LES 22 PREMIERES CONFERENCES B0100 DES CHEFS D’ETAT DE ET D’AFRIQUE M. à J. 02.11.2005

er A , les différentes délégations, déjà plus l’Afrique, auxquels pourraient se joindre les 1 SOMMET FRANCO-AFRICAIN nombreuses qu’à la réunion de novembre 1973, Etats-Unis. 13 NOVEMBRE 1973 manifestent leur désir de faire avancer « dans le Ce Fonds interviendrait dans plusieurs secteurs cadre d’une réunion amicale », les problèmes précis du développement, tels que le Un nouveau cadre de dialogue de l’Afrique francophone : la situation des pays désenclavement ferroviaire ou routier des pays

Les 11 participants éloignés de la mer, les pays dits « enclavés », la sans débouché maritime, la lutte contre la 7 chefs d’Etat : lutte contre la sécheresse et les catastrophes sécheresse, la mise en exploitation des Côte d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny naturelles, enfin l’avenir de la francophonie. ressources minières. L’organisation de ce Fonds France : Georges Pompidou serait confiée conjointement à un conseil des : Albert-Bernard Bongo Les résultats pays donateurs et à un conseil exclusivement Haute-Volta : général Sangoulé Lamizana Le président Senghor, dressant un bilan de la africain des pays utilisateurs. Niger : Hamani Diori conférence avec le président Houphouët- - Fonds de solidarité africain : financé Centrafrique : général Jean-Bedel Bokassa Boigny, se félicite de l’esprit de franchise et conjointement par les Etats africains et la Sénégal : Léopold Sédar Senghor d’amitié qui a marqué cette « réunion de France, dont l’aide irait à des projets famille ». Il est décidé que la Conférence se d’investissement dans les pays les plus 4 délégations ministérielles (Finances) : tiendra chaque année, alternativement en défavorisés, ceux que l’on appelle aujourd’hui Congo : Saturnin Okabé Afrique et en France. les PMA, les pays les moins avancés. Dahomey : commandant Michel Alladayé Valéry Giscard d’Estaing exprime sa volonté de En outre, Paris décide de se joindre au Fonds Mali : Thiéoulé Konaté développer et d’élargir l’aide française aux pays africain de développement de l’OUA, auquel Togo : Joachim Hunlédé d’Afrique, émettant le vœu de voir un jour la participent déjà l’Allemagne fédérale, la Suède et le Canada. Conférence accueillir les pays lusophones et devenir ainsi latine, au lieu de demeurer La conférence exclusivement francophone. C’est à l’initiative du chef de l’Etat nigérien, 4è SOMMET FRANCO-AFRICAIN Hamani Diori, que le premier Sommet franco- africain s’est tenu le 13 novembre 1973 à Paris, 3è SOMMET FRANCO-AFRICAIN DAKAR 20/21 AVRIL 1977 sous la présidence du chef de l’Etat français, Georges Pompidou. Cette conférence, qualifiée PARIS 10/11 MAI 1976 La montée des périls en Afrique d’« historique », offre un nouveau cadre de Les 20 participants dialogue entre la France et l’Afrique Priorité au développement 11 chefs d’Etat : francophone. Elle intervient après la guerre Les 20 participants Côte d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny israélo-arabe qui fit, cette année-là, quelque 9 chefs d’Etat : France : Valéry Giscard d’Estaing 10 000 victimes. D’où la nécessité, pour les Côte d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny Gabon : participants au Sommet de Paris, d’affirmer France : Valéry Giscard d’Estaing Haute-Volta : général Sangoulé Lamizana leur volonté de paix qui « intéresse la Gabon : Omar Bongo Mali : colonel Moussa Traoré communauté internationale tout entière et pas Haute-Volta : général Sangoulé Lamizana Niger : lieutenant-colonel Seyni Kountché seulement les deux super-grands ». Mali : colonel Moussa Traoré Rwanda : général Juvénal Habyarimana Niger : colonel Seyni Kountché Sénégal : Léopold Sédar Senghor Les résultats Rwanda : général Juvénal Habyarimana : James Mancham Ce premier Sommet franco-africain décide de Sénégal : Léopold Sédar Senghor Tchad : général Félix Malloum devenir un organisme de concertation mutuelle Togo : général Gnassingbé Eyadéma Togo : général Gnassingbé Eyadéma qui se réunira chaque année, de manière informelle. Commentant les travaux, Michel 11 délégations ministérielles : 9 délégations ministérielles : Jobert, alors ministre des Affaires étrangères, Maurice : Sir , Premier Bénin : Isidore Amoussou (Finances) déclare : « La coopération franco-africaine, si ministre : lieutenant-colonel Edouard souvent caricaturée, constitue certainement, Seychelles : James Mancham, Premier ministre Nzambimana, Premier ministre dans le monde tel qu’il est, un élément de Tchad : colonel Djime Ngakinar, vice-président Comores : Ali Mlamali (Enseignement) progrès et de stabilité. » du Conseil supérieur militaire Cap-Vert : Oswaldo Lopes da Silva Bénin : lieutenant-colonel Barthélémy Ohouens Centrafrique : Ange Patassé, Premier ministre è (Industrie et Artisanat) Guinée-Bissau : Vasco Cabral (Dévelop- 2 SOMMET FRANCO-AFRICAIN Burundi : Melchior Bwakira (Affaires pement économique) BANGUI 7/8 MARS 1975 étrangères et Coopération) Maurice : Sir Seewoosagur Ramgoolam, Premier Cap-Vert : Cordeiro Almada (Justice) ministre Le nouvel ordre économique mondial Guinée-Bissau : Vasco Cabral (Développement Territoire des Afars et des Issas : à titre économique et planification) Les 15 participants d’observateur 9 chefs d’Etat : République centrafricaine : Alphonse Koyamba Zaïre : Karl I Bond (Affaires étrangères) Burundi : (Trésor public) République centrafricaine : maréchal Jean-Bedel Sao Tomé & Principe : Lao Chang La conférence Bokassa (Administration) Les travaux de ce Sommet de Dakar sont Côte-d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny Zaïre : Nguza Karl I Bond (Affaires étrangères) dominés par ce que le président Valéry Giscard France : Valéry Giscard d’Estaing Comores : Salim Himidi (Intérieur) d’Estaing appelle « la montée des périls en Gabon : Omar Bongo Afrique ». Le climat d’incertitude créé par le Haute-Volta : général Sangoulé Lamizana La conférence brusque développement de l’influence Niger : lieutenant-colonel Seyni Kountché Alors que les deux précédentes conférences soviétique et la rivalité entre super-grands dans Rwanda : général-major Juvénal Habyarimana avaient été dominées par l’examen de plusieurs régions du continent africain, pèse sur Sénégal : Léopold Sédar Senghor problèmes spécifiquement africains ou - les travaux de la Conférence. africains, celle de Paris se situe dans un cadre La France, qui avait fourni un appui logistique 6 délégations ministérielles : plus large : celui de l’Afrique indépendante à la au Zaïre lors de la première « invasion » de la recherche de son développement. Aussi la province du Shaba, se montre ferme et Dahomey : Barthélémy Ohouens (Justice) conférence a-t-elle porté sur quatre points : Mali : Thiéoulé Konaté (Finances) rassurante : « Tout Etat africain a droit à la Maurice : Sir Seewoosagur Ramgoolam, Premier l’inflation, le système monétaire international, sécurité à l’intérieur de ses frontières, quelles ministre le dialogue Nord-Sud et l’aide au que soient ses opinions politiques », déclare le Togo : Edem Kodjo (Finances) développement. président français à l’ouverture de ce quatrième Zaïre : Niati Boula Mandongo, commissaire Sommet franco-africain. d’Etat aux Affaires étrangères Les résultats Cela dit, les problèmes de sécurité, malgré leur Seychelles : James Mancham (à titre A l’initiative de la France, la Conférence importance, n’ont pas caché aux participants d’observateur) propose la création de deux fonds d’aide : l’ampleur des problèmes économiques, tels que l’inflation mondiale, la détérioration des termes - Fonds exceptionnel de promotion de l’Afrique : ce Fonds doit être mis en place par les Etats de l’échange, l’avenir du dialogue Nord-Sud. La conférence industrialisés qui ont des liens historiques avec …/… A Dakar, les 19 pays africains représentés 5è SOMMET FRANCO-AFRICAIN d’aide et de coopération qui, par priorité, réaffirment avec fermeté que « le seul combat seront affectés aux pays les plus déshérités et qui mérite d’être livré en Afrique est le combat PARIS 22/23 MAI 1978 d’améliorer les conditions des prêts consentis pour le développement dans la paix, l’unité et la par la Caisse centrale de coopération coopération ». Sécurité et développement économique.

Pour la première fois, les ministres des Affaires 6è SOMMET FRANCO-AFRICAIN étrangères sont chargés de préparer la réunion KIGALI 21/22 MAI 1979 des chefs d’Etat et l’ordre du jour de la

Conférence (réunion préparatoire les 12 et Les relations euro-africaines 13 mai à Paris). Les 21 participants 13 chefs d’Etat : Les 20 participants Burundi : colonel Jean-Baptiste Bagaza 16 chefs d’Etat : Centrafrique : empereur Bokassa 1er Bénin : lieutenant-colonel Mathieu Kérékou er Comores : Ahmed Abdallah Centrafrique : empereur Bokassa 1 Côte d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny Côte-d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny Djibouti : Hassan Gouled Djibouti : Hassan Gouled France : Valéry Giscard d’Estaing France : Valéry Giscard d’Estaing Gabon : Omar Bongo Gabon : Omar Bongo Haute-Volta : général Sangoulé Lamizana Haute-Volta : général Sangoulé Lamizana Mali : colonel Moussa Traoré Mali : lieutenant-colonel Moussa Traoré Rwanda : général Juvénal Habyarimana Mauritanie : Sénégal : Léopold Sédar Senghor Niger : lieutenant-colonel Seyni Kountché Togo : général Gnassingbé Eyadéma Rwanda : général Juvénal Hayarimana Zaïre : général Sénégal : Léopold Sédar Senghor Seychelles : France-Albert René Tchad : général Félix Malloum 9 délégations ministérielles : Togo : général Gnassingbé Eyadéma Bénin : Barthélémy Ohouens (Industrie) Zaïre : général Mobutu Sese Seko Congo : Louis-Sylvain Goma, Premier ministre Guinée-Bissau : Victor Saudé Maris (Affaires étrangères) 5 délégations ministérielles : Liberia : Cécil Dennis (Affaires étrangères) Burundi : lieutenant-colonel Edouard Mauritanie : lieutenant-colonel Bouceif, Mzambinana, Premier ministre Premier ministre Congo : Alexander Danguet-Attiki, Maroc : M. Senoussi, ancien ministre ambassadeur à Paris Niger : capitaine Djermakoye (Affaires Guinée-Bissau : Vasco Cabral (Développement étrangères) économique et Planification Sao Tomé & Principe : Maria de Amorin Maurice : Sir Seewoosagur Ramgoolam, Premier (Affaires étrangères) ministre Seychelles : Guy Simon (Affaires étrangères) Sao Tomé : Maris de Amorin, ambassadeur à A noter la présence exceptionnelle, à ces assises Paris. francophones, du Liberia qui, en juillet 1979, On notera – pour la première fois – la assurera la présidence de l’OUA, et la présence participation de la Mauritanie et la présence inattendue du Maroc alors que les négociations effective du Congo. sur la crise saharienne sont dans l’impasse. A noter également l’absence fort remarquée du La conférence Tchad. Les 20 participants réunis autour du président français ont présents à l’esprit les événements La conférence qui se déroulent au même moment dans la Si la conférence de Kigali se déroule dans un province zaïroise du Shaba. climat plus serein que les deux précédentes, Ainsi donc, plus qu’à Dakar, les problèmes de marquées par les deux « invasions » du Shaba, sécurité pèsent sur les débats, tandis que elle connaît néanmoins des incidents : l’inquiétude se fait plus grande, à la mesure de - le départ précipité de la délégation tchadienne l’aggravation des conflits déchirant l’Afrique au dirigée par le général Djogo, vice-président du Sahara occidental, dans la « corne », au Tchad, gouvernement provisoire de N’Djamena dont la sans oublier la décolonisation en Rhodésie et en représentativité est mise en doute par un Afrique australe. « Nous devons refuser que la certain nombre de délégations ; politique des blocs ne ravage l’Afrique », - « l’affaire Bokassa » : les déclarations déclare le président Valéry Giscard d’Estaing. fracassantes à Paris de l’ambassadeur De son côté, parlant au nom des Etats africains, centrafricain démissionnaire, le général Bangui : le président du Togo, le général Gnassingbé ce dernier confirme les révélations d’Amnesty Eyadéma dénonce « la violence aveugle, International relatives aux massacres d’écoliers l’immixtion brutale des puissances étrangères centrafricains. Au sommet de Kigali, il est alors dans les affaires de pays souverains » et décidé de créer une mission d’enquête revendique « le droit à la sécurité qui, seul, peut composée de déléguées de 5 pays : Côte garantir la poursuite du développement ». d’Ivoire, Liberia, Rwanda, Sénégal et Togo. Le chef de l’Etat gabonais, président en exercice En dehors de ces incidents, les problèmes de de l’OUA, se fait le champion de la création sécurité sont largement débattus. La Conférence d’un pacte d’assistance militaire entre tous les distingue trois « étages » dans la sécurité : Etats qui voudront s’y associer. 1°) les actions de solidarité franco- africaines. Les résultats 2°) la création d’une force panafricaine - Création, sous l’autorité du ministère des essentiellement dirigée contre « les Etats Affaires étrangères du Sénégal, d’un comité racistes de l’Afrique australe ». d’études formé de cinq experts chargés 3°) la signature d’accords régionaux de d’examiner les implications de la création non-agression. éventuelle d’une structure regroupant les chefs Mais ce sont bien les problèmes économiques d’Etat et de gouvernement des pays et le développement ainsi que les relations francophones. euro-africaines qui retiennent le plus - Dotation exceptionnelle de la France à la mise l’attention. A noter que l’examen, à Kigali, des en œuvre d’un programme spécial de lutte problèmes de développement en Afrique contre la sécheresse (dotation de 60 millions de intervient au moment où, à Manille, la francs portée à 100 millions de francs en 1979). cinquième Conférence des Nations unies sur le - Décision française d’accroître les moyens commerce et le développement (Cnuced) financiers destinés aux opérations du Fonds s’efforce péniblement de faire avancer le 2 dialogue Nord-Sud et qu’arrivent à leur terme africain, notamment ceux du Sahel, victimes de changement de régime politique intervenu en les négociations pour le renouvellement de la la sécheresse (3 pays sahéliens seulement ont France, six mois plus tôt, par l’élection de Convention de Lomé. A cet égard, la dépassé, en 1979, le seuil nutritionnel minimal M. François Mitterrand à la présidence de la Conférence lance un appel à la France pour de 2 200 calories par jour et par personne). République, a décidé nombre d’Etats à être traduire fidèlement les préoccupations des A tous ces problèmes, la France a proposé des présents à ce Sommet. Etats ACP auprès de leurs partenaires de la solutions, d’abord dans le cadre proprement Le changement en ce qui concerne la politique CEE et des autres pays industrialisés. franco-africain, mais aussi au sein de l’Action africaine de la France ne s’opère pas seulement Enfin, avec l’approbation des participants au concertée pour le développement de l’Afrique dans la forme, mais dans le fond : « La France Sommet, Giscard d’Estaing, président en (ACDA) qui réalise la synthèse des est disposée – affirme le président Mitterrand – exercice de la CEE, s’entretient, à Karthoum, propositions des 6 pays fondateurs (France, lorsque cela correspond aux décisions de avec le chef de l’Etat soudanais, président en Allemagne fédérale, Etats-Unis, Belgique, l’OUA, à prêter son concours et à assurer les exercice de l’OUA, le général Gaafar El Grande-Bretagne et Canada) avec les priorités moyens qui garantiront votre souveraineté. Nimeyri, auquel il demande de soumettre retenues par les gouvernements et les C’est à ces conditions que le principe de non- officiellement « l’idée avancée par la France institutions internationales africaines. ingérence si souvent invoqué et si souvent d’une Conférence euro-arabo-africaine ». Ainsi Ce sont, cependant, les exposés consacrés au bafoué, retrouvera sa vraie signification ». progressait l’idée du « trilogue », chère au « trilogue » qui constituent la pièce maîtresse Un langage qui a d’autant plus porté que le chef président Giscard d’Estaing dont l’auteur du Sommet de . De ces exposés, il ressort de l’Etat français se montre convaincu que « la reconnaît lui-même que sa « réalisation sera que le trilogue ne vise pas seulement à élargir la solution au drame du sous-développement ne une tâche complexe et délicate ». coopération économique entre pays africains passe pas par la mise en place de cultures ou dépourvus de matières premières, pays arabes d’industries exportatrices axées sur des è exportateurs de pétrole et pays européens technologies inadéquates et exclusivement 7 SOMMET FRANCO-AFRICAIN disposant de technologies avancées, mais tournées vers les marchés des pays développés. NICE 8/9 MAI 1980 également à apporter une dimension culturelle à A un capitalisme marchand qu’orchestrent les une concertation permanente entre les firmes multinationales devrait être préféré un Le trilogue à l’honneur civilisations arabe, africaine et européenne, développement agricole et industriel mettant en

Les 24 participants unies, dès l’Antiquité, par des affinités valeur les ressources humaines et naturelles, en 15 chefs d’Etat : naturelles. cherchant à satisfaire, par priorité, les besoins Burundi : colonel Jean-Baptiste Bagaza essentiels de la population ». Rien d’étonnant, donc, que le président Centrafrique : David Dacko 8è SOMMET FRANCO-AFRICAIN Comores : Ahmed Abdallah ivoirien, Houphouët-Boigny, parlant en sa Djibouti : Hassan Gouled PARIS 3/4 NOVEMBRE 1981 qualité de doyen d’âge, relève que le nouveau France : Valéry Giscard d’Estaing chef de l’Etat français est « très proche de la Gabon : Omar Bongo Solidarité et développement sensibilité africaine ». Et souligne, par ailleurs, que son « intérêt pour le Tiers-monde ne s’est Guinée Equatoriale : Obiang Nguéma Mbasogo Les 32 participants Mali : général Moussa Traoré 20 chefs d’Etat : jamais démenti ». Niger : colonel Seyni Kountché Bénin : colonel Mathieu Kérékou Les problèmes tchadien, namibien et celui que Rwanda : général Juvénal Habyarimana Burundi : colonel Jean-Baptiste Bagaza pose le Sahara occidental ont été l’objet des Sénégal : Léopold Sédar Senghor Centrafrique : général André Kolingba travaux de ce Sommet, tout comme ceux que Sierra-Leone : Comores : Ahmed Abdallah soulève le développement face à une crise Somalie : général Congo : Denis Sassou-Nguesso économique mondiale. Crise qui frappe, de Togo général Gnassingbé Eyadéma Côte-d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny plein fouet, les pays en développement dont la Zaïre : général Mobutu Sese Seko Djibouti : Hassan Gouled France se déclare solidaire. France : François Mitterrand 10 délégations ministérielles : Gabon : Omar Bongo Les résultats Bénin : Ifédé Simon Ougouma (Affaires Haute-Volta : colonel Sayé Zerbo - Tchad : la conférence prévoit, notamment, étrangères et Coopération) Mali : Général Moussa Traoré « une aide au gouvernement pour la Cap-Vert : David Hoppfer Almada (Justice) Mauritanie : lieutenant-colonel Haïdalla reconstruction du pays, l’installation rapide Congo : Pierre Nzé (Affaires étrangères) Niger : colonel Seyni Kountché d’une force interafricaine, la formation d’une Côte d’Ivoire : Mathieu Ekra, ministre chargé Rwanda : général Juvénal Habyarimana armée intégrée, la relance de l’administration et de la réforme des sociétés d’Etat Sénégal : l’intégrité territoriale ». La France se dit prête à Guinée-Bissau : Vasco Cabral (Coordi-nation Sierra-Leone : Siaka Stevens apporter son aide matérielle et logistique pour économique et Plan) Somalie : général Mohamed Siad Barre la mise en place de la force interafricaine. Haute-Volta : capitaine Léonard Kalmogo, Tchad : Goukouni Weddeye - Namibie : tous les participants souhaitent voir (Finances) Togo : général Gnassingbé Eyadéma cette ancienne colonie allemande, administrée Maroc : M’Hamed Boucetta (Affaires Zaïre : général Mobutu Sese Seko par l’Afrique du Sud, accéder à l’indépendance étrangères et Coopération) dès 1982. Mauritanie : Mame N’Siack Seck, ambassadeur 12 délégations ministérielles : - Sahara occidental : la Conférence soutient les à Paris : Venontio de Moura, vice-ministre des efforts de l’OUA pour l’autodétermination des Sao Tomé & Principe (non précisé) Relations extérieures populations concernées. Tchad : colonel Kamougué, vice-président du Cap-Vert : David Hopffar Almada (Justice) Sur le plan économique, un appel est lancé à la GUNT. Egypte : Boutros-Ghali (Affaires étrangères) communauté internationale pour la stabilisation Le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, la Guinée Guinée-Bissau : Victor Saudé Maria (Affaires des cours des matières premières et pour la Equatoriale, le Maroc, Sao Tomé, la Sierra étrangères) transformation de celles-ci dans les pays Leone et la Somalie participent à la Conférence Guinée Equatoriale : Florencio Maye Ela producteurs. en qualité d’observateurs. Mangue (Relations extérieures) En ce qui concerne l’aide française, le président Maurice : Sir Seewoosagur Ramgoolam, Premier Mitterrand a affirmé qu’elle sera portée d’ici La conférence ministre quelques années à 0,70 % du produit national Préparée par la réunion à Paris les 3 et 4 avril Maroc : M’Hamed Boucetta (Affaires brut, dont 0,15 % aux pays les moins avancés. 1980 des ministres des Affaires étrangères, le étrangères) è Sommet de Nice s’ouvre dans un climat Sao-Tomé et Principe : Maria de Amorin, 9 SOMMET FRANCO-AFRICAIN assombri par la crise tchadienne. La déclaration (Relations extérieures) KINSHASA 8/9 OCTOBRE 1982 officielle du vice-président du GUNT, le Seychelles : Maxime Ferrari (Plan et Dévelop- lieutenant colonel Kamougué et les contre- pement) Le dialogue Nord-Sud face à la crise déclarations officieuses des représentants de Soudan : Mohamed Mirgani (Affaires mondiale Hissène Habré fournissent des explications étrangères) contradictoires sur la situation au Tchad. Tunisie : Mohamed Mzali, Premier ministre et Les 37 participants Mais le problème le plus crucial posé aux Mahmoud Mestiri, secrétaire d’Etat aux 19 chefs d’Etat : participants demeure les moyens d’amortir Affaires étrangères Bénin : Mathieu Kérékou techniquement et financièrement les effets du Burundi : Jean-Baptiste Bagaza : Kulbirai Kanghaï (Travail) Centrafrique : André Kolingba choc pétrolier sur la balance des comptes (pour 12 pays africains francophones dépourvus de Comores : Ahmed Abdallah richesses pétrolières, la facture, qui était de La conférence Congo : Denis Sassou-Nguesso 25 milliards de francs CFA en 1973, atteindra Jamais la Conférence franco-africaine n’a réuni Côte-d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny 243 milliards fin 1980). autant de participants à la fois francophones, France : François Mitterrand Autre problème vital : l’insuffisance alimentaire anglophones, lusophones, hispanophones et Gabon : Omar Bongo constatée dans de nombreux pays du continent arabophones. Force est de croire que le Gambie : Sir Daouda Jawara 3 Guinée Equat. : Teodoro Obiang N’Guema France est avec vous et restera à vos côtés, Somalie : Siyad Barre Haute-Volta : Sayé Zerbo Tchad : Hissène Habré Mali : Moussa Traoré vous les Etats africains ». Togo : Gnassingbé Eyadéma Niger : Seyni Kountché Mais cette solidarité réaffirmée ne doit pas Zaïre : Mobutu Sese Seko occulter la réalité des possibilités : « La France, Rwanda : Juvénal Habyarimana Sénégal : Abdou Diouf prise dans la tourmente de la crise, ajoute le chef de l’Etat français, ne peut, à elle seule, se 1 chef de gouvernement : Sierra-Leone : Siaka Stevens Maurice : Aneerood Jugnauth Tchad : Hissène Habré substituer aux grands pays qui ont pris du retard, n’ont pas compris et ont limité leurs 11 délégations ministérielles : Togo : Gnassingbé Eyadéma Angola, Egypte, , Liberia, Maroc, Sao Zaïre : Mobutu Sese Seko vues du monde aux rapports de force militaire ». Tomé & Principe, Soudan, Tanzanie, Tunisie, Ce langage de la franchise a été apprécié. Zambie, Zimbabwe. 18 délégations ministérielles : S’adressant au chef de l’Etat français au nom de Angola, Cap-Vert, Djibouti, Egypte, Guinée- ses pairs, le président Mobutu a, en effet, La conférence Bissau, Maroc, Maurice, Mauritanie, estimé que celui-ci était « le partenaire La Conférence des chefs d’Etat de France et , Nigeria, Sao Tomé & Principe, compréhensif mais sans complaisance dont d’Afrique « n’est ni une institution, ni une Seychelles, Soudan, Tanzanie, Tunisie, Zambie, l’Afrique a besoin ». organisation. Elle n’entend se substituer à Zimbabwe. La Conférence a également consacré la légitimité personne, notamment à l’OUA… ». La d’Hissène Habré à la tête de l’Etat tchadien précision faite à Kinshasa en 1982, le président La conférence après qu’il eut, quelques mois plut tôt, renversé Mitterrand a tenu à la réitérer à Vittel en 1983. La précédente conférence des chefs d’Etat de le régime de Goukouni Weddeye. En effet, la La mise au point était d’autant plus nécessaire France et d’Afrique (telle est désormais participation d’Habré n’a nullement été que le problème tchadien – à côté de celui du l’appellation consacrée) réunie en 1981 avait contestée par les autres chefs d’Etat africains Sahara occidental – demeure la pomme de battu, avec 32 participants, le record avec lesquels il eut des entretiens privés, en discorde au sein de l’OUA. Or la Conférence de d’affluence depuis l’inauguration de ce nouveau marge de la Conférence, ainsi qu’avec le Vittel a surtout été dominée par le Tchad, aussi cadre de dialogue. Ils sont 37 à Kinshasa. Au président Mitterrand. Celui-ci déclare, à l’issue bien dans les discussions privées que dans les nombre des nouveaux venus : le géant ouest- de son tête-à-tête d’une heure avec le président séances informelles, alors que l’organisation africain qu’est le Nigeria et l’influente tchadien, qu’« une situation de droit existe panafricaine, bloquée par ses divisions internes, Tanzanie. désormais au Tchad » et que « l’Etat tchadien, s’était jusque-là montrée incapable d’arbitrer le Cette 9è conférence, à Kinshasa, présente une que la France reconnaît, a maintenant un conflit entre Tchadiens par la Libye interposée. importance particulière ; elle se tient à une pouvoir central ». Rien d’étonnant que le Sommet franco-africain, réunissant, d’une année sur l’autre, de plus en époque où parler de l’éclatement de l’OUA n’était pas nécessairement jouer l’oiseau de plus de dirigeants africains, soit suspecté, par Les résultats certains, de se substituer, en sous-main, à mauvais augure. Qu’on s’en souvienne : le - Tchad : la France a décidé d’accélérer le sommet de l’organisation panafricaine, prévu à l’OUA. versement des crédits inscrits au budget 1982, A Vittel, tous les participants, y compris Tripoli (Libye) en août 1982, s’était révélé un soit 63 millions de francs français. La France rendez-vous manqué. Pis encore : le problème Hissène Habré, se sont prononcés en faveur du aidera également à la reconstruction du Tchad. dialogue entre Tchadiens et de l’intégrité du du Sahara occidental avait réveillé le vieux Une mission d’experts français établira, sur démon du clivage « progressistes contre Tchad. Des divergences sont toutefois place à N’Djamena, l’inventaire des besoins. apparues parmi les Africains quant au cadre à modérés » à propos de l’admission ou non de la - Namibie : la Conférence a souhaité voir ce République arabe sahraouie démocratique donner à ces discussions conçues par les uns territoire accéder à l’indépendance dès 1983. (essentiellement les francophones) comme un (RASD) comme membre à part entière de Pour sa part, la France continuera de jouer, au l’OUA. Bien que l’organisation en ait connu dialogue entre le gouvernement légitime sein du « Groupe des cinq » (Etats-Unis, représenté par Hissène Habré et des rebelles. bien d’autres, cette crise était la plus grave, les Allemagne de l’Ouest, Grande-Bretagne, deux « clans » rejetant toute concession. D’autres, tel le Congo , entendent mettre sur le Canada et France), le rôle d’un pays qui même plan le GUNT et le régime de C’est donc dans cette atmosphère de blocage, « réveille les énergies et les consciences ». pour ne pas dire de veille d’éclatement de N’Djamena. Dans les milieux français, on - Sur le plan économique, les participants estime que l’intervention au Tchad avec le l’OUA, que se sont retrouvés, à Kinshasa, souhaitent la ratification massive de l’accord 36 représentants des Etats africains sur les 50 dispositif Manta place les Africains devant portant création d’un Fonds commun et d’un leurs responsabilités pour qu’ils trouvent une que compte l’organisation panafricaine. Le Programme intégré des produits de base. Des quorum, qui n’était pas réuni à Tripoli, l’était solution politique, après le gel des opérations négociations globales seront également militaires libyennes sur le terrain. Cette attitude d’une certain façon à Kinshasa. De là à suggérer entreprises dans le cadre de l’Onu et de la que cette conférence franco-africaine allait se a suscité, toutefois, certaines critiques privées Cnuced en faveur d’une régularisation des cours de la part de ceux qui estiment que Paris a un substituer, par France interposée, au Sommet des matières premières. de l’OUA, il n’y avait qu’un pas, d’ailleurs rôle primordial à jouer dans la recherche de En ce qui concerne l’aide française, le président cette solution, ne serait-ce que par le poids allègrement franchi par ceux qui, à force de Mitterrand assure qu’elle se situera, en 1982, à subodorer partout le néo-colonialisme, en qu’elle peut avoir auprès du colonel Kadhafi. 0,52 % du PIB, et devra atteindre 0,70 % en Si le Sommet de Vittel n’aboutit pas à des étaient arrivés à ne pas considérer la diversité 1988. des régimes représentés. En réponse, le résultats spectaculaires, il a, toutefois, le mérite président Mitterrand a tenu à affirmer, à de clarifier nombre de points : Kinshasa, que le Sommet franco-africain « n’est 10è SOMMET FRANCO-AFRICAIN - Relations franco-africaines : « La France a défini ses priorités d’aide aux pays en voie de ni une institution, ni une organisation. Elle VITTEL 3/4 OCTOBRE 1983 n’entend se substituer à personne, notamment à développement pour remplir son rôle dans ses l’OUA. Nous n’en avons ni le mandat ni relations avec l’Afrique ». Le président L’intégrité du Tchad Mitterrand a ainsi réaffirmé l’engagement de la l’intention... C’est aux Africains qu’il appartient de se déterminer eux-mêmes, au niveau Les 36 participants France à accroître son aide, y compris au sein privilégié de l’OUA ». 24 chefs d’Etat : des instances financières mondiales. Face à la crise mondiale qui frappe davantage Bénin : Mathieu Kérékou - Appel à l’OUA : le Sommet demande à les pays africains, le chef de l’Etat français a, Burkina (ex-Haute-Volta) : Thomas Sankara l’organisation panafricaine de « s’engager une fois encore, plaidé pour l’instauration d’un Burundi : Jean-Baptiste Bagaza délibérément dans la recherche pratique des véritable dialogue Nord-Sud auquel restent Comores : Ahmed Abdallah moyens d’en revenir à la paix au Tchad ». sourds, notamment, les Etats-Unis qui Congo : Denis Sassou-Nguesso - Présence militaire française au Tchad : « La « diminuent leur aide au développement et dont Côte-d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny France est allée au Tchad à l’appel de ce pays, les mouvements erratiques de la monnaie (le Djibouti : Hassan Gouled Aptidon pour faire œuvre de paix, œuvre réalisable dollar) placent la plupart des pays dans une France : François Mitterrand seulement si une situation se crée qui exige de situation intolérable, surtout pour les pays en Gabon : Omar Bongo chacun le respect de l’autre. Nous ne serons voie de développement ». Gambie : Sir Daouda Jawara pas passifs dans notre effort, a assuré le chef de l’Etat français. L’armée française ne perdra S’il a stigmatisé la désorganisation du système Guinée : Sékou Touré Guinée-Bissau : Jao Bernardo Nino Vieira par une heure pour rentrer chez elle si toute monétaire international, la détérioration des Guinée Equat. : Obiang N’Guema N’Basogo armée étrangère évacue le Tchad, sous couvert termes de l’échange, et plaidé pour la garantie Mali : Moussa Traoré international… » - Namibie : évoquant la participation française des cours des matières premières, Mauritanie : Mohamed Khouna Ould Haidalla Niger : Seyni Kountché au groupe de contact occidental sur la Namibie, l’autosuffisance alimentaire et la consolidation Rwanda : Juvénal Habyarimana le président Mitterrand a précisé : « La France des accords de Lomé, le président Mitterrand a Sénégal : Abdou Diouf ne pourrait pas éternellement participer à un groupe qui n’apporterait pas de solution… tenu également à assurer ses collègues que « la Seychelles : France-Albert René Sierra-Leone : Siaka Stevens Nous serons patients et nous essaierons de 4 relancer le débat qui doit conduire à France – avait entrepris des tentatives de Zaïre : Mbotu Sese Seko l’indépendance de la Namibie et à la cessation réconciliation des diverses factions tchadiennes. des hostilités et des incursions, notamment en Par ces temps de crise mondiale aggravée, en 1 vice-président : Angola. » Afrique, par la sécheresse, les problèmes Mozambique : Marcelino Dos Santos - Sahara occidental : Le Maroc (représenté par économiques ont donc constitué l’essentiel des le prince héritier Sidi Mohamed) a réaffirmé discussions : l’endettement, la stabilisation des 3 chefs de gouvernement : qu’il s’engagerait à tenir compte du résultat recettes, l’autosuffisance alimentaire. Pour la Guinée Equat. : Don Cristino Seriche Bioko d’un référendum au Sahara occidental. première fois est abordée la course à Maurice : Annerood Jugnauth - Nord-Sud : le président Mitterrand a dénoncé l’armement en Afrique qui grève les budgets, au Soudan : El Gizouli Dafaalla « les défaillances du système monétaire, détriment du développement. En introduisant l’absence de liquidités du FMI et la timidité des ce sujet dans les débats, les délégations – pays industrialisés du Nord qui n’ont pas comme celle du Burundi – entendaient ainsi 10 délégations ministérielles : engagé de véritables décisions sur les Droits de souligner un choix, en une période où la guerre Angola : Ismaël Martins (Commerce extérieur) tirage spéciaux qui puissent profiter aux pays la plus meurtrière que subit l’Afrique a pour Cap-Vert : Aguinaldo Lisboa Ramos, secrétaire en développement ». nom la sécheresse et son corollaire, la famine. d’Etat aux Affaires étrangères L’heure n’est donc plus au catalogue des Egypte : B. Boutros-Ghali (Affaires étrangères) Gambie : Lamine Kitti Jabang (Affaires è doléances ni aux vœux pieux. Il s’agit de 11 SOMMET FRANCO-AFRICAIN mobiliser l’Afrique. étrangères) BUJUMBURA 11/12 DECEMBRE 1984 Le président Mitterrand souligne : « Il me Guinée : Faciné Touré (Affaires étrangères et Coopération internationale) paraît essentiel que les nécessités du développement rural soient désormais prises en Guinée-Bissau : Fidelis Cabral De Almada, Autosuffisance alimentaire et (Education, Culture et Sports développement coordonné compte dans toute leur complexité… Aider les communautés paysannes à se nourrir et à Seychelles : Jacques Hodoul (Développement Les 37 participants contribuer à la sécurité alimentaire de leur national) 17 chefs d’Etat : pays, telle est l’ambition de notre soutien à des Somalie : A. Jama Barre (Affaires étrangères) Burundi : Jean-Baptiste Bagaza stratégies alimentaires adaptées, dont Tanzanie : Benjamin Mkapa (Affaires Centrafrique : André Kolingba l’élaboration et le suivi relèvent de la étrangères) Comores : Ahmed Abdallah responsabilité souveraine de l’Etat bénéficiaire. Tunisie : Beji Essebsi (Affaires étrangères) Congo : Denis Sassou-Nguesso Telle est aussi la nouvelle orientation donnée à Djibouti : Hassan Gouled Aptidon l’aide alimentaire française. Indispensable pour 2 autres représentations : France : François Mitterrand faire face à la famine ou aux déficits : A. M. Dube, ministre conseiller à Gabon : Omar Bongo alimentaires structurels, cette aide d’urgence l’ambassade à Paris Guinée Equat. : Obiang N’Guema N’Basogo n’est utile que si elle accompagne, au lieu de les Zambie : Ben Kufakuneso Jambga, Mali : Moussa Traoré contrarier, les efforts de chaque pays pour ambassadeur en France Mauritanie : Mohamed Khouna Ould Haidalla réaliser sa propre sécurité alimentaire. » La conférence Rwanda : Juvénal Habyarimana Le président Mitterrand a également rappelé la Le Tchad est décidément revenu en vedette en Sao Tomé & Principe : Manuel Pinto da Costa volonté de la France de continuer à aider au cette année 1985. En septembre 1984 était Sénégal : Abdou Diouf développement de l’Afrique qui, déjà, « reçoit intervenu l’accord franco-libyen stipulant le Seychelles : France-Albert René plus des deux tiers de l’ensemble des concours retrait concomitant des troupes françaises et Somalie : Mohamed Siyad Barre publics français au développement. C’est notre libyennes. Seule la France respecta les clauses Tchad : Hissène Habré devoir, mais c’est aussi mon choix ». de l’accord, la Libye consolidant, en revanche, Zaïre : Mobutu Sese Seko ses bases au nord du Tchad. La France flouée ? Toujours est-il que nombre de chefs d’Etat 2 chefs de gouvernement : Les résultats Deux décisions concrètes sont annoncées par le africains, étonnées de l’« audace » du colonel Maurice : Aneerood Jugnauth Kadhafi, se demandèrent ce que Paris attendait Niger : Ahmed Hamid Algabid chef de l’Etat français : - La création d’un Fonds spécial pour pour bouter du nord du Tchad les troupes l’Afrique : la France est prête à participer à ce libyennes. 18 délégations ministérielles : Fonds avec ceux des pays qui accepteront de la La France entend s’en tenir à ses engagements. Angola : Venancio de Moura, vice-ministre des suivre dans cette voie. Elle a réservé un premier Et le président Mitterrand de rappeler : « Il faut Relations extérieures financement de 500 millions de francs, déjà être clair : la France a des accords de Bénin : Frédéric Affo (Affaires étrangères) inscrits dans son budget. coopération, de sécurité et de défense avec un Botswana : Mme G. K. Chiepe (Affaires - La création d’une Maison de l’Afrique à Paris, certain nombre d’entre vos pays. A l’égard de étrangères) qui sera selon le président Mitterrand « le lieu ces pays, elle est tenue de respecter ses Cap-Vert : Antonio Lineelima, ambassadeur où se retrouveraient aisément tous ceux qui engagements, et elle les respectera. A l’égard Côte-d’Ivoire : Siméon Aké (Affaires participent à notre tentative commune des autres, qui sont le plus grand nombre étrangères) d’affirmer un certain type de civilisation ; non (NDLR : c’est le cas du Tchad), ces obligations Egypte : B.Boutros-Ghali (Affaires étrangères) seulement les politiques, mais les autres, les sont d’amitié, de loyauté, mais elles ne sont pas Gambie : Dr Manuel, ministre du Plan hommes de culture, les hommes d’affaires, ceux des obligations de caractère juridique. La Guinée : Faciné Touré (Affaires étrangères) qui s’expriment et qui échangent, la presse ; France sera présente de façon qu’elle jugera Guinée Bissau : Vasco Cabral (Affaires tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, bon, si tel ou tel de vos pays fait appel à elle. économiques) peuvent contribuer à notre effort… » Elle sera votre amie, mais c’est un autre ordre Liberia : Ernest Eastnan (Affaires étrangères) d’obligation… » Et de continuer : « Il y a une Maroc : Abdellatif Filali (Information) è réalité, et cette réalité c’est que le Tchad est un Mozambique : Marcelino dos Santos, membre 12 SOMMET FRANCO-AFRICAIN pays ami de la France, qu’il y a un chef d’Etat du bureau politique du FRELIMO PARIS 11/12/13 DECEMBRE 1985 reconnu par les instances internationales, un Soudan : Hashim Osman (Affaires étrangères) gouvernement, et que ce pays aspire, plus que Tanzanie : Ndugu Benjamin Mkapa (Affaires L’endettement croissant de l’Afrique tout autre, à connaître, enfin, la paix intérieure, étrangères) l’unité, à se voir respecté dans son Les 34 participants Togo : Atsé Koffi Améga (Affaires étrangères) 18 chefs d’Etat : indépendance. La France ne peut qu’approuver Tunisie : Mahmoud Mestiri, secrétaire d’Etat Bénin : Mathieu Kérékou cette démarche… Il a été fait appel à la France. aux Affaires étrangères Burundi : Jean-Baptiste Bagaza Nous y avons répondu… La France ne Zambie : D. M. Lisulo, président du Comité Centrafrique : André Kolingba consentira jamais, chaque fois qu’elle sera juridique et politique Comores : Ahmed Abdallah Abderamane consultée, à considérer qu’il pourrait y avoir Zimbabwe : M. Kangai (Technologie) Côte-d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny une partition du Tchad. Dans les faits, l’unité du Tchad concerne d’abord les Tchadiens, Congo : Denis Sassou-Nguesso ensuite les Africains, enfin les institutions La conférence Djibouti : Hassan Gouled Aptidon Si la précédente conférence a surtout été France : François Mitterrand internationales qui se portent garantes de dominée par le problème tchadien, tel ne fut Gabon : Omar Bongo l’indépendance des Etats…» pas le cas à Bujumbura. Le dispositif Manta Mali : Moussa Traoré Mais le problème tchadien n’a évidemment pas mis en place au Tchad par la France avait Maroc : Hassan II constitué, à lui seul, l’essentiel des sujets stoppé les velléités de conquête libyennes, Mauritanie : Maaouya Ouldd Sid Ahmed Taya débattus. L’endettement croissant des Etats même si les troupes du colonel Kadhafi Niger : Seyni Kountché africains en fut l’un des plus préoccupants, à demeuraient maîtres de la bande d’Aouzou. Rwanda : Juvénal Habyarimana une période où, en Afrique, les sautes d’humeur Dans le même temps, le président congolais, Sénégal : Abdou Diouf du temps continuent de miner l’agriculture (et Sassou Nguesso – avec la bénédiction de ses Tchad : Hissène Habré donc les efforts d’autosuffisance alimentaire), pairs africains et les encouragements de la où le prix des matières premières plonge dans Togo : Gnassingbé Eyadéma les abîmes, et où les caprices du dollar 5 contrarient toutes prévisions. Le résultat en est en exercice de l’OUA (NDLR : le président « retrouvailles familiales annuelles entre la que les Etats africains, malgré leurs efforts de Abdou Diouf) et nous avons constaté la France et l’Afrique francophone », s’est développement – paradoxe suprême – reculent convergence de nos intentions…» irrésistiblement élargi au reste de l’Afrique, en avançant ! - Création d’une nouvelle Maison de l’Afrique qu’elle soit anglophone, lusophone ou « En effet, dit François Mitterrand, si l’endet- à Paris, suggérée lors du précédent Sommet : la hispanophone. A telle enseigne que ses tement de l’Afrique au sud du Sahara – avec maquette du bâtiment prévu est exécutée. Le détracteurs n’ont pas hésité à comparer ce plus de 70 milliards de dollars – peut paraître site d’implantation est à l’étude. Sommet – qui, pourtant, s’est toujours voulu faible par rapport à celui de l’ensemble des - Une grande année de l’Afrique – proposée par informel – à une « OUA-bis autour de la pays en développement, qui dépasse le chef de l’Etat français – avec une projection France » ! La conférence réunie à Lomé a 950 milliards de dollars, c’est, quand même, dans la Communauté européenne. conservé tout l’intérêt du dialogue. une charge très lourde, trop lourde pour Le problème tchadien qui, depuis des années, l’économie des pays africains…». occupe le devant de la scène des Sommets Et Mitterrand « l’Africain », comme l’ont è franco-africains n’a pas fait défaut. Mais il a, surnommé certains de ses homologues africains, 13 SOMMET FRANCO-AFRICAIN cette fois-ci, changé de nature : de guerre civile, de rappeler quelles sont, à ce sujet, ses LOME 13/14/15 NOVEMBRE 1986 il est en passe de n’être plus qu’un conflit préoccupations depuis son accession à la tête international opposant deux Etats. En effet, des de l’Etat français : « Vous me rendrez Un « Plan Marshall pour l’Afrique» milliers de combattants goukounistes, ralliés au témoignage que je tiens le même langage devant régime de N’Djaména, retournent maintenant les autres instances – je l’ai tenu à Bonn, Les 39 participants leurs armes contre leurs alliés libyens d’hier, au récemment, lors du dernier Sommet des pays 20 chefs d’Etat : nord du 16è parallèle. Des contacts sont industrialisés – en refusant, par exemple, trop Bénin : Mathieu Kérékou engagés entre Hissène Habré et Goukouni de précipitation pour l’ouverture d’une Comores : Ahmed Abdallah Abderamane Oueddeï par émissaires interposés, via Alger et nouvelle négociation du GATT, qui, au Côte d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny , entre autres. Tandis que le chef du demeurant, me paraît souhaitable, à la Congo : GUNT – destitué par des factions tchadiennes condition qu’elle ne se fasse pas au détriment Djibouti : Hassan Gouled encore au service de Tripoli – blessé au cours du plus grand nombre et notamment des pays France : François Mitterrand d’un échange de coups de feu avec des hommes du Tiers-monde dont il faut l’accord. (…) L’on Gabon : Omar Bongo de Kadhafi, est prisonnier dans la capitale ne peut se réunir sur le plan international avec Guinée Equat. : Teodoro Obiang N’Guema libyenne. pour seul objet d’accroître les avantages des Liberia : Samuel Doe La réconciliation amorcée entre Tchadiens est plus riches. Je l’avais dit à Cancun, dès 1981, Mali : Moussa Traoré chaleureusement saluée à Lomé. L’hôte du et je l’ai répété dans toutes vos capitales et dans Mauritanie : Maaouya Ould Sid Ahmed Taya Sommet, le président Eyadéma, souligne les capitales des pays du Nord ou, plus Niger : Seyni Kountché qu’« après plus de vingt ans de guerre exactement encore, des pays les plus riches, ou Rwanda : Juvénal Habyarimana fratricide, le Tchad retrouve, enfin, l’ère d’une des pays même très riches. Je l’ai dit à la Sao Tomé et principe : Pinto da Costa renaissance chargée de promesses, à la suite tribune du Congrès américain, et le Sénégal : Abdou Diouf des ralliements de diverses tendances au répéterai…» Sierra-Leone : Joseph Momoh gouvernement de N’Djaména…» En ce qui concerne la France, le président Soudan : Ali Hassan Taj Eddin Quant au président Mitterrand, il déclare Mitterrand a réaffirmé que son pays Tchad : Hissène Habré notamment : « Le jour viendra où ce pays fera « poursuivra son effort d’aide au Togo : Gnassingbé Eyadéma – j’en suis convaincu, et j’exprime la volonté de développement qui est passé de 0,36 % du PNB Zaïre : Mobutu Sese Seko la France – la démonstration de la vanité des en 1981, à 0,55 % en 1985, dont 0,15 % est 1 vice-président : entreprises qui le menacent, le jour où le consacré aux pays les moins avancés, Mozambique : Marcelino Dos Santos patriotisme de chacun de ses fils l’emportera conformément aux engagements que j’avais sur les querelles d’hier. Alors on verra pris lors de la Conférence de Paris, et nous 2 chefs de gouvernement : clairement où se trouve l’origine d’un conflit irons au 0,7 % recommandé par les Nations France : (accompagnant le chef qui se trouve, aujourd’hui, devenu unies...» . de l’Etat) international. » Allusion à peine voilée à la Autres sujets débattus entre les chefs d’Etat Maroc : Laraki Azzedine Libye. D’autant moins que le président Hissène africains et leur homologue français : Habré a annoncé que son pays vient de - Sahara occidental : la France réaffirme sa 9 délégations ministérielles : déposer, le 14 novembre, une plainte contre la position pour un référendum sous contrôle Burundi : Egide Nkuriyingoma (Relations Libye devant le Conseil de sécurité des Nations international. Ainsi, « quand ce peuple se sera extérieures et Coopération) unies. déterminé, chacun s’inclinera devant sa Cap-Vert : Aguinald Lisboa Ramos, secrétaire Est-ce à dire que, face à la nouvelle réalité volonté… » d’Etat aux Affaires étrangères prévalant sur le terrain, la France entend - Afrique du Sud : « Un défi vraiment Centrafrique : Jean-Louis Gervil Yambala désormais modifier sa politique d’appui inadmissible lancé à la communauté (Finances) militaire à N’Djaména ? Certes, Paris a accepté internationale. Dès la proclamation, en Egypte : B. Boutros-Ghali (Affaires étrangères) d’y envoyer une aide supplémentaire : particulier, de l’Etat d’urgence (NDLR : en Guinée : Jean Traoré (Affaires étrangères) armement léger, moyens de transmission, juillet 1985), le gouvernement français a décidé Guinée-Bissau : Alexandre Nunes Correia, médicaments… Ce qui permettra aux troupes de suspendre tout nouvel investissement. Il a (Santé publique) d’Hissène Habré d’effectuer quelques raids rappelé son ambassadeur et son attaché Maurice : Madun Dolloo (Affaires étrangères) rapides au-delà du 16è parallèle, pour prendre militaire. Il a saisi le Conseil de sécurité des Seychelles : Danielle de Saint-Jorre, secrétaire contact avec les goukounistes ralliés, les Nations unies afin de faire adopter, le 26 juillet d’Etat aux Affaires étrangères approvisionner en munitions et secourir les 1985, la résolution 569 qui demande aux Etats Zimbabwe : Kumbirai Kangai (Energie et populations civiles durement affectées par les membres de prendre des mesures restrictives à Ressources hydrauliques) bombardements libyens. Mais, pour le reste, la l’encontre du pays où se maintient l’odieux France maintient sa position : le dispositif système de l’apartheid…» Epervier, qui a remplacé Manta, continue de - Comores-Mayotte : « C’est un problème 6 autres représentations : verrouiller le terrain, interdisant à l’armée délicat qui se pose à la France… Nous y Botswana : le chargé d’affaires à Bruxelles libyenne toute tentative de franchissement du travaillons dans des conditions de Gambie : le membre du Comité central chargé 16è parallèle. Et le chef de l’Etat français de compréhension mutuelle exceptionnelle avec le des Affaires étrangères préciser : « La France ne se laissera pas président (comorien) Abdallah, qui défend la Nigeria : le chargé d’affaires à Lomé entraîner au nord du 16è parallèle, même si des position que j’avais défendue en 1974 au Somalie : Saïd Haji Mohamed, ambassadeur à actions d’imprudence étaient accomplies », se Parlement... La loi séparant Mayotte des Dakar montrant, par ailleurs, réservé quant à Comores indépendantes est une erreur…» Tanzanie : Weidi Mwasakfyka, ambassadeur au l’éventualité d’une « action frontale » des Fait nouveau à signaler : la participation d’un Nigeria forces tchadiennes contre les Libyens. Car, pays maghrébin, le Maroc, en la personne du Zambie : Henry Matipa, amabassadeur à Paris estime le président Mitterrand, la situation roi Hassan II. Jusqu’ici, n’était « mûrissait » d’elle-même. Mais qu’on ne s’y représenté qu’au niveau ministériel, tout 1 invité du Togo : trompe pas : « La France est prête à soutenir, comme Tunis, alors qu’Alger n’y a jamais Haïti : Jacques François, membre du Conseil plus encore, les efforts du président Habré qui participé. commence à voir son action récompensée…» La conférence Autre thème fort : les difficultés des économies Les résultats Si la conférence des chefs d’Etat de France et africaines. Le ton est donné par le chef de l’Etat - Convocation d’une session extraordinaire de d’Afrique n’était, chaque année, qu’une sorte togolais, le général Eyadéma, qui, dans une l’Onu sur la dette africaine : la France l’appuie de grand-messe au rite et au cérémonial analyse rigoureuse de la situation économique et soutiendra la position de l’OUA, parce que immuables, ses participants auraient perdu la des Etats africains, ne s’est nullement contenté « nous avons eu un dialogue avec le président foi depuis plus d’une décennie. Mais le constat de jeter le tort sur les autres : « Pour notre part, est tout autre : ce qui, au départ, se voulait des dans l’euphorie de l’indépendance, des erreurs 6 ont été commises, et les politiques de président Mitterrand a indiqué que « la France Liberia : Rudolph Johnson (Affaires étrangères) développement étaient inadaptées. Ces erreurs est prête à accroître son aide aux populations Maroc : Adellatif Filali (Affaires étrangères) d’orientation ont été corrigées ou accentuées. sud-africaines pour que vienne, enfin, et le plus Maurice : (Justice, Affaires Toujours est-il que leurs conséquences directes tôt possible, le temps de la dignité… » étrangères et Emigration) ou indirectes sont à l’origine de la situation que - Sahara occidental : la France entend Mauritanie : Mohamed Lemine Ould N’Diayne connaît aujourd’hui l’Afrique, et dont les effets « respecter le droit international, tel qu’il a été (Affaires étrangères et Coopération) sont semblables à ceux d’une guerre reconnu par les Nations unies, les droits des Sénégal : Ibrahima Fall (Affaires étrangères) mondiale…» Conclusion logique : les pays du populations à l’autodétermination, c’est-à-dire Seychelles : Danielle de Saint-Jorre, secrétaire Nord pourraient mettre en œuvre une sorte de une simple règle de justice…» d’Etat au Plan et aux Relations extérieures plan Marshall en faveur du Sud, à l’instar de Pour la première fois, la délégation française, Sierra Leone : Abdul Karim .Koroma (Affaires celui que les Etats-Unis mirent au point pour conduite par le chef de l’Etat, comprenait étrangères) l’Europe, après la Seconde Guerre mondiale. également le Premier ministre, Jacques Chirac. Tanzanie : Benjamin Mkapa (Affaires Cette suggestion a été approuvée par le C’est l’une des illustrations de la étrangères) président Mitterrand qui, à l’occasion, a « cohabitation » instaurée en France, depuis le Tunisie : Mahmoud Mestiri (Affaires souligné l’effort déployé par la France pour changement de majorité parlementaire, le étrangères) aider au développement de l’Afrique : « J’avais 16 mars 1986. annoncé, en 1981, à la Conférence de Paris, 3 autres représentations : que l’aide de la France aux pays les moins Les résultats Botswana : Lapologang Lekoa, chargé d’affaires avancés serait portée à 0,15 % du produit La mise en œuvre d’un « Plan Marshall » pour en France national brut en 1985. Cet objectif a été atteint sortir l’Afrique de ses difficultés économiques a Zambie : P.L. Kasanda, ambassadeur en France dès 1984, soit un an avant la date prévue… été suggérée par le président Eyadéma, et Zimbabwe : B.K. Jamga, ambassadeur en Alors que notre aide bilatérale a progressé, au appuyée par le chef de l’Etat français. « Ce France total, entre 1980 et 1984, de 47 %, l’aide plan permettra, préconise le président togolais, consacrée à l’Afrique subsaharienne a d’initier une coopération internationale qui augmenté de 64 %…» Regrettant que « les aura pour effet de sortir définitivement l’Afrique La conférence excédents financiers de certains pays du Nord de sa condition d’éternelle assistée. Il s’agira Les problèmes économiques ont nettement semblent devoir aller prioritairement combler d’une initiative audacieuse pour une politique repris le dessus. A savoir, la dette africaine et les déficits budgétaires d’autres pays du Nord, globale de co-développement. Elle devra inciter les matières premières. Pleinement conscient de au lieu de servir à satisfaire les besoins du la communauté internationale à injecter dans la primauté qu’accordent ses partenaires Sud », le chef de l’Etat français souligne que l’économie africaine un maximum de flux africains à ces deux problèmes, le gouver- « l’avenir du monde tout entier dépend du sort financiers, de capitaux, pour soutenir son nement français avait pris les devants – et c’est du Tiers-monde. Si ces pays sombrent, nous programme de redressement axé sur le Plan de une première – en faisant parvenir une note aux sombrerons tous aussi ! » Il a défini les cinq Lagos… » chefs d’Etat, avant le Sommet. Un document grandes directions que les pays industrialisés Le président Mitterrand, après avoir rappelé qui faisait une large place aux préoccupations devraient choisir pour aider au développement que le Plan Marshall « fut marqué, après la des Africains, mais constatait également que des pays du Sud : « S’assurer une croissance guerre, d’une vraie générosité et d’un intérêt « les prix des matières premières s’inscrivent élevée et durable ; augmenter leurs aides bien compris de la part des Etats-Unis dans une tendance séculaire à la baisse, avec publiques au développement ; ouvrir les d’Amérique », a précisé : « Je crois le moment une perte estimée à environ moins 0,5 % en marchés des pays du nord aux produits du venu, pour le Nord tout entier, de faire de même moyenne annuelle sur la période 1860-1986…» Tiers-monde ; résoudre le problème de à l’échelle du Sud. C’est une position que la Le président Mobutu considère que l’endettement, et progresser, enfin, vers le France a, plusieurs fois, reprise, que j’ai l’endettement de l’Afrique et la baisse désarmement» . exprimée…» constante des prix de matières premières sont Si la sécurité avait été l’un des grands thèmes au plus que jamais liés, « dès lors que le poids du service de la dette extérieure pèse lourdement Sommet de Paris de 1978 (c’était l’époque des è événements du Shaba, au Zaïre, de la 14 SOMMET FRANCO-AFRICAIN sur nos balances de paiement et que les prix des décolonisation en Rhodésie, de l’aggravation du ANTIBES 10/12 DECEMBRE 1987 matières premières, dont nous sommes producteurs, sont déterminés par les principaux conflit au Sahara occidental, de la guerre civile au Tchad présidé par le général Malloum, etc.), La dette et les matières premières consommateurs des places commerciales des le terrorisme international était un sujet inconnu pays industrialisés…» Les 37 participants Le chef de l’Etat zaïrois a, par ailleurs, réclamé dans ce cercle. Ce fut une nouveauté à Lomé. Et 14 chefs d’Etat : pour cause : quelques semaines auparavant, le un geste de la part de la France et d’autres Bénin : Mathieu Kérékou créanciers, leur demandant de suivre l’exemple Togo avait dû faire face à une tentative de coup Comores : Ahmed Abdallah Abderamane d’Etat perpétrée par « des groupes armés du Canada qui avait annoncé sa décision de Djibouti : Hassan Gouled Aptidon transformer en dons les prêts accordés à venus de l’étranger ». La France, faisant jouer France : François Mitterrand l’accord de défense la liant au Togo depuis certains pays africains. « Cet appel, a-t-il dit, ne Gabon : Omar Bongo constitue en rien une quête à la charité, mais 1963, avait dépêché à Lomé, à la demande du Gambie : Daouda Jawara président Eyadéma, des éléments parachutistes une démarche au nom de la justice… On peut Guinée Equatoriale : Teodoro Obiang N’Guema dire, sans se tromper, que le développement et des moyens aériens. Le chef de l’Etat Mali : Moussa Traoré togolais n’a donc pas manqué de soulever le matériel qu’affichent les anciennes puissances Rwanda : Juvénal Habyarimana coloniales provient manifestement, dans une problème, stigmatisant « certaines forces, Sao Tomé & Principe : Manuel Pinto da Costa ennemies de la paix, (qui) ont juré d’exporter la mesure dépassant largement l’encours de Somalie : Mohamed Syad Barre l’endettement actuel de l’Afrique, de violence terroriste à travers le monde, et de Soudan : Ali Hassan Tajeddine frapper, de façon aveugle, des pays innocents l’exploitation, à leur profit, des matières Togo : Gnassingbé Eyadéma premières produites par les anciennes colonies. (...) Nous nous devons, au sein de notre Zaïre : Mobutu Sese Seko communauté, d’initier des accords de Cette situation, ajoute le président Mobutu, qui justifie la thèse de l’existence d’une dette morale coopération qui nous permettent de poursuivre 2 chefs de gouvernement : les auteurs et les commanditaires des attentats considérable dans le chef de ceux qui sont Niger : Hamid Algabid, Premier ministre aujourd’hui devenus nos créanciers, plaide perpétrés dans un pays en paix…» Pour le France : Jacques Chirac, Premier ministre président Mitterrand, la cause est entendue : pour le dialogue et la concertation en vue de sans jouer les gendarmes en Afrique, « la parvenir à des compromis satisfaisants pour France, en accord avec la Charte des Nations 1 chef de Parlement : les uns et les autres et cela, dans des formes unies et avec celle de l’OUA, partage cette Mozambique : Marcelino Dos Santos, appropriées sauvegardant avant tout la dignité préoccupation. Et elle entend contribuer au président de l’Assemblée populaire de chaque partie prenante. » C’est notamment maintien des indépendances, de l’unité, de la dans cet esprit que le Zaïre soutient l’idée de la souveraineté » des Etats africains amis. 17 délégations ministérielles : tenue d’une Conférence internationale sur la Autres sujets plus « éternels » débattus : Angola : Manuel A. Rodrigues (Intérieur) dette africaine, conférence qui se voudra un - L’Afrique australe : c’est, sur le continent Burundi : Cyprien Mbonimpa (Relations exté- forum de négociation entre les pays africains africain, « le plus grand foyer d’insécurité… où rieures et Coopération) débiteurs et les partenaires créanciers en vue de nos frères sud-africains et namibiens sont, au Cap-Vert : Aquinaldo Lisboa Ramos, secrétaire résoudre, cas par cas, le problème de la dette monde, les seuls peuples opprimés dans leurs d’Etat aux Affaires étrangères africaine. propres pays… Seule la poursuite des sanctions Centrafrique : Jean-Louis Psimhis (Affaires « La France est solidaire de ’Afriquel » , a économiques décidées par la Communauté étran-gères) réaffirmé le chef de l’Etat français. Et internationale contre ce pays peut amener la Congo : (Affaires Mitterrand « l’Africain » de préciser : « La minorité dirigeante à mettre fin à étrangères et Coopération) crise actuelle n’exonère en rien, bien au l’apartheid… », a souligné le président Côte d’Ivoire : Mathieu Ekra, ministre d’Etat contraire, les pays industrialisés de Eyadéma. Après avoir rappelé les mesures Egypte : B. Boutros-Ghali (Affaires étrangères) l’engagement qu’ils ont contracté de prises par la France contre l’Afrique du Sud, le Guinée : Jean Traoré (Affaires étrangères) promouvoir une croissance plus équilibrée des 7 pays en développement, à commencer par les sur trois ans, au triplement de ces ressources la scène africaine. Sera-t-il aussi celui de ce plus défavorisés d’entre eux qui sont, le plus dont 60 % vont à l’Afrique. pays au sein de l’OUA ? Toujours est-il que, souvent, en Afrique. L’Afrique cumule bien des - L’avenir de la Zone franc après 1992, date de marquant son désir de passer l’éponge sur « la difficultés. L’extrême dépendance de certains l’intégration du marché européen unique : la brouille » qui, depuis 1984, avait opposé le pays à l’égard des recettes, ô combien France veillera à ce que la question ne soit pas Maroc aux autres Etats membres de l’OUA instables, que leur procurent une ou deux oubliée, bien que l’élargissement du marché (qui venaient de reconnaître la RASD comme matières premières, n’est pas l’une des intérieur européen ne signifie pas l’intégration l’un des leurs), le souverain a laissé percevoir moindres. Entre 1980 et 1986, la chute des prix monétaire à court terme. une éventuelle réintégration de son royaume au représente un manque à gagner de 90 milliards - La transformation de certains prêts en dons : sein de l’organisation panafricaine. de dollars de recettes d’exportation. De « La France doit pouvoir renoncer à un certain La question de la dette et celle de la baisse des surcroît, les fluctuations excessives des cours nombre de créances pour les pays les plus cours des matières premières agricoles ont, des produits de base font échec à toute gestion pauvres, menacés d’hémorragie mortelle par parallèlement, continué à dominer les débats rationnelle de l’économie d’un pays… » Ce les contraintes de payer leur dette », a assuré le économiques. Le président Mitterrand a rendu constat fait, le chef de l’Etat français préconise président Mitterrand. compte du mandat qui lui avait été donné au que les efforts pour stabiliser les cours des - La Conférence internationale sur la dette : la sommet précédent pour défendre les intérêts matières premières soient « intégrés aux France s’engage à encourager cette réalisation. africains dans les instances internationales. Il a programmes d’ajustement structurel du FMI ». - Les pays les moins avancés : la France également réaffirmé sa décision, annoncée au En ce qui concerne l’endettement de l’Afrique, accueillera, en 1990, la Conférence des Nations Sommet des pays industrialisés, à Toronto M. Mitterrand a fait valoir que « sa solution unies qui examinera l’état des réalisations en (Canada), d’annuler le tiers de la dette publique implique l’effort concerté de l’ensemble de la faveur de ces pays. des pays les plus pauvres. Il a insisté sur la communauté internationale ». Il a, une nouvelle nécessité vitale d’accroître les flux financiers fois, préconisé l’allongement des périodes de internationaux vers les pays du Sud, et sur remboursement et des délais de grâce, même si l’importance qu’il y avait à traiter, de manière « le rééchelonnement n’est pas, en soi, une 15è SOMMET FRANCO-AFRICAIN plus équitable, le problème des cours des solution, mais permet d’offrir un répit CASABLANCA 14/16 DECEMBRE 1988 matières premières africaines. nécessaire ». A ce propos, le président Houphouët-Boigny a Rappelant que la France consacre 0,55 % de dénoncé « la loi du plus fort qui règne » dans la Vers la résolution des conflits régionaux ? son PNB à l’aide au développement, fixation des prix, et souhaité que l’Afrique M. Mitterrand a estimé que « le problème Les 39 participants « parvienne à transformer, elle-même, en serait déjà réduit pour une large part » si les 22 chefs d’Etat : produits finis les productions de son sol, Etats-Unis et le Japon y consacraient le même : Blaise Compaoré agricoles ou minières…» pourcentage que Paris. Autre point de Burundi : Pierre Buyoya Face aux nombreuses récriminations contre le comparaison : en 1986, par exemple, les Centrafrique : André Kolingba FMI et la Banque mondiale, le président versements nets à l’Afrique subsaharienne Comores : Ahmed Abdallah français a promis d’intervenir pour que ces (prêts et dons) sont de 1 493 millions de dollars Congo : Denis Sassou-Nguesso deux institutions s’ingèrent moins dans les pour la France, de 300 millions pour la Grande- Côte d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny affaires intérieures des Etats africains, en Bretagne, 291 millions pour le Canada, Djibouti : Hassan Gouled Aptidon imposant des décisions sans en mesurer, 451 millions pour le Japon et 884 millions pour France : François Mitterrand apparemment, les effets politiques et sociaux. les Etats-Unis… Gabon : Omar Bongo Autre inquiétude, essentiellement des membres Si la dette et les matières premières ont Guinée : Lansana Conté de la Zone franc : la parité du CFA. La France constitué l’essentiel des débats, le problème Guinée-Bissau : Joao Bernardo Vieira a, une fois encore, affirmé qu’il n’était pas tchadien ne fut toutefois pas en reste. « Ce Guinée Equatoriale : Teodoro Obiang N’Guema question de toucher à la Zone franc ni à la n’est plus la guerre, ce n’est pas encore la Liberia : Samuel Doe parité, mais que le système bancaire africain, paix », a déclaré le président Mitterrand qui, au Mali : Moussa Traoré qui en a besoin, devra être « restructuré ». passage, a souligné que l’œuvre entreprise par Maroc : Hassan II le Comité ad hoc de l’OUA « doit plus que Mauritanie : Mouaouia Ould Sid A. Tayaa Les résultats jamais être épaulée et soutenue ». Il a également Niger : Ali Saïbou Deux propositions importantes ont été faites rappelé que « la détermination de la France à Sénégal : Abdou Diouf par le président Mitterrand : la création d’un aider le Tchad n’a d’égal que son désir de Sierra-Leone : Joseph Momoh Observatoire du Sahara et la coordination de la favoriser les chances de paix… Nous Somalie : Siad Barre lutte contre les criquets pèlerins. connaissons nos devoirs et nos responsabilités, Tchad : Hissein Habré L’Observatoire du Sahara sera chargé de suivre nous les remplissons… » Zaïre : Mobutu Sese Seko les conditions climatiques, de coordonner les Quant au président Hissène Habré, il a exposé recherches et d’étudier les schémas « les sujets de préoccupation qui ne manquent 17 délégations ministérielles ou diplo- d’aménagement pour permettre d’élaborer un pas » : violation de l’espace aérien du Tchad matiques : plan de lutte efficace contre les progrès de la par l’aviation libyenne depuis le cessez-le-feu, Angola, Bénin, Botswana, Cap-Vert, Gambie, désertification sur le continent. renforcement de la base de Maaten-es-Sara, Egypte, Maurice, Mozambique, Nigeria, La lutte contre les criquets pèlerins comportera recrutement de mercenaires par Kadhafi en Rwanda, Sao Tome & Principe, Seychelles, trois axes : la convocation par l’Organisation Algérie, en Syrie et aux Yemen du Nord et du Soudan, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe. des Nations unies pour l’agriculture et Sud, concentration des troupes libyennes dans l’alimentation (FAO) de réunions régulières de la région soudanaise du Darfour. coordination des représentants des pays L’apartheid ne fut évidemment pas oublié. La conférence donateurs et bénéficiaires ; la création, au siège Dénonçant « ce système anachronique et La 15è conférence des chefs d’Etat a été, certes, de la FAO, à Rome, d’une cellule de crise qui, insupportable », le chef de l’Etat français s’est consacrée aux dossiers économiques et proche de son centre d’opération d’urgence demandé : « Comment accepter la pratique de financiers, face à l’une des crises les plus graves contre les criquets, serait constituée de six à dix la ségrégation institutionnalisée, comment que traverse le continent africain paralysé dans techniciens civils et militaires ; l’organisation, accepter le maintien de l’état d’urgence qui son développement par le poids insupportable enfin, de groupes d’intervention régionale masque les attentes à la liberté et accroît les de son endettement. appelés « Ecoforces », disposant de moyens affrontements ? » Mais, pour la première fois depuis longtemps, aériens et terrestres. Le Sommet a été également l’occasion, comme le Sommet a eu l’occasion de relever une Une innovation « institutionnelle » pour les chaque fois, de rencontres bilatérales. Il en a été évolution vers l’apaisement de conflits Sommets franco-africains qui, jusqu’ici, se ainsi, par exemple, entre le président Mobutu régionaux et d’affrontements politiques en voulaient « informels » : sur proposition du roi et le chef de la délégation angolaise, Manuel cours depuis de longues années : Hassan II, il est décidé qu’une réunion des Alexandre Rodrigues, à propos de l’aide - le Tchad où la reconstruction du pays est ministres des Affaires étrangères se tiendrait à qu’accorderait le Zaïre à l’Unita. Un émissaire alors de nouveau engagée, et où le conflit avec le mi-parcours pour assurer le suivi des décisions zaïrois sera dépêché auprès du chef de l’Etat Libye est stabilisé, en attendant le règlement du et pour préparer le Sommet suivant. différend sur la bande d’Aouzou ; angolais. Deux absents de marque à ce Sommet : le - l’Angola (le retrait cubain) et la Namibie président Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire) (l’indépendance), pour lesquels le protocole d’accord signé à , la veille du è pour raisons de santé et Abdou Diouf (Sénégal) Sommet, offre la perspective d’une évolution 16 SOMMET FRANCO-AFRICAIN en pleine campagne électorale. LA BAULE 19-21 JUIN 1990 positive ; Les résultats - le Sahara occidental, où la procédure référendaire est enfin accepté par le Maroc et la Prime à la démocratisation ? - L’accroissement des ressources de la facilité RASD. d’ajustement structurel du FMI : la France va Les 35 participants contribuer, à hauteur de 500 millions de dollars Ce Sommet de Casablanca est également 23 chefs d’Etat : l’occasion d’un retour remarqué du Maroc sur Bénin : Mathieu Kérékou 8 Burkina Faso : Blaise Compaoré souverains que je respecte, de choisir votre Burundi : Pierre Buyoya voie, d’en déterminer les étapes et l’allure…» 2 vice-présidents : Cap-Vert : Aristide Pereira Ce « conseil d’ami » eût-il l’heur de plaire à Gambie : Sékou Sabally Centrafrique : André Kolingba tous ? Rien n’est moins sûr. Faisant le point Ouganda : Samson Kissekka Comores : Saïd Mohamed Djohar sur la situation au Gabon, le président Bongo Congo : Denis Sassou Nguesso préfère « laisser les événements le conseiller ». 17 délégations ministérielles : Djibouti : Hassan Gouled Aptidon Le président Abdou Diouf a fait part de ses Cap-Vert : Alfredo Teixera (Administration France : François Mitterrand réflexions sur le pluralisme au Sénégal, pour publique) Gabon : Omar Bongo assurer que, selon lui, c’est le régime idéal, à Cameroun : Joseph Owona (Transports et Gambie : Daouda Jawara condition qu’il y ait « un gouvernement fort » Communications) Guinée-Bissau : Joao Bernardo Vieira et « une opposition de bonne foi ». Le président Centrafrique : Christian Lingama (Affaires Guinée Equatoriale : Teodoro Obiang Nguema tchadien, Hissène Habré, regrette, quant à lui, étrangères) Mali : Moussa Traoré que l’on demande aux Etats africains de « faire Comores : Saïd Hassane (Affaires étrangères) Maroc : Hassan II en même temps de la démocratie et une Djibouti : Omar Abbas (Education nationale) Mozambique : politique économique et financière qui limite France : Pierre Bérégovoy, Premier ministre Niger : Ali Saïbou quelque peu leur souveraineté… L’Afrique est Guinée : Ibrahima Sylla (Affaires étrangères) Ouganda : victime d’une sorte d’écrasement idéologique. » : Guy Razanamasy, Premier Rwanda : Juvenal Habyarimana Pour le roi Hassan II, « l’Afrique est trop ministre Sao Tomé & Principe : Manuel Pinto da Costa ouverte au monde pour rester indifférente à ce Maurice : Paul Bérenger (Affaires étrangères) Sénégal : Abdou Diouf qui se passe autour d’elle », et appelle les pays Maroc : Taich Chikli (Education nationale) Tchad : Hissène Habré occidentaux à « aider les jeunes démocraties à Mauritanie : Mohamed Abderrahmane, Togo : Gnassingbé Eyadéma s’épanouir, sans leur mettre le couteau sous la (Affaires étrangères) gorge, sans passer d’une manière brutale au Mozambique : Pascal Mocumbi (Affaires 13 délégations ministérielles : multipartisme…» étrangères) Angola : Pedro de Castro Van-Dunem (Affaires Le Sommet ne s’est évidemment pas limité aux Niger : Amadou Cheffou, Premier ministre étrangères) questions politiques. La coopération franco- Seychelles : Danielle de Saint-Jorre (Relations Côte d’Ivoire : Siméon Aké (Affaires africaine y a également pris, comme d’habitude, extérieures) étrangères) une part importante. « Quelques rappels Togo : Ouattara Natchaba (Affaires étrangères) Egypte : B. Boutros-Ghali (Affaires étrangères) simples » méritent d’être soulignés, a indiqué le Tunisie : Ahmed Karoui, Premier ministre Guinée : Jean Traoré (Affaires étrangères) président Mitterrand : « La France est toujours Zaïre : Pierre Lumbi (Relations extérieures) Maurice : Sateam Boolell, vice-premier ministre le premier des pays industriels avancés dans l’aide aux pays en voie de développement. Le des Affaires étrangères 1 autre représentant : Namibie : Ben Amathila (Commerce et premier, nettement, devant tous les autres. » Pour répondre à l’attente des partenaires Egypte : Samir Safouat, conseiller du président Industrie) Seychelles : Mme Danielle Saint-Jorre (Affaires africains de la France, le président Mitterrand annonce la « décision unilatérale » de son pays La Conférence étrangères) Pour la première fois depuis 1973, la Sierra Leone : Abdul Koroma (Affaires de « ne plus accorder que des dons aux pays les moins avancés, et de limiter à 5 % au lieu de Conférence des chefs d’Etat de France et étrangères) d’Afrique se réunit en l’absence du président de Somalie : Mohamed Ali Hamoud (Affaires 10 % les taux d’intérêt des prêts publics aux pays dits à revenu intermédiaire ». Le président la République française. C’est, en effet, le étrangères) Premier ministre, Pierre Bérégovoy, que le Soudan : El A. Khalifa, membre du CR Mitterrand entend relancer, en outre, son idée d’un « Fonds spécial mondial » alimenté par président Mitterrand, convalescent après une Tunisie : Hamed Karoui, premier ministre délicate intervention chirurgicale, charge de le Zaïre : Lunda Bululu, premier ministre des droits de tirage spéciaux (DTS). Il se dit, au passage, « hostile » à une dévaluation du franc représenter à ce Sommet. CFA qui « ne réglerait aucune difficulté », et il Jamais, depuis Nice en 1980, il n’y a eu si peu La conférence se « porte garant » du rattachement du franc de chefs d’Etat africains. Malgré l’importance « Il y aura une aide normale de la France à CFA à la future monnaie européenne. des tête-à-tête entre le président français et ses l’égard des pays africains, mais il est évident homologues africains, dans ce type de réunion, que cette aide sera plus tiède envers ceux qui se l’absence du numéro Un français n’explique pas comporteraient de façon autoritaire, et plus Les résultats tout. Le « discours de la Baule », deux ans plus enthousiaste envers ceux qui franchiront, avec Deux décisions importantes en matière d’aide tôt, et sa « prime à la démocratisation » courage, ce pas vers la démocratisation…» financière : commencent à faire leurs effets tant au Togo, au C’est bien la première fois que la France, par la - aux pays les moins avancés – c’est-à-dire ceux Zaïre, au Niger, à Madagascar qu’en voix de son président, annonce clairement dont le produit intérieur brut annuel par Centrafrique. Autant de pays dont les chefs qu’elle accordera, désormais, une « prime à la habitant est en dessous de 500 dollars – la d’Etat ont préféré s’éclipser. Sans parler de démocratisation » des régimes africains. France n’accordera désormais que des dons ; ceux des Comores et de Djibouti, confrontés à Mais l’annonce n’était pas si surprenante, à - pour les pays intermédiaires – dont le PIB une instabilité intérieure. l’heure où un « vent d’Est » balayait les régimes annuel par habitant est supérieur à 500 dollars, Dans le message qu’il délivre au nom du autoritaires d’Europe orientale et centrale, et mais inférieur à 6 000 dollars – les taux président Mitterrand, le Premier ministre où, sous la pression de la rue, un grand nombre d’intérêt de tous les prêts publics français Bérégovoy souligne : « Aujourd’hui, où que de pays africains ont dû, eux-mêmes, amorcer seront « limités à 5 % ». Cette décision l’on regarde sur le continent, le mouvement de une « ouverture démocratique ». concerne la Côte d’Ivoire, le Congo, le démocratisation est en marche… La démocratie Le président Mitterrand avait, auparavant, pris Cameroun et le Gabon. n’est jamais simple à construire, moins encore la précaution de préciser : « Nous ne voulons lorsque la crise économique exacerbe les pas intervenir dans les affaires intérieures. tensions et exaspère les impatiences. Mais, Pour nous, cette forme subtile de colonialisme è ajoute-t-il, la démocratie est la sœur jumelle du qui consisterait à faire la leçon en permanence 17 SOMMET FRANCO-AFRICAIN développement. C’est une loi de l’histoire à aux Etats africains et à ceux qui les dirigent, LIBREVILLE 5/7 OCTOBRE 1992 laquelle nul ne peut échapper : partout où naît c’est une forme de colonialisme aussi perverse le développement s’exprime le désir de que toute autre. Ce serait considérer qu’il y a La rigueur économique démocratie ; partout où s’installe la des peuples supérieurs, qui disposent de la Les 34 représentants démocratie, le développement peut prendre un vérité, et d’autres qui n’en seraient pas 14 chefs d’Etat : nouvel élan… Ceux qui, parmi vous, de plus en capables, alors que je connais les efforts de tant Bénin : Nicéphore Soglo plus nombreux, ont choisi le chemin de la de dirigeants qui aiment leur peuple, et qui Burkina Faso : Blaise Compaoré démocratie, savent que leur choix leur attire un entendent le servir, même si ce n’est pas de la Burundi : Pierre Buyoya surcroît de respect de la part du monde même façon que sur les rives de la Seine ou de Congo : Pascal Lissouba extérieur. Mais ce choix mérite une solidarité la Tamise…» Côte d’Ivoire : Félix Houphouët-Boigny plus attentive et plus profonde de la Et d’ajouter : « Lorsque je dis démocratie, Gabon : Omar Bongo communauté mondiale, pour que vos pays lorsque je dis que c’est la seule façon de Guinée-Bissau : Joao Bernardo Vieira puissent à la fois gérer mieux et produire parvenir à un état d’équilibre au moment où Guinée Equatoriale : Teodoro Obiang Nguema plus… » apparaît la nécessité d’une plus grande liberté, Mali : Alpha Oumar Konaré La France, pour la première fois, se range à j’ai, naturellement, un schéma tout prêt : Namibie : Sam Nujoma l’avis des Etats africains qui estiment système représentatif, élections libres, Rwanda : Juvénal Habyarimana draconiennes les conditions imposées par les multipartisme, liberté de la presse, Sao Tome & Principe : Miguel Trovoada institutions internationales en échange de leur indépendance de la magistrature, refus de la Sénégal : Abdou Diouf aide. « Il est des ajustements qui sont censure… A vous peuples libres, à vous Etats Tchad : Idriss Déby nécessaires dans vos pays, des économies à faire, souligne le Premier ministre français, mais 9 il faut y aider, et non vous y contraindre… vis de la France. Ainsi, la France renoncera à septennat sa politique africaine, et faire ses Nous avons tous des devoirs à l’égard des récupérer sa créance sur les montants concernés adieux aux chefs d’Etat africains et à ce institutions monétaires internationales, mais par la conversion. La gestion du Fonds sera continent qu’il connaissait fort bien et depuis nous avons aussi des droits. Ce qui me choque assurée par la Caisse centrale de coopération longtemps. François Mitterrand participait le plus, c’est que le flux des capitaux soit devenu économique française. ainsi à son dixième Sommet, ces réunions négatif, autrement dit, que les pays africains - L’harmonisation du droit des affaires et du n’ayant lieu que tous les deux ans à partir de reçoivent moins qu’ils ne remboursent… Parce travail entre pays de la Zone franc et 1988, et, toujours pour cause de maladie, qu’un certain nombre de pays ont refusé la l’élaboration d’un traité sur ce sujet ont reçu le n’ayant pas participé au Sommet de Libreville dévaluation du franc CFA que la Banque feu vert du Sommet. Ce projet, élaboré par les en octobre 1992. mondiale suggérait, ils se trouvent privés de ministres des Finances, et présenté au Sommet Ce Sommet de Biarritz intervient en tout cas concours… Je dis non ! Il faut davantage de par le président Abdou Diouf, devrait être mis dans un contexte de politique intérieure difficile compréhension…» Ce refus de la dévaluation, en œuvre d’ici la fin de cette année 1992. Tous pour un président français épuisé, marqué par le gouvernement français réaffirme qu’il le les pays africains intéressés, qu’ils la deuxième cohabitation, au cours de laquelle le partage avec ses partenaires de la zone d’autant appartiennent ou non à la Zone franc, peuvent Premier ministre Edouard Balladur, présent à que ceux-ci tiennent au « maintien de la parité y adhérer. L’objectif est, notamment, Biarritz, et ses ministres des Affaires étrangères du franc CFA liée au franc français ». d’améliorer la libre concurrence, de restaurer la Alain Juppé et de la Défense François Léotard Hôte de ce Sommet, le président gabonais, confiance des opérateurs économiques et de cherchent à faire valoir leurs influences sur la Omar Bongo, a su, en quelques touches préparer l’intégration économique. politique africaine de la France, précises, brosser le tableau de la situation : « Le traditionnellement considérée comme le continent africain balance entre l’espoir et MFI - Hubert Fagla domaine réservé du chef de l’Etat. Un Sommet l’angoisse. En Afrique australe, nous avons vu marqué aussi par les « affaires » et en s’engager, enfin, la liquidation du système particulier celles dont il fut beaucoup question odieux de l’apartheid. Mais nous constatons les dans les couloirs et qui allaient provoquer peu dramatiques difficultés qui parsèment le chemin après la démission brutale du ministre de la restant à parcourir, tandis que le sang de nos Coopération Michel Roussin. frères coule encore… Nos pays butent, 18è SOMMET FRANCO-AFRICAIN Deux grands événements concernant l’Afrique aujourd’hui plus que jamais, sur de graves s’étaient déroulés depuis le début de l’année difficultés financières, économiques et sociales. BIARRITZ 7/9 NOVEMBRE 1994 1994, qui ont largement dominé les débats La faiblesse des ressources naturelles dans formels et informels du Sommet de Biarritz. certains cas, l’insuffisance des prix de vente des Sécurité et interventions militaires D’abord la dévaluation du F CFA en janvier, productions minières ou agricoles dans qui fut un choc considérable pour les 14 pays d’autres, limitent gravement les revenus de Les 36 participants concernés du continent. Même si entre janvier l’Afrique. En outre, les fonds obtenus par la 27 Chefs d’Etat : et novembre, les bailleurs de fonds et en vente des productions africaines sont largement Bénin : Nicéphore Soglo particulier la France avaient réussi à conclure absorbés par le paiement de la dette Burundi : Sylvestre Ntibantunganya des accords avec la plupart de ces pays extérieure… Nous manquons ainsi toujours Burkina Faso : Blaise Compaoré permettant l’octroi d’un important soutien plus gravement des moyens d’assurer la Cameroun : financier destiné à supporter les premiers effets relance de notre croissance économique, de Cap-Vert : Antonio Mascarenhas Monteiro de cette dévaluation, les chefs d’Etat de ces répondre aux demandes sociales accrues de Centrafrique : Ange Félix Patassé 14 pays manifestent encore à Biarritz de nos populations, et de conforter, par le progrès Comores : Saïd Mohamed Djohar grandes inquiétudes. Ce qui conduit François économique et social, le développement Congo : Pascal Lissouba Mitterrand à beaucoup insister d’une part sur démocratique auquel nous sommes attachés, ce Côte d’Ivoire : Henri Konan Bédié le maintien de l’effort d’aide internationale à développement démocratique que nous Djibouti : Hassan Gouled Aptidon l’Afrique, d’autre part sur la poursuite des continuons de faire avancer malgré toutes les Erythrée : Issayas Afeworki efforts d’assainissement de leurs économies par difficultés matérielles de notre continent. C’est Ethiopie : les pays africains, ne manquant pas au passage pourquoi nous appelons à la solidarité. » France : François Mitterrand de critiquer durement le FMI, et surtout la Le sang qui coule encore, c’est : Gabon : El Hadj Omar Bongo Banque mondiale. Il insiste sur le rôle qu’il a - au Liberia : le Sommet encourage les Etats Guinée : Lansana Conté tenu à jouer dans cette dévaluation mise en membres de la Cedeao dans leurs efforts pour Guinée Bissau : Joâo Bernardino Vieira place par le Premier ministre Edouard Balladur restaurer la paix et la stabilité dans ce pays. Guinée Equat. : Teodoro O. Nguema Mbasago et son ministre de la Coopération Michel - en Somalie : la proposition faite devant la 47è Madagascar : Albert Zafy Roussin : « L’assainissement financier n’est session de l’Assemblée générale de l’Onu par le Mali : Alpha Oumar Konare qu’un moyen. Ce n’est pas une fin en soi », président sénégalais, Abdou Diouf, de Maroc : S. M. Hassan II explique François Mitterrand dans son convoquer une conférence internationale en vue Mauritanie : Maaouya Ould Sid-Ahmed Taya discours. « C’est d’ailleurs dans ce but que j’ai de résoudre le conflit somalien, est Niger : Mahamane Ousmane voulu, avec le gouvernement de la République, chaleureusement approuvée. Sénégal : Abdou Diouf qui en a assuré les principaux mécanismes, que - au Mozambique : l’accord de Rome d’octobre Tchad : Idriss Déby la dévaluation du F CFA fut soumise à des 1991 ouvre la voie vers la paix. Togo : Gnassingbe Eyadema conditions déterminées, capables de préserver - au Rwanda : le gouvernement de Kigali et le Zaïre : Mobutu Sese Seko les chances de développement de la zone franc. Front patriotique rwandais sont encouragés à Zimbabwe : Robert Gabriel Mugabe Une des conditions essentielles posées poursuivre leurs négociations pour parvenir à consistait en un engagement de la France et des un accord global permettant le retour de la paix, 1 vice-président institutions financières internationales en faveur dans le respect de l’intégrité territoriale. Afrique du Sud : d’importantes mesures d’accompa-gnement - en Angola : le Sommet exhorte toutes les capables de protéger les populations touchées parties à respecter les engagements souscrits 3 chefs de gouvernement et d’assurer la relance des économies. » dans le cadre des accords d’Estoril. Angola : Marcelino Moco, Premier ministre - le problème touareg : le Pacte national signé à Maurice : Sir , Premier L’après-Turquoise : une force Bamako, le 11 avril 1992, est accueilli avec ministre interafricaine soulagement dans la mesure où il garantit aux Tunisie : Hamed Karoui, Premier ministre Deuxième événement en avril 1994, les parties d’œuvrer dans le cadre des institutions massacres de plusieurs centaines de milliers de démocratiques pour la paix, la sécurité et la 4 délégations ministérielles Rwandais à la suite de l’attentat qui devait stabilité dans la région. Egypte : Amr Moussa (Affaires étrangères) causer la mort du président Juvénal Mozambique : Pascoal Manuel Mocumbi Habyarimana (qui avait personnellement (Affaires étrangères) participé entre 1978 et 1992 à 12 Sommets Les résultats Sao Tome & Principe : Guilherme Posser Da franco-africains), et provoquer l’opération - La France annonce la création d’un Fonds de Costa (Affaires étrangères et Coopération) Turquoise. Cette intervention militaire à but conversion de créances pour le dévelop- Seychelles : Danielle de Saint-Jorre (Affaires humanitaire fut voulue avec insistance par pement. Ce Fonds, doté de 4 milliards de FF, étrangères, Plan et Environnement) François Mitterrand malgré l’indifférence de la devrait être opérationnel avant la fin de cette communauté internationale et les réticences de année 1992. Les bénéficiaires sont les pays à Autres délégations certains ministres du gouvernement français. revenu intermédiaire d’Afrique subsaharienne Namibie : Zedekia Ngavirue, directeur général Les conditions limitatives dans les missions et de la Zone franc : le Cameroun, le Congo, la de la Commission nationale du Plan la durée de cette intervention furent définies par Côte d’Ivoire et le Gabon, quatre pays le Premier ministre Edouard Balladur. Au cours lourdement endettés (32 744 milliards de La conférence du Sommet, cette opération ainsi que la dollars au total, fin 1990). L’intervention du C’est un François Mitterrand physiquement politique rwandaise de François Mitterrand Fonds aura lieu lors de l’acceptation de projets, très éprouvé par la maladie qui est venu à furent l’objet de vives controverses. D’autant par la conversion de créances de ces pays vis-à- Biarritz défendre jusqu’au bout de son second plus que le Rwanda n’avait pas été invité à 10 participer à ce Sommet. Le ministre des permanentes, une forme de colonialisme décentralisation. A l’issue des discussions une Affaires étrangères Alain Juppé expliquait que renversé que je n’accepte pas plus que les longue déclaration finale a été publiée qui le gouvernement de Kigali n’avait pas été autres (…) J’en appelle à ceux qui auront après reprend un certain nombre de principes convié parce que « la stabilisation de la moi la charge des affaires du pays. La France généraux sur le développement durable et la démocratie n’avait pas encore été réalisée ». Il ne serait plus tout à fait elle-même aux yeux du nécessité des réformes économiques, sur la reprochait aussi aux responsables rwandais monde, si elle renonçait à être présente en dimension sociale du développement, sur l’Etat d’avoir tenu des « propos particulièrement Afrique, aux côtés des Africains, pour être à de droit et les obligations qu’il implique. Pour agressifs » contre la France. « Ce n’est pas côté d’eux tout simplement, pour contribuer à ce qui concerne les réformes économiques, les comme cela qu’on s’intègre dans une réunion construire un cadre de paix, de démocratie et de grands axes ont été rappelés : réorganisation des d’amis », avait-il ajouté. développement, pour réussir ensemble une fonctions publiques, consolidation des Sur l’aide, sur les aléas de la démocratisation, grande aventure humaine, au pire des institutions démocratiques et baisse des sur le rôle de la France au Rwanda, les difficultés, mais en gardant ses vieilles dépenses militaires, transparence, intégration participants au « contre-Sommet » organisé à traditions, ses fortes cultures, et cette nature des régionale, environnement sécurisant pour les Biarritz par une « coalition pour ramener à la hommes qui espèrent et qui croient toujours en investissements, appui au secteur privé. raison démocratique la politique africaine de la la chance de l’humanité. » Jacques Chirac a tenu à préciser, avec France », regroupant plusieurs ONG et 19è SOMMET FRANCO-AFRICAIN insistance, que ces principes ne doivent pas se associations, n’ont pas manqué de multiplier OUAGADOUGOU 4-6 DECEMBRE 1996 limiter à des déclarations de bonnes intentions les accusations contre les responsables de la et que pour les bailleurs de fonds, désormais, la politique africaine de la France, poussant en Bonne gouvernance et développement bonne gouvernance devient un élément de particulier les conseillers de François conditionnalité important de l’aide au Mitterrand à jouer un rôle actif d’avocats de 46 pays participants développement : « Les bailleurs de fonds, qui cette politique. Tous les pays africains, sauf trois (Soudan, doivent s’appliquer à eux-mêmes les critères de Les leçons de l’opération Turquoise et le Somalie et Libye) étaient invités, dont 14 pour la bonne gouvernance – la transparence, le contexte général de dégradation de la sécurité du la première fois. Plusieurs, parmi lesquels dialogue, la rigueur, l’efficacité –, sont continent, ont en tout cas placé au centre des l’Algérie, le Kenya ou le n’ont pas jugé particulièrement sensibles aux efforts consentis débats de Biarritz le projet de création d’une utile de participer ; 18 pays ont envoyé des et aux progrès accomplis par les pays qui force interafricaine. Déjà en juillet 1994, au délégations dirigées par des ministres, des reçoivent l’aide. C’est pourquoi ils tendent à se cours d’un voyage en Afrique, le Premier ambassadeurs ou des directeurs de ministères : détourner des pays aidés qui ne respectent pas ministre Edouard Balladur avait lancé l’idée l’Afrique du Sud, l’Angola, le Cameroun, la ces mêmes critères. La bonne gouvernance est avec insistance, expliquant que le Centrafrique, l’Egypte, l’Erythrée, la Gambie, devenue la condition même du développement. développement des conflits de l’après-guerre le Ghana, Maurice, la Namibie, l’Ouganda, le Un impératif absolu qui s’impose tant aux froide nécessitait impérativement que l’Afrique Rwanda, les Seychelles, le Swaziland, la bailleurs de fonds qu’aux pays aidés. » prenne en charge progressivement sa propre Tanzanie, la Tunisie, le Zaïre, la Zambie. Le sécurité avec l’appui nécessaire de ses Maroc était représenté par le prince héritier. Grands lacs et mines antipersonnel partenaires et en particulier de la France. Les questions de sécurité ont également occupé Dans son discours de Biarritz, François Les 27 chefs d’Etat et de gouvernement une large part des discussions. Dès les réunions Mitterrand revenait à la charge : « Nous nous Bénin : Mathieu Kérékou ministérielles et celles du groupe restreint des réjouissons que la décision prise au Sommet de Botswana : Quett Ketumile Masire pays francophones, la question des conflits en l’OUA à Dakar en 1992, de créer un mécanisme Burkina-Faso : Blaise Compaoré Afrique, celle de la sécurité institutionnelle, les de prévention, de gestion et de règlement des Burundi : Pierre Buyoya problèmes liés au renforcement des capacités conflits, ait été formellement adoptée au Cap-Vert : Antonio M. Mascarenhas Monteiro africaines de maintien de la paix et les efforts Sommet du Caire, en juillet 1993. Ce Comores : Mohamed Taki Abdoulkarim entrepris dans le cadre sous-régional ont mécanisme a déjà joué au Congo ou ailleurs un Congo : Pascal Lissouba longuement été évoqués. La déclaration finale rôle appréciable. Mais ce mécanisme est Côte d’Ivoire : Henri Konan Bédié confirme que « les chefs d’Etat, de dépourvu de tout moyen matériel ou logistique. Djibouti : Hassan Gouled Aptidon gouvernement et de délégation ont affirmé leur Que ces exemples récents nous nspirenti et Ethiopie : Meles Zenawi détermination à œuvrer ensemble à la nous permettent d’aller plus loin ! (…) France : Jacques Chirac stabilisation et à la sécurité en Afrique, en Plusieurs d’entre vous m’ont suggéré ensuite la Gabon : El Hadj Omar Bongo appuyant les processus en cours visant à doter formation d’une force interafricaine de paix qui Guinée-Bissau : Joao Bernardo Vieira l’Afrique des instruments nécessaires à la pourrait être employée en urgence dans de Guinée : Lansana Conté prévention des crises et au maintien de la paix. telles situations, en attendant que le dispositif Guinée Equatoriale : Teodoro O. N’Guema Ils ont réaffirmé leur appui aux mécanismes de des Nations unies se mette en place. La France Liberia : Mme Ruth Sando Perry prévention, de gestion et de règlement des est prête à y apporter son concours, technique Madagascar : Norbert Lala Ratsirahonana conflits et notamment ceux de l’Organisation de ou logistique. Mais c’est à vous Africains d’en Mali : Alpha Oumar Konaré l’unité africaine, ainsi qu’à l’utilisation des définir les contours, les missions, les conditions Mauritanie : Maaouya Ould Sid Ahmed Taya structures sous-régionales ayant vocation à d’emploi. » Mozambique : Joachim Alberto Chissano assurer une meilleure prévention des crises et Après la tragédie du génocide au Rwanda, la Niger : Ibrahim Maïnassara Bare une meilleure coordination des efforts majorité des chefs d’Etat africains était sur le Nigeria : Sani Abacha nationaux, sous l’égide des Nations unies ». principe favorable à la création d’une telle Sao Tomé et Principe : Miguel Trovoada Une attention toute particulière a été accordée force. Mais tous n’étaient pas du même avis Sénégal : Abdou Diouf au dossier de la dissémination des mines sur son articulation avec l’OUA et l’Onu, sur Tchad : Idriss Déby terrestres antipersonnel qui concerne sa structure, etc. A Biarritz, une mission de Togo : Gnassingbe Eyadéma directement une vingtaine de pays du continent réflexion est confiée au chef de l’Etat togolais Zimbabwe : et pour lequel un traité international était à Gnassingbé Eyadéma, dont les résultats n’ont l’époque du sommet en cours de négociation. jamais été rendus publics. La Conférence Ce traité a finalement été conclu à Ottawa en Les hôtes burkinabè, sous l’autorité du septembre 1997 et signé depuis par une Retour de Mobutu et adieux de Mitterrand président Blaise Compaoré et de son ministre quarantaine de pays africains. A la Baule et à Libreville, le président zaïrois des Affaires étrangères Ablassé Ouedraogo, ont C’est quand même la crise des Grands lacs qui Mobutu Sese Seko, boudé par ses pairs, n’avait voulu donner à ce 19è sommet un contenu plus en matière de sécurité et sous la pression de pas participé. A Biarritz, en raison surtout de structuré et un peu moins informel que les l’actualité aura occupé le devant de la scène. Le la situation dans la région des Grands lacs, on précédents. C’est autour du thème retenu, la président zaïrois Mobutu, après son « retour » assiste au grand retour politique du chef de bonne gouvernance et le développement, que lors du sommet de Biarritz aura été l’un des l’Etat zaïrois. Autres présents remarqués pour dès août 1996, un atelier de réflexion a été grands absents de ce sommet franco-africain. leurs premières participations à ces sommets : organisé à Ouagadougou pour préparer les Chassé du pouvoir par Laurent Désiré Kabila les chefs d’Etat du Zimbabwe et du Cameroun, débats du sommet. en mai 1997 et décédé quelques mois après, il ainsi que les représentants d’Afrique du Sud, Dès la première séance à huis clos, trois chefs était alors menacé par l’opposition armée d’Erythrée et d’Ethiopie. d’Etat se sont chargés d’introduire ces débats. venant de l’est du Zaïre. A Ouagadougou, les En conclusion de son discours, François Le président français, Jacques Chirac, a évoqué participants n’ont pas pu régler le problème Mitterrand formulait ainsi son testament le rôle des donneurs d’aide et les efforts d’un éventuel déploiement d’une force africain : « Pour ma part, je me suis toujours déployés en matière d’aide au développement internationale dont le principe avait été retenu opposé aux tentations déclarées ou insidieuses depuis le sommet du G7 à Lyon en juin 1996. par les résolutions 1078 et 1080/96 du Conseil de brader la politique africaine de la France, ou Le président du Botswana Quett Ketumile de sécurité et qui finalement n’aura jamais lieu. de décider pour tel ou tel pays, à la place de Masire a présenté le problème des rapports Ils ont seulement pu réaffirmer « leur respect ceux qui en avaient la charge, comme si nous entre bonne gouvernance et démocratisation et du caractère intangible des frontières et en étions des prophètes inspirés, chargés de dicter le président burkinabé Blaise Compaoré les particulier la nécessité pour tous les Etats de aux peuples africains ce qui était la voie la liens entre bonne gouvernance et respecter la souveraineté et l’intégrité meilleure pour eux. Ce sont des tentations 11 territoriale des Etats de la région ». Ils ont Déby (pour raisons de santé) et l’Angolais Dos Les discussions ont porté sur la crise également fait référence, à l’insistance Santos. comorienne et les efforts de l’OUA pour notamment de la diplomatie française, à la tenue Par contre, et c’est une caractéristique forte de organiser une Conférence inter-îles, ainsi que d’une conférence internationale sur la paix, la ce Sommet, une présence massive des chefs sur les initiatives du président nigérian sécurité et la stabilité dans la région des Grands d’Etat d’Afrique anglophone, visiblement Abubakar pour engager son pays sur la voie de lacs sous l’égide de l’Onu et de l’OUA. intéressés par l’effort d’ouverture de la la démocratie. Le conflit entre l’Ethiopie et politique de la France en Afrique… et par le l’Erythrée a été évoqué pour insister sur la Sortir de la crise en Centrafrique dossier des Grands lacs. Egalement présents à recherche d’une solution pacifique, et tout le Le sommet a été sérieusement agité en coulisses Paris, le secrétaire général de l’Onu Kofi monde espérait une rencontre directe entre par les polémiques sur le renouvellement du Annan, très actif, et celui de l’OUA Ahmed l’Ethiopien Zenawi et l’Erythréen Afeworki, mandat de Boutros Boutros-Ghali, secrétaire Salim Ahmed. Et puis bien sûr, la grande qui finalement n’a pas eu lieu. Le secrétaire général des Nations unies qui se heurtait à un vedette controversée : le Congolais Laurent général Kofi Annan a cependant, en marge du veto catégorique du gouvernement américain. Le Désiré Kabila qui participe à un Sommet Sommet, rencontré séparément les deux président camerounais Paul Biya, attendu dans franco-africain pour la première… et la dernière protagonistes. la capitale burkinabé mais qui n’est finalement fois. Enfin, le dossier de l’épidémie du sida a donné l’occasion aux chefs d’Etat d’exprimer leur pas venu, a lancé un appel à ouvrir le jeu à 35 chefs d’Etat d’autres candidatures africaines pour que le soutien au projet présenté par Jacques Chirac Bénin : Mathieu Kérékou de création d’un Fonds de solidarité continent ne perde pas le siège de secrétaire Botswana : Festus Mogae général. Le Nigérien Hamid Al Gabid, le thérapeutique international (FSTI). Burkina Faso : Blaise Compaoré Mauritanien Ahmed Ould Abdallah, le Burundi : Pierre Buyoga Sénégalais Mustapha Niasse, l’Ivoirien Amara Le conflit des Grands lacs Cameroun : Paul Biya Avec Laurent Désiré Kabila sous les Essy... et le Ghanéen Kofi Annan figuraient Cap Vert : Antonio Mascarenhas Monteiro alors parmi les candidats dont le nom était projecteurs, mais surtout la présence de tous Centrafrique : Ange Félix Patassé les chefs d’Etat impliqués et directement évoqué. Congo : Denis Sassou Nguesso L’autre gros dossier d’actualité traité à concernéspar ce conflit, le dossier des Grands è Rép. démo. du Congo : Laurent Désiré Kabila lacs a sans conteste été le sujet dominant de ce l’occasion de ce 19 sommet a été celui de la Comores : T. Ben Saïd Masonde (par intérim) è Centrafrique. Déstabilisé par trois sérieuses XX Sommet, bouleversant l’ordre du jour, Côte d’Ivoire : Henri Konan Bédié donnant lieu à des réunions extraordinaires à mutineries militaires au cours de l’année 1996, Djibouti : Hassan Gouled Aptidon le régime, controversé, du président Ange Félix huis clos, à l’occasion desquelles se sont Egypte : Hosni Moubarak déroulées des discussions franches, directes et Patassé n’avait assuré sa survie que grâce à Erythrée : Issaias Afeworki l’intervention des forces françaises stationnées passionnées : des débats qui ont fait forte France : Jacques Chirac impression sur plusieurs chefs d’Etat alors en Centrafrique. Mais Paris ne souhaitait Gambie : Yahya Jammeh clairement pas assumer seul la charge de cette anglophones. A la suite d’un grand nombre de Ghana : Jerry John Rawlings Sommets et de réunions interafricaines crise et se retrouver enfoncé dans le bourbier Guinée : Lansana Conté centrafricain, alors qu’on affichait du côté improductives sur le sujet, une forte Guinée Equatoriale : Teodoro Obiang Nguéma détermination s’est dégagée pour finaliser un français le souci urgent et prioritaire de ne plus Kenya : intervenir militairement sur le continent, en texte d’accord de paix prévoyant un cessez-le- Liberia : Charles Taylor feu, un retrait garanti des troupes étrangères particulier dans les crises intérieures. A l’issue Madagascar: Didier Ratsiraka des trois mutineries d’avril, mai et novembre, invitées et non invitées et un schéma de Mali : Alpha Oumar Konaré démocratisation interne en RDC. A l’issue de les militaires rebelles restaient puissants dans Mauritanie : Maaouya Ould Sid’Hamed Taya les quartiers du sud-ouest de Bangui, occupant ce processus, une Conférence pour la Paix dans Mozambique : Joaquim Chissano la région des Grands lacs sous l’égide des aussi, de l’autre côté de la capitale le camp Namibie : Sam Nujoma militaire de Kassaï. L’urgence était grande de Nations unies et de l’OUA pourra se tenir pour Niger : Ibrahim Maïnassara Bare organiser la consolidation de la paix. Malgré le trouver une porte de sortie. Face à cette Ouganda : Yoweri Musevini urgence, la crédibilité du sommet franco-africain forcing et les entretiens à l’Elysée entre Jacques Rwanda : Pasteur Bizimungu Chirac et Thabo Mbeki, Robert Mugabe, était en cause. Sao Tome & Principe : Miguel Trovoada Avec l’appui total de la France et des autres Yoweri Museveni et Laurent Désiré Kabila à Sénégal : Abdou Diouf l’issue du Sommet, l’accord n’a pu être finalisé, Etats participants, quatre chefs d’Etat ont Sierra-Leone : Ahmad Tejan Kabbah accepté pendant le sommet de s’engager dans mais la Conférence s’est achevée sur la Tanzanie : Benjamin William Mkapa promesse d’un arrêt des combats et la signature une médiation politique pour sortir de cette Togo : Gnassingbé Eyadéma crise : le Gabonais Omar Bongo, le Tchadien rapide de l’accord à l’occasion d’un prochain Zimbabwe : Robert Gabriel Mugabe rendez-vous en Afrique, en particulier celui Idriss Déby, le Malien Alpha Oumar Konaré et 3 vice-présidents : le Burkinabè Blaise Compaoré. A l’issue même prévu en décembre à en Zambie. Afrique du Sud : Thabo Mbeki du sommet les quatre se sont aussitôt rendus à Gabon : Didjob Divungi-Di-Ndinge Bangui. De cette initiative allant dans le sens Nigeria : Amiral Okhai Akhigbe è d’une prise en charge par les Africains de leur 21 SOMMET FRANCO-AFRICAIN insécurité, et qui fera date dans l’histoire des Sept chefs de gouvernement : YAOUNDE 18-19 JANVIER 2001 sommets, naîtra un processus de règlement Ethiopie : Meles Zenawi souvent cité comme exemplaire. Le Malien Guinée-Bissau : Carlos Correia L’Afrique face aux défis de la mondialisation Amadou Toumani Touré sera chargé de Lesotho : Pakalitha Mosisili présider un comité international de suivi qui Maurice : Navinchandra Ramgoolam 52 pays participants aidera à la conclusion en mars 1998 d’un pacte Swaziland : Sibusiso Dlamini Tous les pays africains ont été invités à ce de réconciliation. Mais, surtout, une force Tunisie : Mohamed Karoui Sommet par le président Paul Biya. Sauf un interafricaine, la Mission interafricaine de Zambie : Eric Silwanba seul : les Comores, boycotté par l’OUA depuis surveillance des accords de Bangui (Misab), le coup d’Etat du colonel Azali. Egalement composée de militaires de six pays (Gabon, La conférence invités et présents : le secrétaire général de Tchad, Sénégal, Mali, Togo, Burkina Faso) sera Ordre du jour chargé sur les questions de l’ONU Kofi Annan et celui de l’OUA Amara déployée pour stabiliser la situation et favoriser sécurité, plusieurs sujets ont fait l’objet de Essy, ainsi que le président de la BAD, Omar la négociation. Cette force, dont tout le monde présentations prévues d’avance, sur le maintien Kabbaj, et le directeur général de la FAO, estime qu’elle s’est correctement acquittée de de la paix et le rôle de l’Onu et des Jacques Diouf. sa mission, sera relayée en 1998 par une force organisations régionales, sur la lutte contre les La grande nouveauté, c’est la participation pour des Nations unies, la Minurca. trafics d’armes de petit calibre, et sur la première fois dans l’histoire des Sommets l’élimination des mines antipersonnel. franco-africains, de l’Algérie, au niveau de son chef d’Etat. C’était aussi une première pour le è Egalement évoqués les problèmes de 20 SOMMET FRANCO-AFRICAIN reconstruction post-conflit et le lien entre président ivoirien Laurent Gbagbo. Absences PARIS - 27-28 NOVEMBRE 1998 sécurité et développement. Les chefs d’Etat se remarquées : celles du président zimbabwéen sont félicités des efforts et des ambitions de la Mugabe et du président congolais Sassou La sécurité en Afrique Cedeao pour la prévention, la gestion et le Nguesso en raison de l’assassinat de Laurent règlement des conflits et ont évoqué le projet de Désiré Kabila la veille de l’ouverture du 49 pays participants Force ouest-africaine pour le règlement de la Sommet. Autres absences remarquées : celles Trois pays exclus pour cause de sanctions crise en Guinée Bissau. Ils ont dressé un bilan des chefs d’Etat du Nigeria et d’Angola. internationales ou d’absence d’Etat légal satisfaisant de la mission de la Minurca en (Lybie, Soudan et Somalie), et un absent : Centrafrique, dont la création avait été 26 chefs d’Etat l’Algérie. Absences remarquées : le Gabonais envisagée lors du précédent Sommet à Algérie : Omar Bongo (pour cause d’élections), le Sud- Ouagadougou. Bénin : Mathieu Kérékou africain Nelson Mandela, le Tchadien Idriss Botswana : Festus Gontebanye 12 Côte d’Ivoire : Blaise Compaoré travaux du Sommet, aucune avancée Mauritanie : Maaouya Ould Sid Ahmed Taya Burundi : Pierre Buyoya significative sur le dossier des Grands lacs n’a Mozambique : Joaquim Alberto Chissano Cameroun : Paul Biya eu lieu. Même si le président Eyadéma, Namibie : Sam Nujoma Centrafrique : Ange Félix Patassé président en exercice de l’OUA, a tenu à Niger : Tandja Mamadou Djibouti : Ismaël Omar Guelleh aborder le sujet lors d’une réunion organisée par Rwanda : Paul Kagamé France : Jacques Chirac lui en marge du Sommet avec les représentants Sao Tomé-et-Principe : Fradique de Menezes Gabon : El Hadj Omar Bongo des 17 pays du Mécanisme de l’OUA sur la Sénégal : Abdoulaye Wade Guinée Bissau : Kumba Yala prévention et la réalisation des conflits. Soudan : Omar Hassan Ahmed El-Bashir Guinée Equat. : T. Obiang Nguema Mbasogo Enfin, en plus de la première rencontre directe Swaziland : Mswati III Kenya : Daniel arap Moi entre Jacques Chirac et Laurent Gbagbo depuis Tanzanie : Benjamin William Mapa Madagascar : Didier Ratsiraka l’élection de ce dernier, toujours en marge du Tchad : Idriss Deby Mali : Alpha Oumar Konaré Sommet, une rencontre des pays du Conseil de Togo : Gnassingbe Eyadema Maroc : Sa Majesté Mohamed VI l’Entente s’est tenue à la suite de la tentative de Tunisie : Mohamed Ghannouchi (Premier Namibie : Sam Nujoma déstabilisation en Côte d’Ivoire début janvier, ministre) Niger : Mamadou Tandja pour améliorer les relations en matière de Zambie : Saint-Thomas & Prince : Miguel Trovoada sécurité entre Abidjan et ses deux voisins Zimbabwe : Robert Mugabe Sénégal : Abdoulaye Wade burkinabé et maliens. Sierra Leone : Ahmad Tejan Kabbah Autres participants Somalie : Abdoulkassim Salat Hassan MFI – Jean-Paul Hughes L’Angola, le Kenya, les Seychelles et la Sierra Soudan : Omar Hassan Ahmed El Bechir Leone sont représentés par leurs ministres des Tchad : Idriss Déby Affaires étrangères, la Libye par Ali A. Triki, Togo : Gnassingbé Eyadéma ministre de l’Unité africaine, la Gambie, le Liberia, le Nigeria et l’Ouganda à divers Autres participants 22è SOMMET FRANCO-AFRICAIN niveaux. L’Afrique du Sud, le Ghana et le Liberia sont PARIS 19-21 FEVRIER 2003 Sont également présents Kofi Annan, le représentés par leurs vice-présidents. La secrétaire général de l’Onu, et Amara Essy, Guinée, le Lesotho, la Mauritanie, le président de la Commission intérimaire de Mozambique, le Rwanda et le Swaziland par L’Afrique et la France, ensemble, dans le l’Union africaine. leurs chefs de gouvernement. nouveau partenariat La Conférence La conférence 52 pays participants Ayant pour thème « L’Afrique et la France, Tous les pays africains et leurs dirigeants è L’ordre du jour, sur un thème vaste et è ensemble, dans le nouveau partenariat », ce 22 complexe, avait été soigneusement préparé et avaient été conviés à ce 22 sommet, à Sommet s’est inscrit dans la continuité du différents aspects des défis pour l’Afrique de la l’exception du Libyen Mouammar Kadhafi Nouveau partenariat pour le développement en mondialisation ont fait l’objet d’exposés (pays néanmoins représenté), ainsi que de la Afrique (Nepad) adopté en 2001. Le thème du introductifs attribués à différents chefs d’Etat. Somalie dont la représentation étatique n’était partenariat a également été décliné sous l’angle Le thème des défis économiques a été présenté toujours pas effective. des questions de paix et de sécurité, du par le président gabonais Omar Bongo et par le L’invitation de Robert Mugabe, le président du développement, mais aussi des grands défis du roi du Maroc Mohamed VI. Omar Bongo a Zimbabwe, par le président Chirac a suscité de monde actuel comme le terrorisme ou encore notamment proposé la création en Afrique de vives critiques de la part des Etats membres de l’environnement. banques régionales pour la reconstruction. Au l’Union européenne, et plus spécialement de la Par ailleurs, lançant un appel à l’ensemble des cours du débat, le président sénégalais a mis en part de la Grande-Bretagne. De nombreuses délégations présentes pour plus de démocratie avant l’urgence d’une mobilisation euro- manifestations se sont déroulées dans les sur le continent africain, Jacques Chirac africaine en faveur du développement des principales capitales européennes pour déclare : « Il est fini le temps de l’impunité, le infrastructures. Les problèmes de la paix et de dénoncer le traitement réservé dans ce pays aux temps où l’on justifiait la force. Doit venir la sécurité ont été présentés par le ministre fermiers blancs lors de la réforme agraire. maintenant celui où l’on fortifie la justice. » Le togolais de la Défense au nom du président Celles-ci relayait d’ailleurs les sanctions président français faisait ainsi référence à la Eyadema, obligé de quitter Yaoundé plus tôt prononcées par l’Union européenne à mise en place de la Cour pénale internationale ; que prévu. Le président malien Alpha Konaré, l’encontre des autorités zimbabwéennes il a aussi profité de la tenue de la conférence président en exercice de la Cedeao, est censées expirer le 18 février, c’est-à-dire la pour dénoncer les escadrons de la mort en Côte intervenu pour présenter les avancées de cette veille de l’ouverture du Sommet. d’Ivoire. organisation dans le domaine de la sécurité et On notera également la présence du secrétaire Au plan économique, le président français fait les projets de la nouvelle Union africaine en la général des Nations Unies, Kofi Annan. plusieurs propositions dont la stabilisation des matière. La question de l’environnement a été prix des matières premières, et l’indexation du introduite par le Kényan arap Moi, et celle de 43 chefs d’Etat et de gouvernement service de la dette sur l’évolution du cours des la Démocratie, des droits de l’homme et de la Afrique du Sud : Thabo Mbeki matières premières. bonne gouvernance par le vice-président sud- Algérie : Abdelaziz Bouteflika africain Jacob Zuma. Le président algérien Bénin : Mathieu Kérékou Sur fond de crises Abdelaziz Bouteflika a effectué une Botswana : Festus Mogae Cette conférence a aussi été l’occasion intervention remarquée sur l’action de l’Afrique Burkina Faso : Blaise Compaoré d’évoquer plusieurs crises ouvertes ou sous- face à la mondialisation, claire et sans Burundi : Pierre Buyoya jacentes. Ainsi le cas de la Côte d’Ivoire a fait complaisance, concluant par une série de Cameroun : Paul Biya l’objet de discussions tant multilatérales que propositions concrètes sur la dette, la santé et Cap-Vert : Pedro Pires bilatérales. Une rencontre en parallèle du les médicaments ou la dimension Nord-Sud des Centrafrique : Ange-Félix Patassé sommet s’est tenue entre le Premier ministre négociations de l’OMC. En réponse, le Comores : Azali Assoumani Seydou Diarra, représentant de la Côte d’Ivoire président français Jacques Chirac a insisté sur Congo : Denis Sassou Nguesso en l’absence du président Laurent Gbagbo, et les actions déjà réalisées par la France ; il a Congo (République démocratique) : Joseph Guillaume Soro, chef du principal mouvement également annoncé une série de mesures pour Kabila rebelle ivoirien, le MPCI. accélérer le processus des allégements de dette Côte d’Ivoire : Seydou Elimane Diarra (Premier Par ailleurs, à quelques semaines de pour les pays pauvres très endettés (PPTE). ministre) l’intervention américaine en Irak, ce 22è Ces mesures portent sur une extension du Djibouti : Ismaël Omar Guelleh sommet fut l’occasion pour le président Chirac dispositif aux créances commerciales éligibles Egypte : Mohamed Hosni Moubarak de recueillir un soutien unanime des 52 Etats au Club de Paris qui concernent 29 pays, dont Erythrée : Issaias Afeworki présents quant à la position défendue par la la plupart sont africains. Ethiopie : Meles Zenawi France. Aussi, l’adoption, le 20 février, d’une Gabon : Omar El Hadj Bongo « Déclaration sur l’Irak » est apparue comme L’assassinat de Kabila… et la Côte d’Ivoire Ghana : un véritable succès pour le chef de l’Etat Annoncé à Yaoundé juste avant l’ouverture Guinée : Lamine Sideme (Premier ministre) français, et a revêtu une importance d’autant officielle du Sommet, l’assassinat du président Guinée-Bissao : Kumba Yala plus grande que celle-ci est intervenue en congolais Laurent Désiré Kabila a provoqué Guinée Equatoriale : Téodoro Obiang Nguema présence du Secrétaire général des Nations plusieurs défections de dernière minute et fait Mbasogo unies, Kofi Annan, ainsi que du président en régner sur les débats et les nombreux entretiens Lesotho : Bethuel Pakaditha Mosisili (Premier exercice de l’Union africaine, le Sud-Africain bilatéraux une lourde tension. Mais à ministre) Thabo Mbeki. A cette occasion, les chefs l’exception d’un vif débat entre le ministre des Madagascar : Marc Ravalomanana d’Etat et de gouvernement africains et français Affaires étrangères de RDC et le premier : Bakili Muluzi ont réitéré leur soutien à la résolution 1441 (de ministre rwandais, et l’intervention de Jacques Mali : Amadou Tomani Touré novembre 2002, mettant en œuvre les Chirac en faveur des sanctions contre les Maroc : Mohammed VI inspections en Irak) et ont affirmé qu’ « il y occupants étrangers, débat intervenu à la fin des Maurice : Aneerod Jugnauth (Premier ministre) avait une alternative à la guerre ». 13 Quelques fausses notes ont en outre marqué ce sommet, comme la réconciliation manquée entre la République centrafricaine et le Tchad (représentés par leurs présidents respectifs, Ange-Félix Patassé et Idriss Déby, ce dernier se voyant reprocher son soutien présumé aux rebelles en RCA mais accusant les autorités centrafricaines de commettre des exactions contre des ressortissants tchadiens). De même, des tensions persistent dans les relations franco-rwandaises. Malgré une rencontre entre les présidents Chirac et Kagamé, le président rwandais a estimé à la fin du sommet que si les relations entre les deux Etats « sont moins mauvaises qu’elles ne l’ont été », il a ajouté qu’il n’y « avait pas de grand changement (…) On nous a donné des conseils sur la manière de nous réconcilier… Nous espérons que les donneurs de leçon comprendront comment se réconcilier avec nous. » Le génocide de 1994 et le soutien passé de la France à l’ancien régime rwandais semble donc encore nuire à l’établissement de relations plus approfondies entre les deux Etats. Malgré tout, le sommet a été salué comme un succès marquant un partenariat renouvelé entre la France et le continent africain.

Florence Leroux

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