mon sac, je ne m’aperçois pas que mon marteau piolet que j’aimais bien et que j’avais récupéré à Chamonix en faisant la

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Pyramide du Tacul, plonge dans le vide. Je vois que même en posant un rappel, il me serait difficile à remonter. Nous empruntons ensuite une belle fissure de 40m qui se termine sous un surplomb, que nous franchissons sur la gauche. Il nous amène vers une autre fissure, couchée celle ci, nous la passons en coinçant le bout de nos chaussures. Quelques dalles et enfin nous sommes au sommet. Nous voici au camp par la voie normale, nous envisageons une longue course « la traversée de la Meije », qui n’avait pas été refaite depuis l’éboulement de la brèche Zigmondy. Pierre Paquet va aux arêtes de Sialouze avec Olivier Chaléat. Je prends les jeunes qui grimpent bien en rocher, évidemment Simone Badier est avec nous et montons tous au Promontoire. Je trouve Gauci avec deux clients, c’est un guide qui a fait le Nose au Capitan en Californie. Ayant passés une bonne nuit au refuge, nous attaquons le premier passage du Crapaud, ensuite une longue arête nous amène dans le grand couloir Duhamel, la dalle Castellenau, le dos d’Ane, la dalle des Autrichiens, le pas du Chat. On monte le glacier Carré en chaussant nos crampons, se tenant à gauche près du Grand Doigt, ensuite on se dirige vers le Grand Pic en franchisant le Cheval Rouge, enfin c’est le sommet. Allons voir la suite, cela doit passer. Revenant vers les gars, on voit ma Simone qui se fait une omelette, c’est bien le moment ! On regarde la face nord, impressionnante ! On pose un rappel et dans l’alternative, on laisse une corde du CAF qui restera cinq ans. Elle nous facilite beaucoup les choses pour franchir la face nord toute en glace. On arrive au pied de la brèche Zigmondy. Quel affreux éboulement, il va jusqu’au Chatelleret. Avec le câble laissé par les CRS qui ont fait la 1ère après l’éboulement, on s’accroche comme on peut. Mieux vaut ne pas le prendre, car les pitons sortent du rocher. Enfin, après plusieurs grands écarts, nous débouchons au Pic Zigmondy. Par une arête aérienne, on progresse à petits pas jusqu’au Doigt de Dieu.

On arrive sur le glacier, nous doublons les rappels et arrivons sur le plat. Cinquante mètres à tirer, cela va bien. Gaucy est déjà en route pour le bas. Enfin après avoir traversé le glacier du Tabuchet, nous allons au refuge de l’Aigle et nous mangeons ce qui nous reste. Nous restons au refuge, on est bien content d’avoir effectué une belle course et rêvons aux merveilleux passages que nous avons grimpés. Je crois que c’est le meilleur camp que j’ai réalisé, tant au point de vue du nombre de courses que par la qualité des participants. Je revins deux fois à la Bérarde, faisant de nombreuses courses avec chance et joie de grimper : l’aiguille Dibona dans le massif du Soreiller, les Bans, l’Ailefroide, la Meije, le Plaret, la tête du Rouget, les Ecrins en passant par Temple- Ecrins, le col de la Temple, le glacier Noir, le refuge du Glacier Blanc.

Nous couchons au refuge et le lendemain, les Ecrins face nord puis descente par le col des Ecrins sur le glacier de Bonne-Pierre sur la Bérarde. On en a marre, c’est aussi une marche de facteur.

Il m’a été donné de faire deux camps à Ailefroide. Là nous avions un grand camp bien installé. Nous fîmes de l’escalade sur une grande plaque, face au bistrot du père Giraud, puis la Fissure d’Ailefroide qui est un grand dièdre qui se resserre en une mince

31/05/19 110 24 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 fissure, puis une cheminée. Le Pelvoux par le couloir Coolidge avec retour par le glacier des Violettes. L’Ailefroide par le refuge du Sélé. Les arêtes de Sialouze toujours par le Sélé. L’Ailefroide par Coste-Rouge avec un bivouac, descente par le glacier d'Ailefroide, couché au Sélé et rentrée au camp. Les Agneaux par une arête à gauche du glacier Tucket, arrivée avec une vue panoramique sur la calotte des Agneaux, puis descente par le col Tucket, le col du Monetier jusqu’au refuge du glacier Blanc. Nous sommes reçus vertement par la gardienne qui sera la mère d’Aimé Alphand, mais Fernand Parreau, mon ami, tempère notre retard. Puis nous allons à l’Aguillette du Lauzet pour finir le stage. Que dire de ce camp ? C’est un endroit sauvage que cet Oisans, sans téléphérique, avec un chef de camp Jean Dot, qui nous laissait libres. Nous étions sous la tente, à voir les rayons du soleil pénétrer à l’intérieur, la montagne se colorer, les fleurs de ses vallons s’éveiller au soleil, les douces couleurs du couchant, l’eau qui coule de partout en cascades multiples, les feux de camp le soir alors que nous avions tant sommeil. Le refuge du Sélé quand nous montions à la pointe de Celse-Nière, là une avalanche de pierres nous surprit, grosses comme des moellons qui volaient de partout, heureusement nous étions à l’abri. Arrivés au sommet, nous descendons par le glacier et le vallon de Clapouse, passant la Bosse, nous arrivons directement au camp.

Et le refuge des Bans, avec les arêtes de Coste-Counier où la gardienne nous servait en déshabillé laissant voir des dessous affriolants. Le camp tire à sa fin. Nous allons à tête Noire, belle face de calcaire, ensuite à l’aiguillette du Lauzet. Nous redescendions de ces sommets en ayant l’odeur du rocher dans les mains et une soif débordante, nous arrêtant à un ruisseau et buvant à pleines mains, ce liquide qui nous emplissait de sa fraîcheur.

Sans vous entraîner dans une grande ballade, je voudrais vous faire sentir ce qu’est une grande course en Oisans. Partis de la Bérarde dans l’après midi, nous remontons la vallée du Vénéon. S’arrêtant au Carrelet pour discuter avec le gardien, nous buvons une bonne bière. Ensuite tournant à gauche, nous amorçons les lacets du sentier qui mène à Temple-Ecrins. Là nous posons nos sacs, faisant notre repas sur nos réchauds et nous allons vite dans les dortoirs. Le matin nous trouve tout équipé pour suivre le sentier du col des Avalanches. Nous allons à la face sud des Ecrins. Quelle paroi, avec son glacier à branches comme des doigts qui vous invite à aller les chercher ! Allons-y, mais où est la vire de quartz signalée dans le guide. Il faut se tenir 20m en dessous pour aller chercher un couloir que l’on remonte à droite. Après on se trouve dans les pentes enneigées que l’on remonte jusqu’à l’arête, à une trentaine de mètres du sommet. Quelle vue magnifique ! Nous ne restons pas longtemps, il faut repartir. On inverse les cordées. C’est à celui qui se trouve devant de choisir l’itinéraire assez évident, puisque c’est une arête. Nous admirons la face Nord que je ferai avec les gars de la Roche depuis la Pilatte 15 jours après. Nous prenons pied à la brèche Lory. Nous faisons le Dôme de Neige en vitesse. Puis nous redescendons au Col des Ecrins. Nous trouvons le vieux câble qui nous permet de s’assurer. Traversant le glacier de Bonne-Pierre, nous amorçons la descente longue et pénible qui nous amène à la

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Bérarde. Là, plusieurs s’écroulent sous la tente ou vont passer la nuit à l’hôtel pour mieux se reposer.

Je me rappelle, et je pense que nous n’avions encore pas d’enfant, être monté par le même itinéraire avec Suzanne, Belmonte et un de ses amis, jusqu’à la vire de quartz que nous n’avions pas trouvée. Nous sommes redescendus par le même itinéraire. Ah ! Quelle journée ! Suzanne, tu étais merveilleuse, je me rappelle ton sourire, tu étais bien dans ta peau, heureuse d’être en pleine montagne sans personne autour de nous, que la cordée que nous formions. Que cette nature était belle ! Un chien nous avait accompagnés jusqu’au départ des rochers. Nous l’avions revu très bas avant le refuge. Il nous attendait et cette joie en nous voyant, la joie de se retrouver dans un lieu qui était le sien, car c’était le chien du gardien. Et il connaissait bien son coin !

Et sur cet instant, il me reste à l’esprit la course que nous avons faite avec Bruno, mon fils, dans un lieu bien plus au nord. Etant partis d’Oullins dans nos deux camping- cars et dans Villard d’Arène, nous avons pris le petit chemin qui mène dans la vallée de la Romanche. Là, nous avions trouvé un coin de camping très bien. Nous avons l’intention de faire avec mon fils Bruno une course aller et retour à la Brèche des Agneaux, puis monter au Pic de Neige Cordier. Magnifique itinéraire où l’on a une vue sensationnelle sur le glacier Blanc et les Ecrins. Laissant ma femme, Claudine et la petite Evelyne au camp, nous partons à 3h du matin. A la lampe frontale, nous nous dirigeons sur le sentier qui mène au col d’Arsine et nous montons à la brèche de la Plate des Agneaux, couloir resserré et surtout pierreux sur le sommet. Une cordée est devant nous, la rattrapant, vus comme ils marchent, nous les dépassons. Soudain une avalanche de pierres se détache d’en haut et nous faisons un bond sous un rocher qui nous protège bien, la tête sous les sacs. Soudain des cris et je retourne la tête sous mon bras, je vois la cordée qui glisse. Un gars est certainement touché, puis tout s’arrête, les pierres de tomber, les gars de glisser. Ils sont cinq, je leur demande s’ils ont besoin d’aide. Ils me répondent que non. Nous continuons 300m, il faut tourner à droite un cheminement en biais qui nous emmène au Pic de Neige Cordier à 3614m. Nous avions fait 1560m, il en reste encore autant, cela nous donne envie de rentrer, au plus vite. Les crampons bien dans les traces, nous allons prudemment, mais cependant assez vite. Une traversée nous oblige à nous assurer une longueur de corde, encore 200 mètres de couloir, nous arrivons sur le plat du névé. Nous quittons les crampons, ah ! Quelle belle course ! Vite nous marchons d’un pas rapide dans le sentier du col d’Arsine et nous rentrons dans nos camping-cars. C’est vraiment une bonne journée que nous venons de passer sur l’Alpe.

Le lendemain seulement, nous allons tous au refuge de Villard d’Arène, petite cabane toute penchée. Nous redescendons par le Pas de l’Ane à Falque, quelques marmottes sifflent à notre passage. D’où nous sommes, nous apercevons le Pavé, le Pic Gaspard, nous envisageons d’aller dans cette vallée. Le lendemain, nous projetons le Pic Nord des Cavales, il faut coucher au refuge du Pavé. Grosse bavante que de monter

31/05/19 110 26 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 là-haut ! Nous partons petit sac sur le dos, de la nourriture, une corde de 60m, un piolet, des crampons et nous refaisons la montée de la Romanche en laissant le refuge de Villard d’Aréne sur notre gauche. Nous suivons le torrent qui est magnifique et montons de notre pas de montagnards jusqu’à la cote 2580m. Là nous grimpons dans des cailloux pas très sûrs, mais qui font gagner du temps. Après plusieurs lacets, nous arrivons au refuge. Plein de monde, une tente supplémentaire a été dressée. Je demande au gardien une place dans le refuge, en qualité de guide. Il me donne deux places où nous posons nos sacs. Heureux comme des princes nous récupérons après un bon souper. Le matin nous allons au pic Nord des Cavales. Nous lui réglons notre passage, et il nous dit de reprendre le sentier qui descend directement le vallon après avoir fait la couse. Nous arrivons au col du Clot des Cavales et cherchons le versant WNW, course que j’avais faite depuis la Bérarde. Une plaque avec fissure, une dalle raide, un surplomb que nous passons avec un piton, voilà le menu du départ. C’est la suite sur l’arête à peu près horizontale, pour venir buter contre les cheminées que nous attaquons. Du sommet, rare est la beauté sur l’ensemble du massif, la Meije, les Ecrins, Roche Méanne. Nous sommes joyeux, nous redescendons avec précaution. Enfilons les cheminées avec un rappel, et le surplomb avec un rappel pendulaire. Nous cassons une petite croûte et prenons le glacier tout en travers sur la gauche pour retrouver le sentier. Heureux comme tout, les pieds dans l’eau glacée, c’est à celui qui tiendra le plus longtemps, quel soulagement. Enfin nous pensons à rentrer, car il est grand temps dans l’après midi. Claudine pas contente du tout, fait la tête à tout le monde, elle vient de perdre au scrabble et nous sommes en retard. Mais la nuit apaise les caractères.

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MES COURSES A CHAMONIX

La vallée de Chamonix est la plus belle vallée des Alpes, où les courses sont grandioses. Nous allons mon fils et moi faire une belle ascension. Bruno aurait pu être un très bon alpiniste si son père s’en était plus occupé.

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LE CHARDONNET

Nous prévoyons de faire le Chardonnet en traversée. Mais auparavant, nous allons nous entraîner aux Papillons. Sortant du téléphérique du Plan, on marche sur une piste à travers la moraine. Vite, elle disparaît et fait place à des blocs et puis on arrive à l’arête. Nous prenons notre équipement. Il n’y a pas besoin de pitons, car tout est en place. On commence par une fissure typiquement chamoniarde, puis quelques dalles vite traversées et nous arrivons vers une plaque avec un clou qui n’est pas si facile que çà. Nous passons dans une cheminée pour arriver au passage clé de l’ascension. Ayant saisi le premier piton, la suite s’en va vers la droite, avec un passage en tournant, puis vient ensuite une Dulfer qui monte sur la droite assez impressionnante. Nous arrivons au sommet, on tire des photos. C’est une très belle petite course d’entraînement. On redescend par le couloir des Papillons.

Tu sais Bruno, j’aurai voulu être avec toi plus souvent en montagne, mais que veux-tu, les choses n’ont pas été aussi simples. Nous remontons au Tour en voiture où je retrouve mon client. Partant à trois par le sentier, après avoir pris la remontée mécanique, on arrive facilement au refuge où nous nous installons. Le départ à lieu à 4h du matin. Nous remontons le glacier et nous traversons directement à droite, pour aller dans un petit cirque glaciaire contre la paroi. Nous chaussons les crampons et nous traversons jusqu’à l’arête de neige. Les crampons mordent dans des bulles d’air enfermées par le gel et éclatent comme des coups de pistolets, bizarre. Enfin nous sommes les premiers à la bosse. Nous faisons de bonnes marches et nous trouvons la neige sur les rochers de l’arête. Nous gardons les crampons, et ne les coinçons pas dans la seule fissure qu’il y ait. Nous passons quelques gendarmes et arrivons vers une belle arête de neige que nous remontons, une traversée aérienne, puis un passage rocheux qui nous fait contourner un bloc. Nous sommes à l’aplomb de la face nord, c’est vraiment merveilleux. Le sommet est là, un bon casse- croûte, la vue est belle sur l’Aiguille Verte. Nous entamons la descente d’abord par le couloir, que l’on voit bien après avoir fait 20m vers l’ouest. Nous profitons d’un cheminement dans les rochers, qui après un rappel, nous dépose sur le glacier. Une rimaye nous oblige à sauter au moins 3m, nous arrivons à tomber comme il faut dans une plate-forme, qui s’est creusée à force des passages. La course est finie. Il est 14heures, nous rentrons directement sur le

31/05/19 110 28 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 refuge du Tour en traversant le glacier, puis en reprenant la descente qui est fatigante jusqu’à Charamillon. Vivement la voiture, il est 18h, nous avons le temps de rentrer à Oullins avant la nuit. La route est longue 225km mais l’on met 3h en voiture au lieu de 8h en train. Ce sera toujours la même histoire, pour aller dans cette vallée de Chamonix qui est ensorcelante.

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LA TRAVERSEE NONNE-EVÊQUE

Nous allons à la traversée Nonne-Evêque, une belle course, avec Claudie et Bruno. Nous prenons le train du Montenvers et partons sur le sentier qui démarre pour les refuges. Nous empruntons les échelles et nous voilà sur la Mer-de-Glace, prenons à gauche sur une échine bombée et passons quelques crevasses. Claudie qui a de petites jambes, a de la peine à les franchir et est encordée. Nous voilà sur le plat du glacier. Nous allons voir la bédière et ses moulins, et progressons encore. Nous sommes à hauteur de la moraine de Talèfre et parcourons de petites bosses de glace, ce qui nous oblige à mettre les crampons. Enfin nous pouvons marcher normalement jusqu’aux échelles. Prenant les barreaux à pleines mains, nous grimpons allègrement, puis il y a des rambardes et les fiches plantées dans le rocher. Nous marchons sur le sentier, le temps est clair et nous sommes heureux d’être dans un paysage aussi majestueux. Ça y est, nous voyons le refuge, Claudie le voit grand, c’est vrai, il est beau. Nous montons les marches et posons notre matériel.

Nous regardons longtemps les Jorasses, l’aiguille de Pierre à Joseph, le Triolet, les aiguilles Ravanel-Mummery, les Courtes, la Verte et le Moine qui se trouvent juste au-dessus de nous. Un bon repas à la table, et une bonne couchette nous endort jusqu’à 4h. Il faut se lever, nous laissons Claudie au dortoir en lui souhaitant de bien regarder la montagne. Prenant notre petit déjeuner et notre matériel, nous voilà bien partis. Nous empruntons l’itinéraire de la Nonne. Marchant sur le glacier, très près de la face Est du Moine. Nous accédons à un couloir qui nous amène au pied du dièdre et d’une plaque qu’il faut franchir. Bruno marche très bien, nous nous assurons pour franchir l’arête en forme de couteau. Au rappel, c’est le plus long que Bruno n’ait jamais fait. Tout va bien, les cordes viennent normalement et nous pouvons aller à l‘Evêque, le terrain est très mouillé, aussi nous montons une longueur et nous posons un rappel qui nous amène dans le couloir Nonne-Evêque, que nous empruntons pour descendre. Arrivés vers le glacier nous apercevons une cordée en difficulté dans le couloir Wymper. En arrivant au Couvercle, nous le signalons. Une jeune fille qui était au refuge est inquiète. Nous n’avons pas le temps d’attendre. Claudie est prête à descendre et nous prenons le sentier de retour jusqu’au Montenvers. Une photo de notre course est vraiment à prendre de la Mer de Glace. Nous arrivons à Chamonix, notre train est là, vivement les banquettes. <><>

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LE DRU FACE OUEST

Avec cinq copains, nous devons aller aux Drus, mais pas par n’importe quelle face. Nous connaissant bien : Pierre Mattis de Vienne, Georges Perrier et moi. Je ne voulais pas cependant y aller, sans en faire part à Robert Wohlschlag dit Pellbross, que je connais bien étant du C A F de La Roche-sur-Foron, et sans Erika Stagni, montagnarde qui a un passé d’alpiniste éloquent. Nous avons choisi la face Ouest des Drus. Pourquoi Pellbross, parce que c’était un gars très fort en grimpe et un habitué de l’artificiel. Il avait déjà fait l’Eperon Bonnati et connaissait la descente. Egalement j’avais fait le Dru par la voie normale et la descente par la Charpoua. Enfin, j’accorde tout le monde sur le matériel à emporter, les 3 bivouacs à faire et les rendez-vous au Montenvers. Le 13 juillet 1967, allons-y ! Nous trois qui venons de Lyon, allons en voiture, Wohlschlag et Erika viennent de Genève. Enfin sans trop attendre, tout le monde est à peu près au rendez-vous pour le train de 13h au Montenvers.

Nous garons les voitures, laissons ce qui est en trop. Nous partons avec trois cordes, deux d’escalade de 80m, et une de secours en 7 millimètres. Chacun avec 10 mousquetons, une variété de pitons, 5 coins de bois, 3 marteaux et 3 piolets. Nous sommes joyeux dans le train et nous causons de la voie. Fissure de 90 m, le pendule…Il fait beau, le baromètre tient le coup. Au Montenvers nous rencontrons Julien, professeur à l’ENSA, qui nous demande où nous allons, vu notre matériel. Je le lui dis et il n’est pas mécontent. Nous descendons vers la Mer de Glace, laissant aller les cordées aux différents refuges : la Charpoua, le Couvercle, l’Envers, le Requin, et qui sait, le refuge des Jorasses. Nous traversons la Mer de Glace, face au géant monolithique. Marchant vite sans nous soucier de nos sacs, j’avais un petit Lafuma à fond de cuir et tout dedans : un sac de couchage de mes enfants, un pull de rechange, un passe-montagne et un réchaud. Nous montons au pied des Drus. Au plus nous avançons, au mieux nous distinguons les difficultés et c’est un gros morceau auquel nous nous attaquons. Nous installons le bivouac. Pendant ce temps, Wohlschlag et moi, nous allons installer au pied du couloir des Drus la corde de 7mm, qui nous servira bien pour passer la rimaye. Nous redescendons en nous tenant à la corde que nous avons placée sur la rive gauche du couloir, pour éviter les pierres. Au retour le souper est prêt. Nous avons bien mangé et bien dormi également. Au petit matin, nous nous encordons, Matis, Perrier et moi, Pellbross avec Erika. La corde fixe est bien utile, le dernier récupère le piton que nous avons posé. Nous avons passé ce couloir sans avoir reçu de pierre. Nous marchons les anneaux à la main, jusqu’à la traversée. Puis nous nous assurons pour aller chercher la fissure Vignes. Beau passage des plus techniques tout en coincement. Pell et Erika marchent vite, derrière, nous soufflons. Enfin tout le monde se rejoint au bloc coincé. Les étriers rentrent en jeu et nous franchissons bien ce passage délicat de 5 sup. Nous en avons assez pour aujourd’hui. Le temps s’assombrit, il pleut, il est 6 heures. Nous bivouaquons sur la grande terrasse, au pied du dièdre de 90m, impressionnant !

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Le matin Pelbross et moi décidons de faire cordée commune cinq sur nos cordes. Le dièdre est tout équipé, cela va bien, des écarts pas possibles, une fissure au fond qui nous sert bien. Derrière, Mattis récupère le matériel et avec la corde de 7mm nous faisons tout passer à Pell. Enfin nous arrivons à la fameuse traversée, un paquet de cordes fait office de rampe et nous passons facilement. Ce doit être la 10ème ascension. Nous trouvons une grande terrasse où nous tiendrons à cinq. Nous voilà enfin réunis, nous sommes contents. C’est un passage qui est très aérien et à cinq ce n’est pas une sinécure. Enfin en causant nous trouvons que cette course est la première suisse, guide, féminine, lyonnaise, et viennoise. Malgré ceci nous entamons notre 3ème bivouac. Plus rien à manger pour demain, si ce n’est quelques bonbons. Et il pleut, nous avons tout le loisir de regarder le Montenvers vu d’en haut. Il est 5h et nous pourrions grimper encore 4 h. Le lendemain, alors que nous déplions les cordes, l’une d’elles fait une boucle, elle est coincée ! Je suis obligé d’aller la décoincer dans un rappel dans un vide absolu, un bec la tenait prisonnière. Je remonte tiré par la corde de rappel, si je pouvais grimper aussi vite. Enfin nous faisons deux cordées indépendantes, pour remonter l’immense dièdre qui arrive à l’épaule. De là nous avons 100 mètres à grimper. Une cheminée classique très belle où l’on monte en opposition.

Quelle ne fut pas ma surprise au relais en tirant la corde de la sentir coincée ! Je la fixe à un piton et descends avec. J’appelle, rien ne me réponds. Mais que fait Pierre, il dort. Je le réveille doucement, car je ne voudrais pas qu’il me bouscule, tenu par un simple Prussik. Il s’excuse, il est complètement à plat. Je lui donne du Destrosport et je remonte avec mon nœud de prussik, que je tiens ouvert. Ouf à lui ! Je l’assure et le voilà. Nous avons fini, nous passons par une vire en face sud et traversons un grand névé qui nous dépose sur les rochers. Je commence à disposer les rappels, une corde de 80m et une de 60m. La nuit s’avance, je dis que je peux emmener tout le monde au refuge de la Charpoua, mais Pell décide de faire un 4ème bivouac vers les Flammes de pierres, sans manger puisque nous n’avons plus rien. Enfin nous sommes à la hauteur du bivouac, nous traversons et nous nous installons. Mais quelle hallucination, on dirait des voix. Je vais voir de l’autre côté de l’arête et je vois une cordée dans la voie Bonnati. Quelle impression, de les voir suspendus dans le vide. Nous nous signalons, c’était Mazeaud, Antoine Vieille et Kolman. Je leur indique que 6m en dessus, ils ont un bon bivouac. On peut se causer, c’est vraiment dantesque. Nous, on s’installe comme on peut, les uns au-dessus des autres. Le petit matin nous surprend. Vite, encore des rappels, nous replions les cordes et fonçons sur la Charpoua. Nous soignons nos pieds et nous nous dirigeons au mieux vers le Montenvers. Enfin le train, puis Chamonix.

Nous allons au restaurant de l’Industrie, qui ne veut pas nous servir. Nous devions avoir de sales gueules. Mais Erika se fâche et nous nous jetons sur les pâtes, les pommes de terre et le fromage sans oublier les cuisses de poulet et un litre de vin. Vite au téléphone pour rassurer Suzanne car nous avions deux jours de retard. Quel soulagement de l’entendre, elle en pleurait. Vite en voiture, nous nous disons au revoir

31/05/19 110 31 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 contents d’avoir été ensemble dans cette grande course. Nous prenons la route. Nous venons d’un autre monde. Je demande à Perrier de me déposer à Oullins. Embrassades avec Suzanne et les enfants. Mais je n’ai pas fini, car le lendemain même, j’étais à Nevers, aux ponts tournants et je fus reçu froidement. J’en fut quitte pour une demande de congés. Le soir nous arrosions cette grande réussite avec le chef de gare Moricet, qui faisait de la montagne. Le champagne coulait dans nos gorges, c’était comme un appel, nous allions faire ensemble les trois pointes de Blaitière samedi et dimanche prochains, les autres n’y ont rien compris.

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ARETE SUD DE LA NOIRE DE PEUTEREY

Après un camp du CAF, nous pensons avec mon ami Michel Trottin, aller faire une belle voie. Où ? Voilà le problème ! Face nord des Jorasses ? J’aurai voulu être 4, pour plus de sécurité. Alors nous penchons pour l’arête sud de la Noire. C’est en Italie. Pas de problème, avec le tunnel, nous serons vite arrivés là bas. Faisant nos sacs les plus légers possible, pas de crampons, une corde de 60m, quelques pitons, une douzaine de mousquetons, une cagoule de pluie pouvant servir de bivouac et 2 jours de vivres. Nous voilà partis. Arrivés en Italie, nous prenons à l’ouest, la vallée de la Doire qui nous permet d’aller à Purtu. Nous traversons un pont, des mélèzes, le sentier n’est pas très clair. On s’élève tout de même, passons une plaque haute de 5m, un passage de dalles et on traverse le 2ème torrent. Puis on arrive à une plaque de 20m qu’on escalade. Nous montons en obliquant sur la droite vers le Fauteuil des Allemands. Enfin, voici le refuge, où nous nous installons. Personne. Avant de faire le souper, on regarde la face et l’arête monstre droite, la grande plaque grise triangulaire. Vu !

Nous verrons bien demain. Un petit souper vite expédié et nous nous roulons dans les couvertures. Vite, on déjeune à 5heures, ne gardant dans les sacs que quelques vivres car nous savons que nous pouvons passer dans la journée. Nous pensons à nos amis, Jean Louis Bernezat et Pierre de Galbert partis pour la voie Ratti. Nous traversons rapidement le fauteuil des Allemands et nous encordons à 60m. Il est 5h, nous allons vers notre plaque grise, la passant sur sa droite. Après plusieurs cheminées toujours sur la droite, on grimpe la pointe Welzenbach. Arrivés en haut, on appelle vers la face ouest. Rien. Ils ne doivent pas nous entendre. La face est vaste. Ce n’est qu’escalade belle et nous sommes heureux de tout l’entraînement que nous avons du camp de jeunes. Des mains avec des doigts qui ne lâchent pas, des souliers largement rabotés par les prises fines, qui nous assurent une bonne progression. Une souplesse féline, nous avions le sens indien de la grimpe, comme le disait si justement mon ami Contamine. Deux cheminées suivent, vite avalées. Des blocs en 4, puis un bloc surplombant qui ne nous offre pas de résistance. On revient à droite par une dalle aux

31/05/19 110 32 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 prises imbriquées, enfin on arrive au sommet de la Welzenbach. Puis on descend de 20m et par un rappel on atteint une brèche au pied de la Brendel.

Du 5 et du 6è degré nous attendent. J’explique à mon ami Trottin comment s’y prendre en lisant le guide Vallot. Mais il a déjà franchi le passage et se trouve au sommet. A moi de venir, son style est évident, je grimpe aussi bien, nous sommes heureux, nous savons que nous allons passer dans la journée. Puis on contourne le sommet de la pointe Brendel par le versant Frenay. On se coince dans une fissure de 20m en 4ème degré, on utilise les pitons en place et on arrive à la pointe Brendel. On attaque immédiatement la pointe Bich. C’est une succession de passages, en 4 et 5, même un dièdre surplombant, passage athlétique limite, 5 et 6. Encore quelques fissures et de petites prises, on arrive au sommet. On suit l’arête et derrière nous, on voit 2 gars vraiment rapides, puisque partis après nous et qui nous rattrapent, je crois que c’était Kurt et Diemberger, des Allemands. Par un rappel, on rejoint l’arrête et après quelques gradins, on arrive au sommet 3773 m. En étant partis de la vallée, sans aucun glacier, voilà un bon parcours. Il est 3h de l’après midi. On prend la descente, les anneaux à la main, on file un rappel dans un dièdre (qui sera malheureux pour un de mes amis de la Roche, Dupont). On continue les anneaux à la main, très sûrs de nous, surtout ne pas descendre sur la droite trop tôt, mais atteindre le couloir Rey. C’est dans ce passage que les allemands nous ont doublés. Bravo messieurs, vous allez extra bien.

Puis par un névé, on se pose sur les pentes moins sérieuses, nous avons fini notre course. Il est 17 h, nous avons fait la couse en 11h aller et retour. Je crois que ça a été un tour homologué. Nous prenons des vivres que nous avions laissés au refuge et nous voilà descendus dans la trace. Mais la nuit nous surprend dans la vallée. On se couche vers les voitures. Dormant tout habillé dans notre cagoule. Bon sommeil mon ami Trottin, il me demande d’aller faire une autre course, mais je préfère rentrer à la maison. Cela fait 17 jours que je n’ai pas vu ma femme et mes trois enfants.

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LE TOUR DU MONT-BLANC EN 5 JOURS

De retour de l’arête sud de la Noire, j’entraîne Suzanne à la marche en montagne. Aussi nous projetons d’aller faire un tour du Mont-Blanc en 5 jours. Cela est dur, mais je crois que nous aurons de belles vues. On s’équipe, pas de tente, on sera plus léger. Nous voilà partis jusqu’à , puis montée par la télécabine et le sentier du refuge Albert1er, que nous avons déjà emprunté. Logement et repas au refuge. Nous admirons le soleil couchant depuis la balustrade de l’ancien refuge qui servait au C A F. Personne, nous faisons notre déjeuner sur un réchaud et partons à l’aventure par le glacier du Tour puis le col du tour. Nous traversons le glacier du Trient, admirant les aiguilles Dorées, dans la trace qui va au refuge de Trient. Une corde de 10m nous soutenait si nous passions dans les crevasses. Suzanne marche bien. Nous sommes déjà en Suisse et ça

31/05/19 110 33 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 sent bon l’aventure. Prenant le glacier d’Orny, nous descendons la combe passant à coté du refuge, et bientôt nous avons un bon sentier.

A droite, le clocher du Portalet, où des gars grimpent. Ce doit être Vaucher Camille ; il y a l’air d’avoir de l’ambiance ! Là, bon, le soulier gauche de Suzanne va mal, on s’arrête. Zut la semelle est cassée ! Heureusement la plaque de Vibram tient, cela la gène un peu. Nous continuons. Nous montons au 2573m et arrivons en Italie. Un bout de corde pour descendre tenue au piolet, nous sommes dans le , jolie vallée. Des chalets à l’italienne que surplombent les grands sommets de la chaîne du Mont-Blanc. Mt Dolent, glacier de Pré de Bar, de Frébouze, Grandes Jorasses. Nous prenons un car à Lavachey pour Entrèves et , où nous avons le téléphérique de Plan Chécroui et montons au col, où nous installons le bivouac face au Mont-Blanc. Quelle vue sur le versant sud du Mont-Blanc ! Nous dormons un peu, puis le matin, nous repartons par le sentier qui nous emmène à l’Arp supérieure et l’Alpe inférieure de l’Arp Vieille. Enfin nous trouvons le refuge Elisabeth et le col de la Seigne 2513m et nous redescendons sur les Mottets. Quelle ne fut pas notre surprise à voir des moutons en alpage, conduits par deux magnifiques Briards qui, tournant autour d’eux, facilitent le berger qui les met en sûreté pour la nuit à l’intérieur d’un grillage ! Dans le refuge très bien, nous soupons et nous nous couchons pour récupérer de cette longue étape. Le lendemain nous partons directement pour le col d’Enclave et disons au revoir à ce joli versant. Tiens, mais qu’est ce que c’est, on dirait un loup, et imitant son cri, nous le voyons s’arrêter, nous regarder et continuer sa route tranquillement.

Nous avons une grande pente de neige à descendre et, encordés, Suzanne devant faisant les marches et moi l’assurant derrière, nous chantons : « Les petits nains de la montagne ». Le chant scandant nos marches, nous avançons pas mal. Enfin le lac Jovet et un bon sentier qui nous emmène vers Notre Dame de la Gorge où nous trouvons une camionnette de gendarmes. Nous leur signalons la présence du loup. Aussi, ils veulent bien nous amener aux Contamines. De là, nous prenons le car normal de St Gervais, puis le train pour Lyon. En 5 jours, nous avons bouclé le tour du Mt Blanc. Bravo Suzanne, cela nous fera un bon entraînement pour Thonon-Briançon que nous devons faire dans 15 jours avec nos amis de Marseille, Henri et Gilberte. Et que dire de ce tour du Mont- Blanc ? C’est un itinéraire à faire plusieurs fois, je l’ai fait 5 fois, dont une fois avec des jeunes où il y avait Claudie et Jacqueline. Nous avons récupéré un chien qui a marché avec nous et nous a quittés à . Il devait se trouver bien chez le Suisse. Nous étions partis des Houches, col de Voza avec le téléphérique, ensuite, descente sur les Contamines où nous avons couché, col du Bonhomme, les Mottets, bivouac à mi-montée du col Ferret, , Champey, la grande montée au col de l’Arpette et bivouac dans une cabane de bergers; ensuite Finhaut et train pour Chamonix. Voilà un tour bien rempli et pourtant les jeunes ont arrosé ce circuit en faisant la fête, sans plus sentir leurs jambes ! <><>

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TRILOGIE AU MONT-BLANC AVEC JEAN-LOUIS BERNEZAT

Nous pensons que nous pouvons faire une cordée rapide, Jean-Louis et moi. C’est pour ceci que nous montons coucher à Albert Premier. Le lendemain debout à 4h pour l’Eperon Migot qui est la voie directe du Chardonnet. Nous traversons le glacier et allons de suite nous engager dans un terrain très enneigé et malgré tout, avec des passages rocheux verglacés. Ensuite nous empruntons un couloir cheminée, les piolets et poignards à glace entrent en action. Le couloir est très raide, cependant pas vertical. En son milieu, il se réduit en une cheminée. Nous progressons bien en nous relayant chacun notre tour en tête de cordée. Enfin, voici la pente terminale qui s’est un peu couchée maintenant que l’on se trouve dedans. Frappant de nos crampons à deux pointes avancées, nous montons assurés. En 4 longueurs, nous arrivons en plein soleil au sommet du Chardonnet, que j’ai fait une dizaine de fois, et nous nous serrons la main car nous avons été très rapides. Un casse-croûte est vite avalé et nous regardons les faces Nord du bassin d’Argentière. Qu’elles sont belles ! Nous irions bien ! Nous redescendons par le couloir en profitant des rochers par la rive droite. Nous arrivons à la rimaye qui n’est pas très haute et rentrons au refuge, il est 12h. Nous faisons un bon repas et allons dormir tout l’après midi. Demain, nous allons à la face Nord d’Argentière.

Partant à 3h, nous passons la fenêtre du Tour et descendons côté Saleinaz en direction de la face nord. Quelle impression! Nous chaussons les crampons car il n’y a pas de traces. Nous dépassons les pentes du col du Chardonnet et nous voici au pied de la face. Elle paraissait mieux pentue en la regardant de loin. Nous grimpons en nous relayant tous les 60m à chaque relais. Il y a de l’ambiance, moi qui suis habitué au Chardonnet. Nous voyons la Grande-Lui et tête baissée, nous arrivons vers le soleil. La neige est bonne, en deux coups de pieds la marche est faite. La pente se redresse ? Aller à droite vers l’arrête ou partir directement en franchissant 3 séracs ? Allez, on va au sommet directement ! Toujours en inversant la cordée au relais. Si bien que nous débouchons au sommet. Nous sommes heureux, il est 10 h du matin. Un petit casse- croûte et nous descendons prudemment le glacier du Milieu, déchaussant les crampons car nous avons mal aux pieds. Suivant une bonne trace, nous nous décordons et filons directement à Lognan; il n’y avait pas de téléphérique de ce temps. Nous arrivons à Argentière à 15h, joli temps. De ce fait, Jean-Louis me demande si j’avais un moyen pour rejoindre Grenoble. Je lui dis que non. Nous réparons les freins de son scooter et en route pour Grenoble où nous logeons chez Terray.

Nous devons faire du calcaire, c’est la 2ème fois que je vais au Vercors. Nous allons à la fissure en Arc de Cercle au Gerbier. Pitons, mousquetons, coins de bois, casse-croûte, une bouteille de vin blanc, des vivres, du sucre et des lampes frontales. Nous partons vers 8h à Prélenfrey toujours en scooter. Vers 12h, nous sommes au pied du Gerbier. Quelle face ! Je dis à Jean-Louis que je n’ai jamais grimpé si vertical, si long.

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Tu marches bien me dit–il. Nous allons recoller les morceaux de la première, car Puissant l’a faite en si reprenant. Alors en route, nous montons la fissure en Arc de Cercle, qui est jolie comme tout, coincement de pieds et de mains, pitonnage assuré par Jean-Louis, qui frappe comme un maçon sur les pitons, puis rejette son marteau derrière l’épaule ce qui est bien pratique. Ca y est, il est au relais. A moi, j’arrive aux pitons, je dépitone et comme Bernezat, je rejette mon marteau en arrière, au bout de 5 pitons, clac mon marteau se détache, je n’ai que la cordelette autour de moi. Je demande à Jean- Louis de me laisser descendre les 30m que je viens de grimper et récupère mon marteau dans un buisson. Allons, nous étions déjà en retard mais nous aurons certainement un bivouac. Je regrimpe à toute allure à la corde, puis fait encore 30m et m’excuse. Pas un mot de déplaisant de la part de mon ami. Nous tirons encore 3 longueurs. Il est 20h nous ne pouvons aller plus haut et nous bivouaquons dans une grotte faite de deux banquettes superposées. Jean-Louis dégage les choucas qui s’agitent en vol. Nous faisons un bon repas si ce n’est le litre de vin qui s’est brisé durant la course, faisant un magma insolent avec la livre de sucre que nous avions. Enfin, on s’accordera du reste. Au lit, on peut dire roulé dans rien du tout.

Au matin il fait beau, un déjeuner vite expédié, et nous voilà partis dans des verticales pas possibles, nous faisons un grand détour vers la droite pour arriver sensiblement au-dessus de notre grotte providentielle. Là nous voilà devant le verrou, un surplomb, avec une avancée sérieuse, qui nous fait utiliser les étriers, nous partons en bascule arrière, il faut caler le pied. Bernezat toujours en tête, me fait voir une sacrée démonstration sur 12m. Ensuite une série de coins de bois, nous en remplaçons deux, qui n'ont l’air pas très solides. Ainsi nous avons presque réussi ! Il faut monter dans une sorte de pierraille et nous préférons nous assurer. Ceci sera le pourquoi de l’accident de Lionel avec Marc Martinetti. Voilà le sommet très reconnaissable du Gerbier avec les Deux–Sœurs, Sophie et Agathe. Nous avons bien grimpé, un peu lentement il est vrai. Le jour décline et il faut faire vite pour atteindre le col des Deux-Sœurs. Nous courrons afin de faire la route sur le scooter. La nuit nous prend sans feu, heureusement nous avons nos frontales. Nous changeons les piles, une devant, l’autre derrière montée à l’envers, nous allons jusqu’à Grenoble ! Tout a une fin, après un bon repas et une nuit excellente, nous rentrons chacun chez nous. Jean-Louis m’emmène au train et je pense encore à ce Vercors grandiose, qui en plus de la couleur du rocher, a des teintes très belles et des forêts à sa base, magnifiques. Le travail nous reprend, Jean-Louis à la montagne, moi dans les ateliers, je n’avais qu’à vivre à Argentières ! Mais vendre la maison et les études des enfants ? Enfin je pense que le travail de guide est un appoint. Il faut assumer à cinq et je préfère en serrant les poings, retourner à la S.N.C.F.

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LE GREPON AVEC LE CAF DE LA ROCHE

Ah ! Le Grépon, une course pour dames, disait un grand alpiniste . Nous le faisons avec un groupe de grimpeurs Rochois GGR. C’est un rassemblement, vers le café Déage, à 5h du matin. Ayant couché la veille chez le Chef (Labrunie), nous arrivons juste pour la 1ère benne. Une fois sortis de la gare au Plan des Aiguilles, nous traversons les glaciers de Blaitière, du Plan, et des Nantillons et prenons la Bosse. Au-dessus nous allons à gauche face au couloir Charmoz-Grépon. Allant d’un bon pas, on marche les anneaux à la main, nous avons vite fait de nous trouver au pied des cheminées Burgener, que nous escaladons. Mais que vois-je ? L’E.N.S.A. qui nous poursuit avec Payot à sa tête. C’est une course échevelée que nous menons…enfin ils nous dépassent. Nous ne les verrons plus de toute la course. Passant à la Brèche Charmoz-Grépon, jolie vue sur Chamonix, nous allons avoir tout le loisir de s’exprimer dans la fissure Wimper…Enfin sortis, nous voyons le Trou du Canon, la vire à bicyclette qui est large. Nous empruntons la fissure Venetz qui n’est pas piquée des vers. Enfin le sommet, la vierge percée par les trous de la foudre. Nous plaçons un rappel et nous descendons jusqu’aux rochers, faciles de la base, sans oublier la fissure Charlet. Changeant d’équipement, nous chaussons les crampons qui nous sont bien utiles, et nous nous dirigeons vers la bosse pour rentrer au télé du Plan, qui nous emmène à Chamonix. Nous avons fait une belle course de rocher, vite, car les gars de la Roche marchent vraiment fort. Nous faisons les sacs, une bonne bière et une véritable course en voiture pour attraper mon train de 19h à la Roche. Heureusement il n’y avait pas de radar à cette époque !

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TRAVERSEE DES DOREES

Une course très intéressante, que j’ai faite au stage de guide et avec la Roche, c’est la traversée des Dorées. Partant de très bonne heure du refuge Albert 1er, nous traversons le col du Tour. Longeons toutes les aiguilles Dorées et c’est bien là leur nom car au soleil levant, elles prennent une couleur jaune pareille à celle de l’or. Nous marchons sur le glacier du Trient, passons la pente du col Copt, nous nous dirigeons vers la brèche Crettex. Equipés pour le rocher, nous progressons vers la Tête Crettex qui est gravie. On descend de la tête en zigzaguant dans les blocs puis on arrive à l’Aiguille Javelle. Là un gros problème, c’est le dièdre ! On s’élève avec le dos contre l’aiguille et l’on coince le poing gauche dans la fissure et l’on se rétablit sur le bloc. On se sert de quelques prises versant Trient, on arrive au sommet. De là, un rappel fait descendre le long de la cheminée. Attention à ne pas coincer la corde en descendant ! On continue les vires et l’on remonte vers le Trident. Très belle vue versant suisse. On traverse une vire étroite qui mène au col Copt, au-delà on remonte en écharpe le versant

31/05/19 110 37 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 nord des aiguilles Penchées. Pour descendre de cette très belle traversée, on utilise le dernier couloir de neige versant Trient. Voilà une belle course, longue mais pas difficile, qui fait découvrir le plateau du Trient avec l’aiguille du Tour. On rentre, pour les Suisses par Trient, pour nous par le refuge Albert 1er.

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BLAITIERE

Ah ! Moricet, jeune ingénieur à la S N C F ! Nous avions été dans un camp de colonie pour adolescents. Nous avons fait pas mal de chose, la soupe ou un plat relevé sur nos feux comme de vrais boys-scouts ! Des cerfs volants, des poteries. Mais ce qui nous tenait le plus, c’était les rochers qui étaient autour. Enfin, un beau matin, nous allons vers la falaise qui domine le camp. On avait des pitons et une corde. Au bout de trois longueurs, un grand bruit a ébranlé la paroi, il nous a cloués sur place, toute la roche vibrait. Nous avons installé des rappels et fait demi- tour. Mais ceci n’est qu’un prélude à la course de Blaitière, que nous avons faite. Coucher au Plan. Nous partons de bonne heure et franchissons toutes les moraines du Plan des Aiguilles. Que cela devait être beau, il y a 100 ans, quand ces glaciers descendaient vers Chamonix ! Enfin nous voici sur le glacier des Nantillons que nous devons remonter. Nous chaussons les crampons, franchissons le Rognon et remontons le glacier jusqu’à ce qu’il devienne couloir. Au pas de guide, nous gravissons, la neige étant dure, nous avons une corde de 40 mètres à double. Des relais lorsqu’il devient pentu et nous voici arrivés au sommet. Nous faisons les trois pointes, allant vite c’est un régal quand vous avez un second qui va bien ! Quelles belles aiguilles avons-nous devant : l’Aiguille du Fou, de Lépiney, du Caïman, du Crocodile, le tout couronné par l’, dont je ferai plusieurs fois le sommet et la traversée depuis l’aiguille du Midi, avec descente sur le Requin. Comment ne pas admirer toute la chaîne et tous les sommets qui s’étalent dans un cirque majestueux ? Enfin il faut bien descendre et prudemment face à la pente, nous prenons ce couloir Spencer que j’ai fait tant de fois. Nous trouvons le passage du Rognon et vivement Chamonix et son train, qui te laisse toi mon ami Moricet à Virieu le Grand où tu faisais chef de gare, et moi à Oullins qui taillais des pignons.

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L’ALETSCHORN

Mon ami Bernezat a réussi à faire guide à part entière, avec en plus ses expéditions au Hoggar, sous l’enseigne qu’il défend bien, « Hommes et Montagnes », et son diplôme de professeur de ski, puisqu’il enseigne à la Plagne, avec notre ami commun Max Puissant. Hors donc, il faisait le tour des stages comme inspecteur. Il vient contrôler le mien à l’Aletschorn. Un rapide breefing nous fit découvrir la route qui passe par le col de la Forclaz, Martigny, Sion, Sierre, Brig et Morel, où les gars trouvent une grange, nous, des lits à l’hôtel. Laissant toute initiative pour les jeunes, en vivres et équipements, nous nous retrouvons au téléphérique à Riffelalp, pour prendre la direction du glacier d’Aletsch. Il faut le remonter jusqu’à Konkordia. Une bonne nuit au refuge et nous prenons à la carte et à la boussole, la direction de l’Aletschorn, les jeunes mènent devant. Enfin le voilà, une face nord comme il en existe en Suisse. Nous nous équipons : crampons et pitons à glace. Cela va barder ! Nous commençons à monter. Un grand sérac de 20m nous barre la face, les piolets rentrent en action, les pitons aussi. Mon ami Jean-Louis est en tête et déploie toute son expérience, même des étriers sont posés. Enfin après un changement imprévu, Bernouze ayant cassé son piolet, il descend et je reprends la tête, j’aménage le passage avec une bonne trace. Tout le monde suit, plus ou moins bien. Le brouillard nous surprend sur la crête et nous faisons la trace en nous fiant aux trous qu’ont faits les précédents avec leurs piolets. Voici le sommet 4195m, mais comme on aurait apprécié le soleil ! Bref, nous descendons sans perdre la trace en filant nord-est, nous arrivons à un col et empruntons le glacier de Mittelaletschgletscher où à la fin nous trouvons le Grosser-Aletschgletscher et contents de trouver la direction de Morel et de la vallée du Rhône !

Manque de chance, une clé de voiture a été perdue et un gars qui était pompier fit sauter le pare-brise de l’automobile. Ouvrir les portes n’était qu’un jeu pour lui, ainsi que le pare-brise, à remettre ! Mais quelle souplesse et rapidité s’est-il employé pour en arriver là ! Enfin nous rentrons à Argentière, heureux d’avoir fait une grande face nord Suisse.

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AIGUILLE DIBONA

Avec mon ami Bendrihem, nous partons de Lyon et montons en voiture cette belle vallée de la Romanche, et après la grande ligne droite de Bourg d’Oisans, nous prenons la vallée du Vénéon, très jolie et pleine d’imprévus. Nous arrêtons la voiture, aux Etages, pour prendre à pied la montée très dure, qui nous mène au refuge du Soreiller, à 2720m. L’altitude n’est pas très haute, mais que l’Aiguille Dibona qui domine le refuge, est impressionnante ! Enfin, ce n’est pas pour ceci que nous dormirons

31/05/19 110 39 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 mal. Le refuge est fermé, aussi nous bivouaquerons comme au bon vieux temps dans l’abri à bois. On croyait le refuge ouvert, mais nous étions déjà l’automne. Enfin un bon feu de bois nous réchauffe, nous pouvons dormir. Debout de bonne heure, nous les citadins ! A 5h, nous nous dirigeons vers la base qui est remplie de vires très difficiles. Nous prenons la voie Madier, le guide Vallot dans la poche, équipés normalement. Des murs raides coupés de fissures en 4, et on tourne à gauche presque toute la face. On s’élève par des dalles raides en 4. Puis on escalade le grand dièdre longeant le pilier, le rocher se redresse vraiment, on monte un surplomb avec un piton en place et après une fissure en 5 vraiment verticale. Puis par des rochers moins raides, on rejoint un dièdre qui nous mène au sommet. C’est une course très belle dans une nature unique. Nous posons un rappel qui nous descend versant est et deux autres qui nous emmènent sur les cailloux, vite la voiture et nous rentrons à Oullins.

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LA GRANDE FOURCHE

Je voudrais aussi relater, la traversée de la Grande Fourche 3.619m, que j’ai réalisée avec Ben. C’est une petite course en glace et en rocher se trouvant sur le haut du glacier du Tour. Nous attaquons dans un couloir de neige dure et après avoir doublé une cordée d’Anglais qui s’assuraient avec rien, une pelle en duralumin plantée dans la neige, les cordes non tendues. Il y a un Bon Dieu pour quelques-uns. Enfin sortis de la pente de neige, nous prenons l’arête dans un terrain couché et nous entamons les dièdres du sommet. Nous voici arrivés. Mais soudain un orage d’une rapidité et d’une violence sans égal nous surprend, le tonnerre gronde et les éclairs illuminent le terrain. Nous sommes pris, et les anneaux de corde à la main, nous rejoignons vite l’extrémité de l’arête, les cheveux tirent, des flammèches apparaissent entre les pointes des crampons. Ben sent le rocher bouger, c’est la 1ére fois qu’il voit la foudre. Soudain un éclair avec le tonnerre, tout sent l’ozone, nous n’en menons pas large. La foudre tombe près de nous, à 6m, je dis à mon ami Ben de se dépêcher. La neige se met à tomber, nous sommes sortis du nuage, ouf ! Nous descendons la pente de neige, les Anglais ont l’air d’avoir fait demi-tour. Nous posons un rappel, franchissons la rimaye et allons nous sécher au refuge. Nous avons frisé la peur, la solitude, mais on s’en tire bien nous dit le gardien. <><>

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LES PAPILLONS, LE PEIGNE, LES PELERINS

Je ne voudrais pas passer sous silence, la course que nous avons faite avec le CAF de la Roche. Ce sont des bons, tous bons, Jean Raphoz, Jean Belleville, les frères Pédat, Gidon, Hugonnot, Prévent, Négri, et comme guides Jacques Martin, Maurice Lenoir et moi-même. Partis de la 1ère benne du Plan à 6h, nous montons prendre l’arête des Papillons que nous connaissons, passons les plaques, la dalle à pitons, la cheminée, la Dullfer, pour arriver au premier sommet. Alors la course commence sérieusement. Nous nous présentons comme suit : 3 cordées de trois et 1 de deux qui ouvre. Nous passons au Peigne. Après quelques rétablissements, nous empruntons des fissures d’une voie Terray, à droite nous contournons la fissure Lépiney et abordons le sommet par son arête ouest, ça y est, nous sommes au deuxième sommet. Mais quelle ne fut pas ma surprise de voir deux cordées, celle de Lenoir et celle de Martin dans les fissures sous le sommet des Pèlerins ! Il fallait faire vite pour rattraper le temps perdu ! Passer le Z de la Carmichael n’est pas donné et il faut faire attention. Enfin le troisième sommet, ne nous attardons pas et vite sur les névés de l’aiguille des Pèlerins, où nous rattrapons les autres, juste pour la benne de 18h. Vite mon train de 19h à la Roche, je dis au revoir aux copains. Nous avons fait trois sommets en une journée, bravo la Roche-sur- Foron !

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UNE SEMAINE DE COURSES A CHAMONIX

C’est le grand beau temps, cela tombe bien, nous allons faire un camp au refuge de l’Envers et au Couvercle avec le C A F de Paris. Nous avons averti les gardiens. Chargés comme des mulets, nous ravitaillons Babette, j’avais trois douzaines d’œufs chargés dans des cagettes et n’en cassais pas un. Nous franchissons les échelles, montons par un sentier qui est très raide au départ, s’apaise un peu, puis reprend de l’altitude. N’est-ce pas Suzanne, avec qui je l’ai fait plusieurs fois ? Ca y est, nous y sommes, après avoir pris longtemps une partie du sentier presque horizontale, nous montons encore des parties raides et accédons par le coté gauche du refuge. Là, il a été peint un Bouddha géant sur la roche. Enfin la terrasse du refuge, une bonne bière, nous regardons plein d’admiration tous les sommets alentour ! Le bassin de la Mer de glace qui est magnifique et surtout le Requin face nord, derrière nous les immenses alignements des faces Est, très redressés de l’envers des Aiguilles de Chamonix. On s’installe et nous vérifions notre matériel. Le lendemain repos ou peu s’en faut. Reconnaissance de l’arête Ryan, du pan de rideau, de la face est du Grépon. Nous choisissons. Tout est à faire, mais c’est un degré au-dessus de notre entraînement. Nous revenons au refuge. Bon repas avec des omelettes. L’après-midi, cartographie de tout le bassin et au dodo.

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A 3h, nous partons à la lampe frontale, avec un sac léger et tout le matériel pour faire la Ryan au Plan. Marchant d’abord sur des cailloux morainiques, ensuite avec les crampons. Nous nous encordons, la rimaye est haute de 5m. Je la passe avec les piolets enfoncés dans la neige verticale, je fixe quelques étriers. Vite en haut, je plante un piolet et noue ma corde dessus. Pris d’un besoin pressant, je me déculotte, et vivement je décharge mon omelette qui brouillait mon estomac depuis la veille. Je fais venir les gars qui grimpent sur les piolets, mais attention au dernier qui récupère le tout. Enfin tout le monde est en haut. Je pars avec mon ami Jacques Martin, nous allons à droite, attaquer ce pilier de 100m de haut, qui semble très caractéristique. Il est sensiblement vertical avec de bonnes prises. Arrivés au milieu du mur, on entend un cri. Martin, est-ce chez toi ? Non, me répond-il, c’est plus bas. C’est une cordée qui était devant nous à gauche, une jeune fille ayant dévissée, sans mal, mais ils font demi-tour. Nous continuons à escalader, mais ce coin est vraiment sinistre. Tout est rocher vertical très sombre autour de nous. Ouf ! Nous débouchons sur l’arête Est, dans le soleil.

Ah! Quelle vue dégagée, un ciel bleu et une chaleur qui réchauffe nos muscles, car il va falloir s’employer. Nous inversons les deux premières cordées, Martin prend la tête pour grimper la fissure de la Grand-Mère, cela commence bien ! 3 pitons, le premier sert à mettre un étrier. Après, c’est la fissure dans toute sa beauté, 50m d’un seul jet ! Un léger replat et nous voilà repartis pour la verticale. Une autre cheminée avec une sortie des plus délicates, elle nous entraîne vers l’extérieur. Nous arrivons à l’envers du sommet que l’on prend si souvent en venant de l’arête Midi-Plan. Nous voilà au sommet touts contents. Un casse-croûte bien mérité est tiré des sacs, mais surtout pas d’œuf dur, un simple morceau de jambon. Allez, assez admiré le panorama incomparable ! Le bassin du Géant nous fait découvrir toutes ses richesses : dent du Géant, Grandes Jorasses, Aiguille Verte, des centaines de courses à faire ! Nous nous préparons pour la descente, rangeant tout le matériel pour l’escalade. Nous descendons les rochers sommitaux et chaussons les crampons. Faisons-nous l’arête Midi - Plan à l’envers ? Reste à savoir si nous aurons la benne, puis le couchage à Chamonix, le chalet ? Nous optons pour le glacier d’Envers et enfilons les premières pentes qui ne sont pas raides, les anneaux à la main. On ne s’assure que dans les passages de crevasses. Il est 2h de l’après-midi, attention à la neige ! Il y a une bonne trace, et nous arrivons après plusieurs crevasses, à la trace qui mène au Requin. Une bonne bière, et je demande au gardien si le glacier qui mène à l’Envers est praticable. Sur son affirmation, on garde la partie supérieure et l’on rentre au refuge, juste pour nous laver, manger avec un appétit féroce et aller au dodo. On verra demain, nous allons au Couvercle !

Direct. Le lendemain, nous prenons tout notre fourbi. Nous voilà descendant directement suivant les instructions de Babette alias Maerten. D’abord sud, puis plein est, en choisissant les couloirs. Ca y est, on est sorti de l’auberge, tant mieux, car des cailloux commençaient à tomber ! Traversée de la Mer de Glace, sur le plat avant la bosse, qui fait limite avec le glacier du Géant. On rejoint facilement la moraine de

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Talèfre. Sortis de ce piège, voici les Egralets, nettement améliorés depuis 1947. Des échelles valables, des ponts en tôle perforée ont remplacé les poutres ! Ah, pour les portages, est-ce que cela va bien, mon cher Ulysse Borgeat, frère de madame Maerten ? Nous arrivons au refuge retenu d’avance, car il y a du monde. Nous nous reposons. Regardant la face nord des Grandes Jorasses, l’aiguille du Géant, les Courtes, , et en montant au-dessus de l’ancien refuge, on voit la Verte, qui sera la course du lendemain. Notre repas, notre sac à faire car nous partons de bonne heure, une nuit qui ne dit pas si nous avons dormi. Le gardien Régis Mugnier nous réveille à minuit. Tout à la lampe frontale, nous passons à coté du vieux refuge du Couvercle, qui se trouve vraiment sous une grande dalle couchée, venue je ne sais d’où. Nous montons une pente de neige, ensuite à droite en suivant de la Nonne vers le couloir Wymper. Nous chaussons les crampons.

Mais que vois-je, Simone qui creuse un trou à bonne distance du groupe et défait ses pantalons ! Je laisse faire car je sais comme ça presse, deux jours avant le départ de l’Aiguille du Plan. La rimaye est facile à franchir, nous avons des cordées de deux avec une corde double, de façon à ce que chacun prenne la tête en se doublant au relais, si bien que chacun monte de 60m d’une traite. Que dire d’un couloir de neige tôt le matin ? Nous avons une frontale et voyons les marches, il ne fait pas trop sombre. Cela va bien, les gars montent et les cordées se suivent. Il est incliné à 50 degrés, dans le haut 56 degrés, cela fait raide pour des semi-débutants. Nous touchons l’arête, je suis avec Simone Badier, elle me demande de passer devant pour finir l’arête et arrivons au sommet dans tout l’éclat du soleil. Quelle vue ! La Verte fait 4100m, c’est le seul sommet entièrement français qui est à cette altitude. Il est 7h, c’est un bon temps. Léger casse- croûte, et je ne serais pas correct si l’on ne pensait pas à Dieu, qui a fait toutes ces montagnes pour notre admiration, de cette zone encore protégée où l’on trouve un sentiment de force, de grandeur, de solitude devant tant de sommets. Mais attention au mauvais temps ! Il fait si beau, la vue n’est bouchée par aucune autre montagne. Nous redescendons en suivant notre trace et arrivons à la rimaye à 9h30, juste le temps de déchausser nos crampons et la chaleur est là. Nous marchons d’un bon pas et nous sommes au refuge vers les midi. Un bon repas, une longue sieste pour quelques-uns. Des observations sur tous les sommets qui sont autour de nous avec leurs altitudes respectives. Mon Dieu, il n’y aurait pas assez d’une vie pour tout faire. Nous préparons le sac pour demain qui sera l’arête sud intégrale du Moine.

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LE MOINE PAR SON ARETE SUD INTEGRALE.

Nous partons à 4h équipés pour le rocher, 1piolet pour deux, anneaux de corde, les chefs de cordée ont 6 mousquetons et 2 à 3 pitons si nécessaire. Nous suivons le sentier de la voie normale du Moine, mais nous longeons le glacier du Moine pour rejoindre un couloir cheminée. De la brèche versant Talèfre, on gagne une cheminée en 4éme degré, une plaque avec un mouvement athlétique en 4. On franchit une dalle en 4 et on remonte une fissure en 5, pour regagner le fil de l’arête. On fait un rappel pendulaire versant Talèfre et on remonte par la crête en 4. Nous continuons toujours, les gars sont en forme, nous poursuivons par une cheminée avec un dièdre athlétique, avec sortie en opposition.

On suit toujours l’arête, on arrive à une brèche, et l’on pose un rappel sur un brin, l’autre servant à l’assurance. Je passe en dernier sur le rappel normal car j’ai défait le nœud qui l’arrêtait. Au bout de 25m, je suis en bas, on tire sur un brin de la corde, elle vient bien. On monte le couloir et l’on se trouve devant un très beau morceau d’escalade. Une fissure de 40m avec des blocs coincés surplombant le tout en 5. La vue est admirable sur la mer de glace. Le grand gendarme est vite contourné, pour prendre un dièdre en 5 avec un grand pas pour sortir. Après on s’enfonce dans la fissure avec le bras droit, elle continue toujours verticale en 4. C’est une sacrée escalade ! On grimpe encore 20m et l’on se trouve devant un mur à petites prises, on fait de son mieux, ceux qui ne passent pas font une courte échelle, pas moyen de planter un piton, la roche étant monolithique. Quelques blocs et nous sommes au sommet. Vue magnifique sur toute la chaîne et longue sieste. On admire le panorama superbe, le temps est très beau, pas un nuage. J’aimerais être avec mon ami Bernezat. Mais le travail oblige. Nous descendons facilement la voie normale, les anneaux à la main, nous repérant à l’immense tour qu’il y a dans la face, on la laisse à droite. Encore un passage pour arriver sur le glacier, une cheminée qu’on descend face au vide. Nous voilà dans la trace, heureux comme des collégiens qui viennent de faire une farce. Nous arrivons au refuge vers les 15h. Chacun trouve une bonne planque pour effectuer une longue sieste bien méritée en ayant pris obligatoirement une bonne bière.

Chacun étudie sur le guide Vallot la traversée des Courtes et surtout la descente. Bientôt le repas du soir et dodo pour tout le monde car demain on part de bonne heure, à 4h.

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31/05/19 110 44 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

LES COURTES

Du refuge du Couvercle d’où l’on part seulement avec le matériel de glace bien révisé la veille. Le guide Vallot dans la poche, l’appareil photo dans le sac, on prend pied sur le glacier et l’on se dirige vers le jardin de Talèfre que l’on contourne pour aller au couloir de la Tour des Courtes, 3720m. Il est vite remonté, la neige est dure, les crampons mordent bien. Nous arrivons à la tour que nous contournons. Là, nous trouvons une trace vraiment bien faite. On monte sur l’épaule ouest puis de là, au sommet 3856m où l’on ne mange pas, on regarde le versant nord qui est très pentu, cela se fera peut-être dans quelques temps, avec de l’entraînement. Pour le moment, on passe l’aiguille Chenavier, qu’on traverse par le versant Talèfre. Puis l’Aiguille Croulante de même. On passe aussi l’Aiguille qui Remue, et l’on file par le col des cristaux, en faisant attention aux pierres. Nous rejoignons rapidement la base des rochers de l’Aiguille qui Remue, et l’on file sur le haut du glacier de Talèfre en direction du refuge. Il est 11 h. La chaleur est là. La neige fondante permet de quitter les crampons. Mais on se rappelle toujours ce que l’on a vu là-haut. Les versants nord qui sont impressionnants, problématiques mêmes, et ce Chardonnet si beau dans sa face ouest et son arête, l’Aiguille d’Argentière, les Aiguilles du Dolan, la Pointe du Domino, la face nord du Triolet et Ravanel-Mummery évidemment. C’est avec tous ces sommets dans les yeux et dans la tête que nous rentrons au refuge. Il est 14h, les gars ont bien marché. Laissons-les poser leur matériel, et comme le camp est actif, je leur demande de préparer sur le Vallot, la traversée des Droites qui est une longue course pour demain.

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LES DROITES

Nous partons à deux heures et demie, et remontons le glacier de Talèfre, longeons le jardin dans sa partie supérieure, et remontons le couloir en longeant l’éperon oriental. Nous arrivons sur l’arête, enlevons les crampons, glissons le piolet derrière le sac et commençons l’escalade des rochers en suivant l’itinéraire 145 et 142 du Valot. Nous parvenons par des blocs et des fissures au sommet est. Là se pose la question : doit-on continuer la traversée, il y a plusieurs moyens de shunter la course. Nous préférons descendre l’éperon est, plutôt neigeux et emprunter un bon couloir qui amène à la base des Droites, et que l’on voit très bien du Couvercle. On chausse les crampons, tout se déroule bien, il y a des parties en glace et nous ne rentrons pas trop tard pour descendre à Chamonix, heureux d’avoir passé toute une semaine en haute montagne.

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31/05/19 110 45 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Marc JOUBERT Guide de Haute Montagne

Chapitre V :

LE SKI DE RAID.

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31/05/19 110 46 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

LE SKI DE RAID

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Petite prose de mes amis guides sur la montagne :

« C’est être pour un temps en marge du monde moderne fait de béton, de moteurs, d’ordinateurs…Oubli d’un univers bruyant. Fuite d’une terre agitée.

C’est parfois peu de chose pour retrouver les sources de la joie.

Le départ dans le froid d’un clair matin, la cadence paisible à la seule chanson fredonnée des peaux de phoques sur la neige encore vierge.

L’éblouissement d’un col sur la trouée d’une vallée.

La plénitude de la joie au sommet enfin atteint. Ici, à présent, peu importe l’effort.

L’ivresse de la possession, courbe joyeuse et pourtant éphémère de poudreuse légère, et le premier crocus au nid de l’herbe nouvelle.

Mais c’est quelquefois payer cher ce bonheur, hésitation au départ sous un ciel chargé de promesses, d’abandon et d’échec.

Etape si longue car aveugle, dans un brouillard que l’impatience et la volonté ne percent pas toujours. Sommet deviné si beau et resté pourtant inaccessible à cause de la neige et du vent, des nuages qui montent à l’horizon ou de la fatigue contre laquelle on ne peut plus rien.

Neige, tu m’as trompé, tu es moins belle que tu ne parais !

Cabane parfois si pauvre pour un si grand effort.

Paix, silence, amitié, nature retrouvée. »

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Fait en 1973 par mes amis guides Jean-Louis BERNEZAT et Max PUISSANT.

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31/05/19 110 47 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

TRAVERSEE DU BEAUFORTIN

Sommet se tenant sur une chaîne parallèle aux Arcs, la Plagne. Départ de Grand Naves, allant jusqu’à Bourg-Saint-Maurice. I – Grand Naves – Le Qermo 2290m – Chalet du Nant du Beurre 2075m – Le Grand Crétet II – Nant du Beurre – Col des Génisses 2948m – Refuge de la Coire 2809m – Crêt du Rey III – Le Coin – Col du Coin 2398m – Col de Pressey 2200m – Refuge de Pressey 2505m IV – Pressey – A gauche du col du Grand Fond - 2500m passage à 45 degrés, montée à pied – Aiguille de la Nova 2961m – Fort de la Platte – Fort du Truc – Appel des cars par téléphone et Bourg-Saint-Maurice.

C’est une agréable randonnée de crêtes, surtout avec vue sur le Mont-Blanc. On peut varier aussi le parcours, mais celui décrit est de toute beauté.

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TRAVERSEE DE L’OETZTAL

Carte au 25000ème Oetztaler-Weihkügel Gurgl-Oetztal I – Lyon Genève traversée de la Suisse – Feldkirch – Blüdenz – Saint Anton Imst par Solden – coucher II – Solden 1377m – Rotkogeljoch par les remontées mécaniques – Rettenbachjorch 2988m – Braunschweigerhütte 2759m III – Mittelberg 3166m – Wildspitz – Brochkögel – Vernaghütte 2755m IV – Flüchtkögel 3500m – Vernaghütte – Hochjochhöspitz 2412m très beau refuge V – Krüzkögel 3340m – Neuesamoarhütte 2501m VI – Montée à Similaun 3019m – Similaun 3606m descente à Matinbüch 2501m VII – Karlspitz 3465m – Neukarlsruherhütte 2438m VII – Descente sur Obergürgl. Solden en car et Oetz pour Lyon

Et c’est ainsi que huit traversées de l’Oetztal ont été faites, avec des variantes. C’est un cadre vraiment parfait pour la randonnée, tranquille, avec tout le Güemulich autrichien que l’on aime. Même après ces traversées, j’en ai fait une autre de suite, puisque après une nuit de repos, j’ai repris à Solden un autre groupe, en emportant sans le vouloir, le traîneau de secours de mon ami René Corrompt.

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31/05/19 110 48 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

TRAVERSEE DE LA VANOISE – 1 –

Participants : JOUBERT Bruno, JOUBERT Marc guide, Marie-France VRAC, Maryvonne, son époux, Christine et son copain.

I – Voyage Lyon - Bourg-Saint-Maurice – Val d’Isère – Val Claret 2127m – Téléphérique de la Grande Motte 3409m – Refuge de la Leisse 2482m

II – La Leisse – Pont de Croë-Vie 2019m – Refuge Félix Faure 2516m

III – La Réchasse 3212m – Mont Pelle pointe ouest – Dôme de Chasseforêt 3585m – La Réchasse - Félix Faure. Seul, je suis allé chercher le sac de couchage de Christine, vu aux jumelles que Suzanne m’avait achetées. Donc je laisse les touristes en vue du refuge. Il fait grand beau. Je descends au pont de Croë Vie. Il est 12h. Je chausse les peaux et je retrouve bien le sac, il est 14h. Je redescends en vitesse au pont, monte à pied pour éviter les avalanches, en me tenant sur les rochers et arrive au refuge en disant : « Vous paierez la course ! Ca jeté un froid. » Malgré tout, j’ai été content d’être seul dans cette montagne merveilleuse qu’est le parc de la Vanoise.

IV – Debout à 4h, on monte le glacier de la Grande Casse pour arriver au col à 3096m. Grande ambiance entre le couloir des Italiens à la Grande Casse 3775m et l’Aiguille de l’Epéna. Ensuite descente sur le glacier de l’Epéna et le haut du glacier de Rosolin, pour prendre sa moraine de gauche et arriver aux Caves de La Plagne. On se laisse glisser sur Laisonnay 1572m. Nous faisons de la balançoire, il devait être 13h. On monte au refuge de Plaisance P.N.V. 2184m. Nous avons randonné un peu les skis sur le dos pour franchir les passages raides et enfin on reprend la marche sur le refuge.

V – Du refuge, on fait le Dôme des Pichères 3319m, on redescend le glacier de Pépin, pour tourner le col de l’Aliet, à plan Richard, une avalanche de neige lourde me prend un ski. Bruno était loin dans le vallon de gauche, il a fallut que je me débrouille à me sortir tout seul, j’ai laissé un bâton, introuvable. J’en suis sorti et nous filons vite sur le refuge du Palet en mettant nos peluches, à 2500m. Pas de gardien ! Ca ne fait rien, on puise dans les sacs le reste de nourriture et on a tout de même bien mangé.

VI – Descente libre sur les pistes du col du Palet jusqu’à Super Tignes, de là, Val d’Isère en car, puis un autre pour Bourg-Saint-Maurice et au revoir à tous pour Paris et Lyon. Je pense que les Parisiens sont contents. Dans tous les cas, cette Vanoise est merveilleuse, on peut rayonner dans le massif comme on le veut.

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31/05/19 110 49 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Voilà une autre traversée de la Vanoise, complètement différente.

TRAVERSEE DE LA VANOISE – 2 –

Avec mon fils Bruno, j’ai fait deux bons sommets en partant d’Oullins.

I - Lyon – Val d’Isère, Le Manchet 1976m puis montée au refuge du Fond des Fours 2357m.

II – Nous allons donc à la Pointe de Méan Martin 3334m par un itinéraire qui n’est pas évident au début, puis ensuite on prend une arête qui nous amène à la pointe. La vue est sensationnelle, il fait un beau temps magnifique, il est midi et nous mangeons. C’est le moment de chausser les skis, et après une bonne descente, nous nous trouvons au refuge de La Femma 2352m, tenu par Claude Jacquemot. Nous prenons un repas succulent. Nous sommes seuls mais bientôt arrive un groupe de jeunes menés par des instructeurs. Nous passons une bonne nuit.

III – On va faire la Pointe de la Sana 3436m, d’où on a une belle vue sur l’ensemble de la Vanoise. La montée est longue et raide à la fois. Nous descendons du sommet en direction des Barmes de l’Ours, puis tournons à gauche pour aller sur le mont Roup. On a une pente avalancheuse, je prends les devants et fais venir Bruno après en le surveillant. Nous voilà dans une grande gorge que nous enfilons sans risque, pour nous retrouver au Manchet, à notre voiture, et de là, à Oullins. Pourtant la montagne n’est pas à côté.

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TRAVERSEE DE LA VANOISE – 3 –

I – Val d’Isère 1800m – Le Prarion 2324m

II – Pas des Bouquetins 3335m par le col d’Oin, arrivée au refuge du Carro 2760m.

III – Col des Pariottes 3070m. Par un parcours assez difficile, on rejoint le col des Trièves, que l’on passe avec beaucoup de précautions, car très avalancheux. Un de mes amis guide est mort ici. Col du Grant Méan. Et là, c’est la grande descente sur le refuge des Evêttes 3253m.

31/05/19 110 50 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

IV – Nous montons à la Selle de l’Albaron 3474m. Descente par le glacier du Grand Fond jusqu’au village de Maurienne de Vilaron. On prend un car pour redescendre coucher à Bessans 1705m.

V – Nous prenons une piste qui nous ramène au Vilaron, et de là, au refuge du Mollard, par le passage des Ravines, on accède à Méan Martin et au refuge de La Femma. Coucher.

VI – Pointe de la Sana, col des Barmes de l’Ours, Le Manchet – Val d’Isère

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TRAVERSEE DE LA VANOISE – 4 –

Enfin j’ai les deux enfants avec moi : Jacqueline et Bruno. Claudie est restée avec maman. Ils vont bien en ski et sont capables de rester 8 jours en montagne. Nous allons au refuge du Prarion, un refuge dans le genre de celui de Rosuel. Nous sommes bien au rendez-vous de Val d’Isère. Max Puissant qui est en grande forme, achète les derniers vivres, prend les clés chez Dupont, nous n’aurons pas de cuisinier, il y a des mains féminines présentes. Dupont explique à Max, comment mettre en eau. Nous avons aussi du bois, tout va bien.

On reprend les voitures pour le Fornet et le pont St Charles 2058m, où le chasse- neige a ouvert la route. On essaie le matériel : skis, fixations, peluches à sangles, de ce temps, chaussures et nous voilà partis par les gorges du Malpasset, nom prédestiné, qui sont remplies de neige. A des endroits, on entend l’eau en dessous, mais pas besoin de s’encorder, on franchit le plat et on arrive au refuge. Nous nous installons dans les dortoirs, une petite sieste, car nous avons fait un grand voyage. Après on va chercher les citernes d’eau profondément enfoncées dans la neige, une sonde, et une pelle, nous les trouvons pleines d’eau. On ouvre les robinets et l’on a de l’eau sur place à la cuisine. Il y a du bois à casser, des gamelles à laver, ranger les vivres pour 7 jours. Max s’octroie la cuisine avec une nénette bien sûr. Je vais voir Jacq et Bruno s’ils sont bien installés. Ils m’ont gardé une place. Jacqueline a trouvé une guitare qui fera la joie durant les longues après-midi. Nous sommes douze, on mange dans le dortoir d’hiver, nous sommes bien. Le repas est succulent et copieux, le vin coule presque à flots, nous nous endormons de bonne heure.

A 6h du matin, nous partons pour la cime de la Vache 3.189m. Chacun pousse sur ses bâtons en baissant la tête, perdu dans ses pensées personnelles. Je vérifie que tout va bien dans la progression, répare une peluche, un bâton, une fixation. C’est un raid d’initiation. Aussi il ne faut pas aller trop vite au début, 300m de dénivelé à l’heure, nous mettons 4h pour monter. On admire ce magnifique écrin de montagnes, l’air est

31/05/19 110 51 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 limpide, le ciel très bleu, il en est presque noir. Les skis sont mis en position de descente, en arrondissant nos virages nous serons vite de retour.

Le matériel est rangé, les peluches sèchent au soleil, Jacqueline prend la guitare et nous joue des airs chantés par Hugues Auffray, Moustaki. Max nous invite tous à faire des essais de monter une crevasse imaginaire. Une corde est installée au balcon. Max redescend par les escaliers du refuge. D’en bas, il installe deux poignées Jumard. Démonstration. Simplement à l’aide des poignées, libérée une à une, gauche –droite en mouvement alternatif, il s’élève jusqu’au balcon, la cigarette au bec. A présent, à nous !!! Nous ajouterons simplement un harnais de sécurité pour éviter de basculer en arrière. Toutes les personnes s’y essayent. Il y a beaucoup de monde au balcon… Bonne rigolade ! et toujours en musique avec Jacqueline et sa guitare. Nous préparons le repas, Max fume évidemment, et au lit. Le lendemain nous allons faire une course plus conséquente : la pointe du Gros Caval 3285m. Montée par la côte de Roche-Noire, après tout en haut une légère traversée, on est au sommet. On voit toute la Maurienne à nos pieds. Un bon casse-croûte. Ah la préparation de ces en-cas, c’était tout un cérémonial ! Nous allions chercher les sacs qui nous avaient été confiés et les rangions par ordre : jambon, saucisson, sucreries, fruits secs, fromage de gruyère. Max puisait dans chacun des sacs et au bout, on attendait d’avoir notre sac plastique, reçu pour la semaine. Royal ! disait Max en étendant ses bras à demi et en ouvrant ses doigts bien écartés. Toutes les fois que cela allait bien, je lui ai vu faire ce salut. Bon, nous avons fait une belle descente agréable, Bruno vire bien en godille derrière Max, Jacqueline aussi, pourtant ils n’ont pas un matériel exceptionnel. La neige est un régal, tous skient bien. Nous rentrons au gîte, grosse veillée. Max fume autant, un paquet de gauloises lui fait la journée.

On va au col d’Oin. C’est la frontière avec l’Italie. Belle descente sur le même versant. Nous mangeons au refuge, je descends au raviteau à Val et passe les gorges du Malpasset ce qui n’est pas donné, je suis seul. Je remonte avec un sac de 15kg. Bonne journée. Aujourd’hui nous allons à la pointe de la Galise 3343m. Nous passons au-dessus du refuge et allons d’un pas rapide dans la trace. Plus loin nous prenons pied sur le glacier de Bassagne et allons en direction de la pointe de la Galise. On voit de là- haut le refuge Bénévolo, cela nous rappelle la soirée passée avec Claude Maignant chantant des chants de Pâques. Le matin, les guides avaient leur grappa. Vraiment c’est un beau jour mais Max craint pour les avalanches, alors pas de farces. Bruno qui s’était arrêté derrière, descend en parfaite godille et se fait recevoir par Max, qui évoluait en stem pour contenir tout son monde. Rappel à l’ordre pour le père et le fils, bon on marque les points. Nous rentrons par le plat du refuge en utilisant une arête de neige qui nous facilite les virages. Nous avons fini notre stage, il s’est bien passé. Au revoir le Prarion. Je reviendrais avec un groupe et Maurice Gicquel mais en réussissant la Galise avec descente sur Bénévolo. <><>

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LA GRANDE CASSE 3833m PAR LES GRANDS COULOIRS.

Nous nous retrouvons tous à Pralognan et prenons le téléphérique du Mont- Bochor. En sortant de la benne, nous montons un peu, pour prendre les grandes pentes et après il y a la longue montée sur Felix Faure. Nous passons la nuit. Des monstres pentes nous attendent, nous les montons à pied, les skis sur le sac. On rechausse les skis jusqu’à l’arête, là, nous continuons en crampons au sommet. Le couloir des Italiens est juste en dessous de nous, ce n’est pas cette fois que nous irons dedans ! Nous chaussons les skis, et pas de farces. Nous descendons prudemment. René Corompt nous arrête avant la grande pente. Il descend en godille et s’arrête 100m plus bas. Là, grandes manœuvres : Il téléphone à De Galbert, il y a du modernisme dans le matériel de transmission, pour qu’il installe une plate forme avec un encrage sur des skis. Celui-ci envoie une corde de 100m. Il lui dit : « Demande au vieux de se laisser filer sur la corde fixée aux skis ». Je pars en dérapage et ma foi cela va bien, j’arrive près de René, et lui dit : « Fait descendre les gens à 20m les uns des autres ». Ce qui est fait. Quand tout le monde est passé : « Envoie toute la corde », dit-il à Gaga, « et débrouille-toi pour descendre aussi bien que moi ». Quelle démonstration ! Il faut avoir du métier pour aller en skis comme eux, dans de telles pentes. Bien sûr, durant 7 mois ils sont sur les skis dans toutes sortes de neige et par tous les temps. Voilà de bons guides ! On plie les cordes, on applaudit Gaga, nous repartons en direction du refuge en passant par l’extrémité du lac Long. Heureux d’avoir fait la Grande Casse !

Felix-Faure : nous montons au col de la Grande-Casse, coincé entre les pointes de l’Epéna et le couloir des Italiens. Je trouve une amie des camps de l’A T C Thérèse Trapet qui est de Chambolle-Musigny et vigneronne, elle arrose sa course avec son vin qui porte le même nom. « Nous en prendrons bien un verre, vous descendez avec nous ! », « Non, nous descendons sur Laisonnay où nous couchons au refuge, on se reverra, nous restons 4 jours. »

Le lendemain nous allons au Grand-Bec 3398m, avec une montée en crampons, les skis sur le sac. Enfin nous arrivons au sommet, avec Jean-Louis Bernezat qui nous a rejoints. Nous avons une belle vue sur la Vanoise et nous apprécions. Mais comment la descente va-t-elle se dérouler ? Eh bien ! Pas si mal que ça, pourtant nous étions montés en crampons. La pente est raide, mais les virages s’enchaînent bien et nous allons sur le glacier de la Becca-Motta. Mais il y a une monstre avalanche qui est descendue, je prends les devants et sais qu’il n’y a plus de danger, un vrai tapis, nous skions parfaitement sur une neige lisse et damée. Mais tout à une fin….

31/05/19 110 53 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Descente à ski au moins jusqu’au refuge du Plan des Gouilles à 2550m. Nous sommes au printemps et c’est à pied que nous parcourons le bois de la Taillette sur le refuge du Bois PNV, pour prendre un taxi qui nous ramène par Champagny. A Pralognan, nous retrouvons nos amis de Chambole. Je leur commande une caisse de vin.

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LE MONT-BLANC AVEC BRUNO

J’emmène un groupe de Rhodia au Mont-Blanc. Il fait beau, nous avons rendez- vous à 10h au télé du Plan. Nous descendons et voyons cette étendue de neige que nous allons monter. Du Plan, nous chaussons les skis et entamons la longue traversée qui mène à l’ancienne station des Glaciers. Là, une bonne trace est bien faite, nous ne serons pas seuls. Nous nous engageons sur les séracs de la Jonction et à un endroit à l’abri, nous cassons une bonne croûte. Il y a le voyage Lyon-Chamonix, 235km à absorber.

Une fois restaurés, nous montons les grandes pentes qu’il y a sous le refuge des Grands-Mulets. On laisse les skis en bas des rochers, prêts à être pris le lendemain. Il doit être 15h. Nous montons sur la terrasse pour regarder le paysage. Bruno est là avec moi. La sœur de Raygnard aussi, nous regardons la trace qui semble bonne. Nous soupons, il y a du monde à table et dans les dortoirs.

Debout à 2h du matin, à la lampe frontale, nous nous préparons à chausser les skis. Nous avons des fixations Rotamat pas très commode à cause de leur débattement réduit. Enfin nous montons, le soleil se lève, une splendeur au milieu de toute cette neige. Nous franchissons le Grand plateau après avoir laisser le Petit plateau, attention aux chutes de séracs.

Enfin nous sommes au col du Dôme. Nous approchons de Vallot un petit arrêt. Je commence à souffler, on est à 4362m. Regardant Bruno, il a une certaine couleur au visage, je crains au mal d’altitude. Mais non ce sont mes lunettes qui donnaient cette impression. Alors si tu as la forme, allons au sommet. On laisse les skis à Vallot et l’on s’encorde. La trace est bonne, nous allons vite d’un pas régulier. On souffle de temps en temps, la Grande Bosse franchie, on continue par les rochers de où j’avais trouvé 4 gars gelés, ils avaient été pris par l’orage, c’était en 1949, quand on avait fait le Mont-Blanc avec Suzanne.

Ca y est, on arrive au sommet 4807m. Tout le monde est content, il fait clair, aucun nuage et le panorama est grandiose. Il est 8h.

31/05/19 110 54 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Nous descendons à pied en faisant attention de ne pas basculer de l’autre côté de l’arête. Nous chaussons les skis à Vallot, en courbes enchaînées, nous allons d’une bonne cadence. Mais ne pas se laisser aller, méfiance. Enfin en vue des Grands-Mulets, nous regardons ce paysage qui est envoûtant. Nous allons doucement dans les séracs qui cette année, sont bien fermés. Nous retrouvons le Plan-glacier pour tracer une longue ligne, remontons une moraine, qui nous conduit au Plan des Aiguilles. Avons-nous conservé notre ticket de retour ? Mais oui ! Il est 13h. Nous allons bouffer quelque chose dans un restaurant et filer sur Oullins. Remarquez, en 10 fois que j’ai fait le Mt Blanc, il ne m’est jamais arrivé quoi que soit. Sauf une fois, où j’ai traversé 3 bancs de nuages à la boussole. Après, j’ai eu encore le courage d’aller voir mon chef Chappaz Gilbert qui avait un camion de bois à décharger pour faire son chalet. Son fils, qui était à coté de lui, était bien petit. Xavier est maintenant président de la compagnie des guides de Chamonix.

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HAUTE ROUTE CHAMONIX – ZERMATT BREUIL

C’est un stupéfiant parcours que tout randonneur doit avoir fait. Je vous cite celui- ci qui est complet dans son itinéraire. Il a été parcouru dans son intégralité par mon fils Bruno avec un collègue et moi-même. Pour moi, je l’ai fait par des itinéraires différents, mais il est toujours aussi beau.

Premier jour : Lyon-Argentières – montée au téléphérique des Grands Montets 3297 m. Descente sur le refuge d’Argentières 2771m. Bruno regarde, depuis le belvédère, en haut des escaliers, ces formidables faces nord et une partie du parcours. Je connais un coin du Groenland qui lui ressemble : les Alpes de Stauning.

Deuxième jour : Pour prendre le glacier du Chardonnet, on descend à ski puis on chausse les peluches pour monter au col 3323m. Descente avec une corde fixe sur le glacier de Saleinaz, on tire une grande ligne droite pour aller à la fenêtre de Saleinaz. Montée les skis sur le sac et arrivée à la cabane de Trient 3170m.

Troisième jour : Col des Ecandies 2.796m, que nous remontons après avoir descendu une merveilleuse pente. Tout le val d’Arpette est à descendre en excellente neige de printemps et en virages d’autant plus enchaînés sur Champeix. Juste le temps de manger et le car pour Verbier nous emmène à la cabine du téléphérique du Mont Gelé sur la cabane Mont-Fort 2.457m.

Quatrième jour : La Suisse, grande patrie du ski de randonnée d’altitude. Il n’y a qu’à ouvrir une carte pour être époustouflé devant tant de glaciers et quand on est

31/05/19 110 55 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 dessus, on se demande où on va aller. Alors carte, boussole, altimètre sont nécessaires. Demandez à René, De Galbert ou Marc, si on ne se sent pas perdu avec tous ces instruments. Surtout si l’on a des lunettes de vue, lorsqu’on prend de l’âge. Et ne parlons pas des refuges, ce sont des palaces ! Mont-Fort – Col de la Chaux 2940m, col de Momin, Rosablanche 3336m, quelle belle descente jusqu’au lac des Dix ! On est vraiment au centre de cette randonnée. Enfin on monte le Pas du Chat et par une longue traversée, on arrive au refuge des Dix 2928m. Col de la Serpentine, col du Breney 3639 m et Pigne d’Arrola 3796m, voilà un beau sommet. On découvre toute la vallée d’Arrola et après ce parcours en montagne, on arrive à la cabane des Vignettes 3158 m, après avoir fait une grande courbe et passé le glacier d’Ottema qu ‘on laisse derrière nous.

Cinquième jour : Col de l’Evèque 3392 m, col du Mont Brulé 3312m. Une longue courbe nous emmène au col de Chermontane 3600m. C’est ici que l’on voit le Cervin apparaître dans toute sa splendeur, c’est vraiment magique de le voir surgir. Ensuite avec attention, on passe le Stocky et l’on skie sous Schonbull, dans une glissade sans fin. Zermatt par le téléphérique, coucher chez Mme Biner à coté de la gare.

Sixième jour : A Zermatt le matin 8h, montée au refuge du Théodule par les remontées mécaniques. On fait le Breithorn 4165m. Cela donne une descende formidable sur Breuil-Cervinia. Autocar pour le téléphérique du col du Géant. Coucher au refuge du Géant.

Septième jour : Descente du col du Géant sur Chamonix, puis train pour Oullins. Voilà le tour est fini, on a fait un bon raid, Bruno a été excellent toujours en forme, tout le monde est content.

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Quelques aventures durant les raids

Je vais vous conter les faits et gestes de quelques-uns. Oh ! Sans se moquer d’eux !

Nous commençons la Haute-route par la montée des Grandes Hautannes, puis on bascule sur le glacier de Bron, c’est là que nous sommes pris par le mauvais temps, brouillard, fine neige qui tombe, on n’y voit plus rien, et à la boussole, on se dirige vers le glacier des Grands. Le paysage est dantesque, l’aiguille du Genepy a des allures d’Himalaya, nous arrivons au Pissoir. Les clients en on assez. Je vous dis que le refuge est tout droit. Non ! Nous n’allons pas plus loin. Il est 18h, nous creusons un trou de la longueur des skis et assez grand pour tenir assis. On met sur les skis une toile plastique tendue et on recouvre le tout de neige. Un passage pour mettre à l’abri les six compères et ma foi on n'est pas si mal. Il neige toute la nuit et nous attendons 11h du matin pour mettre le nez dehors. Le ciel est tout bleu, le soleil éclaire les Dorrés et nous n’avons qu’à descendre droit sur le refuge de Trient. Et nous faire sécher. Voilà une belle épreuve, à nous de rattraper le temps perdu. Autre histoire.

Une avalanche que je déclenche en haut de la Fenêtre des Chamois. J’avais fait ranger tout le monde. Je saute trois fois et tout part. Un gars qui laissait dépasser ses skis est emporté. Il roule avec l’avalanche, on le regarde bien, son sac, ses skis, ses bâtons, lui aussi roule dessus, dessous et enfin tout s’arrête. Mon gars est assis sur la neige tout penaud. Il récupère tout sauf un ski que nous cherchons en vain. Je lui prête le mien, jusqu'à Champex où un cantonnier du pays, lui offre un ski de rechange et nous continuons.

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Une autre fois, une équipe féminine se présente, avec des sacs lourds. J’ai vite fait de déposer le linge de rechange de ces dames. Visite des trousses de toilette remplies de flacons. A dix quelles étaient, les sacs sont allégés de 30 kg, même des livres furent sortis. Plus loin, deux commères de 50 ans faisaient du yoga en petite tenue sur les tables du refuge, heureusement que nous étions seuls. En arrivant au col du Mont Brûlé, je montais la paire de skis d’une jeune fille et regardais en bas les deux dames monter sans leurs skis ! Et alors comment vous aller continuer ! Eh bien allez les chercher ! Alors, bonne pâte, je redescends et avec un regard foudroyant, je les charge sur mes épaules. Et les mêmes trouvent à redire, quand il m’arrive de tomber dans la neige profonde sous le refuge Shonbull. Je n’ai plus qu’à me relever, mais c’est une autre paire de manche dans la poudreuse, pourtant j’étais fort en gymnastique. J’aurais dû leur laisser leurs sacs comme ils étaient au départ. Dans la pente des Ecandies, eh

31/05/19 110 57 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 bien deux d’entre elles faisaient des conversions assises. Il est vrai que se recevoir sur les fesses demande une sacrée énergie pour se relever avec le sac, enfin tout le monde est arrivé en bas.

Encore une jeune fille de Rouen, en ayant voyagé toute la nuit, s’était bien reposée dans deux refuges. Elle était sympathique, toujours dans ma trace, elle allait affronter la fenêtre des Chamois. Il avait neigé toute la nuit, je la fais descendre à pied, elle enfonçait jusqu’à la taille derrière moi. Il me faudrait les diapositives pour vous la montrer !

Et avec toi mon cher René, alors que je te testais sur cette pour Jean-Louis Bernezat, tu me fis un abri avec les skis dans une tourmente pas possible, contre les rochers du glacier qui mène au refuge des Vignettes. Il faisait mauvais temps, nous étions passés par le pas de Chèvres pour aller prendre le fond du glacier de Tsijiore Nouve et monter au refuge. Nous attendons la fin de la tourmente. Enfin nous voyons passer le guide Jacquoux qui faisait retraite des Vignettes. Le vent s’apaise et on est bien arrivé. Le lendemain nous passions le col de l’Evêque, celui du mont Brûlé et par Valpeline, nous atteignons Zermatt. Ah ! Devenir comme Fernand Parreau, aussi âgé et terminer à 78 ans, toujours au rôle à la compagnie et marcher en haute montagne !

Et le réchaud de bivouac contenant du thé et qui se renverse sur un coup de pied malencontreux d’un gars du C A F. Eh bien, ils n’ont eu que des biscuits, au Pas du Chat. Ils sont arrivés à 10h au refuge des Dix ! Le lendemain, grand mauvais temps, ils voulaient tout de même partir. Alors je les ai fait préparer, et nous avons attendu qu’un guide Autrichien revienne en nous disant que s’était impossible de passer, brouillard dense et neige profonde. Alors le lendemain toujours mauvais, j’ai fait prendre le pas de Chèvres à la boussole. Au changement d’échelles, un bâton tombe d’un sac. Le gars voulait que j’aille le chercher. Tiens, on s’adresse comme ceci à un guide ! Je lui fais poser le sac, les skis mal attachés et il a été le chercher lui-même. Enfin on est en haut, tu parles d’une équipe !

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Avec mes copains de l’A.T.C. qui étaient passés par la cabane du Sonadon et le plateau du Couloir, nous avons mis trois bâtons plantés dans la pente pour franchir le col ! Mais après, quelle descente du glacier du Mt Durant ! Passant par Chermontane, avec un bout de corde, j’ai tiré avec moi la femme à Charroin, Jacqueline, jusqu’au refuge des Vignettes où l’on est arrivé à 9h du soir. Et comment ne pas parler des chiottes des Vignettes suspendus au-dessus du vide sur un pilier ! On dit que Simone en a fait l’escalade ! Une fois donc, il faisait mauvais dans ce refuge, j’étais avec le guide Fontaine qui jetait des boules de neige pour savoir si le terrain était en pente dans le brouillard, que nous avions eu deux jours plutôt. Bon, revenons aux Vignettes. Une dame

31/05/19 110 58 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 sort pour faire un besoin pressant. Dans ce cas, lorsque le vent souffle, la neige passe à travers les vitres, il fait très mauvais, c’est la Cousse. Elle revient et me dit qu’il est impossible d’aller aux WC, il n’y a plus de barrière. La neige qui était tombée en abondance et surtout le vent, avaient fait une pente pas possible, la barrière avait disparue complètement. Alors en se relayant, nous avons creusé un chemin jusqu’aux deux cabanes. Mais ouvrant les portes, quel enfer, le vent remontant les papiers dans le trou de passage et comme du temps de Charles Martel, père gare à gauche, père gare à droite. Enfin nous avons bien ri ! Je ne sais si elle a tenu jusqu'à ce que nous ayons fini. Il fallait peller 30m.

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Encore dans une cabane au-dessus de Zermatt, où une fenêtre avait une vue incomparable, avec mes copains Tataf et Domeur, je dis : « Je tiens toute la vallée en respect avec un FM ! ». Cette anecdote nous est encore restée et nous la racontons encore, alors que nous tous passé 73 ans ! Chez M. Taugwalder, alors que nous voulions prendre une douche chaude, les Charroin avaient tout liquidé. Et bien, à l’eau froide pour les autres ! C’est là que nous avons passé par le col du Théodule avec Tony Spiss, l’entraîneur de l’équipe autrichienne. En discutant avec lui dans un français impeccable, tête baissée, nous avons raté le col du Théodule, où pourtant deux avions s’étaient posés sur la neige, en parlant de nos souvenirs de St Anton, quand il allait s’entraîner dans cette station. Bonnet lui avait donné des skis neufs pour courir. Il fit 1er dans toutes les courses, adoptant la méthode godille, alors que nous en étions à l’appel rotation. Et c’était en 1948 !

La coupe de cheveux que je me suis offerte à Bourg St Pierre, le coiffeur dit à sa femme : « Fini le ! ». Et bien je suis sorti les cheveux raz le bol. Au moins quand j’ai rencontré Jullien à Zermatt, je lui dis : « Regarde, je suis au moule pour aller à l’école Nationale, passer le guide. »

Une fois, on fait le Pic de Ségure 2974m dans le massif d’Abriès. J’ouvre la trace et je vais chercher un passage pour aller à Ristolas. Je n’avais pas fait trois virages, que tout s’ébranle presque sans bruit, et me voilà parti ! La montagne défile à bonne allure. J’étais sur une grande plaque de 50cm d’épaisseur et glissais avec toute la masse. 400m de dénivelé plus loin, tout s’est arrêté. J’ai regardé derrière moi, tous les clients avec Jean-Louis étaient en haut, à me surveiller. Il y avait une coupure d’au moins 200m de large. J’ai eu peur, mais sans plus, les copains me rejoignaient plus bas. Dans la forêt, la neige était coulante, de plus de un mètre de profondeur.

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SOUVENIRS DE DIFFERENTS RAIDS

C’était en 1949 en fin d’armée, mes collègues d’Argentières me demandent de venir faire la course des trois cols. Ils m’expliquent un peu le parcours, dans un mot qu’ils m’avaient envoyé quatre jours auparavant. Je me rends à Argentière, le village que je préfère dans la vallée de Chamonix. Il n’y avait pas le télé de Lognan, on montait à pied de ce temps là. Me voilà en gare de la Joux, je vais chez Belin qui habitait les Iles. Ces amis m’hébergent. Mais manque de chance, n’habitant pas le village, je ne peux m’inscrire dans la course, pour être un Monchu. Alors ne t’en fait pas me dit le père Belin, nous irons tous les deux. D’accord, on bénéficiera d’une bonne trace. Après une bonne nuit, voilà le départ.

De bonne heure évidemment, 5h, nous partons à pied des Iles et nous nous signalons vers la Marie, le bistrot qui fait l’angle, face à la place du monument aux morts. Les autres sont déjà partis. Nous montons au village du Tour, non pas en courant comme les compétiteurs car c’était vraiment une course, mais d’un bon pas.

Nous empruntons le bas de la piste de Charamillon, en la traversant, montons par la moraine. Nous avons une bonne cadence, je suis fidèlement mon ami Belin qui pouvait avoir 47 ans. C’était un guide qui marchait encore bien. Il était cantonnier à la SNCF sur la voie entre Cham et Argentières. Mais tout de même, cela fait 25 ans de différence d’âge. Nous grimpons les skis sur le sac et passons en nous tenant à un câble car les rochers sont assez redressés pour accéder à la moraine.

Il y a une trace, d’accord, mais le souffle n’est pas celui d’un coureur. Il y avait son fils Gérard qui avait fait tout son service avec moi à la SES du 6è BCA. Gilbert Ducroz, qui était au 13è BCA, Jean Ducroz son frère, Minou Ravanel, Joseph Burnet, Marcel Burnet son frère, ceux là formaient une équipe qui allait finir 3ème. La première équipe qui soit arrivée de ce périple était de l’EHM, conduite par Gilbert Chappaz, ancien du CIM. Enfin nous accédons à la moraine, le temps est stable, une journée sans un nuage, je me crois revenu au temps de l’armée. Le père Belin avance toujours, mais il me dit qu’il n’ira que jusqu’au refuge Albert 1er 2702m. Encore un bout de chemin et nous y sommes. Un petit casse-croûte et nous mettons les peaux de phoque. Alors là, mon guide s’arrête et me dit : « Le temps restera beau toute la journée, tu peux y aller, tu n’as qu’à suivre la trace ». Eh bien oui, il redescend, me laissant seul et lui aussi. Je continue, le bonhomme va bien, les skis aussi. On avait dans ce temps des skis à câbles, avec des étriers. Tout pour bien aller ! Je m’émerveillais en voyant le Chardonnet. La trace était bien faite, damée à souhait. J’avançais vite, je me suis trouvé au col du Tour à 3282m. Nullement fatigué, mais en pleine forme. Je descends vers la fenêtre de Saleinaz alt. 3273m. Une trace est damée, mais des gars sont déjà

31/05/19 110 60 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 descendus à skis. Je ne chausserai les skis qu’à la moitié de la pente. Je suis seul, personne, ni devant, ni derrière.

Je découvre le grand glacier de Saleinaz mais j’ai plutôt envie de descendre. Pourtant il y a encore du chemin à parcourir. Je déchausse mes skis pour passer la rimaye, elle n’est pas haute, elle se passe commodément. Les traces des guides sont excellentes et j’arrive au col. Là, je découvre tout le massif d’Argentières : la Verte est époustouflante, les Droites, les Courtes, que cela est beau. Je suis au col du Chardonnet 3223m. En suivant les traces qui sont nombreuses plus de 35 gars sont passés, profitant d’une piste presque damée, je descends prudemment, mais assez vite pour être sur le plat du glacier d’Argentière qui va en faible pente. Je le traverse et me trouve sur la rive gauche. Je franchis le point de vue et descends sur le chalet militaire de Lognan 2032m. Il y a du monde, car c’est la fin de l’épreuve : la course des Améthystes. Il est environ 13h. Je décide de descendre à travers la forêt, j’ai bien suivi la trace. A cette époque, je ne connaissais pas la région, me voici à 1285m, un sacré dénivelé.

Les coureurs ont mis en général 6h pour faire le parcours, bravo pour l’EHM ! Je rentre à pied chez les Belin. Son père est là, et son fils est heureux que j’aie fait le tour. Nous mangeons une bonne purée et un poulet à moi tout seul, merci Mme Belin. Je regarde encore cette montagne qui serait bien pour moi et ma petite Suzanne. Pourquoi nous ne sommes pas restés là ? Nous y passerions des jours heureux, quelquefois durs à assurer… mais je prends le train aux Iles pour me rendre au Mouillon dans la maison de mon père.

Quinze jours après cet exploit, j’ai renouvelé cette course avec mon frère, il avait 18 ans et montait sur les skis de temps en temps. Ca a été une véritable découverte pour lui. Avec peu d’entraînement, il a réussi quelque chose de beau. Je revenais de l’armée et voulais lui faire voir la montagne, la vraie. Nous avons passé exactement aux mêmes lieux que la course. C’était, je crois, un 1er mai. De ce temps, il y avait de la neige l’hiver, et nous avons pu descendre assez bas. Cette première course était quand même un peu difficile et longue pour lui, mais il a bien marché. Peut-être en rêve-t-il encore en se souvenant de cette montagne magnifique ?

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EVASIONS FAMILIALES

Un jour avec ma femme, alors que nous étions libres à la maison, nous décidons de partir de bonne heure, faire une randonnée en Maurienne. Nous choisissons le Puy Gris. J’avais été du côté de Gleyzin avec Bruno et son camping car, dans lequel nous avions couché. Nous montons des pentes très raides, sur le chalet de l’Oule 1800m et le glacier de Gleyzin. Nous avons bien réussi notre course et avons été jusqu’au sommet à 2759m. Mais nous y allons d’un autre côté. Enfin nous partons à 5 h en voiture et nous nous trouvons à St Avre la Chambre vers les 7h1/2, et laissons la voiture à St Colomban les Villars.

Nous prenons le long du vallon de Comberousse enneigé à partir de 1300m où nous chaussons les skis tout préparés. « Alors, Mamie, on appuie sur les bâtons ! ». Mais oui, ça avance si bien qu’on se trouve au chalet de l’Arcelle 1672m. On prend l’alignement du glacier de Comberousse puis la selle du Puy Gris à 2753m. Nous avons le pic de la Grande-Valloire 2887m et nous voyons bien le col de Comberousse, qui donne accès au glacier de Gleyzin. Il est 12h, nous cassons une croûte tous les deux. C’est formidable d’être en montagne avec Suzanne, elle est toujours contente. Et malgré le matériel pas fameux, nous avons fait une belle descente. Ensuite il a fallut porter les skis, ce qui n’est pas rigolo, mais on s’est trouvé à la voiture assez tôt. Nous regardons cette belle Maurienne couchés dans l’herbe, le printemps est bien là, nous respirons à pleins poumons, ceci nous donne des forces pour affronter l’air de la ville et nous allons en voiture dans notre petite demeure. « Bonjour la maison ! », disons-nous lorsque l’on rentre.

Une autrefois, j’ai fait le Puy Gris par la combe du Tepey et descente par Comberousse.

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31/05/19 110 62 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

L’ETENDART 3464m avec Bruno et Jean-Louis Fraimbault

C’était un samedi comme les autres, préparer la voiture, mettre les skis et en route pour St Sorlin d’Arves. Nous retrouvons Fraimbault et nous allons coucher au refuge de l’Etendard en montant par l’ancien refuge César Durand. Là, nous retrouvons la gardienne qui tenait le refuge de Jamtal en Silvretta. Drôle de rencontre, nous dégustons ses conserves qu’elle fait elle-même et ses admirables tartes.

Le lendemain, nous chaussons les peaux, nous longeons le lac de Bramans, le lac Tounant et prenons pied sur le glacier de St Sorlin qui nous mène en prenant à droite vers l’Etendart à 3464m. Le temps est merveilleux, l’équipe est un peu débutante mais pour la descente, il y a une neige étonnante. Je prends les devants avec Bruno et faisons des crêpes à la confiture, au miel, au sucre et les servons à l’arrivée des troupes.

La descente sur le col de la Croix de Fer est un plaisir dans une neige de printemps, ce qui nous fait un grand tour. Bruno est content de sa ballade, il aide une jeune fille à la descente sur St Sorlin d’Arves. Nous avons passé une bonne journée en montagne, salut la vie !

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EVASION VERS L’AIGUILLE DE L’EPAISSEUR

C’est une sortie familiale que nous faisons. L’Aiguille de l’Epaisseur, vraiment magnifique à côté des Aiguilles d’Arves. Je vérifie tout l’équipement, nous sortons pour une fois à cinq. Peaux, fixations, bâtons, chaussures, … enfin tout rentre dans la voiture. Heureusement, nous n’avons pas encore de chien ! La maison fermée, nous voilà partis pour deux jours, tous dans la voiture. Lyon, St Michel de Maurienne, Valloire où nous nous arrêtons pour prendre du pain. Et en route, direction du Galibier, sur Bonnenuit. Il y a encore beaucoup de neige, et nous chaussons les skis à la voiture.

Nous montons à droite, et non pas sur le torrent des Aiguilles. Bien tranquilles, nous nous élevons en biais sur une pente assez raide au départ. Vive les conversions ! Chacun est équipé assez bien. Suzanne se trouve derrière moi, après vient Claudie, puis Jacqueline et Bruno qui ferme la marche en discutant avec sa sœur. Ca y est, nous suivons à peu près la ligne de pente et nous nous arrêtons souvent pour souffler. Petit à petit, nous gagnons de la hauteur, on voit déjà l’Aiguille de l’Epaisseur et les Aiguilles d’. Il y a l’air de n’avoir personne au refuge, serions-nous seuls ? Mais, oui, voilà le

31/05/19 110 63 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 refuge tout refait à neuf, j’espère qu’il est ouvert, car je ne me suis pas renseigné. Oui. Tout va bien, nous nous installons confortablement. Je vais sortir la neige des WC, une cabane qui se trouve un peu plus basse que le refuge. Elle me servira bien un jour, lorsque je suis monté avec mon cousin Paul, par temps de brouillard. Nous allons dans les dortoirs. On dirait qu’on est chez nous. Un repas bienvenu est apprécié par tout le monde. On admire le ciel étoilé, donc beau temps pour demain. Mais qu’est-ce donc ce machin qui passe si vite dans le ciel ? C’est un Spoutnik que les Russes viennent de lancer, et c’est sur cet entracte que nous allons nous coucher.

Le lendemain, lever et déjeuner de bonne heure. Tiens, il est venu 10 personnes dans la nuit, profitant de nos traces, je ne les ai pas entendues. Tout le monde part. La famille Joubert prend du retard, ça ne fait rien, on a tout notre temps. Cependant, Claudie et Jacqueline sont fatiguées, nous les installons à l’abri d’une roche en leur demandant de ne pas s’éloigner. On en a pour une heure. Le sommet est là, pentu dans les dernières longueurs. Mais quelle vue à 3320m! Allons vite chercher les filles. Nous les retrouvons un peu frileuses malgré le beau soleil. Nous mangeons et c’est à qui fera les plus beaux virages en descendant. Nous prenons quelques affaires dont nous n’avions pas besoin et nous descendons à gauche. Je repère la croupe carrément à gauche qui nous emmène à la voiture. Tout le monde est bien arrivé. Nous nous arrêtons à Valloire pour visiter le village, qui est une belle station, et rentrons à Oullins, qui est une très belle ville.

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LE ROCHER BLANC

Là, c’est une randonnée que nous avons faite nous cinq, plus notre futur gendre Michel Collet, que nous invitons pour ce périple. Il avait fait 3 ou 4 sorties à ski et n’avait jamais fait de randonnée. Enfin, nous avions tout le matériel, il est vrai que j’avais de quoi monter un magasin de sport, 7 paires de ski de descente, autant de fond, et les 5 vélos à entretenir, le voilier qui restait sur le gazon à la maison, en faisant de grandes sorties en mer, de temps à autre et tout le matériel d’escalade, tout ceci dans mon garage. Restons dans le sujet. Nous sortons de l’hôtel d’Allevard à 6 heures et nous sommes prêts à chausser à 8 heures, à Fond de France, à 1100m. Nous empruntons le vallon de Combe-Madame qui est tout de même sous la neige. Tout le monde marche bien, nous avons de quoi manger dans nos sacs. Il fait très beau, heureusement. La neige n’est pas damée du tout. Tant mieux, cela donnera un air plus sauvage à la montagne. On est vraiment pris dans cette vallée sans risque, et nous montons à faible allure. Moi, Suzanne, Michel, Jacqueline, Bruno et Claudie, un vrai groupe de famille ! Il fallait faire une démonstration pour les conversions à Michel. Le temps est merveilleux, cela devait être à Pâques. Nous arrivons au pied du bec d’Arguille, puis au col de la

31/05/19 110 64 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Croix. Là, plus moyen d’aller plus loin, la fatigue se fait sentir, surtout de la veille, car nous sommes aller skier au Collet d’Allevard.

Casse-croûte, tous en rond, personne ne monte, on est tranquille. On voit cependant le Rocher Blanc à 2927m, ce n’est pas un sommet élevé. Mais toute cette chaîne de Belledonne et Sept-Laux est sensationnelle, et méfiance, dans ce massif, de ne pas se perdre par temps de brouillard, salut les copains, on a besoin de tout le matériel de navigation. Or donc, ayant fini de manger, laissant notre place aussi nette que lorsque nous étions arrivés, il n’y a que la forme de notre siège, sur ce carré de neige. Nous nous équipons pour la descente et ma foi Michel qui n’était pas assez expérimenté, descend comme il peut. La neige amortit beaucoup les chutes et nous retrouvons avec satisfaction la voiture. On met tout le fagot de skis et de bâtons dessus et nous voilà repartis pour Oullins. J’espère que le contact avec la montagne en hiver n’a pas découragé Michel. Il s’est marié avec Jacqueline, et vivent actuellement à Rive de Gier, où il y a un bon ski club. Ils ont deux enfants Kristel et Jérome qui ne demandent qu’à partir faire du ski.

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LE PIC DE LA LAUZIERE 2829 m

Voilà un joli sommet, pas très haut mais d’où on a une vue saisissante sur tout le massif de la Lauzière. De partout où l’on se trouve, on voit sans être cachés par aucune montagne, des sommets à n’en plus finir. Ah ! Ceux qui vivent sur leurs skis jusqu’à 80 ans, ils peuvent en faire des sommets ceux-là et les compter ! Nous prenons notre voiture à Cellier, à 1361 m où nous venons de passer la nuit à l’hôtel des glaciers, nous nous avançons jusqu’à ce que la route soit bouchée par la neige. Les ouvriers ont même fait un parking en empiétant sur les champs à 1586 m C’est la route du col de la Madeleine, que j’ai descendue avec mon camping-car il y a quelques années. Nous chaussons les skis et montons des pentes sévères, le dénivelé est toujours sensible et nous montons bien sur la gauche de la combe formée par le pic de la Lauzière d’une part, et par les aiguilles de la Balme d’autre part. Enfin nous arrivons au col de la Vallette à 2696 m. Nous nous élevons encore et venons buter dans des rochers. Nous plantons les skis et continuons dans des marches, jusqu’au sommet 2829 m. Ah ! Que c’est beau ! On a une vue formidable. J’ai fait 4 fois le sommet et toujours je suis resté à admirer tous ces pics un peu usés, mais qui devaient former une belle série jusqu’au Grand Arc en s’étalant du col de la Madeleine au Grand Mas.

Au loin, on voit la combe de Combe Bronzin 2499 m que j’ai faite avec Danielle Parot et un CRS, qui nous avait fait bivouaquer dans une grange au nom prédestiné des Varrosses qui veut dire en chamoniard, les buissons. Il y avait à l’intérieur des machines agricole d’un autre âge. Enfin nous rejoignons les sacs et les skis et en courbes

31/05/19 110 65 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 harmonieuses dans une neige de rêve, il était tombé 15 cm dans la nuit, nous rejoignons les voitures. Le lendemain nous faisons un sommet modeste, le Pic du Rognolet qui facilite bien les choses.

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SASS-FEE – ZERMATT sous la pluie, LA VALLEE BLANCHE

Nous recevons nos amis de Marseille qui passent une nuit à la maison.

Partant de bonne heure d’Oullins vers les cinq heures, nous prenons la direction de Genève, passant par Montreux voir la fête des vins, il y a de l’ambiance suisse bien de chez eux, chariots fleuris, dégustation de vins, belles filles…. Mais nous on ne fait que passer. Nous redescendons sur Martigny, Sion, Sierre et à Visp, la route nous mène à Sass- Fee. Sur le parking, il est 10 h. Malheureusement il pleut à flot, les aires de stationnement avaient 10 cm d’eau, impossible de monter, surtout que le lendemain le mauvais temps est prévu. Alors nous nous rabattons sur Zermatt.

Nous empruntons les remontées de Furi et de Schwarzsee pour aller au refuge du Thèodule, mais avant, nous passons par la cabane de la douane suisse, un peu plus haut le mauvais temps s’installe. Nous attendons le retour du beau temps. Nous ne voyons rien, du Cervin et de toutes les montagnes du , qui en valent la peine. Après un agréable repas, nous passons une bonne nuit.

Le lendemain est toujours brumeux, aussi nous prenons la décision d’aller à Chamonix, faire la vallée blanche. Une agréable descente, si ce n’était pas le brouillard, nous ramène à Zermatt. Vite en train jusqu’à Randa, puis les voitures et par Martigny et le col de la Forclaz, nous arrivons au chalet de Chamonix. Tu te rappelles ma chère Gilberte, lorsque les Grands Montets nous offraient toute sa poudreuse pour faire des descentes époustouflantes ! Nous allons chercher de la bouffe et nous passons une bonne nuit.

Le matin à la première benne, grand bleu, nous montons tous les quatre, Suzanne, Gilberte, Henri et Marc au sommet. Dans une neige poudreuse à souhait, nous amorçons cette longue descente. Quelle ne fut ma surprise, d’engager mon bâton dans le trou de la spatule d’Henri ! Ce n’est rien, mais sa spatule est abîmée. Cela n’a pas d’importance pour la descente. Une neige légère jusqu’en-haut des souliers nous accompagne. Tout le long du parcours, j’explique les sommets qui sont autour de nous, toute la chaîne. Je commence à être un vieux guide qui raconte ses exploits ! Mince nous sommes arrêtés aux séracs, je vais voir devant. Je me fais engueuler par

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Jacquoux, trois gars sont tombés sur un gros bouchon de neige dans une crevasse. Il appelle l’hélicoptère qui nous fait une excellente démonstration en déposant les clients avec skis et bâtons sur la trace. Passant par le Montenvers qui est encore enneigé, nous nous trouvons sur la piste des Planards. On arrose en bas à Chamonix et on rentre en voiture à Oullins dans le chalet, avant de poursuivre sur Marseille.

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SAAS-FEE - MONT-ROSE

Ah! Saas-Fee, une odeur de Far-West dans ce mot ! Ce nom de joli village suisse donne accès aux plus hauts sommets du Valais. Mais les Suisses de cette région ne parlent guère français. Nous nous trouvons avec plusieurs guides : 1suisse, 1 autrichien, 1 allemand, 1 français. Nous prenons une biture monstre avec leur vin (fendant). Coucher à 2h du matin. On se rappellera ce passage à Langfluh 2870m.

Lever à 4h du matin, je casse mes fixations et le gardien me prête gentiment ses skis personnels qui ont des fixations de descente, tant pis cela ira. Nous allons à l’Alphubel 4206m, et retour. Vite je répare mes fixations pour le lendemain. Nous allons à l’Allalinhorn 4027m très joli sommet. Nous redescendons sur Britannia Hütte, joli refuge si ce n’est ses chiottes qui sont installés au bout d’un tunnel creusé dans la neige, et lorsqu’on ressort, le chien du gardien montre les dents en grognant. Le 3ème jour, nous descendons très tôt à la lampe frontale, un passage très raide, en ayant peu de lumière. Nous longeons les pentes sud-est de l’Allalinhorn et rejoignons le col de l’Adlerpass, puis nous skions rapidement pour aller à Rosahütte. Ah ! Le refuge Bétemps appelé maintenant Rosahütte 2795m, perdu au milieu de tous ces 4000 ! Que de belles ballades à faire ! Tous les skieurs suisses connaissent ce coin merveilleux ! Nous arrivons à ce refuge en ayant grimpé les échelles qui y mènent. Evidemment, vu le nombre de paires de skis, plus de places ! Nous coucherons au refuge d’hiver, pour la soupe, on nous appellera. Heureusement, en demandant de ci de là, nous apprenons que nous ne sommes que 20 à monter à la pointe Dufour le lendemain. Hors donc nous partons toujours tôt à la frontale, et nous enfilons la trace, qui monte à Dufourspitz 4515m. Ah ! Aucun sommet suisse malgré qu’il ait une foule de 4000 m, aussi bien dans le Valais que dans l’Oberland ne peut rivaliser avec nous et nos 4807 m. Donc, nous descendons l’arête que nous avons gravie et retrouvons nos skis tous attachés. Méfiance, et nous voilà en virages dans la longue descente et les grands plats qui nous amènent à Furi où nous prenons le téléphérique. Je me rappelle cette course, je l’avais faite à la fin d’une haute route Cham- Zermatt avec un collègue d’Aix-les-Bains Guy Pellat, c’était en 1952.

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LES 4000 M DU VALAIS

On se donne tous rendez-vous à Visp, dans la vallée du Rhône et attendons un peu tout le monde (J’avais pris le train la veille, car le trajet est long Lyon-Genève - Lausanne – Martigny – Sion – Sierre, qui donne accès à la vallée de Zinal dont nous parlerons, Turtman également, et enfin Visp). Une chambre à l’hôtel sans voir personne. Mais le rendez-vous est pas mal donné. Nous montons en voitures à Tasch. Nous mettons dans nos sacs, tout le raviteau pour 4 jours puisque aucun gardien n’est monté. Il est déjà 8h, nous prenons le train pour Zermatt. Nous montons en téléphérique à Furi et Furgg et de là, à Trochenar et en téléski à Testa Grigia. Nous montons gaillardement au Breithorn 4150m, et d’un. Puis nous descendons sur Breithorn-Pass 3824m, évitons le Schwarxtor et le passo di Verra, on passe le Zwillinge et on se dirige sur Castor 4228m et de deux pour aller sur Félikhorn et de trois, et enfin arriver à Quintino Sella 3585m, grand refuge qui domine la vallée italienne. Nous y mettons de l’ordre et pouvons nous installer confortablement. Chacun est posé sur des pierres et nous voilà à chanter, tout y passe des cantiques aux chansons grivoises. Enfin, nous nous écroulons de fatigue, il est six heures du soir. Un bon repas préparé par René Corompt, nous remet en forme et nous allons dormir.

Le lendemain, nous sommes à la cabane Gnifetti 3648m. C’est un refuge italien trouvé dans le brouillard tout au long de la route. Mais quel joli refuge ! L’on prend chacun la position relax et l’on chante, l’on joue même, il y avait tout un tas de jeux au refuge. Une vue superbe sur les vallées italiennes de Gréssonney, vallées où l’on parle encore le français, et où les téléphériques montent assez haut. Mais nous sommes tous seuls au refuge, il y a une chapelle, quelque chose de joli et d’insolite avec la cabane. Enfin la journée se termine par un bon repas et les anges viennent nous bercer car il faut des jambes pour demain.

Petit déjeuner copieux, de quoi s’offrir le luxe de ne pas manger à midi, comme c’est l’habitude des gens des vallées. Mais avec nos vivres qui sont bien faites, nous submergeons. Nous prenons la direction du Ludwigshöhe 4246m et de quatre, et montons à la cabane Marguerita 4556m et de cinq, qui est un refuge toujours ouvert, nous prenons un quart d’heure de repos. Il y a la télévision, le radiotéléphone, et une grande terrasse en bois dégagée de la neige par le vent. Enfin nous rechaussons et cette fois, c’est de la grande descente sur tout le versant nord de la 4517m. Nous empruntons la direction de la cabane Bétemps et avec précaution nous traversons les pentes jusqu’au point 3500 m pour aller faire la Cima di Jazzi pour ceux qui veulent. Une cliente est placée dans une niche de neige. Nous descendons ce beau sommet et récupérons au passage l’isolée pour terminer à Flue 2618 m. Le refuge, qui nous a vu faire 3 sommets dans la journée, est accueillant, à nous les bouteilles de bière qui sont les bienvenues. Mais que c’est beau toutes ces montagnes disposées en cirque, on se

31/05/19 110 68 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 croirait au paradis. Nous soupons et nous terminons la soirée en buvant monstres alcools qui font rapidement effet. Nous chantons tous heureux. Je parle de mon pyjama anti-gouttes, nous montons tous au dortoir, pour le voir, bien installé sur moi. On en parle encore en 2001 n’est-ce pas Claude ? Mais c’est toute une histoire, et bien nous nous endormons, il est 23 heures passées.

Nous nous faisons tirer l’oreille pour se lever. Il y a encore de l’alcool dans la tête. Enfin nous partons, la cadence augmente. La colonne que nous formions au départ s’étire, même René est derrière, il ne tient plus ses troupes. Un skieur est monté sur les flancs, pas possible ! Il se trouve pris, n’ayant pas monté ses couteaux, aussi il pose ses skis enfoncés dans la pente de neige et cale son sac. Il fait une plate-forme pour chausser ses crampons. Ah ! C’est du beau travail ! Enfin il se tient bien, c’est assez impressionnant, il remet ses skis sur le sac et traverse pour nous rejoindre. Nous allons faire le Rimpfisorn 4009 m, le dernier 4000 de cette série. Fatigué, je garde les sacs avec un gars et tout le monde s’ébranle pour faire ce dernier sommet. Mais à la descente cela va vite, on se croise dans tous les sens. Eric me passe à 60 km à l’heure à 50 cm, on veut rentrer de bonne heure à Tasch mais nous nous arrêtons à Ottavan. Il faut attendre que les chauffeurs aillent chercher leurs voitures et reviennent nous prendre. Une sieste bien méritée est la bienvenue. Les voilà ! Les effets de l’alcool sont passés et nous descendons à Tasch par une route en terre, où nous retrouvons Jacques et une fille descendue de Zermatt. Enfin tout le monde est bien content et nous retrouvons sur les photos ces 4000 du Valais qui valent leur titre, au bout de ces sept jours passés en altitude et avec le sourire.

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OBERLAND LES 4000 AVEC BRUNO

Cela veut dire les terres supérieures, en allemand, et c’est vrai, car tout monte dans ce pays. Les Suisses ne sont pas allemands, mais on ne se comprend pas très bien. Par contre au fusil, ils tirent précis, il n’y a qu’à voir les coupes de concours de tir qu’ils ont dans leurs chalets ! C’est pour cela que mon ami Fraimbault m’a envoyé là- bas. Je vais d’abord chercher 10 paires de skis de location à Grenoble. J’emmène mon fils Bruno avec moi, dans notre Simca 1100 qui allait vite, nous voilà embarqués dans cette galère, nous passons la frontière au Chatelard, grosse histoire avec les skis et le jambon que nous transportons, le temps que le douanier aille chercher ses papiers, un autre douanier nous demande où l’on va. « A l’Oberland ! » lui dis-je. « Et bien vous me direz comment est la neige, j’y vais la semaine prochaine. C’est bon vous pouvez y aller ! » Il fallait voir la tête que faisait son copain, avec tous ses PV dans ses mains ! Nous passons par le col de la Forclaz – Aigle –Château d’Oex –Spiez- Interlaken. Le grand branle-bas ! Nos clients sont là et il faut les équiper avec les skis, les crampons et

31/05/19 110 69 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 laisser tout ce qui est en trop dans les voitures. Mon ami Berruex est là, il est venu de St Gervais. Nous prenons le train pour Grindelwald. Là, c’est l’aventure, nous sautons dans le train qui doit nous mener à la Petite Scheidegg, puis à travers la montagne, sous un long tunnel, bravo les Suisses, nous arrivons au Jungfraujorch 3475 m. Sans oublier la vue à l’arrêt panoramique sur la face nord de l’Eiger. Nous chaussons les skis et descendons pas mal chargés avec des cordes, un traîneau et les vivres de courses à Konkordia-hütte 2840 m. J’avais auparavant tracé le parcours sur la carte avec les angles de marche, heureusement car un léger brouillard nous enveloppe. Nous montons les échelles en bois du refuge et rentrons dans cette vieille maison également en bois. Malgré tout, bon repas et nous nous reposons après cette journée harassante en voiture et en train.

Le lendemain, nous partons faire le Gross-Fiescherhorn 4048m par le Grunhornluche 3246 m, joli sommet qui met en forme. On redescend et l’on va coucher à Finsterarhorn-hütte.

Nous montons à Finsterarhorn, montagne qui fait 4273 m en quittant les skis pour accéder au sommet en crampons. Vue extraordinaire sur tous ces pics enneigés, nous repassons le col de Grunhornluche, pour coucher encore à Konkordia.

En passant par un petit col, nous arrivons à Grunegghorn 3869 m et nous descendons pour une grande traversée sur Hollandia-hütte 3238 m.

Le temps est avec nous, Bruno est en forme, ciel bleu, attention au coup de soleil et un horizon de montagnes sans fin, que de sommets à faire ! Un gars essaie un parapente pour s’élever, c’est la première fois que je vois ceci, c’était en 1975. Nous montons à l’Ebenfluh 3962 m, nous commençons à avoir des jambes, n’est-ce pas Bruno ? Nous n’irons pas plus loin aujourd’hui, en admirant au passage l’Aletschorn, retour à Hollandia et bon repos, car demain nous partons pour la France. Debout de bonne heure, nous voulons avoir les cars du matin. Nous descendons sur une neige de printemps dure, le glacier de Langgletscher sur Fafelalp et là, la langue allemande de Bruno nous servit bien, nous avons pu prendre le car qui nous emmène à Goppenstein. De là un train sur Spiez et Interlaken, où nous retrouvons nos voitures. Chargeons les skis, nous avons réalisé une excellente traversée, les amis sont assez fatigués, mais un bon bain dans le lac de Thuner-see nous fait grand bien.

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QUELQUES AVENTURES A SKIS DE MONTAGNE

Dans le Turthmentall, nous partons vers ce massif en se demandant si cela veut dire « tourments ». Alors en route, de Grenoble nous allons à Chamonix, la Forclaz, où nous laissons la 4L camionnette d’une fille et elle monte dans une voiture puissante. Voilà Martigny, Sion, Sierre, Turtman. C’est toujours la même route, mais que ne ferions nous pas, pour découvrir ce magnifique pays, 702 km aller et retour. Il faut que nous fassions des raids réussis pour amortir la route. Il est vrai qu’avec les Suisses, l’autoroute n’est payable qu’une fois, et on peut aller partout. Cela supprime les péages, à 20fs, cela vaut le coup, on peut faire aussi bien du tourisme hivernal qu’estival.

Nous passons par une route secondaire, où il faut être très fin au volant, elle fait un tas de virages, même un car suisse de la poste monte et s’arrête dans un village. La vallée se creuse, au-dessus d’Oberems, il y a même un télé de service. Nous continuons jusqu’à Gruben. La route est bouchée par la neige. Enfin la cabane Turtmann est dans l’axe, plein sud. Quelle belle montagne ! Le vaste glacier de Turtmann emplit toute la grande cuvette formée par les sommets alentour. Le refuge est perché sur un rocher, un grand mur soutient la terrasse. Nous nous installons et faisons la cuisine, car le gardien est absent. Nous occupons notre soirée à admirer le paysage avant d’aller nous coucher.

Debout, c’est grand temps d’aller déjeuner, c’est René qui l’a fait, il ne laisse rien à l’abandon, c’est un guide parfait. Nous partons pour voir ce Brunegghorn 3838 m, cela va bien, mais quand on prend l’axe du glacier, la jeune fille à la 4L décroche, je lui demande ce qui ne va pas, si ça va ! Mais plus on va, plus on prend du retard. Ce qui m’inquiète. Je lui dis : « On fait demi-tour ». Je siffle René et lui dis qu’on ne continue pas. Je prends la direction du refuge et donne deux cachets de somnifère à la cliente et l’emmène au dortoir. Je me dépêche d’aller au col où René m’a dit qu’il y a un passage difficile sur le retour. J’arrive au sommet de la brèche, j’équipe le passage d’une corde et monte un peu plus haut. Ah ! Les voilà ils ont bien été au sommet. Au col tout le monde passe bien. On approche de la cabane et stupéfaction de voir assise sur le mur, en équilibre instable, la fille qui piquait du nez. René la renvoie au dortoir et lui fait la semonce. Tous en rond sur la terrasse du refuge, nous nous rasons en parlant des différentes technicités de nos rasoirs. Puis nous préparons le souper, et allons nous coucher. J’étais à côté de la jeune fille malade, et dans la nuit, elle se met à gémir. J’essaye de la calmer, rien à faire. Enfin, avec René, on commande l’hélicoptère pour demain 6 heures. Voilà l’appareil, je dis au pilote : « Conduis-la à Sierre ». Il comprend Sienne. Alors je lui marque tout sur le papier, le nom de la malade, le lieu d’hospitalisation, et j’embarque la fille sur un brancard, aidé de René. La journée continue dans le Turtmann. Nous descendons à l’hôpital de Sierre, en voyant la fille équipée de tubes dans le nez et la bouche. Elle m’écrit : « J’ai eu un accident

31/05/19 110 71 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 pulmonaire. Tu peux ramener ma 4L, elle est au col de la Forclaz, et la laisser à Argentières ». Mais la 4L n’allait pas comme je voulais, et l’emmène quand même à destination. J’ai revu cette jeune fille dans la traversée du Beaufortin, elle allait bien, si ce n’est dans les pentes un peu raides, où elle descendait en dérapage.

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UNE HAUTE-ROUTE PAR LE PAS DE CHEVRES

Nous devions partir pour une haute-route Chamonix-Zermatt intégrale. Mais le temps et les conditions ne l’on pas voulu. Enfin, avec mes amis de Marseille, Henri et Gilberte, et Madeleine Fanton de Chamonix, nous commençons à monter au refuge d’Argentières. Tout va bien. Nous passons le col du Chardonnet et allons au refuge du Trient.

Nous prenons le col des Ecandies, et nous voilà à descendre le vallon d’Arpette jusqu’à Champex. Nous demandons un taxi, qui nous amène à Bourg St Pierre. Nous montons au refuge de Valsorey, que nous atteignons vers les 15 heures. Mais que sont devenus mes amis de Grenoble, Georges Clément et sa femme Brigitte ? Ils ne sont pas là, je commence à m’inquiéter. Je vois toute une colonne qui monte, et reconnais mon ami René et Christian Dufour, qui mènent grand train pour aller à la cabane. J’étais sur une protubérance et voyais bien la vallée. « Salut à toi, qu’est-ce que tu fais ? ». « Bien, je vais à Zermatt !». « Eh bien, nous ferons route ensemble ! ». Il y en a deux qui cassent une croûte en dessous. Tant mieux, je sais que ce sont mes amis. Bientôt, les voilà, nous sommes tous au refuge, et le remplissons bien. Il n’y a pas de gardien. Nous allons nous coucher, j’ai bien remarqué quelques nuages, mais pas de souci. Le lendemain, quarante cm de neige sont tombés. Je commence à partir pour la fenêtre du Couloir, en allant à l’est. René me fait la remarque que c’est extrêmement dangereux. J’hésite et me range à sa solution.

« Viens avec nous, je vais retenir un car pour Arolla, cela vaudra mieux ». C’est là que j’ai vu dans 40cm de profonde, évoluer mon ami René dans une godille parfaite, sans écart des skis, descendre avec un sac qui devait peser son poids. Nous voilà tous à l’hôtel de Velan. René sort son carnet où il note tout, et téléphone au car. « Je vous prends aussi », me dit-il. Je le remercie et nous voilà à Arolla. J’ouvre la marche avec Christian, et René est derrière. Un brouillard épais et une neige fine nous obstrue la vue. Nous trouvons le pas de Chèvres dans la calmasse, avec tous les instruments. Ah, il n’est pas large, 6m au plus ! Derrière, les échelles nous donnent la possibilité d’aller au refuge des Dix, et de peut-être continuer. Eh bien, je ne sais si c’est la chance ou si nous avons bien marché à la boussole, malgré de nombreuses conversions, mais avec une carte au 1/25000ème, il n’y a qu’à voir nos cartes, elles sont couvertes d’angles de marche, et sommes tombés juste dessus ! Il est bientôt 17h. Nous nous rassemblons,

31/05/19 110 72 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 mangeons un morceau, le temps s’éclaire, nous descendons les échelles et voyons le refuge. Oh ! Le temps clair en montagne, c’est vraiment bon. Nous voilà installés.

Nous prenons la voie habituelle de la Pigne d’Arrola 3796 m et nous voilà aux Vignettes, avec des toilettes toutes neuves. Deux cabanes en contreplaqué avec un siège à couvercle ce qui empêche les papiers de remonter. Pour ceux qui se posent, il faut emplir les seaux d’eau, il est vrai que lorsqu’il gèle, il vaut mieux prévoir son coup !

Des Vignettes 3194 m où Madeleine a bien mangé et s’est reposée une partie de l’après-midi, nous partons pour la grande étape qui va nous mener à Zermatt (mon collègue René est parti pour Bertol 3311m), nous franchissons le col de l’Evêque et du mont Brûlé, le col de Valpeline est franchi dans le flamboiement du Cervin sortant du milieu des glaciers. Mais après j’ai eu trois écroulements de Madeleine qui ne voulait plus avancer. C’est une personne qui ne dit rien. Je lui donne de la coramine, du sucre, je lui fais du thé. Enfin nous franchissons le passage du Stocji et après elle s’écroule de nouveau. Les yeux sont clairs, les bras, les jambes vont bien. Heureusement vient un hélico suisse sorti je ne sais d’où, je lui fais les signes réglementaires, il nous survole, ma malade est couchée sur la neige, il va se poser sur le glacier 500 m plus bas. Madeleine se relève, descend tranquillement, je reste septique. Le pilote nous attend. C’est un hélico d’entraînement. Madeleine monte à bord et je lui dis d’aller voir le médecin, rendez-vous chez Biner. Nous étions à hauteur de Schönbielhütte.

Le grand plat à franchir à travers le front d’une avalanche de poudreuse descendue du Cervin, c’était prodigieux ! Prenant le téléphérique de Furi, nous nous retrouvons chez Biner. Madeleine était descendue à Visp et remontée, jolie ballade en l’air. Je rencontre le grand guide Jean Affanasieff, il avait tout descendu le trajet avec une vieille paire de skis que lui avait prêté le gardien, son client avait perdu les siens dans la pente des Vignettes. Enfin chacun ses malheurs. Tout le monde rentre chez soi. Les Clément s’arrêtent à Martigny pour reprendre leur voiture à Bourg St Pierre et nous filons sur Chamonix. J’ai su par la suite que Madeleine avait été voir un médecin en arrivant chez elle, qui lui avait dit que son guide l’avait mal alimentée ! ….Elle était la première à table et se servait copieusement, tu parles d’une histoire ! …On en parle encore dans les chaumières savoyardes !

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31/05/19 110 73 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

LE GRAND RAID AMPUTE

Nous voilà à Zinal ! Jolie station avec un beau téléphérique et des téléskis qui donnent accès à l’arête de Sorebois, et toutes les pentes de ce versant nord-est.

Nous allons vers la cabane de Mountet 2886m, tout au fond de la vallée. A l’extérieur de Zinal, nous chaussons les skis. C’est plat comme une crêpe, il n’y a personne, une vielle trace se présente, il y a du monde au refuge. Manque de chance en passant une bosse, je casse un talon de ski tout neuf ! J’examine la cassure et m’aperçois qu’avec beaucoup de précautions je pourrais atteindre le refuge. Cela commence à monter dans une chaleur étouffante, il est midi ! De Galbert avance lentement ce qui me permet de rejoindre le groupe. Enfin après un long détour à cause des crevasses, nous arrivons à Mountet, refuge construit par des exilés juifs pendant l’occupation. 2h de plat pour 3h de montée.

En rentrant, qu’elle ne fut pas ma chance de trouver une équipe suisse du CAS qui réfectionnait le refuge ! Ils avaient un groupe électrogène, perceuse, mèche. Je leur montrais le désastre. Je pus me servir de leur outillage. Je prenais une bande d’acier qui se trouvait là. J’attendis le lendemain pour faire la réparation, pendant ce temps mes amis faisaient le Trithorn 3610 m. Deux bandes métalliques maintenues par des boulons à tête fraisée, bien serrés, voilà le travail ! Une bonne couche de fart, il n’y aura qu’à partir pour le Zinalrhothorn 4017 m, à la descente cela allait pas mal. Mais j’avais un ski de deux kilos de plus. Un après-midi, nous avons eu des élèves pilotes d’hélicoptère qui se sont posés dans un brouillard dense et repartis de même. Le troisième jour, nous traversons sur Zermatt, Jean Louis Cléaz est avec nous, sa fiancée aussi. Il vient de la Plagne et a fait le Linceul aux Jorasses avant- hier ! Nous n’irons pas plus loin que la montée du col de Zinal, la zone étant avalancheuse. Demi-tour et coucher au refuge, le lendemain descente sur Zinal, cela allait bien. La réparation tenait juste le temps d’arriver. Je reprenais le train à Sierre. Qu’elle aventure ! Dommage, j’aurais bien traversé jusqu'à Zermatt !

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SILVRETTA HUTTE DANS LE FROID

Nous allons en Silvretta, massif particulièrement bien adapté pour le ski de raid. Passant à St Anton et Pians, où nous dormons. Je pense que nous venions des Hauer-Tauern, nous arrivons en retard à l’hôtel et Robert Jacquemot avait déjà placé tout le monde, il nous reste qu’à passer à table. Le lendemain, nous montons à Galtur et allons à Jamtalhütte 2165 m en traîneau, nous laissons nos sacs et allons à la Fuorclachalaus puis allons coucher à ce refuge autrichien magnifique. Le troisième jour, nous allons à Wiesbadner-hütte. Là, nous sommes au pied du Piz Buin 3056m. (C’est une merveilleuse contrée que je connais bien pour avoir passé 10 jours à l’armée à Madleinerhaus 1986 m. Nous montions par Schruns et le Montafonherbahn, puis Gargelen où nous prenions le funiculaire souterrain, qui servit à construire le barrage Vermuntstausee. Le grand barrage de Silvretta n’existait pas. N’est ce pas que nous avons passé de bons moments mon cher Belin. Etre choisis tous les deux sur 30 pour aller au CIM ! Enfin, revenons à 1973).

Nous sommes passés par le Tiroler Sch. 2935m pour faire une bonne descente sur le glacier Tiroler et aller au refuge. Nous voulions aller au Piz Buin mais le temps n'était pas sûr. Après le passage des séracs, le brouillard est très dense, René et moi prenons les angles de marche. Le passage du col est presque plat pour descendre à Silvreta Hütte 2339 m, mais un froid glacial s’est installé. Aussi nous faisons vite pour rejoindre le refuge. Je suis à l’arrière, en train de réparer une fixation Marker qui a sauté. La jeune fille se plaint de ses mains, ses gants sont tout mouillés. Aussi je lui dis de mettre ses mains dans mon pantalon, elle retrouve de la chaleur, je lui passe mes moufles de rechange et cherche une paire de chaussettes sèches. Nous voilà repartis, je lui dis d’aller vite pour rattraper les autres. Enfin je bute sur le dernier de la colonne arrêtée. Je vais au devant et vois René perplexe devant sa boussole. Mais tu ne sens rien, il respire et sens comme moi la fumée de mélèze qui sort du refuge. Nous ne sommes pas égarés, la cabane est derrière une bosse que nous contournons. On rentre, on s’installe, la fille a récupéré. Le mauvais temps peut souffler, un guide autrichien sort pour rejoindre Klosters, mais remonte aussitôt car la pente est très avalancheuse. Je lui dis : « Mieux vaut manger un morceau que d’être dans la neige ! Tu verras demain ! ». On joue aux cartes et nous allons nous reposer. Le lendemain, nous devons passer le Rotte-Furka mais trop avalancheux. Alors nous passons le col de la Silvretta, il a beaucoup neigé, nous faisons une descente prudente dans les séracs et rejoignons la fin de l’Ochsental-Gletscher pour arriver au bas de Wiesbadner et rejoindre le Silvreta See. Un ratrak est enfoncé dans la glace et a beaucoup de peine à sortir. Enfin les conducteurs y arrivent. Nous n’avons plus qu’à nous laisser glisser sur Galtur, et rentrer en France.

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UNE ERREUR GROSSE DE CONSEQUENCE.

Nous étions dans l’Oberland, partis d’Interlaken, nous montons à la Petite Scheideg, puis au Junfraujorh. La descente sur Konkordia, puis la montée au refuge toujours par les échelles. Enfin une bonne nuit. Le lendemain, nous allons au refuge de Finsterahorn-Hütte 3050m et nous passons la nuit, cela nous fait une étape de repos. Montée au Finsterahorn 4273m, il y a 1223m de dénivelé, la pente est rude, enfin nous y arrivons, et la descente est bonne, car toute en neige de printemps. Demain nous allons à Oberajor-Hütte et de là, à Lauterhorn-Hütte 2297m et entrée à Interlaken. Mais les instruments de bord en ont voulu autrement. Le groupe suivait bien, Fraimbault était devant. Moi, occupé à faire traverser les crevasses aux dames qui avaient un peu peur. Soudain le brouillard se fit dense. Il est vrai, nous étions partis juste. Je rejoins Jean- Louis, grâce à sa trace, je lui dis qu’il va trop à gauche. « Non penses-tu, je vais au refuge ! » Je lui dis non ! Ma boussole m’indique trente degrés d’erreur. Je vais reconnaître le haut de la barre rocheuse que nous avons devant nous. Il me dit qu’il y a un signal et que le refuge est derrière. Arrivé en haut, je vois bien le signal mais pas de refuge. Nous sommes au Galmigletcher. Il fait monter tout de même tout le monde en haut, j’essaie d’aller à gauche, mais la barre rocheuse me pousse à droite, soudain une éclaircie. « Qu’est ce que tu vois couler en bas ? » « Ben, c’est le Rhône et le refuge de Galmihorn-Hütte ! » Ah ! Une bonne descente ! A 2119m, nous qui devions être à 3258m à l’Obergajoch-Hütte. Bien tant pis, nous irons à ce refuge. Deux filles étaient assises. « C’est vous les gardiennes ? » « Non, mais si vous voulez boire un coup… » Bien ce n’est pas de refus, j’aurais jamais cru, c’était de l’alcool ! Leurs copains sont montés avec des gros sacs remplis de bouteilles de bière. Bien mon vieux, on a pris une biture dont on se souvient encore ! Le lendemain, on était à Munster et je pilotais tout le monde à Interlaken. Le contrôleur nous fit payer les kms longs. C’est comme ça chez eux en montagne. C’est bien fait pour nous ! Alors nous passons Reckingen, Miedenwald, Fiesh, Morel. Eh bien, nous ne sommes pas encore à Grindelwald ! Enfin à Brigue, nous changeons de train pour prendre la magnifique voie qui nous mène à Kandersteg, Furtingen et Spiez. Ce fût un beau voyage ! Ensuite à Spiez, nous prenons le train pour Interlaken où nous retrouvons nos voitures. Cette monstre erreur de navigation nous a fait rater à moitié notre raid. Cela arrive !…

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LE SKI DE RAID EN OISANS

Il n’est guère facile de réaliser un raid à ski dans ce massif. Il faut apporter la nourriture pour plusieurs jours, on n'est pas sûr de trouver des refuges ouverts ou seulement celui d’hiver. Nous avons fait une traversée intéressante, Bruno Clément, un de ses amis et moi-même. Montée à St Christophe en Oisans, en voiture conduite par la maman de Bruno, pour remonter le vallon de la Selle et coucher au refuge non gardé. On prend le glacier et on s’élève à la tête du Replat, forte pente qui demande à mettre les skis sur le sac. L’on redescend au Chatelleret 2226m où mon ami Pierrot Paquet, gardien du refuge, nous sert un bon repas, reconstituant après ce long parcours. Grosse bavante, monter au refuge de Temple-Ecrins 2412m en passant par la Bérarde 1642m. On dort toute la nuit dans ce refuge qui ressemble à un blockhaus. De bonne heure, on traverse sur le col de la Temple 3322m à pied et ensuite monstre descente sur le glacier Noir jusqu’à 1909m. Là, plus de neige, on charge les skis sur le sac pour monter au refuge du glacier Blanc. Rechaussés rapidement, nous voilà au refuge 2550m, belle journée.

Le lendemain, direction le col du Monetier 3384 m en traversant avec le piolet, le long des rochers, vers le dôme du Monetier et on se laisse glisser sur le glacier du Grand Tabuc. Là, une avalanche en forme de tranchée comme faite par un bulldozer, une neige épatante dans le fond nous emmène à Monetier les Bains.

C’est la fin du parcours, on téléphone vite à Brigitte, qui vient avec sa voiture nous prendre devant la mairie. Salut à vous, Oisans, vos courses sont fantastiques malgré de forts dénivelés !

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TRAVERSEE DE L’OZTAL ECOURTEE

Nous sommes tous réunis à Solden, venant par tous les moyens, en train, en 4L. Fanton qui devait être avec nous, est parti sur Chamonix. On annonce du mauvais temps. Il fait un soleil épatant. Prenons donc un bon repas au Dominic, un hôtel où j’avais eu l’occasion d’aller. Le façonnage du plafond impeccable tout en bois travaillé, on imagine ses sculptures comme du temps des compagnons du devoir. Une cuisine française qui passe bien. Il est midi, nous allons au télé de Horchsolden, prenons un autre télésiège. Le temps se couvre, nous en avons vu d’autres, soudain du col vient un nuage noir et des flocons commencent à tomber. Vite les peluches, nous montons,

31/05/19 110 77 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 mais de plus en plus les flocons tombent serrés. Jacqueline qui était dans ses mauvais jours n’en pouvait plus. Alors demi-tour et l’on a bien fait, au plus on descendait au plus la neige s’épaississait. On voit des lumières, c’est Solden. Je rentre dans le premier hôtel que je peux voir et laisse les enfants s’installer dans cet établissement luxueux, nous mangeons un petit repas. Je vais avec Marie-France et sa sœur en 4L jusqu’à Huben, dans une tourmente pas possible, dans une petite zimmer comme on en trouve en Autriche. Je loue une chambre et le lendemain, je vais chercher les enfants.

Tu parles d’une note ! Mais Bruno et Jacqueline sont bien reposés. Nous allons faire un tour jusqu’à Innsbruck pour visiter la ville. Il neige encore. Nous remontons tous en 4L, on décide de rester à Huben. Les enfants couchent avec moi, nous soupons, un régal. Le lendemain, les téléskis sont ouverts. Il y a 1m50 de neige fraîche, nous descendons dans une neige profonde et légère, mais il faut beaucoup de pente pour skier. Enfin, on prend la décision de rentrer, Jacq et Bruno reprennent le train et moi avec les deux Marie, nous faisons route dans la 4L. Voilà qu’on ne peut plus avancer, dans le col de l’Arlberg, le carburateur est tout givré. J’emploie les grands moyens, je pisse sur le carburo et mets un épais journal devant le radiateur. Miracle ça marche ! Nous descendons à Stuben où j’avais fait l’armée, manque de chance, il y a un grand mur pare-avalanches qui nous déroute, tant pis, allons à Landech. Je me demande comment ces filles auraient pu traverser avec le temps qu’il faisait. (Mon collègue Fraimbault était prisonnier à Brauncheweger à 2759m, il faisait la trace à la pelle pour rejoindre Solden). A Landech, nous avons traversé la Suisse toute enneigée. Nous avons fait deux sommets, le Crêt de la Neige et les Monts D’or, dans le Jura, nous nous sommes quittés à Pontarlier. Elles partaient pour Paris, moi je rentrais à Oullins revoir mes enfants un peu déçus et ma femme toujours contente de me voir à cause des risques liés à ce métier de guide. <> LE BREVENT COL A BERARD

En 1960, ce n’est pas la porte à côté, je vais faire le col à Bérard avec mon copain Pierre Claret qui était avec moi aux éclaireurs-skieurs (et que j’ai retrouvé aux Houches en 2001). C’est vous dire que la mémoire est bien installée dans la tête ! Nous partons de Chamonix avec les skis de descente, prenons la benne de Planpraz et celle du Brévent, dans les anciennes installations et nous voilà au sommet 2525m. La vue est merveilleuse, je suis toujours enchanté par le spectacle, sur les aiguilles de Chamonix surtout l’hiver. Nous descendons par la brèche et arrivés là, c’est l’inconnu pour moi. On s’enfile derrière le col du Brévent 2368m. Très raide, mais je tiens dans la pente et l’on va jusqu’aux chalets de Balme. Là, on prend la combe d’envers de Bérard, nous montons au col, un petit casse-croûte, on respire et nous voilà descendus dans le vallon de Bérard. On se croirait au Canada, plein de sapins et tellement beau ! Puis le chemin pas très large qui conduit au village de la Poya et au bout l’on reprend le train pour Chamonix. <>

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DESESPOIR EN OZTAL, POUR UN COUP DE GLACE

Après un voyage en train depuis Oullins 950km, nous festoyons tous et allons vite nous coucher après avoir mangé. Beaucoup trop mangé, dans cet hôtel que Fraimbault fréquente bien… ! Le lendemain, nous voilà tous en car pour Solden, dans ce magnifique pays que je connais bien. Cela doit faire dix fois que j’y vais sans compter les jours que j’ai passé là–bas avec les éclaireurs skieurs. Nous prenons le téléphérique puis le télésiège, nous voilà à pied d’œuvre. La colonne se forme, on monte à Branchweiger-Hütte, Bruno va bien, il enchaîne d’une foulée qui commence à être celle d’un montagnard averti. Mais il est tout à coup fatigué, un mal de ventre pas possible, c’est certainement la glace que nous avons mangée à Innsbruck, hier soir qui ne veut pas passer. La pâtisserie autrichienne est pourtant bonne. J’avertis Fraimbault qui n’a pas l’air de s’en faire et continue. Je laisse Bruno se reposer. Il va se débarrasser au bout d’un long moment. Ca ne va toujours pas, j’ai beau lui mettre des compresses chaudes sur le ventre, rien n’y fait. Alors il faut prendre une décision. « Ecoute, fais demi- tour de ce qu’il est temps, tu peux descendre à ski, prendre un hôtel et te retrouver à Solden d’où tu rentreras en France ». Je lui demande s’il avait l’argent nécessaire, il cause très bien l’allemand, il est grand, il peut rentrer seul. Mais où est donc Fraimbault, au col peut être, je ne vois personne sur la trace. Il ne m’a pas attendu et bien ce n’est pas chouette ! Je n’ai plus qu’à prendre la direction du col. Arrivé là-haut, j’ai vu qu’il avait bataillé. Des marches sont faites à la descente pour aller à Brauncheweiger. J’entre dans le refuge.

Tout le monde est à table. Je me décharge, leur demande s’ils m’ont laissé une place au dortoir et si j’ai encore à manger. Je suis de mauvais poil. Je leur dis que Bruno est reparti. J’en ai le cœur serré, mais il semblerait que ceci ne leur fait rien. Peut-être la fatigue ? Allons manger et dormir cela vaudra mieux.

Le matin nous voit partir de bonne heure, j’ai encore dans les yeux ce départ où nous étions tous devant le refuge attendant l’ordre du chef. Ca y est c’est parti pour la qui est au-dessus de nous. Passant le Mittelbarjorch 3966m, nous continuons à skis et déchaussons pour les derniers mètres. Ils ont mis une autre croix neuve et haubanée, elle a été montée par l’hélicoptère, à 3770m. Je suis content de refaire ce sommet que j’avais fait durant l’armée en 1948. Nous redescendons et prenons le col du Brochkögel 3420m qui descend sur Vernaghütte 2775m. Le lendemain, nous allons sur Hochjorch Hospspitz 2442m, et j’en profite de ce que nous avons fait une étape courte pour aller à Vent seul, par l’itinéraire d’été, pour téléphoner à Bruno. Un sentier passe au-dessus des gorges profondes et demande beaucoup d’attention, des avalanches monstres sont parties, tant mieux. C’était pourtant l’après-midi, la neige avait l’air de tenir. Je trouve un hôtel à Vent et c’est là que je peux enfin obtenir la communication avec Bruno, il était bien rentré et allait parfaitement bien. Dommage pour deux heures de plus, je n’aurais pas eu cet inconvénient.

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Au retour, je suis remonté prudemment, regardant les paquets de neige en suspension dans la pente. J’arrive au refuge, mes savates ont disparues ! Elles sont aux pieds d’une autrichienne, je lui prie de me les rendre. Le 3ème jour, nous allons à Similaun Hütte 3010m dans un soleil filtrant à travers les nuages. Nous y passons la nuit, pour faire le lendemain, le Similaun 3606m et rentrons directement à Neue Smoar H. à 2527m dans un temps favorable. Le 5ème jour, nous partons de bonne heure, et faisons une montée agréable sur les grands glaciers de l’Oztal. C’est une région qui n’est pas comme les Stubai, de grands espaces limités par des sommets de 3500m, alors que là- bas tout est pentu. Nous arrivons au Scholgkögel Jorch 3375m et descendons sur Hochwilde Hütte, qui se trouve fermé. Et bien, allons au suivant ! Il n’est pas très loin, c’est encore de bonne heure ! Nous aurons à passer la cassure du glacier, ce qui met un peu d’ambiance dans le groupe. C’est le Gürgler-Fermer, un glacier qui fait 23km de long et qui monte jusqu’au Hohewilde qui fait 3482m. Nous franchissons ce passage et arrivons à Noue Kalsruher-hutte 2438m.

Le 6ème jour, nous rentrons à Ober-Gürgl 1910m et faisons appel à un car pour rentrer à Solden. Le fait de partir de bonne heure nous fait tous rentrer en France. Je retrouve mon fils Bruno qui est en pleine forme, aussi sautons vite dans notre dériveur pour passer de bonnes heures ensemble.

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LE MONT VELAN ET LE

Ah ! Si nous faisions ces deux sommets ! L’un de 3754m, l’autre de 4314m, ce serait vraiment fantastique ! Nous nous donnons rendez-vous à Bourg St Pierre. Prenons l’essentiel, c’est à dire tout l’équipement haute montagne à skis, puisque avec René, on doit partir avec un matériel au top niveau ! J’ai changé mes skis, pris des Silvretta comme fixations et les bâtons de ma femme, qui ont des rondelles à toute épreuve, une paire de peluches autocollantes, une de rechange, des bons gants, des chaussures que René m’a données le summum quoi ! Enfin finies nos explications sur le matériel. Il faudrait parler des vivres de courses, aux calories bien étudiées, ce qui est le domaine de René. Nous voilà à la sortie de Bourg-St-Pierre, 1632m, atteint par Martigny et la jolie vallée d’Entremont. Sur le cap 130 sud-est, une longue montée pas pénible au début, mais qui emmène rapidement à Valsorey que nous laissons à gauche vers les chalets d’amont et montons allègrement au refuge récent du Velan.

Le lendemain, nous faisons le Mt Velan 3680m et redescendons dans de la neige poudreuse merveilleuse en direction du refuge. Là, nous récupérons un peu avant la grande descente qui va nous mener sur le plat, avant Valsorey. René nous fit une démonstration de ski : ayant oublié son piolet court au refuge, il nous dit d’attendre et remonte au refuge et redescend dans une démonstration formidable ! Hors donc, nous montons au refuge Valsorey 3030m où nous avons repas et couchage, il n’y a que notre équipe.

Debout de bonne heure, nous admirons notre beau sommet de la veille et la pente de plus en plus raide que nous montons pour le col du Métin 3611m. L’on est obligé de mettre les crampons dans les derniers mètres. Nous chaussons pour la descente, très belle à coté du Grand Combin. On remarque une trace qui monte directement au sommet à 4184m, nous ne la prenons pas, car nous voulons rejoindre Bourg-St-Pierre. Alors nous allons vers le Combin de Boveyre 3663m, une vue à vous couper le souffle s’offre à nos yeux, le soleil commence à monter dans le ciel, c’est vraiment beau ! A la descente nous prenons le glacier de Boveyre, après avoir déchaussé les skis, nous rejoignons en travers, par un sentier Bourg-St-Pierre. Repas au restaurant et nous nous souhaitons à la semaine prochaine !

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UNE TRAVERSEE DE L’OISANS EXTRAORDINAIRE

Nous embarquons à Grenoble, avec tout le matériel et les vivres, nous partons à quatre, des gars qui ont déjà fait des raids difficiles. On va réaliser une traversée corsée. Les cartes m’ont été confiées, mais je n’ai aucun moyen de communiquer, nous sommes en 1976. Voilà c’est parti : la Grave, le col du Lautaret, Briançon. Nous prenons la direction d’Ailefroide, on se renseigne si la route est ouverte aux Claux. C’est encore l’hiver. Bon montons, on arrête nos voitures jusqu’à l’ouverture de la route avec le chasse-neige. On chausse les skis. Nous montons coucher au refuge Cézanne 1874m. Pour les chauffeurs, il y en a assez, c’est une longue route.

On prend le glacier Noir, pourquoi noir ? Parce que l’été ce n’est que champ de cailloux, suite à la fusion du glacier. On a une vue magnifique sur le Pelvoux, le Pic sans Nom, l’Ailefroide. Nous franchissons la bosse du glacier qui donne accès au col de la Temple 3324m. On s’encorde, il y a de la neige sur les rochers. Dès que nous pouvons, nous rechaussons les skis, vivement la descente du glacier de la Temple, au passage, on admire le pic Coolidge. Cela fait 1750m que l’on monte, on arrive au refuge Temple Ecrins à 2410m bien contents, admirons la longue vallée de la Pilatte qui se termine par la face nord des Bans. Nous faisons notre souper avec les vivres du sac numéro 1 et nous couchons dans le blockhaus.

Une longue journée nous attend. Descente pour aller au Carrelet, heureusement la neige est bonne et ceci jusqu'à la Bérarde1713m. Après il faut porter. On s’est renseigné, Pierre Paquet, le grand guide est monté au refuge, on remet les skis vers 1900m, cette vallée est très chaude, étant exposée au sud. Ca y est, on arrive au Chatelleret 2232m. Là, un bon repas nous est servi, nous nous endormons vite, emportant dans nos rêves tout le grandiose panorama.

Allons à l’assaut du col de Casse-Déserte, c’est une montée sérieuse ! Je l’ai faite à la descente, pour savoir la pente qu’il y a. Nous donnons un coup de boussole car le temps devient mauvais, dommage ! Nous voilà sur le glacier de la Grande Ruine que l’on prend plein sud pour aller sous le pic Bourcet, ensuite on tourne pour rejoindre la Tour Choisy, et le col qui est là à 3483m, passé les skis sur l’épaule, dans les marches. Vite un point précis à faire, le vent commence à se lever, la neige vient aussi en flocons serrés. La carte s’envole, heureusement j’avais mes skis en un tour de main je la rattrape. Un copain me l’avait prêtée. Comme elle était mouillée, il a fallu que je la remplace. S’il avait été dans la tourmente qui s’est levée, il aurait compris. Je rassemble les gars et l’on marche spatules dans talons, boussole à la main. J’avais de ce temps une boussole suisse au 40.000ème, mais elle allait bien. Enfin voici le refuge Adèle Planchard à 3169m, le vieux, car le récent a été construit un peu plus loin.

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Nous rentrons vite à l’intérieur. Nous cherchons le poêle à bois, installons le cornet tant bien que mal, et l’on fait du feu avec les piquets de slalom. On prépare le souper qui se trouve dans le sac n° 2, pas de problème ! La tempête est dehors. Eh bien ! Qu’est ce que j’entends, des coups à la porte, ce n’est pas le vent. C’est un gars accompagné de deux copains qui rentre, on dirait des fantômes tout couverts de neige. Et bien ça alors, bonjour Joubert, comment vas-tu ? Je lui réponds, moi ça va, mais il faudrait une glace pour que tu te vois. Mais qui es-tu ? Couvert de givre et de neige, on ne peut pas te donner de nom. Je travaille aux ateliers à Oullins, bon sang, il n’y en a pas deux qui font de la montagne. J’hésite, je cherche. Il est grand, bien charpenté. « C’est moi, Joubert ! » me dit –il. « Ah ! Bien ! Alors viens te chauffer ! ». Il m’explique qu’il vient du col Emile Pic. Je lui dis que j’y allais demain, j’espère qu’il restera tes traces. Vite réconfortés, nous mangeons ensemble et au dortoir ! C’est le mauvais temps dehors. La nuit porte conseil, on le dit. Le lendemain, c’est le grand beau. Alors nous allons, aussi bien l’un que l’autre, faire notre trace. Bien au revoir, et aux ateliers, nous nous raconterons nos aventures !

Nous descendons la belle pente qui mène au glacier de la Plate des Agneaux. Tous en godille dans une poudreuse qui fait plaisir, je pense que Joubert a la même qualité pour Casse Déserte. En face de la descente, nous voyons quelques traces qui semblent monter au col. C’est à 2312m, cela semble accorder avec l’altimètre. L’on voit clair, le ciel est tout bleu, la montagne est facile comme ceci. Nous chaussons nos peaux et embarquons tout de même prudemment sur le glacier des Agneaux et nous montons le long des rochers du pic de Neige Cordier. Mais attention aux crevasses, je me suis enfoncé dans un trou jusqu’à la taille. Alors on s’encorde et allons vers le col Emile Pic à 3483m. Ouf ! De là, plus de problème, nous regardons cette grandiose face nord des Ecrins et tous les sommets qui l’accompagnent. L’on descend en longs virages sur le refuge des Ecrins à 3175m. Un bon repas nous remet de nos émotions et nous nous laissons bercer dans une ambiance décontractée, admirant tant de sommets que seul Dieu a faits pour nous.

Nous partons pour le Dôme des Ecrins, en empruntant la rive gauche du glacier, une trace est faite. Nous allons droit dans la pente faisant attention aux crevasses en une trace zigzagante, et l’on traverse toute la pente de la face nord. J’ai toujours regardé cette face nord en me disant qu’un jour, j’irais ; et bien je crois que c’est en 1970 que j’y suis allé, avec un stage du CAF de la Roche. Bref, nous arrivons au Dôme qui fait 4015m. Après avoir passé la rimaye qui faisait 4m de haut. Quelle belle vue de là haut ! On domine tout le massif et c’est tout un mirage de sommets qui enveloppe toute une région propice pour faire de la montagne. La descente est très belle mais courte et si nous n’avions pas notre trace de montée, il faudrait pousser sur les bâtons. Nous arrivons au refuge du glacier Blanc 2542m en passant par la moraine, on peut skier aisément. Il y a grande animation, c’est le rallye du CAF, qui envahit partout, dans une pagaille qu’on dirait organisée. Déjà le vent se lève et de gros nuages déboulent du col des Ecrins et de Roche Faurio. Il y en a qui montent leur tente très

31/05/19 110 83 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 légère, comment feront–ils pour dormir ? La neige est là. Prenons nos places à table. J’ai la joie de voir mon ami Pollet-Villard de la Clusaz, professeur à l’ENSA, nous nous rappelons les bons moments passés au stage de guide, et avec mes 4 clients, nous occupons une table que nous ne quitterons plus. Je lui raconte mon odyssée, il la trouve pas mal et après la nuit passée à Adèle Planchard, il ne peut que me féliciter. La neige tombe à gros flocons, il y a déjà 10cm. Nous verrons bien demain. Je lui dis qu’on peut descendre par le couloir où le gardien verse ses poubelles, en mettant une corde. Et même en la doublant, cela ira. On évitera certainement les coulées qui se produiront demain. Il me remercie et nous allons nous coucher après avoir consommé un repas copieux.

Après un petit-déjeuner pris dans une pagaille telle que je n’en avais jamais vue, je règle le refuge et avec Pollet-Villard, faisant fis des observations du chef de caravane qui trouvait à redire, que dans 40 cm de poudreuse, j’amenais mes clients n’importe où, j’installe une corde de 60 m dans le couloir et en noue une autre. Nos clients descendent à pied et nous voilà arrivés à une partie skiable. Nous nous disons au revoir avec Pollet, car je suis pressé et bonne descente à toute l’équipe ! Nous passons près de l’ancien refuge Tuckett, et après, nous prenons le chemin d’été en chasse-neige, en se débrouillant comme on peut, on arrive vers les voitures. Le temps s’est un peu dégagé, mais il a neigé bas. Les voitures sont plâtrées par un front d’avalanche et l’on est obligé de nettoyer tout ceci. Le chemin est enneigé, nous mettons la DS en position haute et en avant, suivie de nos amis, elle servait de chasse-neige. Nous allons aux Claux 1283 m, où nous couchons dans le chalet d’un client.

Avant de nous quitter, nous allons faire le lac de l’Eychauda et par le glacier de Séguret-Foran, le dôme du Monetier. Très belle descente, on a fait une partie de l’Oisans, nous sommes très heureux et nous prenons nos voitures au chalet de l’Eychauda. A Vallouise, nous mangeons dans un bon restaurant, fêtant joyeusement cette traversée qui en a vu de toutes les couleurs, même un jeune dentiste de Grenoble me donne 100F de pourboire, pour le raid qu’il avait fait. Chapeau, c’était la première fois, et bien la dernière qu’une telle chose m’arrivait !

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PROGRAMMES DE COURSES A SKI DE RAID

HAUTE ROUTE DU VALAIS – LES 4000 – 1 fois – René Corrompt et Christian Dufour

1- Lyon – Zermatt 1614m 2- Les remontées mécaniques sur Theodulpass 3290m / montée au Breithorn 4164m / refuge Quintino Sella 3585m 3- Refuge Gnifetti 3648m 4- Cabane Margueritta 4554m / descente en biais jusqu’au point 3197m / montée à la Pointe Di Jazzi 3803m / descente sur le refuge de Flue 2618m par le glacier de Findelengletscher 5- Le Rimpfischorn 4198m / descente sur Tash / voiture pour Chamonix 6- Retour sur Oullins par le train

L’OBERLAND – 4 fois – Jean-Louis Fraimbault

1- Lyon – Grenoble 10 paires de ski – Annecy – Chamonix – Martigny – Aigle – Col des Mosses – Château d’Oex – Spiez – Interlaken 2- Jungfraujoch 3475m / refuge Koncordia 2840m 3- Grünenhorn 4000m 4- Gletscherhorn 3400m / refuge Hollandia 5- Ebnefluh / refuge Hollandia 6- Descente sur Fafleralp / car sur Blatten et Goppenstein / Spiez / Interlaken – voiture pour Grenoble et Lyon – bain à Spiez pour enlever la fatigue / enfin à deux dans la voiture, nous rentrons à la maison.

ZERMATT – SAAS FEE – 3 fois – René Corrompt

1- Lyon – Zermatt – coucher chez Madame Binner 2- Zermatt 1603m / Rosahütte 2795m 3- Dufourspitze 4596m – Cima di Jazzi 3803m / longue descente sur la cabane Flue 2618m 4- Rimpfischhorn 4196m – Allalinpass 3564m – Cabane Britannia 3029m 5- Passage au télé et Allalinhorn 4027m / descente sur Langfluh 2870m 6- Alphubel 4206m / descente sur Langfluh puis Saas Fee 1790m 7- Retour sur Lyon – Oullins

SAAS FEE – ZERMATT – 2fois –

1- Lyon / Stalden / Saas Fee – Montée en télé à Langfluh 2870m 2- Alphubel 4206m / Cote 2991m refuge Britannia 3029m 3- Alderpass / Cabane Rosahütte 4- Signalkupe 4556m / descente par le Gornergletcher sur Zermatt 5- Coucher chez Madame Binner / rentrée à Lyon-Oullins

31/05/19 110 85 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

TRAVERSEE CHAMONIX – ZERMATT – 12fois – 2 façons de faire

A 1 – Oullins / Argentière / télé des Grands Montets / refuge d’Argentière 2800m A 2 – Col du Chardonnet 3329m / fenêtre de Saleinaz 3300m / refuge du Trient 3170m A 3 – Col des Ecandies 2796m / Val d’Arpette / Champex 1466m / car pour le Chable / télé des Atlas / Mont Fort 2457m A 4 – Col de La Chaux 2940m / Col de Momin 3005m / Rosa Blanche 3336m / glacier de Mourti / lac des Dix / Pas du Chat / Cabane des Dix 2928m A 5 – Glacier de Cheilon / col de Breney / Pigne d’Arolla 3796m / refuge des Vignettes 3194m A 6 – Col de L’Evêque 3392m / Col du Mont Brûlé 3213m / Col de Valpelline 3570m / Stokgi / Glacier de Zmut / téléphérique de Furi 1864m / Zermatt / coucher chez Madame Binner A 7 – Furgg 2432m en télé / col du Théodul 3290m / descente sur Breuil 2006m / car pour La Palud / télé du Mont Frety / col du Géant / refuge Torino 3462m A 8 – descente de la Vallée Blanche par la Vierge – Montenvers / train pour Lyon – Oullins

B avec Domeur et Tcharchardjian en 1957 au printemps B 1 – Lyon – Le Tour – Cascade du Picheu – Câble – refuge du Tour 2702m B 2 – Col du Tour 3350m / glacier du Trient / cabane d’Orny et sa combe / Orsières / car pour Bourg Saint Pierre / cabane de Valsorey 3080m B 3 – fenêtre du couloir / col du Sonadon 3504m / glacier du Mont Durand / Chermontane 2735m / glacier d’Otemma / cabane des Vignettes 3158m B 4 – col de l’Evêque 3392m / La Vierge / col du Mont Brûlé / col de Valepeline / refuge Schönbielhütte 2698m B 5 – téléphérique de Furi / Zermatt / refuge Taugwalder B 6 – téléphérique de Furgg / col du Théodul avec l’entraîneur Spiess de Stuben / descente sur Breuil / car pour la Palud / téléphérique au col du Géant B 7 – descente de la vallée Blanche par la Vierge / rentrée à Lyon par le train

TRAVERSEE DU BEAUFORTIN – 4 fois – courses avec variantes Max Puissant, Jean-Louis Bernezat, René Corrompt, Pierre De Galbert, Christian Dufour

1- Voyage Lyon – Moutiers – Grand Naves en taxi 1871m. Le Quermoz 2296m – Chalet du Nant du Beurre 2075m 2- col des Génisses 2348m – refuge de la Coire – Le crêt du Rey 2633m – retour 3- La Coire 2100m – Mont Coin 2538m – Col de Bresson 2469m – refuge de Pressey 2595m 4- Pointe de la Combe Neuve 2961m – Le Roc de l’Enfer – Fort du Truc - Les Echines dessus – car commandé par téléphone – Moutiers

TRAVERSEE DE L’OEZTAL – 5 fois – 1- Lyon – Solden en Autriche – Braunschweigerhütte 2759m 2- Refuge Mittelbergjoch 3166m – Wildspitze 3770m – Vernaghütte 2750m 3- Fluchtkögel 3500m – Horjoch-Hospitz 2412m 4- Hauslabjoch 3279m – Similaunhspitz 3019m 5- Similaunhspitz 3400m – Martinbuch 2470m 6- Karlsschur 3465m – Horwilde – Langtalerech 2430m 7- Schoinkiesht 2262m – Obergürgl 1910m – Taxi sur Solden

31/05/19 110 86 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

TRAVERSEE DES STUBAI – 2 fois –

1- Lyon – Gare de Oetz – Gries 1600m – Winnebachseehütte 2362m 2- Winnebachjoch 2788m – Weisskügel – Westfalenhaus 2273m 3- Langentaler 3274m – Ambergerhütte 2136m 4- Kühseibe 3189m – Ambergerhütte 5- Hintdaunkopf 3225m – Gries – retour sur Lyon

TRAVERSEE DE LA VANOISE – 8 fois –

A 1 - Lyon – Peisey Nancroy – Rosuel 1538m – refuge du col du Palet 2653m A 2 - Descente sur Super Tignes – téléphérique de la Grande Motte A 3 - Col de la Leisse – refuge Félix Faure A 4 - Dôme de Chasseforêt 3586m – descente par les glaciers de la Vanoise A 5 - Felix-Faure 2515m – col de la Grande Casse 3099m – Glacier de Roselin – les Plannus – châlet de La Plagne – refuge du col du Palet A 6 - Descente sur Peisey – rentrée sur Lyon

B 1 – Lyon - Val d’Isère – Tignes – Télé de la Grande Motte – refuge de la Leisse B 2 – Pont de Croe-Vie – montée au refuge Félix Faure B 3 – Dôme de Chasseforêt – retour au refuge B 4 – Col de la Grande Casse – Glacier de l’Epéna – Laisonnay – refuge de Plaisance B 5 – Dôme des Pichères – Val de Genet – refuge du Palet B 6 – Super Tignes – Val d’Isère – rentrée sur Lyon

C 1 – Lyon – Val d’Isère – parking du Manchet 1830m – refuge du Fond des Fours 2537m C 2 – Pointe de Méan-Martin 3330m – refuge de la Femma 2532m C 3 – Pointe de la Sana 3410m – col des Barmes de l’Ours – Le Manchet - Lyon

TRAVERSEE DE L’OISANS – Jean-Louis Fraimbault

A 1 – Lyon 160m – Ailefroide 1507m – Cézanne 1874m (Parking voitures) A 2 – Glacier Noir rive droite 2870m – col de la Temple 3301m – refuge Temple-Ecrins 2410m A 3 – La Bérarde 1713m – Le Châtelleret 2232m – col de Casse Déserte 3463m – refuge Adèle Planchard 3168m A 4 – Glacier de la Plate des Agneaux 2230m – remontée du Glacier des Agneaux – col Emile Pic 3483m – refuge du Glacier Blanc 2542m A 5 – descente sur Cézanne – voiture au parking – descente aux Claux – coucher dans un châlet A 6 – montée au lac de Leychauda 2514m – dôme du Monetier – descente sur le Lac – rentrée à Oullins

Avec René Corrompt B 1 – Oullins – La Bérarde 1713m – montée au refuge du Promontoire 3082m B 2 – Brèche de la Meije 3352m – passage du Serret du Savon 3393m – refuge de l’Aigle 3450m B 3 – Descente du Glacier de l’Homme – refuge de Villard d’Arènes B 4 – montée au col du Clos des Cavales 3158m – descente sur le refuge du Châtelleret 2225m B 5 – La Bérarde – les voitures – Grenoble – Oullins

31/05/19 110 87 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

C 1 – Oullins – La Grave 1491m – téléphérique de la Meije – les Ruillans 3211m – col de la Lauze 3512m – refuge de la Selle 2673m C 2 – Brèche du Rateau 3236m – Châtelleret 2225m - La Bérarde – coucher à l’hôtel C 3 – glacier de Bonnepierre – col des Ecrins 3367m – refuge des Ecrins 3294m – refuge du Glacier Blanc 2542m C 4 - col du Monnetier 3339m – pic Jean Gauthier – Grand Tabuc – Le Monnetier 1470m – car pour la Grave – retour sur Oullins

D 1 – Oullins – Champhorent 1530m – montée au refuge de la Lavey 1797m D 2 – glacier de la Lavey 3309m – passage en cordée – les Rouies 3589m – descente par le même itinéraire – retour aux voitures – dîner à St Christophe – route sur Oullins

PIC BLANC DU GALIBIER - 2950 m – 5 fois –

1- Oullins – col du Lautaret 2058m – parking 500m plus bas – col du Petit Galibier 2792m – montée au Pic Blanc du Galibier – descente par le même itinéraire sur le parking 2- Montée par le téléphérique aux vallons de la Meije – descente par la piste – rentrée en voiture à Oullins

LE RUITOR 3486m 2 fois

1- Oullins -Ste Foy en Tarentaise- le Miroir –le Crot – refuge du Ruitor 2032m 2- Le glacier du Ruitor 3486m – Refuge du Ruitor. 3- Chalet de la Motte 1860 par l’arête du mont Seti. Le col du Mont 2638m. La Motte. 4- Montée à la pointe d’Archeboc 3272m, descente sur le Crot –retour sur Oullins.

L’ETENDARD 3460m 3fois

1- Oullins – St Jean de Maurienne – St Sorlin d’Arves – Pierre –Aiguê –refuge de l’Etendard. 2- L’Etendard 3460m par les lacs de Bramant- le lac Blanc- retour de même. Repas au refuge et descente sur la croix de Fer 2064m- Pierre Aigûe- Oullins.

AIGUILLE DE L’EPAISSEUR 3230m- 3 fois

1- Oullins- Valloire –Bonne nuit –les Aiguilles le Commandrant – refuge des Aiguilles d’Arves 2260m 2- Montée à l’Aiguille de l’Epaisseur 3230m. Descente sur la crête du Puy-retour

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31/05/19 110 88 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Marc JOUBERT Guide de Haute Montagne

Chapitre VI :

RANDONNEES PEDESTRES.

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31/05/19 110 89 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

RANDONNEES PEDESTRES

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MES EVASIONS DANS BELLEDONNE ET LES SEPT LAUX

Il ne faudrait pas rester dans la neige éternellement et savoir que la montagne est très belle l’été, avec ses fleurs, en ayant préparé mon sac dans les moindres détails, emportant le strict nécessaire : 4 jours de vivres, mon réchaud, deux cartouches, un imperméable qui me servait de tapis de sol, une tente légère de deux kilos, un duvet léger, une veste duvet, deux bâtons qui me servaient de mâts de tente. Je dis à Suzanne que je reviens dans 4 jours.

Je prends le train pour Grenoble à 13h, avec une carte au 1/50.000ème et les cartes détaillées au 1/25.000ème. Je prends un car pour Uriage et mon copain Georges vient me chercher. Il est à l’heure, nous montons saluer sa femme à St Martin d’Uriage au Mollard. Il a bien envie de venir, mais il a du travail, il n’est pas à la retraite. Nous partons à Chamrousse, (les 3 autres randonnées, que j’ai faites dans ce coin, je partais des 4 Chemins pour arriver directement au refuge de Belledonne). Nous nous disons au revoir. Georges pense un peu à la randonnée que je vais faire, peu importe. Je prends une benne de téléphérique qui était prête au départ. Tant mieux et me voilà à la Croix de Chamrousse 2253m. Tout est beau : on voit l’Oisans dans sa splendeur, le Taillefer et du côté où je vais, les lacs Robert. Je me dirige vers le refuge de la Pra en longeant le lac Longet. On est déjà dans la montagne, on voit tout Grenoble à sa gauche et à sa droite la Grande Lauzière et voici le plateau de la Pra, le refuge est fermé, je couche dans la cabane qui sert en cas de fermeture, mais on s’y gèle. Enfin, après un repas vite fait, je m’endors dans mon sac de couchage, demain nous verrons bien. C’est quelques fois bon de se retrouver seul.

Après un petit déjeuner sur le réchaud qui ronronne, je monte dans les rochers sur les lacs du Doménon et vais vers le col de Freydane 2674m. Le temps est beau, donc je vais bien pouvoir faire l’étape longue que je me suis proposée. Du col je descends sur le lac Blanc et passe sur la courbe de niveau au refuge Jean Collet à 1985m. Là je pense manger un bout, mais il n’y a pas de gardien. Je continue ma route en me tenant à gauche d’un grand cirque fermé par les rochers de l’Homme et le sommet du Colomb, j’arrive au col de la Croix de Fer 2387m. Puis, j’ai deux solutions : La 1ère, descendre sur le lac de Crop et aller au pont de la Betta pour rejoindre le Habert d’Aiguebelle, et poursuivre sur le pas de la Coche 2194m. La 2ème, filer droit sur Brèche Fendue et suivre la courbe de niveau jusqu’au lac de la Coche. Aucun sentier visible, des traces de chasseurs c’est tout. Je redescends un peu. Erreur car arrivé vers 1900m,

31/05/19 110 90 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 je suis obligé de remonter tout le creux en m’aidant de mes deux bâtons, crevé je me dis. Ici, c’est un bon endroit pour camper, il y a de l’eau et du bois. Je monte vite ma tente, me fais à manger et je m’endors en voyant les lumières de Vaujany en face mais loin. Belle solitude, j’aimerais parcourir la montagne sans personne et pourtant ce serait formidable d’être à deux, pour jouir de cet environnement.

Le lendemain, après avoir fait mon sac et puiser de l’eau pour mes deux gourdes, je m’élève au col de la Vache, des panneaux indiquant la direction du col ont-ils été tournés par les bergers ? Je passe à côté du pic de la Belle Etoile et vois bientôt les lacs des Sept Laux. Les enfants ! Vous rappelez-vous quand nous étions montés du Rivier d’Allemont par un sentier pas possible à la découverte de ces lacs ? Je longe le lac de Cos en laissant le lac de la Sagne et de la Corne et le petit lac de Jéplan. Maintenant le terrain est plat et je peux aller vers Cottepens, le lac Carré, le lac de la Motte. Ceci fait bien 7 laux ou lacs de la période glaciaire qui sont alevinés et où l’on fait de bonnes pêches. C’est un coin merveilleux où j’aimais venir avec Suzanne, car de Fond de France, cela fait une belle ballade, même Isidore y est allé. Mais ce chien Yorkshire en avait fait d’autres beaucoup plus belles, il avait été au Chamechaude, au Grand Som, au Pré Michu, au refuge Jean Collet, au Habert d’Aiguebelle depuis Prabert et au lac de la Coche. Ce chien a fait au Vercors, la traversée du Col Vert au col des Deux Sœurs avec rendez-vous à Villars de Lans, la traversée de la Dent de Crolles depuis le col du Coq. De Marcieu, partis pour le passage de l’Aup du Seuil où il a débusqué un mouflon, c’était à voir ce Yorkshire Isidore, on s’est payé toute la traversée du Seuil jusqu’au vallon de Practel et descendu le col de l’Alpe pour aller au hameau des Prés, on est rentré tout de même en voiture à Marcieu. Ceci pour vous dire tout ce qu’un petit chien est capable de faire ! Donc revenons à notre traversée de Belledonne.

Le refuge des sept Laux étant fermé, je reprends mon sac et en route vers le lac Blanc et là je plante ma tente. De bonne heure, je me lève et lave tout mon corps à l’eau froide du lac. Un petit déjeuner vite avalé et je remets tout sur mon sac, mes deux bâtons et naturellement mes chaussures pour aller au Rocher Blanc 2927m. De là, je randonne par le col de la Croix et le vallon de Combe Madame, à Fond de France. Plus de car, je téléphone à un taxi qui m’emmène à Allevard, de là un car qui me conduit à Grenoble. Voilà j’ai bouclé mon tour. J’ai vu une montagne incomparablement belle. Je suis heureux, en 4jours, j’ai fait toute la traversée de Belledone et des Sept-Laux. J’ai recommencé trois fois, par des itinéraires tous différents, avec des étapes, moins longues, mais qui demandent tout de même un bon entraînement alpin, sans parler du mauvais temps qui peut corser les étapes. Telle celle de descendre du refuge des Sept Laux sur la Ferrière en étant complètement trempé. J’ai évidemment appelé un taxi pour rentrer à Allevard. Décidément, cette zone de montagne entre vallée d’Allevard et la Maurienne, peut être empruntée par un randonneur, car elle est de toute beauté.

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31/05/19 110 91 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

RAID PEDESTRE LA MUZELLE L’OLAN LA LAVEY

Pour un pari fou, c’en était un, je voulais rallier avec Suzanne, ma femme, le Bourg d’Arud, Le Désert en Valjoufrey, le refuge de l’Olan, la Brêche d’Olan. Le refuge de la Lavey, Champhorent en trois jours. On peut être avec des bons et du beau temps, mais avec sa femme, même sans entraînement, c’est l’idéal !

Partis d’Oullins avec notre voiture, nous rallions Grenoble, direction Bourg- d’Oisans, route de la Bérarde et Bourg d’Arud. Nous laissons notre véhicule à l’Alleau 950m. Nous chargeons les sacs et par un joli vallon, nous allons en direction du refuge de la Muzelle 2130m où nous trouvons gîte et couvert.

Le lendemain de bonne heure, 6 heures, nous empruntons le sentier du col de la Muzelle 2478m. Il est bien tracé côté nord, mais demande de bonnes chaussures et un piolet pour descendre de l’autre côté, versant sud. Des schistes brisés sont glissants et entraînent des déséquilibres sensationnels. Enfin nous sommes passés à deux cela va plus vite. Nous descendons sur Valsenestre 1457m, ce qui nous a fait perdre du temps voulant voir où notre beau- frère Henri passait ses vacances. Joli village isolé qui a son accès depuis Entraigues. Nous mangeons et nous repartons pour le Désert à 1255m, sans compter, sur le dur col de Côte-Belle 2200m, le sentier qui descend sur le village est de toute beauté. Nous remontons le ruisseau de la Bonne, la trace est bien faite, sans peine nous réalisons nos 903m de dénivellation. Mais le temps se couvre vraiment. Nous laissons le sentier qui monte au col des Berches 2941m, un vrai coin à chamois, on passe à la cabane du Châtellerat.

Nous marchons vite, l’orage est proche, des éclairs sont sur l’Olan, le ciel est tout noir, on se croirait en pleine nuit, des gouttes d’eau grosses, violentes tombent. Bientôt le tonnerre est de plus en plus pressant, enfin nous arrivons à Font Turbat légèrement trempés. Suzanne qui était derrière a reçu le commencement de l’orage, elle arrive très mouillée, on se met à l’aise ou plutôt au sec. La gardienne est toute surprise de nous voir. C’est alors que se déclenche le gros de l’orage, éclairs, foudre, tonnerre des plus bruyants, tout y va ! Nous nous allongeons dans un dortoir bien au chaud. Dehors, c’est l’enfer ou ce qui lui ressemble ! Il n’y a personne en montagne. Il est 19h, nous descendons prendre le repas que nous avons commandé, la gardienne se met à table avec nous. Elle s’enquière de nos occupations, je suis guide et travaille à la SNCF, ma femme est couturière, la grande vie quoi ! Nous allons nous coucher, sans demander notre reste. Il va faire un orage qui va durer toute la nuit. C’est en escalade qu’il faut faire vite pour trouver un bivouac. Mon ami Chaléat s’est fait prendre à l’Olan par un orage terrible, comme celui-ci. Je pense que c’est en prenant son rappel, qu’il s’est fait foudroyer, c’était un très bon grimpeur, avec qui j’avais fait deux camps du CAF et plusieurs courses ensemble, au revoir mon cher Olivier, certainement que là-haut, tu

31/05/19 110 92 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 grimperas encore de belles faces en fumant ta pipe familière. Le matin se calme, mais il pleut à tout va. Suzanne dort, elle prend son petit déjeuner très tard, c’est la grande sieste réparatrice. Jamais je ne l’avais vu dormir de la sorte. Toute une journée, il n’y avait que ça à faire. Je suis descendu l’après- midi causer avec la gardienne qui tricotait. Elle me dit qu’il n’y avait personne en montagne, tant mieux. Enfin Suzanne descend des dortoirs et après un bon souper nous allons redormir. On verra bien demain. Un grand silence se fait, je vais dehors, il est 23 h le ciel est tout dégagé, des étoiles brillent.

A 5h je me lève et regarde le temps, le ciel est bleu, déjà les lueurs de l’aube apparaissent sur l’Olan qui a une allure vertigineuse. Je réveille vite la gardienne, pour un petit déjeuner que nous prenons ensemble. Elle me dit que le beau temps allait tenir. Nous lui disons au revoir et en route pour la Brèche de l’Olan. Je n’étais jamais monté dans ce secteur, c’est grandiose. Un névé bienvenu se trouve devant nous. J’encorde Suzanne à 15m, j’avais un piolet et ma femme un bâton de bois affûté par prévoyance, mais pas de crampons. Heureusement, il n’a pas neigé, nous montons ensemble dans de bonnes marches, de bout de pied que je faisais. Nous grimpons régulièrement jusqu’à 2920m. Nous sommes au col. Quelle vue nous saisit sur l’Olan et sur de nombreux sommets de l’Oisans ! Mais de sentier aucun, alors nous partons en écharpe descendante, un immense pierrier incliné, avec quelques traces de chasseur de chamois, cela nous rassure. Suzanne a bien récupéré. Nous sommes dans le vallon de la Lavey vers 1970m, heureux d’avoir mené à bien ce passage délicat. Le gardien de la Lavey, un refuge qui se trouve à 1797m, se demande d’où l’on vient, jamais on ne voit personne descendre de là haut. Et bien c’est nous, mon petit bout de femme, qui a déjà trois grands enfants, résistante comme tout. Allons un bon repas, comme tu sais les faire dis-je au gardien. Nous redescendons encore sur la route de la Bérarde en remontons à Champhorent à 1147m où un automobiliste veut bien nous prendre en stop, jusqu’à Bourg d’Arud, où nous avions notre voiture. Nos yeux sont pleins de cette nature sauvage qu’est l’Oisans, heureux d’avoir passé 4jours en montagne seuls et dans un décor majestueux.

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31/05/19 110 93 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

TRAVERSEE DE LA VANOISE A PIED

Avec Fanfan, mon beau-frère, nous avons voulu faire une course avec Claudie ma fille aînée, ma femme Suzanne et moi-même, au travers de la Vanoise, et jusqu’en Italie, pour voir la montagne et saisir tout ce qu’il y a de beau en plein été.

Nous partons chargés moyennement. Des cartes et des instruments pour nous diriger. Enfin je suis avec Claudie, nous allons marcher régulièrement, et nous irons loin. Donc l’Ami 8 de Fanfan nous amène à Peisey Nancroix. Elle va rester 4 jours. Nous partons vers le refuge de Rosuel, porte de la Vanoise, construction de prestige placée à l’entrée du parc. Après nous entrons dans la vraie montagne, ses sentiers, ses rochers, ses fleurs, ses torrents. Nous allons à la Croix de la Plagne. Il y en a des noms de granges, cabanes, plans, chalets, croix, caves (de la Plagne). Remarquez, c’était un nom prédestiné comme La Gurraz … ! Puis au chalet de la Plagne. Là, nous montons dur sur le circuit du Mont Pourri, au col de la Sachette. D’ici, on voit le Dôme de la Sache, le Mont Pourri et la Grande Casse au loin, avec en avant, l’Aiguille de l’Epena dans laquelle mon ami Puissant avait tracé une voie. Nous continuons par les lacs de la Sachette dans le vallon de la Sache, où l’on passe la Sache d’en haut, la Sache d’en bas, mais où est la Sache du milieu ? (Au-dessus de Termignon, il y a bien la Fesse d’en bas, la Fesse du milieu, la Fesse du haut, et plus loin, au-dessus du refuge de Plaisance, le Cul du Nan !).Enfin, nous suivons la courbe de niveau et arrivons au refuge de la Martin à 2154m, non gardé, heureusement que nous avons des vivres. Nous avons fait 1150m de montée et 559m de descente. Nous nous endormons comme des masses, attention demain, il y a encore du dénivelé.

Du refuge, nous sommes obligés de descendre sur la route de Val d’Isère, jusqu’à 1439m et encore 615m de descente ! Puis nous passons à Chenal, et au Monal, dans un immense cirque. Très beau, des lacs, des glaciers, la Pointe de Plates des Chamois à 3567m. Devons-nous nous arrêter pour camper ? Je crois que nous aurons froid, montons jusqu’au col du Lac Noir à 2853m, d’où un dénivelé de 1430m. Une grande halte s’impose, les genoux sont fatigués, puis il faut descendre sur Mario Bezzi, le refuge italien à 2200m. Alors que faisons-nous ? Claudie est fatiguée. Suzanne ne dit rien et je sais qu’elle ira jusqu’au bout. Fanfan a des jambes plus jeunes que moi et je compte bien sur lui. Cela fait 633m à descendre. Je prends Claudie sur mon sac tyrolien et entame le sentier un bon moment. Puis nous sommes aidés par un Italien, heureusement pas chargé et qui a pris Claudie sur son dos, à travers des éboulis pas possibles ! Il fallait bien suivre, on traverse un éperon rocheux, enfin nous voilà dans la trace. Je reprends Claudie et passe mon sac à l’Italien. En partant à 6h du matin de la Martin, on est arrivé au refuge à 8h du soir. Quelle journée !

31/05/19 110 94 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Ouf ! Un plat de nouilles à l’italienne, nous a remis les estomacs en place, mais gare aux jambes, malgré le massage que j’ai fait un peu à tout le monde.

Le troisième jour, nous montons par le col de Bassac-Déré à 3082m, cela donne tout de même encore 882m de dénivelé à franchir. Nous trouvons un terrain semi- enneigé, puis le col, qui lui a une couche de 30cm de neige. Enfin par un passage étroit en cheminée, nous trouvons la trace qui mène à Bénévolo 2300m par le glacier de la Gollette, puis après quelques changements de directions, nous arrivons au refuge suite à une descente de 782m, il est 14heures. Je fais reposer Claudie après avoir pris un bon déjeuner agrémenté de nouilles. Je connaissais le gardien, pour avoir passé plusieurs fois ici. Il trouvait anormal que nous ayons randonné par-là, le sentier n’est qu’une piste pas très bien tracée. Bienheureux Bénévolo ! Tu nous as reçus par tous les temps, mais aujourd’hui il fait bon bronzer et se détendre. Claudie dort dans un bon lit au premier étage, elle récupère bien. Le soir on fait un gueuleton à tout casser, Claudie dort encore, nous sommes les seuls avec un italien, qui a été chauffeur chez Berliet et que Fanfan connaît bien. On laisse Claudie récupérer, elle a dormi jusqu’au lendemain, bien reposée. Elle prend un bon déjeuner et cela ira, c’est une brave fille qui a de la volonté.

Le quatrième jour, on démarre de Bénévolo après avoir dégusté un verre de Grappa, avec le gardien et hop ! Nous voilà sur nos jambes. Au revoir à tous, à bientôt et en avant pour le col de Rhème-Calabre à 3094m. Cela fait 794m à monter, nous trouvons un terrain enneigé au-dessous de la Grande-Paré, une face faite par Dupont, il a été gardien du Prarion au moins 10 ans et a des chevaux en Argentine, formidable ! Quel chic type ! Je fais des marches pour se tenir dans la pente, il n’y a que mon piolet pour s’assurer, mais cela va très bien. Au col, quelle pente ! Je fais descendre tout le monde en traversée, assurés par une corde de 35m, aucune chute. On repart de même en zigzag pour une autre longueur et enfin on trouve une neige qui permet de faire des marches. Je l’avais descendu trois ou quatre fois déjà à ski et il est pentu, enfin nous sommes tous arrivés. Pourquoi ne monterions nous pas au Prarion voir ce qu’il donne l’été ? Allez ! Allons-y, mais que fait Fanfan avec un gardien du parc. Il portait un ou deux edelweiss à sa boutonnière. « Je vais vous faire payer l’amende. » Non je les ai ramassés en Italie. Bon ça va, dit-il. On a vu des jeunes gardes partir du côté du Gros Caval pour dresser contraventions à une équipe de gars d’Annecy. Bon nous empruntons le sentier qui prend sur la droite des gorges du Malpasset et nous empruntons la voiture des gens d’Annecy en stop qui nous disent : « On n’est pas prêt de revenir dans le parc de la Vanoise. Bien ils nous laissent là, nous allons dresser notre tente à trois places pour quatre. Fanfan couchait avec tous les sacs, sous le double toit, que nous avions montés avec mon piolet. Alors bonne nuit.

Le matin nous allons prendre le bus qui nous emmène à Super-Tignes et vers le lac nous empruntons le sentier qui nous mène au col du Palet 2652m, pour passer au refuge et nous arrivons directement à Peisey, où nous retrouvons notre voiture. La semaine n’est pas finie, nous allons voir à Chamonix, chez mon collègue Fanton, le

31/05/19 110 95 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

Mont-Blanc que mon beau-frère ne connaît pas. Je prends le volant de l’ami 8, pour reposer Fanfan et nous voilà partis par Moutiers-Alberville-Ugine-Flumet-Megève-St Gervais et Chamonix. Aux Bossons, nous trouvons le merveilleux chalet de Fanton. Le temps se couvre, nous avons juste un moment pour voir le Mont-Blanc. Il se met à pleuvoir, nous devons monter à Albert 1er demain. Nous verrons, alors bonne nuit, nous couchons dans le petit chalet, bien au chaud, heureux d’être dans un vrai lit, depuis une semaine où nous dormions dehors.

Il pleut, manque de chance, aujourd’hui tout est bouché. Alors nous faisons du tourisme dans les rues de Chamonix et ensuite nous rentrons à Oullins et laissons Fanfan rentrer à Vienne. Enfin de compte tout le monde a bien marché, cela a été une bonne traversée. Excuse-moi ma chère Claudie, si je t’ai fais marcher trop longtemps.

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31/05/19 110 96 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

AVEC HENRI DANS CHAMONIX ET L’OBERLAND

Ce n’est qu’un rappel dans ma mémoire. Mais après bien des souffrances Gilberte a disparue emportée par un mal sournois, elle a résisté, mais rien n’y a fait, elle est partie pour trouver un monde meilleur. Alors Henri a réagit et m’a demandé de l’emmener en montagne. Nous sommes allés en camping-car, Henri avec sa voiture 4x4 et sa caravane. Il nous présente Liliane, c’est une personne qui est petite mais qui est tout pour Henri. Ils sont dans une belle maison d’anciens pêcheurs à coté du port de Pointe-Rouge et c’est un régal d’être invités, on va se promener dans les Calanques où l’on rêve. Ils couchent à Oullins dans le chalet, cela nous donne un avant goût de ce qui nous attend. On prend l’autoroute pour aller à Chamonix. Nous faisons le programme, et c’est en parfaits touristes que nous nous installons aux Chosalets. Première journée, on s’organise et l’on va sur Argentiéres voir Christian et son chalet, on monte un peu dans les bois, pour le panorama.

Le deuxième jour, on va au Brévent, tous yeux grands ouverts. Il fait beau. La vue est magnifique sur la chaîne du Mont- Blanc. On redescend en benne jusqu’à Planpraz et l’on va au lac Cornu, par le col du même nom, on casse la croûte il y a quelques névés et l’on fait photos, ensuite par l’arête de Charlanon, on traverse sur le Grand Balcon sud jusqu’à la Flégère. Le télé nous emmène vite en bas où nous flanons dans le bois du Bouchet jusqu’à Chamonix où nous reprenons la voiture pour les Chosalets.

Le troisième jour on prend le téléphérique de Lognan, cela rappelle à Henri la neige profonde que l’on descendait, un certain Noël et le ski de fond que l’on faisait en arrivant. A Lognan, on prend le sentier qui va vers le chalet militaire. L’on monte au point de vue, mais le temps s’assombrit et la foudre se fait entendre, mais loin, cela se rapproche, on détermine la durée entre l’éclair et le tonnerre. Mais cela s’arrête et l’on peut continuer à admirer le glacier. Nous redescendons à Lognan et Argentières.

Le quatrième jour, on monte jusqu’au Tour en voiture et l’on prend le sentier qui mène aux Posettes. On a une vue toute à fait spéciale de la vallée de Chamonix. On s’arrête à l’aiguillette des Posettes à 2183m et l’on se laisse descendre par les Frettes au Tour où l’on reprend la voiture.

De ce qu’on y est, allons donc voir ce qu’il se passe du coté de la Vallée Blanche.

Le lendemain nous prenons le téléphérique et montons à l’aiguille du Midi à 3842m. Pour ces marseillais, c’est un rêve que de voir tant de sommets prestigieux. Puis nous prenons la télécabine d’Elbronner vraiment c’est surprenant tous ces sommets que je connais, pour les avoir escaladés. Nous descendons enfin sur la neige et allons au col

31/05/19 110 97 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 du Géant voir un peu se qui se passe du côté Italien. Nous admirons l’aiguille Noire de Peuterey qui se dresse fièrement au début de l’arête sud du Mont-Blanc, il faut laisser ce paysage enchanteur surtout sous un ciel bleu. Je dirais même qu’on voit les Etoiles de Midi. Voilà en arrière toute, sur la belle mécanique, c’est vraiment le summum en montagne. Ah le télé ! Pour un touriste c’est ce qu’il y a de mieux.

Le 6ème jour, Argentières - Arrola nous passons par le col de la Forclaz puis Martigny, la grande vallée du Rhône suisse. Laissons la vallée d’Entremont, celle de Bagnes qui mène à Verbier, pour prendre à Sion, le Val d’Hérens superbe pour ses vaches de combat. J’ai vu un berger suisse au col de Balme venir jeter un coup d’œil sur les vaches qui sortent reines d’un troupeau en France (il y a même de l’espionnage dans cette spécialité). Aux Hauderres, nous prenons la vallée d’Arrola et visitons le village qui possède des maisons en bois de plus de 5 étages. Nous sommes à 1998m, on cherche un terrain pour mettre nos engins en bout de route, le voilà. On a bien roulé ensemble.

Le 7ème jour, de bon matin, leur chienne Elodie est déjà debout, nous voilà partis en voiture par un sentier que nous avons repéré la veille. Il nous mènera jusqu'à 2409m à travers les alpages. A pied, nous allons aux Pas de Chèvres 2855m. Quelle merveille pour ceux qui ne connaissent pas, on voit une grande partie de la Haute-route et c’est un lieu de passage qui mène très vite au refuge des Dix ! Aux jumelles 8x40 nous explorons cela, pour moi, c’est un lieu de retraite en cas de mauvais temps, pour continuer la Haute-Route par le refuge Bertol qui est à 3811m, qui permet de rejoindre Tête-Blanche. Mais on voit un très grand barrage, nous irons demain, c’est celui des Dix. Donc après avoir bien mangé, nous redescendons vers la jeep, qui nous ramène à Arolla.

Le 8ème jour, départ de bonne heure. Nous voilà partis pour le val d’Hérémence sur le barrage de la Grande Dixence. La surprise est totale, c’est un colossal travail qu’on fait les Suisses, aidés peut être par d’autres. Avec tous leurs lacs de montagnes, ils n’ont pas besoin du nucléaire. On marche sur le mur qui fait passer une route, il doit faire 120m de haut, 30m à la base et 10m au sommet. Le lac fait au moins 5 km de longueur en eau. Donc, les touristes font demi-tour par le téléphérique qui nous a montés, et en voiture pour aller dormir à Arolla. Tant pis pour le refuge Bertol où nous serions montés dans les traces d’un vieux guide suisse qui se promenait avec sa petite fille.

Le 9ème jour, déménagement du camp pour aller à Sierre où l’on prend le val d’Anniviers pour aller à Zinal 1678m, où l’on trouve un joli terrain de camping, malgré un coup de gueule réciproque avec Henri pour mettre nos remorques dos à dos. On visite le vieux village et le moderne, mais rien ne vaut les constructions en bois. Bon dodo !

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Le 10ème jour, nous prenons le téléphérique et nous sommes prêts pour monter à Sorébois, et de là jusqu’au col du même nom. J’ai trouvé sur la crête 60m de corde à avalanche, une poulie et un harnais. Il y a une très belle vue sur les montagnes de Zinal. Après s’être rempli les yeux de tous les environs, on descend par des itinéraires différents et nous arrivons à la benne et on rentre au camp.

Le 11ème jour, on fait Zinal, Sierre, Visp, Tasch et on prend le train pour Zermatt, les marseillais sont enchantés. Visite du village, on admire le Cervin, on parcourt les vieilles rues, il y aurait drôlement à faire dans le coin. Nous redescendons en train. Nous sautons dans nos voitures pour faire 110km, on passe à Visp-Brig-Morel, le Grimselpass 2168m pour redescendre sous la neige à Meiringen, passer Interlaken et aller jusqu’à Lauterbruner. Nous avons laissé nos camping-cars et avons bien dormi malgré les 183km dans la journée.

Le 12ème jour il faut prendre le train du Jungfraujorch en passant à Wengen et Kleine-Sheidegg. De là on s’est baladé avec des vues sur l’Eiger, le Monch, la Junfgfrau. Des faces nord presque verticales, sublimes et puissantes comme le Breithorn. On a fait un grand tour, toute la journée les jumelles à portée de main. Suzanne donnait à manger dans sa main aux choucas, qui étaient moins craintifs qu’en France. Tout a une fin. Je me revois prendre ce train avec un dernier coup d’œil sur l’Eiger (Jean Raphos l’a fait, moi qui lui ai appris à grimper à la Roche-sur-Foron. Oui il avait tout lâché, pour faire guide à part entière comme un aventurier). Nous rejoignons Lauterbrunner, cela sent la fin du parcours.

Le 13ème jour, je sens toujours les départs, aussi je suis impatient de prendre le volant. Nous allons quitter ce magnifique coin du Lauterbruner et entrons à Interlaken. Nous passons à Spiez et dans le Nieder-Simmentall. Puis dans le pays d’Enhaut pour arriver à Château-d’Oex et enfin à Aigle en ayant passé le col des Mosses.

Le 14ème jour, je crois que nous allons passer par le Pas de Morgins et Henri va filer sur Genève et Marseille. Nous voyons notre copain Georges Pillereau une dernière fois cette année. Sa femme est bien malade, pauvre Georges tu ne méritais pas ceci, c’est la vie qui passe. On continue sur Thonon, Lyon est vite atteint, bonjour la maison nous rentrons, nous venons de faire un bon et merveilleux voyage.

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31/05/19 110 99 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

LA NEVACHIE AVEC ISIDORE

La Névachie est une grande vallée appelée aussi vallée de la Clarée comme la rivière qui coule en eau très claire, traversant Névache évidemment. C’était mon ami Jean-Louis Georges qui l’avait dénommée ainsi. Son père avait son chalet où il passait ses vacances. Jean-Louis n’est plus là, pour nous faire apprécier les douceurs de cette vallée, il est mort durant la traversée de la Corse, emporté par une avalanche. La corde trop fine a cédé sous la charge de la neige. Je me rappelle une fois il neigeait plein pot au Lautaret, nous voulions monter par le col du Chardonnet, nous avons fait demi-tour par Briançon, laissant la voiture à Névache. Nous chaussons les skis et je m’aperçois qu’il avait des fixations à câbles, mais avec un étrier pivotant à l’avant, qui lui permettait de débattre complètement sa chaussure et d’avoir une foulée considérable. Il prenait une avance confortable sur nous qui avions des Marker à débattement réduit. Nous avions été dans son chalet nous mettre à l’abri en attendant le lendemain.

Et mon Zizou, et bien c’est mon chien, ou bien celui de mon fils, comme l’on veut, un joli Yorkshire aux poils longs, infatigable en montagne. Il pèse 5kilos et mange peu, il ne se fâche nullement, il est pour nous un vrai ami toujours prêt. Il se ballade dans les rues d’Oullins sur mes épaules et observe tout.

Nous partons de la maison avec mon camping-car, un Volkswagen à 4 places, même la nuit nous déployons le toit qui sert de dortoir. Faisant halte à la Grave, nous montons au Chazelet, où une vue grandiose sur la Meije nous captive. Nous posons le Volkswagen sur un replat à côté des téléskis. Le lendemain, nous allons au plateau d’Emparis voir les lacs et les grands troupeaux. Le chien suit bien, il est heureux, il va boire de l’eau fraîche et nous admirons le Pavé, le Gaspard, la face nord de la Meije, le Rateau. Tout est illuminé sous un grand ciel bleu, sans compter avec le glacier du Mont de Lans. Nous ramassons des edelweiss dans les pentes qui sont vers les lacs. Nous redescendons à la voiture pour aller coucher au Lautaret.

Le lendemain, nous montons au refuge de l’Alpe par le sentier des crevasses. Nous suivons une piste étroite, Isidore ouvre la marche, mais ne s’éloigne pas. Oh! A un tournant des marmottes sifflent, il n’en fait pas cas et ne court pas avec elles. Il y a un câble et un torrent à passer, je le prends sous le bras. Avançant encore, nous voici au refuge de l’Alpe de Villard d’Arène. Là, nous regardons les sommets de l’Oisans qui nous dominent en rêvant, puis nous descendons par le même chemin. Nous allons chez les Dewerte les saluer dans leur joli studio collectif aux Marmottes.

Allons voir ces fameuses mines de charbon que les gens du pays exploitaient, cela ne devait être pas très profitable car il ne reste que quelques câbles et des cônes de

31/05/19 110 100 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 pierres. Le sentier passe au-dessus de chez eux laissant deviner toutes les pistes de ski de Serre-Chevalier. Je vais faire un tour de VTT en face vers le Bez où habite mon collègue de l’armée Astier, qui vit là avec toute sa famille. Il est moniteur de ski et travaille comme charpentier. Nous faisons un grand tour sur les crêtes, le chien suivant sans arrêt. C’est pratique ces petits chiens, ça passe partout. Nous voyons les sommets de l’Oisans et promettons d’y aller très bientôt. Nous prenons le camping-car et allons dans la vallée de Nevache. A Briançon, nous faisons le raviteau, puis nous laissons notre route à droite celle qui monte au Mont Genèvre, passons Val des Prés dire bonjour à Faure-Vincent dit la Marmotte, un copain de l’armée. Nous rentrons dans cette belle vallée de la Clarée, alors que nous venons de quitter celle de la Romanche. Les eaux sont claires et le fond de la vallée est très agricole. Passons Planpinet et allons jusqu'à Nevache. La station s’est bien améliorée, des maisons récentes ont été construites. Nous établissons notre camp au confluent du torrent du Chardonnet et de la Clarée, nous y sommes bien, et y pensons rester 4 jours. Nous allons explorer cette vallée qui est si belle. Isidore a déjà trouvé son coin le long du petit ruisseau à sa taille. Le Vw est bien installé, nous avons des vivres, un vélo VTT et nous serons heureux.

La première ballade que nous faisons est le refuge du Chardonnet 2219m. Nous partons sur la route des Drayères, et nous montons sur les chalets du Queyrelin. Ensuite on dépasse en altitude le refuge pour trouver cette jolie cabane, construite sur le modèle de Plaisance. Le petit chien est heureux, il court, va et vient. Nous redescendons par les chalets de Laroux et arrivons à notre camping. Le petit Zizou mange des crottes de mouton, il a l’air de s’en régaler.

Nous allons ensuite aux lacs de Laramon et du Serpent. Le refuge du Ricou est juste sous le lac. On repart au nord. Suzanne marche bien, on est heureux dans cette vallée, cela ressemble vraiment au Canada. On prend le chemin de ronde, et on descend vraiment au pif, vers les chalets de Laval. On repart par les chalets de Roche- noire, où l’on trouve le Baron du même nom, un gars vraiment à part, un peu bohême, et l’on rentre.

Ca va être le grand jour, on va au bout de la vallée, au refuge des Drayères. Pour s’avancer, on monte au chalet de Laval en Vw. Là, on emprunte un très bon sentier qui monte jusqu’au refuge. Puis, on va au seuil des Rochilles et aux lacs Ronds et du Grand Ban. On arrive au col des Rochilles, le coin est merveilleux avec tous ces lacs. Le chien toujours fidèle en descendant, nous regarde de temps en temps et va jusqu’au lac Rond pour boire. Là, on se repose un bon moment et l’on repart pour notre camp. Quelle ne fut pas la surprise de Suzanne en ne retrouvant pas ses lunettes ! Je prends mon VTT et remonte jusqu’au refuge, où nous nous sommes arrêtés, mais rien. Alors, je retourne en descendant, et fouille en me mettant dans la position qu’elle avait prise, sensiblement au même endroit. Miracle, je trouve le papier et en grattant, les lunettes apparaissent sous les feuilles. Ah, quelle joie d’avoir retrouvé cet objet, si petit au milieu de toute cette forêt !

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Qu’allons-nous faire maintenant ? Bien, nous allons voir cette belle Clarée et passer par le Mont Genèvre. L’endroit a été bien conservé suite à Napoléon qui y a sa statue. Nous irons alors au lac de Serre-Ponçon et rentrerons par le col Bayard à Oullins. Nous aimons nous balader en camping-car, trouver des coins isolés pour dormir, ainsi on a couché à Chanteloube, où nous étions en face de la chapelle Saint Michel et du pont qui enjambe tout le lac. Nous nous sommes arrêtés au lac de Laffrey et avons construit des bateaux en bouchons de liège, avec une voile qui flottaient bien sur l’eau, mais encore fallait-il les chercher à la nage !

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VALGAUDEMAR

Nous avons fait avec le Zizou un camp à la chapelle du Valgaudemar. C’est une contrée sauvage encaissée dans une vallée profonde. On trouve encore des noms de villages, L’Adret et de l’Ubac. Nous étions au village de la Chapelle et avions un bon camp. J’allais voir mon ami Vincendet, qui avait une vache qui m’aimait bien, car à chaque fois que j’allais la voir, elle me donnait un coup de langue. Enfin, trêve d’histoires ! Nous allons nous balader vers ces refuges, tous éloignés les uns des autres. Le refuge des Souffles 1980m, puis nous allons en Vw jusqu’au Gioberney par une route de montagne pour nous rendre au refuge du Pigeonnier à 2400m, puis le refuge Chabournéou 2060m, le refuge de Valonpierre aux pieds du Sirac et à Xavier Blanc. Nous avons été à Navette, puis au lac de Pétarel toujours avec ce petit chien qui trottait bien.

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Marc JOUBERT Guide de Haute Montagne

Chapitre VII :

EXPEDITIONS A L’ETRANGER.

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EXPEDITIONS A L’ETRANGER.

EXPEDITION AU GROENLAND

En 1968, j’ai appris que Claude Rey a réalisé une expédition au Groenland qui a bien marché. Des félicitations du Club alpin ; une organisation parfaite. Jean-Louis Georges était avec lui et ils ont fait beaucoup de courses. Le journal de l’expédition Montagnes Polaires explique par les participants eux-mêmes, le sens général qu’ils ont mis dans cette grande entreprise. Le transport des vivres, le matériel, les deux canots Mark 3 et leurs moteurs de 40 CV, les tentes et tout ceci emmené par bateau, là-haut dans le grand Nord. Cela a été une réussite car 8 courses de difficulté D et TD ont été réalisées et elles portent des noms bien français : Pic André Georges, Tour du Pavot, Mont- Blanc de Furesoe, Tour du Vercors et Chartreuse, noms bien de chez nous.

Or donc en 1969, Claude vient me trouver. Il habitait à environ 300 m de chez moi pour me suggérer de participer à une expédition qui aurait lieu aux Stauning, prés du Kong Oscar Fjord. Les enfants avaient : Claudie 18 ans, Bruno 16 ans, Jacqueline 15 ans. Je ne sais si je partais pour un aussi long voyage et surtout trois semaines à rester là-haut sans donner de mes nouvelles ! Suzanne me dit : « Saute sur l’occasion, cela ne se reproduira pas. » Aussi je me décide. Avec Guy Martin et un autre guide, j’apportais ma connaissance de la montagne. Mais ce n’était pas tout. Claude me charge du ravitaillement à classer en quantité et en journée. Ne pas mélanger les rations légères et les vivres de courses. Ni plus, ni moins. Il y avait fort à faire par couleur dans des sacs et cartons. Je mets de l’ovomaltine, du tonimalt, des purées, du lard fumé, des potages, nouilles et des galettes Gerblé. Je ne vais pas faire un tableau de tout ceci. Il y avait les rations jaunes, blanches, rouges et vertes. Tout était éparpillé dans mon grenier et je n’avais qu’à reconstituer les rations avec une balance, des sacs plastiques et des étiquettes. Les enfants m’ont aidé à faire ces sachets qui étaient longs à préparer et le tout a été expédié par camion et avion jusqu’en Islande à Rejkavik. Quant à nous, nous sommes partis en avion : Lyon, Paris, Glasgow où nous avons fait escale un jour, nous promenant en mini-bus sur les grandes étendues avec des lacs qui ressemblent à l’Auvergne. Puis nous rembarquons pour Reykjavík. Là, nous nous installons, dans un hangar de l’aérodrome. Je trouve une caisse d’emballage couchée ce qui me fait une jolie chambre, nous vérifions le matériel, il manque les triangles pour les mâts de tentes. Alors que les copains se baladent vers les sources d’eaux chaudes, je soude des tubes d’alu et mets des pointes pour toutes les tentes. Ceci forme un triangle parfait et nous pourrons accrocher l’œillet qui tient la toile et le double toit. Pendant ce temps, les autres

31/05/19 110 104 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 copains allaient visiter l’Islande, ses jets d’eau chaude, ses lacs avec une jeep, les routes n’étant pas goudronnées.

Enfin l’embarquement se prépare, nous sommes surpris par la quantité de paquets qui sont bien placés dans les soutes de l’avion. Nous décollons en frôlant les toits de Reykjavik, ça passe ! Nous survolons la mer du Nord et arrivons en vue du Groenland, qui est couvert de montagnes et la calotte glacière en toile de fond qui est étendue. Arrivons à Meterswing, terrain d’aviation fait pas les Allemands, pour surveiller la météo qui se formait sur l’Europe. A l’atterrissage, nous sommes reçus par le chef parlant l’anglais. On voit sur les montagnes, des traces de tungstène, exploitées par une mine. Mais les bateaux ne peuvent accoster que si le port est libre en glace. Nous dressons le camp surtout pour essayer le matériel. Les mats vont bien et laissent dégager l’entrée. Des chiens de traîneaux nous tiennent compagnie, surtout une mère Husky et ses trois petits. Le lendemain, je pars en avant avec le plus jeune garçon pour baliser l’itinéraire avec de grands bâtons, la seule indication de parcours et le cap avec la boussole, jusqu’à ce que nous rencontrions une grande rivière. Nous tombons pile dessus, et montons notre petite tente de 3 kg. J’en avais au moins 40 kg sur le dos ! Je vais reconnaître le passage qui est dans la partie la plus large de la rivière avec 1 m d’eau courante. Le lendemain, la jonction se fait avec les copains et nous installons une corde de 100 m pour passer. Les rives sont du sable qui font bien 1 m de haut et cela donne des bords qui s’écroulent avec le courant. Tout le monde est passé. Nous continuons par une moraine qui est très longue. Il est minuit, on y voit comme en plein jour ! Nous montons le camp. Et le 4ème jour, nous pensons arriver vers le camp, bien plus confortable et spacieux. Il s’appelle Sun Valley. Là, on pose tout. On déblaie les cailloux à l’emplacement des tentes, on installe les cuisines qui se font pour 4 en employant un réchaud fait pour des boites Guigoz.

Une équipe redescend à Meterswing pour aller chercher le restant de nourriture. Moi pendant ce temps, avec une grande Belge de 1m90, du muscle, nous allons faire un sommet neigeux facile. Je n’avais pas prévu que l’atmosphère était pure et les longueurs paraissaient rapprochées. Donc, un bivouac, il ne faisait pas froid. Sur le plat du glacier, nous avons essayé de doubler les crampons avec des raquettes et cela allait très bien. Nos copains ravitailleurs sont arrivés bien fatigués. Repos pour tous. Je cherche de partout alentour et trouve des caisses ayant appartenues à une équipe italienne ayant fait une expédition avant nous.

Le 6ème jour, nous partons faire par équipe de quatre, trois courses mixtes glacier et rocher. Enfin tout de même voilà le mauvais temps. 10 cm de neige nous ont donné du changement. Il arrive une équipe de dames anglaises, qui rayonnait seule. Nous les aidons à monter leurs tentes et bonsoir à tout ce beau monde ! Le camp n’est pas fini, nous formons deux groupes : l’un en escalade, l’autre en randonnée. Je prends le

31/05/19 110 105 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 deuxième avec des cartes qui étaient des photos aériennes. Cela n’allait pas trop mal avec le terrain.

Nous allons en direction de la mer. Il y a beaucoup de caps marins. La côte est très modelée. Ah ! Voilà la plage ! Il est 9 heures du soir, nous marchons depuis 10h du matin. Nous allons nous coucher près des phoques, mais au bout d’un quart d’heure, nous ne pouvons plus tenir, une myriade de moustiques nous pique de partout. Allez, on part. Nous marchons lentement après avoir croisé un énorme troupeau de bœufs musqués, que nous abordons prudemment. On voit également des lièvres, des mouettes rieuses qui nous piquent dessus. Nous trouvons une baraque avec des armes de guerre. Nous les laissons bien tranquille. Il est 5 heures du matin. On voit l’autre côté de la cote. Ce doit être Mesterswig. On va dresser les tentes, mais les perdrix se dérobent. Il doit être 9 h du matin. Ca fait bien 20 h qu’on marche ! Nous faisons un petit déjeuner, et nous sommes bien arrivés au terrain d’aviation, juste pour prendre le vol de Reykjavik. L’avion arrivait avec des grimpeurs suisses qui sont restés avec l’encadrement. Je prends seul le groupe. Au revoir le Groenland ! Mais cela ne veut pas dire terre verte, mais cela est très loin de la France.

Nous atterrissons à Reykjavik, allons en car à Keyflavik, montons pour un avion pour Londres. Enfin la nuit. Je suis content de voir la lune et les étoiles. Cela fait pas mal de jour qu’on ne les a pas vus. A Londres, nous avons trois heures devant nous pour prendre un autre appareil. Je m’écroule dans les gazons de Hyde Park et conseille aux gars d’aller voir Londres en taxi, en leur recommandant d’être à l’heure pour la France.

Je veux parler de toi, mon vieux Claude Rey, qui est devenu Président de la Compagnie des Guides de France, sans oublier Jean-Louis Georges qui sont morts tous les deux en montagne. L’un en Corse à ski de randonnée, le rappel qu’il faisait s’étant brusquement rompu, l’autre dans l’Oberland, un pont de neige s’étant écroulé à son passage, en montant au refuge Concordia, une chute de trente mètres ne pardonne pas. A tous les deux un grand merci pour avoir connu ce magnifique Groenland.

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31/05/19 110 106 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015

EXPEDITION AU PEROU

Pour changer un peu, nous préparons une expédition au Pérou avec mon ami Jean-Louis Fraimbault. Laisser toute la famille sous la surveillance de Suzanne, il fallait le faire. Cette expé dura 3 semaines, mais je sais que c’est une femme vaillante, qui me suivrait partout, s’il n’y avait pas d’attache à la maison. Elle aurait pu venir, c’était en 1973, 4 ans après le Groenland, mais nous y retournerons.

Après un long voyage en avion avec une escale à la Barbade, nous arrivons à Lima. Nos vivres et surtout les cartouches de gaz ne sont pas arrivés alors nous faisons du tourisme dans la ville. Le Pacifique, ses vierges du soleil, ses musées remplis d’or des Incas, toutes ses richesses qui ont une histoire. Ca y est, nous pouvons partir, nous avons tout ce qu’il nous faut. C’est en car et camions que nous parcourons des kilomètres sur les routes des Andes, avant d’être à Cuzco, livrés dans un pensionnat où nous avons tout loisir de nous organiser. Nous faisons un peu de tourisme et il y a pas mal de choses surprenantes, la place de Arma avec ses églises somptueuses construites avec les pierres des anciens monuments Incas, Sacsahuaman et ses remparts dignes de Colbert, la vieille ville, les habitants qui portent des charges pliées dans leur Liria, les musiciens avec leur air favori et leurs instruments bizarres donnant une tonalité surprenante. On mange des spécialités dans de bons restaurants. Il faut bien penser à partir pour la montagne, nous allons en car jusqu’à Tinki, dernier village avant la cordillère de Vilcanota.

Un peu d’énervement de la part des habitants, car la bombe atomique de Mururoa avait éclaté et les radiations allaient perturber leurs cultures. Enfin nous assistons à la plantation de pommes de terre, culture familiale, le Campésino fait un trou avec sa Taccla, sa femme met la pomme de terre, un enfant recouvre de terre et le bambino met de la crotte de Lama sur le tout. Après bien des parlottes, Madeleine parlant très bien l’espagnol avec un peu de Checoua s’arrange pour nous avoir des mulets que nous brêlons et la caravane s’ébranle. Un pont se trouve sur notre route les mulets passent à côté, car il n’est pas solide. Encore 6 heures de marche et nous dressons le camp. Bon exercice pour trouver tout le matériel. Nous arrivons vers un grand lac, c’est au-dessus que nous montons notre base. Une grande tente reçoit tout le matériel et les vivres. Le muletier repart, nous lui donnons rendez-vous dans 8 jours. Le premier jour nous allons nous entraîner au cramponnage qui est drôlement facilité par la qualité de la glace qui n’est pas la même que par chez nous. Le lendemain nous trouve à la Mariposa, un sommet de 5300m, facile d’accès avec beaucoup de couloirs de neige. On a du sommet une vue imprenable de ce massif. Le troisième jour de notre camp nous formons une équipe et allons vers le Chico- Auzanguate, un sommet secondaire de l’Ausanguate, gravi par des Lyonnais. Une grande pente de neige suspendue nous donne accès à un couloir. Mais je n’ai pas fait 100m en traversée, que j’entends une formidable avalanche de pierres et de neige, se

31/05/19 110 107 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 déclencher dans le couloir. Doucement, sans se presser, nous faisons demi–tour. Nous abandonnons la course, pour passer par l’arête. Ainsi fut fait, mais nous regardons nos montres et voyons l’heure déjà avancée, surtout pas de matériel de bivouac. Donc avec mon ami Martin, nous entamons la descente sans problème dans la pente, que nous avions gravie. Nous retrouvons nos traces et filons vers le camp, la nuit nous talonne. Un bon repas, une veillée dans la tente du mess, au lit ou presque, puisque nous sommes sur nos matelas mousse qui font 8mm d’épaisseur.

Le matin du quatrième jour, quelle surprise, de la neige est tombée, 10cm et des petits Péruviens, venus je ne sais d’où, sont là chacun sous une toile plastique. Nous leur donnons à manger, ils sont presque pieds nus, en sandales faites avec des restants de vieux pneus. Ils nous disent avec des gestes que le gars avec ses chevaux ne viendra pas. Nous voilà bien avec tout le matériel à descendre, il nous faudra porter. Nous laissons un garde au camp, on ne sait jamais, et deux courses sont encore faites très intéressantes pour le paysage qui nous entoure, et miracle nous voyons arriver un cavalier qui monte avec 10 chevaux, qui veut bien nous descendre tout le matériel, mais en payant évidemment, le tam-tam inca à bien fonctionné, mais on paye le retour pour la deuxième fois. D’accord, nous chargeons tout notre fourbi, même les sacs poubelles, ils feront le bonheur de quelques-uns. Nous descendons en 1 jour, on tire des photos d’Incas qui faisaient la route, les femmes tricotant des bonnets de toute beauté, elles ont gagné mieux que leurs hommes.

Voilà la partie montagne de cette expédition, mon ami Jean-Louis est content, nous avons parcouru un terrain peu fréquenté qui méritait d’être vu. Des condors planant tels des planeurs, des vigognes, des viscaches, genre de lapin de petite taille à longue queue, des lamas qui portaient une trentaine de kilos mais aussi une débauche de couleurs qui habillait tout ce peuple Inca qui travaille, la Pacha-mama.

Maintenant un peu de tourisme qui vaut vraiment le coup d’œil à plus de 8000km de chez nous. Tout d’abord Cuzco, la capitale du pays Inca, ses maisons typiques aux fondations d’époque, mais cependant les murs ont été refaits Sacsahuaman et sa forteresse à la géométrie typique, des pierres de plusieurs tonnes ont été emmenées là, tirées par des hommes et assemblées sans aucun liant, on ne passerait pas une lame de couteau entres-elles. Elle a au moins quatre lignes brisées de défense. Derrière il y a un grand système d’écoulement d’eau dans des bassins qui pouvait servir de calendrier. La culture Inca est bien là sous nos yeux, dans toute sa valeur technique et sa splendeur. Nous sommes allés en train à la Arroya 4200m, des surveillants passaient avec un réservoir et une canule qu’ils mettaient dans les trous de nez pour respirer, pour nous, qui étions habitués à l’altitude, on s’apercevait que l’on avait la voix qui diminuait au plus l’on montait. Enfin nous voilà dans la vallée de l’Urumbamba, nous allons voir Pissac et son marché, et les restes vraiment extraordinaires de la cité, tout en haut des gradins servant à la culture du riz ou d’autres céréales, de là, on a une vue inoubliable sur toute la vallée. Nous redescendons par un des canaux d’irrigation qui alimentait toutes les

31/05/19 110 108 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 terrasses. Puis nous sommes allés à Machu-Pichu. Là on fit une visite de deux jours, tant pour voir les constructions, le sentier de l’Inca, le Hoana-Pichu, le village qui défendait toute la vallée.

Nous sommes retournés par le même moyen à Cuzco, afin de prendre un car, qui nous fit voir le lac Titicaca. Nous visitons une île dans un canot qui avait un moteur 6 cylindres et repartons pour la Paz. On s’installe dans un hôtel de luxe et nous préparons notre sommet mythique le Huana Potosi 6200m. En taxi de la Paz avec un arrêt à 4500m. Puis nous montons notre camp à 5420m. Nous atteignons le sommet enfin, grâce à Marc qui fit la trace dans les derniers mètres et d’en haut nous voyons tous les plateaux Andins et toutes les plaines de Patagonie. Nous redescendons contents d’avoir réalisé ce beau sommet. On démonte le camp et nous allons voir si les taxis sont bien au rendez-vous. Nous les attendons et aux jumelles, on voit qu’ils ont une panne. Enfin un taxi monte, et nous dit : « On a une roue crevée, mais pas de cric pour la démonter ». Alors on se met à sept dans le taxi, et nous allons leur faire voir comment on démonte une roue. Nous calons la voiture sous le châssis, et creusons sous la roue avec nos piolets. On démonte le pneu avec des leviers quand même, et remettons le tout en place. Nous faisons descendre la voiture en sortant les pierres et il n’y a plus qu’à faire avancer le véhicule. Ce taxi réparé va chercher les autres grimpeurs, nous voilà tous réunis pour aller à la Paz. L’avion est dans quelques heures, et nous nous préparons vite, et avec un car, nous arrivons à l’aéroport qui est à 4000m. Long voyage sur les Antilles, escale, et nous rentrons en France.

Que dire du Pérou ? Ce pays est immense. C’est la culture inca qu’il porte en lui, cultures en terrasse étagées comme un gigantesque escalier, avec une irrigation parfaite. Des marchés colorés avec des tas d’oranges, des tissages de toute beauté, des lirias avec des motifs géométriques. Nous avons vu tisser en plein air, l’Indienne avec une ceinture autour du dos et deux piquets qui tenaient la trame. Elle faisait passer son fuseau en le lançant d’une main, et composait des motifs vraiment parfaits, sans jamais se tromper. Les hommes vendaient des sceaux, des outils rudimentaires, tel la taclla. Mais chaque indien doit être économe. Des orchestres typiquement incas, jouent une merveilleuse musique particulière, avec des instruments tout nouveau pour nous, des charingos, sorte de petites mandolines faites avec un tatou, des flûtes droites de toute taille, des flûtes de Pan, des harpes faites avec une caisse de résonance particulière. Des petites sculptures en terre qui montraient toute la détresse de ce peuple pourtant si sympathique.

Six ans après, je suis retourné au Pérou en voyage organisé par Nouvelles Frontières, en compagnie de ma femme et de Claudie. On couchait à l’hôtel, à Lima, où l’on voyait débiter la viande à même le trottoir, pendant qu’un enfant faisait ses besoins à côté, sans s’essuyer les fesses. Merveilleux, étrange, nous avons deux jours pour visiter la ville. Nous allons voir un musée inca, celui de l’or, où nous contemplons des objets magnifiques. Le port de Callao, l’océan pacifique, le monument des vierges du soleil.

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Puis nous sommes allés à Cuzco trois jours. Nous visitons des tombes dans une vallée perdue, des trous dans une paroi pour des momies recroquevillées dans la position du fœtus, ensemble appelé fardeau funéraire. Aréquipa et le monastère avec ses cellules, Pisac et la vallée de l’Urumbamba. Machu-Pichu en train par l’Arroya. Nous avons fait la connaissance de Charles et Jannette, surtout aux Iles Galapagos, avec les phoques et les oiseaux de toute sorte. Nous avons survolé en petit avion à cinq places les lignes de Nacaz et ses dessins mystérieux. On se demande ce que les Incas voulaient dire. Nous avons fait une traversée en bateau pour admirer les îles Balesta, refuges des phoques, car les eaux sont poissonneuses. Les pélicans aux aguets, volaient au ras des vagues pour surveiller leur subsistance. Nous sommes rentrés par la Transamérica sur Lima, puis sur Zurich, où nous avons pris un hôtel, retrouvé la voiture des Gaillet, et à notre grande surprise, nous nous sommes réveillés à midi.

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