La Place Dû Théa Tre D·Ansle Champ Culturel
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UNIVERSITÉ' DE pARIS-I PANTHÉON~SORBONNE Li • •SCI~NC~S ÉCONOMIQUES. SCIENCES HUMAINES, SCIENCES JURIDIQUES LA PLACE DÛ THÉA TRE D·ANS LE CHAMP CULTUREL de l'influence l'Économique sur"les choix esthétiques de ,r . , .••• , ' volume 2' 1 • \ The~e pour le Doctorat d'État ès Sciences Économiques , ., présentée et soutenue' publiquement . , , par Alain BUSSON Directeur de Recherche: M. le Professeur Henri BARTOLI UNIVERSITÉ DE PARIS-I PANTHÉON-SORBONNE SCIENC~S ÉCONOMIQUES. SCIENCES HUMAINES, SCIENCES JURIDIQUES LA PLACE DU THÉA TRE DANS LE CHAMP CUL TUREL , de l'influence de l'Economique sur les choix esthétiques volume 2 Thèse pour le Doctorat d'État ès Sciences Économiques présentée et soutenue p-ybliquement (~~~ '('~):::_~C!, :~'. /,-~/ < " par Alain Ii~~SON- ~ . - '~I.i. p-~:'-:{l-~~:::::,::.--f~/ /1 S2. 4- ~ Directeur de Recherche: M. le Professeur Henri BARTOLI DEUXIEME PARTIE LA PLACE DU THEA'rnE DANS lE CHAMPCULTUREL RELATIONS ENTRE ECONOMIQUEET ES'rnETIQUE - 325 - INrRODUCTION A LA SECONDE PARTIE La première partie de notre thèse nous a permis d'étudier l'en- semble des conditions de production et d'échange qui président à l'éco- nomie des biens culturels. Nous avons vu ainsi que la composante artis- tique qui caractérise ces produits s'accordait en général assez mal des règles que les lois du marché avaient tendance à lui imposer, dans la mesure où la force créatrice qu'elle porte en elle et qui la spécifie s'inscrit dans une logique où la recherche de profit et de rentabilité n'intervient ni comme objectif, ni parfois même comme contrainte (1). Cette difficulté d'insertion du culturel (2) dans l'économique nous est apparue d'évidence dans l'étude que nous avons menée des produits "archarques" comme des produits "modernes". Cependant, dans les économies capitalistes, la création artistique (3), comme la plupart des activités sociales, est intégrée à un système où l'échange marchand est généralisé. Pour exister, la création a besoin d'être connue et reeonnue, don~ diffu- sée. Pour ce faire, elle est obligée, sous peine d'autodestruction, de composer avec la logique et les contraintes de l'économie de rœrché. C'est la raison pour laquelle nous avons intégré dans notre analyse qui se vou- lait avant tout économique, le mode de diffusion dans la définition même des produits culturels, puisque c'est principalement là que l'économique (1) Il s'agit ici de profit et de rentabilité économiques au sens strict, c'est-à-dire qui s'apprécient en flux ou en ratios financiers. (2) Le mot "culturel" est ici entendu selon la définition qui a servi de base à tous nos travaux (= qui intègre du travail artistique) .. (3) Pour éviter d'entrer dans un débat qui n'aurait de toute façon pas sa place dans cet ouvrage, nous pouvons considérer que tout travail artisti- que est créateur, fût-il d'interprétation. Nous parlerons donc communément de "création" dans tous les cas où il y a intervention d'un ou plusieurs artistes dans le processus de fabr ·d'un produit. èeC~~~f2.~~~> .., ~'<:~ ' ,'" :;>/ 8ISl.I(,: 1.-1' ., "'<~"", ' ,( . ,1 ·'-'''/l" ' ••~' 'l <'CI' , " . ç. \ ~8r c, ... - '; \ ~/)" J..J, J' tfl't' , • •••. , • '. l ,~; r~" ,-, -1 1,. '...••,,r-~:f. ""..•....•'-- - v.', , ~","'~{"'J,./ ~I/( ," ...,1 - 326 - fait valoir ses droits. Du cSté de l'offre tout d'abord puisque la mise en valeur du travail artistique est à rapporter au march4 potentiel que ce travail peut espérer conquérir, march4 dont la taille dépend assez largement des possibilités de reproduction du produit lui-m~me, donc des modalités de diffusion choisies (4). Du c8té de la demande ensuite puisqu'à des modes de diffusion différents correspondent des produits différents, donc des systèmes de perception et des conditions économiques d'appropriation différents. Ainsi les produits culturels peuvent-ils ~tre mis à la disposition des consommateurs de deux façons bien distinc- tes: par la voie de l'échange direct, confrontation de l'oeuvre origi- nale avec son pUblic en ce qui concerne les produits "archarques"; par la voie de l'échange indirect (médiatisé) dans lequel la confrontation se fait par l'intermédiaire d'un support n'ayant qu'une valeur intrin- sèque marginale par rapport à celle de l'oeuvre dont il permet la repro- duction, en ce qui concerne les produits "modernes". La première modali- té est pénalisante puisqu'elle interdit aux produits qui en sont l'objet le statut de marchandise (5), et les condamne aux effets négatifs engen- drés par une structure de production artisanale (coOts de production élevés et/ou débouchés étroits et clientèle élitaire). La seconde, par contre, est bien mieux adaptée à l'environnement économique général (coOts de production plus faibles, march4s plus larges et clientèle plus variée), mais nous avons vu qu'elle engendre une opposition dans les termes entre ce qui fait la spécificité et la valorisation du travail artistique, et la logique de l'accumulation capitaliste. Il nous est donc possible à ce stade de notre recherche de conclure que les mécanismes économiques, laissés à eux-mêmes, constituent une menace pour la création artistique. Menace directe pour les activités (4)Le contrainte économique intervient également du c8té de l'offre dans la détermination des coOts de production. Cependant, il est bon de rappe- ler que le coot qui est considéré comme pertinent et opératoire dans la théorie économique est soit celui qui est rapporté au nombre d'unités pro- duites (coat moyen), soit celui qui mesure l'influence de la fabrication d'une unité supplémentaire (coat marginal). Ces deux valeurs dépendent du volume de production de l'entreprise considérée et donc en fin de compte de la taille de ses débouchés. Pour prendre un exemple, ce qui fait que l'Opéra de Paris coGte cher, ce n'est pas tant la nature même de son ac- tivité que le nombre de personnes que celle-ci peut toucher en une période de temps donnée. (5) Au sens de RICARDO. Cf. supra, 1ère partie, chapitre l, section 2, note (27), page 83. - 327 - dont ils sont la cause de la non-rentabilité, et menace indirecte (mais non moins pressante) pour les activités dont la rentabilité porte en son sein les germes destructeurs de la création elle-même (6). "La rationa- lité du capitalisme en tant que système tend à envahir toute la vie so- ciale et à la soumettre à ses lois. Toute action qui ne lui est pas réfé- rée doit, pour about~r, entrer en conflit avec la tendance profonde de l'économique à dominer le social, ou composer avec elle et se travestir en assistance ou en bonnes oeuvres" (7). Constat pessimiste ? Certes. Mais qui doit être tempéré par les limites mêmes de l'analyse que nous avons menée jusqu'alors. Dans tous les développements précédents, nous avons en effet considér~ la caracté- ristique intrinsèque des produits culturels (la présence de travail artis- tique) 'comme un invariant, comme une donnée, et avons examiné en quoi cette présence pouvait influencer les conditions de production et d'~chan- ge desdits produits, sans laisser supposer un instant qu'elle pouvait se moduler en réponse aux modifications de l'environnement économique, plus même sans envisager que la nature même de ce travail particulier et les conditions de sa mise en oeuvre pouvaient elles-mêmes évoluer. Il est temps de réparer cette lacune et de voir comment les conditions économi- ques de sa valorisation influencent le processus de créat10n artistique lui-même, en quoi celui-ci les subit, les intègre, ou, le cas échéant, s'en affranchit. Bref, il est temps d'observer en quoi le contexte écono- mique général et particulier infléchit les choix esthétiques des créa- teurs et en quoi cet infléchissement renforce, ou au contraire contre- carre les phénomènes précédemment décrits. L'analyse qui fait l'objet de notre première partie, pour incom- plète qu'elle fOt, n'en constituait pas moins un préalable indispensable car elle a permis de-mieux cerner et de comprendre le cadre général dans lequel a lieu cette interaction , et nous y ferons constamment référence tout au'long de notre seconde partie. Le rapport de force qui existe entre (6) Il existe même une troisième menace, liée aux deux autres, qui tient à la place de plus en plus importante prise sur le long terme dans le champ culturel par les produits débarrassés du poids du travail artistique (les produits connexes) au détriment des deux autres, place observable dans l'évolution de la structure générale de l'offre comme dans celle de la structure de la demande. (7)H.BARrOLI - Economie et création collective - op. cit. page 162. - 328 - les produits culturels lié aux différences de conditions d'exploitation et de diffusion (8), le caractère élitaire, voire de classe de l'accès aux oeuvres d'art sont des points de repères qu'il faudra constamment garder à l'esprit pour éclairer notre recherche à venir. Analyser la création artistique ne consiste pas pour nous à chan- ger notre démarche et à nous instituer philosophe. Néanmoins, nous péné- trons dans un domaine qui éChappe très largement à la science économique et nous devrons chercher les bases de notre réflexion dans des discipli- nes telles que la philosophie •• Nous en avons d'ailleurs ressenti la né- cessité à la fin du second chapitre de notre première partie lorsqu'il a fallu interpréter les inégalités révélées par les pratiques et consom- mations culturelles et statuer sur la caractère idéologique de l'art (9) c'est en partant des premières constatations et propositions que nous avions formulées à ce moment-là que nous allons construire les fondements de notre démarche. Pour comprendre les influences réciproques entre l'artistique et l'économique, pour percer à jour la problématique essentielle de ce champ, il convient nécessairement de s'interroger sur la nature m@me de l'art, sur les particularités propres au processus de création artistique.