MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 Marc JOUBERT Né le 14 juillet 1927 Guide de Haute Montagne à Rive de Gier 42 Pourquoi j’aime gravir les sommets ! <><> 31/05/19 110 1 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 Pour mes enfants et mes petits enfants, et mes ami(e)s de la montagne. SOMMAIRE Chapitre I : Comment j’ai eu la révélation du rocher ? (Le déclic !). Chapitre II : Mon armée aux Chasseurs Alpins. (Les camarades, l’Autriche, les manœuvres …). Chapitre III : Mon Brevet de Guide de Haute Montagne. Chapitre IV : Description de quelques-unes de mes plus belles courses. (La Bérarde, le Chardonnet, la Traversée Nonne-Evêque, le Dru face ouest, L’arête sud de la Noire, le tour du Mont Blanc, …). Chapitre V : Le ski de raid. (Chamonix-Zermatt…) Chapitre VI : Randonnées pédestres. (Les Calanques…) Chapitre VII : Expéditions à l’étranger. <><> 31/05/19 110 2 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 Marc JOUBERT Guide de Haute Montagne Chapitre I : COMMENT J’AI EU LA REVELATION DU ROCHER ? <><> 31/05/19 110 3 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 MA DECOUVERTE DE LA MONTAGNE. Je me souviens, c’était en 1943 que j’ai connu l’escalade dans la carrière du Mouillon à RIVE DE GIER. J’avais 16 ans. C’était un amoncellement de blocs de grès qui ont écorché pas mal mes genoux. Une corde, qui était plus une corde à faire des bottes de foin, que j’avais achetée chez le quincaillier du coin, a été mon premier accessoire de grimpeur avec des espadrilles de corde. Ce n’est que quelques semaines plus tard que j’allais avec ma petite amie Suzanne, qui deviendra ma femme, au rocher d’Hérode, près de Vienne. Nous partons en vélo de Rive de Gier, cela faisait 20 km. C’était une école de granit avec cheminées et dalles aux petites prises. Il y avait une dent, sorte de monolithe qui était assez dure, un surplomb surmonté d’une fissure. Nous grimpions toujours sans piton, et l’assurance était faite à l’épaule autour d’un bloc. Dieu était avec nous, et cela nous arrangeait bien. Puis je connus l’école de Rochetaillé à Roche Corbières près de St Etienne. C’était un magnifique groupe rocheux de granit aux prises horizontales, des biais, des fissures, des cheminées, des surplombs, des dalles, dont une grande surplombante où nous pouvions faire de l’artificiel. Là tout de même, j’avais quelques pitons, des mousquetons, un marteau, et toujours la même corde. Je grimpais avec Suzanne aussi passionnée. Nous allions en vélo plein d’entrain, nous grimpions toutes les voies. Nous rentrions les mains sentant la bruyère. Je ne sais pas pourquoi mon fils Bruno tient absolument à ce que je raconte, comment j’ai été à la montagne. J’y ai consacré une partie de ma vie, j’ai marché, j’ai eu le loisir de faire les plus beaux sommets des Alpes, le Groëland, le Pérou. J’ai eu la vision des grands espaces, et l’élan vers les sommets a été fulgurant. Mais je ne saisis pas bien à 73 ans ce que je peux raconter…Certains écrivent des livres, pour simplement dire leur expédition, mais comment écrire toute une vie consacrée à la montagne, pour un gars de la ville comme moi, qui n’avait que le Pilat pour s’évader et apercevoir au loin, les Alpes. Je n’avais qu’une connaissance géographique de cette région à 16 ans. Je regardais les cartes Michelin, je dévorais déjà des livres pouvant me rapprocher par la pensée de ces montagnes : « Face Nord de St Loup ». J’ouvrais ce livre, je rêvais, j’ai écrit sur la page de garde : « Là-haut où les vents passent avec violence, où la lumière est intense et l’air éthéré, l’homme se sent meilleur et fort. Loin des bassesses et des vulgarités, il a choisi une vie exceptionnelle d’énergie et de volonté, qui, à travers mille difficultés, le conduit à la conquête d’un splendide idéal. Là-Haut, tu trouveras un autre monde qui n’est pas celui des humains ». J’étais alors au scoutisme empli d’idées sublimes, héroïques parfois. Pour nous les jeunes, qui étions en pleine occupation, nous étions privés de circuler, nous n’avions pour tout horizon, que les crêtes du Pilat où nous allions souvent nous balader. Et puis il y avait l’école. Ah ! Descendre le Mouillon à pied en courant quelquefois jusqu’à la rue 31/05/19 110 4 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 Victor Hugo où se trouvait l’école Pratique, ou en vélo avec des pneus cousus l’un sur l’autre en intercalant les trous. Ceci me donnait pour mon âge un entraînement valable, avec la gym au Mollard, le scoutisme, le jardin, le ravitaillement à assurer tous les 15 jours, en voilà assez pour avoir de bons muscles. Mais comment aller en montagne ? Elle était à 250 km de chez nous. Il me fallait trouver un terrain qui soit approprié à mes ébats. C’est lors d’un camp de vacances organisé par l’entreprise où travaillait mon père, que je découvris enfin la vallée de Chamonix. Partis par un train des plus rapides ( !), 10h pour aller à Chamonix le chef Hissler et la cheftaine Spekel qui je crois se planquaient des Allemands, nous font découvrir de merveilleux coins. Nous emportons nos vélos et faisons de belles ballades. Il faut que je vous raconte ce camp. A Annemasse, nous montons sur nos vélos et allons dans un chalet isolé du massif des Voirons. En montant sur la chaîne de ces montagnes, nous avons une large vue sur le Salève et le Mont-Blanc au loin, avec toutes ces aiguilles à ses côtés. Nous restons pour faire la corvée de bois, les pluches, nous installons une cuisine à l’extérieur, pour une équipe de 12 personnes envoyées par l’usine du Duralumin. Nous faisions de grandes ballades dans les bois. Cela nous entraînait pour la randonnée sur le cirque du Fer à Cheval. C’est là que la montagne m’a donné comme un coup de poing en moi-même. Le long de ces rochers verticaux coulaient de grandes cascades, qui éclataient avec puissance pour former le Giffre. Ce torrent abondant roulait dans la vallée qui possédait une station de ski. Au bout de trois jours, nous sommes repartis vers Lucinges, plein les yeux de belles images. Un autre séjour au bord du lac Léman nous fit passer quelques jours à Excenevex. Mais le grand moment arriva. Nous primes le train pour découvrir la haute montagne. A St Gervais, le petit train de Vallorcine, vrai train du Far-West, nous emmènent aux Houches. Ici, la splendeur de la montagne est écrasante. Nous étions installés dans un chalet chez Désailloux, et je me rappelle sa grange où nous couchions dans nos duvets. Le lendemain nous sommes montés au Prarion, avec une vue magnifique sur le Mont-Blanc et sa vallée. Là, j’ai senti vraiment l’appel de la montagne. Puis nous sommes montés au Brévent par le téléphérique. La vue magnifique, face au plus beau sommet d’Europe, m’a donné alors la révélation de la grimpe dans ces grandioses paysages. <><> 31/05/19 110 5 MJMAMONTAGNE.doc MA MONTAGNE CRE 2001 / MAJ 18072015 MES PREMIERES COURSES EN MONTAGNE. De retour à Rive-de-Gier, au Mouillon, dans la résidence de mon père, je me suis un peu équipé pour grimper. Oh, je ne savais pas en ces temps troublés, ce qu’il fallait prendre comme matériel. Une simple corde de 30 m en chanvre, quelques mousquetons en acier. C’est dans cette carrière non exploitée, composée de roches tendres qui ont servi à construire l’église de Rive-de-Gier, que je me suis entraîné pour la première fois sérieusement en escalade. Je retournais faire de l’escalade à Roche–Corbière. Vraiment vertical ! Des plaques, des fissures, des surplombs, nous grimpions déjà en technique, ma fiancée Suzanne toujours avec moi et c’est bien la seule cordée mixte, qui évoluait dans le secteur à ce moment là. Nous y montions en vélo, 44 km aller et retour ne nous faisait pas peur, nous grimpions plein d’entrain toute la journée. Il y avait toujours dans ce lieu une odeur particulière, celle du thym et du sapin que nous ramenions chez nous. Un jour, je vois venir un gars, avec qui je me lie d’amitié immédiatement. Il était bien équipé, pitons, mousquetons de tailles diverses, rangés sur une longe, qu’il portait en bandoulière, un marteau à bec passé dans une poche spéciale de son pantalon. Mais il était seul. Je lui proposais de grimper ensemble, toute la journée nous avons escaladé. Il disait que je grimpais bien et souvent je passais en tête. L’après–midi, nous avons fait le grand mur en artificiel, c’est surtout dans les relais qu’il m’apprit à faire vite, la corde déjà lovée quand j’arrivais, je repartais. Il me dit : « Tout est bien, prends la suite, nous faisons une belle cordée rapide et sûre ». Ce fut une très belle journée. Il m’avait appris beaucoup et surtout il me parlait des falaises grandioses au Vercors. Il était étudiant en géographie et habitait Valence. Il portait un nom prédestiné pour l’avenir en montagne. II s’appelait Jean-Louis BERNEZAT. Nous allions devenir amis. De plus il bivouaquait dans la grotte. J’étais tout étonné, je lui dis que je reviendrais le lendemain.
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